(Quinze
heures cinq minutes)
La Présidente :
Bonjour à vous tous. Alors, Mmes
et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir, je vous prie.
Mmes
et MM. les députés, nous allons accueillir le lieutenant-gouverneur. Je vous
prie de bien vouloir demeurer à vos places jusqu'à son arrivée.
Des voix :
...
La Présidente : Mmes et MM. les députés, vous êtes priés de vous lever pour accueillir
le lieutenant-gouverneur.
Mme
Michel (Véronique) : Mmes et MM. les députés, Son Honneur le
lieutenant-gouverneur du Québec.
Allocution d'ouverture
Le Lieutenant-gouverneur
Le Lieutenant-gouverneur :
Vous pouvez vous asseoir. Merci.
Mme la Présidente de
l'Assemblée nationale, M. le premier ministre, M. le chef intérimaire de la
première opposition, M. le chef de la
deuxième opposition, Mmes et MM. les ministres, Mmes et MM. les députés,
distingués invités, je désire, en
premier lieu, féliciter tous les 125 députés élus lors de l'élection du
3 octobre dernier. Les citoyennes et les citoyens du Québec ont fait leur choix, à cette occasion, de vous
accorder leur confiance. Il s'agit là d'un grand honneur qui vous est
conféré.
Plusieurs
nouvelles et nouveaux élus siégeront également au sein de cette Assemblée. Je
leur souhaite la bienvenue et beaucoup de succès dans leurs nouvelles
fonctions.
Je
salue et félicite M. le premier ministre, François Legault, pour sa réélection
à titre de premier ministre du Québec. Soyez
assuré, M. le premier ministre, qu'il me fera toujours... que vous pourrez
toujours compter sur ma participation et mon entière collaboration dans
l'accomplissement de l'important mandat que vous assumez dorénavant.
J'offre pareillement
mes hommages et mes félicitations aux représentants des groupes d'opposition.
La chance nous est
donnée à nous, citoyennes et citoyens du Québec, de pouvoir élire et choisir
librement nos représentantes et
représentants appelés à siéger au sein de l'Assemblée nationale, en vue
d'oeuvrer au mieux-être de notre société, et ce, dans le cadre d'une
société libre et démocratique.
La
démocratie est un bien précieux, mais combien fragile. Nous vivons une période
des plus troublées au niveau international
alors que l'incertitude politique côtoie l'incertitude économique, que les
tensions sociales sont exacerbées par le
radicalisme et l'adhésion citoyenne s'effrite devant les diversités d'intérêts,
d'idées, de croyances, et que la déraison devient justification à des
conflits armés.
Mais
aujourd'hui, comme le souligne l'historien français Michel Winock, «la question
majeure qui se pose à la démocratie,
c'est de maîtriser le danger intérieur de fragmentation, de décomposition,
d'explosion. Comment peut-on gouverner cette pluralité?»
Voilà un défi majeur,
un défi fondamental pour notre avenir. Or, vous, élus du peuple, vous êtes
justement ces représentantes et ces
représentants conviés à légiférer en vue de continuer à bâtir un Québec
démocratique, inclusif, ouvert à
toutes et à tous, sans discrimination de quelque nature que ce soit, déférent à
l'égard de l'autre, soucieux de préserver les valeurs fondamentales qui
sont nôtres comme socle de notre société et préoccupés à maîtriser ces dangers.
Aussi, le mandat qui
vous est confié comporte-t-il d'énormes responsabilités et de nombreux défis.
• (15 h 10) •
Je
suis toutefois persuadé que vous saurez y répondre et que vous saurez relever
ces défis avec grandeur et dignité, tout
en vous montrant respectueux des vues et opinions contraires qui se
confrontent, à coup sûr, et qui se confronteront.
N'oubliez
jamais, toutefois, que la population est attentive au débat et que vous devez
toujours être ces exemples de civilité. Les électeurs sont certes plus
sensibles au débat serein qu'à l'acrimonie des échanges houleux.
Toute société libre
et démocratique ne peut exister sans la présence de vues et d'idées différentes
et opposées. Elle ne peut être non plus sans considérer le rôle important
dévolu à l'opposition.
Nous
devons voir en elle non seulement le reflet d'une société pluraliste et
ouverte, mais nous devons aussi comprendre
sa capacité de savoir et pouvoir faire progresser et avancer des idées qui
puissent également répondre à des besoins de la population québécoise.
La
confrontation des idées est la base sur laquelle s'appuie toute démocratie, sur
laquelle s'appuie également notre démocratie.
Aussi,
la volonté des Québécoises et des Québécois de se doter d'une opposition
multiple constitue-t-elle une occasion d'enrichir les nombreux débats à
venir dans cette Assemblée.
Ces débats exigent
cependant le respect de l'opinion contraire, la courtoisie dans le
questionnement.
Nous
devons tous, qui que nous soyons, quelles que soient nos allégeances
politiques, respecter ces femmes et ces hommes qui, conscients de leurs
devoirs sociaux, consacrent une partie de leur vie au service public.
Aussi, si
leurs politiques peuvent être opposées et leurs approches différentes, il n'en
demeure pas moins que le but de leur engagement vise l'intérêt supérieur
de la nation.
En
effet, sans leur concours, sans leurs idées énoncées lors des débats
parlementaires et de leurs interrogations soulevées
en commission parlementaire, les germes profonds d'une société moderne
désireuse de justice et de progrès ne sauraient s'épanouir.
Les
électrices et électeurs du Québec ont indiqué, à l'occasion des dernières
élections, leur volonté de reporter au pouvoir le parti qui formait
depuis 2018 le gouvernement.
Cette
réélection s'est déroulée après que le Québec, tout comme le reste du monde,
ait dû, au cours des deux dernières années,
faire face à une crise qu'aucun pays n'avait anticipée, celle d'une pandémie
qui a entraîné dans son sillage nombre d'effets négatifs à tous les
niveaux de la société, tout en causant des divisions non négligeables au sein
de la population.
Légiférer
et gouverner n'est pas une mince affaire. Et tant cette Assemblée que le
gouvernement devront à nouveau effectuer des choix politiques qui
s'entrechoquent, s'entrecroisent ou s'opposent.
Il
lui faudra affronter un monde en profonde mutation alors que de nombreuses
inquiétudes pointent toujours à l'horizon :
santé, déficit de main-d'oeuvre, inflation, inégalités sociales, changements
climatiques, pression démographique, cybersécurité, et combien d'autres
questions.
Toutefois,
l'inaction, la crainte et la peur ne doivent jamais supplanter l'espoir et la
confiance en l'avenir. Le Québec possède de nombreux atouts et dispose
de nombreux moyens pour se tourner avec optimisme vers le futur. Nous devons
toujours garder en mémoire que les avantages qui sont nôtres doivent
protéger... profiter à sa population.
Le
gouvernement a l'immense responsabilité d'oeuvrer à la recherche du bien commun
en vue de bâtir une société juste, où le mieux-être collectif sera la
pierre angulaire de ses décisions.
Le gouvernement est
pleinement conscient des défis futurs qui confrontent le Québec et ses
concitoyens.
Le
premier ministre énoncera dans les prochaines minutes les moyens que son
gouvernement entend prendre au cours de son mandat pour répondre à ces
défis et précisera à cette fin les priorités du gouvernement.
Votre
dévouement et vos efforts, Mmes et MM. les députés, méritent mon appréciation
la plus sincère et le respect de tous les citoyens.
Vous exercez une
grande et noble fonction. Soyez-en fiers. Soyez à la hauteur des attentes que
les électrices et électeurs ont placées en
vous. Veillez constamment à vous assurer que la voix de tous les citoyens et
citoyennes du Québec puisse être entendue.
En
terminant, je désire à nouveau vous souhaiter tout le succès désiré dans les
fonctions que vous assumerez durant cette
législature. Beaucoup de travail s'annonce, mais j'ai la sincère conviction que
vous saurez y faire face avec grandeur et dévouement.
Le peuple a placé sa
confiance en vous, j'ai la conviction que vous saurez y répondre.
Bonne
session et bon travail au cours de cette 43e législature. Merci et bon
succès à vous toutes et à vous tous. Merci.
La
Présidente : Mesdames et messieurs, je vous invite à demeurer en
place.
Mmes et MM. les
députés, vous êtes maintenant priés de vous asseoir.
Affaires du jour
Affaires prioritaires
Discours d'ouverture
Et j'invite
maintenant le premier ministre à prononcer le discours d'ouverture de cette
première session de la 43e législature. M. le premier ministre, la parole
est à vous.
M. François Legault
M. Legault : Merci. Mme la Présidente, MM. les chefs des
oppositions, Mmes, MM. les députés, Mmes, MM. les invités — je
vois qu'il y en a beaucoup — et
puis chers Québécois qui nous écoutent.
Mes
premiers mots vont être pour vous, Mme la Présidente. Encore une fois, je veux
vous féliciter. Je suis convaincu que vous allez être bienveillante à
l'égard de tous les députés ici, des deux côtés de la Chambre.
• (15 h 20) •
Je
veux aussi profiter de l'occasion pour féliciter les 124 députés qui ont
été élus. C'est un grand privilège, mais c'est aussi une grande responsabilité. C'est vrai que les attentes sont
élevées à l'égard du gouvernement, mais il y a aussi des attentes à
l'égard des oppositions. Donc, on a tous ensemble des grandes responsabilités.
Et,
avant de parler des priorités, je voudrais commencer par qu'on se donne une
perspective sur d'où on vient, l'histoire de notre nation.
Il
y a 414 ans, Champlain fondait l'établissement de Québec avec une
trentaine de personnes, à l'époque. Quand on regarde le chemin qui a été parcouru, on va tous convenir que c'était
un destin qui était improbable. Il a fallu beaucoup de volonté à
Champlain puis à ceux qui l'accompagnaient pour persister, pour réussir.
Et,
de génération en génération, d'un siècle à l'autre, nos prédécesseurs ont
affronté des situations qui étaient très dures. On en a vécu une, qui
était dure, dans les deux dernières années et demie, mais il aurait pu... À
plusieurs époques, ça aurait pu interrompre
le destin de notre nation. Mais ils ont réussi à tenir, et aujourd'hui on se
retrouve 8,5 millions de Québécois qui forment une nation qui est
développée, qui est rayonnante, qui est pacifique.
Et
maintenant, quand je dis qu'on a une grande responsabilité, bien, c'est notre
devoir de continuer, c'est à notre tour de continuer l'histoire de cette
belle nation francophone en Amérique.
Continuer, ça veut dire être capable, justement,
quand il y a des moments difficiles, de se serrer les coudes. On l'a fait pendant la pandémie. Je l'ai répété, puis
j'ai été tellement impressionné par les Québécois, on a été un des endroits au
monde où on a suivi le plus les consignes
qui étaient données. Pourquoi? Parce qu'on est tissés serré. Et ça s'explique,
entre autres, par notre cohésion nationale, puis je vais y revenir.
Continuer, ça
veut dire aussi obtenir des résultats concrets pour les Québécois. Dans toute
ma carrière, j'ai toujours insisté sur les résultats. S'il y avait un
mot sur lequel je voudrais qu'on insiste puis qu'on se rappelle aujourd'hui,
c'est «résultats». Donc, on doit tous, tous,
là, les oppositions, les syndicats, toute la société civile, on doit tous
travailler ensemble à obtenir des
résultats concrets en se mettant en mode solution. Et, comme le disait le grand
Churchill, le succès n'est pas final, l'échec
n'est pas fatal, ce qui compte, c'est le courage de continuer. Donc, j'oserais
dire continuons, mais peut-être qu'il y en a qui pourraient faire un
lien avec autre chose.
Notre
destination, elle est claire. Notre destination est claire. Ce qu'on veut,
c'est un Québec qui est plus prospère, plus
vert et plus fier. Et je veux assurer tous les Québécois que je vais peser de
tout mon poids pour qu'on réussisse. Je veux un Québec qui gagne. Et, en matière de prospérité, ce que ça veut
dire, puis il y en a qui vont penser que c'est une obsession, mais, pour
moi, ça reste une grande priorité, il faut réduire, éliminer notre écart de
richesse avec nos voisins. Il n'y a pas de raison qu'on soit moins riches que
nos voisins.
Et c'est
crucial qu'on fasse ce rattrapage économique pour plusieurs raisons. D'abord,
pour se donner des moyens. Ensuite,
pour se donner une certaine autonomie. Ensuite, pour se donner une certaine
fierté, puis aussi en pensant à nos jeunes. Moi, il y a une chose qui me tient
à coeur, c'est que je souhaiterais que nos jeunes, tous nos jeunes, soient
capables d'avoir une belle carrière
ici, au Québec, d'élever leurs familles ici, au Québec. Donc, on a tous une
responsabilité de leur donner un contexte où c'est possible d'aller au
bout de son potentiel ici, au Québec.
En matière d'environnement, puis en particulier
de lutte aux changements climatiques, c'est le grand défi des prochaines années, bien, il faut d'abord regarder
où on est. Actuellement, le Québec émet 50 % moins de GES par habitant
que le reste de l'Amérique du Nord. Donc, on
est déjà un leader. Puis je veux qu'on aille plus loin, plus vite pour réduire
nos GES, mais je veux aussi qu'on coordonne
ça avec l'élimination de notre écart de richesse, en devenant un leader de
l'économie verte. Donc, c'est un chantier
qui est gigantesque, un chantier qui m'emballe. Je me considère chanceux d'être
ici pour relever ce défi-là et je suis convaincu qu'on est capables de le
réussir ensemble.
En matière
d'identité, l'objectif, c'est carrément d'arrêter le déclin du français au
Québec puis, en particulier à Montréal,
d'inverser la tendance, parce que la langue française, c'est la base de notre
identité comme nation, et ça doit être un devoir impératif. Pensons-y, là. Qu'est-ce
qu'il resterait de nous si on perdait ce lien fondamental qui nous unit avec
les générations précédentes puis les prochaines qui s'en viennent? Donc, on a
tous ensemble une immense responsabilité devant nous, devant l'histoire :
tous ensemble, on doit arrêter le déclin du français au Québec et renverser la
tendance.
En plus de ces grands enjeux, bien, il faut
continuer de travailler, puis je sais que les journalistes l'ont beaucoup
entendu, nos cinq priorités, l'éducation, l'économie, l'environnement, la santé
puis notre identité.
Mais, avant
d'aborder ces priorités, je veux d'abord parler des relations du Québec avec
les Premières Nations et les Inuits. Je vois certains représentants qui
sont ici. Ces relations, on les entretient depuis la fondation de notre nation.
On a besoin les uns des autres. C'était le
cas à l'arrivée de Champlain, puis on doit s'inspirer de ce qui a été fait par
nos prédécesseurs. On a déjà avancé, dans le premier mandat, puis on
doit continuer. Moi, ce que j'aime, c'est les résultats concrets. Donc, on a réalisé des projets en habitation, en éducation, en
culture, en économie. Et on a conclu cinq ententes avec des communautés autochtones, puis il faut en
conclure beaucoup plus. Il faut avancer sur le chemin de la vérité et de
la réconciliation.
Pour le
gouvernement, la priorité des priorités, ça reste l'éducation, d'abord parce
qu'on veut que nos jeunes... que chacun
de nos jeunes soit capable d'aller au bout de son potentiel, et aussi parce que
l'éducation, c'est le plus grand levier d'épanouissement personnel et
collectif.
Puis, avant
d'aller à l'école — je
regarde la ministre de la Famille — bien,
oui, il y a un réseau de services de garde qu'on a au Québec. On doit être fiers de ce réseau, mais on doit
poursuivre le grand chantier de donner une place à chaque enfant, de convertir aussi les garderies non
subventionnées en garderies subventionnées pour que chaque parent, au Québec,
qui souhaite une place subventionnée pour son enfant soit capable de l'avoir.
Donc, on a un devoir de ce côté-là.
Là, je ne sais pas encore au juste où sont tous
les ministres, là, il y a eu des changements. Je veux parler aussi d'Agir tôt, avec notre ministre responsable
des Services sociaux. Vous savez, tous ceux qui ont été parents se sont posé
cette question-là, et vos chefs vont se la
poser. Et il y a un livre qui m'a marqué pour toute ma vie, qui s'appelait Tout
se joue avant 6 ans. Vous savez, tous les
services qu'on peut donner à un enfant avant six ans sont plus efficaces que
les services, les mêmes services qu'on
donnerait après six ans. Ça peut être stressant, mais ce que ça veut dire,
c'est qu'il faut agir tôt. Il faut
détecter le plus tôt possible les enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage puis commencer à donner des services le plus rapidement
possible.
Puis je suis
content de voir que notre ministre y a travaillé pour être capable de donner
des services plus tôt. C'est pour ça
aussi qu'on va continuer de développer les maternelles quatre ans. Ce
n'est pas une compétition entre les services de garde, mais il y a certains services qu'on peut offrir dans les
maternelles quatre ans, entre autres pour les enfants qui ont des
difficultés d'apprentissage.
Mais, en éducation — là je regarde notre
ministre de l'Éducation — notre
principal défi, c'est de trouver assez d'enseignants.
On a besoin d'en former plus, il nous en manque. Et puis, évidemment, on ne
peut pas régler ça du jour au lendemain. Ça prend quatre ans de
formation à l'université pour devenir enseignant. Donc, on a du travail à
faire. Il va falloir être créatifs pour y
arriver rapidement. C'est la même chose avec des professionnels, que ce soient
orthophonistes, orthopédagogues,
c'est la même chose avec nos éducatrices en service de garde, avec tous nos
directeurs, directrices d'école, le personnel de soutien. Donc, on doit
travailler d'abord à aller chercher ces personnes formées pour nos enfants.
L'autre
grand chantier, toujours en éducation, c'est de rénover nos écoles. On a
commencé, on a doublé le budget dans
le dernier mandat, mais il reste encore énormément de travail à faire. Il faut
rénover nos écoles, il faut construire, avec notre nouveau modèle, de
belles écoles. Il faut revoir aussi nos cours d'école. Je sais qu'on a commencé
à le faire.
Et l'autre
chose qu'on doit faire — je
suis toujours en éducation — c'est
la formation professionnelle. Je pense, entre autres, à la construction. On s'est donné comme objectif
d'augmenter de 30 000 le nombre de diplômés en formation professionnelle qui étaient prévus pour être
diplômés durant le prochain mandat. Donc, M. le ministre de l'Éducation, vous
avez un grand chantier aussi de ce côté-là.
Pour ce qui
est de l'enseignement supérieur, là aussi on a des emplois stratégiques à
combler. Commençons par les emplois dans le secteur public. J'ai parlé des
enseignants. Évidemment, on parle des infirmières, des éducatrices en service de garde mais aussi, dans le secteur
privé, des emplois stratégiques, entre autres en technologies de l'information,
en génie. Donc, il faut inciter plus de
jeunes à s'inscrire. On a déjà mis des bourses : 1 500 $ par
session au cégep, 2 500 $ par session à l'université. Donc,
message aux jeunes : Profitez-en, allez-y, on a besoin de vous.
• (15 h 30) •
L'autre chose
qu'on doit faire, puis je vais en reparler tantôt, c'est d'attirer plus
d'étudiants étrangers dans nos cégeps et
nos universités francophones. C'est important de le faire. C'est
gagnant-gagnant. Donc, il faut en faire plus de ce côté-là.
Évidemment, on
doit aussi continuer de protéger nos professeurs, nos chercheurs, nos
scientifiques contre l'intimidation, contre la censure. Le gouvernement
va continuer de protéger la liberté académique.
Et puis il y
a un chantier... Là, je recherche notre ministre des Sports. Écoutez, nos
jeunes ont fait beaucoup de sacrifices du côté des sports, pendant la
pandémie, je pense qu'on leur en doit une. Et on a pris l'engagement, durant la
campagne électorale, d'investir
1,5 milliard dans les infrastructures sportives, et je pense que nos
jeunes le méritent. Ça va profiter aussi aux moins jeunes. Et je pense
que ça va être un beau défi de le faire partout, donc d'avoir soit des
rénovations soit des nouvelles arénas, piscines, terrains de soccer, pistes
d'athlétisme. Ce qu'on veut, c'est des jeunes heureux et en forme.
Bon, après
l'éducation, il y a l'économie. Évidemment qu'il y a beaucoup de choses dans
l'économie. D'abord, faire face à
l'inflation, aider les Québécois en remettant de l'argent dans leurs
portefeuilles. On l'a fait beaucoup dans le premier mandat, notre ministre des Finances a été très,
très généreux dans le dernier mandat, il va falloir qu'il le reste dans le
prochain, tout en équilibrant le plus vite possible le budget, avant qu'il me
le dise, d'ailleurs. Et je pense que, oui, des finances publiques en
ordre, c'est le meilleur moyen pour relever les défis qui nous attendent.
Donc, à court
terme, le ministre des Finances va aider les Québécois avec l'inflation qui est
élevée, avec les taux d'intérêt qui
sont élevés. On a pris des engagements avec ce qu'on a appelé le bouclier
anti-inflation. On va respecter notre parole.
Donc, au cours des prochaines semaines, les Québécois vont recevoir entre 400 $
et 600 $. Les personnes aînées, 70 ans
et plus avec un faible revenu, vont maintenant avoir un crédit d'impôt de
2 000 $. On va plafonner la hausse des tarifs gouvernementaux des
particuliers à 3 %, puis les prestations qui sont versées par le
gouvernement vont être indexées. Et,
dès l'année prochaine — ça,
c'est le budget du printemps 2023 — on
a promis de baisser les impôts, on va baisser les impôts des Québécois.
Donc, on va continuer de remettre de l'argent dans le portefeuille des
Québécois.
Bon, un des
plus grands défis, j'en parlais tantôt, c'est d'éliminer notre écart de
richesse. Je sais qu'on est rendus cinq
comptables agréés dans le Conseil des ministres, là, puis qu'on me dit de ne
pas sortir trop de chiffres, mais je ne vais pas me priver d'en nommer quelques-uns. On a un écart de richesse... ou
on avait un écart de richesse, quand on est arrivés, en 2018, de
16 % avec l'Ontario, de 20 % avec le reste du Canada puis de
60 % avec les États-Unis. On ne pourra pas continuer de supporter ça puis d'offrir des services, en éducation, en
santé, compétitifs avec ce que font nos voisins si on n'élimine pas cet
écart de richesse.
Or, une de mes
plus grandes fiertés, c'est qu'on est passés... quand on regarde notre écart de
richesse avec l'Ontario, qui est une
province qui ressemble plus au Québec, là, parce qu'on va convenir qu'il y a
certaines provinces de l'Ouest qui produisent
du pétrole, c'est difficile à comparer, donc, on avait un écart, en 2018, de
16,4 %, on est rendus à 12,8 % avec l'Ontario. Ça a l'air de rien, mais on a gagné 3,6 points en quatre
ans. C'est vraiment un pas dans la bonne direction. Maintenant, il faut accélérer. Ce n'est pas une
fin en soi, créer de la richesse, mais c'est nécessaire pour se donner des
moyens, pour être plus autonomes, pour être plus fiers.
Comment on
fait ça? On est en train d'agir déjà sur plusieurs fronts. Je m'attends, dans
les prochains jours, à avoir beaucoup
de questions sur la pénurie de main-d'oeuvre. On n'est pas différents des
autres États et pays en Occident. Tout le monde vit une pénurie de
main-d'oeuvre. Donc, l'éducation, la formation, la requalification, ça devient
une clé.
Et là il faut séparer en deux les emplois. Il y
a les emplois dans les secteurs essentiels. Je parlais tantôt des enseignants, des infirmières, des éducatrices en
service de garde. Ça, c'est essentiel. Donc, on a commencé à augmenter les
salaires, les primes, les bonis pour ceux qui vont étudier. Ça, c'est
essentiel.
Pour ce qui
est du secteur privé, bien, il faut être capables de tous comprendre qu'il va y
avoir un chambardement important dans
le marché du travail dans les prochaines années. Les Québécois, puis c'est une
bonne nouvelle pour eux autres, vont aller vers les industries où il y a des
emplois mieux payés. C'est normal, c'est bon pour eux autres, mais ça va
poser un défi de transition, d'ajustement. Puis on va accompagner les Québécois
là-dedans, entre autres, du côté de la requalification, qui est notre ministre
de l'Emploi. «Requalification», ça va devenir un mot très important au Québec.
Un des
secteurs importants, c'est la construction. Je vois la présidente de la CCQ qui
est là. C'est un domaine qui est en pleine effervescence. Le monde a
changé, en construction. Il ne manque pas d'emplois, il manque des employés. Donc, j'invite les partenaires du monde de la
construction, incluant les syndicats, à avoir une nouvelle approche. On doit
moderniser le secteur de la construction.
Bon, l'autre
chose qu'on doit faire, c'est de convaincre des personnes de 65 ans et
plus soit de revenir au travail ou de
rester au travail. Donc, on a déjà des mesures. Notre ministre des Finances a
déjà mis des mesures, puis là il va rendre les cotisations au RRQ facultatives. Donc, je pense que ça va être une
autre façon d'attirer les personnes de 65 ans et plus.
Évidemment,
on va se parler d'immigration. Je vois le leader, là, qui attendait ça
impatiemment. D'abord, c'est important de se
dire que l'immigration, ce n'est pas une solution miracle. Ça fait partie du
coffre à outils, mais on a, puis je
le disais tantôt, aussi, le défi de concilier ça avec la survie, la protection,
l'expansion du français au Québec. Et il va y avoir plusieurs
façons, puis je vais y revenir tantôt pour parler spécifiquement d'immigration,
mais, entre autres, je pense qu'une approche
qu'il faut regarder, c'est d'avoir plus d'étudiants étrangers qui viennent
étudier dans nos cégeps et nos universités, qui viennent obtenir un
diplôme ici en français, c'est gagnant-gagnant.
• (15 h 40) •
Mais,
toujours pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, le plus important,
c'est d'augmenter la productivité des entreprises. Notre ministre de l'Économie,
avec Investissement Québec, y a travaillé très fort depuis quatre ans, et il y a des bonnes nouvelles de ce côté-là. Depuis
trois ans, la croissance de la productivité, au Québec, a été trois fois plus
importante que dans le reste du Canada. Donc,
ça veut dire que nos entreprises québécoises s'automatisent, se numérisent,
adoptent des nouvelles technologies, et donc
en font plus avec le même nombre d'employés. On va continuer d'aider les
entreprises.
L'autre secteur qui
est important, évidemment, au Québec, c'est l'aérospatiale. Ça fait partie...
C'est une partie importante de nos
exportations internationales. C'est une partie importante de la recherche et
développement, au Québec. Donc, c'est une industrie qui est stratégique,
où on crée beaucoup de richesse.
De
façon générale, aussi, ce qu'on veut, c'est de créer plus de zones
d'innovation. On a commencé à Bromont, à Sherbrooke. Je sais qu'il y a
une trentaine de demandes sur la table. Donc, il va falloir que notre ministre
de l'Économie travaille très fort, plus fort encore. Et ce qu'on cherche à
faire, c'est de mettre ensemble la recherche appliquée de nos universités puis
de nos cégeps avec des entreprises. Il faut être capable de créer des
générateurs de richesse.
Puis,
actuellement, malheureusement — je
vois une personne qui connaît bien ça, qui est avec nous — on
est très bons en recherche quand on se compare en pourcentage du PIB
avec ailleurs dans le monde, mais on n'est pas bons quand on regarde le nombre de brevets pour la population qu'on a. Donc,
il va falloir faire plus de recherche appliquée, entre autres, dans des nouvelles zones d'innovation.
Puis, je le disais tantôt aussi, la ministre de l'Enseignement supérieur va
avoir un grand défi d'attirer plus de gens à
étudier en génie puis en technologies de l'information. C'est stratégique pour
le succès, pour l'avenir du Québec.
Ce
qu'on souhaite aussi, puis j'en parlais un peu plus tôt, c'est de développer
l'économie verte. On a déjà commencé. On a des entreprises qui
fabriquent des autobus électriques, des camions électriques. On est en train,
en Mauricie puis dans le Centre-du-Québec, de développer tout ce qu'on appelle la filière batterie, hein, des
minéraux jusqu'au recyclage, à la fin. Donc, ça, là, c'est porteur pour
l'avenir du Québec.
On
travaille aussi, que ce soit au Saguenay, sur la Côte-Nord, à Sorel, sur
l'aluminium vert, sur l'acier vert, qui vont entrer dans la production
de plein de produits. Puis ça va être de plus en plus en demande dans le monde.
Puis les entreprises vont être prêtes à
payer plus pour avoir une composante qui est verte dans leurs produits. Il y
aura évidemment aussi l'hydrogène
vert, qui va être important pour convertir certaines de nos industries. On va
commencer par le faire chez nous
avant d'exporter. Mais on a actuellement une opportunité extraordinaire de
concilier la lutte aux changements climatiques et la création de
richesse. Il faut saisir cette opportunité emballante.
L'autre
front qu'on a ouvert, durant le premier mandat, c'est l'achat local puis la
production locale. J'étais content de
voir, là... Même le Vendredi fou, là, beaucoup de gens ont utilisé Le Panier
bleu. Le Panier bleu, au début, c'était juste une vitrine. Là, c'est maintenant
transactionnel. La prochaine étape, c'est qu'on fasse de la livraison de
produits, parce que, oui, comme tous
les États dans le monde, on est inquiets de la présence de grandes entreprises
comme Amazon, qui livrent des
produits, qui sont souvent américains, chez les consommateurs de partout dans
le monde. Donc, il y a une priorité à mettre sur l'achat local.
Évidemment,
la première chose qu'il faut faire, oui, ma présidente, là, du Conseil du
trésor, c'est d'être un modèle. Donc,
la présidente du Conseil du trésor va travailler à ce qu'on ait plus d'achats
du gouvernement, des sociétés d'État qui se fassent auprès de nos entreprises. C'est un péché, quand il y a un
produit québécois compétitif de qualité, d'aller acheter ça ailleurs. Donc, il faut donner l'exemple, mais il
faut aussi, éventuellement, que nos entreprises puis les Québécois et les
Québécoises s'habituent, aient le réflexe d'acheter québécois. Donc, c'est
important.
C'est important aussi
dans le bioalimentaire.
Quel côté? Elle est
rendue là.
Depuis
quatre ans, les investissements dans le bioalimentaire ont augmenté de
65 %, pas 6,5 %, de 65 % par année, puis on va continuer. On va continuer à supporter
nos agriculteurs, parce que l'agriculture, c'est important dans beaucoup
de régions au Québec. On a besoin d'avoir
une agriculture qui est durable. On a besoin d'aider la relève agricole. On a
besoin d'innover. Je pense, entre autres, à
toutes les vaches qui sont en liberté actuellement. C'est beaucoup
d'innovation.
Le
gouvernement a aussi à coeur le développement de toutes les régions dans tous
les secteurs. Je pense, entre autres, à trois secteurs qui sont
importants, où on a pris des engagements pendant la campagne électorale.
Revitaliser
nos petites municipalités, nos villages. On le sait, au Québec, il y a
1 100 municipalités, dont des petits villages, qui, parfois, quand ils perdent leur dépanneur, leur
station-service, bien, ils sont sur le bord de fermer. Donc, on a une
responsabilité d'aider ces petites municipalités ou ces petits villages.
L'autre
chose qu'on a à faire aussi dans toutes les régions, c'est le patrimoine
religieux, hein? J'ai fait cette annonce-là avec le député dans Portneuf, là.
C'est important. Ça fait partie de notre histoire, ça fait partie de notre
patrimoine. Il faut en faire plus pour protéger notre patrimoine religieux.
L'autre
chose aussi qu'on a commencé à faire avec la présidente du Conseil du trésor,
c'est de déplacer des emplois de
Québec ou de Montréal vers les régions. On avait promis, en 2018, d'en faire
5 000 sur 10 ans. On en a fait 2 000 sur quatre ans,
donc, ce qui fait qu'on est sur la cible. Mme la Présidente du Conseil du
trésor, il faut continuer. Continuons.
Maintenant, le Québec regorge de ressources
naturelles. Je pense, entre autres, à la forêt. Bon.
Des voix : ...
M.
Legault : La forêt, c'est un secteur économique qui est
important, au Québec. On doit fabriquer plus de produits avec du bois. C'est
bon pour notre économie puis c'est bon aussi pour réduire les GES, donc on va
continuer de ce côté-là.
Il y a aussi les minéraux stratégiques. Vous
l'avez peut-être vu, mais des pays comme les États-Unis, comme l'Allemagne, qui étaient très dépendants de la
Chine, s'intéressent de plus en plus aux minéraux stratégiques. Évidemment,
il faut les transformer chez nous. Donc, on
travaille là-dessus. C'est important, entre autres, pour tout le secteur
numérique, pour l'électrification. C'est très important.
L'autre secteur, c'est le tourisme.
Une voix : ...
• (15 h 50) •
M.
Legault : Elle est absente. Elle est en mission pour aller chercher des
touristes, pour les amener. Mais je sais qu'il y a quelques députés, là, qui sont très intéressés puis ils sont
rendus adjoints de la ministre du Tourisme. Quel potentiel! Quel potentiel on a! Dans mon ancienne vie, quand
j'étais chez Air Transat, j'ai beaucoup voyagé. On n'a rien à envier aux
plus belles places dans le monde. Puis, dans
les 50 dernières années, le Québec n'est pas allé chercher sa part de
l'augmentation du tourisme. Puis
autant on peut se poser des questions sur le tourisme d'affaires, hein, avec le
télétravail, autant, bien, pour les
vacances, c'est dur de remplacer ça par le télétravail. Puis on a des régions
qui sont tellement belles, entre autres, le long du Saint-Laurent.
Les relations internationales. J'ai eu la chance
de faire une mission, il y a quelques jours, en Tunisie, avec notre ministre des Relations internationales. Encore là,
il y a tellement de potentiel. Oui, il y a du potentiel, en économie, pour
augmenter nos exportations, mais, on l'a vu au Sommet de la Francophonie, il y
a tellement à faire pour, d'abord, que les
300 millions de personnes qui parlent français dans le monde se
rapprochent, qu'on développe des produits culturels en français, entre
autres pour les jeunes. Je vais y revenir, mais il y a beaucoup à faire de ce
côté-là.
Ce qu'on a de
besoin aussi, je suis toujours en économie, c'est un État efficace. Un État
efficace, ça veut dire quoi? Ça veut
dire, d'abord, une fonction publique compétente et dévouée. Puis je vois notre
grand patron des fonctionnaires qui est
avec nous. J'ai pu, depuis deux ans et demi, voir les fonctionnaires travailler
sans relâche sept jours sur sept, être en mode solution. C'est trop facile de casser du sucre sur le dos des
fonctionnaires. Moi, je veux en profiter pour dire à tous ceux qui
travaillent pour le gouvernement du Québec, pour les ministères, pour les
sociétés d'État, un énorme merci.
Bon, l'autre
chose dont on parle, quand on parle d'efficacité de l'État, c'est la
bureaucratie, la lourdeur, la lenteur. Il y a du travail encore à faire
de ce côté-là un petit peu, un petit peu. Je donne un exemple. Où est notre
ministre de l'Habitation? Juste là. Il y a
des milliards qui sont disponibles pour construire des logements sociaux et
abordables, puis on n'arrive pas à
les construire. Bien, il va falloir trouver le moyen d'aller plus vite. Puis
c'est vrai dans tous les ministères. J'ai
demandé à tous les ministres dans tous les ministères comment revoir les
processus pour aller plus vite. C'est la même chose dans les sociétés d'État.
Il faut être plus rapides, plus agiles, plus souples. Puis c'est vrai aussi
pour le monde politique. Quand il y a
une crise, souvent, le réflexe, c'est d'ajouter des contrôles, des règles, plus
de personnel. C'est une réponse un peu facile. Donc, faisons attention
de ne pas toujours nous-mêmes être responsables de l'ajout de plus de lourdeur.
L'autre
aspect qui est important pour l'efficacité de l'État, c'est la transformation
numérique. Bon, d'abord, il faut se
protéger contre les cyberattaques, il faut protéger les données des citoyens.
Le nouveau ministère de la Cybersécurité et du Numérique doit nous aider à rendre notre État plus efficace. Puis
c'est possible. On l'a vu au ministère de la Santé avec la vaccination,
c'est possible. Donc, on est capables de faire des choses de façon efficace.
Puis il faut continuer cette transformation numérique.
Parlant du
numérique, une de mes grandes fiertés des quatre dernières années :
l'Internet haute vitesse. Tous ceux qui
veulent l'avoir peuvent l'avoir. Il y en a qui ont préféré, à cause de
Starlink, attendre d'avoir la fibre, là, mais c'est une belle réussite. Mais il ne faut pas arrêter là. Il
faut continuer, Gilles. Je n'ai pas le droit de dire ça ici. Bromont, Oxford,
en tout cas, peu importe, là...
Une voix : ...
M.
Legault : Orford. Oxford, c'est l'autre bord, ça, oui. Le
cellulaire, le cellulaire. Puis là on a un projet aussi qu'on a appelé
ID Québec, comme dans infrastructures de données. Il faut être à l'avant-garde.
Ça va être une clé, ça va être stratégique
dans les prochaines années pour être capables d'offrir à nos entreprises, aux
Québécois des infrastructures de pointe.
Ça va être une façon de créer de la richesse. Ça va être aussi une façon de
réduire les GES. Je pense, par exemple, à l'automatisation de la
production, les bâtiments intelligents, la gestion du trafic, les véhicules
intelligents qui s'en viennent. Donc, on a besoin d'être en avant de la parade.
Ça m'amène à
vous parler de l'autre grand enjeu dont je vous parlais tantôt, un Québec plus
vert. Je pense qu'on a réussi en
partie, ce n'est jamais fini, depuis quatre ans, à allier la prospérité puis la
fierté. Pendant 50 ans, au Québec, c'était souvent mis en
opposition, la prospérité puis la fierté. Là, notre défi, actuellement, c'est
de concilier la prospérité puis l'environnement. Donc, c'est un gros défi.
Et je pense
que c'est important de concilier les deux pour que tous les Québécois embarquent
dans ce grand projet de transition
énergétique, pour être capables d'atteindre, puis on l'espère, d'être parmi les
premiers, la carboneutralité en 2050.
Mais il faut qu'on réalise, tout le monde, à quel point on a un chantier qui
est écologique, économique, technologique, social, politique, et c'est gigantesque. Ça va nous demander beaucoup de
persévérance, beaucoup de détermination, beaucoup d'inventivité, mais
c'est un projet tellement emballant, il faut embarquer.
Bon,
pour réussir cette transition énergétique, ça va prendre beaucoup
d'électricité. On l'a dit, on a calculé, ça va prendre l'équivalent de 100 TWh d'électricité d'ici 2050 pour
électrifier toute l'économie du Québec, 100 TWh de plus que le 200 TWh qu'on a déjà chez
Hydro-Québec. Ça veut dire que le défi qu'on a, au cours des prochaines,
années, c'est de bâtir un
demi-Hydro-Québec. Vous voyez la durée, ce que ça a pris pour construire
Hydro-Québec, puis là il faut en faire 50 % dans un délai qui est
très restreint.
Et n'oublions
pas une chose : en 2041, notre contrat pour Churchill Falls se termine. Je
ne voudrais pas être dans une
position de faiblesse pour négocier. Puis ça va se négocier maintenant. Donc,
c'est important, si on veut être capables d'avoir un plan à long terme pour les Québécois, pour les entreprises,
il va falloir savoir où est-ce qu'on s'en va après 2041. Donc, très,
très, très important.
Comment on va
aller chercher ce 100 TWh? Bon, premièrement, efficacité et sobriété
énergétiques, il y a beaucoup à faire
encore de ce côté-là. Deuxièmement, l'éolien. L'éolien, pendant un certain
temps, c'était coûteux. Là, c'est rendu très compétitif. Donc, on va continuer d'accélérer les projets en
éolien. Il y a des projets aussi sur lesquels on travaille en bioénergie. On travaille aussi et on va travailler
à moderniser nos centrales électriques. Et, oui, il faut envisager sérieusement
la construction de nouveaux barrages.
• (16 heures) •
Partout dans le monde, les États se demandent
comment ils vont remplacer le pétrole, le gaz puis le charbon. Il y a deux solutions qui se présentent : le
solaire, qui coûte très cher encore pour l'instant, et l'éolien. Le problème
avec le solaire puis l'éolien, c'est
que c'est intermittent. Donc, ce n'est pas suffisant pour combler nos besoins. Il
y a beaucoup d'États dans le monde,
je pense entre autres à la France, je pense entre autres à l'Ontario, qui se
rabattent sur le nucléaire. Ce n'est
pas un choix qu'on souhaite faire. Il y a un enjeu important de déchets, de
disposition des déchets nucléaires. Donc, on va avoir des décisions
importantes à prendre dans le prochain mandat, parce que, construire un
barrage, là, entre le moment où on
l'annonce, qu'on négocie, entre
autres, avec les communautés autochtones, qu'on prépare le projet
puis qu'on le réalise, on peut calculer à peu près 15 ans.
Donc, on a
besoin, dans le prochain mandat, d'avoir un vrai débat de société sur comment
on va chercher ce 100 TWh. Et on
doit réaliser plus que jamais que notre électricité, au Québec, est précieuse.
Elle a maintenant une grande valeur, la demande est plus forte que
l'offre. Et on a donc un exercice important à faire pour choisir, choisir en
fonction de nos deux grands objectifs :
créer de la richesse puis éliminer les GES. Ça va être un débat important des
prochaines années pour réussir la transition énergétique.
Je veux maintenant qu'on prenne quelques minutes
pour se parler de la situation, concernant les GES, parce que c'est important
que les Québécois comprennent bien la perspective.
Au Québec, on émet moins de neuf tonnes de CO2
par habitant, au Québec, neuf tonnes, moins de neuf tonnes. Aux États-Unis, en
moyenne, c'est 18 tonnes de CO2 par habitant, le double. Au
Canada, si on exclut le Québec, c'est 20 tonnes
de CO2 par habitant, donc plus du double. Donc, quand
j'entends certains nous dire ou nous présenter comme des derniers de
classe, bien, c'est important d'abord de se dire, là, on est les premiers de
classe en Amérique du Nord, en Amérique du Nord.
Donc, il faut
se le dire et, il faut aussi comprendre, sans minimiser le problème, parce que
j'ai beaucoup d'ambition. On veut, le
neuf, le ramener à zéro, parmi les premiers au monde. Mais il ne faut pas être
dogmatiques. Il ne faut pas être dogmatiques,
parce que, quand on dit : Réduire de 37,5 %, ou de 45 %, ou de
55 %, on part déjà à la moitié du reste de l'Amérique du Nord. Donc, il faut en tenir compte. Il faut être
ambitieux, mais sans être dogmatiques. Il faut quand même que tout le
monde comprenne, là, que, nos entreprises, on leur impose des règles qui sont
plus dures que les entreprises compétitrices,
qu'elles ont, dans le reste de l'Amérique du Nord. Il faut juste garder ça en
tête. Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas d'ambition. On veut rester les
meilleurs. Donc, ça, c'est très clair.
Et, quand on
dit qu'on est les meilleurs, c'est sans compter ce qu'on fait pour nos voisins.
Rappelez-vous, en 2018, ici, il y en
a qui se moquaient de nous quand on disait qu'on voulait négocier un contrat
avec l'État de New York : Bien, voyons, vous ne réussirez jamais. Bien, on a signé un contrat avec New
York. Ça devait être annoncé aujourd'hui. Malheureusement, pour toutes sortes de raisons, la ministre n'a pas pu y
aller. Là, on me dit que la gouverneure va venir nous voir, la gouverneure de New York. Mais, écoutez, là, ce n'est pas
rien. En plus, d'être à 50 % des GES du reste de l'Amérique du Nord, le
contrat qu'on a avec New York, ça va enlever l'équivalent de 1 million
d'autos sur les routes puis c'est payant pour le Québec. Donc, il faut
tenir compte de ça.
L'autre chose
qu'il faut se dire, c'est que le Québec est le seul État, avec la Californie,
qui est dans un marché du carbone. En pratique, ce que ça veut dire,
c'est qu'au cours des dernières années les entreprises québécoises ont donné 1 milliard de dollars à des entreprises
de la Californie, parce que ça coûtait moins cher là-bas, réduire les GES,
qu'ici. Parce qu'il ne faut pas
l'oublier, là, on est tous sur la même planète, là. Il n'y a pas un mur entre
le Québec puis les États-Unis. Si on
aide New York, c'est bon pour la planète. Si on aide la Californie, c'est bon
pour la planète. Donc, on a non seulement le meilleur bilan, au Québec,
mais en plus on aide nos voisins, puis on veut aller plus loin.
Le grand défi
qu'on a, c'est le transport, c'est le transport, et entre autres le transport
collectif. Puis là on travaille sur beaucoup de projets. Le REM va être
en fonction dans le premier mandat. Le projet de tramway, à Québec, avance. La ligne bleue, à Montréal, enfin avance, après
avoir été arrêtée... j'allais dire «stâlée», mais ce n'est pas très beau. Ça
avance. Ça fait 30 ans que les
anciens gouvernements en parlaient, là ça avance. Le SRB Pie-IX, c'est en
fonction. Le REM de l'Est, on y travaille pour l'amener jusque dans Lanaudière.
Le REM de la Rive-Sud, est-ouest, on y travaille. Il y a des projets à Laval. Je voyais le maire de Laval, là, on a
discuté de beaux projets ensemble. Puis j'étais content de voir le débat
évoluer sur le tunnel Québec-Lévis.
Il me semble, je sens un certain consensus, au moins pour les deux voies sur
quatre pour le transport en commun.
Je sens un consensus. On avance, on avance. C'est important qu'on soit capables
d'avoir du transport collectif,
centre-ville de Lévis à centre-ville de Québec et de centre-ville de Québec à
centre-ville de Lévis. On va finir par convaincre ceux
qui étaient plus difficiles à convaincre. Et c'est sans parler de plein
d'autres projets qu'on a avec la ministre des Transports, oui.
Je vois
beaucoup de maires, aussi, qui sont ici. Content de voir, aussi, qu'il y a
beaucoup de jeunes maires, hein, pour
qui c'est important, l'environnement. Donc, on va travailler ensemble. On a
commencé, entre autres, à travailler sur une politique d'aménagement du territoire. C'est important. C'est
important qu'on le fasse de façon différente d'une région à l'autre, mais ça va être important, ça a des
effets sur le transport, sur la protection des espaces verts, sur les terres
agricoles, sur l'architecture, sur les paysages. Donc, on va continuer
de travailler ça avec les municipalités.
On va
continuer aussi de travailler sur les déplacements entre les régions, c'est
important. Malheureusement, dans les
10, 20 dernières années, au lieu de voir une augmentation du transport
interurbain, on a vu une diminution. Bon, on a commencé, entre autres,
avec le transport aérien régional. On va continuer de le développer, c'est bon,
c'est bon pour l'environnement puis c'est bon pour l'économie.
Mais, quand
on parle d'environnement, ce n'est pas juste les GES puis la lutte aux
changements climatiques — où
est-ce qu'elle est, notre députée
d'Argenteuil? — il
y a, entre autres, quatre sujets qui sont très importants : l'eau, les
aires protégées, l'accès à la nature
puis la consigne. On a pris des engagements pendant la campagne électorale.
Donc, on va avoir un fonds bleu pour nos rivières, nos lacs puis notre
majestueux Saint-Laurent. On a respecté les engagements internationaux avec 17 % d'aires protégées, mais on veut aller plus
loin. On veut aller plus loin, entre autres, dans le sud du Québec.
On veut
aussi, avec les municipalités, là... on s'est engagés sur un budget important
pour l'accès à la nature, donc plus
d'installations d'accueil, d'aménagements de sentiers, faciliter l'accès à la
baignade. Il y en a qui veulent modifier ou changer certains terrains de golf pour en faire d'autre chose, avec des
plages, des berges. On a dit, aussi, qu'on va ajouter trois parcs nationaux, on va en agrandir cinq, là.
Les Québécois, je pense qu'il y en a beaucoup qui ont découvert la SEPAQ,
puis là, bien, il faut être capables de suivre avec l'offre.
Puis, concernant la consigne, bien, oui, nous,
on n'a pas reculé. Il y avait eu beaucoup de monde qui ont reculé avant sur la consigne, que ce soit SAQ, que ce soient
les contenants de carton. Donc, notre objectif reste le même : d'ici à
la fin du mandat, 70 % de récupération.
Donc,
l'environnement, c'est une priorité pour notre gouvernement, et je suis
convaincu qu'on peut à la fois augmenter, améliorer notre prospérité
puis être capables de respecter l'environnement. C'est un objectif important
pour tout notre gouvernement.
• (16 h 10) •
Parlons maintenant
de santé. Je ne sais pas s'il y en a beaucoup qui voudraient être dans la
chaise de notre ministre de la Santé,
là, mais, bon, on a une équipe solide, un plan solide. On a déjà avancé sur
plusieurs fronts. On s'est donné un plan
sur cinq ans. On a commencé à augmenter certains salaires, certaines primes,
mis en place un guichet d'accès à la première
ligne, un tableau de bord. Et évidemment l'objectif qui est le plus attendu,
c'est que tous les Québécois aient accès à un médecin de famille, ou un ou une professionnelle de la santé. Ça va
être important, pour dégager notre réseau, qu'on ait une première ligne
qui est forte.
Évidemment,
le principal défi, ça reste le personnel. Donc, ce qu'on veut, c'est une
approche décentralisée, flexible. On
veut aussi créer Agence Santé Québec, où on va mettre les opérations à part. Et
on veut une gestion de proximité, donc on
veut rapprocher les décisions du terrain. Ça veut dire, entre autres, la
fabrication des horaires de travail, pour être capables d'éliminer le
travail supplémentaire obligatoire... le temps supplémentaire obligatoire.
Une des
choses qui est importante, évidemment, aussi, c'est l'élargissement des
pratiques professionnelles, être capables
de déléguer plus aux infirmières, aux physiothérapeutes, aux pharmaciens, aux
paramédics. Et là je veux lancer un message à tous les responsables des
ordres professionnels : On a besoin de résultats. On a besoin, de façon
pressante, d'élargir les responsabilités de
chacun des groupes de professionnels. Il faut que tout le monde se montre
ouvert, tout le monde se mette en mode solution. On a besoin de
résultats avec vous autres, les ordres professionnels.
Évidemment, on a besoin aussi de plus de
personnel, donc plus de médecins, plus d'infirmières. On va admettre 660 étudiants de plus en médecine, on
travaille à ajouter des infirmières, on a l'Opération main-d'oeuvre, on a mis
des incitatifs. Si c'est nécessaire d'en mettre plus, on va en mettre
plus.
Mais une
chose qu'on veut faire aussi, puis je sais que c'est un sujet qui intéresse
beaucoup le député de Saint-Jérôme : mettre en place deux mini-hôpitaux privés. C'est important, ça va être
un modèle. Je vois le chef de Québec solidaire qui est en train de tout
s'arracher les cheveux, hein? Il ne faut pas être dogmatique. D'abord, c'est
important de le dire, le privé, le privé, on parle d'un privé où les
Québécois paient avec leur carte d'assurance maladie, donc c'est gratuit pour
les Québécois, mais c'est un mode de fonctionnement où ces hôpitaux-là vont
être ouverts 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ils vont être traités de la même façon que les hôpitaux
publics, mais ça va nous montrer un nouveau modèle pour être plus efficaces. Et on l'a vu pendant la
pandémie, on a été capables de faire beaucoup de chirurgies au privé. Je ne
connais pas beaucoup de Québécois,
peut-être à part le chef de Québec solidaire, qui n'ont pas été contents des
services qui ont été donnés dans ces cliniques.
L'autre chose
qu'il faut faire, c'est la télésanté. Ça nous a aidés à accélérer la pandémie.
S'il y a eu un bon côté, c'est vraiment la télésanté, être capables de
soigner à distance. Ça se fait de plus en plus. Donc, on utilise la
technologie. On est en train de développer
Votre Santé, qui est une application. On est en train de développer aussi le
dossier médical pour que, peu importe où vous avez été traité, vous avez
eu des tests, vous... ça va tout se retrouver sur le Dossier santé numérique. Évidemment, ça ne se fera pas du jour
au lendemain. On va le faire graduellement, correctement. Même chose avec l'hospitalisation à domicile. Il y a des
patients — puis
ça va être juste pour les patients qui le veulent — qui peuvent être traités à la maison puis qui aient un suivi avec le personnel, avec
des équipements, dans certains cas. Puis, encore là, on va y aller
graduellement.
Toujours en santé aussi, il y a le
défi des régions plus éloignées. Déjà, on avait un avion pour les régions très
éloignées. On s'est engagés, durant
la campagne électorale, à ajouter des
hélicoptères, donc, avec des héliports dans les grands hôpitaux. Donc,
ça va desservir un rayon de 75 à 250 kilomètres. Donc, ça va être bon pour
le Bas-Saint-Laurent, pour la Basse-Côte-Nord,
pour la Mauricie, pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, Lanaudière, Laurentides et l'Outaouais. Donc, ça va améliorer le
service. Ça va éviter aussi de monopoliser
pendant des heures et des heures des ambulances qui sont obligées d'amener les
patients loin de chez eux.
Bon,
l'autre grand dossier — notre
ministre déléguée, là, je sais que c'est un dossier pour lequel elle s'est
engagée : les soins à domicile.
Il faut faire une vraie révolution. On a beaucoup investi dans les soins puis
dans les services à domicile, mais il y a encore trop de personnes qui
nous disent : C'est compliqué, avoir accès, puis à quel endroit on
appelle? Et tout le monde est d'accord pour dire que c'est idéal pour une personne
de rester le plus longtemps possible à la maison. Par contre, il faut arrêter de mettre ça en opposition avec les maisons
des aînés puis les CHSLD, parce qu'arrive un moment, malheureusement, où
il y a des personnes qui perdent leur autonomie puis qui ont besoin d'aller en
maison des aînés et en CHSLD. Puis là on a
du travail à faire pour améliorer l'offre. On a commencé à construire les
maisons des aînés, mais il faut faire les deux, les soins à domicile et
les maisons des aînés. Il faut tout repenser, là. On a donné un mandat à la Commissaire à la santé, qui doit nous livrer un
rapport préliminaire dans les prochains mois. Donc, on va regarder les
meilleures pratiques partout dans le monde. Mais on veut améliorer nos
services et nos soins à domicile.
L'autre
grand défi, c'est la santé mentale. Évidemment, comme à peu près partout dans
le monde, les problèmes se sont
additionnés, ont augmenté pendant la pandémie. Les gens, là, de se retrouver
tout seuls... des personnes qui se sont retrouvées toutes seules ont développé des problèmes. Les listes
d'attente, on a réussi à les maintenir, mais, dans le fond, le nombre de
personnes traitées a augmenté. Donc, on a vraiment le défi de former, là aussi,
des ressources.
On
a besoin aussi de faire la même chose à la DPJ. La DPJ, il y a des listes
d'attente qui sont trop longues. On va continuer
d'ajouter du personnel, continuer aussi d'appliquer les recommandations du
rapport de Régine Laurent. Donc, il y a du travail à faire de ce
côté-là.
Mais
il y a un grand défi de financement, en santé, un grand, grand défi de
financement, et on a besoin de l'aide du
gouvernement fédéral. Ça n'a pas de bon sens que les dépenses de santé partout,
dans toutes les provinces, augmentent à
un rythme de 5 %, 6 % par année à cause des impacts du vieillissement
de la population, que ce soit la seule dépense, tous gouvernements
confondus, qui augmente à ce rythme-là, là, puis je parle d'une année normale,
là, je ne parle pas d'une année avec une
inflation comme on vit actuellement, une année normale, et le gouvernement
fédéral finance seulement 22 % des dépenses de santé au Canada, au
Québec. Pourtant, les Québécois envoient plus de 40 % de leurs impôts à
Ottawa.
• (16 h 20) •
Donc,
quand on regarde les prévisions du Conference Board, on voit très bien que,
même si le gouvernement fédéral a fait des contributions ponctuelles non
récurrentes pendant la pandémie puis qu'ils ont creusé leur déficit, quand
on fait une projection sur 10 ans, sur
20 ans... on voit que le fédéral va se retrouver en surplus puis que les
provinces vont creuser leur déficit à cause de l'impact de la santé.
Donc, il est temps qu'on s'assoie, les premiers ministres des provinces, des
territoires, avec le premier ministre du Canada puis qu'on règle ce dossier-là.
On
est raisonnables, on dit : Le fédéral devrait passer de 22 % des
dépenses de santé à 35 % des dépenses de santé. Quand on dit qu'il
y a 40 % de nos impôts qui vont à Ottawa, bien, je pense que 35 % des
dépenses en santé, ce serait juste normal.
Puis par la suite il faut les indexer à 5 %, 6 %, parce que les
impacts du vieillissement viennent augmenter les dépenses de santé à ce rythme-là, et ce qu'on a besoin, puis je sais que
les Québécois sont tannés de ce débat-là... on n'a pas besoin de plus de
conditions, ce qu'on a besoin, c'est que le fédéral fasse enfin sa juste part.
Je
conclus sur la santé en disant : On a besoin de la collaboration, là
aussi, de tout le monde. Les syndicats, les ordres professionnels, il
faut que tout le monde se mette en mode solution avec une attitude positive et
constructive.
L'autre
dossier qui est important, c'est la justice. Il y a un défi — je
vois des juges en chef qui sont là — il y a un défi d'accès à la justice. Puis
on est ouverts à discuter et à bonifier certains emplois pour être plus
attractifs, à revoir l'organisation du travail, à mieux intégrer les
technologies numériques, parce qu'il y a beaucoup de rattrapage à faire de
ce côté-là, à trouver des pratiques pour
éviter la judiciarisation. Donc, on va travailler là-dessus, j'ai confiance
qu'on va y arriver.
La sécurité. Où est notre ami... «Right there.»
Évidemment, il n'y a personne qui est content de voir ce qui se passe à Montréal depuis un certain nombre de mois,
personne. Le Québec puis Montréal ont la réputation, partout dans le monde,
d'être un des endroits les plus sécuritaires
au monde. Là, il y a de la violence, et on va prendre les moyens pour ajouter
des policiers, pour que CENTAURE continue à faire son travail.
Évidemment, il y a tout le travail aussi... violence faite aux femmes, il faut
agir. L'ex-ministre a fait des choses concernant les bracelets
antirapprochements, il faut continuer. On
veut avoir un Québec qui est sécuritaire, un Québec où il fait bon vivre, un
Québec où les femmes se sentent en sécurité, c'est important.
L'autre
fierté que j'ai puis qu'on devrait tous avoir, c'est la façon dont, au Québec,
on partage la richesse. On est un des
endroits au monde, là, il y a des indicateurs pour ça, un des endroits où on
partage le plus la richesse. Puis la ministre de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire, bien, va
continuer à s'assurer qu'on rejoigne les personnes qui en ont le plus de
besoin. C'est aussi une priorité de notre gouvernement.
Je
termine, je termine avec la langue et la culture. Je le disais tantôt, le
déclin du français, c'est un enjeu existentiel pour le Québec. Je parle au sens propre, là, de l'existence même de
notre nation. La situation est préoccupante. Je vais vous donner, encore là, quelques chiffres, je pense que
c'est important que tout le monde s'approprie ces chiffres. Quand on regarde
l'évolution de 2001 à 2021, donc en 20 ans, puis qu'on regarde la
proportion des personnes qui parlent le plus souvent en français à la
maison, au Québec on est passés, en 20 ans, de 82,3 % à 77,5 %.
Mais le plus inquiétant, c'est l'île de
Montréal. Sur l'île de Montréal, on est passés de 54,6 %, en 2001, à
48,3 % en 2021. On est tombés en bas de la barre du 50 %.
Et
c'est impératif pour notre nation de mettre fin à ce déclin, de renverser la
tendance, et je considère que c'est mon premier devoir, comme premier ministre, comme chef du seul État avec une
majorité de francophones en Amérique du Nord, de poser les gestes qui sont
nécessaires. On a commencé à le faire dans le dernier mandat, avec la loi n° 96. C'était le geste le plus
fort depuis la loi 101 de 1977. On a étendu le français, langue de
travail, aux entreprises de 25 à 49 employés, aux entreprises à charte fédérale, on a plafonné le nombre
d'inscriptions dans les cégeps anglophones, on a inscrit notre caractère
francophone dans la Constitution, on a créé Francisation Québec, on a augmenté
les moyens financiers pour la francisation.
On a agi pour que le français, langue de communication de l'État, soit plus
clair que jamais. C'est sûr que les effets
de ces gestes-là vont apparaître dans les prochaines années, mais ce n'est pas
suffisant, on ne doit pas en rester là. Et j'ai demandé au ministre responsable de la Langue française et à la
ministre responsable de l'Immigration — elle
est là, O.K. — qu'on
se donne un tableau de bord puis qu'on ait des chiffres à chaque année. Vous
savez qu'actuellement, là, les gouvernements qui se sont succédé ont toléré
qu'on attende les chiffres de Statistique Canada aux cinq ans. Je pense que
la situation est assez grave pour qu'on ait
nos propres chiffres puis qu'on les ait à chaque année pour être capables de
suivre la situation.
Et je veux
vous parler d'immigration. Évidemment, il y a beaucoup de choses qui ont été
dites, entre autres pendant la campagne électorale. Il y a un lien
indéniable entre la politique d'immigration puis la vitalité de la langue
française.
Avant d'aller
plus loin, je veux dire une chose : Les Québécois sont en faveur de
l'immigration. Les élus, ici, ce que
j'en sais, là, les 125 élus, ici sont en faveur de l'immigration. La
nation québécoise est une des nations les plus accueillantes dans le monde, puis les nouveaux Québécois, ce
sont une richesse pour le Québec. Mais le débat ne porte pas là-dessus. Ce
qu'on cherche, c'est la meilleure politique
d'immigration et d'intégration qui tient compte de notre contexte
nord-américain puis de la forte attractivité de la langue anglaise.
Puis, avant même d'aller demander plus de
pouvoirs à Ottawa, il faut que nous, on en fasse plus en matière d'immigration. Ce n'est pas acceptable que les
gouvernements qui se sont succédé, dans les 10, 20 dernières années, aient
toléré que seulement 50 % à 60 % des immigrants économiques, qui sont
pourtant sélectionnés complètement par le gouvernement
du Québec... qu'il y ait seulement 50 % à 60 % des immigrants
économiques qui parlent français. Depuis quatre ans, on a augmenté ce pourcentage-là, puis on se fixe comme
objectif... évidemment, il faut y aller graduellement, parce qu'il reste encore des certificats de
sélection qui ont été donnés — il
en reste 40 000 — par
les anciens gouvernements, qu'il faut évidemment respecter, mais on se donne
comme objectif d'atteindre près de 100 % de personnes qui parlent
français. C'est une question de survie pour notre langue au Québec.
Puis une des
bonnes façons d'y arriver, ce sont les étudiants étrangers qui viennent dans
nos cégeps et nos universités francophones. Prenez l'exemple d'un ou une
Latino-Américain ou Américaine qui vient ici étudier en soins infirmiers dans un cégep ou une université francophone. Bien,
d'abord, pas d'enjeu de reconnaissance des diplômes. Deuxièmement, la plupart du temps, c'est du monde qui sont jeunes.
Donc, on se retrouve à avoir un résultat qui est bon pour la langue, bon
pour l'économie, bon pour la démographie. Donc, c'est vers ce modèle
d'immigration qu'on va tendre dans l'avenir.
• (16 h 30) •
Évidemment,
on ne contrôle pas tous nos pouvoirs en immigration, puis on va avoir des
bonnes discussions avec le
gouvernement fédéral, puis j'ai commencé à le faire, là, lors de ma rencontre
avec le premier ministre du Canada. Il y a un sujet qui est urgent, ce sont les dizaines de milliers de personnes
qui entrent par le chemin Roxham. Ce n'est pas normal que ce soit seulement le Québec
qui doive assumer les coûts. Parce qu'il y a des coûts, on le sait. Il manque
de logement, il manque de services en
santé et en éducation. Et savez-vous combien ça prend de temps avant que le
gouvernement fédéral juge si la
personne est une vraie, ou non, réfugiée politique? Ça prend deux ans. Je ne
peux pas croire que le gouvernement fédéral
n'est pas capable de faire ça en quelques mois. Deux ans, ça veut dire que,
pendant deux ans, c'est le gouvernement du Québec qui assume les coûts.
Et là il est
temps, d'abord, que le gouvernement fédéral nous rembourse ces coûts-là. Puis,
deuxièmement, il est temps qu'il
réduise les délais. Puis, troisièmement, bien, il est temps qu'il renégocie
l'entente avec les États-Unis pour les pays tiers, pour qu'on soit
capables de faire à Roxham la même chose qu'on fait à l'aéroport de Dorval.
Donc, si le
gouvernement fédéral est de bonne foi, si le premier ministre du Canada est
sérieux quand il dit que c'est important puis que ça l'inquiète, la
situation du français au Québec, bien, il doit agir. Ça presse.
Maintenant, la culture...
Des voix : ...
M. Legault : L'autre bord, même
place qu'avant. Je roule ma langue, là, je ne dis rien.
Bon, je l'ai
dit tantôt, on vit en Amérique du Nord. L'attractivité de l'anglais est ce
qu'on connaît. La mondialisation de
l'économie, Internet, ça fait que l'anglais, c'est une langue qui est de plus
en plus dominante. Et puis, pour être bien honnête, j'en ai discuté avec mes homologues de la Suisse,
de la France, de la Belgique, même de certains pays africains : ce n'est
peut-être pas aussi pire, en Europe puis en
Afrique, mais il y a cette même attractivité. Puis évidemment ça passe par les
plateformes numériques. Et, s'il y a un coup
de barre qu'on doit donner, c'est du côté des jeunes, parce que partout dans
le monde les jeunes sont attirés vers
l'anglais. Et on a un coup de barre à donner pour rendre accessible davantage
la culture en français à nos jeunes,
donc, nos salles de spectacle, nos télés, nos radios, nos plateformes
numériques en français. Le ministre de la Culture, c'est sa priorité
numéro un.
Je termine et
je conclus. Je veux vous parler quelques secondes de cohésion nationale. Je le
disais au début, une des choses qui
m'a le plus impressionné, dans le dernier mandat, c'est ce qu'on a vécu pendant
la pandémie, la solidarité des
Québécois à cause de cette cohésion nationale. Cette cohésion, ça part d'un
sentiment d'appartenance à une nation. Ça part d'une histoire commune, d'une langue commune, de valeurs communes.
C'est ça qui nous unit, c'est ça qui nous pousse à
être solidaires. Et cette cohésion nationale, c'est très précieux. On doit la
cultiver. Puis on ne doit jamais oublier que le
Québec, c'est un endroit extraordinaire. On est chanceux de vivre au Québec.
Donc, vive la nation québécoise! Merci.
(Applaudissements)
La Présidente : Merci, M. le premier
ministre. Votre motion est déposée?
Motion proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement
M. Legault : Conformément
à l'article 45 de notre règlement, j'invite l'Assemblée nationale à
adopter la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale approuve la politique
générale du gouvernement.»
La Présidente : Adopté. Oui.
Je reconnais maintenant le leader du gouvernement.
Dépôt du document intitulé Modifications
temporaires au règlement et aux règles
de fonctionnement de l'Assemblée pour la durée de la 43e législature
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de déposer le document suivant : Modifications
temporaires au règlement et aux règles de fonctionnement de l'Assemblée pour la
durée de la 43e législature.
La
Présidente : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt
de ce document? Consentement. Parfait. Le document est déposé.
Nous poursuivons... M. le leader.
Motion proposant d'adopter des modifications temporaires
au règlement
et aux règles de fonctionnement de l'Assemblée nationale
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de l'Assemblée pour proposer la motion
suivante :
«Que le règlement et les règles de
fonctionnement de l'Assemblée nationale soient modifiés par les dispositions contenues dans le document intitulé Modifications
temporaires au règlement et aux règles de fonctionnement de l'Assemblée
pour la durée de la 43e législature;
«Que les
modifications qu'il apporte au règlement et aux règles de fonctionnement de
l'Assemblée nationale soient en vigueur pour la durée de la
43e législature, et ce, malgré une clôture de la session;
«Que soient intégralement consignées au
procès-verbal de la présente séance les modifications qu'il contient.»
La
Présidente : Y a-t-il consentement pour déroger au premier
paragraphe de l'article 116 du règlement? Consentement.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée? Elle est adoptée.
Parfait. M. le leader du gouvernement, encore.
Dépôt du document intitulé Modifications permanentes au
règlement
de
l'Assemblée nationale et aux règles de fonctionnement
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente, je sollicite encore une
fois le consentement de cette Assemblée afin de déposer le document suivant : Modifications permanentes au
règlement de l'Assemblée nationale et aux règles de fonctionnement.
La
Présidente : Alors, y a-t-il consentement pour le dépôt de ce
document? Consentement. Document déposé. Et M. le leader à nouveau.
Motion proposant d'adopter des modifications permanentes
au règlement
et aux règles de fonctionnement de l'Assemblée nationale
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de l'Assemblée pour proposer la motion suivante :
«Que le règlement et les règles de
fonctionnement de l'Assemblée nationale soient modifiés par les dispositions contenues dans le document intitulé Modifications
permanentes au règlement de l'Assemblée nationale et aux règles de
fonctionnement;
«Que soient intégralement consignées au
procès-verbal de la présente séance les modifications qu'il contient.»
La
Présidente : Alors, y a-t-il consentement, justement, pour
déroger au premier paragraphe de l'article 116 du règlement?
Consentement? Consentement. Merci.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée? Adopté. Parfait.
Ajournement
Alors, je
lève donc la séance. Et, conformément aux dispositions du règlement, les
travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés au jeudi
1er décembre 2022, à 9 h 40. Bonne journée à tous.
(Fin de la séance à 16 h 38)