(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous
allons débuter aux affaires courantes, à la rubrique des déclarations de
députés. Et je cède la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter le jeune Zackary
Nadeau, triple médaillé d'or
aux Championnats du monde de karaté
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais souligner aujourd'hui l'exploit remarquable d'un jeune
athlète de la municipalité de Saint-Édouard, Zackary Nadeau.
Âgé de
11 ans, Zack a participé à un championnat du monde de karaté en Irlande
l'automne dernier. Il a remporté pas moins de six médailles, dont trois
médailles d'or, ce qui fait de lui un triple champion du monde dans sa
catégorie.
Zack est un
jeune homme très déterminé. Il pratique le karaté depuis l'âge de six ans, à
raison de plusieurs heures par
semaine. Dernièrement, son père, Simon, nous apprenait qu'après tant d'efforts
il a atteint son objectif d'obtenir sa ceinture noire. Ces
qualifications le mèneront d'ailleurs aux championnats du monde 2023 à
Orlando, cette année.
Zackary, tout
ton entourage est très fier de toi, le Québec est fier de toi. La
circonscription de Huntingdon est honorée de te compter parmi nous, et nous suivrons avec grand intérêt la suite
de ton aventure. Bravo pour ta persévérance et ta détermination!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Nous
poursuivons avec Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner le Mois de l'autisme
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. C'est avec émotion que je me lève en Chambre pour une
cinquième année consécutive pour souligner le début de mon mois préféré, un
mois qui représente beaucoup pour ma famille et moi, c'est le mois de
fête de mes enfants, mais c'est aussi le mois de sensibilisation à l'autisme.
Les collègues
le savent, c'est cette cause, qui m'est tatouée sur le coeur, qui m'a amenée à
m'impliquer en politique pour donner
la visibilité à un diagnostic en constante évolution, pour en faire plus au
niveau de l'inclusion de ces personnes et de notre ouverture à la
diversité neurologique et pour sensibiliser le gouvernement à s'occuper d'eux,
qu'ils puissent s'épanouir et s'intégrer pleinement dans la société québécoise
en atteignant leur plein potentiel.
Je suis fière des avancées que mes enfants ont
faites. «I love you.» Mais, comme le dit le proverbe, ça prend tout un village pour élever un enfant. Eh bien,
c'est encore plus vrai pour un enfant qui vit avec le spectre de l'autisme.
Nous, ici, comme élus, avons la
responsabilité d'en parler et avons un pouvoir important, celui de changer les
choses pour le mieux.
Bon mois de sensibilisation à l'autisme! Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
je vous cède la parole.
Féliciter M. Mathieu Gélinas
pour avoir
relevé le défi Crinqué contre la SP
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Le 23 octobre dernier, un citoyen de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
Mathieu Gélinas, est arrivé aux plaines d'Abraham après avoir couru
300 kilomètres en sept jours, de
Tadoussac à Québec, en passant par Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Ce défi que lui s'est imposé s'intitulait Crinqué contre la
sclérose en plaques.
Non seulement M. Gélinas a pu amasser
24 000 $ au profit de la Société canadienne de la sclérose en
plaques, mais il a aussi réalisé un documentaire qui sera sous peu diffusé.
Malheureusement,
Mathieu Gélinas connaît trop bien cette maladie, sa grand-mère a dû vivre avec
elle. Et c'est pour rendre hommage à elle ainsi qu'à tous ceux qui sont
atteints de la maladie qu'il a couru ce marathon, j'essayais de trouver un adjectif... je dirais «titanesque».
Mme la Présidente, j'ai traversé ce trajet de nombreuses fois, depuis que je suis
élue, plusieurs fois, et j'ai peine à imaginer l'ampleur du défi. Alors, je
voulais le féliciter. Félicitations pour votre persévérance!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner
le 40e anniversaire de l'organisme
L'Avenue Hébergement communautaire
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le
40e anniversaire de l'organisme d'hébergement jeunesse L'Avenue.
Bien
établie dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve depuis les années 80, cette
auberge du coeur favorise l'insertion sociale et économique des jeunes
en situation d'itinérance ou à risque de le devenir.
Au fil des années,
L'Avenue a développé une expertise reconnue en matière d'hébergement destiné
aux jeunes. En effet, en 2002, l'Institut
national de la recherche scientifique, volet urbanisation et société, confirme
que le modèle des Petites Avenues est une formule gagnante pour l'insertion des
jeunes en logement. En 2018, L'Avenue est nommée parmi les 40 projets
inspirants de l'Agora de la Communauté métropolitaine de Montréal. Aujourd'hui,
l'organisme permet de loger simultanément plus de 100 jeunes du
quartier de la grande région de Montréal.
Rien
de tout cela ne serait possible sans le travail essentiel et exceptionnel du
personnel de L'Avenue. On leur doit en grande partie la notoriété que
l'organisme possède aujourd'hui. J'aimerais donc saluer cette petite équipe
d'une dizaine de personnes qui assure
l'ensemble des services 365 jours par année, 24 heures sur 24, dans
notre beau quartier, et qui mettent de la couleur dans les milieux de
vie de nos jeunes. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Je cède la parole de Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à Mme Rita Morin et à M. Roger Hébert
à l'occasion de leur 60e anniversaire de mariage
Mme Geneviève
Hébert
Mme Hébert : Mme la Présidente, Rita
Morin et Roger Hébert célébreront leur 60e anniversaire de mariage le
28 septembre 2023.
Ils
ont élevé une fille et quatre garçons sur une ferme laitière à Sainte-Hedwidge.
Ils se sont partagé les tâches en fonction de leurs forces
complémentaires : lui, les travaux à la ferme; elle, ceux de la maison.
Mme Morin
a tenu un gîte touristique durant 23 ans. M. Hébert s'est impliqué
dans les regroupements d'agriculteurs, il
a présidé la coopérative agricole de Coaticook. Les deux ont été membres du
conseil municipal de Sainte-Hedwidge, et Mme Morin a même été
mairesse.
Leur
bonne entente et le respect qu'ils se vouent l'un à l'autre leur ont permis de
franchir les étapes de la vie comme un fleuve tranquille. Depuis qu'ils ont
cédé la ferme à l'un de leurs fils, en 1998, Rita et Roger vivent paisiblement
à Compton, toujours à l'enseigne de l'amour.
Mme Morin,
M. Hébert, vous êtes un bel exemple de couple uni, accueillant et engagé
socialement. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée des Mille-Îles.
Féliciter
les athlètes de la délégation lavalloise
ayant participé aux Jeux du Québec
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
C'est avec fierté que je félicite les athlètes lavallois qui, du 3 au
11 mars derniers, ont participé à la 56e finale des Jeux du
Québec de Rivière-du-Loup.
Notre
région, qui s'est démarquée lors des derniers jeux d'été, a poursuivi sa belle
lancée en amassant un total de 25 médailles,
dont huit d'or. Je rends un hommage particulier aux équipes de tennis de table
et de patinage artistique, qui ont récolté respectivement six et quatre
médailles pour la délégation.
C'est
un honneur que de représenter la région de Laval dans un événement de cette
envergure. Les représentants de cette édition, des athlètes aux entraîneurs,
sont de véritables modèles d'inspiration pour les générations futures de
porte-couleurs lavallois.
Je
remercie toute l'équipe et les organisateurs, ainsi que le parrain d'honneur de
la délégation, le tennisman lavallois Alexis Galarneau. Bravo pour vos
belles performances! Et merci de représenter Laval avec autant de brio.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Saint-Jean, la parole est à vous.
Souligner l'importance de l'union des forces francophones
canadiennes
afin de renverser le déclin de la langue française au pays
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux :
Mme la Présidente, nous avons souligné ici, la semaine dernière, la
première Journée québécoise de la
francophonie canadienne. Et, en tant qu'adjoint parlementaire du ministre de la
Langue française et, particulièrement, de
la Francophonie canadienne, je tiens à saluer nos compatriotes parlant français
de partout au pays et leur dire que ce n'est
qu'un début, puisque, depuis que le gouvernement du Québec a revu et corrigé sa
politique Pour une francophonie forte, unie
et engagée, il nous faut maintenant refléter et concrétiser le renouveau et,
j'ose même dire, le rapprochement que ça suppose. On parle véritablement de la convergence de nos intérêts à tous
et de la synergie nécessaire pour la survie du français au pays et au
Québec.
Dans
le contexte de l'appel au réveil que nous avons lancé aux Québécois, non
seulement pour freiner le déclin du français,
mais pour renverser la tendance, c'est ce qu'il faut faire, et c'est ce que
nous ferons, en commençant par une vaste consultation en ligne qui vient
d'être lancée sur Québec.ca. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Commémorer
le 15e anniversaire du naufrage de L'Acadien II
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci, Mme la Présidente.
Cette année marque le 15e anniversaire d'une terrible tragédie pour la
communauté des Îles-de-la-Madeleine, le naufrage de L'Acadien II.
Dans
la nuit du 28 au 29 mars 2008, au large du Cap-Breton, quatre des nôtres
ont perdu la vie, des chasseurs de loups-marins, au milieu d'une mer de
glace. Des familles ont été bouleversées, des centaines de personnes,
endeuillées, 13 000 Madelinots et Madeliniennes, ébranlés.
Comme
maire des Îles, à l'époque, j'ai accompagné et tenté de consoler les familles
des disparus. Comme père de famille,
j'ai ressenti l'incompréhension et l'immense tristesse vécues par les proches.
Comme tous les Madelinots, j'ai pleuré le départ de quatre fiers
insulaires.
Nous
sommes un peuple de la mer. Cette mer qui nous nourrit est parfois cruelle,
nous arrache un être cher. La chasse
au loup-marin, la pêche, la mer, tout cela fait partie de notre ADN. Et,
lorsqu'on perd un membre de notre communauté, c'est un frère, un cousin,
un ami qui disparaît.
Je
veux aujourd'hui saluer le courage, la dignité et la résilience des familles
éplorées, des survivants aussi. 15 années se sont écoulées depuis cette fatidique nuit. Nous n'oublierons jamais
le souvenir de Marc-André Deraspe, Carl Aucoin, Gilles Leblanc, Bruno
Bourque. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Brome-Missisquoi, la parole est à vous.
Rendre
hommage à M. Mario Demers, créateur du kinball
Mme Isabelle
Charest
Mme Charest : Merci, Mme la Présidente.
Il y a 30 ans, M. Mario Demers, alors professeur d'éducation
physique, a usé de créativité et d'ingéniosité pour faire bouger les
jeunes.
Je
salue d'ailleurs la fille de M. Demers, Jessica, ainsi que
M. François Bégin, président de la Fédération de kin-ball du
Québec, qui sont aujourd'hui présents.
Et puis, d'année en
année, le nouveau sport a pris de l'expansion et a grandi en popularité. Vous
vous demandez sûrement de quel sport on parle. Eh bien, le kinball, un sport
inclusif et accessible à tous les athlètes.
C'est
un sport d'équipe dans lequel la collaboration est primordiale, et en plus
c'est un sport d'ici. Depuis sa création, des fédérations de kinball se sont installées partout dans le
monde : en France, en Belgique, aux États-Unis, en Suisse, au
Danemark, en Espagne, en Allemagne et même au Japon.
Alors,
encore une fois, merci et bravo à M. Demers et à tous celles et ceux qui font
vivre le kinball et qui font rayonner le Québec à l'international.
Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Labelle.
Souligner
les performances sportives de la nageuse Madeleine Sévigny Lanthier
Mme Chantale
Jeannotte
Mme Jeannotte : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais reconnaître aujourd'hui une personne exceptionnelle. Bénévole engagée dans sa communauté, athlète
d'exception. Madeleine Sévigny, à l'âge de 79 ans, continue d'accumuler
les records en compétition de natation.
Ancienne membre de l'équipe nationale
de natation et membre du Club de natation Mont-Tremblant, Mme Sévigny a
fracassé, cette année, quatre records canadiens dans sa catégorie lors de la Coupe
du Québec des maîtres. Elle détient pas moins de 19 records canadiens et québécois. Lors des Championnats
du monde de Budapest, en 2017, elle avait récolté l'argent au
100 mètres et le bronze au 50 mètres.
Et,
vous savez quoi, je ne peux pas passer sous silence qu'elle a oeuvré pendant
plus de 20 ans comme bénévole au sein de la patrouille de ski du
mont Tremblant.
Elle
recevra, le 16 avril prochain, la Médaille du lieutenant-gouverneur pour
les aînés afin de souligner son parcours exceptionnel.
Madeleine
Sévigny est un modèle pour tous, une femme inspirante, qui nous rappelle qu'il
n'y a pas d'âge pour relever des défis et adopter de saines habitudes de
vie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner
la tenue de journées de rayonnement par l'Association
Hôtellerie Québec et l'Association québécoise des spas
Mme Amélie
Dionne
Mme Dionne : Merci, Mme la Présidente.
En tant qu'adjointe gouvernementale à la ministre du Tourisme, il me fait
plaisir d'accueillir aujourd'hui dans nos tribunes une délégation d'hôteliers
et de propriétaires de spas dans le cadre de la première édition des journées
rayonnement de l'association des hôteliers du Québec et l'association des spas
du Québec.
Ils ont été
particulièrement touchés par la crise sanitaire et ont fait preuve d'une
résilience remarquable. Nos hôteliers
propriétaires de spas génèrent près de 40 000 emplois et
2,5 milliards en retombées économiques dans toutes les régions du Québec.
Si nous sommes une destination prisée par les voyageurs internationaux, c'est
en grande partie grâce à la qualité de leurs établissements, au
professionnalisme de leurs employés et aux expériences uniques qu'ils offrent.
J'espère
que cette première édition des journées de rayonnement sera fructueuse. En mon
nom et celui de la ministre du Tourisme, nous vous souhaitons bienvenue
chez vous, à l'Assemblée nationale. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Lévis.
Féliciter
Mme Doriana Tesa Basilua Londa, lauréate du Prix
d'alphabétisation du Conseil de la fédération
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
Merci, Mme la Présidente. Depuis 2004, le Prix d'alphabétisation du Conseil
de la fédération souligne les efforts exceptionnels des apprenants adultes dans
le domaine de l'alphabétisation.
Je
vous présente aujourd'hui la lauréate du Prix d'alphabétisation de
l'année 2022 pour le Québec. Il s'agit de Doriana Tesa Basilua
Londa, qui est juste là, dans les tribunes.
Originaire
de la République démocratique du Congo, elle a d'abord émigré au Brésil, avant
d'entreprendre un long parcours
migratoire vers le Québec avec sa famille. Elle est maintenant élève du centre
d'éducation des adultes d'Outremont, où
elle s'est démarquée par son assiduité, sa motivation et son engagement
constant dans son parcours en alphabétisation.
Après
avoir appris le français, Mme Londa souhaite maintenant obtenir son
diplôme d'études secondaires et continuer son parcours scolaire afin
d'étudier en pédiatrie à l'université.
Je
tiens à saluer la persévérance dont elle a fait preuve pour apprendre le
français. C'est important pour elle, pour nous et pour le Québec que le
plus de gens possible parlent de notre belle langue commune qu'est le français.
Je vous invite donc à
vous joindre à moi pour applaudir Doriana Tesa Basilua Londa, fière lauréate
québécoise du Prix d'alphabétisation du
Conseil de la fédération pour l'année 2022. Merci et félicitations à
Mme Londa ainsi qu'à tous les gens qui l'accompagnent! Bravo!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 03)
La Présidente :
Bonjour à toutes et à tous. Mmes
et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Dépôt
de la lettre informant de la réintégration de la députée de
Laviolette—Saint-Maurice,
Mme Marie-Louise Tardif, au sein
du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement
Avant de
poursuivre les affaires courantes, je dépose une lettre que m'a adressée le
whip en chef du gouvernement dans
laquelle il m'informe que la députée de Laviolette—Saint-Maurice, Mme Marie-Louise Tardif, a réintégré le
caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement en date du 28
mars 2023.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 15
La Présidente : À l'article a du
feuilleton, M. le ministre de la Santé présente le projet de loi n° 15, Loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. M. le
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors,
merci beaucoup, Mme la Présidente. En fait, le projet de loi n° 15, qui
vise à rendre le système de santé et services sociaux plus efficace.
Alors, ce
projet de loi propose de renouveler l'encadrement du système de santé et des
services sociaux. Il a pour objet de
mettre en place un système efficace, notamment en facilitant l'accès des
personnes à des services de santé et à des
services sociaux sécuritaires et de qualité, en renforçant la coordination des
différentes composantes du système et en rapprochant des communautés les
décisions qui sont liées à l'organisation et la prestation de services.
Le projet de loi propose diverses mesures pour
atteindre cet objectif soit, notamment :
1°
reconnaître à toute personne le droit de recevoir des services de santé et des
services sociaux adéquats, continus, personnalisés et sécuritaires;
2° confier au
ministre de la Santé des fonctions en regard des priorités, des objectifs et
des orientations ainsi que certains pouvoirs relatifs à la supervision
du système de santé et des services sociaux;
3° instituer
Santé Québec, dont la mission est principalement d'offrir des services de santé
et des services sociaux par l'entremise d'établissements publics ainsi que de
coordonner et de soutenir l'activité des établissements privés et de certains
autres prestataires de services;
4° conférer à
Santé Québec le pouvoir d'instituer en son sein des établissements publics
dirigés par des présidents-directeurs généraux et dotés d'un conseil
d'établissement;
5° assujettir Santé Québec à la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État et à des règles d'organisation et de
fonctionnement qui lui sont propres, notamment en ce qui concerne le partage
des responsabilités entre son conseil d'administration, son président — et
j'ajouterais «sa présidente» — et
chef de la direction et les présidents-directeurs généraux des établissements
qui la composent;
6°
établir la gouvernance clinique des établissements de Santé Québec et prévoir
des règles concernant le regroupement des
professionnels au sein des conseils, la nomination des médecins, des dentistes
et des pharmaciens et l'octroi de statuts et de privilèges et la
discipline;
7° encadrer
la prestation de services de santé et des services sociaux des établissements
publics et privés et prévoir des règles relatives à l'organisation et au
fonctionnement des établissements privés;
8° confier à Santé Québec la responsabilité de
mettre en place des mécanismes d'accès aux services;
9° permettre
à Santé Québec d'octroyer des subventions à certains organismes et de conclure
des conventions visant le financement d'établissements privés;
10°
assujettir à un régime d'autorisations, sous la responsabilité de Santé Québec,
l'exercice de certaines activités de
même que l'exploitation des centres médicaux spécialisés, des résidences
privées pour aînés, des établissements privés ainsi que de certaines
ressources offrant de l'hébergement;
11° établir un régime d'examen des plaintes à
l'égard des services qui relèvent d'un établissement public, du titulaire d'une autorisation, incluant un établissement
privé, ou d'un autre prestataire de services auquel Santé Québec verse
des sommes d'argent et prévoir la nomination d'un commissaire national aux
plaintes et à la qualité des services.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie la Loi sur les services préhospitaliers d'urgence afin
principalement de revoir la gouvernance des centres de communication santé, de
transférer à Santé Québec certaines des fonctions présentement exercées par le ministre de la Santé et
d'améliorer l'organisation des services préhospitaliers d'urgence. Plus
particulièrement, il propose que la Corporation d'urgences-santé soit
renommée Urgences-santé et qu'elle exerce ses fonctions sous la responsabilité
de Santé Québec plutôt que du ministre de la Santé.
Le projet de loi modifie également diverses
autres lois, notamment de confier à Santé Québec les fonctions du ministre de la Santé qui concernent la délivrance
de permis ainsi que l'inspection et l'enquête. Aussi, il prévoit que la Loi
sur les services de santé
et les services sociaux continue de s'appliquer sur certains territoires qui ne
sont pas visés par le projet de loi et renomme la Loi sur les services
de santé et les services sociaux pour les Inuits et les Naskapis.
Enfin,
le projet de loi apporte des modifications de concordance et comporte des
dispositions diverses, transitoires et
finales, notamment en ce qui concerne la nomination des premiers membres du
conseil d'administration de Santé Québec, les ressources humaines et la
fusion d'établissements publics au sein de Santé Québec.
Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
(Applaudissements)
La Présidente : À
titre informatif, pour ceux qui nous
écoutent ici et également à la maison, à cette rubrique-ci les
applaudissements sont permis.
Je
reconnais M. le leader de l'opposition officielle.
• (10 h 10) •
M. Derraji :
Très brièvement, Mme la Présidente, je pense que nous avons tous été
témoins de nombreuses informations qui ont circulé dans les médias, pas
uniquement les grandes orientations, mais aussi des mesures concrètes avec des chiffres. Nous allons prendre connaissance
du projet de loi, on va le comparer avec ce qui a circulé dans les médias et on
va prendre les mesures nécessaires, Mme la Présidente.
La
Présidente : Oui, je reconnais M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc :
Très brièvement, Mme la
Présidente, je souscris entièrement à ce que mon collègue vient de dire. C'est
quelque chose qui est récurrent, du côté du
gouvernement, il faudrait que ça cesse. Alors, nous aussi, on va faire la même
démarche. Merci.
La Présidente :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bon, Mme la Présidente, il y a quelques
allégations de mes collègues. À la lecture du projet de loi que les collègues pourront faire, ils
pourront noter qu'il y a plus de 1 100 articles, Mme la Présidente.
Effectivement, quelques informations
publiques ont circulé, Mme la Présidente, ce qui était déjà dans l'air du
temps, Mme la Présidente. Mais
j'invite, Mme la Présidente, les collègues à lire l'entièreté du projet de loi,
parce que, dans le cadre de ce projet de loi, Mme la Présidente, il y a vraiment tous les outils, plusieurs
solutions pour faire en sorte de moderniser le système de santé, et
j'espère que vous allez collaborer à une adoption rapide de ce projet.
La
Présidente : Je reconnais M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Une adoption rapide pour
1 000 articles? Je ne pense pas que ça va être en un, deux, trois. Mais
par contre, Mme la Présidente, je
vais demander des consultations particulières, parce que je n'ai jamais pensé
que je vais me lever au salon bleu pour demander des consultations
particulières, surtout que le projet de loi risque de nous ramener en
troisième guerre mondiale.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, nous
allons attendre les suggestions des collègues des oppositions pour les
consultations. J'espère que, sur la liste des suggestions des groupes, il y
aura l'ancien député de La Pinière, de la part du Parti libéral du
Québec.
La Présidente :
Bon, maintenant, je vous souligne
que j'invite les leaders à se gouverner en fonction des articles 66
et suivants de notre règlement s'ils le jugent pertinent.
Mise
aux voix
Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer les états financiers de la Fondation
universitaire de l'Université de Montréal en date du 11 mai 2022. Merci.
La Présidente : Ce document est déposé.
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, je dépose la réponse du gouvernement à la question inscrite
au feuilleton le 22 février 2023 par le député de Matane-Matapédia.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Pour ma part, je
dépose maintenant les tableaux de répartition des questions lors de la période
des questions, des déclarations des députés et des temps de parole lors des
différents débats restreints, qui ont été mis à jour à la suite de la réintégration de la députée de Laviolette—Saint-Maurice au sein du groupe parlementaire formant le gouvernement.
Je dépose également
le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Étude
détaillée du projet de loi n° 9
M. Simard :
Oui, Mme la Présidente, c'est avec plaisir que je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques qui, hier, le 28 mars, a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi n° 9, Loi modifiant principalement certaines lois
instituant des régimes de retraite du secteur public. Notre commission a adopté le texte du projet de
loi sans amendement.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, j'ai reçu une demande de Mme la députée de Sherbrooke pour la
présentation d'une pétition non conforme. Y
a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition? Consentement. Mme
la députée de Sherbrooke.
Augmenter
la compensation financière aux ressources de type
familial pour adultes afin de contrer l'impact de l'inflation
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 819 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
coût des aliments et des biens essentiels ne cesse d'augmenter;
«Considérant
que l'indice des prix à la consommation s'établissait à 6,5 % en septembre
dernier et qu'il risque encore d'augmenter au cours des prochains mois;
«Considérant
qu'une ressource de type familial à l'adulte doit offrir toute une gamme de
services de base pour laquelle elle reçoit une compensation financière
quotidienne de 28,97 $;
«Considérant
que, de cette somme, 40 % — soit 11,58 $ — sont affectés aux frais variables, incluant
l'épicerie, certaines des fournitures d'hygiène ainsi que l'essence;
«Considérant
que les ressources intermédiaires reçoivent une compensation journalière de
38,80 $, soit 9,83 $ de plus, afin de couvrir les mêmes
services que les ressources de type familial;
«Considérant
qu'à la signature de la dernière entente collective, en février 2022, la
compensation financière des RTF n'a été augmentée que de 0,28 $ par
jour par usager;
«Considérant
que les résidences d'accueil à l'adulte ont à coeur de subvenir aux besoins de
base des usagers qu'ils accueillent dans leur maison;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons à la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés de
bonifier urgemment la compensation financière quotidienne des ressources
de type familial à l'adulte afin qu'elles puissent faire face au présent
contexte inflationniste.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition. Et je salue
les initiateurs de la pétition qui sont ici aujourd'hui.
La
Présidente : Cet extrait de pétition et déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle, en question principale.
État
de vétusté du parc immobilier dans le réseau scolaire
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le gouvernement caquiste en est à sa cinquième
année, ils ont déposé leur cinquième budget, et on peut voir, encore une fois,
que, sous la CAQ, lors des cinq dernières années, les problèmes ne se sont pas améliorés, ils se sont
empirés, sous la CAQ. Encore une fois, un budget à courte vue, un budget
sans vision.
Hier, j'ai
questionné le premier ministre au sujet de la vétusté des écoles. 61 % de
nos écoles est en mauvais ou en très
mauvais état. C'est passé, donc, depuis cinq ans, de 48 % à 61 %.
C'est un autre échec caquiste. Et un des traits de ce gouvernement, un des traits du premier ministre,
trait de caractère, c'est que, quand ça le dérange, quand ça ne fait pas son
affaire, il va nier l'évidence, il va nier les chiffres.
Mme la Présidente, on voit maintenant la
signification réelle que l'on doit accorder à sa citation de 2012, quand il
disait : «Il faut remplacer ceux qui ne pensent pas comme nous.» Si vous
ne pensez pas comme le premier ministre, Mme la Présidente, vous ne pouvez
pas...
Une voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, effectivement, vous
avez raison à cet égard, et vous le savez également, M. le chef de
l'opposition. Poursuivez votre question...
M. Tanguay : Alors,
Mme la Présidente, c'est clair, le trait de caractère du premier ministre et de
ce gouvernement, c'est de blâmer tout le monde. 61 %, et ça, c'est un
fait, c'est une méthodologie qui vient du ministère de l'Éducation qui a
été appliquée, 61 % de nos écoles sont en mauvais ou en très mauvais état.
Pourquoi n'avons-nous pas un plan complet pour y
voir?
La Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, il y a effectivement beaucoup de changements à faire, au
Québec. Et puis, comme le disait
Gaétan Barrette au cours des derniers jours, ça prend du guts pour faire ces changements-là,
puis je pense qu'on a des ministres qui ont du guts puis un premier ministre
qui a du guts. Bon, je ne répéterai pas les propos pas gentils de Gaétan
Barrette à l'égard de l'ancien premier ministre libéral, mais, Mme la
Présidente, c'est certain que, quand on est arrivés, en 2018, il y avait
beaucoup de travail à faire.
Si je reviens
sur les écoles, on n'avait même pas de portrait des écoles, de la situation des
écoles. On a demandé aux centres de
services d'évaluer chacune des écoles. Résultat des courses, on nous dit que
61 % des écoles ont... la définition qui est utilisée, idéalement
30 % d'investissement qui serait à faire pour les rénover. Tout le monde
va comprendre, Mme la Présidente, qu'on ne
peut pas, demain matin, rénover tout d'un coup 61 % des écoles. Donc, ce
qu'on suppose, c'est qu'il y en a où
il y a plus de travail à faire, il y en a où il y a moins de travail à faire. Donc,
ce qu'on va faire, d'abord, avec le
ministre des Infrastructures, c'est de mieux évaluer, d'être plus précis pour
savoir avec quelles écoles on doit commencer. Déjà, depuis quatre ans, on a triplé, triplé le
budget qui était mis en place par le gouvernement libéral. Puis on va
effectivement avoir un plan plus détaillé, au cours... pour arranger les
écoles.
• (10 h 20) •
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Première
des choses, Mme la Présidente, «guts», c'est comme «pas de casque». Il y a
un pendant français, ça s'appelle «courage». Fin de la parenthèse, Mme
la Présidente.
61 %, ce
que le premier ministre nous dit, c'est qu'il n'est pas capable d'y voir.
61 %, pour lui, son approche, c'est de dire : Je ne serai jamais capable de faire ce rattrapage-là,
quand on sait que, dans les dernières années, cette hausse s'est accélérée là.
Et on peut voir dans les documents des différents ministères impliqués qu'il y
a un lien direct entre l'état des écoles et la réussite scolaire.
Pourquoi pas de plan pour le 61 %?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon,
le chef de l'opposition officielle nous dit que, Gaétan Barrette, ce qu'il
voulait dire, c'est que Philippe Couillard n'avait pas de courage. Bon,
je ne le sais pas, si c'est le bon mot qui devrait être utilisé.
Maintenant, Mme la Présidente, 61 % des
écoles où il y aurait des rénovations à faire, je ne sais pas, j'ai hâte d'entendre les suggestions constructives du chef
de l'opposition officielle, là, mais on commence puis on fait ça comment,
61 % de
3 000 écoles au Québec? Est-ce qu'on les rénove toutes en même temps,
les 61 %? Je pense que le gros bon sens nous dit qu'il faut les
catégoriser puis commencer par celles où il y a le plus de travail à faire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Eh bien, Mme la
Présidente, si le premier ministre n'a pas la vision... Puis il dit que
l'éducation, c'est son engagement premier de faire de la politique. S'il n'a
pas de vision, qu'il aille dans un document très technique qui, lui, a plus de vision que lui, le PQI, qui dit :
Les investissements pour le maintien du parc d'écoles fait en sorte qu'il y a
un lien avec la réussite,
l'apprentissage, la réussite éducative. Alors, qu'il s'inspire d'un document
hypertechnique, qui est le PQI, qui
fait un lien... qui tire un lien direct entre l'état de nos écoles... 61 %
sont mauvais ou très mauvais. Il n'y a pas d'ambition. Il manque de
courage.
La Présidente :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, le
gouvernement libéral avait un PQI, donc un plan québécois des infrastructures, sur 10 ans, de 100 milliards. On a
augmenté ce PQI à 150 milliards, donc on a augmenté de 50 % le PQI.
Là, il y a un
problème de cohérence, parce que le porte-parole du Parti libéral nous
disait : Attention, il y a une question
d'équité entre les générations. Bien, j'espère que le chef de l'opposition
officielle comprend qu'à chaque fois qu'on augmente le PQI on augmente la dette qu'on laisse aux prochaines
générations. Donc, est-ce que les deux pourraient se parler?
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente,
qu'il ne vienne pas parler de sa préoccupation de ne pas endetter les
prochaines générations. Vous les endettez, les prochaines générations, vous
allez couper 40 % des versements au Fonds des générations. Puis ça ne plaît pas au leader, ce que je
dis là...
La Présidente :
Monsieur... Non, je pense qu'il
va vous dire d'autre chose. M. le leader, je vous reconnais, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Deux éléments, Mme la
Présidente. Le chef de l'opposition officielle est un parlementaire
d'expérience, il sait qu'il doit s'adresser à vous. Et, deuxièmement, il sait
également qu'il ne doit pas prêter des intentions qui sont fausses et
qu'il sait fausses.
Des voix :
...
La
Présidente : Alors, attention, je vais...
Une voix :
...
La Présidente :
Oui, M. le leader de l'opposition. Je vais...
M. Derraji :
Les faits sont là, ils ont coupé 40 %. Ce n'est pas faux.
La Présidente :
Alors, j'attendais que vous
finissiez votre question, M. le leader de l'opposition officielle, pour
faire un petit rappel au règlement, dire
qu'on appelle, naturellement, les gens par leur nom, on s'adresse à la
présidence, et de faire attention à vos propos.
La réponse,
maintenant, du premier ministre.
Une voix :
...
La
Présidente : Il vous restait 15 secondes?
Une voix : ...
La
Présidente : 17. Vous avez tout à fait raison, M. le leader. C'est à
vous.
M. Tanguay : S'il vous plaît. Alors,
le premier ministre nie l'évidence. Si vous ne pensez pas comme le premier
ministre, là, vous n'êtes pas un bon Québécois, vous êtes dans le tort.
La Présidente : M. le leader du
gouvernement, brièvement, et...
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, je demande au chef de l'opposition officielle de ne pas
redevenir comme lorsqu'il était leader de l'opposition officielle, hein? Il
occupe des fonctions différentes, Mme la Présidente. On...
La Présidente :
Bon, je suis debout, messieurs,
messieurs, et je vois M. le leader de l'opposition officielle. Alors,
vous allez me laisser faire les rappels au
règlement. Je vous prie, faites attention. On parle beaucoup de respect, par
les temps qui courent, de respect de plusieurs personnes. Faites
attention aux propos, attention aux propos blessants.
M. le chef de l'opposition
officielle, il vous reste huit secondes, on vous écoute.
M. Tanguay :
Faites-vous-en pas, Mme la Présidente, il m'en reste juste huit.
Alors,
le premier ministre nie l'évidence, accuse les autres, ne fait rien. Pourquoi?
Par manque de vision ou par orgueil?
La Présidente :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
actuellement, la dette du Québec, en pourcentage du PIB, est à 38 %. Et,
si vous allez lire le plan qui a été
déposé par le ministre des Finances, il est prévu que, dans chacune des prochaines
années, cette dette va diminuer.
Mais
là je ne comprends plus le Parti
libéral. Est-ce qu'ils veulent
augmenter le PQI ou la dette ou s'ils veulent réduire le PQI et la
dette? J'essaie juste de suivre, là.
Des voix :
...
La Présidente : S'il vous plaît! Je vous entends. En question principale, je reconnais
la députée de Mont-Royal—Outremont. La parole est à vous, juste à
vous. On l'écoute.
Modernisation
du système informatique SAGIR
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, Mme la Présidente.
Je préparais ma réplique au discours du budget, en fin de semaine, et je
dois vous avouer que je cherche toujours la mesure clé du ministre des
Finances. Je cherche, bien entendu, le passage qui confirme que le gouvernement de la CAQ va émettre un reçu de charité
aux employés de la fonction publique. Comment faire autrement, Mme la
Présidente, quand on leur demande de travailler sans être rémunérés?
Ce
n'est pas la première fois que je me lève pour dénoncer un projet mal ficelé du
ministre du Numérique. Après «ça ne clique pas», «ça ne paie pas». Les
dérapages informatiques se poursuivent à une vitesse inquiétante, à la CAQ.
Hier, du bout des lèvres, le ministre a
avoué que la gestion des systèmes informatiques est plus compliquée que ce
qu'il pensait à l'époque où il était dans l'opposition.
Le
ministre du Numérique, qui s'autofélicitera probablement parce qu'il aura sauvé
de l'argent à l'État, peut-il nous dire comment il entend conseiller le
gouvernement sur cette nouvelle tuile?
La
Présidente : M. le ministre de la Cybersécurité, la parole est à vous.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Oui, merci, Mme la Présidente. Ça
va me permettre... Et je remercie la collègue pour sa question parce que
ça va me permettre de, je dirais, rectifier certaines affirmations.
Premièrement,
ce n'est pas un nouveau projet. Il faut comprendre que le système qui traite la
paie des employés de l'État a été déployé en 1978. J'avais huit ans.
Ensuite,
il faut comprendre que ce système-là traite la paie de 80 000, un peu plus
que 80 000 employés, qui chaque 15 jours reçoivent leur
paie comme prévu.
Maintenant,
il y a des situations inacceptables. Là-dessus, je rejoins ma collègue. Il y a
des employés qui, en raison de
conditions particulières, se retrouvent avec une paie qui est incomplète. Ce
qu'il faut comprendre, Mme la Présidente, c'est, quand la présidente du
Conseil du trésor négocie des
ententes, des conventions collectives, chaque disposition doit faire l'objet d'un programme particulier, dans une
application qui est programmée en cobol. Les ressources sont rares, et les
équipes travaillent fort pour mettre en
place les nouvelles dispositions, mais le système est désuet, il n'est pas
flexible, et les exigences pour intégrer les conventions collectives
sont de développer des nouveaux programmes.
Alors, là-dessus, je
compléterai, Mme la Présidente, sur la complémentaire.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci.
Le ministre nous parle essentiellement de cas isolés, que peu de gens sont
touchés, qu'il y a des problématiques techniques, que les problèmes sont
minimes, qu'il y travaille.
Mme
la Présidente, en cette période inflationniste qui frappe de plein fouet les
familles québécoises, comment le ministre
peut-il se désengager si facilement de sa responsabilité ministérielle?
Accepterait-il, lui, de voir sa paie de ministre... de ne pas... de se
voir privé de son chèque de ministre? Il pourrait ainsi vivre l'expérience des
employés touchés.
La Présidente : M. le ministre.
M. Éric Caire
M.
Caire : Alors, Mme la Présidente, je vais poursuivre mes
explications, aux Québécois de juger. Donc, on a un système qui est
désuet, qui nécessite qu'on code toutes les dispositions... les nouvelles
dispositions des conventions collectives,
parce que ce système-là n'est pas flexible. Évidemment, Mme la Présidente, ça
fait en sorte... des situations qui sont inacceptables, je suis tout à
fait d'accord.
Maintenant,
quelles sont les solutions? À court terme, ce qu'on a demandé au Conseil du
trésor, c'est de pouvoir commencer à
faire les modifications dès l'entente de principe et non pas à la signature,
donc ça donne plus de temps aux équipes.
On a demandé de prolonger le délai d'application de 45 à 60 jours, donc
plus de temps pour les équipes. Évidemment, on est en recrutement de
personnel pour avoir plus d'équipes, plus de capacité à modifier les
conventions collectives.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : En
août 2019, dans un article du journal Le Soleil, le
ministre du Numérique vantait le succès de la mise à jour de SAGIR et se disait soulagé que la mise à jour du
système de paie des fonctionnaires québécois, survenue au début juillet 2019, n'ait pas viré au
cauchemar. Hier, il mentionnait plutôt que le système n'avait jamais été mis à
jour.
Mme la Présidente, le ministre du Numérique
est-il à jour dans son dossier, qui prend des allures de Phénix québécois?
• (10 h 30) •
La Présidente : M. le ministre.
M. Éric Caire
M. Caire : Mme
la Présidente, je rappelle, au bénéfice des Québécois, que les plus de
80 000 employés de l'État sont
payés chaque 15 jours comme prévu, dans le respect des conventions
collectives. Il y a des situations particulières, elles sont
inacceptables, et nous souhaitons apporter des solutions en collaboration avec
le Conseil du trésor. Mais l'ultime solution,
Mme la Présidente, c'est, évidemment, de moderniser le système, d'aller
vers des systèmes qui sont plus modernes, plus souples, qui vont nous permettre d'être plus agiles dans le
traitement des nouvelles conventions collectives et de faire en sorte que ces situations-là soient réglées une
bonne fois pour toutes. Mais, en attendant, on est au travail avec le Conseil
du trésor...
La Présidente : En terminant.
M.
Caire : ...pour régler la situation et pour s'assurer que
toutes les sommes dues sont payées aux moments qui sont prévus.
La Présidente : En question
principale, je reconnais Mme la députée de La Pinière. La parole est à vous.
Projet de construction
de maisons des aînés
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Merci, Mme la Présidente. Quand on parle de projet
mal ficelé, trois mots nous viennent malheureusement à l'esprit :
maisons des aînés.
La CAQ estimait qu'il fallait créer 2 600 places.
Or, plus de 4 000 aînés sont en attente d'une place en CHSLD.
La CAQ
voulait construire une trentaine de maisons des aînés dans son premier mandat.
Or, le jour des dernières élections, le 3 octobre, aucune n'avait
encore été ouverte.
La CAQ estimait que la première phase coûterait
1 milliard de dollars. Nous sommes rendus à
2,8 milliards de dollars.
La précédente ministre promettait un ratio
patients-préposés d'un pour un. On a tellement de mal à trouver du personnel que les maisons terminées ne sont
toujours pas ouvertes à pleine capacité, faute de personnel. Pire encore, on
déshabille Pierre pour habiller Paul en embauchant du personnel existant dans
le réseau.
Mme la
Présidente, manque de personnel, sous-estimation des coûts, le nombre de places
insuffisant. La ministre est-elle satisfaite du résultat?
La Présidente : Mme la ministre
déléguée à la Santé et aux Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, très contente d'avoir la
question de ma collègue députée de La Pinière sur les maisons des aînés. Oui, effectivement, notre
engagement en lien avec les maisons des aînés vise à construire 46 maisons
des aînés au Québec. J'ai eu l'occasion d'en
inaugurer quelques-unes depuis mon arrivée comme ministre déléguée à la Santé et aux Aînés. C'est un concept qui est
extraordinaire, qui répond aux plus hauts standards en termes de milieu de vie,
en termes de qualité des soins et services.
Je sais que
c'est une période de questions. Je ne veux pas reposer une question à ma
collègue, mais je ne comprends pas où elle a pris son information par rapport
au ratio d'un pour un. Ça me semble complètement irréaliste. Je ne sais
pas d'où ça sort, mais, dans le réseau de la
santé et des services sociaux, des ratios un pour un pour donner des services,
on voit ça dans des situations de
soins intensifs, de soins intensifs spécialisés, et non pas dans des milieux de
vie. Et donc je suis un peu surprise de ça. On aura l'occasion peut-être
de le clarifier un peu plus tard. Je vous remercie.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Merci, Mme la Présidente. Alors, quand on parle
d'un projet mal ficelé, on parle de la maison des aînés d'Alma, qui n'a pas prévu assez de places de
stationnement. On parle de la maison des aînés de Roberval, qui doit réparer des fissures alors que la maison n'est
même pas ouverte. On parle de la maison des aînés de Sherbrooke, qui a connu
une ouverture chaotique.
Manque de
personnel, manque d'espace de travail, démissions subséquentes de personnel.
Mme la Présidente, la ministre est-elle toujours satisfaite du résultat?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, oui, je suis satisfaite des
résultats. On ouvre les maisons des aînés dans un contexte de pénurie de ressources humaines sans
précédent au Québec, d'ailleurs une pénurie de ressources humaines sans précédent au Canada. Et, si on veut se comparer
avec d'autres systèmes de santé un peu partout dans le monde, la pénurie
de ressources humaines, elle est partout.
Alors, oui,
on va quand même ouvrir nos maisons des aînés, au Québec, même si on est dans
un contexte de pénurie. Cependant,
c'est clair qu'on doit s'ajuster, puis on ne veut pas fragiliser nos CHSLD ou
nos hôpitaux, et on va donc le faire graduellement.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Quand on parle de projet mal ficelé, on parle de
la maison des aînés de Mirabel. Un grave problème est survenu à cause du sol, une portion du
chantier s'est affaissée. Le problème est tel qu'il a fallu démolir une partie
d'une aile et la reconstruire. Entendons-nous, c'était flambant neuf, et
on a dû recommencer. C'en est gênant.
Mme la Présidente, la ministre est-elle encore
satisfaite du résultat, fière de ce qui a été fait?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, je comprends que ma collègue de
La Pinière fait la tournée des chantiers de construction des maisons des
aînés au Québec et je salue son initiative. C'est normal, quand on fait des
constructions, qu'il y ait, en cours de
route, des situations qui arrivent qui ne sont pas prévues. Pour moi, ce qui
est important, c'est qu'on travaille
avec la SQI et qu'on travaille en étroite collaboration pour s'assurer que nos
projets soient de qualité. Qu'il arrive des problèmes comme il en est arrivé
notamment, dernièrement, avec des fissures dans les céramiques ou dans les
bétons, c'est des choses qui peuvent arriver. Ce qui est important,
c'est que les professionnels soient là pour amener les correctifs.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Mille-Îles. La parole est à vous.
Construction
de logements sociaux
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Tous les acteurs du milieu municipal et des organismes en
habitation ont déploré le manque de
mesures en habitation dans le dernier budget : trop peu d'argent, trop
étalé dans le temps, pas assez de logements sociaux. Beaucoup, beaucoup de projets caquistes sont
mal ficelés. On n'a toujours pas de détails sur la fin annoncée d'AccèsLogis. Le nouveau programme, le PHAQ, plusieurs
l'ont décrit comme un programme mal attaché. Des HLM barricadés malgré une entente avec le fédéral et des milliers de
logements bloqués, faute de financement, et ce, partout au Québec.
La
ministre dit que c'est compliqué, puis je la comprends parce qu'elle traîne
avec elle le déni caquiste en matière de
logement, parce que c'est vrai qu'ils ont nié pendant trois ans la crise du
logement, et maintenant, bien, on fait face à un réel enjeu.
Alors,
il semble que ce gouvernement-là ne prend pas l'habitation au sérieux. Les
besoins s'accumulent, et les projets ne sortent pas de terre.
Que va-t-il arriver
avec les logements qui n'ont toujours pas été livrés? Est-ce qu'on doit les
oublier?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, écoutez, je vais réitérer, là, que
l'habitation a eu 1 milliard la semaine passée, O.K.? Je sais qu'on
peut lever les yeux au ciel, mais je considère que 1 milliard pour faire
le travail... Puis on est à la première année du mandat, hein? Donc, il y a
650 millions qui s'en va à la brique, il y a 350 millions, Mme la Présidente, qui s'en va à la personne, donc
des programmes de soutien, Programme de supplément de loyer. Et on a annoncé 1 500 unités additionnelles
dans le cadre du Programme d'habitation abordable du Québec, et ces 1 500
là, c'est première annonce, premier budget, première année de mandat.
Donc, j'aimerais
justement, là, prendre l'occasion de rectifier, là, les... ce qui est véhiculé.
Donc, on a promis 11 700 unités,
et il y a déjà 1 700 unités dans le PHAQ, version 1, il y a
3 000 unités qui sont déployées par les fonds fiscalisés puis un autre 1 500, là, à travers le
PHAQ, version 2, qui sera bonifié. On a écouté tous les acteurs du milieu
et on aura une nouvelle version prochainement.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Écoutez, ça fait cinq ans, là, que la CAQ est au pouvoir. Et là la
ministre souhaite mettre le clou dans
le cercueil d'AccèsLogis, mais, pendant ce temps là, le nouveau programme de
logement abordable, le PHAQ, lui, ne semble
pas être prêt à prendre la relève du tout. À propos d'un projet de
500 logements, la mairesse de Sherbrooke a dit : On n'est pas capables de faire aboutir ça à travers
le PHAQ. L'UMQ a dit : Pour le PHAQ, les mises de fonds exigées sont
trop élevées. Et, jusqu'à maintenant, aucun projet n'a été confirmé avec le
PHAQ.
Alors, ma
question : Le PHAQ est-il un autre projet mal ficelé de la CAQ?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, tel que je le mentionnais, là, à la
première question, le PHAQ a été
présenté l'année dernière, en juin. 1 700 projets, là, qui avaient été
soumis, on en a retenu... ou même plus de 1 700 ont été soumis, on
en a retenu 1 700. Et il y a eu beaucoup de commentaires, effectivement,
là, qui... sur certains éléments à
améliorer. On a écouté tant les gens du milieu communautaire que du secteur
privé, et la nouvelle itération va couvrir ces commentaires-là et va améliorer les choses. Et le but, c'est d'être
juste plus efficients, Mme la Présidente. Je pense que c'est clair que
l'ancien programme, là, ne répondait plus aux besoins.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Vous voulez un autre exemple de projet mal ficelé?
La rénovation des HLM. L'argent est là. La ministre a 2,2 milliards, selon une entente signée avec le fédéral,
je le rappelle, en 2020. Or, trois ans plus tard, le programme québécois de rénovation n'a toujours pas été créé.
Pendant ce temps-là, la détérioration des HLM s'accélère, les coûts de
rénovation, ils montent en flèche, et des centaines de logements demeurent
barricadés.
Pourquoi le gouvernement
caquiste fait-il preuve d'autant de laxisme avec les HLM?
• (10 h 40) •
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Vous lisez beaucoup les journaux, là, alors j'imagine que vous avez
lu sur les HLM, qui sont des milieux de vie
où les gens, vraiment, s'accomplissent, il y a de l'entraide. Alors, pour moi, c'est
important de soutenir ces milieux-là, puis on va continuer de le faire, Mme la
Présidente.
Le programme du fédéral,
là, conjoint avec le Québec pour financer les HLM, il est sur le point, là,
d'être livré, mais on n'a pas attendu. Les sommes sont déjà distribuées en
partie aux offices d'habitation. J'ai reçu un plan sur le déploiement de ces
sommes-là, et ces informations-là seront rendues publiques et partagées, là,
très prochainement.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
Troisième
lien entre Québec et Lévis
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Hier, la ministre de l'Habitation nous a dit qu'il fallait
respecter la capacité de payer des contribuables lorsque vient le temps
de rénover des logements qui sont bourrés de moisissures. Je la cite : «C'est de l'argent des
contribuables[...]. Il faut le dépenser comme il faut [...] il faut être
structuré dans l'approche pour que
les coûts soient bien cernés.» Je suis d'accord avec la ministre. L'argent des
contribuables, on ne peut pas dépenser ça n'importe comment. C'est
important que les coûts soient bien cernés.
Ça m'a fait
penser à quelque chose. Le troisième lien, là, c'était censé coûter
6,5 milliards de dollars. L'ex-ministre des Transports s'était engagé à respecter ce
montant-là. Le premier ministre, en campagne électorale, nous a dit que c'était
son maximum, 6,5 milliards.
Aujourd'hui, il dit qu'il est plus déterminé que jamais à creuser son tunnel.
Il n'y a pas d'étude, les experts
sont contre. On vient d'apprendre que l'achalandage sur le pont Pierre-Laporte
est en baisse. Et là je ne vous parle
même pas de la crise climatique. Visiblement, rien de tout ça ne dérange le
premier ministre, donc je vais lui parler de ce qui devrait le
préoccuper : l'argent des contribuables.
Est-ce que le premier ministre, aujourd'hui,
peut confirmer que 6,5 milliards, c'est encore le bon chiffre, que
6,5 milliards, c'est le prix maximum qu'il est prêt à mettre sur le
troisième lien?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, hier, le chef de Québec
solidaire me disait : Il manque de places en travail social dans les
universités. Vérification faite : complètement faux. Complètement faux. Il
ne manque pas de places en travail social dans les universités.
La Présidente : Je reconnais le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M.
Leduc : ...d'expérience, Mme la Présidente, il ne faut pas
dire « faux », «vérité », il connaît très bien cette règle-là.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît!
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader du
gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le premier ministre revient
avec une information, suite à la question qui a été posée hier, donc, les
vérifications ont été effectuées, puis la réponse du premier ministre, elle est
franche, elle est claire, à l'affirmation qui avait été faite par le
biais du chef du deuxième groupe d'opposition.
La
Présidente : Nous allons poursuivre et faire attention. Et vous
nous dites que c'est inexact. Poursuivez votre réponse.
M.
Legault : Je vais essayer de l'expliquer autrement. Hier...
Bon, d'un côté, on a le nombre d'étudiants en travail social, le nombre de places en travail social dans
les universités. Hier, le chef de Québec solidaire nous disait qu'il y avait
plus d'étudiants qui voulaient étudier que de places. La vraie situation, c'est
le contraire. Bien, je n'ai pas dit «faux», là.
La Présidente : M. le leader...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît! M.
le leader du deuxième groupe d'opposition, je vous écoute.
M.
Leduc : Bon, la leçon n'a pas été retenue. Et de plus, Mme
la Présidente, la question porte sur le troisième lien.
La Présidente : Nous allons
poursuivre. Et je suis persuadée que nous y arrivions. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui.
Aujourd'hui, le chef de Québec solidaire nous dit : Le troisième lien va
coûter plus que 6,5 milliards. Où il prend ça? Probablement à la même
place qu'il a pris son information, hier, sur les places en travail social à
l'université.
Mme
la Présidente... Mme la Présidente, effectivement, c'est notre responsabilité
de bien gérer les fonds publics. On a
fait une étude, on devrait avoir les résultats, au cours des prochaines
semaines, sur l'achalandage en tenant compte du télétravail, qui est une nouvelle réalité actuellement. Puis, au cours
des prochaines semaines, bien, on aura l'occasion de déposer tout ça.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Je pourrais livrer le fond de ma pensée sur la
confusion totale dans la réponse du premier ministre,
je ne le ferai pas. Parce qu'il n'a pas répondu à ma question, qui était
pourtant simple. 6,5 milliards, ce n'est pas mon chiffre, c'est celui de la CAQ, c'est
l'engagement, en campagne électorale, du premier ministre. Il nous a dit :
6,5 milliards, là, c'est le
maximum. C'est son chiffre. Je lui demande, ce matin, de nous confirmer qu'au
moment où on se parle, 6,5 milliards, c'est encore ça, son chiffre
pour le troisième lien.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, contrairement à Québec
solidaire, nous, on est cohérents, on ne change pas d'idée. On est
déterminés à faire le troisième lien.
Maintenant,
le chef de Québec solidaire nous disait hier : Il manque de places en
travail social dans les universités. Aujourd'hui,
il nous dit : Ça va coûter plus que 6,5 milliards pour le troisième
lien. Mme la Présidente, je ne sais pas quel mot
utiliser, là, mais, bon, on va laisser Québec solidaire continuer de spéculer.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais pas ce que le
premier ministre a contre le travail social à matin, là. Ce n'est pas ça,
le sujet de la question. Puis je n'ai pas
dit que ça coûterait 6,5 milliards de plus, je lui pose la question. Ça
s'appelle-tu la période des
questions, ici? Je pense que oui. Ça fait que je lui pose. Et là ce que je
remarque, c'est qu'il ne répond pas. Tout le monde remarque qu'il ne
répond pas à la question.
Dernière
chance. Il a-tu le courage, ce matin, de se lever et de dire si
6,5 milliards de dollars, c'est encore le montant maximal sur
le troisième lien...
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je veux rassurer le chef de Québec
solidaire, je n'ai rien contre le travail social. Actuellement, il ne
manque pas de places, il manque d'étudiants.
Des voix :
...
M. Legault : Oh!
La députée de Sherbrooke est en train de s'énerver, là, mais...
Des voix : ...
M. Legault : Bien
non, mais, écoute...
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout, vous perdez votre
propre temps. Attention! Vous vous interpelez des deux côtés, là. M. le
leader de l'opposition officielle, brièvement... leader du deuxième groupe.
M. Leduc : ...qui devrait faire attention à ce qu'il dit à
propos de la députée de Sherbrooke, c'est le premier ministre. On se souvient très bien de ses paroles il y a
quelques années. Je garderais une retenue. Et même je lui demanderais de
retirer ses paroles, s'il vous plaît.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, brièvement. Je trancherai
tout de suite après.
M.
Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, je ne sais pas comment je
dois percevoir l'intervention du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce que
c'est une menace, de la façon dont il s'exprime, en disant au premier
ministre : Faites attention? Écoutez...
La
Présidente : Bon, je suis debout, M. le leader du gouvernement, je
suis... Oui. Et je vous entends beaucoup, beaucoup,
M. le leader, M. le chef, également, de l'opposition officielle, depuis tout à
l'heure. On va poursuivre cette période de questions. On va faire attention. Et, si on commençait par cesser de
s'interpeler de part et d'autre, je pense qu'on pourrait porter davantage attention aux questions et aux
réponses. Il restait un peu de temps pour la réponse. Et soyons courtois les
uns avec les autres.
M. Legault : Bien, j'invite la députée de Sherbrooke à faire le
tour des universités, puis elle va s'apercevoir qu'il ne manque pas de
places en travail social.
Puis, pour ce qui est
du troisième lien, bien, on va faire une mise à jour prochainement.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais la députée de Mercier. La parole est à vous, juste à vous. Aucun
commentaire de la part de personne ici. Vous avez la parole.
Reconnaissance des acquis et des compétences des
enseignants
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Cette semaine, j'ai reçu
le courriel d'Anne, une enseignante retraitée qui est revenue prêter main-forte en pleine pandémie.
Je lui ai parlé au téléphone. Avec ses 23 ans d'expérience, elle a accepté
de prendre en charge une classe difficile en quatrième année du primaire dont
personne ne voulait.
On se serait attendus
à ce qu'elle soit traitée aux petits oignons pour qu'elle reste le plus
longtemps possible dans un réseau en mal de
profs, mais, non, c'est le contraire qui est arrivé. La semaine passée, Anne
s'est fait réclamer plus de
2 500 $ de primes déjà promises et déjà versées. Pourquoi? Parce
qu'elle n'a pas de bac en enseignement. Pourtant, ce fait était connu depuis le début, quand elle a été
embauchée. Avec ses deux bacs, on l'a jugée assez bonne pour lui confier
des élèves pendant 23 ans, et là on la pénalise.
Le
ministre de l'Éducation sait très bien qu'on n'a pas le luxe de perdre plus de
profs, au Québec. Est-ce qu'il accepte de retirer cette règle
administrative, qui est très, très absurde, et de payer sa prime à Anne?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, d'abord, je
vais prendre connaissance du cas dont nous sommes saisis aujourd'hui. Alors, j'apprécierais que la députée de Mercier me
fasse suivre la documentation voulue pour que je puisse vérifier l'information.
Par
ailleurs, je ne sais pas si vous avez vu ça passer, Mme la Présidente, mais, la
semaine passée, la TELUQ a annoncé la création d'une voie rapide de
30 crédits pour permettre, justement, à des profs qui ont un bac dans une
matière qui est enseignée dans nos écoles... pour permettre à ces profs,
mettons, qui ont un bac en mathématiques, en français, en géographie, en
histoire, en chimie, en physique, peu importe, de pouvoir s'inscrire, donc, à
ce 30 crédits de la TELUQ, plutôt que 60 crédits à la maîtrise
qualifiante, donc 30 crédits. Et ce parcours-là, c'est bien mon intention,
va permettre éventuellement à ces profs qui ont un bac et qui sont déjà
dans nos écoles, mais qui sont non légalement qualifiés, d'obtenir le brevet,
au terme de ce parcours.
Alors,
Mme la Présidente, c'est un pas, un excellent pas dans la bonne direction,
parce qu'on souhaite, justement, que
les enseignants, les enseignantes deviennent légalement qualifiés, pour ceux
qui ne le sont pas. Et puis, comme ça, on espère avoir plus de profs
dans nos écoles.
• (10 h 50) •
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci. Je vais revenir au cas d'Anne, parce
qu'elle n'est pas la seule dans cette situation-là. Elle pourrait très bien
rester à la retraite, en profiter, mais elle a décidé de répondre à l'appel et
de revenir en renfort. Elle est tellement
insultée de la façon qu'on la traite qu'elle avait même pensé de quitter tout
de suite, mais elle ne veut pas pénaliser ses élèves. Mais elle ne
reviendra pas en septembre. C'est vraiment un gâchis.
Est-ce
que le ministre sait il y a combien de retraités qui sont dans cette situation
et corriger la situation rapidement? Est-ce qu'il peut regarder la
caméra puis lui dire qu'elle ne perdra pas sa prime?
La
Présidente : M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente,
je vais d'abord me saisir des faits, puis par la suite j'informerai la Chambre de la décision que je prendrai, si décision il y a
à prendre, on verra, mais je demande encore une fois à la députée de Mercier de me faire suivre
l'information. Honnêtement, Mme la Présidente, j'aurais apprécié que l'information
me soit acheminée avant, comme ça
j'aurais pu donner une réponse très précise au cas qui est soulevé. Là, ça a
l'air d'une question piège, tu essaies
de faire mal paraître le ministre. Honnêtement, Mme la Présidente, je ne peux
pas connaître tous les cas d'espèce. J'ai 70 000 locaux et classes dans le réseau scolaire, Mme la
Présidente, puis il y a un adulte dans chacune de ces 70 000 classes.
Alors, je ne peux pas connaître la situation individuelle de chacun.
Encore une fois,
l'information s'il vous plaît. La décision suivra.
Des voix : ...
La Présidente : Deuxième complémentaire... Pas de commentaire après les réponses, je
vous prie. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Bien, écoutez, ce que je veux faire, ce n'est pas seulement un simple cas
citoyen, je vais même transmettre le numéro
de téléphone d'Anne pour que le ministre ou son cabinet puisse lui parler,
parce qu'elle n'est pas seule.
À
l'ancienne législature, l'ancien ministre de l'Éducation avait créé tout un
tollé parce qu'il a dit aux retraités de revenir, mais seulement ceux qui avaient pris leur retraite après le
15 juillet 2015 pouvaient avoir droit au montant. Devant le tollé, le ministre a reculé. Donc, j'invite
maintenant le ministre à me dire que, quand il va se saisir de ce cas... qu'il
va, lui aussi, reculer, parce qu'on n'a pas le luxe de perdre cette
prof.
La
Présidente : M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente, la députée me dit : Donne ta décision avant
même de connaître les faits. Ce n'est
pas de même que ça marche. En tout cas, pas de ce côté-ci, Mme la Présidente.
On va se saisir des faits puis on va prendre la décision par la suite.
Par ailleurs, je suis
très sensible au fait, Mme la Présidente, qu'il faut en faire plus pour garder
les enseignants qu'on a déjà. Et je souligne
les excellentes propositions de la présidente du Conseil du trésor déposées
plus tôt cette semaine. Je souligne
également le tutorat qu'on a mis de l'avant, le mentorat qu'on a créé, les
aides à la classe qu'on veut également déployer
pour, justement, aider le personnel scolaire et en particulier nos enseignantes
et enseignants dans nos classes du Québec.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le chef du troisième groupe d'opposition.
Financement des universités anglophones
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. La semaine dernière, j'ai posé
une question au premier ministre à propos du
surfinancement en infrastructures dans les universités anglophones par rapport
aux universités francophones. Le
premier ministre en a profité pour répondre sur un autre sujet, et je le
cite : «...le financement[...], que ce soit à McGill ou à l'Université de
Montréal, c'est un montant par étudiant. [...]c'est complètement faux de dire
qu'on finance davantage un étudiant à
McGill que dans une université francophone.» Eh bien, il va être content, parce
qu'on a fait le calcul, et il va pouvoir se rétracter.
Les
universités francophones, sous la CAQ, sont bel et bien sous-financées par
rapport à McGill. Pour la dernière année où on a des données,
c'est-à-dire 2021, McGill disposait de 16 740 $ en revenus par
étudiant à temps plein pour le fonctionnement. Pendant ce temps, à l'UQAM,
c'est 7 461 $ par étudiant; à l'Université de Montréal,
7 047 $; à l'Université Laval, 7 319 $.
Ma
question est simple — et
j'aimerais que le premier ministre ne me parle pas de travail social ou de peur
du référendum : Est-ce que le
premier ministre peut reconnaître qu'il s'est trompé et que le financement par
étudiant est plus élevé à McGill que dans toutes les universités
francophones?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, quand on regarde le financement des étudiants
dans les universités, bon, le financement courant est le même par
étudiant, c'est le même montant.
Maintenant, quand on
regarde ce qu'on appelle le PQI, c'est-à-dire les infrastructures, il y a un
projet, pas 50, il y a un projet, qui est le
projet de Royal Victoria, qui a été donné à McGill. Pourquoi? Parce qu'on l'a
offert à toutes les universités francophones, puis personne ne voulait l'avoir. Donc, McGill
a dit : Moi, je suis prête à utiliser une partie de l'argent de notre fondation. Or, Mme la Présidente,
si on exclut le dossier de Royal Victoria, on voit que 99 % des
infrastructures, c'est dans les universités francophones. Puis je le
sais, que le chef du Parti québécois le sait.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : À nouveau, le premier ministre énonce des choses
qui sont inexactes. Donc, je réitère les chiffres, ce sont des faits,
16 740 $ en revenus...
La Présidente :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, j'espère que le chef de l'opposition sait qu'il
ne peut pas faire ça, il doit prendre la parole d'un député, hein?
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, je vais me lever à mon tour. Merci,
M. le leader du gouvernement, je vous ai entendu. Monsieur...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! M. le député de
Matane-Matapédia, je vous écoute. J'imagine que vous faites un appel au
règlement. Lequel?
M. Bérubé : Bien vu, Mme la
Présidente. Pouvez-vous donner des instructions à cette Chambre quant au fait
qu'il est interdit de dire «inexact» et, si c'est le cas, depuis quand,
pour le bénéfice du leader?
La Présidente :
Maintenant, je vous dirais qu'on
doit prendre la parole des députés et on doit aussi considérer que nos
collègues sont de bonne foi lorsqu'ils s'expriment. Et le mot qui a été utilisé
n'était pas un mot non parlementaire, j'en conviens. Cela dit, on doit
prendre la parole de l'élu. Je vous invite à poursuivre.
M. St-Pierre Plamondon : ...le
financement, à McGill, c'est 16 700 $, puis, université francophone,
7 000 $ quelques. Même si on prend juste le financement
public, c'est 8 800 $ à McGill versus 4 774 $ à Laval.
Est-ce qu'il peut
juste rectifier le tir, dire la... dire les faits comme ils le sont?
Des voix :
...
La
Présidente : M. le
leader du gouvernement, c'est beau, j'ai entendu. Et on ne peut pas dire qu'on
ne dit pas la vérité, on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne
peut pas faire directement.
M. le premier
ministre, votre réponse.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
j'ai beaucoup de respect pour le Parti québécois, j'ai été au Parti québécois.
Je trouve ça triste, pour ne pas utiliser
d'autres mots, que le chef du Parti québécois pense que j'avantagerais
financièrement des universités
anglophones par rapport aux universités francophones. Franchement, franchement
c'est décevant, pour un jeune
politicien, de faire... Puis là je vais faire attention, je vais faire
attention aux mots que j'utilise, là, mais je suis vraiment déçu du chef
du PQ.
La Présidente :
Deuxième complémentaire. Pas de
commentaire après ni les réponses ni les questions. La parole est à
vous, juste à vous.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Je
remercie le premier ministre de me faire part de ses états d'âme. Moi, j'ai des
chiffres. 16 000 $ versus 7 000 $. 8 800 $
versus 4 700 $.
Là,
est-ce qu'on peut parler de faits et est-ce qu'on peut au moins s'engager, du
côté du gouvernement, dans votre énième
plan en français... vous engager à mettre fin au sous-financement des
universités francophones? Est-ce qu'on pourrait avoir cet engagement-là?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
j'ai été, trois ans au Parti Québécois, ministre de l'Éducation, incluant l'Enseignement supérieur. Je comprends, là, le
chef du PQ s'arrache la tête, là, mais je peux vous assurer qu'un étudiant en
médecine, qu'il soit à l'Université de
Montréal ou à l'Université McGill, c'est le même montant. Évidemment, c'est
plus élevé en médecine, par exemple, qu'en administration.
Mais, Mme la
Présidente, pour ce qui est du français, là, le gouvernement du PQ n'a pas de
leçons à donner, parce que, quand il
était là, il acceptait que 50 % des immigrants ne parlent pas français.
C'est là qu'est la clé pour le français. Puis, bien, écoutez, on aura
l'occasion de déposer des nouvelles propositions, là, mais le chef du PQ est
décevant.
Des voix : ...
La
Présidente : En question principale — pas de commentaire — je reconnais... Ah! La question sera intéressante,
probablement, si je reconnais le chef de... pardon, le député...
Des voix : ...
La
Présidente : Mon erreur. Ça se termine. S'il vous plaît! On va
avoir droit à la question du député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
La parole est à vous, juste à vous.
Fermeture
du chemin Roxham
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Le gouvernement nous dit que la nouvelle entente entre
Ottawa et Washington sur le chemin
Roxham est une belle victoire pour le Québec. Ce qu'il ne nous dit pas, c'est
que l'entente va créer des centaines
de mini-chemins Roxham des plus périlleux et plus dangereux les uns que les
autres. Les demandeurs d'asile passaient avant Roxham. Ils vont passer
après Roxham, mais cette fois-ci ils vont passer dans des conditions dangereuses, ailleurs, au profit des passeurs. Les
citoyens de Lacolle nous rapportent déjà que des migrants traversent en
passant sur leur terrain. Cette situation risque de se reproduire un peu
partout en Beauce, en Estrie, en Montérégie.
Comment la
ministre de l'Immigration va réagir quand, par exemple, les gens de Stanstead
ou Chartierville vont devoir composer avec un nouveau flux de demandeurs
d'asile, une migration irrégulière, désordonnée, dangereuse et périlleuse?
Est-ce qu'elle pense que c'est bon pour le Québec?
• (11 heures) •
La Présidente : Mme la ministre de
l'Immigration.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci.
Je souhaiterais tout d'abord souhaiter la bienvenue au député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vraiment très contente de pouvoir avoir l'occasion
de collaborer avec vous. J'entends que vous voulez vous inscrire dans une
attitude d'ouverture, de collaboration, et
c'est celle que je privilégie également, et c'est celle que j'avais établie
également avec votre prédécesseur,
que je remercie et que je salue, qui a porté ce dossier de manière vraiment
intéressante et constructive. Donc, un grand merci pour vous. Et
j'espère qu'on aura l'occasion de mettre votre expertise en immigration de
l'avant.
En ce qui a
trait à l'entente qui a été renégociée, on en est vraiment très fiers, très
contents, puisqu'elle permet de mettre, on pourrait dire, un point de
conclusion, une quasi-conclusion aux entrées irrégulières, qui avaient pris, en
fait, une croissance phénoménale, au
cours des derniers mois, et qui créaient une pression très importante sur nos
programmes gouvernementaux et également sur les organismes d'accompagnement des
personnes immigrantes. Il était important, très important pour nous de mettre un terme à cette entrée trop importante de
gens qui entraient de manière irrégulière sur le territoire canadien et
québécois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Cliche-Rivard : Bien, justement, Mme la Présidente, le premier
ministre — et
maintenant la ministre — nous
dit qu'il faut écouter les groupes, qu'il faut écouter les groupes
communautaires. Or, qu'est-ce qu'ils nous disent, les groupes communautaires? Ils nous disent que la nouvelle
entente, et je cite, «est le pire scénario imaginable». Des demandeurs d'asile
sont poussés vers des passages irréguliers et dangereux.
Pourquoi,
cette fois-ci, la ministre n'écoute pas les groupes? Comment est-ce que la
ministre peut se dire contente d'une telle entente?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Bien, la situation qui prévalait au cours des
derniers mois a créé une pression très importante sur les groupes
d'accompagnement. Et c'est d'ailleurs ce pour quoi, avec ma collègue ministre
de Rivière-des-Prairies... de Pointe-aux-Trembles, pardon, ma collègue,
on a annoncé, en fait, une aide additionnelle de 3,5 millions de
dollars pour venir en soutien
à ces groupes-là, parce qu'il faut voir qu'il y avait une pression importante
sur ces groupes pour offrir des services,
pour les accompagner, et que les ressources manquaient, l'espace manquait
également. Et ça, c'est sans faire référence, également, à nos services
gouvernementaux, qui subissaient une pression importante, que ce soit dans le
domaine de l'éducation, dans le domaine de la santé.
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
Alors, il était important de
changer l'orientation, de changer la donne. Et cette renégociation de
l'entente sur les...
La
Présidente : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique de motions
sans préavis. Et je cède la place, pour ce faire, à la première
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Bonne journée, tout le monde!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous allons poursuivre nos travaux.
À la rubrique des
motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais
maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de
Matane-Matapédia, la parole est à vous.
Demander au gouvernement d'entreprendre des actions pour favoriser
l'assurabilité des bâtiments patrimoniaux du Québec
M. Bérubé : Mme la Présidente, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Mont-Royal—Outremont, la députée de Mercier et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale affirme que le patrimoine bâti est un témoin important de notre
histoire nationale;
«Qu'elle
souligne les difficultés importantes rencontrées par les propriétaires de
bâtiments patrimoniaux à assurer leurs propriétés;
«Qu'elle
souligne que la préservation et la protection de notre patrimoine est dans
l'intérêt collectif des Québécois;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement d'entreprendre des actions pour favoriser
l'assurabilité des bâtiments patrimoniaux du
Québec dans le but de protéger et préserver patrimoine bâti — c'est
le patrimoine bâti — pour
les générations futures.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement. M. le
ministre de la Sécurité publique, la parole est à vous.
Rendre hommage à la sergente Maureen Breau, policière de
la
Sûreté du Québec décédée en devoir, et offrir des
condoléances à sa famille et à ses proches
M.
Bonnardel :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député de Laurier-Dorion, le député des Îles-de-la-Madeleine et la
députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage à la sergente Maureen Breau de la Sûreté du
Québec, décédée en devoir;
«Qu'elle
souligne le travail essentiel des milliers d'hommes et de femmes oeuvrant au
sein de nos corps policiers, et qu'elle leur réitère son support
indéfectible;
«Qu'enfin, elle
observe une minute de silence, en sa mémoire.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, nous allons nous recueillir et garder une minute
de silence.
• (11 h
06 — 11
h 07) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Vous pouvez vous asseoir.
Je
suis maintenant prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, la parole est à vous.
Demander au gouvernement de corriger dans les plus brefs
délais les problèmes
liés à la rémunération de certains employés et de poursuivre les travaux
nécessaires à la modernisation du système de paie gouvernemental
Mme Setlakwe :
Mme la Présidente, je sollicite
le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Maurice-Richard, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des problèmes informatiques affectant la
rémunération des fonctionnaires québécois,
tels que des heures non payées, des augmentations salariales non versées ou
encore des sommes versées en trop;
«Qu'elle reconnaisse
que ces problèmes informatiques ont un impact important sur les salariés
affectés;
«Qu'elle
prenne acte que le système SAGIR est sous la responsabilité directe du ministre
de la Cybersécurité et du Numérique;
«Qu'enfin,
elle exige que le gouvernement s'engage à prendre les actions nécessaires afin
de corriger les problématiques
actuellement vécues de certains employés au niveau de la rémunération, et ce,
dans les plus brefs délais, et à poursuivre les travaux nécessaires à la
modernisation du système de paie gouvernemental.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a un consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) :
Oui, il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous allons procéder à un vote par appel nominal.
Que les députés qui
sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
• (11 h 10) •
Le Secrétaire adjoint : M. Tanguay
(LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey),
Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie), Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel
(Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly),
M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier), M. Charette
(Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Carmant
(Taillon), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François),
M. Émond (Richelieu), M. Lacombe (Papineau), Mme Champagne
Jourdain (Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny),
M. Lafrenière (Vachon), M. Simard
(Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme),
M. Jacques (Mégantic), M. Bélanger (Orford), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau),
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque),
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin (Bonaventure),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin
(Rousseau), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull),
Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet
(Laporte), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), M. Zanetti (Jean-Lesage),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veulent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : La motion est adoptée.
Maintenant, nous
allons poursuivre. Je suis prête à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition.
Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Réitérer la demande de l'Assemblée au gouvernement fédéral
de mettre
fin à toute subvention aux entreprises pétrolières et gazières
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion
suivante conjointement avec le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs, avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce, le chef du troisième groupe d'opposition et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale exprime ses inquiétudes de voir l'augmentation de la
production pétrolière et gazière au Canada venir interférer avec les
efforts mondiaux de lutte contre les changements climatiques;
«Qu'elle réitère sa demande au gouvernement
canadien, telle qu'adoptée à l'unanimité par motion le 22 septembre 2021,
d'interrompre toute subvention directe ou indirecte aux entreprises pétrolières
et gazières avec l'argent des Québécois et Québécoises.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidentem il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Motion adoptée. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Mme la Présidente, est-ce qu'une copie pourrait
être envoyée à M. Steven Guilbeault, le ministre de l'Environnement du
Canada, s'il vous plaît?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Ce sera fait. Maintenant, nous allons procéder... nous
sommes rendus... M. le whip en chef du gouvernement.
Modifier la composition de la Commission
des relations avec les citoyens
M. Lefebvre :
Merci, Mme la Présidente.
Conformément à l'article 129 de notre règlement, je fais motion
afin :
«Que
la députée de Laviolette—Saint-Maurice soit nommée membre permanente de la Commission des relations
avec les citoyens en remplacement de la députée de Laporte.» Merci.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée.
Maintenant,
nous sommes rendus... M. le leader du gouvernement, aviez-vous une question?
Non? O.K. Vous êtes un petit peu trop vite, laissez-moi finir...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, je vois ça.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, nous sommes à la rubrique Avis touchant
les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, Mme
la Présidente. Merci de pardonner mon enthousiasme débordant.
Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission
des relations avec les citoyens poursuivra les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi n° 11, Loi
modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions, pour
une durée de 1 h 35 min...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Lorsque vous quittez le salon bleu, c'est toujours
la même chose, faites-le en silence,
parce qu'on n'entend pas la voix du leader qui est en train de nous donner des
informations. Merci de quitter en silence.
M.
Lévesque (Chapleau) : ... — merci,
Mme la Présidente — donc,
pour une durée de 1 h 35 min, et de 15 heures à
16 h 35, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des institutions poursuivra les
consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des
personnes victimes de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses
et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions, pour une durée de
1 h 35 minutes, et de 15 heures à 18 h 15, à la salle
Pauline-Marois.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Il n'y a pas d'avis concernant la présidence.
Maintenant,
nous poursuivons à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Il n'y a pas de question.
Affaires du jour
Donc, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : ...je vous inviterais peut-être à reconnaître le
prochain intervenant, qui est le ministre de l'Agriculture.
Affaires prioritaires
Reprise
du débat sur la motion
du ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur les motions formulant un grief
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...tout à fait raison. Donc, aux affaires
prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, on reprend le débat ajourné le
28 mars 2023 sur la motion de M. le ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un grief
présentées par M. le député de Marguerite-Bourgeoys, M. le député de Maurice-Richard, M. le chef de l'opposition officielle,
M. le député de Jean-Lesage, Mme la
députée des Mille-Îles, Mme la députée de La Pinière, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme la députée de Verdun et
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Avant de
céder la parole à M. le ministre de l'Agriculture, je vais vous informer
qu'il reste 9 minutes... 57 min 36 s d'écoulées depuis la première étape du débat. La
répartition du temps de parole restant est la suivante :
2 h 10 min 26 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 30 min 59 s
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
43 min 30 s au deuxième groupe d'opposition, et
7 min 29 s au troisième groupe d'opposition.
M. le
ministre de l'Agriculture, je vous cède la... Oh! juste un instant. Vous
n'aviez pas terminé votre intervention, vous, hier. Alors, je vais vous céder la parole, pour que Mme la députée
de Robert-Baldwin finisse d'abord son temps de parole, c'est
ça, votre intervention. Allez-y, je vous cède la parole.
Mme Brigitte B. Garceau (suite)
Mme Garceau : Mme la Présidente,
malgré les investissements annoncés par le gouvernement en matière de condition
féminine, il y a un grand manque de précision quant au déploiement des fonds.
Pour faire progresser l'égalité entre les
femmes et les hommes au Québec, nous devons adopter une approche
intersectionnelle, et ce, particulièrement dans l'élaboration des
stratégies de la violence envers les femmes.
Le manque de
financement dans ce budget pour la construction urgente de maisons
d'hébergement en première étape est
absolument incompréhensible. Les regroupements des maisons d'hébergement pour
femmes de victimes de violence conjugale
ont sonné l'alarme. Ce gouvernement a la responsabilité d'y répondre et de
protéger la sécurité des femmes et de nos enfants.
Motion formulant un grief
Et j'aimerais déposer maintenant la motion de
grief qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste de prévoir
convertir seulement 8 % de l'ensemble des places non subventionnées
au Québec en places subventionnées.»
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Votre motion est déposée
sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant, nous allons poursuivre avec M. le
ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Merci, Mme la
Présidente. Ma chère collègue députée, là, vous n'étiez pas obligée de vous
dépêcher comme ça, là, on n'était pas à une minute près, là. Mais très bien.
Écoutez, Mme
la Présidente, un cinquième budget pour notre gouvernement, c'est un grand
privilège, vous savez, de pouvoir déposer un budget, puis un budget dont
l'objectif, je le rappelle, bien, ultimement, bien, c'est de contribuer à la
prospérité du Québec, contribuer au bien-être, si on veut, des Québécois et des
Québécoises puis d'outiller le Québec en fonction des défis qu'il aura à
relever dans le futur.
Puis, vous
dire, moi, c'est une grande fierté d'être associé à cet exercice-là. Puis vous
le savez, Mme la Présidente, on a
siégé ensemble, des années 2014 à 2018, au moment où on était la
deuxième... la troisième opposition, et puis, quand on est dans l'opposition,
bien, on se fait des priorités, on développe une vision, on est en contact avec
ce qui se passe sur le terrain, et
puis on souhaite, naturellement, un jour, de pouvoir mettre à contribution,
mettre à exécution toutes ces choses-là qu'on peut constater sur le terrain. Bien, aujourd'hui, d'arriver puis
d'être au gouvernement... je suis avec 89 de mes collègues, puis je peux vous assurer que tous mes collègues
sont tous branchés sur leurs territoires, aux quatre coins du Québec. Puis à
toutes les semaines, au moment des caucus, au moment des rencontres avec les
différents ministres, bien, les collègues ramènent les préoccupations, puis ramènent les réalités qu'ils observent
auprès de leurs commettants puis partout sur le territoire. Puis tout ça, ça fait en sorte qu'à un moment donné il y a
une formation politique qui se développe une vision, qui met de l'avant
des orientations, puis ultimement, tout ça, ça vient se traduire dans un
budget.
Puis là, bien, comme nos collègues le répètent,
c'est notre cinquième budget qu'on vient de déposer, Mme la Présidente. Puis
des fois, à écouter un peu mes collègues de l'opposition, c'est comme si,
ultimement, bien, il y avait des enjeux, le
gouvernement n'avait pas réalisé des choses. Mais je veux ramener quand même à
mes collègues certaines réalités qui
sont en place depuis l'arrivée de notre gouvernement au pouvoir puis avec ce
cinquième budget là qui va arriver.
Au niveau de
la performance économique du Québec, on a vu, depuis l'arrivée de notre
gouvernement, on a surpassé, si on veut, la performance économique de toutes
les autres provinces canadiennes. Au point de vue de ce qui est le portefeuille
des contribuables, Mme la Présidente, on a vu la baisse des taxes scolaires, on
a vu l'augmentation des crédits d'impôt
pour la solidarité, on a vu l'abolition de la taxe libérale sur les frais de
garde, on a vu, dans les cas de postpandémie, tous les efforts qui ont été faits
auprès des contribuables au niveau de les aider à faire face à l'inflation, on
vient de voir une annonce
exceptionnelle au niveau des baisses d'impôt de la part de notre ministre des
Finances. Ça, encore là, c'est des choses qu'on a réussi à construire au
fil des années.
• (11 h 20) •
On a le plan Dubé. Aujourd'hui, mon collègue
vient de déposer un morceau très important de notre plan qu'on a lancé il y a un an en santé, mais qui est
complètement financé par le biais du budget qui vient d'être déposé par notre ministre
des Finances. On l'a vu, les écoles, on est passés, les investissements dans
les écoles, de 1,1 milliard par année à 3 milliards par année. On a
vu... Tout ce qui est le soutien aux organismes communautaires, tout ce qui est
communautaire, on est passés d'à peu
près 1,2 milliard par année à 2 milliards par année en soutien au
secteur communautaire. Le réseau des
services de garde, on s'est engagés à compléter, c'est une première en
25 ans, de compléter toute la mise en place des soins de services
de garde auxquels les parents du Québec doivent s'attendre. On l'a même mis
dans une loi. Soutien à domicile, c'est des
millions, des centaines de millions qu'on investit, Mme la Présidente, sans
compter tout le volet... on a fait une commission qui venait adresser la
question de toute la violence faite aux femmes, les retombées de cette
commission ont été connues, et puis se sont engagés à près de
200 millions de dollars.
Tout ça pour vous dire, Mme la Présidente, que
ce qu'on a fait, depuis qu'on est en place, avec un, deux, trois quatre
budgets, bien, on vient de présenter, mon collègue ministre des Finances vient
de présenter un cinquième budget. Et puis on
va continuer à construire sur ces interventions-là qui, dans bien des cas,
venaient rétablir... faire quelque chose qui n'avait pas été fait. Mais, en
même temps, on est dans une société qui est changeante puis qui va venir... On
va venir construire... On va venir...
continuer de venir, ultimement, en aide puis en soutien à toutes les facettes
de notre société qui requièrent une intervention du gouvernement.
Naturellement, bien, un volet très important de
notre économie puis de notre réalité sur le territoire, bien, c'est tout ce qui touche l'agriculture, les pêcheries et
l'alimentation, Mme la Présidente. Et puis, encore là, je peux dire que, depuis
qu'on est en poste, avec les ressources qui
ont été allouées par notre gouvernement, ce qu'on a eu, c'est un engagement
très, très, très important envers un accroissement de notre autonomie
alimentaire. Puis, accroître l'autonomie alimentaire, un, au départ, c'est accroître notre sécurité alimentaire, mais, au-delà
de ça, là, c'est intervenir pour faire en sorte qu'il y ait davantage de prospérité sur nos territoires, qu'il
y ait davantage de prospérité de nos entrepreneurs, des hommes puis des femmes, que ce soient des transformateurs, des
producteurs, productrices, des pêcheurs, mais, après ça, aussi, c'est une
question de santé, parce qu'on le sait, à quel point les produits du Québec
sont excellents, Mme la Présidente.
C'est
une question aussi pour l'environnement. Quand on achète un produit qui est
produit à 10 kilomètres, 100, 200,
300 kilomètres de chez nous, versus faire venir un produit de 2 000,
5 000, 10 000 kilomètres,
d'ailleurs dans le monde, bien, il y a toute une empreinte environnementale qui
vient avec ça. Ça fait que ce qu'on a fait depuis qu'on est en poste, Mme la Présidente, c'est investir des centaines et
des centaines de millions pour venir renforcer notre capacité à accroître
notre autonomie alimentaire.
Puis, dans le
mandat qui s'amorce, avec aussi le financement qui a été accordé par le
ministre des Finances dans le dernier
budget, trois grandes priorités qu'on va avoir, Mme la Présidente. Première
priorité, c'est investir encore davantage pour l'autonomie alimentaire puis accroître la productivité de nos
entreprises. La deuxième priorité, c'est intensifier les pratiques durables puis notre réponse aux
changements climatiques, parce que Dieu sait comment le fait de prendre soin de
notre planète va avoir un impact sur la
qualité de vie de ceux qui vont venir après nous, puis le secteur agricole a
des défis, mais on est tout à fait
mobilisés pour rencontrer ces défis-là. Puis le troisième objectif, Mme la
Présidente, c'est vraiment de valoriser notre territoire puis nos
entreprises bioalimentaires.
Ça fait que,
quand je parle d'investir pour accroître l'autonomie alimentaire, il y a deux
volets. Il y a un premier volet, naturellement, qui vise à accroître
notre capacité de production. Puis, après ça, il y a un volet qui vise à
accroître notre capacité de transformation,
Mme la Présidente, parce que tout ce qu'on produit, bien, ultimement, on en
transforme une très grande partie,
parce que, quand vous sortez d'un supermarché, Mme la Présidente, il y a à peu
près 85 % de ce que vous avez dans votre panier qui a été
transformé. Alors, si on vient en soutien à nos transformateurs, on vient
accroître notre autonomie alimentaire.
L'autre chose
qu'on a faite, Mme la Présidente, c'est qu'on a mis en place une stratégie de
croissance des serres qui donne un résultat exceptionnel jusqu'à maintenant. On
a accru de 85 % notre capacité de production. On a engagé les établissements publics à acheter davantage de
produits québécois. Bien, aujourd'hui, on a près de 80 % de nos
établissements publics qui sont engagés dans une démarche pour accroître
leurs achats de produits québécois.
Au niveau de la durabilité de notre agriculture,
nos investissements en environnement, on a présenté le Plan d'agriculture durable en 2020, qu'on continue à
financer, puis qu'on vient accompagner nos agriculteurs, nos agricultrices
pour faire en sorte qu'ils puissent
améliorer leurs façons de faire, améliorer leurs pratiques culturales au
bénéfice de notre environnement.
Puis je viens d'annoncer, cette semaine, un
accord exceptionnel avec le gouvernement canadien pour la portion fédérale-provinciale du financement du ministère
de l'Agriculture, et puis on vient d'avoir une bonification très importante
des sommes qu'on va pouvoir allouer à toute
la question environnementale. Mais, surtout, on vient de voir que le Québec va
pouvoir utiliser son véhicule, qui est le Plan d'agriculture durable, pour
mettre en oeuvre, si on veut, les politiques qui vont être jugées nécessaires pour améliorer notre bilan environnemental.
Ça, c'est une très, très bonne nouvelle, Mme la Présidente.
Dernière des
choses, au niveau du territoire, au
niveau de la capacité de nos
entreprises, bien, on a vu une croissance, au cours des dernières années, de
nos entreprises agricoles. C'est la première fois depuis 1941, Mme la
Présidente, où on voit... on a crû de
600 entreprises davantage sur le territoire, aujourd'hui, qu'il y en avait
il y a trois ans. On est la seule province au Canada où on a eu une croissance de nos entreprises agricoles. Puis,
à travers ça, on a fait des changements législatifs pour permettre davantage
d'agrotourisme, davantage de transformation à la ferme, davantage d'activités
sur notre territoire agricole, d'activités agricoles, parce qu'on peut
avoir un territoire agricole, mais, si nos entreprises agricoles ne sont pas prospères, Mme la Présidente, elles ne peuvent
pas se développer en lien avec leurs aspirations. Bien, encore là, c'est
toute notre croissance de notre territoire agricole qui va être pénalisée.
Alors, on a
posé plusieurs gestes qui visent à accroître les activités de nos entreprises
agricoles, et, avec les ressources que le ministre vient de nous accorder dans
le dernier budget, c'est davantage qui va pouvoir être investi pour notre
autonomie alimentaire, c'est davantage qui va pouvoir être investi pour toute
la question de l'environnement, pour améliorer encore nos pratiques, puis qu'on ait encore davantage de
producteurs puis de productrices qui joignent, si on veut, l'exercice, pour
faire en sorte d'accélérer la
transition écologique de notre agriculture. On va avoir aussi des sommes
importantes qui vont être allouées pour mettre en place des véhicules
pour favoriser l'accès à la terre pour nos jeunes de la relève.
Alors, tout
ça ensemble, là, ce qui est permis puis ce qui a été annoncé, avec le budget
qui a été présenté par mon collègue des Finances, bien, c'est des nouvelles qui
font en sorte que l'effort très important qu'on a fait, au cours des dernières années, pour accroître les capacités
puis les résultats de notre secteur bioalimentaire, bien, on va pouvoir
continuer dans la même direction,
avec encore davantage de vision, avec encore davantage de... si on veut, de
venir sélectionner les efforts qu'on veut faire, Mme la Présidente, en
fonction de ce qui nous a été permis par le ministre des Finances.
Ça fait que,
je le rappelle, les contributions qu'on a, au ministère de l'Agriculture,
visent essentiellement à accroître notre autonomie alimentaire. C'est nos
producteurs, nos productrices, nos transformateurs, nos pêcheurs qui vont en
bénéficier. Puis j'encourage tous les Québécois et les Québécoises à acheter
les produits du Québec. C'est bon pour leur santé, c'est bon pour l'économie de nos régions, c'est bon pour
l'économie du Québec et puis c'est bon pour l'environnement. Alors,
merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la
parole à M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Dans les
10 prochaines minutes, je vais vous expliquer pourquoi le budget du premier ministre ne profite pas à la
classe moyenne. Dans les 10 prochaines minutes, je vais vous expliquer
pourquoi le budget du
premier ministre ne profite pas à la classe moyenne. Le premier ministre parle,
à tout bout de champ, de la classe
moyenne. Sur Facebook, il nous a dit que son budget remet de l'argent dans le
portefeuille de la classe moyenne. Quand
on critique son choix de baisser les impôts, il nous dit : La classe
moyenne souffre. Et, là-dessus, on est d'accord, c'est vrai que la classe moyenne souffre, au Québec. Le problème, c'est
que le premier ministre ne comprend pas c'est quoi, la classe moyenne au
Québec.
D'abord,
combien il faut gagner pour être dans la classe moyenne? Tout le monde ne
s'entend pas là-dessus, puis d'ailleurs,
ce n'est peut-être pas la bonne question, je vais y revenir plus tard. Mais,
pour les besoins de la cause, je vais me
baser sur le documentaire qui vient de sortir au sujet de la classe moyenne. La
journaliste Isabelle Maréchal a demandé à un économiste de calculer qui, au Québec, est dans la classe moyenne.
Cet économiste-là est arrivé avec une fourchette de 39 800 $ à
62 000 $ par année pour une personne seule, et puis, évidemment, ça
grimpe si on a des enfants. Alors, si le budget de la CAQ aidait la
classe moyenne, on s'entend, c'est ces gens-là qui devraient être aidés en
premier.
• (11 h 30) •
Regardons de plus
près les baisses d'impôt du premier ministre. On sait déjà que ces baisses
d'impôt là sont profondément inéquitables envers les gens, hein? On sait déjà
que le P.D.G. de la chaîne d'épiceries va recevoir à peu près 800 $ de baisse d'impôt, et la caissière
qui travaille dans cette épicerie-là, elle, va recevoir huit fois moins
d'argent dans ses poches, à peu près
100 $ de baisse d'impôt. Mais, quand on regarde les chiffres de plus près,
ah! bien là l'injustice est encore plus flagrante.
Allons
voir les chiffres. Le premier ministre dépense 1,7 milliard de
dollars sur sa baisse d'impôt. 1,7 milliard, c'est ce que ça coûte à l'État québécois, la baisse
d'impôt annoncée par la CAQ. Selon les calculs de Michel Girard, dans ceux
qui vont recevoir cette baisse d'impôt là,
il y a 348 millions de dollars qui s'en vont dans les poches du
2,2 millions de Québécois qui
gagnent en bas de 50 000 $ par année. À côté de ça, il y a
407 millions de dollars qui s'en vont, 407 millions de dollars,
qui s'en vont où? Dans les poches de 500 000 personnes seulement, les
500 000 personnes qui font plus de 100 000 $ par année. On
va reprendre ça. À peu près 350 millions qui s'en va aider le
2,2 millions de Québécois qui fait
moins de 50 000 $ par année, et il y a plus d'argent,
407 millions, qui s'en va aider 500 000 personnes seulement, les gens qui font plus de
100 000 $ par année au Québec. Donc, conclusion, le premier ministre
met plus d'argent public pour le
7 % des plus riches au Québec que pour le 50 % le moins riche. Et ce
n'est pas terminé. Là, je ne compte même pas là-dedans le tiers des Québécois qui n'auront pas un sou de baisse
d'impôt parce qu'ils ne font juste pas assez d'argent dans la vie.
Le
premier ministre le sait très bien, pourtant, le fameux principe néolibéral,
là, du «trickle down», le principe selon lequel, si on envoie de l'argent aux
plus nantis, en haut de la pyramide de la société, bien, ça va ruisseler sur
les gens en bas de la pyramide, ce
principe-là, il ne fonctionne pas. Tout le monde le sait, le premier ministre
le sait très bien. Ça ne marchera pas plus aujourd'hui, ça fait
30 ans que ça ne marche pas.
Je
disais tout à l'heure que c'est difficile de dire qui appartient à la classe
moyenne, et ça, c'est pour une raison, je pense, bien simple : la classe
moyenne, c'est plus qu'une simple question de revenus, c'est une question
d'attentes. Faire partie de la classe
moyenne, c'est pouvoir compter sur des soins de santé quand on tombe malades,
c'est pouvoir compter sur des places
en garderie pour ses enfants, c'est pouvoir les envoyer dans une bonne école et
à l'université. C'est avoir les moyens
de s'acheter une maison, les moyens de mettre de côté des sous pour sa
retraite. Faire partie de la classe moyenne, pour reprendre les mots
d'un prix Nobel d'économie, Paul Krugman, ça veut dire, en fait, deux
choses : la sécurité et l'opportunité. C'est ça, les fondations de la
classe moyenne.
Donc,
comment est-ce qu'elle va, la classe moyenne? Bien, le premier ministre nous
dit qu'elle souffre. C'est vrai, mais ce qu'il ne dit pas, c'est que la classe
moyenne souffre d'abord parce que les fondations mêmes sont en train de craquer.
On va prendre l'exemple des services. C'est
devenu mission impossible, au Québec, de prendre un simple rendez-vous pour
voir un médecin quand on n'a pas de médecin
de famille. Les gens ont donc deux choix, essayer la loterie des rendez-vous
du gouvernement ou se payer un petit forfait
sur Bonjour-santé. C'est la même chose pour voir un psychologue, c'est la même
chose pour voir un spécialiste quand notre enfant a des difficultés
d'apprentissage.
Les
baisses d'impôt du premier ministre, c'est
1,7 milliard de dollars qui ne rentrent plus dans notre richesse
collective, dans un moment où il nous manque 5 milliards du fédéral pour
financer la santé, au pire moment possible, en fait, dans une tempête
parfaite qui conjugue pénurie de main-d'oeuvre et vieillissement de la
population. Chaque dollar dépensé pour cette
baisse d'impôt là — et
on a vu à qui elle profite en majorité, cette baisse d'impôt là — chaque
dollar qui est dépensé comme ça,
c'est un dollar de moins pour réparer les trous dans les fondations de la
classe moyenne, la santé, l'éducation. Parce que le budget, il a beau
être bien épais, là, quand les toits des écoles prennent l'eau, là, ce n'est
pas ça qui va patcher les trous. C'est un trou dans notre budget collectif,
c'est un trou, donc, dans le budget de la classe moyenne. Les services vont prendre de plus en plus de place
dans le portefeuille des Québécois, puis, pour les autres dépenses, bien, ce
sera la carte de crédit.
On va prendre
l'exemple du logement, maintenant. Les salaires augmentent, nous dit le premier
ministre, mais est-ce qu'ils augmentent assez pour payer 50 $
d'augmentation de loyer par mois? Ça, c'est l'augmentation moyenne des loyers l'an passé, puis la réponse, pour bien
des gens, c'est non. Le budget caquiste passe complètement à côté de la question du logement. Et qu'est-ce que ça veut
dire, ça? Bien, ça veut dire que le gouvernement du Québec abdique ses
responsabilités, une de ses responsabilités fondamentales, assurer la sécurité
la plus élémentaire aux Québécois et aux Québécoises,
c'est-à-dire avoir un toit sur la tête. Ça veut dire que, dans le budget de la
classe moyenne, bien, le logement va prendre de plus en plus de place,
puis, pour le reste, il y aura la carte de crédit.
Sous
sa gouverne, sous la gouverne du premier ministre, pour la première fois depuis
2001, le taux de propriétaires au
Québec est passé sous la barre des 60 %. C'est ironique, c'est ironique
pour quelqu'un qui n'a posé aucun geste pour aider les locataires depuis
qu'il est au pouvoir, parce que, le premier ministre, ses politiques créent de
plus en plus de locataires au Québec.
La
classe moyenne, on l'a créée, et qu'est-ce qu'on crée au Québec aujourd'hui? Le
contraire. On fait des choix collectifs... On a fait, dans le passé, des choix
collectifs qui ont délibérément étendu des privilèges qui étaient autrefois
l'apanage d'une minorité de Québécois à une
majorité de Québécois. Ce qu'on a fait, historiquement au Québec, c'est
installer une échelle vers la sécurité, vers l'opportunité. Cette échelle-là,
nos parents, nos grands-parents ont pu l'emprunter. C'est l'héritage de la Révolution tranquille, et la génération du premier ministre en a été
bénéficiaire. Aujourd'hui, la CAQ poursuit
l'oeuvre des gouvernements libéraux qui l'ont précédé et, année après année,
ils aident les gens qui sont rendus déjà au sommet de l'échelle, puis,
pour les autres, ils sont en train de défaire l'échelle en question.
Un jeune,
aujourd'hui, qui commence sa première vraie job, là, n'aura pas les baisses
d'impôt du premier ministre, ou si
peu, mais il va payer plus pour voir un médecin, par contre, il va payer plus pour
voir un psy, il va vivre en colocation pas mal plus longtemps que la
génération de ses parents. Et, s'il n'a pas la chance d'hériter de ses parents,
bien, acheter une maison, oubliez ça. Le
temps qu'il décide de devenir papa, ce jeune-là, bien, il y aura peut-être,
peut-être, une place en garderie, mais, à voir comment le gouvernement calcule
les listes d'attente, je ne mettrais pas d'argent là-dessus. Donc, ce
jeune-là va faire partie de la classe moyenne, oui, mais la classe moyenne,
elle, ne sera plus ce qu'elle était.
Dans quel Québec les enfants de ce jeune-là vont
vivre? Dans un Québec où tout sera beaucoup plus difficile, à cause du bouleversement des changements
climatiques, et ça, c'est sans aucun doute la plus grande menace qui pèse sur
la sécurité et l'opportunité au Québec, les deux piliers de la classe moyenne.
Le budget du premier ministre, personne n'en est surpris, ne nous permet
pas d'affronter la crise climatique sérieusement.
Alors, non, ce budget-là, ce n'est pas le budget
de la classe moyenne. Ce gouvernement-là, ce n'est pas le gouvernement de la classe moyenne. La baisse
d'impôt du premier ministre, c'est un coup d'épée dans l'océan des problèmes
qui attendent la classe moyenne aujourd'hui et demain. Et, quand le 100 $,
le 200 $, le 300 $ de baisse d'impôt va être dépensé, bien, les Québécois qui font partie de la classe moyenne vont
devoir s'endetter pour y rester. C'est ça qui nous attend, Mme la Présidente, moins de sécurité,
moins d'opportunité. Ce qui nous attend, c'est une classe moyenne plus fragile
que jamais. 800 $ pour le P.D.G., en baisse d'impôt, 100 $ pour la
caissière. Tout est dit.
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition. Maintenant, je suis prête à reconnaître un membre du
gouvernement. Mme la députée de Mirabel.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci,
Mme la Présidente. Je suis très heureuse aujourd'hui de réagir au budget du
Québec, le premier de ce nouveau mandat et le cinquième de notre gouvernement.
Et, dans les 10 prochaines minutes, je vais démontrer qu'on travaille aussi pour la classe moyenne. Je
le répète, dans les 10 prochaines minutes, je vais vous démontrer qu'on
travaille aussi pour la classe moyenne.
Lors de la
dernière campagne électorale, nous avons proposé aux électeurs notre vision
pour l'avenir du Québec, que ce soit
en économie, en éducation, en famille ou en culture. Notre gouvernement a un
plan pour répondre aux attentes des Québécois, et visiblement ils nous ont
massivement fait confiance en octobre dernier.
On le sait, le
Québec est l'endroit, en Amérique du Nord, où le fardeau fiscal est le plus
élevé. Dans ce temps d'inflation, les
familles du Québec ont besoin d'oxygène. C'est pour ça que je suis très fière
de faire partie du gouvernement qui
accorde le plus... la plus importante, la plus importante, pardon, baisse
d'impôt de l'histoire du Québec. Cette baisse d'un point de pourcentage sur les deux paliers
d'imposition bénéficiera à 4,6 millions de Québécois, parce que,
contrairement à ce que dit QS, la classe moyenne aussi a besoin d'aide.
Je suis toujours étonnée d'entendre les discours
et les propos du groupe... du deuxième groupe parlementaire quand il, pendant sa campagne électorale, parlait
de taxe orange. Puis vous savez que je viens du monde agricole. Donc, on
avait... et plus... un actif net de plus de 1 à 10 millions, qui avait été
dit. Je vous dis que le milieu avait fait aller leur drapeau, et le drapeau orange s'était fait aussi agiter.
Ils ont dû reculer sur leur décision. Si ça, ce n'est pas de travailler pour la
classe moyenne, je me demande qu'est-ce que c'est.
Le gouvernement a posé plusieurs gestes pour
aider les Québécois à faire face à une hausse de coût de la vie. En plus de la baisse d'impôt, nous avons envoyé
deux montants ponctuels aux Québécois, le premier, de 500 $, et le second
allait jusqu'à 600 $. Nous bonifions de 8 milliards de dollars
le montant pour le soutien aux aînés à faibles revenus. Le montant maximal de ce crédit d'impôt remboursable passera de
411 $ à 2 000 $. Et nous plafonnons l'indexation de plusieurs tarifs importants à 3 %, dont ceux
d'Hydro-Québec. Également, nous indexons le régime fiscal des particuliers
et des programmes d'assistance sociale à 6,44 %, soit un allègement
important représentant plus de 2,3 milliards de dollars par année. D'ailleurs, nous augmentons la
composante logement du crédit d'impôt pour la solidarité. Finalement,
nous rendons les cotisations au RRQ facultatives à partir de 65 ans. Ce choix
de notre... de notre gouvernement, pardon, permettra à plusieurs travailleurs
de cesser d'y cotiser et bénéficier de liquidités à court terme. Comment vous
pouvez... Comme, pardon, vous pouvez le
constater, notre gouvernement est présent et respecte son engagement de
remettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois.
L'éducation a été et continue d'être la pierre
angulaire du développement de notre société, et le gouvernement en fait sa grande priorité. C'est pour cette
raison que nous investissons plus que jamais en éducation. Depuis 2019, nous
avons augmenté le budget, en moyenne, de 6,4 %. En tant que mamie d'amour
de trois petits humains extraordinaires, je suis heureuse de voir les mesures qui sont en place pour favoriser la
réussite éducative. Que ce soit pour l'amélioration de la diplomation, l'accompagnement des élèves ayant des
besoins particuliers ou la favorisation aux projets pédagogiques, nous nous
donnons les moyens de nos ambitions. Et je suis convaincue que le ministre de
l'Éducation, qui a une expérience comme journaliste, qui a couvert les
scènes politiques, municipale, correspondant parlementaire sur la scène
fédérale, qui a été
animateur de la radio, qui a travaillé beaucoup sur ce dossier, qui est papa
engagé... eh bien, je suis convaincue qu'il livrera la marchandise.
Comme je l'ai
dit plus tôt, le soutien des enfants et des familles est pour moi une priorité.
Le grand chantier pour la famille piloté par la ministre de la Famille est une
excellente... est en excellente posture, et je suis convaincue qu'elle réussira
à donner à chaque petit Québécois une place subventionnée en service de
garde. Seulement cette année, grâce à un investissement
de 331 millions de dollars, c'est 5 000 enfants de plus qui
pourront bénéficier d'un service subventionné.
Le réseau des
CPE est un pilier de l'égalité entre les femmes et les hommes. Grâce à notre
réseau de garderies, l'écart du taux d'emploi des femmes de 25 à 54 ans,
entre 1996 et 2019, est passé de 65,5 % à 83,4 %, soit une
augmentation de près de 18 %. En
2019, selon La Presse, l'encart entre le taux d'emploi des hommes et des
femmes entre les plus petits... était le plus petit au monde à
3,4 %. Il reste encore du travail à faire pour passer de ce pourcentage à
0 %, mais je crois qu'avec notre gouvernement nous sommes en voie de
réussir.
J'écoutais la co-porte-parole de QS, députée de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, parler du manque de logements sociaux criant, un discours tellement discordant.
Québec solidaire n'est pas à leur première contradiction. Ils décrivent aussi
le manque de services de garde, manque de médecins, mais ce sont eux qui
voulaient 60 000 à 80 000 immigrants, en campagne électorale, et ils réitèrent ce chiffre. Qui seraient les plus
touchés? Bien, je pense que c'est les femmes. Je pense qu'il faut
toujours en prendre moins et en prendre soin.
Je suis toujours étonnée d'entendre le Parti
libéral s'insurger sur le budget. Et, j'aimerais dire à la députée de Bourassa-Sauvé, qui disait que c'était un budget
avec plusieurs mesurettes et qu'elle se demandait pour qui on travaillait, ce qui nous anime à la CAQ, c'est tous les
citoyens du Québec, ce sont ses aînés, qui ont tracé le chemin pour être rendus
où nous sommes, ce sont les familles, qui
bâtissent notre société, et tous nos enfants, qui sont l'avenir de notre
nation. Mon message à cette députée,
c'est de laisser les citoyens juger notre premier mandat... notre deuxième
mandat comme gouvernement. Nous avons
eu un premier gouvernement où nous étions, en 2018, 75 députés et, en
2022, 90 députés. Pour moi, c'est toute une réponse de la population par
rapport à notre travail. Ce sont eux qui nous jugeront pendant les prochaines
années. Mais je suis convaincue que nous
n'aurons jamais l'étiquette d'un gouvernement aux politiques d'austérité comme
le Parti libéral.
Finalement,
Mme la Présidente, le Québec est la seule nation en Amérique du Nord où la
langue officielle est le français.
D'ailleurs, notre gouvernement a fait beaucoup pour protéger notre langue
nationale lors du dernier mandat,
notamment avec l'adoption de la loi n° 96 et la création du
ministère de la Langue française. Durant ce mandat, nous souhaitons continuer à promouvoir et à valoriser
la culture québécoise ainsi que poursuivre la défense, la promotion et la valorisation
de notre bel accent. Nous investirons donc 649 millions de dollars
dans plusieurs domaines pour arriver à nos fins. Ce plan misera
notamment sur la valorisation de l'enseignement du français, la bonification de
l'appui offert pour l'apprentissage du
français, le déploiement de Francisation Québec et l'offre des cours de
français à l'étranger et de travailleurs recrutés lors d'activités de recrutement à l'international. Nous sommes
pleinement engagés dans tous les ministères à protéger et à valoriser
notre langue et notre culture.
Alors, Mme la
Présidente, vous pouvez constater que notre gouvernement s'engage pour
l'économie, l'éducation, la famille et la culture, notre gouvernement
s'engage pour les Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Je suis maintenant prête à reconnaître un autre intervenant.
Est-ce qu'il y a un autre... Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole
est à vous.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Je suis heureuse de prendre la parole à mon tour dans le cadre du débat sur le discours du budget 2023-2024. En
tant que nouvelle députée de Notre-Dame-de-Grâce, je suis fière de participer
à cet exercice très important qui a lieu chaque année au sein de notre
démocratie québécoise.
• (11 h 50) •
Tout d'abord, de manière générale, je tiens à
souligner que ce cinquième budget de la CAQ offre des mesures insuffisantes et à courte vue. En se basant sur
des prévisions d'augmentation du 0,8 % du PIB, le ministre des Finances met les lunettes roses et n'espère rien de moins qu'un
miracle. Mme la Présidente, non seulement est-il contredit à peine une semaine plus tard par son homologue fédérale, la
ministre Freeland, qui base son budget sur une augmentation beaucoup
plus sobre, soit de 0,3 %, donc une différence de 0,5 %... Comme l'a
mentionné mon collègue le député de Marguerite-Bourgeoys et porte-parole de l'opposition officielle en matière de
finances, on a un problème ici quand le ministre décide de mettre un 0,8 % dans son budget, qui est
plus que le double que l'ensemble des banques canadiennes estime, et elles
se sentent généreuses.
En plus de surévaluer la performance de
l'économie, le gouvernement de la CAQ nous montre une fois de plus son manque de vision pour soutenir les familles et
les PME ainsi que pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre. Dans son
ensemble, il s'agit d'un budget décevant pour le logement, la santé, et pour
faire face à la hausse du coût de la vie, l'environnement et, surtout,
Mme la Présidente, sur l'enjeu primordial du XXIe siècle, c'est-à-dire
qu'on continue, sous la CAQ, sous le
gouvernement de la CAQ, de naviguer à l'aveugle dans notre lutte contre les
changements climatiques. Alors, en tant que porte-parole officielle, je
commence là-dessus.
Le budget
présenté par le gouvernement caquiste ne tient pas compte de ce que nous dit la
communauté scientifique au sujet de
la crise climatique. Ce n'est que la semaine dernière que le GIEC, des Nations unies, a publié son dernier rapport, le
plus inquiétant à ce jour, surnommé Guide de vie pour l'humanité. Le
rapport nous met en garde, et je cite : Une fenêtre «se referme rapidement pour assurer un avenir
viable et durable pour tous». Pourtant, le gouvernement a présenté un budget qui semble ignorer totalement l'urgence contenue dans
le rapport du GIEC. Alors que le rapport nous dit que nous devons
réduire considérablement nos émissions avant 2030, le budget de la CAQ indique
que nous n'atteindrons même pas notre
objectif, non ambitieux, d'une réduction de 37,5 %. Alors que le rapport
nous exhorte à accroître notre capacité en matière d'énergie propre et améliorer l'efficacité énergétique
globale, ce dernier budget prévoit très peu d'investissements dans l'une
ou l'autre de ces solutions essentielles.
La semaine passée,
j'ai présenté une motion, appuyée par tous les autres partis d'opposition, qui
reconnaît que, premièrement, l'essentiel des
sommes prévues au budget 2023-2024 en matière de réduction des GES
proviennent... provient, je devrais
dire, des sources dédiées, comme le marché du carbone, qui, d'ailleurs, a été
mis sur pied par un gouvernement libéral,
et, dans un deuxième temps, que le gouvernement ne fait qu'investir des sommes
déjà prévues, Mme la Présidente. C'est du réchauffage et du recyclage de
la mauvaise sorte. Il ne s'agit pas d'un effort gouvernemental réel à la
hauteur de la crise climatique, telle
qu'illustrée par les rapports successifs du GIEC. Le gouvernement a,
malheureusement, rejeté cette motion.
Le
budget de la CAQ ne considère pas l'avenir de nos jeunes, Mme la Présidente,
tant dans le domaine de l'économie que de l'éducation, que de l'environnement.
Moi, je me suis impliquée en politique active afin d'aider à la prochaine... à
préparer, je devrais dire, la prochaine génération au succès et de les
accompagner dans la lutte contre les changements climatiques. Je le répète souvent, Mme la Présidente, et peut-être même
pas assez, comme élus, nous devons préparer la prochaine génération au succès. En tant qu'éducatrice, et économiste par
formation, et surtout en tant que mère de famille, je n'accepte
aucunement qu'on hypothèque l'avenir de nos jeunes. C'est irresponsable.
Motion
formulant un grief
Et donc, Mme la
Présidente, j'aimerais déposer une motion de grief, qui se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour le manque d'ambition
dans son budget 2023-2024 [puisqu'il]
ne contient pas les investissements suffisants pour faire pleinement face à la
crise climatique et pour protéger de façon réelle et adéquate la
biodiversité et l'eau [du] Québec.»
Et
je continue. La CAQ a choisi de financer les baisses d'impôt à même les
fonds... les versements au Fonds des
générations, une réalisation encore libérale, reconnue favorablement par tous.
Selon notre formation politique, ce geste est
carrément irresponsable, car il met à mal la capacité des générations futures à
payer pour leurs services. Ici, en pigeant dans le Fonds des
générations, on impacte directement les générations futures et on touche
négativement à l'équité intergénérationnelle, qui est aussi une valeur
libérale.
On
a parlé d'environnement, on a parlé d'économie, et là c'est l'éducation. En
éducation, un sujet qui m'intéresse grandement en tant que mère de famille mais
aussi ancienne prof et ancienne présidente de collège, nous souhaitions
que le gouvernement agisse afin de rendre
l'école publique véritablement publique. Le gouvernement aurait dû mettre de
l'avant la gratuité des projets, par exemple, jusqu'à concurrence de
5 000 $ par enfant afin de s'assurer que l'école publique demeure publique comme nous le proposions. C'est
donc décevant aussi en éducation, qui est censée être la priorité numéro
un du premier ministre.
Alors, j'ai abordé
économie, environnement, éducation. Il y a beaucoup d'autres éléments, dans ce
budget, qui impactent ma circonscription et
les Québécois et Québécoises de tous les horizons, en particulier le logement
et la santé. J'inviterais la ministre responsable, d'ailleurs, de venir
à Notre-Dame-de-Grâce, de visiter les HLM, surtout Walkley, Westhaven et Projet
Chance, pour voir pour elle-même que tout ne va pas bien, Mme la Présidente.
Alors,
je termine sur mon dernier dossier. Je me permets, en tant, aussi, que
porte-parole concernant la francophonie canadienne et les relations
canadiennes, nous nous serions attendus à beaucoup mieux de la part de ce
gouvernement. Les nouvelles données du
recensement 2021 relèvent... révèlent, je devrais dire, que le français
continue de reculer au Canada comme
au Québec. Mais ce gouvernement n'a que très légèrement rehaussé le budget du
ministère responsable. Pour un gouvernement qui se targue d'être le
champion du français, je ne crois pas que ce million, ce petit million va faire
la différence. Nous demandons donc à ce
gouvernement d'investir massivement dans la promotion et la protection du
français à l'échelle canadienne, il s'agit d'une question de survie et
de solidarité.
En conclusion, Mme la Présidente, un budget est
l'un des documents les plus importants qu'un gouvernement dépose et propose. Il
met en évidence ses véritables priorités, il montre les vraies couleurs d'un
gouvernement. Je réitère que je suis
déçue face à ce budget insuffisant et à courte vue, qui met la prochaine
génération à l'échec, tant au niveau de l'environnement que de
l'économie, que de l'éducation. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Et votre motion est
déposée sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant,
je comprends qu'il y a entente entre les groupes parlementaires pour laisser M.
le député de Taschereau faire son intervention. Allez-y, M. le député.
M. Etienne
Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente.
Motion
formulant un grief
Je commencerai
d'abord par déposer ma motion de grief :
«Que l'Assemblée
nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour le déséquilibre inacceptable
entre les investissements dans les transports en commun et ceux dans le
[transport] routier dans le budget 2023-2024.»
Je vais vous expliquer
maintenant pourquoi je dépose cette motion de grief. Ça a été mentionné à
plusieurs reprises, ce budget-là aurait dû
être le budget ambitieux, le budget de la dernière chance dont on avait besoin
pour faire face à la plus grande urgence que nous avons, le plus grand défi du
XXIe siècle, le défi climatique, le défi de la crise climatique.
Chez Québec
solidaire, on a décidé d'en parler beaucoup, de la crise climatique. On n'en
parle pas par idéologie, mais parce
que la science nous demande d'en faire plus comme nation privilégiée, comme
nation riche, comme nation qui a un devoir moral de le faire, parce que, depuis
des années, on s'est développés sur l'industrie pétrolière, on s'est développés
en émettant nous-mêmes beaucoup de gaz à effet de serre et en émettant
tellement qu'en fait on est parmi les champions mondiaux des émissions de gaz à
effet de serre par habitant.
• (12 heures) •
On en parle
aussi parce que la jeunesse du Québec, comme partout ailleurs dans le monde
aussi, par ailleurs, demande à ceux
et celles qui font de la politique aujourd'hui, et qui parfois en font depuis
très longtemps, de changer le cours de l'histoire, de changer la
trajectoire climatique dans laquelle nous nous inscrivons depuis plusieurs
années.
Malheureusement,
il y a des politiciens qui nous... qui espèrent ou qui essaient de nous faire
croire, encore aujourd'hui, qu'on peut lutter contre les changements
climatiques sans rien changer au Québec, qu'on peut faire la lutte aux
changements climatiques sans rien toucher de
notre façon d'occuper le territoire, qu'on peut faire la lutte aux changements
climatiques sans rien changer de nos façons de nous déplacer.
Dans le
dernier budget de la CAQ, c'est le statu quo dans les transports, le bureau de
projet du troisième lien est maintenu
et, parallèlement à ça, le gouvernement investit encore. Pour chaque dollar
investi dans les infrastructures de transport, 0,29 $ seulement
sont investis sur le transport collectif. C'est plus clair que jamais, la CAQ
persiste et signe dans la voie de l'échec
climatique. On n'est pas en train, on n'est pas en voie d'atteindre nos cibles
de réduction de gaz à effet de serre, des cibles qui ne sont, par ailleurs, pas
assez élevées.
Et la
CAQ a beau dire que nous sommes parmi les meilleurs en Amérique du Nord,
considérant que nous avons des sources
d'hydroélectricité très fortes, on est poches par rapport au reste du monde, on
est poches par rapport aux meilleures nations.
C'est toujours facile de se comparer au reste du Canada, c'est toujours facile
de se comparer aux États-Unis, qui sont mauvais dans la lutte aux changements
climatiques, qui émettent encore plus que nous de gaz à effet de serre par
habitant, mais, quand on se compare aux
meilleures, qui, elles, ont décidé d'être responsables, dans le monde, on est
poches au Québec.
Le réseau
routier obtient encore 70 % des investissements des budgets transport,
alors que le transport collectif n'en obtient que 30 %. Et ça, c'est très
loin de l'équilibre qui était promis par la CAQ en campagne électorale en 2018.
La CAQ nous disait : On va
atteindre un ratio d'investissement 50 % pour le transport collectif,
50 % pour le transport routier. C'était un engagement, mais c'est une autre promesse brisée. On est très, très
loin de ce ratio-là, on est à 70-30 en faveur du transport routier. Et on aime
bien comparer... le premier ministre aime bien se comparer à l'Ontario. On est
très loin du ratio que l'Ontario elle-même a. Elle investit 70 % de
son budget transport au transport collectif et seulement 30 % au routier.
Alors qu'on
devrait mettre en place des solutions pour revoir la place de l'auto solo, la
CAQ va continuer à injecter des milliards de dollars en prolongement ou
élargissement d'autoroutes. Comment est-ce qu'on peut espérer atteindre
la parité entre les investissements en
transport collectif et les investissements en transport routier quand on
investit autant d'argent pour les nouvelles routes, qu'il faudra par la
suite, évidemment, entretenir?
On a un déficit d'entretien, actuellement, là,
c'est écrit noir sur blanc dans le budget, de 20 milliards de
dollars, le déficit d'entretien des routes
du gouvernement du Québec. Pour notre formation politique, il est très
irresponsable d'ajouter de la
capacité routière parce que, ces infrastructures-là, il faudra les entretenir
dans quelques années. C'est des montants qui vont s'ajouter au déficit
d'entretien de 20 milliards de dollars qu'on a actuellement. C'est
une dette qu'on donne aux générations futures.
Le secteur
des transports, ça représente — on
le répète souvent, mais je le redis encore une fois — 43 %
de nos émissions de gaz à effet de
serre au Québec. C'est un secteur prioritaire. C'est le seul secteur d'activité
au Québec qui n'a pas réussi à
stabiliser ou descendre ses émissions de gaz à effet de serre au Québec. C'est
donc un secteur prioritaire, sur lequel
il faut atteindre... il faut agir rapidement pour atteindre nos objectifs
climatiques. Il faut évidemment diminuer nos émissions des voitures individuelles, on est bien d'accord là-dessus, en
planifiant le passage à une propulsion électrique, mais, d'abord et
avant tout, ce qu'on doit faire, c'est réduire le recours à l'automobile solo
en développant massivement des projets
locaux, régionaux et interurbains de transport collectif. C'est essentiel. On
n'a rien de ça dans le budget qui nous satisfasse.
On est,
depuis plusieurs décennies, dans un cercle vicieux de la dépendance à
l'automobile. Cette dépendance-là continue
à coûter des millions, voire des milliards de dollars en argent public, en
prolongement puis en élargissement d'autoroutes,
qui contribuent à l'étalement urbain, qui nous rendent de plus en plus
dépendants de l'automobile. Les autoroutes 25, 19, 30, 13, le troisième lien,
tous des projets qui nous envoient dans la mauvaise direction dans la lutte aux
changements climatiques et, par ailleurs, à la préservation de nos terres
agricoles.
L'étalement
urbain est un enjeu fondamental qui touche aussi la santé, parce que ça a des
conséquences environnementales,
économiques, mais aussi sur notre santé. C'est important de le dire. Pour
chaque dollar payé par un individu
pour se déplacer en automobile, la collectivité paie l'équivalent de
7,77 $ en coûts sociaux, comparativement à
1,29 $ en autobus. C'est près de cinq fois plus cher, ce que la société
investit quand on se développe autour de l'automobile. Au total, les
externalités négatives, comme la pollution atmosphérique, la congestion et les
accidents de la route, coûtent annuellement au Québec
7,5 milliards de dollars. C'est un puits sans fond.
Le premier
ministre dit souvent qu'investir dans... Il le dit souvent qu'il veut investir
dans l'économie du Québec. Je l'ai entendu, tout à fait récemment aussi, que
c'était bon pour l'environnement d'investir dans l'industrie du Québec,
que c'était bon pour l'environnement, que
c'était bon pour l'économie. Quand on achète ici, c'est important pour
l'économie du
Québec. Bien, investir dans les transports collectifs, ça rapporte trois fois
plus au Québec que d'investir dans les transports... dans les infrastructures routières. On ne produit
pas d'automobiles au Québec, on ne produit pas de pétrole non plus, encore.
C'est ce qui contribue le plus à notre déficit commercial au Québec.
Au
Québec, ce qu'on fabrique, c'est de l'électricité, c'est des métros, c'est des
tramways, des autobus, des vélos. C'est
de ça dont on a besoin, c'est ça qui va faire qu'on va bénéficier... qu'on va
valoriser l'économie québécoise. C'est en investissant dans ce dans quoi
nous sommes bons. S'obstiner à poursuivre dans la même voie, à faire les mêmes
choses, alors que tous les indicateurs sont
au rouge, c'est irresponsable. Il est encore temps, pour la CAQ, d'abandonner
les projets comme le troisième lien
puis d'accélérer les projets structurants de transport collectif. En tout cas,
le dernier rapport du GIEC est clair, il faut changer de cap pour
ralentir les changements climatiques.
Avant
de terminer, on ne pourrait pas passer sous silence l'absence de mesures
structurantes, dans le budget, pour soutenir
les municipalités en matière d'aménagement et de logement.
2,3 millions de dollars pour le budget, en 2023‑2024,
pour soutenir le milieu municipal en matière
d'aménagement du territoire, ce sont des pinottes. En pleine crise climatique,
et surtout quand on sait à quel point
l'aménagement du territoire est un dossier important et fondamental, c'est
gênant. Ça fait des mois que la
ministre des Affaires municipales nous parle des grands principes et de
l'importance de mieux protéger notre
territoire, mais il n'y a rien, dans le budget, pour vraiment soutenir les
municipalités en matière d'aménagement et d'urbanisme durables.
Les
acteurs de l'aménagement continuent de réclamer un investissement minimum,
minimum, de 100 millions de dollars, annuellement, pour favoriser
le développement d'écoquartiers et la consolidation urbaine partout au Québec. Il n'y a rien dans le budget, non plus, pour
répondre à la demande qui avait été formulée, pendant la campagne électorale,
pour soutenir les municipalités dans leur travail de lutte et d'adaptation aux
changements climatiques, un plan de lutte qui a été évalué à 2 milliards
par année pendant cinq ans.
En logement, ce n'est
pas mieux non plus, les villes sont carrément abandonnées. Pour le maire de
Gaspé, suite au budget, il disait : «Ce
n'est pas avec ça qu'on va résorber la pénurie de logements qui sévit partout
dans toutes les régions du Québec.» Pour la mairesse de Sherbrooke, elle
disait : «Le nouveau Programme d'habitation abordable Québec est
problématique, compliqué et trop bureaucratique.» La mairesse de Gatineau
parle, quant à elle, de mesures timides et insuffisantes.
Pour la mairesse de Montréal : «En ignorant la crise du logement, le
gouvernement précarise encore davantage le portefeuille de milliers de familles.»
Pour le maire de Québec, le budget de la CAQ ne passe... n'a même pas la note
de passage, il lui donnait 5 sur 10. C'est gênant. Les maires et mairesses du
Québec sont déçus.
La
ministre des Affaires municipales devra expliquer à nos gouvernements de
proximité les mauvais choix de son gouvernement, et la ministre devra expliquer
pourquoi son gouvernement a choisi de se priver de moyens en baissant de façon importante les impôts au Québec. Il a
choisi de pelleter ses responsabilités dans la cour des municipalités sans
leur offrir la capacité d'agir. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Suzanne
Tremblay
Mme Tremblay :
Mme la Présidente, en regard du
premier budget de la 43e législature que vient de déposer mon collègue le ministre des Finances, on constate que
notre gouvernement a su présenter un cadre financier prudent et responsable.
On pourrait... On poursuit nos efforts pour
retourner à l'équilibre budgétaire, en 2027‑2028, tout en continuant de contribuer de façon importante au Fonds des générations. Nous faisons cela tout en assurant un
financement adéquat des principales missions
de l'État. Le Québec a des grandes ambitions, et nos finances publiques solides
permettront de les réaliser. Ce budget fait aussi preuve d'un leadership
qui démontre que nous sommes capables, avec de la volonté, de prendre des décisions difficiles, mais nécessaires pour bâtir
un Québec prospère et vert, doté d'un réseau de la santé plus performant et
plus humain et d'un réseau scolaire qui fournira à nos jeunes tous les outils
dont ils ont besoin pour réussir.
D'ailleurs,
Mme la Présidente, je suis toujours un petit peu consternée quand j'entends le
Parti libéral parler d'éducation, parce qu'il faut se rappeler que c'est
un... puis c'est plus de 1 milliard, dans la période d'austérité, qu'on a retiré dans le système d'éducation. À cette
époque, à ce moment-là, j'étais enseignante, j'étais dans une école, puis on
devait faire des choix difficiles. On voyait
les ressources fondre devant nous, les ressources professionnelles, les
ressources de soutien. On devait choisir quels élèves on allait aider. Je suis
vraiment fière maintenant, mon collègue le ministre de l'Éducation a annoncé sept priorités, puis on est
un gouvernement qui réinvestit en éducation, les sept priorités auxquelles
nous désirons nous attaquer en vue d'améliorer notre système d'éducation et,
ainsi, accroître la réussite de nos élèves.
• (12 h 10) •
Ce
budget, Mme la Présidente, répond aux priorités mises de l'avant par mon
collègue, et j'en suis fière. Effectivement, nous démontrons, une fois de plus, que l'éducation est la priorité. On
parle d'un montant de 1,5 milliard de plus en éducation pour le budget 2023‑2024. Nous allons
investir 789 milliards... millions, excusez-moi, pour accroître les
mesures dans la persévérance scolaire
et la réussite scolaire, notamment par la mise en place d'une plateforme de
tutorat, l'achat de livres québécois,
en plus d'octroyer 300 millions pour le soutien financier des projets
particuliers. Nous allons mettre également 240 millions en vue d'améliorer
la performance du réseau pour faciliter l'accès aux données et soutenir la
transformation numérique.
Nous
allons aussi rendre la formation professionnelle plus attrayante afin de
contrer la pénurie de main-d'oeuvre, en formant 30 000 jeunes de plus
dans les prochaines années. Nous allons moderniser nos centres de formation
par l'achat d'équipements technologiques
adaptés à la réalité des entreprises. L'offre de formation accélérée sera
bonifiée, et on offrira également des bourses dans les programmes
convoités. La formation à temps partiel sera également élargie et gratuite dans
nos centres de formation professionnelle.
De
plus, nous allons, comme gouvernement, accélérer l'entretien des parcs
immobiliers, 208 millions supplémentaires. Nous sommes conscients que nous avons un rattrapage à effectuer et nous
continuons de prendre les moyens nécessaires pour y arriver.
Mme la Présidente, les chiffres parlent
d'eux-mêmes. Sous l'impulsion de notre gouvernement, les sommes consacrées au
secteur de l'éducation ont plus que doublé, au cours des dernières années,
passant de 9 milliards, au PQI 2018‑2028,
à 22,2 milliards au PQI en 2023‑2033. Jamais un gouvernement n'a investi autant dans
les infrastructures scolaires et dans
la construction d'école que le nôtre. Jamais une équipe gouvernementale n'a
pris autant au sérieux notre réseau de l'éducation.
Depuis cinq
ans, notre gouvernement a augmenté de 250 % les ressources consenties pour
rénover et construire nos écoles. Les
deux tiers des sommes sont consacrés au maintien en bon état du parc
immobilier. Le tiers, quant à lui, est réservé pour la bonification du
parc scolaire.
D'ailleurs, dans le comté de Hull, c'est
70,5 millions pour la réfection de l'école secondaire Mont-Bleu, qui avait
subi de nombreux dommages lors de la tornade. En Outaouais, c'est
46,3 millions pour l'école primaire Pontiac et 24,4 millions pour l'école primaire Grands-Pins, sans compter la
planification de nos nombreuses autres écoles à venir.
Je l'ai
toujours dit et je le répète, investir dans nos écoles, c'est investir dans nos
jeunes, c'est investir dans notre avenir collectif. J'en profite d'ailleurs
pour saluer tout le travail du personnel scolaire, qui est extraordinaire, dans
nos écoles.
Il ne faut pas oublier non plus qu'on a
l'Université du Québec en Outaouais, qui va recevoir près de... plus de
200 millions pour la consolidation d'un campus unifié, un projet très,
très important dans notre région.
Toujours dans
Hull, je suis fière également d'un dossier qui est extrêmement important, un
des plus grands projets de l'Outaouais, des 75 dernières années,
c'est le développement d'un réseau de santé moderne et à la fine pointe de la technologie pour notre région, c'est l'Hôpital de
Hull, un nouvel hôpital qui comptera plus de 600 lits, qui permettra
d'offrir des soins de santé adéquats pour la population de notre région.
Toujours dans
le domaine de la santé, le budget du 21 mars 2023 comporte aussi des
investissements de 139,3 millions pour permettre de répondre encore
davantage aux besoins en santé mentale des Québécois et des Québécoises. Ces
sommes viennent s'ajouter au montant historique associé au Plan d'action
interministériel en santé mentale 2021‑2026 que mon collègue le ministre
responsable des Services sociaux avait déjà annoncé. C'est par ces
investissements consentis pour notre... par
notre gouvernement que nous pouvons propulser certaines mesures importantes,
notamment en vue de déployer encore
plus d'équipes interdisciplinaires, notamment en vue de... dans la santé
mentale. C'est des infirmières, c'est des psychiatres, c'est des... communautaires dans nos urgences. On veut
multiplier les initiatives d'hospitalisation à domicile. Je ne peux que
me réjouir de telles initiatives.
Le
gouvernement investit aussi pour améliorer les services et les milieux de vie
pour nos personnes aînées. Dans ma circonscription, une maison des aînés verra le
jour sous peu. C'est un investissement de 55,1 millions pour créer
un beau milieu de vie adapté aux besoins de
nos aînés. Le gouvernement accorde aussi des sommes importantes pour le
transport en Outaouais. Donc, nous
allons soutenir le centre de la société de transport... l'agrandissement de la
société de transport de Gatineau.
De plus, je
suis heureuse d'avoir inscrit au PQI un projet qui me tient à coeur, soit celui
d'un transport structurant électrique
entre l'ouest de la ville de Gatineau et le centre-ville d'Ottawa, comme quoi
nous pouvons allier développement et
environnement. C'est par des actions concrètes telles que le financement de cet
axe que nous pourrons, ensemble, construire un Québec plus vert et plus
prospère.
Ces
initiatives en transport collectif et en infrastructures routières assureront
une mobilité durable en phase avec les besoins des gens de notre région.
Toujours au
plan du transport, je suis également heureuse de l'élargissement du chemin
Pink. Cet axe routier qui fait partie de l'entente fédérale-provinciale pourra
être complété une fois pour toutes. Trop longtemps, les citoyens et citoyennes
de Hull, de Gatineau et de l'ensemble de
l'Outaouais avaient été oubliés au niveau du transport. C'est désormais chose
du passé. Et on n'arrête pas là. Au
PQI 2023‑2033, c'est plus de 4,6 milliards en projets qui
sont inscrits pour la région de l'Outaouais.
Sachez que je continuerai à travailler de concert avec mes collègues afin de
porter la voix de mes concitoyens pour poursuivre les investissements
nécessaires au développement de ma belle région.
En plus des
nombreux enjeux, comme plusieurs autres régions du Québec, s'ajoute un défi
supplémentaire et propre à l'Outaouais, soit notre positionnement frontalier
avec l'Ontario. Il faut tenir compte de cette situation dans nos décisions
pour une croissance accrue et efficiente
dans les prochaines années. D'ailleurs, plusieurs ministres en visite dans
l'Outaouais, dans les dernières
semaines, ont été sensibilisés par différents acteurs à cette particularité.
Donc, je continuerai à m'assurer que
cette caractéristique soit prise en compte, car c'est essentiel au plein
épanouissement de notre région, et ce, dans tous les secteurs.
En terminant,
je crois sincèrement que le présent budget est un excellent budget et que ce
dernier nous permettra d'accomplir de grandes réalisations pour Hull, Gatineau,
l'Outaouais et tout le Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le député de Côte-du-Sud, la parole est à vous.
M. Mathieu Rivest
M.
Rivest : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, c'est un
plaisir, une fierté, pour moi, de pouvoir parler du budget. Cette fierté
s'accompagne avec des investissements de 24 milliards d'initiatives pour
un Québec engagé.
J'aimerais avant tout souligner le travail du
ministre des Finances, et de son équipe, et ainsi que du travail interministériel de chacun des collègues ici, du
gouvernement. Je suis content de m'adresser à vous aujourd'hui pour parler du budget provincial. Un budget est un exemple concret de
l'engagement de notre gouvernement à travailler pour nous tous, à
améliorer notre qualité de vie et à bâtir un avenir meilleur pour tous les
Québécoises et Québécois.
Ce
budget comprend des mesures audacieuses et novatrices qui permettront de
stimuler la croissance économique, de
créer des emplois de qualité et d'améliorer les services publics pour tous les
citoyens du Québec. Il prévoit notamment des investissements majeurs dans les secteurs clés de notre économie
tels que la santé, l'éducation, l'innovation, l'agriculture, la culture, l'environnement. Vous avez un
gouvernement prêt à travailler et également, en Côte-du-Sud, un député dédié,
qui sera à votre écoute. Je suis convaincu
que notre budget permettra au Québec de surmonter les défis qui nous attendent.
Je
pense, entre autres, à Santé Québec, que nous annonçons aujourd'hui d'ailleurs,
ainsi que les sept priorités de mon collègue Bernard Drainville, de
revaloriser la langue française en éducation, de rétablir la voie rapide pour
le brevet d'enseignement, d'offrir du
renfort également aux enseignants dans les classes, d'avoir des projets
accessibles, pédagogiques, de plus en
plus nombreux, d'investir dans la formation professionnelle, de rendre notre
réseau scolaire plus performant et de rénover nos écoles.
Je
suis content également de voir que ce budget aura également des impacts, dans
la Côte-du-Sud, pour les jeunes avec notre pôle de formation, la présence du
cégep de La Pocatière et de son campus à Montmagny, la formation
professionnelle, et j'en passe.
Pour
la jeunesse, 1,5 milliard pour aider les jeunes à réussir, avec des
objectifs audacieux, d'accroître la persévérance et la réussite scolaire,
d'améliorer la performance de notre réseau scolaire, de rendre la formation
professionnelle plus attrayante et de
contrer la pénurie de main-d'oeuvre, en plus d'accélérer l'entretien du parc
immobilier scolaire. Nos infrastructures sportives, je fais un clin d'oeil ici
à Montmagny, en grand-hâte d'un projet extraordinaire.
88 millions
pour faire bouger les Québécois. Des initiatives qui totalisent
80 millions de dollars, Mme la Présidente, sont aussi prévues pour faire bouger les Québécois,
de renforcir ainsi l'intégrité dans le sport. 717 millions pour favoriser
également l'accès, la persévérance et la diplomation aux études supérieures.
Nous souhaitons, avec cet argent, soutenir financièrement les étudiants, améliorer la diplomation en enseignement
supérieur, valoriser la culture de l'innovation en enseignement supérieur
et soutenir l'adoption d'avancées technologiques, assurément, des retombées
pour notre cégep et les CCTT performants qui s'y rattachent.
Nous
souhaitons également aider nos citoyens à la hausse du coût de la vie. Vous le
savez, le gouvernement est déterminé à soutenir les Québécois, dans ces temps
difficiles, avec la hausse du coût de la vie. Nous sommes conscients que les nombreux Québécois et Québécoises se
trouvent confrontés à des défis financiers en raison de la hausse des prix des
produits de base tels que les aliments, l'énergie, le logement. C'est pourquoi
nous avons mis en place un certain nombre de mesures pour aider les familles et
les personnes à faibles revenus à faire face à cette hausse de prix, et ce,
j'en suis très fier.
• (12 h 20) •
Nous
souhaitons également, avec 1,4 milliard, de contribuer à la prospérité des
régions. La prospérité passe et est déterminante
par l'accroissement de la richesse collective du Québec. C'est pourquoi des
initiatives qui totalisent 1,4 milliard de dollars sont prévues, telles que d'appuyer l'essor du secteur
bioalimentaire, stimuler la vitalité économique régionale, assurer le
développement et la mise en valeur de nos attraits touristiques, et je
peux vous dire, Mme la Présidente, qu'il y
en a au Kamouraska, dans L'Islet et à Montmagny, favoriser le
développement du secteur forestier, poursuivre les actions d'une
meilleure connectivité. Bien des citoyens de Côte-du-Sud seront heureux
d'entendre ces actions.
Nous souhaitons
également soutenir la qualité de vie en culture. 649 millions pour
promouvoir la culture québécoise et la
langue française. Des investissements d'ailleurs totalisant 88 millions de
dollars d'ici cinq ans sont prévus pour
accentuer et défendre, promouvoir et valoriser notre langue. Je fais une
invitation toute particulière aux citoyens de Côte-du-Sud à
aller remplir la consultation publique actuelle, annoncée par mon collègue
ministre de la Langue française. Elle est disponible via les réseaux
sociaux de plusieurs des députés ici.
En plus de
représenter un secteur économique important, le domaine culturel fait rayonner
le Québec ici et à l'international. Dans ce
contexte, le gouvernement prévoit des investissements additionnels de
561 millions de dollars pour valoriser la culture québécoise. Ces
initiatives permettront de donner une nouvelle impulsion au secteur culturel,
de déployer la créativité et de promouvoir le contenu d'ici dans l'univers
numérique ainsi que de faire découvrir la culture québécoise en améliorant son
accessibilité et sa diffusion.
Mon
collègue, d'ailleurs, Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications,
avec qui j'ai l'honneur et le
privilège de travailler, a annoncé trois grandes priorités pour ce
secteur : faire découvrir la culture québécoise francophone, particulièrement aux jeunes,
et en accroître l'accessibilité et la diffusion; favoriser la découvrabilité de
la culture et des communications dans
l'univers numérique; ainsi que de faire du Québec un leader dans le domaine de
la créativité numérique. Nous y arriverons, Mme la Présidente.
Je
fais un petit clin d'oeil personnel pour dire que cette fierté-là de l'appui
donné au Conseil des arts et des
lettres du Québec et à la SODEC...
des investissements qui vont au-delà de ce qui était avant la pandémie et bien
au-delà, Mme la Présidente, des
investissements du gouvernement précédent. Dans les prochains mois, d'ailleurs,
je travaillerai, à titre d'adjoint gouvernemental à la culture, sans relâche
avec mon collègue de Papineau et avec notre ministre des Finances afin de
collaborer au projet qui concerne le mécénat culturel et afin d'appuyer le
développement de nos entreprises culturelles.
Je
souhaite également vous annoncer qu'avec 440 millions pour appuyer de
façon concrète nos familles québécoises, c'est toute une fierté, tout comme le
CPE Enfant-Bonheur à Montmagny, qui a été annoncé dans les derniers
mois, de démontrer notre volonté d'offrir
aux familles tout le soutien qu'ils auront besoin et de leur donner une place
pour leurs enfants.
Également,
533 millions de dollars dans le budget ont été annoncés pour soutenir la
qualité de vie des Québécois en appuyant entre autres le secteur communautaire.
Je pense à la CDC de Montmagny et à ses membres, que j'ai pu rencontrer
quelques fois, et que nous souhaitons aujourd'hui reconnaître leur travail
qu'ils réalisent au quotidien pour le soutien à notre communauté.
Je pense également, Mme la Présidente,
aux investissements en environnement. Côte-du-Sud, vous le savez, c'est si beau. En investissant
pour des projets de... pardon, de conservation, dis-je, et en luttant contre
les changements climatiques, concrètement, c'est 475 millions que
nous aurons pour protéger la biodiversité et favoriser l'accès à la nature.
En conclusion,
j'aimerais vous dire que le projet... le budget, pardon, provincial de la Coalition
avenir Québec représente une vision claire et ambitieuse pour l'avenir de notre
province. Nous sommes convaincus que ces mesures permettront de stimuler la croissance économique, de créer des emplois
de qualité et d'améliorer la qualité de vie de tous les Québécois et
Québécoises. De plus, nous sommes conscients des défis auxquels les familles et
les personnes à faibles revenus sont confrontées et nous avons pris des mesures
pour aider à limiter les effets de cette hausse de prix. Nous sommes un
gouvernement d'action, un gouvernement pragmatique, et je serai toujours là
pour les citoyens et citoyennes de Côte-du-Sud. Nous sommes fiers de travailler pour vous et
nous sommes déterminés à continuer à oeuvrer en faveur de notre
bien-être et de votre prospérité. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je ne vous ai pas interrompu durant votre
discours, mais vous savez qu'on a un règlement et vous devez nommer par le
titre les collègues et non pas par leur nom ou leur prénom.
De
plus, le député de Taschereau, tantôt, a déposé une motion au début de son
intervention. Alors, la motion du grief du député de Taschereau est
déposée sous réserve de sa recevabilité.
Ceci étant dit, je
laisse immédiatement la parole à la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Avec ce cinquième budget
du gouvernement de la coalition Québec, ce gouvernement confirme qu'il abandonne
les générations futures pour financer les baisses d'impôt. Avec ce budget, rien
n'assure que tous les Québécois recevront
les services fondamentaux en santé mentale et pour ceux avec un handicap ou
avec des besoins particuliers. Ce budget est décevant et manque d'ambition.
C'est un budget de saupoudrage sur le plan d'enjeux majeurs mais dont les effets sur le terrain seront bien
limités, un gouvernement qui ne priorise pas la santé mentale, un
gouvernement sans vision qui ne se soucie pas du futur des Québécois.
Dans
un contexte de finances publiques solides, il aurait fallu miser sur l'avenir
et investir davantage que 27 millions de
dollars par année dans le réseau de la santé mentale public, au lieu d'adopter
une mesure courte vue — excusez-moi — comme
les baisses d'impôt. C'est un choix politique qui aura des conséquences à long
terme. Les investissements demeurent nettement insuffisants pour avoir
un réel effet structurant. 40 millions de dollars pour accroître l'accès aux services en santé mentale, en
itinérance et en dépendance, ce qui représente une piètre augmentation de
3,1 %, ce qui ne rejoint même pas l'inflation de la dernière année.
Comment est-ce que ce gouvernement s'attend à vraiment s'attaquer à ces
problèmes de société sans y mettre les moyens?
Depuis
le début de l'année, le Québec a vécu plusieurs tragédies sur le plan humain.
Clairement, le plan du... le plan actuel du gouvernement en santé mentale ne
répond pas aux besoins sur le terrain. Le premier ministre l'a admis
lui-même, la semaine dernière, avec le dépôt
du... Excusez-moi. Le premier ministre l'a admis lui-même, la semaine dernière,
et je le cite : «On se sent un peu coupable. On se dit :
Qu'est-ce qu'on [aurait pu] faire de plus pour la santé mentale?»
Le milieu de la santé
mentale le dit depuis des années, il faut investir davantage pour répondre aux
besoins des personnes qui sont en détresse
maintenant et qui attendent trop longtemps avant de voir un psychologue. Le
premier ministre a demandé aux
Québécois d'intervenir lorsqu'ils constatent que quelqu'un de leur entourage
montre des signes de détresse, mais
pour faire quoi au juste? L'attente pour voir un psychologue se situe entre six
et 24 mois. Il faut une meilleure prise en charge et... Il faut une
meilleure prise en charge.
Il y a un écart
salarial de 44 % entre les psychologues dans le réseau public et le réseau
privé. Entre cet écart... Avec cet écart et
les mauvaises conditions de travail dans le secteur public, seulement 25 %
des diplômés en psychologie intègrent le réseau public. Le gouvernement le sait
et ne fait rien, rien dans ce budget pour les encourager à revenir ou à
venir au public. Entre-temps, les gens souffrent.
Alors que la
main-d'oeuvre est au coeur du problème de notre réseau de la santé, la CAQ,
avec ses baisses d'impôt, se prive de
revenus importants pour y faire face. Comment est-ce que le ministre des
Services sociaux ferait-il pour rendre
le réseau de la santé mentale attractif pour les travailleurs sans marge de
manoeuvre pour offrir les salaires et les conditions de travail
intéressantes? La situation est problématique.
Ce que les Québécois
veulent, c'est de l'accompagnement humain. Ils veulent des services au moment
où ils en ont besoin. En ce moment, les gens
sont perdus et ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Le gouvernement du
Québec a annoncé une baisse d'impôt
de plus de 6 milliards de dollars sur six ans. Il est inconcevable de
baisser les impôts à un moment où les services semblent de plus en plus
rationnés.
En matière de
déficience intellectuelle, les budgets ont augmenté de 4,12 %. C'est une
augmentation qui est inférieure à celle de
l'inflation. On ne retrouve aucune mesure significative visant l'inclusion des
élèves en situation de handicap dans les classes ordinaires. Seuls 66,3 millions
sont annoncés pour le soutien aux élèves à besoins particuliers, alors que le nombre d'élèves en situation de
handicap ou ayant des besoins particuliers explose. Il est peu probable que ce
montant suffise à répondre aux besoins.
Une autre demande
sans réponse, aux sorties du budget, celle d'investissements substantiels pour
répondre à la crise actuelle du transport adapté. Une maigre somme de
18 millions sur quatre ans est prévue pour assurer cette adaptation, une occasion manquée de soutenir la
reprise économique des personnes handicapées et de sortir de l'isolement
social des personnes durement affectées par
le confinement pandémique. Pourtant, la crise est bel et bien là, dans toutes
les régions du
Québec. Il est impératif que ce gouvernement réagisse dans le courant de
l'année afin de limiter l'hémorragie et de permettre aux personnes de se
déplacer selon leur convenance.
• (12 h 30) •
L'employabilité
des personnes en situation de handicap est en piètre état au Québec. Avec des
niveaux d'emploi nettement plus
faibles que le reste de la population, les personnes en situation de handicap
vivent encore beaucoup de discrimination, et les programmes visant leur
participation économique sont insuffisants. Ce budget n'améliore pas les choses.
Seuls 3,1 millions sur trois ans ont
été annoncés pour l'intégration en emploi et la participation à des mesures
d'employabilité des personnes
handicapées et des prestataires d'assistance sociale. De ce montant,
2,1 millions iront pour prolonger certaines mesures de la Stratégie
nationale pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes
handicapées 2019‑2024.
Afin
de répondre à la pénurie de main-d'oeuvre, le gouvernement ne prend pas compte
du potentiel des personnes en
situation de handicap au Québec. Rendre plus flexibles les programmes d'aide
financière de dernier recours en permettant aux prestataires de travailler à temps partiel pourrait grandement aider
à régler la pénurie de main-d'oeuvre. Rappelons que plus de 300 000 Québécois et Québécoises
sont prestataires de ces programmes et n'ont pas le droit de travailler, même à
temps partiel.
La situation du
logement et des ressources d'habitation est critique en déficience
intellectuelle. Les suites de la pandémie se
font sentir durement, et la tendance est à résurgence du milieu de vie, qui
sont des petites institutions. Quant à
eux, les milieux de vie alternatifs n'ont pas accès à des subventions. Aucune
mesure budgétaire ne vise à répondre à ces besoins.
Pareillement, la
crise du... excusez-moi, la Fédération québécoise de l'autisme déplore
également le manque d'engagement du
gouvernement à l'égard des personnes et des familles qu'elle représente. Au
sortir d'une pandémie, qui a fragilisé le réseau social des personnes
autistes et leurs familles ainsi que les services leur étant destinés, le
budget est mince pour répondre à leurs
besoins criants. Depuis le 1er juillet 2022, le ministère de l'Emploi et
de la Solidarité sociale a resserré
les règles d'admissibilité au programme de solidarité sociale en éliminant tous
les diagnostics d'autisme et de troubles de santé mentale de la liste. Cette liste permet un accès accéléré au
programme. Dans le cadre des consultations prébudgétaires, la Fédération
québécoise de l'autisme demandait au gouvernement de réintégrer les troubles du
spectre de l'autisme dans la liste des
diagnostics évidents. Ces décisions entraînent en effet des conséquences graves
pour des personnes vulnérables vivant
dans des situations précaires et qui sont souvent sans service du réseau de la
santé et des services sociaux à compter de l'âge de 18 ans. Les effets pervers de ces décisions sont déjà
dénoncés par plusieurs personnes, familles, qui déplorent la décision du
gouvernement d'acculer des personnes à la pauvreté.
Pour
les services de répit, il n'y a aucune somme prévue pour permettre la
consolidation des services précaires déjà
existants. Les organismes communautaires offrant ces services devront encore
une fois déployer une nouvelle offre de services sans être en mesure de consolider celle déjà existante, sans
compter l'incapacité d'offrir des salaires décents à des employés qui
doivent avoir des compétences spécifiques.
Dans le domaine de la
santé mentale et des personnes handicapées ou sur le spectre de l'autisme, les
organismes communautaires sont souvent ceux qui offrent des services
directement à la population. Le gouvernement compte sur eux comme des partenaires de première importance, mais ce budget ne leur
donne pas les moyens pour accomplir leur mission. La Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles se dit excessivement déçue
du budget 2023 du gouvernement de la
CAQ. L'investissement anémique du gouvernement de 36 millions est loin de
combler les attentes des organismes communautaires autonomes du domaine
de la santé et des services sociaux, ce qui ne permettra pas aux groupes d'offrir l'accompagnement demandé par leur
communauté, en plus d'être inférieur au montant du rehaussement obtenu
l'année précédente.
En partageant ce
montant entre les 3 000 organismes communautaires autonomes du
domaine de la santé et des services sociaux,
ce 36 millions correspond à une somme moyenne de 12 000 $ par
organisme. Dans le contexte où les groupes
sont déjà surchargés par la tâche, ce montant ne permet même pas d'ajouter le
salaire d'une journée de travail par semaine. Cette augmentation de
12 % est la bienvenue, mais insuffisante pour absorber les demandes de
services qui explosent et offrir des conditions de travail décentes et
compétitives. Rappelons qu'une somme de 200 000 $ avait été nécessaire dès cette année pour répondre aux
besoins financiers de l'ensemble des organismes. Le gouvernement aurait pu en
faire plus étant donné les immenses besoins dans le communautaire.
Avec
une augmentation de plus de 100 % en trois ans, la population...
Excusez-moi. Là, je vais vous parler d'un organisme dans mon comté, une banque
alimentaire très importante, MultiCaf. Avec une augmentation de plus de
100 % en trois ans de la population qu'ils desservent, la banque
alimentaire MultiCaf, à Côte-des-Neiges, a reçu une bonification qui sert à pas grand-chose. Leur déficit prévu
pour 2023‑2024 est de 250 000 $. Sur le terrain, on entend que les
5 millions octroyés au réseau des banques alimentaires du Québec
dans le budget n'aura que de très peu d'impacts, juste comme... juste comme l'annonce de septembre dernier lors
d'une aide de 3 millions de dollars additionnels, ce qui représentait
10 889 $ en deux versements non récurrents. À la question :
Est-ce que ce 10 859 $ a fait une différence dans le service offert, considérant l'augmentation de 600 % de la
clientèle cette année?, bien sûr que la réponse est non. Selon eux, c'est un
budget qui ne correspond pas au
rôle... qui ne reconnaît pas le rôle incontournable des organismes
communautaires dans les réponses aux besoins de la population
vulnérable.
Le budget de la CAQ
offre des mesures insuffisantes et à courte vue. Choisir de mettre quelques
centaines de dollars à chaque contribuable
plutôt que d'investir des sommes dans les services à la population est
incompréhensible. Ce cinquième budget
de la CAQ est bien loin d'assurer les Québécois qu'ils recevront les services
essentiels auxquels ils ont droit. En
plus de surévaluer la performance de l'économie et de couper les versements au Fonds des générations, ce gouvernement montre une fois de plus
son manque de vision pour les plus vulnérables de notre société. Merci.
Motion
formulant un grief
Et je dépose une motion de grief, que je
lirai :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son
budget 2023-2024 qui ne vise pas à répondre aux crises sociales
actuelles, particulièrement celles de la santé mentale et de l'itinérance, et
qui ne tient pas suffisamment compte des besoins des personnes handicapées ou
avec un trouble du spectre de l'autisme.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Votre motion est déposée
sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant, je cède immédiatement la parole à Mme
la députée de Mercier.
Mme
Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Normalement, je l'aurais
déposée à la fin, mais, comme je risque d'oublier, comme toutes les
autres fois, je vais la déposer maintenant, puis après ça vous suivrez la
logique de mon discours.
Motion
formulant un grief
Donc, motion de grief que je vais déposer :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement de la Coalition avenir
Québec pour son budget 2023‑2024
qui n'est pas à la hauteur des défis énormes du système d'éducation qui mettent
à mal la réussite des élèves, tels
que la pénurie de main-d'oeuvre, la vétusté des écoles et le système à trois
vitesses à l'origine de la ségrégation scolaire.»
Donc, je la dépose.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Votre
motion de grief est déposée sous réserve de recevabilité.
Mme
Ghazal : Merci. Mme la Présidente, j'ai peu de temps, donc,
j'ai plusieurs dossiers, je vais avoir l'occasion de revenir avec les ministres responsables des
autres dossiers, culture, langue française et condition féminine, quand je
serai aux crédits et je vais me concentrer sur l'éducation.
Vous savez, le premier ministre nous répète
souvent que l'éducation est sa priorité. Puis, honnêtement, je le crois quand il le dit. Il est sincère quand il le
dit. C'est ce qu'il ressent. Mais, quand je regarde le budget, je ne vois pas en
quoi l'éducation est réellement la priorité.
On a vu le ministre des Finances être
extrêmement fier de nous présenter un budget dans lequel il y a la plus grande baisse d'impôt de l'histoire du Québec ou
une des plus grandes de l'histoire du Québec. Il y avait beaucoup de fierté
dans sa voix. J'aurais aimé entendre le ministre des Finances être aussi fier en disant que ce budget démontre
à quel point l'éducation, pour notre gouvernement, c'est-à-dire le
gouvernement de la CAQ, est importante et aussi est une priorité réelle, mais
ce n'est pas ce qu'il a dit et ce n'est pas ce qu'on retrouve quand on lit le
budget.
Ce qui manque
aussi dans ce budget, c'est une vision. C'est-à-dire que, oui, en fonction des
priorités qui ont été énoncées par le ministre
de l'Éducation, les sept priorités,
qui est comme une sorte de liste d'épicerie, il y a des éléments qui sont intéressants, on va faire, comme certains
ont dit, du patchage à gauche et à droite, mais il n'y a pas de vision pour
l'avenir, il n'y a pas une vision pour dire que l'éducation est vraiment une
priorité, comme ça l'a déjà été dans le passé de plus en plus lointain, par exemple, à l'origine de la création du ministère de l'Éducation avec le rapport Parent où il y avait une
vision pour l'avenir pas uniquement pour l'éducation comme un secteur en
particulier, mais pour le Québec, pour toute
la société. Parce que l'éducation, ce n'est pas uniquement pour les profs, ce
n'est pas uniquement pour les élèves, les parents, c'est un enjeu de société
qui concerne toute notre société. On ne le répétera jamais assez. Et c'est pour
ça que le premier ministre dit que c'est une priorité.
• (12 h 40) •
Baisser les impôts, c'est sûr et certain, c'est
écrit dans le ciel, ça va avoir un impact sur les services publics, et donc sur l'éducation, si on veut que l'éducation
continue à être un service public auquel on tient comme à la prunelle de nos
yeux. La CAQ nous prépare, peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas demain,
mais, en tout cas, dans le moyen terme et le long terme, à une austérité
qui ne dit pas son nom dans le système de l'éducation, dans le système de la
santé, dans les grands services publics. Ça,
c'est clair. Déjà, l'augmentation de 6 % dans le ministère de l'Éducation n'est pas suffisante. On peut dire : Mon Dieu! 6 %, c'est
beaucoup, mais, avec l'inflation, ce n'est pas suffisant. Qu'est-ce qui va
arriver quand les revenus de l'État vont être diminués? Et ils
commencent à être diminués à partir de cette année avec cette baisse d'impôt qui est historique, selon ce que nous a dit le ministre des Finances. Je suis...
J'ai plusieurs inquiétudes que je vais énumérer dans le peu de temps que
j'ai.
Je suis
inquiète pour les élèves en difficulté et en besoin... et qui ont des besoins
particuliers à qui on coupe des services selon une logique comptable. J'ai
parlé avec des gens du centre de services scolaire de Montréal, qui m'ont
expliqué... Et ça avait l'air très, très clair, et très simple, et vraiment
logique, de dire que, par exemple, un service qui est offert à des élèves, 250 élèves, c'est un exemple, là, que je
prends, dans les écoles de Montréal... que, ce service-là, bien, on ne voulait pas qu'il y ait des
orthopédagogues. 22, ça a l'air petit comme chiffre, mais ce service-là fait
des miracles auprès d'élèves qui en
ont vraiment besoin depuis une quarantaine d'années. On va couper ce service-là
parce qu'on a besoin
d'orthopédagogues partout. C'est comme ça qu'on va parer à la pénurie de
main-d'oeuvre. Il a fallu que même les directeurs
nous disent que ce n'est pas vrai puis que les services, pour ces élèves-là les
plus vulnérables, vont être coupés.
La même chose aussi pour
une autre école. Vendredi dernier, je me suis entretenue avec le ministre... L'école
Grand-Pré, dans les Laurentides, pour des
élèves qui ont des problèmes langagiers, on coupe des services. Et là ce qu'on
investit pour les élèves en difficulté ou
ceux qui vivent avec un handicap, c'est 66 millions — ce
n'est pas suffisant — sur
six ans.
Je suis
inquiète aussi pour le manque de personnel. On cherche les profs. Le ministre
n'est pas capable de le dire, combien
il manque de profs actuellement, où il y a des suppléants qui viennent prendre
leur place. On ne le sait pas, combien, mais on sait qu'on en cherche. Les élèves décrochent, le... oui, les
élèves décrochent, mais les professeurs aussi décrochent.
Et, moi, ce
qui me heurte particulièrement, c'est quand le premier ministre sépare
l'intérêt et le bien-être du personnel dans
les écoles, que ce soient les enseignants, les personnels... et le personnel de
soutien, du bien-être des élèves. Les deux sont entièrement corrélés. Et le ministre, souvent, préfère dire que
c'est juste des luttes syndicales et que le bien-être des élèves, c'est la chose qui compte le plus, mais
les deux sont corrélés. Si on ne prend pas soin des profs, si on ne prend pas
soin des gens qui travaillent tous les jours auprès de nos élèves, bien, ce
sont nos élèves qui vont être mis à mal.
Je suis aussi
inquiète pour la vétusté des écoles. Le premier ministre préfère ne pas le
voir, accuser tout le monde à gauche
et à droite, mais, dans les faits, sur le terrain, les écoles, nos écoles, dans
le... au Québec, quand on regarde les photos
qui ont été recueillies par, par exemple, l'alliance des profs, ou d'autres
syndicats, ou par ma collègue, aussi, du parti d'opposition, elles
tombent en ruine, et c'est inacceptable d'accepter ça.
Selon les
experts, il faudrait investir, en rénovation et aussi en entretien, 4 % de
toute la valeur mobilière, de toute la valeur du parc immobilier, et ce n'est
pas le cas. C'est loin d'être suffisant. Même en maintien des actifs, juste
pour maintenir la situation, le
gouvernement refuse d'investir entièrement... Il investit uniquement une partie
et non pas 100 %... uniquement
pour maintenir... Donc, ça, c'est des chiffres, ce sont des faits réels qui
sont dans le PQI et qui sont dans le budget du gouvernement.
Je suis
inquiète aussi pour les élèves qui n'ont aucun programme particulier, qui ont
envie de l'avoir, mais dont les parents n'ont pas l'argent suffisant ou
dont... ou qui n'ont pas les notes suffisantes pour y avoir accès. La CAQ veut envoyer... de l'Éducation a dit qu'il veut donner
des projets particuliers dans toutes les écoles, mais ce ne sont pas tous les
élèves qui vont y avoir accès.
Non seulement
ça, j'ai appris, à la suite d'une question que j'ai posée au ministre, une
réponse qu'il ne connaissait pas. Il a fallu qu'il soit corrigé par ses
fonctionnaires. Il a 300 $ qu'il donne pour rembourser... comme
remboursement pour les projets particuliers aux élèves. Il est donné
aussi aux élèves qui fréquentent l'école privée, qui sont en sport-études. Ce sont des programmes qui coûtent cher. Et il va
donner un maigre 300 $ aussi pour les élèves dont on ne devrait pas être
inquiétés parce que leurs parents ont
suffisamment d'argent pour les envoyer dans les écoles privées. Donc, c'est
d'autant d'argent qu'on ne donne pas aux élèves qui en ont réellement
besoin pour ouvrir les projets... programmes particuliers à tous les élèves, sans aucune discrimination,
sans aucune sélection basée sur l'argent que leurs parents ont ou basée aussi
sur leurs notes.
Je suis
inquiète aussi pour le manque de profs en francisation. Je suis une enfant de
la loi 101. Je sais à quel point c'est important, les classes d'accueil.
En ce moment, juste à la CSSDM, on ouvre 200 classes et on manque de profs
pour les franciser quand on dit que le français, c'est important.
Ce budget, et
je vais terminer là-dessus, Mme la Présidente, je vais avoir l'occasion de
revenir à plusieurs reprises, notamment à l'étude des crédits avec le
ministre, ce budget est une occasion pratique pour démontrer que, réellement, l'éducation est une priorité pour le premier
ministre. Malheureusement, ce n'est pas le cas, et j'en suis fortement triste.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Pontiac, je
vous informe que vous avez 10 min 28 s.
M.
André Fortin
M.
Fortin : Merci. Merci, Mme la Présidente. C'est une seconde
de plus qu'on m'avait dit, alors je vais la prendre. Avec tout le
respect que j'ai pour l'institution, et vous connaissez le respect mutuel qu'on
a pour l'institution, Mme la Présidente,
l'ensemble de ces documents, l'ensemble des documents budgétaires — là,
il y en a un puis un autre, là — c'est
de la frime, c'est une façade, c'est un
château de cartes, c'est un village Potemkine, appelez ça comme vous voulez,
là, mais c'est basé sur une fausse
prémisse. C'est basé sur une prémisse inexplicable, Mme la Présidente. Et là je
vous réfère à la page A.27, PIB
réel, scénario de référence, variation 2023, 0,6 %. Tout ça, là, tous les
chiffres qui sont contenus dans ces documents sont basés sur une
prémisse. C'est-à-dire les scénarios de dépenses de 2024, 2025, 2026, 2027 qui
nous sont présentés, les scénarios de
revenus du gouvernement, sont basés sur un scénario où le gouvernement reçoit...
où, en fait, le PIB réel du Québec augmente de 0,6 %. Les experts
ne disent pas ça, Mme la Présidente.
Les experts
disent peut-être 0,3 %. Il y a des experts qui disent moins 1,2 %.
Ça, ça veut dire que le ministre des
Finances, avec tout le conservatisme
qu'on lui connaît, il y a quelqu'un en quelque part qui l'a convaincu de
dire : Mets tes principes de base de côté puis commence avec une
prémisse, là, qui va nous faire bien paraître, qui va nous dire : On va être capables de dépenser cette année, puis on
va être capables de dépenser l'année prochaine, puis on va en avoir, de l'argent, pour financer des programmes. Mme la
Présidente, l'entièreté de ces documents sont basés sur une fausse prémisse,
selon les experts. Il n'y a rien qui tient là-dedans.
Deuxième exemple de cette fausse prémisse, Mme
la Présidente, c'est que le gouvernement, et on connaît son habitude pour jouer
avec les chiffres...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...
M.
Lévesque (Chapleau) : ...de
faussetés, également toutes les notions, là, qui peuvent être
blessantes en lien avec plusieurs sujets abordés, juste pour bien...
pour que ça continue bien, là, Mme la Présidente. Merci.
Des voix : ...
M. Fortin :
...le leader adjoint à garder ses interventions pour plus tard, il va en avoir
besoin.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon,
juste vous dire, on s'adresse à la présidence...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Messieurs, messieurs, on s'adresse, un, à la présidence. Deux, je dois vous
accorder le droit de parole pour que vous puissiez intervenir.
Ceci dit, avec prudence, continuez votre
intervention.
M.
Fortin : Bien sûr, Mme la Présidente. Alors, voici ce qui
se passe. Regardez à la page H.42, budget 2022‑2023,
du ministère
de la Santé et des Services sociaux :
58 109 000 000 $. Budget 2023‑2024 :
59 015 000 000 $. Tout de suite en dessous on voit «variation en pourcentage», 7,7 %. Moi, je ne
suis pas un mathématicien, Mme la Présidente, mais je vous soumets que 59 015 000 000 $
divisés par 58 109 000 000 $, c'est beaucoup moins
que 7,7 %. Mais vous savez ce que le gouvernement a fait? Il nous
dit : Ah oui! mais on ne compte pas tout l'argent qu'on a investi en COVID,
on ne compte pas cet argent-là, on le retire
du premier montant. Alors là, aïe, notre investissement, cette année, a l'air
bien plus grand. Là, on se pète les bretelles, on va à la télévision, on
dit : Aïe! on a augmenté de 7,7 %.
Je ne sais
pas vous, je ne sais pas les gens du gouvernement, mais, moi, mes parents m'ont
appris à toujours lire la petite écriture, hein, la toute petite
écriture à la prochaine page, là, qui dit que, quand le gouvernement clame
qu'en 2024‑2025 ça va être 3,6 %
d'augmentation en santé, il dit : Bien, il faut tenir compte des dépenses
non récurrentes en lien avec la pandémie puis des montants forfaitaires
prévus dans l'entente salariale... dans l'offre salariale. Ce n'est pas une entente, c'est une offre salariale. Là, ce que le
gouvernement est en train de dire, là, c'est que, parce qu'il y a des montants
qu'il dit : Bien, on les a dépensés
juste une fois, on ne les comptera pas. Ce n'est pas comme ça que ça marche,
Mme la Présidente.
• (12 h 50) •
L'augmentation
réelle, là, pour le ministère de la
Santé, ça va être 2,1 %. S'il y
a quelqu'un ici, en quelque part, qui
pense que, 2,1 %, c'est assez pour que le réseau de la santé puisse
maintenir le niveau de service, bien, qu'il lève la main, parce que ça n'existe pas dans le réseau de
la santé, un maintien de services à 2,1 %. Ça va être une diminution de services, Mme la Présidente. Mais c'est correct.
Ils ont fait leur choix et ils ont fait le choix de baisses d'impôt. On pourra
en reparler, des baisses d'impôt.
Ça, c'est le
point de vue santé, puis je ne m'attarderai pas plus longtemps que ça en santé,
c'est assez clair, 2,1 %. Les
coûts du réseau, c'est 5 %, 6 %. Alors, le ministre de la Santé peut
nous présenter toutes les réformes qu'il veut, il peut nous présenter tous les projets de loi qu'il
veut, même s'ils ont 1 100 articles, mais, Mme la Présidente, la
réalité, c'est qu'à 2,1 %, là, il n'y aura pas d'amélioration du
service dans le réseau de la santé.
Je veux vous
parler deux secondes d'agriculture et de foresterie, parce que j'en suis le
porte-parole. J'ai entendu un des députés de la Coalition avenir Québec,
tantôt, nous dire : Aïe! La foresterie, c'est important pour mon comté.
J'en conviens, important pour son comté,
important pour le mien, mais il ne peut pas nous dire qu'il est satisfait de
cet investissement-là. En sylviculture, là, le gouvernement de la CAQ
choisit de mettre 20 millions par année. Savez-vous à quelle rapidité ça se dépense, 20 millions
par année en sylviculture? Un budget normal en sylviculture, c'est 50. Cette
année, on met 20 puis on est fier de ça.
20 millions, là, ça veut dire qu'il y a des gens qui ne travailleront pas.
Il y a des gens qui s'investissent en sylviculture parce qu'ils y
croient, parce que c'est essentiel, parce que c'est l'avenir de notre industrie forestière, parce qu'il faut faire les
choses comme il faut quand on coupe un territoire. Bien, ils ne pourront pas
travailler parce qu'il n'y en aura plus, de
ressources gouvernementales pour faire de la sylviculture. Alors, en
agriculture puis en foresterie...
Deux secondes
sur l'agriculture, Mme la Présidente. Le budget de l'agriculture cette année,
là, on va nous dire que c'est le plus élevé qu'il n'y a jamais eu au Québec. Ça
vient de la politique bioalimentaire de 2017. Le jour où la politique n'est plus là, ce budget-là ne tient plus. Puis,
en passant, on aurait eu besoin de pas mal plus que ce qu'il y a dans le budget
juste pour la question du porc. Dans votre coin, Mme la Présidente, puis
partout au Québec, là, il y a des éleveurs de porcs qui sont en train de fermer boutique partout au
Québec parce que le modèle actuel ne fonctionne pas, parce que la demande
diminue, oui, parce que les prix ont baissé,
parce que leur modèle n'est pas soutenable, et il n'y a pas assez
d'investissements là-dedans, en agriculture, pour s'assurer qu'on puisse
revoir le modèle correctement.
Là, c'est le
moment où le leader adjoint pourrait se lever, puis j'espère qu'il va se lever,
parce que ça fait des années que le
leader adjoint et ses collègues de la Coalition avenir Québec nous parlent du
sous-financement en Outaouais. Il me dit : Il faut régler ça, c'est la
priorité numéro un. Ils ont passé une belle motion ici, à l'Assemblée
nationale, tout le monde l'a reconnu. Parfait, on va régler ça.
Bien,
l'Outaouais, 4,7 % de la population québécoise, O.K., voici le budget des
infrastructures dans chaque domaine pour
les prochaines années. En éducation, la proportion qui va revenir à
l'Outaouais, du budget d'infrastructures, proportionnellement à l'ensemble du Québec, ça devrait être 4,7 % au
minimum. Ça devrait être plus s'il y a un sous-financement, puis on veut faire un rattrapage. Ah bien! C'est
3,6 %, Mme la Présidente. En enseignement supérieur, le budget du Plan
québécois des infrastructures pour l'Outaouais, c'est 2,5 % du budget
total. En culture, il y avait un ministre... il y a un ministre de la Culture en Outaouais, à ce que je sache, il
vient de la région. Bien, ce qu'il a ramené à la région, c'est 2,5 %. En développement du sport, 3,3 %,
en réseaux routiers, 2,4 %, les routes vont être pires qu'ailleurs au
Québec en Outaouais, en transport
collectif, 3,5 %, pour les municipalités, 4 %, pour le tourisme,
2,5 %, pour les logements sociaux, où il y a le pire taux d'inoccupation au Québec, Mme la Présidente, à
Gatineau, 3,7 %, en environnement, 2,9 %, en agriculture, 2,7 %.
Mme
la Présidente, je pourrais continuer comme ça. Il y a un endroit, parce qu'il y
a un projet spécifique en santé, c'est le seul qui est en haut de 4,7 %.
Mme la Présidente, pourquoi le leader ne se lève pas? Pourquoi le leader ne se
lève pas en me disant : Vos
chiffres sont erronés, ce n'est pas ça, vous devriez dire la vérité? Non, il ne
me dit pas ça parce qu'il sait que j'ai raison, Mme la Présidente. Moi non
plus, je ne me lèverais pas, moi aussi, je resterais assis, parce que, ça, là,
c'est juste creuser l'écart de l'Outaouais par rapport au reste du Québec.
Mais
faites-vous-en pas, faites-vous-en pas, gens de l'Outaouais, il va y avoir une
baisse d'impôt. Ah! il va y avoir une
baisse d'impôt. Si vous faites 20 000 $ par année, c'est 8 $.
O.K. Si vous faites 40 000 $, juste de même, là, Mme la Présidente, si vous faites 40 000 $
ou 60 000 $ par année puis vous êtes célibataire, ça va être plus, ça
va être une plus grande baisse
d'impôt que si vous êtes une famille de quatre qui fait le même revenu.
Celle-là, il va falloir qu'il me l'explique, parce que ça fait des années que le gouvernement de la
CAQ se targue d'être un gouvernement des familles. Même revenu pour la baisse d'impôt, mais on va garder plus d'argent
dans nos poches si on est célibataire que si on est une famille de quatre.
Je le sais, c'est dur à expliquer, c'est
inexplicable, ça ne fait pas de sens, mais ce n'est pas grave, Mme la
Présidente, il y a une baisse d'impôt.
Je vais terminer, Mme
la Présidente, en disant à mes électeurs de la circonscription de Pontiac
qu'ils méritaient beaucoup mieux, qu'ils méritaient mieux que les pourcentages
qu'on vient d'identifier, que le gouvernement a fait deux choix, soit il s'est dit volontairement : On va empirer les
choses, ou soit il n'a juste pas fait son travail puis défendre la
région. Je ne le sais pas, quel des deux qui est pire, Mme la Présidente.
Motion
formulant un grief
Je termine sur la
motion de grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son
cinquième budget consécutif qui ne
prévoit aucune somme visant à implanter un ratio sécuritaire
infirmières-patients au sein du réseau de la santé et des services
sociaux.» Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Et votre motion est déposée
sous réserve de sa recevabilité. Je suis prête à entendre un autre
intervenant. Écoutez, M. le député de Richelieu, la parole est à vous pour deux
minutes.
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous accompagne jusqu'à la fin de
nos travaux, à 13 heures, en
remerciant le député de Pontiac de m'avoir tout de même laissé un peu de temps.
Et, Mme la Présidente, faites-moi signe quelques secondes avant la fin, s'il vous plaît, pour
que... Vous savez, j'ai l'habitude de m'enflammer dans des parenthèses
interminables, et je ne voudrais pas retarder votre heure de repas, Mme la
Présidente.
Blague
à part, c'est à mon tour de prendre la parole pour... Dans le cadre du débat de
cet excellent budget qui a été déposé
par notre collègue le ministre des Finances la semaine dernière. Beaucoup de
collègues l'ont dit avant moi, de ce côté
ici, Mme la Présidente, des banquettes, mais tellement fier également de faire
partie de cette formation politique pour le dépôt de ce cinquième budget, déjà le cinquième, un budget qui, Mme
la Présidente, je ne vous apprends rien, fait encore une place
importante à l'éducation. Le premier ministre l'a encore répété récemment,
l'éducation, la priorité de notre gouvernement, la priorité du premier
ministre.
Et,
avec le peu de temps que j'ai, Mme la Présidente, je vais tout de suite me
contenter de vous parler de la formation professionnelle, qui fait partie des sept priorités de notre collègue,
M. le ministre. Et pourquoi je vous en parle, Mme la Présidente? Parce
que vous savez combien j'ai à coeur la formation professionnelle.
Et, avec les sommes
qui sont allouées dans ce budget-là, que je ne vais pas détailler aujourd'hui,
mais ces sommes-là, Mme la Présidente, vont
nous permettre d'enfin, enfin, valoriser, avec des montants importants, la
formation professionnelle. Une formation qui mérite ses lettres de
noblesse, Mme la Présidente, parce que, je vois dans votre oeil dubitatif, c'est important de valoriser la
formation professionnelle. Vous savez, vous avez des enfants, j'en ai aussi,
puis on a tous un rôle à jouer pour valoriser la formation
professionnelle. Puis, si votre plus vieux, Mme la Présidente, vous a annoncé tout fièrement qu'il allait entamer son
bac, sa maîtrise, je sais que ça vous a réjouie. Mais, si votre deuxième, ou
c'est le plus petit de la famille, vient vous voir en vous disant :
Maman, je m'inscris en formation professionnelle en plomberie, bien, vous devez être tout aussi contente, parce que, comme
le dit si bien M. le ministre, chaque diplôme compte.
Et il est important
de valoriser la formation professionnelle, d'autant plus dans le contexte de
pénurie de main-d'oeuvre qu'on connaît
actuellement. Parce qu'à chaque fois qu'on diplôme un jeune homme, une jeune
femme en plomberie, dans les métiers
de la construction, entre autres, on donne un coup de main un peu à notre
collègue la ministre de l'Habitation. Ça nous aide à faire lever des
chantiers. Et ces jeunes personnes-là, Mme la Présidente, vont avoir un diplôme
qualifiant qui va leur permettre de très bien
gagner leur vie, de ne jamais manquer d'ouvrage. Je donnais l'exemple du
plombier, là, j'ai le collègue de
Maskinongé qui, sans entrer dans les détails, sait très bien l'importance
d'avoir un bon plombier quand survient des avaries à son domicile. Et il
sait très bien comment ça coûte aussi, Mme la Présidente.
Donc, tout ça pour vous dire que ce sont des
métiers qui vont faire en sorte que les jeunes vont être en mesure d'avoir un
travail qui va leur permettre de bien faire vivre leur famille. Et je vois le
chronomètre s'éteindre...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous avez bien vu, M. le député.
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Que vous allez poursuivre votre...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Non? Vous ne... Ah non? O.K. Bon, bien, merci.
Donc, compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi ou bonne soirée à toutes et à tous. Bonne fin de journée,
en tout cas. Prenez place.
Alors,
aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, aux affaires
prioritaires, l'Assemblée poursuit le débat sur la motion de M. le
ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un grief
présentées par M. le député de Marguerite-Bourgeoys, M. le député de
Maurice-Richard, M. le chef de l'opposition officielle, M. le député de Jean-Lesage,
Mme la députée de Mille-Îles, Mme la députée
de La Pinière, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme la députée de Verdun, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, Mme la députée de Robert-Baldwin, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, M. le député de Taschereau, Mme la
députée de D'Arcy-McGee, Mme la députée de Mercier et M. le député de Pontiac.
Avant
de céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
11 h 37 min 55 s d'écoulées à la première étape du débat. La répartition du temps de parole
restant est la suivante : 1 h 30 min 55 s au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 13 min 37 s
au deuxième groupe d'opposition et 7 min 29 s au troisième
groupe d'opposition.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci beaucoup, M. le Président. Le budget qui a
été déposé la semaine dernière a déçu beaucoup de monde. De toute évidence, en 2023, la vieille recette des baisses
d'impôt ne permet pas de marquer autant de points que dans l'ancien temps, surtout quand elles sont mal
ciblées, surtout dans un contexte où on a autant besoin d'investissement
dans nos services publics. Il va falloir que le premier ministre et son équipe
cherchent leur inspiration ailleurs.
Une
des choses qui m'inquiètent beaucoup, c'est que, dans tous les services
publics, on a une pénurie critique de personnel.
Tous les ministères sont concernés. Et ça a un impact réel sur notre capacité à
offrir des services aux citoyens et encore
plus aux délais dans l'accès à ces services-là. Avec les négociations du
secteur public, on aurait une occasion en or de prendre les moyens d'attirer et de retenir les travailleurs et
travailleuses dont on a besoin dans tous les ministères. Mais malheureusement ce n'est pas en train d'arriver,
parce que ce que la CAQ a mis sur la table pour les négociations aurait pour
effet d'appauvrir les travailleurs du secteur public face à l'inflation.
Or,
tout le budget repose sur la prémisse totalement fantaisiste que les
travailleurs et travailleuses du secteur public vont accepter l'offre
patronale qui est sur la table depuis décembre. Or, c'est absolument
impossible. On a vu la vitesse à laquelle ça
a été rejeté par le front commun. Il n'y a pas la moindre chance que ce soit
cette offre-là qui se retrouve dans les
conventions collectives. Et pourtant tout le budget repose là-dessus. Ça ne
peut pas bien aller quand on élabore tout un budget sur des fondations aussi fantaisistes. Juste pour la première
année, il y a à peu près 1,5 milliard de différence entre ce que la CAQ a prévu dans son budget et les
demandes du front commun. Ils se rejoindront quelque part entre les deux,
mais ça vous donne une idée de l'ordre de
grandeur d'écart entre ce qui a été planifié dans le budget et les négociations
actuelles.
Si
c'est tout ce que la CAQ a à offrir, ça veut dire qu'on ne réussira pas à
baisser les listes d'attente en chirurgie, les listes d'attente en santé mentale. Ça veut dire que les enfants vont
continuer de changer de prof deux, trois fois par année, de se faire dire qu'ils n'ont pas droit à des
services parce qu'ils ne sont pas encore en situation d'échec. Il y a d'autres
enfants qui vont poireauter sur la
liste d'attente à la protection de la jeunesse. Parce que les travailleurs et
travailleuses du secteur public sont
tannés d'attendre d'être respectés, ils vont continuer de partir vers le privé.
Puis ils se font courtiser tous les jours
par le privé, puis ils ont l'embarras du choix, avec des conditions de travail
qui ont rejoint, dans les dernières années, les avantages que présentait
dans le passé le secteur public.
Donc, soit ce
budget-là est d'une extrême naïveté soit c'est la confirmation que la CAQ
abandonne les services publics au profit du
privé et que les citoyens vont continuer d'attendre leur tour pendant des
années pour des services, parce que,
si on veut conclure une entente qui va nous permettre de retenir notre monde,
en attirer d'autres, il fallait prévoir plus de fonds, ce qui n'est pas
le cas dans ce budget.
Une
autre déception majeure, c'est le dossier de la santé mentale. François Legault
avait promis devant le Québec en entier d'investir en santé mentale, et c'était
de la poudre aux yeux. C'est l'équivalent d'une note en bas de page dans le
budget.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : ...les collègues, en cette enceinte, on les
appelle par leur titre et non par leur nom. Merci.
Mme Labrie : Je
m'excuse, M. le Président. Le premier ministre avait promis d'investir en santé
mentale, et c'était de la poudre aux yeux. La santé mentale, c'est
l'équivalent d'une note de bas de page dans le budget. Donc, je disais, 27 millions de plus par année, c'est ça qui
est prévu pour améliorer les services en santé mentale. Ça ne revient à même
pas 4 $ par personne, par année,
de plus que ce qui existe actuellement comme fonds investis en santé mentale,
avec les résultats qu'on connaît. On
est en crise en ce moment, là. Tous les élus, dont ceux de la CAQ, le savent
très bien. Dans leurs circonscriptions,
ils le voient. Ils le déplorent, comme nous, sur toutes les tribunes, qu'on a
une crise de la santé mentale actuellement, et ça prend plus de
services. Avec 27 millions, on n'ira pas tellement loin.
Et
d'ailleurs il n'y a rien pour permettre aux universités d'augmenter la taille
des cohortes dans les programmes en lien
avec la santé mentale, notamment le travail social. Juste un exemple, à
l'Université de Sherbrooke, il y a cinq fois plus de demandes d'admission que de places disponibles.
Le premier ministre nous contestait là-dessus ce matin, mais, dans les faits, il y a énormément de monde qui veulent
devenir, par exemple, travailleur social, et on n'est pas en train d'en former
autant qu'on devrait pour répondre aux
besoins, oui, en santé mentale, mais aussi en protection de la jeunesse, aussi
ailleurs dans nos services publics, même chose pour les psychologues,
les psychoéducatrices, etc.
On
ne répond pas non plus aux demandes du milieu communautaire. Les organismes
avaient besoin de 255 millions par
année de plus. La CAQ ne leur propose même pas 200 millions sur cinq ans.
Donc, ils vont continuer d'être obligés de passer leur temps à faire des
activités de financement au lieu de se concentrer à aider du monde. On aurait
besoin qu'ils puissent faire ça en ce moment.
Donc, on a toutes les
raisons de s'inquiéter, parce qu'on a besoin de services publics forts,
d'organismes communautaires forts pour prendre soin des gens, mais la CAQ a
préféré offrir des baisses d'impôt, notamment à des gens qui gagnent au-dessus de 100 000 $ par année, au lieu
d'investir dans les services collectifs, et ça, ça fait mal aux plus
vulnérables, et c'est toute la société qui finit par en payer le prix.
Motion
formulant un grief
Donc, je termine en
déposant une motion de grief :
«Que l'Assemblée
nationale blâme le gouvernement de la Coalition avenir Québec pour son budget
qui ne prévoit pas les sommes nécessaires afin de faire face à la crise en
santé mentale.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Évidemment, votre motion a été déposée sous réserve de sa
recevabilité. Alors, le prochain intervenant, j'accueille... je reconnais
maintenant le député de Saint-Jérôme.
M.
Youri Chassin
M. Chassin : Merci,
M. le Président. Alors, quel plaisir de passer après ma collègue de Sherbrooke,
peut-être pour pouvoir donner une certaine réplique à quelques arguments que
j'ai entendus. Puis vous comprenez, M. le Président, qu'effectivement ça me fait réagir, ce que
j'entends ici, puis permettez-moi... Alors, il y a énormément de sujets, bien
sûr, dans un budget aussi volumineux,
il y a énormément de mesures. Permettez-moi, aujourd'hui, de me concentrer sur
une mesure, je pense que c'est
d'ailleurs la mesure-phare de ce budget du collègue ministre des Finances,
celle des baisses d'impôt, parce qu'on en a entendu des vertes et des
pas mûres là-dessus.
Et,
évidemment, quand on parle de baisses d'impôt, on a une réflexion. Et je suis
économiste de profession. Vous comprendrez,
M. le Président, que ça vient me chercher, comme argument, quand on dit :
On baisse les impôts notamment pour
pouvoir avoir un potentiel économique accru, pour réduire l'écart de richesse
entre le Québec et l'Ontario. Moi, ça, ça
vient me chercher, ça m'anime. Mais je peux comprendre que, pour la majorité
des gens, qui n'ont peut-être pas étudié en économie, c'est peut-être
moins évocateur. Alors, on le reconnaît.
Et
pourtant... Alors, aujourd'hui, je vais m'attarder, si vous le permettez, M. le
Président, à essayer de transmettre ce
qu'il y a de très humain, un choix très assumé, derrière les baisses d'impôt,
qui encourage quelque chose qui, pour moi, est très favorable pour l'avenir du Québec. Le principe d'une baisse
d'impôt, on en a entendu parler. Évidemment, là, les gens se disent : Est-ce que ça ne profite pas
seulement aux plus riches? Bien, je vous dirais, M. le Président, que, par
définition, une baisse d'impôt, ça
profite à ceux qui paient des impôts, n'est-ce pas? Il y a une certaine
logique. Mais, quand on le dit comme
ça, on comprend qu'effectivement, au Québec, ceux qui paient beaucoup d'impôt,
c'est ceux qui gagnent des revenus, puis, à la limite, des revenus qui
peuvent paraître importants.
• (15 h 10) •
Est-ce
qu'ils sont riches pour autant? Pas nécessairement, M. le Président. Quand on a
passé des années à investir dans son
capital humain, hein, en quelque sorte, dans son éducation, qu'on a développé
des compétences, bien, ce sont des années
où on avait très peu de revenus. Puis ensuite on s'est retrouvés dans des
postes avec des salaires peut-être, effectivement, plus élevés que la moyenne. Mais c'est une bonne
chose, ça, M. le Président, parce qu'on a pris le temps d'investir dans son éducation ou encore on a pris des risques. On
s'est lancé en affaires. Peut-être qu'on a une idée innovante qu'on voulait
présenter, là, sur le marché puis essayer de répondre à des besoins.
Eh
bien, souvent, les entrepreneurs, je suis sûr, dans votre comté de Viau, vous
le diront, on a des années pas faciles au
début, puis, un jour, tout à coup, là, on réussit à trouver son marché, puis,
oui, des revenus sont au rendez-vous. Et c'est une bonne chose, ça, M. le Président, parce qu'on a pris des risques, et
puis, évidemment, à un moment donné, c'est payant. Alors, nos revenus sont à l'avenant, on paie
beaucoup d'impôt ou encore on a décidé, par exemple, de travailler très fort,
de développer ses compétences, de gravir les
échelons, d'arriver à des postes de responsabilité qui s'accompagnent d'un
salaire élevé et d'impôts élevés, M. le Président. Bien, encore là, c'est
quelque chose qu'on souhaite encourager.
Moi, je pense qu'il y a
fondamentalement, derrière les baisses d'impôt, un principe où on souhaite
encourager les gens qui s'éduquent,
les gens qui innovent, les gens qui se lancent en affaires, les gens qui
travaillent fort, qui prennent des responsabilités,
qui gravissent les échelons. Ce sont des gens qui contribuent au jour le jour,
puis on en a tous, dans toutes nos
circonscriptions, à faire avancer le Québec, à contribuer à aider les autres
puis à avoir une société plus prospère, mais même, socialement, là,
tissée davantage serré, plus serré, et de prendre soin les uns des autres, mais
peut-être pas juste d'une façon telle qu'on a entendu par rapport à ce que
disait ma collègue la députée de Sherbrooke, de toutes sortes de façons. On veut l'encourager. Est-ce que ça veut
dire qu'on peut réduire la pression fiscale sur des gens qui font ces choix-là?
Moi, je pense que oui. Moi, je pense qu'on
peut leur laisser davantage les fruits de leur travail. Et ça, pour moi, M. le
Président, c'est très positif, tant pour tous les citoyens du Québec que pour
le Québec vu dans son ensemble, comme société. Et je veux réitérer ce
point-là aujourd'hui parce que j'ai l'impression qu'on le perd dans bien des
débats publics.
C'est
le principal point que je voulais faire, M. le Président, mais, évidemment,
j'ajouterais deux petits points, là, en terminant, deux petits points mineurs.
Le premier, c'est qu'on a l'impression, pour certaines personnes, qu'il s'agit...
parce que c'est des baisses d'impôt, donc on
redonne de l'argent, en quelque sorte, ou, en tout cas, on en prend moins dans
le portefeuille des Québécois qui
travaillent et qui paient des impôts. Parce qu'on en prend moins, pour
plusieurs, c'est comme des pertes de revenus pour le gouvernement.
Comprenez-vous? Hein, on appauvrit le gouvernement.
Pas
nécessairement, M. le Président. Puis là je vous invite à aller voir, hein,
dans le budget, on a un cadre financier, à la page A.20. Et
qu'est-ce qu'on voit pour l'impôt des particuliers? Bien, c'est que, l'année
qui vient de se terminer, l'année
financière, on était à 42 milliards, grosso modo, de revenus pour l'impôt
des particuliers, et, l'année qui vient, on va être à 43, puis ensuite on va être à 44, et ensuite à 46, puis à 48,
puis à 50 dans cinq ans. Donc, ça continue d'augmenter. On comprend donc que, pour le gouvernement, il y a
des recettes fiscales qui vont augmenter de la part de l'impôt des
particuliers. Pourquoi? Bien, d'une
part, parce qu'on a encore des taux d'impôt qui sont assez élevés, merci, mais,
d'autre part, parce qu'on encourage
l'activité économique, M. le Président. Et ça, c'est positif non seulement pour
l'économie, mais même, à la limite, pour les recettes fiscales du
gouvernement.
Et
enfin... Parce que j'ai entendu le Parti
libéral, dirons-nous, être très
mitigé sur la baisse des impôts, notamment sur le Fonds des générations, mais rappelons-nous qu'en 2006, quand ça a été
institué, le Fonds des générations, c'était aussi avec un objectif en tête, un objectif de réduction de l'endettement.
Bien, la réduction de l'endettement était chiffrée, hein? Donc, la dette brute, en PIB, devait passer sous
la barre des 45 %. Cet objectif-là, on l'a atteint en mars 2020.
Est-ce qu'il n'est pas légitime, M.
le Président, de se dire : Le mécanisme dont on s'est dotés, en 2006,
ayant atteint son objectif, bien, on
revoit la mécanique? On redonne, effectivement, des objectifs à plus long
terme, mais est-ce qu'on est obligés de faire les mêmes versements qu'avant, à partir des mêmes sources, aux mêmes
montants? C'est là où je pense que ça vaut la peine de réfléchir
qu'est-ce qui est le mieux pour le Québec : continuer de verser la même chose
ou, en tout cas, des montants substantiels
au Fonds des générations ou en laisser davantage à ceux, puis là je le
répète, qui s'éduquent, qui travaillent fort, qui prennent des responsabilités, qui se lancent en affaires? Moi, je
pense que poser la question comme ça, c'est un peu y répondre.
Je
pense que c'est une bonne chose que les baisses d'impôt. Je suis fier de ce
budget et je suis fier de voter en faveur de ce budget. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Donc, je reconnais
maintenant la députée de Huntingdon.
Mme Carole
Mallette
Mme Mallette : Merci, M. le Président. J'aimerais commencer par expliquer ce qu'est un
budget gouvernemental. Le budget, ce
sont les revenus et les dépenses, mais surtout le point d'ancrage de ce qui
incarne le plan du gouvernement en
place. C'est à partir du dépôt du budget que l'ensemble des ministres du
gouvernement peuvent agir dans leurs responsabilités respectives.
Mon
gouvernement a un plan ambitieux pour les Québécoises et Québécois, un
engagement sincère pour accroître la richesse collective, une volonté
indéfectible à maintenir et améliorer les services, notamment en santé et en
éducation mais aussi en environnement. Et, encore une fois, le budget déposé la
semaine dernière a démontré ces volontés.
Le
mandat précédent, d'identifier et d'amorcer la modernisation de l'État, les
réformes importantes ont été menées et les premiers gestes visant à modifier
les façons de faire ont été posés. Le système de santé, en particulier à cause
de la pandémie, a été un des premiers
à poser des gestes structurants visant à améliorer ses façons de faire. Notre
gouvernement fait de la modernisation
de l'État une priorité, car, surtout à cause de la pénurie de main-d'oeuvre et
le vieillissement de la population, cette modernisation est fondamentale et
nécessaire afin d'être plus efficace. Nécessairement, la clé pour rendre
le tout plus efficace est la productivité. Et je peux vous dire, grâce à ma
formation d'ingénieure industrielle, que notre gouvernement a bien compris ce
qu'est le virage incontournable à prendre.
Un
autre élément important pour notre gouvernement, c'est de s'assurer de fournir
des infrastructures en bon état aux Québécoises et Québécois. Avec une
augmentation de 7,5 milliards, amenant le Plan québécois des
infrastructures à 150 milliards,
le gouvernement a maintenant augmenté de 50 % ses investissements en
infrastructures depuis 2018. Encore une fois, santé, éducation,
transport et petite enfance sont des priorités pour ce plan ambitieux.
On parle des
rénovations, agrandissements et constructions de nouvelles écoles, CPE,
hôpitaux, infrastructures routières, et j'en passe. De tels besoins
nécessiteront une grande mobilisation du secteur de la construction. Dans les circonstances, je me considère privilégiée et je
remercie le premier ministre de m'avoir donné la responsabilité d'adjointe
gouvernementale au Travail afin de travailler avec la ministre du Travail et
son équipe à la modernisation de l'industrie de la construction. C'est
avec l'ensemble des représentants des parties patronales et syndicales que nous
atteindrons les objectifs de cette
modernisation, de rendre l'industrie plus productive, flexible et polyvalente
entre les corps de métier.
Encore
une fois, avec les enjeux démographiques du Québec et les besoins en
infrastructures, cette réflexion se doit
d'être menée, les changements doivent être faits. L'industrie de la
construction s'en trouvera plus attractive, au niveau de la
main-d'oeuvre, et plus inclusive.
Dans le
dernier budget, le gouvernement a annoncé 11 millions sur trois ans afin
d'aider le secteur de la construction à
augmenter sa productivité. Ces sommes serviront à accompagner les entreprises
de la construction à implanter des outils de modélisation des données du bâtiment.
Cela va permettre d'accroître la performance en matière de coût et de durée des
projets.
Ce qui
m'amène à mettre en lumière un autre chantier des plus importants, celui de la
santé. Dans le cadre de la Commission
des finances publiques, j'ai eu la chance de travailler sur le projet de loi n° 3,
intitulé Loi sur les renseignements
de santé et de services sociaux et modifiant
diverses dispositions législatives.
Ce projet de loi est un premier pilier, la première pierre pour amorcer le réel changement de la
modernisation du secteur de la santé. Ce sera assurément la plus importante
réforme entreprise par un gouvernement. Et je vous préviens, quand M. Dubé
dit, en conférence de presse, que «les colonnes du temple vont shaker», c'est
qu'il faut comprendre que les fondements mêmes du système de la santé doivent être repensés. J'aime dire que, si on avait
toujours amélioré la chandelle, on n'aurait jamais inventé l'ampoule électrique.
Faire un réel changement, ça prend du temps.
Comme pour une maison, il faut bien mettre les fondations, les bases. Au
départ, on ne doit rien sortir de terre. Donc, ce qui se fait présentement, ce
sont les assises. On change les lois, comme le
p.l. n° 3, et ce sera bientôt... ce sera Santé Québec.
Alors, rappelez-vous ceci : quand l'accès aux services de santé sera
des plus efficaces, ce sera grâce à ce que nous aurons fait hier et
aujourd'hui.
• (15 h 20) •
En parallèle
de ceci, le budget nous propose dès maintenant plus de 4,8 milliards pour
rendre notre système de santé plus performant. Pour Huntingdon, la proximité de
soins passera par les services de soutien à domicile, par les proches aidants,
par les nouvelles cliniques IPS, par la plateforme Votre Santé. Tous ces
éléments sont au budget. 565 millions sont prévus au budget en santé mentale et services sociaux pour accroître les
services aux patients mais aussi aux proches aidants, comme les places
de répit pour les parents des enfants handicapés.
L'éducation,
pour une société, permet de réduire la pauvreté, favorise la croissance
économique, d'atteindre l'égalité homme-femme,
promeut le développement social et impacte positivement la santé générale des
gens. Le niveau d'éducation est en
parfaite corrélation avec le niveau de vie d'un pays, on ne peut nier
l'importance de l'éducation. Et je suis le fruit de notre système public scolaire. J'y crois profondément, et mon
gouvernement y croit aussi. 908,7 millions seront investis pour nos enfants, pour encourager leur
persévérance scolaire, leur réussite éducative et augmenter leur pratique de
loisirs et de sports. 659,3 millions se rajouteront pour favoriser l'accès
à la persévérance et accroître la diplomation aux études supérieures. Une société performante tant en
éducation, en santé, en travail est primordiale pour le développement régional,
social et économique, doit avoir un haut niveau de connectivité.
Lors du
dernier mandat, le député d'Orford a effectué un travail incroyable dans le
déploiement de l'Internet haute vitesse.
Notre gouvernement continue dans cette voie en engageant 109 millions pour
réaliser les premiers pas vers un réseau de fibre optique et un réseau cellulaire 5G rejoignant tous les
foyers et entreprises québécoises. Cela fait de nous un leader en
Amérique du Nord en connectivité.
La
circonscription de Huntingdon est un acteur principal pour accroître notre
autonomie alimentaire. L'autonomie alimentaire a d'ailleurs une place
prépondérante dans le budget. Il offre 375 millions pour bonifier les
programmes du ministère de l'Agriculture,
des Pêches et de l'Alimentation. C'est donc un gouvernement qui tient ses
promesses, car cette annonce avait été faite à Sherrington lors de la
campagne électorale.
L'Environnement,
avec ses 159,1 millions alloués par le budget, n'est pas en reste. Une
pièce maîtresse pour l'environnement
est l'électrification, notamment des transports. Notre comté, par des projets
d'éoliennes qui ont été réalisés et
pourront être réalisés, contribuera significativement à augmenter notre
capacité à produire de l'énergie propre et aidera notre économie à devenir plus verte, mais aussi
celle de nos voisins. En effet, la ligne électrique pour l'entente avec New
York passera par notre comté.
Merci au
ministre des Finances et à son équipe pour un budget qui mise sur les bonnes
priorités tout en assurant une saine gestion des finances de l'État. En temps
d'incertitude économique comme ce que nous vivons actuellement, il est
très important que les entreprises et les investisseurs aient confiance dans le
gouvernement en place et en sa capacité à
maintenir ses services et aides financières à travers le temps. Cela n'est
possible que si le ministre des Finances présente un cadre financier
prudent et responsable, comme c'est le cas encore cette année.
Et nous
faisons cela sans augmenter le fardeau fiscal des Québécois, bien au contraire.
Contrairement à ce que d'autres promettaient en campagne électorale,
nous allons retourner à l'équilibre budgétaire d'ici 2027-2028 sans augmenter les impôts, en maintenant des versements au Fonds
des générations et en assurant une augmentation importante des niveaux de dépenses des missions de l'État. Nous pouvons
faire cela, car nos actions nous ont permis d'avoir une meilleure croissance
économique que prévu, encore une fois, et que cela... Nous avons une approche
responsable et équilibrée.
Et nous
faisons cela en donnant une baisse d'impôt aux Québécoises et Québécois, comme
nous l'avions promis, en plus des
aides supplémentaires pour les aînés annoncées cet automne et l'indexation de
toutes les aides gouvernementales. Je suis fière de ce que le
gouvernement a fait pour les Québécoises et les Québécois.
Plusieurs
autres éléments du budget sont très importants pour la société québécoise de
notre comté. Par exemple, 79,5 millions
pour accroître l'offre de logement social et abordable, 110,7 millions
pour faire rayonner la culture québécoise, 300,5 millions pour fournir des services de garde éducatifs à
l'enfance, de nombreux projets d'infrastructure en transports pour notre comté et de l'argent disponible pour
augmenter la productivité de nos entreprises, ainsi que les baisses d'impôt.
Mais
j'aimerais terminer sur un point, car le temps me manque. Aujourd'hui, je fais
un appel à tous. Nous, entreprises, syndicats,
citoyens, organismes, associations, etc., ne sommes pas des clients qui paient
le gouvernement pour avoir des services, nous sommes des citoyens qui contribuons
à notre société. S'il vous plaît, travaillons ensemble afin d'être un Québec
plus prospère, plus vert et plus fier. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. J'en profite pour faire un rappel, que, dans vos interventions, de faire attention de nommer les
collègues qui siègent en cette Chambre par leur titre et non par leur nom.
Alors, je reconnais maintenant la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Mme Amélie Dionne
Mme
Dionne : Merci, M. le
Président. Chers collègues, c'est avec un grand plaisir que je prends la parole
aujourd'hui pour commenter l'excellent travail du ministre des Finances
dans l'élaboration du budget dévoilé la semaine dernière.
Pour
augmenter la richesse collective au Québec, nos régions sont déterminantes.
Notre gouvernement va soutenir la
prospérité des régions avec des investissements totalisant
1,4 milliard de dollars pour, entre autres, stimuler la vitalité
économique régionale et assurer le développement et la mise en valeur de nos
attraits touristiques.
Oui, j'ai vraiment le goût de vous parler de
tourisme, de notre industrie touristique. On va se le dire, le secteur touristique est un véritable vecteur de
développement économique pour le Québec. En tant que députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata, incluant Les Basques, et ayant moi-même travaillé dans ce milieu avant
d'être élue à l'Assemblée nationale, je
suis très consciente des retombées économiques de cette belle industrie, qui
nous rend si fiers, autant dans ma région, le Bas-Saint-Laurent, que
dans l'ensemble du Québec.
En 2019,
avant la pandémie, on avait atteint un sommet de 97,3 millions de visiteurs, des recettes touristiques de 16 milliards
de dollars et plus de
400 000 emplois dans les entreprises associées au tourisme au Québec.
On a comme objectif d'atteindre d'ici
2026 le niveau de performance touristique d'avant la pandémie. Oui, M. le
Président, nos cibles sont très ambitieuses.
D'ici 2026, on souhaite avoir dépassé les 14 milliards de PIB touristique et,
d'ici 2026, d'avoir aussi dépassé les
5 milliards d'entrées de devises provenant de l'international. Mais on se donne
le moyen de nos ambitions. M. le Président, le budget 2023-2024 apporte de bonnes nouvelles pour le milieu du
tourisme. Ce sont 153,1 millions de dollars additionnels, au cours
des cinq prochaines années, qui sont octroyés pour le développement de ce
secteur clé pour l'économie du Québec. On
n'a jamais autant investi en tourisme. Depuis 2018, donc à l'arrivée de la CAQ,
c'est une hausse considérable de 139 %.
On a écouté
les besoins du milieu et on a répondu avec des mesures fortes et adéquates. Je
pense, par exemple, aux festivals. Le
budget prévoit une aide supplémentaire de 25 millions de dollars sur
trois ans. L'enveloppe annuelle passera à 30 millions, ce qui représente une augmentation significative de
38 % depuis 2018. Cette bonification, M. le Président, s'inscrit non seulement dans une volonté de
relance par rapport aux années prépandémiques, mais également elle répond
aussi aux défis posés par l'inflation dans
la dernière année. De plus, le budget annonce une augmentation de
180 milliards de dollars en
prêts et subventions pour les trois prochaines années. On ne lésine pas sur les
moyens quand c'est le temps de faire du Québec une destination
touristique de calibre mondial.
Ce qu'on
souhaite aussi, c'est de multiplier les retombées du tourisme d'affaires dans
toutes les régions du Québec, tout en
intégrant des principes de développement durable. Pour y parvenir, on ajoute
15 millions de dollars. Ça s'ajoute aux 10 millions déjà
annoncés et aux 7,5 millions pour aider l'industrie à effectuer son virage
numérique.
Nos belles
régions, et plus particulièrement le Bas-Saint-Laurent, font preuve de
créativité et de leadership dans plusieurs domaines. Pour les aider à
développer une offre touristique innovante, évolutive et durable, on va
investir 75 millions de
dollars, dont 45 millions pour prolonger le Programme d'appui au
développement des attraits touristiques.
M. le
Président, le budget 2023-2024 démontre toute l'importance économique et
sociale qu'accorde notre gouvernement à cette industrie. On n'a qu'à relire les
réactions, Martin Soucy, P.D.G. de l'Alliance de l'industrie touristique,
a dit, et je cite : «Les mesures
budgétaires annoncées aujourd'hui démontrent l'importance économique du secteur
touristique ainsi que le dévouement
de la ministre du Tourisme [...] envers ses partenaires. Le budget présenté
aidera l'industrie touristique à poursuivre sa transformation durable, à
continuer de générer des milliards de dollars dans l'économie et à stimuler la
fierté au sein des différentes communautés qui accueillent les visiteurs d'ici
et de partout dans le monde.»
M. le Président, pour l'avoir côtoyée et la
côtoyer encore, je confirme que la ministre du Tourisme est non seulement dévouée, mais elle est également très
sensible et pleinement à l'écoute de ses partenaires. Elle répond aux besoins
du milieu. Depuis 2019, c'est
1,8 milliard qui a été investi dans le milieu touristique. Le tourisme,
c'est la pierre angulaire des nations. C'est le reflet de sa culture, de
ses aspirations et de son histoire.
• (15 h 30) •
Maintenant,
M. le Président, j'aimerais vous parler de ma région, le Bas-Saint-Laurent, qui
est clairement devenue une destination
de choix pour les touristes. On a d'ailleurs fait notre entrée parmi les cinq
destinations préférées des Québécoises et des Québécois dans la dernière
prévision de CAA Québec.
En 2022, la reprise en force du tourisme
d'affaires fut au-delà de nos prévisions, et le taux d'occupation des établissements d'hébergement a connu une importante
hausse. On a enregistré une hausse de 10 % par rapport à la saison de 2019, soit avant la pandémie. On a longtemps
été vus comme une destination de passage, nous sommes désormais une
vraie destination touristique.
Voilà
pourquoi, M. le Président, l'industrie touristique me tient à coeur. Son apport
à la vitalisation et au développement
de nos régions est capital. C'est une grande équipe formée de joueurs qui ont
tous un rôle à jouer pour que le tourisme apporte encore plus de
retombées pour notre Québec.
En terminant, M. le Président, je remercie notre
ministre des Finances et notre ministre du Tourisme ainsi que tous mes collègues pour leur engagement à vouloir
soutenir le développement de notre industrie touristique mais aussi de
nos belles régions. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Comme prochaine
intervenante, je reconnais Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Agnès Grondin
Mme
Grondin : Merci, M. le Président. Quel plaisir d'intervenir
au salon bleu dans le cadre du discours du budget et de pouvoir partager avec vous et mes collègues tout mon
enthousiasme envers les outils financiers considérables que nous avons aujourd'hui pour faire du Québec un
État engagé à protéger son patrimoine naturel! Mais, avant de vous en parler, M. le Président, je souhaite souligner
deux engagements qui m'enchantent, parce qu'ils ont une incidence directe
et positive dans mon comté. Avec des
enveloppes dédiées, nous pourrons, d'une part, consolider et déployer des
centres en pédiatrie sociale en communauté dans plusieurs coins du Québec, et,
chez nous, le travail que fait le centre de pédiatrie sociale est
colossal et tellement salutaire. Je suis donc très contente. Nous pourrons
également améliorer la couverture cellulaire, et, dans mon comté, plusieurs
municipalités orphelines pourront enfin plus facilement se dynamiser.
Mais c'est à
titre d'adjointe parlementaire du ministre de l'Environnement que j'ai envie de
vous parler, aujourd'hui, de l'enveloppe qui est dédiée, dans ce budget,
à l'eau et à la nature. C'est un investissement financier extraordinaire, M. le Président, de plus de
1 milliard de dollars que le ministre des Finances alloue à notre
patrimoine naturel. C'est un engagement historique, un engagement,
d'ailleurs, que les médias, de ce que j'ai vu jusqu'à ce jour, n'ont pas encore
vraiment remarqué. Et pourtant je suis
tellement surprise parce qu'habituellement ils sont si prompts à décrier les
lacunes en environnement. Mais je
reste constructive et j'ai envie de vous parler du Québec qui s'engage à
protéger son or bleu avec une enveloppe financière de plus de
500 millions de dollars dédiée au futur Fonds bleu.
Au cours des
25 dernières années, j'ai eu le grand privilège de travailler avec des
citoyens engagés, des associations de
lacs, des organismes de bassins versants, des conseils régionaux de
l'environnement, des chercheurs et des élus municipaux. Vous savez, M.
le Président, nous avons, au Québec, une solide expertise et un précieux
savoir-faire en gestion intégrée de l'eau,
et je peux vous assurer que la volonté de protéger cette formidable ressource
est vivifiante dans tous les coins du Québec.
Le défi est donc d'assurer une meilleure cohésion entre les actions du
gouvernement et celles des communautés locales, et le Forum d'action sur
l'eau du Québec est un moyen-phare en ce sens.
Nous avons,
autour de la table, 14 organisations issues des milieux municipal,
environnemental, économique et scientifique qui sont membres du forum,
et j'ai le privilège d'en être la présidente. Deux principaux mandats nous ont été confiés par le ministre de l'Environnement,
soit de collaborer à l'élaboration du prochain plan eau et de réfléchir aux
grandes lignes du futur Fonds bleu.
Vous savez, M. le Président, nous connaissons
les enjeux de l'eau depuis des années. Je suis de celles qui sont convaincues
qu'il faut maintenant plus que jamais soutenir les projets concrets et
faciliter le travail des communautés locales.
Les résultats de nos travaux seront dévoilés d'ici la fin de l'année, mais je
peux d'ores et déjà vous dire que les mots-clés
qui vont me guider au cours de la prochaine année, comme présidente du forum,
seront la concertation, les priorités d'action, mais surtout la
mobilisation et l'engagement de nos communautés locales.
Le Québec
s'engage à protéger, M. le Président, notre nature avec une enveloppe
financière de plus de 443 millions de dollars pour mettre en oeuvre un plan nature. Cette enveloppe
historique répond à l'engagement du premier ministre à la COP15, en décembre dernier à Montréal, de protéger
plus de 30 % du sud du Québec, la nature dans le sud du Québec. Et
donc le Plan nature est en cours d'élaboration, mais je tiens à vous souligner
l'importance de la nature à mes yeux.
Vous savez, les
retombées de protéger la nature sont profitables tant en termes écologique,
social et économique. Les services
écologiques que nous rend la nature pullulent. On n'a qu'à penser aux boisés
qui agissent à titre de purificateur d'air,
aux milieux humides qui sont de véritables reins de la planète, aux insectes
pollinisateurs qui, comme... sont des acteurs incontournables dans nos cultures, les champignons et les bactéries qui
jouent comme des éboueurs, qui transforment les déchets organiques en engrais,
les tourbières qui agissent comme des réserves naturelles pour séquestrer le
carbone. L'accès à la nature a des cobénéfices, M. le Président, en matière de
santé physique et de santé mentale. Je pense qu'on l'a vu clairement en
pandémie.
La nature est
aussi un important levier pour vitaliser notre économie locale, régionale. Et
là je pense en termes de villégiature,
de récréotourisme, de plein air, d'écotourisme. Vous savez, dans mon comté, M.
le Président, la nature est un élément clé de notre identité territoriale.
Et enfin notre capacité à nous adapter aux changements climatiques passe
inéluctablement par notre capacité à mettre en place des solutions nature.
Il faut toutefois rappeler que les
investissements financiers sont des outils importants mais ne sont pas les
seuls nécessaires. Et nous avons mis en
place plusieurs outils, depuis quatre ans, pour mieux habiter notre territoire.
Pour réduire l'impact de nos
activités sur la nature et de favoriser la connectivité écologique entre les
milieux naturels d'intérêt, nous avons
déjà déposé différentes planifications d'envergure. La politique d'architecture
et d'aménagement du territoire, le Plan de protection du territoire face
aux inondations, le Plan d'agriculture durable, le Plan d'action pour un tourisme
responsable et durable sont tous des outils
importants. Je veillerai donc à assurer la cohérence et la synergie des actions
qui seront identifiées dans chacun de ces plans d'action là.
Pour protéger
notre patrimoine naturel, nous avons besoin de passer à l'action, des actions
clés, des actions dans toutes les
régions, des actions qui mobilisent les communautés. Nous avons besoin de faire
des projets rassembleurs, des projets porteurs d'espoir et de fierté. Et
j'espère que les médias seront présents pour disséminer ces bonnes nouvelles.
Et, pour
reprendre une superbe citation de Serge Bouchard, qui philosophait sur nos lacs
Québécois, M. le Président, il semble
qu'«une société qui se respecte, et qui se construit, construit aussi son
discours sur les trésors qu'elle possède». Merci, M. le Président.
• (15 h 40) •
Le Vice-Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant le député
des Îles-de-la-Madeleine. Je vous rappelle, M. le député, que vous disposez de
7 min 29 s pour votre intervention.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais participer à ce concert d'éloges
pour le budget du gouvernement. Malheureusement,
moi, je parlerai surtout de ce qui n'était pas dans le budget, et qui est bien
malheureux, pour nos populations
québécoises et la population que je représente, celle de la circonscription des
Îles-de-la-Madeleine. En fait,
j'estime que le budget, en voulant répondre à cet engagement électoral
d'accorder des baisses d'impôt considérables aux gens qui n'en ont pas nécessairement besoin, qui ne l'avaient pas
nécessairement demandé, se prive de moyens pour répondre à des questions
sociales et importantes pour l'ensemble de la population du Québec.
Qu'on pense, par exemple, à la crise du
logement. Nous, on estime qu'au bas mot on a besoin de construire
5 000 logements par année. Si on ajoute à ça, sur cinq ans, les
quelque 10 000 qui sont déjà en retard dans le programme AccèsLogis, si on veut ajouter des logements pour
les clientèles étudiantes, par exemple, ce seraient 45 000 logements
dont on aurait besoin sur une période
de cinq ans. Le gouvernement annonce la création de 5 200 logements
pour les cinq prochaines années, du
moins, c'est ce qu'on peut lire dans les documents budgétaires. C'est même en
deçà de son engagement des 11 700 qu'il devait créer.
Là, on nous
dit qu'il y aura d'autres annonces. Il n'en reste pas moins que la planification
budgétaire est faite sur un certain nombre d'années, là où, évidemment, ça fait
l'affaire du gouvernement. Dans ce cas-là, il ne nous révèle pas quel est le plan de match. La crise du logement,
elle est partout. Les taux d'inoccupation, que ce soit à Montréal, que ce
soit à Québec, à Gaspé, aux Îles-de-la-Madeleine, sont à leur plus faible
niveau depuis des années, et on ne peut pas entrevoir,
à l'heure actuelle, avec ce budget-là, le début du commencement d'une stratégie
d'un grand chantier pour répondre aux besoins de la population.
Et, s'il y a
un besoin élémentaire, évidemment, pour la société québécoise, pour les
familles, et en particulier les familles les plus vulnérables, c'est bien
évidemment le logement. Se loger est un besoin essentiel, et actuellement
beaucoup trop de familles, des
milliers de familles au Québec, éprouvent des difficultés à se loger ou à se
loger de façon convenable et
adéquate, avec justement des tarifs des logements qui sont à des prix qu'on
peut se permettre et dans des conditions de salubrité également. Alors,
ça, c'est le premier élément qui passe dans l'angle mort du budget.
Un autre
élément, c'est le transport, le transport collectif, particulièrement dans les
grands centres, mais on pourrait aussi parler des régions. On pourrait
même parler du transport aérien, là. Oui, on a 10 millions de
dollars. Qu'est-ce qu'on peut faire avec 10 millions de dollars pour
améliorer les systèmes de transport aérien au Québec, alors qu'on a investi 36,
38 millions de dollars pour réduire les tarifs pour les gens des villes
qui veulent aller visiter les régions? Ce programme-là
qui ne fonctionne pas, on le sait, on a atteint 30 % de l'objectif visé.
Mais, avec 10 millions supplémentaires, est-ce qu'on peut véritablement
redresser le service, un service qui est plus catastrophique que ce qu'on
n'a jamais vu depuis les 30 dernières
années? Il faut y mettre des moyens, il faut avoir la volonté de modifier les
choses, puis le budget, c'était l'occasion de le faire.
Je veux revenir aux villes, qui demandaient
565 millions de dollars pour pouvoir maintenir un service qui soit attrayant et qui puisse entraîner, justement, des
consommateurs qui soient prêts à délaisser l'auto solo, qui puissent, donc,
améliorer notre bilan énergétique, notre bilan
écologique, réduire les gaz à effet de serre mais également entraîner une plus
grande fluidité des transports urbains. C'est une occasion ratée. On
donne 200 millions de dollars, ce qui est largement en deçà pour
l'année courante, là, des besoins qui ont été exprimés, donc on devra réduire
les services.
Et là c'est
une spirale de réductions qu'on va entraîner, avec des objectifs qui ne seront
pas atteints sur le plan de l'augmentation
de l'achalandage ou de la résorption de la perte d'achalandage au cours de la
pandémie. Et, au surplus, on ne s'avance pas sur le plan des objectifs de
réduction des gaz à effet de serre que... pour lesquels on s'est engagés en
fonction de l'échéance de 2030. Et ça, c'est inquiétant également parce
que, si on admet que le transport est pour une large part, on parle de l'ordre de 40 % de la
production de gaz à effet de serre... si on n'agit pas à la source, bien,
évidemment, on n'aura pas les résultats escomptés.
Je voudrais
parler également des services de garde. On sait qu'actuellement il y a une
pénurie. On ne s'entend pas trop, trop sur les chiffres. On pourrait parler de
40 000, de 70 000. Ce sont des dizaines de milliers d'enfants qui
n'ont pas de place en services de
garde éducatifs. Ce sont des milliers de familles qui sont aux prises avec un
dilemme : soit il y a un des
parents qui se prive d'un revenu de travail et qui prive, évidemment, la
société d'un effort de travail dans une situation de pénurie de main-d'oeuvre inédite ou, encore, on
va tenter de trouver un service de garde au privé, à coût extrêmement prohibitif. Et donc c'est un chantier que le
gouvernement dit vouloir mener, le Grand chantier des familles, mais, dans le
budget, on retrouve simplement la conversion
de 5 000 places existantes vers des places subventionnées. Est-ce
qu'on améliore le bilan sur les listes d'attente? Absolument pas.
Est-ce qu'on
a attaqué aussi la question des soins à domicile? Encore, là, dans... la
manchette des derniers jours, c'était à l'effet que les services étaient
justement anémiques dans plusieurs régions. Et on a ici 200 millions. Ce
chiffre-là, dans l'absolu,
200 millions, pour un citoyen québécois, ça a l'air d'une somme
importante. Ce que la Vérificatrice générale nous dit, ce que l'on sait, c'est qu'il faut investir,
au bas mot, 2 milliards de dollars supplémentaires par année pour
pouvoir rattraper notre retard par rapport à d'autres pays qui
investissent, grosso modo, la moitié de leur budget sur les soins à domicile, là, pour ce qui est des soins de longue
durée, plutôt qu'en institutionnalisant les usagers. Eh bien, ici, on est à
22 % puis on n'améliorera pas le
bilan avec des sommes comme celles-là. Et le temps ne joue pas pour nous. On
sait qu'avec le vieillissement de la
population, avec la pyramide démographique, le déficit s'accroît. Alors, c'est
ce manque de vision là que, moi, je constate dans le budget.
Donc,
à très, très court terme, on veut essayer de prendre des mesures, qu'on a
saupoudrées, pour soutenir, aussi, non seulement les citoyens, mais un peu, un
tant soit peu, l'économie, mais avec des conséquences qui seront graves
sur le plan social d'ici quelques années.
Je voudrais
mentionner aussi que les villes, qui, elles, subissent, les villes et les
municipalités, les effets de l'inflation de plein fouet et qui transfèrent le
fardeau à leurs contribuables, n'auront pas été entendues ni pour une aide
supplémentaire ni pour les infrastructures sportives, ce qui est
franchement décevant, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Donc, je reconnais maintenant comme prochaine intervenante Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup, M. le
Président. M. le Président, le 21 mars dernier, le ministre des Finances a publié son cinquième budget. Pour ma part,
c'était une première expérience. Alors, j'ai attentivement lu, écouté tout ce
qui s'est dit et je dois vous dire que je suis très fière des mesures qui ont
été mises de l'avant, autant pour aider les personnes les plus
vulnérables, la classe moyenne et surtout pour nos régions.
Ceux et
celles qui me connaissent vont reconnaître cette phrase, parce que partout où
je vais je la dis : Les régions n'ont
rien à envier aux grands centres. Je suis fière de venir d'une région. Nous
avons nos idées, nous avons notre fierté, nous avons notre propre
couleur.
Notre
gouvernement est un gouvernement qui a à coeur les régions. Le chiffre
officiel, c'est 1,4 milliard de dollars, mais, concrètement, eh bien, c'est de l'argent
pour nos attraits touristiques. Vous savez, Charlevoix—Côte-de-Beaupré, c'est
un paradis entre les montagnes et le fleuve. C'est une destination qui est
prisée, notamment par les skieurs, de par nos nombreuses stations de ski. Je
pense également à nos galeries d'art, à nos musées qui attirent également des
amateurs de culture, petits et
grands. Mais investir dans nos régions, c'est aussi de mettre de l'argent dans
Internet haute vitesse, dans la
téléphonie cellulaire. Il était bien temps, M. le Président, que Charlevoix—Côte-de-Beaupré, que toutes les régions plus éloignées
du Québec entrent en 2023, et ça, c'est la CAQ qui s'en est préoccupée et qui a
décidé d'agir pour offrir une meilleure connectivité aux personnes des
régions éloignées.
J'ai assisté
récemment à une annonce de l'Institut
national de la recherche scientifique,
l'INRS, qui va implanter son
cinquième centre, pas n'importe où, mais dans Charlevoix, et c'est ce qu'on
retrouve dans le budget, de l'argent pour rehausser les services en enseignement supérieur en région, pour garder
nos jeunes et attirer des professeurs hautement qualifiés.
En transport
également, à la CAQ, on s'est engagés à soutenir le transport collectif, ça va
de soi, mais on a aussi plus d'argent pour les personnes à mobilité réduite. Et
déjà c'était une problématique dans ma circonscription. Mon monde s'est mobilisé, je suis derrière mes gens, et la
CAQ aussi est derrière mes citoyens. En région, nos territoires sont grands.
Il faut donc de grands moyens pour offrir aux citoyens les services qu'ils
méritent.
• (15 h 50) •
En parlant d'argent, justement, la situation
financière, contrairement à ce que certains partis politiques peuvent véhiculer, préoccupe grandement les jeunes. Je
salue honnêtement et très sincèrement l'engagement d'atteindre l'équilibre
budgétaire d'ici 2027‑2028. Les Québécois nous ont élus, et ils nous font
confiance pour assurer et gérer sainement le portefeuille de l'État, et nous
répondons présents.
Non seulement nous gérons de manière responsable
les finances de l'État, mais nous avons aussi annoncé la plus importante baisse
d'impôt de l'histoire du Québec, et, encore une fois, contrairement à ce qu'on
pourrait entendre, cette baisse va aider
directement la classe moyenne. On parle de 4,6 millions de Québécois qui
pourront gagner jusqu'à 814 $ de
plus dans leurs poches. En tant que jeune, parce que, oui, à 32 ans, je me
considère encore jeune, en tant que jeune, je veux préciser que ces baisses ne se font pas sur le dos du Fonds des
générations. Même avec ces baisses, nous ne diminuons pas les services
publics. Au contraire, on continue d'investir dans l'avenir de nos jeunes.
Mais, vous savez, au Québec, les finances sont
intimement liées à la pénurie de main-d'oeuvre. Le manque de travailleurs, ça touche tout le monde. Ça touche
mes commerçants qui doivent faire des heures de fou parce qu'ils n'ont pas de personnel. Ça touche également mes
entrepreneurs qui ne peuvent pas voir de croissance à la hauteur de leurs
ambitions par manque de bras. Ça
touche mes municipalités qui sont parfois à bout de souffle parce qu'ils
veulent offrir des services à leurs
citoyens. Bref, ça touche tout le monde un peu partout. Et, à tous mes
citoyens, je vous dis : Notre gouvernement est en mode solution.
Dans ce
budget, il y a de l'argent pour l'intégration socioéconomique des personnes
immigrantes. On va aussi offrir des
formations accélérées dans des secteurs durement éprouvés par la pénurie de
main-d'oeuvre. On favorise aussi la rétention
des travailleurs d'expérience. Et ça,
vous le savez, c'était une demande répétée de plusieurs organisations comme la
FADOQ. On a été à l'écoute de nos aînés et nous avons rendu la cotisation au
RRQ facultative dès l'âge de 65 ans.
Maintenant, vous comprendrez qu'avec deux cocos
à la maison je suis aussi très sensible à tout ce qui touche les familles du Québec. En 2024, on va créer
14 500 places, qui s'additionnent à celles de l'année précédente, ce
qui va nous mener à un grand total de
30 000 places depuis la création du programme Grand chantier. Il ne
faut pas oublier qu'en campagne
électorale on s'était engagés à investir 1,4 milliard pour convertir
56 000 places d'ici cinq ans, donc d'ici 2027. C'est beaucoup de travail, et on est encore une
fois en mode solution sur le terrain. Ça, en fait, ce sont des moyens qui vont
permettre aux femmes de retourner au travail. C'est aussi moins de pression
financière sur le dos des jeunes familles.
Notre gouvernement, maintenant, en
environnement, a investi et va investir 1 milliard. Imaginez, ce sont donc
9 milliards en cinq ans, tout ça pour
assurer la qualité de vie des générations, la qualité de vie de nos enfants. Je
fais un clin d'oeil à ce que ma
collègue mentionnait. Je suis très fière également de l'argent qui a été
réservé pour la qualité de notre eau, 520 millions de dollars. Notre
gouvernement est à l'écoute également des jeunes, et on garde le cap sur la
décarbonation, qui est prévue en 2050.
Maintenant — le
temps avance — en
santé, j'aurais pu vous énumérer plusieurs exemples qui m'ont plu, mais je
vais vous parler du maintien à domicile,
justement, de nos aînés, de l'argent pour aider les RPA à survivre, notamment
en compensant les hausses de primes
d'assurance. Il faut éviter la fermeture de ces institutions, de ces
établissements si importants.
Je pourrais aussi
vous parler des 23 cliniques d'IPS. J'ai d'ailleurs une pensée pour ma
soeur avec cette mesure. Nos infirmières
praticiennes spécialisées vont assurément désengorger les urgences en première
ligne, et elles sont l'une des solutions pour améliorer le système.
Maintenant,
permettez-moi de faire un petit aparté pour vous parler d'un projet qui m'est
chaud... qui est chaud à mon coeur, un projet qui se retrouve dans le budget,
que j'ai cherché et que j'ai trouvé, c'est celui de la construction du nouvel Hôpital de La Malbaie. Ce projet s'inscrit
dans le PQI de 150 milliards de dollars. Je répète,
150 milliards de dollars. C'est beaucoup d'argent pour nos
infrastructures, mais les Québécois le méritent.
Bref, je suis fière
de ce qu'on a présenté aux citoyens, je suis fière de faire partie de cette
équipe, et, surtout, je suis fière d'avoir
vu mes collègues travailler si fort pour présenter un budget aussi responsable.
Gouverner, c'est faire des choix. Alors, je vais vous... je vais terminer avec
une phrase qui me fait souvent sourire : Si on voulait que tout le
monde nous aime, on vendrait de la crème
glacée. Mais, non, à la CAQ, on a choisi de se relever les manches, de
travailler pour les Québécois, de travailler pour les familles, de
travailler pour les plus vulnérables. On travaille pour le Québec. On travaille
pour notre Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Vimont.
Mme Valérie
Schmaltz
Mme Schmaltz :
Merci, M. le Président. À mon
tour, maintenant, de prendre la parole pour débattre du budget
déposé la semaine dernière par mon collègue le ministre des Finances. À mon
sens, ce budget s'inscrit dans la continuité de la vision qu'a notre
gouvernement pour un Québec plus fort, pour un Québec plus fier.
D'abord,
je vous parlerai des sujets qui m'interpellent particulièrement et qui touchent
aux dossiers d'immigration, de francisation et d'intégration des nouveaux
arrivants. Au cours des cinq dernières années, ce sont... Excusez-moi. Au cours
des cinq prochaines années, ce sont 509,6 millions de dollars qui
serviront à déployer tous les efforts nécessaires pour assurer une transition
harmonieuse aux personnes qui viennent s'établir ici, au Québec, d'abord par le
biais de Francisation Québec.
Nous
le savons tous, le premier facteur d'intégration d'une personne immigrante est
de parler la langue commune de la
société d'accueil. C'est justement la mission de Francisation Québec, soit
d'offrir, dans une formule de guichet unique, une variété de cours qui facilitent l'apprentissage du français pour
toute personne qui désire le faire. Que ce soit par l'entremise de l'employeur, directement sur les lieux du
travail, en ligne ou même pour de futurs candidats à l'immigration dans leurs
pays d'origine, l'offre de services de
Francisation Québec permettra à de nombreuses personnes de tous âges de vivre
une intégration réussie.
De
plus, il est vital pour la protection du français que les nouveaux arrivants
parlent la langue de Molière ou l'apprennent
rapidement à leur arrivée. Il est de notre responsabilité, comme société
d'accueil, de s'assurer que tous les moyens
et toutes les opportunités d'apprentissage du français soient offerts aux
nouveaux arrivants, et notre gouvernement donne l'exemple avec des investissements records de
213,5 millions de dollars pour le déploiement de Francisation Québec.
On veut ainsi simplifier les démarches et éliminer les obstacles à
l'apprentissage du français.
Bien sûr, la
francisation est un volet important de l'intégration des personnes immigrantes,
mais évidemment pas le seul. Il y a aussi
tout l'enjeu de la reconnaissance des acquis et des compétences. Bien conscient
de ces enjeux, notre gouvernement prévoit, dans le présent budget, une
somme de 164,1 millions de dollars pour, notamment, identifier des professions et des domaines d'emploi à prioriser.
Nous voulons également augmenter l'offre de formations d'appoint et de stages pour les travailleurs étrangers. Une part
de cette somme ira aussi en aide financière pour les personnes immigrantes
qui effectuent des démarches de reconnaissance des compétences pour les
soutenir pendant le processus administratif.
Et, des personnes
compétentes, nous en avons besoin à la grandeur du Québec, M. le Président. La
pénurie de main-d'oeuvre à laquelle nous faisons face actuellement au Québec
est un peu partout sur le territoire. C'est pourquoi il est important de mettre
en place des stratégies qui visent à augmenter la proportion de personnes
immigrantes qui iront vivre en région. Cet aspect touche directement à la
résilience économique de nos régions, qui sont fortement touchées par le manque de travailleurs. Ce sont
donc 73 millions de dollars qui vont servir à la mise en oeuvre de
différentes initiatives qui bénéficieront,
en fin de compte, autant aux personnes immigrantes qu'aux municipalités de
partout au Québec.
En
terminant, M. le Président, quelques mots qui concernent un peu plus ma région,
à Laval. Un peu comme ailleurs au Québec, nous vivons les enjeux au niveau de
logements et d'accès aux soins de santé. Le budget du ministre des Finances
attaque de front ces sujets avec des mesures
musclées qui vont avoir des répercussions concrètes pour tous les Québécois.
En plus d'avoir bonifié des programmes
d'aide comme l'Allocation-logement et assuré le financement de logements
sociaux, c'est maintenant
1 milliard de dollars de plus qui seront investis à l'Habitation.
Depuis 2018, ce sera donc 4 milliards de dollars qui auront été investis. Et la santé n'est
pas en reste, avec plus de 5,6 milliards de dollars qui y seront
consacrés, soit une augmentation des dépenses de 7,7 % cette année
pour le portefeuille Santé et Services sociaux.
Je
conclus donc en disant que ce budget prudent et responsable répond de manière
éloquente aux préoccupations des
Québécoises et des Québécois en remettant de l'argent dans leurs poches, en
permettant une immigration réussie des nouveaux arrivants et en donnant une bouffée d'air
frais à notre système de santé, à l'éducation et pour l'environnement.
Merci, M. le Président.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Et je reconnais maintenant le député de... Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M.
Lemieux : Oui, M. le
Président, c'est ça, Saint-Jean, pas «Saint-Jean» comme au lac, mais
«Saint-Jean» comme dans Saint-Jean-sur-Richelieu. Bonjour, M. le Président.
Content de prendre part à ce débat tellement important.
Vous savez,
pour venir vous voir aujourd'hui, j'ai repassé le discours du budget. Puis, en
le repassant, je me disais : On ne peut pas forcer le monde à le lire,
mais il est disponible en ligne, c'est facile, là, Québec.ca., budget, bang! on
arrive dessus. Puis on peut lire ce que le
ministre des Finances nous a lu la semaine dernière. Et c'est important, parce
qu'au-delà des chiffres, puis on
s'entend, là, un budget, c'est des chiffres, mais, au-delà des chiffres, on
doit se souvenir que le budget, c'est l'opportunité, une fois par année, vous
allez me dire : Il y a une mise à jour à l'automne, là, mais, une fois par
année, M. le Président, c'est l'occasion
pour le gouvernement de présenter sa vision, et, oui, de la chiffrer, les
priorités, les choses importantes, ce
qui a bougé, ce qui a changé. Et puis, des fois, ça change trop parce qu'il se
passe des choses. Mais, essentiellement,
c'est une opportunité pour livrer sa vision pour le gouvernement. Et ça, bien,
en ce qui me concerne, c'est la partie intéressante du budget.
Donc, si vous
le permettez, je vais regarder les têtes de chapitre avec vous pour partager
avec vous ce que ça m'inspire. Puis pourquoi? Puis je ne vous garderai pas sur
des charbons ardents, M. le Président, je vais vous le dire tout de suite, je vais bien sûr voter pour le budget de
notre ministre des Finances. Mais, vous savez, ça commence avec :
«Accroître la richesse du Québec.»
Bon, c'est un comptable. Veux, veux pas, c'est ça qu'il regarde. Mais la
première chose qu'il fait, c'est qu'il baisse les impôts, premier
entête, baisser les impôts.
Moi, ce que
je n'ai pas compris, c'est que ça faisait un an, un an et demi au moins, en
tout cas, publiquement une grosse année qu'on le disait qu'on allait
baisser les impôts. Puis ça fait cinq ans qu'on dit ce qu'on va faire puis
qu'on fait ce qu'on a dit qu'on ferait.
Alors, je ne comprends pas que tout le monde soit surpris, mais, bon. À la
limite, ceux qui n'étaient pas certains, là, bien là vous le savez, oui,
on va baisser les impôts comme on a dit qu'on le ferait.
Et je partage
à cet égard-là l'opinion du député de Saint-Jérôme, et, s'il n'était pas là, ce
serait gênant, mais il est là. Alors, ça me fait plaisir de me tourner pour le
regarder et lui dire que, dans un débat d'il y a au moins deux, trois ans, on
s'était dit... Oui, parce que c'était au
moment où on était en train de trouver une façon d'aider les Québécois. Et,
vous savez, M. le Président, pendant
la pandémie, non seulement le gouvernement du Québec a été celui au Canada qui
a le plus aidé ses petites et
moyennes entreprises de toutes les provinces puis probablement d'un paquet de
territoires en Amérique du Nord
aussi, mais c'est le gouvernement qui a, et de loin, le plus aidé ses citoyens.
On en a beaucoup parlé, mais on oublie que,
dans le fond, une baisse d'un point d'impôt pour les deux premiers échelons,
c'est un peu la même chose. Mais ce que le député de Saint-Jérôme
m'avait fait comprendre au détour de ce débat-là, c'était que c'était plus
structurant pour l'économie, qu'il y avait
quelque chose dans les baisses d'impôt qui était fondamentalement intelligent.
Puis, de toute façon, sauf erreur, on
est toujours les plus imposés et les plus taxés en Amérique du Nord, les
Québécois. Donc, moi, pour moi, en tout cas, là, ça, c'est une bonne
chose.
Je voulais
aussi regarder avec vous les autres têtes, puis je n'aurai pas le temps de me
rendre jusqu'à la fin, quoique j'aimerais bien ça, là, vous me
connaissez, mais les autres têtes de chapitre.
«Augmenter la productivité de l'économie
québécoise.» Je ne suis pas économiste comme mon collègue de Saint-Jérôme, mais
j'ai compris que, pour réduire l'écart de richesse, il y a deux moyens :
ou bien on produit davantage ou bien les
autres baissent, puis là on devient... on devient avantagé dans l'écart. Mais
l'idée, c'est de produire davantage et
c'est la grâce que je nous souhaite. Et il y a, dans le budget de notre
ministre des Finances, ce qu'il faut pour faire ça.
Mettre en place
le nouveau congé fiscal pour grands projets d'investissement. Je vous avoue
que, pour des affaires de 100 millions et plus, vous me perdez dans les
chiffres. Alors, je vais, comme d'habitude, me fier à notre ministre de
l'Économie et des Finances pour comprendre ce que ça veut dire.
Puis là
j'arrive, puis là vous allez comprendre la stratégie derrière le député de
Saint-Jean, j'arrive à la partie pour laquelle
je voulais parler de chez nous. Parce que l'autre tête de chapitre dans le
budget, on est rendus à la page 10, si vous cherchez, M. le Président : «Poursuivre le [développement] des
zones d'innovation.» Eh bien, là, regardez, moi, j'ai une zone d'innovation en gestation dans le
Haut-Richelieu, on l'appelle la Zone d'innovation de la sécurité publique et
civile du Haut-Richelieu. Pourquoi? Bien, parce qu'il y a chez nous
toutes sortes de compagnies qui, déjà, travaillent sur ce qu'on va appeler la
sécurité civile et publique, d'autres disent paramilitaire. Ce n'est pas loin,
parce qu'on a des grosses compagnies aussi.
Mais l'idée des zones d'innovation, qui est l'idée du premier ministre, qui en
a fait d'ailleurs un livre avant... au moment où il s'est présenté en politique
pour la deuxième fois, c'est de créer une synergie. Et là je regarde du coin de l'oeil le député de Bécancour, qui est là,
lui aussi, ça tombe bien, parce qu'il m'a tout expliqué ça. Il est venu chez
nous pour expliquer au monde du Haut-Richelieu, les chambres de commerce et
puis les groupes économiques de ma région,
comment on pouvait harnacher ce qu'on avait comme force économique locale et
régionale autour d'un projet commun.
Bon, là, ce
que ça nous prenait, c'est un projet commun. On avait déjà les compagnies.
Donc, le projet commun, c'est la
sécurité civile et publique. L'idée, c'est qu'en travaillant ensemble plutôt
que de se faire compétition autour de plusieurs projets que des grandes
maisons d'enseignement et de recherche et des grandes compagnies de ce monde
trouvaient intéressants, bien, on pourrait,
avec cette synergie-là, produire davantage au total que chacun
individuellement. Ça, puis je sais
que vous êtes un poète, M. le Président, alors vous allez me permettre, parce
que... Bien non, je n'achève pas, mais, en tout cas, quand je vous ai regardé en disant ça, j'y ai pensé. Quand
je dis : La somme est plus importante, c'est comme quand on est tellement en
amour que la somme de l'amour des deux personnes n'est pas aussi grande que la
somme de l'amour du couple pris individuellement.
Donc, c'est
un peu ça qu'on veut faire en économie, les zones d'innovation. Il y en a déjà.
Bécancour, hein, bien, ça s'en vient,
en tout cas, mais il y en a en Estrie aussi. L'idée, c'est de donner à une
région une vocation. On ne fera pas juste
ça dans la vie. On est bons dans plein d'affaires, on va continuer d'être bons
dans le Haut-Richelieu, mais cette vocation-là, pour cette zone
d'innovation, c'est la grâce que je nous souhaite.
Bon, je vous
avais dit... parce que j'ai fermé mes pages, puis on était rendus à la
page 10. Mon Dieu! Je ne peux pas
finir, mais il faut que j'aille dans certaines choses qui, pour moi, sont les
valeurs. Parce que, quand je vous parlais de vision pour le gouvernement, les valeurs de ce gouvernement sont les
mêmes depuis cinq ans. On s'ajuste avec les problèmes qu'on surmonte,
mais on continue de s'en aller vers l'éducation, la santé. C'est les grandes
priorités.
Puis, en
éducation, moi, il faut que je vous le dise, j'ai un projet d'agrandissement au
cégep Saint-Jean-sur-Richelieu qui est très important. On augmente toujours la
capacité du cégep en termes de nombre d'étudiants, mais pas nécessairement
les lieux. Bien, moi, chez nous, ça remonte
à 75 ans. Le cégep, c'était un séminaire dans le temps. Et on a agrandi
par en dedans un peu, beaucoup,
passionnément. Puis là on cherche encore à agrandir, mais on n'est plus capable
d'agrandir par en dedans. Alors, on a
un projet qui est déposé auprès du gouvernement pour agrandir, et j'espère
qu'on va pouvoir réaliser ça. Et je vois dans le budget de l'argent pas
nécessairement étiqueté pour ce projet-là mais pour ce genre de projet là.
C'est
vrai aussi pour l'école des métiers professionnels, l'école professionnelle des
métiers de Saint-Jean-sur-Richelieu. C'est
problématique parce qu'elle n'est plus aux normes. Bien difficile de rentrer
dans un atelier de mécanique automobile quand tu n'es même pas capable
de rentrer suffisamment d'automobiles dans l'atelier pour inscrire le nombre
minimum nécessaire d'étudiants pour être capable de donner le cours. Puis là, bien,
ils arrivent avec de la mécanique automobile électrique. Oupelaïe! On n'est pas
équipés pour ça, là. Et il n'y a pas juste la mécanique qui n'est pas équipée
pour ça. L'ensemble de l'oeuvre de mon école
professionnelle des métiers n'a pas juste besoin d'être rafraîchie, elle a
besoin d'être revue et corrigée. D'autant plus qu'on a du professionnel
à la polyvalente, on a une école primaire qui a été consacrée à l'éducation pour adultes, on pourrait tout
ramener ça. Je n'ai pas trouvé ça encore là-dedans, mais je continue de
chercher et j'ai bon espoir de le trouver.
M. le Président, je vous le disais et je vous le
répète, je vais évidemment voter pour le budget de notre ministre des Finances.
• (16 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Jean. Je reconnais
comme prochain intervenant le député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel : Bonjour, M. le Président. Bonjour, chers
collègues. Quand on m'a dit que j'étais tout de suite après le député de Saint-Jean, évidemment, ses talents
d'orateur m'ont beaucoup intimidé, j'aimais mieux faire mon texte par écrit. Mais il m'a ouvert une porte quand même par
rapport aux zones d'innovation, qui font partie du texte. Je ne sais pas
comment ça va se passer, mais cette idée-là,
les zones d'innovation, évidemment, c'est un concept qui est plus
international. Et le premier
ministre, au moment où on était dans l'opposition, il voyait là, lui, un bon
moyen pour enrichir les Québécois, avoir des meilleurs salaires, favoriser
l'investissement privé.
Et le concept
est quand même assez simple et à la fois compliqué. Ce qu'on souhaitait,
c'est : il y a beaucoup de recherche
qui se fait dans les milieux universitaires et beaucoup de recherche
fondamentale. On a des chercheurs exceptionnels au Québec. Et ce qu'on a voulu, c'est de dire... Une partie des
recherches qu'ils font, ce serait quand même intéressant qu'ils les fassent au
bénéfice des entreprises privées. L'objectif, c'est d'avoir quelques grappes au
niveau du Québec où on va être capables de se distinguer au niveau
mondial.
J'ai fait une première tournée de toutes les
régions du Québec pour un peu semer cette graine-là, et, un an, deux ans plus
tard, on a eu 32 projets qui ont été déposés. J'ai été dans le développement
économique pendant presque 20 ans, et
l'espèce de collaboration qu'il y a entre les milieux, la concertation qu'il y
a, les projets qui ont été déposés, c'est vraiment incroyable. On a
réussi à asseoir en même temps — développer des projets — le milieu
du développement économique, le milieu
municipal, parce que c'est important, si on veut attirer les meilleurs cerveaux
au monde, attirer les jeunes à aller dans ces domaines-là, c'est
important qu'on ait des beaux lieux où ils peuvent habiter.
Donc, il y a
une partie importante des municipalités à s'impliquer à ce niveau-là. Et
évidemment on souhaite que les
entreprises... on veut les supporter, mais on veut absolument qu'il y ait des
intentions très tangibles d'investissements privés, de sorte que, des
32 projets qui ont été déposés, déjà, on a accepté Bromont, on a accepté
Sherbrooke.
Et il y a deux projets où on a appelé ça un peu
plus des centres d'innovation, Qscale, à Lévis, et Premier Tech à Rivière-du-Loup. C'est un concept qui est
vraiment intéressant. Il faut savoir que, dans le présent budget, on a mis un
montant de 20 millions par année pour
les cinq prochaines années pour démarrer ces projets-là. Mais évidemment tous
les programmes du ministère de l'Économie et de l'Innovation vont, une partie,
s'orienter là-dedans, de même que le bras économique
du gouvernement du Québec, Investissement Québec, est un joueur majeur par
rapport à ça. Donc, je pense qu'on va
être en mesure d'annoncer d'autres projets dans cette nouvelle législature là.
Et, sincèrement, je pense que le Québec fait un très, très grand pas.
Juste avant
de... J'ai mêlé pas mal mon texte, mais, pour moi, c'est important, puis je
vais vous le lire, ça, de parler du
ministre des Finances. C'est un travail, quand même, qui est important. Le
budget du Québec présenté la semaine dernière est le cinquième budget de l'actuel ministre des Finances. J'aimerais
d'abord vous dire quelques mots sur cet homme qu'on pouvait, au début...
qu'on percevait au début comme quelqu'un de discret et réservé.
M.
le ministre n'avait pas d'expérience politique proprement dite lorsqu'il s'est
joint à la formation politique, en 2018, mais, dès son premier budget, il a su
démontrer son aplomb et ses compétences en matière de finances publiques.
On a vite appris à le prendre au sérieux.
Année après année, budget après budget, il a également su prouver qu'il est à
la fois rigoureux et méthodique. Il a une idée claire de l'endroit où il
veut aller et il prend les moyens pour s'y rendre. Toujours prêt à écouter les
arguments des autres, il répond avec logique et conviction aux questions et aux
arguments qu'on lui présente. Aujourd'hui,
en 2023, on peut dire sans se tromper qu'il a acquis une immense crédibilité
dans son rôle de ministre des
Finances. Je me permets de dire que non seulement le gouvernement, mais aussi
la société québécoise et son ensemble sont privilégiés de pouvoir
compter sur les compétences de cette personne pour diriger les finances du Québec.
Le budget, on
peut l'analyser de bien des façons, mais, pour moi, en tant que député de
Nicolet-Bécancour et défendeur des régions et de la ruralité, je me
réjouis tout particulièrement des efforts qui sont investis dans le
développement des régions. Vous le savez,
j'ai toujours dit qu'il est primordial de se préoccuper de l'avenir de nos
collectivités rurales et de leur offrir
les moyens d'assurer à leurs citoyens une qualité de vie équivalente à ce qu'on
retrouve dans les grands centres. Il est également tout aussi important
d'assurer la vitalité à long terme de nos villes et villages afin que les
familles puissent s'y installer à demeure. Les efforts de notre gouvernement
ont été nombreux en ce sens.
Parmi toutes
les mesures que nous avons prises, je veux signaler le déploiement d'Internet à
haute vitesse. Dans la dernière
législature, c'est un engagement qu'on avait pris, et on a réussi à brancher
toutes les résidences du Québec avec la
fibre optique. Et le défi que nous prenons pour ce mandat-ci, il y a déjà des
sommes prévues dans le présent budget, c'est de déployer le réseau cellulaire, parce qu'on sait que, notamment
en milieu rural, c'est un grand défi. Le territoire du Québec est très,
très grand. Dans cette optique, les nombreuses mesures prévues dans le budget
du Québec pour favoriser le développement des régions me réjouissent. On
accordera, à ce chapitre, une somme de plus de 1,4 milliard de dollars,
dont 800 millions iront à l'essor du secteur bioalimentaire au Québec.
Pour terminer, je voudrais mentionner qu'il y a
un montant aussi de 69 millions qui est prévu pour l'École nationale de police. L'École nationale de police
est située à Nicolet, dans l'ancien séminaire, et, je pense, c'est le deuxième
plus vieux séminaire au Québec. Il y avait
eu un incendie majeur, de sorte que l'enseignement ne se faisait plus là. On se
retrouvait avec un bâtiment qui n'était pas tout incendié, qui restait
disponible. Le député de l'époque et ministre de l'Agriculture, Clément Vincent, a réussi à vendre à son gouvernement
d'installer une école de police à Nicolet, qui s'appelait à l'époque l'institut national de Nicolet. C'est
devenu une fierté. Tous les policiers, depuis les années 70, vont suivre
leur formation de perfection à cet endroit-là. Dans les années 2000,
l'aile incendiée n'avait toujours pas été reconstruite, et le député de l'époque, Michel Morin, du Parti
québécois, avait réussi à convaincre le ministre des Finances, Bernard Landry,
d'accorder un montant de 60 millions
pour rénover le bâtiment qui servait à l'Institut de police et désigner ça
maintenant comme l'École nationale de
police. Moi, j'ai la chance de la visiter très souvent. Toutes les
installations qu'il y a là, c'est vraiment une force, c'est vraiment un
bijou qu'on a, au Québec, pour la formation de nos policiers. Et, dans le
présent budget, on accorde un montant de
69 millions supplémentaire pour améliorer, évidemment, les installations,
mais aussi pour augmenter le nombre de policiers en formation.
Sur ça, je suis très fier du budget, et moi
aussi, je vais voter pour. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. La parole revient maintenant au député de Jonquière.
M. Yannick Gagnon
M.
Gagnon : Bonjour, M. le Président. Bonjour, les collègues.
Bien, comme... Je me dois de débuter en mentionnant toute la fierté, toute la fierté que j'ai envers
mon collègue ministre des Finances, député de Groulx, pour ce... C'est mon
premier... ma première fois que je vois tout
le travail qu'exerce, de l'intérieur, un ministre des Finances pour arriver au dépôt
du budget, et j'en suis très fier.
Probablement
du milieu par lequel je viens, M. le Président... Il y a un petit geste, il y a
un petit geste, qui n'a pas été souligné par, peut-être, les autres
parlementaires, qui m'a marqué. Le ministre des Finances a brisé une tradition.
Le ministre des Finances n'est pas entré
dans un magasin pour s'acheter une paire d'espadrilles. Le ministre des
Finances est entré dans un centre
communautaire et a fait un don. Il a brisé une tradition, qui démontre la
qualité de l'homme et où est-ce que veut
aller le gouvernement. Vous savez, M. le Président, notre ministre des Finances
est rentré au Patro Roc-Amadour, une
institution, un des plus gros centres communautaires au Québec, et a fait un
don également, par la bande, au Dr Julien, une spécialité en
développement moteur chez les enfants en programme de psychomotricité. C'est
quelque chose qui m'interpelle, c'est un message qui est fort.
Mais revenons au budget, de mon petit geste qui
m'a interpelé. Quand on pense à notre ministre des Finances et à notre gouvernement, on pense aux soucis du
contexte mondial, qui ont un impact majeur, mais, sur notre économie des
dernières années, ce dernier, notre ministre des Finances, a tout de même
trouvé des solutions pour aider les Québécois et
les Québécoises, M. le Président, à affronter les hausses du coût de la
vie. Notre ministre a fait aussi le pari de tenter de maîtriser l'inflation pour permettre la croissance
économique dès 2024, et ce, et c'est à souligner, et ce, sans couper dans
les services à la population.
• (16 h 20) •
On le mentionne, notre premier ministre le
mentionne régulièrement, M. le Président : aider les jeunes. Comme je l'ai mentionné à cette Chambre, j'ai mis sur
pied un comité de jeunes apolitique parce que, pour moi, c'est important de
donner une voix aux jeunes, et ça, peu importe la provenance et leurs
croyances, susciter l'intérêt politique. Mais c'est aussi très important d'aider nos jeunes à réussir en leur donnant leurs
moyens de leurs ambitions, créer des talents québécois, M. le Président, et c'est exactement ce que notre
gouvernement vient de faire en injectant pas moins de 7,2 millions de
dollars pour soutenir leur réussite et leur
persévérance scolaire. Avec cette somme, notre gouvernement souhaite donc qu'au
moins 90 %, 90 % des élèves du Québec, obtiennent un premier diplôme,
une première qualification. C'est à souligner.
Mais
quelque chose qui me rend encore plus fier, M. le Président, tant qu'à parler
de qualifications, c'est la formation professionnelle,
la rendre plus attrayante, M. le Président. Clairement, cette belle initiative
de notre gouvernement va permettre de contribuer à contrer la pénurie de
main-d'oeuvre qui fait rage présentement au Québec. Comme bien des collègues
parlementaires, j'ai d'ailleurs une pensée pour mon centre de services
professionnels de Jonquière, où 11 métiers sont enseignés dans des conditions... dans des domaines névralgiques,
pardon : la charpenterie, l'électricité, la plomberie, la cuisine, la peinture, et j'en passe. Cet
investissement permettra donc d'attirer encore davantage d'étudiants dans leurs
classes, qui contribuera du même coup
à contrer la pénurie de main-d'oeuvre. Il faut, M. le Président, former des
talents, former des talents qui émergent de nos institutions et former
des talents qui émergent de nos centres de formation professionnelle.
Appuyer les familles.
Une autre bonne nouvelle est sans aucun doute la conversion de places de garde
non subventionnées en places subventionnées, qui permettra à un plus grand
nombre de familles de profiter d'un taux réduit de 8,85 $ par jour. Pour 2023‑2024, c'est donc
5 000 places de garde qui convertira notre gouvernement... que
convertira notre gouvernement,
pardon. Le coût des garderies non subventionnées, c'est un enjeu monétaire
important pour plusieurs familles du Québec qui n'ont pas la chance de
pouvoir envoyer leurs enfants dans un CPE.
Cet
hiver, je discutais avec quelqu'un de chez nous fortement impliqué, un homme
qui s'appelle Alex Tremblay, propriétaire
d'un CPE, Le royaume des enfants, à Jonquière... me racontait, puis il avait le
souci qu'il était fréquemment interpelé par des parents dont les enfants
vont dans une garderie non subventionnée. Ces derniers trouvaient injuste qu'ils aient à sortir plus d'argent de leur poche
quotidiennement par rapport à une famille dont les enfants vont dans un CPE. Eh bien, grâce à notre gouvernement, M. le
Président, on va réduire progressivement cette iniquité qui pèse lourd sur
plusieurs familles du Québec.
Je
l'ai dit d'entrée de jeu, soutenir les personnes plus vulnérables, et je vais
donner un exemple concret. On a parlé beaucoup des banques alimentaires.
Mais il y a quelque chose d'extraordinaire qui se passe. Et, chez nous, on a
été un projet pilote, la clinique Aire
ouverte de Jonquière, qui accueille des jeunes de 12 à 25 ans en leur
offrant une panoplie de services comme
l'aide psychosociale, de soutien au logement ou encore la prise en charge de
problématiques dépendance. C'est
quelque chose d'innovant, M. le Président, Aire ouverte. Je vais donner un
exemple. Un jeune couple qui vivrait une relation sexuelle non protégée et qui vivrait de l'angoisse, qui
voudrait se rendre rapidement dans une institution conforme, soins de santé,
pour peut-être regarder les options de par ce qu'il vient de leur arriver. Mais
ce jeune couple là ou cette jeune relation là pourrait avoir le souci de
croiser un mononcle, une matante qui demanderait : Qu'est-ce que tu fais
ici? Aire ouverte, 12-25 ans, des
problématiques centrées pour les jeunes de 12-25 ans. Et il n'y a pas de
danger, dans une aire ouverte, de
croiser un mononcle, une matante ou ton père ou ta mère. C'est discret, c'est
professionnel. C'est des choses que notre gouvernement vient de mettre
en place et qui vont prochainement faire des petits au Québec, M. le Président.
Faire
bouger les Québécois. En tant que sportif, père de famille et, bien sûr,
adjoint gouvernemental à la ministre du
Sport et Loisirs, je ne peux que me réjouir que de faire partie du gouvernement
qui désire rendre la pratique du loisir, du sport et de l'activité physique
plus accessible. Peu importe notre statut social, notre condition physique ou
intellectuelle, tous, nous avons le
droit d'accéder à des infrastructures sportives, récréatives et attrayantes et
sécuritaires, et ça, peu importe où
on habite sur le territoire du Québec. C'est d'ailleurs pour cette raison que
notre gouvernement continue, et je dis bien continue, d'investir en ce
sens et injecte, comme mentionné, un budget de 300 millions de
dollars.
Récemment dans ma circonscription, M. le
Président, nous avons eu la chance d'accueillir les Olympiques spéciaux. Et les
Olympiques spéciaux chez nous, c'est six disciplines sportives,
400 athlètes qui se réunissent, avec un slogan qui était marquant, M. le Président, et qui demande
l'ouverture du gouvernement : Ensemble dans la différence, bougeons.
Pourquoi Saguenay a été capable d'accueillir de tels... une telle fierté
des Olympiques spéciaux à travers les activités de curling, raquette, ski alpin, hockey? On a eu de la
difficulté à les accueillir, les Olympiques spéciaux. On n'était pas sûrs, on n'était
pas certains d'être en mesure d'avoir accès à des infrastructures de qualité
pour le curling. Eh bien, grâce au programme gouvernemental de la dernière
législature, nous avons été en mesure de mettre en place... et la rénovation du
club de curling, ce qui a donné, chez nous
pour la première fois, les Olympiques spéciaux en région, à l'extérieur des
grands centres. Pourquoi des
infrastructures? Le budget, c'est à la grandeur du Québec, ce qui permet à des
régions comme la nôtre, dans le 02, d'accueillir pour la première fois
les Olympiques spéciaux.
M.
le Président, j'en aurais beaucoup à raconter, mais je veux simplement dire, et
je me le dois, je suis quelqu'un qui
vient de la jeunesse, quelqu'un qui vient du milieu communautaire, bravo à
notre ministre des Finances pour sa vision de prévoir 1 milliard de dollars pour diversifier et consolider les
actions pour l'environnement, entre autres par la création du Fonds bleu
pour protéger les réserves d'eau du Québec, comme notre gouvernement s'est
engagé lors de la COP15. L'eau, c'est une
richesse inestimable pour le Québec. On sait que la planète connaîtra
probablement une pénurie d'eau potable dans
les prochaines années. C'est pour cette raison, c'est pour cette raison que
nous devons protéger nos sources d'eau potable, est prioritaire, et le Fonds bleu pourra assurément être une solution.
Et je suis interpelé parce que, chez nous, on a le lac Kénogami qui
représente 75 % de l'eau potable des habitants de ville de Saguenay. Il
faut en prendre soin.
Le Québec, M. le
Président, est riche de sa nature, et notre gouvernement s'en occupe.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. La parole, maintenant, revient à la députée de Châteauguay.
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme
Gendron : Merci, M. le Président. Chers collègues députés,
merci d'être présents, cet après-midi, c'est très apprécié. Je tiens d'abord à féliciter le ministre
des Finances et toute son équipe pour le travail colossal qui a été fait sur
le plan budgétaire. Être engagé pour les Québécoises et les Québécois, promesse
faite, promesse tenue.
Le plan budgétaire
présenté la semaine dernière intègre les préoccupations des générations qui
font vibrer notre belle province. Parmi tous
les investissements annoncés dans le cadre du plan budgétaire, bien que tous
importants, il y en a, bien sûr, qui
m'interpellent davantage dans le cadre de mes fonctions en tant que députée de
Châteauguay et adjointe gouvernementale
à la Famille, mais également sur le plan plus personnel, étant citoyenne et
mère d'une famille reconstituée et nombreuse.
Dans un
premier temps, M. le Président, j'aimerais aborder le sujet du développement du
plein potentiel de nos jeunes, à
l'instar de mon collègue député de Jonquière. Comme on l'entend souvent,
l'avenir appartient aux jeunes, et nous devons leur donner toutes les opportunités possibles afin qu'ils
développent leur plein potentiel au point de vue personnel, scolaire et
professionnel. C'est tout de même notre relève.
Nous savons
tous qu'une génération épanouie commence par une génération en forme et en
santé. Pour ce faire, nous devons inciter les jeunes à pratiquer des activités
sportives. Le sport et l'activité physique sont gages de réussite scolaire, entre autres. C'est prouvé que le sport
motive les jeunes de façon générale, mais surtout à poursuivre leurs études.
Les activités sportives procurent un
sentiment d'appartenance, ce qui, vous le savez, est d'une importance capitale,
surtout à l'adolescence. Je le
constate chaque jour à travers mes cinq enfants et j'ai pu le constater à
maintes reprises dernièrement en
participant au départ des athlètes du sud-ouest pour les Jeux du Québec, qui
étaient dans la région de ma collègue la députée de Rivière-du-Loup. J'étais à cette soirée de départ, autant de
fébrilité et d'excitation, un esprit d'équipe. La fierté des parents,
des entraîneurs et des bénévoles était palpable.
• (16 h 30) •
Également,
dernièrement, nous avons eu la chance de recevoir, dans ma circonscription, les
festivals MAHG de Châteauguay et de Mercier. C'est plus de
600 enfants qui sont venus, le plaisir, le bonheur, le sourire aux lèvres,
faire ces activités-là. Les jeunes développent des compétences au-delà de ce
que l'école peut leur apporter, des compétences sportives, mais sociales aussi.
Ils se découvrent des intérêts, des passions.
Afin de
continuer à motiver nos jeunes à faire du sport, ça implique des
investissements, mais la promotion du sport et de l'activité physique est dans
l'amélioration et la construction d'infrastructures modernes et attrayantes.
Mes citoyennes et mes citoyens
attendent des annonces prometteuses à cet effet dans ma circonscription. Et je
vous assure qu'aujourd'hui ils sont très optimistes et ils ont très hâte
que les projets d'infrastructures sportives tant attendus voient le jour. Et
c'est important de mentionner que ce ne sont
pas seulement que des jeunes qui en bénéficieront, tous les
Québécoises et tous les Québécois
bénéficieront de ces investissements totalisant 388 millions de
dollars pour un Québec en pleine forme et qui vieillit en santé.
Dans un deuxième ordre d'idées, M. le Président,
j'aimerais que nous parlions de l'appui aux familles. À titre d'adjointe gouvernementale à la Famille, je me
réjouis d'apprendre que le nouveau plan budgétaire prévoit la conversation
de 5 000 places de garde non
subventionnées afin d'assurer une plus grande équité financière entre les
familles. Cette mesure permettra à
plus... à un plus grand nombre de familles de profiter de la contribution
réduite, qui est actuellement de 8,85 $ par jour. Elle s'ajoute
également aux 3 549 places converties dans les deux dernières années
ainsi que la création de places subventionnées qui est en cours.
J'en profite aujourd'hui pour saluer la
détermination de Mme la ministre de la Famille à offrir aux Québécoises et aux Québécois tous les outils nécessaires à
l'épanouissement de nos tout‑petits. Chacun de nous, ici, a une famille.
Certains ont des enfants en bas âge,
d'autres, des adolescents et d'autres sont même grands‑parents. Certains n'ont
pas d'enfants, mais s'occupent
activement de leurs parents. Une famille ne se définit pas uniquement par les
enfants. L'appui aux familles dans son
ensemble s'étend bien plus largement que ça. Les investissements tiennent
compte des enfants vulnérables, des familles à faibles revenus, des familles avec des enfants handicapés de tous
âges, des personnes aînées qui souhaitent être autonomes aussi longtemps que possible à la maison. Chaque
personne, chaque famille a sa réalité bien particulière, et le gouvernement
s'adapte pour répondre le mieux possible aux besoins de l'ensemble de la
population québécoise.
Dans un troisième temps, M. le Président,
j'aimerais parler de diversifier et de consolider les actions pour l'environnement. Les relèves existantes et futures
sont et seront capables de grandes choses. La relève, elle est intelligente,
curieuse, ouverte sur le monde. Pour lui
permettre de s'épanouir davantage, nous devons lui laisser un environnement
sain et viable, un environnement inspirant et dont nous devons être
fiers. Après tout, c'est notre legs.
Ma
circonscription est bordée par le lac Saint-Louis, les terres agricoles, et
traversée par la rivière Châteauguay. Vous
vous doutez bien que le Fonds bleu, de l'ordre de 500 millions de dollars,
et la mise en place de la du Plan Nature 2030, avec les investissements s'élevant à
443 millions de dollars, sont des mesures qui font le bonheur de mes
concitoyennes et de mes concitoyens.
Les mesures de prévention du climat, de la qualité de l'eau, de la biodiversité
et du patrimoine naturel sont d'une
grande importance chez nous, notamment pour le corridor vert dans ma
circonscription, un vaste espace vert où l'on trouve plusieurs espèces animales
et végétales, dont certains en péril et protégés. Au Québec, nous jouissons
d'une riche diversité naturelle et nous devons la protéger.
Dans un dernier temps, M. le Président, le
ministre des Finances a présenté un plan budgétaire soucieux de la population québécoise. Il démontre que notre
gouvernement est à l'écoute et agit en fonction des préoccupations et des
priorités des Québécoises et des Québécois.
Je n'ai mentionné que quelques mesures et investissements qui auront un impact
déterminant dans la circonscription de
Châteauguay, entre autres, et, bien que je sois heureuse des annonces dont mon
comté pourra bénéficier, c'est tout le Québec qui doit se réjouir du plan
budgétaire, c'est tout le Québec qui en ressort gagnant. M. le Président, nous sommes un Québec engagé
pour la santé physique, la santé mentale, financière, sociale et
environnementale, un Québec engagé
pour nos bâtisseurs et notre élève, c'est ce que notre gouvernement avait
promis. Je crois qu'on peut dire : Promesse faite, promesse tenue.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant la députée de Laporte.
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Merci, M. le Président. Je suis fière de
m'adresser à vous, aujourd'hui, à la suite de la présentation du budget 2023‑2024 par notre gouvernement et
le ministre des Finances du Québec. Vous remarquerez que mes propos
rejoindront ceux de mes collègues sur divers enjeux. Nous sommes tout
simplement fiers de ce budget. Les mesures annoncées dans le discours du budget
correspondent aussi aux enjeux auxquels les citoyens de ma circonscription sont
confrontés. Je suis heureuse que l'on s'y
attarde avec tout le sérieux que cela mérite. La hausse du coût de la vie a une
incidence majeure sur notre quotidien. Pensons à la facture d'épicerie,
du logement. Plusieurs actions et mesures seront mises de l'avant, dont
l'injection de 12,1 milliards de dollars pour accroître la richesse
du Québec.
Enfin, une
hausse importante... une baisse importante de l'impôt, la plus importante de
l'histoire du Québec. On l'a dit, et je le répète, l'allègement fiscal, c'est
une mesure phare de notre budget. Elle permettra aux citoyens, notamment
de ma circonscription, de remettre de
l'argent dans leurs poches pour les aider à faire face aux augmentations des
coûts. On peut vraiment être fier de
cette mesure. Permettez-moi, M. le Président, de répéter les propos du ministre
des Finances : «En aucun temps ni d'aucune façon la baisse du
fardeau fiscal des Québécois ne se fera aux dépens des services publics du Québec.» Pour certains, cette baisse d'impôt
agira comme un incitatif à un retour sur le marché et contribuera à sa juste
mesure à la pénurie de main-d'oeuvre. On le
sait, il peut être décourageant pour certains de travailler. Et, lorsque l'on
constate le relevé de paye, une part importante du revenu s'en va à
l'impôt. Cette baisse d'impôt leur sera bénéfique.
On veut aussi
encourager le maintien en emploi des personnes qui ont 65 ans et plus et
qui désirent partager leurs connaissances. Ils sont indispensables et
ils contribuent à la pérennité de certaines entreprises. Avez-vous déjà voulu vous rendre dans un commerce où une affiche
mentionnait qu'il était fermé faute de personnel? Moi oui. Imaginez comment
le commerçant vit cette situation. Pour
soutenir ces travailleurs de 65 ans et plus, des modifications au Régime
de rentes du Québec seront donc apportées dès janvier prochain. Ils
pourront choisir de cesser de payer des cotisations, pour les bénéficiaires
d'une rente de retraite, et bénéficier d'une protection de la rente, pour ceux
qui travaillent à temps partiel.
Concernant
les personnes immigrantes, il est primordial que leurs compétences soient mises
aussi à contribution pour répondre
aux besoins de nos entreprises. M. le Président, 25 % de la population de
la circonscription de Laporte déclare faire
partie d'une minorité visible. Certaines d'entre elles sont ici depuis
plusieurs générations, et elles se sont intégrées, et elles contribuent à la richesse culturelle et
économique de notre milieu. Elles sont une ressource importante pour notre
Québec. Et plusieurs membres de la
communauté accueillent les nouveaux arrivants pour faciliter leur intégration,
et je profite de l'occasion pour les saluer.
M. le
Président, la pénurie de main-d'oeuvre nous fait tous mal. Avec un total
d'investissement de 615 millions de dollars dans la prochaine année,
nous poursuivrons l'intégration socioéconomique des personnes immigrantes
et soutenons les entreprises dans la recherche de travailleurs. Comme nous
sommes pragmatiques, notre gouvernement ajoute des initiatives à l'Opération
main-d'oeuvre. Depuis l'automne 2021, cette opération permet d'arrimer les
compétences des travailleurs aux besoins des
employeurs. Je suis convaincue qu'avec ces mesures incitatives l'arrimage entre
les travailleurs de 65 ans et
plus, les immigrants et les entrepreneurs, ce sera des facteurs déterminants
dans l'accroissement de la main-d'oeuvre disponible.
Maintenant,
le développement du potentiel de nos jeunes. Et je rejoins mon collègue...
plusieurs collègues, dont le député
de Jonquière, on l'a souvent dit, on va le répéter, la grande priorité de notre
gouvernement, c'est l'éducation. C'est pourquoi le développement du
potentiel de nos jeunes, c'est un aspect sur lequel nous croyons qu'il faut
s'attarder. Je vous l'ai dit, M. le
Président, nous sommes pragmatiques. Nous passons à l'action en investissant
909 millions de dollars, notamment
pour aider des jeunes à réussir. Nous voulons vraiment favoriser l'accès aux
études, encourager la persévérance et
accroître la diplomation aux études supérieures. Sachez que je souhaite que les
jeunes de ma circonscription contribuent à notre objectif de 90 %
du taux de diplomation. Et n'oublions pas que nous soutiendrons les jeunes
ayant des besoins particuliers ou qui se
retrouvent en situation de vulnérabilité durant leur cheminement scolaire.
989 millions d'investissements sont prévus pour favoriser leur
réussite scolaire.
• (16 h 40) •
Je vous
parlais plus tôt d'arrimage entre les entreprises et les personnes immigrantes.
Ici, c'est l'arrimage entre les employeurs
et la réussite scolaire. Elle doit se faire selon les intérêts de chaque jeune.
Tout le monde, ici, a déjà eu besoin d'un
mécanicien, d'un électricien, d'un plombier. Ils sont rares et on en a vraiment
besoin. La formation professionnelle
sera réinventée et sera plus attrayante grâce à un investissement de
200 millions de dollars. On disposera notamment d'équipements
technologiques modernes, en accord avec les besoins des employeurs.
L'augmentation du coût de la vie aussi a une
incidence directe sur le budget des étudiants. C'est pourquoi notre gouvernement rend permanente la bonification des
frais de subsistance. Ce n'est pas rien, c'est 80 000 étudiants qui
en profiteront, dont des étudiants de
la circonscription de Laporte qui fréquentent le centre d'éducation aux adultes
et de la formation professionnelle Access.
Évidemment,
je veux vous parler de santé, que l'on veut plus humain, efficace, accessible.
En ce sens, je vous parlerai plus spécifiquement du soutien à domicile. M. le
Président, je pense que nous désirons tous vieillir le plus longtemps possible
à la maison. Nous sommes donc engagés à faciliter le maintien à domicile par
l'investissement de 964 millions de dollars. Cette mesure m'interpelle particulièrement parce que 21 %
des gens de la circonscription de Laporte sont âgés de 65 ans et
plus. Avec cette bonification financière, je suis fière de dire que notre
gouvernement a investi, depuis 2018, 6,5 milliards de
dollars et plus de 13,5 millions d'heures annuelles en prestation de
services à domicile. Donc, la prestation de soutien à domicile bonifiée,
davantage d'aînés pourront demeurer à la maison.
Finalement,
après avoir travaillé 12 ans dans le milieu communautaire, je suis
sensible aux besoins des organismes à
but non lucratif qui oeuvrent auprès des citoyens et des familles aux prises
avec des conditions socioéconomiques précaires, dont l'insécurité alimentaire. Avec ce budget,
notre gouvernement va continuer d'accompagner, aider, soutenir la population
québécoise, notamment en haussant de
10 % le Programme de soutien à l'action bénévole, communément appelé le
PSAB. Sachez, M. le Président, que, depuis quatre ans, ce programme a
été bonifié de près de 59 %.
En terminant,
je réitère mes remerciements aux citoyens de la circonscription de Laporte pour
leur confiance dans le mandat qu'ils
m'ont confié de les représenter à l'Assemblée nationale. Avec ce budget
présenté par mon collègue le ministre
des Finances, je suis pleinement confiante que je pourrai poursuivre mes
engagements auprès d'eux. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je
cède maintenant la parole au député de Laurier-Dorion, en vous
rappelant, M. le député, qu'il vous reste 8 min 31 s pour
votre intervention.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Combien,
pardon?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : 8 min 31 s.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Voici le temps de ma réplique au discours du budget en matière
d'habitation. D'emblée, M. le Président, on peut sans aucun doute
affirmer que c'est un mauvais budget pour le logement. C'est un mauvais budget pour les mal-logés du Québec. C'est
un mauvais budget pour les municipalités du Québec, qui sont aux premières loges de la pression populaire des gens
qui ont des grandes difficultés pour se loger correctement partout à travers
le Québec.
Motion formulant un grief
Et pour être certain de la teneur de mes propos,
je dépose tout de suite la motion de grief :
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
de la CAQ pour son budget 2023‑2024 qui annonce la fin du développement
des logements sociaux au Québec et la privatisation des investissements publics
en habitation.»
Pour vous donner une idée de l'ampleur de la
déception suscitée par ce budget auprès du milieu municipal en particulier, là, laissez-moi vous lire quelques
citations, et je cite : «On se serait attendu à ce que ce soit une
priorité. Ce n'est pas avec ça qu'on va résorber la pénurie de logements
qui sévit partout dans toutes les régions du Québec», selon M. Daniel Côté, maire de Gaspé et président
de l'Union des municipalités du Québec. Pour Valérie Plante, mairesse de
Montréal, elle déclare, pas plus tard que ce
matin, lors d'une séance du comité exécutif : «On avait demandé
314 millions pour réaliser 12 projets, et ça, ça équivaut à
peu près à 1 000 unités. Le choix du gouvernement a été de nous
donner 79 millions pour réaliser
[seulement] cinq projets. Cette somme est loin d'être suffisante pour régler
les unités en attente qui le sont
depuis plusieurs années.» Pour la mairesse de Gatineau, les mesures en logement
sont «timides» et «insuffisantes». Pour le maire de Québec, le budget de
la CAQ ne passe même pas la note de passage, un cinq sur 10, selon lui.
Les maires et
mairesses du Québec sont grandement déçus. Les familles qui sont étranglées par
les explosions des loyers sont inquiètes et ne voient pas de réponses
dans le budget de la CAQ présenté la semaine dernière. Le budget caquiste, en plus, confirme l'arrêt de mort du
logement social au Québec. Sans aucune explication, la ministre a aboli un
programme, AccèsLogis, qui a fait ses preuves
et qui a réalisé, qui a construit plus de 33 000 logements en presque
30 ans. Les logements sociaux
que la CAQ avait promis en 2018 vont être habités seulement en 2030, avec
aucune garantie que ces logements-là
vont être encore abordables dans 10, 15, 20 ans. Un gouvernement qui prend
trois mandats pour construire l'arrérage libéral ne prend pas la crise
du logement au sérieux.
Avec les baisses d'impôt promises par la CAQ, on
aurait pu financer 10 000 logements sociaux par année, 10 000 logements sociaux par année,
M. le Président, là, en pleine crise du logement, la pire crise du
logement en 20 ans. Selon le
FRAPRU, et je cite : «[Le] Québec contrevient ainsi à ses obligations
internationales de mettre en oeuvre le droit au logement, de manière progressive
et au maximum de ses ressources disponibles. Les baisses d'impôt vont
bénéficier principalement aux plus riches et n'ont pas d'effet
structurant pour les 175 000 ménages locataires au Québec qui ont des [...] besoins impérieux de logement, parce qu'ils
vivent dans un logement trop cher, trop petit et/ou en mauvais état», selon le FRAPRU. La CAQ refuse donc de s'attaquer
aux besoins réels de mes familles... des familles étranglées par les
explosions des loyers, les familles qui consacrent souvent plus de 50 % de
leur budget pour se loger.
À la suite de
ce budget, certains pourraient accuser la CAQ de manquer de vision en matière
d'habitation et de se contenter de
dépenser des sommes insuffisantes dans le seul but de se protéger contre
l'accusation que ce gouvernement ne
fait pas grand-chose en matière d'habitation. Je ne partage pas cet avis, M. le
Président. La CAQ a une vision insuffisante, erronée, certes, qui ne
règle pas le problème de fond concernant la crise du logement, mais une vision
quand même. Celle-ci consiste à en faire le moins possible et favoriser les
promoteurs du marché... du secteur privé dans le marché immobilier. Leur vision, c'est la privatisation de la politique en
habitation et, en tant que gouvernement, en faire le moins possible pour
intervenir dans le secteur.
D'autre part, la CAQ n'investit pas seulement
assez en logement social, mais elle refuse d'agir ou temporise pour agir afin de juguler, par exemple, les
hausses fulgurantes des loyers, refuse d'agir pour empêcher les rénovictions
des centaines, voire des milliers de
ménages locataires au Québec, refuse d'agir pour éviter les évictions pour
faire de la place à des Airbnb,
l'hébergement touristique, refuse d'agir pour régler finalement la
clause F. Ce gouvernement n'est pas du bord des personnes et des ménages locataires, il préfère des baisses
d'impôt qui avantagent surtout les plus riches de la société.
Ça fait des années qu'on parle de la
crise du logement ici, au salon bleu. Ça fait des années qu'on reçoit à la
tonne des témoignages de locataires
qui sont directement frappés, qui s'appauvrissent considérablement par la crise
du logement, des aînés qui sont jetés à la rue par des groupes
immobiliers, des familles qui doivent se revirer sur un dix cents parce qu'elles ne peuvent plus absorber leur nouvelle
hausse de loyer, des campements de personnes itinérantes qui poussent un
peu partout dans les grandes villes du
Québec, des banques alimentaires qui croulent sous la demande. Ça fait des
années que chaque 1er juillet est
pire que le précédent. Ça fait des années que la CAQ se croise les bras au lieu
de régler la crise du logement. Il y
a plein de familles, au Québec, qui sont obligées de choisir entre payer le
loyer et payer l'épicerie. On ne peut pas accepter ça en tant que
société. En tout cas, moi, je ne l'accepte pas.
• (16 h 50) •
Il
y a une question que je me pose tout le temps, M. le Président : Mais
qu'est-ce que le gouvernement attend pour protéger les locataires des hausses abusives des loyers, pour accélérer
la construction de logements sociaux, pour aider les familles
québécoises qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts? Il attend que les
aînés se retrouvent à la rue, que des campements s'installent sur le bord de la
rue Notre-Dame, à Montréal, que les gens fassent la file dans les banques alimentaires? Je ne sais plus ce que ça prend à ce
gouvernement-là pour bouger, pour comprendre l'urgence d'agir. Les
signaux se multiplient partout à travers le Québec. L'itinérance est en
croissance fulgurante. Dans des coins du Québec où on n'a jamais vu un itinérant, voilà, on en voit, aujourd'hui, là.
Cette... La crise du logement, la hausse fulgurante des loyers appauvrissent les gens, là, qui doivent
consacrer, encore une fois, une part trop importante de leur budget à se loger.
Pendant ce temps-là, il abandonne les
investissements publics en logement social et, encore une fois, il préfère
privatiser, privatiser les
investissements publics, les aides pour que ce soient des constructeurs privés.
On ne fait plus du logement social au
Québec, M. le Président, et cela est désolant. On va se rappeler que le Québec,
c'était une des seules provinces canadiennes, là, qui continuait à faire
du logement social. Avec le gouvernement de la CAQ, c'est terminé.
Et je réitère donc ma
motion de grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son budget 2023‑2024
qui annonce la fin du développement [du logement social] au Québec et la
privatisation des investissements publics en habitation.»
Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Écoutez, je vous rappelle que votre motion est déposée
sous réserve de sa recevabilité.
Une prochaine
intervenante, donc, je reconnais Mme la députée de Roberval.
Mme Nancy
Guillemette
Mme Guillemette :
Merci, M. le Président. Il nous reste combien de temps?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il vous reste 5 min 32 s.
Mme Guillemette : Merci, M. le Président.
Bien, premièrement, je ne suis pas tout à fait d'accord avec le député de
Laurier-Dorion et je vais vous dire pourquoi dans les prochaines minutes. Et je
suis très heureuse de me lever, aujourd'hui,
pour prendre la parole pour parler du budget 2023‑2024,
pour parler d'Un Québec engagé, M. le Président. Comme l'a dit mon collègue lors du dépôt du projet
de loi, nous présentons aux Québécois «un cadre financier prudent et responsable» en débutant avec une baisse d'impôt
de 9,2 milliards de dollars pour les Québécois et les Québécoises,
une baisse d'impôt qui était très attendue de tous, plus le
2 000 $ que nous avons remis aux aînés.
Le budget présent
cherche à accroître la vitesse... la richesse du Québec, à développer le
potentiel des jeunes, à rendre le réseau de
la santé plus performant et humain, et aujourd'hui mon collègue a déposé son
projet de loi n° 15 sur l'efficacité
de l'État. Donc, soutenir les Québécois également, diversifier et consolider
les actions pour l'environnement avec
1 milliard de dollars, plus 1,4 milliard pour la mise en oeuvre
du Plan pour une économie verte 2030. Écoutez, je pense qu'on peut
être fiers de ce qu'on a eu dans le budget.
Et
maintenant je vais vous dire qu'est-ce que, concrètement, ça représente pour
les gens de mon comté, pour les gens
du comté de Roberval. Écoutez, pour la forêt, il y a eu 128 millions, et,
de ça, il y a 98 millions en sylviculture. Et on sait que, la
sylviculture, chez nous, on en fait beaucoup, donc on aura notre part du gâteau
là-dedans également.
Quelque chose qui est
très intéressant aussi pour les gens de mon comté, mais partout au Québec,
c'est le 75 millions pour le
cellulaire, pour la téléphonie cellulaire. On a eu un 50 millions l'an
passé, et on rajoute un 75 millions, et on veut terminer notre
réseau cellulaire.
Les organismes
communautaires, il n'y a jamais eu d'investissements comme ça depuis les
derniers quatre ans, depuis qu'on est en
poste, donc, 91,9 millions, 58,6 % d'augmentation, M. le Président.
Le PSOC, qu'on appelle, le Programme de soutien aux organismes communautaires,
3 995 000 $... 395 millions, excusez, c'est du jamais-vu.
Au niveau de la
santé, 5,6 milliards pour rendre le système plus performant et plus
humain. On en a grandement besoin. Écoutez,
mon collègue, comme je le disais tout à l'heure, a présenté son projet de loi
qui va séparer la gouvernance des
opérations. On veut moderniser notre système, le rendre plus humain, plus
accessible, tout ça pour la qualité de services et de soins qu'on va donner à nos citoyens. J'en suis très fière. Vous
savez, il faut travailler sur l'urgent mais aussi sur l'important, et
c'est ce qu'on va s'attarder à faire, là, dans les prochaines années.
Il y a une chose qui
a passé sous silence, mais, depuis les dernières semaines, les derniers mois,
je m'en faisais quand même beaucoup parler à
mon bureau de comté — c'est
un heureux hasard — le
vaccin pour le zona sera maintenant gratuit
pour 8 000 personnes... 800 000 personnes, excusez. Donc,
c'est une avancée, ça, pour les gens qui étaient à risque de souffrir du
zona, une maladie qui n'est pas très agréable.
La
conversion des garderies, c'est une très bonne mesure pour nos familles. Les
gens sont contents, ils nous en parlaient sur la rue régulièrement.
En éducation, on passe à... c'est
1,5 milliard d'ici 2027, dont 231 millions présentement, maintenant,
de 2023 à 2024. Et il y a une mesure en
l'éducation, également, qui a peut-être passé sous silence, c'est
l'augmentation des frais de
subsistance. Nous, en région, souvent, nos enfants sont obligés d'aller à
l'école à l'extérieur, ils ont des prêts, ils ont des bourses. Donc, les frais de subsistance seront
augmentés, ça va sûrement servir et ce sera... ça va rendre service à plusieurs
d'entre eux.
Donc, moi, je
suis... comme je le disais, je suis très fière de ce budget-là. C'est un budget
qui est à l'écoute de nos milieux, de nos régions, c'est un budget qui
est à l'écoute de la population. On s'est mis en mode solution.
L'environnement,
vous le voyez maintenant, ça fait vraiment partie de nos... l'environnement,
l'éducation, la santé, ça fait
vraiment partie de notre ADN, comme un groupe politique. Et on souhaite
poursuivre et développer, je dirais, un meilleur monde, là, pour nos
jeunes enfants.
Donc, encore
une fois, je le dis, M. le Président, je suis très fière du budget que mon
collègue a déposé. Je pense qu'on est tous solidaires, et tout le monde,
tous les partis confondus, devrait être très fier de...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée.
Poursuite du débat en
commission parlementaire
Alors, voilà,
la première étape de 13 h 30 min étant écoulée, je vous avise
que, conformément aux dispositions de l'article 275 du règlement,
le débat sur le discours sur le budget est suspendu à l'Assemblée et se
poursuivra à la Commission des finances
publiques. Je vous rappelle que M. le ministre des Finances est membre de cette
commission pour la durée de ce mandat.
Je comprends aussi, M. le leader adjoint du
gouvernement, qu'il y aurait une entente pour reporter à la semaine prochaine le débat sur une affaire inscrite par
les députés du deuxième groupe d'opposition, considérant le peu de temps
restant pour ce débat. Y a-t-il consentement? Consentement.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux.
Une voix : ...
Projet de loi n° 3
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
l'article 11 du feuilleton, M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique propose l'adoption du projet de loi
n° 3, Loi sur les renseignements
de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives.
Y a-t-il des interventions? M. le ministre.
M. Éric Caire
M. Caire : Merci, M. le
Président. Évidemment, très, très, très heureux, aujourd'hui, adoption finale
du projet de loi n° 3. Je commencerai donc
par remercier le ministre de la Santé et des Services sociaux pour la confiance
qu'il m'a témoignée en me demandant
de piloter ce projet de loi qui est un projet de loi extrêmement important, M.
le Président, et pour lequel j'aurai, évidemment, quelques commentaires.
Mais je
voudrais aussi poursuivre mes remerciements à tous les collègues de la
Commission des finances publiques, collègues
de la partie ministérielle, évidemment, collègues des oppositions, parce que je
pense que — et
j'ai eu l'occasion de le dire à la
prise en considération — ce
qui a caractérisé les travaux de ce projet de loi, c'est la compréhension que
tous les élus en avaient et... la
compréhension, mais aussi mesurer l'importance de ce projet de loi. M. le
Président, le... Et je comprends des
propos des collègues des oppositions qu'ils ont l'intention d'appuyer le projet
de loi. Donc, je me permets de dire que l'adoption de ce projet de loi,
M. le Président, qu'est-ce que ça signifie pour les Québécois?
• (17 heures) •
M. le Président,
dans les années passées, le système de santé, je pense que ce n'est rien de le
dire, n'a pas livré la performance
attendue, notamment, M. le Président, sur l'accessibilité. Alors, tout le monde
va vous le dire, une fois qu'on consulte un professionnel, la qualité des
soins, elle est irréprochable. La qualité des services, la qualité de nos
professionnels est irréprochable. Par
contre, avoir accès à un professionnel, ça, c'est le parcours du combattant. Et
j'ai eu l'occasion de le dire, mais
je pense qu'il y a une certaine pédagogie dans la répétition. De raconter son
histoire encore, et encore, et encore à chaque nouveau professionnel,
ça, M. le Président, ça hypothèque la capacité du système à donner des soins.
Le fait, M.
le Président, qu'un professionnel de la santé n'a pas nécessairement accès à
l'ensemble des informations, ça
aussi, ça peut être une hypothèque sur la qualité des soins. Le fait que les
gestionnaires, et ça, ça nous a été dit, n'ont pas nécessairement accès à l'ensemble des informations qui sont
nécessaires à la prise de décision peut être une hypothèque à l'accès,
et donc à la qualité des soins.
Notre
capacité à innover, M. le Président, bon, était récemment question de
difficultés dans les systèmes informatiques du gouvernement, mais il ne
faut pas perdre de vue que la transformation numérique du gouvernement du
Québec et notamment du réseau de la santé, ce n'est pas
une option. M. le Président, un système qui communique avec des fax au XXIᵉ siècle, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Un système qui ne permet pas encore, de façon générale, à quelqu'un de
savoir à quel moment il va être capable de voir un professionnel de la santé au
XXIᵉ siècle, s'il vous plaît!
Alors, M. le
Président, le p.l. n° 3, c'est une avancée. Ce n'est pas, évidemment, la
finalité. Il y a d'autres choses qui
devront être mises en place, mais la première pierre d'assise, la première
brique, c'est le p.l. n° 3. Pourquoi, M. le Président? Parce
que les silos dans le réseau de la santé, l'incapacité de faire voyager
l'information, l'immobilité de la donnée est une
hypothèque majeure à la transformation numérique. Il n'y a pas de
transformation numérique sans mobilité de la donnée. Je l'ai dit à de
nombreuses reprises, mais je tenais à le répéter encore aujourd'hui. Et le
p.l. n° 3 nous permet de compléter ce qui a été amorcé avec l'adoption de la loi n° 95
en juin 2021, et qui nous permet maintenant de ramener dans le périmètre du
gouvernement l'ensemble des informations de santé qui sont nécessaires à sa
transformation numérique.
On a eu des
échanges, notamment avec ma collègue de Mont-Royal—Outremont, sur... et, curieusement, d'ailleurs, puis
je ne veux pas parler à sa place, mais, curieusement, des échanges sur
peut-être une trop grande prudence du projet de
loi n° 3 par rapport à cette mobilité de la donnée parce qu'effectivement,
j'en parle pour les soins et j'en parle pour la gestion, il y a un volet que j'oubliais et qui est tout aussi
fondamental, et c'est tout le volet de la recherche, parce qu'évidemment
c'est la recherche qui nous amène vers des
soins de santé modernes, qui nous permet de trouver de nouveaux traitements,
qui nous permet de trouver de nouvelles applications qui vont améliorer la
fluidité du système, la capacité de traitement et l'accessibilité. Donc,
la recherche, incontestablement un volet extrêmement important.
Et ces
questions-là, on se les est posées en commission parlementaire, M. le
Président : Comment trouver l'équilibre entre la mobilité de la donnée et la protection de la donnée? Et là on
avait des avis qui étaient divergents. Je pense, M. le Président, l'avenir nous le dira, mais je pense
qu'il faut avoir un regard lucide sur l'application du projet de loi n° 3.
Mais je pense qu'on a trouvé cet
équilibre-là, M. le Président. Je pense qu'on a réussi, avec ce projet de loi,
à trouver l'équilibre entre, oui, la mobilité de la donnée, mais la
protection des renseignements personnels et la protection de la vie privée.
Quand je dis : L'avenir nous le dira, M. le
Président, c'est évidemment dans l'application de la loi qu'on verra s'il y a effectivement des failles, si ces failles
doivent être corrigées et, si oui, de quelle façon. Ce qui m'amène à mon autre
point, et ça aussi, je trouve que c'est dans... c'est dans l'air ambiant. On
nous a dit : Il y a trop de règlements. Il y a trop d'applications de la loi qui seront prises par
règlement, et ça, ça donne peut-être trop de latitude au ministre.
Permettez-moi, M. le Président, de
m'inscrire en faux par rapport à cette affirmation-là qui a été faite notamment
par les groupes qui sont venus nous rencontrer.
Je pense au contraire que cette loi-là, qui se
veut technologiquement neutre, mais qui va nécessairement amener l'utilisation des technologies, je pense au
contraire qu'elle permet cette souplesse qui va faire en sorte que, par son
déploiement, par l'utilisation qu'on
en fera, par la capacité, les nouvelles capacités que la loi va permettre au
ministre de la Santé d'exercer, ce pouvoir réglementaire là va être ce
qui va permettre d'agir rapidement, efficacement par rapport à des lacunes qui pourraient être observées dans l'application de la
loi plutôt que de recommencer tout le processus législatif, consultations
particulières, le principe, article par
article, prise en considération, adoption finale, etc. On le connaît, le
processus, M. le Président, et il est
essentiel dans notre démocratie, il est essentiel, ce processus-là. Ceci étant
dit, il ne se caractérise pas toujours par sa célérité.
Alors, non,
je pense, M. le Président, qu'il n'y a pas trop de pouvoir réglementaire et je
pense que, compte tenu de l'ampleur
du projet de loi, compte tenu de son côté névralgique, du fait que ce projet de
loi là, il est la première pierre d'une
refonte du réseau de la santé, et j'utilise le mot à dessein, je pense qu'on
est là, dans une refonte du réseau de la santé, je pense que ce projet de loi là, il est névralgique, il est au coeur de
ça. Et de permettre au ministre de la Santé d'avoir cette souplesse-là
et de ne pas revenir tout le temps à un processus législatif, c'était la chose
à faire.
M. le Président, vous me permettrez d'avoir
peut-être quelques mots aussi sur la jonction qu'on fait entre le p.l. n° 3 et la loi n° 95, parce qu'il faut comprendre que la mobilité de la donnée, ça doit se
faire à l'intérieur du gouvernement. Oui,
c'est un régime particulier, oui, c'est un régime par et pour le réseau de la
santé, fondamentalement, mais, en même temps, et on a eu ces
discussions-là avec les collègues, il faut aussi qu'on cesse de prendre le citoyen
pour un commis de l'État. Combien de fois,
pour recevoir un service, on va demander au citoyen de répondre à une question
pour laquelle le gouvernement a déjà
la réponse? Mais on ne se parle pas, donc, qu'est-ce qu'on fait? On dit au
citoyen : Va me chercher telle information, reviens avec cette
information-là, et, quand tu reviendras avec l'information, je te donnerai le
service.
Avec le p.l. n° 3, qui s'harmonise avec la loi n° 95,
on va permettre maintenant, avec le consentement du citoyen, bien sûr, mais on va permettre à ces entités-là de
se parler, d'échanger les informations qui sont nécessaires à la prestation
de services, et ça, je tiens à le souligner,
M. le Président, les renseignements qui sont nécessaires à la prestation de
services, pas plus, mais pas moins,
et de faire en sorte que le citoyen reçoit ces services d'une organisation où
les entités se parlent et où on arrête de le prendre pour un commis de l'État
ou un commissionnaire de l'État qui va chercher les informations parce que les
organisations ne sont pas capables de se parler. Le p.l. n° 3, en ce sens, au niveau de la qualité des services, de la disponibilité
des services, de la fluidité des services, c'est une avancée majeure. C'est une
avancée majeure, M. le Président,
toujours dans le respect de la protection des renseignements personnels et de
la vie privée. Ce qui nous amène à la notion de consentement.
• (17 h 10) •
M. le
Président, évidemment, évidemment que ces communications-là, de façon générale,
devront avoir le consentement du
citoyen. Un autre élément qui est assez fondamental, M. le Président, c'est un
principe, et je salue ma collègue de Mont-Royal—Outremont, qui a insisté, comme c'est son travail de le faire, effectivement,
pour faire en sorte qu'un des principes fondateurs de la loi, c'est que la
donnée, elle appartient au patient. La donnée, elle suit le patient. C'est
maintenant inscrit dans la loi. C'est inscrit dans la loi. Alors, quand on se
pose la question et quand on nous pose la question :
Oui, mais elle est à qui, la donnée?, exactement, je suis d'accord avec ma
collègue de Huntingdon, elle
est à moi, elle est au patient. Ça peut sembler, M. le
Président... ça peut sembler un peu ridicule de préciser ça, mais, quand on a
gravité dans le réseau de la santé,
je vous dirais que ce n'est pas si ridicule que ça, là, se faire dire :
Bien, ça, ce sont mes données. Non,
non, non, vous ne comprenez pas, là. Ça, ça appartient au citoyen, ça
appartient au patient. C'est un principe fondateur de la loi maintenant,
M. le Président, et je pense qu'on peut en être assez fiers.
Autre
principe très important, c'est que, maintenant qu'on dit que la donnée
appartient aux patients, mais ça, ça veut dire que, si le patient veut avoir
accès à ses données, il y a droit. Alors, effectivement, c'est une obligation,
maintenant dans la loi, de permettre
au patient d'avoir accès à ses informations. Et, M. le Président, vous allez me
dire : Oui, mais ça a toujours été le cas. Oui, sauf que, dans un
univers papier, vous comprendrez que, si j'ai des dossiers papier dispersés un peu partout dans le réseau de la santé,
demander à avoir accès à l'ensemble de mon dossier, on peut le demander, là,
on peut, mais, entre la théorie et la
pratique, il y a un univers de différence. Maintenant, dans... grâce au p.l. n° 3 et à sa capacité dans la
transformation numérique, bien, cette situation-là, on vient de la concrétiser.
Parce que vous comprendrez, M. le Président, que, maintenant, c'est à travers
ça qu'on peut avoir accès à nos informations éventuellement. Mais grâce au p.l. n° 3, aux fondations de
la... p.l. n° 3, on peut penser maintenant de cette façon-là,
que mon dossier santé peut être accessible
via mon téléphone. Et c'est un droit, ce sont mes données. Ce sont mes données,
M. le Président. De la même façon que j'ai le droit, maintenant, de
faire rectifier des informations, parce que tout ça s'enchaîne, hein? Ce sont
mes données. J'ai le droit d'avoir accès,
et, en lien... en y ayant accès, je vais finir par le dire, bien, je peux
constater quand il y a des erreurs,
je peux voir qu'il y a des erreurs. Je peux voir qu'il y a des choses qui ne
fonctionnent pas. Et là j'ai le droit de demander à ce que ce soit rectifié, M. le Président. Donc, pour les
Québécois, ça, c'est autant d'avancées que le p.l. n° 3
va nous permettre de mettre de l'avant.
Alors,
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas terminer en parlant plus
particulièrement de protection des renseignements personnels et de protection
de la vie privée. Parce qu'on a entendu ça aussi, que, là, tout le monde va
avoir le droit de fouiller dans mon dossier, puis là c'est comme si ça devient
un bar ouvert. Non. Non, pas du tout, pas du tout.
M.
le Président, j'ai, oui, la prétention de croire que le Québec, avec la loi n° 25, s'est doté du régime de protection des renseignements personnels le plus sévère en Amérique, dans les
Amériques. Je l'ai dit, puis là les collègues, ils vont trouver que je radote un peu, c'est l'âge, mais
c'est un calque du Règlement général de protection des données européen,
qui est... qui était le régime le plus
sévère au monde. Maintenant, nous joignons les rangs du RGPD. Alors, à ceux qui
disent : Bien là, tout le monde va avoir accès à mes données.
Qu'est-ce qui arrive avec ma vie privée? Qu'est-ce qui arrive avec mes renseignements personnels? M. le
Président, on a aussi créé un régime particulier qui est un calque, à bien des
égards, de la loi n° 25,
donc qui fait de ce régime, par définition, un des plus sévères en Amérique en
matière de protection des renseignements
personnels et en matière de protection de la vie privée. Donc, je dis aux
Québécois que cette loi-là non seulement ne fait pas de vos
renseignements de santé un bar ouvert, mais les protège comme jamais.
Je
vais aller plus loin que ça, M. le Président. Il est maintenant... Et parce que
j'ai entendu ça, là. C'est comme si on avait oublié de lire la loi, là. Il est
dit dans la loi que la vente et toute autre forme d'aliénation des
renseignements de santé est
interdite. Alors, quand on me dit : Bien là, le gouvernement va vendre nos
données aux Américains, bien non, c'est dans la loi, c'est interdit.
C'est écrit noir sur blanc. Et en plus, M. le Président, on a doté cette loi-là
d'un régime de sanctions pénales très
important, très important, très sévère. Donc, non seulement il y a une
interdiction, mais il y a des conséquences pour ceux qui passeraient
outre à cette interdiction-là, M. le Président.
Donc,
à ceux qui pensent qu'on peut faire n'importe quoi avec leurs renseignements de
santé, avec l'adoption de ce projet de loi, c'est inexact. On ne peut
pas faire n'importe quoi. Ce qu'on peut faire avec ça, c'est donner des
meilleurs services de santé aux Québécois.
Ce qu'on peut faire avec ça, c'est protéger leurs renseignements personnels. Ce
qu'on peut faire avec ça, c'est
protéger leur vie privée. Ce qu'on peut faire avec ça, c'est une vraie
refondation du système de santé, M. le Président. Et c'est exactement ce
qu'on va faire avec l'adoption de ce projet de loi là. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, je suis
prêt à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée de
Mont-Royal-Outremont. Mme la députée.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, M. le Président. À ce
stade-ci, je vais simplement réitérer brièvement notre position sur le projet
de loi n° 3, qui porte sur les renseignements de santé et
services sociaux, dont l'objectif est de faciliter l'accès au dossier médical des patients québécois afin
d'améliorer la qualité des soins et la gestion du réseau de la santé.
Rappelons, M. le Président, que cet
objectif s'inscrit dans une tendance de prise en charge accrue par les
Québécoises et Québécois de leur
santé et leur prestation de soins. Et je rejoins à 100 % le ministre ici,
qui vient de nous dire qu'il était important de statuer sur le fait que
la donnée appartient au patient, on est d'accord là-dessus, mais sans que le
patient devienne un commis de l'État. Alors,
je rejoins le ministre. Je pense qu'on est rendus là au Québec, de faire cette
affirmation-là et de permettre aux
Québécois, oui, de prendre en charge son dossier et s'assurer que ce soit fait
de façon efficace. En 2023, nous estimons
qu'il est opportun de favoriser par des outils modernes une participation
active et plus autonome des personnes à
l'amélioration de leur santé. Nous l'avons dit et nous le réitérons
aujourd'hui, nous estimons que l'objectif du projet de loi n° 3 est louable. Donc je mets fin au suspense tout de suite,
nous appuyons le projet de loi.
En étude détaillée, on a fait un examen approfondi
du libellé du projet de loi, un exercice qui était fort nécessaire et
souhaitable afin de traiter adéquatement des enjeux qui avaient été identifiés
par les différents groupes entendus lors des consultations ou soumis dans les
nombreux mémoires déposés. J'aimerais une fois de plus aujourd'hui remercier
les nombreux groupes qui se sont montrés intéressés, dont plusieurs ont fait
l'exercice de préparer des mémoires étoffés. Donc, on les remercie pour leur travail précieux. Dans ce vaste cadre
législatif très important touchant nos données médicales, nous nous
devions d'être très vigilants et nous poser toutes les questions qui
s'imposaient.
Je
suis fière d'avoir participé à cet exercice rigoureux avec les autres membres
de la commission. Permettez-moi de
les remercier à nouveau, donc, tous les membres de la Commission des finances publiques, mes collègues des autres partis et aussi les juristes affectés au dossier qui ont
répondu à nos nombreuses questions tout au long du processus. Nous avons
étudié et adopté 267 articles auxquels
il faut ajouter 48 amendements. Ces amendements, déposés par le
gouvernement, sont venus soit combler
des lacunes, soit corriger des ambiguïtés soulevées durant les consultations.
Nos questions au gouvernement nous
ont permis de ramener les préoccupations des groupes article par article et ont
permis d'avoir des échanges approfondis sur différents enjeux. Nous
avons eu un bon dialogue avec le gouvernement, et je remercie à nouveau le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique et toute son équipe pour leur
collaboration.
On a été, tout au long du processus, à la
recherche du juste équilibre. On souhaite décloisonner les différents systèmes afin d'assurer une fluidité et une
mobilité de la donnée médicale, et cela nécessitait un encadrement judicieux.
Il fallait trouver un libellé qui
représentait un juste équilibre entre, d'une part, l'atteinte de l'objectif de
la loi, soit une meilleure mobilité de la donnée, et la protection des
renseignements personnels des usagers du système de santé, sachant que les
renseignements de santé sont sans aucun doute les données les plus intimes et
sensibles détenues par l'administration publique
au sujet des Québécoises et Québécois. Il reste encore beaucoup d'éléments à
spécifier dans les règlements à venir, mais, oui, j'ai bon espoir qu'on
fait un bon pas, un pas dans la bonne direction vers ce juste équilibre.
• (17 h 20) •
Il y a quand
même des éléments où il subsiste des inquiétudes. Le partage des renseignements
de santé entre les différents
acteurs... Mais commençons par le positif, là. Le partage des renseignements de
santé entre les différents acteurs du
système de santé et de services sociaux, que le nouveau régime vise à
permettre, est certainement un élément positif du projet de loi qui devrait améliorer la qualité et
l'efficacité des services offerts aux Québécoises et Québécois. En effet, les
Québécois qui consultent un médecin ou autre
professionnel de la santé n'ont pas à répéter leur histoire à chaque fois et
arriver même à leur rendez-vous avec leur
propre dossier médical. Je pense qu'en 2023 il faut offrir mieux aux
Québécoises et Québécois. Et, quand
ils s'en vont chez leur professionnel, tout le dossier doit être accessible,
sauf s'il y a un élément qui... pour lequel le patient aurait retiré le
droit d'accès.
Bon, il reste quand même, selon moi, deux enjeux
principaux au niveau du projet de loi. Premièrement, il laisse beaucoup de place à l'interprétation. C'est un
point que j'ai martelé à maintes reprises tout au long du processus. Deuxièmement, l'opérationnalisation du nouveau
régime suscite énormément de préoccupations. Par exemple, un patient peut retirer son consentement à ce qu'un élément ou
un autre de son dossier médical soit accessible. Comment cet aspect
sera-t-il conciliable dans la prise en charge du patient?
Un autre
enjeu important qui a été soulevé durant les consultations et détaillé dans
certains mémoires est celui du secret
professionnel. On le sait, le secret professionnel du médecin est un principe
sacro-saint, et on ne peut y déroger que de façon explicite. La mobilité de la donnée médicale dans un
contexte... dans le contexte d'une modernisation requise et souhaitée de
tous ne doit pas mettre en péril ce principe fondamental. Certains groupes nous
ont mis en garde à l'effet que cet enjeu pourrait même potentiellement
invalider la loi. Nous référons ici au Barreau du Québec, à la Commission d'accès à l'information et à la Fédération
des médecins spécialistes du Québec.
On aurait pu en faire une mention spécifique dans le projet de loi afin d'éviter des problématiques futures. On
n'aurait certainement pas perdu grand-chose à le préciser.
Les médecins
spécialistes ont aussi fait valoir que, selon eux, les changements proposés
nuisent à la relation de confiance
entre les professionnels de la santé et leurs patients. J'ai été
particulièrement interpelée par leurs commentaires à l'effet que, comme médecin, ils ne veulent pas
avoir à se retenir quant aux renseignements qu'ils inscrivent sur le dossier
patient de peur qu'ils se retrouvent dans
des mains inopportunes. Encore ici, on aurait pu prévoir des énoncés de
principes plus détaillés et
spécifiques à certains enjeux dans le préambule de la loi afin de guider les
différents acteurs concernés dans l'interprétation de celle-ci.
Également, le
volet recherche inquiète beaucoup. Vous ne serez pas étonné que je revienne à
la charge aujourd'hui avec cet enjeu.
Le milieu des chercheurs est préoccupé, en plus du milieu de l'entreprise.
Plusieurs chercheurs et membres de
l'industrie craignent que le nouveau régime soit trop restrictif et qu'on ait
mis en place un système trop compliqué. Il a été maintes fois exprimé en commission que le nouveau régime pourrait
compromettre l'accès aux données en temps opportun pour des fins de recherche. Ces restrictions
pourraient avoir un impact sur la capacité de générer des innovations dans le
domaine des sciences de la vie et des
technologies de la santé. Assurons-nous que nos données qui tiennent compte de
nos spécificités, notre génétique,
puissent être utilisées dans tous les bons projets de recherche ici et aux
niveaux national et international. On
nous a rappelé que le Québec dispose, avec son système de santé unique, des
données et des biobanques pour
devenir un leader en matière d'innovation en santé afin que les nouveaux
traitements développés soient plus efficaces pour sa population.
Et, juste pour clarifier encore une fois ici,
sans vouloir favoriser la marchandisation de nos données de santé en faveur de l'industrie, c'est avant tout pour le
bien du patient que les données doivent être accessibles aux chercheurs. Et
j'ai bien entendu M. le ministre qui abonde
dans le même sens, qui semble vouloir atteindre le même objectif. Je ne dis
pas qu'on ne l'atteindra pas, mais il y a
des inquiétudes qui demeurent dans le milieu. On verra comment tout ça va être interprété
dans le futur.
Pensons aux
progrès qu'on a faits dans les dernières années, en particulier dans la
recherche sur le cancer. C'est tellement impressionnant! Grâce à la
recherche, des traitements adéquats, meilleurs et plus efficaces existent. On a
de meilleurs pronostics, moins de récidives,
moins de séquelles qui affectent la qualité de vie des patients. Il est
impératif que ces progrès puissent
continuer pour nous et pour les générations futures. C'est par le biais de la
recherche qu'on atteindra de nouveaux sommets.
Pour faire des avancées avec nos données, on a
besoin d'instaurer un système simplifié, allégé et efficace tout en respectant
le caractère sensible des données de santé. Ça sert à quoi de fermer à double
tour nos données et d'ajouter des couches de sécurité qui auraient pour effet d'alourdir une
bureaucratie déjà trop lourde? Je ne dis pas, encore une fois, que le p.l. n° 3, dans sa forme
actuelle, ne permettra pas... ne permettra assurément pas aux Québécois de
bénéficier des derniers développements
de pointe en matière de recherche et de traitement, mais le manque de précision
à certains endroits dans le projet de loi pourrait entraîner des
conséquences fâcheuses sur le terrain.
Parmi les
éléments du projet de loi n° 3 qui pourraient compromettre l'accès par les
chercheurs aux données des Québécois
en temps opportun, pensons à l'absence de délais maximaux à respecter pour
émettre les autorisations nécessaires aux
chercheurs. Le projet de loi n° 3 ne prévoit pas de délai actuellement. Si le
processus est trop long, les chercheurs pourraient perdre l'accès à du financement, mettant en péril
leurs projets au bénéfice des Québécois. Il nous semble plus que souhaitable
de s'assurer de mettre en place un processus
qui soit simple et qui permette d'obtenir une décision rapide avec des délais
prévisibles. Le Québec doit demeurer compétitif.
Pensons aussi
au régime qui s'appliquera aux chercheurs non liés à un organisme public. Ces
chercheurs devront obtenir
l'autorisation d'un centre d'accès pour la recherche. Nous ne savons pas quelle
entité sera mandatée pour remplir ce rôle. Il s'agira d'un organisme public,
c'est ce qu'on nous a dit, mais celui-ci n'a pas encore été identifié, et nous n'avons
que très peu de spécifications à ce sujet.
Une grande transparence sera requise par rapport aux facteurs qui seront
considérés. Encore une fois, nous souhaitons que le processus soit
moderne, efficace et fluide, encadré par un organisme qui a une vision globale
de l'écosystème de recherche québécois afin que la société québécoise puisse en
bénéficier.
Ces incertitudes et ces éléments qui restent à
définir peuvent entraîner des conséquences négatives et aller à l'encontre de l'intention du législateur de
favoriser un flux d'information pour assurer l'optimisation des services, des
soins de santé et des processus
décisionnels. Il ne faudrait pas, à force de se soucier des bénéfices dont
pourrait tirer l'industrie de l'utilisation de nos données, que la société
québécoise soit perdante, parce qu'en fin de compte c'est le patient qui sera
perdant.
Je soulève
donc à nouveau aujourd'hui une autre demande qui nous a été faite dans le cadre
du volet recherche du projet de loi n° 3, que
le rôle du Scientifique en chef et des fonds de recherche du Québec soit
mentionné explicitement dans la loi.
L'absence d'un rôle concret des fonds de recherche dans le p.l. n° 3 inquiète de nombreux intervenants et ne permet pas, selon eux, de réunir les conditions gagnantes pour son
application. Je suis très sensible à leur plaidoyer et j'en ai fait part
au ministre durant l'étude détaillée.
M. le
Président, j'implore le gouvernement d'assurer l'implication active du
Scientifique en chef et des fonds de recherche
dans l'élaboration et la mise en oeuvre des règlements et actions découlant de
la loi. On nous soumet qu'ailleurs dans
le monde il existe de nombreux équivalents des fonds de recherche qui jouent un
rôle direct dans les législations modernes encadrant l'accès aux données de
santé. Pourquoi ne pas s'en inspirer? Il est important de trouver l'équilibre
entre protection des données et leur
accès à des fins de recherche. Plusieurs ont plaidé que les fonds de recherche
soient appelés à encadrer les
processus sous étude afin qu'ils soient conformes aux obligations du Québec,
mais aussi pour pouvoir être au diapason de ce qui se fait en matière d'accès aux données à l'international et
même ailleurs au Canada. Rappelons qu'ils sont mandatés par le
gouvernement du Québec pour soutenir la recherche d'excellence et la faire
rayonner.
Quant à la Commission d'accès à l'information, M. le Président, il semble subsister une
certaine ambiguïté quant à son rôle
dans l'opérationnalisation de ce projet de loi. Plusieurs ont plaidé que le
mandat de la CAI se limite à un mandat de surveillance. On leur ajoute
des tâches, mais pas forcément des ressources. Ce sera à suivre attentivement.
Bref, il faut
qu'on puisse faire une vraie différence sur le terrain, et le projet de loi n° 3, très général, nous laisse sur notre appétit sur ces aspects,
entre autres. On le sait, le diable est dans les détails.
Oui, il
s'agit d'un cadre très général, nous l'avons dit, et, je le réitère
aujourd'hui, le projet de loi n° 3 est un cadre légal général qui prévoit,
fréquemment, sous de multiples chapitres, un recours à des règlements à venir.
J'en ai compté une quinzaine, de
références. Et, oui, nous comprenons la nécessité d'adopter, dans un premier
temps, une loi-cadre qui sera
complétée par une réglementation subséquente pouvant être modifiée de façon
plus simple, nous le comprenons très bien.
Toutefois, cette structure et le caractère très général du projet de loi
donnent lieu à des préoccupations qui ont été maintes fois exprimées par les groupes entendus, ne serait-ce qu'ils
nous ont dit qu'en l'absence de certains mécanismes et procédures mieux
détaillés dans la loi elle-même ils avaient de la difficulté à en apprécier la
portée, à se former une opinion ou en apprécier l'impact futur sur leurs
opérations.
• (17 h 30) •
Encore une
fois, nous implorons le gouvernement de tenir compte de ces préoccupations dans
l'étape subséquente de rédaction des nombreux règlements, notamment en
étant accompagné d'une table d'experts.
Quelques mots sur le volet mise en oeuvre,
déploiement informatique de ce nouveau régime. Encore une fois, M. le Président, nous sommes favorables au projet
de loi. Nous ne souhaitons surtout pas freiner le progrès. Mais, à la lumière
des récents cafouillages dans différents
volets du virage numérique, on s'inquiète du virage numérique qui va
éventuellement toucher le domaine de la santé. Le déploiement sera
crucial. Il faudra agir avec la plus grande prudence dans le futur déploiement du dossier santé numérique, qu'on
appelle système national de dépôt de renseignements dans le projet de loi.
Ce n'est pas demain qu'on pourra mettre le
nouveau système en application, mais on reconnaît qu'il faut commencer par
le commencement. Le projet de loi prévoit la
mécanique qui est nécessaire. Oui, c'est le commencement, c'est la fondation,
qui prévoit les droits, les obligations et
les modalités à respecter par toutes les parties impliquées, les organismes, et
autres, dans ce partage des données
médicales, la gouvernance, la surveillance, les pénalités, etc. L'enjeu de la
pénurie de main-d'oeuvre, et donc du manque de ressources au sein des
différentes entités impliquées dans la mise en oeuvre, l'application et la gestion du nouveau régime inquiète aussi plusieurs
intervenants, surtout ceux qui estiment que le nouveau régime est trop lourd, par exemple, au sujet de la
certification des outils technologiques, qui pourrait créer des retards indus,
selon certains.
Je rappelle encore que le projet de loi
constitue un cadre général, qu'il y a encore beaucoup de travail à faire, beaucoup d'éléments à préciser dans les
règlements, beaucoup d'étapes à réaliser dans le déploiement futur. On a
certainement hâte
de voir les fruits de ce nouveau régime sur le terrain, comment tout ça va
servir le patient, les équipes soignantes, tout l'écosystème de santé au Québec. On fait tout ça pour nous, ultimement,
pour tous les Québécoises et Québécois, parce que nous sommes tous, à un moment ou à un autre de nos
vies, des patients. On comprend que ça prendra plusieurs mois, voire des années, et que le DSQ, le Dossier santé
Québec, continuera d'être fonctionnel, en parallèle du déploiement du nouveau
système, jusqu'à son application pleine et entière.
Le projet de
loi prévoit, dans ses derniers articles, que c'est le ministre de la Santé et
des Services sociaux qui sera responsable
de l'application de la nouvelle loi. Il va de soi que le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique aura un rôle
important à jouer au niveau du déploiement technologique. L'action de son
ministère, M. le Président, sera intimement liée à l'atteinte des
objectifs visés. À l'heure où les cyberattaques se multiplient partout dans le
monde, les fuites de données et
l'instabilité technologique inquiètent énormément. Nous devons collectivement
veiller à ce que nos données soient hébergées
en toute sécurité. Interrogeons-nous adéquatement, notamment sur le volet
étranger versus local. C'est quelque chose
qui méritera toute notre vigilance. Avant de transférer nos données dans un
serveur à l'extérieur du Québec, assurons-nous
que les mesures de sécurité en place soient optimales. Une vérification
diligente approfondie s'imposera.
Le projet de loi prévoit aussi que le ministre
doit, au plus tard cinq ans après l'entrée en vigueur de la loi, faire rapport
au gouvernement sur la mise en oeuvre de la nouvelle loi, ce rapport devant
ensuite être déposé à l'Assemblée nationale.
Nous croyons qu'une telle mise à jour devrait se faire bien avant, même un an
après la mise en vigueur, et ne pas attendre cinq ans, le maximum de
cinq ans, comme prévoit la loi.
Finalement, l'heure n'est pas à la précipitation,
dans ce grand chantier qui aura un impact majeur sur toute la population. Il mérite la plus grande prudence dans
son déploiement et une vaste campagne d'information. Nous espérons que
le gouvernement en a été sensibilisé, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. La prochaine intervention sera celle de M. le député de
Rosemont. La parole est à vous, M. le député.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, M. le Président, chers collègues. Projet de
loi n° 3, c'est bien ça, je ne me trompe pas? On est «multitask», dans
l'opposition, quand on est juste 12. Même si on est 12, on est juste 12, on
fait beaucoup de projets de loi.
Je dois dire
d'abord que j'apprécie... On n'a pas le droit ici de dire qui n'est pas là,
mais, des fois, tout le monde n'est pas là. Ce n'est pas le cas du ministre de
la Transformation numérique et de la Cybersécurité, qui est toujours là quand
on fait nos allocutions. Je l'en remercie,
parce qu'après tout on a étudié un projet de loi ensemble, on se parle après,
c'est un processus en continu. Puis
j'apprécie, tout simplement, je tenais à le dire, parce qu'il est toujours là,
puis je suis pas mal sûr qu'il a d'autres choses à faire. Mais il est
là, il écoute, il prend des notes. J'apprécie. Merci.
J'ai commencé l'étude du projet de loi parce que
c'était dans mes cordes. J'ai dû quitter régulièrement le projet de loi, donc je dois remercier certains de mes
collègues, dont la députée de Verdun, le député de Jean-Lesage, le député de
Maurice-Richard, qui ont dû, à pied levé, me
remplacer, parce qu'entre le début du projet de loi puis la fin du projet de
loi, je me suis retrouvé bien, bien,
bien occupé avec la violence au hockey, sujet qui m'est un peu tombé dessus et
pour lequel, d'ailleurs, je tiens à
dire, on a fait du très bon travail et on continuera demain. D'ailleurs, j'en
fais l'aparté, parce que ça aussi,
c'est plutôt positif, puis on a bien avancé là-dedans, même si ça m'a déchiré le
coeur, M. le Président, de devoir quitter la commission et ne plus étudier le projet de loi n° 3, projet de
loi n° 3, d'ailleurs, pour lequel ma formation votera en faveur.
On avait des
doutes, ils ne se sont pas tous dissipés. Il reste essentiellement un gros
problème à ce projet de loi là, ce qui est souvent le problème de beaucoup de
projets de loi avec ce gouvernement qui a la mauvaise habitude, je le dis
puis je vais le redire à chaque fois, de
légiférer par règlement. Ma collègue en a parlé, ma collègue d'Outremont—Mont-Royal en a parlé, ça devient devient un peu dérangeant pour nous, de
l'opposition, que de voter sur des choses dont on n'a pas complètement les tenants et aboutissants. L'image
que j'ai déjà employée, je vais la reprendre à défaut de mieux, on pilote
parfois à vue dans la purée de pois. Alors,
on ne sait pas trop où on s'en va, on ne voit pas trop, trop la piste, puis on
nous dit : Bien, faites-vous-en pas, la piste est là, l'avion va
bien se poser, puis ça va bien aller.
Ce n'est pas quelque chose, moi, qui me rend
très confortable dans mon travail de législateur, dans mon travail d'opposition, dans mon travail de contre-pouvoir.
Je comprends que ça arrive une fois de temps en temps, là. Il y a des affaires
qu'on ne peut pas nécessairement toujours
prévoir par tous les articles de loi, mais il y a des articles de loi,
celui-là, le projet de loi n° 3,
il y en a d'autres où il y a énormément... Le projet de loi n° 10, en ce
moment, c'est un... c'est les pages jaunes des règlements. J'ai l'impression qu'on vote, en fait, un cahier de
règlements plus qu'une loi. J'espère que le mastodonte qui nous est tombé dessus ce matin, le projet de
loi n° 15, ne sera pas de la même farine, parce qu'avec
1 180 articles, si on additionne
autant de règlements, on va finir avec 3 000. Ça n'aurait comme aucun bon
sens, M. le Président. Alors, j'en fais la remarque parce que ça nous
dérange, ça nous dérange dans notre travail, puis je pense que ce n'est pas
optimal comme façon de fonctionner. Alors, voilà.
Ceci étant
dit, ma principale préoccupation et celle de mes collègues, pour le projet de
loi n° 3, était évidemment, ça
ne vous surprendra pas, la protection des renseignements personnels, et
j'ajouterais ici la protection des renseignements personnels en santé, dans le domaine de la santé.
Avec les renseignements bancaires, je ne vois pas ce qu'il y a de beaucoup
plus sensible et de plus délicat dans la vie
de quelqu'un que ses renseignements de santé. Évidemment, on ne veut pas non
plus se promener avec notre bulletin de santé à la vue de tous. Il y a des
choses là-dedans qu'on veut garder pour nous, il
y a des choses là-dedans qui sont évolutives, qui nécessitent des
allers-retours avec les équipes médicales, il y a des choses dont on ne
souhaite parler qu'à ses très, très, très proches, et encore parfois.
• (17 h 40) •
Alors, évidemment, les
renseignements de santé ont une valeur beaucoup plus que sentimentale pour les
gens. Ça a une valeur profonde d'intégrité
de sa propre personne, mais ça a aussi une valeur marchande. Pensez simplement
à ce qu'une entreprise, une compagnie
d'assurance pourrait faire avec du big data en santé. C'est faramineux, ce
qu'on peut faire avec ça, et je n'ai
même pas parlé des pharmaceutiques, qui pourraient aussi trouver là un pactole
infini. Alors, c'est important, pour nous, de nous assurer que nos
renseignements personnels en santé étaient bien, bien protégés.
On a
travaillé, je crois, de façon correcte, raisonnable avec le gouvernement. Je
pense qu'on a les balises. Est-ce qu'elles
sont parfaites? Non, évidemment, il n'y en a pas. Puis le ministre a raison de
dire que le risque zéro n'existe pas. Cela
dit, on a quand même, je crois, réussi à établir un cadre qui se tient. Bon,
après ça, il y aura l'application, là où souvent ça ne tient plus, mais on verra l'arbre à ses fruits, on jugera l'arbre
à ses fruits. Pour le moment, je pense qu'on a fait le travail qu'on
devait faire minimalement pour nous assurer d'avoir un certain cadre.
Il y a
quelque chose, notamment, qui s'est réglé assez vite dans l'étude du projet de
loi qui, quant à moi, réglait une grosse,
grosse, grosse partie du problème, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas de vente. Il
n'y aura pas de vente de renseignements personnels de santé de nos concitoyens et concitoyennes. Il y aura, oui,
parfois des échanges dans un cadre imparfait, j'en conviens, imparfait, mais quand même sécurisé pour
de la recherche dans certaines mesures et avec des délais, notamment,
pour la destruction des données après usage. Ça me convient, ça me convient.
Je suis déçu, par contre, qu'on n'ait pas réussi
à inclure les dispensaires de santé et les cliniques de santé des
autochtones... des Premières Nations, je devrais dire, qui souhaitaient être
incluses dans le projet de loi. Nous avons eu
des discussions là-dessus, raisonnables, cohérentes, en ce sens que ce n'était
pas possible de l'inclure dans ce projet de loi. J'en conviens, j'en conviens, mais on y reviendra, peut-être d'ailleurs
dans le projet de loi n° 15, là, dans les 1 180 articles. Je ne les ai pas tous lus, là, je ne les ai pas
encore tous lus. D'ici demain matin, probablement, M. le Président, j'aurai
terminé. Mais, blague à part, je
crois qu'il y a quelque chose là-dessus, sur, justement, les soins de santé
offerts dans les communautés des Premières
Nations. Et j'espère qu'on y reviendra parce que, de toute façon, on y
reviendra un jour, il faudra y revenir un jour. J'avais l'impression qu'on
pouvait les inclure dans le projet de loi n° 3.
Ce n'était pas possible, soit, on le fera ailleurs, j'espère.
Il subsiste quelques questions quant à la
création du système national de dépôt des renseignements personnels. Je ne
rentrerai pas ici dans les détails parce que je n'ai pas trop de temps, mais il
reste quand même quelques questions soulevées : Qui va s'occuper de ça?
Combien de temps? Ça aurait... c'était assurément perfectible. C'était
assurément perfectible, et je vais m'arrêter là.
Le rôle de la
Commission d'accès à l'information, ce qu'on appelle parfois affectueusement la
CAI, là aussi, il y a un petit doute,
il y a un petit flou. D'ailleurs, du jour 1 jusqu'à ce jour, à ce que je sache,
la Commission d'accès à l'information
a une lecture assez différente du projet de loi qu'en a le ministre et, je
dirais même, que j'en ai moi-même. Alors,
il faudra peut-être un jour qu'on accorde nos violons, parce qu'il semblerait
que la CAI soit appelée à jouer un rôle, évidemment, prépondérant, là. Ça va de
soi, là, c'est le chien de garde ultime en matière de renseignements. Alors, il
faudra quand même qu'on arrive, là,
dans les révisions subséquentes du projet de loi et dans les règlements, quand
nous les aurons, à rassurer la CAI,
la CAI, je tiens à le préciser, qui n'a pas eu de mise à jour réelle et
profonde, substantielle depuis 1982. Ça,
c'est à peu près au moment de l'invention du fax, là, puis peut-être même un
peu avant, ça fait qu'on n'était pas tout à fait dans l'ère numérique qu'on connaît aujourd'hui. Alors, il faudrait
peut-être un jour aussi attaquer le problème de la révision de la
Commission d'accès à l'information, qui n'est plus adéquate, je pense.
Alors, je
vais m'arrêter là-dessus, M. le Président. Je ne peux pas m'empêcher néanmoins,
je ne veux pas... Je ne veux pas
tourner le fer dans la plaie du ministre, d'autant que je viens sincèrement de
saluer le fait qu'il est toujours là pour nous entendre, je ne voudrais
pas finir non plus en le torturant ou en l'accablant de mes commentaires, mais
tout le monde ici, et la population en
général du Québec, a déjà lu ou entendu parler de ce que les grands médias
de... les médias du grand groupe
Québecor ont appelé, et c'est une vraie honte pour nous, le bordel informatique
au Québec. C'était devenu comme, même,
un logo à l'intérieur des produits médiatiques de Québecor, c'était le bordel
informatique, c'était la mauvaise journée
du... la mauvaise nouvelle du jour sur un autre fiasco en informatique, en
développement... en technologies des informations.
Cela dit, il
est vrai que nous avons souvent manqué le bateau. Il est vrai que nous avons
connu des fiascos gênants, phénoménaux
même. Il est vrai que récemment encore, d'ailleurs, nous en avons débattu
souvent, dans les derniers jours en cette Chambre, là, il y a des ratés
spectaculaires et gênants dans le domaine, là, notamment je pense à...
(Interruption)
M. Marissal : Excusez-moi,
c'est moi, ça. Je pensais que c'était quelqu'un d'autre. C'est moi. Désolé, je
m'en excuse.
On a eu des
ratés spectaculaires, notamment, évidemment, la SAAQ, qui n'a rien à voir avec
ce qu'on a fait dans le projet de loi
n° 3, mais généralement, en parlant, là, des
technologies de l'information et des ratés puis du bordel informatique,
on a quand même quelques doutes, là. Puis on souhaiterait que l'on soit
capables, finalement, de mettre en vigueur une réforme ou des réformes, surtout dans des domaines aussi délicats que
les renseignements personnels en santé, qu'on soit capables, donc, de mettre en place des réformes,
des nouveaux systèmes sans que, dans trois mois, trois ans, cinq ans, on apprenne
encore une fois qu'on a échappé le ballon puis qu'on a payé trop cher ou que ça
ne marche pas, ou les deux, parce que parfois c'est les deux aussi.
Alors, je veux terminer là-dessus, en disant que
ce n'est pas parce qu'on vote pour un projet de loi qu'on est d'accord avec tout ce qu'il y a dans le projet de
loi, puis ce n'est pas parce qu'on vote pour un projet de loi qu'on est
d'accord avec le grand oeuvre d'un
ministre. Et nous l'aurons d'ailleurs à l'oeil, nous suivrons l'implantation et
la mise en oeuvre de ce projet de loi,
qui, je l'espère, ne nous mèneront pas vers de nouvelles manchettes
embarrassantes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Rosemont. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui. Je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Mme
la députée.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le Président.
Merci au ministre d'être présent ici aujourd'hui pour nous entendre sur l'adoption du projet de loi n° 3, Loi sur les
renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives. Ma
collègue l'a mentionné d'entrée de jeu, elle a brisé le suspense, donc nous, au
sein de l'opposition officielle, donc
nous, tout comme nous l'avons fait pour l'adoption du principe le
9 février dernier, donc, nous sommes pour l'adoption de ce projet
de loi.
M. le
Président, avec ce projet de loi, nous pensons, et c'est la raison pour
laquelle, donc, nous sommes en faveur de
l'adoption de ce projet de loi, nous pensons que nous faisons un pas important,
un pas nécessaire dans la libération, donc, de nos données. Nos renseignements de santé et de services sociaux sont
importants, nos renseignements de santé et de services sociaux sont cruciaux. Nos informations sont hautement
confidentielles, c'est vrai, elles doivent être sécurisées, mais le fait que nos informations confidentielles
doivent être sécurisées ne signifie pas qu'elles doivent l'être sur un bout
de papier.
En ce moment,
c'est ce qui se passe à l'intérieur du réseau, et, tout comme le ministre l'a
mentionné, tout comme ma collègue de Mont-Royal—Outremont l'a mentionné, les données doivent suivre le patient. C'est un concept
primordial, c'est un concept... c'est un pas qu'il était temps de franchir, et
nous le faisons avec ce projet de loi. Qu'en 2023 des médecins se faxent des
dossiers papier les uns les autres, que des médecins se transmettent des
télécopies de dossiers médicaux après avoir
obtenu notre approbation, c'est complètement anachronique. Comme millénariale,
je trouve que notre système de santé
a, à l'occasion, tendance à être désuet, et il était temps que nous puissions
faire ce passage. Et je l'ai vécu moi-même comme patiente et je peux définitivement, à cet égard, témoigner que ce
n'est pas... que du point de vue de l'usager, du point de vue de l'usagère, que ce n'est pas une... que ce n'est pas
agréable, que ce n'est pas souhaitable. Et donc je pense que la population, je pense que nos concitoyens
recevront ce projet de loi de façon positive, le recevront comme un certain
soulagement en termes de bureaucratie. On ne
peut pas trimbaler nos données médicales, comme patient, d'une clinique à l'autre, c'est insensé. On ne peut pas trimbaler
nos données d'un professionnel de la santé à l'autre pour que ces
professionnels nous soignent adéquatement.
• (17 h 50) •
Ma collègue a
également fait le point sur la recherche, M. le Président. Pour la recherche,
avoir accès aux données numérisées pour pouvoir faire des recherches
rétrospectives, comme par exemple... c'est analogue à l'exemple que ma collègue a mentionné, donc, pour par exemple
savoir quelles interventions sur un type précis de cancer du cerveau ont
conduit au plus faible taux de
récidive au cours des 10 dernières années, donc un exemple qui était
mentionné dans la presse récente, dans
la couverture médiatique récente de l'adoption de ce projet de loi, donc, si
les données de santé leur étaient beaucoup plus accessibles, ça permettrait donc aux experts en recherche de
pouvoir mieux faire leur travail et ça permettrait de mieux soigner les
patients actuels en apprenant du passé.
Mais, dans l'état actuel des choses, et on le
répète, force est de constater qu'en raison des délais, en raison des portraits incomplets de l'état des patients, en
raison des analyses qui ne se font pas, en raison de la paperasse et du fardeau
qui pèse sur le patient — M.
le ministre a parlé d'un patient commis de l'État, c'est de ce fardeau dont je
parle — donc
nous sommes obligés de conclure que nous sommes tous plus mal soignés à
cause de ces contraintes et que donc un meilleur échange de données, de favoriser un meilleur échange de données entre
les établissements de santé au Québec est souhaitable. Ça permettrait
d'améliorer les traitements, de permettre au patient de consulter son dossier
plus facilement, de viser l'efficacité du
réseau, de permettre à l'État également de planifier et prévoir les besoins
populationnels et permettre le plein potentiel...
on l'a mentionné, mais permettre le plein potentiel de la recherche médicale en
améliorant l'accès à ces données pour les gestionnaires et pour les chercheurs.
Les données
de santé, ceci dit, donc, ce ne sont pas des photos de voyage, il ne s'agit pas
d'un catalogue de chansons, il s'agit de données extrêmement importantes. La
préservation de la confidentialité de ces données doit être prise au sérieux.
Mais il ne faut pas voir la confidentialité de ces données comme un frein à la
circulation de celles-ci, mais bien comme une condition sine qua non pour, en fait, améliorer la circulation de ces
données. C'est pour ça que nous souhaitons indiquer au ministre de la Cybersécurité et du Numérique qu'il
devrait être imputable de la gestion de ces données et que les garde-fous
devront être robustes dans le déploiement du
Dossier santé numérique. On devra, par exemple, exiger des serveurs qu'ils
rendent des comptes sur la gestion de nos données, des données de tous les
Québécois, que des comptes puissent, par exemple, être rendus en commission
parlementaire ici, à l'Assemblée nationale, si le besoin se fait sentir.
Il y a deux
semaines, le gouvernement caquiste s'est engagé à conserver les données
médicales en sol québécois, il s'est
engagé à ce que nos données médicales ne soient pas exportées ou exportables,
parce que, bon, les données médicales des
Québécois, M. le Président, ne peuvent pas être hébergées n'importe où. Ces
données sensibles doivent... elles devront être hébergées dans le nuage gouvernemental québécois, et nous saluons
cet engagement. Mais certainement, en ce moment, donc, cet élément ne se retrouve pas dans le projet de loi. C'est une
politique gouvernementale qui est mise de l'avant. Donc, il faudra, de notre côté, au sein de l'opposition
officielle, au sein des différentes oppositions, jouer notre rôle de contrôleur
de l'action gouvernementale sur le déploiement.
On l'a vu
dans le domaine bancaire, il y a quelques années, avec de trop nombreux
exemples malheureusement. Les cyberattaques, le vol de données constituent des
fléaux croissants à travers le monde. On ne peut pas se permettre de mettre sur pied une telle initiative, qui est
nécessaire, on l'a dit, qui est souhaitable, qui est un soulagement pour la
population, et déjà accuser un retard générationnel sur la technologie
employée, déjà accuser un retard sur les moyens employés pour préserver nos données de la façon la plus
efficace possible. Donc, il faut garder en tête ces différentes situations, ces
différents défis afin que le déploiement se
fasse d'une manière à ce que la population puisse continuer de nous faire
confiance avec leurs données.
Aujourd'hui,
on dit que la donnée, donc, suit le patient, mais certainement, en centralisant
celles-ci, il faudra s'assurer que,
dans le déploiement, la population puisse se dire, avec les deux yeux fermés,
avec confiance, que nous serons en mesure d'en prendre soin. On ne peut
pas avoir une banque de données vulnérables, sinon on passera à côté de quelque
chose, M. le Président.
Le projet de loi est
technologiquement neutre. On profite de cette tribune pour penser aux nouveaux
moyens technologiques qui, dans le déploiement, permettraient justement
d'assurer la fluidité des données en toute quiétude. Et je pense à cet article paru dans Le Devoir en février dernier
disant Osons la chaîne de blocs en santé. Je vous en lis un extrait, M. le Président : «Pourquoi le
Québec ne deviendrait-il pas l'un des pionniers de l'usage de ces technologies
pour faire du stockage de nos données
de santé un symbole de cette ère numérique qui fait des données une ressource,
et de la sécurité des renseignements
personnels, une condition de succès? Au sein de la grande famille des registres
distribués, dont fait partie la "blockchain" ou chaîne de
blocs, la protection des données des patients est garantie par quatre
caractéristiques fondamentales, à savoir la décentralisation,
l'immuabilité, la transparence et le pseudonymat.»
Avec
cet exemple qui a été soulevé et qui, également, a été soulevé en commission
parlementaire, de ce que j'en sais,
il est important de rappeler que, même si le projet est technologiquement
neutre, il existe des mesures qui permettront à la population de voir en le Québec un pionnier et de nous permettre de
véritablement avancer dans l'ère numérique avec confiance.
En
conclusion, M. le Président, même s'il convient de rappeler que le projet de
loi déposé ne garantira pas nécessairement aux Québécois un meilleur accès aux services de santé ni des soins de
meilleure qualité, il faut aller de l'avant. Malgré nos réserves quant au déploiement du nouveau système,
nous pensons que ce serait passer à côté de quelque chose, de ne pas voter en faveur de ce projet de loi, et c'est la
raison pour laquelle nous le faisons aujourd'hui, M. le Président. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Y
a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Alors, le projet de
loi n° 3, Loi sur les renseignements de santé et de
services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement,
pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, bien, bravo à notre collègue qui est ici pour
l'adoption du projet de loi, comme il l'a mentionné. Et donc, pour poursuivre
nos travaux, M. le Président, je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 13
Prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 10 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles sur le projet de loi n°
13, Loi concernant la ligne
d'interconnexion Hertel-New York.
Donc, l'intervention
sera celle de M. le ministre délégué à l'Économie. M. le ministre.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, M. le Président, pour cette prise
de parole. Ça me fait plaisir, en fait, de vous jaser un peu de ce projet de loi là qui me tient
particulièrement à coeur, parce que, bien, on a fait une nouveauté, M. le
Président, on a innové dans le droit
québécois. Pour ceux qui ne le savent pas, le projet de loi n° 13, c'est
un projet d'interconnexion entre le Québec vers l'État de New York.
Et
qu'est-ce que ça mange en hiver, ça? Bien, deux choses. La première, c'est que
ça permet au Québec d'exporter son
électricité. C'est un contrat de 25 ans, 30 milliards de
dollars, et ça nous permet aussi de signer une entente historique avec les communautés autochtones, notamment le
conseil de... Mohawk Council. Et je vous dirais, c'est innovateur parce
que, dans cette structure financière là, on vient avec une structure et un
montage qui font en sorte que les communautés autochtones
vont être copropriétaires avec nous de cette ligne de transmission là, qui va
être un vecteur d'enrichissement pour eux et aussi l'État du Québec.
Bonne nouvelle, M. le
Président, on parle souvent des lignes d'Hydro-Québec qu'on doit construire,
mais celui-là, il va être enfoui totalement. Donc, c'est une bonne nouvelle, on
ne va pas voir des gros fils qui vont dépaysager le Québec, surtout de la
ligne... dans la Montérégie jusqu'à New York.
Autre bonne nouvelle, c'est que c'est une ligne
qui est bidirectionnelle. Qui sait, M. le Président, dans 50 ans, dans 100 ans, bien, si jamais, nous, on a
besoin de recevoir de l'électricité de nos voisins, bien, ça nous permet
d'avoir cette capacité-là aussi. Donc, on se prépare aussi avec
l'avenir... pour l'avenir, plutôt.
• (18 heures) •
Autre bonne
nouvelle, M. le Président, bien, cette ligne d'interconnexion là, elle est à
95 % sur des terrains déjà publics.
Donc, on arrive avec une solution qui nous permet de suivre des tracés dans le
domaine public, donc on va déranger moins les Québécois pendant la
construction.
J'ai eu la
chance de présenter en étude détaillée sur ce projet de loi là... avec les
collègues de l'opposition, que je remercie
d'ailleurs. Les collègues ont été très collaborateurs avec moi. Ils ont... on a
eu des beaux échanges sur divers sujets et on a eu la chance de travailler ensemble pour voir qu'est-ce qu'on
pouvait faire. Puis je pense que les collègues, quand ils ont appris, quand ils ont compris vraiment ce
qu'on voulait faire, bien, ils étaient pas mal d'accord. Puis les suggestions
qu'ils ont faites étaient des suggestions
constructives et ils nous ont permis de mieux avancer et de mieux répondre aux
craintes que certaines personnes pouvaient avoir. Donc, ils ont fait preuve
d'une opposition constructive.
Je vais vous dire aussi, M. le Président, un
côté qui me touche particulièrement à coeur, c'est la réalité qu'avec cette entente-là on va enlever l'équivalent de
1 million de voitures sur les routes dans l'État de New York. Puis il y a
des gens qui vont nous dire :
Oui, mais, M. le ministre... Ils ne vont pas dire ça, ils vont dire mon prénom,
mais je n'ai pas le droit de le dire. Ils vont dire : M. le
ministre, ça n'a pas d'allure, parce que nous, on a un objectif de décarboner
notre économie, vous venez juste de vendre
cette capacité-là aux Américains, mais ça ne marchera pas, on ne s'aide pas.
Bien, nous, ce qu'on dit, dans le
gouvernement du Québec, M. le Président, c'est qu'on ne peut pas mettre en
opposition le rôle collectif qu'on a de décarboner l'économie de toutes
les juridictions. Et c'est faux de penser que, si on décarbone le Québec et on décarbone nos voisins, bien, ce n'est
pas un gain net pour la planète. En bout de ligne, la planète, elle s'en
fout pas mal, des frontières humaines.
Donc, l'avantage qu'on se permet de faire, c'est
que l'État de New York, qui, aujourd'hui, est alimenté par des hydrocarbures, bien, va pouvoir ne pas l'être dans
le cadre de ce projet-là. J'ai dit : C'était l'équivalent de
1 million de voitures. Ça, c'est
44 % des voitures qui se trouvent dans la ville de New York. Pensez à ça,
là, presque une voiture sur deux, dans la
ville de New York, qui va disparaître. Ça, c'est bon pour le trafic, mais, en
général, c'est aussi une bonne idée pour la planète. Donc, ça vous donne
une idée à quel point cette initiative-là, elle est gagnante.
J'ai parlé
tantôt aussi du fait que c'est une entente historique avec les communautés
autochtones. On a reçu, en commission
parlementaire, la cheffe Sky-Deer, puis elle est venue nous dire à quel point
c'est important pour elle d'avoir des
ententes comme ça avec le gouvernement du Québec. Et, ça, on ne peut pas le
dire assez, puis mon collègue le ministre des Affaires autochtones l'a dit aussi, on doit entamer ce processus de
réconciliation là. On doit entamer ce processus de négociation de nation à nation. Et c'est exactement
ce qu'il s'est passé dans cette entente-là. On vient, ici, créer un gagnant-gagnant
avec deux peuples qui ont besoin l'un de l'autre et on a pu s'enrichir
mutuellement dans un projet d'envergure, d'importance.
Donc, je ne
vois que des bonnes nouvelles avec ce projet-là. C'est vraiment une belle
opportunité pour le Québec. C'est
vraiment une belle opportunité pour les communautés autochtones, notamment le
Conseil mohawk de Kahnawake, mais
aussi c'est une superbe opportunité de décarboner l'économie respective de nos
voisins, et, je le rappelle, qui, actuellement, se carbure d'hydrocarbures.
Alors, c'est une bonne nouvelle.
Je suis très
content de l'écoute et la collaboration, encore une fois, que j'ai eue. Je
remercie encore une fois, en terminant, les collègues qui ont participé
à l'étude détaillée de ce projet de loi là. Et j'ai hâte de continuer pour voir...
finalement, adopter ce projet-là, parce qu'Hydro-Québec attend juste ça pour
démarrer les travaux, puis on a un court échéancier. Donc, j'ai très hâte de
voir ce projet-là aboutir. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
ministre délégué à l'Économie. La prochaine intervention sera celle de
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. La parole est à vous, Mme la députée.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
M. le Président. Alors, avant de partager mes remarques, je tiens tout d'abord
à saluer la présidence de la commission et le secrétariat de la
commission. Je veux aussi évidemment saluer le ministre délégué à l'Économie et les équipes qui ont accompagné le
ministre. Je veux aussi saluer les députés de la banque ministérielle. Enfin,
j'aimerais saluer les collègues du deuxième groupe d'opposition qui ont
participé à cet exercice important.
Je parle
maintenant en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'environnement et de changements climatiques,
mais aussi au nom de mon collègue le porte-parole de l'opposition officielle en
matière de ressources naturelles et
énergie. Et j'ai participé, conjointement avec mes collègues, la députée de Mille-Îles,
aussi notre leader parlementaire adjoint
de l'opposition officielle, ainsi que porte-parole de l'opposition officielle
responsable de la région de Laval, et de l'opposition... porte-parole en
matière d'affaires municipales et d'habitation, aussi mon collègue le député de
l'Acadie, porte-parole de l'opposition
officielle en matière de justice, en matière de transport et de mobilité
durable et aussi responsable pour les relations avec les Premières
Nations et les Inuits...
Alors, j'ai
été très heureuse, M. le Président, de pouvoir participer à la Commission de
l'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles... qui se sont penchés sur le projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York. Et je tiens aussi à remercier les groupes et les organismes
qui ont participé aux consultations particulières, c'est-à-dire Hydro-Québec, la nation mohawk et surtout... la
nation mohawk de Kahnawake, représentée par la grande cheffe Sky-Deer,
et aussi la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Alors, j'ai beaucoup apprécié leurs remarques,
leurs commentaires et leurs recommandations sur le projet de loi n° 13 déposé par le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, soit le 22 février dernier.
Et je ne vous cacherai pas qu'on a
l'intention de voter en faveur de la prise en considération du rapport de la
commission. Par contre, j'aimerais prendre le temps de détailler notre
position et nos préoccupations face au projet de loi... et du projet.
Donc, on sait
très bien que le projet cherche à mettre en place les conditions de réalisation
de la ligne d'interconnexion Hertel-New
York. Et pour apprendre les éléments clés du projet, en septembre 2021,
Hydro-Québec a été sélectionnée par l'agence
de développement énergétique de New York, c'est-à-dire le NYSERDA, pour
conclure un contrat comprenant la livraison de 10,4 térawatts
d'énergie à la ville de New York.
Selon Hydro-Québec, ce contrat devrait engendrer
des revenus totalisant environ 30 milliards de dollars pour
Hydro-Québec, sur une période de 25 ans, M. le Président. Le projet a
été... est estimé à 1,15 milliard de dollars, soit 500 millions pour la construction de la ligne et 650 millions
pour les travaux au poste Hertel. Une fois la ligne mise en service, la ligne québécoise fera l'objet d'un
partenariat très innovateur, sans précédent, entre Hydro-Québec et le Conseil
des Mohawks de Kahnawake, qui bénéficiera des retombées économiques pendant
40 ans, M. le Président.
Alors, je souligne ce point, parce que c'est
vraiment une entente, un partenariat sans précédent qui, vraiment, souligne l'acceptabilité sociale de ce projet. Et
c'est une des grandes raisons pour lesquelles on appuie ce projet et ce projet
de loi, effectivement.
Alors, les
travaux devraient se dérouler très bientôt, dès le printemps 2023 jusqu'à
l'automne 2025, pour une mise en service prévue au printemps 2026,
M. le Président.
Alors, le projet
de loi permet à Hydro-Québec de céder la propriété de ses installations de
transport d'électricité en faveur
d'une personne morale ou d'une société constituée, c'est à voir, par
Hydro-Québec et par le Conseil mohawk de Kahnawake. Quant à cette personne
morale ou cette société, le projet de loi détermine son objet et lui octroie
les mêmes pouvoirs que détient Hydro-Québec
dans l'exercice de ses... des activités de transport d'électricité. Encore une
fois, je souligne, c'est vraiment une entente historique, M. le
Président.
De plus, le
projet de loi prévoit une procédure d'expropriation allégée, applicable aux
acquisitions effectuées par Hydro-Québec et nécessaires à la
construction de ces installations.
Donc, nous
avons beaucoup discuté de cette approche, et ma collègue la députée de
Mille-Îles, lors de son intervention, va en discuter de façon plus détaillée.
Alors, nous nous sommes penchés sur plusieurs questions, M. le Président, on
s'est posé des questions sur le plan
économique, le plan énergétique, le plan environnemental et le plan social. Ce
sont bel et bien les piliers du développement durable.
Et nous avons justement ici, au Salon bleu,
adopté récemment la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028. Et on croit que, s'il serait
important... qu'il a été important d'analyser ce projet de loi selon cette
approche de développement durable. C'est une approche équilibrée mais
aussi intégrée.
• (18 h 10) •
Alors,
commençons par le pilier social, parce qu'encore une fois je souligne le fait
que c'est surtout l'acceptabilité sociale,
avec la participation du Conseil mohawk et même la nation mohawk, représentée
par la grande cheffe Sky-Deer, qui a fait en sorte qu'on appuie ce
projet de loi et ce projet.
Alors, par leur insistance de garder leur...
Pardon. Alors, c'est vraiment cette entente-là, historique. En effet, le p.l. n° 13, le projet de loi,
vise à permettre la conclusion d'un partenariat historique entre Hydro-Québec
et le conseil, comme j'ai déjà dit, et il deviendrait copropriétaire de
la ligne d'interconnexion Hertel-New York, et soit la portion... je devrais dire soit la portion québécoise de la ligne. Et je
cite Hydro-Québec : «Le partage de la propriété d'un actif de transport
avec une Première Nation est une approche novatrice incarnant la volonté
d'Hydro-Québec de poursuivre le développement énergétique
du Québec en collaboration avec les peuples autochtones. Ce projet de loi
marque [...] un jalon important dans l'évolution
de nos relations.» Alors, je souligne
parce que ça vaut la peine de souligner cet élément du rapport d'Hydro-Québec.
Et dans le
mémoire qui a été soumis par le Conseil mohawk de Kahnawake à la commission, et
lors de la présentation de la grande
cheffe Sky-Deer... Je vais citer leur rapport. Leur soumission, ça a été...
leur mémoire, ça a été soumis en anglais, mais je traduis en français ce
mémoire de la nation mohawk. Alors, je cite : «Nous souhaitons dissiper
tout doute quant au rôle important de
Kahnawake, le rôle que Kahnawake a joué dans la réalisation de ce projet. La
vice-mairesse de New York m'a confirmé,
ainsi qu'à la délégation d'Hydro-Québec, lors d'une visite à New York,
que, sans le soutien du conseil mohawk, Hydro-Québec n'aurait pas été choisie pour approvisionner New York
en électricité.» Alors, c'est important de souligner ce point.
Et je continue de citer : «Cela démontre
que les partenariats comme celui conclu entre Hydro-Québec et les Mohawks de Kahnawake peuvent être essentiels pour
prendre en compte de manière significative les communautés et les intérêts autochtones. L'établissement d'accords
qui tiennent compte à la fois des intérêts des autochtones et de ceux des
entreprises. Nous espérons que ce partenariat avec Hydro-Québec est un tremplin
pour continuer à progresser dans ses relations avec Kahnawake et avec d'autres
communautés autochtones.»
Effectivement,
cette entente, comme je l'ai déjà dit, est sans précédent. C'est un vrai geste,
M. le Président, non seulement de la réconciliation, mais ce que j'appelle la
réconciliaction, c'est-à-dire la réconciliation dans nos gestes. C'est vraiment une première, au Québec, qui pourra
servir d'exemple ailleurs au Québec, au Canada et même dans le monde.
C'est une première, vraiment. Maintenant, il
faut réussir à bâtir sur cette entente et de s'assurer que la communauté aura
vraiment des retombées réelles tant
au niveau économique que social. Alors, il faudrait s'assurer que le rôle
environnemental est réalisé.
Dans le mémoire de la nation mohawk,
ils ont souligné six éléments clés, six éléments clés, et je cite, et je
traduis en français : «Le
Conseil mohawk de Kahnawake — premièrement — sera représenté au conseil d'administration de la
société propriétaire de la ligne Hertel
proportionnellement à sa participation minoritaire dans le projet.»
Deuxièmement : «Le conseil a
déjà participé à une étude sur l'utilisation des terres qui détaille la manière
dont nous exploitons nos droits traditionnels
sur des terres concernées.» Troisième point : «Le conseil mohawk
participera aux évaluations environnementales.»
Je
vais revenir sur ce point-là, M. le Président, c'est primordial. À la suite du
dépôt du rapport BAPE, des consultations ciblées qui ont été complétées
par le BAPE... Alors, on va y revenir, mais je souligne que l'approche des
autochtones, qui a été soulignée par la
grande cheffe Sky-Deer, c'est une approche de sept générations, M. le
Président, c'est-à-dire que, lorsqu'ils
regardent des initiatives, des projets, ils regardent sept ans de l'avance...
sept années à l'avance pour voir quel est
l'impact dans les... sur les générations futures. Et ça rejoint vraiment le
développement durable, parce que, vraiment, le développement durable, effectivement, c'est de s'assurer qu'on puisse
combler nos besoins, présentement, sans pour autant compromettre les
besoins des prochaines... la capacité des futures générations, de combler leurs
propres besoins. Donc, essentiellement, cette approche de sept générations,
c'est vraiment l'approche du développement durable.
Alors,
ça nous rassure beaucoup, M. le Président, que le conseil mohawk, qui adopte
cette approche de sept générations de
développement durable, sera... va participer activement aux évaluations
environnementales, compte tenu surtout que le rapport du BAPE, c'est suite à un
mandat du ministère de l'Environnement qui a ciblé, ça n'a pas été une
consultation générale ou générique,
ça a été une consultation ciblée. Il y a peut-être d'autres enjeux
environnementaux. Alors, alors il y a d'autres points, mais je commence
avec ces trois. Je prends le temps de souligner ces trois points-là.
Aussi, en termes
d'acceptabilité sociale, il y a aussi la question d'expropriation. Et, comme
j'avais dit, le projet de loi délègue les
pouvoirs d'expropriation du gouvernement à Hydro-Québec afin d'accélérer ce
processus. Il prévoit aussi de retirer le droit de contestation de
l'exproprié.
Nous avons étudié,
donc, le projet de loi de manière attentive pour nous assurer que les droits
des personnes expropriées soient respectés.
Et ce sera ma collègue la députée de Mille-Îles et aussi porte-parole en
matière d'habitation et
municipalités, qui a beaucoup d'expérience dans ce domaine, qui va revenir dans
ses remarques. Alors là, on a regardé le volet social.
Au
niveau du volet environnemental, ce que je voudrais souligner, M. le Président,
c'est que c'est... c'est qu'on a reçu le rapport du BAPE à la... vraiment à la
dernière minute, alors, à la dernière minute de l'étude détaillée, c'est-à-dire
que le gouvernement a décidé de procéder
avec l'adoption et l'étude détaillée, sans donner la chance à la commission de
vraiment avoir toutes les bonnes
informations. Le rapport du BAPE a été déposé sur le bureau du ministre le
1er mars. Les règles nous disent qu'on a jusque... le gouvernement
a jusqu'au 15, je pense que c'est 15 jours, donc c'était le 16 mars.
On a reçu ce document vraiment à la dernière minute, c'est-à-dire à
16 h 30 ou 16 h, du 16 mars, et ça ne nous a pas vraiment permis de rentrer en détail pendant
l'étude détaillée de ce rapport important. Donc, finalement, on l'a reçu, le
rapport du BAPE, et je vais y revenir lorsque je parle de l'économie et de
l'énergie.
Mais
je voudrais souligner quelques points. Alors, Hydro-Québec positionne le
contrat comme étant, et je cite, «une pierre
angulaire de la lutte contre les changements climatiques dans le nord-est de
l'Amérique du Nord, puisqu'il permettra d'éviter l'émission de 3,9 millions de tonnes de GES chaque année,
soit l'équivalent du retrait de 44 % [...] des rues de la ville de
New York.
«[De plus] le tracé
de la ligne sera situé à 95 % dans les emprises [des] routes nationales et
régionales, ce qui minimisera les impacts sur l'environnement et [aussi] sur
les propriétés privées.» Alors, ça, je cite Hydro-Québec.
On comprend très bien
ce que le ministre est venu nous dire, c'est-à-dire que les changements
climatiques ne connaissent pas de frontière.
Réduire les GES partout dans le monde est une bonne chose. On comprend aussi
que la ville de New York est actuellement alimentée en électricité
produite à 90 % à partir de combustibles fossiles.
Alors, soyons clairs
que la réduction des GES qui se fait à New York, c'est une bonne chose, mais il
faut être clairs que ça compte dans leurs
calculs et non, non dans nos calculs, au Québec, pour atteindre la
carboneutralité d'ici 2050. Alors,
soyons clairs que, pour l'environnement et les changements climatiques, c'est
une bonne chose, mais ça ne nous aide pas
ici, nous, au Québec, d'atteindre nos propres objectifs. Donc, c'est quelque
chose qu'il faudrait souligner, que je prends le temps de souligner.
• (18 h 20) •
De plus, il n'est pas
clair que cette réduction de GES est nette ou brute. Et on n'a pas... on n'a
toujours pas de réponse à cette question que
j'ai posée lors de l'adoption et de l'étude détaillée. Par exemple, M. le
Président, la construction sur les milieux naturels peut avoir des
impacts sur les services écologiques et les solutions nature qui sont
essentielles à contrer les changements
climatiques, par exemple, des forêts qui servent de puits de carbone. Alors,
quel est l'impact net sur les GES? C'est vraiment ça, la question, et on
n'a toujours pas de réponse.
Alors,
revenons au BAPE. Le gouvernement, comme je le dis, a insisté d'attendre à la
dernière minute de présenter le rapport, et effectivement la P.D.G. du BAPE,
elle a... elle s'est désistée. Le BAPE était censé participer aux consultations
particulières, et on a reçu une lettre du BAPE
indiquant que la P.D.G. allait... désister. Alors, il a fallu porter une motion,
lors de l'étude détaillée, d'ailleurs, lors de l'adoption, qui a été rejetée
par le gouvernement, mais ça a été une motion préliminaire pour entendre le
BAPE, parce que c'est important, l'entendre, surtout parce qu'on n'avait pas le
rapport.
Mais
ce qu'il est important de souligner dans le rapport du BAPE... Et je vais le
citer parce que, M. le Président, c'est quelque chose d'assez extraordinaire.
C'est extraordinaire que le BAPE sorte de son mandat, qui a été... qui lui a
été donné par le gouvernement. Le
BAPE a pris le temps, dans son rapport, de sortir du mandat pour souligner
l'enjeu relatif à la transition énergétique, qui ne faisait pas partie, M. le
Président, de leur mandat. Alors, je prends le temps de citer le
BAPE : «...face à l'urgence climatique et à l'imminence du besoin
d'augmenter l'approvisionnement énergétique du Québec, la transition énergétique devrait être fondée sur une
planification qui concilie ses besoins en approvisionnement et ses
projets d'exportation d'électricité. Et comme cette transition implique
d'importants changements sociétaux qui engagent plus que la seule responsabilité
gouvernementale, cette planification gagnerait à favoriser une participation
active et inclusive de la société civile. Cela permettrait un débat à
partir duquel les grandes orientations stratégiques seraient déterminées tout en obtenant un éclairage sur les
divers enjeux de développement durable qu'une telle planification soulève.»
Alors,
voilà, M. le Président, le point essentiel. C'est-à-dire que le projet en tant
que tel, ça pourrait être une bonne chose,
et, comme on dit, acceptabilité sociale, des retombées économiques, entente
avec la nation mohawk, tout, tout est beau.
Mais il n'est pas clair parce que, faute d'une stratégie globale sur notre
futur... notre avenir énergétique, on ne peut pas savoir si on va pouvoir combler nos besoins énergétiques au Québec
en même temps que faire l'exportation. Ce n'est pas clair, parce qu'il
n'y a pas de vision globale, il n'y a pas de plan global.
Alors,
je reviens sur... Alors, on ne peut pas, par exemple, répondre aux questions
suivantes. Malgré les avantages économiques, au niveau énergétique,
est-ce que c'est vraiment la meilleure chose... projet pour le Québec? On ne
sait pas, faute de stratégie et de plans
global... globaux, je devrais dire. Est-ce qu'il s'agit de la meilleure
utilisation que nous pouvons faire de notre électricité, alors
qu'Hydro-Québec prévoit elle-même manquer d'électricité dans les prochaines années, dans la planification d'atteindre nos
objectifs de carboneutralité d'ici 2050? Et on le sait, M. le Président, depuis
2016, on le sait depuis 2016, qu'il va y avoir des manques d'énergie.
Et,
dans le plan stratégique d'Hydro-Québec 2022-2026, on souligne davantage.
Alors... Et ça, je réfère au plan stratégique déposé, justement, par
Sophie Brochu, qui détaille les besoins futurs et rappelle que nous... que ce
qui nous permettra d'augmenter le plus
rapidement notre capacité de production d'électricité, c'est par la
modernisation des barrages actuels et le développement de l'industrie
éolienne, M. le Président. Les deux autres éléments que nous utilisons sont la
politique énergétique déposée en 2016, que j'ai déjà montrée, en 2016, et qui
est encore la politique du gouvernement actuel, qui prévoit que le Québec
devait augmenter de 25 % sa production d'énergie d'ici 2030. On est rendus
en 2023, M. le Président. Donc, d'ici sept ans, il faudrait
augmenter la production de 25 %. Pourtant, dès son arrivée en poste, le
premier ministre et son gouvernement ont arrêté tout développement de
production électrique. Alors, ça souligne vraiment un manque de vision.
Finalement,
les derniers éléments dont nous nous servons sont ceux qui sont contenus dans
le projet ÉCO, qu'on connaît bien. Et je souligne que, récemment, hier,
effectivement, le gouvernement fédéral a annoncé des sommes de 18 milliards de dollars pour le
développement de cette filière. Alors, c'est possible d'en faire plus à ce
niveau-là. Ce n'est pas... ce n'est
pas un rêve, c'est très concret. Le gouvernement fédéral investit. En Europe,
il y a beaucoup d'investissements. Alors, à date, on a manqué notre
coup, et j'espère que ce n'est pas trop tard.
Donc,
on sait qu'Hydro-Québec cherche un autre 100 térawatts, d'ici 2050, pour
combler les besoins énergétiques du Québec. Au moment que le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie invite les citoyens à la sobriété énergétique, dans la presse, on... bien, on a vu
qu'on a manqué notre coup sur le projet Volkswagen, qui est allé à l'Ontario,
le ministre qui nous dit : C'est parce qu'il manquait d'électricité,
Hydro-Québec qui contredit, alors... ce qui n'est pas clair.
C'est quoi, la
vision? C'est quoi, la stratégie? Où est le plan, donc, dans tout ça? Même si
le projet, là, est bien, en tant que tel, il
y a ce manque global, et c'est ça qui est très préoccupant, M. le Président. Et
le BAPE le souligne dans son rapport,
qui est vraiment allé hors mandat, justement, pour souligner ce point-là.
Alors, c'est vraiment des préoccupations qui... Ça vaut la peine de regarder le tout. Et j'espère... C'est pour
ça, M. le Président, que, nous, notre formation, et même notre chef, qui a
rencontré le premier ministre au tout début de cette année, en janvier 2023,
qui a proposé une commission sur notre avenir génétique, ça rejoint,
justement, les recommandations du BAPE.
Alors,
afin de donner vie à ce nécessaire dialogue national, nous avons proposé la
mise sur place d'une commission parlementaire itinérante de l'Assemblée
nationale, et les paramètres de cette commission seront à déterminer, mais
quatre points devraient être mis de l'avant dès le départ. On inviterait le
gouvernement à regarder ça de façon sérieuse, M. le Président, parce que c'est
un sujet très sérieux, notre avenir énergétique.
Premièrement, la commission devrait viser toutes
les régions du Québec. Deuxièmement, elle devrait être coprésidée par des
députés issus du parti ministériel, bien évidemment, et de l'opposition
officielle. Troisièmement, elle devrait rendre son rapport d'ici la fin
de cette année, 2023. Quatrièmement, les nations autochtones doivent être
consultées et parties prenantes du processus.
Et on peut se baser, justement, sur cette entente novatrice avec... entre
Hydro-Québec et la nation mohawk de Kahnawake.
Des
avantages de cette proposition, M. le Président. Une commission itinérante de
l'Assemblée nationale comporte les
avantages suivants. Elle donne de l'envergure à l'enjeu, à l'instar d'autres
commissions du genre, par exemple mourir dans la dignité, l'exploitation sexuelle des mineurs. Elle permet
d'aller visiter l'ensemble des régions du Québec et donc de donner une
voix aux régions...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, il est
18 h 30. Je dois vous demander, à
cette étape-ci, si vous avez complété votre intervention ou si vous souhaitez
reprendre votre intervention à la reprise de ce débat.
Mme McGraw :
...j'ai encore quelques minutes. Donc, si je pourrais reprendre demain ou à
la prochaine...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Eh bien, ce sera fait, Mme la députée.
Ajournement
Et là, évidemment,
compte tenu de l'heure, les travaux sont ajournés à demain, jeudi 30 mars
2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à
18 h 30)