(Dix
heures une minute)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Alors, Mmes et MM. les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Affaires du jour
Je
comprends qu'il y aurait consentement pour la présentation, à ce moment-ci,
d'une motion par le leader adjoint du gouvernement? Consentement. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Motions
sans préavis
Modifier les modalités applicables à l'organisation
des travaux parlementaires
M. Schneeberger :
Oui, bonjour, M. le Président. Alors, je voudrais présenter la motion
suivante, faisant suite aux échanges que nous avons eus avec les oppositions et
les députés indépendants :
«Que,
nonobstant les termes de la motion adoptée le 15 mars 2022 concernant
l'organisation des travaux parlementaires,
le port du masque de procédure ne soit plus obligatoire lors de nos séances de
l'Assemblée [nationale].»
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je vous remercie. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) : Adopté.
Merci. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Schneeberger : Oui. Alors, compte tenu de
ce moment historique, alors, je vous demanderais d'appeler
l'article 18 du feuilleton.
Projet de loi n° 96
Reprise du débat sur
l'adoption
Le Vice-Président (M. Picard) : À
l'article 18, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 12 mai 2022 sur
l'adoption du projet de loi numéro n° 96, Loi sur la langue
officielle et commune du Québec, le français. Mme la députée de Joliette, vous aviez utilisé
4 min 40 s. Donc, je vous cède la parole pour le reste de votre
intervention.
Mme Véronique Hivon (suite)
Mme Hivon : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, je suis heureuse de poursuivre cette brève allocution mais
sur ce très important projet de loi n° 96 sur l'avenir de notre langue commune, le français, très important de
par le fait que, quand on légifère ici, à l'Assemblée nationale, sur la
langue française, qui...
La
première responsabilité, je pense, de tous les élus de la seule nation
francophone d'Amérique du Nord, de se battre
au quotidien pour préserver notre vie en français, mais aussi faire rayonner,
faire s'épanouir notre vie en français, de protéger la langue française, c'est une chose, mais de lui donner un
essor, de faire résonner l'accent québécois, dans ce qu'il a de plus beau et de plus riche, dans cette
langue française extraordinaire ici, mais partout, c'est quelque chose qui
doit nous habiter. C'est un combat qui doit
nous habiter à tous les instants comme élus de l'Assemblée nationale de cette
seule nation francophone d'Amérique du Nord.
Et,
lorsqu'on s'était quittés, à la dernière séance, je commençais à parler de
pourquoi c'était important d'aller jusqu'au bout des ambitions qu'on doit avoir pour le français, notre langue
commune, et que, malheureusement, ce projet de loi là ne va pas au bout des ambitions qu'on doit se donner.
Et j'en voulais pour preuve toute la question de la fréquentation collégiale
en français, donc la fameuse question du cégep en français.
Et
moi, sur cette question-là, j'ai évolué. Je me posais des questions, dans le
passé, à savoir est-ce que c'était la bonne mesure. Et, à voir
l'évolution des choses, à voir à quel point notre langue continue de se
fragiliser et à voir aussi à quel point le
cégep en anglais est une force d'attraction pour allophones et francophones,
j'en suis vraiment venue à la conclusion
que, oui, on en était rendu là. Et je pense que c'est un cheminement que
beaucoup ont fait. On le voit dans les analystes,
dans les chroniqueurs, on le voit dans des gens comme Guy Rocher, quand même,
qui n'a rien d'extrémiste, mais qui est quelqu'un qui croit que, oui,
c'est incontournable.
Et,
vous savez, on a mené une bataille très, très importante sur cette question-là
avec mon collègue le député de Matane,
avec notre chef, notre chef parlementaire aussi, parce qu'à un moment donné on
ne peut pas juste faire comme si on travaillait fort sur un enjeu, il
faut travailler fort sur l'enjeu. Il faut se donner tous les moyens de réussir.
Et là je veux
juste vous exposer où on en est rendu. En fait, le cégep en anglais, il est une
force d'attraction très grande pour
les allophones, pour des gens qui ont même fait leur parcours en français, mais
qui, là, au cégep, parce que ça peut être plus facile, parce que chez
eux, on parle davantage anglais ou une autre langue, veulent aller vers le
cégep en anglais, ce qui, souvent, va
anéantir une partie des efforts qui ont été investis dans les années de l'école
primaire et secondaire. Donc ça,
c'est un enjeu qui est vraiment important. C'est aussi un moment où on fait des
choix de carrière, une socialisation qui est très forte, et, oui, ça
peut vraiment influencer la suite des choses.
Mais je veux
surtout parler de ce qui nous est renvoyé comme argument par certains pour ne
pas franchir ce pas-là. Et c'est
beaucoup : Oui, mais les francophones qui veulent apprendre l'anglais,
est-ce que, vraiment, on va les empêcher d'aller au cégep en anglais? Mais moi,
j'aimerais qu'on s'arrête deux secondes à cet argument-là. Est-ce qu'au Québec
la manière d'apprendre l'anglais devrait
être d'aller au cégep en anglais, alors que des cégeps anglophones, on les
compte sur les doigts d'une main à
l'extérieur de la métropole? Est-ce que c'est ça, le message qu'on veut envoyer
à tous les parents du Québec et aux
jeunes du Québec qui, évidemment, souhaitent pouvoir maîtriser une deuxième
langue, l'anglais, une troisième
langue, l'espagnol, c'est possible, une quatrième langue, c'est encore mieux?
Le bilinguisme individuel, c'est une grande richesse, mais ce n'est pas
vrai qu'on va commencer à dire que c'est ça, le moyen d'apprendre l'anglais.
Qu'est-ce que
ça veut dire à tous les jeunes qui vivent en région puis que, non, leurs
parents ne leur paieront pas leurs études en anglais? Non, il faut
améliorer l'apprentissage de l'anglais, très certainement, mais à travers le
cursus. Il faut penser à favoriser des
initiatives comme pouvoir aller dans des camps l'été, des camps de jour, des
camps où on va pouvoir apprendre
l'anglais. Mais, d'avoir ça comme argument, il me semble que ça n'a aucun sens.
Ça crée tout de suite deux classes d'élèves
au Québec, ceux qui pourraient aller au cégep en anglais pour apprendre
l'anglais... Ça ne tient pas la route. Même chose, là, avec ce qu'on met en
plafonnant le nombre d'élèves qui vont pouvoir être là. Ça peut avoir l'air bien, mais qu'est-ce que ça va faire? Ça va
devenir encore plus élitiste. Ça va encore être une marque distinctive. Si vous
êtes bon à l'école, il faut aller au cégep en anglais.
Ce n'est pas
ça, le message qu'on veut envoyer. On veut que le français soit la langue
commune, la langue de tous. Et c'est un combat, bien sûr, qu'on va
devoir continuer à mener. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Joliette. Je reconnais maintenant M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, au plaisir de vous voir en personne, sans masque, tous les collègues aussi, en, oui, en effet, cette journée
est historique. Non, mais ça démontre quand même que nous avons fait tout
un cheminement depuis le début de cette pandémie.
Maintenant,
revenons au sujet de notre conversation, le projet de loi n° 96.
Ça ne vous étonnera pas, M. le Président, que moi, je vais voter contre ce projet de loi, et notre formation
politique va voter contre ce projet de loi, pour toute une série de raisons et que je vais essayer de les
résumer brièvement, parce que nous avons seulement 10 minutes,
n'est-ce pas? Mais je vais quand même
y aller. Et j'aimerais surtout passer un peu de temps en parlant de ma sixième
raison, mon sixième point, qui, en fin de compte, est le plus important.
Mais
commençons par le début. Pourquoi nous sommes contre? Pourquoi je suis contre?
Et ici j'aimerais vraiment, si vous
me permettez, M. le Président, personnaliser un peu le débat, parce que moi, je
suis fondamentalement contre ce projet
de loi, je vais voter contre, d'abord et avant tout, parce que ce projet de loi
suspend la charte québécoise des droits et libertés, une charte qui a été votée ici, dans cette Assemblée, il y
a de ça déjà une trentaine d'années, à l'unanimité. Et je suis très perturbé par la légèreté avec laquelle
le gouvernement, d'ailleurs, pour la deuxième fois, suspend la charte
québécoise des droits et libertés
d'une façon préventive, disons-le comme ça, de façon générale. Donc, ce n'est
pas lié à un article de loi spécifique, c'est de façon générale, juste
pour éviter de possibles contestations. D'ailleurs, ça n'évite pas les
possibles contestations, comme on le voit
déjà dans les médias, mais c'est une façon de faire qui me désole énormément,
qu'on soit rendu là.
• (10 h 10) •
Et j'avais
déjà préparé mes points, M. le Président, et c'est tombé comme ça. Vous avez
certainement remarqué, ce matin, dans
le journal La Presse, le commentaire de M. Yves Boisvert au sujet
de M. Lucien Bouchard qui, dans les années 90, après le référendum de 1995, avait prononcé, quand même,
un discours important où il voulait rétablir les ponts avec la communauté anglophone et que, justement,
il disait aux membres de la communauté, mais aussi aux membres de son parti politique, il disait : Ne comptez pas
sur moi pour invoquer la clause «nonobstant». Alors, je trouve qu'on a perdu un
peu de vue que, dans un État de droit, dans une démocratie libérale, libérale
au sens philosophique du terme, la protection des droits individuels,
c'est le plus important.
Donc, voilà,
ça, c'était la première raison. Donc, avant de voir tout le reste du projet de
loi, juste ça, M. le Président, juste
ça, pour moi, ça aurait fait extrêmement difficile que je sois en faveur de
cette loi, juste ça. Mais, bien sûr, il y en a d'autres, d'autres
éléments. Ça, c'est le principal, à mon avis. Il y en a d'autres.
Deuxièmement,
et la collègue de Joliette en a parlé un peu, en ce qui concerne les cégeps
anglophones, le gouvernement l'a dit et l'a répété, que son projet est
modéré et qu'il ne veut surtout pas appliquer la loi 101 aux cégeps anglophones. Mais, en termes pratiques, il le fait
par la porte d'en arrière, M. le Président, parce que... Vous pourrez en parler longuement, sur la question des cégeps, mais, pour
moi, c'est que le gouvernement plafonne arbitrairement la fréquentation des
cégeps anglophones, avec des calculs un peu complexes, là. Et je me rappelle
très bien, j'avais suivi les travaux de la
commission parlementaire, quand le ministre de la Justice essayait d'expliquer
à notre collègue de La Pinière ces trucs de pourcentages et puis de
plafond absolu, il s'était complètement mêlé dans ses chiffres, là. C'est
arbitraire.
Et ce qui me désole le plus, M. le Président,
c'est que nous avons, au Québec, des institutions d'enseignement postsecondaire anglophones qui sont très bonnes,
qui offrent des cours, qui offrent des programmes qui sont très bons, que les
étudiants, qui sont des adultes,
anglophones, ou allophones, ou francophones veulent suivre ces programmes-là,
que ce soit à Dawson, que ce soit à
John-Abbott, que ce soit à Vanier, Champlain, etc. Ce sont de bons programmes.
Et vraiment je ne comprends pas
pourquoi cette réticence de la part du gouvernement, cette méfiance envers les
cégeps anglophones. Comme si c'était une espèce de cheval de Troie qui
va détourner la jeunesse de la langue française. Ça n'a rien à voir.
La langue anglaise, M. le Président, je comprends
très bien l'histoire, la langue anglaise et le Québec, mais aujourd'hui, en
2022, la langue anglaise, c'est la langue internationale, la lingua franca. Si
un Allemand et un Brésilien discutent d'un
contrat, ou d'une étude, ou de quoi que ce soit, ils le font en anglais, M. le
Président. Ce n'est pas la faute à Westmount, ça, c'est que la langue anglaise
est la lingua franca. Et les jeunes francophones, allophones veulent suivre
des cours qui sont performants, qui sont
utiles, qui sont très bons chez Dawson et John-Abbott. Je connais John-Abbott
parce que c'est dans ma partie de la
ville. Vraiment, il y a des francophones qui viennent de plusieurs régions du
Québec et qui choisissent spécifiquement John-Abbott pour suivre les
cours.
Bon, le projet de loi limite aussi l'accès à la
justice, aux services de santé, même si le premier ministre a essayé d'expliquer, mais il n'a convaincu personne. Il y
a d'autres éléments. Un des plus incompréhensible, c'est celui de réduire
à six mois, réduire à six mois la période où
l'État peut s'adresser aux nouveaux arrivants dans une langue autre que le
français. Ça démontre une
méconnaissance totale de la réalité de l'immigration. Je vous dis, là, en six
mois, c'est impossible, c'est impossible que qui que ce soit puisse
maîtriser la langue française. Ça n'arrive pas, là. Ma mère, encore
aujourd'hui, 40 ans plus tard, presque
50 ans plus tard, ne maîtrise pas trop la langue française. Elle le fait
approximativement. Mais, écoutez, son fils, quand même, a été ministre
des Finances du Québec. Son fils, quand même, s'exprime en
français. «I can also speak English, Mr.
Speaker. No problem with that.» (S'exprime
en portugais). Mais la langue
commune, la langue officielle, c'est
le français. Je n'ai aucun problème. Je pense que je m'exprime très bien, même
si ma mère ne l'a pas toujours bien maîtrisée après tout ce temps-là.
Et ça
m'amène, M. le Président, vraiment, quant à moi, au point de départ, au point
principal, le déclencheur de cette
très vaste réforme qui, à mon avis, va beaucoup trop loin puis ratisse beaucoup
trop large : l'angle, la pierre angulaire, c'est que le français est menacé au Québec, et le français est menacé au
Québec parce que le nombre de personnes dont la langue maternelle, le français,
diminue relativement, en proportion de la population totale; ceux de langue
maternelle française diminuent. Et puis on fait des projections. Mon
Dieu! c'est terrible.
Ma langue
maternelle, M. le Président, n'est pas le français. Il n'y a aucun programme,
aucun plan d'études qui va pouvoir changer ma langue maternelle. Ma
langue maternelle est le portugais. Ça ne changera jamais, hein? Mais je peux m'exprimer en français. Chez moi, à la
maison, avec mes enfants, avec ma femme, on parle en français même si ce
n'est pas notre langue maternelle, M. le
Président. Je pense qu'on doit surtout voir quel est le pourcentage des
personnes, au Québec, qui est capable
de s'exprimer en français. Et ce pourcentage-là est énorme, est beaucoup plus
élevé aujourd'hui qu'il ne l'était il y a 30 ans, il y a
40 ans.
Donc, la
loi 101 a fonctionné. La loi 101 nous a donné ça. Et je pense que
c'était complètement inutile, pas nécessaire d'y aller avec une loi aussi large et complexe que le projet de loi
n° 96, qui, à mon avis, n'arrive pas à atteindre ses objectifs de protection de la langue française. Au
contraire, c'est un projet de loi qui blâme, qui blâme la communauté anglophone
et allophone en disant : Si le français est en difficulté, au Québec,
c'est votre faute, vous, la communauté anglophone. «And that is something that we cannot accept
because it is simply not true», M. le Président. Ce n'est pas comme ça au Québec,
pour reprendre l'expression du premier ministre, ce n'est pas comme ça, au
Québec. Et donc une telle loi, à mon avis, est tout à fait inutile.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de
Robert-Baldwin. Je reconnais maintenant Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone :
Merci, M. le Président. C'est avec le coeur gros
que j'interviens sur le projet de loi n° 96 rendu à son adoption,
une loi qui parle de notre langue commune, le français. Je suis devant un enjeu
dont je suis fière d'avoir à réconcilier
dans ma vie, de protéger, de faire rayonner notre langue commune, et je vois ça
comme fière membre de la communauté d'expression anglaise. Je suis fière
d'être bilingue.
Je pense que,
M. le Président, vous étiez ici, à un
moment donné, quand j'ai pris la
parole en ce qui concerne l'adoption du
principe de ce projet de loi. Quand j'étais une petite fille puis j'allais en
Ontario pour passer les étés avec mes grands-parents, qui sont d'origine...
d'Ontario, qui ne parlaient pas français, et tous les voisins ne parlaient pas
français, j'ai senti vraiment supérieure,
j'ai senti, vraiment superintelligente, que moi, j'étais bilingue, et j'étais
vraiment fière de ça. J'étais fière
de ma culture. J'étais fière de mes racines québécoises, malgré que je ne suis
pas francophone, mais je suis Québécoise de souche, je suis née ici.
Je suis fière d'être Québécoise et je suis fière
de contribuer à la protection de la langue française, parce que le français doit être un élément qui unit tous les
Québécois et toutes les Québécoises, qu'ils soient francophones, anglophones
ou allophones. C'est primordial, c'est
important. Il y a seulement un seul Québec, et nous devons tous s'y
reconnaître, c'est important, mais, malheureusement, dans le projet de loi n° 96 de la
CAQ... C'est un projet de loi qui divise la population, et j'ai vraiment mal de dire ça, parce que c'est
quelque chose qui devrait nous rassembler. C'est quelque chose dont nous
devons travailler en concertation, ensemble,
mais ça nous divise. Ça crée de la confusion, des inquiétudes. Ça marginalise
les Québécois. Ça brime des droits des
Québécois anglophones et francophones. Ça complique l'accès à l'éducation
supérieure. Il y a un impact
disproportionné aux autochtones et aux nouveaux arrivants. Et tout ça sans
vraiment accomplir le but de promouvoir la langue française, tout ça avec un
marteau et non une main tendue. Ce n'est pas une façon de légiférer. Ce
n'est pas une façon de travailler avec tous nos Québécois, avec toutes nos
communautés.
• (10 h 20) •
Il y a des enjeux principaux en ce qui concerne
l'économie, en ce qui concerne les entreprises, surtout l'accueil, l'implication et la francisation des nouveaux
arrivants au Québec. Six mois pour apprendre le français, ce n'est pas possible,
tout le monde le dit. Les nouveaux
arrivants, eux, ils disent... Ma mère qui est venue ici de l'Ontario à l'âge de
17 ans pour apprendre le français et pour contribuer à notre réseau
de santé comme infirmière, elle est venue ici pour apprendre le français, elle a trouvé l'amour, elle a marié un
francophone. J'ai été élevée à Beloeil, dans le comté de Borduas, dont le
ministre de Justice... où il est
responsable. Et, malheureusement, elle a fait le choix de venir ici, mais ça a
pris beaucoup plus que six mois pour apprendre le français.
Et c'est ça
qu'ils disent très éloquemment, les nouveaux arrivants, les demandeurs d'asile,
ils ont besoin de plus de six mois. Puis, après le six mois, qu'est-ce qui
arrive à eux? Bien, ils vont être marginalisés. Ils vont se trouver dans
une position très précaire. Puis ce qui est
désolant dans tout ça... Souvent, c'est des personnes qui choisissent le
Québec, ils choisissent de venir chez
nous, souvent face à beaucoup de difficultés, en se déchirant de leurs racines,
mais en espérant de se joindre à une
société juste et ouverte sur le monde et prête à les accueillir, en plus qu'ils
ont un choix et ils peuvent aller ailleurs.
Nous avons un devoir d'être plus accueillants, d'être constructifs, pas de
mettre des freins, pas de leur empêcher de s'assimiler à notre belle
culture québécoise.
Puis c'est la
même chose pour les anglophones. Les anglophones qui sont ici actuellement au
Québec ont fait le choix de rester ici. J'ai fait le choix de rester
ici. J'avais des opportunités ailleurs au Canada, mais j'ai fait le choix de rester chez moi parce que, comme j'ai dit, je suis
fière. Je suis une nationaliste. Je suis une nationaliste parce que je suis
fière de mon Québec, de mon chez-moi, mais
je suis fédéraliste aussi parce que je suis fière de faire partie du beau pays
du Canada. Je suis fière que la majorité des personnes que moi, je connais ont
appris le français.
Mais
plusieurs personnes l'ont dit dernièrement, la CAQ fait fausse route, parce
que, dans le projet de loi n° 96, nous sommes en train d'attaquer les personnes qui ont resté ici, les
personnes qui croient fondamentalement à la protection de la langue
française. Ils font fausse route, et souvent au détriment du bien-être de la
communauté d'expression anglaise, au
détriment du bien-être leurs enfants et de leur futur, et qui sont prêts à
prêter main-forte, M. le Président, mais pas au détriment de leurs droits. Ils veulent contribuer. Encore une fois,
c'est la main tendue et non le marteau. C'est ça qu'on cherche.
Ce projet de
loi, malheureusement, va créer deux classes de citoyens. On va avoir les
«historic Québec Anglophones», et
tous les autres. Ma mère, comme j'ai dit, était née en Ontario, est venue ici,
elle a appris le français, elle a fondé sa famille, elle a eu des enfants ici, elle a marié un
Québécois francophone. Elle, est-ce qu'elle est une «historic Québec
Anglophone»? Ses amis, c'est la même situation, eux aussi, ils se questionnent.
Am I a historic Québec Anglophone? How is it going to work in the
system? How is it going to work when you want to have access to health care? Am I going to
have to show a card? Am I going to have to show papers? How is it going
to work?
I am sincerely worried about
the future for my children. I have not made a secret of the fact that my
children have special needs, but they're
part of thousands, and thousands, and thousands of other children who are
vulnerable and other people who are
vulnerable, who don't see themselves in this bill, who will be marginalized
because of this bill, who's future is
in jeopardy because of this bill. I'm concerned. I'm concerned about their
long-term access to health care. I heard what the Minister said and I
read the articles where he said, «No, no, it's going to be status quo.» If it
was going to be status quo, we didn't need
any of those mentions in this bill. And we're talking about emergency services,
but what about long-term care services?
Pour les personnes sous le spectre de l'autisme,
qui ont besoin d'avoir un accompagnement à long terme, des soins et des
services de santé et services sociaux, elles vont faire quoi, quand elles
cognent à la porte puis quelqu'un dit : Non, je ne sais pas, je ne sais
pas, êtes-vous éligible pour recevoir des services en anglais? Comment ça va
fonctionner?
Puis, pour
parler du réseau de santé, si on a appris quelque chose, lors des deux ans et
demi, les deux derniers ans, écoute,
c'est un système qui est fragile. Ils n'ont pas besoin d'avoir plus de freins.
Ils n'ont pas besoin d'avoir plus de choses à penser et de gérer. Est-ce
qu'ils peuvent juste faire ce qu'ils sont là pour faire? Puis c'est de venir
accompagner des personnes qui ont des besoins puis pas de demander :
Est-ce que vous êtes éligible, mais seulement de demander la carte d'assurance
médicale, c'est tout. J'ai besoin de votre carte soleil, j'ai besoin de votre
carte RAMQ, pas votre carte qui dit que vous êtes éligible pour être servi en
anglais.
These people have real medical
concerns, and it puts them at risk. It puts them at risk. Every single one of
you here would want to express yourself in
the language of your choice when you're talking about health care, whether it's
for yourself or whether it's for
someone that you care for. There's a big difference in understanding medical
terminology in a language that you
fundamentally understand. It is not the same thing. And it's unconscionable to
me that we're going to put people's
lives at risk by not giving them this fundamental opportunity. We're putting
the breaks on and putting people in harm's way instead of accompanying
them. And that's our job, here.
C'est ça, notre responsabilité. C'est pour ça
que j'ai dit que je voulais être une élue, c'était pour protéger notre communauté, nos citoyens, nos citoyennes, leur
accompagner, ne pas leur mettre en péril, brimer leurs droits. Puis ça, c'est
juste pour notre santé. Puis on pourrait
aller plus loin que ça. Tu sais, un aîné, comment ça va fonctionner pour cette
personne dans
un CHSLD? Est-ce que ça veut dire que cette personne n'aura plus accès à avoir
des soins en anglais, malgré qu'ils ne sont peut-être pas anglophones,
mais dans la langue de leur choix? C'est important. Je ne peux même pas
imaginer les nouveaux arrivants, les
immigrants, les demandeurs d'asile qui se verraient refuser l'accès aux
services d'interprétation ou des services en anglais après seulement six
mois. Encore une fois, je le mentionne.
Le temps
file, M. le Président, mais, tu sais, je ne peux pas passer sans mentionner que
les pouvoirs de l'OQLF... sur la base d'une dénonciation anonyme, l'OQLF
aura le droit de rentrer dans n'importe quel local, à l'exception d'un logement, sans mandat, sans préavis ni motif
raisonnable et peut saisir des documents et des dossiers, incluant ceux qui se
trouvent sur les ordinateurs, incluant ceux
qui concernent les dossiers médicaux personnels. Ils ont plus de pouvoirs que
la police. C'est hallucinant. Je ne veux pas que l'OQLF prenne des dossiers en
ce qui concerne ma santé ou la santé de mes enfants parce que j'ai eu une conversation en anglais avec mon
médecin, parce que j'ai parlé en anglais puis que quelqu'un a dit :
Ah! on va dénoncer. Parce que c'est suite à ça.
Puis là on
n'aura même pas le temps pour jaser en ce qui concerne l'impact sur les
communautés autochtones, l'impact sur
les cégeps. On est en train de créer deux classes d'élèves, d'étudiants. Puis
ce n'est pas vrai, de dire que, deux ans au cégep, on va être assimilé
dans le réseau anglophone. M. le Président, merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M.
Kelley : Merci, M. le Président. Je me lève aujourd'hui, et
ce n'est pas avec un plaisir ni avec fierté de parler que je vais voter
contre la loi n° 96. Et je veux m'expliquer. Je pense
que c'est un projet de loi qui divise des Québécois. On ne va pas sortir de ce projet
de loi avec un renforcement de la
langue française, on va sortir qu'une société qui est plus divisée que jamais. Les citoyens dans mon comté
dit : Greg, c'est comme si nous sommes dans les années des référendums,
c'est comment notre société est divisée
présentement. Alors, ce n'est pas un plaisir d'arriver ici pour dire qu'encore
on a un projet de loi devant nous qui
met un Québécois contre l'autre. À la place de défendre notre langue commune
ensemble, on va mettre les
anglophones contre les francophones, on va mettre les allophones contre les
francophones, on va mettre les
autochtones contre les francophones. Parce que ça, c'est comment ce
gouvernement a utilisé ce projet de loi, comme une «wedge politic». Si vous êtes contre ce projet de
loi, vous n'êtes pas un bon Québécois, vous êtes contre la langue française,
vous êtes contre notre nation, pour dire qu'il y a des Québécois qui sont bons
puis les autres qui sont moins bons.
• (10 h 30) •
Depuis que
j'ai été élu, M. le Président, j'ai pris ma responsabilité de défendre la
langue française très sérieuse. C'est pourquoi j'ai déposé un projet de
loi, le projet de loi n° 590, pour rendre les cours
en français gratuits à tout le monde. Pendant toute leur vie, je pense que les
Québécois doivent avoir l'accès à la formation en français, c'est incluant les francophones, c'est incluant les anglophones,
c'est incluant les allophones, c'est incluant les autochtones. Moi, je crois
que c'est par l'éducation et la
formation qu'on va renforcer notre langue et, oui, aussi de continuer de
partager plus nos expériences
culturelles. Je pense que les anglophones peut aller à plus des spectacles
francophones québécois. Je pense qu'on peut créer des programmes pour
encourager ça. Et il y a un appétit pour ça au sein de la communauté
anglophone.
J'étais fier
de marcher à côté de mon confrère franco-ontarien en 2018 quand le
gouvernement, le premier ministre Doug
Ford a annulé des projets d'université en Ontario, j'étais fier d'être avec eux
autres parce que je sais que la lutte pour les francophones hors Québec
n'est pas facile. Et, c'est vrai, il y a discrimination envers les francophones
partout au Canada, des fois par des
citoyennes, des fois, quand même, par le gouvernement fédéral. On voit, des
fois, des plaintes envers Air Canada,
le manque de respect pour les clientèles francophones qui revient souvent. Il y
a du travail à faire au sein de notre
pays et, quand même, notre province pour protéger la langue française. Je suis
là, M. le Président, mais pas à diviser des Québécois.
Pour moi,
utiliser la clause «nonobstant», la clause dérogatoire au début pour tout un
projet de loi, je trouve que c'est
vraiment inacceptable. J'ai eu cet échange avec le premier ministre ça fait
environ un an maintenant. Il n'était pas content avec qu'est-ce que j'ai dit, mais, M. le Président, je pense
c'est important de rappeler c'est quoi, exactement, cette clause-là. On va suspendre des droits qui existent
dans, oui, notre charte québécoise ici, adoptée par tous les élus, et aussi
la charte canadienne. On va suspendre des
libertés fondamentales des citoyens : liberté de conscience et de
religion, la liberté de pensée, de
croyance, d'opinion et d'expression. On va suspendre des clauses qui protègent
l'égalité devant les lois. On va suspendre
aussi... quelque chose qui revient souvent, mais des fouilles puis des
perquisitions ou des saisies des éléments de la vie privée de quelqu'un sans aucun mandat. Je trouve ça incroyable
qu'on va suspendre ces droits-là. Et c'est la deuxième fois. Oui, c'est vrai, dans l'autre projet de loi n° 21, c'était pour chacune clause spécifique, mais, ici, on utilise la
clause pour tout le projet de loi. Et pour quelle raison? Ça ne demeure
pas très clair pour moi, M. le Président.
It would be remiss of me not to speak
of the former MNA from Nelligan, Clifford Lincoln, who said the following, which has stuck with me, from a
speech he gave in 1988 : «Rights are bridges that unite people in a
society through a set of fundamental
values, and the minute you deny those rights, you withdraw that bridge, and
create a gap between members of a society by denying those fundamental
rights that bind them together.»
I stood next to indigenous leadership, two weeks ago, when they came to
the National Assembly to raise their concerns about this bill, the potential impacts it has on their rights, on their
freedoms. Ils ont exprimé
qu'après tout ce qu'ils ont vécu, si on met plus des barrières, en
termes de l'éducation, devant leurs enfants, c'est quoi, les chances de
réussite pour une population qui a déjà des
problèmes avec le taux de réussite scolaire? Ils s'inquiètent pour leurs enfants, pour leur
avenir.
Did
this Government properly consult indigenous people on the changes in this bill,
whether it's to the Constitution, whether it's to their individual rights? That's
not something that you can use, the notwithstanding clause. There are specifics
rights to consultation. And I wonder, I wonder,
Mr. Speaker, was that duty to consult properly executed by this Government
for the entirety of the bill? I will leave that for the courts to determine one
day, Mr. Speaker.
And,
yes, English-speaking Quebeckers in my riding and across this province are
worried about their rights to access to
justice. But, more importantly, what I've heard more about, in the past couple
of weeks, is their right to access to
services and to social services in the health care system. There are concerns.
Will doctors be able to speak in English to a patient? There are
concerns. I know the Government
is tying to reassure people, but they are worried.
And, again, this list, this idea of
historic Anglophones, non historic Anglophones, how does that work? Who will
have access to these services? What will happen, when we pass the next health
care reform, with relations to the new bill that we have to protect the French language? The
supremacy of this charter against any other piece of legislation, the right
to work in French, what will that mean? Citizens have a right to be concerned
and worried about this.
J'ai quand même un peu parlé, M. le Président, aussi des allophones.
Juste à répéter encore, après, pour un immigrant qui arrive, six mois, il y a un une obligation pour eux autres d'être
servis en français. Il peut prendre des services en anglais.
Malheureusement, je ne comprends pas ça. Je sais que mon collègue de...
excusez-moi, pas de D'Arcy-McGee, mon collègue
a parlé du fait que, pour les immigrants, est-ce qu'on va avoir, comme le
moment avec M. Bouchard, une bonne séance pour rassurer les immigrants, les anglophones que les services
vont être toujours garantis? On verra. Mais il y a une inquiétude là que ça, c'est une exigence pour les
nouveaux arrivants, qui ont déjà beaucoup de défis devant eux, qui est
très difficile.
Et,
quand même, dans ce projet de loi, pour les francophones, l'accès à une école
en anglais au niveau des cégeps, on
va restreindre ça. Moi, je pense que l'opportunité pour les anglophones, les
francophones, les allophones et les autochtones de tous étudier pour la première fois ensemble au niveau d'un cégep,
c'est une bonne chose pour le Québec. C'est une façon de bâtir les ponts entre nos communautés. C'est
une des raisons que moi, j'ai adoré d'étudier à John-Abbott, parce que j'ai
finalement eu la chance de vraiment rencontrer des personnes de toutes «walks
of life», comme on dit en anglais.
The Premier said in his opening
speech : «To our fellow Anglo-Quebeckers, I want to say again our will to
define our common
future together. Your historical community is an enrichment for Québec in many
regions. We are proud to protect your historical rights and we will keep on
doing just that.» Well, suspending people's rights for an entire bill, I
don't think that that is really protecting
their historical rights. Equality before a law, to me, Mr. Speaker, I consider
that to be a fundamental historical
right of all Quebeckers. I do not think that removing school boards,
constitutional right of ours, is respecting the rights of English-speaking
Quebeckers. I think that, in the past four years, we've seen too much division.
Et je sais que, ce sujet, ce n'est pas facile, M. le Président, d'en
discuter. Et, comme je dis, ce n'est pas facile de se lever ici toujours pour exprimer sur un débat
qui est aussi divisif. Mais je vais voter contre le projet de loi n° 96.
Puis je pense qu'il y a plusieurs
raisons pourquoi c'est nécessaire de dire non, parce qu'il y a des autres
façons de protéger notre langue
commune : investir dans notre système d'éducation, investir en formation,
investir dans la culture. Ça, c'est la façon pour... on peut rassembler
tout le monde. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le
député de Vimont.
M. Jean
Rousselle
M. Rousselle : Merci, M. le Président.
Avant de commencer, je voudrais remercier mes collègues de Marguerite-Bourgeoys, D'Arcy-McGee et
La Pinière, qui ont fait un travail vraiment exceptionnel dans ce dossier,
un dossier qui est...
Malheureusement, le projet de loi n° 96 divise la population, et c'est ça
que je trouve malheureux, parce qu'on est supposés être ici pour tous les Québécois, et je ne suis pas sûr qu'avec
ce projet de loi n° 96 on est ici pour tous les Québécois.
Vous
savez, je suis fier de ma langue, je suis fier d'être Québécois, je suis fier
d'être francophone, mais aussi je suis
fier aussi d'être Canadien. Et, quand on parle de la langue, la première chose,
je vous dirais, la première responsabilité qu'on a, c'est à la maison, de bien parler le français, de s'organiser
que nos jeunes parlent bien le français. Ça commence par là. Si on ne
part pas de la maison avec cette optique-là, bien, on s'en va où?
Moi,
dans ma circonscription, j'ai plusieurs personnes, des Italiens, des
communautés italiennes, portugaises, puis je peux vous en nommer plein
d'autres. Puis je parlais, justement, avec un monsieur d'un certain âge, plus
vieux que moi — bien oui, ça existe — et puis il me parlait, il me dit : Tu sais,
Jean, il dit, moi, je n'ai pas peur pour le côté italien. Pourquoi tu me dis ça? Bien, Jean, c'est ma
responsabilité, c'est la responsabilité de mon fils, ça va être la
responsabilité de mon petit-fils, ça
va être la responsabilité de toutes les autres générations, puis il me
dit : Puis il n'y a pas d'école italienne dans Vimont, à ce que je
sache. Non, mais il dit : C'est une richesse qu'on veut garder vraiment
chez nous.
• (10 h 40) •
Et
tout à l'heure j'écoutais mon collègue, qui parlait au niveau des Portugais,
bien, c'est la même chose, parce que j'ai une communauté portugaise
aussi chez nous, et c'est les mêmes discussions qu'on a. Ces gens-là parlent en
français régulièrement, aucun problème. Ils
ont la richesse de parler, des fois, trois langues ou quatre langues. Quelle
richesse, quelle richesse. Ça, ça
joint tous les Québécois. Quand on parle, à un moment donné, de cette
richesse-là qu'on a, au Québec, bien, justement, c'est ça qu'il faut
mettre en valeur.
Et
là je ne vous parle pas, justement, de passer le français en deuxième lieu,
non, non, non. Écoutez-moi bien, le français,
c'est la langue commune de tous les Québécois. Ça, l'importance de parler bien
le français, bien, ça, ça commence chez
nous et, par la suite, ça va à l'école primaire, secondaire. Les jeunes, il
faut que ça parle très bien français. Mais ce n'est pas ça qui se passe actuellement, là, parce qu'ils se retrouvent à
l'université et ils ont de la difficulté à passer le test francophone.
Ça, c'est une aberration. Ça, c'est une aberration et c'est là qu'il faut
attaquer le terrain.
Puis je vous
parle du francophone de base, là, tu sais, parce que, là, vous allez... Oui,
mais là tu parles de... Non, non,
non, je vous parle du francophone de base qui a de la difficulté, par la suite,
pour passer au niveau supérieur, dans les études supérieures. Elle est où, l'erreur? Est-ce
que c'est à la maison ou c'est à l'école? Bien, dans le fond, c'est peut-être
aux deux endroits, parce qu'à l'école, là,
il faut vraiment s'organiser que les jeunes qui sortent du secondaire parlent
d'un français très correct, mais vraiment correct, pour qu'ils puissent,
justement, parler correctement à travers le monde.
Quand je regarde les
Facebook de ce monde, vous regarderez, des fois, les messages qu'il y a dans
les médias sociaux, c'est incroyable. Et je ne vous dis pas que je parle d'un
français impeccable, là, au contraire, là. Je travaille là-dessus, puis pas besoin de vous dire que mes petits-enfants me
ramènent à l'ordre des fois, puis c'est bien correct. C'est bien correct, et je suis content qu'ils le
fassent, parce que je réalise que mes petits-enfants, bien, ils sont partis
dans la bonne ligne. Ils sont partis
vraiment qu'ils veulent bien... Ils parlent bien français, et tout. Et ça,
c'est une éducation que j'ai donnée à mon fils, et c'est comme je vous
parlais... de mon monsieur italien dans ma circonscription.
Et
c'est là, le problème. Le projet de loi n° 96... C'est bien beau, là,
vouloir dire : Bon, bien, là, au niveau de l'étude supérieure, on va diminuer, on va... Tout à
l'heure, j'écoutais la collègue de Joliette. Je ne suis pas toujours d'accord
avec ma collègue de Joliette, je vais
vous dire, mais, sur ce point-là, je suis d'accord avec elle, l'importance de
parler aussi l'anglais. En premier lieu, on va s'organiser et donner une
bonne éducation en français pour que nos jeunes parlent un français impeccable. Mais par la suite, là, quand on s'en
va au monde... études supérieures, soit au cégep ou quoi que ce soit, ça, ça
veut dire que ça va être l'élite qui va se ramasser, justement, au cégep. On
fait quoi des autres élèves? On fait quoi des autres élèves qui ne sont
pas partie de l'élite?
Elle parlait d'en
région... En région, il arrive quoi? Écoutez, je vais juste vous parler de mon
exemple personnel, secondaire,
Curé-Antoine-Labelle, à Sainte-Rose, à Laval. Ça, c'est mon école secondaire.
Est-ce que je parle bien anglais? Non.
Et puis il faut réaliser... Remarquez bien, je parle, je me débrouille très
bien, il n'y a pas de problème, mais c'est la vie qui a fait que ça
m'a... qu'il a fallu que je le fasse, à un moment donné.
Mais
l'affaire, c'est qu'il faut être réaliste aussi. Donc, si on veut garder notre
français comme il faut, il faut s'organiser que l'éducation qu'on donne à nos jeunes soit parfaite, mais aussi il
faut être réalistes qu'on est dans un monde anglophone alentour de nous, que ce soient les voisins du
Sud, que ce soit... peu importe, on est dans un monde anglophone qui nous
entoure. Donc, protégeons notre langue,
c'est une priorité, il faut le faire absolument, oui, ça, c'est notre
responsabilité à tous et à toutes. Mais aussi il faut être réalistes,
parce que moindrement tu veux aller dans le monde des affaires à l'étranger, à
l'international, bien, si tu ne parles pas anglais, bien, tu peux avoir des
difficultés.
Donc,
c'est une autre responsabilité qu'il va falloir peut-être que ce soit en région
puis, comme ma collègue, elle en
parlait tantôt, bien, peut-être dans les camps de jour, mais aussi à l'école,
peut-être, il faudrait peut-être mettre un niveau meilleur anglophone. Et, dans les cégeps, une fois
que tu as... je ne sais pas, mais cégep et université, une fois que tu as bien
acquis le français, mais d'une manière impeccable, qu'est-ce qui empêche
d'aller étudier en anglais? Pourquoi? Je posais la question à mon épouse, qui est infirmière, je lui disais :
Écoute, les livres de médecine, c'est-u en français ou en anglais? Bien,
elle m'a informé comme quoi que la majorité des livres, c'est en anglais.
J'ai eu le plaisir de faire partie, justement, de
l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, que j'ai assisté à quelques
reprises, et souvent je parlais avec une dame qui y siégeait, justement, une
collègue, mais francophone, française, et
je leur disais : Vous ne faites pas attention à notre langue commune. Vous
savez, quand vous avez été en France... Moi, je vais en France, à un
moment donné, je cherche... je demande aux gens : À quel endroit est le
stationnement? Bien, savez-vous que personne
ne me comprenait, c'était quoi, le stationnement, un stationnement? C'était
assez clair. Ah! vous parlez du parking. Écoutez, c'est comme ça qu'on
va protéger notre langue?
Là, vous allez
dire : Oui, là, tu t'en vas loin, là, tu es rendu en France. Bien, la
francophonie, là, c'est mondial. Saviez-vous
où qu'il y a le plus de français, maintenant, qui parlent la langue
francophone? Ça se trouve à être en Afrique. Bien des gens vont penser : Non, c'est en France. Non, non, non,
vous vous trompez, là, c'est en Afrique. Et ça, on a une responsabilité, nous, en Amérique du Nord, parce
que, oui, effectivement, on est un petit noyau et, si on ne tient pas le
côté francophone chez nous, bien, on s'en va
où? Mais il ne faut pas y aller de manière sévère puis dire : Là, toi, il
faut tu parles en français
absolument. Non, je pense que... On est-u mieux d'y... On est mieux, peut-être,
d'y aller d'une autre manière pour regrouper les gens puis faire
comprendre qu'on a une langue commune qui est le français.
Je pense aux nouveaux
arrivants. Mon collègue, justement, il parlait des nouveaux arrivants, aïe! on
leur donne un certain temps. Savez-vous
qu'un nouvel arrivant qui arrive au Québec, là, aïe! premièrement, il faut
qu'il se trouve un travail, il faut
qu'il s'habitue à sa nouvelle vie? Il y a tellement de choses à s'habituer.
Puis là, en plus, on va lui mettre sur les
épaules : Aïe! En dedans de six mois, là, il faut tu parles français. Aïe!
On ne peut pas lui donner un petit lousse, là? Parce que, là, il arrive
peut-être dans un pays que ce n'était pas vraiment évident, là-bas. C'est pour
ça, d'ailleurs, qu'il est rendu au Québec. En plus, on va lui mettre cette
pression-là sur ses épaules? Oui, il faut qu'il parle français, je suis d'accord avec ça. Mais on peut-u lui laisser un
petit... j'allais dire un petit break, mais... je vais le dire, mais un petit
lousse, hein? Peut-être qu'un petit
lousse, peut-être, ce serait bienvenu. On est supposés être des gens accueillants,
bien, je pense qu'on peut l'être.
Puis
on pourrait peut-être insérer, justement, des cours de français, peut-être, au
travail, inciter plus à des... d'autres manières, mais d'une manière
douce, d'une manière... Tu sais, quand tu essaies de rentrer quelque chose dans
la gorge rapidement, là, ce n'est jamais le bienvenu. Il y a bien des manières
de le faire. Mais moi, je pense qu'avec le projet de loi n° 96, qu'on va voter contre, bien, justement, c'est
une mauvaise manière, mais vraiment une mauvaise manière, puis je pourrais vous en parler des minutes et des
minutes parce que je trouve ça incroyable qu'on s'en aille dans ce sens-là.
Puis, écoutez, je suis un fier Québécois, comme je vous disais. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, M.
le Président. Aujourd'hui, c'est excessivement important pour moi, M. le Président, de prendre la parole sur le mauvais
projet de loi n° 96, projet de loi n° 96 qui se veut aller
dans le sens de l'objectif collectif
qui est d'assurer la pérennité et l'épanouissement du français, parce qu'il ne
s'agit pas juste de protéger la langue, c'est la pérennité et l'épanouissement du français. Ça, c'est l'objectif
collectif auquel prétend répondre le projet de loi n° 96. J'ai dit «mauvais projet de loi n° 96», M. le
Président, parce qu'il le fait sur le dos des Québécoises et des Québécois, il
le fait sur le dos des francophones,
il le fait sur le dos des anglophones, il le fait sur le dos des nouveaux
arrivants. Il n'y a pas ce qui est
nécessaire lorsqu'on aborde l'important dossier de la langue française au
Québec, pérennité et épanouissement. Il
n'y a pas le nécessaire équilibre entre l'objectif collectif que je viens de
souligner et la protection, l'équilibre avec les droits et libertés
individuelles de toutes les Québécoises et de tous les Québécois parce que cet
équilibre-là est rompu, n'existe pas au sein du projet de loi n° 96.
Nous, de
l'opposition officielle, du Parti libéral du Québec, nous allons voter contre
ce mauvais projet de loi là, M. le
Président. Et je vais vous donner des exemples tangibles qui sont tout à fait
inacceptables à nos yeux, qui sont applaudis par la CAQ, la Coalition avenir Québec, et qui font là une ligne de
division très claire, philosophique entre la CAQ et le Parti libéral du
Québec, M. le Président. Nous ne voudrons pas brader les droits et
libertés fondamentales de toutes les Québécoises
et Québécois pour atteindre un objectif, oui, qui est louable et noble, M. le
Président, mais il doit toujours y avoir un équilibrage.
• (10 h 50) •
Bien
évidemment, au Parti libéral du Québec, nous avons une histoire très claire de
défense et de protection du français au Québec : 1974, la
loi 22, c'est cette loi, sous Robert Bourassa, qui a fait le français la
langue officielle du Québec. Et Camille Laurin, plus tard, dira dans une
entrevue qu'il n'aurait pas pu déposer la loi 101, à l'époque, sans l'électrochoc qu'avait représenté le projet de
loi 22. Donc, chapeau, coup de chapeau à Robert Bourassa, d'un
gouvernement libéral, qui a fait le
français la langue officielle au Québec en 1974. Et, lorsque vous allez voir la
loi 22, M. le Président, vous avez
toutes les têtes de chapitre, toutes les têtes de chapitre : langue
d'enseignement, langue de travail, langue de commerce, langue, évidemment, d'affichage. Toutes les têtes
de chapitre sont là, dans le projet de loi 22. Camille Laurin l'avait
reconnu lui-même, sans cet
électrochoc, il n'aurait pas pu déposer son projet de loi 101. Il y a un
équilibre nécessaire, lorsque vous déposez
un projet de loi qui se veut atteindre ces objectifs de pérennité et
d'épanouissement du français, un équilibrage qui doit se faire en
respect des droits et libertés fondamentaux des Québécoises et des Québécois,
et ça, M. le Président, deux documents
importants, oui, la Charte canadienne des droits et libertés, mais notre charte
québécoise des droits et libertés.
Autre document qui a été adopté, pièce
législative majeure qui a été adoptée en juin 1975, encore une fois, par Robert Bourassa, mise en vigueur en juin, le 27
juin... 28 juin 1976 : charte québécoise des droits et libertés. Lorsque
vous déposez une loi, M. le Président,
vous voulez atteindre des objectifs communs, vous devez faire valider si
l'équilibre y est ou pas, et ça, ça
se fait, n'en déplaise au gouvernement de la CAQ, par nos tribunaux, à la
lumière d'un document fondamental, au
Québec, qui existe, qui est là, qui a un rôle fondamental, qui est notre charte
québécoise des droits et libertés. Bien, tellement assuré, M. le Président, que le projet de loi
n° 96, puis le ministre de la Justice, c'est un homme intelligent,
tellement assuré, son projet de loi
ne répond pas... ne respecte pas cet équilibre-là, enfreint indirectement,
bafoue les droits et libertés des Québécoises
et des Québécois, qu'il a décidé, de façon globale — c'est
du sans précédent, mais on l'a vu plusieurs fois sous ce gouvernement-là — de
façon globale, d'appuyer, de mettre en vigueur la clause nonobstant, autrement
dit la clause par laquelle tous les
articles pertinents, de 1 à 38, de notre charte québécoise des droits et
libertés, qui respecte nos garanties fondamentales
de droits et libertés, bien, l'entièreté de la charte québécoise sera mise de
côté, suspendue et ne s'appliquera pas
en regard du projet de loi n° 96. Ça, c'est le bulldozer sur nos droits et
libertés, M. le Président, et il n'y aura pas de test de rééquilibrage.
Je vous donne
un exemple d'un équilibrage historique fondamental : la loi 101 faisait en
sorte que l'affichage était unilingue en anglais, c'était unilingue en
anglais sous le gouvernement du Parti québécois. Il y a eu une contestation judiciaire, ce qui a donné, en 1987, un jugement
de la Cour suprême, jugement de la Cour suprême, qui disait : Non, vous
ne pouvez pas avoir uniquement l'affichage
unilingue partout au Québec, décision de la Cour suprême. Robert Bourassa,
de façon temporaire, de façon ponctuelle, a appliqué la clause nonobstant pour
dire : On va essayer de prendre le temps, collectivement, de trouver un
équilibre. L'équilibre, il l'a trouvé dans les délais légaux, il l'a trouvé, en
1992, avec l'amendement qui faisait en sorte que, d'accord, le français sera
d'affichage prépondérant, il y aura prépondérance du français dans l'affichage. Ça, c'est un équilibre, M. le Président, qui
nous a permis d'avoir une meilleure acceptabilité sociale, pas de division
sociale, acceptation des anglophones, acceptation des francophones. Et c'est un
équilibre qui tient tellement la route que, par la suite, même des
gouvernements du Parti québécois n'ont pas modifié cet équilibre-là. Si Robert Bourassa... et, si, à l'époque, il avait
été dit que la charte québécoise des
droits et libertés ne s'applique pas
du tout, on n'aurait pas eu cet
équilibre-là, on aurait continué à avoir des chicanes et, en ce sens-là, on
aurait divisé la population. La CAQ, aujourd'hui, divise la population
entre francophones, anglophones et immigrants.
Pourquoi le
projet de loi n° 96, M. le Président, est un mauvais projet de loi? Je vais
vous le dire, je vais vous donner cinq,
six exemples. Il limite l'accès à la justice. Lorsque le ministre dit :
C'est moi qui va contrôler quel juge devant aussi parler et comprendre l'anglais... c'est moi qui va
décider ça du haut de ma tour d'ivoire à Québec, lorsque vous êtes devant
un procès, M. le Président, devant juge et
jury, et que votre langue maternelle est l'anglais, que vous êtes capable de
comprendre le français, mais vous voulez être jugé par vos pairs dans votre
langue, lorsqu'on dit : Bien, désolé, l'objectif collectif de l'épanouissement du français fait en sorte que, ce
matin, vous n'aurez pas un juge ou une juge qui comprend l'anglais, et on va juger de votre culpabilité, puis peut-être
que vous allez finir en prison, ça, c'est atteindre la justice fondamentale.
Et, en ce sens-là, c'est un élément
limite à l'accès à la justice qui est criant, qui est excessivement parlant et
pour lequel nous sommes fondamentalement, bien
évidemment, contre. Il n'y aura pas de rééquilibrage en regard de nos chartes
parce que, le ministre le sait, ça ne
tient pas la route, le ministre le sait, que ça ne tient pas la route, et, en
ce sens-là, ce sera un mauvais projet de loi qui sera pérennisé.
Priver les
Québécoises et Québécois, qui, dans plusieurs cas, auront 18 ans, d'accès
à un cégep anglophone... Moi, M. le
Président, si l'une de mes filles, qui a 17 ans, 18 ans, décide d'aller dans un
cégep anglophone, elle pourra... sous un régime de la CAQ, pourrait se faire dire : Bien non, tu n'as pas le
droit d'aller à un cégep anglophone, ça, M. le Président, c'est brimer
des droits et libertés fondamentales d'une jeune adulte québécoise qui parle le
français aussi bien que vous et moi, M. le
Président, qui ne perdra pas son français en allant étudier au cégep
anglophone, puis qui va se faire dire : Non, pas pour toi, par l'État. Quand on dit qu'au Parti libéral du Québec une de nos valeurs fondamentales, c'est le
respect des libertés individuelles,
ça s'inscrit là aussi, le droit de choisir, dans une société libre et
démocratique. Mais ça, le projet de loi n° 96 vient bafouer ce
fondement-là de notre société.
Également, de
réduire à six mois, pour un nouvel arrivant, toute communication avec l'État
autre que le français... Alors, après
six mois, vous êtes nouvel arrivant, on peut vous servir dans une autre langue,
mais, après six mois, on prend pour
acquis que vous allez comprendre suffisamment les instructions du médecin, de
l'infirmière, par exemple, et que ce sera
uniquement, M. le Président, uniquement en français. Ça, c'est réellement
atteindre la dignité même des gens que l'on reçoit ici. L'ouverture d'un Québec... Je ne reconnais pas le Québec
dans ce projet de loi là. C'est une barrière qui est faite. Puis, encore une fois, on veut prétendre atteindre
l'objectif de l'épanouissement du français commun, mais on le fait, là, sur
le dos des nouveaux arrivants.
Autre élément,
les ordres professionnels. Les ordres professionnels ont des compétences
internationales reconnues. On
accueille des femmes et des hommes qui participent d'un ordre professionnel,
mais, s'ils ne parlent pas suffisamment bien le français et s'il y a une plainte, ce sera un acte dérogatoire
qui ferait en sorte qu'ils pourraient être suspendus de leur ordre. Ça, c'est la bombe atomique en matière
d'ordre professionnel. C'est une tache noire sur votre dossier. Et on vient
limiter l'accueil et le rayonnement du Québec à l'international par cette
mesure via les ordres professionnels.
Autre
élément, M. le Président : les pouvoirs d'enquête de l'OQLF. C'est du
jamais-vu. Un inspecteur de l'OQLF pourra
pénétrer dans tout endroit autre qu'une maison d'habitation, pourra détenir des
documents, pourra prendre des photos, exiger
l'accès aux ordinateurs, et ça, sans autorisation judiciaire. Ça, M. le
Président, là, ça, c'est indigne du Québec. Ça, c'est aller contre nos chartes
des droits et libertés fondamentales. Puis c'est tellement vrai que ça va
contre les chartes des droits et des libertés fondamentales qu'on
suspend leur action par le projet de loi n° 96.
Alors, la
seule chose à faire pour nous, M. le Président, face à la CAQ, qui divise entre
francophones, anglophones, nouveaux
arrivants, ce mauvais projet de loi là, 96, nous allons voter contre, parce que
le projet de loi n° 96 est le résultat d'un geste néfaste,
calculateur et petit. Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais
le leader du troisième groupe d'opposition et député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci, M. le
Président. Donc, à mon tour de prendre la parole sur l'adoption finale du
projet de loi n° 96. Et j'aimerais commencer
mon intervention, M. le Président, avec une citation : «La langue est le
fondement même d'un peuple, ce par
quoi il se reconnaît et il est reconnu, qui s'enracine dans son être et lui
permet d'exprimer son identité.» Ça, M. le Président, c'est Camille
Laurin que je cite.
Depuis
maintenant 50 ans, le Parti québécois fait la promotion et la défense de
notre langue commune, et ça fait partie
au coeur même de notre action politique, et ça fait partie même de notre ADN,
M. le Président. De l'adoption de la Charte
de la langue française en 1977, en
passant par la présentation du projet de loi n° 14 et jusqu'à aujourd'hui,
nos actions parlent d'elles-mêmes. Jamais une formation politique n'en a
fait autant pour la langue française au Québec.
Et, dès l'arrivée
de mon chef, M. Paul St-Pierre Plamondon, tout de suite, on a déclaré
l'urgence linguistique en déposant une motion, M. le Président, pour
amener ce débat à l'Assemblée nationale. Et vous savez quoi? Bien, le gouvernement a refusé de déclarer l'urgence
linguistique. Pourtant, les projections linguistiques sont claires, M. le
Président : le français comme
langue d'usage chutera de 82 % en 2011 à 75 % d'ici 15 ans.
Donc, vous comprenez, M. le Président, qu'il
y a urgence d'agir et que cette urgence linguistique doit avoir une pièce
législative qui fait face à ces nombreux défis.
• (11 heures) •
M. le
Président, le projet loi n° 96 n'est pas la suite de la loi 101 du Parti
québécois de 1977, c'est plutôt la répétition de la loi 22 du Parti
libéral de 1974. En 1974, les députés du Parti québécois ont voté contre la
loi 22 parce qu'elle ne prenait pas au
sérieux les défis de la langue française. En 2022, M. le Président, la CAQ
va commettre la même erreur. Et moi, je me souviens, à l'époque, en 1974, je n'étais
pas né, mais mon prédécesseur, M. Lucien Lessard, était là pour le Parti
québécois, en 1974, et il s'est levé contre
le bill 22, disant que ce n'était pas suffisant. Donc, lorsque le député
de LaFontaine dit que ça a pris le
projet de loi 22 pour créer un électrochoc, évidemment, ce n'était
tellement rien, M. le Président, que le Parti québécois, en 1976, a dû présenter le projet de loi 101, qui a été
débattu et condamné, dans certains cas, et, à travers les années, les
formations politiques ont reconnu que c'était la chose à faire en 1976.
Et on dirait,
M. le Président, qu'on est rendus à la même place aujourd'hui. Dans 20, 30, 40,
50 ans, les gens vont regarder l'Assemblée nationale et ils vont se
dire : Que s'est-il passé en 2022? Est-ce que les législateurs ont adopté pas un projet de loi costaud, un projet de loi
courageux pour protéger la langue française parlée ici, en Amérique du Nord,
mais notamment au Québec, et s'assurer de sa
pérennité? C'est ça que nos ancêtres nous ont dicté et c'est ça que nos enfants
et nos petits-enfants vont regarder. Alors,
lorsqu'ils liront les minutes, M. le Président, de cette adoption finale, ils
verront dans
nos débats : Est-ce qu'on en a fait suffisamment pour protéger la langue
française? La réponse, M. le Président, c'est non, on n'en fait pas
suffisamment.
Et je faisais
la comparaison, tout à l'heure, avec le projet de loi 22, bien, en 1996,
même René Lévesque le disait : On
s'attarde à des mesures inutilement contraignantes pour les anglophones. Donc,
je comprends et je partage, dans certains cas, certaines préoccupations du Parti libéral sur l'empiétement de
certains droits, mais surtout le fait qu'on embête les communautés anglophones pour des mesures qui n'atteindront
pas leur cible. Je ne suis pas d'accord sur l'ensemble de leur
plaidoyer, mais il y a une partie que je suis capable de leur donner raison, M.
le Président.
Ce matin, mon
chef, Paul St-Pierre Plamondon, ainsi que le député de Matane ont fait une
conférence de presse. On a annoncé
que le Parti Québécois allait voter contre, M. le Président, pas pour les mêmes
raisons que le Parti libéral, mais surtout
parce que ça ne va pas assez loin, M. le Président. Évidemment, vous nous avez
entendu parler à plusieurs reprises ici, en Chambre... Mon collègue des
Îles-de-la-Madeleine a posé des questions au premier ministre, mon collègue
de Matane a posé des questions au ministre de l'Immigration et de la Francisation : Est-ce qu'on devrait, oui ou non, assujettir les
cégeps à la loi 101? La réponse,
c'est oui. Pour nous, c'est oui. Et on a plusieurs professeurs dans les cégeps,
partout au Québec, qui appuient notre
combat. Même Guy Rocher, l'honorable Guy Rocher, M. le Président, est venu nous
dire que, oui, ça prenait la loi 101 au cégep. Or, c'est absent du
projet loi n° 96.
Il y a plusieurs choses qui sont absentes, M. le
Président. Quand on dit que ce projet de loi n'est pas courageux et qui, à la
face même du gouvernement, est costaud, c'est faux. Il manque des mesures qui
vont permettre à la langue française de demeurer pérenne et même de grandir
ici, au Québec. Exiger une immigration économique francophone, la CAQ mise
plutôt sur la francisation qui connaît déjà de nombreux échecs en plus de ne
pas doter de cibles en matière d'immigration francophone. Ce n'est pas dans le
projet de loi, M. le Président.
«Exiger la
maîtrise du français pour la sanction des études, avec l'obligation de réussite
d'une épreuve uniforme de français à la fin du parcours collégial.» La CAQ
ajoute des exigences en matière de français, mais pas pour les collèges
privés non subventionnées. Le deux poids, deux mesures, M. le Président.
«Interdire
[...] l'anglais à l'embauche.» Nous avons déposé un projet de loi dans ce sens,
mais la CAQ renforce le principe mais ne va pas assez loin.
«Appliquer la
loi 101 aux entreprises [de] charte fédérale.» La CAQ continue de
quémander au gouvernement fédéral sans rien avoir en retour, M. le
Président.
Création d'un
bureau du contenu culturel québécois. La CAQ ne valorise pas la création du
contenu québécois. Les productions en anglais sont encore favorisées
dans le Canada.
Retirer le
statut de ville bilingue aux municipalités qui possèdent moins de 33 %
d'anglophones. La CAQ prévoit que,
par sa simple résolution, une municipalité pourra garder son statut de ville
bilingue, même si elle a un taux plus bas que 33 %. Les villes auront le choix de garder son statut bilingue,
même si elles possèdent 8,6 % d'anglophones, M. le Président.
Alors, vous comprenez
que, pour le Parti québécois, lorsqu'on parle de langue française, on est à
l'écoute. Vous comprenez, M. le
Président, que, pour le Parti québécois, lorsqu'on parle de défendre la langue,
de faire sa promotion et d'assurer sa
survie, le Parti Québécois est à l'écoute, M. le Président. Mais, une fois
qu'on parle, ce qui reste, ce sont les gestes. Et malheureusement, M. le
Président, dans ce projet de loi n° 96, les gestes sont insuffisants.
Donc, je ne
sais pas de quelle façon nos enfants et nos petits enfants vont nous juger dans
30, 40, 50 ans, mais la plus
grande question que j'ai, puis je n'ai pas de réponse : Est-ce qu'ils vont
nous juger en français ou en anglais? Je ne sais pas, M. le Président, je ne sais pas. Mais il est tout à fait légitime
pour nous, aujourd'hui, de déclarer auprès de la nation québécoise que le projet de loi n° 96 ne
renversera pas la tendance du déclin linguistique. Et, pour nous, il est
fondamental de le dire ici, à l'Assemblée nationale.
Évidemment,
les gens de ma circonscription de René-Lévesque visitent la métropole mais ne
sont pas confrontés aux grands défis de la métropole. Mais ça les inquiète, M.
le Président. Nombreux de mes citoyens que je côtoie nous disent que, oui, même si, dans la circonscription
de René-Lévesque, le français est très présent, ça les préoccupe, la présence
du français du côté de la métropole. Donc,
ce projet de loi là rassemble tous les Québécois et Québécoises sur l'ensemble
du territoire, mais malheureusement n'offre
pas de solution qui va finir qu'au tout les anglophones comme les francophones
vont être les yeux rivés sur le même
objectif : s'assurer que la langue française soit encore parlée pour des
générations et des générations.
Alors, M. le
Président, il est devenu évident pour nous, après discussion à notre caucus,
mais surtout après avoir consulté
plusieurs experts... ils nous l'ont tous dit, tous dit : C'est malheureux,
M. le Président. Donc, on ne peut pas, au Parti Québécois, dire : On va voter pour le projet de loi en disant :
Bon, on fait un pas dans la bonne direction. Ce n'est pas suffisant.
Non, pas pour la langue française, pas pour quelque chose d'aussi fondamental
pour l'avenir de notre nation.
On a le devoir, comme parlementaires, d'être
critique envers des pièces législatives qui ne font pas le travail, M. le Président. On a le devoir, comme
parlementaires, de poser des questions sur ce qui a été présenté comme étant un
compromis, M. le Président. C'est un
compromis que la CAQ offre. Et malheureusement, voyant le vote de l'opposition
officielle et de la troisième opposition, vous voyez bien que ce compromis-là
n'existe pas. Alors, malheureusement, M. le Président, on rate la cible avec le
projet de loi n° 96.
Donc,
aujourd'hui, les députés du Parti québécois prennent la parole pour dire à
cette Assemblée nationale que, d'ici
les 20, 30, 40, 50 prochaines années, si on ne fait rien, ce sera le
déclin de la langue française. Et, si on n'en fait pas suffisamment, est-ce que nos petits-enfants
parleront encore français? Je ne sais pas, M. le Président. Je l'espère. Mais,
avec ce projet de loi là, évidemment,
on n'arrive pas à atteindre le but : faire de notre langue commune un
succès et faire de notre langue commune, encore une fois, une existence
propre à sa particularité.
Donc, M. le
Président, en terminant, il me reste une seule chose à dire : Agissons
avant qu'il soit «too late». Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je suis
maintenant prêt à reconnaître M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M. le
Président. Je vais continuer dans la même veine que mon collègue député de René-Lévesque en parlant de ce moment qui
aurait pu être historique, ce rendez-vous raté, en fait, avec l'histoire, alors
que tous conviennent que le français au
Québec est en déclin. Il est en déclin, bien entendu, dans l'affichage, dans la
langue parlée au travail, dans la
langue d'accueil dans les commerces, particulièrement dans la région de Montréal.
Il est en déclin également dans la
société civile. Un peu partout, les jeunes sont tournés davantage vers les
productions culturelles qui nous viennent d'ailleurs et principalement
des États-Unis.
En
fait, pour la société, la seule société francophone d'Amérique, le temps est
venu de poser un nouveau jalon pour défendre et promouvoir la langue française
ici, en Amérique, à la suite des gestes courageux, importants et essentiels qui
ont été posés par le gouvernement du Parti québécois de René Lévesque en 1976
par l'adoption de la loi 101.
• (11 h 10) •
Évidemment,
le père de la loi 101, Camille Laurin, avait identifié les éléments sur
lesquels il fallait nécessairement agir en 1976 pour enrayer ce déclin
de la langue française, qui était déjà perceptible. Heureusement, on a imposé,
par exemple, l'obligation de la
fréquentation scolaire, à l'école, donc, de la part des non-francophones, sauf
pour les ayants droit, essentiellement,
les gens issus de l'immigration, l'école, donc, en français. On a, à ce
moment-là, estimé que le cégep pouvait être
épargné d'une telle mesure en supposant qu'en fréquentant l'école primaire et
secondaire les bases allaient être suffisamment
solides pour pouvoir s'assurer que ces gens-là, qu'on accueille généreusement
et avec les bras ouverts au Québec
pour justement faire de ce territoire une nation beaucoup plus prospère,
diversifiée, bien, ils le fassent évidemment en adhérant aux valeurs et
particulièrement à la langue française comme la langue commune de notre Québec.
Eh
bien, on se rend compte évidemment aujourd'hui que ce n'est pas tout à fait ce
qui se produit. Bien sûr, il y a un certain
transfert linguistique qui continue de s'opérer, mais il est insuffisant. Et
c'est la raison pour laquelle, en 2013‑2014, le
gouvernement de Pauline Marois a voulu agir, et c'est important de le
mentionner, parce qu'on voyait qu'il y avait une indolence, une insouciance de la part du gouvernement libéral depuis
suffisamment d'années. On cachait même un certain nombre d'études, qui avaient été réalisées par
l'Office de la langue française, qui démontraient hors de tout doute ce qu'on
pouvait voir, nous, évidemment, dans la
réalité vécue au quotidien, principalement dans la grande région de Montréal,
que le déclin était déjà amorcé.
Il
a fallu, donc, déposer un projet de loi sans qu'on ait, à l'époque du
gouvernement minoritaire, l'appui d'une majorité de députés pour aller de l'avant. Et essentiellement on aurait pu
espérer que les députés de la Coalition avenir Québec, s'ils étaient véritablement
les défenseurs qu'ils disent être aujourd'hui de la langue française, qu'ils
aient pu appuyer un projet de loi comme
celui-là, qui visait justement à enrayer le déclin de la langue française. Mais
non, pour des considérations qu'on
imagine politiques ou stratégiques, ils ont plutôt décidé de ne pas aller de
l'avant avec un appui à des gestes qui, je le répète, là, auraient pu
être posés il y a de ça huit ans. Ils ont préféré laisser aller les choses.
On connaît la suite.
Début du mandat, ce n'est pas dans les priorités du gouvernement actuel. Nous
posons des questions. Je me souviens très
bien de la ministre responsable du dossier, à l'époque, qui se voulait
rassurante et qui n'avait, à cette
époque-là, absolument aucune intention de légiférer, mais qui souhaitait plutôt
promouvoir par des gestes symboliques la
langue française ici, au Québec. Puis, changement de ministre, changement
d'orientation, on nous promet un projet de loi costaud. C'est l'expression qui a été utilisée par le nouveau ministre.
Et il a fallu y travailler plus d'un an avant de savoir de quoi il était fait. Et, lors des consultations
particulières, il devenait évident que le gouvernement avait plutôt choisi des
demi-mesures, alors que la situation en exigeait bien, bien davantage.
Et
c'est la principale raison pour laquelle le Parti québécois a émis ses
critiques, a émis des propositions, a déposé son alternative, son projet de
loi alternatif à celui du gouvernement, pour s'assurer que cette fois-ci, ce soit la bonne, pour qu'on puisse véritablement s'inscrire dans la
foulée du projet de loi 101 et que les mesures législatives à mettre en
place puissent obtenir les effets
escomptés, c'est-à-dire d'enrayer ce fameux déclin qui est observable et qui
est documenté. Il est documenté
puisqu'on peut déjà prévoir, les démographes sont formels, une baisse de la
langue d'usage... du français comme langue d'usage au Québec de
82 %, en 2011, à 75 % d'ici 15 ans. Alors, ce sont des faits qui
parlent d'eux-mêmes.
Pourtant,
aujourd'hui, ce qu'on nous propose, ce sont une série de mesures qui, de l'avis
de tous les experts, n'arriveront pas à avoir un effet sur le déclin dont je
viens de vous parler. Alors, à quoi bon s'arrêter en si bon chemin? C'est la raison pour laquelle nous avions proposé
des amendements et des ajustements, des améliorations au projet de loi pour qu'on puisse le faire de façon résolue et en
collaboration et qu'on puisse véritablement dire que, ce moment-là, il était
important pour le Québec et pour l'avenir de la langue française.
Malheureusement, nos
appels n'ont pas été entendus par la partie gouvernementale, mais je me permets
de les rappeler parce que ces conditions-là,
elles sont nécessaires non pas pour susciter l'adhésion d'un plus grand nombre
de députés au projet de loi, mais plutôt pour avoir un effet mesurable
et avéré sur la promotion et la défense du français et pour que le français devienne véritablement, plus que jamais, la
langue commune et la langue d'usage pas seulement par des formules
symboliques, mais par des résultats.
Si l'on n'en vient
pas à exiger que l'immigration économique soit essentiellement francophone,
cela pose un problème majeur pour le
gouvernement du Québec, qui doit continuer de miser sur la francisation,
francisation dont il est déjà démontré que le Québec fait piètre figure.
Malheureusement, les échecs se multiplient, et ça s'avère depuis déjà plus d'une quarantaine d'années. Et les ressources
à y consacrer sont toujours insuffisantes. Les résultats ne sont pas au rendez-vous. Prenons une action résolue pour ce
qui est de l'immigration économique. Nous aurons des résultats immédiatement
et des résultats probants.
Évidemment, j'ai évoqué tout à l'heure
la question de l'éducation, l'application de la loi 101 au cégep. On a un
mouvement, du jamais vu, un mouvement qui
vient de la base, les enseignants du réseau collégial qui souhaitent, et
insistent, et font la promotion de
l'adoption des mesures de la loi 101, de la fréquentation obligatoire au
cégep francophone parce qu'ils
constatent, comme les chiffres le démontrent également, que, de plus en plus,
les cégeps anglophones deviennent, en
fait, des vecteurs de transfert linguistique importants non seulement pour les
allophones, mais également pour les francophones, comme une espèce de promesse
d'un meilleur statut social. Et il est prouvé, sondages à l'appui,
consultations à l'appui, que les gens, les allophones et francophones qui vont
fréquenter le cégep en anglais, vont s'inscrire de façon largement majoritaire à l'université en anglais pour ensuite
poursuivre leur vie professionnelle exactement dans le même sillage de la
langue de Shakespeare.
Alors, évidemment, nous n'avons jamais été contre
le bilinguisme individuel, mais, maintenant, si les cégeps sont devenus des
vecteurs d'assimilation ou de transfert linguistique, nous avons un problème
qui ne sera pas résolu à travers le projet de loi n° 96.
On
aurait souhaité également un bureau de promotion du contenu culturel québécois
à travers la langue française. Cette
proposition a été mise de côté. On aurait voulu également, si le Québec est
francophone, bien, que les villes qui ont moins de 5 %
d'anglophones soient considérées comme francophones. On n'a pas ce courage-là,
du côté de la CAQ.
Et
finalement on a un projet de loi qui ne se fixe aucun objectif à atteindre en
matière de promotion et de défense de la langue française comme langue
d'usage. C'est une faille monumentale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je vous remercie, M. le chef du troisième groupe
d'opposition et député des Îles-de-la-Madeleine. Et je reconnais maintenant Mme
la députée de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de parler sur ce
projet de loi. Pour nous, évidemment, c'est
important de pouvoir prendre la parole sur un enjeu qui est à l'essence même de
la création de notre parti politique
et qui continue de nous animer sur cet enjeu important qui est de lutter contre
le déclin de la langue française partout au Québec. C'est d'ailleurs, comme le
rappelait mon collègue de René-Lévesque, c'est d'ailleurs tellement dans
nos convictions, chez nous, que la première
motion que nous avons déposée à l'Assemblée nationale lorsque notre chef a été
élu, il y a quelques... au mois de novembre 2020, était en ce sens, donc pour
reconnaître l'urgence linguistique, l'urgence linguistique qui est très grandement documentée. Et cette motion a été
malheureusement battue par le gouvernement de la CAQ, alors que, nous le
savons, le français comme langue d'usage, s'il n'y a pas de changements
drastiques, de changements importants,
concrets dans certains axes, d'ici 15 ans, chuterait à 75 %, M. le
Président. Donc, c'est des chiffres assez inquiétants.
• (11 h 20) •
Et
ces axes, donc, ont été présentés dans notre projet, dans notre plan pour
protéger la langue française sur trois axes, donc : l'immigration, l'enseignement supérieur et le
travail. Donc, c'était très important pour nous de parler en détail,
finalement, de ces trois axes-là. Et vous retrouvez plusieurs mesures qu'on a
même amendées, comme le disaient mes collègues, et qui n'ont pas,
malheureusement, été adoptées par le gouvernement.
Alors,
quand on parle de mesures-phares qui n'ont pas été appliquées, on peut
évidemment parler de l'immigration économique.
Moi, j'étais porte-parole en immigration au début de mon mandat, et, pour nous,
et c'était même un engagement électoral,
et ça va devenir... ça va continuer d'être un engagement pour le Parti québécois, c'est la nécessité d'accueillir et de recruter des immigrants francophones avec une base, avec une connaissance
du français. Il faut s'assurer que ces immigrants-là
aient déjà une manière de communiquer avec la nation qui les accueille et de
mieux s'intégrer, finalement. On l'a
vu, les taux de rétention et d'accueil, le meilleur accueil qu'on peut faire
pour nos immigrants, évidemment que, s'ils ont une connaissance du
français, ça aide largement à ce qu'ils s'établissent en permanence au Québec.
Et
il faut se rappeler aussi que j'ai demandé à chaque année les taux de réussite
à la ministre, là. Chaque année dans les
crédits, on demande : Quel est le taux de réussite des cours de
francisation de ces immigrants-là? Et la ministre ne nous répond jamais, et donc ne se dote pas de cibles en
matière d'immigration francophone, en plus de ne pas les sélectionner,
d'abord et avant tout, avec cette connaissance du français.
Vous
me permettrez d'aller plus en profondeur aussi sur la question de l'application
de la loi 101 au cégep parce que,
bien, je suis une jeune députée et que cette demande-là en conseil national, en
congrès, au Parti québécois, nous a été amenée par le conseil national des jeunes péquistes... Donc, c'est une
préoccupation qu'ont les jeunes au Québec, de garder et de protéger
notre langue française, et ça doit passer par l'application de la loi 101
dans les cégeps du Québec.
Et
je suis aussi porte-parole en enseignement supérieur. Alors, pour nous, bien,
c'est évident que de choisir la voie du
contingentement comme le fait la CAQ, bien, ça ne viendra pas assurer la
protection de la langue, parce que, présentement, je peux vous sortir
des chiffres, les francophones du Québec suivent cette tendance-là, d'aller
s'éduquer dans les cégeps anglophones, et
donc se socialisent aussi dans des milieux où c'est la langue anglaise qui est
priorisée, et ensuite, bien, vont utiliser
ces atouts-là, comme ils le disent, pour aller travailler en anglais, en langue
anglaise, M. le Président. C'est un fait. C'est largement documenté et
exprimé par les experts.
Donc,
si on regarde, là, seulement des chiffres, comme le 90 % des étudiants
allophones et 80 % des francophones inscrits dans un cégep anglais disent avoir l'intention de poursuivre
leurs études universitaires dans un établissement de langue anglaise et 72 % d'entre eux disent
vouloir poursuivre sur le marché du travail en anglais... Il y a des sondages
Léger qui disent que 47 % des
Québécois sont en faveur de l'application de la loi 101 au cégep, et la
quasi-totalité se situe dans notre
base potentielle de croissance. La fréquentation
des cégeps anglais est étroitement
liée à l'anglicisation de la langue d'usage
public, de la langue de travail, de la langue de consommation culturelle.
72,9 % des francophones inscrits au cégep anglais utilisent principalement le français à la maison,
comparativement à 99 % de ceux inscrits au cégep français. Et moi, je l'ai
vu, là, ça ne fait pas longtemps que je suis de retour des études, et je n'ai
jamais remarqué ça, à Montréal, à quel point les jeunes
vont utiliser, dans leur langage courant, des expressions anglophones à tous
les quatre cinq mots. J'ai failli être prise
au piège moi-même, M. le Président, mais je suis revenue à la raison et
j'utilise le français dans mon langage courant.
Mais
je l'ai vécu, ça. Je l'ai vécu, pas seulement à Montréal, sur l'île, mais dans
d'autres endroits où il y a des cégeps anglophones,
à Saint-Lambert, sur la Rive-Sud. Les gens utilisent l'anglais même s'ils se
parlent entre eux et qu'ils connaissent la langue française aussi bien que moi. Donc, des allophones, notamment,
vont prioriser l'utilisation de l'anglais. Donc, c'est un problème qui est dans le système, parce que ce
n'est pas tous les individus qui sont conscients de l'impact que ça a sur le déclin de la langue française. Mais ça a cet
impact-là, et c'est au gouvernement de prendre ses responsabilités pour
s'assurer que les jeunes, entre eux, priorisent, privilégient la langue
française, qui est une si belle langue.
Donc,
la tendance à la hausse dans les inscriptions dans le réseau collégial anglais
s'exprime partout, à Québec, à Saint-Lambert,
comme on le disait, donc pas seulement sur l'île de Montréal. Et vous
retrouverez, dans les cégeps anglophones, 40 % d'allophones, 35 % d'anglophones et 25 % de francophones.
C'est des chiffres très élevés, M. le Président. Et on nous dit que 65 % des places en cégep
anglophone sont occupées par des non-anglophones. Alors, Frédéric Lacroix,
quand il affirme que, si cette tendance se maintient, il y aura plus
d'allophones que d'anglophones dans les cégeps anglais, à Montréal, bien, il ne
parle pas à travers son chapeau, M. le Président.
Même
Christian Dufour, oui, le Pr Christian Dufour, qui dit que «le projet de
loi n° 96 manque d'un coeur structurant, d'un moteur sur le plan sociétal et politique.
L'audace en faveur du français est nécessaire ici, la controverse pouvant être
parfois féconde en politique et l'obsession de ne pas faire de vagues le signe
d'un problème.
«Essayer
laborieusement de faire indirectement ce qu'on est trop craintif pour faire
directement causera plus de problèmes
à [long] terme que la franche imposition de la loi 101 au niveau
collégial.» Ce n'est pas le Parti québécois qui le dit, c'est le
Pr Christian Dufour. Alors, vous voyez que, pour nous, c'est un grave
manque de ne pas voir la loi 101 s'appliquer dans les cégeps, alors
que c'est ce qui est demandé par les Québécois en très forte majorité.
Alors,
il y a d'autres mesures qu'on ne retrouve pas dans le projet de loi n° 96, notamment d'exiger la maîtrise du français pour la sanction des
études avec l'obligation de réussite d'une épreuve uniforme de français à la
fin du parcours collégial. La CAQ va ajouter des exigences en matière de
français, mais pas pour les collèges privés non subventionnés. Intéressant. Interdire l'anglais à l'embauche. On
a déposé un projet de loi au Parti québécois. La CAQ renforce le principe, mais
ne va pas encore assez loin. Pour les entreprises à charte fédérale, on essuie
des refus du gouvernement fédéral pour appliquer
la loi 101 puis on se contente de ça. On se contente de peu encore une
fois. Et, comme on le disait aussi, la création d'un bureau de contenu culturel québécois, parce que la langue française
passe aussi par notre culture. On est chanceux d'avoir une culture
québécoise très riche en termes de divertissement pour les Québécois.
Et
je me rappelle, quand j'étais porte-parole en culture, justement, avoir déposé
une motion pour s'assurer d'augmenter,
finalement, la traduction du contenu qu'on trouve sur Netflix, mais que cette
traduction-là se fasse au Québec. Et la motion avait été adoptée à
l'unanimité, et ça se lisait comme ça :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de prendre les moyens pour
obliger Netflix [...] à faire doubler au Québec [ses] productions
originales tournées en sol canadien; et
«Qu'elle
demande au gouvernement de prendre les moyens pour obliger Netflix [...] à
utiliser la version québécoise du doublage en français lorsqu'elle est
disponible, et ce, pour l'ensemble de [ses] contenus diffusés au Québec.»
Ça
a été une belle motion et ça a été adopté, mais qu'est-ce qu'on a fait depuis?
Alors, en termes de culture, c'est important aussi de renforcer
l'utilisation du français partout, dans nos bureaux également.
Donc, pour ces
raisons-là, bien, on l'a dit, on avait des conditions essentielles à respecter
pour que le Parti québécois change d'idée et adopte le projet de loi, mais, si
on ne retrouve pas ça en termes d'immigration, en termes d'enseignement supérieur et de culture, avec des
mesures concrètes, eh bien, on ne pourra pas s'engager dans cette voie-là,
parce que c'est trop peu trop tard. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée de Gaspé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Puisque
je ne vois personne, le projet de loi n° 96, Loi sur la
langue officielle et commune du Québec, le français, est-il adopté?
Des voix : ...
M. Schneeberger : M. le Président, je
demande le vote par appel nominal et je demande de reporter ce vote à cet
après-midi, après la période de questions.
Vote
reporté
Le Vice-Président (M. Picard) : Donc,
le vote sera fait par appel nominal cet après-midi, après les affaires
courantes.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Pour la suite, M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 5 du feuilleton.
Projet
de loi n° 32
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Picard) : À
l'article 5, Mme la ministre de l'Enseignement supérieur propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 32, Loi sur la liberté académique dans le milieu
universitaire. Est-ce qu'il y a des
interventions? Je reconnais Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Émilie
Foster
Mme Foster : Merci beaucoup, M.
le Président. Salutations, ce matin, à tous les collègues. Ça me fait plaisir,
aujourd'hui, de me lever en cette Chambre en ce qui concerne le projet de loi...
M. Tanguay : ...vous
avez appelé le vote sur le projet de loi n° 96. Vous avez demandé :
Est-il adopté? Vous en étiez donc rendu à constater le vote. Nous avons
dit : Rejeté. Nous sommes 14, et, du côté de la Coalition avenir Québec,
ils sont 13. Donc, je vous demande de
constater la majorité qui s'est exprimée et qui a rejeté le projet de loi n° 96,
M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le député.
M. Schneeberger : J'ai
demandé le vote par appel nominal, et ce vote par appel nominal se tiendra cet
après-midi, après la période de
questions. Je pense, c'est les procédures tout à fait normales. Alors, il y a
quorum, ici, il n'y a pas une question d'avoir le plus ou le moins.
M. Tanguay : ...il
est, et je vous invite à aller revoir la jurisprudence, que vous connaissez
très bien, il est clairement établi que, lorsque le vote est demandé, l'on ne
peut plus demander un vote par appel nominal. Lorsque vous vous êtes
levé, vous avez dit : Je vais
maintenant mettre aux voix le projet de loi. Nous avons dit : Rejeté. Et,
en ce sens-là, la majorité a parlé. Vous
ne pouvez pas revenir en arrière, et le collègue ne peut pas, parce qu'il se
réveille puis il se rend compte qu'ils sont 13 puis qu'ils n'ont pas la majorité, demander par la suite un vote par
appel nominal. Je vous demande une décision écrite constatant ce fait
très clair dans notre jurisprudence parlementaire.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Bien, vous savez, M. le
député de LaFontaine, qu'il est possible de demander le vote par appel nominal lorsque cinq députés
sont présents, et le report du vote à la période des affaires courantes est une
procédure... est une faculté qui relève
également du gouvernement ou de tout autre groupe aussi, là, ce qui... En tout
cas, moi, ma compréhension première,
c'est que je ne peux pas adhérer à votre prétention. Mais donc on va poursuivre
le débat avec Mme la députée de Charlevoix... Oui, M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay : Je
vous demande une décision écrite, appuyée par la jurisprudence, qui est très
claire. Lorsque le vote est appelé... Pour avoir été, au gouvernement,
leader adjoint, je ne me rendais jamais... lorsque le vote était appelé, M. le Président, je demandais tout de suite un
vote par appel nominal. Parce que, lorsque, comme président, vous appelez
le vote, et que l'on dit : Rejeté, vous
devez constater la majorité. Il est rendu trop tard, M. le Président, il est
rendu trop tard pour demander un vote par appel nominal, rendu là. On ne
se rend jamais là. Puis je vous demande, s'il vous plaît, une décision écrite qui va faire écho de la
jurisprudence très claire là-dessus et qui pourrait peut-être, avec la table,
vous amener à une autre conclusion, en tout respect pour votre jugement.
Le Vice-Président (M. Picard) : Bien,
je vous dirais, M. le député de Lafontaine, que, selon moi, ce n'est pas nécessaire, parce que c'est en application directe
des articles du règlement. C'est ma décision, et je vous demande de la
respecter, tout simplement, comme le prévoit notre règlement.
Donc, je cède la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Merci
beaucoup, M. le Président. Très heureuse, ce matin, de me lever en cette
Chambre pour parler du projet de loi n° 32, Loi sur la liberté
académique dans le milieu universitaire.
Le projet de
loi n° 32 a franchi la première étape du processus législatif il y a deux
semaines, lors des consultations particulières.
Je reviendrai, d'ailleurs, un peu plus loin, sur l'apport des différentes
interventions qui ont été réalisées lors des consultations, des
interventions, d'ailleurs, qui étaient fort pertinentes et fort rigoureuses.
Nous en
sommes aujourd'hui à l'étape de l'adoption de principe, mais, avant toute
chose, permettez-moi de rappeler les
grandes lignes de ce projet de loi. La question de la liberté académique en
milieu universitaire, elle est fondamentale, et les dernières années nous ont démontré qu'elle n'est pas aussi
acquise que l'on serait tenté de le croire. Plusieurs événements troublants en lien avec la liberté académique ont
attiré notre attention dans les dernières années. À ce sujet, les
recommandations du rapport de
l'université du futur étaient très claires. C'est pourquoi nous nous étions
engagés à agir pour protéger la liberté académique dans les universités
québécoises.
Pour y
arriver, nous avons voulu faire les choses correctement, dans l'ordre, sans
sauter d'étapes. Pour y arriver, ma
collègue la ministre de l'Enseignement supérieur a donc créé la Commission
scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire,
commission qui était présidée par M. Alexandre Cloutier.
M. Cloutier et son équipe avaient pour mandat de rédiger une proposition
d'orientation gouvernementale sur la liberté académique
en milieu universitaire et déterminer quel serait le meilleur véhicule pour
reconnaître celle-ci. Pour ce faire, la commission a notamment dressé un
portrait de la situation. Elle a tenu des consultations publiques sur la
question. Elle a soumis au gouvernement des
propositions pour déterminer le meilleur véhicule pour assurer la
reconnaissance de la liberté académique.
Le
gouvernement a décidé de donner suite à l'ensemble des recommandations de la
commission ainsi qu'à certains de ses avis. En premier lieu, la
commission avait recommandé au gouvernement d'adopter une loi portant sur la
liberté universitaire, la raison de notre
présence ici, en quelque sorte. Ce projet de loi permet notamment de réaffirmer
que la liberté académique universitaire et l'autonomie des
établissements sont des conditions essentielles à l'accomplissement des missions des universités,
de définir la liberté académique universitaire, d'en identifier ses
bénéficiaires également, de nous assurer que les universités se dotent
d'une politique institutionnelle portant exclusivement sur la liberté
académique universitaire et de faire en sorte que les établissements visés
rendent compte de la mise en oeuvre de leurs politiques.
Le projet de
loi permettrait ainsi la mise en place d'un cadre uniforme en matière de
liberté académique universitaire dans
le milieu universitaire. Par exemple, le projet de loi prévoit que la politique
des établissements visés ne peut comprendre de mesures qui empêcheraient d'aborder, à l'occasion d'une activité qui
contribue à la mission universitaire, des idées, des sujets qui sont susceptibles de choquer. Autrement
dit, à des fins académiques, toutes les idées, tous les sujets, sans exception,
peuvent être débattus de manière rationnelle, argumentée, avec respect au sein
de nos universités.
Toujours
selon le projet de loi déposé, les bénéficiaires de la liberté académique
universitaire ne pourraient être contraints
d'émettre un avertissement avant d'aborder un contenu qui serait susceptible de
choquer. D'autres dispositions prévoient
de permettre au ministre de demander des éléments additionnels à la politique
des établissements. Si besoin était, le
ministre ou la ministre pourrait également faire apporter des correctifs
nécessaires à un établissement aux frais de ce dernier s'il fait défaut
d'adopter une politique conforme aux dispositions prévues.
Les établissements visés bénéficieraient de la
souplesse nécessaire pour déterminer eux-mêmes les moyens les plus appropriés à mettre en place pour atteindre
les objectifs du projet de loi. Donc, l'autonomie de chaque établissement
universitaire est très importante, et nous comptons la respecter.
Vous savez,
le développement d'un esprit critique, d'un jugement éclairé ne peut se faire
que si le milieu universitaire défend
les principes de la liberté académique. Par ailleurs, on pense que les
étudiants ont droit à une formation de qualité dans un environnement qui est propice à l'apprentissage, à la discussion
et également au débat. Ça fait partie intégrante de cette mission
universitaire.
M. le Président, j'aimerais maintenant revenir
sur les consultations particulières qui nous ont permis d'entendre plusieurs organisations : l'Union étudiante
du Québec, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du
Québec, la Fédération de la recherche
et de l'enseignement universitaire du Québec, la Fédération québécoise des
professeures et professeurs
d'université, Alexandre Cloutier et la Commission scientifique et technique
indépendante sur la reconnaissance de
la liberté académique dans le milieu universitaire, et également le Bureau de
coopération interuniversitaire. Ces derniers nous ont fait part de leurs préoccupations, de leurs commentaires, de
leurs recommandations. Je les en remercie. Ça a été très instructif.
Il en est
ressorti plusieurs points intéressants, particulièrement autour de trois
articles. Plusieurs groupes souhaitent une
révision de l'article 3 afin que la définition de la liberté académique
universitaire puisse se rapprocher davantage de la définition de celle de l'UNESCO en 1997 ou de
celle de la commission Cloutier parce qu'elles étaient similaires.
L'article 4 a suscité également
des recommandations variées. Certains groupes souhaitent plus de précisions,
mais d'autres proposent de retirer
complètement des alinéas ou des paragraphes. Alors, il faudra faire le travail
en étude détaillée et discuter de ces points.
Finalement, l'article 6 a fait beaucoup réagir avec le pouvoir d'ordonner
à un établissement de prévoir dans sa politique tout élément nécessaire à la protection de la liberté académique
universitaire. On va réfléchir à cet article, dont l'objectif semble
avoir été mal compris.
Les
interventions et les questionnements de qualité auxquels nous avons assisté ont
permis l'échange d'idées, de points de vue, ont été le reflet de
réflexions aussi sur cette thématique très, très importante dans nos
universités. Toutes ces auditions
permettront d'enrichir la réflexion entourant le projet de loi, alors merci
encore une fois à toutes et à tous. Et je profite de l'occasion pour remercier tout d'abord, bien sûr, ma collègue
ministre de l'Enseignement supérieur, aussi tous les députés de cette Assemblée qui ont participé à ces travaux dans un
esprit de collaboration, votre apport est extrêmement important.
Et, en
terminant, M. le Président, bien, permettez-moi de rappeler notre volonté ferme
de garantir la liberté académique dans
les universités du Québec. C'est un principe fondamental pour assurer le plein
accomplissement de la mission des établissements
d'enseignement de niveau universitaire au Québec. Je vous invite donc, chers
collègues, à adopter le principe du
projet de loi et à le faire cheminer plus en avant pour qu'on puisse faire
l'étude article par article, dans le même esprit d'ouverture et de
discussion. Merci beaucoup, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, salutations à vous, aux autres
collègues. Vous allez me permettre,
je vais simplement m'installer, là, parce qu'on est un peu à l'étroit, comme
ça, avec les grosses chaises. Merci.
Certains seront surpris de me voir me lever aujourd'hui
pour le projet de loi n° 32, pour le principe. Je prends à pied levé, dans le fond, le dossier du projet de
loi n° 32, qui était piloté, bien sûr, par la députée de
Marguerite-Bourgeoys, qui est
actuellement absente. Et je vais souligner son absence moi-même, M. le
Président, pour des raisons très humaines, alors vous me permettrez, M. le Président, de m'adresser à ma collègue
de Marguerite-Bourgeoys, de lui dire que toutes mes pensées l'accompagnent. C'est la même chose pour l'ensemble du
caucus libéral. On est avec Hélène de tout notre coeur. Alors, c'est
pour ça qu'aujourd'hui c'est moi qui vais se lever sur le projet de loi
n° 32.
L'enseignement
supérieur, vous savez, M. le Président, ça a toujours fait partie, quand même,
de ma vie, puisque moi-même, j'ai été
étudiante à l'Université de Montréal. Comme vous le savez, j'ai travaillé avec
la députée de Marguerite-Bourgeoys
comme directrice de cabinet à l'Enseignement supérieur. Alors, pour moi, il y a
une suite logique un peu dans tout ça.
Et, aujourd'hui, bien sûr, je me lève
en cette Assemblée pour discuter au sujet du principe du projet de loi qui a
été déposé par la ministre de
l'Enseignement supérieur. Je tiens à saluer, bien sûr, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. J'aurais bien aimé entendre la ministre aujourd'hui sur le
principe, par contre. J'entendais la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré dire que les gens qui sont venus s'adresser à nous, du milieu
universitaire, lors des consultations particulières, avaient des
interrogations sur l'article 4, l'article 6. M. le Président, ce
n'étaient pas des interrogations. La ministre de l'Enseignement supérieur a réussi un coup de maître. Tout le monde était
d'accord avec ce qui a été fait, et j'en parlerai un peu plus loin lors de l'allocution, avec les
conclusions du rapport Cloutier, comme on l'appelle, mais elle a réussi un coup
de maître : tout le monde, lors des
consultations, il y avait un consensus, là, tout le monde était contre le
projet de loi tel qu'il a été
présenté par la ministre de l'Enseignement supérieur. C'est pour ça que je vous
dis : J'aurais aimé ça l'entendre aujourd'hui, la ministre de
l'Enseignement supérieur, venir parler de son projet de loi, de son principe.
Alors,
vous allez voir très clairement quelles sont nos demandes, qui ont déjà été
faites par la députée de Marguerite-Bourgeoys
directement à la ministre de l'Enseignement supérieur. On pense qu'il y a des
possibilités d'arriver avec quelque
chose avec la pièce législative complètement incomplète qui a été proposée par
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Encore une fois, on le voit, c'est du travail bâclé qui a été fait, ça a été
déposé trop vite. Il n'y avait pas eu une bonne lecture du rapport Cloutier, très clairement, du côté du
gouvernement. Mais ça, M. le Président, je ne suis pas surprise, on l'a
vu à quelques reprises dans les quatre dernières années avec le gouvernement
qui est en place.
Alors,
vous me permettrez, M. le Président, je vais revenir à mes notes pour exprimer
la position du Parti libéral du
Québec sur ce projet de loi là, sur ce principe du projet de loi n° 32. Et j'espère que les collègues en face vont prendre le temps d'écouter pour pouvoir peut-être ramener
justement les paroles jusqu'à la ministre de l'Enseignement supérieur, parce qu'il y a beaucoup de travail qui
reste à faire, sans quoi ce projet de loi là, malheureusement, ne pourra pas
voir le jour dans la mouture telle que ça nous a été présenté.
Alors,
la liberté académique... J'imagine, ça intéresse tout le monde, M. le
Président, hein? Le projet de loi n° 32, il est assez
important. Donc, je demanderais peut-être aux collègues de porter une attention
et de ramener ça peut-être vers la
ministre de l'Enseignement supérieur. Merci beaucoup. Alors, la liberté
académique est au coeur de l'action dans nos universités. Celles-ci doivent être un lieu constant de débat, de choc
d'idées dans le respect et la rigueur. Il s'agit de l'essence même d'une
université, soit une institution qui est à la recherche de la vérité.
Pourquoi
est-ce qu'on a devant nous un projet de loi visant à régir la liberté
académique dans le milieu universitaire, alors que nous avons des universités depuis des décennies et que le
besoin de légiférer ne s'est pas fait sentir auparavant? Bien, c'est parce qu'au fil des dernières années
certaines situations ont démontré que la protection de la liberté académique
s'opérait de façon inégale entre les différentes universités.
On pense tout
d'abord, bien sûr, à l'affaire Maillé, lors de laquelle une chercheuse s'est
retrouvée au coeur de procédures judiciaires
visant à révéler à une entreprise les témoignages confidentiels qu'elle avait
recueillis lors de sa thèse universitaire
de doctorat. Cette affaire a fait grand bruit dans le milieu universitaire,
d'autant plus que son université n'avait pas pris fait et cause pour elle initialement, alors que sa liberté
académique comme chercheuse était tout simplement attaquée.
Pensons
aussi à la tristement célèbre affaire Lieutenant-Duval, qui s'est déroulée tout
juste hors du Québec, de l'autre côté
de la rivière des Outaouais, à l'Université d'Ottawa. L'utilisation académique
du mot en n a généré une série de plaintes à l'encontre de cette professeure, qui a d'abord vu l'administration de
son université se ranger contre elle avant que des centaines de
professeurs de partout au pays ne prennent sa défense.
Puis, plus près de
chez nous, nous constatons dans le milieu universitaire une certaine tension
qui mène à de l'autocensure par certains professeurs ou par certains élèves, ce
qui n'aurait pas lieu d'être, car les universités sont un endroit où le choc
des idées est nécessaire.
Alors, devant ces
situations, on peut certainement dire qu'il s'agit de cas particuliers qui ne demandent
qu'une intervention ferme et vigoureuse de
la part des directions d'établissement universitaire. C'est ainsi que la
liberté académique a toujours été
défendue et maintenue dans le passé. C'est ce que sont venus nous dire certains
intervenants en consultations particulières, dont le Bureau de
coordination interuniversitaire, qui regroupe, dis-je, les dirigeants
d'université.
Mais
le gouvernement caquiste a choisi une autre voie, la voie législative, ce qui
nous place devant un projet de loi qui
exige une certaine délicatesse. D'abord parce qu'en venant définir la liberté
académique dans les universités on court le risque de la limiter. C'est toujours ainsi. Définir, c'est de mettre
des balises, donc de figer un certain concept. Parce que la liberté académique est justement un concept qui
dépasse largement la situation actuelle ou bien l'action du gouvernement
du Québec, il s'agit d'un concept mondial au
coeur du mouvement universitaire depuis des siècles. Nous croyons qu'il est
possible de faire oeuvre utile avec une
pièce législative telle qu'elle nous est présentée pour autant qu'elle soit
mûrement réfléchie et équilibrée,
chose qu'elle n'est pas actuellement, telle que rédigée par la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Le
gouvernement a d'abord mis sur pied une commission scientifique et technique
indépendante sur la reconnaissance de
la liberté académique dans le milieu universitaire, la commission Cloutier, du
nom d'Alexandre Cloutier, son président, que je salue et que je remercie pour le travail qu'il a effectué, qui
est vice-recteur à l'Université du Québec à Chicoutimi et ancien parlementaire, connu de plusieurs en cette
Chambre. La commission a mené de larges consultations et a rendu public
un rapport, en décembre 2021, qui a été bien reçu par une large partie de la
communauté universitaire, un rapport qui était
à la fois exhaustif et, lui, équilibré, traçant la voie, pour la ministre de
l'Enseignement supérieur, pour la rédaction de son projet de loi
n° 32. Dans ce rapport, on y définit, entre autres, la liberté
universitaire ainsi, et je le cite : «La liberté universitaire comprend le
droit, en dehors de toute contrainte doctrinale, à : la liberté
d'enseignement et de discussion; la liberté
de recherche, de création et de publication; la liberté d'exprimer son opinion
sur l'établissement ou le système au sein
duquel travaille le bénéficiaire de cette liberté, de ne pas être soumis à la
censure institutionnelle et de participer librement aux activités d'organisations professionnelles ou
d'organisations académiques. La liberté universitaire doit être exercée
en conformité avec les normes d'éthique et de rigueur scientifique.»
• (11 h 50) •
Malheureusement,
le projet de loi n° 32 s'est écarté du rapport de la commission Cloutier
en certains aspects, attirant les foudres d'à peu près l'ensemble des
groupes entendus en commission parlementaire. Il est très rare, dans le milieu universitaire, d'assister à une convergence entre
les étudiants, les professeurs et les recteurs sur un sujet précis. Dans le cas du projet de loi n° 32, tous sont venus
décrier les lacunes profondes. D'abord, la définition proposée par le projet de
loi, de la liberté académique, est
tronquée et incomplète. Le gouvernement, plutôt que de prendre la définition
équilibrée qui était présentée dans
le rapport de la commission Cloutier, a décidé de choisir certains éléments au
détriment de d'autres, ce qui a amené plusieurs critiques lors de la
consultation particulière.
Tout d'abord,
il y a eu un fort consensus, dans le milieu universitaire, autour de la
définition proposée par le rapport Cloutier,
qui s'appuie sur la définition de la liberté académique proposée par l'UNESCO
en 1997. Le gouvernement ne devrait
pas s'en écarter. En effet, permettez-moi de citer le mémoire de la Fédération
nationale des enseignantes et enseignants du Québec, la FNEEQ : «La définition de la liberté académique
retenue par le gouvernement est trop restrictive et néglige des pans
importants de ce concept.
«La FNEEQ recommande [donc] d'utiliser la définition
complète et internationalement reconnue de la liberté académique, c'est-à-dire celle prévue à l'article 27 de la
Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l'enseignement supérieur de l'UNESCO — voici
ce qui est écrit : "L'exercice des libertés académiques doit être
garanti aux enseignants de
l'enseignement supérieur, ce qui englobe la liberté d'enseignement et de
discussion en dehors de toute contrainte doctrinale, la liberté
d'effectuer des recherches et d'en diffuser et publier les résultats, le droit
d'exprimer librement leur opinion sur
l'établissement ou le système au sein duquel ils travaillent, le droit de ne
pas être soumis à la censure
institutionnelle et celui de participer librement aux activités d'organisations
professionnelles ou d'organisations académiques
représentatives. Tous les enseignants de l'enseignement supérieur devraient
pouvoir exercer leurs fonctions sans
subir de discrimination d'aucune sorte ni avoir à [contraindre] des mesures
restrictives ou répressives de la part de l'État ou de toute autre
source."»
Donc, dans
son mémoire, Alexandre Cloutier avance lui aussi une piste très simple avant de
venir corriger la définition proposée par la ministre de l'Enseignement
supérieur, et je cite : «Nous recommandons de [prendre] la définition
de la liberté universitaire proposée dans le
rapport de la commission et de modifier en conséquence l'article 3. [Ça]
aurait entre autres pour effet de
réintégrer la liberté de "création" dans la définition et de préciser
le droit du bénéficiaire de la liberté
universitaire d'exprimer son opinion sur l'établissement ou le système au sein
duquel il travaille. La mention "création" ayant été oubliée,
alors qu'elle [était] présente à l'article 1, [...]doit [aussi] être
ajoutée.
«De même, la
limitation "au domaine d'activité" n'est pas nécessaire au but visé
par l'article 3 qui est atteint en écrivant seulement :
"Une activité par laquelle elle contribue à l'accomplissement de la
mission d'un établissement d'enseignement." Le jugement porte alors sur le
fait de contribuer ou non à la mission universitaire.
«[Donc,] la
définition ou la délimitation du "domaine d'activité" d'un
universitaire n'est pas simple, car les domaines de recherche évoluent
en raison même de la liberté universitaire.»
Et ça, on peut le retrouver dans le mémoire
d'Alexandre Cloutier, en page 1.
Plusieurs
intervenants ont témoigné, lors des consultations particulières, qu'il serait
pertinent de spécifier dans le projet
de loi que la liberté académique universitaire permet, nommément et
explicitement, de critiquer son propre établissement.
Un exemple donné pour illustrer cette critique, c'est le cas d'une professeure
en nutrition qui formulait une critique à l'encontre de la nourriture
servie dans son propre établissement.
Il faut
d'emblée noter que le Bureau de coopération interuniversitaire, formé des
recteurs des universités, reconnaît ce
droit à la critique de l'institution et n'a pas évoqué d'objection à ce que
cela soit précisé dans le projet de loi. De même, la FREUQ-CSQ a bien expliqué la nécessité de venir
spécifier que cette liberté de critiquer l'institution doit primer sur le
devoir de loyauté. Permettez-moi donc de citer son mémoire, page 3 :
«L'article 3 du projet de loi énonce que le droit à la liberté [économique] comprend le droit de "critiquer la
société, des institutions, des doctrines, des dogmes et des opinions".
Plusieurs ont soulevé le fait que la
formulation de cet alinéa portait à confusion par sa forme et qu'elle manquait
aussi de précision, plus
particulièrement quant au volet portant sur la critique "des
institutions". Plus précisément, la FREUQ-CSQ et ses syndicats affiliés souhaitent voir dans ce
projet de loi un énoncé voulant que le droit à la liberté académique prime
sur le devoir de loyauté, un concept légal
que l'on retrouve dans le Code civil du Québec et qui, mis simplement, interdit
à toute employée ou tout employé de critiquer ouvertement et publiquement son
employeur, sous peine de potentiellement recevoir une sanction disciplinaire,
voire d'être congédié.
«Soyons
clairs — M.
le Président : sauf si situé à l'intérieur de certains barèmes légaux bien
précis et normalement définis par la
jurisprudence, le devoir de loyauté ne devrait en aucun cas avoir préséance sur
le droit à la liberté académique dans
une institution universitaire, et ce, même si l'exercice de ce droit va à
l'encontre du devoir de loyauté. L'inverse irait tout simplement à
l'encontre de la nature même de ce qu'est une université.»
Alors, soyons clairs, le Parti libéral du Québec
appuyons cette demande.
Les
universités doivent prendre fait et cause pour leurs employés et leurs
chercheurs. On l'a évoqué, d'entrée de jeu, dans l'affaire Maillé, qui a mis en exergue l'importance pour les
établissements d'enseignement supérieur de prendre fait et cause pour leurs employés et chercheurs lorsque
ceux-ci se trouvent pris à partie en justice en lien avec l'exercice de leur liberté académique. À ce sujet, la FNEEQ-CSN a inscrit, en
page 5 de son mémoire, le passage suivant : «De plus, nous estimons qu'il faut accorder un statut privilégié
à la liberté académique afin de protéger les fondements de la recherche et
d'éviter une autre affaire Maillé. L'état actuel du droit n'est pas stable à
cet égard, d'autant plus que les établissements hésitent à soutenir leurs
chercheurs et chercheuses face à des poursuites.»
La FQPPU
abonde dans le même sens lorsqu'en pages 16 et 17 de son mémoire elle
évoque : «C'est pourquoi la FQPPU
a proposé à la commission Cloutier qu'une protection adéquate de la liberté
académique doit comprendre l'obligation des établissements d'enseignement à prendre fait et cause pour leurs
professeurs lorsque ceux-ci sont poursuivis pour des gestes posés dans l'exercice de leurs fonctions.
Dans son rapport, la commission a endossé [par] cette recommandation dans
son avis n° 4 — et
c'est inscrit ceci : "Les établissements devraient défendre et
protéger la liberté universitaire contre toutes pressions qui viserait à
en limiter l'exercice ou la portée, qu'elles proviennent de l'intérieur ou de
l'extérieur..."»
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée de Verdun, je dois
vous interrompre et vous demander si vous allez poursuivre lorsque nous
allons reprendre le débat.
Mme Melançon : Je vais
poursuivre, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : C'est
bien.
Compte tenu
de l'heure et afin de permettre, cet après-midi, la tenue des affaires
courantes, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 32 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
13 h 40.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 13 h 41)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique Déclarations de députés, nous
débutons avec Mme la députée de Lotbinière-Frontenac.
Rendre hommage à M. Renaud
Fournier, fondateur
de la compagnie Les Industries Fournier inc.
Mme Isabelle Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) :
Merci, M. le Président. Je souhaite aujourd'hui
rendre hommage à un grand bâtisseur, M. Renaud Fournier, fondateur des
Industries Fournier, à Thetford Mines, qui est décédé le 6 mai dernier.
Visionnaire
et travailleur acharné, M. Fournier s'est lancé en affaires au début des
années 60, fournissant à l'époque divers
équipements miniers dans la région. Il s'est démarqué par son audace et son
leadership en opérant dès le milieu des années 70 un virage majeur
au sein de son entreprise en diversifiant ses activités.
Ayant pris sa
retraite en 2013, il a su assurer la pérennité des Industries Fournier, une
entreprise qui est aujourd'hui reconnue à l'international.
À la famille
et aux proches de M. Renaud Fournier ainsi qu'à toute l'équipe des
Industries Fournier, j'offre mes plus sincères condoléances.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Vaudreuil.
Rendre hommage à MM. Paul
Dumoulin et François Séguin,
conseillers municipaux de la ville de Vaudreuil-Dorion
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci,
M. le Président. Alors, je tiens à féliciter MM. Paul Dumoulin et François
Séguin, deux élus municipaux à la
ville de Vaudreuil-Dorion, et ce, depuis plus de 30 ans. D'ailleurs, leur
grande implication a été soulignée lors des dernières assises de l'Union
des municipalités du Québec, un honneur bien mérité.
Par leur implication, MM. Dumoulin et
Séguin n'ont pas seulement été témoins de la croissance économique, sociale et culturelle de la ville de
Vaudreuil-Dorion, ils y ont contribué. Ce sont des élus et des personnes
dévouées qui siègent sur plusieurs
comités, qui veillent à la sécurité, au bien-être de leurs citoyens, qui sont
toujours disponibles, s'impliquent activement, année après année, dans
leurs districts respectifs, 8 et 2.
En tant
qu'ancienne mairesse et préfète, je comprends l'importance de l'implication au
sein du milieu municipal, et ce ne
sont pas toutes les municipalités et les villes qui ont la chance de pouvoir
compter sur des personnes qui prennent leur rôle à coeur.
30 ans, ça démontre toute leur passion.
Encore félicitations à M. Séguin et à M. Dumoulin!
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. La
prochaine déclaration est pour Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Rendre
hommage à Mme Diane Girard pour son geste d'entraide
Mme Émilie Foster
Mme Foster :
Merci,
M. le Président. J'aimerais, aujourd'hui, rendre hommage à une dame de coeur de
Charlevoix, Mme Diane Girard.
Depuis le
début de la pandémie, Mme Girard vit une drôle de situation. Plusieurs
fois par jour, des citoyens qui tentent
de rejoindre la ligne d'information sur la COVID-19 composent son numéro de
téléphone par erreur. Voyez-vous, le hasard a fait que son numéro est, à
quelques chiffres près, similaire à celui de cette fameuse ligne.
Plusieurs
auraient trouvé cette situation agaçante. Cela dit, Mme Girard n'est pas
une femme comme les autres. Elle répond
à ces appels, prend le temps de parler aux gens au bout du fil, les redirige
vers les bonnes ressources, leur transmet les informations sur la pandémie, et, dans certains cas, elle se charge
elle-même de prendre le rendez-vous pour la vaccination ou le dépistage. Elle fait tout cela depuis deux
ans, tout en demeurant au chevet de sa fille lourdement handicapée. Elle le
fait fièrement, en voyant cela comme une humble contribution à la lutte
contre le virus.
Je crois
qu'une telle contribution mérite une reconnaissance sincère de notre part.
J'invite donc tous les collègues à applaudir avec moi cette femme pour
la remercier de l'aide qu'elle donne à ses concitoyens.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci,
Mme la députée. Je cède la parole à Mme la députée de Fabre.
Souligner le 20e anniversaire
de l'Association
lavalloise des personnes aidantes
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé :
M. le Président, il me fait tellement plaisir de
souligner aujourd'hui le 20e anniversaire de l'Association
lavalloise des personnes aidantes.
L'organisme
fait tant pour les proches aidants de Laval. L'ALPA les accompagne dans leur
quotidien, les écoute, leur offre du
répit et répond à leurs besoins. Bravo, entre autres, à vous pour cette belle
activité, Coup de pouce en capsules!
Au coeur de toute cette action, de cette
énergie, de cette passion à aider les proches aidants, il y a cette directrice exceptionnelle, que je salue et que j'admire,
Mme France Boisclair, qui est également présidente de la Table régionale
de concertation des aînés de Laval et
de Proche aidance Québec. C'est une femme d'engagement, une femme de passion
qui n'arrête jamais pour la cause des
proches aidants. Merci aussi à la présidente, Mme Louise Bastien, pour
tout son engagement et son immense implication.
Au nom des proches aidants de Laval, mille
mercis, et bon 20e anniversaire à l'ALPA!
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je
cède la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Souligner le travail de
l'Association des personnes
handicapées de la MRC de Bécancour
M. Donald Martel
M.
Martel :
M. le Président, l'Association des personnes
handicapées de la MRC de Bécancour a pour mission de promouvoir et de
défendre les droits des personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou
physique ou avec un trouble du spectre de l'autisme et de leur offrir un milieu
de vie.
Parmi les
initiatives qui sont au coeur de son action, on retrouve les ateliers
d'apprentissage, les activités sociales et culturelles et les camps de
répit. Bien implanté chez nous, cet organisme compte sur le dévouement d'un
personnel compétent et sur l'appui de nombreux bénévoles et partenaires du
milieu.
Aujourd'hui,
j'ai le plaisir de souligner la présence de plusieurs membres de cette
association. J'aimerais saluer en particulier Mme France Laquerre,
directrice, ainsi que M. David Charland, fier représentant des membres.
La générosité et la résilience sont devenues les
marques de commerce de l'association, et, au nom de tous mes concitoyens de Nicolet-Bécancour, je profite de
cette occasion pour exprimer à ses membres mon soutien et mon admiration.
Du fond du coeur, je vous dis un immense merci.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci,
M. le député. La prochaine déclaration est pour Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner la victoire des
locataires du Manoir Lafontaine
devant le Tribunal administratif du logement
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le
Président. À l'approche du 1er juillet, j'ai une pensée toute particulière
pour les locataires du Québec qui vivent avec le stress causé par la crise du
logement, vivent une éviction, une rénoviction, une été-viction
ou encore une course pour se trouver un logement qui répond à son budget. Ce
n'est pas facile, spécialement lorsqu'il y a une crise du logement comme on le
vit actuellement à travers le Québec.
La
semaine dernière, les locataires rénovincés du Manoir Lafontaine, dans mon
coin, ont gagné une victoire importante dans leur lutte. Ils et elles ont eu gain de cause au tribunal
administratif. Je suis vraiment fière de vous autres. La lutte pour se
faire respecter a été longue, a été difficile, mais vous avez eu gain de cause.
Félicitations au
comité des irréductibles locataires du Manoir Lafontaine! Et je vous dis que
vous êtes source d'inspiration pour
plusieurs Québécois et Québécoises. Vous leur redonnez espoir, et, pour ça, je
vous en suis reconnaissante. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède la parole à Mme la
députée de Chicoutimi.
Féliciter
Mme Jeanick Fournier, gagnante de l'émission
de télévision Canada's Got Talent
Mme
Andrée Laforest
Mme
Laforest :
Oui, merci, M. le Président. Je tiens à féliciter
Mme Jeanick Fournier, la grande gagnante de Canada's Got Talent lors de la
finale qui s'est tenue le 19 mai dernier.
Quelle performance
exceptionnelle pour celle qui se démarque à l'échelle régionale avec son
admirable talent! Jeanick Fournier a fait
une prestation des plus remarquables, lui permettant ainsi d'accéder au plus
haut niveau à l'échelle nationale.
Femme
de coeur, cette bienveillante mère de deux enfants oeuvre comme préposée aux
bénéficiaires auprès des personnes en
fin de vie. Pour sa ténacité et son formidable talent, Jeanick Fournier est
vouée à un succès certain qui, je le souhaite, l'amènera au plus haut
sommet de sa carrière.
C'est
un privilège pour moi de vous compter parmi les citoyens et les citoyennes de
ma circonscription de Chicoutimi et
de souligner cette victoire éclatante avec tous les gens de la belle région du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui vous ont supporté tout au long de cette belle aventure.
Félicitations, Jeanick, et bon succès! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède la parole à M. le
député de Rimouski
Souligner
les attraits touristiques de la région de Rimouski
M.
Harold LeBel
M. LeBel : Merci, M. le Président. L'été arrive, et nous
avons tous et toutes hâte de nous évader un peu. Alors, je me permets de
vous dire que mon coin de pays, Rimouski-Neigette, c'est le meilleur endroit
pour s'évader.
Que
ce soit dans le magnifique parc du Bic, avec sa nature, ses montagnes et ses
points de vue, que ce soient les lacs
et les rivières via la route des monts Notre-Dame, vous allez découvrir un
maudit beau pays. Un arrêt au canyon des Portes de l'Enfer ou à la
réserve Duchénier, et vous allez voir.
Bien
sûr, il y a le phare de Pointe-au-Père, le sous-marin Onondaga ainsi que le
musée maritime et les secrets de l'épave
de l'Empress of Ireland. Cet été, vous allez même pouvoir prendre un petit
verre de gin St. Laurent en passant par là. À ne pas manquer, notre
musée et la maison de Lamontagne au centre-ville.
Pour des spectacles,
il y a Le Vieux Théâtre de Saint-Fabien, le Théâtre du Bic, notre salle de
spectacles et les événements en plein air
comme les concerts aux îles du Bic, Les Grandes Fêtes Telus, les Terrasses
urbaines, l'exposition agricole et le Festi-Jazz. Ne manquez pas les
festivals dans nos villages. Je pense notamment à celui de la fenaison, à
Saint-Narcisse, et la Feste médiévale à Saint-Marcellin.
Bref, venez faire
votre tour et rencontrer du bien bon monde. Merci.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à Mme
la députée de Montarville.
Remercier
des élèves de cinquième année de l'école primaire d'éducation
internationale de Trois-Rivières pour leurs suggestions afin
de rendre la culture plus accessible à l'école
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Alors, je tiens aujourd'hui à saluer les
élèves de cinquième année étudiant
dans les groupes de Mmes Valérie Bousquet et Julie Nadeau à l'école
primaire d'éducation internationale à Trois-Rivières.
Alors, dans le cadre
d'un projet inspiré de la lecture du livre Si j'étais ministre de la Culture
de l'écrivaine Carole Fréchette, ces élèves
m'ont soumis une panoplie de suggestions pour rendre la culture plus accessible
à l'école. Leur créativité et leur enthousiasme m'ont profondément
touchée.
Tout
comme eux, notre gouvernement croit fermement que la culture doit occuper une
place de choix dans nos écoles et
dans la vie des élèves qui les fréquentent. C'est pour cette raison que nous
avons investi des sommes importantes afin de leur offrir plus de sorties culturelles, plus de livres dans les
bibliothèques ainsi que de meilleures conditions pour les artistes qui
leur rendront visite.
Alors,
je remercie ces élèves ainsi que leurs enseignantes pour leurs magnifiques
suggestions qu'ils m'ont envoyées et que
j'ai lues. Et je les remercie pour leur profond attachement à notre culture.
Vous êtes inspirants et vous nous rendez très, très fiers. Merci à vous.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. La
dernière déclaration est pour M. le député de Saint-Jean.
Rendre
hommage à Mme Lise Poissant pour son
engagement bénévole et communautaire
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux :
Merci,
M. le Président. Mme Lise Poissant fait la une, cette semaine, de l'hebdo
régional chez nous, Le Canada français, pour avoir été
infatigable, au fil de ses 50 dernières années de bénévolat.
Pour
l'Association sportive de Notre-Dame-de-Lourdes, c'est la fondatrice. Pour
Parents-Secours, ça a été un pilier pendant
15 ans. Pour les dames auxiliaires de la Légion royale canadienne, à
Saint-Jean, c'était l'âme de la relance à une époque difficile, et, pour les écoliers de son quartier, c'était la
brigadière scolaire pendant 30 ans. La plus belle expérience de sa
vie, comme elle l'a déclaré au journal, c'est son passage de 12 ans comme
bénévole du groupe Le Tournant, à la Résidence Champagnat, et à la maison des
soins palliatifs de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Et,
pour moi, Lise Poissant, c'est la compagne de Germain, qui a longtemps été
conseiller municipal à Saint-Jean-sur-Richelieu, et la mère de Patricia,
conseillère municipale elle aussi aujourd'hui, et de ses deux autres enfants,
très impliqués dans la communauté.
Au nom de tous tes
concitoyens, Lise, merci et bravo!
Le Vice-Président
(M. Picard) :
Merci, M. le député. Cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 52)
(Reprise à 14 h 7)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, content
de vous voir tout sourire, voir que... Après deux ans, sans masque, ça
fait du bien de voir les visages de tout le monde. Prenons quelques instants
pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence
de récipiendaires de la Médaille
d'honneur de l'Assemblée nationale
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence dans les tribunes
de personnalités qui recevront, tout
à l'heure, la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale, et je vous les
présente dans l'ordre : Mme Janette Bertrand, M. Luc Dionne, M. Benoît Pelletier,
M. Carol Dubé pour Mme Joyce Echaquan, et M. Martin Lafleur pour
M. Guy Lafleur.
(Applaudissements)
Le
Président : Très honoré de vous accueillir, madame messieurs.
Présence
d'ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
J'ai
également le plaisir de souligner la présence de M. Stéphane Bergeron,
ancien député de Verchères et député libéral dans la circonscription de
Montarville, ainsi que la présence de M. Christian Lévesque, ancien député
de Lévis.
Des
voix : ...
Le
Président : Vous aurez
compris : M. Stéphane Bergeron, ancien député de Verchères et député
fédéral dans la circonscription de Montarville. Bienvenue à vous.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, Mme la leader du deuxième groupe d'opposition.
• (14 h 10) •
Mme Labrie :
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article b du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 991
Le
Président : Et, à l'article b du feuilleton, Mme la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue présente le projet de loi n° 991, Loi visant à lutter
contre l'accaparement des terres agricoles. Mme la députée.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Donc, c'est avec grand bonheur que je dépose le projet de loi
n° 991, Loi visant à lutter contre l'accaparement des terres agricoles.
Ce projet de loi instaure des mesures pour
lutter contre l'accaparement des terres agricoles.
Premièrement,
le projet de loi interdit à une entité qui est un fonds d'investissement privé
d'acquérir une terre agricole.
Deuxièmement,
le projet de loi confère à la Commission de protection du territoire agricole
du Québec la responsabilité de tenir
un registre des acquisitions en zone agricole. Il prévoit à cette fin que
l'officier de la publicité des droits transmet à la commission, dans les
15 jours qui suivent l'inscription, tout document visant l'inscription d'une
acquisition d'un droit réel immobilier en zone agricole.
Enfin, le
projet de loi confère des pouvoirs à la commission pour surveiller son
application et prévoit diverses sanctions. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
Nous en sommes à la rubrique Dépôt de documents.
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Rapport annuel 2020‑2021 de
l'Université du Québec
et des établissements du réseau
Mme McCann : M. le
Président, je dépose le rapport annuel 2020‑2021 de l'Université du Québec et des établissements du réseau. Merci, M.
le Président.
Le Président : Merci. Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse à une question
inscrite au feuilleton
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président. Je dépose la réponse du gouvernement à la question inscrite au
feuilleton le 30 mars 2022 par la députée de Westmount—Saint-Louis.
Merci.
Le Président : Merci. Ce document
est également déposé.
Préavis d'une motion des
députés de l'opposition
Et j'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose le texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Taschereau.
Majorer le montant des
ressources partiellement exclues du calcul
des prestations d'aide sociale et l'indexer annuellement
Mme Dorion : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 452 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits évoqués sont les suivants :
«Considérant
les pertes financières et sociales que la pauvreté engendre sur le système de
santé et des services sociaux;
«Considérant
les enjeux auxquels les personnes en situation de pauvreté sont confrontées
comme des problèmes de santé physique et mentale;
«Considérant
la grande part de travail invisible faite hors du travail rémunéré par les
personnes assistées sociales;
«Considérant
que l'ensemble des ressources, gains et avantages des personnes assistées
sociales tels les gains de travail ou les dons sont insuffisants pour
combler les neuf besoins de base prévus dans la loi;
«Considérant que l'exemption des gains de
travail n'a pas été majorée depuis plus de 20 ans;
«Considérant que la
société québécoise est actuellement en pénurie de main-d'oeuvre;
«Considérant
que les personnes assistées sociales pourraient participer au marché du travail
à la hauteur de leur capacité;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec une majoration des ressources
partiellement exclues du calcul de la
prestation des règlements actuels de la Loi sur l'aide aux personnes et aux
familles au taux ajusté à l'inflation en référence à leur année de
fixation, ainsi qu'une indexation annuelle.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Et cet extrait de pétition est déposé. J'ai reçu
une demande de Mme la députée de Taschereau pour la présentation d'une pétition non conforme. Est-ce qu'il y a consentement
pour la présentation de cette pétition? Consentement. Mme la députée de
Taschereau.
Mme Dorion : Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
440 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
les pertes financières et sociales que la pauvreté engendre sur le système de
santé et des services sociaux;
«Considérant
les enjeux auxquels les personnes en situation de pauvreté sont confrontées comme
des problèmes de santé physique et mentale;
«Considérant
la grande part de travail invisible faite hors du travail rémunéré par les
personnes assistées sociales;
«Considérant
que l'ensemble des ressources, gains et avantages des personnes assistées
sociales tels les gains de travail ou les dons sont insuffisants pour
combler les neuf besoins de base prévus dans la loi;
«Considérant que l'exemption des gains de
travail n'a pas été majorée depuis plus de 20 ans;
«Considérant que la société québécoise est
actuellement en pénurie de main-d'oeuvre;
«Considérant
que les personnes assistées sociales pourraient participer au marché du travail
à la hauteur de leur capacité;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec une majoration des ressources
partiellement exclues du calcul de la
prestation des règlements actuels de la Loi sur l'aide aux personnes et aux
familles au taux ajusté à l'inflation en référence à leur année de
fixation, ainsi qu'une indexation annuelle.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le Président : Et cet extrait de
pétition est également déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
cependant qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur l'adoption du projet de loi n° 96,
Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Mesures pour atténuer l'impact de l'inflation
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. M. le Président, le coût de la vie, ça touche tout le monde.
Tout le monde a de la difficulté à joindre les deux bouts, aujourd'hui, avec
l'inflation. Et, on regarde tout ce qui a augmenté, le panier d'épicerie a augmenté de 10 % en moyenne, on
regarde les loyers qui ont augmenté de 5 %, on regarde l'essence, que les gens sont obligés de faire, tout le monde voit
l'effet de l'inflation. Il faut trouver un moyen de donner tout de suite de
l'oxygène aux Québécois et aux Québécoises.
Le ministre des
Finances a déposé le projet de loi n° 33. Le premier
ministre pourrait poser un geste aujourd'hui, il pourrait décider de soutenir la proposition qu'on avait, c'est-à-dire
de réduire la TVQ sur des produits essentiels qui sont encore taxés. Pourtant, il n'a pas encore posé ce
geste. Ce geste aurait un impact direct dans les poches des Québécois pour
faire face à l'inflation.
La question
que j'ai pour le premier ministre, c'est : Va-t-il prendre son crayon et
écrire, dans le projet de loi n° 33, qu'on enlève
la TVQ sur les produits essentiels?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
M. le Président, on est très conscients qu'actuellement on a une augmentation
du coût de la vie qui est exceptionnellement élevée, c'est vrai, surtout
que, depuis que la pandémie s'est amoindrie, le coût de l'essence, par exemple, a beaucoup
augmenté. C'est vrai aussi pour le coût de l'épicerie. C'est pour ça, M. le
Président, qu'en janvier 2022 le ministre
des Finances a remis d'abord un premier 200 $ à toutes les personnes qui
gagnent moins de 50 000 $ par année. Il a aussi donné un 400 $ à toutes les personnes qui ont plus de
70 ans. Puis, le mois dernier, en avril, il a donné un 500 $ à
tout le monde. M. le Président, selon les
calculs du ministre des Finances, ça devrait couvrir l'extra d'inflation
jusqu'à présent.
Par
contre, c'est possible que, dans les prochaines semaines, les prochains mois,
l'inflation continue d'être à un niveau exceptionnellement élevé. C'est
pour ça qu'on n'exclut pas, M. le Président, d'en faire plus.
Donc,
je pense qu'on a agi. Quand la ministre... Quand la cheffe de l'opposition officielle dit
qu'on n'a pas agi, ce n'est pas exact, on a agi. Maintenant, si c'est
nécessaire d'agir davantage, on le fera.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Donc, ce que j'entends de la part du premier ministre, c'est qu'il refuse
de réduire les taxes, particulièrement la taxe de vente sur les produits
essentiels.
M.
le Président, le premier ministre nous dit que ce n'est pas exclu. Moi, je ne
lui demande pas si ce n'est pas exclu, je lui demande d'inclure
maintenant la réduction de la TVQ sur les produits essentiels. C'est urgent
d'agir.
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, M. le Président, je
note un changement de discours de la part du Parti libéral, parce que, lors
de la dernière campagne électorale, la CAQ
était le seul parti à proposer de remettre de l'argent dans le portefeuille des
Québécois.
Je
le rappelle, on a diminué les taxes scolaires, on a augmenté les allocations
familiales, on a enlevé la taxe sur les garderies. M. le Président, on a augmenté le soutien aux aînés, on a
réduit le coût du permis de conduire, du permis de chasse, puis dernièrement on
a remis des chèques aux personnes qui en ont le plus de besoin. Puis, si c'est
nécessaire, on va continuer d'en faire plus, parce que la CAQ...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...ce sera toujours le champion du portefeuille des Québécois.
• (14 h 20) •
Le
Président : Deuxième complémentaire. La parole n'appartient qu'à la
cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Malgré tout ce que peut
dire le premier ministre, les gens, les Québécois, ils en ont moins dans
leurs poches aujourd'hui, malgré tous les gestes qui sont posés. Et, quand
j'entends le premier ministre dire : Si c'est nécessaire... Aujourd'hui, c'est nécessaire. On s'en va vers le 1er
juillet avec des gens qui ne pourront pas payer des loyers. Aujourd'hui,
ils ont besoin d'avoir de l'oxygène.
Ça fait des semaines
qu'on demande qu'il y ait une réduction des taxes, notamment de la TVQ, sur les
produits essentiels, sur l'électricité.Est-ce que le premier ministre
peut agir?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, M. le Président, je
le rappelle, on a fait le choix, au gouvernement, de donner 500 $ à chaque
personne. Ce que proposait le Parti libéral,
c'est d'enlever des taxes sur l'essence, donc de subventionner le pétrole. Le...
Une voix :
...
M. Legault : Le Parti libéral
proposait aussi de geler les tarifs d'électricité, donc d'aider davantage les
gens qui ont des grandes maisons en
gelant l'électricité. Nous, on a préféré donner le même montant à tout le
monde. Donc, ça veut dire que, toutes proportions gardées, les moins
fortunés en ont plus.
Le Président :
J'ai réussi à entendre la
réponse. J'aimerais ça que ce soit moins bruyant, qu'on puisse tous bien
entendre les questions puis les réponses. Vous le savez. Je pense qu'on
souhaite tous ça également.
Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Je
vais inviter le premier ministre à se ressaisir, parce qu'on n'a jamais parlé
d'enlever les taxes sur l'essence, ce n'est pas ça dont on a parlé. On
parle de la TVQ, M. le Président.
Le premier ministre était celui qui
riait, il y a deux ans, il y a un an, quand on disait que l'inflation pouvait
atteindre 5 % à 6 %.
Aujourd'hui, c'est là qu'on est rendus. Je demande au premier ministre de faire
preuve d'anticipation. Là, on le sait,
qu'il y a des besoins maintenant.Est-ce qu'il peut agir maintenant et
puis pas de se dire : Si c'est nécessaire, je vais agir dans les
prochaines semaines ou les prochains mois? C'est maintenant qu'il faut agir
pour la TVQ.
Le
Président : M. le premier ministre. Vous êtes le seul à avoir la
parole.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, pendant les années du gouvernement libéral, il y a des
années où on avait 2 % d'inflation, et
les tarifs d'électricité augmentaient de 5 %, 6 %, donc deux, trois
fois l'inflation. Donc, M. le Président, ce qu'on a fait, c'est qu'on a dit : À l'avenir, le maximum, ce sera
l'inflation, mais on a remis 500 $ pour couvrir l'augmentation exceptionnelle. Ça veut dire que les gens qui ont
des plus petites maisons reçoivent autant d'argent que les personnes qui
ont des grandes maisons. Ça, c'est le contraire de ce que voulait le Parti
libéral.
Le
Président : Question principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Impact
de l'inflation sur la population
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão :
M. le Président, j'invite le premier ministre à revérifier ses chiffres en
ce qui concerne les hausses d'Hydro-Québec
pendant le gouvernement libéral. Vérifiez vos chiffres. Nous, on va le faire
pour vous, en tous les cas.
M. le Président, dans
les dernières semaines, les derniers jours, nous avons appris que l'inflation
continue de s'accélérer, 6,8 % au mois
de mai, et ça... au mois d'avril, pardon, et ça, M. le Président, c'était
avant, avant la hausse du prix de l'essence, parce qu'en avril l'essence
avait même baissé de prix, hein, et là, au mois de mai, boum! il y a un rebond
spectaculaire.
Alors,
M. le Président, le niveau de prix est très élevé, le coût de la vie augmente à
une vitesse incroyable. Les citoyens sont préoccupés. Les citoyens sont
anxieux parce qu'on n'arrive plus à boucler le budget familial.
Le temps d'agir,
c'est maintenant. Allez-vous le faire?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, alors, je
note un petit enjeu de cohérence intertemporelle, là, parce que, lorsqu'on a...
Une voix : ...
17
929
M. Girard
(Groulx) : ...excusez-moi,
mais parce que, lorsqu'on a annoncé le 500 $, l'opposition criait que ce
n'était pas suffisant, et là il faudrait en rajouter.
Des voix : ...
15
725
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le député!
Merci. M. le ministre des Finances, vous êtes le seul à avoir la parole.
Je vous demande votre attention à toutes et à tous. C'est notre règle, vous la
connaissez.
17
929
M. Girard
(Groulx) : Alors, je reviens. Alors, vous savez, il y a eu
une pandémie, reprise mondiale synchronisée, la demande est extrêmement forte, dans tous les pays il y a de
l'inflation. Et on constate, à la mise à jour de novembre, que l'inflation est plus élevée que l'indexation du
régime fiscal, donc on y va avec 275 $ pour une personne, 400 $ par
couple. Ensuite arrive l'invasion de
l'Ukraine par la Russie, Omicron, et on décide de poser un geste supplémentaire
avec le 500 $.
Alors,
on conserve notre orientation, M. le Président, c'est-à-dire que, si
l'inflation persiste et est plus élevée que notre prédiction pour l'ensemble de l'année et non seulement pour un
mois, bien, il faudra poursuivre notre orientation et remettre plus
d'argent aux contribuables.
15
725
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos
J. Leitão
15
391
M. Leitão : S'il
le faut, M. le Président? Oui, il le faut. Et je vais faire une prédiction, M.
le Président : oui, l'inflation va
être plus élevée que ce qui est prévu dans le budget. Ça, c'est inévitable.
Avec ce qui se passe en Ukraine maintenant, avec l'augmentation du prix du pétrole, avec l'augmentation des prix de
l'essence, le fait que la guerre est loin d'être terminée, oui, l'inflation va être beaucoup plus élevée que
ce qu'on pensait. En plus, et à cause de ça, les banques centrales vont
augmenter les taux d'intérêt plus vite.
Encore une fois, agissez maintenant. «You can do it. Do it now.»
Le
Président : M. le ministre des Finances.
Des voix : ...
15
725
Le Président : S'il
vous plaît! Merci. M. le ministre des Finances, c'est à vous, la réponse.
M. Eric
Girard
17
929
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, en utilisant la déclaration de
revenus 2021, ça nous a permis de remettre de l'argent immédiatement, dans le cadre du
traitement des déclarations de revenus. Donc, le 500 $, il est arrivé là,
en avril, en mai. Mai, c'est maintenant. Donc, notre gouvernement agit,
on répond. Il y a eu un geste en novembre, il y a eu un geste au budget de 2022. On reconnaît l'importance, c'est extrêmement
important, on est conscients de l'enjeu. C'est pour ça qu'on a le versement ponctuel, la prestation
exceptionnelle, le crédit d'impôt pour les aînés, le crédit d'impôt de maintien
à domicile. On est là pour les Québécois et on va continuer.
15
725
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
11
789
M. Tanguay : M.
le Président, le premier ministre serait bien avisé d'écouter l'ancien ministre
des Finances, quand il disait, le premier
ministre, en 2019, je le cite : «Je sais que l'ancien ministre des
Finances pense que l'inflation pourrait monter à 5 %, 6 %. Je ne sais pas sur quelle planète il vit.» Fin
de la citation. Le 15 mars dernier, le même premier ministre
dit : «On n'a pas prévu qu'il pouvait y avoir une inflation jusqu'à
4 %, 5 %.» Fin de la citation.
Là,
on va parler de tarifs d'Hydro-Québec, M. le Président, et on crée une erreur
historique, ça va augmenter en même temps que l'inflation. Ça fait deux
mois et demi qu'ils cherchent une solution.
Pourquoi ont-ils
abandonné les Québécois?
15
725
Le Président : M.
le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan
Julien
17
855
M. Julien : Oui,
merci, M. le Président. Écoutez, on a eu des discussions, justement, à l'étude
des crédits, mon collègue et moi, sur le
choix qu'on a fait, justement, pour faire face à une augmentation qu'on
qualifie de ponctuelle, conjoncturelle.
Donc, on a énoncé clairement... Puis, en 2019, ceux qui pouvaient prédire les
éléments qu'on vit actuellement, grand
bien leur fasse, mais nous, on ne pouvait pas le faire. On a fait le choix de
maxer la hausse des tarifs d'hydroélectricité à l'inflation ou, au moindre des deux, au couloir de l'inflation sous
gestion de la Banque du Canada. Donc, en avril prochain, ce sera
3 % maximum, et on va être là au rendez-vous, parce que, de manière
conjoncturelle...
15
725
Le Président : En
terminant.
17
855
M. Julien : ...la
hausse est importante.
15
725
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Verdun.
Mesures
pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
Mme Isabelle
Melançon
16
779
Mme Melançon : Une mosus de bonne affaire. C'est comme ça que le
premier ministre a accueilli à bras ouverts la pénurie de main-d'oeuvre qui
sévit au Québec. Il y a 240 000 emplois qui sont vacants, au Québec.
Il y a des entreprises qui refusent des contrats, qui sont obligées de
délocaliser leur production ailleurs qu'au Québec, qui sont obligées de
réduire leurs heures. Il y a des
entrepreneurs puis des employés qui sont à bout de souffle, actuellement, parce
qu'il y a un manque de main-d'oeuvre.
Il y a une croissance économique qui est minée par le manque de main-d'oeuvre.
Ça, c'est tout sauf une mosus de bonne affaire.
La
pénurie de main-d'oeuvre, ce n'est pas bon pour les entrepreneurs, ce
n'est pas bon pour les employés, ce n'est pas bon pour les consommateurs, qui
paient plus cher puis qui ont moins de services. Bref, ce n'est pas bon pour le
Québec, M. le Président.
Quand
le premier ministre va-t-il cesser de dire que la pénurie de main-d'oeuvre,
c'est un beau problème? Quand va-t-il y avoir des mesures costaudes et
qui fonctionnent...
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Merci,
M. le Président. J'invite de nouveau la collègue à prendre connaissance des
mesures qui sont dans la vaste
Opération main-d'oeuvre que nous avons lancée le 30 novembre dernier. Il y a
des programmes de formation, de requalification, d'accompagnement pour
augmenter la productivité des entreprises, et ça, ça passe par
l'automatisation, la robotisation.
Bien
sûr, l'immigration est une option. Il y a une multitude de solutions qui sont à
la disposition des entreprises. Les associations
patronales, les syndicats, le réseau de l'éducation, avec des bourses
incitatives dans des secteurs névralgiques de notre économie, tout est en place pour accompagner les entreprises,
pour répondre à leurs besoins de main-d'oeuvre, et la collègue le sait
très bien. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, ce
gouvernement-là lance des choses, mais ça ne décolle pas, ça ne marche pas, ça
tombe à plat. Hier, lettre du vice-président de la fédération canadienne des
entreprises indépendantes, il citait des exemples très tangibles de décisions
difficiles : entreprise de transport du Bas-Saint-Laurent qui doit vendre
six camions par manque d'employés; un autre cas, ce petit cabinet de comptables
de l'Outaouais qui a perdu 100 000 $ de revenus par manque de
candidats dans la région.
Quand
la CAQ va-t-elle revenir sur terre? Quand vont-ils cesser de dire que la
pénurie de main-d'oeuvre, c'est une, pour citer le premier ministre,
mosus de bonne affaire?
• (14 h 30) •
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Merci, M. le Président.
La pénurie de main-d'oeuvre, c'est un défi de société. Tout le monde doit s'engager. On a contribué, dans les trois
dernières années, à ramener 300 000 Québécois en emploi. On a baissé de
40 % les personnes de 25 ans et moins qui bénéficient
de prestations d'aide sociale, on a réduit de 91 000 le nombre de
bénéficiaires d'aide sociale, le taux est à son plus bas historique.
La
pénurie de main-d'oeuvre, vous le savez, ça découle du vieillissement de la
population. Ça va se poursuivre. Le plus grand enjeu pour les
entreprises, c'est véritablement d'accroître leur productivité, de faire plus
avec moins. Merci, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, le ton
est donné par le premier ministre à ses ministres. Quand il dit «c'est une
mosus de bonne nouvelle», bien, il envoie l'image à ses ministres que ça
va bien, ne faites rien.
En
crédits, il y a deux semaines, le ministre responsable de l'Économie n'était
même pas capable de me dire c'était quoi,
le chiffre de pénurie de main-d'oeuvre. Pour note, c'est 238 000, au
Québec, pénurie de main-d'oeuvre qui ne cesse de s'accentuer sous ce gouvernement-là. Sondage des associations d'hommes
et de femmes d'affaires, 86 % des Québécois l'ont réalisé, que c'était
l'enjeu numéro un. Quand le gouvernement va-t-il se réveiller?
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : M. le Président, le taux
d'emploi, au Québec, actuellement il est de 77,2 %, chez les personnes
âgées de 15 à 64 ans, le plus haut au
Canada, 2 % de plus que le Canada, 3 % de plus que l'Ontario. C'est
un témoignage éloquent de l'efficacité de nos mesures.
Tous
les sondages confirment que les entreprises qui intègrent des nouvelles
technologies améliorent les conditions de
travail, non seulement les salaires, mais les mesures de conciliation
famille-travail, les congés, la flexibilité des horaires, n'ont pas de
problème à recruter et surtout à retenir leurs employés.
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
Merci, M. le Président.
Le
Président : Question principale, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Protection
des droits des locataires aînés
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président.
La grande leçon de la pandémie qu'on vient de traverser, c'est que notre société doit en faire plus pour les aînés.
Ces hommes, ces femmes-là ont construit le Québec, méritent de vivre dans
la dignité puis dans la sécurité.
Pourtant,
ces jours-ci, il ne se passe pas une semaine sans qu'on lise dans les journaux
une histoire de locataires aînés qui se font
jeter à la rue par des promoteurs immobiliers. Ça n'a pas de bon sens, on ne
peut pas accepter ça. Pourtant, on a
déjà pris nos responsabilités, au Québec, ici, à l'Assemblée nationale, pour
protéger les locataires aînés. Il y a six ans, on a adopté le projet de loi n° 492, qu'on surnomme depuis la loi
Françoise David. C'est une loi qui protège plusieurs locataires aînés, mais pas tout le monde, pas assez de gens.
Des gens comme Robert, qui vit depuis 29 ans... Il nous a écrit. Il vit depuis
29 ans dans son demi-sous-sol. Il pourrait
se faire expulser très bientôt parce que la loi ne le protège pas. Il a 67 ans,
il n'est pas assez vieux pour être protégé par la loi Françoise David.
Il
y a des dizaines de milliers d'autres aînés dans cette situation-là au Québec.
C'est le moment de poser un geste pour les protéger, comme on l'a déjà
fait ici, en 2016, à l'Assemblée nationale.
Québec
solidaire a déposé un projet de loi pour moderniser la loi Françoise David, il
y a quelques jours, pour protéger plus
d'aînés contre les évictions sauvages. Je tends la main au premier ministre et
je lui demande de travailler avec nous, d'ici la fin de la session, pour
adopter rapidement ce projet de loi.
Est-ce qu'il va le
faire?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président, je pense, ça adonne bien que Mme Bertrand soit ici,
qui en a fait beaucoup pour les aînés. Effectivement, on a adopté une loi pour
limiter le nombre de locataires parmi les aînés qui sont expulsés. Il y a des
lois qui existent, mais il faut en faire plus, puis on est ouverts aux
propositions de Québec solidaire.
Mais,
M. le Président, le principal problème, actuellement, c'est qu'il manque de
logements. Il faut construire plus de
logements, c'est urgent de le faire. On a investi, ma collègue la ministre des
Affaires municipales et de l'Habitation a investi 1,3 milliard,
mais malheureusement les constructions ne se font pas assez rapidement. Il y a
des délais beaucoup trop longs, entre autres dans les offices municipaux, dans
les grandes villes du Québec, puis même dans les plus petites municipalités.
Donc, M. le
Président, oui, on est ouverts aux propositions, mais la vraie solution, c'est
qu'il faut accélérer la construction des logements. Puis, là-dessus, bien,
j'attends encore les propositions de Québec solidaire.
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Le premier ministre a raison de dire qu'il va falloir construire plus de
logements sociaux et de logements abordables
au Québec, mais, quand les aînés se font expulser, et ça, ça se passe à chaque
semaine au Québec, là, ils ne sont pas capables de se retrouver un autre
logement parce que leurs revenus n'ont pas suivi le marché immobilier,
qui a explosé. Les loyers, pour ces aînés-là, ne sont plus payables. Ça donne
des aînés vulnérables à la rue.
Apprenons les leçons de la pandémie,
protégeons-les. Est-ce que le premier ministre va adopter notre projet de loi?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, d'abord, je veux annoncer au chef parlementaire de Québec
solidaire que, dans les prochains jours, ma collègue la ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation va déposer un projet de loi qui reprend certaines des recommandations. Mais, comme il vient de
le dire, le problème fondamental, c'est qu'il manque de logements. Puis, quand, à l'étude des crédits,
le chef parlementaire de Québec solidaire m'a dit : On devrait copier l'Ontario,
bien, M. le Président, je m'excuse, mais,
quand on regarde les augmentations de loyer en Ontario, elles ont été plus
élevées qu'au Québec. Donc, les solutions ontariennes n'ont pas
fonctionné.
Donc, je suis
toujours à l'écoute des suggestions pour accélérer la construction des
logements.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre dit qu'il est ouvert à nos
suggestions, mais je lui parle d'un projet de loi qui est déjà déposé, je lui
demande s'il va l'adopter, il n'est pas capable d'en prendre l'engagement. Il
me parle du projet de loi que sa ministre va déposer demain ou dans les
prochains jours.
Ma
question pour lui : Dans ce projet de loi, est-ce qu'il y a des mesures
spécifiques pour protéger les aînés contre les expulsions sauvages, oui
ou non?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, M. le Président, il y a des mesures pour
limiter l'expulsion des aînés dans les logements. Et, si Québec
solidaire veut bonifier, travailler avec nous pour bonifier ce projet de loi,
ça va nous faire plaisir.
Le Président : Question principale,
M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Conditions de vie dans les
résidences pour personnes âgées
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci, M. le Président. Alors, on va aussi parler
des aînés, mais de ceux qui sont en institution, parce qu'on apprend ce
matin, en lisant le Journal de Montréal, que 1 027 aînés sont
décédés après avoir chuté soit dans des CHSLD
ou encore dans des résidences pour personnes aînées, depuis deux ans.
1 027 personnes, là, c'est plus qu'un aîné par jour, depuis deux ans. Moi, là, en prenant mon café, il est passé de
travers, ce matin, je ne sais pas pour le premier ministre, surtout quand on vient de proposer un plan pour,
justement, vieillir avec dignité, au Québec, avec plusieurs propositions,
dont celle de tripler les heures de soins
aux personnes âgées à la maison, également de contrer la pauvreté et de
protéger les droits des aînés.
Imaginez,
aujourd'hui, là, la réaction des familles et leur incompréhension. C'est un
autre exemple, me semble-t-il, qui
prouve l'importance d'investir massivement dans les soins à domicile pour nos
personnes aînées, parce qu'ils veulent d'abord
rester à la maison. S'ils doivent aller dans les institutions, ils s'attendent
à avoir des services complets. Et ce que les professionnels en soins
veulent, c'est avoir des ratios sécuritaires pour donner des soins
sécuritaires.
M. le
Président, j'aimerais savoir combien
de chutes encore, combien de rapports du coroner avant que le gouvernement de la
CAQ comprenne qu'il faut réinvestir dans les soins à domicile et permettre des
ratios sécuritaires pour prendre soin de ces gens en institution.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président,
moi aussi, ça m'a choqué de voir, ce matin, autant de chutes qui se finissent
mal. On le sait, que, pour les aînés, quand
on n'est pas capable de se protéger, que ce soit à domicile ou dans un CHSLD,
ça arrive avec des conséquences qui sont graves.
M. le Président, la ministre responsable des
Aînés, depuis quatre ans, a ajouté 1,9 milliard dans les soins et les services à domicile, 1,9 milliard. Le défi,
c'est de trouver du personnel. On est en train de mettre des incitatifs pour
former plus rapidement, pour inciter des jeunes à aller étudier en
sciences infirmières.
Et, contrairement à ce que dit le Parti
québécois, il ne faut pas seulement agir dans les soins et les services à domicile, il faut aussi agir dans les CHSLD. Et
c'est pour ça qu'on a un grand projet de maisons des aînés. Je sais que les
oppositions trouvent qu'on met trop d'argent
dans les maisons des aînés, c'est trop cher pour nos aînés. Moi, je trouve que
nos aînés méritent ces maisons des aînés.
• (14 h 40) •
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît!
Première complémentaire, vous avez la parole, M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Le
problème avec la proposition du premier ministre, c'est que les maisons des
aînés vont toucher à peu près
3 000 personnes sur 80 000. C'est un nombre très réduit de
personnes qui pourront aller dans les fameuses maisons des aînés.
Mais
j'aimerais revenir sur le rapport de la semaine dernière de la coroner,
Mme Kamel, qui recommandait l'implantation
de ratios sécuritaires dans les CHSLD qui existent aujourd'hui, là. Alors que
la CAQ dit publiquement qu'elle va appliquer toutes les recommandations,
il y a 10 jours on a refusé la proposition, la motion du Parti québécois
pour implanter des ratios sécuritaires.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M.
le Président, le chef du Parti québécois dit : 3 000, ce n'est pas
assez, mais on est contre les 3 000, 3 000 places dans
des maisons des aînés, où il va y avoir plus d'espace, plus de personnel, plus
d'activités.
M. le
Président, quand je regarde le rapport de Mme Kamel, depuis la première
vague, qu'elle a examinée, on a ajouté
10 000 préposés aux bénéficiaires. On a réussi en quelques mois à
embaucher des gens, à les former. On a mis aussi quelqu'un, un dirigeant, dans chaque CHSLD. Imaginez-vous.
Avec les libéraux, il y avait des CHSLD, au Québec, plusieurs,
d'ailleurs, où il n'y avait pas de patron.
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Maintenant, il y a des patrons partout. Donc, on agit, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
Deuxième complémentaire. S'il
vous plaît! La parole n'appartient qu'au chef du troisième groupe
d'opposition. Nous sommes toutes et tous attentifs.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, on est
tannés de voir des manchettes comme celle de ce matin. On veut que les aînés puissent avoir les services sécuritaires et
on veut surtout qu'ils puissent avoir l'appui d'un protecteur des aînés qui
puisse justement veiller à ce que leurs
services soient adéquats. Encore une fois, on le propose dans le plan Vivre
et vieillir avec dignité.
Est-ce que le premier
ministre est d'accord avec l'idée d'un protecteur des aînés?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, le
Protecteur du citoyen est aussi le protecteur des aînés. Ma collègue la
ministre des Aînés s'est assurée que ce soit facile, quand il y a des
plaintes à faire, puis qu'il y ait un suivi. M. le Président, ce qu'il était important de faire, après la première vague,
c'est d'ajouter du personnel. C'est ce qu'on a fait pour les préposés. C'est ce
qu'on est en train de faire avec les infirmières, mais il y a un minimum de
trois ans pour former une infirmière dans nos cégeps. Donc, on essaie d'accélérer. On a mis des primes pour ramener
des infirmières. On a fait tout ce qui était humainement possible. Puis
je peux vous dire que, s'il y a une personne ici qui défend les aînés, c'est
bien la ministre des Aînés.
Le
Président : Question...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Question principale, M. le député de
Nelligan.
Accès
aux services en anglais dans le réseau
de la santé et des services sociaux
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le Président, comme l'indiquait
récemment Dr Gaudreault, président du Collège des médecins, le projet de loi n° 96 sur la langue
française sème actuellement de la confusion et des inquiétudes tant au sein de
la population que chez les médecins
et les professionnels de la santé. D'ailleurs, ils sont là avec nous. Le texte
de loi, tel qu'il est formulé, maintient des zones grises et donne des
raisons de s'inquiéter quant à la possibilité future des patients de
s'entretenir dans la langue de leur choix
avec la personne qui leur prodigue des soins. Comme Dr Gaudreault, M. le
Président, nous croyons que rien ne devrait s'ingérer dans la relation
entre un patient et tout professionnel de la santé.
M.
le Président, depuis l'arrivée de la CAQ, au niveau de la santé, c'est des
reculs : recul au niveau des temps d'attente au niveau des urgences, recul au niveau de temps
d'attente pour avoir une chirurgie, plus de 1 million de Québécois qui
n'ont pas de médecin de famille.
Ma
question est très simple, à M. le ministre de la Santé : Est-ce qu'il est
conscient qu'un hôpital ne doit pas être un lieu de confrontation
politique?
Le
Président : M. le ministre responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, les seuls qui sèment la confusion, ici, c'est le Parti libéral du
Québec, M. le Président...
Des voix :
...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Le ministre sait très bien qu'il ne peut pas prêter des
intentions, surtout des intentions malveillantes comme celles-là, M. le
Président.
Le
Président : Je vais vous demander, à ce moment-ci, de faire
attention, tout le monde. Ça va bien, la période de questions continue à
avancer, alors soyez prudents, chacune, chacun. M. le ministre, poursuivez
votre réponse.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, écoutez, j'avais cru, M. le Président, avec la députée de
Marguerite-Bourgeoys, que le Parti
libéral aurait été en faveur de la langue française. Or, on a constaté, il y a
environ deux semaines, que la brigade rouge
du Parti libéral s'est présentée, dans le cadre d'une manifestation, et a dit
totalement le contraire pour semer la confusion sur des éléments, M. le
Président, qui sont au...
Le Président : Non, bien...
Une voix : ...
Le
Président : Je comprends. Je pense qu'on se comprend bien.
Évitez ce genre de propos. Vous le savez, on vient de le dire. Alors, je vous demande simplement de
poursuivre, s'il vous plaît. Dans vos questions et dans vos réponses, faites
attention, je vous le rappelle à toutes et à tous. M. le ministre de la Langue
française.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, suite au revirement de la cheffe de l'opposition officielle de ne
pas défendre le français... Moi, il y
a une chose que je peux vous dire, M. le Président, c'est que rien dans le
projet de loi ne porte atteinte aux
droits des membres de la communauté anglophone de se faire soigner dans la
langue de leur choix, de se faire soigner en anglais. Avant le projet de loi, c'était possible, pendant le projet
de loi c'est possible, et après le projet de loi c'est possible, M. le
Président, parce que c'est le statu quo. Nos amis d'en face, M. le Président,
souhaitent provoquer des craintes, M. le Président, de la population, qui ne
sont pas avérées...
Le Président : Encore une fois, non,
non...
Une voix : ...
Le
Président : Non,
bien, c'est ça. Non, mais je pense que, là, c'est... Pour une troisième fois,
pour une troisième fois, et c'est déjà beaucoup, je vous invite à la
prudence, je vous demande d'être prudents...
Une voix : ...
Le
Président : Non, mais
je vais vous demander d'être prudent. Vous le savez, imputer des motifs
indignes... Soyez prudents. Alors, je vous demande de poursuivre mais
dans le respect de chacun et chacune.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, il n'y a rien qui touche les soins de santé en langue anglaise.
D'ailleurs, le député de D'Arcy-McGee
m'avait félicité d'adopter son amendement pour sécuriser la population. Qu'il
le dise, le député de D'Arcy-McGee.
Le
Président : Première complémentaire. On poursuit avec
prudence, on est tous attentifs, la parole n'appartient qu'au député de
D'Arcy-McGee, s'il vous plaît. M. le député, à vous la parole.
M. David
Birnbaum
M. Birnbaum : M. le
Président : «Quand vous allez à l'hôpital et que vous souffrez, vous avez
peut-être besoin d'un test de sang, mais pas
un test linguistique.» Les paroles de Lucien Bouchard. Dans quelques minutes,
la CAQ va faire adopter une loi qui prône exactement le contraire. Notre
amendement fait un bon bout, mais l'accès reste à risque.
Comment le
premier ministre actuel va-t-il justifier sa loi devant la femme anglophone
enceinte devant l'hôpital de Sherbrooke et à l'aîné atteint d'Alzheimer
à Châteauguay?
Des voix : ...
Le Président : M. le ministre
responsable de la Langue française. S'il vous plaît, tous attentifs. Merci.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, quand le député de D'Arcy-McGee fait ce qu'il vient de faire,
c'est qu'il met en doute le travail
que lui-même, il a fait en commission parlementaire. Lui-même, lui-même, M. le
Président, a reconnu que rien ne changeait dans la loi.
D'ailleurs,
M. le Président, on a accepté un de ses amendements pour faire en sorte de
faire le pont avec la loi sur la
santé et les services sociaux, pour garantir à la communauté anglophone que
rien ne change et que l'accès aux soins de services de
santé en anglais, il est là, il est présent, il est maintenu et il sera
maintenu avec l'adoption du projet de loi n° 96. Je ne peux pas
être plus clair que ça, M. le Président, rien ne change...
Le
Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...c'est le statu quo. Ayez l'honnêteté de le dire et de le propager.
Le
Président : Deuxième complémentaire...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le Président :
Deux secondes. On est tous attentifs. Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, tout le monde est en faveur de la promotion puis de la
protection de la langue française, mais de
le faire de manière inclusive. Voilà ce que dit le Collège des médecins :
«...le texte [du projet] de loi, tel qu'il est formulé, maintient des
zones grises et donne des raisons de s'inquiéter...»
Est-ce
que le premier ministre peut se lever puis nous dire que le volet de la santé
aurait dû être exclu du projet de loi
n° 96?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, la loi 101 ne touche pas
aux services de santé en anglais. La loi n° 96 ne touche pas
aux services de santé en anglais. Les
services de santé en anglais sont couverts par la Loi sur la santé et les services
sociaux, dont la responsabilité
relève du ministre de la Santé. Et, à la suggestion du Parti libéral, on a
adopté l'article 15, dans le projet
de loi n° 96, qui dit clairement : Allez voir la loi
sur la santé. C'est ça, la vérité. Qu'on arrête de dire n'importe quoi.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le
Président : Je vous ai
demandé votre collaboration, je vous ai demandé d'être prudents. Faites
attention de ce que vous dites. Je vous
demande collaboration. Je m'en tiens à ça pour l'instant. Et on perd... Est-ce
qu'on pourrait maintenant revenir à
la période de questions? Je pense que c'est la bonne chose à faire. Je suis
convaincu que vous le souhaitez aussi.
Question principale,
Mme la députée de Mercier.
Services
gouvernementaux offerts aux allophones
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : M. le Président, on avait une occasion historique
de rassembler autour de la langue française, de parler du français de façon positive, d'unir tous les Québécois, peu
importent leurs origines, autour de notre langue commune. Malheureusement, le ministre responsable de la
Langue française a entretenu des flous en refusant de répondre dès le début
aux inquiétudes de nombreux Québécois. Il a
ajouté une clause de six mois de façon arbitraire. Il a refusé ma main tendue
pour prolonger ce délai de deux ans ou trois ans et il a manqué d'écoute.
Si
aujourd'hui je parle français, si je vis ma vie en français, c'est grâce à la
bienveillance dont ma famille et moi on
a pu bénéficier dès notre arrivée au Québec et même six mois plus tard. Camille
Laurin avait la conviction, comme nous, aujourd'hui, à Québec solidaire,
que protéger la langue française, bien, c'est une question de justice sociale.
Pourquoi
le ministre a refusé d'augmenter le délai, comme je lui ai demandé à plusieurs
reprises? Est-ce qu'il reconnaît son erreur?
• (14 h 50) •
Le
Président : M. le ministre responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, dans le cadre du projet de loi,
un des éléments importants, c'est l'exemplarité de l'État, le fait que le seul État en Amérique du Nord qui est de
langue française puisse montrer l'exemple, puisse donner l'exemple. Et ça passe
notamment dans ses communications avec l'ensemble de ses citoyens, sauf
certaines exceptions. Ça signifie également qu'on doit accueillir en
français les personnes immigrantes qui choisissent de venir au Québec, qui choisissent de venir s'intégrer dans notre
société. Il faut leur donner les outils pour s'intégrer. Les outils pour
s'intégrer, c'est d'occuper un emploi
et d'utiliser la langue commune. Alors, on doit, comme société, vraiment faire
des efforts sur ce point-là, M. le Président.
Le six mois,
M. le Président, il est là comme disposition transitoire, parce que dès le
départ on doit accompagner les personnes immigrantes en français, M. le
Président, pour qu'elles puissent, justement, s'intégrer dans le tissu social,
M. le Président. Et on doit leur donner les outils. C'est pour ça, d'ailleurs,
qu'on a créé Francisation Québec.
M. le
Président, je veux être clair. Actuellement, au Québec, on a des gens qui ne
parlent ni français ni anglais, et ils ont
des services publics. Après le projet de loi n° 96,
il y a des gens qui ne parleront ni anglais ni français, et ils continueront
d'avoir des services publics, parce qu'on va toujours trouver une solution, M.
le Président...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...pour faire en sorte que tous les citoyens
québécois ont droit aux services publics qui leur reviennent, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : M. le Président, tous les organismes qui
travaillent auprès des nouveaux arrivants, notamment les plus vulnérables, les réfugiés, ont dit que le
délai de six mois est déraisonnable. Des immigrants comme moi ont partagé
leur histoire et ont dit que le six mois, bien, ça n'a pas d'allure. Il y a des
études aussi qui le montrent, que la meilleure façon de s'intégrer en français, bien, c'est de mettre, en fait, des
bonnes conditions pour ça. Il y a même une étude qui dort au MIFI en ce
moment et qui le dit.
Est-ce que le ministre peut juste avoir
l'humilité de reconnaître qu'il a fait une erreur avec le six mois?
Le Président : M. le ministre
responsable de la Langue française.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, notre plus grand défi, c'est le
taux de substitution linguistique, M. le Président, le taux de transfert linguistique. Il faut arriver
à une façon d'avoir 90 % de taux de substitution linguistique en faveur du
français. Actuellement, on est à environ
55 %. À l'époque de la Charte de la langue française, c'était à 25 %.
Donc, voyez-vous les pas que nous avons faits?
Mais, comme État, nous devons tout faire en
notre pouvoir pour démontrer cette exemplarité-là, cette utilisation de la langue française dans toutes les sphères de
la société, avec l'ensemble des citoyens québécois. Et on doit amener les
personnes immigrantes qui choisissent de
venir au Québec vers le français. Donc, on va les accompagner. C'est d'ailleurs
pour ça qu'on fait la création de Francisation Québec, avec mon collègue le ministre l'Immigration, justement pour
déployer...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...des heures de cours de francisation, du
soutien, des allocations. On ne laissera personne tomber, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Et
les autochtones? On le sait, les jeunes autochtones font face à plusieurs
barrières dans notre système d'éducation.
Le ministre les a invités en commission parlementaire. Ils
sont venus en commission, ils sont venus plusieurs fois à l'Assemblée
nationale. Ils ont des revendications historiques sur leur langue qui sont plus
que légitimes. Là encore, le ministre a fait la sourde oreille.
Est-ce qu'il reconnaît que son manque d'écoute a
nui aux relations de nation à nation avec les Québécois et les autochtones?
Le Président : M. le ministre
responsable de la Langue française.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, les langues
autochtones ont leur place, la langue française a sa place. On ne doit
pas opposer les langues autochtones, M. le Président, à la langue française.
Le
projet de loi n° 96 touche la langue française. Il
faut travailler ensemble. Et les nations autochtones ont le droit de développer leur culture, développer leur
identité, développer leur langue, et elles doivent être protégées également, M. le Président, tout comme la langue française. Mais ce n'est pas dans
le cadre du débat sur la langue française que nous avons cette discussion-là, d'autant plus que le
projet de loi n° 96 ne change absolument rien à la situation de la Charte de la langue française en lien avec
les nations autochtones, M. le Président. Or, il est important de le rappeler.
Et le tout a été fait en respect des relations que nous avons avec les
nations autochtones, M. le Président.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Fabre.
Mise en oeuvre des recommandations du rapport d'enquête sur
la gestion
de la première vague de la pandémie de COVID-19 dans les CHSLD
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, la
coroner pose beaucoup de questions dans son rapport. CHSLD Herron :
Pourquoi avoir autorisé des transferts alors qu'il y avait déjà
éclosion? Léon Barrette décédera deux jours après son transfert. CHSLD Sainte-Dorothée : Pourquoi ne pas avoir
servi le liquide prescrit à Anna José Maquet, à s'étouffer? Il s'agit de
zones d'ombre auxquelles l'enquête n'a pas
permis d'apporter de réponse définitive, des questions, et bien d'autres
laissées sans réponse. Malgré son travail immense, le mandat de la
coroner était restreint.
La ministre des Aînés
dit : Québec mettra en place des recommandations. C'est tout? On arrête ça
là, comme si l'histoire se terminait
maintenant? Si 53 familles ont eu des réponses, elles sont 5 000 à
attendre encore. Pourtant, la coroner a tenu à écrire dans son rapport
et répéter dans son point de presse qu'il lui est difficile d'envisager fermer
le chapitre de cette tragédie. Il faut un dernier tour de roue.
M. le Président,
au-delà des 23 recommandations, la coroner le demande, quel sera le
dernier tour de roue?
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, tout d'abord, une fois de plus, il faut offrir nos condoléances
aux familles et aux proches qui ont
perdu une personne pendant la pandémie. Deuxièmement, il faut féliciter la
coroner Kamel pour son travail
colossal, tout comme la Vérificatrice générale du Québec, le Protecteur du citoyen, la Commissaire
à la santé et au bien-être. Nous avons eu quatre rapports avec des recommandations.
La
coroner nous recommande 23 recommandations, dont 18 pour le ministère de la Santé et des Services sociaux. Huit
sont déjà implantées. Entre autres, M. le Président, elle recommande de
conventionner les CHSLD privés. Or, il y a trois CHSLD qui, prochainement, seront conventionnés, et il y en a déjà
un conventionné et deux qui sont publics, depuis la pandémie. Et nous voulons faire en sorte d'offrir des salaires
équivalents aux personnes qui oeuvrent dans le secteur privé. C'est la
raison pour laquelle ils sont conventionnés.
La coroner demande à
ce qu'il y ait plus de soins à domicile. On a injecté 1,9 milliard. Elle
recommande aussi qu'il y ait des chambres
privées dans les CHSLD. C'est pour ça que, dans les maisons des aînés, il y
aura chambre privée, douche et de plus petites maisonnées.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Deux faits troublants. Premièrement, quand la coroner a demandé à la
ministre si elle avait pris connaissance du
plan H1N1, qui existe pourtant depuis 2006, la ministre a répondu non. Deuxième
fait troublant : le rapport de
la coroner dit que rien n'a été fait entre janvier et mars, même si l'INSPQ
avait prévenu le gouvernement en février que le virus allait faire très
mal dans les milieux d'hébergement pour aînés.
Ces faits sont
troublants. La coroner aussi trouve ça troublant. Pourquoi la ministre des
Aînés n'a rien fait?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, écoutez, on a ajouté
10 000 préposés aux bénéficiaires, on a ajouté
280 gestionnaires. On va en ajouter d'autres dans les maisons des aînés et
alternatives.
Il
faut comprendre que les maisons des aînés, ce sont des micromilieux de
12 personnes. On aura toujours besoin d'hébergement pour les
personnes en plus grande perte d'autonomie, ça, c'est la réalité, mais, en même
temps, il faut développer les soins à domicile, parce que les gens veulent
rester à la maison le plus longtemps possible. Les chambres individuelles, les proches aidants... Jamais plus
on ne va exclure les proches aidants. On a fait adopter une loi, une politique,
un plan d'action.
Le Président : En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : Les proches aidants sont... leur rôle est fondamental
auprès de leurs êtres chers.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Je vous cite maintenant
la coroner à la page 105 de son rapport : «À la lumière de l'ensemble
de la preuve, je suis convaincue que
les autorités qui nous gouvernent ont échappé cette portion de préparation sur
les CHSLD. Tous les signaux étaient
présents, mais n'ont pas été pris en compte. Si c'est bien le cas, pourquoi ne
pas tout simplement le dire? Je crois que les familles ont besoin
d'entendre la vérité...»
M. le Président, la
coroner veut qu'on aille plus loin.Pourquoi le gouvernement dit non à
la coroner?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, la coroner n'a pas demandé à ce qu'il y ait une enquête publique.
La coroner a demandé de faire un
autre tour de roue, et c'est exactement ce que le ministre de la Santé, avec
son plan santé, et ce que le plan d'hébergement, de soins et de services de
longue durée fait actuellement. Un tour de roue, c'est de mettre en application les recommandations de la Vérificatrice
générale, du Protecteur du citoyen, du Commissaire à la santé et au
bien-être et de la coroner. C'est ça, le tour de roue, c'est d'agir
immédiatement, et c'est exactement ce qu'on fait.
M.
le Président, il faut que je le dise, pendant quatre ans ils ont développé
285 places d'hébergement. Je le répète, là, parce que c'est grave. Il y a 3 000 personnes qui
attendent. Alors, nous aurons, d'ici la fin du mandat, plus de
2 600 places pour héberger des personnes âgées vulnérables.
• (15 heures) •
Le Président :
Question principale... Question
principale? Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Qualité
de l'air dans les écoles
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : M. le Président, si
jamais il y a un metteur en scène qui se cherche un nouveau sujet, j'en ai un à
lui présenter : la saga sur la
qualité de l'air. Pleine de rebondissements, pleine de faux-fuyants, de
demi-vérités. On pourrait changer Poupou et Patrick Bissonnette pour
Thomas Gerbet et Vincent Brousseau-Pouliot, qui sont des journalistes
trépidants en quête de vérité.
D'ailleurs,
à ce sujet, dans ce nouveau rebondissement, on apprend que, finalement, la
norme de 1 500 ppm pour, finalement, faire des changements
dans les écoles pour offrir des milieux sains et sécuritaires en période de
pandémie, il n'y a personne qui a dit que
c'était 1 500, à l'INSPQ, ni même à la Santé publique, et ce,
contrairement à ce que le ministre de l'Éducation affirme. Au contraire,
ils disent tous que ça aurait dû être 1 000 ppm en temps normal et,
en période de pandémie, 800 ppm.
Alors,
nous, on a déposé un projet de loi pour s'assurer de ne plus jamais politiser
la science. Êtes-vous prêts à l'adopter?
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, la
cible, c'est 1 000 ppm en moyenne par jour, tel que recommandé par
les experts, notamment Ali Bahloul,
de l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité au travail. Donc,
la cible, c'est de 1 000. On
vise à l'atteindre. Aussitôt qu'on dépasse cette moyenne quotidienne, on doit
prendre des mesures, on doit prendre des moyens pour améliorer la
qualité de l'air.
Ceci dit, il faut
faire attention, la qualité de l'air, dans nos écoles, est tout à fait
correcte, tout à fait acceptable, il n'y a
pas d'enjeu. D'ailleurs, on a investi plus d'un demi-milliard en deux ans pour
faire des travaux correctifs parce qu'il fallait remettre en état le
parc-école, qui avait été laissé dans un état pitoyable par les derniers
gouvernements.
Le
Président : Et cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 96
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote
reporté sur...
Des
voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Alors, comme annoncé précédemment, nous
allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre
responsable de la Langue française proposant que le projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français,
soit adopté.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), Mme D'Amours (Mirabel), M. Girard (Groulx),
Mme McCann (Sanguinet), Mme Roy (Montarville), M. Lemay
(Masson), M. Simard (Montmorency), Mme Lavallée (Repentigny), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel
(Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais
(Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Dubé (La Prairie),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Skeete
(Sainte-Rose), Mme Chassé (Châteauguay), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lacombe (Papineau), Mme Proulx (Berthier),
Mme Charest (Brome-Missisquoi), Mme Girault (Bertrand),
M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières),
M. Lafrenière (Vachon), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand
(Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Grondin (Argenteuil), M. Caron
(Portneuf), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice), M. Thouin (Rousseau), M. Jacques (Mégantic), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
Mme Boutin (Jean-Talon), M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette
(Roberval), M. Lemieux (Saint-Jean), M. Bussière (Gatineau),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Dorismond (Marie-Victorin).
M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), Mme Ghazal (Mercier),
Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Fontecilla
(Laurier-Dorion), Mme Dorion (Taschereau), M. Marissal (Rosemont),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
Mme Montpetit
(Maurice-Richard), M. Roy (Bonaventure).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Nichols (Vaudreuil), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), M. Derraji (Nelligan), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Melançon (Verdun), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), Mme Ménard (Laporte), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Kelley (Jacques-Cartier),
M. Benjamin (Viau), Mme Sauvé
(Fabre), M. Ciccone (Marquette), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Rousselle (Vimont).
M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Perry
Mélançon (Gaspé), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
M. Ouellette
(Chomedey).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il des abstentions?
Le
Secrétaire adjoint : Mme Samson (Iberville), contre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, elle est contre. Donc, y a-t-il des
abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 79
Contre :
29
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
En conséquence, le projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, est adopté.
(Applaudissements)
Motions sans préavis (suite)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous allons poursuivre nos travaux à la
rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. Alors,
Mme la ministre de la Culture et des Communications, la parole est à
vous.
Exiger du gouvernement fédéral
qu'il respecte les compétences législatives et les
interventions du Québec dans les domaines de la culture et du numérique
et l'exhorter à assujettir les médias sociaux au projet de loi
visant à modifier la Loi sur la radiodiffusion
Mme Roy :
Oui. Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec
la députée de Taschereau, le député de Matane-Matapédia, le député de
Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Considérant que le
Parlement fédéral subit de multiples pressions afin que les médias sociaux ne
soient pas assujettis au projet de loi C-11, alors que beaucoup
d'entreprises y diffusent commercialement du contenu musical et audiovisuel;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que la production culturelle québécoise et sa spécificité
sont fortement désavantagées par l'absence d'encadrement des plateformes de
diffusion en ligne et des médias sociaux;
«Qu'elle
affirme qu'il est essentiel que toutes les plateformes de diffusion en ligne,
dont les médias sociaux, soient assujettis
aux lois fédérales et provinciales, telle C-11, afin que tous les diffuseurs
numériques, qu'ils soient canadiens ou étrangers, contribuent à la
création, la production, la diffusion, la mise en valeur et la découvrabilité
du contenu d'ici;
«Qu'elle
rappelle au gouvernement fédéral la nécessité de consulter formellement le
gouvernement du Québec afin de
prendre en considération la spécificité culturelle du Québec et [le] soutien
adéquat de la création de contenu québécois, particulièrement de langue
française;
«Qu'elle
exige du gouvernement fédéral qu'il respecte les compétences législatives et
les interventions du Québec dans le domaine de la culture et du
numérique;
«Qu'elle
demande au gouvernement fédéral d'exiger que le Conseil de la radiodiffusion et
des télécommunications canadiennes, le CRTC, mette en oeuvre cette
vision;
«Qu'enfin,
elle exhorte le gouvernement fédéral d'assujettir les médias sociaux au projet
de loi C-11 visant à modifier la Loi sur la radiodiffusion.»
Merci, Mme la
Présidente.
• (15 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire :
Consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Motion adoptée. Oui, M. le ministre?
M. Caire : Je vous demanderais de faire parvenir une copie de
la motion au CRTC, Mme la Présidente, et au bureau du premier ministre
du Canada.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. Ce sera fait.
Alors,
je suis maintenant prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Alors, M. le député de Robert-Baldwin, la parole est à vous.
M. Leitão : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale constate que depuis plusieurs mois, les Québécois,
notamment les plus vulnérables et les jeunes familles, font les frais
d'une hausse importante du coût de la vie;
«Qu'elle
prenne acte que la croissance des salaires a été insuffisante pour contrer les
effets de la hausse de l'inflation;
«Qu'elle
prenne acte que s'ajoute à cette situation le contexte géopolitique découlant
de la guerre en Ukraine qui affecte
de façon importante le coût du carburant, des engrais et des grains, laissant
présager une hausse encore plus importante du coût des aliments dans les
prochaines semaines;
«Qu'elle reconnaisse
que les Québécois font déjà face à des choix difficiles en matière
d'alimentation, de logement et d'énergie,
notamment en raison de la mauvaise décision du gouvernement caquiste relative à
la hausse des tarifs d'hydroélectricité;
«Qu'enfin,
elle déplore que le gouvernement du Québec n'ait pas déployé de moyens
suffisants pour atténuer l'impact de
la hausse du coût de la vie sur la population et qu'elle exige qu'il mette de
l'avant de nouvelles mesures dans les meilleurs délais, notamment le retrait permanent de la taxe de vente du Québec sur
les biens de première nécessité, ainsi que la mise en place d'une
allocation aînés de 2 000 $ par personne de plus de 70 ans souhaitant
rester à domicile.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Pas
de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, comme il n'y a pas de consentement, je suis prête,
maintenant, à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition. Ce sera Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement de cette Assemblée
pour débattre de la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que le régime d'assurance-médicaments offert
par la RAMQ ne couvre que
partiellement les moyens de contraception, limitant ainsi la possibilité pour
les femmes de choisir le moyen contraceptif qui convient le mieux à leur
santé reproductive;
«Que
l'Assemblée nationale demande à tous les partis de s'engager à rendre
l'ensemble des moyens de contraception gratuits pour toute la
population.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M.
le leader du gouvernement.
M. Caire : Pas
de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
il n'y a pas de consentement, je suis maintenant prête à reconnaître un
membre du troisième groupe d'opposition. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Mme la Présidente, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le leader du deuxième groupe d'opposition, le député... ça doit être la leader du deuxième groupe
d'opposition, désolée, le député de Bonaventure, le député de Chomedey et le
député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le droit de tout résident du Québec de
bénéficier, pour son enfant, d'une place à contribution réduite au sein
des services de garde éducatifs à l'enfance;
«Qu'elle
affirme également le droit fondamental de chaque enfant d'avoir accès à des
services de garde éducatifs à l'enfance de qualité, peu importe son
statut et sa nationalité;
«Qu'elle
précise que l'accès à cette place à contribution réduite ne doit absolument pas
être fondé sur le statut social des parents;
«Qu'elle
souligne à quel point cette contribution réduite est essentielle pour plusieurs
réfugiés en attente de leur statut officiel, et ce, tant sur le plan de
l'accès au travail que sur celui du développement de leurs enfants;
«Qu'elle
constate que, sans cette contribution réduite, plusieurs enfants sont privés de
services de garde éducatifs à l'enfance;
«Qu'elle
insiste sur le fait que le programme universel de services de garde éducatifs à
l'enfance permet aux femmes d'accéder
plus facilement au marché du travail, peu importe leur statut social, donc
qu'il favorise leur contribution à l'économie québécoise;
«Par
conséquent, que l'Assemblée nationale exige du gouvernement qu'il abroge la
directive du 10 avril 2018, selon laquelle
un réfugié en attente de son statut officiel n'a plus accès aux services de
garde éducatifs à l'enfance à contribution réduite.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Pas
de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, maintenant, je suis prête à reconnaître M.
le député de Chomedey.
Rendre hommage à l'auteur et réalisateur Luc Dionne
M. Ouellette : Merci, Mme la Présidente.
Le 21 avril dernier prenait fin, après six ans, la quotidienne District 31,
ce qui était devenu un phénomène de société
rarement vu depuis les dernières années en télévision. Vous me permettrez,
Mme la Présidente, de souligner la présence,
cet après-midi, dans nos tribunes, de M. Luc Dionne, de sa mère Jeanne, de
son frère Serge et de sa conjointe Annie.
Je sollicite
maintenant le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la ministre de la Culture et des Communications, la députée de l'Acadie, la leader du deuxième
groupe d'opposition, le député de Matane-Matapédia, la députée de
Maurice-Richard, le député de Bonaventure, le député de Rimouski et la députée
d'Iberville :
«Que l'Assemblée
nationale rende hommage à l'auteur Luc Dionne;
«Qu'elle
reconnaisse ses talents d'auteur et de réalisateur ainsi que sa contribution à
la société québécoise depuis près de trois décennies en lui remettant la
Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale;
«Qu'elle
le remercie de faire rayonner le Québec à l'international en présidant, depuis
plus de 20 ans, le comité canadien des
auteurs de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques et de la Société
civile des auteurs multimédia; enfin
«Que
les membres de cette Assemblée apprécient au quotidien le travail des auteurs,
réalisateurs, techniciens et producteurs qui font connaître, protègent
et perpétuent notre culture québécoise.»
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Oui, Mme la Présidente, il y a consentement pour
un débat de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : M. le député de Chomedey, Mme la ministre de la Culture et des Communications, Mme la députée de l'Acadie, Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition et M. le député de Matane-Matapédia.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. Alors, M. le député de Chomedey,
la parole est à vous.
M. Guy Ouellette
M. Ouellette : Merci, Mme la Présidente.
Bienvenue chez toi, mon cher Luc. Un retour à tes racines. Il y a plus de 35 ans, tu occupais un bureau au troisième
étage de ce parlement, le 3.124 exactement, à titre d'attaché politique du
député de Vimont, Jean-Paul Théorêt.
Lavallois
d'origine, musicien dans l'âme, tu t'intéresses encore et toujours à la
politique. Tes commentaires et tes analyses
publiques sont toujours des plus pertinents. D'ailleurs, ta série avant-gardiste
écrite en 2002, Bunker, le cirque, demeure plus d'actualité que jamais, encore aujourd'hui, pour tous ceux
et celles qui s'intéressent au financement des partis politiques. J'ai le privilège d'être témoin depuis
plus de 25 ans de ton talent inégalé et de tes histoires enlevantes qui
font vibrer tout le Québec, et pour cela je veux, au nom de tous les
Québécois, t'en remercier sincèrement, d'Omertà au Dernier chapitre, de la série Tag à Bunker, le cirque, de Monica la
mitraille à Aurore, en passant par L'Enfant prodige, de Blue
Moon à Ruptures, tantôt à titre d'auteur, tantôt à celui de
réalisateur, parfois les deux en même temps, pour finalement en arriver à tes six années de District 31,
véritable phénomène télévisuel, suivi quotidiennement par près de
2 millions de téléspectateurs.
La quotidienne produite par Fabienne Larouche et Michel Trudeau, dont tu as
aussi été l'associé, aura été un
baume pour la population du Québec au cours des deux dernières années de
pandémie. Combien de fois avons-nous entendu certains citoyens se reconnaître dans tes personnages du
District 31? Combien de lignes ou de commentaires furent, semble-t-il,
collés à l'actualité hebdomadaire?
Permets-moi,
cher ami, un petit mot pour Annie, ta conjointe, celle qui veille sur ton
écriture mais surtout sur toi. Elle
est une part importante de cette réussite. Je te connais assez bien pour savoir
que tu refuses toujours de ramener à toi le succès de tes productions. Je veux donc souligner l'apport des artisans
de la télévision et du cinéma qui t'ont accompagné durant toutes ces années. Je sais que cette
reconnaissance de la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale que tu reçois
cet après-midi revêt une grande importance à
tes yeux, malgré tous les honneurs que ton travail d'auteur et de réalisateur
ait pu t'apporter au cours des 25 dernières années.
Je
veux remercier, en terminant, tous mes collègues pour l'adoption unanime de
cette motion et l'hommage tellement mérité qu'on te rend aujourd'hui. Je
t'aime, mon ami.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie. Alors, Mme la ministre de la Culture et des Communications,
la parole est à vous.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bien, à mon tour de souligner le fait que le scénariste et
réalisateur de grand talent Luc Dionne a mis la dernière main à
l'épisode ultime de District 31, l'une des séries les plus
populaires de l'histoire de la télévision
québécoise. Chapeau! Cette décision de l'auteur a créé une véritable onde de
choc parmi les dizaines de milliers de fans de la série, et, même, on
parle en millions ici.
Comme vous le savez
sans doute, Mme la Présidente, j'avais un peu de mal à y croire, mais la
nouvelle a été confirmée par le commandant
Chiasson lui-même, dont la source est un indicateur ayant infiltré le milieu
des parrains de la télévision. Plus sérieusement, nous devons donc nous
résigner et dire adieu, adieu à ces personnages et ces dénouements dramatiques qui nous ont divertis, étonnés, émus
pendant les 720 épisodes de ces six années. Six saisons d'une émission
suivie chaque semaine par 2 millions de passionnés, c'est énorme.
Luc Dionne a ce
talent qui n'a cessé de nous étonner depuis la magistrale série Omertà,
dans les années 90, excellent, qui a
été suivie des feuilletons Le dernier chapitre, Bunker, le cirque
et Ruptures, auxquels se sont mêlés des films mémorables comme Monica la mitraille ou encore Aurore,
ce dernier ayant été réalisé par Luc Dionne lui-même. Pour expliquer les succès de Luc Dionne, je me
contenterai de reprendre les propos de la lieutenante-détective Gabrielle
Simard : «Il est une coche au-dessus de tout le monde.»
Cela
dit, notre déception devant la fin irrémédiable de District 31 est
compensée par deux bonnes nouvelles. La première est que Luc Dionne a signalé qu'il nous prépare une nouvelle
série, et la seconde, c'est que, le tout dernier épisode de l'auteur,
bien, il en a profité pour nous offrir un véritable feu d'artifice de
révélations et de retournements.
Alors, je remercie M. Luc Dionne pour ces
six années de District 31, et je lui souhaite et je nous souhaite qu'il
poursuive longtemps encore sa prolifique carrière. Merci à vous,
M. Dionne.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je remercie Mme la ministre. Maintenant, je cède
la parole à Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente.
«Au temps qui ne
revient plus que te reste tes plus beaux jours?
«Au temps à jamais
perdu te reste l'amour.»
C'est
sur cette merveilleuse chanson coécrite par Raymond Lévesque et Jean Lapointe,
admirablement interprétée par Roxane Filion, que l'auteur Luc Dionne a
laissé son public sur son appétit, la mort dans l'âme, le 21 avril
dernier. 1 972 000 téléspectateurs
étaient rivés à leurs écrans pour ce dernier épisode de District 31.
Quelques mois auparavant, en janvier,
Radio-Canada créait une onde de choc en annonçant la fin de cette télésérie
quotidienne qui aura duré six ans. C'est un énorme succès, et, Luc
Dionne, vous pouvez en être fier.
Pour
que des comédiens donnent leur plein potentiel, il faut derrière eux un auteur
qui les inspire. Sans l'écriture, le
cinéma, le théâtre, les productions télévisuelles et radiophoniques
n'existeraient pas. Et au Québec nous sommes choyés.
Luc
Dionne est devenu l'enfant chéri des téléspectateurs, qui en redemandent. Et
aujourd'hui, en cette Assemblée nationale,
au nom du peuple québécois, nous voulons souligner votre talent, votre
sensibilité, votre détermination aussi. Vous êtes également très intense
et authentique.
Je
remercie mon collègue le député de Chomedey d'avoir déposé cette motion, car
vous méritez amplement cet hommage.
Au cours de votre carrière, laquelle, nous l'espérons, est loin d'être
terminée, vous nous avez offert des grands moments de télévision et de
cinéma.
Tout
a commencé en 1996, avec Omertà, admirablement joué par Michel Côté, Luc
Picard et Dino Tavarone. Le jeune
auteur que vous étiez était venu voir le vieil auteur, un vieil auteur que je
connais, avec le manuscrit du premier épisode. Le vieil auteur avait tout de suite appelé Radio-Canada et les avait mis
dans le coup. Le succès fut énorme. Vous frappiez très fort chaque lundi. Et, je m'en souviens, quel
bonheur pour nous, au Téléjournal. Comme locomotive, nous ne pouvions
demander mieux.
Puis
ce fut Omertà II, Omertà, Le dernier des hommes d'honneur. Se sont
enchaînés Tag, Le dernier chapitre : La vengeance, Bunker, le cirque, Blue Moon, Ruptures. Vous avez
aussi touché au cinéma avec Omertà, version cinématographique, Monica la mitraille,
Aurore et L'enfant prodige, un merveilleux film sur la vie du
compositeur André Mathieu.
Vous
avez connu des hauts et des bas. J'aime bien cette sage déclaration faite à un
journaliste qui vous interrogeait un
jour sur votre carrière : «Dans ma carrière, j'ai appris une chose :
quand ça va mal, ça n'est jamais aussi pourri [que l'on] dit, et, quand
ça va bien, ce n'est jamais aussi bon [que l'on] dit.» Cela pourrait
s'appliquer ici.
Mais,
comme vous l'avez dit, District 31 est sans conteste le plus grand
défi de votre carrière d'auteur. Écrire vient avec la solitude, les doutes,
l'angoisse de la page blanche, des heures et des heures de dur labeur. La barre
est haute, car les téléspectateurs
veulent de l'émotion. Ils sont devenus accros au fil de vos épisodes. Lors
d'une entrevue, vous avez déclaré, et je cite : «C'est [...]
paradoxal, mon métier, je passe ma vie à raconter la vie, mais je ne la vis
pas.»
Luc
Dionne, votre public en veut encore et encore et pour longtemps. Il attend avec
impatience DPCP, votre prochaine série. Nous vous souhaitons le plus grand succès. Nous vous devons
beaucoup. Et c'est avec... une grande dose d'amour qui vous est offerte
aujourd'hui. Recevez-la.
Je cite encore
Raymond Lévesque et Jean Lapointe :
«À la vie qui s'en va,
«Que ton coeur n'ait
pas de regrets.
«Du vrai bonheur ici
bas
«C'est là le secret.»
Merci.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Mme la leader du deuxième groupe de
l'opposition, je vous cède la parole.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la Présidente.
Étant hors de tout doute la plus grande assidue à District 31 dans
mon caucus, c'est moi qui ai été
désignée pour prendre la parole au nom de mes collègues et moi-même aujourd'hui
pour rendre hommage à M. Luc Dionne.
Je
dois donc confesser que, dans les dernières années, c'est beaucoup grâce à
vous, M. Dionne, que je réussissais à décrocher de mes dossiers politiques
avant d'aller me coucher le soir. Et je n'ai pas encore trouvé d'alternative.
Je ne sais pas si c'est une bonne ou une
mauvaise nouvelle pour mes collègues ministres avec lesquels je travaille, que
je continue de penser à mes dossiers jour et nuit, en ce moment, mais on
verra bien.
Mes
collègues ont fait état de l'ampleur de votre oeuvre au fil des décennies. Vous
avez tenu en haleine des millions de
Québécois avec votre sens du punch. Vous nous avez émus aux larmes. Vous nous
avez révélé aussi plusieurs talents. Vous
nous avez fait passer par toutes les émotions et vous nous avez aidés à
démystifier des univers avec lesquels on n'est pas nécessairement
familiers.
À travers vos
oeuvres, vous avez aussi sensibilisé les Québécois aux violences sexuelles, aux
violences conjugales et aux
féminicides, et je tiens à vous remercier sincèrement pour ça, parce que je
sais qu'en abordant ces enjeux complexes vous avez
certainement initié des conversations dans les familles québécoises, et ça
contribue à lever des tabous sur ces violences. Donc, merci, vraiment.
À
vous ainsi qu'aux autres personnes qui recevront aujourd'hui la Médaille
d'honneur de l'Assemblée nationale, Mme Janette Bertrand,
M. Benoît Pelletier ainsi que Mme Joyce Echaquan et M. Guy
Lafleur, qui n'auront pas eu le privilège de
vivre ce moment de leur vivant, je vous offre toutes mes félicitations. Au nom
de ma formation politique, je vous remercie pour votre contribution à la
société québécoise.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme la Présidente, je
suis heureux de rendre hommage à mon tour à mon ami Luc Dionne. Auteur prolifique, réalisateur à l'instinct sûr, Luc
enchaîne les succès. Il est véritablement connecté à l'esprit des Québécois, il
sait comment les tenir sur le bout de leurs sièges, il sait leur donner
l'envie de revenir jour après jour.
Sa
recette n'est pas à la portée de tous. On doit créer des personnages
attachants, intéressants, cela vaut autant pour les bons que pour les méchants. On doit pouvoir imaginer, savoir ce qui
constitue une intrigue bien pesée, qui soit à la fois vraisemblable et
tirée par les cheveux, parfois. C'est là un vrai travail d'équilibriste. On
doit maîtriser l'art du suspense, quoi dire,
quoi taire, dans quelle direction amener le téléspectateur, comment le berner,
mais sans abuser du processus pour ne
pas le perdre. On doit trouver le bon rythme, la cadence qui tiendra en
haleine, qui fera faire manquer un battement au coeur.
Lorsqu'on possède ou
qu'on a développé tous ces talents, qu'on a une plume agile, l'appui des gens
de bonne volonté et pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil, on en arrive à
des succès comme District 31, comme Omertà, comme Bunker, le cirque, il y a 20 ans, en
2002, une série, d'ailleurs, 100 % fictive, sans aucun lien possible avec
la réalité et pour laquelle,
contrairement à ce qu'il redoutait, personne n'a jamais pensé le bannir, ce
cher Luc, du parlement, un lieu qui ne lui est pas étranger. Il le
connaît pour y avoir oeuvré à l'aile parlementaire libérale il y a bien des
années.
Luc
Dionne a tous ces talents, donc, ainsi qu'un esprit hyperactif, un imaginaire
fécond, illimité, qu'il travaille de lui-même.
Ses créations ainsi que celles à venir, je n'en doute pas une seconde,
représentent à merveille toute la créativité et la pertinence de notre nation. Elles nous indiquent que nous n'avons
pas à nous imposer de limites, que nous pouvons être fiers. Nous sommes
parmi les meilleurs, disent-elles.
C'est
pourquoi le nom de Luc Dionne est reconnu et respecté. Dans son domaine, il
s'affirme, il fait incontestablement partie
des meilleurs de sa profession, de ceux qui y rallient les Québécois de tous
les horizons, de toutes les générations,
ce qui n'est pas donné à tout
le monde, de ceux qui font l'unanimité mais pas contre eux.
Cher
ami, je suis heureux que l'Assemblée nationale t'honore d'une médaille
aujourd'hui. Elle est l'expression de la reconnaissance de tout un peuple. Elle représente tout l'amour qu'on a
pour toi, Luc, et pour tes créations. Et elle s'avère, bien sûr, une invitation à continuer. Peut-être
fera-t-il un jour une nouvelle série politique. Faites attention, peut-être
qu'il vous observe déjà. Merci, Luc, pour tout le bien que tu sèmes
autour de toi.
Je
ne veux pas passer sous silence l'aide importante apportée par Fabienne
Larouche, Michel Trudeau et, bien sûr, sa
conjointe Annie. Et je veux saluer cette initiative du député de Chomedey, un
proche de Luc, qui se sont tous les deux toujours soutenus.
Alors,
aujourd'hui, on souligne le talent d'un grand. C'est bien mérité. 20 ans après Bunker,
le cirque, où la classe politique avait dit : Eh! c'est particulier,
bien, aujourd'hui, par un clin d'oeil du destin, il est honoré de la Médaille
de l'Assemblée nationale, qu'il a bien méritée. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député.
Mise aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, motion adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant,
nous sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader du gouvernement.
M. Caire :
Oui, merci, Mme la Présidente.
Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'économie et du travail poursuivra les consultations particulières sur le
projet de loi n° 35, Loi
visant à moderniser les règles relatives au statut professionnel de l'artiste, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
3 h 30 min, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 2, Loi portant sur la
réforme du droit de la
famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits
de la personnalité et d'état civil, aujourd'hui, de 16 heures à 19 h 15, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet n° 28, Loi visant à mettre fin à
l'état d'urgence sanitaire,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la culture et de
l'éducation poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 9, Loi
sur le protecteur national de l'élève, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des transports et de l'environnement entendra les intéressés et procédera à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt
privé n° 206, Loi
concernant l'Association du Transport Aérien International, le mardi 31 mai 2022, de
10 heures à 12 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie.
Alors, pour
ma part, je vous avise que la Commission
des relations avec les citoyens se
réunira en séance de travail le
mercredi 25 mai 2022, à 8 h 30, pour une durée de
30 minutes, à la salle
Marie-Claire-Kirkland, afin de
statuer sur la possibilité de la
commission de se saisir de la pétition concernant la révision des formulaires
et des critères d'admissibilité pour les demandes de supplément pour
enfant handicapé.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Maintenant, nous allons passer à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous informe... nous allons... La rubrique des travaux de
l'Assemblée. Alors, je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par
les députés de l'opposition, sera débattue
la motion inscrite par M. le député de Laurier-Dorion. Cette motion se lit
comme suit :
«Que le principe du projet de loi n° 993, Loi
modifiant le Code civil afin d'assurer une plus grande protection aux
locataires aînés contre les reprises de logement ou les évictions, soit adopté.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Juste avant
ça, je vais vous informer d'un débat de fin de séance qui se tiendra
aujourd'hui, à 18 h 30, en application de l'ordre spécial. Ce débat portera sur une question adressée par Mme
la députée de Fabre à la ministre
responsable des Aînés et des Proches
aidants concernant le rapport de la
coroner Kamel sur la gestion de la première vague de la pandémie de la
COVID-19 dans les CHSLD.
Et je vous cède la parole, M. le leader du
gouvernement.
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 5 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 32
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, à l'article 5 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 32, Loi
sur la liberté académique dans le milieu universitaire. Mme la
députée de Verdun, vous avez utilisé 19 min 46 s de votre temps
de parole, alors je vous cède la parole pour le reste de votre
intervention.
Mme Isabelle Melançon (suite)
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente. Alors, un peu plus tôt, vu l'heure qui avançait, j'ai été
interrompue, mais j'avais déjà mis la
table, Mme la Présidente, sur le fait que le projet de loi n° 32, qui a été, donc, déposé par la ministre de l'Enseignement
supérieur, avait réussi un tour de force, c'est-à-dire que, basé sur la
commission Cloutier, qui avait fait
consensus dans le monde universitaire, le projet de loi, lui, a créé un
consensus contre le projet de loi n° 32. Et c'est
quand même assez formidable, puisque tout était pas mal écrit à l'intérieur du
rapport de la commission Cloutier, et le gouvernement
a réussi à faire vraiment un tour de force en divisant, encore une fois, tout
le monde sur un projet de loi qui aurait dû être rassembleur.
Alors, tout à
l'heure, avant d'être interrompue, Mme la Présidente, j'ai parlé bien sûr de
l'absence de consensus sur la définition
même de la liberté académique universitaire, une définition qui avait été
apportée par la commission Cloutier, qui
avait fait unanimité, qui était calquée sur celle de l'UNESCO, comme
définition. Et malheureusement la ministre de l'Enseignement supérieur a
cru bon laisser cette définition-là de côté. Alors, c'est assez particulier.
J'ai aussi
parlé de la possible critique de l'institution versus le droit de loyauté. Là
aussi, les gens qui se sont fait entendre
lors des auditions spéciales... bien, honnêtement, les gens sont venus
témoigner en consultations pour dire que nous devions permettre la critique à l'institution et que ça devait même
avoir préséance, dans le fond, sur le devoir de loyauté. Nous avons donc
appuyé cette demande-là.
Et j'étais en
train de parler des universités qui doivent prendre fait et cause pour leurs
employés et leurs chercheurs. Alors, j'avais
parlé bien sûr de la FNEEQ, de la CSN, et j'étais rendue, donc, dans
l'allocution, à la FQPPU qui abonde dans le même sens, dans les pages 16 et 17 de leur mémoire, en évoquant
que «c'est pourquoi la FQPPU a proposé à la commission Cloutier qu'une protection adéquate [pour] la
liberté académique doit comprendre l'obligation des établissements d'enseignement de prendre fait et cause pour leurs
professeurs lorsque ceux-ci sont poursuivis pour des gestes posés dans
l'exercice de leurs fonctions. Dans son rapport, la commission a endossé cette
recommandation dans son avis numéro 4.»
• (15 h 40) •
Voilà
ce que dit l'avis numéro 4 : «Les établissements devraient défendre
et protéger la liberté universitaire contre toutes pressions qui viseraient à en limiter l'exercice ou la portée,
qu'elles proviennent de l'intérieur ou de l'extérieur des
établissements. Cela implique que lorsqu'un bénéficiaire de la liberté
universitaire est directement concerné par des procédures judiciaires en raison de l'exercice de cette liberté, les
établissements universitaires doivent prendre fait et cause pour le ou
la membre de leur communauté.»
Alors :
«La FQPPU se désole que le projet de loi sur la liberté académique dans le
milieu universitaire ne donne pas suite à cet avis de la commission
Cloutier. Il y a là un enjeu crucial — Mme la Présidente — pour
protéger les universitaires de
l'autocensure. Sinon, quel universitaire prendra le risque de jouer son rôle de
fonction critique et scientifique, pour le
bénéfice de la société québécoise, et s'exposera [donc] aux intimidations et
[aux] poursuites du monde financier des subventionnaires et des géants
du Web de la société post-factuelle?
«Tout comme dans le cas de l'obligation de
loyauté, les protections offertes en la matière par les diverses conventions
collectives sont variables. Une protection robuste et uniforme de la liberté
académique ne saurait dépendre de
l'historique de négociations au sein d'établissements individuels et devrait
être clairement édictée par la loi. Cela est conforme à la double nature de la liberté académique : elle
comprend l'autonomie institutionnelle des universités et le droit
subjectif des membres de sa communauté. L'autonomie des établissements a, comme
corollaire, la protection des droits membres
de la communauté universitaire lorsque ceux-ci sont en lien avec la poursuite
de la mission universitaire.» Nous appuyons, au Parti libéral du Québec,
cette suggestion.
Beaucoup de
commentaires, Mme la Présidente, ont été émis quant à la composition et au rôle
du comité qui sera chargé de veiller
à la liberté académique universitaire au sein des universités. Nous ne reprendrons
pas ici l'ensemble des commentaires,
parce que j'en aurais pour des heures, Mme la Présidente, mais nous nous
bornerons à spécifier que les articles du
projet de loi à ce sujet méritaient d'être éclaircis afin de s'assurer des
éléments suivants. D'abord, que le comité soit formé de membres représentant l'ensemble de la diversité universitaire,
c'est-à-dire des étudiants, des chargés de cours, des professeurs et membres de l'administration; que la
politique qui doit être élaborée soit le fruit d'une approche collégiale
impliquant l'ensemble de la diversité universitaire dans son élaboration et que
la politique soit publicisée, et que des activités de formation en lien avec celle-ci, dotées des
ressources nécessaires, puissent avoir lieu pour en favoriser la connaissance
et la compréhension.
De même, la
précision apportée par la ministre à l'effet que ce comité est une institution
de dernier recours au bout du
processus de traitement des plaintes habituelles à l'université doit être
inscrite plus clairement dans la loi pour éviter les mauvaises
interprétations, ce qu'ont démontré les consultations particulières.
L'article 6.
Tout à l'heure, on entendait la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré parler de possible mauvaise compréhension de la lecture de certains articles.
Pour ce qui est de l'article 6 du projet de loi n° 32,
c'est littéralement attirer les foudres de l'ensemble du milieu
universitaire.
Que dit cet
article? «Le ministre peut, lorsqu'il l'estime nécessaire pour protéger la
liberté académique universitaire, ordonner à un établissement
d'enseignement de prévoir dans sa politique tout élément qu'il indique.
«Il peut
également, lorsqu'un établissement fait défaut d'adopter une politique conforme
à l'article 4, faire apporter les
correctifs nécessaires par la personne qu'il désigne, aux frais de
l'établissement et selon les modalités qu'il détermine.
«L'établissement doit collaborer avec la
personne désignée par le ministre.»
Alors, tel
que rédigé, cet article n'est rien de moins qu'une invitation à l'ingérence
ministérielle dans l'autonomie des universités.
Voici donc un
condensé des réactions entendues lors des consultations. La CSQ : «...nous
jugeons que cet article va à
l'encontre de l'esprit même du projet de loi et qu'il soulève réellement un
enjeu de cohérence interne. D'autre part, il est contradictoire avec les principes mêmes qui donnent corps à la liberté
académique, soit les notions d'autonomie, de collégialité et, plus largement, de communauté. Que le ministre puisse,
selon son appréciation de sa politique interne, imposer une modification à un établissement en particulier
est, à notre avis, contradictoire aux principes que le gouvernement cherche
à protéger dans le contexte actuel.» Alors, ça, c'était tiré du mémoire de la
CSQ, à la page 9, Mme la Présidente.
La FQPPU,
quant à elle : «L'autonomie des établissements d'enseignement supérieur et
son corollaire, le principe de
collégialité, ne souffrent pas d'immixtions politiques telles [qu'énoncées] à
l'article 6 du projet de loi. [...]La FQPPU est très fermement opposée au libellé de l'article 6 du projet de
loi et en exige le retrait au nom du respect de l'équilibre entre l'autonomie des enseignements supérieurs
d'éducation et du droit à la liberté académique. Il s'agit, pour la fédération
et ses membres affiliés, d'une
question de respect des droits fondamentaux.» Mémoire FQPPU, page 13, Mme
la Présidente.
Louis-Philippe
Lampron, quant à lui, inscrit ceci : «L'article 6 confère au ministre
de l'Enseignement supérieur des pouvoirs exorbitants qui sont contraires
à l'esprit même de la liberté académique, lequel implique, comme toute
liberté fondamentale, l'établissement
d'un bouclier permettant aux universités et universitaires de s'opposer aux
ingérences de l'État dans leurs affaires internes.
«Il convient ici de rappeler — encore
une fois — la
grande prudence qui doit caractériser l'approche de tout gouvernement et tout législateur s'il choisit de
traiter de liberté académique. Le fait de conférer des pouvoirs exorbitants
au ministre de l'Enseignement supérieur
franchit de manière claire et non équivoque la limite que le gouvernement,
législateur ne peut pas franchir sans
dénaturer l'idée même de liberté académique.» Alors, ça, c'est dans le mémoire
de M. Louis-Philippe Lampron, en page 12.
L'Université de Montréal : «S'il était adopté, l'article 6 donnerait un
fondement juridique à des intrusions massives et sans précédent dans la sphère décisionnelle autonome des universités,
s'agissant de déterminer comment réaliser leurs missions et protéger la liberté académique. En outre, telle qu'elle est
formulée, la discrétion conférée au ministre titulaire confinerait à
l'arbitraire, en tant qu'elle permettrait à celui-ci de faire prévaloir
certaines conceptions particulières, voire personnelles, des conséquences normatives inhérentes à la liberté
académique sur d'autres potentiellement aussi valables, arbitrage qui lui aussi relève normalement de la sphère
décisionnelle autonome des universités. En fait, l'article 6 va à l'encontre de l'objectif fondamental du projet de
loi n° 32, qui est de favoriser la protection [et] la
liberté académique. En conséquence,
l'Université de Montréal est d'avis que l'article 6 doit absolument être
retiré du projet de loi.» Ceci est tiré du mémoire de l'Université de
Montréal, en page 5, Mme la Présidente.
L'Union
étudiante du Québec : «L'article 6 vient donc confirmer notre thèse
initiale expliquant notre désaccord avec la légifération en démontrant
que le projet de loi peut être une porte d'entrée pour des ingérences de la
part du gouvernement dans la vie académique des universités.» Ça se retrouve en
page 7 du mémoire de l'Union étudiante du Québec.
• (15 h 50) •
Il
est clair, pour le Parti libéral du Québec, que l'article 6 du projet de
loi, tel que rédigé, est complètement inadéquat, Mme la Présidente. Il y a manière, selon nous, de s'assurer que les
établissements suivent et respectent la loi sans pour autant donner carte blanche au gouvernement de s'ingérer
dans leur fonctionnement. Nous invitons donc la ministre de l'Enseignement
supérieur à revoir de façon importante cet article.
Et d'ailleurs, Mme la
Présidente, ce matin, j'étais un peu étonnée de voir la collègue, que
j'aime bien, de Charlevoix—Côte-de-Beaupré faire justement le discours du gouvernement pour le projet de loi dont
il est question ici, pour le principe
du projet de loi n° 32. Et à entendre la collègue ce matin, qui disait
qu'il y avait un peu de travail à faire, c'est plus qu'un peu de travail à
faire. Je pense même qu'on doit retirer certains articles, sans quoi ce projet
de loi là est voué à l'échec. On le
voit, j'en ai fait mention un peu plus tôt d'ailleurs, ce matin, pour démontrer
à quel point la ministre de
l'Enseignement supérieur, et malheureusement ce n'est pas la première fois,
s'est attiré les foudres d'un groupe complet qu'on aurait dû rassembler
plutôt que diviser entre eux.
Ce
que nous demandons, Mme la Présidente, et je sais que ma collègue de Marguerite-Bourgeoys a eu des échanges directement avec la ministre de l'Enseignement
supérieur à ce sujet... Et je tiens à réitérer ici le fait que la députée de Marguerite-Bourgeoys a fait un travail
extraordinaire sur ce projet de loi là, a eu des échanges nombreux, donc, avec
la ministre de l'Enseignement supérieur. Et j'espère que la ministre a
pris des notes, parce que nous avons des demandes, je vais y arriver dans quelques instants, et il serait très, très bien,
Mme la Présidente, j'aime mieux le mentionner ici, que la ministre de l'Enseignement supérieur puisse
attendre la collègue de Marguerite-Bourgeoys pour aller dans l'article par
article. Sans aucun doute, la
collègue de Marguerite-Bourgeoys connaît très, très bien l'enseignement
supérieur et elle sera de très, très bon conseil pour la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Malheureusement,
la collègue de Marguerite-Bourgeoys est retenue pour des raisons très humaines, cette
semaine, à la maison. D'ailleurs, je
tiens à le répéter, tout le caucus du Parti libéral du Québec pense à Hélène.
On est avec toi dans ces moments difficiles que vous traversez, ta famille et
toi. Alors, ce serait très, très bien, si le gouvernement pouvait
prendre le temps d'attendre la collègue de
Marguerite-Bourgeoys avant d'y aller dans l'article par article. Je pense que
ça aiderait les travaux beaucoup. Et
là je vois le leader du gouvernement, le leader adjoint du gouvernement me
dire : Ce n'est pas moi, mais je
pense que vous êtes là, bien sûr, pour m'écouter, mais aussi pour peut-être
envoyer le message aux équipes qui sont
chargées de voir les travaux, parce que, malheureusement, la députée de Marguerite-Bourgeoys
ne pourra pas être là cette semaine.
Alors,
voici ce que nous demandons, Mme la Présidente, en somme, à la lumière des
témoignages entendus lors des consultations particulières. Il y a cinq
points : revenir à la définition de la liberté académique telle qu'énoncée
par l'UNESCO en 1997; retirer l'article 6 du projet de loi qui permet à la
ministre de s'ingérer dans le fonctionnement des universités; s'assurer que les universités doivent prendre fait et cause
pour leurs employés lorsque ceux-ci sont impliqués dans des litiges concernant l'exercice de leur
liberté académique ou leurs recherches; s'assurer que la liberté académique
universitaire des membres de la communauté à pouvoir critiquer leur institution
prime sur le devoir de loyauté; et, finalement,
baliser plus clairement le mandat, les pouvoirs et la composition du comité
institutionnel sur la liberté académique universitaire souhaité par la
ministre.
En
conclusion, Mme la Présidente, pour le Parti libéral du Québec, l'opposition officielle,
le projet de loi qui est devant nous
est bien imparfait, comme en témoignent de très nombreuses critiques entendues
lors des consultations particulières.
Toutefois, nous croyons qu'il est possible de faire oeuvre utile avec cette
pièce législative, pour autant que la ministre
de l'Enseignement supérieur y apporte de très nombreux correctifs qui lui ont
été suggérés lors des consultations particulières et auxquelles je fais
écho aujourd'hui.
Je sais que la
ministre de l'Enseignement supérieur a eu une écoute attentive aux demandes de
la députée de Marguerite-Bourgeoys. J'ai
hâte qu'on puisse recevoir... parce que la ministre s'est engagée à déposer en
liasse les amendements qu'elle compte apporter, parce qu'elle sait très bien
que le travail qui a été fait, lorsqu'elle a déposé le projet de loi n° 32, n'était pas à la
hauteur des attentes du monde universitaire, étudiants, professeurs, recteurs.
Bref, elle a fait consensus contre elle en déposant cette pièce
législative qui a été bâclée, Mme la Présidente.
Alors, ce projet de
loi, nous avons des demandes très précises, très claires, que je viens
d'élaborer avec vous, Mme la Présidente. Et
j'espère que la ministre de l'Enseignement supérieur, qui doit être à l'écoute,
va apporter vraiment une écoute
particulière à ces demandes-là, sans quoi il sera impossible de continuer avec
un principe... avec une étude article par
article, s'il n'y a pas des modifications, pas esthétiques, là, de contenu, de
valeur, qui vont ressembler à ce que demandent et les enseignants, et
les étudiants, et, bien sûr, les recteurs des différentes universités.
Alors,
il n'y a aucun groupe qui s'est déclaré satisfait de la pièce législative qui
nous a été présentée. On est bien prêts à y travailler. Encore faut-il qu'il y
ait une ministre à l'écoute, une ministre qui va dans la même volonté d'agir,
comme les groupes sont venus le faire lors
des consultations particulières. Et j'invite donc le gouvernement, encore une
fois, Mme la Présidente, à regarder avec un
grand sérieux à attendre la députée de Marguerite-Bourgeoys pour continuer,
bien sûr, l'étude article par article de
cette pièce législative, parce
que, très honnêtement, il y a
beaucoup de travail à faire, et il y a une spécialiste en enseignement
supérieur, qui est la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Et
j'espère que le gouvernement ne voudra pas faire vite, vite, vite et échapper
plein de détails, parce que, lorsqu'on fait
un projet de loi comme celui-là, on veut que ça puisse traverser le temps. Et,
si on veut traverser le temps, il faut bien faire les choses. Et je sais que ce gouvernement-là n'aime pas ça quand
on pose des questions, lorsque l'on veut aller plus en profondeur dans les travaux, comme, par
exemple, l'article par article d'un projet de loi. Mais cette fois-ci,
honnêtement, lorsqu'on parle d'un
sujet aussi important sur la liberté académique, je crois que le gouvernement
devrait démontrer un peu d'ouverture à ce que nous puissions travailler
tout le monde dans le bon sens.
Et, voilà,
j'espère que la ministre est bien attentive et j'espère qu'elle déposera très
rapidement les amendements qu'elle a
promis de faire, chose qu'elle a promis de faire. Alors, on sera dans l'attente
des amendements avant de pouvoir continuer, Mme la Présidente. Je vous
remercie beaucoup de votre attention.
• (16 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. J'apprends qu'il y a peut-être des soucis de santé de la
députée de Marguerite-Bourgeoys ou
dans sa famille. En tout cas, on lui transmet toute notre sympathie, toute
notre solidarité, puis je lui écrirai un petit message, tantôt, pour la
saluer.
D'abord,
remercier toutes les personnes qui ont été impliquées de près ou de loin dans
les audiences de ce projet de loi. Ça
s'est passé rondement, ça a été très intéressant. On a entendu beaucoup de
groupes, beaucoup de personnalités, des
syndicats. Ça grouille et ça grenouille dans le milieu de l'éducation
supérieure, Mme la Présidente. Donc, merci à tout le monde qui ont été
impliqués de près ou de loin. C'était un exercice réussi.
Je ne m'étalerai pas trop longtemps, Mme la Présidente.
J'ai quatre points et un commentaire. Allons-y donc franchement. Le premier point, on l'a dit plus tôt, on veut ramener la
définition plus complète de la liberté académique de l'UNESCO. Personne ne s'explique vraiment pourquoi
ce n'est pas ça qu'on a inclus directement dans le projet de loi. C'était
pourtant ce qui était recommandé par la commission Cloutier telle qu'on l'a
appelée.
Bref, une grande question : Pourquoi ce
n'est pas ça qui a été choisi? On a cru comprendre qu'on atterrirait à peu près là, dans les commentaires de la ministre,
et c'est tant mieux. Ça réglera d'ailleurs probablement tout l'enjeu du devoir de loyauté, qui est important, notamment du
point de vue des professeurs, des chargés de cours qui sont souvent sur des situations délicates, puis ils veulent pouvoir
critiquer leur institution pour des raisons, bien sûr, là, des fois, de... en
anglais on dit «whistleblowers», des lanceurs d'alerte, et ils sont toujours
sur la corde raide. Et donc de pouvoir clarifier l'enjeu de la liberté
académique pourrait venir clarifier la question du devoir de loyauté.
Deuxième
demande : modifier substantiellement tous les articles concernant le
fameux conseil ou comité, là, on a échangé
entre les deux termes tout au long de l'étude... des audiences, pardon. Donc,
il y a un fameux comité qui est en charge
de recevoir les plaintes, en matière de liberté académique, notamment. On veut
clarifier, donc, au moins deux choses. Il
y a toutes sortes de... tout un brassage à faire, tout un ménage à faire dans
ce comité-là. On va voir où la ministre nous amènera, mais il va falloir, d'une part, clarifier que ce fameux
comité-conseil ne se substitue pas à l'employeur en matière de droit du travail, parce qu'il y avait quand
même un grand flou artistique alentour de cette situation-là. Le droit du
travail, lui, demeure. Le droit du
travail est évidemment, à mon avis, au-dessus de la question de la liberté
académique et ne vient pas se faire
tasser par l'enjeu de la liberté académique. Et également on veut qu'il y ait
une voix étudiante à l'intérieur de ce comité-conseil lorsqu'il sera
remanié.
Troisième
enjeu, on en a parlé abondamment : oublier, je dirais, le gênant
article 6, qui donne beaucoup trop de pouvoirs à la ministre en matière d'application de la liberté
académique. Il y avait une grande contradiction, là, à savoir, il faut protéger la liberté académique, mais on va
aller vous dire comment gérer la liberté académique. Alors là, l'autonomie
universitaire en prenait pour son rhume. J'ai cru comprendre, là aussi, dans les
signaux de la ministre, dans les échanges formels et informels, qu'il y aura
probablement du mouvement de ce côté-là. Ce sera tant mieux. Elle fera plaisir
à beaucoup de gens.
Dernière
demande, quatrième demande : rajouter un article donnant mandat aux
autorités universitaires de prendre fait
et cause pour ses professeurs et chercheurs, surtout lorsqu'ils sont...
lorsqu'ils font face, pardon, à des poursuites bâillons. C'est quelque
chose qui était à peu près
unanime. C'est des moments très difficiles quand des chercheurs ou des
professeurs font face à des
poursuites bâillons. Ils et elles trouvent qu'ils n'ont pas tout à fait le
soutien nécessaire. Des fois, c'est un soutien
qui arrive, mais très tardivement. Alors, on serait d'ailleurs intéressés à ce
que la ministre reprenne peut-être mot pour
mot la demande de modification de la fédération des professeurs, au pire, elle
la réécrira avec les fonctionnaires, bien sûr, mais pour que les
universités aient le mandat de prendre fait et cause envers leurs professeurs
qui font face à des poursuites-bâillons. Alors, c'est les quatre demandes, Mme
la Présidente.
Un cinquième
enjeu, ce n'est pas de demande, mais c'est plus un commentaire alentour des
fameux traumavertissements, hein, des
avertissements de trauma. Et ça fait partie du rapport Cloutier, ça a donc été
repris textuellement dans le projet
de loi et ça dit : On ne peut pas obliger une professeure dans un cours
donné, peu importe la matière, à faire des
traumavertissements dans son plan de cours. Ça m'a toujours apparu assez
étrange comme façon de procéder parce que je n'ai vu nulle part, autant dans les audiences que dans l'espace
public, des groupes ou des individus qui réclamaient une obligation de traumavertissement. C'est-à-dire que
personne ne demande que ce soit obligatoire, mais on met dans la loi que
c'est interdit d'obliger.
Alors là, on répond à quoi ici, là? On répond à
qui? Qui demande ça, que ce soit obligatoire? Moi, je cherche encore, au moment où je vous parle, Mme la
Présidente, quel groupe, quel individu réclame que ce soit obligatoire. Et je
trouve qu'en ayant
fait cela, en ayant voulu de mettre dans la loi l'interdiction de l'obligation
des traumavertissements, on donne mauvaise presse à ce concept de
traumavertissement, qui n'est pas une mauvaise chose, qui n'est pas une chose «woke», pour reprendre le mot-clic du jour. Un
traumavertissement, c'est, dans un cours sur n'importe quelle matière, avertir
qu'il y aura du contenu ou des termes qui vont être utilisés, qui peuvent
brasser des émotions pour certaines personnes.
Évidemment,
on en a parlé abondamment, du fameux mot en n, Mme la Présidente, qui,
peut-être, a été la bougie d'allumage
de ce débat-là des traumavertissements. Mais les traumavertissements, ça
concerne beaucoup d'autres situations. Tout
le registre des violences sexuelles. Vous êtes dans un cours de sexologie ou de
travail social, ce serait pas mal pertinent de faire un traumavertissement que dans x, y matière, dans tel cours,
vous allez faire un brassage d'idées et de concepts sur la question des
violences sexuelles pour les personnes devant vous, dans votre classe, qui en
ont vécu potentiellement. Une professeure
qu'on a interrogée pendant les audiences nous parlait aussi de toute la
question de la grossophobie... pourrait mériter d'un genre de
traumavertissement à l'ouverture d'un cours.
Alors, je
trouve ça dommage qu'on ait donné mauvaise presse en interdisant une obligation
qui ne répondait à peu près à aucune
demande dans l'espace public, à part peut-être vouloir rouler sur cette fameuse
question controversée du mot en n qui
mérite débat, en effet. Mais je ne trouvais pas que ça a servi le débat public.
Je ne trouvais pas que ça a servi l'intérêt public. Je ne réclame pas de
l'ôter, Mme la Présidente, cet article-là, je ne le trouve juste pas très
pertinent, en plus sachant, tel que les
professeurs et les enseignants nous l'ont dit, que c'est déjà une pratique très
répandue dans bien des domaines
d'études de faire des traumavertissements. Ça ne fait mal à personne. Ce n'est
pas méchant. C'est un avertissement.
Alors, c'est dit, Mme la Présidente. Comme je vous dis, je n'en ferai pas
un amendement, mais je voulais que la ministre l'entende.
Parlant
d'amendements, justement, la ministre a été de bonne oreille. Elle nous a dit
qu'elle avait entendu les différents groupes.
À ma suggestion, elle nous a invités, les différents partis d'opposition, à lui
présenter les différents amendements que l'on souhaitait. Alors, je le
lui ai dit, la semaine dernière, exactement ce que je viens de vous répéter
devant vous, Mme la Présidente. Elle le
sait. Donc, une belle écoute de sa part. Je la salue pour ça. Et surtout elle a
fait ce que je réclame d'à peu près
tous mes projets de loi auxquels j'ai l'occasion de travailler ici, en cette
Chambre, que le ou la ministre dépose au
jour un l'ensemble de ses amendements qu'il a travaillés. Pourquoi, Mme la
Présidente? Parce que ça nous permet, nous, les oppositions, de savoir grosso modo, d'un point de vue intellectuel,
où s'en va la ministre avec son projet de loi et, après ça, d'un point de vue
plus pratico-pratique, de voir si on a besoin de travailler des amendements
nous même ou si la ministre a déjà quelque
chose d'écrit qui nous convient. Ça nous sauve du temps à nous. Ça nous sauve
du temps à elle également parce
qu'arrivé à tel amendement, si on le sait déjà où est-ce qu'elle s'en va puis
qu'on a déjà libellé, on n'a pas besoin de prendre un temps de pause pour le lire, le comprendre, etc., on l'a déjà
lu, et on n'a pas besoin nécessairement de prendre un temps de rédaction aussi pour écrire un
sous-amendement. Alors, chapeau à Mme la ministre d'avoir accepté de procéder
par cette suggestion que je lui ai faite, de faire comme dans d'autres projets
de loi que j'ai eu l'occasion de travailler en cette chambre. Déposez donc tous vos amendements que vous avez
travaillés. Ça n'interdit pas d'en faire d'autres, hein, en cours de route. Ce n'est pas une impossibilité,
là, mais au moins le gros est déposé, puis on sait où est-ce qu'on s'en va.
Ça facilite le travail de tout le monde.
Alors,
logiquement, on va voter là-dessus, tantôt. On est déjà convoqués en étude
détaillée demain. Ça va rouler, je
pense, relativement vite. Ce n'est pas un énorme projet de loi, là, une
dizaine, une douzaine d'articles. Alors, avec les amendements qui seront
déjà déposés en matinée, on devrait être capables de terminer rondement. Et
c'est sans grande surprise, donc, que je vous
annonce, Mme la Présidente, qu'on va voter pour le principe. Évidemment, à la
lumière des amendements qui seront
déposés, il y a des maudites bonnes chances qu'on vote pour au vote final
également. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député.
Alors, Mme la députée de Gaspé, la parole est à vous.
Mme Méganne Perry
Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Bien, à mon tour, avant
de rentrer dans le vif du sujet, d'offrir mes pensées et mes mots
d'encouragement à la députée de Marguerite-Bourgeoys et à sa famille.
C'est sûr que
c'est un travail important qu'on fait aujourd'hui en parlant de liberté
académique. Un travail qui est nécessaire aussi suite à plusieurs
événements qui sont survenus, notamment la question, oui, de l'Université
d'Ottawa, où le mot en n a été utilisé par
une professeure dans un exposé et qui lui a valu beaucoup, beaucoup de
réprimandes. Il y a eu, même, un
mouvement de censure qui a été engagé dans le milieu universitaire et d'autres
événements, même, similaires qui ont
eu lieu, comme l'annulation d'une conférence de Mathieu Bock-Côté, par exemple,
ou d'autres événements qui nous rappellent,
finalement, les mouvements militants sur les campus américains, mais je pense
que cette problématique-là avait été
soulevée bien avant pour d'autres raisons, d'autres cas aussi de chercheurs qui
ont été poursuivis dans le cadre de leur travail ou autre. Mais, bon, c'est, comme le disait mon collègue, la
bougie d'allumage qui nous amène à étudier ce projet de loi là
aujourd'hui.
• (16 h 10) •
Et il a fallu se poser plusieurs questions,
hein, avant d'arriver à ce projet de loi là. Il a fallu se dire : Comment
est-ce qu'on peut amener le milieu de travail et le milieu d'études des
enseignants, des étudiants à être plus sécuritaire? Comment est-ce qu'on valorise aussi le principe de liberté académique?
D'abord, il faut s'entendre sur la définition de «liberté académique», mais, une fois que c'est dit... Parce
que les groupes sont assez en faveur de se doter de ce principe-là, certains
à l'intérieur d'une loi, d'autres sans la
loi, mais je pense que c'est un principe qui fait quand même consensus. Mais
comment est-ce qu'on arrive à le valoriser, au sein de nos institutions,
en termes de prévention, mais également d'intervention? Comment aussi... par quels moyens est-ce qu'on
sanctionne? Est-ce qu'on a besoin de sanctionner? Toutes ces questions-là
ont été posées pour s'assurer, finalement,
qu'on ait le meilleur travail possible et qu'on puisse vraiment intégrer ce
concept-là au sein des universités et protéger le milieu de
l'enseignement.
Et,
justement, dans tout ce climat de tension des derniers mois, des dernières
années, eh bien, le gouvernement a donné
comme mandat à Alexandre Cloutier et d'autres commissaires de mener une
commission sur la liberté universitaire. Donc, on a des recommandations qui ont été formulées dans le rapport de
la commission Cloutier. Et la première recommandation
était à l'effet qu'on devait adopter une loi sur la liberté universitaire, ce
sur quoi nous sommes d'accord également.
Il faut définir la mission de l'université, consacrer l'autonomie universitaire
et la liberté universitaire comme des
conditions essentielles à l'accomplissement de la mission de l'université. Il
faut définir la liberté universitaire dans cette loi, définir les
bénéficiaires de la liberté universitaire et préciser que les obligations
auxquelles un bénéficiaire de la liberté universitaire
est tenu en vertu de tout instrument régissant ses conditions de travail... qui
ne devraient pas être interprétées ou
appliquées de façon à compromettre ou à restreindre l'exercice de la liberté
universitaire et que les tribunaux doivent, dans l'interprétation et
l'application de ces obligations, donner plein effet à la liberté
universitaire. Donc, c'étaient les recommandations pour ce point-là.
Il y avait
également que la loi indique que chaque établissement doit se doter d'un comité
sur la liberté universitaire, dont le
mandat consiste à entendre les litiges. Donc, ça, c'est la différence, mais j'y
reviendrai, par rapport au projet de loi qui nous a été proposé. Également, que chaque établissement se dote
d'une politique sur la liberté universitaire distincte de toute autre politique de l'établissement. Et là je
vous épargne tout le contenu des éléments de cette politique. Que chaque établissement, également, rende compte de la mise
en oeuvre de la politique dans un rapport annuel qu'il doit acheminer à la ou le ministre et finalement que la loi édicte
que le ou la ministre responsable de l'Enseignement supérieur produise un état de
situation annuel qui fait notamment état des mesures mises en place dans chaque
établissement pour se conformer à la loi, etc.
Donc, le
gouvernement nous dépose ce projet de loi qui dit répondre à l'ensemble des
recommandations mais qui oublie certains détails, quelques exceptions qui font
toute la différence et qui font en sorte, ces détails, que les groupes qui
saluaient le résultat et le rapport de la
commission Cloutier, qui saluaient l'initiative et le bon travail qui a été
fait, bien, finalement, que
l'ensemble de ces groupes-là, qu'on a entendus en commission parlementaire plus
tôt, bien, sont unanimement contre la mouture actuelle du projet de loi.
Alors, c'est assez particulier comme situation. Mais on l'a soulevé, plusieurs
d'entre nous, les collègues qui ont assisté aux travaux, que ces exceptions-là
ont une importance capitale, là, dans la compréhension du concept de liberté
académique même.
Donc, si on
prend le premier point, évidemment que... la définition, moi aussi, j'ai du mal
à comprendre pourquoi on s'est
décollés de la définition de l'UNESCO de 1997, qui était plus large, qui
comprenait le modèle universitaire, le modèle,
effectivement, de l'enseignement à l'université, et là on est vraiment dans une
définition beaucoup plus restrictive et
qui brimerait, finalement, certains droits, de cette façon-là, qu'on les
enseignants, notamment la question de pouvoir critiquer son institution. Ça, ça a été dit et largement
exprimé qu'il faut pouvoir protéger les enseignants, les professeurs, le
personnel de critiques qu'il fait
auprès de son institution et qui devrait primer sur, justement, d'autres
dispositions juridiques ou d'autres obligations
qu'ont le personnel enseignement... enseignant — voyons, j'ai de la misère avec le mot, aujourd'hui — et voilà que ça, c'est le premier point qui
a été abondamment discuté en commission.
Certains
abordent la question des mécanismes de sanction. D'autres disent : Ça va
au-delà du principe de collégialité. On veut mettre ça au coeur de nos
institutions universitaires. Moi, je pense qu'il faut tout de même avoir...
prévoir des mécanismes de sanction, il
faut... De la même façon qu'on l'a fait avec la question des violences ou du
harcèlement dans les cégeps ou les
violences sexuelles, on s'est dotés de mécanismes, c'est ça qui fait en sorte
qu'on respecte la loi et qu'on respecte nos obligations, mais il faut
quand même que ce soit le dernier recours.
Et justement
la ministre apporte la question de la création de... elle l'appelle les
conseils. Et Alexandre Cloutier et ses collègues parlaient plutôt...
suggéraient plutôt la formation de comités qui, eux, agiraient... seraient
formés seulement lorsqu'il y a... et
seraient en action lorsqu'il y a des litiges. Donc, c'est là la différence
entre le projet de loi et le rapport Cloutier. Et donc, s'il y a vraiment un conseil de formé, qui est là en
permanence, bien, je suis d'accord, il va falloir ajouter la voix des étudiants. Ça, ça a été demandé par les
associations étudiantes, et je pense que c'est normal que, si on veut
travailler dans une perspective de collégialité, il faut que tout...
l'ensemble des acteurs du milieu universitaire soient présents à cette table-là
et puissent travailler en amont pour s'assurer du respect et de la valorisation
du principe de liberté académique.
Là, on a
eu... j'ai quelques notes dans les mémoires qui nous ont été transmis, et les
présentations aussi qui ont été faites,
soumis à la commission. Donc, comme je faisais mention à liberté... définition
de «liberté académique» qui devrait se
coller sur le principe de l'UNESCO, reconnaître le statut professionnel des
chargés de cours. La FNEEQ, affiliée à la CSQ, parlait même de l'étendre
au réseau collégial. Et ça, je trouve ça intéressant puis j'ai d'ailleurs posé
la question : Est-ce que vous avez des enseignants qui ont vécu ce genre
de situation là dans leur classe ou se sont sentis censurés? Est-ce qu'il y a eu une pression venant de
certains étudiants à ne pas utiliser certains termes ou quoi que ce soit?
Est-ce qu'ils ont vécu ce genre de
situation là, problématique? Et la réponse est oui. Et je pense que, oui, dans
une question de s'assurer de la cohérence et d'harmoniser, finalement,
tout le milieu de l'enseignement supérieur, bien, ça devrait être fait dès le départ. Donc, quand on sort du
secondaire, on tombe dans des cours qui sont d'enseignement supérieur, et tous
les établissements de ce système-là devraient voir le principe de la liberté
académique leur être appliqué.
Alors, moi,
là-dessus, j'aurais souhaité que les travaux ou le mandat qui est confié au
rapport... à Alexandre Cloutier fassent état de ça. Et je pense qu'il
faudrait que le gouvernement s'engage soit à le faire via cette loi, parce que
plusieurs groupes nous disaient que ce
serait possible de l'étendre au réseau collégial via la même loi, ou, s'il faut
vraiment reprendre les travaux, bien,
qu'on puisse commander cette étude-là, commander un groupe d'experts qui
pourront analyser ces travaux-là pour
qu'on puisse l'étendre au réseau collégial et s'assurer d'offrir un milieu
sécuritaire également pour les enseignants du milieu collégial.
Alors,
à ça s'ajoutait, bon, on l'a dit, la primauté de la liberté académique sur les
autres... sur la question de pouvoir critiquer l'institution.
Donc, je
n'irai peut-être pas plus loin aujourd'hui, Mme la Présidente. J'ai entendu les
collègues aussi parler de la question
de l'ouverture de la ministre sur certaines bonifications ou carrément de
changer certains passages de son projet de loi. Je pense qu'elle a entendu
comme nous les grandes préoccupations, à savoir est-ce que ce sera une avancée
ou un recul en termes de liberté académique,
ce projet de loi là. Donc, plusieurs craignent carrément qu'on passe à côté de
l'objectif, et nous partageons ces craintes-là.
Alors, je
pense que, oui, on peut déjà dire d'entrée de jeu que nous sommes en faveur du
principe, mon chef en a largement parlé
lorsqu'il a été nommé, il y a deux ans de ça, avec certains cas qui ont été
médiatisés, mais, justement, il faudra
quand même qu'on s'attarde à ces changements-là, les amendements, qu'on puisse
les étudier ensemble puis que nous
aussi, on puisse également participer et déposer nos propres amendements, au
besoin, et qu'on ait cette même écouté et cette même ouverture de la
part de la ministre.
Alors, notre
objectif, c'est que ça passe, justement, dans cette législature-ci et qu'on
puisse avancer, pour le bien de tout le milieu universitaire et,
espérons-le, collégial également. Alors, merci, Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y
a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 32,
Loi sur la liberté académique dans le
milieu universitaire, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Donc, cette... M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Bien, je vais vous
laisser finir.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, le principe du projet de
loi n° 32, Loi
sur la liberté académique dans le milieu universitaire, est adopté.
Alors, M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
relations avec les citoyens
M. Caire : Oui.Mme la Présidente, conformément à l'article 243 de notre règlement,
j'ai fait motion afin que le projet
de loi n° 32, Loi
sur la liberté académique dans le milieu universitaire, soit déféré à la Commission des relations avec
les citoyens pour son étude détaillée et que la ministre de l'Enseignement
supérieur soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Motion adoptée. M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 16 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 12
Prise en considération du
rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, à l'article 16 du
feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le
projet de loi n° 12, Loi
visant principalement à promouvoir l'achat québécois et responsable par les organismes publics, à
renforcer le régime d'intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de
l'Autorité des marchés publics. Y a-t-il des interventions? M. le député de
Maskinongé, vous pouvez prendre la parole.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci, merci,
merci, Mme la Présidente.
Des voix : ...
M. Allaire :
Mon Dieu! C'est beaucoup d'enthousiasme. J'aime bien ça. Ça commence bien.
Mme la Présidente, le temps est venu
naturellement de se prononcer sur les travaux en commission puis, j'ai envie de vous dire, d'apprécier les travaux qui
ont été faits en commission. Puis je pense que le terme est bien choisi, parce
que ce fut un cheminement très agréable,
très agréable autant de notre côté, la partie gouvernementale, que de
travailler aussi avec les
oppositions. Puis je me souviens même de l'avoir dit en étude de crédits
lorsqu'est venu le temps de travailler avec les oppositions puis lorsqu'est venu le temps, en fait, que les
oppositions fassent leurs remarques préliminaires, je me souviens, ici, au salon bleu, sur l'adoption de principe, en
fait, pour être plus précis, j'entendais des réserves. On était un peu comme
craintifs sur les réelles retombées du
projet de loi n° 12. Et je suis content de voir au fil du temps,
quand on s'est assis, entre autres,
en étude détaillée, que les barrières sont tombées puis qu'on a eu la pleine
collaboration des oppositions. Et il se révèle qu'ils sont maintenant très favorables. Alors, j'imagine qu'ils
vont voter en faveur, mais, de toute évidence, là, puis là je pense au député
de Montréal... Mont-Royal, pardon, Outremont, la députée de Mercier ou le
député de Jonquière qui, dans leur façon d'être, dans la façon de
s'exprimer aussi, je pense qu'ils l'ont dit quand même haut et fort, qu'ils
étaient satisfaits des travaux, là, en commission et du résultat de ce qu'a
donné l'étude détaillée.
Il faut se
rappeler quand même la séquence, là. On a déposé le projet de loi le
3 février dernier, Mme la Présidente. Et, lorsqu'on a déposé le projet de loi, on a aussi déposé l'ensemble de
la stratégie gouvernementale au niveau des acquisitions des marchés publics pour faire davantage de place
aux entreprises québécoises, là, dans ces fameux marchés publics là. Et, je dois l'avouer, Mme la Présidente, j'ai
beaucoup apprécié cette expérience. Vous savez, quand on arrive au gouvernement
puis que nos... il y a des... députés,
pardon, sont nommés ministres, ils apprennent... ils vont apprendre, pardon, le
travail à la vitesse grand V. Moi,
j'ai été nommé adjoint parlementaire un peu plus tard dans l'aventure
parlementaire, et on l'apprend à peu
près à un rythme beaucoup moins élevé, différentes facettes du métier de député
ou d'adjoint parlementaire. Et, dans ce
cas-ci, j'ai été amené, quand on a déposé la stratégie, à faire beaucoup,
beaucoup, beaucoup d'entrevues médiatiques, ce qui peut paraître intimidant au début, mais, honnêtement, ça forge
l'expérience, là, qu'on peut vouloir, en tout cas, acquérir dans son
expérience politique. Ça fait que j'ai beaucoup apprécié cette expérience-là.
Et, au-delà
de ça, je pense qu'on a réussi à franchir chacune des étapes, là, assez
facilement, là, avec l'ensemble des groupes
parlementaires. Donc, le 17 février dernier, on a fait l'adoption de
principe. 15, 16, 17 mars, ça a été les auditions. Donc, on a
entendu les groupes, là, qui sont venus nous dire ce qu'ils pensaient du projet
de loi.
Puis je fais
un peu le lien avec ce que j'ai dit tantôt, ce fut mon premier mandat,
d'ailleurs, avec la présidente du Conseil
du trésor, ce qui a permis, là, de travailler le projet de loi qui a été
déposé. Elle m'avait demandé... elle m'avait donné un mandat bien précis,
c'était d'entendre les groupes préalablement au dépôt du projet de loi pour
voir ce qu'ils pensaient des marchés
publics, donc ce qu'on devait faire, ce qu'on ne devait pas faire, c'était
quoi... comment qu'on pouvait répondre davantage
à leurs attentes. Ce qui me permet, je l'ai dit un peu tantôt, mais de
remercier le travail de tout le monde, des gens qui ont travaillé autant
du côté ministériel que du côté des oppositions.
Il faut se rappeler d'où on part, pourquoi qu'on
est arrivés à vouloir déposer le projet de loi n° 12.
Le projet de loi n° 12,
il répondait à un besoin qui a été mis en lumière à cause de la pandémie. On
s'est rendu compte qu'on était très dépendants
des marchés extérieurs, ce qu'on ne voulait plus de façon très claire. On
voulait être capables de se procurer des biens et des services, là, ici, au Québec. La guerre, aussi, en Ukraine
est arrivée après que le projet de loi soit déposé, mais on se rend
compte qu'on ne peut pas être aussi dépendants des marchés extérieurs.
Alors, la
stratégie qui a été déposée, qui inclut le projet de loi, avait pour objectif
ultime de faire davantage de place aux entreprises québécoises dans les marchés
publics, et je pense qu'on y arrive très... et bien humblement, en fait,
à ce résultat-là, quand on constate, là, ce
qui a été fait, là, dans les travaux, là, de la commission, il y a notamment
aussi tout l'aspect de l'intégrité,
qu'on sait, pardon, qui sont très chers à la présidente du Conseil du trésor.
Donc, il y a des éléments, dans le projet de loi, qui viennent renforcir
l'intégrité.
Quand je dis que le projet de loi répond aux
attentes, c'est clair qu'on fait davantage de place à nos entreprises dans les marchés publics. En tout cas, si on peut avoir
la prétention qu'on va adopter le projet de loi, naturellement, je pense qu'on
s'en va dans la bonne direction. Mais également on fait davantage de place à
tout l'aspect environnemental. Je pense que ça, c'est un élément qui
ressort beaucoup dans projet de loi.
L'aspect,
également, innovation avec la création d'espaces d'innovation, c'est un élément
qui est ressorti beaucoup dans les
consultations. Donc, les entrepreneurs ou toutes les associations, en fait, qui
représentent les entrepreneurs nous ont dit haut et fort qu'ils souhaitaient
que le gouvernement du Québec donne l'exemple, mais qu'ils... que les contrats
qu'on leur donne, en fait, puissent servir de levier ou de vitrine
technologique pour qu'ils puissent ensuite aller décrocher des contrats
partout à travers le monde. Donc, c'est ce que le projet de loi a la prétention
de faire.
Rapidement,
quelques amendements significatifs ont été déposés dans le projet de loi, entre
autres, notamment, si on se souvient,
c'est un élément qui a été beaucoup discuté, le mode d'adjudication pour le
plus bas soumissionnaire. C'est sûr
que l'ensemble des groupes aurait souhaité qu'on abandonne cette façon de
faire, mais, nous, ce qu'on leur disait, c'est que c'est nécessaire. Par exemple, pour l'acquisition de 5 millions
de crayons, je pense que l'économie d'échelle qu'on peut faire, quand on fait des acquisitions de ce
type-là, est nécessaire puis elle doit continuer comme ça. Par contre, un
élément important qu'on a amené,
entre autres avec des amendements, c'est d'introduire toute la notion de
valeur. Donc, la valeur qu'on peut
donner à un produit, elle est vraiment importante et elle a de l'impact, et on
doit le considérer dans les appels d'offres.
Un autre élément que je me souviens, qui a été
apporté par la députée de Verdun, c'est tout l'aspect de l'économie sociale,
donc mettre davantage l'accent sur ce secteur d'activité qui est très, très,
très important pour notre gouvernement.
Donc, on vient un peu, en quelque sorte, le mettre en évidence dans le projet
de loi. Donc, davantage des entreprises québécoises seront davantage
mises en lumière, là, dans les différents contrats qui vont être donnés dans
l'avenir.
Ensuite,
l'élément qui est très important aussi, qui a été amené par le député de
Jonquière, un amendement sur le développement
durable. Donc, des critères qui sont très clairs, maintenant dans les appels
d'offres, en lien avec le développement
durable. Donc, on va favoriser les entreprises qui vont adopter des politiques,
notamment de développement durable.
Et, dans le cas où, par exemple, les donneurs d'ouvrage ne mettraient pas des
critères très clairs sur le développement durable, ils devront le justifier par écrit. Ça, c'est une avancée quand
même majeure. Et, veux veux pas, dans les façons de faire, on peut penser que, rapidement, on va
adopter des nouvelles méthodes de travail et qui vont favoriser, naturellement,
les entreprises québécoises.
Un dernier
élément, un amendement qui a été apporté par la présidente du Conseil du
trésor, il y avait des délais de
paiement dans le secteur de la construction. Donc, on a déposé un amendement
pour raccourcir de façon significative ces délais-là.
Donc, vous
voyez, Mme la Présidente, qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites en
commission. Je pense qu'on arrive
avec un résultat final qui est appréciable. Il faut se rappeler qu'à terme
c'est 1,5 milliard d'argent et de contrats publics qui vont être
donnés à des entreprises québécoises, à terme de la stratégie, donc en 2026.
C'est significatif.
Donc, je
remercie l'ensemble des collègues qui ont participé aux travaux de la
commission. Donc, je vais conclure, Mme
la Présidente, en invitant les membres de cette Assemblée à entériner le rapport
de la commission pour le projet de loi n° 12. Merci, Mme la
Présidente.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. Merci, M. le
député. M. le député de Viau, la parole est à vous.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Mme la Présidente, vous savez, je m'en voudrais de ne pas faire un lien. Il y a quelques minutes à peine
dans cette assemblée, nous avions rendu hommage à un grand scénariste québécois,
Luc Dionne, hommage mérité, d'ailleurs, et
ce qui me force, en fait, à me poser la question sur l'importance de la
consommation de nos produits, et incluant nos produits culturels aussi.
Je porte à
votre attention, Mme la Présidente, cet article, ce texte de Mario Dumont où il
souligne en passant que Netflix a
gagné beaucoup plus en parts de marché au Québec que partout ailleurs au
Canada, en étudiant de près les parts de
marché. Et ça nous force à nous questionner sur l'importance que nous devons
faire, nous devons donner à nos créateurs, la part que nous devons leur
faire. Et c'était une façon pour moi de faire ce clin d'oeil là important.
Vous savez,
la pandémie, Mme la Présidente, aura laissé beaucoup de séquelles, mais aussi
la pandémie a eu pour effet aussi de
nous ramener aussi sur des enjeux importants, comme des concepts, par exemple,
qui, auparavant, c'étaient des
concepts qui existaient, mais des concepts qui sont devenus beaucoup plus
actuels, comme, par exemple, les enjeux de commerce de proximité, les enjeux de commerce locaux, économie locale.
Et ce projet de loi qu'on a justement devant nous, le projet de loi n° 12, c'est pour le projet
de loi visant principalement à promouvoir l'achat québécois et responsable par
les organismes publics et à renforcer le
Régime d'intégrité des entreprises et accroître les pouvoirs de l'Autorité des
marchés publics. Avant même d'y
arriver, à ce projet de loi, Mme la Présidente, permettez, comme l'a souligné
mon collègue le député de Maskinongé,
que je salue le collègue, le député de Mont-Royal—Outremont, qui a été le porte-parole de l'opposition
officielle dans ce dossier et qui a fait un
travail important, extraordinaire. Et je tiens à le saluer. Et vous avez
reconnu avec raison et avec justesse,
M. le député de Maskinongé, le rassembleur qu'il est, c'est-à-dire l'homme qui
sait travailler, qui sait dialoguer
avec l'ensemble des collègues de cette enceinte. Et il nous a donné une belle
démonstration encore lors des travaux au sein de la commission
parlementaire.
Et le député
de Mont-Royal—Outremont, donc, dans ce dossier-là, je dois souligner sa
contribution multiple, mais notamment,
notamment, il a déposé quelques amendements. On aurait souhaité, en fait...
dont un amendement a été retenu. On
aurait souhaité que ces amendements-là soient retenus, mais, malheureusement,
nous avons à le déplorer, mais nous aurons l'occasion de revenir
là-dessus.
Et, parlant
de... parlant, Mme la Présidente, d'économie locale, de commerce de proximité,
d'achat québécois, cette fin de semaine, pas plus tard que cette fin de semaine
dans ma circonscription, j'avais des rencontres avec plusieurs
commerçants locaux, restaurateurs, épiciers, où nous discutions. Nous avons
échangé justement de l'importance de la consommation
locale. Et je vais évoquer ici un entrepreneur — et je vois ici le ministre de l'Agriculture qui
est présent — que
le ministre de l'Agriculture connaît très bien, donc, je parle de
M. Patrice Léger Bourgoin, le directeur général de l'Association des producteurs maraîchers du Québec. J'ai le grand
bonheur que cette association-là se retrouve dans ma circonscription, le siège social de cette association-là se
retrouve dans ma circonscription, et où se trouve aussi la place des
maraîchers, la Place des producteurs,
Place des producteurs qui regroupe 250 producteurs québécois. Donc, quand
on parle de producteurs maraîchers,
c'est non seulement des producteurs maraîchers, mais c'est des producteurs
horticoles aussi. Et l'association des
maraîchers, Mme la Présidente, c'est plus de 80 % de la production
maraîchère du Québec. C'est 360 millions de dollars de recettes, faisant du Québec le deuxième
producteur au Canada. C'est quelque 350 000 tonnes métriques de
légumes frais et de produits annuels.
Et je remercie encore M. Patrice Léger-Bourgoin, car c'est un fervent
défenseur de la production, de la
défense de la production québécoise, de l'achat local, donc, et je suis sûr
qu'il a déjà eu, avec, notamment, le ministre de l'Agriculture, quelques conversations à cet effet. Mais le projet que
nous avons devant nous, Mme la Présidente, c'est un projet de loi qui,
tout en respectant les clauses des accords de libre-échange, la promotion de
l'achat québécois dans les marchés publics,
ce projet de loi prévoit notamment que l'attribution ou l'adjudication de contrats
non assujettis à un accord... l'achat local doit être privilégiée. Et
ça, pour nous, il va de soi que c'est une intention que nous, au niveau du Parti libéral, nous soutenons, que nous appuyons,
l'idée que de faire une belle place, une meilleure place, une plus grande
place aux acheteurs québécoises et québécois.
Pendant cette pandémie, Mme la
Présidente, pendant cette pandémie, l'achat local a été un facteur important de
survie d'au moins trois entreprises
québécoises sur 10. Donc, quand je vous parlais des dynamiques nouvelles que
l'achat local engendre pour moi, qui
suis député de la région de Montréal, je vois aussi l'importance de l'achat
local, notamment à travers les
commerces qui ont survécu mais je le vois aussi à travers aussi d'autres
vitrines, d'autres commerces vides aussi, qui ont dû fermer aussi. Je
vois l'impact, et pas seulement dans ma circonscription mais dans plusieurs
circonscriptions montréalaises. Et l'analyse de ces impacts-là, elle est
multifacettes, elle est multiforme. Mais je veux parler aussi des initiatives, aussi, des initiatives, notamment, et
je sais qu'il y en a plusieurs un peu partout au Québec, je pense, entre autres,
à des initiatives comme celle portée, par
exemple, par une entreprise que nous connaissons toutes et tous, par le Cirque
du Soleil, associé à deux organismes communautaires de ma
circonscription, donc, PARI Saint-Michel et Mon Resto. Le Cirque du Soleil a fourni un lopin de terre
gratuitement à ces organismes-là pour produire des légumes et des fruits frais,
qui sont par la suite vendus à bas prix ou
qui sont parfois donnés aussi à des citoyennes et des citoyens qui sont dans la
nécessité d'avoir accès à ces fruits et des
légumes frais. C'est une façon concrète, pour moi, d'aider et de travailler sur
l'enjeu de la production locale.
Je pense surtout à des initiatives comme celle
portée justement par les producteurs maraîchers, qui, de concert avec
des organismes de la circonscription, permettent, justement, que le surplus des
fruits et des légumes puisse... que des citoyennes,
des citoyens de plusieurs circonscriptions montréalaises puissent avoir accès à
ces fruits, à ces légumes-là à bas coût... à bas prix, pardon.
Et,
quand on a devant nous un projet de loi qui nous dit qu'il prévoit notamment
qu'un contrat est assujetti à un contrat
de... que les organisations publiques doivent également prévoir, avant l'appel
d'offres, pardon, de faire une évaluation des besoins s'inscrivant dans la logique du développement durable, pour
nous qui avons, et j'entends ici ma collègue la députée de Verdun qui est notre porte-parole en matière environnementale
et lutte contre les changements climatiques, qui nous a sensibilisés à travers plusieurs initiatives, plusieurs projets
et d'autres collègues, et, pour nous, c'est une bonne chose aussi
d'avoir un projet de loi qui porte ces intentions-là.
C'est un projet de
loi qui prévoit également un espace d'innovation afin de favoriser l'évolution
des règles contractuelles ainsi que des
critères qui pourraient justifier une marge préférentielle sur le prix pour
cadrer dans une norme environnementale.
Mais, toutes bonnes que soient les intentions que je viens d'évoquer, Mme la
Présidente, il y a des enjeux auxquels
ce projet de loi là, malheureusement, ne répond pas. Et au nombre de ces
enjeux-là, au nombre de ces enjeux-là, l'absence du paiement rapide pour
l'industrie de la construction. Le projet de loi propose des solutions
intelligentes et adéquates pour l'achat de biens et services dans le cadre des
marchés publics, mais exclut complètement le secteur des infrastructures, qui
représente pourtant près de 90 % des contrats publics au Québec.
• (16 h 40) •
Nous,
au niveau du gouvernement, l'ancien gouvernement du Parti libéral, nous avions
lancé des projets pilotes afin de
payer les fournisseurs des services de construction dans les délais adéquats.
Projet pilote qui s'est soldé par des résultats très positifs, en plus
d'être une recommandation de la commission Charbonneau. D'ailleurs, rappelons
que la ministre qui porte ce projet de loi
là, c'est l'ancienne procureure de la commission Charbonneau. C'est un
désavantage important, nous croyons,
pour nos entrepreneurs régionaux, qui n'ont pas les poches aussi profondes que
des grandes entreprises étrangères.
En excluant cette solution simple, le gouvernement du Québec manque la cible en
matière d'accès aux contrats publics.
Mme
la Présidente, ce projet de loi aussi que nous avons devant nous, c'est un
projet de loi où on aborde les questions d'intégrité. C'est un projet de loi qui prévoit renforcer le régime
d'intégrité des entreprises. Toute entreprise partie à un contrat doit satisfaire les plus hauts standards
en la matière. Ils seront d'office assujettis à la surveillance de l'Autorité
des marchés publics. Lorsque l'AMP statue qu'une entreprise ne satisfait
pas les exigences d'intégrité, l'AMP doit imposer l'application des mesures correctrices. Il est aussi prévu que
l'entreprise doit continuer l'exécution du contrat, sauf exception.
Un
autre enjeu, Mme la Présidente, par rapport à cet objectif noble, rappelons-le,
de ce projet de loi là, cet enjeu, c'est le manque de capacité au sein
de l'AMP. Et, à ce chapitre, j'aimerais peut-être faire appel à une expérience
vécue antérieurement, Mme la Présidente.
Lorsqu'on veut mettre en place des structures importantes, justement pour les
questions d'intégrité, il faut s'assurer de donner à ces structures-là
les moyens, justement, dont elles ont besoin pour pouvoir se déployer. Et l'AMP, une nouvelle organisation qui
a dû prendre sa place et cadrer sa mission, justement, les quatre dernières
années ont permis à cet organisme de prendre l'ampleur de son rôle, qu'elle
remplit avec difficulté, étant dans l'impossibilité de faire enquête sur toutes les infractions et
dénonciations. En augmentant la mission et le nombre de contrats et
d'entreprises à vérifier et à
enquêter, la charge de travail de l'organisme augmentera significativement.
Donc, par conséquent, il faudrait donc prévoir une augmentation des
effectifs malgré la pénurie de main-d'oeuvre.
Je pense que, pour le
moment, je vais m'arrêter ici, Mme la Présidente, à travers les quelques enjeux
que j'ai soulevés. Les intentions sont bonnes, je l'ai souligné aussi, mais je
me dois aussi de remercier toutes les personnes, les organismes qui ont contribué, qui ont participé, que ce soit aux
consultations parlementaires, où il y a ce projet de loi là, et aux personnes de l'Assemblée nationale qui ont
participé aux travaux aussi, les députés membres des commissions, et
aussi le personnel, aussi, de l'Assemblée nationale qui a soutenu les travaux
des parlementaires.
Alors,
c'est un projet de loi intéressant, Mme la Présidente, donc... mais nous
croyons quand même qu'il y aurait opportunité d'améliorer certains
aspects de ce projet de loi là. Voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions?
Mise
aux voix du rapport
Comme il n'y a pas d'autre intervention, le
rapport de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi
n° 12, Loi visant principalement à promouvoir l'achat québécois et
responsable par les organismes publics, à renforcer le régime d'intégrité des entreprises
et à accroître les pouvoirs de l'Autorité des marchés publics, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté. Je vous remercie. Alors, M. le leader du gouvernement, pouvez-vous
nous indiquer la suite des travaux?
M. Caire :
Oui, Mme la
Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 19 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet
de loi n° 22
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je peux bien faire ça. Alors, à l'article 19
du feuilleton, M. le ministre des Transports
propose l'adoption du projet de loi n° 22, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le Code de la sécurité
routière et d'autres dispositions. Y a-t-il des interventions? M. le
député de Beauharnois.
M. Claude
Reid
M.
Reid : Merci, Mme la Présidente. Salutations à tous, chers
collègues présents ici en grand nombre, là, aujourd'hui. Je suis heureux d'être avec vous pour l'adoption finale du projet de loi n° 22, projet de loi qui, je le rappelle, vise
à remettre 1 milliard de dollars aux personnes accidentées.
Ce projet de loi a pour but de mieux refléter le
coût de la vie actuelle et d'offrir une meilleure compensation financière aux personnes accidentées et à leurs
familles. Les mesures comprises dans le projet de loi n° 22
visent à éviter que certaines
personnes ayant dû s'absenter de leur emploi en raison d'une longue période
d'invalidité se retrouvent avec une
baisse importante de revenus lorsqu'elles atteignent 68 ans. Ces
modifications à la Loi sur l'assurance automobile sont réclamées depuis
longtemps par les accidentés de la route.
Le projet de
loi, Mme la Présidente, modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le Code de
la sécurité routière et d'autres
dispositions vise également à améliorer le service à la clientèle et le bilan
routier québécois, tout en répondant à plusieurs enjeux soulevés par les
citoyens et l'industrie du transport routier au cours des dernières années.
Ce projet de
loi prévoit, entre autres, pour les victimes d'accidents de la route, de
poursuivre l'indemnité de remplacement
du revenu de la personne accidentée dès qu'elle atteint l'âge de 68 ans et
jusqu'à son décès, de compenser une
perte de progression de carrière et d'assurer minimalement un revenu basé sur
le revenu moyen au Québec pour les personnes accidentées dont les
blessures et les séquelles sont de nature catastrophique, d'ajuster la somme
maximale remboursable pour aide à domicile pour les personnes accidentées ayant
besoin d'une présence continuelle à la maison, d'augmenter le montant de l'indemnité pour frais funéraires, d'éliminer
le critère relié à l'âge de la personne décédée dans le calcul de l'indemnité versée au conjoint
survivant, enfin, de permettre à la SAAQ de rembourser les frais d'une
contre-expertise lorsque celle-ci permet de reconsidérer la décision
finale.
En matière de
sécurité routière, ce projet de loi prévoit des modifications au Code de la sécurité routière qui vont permettre
de prolonger la durée de l'utilisation obligatoire de l'antidémarreur
éthylométrique pour les titulaires d'un
permis assorti d'une condition x déclarés coupables d'une première
infraction en matière d'alcool lorsque l'analyse des données d'utilisation démontre un manquement,
d'introduire l'exigence du zéro alcool pour la période de conduite visée
par le permis d'apprenti conducteur dans le
cas d'une personne déjà titulaire d'un permis de conduire qui souhaite ajouter
la classe 1, 2, 3, 5 ou 6 à son permis
actuel, d'obliger l'utilisation d'un dispositif de consignation électronique,
communément appelé un DCE, pour le
contrôle des heures de travail et de repos des conducteurs de véhicules lourds
afin d'harmoniser la législation à la
nouvelle réglementation fédérale, de rendre obligatoire le respect des ordres
et des signaux des signaleurs routiers
lors d'événements exceptionnels, d'épreuves ou de compétitions sportives
nécessitant l'utilisation des chemins publics, et d'étendre
l'utilisation du feu vert aux dépanneuses.
Finalement,
Mme la Présidente, ce projet de loi prévoit d'attribuer au gouvernement les
pouvoirs réglementaires afin
d'autoriser la mise en circulation temporaire d'un véhicule routier gravement
accidenté qui fait l'objet d'une reconstruction lors de son recalibrage dynamique, de hausser le montant de la valeur
d'un véhicule constituant le seuil minimum entraînant la vente d'un
véhicule saisi non réclamé prévu au p.l. n° 22, de
permettre l'admissibilité en preuve de l'ensemble des photographies prises par un appareil de contrôle automatisé et intégré
au rapport d'infraction général par un agent de la paix et, enfin, de
retirer certaines exemptions à l'obligation de porter le casque protecteur à
l'utilisateur d'un VHR.
En terminant,
je tiens à remercier mes collègues de la Commission des transports et de
l'environnement pour leur collaboration
exceptionnelle lors de l'étude détaillée. Cette collaboration a permis que les
travaux qui nous ont amenés jusqu'ici se fassent avec une grande efficacité.
En
conclusion, Mme la Présidente, je demande donc sans plus tarder à tous mes
collègues de nous appuyer afin que le
projet de loi soit adopté et entre en vigueur le plus rapidement possible pour
le bénéfice des accidentés de la route et l'amélioration du bilan
routier. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Pontiac, la parole est à vous.
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci, Mme la Présidente. Je salue moi aussi les
collègues qui ont pris part aux travaux de la Commission des transports
et de l'environnement sur le dossier du projet de loi n° 22. Je sais qu'il
y a quelques collègues, si je ne m'abuse,
qui étaient en chambre lors de ma dernière intervention sur ce projet de loi
là. Je vois le député de Montmorency, le
député de Chauveau, qui sont des assidus, ici, en cette assemblée, et je pense
qu'ils ont peut-être déjà entendu certains des propos que je vais faire, mais je vais quand même les refaire parce
que c'est la dernière opportunité qu'on a de s'exprimer sur ce projet de
loi qui, comme j'ai déjà eu la chance de le dire, Mme la Présidente, est une
avancée.
C'est une
avancée parce que c'est un projet de loi qui a des répercussions importantes,
disons, dans la vie de gens qui ont
subi, bien malgré eux, un accident de la route et qui ont subi un préjudice par
rapport à leur condition physique, qui ont
vécu une vie un petit peu, des fois pas mal plus difficiles qu'ils auraient pu,
ou qui auraient dû, ou qui auraient souhaité la vivre. Alors oui, c'est un projet de loi qui, à ce niveau-là, au
niveau de la compensation, au niveau des indemnisations qu'ils reçoivent du gouvernement, de la Société de
l'assurance automobile du Québec, c'est une avancée, ce projet de loi là. Et
je salue cette avancée qui, en ce moment,
puisque le Fonds de la Société de l'assurance automobile du Québec le permet,
peut être mise de l'avant.
C'est
important de faire les choses correctement, par exemple, Mme la Présidente. Et,
lorsque le projet de loi a été déposé,
si on regardait dans les annexes, là, il y avait toute une formule pour
calculer combien recevraient des gens qui seraient indemnisés par la
Société de l'assurance automobile du Québec à partir d'un certain âge, hein,
l'indemnisation supplémentaire que
pourraient recevoir certaines personnes. Et le ministre des Transports nous
avait dit, à cette époque-là : Ça
va être une vraie avancée, une vraie révolution, ça va changer la vie de ces
gens-là. Puis il y a des gens qui nous contactaient puis qui nous
disaient : Bien, je regarde ça, moi, puis c'est bien, là, mais est-ce que
10 $ par mois, 20 $ par mois, c'est vraiment
la révolution dont parle le ministre des Transports? Est-ce que c'est vraiment
la correction de l'erreur historique de
1990 à laquelle fait référence le ministre des Transports? Et c'est pour ça
qu'il a fallu, Mme la Présidente, travailler avec le ministre, écouter les gens qui sont venus en
commission parlementaire, convaincre le ministre de corriger la formule qui
était dans le projet de loi, pas parce que
le projet de loi était mal intentionné, mais parce que c'était rédigé d'une
façon à ce que ce ne soit pas exactement clair, à ce qu'une formule
laisse place à une certaine interprétation. Puis ça aurait été... c'eût été bien malheureux, Mme la Présidente, si,
malgré l'intention bienveillante du ministre des Transports, il y a des gens qui se soient retrouvés à recevoir quelques
pacotilles, quelques montants, disons, beaucoup moins substantiels que ce qu'on avait laissé entendre dès le début.
Alors, le ministre a montré une certaine ouverture à corriger cette formule-là,
même si, factuellement, il considérait
qu'elle était correcte pour que tout le monde soit sur la même longueur d'onde,
pour que tout le monde comprenne que
le montant duquel ces gens-là doivent bénéficier, bien, ce n'est pas que des
petits montants, c'est des montants
qui peuvent s'avérer, dépendamment de la situation de l'individu, assez
important. Alors, de ce côté-là, du côté de l'indemnisation des victimes
de la route, c'est une bonne chose.
Maintenant,
Mme la Présidente, il ne faut pas, et c'est là que c'est un peu malheureux, il
ne faut pas que ce projet-là soit
celui... soit un projet de loi qui soit connu comme une opportunité manquée. Et
je vous détaillais, la dernière fois qu'on s'est exprimé sur cette
question-là, ma préoccupation par rapport au fait que certaines victimes de la
route, disons, des accidents de la route,
n'obtiennent pas compensation. Dès qu'on est dans une voiture et qu'on a un
accident et qu'on a une blessure, on
est compensé. Il y a une indemnisation. Si on est à vélo, si on est marcheur et
qu'on est impliqué dans un accident avec
une voiture, on est compensé. Si on est cycliste et qu'on est impliqué dans un
accident où il n'y a pas de contact avec une voiture, nous ne sommes pas compensés. Et j'utilisais l'exemple bien
simple, la dernière fois, de quelqu'un qui tombe dans un nid-de-poule. Il y en a plusieurs, des nids-de-poule. Vous
connaissez tous des chemins, dans votre circonscription, qui sont truffés de nids-de-poule. Il y en a
certains, et même probablement ici, qui ont dans leur circonscription des
routes qui font le palmarès des pires routes du Québec à chaque année, je n'en
ai aucun doute. Moi, je pense à quelques routes dans ma propre circonscription qui sont loin d'être les plus belles. Les
gens du boulevard Lucerne vont se reconnaître, vont reconnaître leur
quartier, mais il y en a d'autres partout à travers le Québec. Alors, ça arrive
qu'un cycliste frappe un nid-de-poule. Ça
arrive qu'un cycliste soit projeté hors de son vélo, pas par sa propre faute,
mais par une seconde d'inattention, par
une crevasse dans la route qui n'aurait pas dû s'y trouver. Et cette
personne-là, si elle vient en contact avec un véhicule automobile sur cette route-là, que le véhicule
soit immobilisé, qu'il soit stationné ou non, sera indemnisée. Mais le même
cycliste qui passe par le même nid-de-poule, mais qui, au lieu de frapper une
voiture, frappe le pavé, bien, il ne sera pas indemnisé. Et ça, Mme la Présidente, les gens de Vélo Québec sont venus
nous le dire, les gens de Marcheurs Québec sont venus nous le dire,
c'est une anomalie qui aurait dû, qui aurait pu être corrigée dans le projet de
loi.
Est-ce
que c'est, comme la ministre se plaît à dire, une erreur historique? Peut-être.
Peut-être qu'en 1990, la dernière fois
que le Fonds de la Société de l'assurance automobile du Québec a été revu,
bien, peut-être que le vélo n'était pas aussi, disons, populaire qu'il l'est aujourd'hui. Peut-être que c'était moins
une préoccupation à cette époque-là. Mais l'été approche, Mme la Présidente. On
est à la fin mai, l'été commence le 21 juin, mais déjà les cyclistes sont
omniprésents sur nos routes, et c'est malheureux de dire que ces gens-là
ne sont pas protégés si jamais un accident se produit, comme un automobiliste pourrait l'être. Et, vous le savez comme moi, en
vélo, il peut y avoir de graves accidents, si on est marcheur, il peut y avoir
de graves accidents. Mais, malheureusement,
on dirait que le travail en amont pour bien mesurer l'impact financier
d'ajouter les cyclistes, d'ajouter
les marcheurs, qui sont des utilisateurs de la route, à cette indemnisation-là,
n'avait pas été fait. Et le ministre
nous dit aujourd'hui : Bien, c'est correct, je vais aller voir, hein, je
vais aller voir combien ça coûte, je vais aller mesurer ça, je vais regarder ça
puis je vais vous revenir. Le problème, c'est que, la dernière fois qu'on a
ouvert cette disposition-là, c'était en
1990, hein, ça fait 32 ans. Moi, j'avais huit ans. Alors, juste ça,
Mme la Présidente, ça nous dit : Oui,
le ministre, il peut aller le mesurer, oui, c'est une bonne chose qu'il
entreprenne des travaux à ce moment-ci, mais c'est loin d'être une garantie que les modifications
nécessaires vont être faites dans les prochaines années, parce que ça a pris 32 ans avant de faire celles-ci. Alors, il ne faudrait
pas que ça prenne un autre 32 ans avant que les cyclistes — un
sport, un moyen de déplacement qui est de plus en plus populaire partout
au Québec, même dans la ville de Québec — soient considérés comme tous les autres utilisateurs de
la route. Alors, Mme la Présidente, je ne veux pas que ce projet de loi là
soit une occasion ratée, soit une occasion
manquée. J'aurais aimé que le ministre des Transports, au-delà d'amorcer les
travaux, fasse les travaux préalablement
pour que ce soit, que ça puisse être inclus ici, dans notre projet de loi. Mais
ce n'est pas le cas.
Deuxième
opportunité manquée. Le ministre a fait un bon coup, cependant, en ajoutant des
dispositions par rapport à l'alcool
au volant. Ceux qui étaient ici dans la précédente législature savent que
l'alcool au volant, je n'ai pas une grande tolérance. En fait, ma tolérance est pas mal à zéro, comme elle devrait
l'être, de façon générale, dans la population, comme elle l'est pour plusieurs
députés du gouvernement aussi. J'en vois certains qui hochent de la tête. Et là
le ministre inclut une disposition
pour que quelqu'un qui est un apprenti pour un deuxième permis de conduire,
hein, quelqu'un qui est un apprenti motocycliste,
disons, et donc, on le sait, on a besoin d'une deuxième classe de permis pour
ça, c'est tolérance zéro. Alors, ça veut dire que vous ne pouvez pas
prendre une bière alors que vous êtes apprenti conducteur pour votre permis de
motocycliste et aller chez vous après avoir consommé ce breuvage-là. C'est une
bonne affaire. Ce sont des gens qui apprennent
encore l'art de conduire le véhicule. Le problème, Mme la Présidente, c'est que
le ministre ne se rend pas au bout de
son argument. Son argument, c'est de dire : On doit être stricts avec ces
gens-là. Bien, je suis d'accord. Mais, lorsque quelqu'un enfreint une
disposition sur l'alcool au volant, la conséquence devrait être plus qu'on te
retire ton permis d'apprenti pendant une
période de six mois. Si on ne comprend pas que l'alcool au volant, c'est
tolérance zéro, si on est prêt, comme
individu, à outrepasser des lois sur l'alcool au volant, bien, on ne devrait
pas être capable de prendre notre char, le lendemain matin, puis d'aller
travailler. Il devrait y avoir un impact pas mal plus grand que dire :
Bien, je vais juste t'enlever ton permis
d'apprenti puis tu vas garder ton permis de conduire pour ton véhicule dont tu
te sers à tous les jours. Donc, c'est
une bonne chose cette disposition-là, mais elle ne va pas assez loin, elle ne
va pas au bout de l'argument du ministre. Alors, on aurait pu aller plus loin,
on aurait pu en faire plus pour protéger l'ensemble de la population de gens
qui ne comprennent pas que l'alcool au volant, ça n'a pas sa place.
• (17 heures) •
Il
y a une chose qui reste, à travers tout ça et à travers les bonnes
dispositions, à travers les moyennement bonnes dispositions, à travers les dispositions, qui pourraient être pas mal
améliorées. Quand on regarde l'ensemble des indemnisations pour des victimes au Québec, il y a les victimes
d'actes criminels qui reçoivent une certaine indemnisation. Ça, ça veut dire
que vous sortez ici, de l'Assemblée, demain
matin, Mme la Présidente, il y a quelqu'un qui a des très mauvaises intentions,
qui commet un acte criminel envers vous,
vous êtes blessée, vous avez une certaine indemnisation. Vous sortez de
l'Assemblée, l'Assemblée, disons que
c'est une période hivernale, n'a pas très bien nettoyé le trottoir, il y a une
plaque de glace, vous tombez, vous
recevez une autre indemnisation, de la CNESST, qui est plus généreuse que celle
des victimes d'actes criminels. Alors
là, déjà là, il y a deux niveaux d'indemnisation pour deux blessures,
exactement la même blessure, exactement le même impact sur votre capacité à gagner votre vie. Deux indemnisations
différentes, déjà, en partant. Là, il y a une troisième indemnisation,
celle de la Société de l'assurance automobile du Québec. Si, en sortant de
l'Assemblée, vous vous faites frapper par
quelqu'un qui est en voiture, alors là, vous avez une troisième indemnisation,
différente des deux autres. Le type
d'accident que vous avez importe, alors vous êtes mieux, vous êtes mieux, Mme
la Présidente, pour vous, pour votre compensation,
pour votre rémunération, d'avoir un accident qui est causé par votre milieu de
travail, plutôt que d'avoir un accident
qui est causé par la Société d'assurance automobile du Québec, ou qui est causé
par une voiture, ou qui est causé par
un acte criminel. Ça, c'est l'endroit où on se retrouve, au Québec. Puis, si
vous êtes juste marcheur puis que vous tombez, comme ça, bien là vous
n'avez rien.
Alors,
il y a tout ça, Mme la Présidente, en ce moment, puis c'était une opportunité
pour le gouvernement, oui, de bonifier
certaines de ces dispositions, ce qu'il a fait pour les gens qui sont victimes
sur la route, mais on se retrouve, pour la même blessure, au Québec, on se
retrouve, pour la même blessure, pour les mêmes séquelles, pour les mêmes
conséquences, pour les mêmes impacts
sur votre vie, sur votre capacité à gagner votre vie, sur les limitations que
vous allez pouvoir avoir, que vous
pourriez avoir physiquement, à avoir trois indemnisations complètement
différentes. Et ça aussi, c'est une occasion manquée. Le ministre avait l'occasion... En fait, pas le ministre, le
gouvernement dans son ensemble avait l'occasion de dire : Ah! vous voulez faire, M. le ministre
des Transports, une modification pour augmenter les indemnisations de la
Société de l'assurance automobile du
Québec? Bonne affaire, mais pourquoi est-ce qu'on ne regarde pas les
indemnisations pour tout le monde en même temps? Pourquoi on ne regarde
pas tous les régimes pour s'assurer qu'il y a un certain équilibre à travers
tout ça? C'eut été, ça aurait été, Mme la Présidente, la chose à faire.
Alors,
bien que je salue l'initiative, bien que je salue que le ministre prenne
l'opportunité du fait qu'il y avait, disons, une grande somme d'argent à sa
disponibilité dans le Fonds d'indemnisation de la Société de l'assurance
automobile du Québec, j'aurais
souhaité un exercice un peu plus complet à ce moment-ci parce que ce n'est pas
un exercice qu'on fait souvent, comme
je l'ai dit tantôt, c'est un exercice qu'on a fait... qui a été fait au Québec,
la dernière fois, il y a 32 ans. Alors, c'est une opportunité qui s'est
présentée au ministre des Transports. C'est une opportunité qui s'est présentée
au gouvernement. On a fait du bien
avec ce projet de loi là, mais on n'a pas fait le ménage, on n'a pas fait le
bien collectif des différents régimes d'indemnisation. Et ça, Mme la
Présidente, c'est, encore une fois, une opportunité manquée.
Alors,
je lève mon chapeau aux gens de la Société de l'assurance automobile du Québec,
qui ont élaboré ce projet de loi là, qui ont commencé ce travail-là, je lève
mon chapeau au ministre des Transports, qui a vu une opportunité et qui l'a saisie pour des gens qui dépendent de ce
régime-là, mais, Mme la Présidente, je ne peux lever mon chapeau à l'ensemble
du gouvernement, qui a manqué une
opportunité d'agir dans un contexte un peu plus large. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Pontiac. Et
maintenant je cède la parole au prochain intervenant, qui sera M. le député de
Marquette.
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai eu le privilège et l'occasion de
siéger sur l'étude détaillée du projet
de loi n° 22 avec mon collègue de Pontiac, et, pour avoir été porte-parole
du Transport pour ma formation lors de la dernière session, il y avait
plusieurs enjeux qui me préoccupaient. Et je salue bien humblement l'ouverture
du gouvernement d'avoir, justement, réouvert
une certaine problématique et d'avoir réglé aussi une problématique qui, soit
dit en passant, a été...
Moi, j'ai
toujours très, très apprécié le ministre des Transports. Cependant, j'ai trouvé
un petit peu raide la façon qu'on a commencé cette étude détaillée là,
en disant que c'était une erreur historique, alors qu'on était... on avait
cette ouverture-là pour commencer le débat,
l'étude détaillée. Et puis, quand on se fait dire cette chose-là, bien, en même
temps, on se regarde tous ici, du
côté de la banquette de l'opposition officielle... puis on se regarde puis on
se dit : Mais qui qui était là, à l'époque? Qui était là, à l'époque? Il
n'y avait personne. Ça fait que, je veux dire, déjà là, on commence avec
une flèche. Moi, j'ai trouvé ça un petit peu
ordinaire. C'est important pour moi de le dire, parce que j'ai encore cette
naïveté, Mme la Présidente. Quand c'est bon, c'est bon. Quand ce n'est
pas bon, ce n'est pas bon. Que ça vienne de n'importe quelle couleur du parti ici, à l'Assemblée nationale, quand il y a une
réforme à faire, quand il y a une amélioration, moi, je vais toujours être le premier à vouloir jouer. Je
vais toujours être le premier à vouloir tendre la main également pour améliorer
les choses.
Alors, le
projet de loi n° 22, qui est la Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le Code de la sécurité routière
et d'autres dispositions... Déjà, je vais vous parler de cinq axes, là.
Déjà, Mme la Présidente, il y avait... La société va changer, on va évoluer. C'est sûr et certain qu'il faut
revoir les choses. Il faut revoir aussi certaines dispositions de pas juste ce
projet de loi là, mais de tous les projets de loi. Nous aurions aimé qu'on
aille un peu plus loin parce qu'il y avait quelques incohérences, notamment avec... de vouloir avoir
une concordance avec la CNESST. Souvent, c'est ce qu'on nous servait comme
argument quand on voulait refuser un amendement. Cependant, quand on amenait
d'autres arguments, mais où il n'y
avait pas de concordance, bien là, on nous servait un autre argument. Alors,
des fois, c'était difficile de suivre le ministre, mais en même temps on a été capables d'avancer le
projet de loi, l'étude détaillée, puis on l'a fait quand même assez rondement,
Mme la Présidente.
Il y a un élément qui m'a... que je veux,
d'entrée de jeu, d'entrée de jeu, souligner, parce que, lors de la dernière session, il y a eu, à un moment donné, une
manifestation avec les signaleurs devant l'Assemblée nationale, et je me suis
habillé, j'ai mis mon manteau puis je suis
allé les rencontrer. Je suis allé les rencontrer parce que je trouvais que, par
respect, quand on décide de venir
parler aux parlementaires à l'Assemblée nationale, la moindre des choses, c'est
d'aller les rencontrer et d'aller les écouter. On n'est peut-être pas
toujours d'accord avec tout ce qui va se dire, on n'est pas toujours d'accord avec les manifestations, mais en même temps on est
capables d'aller voir ce que les gens sur le terrain, devant l'Assemblée
nationale, mais aussi dans les zones
dangereuses... Quand on parle des signaleurs... Puis les signaleurs, vraiment,
avaient quelque chose à dire. Ils voulaient nous dire qu'ils voulaient être...
travailler de façon plus sécuritaire. Moi, je suis allé les rencontrer, je les ai vus, et on m'a remis, Mme la
Présidente, un cône orange, un cône orange avec les noms de ceux et celles qui ont été tués dans l'exercice de leurs
fonctions, avec leur date de naissance et de l'année qu'ils sont décédés. Puis
ils m'ont remis ce cône-là, puis moi, je
l'ai pris, puis ça m'a touché énormément, puis je leur ai dit : Je vais le
mettre dans mon bureau, bien à la
vue, bien à la vue, parce qu'à chaque fois que je vais rentrer dans mon bureau,
à chaque matin, mais au moins je vais
me rappeler du message qu'ils m'ont transmis, parce qu'advenant un projet de
loi, que ce soit au niveau du
transport, comme celui-ci, ou ailleurs, ou en matière de sécurité, par exemple,
puis que ça peut venir toucher un signaleur, bien, je vais me donner la
responsabilité d'en parler puis de le dire.
Puis je suis
obligé, Mme la Présidente, parce
qu'on l'a abordé pendant le projet de
loi n° 22... puis je vais vous lire une partie, là, du projet de loi : «Le projet
de loi prévoit aussi diverses modifications afin notamment de réviser les
prérogatives de courtoisie en matière d'immatriculation et de permis de
conduire accordées aux représentants étrangers, de rendre obligatoire le respect des ordres et [des] signaux
donnés par un signaleur routier lors d'événements exceptionnels...» Alors,
on vient être plus sévères puis on vient
demander et exiger encore plus de respect aux signaleurs routiers. Alors, déjà
là, Mme la Présidente, j'étais
content d'avoir vu, ces conditions-là, qu'on l'appliquait, ou du moins... Mon
collègue en a parlé un peu plus tard... un peu plus tôt, puis je trouvais ça un
peu ironique, puis je trouvais ça un peu bizarre qu'on ne l'ait pas
appliqué dans le projet de loi, parce qu'encore une fois on parlait de
concordance, on parlait de... on était pour y voir... Parce que moi, je l'ai entendu souvent, là. J'ai siégé sur plusieurs
projets de loi, puis souvent on entendait les ministres dire : Oui, on va le voir plus tard, on va le faire par
voie réglementaire, on va étudier. Puis moi, je me dis : Bien là, c'est
parce qu'on le fait, on est en train
de le mettre noir sur blanc. Il y a des conditions importantes à amener, il
faut le mettre maintenant. Il faut le mettre maintenant pour être
capables d'avancer, puis c'est au niveau des piétons puis des cyclistes.
• (17 h 10) •
Mon collègue
en a parlé, puis moi, je ne peux pas concevoir, Mme la Présidente, qu'un
cycliste, qui doit respecter le Code
de la sécurité routière, ne soit pas indemnisé s'il a un accident sur la route
s'il n'est pas frappé par une auto. Vous, Mme la Présidente, vous traversez la rue, il y a un cycliste qui arrive...
Puis on le sait, là, on va le dire, là, les cyclistes, ça ne fait pas souvent
leur stop, ça ne respecte pas toujours... surtout quand on est en peloton, là.
Puis le ministre des Transports connaît
ça, les pelotons, aime le cyclisme... Puis j'ai passé proche de lui demander
s'il faisait toujours ses stops, mais, par respect, je ne l'ai pas fait, Mme la Présidente. Mais, advenant le cas
que le ministre des Transports est en vélo... puis ça roule, là, à 30, 35, 40 kilomètres-heure, là,
quand on est en peloton, on frappe un piéton, piétonne, mais ils ne sont même
pas soumis à ce projet de loi n° 22. On a dit qu'on était pour le faire dans le
futur, d'étudier, de voir si on était capables de l'ajouter. On a vu cette ouverture-là, mais en
même temps, Mme la Présidente, je pense qu'on aurait pu le faire, d'ores et
déjà, pendant l'étude du projet de loi.
L'autre élément, au niveau des
paiements, de la rémunération quand il y a une indemnisation. Je comprends que
ce sont des actuaires, là, qui le font, ce
calcul-là, mais je vais vous dire une chose, moi qui étais, humblement, bon en
maths, Mme la Présidente, là, puis en
formules, là, puis même en physique aussi, là, quand je voyais les formules, je
regardais mon collègue, je me
disais : C'est toi qui parles, c'est toi qui parles là-dessus, parce qu'on
avait de la difficulté à comprendre. Puis
un projet de loi, là, idéalement, ça devrait être écrit pour le citoyen. Mais
on a eu l'ouverture du ministre des Transports qui a dit : Parfait, on va revoir l'explication, on va garder la
formule, mais on va l'expliquer de meilleure façon, puis il l'a fait.
Alors, bravo ! Je suis
content qu'on ait avancé à ce niveau-là.
Mon
collègue en a parlé aussi, la suspension des permis probatoires des motos pour
facultés affaiblies. Oui, c'est vrai, c'est vrai qu'on demande à nos
jeunes... J'ai eu un adolescent qui a eu son permis de conduire, il était en
période probatoire, il n'avait pas le droit
de prendre de l'alcool, parce que, justement, tu as un autre jouet dans les
mains, Mme la Présidente, puis tu
n'es pas capable de le contrôler encore, alors on évite de prendre de l'alcool.
Et c'est dans la loi, tu ne peux pas
prendre une goutte d'alcool. Cependant, ce qu'on a demandé au ministre des
Transports, c'est que... Bien oui, même
moi, si j'ai 50 ans puis que je décide d'apprendre à conduire une
motocyclette, puis je décide de boire, bien, pour moi, c'est aussi grave, Mme la Présidente. Je n'ai
pas contrôle de mon engin puis je prends de l'alcool, bien, il va être suspendu
seulement s'il se fait prendre pour son
permis probatoire, sur sa motocyclette. Puis en plus, bien, sa suspension, ça
peut être même l'hiver aussi, alors qu'on sait tous que les
motocyclettes sont fermées l'hiver.
Puis moi, j'ai amené
un amendement qui était au niveau des victimes qui... qui prend soin d'une
personne, par exemple, lorsqu'on prend d'une personne, quand tu es victime, il
y a un montant pour une personne, deux personnes, trois personnes, lorsque la victime prend soin de trois personnes et
plus, pour les services de garde, par exemple, s'il doit subir des soins, on arrête à trois personnes,
c'est 410 $. Mais moi, j'ai présenté un amendement, j'ai dit :
Bien là, Mme la Présidente, si
tu as quatre enfants, cinq enfants, six enfants — ça arrive, là, ça
arrive, au Québec, qu'on a plusieurs enfants — on
devrait donner plus d'argent. Malheureusement, le ministre des Transports a
refusé. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, M. le député de Marquette. Et maintenant y a-t-il
d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Alors,
le projet de loi n° 22, Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le Code de la sécurité routière et
d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Et, pour la suite, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Caire :
Oui, Mme la Présidente, je vous
demanderais de suspendre les travaux jusqu'à la tenue des débats de fin
de séance, à 18 h 30.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 18 h 30.
(Suspension de la séance à
17 h 15)
(Reprise à
18 h 30)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Débats
de fin de séance
Et,
conformément à l'ordre spécial, nous allons maintenant procéder au débat de fin
de séance, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de Fabre à la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants concernant le rapport de la coroner Kamel
sur la gestion de la première vague de la pandémie de la COVID-19 dans les
CHSLD.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
Alors, Mme la députée
de Fabre, la parole est à vous pour une durée de cinq minutes.
Mise en oeuvre des recommandations du rapport d'enquête
sur la gestion
de la première vague de la pandémie de COVID-19 dans les CHSLD
Mme
Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, j'ai demandé... ce matin, j'ai posé des questions à la
ministre en revenant sur le rapport de la
coroner. Je vais d'abord débuter en soulignant le travail immense de Me Kamel,
qui a fait un travail titanesque et qui nous
a livré un rapport tout à fait éloquent, pertinent et très, très, très utile
suite à un grand travail qu'elle a effectué. Alors, je veux la remercier
très sincèrement.
Si
je suis revenue ce matin sur le rapport, c'est que, bien sûr, la coroner,
malgré ce travail immense, pose des questions
tout au long de son rapport. Elle pose des questions et elle dit, écrit dans
son rapport et lors de la conférence de presse : Il reste des questions
sans réponse. Il faut un autre tour de roue. Il faut aller plus loin. Et je ne
peux pas concevoir que c'est la fin
du chapitre. Elle l'a écrit. D'ailleurs, je peux le dire. Clairement, dans son
rapport, à la page 121, elle dit : «L'enquête publique a malheureusement soulevé plusieurs questionnements
[...] il m'est difficile d'envisager fermer le chapitre de cette
tragédie sans inviter le gouvernement à faire une rétrospective des événements...»
Alors,
elle a livré 23 recommandations très, très importantes, 23
recommandations. Mais, malgré ces recommandations-là, elle dit : Il faut un tour de roue de plus.
Pourquoi ? Parce que son mandat est
restreint. Elle a enquêté sur 53 décès. Rappelons-nous, il y a eu 5 060 décès d'aînés dans les CHSLD
durant la première et la deuxième vague. Donc, clairement, et c'est la bonne nouvelle, 53 familles ont
eu des réponses grâce à tout son travail, mais plus de 5 000 familles
attendent toujours des réponses.
Qu'est-ce qui s'est vraiment passé durant cette première vague? Alors, quand
elle dit : «Il faut regarder et avoir
l'audace de ce prochain tour de roue», c'est bien au-delà du travail qu'elle a
fait. Et elle le dit en toute humilité, mais c'est une nécessité.
Et
elle n'a pas recommandé, dans son rapport, une commission d'enquête
indépendante. Pourquoi? Et elle l'a dit dans sa conférence de presse, elle a dit : «C'est complètement hors
de mon mandat [...] de recommander une commission d'enquête. Je suis
restée dans le mandat qui m'est dédié.» Elle ne pouvait pas sortir de son
mandat. Elle ne pouvait pas recommander une
commission d'enquête publique indépendante, mais elle a été aussi loin que de
dire : Le travail n'est pas fini.
C'est
la question que j'ai posée ce matin : Au-delà des 23 recommandations, quel
est le prochain tour de roue? Nous, on
demande une commission d'enquête indépendante, et, oui, elle est nécessaire
pour toutes les raisons que je viens d'évoquer.
Maintenant,
qu'est-ce que la ministre a répondu ce matin? La ministre nous a répondu plein
de choses qui n'étaient pas
véritablement des réponses à ma question. Elle a parlé de ce qui s'est fait par
son gouvernement après la deuxième vague, durant la troisième vague et par la suite. Moi, je voulais savoir le
tour de roue, pour avoir des réponses pour les 5 000 familles,
entre le mois de janvier et le mois de mars
2020. C'est ça, la question. Le tour de roue de plus, c'est d'avoir des
réponses pour cette période-là :
Qu'est-ce qui s'est passé? Oui, après, oui, la refondation du réseau de la
santé qui s'en vient. Mais, entre le
mois de janvier et mars 2020, qu'est-ce qui s'est passé? On n'a pas eu
d'information, ce matin, il n'en a pas été question dans les réponses de
la ministre.
Alors,
quand elle nous dit : Bien, le tour de roue, ça va être les
23 recommandations. Non. La coroner nous dit : J'ai 23 recommandations, ça prend un tour de
roue de plus pour un devoir de mémoire, par respect pour toutes ces familles,
ces aînés qui sont morts seuls, seuls, sans
les proches aidants bien souvent. Et, pour ces aînés morts seuls, ces milliers
d'aînés, il faut clairement un devoir de mémoire, il faut un tour de
roue.
Alors,
j'attends. Je viens ce soir parce que j'attends des réponses et non pas ce qui
est venu après, non pas ce qui viendra
bientôt, mais qu'est-ce qui s'est passé durant ces deux mois-là... ces trois
mois-là, janvier à mars 2020, parce que tous les signaux étaient là.
Et,
l'INSPQ, Dr Sauvé — aucun
lien de parenté, en passant — Dr Sauvé
a informé le gouvernement qu'il y avait un grand risque pour les aînés en milieu d'hébergement. Les drapeaux
rouges étaient là. Ça, c'est en février 2020. Et la ministre a admis qu'entre janvier et mars rien n'a
été fait. Et elle n'a même pas lu le plan de pandémie H1N1, qui existe
depuis 2006, elle l'a admis devant la coroner dans son témoignage. Alors, Mme
la Présidente, qu'est-ce que la ministre a fait?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée de Fabre. Et je cède maintenant la parole
à Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants pour une durée
de cinq minutes.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais (Prévost) : Merci,
Mme la Présidente. Pour commencer, comme je le fais à toutes les fois, j'offre
mes plus sincères condoléances aux
familles et aux proches qui vivent, à toutes les fois qu'on parle de cette
situation, un deuil. Le deuil n'est jamais fini. C'est épouvantable,
perdre un proche dans de telles circonstances.
Écoutez,
je suis revenue en politique et, par le passé, je n'avais pas eu la chance de
m'occuper des CHSLD. Ce n'était pas
dans mon mandat, parce que les CHSLD sont à l'intérieur du ministère de la
Santé et des Services sociaux, parce que
ce sont des milieux où on doit donner des soins. J'ai eu la chance de visiter
beaucoup de CHSLD et de voir l'ampleur du
travail qu'on devait mettre de l'avant. Donc, j'avais même pensé à une
politique d'hébergement, avant la pandémie, pensé à conventionner les
CHSLD privés en CHSLD privés conventionnés.
Maintenant,
Mme la Présidente, en toute humilité, j'ai eu la chance d'aller devant la
coroner. C'est un privilège. Je l'ai fait pour les familles, les proches. Je
l'ai fait pour elle aussi, pour son travail. Ma collègue de Fabre disait
«titanesque», oui, c'est un travail
incroyable : 200 témoignages, elle a pris un an et demi pour le
faire. Tout le monde a eu la chance de lui... personnes qui étaient
invitées, de témoigner de ce qui s'était passé.
Souvenez-vous,
au début, les yeux étaient tournés vers l'Europe, on préparerait les hôpitaux.
C'est exactement ce que le Québec a fait. On nous disait que les CHSLD étaient
protégés, ils avaient l'habitude d'avoir des infections. Écoutez, on a pris notre part de blâme, là-dedans, le
gouvernement l'a pris, j'ai pris ma part de blâme. Mais, Mme la Présidente, les
précédents gouvernements, tous les précédents gouvernements ont une part de
blâme, il y a une part de responsabilité.
Ça fait des années
qu'on coupe dans les emplois. Ce n'est pas seulement avec le gouvernement
précédent, c'est arrivé aussi avec un
gouvernement du Parti québécois. On a coupé dans les préposés, dans les
infirmières. On avait coupé, plus
récemment, dans les cliniciens en prévention et contrôle des infections, on
avait coupé aussi en santé publique. On n'avait pas assez rénové de CHSLD : deux, trois personnes par
chambre, et parfois des toilettes trop exiguës pour que les fauteuils roulants puissent aller dans les salles
de bain, des salles de bains partagées. Donc, le virus s'est propagé. On
manquait d'employés, on manquait de 10 000 employés. J'ai eu
la chance de tout raconter ça.
Maintenant,
la coroner a fait des recommandations, tout comme le Vérificateur général, tout
comme le Commissaire à la santé et au
bien-être, tout comme le Protecteur du citoyen, qui nous ont fait des recommandations. Et le tour de roue supplémentaire, c'est de mettre en place le
plus rapidement possible toutes ces recommandations. On a embauché des préposés, on a mis des gestionnaires. Il n'y avait
plus de gestionnaire dans les CHSLD. Comment voulez-vous que les gens soient capables de se diriger à l'intérieur d'une
boîte s'il n'y a pas de patron pour le faire? On a nommé des gestionnaires,
on a formé des champions, on conventionne
les CHSLD actuellement, c'est beaucoup d'argent, les conventionner. On a
soutenu les CHSLD privés, privés, conventionnés, les RPA. On a changé beaucoup
de pratiques. On a déposé la politique en
hébergement, le plan d'action en hébergement. On a augmenté de façon
substantielle les soins et les services à domicile. Et la coroner nous demande aussi de développer les
milieux d'hébergement, parce qu'il y aura toujours, Mme la Présidente, des personnes extrêmement vulnérables qui auront
besoin d'être hébergées. Et elle nous demande de le faire différemment, de le faire différemment. Et différemment,
maintenant, c'est de mettre en place des endroits qui correspondent à la
réalité d'une personne aujourd'hui hébergée ayant des troubles
neurocognitifs majeurs.
• (18 h 40) •
On peut bien
ressasser le passé, mais je crois qu'en tant que membres de la société, toute
la société, on a un devoir de tomber en amour avec ce peuple invisible,
comme je l'ai souvent dit, de visiter nos personnes aînées le plus souvent possible, de ne plus jamais exclure les proches
aidants, ce fut une décision crève-coeur, de ne plus jamais les exclure. Mais
je ne crois pas, sincèrement, que de faire
une grande enquête publique va changer les choses. Ce qu'il faut faire,
maintenant qu'on a eu quatre rapports,
plus un enquêteur du ministère de la Santé, bien, c'est d'aller au plus urgent
et de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus dans nos
milieux de vie.
Mme la
Présidente, je vous remercie de m'avoir écoutée. Et, encore une fois, c'est
probablement l'une des dernières fois que je prends la parole pour
parler d'une passion que j'ai pour les aînés et les proches aidants. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre. Et maintenant je vous cède la parole,
Mme la députée de Fabre, pour votre réplique de deux minutes.
Mme Monique Sauvé
(réplique)
Mme Sauvé : Mme la Présidente,
je suis immensément triste, parce qu'il n'y a toujours pas de réponse pour 5 000 familles qui vivent encore un deuil.
Imaginons des gens de notre famille, des gens que l'on aime, des gens proches
de nous, imaginons ces familles qui n'ont
toujours pas de réponse. On a entendu le bilan politique de la ministre. Ma
question, elle était fort simple pour toutes ces familles. Qu'est-ce
que, elle, comme ministre responsable des Aînés et des Proches aidants des
CHSLD, qu'est-ce qu'elle a fait entre janvier et mars, alors que le
gouvernement savait, qu'elle le savait, qu'elle
n'a pas pris acte, qu'elle n'a pas agi? Quels sont les faits? Non pas dans un
but de procès, Mme la Présidente, mais pour
avoir des réponses, des faits pour toutes ces familles, pour que plus jamais,
pour que plus jamais on ne fasse vivre ça aux aînés.
J'ai lu le
rapport de façon tellement attentive. On revit à chaque fois les histoires
d'horreur de ces aînés qui sont morts
de façon tragique, déshydratés, seuls au monde, dans des conditions inhumaines.
Ce n'est pas vrai qu'on peut mettre ça
de côté. Pour la dignité de ces personnes et de leur famille, pour le devoir de
mémoire, oui, on demande encore une enquête publique, mais surtout on veut ce tour de roue de plus que demande la
coroner pour ces familles qui doivent vivre leur deuil pour la dignité
de nos aînés. On leur doit ça. Dommage. Je suis immensément triste. Merci, Mme
la Présidente.
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Fabre. Alors, ceci met fin à ce
débat de fin de séance.
Et j'ajourne nos travaux au
mercredi 25 mai, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 43)