(Dix heures)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Bon mardi matin, chers collègues. Nous allons nous
recueillir quelques instants.
Merci beaucoup. Je vous invite à prendre place.
Affaires du jour
Alors, pour nos travaux, ce matin, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) :
Bonjour, M. le Président. C'est un plaisir de vous retrouver pour une autre
belle semaine de travaux ce matin. Et je vous demanderai d'appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 11
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, à l'article 2 du feuilleton, Mme la ministre déléguée à la
Santé et aux Aînés propose l'adoption
du principe du projet de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d'autres
dispositions législatives.
Alors, comme première intervention, Mme la
ministre déléguée à la Santé et aux Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : M. le Président, c'est une étape importante de
l'étude du projet de loi n° 11 que l'on débute ce matin, et je suis très heureuse de prendre la
parole en cette Chambre pour parler du projet de loi modifiant la Loi
concernant les soins de fin de vie.
Je voudrais
débuter par remercier tous les groupes et les personnes entendus lors des
consultations particulières. La richesse
et la complémentarité des expertises et des perspectives exprimées sont
remarquables. Les consultations se sont déroulées avec la rigueur et le respect
qu'impose un sujet aussi délicat et profond que celui de l'aide médicale à
mourir. Je remercie également mes collègues parlementaires pour leur
engagement dans cet exercice.
Il faut
d'ailleurs souligner que nous avons entendu 37 groupes ou experts lors des
consultations particulières, et plus
d'une soixantaine de mémoires ont été déposés, ainsi que près de 135 commentaires
reçus de la part de citoyens sur le site du greffier. Nous étudierons et
analyserons chaque proposition faite, et ce, tant pour l'avis exprimé par un
citoyen que celui d'un expert. La
qualité des mémoires déposés, les présentations effectuées et des
recommandations démontrent toute
l'importance et la complexité des principes abordés par le projet de loi. Ces
derniers permettront d'outiller les membres de la commission pour
l'étude détaillée à venir.
Nous avons,
bien entendu, des inquiétudes, des inquiétudes qui nous ont été soulevées,
ainsi que des bons coups et les
avancées introduites par le projet de loi. Sachez que les préoccupations
concernant le handicap neuromoteur grave et incurable dans le projet de loi seront considérées. D'ailleurs, nous
avons abordé à quelques reprises, lors des consultations particulières, la possibilité d'instaurer un
groupe d'experts, lequel pourrait avoir pour mandat de se pencher sur la notion
de handicap neuromoteur grave et incurable introduite dans le projet de
loi.
Je souhaite
rappeler que l'aide médicale à mourir s'inscrit dans le continuum de soins
palliatifs et de soins de fin de vie
et demeurera un soin d'exception tant pour les demandes dites contemporaines
que pour les ouvertures proposées dans le
projet de loi. Nous tenons à vous assurer que les soins de fin de vie
continueront de se faire avec toute la dignité et la rigueur
nécessaires.
Permettez-moi, M. le Président, de faire un
rapide survol des éléments centraux de la pièce législative proposée.
D'abord, le
projet de loi propose d'élargir l'aide médicale à mourir aux personnes ayant un
diagnostic de maladie grave et
incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins. Le projet de loi leur
permettrait de faire une demande anticipée d'aide médicale à mourir.
À ce sujet, le consensus québécois semble bien
établi. Nous allons continuer le travail pour nous assurer de l'applicabilité
de cette disposition de la loi par les professionnels de la santé et des
services sociaux. Nous avons bien entendu
les enjeux possibles soulevés par les témoins en consultations particulières et
nous allons étudier la question avec toute la rigueur nécessaire.
Le projet de loi propose également d'élargir
l'admissibilité à l'aide médicale à mourir de façon circonscrite aux personnes ayant un handicap neuromoteur grave
et incurable, et ce, à condition que tous les autres critères prévus dans
la loi soient rencontrés. Je crois que c'est la disposition qui a suscité le
plus de discussions entre les parlementaires à l'extérieur des consultations. Les préoccupations soulevées dans les
présentations nous ont réellement fait cheminer et nous questionner à
nouveau sur les meilleurs termes à utiliser dans le projet de loi.
Vous savez,
la pièce législative que nous étudions doit être abordée avec une grande
sensibilité, mais également avec une
très grande rigueur. Les dispositions qui en découlent ont une portée
extrêmement importante. À titre de parlementaires, nous devons prendre les moyens nécessaires pour
nous assurer que nous prenons les meilleures décisions à cet égard. C'est
important, pour moi, de le souligner en
Chambre aujourd'hui, que, concernant la notion de handicap neuromoteur grave
et incurable, nous
irons chercher les éclairages nécessaires pour en arriver aux meilleurs termes
à utiliser dans le projet de loi dans
l'objectif de soutenir le droit à l'autodétermination des personnes, mais en
évitant que le libellé retenu ne cause des préjudices.
Le projet de loi propose d'interdire
l'admissibilité à l'aide médicale à mourir pour les personnes présentant un
trouble mental comme seul problème médical invoqué. Devant l'absence de
consensus clair, le caractère sensible de ce sujet et la nécessité de
poursuivre la réflexion, le principe de précaution a été privilégié.
Le projet de loi propose également que les
maisons de soins palliatifs ne puissent plus exclure l'aide médicale à mourir
de leur offre de soins. Cette proposition vise à favoriser un accès équitable
aux soins de fin de vie et à offrir une continuité de soins aux patients qui y
sont admis.
Au niveau des professionnels de la santé, le
projet de loi propose que les infirmières praticiennes spécialisées puissent offrir tous les soins de fin de vie, y
compris l'aide médicale à mourir, au même titre que les médecins.
L'accessibilité à ces soins en sera
ainsi améliorée, et il s'agit d'un pas de plus vers le décloisonnement des
pratiques au bénéfice des usagers. Le projet de loi propose qu'il soit
dorénavant permis aux infirmières et infirmiers de constater les décès, et ce,
tant pour l'aide médicale à mourir
que dans toutes les autres circonstances de décès. Cette disposition donne
suite au pouvoir spécial qui leur était octroyé en pandémie et qui s'est
démontré probant.
Afin de
renforcer davantage le soutien des professionnels impliqués dans les soins de
fin de vie, le projet de loi propose de rendre obligatoire la
constitution de groupes interdisciplinaires de soutien. Ces groupes existent
déjà dans plusieurs établissements sans toutefois être obligatoires. Leur rôle
peut être central pour soutenir et accompagner les professionnels tout au long de la réponse qu'ils doivent offrir à une
personne qui demande l'aide médicale à mourir et à ses proches.
• (10 h 10) •
Au sujet de
la Commission sur les soins de fin de vie, celle-ci a pour mandat d'examiner
toute question relative aux soins de
fin de vie et de surveiller l'application des exigences particulières relatives
à l'aide médicale à mourir. Le projet de loi propose d'élargir les
renseignements dont la commission peut disposer pour encore mieux accomplir son
mandat d'évaluation de la situation sur les soins de fin de vie au Québec. On
propose également d'augmenter le nombre de ses membres afin de soutenir la
croissance des demandes d'aide médicale à mourir et l'analyse de la conformité
de leur administration.
En conclusion, M. le Président, je ne pourrai
terminer mon intervention sans souligner la collaboration de tous les
parlementaires siégeant sur la commission. Les discussions que nous avons avec
les porte-parole des autres groupes parlementaires nous aident réellement à
avancer. Le rapport s'inscrit dans une démarche transpartisane et bienveillante
concernant l'évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie afin de
permettre l'élargissement de l'aide médicale à mourir.
Ainsi,
aujourd'hui, nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi
n° 11. Il nous reste encore du travail, mais nous espérons pouvoir compter sur une étude diligente du projet de
loi puisque, pour plusieurs, l'entrée en vigueur de plusieurs des dispositions fera une réelle
différence sur leur parcours, de fin de vie. J'invite donc les parlementaires à
voter en faveur de l'adoption du principe du projet de loi n° 11.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Alors, le prochain intervenant, intervenante sera Mme la
députée de La Pinière. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais simplement vérifier que le temps qui
m'est alloué est bien 20 minutes.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Comme porte-parole de
votre groupe, vous pouvez aller jusqu'à une heure, Mme la députée.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Alors donc, merci bien, M. le Président.
Premièrement,
je voudrais faire écho à ce que disait la ministre et remercier les
37 groupes qui ont été entendus en commission parlementaire et le
travail de tous les collègues, là, de tous les partis.
Cette loi
porte sur un sujet extrêmement délicat, complexe, aussi, on l'a vu pendant les
témoignages, les auditions, les consultations à la commission parlementaire.
J'irais même jusqu'à dire qu'en fin de compte ce que ce projet de loi tente de baliser et de permettre relève d'une décision
qui est éminemment personnelle pour la personne qui fait la demande
d'aide médicale à mourir.
Je dirais
aussi que c'est impossible d'aborder ce sujet-là en ayant déjà une idée toute
faite au départ, en se disant déjà
pour ou contre. Et, même si une personne pouvait être pour ou contre, je pense
que les témoignages ont été vraiment éclairants.
Mme la ministre disait que les témoignages avaient fait cheminer, nous avaient
fait cheminer, c'est tout à fait... je
suis tout à fait d'accord avec ça. Ça a été, pour moi-même, un exercice très
éclairant, enrichissant et qui porte à réflexion également.
Ce que tout le monde veut éviter, ce sont les
risques de dérapage qui sont présents et qui peuvent être présents à plus ou moins grande envergure, selon le contexte
social dans lequel vit... la société dans laquelle on vit, au Québec. Alors, ça fait en sorte que les discussions doivent être
prises vraiment en écoutant la société, en écoutant les experts, mais aussi
en prenant le temps de réfléchir à tout cela.
On
a parlé de soins d'exception. C'est un soin d'exception, en fait... Mme la
ministre a dit : C'est un soin d'exception, l'aide médicale à
mourir. Effectivement, et ça doit s'exercer dans la dignité et avec la plus
grande rigueur possible.
J'aimerais apporter
à la discussion que l'intitulé de la Loi sur les soins de fin de vie n'est
peut-être... Je comprends que c'était
le nom de la loi précédente, donc on vient modifier cette loi-là. Mais,
puisqu'on ouvre la notion, on ouvre la possibilité,
si la loi est adoptée, d'offrir l'aide médicale à mourir à une personne qui
n'est pas rendue en fin de vie, mais qui
a des souffrances incurables, et graves, et insupportables, inapaisables. Ce
serait peut-être... Il y aurait peut-être lieu de modifier le nom de ce
projet de loi là, parce que c'est vraiment de l'aide médicale à mourir.
Aussi, l'aide médicale à mourir, surtout en fin
de vie, on comprend que c'est un euphémisme pour parler d'euthanasie ou de suicide assisté. Et pourquoi je le mentionne? C'est
juste pour qu'on le garde... ce n'est pas pour faire des éclats avec ça, c'est simplement pour qu'on
garde ça en tête quand on réfléchit à toutes les étapes, à tout ce qui a été
demandé ou tout ce qui a été demandé de ne
pas faire dans les témoignages qu'on a entendus durant les consultations à la
commission.
Alors, la
question du handicap a été très éclairante pour moi comme parlementaire, comme
personne non handicapée, et j'utilise
le terme entre guillemets, puisque les personnes qui sont venues nous
rencontrer pour nous parler de cette situation-là
nous ont bien fait comprendre que la personne n'est pas intrinsèquement
handicapée, que le handicap, c'est situationnel.
Certains d'entre eux, mais pas tous, préféraient la terminologie de déficience
ou incapacité grave et incurable. Alors
là, la ministre en a parlé aussi, la définition, le terme utilisé va faire une
différence, et il faudrait prendre le temps vraiment de s'y pencher sérieusement puis prendre le temps
de réfléchir avant d'adopter le meilleur terme qui soit pour ne pas qu'il
soit trop exclusif, mais pour ne pas qu'il
soit trop large non plus, pour éviter les dérives qu'on veut tous éviter, bien
entendu.
Alors, ce qu'on nous a dit, du côté des
personnes qui vivent avec un handicap, c'est que les accommodements pour pouvoir vivre hors CHSLD... dans le cas d'une
des personnes qui est venue témoigner, ces accommodements-là sont plus importants pour lui que l'aide médicale à
mourir. Ce qu'on nous a dit aussi, c'est que, comme personne... une personne
qui n'est pas en situation de handicap n'est
pas la personne la mieux placée, qu'elle soit un professionnel de la santé ou
non, pour déterminer les souffrances
que vit la personne qui a un handicap, et la personne qui a un handicap qui a
les accommodements nécessaires pour
vivre sa vie peut tout à fait contribuer positivement à la société. Et j'ai
senti vraiment une soif de contribuer
et une soif de reconnaître cette contribution positive à la société qu'ont les
personnes avec des handicaps qu'on pourrait qualifier de handicaps
lourds, de notre point de vue de personne qui n'a pas un handicap comme tel.
Et
d'ailleurs, parmi les personnes qui sont venues témoigner, il y avait un homme
qui avait... qui était ingénieur, et je ne me rappelle plus la profession de l'autre personne, mais c'étaient
vraiment des professions dont on a besoin, au Québec, et des personnes qui contribuent tout à fait
positivement à la société. Et ce qui a été... moi, ce qui m'a beaucoup chavirée,
ça a été d'entendre l'une de ces
personnes-là nous dire que son médecin lui avait fait comprendre que, bien,
l'aide médicale à mourir, c'était une
option, ce n'est pas une personne qui... alors... et cette personne-là nous a
dit qu'elle a reçu ça comme une
grande violence. Et je peux comprendre tout à fait, parce que cette personne-là
a le goût de vivre, malgré les limites physiques qu'elle a. C'est une
personne qui a le goût de vivre et de contribuer. Et, dans les balises qu'on
veut mettre, comment on fait pour s'assurer
qu'on ne commence pas à dire aux gens qui ne sont pas rendus là, qui n'en ont
pas fait la demande... C'est
différent si quelqu'un le demande, bien entendu. Mais quelqu'un qui ne le
demande pas et qu'on lui dit : Bien, tu sais, tu as besoin de
beaucoup de soins, tu as besoin de... tu souffres, et tout ça, alors tu sais
que l'aide médicale à mourir, c'est une
option, alors que la personne est peut-être dans la jeune trentaine... Il a
reçu ça comme une grande violence. Et il faut s'assurer que les
professionnels de la santé et la société ne mettent pas une pression sur les
personnes qui ont besoin de beaucoup de
soins en leur disant : Mais, tu sais, finalement, tu pourrais prendre
l'aide médicale à mourir. Là, on parle de vie et de mort, ici. Alors, je
pense qu'il faut vraiment prendre le temps de baliser correctement.
• (10 h 20) •
Et, quand je
disais, tout à l'heure, qu'on veut tous éviter les dérives à ce chapitre-là,
là, tous autant que nous sommes, les
125 députés à l'Assemblée nationale, et je disais que c'est en lien
parfois avec le contexte social, bien, c'en est un, exemple. Par exemple, on ne se cache pas qu'on a de la
difficulté... le réseau de la santé ne répond pas à la demande. Donc, est-ce
que les personnes qui ont des situations qui
exigent beaucoup de soins qu'on ne peut pas leur donner parce qu'on manque
de ressources, est-ce que ces personnes-là
vont être dirigées subtilement vers l'aide médicale à mourir? Est-ce que les
aînés vont être dirigés subtilement vers l'aide médicale à mourir?
Quand on sait que la hausse du coût des loyers
est difficile pour eux, les soins à domicile ne sont pas facilement accessibles, parfois, il faut attendre des
années... On sait qu'il y a des milliers de personnes sur la liste d'attente
pour avoir des soins à domicile.
Quand on sait que les RPA ferment ou se convertissent rapidement à un rythme
qui est assez effarant, quand on sait que les places en CHSLD, bien, il
y a des listes d'attente, les maisons des aînés n'ouvrent pas toujours complètement, par manque de personnel. Bref, c'est
un contexte de pénurie de ressources ou d'organisation des soins dans le
milieu de la santé.
Quelle que
soit la raison, le fait est qu'on a de la difficulté à répondre. Alors, il ne
faudrait pas que ce contexte-là de
manque de ressources fasse en sorte que les personnes sont subtilement dirigées
vers l'aide médicale à mourir, ou pas si
subtilement dans le cas de la personne qui est venue témoigner à la commission.
Vraiment, c'est là que je crains les risques de dérives, et il faut se
pencher ensemble sur comment on peut éviter qu'une telle chose arrive.
On sait que personne ne veut être un fardeau
pour la société, que ce soit une personne qui a un diagnostic d'une maladie qui va faire en sorte qu'elle va avoir besoin de
beaucoup de soutien, que ce soit une personne aînée qui perd son autonomie. Personne ne veut être un fardeau pour
la société. Malheureusement, il y a des personnes qui, veux veux pas,
ont besoin d'aide. Bien, il faut que ces personnes-là reçoivent cette aide-là.
Et, si elles, vraiment, n'en peuvent plus de souffrance
et demandent l'aide médicale à mourir, qu'on puisse lui offrir, bien sûr, dans
des conditions évidemment où ça se
fera avec rigueur et dignité. Mais il ne faut pas diriger les autres vers ça
parce qu'on n'arrive pas à prendre soin d'eux.
Alors,
ça, c'est vraiment dans le contexte actuel. Peut-être que, dans 20 ans,
dans 30 ans, ce sera différent. Mais le contexte actuel, et c'est
actuellement qu'on veut adopter cette loi-là, c'est un élément qui me fait
peur, en fait, que je crains, comme parlementaire, pour mes concitoyens
et concitoyennes.
Et les
personnes qui sont venues témoigner nous ont aussi dit : On réclame l'aide
à vivre, donc tous les soins ou tous
les accommodements qui sont nécessaires pour pouvoir vivre dignement. C'est ce
qu'ils ont demandé, et certains ont dit : On devrait mettre les
ressources sur l'aide à vivre plutôt que sur l'aide médicale à mourir.
Autre chose :
les soins palliatifs. Alors, les soins palliatifs sont méconnus de la
population dans le sens où on associe souvent soins palliatifs à aide médicale
à mourir, ou soins palliatifs à fin de vie, et ce n'est pas toujours le cas.
Une personne peut être suivie...
recevoir des soins palliatifs pendant plusieurs mois, pendant un an, deux ans,
peut-être même plus, avant d'arriver à la fin de sa vie. Et ce que certaines
personnes sont venues nous dire, autant des médecins en soins palliatifs
que des personnes... des membres du public,
je dirais, c'est qu'il faut pouvoir offrir les soins palliatifs, il faut mettre
l'emphase sur les soins palliatifs,
il faut avoir les ressources, bien entendu, pour offrir les soins palliatifs.
Et donc, pour eux, c'était plus important de faire ça d'abord que de
mettre l'accent sur l'aide médicale à mourir.
C'est possible que la confusion entre soins
palliatifs et aide médicale à mourir soit due au fait qu'on a beaucoup entendu
parler de l'aide médicale à mourir dans l'adoption du projet de loi. C'est tout
à fait possible que ce soit ça. Mais il y
aurait lieu de clarifier, de faire comprendre aux personnes que ce n'est pas la
même chose. Oui, les soins palliatifs d'une
personne qui est atteinte de cancer, rendue au bout de sa vie, ça peut
ressembler à l'aide médicale à mourir, mais il y a tout un continuum de
soins qui se donnent avant pour que la personne soit en mesure de vivre jusqu'à
la fin de sa vie, entre guillemets,
naturelle ou quasi naturelle. Alors, il y aurait besoin d'accroître nos
investissements dans le domaine des soins palliatifs.
Et aussi une chose qui a été intéressante, que
j'ignorais, c'est que le Collège des médecins ne reconnaît pas la formation des médecins en soins palliatifs. Alors,
ça décourage certaines personnes d'aller dans ce domaine-là, parce qu'ils
veulent que leur formation soit reconnue.
Alors, il y aurait peut-être quelque chose à faire de ce côté-là pour pouvoir
avoir plus de ressources en soins palliatifs.
Et, dans le projet de loi, on souhaite qu'on
soit obligé, les maisons de soins palliatifs, à offrir l'aide médicale à mourir si une personne le demande. Et je
comprends bien l'objectif, c'est que toute personne aura droit à... bien, une
personne, dans les balises qui sont
là et qui seront peut-être ajoutées dans le projet de loi... donc, une personne
qui aurait droit à l'aide médicale à
mourir, bien, devrait y avoir droit, qu'elle soit dans une maison de soins
palliatifs, ou qu'elle soit à l'hôpital, ou qu'elle soit chez elle.
Alors, dans ce sens-là, je comprends l'obligation.
Par contre,
ce que des maisons de soins palliatifs sont venues nous dire, c'est que, bien,
si on se met à donner l'aide médicale
à mourir, on va donner moins de soins palliatifs, et il y a un manque de soins
palliatifs. Alors, il y a peut-être quelque chose à revoir de ce côté-là, parce
que je comprends aussi... On ne veut pas qu'il y ait une philosophie, dans une
maison de soins palliatifs, qui fasse en sorte qu'on ne veuille pas offrir
l'aide médicale à mourir, mais, en même temps, il y a aussi toute la question de l'accessibilité aux soins palliatifs.
Alors, c'est un point sur lequel on devrait se pencher. Il ne faudrait pas que
l'aide médicale à mourir soit quelque chose que les gens demandent par dépit
parce qu'ils ne peuvent pas avoir de soins palliatifs dans le contexte
actuel du réseau de la santé.
Par ailleurs,
j'ai été un petit peu chavirée, je dirais, et bouleversée par une partie du
témoignage de la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse, qui recommande que l'aide
médicale à mourir soit accessible aux 14 ans avec des balises claires. Et le tout était en
fonction... était appuyé sur le fait qu'à l'âge de 14 ans une personne
peut accepter, demander ou refuser des soins. Alors, c'était dans un
objectif d'harmonisation des lois.
Et j'avoue que,
à 14 ans, qu'une jeune fille aille chez le médecin sans que ses parents le
sachent pour obtenir une ordonnance
d'anovulants ou qu'un jeune homme aille chez le médecin pour obtenir un
traitement, par exemple, pour une maladie
transmissible sexuellement sans que ses parents le sachent, et qu'il est
capable de le demander, c'est tout à fait légitime, c'est tout à fait correct.
Mais est-ce qu'à 14 ans, alors qu'on ne peut pas conduire, on ne peut pas
voter, on ne peut pas prendre de l'alcool... est-ce qu'on peut demander
l'aide médicale à mourir?
Ce n'est pas
juste un soin comme un autre, l'aide médicale à mourir. On n'en revient pas après.
Et je ne veux pas faire un mauvais jeu de mots, là, mais c'est quand même très
complexe, une décision fort importante. Est-ce qu'à 14 ans on est vraiment considéré apte à prendre cette
décision-là? Je n'en suis pas certaine. Ce n'est pas dans le projet de loi,
mais c'était une recommandation qui
nous avait été faite. Et, en fait, j'espère qu'on n'ira pas dans ce sens-là,
parce que c'est... à 14 ans, c'est très jeune pour prendre une
telle décision, à mon humble avis.
• (10 h 30) •
Et il y a d'autres personnes qui nous ont
demandé... Bien, en fait, la commission, aussi, a demandé d'utiliser le terme «handicap», tout ça pour harmoniser avec
la loi fédérale, mais je pense qu'au Québec on peut adopter des lois qui
sont acceptables pour la société québécoise.
Si elles sont harmonisées avec d'autres lois et que ça facilite les choses,
tant mieux, mais je pense qu'on ne
doit pas... ça ne doit pas être l'impératif premier, d'harmoniser notre loi
absolument avec celle du fédéral,
dans un cas comme celui-ci, dans ce type de loi, qui est vraiment très
sensible. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a aussi
demandé une harmonisation pour les mêmes raisons, pour que les médecins... que ce soit plus facile pour les médecins de poser un
acte et de ne pas s'inquiéter. Je pense qu'on peut travailler, quand même,
notre propre loi pour s'assurer que les soins soient offerts correctement, y
compris celui de l'aide médicale à mourir.
La question
des demandes anticipées, qui a été abordée avec plusieurs groupes, y compris la
Fédération des médecins omnipraticiens
du Québec, c'est bien pour une personne qui a un diagnostic, par exemple, et
qui sait à quel stade elle va arriver,
et qu'elle veut... elle ou il décide que, rendu à ce... quand elle répondra à
tel, tel, tel critère, elle veut recevoir l'aide médicale à mourir, même si, à ce moment-là, au moment où elle aura
atteint les critères son... elle ne sera plus apte à prendre la
décision. Alors, que fait-on, en fait, avec un refus? Et là il est question de
contention chimique, parce que la personne, peut-être, ne
veut même pas qu'on lui touche. Alors, est-ce qu'on est prêts à aller
jusque-là? C'est des questions, donc, importantes qui nous ont été amenées et
auxquelles il faudra réfléchir.
Enfin, pour
ce qui est des IPS, les infirmières, oui, tout à fait, elles devraient pouvoir,
avec la formation, offrir le tout et
puis constater les décès aussi. D'ailleurs, les infirmières, on devrait les
considérer à leur juste valeur et leur permettre d'offrir tous les soins à la hauteur de leur formation partout dans le
réseau de la santé, pas seulement pour l'aide médicale à mourir.
Et enfin, du
côté des demandes anticipées, bien, il y a question de renouvellement, parce
que, peut-être, renouvellement aux cinq ans, il faudrait revoir le tout.
Conclusion :
l'aide à vivre est peut-être plus importante et plus en demande que l'aide
médicale à mourir. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Je suis maintenant prêt à reconnaître
la prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, je tiens à dire que c'est vraiment un réel
privilège pour moi de pouvoir travailler
sur le projet de loi sur les soins de fin de vie. C'est un sujet qui est très
sensible, qu'il faut traiter avec
délicatesse. Ça a toujours été fait comme ça, au Québec, jusqu'à maintenant, je
pense que c'est encore comme ça, la manière
dont on travaille en ce moment, et je tiens à le souligner, parce que le projet
de loi propose plusieurs modifications quand même substantielles, puis
on a tenu des auditions assez longues, plus longues qu'à l'habitude, pour
pouvoir permettre à beaucoup de groupes de
s'exprimer. D'ailleurs, je remercie le gouvernement pour son ouverture à ce
sujet-là.
On voulait,
entre autres, permettre aux groupes puis aux experts de s'exprimer sur la
notion de handicap qui est introduite
dans le projet de loi, avec la notion de handicap neuromoteur. Et c'est une
nouveauté pour laquelle il n'y avait pas
eu de consultation préalable, donc ça avait surpris, au moment du dépôt du
projet de loi, déjà, le printemps dernier, puis encore dans les derniers mois, et on trouvait ça très important de
recevoir les commentaires des acteurs concernés sur cet ajout-là. Et la première chose que moi, je
retiens, c'est que l'expression de «handicap neuromoteur» fait plutôt consensus
contre elle. De toute évidence, ce n'est pas
le vocabulaire qu'il faut utiliser si on veut éviter de discriminer certaines
personnes. Plusieurs groupes nous l'ont dit, j'ai bien entendu ces
commentaires-là, puis on va prendre le temps de trouver la bonne formulation. Je sais que mes collègues aussi
veulent prendre le temps de faire ça. Certains nous ont conseillé de retirer le
mot «neuromoteur», et donc de garder seulement «handicap». D'autres nous ont
recommandé de parler de déficience, d'incapacité.
C'est des avenues qu'on va étudier sérieusement. On est capables, je pense, de
trouver le bon vocabulaire pour s'assurer de ne pas faire de
discrimination à l'égard de ça.
J'ai aussi
entendu le plaidoyer de plusieurs personnes, de plusieurs groupes pour qu'on
s'assure de vraiment offrir aux
personnes qui vivent avec un handicap tous les moyens de s'épanouir, d'avoir
une belle qualité de vie. Et, en ce moment, il faut reconnaître que
c'est malheureusement loin d'être le cas. Il faut absolument éviter qu'une
personne vive des souffrances psychologiques
ou physiques seulement parce qu'on n'a pas mis à sa disposition toutes les
bonnes ressources dont elle avait
besoin. Quand on parle d'aide médicale à mourir, moi, ce que je souhaite, c'est
que ce soit un libre choix, mais ça ne peut pas être un libre choix si
tous les services ne sont pas au rendez-vous.
Et on sait
que c'est déjà un enjeu pour les personnes qui souffrent d'une maladie. On a
tous vu, ici, là, les exemples de
difficultés d'accès aux soins palliatifs, mais c'est encore plus vrai en ce qui
concerne le handicap, parce qu'il y a des lacunes majeures dans l'accès aux
services, actuellement. Qu'on pense au transport adapté, aux moyens disponibles
pour adapter sa maison, son logement,
au support qui permet de compléter des études, d'occuper un emploi, il y a
énormément de personnes avec un
handicap qui souffrent, actuellement, parce qu'on ne déploie pas tout ce qu'on
pourrait déployer autour d'elles pour
leur permettre de s'épanouir, et on ne peut pas... on ne peut pas mettre ça de
côté en élargissant l'aide médicale à mourir aux personnes qui souffrent
d'un handicap. Il faut assurément prendre les moyens qu'il y ait plusieurs
options devant ces personnes-là puis qu'on puisse soulager leurs souffrances.
Puis d'ailleurs j'ai senti chez plusieurs
personnes le vif besoin qu'on se penche collectivement sur l'ensemble des besoins des personnes qui vivent avec un
handicap dans toutes les sphères de leur vie. J'espère que la ministre a
entendu cet appel-là comme moi, je pense que oui. J'espère qu'elle en
parle avec son collègue le ministre des Services sociaux, parce que, moi, ce que je ressens au terme des
auditions, c'est qu'on a besoin d'une consultation nationale pour identifier
tout ce que ça prend pour permettre une
inclusion pleine et entière des personnes qui vivent avec un handicap. On peut
bien vouloir les inclure dans le projet de loi sur les soins de fin de
vie, élargir pour l'aide médicale à mourir, mais elles en ont long à dire sur toutes les autres sphères de
leur vie. Il y a un besoin vif de s'exprimer là-dessus, puis je pense qu'il
faut le faire. Même si ça ne doit pas
nous empêcher d'aller de l'avant avec ce qu'il y a dans le projet de loi
actuel, on doit, en parallèle,
prendre les moyens d'entendre ce qu'ils ont à dire et trouver les moyens pour
soulager les souffrances qu'ils vivent en ce moment.
Un autre
volet important du projet de loi, c'est la nouveauté de la demande anticipée
pour les personnes qui ont une maladie menant à une... à l'inaptitude à
consentir. On a eu des discussions très riches à ce sujet-là. J'en retiens qu'il y a quand même quelques ajustements à faire,
sur lesquels je pense qu'il va y avoir des consensus assez rapidement, mais c'est un ajout qui est globalement bien reçu,
qui va répondre à un réel besoin pour permettre aux gens de mourir dans la dignité en énonçant clairement à l'avance c'est
quoi, les souffrances qui devront éventuellement être constatées avant
d'administrer l'aide médicale à mourir.
Puis
je sais qu'il y a énormément de personnes qui attendent ce changement-là avec
impatience, peut-être même de
l'inquiétude, parce que plus les mois passent, plus ces personnes-là savent
qu'elles pourraient perdre leur aptitude à formuler, éventuellement, une demande anticipée.
Je suis consciente de ça, du temps qui passe, mais il faut quand même prendre le temps de trouver les bons mots pour
rédiger les modalités. Il y a des ajustements à faire, et c'est important,
parce qu'on veut éviter les abus puis on veut aussi réunir toutes les
conditions pour que tout le monde soit à l'aise, y compris les
professionnels de la santé qui vont devoir mettre en oeuvre ces modalités-là,
parce qu'on ne sera pas plus avancés si, finalement,
il y a très peu de professionnels de la santé qui souhaitent mettre en oeuvre
ces dispositions-là puis, tu sais, que la majorité d'entre eux décident
d'exercer leur objection de conscience. Donc, c'est très important de prendre
notre temps là-dessus, même si
j'entends, de la part de beaucoup de citoyens, que... Ils étaient déjà déçus,
le printemps dernier, qu'on reporte ces modalités-là, mais il faut le
faire comme il faut.
Donc,
avant de conclure, je veux prendre le temps de dire aux personnes qui nous ont
appelés à réfléchir à l'inclusion des troubles mentaux pour l'accès à
l'aide médicale à mourir que j'ai entendu vos commentaires. Moi, pour ma part, j'estime qu'à ce moment-ci on n'est pas prêts à
procéder à ces changements-là dans le projet de loi, donc il faut maintenir
l'exclusion. Par contre, j'estime que c'est
nécessaire de procéder à une discussion collective là-dessus pour en dégager
des consensus, donc j'espère que le
gouvernement le fera dans les prochains mois parce qu'il y a vraiment un appel
important qui nous a été lancé. Même
si ça ne faisait pas partie du projet de loi, plusieurs groupes sont venus
s'exprimer à cet égard-là, et donc prenons le temps de la faire, cette
réflexion.
Donc, c'est un sujet
sensible. Moi, je constate que tout le monde travaille très positivement sur ce
dossier-là, actuellement. On va commencer
par prendre le temps de bien faire les choses pour les élargissements qui sont
déjà prévus dans la loi, et puis continuons de réfléchir ensuite à comment on
pourra éventuellement élargir l'accès à d'autres groupes. Ma collègue a parlé des mineurs, il y a
effectivement des gens qui se positionnent là-dessus, il y a des appels à y
réfléchir. Je pense qu'on n'est pas
prêts en ce moment, mais on ne pourra pas exclure ces réflexions-là indéfiniment,
il faudra y revenir. Merci.
• (10 h 40) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke. La prochaine intervention sera celle de
Mme la députée de Roberval. Mme la députée.
Mme Nancy
Guillemette
Mme Guillemette :
Merci, M. le Président. Je suis ici ce matin pour vous parler du projet de
loi n° 11, la Loi modifiant la Loi
concernant les soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives, mais avant, M. le Président, j'aimerais
faire un retour avec vous sur la commission spéciale que j'ai eu l'immense
privilège de présider en 2021.
Vous
allez me permettre de remercier les collègues qui ont participé avec moi à
cette commission transpartisane, transpartisane, il est bon de le rappeler. Je
pense qu'on entend bien le ton ce matin, tout le monde est en collaboration, et
c'est ce qu'on souhaite. Je pense que les
citoyens ne nous permettraient pas de faire de la politique avec un sujet si
important pour nous. Donc, je tiens à remercier le député de D'Arcy-McGee,
David Birnbaum, qui était le vice-président de la commission à ce moment-là, la députée de Joliette, Véronique Hivon,
le député de Rosemont — il
y en a certains que je ne peux pas
nommer par leur nom parce qu'ils sont toujours parlementaires — donc,
la députée d'Abitibi-Ouest, la députée de
Mille-Îles, Mme Francine Charbonneau, le député de Lac-Saint-Jean, la
députée de Saint-François, le député de Mégantic, la députée de Westmount—Saint-Louis, la députée de Soulanges et le député de
Chomedey, M. Guy Ouellette. Et j'aimerais aussi remercier le député de Gouin actuel et la
députée de Maurice-Richard, Marie Montpetit, qui, lors de cette
commission, avaient fait partie des consultations particulières avec
nous pour la première phase.
Donc,
notre mandat, c'était d'analyser les enjeux reliés à l'élargissement potentiel
de l'aide médicale à mourir pour les personnes en situation d'inaptitude
et pour celles souffrant de troubles mentaux exclusivement. Pour ce faire, nous
avions besoin de dresser le portrait de
l'évolution des soins de fin de vie depuis la première loi, en 2015, et de
connaître l'état des lieux, l'arrêt Carter, la
cause Gladu-Truchon, celle qui a mis fin au retrait, en fait, de la clause
de fin de vie.
En chiffres, la
commission spéciale, c'est deux phases de consultations, 74 auditions,
35 expertes, experts et organismes
entendus à la phase I, 42 personnes et organismes entendus à la
phase II, 75 mémoires déposés au secrétariat de la commission,
3 421 réponses au questionnaire en ligne. Et je vous dirai que j'ai
lu plusieurs de ces commentaires. On en a eu
2 000, d'ailleurs. Donc, également, on a eu 39 séances de travail
avec les membres de la commission et 46 réunions du comité
directeur. De ces nombreuses discussions, nous sommes arrivés à
11 recommandations et sept observations. «Maladie
grave et incurable», «déclin avancé irréversible» et «avoir des souffrances qui
ne peuvent être apaisées dans des conditions jugées tolérables» nous ont
suivis tout au long de nos discussions.
Donc, j'en profite
pour remercier aussi tout le personnel qui nous a accompagnés tout au long de
ce mandat : le secrétariat, la
recherche, le service de référence, la révision linguistique, le graphisme et
les communications. Écoutez, on a eu
une tonne de documents à colliger, il fallait rendre ça digeste. On avait des
discussions, ils ont bien su prendre l'essence de qu'est-ce qu'on ressentait et
qu'est-ce qu'on voulait dans notre projet de loi. Donc, je les en remercie très
sincèrement.
Est
venu par la suite, à la suite de nos recommandations, le p.l. n° 38. Donc, en mai dernier, le temps nous a manqué pour adopter le projet de loi n° 38 sur
l'évolution des soins de fin de vie, mais, tous ensemble, et je tiens à le
dire, tous ensemble, les membres de la commission, accompagnés du ministre, on
a pris l'engagement formel devant vous de ramener le projet de loi
rapidement en commission avec la prochaine législature, peu importe qui serait
de la nouvelle législature.
Le
p.l. n° 11, Mme la ministre, nous y sommes. Durant les
trois dernières semaines, la Commission des relations avec les citoyens a entendu plus de 35 autres
groupes et experts, individus pour être en mesure d'être bien outillée pour les
phases qui s'en viennent, soit l'étude détaillée du projet de loi n° 11,
je l'espère, très bientôt.
Les concepts
d'aptitude et d'inaptitude, d'autodétermination, de demande anticipée et de
directive médicale anticipée, le
refus, le refus catégorique, tous ces aspects ont, encore une fois, été
questionnés et discutés avec toute l'écoute nécessaire et très grande
empathie.
La souffrance
contemporaine versus la souffrance anticipée. La souffrance contemporaine peut
être facilement objectivable, tandis que
celle anticipée demeure plus difficile à valider. La perte de dignité est, pour
plusieurs, un facteur important de
souffrance, en particulier pour la souffrance psychique. Celle-ci devra donc
être prise aussi en considération.
Lors de la
commission spéciale, quelques intervenants nous avaient parlé du handicap, du
handicap neuromoteur, mais, comme ça
ne faisait pas partie de notre mandat, on n'avait pas eu de discussion profonde
et aucune recommandation n'avait été
formulée en ce sens. Par contre, cet aspect étant présent dans le projet de loi n° 11, c'est celui-ci qui est beaucoup ressorti lors des dernières consultations particulières. Nous avons tous
des questionnements sur l'utilisation et la définition des termes «handicap», «handicap neuromoteur», ça
demeure entier. On va devoir se pencher sur cette question rapidement dans les prochains jours. Est-ce qu'on conserve
«handicap neuromoteur»? Est-ce qu'on met «handicap» ou on utilise, comme
le disait la députée de Sherbrooke tout à
l'heure, un autre terme, comme «affection», «maladie», «condition»? Avec la
clause de soins de fin de vie qui est tombée, on doit vraiment clarifier cette
situation.
Pour ce qui
est du trouble de santé mentale, la recommandation de la commission spéciale
était de ne pas donner accès à l'aide
médicale à mourir pour les personnes qui ont comme seul trouble un trouble de
santé mentale. Et attention, M. le
Président, je ne vous dis pas que ces personnes-là ne sont pas malades et
qu'ils ne souffrent pas. On est conscients de ce qu'ils vivent. Mais il
n'y a pas de consensus du corps médical, donc nous devons appliquer le principe
de précaution. Et on le voit même au fédéral, ils ont sursis sur leur décision
de mars 2023 à mars 2024.
C'est un
sujet qui est très complexe et délicat. Nous avons tous la volonté de faire les
choses correctement. Nous privilégions une approche constructive et
transpartisane. Un équilibre entre l'autodétermination et la protection des
personnes vulnérables demeure au coeur de nos préoccupations. Des mesures de
protection doivent être mises en place ainsi
que des balises pour bien outiller le corps médical ainsi que toute l'équipe de
soins qui gravite autour de la personne, mais aussi sa famille. Comme l'a mentionné, tout à l'heure, une
intervenante, on ne doit pas non plus faire en sorte que, sur le
terrain, cette loi-là ne soit pas applicable. Donc, c'est notre devoir de
trouver des balises pour que cette loi-là soit applicable, mais qu'elle demeure
toujours une mesure d'exception.
Le tiers de confiance, le refus, une signature,
deux signatures chez un notaire, en présence ou non d'un médecin, la
possibilité qu'une IPS puisse administrer les soins, toutes les pierres sont
retournées, et d'autres discussions auront lieu
avant l'adoption finale, je le souhaite. Et là je ne veux pas présumer de
l'adoption du projet de loi, mais je présume, par contre, de la bonne volonté de toutes les
collègues. Et je dis «toutes» les collègues, car nous ne sommes, à la Commission des relations avec les citoyens,
que des femmes pour travailler sur ce dossier-là, M. le Président.
À chaque semaine, M. le Président, j'ai des
appels de gens qui attendent, des gens qui sont à quelques mois de perdre leur inaptitude. Je ne veux pas présumer,
comme je le disais, de l'adoption du projet de loi, mais, comme toutes mes
consoeurs, pour ces gens, je le souhaite de
tout mon coeur. Les discussions se font dans le plus grand respect. Nous avons
chacune et chacun nos croyances, nos valeurs, mais c'est dans un esprit de
collaboration et toujours avec le plus grand des consensus possible que nous
allons y arriver.
L'aide médicale à mourir doit toujours être vue
comme un continuum de soins, un soin pour soulager les souffrances, un soin d'exception, le soin ultime. Nous sommes conscients
que l'aspect des troubles mentaux demeure, comme celui des mineurs, majeurs, dans un projet... dans... C'est toujours
dans la pensée, mais il faut y aller, je dirais, avec la pensée
populationnelle. La pensée populationnelle évolue, donc on va la respecter, on
va l'écouter et on va rester à l'écoute.
Je veux
prendre quelques minutes aussi pour remercier toutes celles et ceux qui sont
venus témoigner durant les consultations particulières. Plusieurs se
sont ouverts à nous avec coeur. Ils nous ont confié des pans de leur vie avec
tellement de générosité. C'est une marque de confiance qu'ils nous ont
démontrée.
Vous savez,
M. le Président, moi, je me suis engagée en politique pour faire avancer des
causes à caractère humain, en
particulier. Je m'y implique avec beaucoup d'humilité depuis mon arrivée, mais
là j'avoue que je suis honorée et vraiment émue de pouvoir participer au processus du projet de loi n° 11 avec des collègues que je respecte beaucoup. On apprend à se
connaître, on développe des liens qu'on ne développerait pas dans une autre
commission. Le sujet étant tellement sensible, on grandit avec cette
commission-là.
Avant de
conclure, je veux vous dire à quel point je suis fière que l'on puisse faire ce
travail en toute collégialité avec les
collègues de toutes les formations politiques. Ce sont des questions sensibles,
délicates et importantes pour les Québécoises et les Québécois. Je l'ai déjà dit, les Québécois ne nous pardonneraient
pas de faire de la politique avec un sujet tel que l'aide médicale à mourir. Nous sommes vraiment
privilégiés, M. le Président, je tiens à le mentionner, là, de faire partie
d'une société où on peut discuter de ces
enjeux-là dans le respect de toutes et de tous, et je tiens à le souligner
encore une fois. Merci, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Roberval. La prochaine intervention
sera celle de Mme la députée de D'Arcy-McGee. Mme la députée.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président. Donc, premièrement,
d'entrée de jeu, de dire que je suis fière de faire partie de cette commission et d'étudier ce projet de loi
n° 11, la Loi modifiant la Loi
concernant les soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives. Il
s'agit d'un enjeu extrêmement sensible et humain à sa base. En tant que
parlementaires, nous avons tous la
responsabilité de veiller au bien-être de tous les membres de notre société, de
leur donner des choix pour leur autodétermination, mais en veillant que
les moyens qui leur sont disponibles ne soient pas abusés.
Je tiens à
remercier tous les groupes qui ont présenté lors des consultations ou qui ont
déposé un mémoire. Vous avez aidé à
nous alimenter dans nos réflexions. Et je salue spécifiquement le courage des
individus qui ont témoigné de leur situation personnelle. Ça a été très
émotionnel, d'entendre des personnes venir nous parler de l'importance de ce
projet de loi dans leur vie et dans... pour qu'eux ils puissent juste
avoir... justement avoir une dignité dans leurs derniers jours.
Le Québec a
toujours été pionnier dans la matière d'aide médicale à mourir avec la première
version de cette loi en 2014,
continue d'être un pionnier dans cette catégorie. Ce projet de loi propose
d'élargir les catégories de personnes qui pourront se prévaloir de l'aide médicale à mourir pour inclure les
personnes handicap et ceux avec un handicap neuromoteur, que les demandes anticipées pour ceux avec des
maladies neurodégénératives ou avec une maladie grave, incurable menant à
l'aptitude soient incluses, l'introduction du tiers de confiance, de permettre
aux infirmières praticiennes spécialisées d'administrer
la sédation palliative continue de l'aide médicale à mourir et qu'une maison de
soins palliatifs ne peut exclure l'aide médicale à mourir des soins
qu'elle offre, entre autres.
Plusieurs ont salué l'abandon du critère de fin
de vie et presque tous nous ont parlé de l'aide médicale à vivre. Plusieurs ont
salué les avancées, et d'autres ont démontré des inquiétudes à ces
élargissements.
Donc, je vais
commencer. Le seul consensus qui est ressorti des consultations est qu'il n'y a
pas de consensus autour des
définitions de «handicap» et de «maladie neuromotrice». Certains ont suggéré
que ces termes soient retirés, et certains demandent que ces mots soient... excusez-moi, soient bien définis,
d'autres qui suggèrent de les remplacer par deux termes comme
«déficience» et «incapacité grave et incurable», qui, eux aussi, devront être
clairement définis.
Plusieurs se sont
prononcés pour dire qu'il fallait aller davantage en profondeur pour les
définitions qui se trouvent dans ce
projet de loi. Que ce soit la question d'aptitude, inaptitude, de souffrance,
souffrance contemporaine, souffrance anticipée,
physique, parce qu'aussi les souffrances sont... peuvent être physiques ou ça
peut être en la forme d'une perte d'autonomie et une perte de dignité. La
notion des souffrances est difficile à définir parce que ça représente
différentes choses pour différentes personnes.
Au-delà des
notions de handicap, ce sont les définitions que nous devons vraiment préciser
pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
dans l'administration et dans la compréhension de celles-ci. Ma collègue a
suggéré la tenue d'un forum pour que la population puisse avoir leur mot
à dire là-dessus. Pour qu'on ait un débat éclairci, il faut entendre tout le
monde.
Encore une
fois, c'est un sujet qui affecte certains aujourd'hui, mais qui pourront
affecter... qui affecteront d'autres dans le futur, et il faut s'assurer
que chacun comprenne bien ce qui leur est proposé et les balises qui les
entourent.
Dans un souci
de cohérence, plusieurs des groupes consultés ont prôné pour l'harmonisation de
ce projet de loi avec le fédéral, qui
a adopté une version similaire en début d'année. Par contre, une grande
différence entre la version que nous étudions présentement et la version
qui a été adoptée par le fédéral et la question de l'exclusion des personnes souffrant uniquement d'une maladie de santé
mentale. La question n'a pas été abordée dans ce projet de loi, mais plusieurs
intervenants l'ont amenée. Mais, quand même, encore une fois, un consensus pour
dire que c'est un enjeu dont on ne veut pas
aborder tout de suite. Et, comme on le voit au niveau fédéral, qui a reporté, justement,
cet élément de leur projet... de leur loi, plutôt, d'une année, c'est des
questions profondément humaines et qui méritent beaucoup plus de temps à
étudier si on veut aller de l'avant.
Autant que la grande majorité de ceux entendus
ont salué l'élargissement proposé, certains craignent pour la discrimination potentielle que pourrait apporter
l'ajout de personnes handicap à l'aide médicale à mourir. Il ne faut surtout
pas diminuer l'apport des personnes
handicapées dans notre société. Je ne veux pas que la formulation du projet de
loi soit utilisée pour discriminer les capacités et les contributions de
ces personnes.
La Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse se préoccupe de l'accès
aux soins palliatifs, qui demeurent insuffisants, et je les cite :
«Priver des personnes en fin de vie de soins palliatifs [qui peuvent soulager leurs souffrances va à l'encontre de leurs] droits
garantis par la charte...» La commission appelle à ce que ces efforts... des
efforts supplémentaires soient respectueux de leur dignité et de leur
autonomie.
L'important,
c'est de viser l'égalité réelle des personnes en situation de handicap. Pour
qu'un véritable choix soit possible,
il faut «s'assurer que les personnes en situation de handicap bénéficient de
soutien et de services pour les aider à composer avec leur condition et leurs
souffrances avant d'envisager l'aide médicale à mourir». Il faut valoriser les personnes
à handicap et non les discriminer contre eux
et les mettre dans une catégorie où ils valent moins qu'eux. Le fardeau pour la... Il ne faut pas non plus que les personnes à
handicap se voient comme un fardeau pour la société, pour leur famille et
choisissent l'aide médicale à mourir plutôt de continuer leurs jours.
Plusieurs
organisations qui ont témoigné et des mémoires qui ont été... qui ont fait état
d'une crainte que le manque de services et soins offerts aux patients mènerait
certains à demander l'aide médicale à mourir en raison des souffrances qu'ils
endurent. Est-ce qu'on devrait demander qu'une évaluation des soins disponibles
pour la personne qui demande l'aide médicale à mourir soit obligée avant
d'effectuer le début de l'administration?
La Confédération des organismes des personnes
handicapées du Québec, dans sa première recommandation, nous dit, et je cite : «Pour l'aide médicale à vivre, augmenter la
capacité et l'offre de services du système de santé québécois de façon
durable avec plus d'humanisme...» Quelque part au Québec, il y a quelqu'un qui
se fait offrir l'aide médicale à mourir
parce qu'on ne peut pas lui offrir de soins. Ça ne peut pas être le cas au
Québec, ça ne peut pas être une alternative aux soins de vie. Il faut que l'aide médicale à mourir soit vraiment le
seul choix quand une personne est en souffrance et ne considère qu'ils
n'ont pas d'autre option.
Encore une
fois, la recommandation 8 de la Confédération des organismes des personnes
handicapées du Québec nous dit qu'«en tout temps, le médecin devrait
vérifier si l'absence de services [et soins] peut expliquer une demande de l'aide médicale à mourir et initier des
démarches sans tarder pour assurer la dispensation de tels services». Encore
une fois, est-ce qu'il ne devrait pas
y avoir un mécanisme d'évaluation de la part des médecins pour s'assurer que
tous les soins sont offerts à la personne avant qu'elle n'ait recours à
l'aide médicale à mourir?
En ce qui concerne les personnes handicapées, la
commission a entendu dire qu'il fallait davantage de soutien financier pour que
les personnes... pour que ces personnes ne vivent pas dans la pauvreté. Un
meilleur accès aux aides sociales, à des logements adaptés pour leur réalité et aux soins de
santé est également important. Sans cela, la commission a entendu dire que les personnes handicapées
pourraient considérer l'aide médicale à mourir comme un moyen de soulager
les souffrances dues à la pauvreté et au manque de services.
• (11 heures) •
Plusieurs ont
émis une crainte que des personnes se tournent vers l'aide médicale à mourir en
raison du manque de services et de soins; un en particulier, Jonathan Marchand,
qui est venu témoigner, un jeune homme qui a un handicap et qui nous a
témoigné que le niveau de souffrance peut être causé ou accentué par un manque
de services qui leur sont ouverts, et je le cite : «...la mort dans la
dignité n'existe pas sans la vie dans la dignité.»
De plus,
l'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des
personnes handicapées nous dit, et je cite : On se questionne sur la
capacité du système de santé de faire face à l'élargissement de l'admissibilité
à l'aide médicale à mourir et à offrir le soutien nécessaire et disponible en
santé et services sociaux actuellement afin de soutenir et d'accompagner adéquatement les personnes à
handicap qui vont recourir à l'aide médicale à mourir et ceux qui restent,
leurs familles et les autres proches.
Le sujet de
la manifestation du refus, dans le projet de loi, est qu'elle devrait être
radiée au moment où la personne manifeste un refus, que ce soit physique
ou verbal, et ce, au moment où la personne n'est plus considérée apte. Mon
questionnement est, si la personne signe sa demande de l'aide médicale à mourir
au moment où elle est apte, et qu'au moment
où elle est inapte se manifeste, et que ce refus est accepté, il y a une
incohérence dans tout cela. Est-ce qu'on ne devrait pas préciser dans la
formule, dans le formulaire de demande, que, si un refus est manifesté lors
de... qu'on est considéré inapte, il ne
devrait pas être retenu, et qu'on devrait procéder avec l'aide médicale à
mourir? Même s'il y a une manifestation du refus une fois que la personne est
jugée inapte, ceci ne devrait pas contrevenir à une décision qu'elle a
prise lorsqu'elle était apte.
Est-ce qu'il devrait y avoir un recours à une
sédation chimique? Est-ce que ceci devrait aussi être confirmé dans le
formulaire? Pourtant, dans ce fameux formulaire de demande, pour lequel nous
n'avons aucune idée de ce qu'il contient ou de ce à quoi il ressemble, il
faudrait que ce soit plus clair... le plus clair possible. Quels seront les
éléments à y inclure et avec quelles
précisions? On espère que les personnes pourront s'exprimer plutôt que de
devoir cocher des cases.
Plusieurs ont suggéré que la demande à l'aide
médicale à mourir devrait se faire sous forme de témoignage vidéo pour que la
personne puisse bien décrire le niveau de souffrance qu'il faudrait pour
déclencher l'aide médicale... l'administration de l'aide médicale à mourir et
pour valider leur souhait. Plusieurs ont suggéré qu'il devrait y avoir un mécanisme de confirmation de la demande à des
intervalles de cinq ans pour s'assurer que les souhaits de la personne sont
inchangés, dans le cas où une personne change d'avis, que sa demande soit
retirée tout de suite.
Comment
distinguer les personnes qui naissent avec un handicap de celles qui le
subissent au cours de leur vie? Nous
avons entendu parler de plusieurs organismes qui nous ont démontré des craintes
de discrimination et d'inégalité entre les
personnes qui sont nées avec un handicap et ceux qui subissent un lors de leur
vie, comme par exemple ceux qui subiraient un AVC qui les rendrait
inaptes ou avec un accident qui les rendrait... qui leur donnerait une maladie
neuromoteur.
Est-ce que ces personnes-là auraient droit
également à la même aide médicale à mourir que ceux qui ont les mêmes handicaps, mais qui sont nés avec? Est-ce
qu'il devrait y avoir un délai pour ces personnes qui, nouvellement, vivent
cet handicap, pour voir s'il faut leur
donner un certain temps de suivre des traitements et de s'habituer à leur
nouvelle situation qui les limite?
Toutes des questions qu'il faudrait regarder en profondeur pour qu'il y ait
vraiment une cohérence et une égalité entre le droit à l'aide médicale à
mourir pour ceux qui se retrouvent en situation de handicap.
Étant donné
la nature émotionnelle de l'aide médicale à mourir pour les personnes en
question et leurs familles, on se pose la question s'il ne devrait pas y avoir
une obligation d'une évaluation psychosociale avant que la personne ne fasse
sa demande. Encore une fois, nous avons
entendu des craintes de la part de personnes pour les... en parlant de la
population à handicap, qui auraient
des craintes que soit ces personnes soient convaincues ou plutôt... oui,
convaincues que ça devrait être la
façon dont ils devraient procéder. Encore une fois, l'évaluation psychosociale
pourrait aider à s'assurer que le choix vient vraiment de la personne et que ce n'est pas une influence, que ce
soit de leur famille ou du personnel médical qui les entourent.
Encore une
fois, pas de consensus pour les définitions. Et nous avons entendu l'inquiétude
de la communauté des personnes handicapées envers la discrimination.
Nouveau terme
introduit dans ce projet de loi, également, est le tiers de confiance, le tiers
de confiance qui sera celui qui sera désigné dans le formulaire de la demande
et qui sera celui responsable de notifier le personnel de soins de santé que la personne en question commence à
arriver ou est arrivée à sa période d'inaptitude. Qu'est-ce qu'on fait en cas
où la personne qui fait la demande de l'aide médicale à mourir ne désigne pas
un tiers de confiance ou, pour ceux qui en désignent, est-ce qu'il devrait y avoir plus d'un? Est-ce que ça
devrait être un membre de la famille ou non? La question devrait être une
question d'objectivité. Et pour ceux qui n'ont pas pu désigner un tiers de
confiance, à qui sera remise cette responsabilité?
Plusieurs se sont positionnés pour dire que ceci, désigner un tiers de
confiance, devrait être une obligation.
Plusieurs,
également, ont salué l'initiative de ce projet de loi d'obliger les maisons de
soins palliatifs à devoir administrer
l'aide médicale à mourir pour, encore une fois, minimiser les souffrances que
les personnes en fin de vie vont devoir... auxquelles ils devront faire
face.
Nous saluons également, et plusieurs autres,
l'ajout des infirmières praticiennes spécialisées pour administrer l'aide
médicale à mourir. C'est une reconnaissance qui leur est de valeur.
Également, un
enjeu qui n'a pas été abordé dans le projet de loi mais qui nous a été amené à
la table est la question de la... le don d'orgues... le don d'organes,
plutôt, excusez-moi. Donc, nous avons entendu qu'il y a une mauvaise coordination entre l'entité qui est responsable,
justement, des dons d'organes au Québec et les maisons de soins palliatifs.
Et c'est vraiment une perte pour la société
parce que ces gens-là, même qu'ils soient atteints d'une maladie, ont des
organes qui sont complètement en bonne santé et qui pourraient
justement faire toute la différence dans la vie d'une autre personne. Donc, il faudrait un meilleur arrimage entre ceux
qui... l'aide médicale à mourir et l'entité qui est responsable de coordonner
les dons d'organes.
La santé
mentale, qui a été mentionnée par plusieurs, encore une fois, est un sujet qui
demanderait beaucoup plus de temps et beaucoup plus d'attention. Donc, on est
quand même contents que ça ne soit pas inclus dans ce projet de loi, parce
que c'est une question d'une grande sensibilité, qui prendrait énormément plus
de temps, énormément plus de consultations avant de l'aborder.
Nous avons
aussi entendu qu'il devrait y avoir des formations obligatoires pour ceux qui
vont entourer la personne lors de la vérification de leurs souffrances et leur
aptitude. Encore une fois, ce sont des termes qui sont... qui n'ont pas
de définition fixe, et donc il faudrait une
cohérence et une conformité auprès de ceux qui vont avoir la responsabilité de
juger quand la personne est rendue inapte et donc demande
l'administration de l'aide médicale à mourir.
Nous
avons aussi entendu, de la part de plusieurs groupes, qu'une... que des
représentants de la communauté handicap
devraient être présents sur la Commission sur les soins de fin de vie, et nous
sommes tout à fait d'accord. Si ces personnes-là,
si les personnes de la communauté handicap vont être ajoutées à l'aide médicale
de mourir, il ne fait que du sens que
ces personnes-là soient également présentes sur la commission pour qu'elles
puissent donner un point de vue qui est différent et aussi défendre...
bien défendre leur communauté.
Nous avons également entendu la suggestion qu'un
guide de pratiques plus clair soit remis à tous ceux qui vont avoir un rôle à
jouer dans l'administration de l'aide médicale à mourir de ces personnes-là.
Notre devoir, en tant que parlementaires, et
avec ce projet de loi, est d'établir des balises claires et un encadrement
serré pour qu'il n'y ait pas de dérapage. Encore une fois, ce sujet est plus
qu'humain, et le sujet, justement, est la vie humaine, une grande
responsabilité qui nous a été confiée et que nous... nous devons à tous les
Québécois de prendre notre temps pour examiner la question sous tous les
angles, et faire des propositions, et prendre des décisions mesurées,
éclairées.
Nous sommes d'accord avec le principe du projet
de loi et avons l'intention de collaborer avec le gouvernement pour venir avec
des définitions et des balises bien claires. J'invite le gouvernement à
poursuivre sa collaboration pour bonifier le projet de loi pour le bien des
Québécois et de notre société. Nous avons tous un devoir envers la population
québécoise de débattre de ce sujet d'une façon humaine et objective, et nous y
tenons tous, à le faire avec cette notion à l'esprit. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, à ce stade-ci, si vous ne reconnaissez pas
d'autre intervention, M. le Président, puis avec le consentement des collègues,
je demanderais qu'on ajourne le débat sur le projet de loi n° 11, s'il
vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, la motion d'ajournement est demandée. Y
a-t-il des interventions ou est-ce que la motion est adoptée? Mme la
leader, oui.
Une voix : ...
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. Alors, cette motion est adoptée. Nos travaux sur le projet de loi n° 11 est ajourné. M. le leader adjoint, pour la suite de nos
travaux.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais,
à ce moment-ci, d'appeler l'article 10 du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 9
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : À l'article 10 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la Commission des finances publiques sur
le projet de loi n° 9, Loi
modifiant principalement certaines lois instituant des régimes de
retraite du secteur public.
Y a-t-il des interventions? Alors, je reconnais
M. le député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci, M. le Président.
Vous allez me permettre une parenthèse d'entrée de jeu, M. le Président, de saluer l'ensemble des collègues qui travaillent
sur le projet de loi n° 11. On a entendu des interventions, là, tout juste
avant que moi, je commence mon intervention,
mais c'est vrai que c'est très humain comme projet de loi. Je tiens à les
saluer puis leur dire de ne pas lâcher leur beau travail.
On est
actuellement rendus à la prise en considération du rapport de la Commission des
finances publiques sur le projet de loi n° 9,
qui concerne principalement certaines lois instituant des régimes de retraite
dans le secteur public. M.
le Président, le projet de loi a été quand même assez expéditif, mais ça ne
veut pas dire qu'il a été moins rigoureux pour autant. Et je pense que les résultats, au final, sont très concluants,
là, pour les personnes qui sont principalement concernées par les
changements.
Donc,
ce projet de loi s'engage, donc, dans sa dernière étape du processus législatif
avant son adoption. Je tiens d'ailleurs à saluer l'esprit de collaboration
entre l'ensemble des parlementaires. Comme je l'ai déjà mentionné, ce
projet de loi propose diverses modifications à certains régimes de retraite des
employés de l'État, qui sont administrés par Retraite
Québec. De plus, il s'inscrit dans les activités courantes du Secrétariat du Conseil du trésor en matière de retraite. Je tiens à préciser que
les modifications donnent suite à des ententes convenues entre les syndicats et
l'association des cadres.
Je
vous rappelle, donc, quels sont les systèmes de ce projet de loi. Il s'agit,
premièrement, de certains crédits de rente
acquis à la suite du transfert d'un régime complémentaire de retraite ou d'un
rachat de service antérieur; ensuite, de la limite à la cotisation salariale versée par les participants au régime
de retraite des agents de la paix aux services correctionnels; de la
remise, dans un régime de retraite du secteur public, de sommes transférées à
Revenu Québec à titre de biens non réclamés; du processus visant la
participation des membres du personnel du cabinet du lieutenant-gouverneur,
d'un ministre ou d'un député au Régime de
retraite du personnel d'encadrement, le RRPE; d'une disposition particulière en
matière d'emploi occupé simultanément
et de période de qualification au RRPE également; et, dernièrement, de la
composition du comité de retraite du RRPE.
Donc,
si je vous résume ça très rapidement, M. le Président, ce qu'on souhaite, c'est
d'être plus efficients avec le régime
de retraite. Donc, ce n'est pas plus compliqué que ça. Je remercie l'ensemble
des parlementaires qui ont participé notamment aux consultations. On a
pris le temps d'écouter le SFPQ, le RACAR. On a également étudié les mémoires
de l'AREQ et de la CSQ. Donc, je pense, c'est un beau travail d'équipe qui
donne un résultat aujourd'hui. Et je souhaite que l'ensemble des parlementaires,
là, adopte l'adoption, là, de ce rapport-là, là, le plus rapidement possible
pour qu'on puisse procéder à l'adoption finale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Maskinongé. Y a-t-il d'autres interventions?
Oui, je reconnais Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonjour,
M. le Président. Effectivement, c'est un projet de loi qui était court, concis.
Vous avez utilisé le terme «expéditif»,
mais, en fait, c'est ce que... Il y a eu des pourparlers avant, et c'est pour
cela que, lorsque le travail est fait
correctement en amont, et qu'on prend le temps de rencontrer des groupes, et je
ne le dis pas pour uniquement envoyer
des fleurs à la présidente du Conseil du trésor... Bien, c'est aussi, je pense,
une pratique qui devrait être coutume, de
s'assurer qu'avant de déposer le projet de loi on puisse entendre les groupes,
les considérations... une négociation qui a eu lieu dans le réseau public puis
des négos qui ont été menées, que... finalement, ont abouti à ce projet de loi
qui est, je dois le dire, attendu par le secteur public.
Il y a quelque chose
que nous, on aurait aimé, par contre, et on a dû voter, malheureusement, sur
division sur un article, parce qu'on voulait faire un amendement pour... vous
en faites mention, mon collègue, sur l'AREQ, donc, le régime au niveau des
enseignants à la retraite. Il y a une petite disparité. Et malheureusement ça
nous a été refusé. Et on avait l'occasion pour régler cette situation une fois
pour toutes avec eux, et malheureusement ça a été refusé par la présidente du Conseil du trésor, en disant
qu'au fond il y a déjà eu une négociation qui a été faite, et, par conséquent,
le projet de loi est tel quel.
Or, même s'il y a eu
des négociations, rien ne nous empêche d'aller un peu plus loin des
négociations. Une fois qu'on a des acquis en
négo, il faut le voir comme une base de conversation. C'est des acquis qu'on a
gagnés lors de la négociation, mais, rendus au projet de loi, on peut toujours
bonifier un projet de loi. Tout est perfectible, M. le Président.
Et
j'aurais vraiment aimé être en mesure de dire : On a eu gain de cause
là-dessus pour l'AREQ. Malheureusement, la présidente du Conseil du trésor n'a pas voulu aller dans le même sens
que nous. Alors, sur cet article plus précis, qui touche l'AREQ, on a dû voter
sur division. Mais, pour le reste, il y a des gains qui sont maintenant à
portée de main une fois qu'il y aura l'adoption.
Alors,
vous comprendrez que le travail a été fait aussi, de notre côté, de façon
rigoureuse. Je remercie, évidemment, ceux qui sont venus, lors des
consultations, nous donner leur son de cloche, leurs avis. Aussi, ceux qui nous
ont envoyé des amendements par
courriel, merci d'avoir pris le temps. Je remercie les équipes de travail
là-dessus. Un projet de loi a été vraiment
fait, cette fois-ci, je dois... j'ai la bonne collaboration de la présidente du
conseil pour une bonne partie du projet de loi. Et, M. le Président, je vous dirais qu'on veut qu'il soit adopté
et qu'il rentre assez rapidement pour donner les pleins bénéfices à ceux
qui attendent ce projet de loi.
Évidemment, il va toujours rester la question
sur... certains l'ont appelé les trop-perçus, pour dire : Bien, pourquoi que ça ne retournerait pas dans le côté des
retraités? J'invite toujours à la réflexion la présidente du Conseil du trésor,
si jamais elle voudrait, justement, s'assurer que la cagnotte reste réellement
pour les retraités au grand complet, parce qu'il y a certains gains ont
été conservés mais qui vont rester au Conseil du trésor.
Alors,
M. le Président, ce sera bref comme intervention. Et merci à tous pour cette
bonne collaboration dans ce projet de loi. Merci beaucoup. Et, les autres
ministres, prenez note. Vous voyez. Avouez, là, que je vous surprends. Très
court, concis. Alors, aux autres ministres,
si tout est fait en avance et que c'est bien attaché, vous ne me verrez pas
chialer. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-Laurent. Y
a-t-il d'autres interventions? Alors, il n'y en a pas.
Mise aux voix du rapport
Le rapport de
la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi n° 9, Loi modifiant principalement certaines lois
instituant des régimes de retraite du secteur public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Ça va
effectivement bon train, puis on remercie la collègue pour ça et tous les collègues ici, dans cette Chambre. Et je
vous demanderais, à ce stade-ci, d'appeler l'article 11 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 13
Adoption
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, à l'article 11 du feuilleton, M. le
ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie propose l'adoption du projet de loi
n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
Alors, y a-t-il des interventions? Oui. Je
reconnais M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Donc, chers collègues,
c'est un plaisir d'intervenir, à ce stade-ci, sur le projet de loi n° 13, qui est la Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York. Et, vous savez,
nous avons travaillé sur ce projet de loi là en étude détaillée, dernièrement,
à la CAPERN, bien entendu, et c'est un projet de loi qui permet la mise
en place des conditions nécessaires à la conclusion d'un partenariat
historique. On doit le dire, M. le Président, là, c'est historique parce que c'est un partenariat entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake pour la construction de la
ligne du côté québécois, lequel permettra au conseil d'en devenir
copropriétaire.
Mais on parle ici d'une ligne, là, d'une
interconnexion avec New York en territoire québécois d'environ
57 kilomètres, M. le Président. Et je vous rappelle que cette ligne-là va
servir à quoi? Eh bien, elle servira à amener de l'électricité propre à nos voisins du Sud, jusqu'à la... jusqu'à New
York, le coeur de la ville, et ce, à compter de 2026. Et Hydro-Québec a été sélectionnée quand même par l'Agence de développement énergétique
de l'État de New York pour conclure un contrat qui comprendra la
livraison de 10,4 térawattheures d'énergie hydroélectrique renouvelable à
la ville de New York, et ce contrat-là va
engendrer des revenus totalisant environ 30 milliards de dollars sur
une période de 25 ans. Et donc
il va permettre aussi de réduire 3,9 millions de tonnes de gaz à effet de
serre chaque année. Et ça, si on veut
faire un comparable, M. le Président, ça représente environ 44 % de toutes
les voitures de la ville de New York. Et vous le savez, M. le Président, il y a beaucoup de voitures dans la
ville de New York. Donc, 3,9 millions de tonnes de réduction de gaz
à effet de serre chaque année, ce n'est pas rien.
• (11 h 20) •
Alors, pourquoi qu'on avait besoin de faire ce
projet de loi là? C'est parce que la loi actuelle ne permet pas à Hydro-Québec d'avoir les dispositions nécessaires de faire la cession de la ligne
d'interconnexion. Et c'est pour ça qu'à la suite de l'adoption du projet de loi Hydro-Québec pourra, après avoir
construit la ligne, en céder la propriété en faveur d'une personne morale, d'une société constituée
par Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake. Et donc le projet de loi détermine, d'ailleurs, l'objet de cette
personne morale ou de cette société, et ça lui octroie les mêmes pouvoirs que
détient Hydro-Québec dans l'exercice des
activités de transport d'électricité. Donc, c'est important, c'est une
technicalité, M. le Président, qu'on vient faire avec ce projet de loi
là.
Enfin, le
projet de loi, il prévoit aussi une procédure d'expropriation allégée, applicable
aux acquisitions effectuées par
Hydro-Québec et nécessaire à la construction de ces installations. Et ce que je
dois rappeler à ce stade-ci, M. le Président, c'est que la ligne
Hertel-New York sera entièrement souterraine. Ça, ça va permettre aux propriétaires
visés de continuer d'utiliser la
surface de leurs terrains, une fois les travaux terminés, et les lots seront
remis en état une fois les travaux réalisés, et les propriétaires seront
dûment indemnisés pour les inconvénients subis.
Là, vous allez
me dire, M. le Président : Mais comment est-ce possible qu'on puisse
enfouir une ligne hydroélectrique ainsi
sur une distance de 57 kilomètres? Mais, vous savez, la majorité de nos
lignes que nous avons ici, au Québec, sont sur le système alternatif, là. C'est une ligne avec le système continu. Donc,
vous avez sûrement entendu parler du groupe AC/DC, bien, on parle de ça,
ici. Donc, c'est du «direct current», et c'est pour ça que c'est permissible
d'être enfoui. Et c'est voulu que ce soit
comme ça, ça permet d'avoir une interconnexion pour venir protéger notre réseau
en cas de panne majeure sur le continent nord-américain.
Donc, c'est des technicalités, M. le Président,
mais sachez qu'il y a une raison bien particulière, pourquoi que c'était beaucoup plus simple, puisqu'elle était
enfouie aussi du côté sud de la frontière, de poursuivre la même façon de
faire jusqu'à la ligne... jusqu'au point d'interconnexion.
Alors,
ce qui est arrivé durant les consultations, c'est qu'Hydro-Québec, le Conseil
mohawk de Kahnawake ainsi que la
Fédération des producteurs forestiers du Québec, ils ont fait part de leurs
impressions, qui sont somme toute positives, envers le projet de loi. Et ce que
je dois vous mentionner, M. le Président, c'est que ce projet de loi représente
un pas de plus vers la conclusion d'un partenariat novateur qui va mener
à l'ouverture d'un chapitre prometteur pour l'avenir des relations entre Hydro-Québec et les communautés
autochtones, en s'inscrivant dans une tendance canadienne où ces modèles
et ces engagements se multiplient.
Alors, de plus, le partenariat constitue aussi
une première en ce qui a trait à la copropriété d'une infrastructure de transport d'électricité avec une communauté
autochtone. C'était désiré, et ça faisait partie de l'entente, et c'est pour ça
que nous allons de l'avant avec le projet de
loi. Entre autres, la communauté recevra des revenus associés à sa
participation dans le projet et
prendra part activement à la gestion du partenariat. Une telle source de
financement stable pourrait, entre autres,
financer des projets d'infrastructures pour amener l'eau potable et les égouts
dans les lieux éloignés et financer le développement
de leurs communautés, de leurs écoles et de leurs lieux communautaires. Donc,
vous voyez, c'est gagnant-gagnant sur toute la ligne, M. le Président.
Et, parmi les
préoccupations qui ont été soulevées lors des consultations, il y avait la
question environnementale qui a
occupé une place centrale, notamment sur la perte des milieux naturels et
forestiers. Et je dois vous rappeler que, puisque c'est une ligne souterraine qui va longer... la
ligne souterraine va longer les emprises routières, alors des mesures de
mitigation des impacts y sont prévues, M. le Président. Et le
gouvernement du Québec est sensible aux enjeux environnementaux, il va continuer de voir à la préservation des
milieux naturels, de concert avec les propriétaires forestiers, les organismes
de conservation et les acteurs locaux.
Donc, M. le Président, pour toutes ces raisons,
en terminant, je crois fermement que l'adoption du projet de loi n° 13 est une avancée dans le monde
actuel de l'énergie et qu'il démontre la volonté gouvernementale de
rapprochement avec les Premières Nations, et c'est pourquoi que nous
recommandons son adoption. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Masson. Y a-t-il
d'autres interventions? Et alors, oui, je reconnais Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme
McGraw : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous
sommes rendus à l'adoption... le vote sur l'adoption du projet de loi n° 13.
On ne va pas vous le cacher qu'on va voter pour ce projet de loi, on trouve que
c'est un très bon projet. Et j'aimerais reprendre quelques remarques de mon
collègue. Justement, on a regardé, on a vraiment fait le triple bilan, M. le Président de ce projet-là,
c'est-à-dire le triple bilan selon le développement durable, c'est-à-dire l'économie,
la société et l'environnement. Alors, on va conclure avec, un peu, cette
approche intégrée et équilibrée.
Donc, c'est surtout au niveau du volet social,
c'est vraiment une entente novatrice avec... entre Hydro-Québec et la nation mohawk. Et on a eu la chance
d'écouter la grande cheffe Sky-Deer de la nation mohawk de Kahnawake, et
puis ça nous a beaucoup rassurés. Et
d'ailleurs elle nous a souligné, pendant ses remarques en consultations
particulières, que l'État de New
York, ils ont choisi ce projet-là... sans l'appui, sans l'approbation et le
partenariat avec la nation mohawk, ils
n'auraient pas choisi Hydro-Québec. Alors, ça a été... c'est un partenariat
essentiel et donc vraiment à souligner. Ça a été un élément... ça a été
l'élément clé. Alors, ça, il ne faut jamais l'oublier.
Et ça nous
rassure beaucoup surtout au niveau de l'environnement parce que, dans les six,
sept points qu'a soulignés la grande
cheffe, elle a parlé de la participation de la nation mohawk vis-à-vis les
évaluations environnementales. Alors, nous,
on va suivre de très près, s'assurer que, vraiment, les retombées économiques,
sociales et environnementales sont vraiment là.
Ça nous
rassure aussi, M. le Président, parce qu'au niveau de l'environnement, ce n'est
pas un... ce n'est pas un 100 %,
hein, ce n'est pas une note de 100 %. C'est-à-dire qu'il y a deux choses.
Premièrement, on comprend que les changements climatiques, c'est un enjeu
mondial. On comprend que ce projet-là, très prometteur en termes de réduire les
GES, le... je pense qu'il y a 44 millions d'autos à New York, est d'aider
New York à atteindre leur cible de carboneutralité. Par contre, juste pour être très claire, même si
ça a un effet positif sur les changements climatiques, c'est
excellent, nous, ça ne nous aide pas, au Québec, à atteindre nos
cibles, pas du tout. Ça, ça va compter pour New York, donc très bien au
niveau des changements climatiques, mais nous, ça ne nous aide pas à atteindre
nos cibles.
Et on n'a pas
encore de plan, on est encore rendu avec des demi-mesures, M. le Président. Tel
que souligné par la Commissaire sur le développement durable, on est encore
rendu à des demi-mesures. Même, elle avait dit : On navigue à l'aveugle sur les changements climatiques. On
navigue encore à l'aveugle sur le plus grand enjeu du XXIe siècle. Alors,
ça demeure un problème, des demi-mesures, pour une cible qui n'est pas
ambitieuse, qui n'est pas à la hauteur de la science.
Ça fait qu'on a beaucoup de travail à faire, M. le Président. Et ce projet va
dans la bonne direction au niveau des changements
climatiques pour le monde, bravo, c'est une contribution importante, mais ça ne
nous aide pas nous. Alors, il nous faut un plan.
Alors, c'est
pour ça, M. le Président, que je reviens au rapport du BAPE qu'on a attendu. Le
gouvernement a décidé de déposer ça à la toute dernière minute. Le
ministre l'avait sur son bureau à partir du 1er mars, ils ont attendu les 15 jours, c'est-à-dire le 16 mars à
14 heures. On a reçu ça, on était déjà rendus en étude détaillée. Donc, ça
nous a nui dans notre travail, M. le Président, mais on a passé à
travers, justement, parce que c'est un bon projet.
Mais je
prends le temps de souligner encore une fois que, dans son rapport, qu'on a
finalement vu le 16 mars à la dernière minute et après que la
P.D.G. du BAPE s'est désistée des consultations particulières... Alors,
c'est... ça a été surprenant. On s'est posé la question : Pourquoi la
P.D.G. du BAPE se serait désistée de présenter à une commission, justement, qui a rapport avec un projet très important?
Alors, lorsqu'on a reçu le rapport, on a compris : Ah! peut-être parce qu'il y a des enjeux très importants. Et le
BAPE est sorti hors mandat, M. le Président, très rare, le BAPE qui est
sorti hors mandat pour dire, justement : Compte tenu de l'importance de
ces enjeux, on devrait avoir des consultations générales publiques sur notre
futur énergétique, M. le Président.
• (11 h 30) •
Et c'est
justement notre... notre chef, lorsqu'il a rencontré le premier ministre en
janvier de cette année, c'était une de ses priorités, justement,
M. le Président, c'était pour souligner le besoin d'avoir une commission
itinérante sur notre avenir énergétique, M.
le Président. Et c'est exactement ce qu'a dit le BAPE dans leur rapport, qu'ils
sont sortis de leur mandat pour dire que... c'est vraiment, quand même,
extraordinaire, justement, pour avoir cette commission ou au moins des consultations générales. Parce que le rapport
du BAPE, ça a été ciblé, ça a été des consultations ciblées, donc on n'a
pas toutes les informations au niveau de l'environnement. On a juste les
informations sur les enjeux et des consultations très ciblées. Cet aspect-là, ça nous a rassurés, mais il nous manque de
l'information et il faudrait suivre ça de très, très près, M. le
Président.
Donc, on a
parlé du volet social, encore une fois, une entente novatrice, historique entre
Hydro-Québec et la nation mohawk, donc, excellent, et ça pourrait suivre, il me semble, d'exemple
pour d'autres. C'est sûr qu'il va y avoir des leçons apprises qui vont sortir
de ça, mais, en tant que... de base, l'idée est extraordinaire. On fait
vraiment de l'avance sur ce que moi,
je n'appelle pas juste la réconciliation, M. le Président, mais la
«réconciliaction», c'est-à-dire, on se réconcilie dans les gestes, parce que c'est là, vraiment, la
réconciliation se fait dans les gestes. Ça fait que c'est... Vraiment, je
souligne, je prends le temps de souligner, c'est vraiment excellent et
c'est la raison principale pour laquelle on appuie ce projet.
Comme je le
dis, il y a des enjeux au niveau de l'environnement qui nous préoccupent, M. le
Président, mais aussi au niveau de l'énergie, de notre futur énergétique. On
sait que, maintenant... puis c'est décevant puisqu'on n'a pas de stratégie ou
de vision globale sur notre futur énergétique, M. le Président. On nous dit...
Le gouvernement nous dit qu'ils vont
sortir avec quelque chose en mai, mais ce n'est pas clair. Est-ce que ça va
être... Est-ce que ça va être quelque chose de très précis? Est-ce que
ça va être...
En tout cas, à date, ça a été de l'improvisation
et même, je dirais, M. le Président, de la contradiction. On sait même qu'il y une contradiction entre le ministre
de l'Économie et de l'Innovation, qui parle de faire... exemple, Volkswagen,
lorsqu'on a perdu ce projet-là, ça a été en Ontario, qui dit : C'est parce
qu'il nous manquait de l'énergie. Dans le même article, à Hydro-Québec : Bien, non, non, ce n'est pas ça du tout, c'est
une question de pénurie de main-d'oeuvre. Ça, c'est une autre question, M. le Président. Mais c'est à
cause du manque de... de la pénurie de la main-d'oeuvre qui demeure une
situation très sérieuse au Québec. Mais il y a la contradiction entre le
ministre et Hydro-Québec.
On n'a pas de plan, on n'a pas de vision, on n'a
pas de stratégie globale sur l'enjeu numéro un du XXIe siècle, c'est-à-dire
notre énergie... notre avenir énergétique, et s'attaquer aux changements
climatiques, et atteindre la carboneutralité
d'ici 2050. On n'a pas de plan, M. le Président. Donc, on attend toujours le
plan. On est rendus en 2023. Les
cibles intérimaires, c'est 2030, ensuite c'est 2050. Ça, ça ne se fait pas à la
dernière minute, ça se fait maintenant. Ça fait qu'on... comme je le dis, on navigue à l'aveugle ou, je devrais
dire, comme la commissaire sur le développement durable dit, on navigue
à l'aveugle. Donc, on suit de très près, M. le Président.
Et, encore
une fois, on invite le gouvernement de créer une commission itinérante qui va
aller dans toutes les régions du Québec,
vraiment des consultations publiques, générales et approfondies avec toutes les
parties prenantes dans les régions, les
experts, les scientifiques, les groupes environnementaux, les groupes sociaux,
vraiment un projet de société, M. le Président. C'est ça qu'il nous
faut, au Québec, face à notre avenir énergétique.
Donc, malgré
ces préoccupations, parce que c'est important de les souligner parce qu'on va
suivre ça de très près, M. le
Président, on... à cause de l'entente avec la nation mohawk, aussi, les
retombées importantes au niveau de l'économie, ce n'est pas... c'est quand même important aussi, c'est surtout à cause
de ces deux volets-là, économie, société, qu'on appuie le projet, on suit de très près l'environnement. Et,
s'il va y avoir d'autres impacts environnementaux, suite... on espère des
consultations plus généralisées. Mais ce qui
prime, là-dedans, c'est l'avenir énergétique. Parce que, M. le Président, on
l'appuie, ce projet-là, mais on ne sait pas,
par faute de... manque de vision, manque de stratégie, manque de plan, on ne
sait toujours pas comment, si et comment le
Québec va pouvoir combler ses besoins énergétiques dans le futur et exporter.
Là, on s'engage à exporter, mais on ne sait
pas l'impact, à court terme, à long terme, si on va pouvoir combler nos propres
besoins.
Alors, M. le
Président, je termine là-dessus, c'est-à-dire que, nous, c'est l'approche du
développement durable, mais, pour les communautés autochtones, on parle
de prendre des décisions sept générations à l'avance, M. le Président. Donc, ça nous rassure que, dans la présentation de
la grande cheffe Sky-Deer, elle a parlé des sept générations. Justement,
c'est le concept du développement durable, c'est-à-dire s'assurer qu'on puisse combler nos propres besoins
maintenant, aujourd'hui, sans pour
autant nuire au futur, à la capacité des générations futures à combler leurs
propres besoins, et c'est ça, le développement durable.
Alors, sans un plan, sans une stratégie, sans
une vision globale face à notre avenir énergétique, ce n'est pas clair où ce projet-là va s'inscrire là-dedans.
Donc, on espère qu'on va avoir un plan, une stratégie, une vision qui vont nous
permettre de combler nos propres besoins, au
Québec, de façon durable, sans pour autant nuire aux prochaines générations,
et c'est le concept, je devrais dire, de
l'équité intergénérationnelle et ça nous rejoint beaucoup. C'est une valeur
libérale et ça nous rejoint beaucoup.
Alors, M. le Président, en conclusion,
j'inviterais ma formation à voter pour cette motion-là à cause de l'entente
novatrice avec la nation mohawk, à cause des retombées économiques importantes.
Et on va suivre de très près les enjeux
environnementaux et aussi l'avenir énergétique, qui, on espère, fera l'objet
d'un vrai projet de société pour le Québec. Merci encore, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Pour la prochaine
intervention, je reconnais M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président. D'abord, je vais commencer
par remercier mes collègues ici présents. Et puis, durant cette commission, nous avons pu échanger
sur ce projet de loi... revenir un peu sur les différents enjeux que nous,
on a vus pendant le projet de loi. Est-ce que je pourrais juste avoir le
lutrin, s'il vous plaît? Ça m'aiderait.
Donc, rappelons donc
les faits. L'objectif de ce projet de loi est de connecter notre réseau
électrique au réseau électrique
nord-américain, donc, des États-Unis pour pouvoir fournir de l'électricité à la
ville de New York... que ce projet de
loi aussi vise à permettre à Hydro-Québec de créer une filiale qui serait...
qui appartiendrait à Hydro-Québec elle-même et au Conseil mohawk de
Kahnawake pour ensuite, évidemment, vendre l'électricité.
Donc,
nous, notre position, d'abord, sur les questions des partenariats avec les
Premières Nations, je pense, c'est vraiment un point important qui a été
d'ailleurs abordé par ma collègue de la première opposition, c'est un
partenariat important. L'histoire
qu'Hydro-Québec a avec les Premières Nations, malheureusement, était souvent
une histoire douloureuse. Et le fait qu'on soit proactifs dans ces nouveaux
contrats et qu'on prenne la responsabilité de créer des partenariats, de travailler avec les Premières
Nations pour définir des solutions gagnant-gagnant, évidemment, est quelque
chose qu'on applaudit et qu'on pense important.
• (11 h 40) •
Ceci
étant dit, il y a plusieurs manières de partager les revenus. Il y a plusieurs
manières d'exercer ces partenariats. Et,
nous, l'idée de créer une filiale qui pourrait échapper à l'autorité de la
Régie de l'énergie nous inquiète. Nous avons déposé un amendement qui va dans ce sens pour clarifier
le fait que cette filiale doit être sous la Régie de l'énergie. On nous a
beaucoup rassurés, même si l'amendement n'a pas été accepté par le
gouvernement. Et, plus largement, on est inquiets de l'affaiblissement de la Régie du logement dans un certain nombre de
projets de loi qui touchent à l'énergie au Québec et on espère que
celui-ci n'en fera pas partie.
Donc,
le contrat, en tant que tel, avec la ville de New York semble, à première vue,
très positif. Sur la question des Premières Nations, évidemment, il
l'est, mais, plus largement, pour le Québec, on parle d'une retombée économique
de 30 milliards de dollars à terme. On
parle aussi, en fait, d'une interconnexion qui n'aura pas de conséquence grave
sur la connectivité, donc, pour
déstabiliser... n'aura pas la conséquence de déstabiliser notre réseau
électrique ici, au Québec.
On
parle du potentiel de diminuer de 44 % les gaz d'effet de serre de la
ville de New York, avec un gros astérisque, M. le Président : il n'y a pas, dans ce contrat, l'obligation de le
faire. Et donc, si la ville de New York a une croissance de consommation
d'énergie, dans les prochaines années, de 44 %, il n'y aura aucune
diminution de gaz à effet de serre de la ville. C'est un des problèmes classiques de la... des différentes
politiques de lutte contre les augmentations de gaz à effet de serre mondiaux.
C'est que l'idée de penser que, par magie, le fait qu'où on crée des nouvelles
sources d'énergie renouvelable ou on
crée des nouvelles technologies moins gourmandes en énergie, etc., pourrait
régler le problème... malheureusement, on sait que ça ne fait que
participer, en fin de compte... en tout cas, ça ne participe pas à régler le
problème si ce n'est pas accompagné
d'engagements et de politiques restrictives qui obligent les diminutions.
Souvent, quand on se retrouve à mieux
consommer, on se retrouve aussi à consommer plus, et donc à ne pas diminuer les
gaz à effet de serre. Et donc on trouve évidemment important que toutes
les politiques publiques d'optimisation d'énergie puissent garantir, et non pas
juste espérer, des baisses de gaz... de production de gaz à effet de serre.
Plus
largement, ce projet de loi a été accompagné d'un BAPE dans son analyse, et je
dois dire que, naïvement, de ma courte expérience de député, je pensais que le
gouvernement allait nous le fournir avant qu'on commence l'analyse du projet de loi pour pouvoir comprendre quelles
étaient les conséquences de cette loi sur les questions écologiques. Je
rappelle qu'un BAPE a pour objectif de donner... de conseiller le gouvernement
pour qu'il puisse prendre les meilleures décisions
possible dans ce qui a trait... les politiques publiques, les projets de loi
pour pouvoir comprendre quelles sont les conséquences sur les questions
écologiques au Québec. Malheureusement, pour une raison qui, je dois dire, me
dépasse totalement, le gouvernement a
préféré attendre jusqu'au dernier moment légal où il avait lui-même
l'obligation, donc, de nous fournir ce projet de loi, après, même, que
nous ayons voté le principe, ce qui est franchement très décevant.
Maintenant,
ayant lu le BAPE une fois qu'on l'a obtenu et qu'on l'a demandé pendant des
longues heures, ayant lu le BAPE, on
comprend mieux pourquoi le gouvernement ne voulait pas nous le donner plus
vite. Nous avons une critique récurrente
de la politique ou de la stratégie de lutte contre les gaz... les émissions de
gaz à effet de serre et, plus largement, les politiques énergétiques au Québec ou la stratégie énergétique au
Québec. C'est tout simplement l'absence de stratégie, hein? Moi, je mets
au défi les gens ici présents de nous indiquer le document qui explique la
stratégie du gouvernement d'ici 2030, voire 2050, sur les questions
énergétiques. Il n'y en a tout simplement pas.
Et
le BAPE qui avait été commandé nous dit clairement, et là je cite, à la... dans
les parties de conclusion... C'est qu'ils se sont penchés non pas juste sur les
conséquences écologiques locales, mais aussi sur les questions de la transition
énergétique, et puis il dit : «En conséquence, la commission d'enquête est
d'avis que, face à l'urgence climatique et à l'imminence
du besoin d'augmenter l'approvisionnement énergétique du Québec, la transition
énergétique devrait être fondée sur une planification qui concilie [des]
besoins en approvisionnement et ses projets d'exportation d'électricité. Et
comme cette transition implique d'importants changements sociaux qui
engagent plus que la seule responsabilité[...], [...]de la société civile. Cela permettrait un débat à partir duquel
[des] grandes orientations stratégiques seraient déterminées tout en
obtenant un éclairage sur les divers enjeux de développement durable qu'une
telle planification soulève.»
On
est en train de signer un contrat, donc je le rappelle, de
10,4 térawattheures d'électricité sur 25 ans. Si mes souvenirs
sont bons, ça correspond à 8 % à 9 % de nos productions québécoises,
alors que nous n'avons pas de plan, un contrat sur 25 ans, alors que nous
n'avons pas de plan.
Quand
on sait l'importance de cette transition énergétique et l'importance de la
réussir, le rapport du BAPE lui-même nous dit que les surplus seront finis
d'ici 2026‑2027 avec ce contrat, 2026‑2027. Nous sommes en 2023. Je rappelle
qu'un projet comme La Romaine, par exemple, où il y avait quatre barrages
associés, peut prendre plus qu'une décennie
à mettre en place. Ici, on nous dit que, dans trois ans, nous allons manquer
d'électricité, possiblement et possiblement pas. Ça dépend du plan qui est quelque part, peut-être, on l'espère, et
possiblement nulle part, malheureusement, de la transition énergétique, car c'est, encore une fois, ce projet
de loi, un petit morceau du puzzle qui apparaît à chaque fois, un projet de loi
sur les tarifs d'électricité qui apparaît,
on a un projet de loi sur un contrat pour New York qui apparaît, on sait qu'on
a un contrat très important de
Churchill Falls qui arrive en fin de vie en 2041 et qu'il va falloir le
renégocier, on a... Tout d'un coup on
passe de surplus à manque d'électricité. On a des gros, gros investissements
étrangers, dont celui de Volkswagen qui a été, entre autres choses,
avorté ou, en tout cas, qui n'a pas eu lieu pour des questions de connexion et
d'accès à l'électricité au Québec. C'est quand même assez incroyable qu'une
chose pareille puisse arriver.
Et surtout on ne
comprend pas dans quel contexte exactement tout ceci est en train de se faire.
Il y a des contrats pour produire de
l'électricité à partir d'éoliennes. Tous ces contrats-là sont donnés,
d'ailleurs, au privé. C'est quand même incroyable, encore une fois, que
l'histoire d'Hydro-Québec, qui est une histoire de réappropriation de notre
pouvoir énergétique bâti par des visions de politiciennes et de politiciens qui
ont su imaginer le Québec de dans 50 ans, alors qu'il n'y avait pas encore la question de la crise climatique dont on
parlait, mais tout simplement l'idée de se réapproprier, nous, en tant que Québécois, notre production
énergétique, de ne pas être à la merci d'un certain nombre d'acteurs du secteur
privé dans ce qui a trait à quelque chose de
très important, qui est notre production d'électricité, on se retrouve
aujourd'hui, en gros, probablement à
ne plus jamais construire de nouveaux barrages, mais plutôt principalement des
éoliennes, et que 100 % de ces
éoliennes sont faites par le privé sous prétexte peut-être que, d'un côté, on
nous dit que les... D'un côté, on nous
dit que les éoliennes, bien, il n'y a pas d'expertise à Hydro-Québec comme s'il
y avait une expertise à Hydro-Québec pour faire des barrages quand on a
décidé de faire Hydro-Québec.
C'est
vraiment la vision de cette grandeur-là qui était importante. Et aussi, comme
si avoir une turbine qui tourne dans l'air serait plus compliqué qu'un barrage
avec une turbine qui tourne dans l'eau. Je vous dis que la turbine qui tourne
dans l'eau est bien plus compliquée, mais
c'est une décision politique, je dirais même idéologique de ce gouvernement,
qui consiste à transférer une partie de notre richesse au privé.
• (11 h 50) •
Il y a des affaires à
se faire dans l'énergie. J'ai été moi-même à un gros événement de producteurs
d'énergie renouvelable au Québec, et le
président, devant un parterre de compagnies, se félicitait du fait qu'il va y
avoir des contrats pour tout le
monde. Ayant travaillé moi-même dans le domaine économique pendant une
quinzaine d'années, on a du mal à
voir comment on pourrait au moins profiter de la libre concurrence pour pouvoir
avoir des meilleurs prix si tout le monde va avoir des contrats, sachant que le privé, contrairement au public,
évidemment, a l'objectif de se faire des gains, en plus du coût que
coûte l'infrastructure en question. Bref, il y a des affaires à se faire, et
non pas une vision énergétique.
Sur
les questions d'éoliennes et de privatisation de la génération d'énergie au
Québec, il y a aussi des affaires à se
faire, clairement, dans la vente de notre électricité, entre autres choses,
comme on voit dans ce contrat vers New York. C'est comme si le fait de voir les 30 milliards de dollars sur 25
ans fait en sorte qu'on est prêt à signer tout et n'importe quoi sans
avoir décidé en amont quel serait notre plan énergétique.
Et,
au-delà du fait qu'il est possible que ce projet de loi soit absolument
exceptionnel une fois qu'on aura ce plan, parce qu'il est très, très possible que les revenus excèdent les
problèmes associés à ce contrat, il est aussi possible qu'étant donné qu'on respire le même air, que c'est une
très bonne... un très bon investissement de notre électricité propre de
diminuer les gaz à effet de serre de
nos voisins du Sud, il est aussi possible que ce soit une énorme bêtise de
signer ce contrat-là et de faire ce
transfert-là, alors que nous ne savons pas encore quel est le plan pour pouvoir
éviter des pénuries d'électricité en 2026
ou même on va se retrouver à acheter nous-mêmes de l'électricité à un prix
absolument exorbitant sur le marché de l'électricité
instantanée. Ce serait quand même tout un exploit que ce gouvernement pourrait
faire en nous... en faisant en sorte qu'on soit... on manque d'électricité en
2026, sachant que quand il est arrivé au pouvoir, il y a quatre ans, tout le
monde parlait d'excès, de surplus d'électricité.
Bref, ayant dit tout
ça, le projet de loi, étant donné qu'il met un précédent sur les collaborations
avec les Premières Nations, aussi le fait
qu'on n'a pas non plus de preuves tangibles que c'est une très mauvaise
décision, on manque tout simplement d'information et on trouve assez
cavalier de la part du gouvernement de prendre des décisions comme celle-là sans avoir toutes les données qui lui
permettent de le faire, nous allons voter pour ce projet de loi, M. le
Président, tout en rappelant quand
même l'importance d'avoir un véritable dialogue de société et les informations
qui nous seront utiles pour pouvoir prendre ces décisions.
Et je rappelle ici
que ce BAPE, par exemple, vient réaffirmer cette importance-là d'avoir un plan,
mais aussi la demande de plus d'une centaine
d'associations de la société civile, d'experts, de personnes qui travaillent à
se demander comment on va pouvoir
atteindre nos objectifs de diminution de gaz à effet de serre, donc plus d'une
centaine d'associations qui demandent
un BAPE générique qui permettrait, en moins d'un an, d'avoir exactement tous
les paramètres dont on pourrait... qui vont sous-tendre, en fait, les décisions qui
touchent à la transition énergétique et plus précisément à notre politique
énergétique.
Est-ce qu'il y a...
Est-ce que c'est une bonne idée de transformer tous nos parcs automobiles à
essence en parcs automobiles électriques? Est-ce
que c'est même faisable? Est-ce que nous avons assez de matières premières?
Est-ce que c'est une bonne idée de construire plus de barrages quand on
pourrait économiser plus d'énergie? Quels devraient être nos objectifs de diminution de consommation d'énergie?
Quels sont nos objectifs de sobriété? Toutes ces questions-là sont essentielles, et on pense qu'il va falloir faire
appel à des scientifiques et laisser la partisanerie de côté pour pouvoir avoir
des paramètres qui permettent à ce gouvernement de prendre des décisions justes
plutôt que de sortir un jour et nous dire :
Bien, c'est important de prendre des douches tièdes, ou qu'il ne faut pas
lancer la machine à laver à un autre moment que minuit, ou je ne sais pas
quelle autre aberration aux yeux des vrais enjeux qui sont mis de l'avant par
les scientifiques. Voilà.
Donc, en conclusion, M. le Président,
nous déplorons clairement le manque de vision générale de notre politique énergétique,
nous ne voyons pas comment ce projet
de loi s'insère dans cette vision,
puisqu'elle n'existe pas, mais on salue évidemment l'accord historique qu'il y a avec des membres des Premières
Nations dans ce projet de loi et on espère, on espère que, dans moins de quatre
ans maintenant, nous n'allons pas regretter amèrement cette manière cavalière
de voir des coups de cash, des coups
de... des contrats alléchants plutôt que de comprendre la science et
l'importance d'avoir un vrai plan de lutte contre le réchauffement
climatique. Merci., M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Maurice-Richard. Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en
a pas.
Mise aux voix
Alors, le projet de
loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement,
pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : À ce stade-ci, là, M. le Président, il reste
quelques minutes, je vous demanderais de bien vouloir suspendre nos
travaux à la période des affaires courantes, à 13 h 40, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, afin de permettre la tenue des affaires
courantes cet après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à
13 h 40.
(Suspension de la séance à
11 h 57)
(Reprise à 13 h 40)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous pouvez vous asseoir. Bon mardi.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous débutons nos
travaux aux affaires courantes, à la rubrique de déclarations de députés, et je
cède la parole à M. le député de Chauveau.
Rendre
hommage à Mme Mélanie Deslongchamps,
directrice générale de l'organisme Agiro
M. Sylvain
Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je désire rendre hommage à
Mélanie Deslongchamps, présente dans les tribunes en compagnie de ses parents,
son conjoint et quelques personnes d'Agiro, qui a consacré plus de 23 ans
comme directrice générale chez Agiro.
Mélanie est arrivée
au sein de l'organisme l'APEL, aujourd'hui Agiro, en mars 2000 avec l'objectif
de le hisser au rang d'acteur incontournable
de la région de Québec et ce qui touche la préservation, la restauration et la
mise en valeur des milieux naturels et la gestion de l'eau. Bravo,
Mélanie! Mission accomplie.
Reconnue
comme celle qui a crédibilisé Agiro en faisant rayonner le travail des
professionnels bien au-delà du bassin versant
de la rivière Saint-Charles, le lieu prioritaire d'intervention d'Agiro,
Mélanie poursuivra sa carrière comme directrice des opérations
provinciales chez Canards illimités.
Merci, Mélanie, pour
ta contribution inestimable à la protection de l'eau du lac Saint-Charles et la
cause environnementale. Bon succès dans tes nouvelles fonctions! Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Nous poursuivons avec Mme la députée de Chomedey.
Souligner
la fête de l'indépendance de la Grèce
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : En tant
que députée de Chomedey, ce fut un honneur de participer aux activités commémorant la journée du 25 mars et le
202e anniversaire de l'indépendance de la Grèce, organisées par la
Communauté hellénique du Grand Montréal, organisme établi au Québec
depuis 1906.
Au
Québec, nous comptons sur plus de 70 000 personnes d'origine grecque,
et à Chomedey se trouve sa plus grande population. Fiers nous somme de compter
sur ces personnes qui contribuent depuis des décennies à notre société
québécoise.
Lors du dépôt
des gerbes au cénotaphe et de la levée du drapeau de l'hôtel de ville de Laval,
nous avons eu l'occasion de réfléchir au parcours de cette nation, qui s'est
battue pour ses droits, à la défense et au soutien de la liberté et des valeurs humaines, y compris lors de deux
guerres mondiales. La Grèce est, depuis son indépendance, un pilier solide
et un exemple de démocratie stable dans le monde.
Félicitations aux participants pour le grand
succès de la parade du dimanche. À tous mes concitoyens d'origine grecque, «xronia
polla»! Merci à vous.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Mme la
députée de Châteauguay, la parole est à vous.
Souligner la création d'un
comité du bonheur à l'Hôpital Anna-Laberge
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron : Merci,
Mme la Présidente. Nous sommes tous au fait que le milieu de la santé connaît
des journées chargées en travail et en émotions. À l'Hôpital Anna-Laberge, à
Châteauguay, la cheffe d'unité de médecine pédiatrie 2 est,
Mme Maria De Simone, a mis sur pied le Comité du bonheur dans le but de
motiver le personnel de son département.
Chaque mois,
elle lance un défi à 90 professionnels de la santé, tel que faire 10 000
pas par jour ou encore de boire deux à trois litres d'eau par jour, et
également elle organise des journées thématiques. Cette initiative apporte
beaucoup de joie et de cohésion dans
l'équipe. Le Comité du bonheur se démarque tellement que des patients et
d'autres employés participent également.
Je tenais à
saluer l'initiative de Mme De Simone et du Comité du bonheur, qui ont entrepris
de mettre de la lumière dans les journées chargées du personnel de l'hôpital.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la parole est à vous.
Appuyer les demandes du
regroupement Inter-CEP,
L'Alliance des centres d'éducation populaire
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à souligner la persévérance des gens du Comité
social Centre-Sud et des cinq centres d'éducation populaire de Montréal.
Cette année
encore, ils ont dû prendre la rue. Nous étions plus d'une centaine, vendredi
dernier, devant les bureaux du
ministère de l'Éducation pour faire comprendre la gravité de la situation. Pour
pouvoir poursuivre leur mission et offrir un lieu d'apprentissage et d'appartenance aux citoyens de nos
circonscriptions, les centres d'éducation populaire doivent être reconnus pour leur rôle éducatif. Le
ministère de l'Éducation doit assumer ses responsabilités face aux gens qui
apprennent autrement.
Ça fait neuf ans que les ministres se succèdent
et maintiennent les participants et participantes dans un état d'insécurité. Ça
suffit. Il est temps d'accorder aux centres un financement récurrent
satisfaisant, parce que l'éducation populaire, c'est la responsabilité du
ministre de l'Éducation. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Je suis prête à céder la parole à M. le député de
Nicolet-Bécancour.
Souligner l'ouverture d'un
service de garde éducatif
dans la municipalité de Grand-Saint-Esprit
M. Donald Martel
M. Martel : Mme
la Présidente, vendredi dernier, j'ai eu le plaisir de participer à
l'inauguration de deux nouveaux services
de garde éducatifs dans la municipalité de Grand-Saint-Esprit. 12 enfants
peuvent donc maintenant profiter de services de garde éducatifs dans une
municipalité où il n'est pas possible d'avoir de garderie en installation.
Ce petit
miracle est le résultat de réflexions et de discussions que j'ai eues l'an
dernier avec le ministère de la Famille. Le projet pilote qui en résulte
prévoit une application différente du cadre légal et réglementaire.
La municipalité de Grand-Saint-Esprit et son
maire, Sylvain Laroche, ont accepté de mettre un vaste local à la disposition
des responsables de services de garde, et le tout s'est fait avec la
collaboration du bureau du coordonnateur, Mon autre maison, dont la directrice
est Mme Julie Boudreault.
Cette
réalisation démontre bien que, si on y met de l'énergie et de la volonté, il
est possible d'adapter nos services pour répondre adéquatement aux besoins de
nos municipalités rurales et d'assurer la qualité de vie de leurs concitoyens.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Souligner le 45e anniversaire de l'organisme Les
danseurs
et musiciens de l'île Jésus inc.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. En tant que porte-parole de l'opposition officielle
responsable de la région de Laval, je tiens aujourd'hui à souligner le groupe
Les danseurs et musiciens de l'île Jésus, qui célébrait son
40e anniversaire le 25 mars dernier.
Cet
organisme, qui a pour mission de promouvoir la musique traditionnelle et la
danse folklorique québécoise, est un vecteur important de développement pour
les domaines culturels et artistiques de Laval. Né d'une initiative citoyenne
en 1978 et développé au cours des décennies
par une équipe passionnée, bien, l'organisme offre aujourd'hui des ateliers de
danse ainsi que des démonstrations partout à Laval.
Je
remercie Les danseurs et musiciens de l'île Jésus de contribuer à préserver le
patrimoine culturel du Québec et de porter le flambeau pour les générations
futures. Vous contribuez à créer une communauté fière, engagée et enracinée.
Longue vie aux
Danseurs et musiciens de l'île Jésus!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Chapleau, la
parole est à vous.
Souligner
le 80e anniversaire de la Fédération 15,
Cercles de fermières de l'Outaouais
M. Mathieu
Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui,
j'aimerais souligner un moment important
d'une association féminine de la région de l'Outaouais, soit le
80e anniversaire de la Fédération 15, Cercles de fermières de
l'Outaouais.
Il
faut savoir que, par les actions et les différentes oeuvres de bienfaisance
qu'ils soutiennent, les cercles de fermières contribuent à l'amélioration des
conditions de vie de la femme et des familles ainsi qu'à la préservation et la
transmission du patrimoine culturel et artisanal.
La
fédération rassemble, en Outaouais, près de 600 femmes, réparties dans 16
différents cercles de fermières. Elle a notamment comme rôle de faciliter la
participation active de ses membres à travers la promotion d'activités et de
contribuer au recrutement et à l'adhésion de nouvelles femmes.
Mme
la Présidente, en terminant, j'aimerais prendre le temps, au nom de mes
collègues députés de Papineau, de Gatineau
et de Hull, de remercier et de féliciter Mme Sylvie Garant, présidente de
la Fédération 15, Cercles des fermières de l'Outaouais, ainsi que toutes les membres qui en font partie pour
leur engagement envers la transmission du patrimoine culturel et
artisanal. Toutes mes félicitations et bon 80e anniversaire!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Taillon.
Souligner
le Mois de l'autisme
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Merci, Mme la Présidente.
Je souhaite souligner que nous entamons le Mois de l'autisme sous le
slogan Faisons briller l'autisme dans toute sa diversité.
Le
Mois de l'autisme est l'occasion de sensibiliser la population à la réalité
vécue par les personnes présentant un trouble du spectre de l'autisme
mais également de célébrer la neurodiversité.
Le
soutien qui leur est offert, tant dans l'enfance qu'à l'âge adulte, me tient
énormément à coeur. On doit favoriser l'intégration de ces personnes uniques et
leur donner la possibilité de développer leur plein potentiel. Cela commence
par un dépistage précoce afin d'intervenir rapidement et d'offrir des services
adaptés à leurs besoins.Le programme Agir tôt
s'inscrit dans cet objectif, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous
avons déployé le repérage systématique lors du rendez-vous de
vaccination à 18 mois d'âge.
Je
veux souligner l'engagement des intervenants du Québec qui oeuvrent auprès de
ces personnes vivant avec un trouble du spectre de l'autisme et leurs familles.
Chaque personne est unique. Tout au long du mois, faisons briller l'autisme.
Merci, Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Arthabaska.
Souligner
le départ à la retraite de M. Yves Zahra, directeur
général de Tourisme Centre-du-Québec
M. Eric
Lefebvre
M. Lefebvre : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux
rendre hommage à une figure marquante du secteur touristique qui tire sa révérence au terme de 23 années à la tête
de Tourisme Centre-du-Québec, soit M. Yves Zahra, que je
salue, ainsi que les membres qui l'accompagnent.
Yves oeuvre avec coeur et passion
depuis plus de deux décennies afin de faire rayonner l'ensemble de la région.
Il a toujours fait preuve de curiosité, de
dévouement et d'originalité afin de faire découvrir aux touristes des circuits
branchés, des escapades inoubliables
et des saveurs délectables du Centre-du-Québec, pour ainsi donner ses lettres
de noblesse à notre belle région.
Très
impliqué, il n'a jamais hésité à défendre les intérêts de l'industrie
touristique, en plus de collaborer à de nombreux dossiers majeurs, notamment l'adhésion de la taxe sur l'hébergement et
la création de l'Alliance de l'industrie touristique du Québec. Aujourd'hui, le
moment est venu pour lui d'explorer de nouveaux horizons et de suivre les
plaisirs et le charme qu'offre la retraite.
Yves, je te souhaite
une bonne et belle retraite. Et merci pour tout, mon ami.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Richelieu.
Souligner
le 25e anniversaire de la Fondation
du cégep de Sorel-Tracy
M. Jean-Bernard
Émond
M. Émond :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très heureux de prendre la parole
aujourd'hui afin de souligner le
25e anniversaire de la Fondation du cégep de Sorel-Tracy, qui, depuis
1998, joue un rôle essentiel dans la vie de nombreux étudiants.
Et je tiens à
souligner, Mme la Présidente, la présence, dans nos tribunes, de la directrice
générale du cégep de Sorel-Tracy,
Mme Stéphanie Desmarais, du président du conseil d'administration de la
fondation, M. Denis Cossette, de la directrice générale, Myriam Arpin,
et du directeur adjoint, Vincent Deguise.
Depuis sa création,
la fondation a financé plusieurs projets pédagogiques, technologiques, ainsi
que des bourses d'études, au plus grand
bénéfice des étudiants et des étudiantes. Et, Mme la Présidente, la fondation
est un partenaire incontournable, et
j'invite mes collègues à se joindre à moi pour saluer la Fondation du cégep de
Sorel-Tracy et son travail remarquable au fil des ans. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 53)
(Reprise à 14 h 03)
La Présidente :
Mesdames messieurs, bonjour à
vous tous. Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir un
tout petit instant.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la
Présidente. Je dépose la réponse du gouvernement à la pétition présentée en
Chambre le 22 février 2023 par la députée de Saint-Laurent. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Pour
ma part, je dépose les prévisions budgétaires 2023‑2024 et le rapport
financier préliminaire 2022‑2023 du Directeur général des élections du
Québec et de la Commission de la représentation électorale.
Je
dépose également le rapport sur l'application des règles de financement du
Directeur général des élections du Québec intitulé Financement
politique : bilan et perspectives 2022.
Et
j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu une demande de Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré pour la présentation d'une
pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de cette
pétition? Consentement. Alors, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Installer un appareil d'imagerie par résonance
magnétique à l'Hôpital de La Malbaie
Mme Bourassa : Merci, Mme la Présidente.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 1 930 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits évoqués
sont les suivants :
«Considérant les
informations reçues sur l'ajout d'un IRM mobile pour la région de Charlevoix;
«Considérant les
services de proximité perdus depuis les dernières années;
«Considérant
le mécontentement de la population face au choix d'un IRM mobile pour la grande
région de Charlevoix;
«Considérant
l'opportunité de profiter des travaux de construction afin d'optimiser les
services dans un seul bâtiment avec une équipe dédiée;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons que le gouvernement du Québec et son ministère de la
Santé et des Services sociaux révisent leur position et installent un
IRM fixe à l'Hôpital de La Malbaie.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole, pour sa question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Hausse
des tarifs d'électricité pour les
petites et moyennes entreprises
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le gouvernement caquiste est dans sa
cinquième année et il demande d'être jugé sur ses résultats.
On
a vu qu'Hydro-Québec, à travers les années, pour ne pas dire à travers les âges,
Hydro-Québec aura été un moteur économique
exceptionnel pour le Québec. C'est un outil pour créer la richesse afin que
l'on puisse notamment se payer nos services sociaux et penser à l'avenir
de nos jeunes.
Hydro-Québec,
il y a deux ans, a fait des profits records de 3,4 milliards. Les derniers
chiffres pour l'année suivante, 2022,
les derniers chiffres en titre, c'est une hausse de 1 milliard,
4,5 milliards, année record de revenus pour Hydro-Québec, meilleure
performance historique.
Mettez-les,
Mme la Présidente, en contradiction avec une hausse historique des tarifs
d'hydroélectricité pour nos PME,
6,5 %. Depuis qu'on calcule cette donnée-là, depuis les 25 dernières
années, c'est la plus grande hausse des tarifs d'hydroélectricité, ce
qui fait en sorte que le gouvernement va aller chercher 250 millions dans
les poches des PME.
Nicolangelo
D'Amore, propriétaire de la boulangerie Taralli D'Amore, dit : «On utilise
beaucoup d'électricité, ça représente
environ 40 % de nos dépenses. [...]Tout me coûte plus cher. Tout ce que je
touche ici a augmenté. L'augmentation des tarifs [d'Hydro-Québec surtout
a] un impact sur les plus petits commerçants.»
Pourquoi le
gouvernement s'entête-t-il à hausser les tarifs de nos PME de 6,5 %?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, tout le monde va avoir remarqué que le chef de
l'opposition officielle commence toujours
ses questions en disant qu'on est dans notre cinquième année. Je devrais lui
rappeler qu'on a quatre ans et demi
de faits. Et une chose qui est sûre, Mme la Présidente, c'est qu'on a fait
plus en quatre ans et demi que les libéraux en 15 ans. Ça aussi, il
devrait peut-être s'en rappeler.
Maintenant, Mme la
Présidente, concernant Hydro-Québec, bon, d'abord, c'est important de dire que,
pour les individus, pour les Québécois,
Québécoises, on a limité les hausses de tarifs à 3 %, mais on a aussi, au
printemps, l'année dernière, envoyé
un chèque de 500 $ au mois de décembre, un chèque de 400 $ à
600 $, on a annoncé une baisse d'impôt. Donc, il faut regarder
l'ensemble du portrait.
Maintenant,
pour ce qui est des PME, pour les petites et moyennes entreprises, les tarifs
d'Hydro-Québec, après la hausse qui est annoncée, sont les plus bas en
Amérique du Nord.
C'est
important d'envoyer un signal aussi. On a besoin, au Québec, de beaucoup
d'électricité, donc il faut faire plus d'efficacité énergétique. Donc, je pense
que tout ça, c'est raisonnable.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : C'est important d'envoyer un signal. Cinquième année caquiste. Le
voilà, le signal. 25 février dernier, José Roberge, syndic chez Roy Métivier Roberge, disait au Journal de
Québec, je le cite : «En pandémie, je faisais un dossier de
faillite par mois, maintenant c'est trois ou quatre par jour.»
C'est-tu
ça, le genre de signal que le premier ministre dit que c'est important
d'envoyer pour nos PME, qui feront face à une... qui font face, depuis
samedi dernier, à une hausse historique, 6,5 %, des tarifs
d'hydroélectricité?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, je répète, les individus, donc, pour leurs résidences, vont
avoir une hausse maximale de 3 %.
Je
rappelle qu'en 2004 le Parti libéral avait fait une hausse de 4,45 %. En
2006, le gouvernement libéral avait fait une hausse de 5,33 %; en
2014, une hausse de 4,3 %. Puis je pourrais continuer, Mme la Présidente.
Donc, je pense que de
limiter la hausse à 3 %... je pense que c'est raisonnable. Puis les PME,
bien, continuent à payer les plus bas tarifs en Amérique du Nord.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Alors, le premier ministre est en train de démontrer qu'il a mieux fait
que le gouvernement libéral, il va
augmenter encore plus, lui, les tarifs d'hydroélectricité, surtout quand il
était dans l'opposition, Mme la Présidente, et qu'il disait : C'est épouvantable, il y a un trop-perçu chez
Hydro-Québec, et il exigeait qu'il y ait un remboursement. Alors,
aujourd'hui, à cette heure qu'il est au gouvernement, ce n'est plus du tout la
même personne que l'on voit.
Les PME crient à
l'aide. Avec la dette pandémique, pénurie de main-d'oeuvre, avec les
obligations auxquelles ils doivent faire
face, ils doivent augmenter le prix, et il y a une capacité de payer qui n'est
pas là. Quand un premier ministre...
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, je corrige le chef de l'opposition officielle.
Quand je lui disais, tantôt, que les libéraux, à répétition, avaient fait des
hausses de 4 % à 5 %, c'était pour les individus. Nous, on a limité
la hausse pour les individus à
3 %. Puis il faut comprendre que, les oppositions qui proposent un gel des
tarifs, ça voudrait dire des plus gros avantages pour les plus riches
qui ont des plus grosses maisons.
• (14 h 10) •
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
On voit que le premier ministre, Mme la Présidente, ne répond pas pour les PME.
73 % en sont réduites à augmenter leurs
prix. J'aimerais citer, décembre 2022, Radio-Canada, Nicolangelo, toujours, D'Amore,
qui disait : «On ne peut pas
tout refiler aux consommateurs, sinon on va les perdre. [...]Ce n'est pas
compliqué, les plus petits vont tomber au profit des plus grands.»
On
l'a déjà demandé, d'avoir un ministre de l'Économie qui ne s'occupe pas juste
des gros deals, si vous me permettez l'expression,
Mme la Présidente, mais qui s'occupe des petits, des PME. À quand un ministre
puis un premier ministre dédiés aux PME?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
quand je regarde ce qu'on a fait pendant la pandémie pour aider les PME,
je pense, tous les analystes sont unanimes
pour dire que c'est le Québec, dans tout le Canada, qui en a fait le plus.
Résultat des courses, Mme la
Présidente : même si on regarde juste les PME, la croissance économique,
dans les dernières années, a été plus
forte au Québec que dans le reste du Canada. C'est pour ça que notre écart de
richesse n'arrête pas de rétrécir.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Effets de la hausse des tarifs d'électricité sur
les petites et moyennes entreprises
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, les
PME du Québec n'ont pas vécu une année normale depuis 2019. Chacune
d'entre elles doit être créative simplement pour survivre.
Après
la crise économique provoquée par la pandémie et ses répercussions sur les
chaînes d'approvisionnement, les PME
ont dû absorber le coût. En plus, chacune d'entre elles doit lutter contre les
impacts d'une pénurie de main-d'oeuvre, et leur capacité de livrer des
biens à des prix raisonnables a été affectée.
Finalement, comme
chacun d'entre nous, les PME doivent composer avec l'inflation. Tout coûte plus
cher. Et maintenant, en raison d'une mauvaise décision de la CAQ, leur tarif
d'électricité a augmenté de 6,5 %.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre de l'Énergie peut revenir en arrière et
s'assurer que les tarifs d'électricité soient fixés par la Régie de
l'énergie?
La
Présidente : Je reconnais le ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, je vais corroborer ce que le premier ministre a
mentionné. Premièrement, nous ne changerons pas les tarifs électriques. Ça,
c'est la première chose.
Deuxièmement,
il faut comprendre aussi que le gouvernement a fait, depuis 2020, la pandémie,
des choses qui ont été
extraordinaires. Je regardais, tantôt, pendant que le chef donnait des chiffres
anecdotiques, puis j'ai les vrais chiffres, ici, de toutes les fermetures des PME depuis 2018, 2017, et ce qu'on
note, c'est que, durant la pandémie, le chiffre de fermetures au Québec était inférieur de façon substantielle à
ce que nous avions avant la pandémie. Et en plus, maintenant, il y a une
hausse, mais c'est encore en bas de ce qui était avant. Donc, il faut faire
attention, à lancer des anecdotes.
Deuxièmement, on est
un gouvernement qui est très soucieux de la santé de nos PME. On travaille
étroitement avec Investissement Québec, avec les fonds locaux d'investissement, on fait
des aménagements sur les prêts pandémiques qui ont eu lieu. Et, au moment où on se parle, la santé financière des
PME, elle est bonne. On va rester attentifs aux soubresauts de la récession ou du ralentissement. Mais, à ce moment-ci,
on va prendre les mesures appropriées, et ce n'est pas par les tarifs
hydroélectriques, qui sont, encore une fois, les plus bas au Canada.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, avec la
CAQ, c'est comme si les PME étaient oubliées. Les grands consommateurs d'électricité ont vu l'augmentation
de leurs tarifs mitigée par le ministre, mais pas les PME, pas les petits
commerces de proximité. Après les années que nous venons de vivre, chaque
hausse de coûts supplémentaire pour les PME se retrouvera donc aussi
dans le portefeuille des Québécois.
Le
ministre doit ouvrir les yeux et constater que sa décision a un impact à la
hausse des prix des biens et services de toute l'économie. Est-ce qu'il
va se raviser et enfin donner un coup de pouce aux PME du Québec?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : On
est très soucieux de la santé des PME, on est très soucieux aussi du niveau de
la productivité de nos PME. Alors, les programmes que notre gouvernement a mis
en place sont des programmes adaptés aux besoins du Québec. On veut réduire
l'écart de richesse, on veut être plus productifs, on veut mieux exporter, on
veut être aussi plus intégrés dans nos chaînes d'approvisionnement. On a de
multiples programmes. J'en ai annoncé un cette semaine pour l'OTN, qui
s'applique seulement aux PME. On pense qu'il va y avoir 160 000 PME qui
vont pouvoir s'en prévaloir, une vingtaine de mille vont en bénéficier. Alors,
je pense que les programmes qui sont mis en place par le gouvernement du Québec
sont très appropriés.
L'inflation, oui, ça
touche tout le monde, les coûts augmentent. L'inflation est relativement sous
contrôle.
La Présidente :
En terminant.
M. Fitzgibbon : Alors, je dirais tout simplement : Nos
programmes sont efficaces, et nous sommes le gouvernement...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, selon
la fédération canadienne des entreprises indépendantes, c'est la plus forte hausse de tarifs d'électricité que les PME
doivent subir depuis 1998. Personne ici ne va croire que ces hausses de tarifs n'auront pas
d'impact sur les consommateurs. Mme la Présidente, c'est simple : si ça
coûte plus cher à l'entreprise, ça va coûter plus cher aux consommateurs.
Pourquoi le ministre refuse-t-il d'être à
l'écoute des PME du Québec?
La Présidente : M. le ministre.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Encore une
fois, Mme la Présidente, je pense que nous sommes très à l'écoute. En fait, on
est beaucoup plus à l'écoute que les
gouvernements précédents. Je pense que la feuille de route qu'on a
présentement, au Québec, sur la santé
de nos PME, sur le positionnement, sur le rehaussement de la productivité est
très favorable. L'électricité, c'est un
élément parmi tant d'autres. Les hausses de salaire ont été aussi pas loin de
l'électricité. Est-ce qu'on va réduire les salaires parce qu'ils sont
trop élevés? Alors, il faut faire attention.
On se sert
d'hydroélectricité. Encore une fois, ce sont les tarifs les plus bas au Canada.
Alors, on est en bonne position, on a des programmes qui sont en place.
Alors, je pense que le débat sur l'électricité, il est clos.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Mille-Îles. La parole est à vous.
Accès au logement pour les
travailleurs en région
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. L'inaction du gouvernement caquiste pénalise triplement nos
PME. En plus de la hausse des tarifs d'électricité, elles doivent composer avec
une grave pénurie de main-d'oeuvre, qui est exacerbée en région parce
qu'en plus il y a là une grave pénurie de logements.
À Gaspé,
Chantier naval Forillon a 10 % de ses postes qui sont vacants par manque
de logements, et l'entreprise songe à
construire... à faire construire elle-même pour son personnel. Une boulangerie
de Baie-Saint-Paul a même dû acheter un
bloc-appartements, l'été dernier, pour loger six travailleurs qui venaient...
qui arrivaient de l'étranger. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, la propriétaire d'un restaurant de sushis qui a dû faire la même chose
déplore le prix élevé que cela représente pour son entreprise, elle a dit : «Le montant qu'on leur charge par
mois, ça ne paie pas tous les frais, c'était ça ou rien. On [a] besoin
de main-d'oeuvre.»
Mme la Présidente, que répond la ministre de
l'Habitation aux PME qui tentent désespérément de loger leurs travailleurs?
La Présidente : Mme la ministre
responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci,
Mme la Présidente. Alors, excellente question, là, de la part de ma collègue de
l'opposition. On change de sujet un peu.
Bien,
d'abord, je salue les PME qui vont de l'avant avec des initiatives. Le privé,
là, qui a des initiatives qui les servent bien, je pense qu'il faut
saluer ça puis continuer de les encourager dans ce sens-là.
Ceci dit, ça
ne veut pas dire que nous, on ne fait rien, comme gouvernement, à cet égard-là.
D'ailleurs, je vous rappelle que dans
le budget, là, d'il y a quelques semaines, de mon collègue le ministre des
Finances, il y a 5,8 millions... 5 millions, pardon, qui sont dédiés à la construction
d'habitations modulaires — et
je pense que c'était, d'ailleurs, dans les journaux de cette semaine — et un projet pilote où on veut voir comment on
peut créer d'autres modèles d'habitations qui sont plus rapides à sortir de
terre, qui vont servir dans des besoins à très court terme, puis après ça,
graduellement, ces gens-là pourront migrer vers d'autres types
d'habitations. On a exploré ça. Ce sera bientôt diffusé, communiqué aussi dans
le coin de Baie-Saint-Paul.
Alors,
beaucoup de solutions, là, qui sont en train d'être déployées pour répondre à
la demande, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : À Coaticook, le taux d'inoccupation, qui est près
de zéro, là, fait très mal à Cabico, une entreprise qui emploie plus de 300 employés. Une vice-présidente
a lancé un cri du coeur : «J'ai des gens qui aimeraient déménager
dans la région mais ne peuvent pas, ils ne trouvent rien pour se loger, donc
ils vont ailleurs. C'est vraiment un frein!»
Mme la Présidente, que propose la ministre de
l'Habitation aux PME qui doivent maintenant construire des logements pour
attirer et garder leurs employés? Est-ce qu'ils doivent se débrouiller tout
seuls? Parce que les 5 millions qu'elle fait référence, c'est pour le
domaine de la santé. Il n'y a rien pour les PME.
La Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la Présidente.
Bien, écoutez, je réitère, là, que, dans le dernier budget, là, on prévoit
650 millions pour la brique. Ça, c'est
pour construire de l'habitation sociale et abordable, dont
1 500 unités, là, dans notre Programme
d'habitation abordable du Québec. Il faut encourager à augmenter la
construction, il faut que tous les partenaires
autour de la table, incluant les municipalités, soient des acteurs de
changement et des gens qui enlèvent le sable dans l'engrenage pour
permettre une construction plus rapide de logements.
Alors,
on travaille sur différentes facettes. Et la solution à la crise du logement,
là, ce n'est pas juste la ministre de l'Habitation, c'est un ensemble de
facteurs qui doivent...
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. Attention aux
commentaires, je vous entends, là. J'aimerais uniquement entendre,
maintenant, la question, en deuxième complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Ça va tellement mal avec
le logement que la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent a tenu un
sommet de l'habitation avec la Chambre de
commerce de Rimouski, mais les participants n'ont même pas eu le droit de
parler aux journalistes qui les attendaient
à la sortie. Interrogée sur la situation, la ministre a dit, et je la
cite : «On préfère contrôler ce qui va sortir.»
Sommes-nous
vraiment rendus là, avoir tellement honte du bilan de son gouvernement en
matière de logement qu'on impose une loi de l'omerta à ceux qui viennent
parler du problème?
Des voix : ...
• (14 h 20) •
La Présidente :
Bon, alors je vais répéter la
consigne, je vais répéter la consigne : pas de commentaire après les
questions ni après les réponses. La réponse
de Mme la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et
Ressources naturelles. Allez-y.
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Comme vous l'a mentionné la ministre de l'Habitation, on
est tous mobilisés pour passer à travers, selon les régions, les difficultés de
l'habitation que nous avons, qu'on vit dans nos régions. La rencontre qui a eu
lieu avec les entrepreneurs, c'est dans ce sens-là, pour trouver des solutions,
parce que la solution, elle peut venir, oui,
du milieu municipal, elle peut venir aussi du gouvernement mais peut aussi
faire... on peut aussi impliquer les entreprises privées, et c'est ce
qu'on souhaite faire.
Donc, dans ce
souci-là d'impliquer les entreprises privées, on s'est rencontrés, et des
bonnes solutions sont sur la table. On a impliqué, d'ailleurs, la ville de
Rimouski dans cet exercice, et il y a des belles choses qui sortent de cette
rencontre, Mme la Présidente.
Une voix : ...
La
Présidente : Je vous ai entendu, M. le chef de l'opposition
officielle.
En
question principale, je reconnais la députée de Bourassa-Sauvé. La parole est à
vous, juste à vous. On l'écoute.
Pénurie de main-d'oeuvre dans l'industrie du tourisme
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
l'industrie touristique est l'un des fers de lance du développement économique
de nos régions. Et, après une pandémie qui a
eu des effets délétères et durables sur celle-ci, cet été, enfin, l'industrie
va pouvoir connaître sa première vraie saison depuis 2019.
Malheureusement pour nos hôteliers, pas moyen de penser à cette remontée probable sans être pris d'angoisse.
Il n'y aura vraisemblablement pas assez de travailleurs pour répondre à la
demande.
Dans
son dernier budget, pour le secteur touristique, la CAQ compte seulement miser
sur le partage de la main-d'oeuvre existante. C'est non seulement
marginal, mais on en sera encore au stade de tester le dispositif cet été.
En 2019,
l'hébergement touristique, au Québec, générait 2,3 milliards de
dollars en retombées économiques. On se rappellera aussi qu'au Québec 70 %
de nos hôteliers sont indépendants. C'est unique au monde.
Sachant
tout ça, que compte faire le gouvernement caquiste pour soutenir nos hôteliers
en matière de main-d'oeuvre pour la saison touristique qui s'en vient?
La
Présidente : La réponse de la ministre du Tourisme.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx :
Mme la Présidente...
Des voix : ...
Mme Proulx :
Oui. D'abord et avant tout, désolée, là, mais c'est un exercice qui est
difficile, aujourd'hui.
Depuis
2018, le budget accordé au ministère
du Tourisme a augmenté de 139 %,
depuis 2018, et on a été le seul gouvernement où... J'avais l'honneur de siéger
sur la conférence canadienne fédérale-provinciale-territoriale durant la
pandémie, et les autres provinces étaient
jalouses de voir le leadership du Québec pour venir soutenir l'entreprise
touristique, particulièrement les
hôteliers, qui, reconnaissons-le, là, est vraiment la colonne vertébrale de
notre industrie. On parle de 1,7 milliard de
dollars, Mme la Présidente, qui ont été injectés conjointement avec le ministre de l'Économie et sous la gouverne du ministre des
Finances, 1,7 milliard pour,
justement... de s'assurer que le filet demeure là après la pandémie et que, lorsqu'il y a réouverture des frontières,
bien, justement, cette colonne vertébrale là de notre industrie soit encore
debout. Elle est là. On affiche d'ailleurs un taux d'occupation
extrêmement élevé, au Québec.
La
Présidente : En terminant.
Mme Proulx : Mais je tiens à rappeler
qu'avant la pandémie il en manquait 15 000, sous le gouvernement libéral.
La
Présidente : Première...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. Première
complémentaire, je reconnais la députée de Chomedey.
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Mme
la Présidente, j'entends ce que la ministre dit, mais j'entends aussi les
hôteliers qui sont inquiets. Ils
m'ont dit, la semaine dernière, que ce n'est pas assez, ce que la ministre
fait. Ma collègue l'a bien démontré, l'industrie hôtelière a besoin de
mesures concrètes le plus rapidement possible pour cet été.
Est-ce
que la ministre du Tourisme peut nous faire part de son plan d'action pour
rassurer notre industrie touristique?
La
Présidente : La réponse de Mme la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Depuis 2018, là, nous,
qu'on s'occupe de l'industrie touristique, Mme la Présidente. Je tiens à
rappeler, donc, il manquait 15 000 en 2017. Il y avait eu beaucoup
d'inaction, là, de la part du gouvernement libéral. L'industrie touristique
n'était visiblement pas une priorité pour eux à cette époque-là.
Donc, Conseil
québécois de ressources humaines en tourisme à qui on a confié un nouveau
mandat pour aller chercher des travailleurs
à l'international, mission très productive, d'ailleurs, qui a été opérée en
juin dernier. Une seconde qui a été
faite en décembre dernier, où il y a de nouveaux joueurs qui s'amènent dans
l'industrie. Des sommes additionnelles, d'ailleurs, lors du dernier budget, de
7,5 millions de dollars, entre autres pour un virage numérique, où on
va vouloir accompagner nos entreprises touristiques de se tourner vers
le numérique pour venir compenser en partie...
La
Présidente : En terminant.
Mme Proulx :
...les effets, donc, du manque de personnel dans l'industrie touristique à
travers le monde.
La
Présidente : Deuxième complémentaire...
Une voix : ...
La Présidente :
M. le chef... Vous êtes très
divertissants aujourd'hui, M. le chef de l'opposition officielle, oui, puis
je vous entends trop.
Allez-y pour votre
deuxième complémentaire.
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Ce
n'est pas uniquement les hôteliers qui souffrent. J'ai également rencontré, la
semaine dernière, des représentants
de l'industrie des spas et celle des auberges de jeunesse. Ils représentent une
partie importante de l'économie régionale du
Québec. Ils sont venus au parlement, la semaine dernière, pour lever un drapeau
rouge que l'industrie a besoin d'aide et que ce que le gouvernement fait n'est
pas assez. Ils veulent des réponses.
Qu'est-ce que la
ministre compte faire pour pallier ce manque de travailleurs?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Parlons-en, de
l'industrie du spa, Mme la Présidente, parce qu'on est le premier gouvernement
à les avoir soutenus, en pleine
pandémie, où on est venus offrir un soutien à ces entreprises-là, entre janvier
et juin, dans de la subvention
directe pour les spas. Idem pour les stations de ski, d'ailleurs. Donc, il y a
eu des efforts qui ont été faits de la part de notre gouvernement, je le
rappelle, 139 % d'augmentation qui a été alloué par le ministre des
Finances. Tout le gouvernement du
Québec reconnaît l'importance pour l'ensemble des régions de la valeur de
l'industrie touristique. Et c'est donc 139 % d'augmentation, avec
plus de 159 millions dans le budget, Mme la Présidente, pour 2023‑2024.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Réforme
du système de santé
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
La réforme de structure du premier ministre en santé, ce n'est pas du changement, en fait, c'est de la continuité, parce
que ça fait 25 ans que les gouvernements brassent les structures du
système de santé. Puis, en 25 ans, il y
a une illusion qui demeure, même si les gouvernements changent : on s'est
convaincu qu'en mettant en haut de la
pyramide du système des P.D.G. qui viennent du secteur privé, bien, ces
gens-là, là, du haut de leurs tours à
bureaux à Québec, ils vont prendre tellement des bonnes décisions que,
1 000 kilomètres plus loin, 15 étages hiérarchiques plus
bas, bien là, pouf! par magie les gens vont avoir des meilleurs soins de santé.
Sauf que le problème,
dans notre système de santé, ce n'est pas qui est en haut de la pyramide, c'est
la pyramide elle-même. Il y a trop de
pouvoir en haut puis il n'y a pas assez de pouvoir en bas. C'est pour ça que
nous, on propose depuis des années de décentraliser le système de santé.
La réforme du premier ministre fait le contraire.
Et qui qui perd le
plus là-dedans? Bien, c'est les régions. J'ai retrouvé un communiqué de presse
de la CAQ qui date de 2017, et ça dit, le
titre : Centralisation des soins de santé au détriment des
régions : la CAQ debout pour les régions du Québec. Six ans
plus tard, le premier ministre fait volte-face, dépose la plus grande réforme
de centralisation de l'histoire du Québec.
Pourquoi il a changé
d'idée?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
d'abord, je suis content de voir que le chef du deuxième groupe d'opposition a
rêvé en fin de semaine du système de santé
au Québec. Et on est d'accord qu'il doit être plus décentralisé. Là où il faut
être prudent, Mme la Présidente, c'est
qu'il faut faire la différence entre donner des pouvoirs aux dirigeants de
chaque établissement... Puis, dans le
projet de loi, chaque D.G. d'établissement doit travailler avec un représentant
des médecins et, ce qui est nouveau,
un représentant ou une représentante des infirmières aussi. Donc, les décisions
doivent être prises localement. Là où
le chef... je m'en allais dire «de la FIQ», là, mais le chef du deuxième groupe
d'opposition fait une erreur, c'est qu'on veut enlever des pouvoirs aux
syndicats locaux, on veut les donner aux dirigeants de chaque établissement.
C'est ça, là, où il ne fait pas vraiment la différence.
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on interpelle les collègues par leur
titre. Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Décentraliser, là, c'est
donner du pouvoir aux gens à la base. Ce que fait la réforme du premier
ministre, là, c'est installer des exécutants partout sur le territoire, des
gens qui vont obéir aux ordres du P.D.G. de Santé Québec. Donc, le pouvoir, là,
il n'est pas décentralisé, il fait juste changer d'adresse, il traverse une rue
à Québec, il passe du bureau du ministre au bureau du P.D.G. de la santé. Ce
n'est pas de la décentralisation.
Pourquoi le premier
ministre a changé d'idée?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, pour avoir été dans le secteur privé, je dirais, c'est le même
objectif, là. Puis je sais que le chef du deuxième groupe d'opposition a peur
du mot «privé», là, mais, que ce soit dans le privé ou dans le public, ce qu'on essaie de faire, pour la
bonne gestion, c'est de fixer en haut des objectifs, de suivre les résultats,
mais que les moyens soient choisis en bas, sur le terrain, par ceux qui
connaissent le mieux les besoins. Ça s'appelle de la décentralisation.
• (14 h 30) •
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Décentraliser,
ça devrait vouloir dire donner du pouvoir aux gens à la base. La réforme du
premier ministre fait le contraire. C'est la
plus grande concentration de pouvoirs dans une mégastructure bureaucratique
de l'histoire du Québec.
En 2017, là,
la CAQ disait : «...des milliers de Québécois goûtent à la médecine
Barette, alors qu'ils sont frappés par
une vague sans précédent de centralisation dans le réseau de la santé.» À
l'époque, le premier ministre était contre la réforme Barrette. Aujourd'hui,
il veut la compléter. Qu'est-ce qui s'est passé?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente. Je ne sais pas si le chef
du deuxième groupe d'opposition a rêvé à Gaétan Barrette en fin
de semaine, mais ce que je sais, Mme la Présidente, c'est que Gaétan Barrette
avait enlevé les D.G. de chaque établissement pour faire des grosses structures centralisées autour des CISSS et des
CIUSSS. Notre ministre de la Santé est en train de mettre en place un
D.G. dans chaque établissement pour que ce soit décentralisé.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Verdun. La parole est à vous.
Projet de loi visant à
lutter contre le gaspillage alimentaire
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. On apprend aux enfants à
faire du recyclage et surtout à éviter de
gaspiller. Puis, pendant ce temps-là, la plus grosse chaîne de dépanneurs du
Québec jette des milliers de contenants encore remplis tous les mois,
direction le dépotoir ou l'incinérateur.
Ce que
Couche-Tard a fait, c'est irresponsable, c'est inacceptable, mais ce n'est pas
surprenant, parce que, vous savez, il
n'y a rien, en ce moment, qui empêche ce genre de gaspillage alimentaire
d'ampleur industrielle. On compte uniquement sur la bonne volonté des
entreprises.
Le résultat,
c'est que, chaque année, on a 1,2 million de tonnes d'aliments en bon état
qui sont gaspillés, au Québec. Puis
je sais que le ministre partage ma déception aujourd'hui, mais maintenant, là,
ça nous prend du concret. C'est le moment de mettre une date de
péremption au gaspillage alimentaire au Québec.
Québec
solidaire a présenté, en 2021, un projet de loi pour lutter contre ce problème.
Est-ce que le ministre est prêt à travailler avec nous...
La Présidente : M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à la
collègue pour la question. Hier, quand j'ai lu les articles, j'étais déçu, parce qu'effectivement
Couche-Tard, c'est une belle entreprise québécoise. Aujourd'hui, j'étais fâché,
parce qu'il y a d'autres éléments qui ont été révélés. C'est complètement
inacceptable, en 2023, qu'on gaspille autant d'aliments, à travers des
contenants qui, dans plusieurs des cas, sont consignés de surcroît.
Donc, ce que
je mentionne à l'entreprise, en fait, c'est un appel à son sens civique. Avec
mon collègue de l'Alimentation et de
l'Agriculture, il y a plusieurs programmes qui ont été mis en place pour
éviter, justement, le gaspillage alimentaire
au fil des années. Avec RECYC-QUÉBEC, il y a de l'accompagnement qui est offert
aux détaillants pour s'assurer qu'on trouve preneur pour, par exemple, ce type
d'aliments là, de contenants là à travers les banques alimentaires.
Et ce qui m'a heurté encore davantage dans les
articles qui sont parus : on est à une période où l'inflation fait mal à bien des familles québécoises, on est à une
période où les banques alimentaires n'ont jamais été aussi sollicitées et on
se permet, malheureusement, de gaspiller de façon tout à fait éhontée...
La Présidente : En terminant.
M. Charette : ...des
aliments qui pourraient être utiles à bien des familles. Donc, à Couche-Tard et
à toutes les entreprises du Québec...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Je suis contente de voir
que le ministre partage le constat. Mais là il nous faut aller plus loin. On ne
peut pas aller juste en accompagnement, il nous faut des mesures concrètes.
Puis une mesure concrète, c'est faire
en sorte que tous nos géants alimentaires, tous les dépanneurs comme
Couche-Tard puissent conclure des
ententes de réduction des produits alimentaires main dans la main avec les
organisations comme des banques alimentaires qui en ont besoin, le
ministre vient de le reconnaître.
Ça fait qu'à quand une loi pour interdire ces
pratiques au Québec?
La Présidente : Je reconnais le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je remercie ma
collègue pour sa question. Au-delà du cas qui nous est présenté, ma collègue
parle de l'importance d'avoir une action qui est concertée sur le territoire
pour pouvoir prévenir ces situations-là, mais elle n'est pas sans savoir
qu'il y a un nombre très important d'initiatives sur le territoire, à partir du Programme de récupération en
supermarchés, qui vise à faire en sorte qu'on ait au-dessus de 600 espaces
de vente dans le détail, de
supermarchés, au Québec, qui sont fédérés, qui sont en lien avec les moissons,
qui sont en lien avec les banques
alimentaires, qu'il y a de la récupération chaque semaine pour faire en sorte
de pouvoir acheminer les aliments qui sont... qui vont être tout près
d'être passés dus ou qui sont passés dus.
Ça fait qu'il y a plusieurs initiatives sur le
territoire, ma collègue la députée...
La Présidente : En terminant.
M. Lamontagne : ...qui visent
justement à venir encadrer le fait que les aliments deviennent périmés.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci. C'est le
temps que ce programme-là devienne la norme au Québec. En France, en 2016, il y a déjà une loi qui interdit le
gaspillage alimentaire et qui fait en sorte que tous les détaillants ont ce
type d'entente.
Une loi pour contrer le gaspillage alimentaire,
c'est nécessaire, ça va nous obliger à réduire notre empreinte environnementale
et contrer le gaspillage alimentaire. Est-ce que le ministre est prêt à aller
dans ce sens-là?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : ...je ne suis pas tellement surpris de voir que ma
collègue ne semble pas donner beaucoup de crédit à la mobilisation qu'il y a sur le territoire puis que, de façon
tout à fait volontaire, autant les producteurs, les transformateurs que
les détaillants travaillent main dans la main pour trouver des solutions.
Quand elle
fait référence au projet de loi qui avait été déposé par ma collègue de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
on se souviendra tous qu'ultimement c'était
légiférer, réglementer, encadrer. Puis on s'était aperçus qu'ultimement ça
allait porter... faire des dommages
aux petits producteurs, aux petits transformateurs, puis, ultimement, bien, on
avait dû rebrousser chemin un petit peu.
Ça fait que
l'objectif, ce n'est pas toujours, Mme la députée, de mettre des lois. L'idée,
c'est de faire en sorte que les gens sont volontaires, dans une
coopération...
La Présidente : En terminant.
M. Lamontagne : ...puis c'est ça qui
va nous donner les meilleurs résultats.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef du
troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Position du premier
ministre concernant la gestion
des finances publiques fédérales
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre a
passé sa carrière politique, amorcée il y a maintenant 25 ans, à rappeler
l'importance de bien gérer les finances publiques, 25 ans à rappeler
l'importance d'être responsable,
d'être prudent avec l'endettement. À un moment, il voulait même faire
l'indépendance du Québec pour devenir... pour qu'on devienne plus
riches.
Je pense qu'en suivant sa propre
logique, ses propres valeurs, il y a une tendance qui doit nous inquiéter, à
l'échelle fédérale, c'est l'explosion
de la dette. Depuis l'arrivée au pouvoir, en 2015, de Justin Trudeau, la dette
fédérale a presque doublé, de
634 milliards à 1 180 000 000 000 $. Et là on
nous annonce qu'elle passera à 1 312 000 000 000 $
d'ici cinq ans.
Autre
constat, pas plus tard qu'en novembre dernier, Ottawa prévoyait enregistrer
pour les six prochaines années des
déficits totalisant 105 milliards. Quatre mois plus tard, c'est devenu
174,7 milliards, donc 70 % de plus en quatre mois.
Je
vous rappelle, Mme la Présidente, qu'on est devant un gouvernement qui ne donne
presque aucun service à la population.
Et, lorsque le fédéral nous offre un service, bien, c'est un fiasco, pensons,
comme par exemple, aux passeports. Tout cela en refusant de s'engager
aux missions fondamentales pour le Québec, comme les transferts en santé.
Ma
question au premier ministre est la suivante : Est-ce qu'il trouve que
c'est une gestion responsable des finances publiques, de doubler sa
dette en huit ans? Est-ce qu'il est d'accord avec une telle approche?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, on dirait que c'est le
Bloc québécois qui est devant moi aujourd'hui. Je vais essayer quand
même de répondre.
Durant
la pandémie, le gouvernement fédéral a donné beaucoup d'argent aux individus,
de l'argent qui était non récurrent. C'est important de le dire, là, quand on a
eu le débat sur les transferts en santé, les projections du Conference Board montrent que, d'ici 10 ans, le fédéral
va revenir en situation de surplus, puis les provinces, à cause des impacts des
dépenses de santé, vont être en déficit.
Donc, il faut être prudent quand on dit que la situation du déficit est
importante à Ottawa.
Maintenant, Mme la
Présidente, dans le budget fédéral, la semaine dernière, il y avait un point
très important : 80 milliards,
80 milliards pour l'économie verte, pour, entre autres, des crédits
d'impôt de 30 % qui vont s'appliquer chez Hydro-Québec, crédits d'impôt remboursables, parce qu'Hydro-Québec ne
paie pas d'impôt. Ça veut dire que les 70 milliards de projets qui sont chez Hydro-Québec vont donner
droit à des crédits d'impôt du fédéral. Donc, on devrait, du côté du PQ,
se réjouir de ça.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : C'est drôle, parce que le
premier ministre a l'impression d'avoir le Bloc québécois; moi, j'ai
l'impression d'avoir Justin Trudeau devant moi. Essentiellement, le fédéral...
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader, je vais vous reconnaître, mais brièvement.
M.
Jolin-Barrette : ...le chef du troisième groupe d'opposition retire
ses propos.
La
Présidente : On va...
Une voix :
...
• (14 h 40) •
La
Présidente : Bien, je
vais reconnaître M. le député de Matane-Matapédia. Et j'ai une petite idée de
ce que vous allez me demander, mais allez-y, je vous reconnais.
M. Bérubé : Mme la Présidente, quoique ce soit très sérieux,
je veux lui faire remarquer que plusieurs des militants de la CAQ
proviennent du Parti libéral du Canada.
La Présidente :
Alors, ce n'était pas un rappel
au règlement. Nous allons poursuivre. M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. St-Pierre
Plamondon : ...c'est que le sens de ma question...
Des voix : ...
La
Présidente : Chut!
M. St-Pierre Plamondon : Merci. Le sens de ma
question, c'est que le premier ministre nous indique qu'il n'y a pas de question financière, il n'y a pas de raison
financière de faire l'indépendance, que c'est rentable. Mais ce sont les
banques qui génèrent l'argent, que semble tellement apprécier le premier
ministre, venant du fédéral.
Est-il d'accord avec
cet endettement monstrueux? La question est très...
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Bien, j'ai de la misère à suivre le chef du
troisième groupe d'opposition, parce qu'il n'y a pas longtemps il
était d'accord avec nous pour réclamer plus de transferts en santé parce qu'on
pense qu'à moyen terme il y a plus de fonds disponibles à Ottawa que
dans les provinces. Donc là, il semble avoir changé d'idée.
Maintenant,
j'étais avec M. Trudeau ce matin. Je sais que ce n'est pas drôle pour le
PQ, là, mais on a réglé Roxham. 1 800 jobs chez Davie avec
8,5 milliards de contrats fédéraux. Il me semble que le PQ devrait
applaudir.
Des voix : ...
La
Présidente : Hé! Je vous rappellerai qu'il est interdit
d'applaudir durant la période des questions. C'est bon pour tout le
monde ici présent.
Alors, vous êtes rendu à votre deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, c'est difficile d'obtenir une réponse sur le sujet, sur la question
qui est posée, je vais essayer une dernière fois.
Le premier
ministre se vante de montants importants en provenance du fédéral, il se vante
des transferts en santé, ce que je
trouve étonnant, parce qu'il a obtenu 1 milliard sur 6, et, pendant ce
temps-là, on a un endettement démesuré à Ottawa pour presque aucun service. Je lui pose la question : Est-il
d'accord avec cette approche-là, oui ou non? Est-ce possible d'avoir une
réponse claire...
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la Présidente, je pense que le chef du
troisième groupe d'opposition mélange déficit et dette. Le déficit est
important, mais il y a beaucoup de sommes qui sont non récurrentes aux
individus.
Maintenant,
80 milliards pour l'économie verte, pour donner des crédits d'impôt sur la
filière batterie, sur Hydro-Québec, là, ça, c'est bon pour le Québec.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Taschereau. La parole est à vous, juste à vous. On l'écoute.
Troisième lien entre Québec et Lévis
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. On apprenait dans le
journal récemment qu'on en était rendus à la septième version du projet
de troisième lien, avec toujours aucune étude dévoilée à ce jour, aucune étude
de besoins, aucune étude d'opportunité.
Septième version du projet et toujours aucun expert non plus qui est venu
appuyer ce projet-là. On ne sait pas
combien ça va coûter. Le premier ministre n'a pas voulu répondre à la question
la semaine dernière. Donc, ce projet-là, il évolue au gré du vent, à la
petite semaine. Encore et toujours de l'improvisation.
Quand on
était en pandémie, la CAQ aimait dire que l'on construisait l'avion en plein
vol. C'était normal, on était dans
une situation un peu anormale, un peu spéciale. Mais la planification des
transports, c'est tout sauf de l'improvisation. Quand est-ce que la CAQ
va arrêter de construire son tunnel en plein vol?
Est-ce que la
ministre des Transports peut s'engager aujourd'hui à ne pas dévoiler de
huitième version de son projet de troisième lien avant le dévoilement
des études?
La Présidente : Je reconnais la
ministre des Transports et de la Mobilité durable. La parole est à vous.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, on a une
chose en commun, mon ami de Taschereau et moi, on a effectivement, tous les deux, appris une nouvelle version du projet
dans les journaux ce matin. Et j'apprends, moi, presque à chaque semaine une
nouvelle version du troisième lien dans les journaux, et de plein d'autres
projets, d'ailleurs. Mais, Mme la
Présidente, bien sûr, il faut faire la différence entre les ouï-dire rapportés
dans les journaux... quoique parfois fondés, dépendant des projets, mais
on ne peut pas, au jour le jour...
Des voix : ...
Mme
Guilbault : Non, mais là je le dis... je le dis par égard à
mes collègues journalistes, parce que je ne veux pas qu'ils m'en veuillent et qu'ils pensent que je dis
indirectement que leur travail n'est pas sérieux, mais ce que je veux dire,
Mme la Présidente,
c'est que, quand on base notre travail et nos questions sur ce qui est rapporté
dans les médias, bien, ça fait en
sorte qu'on nous pose souvent les mêmes questions, alors que j'ai expliqué, Mme
la Présidente, la semaine dernière et
à plus d'une reprise, d'ailleurs, que je suis en train de travailler... comme
le premier ministre l'a expliqué souvent, d'ailleurs, je suis
actuellement en train de travailler pour éventuellement faire une présentation
officielle du projet de tunnel Québec-Lévis mis à jour à la lumière de la
pandémie.
C'est
parfaitement logique et intelligent, Mme la Présidente. Il y a une pandémie qui
a amené un confinement et moins de déplacements...
La Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...sur le réseau. On veut des données à jour pour
pouvoir faire une présentation intelligente du projet.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Ce n'est pas rassurant que la ministre entende
parler de son projet via les médias. Moi, je trouve ça un peu inquiétant. Mais, si c'est un projet ou
si c'est une fuite qui a du vrai, en fait, ça montre encore une fois que c'est
un autre ballon d'essai, un ixième ballon
d'essai qu'on envoie dans la population, vers la population pour essayer de
mesurer l'appui public à un projet qui ne cesse d'évoluer.
Mais, si les
études s'en viennent aussi, comme le dit Mme la ministre, ça veut dire aussi
que le coût du projet se précise
tranquillement, pas vite. Alors, je pose la question : Est-ce que
6,5 milliards de dollars, c'est toujours le coût maximum?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Donc, c'est ça, Mme la Présidente. Alors, je
vais... je vais refaire la même réponse. Et, si on me repose la
question, je vais encore refaire la même réponse.
Le projet a
été présenté la dernière fois officiellement en avril dernier par mon
prédécesseur ici présent et moi-même, d'ailleurs,
qui étais, à l'époque, ministre de la Capitale-Nationale. Nous avons présenté
le projet en avril 2022. Après quoi il
nous est apparu évident qu'il fallait, parce qu'on nous dit : Ce
projet-là, il n'y a pas d'étude, et tout ça, donc, oui, des études, mais des
études à jour, qui tiennent compte d'une pandémie qui a affecté pas seulement
les déplacements sur les réseaux,
mais une foule de choses dans la société. Alors donc, on a demandé que ces
données-là soient mises à jour pour pouvoir se baser sur des données à
jour et réalistes...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...pour pouvoir aiguiller le projet en question. Et, dès
que ce sera prêt, on va le présenter.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la Présidente.
Donc, je comprends que la ministre a le même malaise à répondre à la question
toute simple : Est-ce que 6,5 milliards de dollars, c'est le
coût maximum pour le projet de troisième lien?
Puis, en
fait, je vais reposer ma question différemment, parce qu'on est rendus avec une
espèce de bitube. Dans le fond,
est-ce que c'est 6,5 par tube ou 6,5 pour l'ensemble du projet? Parce que ce
n'est pas très, très clair. Est-ce qu'on peut avoir des précisions?
Est-ce que 6,5 milliards de dollars, c'est pour un tube, ou deux
tubes, ou on va avoir un troisième tube peut-être encore?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, je comprends
l'impatience du député de Taschereau, qui réside dans la capitale nationale et qui considère que c'est un projet
important, probablement, pour la région. Donc, je lui demande d'être patient,
d'être patient, d'attendre que j'aie terminé mon travail. Et, comme je l'ai
moi-même dit la semaine dernière, qu'il
me laisse travailler, et je reviendrai lui faire, à lui ainsi qu'à tous mes
concitoyens, une présentation du projet, lorsque j'aurai des données à
jour et donc une présentation intelligente et complète à faire.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Westmount—Saint-Louis. La parole est à vous, juste à vous.
Manifestation
contre la tenue de l'événement L'heure du conte
Mme
Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Dimanche dernier, la ville de
Sainte-Catherine organisait une activité de
contes pour enfants tenue par la drag-queen Barbada, quelque chose qu'elle fait
depuis 2016 à travers des bibliothèques, librairies et garderies du
Québec et qui est apprécié par beaucoup et demandé par grand nombre de parents
et d'enfants.
Dimanche
dernier, des personnes se sont permis de bloquer l'entrée à cette activité et
de tenir des propos inacceptables envers
Barbada et la communauté 2SLGBTQIA+, jusqu'à un point qu'on craignait pour leur
sécurité et qu'on a dû déplacer l'endroit et l'événement à une place
secrète.
Mme la Présidente,
cette hausse d'intolérance et de violence au Québec m'inquiète énormément.
Qu'est-ce
que le premier ministre attend pour condamner le plus fortement possible les
propos haineux dont ont été victimes Barbada et la communauté 2SLGBTQIA+
en fin de semaine?
La
Présidente : Je reconnais la ministre responsable de la Condition
féminine.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : ...Mme la Présidente. Et merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour cette question.
Oui,
je dénonce ce qui s'est passé en fin de semaine. Honnêtement, j'ai été désolée
et peinée de cette manifestation-là, parce qu'essentiellement je trouve
que Barbada de Barbades s'est donné une belle mission.
Son heure du conte, comme vous l'avez dit, ne date
pas d'hier. C'est depuis 2016 que Barbada organise des journées de contes dans
les bibliothèques de Montréal, et je reprends son expression, sa mission, pour
démystifier l'amour qui se retrouve à
l'extérieur de la norme sociale. Je trouve que c'est une belle mission qu'elle
s'est donnée. Elle a été invitée dans de nombreuses bibliothèques pour raconter
ses histoires, et ça doit être intéressant de voir ça, pour les enfants,
parce que les drag-queens, avec leurs déguisements, leurs perruques, les
paillettes, ça attire l'attention et ça amène les enfants à aimer la lecture.
Barbada
a aussi gagné un prix, le Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal,
l'année dernière. Je pense qu'elle est crédible et je pense que les
parents...
La
Présidente : En terminant.
Mme Biron : ...ont
le choix d'amener leurs enfants à la bibliothèque pour les entendre.
La
Présidente : Première complémentaire... Oh! En question principale. Allez-y.
Lutte contre l'homophobie et la transphobie
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. J'entends la ministre et je la remercie pour ses commentaires, malgré
que ce n'est pas assez d'être désolée. Ça
reste que c'est depuis un an que le plan de lutte contre l'homophobie et la
transphobie est échoué. Ça a été renouvelé pendant un an, ça a échoué
encore une fois à la fin du mois de mars.
Alors,
on est désolé, mais pas assez désolé pour faire le travail, pour faire la
démonstration à la communauté que nous
sommes là pour eux ici, à cette Assemblée nationale. Ça reste que le
gouvernement continue à financer des organismes qui sont ouvertement transphobes, comme PDF Québec. Ça reste que nous
n'avons toujours pas un ministre responsable de la Lutte contre l'homophobie et la transphobie, qui est un recul
important ici, en cette Chambre, Mme la Présidente. On a un secrétariat
qui est à la remorque d'un autre secrétariat, qui est digne d'avoir une
ministre responsable de la Condition féminine, mais pas assez bon pour la
communauté 2SLGBTQIA+.
Mme
la Présidente, ils sont où, la CAQ, en ce qui concerne les droits de la
communauté LGBT, qui sont en recul à travers le monde? Nous avons besoin
d'avoir une discussion ici, en cette Chambre, puis la démonstration que nous
sommes tous ici pour protéger leurs droits et favoriser l'inclusion et
diversité.
• (14 h 50) •
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire après les questions. Mme la ministre,
votre réponse.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Merci à nouveau pour cette question. Je voudrais
rectifier quand même quelques faits. J'ai vu le tweet de la députée qui dit que
nous sommes en retard d'un an. Je vous précise qu'il y a un an je n'étais pas
élue. Alors, je viens de prendre mes fonctions.
Le Québec, je pense,
est une société...
Des voix : ...
Mme
Biron : Est-ce que ça va? Le Québec est, je pense, une
société inclusive et ouverte à la diversité. Je condamne avec énergie les propos transphobes. Je suis
ministre responsable de la Lutte contre la transphobie et contre l'homophobie
et j'ai bel et bien l'intention de jouer mon rôle jusqu'au bout.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis.
Pour ce faire, je vais céder la place au deuxième vice-président de
l'Assemblée nationale. Bonne fin de journée à tous et à toutes.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un
membre du groupe formant l'opposition officielle. Et je reconnais
maintenant Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le Mois de l'autisme
Mme
Prass : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le
ministre responsable des Services sociaux, la députée de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, le député des Îles-de-la-Madeleine et la
députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 39e anniversaire du Mois de l'autisme
ayant comme thème Faisons briller l'autisme dans toute sa
diversité;
«Qu'elle
rappelle que sensibiliser la population est un travail important qui doit être
soutenu tous les jours, et ce, afin de briser les préjugés;
«Qu'elle
rappelle qu'une personne autiste a les mêmes droits que tout le monde et que sa
différence est un atout pour notre société, et non une contrainte;
«Qu'elle
reconnaisse que les besoins des personnes autistes et de leur famille sont
grands, et qu'il est important d'être mobilisé toute l'année pour les
soutenir;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance d'agir étant donné qu'au Québec, environ un enfant sur
68 reçoit un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme chaque année;
«Qu'elle
demande au gouvernement de poursuivre les investissements pour répondre à leurs
besoins immédiats;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement d'assurer un devoir d'exemplarité en matière
d'inclusion et de participation active des personnes autistes à notre
société.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, M. le Président. Il y a consentement
pour un débat de deux minutes par intervenant
dans l'ordre suivant : la députée de D'Arcy-McGee, le ministre responsable
des Services sociaux, la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques et le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait un débat de...
qu'il y ait quatre intervenants et que, pour chacune des interventions,
la durée soit limitée à deux minutes chacune.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme
Prass : ...M. le Président.
Avril est le mois de la sensibilisation de l'autisme, et le 2 avril a
marqué la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. Sous le thème
Faisons briller l'autisme dans toute sa diversité, c'est l'occasion pour nous de célébrer les innombrables contributions
des personnes autistes à nos familles et à nos communautés et de mettre
en lumière les obstacles systémiques à l'inclusion auxquelles les personnes
autistes sont confrontées quotidiennement.
En tant que
mère d'un jeune enfant lourdement atteint du trouble du spectre de l'autisme,
j'ai une compréhension personnelle
des défis auxquels nos enfants et nous-mêmes en tant que parents sont
confrontés par la société et pour accéder aux services dont nos enfants
ont besoin et méritent. Je connais la joie d'entendre mon fils de neuf ans
apprendre un nouveau mot et la douleur de le
voir incapable de participer à certaines activités. Je sais la force qu'il faut
aux parents d'un enfant atteint du TSA pour gérer leur réalité. Nos
enfants sont peut-être différents, mais ils n'en valent pas moins.
Nous pouvons penser que l'autisme est une
maladie rare et obscure, mais, au Québec, un enfant sur 68 sera diagnostiqué
avec un trouble du spectre de l'autisme, et ce nombre ne cesse d'augmenter. Le
trouble de l'autisme est un spectre, et les personnes qui sont atteintes le
manifestent de façon différente. Il y a ceux qui ont un haut niveau de fonctionnement et qui seront parmi ceux qui
mèneront la voie dans les sciences et la technologie et ceux qui dépendront de
leur famille tout au long de leur vie parce qu'ils ne seront pas capables de
vivre de façon autonome.
Que l'on se
rende compte ou non, nous avons tous été en contact avec des personnes
atteintes du spectre de l'autisme. Notre
obligation, en tant que société et en tant que parlementaires, est de veiller à
ce que chaque enfant et adulte, indépendamment
de ses capacités ou de ses antécédents, soit accepté pour ce qu'il est et
puisse mener une vie exempte de discrimination
et riche en opportunités. Il est important de souligner la nécessité
d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes du trouble du spectre de l'autisme afin
qu'elles puissent mener une vie pleine et significative en tant que membres
intégrants de notre société.
Ce que chaque parent souhaite le plus profondément pour ses enfants est qu'ils
soient acceptés pour qui ils sont,
qu'ils se sentent inclus et qu'on crée un monde où chaque membre de la
communauté du trouble du spectre de l'autisme puisse s'épanouir à son
plein potentiel. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. La prochaine intervention, je
reconnais M. le ministre des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci
beaucoup, M. le Président. Le Mois de l'autisme permet de mettre en lumière la
réalité vécue par les personnes présentant
un trouble du spectre de l'autisme et leurs proches mais surtout de célébrer la
neurodiversité. Les personnes présentant un trouble du spectre de l'autisme
sont des personnes uniques, et on doit s'assurer de leur favoriser
l'intégration ainsi que le développement de leur plein potentiel. Le soutien
qui leur est offert doit être présent de l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Ce
soutien est essentiel afin de leur permettre de briller et de participer
pleinement à notre société.
C'est
dans cette optique que nous avons déployé dans tout le Québec le programme
Agir tôt lors de notre premier mandat. Celui-ci permet un repérage
systématique lors du rendez-vous de vaccination de 18 mois des enfants et
ainsi le développement optimal de leur plein potentiel.
En
2021‑2022, c'est plus de 20 000 enfants qui ont été dépistés au
Québec, M. le Président, dont 7 500 pour un problème de socialisation. C'est aussi 700 professionnels qui ont
été engagés pour appuyer ces enfants : des psychoéducateurs, des orthophonistes, des éducateurs spécialisés,
des ergothérapeutes, des nutritionnistes, des physiothérapeutes, des
travailleuses sociales et des psychologues.
J'en
profite aussi pour souligner le travail admirable des intervenants du Québec
qui oeuvrent auprès des personnes présentant
un trouble du spectre de l'autisme et de leurs familles. Que ce soit dans le
réseau, dans les organismes communautaires, dans les écoles ou dès la petite
enfance, la contribution de tous et chacun est essentielle pour améliorer la
qualité de vie de ces personnes en plus de contribuer à démystifier l'autisme et
à combattre les préjugés.
Le
thème de l'autisme cette année, qui est Faisons briller l'autisme dans toute
sa diversité, est particulièrement bien choisi. C'est en effet l'occasion
parfaite pour nous tous de faire rayonner des personnes uniques qui méritent
d'être mises en lumière à tous les jours. Merci, Mme la Présidente.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Et je reconnais
maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. Et je cède la
parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Alors, c'est une belle motion à adopter ensemble aujourd'hui,
parce qu'effectivement les gens qui vivent
sur le spectre de l'autisme sont nos concitoyens, sont nos enfants, oui, mais
c'est aussi notre voisin, notre
voisine, des gens qui voient, en fait, la vie d'un autre oeil que les gens qui
ne sont pas... en fait, ils ont une neurodiversité, comme disait le
ministre de la Santé... des Services sociaux, qui... une richesse pour notre
société.
L'enjeu,
c'est que notre société n'est pas tout à fait construite pour les accueillir
tels qu'ils sont. Et ça, ça met une charge
terrible sur les épaules des parents, notamment quand les enfants sont loin sur
le spectre de l'autisme et qu'ils ont besoin d'avoir de l'accompagnement. Je
dis «enfants», mais c'est parfois un adulte, hein, parce qu'on le sait, les
parents, parfois jusqu'à l'âge de 80,
90 ans, doivent garder à la maison leur enfant, mais qui est un adulte
très avancé, parce que nos services, parce que nos soutiens en
habitation, en hébergement sont moins adaptés ou parfois pas adaptés.
• (15 heures) •
Je pense que les
familles méritent qu'on poursuive ce rêve collectif qu'on a, que ces gens-là
ont pleinement leur place dans notre
société. Qu'ils aient des troubles de comportement, ce n'est pas les salles
d'isolement qui va régler l'enjeu. S'ils ont un problème de déplacement,
ce n'est pas le transport adapté, complètement dysfonctionnel, qu'on a actuellement à travers le Québec, qui va les aider
à s'intégrer. Je pense qu'on leur doit ça, pas seulement de faire une motion
pour dire : Oui, c'est important, la
neurodiversité, ça nous renforce collectivement, mais surtout que,
collectivement, on fasse le choix de
dire à ces gens-là : Vous êtes des citoyens à part entière, et on va tout
faire pour que vous, votre famille, vos proches, vous sentiez que toute
la société du Québec vous accueille. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée. Et je reconnais
maintenant un membre du troisième groupe d'opposition, et je cède la
parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, M. le Président. Je suis heureux de prendre la parole au nom de
mon groupe parlementaire pour souligner le 39e anniversaire du Mois de
l'autisme. Le thème pour souligner le mois de l'autisme cette année est Faisons briller l'autisme dans toute sa diversité. M. le Président, on ne saurait mieux dire. En
effet, l'inclusion sociale de toutes
les personnes qui vivent sur le spectre de l'autisme est une richesse, un
atout. Il faut briser les tabous et les barrières, mettre fin à la
stigmatisation des personnes autistes.
Les personnes autistes et
leurs familles ont d'ailleurs des droits et des besoins tout aussi grands que
les autres personnes de notre société, qu'il
faut prendre en compte. Ils ont aussi et surtout une contribution à apporter à
la société, à chacune de nos communautés. Et c'est pour cette raison que je
salue l'engagement sincère de la Fédération québécoise de l'autisme et des 16 associations régionales
en autisme qui rendent visible la diversité autistique et qui nous rappellent
leurs besoins. Ils nous rappellent, à juste titre, de tenir compte de la
spécificité des personnes autistes, qu'il faut être attentifs, ouverts et à l'écoute. Ils nous rappellent aussi
que l'autisme peut prendre mille visages. Chacun a ses forces, chacun a ses
défis et chacun mérite surtout qu'on fasse les efforts nécessaires pour le
comprendre, l'inclure et lui garantir un traitement équitable.
J'aimerais
aussi souligner l'implication exceptionnelle des professionnels et des
intervenants qui oeuvrent auprès des personnes autistes et de leurs
familles. Vous faites une différence immense.
Aux familles
des personnes autistes, nous entendons votre message. Il faut investir
davantage pour répondre à vos besoins immédiats, il faut vous donner du
soutien et du répit. C'est notre engagement. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Alors, nous
allons maintenant poursuivre avec la prochaine motion. Et je reconnais un
membre du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
Déplorer
la montée des propos haineux et discriminatoires
envers les personnes de la communauté LGBTQI2S+
dans la sphère publique québécoise
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec la
ministre responsable de la Condition féminine, la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que les drag-queens ne devraient, en aucune
circonstance, faire face à des insultes violentes, à de l'intolérance et
à de la haine pour leur participation à la lecture de contes pour enfants;
«Qu'elle
reconnaisse que le fait d'exposer les enfants à la différence contribue à faire
du Québec un exemple [d'égalité] et [d'équité] pour les communautés de
la pluralité de genre à travers le monde;
«Qu'elle
déplore la montée des propos haineux et discriminatoires envers les personnes
de la communauté LGBTQI2S+ dans la sphère publique québécoise.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, il y a
consentement, sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Une fois que ce sera
adopté, je demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, le vote par appel nominal est demandé.
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont),
M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke),
M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
M. Grandmont (Taschereau).
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette
(Sanguinet), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby),
Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours
(Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères), M. Julien
(Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé (La Prairie),
Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski),
M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Duranceau (Bertrand),
M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard
(Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), M. Provençal (Beauce-Nord),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme),
M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin
(Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges),
M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin (Vanier-Les Rivières),
Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel),
M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe
(Ungava), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Lemay (Masson), M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny
(René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin
(Rousseau), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont),
Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte),
M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme Rizqy (Saint-Laurent), Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan
Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin
(Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. St-Pierre Plamondon
(Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever. Y a-t-il des abstentions? Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Cette
motion est adoptée. Oui, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Merci,
M. le Président. Est-ce qu'on pourrait envoyer copie de cette motion à Barbada,
à la ville de Sainte-Catherine et au Conseil québécois LGBT? Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
Je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition.
Y a-t-il un député qui veut déposer une motion? Oui. Donc, je suis prêt
à reconnaître M. le chef du troisième groupe d'opposition, pour votre motion.
M. St-Pierre Plamondon : Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de
Marguerite-Bourgeoys, le député de Maurice-Richard et la députée de Vaudreuil,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les Québécois et les Québécoises font
face à une hausse très importante du coût de la vie, incluant une
nouvelle hausse des tarifs d'électricité à partir du 1er avril 2023;
«Qu'elle
souligne par ailleurs qu'Hydro-Québec a empoché cette année des profits records
de 4,55 milliards de dollars pour l'année 2022, notamment
grâce au projet de loi n° 34, qui devait pourtant faire économiser les
Québécois;
«Par
conséquent, que l'Assemblée nationale exige du gouvernement qu'il respecte son
engagement électoral et qu'il
rembourse, en totalité, la somme de 1,5 milliard de dollars facturée
en trop, entre 2005 et 2017, aux abonnés d'Hydro-Québec.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre
du groupe formant le gouvernement, et je reconnais M. le ministre de la Santé.
Souligner le Mois de la jonquille
M. Dubé : Merci
beaucoup, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Pontiac, le député de Rosemont, le député des
Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'environ deux Québécois sur cinq recevront
un diagnostic de cancer au cours de leur vie;
«Qu'elle
reconnaisse que plusieurs Québécois sont directement touchés par le cancer et
sont solidaires de tous ceux et celles qui connaissent ou [qui] ont
connu la maladie;
«Qu'elle souligne que
la campagne de la jonquille permet de recueillir des fonds pour investir dans
des projets de recherche qui changeront
l'avenir de la lutte au cancer et permet de développer un réseau d'aide qui
améliore la vie des personnes atteintes de cancer;
«Qu'elle
prenne acte que la jonquille est un symbole de force, de courage et de vie pour
les personnes atteintes de cancer et qu'elle rallie les communautés en les
incitant à faire du bénévolat et à donner à la Société canadienne du cancer;
«Que
l'Assemblée nationale du Québec encourage tous les Québécoises et Québécois à
poser un geste significatif pour les
personnes touchées par le cancer à l'occasion de la campagne de la jonquille de
la Société canadienne du cancer; finalement
«Que
l'Assemblée nationale du Québec reconnaisse le mois d'avril comme le mois de la
Jonquille et de la sensibilisation au cancer.»
Merci beaucoup, M. le Président.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il y a
consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Consentement,
sans débat. Et est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Alors, maintenant, pour la suite de nos
travaux, je vais céder la place à la première vice-présidente de
l'Assemblée nationale. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
monsieur...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste
sortir...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Excusez-moi! Vous savez que vous devez quitter en
silence, s'il vous plaît. Je vais céder la parole au leader du
gouvernement et j'aimerais bien l'entendre.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, Mme
la Présidente. Donc, j'avise cette Assemblée que, conformément à l'article 275 du règlement, la Commission des
finances publiques poursuivra le débat sur le budget, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Pauline-Marois;
La Commission
des institutions poursuivra les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à aider à retrouver des personnes
disparues, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions, pour une durée de
4 h 5 min, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission
de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 10, Loi
limitant le recours aux services
d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante
dans le secteur de la santé et des
services sociaux, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux de
commissions? Consentement.
Donc,
concernant l'avis de la présidence, pour ma part, je vous avise que la
Commission de l'aménagement du territoire
se réunira en séance de travail le mercredi 5 avril 2023, de 8 heures
à 8 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant l'atténuation des nuisances
sonores de l'Esplanade du Parc olympique.
De plus, la
Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance de travail le
mercredi 5 avril 2023, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, de 8 heures à 8 h 30, afin de statuer sur
la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur la langue
française au collégial; de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant
sur la construction d'une école secondaire à Val-des-Monts.
Maintenant,
nous poursuivons aux avis touchant les travaux des commissions. Enfin, je vous
avise que la Commission de la santé
et des services sociaux se réunira en séance de travail le
mercredi 5 avril 2023, de 8 heures à 8 h 30, à la
salle Marie-Claire-Kirkland, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
concernant l'augmentation de la compensation financière aux ressources
de type familial à l'adulte pour contrer l'inflation.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Maintenant, poursuivons à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par les
députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
Rosemont. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que la mission fondamentale des centres
locaux de services communautaires inclut
la prestation de services à la population locale en fonction de leurs besoins
dans leur milieu de vie, à l'école, au travail ou à domicile;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de maintenir l'intégralité de la
mission actuelle des CLSC dans le projet de loi n° 15, notamment la
responsabilité populationnelle.»
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et je cède la parole à M. le leader du
gouvernement pour nous indiquer la suite des travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 11
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : À l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée reprend le
débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin
de vie et d'autres dispositions législatives. Y a-t-il des interventions sur le projet de loi n° 11? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis, je vous cède la parole.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. À mon
tour d'intervenir sur le projet de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins
de fin de vie et d'autres dispositions législatives.
D'emblée,
Mme la Présidente, je dois dire que c'est avec une grande fierté que je porte
ce dossier pour ma formation politique.
Et j'ai la chance d'être accompagnée par deux collègues extraordinaires en
commission parlementaire, la députée de
La Pinière et la députée de D'Arcy-McGee, toutes les deux qui amènent une perspective très
importante, très intéressante, très enrichissante à nos échanges que
nous avons déjà en audition, que nous avons eu pour la commission parlementaire
pour débuter le débat pour le projet de loi n° 11.
Je veux également
remercier la ministre et les collègues ainsi que la présidente de notre
commission pour les échanges puis les questions qui sont très très importantes,
qui amènent une réflexion profonde en ce qui concerne des enjeux qui sont, comme vous pourriez constater,
Mme la Présidente, très humains, souvent très difficiles à faire un débat.
C'est très émotionnel. Nous avons entendu
des témoignages très émotionnels, très touchants. Quand on parle de la question
de vie, on parle évidemment la question de
mort, et ici on fait vraiment l'inverse. Alors, j'avoue, Mme la Présidente,
qu'il y a des moments, en commission
parlementaire, en entendant les auditions et les témoignages, et en lire aussi
les mémoires qui ont été déposés, que c'est très émouvant.
Alors,
je me sens vraiment chanceuse d'être entourée par une commission qui est
entièrement féminine. Alors, ça aussi,
Mme la Présidente, il faut dire que ce n'est pas la première fois pour moi de
participer dans une commission où c'est entièrement féminin autour de la
table. Mais je dirais que... en anglais, je dirais : «When you... add
women, change politics.» Puis je pense qu'on
voit beaucoup ça dans notre commission, où on fait très attention de faire un
travail le plus possible qui est transpartisan pour faire l'évolution de
ce débat de société.
Au moment qu'une loi
est déposée, puis je le dis souvent et régulièrement, Mme la Présidente, Lise
Thériault, l'ancienne députée d'Anjou—Louis-Riel,
m'avait dit : Au moment qu'une loi est déposée en commission, c'est
rendu... ce n'est plus la loi qui
appartient au gouvernement, c'est la loi qui appartient maintenant à la société
civile. Alors, c'est une loi qui appartient maintenant aux citoyennes et aux
citoyens du Québec. Alors, on a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de courriels. On a eu beaucoup de mémoires. On a eu
des auditions très fructueuses. Je reçois probablement, comme la majorité
de mes collègues qui siègent dans cette
commission, beaucoup de courriels, beaucoup de demandes de mon propre comté,
à Westmount—Saint-Louis. Il y a des gens qui sont préoccupés. Il faut le démystifier. Il faut
avoir le courage d'avoir une conversation
transparente en ce qui concerne l'aide médicale à mourir, parce que, je dirais,
ce qui est important et mérite qu'on jase profondément puis qu'on vide la
question, c'est qu'on ne parle plus, maintenant, de fin de vie, le critère
de fin de vie n'est plus dans cette loi.
Alors, le premier amendement qu'on devrait même penser, c'est le titre de la
loi, parce que soins de fin de vie
n'est plus un critère. On est rendus qu'on est plus dans l'état, on est
maintenant dans la maladie. Alors, c'est
vraiment aide médicale à mourir quand on peut penser à un continuum de soins.
Alors, nous devons, je pense, changer un peu notre façon de voir ceci.
Puis
le Québec a quand même une longue histoire en ce qui concerne... soins de fin
de vie, l'aide médicale à mourir. C'est
un débat qui a commencé pour nous en 2009, un débat qui était mené et où nous
avons eu beaucoup de reconnaissance, surtout
à une ancienne collègue, Véronique Hivon, qui a porté le dossier, quand elle
était ministre, à l'époque, aussi avec une grande justesse, avec
énormément d'humanité et de compassion. Et je pense que ça a quand même forgé
le chemin pour nous de continuer ce débat.
• (15 h 20) •
Et pourquoi nous
avons une responsabilité de continuer à faire le débat et à avoir des
discussions qui sont transparentes, où on
tend la main à la population aussi pour nous aider à voir où nous souhaitons y
aller, en ce qui concerne cette loi?
C'est parce qu'on est aussi poussés un peu par ce qui se passe au niveau du
cadre juridique fédéral. Ce n'est pas anodin,
c'est très important. On a nos professionnels dans le milieu de la santé qui se
retrouvent entre deux lois qui ne sont pas en accord. Alors, il faut
vraiment penser à qu'est-ce que nous devons faire là-dessus.
Et
je dis tout ça, Mme la Présidente, je l'ai dit quelques fois en commission
parlementaire, oui, nous devons voir qu'est-ce
qu'on fait au niveau fédéral puis peut-être qu'est-ce qu'on fait dans les
autres provinces. Puis, malgré que je pense que c'est important de voir c'est quoi, la météo à travers le Canada, ça
reste que, s'il pleut en Ontario, au Manitoba, ça ne veut pas dire que je vais lever mon parapluie ici,
au Québec. Alors, important de vérifier, puis de voir, puis peut-être de
s'inspirer, mais nous avons une
responsabilité d'adopter une loi et de poursuivre avec un débat de cette loi en
particulier qui est la réflexion de notre société québécoise. Alors, ça,
c'est très important.
J'ai aussi eu
la chance, dans le passé, d'être demandée de siéger sur la commission spéciale,
qui a fait des travaux extraordinaires, des travaux extraordinaires pendant
neuf mois. On a entendu plusieurs groupes, plusieurs heures en commission parlementaire. On a fait un débat en ce
qui concerne l'accessibilité à l'aide médicale à mourir pour les personnes
qui souffrent des troubles mentaux. On a
parlé d'une demande anticipée. On a parlé beaucoup de qu'est-ce que nous devons
faire en termes d'évolution de cette loi.
Mais ce que nous n'avons pas fait, Mme la Présidente, c'est d'avoir un débat en
ce qui concerne l'application de
l'aide médicale à mourir pour une personne en situation de handicap, puis on
n'a pas parlé de définition de ceci.
Nous n'avons pas abrogé ce sujet du tout, tellement qu'à la fin de la dernière
législature, le mois de mai, quand le
ministre de la Santé, à cette époque, avait déposé sa loi n° 38, tout de suite, parce qu'il avait inclus la notion de handicap dans cette loi... Puis je comprends
pourquoi qu'il l'a fait. Encore une fois, je reviens à qu'est-ce qui se passe
au niveau fédéral, au niveau fédéral on inclut la notion, maintenant, de
handicap, on inclut aussi la notion de troubles mentaux. Alors, le ministre, à cette époque-là, avait dit : Bien,
nous, on va commencer, on va faire suivre, on va harmoniser avec la loi fédérale. Mais, parce que nous n'avons
jamais fait un débat, nous n'avons jamais vidé la question, nous n'avons
jamais parlé de définition de ceci. Écoute, dans la revue de presse, tout le
monde autour de la table, on a dit : Attends, minute, on va trop vite, il faut prendre le temps. Et on avait très peu
de temps, à la fin de cette législature, de faire un débat en ce qui
concerne l'évolution de soins de fin de vie ou l'aide médicale à mourir. Alors,
cette loi est morte au feuilleton.
Et la ministre responsable des Personnes aînées
et Proches aidants, elle est ministre déléguée, elle est revenue à la charge avec une nouvelle loi qui est une
nette amélioration de ce que nous avons vu dans le projet de loi n° 38. Et
je ne suis pas la seule à remarquer,
plusieurs personnes qui sont venues témoigner lors de nos auditions l'ont aussi
fait mention, que c'est une loi qui
répond mieux aux besoins, aux préoccupations que nous avons entendues l'année
passée. Alors, je suis contente de voir cette évolution.
C'est
important d'évoluer, c'est important, comme élus, surtout quand on parle d'une
loi où on traite un sujet qui est si
sensible, si humain, d'être à l'écoute des préoccupations que nous avons
entendues des gens sur le terrain, des experts, des regroupements qui représentent toutes les personnes concernées très
importantes. Alors, je suis contente de voir une évolution de cette loi puis je
pense qu'il faut donner les éloges où ils sont. Puis je veux remercier la
ministre et son équipe pour cette
évolution. Ça reste qu'évidemment je suis députée de l'opposition, Mme la
Présidente, je vois comment nous pouvons aussi améliorer ce projet de loi, mais
je donne ma parole que tous les amendements, tout ce que nous allons
faire suite à l'adoption du principe de cette loi sera fait main en main avec
les membres de la communauté, avec toutes les personnes qui souhaitent
s'exprimer en ce qui concerne cette loi, encore une fois, que je réitère, est
très humaine.
Alors, ce que
nous avons entendu dernièrement, Mme la Présidente, lors des consultations,
sept jours de consultations... Et,
depuis que je suis une élue, Mme la Présidente, c'est rare que je participe
dans une commission ou dans une loi
où on a une consultation aussi large. Je pense, dans le fond, avec beaucoup de
respect, que ça devrait être la norme et pas l'exception, mais ça reste
que je pense que c'était vraiment nécessaire. Alors, sept jours de
consultations, quand même rare aujourd'hui,
depuis ce gouvernement est au pouvoir. Alors, je lance une perche pour voir, si
quelqu'un écoute, si on peut faire ça
d'une façon régulière. Ce serait bien, parce que ça nous aide, comme élus,
quand on saute à la prochaine étape
d'une loi : on est mieux armés, on a plus d'informations. C'est une façon
plus transparente, aussi, d'incorporer la voix de la population, de notre société civile en ce qui concerne la façon
qu'ils pensent que nous, nous devons porter leur voix.
Alors, sept jours de consultations,
62 mémoires déposés à date, ça se peut qu'il y en ait d'autres qui ont
rentré aujourd'hui, Mme la Présidente,
plusieurs commentaires, je suis rendue à 130, de lecture. Alors, merci à tout
le monde qui a envoyé des messages
pour nous, comme membres de cette commission. Sachez qu'il y a des gens qui
lisent ces messages, qui... C'est
essentiel que vous continuiez à partager votre vision, vos opinions en ce qui
concerne cette loi. Ce n'est pas parce que vous ne faites pas partie,
par exemple, d'un ordre ou d'un organisme qu'on n'est pas à l'écoute de ce que vous, vous désirez voir à l'intérieur de cette
loi, que vous êtes contre, que vous êtes pour. On comprend que c'est une loi
qui va engendrer un débat puis que ça va
être difficile d'avoir un consensus parce qu'encore une fois on parle des
valeurs très personnelles quand on parle de l'aide médicale à mourir.
C'est une loi de 55 articles, alors c'est
une loi, je dirais, en moyenne grandeur, ce n'est pas une grosse, grosse loi
comme nous avons vu, avec 1 100 articles, dans... pour l'avancement
du réseau de santé, pour avoir Santé Québec, mais
55 articles que chacun, entre eux, sera étudié avec beaucoup de soin.
C'est une loi qui va modifier plusieurs autres lois, Mme la
Présidente : le Code civil du Québec, la Loi sur les infirmières et les
infirmiers, la Loi médicale, la Loi sur les coroners, la Loi sur la santé
publique, la Loi concernant les soins de fin de vie.
Puis je mentionne ceci, Mme la Présidente, parce
que j'avais une question que j'avais posée lors des auditions. On avait entendu un témoignage très percutant,
très touchant d'une personne en situation de handicap qui approche sa fin
de vie, et j'avais posé la question par
rapport à des assurances. Alors, je lance ça dans les ondes, je pense que ça va
être important qu'on regarde qu'est-ce que nous allons faire en ce qui
concerne le traitement des assurances et des assureurs pour les personnes qui font une demande anticipée, par exemple, d'avoir
accès à un soin de fin de vie. Est-ce que ça, ça va engendrer une différence en ce qui concerne la
façon que cette personne est couverte, ou pour les déboursements, ou le
remboursement des frais, par exemple? Alors, ça va être important de voir si on
a autres lois qui devront être modifiées.
Les
statistiques... Parce que je pense que c'est important que la population puis
les gens qui nous écoutent comprennent c'est quoi, le portrait de l'aide
médicale à mourir, parce que, malgré qu'on a fait beaucoup d'avancées ici, au
Québec, puis on est
connus comme les gens qui sont avant-gardistes en ce qui concerne cette
question, encore une fois, très humaine, on est aussi reconnus comme la province puis l'endroit au monde où les
gens ont reçu le plus de demandes d'avoir l'accès à l'aide médicale à
mourir. Alors, entre décembre 2015 et la fin mars 2021, environ
7 000 personnes ont reçu l'aide médicale
à mourir au Québec. Il y a plusieurs façons que nous pourrions voir ça, on peut
voir ça comme un échec, parce que je
vais aussi traiter l'aide médicale à vivre puis l'accès aux soins, il faut
mieux comprendre pourquoi autant de personnes ont fait une demande pour avoir l'accès, ou nous pouvons aussi voir ça
comme une évolution puis une réussite, parce qu'on voit comment que notre société a évolué pour
prendre soin des personnes qui sont en train de souffrir. Parce que la
souffrance, Mme la Présidente, c'est
très subjectif. Ce n'est pas objectif, c'est subjectif, puis la souffrance de
chaque collègue ici variera. On ne peut pas dire que la souffrance de personne
A va sembler à la souffrance de personne B. Alors, il faut être conscient de
ceci.
Ça représente, quand même, 3,3 % des décès
survenus au Québec entre cette période et entre... seulement entre avril 2021 et mars 2022, où nous avons
aussi vu une évolution, encore une fois. Il y a un petit article qui a été
adopté, lors d'un débat d'une autre
loi, qui disait que ce n'était plus nécessaire de faire une deuxième
confirmation, que la personne qui est
en fin de vie doit reconfirmer sa demande de vouloir avoir accès à l'aide
médicale à mourir. Alors, on a vu, quand même, une croissance de
5,1 % de décès.
• (15 h 30) •
Les données
disponibles, en ce qui concerne aussi les statistiques, c'est presque 50-50,
les demandes, entre hommes et
femmes : 53 % des hommes, 47 % des femmes. L'âge moyen des gens
qui demandent d'avoir accès et qui ont eu accès à l'aide médicale à mourir, c'est 73 ans. C'est jeune. C'est jeune.
Ça fait que ça fait la démonstration qu'on a une responsabilité. Ce n'est pas juste pour nos personnes qui sont
dans une situation d'âge avancé, ça représente plusieurs paliers d'âge. La
majorité des personnes qui ont fait la
demande, les causes, 74 %, c'est parce qu'ils souffrent d'un cancer,
9 %, une maladie neurodégénérative, 6 %, les maladies
pulmonaires, 5 %, les maladies cardiaques ou vasculaires. La vaste
majorité des personnes ont attendu la phase
terminale de leur maladie : 74 % avaient moins de trois mois à vivre,
86 % avaient moins de six mois à vivre et 99 % avaient moins
d'un an à vivre.
Je pense que
c'est important d'avoir un portrait parce que, maintenant, nous allons évoluer,
nous sommes en train d'évoluer avec
le projet de loi n° 11. Le projet de loi n° 11 va vastement changer
ces statistiques, peut-être pas en ce qui concerne la différence et le
pourcentage entre hommes et femmes, mais le portrait de qui fera une demande.
L'âge des gens qui feront une demande, ça,
ça va vraiment changer, puis aussi les catégories, ça va évoluer. Alors,
pourquoi? Parce qu'on inclut dans
cette loi la notion de handicap neurodégénératif. Alors, ça, c'est important de
l'adresser, mais ça va prendre plus de temps pour l'adresser.
Ça fait que
je souhaite aussi vider un peu la question puis faire le survol des autres enjeux
en ce qui concerne l'aide médicale à mourir dans cette loi. C'est
administré principalement dans nos hôpitaux. Il y a 27 % des gens qui
reçoivent l'aide médicale à mourir à
domicile, 9 % dans nos CHSLD. Alors, ce n'est pas anodin, Mme la
Présidente. Il faut parler de comment
nous souhaitons poursuivre l'administration, parce qu'il y a aussi un angle des
maisons des soins palliatifs, alors...
Mais, avant
de poursuivre, je pense que c'est important, Mme la Présidente, que les gens
comprennent que, malgré que c'est une loi qui propose une avancée en ce qui
concerne une accessibilité, ce n'est pas un bar ouvert, ce n'est pas
parce que les gens font une demande que ça va être vite de même, que vous
pourriez être accessibles. Il y aura un processus derrière ça. Nous allons faire un débat en ce qui concerne le processus,
un guide de pratiques : Comment voyons-nous cette évolution?
Comment pouvons-nous protéger les personnes en situation de vulnérabilité? Il
faut avoir énormément de compassion et
trouver un consensus, si nous pouvions, parce qu'à quelque part il faut avoir
énormément de respect pour l'autodétermination des personnes.
Et je dis ça
parce qu'il y a des personnes, c'est... On a parlé du Mois de l'autisme, etc.
En particulier aujourd'hui, en cette
Chambre, nous avons adopté une motion à l'unanimité. Mais ça se peut qu'une
personne qui souffre d'une déficience intellectuelle
ou qui vit avec le spectre de l'autisme pourrait consentir à des soins... puis
autres personnes qui se retrouvent en situation de difficulté. Le
respect de l'autonomie, le droit de choisir, de vivre en dignité et de
poursuivre leur décès en dignité aussi est
très important. Ça fait que l'autonomie. Il faut... Puis, je mentionne,
avec les paroles que je viens de dire,
l'aptitude, et l'inaptitude, est aussi une considération qui est très
importante. Alors, il faut toujours garder en tête la notion d'aptitude
et inaptitude.
On a beaucoup entendu des groupes comme la
société d'Alzheimer, par exemple, puis, lors de la commission spéciale, Sandra DeMontigny, par exemple, qui nous
a beaucoup éclairés en ce qui concerne la notion d'aptitude, inaptitude,
s'il y a une personne qui souffre d'alzheimer ou qui a eu un diagnostic précoce,
par exemple. C'est à ce moment-là que la personne est apte qu'elle ou lui pourrait prendre une décision de
l'autodéterminer, comment eux, ils souhaitent poursuivre le restant de leurs jours. Alors, quand nous
sommes aptes à consentir à un soin, c'est essentiel, c'est très important. Puis
on ne peut pas déléguer ce choix, ces
décisions à une autre personne. Ça ne peut pas être une représentation. Il faut
que ce soit la personne concernée.
Alors, il
faut adapter notre modèle, la façon que nous allons poursuivre, puis parler de
comment ces soins... parce que ça reste
que c'est un soin dans un continuum de soins pour une personne qui souffre,
comment ce sera partagé, pour assurer
une compréhension des personnes qui feront une demande, surtout quand on parle
des demandes anticipées. Les demandes anticipées engendrent beaucoup de
débats dans nos auditions : la façon que ce sera fait, le formulaire.
Puis, je réitère, j'ai posé la question à
maintes reprises en commission, je pense qu'on mérite de voir ce formulaire, je
pense que le mérite... le formulaire ne devrait pas être quelque chose qui est
fait après la loi, qu'on a terminé de faire un débat. Ça va être
important qu'on voie ça avant, pour donner la chance aux groupes de s'exprimer,
les experts à s'exprimer là-dessus, les usagers à s'exprimer comment eux, ils
voient l'utilisation de ce formulaire pour une demande anticipée.
On a demandé
plusieurs questions : Est-ce que ça devrait être notarié? Est-ce que c'est
quelque chose qui devrait se faire
avec un avocat? Est-ce que c'est un document qui devrait être rempli avec notre
professionnel de la santé, avec un tiers de confiance
avec nous? Est-ce que le tiers de confiance devrait être un membre de la
famille ou non? Est-ce que nous devons se méfier d'une influence indue, parce
qu'eux, c'est un membre de la famille? Comment devons-nous voir ça? Présentement, dans la loi, par exemple, le tiers
de confiance, c'est facultatif. Il y a des questions, si nous devons mettre ça
comme une obligation, parce que ça reste que, si on a un membre de la famille
qui nous accompagne dans ce processus, ça prend quelqu'un qui va lever le drapeau pour dire : Je pense qu'on
est au moment de déclencher la demande qui était entamée par mon être cher, la personne pour qui je suis
responsable. Alors, nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions.
Puis aussi de
reconnaître la différence entre une demande anticipée d'avoir accès à l'aide
médicale à mourir puis une directive
médicale anticipée, qui n'est pas la même chose. Mais ça reste qu'il va falloir
qu'on évolue aussi dans un débat en ce
qui concerne ceci, parce que ça reste que, maintenant, une... Quelqu'un, par
exemple, qui a un accident d'automobile, qui a rempli une directive médicale anticipée, est-ce que nous devons
donner accès à écrire, dans cette DMA, une demande d'avoir accès à l'aide médicale à mourir, étant
donné qu'on ne connaît pas la réalité de qu'est-ce qui va arriver si c'est une
personne qui tombe dans un coma ou qui sera
handicapée, qui ne pourra pas s'exprimer pour eux-mêmes? Mais, pour eux,
ce n'est pas une vie de vivre de cette
façon-là. C'est pour ça qu'ils ont rempli une directive médicale anticipée.
Mais est-ce que nous devons ouvrir le
processus puis la procédure pour donner un accès à cette personne, étant donné
qu'on n'a pas eu un consentement, on n'a pas pu... Il y a une différence
entre une souffrance contemporaine et anticipée. Comment faire le pont entre les deux pour s'assurer que tout le
monde a accès... les mêmes droits, les mêmes privilèges ou les mêmes soins
que les autres? Alors, il faut penser à ceci.
On a entendu,
puis avec beaucoup de justesse... puis c'était reconnu par plusieurs collègues,
l'accès aux soins. Le manque d'accès
aux soins, Mme la Présidente, ça ne peut pas être une raison pour laquelle une
personne fait une demande d'avoir
accès à l'aide médicale à mourir. On a entendu le cri du coeur, puis je pense
qu'on a tous été très émotionnels puis touchés par les témoignages que
nous avons entendus. Il faut faire très attention en ce qui concerne le message
qu'on envoie aux personnes en situation de
handicap quand on parle d'un élargissement d'accès à l'aide médicale à mourir,
hein, parce qu'on ne veut pas, sous
aucune circonstance, leur faire penser que leur vie ne mérite pas d'être...
vivre. C'est important de dire que
c'est un choix individuel, c'est l'autonomie de la personne. Puis, encore une
fois, je réitère que la souffrance est très personnelle, c'est très subjectif.
Mais ça reste que l'accès aux soins... Parce que c'était soulevé à maintes
reprises, on a un système de santé qui a besoin d'amour, on a un système de
santé qui, malheureusement, ne rejoint pas les besoins, surtout des personnes en situation de handicap, et non
seulement le système de santé, mais aussi quand on parle de services sociaux,
quand on parle de l'accès au transport, quand on parle d'accessibilité.
• (15 h 40) •
Vivre leur
vie pleinement, c'est une réalité qui... c'est leur droit puis c'est quelque
chose que nous devons prôner. Nous
devons avoir une écoute à ceci. Je pense que tout le monde ici, dans cette
salle, pourront s'imaginer si tu n'avais plus de qualité de vie parce que tu n'avais pas accès à ce que tu aimes, à
une vie sociale, possibilité de vivre... Je pense que la majorité d'entre nous, on aurait une deuxième
question ou un doute : Est-ce que je souhaite continuer à vivre? Parce
qu'il faut dire que ce n'est pas
uniquement la souffrance physique qui compte, il y a aussi la souffrance
psychique qui compte dans une telle
évaluation. Alors, il faut s'assurer qu'on a un accès aux soins, pour avoir de
l'aide, pour vivre, pour les personnes en situation de handicap. Alors,
aide médicale à vivre, c'est quelque chose que nous devons prôner.
Puis j'espère
qu'on va voir un amendement, lors de la prochaine étape de cette loi, qui va
prendre en considération ce critère,
alors que ce serait clair et identifié qu'on devrait... Ce que nous devons
faire, c'est de s'assurer que toute la population a accès à tous les soins possibles avant d'arriver
à même faire une demande de l'aide médicale à mourir puis qu'on aura tout fait avant de même aborder le sujet avec un
patient ou une patiente. Parce qu'on a entendu, puis ça m'a fait... Dans le
fond, j'ai des cheveux frisés, mais, cette
journée-là, ça m'a fait friser les cheveux, Mme la Présidente. C'est des
personnes en situation de handicap
qui nous ont dit qu'ils se sont fait offrir l'aide médicale à mourir
arbitrairement parce qu'eux, ils sont
rendus à un point dans leur vie... pas parce qu'ils souffraient physiquement
mais psychiquement, parce qu'il y avait un manque de possibilité pour
eux de vivre pleinement. Alors, leur environnement était très, très, très
difficile. Alors, au lieu de tendre la main
pour dire : Que pouvons-nous faire pour vous aider à vivre votre vie
pleinement?, c'est une drôle de façon
de dire que nous allons accompagner ces personnes. Alors, il faut revoir ceci
pour s'assurer qu'on envoie un message de
vie et non de mort et pour dire que, d'avoir accès à l'aide médicale à mourir,
bien, on souhaite que ce soit vraiment un dernier recours puis qu'on
aura tout fait, comme société, pour accompagner ces personnes.
Les troubles
mentaux ne font pas partie de cette loi. Et je fais un petit bémol, Mme la
Présidente, en ce qui concerne ceci.
Oui, comme j'ai mentionné, j'ai fait partie de la commission spéciale, puis,
oui, nous avons dit : Notre recommandation, c'est de ne pas poursuivre avec l'application de l'aide médicale à
mourir pour les personnes qui souffrent d'un problème, d'un trouble mental. Pourquoi? Parce qu'il n'y
avait vraiment pas une acceptabilité, on n'avait pas de consensus. Parce que
ce qu'on a entendu, c'est : Les
troubles mentaux, les soins pour accompagner ces personnes, c'est en constante
évolution. Alors, on a entendu des témoignages des personnes qui
souffrent d'un problème de trouble mental, par exemple, qui ont dit : Voilà 20 ans, si j'étais
éligible, bien, c'est sûr, j'aurais levé la main pour dire : Bien, je
souhaite avoir un accès. Mais, 20 ans
plus tard, ils ont trouvé la bonne molécule, puis la bonne formulation de soin,
puis de l'accompagnement, puis là je suis
mariée, j'ai des enfants puis je me sens bien, puis je suis contente que je
n'ai pas poursuivi, évidemment, avec ce désir de vouloir prendre ma vie.
Mais ça reste
que je pourrais dire la même chose avec n'importe quel soin. Ça fait qu'une
personne, encore une fois, qui a peut-être, malheureusement, eu un accident
d'automobile, qui devient quadriplégique, qui n'a plus la possibilité d'utiliser ses jambes, puis, après une certaine
période de rétablissement, que ce soit un an, deux ans, cinq ans... parce
que, ça aussi, on n'a pas de consensus combien de temps après un tel accident
qu'une personne se retrouve en situation de handicap devons-nous être en mesure
de l'offrir, l'aide médicale à mourir, si c'est ça que la personne souhaite.
Comment encadrer ceci? Parce que ça
se peut que... Comme par exemple, est-ce qu'on dit que cette personne qui
souffre parce qu'il n'a pas... lui, il n'a pas l'utilisation de ses jambes, est-ce que c'est
une personne qui souffre autant qu'une personne qui a perdu l'usage de
ses bras, par exemple?
Alors, les
détails vont être très importants, mais ça reste que, dans une situation de
même, pour faire la comparaison avec troubles mentaux, le réseau de santé
évolue constamment. Alors, de dire que, les troubles mentaux, bien, c'est
parce que c'est en constante évolution...
Puis, peut-être, on comprend moins qu'est-ce qui se passe quand on parle de la
neurodivergence puis les problèmes de santé mentale, mais ça reste que,
même pour toutes les autres difficultés que nous
faisons face, on est en constante évolution. Ça fait que je trouve que c'est un
argument qui ne tient pas autant la route. Mais j'entends.
Puis la
raison que je le soulève, Mme la Présidente, c'est parce que, oui, à quelque
part, cette loi est déposée pour harmoniser
avec le cadre législatif au niveau fédéral, mais, au niveau fédéral, ils ont
adopté une loi pour retarder la notion de troubles mentaux. Mais, les troubles
mentaux, ce sera en vigueur dans un an au niveau fédéral, alors on va faire face
à un retard ici. Et présentement cette loi
ne prend pas en considération les personnes qui vivent avec un trouble mental
qui souhaitent avoir l'accès à l'aide
médicale à mourir. Alors, je questionne comment nous pouvons l'aborder dans
cette loi. Ou bien est-ce que ça veut
dire que nous allons revenir dans un an pour adopter une nouvelle mouture
de la loi, une autre évolution de cette loi, parce que ça reste que nous
allons être confrontés avec ce problème?
Puis ce n'est
pas la seule difficulté dont nous faisions face en commission, quand on parle
des débats, puis les débats qui sont très riches et très importants. Quand on
parle des troubles neurocognitifs, aussi, comme par exemple un alzheimer,
il faut encore une fois vider la question
puis s'assurer que, si c'est parce qu'on fait une demande anticipée, un
accompagnement de la personne qui fera la demande... Que faisons-nous avec une
démence heureuse, par exemple? Parce que ça arrive. Puis il faut accompagner nos professionnels dans le
réseau de santé, ceux qui vont administrer l'aide médicale à mourir, pour
qu'eux, ils puissent faire leur rôle
pleinement, avec beaucoup de compassion, accompagner non seulement la personne
concernée, mais la famille.
On peut imaginer que, dans ma demande anticipée,
je rentre plusieurs critères : quand je serai incontinente, quand je ne reconnais plus les membres de ma
famille, quand je ne comprends plus comment je devrais me nourrir, et ce,
même si je suis en train de vivre une
démence heureuse, alors je donne l'impression que je suis heureuse malgré que
je rejoins tous ces autres critères,
ce n'est plus moi, je ne souhaite pas vivre, pour moi, ça, ce n'est pas vivre.
Il faut que ce soit clairement
indiqué. Il y a des gens qui nous ont dit que peut-être c'est des choses que
nous pourrions faire par vidéo, un témoignage par vidéo, pour que ce
soit vraiment clair.
On a entendu
les omnipraticiens qui nous ont demandé... Parce que, souvent, une personne qui
est rendue à cette étape-là va
peut-être refuser de poursuivre. Ça fait que la notion de refus aussi, il faut
vider la question. Parce qu'actuellement, dans la loi, c'était écrit : Un refus devrait être reconnu, puis, à
chaque fois qu'une personne change d'avis, ce sera reconnu. On a le droit de changer d'opinion, surtout en ce
qui concerne l'aide médicale à mourir, mais il y a une différence entre un
refus puis un refus catégorique.
Présentement, cette loi n'harmonise pas avec le Code civil du Québec. Alors,
encore une fois, il faudra avoir un
débat là-dessus parce que ce n'est pas clair, puis on veut s'assurer que la
loi, quand ce sera adopté, est le plus robuste possible.
J'avais parlé, Mme la Présidente, de
l'élargissement de l'admissibilité de l'aide médicale à mourir pour les personnes ayant un handicap neuromoteur, neuromoteur
grave et incurable, dans la mesure que tous les autres critères d'avoir
accès à l'aide médicale à mourir sont satisfaits. Alors, on a entendu
énormément de débats en ce qui concerne la notion de handicap, pour la simple
raison, Mme la Présidente... Comme je dis, encore une fois, on n'a jamais eu un
débat ici, à l'Assemblée nationale, en ce
qui concerne l'application de l'aide médicale à mourir pour les personnes en
situation de handicap, que ce soit un handicap neuromoteur, ou autres.
Mais on a entendu plusieurs personnes qui ont dit : Handicap neuromoteur, je ne sais pas, c'est de la
discrimination envers autres personnes qui sont en situation de handicap, qui
souffrent autant que cette personne.
Et je soulève l'exemple que j'avais fait mention avant, une personne qui a
perdu ses jambes. Mais une musicienne
qui a perdu l'utilisation de ses bras puis qui vit avec une douleur
inapaisable, bien, cette personne souffre aussi. Alors, comment
voyons-nous ce type de situation?
• (15 h 50) •
Ça fait qu'on
a entendu que c'est discriminatoire, puis on devrait inclure uniquement des
notions de handicap. Mais «handicap», c'est large, Mme la Présidente. C'est
presque 16 % de la population qui vit avec un handicap. Alors, est-ce
qu'on rentre des critères d'exclusion?
Est-ce qu'on rentre des critères d'inclusion? Comment voyons-nous c'est quoi,
la définition d'un handicap? Parce qu'une personne qui a perdu
l'utilisation de ses yeux, de ses oreilles, c'est un handicap. Est-ce que ça veut dire qu'eux aussi devront avoir
accès à l'aide médicale à mourir? D'où l'importance d'avoir un débat qui est fait avec les experts. On a besoin d'avoir
des experts qui vont guider puis qui vont nous aider à réfléchir à la question.
Vous m'avez probablement entendu parler, Mme
la Présidente, je souhaite avoir un forum, je l'avais dit publiquement, pour
entendre la voix de la population en ce qui
concerne, maintenant, l'élargissement pour les personnes en situation de
handicap. Alors, je pense qu'on ne
fera pas fausse route d'entendre la population, ça va juste nous aider en ce
qui concerne la poursuite de nos débats. Alors, il faut vider la
question.
Puis il y a
aussi la notion que... Si ce n'est pas handicap neuromoteur puis si ce n'est
pas handicap, est-ce qu'on enlève les
deux définitions complètes puis qu'on parle de la maladie grave, incurable,
inapaisable? Est-ce que c'est la façon que nous voulions poursuivre? Puis, si oui, encore une fois, est-ce qu'il y
a des balises, est-ce qu'il y a des critères que nous devons prendre en considération?
La loi,
aussi, évolue en ce qui concerne les professionnels compétents qui pourront
administrer l'aide médicale à mourir. Auparavant, c'étaient uniquement
nos médecins. Et je dois les remercier pour leurs travaux. En ce qui concerne ceci, je ne peux même pas imaginer, je ne peux même
pas me mettre à leur place, je pense que ça va à l'encontre du raisonnement
pour lequel de nos médecins sautent dans ce métier, c'est pour sauver des vies.
Alors, ceux qui prennent une décision d'accompagner les personnes à la fin de leur vie, en ces
moments qui sont encore une fois très humains, je lève mon chapeau. Ça fait que
je pense qu'on a une responsabilité d'adopter une loi puis de poursuivre avec
un débat où on parle de comment nous allons accompagner nos
professionnels.
On
a eu une demande, encore une fois, des omnipraticiens puis le Collège des
médecins, de s'assurer que ce serait un
choix et pas une obligation des médecins. Alors, ça n'a pas tombé sur des
oreilles sourdes. Mais maintenant, dans cette loi, on introduit la notion. Puis
ça a été fait aussi avec l'ancienne loi, le projet de loi n° 38, que les
infirmières praticiennes spécialisées pourraient offrir tous les soins
de vie, y compris l'aide médicale à mourir, au même titre que les médecins. Je pense que c'est une avancée. Je pense qu'on a
appris beaucoup de leçons pendant la pandémie, qu'il faut miser sur tous
nos professionnels de la santé pour assurer
qu'on a des soins équilibrés et équitables dans notre réseau. Alors, je pense
que c'est une avancée qui est très
importante. Puis les infirmières praticiennes spécialisées pourront aussi
constater les décès. Ça, c'était une
demande que je sais que le gouvernement ont reçue puis ils l'ont incluse dans
cette loi. Ça fait que je salue la notion, parce que je pense que ça va
être important.
L'autre
chose que nous sommes en train d'entendre des groupes, puis c'est de mieux
comprendre... parce qu'on a quand même une commission sur les soins de fin de
vie, alors comment est-ce que cette commission devrait évoluer? Qui
devrait faire partie de cette commission? Ils devront étudier quoi? Puis
comment est-ce que les personnes qui sont venues
témoigner en commission pensent qu'on devrait évoluer? Alors, on a parlé un peu
de ceci puis on va traiter ceci dans la loi.
Puis
l'autre chose qui est nouvelle dans cette loi, c'est une extension de... une
obligation, dans le fond, pour les maisons
de soins palliatifs d'offrir l'aide médicale à mourir. On a entendu les
regroupements qui représentent les maisons de soins palliatifs au Québec, dont... je crois qu'ils ont dit qu'ils
ont 37 membres, 34 de leurs 37 membres, présentement, ces maisons offrent des soins de fin de vie,
l'aide médicale à mourir. Il y en a trois ou quatre qui sont en réflexion. Puis
il y a quand même quatre maisons qui ne font
pas partie de ce regroupement, puis, eux aussi, ce n'est pas une obligation. On
a entendu aussi leur cri du coeur. Ils s'inquiètent parce qu'ils sont
quand même... c'est des OBNL qui sont quand même composés en grande partie par des bénévoles. Ils reçoivent des
subventions du secteur privé pour leur aider à offrir des soins palliatifs. Alors, il faut trouver un moyen pour
les accompagner dans l'évolution de cette loi, mais aussi reconnaître que
ce n'est pas un enjeu facile pour eux.
Puis,
quand on parle des soins palliatifs, on a aussi entendu des médecins qui
spécialisent dans les soins palliatifs, puis je dois les remercier aussi de leur témoignage puis la façon qu'ils
nous ont aidés à mieux comprendre ces soins. Parce que ce n'est pas parce qu'on est toujours en fin
de vie qu'on peut recevoir ces soins. Puis souvent, si on comprend c'est
quoi, un soin palliatif, ça peut nous aider
à vivre pleinement, à contrôler notre souffrance pour une longue période de
temps, avant même de faire une demande d'avoir accès à l'aide médicale à
mourir.
Alors,
sache qu'on a entendu tous ces témoignages, puis je vais faire mon possible,
avec mes collègues, de faire avancer
la loi d'une façon constructive, d'une façon qui représente toutes les personnes
qui ont pris le temps de nous envoyer des
mémoires. Parce que ce n'est pas tout le monde qui a envoyé un mémoire qui a eu
la chance de témoigner en commission parlementaire.
Sache que, personnellement, je prône beaucoup l'aide médicale à vivre dans un
continuum de soins. Alors, je pense
qu'il faut adresser ceci puis qu'il me fera grandement plaisir de poursuivre le
débat après l'adoption du principe.
Quand
nous allons commencer l'étude détaillée, j'espère, encore une fois, que toute
la société va continuer à nous armer avec de l'information, avec leurs
points de vue, avec leurs recommandations, les groupes inclus, pour des
amendements. C'est un projet de loi
qui vous appartient, c'est un projet de loi de société. Nous avons une
responsabilité de travailler en concertation, ensemble, pour faire avancer les
droits de tous les Québécois et Québécoises, surtout quand on parle d'un sujet
qui est si sensible comme l'aide médicale à mourir. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Avant
de poursuivre sur le débat, je vous informe qu'un débat de fin de séance se
tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Chomedey à
Mme la ministre du Tourisme concernant l'impact de la pénurie de
main-d'oeuvre sur le secteur touristique.
Alors, est-ce qu'il y
a d'autres interventions? Il n'y a pas d'autre intervention.
Mise
aux voix
Le principe du projet
de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les
soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des relations avec les citoyens
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la Présidente.
Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 11,
Loi modifiant la Loi concernant les
soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives, soit déféré à la Commission des relations avec les citoyens pour son étude détaillée et que la ministre
déléguée à la Santé et aux Aînés soit membre de ladite commission pour
la durée de ce mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite des
travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la Présidente.
Je vous demanderais, donc, de suspendre nos travaux jusqu'à la tenue des
débats de fin de séance, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci.
Donc, les travaux
sont suspendus jusqu'à 18 h 30.
(Suspension de la séance à
15 h 58)
(Reprise à 18 h 30)
Débats
de fin de séance
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de séance. Ce débat portera sur une
question adressée par Mme la députée de Chomedey à Mme la ministre du
Tourisme concernant l'impact de la pénurie de main-d'oeuvre sur le secteur
touristique.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
Mme la députée, je
vous cède la parole pour une durée de cinq minutes.
Pénurie de main-d'oeuvre dans l'industrie du tourisme
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan
Olivier : Merci, M. le Président. Bonsoir, Mme la ministre.
Ce
débat de fin de séance est important pour moi car l'industrie du tourisme est
chère à mes yeux. J'ai déjà travaillé dans l'industrie du divertissement
plusieurs années. Je trouve que le tourisme est un levier important pour la
relance économique du Québec. Je suis d'accord qu'on est tous d'accord avec ça.
On sait que nos acteurs touristiques servent de vitrine pour nos belles régions
et nos villes. Juste en 2021, 14,9 millions de touristes ont visité le
Québec. Imaginez, M. le Président. Dans
cette même année 2021, les recettes touristiques au Québec se chiffraient
à 9,1 milliards de dollars canadiens. C'est magnifique. Je ne
serais pas surprise que ces chiffres aient augmenté en 2022.
La bonne nouvelle,
c'est que le Québec est en train de se rapprocher du nombre de touristes avant
la pandémie. Cependant, nous savons tous que la pandémie a été particulièrement
difficile pour l'industrie du tourisme. Ils ont été grandement, grandement ébranlés par les fermetures et la perte de
revenus. Ils ont également perdu des travailleurs, qui ont décidé
d'aller dans d'autres secteurs économiques. Donc, les employés ont disparu. On
parle ici... dans les quatre coins de notre belle province, les employés
n'étaient plus là. Donc, retrouver la main-d'oeuvre est donc le plus grand défi
que fait face l'industrie touristique. En
2022, environ 40 000 postes étaient à combler dans l'industrie du tourisme
toute seule.
En plus, on ne parle
pas ici de gros joueurs. La majorité des entreprises touristiques sont des
petites et moyennes entreprises. Ce sont des
gens dévoués et passionnés qui tiennent leur entreprise à bout de bras. Ils
travaillent sans relâche pour
embaucher le personnel nécessaire, ils sont prêts à offrir le soutien et la
formation nécessaires. Certains font même du recrutement à l'international, avec des délais de plus d'un an, le
tout à leurs frais, bien sûr, qui alourdit leurs conditions. Malgré tous
ces efforts, ils sont inquiets et demandent de l'aide du gouvernement. Ils
savent que la pression est forte à
l'approche de la saison estivale. En effet, on s'attend à un plus grand nombre
de visiteurs comparé à l'année dernière. Donc, si les entreprises touristiques n'ont pas assez de travailleurs, leur
capacité d'accueil et la qualité de services seront affectées
négativement.
C'est
pourquoi des représentants de l'industrie de l'hôtellerie, auberges de
jeunesse, des spas sont venus me rencontrer la semaine dernière pour me faire part de l'urgence de la situation. J'espère
que la ministre entend bien leurs cris d'alerte et saura répondre rapidement à
leurs inquiétudes. M. le Président, il est vraiment minuit moins une pour leur
venir en aide. C'est donc pour toutes
ces raisons que je suis debout aujourd'hui, en débat de fin de séance, pour
porter la voix des acteurs de l'industrie touristique. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Donc, je cède maintenant
la parole à Mme la ministre, tout en vous rappelant que vous disposez de
cinq minutes pour votre intervention.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, M. le
Président. Ce sera une interpellation avec une voix voilée. Je suis extrêmement
déçue d'entendre qu'on demande au
gouvernement d'agir, alors que voilà près de cinq ans, plus de quatre ans et
demi, dont deux ans et demi en
pandémie, où le gouvernement du Québec a soutenu l'industrie touristique, mais
dans tous ses secteurs d'activité, des 50 secteurs d'activité que
notre équipe couvre.
Bien sûr, des
fermetures, des pertes de revenus... On était en pleine pandémie. Bien sûr, des
employés qui ont quitté, ils avaient
besoin de revenus. Mais le bonheur est de revoir ces employés-là de retour dans
les grands hôtels, entre autres de
Montréal, avec des discussions pas plus tard qu'il y a une dizaine de jours
avec Tourisme Montréal, où on constatait un retour massif des employés dans l'industrie hôtelière à Montréal, au
Québec, parce qu'il y a eu, entre autres, ces ajustements de salaire. On a vu des augmentations, nous partageait
Tourisme Montréal, qui peuvent varier entre 20 % et 35 % d'augmentation.
Donc, cette
campagne de recrutement, de séduction, de valorisation de l'industrie se
poursuit avec des différents acteurs.
Et, à preuve qu'on soutient l'industrie hôtelière, d'ailleurs, je vais citer la
présidente de l'Association Hôtellerie Québec
qui, lors du dépôt du gouvernement du Québec de son plus récent budget...
l'Association, pardon, Hôtellerie Québec, «dans le contexte actuel, apprécie les efforts qui sont faits pour
continuer [de] soutenir l'industrie hôtelière» qui a besoin de cet
engagement du gouvernement du Québec, entre autres, avec le Programme d'aide au
développement des attraits touristiques
qui... en 2021, on a modifié sa constitution pour justement, à travers des
prêts et des garanties de prêts, aux taux
du gouvernement, de venir aider nos hôteliers à travers la remise à neuf d'une
partie de leur hôtel. Et c'est sans parler du Programme d'aide à la relance de l'industrie touristique, qui est un
programme 100 % subventions, pures subventions, donc, pour de la construction de nouveaux hôtels
dans des régions qui ont été ciblées par nos associations touristiques, là où
évidemment nous étions en pénurie d'hébergement traditionnel dans les régions
du Québec.
Donc, depuis
le début de la pandémie, à travers le Canada, d'ailleurs, les provinces de
l'Ontario ou de l'Alberta, de la...
bien, Colombie-Britannique, lors de ces rencontres qu'on avait à toutes les
deux semaines durant la pandémie, avec
l'honorable Mme Joly, qui était à
l'époque responsable du Tourisme, c'est 1,8 milliard de dollars qu'on
a octroyés pour, donc, s'assurer que
ce tissu très vivant là soit là après la pandémie, qu'il n'y ait pas une
déstructuration de l'offre. On parle donc
de 1,8 milliard de dollars, et, depuis 2018, ce sont des hausses
budgétaires de 139 %. Et on fait la démonstration claire et sans
équivoque que le gouvernement du Québec a bien saisi toute l'importance de
l'industrie touristique.
Maintenant, plus précisément sur la
main-d'oeuvre, on croit, au gouvernement du Québec, qu'il y a une partie de cette industrie-là qui pourra et devra se
tourner et embrasser le virage numérique. Donc, 7,5 millions de dollars au
dernier budget consacrés à cette
transformation numérique et aux projets pilotes par notre partenaire, que je
salue, le Conseil québécois de ressources humaines en tourisme, qui
présentement mène un projet pilote pour redéployer des plateformes numériques, hein? On parle de la numérisation de
nos entreprises, donc, qui va partager, qui va favoriser, donc, le partage
de main-d'oeuvre partout au Québec.
Et, M. le
Président, en terminant, nous aurons l'occasion, au cours des prochaines
semaines et des prochains mois, de, donc, décliner davantage, de façon plus
granulaire les sommes consacrées à notre industrie et comment nous soutiendrons
l'industrie touristique et les enjeux liés à la main-d'oeuvre.
• (18 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée, vous disposez de deux minutes pour
votre réplique.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
(réplique)
Mme
Lakhoyan Olivier : Merci, M.
le Président. J'entends la réponse de la ministre, mais ça reste sur ma faim.
Je comprends, il y a eu de l'aide monétaire pour les plateformes numériques,
pour les grands hôtels, mais c'est juste la semaine dernière qu'on a rencontré les gens de l'industrie qui nous
parlaient d'un manque des employés. Donc, j'aurais aimé voir plus d'initiatives de sa part, sachant que la
situation est extrêmement urgente pour l'industrie du tourisme. Pour les
entreprises touristiques, la question de la
main-d'oeuvre fera la différence entre une saison estivale réussie ou pas.
Après les années pandémiques, elles
ont grandement besoin des retombées des visiteurs, mais, si elles n'ont pas les
travailleurs nécessaires, ça peut avoir des conséquences graves pour
leurs affaires et pour le Québec en entier.
Enfin, l'industrie du tourisme pourra compter
sur moi pour rappeler l'urgence de la situation en main-d'oeuvre. Surtout, il faut penser aux petits hôtels, petites
entreprises, vraiment, qui n'ont pas la main-d'oeuvre pour faire la demande
pour les prêts que le gouvernement leur offre. Ils n'ont pas ces équipes qui
peuvent travailler pour aller chercher des montants d'argent ou bien ils ne passent pas dans les prérequis. Donc,
il faut penser à toute l'industrie et non seulement les gros qui sont
capables d'aller chercher qu'est-ce que le gouvernement offre.
Merci beaucoup. Bonne soirée.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Alors, voilà qui met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, nous allons ajourner nos
travaux au mercredi 5 avril, 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 41)