(Neuf
heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique
Déclarations de députés, nous commençons avec M. le député de Chauveau.
Féliciter le Club Kamentukash
inc., hôte de la coupe
Canada Est, compétition de tir à l'arc
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Du 23 au 26 juin prochain, en partenariat avec
les fédérations canadienne et
québécoise, le club de tir à l'arc Kamentukash, de Loretteville, sera l'hôte de
la première édition de la coupe Canada Est.
Ce tournoi national
de tir à l'arc réunira plus d'une centaine de participants de l'Ontario et des Maritimes.
Les classes de compétition admissibles sont
les classes maître, senior, junior et cadet dans toutes les divisions reconnues
par Tir à l'arc Canada et World Archery, soit tir recourbé, arc à
poulies et arc nu.
Plus
d'une dizaine d'archers du club de tir à l'arc Kamentukash seront présents à
cette activité nationale. Je salue d'ailleurs
Léonard Brisson et son fils Jean-François Thériault, ici présents. Pour eux et
pour tous les autres athlètes, ce sera l'occasion de vivre une
expérience enrichissante et inoubliable.
Merci
au comité organisateur, composé de 11 personnes, qui prépare cette
première édition de la coupe Canada Est. Grâce à vous, la
circonscription de Chauveau rayonnera à l'extérieur du Québec. Merci beaucoup.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner le 40e anniversaire
du Centre d'action bénévole L'Actuel
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Alors, organisme phare
dans la région de Vaudreuil-Soulanges, le Centre d'action bénévole L'Actuel
célèbre cette année son 40e anniversaire.
L'Actuel
offre depuis de nombreuses années des services aux personnes âgées, malades,
convalescentes ou handicapées, ainsi
qu'aux familles et personnes à faibles revenus. L'Actuel est également la
référence en bénévolat dans la région.
Organismes et citoyens peuvent y faire appel lorsqu'ils ont besoin d'un coup de
main.
Installée
dans un petit local de l'avenue Saint-Charles, à Vaudreuil-Dorion, la boutique
friperie fait sa marque grâce à la collecte de dons de vêtements et d'objets.
Au fil des décennies, L'Actuel a su adapter son offre de services, si bien
que les citoyens ont maintenant accès à du
dépannage alimentaire, au transport médical, à une cuisine collective, et j'en
passe. Comme beaucoup d'organismes,
L'Actuel a été durement éprouvé pendant la pandémie mais a tout de même, avec
brio, soutenu ceux qui en avaient le plus besoin.
Au
nom de la population du comté de Vaudreuil, je tiens à remercier toute l'équipe
de L'Actuel et ses nombreux bénévoles,
250 bénévoles. Par votre implication, vous faites une réelle différence
dans la vie des concitoyens et dans toute la communauté. Bon 40e!
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Bourget.
Rendre hommage à M. Jocelyn
Ross, grand chevalier des Chevaliers
de Colomb du conseil de ville d'Anjou n° 5321
M. Richard Campeau
M. Campeau : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je veux souligner l'implication exceptionnelle d'un homme
de coeur dévoué, travaillant, M. Jocelyn Ross.
Depuis
six ans, Jocelyn Ross est un grand chevalier des Chevaliers de Colomb à Anjou,
situé dans le comté de Bourget, et M. Ross a toujours été très
impliqué afin d'apporter son aide bénévolement au niveau de la paroisse.
Soucieux du bien-être et de la santé de tous,
depuis deux ans, il gère la logistique des cérémonies, il s'occupe de toutes
les procédures de protection, périodes de désinfection, respect de
distanciation, assignation des places, avec l'aide des chevaliers.
En octobre dernier, M. Ross a été
nommé trésorier d'état des Chevaliers de Colomb au Québec. Dans cette fonction,
il gère un budget d'environ 2,5 millions, ce qui prend une bonne
organisation et un travail de coordination incroyables.
Merci
sincèrement, Jocelyn, pour ton implication, ton travail exceptionnel, autant
dans le comté de Bourget que partout au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Nous poursuivons avec Mme la députée de Saint-Laurent.
Souligner la Semaine
québécoise des éducatrices
et éducateurs spécialisés
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : M. le Président, je suis
heureuse de souligner la Semaine québécoise des éducatrices et des éducateurs
spécialisés, qui se déroule du 3 au 9 avril.
Ils
sont plus de 16 000 au Québec à oeuvrer auprès d'une clientèle qui a des
besoins plus particuliers et qui ont besoin aussi de soutien. Ils sont
vraiment partout, dans le réseau public, dans le réseau privé et aussi dans le
réseau communautaire et, évidemment, dans le
réseau de la santé et dans un réseau que j'affectionne particulièrement,
l'éducation.
Dans
le réseau de l'éducation, ils sont des membres à part entière des
équipes-écoles. Chaque jour, ils collaborent avec les équipes en place afin de
guider les élèves qui ont des besoins. Ils contribuent au développement de ces
jeunes qui ont des défis particuliers. Ils
sont des facteurs déterminants dans la persévérance scolaire et la réussite
éducative des élèves. Grâce à eux, les difficultés se transforment
souvent en succès et en histoires qu'on désire raconter autour de la table.
À
vous tous, un sincère merci pour votre dévouement et pour chaque jour contribué
à la réussite éducative. Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner la mise en oeuvre du
plan d'action pour la relance
du centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, j'ai eu le plaisir, cette
semaine, en compagnie du ministre régional de la Montérégie, d'annoncer, au nom de la ministre déléguée à
l'Économie, la mise en oeuvre du plan d'action de Saint-Jean-sur-Richelieu
pour relancer son centre-ville.
C'est
tout près de 1 million de dollars qui permettra aux intervenants
économiques, événementiels et touristiques de chez nous d'apporter un nouveau souffle à nos commerçants, à nos
restaurateurs et à nos hôteliers, qui ont souffert et qui ont été fragilisés, ces deux dernières années, par
l'arrêt ou le ralentissement de leurs activités. Et c'est donc pour eux qu'on
finance et qu'on déclenche ce plan d'action de relance, pour revitaliser notre
centre-ville et, par voie de conséquence, les accompagner et les aider,
eux aussi, à se relancer.
Et
je ne suis pas peu fier, parce que, comme pour les programmes d'aide aux
entreprises pendant la pandémie, le programme de relance des
centres-villes est confié au niveau local pour encore mieux s'adapter et
répondre aux besoins régionaux. M. le Président, c'est ça, un gouvernement des
régions. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de
Matane-Matapédia.
Demander l'ajout de la berce
spondyle à la liste
des espèces exotiques envahissantes
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président, la berce du Caucase et la berce
spondyle sont deux plantes toxiques envahissantes. Un simple contact
avec la plante ou la sève peut causer des brûlures cutanées au deuxième degré.
Tandis
que la berce du Caucase est dans la liste des espèces exotiques envahissantes
reconnues dans un programme de lutte au ministère de l'Environnement, la
berce spondyle, elle, n'a pas cette reconnaissance. Cependant, elle est non seulement toxique, mais elle est encore plus
envahissante que la berce du Caucase, avec une production continue de semences
pendant son cycle de vie. De plus, la berce spondyle envahit tous les types de
milieux et détruit la biodiversité. Une intervention méticuleuse, chimique ou
mécanique est obligatoire, puisque les graines peuvent subsister à une très
haute température et dans les déblais et remblais. Aussi, la plante peut
également contaminer le processus de compostage et potentiellement la
biométhanisation.
Pourquoi
je vous parle de ça? De plus en plus présente sur les territoires des MRC
d'Avignon, de La Matanie, de La
Matapédia, de La Mitis et de Rimouski-Neigette, la berce spondyle bouleverse
l'environnement, et la population et ne peut utiliser indéfiniment des
produits chimiques.
Le
ministère de l'Environnement doit rapidement reconnaître la berce spondyle dans
le Programme pour la lutte contre les
plantes exotiques envahissantes. Je fais cette déclaration au nom des citoyens
de chez nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Nous poursuivons avec Mme la
députée de Huntingdon.
Souligner le 50e anniversaire du
Parc Safari
Mme Claire IsaBelle
Mme
IsaBelle : Bonjour, M. le Président. Le Parc Safari de
Hemmingford souligne cette année son 50e anniversaire.
À son
ouverture, en 1972, le Parc Safari constituait la sixième institution au monde
de type safari, soit une nouvelle façon
de découvrir la nature et les animaux, puisque la majorité de ces derniers se
retrouvent libres dans un environnement naturel.
Le Parc Safari constitue le plus grand attrait
touristique de toute la Montérégie. À ce sujet, depuis son ouverture, 15 millions de visiteurs ont franchi les
portes du Parc Safari. Soulignons qu'outre son attrait touristique le Parc
Safari poursuit une mission
récréoéducative auprès de ses visiteurs et participe à des programmes de
conservation des espèces animales en danger.
Félicitations à la famille Ranger pour son
travail acharné afin de faire du Parc Safari un lieu de regroupement familial,
voire de grandes découvertes.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Déplorer le manque d'actions du gouvernement en
matière de lutte aux changements climatiques
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : M. le Président, je veux vous partager aujourd'hui
la colère et le désespoir des citoyens qui se fendent en quatre depuis des années déjà pour réduire leur
empreinte environnementale et qui ne comprennent pas pourquoi leur
gouvernement abandonne la lutte aux changements climatiques.
Rapport après
rapport, les experts du monde entier sont extrêmement clairs : il faut
réduire au moins de moitié nos émissions de GES d'ici 2030 pour éviter
le pire de la crise climatique. Les groupes de travail mandatés par le
ministère de l'Environnement pour préparer
un plan ont dit qu'on avait le potentiel d'atteindre et de dépasser nos cibles,
mais, après avoir rejeté plusieurs de
leurs solutions, le ministre nous dit cette semaine que c'est impossible
d'atteindre 50 % et qu'il aura de la misère à atteindre 37 %.
Pour les
citoyens qui sont en action partout au Québec, c'est vraiment choquant de se
faire dire que c'est impossible, surtout après avoir vu le gouvernement
rejeter des propositions aussi concrètes que de devancer la fin de la vente des
véhicules neufs à essence, de se donner une
vraie cible d'autonomie alimentaire ou d'autoriser des projets d'aires
protégées. On mérite un gouvernement qui prend la crise au sérieux, M.
le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Portneuf.
Saluer l'initiative d'aide humanitaire menée par le jeune Maxime
Raymond
pour les victimes du conflit en Ukraine
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci, M. le
Président. J'aimerais témoigner ici d'une initiative qui a été prise par un
jeune de ma circonscription et qui, je dois
le dire, m'emplit d'un immense sentiment de fierté. Ce jeune, c'est Maxime
Raymond, un élève de 13 ans de l'école secondaire de Donnacona.
Touché par
les dramatiques événements qui se déroulent présentement à l'est de l'Europe,
il s'est relevé les manches et a lancé, au sein de son établissement scolaire,
une collecte de fonds. La population et de nombreuses entreprises ont
ainsi remis du matériel de premiers soins,
des pansements, des médicaments, des couches, du lait en poudre. Tous ces dons
seront acheminés par avion en Pologne et vont profiter aux personnes
touchées par le conflit en Ukraine.
Je salue
l'initiative de Maxime ainsi que tous celles et ceux qui ont contribué à ce bel
élan de solidarité. Maxime nous prouve
à tous que, par de petits gestes, on peut opérer le plus grand bien, même à
l'autre bout d'un océan, même à des personnes que l'on ne connaît pas.
Merci et
bravo, Maxime! Le Québec peut être fier de tous ces jeunes qui se lèvent pour
que notre monde soit un peu meilleur.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. François Letendre pour
avoir porté secours à un collègue de travail
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : Bonjour.
Aujourd'hui, je tenais à rendre hommage à M. François Letendre, nouveau
résident de La Tuque et nouvel employé, nouveau travailleur à
l'usine WestRock.
Dans son cas, la célèbre citation «il
n'y a pas de hasard» pourrait être de mise, dans les circonstances. À peine
arrivé, en février 2022, voilà que M. Letendre intervient pour sauver
un collègue de travail d'un accident qui aurait pu lui coûter la vie.
En
certaines circonstances, une personne qui se qualifie d'ordinaire devient
extraordinaire, et c'est exactement ce qui
s'est passé, le 16 mars 2022. Grâce à son sang-froid et à sa rapidité
d'action, François Letendre a réussi à retenir son collègue, Alain Grenier, l'empêchant de faire
une chute, car il avait le pied enroulé dans un câble en traction, et d'être
entraîné jusqu'au cuvier de la machine à papier. C'est sa botte qui a
été arrachée.
Cette
action a un impact sur Alain Grenier et sa famille mais aussi sur
l'atmosphère de travail et l'esprit d'équipe de l'entreprise. Merci, en
mon nom personnel et au nom de tes collègues de travail.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 3)
Le Président :
Mmes, MM. les députés,
laissez-moi vous souhaiter un bon mercredi, une bonne journée. Prenons
quelques secondes pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. M. le Président, je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 32
Le Président :
Et, à l'article a du
feuilleton, Mme la ministre de l'Enseignement supérieur présente le projet de
loi n° 32, Loi sur la liberté académique dans le
milieu universitaire. Mme la ministre.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Merci, M. le Président.
Alors, je veux simplement saluer, dans les tribunes, les membres de la
commission sur la liberté académique qui sont présents aujourd'hui avec nous.
M. le Président, ce
projet de loi a pour objet de reconnaître, de promouvoir et de protéger la
liberté académique universitaire afin de favoriser la réalisation de la mission
des établissements d'enseignement de niveau universitaire.
À cette fin, le
projet de loi définit le droit à la liberté académique universitaire comme le
droit de toute personne d'exercer librement
et sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale une activité par laquelle
elle contribue, dans son domaine d'activité, à l'accomplissement de la
mission d'un tel établissement d'enseignement.
De
plus, le projet de loi oblige ces établissements d'enseignement à adopter une
politique portant exclusivement sur la
liberté académique universitaire et précise les principaux éléments que doit
prévoir cette politique, notamment la constitution et la composition d'un
conseil ayant pour principales fonctions de surveiller la mise en oeuvre de la
politique, d'examiner les plaintes
portant sur une atteinte au droit à la liberté académique universitaire et, le
cas échéant, de formuler des recommandations concernant ces plaintes ou
sur toute autre question relative à la liberté académique universitaire.
Le
projet de loi prévoit aussi que ces établissements d'enseignement doivent
nommer un responsable de la liberté académique universitaire chargé
notamment de la mise en oeuvre de la politique.
Le
projet de loi accorde au ministre responsable de l'Enseignement supérieur le pouvoir
d'ordonner à un établissement d'enseignement
de prévoir dans sa politique tout élément qu'il indique ainsi que celui de
faire apporter des correctifs à la politique d'un établissement qui ne serait
pas conforme.
Enfin, le projet de
loi établit des modalités de reddition de comptes auprès du ministre, du
gouvernement et de l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi? Adopté. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. J'aimerais demander au leader du
gouvernement de s'engager à tenir des consultations
particulières sur ce projet de loi, et ce, avant la tenue du principe, comme il
est de coutume ici. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Alors,
M. le Président, on peut recevoir les groupes des oppositions. Et, vous savez,
on a toujours le loisir de tenir des consultations avant ou après le
principe, M. le Président.
Dépôt
de documents
Le
Président : Nous passons à
la rubrique Dépôt de documents. Mme la ministre de la Culture et des
Communications.
Plan
stratégique 2019-2023 du ministère
de la Cuture et des Communications
Mme Roy : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, je
dépose la révision de mars 2022 du plan stratégique 2019‑2023 du
ministère de la Culture et des Communications. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une pétition
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose la réponse du
gouvernement à la pétition présentée en Chambre le 17 février 2022
par la députée d'Iberville. Merci.
Le Président : Et ce document est
également déposé.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
et député de Masson.
Étude
détaillée du projet de loi n° 21
M. Lemay : Alors, M. le Président, je dépose le rapport de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles qui, les 22, 23, 29, 30 et 31 mars ainsi que le 5 avril
2022, a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi n° 21, la Loi
visant principalement à mettre fin à la recherche et à la production
d'hydrocarbures ainsi qu'au financement public de ces activités. La
commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Le
Président : Merci. Ce
rapport est déposé. M. le président de la Commission des finances publiques et
député de Montmorency.
Poursuite
du débat sur le discours sur le budget
M. Simard : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de
la Commission des finances publiques qui, le 31 mars et le 5 avril
derniers, a siégé afin de procéder à la poursuite du débat sur le discours du
budget. Je vous remercie.
Le
Président : Merci. Ce rapport
est également déposé. M. le président de la Commission des institutions et
député de Richmond.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 29
M. Bachand : Merci beaucoup, M.
le Président. Je dépose le rapport de la Commission des institutions qui, le 5 avril 2022, a tenu des auditions publiques
dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 29, Loi
visant à faciliter le déroulement des prochaines élections générales au Québec.
Le Président : Merci. Ce rapport est
également déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Vimont.
Préserver
le boisé d'Auteuil, à Laval
M. Rousselle : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 262 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits évoqués sont les suivants :
«Considérant
qu'un boisé est indispensable pour lutter contre les îlots de chaleur;
«Considérant que la
ville de Laval a autorisé l'acquisition de plusieurs lots afin de conserver le
boisé d'Auteuil;
«Considérant
que les lots 1-178-713, 6-328-700 et 6-328-702 demeurent en vente par son
propriétaire et que le zonage de ceux-ci prévoit la construction de
maisons;
«Considérant
que les lots 1-619-350, 1-619-351, 1-619-352, 1-619-353, 1-619-354
appartiennent à une entreprise et que le zonage de ceux-ci peut
permettre la construction de maisons;
«Considérant que ce
boisé est un écosystème naturel qui sert d'habitat privilégié pour la faune et
la flore;
«Considérant qu'un
projet domiciliaire entraînerait une pression néfaste pour la nature des lots
mentionnés;
«Considérant que
Canopée a répertorié le boisé d'Auteuil comme étant un des 30 boisés d'intérêt
de Laval;
«Considérant
que ce boisé est au coeur du quartier depuis plus de 25 ans et qu'il est
utilisé par les citoyens du quartier et d'ailleurs, afin d'y pratiquer
diverses activités sportives;
«Considérant qu'un
sondage a [...] mené et que 92 % des citoyens désirent conserver le boisé
tel quel;
«Considérant que ce
boisé constitue une richesse pour tous;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«Qu'il
demande à la ville de Laval d'entreprendre immédiatement les démarches pour
préserver ce secteur incluant les lots privés;
«Qu'il aide la ville
de Laval à se porter acquéreur des lots appartenant aux entreprises privées;
«Qu'il demande à la
ville de Laval d'assurer la survie du boisé avec un suivi périodique.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
• (10 h 10) •
Le
Président : Et cet extrait de pétition est donc déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, on va vouloir essayer de comprendre ce
qui s'est passé avec Herron. Hier, le
premier ministre nous a dit, à la question que je lui ai posée, qu'il ne savait
pas la situation avant le 10 avril.
Le
13 avril 2020, à la question de la journaliste Marie-Michèle Sioui à
savoir s'il savait avant le 10 avril, la réponse du premier
ministre a été de dire qu'il savait depuis déjà un certain nombre de jours.
La question que je
lui pose : Quand a-t-il appris ce qui se passait chez Herron?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on se
souvient tous qu'au mois de mars 2020 il manquait d'employés dans
plusieurs CHSLD. On parlait même, là, de 10 000 employés qui
manquaient. Et, M. le Président, ce qui a été dit aux P.D.G. de CISSS et de CIUSSS, c'est : S'il vous plaît,
essayez d'envoyer tous les employés que vous êtes capables d'envoyer. De l'autre côté, on a ouvert un site, Je contribue,
puis je veux en profiter encore pour remercier les Québécois qui ont accepté — puis
il y a des députés parmi ceux-là — de venir travailler, il y en a eu plus de
10 000. On a aussi fait venir 1 000 soldats,
puis, en parallèle, on a formé 10 000 employés avec des cours
accélérés pour devenir préposés aux bénéficiaires.
Donc,
M. le Président, oui, on savait qu'il manquait des employés. Mais, dans le cas
du CHSLD Herron, c'était très clair, on a reçu un courriel, le 30 mars, où
le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île nous a dit : On s'en occupe, on prend ça en
charge.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, est-ce
que le premier ministre est en train de me dire qu'il savait que ce courriel
avait été reçu depuis le 30 mars, qu'il
l'avait en sa possession et qu'il l'avait bien lu, il était informé de ce qui
était dans ce courriel-là?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M.
le Président, soyons bien clairs. Quand je dis qu'on savait, ce que je comprends,
la ministre de la Santé de l'époque et la ministre des Aînés ont eu ce
courriel. Moi, je n'ai pas eu, personnellement, ce courriel. Je comprends des discussions qu'on a eues autour de
la table... Puis je le rappelle, là, on se réunissait à tous les jours, même
parfois plusieurs fois par jour, et on
regardait tous les CHSLD où il manquait du personnel, puis on s'assurait, avec
les CISSS puis les CIUSSS, d'essayer
le plus possible de régler le dossier. Mais, M. le Président, d'aller dire,
comme le prétend la cheffe de l'opposition...
Le Président : En terminant.
M. Legault : Je reviendrai.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Le
premier ministre ne répond pas à la question. Il nous dit : Les ministres
sont au courant à partir du 30 mars. Il dit : Moi, je l'ai su...
Hier, il m'a dit : Moi, je l'ai su le 10 avril. Pourtant, dans une
réponse à la journaliste Marie-Michèle Sioui, il dit que ça fait déjà un
certain nombre de jours qu'il est au courant.
Je répète ma question : Quand est-ce qu'il
a été mis au courant?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît! M.
le premier ministre. Vous êtes le seul à avoir la parole.
M. François
Legault
M. Legault : M.
le Président, à chaque matin on regardait la liste des CHSLD un par un, et il
manquait beaucoup d'employés dans beaucoup de CHSLD.
Maintenant,
quand la cheffe de l'opposition officielle dit que les ministres ou moi, on
savait, le 30 mars, qu'il y avait des personnes qui n'étaient pas
nourries puis qui mouraient au CHSLD Herron, bien, je m'excuse, là, ce n'est
pas vrai.
Le Président : Faites
attention, encore une fois, dans les termes utilisés. Vous le savez fort bien.
Le sujet est légitime, on est attentifs aux questions et réponses. Mme
la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Le
premier ministre aime dire qu'il est en charge de tout, mais en fait il n'est
responsable de rien. C'est ça qu'il est en train de nous dire?
Dans sa
déclaration à la journaliste Marie-Michèle Sioui, il a dit la chose suivante,
il a dit qu'il savait depuis un certain
nombre de jours, et je le cite, qu'il
y avait des gens qui étaient atteints
de la COVID et même qu'ils étaient décédés. C'est ça qu'il a dit à la
journaliste.
Quelle est la vraie version de l'histoire? Quand
a-t-il su pour Herron?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M.
le Président, effectivement, il y en a qui disent que j'ai une gestion... en
anglais on dit «hands-on», mais, M.
le Président, il y a 1 600 établissements dans le réseau de la santé,
honnêtement, là, ce n'est pas moi qui gère chacun des établissements du réseau de la santé. Par
contre, par contre, M. le Président, on a des P.D.G. de CISSS et de CIUSSS
qui sont responsables d'un certain nombre
d'établissements, puis notre contact, là, c'est comme une pyramide, c'est de
parler avec les P.D.G. des CISSS et des CIUSSS. C'est ça, la bonne gestion.
C'est ça, la décentralisation.
Le Président : Question principale,
Mme la députée de Fabre.
Gestion
de la pandémie de coronavirus dans
les résidences pour personnes âgées
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M.
le Président, dossier Herron, hier, la ministre a dit qu'elle a fait tout ce
qu'elle était capable de faire.
Aujourd'hui, je lui demande ce qu'elle a fait entre le 29 mars et le
10 avril. 29 mars, quand elle a su qu'il y avait 154 aînés
laissés à eux-mêmes,
sans personnel pour s'occuper d'eux, qu'est-ce qu'elle a fait? 7 avril,
quand sa sous-ministre adjointe dit
qu'elle craignait toujours pour la sécurité des résidents, qu'est-ce qu'elle a
fait après? 30 mars, quand elle s'est assise devant le premier
ministre, à la cellule de crise, est-ce qu'elle lui en a parlé? Si oui,
qu'est-ce qu'elle lui a dit?
M.
le Président, on sait que la ministre demande régulièrement des états de
situation, elle l'a dit devant la coroner. Alors, je lui demande : Pour Herron, est-ce qu'elle a demandé des
états de situation le 29 mars, au moment où elle l'a appris, le 30, le 31, le 1er avril et tous les jours
qui ont suivi? Est-ce que la ministre peut nous les déposer ici aujourd'hui, en
Chambre?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, il faut se remettre dans le contexte, avec des yeux de 2020. Je
répète ce que j'ai dit hier : Le
29 ou le 30 mars, il y avait 25 milieux de vie où il y avait des
éclosions. Le 10 avril, il y en avait 274. On recevait des tonnes d'états de situation, de courriels. Il manquait
de personnel, le feu était partout. On demandait aux CISSS et aux CIUSSS d'aller prêter main-forte dans
nos milieux privés. C'est ça qu'on faisait. Puis, encore aujourd'hui,
quand il manque de personnel, on demande aux CISSS et aux CIUSSS d'aller prêter
main-forte. On savait, le 30 mars, qu'il
y avait une difficulté au niveau du personnel, mais on a été rassurés, je le
répète, là, de savoir par un courriel que le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal prenait en charge le CHSLD pour
rectifier la situation et former le personnel. C'est ça que j'ai reçu
comme courriel.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, beaucoup
de questions et bien peu de réponses. Une employée politique qui travaillait dans l'entourage de la ministre au printemps 2020
a dit : «"Ça allait dans la direction qu'on pensait que ça
irait", au CHSLD Herron, c'est-à-dire mal...» M. le Président, le
cabinet de la ministre savait que ça irait mal.
Quelles actions la
ministre a posées, et quels gestes a faits la ministre pour corriger la
situation?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, personne ne connaissait la COVID. C'est
entré par les grandes portes...
Des voix : ...
Mme Blais (Prévost) : Non,
à l'époque... Non, non, c'est important de remettre les choses en perspective,
dans le contexte. En 10 jours, on est passés de 25 à 274 milieux de vie avec
des éclosions. Le feu était partout. Il manquait de personnel partout. Il en
manquait 10 000 avant, il en a manqué 10 000 parce que les gens ont
été malades. Ce n'est pas pour rien
qu'on a mis en place le programme Je contribue. Ce n'est pas pour rien que la
Croix-Rouge est venue, que des bénévoles sont venus prêter main-forte,
parce qu'il manquait de personnel, M. le Président.
• (10 h 20) •
Le
Président : Deuxième complémentaire. La parole à la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, en août
2020, en étude de crédits, j'ai demandé à la ministre : C'est qui, le boss
des CHSLD? Elle a répondu :
C'est moi. La ministre a un rendez-vous avec la responsabilité ministérielle.
Depuis des mois, c'est la faute des
uns, c'est la faute des autres, mais jamais elle n'avoue sa part de
responsabilité. Depuis des jours, elle met la table à ce que la CAQ fait
de mieux : blâmer les autres.
Des voix : ...
Le Président :
Mme la ministre... S'il vous
plaît! Sujet important, questions et réponses, tous et toutes sont très
attentifs et attentives. Mme la ministre.
Mme Marguerite Blais
Mme
Blais (Prévost) : M. le
Président, les premiers mots que j'ai mentionnés, quand j'étais devant la
coroner — d'ailleurs,
on attend son rapport, c'est elle qui enquête, actuellement, sur le CHSLD
Herron et tous les autres éléments
qui se sont produits — une
des choses que j'ai dites, c'est que... vous savez, M. le Président, j'ai
mentionné que je prenais mes responsabilités.
J'ai dit aussi que j'étais là parce que je le devais aux aînés, aux familles,
que je le devais aussi
à l'enquête. J'ai pris mes responsabilités, M. le Président. Jamais je n'ai dit
que je n'avais pas pris ces responsabilités. Mais, quand on reçoit un
courriel qui nous indique qu'on prend en charge un CHSLD privé, bien, je crois
la présidente.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Fabre.
Gestion de la pandémie de COVID-19 dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, chose
certaine, c'est que, si on n'a pas encore de réponse aujourd'hui, peut-être que
l'ex-ministre de la Santé pourra nous en donner.
M.
le Président, la semaine dernière, il y a eu trois journalistes de La Presse
qui publiaient un livre sur la gestion de crise dans les CHSLD. On apprenait alors, de l'aveu même du conseiller
politique du premier ministre, que le gouvernement avait tardé à appeler
l'armée en renfort dans les CHSLD parce que c'était une sorte d'humiliation.
Hier,
Radio-Canada, on apprend que la ministre des Aînés, sa chef de
cabinet, sa sous-ministre adjointe et la ministre de la Santé savaient... 12 jours avant que l'histoire
du CHSLD Herron n'éclate au grand jour, qu'elles savaient que la sécurité
de 154 aînés était en danger. Nous avons
maintenant une preuve écrite que toutes ces personnes qui étaient assises tous
les matins, là, en face du premier ministre, sur la cellule de crise,
savaient.
M.
le Président, là, qu'allons-nous apprendre la semaine prochaine? Un document de
plus? Un courriel de plus? Un témoignage de plus? Qu'est-ce que les
familles vont apprendre encore la semaine prochaine?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, il n'y a pas un ministre qui laisserait une situation aussi
dramatique se produire. C'est une tragédie, ce qui s'est passé à Herron.
C'est une tragédie, ce qui s'est passé à Herron. On ne veut plus que cela se produise. Puis on a même adopté, hier, un
projet de loi pour contrer la maltraitance, pour donner des leviers
juridiques...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Blais
(Prévost) : ...pour donner des leviers juridiques aux CISSS, et aux
CIUSSS, et au ministère de la Santé pour
être en mesure de faire immédiatement une tutelle provisoire, justement pour
que ces situations ne se reproduisent plus.
Le Président :
Première complémentaire, M. le
député de Marquette. Encore une fois, votre collaboration, elle est
appréciée.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, voici la réalité qu'ont vécue certains de mes citoyens
lors de ce scandale : un homme n'avait pas bu pendant 10 jours, avec sa
langue gercée et des joues pleines d'ulcères; une dame avait des selles jusque
dans le cou; un résident avait trois
culottes d'incontinence, toutes brunes, avec du vomi séché dans la bouche qui
l'empêchait de parler; un centenaire avait le visage bleu, inconscient
et laissé seul pendant des jours, en hypothermie, et j'en passe.
Ce qui est clair,
c'est que la ministre n'a fait aucun suivi après que son équipe lui ait lancé
des signaux d'alarme. Pourquoi?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, c'est une tragédie, ce qui s'est passé à Herron. Et toutes nos
pensées, là, toutes les personnes
ici, là, au salon bleu, sont tournées vers les familles, vers les proches qui
ont perdu une personne âgée dans des situations absolument
catastrophiques.
En
mon âme et conscience, M. le Président, je ne savais pas ce qui se passait de
cette manière-là dans le CHSLD Herron. Je n'aurais jamais été... Je n'aurais
jamais accepté, ni la ministre de la Santé ni personne dans un gouvernement,
laissé se produire une telle situation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Marquette est une communauté tissée serré qui a dû regarder,
impuissante, des sacs noirs sortir un après
l'autre du CHSLD sans comprendre, sans avoir aucune réponse. Pour répondre à
ça, le premier ministre a fait ce qu'il fait de mieux, il a pitché la
P.D.G. du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île en dessous de l'autobus, hier, pour
justifier son...
Des voix : ...
Le Président :
Je pense qu'il faut faire... Il
faut être très prudents dans les termes et les images que l'on emploie.
Question de...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Le choix des mots est important.
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, question
de règlement, article 35. Il n'y a pas de mot pour décrire les propos
que le député de Marquette vient de tenir. Il prend l'image d'une infraction
criminelle et il prête ça au premier ministre, M. le Président. C'est
totalement inacceptable.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! On ne fera pas... Je
pense... Je comprends, M. le leader du gouvernement,
merci. On ne fera pas un débat sur le fond, on est sur une question de
règlement. Rapidement, en réplique, parce que la décision... j'ai déjà
indiqué la façon de procéder, bien sûr. M. le leader de l'opposition
officielle, vitement.
M. Fortin : Une infraction criminelle? On est rendus loin, là, M. le Président, dans
les façons qu'on s'interpelle ici, en Chambre. Tout ce qu'il a dit, là, c'est
une expression pour dire qu'ils essaient de mettre le blâme sur quelqu'un
d'autre, rien de plus.
Le
Président : Et moi, je vais vous demander...
Des voix : ...
Le
Président : Non,
merci, c'est suffisant. Moi, je vais vous demander d'être prudents, dans des
contextes et des dossiers aussi importants, d'être prudents, tout le monde,
dans le choix des mots. Je veux maintenant revenir à la période de
questions et de réponses. Vous poursuivez, il vous reste 14 secondes, M.
le député de Marquette.
M. Ciccone : C'est toujours la faute des autres, M. le Président. Un premier ministre
doit être un leader, et, force est de constater, on est très loin de ça,
dans ce dossier.
Est-ce que le premier
ministre connaît le principe d'imputabilité?
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : En réponse, M. le
Président, est-ce que vous pensez qu'il
y a quelqu'un en cette Chambre qui
connaît plus le principe d'imputabilité?
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le Président :
Non, non, vous vous adressez à la
présidence, puis tous ces... Tout le monde, là, c'est correct, vous vous adressez à la présidence. On poursuit de
bonne façon, on est attentifs, le sujet est important. M. le leader du
gouvernement, en réponse.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, pensez-vous que quelqu'un en cette Chambre connaît plus le
principe d'imputabilité relativement à la responsabilité
que le premier ministre, M. le Président? Le premier ministre, à tous les jours,
durant l'année 2020‑2021, était en conférence de presse ou ici, au salon
bleu, à répondre à tous les Québécois. Il a travaillé jour, après-midi, nuit, il a passé des nuits
blanches, M. le Président, pour faire en sorte que le système de santé
fonctionne, pour faire en sorte de lutter sans relâche contre la pandémie, pour
minimiser le plus possible, M. le Président...
Des voix : ...
Le Président : S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
Ça
fait du bien, je vous remercie. Tous, s'il vous plaît, encore une fois, je le
rappelle, vous le savez, c'est un sujet important. Vos questions sont importantes, les réponses sont
importantes. Vous le souhaitez, vous souhaitez voir et entendre tout ce
qui se dit. Je vous demande de collaborer et d'être attentifs à ces échanges,
s'il vous plaît. Il reste 10 secondes. M. le leader du gouvernement, en réponse
à la question.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, c'est facile pour les oppositions, après coup... Ils n'ont
pas eu à gérer ça, M. le Président. Et
l'ensemble du gouvernement, M. le Président, a été mobilisé pour lutter contre
un virus et sauver les vies, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Joliette.
Principe de responsabilité ministérielle
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
J'aimerais vous lire, M. le Président, un petit extrait d'un livre qu'on
connaît bien, La procédure parlementaire
du Québec, sur la responsabilité
ministérielle : «Selon [ce] principe[...], un ministre est responsable
devant [l'Assemblée] non seulement de
ses propres actions, mais aussi de celles des fonctionnaires de son ministère.»
Donc, ici, qu'importe ce que la ministre
des Aînés a fait ou, plutôt, pas fait, la ministre devrait assumer l'entièreté
de la responsabilité de ce qui s'est passé dans les institutions sous
son autorité.
On est loin du
compte. Depuis hier, malgré les nouvelles révélations explosives, la ministre
n'assume aucune responsabilité. Mais, pire, elle n'assume même pas la
responsabilité de sa propre inaction. Vous vous imaginez, vous, M. le Président, vous recevez à 1 heure du
matin un courriel intitulé Urgent, et, ce que vous faites, vous décidez
que vous vous accrochez à une phrase qui dit : «Le CHSLD est pris
en charge par le CIUSSS», vous ne prenez pas le téléphone?
À
quoi ça sert d'être ministre, si, quand il y a une crise, on n'est même pas
capable de bouger et de prendre le téléphone?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît! Il y a un échange, actuellement,
entre le troisième groupe d'opposition et le gouvernement, alors il faut
respecter cet échange également, questions comme réponses. Mme la ministre.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, je viens de dire, juste avant, dans cette Chambre, que j'avais
mentionné à la coroner que je prenais mes responsabilités. Je l'ai dit
puis je le redis, je les prends, ces responsabilités.
Maintenant, il y a
des CISSS et des CIUSSS puis il y a des P.D.G. pour exécuter les tâches...
Des voix : ...
Mme Blais (Prévost) : Non,
mais c'est comme ça. Ils prennent en charge... Écoutez, quand on reçoit le
courriel et que c'est écrit... c'est un CHSLD privé non conventionné : «Le
CIUSSS va prendre en charge le CHSLD pour donner les services, le temps de
ramener la situation et de former le personnel», alors la ministre, là, elle se
dit que le travail se fait correctement.
Parce que ça s'est passé dans d'autres établissements, là. Le 10 avril, il
y avait 274 établissements, milieux de vie avec des éclosions, et les CISSS et les CIUSSS allaient prêter
main-forte. Je m'assurais que le travail était fait, mais c'est ça,
la... c'est ça qui s'est passé, là, M. le Président, là, j'avais ce courriel
comme quoi le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal prenait en charge le CHSLD
privé Herron.
• (10 h 30) •
Le
Président : Première complémentaire...
Des voix : ...
Le Président :
L'échange est entre le troisième
groupe d'opposition et le gouvernement, et la parole n'appartient qu'à
la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
M. le Président, je suis désolée de le dire comme ça, mais c'est
complètement consternant, ça dépasse
l'entendement. Vous êtes alerté à 1 heure du matin : Urgent, crise
potentielle, il n'y a plus de gens pour s'occuper de personne dans un CHSLD. C'est votre
responsabilité. Le lendemain, vous ne prenez pas le téléphone, vous
dites : Aïe! tout est beau, il y a quelqu'un qui prend ça en
charge.
Moi,
je le sais, que la ministre, elle a du coeur. Ce n'est pas ça qui est en cause.
Elle a visité 100 CHSLD, elle a dit que c'était important, les
aînés. Mais à quoi ça sert, tout ça, si on n'assume pas nos responsabilités
comme ministre?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, j'ai assumé mes responsabilités, j'ai
assumé mes responsabilités. L'ex-ministre de la Santé a assumé ses
responsabilités. Le ministre de la Santé assume ses responsabilités. À
l'époque, il manquait déjà
10 000 préposés aux bénéficiaires dans les établissements, il
manquait de personnel partout. On était au feu. On a essayé d'envoyer, par le biais des établissements, des CISSS et des
CIUSSS, du personnel dans nos milieux de vie pour être capables de combler la rareté du personnel. Alors, on a même
mis en place Je contribue, on a formé des préposés aux bénéficiaires, on
a fait appel à la Croix-Rouge, à l'armée. J'ai pris mes responsabilités.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique
Hivon
Mme Hivon : C'est
très troublant, ce qu'on vit depuis hier, M. le Président, parce que c'est
comme si le principe de
responsabilité ministérielle, qui est au coeur de nos institutions
démocratiques, il éclatait complètement, on le mettait d'un côté, on ne s'en préoccupait plus. Qu'est-ce
que ça veut dire, ça, pour nos institutions, quand il y a une crise aussi grave,
que la ministre responsable a été alertée, et qu'elle n'a rien fait, et, pire,
qu'elle n'assume pas la responsabilité?
Qu'est-ce qu'elle a fait? Est-ce qu'elle peut
nous le dire, ce qu'elle a fait le 1er, le 2, le 3, le 4, jusqu'au
10 avril, à part dire : Tout est beau, il y a quelqu'un qui s'en
occupe?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés...
Des voix : ...
Le
Président : Encore une fois, votre attention. Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants, la parole vous appartient.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, il faut se remettre dans le
contexte de 2020, là. J'aimerais ça qu'on regarde dans le contexte de
2020, là. Il y avait plusieurs établissements où il y avait des éclosions, où
il y avait un manque de personnel. On
regardait à tous les jours l'état des situations. On essayait d'envoyer du
personnel, d'en former, d'embaucher des bénévoles, d'embaucher du
personnel. C'est ça qu'on a fait.
Pendant des
années, il a manqué de personnel dans nos CHSLD. J'ai dit à la coroner, en
plus, que l'angle mort des CHSLD, c'était le peuple invisible dans nos
CHSLD. Heureusement qu'on est en train de rectifier le tir.
Le Président : Question principale, M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
Orientations gouvernementales en matière d'environnement
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Hier, le premier ministre
et moi, on a parlé d'environnement, et ce que j'ai retenu, dans notre échange, c'est que lui et moi, on a des visions
très différentes de l'avenir du Québec. Pour moi, pour Québec solidaire, pour la majorité des gens au
Québec, je pense, le Québec doit changer, le Québec doit prendre au plus vite
le grand virage qu'on aurait dû prendre il y a des années, on n'a plus une
seule seconde à perdre. Le premier ministre, lui, il est bloqué à une autre époque, l'époque où on pouvait construire
des autoroutes à perte de vue sans jamais se poser de question sur l'étalement urbain, sur les terres
agricoles, c'est ça qu'il fait avec le troisième lien, l'époque où on ajustait
à la baisse les règles environnementales pour satisfaire les grosses compagnies
étrangères, c'est ça qu'il fait en permettant cinq fois plus de nickel dans l'air, l'époque où on freinait des projets
de transport en commun en prétextant que c'est une guerre contre les voitures, c'est ce qu'a fait le
premier ministre et son gouvernement dans le dossier du tramway de Québec.
Aujourd'hui,
il y a un conseil des ministres. Aujourd'hui, le premier ministre doit choisir
son camp. Il doit dire à la jeunesse du Québec c'est quoi, l'avenir
qu'il leur prépare.
J'ai deux questions
pour lui, très simples, ce matin : Est-ce qu'il va donner son feu vert
sans condition, sans condition, au tramway de Québec? Et est-ce qu'il va
reculer et mettre, comme il se doit, la qualité de l'air que les Québécois
respirent avant les profits des multinationales?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, ce matin, le chef de Québec
solidaire est allé à un point de presse et a dit haut et fort, à quelques reprises, que je suis un lâche. On est
rendus là, M. le Président, on est rendus là. Ça, c'est la nouvelle façon de
Québec solidaire de faire de la politique, de dire que le premier ministre est
un lâche.
Là, aujourd'hui, il vient nous
dire : Est-ce qu'il y aura une condition pour le tramway de Québec? Ce que
je dis puis ce qu'on dit depuis des
semaines, c'est que les décrets vont être accordés, pour le tramway, mais ce
qu'on souhaite, c'est d'avoir une
acceptabilité sociale. Comment Québec solidaire peut être contre le fait que, quand
on fait un grand projet, on devrait
s'assurer que les citoyens soient d'accord? À un moment donné, là, quand on est
ici, à l'Assemblée nationale, on n'est pas ici pour défendre des lobbys,
on n'est pas ici pour défendre des dogmes, on est ici pour représenter les
citoyens.
Puis
on a une députée, là, qui dit que c'est passé date, qui est d'accord pour du
transport collectif centre-ville à centre-ville dans un tunnel. Bon, je
sais que le chef n'est pas d'accord avec sa députée, mais, M. le Président, je
pense qu'il y a devant nous un jeune politicien qui fait de la vieille
politique.
Le
Président : M. le chef du deuxième groupe d'opposition, en
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : M. le Président, on va mettre les choses au
clair. Je n'ai jamais eu comme intention de faire une attaque personnelle, ce
matin. Je trouve que le premier ministre manque de courage et de leadership
dans le dossier du CHSLD...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Nous n'avons pas besoin de ça. On continue dans une période de
questions, questions et réponses, et, encore une fois, j'appelle à votre
collaboration. M. le chef du deuxième groupe.
M. Nadeau-Dubois :
Et, si mes propos ont blessé le premier ministre, je les retire.
Revenons
sur le sujet de ma question : Est-ce que le premier ministre, aujourd'hui,
va donner le feu vert au tramway sans
condition ou est-ce qu'il va laisser l'aile droite de son caucus fouler aux
pieds la volonté populaire des gens de Québec qui en veulent un, un
tramway, dans leur ville?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on a tous, vu hier soir, il y
avait une réunion où il y avait des gens qui veulent un tramway, puis il y avait une autre réunion où il y
avait des gens qui ne veulent pas de masque puis ils ne veulent pas de
tramway. Donc, est-ce que c'est unanime, à Québec, chez les citoyens? Québec
solidaire pense que oui.
M.
le Président, on est d'accord avec le tramway. C'est un projet de la ville,
c'est à la ville puis au maire Marchand à s'assurer que les citoyens
soient d'accord avec ce projet-là. Je pense que c'est tout à fait raisonnable.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Il y a un parti
politique, aux dernières élections municipales, qui était contre le tramway, ce
parti-là a même dit que c'était une élection référendaire sur le tramway, puis
ce parti-là, il les a perdues, ses élections. Les
gens de la ville de Québec ont parlé démocratiquement dans une majorité
écrasante. Ils veulent du transport en commun. Pourquoi? Parce que, contrairement au premier ministre, ils prennent au
sérieux l'urgence climatique qu'on vit au Québec.
Quand
est-ce que le premier ministre va arriver dans son époque, va arriver au
XXIe siècle, puis va arrêter de trouver des prétextes pour ralentir
un projet dont notre capitale a besoin?
• (10 h 40) •
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on a
56 milliards de projets de transport collectif, actuellement. Pas juste à
Québec, il y en a un peu partout au
Québec. On ne sait toujours pas ce que propose Québec solidaire. Est-ce qu'ils
en veulent 100 milliards? Là, on a 56 milliards. Est-ce que
Québec solidaire en veut 100 milliards? 200 milliards? De combien
vont-ils augmenter les impôts? Quand vont-ils nous proposer un plan concret?
Le
Président : Question principale, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Orientations gouvernementales en matière de
lutte contre les changements climatiques
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Je
suis très contente que l'on parle de plan concret avec le premier ministre, M.
le Président, parce que la lutte aux changements climatiques, c'est
l'enjeu du XXIe siècle, c'est l'enjeu qui concerne le globe au complet. Et c'est la raison pour
laquelle nous, on a mis un projet de l'avant, qui est ambitieux :
100 milliards de dollars, d'ici 2050, pour lutter contre les
changements climatiques et aligner l'ensemble de notre économie.
Mais, avec la
CAQ, ce que l'on fait, c'est qu'on recule. En matière environnementale, ça veut
dire que ton air est plus pollué, plus de nickel dans l'air, plus d'étalement
urbain, moins de projets carboneutres, le tunnel sous le fleuve, des projets
qui vont de l'avant sans BAPE. La réalité, M. le Président, c'est que, pour le
premier ministre, là, l'environnement, c'est
secondaire, ce n'est pas prioritaire. Et ce qu'on aimerait voir, c'est un
véritable changement, qu'on n'a pas, aujourd'hui, avec la CAQ.
Le GIEC dit : C'est maintenant ou jamais.
Avec la CAQ, c'est clair, ce sera jamais.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon,
M. le Président, d'abord, on est le premier parti à avoir déposé un plan
chiffré pour réduire les GES de
37,5 %, ce que le gouvernement libéral n'a pas réussi à faire. Je vois
l'ancien ministre des Finances qui hoche de la tête, là, mais il est obligé
d'avouer que les GES ont augmenté pendant qu'il était là. Maintenant, M. le
Président, on travaille sur la
filière batterie, on travaille sur des projets d'aluminium vert, on travaille
sur des projets d'acier vert, on travaille sur un projet hydrogène vert,
pas 100 milliards, pas 100 milliards comme le Parti libéral, encore
un projet.
Est-ce qu'on
pourrait savoir le détail de son 100 milliards? 100 milliards, pas
100 millions. M. le Président, la cheffe dit qu'elle va mettre 100 milliards dans l'hydrogène vert. Elle
pourrait-u nous déposer le début du commencement d'un plan?
Le
Président : Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle. Je suis convaincu qu'on veut tous entendre les réponses et
les questions. C'est à vous, la réponse.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Ça me fera
plaisir d'envoyer le site Internet au chef de la CAQ pour qu'il puisse le
consulter. La réalité, M. le Président,
c'est que c'est le même chef de la CAQ qui, en 2015, n'était même pas en faveur
de la bourse pour le carbone... Je m'excuse, je n'ai pas dit «premier
ministre».
Le Président : Oui, bien, ça va, on
s'entend. Merci.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le leader du gouvernement, on
s'entend. Par nos titres. On va poursuivre notre période de questions. Vous
avez encore 18 secondes, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. Mais la réalité, encore une fois, c'est que le premier
ministre du Québec, en 2015, il
n'était même pas en faveur de la bourse pour le carbone. Puis chaque geste
qu'il a posé, chaque geste qu'il a posé depuis qu'il est premier ministre nous montre à quel point il ne croit
pas à l'environnement et ne croit pas en l'alignement de l'économie.
100 milliards, c'est ce que ça va prendre pour réussir à être carboneutre
en 2050.
Le Président : M. le premier
ministre...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Sans réaction.
M. François Legault
M. Legault : M.
le Président, comprenons-nous bien, là, je pense qu'il y a un potentiel avec
l'hydrogène vert. Pour l'instant, ce n'est pas rentable, mais ça
pourrait être rentable dans 10 ans.
J'ai lu, sur
le site Internet, les quelques mots qui ont été dits par le Parti libéral. Ce
n'est pas ça que j'appelle un plan, hein,
la cheffe de l'opposition officielle, qui a travaillé chez McKinsey, devrait
savoir, là, c'est plutôt un petit travail qui a été fait par un enfant, ce qu'il y a sur le site Internet. Oui, oui,
oui, M. le Président, le plan de 100 milliards, ce n'est pas
sérieux.
Des voix : ...
Le
Président : Chaque
seconde qui passe nous prive de questions qui sont importantes et légitimes, au
bénéfice des parlementaires et de
ceux et celles qui nous regardent. Alors, je vais vous redemander... je vais
vous redemander encore une fois votre collaboration.
Il vous
restait deux secondes, M. le premier
ministre, j'imagine que votre réponse
était complétée. Je continue. S'il vous plaît! Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, on va toujours trop loin, pour quelqu'un qui ne va nulle
part. La CAQ ne va nulle part. Et, si on
veut parler de plan, si on veut parler de plan, je
vais le ramener à son tunnel sous le fleuve, parce que, comme ingénieure, là, en termes de dessin
technique, là, je peux vous dire que ça, ça a été fait sur un coin de table,
puis pas à peu près. Mais, en attendant, est-ce qu'il pourrait nous dire...
est-ce qu'il pourrait nous dire le début du commencement de ce qu'il a comme vision environnementale? Parce
que, clairement, il est incapable de le décliner pour la population québécoise.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Vous connaissez la règle, ne l'enfreignez
pas. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, j'invite
la cheffe de l'opposition officielle à aller rencontrer trois, quatre
spécialistes, incluant des gens de
McKinsey, qu'elle connaît bien, avec son supposé plan de 100 milliards en
hydrogène vert. Ils vont lui dire : Ce n'est pas sérieux, ce n'est
pas sérieux, vous n'avez pas fait vos devoirs.
M.
le Président, on a réussi à amener BASF, GM pour une filière batterie. Ça,
c'est du concret. Ce n'est pas du vent.
Des voix : ...
Le Président :
Ah! ça... Non, non, mais...
Des voix : ...
Le
Président : Je ne pense pas que vous aimiez ça, là, ces échanges-là.
En tout cas, moi, je n'apprécie pas. Je n'apprécie pas. Alors, je vais vous
demander...
Des voix : ...
Le Président :
Je m'adresse à tout le monde, et
vous le savez fort bien. Alors, je vais vous demander de... J'exige le
silence pendant les questions, à votre bénéfice, et pendant les réponses, à
votre bénéfice également.
M. le premier
ministre, il vous restait quelques secondes...
Question principale,
Mme la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Vous êtes la seule à avoir la
parole.
Projet de règlement visant à
hausser la norme sur le nickel
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Hier, le couperet est tombé. Grâce au ministre de
l'Environnement, les gens de la
Basse-Ville de Québec, de Rouyn-Noranda, de Sorel-Tracy, et j'en passe, vont
respirer cinq fois plus nickel. J'espère
que le ministre, il est gêné, ce matin. J'espère qu'on n'entendra plus jamais
la CAQ se vanter d'être le gouvernement des régions, parce que dans ma région, à Rouyn-Noranda, là, les gens
finissent avec plus de cancers du poumon qu'ailleurs parce qu'on a la
pire qualité de l'air du Québec, et le ministre décide que sa job, bien, c'est
d'en rajouter.
Un gouvernement des
régions aurait écouté les 18 directions régionales de santé publique qui
ont dénoncé cette décision absurde qui
compromet la santé des gens. Le PM vient de nous dire qu'il faut écouter les
citoyens. Je pense qu'il n'a pas
passé le mot à son ministre de l'Environnement, qui, lui, a juste écouté la
multinationale Glencore. Les seuls qui applaudissent, ce matin, c'est la
minière.
Est-ce
que le ministre va admettre qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale pour cinq
fois plus de nickel dans l'air?
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, M. le Président.
C'est important, je pense, comme élus, de rapporter les faits convenablement
et de rapporter également l'entièreté des faits. Et vous remarquerez comme moi
que, lorsque la députée se lève et parle de
l'augmentation quotidienne de la norme nickel, elle omet systématiquement de
parler de la moyenne annuelle qui est imposée
par ce changement de norme là. Donc, non, on ne multiplie par cinq indéfiniment
et tout le temps cette norme-là, parce
qu'elle ne doit pas excéder les 20 nanogrammes par mètre cube sur une base
annuelle. Et cet élément-là nous a été confirmé comme valable par la
Santé publique nationale.
Naturellement,
lorsqu'on évalue un changement de réglementation, on s'assure de bien faire les
choses, ce qui a été fait par un comité d'experts complètement indépendant et
des experts de renom, qui ont une réputation internationale. Et, de
surcroît, la Santé publique nationale nous dit : Vous êtes légitimés de
procéder de la sorte parce que, non, ça ne compromet pas la santé publique des citoyens. Et,
en plus de tout ça, on a mis des mesures en place, une nouvelle station d'échantillonnage
dans le secteur Limoilou, qui sera confirmée au niveau de son installation très
rapidement.
Donc, la santé des
citoyens, on l'a à coeur, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Les
18 directions de santé publique régionales, l'Association québécoise des
médecins pour l'environnement, le conseil de la ville de Québec, la table
citoyenne Littoral Est, le Comité Arrêt de Rouyn-Noranda... Il y a
tellement de gens qui sont contre que je n'ai même pas le temps de tous les
nommer dans mon 30 secondes.
La
CAQ dit que ça prend de l'acceptabilité sociale pour le tramway. Bien, ce qui
est bon pour pitou, c'est bon pour minou. Puis, pour le nickel, il n'y
en a pas, d'acceptabilité sociale.
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : M. le Président, naturellement, j'ai le plus grand des
respects pour les différentes Santés publiques régionales, mais il faut
aussi dire que ce ne sont pas elles qui ont été impliquées au moment de la
démarche. C'est une démarche qui a été
initiée en 2017‑2018 avec la sélection d'experts internationaux
indépendants et une démarche qui a été cautionnée
à chacune de ses étapes par la Santé publique nationale. Et encore récemment,
dans les dernières semaines, le Dr
Boileau a pu confirmer que les études étaient valables, que la décision de
changer cette norme était valable et qu'elle se justifiait au niveau scientifique. Mais je comprends, ceci dit, qu'il y
a des inquiétudes dans certains secteurs au niveau de la qualité de
l'air...
• (10 h 50) •
Le Président :
En terminant.
M. Charette :
...et on y travaille avec, notamment, des stations d'échantillonnage.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Ça fait 10 ans qu'on
se bat, à Québec, pour une meilleure qualité de l'air et que les gouvernements
nous ignorent. On ne pensait pas que
la CAQ pouvait accoter cette médiocrité-là, et elle l'a dépassée. Non seulement
ils n'ont rien fait, mais, en plus, ils augmentent le droit de polluer.
Quand le ministre de
l'Environnement dit : Je me soucie de la santé du monde, est-ce qu'il se
croit?
Le Président : Encore une fois, prudence, s'il vous plaît, dans les mots à être utilisés. M. le ministre de l'Environnement,
vous êtes en réponse.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Je pense que vous l'avez
constaté depuis plusieurs années, M. le Président, je n'ai jamais suivi de
cours d'art dramatique. Donc, je ne reprendrai pas le titre et le ton du
collègue.
Mais,
ceci dit, on travaille en collaboration avec la ville de Québec. D'ailleurs, ce
matin encore j'ai communiqué avec le
maire de la ville de Québec. Nos équipes travaillent ensemble pour établir le
meilleur lieu pour l'installation d'une nouvelle station d'échantillonnage pour voir d'où viennent les émissions
et surtout corriger les problématiques lorsqu'elles surviennent. Mais, dans le secteur en question, la
première problématique, et la Santé publique est très claire à ce sujet-là, ce
n'est pas le nickel, la principale source de contamination. Donc, on travaille
pour l'améliorer de façon globale, M. le Président.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Enquête
sur des allégations d'agressions sexuelles
à l'école secondaire Saint-Laurent
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Dans
un premier temps, j'aimerais souligner le grand courage de trois... pardon, de
deux jeunes femmes qui ont trouvé le courage de dénoncer des actes
d'agression sexuelle lorsqu'elles étaient mineures et sous l'autorité de trois entraîneurs à
l'école secondaire de Saint-Laurent. Ce courage est vraiment important. Des
adultes ont failli à leur tâche. Il
est aussi allégué, qu'on peut lire dans différents articles de La
Presse, que des gens ont dénoncé à la direction d'école,
ils ont eu des représailles. Eux, elles
se sont tenues debout, ces jeunes femmes. Maintenant, c'est à nous de nous
tenir debout pour elles.
Moi, ça fait des semaines que je demande au
ministre de l'Éducation une enquête indépendante administrative, parce que,
face à des allégations graves et concordantes que les directions d'école, et je
cite, ont donné ces jeunes filles vulnérables
en pâturage, il me semble que ça va de soi, une enquête indépendante et la
suspension des directeurs d'école impliqués.
Le Président : M. le ministre de
l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci
bien, M. le Président. 100 % d'accord avec ma collègue qu'il faut saluer
le courage des personnes qui ont été
victimes là-dedans. Elles ont été très, très courageuses. Elles ont porté
plainte à la police. Je suis content de savoir qu'il y a des gens qui vont faire face à la justice, sans présumer des
résultats des procès qui auront lieu, mais ça a été un geste très
important qu'elles ont posé.
Puis vous
avez raison de le dire, chère collègue... M. le Président, ma collègue a
raison de dire qu'on a des responsabilités, comme société, au gouvernement et dans le réseau scolaire. On l'a prise...
on a pris nos responsabilités — on
va l'avoir — en
déclenchant deux enquêtes, avec ma collègue
la ministre déléguée à l'Éducation, une enquête sur Basketball Québec, au
ministère de l'Éducation, une enquête qui
est indépendante. C'est une enquête indépendante puisqu'on est à l'extérieur du
centre de services scolaire, et on enquête sur ce qui s'est passé à l'école et
au centre de services scolaire.
Je veux
rassurer les gens, le rapport sera remis en juin. Donc, on aura toute la
lumière. Puis on va s'assurer de diffuser toute l'information pour que
toutes les personnes qui veulent parler, qui veulent dénoncer puissent être
entendues.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Effectivement,
j'ai remercié, à l'époque, le ministre de l'Éducation pour avoir fait suite à
ma demande de déclencher une enquête administrative indépendante. Par contre,
le ministère de l'Éducation ne peut pas faire enquête sur lui-même, il y
a apparence de conflit d'intérêts.
D'autre part,
vendredi dernier, il y a eu une assemblée à l'école, 250 membres de
l'école étaient présents. Ils ont tous
demandé c'est qui, l'enquêteur. Personne ne le savait. Il est tout seul à son
bureau puis il attend que le téléphone sonne. Donc, comment qu'on fait
pour le trouver?
Le Président : M. le ministre de
l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le
Président, je pense que l'information n'a pas été bien transmise. Je vais
m'assurer que l'information se rende à tous les membres du personnel et
à toutes les familles. Quand j'ai vu dans l'article ce matin qu'il y a des gens qui cherchaient encore le moyen
de communiquer avec l'enquêteur, j'étais surpris et déçu, parce qu'on a posé tous les gestes nécessaires en nommant
l'enquêteur. Il y a un site de dénonciation, il y a un courriel pour prendre
contact. Ça doit se rendre,
évidemment, aux plaignants, aux gens qui veulent dénoncer, aux gens qui ont
besoin d'en parler, aux gens qui veulent signaler des problèmes. Il
semble que ça ne s'était pas rendu encore à destination, même si l'enquêteur avait commencé son travail. Je prends l'engagement
à ce que l'information soit diffusée et disponible aujourd'hui enfin.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Je
n'achète pas l'argument qu'il est surpris. Je lui ai écrit personnellement à
plusieurs reprises pour lui dire que les gens m'appelaient à mon bureau
et qu'ils avaient besoin d'avoir le nom de l'enquêteur, son numéro de téléphone et qu'il se déplace sur les lieux du
crime. Quand il y a un feu, là, les assurances envoient un expert en sinistre,
il se présente à ses clients puis il essaie de trouver les témoins. Il
n'attend pas dans un bureau à Québec.
Est-ce que vous réalisez, là, qu'on parle
d'agressions sexuelles, qui s'est fait pendant des années?
Le Président : M. le ministre de
l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M.
le Président, il y a deux enquêtes qui ont été lancées, à ce
moment-ci. Il y a un enquêteur qui fait son travail. Et on va s'assurer
à ce que tous les membres du personnel, tous les parents, et donc les élèves,
aient accès, bien sûr,
au site de dénonciation, au courriel de dénonciation, à l'enquêteur, pour que
toute la lumière soit faite. On n'a pas tardé à agir dans ce dossier-là. On va s'assurer que ce soit fait de la
meilleure façon. On aura un rapport avant la fin de l'année scolaire, M.
le Président. On va rendre des comptes et on ne laissera pas ça passer.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Modalités de l'enquête sur des
allégations d'agressions
sexuelles à l'école secondaire Saint-Laurent
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Écoutez bien la réponse : un site Internet. Pensez-vous sincèrement
qu'une jeune fille vulnérable va écrire son
histoire d'agression sexuelle par courriel? Pensez-vous sincèrement que c'est
ça qui va arriver? Pensez-vous sincèrement
que ceux qui ont dû quitter leur emploi à l'école Saint-Laurent par peur...
parce qu'ils ont eu des représailles, vont
écrire un courriel quelque part au ministère de l'Éducation, le même ministère
qui l'emploie, alors qu'ils ont peur de perdre leur job?
Il y a des firmes
spécialisées qui existent, au Québec, en matière d'agression sexuelle, et
harcèlement sexuel, et harcèlement psychologique en milieu de travail. Ça
existe. Est-ce qu'on peut faire les choses différemment? On a l'obligation, nous, de le faire. Pour qui? Pour
les jeunes filles qui ont pris leur courage à deux mains pour aller dénoncer.
Il y a des adultes qui ont failli à leur
tâche. Maintenant, nous n'avons pas le droit de faillir à notre tâche
collective de les protéger, elles et les autres.
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation, en réponse.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, il n'est
pas question de laisser passer ça, il n'est pas question de faillir à la tâche.
Et, attention, le site Internet, un site de dénonciation anonyme, les gens
peuvent, bien sûr, demander à être rappelés pour, après ça, communiquer directement. Et ça ne remplace pas, M. le
Président, ça ne remplace pas le service de police et les plaintes. Les gens qui sont victimes peuvent
porter plainte, bien sûr, c'est à côté, en plus, pour qu'on comprenne ce qui
s'est passé à l'école Saint-Laurent. Comment se fait-il qu'à l'école ça n'a pas
été réglé plus rapidement, correctement? Comment
se fait-il que les gens n'avaient pas confiance? On va faire la lumière sur
tout ça. Il y avait manifestement un problème
de gouvernance, la confiance n'était pas présente. On va faire la lumière
là-dessus, on va rétablir la confiance. C'est le travail qu'on a, on va
le faire.
Il y a aussi, bien
sûr, le système de justice, pour rendre justice et pour que les personnes qui
ont posé des gestes répréhensibles fassent
face à la justice, rendent des comptes et soient accusées et condamnées, s'ils
le méritent, bien sûr.
Le
Président : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Picard) : À
la rubrique Motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
• (11 heures) •
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre
de la motion suivante conjointement avec la
députée de Verdun, le député de Jonquière, la députée de Maurice-Richard, le député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de
Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte de la demande d'annulation de la hausse de la norme de
nickel dans l'air de : l'Association
québécoise des médecins pour l'environnement, de l'ensemble des partis
représentés au conseil de la ville de Québec, des trois partis
d'opposition de l'Assemblée nationale, de l'Ordre des chimistes, de la Table
citoyenne littoral est, d'Accès
Saint-Laurent Beauport, des Ami.es de la Terre, du Collectif La ville que nous
voulons, du Mouvement pour une ville
zéro déchet, de Mères au front, du Groupe d'initiatives et de recherches
appliquées au milieu, du Regroupement d'éducation
populaire en action communautaire, de la Coalition pour que le Québec ait
meilleure mine, de Voix citoyenne, de l'Association québécoise de lutte contre
la pollution atmosphérique, de Greenpeace Québec, du Regroupement vigilance
mines de l'Abitibi-Témiscamingue, du Conseil
régional de l'environnement de l'Abitibi-Témiscamingue, du Comité Arrêt des
rejets et émissions toxiques de Rouyn-Noranda, du Conseil régional de
l'environnement de la Capitale-Nationale, ainsi que des 8 conseils de quartier du Vieux-Limoilou, de Lairet, de
Maizerets, de Saint-Sauveur, de Saint-Roch, de Vanier, de
Saint-Jean-Baptiste et du Vieux-Québec-Cap-Blanc;
«Qu'elle constate
également l'opposition unanime des 18 directions régionales de santé
publique;
«Qu'elle constate
qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale à l'augmentation de la norme du nickel
dans l'air;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'annuler la modification
réglementaire qui entrera en vigueur le 28 avril 2022 haussant la
norme du nickel dans l'air.»
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Pas de consentement. Je reconnais
maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de
Jonquière.
Prendre acte des trois derniers rapports du Groupe
d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat et demander au gouvernement de faire sa juste part en vue
d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et au consortium Ouranos
d'organiser une rencontre d'information sur le contenu des
rapports à l'intention des parlementaires
M. Gaudreault : Oui,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec
le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques, la députée de Verdun, la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de Bonaventure, le député de Chomedey, la députée de
Maurice-Richard et le député de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des trois
derniers rapports du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC);
«Qu'elle
fasse sienne l'affirmation du plus récent [rapport], selon laquelle les
émissions mondiales de gaz à effet de
serre devront cesser d'augmenter au plus tard en 2025 pour que la hausse de la
température de la terre n'excède pas 1,5 °C, ce qui constitue
l'objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris sur le climat;
«Qu'elle
reconnaisse l'urgence d'agir pour les gouvernements et les invite à s'inspirer
des mesures d'adaptation et de mitigation proposées dans les rapports;
«Qu'elle
réclame du gouvernement du Québec qu'il fasse sa juste part à l'échelle
internationale en vue d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris,
auquel adhère le Québec;
«Qu'elle demande au consortium sur la
climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques Ouranos, avec la collaboration du Scientifique en
chef du Québec, d'organiser une rencontre d'information sur le contenu
des trois rapports à l'intention des parlementaires d'ici la fin de la présente
législature.» Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette mention?
M. Jolin-Barrette : Consentement,
sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Picard) : Consentement,
sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Adopté. Et je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. M. le premier
ministre.
Souligner
le 20e anniversaire de la signature de l'Entente de partenariat
sur le développement économique et communautaire au Nunavik
M. Legault : Oui,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec
la cheffe de l'opposition officielle, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le chef du troisième groupe
d'opposition, le député de Chomedey, le député de Bonaventure, le député de
Rimouski et la députée de Maurice-Richard :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 20e anniversaire de la signature de
l'Entente de partenariat sur le développement économique et
communautaire au Nunavik (communément appelée "entente Sanarrutik");
«Qu'elle
salue cette entente historique et mutuellement bénéfique qui constitue une
étape importante dans les relations du Québec avec les Inuits du
Nunavik;
«Qu'elle
souligne la vision et le travail historique de Bernard Landry et de Pita
Aatami, qui par leur courage et leur détermination continuent d'inspirer
les leaders actuels;
«Qu'elle
reconnaisse que cette entente a amené d'autres avancées dans les relations
entre le Québec et les Inuits du Nunavik, notamment la signature de l'entente
sur le financement global de l'Administration régionale Kativik.»
Le Vice-Président (M. Picard) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président, il y a un consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant dans l'ordre suivant :
le premier ministre, la cheffe de l'opposition officielle, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et le chef du troisième groupe d'opposition.
Le Vice-Président (M. Picard) : Donc,
je comprends qu'il y aura un débat de deux minutes et je cède la parole à M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Merci, M. le
Président. Donc, je suis très fier de présenter cette motion, qui montre
l'importance de la relation de nation à nation avec les Inuits du Nunavik.
Aujourd'hui, donc, on souligne les 20 ans
d'une entente historique, l'entente Sanarrutik. On rend hommage au courage, en fait, de trois grands hommes qui ont
développé ce partenariat : d'abord, le premier ministre Bernard Landry,
le président de la Société Makivik, Pita
Aatami, qui est toujours là, et le président, à l'époque, de l'Administration régionale Kativik,
Johnny Adams. Donc, ce sont trois visionnaires qui ont ouvert un nouveau
chapitre de la relation entre la nation québécoise puis la nation inuite. Je tiens d'ailleurs à féliciter
M. Aatami, qui a été élu à la tête de la Société Makivik en
février 2021, un poste qu'il avait déjà occupé de 1998 à 2012.
Donc, l'entente Sanarrutik, ça a été le début
d'une nouvelle collaboration, basée sur un respect mutuel entre nos nations. L'idée, c'était de créer de la
richesse avec la nation inuite. On sait à quel point le Nord-du-Québec regorge de ressources
naturelles, entre autres le potentiel minier et hydroélectrique. Donc, il
fallait trouver un moyen de développer ce
potentiel puis que les deux nations, nos deux nations, en profitent. Donc, d'un
côté, l'entente a amené plus de prévisibilité pour le Québec, avec des conditions claires pour réaliser des projets,
puis, de l'autre côté, ça a assuré le partage de bénéfices avec les
Inuits. Donc, on s'est donné une vision commune.
Et, dans le cadre de l'entente, le gouvernement
du Québec puis la Société Makivik travaillent donc ensemble depuis 20 ans au bénéfice de nos peuples, et
ça a permis d'offrir des meilleurs services publics. Ça a permis aussi de
donner une plus grande autonomie à la
nation inuite et des ententes, je pense, entre autres, pour les services
policiers, pour l'administration de
la justice, pour le financement de l'Administration
régionale Kativik, donc des leviers
aux Inuits pour contrôler leur développement.
Donc, cette
entente Sanarrutik, je pense, ça doit nous inspirer pour l'avenir. Je tiens
d'ailleurs à souligner le travail du ministre responsable des Affaires
autochtones puis aussi notre député d'Ungava, hein, c'est une partie
importante. Il est-u ici? Donc... Il est là?
Une voix : ...
M. Legault : Il est là-bas, c'est
ça, il est... C'est un grand territoire, M. le Président.
Donc,
l'entente vient à échéance en 2027, puis je peux déjà vous dire qu'on souhaite
renouveler cette entente, même la bonifier.
Donc, M. le Président, on doit continuer de
bâtir ensemble l'avenir de nos deux nations. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le premier ministre. Je cède la parole à Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. Alors, c'est à mon tour de porter ma voix en faveur de cette
motion du premier ministre afin de commémorer le 20e anniversaire
de la signature de l'Entente de partenariat de développement économique et
communautaire au Nunavik.
D'entrée de
jeu, je pense qu'il convient de saluer le rôle important qu'a joué le premier
ministre Bernard Landry dans cette
question qui avait une importance fondamentale pour nous tous, au Québec. Cette
entente est toujours en vigueur aujourd'hui et fait certainement partie
d'un de ses grands legs. Mais, pour conclure une entente de ce genre, il faut qu'il y ait différentes parties autour de la
table. Et c'est pour ça que j'aimerais souligner la vision, également, de Pita
Aatami, président de la société pour le développement économique et
communautaire du Nunavik, puisque sa compétence, son expérience, son impact ne
sont plus à démontrer.
Je tiens
également à souligner la grande richesse de la culture inuite, la résilience
des membres de la communauté et le
grand courage. Le Nunavik est une terre d'une beauté exceptionnelle, mais elle
est aussi éloignée, elle est isolée, et ça entraîne des défis
particuliers.
Cette entente
qu'on souligne aujourd'hui, le 20e anniversaire, porte le nom de
Sanarrutik, ce qui signifie, en fait, un outil de développement, en inuktitut.
Et elle a pavé la voie à de belles réalisations au Nunavik, qui bénéficient
encore à l'ensemble des Québécois.
Elle prévoyait le partage de revenus provenant de projets hydroélectriques, la
création d'emplois directs et
indirects liés à l'exploitation des ressources naturelles, la mise en valeur
des territoires et de la protection de sites exceptionnels, et tout ça se faisant sous l'Administration régionale Kativik et des communautés locales qui sont directement impliquées.
C'est ça aussi, toute la beauté de l'entente qui a été signée il y a maintenant
20 ans.
Cette entente
s'inscrit aussi dans une approche de respect entre les nations en offrant des
sommes de développement économique
communautaire qui sont gérées par les Inuits et investies selon leurs
priorités. Je pense que, s'il y a un élément qu'il nous faut retenir, c'est
bien celui-là, c'est celui de cette compétence qu'ils ont de s'assurer de leur
propre développement et de leur propre croissance.
• (11 h 10) •
Important,
également, de souligner l'anniversaire comme une entente historique, mais on ne
peut pas simplement regarder les
accomplissements d'hier, il faut aussi qu'on soit capables de se projeter sur
la suite des choses, parce que les défis, ils sont nombreux, M. le Président. La
pandémie de la COVID a frappé très fort les communautés éloignées. Grave
pénurie de logements partout au Québec, mais
particulièrement dans le Nord-du-Québec. Et cette pénurie-là est en totale inadéquation avec la croissance de la population là-bas. On
a, encore aujourd'hui, des problèmes d'accès à de l'eau potable. Il y a des
écoles qui sont obligées de fermer certaines journées justement à cause d'un
problème d'accès à l'eau potable. Il y a des enjeux criants en matière
de justice, de locaux inadéquats et de surjudiciarisation.
En fait, on peut aujourd'hui commémorer, et
c'est important que nous le fassions, mais en même temps, M. le Président, le gouvernement a une responsabilité
d'agir et pas seulement de se souvenir. Alors, commémorons ensemble les 20 ans de l'entente Sanarrutik, mais surtout
je nous invite collectivement à travailler à la prochaine entente, celle qui
viendra mettre fin à des
problématiques qui se répètent et qui freinent le développement du Nunavik, des
habitants, son développement social,
son développement économique, son développement culturel. Je suis convaincue
qu'ensemble on peut accomplir encore beaucoup plus. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la cheffe de l'opposition officielle. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. «Ullaakkut.» Bonjour. «Hi!» Il y a 20 ans, le
gouvernement du Québec signait avec la Société Makivik et l'Administration
régionale Kativik une entente dans un esprit de coopération mutuelle.
L'entente Sanarrutik, suivie par l'entente — parce que ce n'était pas la
seule — Sivunirmut,
entente sur le financement global de
l'administration Kativik, visait à favoriser le développement économique,
certes, mais aussi communautaire au Nunavik,
entre autres par le développement des ressources énergétiques non exploitées au
Nunavik, comme ça vient d'être mentionné,
par plus d'autonomie pour les Inuits en ce qui a trait au développement de leur
économie et de leur collectivité, par
la délégation de nombreuses responsabilités dans la gestion du territoire et
des infrastructures, bien sûr, dans l'amélioration des services publics et des infrastructures pour
le financement de projets sanitaires prioritaires, mais surtout une
simplification et une amélioration de l'efficacité du financement de
l'organisation supramunicipale du Nunavik et des villages du Nord du Québec.
20 ans
plus tard, on peut, bien sûr, souligner le chemin parcouru dans nos relations
avec le peuple inuit au Nunavik. On peut, bien sûr, saluer l'extraordinaire
relation qui a pu se développer suite à cette entente de Sanarrutik. Mais
il est, par contre, toutefois vraiment
important que, tout en célébrant, on n'omette pas de regarder le chemin qui
reste à faire, parce qu'en 2022, au
Nunavik, il manque toujours des centaines de logements dans chacun des villages
nordiques, parce qu'au Nunavik c'est
60 % des enfants de moins de six ans qui grandissent dans une maison
surpeuplée. En novembre 2021, on apprenait qu'il y a
1 184 ménages qui étaient en attente d'un logement. Alors, on peut se
dire : O.K., on a fait des pas il y a
20 ans, mais comment se fait-il que, 20 ans plus tard, on est encore
dans cette situation-là? L'actualité nous parlait encore de l'eau inaccessible. L'actualité nous
parlait encore des défis des eaux usées. L'actualité nous rappelait encore que
des familles vivant dans des logements
surpeuplés vivent des situations de violence conjugale où les femmes ne peuvent
pas s'en aller parce qu'il n'y a pas de place pour les accueillir avec leurs
enfants.
Alors, devant
ces enjeux, le gouvernement du Québec a un rôle important à jouer, en
collaboration et en travail main dans
la main, bien sûr, avec les autorités inuites. J'aimerais que nos prochains pas
vers une relation d'égal à égal avec les Inuits soient guidés par un engagement ferme pour la justice sociale, par
un engagement concret à améliorer les conditions de vie, par une prise
en compte des impacts importants des changements climatiques sur leur mode de
vie, leur identité culturelle et sur leurs infrastructures.
Les Inuits
ont une volonté de s'autodéterminer, de prendre pleinement, à bras-le-corps la
gouvernance de leur territoire, de leurs infrastructures, de leur économie. Je
pense que notre responsabilité, c'est de créer des conditions, garder le
dialogue et nous assurer que nos concitoyens inuits puissent vivre dans la
dignité, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je cède maintenant
la parole au chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, M. le Président. C'était il y a
20 ans, cette entente Sanarrutik, c'était à la suite et dans l'esprit de
la reconnaissance de la nation inuite par l'Assemblée nationale en 1985. Nous
avions convenu qu'il fallait faire entrer les relations de nation à nation dans une nouvelle ère de façon à ce
qu'elles soient bénéfiques pour toutes les parties, et pas seulement d'un point de vue comptable, bien
évidemment. La collaboration, la confiance, le respect mutuel ainsi que la
prospérité de chacun, telles sont les bases
de l'Entente de partenariat sur le développement économique et communautaire
au Nunavik, signée le 9 avril 2002.
La volonté y
était, affirmée et authentique. Nous connaissons tous le souci de Bernard
Landry pour l'établissement de
relations harmonieuses et fécondes entre les peuples, notamment. Saluons aussi
le leadership de Pita Aatami, président de la Société Makivik.
À ce moment, le gouvernement du Québec,
l'Administration régionale Kativik et la Société Makivik s'étaient mis d'accord pour regarder ensemble les moyens les
plus porteurs de faire fructifier l'immense potentiel humain et économique que
recèle le Nord. La prospérité, oui, mais pas à n'importe quel prix. L'entente
prévoit qu'il est essentiel d'envisager toute initiative sous l'angle du
développement durable. En effet, qu'il soit minier, hydroélectrique ou même
touristique, tout projet doit tenir compte
de l'avenir, celui des jeunes comme celui du territoire. Le Grand Nord du
Québec abrite des sites parmi les
plus exceptionnels qui méritent d'être mis en valeur. Il faut toutefois les
gérer adéquatement et en assurer la pérennité.
L'entente
assure également aux populations locales des responsabilités supplémentaires
selon leurs propres priorités. C'est ainsi qu'elles ont gagné en autonomie, en
expertise et qu'elles ont développé des services et des infrastructures
utiles pour leurs citoyens et citoyennes sur l'ensemble de leur territoire.
Mais une
telle entente, on vient de le mentionner, aura nécessairement des suites. Les
enjeux socioéconomiques, ou
communautaires, ou même en matière d'infrastructures sont encore nombreux. Les
défis sont immenses. Cette entente, on
la rouvrira, on la modifiera, comme c'est déjà arrivé à plusieurs reprises, on
la renégociera également. Je souhaite qu'on puisse surtout l'améliorer et,
par-dessus tout, qu'on conservera l'esprit de coopération et la bonne volonté
dans lesquels elle a été conclue, au service des citoyens de ce
territoire du Nord. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté. Je reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Jean-Lesage, le
chef du troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey, le député
de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse la loi adoptée à l'unanimité en
décembre 2016, accordant le statut de capitale nationale à la ville de
Québec tout en reconnaissant son autonomie et en augmentant ses pouvoirs
notamment en matière d'urbanisme;
«Qu'elle
réaffirme la loi adoptée unanimement en juin 2019 visant à donner la
compétence exclusive à la ville pour réaliser le projet de tramway;
«Qu'elle
rappelle que le 7 novembre 2021, plus de 70 % des électeurs de
la ville de Québec ont voté pour des candidats à la mairie qui étaient
ouvertement en faveur du projet de tramway;
«Qu'elle
souligne que 82 % des élus à l'hôtel de ville, dont le maire et
17 conseillers sont en faveur du tramway;
«Qu'elle
convienne que le plus récent sondage disponible évoque que 69 % des
répondants, dont la majorité venait des quartiers limitrophes, se sont
dit en faveur de la rue partagée;
«Qu'enfin,
elle constate qu'il y a acceptabilité sociale au sujet du projet de tramway de
Québec et qu'elle exige du gouvernement caquiste qu'il émette les
décrets nécessaires à sa réalisation, le tout sans délai et sans condition.»
• (11 h 20) •
Le Vice-Président (M. Picard) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas de consentement, M. le Président.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : S'il
vous plaît!
Avis touchant les travaux des commissions
À la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de la santé et des services sociaux poursuivra les
consultations particulières sur le projet de loi n° 28, Loi visant à
mettre fin à l'état d'urgence sanitaire, aujourd'hui, après les affaires courantes pour
une durée de 1 h 40 min et de 15 heures à
18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur
la langue officielle et commune du Québec, le français, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 12, Loi
visant principalement à promouvoir l'achat
québécois et responsable par les organismes publics, à renforcer le régime
d'intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de l'Autorité
des marchés publics, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le Code de la sécurité
routière et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci.
À la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vais suspendre quelques instants pour vous permettre de quitter dans
le silence.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
(Reprise à 11 h 24)
Le Vice-Président (M. Picard) : Nous
reprenons avec les affaires du jour.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion du ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur les motions formulant un grief
Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné à l'Assemblée le 30 mars 2022 sur la motion de M. le
ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement ainsi que
les motions formulant un grief présentées par M. le député de Robert-Baldwin,
Mme la députée de Mercier, Mme la
cheffe de l'opposition officielle, M. le député de Rosemont, M. le député de Mont-Royal—Outremont, M. le leader de l'opposition officielle, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, M. le député de D'Arcy-McGee,
Mme la députée de Gaspé, M. le député de Jean-Lesage, Mme la députée de
Taschereau, Mme la députée de Duplessis, Mme
la députée de Verdun, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme la députée de Saint-Laurent, M. le chef
du troisième groupe d'opposition, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis, M. le député de Laurier-Dorion, M. le député de Nelligan, Mme la députée de Fabre, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition, M. le député de Jonquière et Mme la leader du
deuxième groupe d'opposition.
Conformément
aux dispositions de l'article 276 du règlement, je vous rappelle qu'une
intervention de 30 minutes est réservée aux représentants de l'opposition
officielle et que ce débat se termine par la réplique d'une heure
accordée au ministre des Finances. Je
comprends qu'il y aurait toutefois consentement pour permettre aux porte-parole
du deuxième et du troisième groupe
d'opposition de faire une intervention d'une durée maximale de 10 minutes.
Je cède donc la parole... Oupelaïe!
Je vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 26)
(Reprise à 11 h 27)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je cède donc la parole à Mme la députée de Joliette pour un temps
maximum de 10 minutes.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, quelques quelques jours, voire semaines
après... On a plus de deux semaines maintenant depuis le dépôt du budget du
gouvernement, je pense que force est de constater que ce budget est vraiment une occasion ratée de vraiment
faire les virages qui s'imposent, de vraiment avoir une vision, au Québec,
d'où on veut aller puis d'où on veut amener
les Québécois. Et malheureusement ce budget-là, il est à l'image du
gouvernement de la CAQ. C'est un
gouvernement qui agit sur plein de petites choses mais qui n'arrive pas à
donner une direction claire, une
vision claire d'où il veut amener le Québec et les Québécois. Et c'est ce qui
est désolant dans le dernier budget, comme, évidemment, c'est désolant
dans l'ensemble de l'oeuvre que l'on voit.
Vous savez,
je peux revenir avec des exemples très concrets, depuis le début de ce
mandat-ci, mais qui font état de choix
budgétaires et qui mettent de côté d'autres priorités. Je ramène juste comme ça
maternelle quatre ans. Donc, maternelle quatre ans, là, depuis l'arrivée de ce gouvernement-là, mégaobsession,
maternelle quatre ans, sous le prétexte que nos enfants doivent être notre plus
grande priorité, donc, on a mis, là, plus de 1 milliard. Les coûts ont
explosé par rapport à ce qui avait été
prévu, évidemment, lors de la campagne électorale, on l'a répété abondamment.
Mais, en fait, quand on est rendus trois ans, trois ans et demi plus
tard, ce qu'on constate, c'est que ces choix-là budgétaires... Puis ils sont
encore dans le budget actuel, là, quand on
voit les sommes qui continuent à être investies pour les maternelles quatre
ans, malgré, évidemment, que ça
enlève des sommes ailleurs parce qu'on décide de mettre nos oeufs
principalement dans ce panier-là, qu'on voit, par ailleurs,
qu'on n'a pas le personnel, qu'on n'a pas les enseignantes, qu'on n'a pas les
éducatrices pour assumer cette responsabilité-là,
qu'on n'a même pas les locaux, M. le Président. Il y a des maternelles quatre
ans qui sont créées dans des classes
modulaires, dans des roulottes. Donc, il y a tout un décalage entre les belles
intentions et les principes qu'on est supposé vouloir mettre de l'avant
en donnant le meilleur des départs aux enfants et en voyant ensuite la réalité.
• (11 h 30) •
Donc,
ça, ce n'est pas anodin, quand je vous ramène ça. C'est que ce sont des choix
budgétaires qui sont faits d'investir des
centaines et des centaines de millions dans cette priorité-là, pour ne pas dire
cette obsession-là du gouvernement, pour essayer que l'espèce d'engagement que le ministre avait pris lors d'un
débat de la dernière campagne électorale puisse être maintenu, pour ne pas qu'il perde la face. Mais,
en fait, pendant ce temps-là, ce sont énormément d'autres priorités pour
nos tout-petits qui n'ont pas l'attention qu'elles méritent.
Et, bien sûr, vous ne serez pas surpris que je vous
parle des orientations budgétaires du gouvernement en matière de services
éducatifs à la petite enfance. Donc, à la dernière mise à jour économique,
donc, avant le budget, il y a quelques mois,
en novembre, le gouvernement, plutôt que de prendre le parti des familles, le
parti des parents, le parti de la qualité, de l'accessibilité et de l'universalité pour nos services de garde
éducatifs à la petite enfance, il a fait le choix de cristalliser les
services de garde privés non subventionnés.
Comment
il a fait ça, dans la dernière mise à jour économique? Bien, il a décidé de
rehausser le crédit d'impôt, alors que tout le monde dit, les parents
disent : Nous, ce qu'on veut, évidemment, c'est des places en CPE, c'est
des places subventionnées à tarif unique, c'est
les places qui offrent la plus grande qualité. Et ça, c'est établi étude après
étude, ce n'est pas contesté.
Le
gouvernement, lui, a fait le choix inverse. Il a décidé... pas de s'éloigner du
modèle de Tony Tomassi des garderies privées
non subventionnées, il a décidé de le consacrer. En faisant quoi? En augmentant
le crédit d'impôt. Ça peut bien paraître,
on se dit : Ah oui, mais là, c'est un crédit d'impôt qui va faire en sorte
que la facture va être un petit peu moins importante pour les parents. Mais ça, c'est mal connaître la réalité.
Les propriétaires de garderie privée sont venus se faire entendre
pendant l'étude du projet de loi n° 1 et ils nous ont dit : En ce
moment, on est incapables de baisser nos tarifs, on doit même souvent les
augmenter parce qu'on n'arrive pas, face à la pénurie de main-d'oeuvre, face à
la pénurie d'éducatrices, à recruter et à
garder des éducatrices qualifiées avec nous. Les éducatrices qualifiées, où
veulent-elles travailler prioritairement? Dans les CPE.
Donc, on est face à
cette espèce de situation là où même les garderies privées viennent dire au
gouvernement : On veut de la conversion, on veut pouvoir être convertis.
Et le gouvernement, lui, plutôt que de dire : On va prendre, évidemment, ce virage-là qui s'impose, pour toutes
les raisons que je vous ai exposées, mais d'abord et avant tout pour les
parents qui veulent des places de qualité et
à tarif unique et pour les tout-petits, pour qui, comme société, comme
collectivité, on devrait vouloir le
meilleur départ possible, et ça, M. le Président, ça ne commence pas à quatre
ans avec les maternelles quatre ans, ça commence à zéro an, ça commence
à six mois, à 12 mois, à 18 mois, à deux ans, à trois ans... On
devrait collectivement faire ce choix-là.
Or, malgré cette espèce de rencontre des volontés à laquelle on assiste en ce
moment, ce qu'on voit, c'est un
budget qui cristallise des orientations qui viennent permettre de maintenir en
place les garderies privées en augmentant, même, les crédits d'impôt.
Et
la réalité, c'est que ce n'est pas les parents... Et vous pourrez parler à des
parents. Moi, j'en ai plusieurs qui m'ont appelée pour me dire : Là, je
suis en train de subir une augmentation, je payais déjà, par exemple, 60 $
par jour, c'est rendu 70 $ par jour. Qu'est-ce que je peux faire
avec ça? Je pensais que le crédit d'impôt était supposé de me permettre de peut-être payer moins cher. En plus, évidemment,
il y a un plafond au montant qui peut faire l'objet du crédit d'impôt. Alors,
vous réalisez, là, c'est ce genre
d'orientation là à très courte vue et qui ne donne même pas les effets, à
courte vue, que le gouvernement souhaitait, puisque ce n'est même pas
les parents qui voient plus d'argent dans leurs poches.
Donc,
ça, c'est le type de décision sans vision, malheureusement, que l'on voit pris
dans le dernier budget. Vous savez ce
que ça représente, le montant de crédit d'impôt? Malheureusement, et c'est une
demande que nous avons faite à de
multiples reprises, et on n'a toujours pas l'information, le crédit d'impôt
pour les services de garde, ça doit représenter autour de 700 millions, au bas mot 500 millions. La raison
pour laquelle on n'est pas capable d'avoir le chiffre exact, c'est que ça inclut aussi ce qui se fait dans les autres
types de services de garde, par exemple quelqu'un qui est engagé pour faire
de la garde à domicile, milieu scolaire dans certaines circonstances.
Donc,
tout ça pour dire qu'il y a au moins un demi-milliard, et probablement plus,
qui est investi pour soutenir les garderies privées non subventionnées. Alors,
on dit qu'elles sont non subventionnées, mais, dans les faits, elles sont
largement soutenues et subventionnées par des centaines de millions d'argent de
l'État. Donc, imaginez quel choix collectif
on pourrait faire différemment et qui serait beaucoup plus gagnant pour nos
tout-petits, pour les familles et pour l'ensemble de notre développement
collectif si on décidait qu'on prend cet argent-là. Et on le met où? On le met
dans la conversion et dans la transition de
ces places-là pour les amener vers un régime de places en installations
100 % CPE. Donc, ce serait vraiment ça, avoir de la vision.
C'est
le type d'orientation auquel on était en droit de s'attendre d'un gouvernement
qui se dit vouloir être le champion des familles, vouloir faire de la petite
enfance une priorité. Malheureusement, le test de la réalité ne répond pas à
ce discours public, hein? C'est quelque chose qu'on voit souvent, un certain
discours public comme celui du ministre de
la Famille qui nous dit qu'il veut avoir un réseau 100 % subventionné et qui, par ailleurs, cautionne des orientations où on ne
fait que cristalliser la place du privé en augmentant le crédit d'impôt, et
qu'il a un projet de loi devant lui, de surcroît, et où il n'a pas posé
les gestes adéquats.
Évidemment,
un manque de vision très, très grave sur l'environnement, un manque de vision
très grave, où on décide, puis on le voit encore ce matin... le nombre de
routes où l'espoir de carboneutralité ne sera pas au rendez-vous. Un gouvernement qui décide d'investir encore
davantage dans le béton plutôt que dans le transport collectif et un
gouvernement même qui n'assume pas la
contrepartie qui devrait aller avec certains projets autoroutiers qui peuvent
être jugés essentiels.
Et, bien sûr, le fameux
500 $, M. le Président. Je ne sais pas si le gouvernement pensait faire un
bon coup avec ça, mais je dois vous dire
que, sur le terrain, cette mesure-là, elle ne passe pas. Ça n'a pas de sens
qu'un gouvernement, dans le contexte actuel de l'inflation galopante que l'on
vit, des impacts énormes sur la vie des familles, mais particulièrement sur les
personnes, évidemment, qui ont des petits revenus... que ce gouvernement-là ait
manqué de vision à ce point, je dirais,
de compassion et de solidarité pour ceux qui gagnent moins et qu'il ait opté
pour une mesure mur à mur qui va donc toucher autant quelqu'un, on l'a
répété, qui va faire 99 000 $ que quelqu'un qui fait
6 000 $.
Donc, on aurait aimé avoir un gouvernement qui a
de la vision. On repassera. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Joliette. Et je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Donc, pour mon dernier
10 minutes sur ce budget, une des choses étonnantes, c'est la situation économique du Québec alors
qu'on a vécu deux ans de pandémie. Et, dans son dernier budget, le ministre
prévoyait d'ailleurs que le déficit et la dette allaient connaître une envolée
presque historique, et ça n'a pas été le cas. Il
y a à peine un an, la boule de cristal, qu'il faut qualifier de défectueuse, du
ministre prévoyait un déficit de 8,5 milliards après versement du
Fonds des générations. Il a dû réviser à la baisse cette estimation. On est
presque rendu à l'équilibre budgétaire, c'est
0,5 milliard de dollars, si on enlève les provisions historiques de
2,5 milliards qui ont été mises cette année pour risque, si on enlève aussi le montant qui a été mis dans le Fonds
des générations, on est presque au déficit... presque à l'équilibre
budgétaire.
Avec la crise
sanitaire, la crise du logement, la crise du coût de la vie, la crise
climatique, toutes les crises qui se multiplient et auxquelles on fait
face et auxquelles les générations futures vont faire face, quel poste
budgétaire, dans ce budget, a le plus
augmenté, M. le Président? Est-ce que c'est celui de la santé pour relever
notre réseau de santé publique? Non. Est-ce que c'est celui de
l'éducation, une priorité du gouvernement et une priorité même personnelle du
premier ministre qui dit qu'il est en
politique pour l'éducation? Ce n'est pas ce poste budgétaire qui a le plus
augmenté. Est-ce que c'est celui de l'environnement? Bien sûr que non
quand on a un ministre de l'Environnement qui démissionne de ses responsabilités et qui devrait se faire
démissionner, comme le demande ma formation politique, par le premier ministre, ce n'est certainement pas ce poste budgétaire qui a le plus augmenté.
M. le
Président, je vous le donne en mille, le poste budgétaire qui a le plus
augmenté dans ce budget, c'est celui du
Fonds des générations. Le ministre des Finances a décidé d'augmenter
les paiements annuels, pendant les cinq prochaines années, dans le Fonds des générations, de
44 %. Imaginez, si on a une telle augmentation, que ce soit dans le
ministère de l'Environnement, ou le
ministère de la Santé, ou en prévention au sein du ministère de la Santé. La
prévention, c'est oublié dans
l'investissement dans nos services publics. Mais, en prévention, dans notre
santé, on dit souvent : Prévenir, c'est guérir. Ça, c'est totalement oublié, et c'est quelque
chose sur lequel on doit... à Québec solidaire on insiste beaucoup, notamment
avec les CLSC, par exemple. 44 %
d'augmentation dans le Fonds des générations alors qu'on a toutes ces crises
dans lesquelles on vit et qui nous pendent au bout du nez.
• (11 h 40) •
Le ministre lui-même a dit, lors des débats et
des discussions budgétaires en commission, il a dit qu'il est d'un tempérament
très inquiet et qu'il préfère mettre beaucoup d'argent de côté. Moi aussi, M.
le Président, je suis d'un tempérament
inquiet et je trouve que c'est important de prévenir et de... pour nous
rassurer pour notre avenir. Mais ce qui m'empêche de dormir la nuit, ce n'est pas la même chose que le ministre
des Finances, visiblement. Moi, ce qui m'empêche de dormir la nuit, c'est la
crise climatique. Le rapport du GIEC est volumineux, et les scientifiques ont
de la difficulté à se faire entendre,
et c'est pour ça qu'ils nous le donnent morceau par morceau. Et souvent on a
l'impression que c'est les mêmes nouvelles
qui se répètent fois après fois. Mais c'est parce que c'est tellement immense,
ce qu'ils ont à nous communiquer, et
la sonnette d'alarme qu'ils nous lancent est tellement assourdissante, et il
faut qu'il y ait des gens qui écoutent. Et ce qu'ils nous disent, c'est
qu'on ne peut pas augmenter les émissions de gaz à effet de serre mondiales
après 2025, sinon on ne reconnaîtrait plus
notre planète. Si on s'arrêtait puis on voyait la catastrophe dans laquelle on
s'embarque, pour notre planète, pour
la santé des gens, mais aussi économique et financière, on n'en dormirait pas
la nuit. Le ministre des Finances n'en dormirait pas la nuit. S'ils avaient
vraiment à coeur, si le ministre des Finances avait vraiment à coeur, et le gouvernement, l'avenir des générations, ils
n'augmenteraient pas le Fonds des générations, ils augmenteraient les
investissements notamment en transport en commun et en environnement. Mais ce
n'est pas le choix qui a été fait.
Donc, face à un budget aussi conservateur, où on
met beaucoup d'argent de côté, oui, pour parer aux risques et à l'instabilité
économique actuelle qu'on vit, notamment avec la guerre et tout ça, mais ce
qu'ils font, c'est que, face à toutes ces
crises, ce que ce gouvernement-là a décidé de faire, c'est d'être conservateur
et a décidé, donc, de flasher une mesure,
qu'on est en train d'oublier au fur et à mesure que les semaines avancent,
c'est le fameux 500 $ donné à 6,4 millions de personnes. Vous savez, M. le Président, ce
n'est pas vrai qu'il va y avoir 6,4 millions de personnes qui vont le
recevoir, ce 500 $.
Ça, c'est de la fausse représentation. Il y a des gens qui ne l'auront pas. Pas
les gens qui gagnent 100 000 $, eux autres vont probablement... la grande
majorité vont l'avoir; les gens qui en ont vraiment besoin.
J'ai reçu
plein de témoignages par rapport à ce 500 $. Je vous en lis un, M.
le Président. Ça, c'est un message que j'ai reçu à mon bureau : «Suite
à un accident de travail, suivi d'une maladie de fibromyalgie, je me suis mise
sur l'aide sociale en février 2021.
Incapable de travailler depuis juin 2020, je suis extrêmement en colère contre
le gouvernement. Le ministre des
Finances ne vit pas dans la réalité. Je suis à bout. Je fais affaire avec des
banques alimentaires pour me nourrir. Et
oubliez le petit plaisir de la vie. Maintenant, j'ai entente avec le
gouvernement pour payer ma dette à raison de 25 $ par mois. Ce matin, j'ai
appelé le gouvernement, et l'agent m'a dit que je n'aurai pas le droit de
toucher à ce 500 $ parce que j'ai une dette envers eux. Ils
vont se payer avec. La question est : Comment je vais faire pour me payer
des pneus d'été, m'acheter de la nourriture
en surplus, m'acheter des vêtements essentiels? Quand mes comptes sont tous
payés, il ne me reste que 110 $ par mois pour vivre, sans compter l'essence.
Merci de parler en notre nom, parce que j'avoue que je suis en colère,
découragée. Quand je travaillais 40 heures par semaine, j'étais une bonne
employée. Maintenant, avec la façon que je
suis traitée, je suis une nuisance pour notre société, la BS.» Ça, des
témoignages comme ça, j'en reçois plein, puis il y a beaucoup de gens
qui vivent ça.
Vous savez,
j'ai lu ce témoignage, lors des débats, au ministre des Finances, et il a réagi
de la même façon qu'il a réagi quand j'ai posé ma question, la semaine
passée, sur le fait qu'il y a 44 000 personnes sur l'aide sociale qui
ne recevront pas le 500 $ parce que
c'est l'État qui va se servir en premier. Et donc il a réagi de façon froide et
sans compassion.
D'autres choix auraient pu être faits par ce
gouvernement, par exemple, donner une prestation d'urgence pour les gens à faibles revenus, comme ça a été fait
avec la mise à jour économique en novembre dernier. Il aurait pu aussi décider
d'exempter entièrement le 500 $ de
toute retenue pour les gens à faibles revenus qui sont sur le bien-être social
ou qui reçoivent le crédit d'impôt pour solidarité. Ça aurait été possible
comme choix, mais le gouvernement a décidé de ne pas le faire. Donc,
c'est un budget électoraliste, un budget conservateur et un budget qui manque
de compassion.
Je voudrais
ajouter aussi un dernier élément très important : c'est un budget qui
manque d'ambition. Une des façons importantes, comme je le disais, pour
lutter contre les changements climatiques, c'est d'investir dans les transports
en commun. Le premier ministre répète
constamment, à la période de questions, qu'il y a eu un investissement ou il va
y avoir un investissement de
56 milliards, mais ça, là, le 56 milliards que le premier ministre
répète constamment, ça, c'est des investissements... ça inclut des
investissements qui ne sont même pas encore à l'étape de la planification, donc
c'est des souhaits, des projets qu'on aimerait qu'ils se réalisent, mais
on ne sait pas s'ils vont voir le jour. Et, si on voit comment la CAQ réagit et retarde le projet de tramway, on
est vraiment loin de la coupe aux lèvres par rapport à ces 56 milliards.
Le vrai chiffre qu'il faut regarder,
dans le budget, par rapport aux investissements en transport en commun dans le
PQI, c'est 15 milliards de
dollars d'investissement. 15 milliards, ça veut dire 28 % dans les
investissements totaux en transport en commun. Tout le reste, c'est dans
les routes et les autoroutes. Et ça, il n'y a aucun problème, avec ce
gouvernement.
Donc,
vraiment, le bilan de la CAQ en matière de transport en commun, c'est ça, c'est
un manque d'ambition. Donc, c'est un
budget conservateur, un budget électoraliste et un budget qui manque de
compassion et d'ambition. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de
prendre la parole, donc, la réplique finale au budget. Je vais essayer de... essayer,
parce que vous m'avez accordé 30 minutes, on va essayer de faire ça en
30 minutes, de couvrir six thèmes. On verra bien.
Mais, avant
d'arriver au premier thème, quelle est la mesure-phare de ce budget? Et ce
n'est pas seulement moi qui le dis, les collègues des autres oppositions l'ont
mentionné aussi, le gouvernement lui-même, dans sa publicité postbudgétaire,
la mesure-phare qui est indiquée et mentionnée continuellement, c'est les
500 $ envoyés à 6,4 millions de Québécois.
Nous l'avions
dit dès le 22 mars, dès le dépôt du budget, M. le Président, que cette
mesure-là n'était pas adéquate parce
qu'elle n'est pas bien ciblée. C'est quand même 3,2 milliards de dollars,
c'est substantiel. Comme le premier ministre aime bien dire, l'argent ne pousse pas dans les arbres. Donc,
3,2 milliards, c'est un montant important, mais le gouvernement a
fait le choix et le ministre des Finances
l'a bien dit, c'était le choix du gouvernement d'envoyer 500 $ à
pratiquement tout le monde, à 6,4 millions de Québécois.
L'enjeu est
réel. La hausse subite de l'inflation provoque des perturbations majeures dans
les budgets des familles, mais ça
aurait été beaucoup plus efficace de cibler ces 3 milliards-là. Donc, si
on avait 3 milliards pour soutenir les familles du Québec, on aurait dû cibler ça aux personnes
qui en ont vraiment besoin. Donc, ça, c'est la première critique. On l'a
mentionné plusieurs fois, que cela aurait dû
être ciblé à ceux qui en ont vraiment besoin, parce que, fort probablement... Et,
M. le Président, vous savez très bien que l'effet de l'inflation, c'est
cumulatif. Je ne vois pas vraiment un ralentissement prochain du taux d'inflation. On y viendra. Donc, peut-être qu'au budget
de l'année prochaine le ou la ministre des Finances, à ce moment-là, va devoir continuer à mettre en
oeuvre de l'aide directe comme celle-là. Donc, ça, c'est la première chose,
et, à notre avis, c'est la chose la plus importante.
• (11 h 50) •
Maintenant, parlons donc des six thèmes que je
voulais aborder.
Le premier
thème, c'est l'économie. Alors, l'économie, M. le Président, ça a été mentionné
aussi plusieurs fois que, bon, l'économie
du Québec va très bien, tout va bien. On est parmi les meilleurs au monde. Je
vous dirais que, l'année 2021, donc
l'année qui est derrière nous, en effet, on a eu un rebond économique majeur,
énorme, le PIB nominal qui a même dépassé le 10 %, c'est du jamais-vu. Il y a des facteurs très, très
ponctuels qui justifient cela, le premier étant juste le fait que c'est
un rebond d'une année 2020 qui, elle, était désastreuse.
Maintenant,
la croissance qui est prévue pour l'année 2023, l'année qui vient... non,
pardon, pour l'année 2022, c'est 2,7 %. Donc, on revient à un taux de
croissance un peu plus normal, même si 2,7 %, c'est encore relativement
fort. Et, par la suite, les
projections du ministère des Finances, et je ne les conteste pas du tout, c'est
que l'économie va... la croissance va s'établir à 1,5 % par année à partir
de 2024. Le problème avec ça, M. le Président, c'est qu'avec un tel taux de
croissance économique à partir de 2024 l'État du Québec... Et on le voit très
bien dans les documents budgétaires, les dépenses, ce qu'on appelle les dépenses de mission, les
dépenses, donc, des missions de l'État, santé, éducation, famille, justice,
etc., ont pris une ampleur très
importante. Et, avec ce type de croissance économique, on va avoir des problèmes
plus tard. Ce n'est pas suffisant. On
ne génère pas assez de revenus pour pouvoir couvrir toutes les missions de
l'État, surtout pour pouvoir couvrir toutes les nouvelles missions que
l'État s'est données depuis 2018.
Donc, pour
que les programmes publics soient adéquatement financés à l'avenir, la
croissance de 1,5 % par année n'est pas suffisante, mais
certainement pas suffisante, et cela va demander des ajustements importants
dans la politique budgétaire du
gouvernement. Le gouvernement nous dit que, bon, ils espèrent, ils souhaitent
avoir une croissance économique plus
forte que 1,5 %, mais qu'ils ne vont pas l'inscrire dans le budget. C'est
leur objectif d'accélérer ça, mais je ne vois pas comment on va être capables d'accélérer cette croissance économique
là pour deux raisons. Il y en a plein, mais on n'a pas beaucoup de
temps, donc pour deux raisons.
D'abord, dans le contexte actuel, le taux
d'inflation qui est très élevé, présentement on est au-delà de 5 %... le gouvernement espère, mais c'est prévu dans les
documents budgétaires, que le taux d'inflation va retourner autour de la
cible de la Banque du Canada, qui est de
2 % dès l'année prochaine, dès 2023. Moi, je trouve cette prévision-là
extrêmement ambitieuse, extrêmement optimiste.
Avec tout ce
qui se passe, avec toute l'incertitude... Et on le verra bien la semaine
prochaine, quand la Banque du Canada
va annoncer sa politique monétaire, que l'inflation est beaucoup plus profonde
que ce qu'on pense et l'inflation va rester
élevée pendant plus longtemps que ce qu'on pense, ce qui va probablement
demander, comme la réponse de la part des autorités monétaires, des
banques centrales, une politique monétaire beaucoup plus agressive que ce qu'on
pense, c'est-à-dire des taux d'intérêt plus
élevés pendant plus longtemps aussi. Et ça, ça risque de nous causer des
problèmes pas seulement à nous, mais toute l'Amérique du Nord et en
Europe, nous causer des problèmes de croissance économique, parce que, si les taux d'intérêt augmentent vite,
ils restent élevés, parce qu'on n'est pas habitués à avoir des taux... Ça fait
des années, des décennies que les taux sont
très bas. On n'est pas habitués à ça. Nous tous, collectivement, entreprises, citoyens,
même les citoyens du comté de Verdun, tous
les citoyens, toutes les entreprises, les États, on s'est tous endettés, M. le
Président, donc on est tous beaucoup
plus vulnérables à une hausse de taux d'intérêt qu'on l'était, peut-être, il y
a quelques années. Donc, ça risque de
faire mal, et de ralentir notre croissance économique, et donc de faire en
sorte que le financement à long terme des services publics soit beaucoup
plus difficile que ce qu'on pense présentement.
Donc, le portrait économique, M. le Président, à
mon avis, n'est pas si positif que ça. Il l'est à très court terme. Cette année, 2022, je ne pense pas qu'il y
aura de problème, en 2022, M. le Président, mais ça va être l'accumulation de
tout ce qu'on voit percoler qui va avoir un effet important dans notre
avenir économique.
Le deuxième facteur, évidemment, donc, au-delà
de l'inflation et de la réponse des politiques monétaires, le deuxième grand facteur, et ça, c'est très unique,
très unique au Québec, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, donc un
vieillissement très rapide de notre
population, le fait que la population en âge de travailler, les 15-64 ans,
en termes absolus, commence à
diminuer graduellement. Donc, ce n'est pas un ralentissement de la croissance,
c'est carrément une diminution. Et cela va faire en sorte que, même si on
voulait accélérer la croissance économique, il va nous manquer de bras. On n'a
pas assez de personnel et on le voit
dans tous les domaines, publics et privés, tout le monde manque de personnel.
Évidemment, pour compenser ça, il
faut miser beaucoup sur la productivité, l'investissement, l'automatisation,
l'innovation, toutes ces choses-là,
et tout cela est important. Mais fondamentalement il nous manque du monde, et
ça, ça va aussi ralentir la croissance. Donc, ça va rendre l'atteinte de
ce fameux 1,5 % de croissance à l'avenir encore plus difficile à obtenir.
Évidemment,
il y a plusieurs solutions à ça. Et il y a toutes sortes de groupes
populationnels qui se trouvent plus ou moins éloignés du marché du travail, il
faut aller les chercher, bien sûr, la formation, et tout ça est très bien. Les
personnes un peu plus âgées, M. le Président, vous et moi, probablement qu'il
va y avoir... qu'il devrait y avoir certaines mesures qui vont nous inciter à rester un peu plus longtemps sur le marché du
travail. Et tout ça est en oeuvre, mais tout ça prend un certain temps pour prendre effet. Mais l'autre
élément, M. le Président, c'est l'immigration. Et je pense qu'à un moment
donné, au Québec... je pense qu'on devrait
être assez adultes pour pouvoir avoir une bonne discussion sur nos politiques
d'immigration dans le contexte d'une énorme pénurie de main-d'oeuvre et dans le
contexte où l'économie de l'avenir, M. le
Président, celle qui est en train de se préparer, d'émerger, c'est une économie
qui va dépendre beaucoup des talents, elle va dépendre beaucoup du
capital humain.
On est déjà, au Québec, comme une économie de
services. On est de moins en moins une économie industrielle, même si c'est encore très important, le secteur
industriel, mais de plus en plus une économie de services. Et, dans les
services, M. le Président, il y a toutes sortes de services, mais, dans
les services en général, ceux des services qui sont les plus prometteurs, c'est vraiment le facteur clé, c'est
le capital humain. C'est les talents, c'est les personnes qui font le
développement de ces services-là. Et,
ce talent-là, on l'a chez nous, bien sûr, mais il existe à l'extérieur aussi.
Donc, il faut qu'on soit assez attractif pour attirer ces personnes-là.
Il ne faut surtout pas avoir peur qu'ils viennent chez nous, M. le Président.
Donc, cette
conversation-là, je pense que, dans les dernières années, on n'a pas, il me
semble, eu cette discussion de façon
un peu plus sereine, mais c'est important de la faire. Et là où le gouvernement
ou l'État, à mon avis, fait fausse route,
et ça, c'est une opinion qui est très personnelle, M. le Président, c'est
que de favoriser essentiellement l'immigration temporaire, les travailleurs temporaires... À mon avis, quand on cherche
des immigrants, ce qu'on veut, c'est qu'ils s'intègrent le plus rapidement possible. Et comment
voulez-vous, M. le Président, vous intégrer rapidement dans un pays d'accueil,
si vous savez en partant que vous allez rester juste deux ans? Vous n'avez pas
le droit de rester, donc vous êtes là temporairement.
Si vous êtes là temporairement, vous n'allez pas faire un effort de vous
intégrer. Donc ça, c'est complètement
contre-productif. Je ne dis pas qu'on n'a
pas besoin de travailleurs temporaires, bien sûr qu'on a aussi, mais ça ne
devrait pas être le coeur de notre politique d'immigration.
Donc, ça, c'est le volet économie, M. le
Président, le premier de mes six. Il va falloir y aller un peu plus vite,
peut-être, mais le deuxième... Donc, la conclusion est que l'économie du Québec
ne va pas si bien que ça parce que nous avons des défis structurels importants. Et,
pour qu'on puisse financer adéquatement nos services publics, il nous faut
de la croissance économique, et je pense qu'on aura de la difficulté à cela.
• (12 heures) •
Le deuxième
volet que je voulais vous parler, c'est, bien sûr, les finances publiques. Les
finances publiques, écoutez, on va avoir un déficit plus faible que
prévu en 2021‑2022, et même, par la suite, les déficits qui sont projetés sont
des déficits relativement modestes, mais ils
sont toujours là. Donc, nous avons toujours un déficit structurel. Il est moins
de 1 % du PIB, donc ce n'est pas
ça qui va nous causer énormément de difficulté, mais c'est toujours là. Donc,
encore une fois, il faut que la
croissance économique soit plus rapide, parce que, sinon, on va être coincés
avec des déficits structurels qui
vont se répéter à court terme. Et par «à court terme» je veux dire les
prochains trois, quatre ans. Je ne pense pas que ça cause un grand problème. Mais l'objectif gouvernemental de retourner
à l'équilibre en 2027‑2028, M. le Président, je trouve que cet objectif-là va être difficile
d'atteindre parce que la croissance économique, à mon avis, n'est pas
suffisante. Il faut que ce soit plus vite que ça pour qu'on puisse
résorber complètement ce déficit structurel.
Donc, ça, ça nous pose une difficulté, M. le
Président, et cela vient du fait que, et on a eu une bonne discussion en commission parlementaire avec le ministre... ça
reflète en partie aussi l'accélération des coûts de... ce qu'on appelle les
coûts de système, les coûts des programmes.
Le gouvernement mise beaucoup sur le fait qu'en santé... parce que la santé,
c'est le gros des dépenses publiques, et ça accapare de plus en plus de
ressources financières, la santé. Le gouvernement est de l'avis qu'après les changements inhabituels des
quelques dernières années, suite à la pandémie, par la suite, bon, la vitesse
de croisière, si on veut, donc le coût de reconduction des services se situe
quelque part aux alentours de 4 %, 4,5 % par année.
Moi, de ce que j'ai vu, de ce que j'ai lu,
l'évolution de la société, comme on a dit tantôt, le fait qu'il y a un
vieillissement quand même assez rapide de la population québécoise, il y en a
de plus en plus de personnes qui ont 65 ans
et plus... on a vu ce qui arrive avec les personnes plus âgées quand il y a des
pandémies et des événements comme ça,
donc la demande pour les services de santé va être de plus en plus forte au fur
et à mesure qu'il y a un vieillissement de la population.
Donc, je pense que, quand on regarde à moyen
terme et à long terme, de se fier seulement à une augmentation de 4 %, 4,5 % par année des dépenses en
santé, encore une fois, c'est ambitieux. Moi, je pense qu'on est plutôt aux
alentours de 5 %, même peut-être
un peu plus que 5 % par année. Donc, encore une fois, il va nous manquer,
à terme, des ressources financières.
Bien sûr, le
gouvernement espère toujours, et je les soutiens dans cela, je les soutiens
entièrement, le gouvernement espère
toujours obtenir une augmentation des transferts fédéraux en santé. On souhaite
tous avoir ça. Mais, comme on dit en
bon québécois, M. le Président, «been there, done that». Ce n'est pas si simple
que ça. Ça demande beaucoup de discussions, ça demande beaucoup de persévérance. Ça demande de s'assurer que nos
voisins des autres provinces soient avec nous. Ce n'est pas toujours le cas.
Donc, ce n'est pas impossible, mais ce n'est pas une bataille qui va être
gagnée rapidement. Et ça, c'est aussi quelque chose à tenir en
considération.
Donc, les
finances publiques du Québec, à court terme, je pense qu'il n'y a pas d'enjeu
comme tel, mais, à moyen et long terme, je pense que ces questions de
soutenabilité à long terme se posent. Étant donné la structure de nos dépenses
publiques, je pense qu'il faut absolument
qu'on soit capables d'accélérer la croissance économique pour qu'on soit
capable de maintenir nos services publics.
Le troisième
enjeu, c'est l'habitation, et l'habitation, M. le Président, c'est partout au
Québec. Ce n'est pas seulement à Montréal, ce n'est pas seulement dans le comté
de Robert-Baldwin, ce n'est pas seulement dans le comté de Verdun, c'est partout, partout, le manque de logements
abordables, le manque de logements tout court. Depuis une dizaine d'années, une
décennie, peut-être même un peu plus,
collectivement, au Québec, comme ailleurs au Canada, nous n'avons pas construit
assez. Donc, il y a un déficit de logements
dans notre pays, et ça, ça prendra du temps à régler, bien sûr. Ce n'est pas
demain matin, là, comme par magie,
bing, bang, boum, pouf! des milliers de logements apparaissent comme ça. On
sait très bien que ce n'est pas comme ça.
Donc, il faut
travailler sur deux facteurs : les choix, les décisions, les politiques
qui vont avoir un effet à long terme sur l'offre, donc sur la construction, il
faut construire plus toutes sortes de logements, abordables, du logement
social, toutes sortes de logements,
et aussi il faut densifier nos villes. Il y a toutes sortes de choses qu'il
faut faire, et le gouvernement, l'État a un rôle à jouer pour essayer
d'envoyer les signaux appropriés au marché pour qu'on puisse accélérer la
construction.
Ça demande aussi du courage. Ça demande aussi
qu'on soit capable de s'asseoir et de parler avec nos municipalités, parce
qu'une partie de ça aussi, c'est dans la cour des municipalités, toutes les
questions en termes de zonage, etc. Donc, il
faut avoir une bonne conversation aussi, mais il faut faire quelque chose, là.
Il faut vraiment, d'abord, comprendre
qu'il y a cet enjeu à long terme et puis mettre en place des politiques qui
vont amener à accélérer le pas de la construction résidentielle.
Mais il faut
aussi, en même temps, travailler sur les mesures à court terme, parce qu'à
court terme, M. le Président, un des
enjeux qu'il y a, il n'est pas le seul, mais un des enjeux qu'il y a partout,
même à Verdun, partout, M. le Président, un des enjeux, bien, c'est
l'accès à la propriété pour les premiers acheteurs. Et les premiers acheteurs,
M. le Président...
Et, ça, je le
dis, je ne vais pas faire de... je ne vais pas revenir sur les questions de ma
propre famille, là. Ça suffit, ces
exemples-là. Mais pensons-y de la façon suivante. C'est important pour la santé
même du marché d'immobilier. Un marché
d'immobilier, M. le Président, s'il n'y a pas de premier acheteur ou s'il y a
de moins en moins de premiers acheteurs, c'est un marché qui est
dysfonctionnel.
Moi... enfin, nous, notre génération, M. le
Président, nous sommes probablement très contents, parce que nos... Si nous avons acheté une maison il y a 30,
40 ans, cette propriété, aujourd'hui, a une très grande valeur. Donc,
nous, nous sommes très contents de ce
prix-là. Donc, on va réaliser ces gains-là quand on va vendre notre maison,
mais qui va l'acheter? Mais qui va l'acheter si les jeunes ne sont pas
capables de l'acheter?
Donc, le segment des
premiers acheteurs est crucial pour qu'on puisse avoir un marché d'immobilier
qui soit équilibré et qui fonctionne, pour
que même les vieux boomers comme vous et moi, M. le Président, puissent
éventuellement vendre leurs
propriétés. Donc, il nous faut des premiers acheteurs, et les premiers
acheteurs, aujourd'hui, M. le Président, ont énormément de difficultés à
être capables, donc, d'accomplir ce rêve-là d'avoir leurs premières propriétés.
Il y a toutes
sortes de mesures qu'un gouvernement peut faire. Nous avons fait plusieurs
suggestions, M. le Président. Je ne suis pas en train de vous dire que
nous avons la recette idéale ou l'unique recette. Il y a toutes sortes de
moyens, mais il faut faire quelque chose,
là. Il faut vraiment mettre en place des mesures qui, à court terme, peuvent
avoir un certain effet.
Rien ne sera
parfait. On peut toujours trouver que, ah! si on fait ça comme ça, bon, il
y a quelqu'un qui... On peut toujours trouver des critiques à ces mesures-là,
mais l'important, c'est de commencer quelque part, l'important, c'est de
mettre en place ces mesures-là, et c'est
toujours une série de mesures, ça ne se résume pas à une seule chose, pour
qu'au moins les premiers acheteurs puissent avoir une chance de se trouver...
d'être capables d'entrer dans le marché immobilier, parce qu'au-delà,
donc, de l'effet d'avoir un marché immobilier qui soit équilibré et fonctionnel,
il y a aussi une question de justice. Je pense que, nous, nos générations, même
celle de la députée de Verdun, qui est un peu plus jeune que moi, M. le Président, mais nous avons eu quand même...
nous avons été capables d'accéder à la propriété. Et c'est profondément injuste
que, maintenant, la génération des personnes dans la vingtaine, jeune trentaine
se trouve vraiment fermée au marché. Ils ne peuvent même pas espérer
faire ça. Donc, c'est important de faire ça. Et, dans le budget,
malheureusement, il n'y avait pas grand-chose, il n'y avait rien.
• (12 h 10) •
Quatrième
élément — il
faut aller un peu plus vite — le
PQI, l'investissement en infrastructures. Et, là aussi, comme notre collègue de Mercier, c'est vrai que M. le
premier ministre mentionne déjà depuis plusieurs jours, même plusieurs
semaines, le 56 milliards d'investissements en transport collectif. Ah
oui! 56 milliards. Alors, j'ai regardé dans les documents budgétaires, on va à la section du PQI, du Plan
québécois des infrastructures, qui se trouve à la page I.55, M. le
Président, et puis on essaie de voir.
O.K., bon, très bien. Alors, voilà, oui, en effet, il y a 146 milliards de
dollars d'investissement en infrastructures, de 2022 à 2032, sur
10 ans. Et puis, bon, il y a une répartition sur les différents types
d'investissement. Et puis il y a une case
qui s'appelle Transport collectif, dans le PQI : transport collectif,
c'est 9,4 %. C'est écrit dans les documents budgétaires :
9,4 % des 142 milliards. 9,4 % de 142 milliards, M. le
Président, ça donne 13,4 milliards.
Alors, où
sont les autres, les 56 milliards que le premier ministre mentionne «time
after time»? Il faudrait un peu plus de précision là-dessus. Probablement qu'il
y a plein de projets qui ne se trouvent pas encore au PQI et sur lesquels
le premier ministre compte déjà. Mais, s'ils ne sont même pas encore à l'étude,
M. le Président, ça va se faire dans la semaine des quatre vendredis,
peut-être, je ne sais pas. Ce qui est au PQI, aujourd'hui, pour les
10 prochaines années, M. le Président, c'est 9,4 % en transport
collectif, 13,4 milliards de dollars. C'est ça, le chiffre qui est
inscrit.
Maintenant,
PQI, plan d'infrastructures, 142 milliards, comme j'ai dit, M. le
Président, c'est quand même 26 % de l'économie québécoise, du PIB, c'est un effort important. Donc, l'État du
Québec investit quand même des sommes importantes
en infrastructures parce que ses besoins... nous avons besoin de moderniser et
de mettre à jour nos actifs, nos infrastructures,
un effort très important. Nous avons tout un processus d'étude, et de
planification, et de mise en oeuvre de ces projets d'infrastructure.
Ce que je
trouve quand même intéressant, c'est qu'en 2018, par exemple, il y avait... le
PQI se trouvait à 100 milliards de
dollars sur 10 ans. À ce moment-là, nous proposions que, bon, il fallait
relever le PQI à 110 milliards pour l'année suivante parce qu'il
fallait accélérer nos travaux d'infrastructure. Et M. le premier ministre et sa
formation politique disaient : Non,
non, non, voyons, quand même, il y a la capacité de payer des contribuables
québécois, on ne peut pas aller au-delà
de ça, on reste à 100 milliards. Bien là, maintenant, on est à 142. Donc,
il y a des choses qui se disent en campagne électorale, on dirait, et puis il y a l'épreuve des faits, donc on est
rendu à 142. Et, je pense, non seulement c'est nécessaire, les
142 milliards, il faudrait même penser à aller un peu plus vite que ça, si
possible, parce qu'une... ou alors, ou alors revoir
les priorités. Parce que, dans ces 142 milliards, il y a certaines choses
que nous, on juge qui ne sont pas nécessaires. Comme d'ailleurs la collègue de Joliette l'avait mentionné, les maisons
des aînés, ce n'est peut-être pas d'une utilité nécessaire. Donc, moi,
j'utiliserais ces fonds pour mettre ailleurs.
Mais restons
avec le besoin en infrastructures, M. le Président, une des façons de s'assurer
qu'on est capable de financer ça, parce que les 142 milliards, c'est de
l'argent qu'on va emprunter, hein, une des façons qu'on a pour s'assurer
d'être capable d'accéder aux fonds, dans les
marchés publics, d'emprunter à des termes raisonnables, ce n'est pas seulement
le Fonds des générations. Donc, le Fonds des générations est très, très, très
important, très utile. C'est une création du Parti
libéral, M. le Président, dont je suis très fier, et il faut le continuer. Ça
avait été mentionné tantôt qu'il y a une forte augmentation du Fonds des
générations, que le gouvernement met une augmentation de... je ne sais pas
trop, c'était 40 % du Fonds des générations.
Ce qui fait monter les contributions au Fonds des générations, ce qui augmente
le plus vite, c'est le revenu
d'investissement. C'est justement parce qu'il y a un fonds... ce fonds est
investi, était placé, et il y a des revenus d'investissement. Et c'est
ça qui augmente très rapidement.
Alors, M. le Président, en conclusion, mon
sixième thème, où je n'ai pas beaucoup de temps pour y arriver, mais il faut
parler d'environnement, il faut parler du Fonds vert, il faut parler... Parce
que moi, je l'appelle toujours le Fonds
vert, parce que la seule chose que le gouvernement de la CAQ a faite, c'était
de changer de nom. Ils ont trouvé... ils ont fait le Fonds en électrification, je ne sais pas trop quoi, et puis ils
ont éliminé le Conseil de gestion du Fonds vert, et puis ils gèrent comme
ils veulent. Mais il n'y a rien qui se passe, il n'y a absolument rien qui se
passe. Il y a 7,5 milliards là-dedans, M. le Président. Il y a toute une section dans le budget, la section F,
avec beaucoup d'argent là-dedans, mais c'est l'argent qui vient, pour la plupart, des 7 milliards
et demi sur cinq ans. Au-delà de 6 milliards proviennent du Fonds vert.
Donc, ce sont des fonds qui sont
générés par la bourse du carbone et qui, en tous les cas, doivent aller dans la
lutte aux changements climatiques. Et
nous jugeons que c'est mal allouer ces fonds-là et que le gouvernement, en se
débarrassant du Conseil de gestion du Fonds vert et en
ramenant le Fonds vert à l'intérieur du ministère, a fait un pas en arrière qui
nous a... qui va nous prendre des années à revenir là où on aurait dû
être.
Alors, voilà, M. le
Président, c'est le seul budget que nous jugeons qu'à moyen et à long terme
c'est un budget qui ne passera pas à l'histoire, M. le Président. C'est un
budget qui ne prend pas en compte vraiment les grands risques auxquels nous faisons face dans le monde
d'aujourd'hui non seulement à cause des facteurs externes, comme la guerre,
mais aussi des facteurs internes,
comme notre crise démographique, parce que c'est une crise démographique. Et on
n'adresse pas du tout la crise climatique, qui, elle, est aussi la crise
de notre génération. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député de Robert-Baldwin. Je cède la parole au ministre des Finances.
Vous disposez d'une période d'une heure pour votre réplique.
M. Eric Girard (réplique)
M. Girard (Groulx) : Merci, M. le Président.
D'abord, j'aimerais souligner l'excellent travail de la Commission des finances publiques. Nous avons eu le plaisir
d'avoir 10 heures de débat sur le budget. Alors, merci aux collègues de la
partie gouvernementale qui étaient présents. Merci aux oppositions. Il y avait
le député de Jonquière, la députée de Mercier, le député de
Robert-Baldwin, La Pinière, mon député, Mont-Royal—Outremont, qui est venu aussi poser des questions. Alors, tout
ça, c'est un processus démocratique.
Et
là je vais vous résumer le budget et vous donner les principaux messages. Et je
pense que c'est important d'être capable de faire la synthèse du budget, alors
je vais vous faire deux synthèses, M. le Président, une synthèse d'une
phrase et une synthèse en trois points, puis ensuite j'irai en détail.
Alors, pour résumer
le budget en une phrase, je le qualifierais de budget responsable et prudent.
Pour ce qui est de pourquoi responsable, je vais l'expliquer : parce qu'on
a une saine gestion des finances publiques. Prudent, parce qu'il y a quand même de l'incertitude dans
l'économie. On a une guerre en Europe, on a une pandémie et on a un resserrement monétaire des banques centrales pour
lutter contre l'inflation, alors c'est important d'avoir un budget prudent
pour être en mesure de faire face aux intempéries ou à l'incertitude.
Donc, ce budget,
c'est trois choses principalement. D'abord, parce que l'inflation touche
immédiatement les citoyens du Québec, nous
avons choisi de verser un montant ponctuel de 500 $ pour lutter contre
l'inflation à 6,4 millions de Québécois, tous ceux qui gagnent moins de
100 000 $, en utilisant la déclaration de revenus 2021. Ensuite,
il y a tout le volet, la gestion responsable des finances publiques, c'est
extrêmement important, c'est ça qui nous permet d'avoir des ambitions à long terme, et je vais y revenir. Et
finalement, puisque c'est un budget responsable et prudent, les principales
missions de l'État, qu'on parle de la santé, de l'éducation, de l'enseignement
supérieur, de l'environnement, toutes ces missions sont financées adéquatement
à long terme. Alors, le financement des principales missions de l'État est là.
• (12 h 20) •
Un petit rappel sur
la croissance économique. Alors, nous avons, et nous vivons toujours une
pandémie, qui a provoqué la pire récession
depuis la Deuxième Guerre mondiale, la chute du PIB était de moins 5,5 %
en 2020, et le Québec a rebondi de façon exceptionnelle avec une
croissance de 6,3 % en 2021. Pour 2022, nous avions une prévision de 3,3 %, que nous avons révisée à la baisse, M. le Président,
de 0,4 %, en fonction du variant Omicron, qui est arrivé à
la fin de l'année et qui a affecté le
départ de l'économie québécoise en janvier. Et un autre 0,2 % lié
à ce qu'il se passe en Ukraine, l'invasion
de l'Ukraine par la Russie, donc une prévision économique de 2,7 % pour
2022, qui est inférieure au consensus des économistes qui, eux, sont à
3,1 %. Pour 2023, une prévision à 2 % versus 2,5 %. Donc déjà,
vous avez saisi cet élément de prudence des
prévisions économiques inférieures à ce que l'ensemble des économistes du
secteur privé prévoient.
Je
dois vous parler de l'inflation. L'inflation était à 0,8 % en 2020, 3,8 %
en 2021 et devrait atteindre près de 4,7 %, presque 5 % en 2022, d'où
l'importance de la prestation exceptionnelle que nous avons annoncée le 25
novembre, versée en janvier 2002,
pour compenser 3,3 millions de Québécois qui faisaient face à une hausse
du coût de la vie, et, maintenant, ce 500 $, qu'on appelle le montant
ponctuel qui utilise la déclaration de revenus 2021, à 6,4 millions de
Québécois pour faire face à l'inflation en 2022.
Et je rappelle
comment on est arrivé à ce chiffre de 500 $, c'est-à-dire qu'on prend un
panier de consommation de base, ça, dans le
panier de consommation de base, M. le Président, il y a l'alimentation, le
logement, le transport, les vêtements,
ce panier de consommation de base, c'est 22 000 $ par individu. Le
régime fiscal est indexé, ça veut dire que les tables d'impôt augmentent en
vertu de l'indexation officielle, les allocations famille sont bonifiées, cette
année, le régime des rentes est
indexé. L'indexation était de 2,6 %, 2,64 %, or, on attend
4,65 % d'inflation, donc 4,65 % moins et 2,64 %, 2 %
fois 22 000 $. Et voilà... En fait, ça donnait 432 $ de
compensation qu'il aurait fallu verser, et nous avons arrondi, parce
qu'on s'est dit : On va prendre un panier de consommation de
25 000 $, avec un peu de superflu au-delà du 22 000 $,
2 % de compensation, 500 $.
Bon,
6,3 % de croissance en 2021, M. le Président, c'est exceptionnel, c'est
plus que les États-Unis, c'est plus que l'Ontario, c'est plus que le Canada, c'est plus que la croissance
mondiale, c'est exceptionnel. Ça a permis d'avoir notamment un PIB nominal au-dessus de 12 % et une
hausse des revenus autonomes de 9 milliards de dollars, de plus de
9 milliards de dollars. Et, avec
cette hausse des revenus autonomes, on fait des investissements, et je vais y
revenir, des investissements importants,
mais aussi on réduit le déficit structurel, qui est maintenant... qui était
estimé à plus de 6,5 milliards de dollars, qui est maintenant estimé à
2,8 milliards de dollars. C'est donc... En un an, nous avons réduit le
déficit structurel de plus de moitié. Et je vous rappelle que notre
définition de ce qu'est un déficit au Québec est nettement plus rigoureuse que
la définition standard des autres entités
publiques, c'est-à-dire que, nous, c'est après contribution au Fonds des générations.
Alors,
je veux vous parler un peu de saine gestion des finances publiques, parce qu'il
y a plusieurs éléments dans ce budget
qui démontrent le sérieux que notre gouvernement accorde à la saine gestion des
finances publiques. Pourquoi, M. le Président?
Parce qu'une saine gestion des finances publiques est un élément essentiel d'un
bon gouvernement. Et c'est donc la
contribution que le ministre des
Finances peut faire tout en déployant
de nombreuses initiatives, à la qualité de ce gouvernement. D'abord, un engagement à revenir à l'équilibre
budgétaire en 2027-2028 après contribution au Fonds des générations. Un déficit structurel maintenant estimé à
2,8 milliards de dollars. Le maintien des versements au Fonds des
générations. Parce qu'au début, en
2020, il y a plusieurs personnes qui nous ont dit : Bien, voyons, il y a
une pandémie, pigez dans le Fonds des générations. Le maintien des versements au Fonds des générations. Des provisions pour intempéries, M. le Président. Tantôt, je vous ai parlé de
resserrement monétaire, d'inflation, de guerre en Europe, de pandémie.
8,5 milliards de provisions sur cinq ans dans le cadre
financier.
Et,
lorsque les parlementaires, ou les analystes, ou ceux qui s'intéressent aux
finances publiques veulent comprendre le
budget, ils se dirigent à la page A.22, le fameux cadre financier sur cinq
ans du gouvernement avec les revenus et les dépenses séparés par les postes les plus importants. Et on y voit quoi,
M. le Président? Que les revenus autonomes vont croître, pour la période
cinq ans qui s'amorce en 2022-2023, de 3,4 % et que les dépenses de
portefeuille vont croître de 3,4 %. On
a donc une adéquation entre la croissance des revenus et des dépenses. Et là,
pour revenir à l'équilibre budgétaire, si
nous n'utilisons pas nos provisions, il faudra aller chercher un petit
0,5 % de croissance supplémentaire des revenus que nous allons aller chercher avec toutes nos
excellentes initiatives pour stimuler l'économie. C'est vraiment ma page
favorite, M. le Président, la page A.22.
Je vous ai parlé du
financement des principales missions de l'État. Alors, pour la santé,
croissance de 6,3 % cette année,
4,5 % les années suivantes. Pour l'éducation, croissance de 5,4 %
cette année, 4 % la suivante, 3 % les années qui suivent. L'enseignement supérieur, avec les
initiatives liées aux bourses Perspective, qui sont nos bourses pour stimuler
les emplois dans les six secteurs prioritaires, 13 % de croissance à
l'enseignement supérieur, M. le Président, 3,7 % et 3,6 % les
prochaines années.
Nous avons une dette
nette qui atteint 200 milliards de dollars, 40 % du PIB. Et on a
encore du travail à faire, parce que la
moyenne des provinces canadiennes, nous sommes à 40 % de dettes nettes, la
moyenne des provinces canadiennes, c'est 33 %. Et puis là je vous
vois penser, et vous dites : 33 %, mais il y a sûrement l'Alberta, la
Colombie-Britannique là-dedans, ce n'est pas
juste. Non. 33 %, là, les provinces dans le milieu, c'est le Manitoba, la
Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. Il n'y a absolument aucune raison pour le Québec
d'avoir plus de dettes que ces provinces. Et nous sommes à 40 % du
PIB, un peu moins que l'Ontario, beaucoup moins que Terre-Neuve, et on va
tranquillement converger dans le temps,
doucement, vers la moyenne canadienne. Et c'est ce que le gouvernement a dit.
Le gouvernement a dit qu'il faudra se donner des nouvelles cibles de
dette au budget 2023-2024 et qu'on pourra s'inspirer de la moyenne
canadienne pour trouver une cible où converger à long terme.
Le
PQI de 142,5 milliards de dollars, évidemment, c'est extrêmement
important. Notre PQI est approximativement, toutes proportions gardées,
1,2, 1,3 fois celui de l'Ontario. Pourquoi? Bien, d'abord, parce qu'on a
les moyens, parce qu'on a un cadre financier
qui est solide et puis, bien sûr, on a des infrastructures qui ont besoin
d'aide, des infrastructures vieillissantes, et on doit faire les
investissements.
Alors donc, retour à
l'équilibre budgétaire 2027-2028. On aura commencé à réduire le poids de
la dette. On va manquer une des deux cibles
de la loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations. On devra donc
se donner les nouvelles cibles, et ce sera fait au budget 2023‑2024.
• (12 h 30) •
Bon,
alors là, je vous ai parlé du 500 $. Je vous ai parlé de la saine gestion
des finances publiques. Je vous ai parlé de l'économie. Je vais maintenant vous
parler du budget lui-même, des initiatives, parce qu'il y avait, dans ce budget,
22 milliards d'initiatives. Alors, on
pourrait dire : C'est beaucoup, 22 milliards d'initiatives.
Effectivement, c'est beaucoup, mais
on a une pandémie. Alors, il faut être conscient qu'il y a encore des milliards
de dollars qui vont à la pandémie. Et puis,
en plus, on a un enjeu d'inflation. Alors, on y va avec 3,2 milliards pour
donner aux Québécois ce 2 % d'aide, avec le 500 $.
Mais
lutter contre l'inflation, ce n'est pas seulement ponctuel, c'est aussi faire
face à l'accès à la propriété, l'accès au logement. Et c'est pour ça que la
ministre des Affaires municipales travaille sans relâche, parce que, lorsqu'on
a un marché immobilier où la demande est
plus forte que l'offre, M. le Président... Alors, vous avez votre papier
quadrillé, là. Vous vous rappelez vos années glorieuses d'économie au
cégep ou de secondaire V. Vous avez votre papier quadrillé, vous avez le prix, vous avez la demande, vous avez
le x, le y, et puis là, bien, il y a la demande, puis il y a l'offre, et puis
là la demande est trop forte, les prix montent, M. le Président. Bien, il faut
stimuler l'offre, parce que, si on stimule la demande, ça va pousser les prix.
Alors,
on stimule l'offre comment, M. le Président? Bien, d'abord, bonne nouvelle, il
y a eu 68 000 mises en chantier dans le secteur privé l'an dernier.
C'est une hausse de plus de 50 % sur notre moyenne de 10 ans. Donc,
le marché réagit et augmente l'offre de logements privés.
Ensuite,
ma collègue, au mois de novembre, est arrivée avec un nouveau programme
exceptionnel, logement abordable, parce que les logements sociaux, c'est bien,
M. le Président, mais il y a beaucoup de parties prenantes impliquées
dans des projets de logements sociaux et, en tout respect, ces projets-là
n'avancent pas rapidement. Ils sont bienvenus, ils sont importants. Mais, si on
veut aller vite, on a besoin d'un nouveau programme, c'est le programme de logements
abordables. Et, dans le budget, il y avait
1 000 nouvelles unités de logements abordables qui seront
construites, et il y en avait 2 000 à la mise à jour, donc
3 000 logements abordables, total.
Logements sociaux.
Nous sommes arrivés au pouvoir, il y avait 15 000 unités de logements
sociaux qui avaient été promises, mais qui
n'étaient pas adéquatement financées pour se réaliser. Alors, à chaque budget,
la ministre vient me voir, et on doit
travailler sur ces unités. Il n'y a rien de glorieux là-dedans, M. le
Président. On s'occupe que les unités déjà annoncées qui ne sont pas réalisées...
on prend ça en main. Et on met combien, M. le Président? On a mis 950 millions,
depuis qu'on est au pouvoir, pour les
logements sociaux, et là nous estimons que ces unités-là sont suffisamment
financées pour toutes se réaliser, et ça va donc compléter l'offre.
Et, lorsqu'on aura fini de
dire ce qui a été... de faire ce qui a été promis, bien, ça nous fera plaisir
d'annoncer les nouvelles unités. On va
d'abord commencer par faire ce qui a été dit et on travaille avec la ville de
Montréal et la ville de Québec, qui,
soit dit en passant... Je crois que je peux dire qu'elles étaient satisfaites
du budget, parce qu'il y avait de l'argent
en environnement, il y avait de l'argent en transport collectif, il y avait de
l'argent en logements sociaux. Et toutes nos initiatives économiques, évidemment, dynamisent l'économie du
Québec, et il y a beaucoup de ça qui se passe dans nos grandes villes,
mais j'y reviendrai pour le développement des régions.
Alors, j'ai parlé de logements sociaux.
8,9 milliards en santé, M. le Président, pour rétablir le système de
santé. Le réseau de la santé, on vient de
traverser une pandémie qui a identifié... Et j'avais des débats qui n'étaient
pas épiques mais des débats animés, avec le député de La Pinière, sur ce
qu'a révélé et n'a pas révélé la pandémie, mais il reste que nous avons des vulnérabilités, notamment au niveau des
infrastructures, du personnel, des systèmes informatiques, des données. Et là il y aura 8,9 milliards, vous me
permettrez d'arrondir à 9 milliards de dollars, pour la santé. Et,
là-dedans, il y a, bien sûr, des
éléments extrêmement importants. Alors, on a parlé, dans le plan de mon
collègue, de quatre fondations : les ressources humaines, les infrastructures, le personnel, les
technologies de l'information et les données. Et il y a aussi, qui est
extrêmement important,
3,7 milliards pour améliorer la qualité des services. Et on parle
évidemment de l'accès aux professionnels de la santé, des temps d'attente, mais, une caractéristique de ce
gouvernement, M. le Président, des investissements supplémentaires en soins à domicile. On est rendu à
24 millions d'heures de service en soins à domicile. Ce sont des
augmentations extrêmement importantes, et ça a été souligné dans les
débats à la Commission des finances publiques.
Je me dirige
vers l'éducation et l'enseignement supérieur. Et là je vais vous parler un peu
de ce qui n'a pas été discuté, parce qu'il y a des choses qui sont
faites en éducation qui sont absolument exceptionnelles.
Le programme
de tutorat qui a été amené durant la pandémie, au départ, était vu comme une
situation ponctuelle. On a une pandémie, beaucoup d'études à distance. Ce n'est
pas tout le monde qui a des conditions optimales pour l'étude à distance, ce n'est pas tout le monde qui s'est
adapté aisément, donc un programme de tutorat. Mais là, non seulement ça
marche, M. le Président, mais on s'est rendu compte qu'on devrait le rendre
permanent, ce programme. Alors, il y aura 315 millions de dollars pour que
ce programme de tutorat soit — je
ne suis jamais certain si c'est un mot français, là — permanentisé — j'ai
un doute là-dessus — pour
le rendre permanent, voilà. Je pense que...
Des voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Merci. Je regarde
la ministre de la Culture puis je pense que ce n'est pas un mot, M. le
Président. Alors, voilà.
La formation
professionnelle. Vous savez, au Québec, on a 200 000 jeunes qui ne
sont ni en formation, ni aux études, ni
au travail, des jeunes de moins de 30 ans. Il y a beaucoup de garçons
là-dedans. Et, dans beaucoup de cas... Évidemment, chaque personne,
chaque individu qui est dans ces 200 000 jeunes nécessite une
attention particulière, puis on a nos carrefours
jeunesse-emploi, mais il reste que la formation professionnelle au Québec n'a
pas été modernisée depuis longtemps, ne
s'est pas adaptée aux nouvelles technologies, et mon collègue, dans le cadre
des consultations prébudgétaires, m'a souligné l'importance de moderniser la
formation professionnelle. Et il y a 135 millions pour ça, M. le
Président. Il y a aussi des sommes importantes pour les ressources
humaines en éducation, un autre 203 millions.
Au niveau de l'enseignement supérieur, bien,
l'aide financière aux étudiants est bonifiée de 342 millions de dollars. Il y a une année supplémentaire où il n'y
aura pas d'intérêt sur les prêts. Et on assouplit les critères de l'aide
financière aux citoyens. Puis, si je
résumais, M. le Président, c'est pour mieux aider les étudiants. Alors, je ne
voudrai pas rentrer dans les détails
des formules de l'aide financière aux étudiants, je vais m'en tenir au grand
principe, 342 millions de dollars pour aider les étudiants.
Il y a le
plan main-d'oeuvre, mais on a annoncé un plan main-d'oeuvre de 3 milliards
de dollars à la mise à jour avec des secteurs prioritaires, des grands
chantiers pour la formation, la requalification, la diplomation, la
persévérance, l'accès aux études supérieures. Eh bien, là, on va avoir
plus d'inscriptions, M. le Président. On va avoir des bourses Perspective, mais ça nous prend des espaces et des
outils technologiques, et il y a donc 350 millions pour ça parce que nous
sommes un gouvernement cohérent. Des annonces en main-d'oeuvre à la mise à
jour, des annonces en main-d'oeuvre extrêmement
importantes, et là on vient s'assurer que les établissements d'enseignement
supérieur ont les infrastructures, les outils technologiques pour les
accueillir.
En environnement, mes collègues ont parlé de
l'effort qui est fait, 1,4 milliard. Ils ont mentionné l'importance de ces montants. Et, contrairement à ce qui a été
mentionné, M. le Président, il y a des crédits budgétaires. Ce n'est pas
uniquement les sommes qui proviennent du Fonds d'électrification et des
changements climatiques qu'on a bonifiées avec
des crédits. Ce qui fait qu'aujourd'hui mon collègue pourra déposer son plan de
mise en oeuvre 2022‑2027, parce qu'on s'est engagés, à chaque année, à revoir notre plan quinquennal. Parce
que c'est quoi, l'historique du Québec, M. le Président? C'est qu'on s'est donné des cibles puis qu'on ne
les atteint pas. Alors là, en faisant une révision annuelle d'où nous sommes
et où nous voulons aller, bien, on va voir
les progrès, et puis on va voir les sommes qui augmentent de plus de
1 milliard, et puis on va reconnaître qu'il reste des efforts à
faire, mais on s'en occupe. Et donc, il y a des sommes importantes, au niveau des crédits budgétaires, des fonds qui
proviennent de la bourse du carbone. Et je vous invite à écouter le ministre de
l'Environnement, lorsqu'il dévoilera son
plan de mise en oeuvre, parce que ça va être un événement extrêmement
important, d'autant plus important que le GIEC nous a parlé hier de ce
qui doit être fait.
• (12 h 40) •
Bon,
on a souvent dit que l'action communautaire serait extrêmement importante, mais
la pandémie a montré que les
organismes communautaires sur le terrain, parfois, étaient l'unique façon de
rejoindre les personnes vulnérables. Ils font un travail exceptionnel. Alors là, je vais parler de milliards, mais,
avant de parler de milliards, il faut dire que la contribution des organismes
communautaires est tout simplement exceptionnelle au Québec, et on le
reconnaît. On avait des demandes pour
augmenter le financement à la mission et on a donc accordé 888 millions de
dollars pour le financement à la mission, ce qui va permettre d'augmenter le financement à la mission de plus de
30 % sur cinq ans. Et là c'est un des moments les plus difficiles dans mon discours, c'est de me
rappeler l'acronyme, le PAGAC, O.K., c'est le Plan d'aide gouvernementale en
action communautaire, à moins que ce soit le plan d'action... non, non, c'est
bien le Plan d'aide gouvernementale en
action communautaire. Bon, ça, c'est notre langage, M. le Président. Il y a
1,1 milliard qui a été ajouté, et c'est avec ça qu'on finance les organismes communautaires. Mais
il y a les financements par projets, il y a des financements spéciaux puis il y a le financement à la mission, puis le
principal montant de ça, c'était le 888 millions pour le financement à la
mission parce que c'était principalement la demande des groupes
communautaires.
Bon, puis, là, je
remarque que je n'ai pas parlé de croissance économique, c'est quand même
étonnant, parce qu'il y avait
4,2 milliards dans le budget pour la croissance économique, M. le
Président, dont 1,3 milliard pour la stratégie, un autre acronyme, la SQRI, la Stratégie
québécoise de recherche et d'innovation, alors ça, c'est le collègue du
ministère de l'Économie qui va
divulguer cette stratégie dotée de 1,3 milliard d'investissements, mais
aussi d'un 500 millions de capital pour aider nos entreprises. Et
là, ça, c'est le fruit d'un long processus de consultation, M. le Président,
parce qu'une des particularités de ce
gouvernement, c'est qu'on travaille avec les différentes parties prenantes, et
donc il y a eu un long processus de
consultation sur la Stratégie québécoise de recherche et d'innovation. Il y a
eu un sommet d'innovation, il y a eu
un innovateur en chef, et il y a un consensus de la société civile, et mon
collègue le ministre de l'Économie dévoilera cette stratégie.
Bon,
vous savez, on porte un certain intérêt à la période de questions. Pourquoi, M.
le Président? Parce que ça soulève des problématiques importantes, et
une des problématiques qu'on s'est fait parler souvent ici, c'est le transport
aérien régional. Et donc on a doté le budget
de 255 millions pour le transport aérien régional, qui va permettre à
l'excellent ministre des Transports de développer un plan qui va faire
quoi, M. le Président? Bien, il va augmenter les fréquences puis, idéalement, réduire les tarifs. Alors je le laisse
dévoiler comment il va déployer le 255 millions avec, en tête, ces deux
vecteurs, plus de fréquences, des billets moins chers, je pense qu'on serait
dans les deux grands éléments de ce plan. Il y a évidemment 1,5 milliard en tout pour le développement
économique régional. Parce que j'ai parlé de Montréal, j'ai parlé de Québec,
mais il y a de l'argent au niveau de la filière agroalimentaire, il y a de
l'argent au niveau du ministère des Forêts, Faune et Parcs et il y a de l'argent en tourisme, il y a de
l'argent en culture. Et, bref, on a eu un budget, je l'ai dit, qui finance les
principales missions de l'État.
Alors,
si je résume tout cela, et, vous savez, mes discours ont souvent
la même structure, c'est-à-dire que ma conclusion ressemble étrangement
à mon introduction, on appelle ça la cohérence intertemporelle, M. le
Président, alors, je répète qu'on a un budget responsable et prudent, que tous
les gestes qu'on pose, à court terme, gardent l'horizon long terme,
c'est-à-dire qu'on a des objectifs à long terme. 23 % de la population
canadienne, seulement 20 % de l'économie canadienne;
on veut renverser ça. On veut fermer l'écart de richesse avec l'Ontario. On
travaille au niveau de la main-d'oeuvre, on travaille au niveau des infrastructures publiques, on travaille au
niveau d'investissement des entreprises, de la productivité, et c'est ça qui va nous permettre de propulser le
taux de croissance du Québec à long terme, qui, lorsque nous sommes arrivés
au pouvoir, était à 1,3 %. Il est maintenant estimé à 1,5 %, et on
aura besoin de le pousser à 2 %, à long terme.
Alors, ça, c'est ce
qu'on veut faire à long terme. Mais tout ce qu'on fait à court terme vise à
s'assurer qu'on va atteindre ces cibles.
C'est pour ça qu'on a une gestion responsable des finances publiques qui nous
permet de financer les missions de
l'État à long terme, santé, éducation, enseignement supérieur, environnement, mais
aussi, M. le Président, de faire des investissements au niveau de la
rareté de main-d'oeuvre, l'investissement privé, la productivité.
Et j'ai parlé de ces
grandes missions de l'État. C'est certain que, lorsqu'on a un poste budgétaire
qui occupe 43 % de notre budget, qui
totalise 54 millions de dollars, on souhaite tous que le réseau de la
santé soit efficace, soit performant. Et
c'est pour ça que mon collègue, avec le 8,9 milliards de dollars que je
lui ai accordé, aura les moyens pour accomplir ce qu'on souhaite tous, ici, c'est que nous ayons un
réseau de la santé à la hauteur de nos ambitions et j'oserais dire aussi à la
hauteur de l'importance de ce poste budgétaire dans nos finances publiques.
Et, bon, puis, vous
savez, je vais conclure là-dessus, lorsqu'on consulte des experts, des
spécialistes de la productivité, des grands consultants à grands frais, des
grands consultants à moindres frais, tous les experts nous disent que le vecteur qu'on contrôle le plus, sur lequel
on doit absolument investir, qu'on doit investir à chaque année, M. le
Président, pas investir, arrêter,
recommencer, un investissement, c'est l'éducation et l'enseignement supérieur,
M. le Président. Dans ce budget, dans
tous nos budgets, il y avait des sommes importantes pour l'éducation et
l'enseignement supérieur. Et on va continuer, M. le Président, parce que
c'est important pour le Québec. Et je m'arrêterai ici. Je vous remercie
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le ministre des Finances. Cette réplique met fin au débat sur le discours
sur le budget.
Je vous informe que
les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce débat sont toutes
recevables.
Conformément
à l'article 277 du règlement, nous allons maintenant procéder au vote sur
les motions formulant un grief présentées à l'occasion du débat sur le discours
sur le budget et sur la motion du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement. Nous allons
procéder au vote...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : Le
vote par appel nominal est demandé. Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Charette : M. le Président,
conformément à notre article, je vous demanderais de reporter ces votes à la
prochaine période des affaires courantes, s'il vous plaît.
Votes reportés
Le
Vice-Président (M. Picard) : O.K. Ce vote est reporté à la prochaine période
des affaires courantes, c'est-à-dire demain. M. le leader adjoint du
gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je vous demanderais tout
simplement d'appeler l'article 19 du feuilleton.
Projet
de loi n° 1
Reprise
du débat sur l'adoption
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 19, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le 5 avril 2022 sur l'adoption du projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance
afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de
garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais Mme la leader du deuxième groupe
d'opposition et députée de Sherbrooke.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je suis contente qu'on arrive au terme de l'étude du projet de
loi n° 1, un projet de loi qui, bien qu'il
comporte quelques problèmes, et je vais y revenir, constitue quand même une
avancée par rapport à ce qu'on a. Donc, au
cas où le doute planait, on a l'intention d'appuyer ce projet de loi, même s'il
ne va, évidemment, pas aussi loin que ce qu'on aurait voulu.
• (12 h 50) •
Il y a des
erreurs qui sont commises dans ce projet de loi là. Il y a des occasions ratées
également. Je vais y revenir. Mais ce que je retiens de plus positif de ce
projet de loi, c'est qu'on se donne l'obligation de développer sur les
territoires quand il y a un déficit
de places. Et ça, c'est un problème qu'on avait auparavant, qui sera maintenant
réglé avec ce projet de loi là.
La difficulté
qu'on va avoir, c'est que, dans le décompte de l'offre de places qui mène à la
décision de développer ou pas, malheureusement, le gouvernement décide de
compter les places qui ne sont pas subventionnées. Donc, on va se retrouver avec quand même beaucoup de territoires,
notamment à Montréal puis à Laval, où il y a un surplus de places en ce
moment, mais il y a un très grand nombre de places qui sont non subventionnées.
Donc, ce qui va se passer à Montréal et à
Laval, c'est qu'il n'y aura pas de développement de places. Puis, comme on n'a
pas non plus, dans ce projet de loi là, de plan de match pour la conversion des places, ça maintient une
iniquité très importante de tarifs entre les familles, des familles qui paient parfois plusieurs milliers de
dollars de plus par année par enfant pour une place privée qu'ils n'ont pas
choisie, simplement qui était la seule
disponible. Moi, ça, je trouve ça extrêmement problématique. Et malheureusement
la bonification du crédit d'impôt ne vient
pas régler ce problème-là. Donc, je déplore qu'on n'ait pas pris les moyens,
dans ce projet de loi là, de régler l'accès à une place subventionnée,
notamment à Montréal et à Laval. On aurait pu le régler en prenant seulement en considération les places subventionnées pour
évaluer l'offre de places. Ça nous aurait permis de voir qu'on a besoin
de places subventionnées à Montréal. On aurait pu le régler aussi en ouvrant
une voie administrative pour la conversion des places. Malheureusement, il n'y
a pas de chantier pour ça. Il y a seulement, pour l'instant, un maximum de 3 500 places qui vont être
converties. Seulement la moitié d'entre elles ont été annoncées. Puis on n'est
même pas capables d'avoir la
confirmation du gouvernement que celles qui ont été annoncées l'automne
dernier, au mois d'août, en fait,
l'été dernier, qu'elles ont été converties. La semaine dernière, le
gouvernement n'était pas capable de nous le confirmer. Donc, à ce jour, la conversion, disons que c'est
embryonnaire, je vais le nommer comme ça. Donc, le problème reste entier
vraiment pour des milliers de familles de région qui sont techniquement en
équilibre du point de vue du ministère, à cause
de la façon dont il compte ses données, mais qui, officiellement... ces
familles-là ont de la difficulté à avoir accès à une place
subventionnée.
Parmi les autres occasions ratées par ce projet
de loi là, il y a le refus du gouvernement de prévoir un accès prioritaire pour les enfants qui sont identifiés
comme devant l'être par le réseau de la santé et des services sociaux. Il y a
une priorisation qui est faite pour les enfants issus de milieux
défavorisés, mais, comme ça a été dit très régulièrement à l'occasion de d'autres projets de loi, notamment
les maternelles quatre ans, ce n'est pas juste le code postal, là, qui
détermine si un enfant a besoin d'avoir accès à certains services. Il y
a d'autres facteurs, notamment le fait d'avoir des besoins particuliers,
notamment une situation familiale, le fait d'être suivi par la protection de la
jeunesse, par exemple, le fait d'être en
attente de dépistage d'autisme ou de tout autre diagnostic, même sans avoir eu
le diagnostic encore. Pour moi, c'était évident qu'il fallait aussi
prioriser ces enfants-là. On le sait, que c'est un facteur protecteur, pour la
famille, pour l'enfant, d'avoir accès à une place en CPE. Donc, j'aurais voulu qu'on
les priorise également. Le gouvernement a refusé de le faire.
Refus aussi de faire un amendement pour
s'assurer que les ratios sont respectés en tout temps dans nos services de garde éducatifs. C'est un problème qui est
nommé de longue date par les éducatrices. Et puis malheureusement on avait
une occasion de corriger le problème, de
s'assurer que ça ne se reproduise plus, une occasion qui a été ratée par le
ministre.
Puis même
qu'il a tenu des propos que je trouve inquiétants en disant que, bien, c'était
normal, là, qu'à l'occasion des
pauses, par exemple, les éducatrices se retrouvent avec plus d'enfants, le
double d'enfants, en fait. C'est une des situations qu'on lui exposait, puis il nous disait, bien, que
c'était normal, là, qu'on n'était quand même pas pour rajouter des postes dans
les CPE ou les garderies pour pouvoir combler les pauses, que c'était normal
qu'une éducatrice se retrouve avec 20 enfants au lieu de 10, par
exemple, le temps de la pause de l'autre. Bien, moi, je ne trouve pas ça
normal. Puis il fut une
époque où ils étaient suffisamment financés, nos services de garde, pour qu'il
y ait des postes pour, justement, combler les pauses puis que le ratio
soit respecté en tout temps. J'aurais voulu qu'on corrige ça. Ça ne sera pas
fait.
Demandeurs
d'asile qui n'ont pas accès aux places subventionnées, c'est un problème, un
problème que l'ancien gouvernement
libéral avait créé en changeant l'interprétation d'un règlement, parce qu'ils
ont déjà eu droit à ces places-là, comme
ils ont droit à l'école gratuite, et puis on a vu un refus du gouvernement de
régler ce problème-là. Pourtant, même le
Parti libéral, qui avait créé le problème, a reconnu que c'était quelque chose
qu'il fallait régler puis appuyait l'amendement pour corriger une erreur
du passé de leur ancien gouvernement, de l'ancien ministre de la Famille. Donc,
je trouve ça franchement dommage, parce
qu'on parle beaucoup de francisation ici, l'importance de bien accueillir les
immigrants, de les intégrer, qu'ils apprennent le français. Bien, une
des raisons pour lesquelles plusieurs d'entre eux ne peuvent pas suivre des cours de francisation, c'est qu'ils n'ont pas
accès à une place en service de garde éducatif subventionné. Donc, ça devient
impossible pour eux de travailler. Même s'ils ont un permis de travail,
ils ne peuvent pas aller travailler. Ils ne peuvent pas aller suivre des cours de français parce que... bien, parce qu'ils
n'ont pas accès à une place. Donc, ça, c'est un problème que le ministre
a refusé de régler.
J'ai
des craintes également par rapport aux impacts de ce projet de loi là. Il y a
une décision qui a été prise, à laquelle j'adhère, de faire en sorte que tous les milieux familiaux soient régis
au Québec pour s'assurer de leur qualité. Ça, c'est important. Par
contre, la façon dont c'est fait, on a eu des signaux d'alarme très importants
qui ont été lancés par les personnes qui ont
actuellement des milieux familiaux non régis, qui nous disent que, dans les
conditions actuelles, il y a trop d'irritants pour elles pour rejoindre
le réseau. Et donc on pourrait perdre des milliers de places dans les
prochaines années. Ça, c'est quelque chose
qui va entrer en vigueur en 2026. Elles n'auront plus le droit d'opérer après
2026. Donc, si elles ne rejoignent pas le réseau d'ici là, on va perdre
encore des milliers de places. Je voyais des voies pour corriger cette
crainte-là. Le ministre n'a pas voulu les entendre. Donc, j'espère ne pas avoir
à dire un jour : Je vous l'avais dit. Mais,
en ce moment, j'ai peur quand même qu'on perde des milliers de places, que les
éducatrices en milieu familial décident de ne pas rejoindre le réseau des bureaux coordonnateurs en CPE, et puis
qu'ils décident tout simplement de se trouver un travail ailleurs, et
puis ce n'est pas les emplois qui manquent en ce moment. Donc, c'est une vraie
préoccupation.
Crainte
également par rapport aux garderies privées qui sont nombreuses à menacer de fermer,
à dire qu'elles sont dans une grande précarité financière, puis on a fait
quelque chose de très intéressant dans le projet de loi, on a obligé le ministre à faire en sorte que, quand il va
reprendre ces places-là d'une garderie privée qui ferme, il va être obligé de
les donner en priorité, s'il veut les
réattribuer, à un CPE. Ça, c'est très bien, mais c'est un peu comme si on
prenait un moyen détourné pour transformer ces places-là en CPE. Plutôt
que d'ouvrir une vraie voie administrative pour la conversion, on les laisse agoniser, finalement, ces
entreprises-là, ces garderies privées là. On les laisse subir des difficultés
financières. Ça a un impact sur la qualité des services, c'est certain,
notamment sur la qualité du personnel qu'ils peuvent recruter, peut-être même
sur l'alimentation offerte aux enfants, parce qu'une garderie qui a des
difficultés financières prend les décisions en conséquence pour essayer de
survivre, mais, au final, ils vont fermer. Puis, pendant ce temps là, on aura
précarisé, pendant un certain temps, le service. Au final, moi, je suis
contente qu'on va récupérer ces places-là pour en faire des places en CPE, mais je trouve que la stratégie détournée qu'on
prend pour y arriver, ça porte atteinte à la qualité des services, ça crée
de l'instabilité. J'aurais préféré qu'on ouvre une vraie voie administrative
pour la conversion pour régler ce problème-là.
Maintenant,
quand on adopte ce projet de loi, la pression va être sur les épaules du
ministre, parce qu'il a fait, dans ce projet de loi, tous les
changements que lui jugeait nécessaires. C'est son projet de loi. Il l'adopte
comme il le voulait. Puis il y a des
solutions qui ont été mises en place dans les derniers mois aussi en plus de ce
projet de loi là. Maintenant, il va falloir
qu'il livre des résultats. Puis, jusqu'à maintenant, il y a eu plus de places
perdues que de places créées. C'est ça, le bilan, puis c'est leur bilan. Je comprends que les dégâts, ce ne sont pas
eux qui les ont causés, ce sont les anciens gouvernements. Mais ils ont tellement tardé avant de commencer à
ramasser les dégâts que c'est comme n'importe quel dégât qu'on fait, hein? Si on attend que ça sèche
avant de le ramasser, c'est plus compliqué, c'est plus long, il faut frotter
plus fort. Bon, bien, c'est ça qui s'est passé.
Nous,
on sonnait l'alarme depuis le début de la législature. On nous disait qu'on
était alarmistes. À ce moment-là, il
y avait juste 42 000 personnes sur la liste d'attente pour une place.
On est rendus à 51 000. Ça s'est envenimé parce qu'on a trop attendu avant de mettre en place des
solutions qu'on proposait depuis le tout début de la législature puis qui ont
été finalement annoncées, des choses
qu'on demandait, là, depuis des années, qui ont été annoncées dans les derniers
mois.
Bien là, les pots
cassés, on n'a pas eu le temps de les réparer, finalement, puis le bilan, c'est
ça, c'est moins de places disponibles qu'il
y en avait en 2018, plus de parents sur la liste d'attente, des conséquences
très, très importantes pour ces
parents-là, beaucoup de détresse, de la détresse financière, de la détresse
psychologique également. Ça a un impact sur même, oui, l'économie de ces
familles-là, mais également leur vie conjugale, leurs relations avec leurs
enfants. C'est problématique, quand on a fait des études, quand on a un emploi
qu'on veut retrouver, de vivre non seulement un stress financier, mais également l'incapacité de retourner travailler ou mettre
à profit les études qu'on a faites. Ça peut créer des tensions
familiales importantes. Ça se répercute sur l'enfant.
Donc,
moi, ça, ça m'inquiète beaucoup. Puis je trouve ça regrettable que, malgré
toutes les solutions qu'on proposait depuis
le début, malgré qu'on sonnait l'alarme, ça a pris des années avant de
commencer à les mettre en place, ces solutions-là.
Donc,
il y a plus de personnes qui sont dans cette situation de détresse là,
aujourd'hui, qu'il y en avait au début du mandat. Je comprends que, là, on finit par mettre certains moyens en
place, mais on a laissé la situation dégénérer délibérément, parce qu'il y avait beaucoup de gens qui sonnaient
l'alarme. Donc, ça, c'est le bilan, ça, c'est le bilan aujourd'hui. Maintenant,
tout est entre les mains du ministre. Il a
fait toutes les modifications administratives, il a fait le projet de loi qu'il
voulait, la suite est entre ses mains.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée, je vais vous demander si vous
allez vouloir poursuivre à la reprise du débat. Non? O.K. Je vous
remercie.
Compte tenu de l'heure et afin de permettre, cet
après-midi, le débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition,
le présent débat sur l'adoption du projet de loi n° 1
est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 3)
15 417 La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion
proposant que l'Assemblée condamne l'abandon du
gouvernement en matière d'accès à un médecin
de famille pour tous les Québécois
Alors, nous sommes aux affaires du jour,
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
À
l'article 87 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, M. le député de Nelligan présente la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale déplore qu'après près de 4 ans d'un gouvernement caquiste, le
nombre de Québécois en attente d'un médecin de famille soit passé de
400 000 à plus d'un million de Québécois;
«Qu'elle rappelle que la Coalition avenir Québec avait
promis, lors de la campagne électorale de 2018, qu'un gouvernement
caquiste offrirait un médecin de famille à tous les Québécois;
«Qu'elle prenne acte que le gouvernement caquiste a brisé sa
promesse faite aux Québécois et qu'elle n'entend plus offrir un médecin de
famille à tous les Québécois;
«Qu'elle reconnaisse que la réforme en santé déposée par le
gouvernement caquiste ne règlera pas les problèmes d'accès aux soins de
première ligne;
«Qu'elle constate que les Québécois font maintenant les frais
de l'inaction et du manque de leadership du gouvernement caquiste en
santé;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale condamne l'abandon du gouvernement caquiste en matière
d'accessibilité à un médecin de famille pour tous les Québécois.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par M. le député de
Nelligan s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à
l'auteur de la motion pour sa réplique, 51 min 15 s sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 27 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
11 min 39 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
8 min 9 s sont allouées au troisième groupe d'opposition,
7 min 30 s sont allouées à l'ensemble des députés indépendants,
sous réserve, maximum, de deux minutes par député. Dans le cadre de ces débats, le temps non alloué par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon la proportion établie précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent
intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant
pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Nelligan.
M.
Monsef Derraji
17
923
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente. C'est, encore une fois, un sujet qui me préoccupe beaucoup,
qui me préoccupe beaucoup, beaucoup. Depuis l'annonce du recul du
gouvernement de permettre aux Québécois d'avoir un médecin de famille, j'ai reçu beaucoup de messages de
détresse, de questionnements, d'inquiétudes. Et c'est pour cela, aujourd'hui,
je voulais m'adresser aux membres de ce Parlement, pour expliquer la
situation.
Donc,
premièrement, on va rappeler le contexte. Après le contexte, je vais vous
partager un peu la solution que le ministre de la Santé a mise dans son
plan de la réforme du système de santé.
Maintenant,
c'est quoi, l'état des lieux? L'état de la situation, Mme la Présidente, il est
le suivant. Le gouvernement caquiste,
quand il a pris le pouvoir, il disait à tous les Québécois, et je cite le
premier ministre... Le premier ministre, sur toutes les tribunes, lorsqu'il visitait les régions, il disait :
Écoutez, avec la CAQ, c'est fini, vous allez avoir un médecin de famille pour chaque patient québécois. Au moment
où il faisait ses belles paroles, où il annonçait ses annonces électorales,
il y avait 400 000 personnes
en attente d'un médecin de famille. Et, vous savez, même quand on parle avec la
fédération des omnipraticiens du Québec, ils
disaient que, toujours, il y avait une moyenne... hein, c'est normal d'avoir,
dans l'état, dans, je dirais, le guichet, quelques patients orphelins.
Mme la
Présidente, deux moments charnières. Le premier moment, c'est avant la
pandémie, deuxième moment, après la
pandémie. Le premier moment, avant la pandémie, l'ancienne ministre de la Santé
n'a pas donné le temps au réseau pour
prendre en charge les patients. Au fait, on l'a échappé beaucoup pendant
l'année et demie avant le début de la pandémie. Parce que j'essaie juste
que les gens qui nous suivent comprennent la situation, parce que ça commence
à... la pandémie commence à avoir le dos large. Donc,
avant la pandémie, on est passé de 400 000
à 650 000 patients
en attente d'un rendez-vous médical.
La pandémie
est arrivée. Le gouvernement a commencé à décréter des décrets. D'ailleurs,
aujourd'hui, on est rendus au 107e décret qui a été signé au Conseil des ministres. Je n'étais pas invité, Mme la Présidente,
malheureusement, mais ça a été signé aujourd'hui, le décret n° 107. Les décrets, des arrêtés pour l'état d'urgence,
mais, à l'intérieur de ces décrets, il y avait
l'appel à la téléconsultation, à la télémédecine. Nous avons déjà eu un rapport
dévastateur de la Vérificatrice
générale qui disait que le nombre de
visites a beaucoup baissé. Et la proportion du «face to face», excusez moi
l'expression, donc, les contacts
entre le patient et le médecin ont diminué, le nombre d'appels a augmenté, mais
on n'a pas dépassé le nombre de visites totales avant la pandémie, qui
était de l'ordre de 2 millions.
Alors, Mme la Présidente, aujourd'hui, nous sommes à 1 million de Québécois
orphelins, sans médecin de famille. C'est
là la situation pourquoi je m'adresse aujourd'hui à l'ensemble des membres de
cette Assemblée mais aussi aux gens qui
nous écoutent et qui nous suivent, pour leur décrire l'état de situation du
réseau de la santé sous le leadership de la CAQ.
• (15 h 10) •
Aujourd'hui,
le ministre parle d'une réforme. Je vais revenir à la réforme. Mais on est
partis de 400 000 à 1 million de patients québécois sans médecin de
famille. Mais qui sont-ils et elles? Parce que, parfois, on parle dans
l'abstrait, mais, Mme la Présidente,
je ne vais pas parler dans l'abstrait aujourd'hui. Aujourd'hui, je veux parler
de Gérard, 82 ans. Il a perdu
son médecin de famille, il attend depuis 650 jours, O.K., personne âgée,
vulnérable, pas de médecin de famille, maladie chronique. C'est quoi, la
solution du ministre? Inscrivez-vous au guichet. Mais il y a 1 million de
personnes.
Mme la
Présidente, le guichet proposé qui... D'ailleurs, le ministre mentionnait que
c'est sa mesure-phare, et c'est là où
je suis. Je ne suis pas du tout d'accord avec lui. La différence entre la CAQ
et nous, c'est qu'on pense que c'est la mauvaise façon pour régler les problèmes de la première ligne. On ne peut pas
régler les problèmes de la première ligne avec cette façon, on ne peut pas, Mme la Présidente, parce
qu'un médecin omnipraticien joue un rôle clé dans la prise en charge. Et
donc, quand on parle de l'interdisciplinarité, oui, mais le médecin joue un
rôle important.
Aujourd'hui,
ce que la CAQ vous propose, c'est que... aucune garantie pour les citoyens
québécois et les patients orphelins
qui n'ont pas encore eu de médecin de famille. Il n'y a aucune garantie,
aucune, d'avoir votre médecin de famille. Donc, aujourd'hui, je me mets dans la peau de patients québécois qui
souffrent d'une maladie chronique et qui, malgré... et qui...
excusez-moi, et qui vont payer le prix du laxisme des quatre dernières
années.
Je veux vous
citer quelques extraits de la nécessité incontournable des médecins de famille.
Je vais citer Josée Legault, journaliste au Journal de Montréal,
qui disait, pas plus tard que ce samedi : «La proposition pose néanmoins
problème. Sur le plan politique, le
gouvernement baisse les bras devant un besoin pourtant criant et normal dans
une société avancée et vieillissante.
Surtout, il oublie la vraie nature de la médecine familiale, celle qui la rend
si essentielle. Pourquoi? Parce que le rôle du généraliste est complexe
et multiple. Tout d'abord, il est le chef d'orchestre du mieux-être de ses
patients.»
Donc, Mme la
Présidente, ce qu'on constate, c'est que le laxisme, le laisser-aller... Le
gouvernement n'a pas pris au sérieux
les enjeux de la première ligne, se ramasse aujourd'hui dans un cul-de-sac,
avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de
patients québécois qui souffrent de maladies chroniques et qui sont en attente
d'un rendez-vous avec leur médecin de famille.
Et, soudain, et soudain, le gouvernement se réveille à quelques mois de
l'élection en proposant une réforme, mais une réforme qui vise, en
premier lieu, à réparer ce qui a été brisé les quatre dernières années.
Et, quand je
dis «brisé», c'est que, malheureusement, le constat est très clair. Ça ne prend
pas un diplôme universitaire pour
comprendre que la CAQ... Lors de leur arrivée au pouvoir, il y avait
400 000 personnes en attente et, aujourd'hui, sont rendues à 1 million. Donc, c'est clair, c'est
ce qui a été fait pendant les quatre dernières années qui nous a conduits à
avoir cette perte de contrôle.
Et, vous
savez, Mme la Présidente, je peux vous citer beaucoup, beaucoup, beaucoup de
choses et de cas de patients, pensons
au «Pap test», pensons au diagnostic du cancer du sein, pensons au diagnostic
de la prostate, pensons aux prédiabétiques, pensons aux personnes
hypertendues, pensons aux personnes qui souffrent d'un taux très élevé du
cholestérol. Ces personnes,
aujourd'hui, sont dans la nature, et, malheureusement, Mme la Présidente, ils
vont se réveiller trop tard en urgence,
et là encore les délais sont énormes avec la CAQ, parce qu'ils ont promis de
baisser le nombre d'heures en attente en urgence, parce qu'il n'y a tellement
plus de prise en charge que ces mêmes personnes, qui sont de l'ordre de
1 million, qui n'ont pas de
médecin de famille. Une bonne partie souffrent d'une maladie chronique, vont se
ramasser en urgence. Et c'est là le
noeud du problème et la différence entre la CAQ et nous. Quand ils ont eu le
pouvoir, il y avait 400 000; aujourd'hui, c'est 1 million. Donc, s'il y a quelqu'un qui doit se poser les
questions de son échec, c'est les deux ministres de la Santé qui étaient
responsables de ce laxisme.
Donc, Mme la
Présidente, je continue. Le médecin de famille est également le garant des
droits de ces patients. Quand la
prise en charge est sérieuse et officielle, tout généraliste voit, écoute et
traite chaque patient dans sa globalité comme un être humain entier. Il ne le voit pas comme un simple patient de passage
réduit de petites pièces détachées qu'un guichet envoie séparément chez tel
ou tel professionnel, sans la supervision de l'omnipraticien pour chapeauter le
tout.
Donc, Mme la
Présidente, maintenant, une fois, j'ai expliqué la situation par rapport à la
mauvaise idée du ministre de la Santé
par rapport à son recul sur une promesse du premier ministre, une promesse de
garantir à tous les Québécois un médecin de famille. On le voit
maintenant, cet échec. Il nous a conduits dans quelle situation? Un réseau où
il y a une souffrance tant au niveau humain
qu'au niveau de l'administration, des urgences où il y a des bris de service,
on le voit dans plusieurs régions. Il y a même eu un décès, Mme la
Présidente. Et là, aujourd'hui, le ministre veut changer le paradigme, il veut changer le paradigme par
rapport à l'accès à la première ligne et il dit à tout le monde : Écoutez,
on n'a plus besoin d'avoir cette prise en charge.
Maintenant,
parlons de sa fameuse révolution ou sa proposition d'avoir un guichet accès en
santé. Je veux vous parler d'un
omnipraticien que... Il a collaboré dans le cadre du projet pilote. Il disait
quoi? «Un bon médecin de famille efficace, en
2022, chaque patient qui entre dans son bureau lui dit : Ça va mal. Revoir
son médecin pour être rassuré. On ne fait plus ça.» Ça, c'est Dr Mathieu
Brouillet.
Maintenant,
il pense quoi du GAP? J'ai deux personnes que je respecte. La première, c'est
professeure Mylène Breton, professeure
à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de
Sherbrooke. Elle a étudié le fonctionnement et l'efficacité des guichets
d'accès dans sept provinces canadiennes. Je vais vous dire et vous partager
qu'est-ce qu'elle a déclaré, juste pour
qu'on s'entende sur quoi on parle : «Je pense... C'est une réponse
temporaire dans l'attente d'une prise en
charge. Mais le ministre, il ne parle pas de la prise en charge, il parle juste
de la présence... de la réponse temporaire.» Et regardez la suite :
«Je pense qu'il y a un gain, mais on n'est pas dans la continuité. Après ça, il
n'y aura pas de suivi.»
Donc, Mme la
Présidente, comment... Pensons maintenant à quelqu'un qui souffre d'un
problème, et on sait qu'il est
prédisposé à avoir un cancer de prostate. Pensez-vous vraiment qu'on va régler
avec le sans rendez-vous son problème? Pensez-vous vraiment que, s'il
n'y a pas le suivi serré de la part de son médecin de famille, qu'on va régler
le problème?
Donc, Mme la
Présidente, le problème est un problème de fond. C'est une différence énorme
entre la CAQ et nous par rapport à la
première ligne. Nous, on pense... Le Parti libéral du Québec pense que la
meilleure façon pour régler les problèmes
de la première ligne, c'est un travail où le médecin omnipraticien est le
centre de l'activité. Oui, pour l'interdisciplinarité,
mais il faut leur donner les moyens, aux médecins, à toute l'équipe des professionnels
de la santé, mais en aucun cas, en aucun cas on ne doit encourager qu'on
doit pelleter le travail d'un professionnel à un autre.
• (15 h 20) •
Parlant du
GAP, le guichet, hein, le guichet d'accès en santé. C'est que... Et ça, c'est
une déclaration de quelqu'un qui a travaillé, Dr Brouillet, il a
travaillé dans ce projet pilote. Sur le terrain, Dr Brouillet disait... «voit
aussi le GAP comme une solution provisoire»,
provisoire, provisoire, chers collègues. J'espère que vous allez avoir le
courage, quand vous allez faire du
porte-à-porte, et dire aux gens que c'est une solution provisoire. On ne règle
pas. Un, on recule sur la promesse. Deux, on remet du patchage. C'est
une solution provisoire. Très important.
«Ce qui
sous-tend le GAP — le
guichet d'accès — c'est
que le problème est en principe ponctuel...» C'est vrai. Je vous ai dit, il y a des tests pour certaines
catégories de personnes, c'est obligatoire. Si tu n'as pas le contact avec ton
médecin de famille, bien, tu ne vas pas les
faire. Et je vous ai donné des exemples tout à l'heure. «C'est que le problème
est en principe ponctuel et qu'il
peut être réglé en une rencontre. Pourtant, les patients qui aboutissent dans
son bureau — le
bureau du Dr Brouillet — présentent des affections qui sont la
plupart du temps complexes.» Complexes.
Vous savez
c'est quoi, complexe, en état de santé? Ça veut dire, s'il n'est pas suivi, il
se ramasse en urgence. Et après, on
vient pour dire : Pourquoi les lits dans nos hôpitaux sont occupés? Bien,
c'est normal, ils sont occupés. Pourquoi les urgences sont occupées? C'est normal, parce que le travail n'a pas
été bien fait au niveau de la première ligne, et ça, ça fait quatre ans qu'on le répète, Mme la
Présidente. Donc, on dépanne, hein, ça, c'est le médecin qui a travaillé sur le
projet pilote. Il a dit quoi? «On dépanne, on rend service, mais, même si on
règle le problème, ça se termine sur : Voulez-vous être mon médecin?,
relate l'omnipraticien.» Quel triste constat!
Mme la Présidente, mettez-vous à la place de
quelqu'un qui souffre d'une maladie chronique. Il était dans le fameux Trivago du ministre. D'ailleurs, c'est moi
qui lui a conseillé de ne plus utiliser Trivago parce que c'était très
réducteur pour le travail des
fonctionnaires. J'ai dit : Ce n'est pas une bonne idée, je ne sais pas
qui, dans ton équipe, t'a dit d'utiliser Trivago. Ce n'est pas une bonne ligne de com, hein, si on veut vraiment
rendre service au réseau. Je lui ai dit : Mettez-vous à la place de
ce patient, dans un bassin de 1 million, et dans un guichet. Il est, dans
le commun des mortels, un patient orphelin
n'a pas de médecin généraliste attitré, il souffre en silence d'une maladie
chronique. Je vous ai dit : Pensez à la prostate, comme pensez au moment où la personne doit passer son «Pap
test». On rate le passage, il n'y a pas de rencontre, la personne va continuer à... Écoute, ce n'est pas
tout le monde qui est à l'aise à faire ces soins. Ce n'est pas tout le monde
qui va demander son bilan annuel. Ce n'est
pas tout le monde qui est au fait de ce qu'il doit faire, ce qu'il ne doit pas
faire.
Et je vous le
dis, Mme la Présidente, j'espère que le gouvernement va réaliser l'ampleur des
dégâts qu'on risque d'avoir avec cette réforme. Je reste convaincu qu'en tant
que Québécois, une première ligne forte, c'est la clé du succès d'un réseau de santé en santé. C'est ce qu'on
veut. On veut un réseau de santé en santé, mais on ne peut pas l'avoir. On ne
peut pas l'avoir, Mme la Présidente, si on
ne met pas sur la table les investissements nécessaires pour une bonne première
ligne. Et une bonne première ligne, c'est
avec le travail, la collaboration et l'accompagnement personnalisé par un
médecin de famille. Et, oui, les
autres professionnels de la santé, ils peuvent aider, ils peuvent contribuer,
mais sous la responsabilité d'un médecin pour accompagner leur travail.
Je
vais continuer, Mme la Présidente, par le GAP, parce que ça a été présenté
mardi. Malheureusement pour le ministre,
deux jours plus tard, il y a un excellent article de la journaliste, la
correspondante parlementaire du Devoir, Marie-Michèle Sioui, qui disait : «Désormais, le ministère s'engage
donc à ce que tous les guichets d'accès à la première ligne soient déployés au 1er juin... démarré
leurs activités. L'offre de service de ces GAP devra quant à elle être
complétée au 1er septembre, a ajouté la porte-parole. En date du 30
mars...»
Mme la
Présidente, déjà, déjà, la date voulue n'a pas été respectée. Je reviens à
notre Dr Mathieu Brouillet, qui a
participé à ce projet pilote. Je vais vous dire qu'est-ce qu'il a dit :
«Ça reste un système de dépannage qu'on s'apprête à pérenniser. Ça, ça
me fait peur un peu.» Ça, c'est un médecin généraliste, hein? On dit écouter la
science, écouter les intervenants, écouter
ce qu'ils pensent, mais, Mme la Présidente, ce n'est pas logique, ce que le
ministre de la Santé est en train de faire.
J'ai un autre
exemple, une infirmière clinicienne, Stéphanie Fournier-Bernier. Est-ce que
c'est bon pour tout le Québec? Parce
que, là, juste pour être clair avec les collègues, ce projet pilote existe à Rimouski, le GAP existe à Rimouski où il y a un plus haut taux d'inscription de
médecins de famille pour les Québécois qui sont dans cette région du Bas-Saint-Laurent. On veut ramener cette
solution du Bas-Saint-Laurent pour l'exporter dans tout le Québec. De prime abord, on peut dire que c'est une bonne idée. Mais
là, attendez, je vais vous dire ce que les professionnels de la santé
pensent : «Je
pense que les gens doivent avoir accès à un service de consultation médicale.
C'est un non-sens qu'une personne attende six heures à l'urgence pour un
renouvellement de prescription.»
Donc, Mme la Présidente, Dr Brouillet,
encore une fois : «Ce genre de situation crée "un malaise", un "dilemme
éthique", parce que les médecins doivent traiter de manière ponctuelle des
troubles de santé qui perdurent pourtant.» Encore
une fois, Dr Brouillet : «...pour les problèmes chroniques, c'est
éthiquement difficile.» Là, on parle... «Dans une région où presque tout le monde est inscrit [auprès
d'un médecin], on voit des jeunes de 25 ans avec de l'eczéma, et là, ça
va bien : on leur prescrit leur crème, ça prend 10 minutes, et c'est
réglé.»
Donc, vouloir
dire, aujourd'hui, aux Québécois : Écoutez, malheureusement, on vous a
promis d'avoir un médecin de famille
pour chaque Québécois. Ça a été la promesse-phare du premier ministre, à
l'époque, il était chef de la CAQ, et, avant d'accéder au pouvoir, sur
toutes les tribunes, au niveau de toutes les régions, quand il rencontrait les
personnes : Écoutez, pour nous, à la
CAQ, c'est un médecin de famille pour chaque Québécois. Aujourd'hui,
malheureusement, je tiens à vous dire que la promesse a été brisée. Mais, même,
on essaie de jouer sur la façon de régler le problème et qu'il n'y aura plus de
médecin de famille pour chaque Québécois, mais maintenant vous allez être dans
un guichet, un guichet quelque part, vous allez rester probablement
orphelin toute votre vie.
Et le
malheur, c'est que, si vous êtes avec un médecin âgé et qui va quitter dans les
prochains jours, bien, on va vous pitcher dans ce GAP, et, probablement, vous
allez avoir la chance d'avoir un médecin ou pas. C'est là où on est, Mme
la Présidente, c'est là où on est malheureusement.
Et je vous le
dis, tout à l'heure, moi, je veux bien, je veux vraiment, je veux vraiment
avoir un système de santé en santé.
Et un système de santé en santé, une condition importante, c'est agir au niveau
de la première ligne. Et aujourd'hui, malheureusement,
je constate le manque de courage, le manque de courage, le manque de courage,
encore une fois, du premier ministre et du ministre de la Santé parce
que le problème n'est pas réglé.
Malheureusement,
il y a des collègues qui vont revenir, qui vont faire le porte-à-porte
l'automne, je vous invite à dire à vos personnes âgées et commettants que,
malheureusement, ils n'auront pas de médecin de famille, parce que c'est
ça, la réalité. La réalité, maintenant,
c'est que ces personnes âgées qui souffrent en silence, qui sont sur des listes
d'attente, qui sont orphelins, ils n'auront pas le droit d'avoir accès à
un médecin de famille parce que, tout simplement, après un lâcher-prise de quatre ans, la CAQ veut refaire
les choses et vous mettre dans un panier de services où on va vous envoyer
probablement un professionnel, probablement, on ne sait pas.
Donc, on va
mettre dans le même panier les personnes qui souffrent du parkinson, les gens
qui ont le diabète, les gens qui doivent voir leur médecin de famille plus
qu'une fois parce que c'est urgent. Il n'y a personne, il n'y a personne
qui a le temps d'aller chaque semaine ou
chaque mois voir son médecin de famille. C'est parce que c'est urgent, hein, ou
bien parce que, critère d'âge, je dois passer un test, que ce soit pour une
femme ou pour un homme, Mme la Présidente. Donc,
on ne fait plus de suivi médical, il n'y a plus de suivi médical, et après on
va venir dire : Ah! ça déborde dans les urgences. Ah! il y a un bris de service. Ah! il y a le TSO. Ah! on
rappelle les infirmières pour qu'elles travaillent 24 heures sur 24.
Donc, c'est là où, je vous le dis, si on veut
vraiment laisser nos hôpitaux pour les cas urgents et les opérations urgentes, il faut investir d'une manière efficace
avec la première ligne. Là, vous allez me dire : Ah! mais pourquoi ils
n'ont pas fait ça? Bien, parce qu'ils ont changé les règles, tout
simplement. Quand ils ont eu le pouvoir, en 2018, il y en avait 400 000. Aujourd'hui, c'est 1 million.
Je vous le dis, ça ne prend pas un diplôme supérieur pour comprendre que le
laxisme de la CAQ nous a ramenés de 400 000 à 1 million
aujourd'hui.
• (15 h 30) •
Alors, Mme la
Présidente, j'espère, j'espère que le gouvernement va se ressaisir, et reculer,
et dire : On s'est trompés, et
qu'une bonne prise en charge au niveau de la première ligne passe par surtout
l'accompagnement par un médecin au niveau des personnes qui souffrent
d'une maladie chronique.
Donc, j'ai
bien hâte à voir le déploiement du GAP, parce que ça sent déjà mauvais dans
plusieurs régions, et j'ai bien hâte
de voir. Aujourd'hui, ils sont 1 million. L'élection, c'est le
4 octobre. J'espère que le gouvernement va le dire, elle a baissé de combien, cette liste d'attente.
Et j'espère qu'ils vont avoir le courage de dévoiler le nombre de patients qui
sont en attente et qui sont orphelins, malheureusement.
Alors, Mme la Présidente, merci beaucoup pour
votre suivi de mon intervention. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Bien, maintenant, je suis
prête à céder la parole au prochain intervenant.
Oui. Alors, Mme la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique
et responsable la Capitale-Nationale, la parole est à vous.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je fais un petit clin d'oeil à notre
leader de circonstance, dont je suis solidaire et que je regardais pour
savoir si c'était à mon tour. Bref... Et je dois garder mon masque, compte tenu
des mesures liées à la post-COVID, bien que j'aie un test négatif.
Alors, c'est
ça, Mme la Présidente. Je suis ici dans une autre motion du mercredi. Je viens
souvent aux motions du mercredi, et qui portent souvent sur des sujets liés à
la santé. C'est à se demander si ce n'est pas délibéré de la part de
l'opposition officielle et des autres partis d'opposition, de faire en sorte de
conscrire notre ministre de la Santé dans ces motions d'ici mercredi
alors qu'il est très occupé, Mme la Présidente, comme tout le monde le sait.
Et d'ailleurs
on est un peu perplexes, parce que le ministre de la Santé en question est
actuellement en commission parlementaire, Mme la Présidente. Parce que, si j'ai
bien décodé l'intervention du collègue de Nelligan, que je souhaitais féliciter, mais je vais attendre un petit peu plus
tard, pour son doctorat, donc, si j'ai bien décodé la nature de l'intervention
du député de Nelligan,
et probablement de son parti politique au complet par sa voix, ils sont
préoccupés par l'accès à un médecin
de famille, par l'accès aux soins de première ligne, et tout ça. Or, les
projets de loi qui sont actuellement à l'étude, notamment, par le ministre de la Santé, mais aussi par le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux, à savoir le projet de loi n° 11, le projet de loi n° 15
et le projet de loi n° 28, sont tous des projets de loi qui touchent
la santé et qui visent justement,
entre autres, à donner un meilleur accès à des services de première ligne, à
faire cette réforme, cette refondation, je ne sais plus comment on l'appelle,
là, mais cette modification du réseau de la santé une fois pour toutes, pour
rendre le réseau plus humain et plus performant, comme le dit le plan qui a été
présenté par notre collègue de la Santé la semaine dernière, si ma mémoire est bonne. Et donc, je trouve étrange qu'ils
sollicitent le même ministre de la Santé en ce moment même alors qu'il est justement en commission sur
son projet de loi pour cette refonte du système de santé pour avoir un meilleur accès à la première ligne, une première
ligne du futur, une vraie première ligne, avec un vrai accès au bon
spécialiste, que ce soit spécialiste
ou généraliste, à la bonne personne, l'interdisciplinarité, en temps opportun
pour régler ton problème, qu'il soit urgent ou qu'il soit moins urgent.
Alors, Mme la
Présidente, vous aurez compris que le ministre de la Santé est donc en
commission pour, espérons-le, faire avancer ce projet de loi 11 qui
est très, très, très important. Et donc, c'est moi qui le remplace, une fois de
plus, cet après-midi, à cette motion du
mercredi. Et même si on fait bien des blagues, je considère toujours très
important que s'exerce la démocratie.
Et nul doute que ces motions du mercredi font avancer la démocratie à grands
pas, Mme la Présidente.
Donc, ceci
étant dit, allons-y avec le sujet du jour, l'accès aux médecins de famille. Et
vous savez, Mme la Présidente, je
trouve ça spécial, les chiffres qu'on entend à l'occasion, selon qui les
présente évidemment et, comment dire, l'objectif qu'il poursuit en les
présentant. Mais moi, j'en ai ici, des chiffres, Mme la Présidente, et je pense
que c'est important peut-être de commencer
par ça pour mettre la table comme il faut. Le nombre de personnes qui ont un
médecin de famille, donc le nombre de
personnes avec un médecin de famille a augmenté de 2018 à 2022, il a augmenté,
il y a plus de personnes qui ont un
médecin de famille en 2022, au moment où on se parle, qu'en 2018, qui était le
terme du règne libéral, du dernier mandat libéral. Donc 2018, 6,3 millions
de personnes avaient un médecin de famille; 2022, 6,5 millions de
personnes ont un médecin de famille.
Et le nombre de personnes sans médecin de famille a diminué, donc, logiquement,
tu sais, c'est de l'arithmétique de
base, a diminué depuis 2018... donc 2018, 2 millions de personnes sans
médecin de famille, 2022, 1,9 million de personnes sans médecin de
famille.
Donc, je
comprends que l'objectif du Parti libéral, c'est peut-être d'essayer de
détourner l'attention sur le fait que les chiffres étaient pires à leur époque,
mais c'est important d'être factuel, Mme la Présidente, et de dire les vrais
chiffres. Et il s'avère que ce
n'était pas mieux, dans le temps du Parti libéral, c'était même pire, dans le
temps du Parti libéral. Et ce qu'on a
ramassé comme situation, l'héritage libéral avec lequel on s'est retrouvés, à
notre arrivée, en 2018, à la fin 2018, bien,
on est encore en train d'essayer de travailler à le redresser, avec deux ans
pandémie dans le corps, si vous me permettez l'expression, dans le corps
du réseau, dans le corps du personnel, dans le corps de toutes ces personnes
qui auraient pu travailler à autre chose si on n'avait pas été tous pris avec
cette pandémie depuis deux ans.
Mais je veux quand même placer un petit peu le
contexte. Là, je parlais du dernier mandat libéral, mais je vais même replonger plus loin, parce que c'est un peu
comme l'accès à Internet, c'est un peu comme l'accès à des places en
service de garde, quand j'entends le Parti libéral se déresponsabiliser
complètement de la situation d'aujourd'hui dans ces dossiers-là, alors qu'en
2003... tu sais, le Parti libéral est arrivé au pouvoir en 2003 et est resté au
pouvoir de manière quasi ininterrompue
jusqu'en 2018, à l'exception d'un an et demi, le Parti québécois, de 2012 à
2014. Mais, en 2003, je me souviens
très bien, ils sont arrivés au pouvoir avec leur premier ministre, Jean
Charest, et là ça faisait suite au virage ambulatoire du Parti
québécois, souvenez-vous, Mme la Présidente, et moi, je me souviens très bien,
ils avaient promis, entre autres choses, de régler ce problème-là. Le virage
ambulatoire, c'était le chaos, ça ne marchait pas, puis on va donner un médecin de famille à tout le monde. On va arranger ça,
le système de santé, en 2003. Le premier mandat jusqu'en 2007.
Élection, 2007, ils deviennent minoritaires. 2008, ils repartent en
élection, ils redeviennent majoritaires. Puis
là, bien, comme d'habitude, ce n'était pas mieux, là. Les gens n'avaient pas de
médecin, c'était compliqué, pas accès aux soins, tout le temps la même
chose. Et qu'est-ce qu'ils répondaient? Bien là, il faut nous donner du temps,
ça prend huit ans, former un médecin. Ça,
c'était la ligne de Jean Charest, à l'époque : Laissez-nous le temps, ça
prend huit ans, former un médecin.
Or, en 2011, huit ans après 2003, ce n'était pas mieux non plus, Mme la
Présidente. Puis, quand ils sont partis en 2012, ce n'était pas mieux, puis en 2018, ce n'était pas mieux. Puis,
je veux dire, le problème du système de santé, il a toujours existé, on a l'impression. Je l'ai
souvent dit, moi, ici ou dans d'autres forums, on a l'impression que ça fait
des années qu'on met la moitié de nos
impôts dans le système de santé puis qu'à chaque fois qu'on en a besoin, c'est
compliqué, que ce soient des soins généraux ou des soins spécialisés.
Des rapports,
des diagnostics, des comités, des enquêtes, des ci, des ça, il y en a eu autant
comme autant, comme mon collègue de
la Santé l'a dit quand il a présenté son plan Plus humain, plus performant.
Donc là, là, avec les deux ans de pandémie,
avec tous les rapports qu'il y a eu, tous les constats d'échec qu'il y a eu...
et il faut dire aussi qu'à notre arrivée en 2018, le précédent ministre
de la Santé, qui avait quand même tenté, il faut le reconnaître... il avait au
moins essayé de faire quelque chose, il
avait tenté sa réforme, la réforme Barrette, et je ne vais même pas porter de
jugement de qualité sur ces idées-là,
ou tout ça, il l'a faite, puis je pense qu'il y avait des bonnes intentions.
Mais, quand on est arrivés, cette tentative
de réforme là n'avait non seulement pas atteint les objectifs de performance,
mais aussi avait laissé des traces, je dirais,
sur le plan humain, une démobilisation puis une démotivation chroniques, dans
le réseau, avec lesquelles on a dû aussi composer sur le plan humain et
sur le plan des relations de travail.
Alors, il y
avait tous ces enjeux-là à notre arrivée, puis ensuite la pandémie, donc...
Puis, tu sais, je fais le parallèle aussi, je vous parlais, tantôt, des places en service de garde. Nous, on est
tous députés, ici, là, puis je ne le sais pas pour vous, mais les sujets qui reviennent le plus
souvent, moi, dans mon bureau de circonscription, c'est l'accès à un médecin
de famille puis l'accès à une place en service de garde. Quand on est arrivés
en 2018, les deux étaient problématiques. Puis ce n'était pas la CAQ qui était là avant,
c'était déjà problématique. Le réseau des services de garde a été développé de
manière désordonnée par le précédent gouvernement, et, le réseau de la santé,
ils n'ont pas réussi à faire en sorte que chaque
Québécois ait accès à un médecin de famille. Donc, on est arrivés, c'était
comme ça. Qu'est-ce qu'on a fait pour les services de garde? On a lancé le grand chantier — d'ailleurs,
hier a été adopté le projet de loi n° 1 — on
a mis l'argent, on a mis les efforts, on a mis l'énergie, on a mis tout ce
qu'il fallait pour qu'enfin chaque parent qui le souhaite ait accès à
une place en service de garde. Donc, ça,
c'est réglé, Mme la Présidente. Il faut que ça se construise, vous me
direz, mais au moins l'argent est là, les moyens sont là, puis on va y
arriver.
Et là on fait
la même chose en santé, parce que, oui, c'est important que chaque Québécois
ait accès à un médecin de famille.
Puis, je vous disais, on vient de traverser deux ans de pandémie, mais ce n'est
pas les seuls enjeux. Tu sais, le ministre
de la Famille... le ministre de la Santé, il a beaucoup de travail pour refonder
ce système-là de la santé, parce qu'outre les deux ans de pandémie il y a beaucoup d'enjeux qui viennent rendre le
travail encore plus complexe et qui nous forcent vraiment à l'action, après tant d'années à essayer, sans réussir, à
atteindre l'objectif de donner à chaque personne un médecin de famille.
• (15 h 40) •
Je vous ai parlé de la pandémie, il y a le
vieillissement de la population. Le vieillissement de la population, Mme la Présidente. Au Québec, là, la proportion de
gens âgés de plus de 70 ans, en 1971, était d'environ 4 %, en 2020
était d'environ 13 %, 14 %, et on prévoit qu'on va être à plus
de 20 % en 2035. Donc, le vieillissement de la population, là, Mme la Présidente, c'est un enjeu. Je veux dire,
c'est une tendance qui est inexorable, à laquelle on n'échappera pas. Les
gens ont besoin de soins, et évidemment plus
tu gagnes en âge, dans une trajectoire de vie normale, plus tu peux avoir
besoin de soins, que ce soient des
soins à domicile ou des soins en général, en milieu hospitalier ou en milieu
d'hébergement. Donc, le vieillissement de la population.
La
rémunération des médecins, on en a souvent parlé. On en a parlé dans la
dernière campagne électorale. Toute la question, d'abord, comment dire,
de l'entente qu'il y avait eu avec les médecins spécialistes, en vertu de
laquelle, selon nous, il y avait de l'argent
qui méritait d'être allé... d'aller le rechercher pour investir dans le réseau
de la santé. Il y a eu des études
comparatives avec l'Ontario, et tout ça, je ne reviendrai pas sur le détail de
ça, mais il y a cette notion-là de rémunération des médecins spécialistes.
Mais, même en général, on voulait modifier la rémunération des médecins,
notamment les médecins omnipraticiens, pour favoriser la prise en
charge. Il y a cet élément-là aussi, Mme la Présidente, il y a toujours eu le même mode de rémunération. On a, grosso
modo, 32 500 médecins rémunérés par la RAMQ, au Québec, selon ce
mode-là de rémunération de longue date.
Alors, là aussi, il y a un enjeu et il y a du rendement ou de la performance à
gagner, en termes de service à la clientèle, en modifiant la
rémunération pour favoriser la prise en charge.
L'accès aux
données, mon collègue de la Santé en parle tellement souvent. Vous savez, c'est
un homme de chiffres, c'est un homme
de faits, c'est un homme de tableaux, de graphiques, de tableaux de bord, de
tous ces outils-là de travail, très pertinents, d'ailleurs. Donc,
l'accès aux données... Comment voulez-vous avoir un portrait clair de la
situation, comment voulez-vous définir une
offre de services, comment voulez-vous répartir vos ressources si vous n'avez
pas accès aux données, à savoir qui a
quel service, où, à quel prix, puis qui travaille où, puis qui travaille quand?
Puis, tu sais, c'est important, ça
prend de l'accès aux données, et l'accès aux données est dans le p.l.
n° 11, le p.l. n° 11. Donc, c'est important, aussi, de laisser les gens travailler puis
peut-être de voir à ce que le ministre de la Santé puisse se concentrer sur les
choses les plus importantes, mais, bref, l'accès aux données.
La technologie aussi... Puis là tout ce dont je
vous parle, là — je
vais quand même en profiter pour montrer l'excellent
document que mon collègue a déposé — tout
ça, c'est dans le plan Plus humain, plus performant, que je suis
certaine que tout le monde a lu, ici, avec grand intérêt. Donc, les systèmes,
la technologie, les systèmes de gestion de l'information,
qui sont très, très, très désuets dans le réseau de la santé, on en a vu, là
aussi, les impacts négatifs dans la pandémie.
Quand on avait besoin de données, quand on... tu sais, les fameuses blagues,
qui étaient des blagues mais qui n'étaient
pas drôles, là, le papier est jammé dans le fax, bien, ça arrivait pour vrai,
ça, Mme la Présidente, puis ce n'est pas en 1962, là — quoique
les fax ne devaient pas exister en 1962, en tout cas — c'était
en 2020, ce dont je vous parle là, là, des fax, tu sais, qui
complexifiaient l'accès à l'information.
Donc, il y a
tous ces enjeux-là. Je pourrais vous en nommer d'autres, mais, en gros, il y a
tout ça qu'il faut avoir à l'esprit, les défis, les obstacles, les entraves à
un réseau de la santé plus performant qui font partie soit du projet de loi
ou, du moins, à la lumière desquels il faut travailler pour, justement,
moderniser puis rendre notre réseau plus performant.
Je parle des
choses un peu plus négatives ou, du moins, des défis, mais il y a quand même
aussi des beaux succès. Il faut
rapporter le positif aussi, Mme la Présidente, parce que la pandémie, même si
elle a été essentiellement négative puis qu'on est tous tannés d'en entendre parler, nous a permis de connaître
des beaux succès, et l'opération de vaccination en est un exemple, le Je
contribue en est un exemple. Ce qu'on a organisé, aussi, pour la formation de
10 000 préposés en trois mois,
pratiquement, pour aller dans nos milieux d'hébergement, c'est un bel exemple
de succès. Tu sais, des choses qu'on
a réussi à faire rapidement, on a innové, on est sortis des sentiers battus, on
a arrêté de faire les choses comme ça se faisait depuis toujours, parce
que ça aurait donné... tu sais, je veux dire, tu fais la même recette, ça va
donner le même résultat. Les mêmes causes
entraînent les mêmes effets, etc. Alors, on a pensé autrement, on a innové, et
ça nous a permis d'avoir de très beaux succès.
Les
conventions collectives qu'on a réussi à signer avec la FIQ pour nos
infirmières. Nos infirmières... on a tellement parlé de nos infirmières, qui nous ont littéralement sauvé la vie. On
veut le meilleur pour nos infirmières. Les primes qu'on a mises sur pied, d'ailleurs, pour le personnel,
pas seulement les infirmières, mais le personnel qui travaille... qui a
travaillé pendant la pandémie... Mais, encore là, je vous parle des
infirmières, il y a des choses très, très importantes, dans le plan que mon collègue a déposé, pour, justement, faire
en sorte... parce que les ressources humaines, c'est un énorme défi. Puis là, justement, le sujet, c'est l'accès à un
médecin de famille. On est en plein dans une question de ressources humaines, accès
à un médecin. On a
suffisamment de médecins au Québec, normalement, pour prendre en charge tous
les Québécois. C'est la manière
d'organiser les services puis le système qui est déficiente puis qui doit être
corrigée, puis c'est ça qu'on est en train de faire. Et la question des
ressources humaines est un élément majeur, l'autogestion des horaires, les
primes pour la COVID. Je l'ai dit, le fameux
TSO, le temps supplémentaire obligatoire, le député de Nelligan en a parlé, il
a raison, ce n'est pas normal qu'on
soit obligée de faire autant de TSO quand on est infirmière si ça ne nous tente
pas. Si ça nous tente, c'est correct, mais, si ça ne nous tente pas, ça
ne marche pas. Bien, ça aussi, ça fait partie du plan.
La gestion de
la main-d'oeuvre indépendante, ce qu'on appelle les agences de placement, ça
aussi, ça fait partie... comment on
organise, comment on sépare, comment on répartit les quarts de travail. Il faut
s'assurer de favoriser les gens qui ont décidé de rester dans le réseau public,
mais il reste que des fois on a besoin d'avoir accès aux agences privées
parce que, sinon, ça va générer des ruptures de services. Donc, le même député
d'opposition qui se plaint qu'on recourt à la main-d'oeuvre
indépendante va se plaindre si on n'y recourt pas parce qu'il va dire : Il
n'y a pas de services chez nous. Ça fait
que, vous voyez, à un moment donné, Mme la Présidente, ça devient stérile, là.
On ne peut pas se plaindre d'une chose et de son alternative.
Mais donc
l'idée... puis les beaux succès... puis je m'étais pris quelques notes, donc...
La télémédecine, je veux dire un mot
sur la télémédecine, parce que ça, là, c'est dans... en tout cas, là, c'est
parce que je ne sais pas si ça a tout passé... mais, en tout cas, la télémédecine, là... Puis j'en ai déjà parlé, ça,
parce que, dans une des nombreuses motions du mercredi sur l'état d'urgence sanitaire, je décrivais les
bienfaits et la nécessité des urgences sanitaires puis je parlais de la
télémédecine. Avant la pandémie, ce
n'était pas possible, de faire des consultations en télémédecine. On en a fait
pendant la pandémie et on s'est dit : Ça marche bien, pas seulement par
téléphone, là, mais aussi par vidéo. Donc, ça, il faut le garder, on va
s'assurer de le mettre où il se doit.
C'est parce que, là, je ne sais pas si l'amendement... je ne le sais pas trop,
là, je ne veux pas me mêler des
affaires, outre mesure, de mon collègue de la Santé, mais c'est quelque chose
qu'on va vouloir conserver, qui contribue à rendre notre système plus
performant, plus innovant, un système en phase avec le XXIe siècle, avec
2022, avec les besoins de notre
population. Il y a des gens qui peuvent très bien se contenter et se satisfaire
d'une consultation à distance avec un
médecin. Tu sais, ils ont besoin d'un conseil, ils ont besoin, peut-être, d'une
prescription, je ne sais pas, je ne veux pas rentrer dans les actes médicaux,
là, je n'ai pas le détail, je ne suis pas médecin, mais, tu sais, je veux dire,
les gens peuvent se satisfaire de ça, alors pourquoi ne pas maintenir
ça? Tu sais, c'est important, ça ne se faisait pas avant.
C'est des
exemples de beaux succès, des exemples d'avancées qu'on a faites au fil du
temps, à travers la pandémie, à
travers d'autres situations, qu'on va cristalliser dans cette refonte globale
pour rendre le système plus humain, plus performant.
Donc, alors là, j'y arrive... Donc, tout ça pour
dire que l'accès à un médecin... Puis, tu sais, des fois, on n'est pas d'accord sur le fond d'une motion parce qu'on
se dit, tu sais... comme quand ils nous faisaient venir ici pour qu'on explique
pourquoi c'était nécessaire d'être en urgence sanitaire alors que ça débordait
dans les hôpitaux, qu'il y a des gens, encore,
qui décédaient, puis tout ça, je trouvais ça absurde, Mme la Présidente, je
l'ai déjà dit, là. Je n'en revenais pas, qu'on vienne passer des heures
à être obligés d'expliquer pourquoi il fallait être en urgence sanitaire alors
que le réseau était sens dessus dessous.
Mais aujourd'hui je comprends qu'on puisse se questionner sur l'accès à un
médecin de famille, non pas parce que les chiffres sont pires qu'avant,
je l'ai déjà dit, on fait déjà mieux que le Parti libéral à son époque, mais parce que c'est quelque chose qui est important
pour nos citoyens. Nous, on travaille pour nos citoyens, là. Peu importe notre
parti politique, qu'on soit ministre ou non, qu'on soit dans n'importe quelle
région, notre travail, c'est ça, on est payés par
les fonds publics pour être utiles pour nos citoyens. Et l'accès à un médecin
de famille, c'est un enjeu, tout le monde le sait. La différence, c'est que nous, on veut vraiment le régler, on
met les moyens en conséquence. Tout est là-dedans, on met l'argent, on a
les projets de loi. On espère bien que les oppositions...
Puis je vais
quand même faire une petite parenthèse là-dessus, parce que je pense que... à
moins que ça ait changé, le projet de loi n° 15 sur la réforme de la protection de la jeunesse,
je n'en parle pas comme tel parce que, là, on n'est plus dans les médecins de
famille, mais la réforme de la protection de la jeunesse, ça fait partie du
réseau de la santé élargi, un autre
réseau qui a été mis à mal, là, par les coupures libérales, quand on est
arrivés, puis les drames qu'il y a eus, puis tout ça. Puis je vois la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, puis je sais qu'elle est toujours très touchée
quand il y a des histoires tristes dans les
médias. C'est elle qui se lève, souvent, pour nous parler de ça, et je sais que
ça la touche sincèrement. Ça touche tout le monde, à chaque fois qu'on
voit des histoires de DPJ, ça n'a pas de bon sens. Bien là, on a un projet de loi n° 15, en ce moment, pour améliorer le réseau de la protection de la
jeunesse. Ça fait que j'espère... Là, je ne sais pas il en est où, là, mais, en tout cas, aux dernières
nouvelles, ça faisait quand même un certain nombre d'heures, ça fait que
ce serait le fun que ça avance pour qu'après ça on puisse passer les projets de
loi, aussi, de la santé. On a besoin de ces projets
de loi là pour pouvoir faire la réforme qu'on a besoin de faire pour répondre
aux besoins de nos citoyens, Mme la Présidente,
et les oppositions ont un rôle crucial à jouer là-dedans. C'est eux qui peuvent
déterminer si, oui ou non, on va être capables d'adopter les projets de loi en
temps utile, en temps utile étant avant la fin de la présente session
parlementaire, pour pouvoir procéder à ces réformes-là. Alors, je les
invite à cet examen de conscience.
Donc, c'est
ça, ça fait que la première ligne, la première ligne du futur, c'est ce que
nous, on appelle la première ligne du
futur... Tu sais, je l'ai dit tantôt, on ne va pas répéter les mêmes recettes
que tout ce qui a toujours été fait parce que ça va donner les mêmes résultats. L'idée, c'est d'avoir
vraiment accès à la bonne personne — puis
ce n'est pas forcément un médecin — au
bon moment, en temps opportun, quelle que soit la région, quel que soit le
problème, quel que soit le besoin. C'est
ça, le concept, Mme la Présidente. Il existe déjà le GAMF, là, le Guichet
d'accès au médecin de famille, où les gens qui n'ont pas de médecin de
famille s'inscrivent.
Puis en passant, là, on parle de l'accès à un
médecin de famille, on parle des gens qui n'ont pas de médecin de famille, c'est sûr que c'est dérangeant puis c'est
un problème, mais, même quand on a un médecin de famille, là, il y a beaucoup de monde qui n'arrive pas le voir en
temps opportun. Moi, j'ai perdu mon médecin de famille, je n'ai pas de médecin
de famille, mais, avant, quand j'en avais
une, c'était impossible de la voir, là. Je veux dire, tu appelles, il n'y a
plus de place, puis
on te dit : Rappelle tel jour, je vais avoir ses nouveaux horaires, puis,
quand tu appelles au moment des nouveaux horaires, ils sont déjà pleins. Ça fait que, donc, il n'y en
a pas, de solution, ça fait que, je veux dire, tu es pris pareil. Puis là tu
cherches du sans rendez-vous, tu ne sais pas où aller. À Québec, on en a
un dans le coin de Lebourgneuf, on va là. Tu cherches quelqu'un pour ton suivi de grossesse. Moi, quand je suis tombée
enceinte, je n'avais pas de médecin. Je fais quoi? J'ai pris le site Web du CIUSSS de la
Capitale-Nationale, j'ai appelé une clinique après l'autre jusqu'à tant qu'il y
en ait une qui me prenne. C'est ça, la réalité, tu sais. Puis ce n'est pas
parce qu'on est députés qu'on fait... je veux dire, on vit dans la même société que vous, là. Ça fait que c'est ça,
la réalité. Même si tu as un médecin de famille, c'est compliqué de le voir,
trop souvent.
• (15 h 50) •
Donc, le GAMF, où tu t'inscris pour avoir un
médecin de famille, soit, mais l'important, ça va être le GAP. Le fameux GAP, le député de Nelligan en a parlé, le
guichet d'accès première ligne, guichet d'accès patient, là, peu importe
comment on l'appelle, et ça, ça va être ça,
le concept. Puis au départ on le crée avec l'idée de dire : Les gens qui
n'ont pas de médecin de famille vont
passer par le GAP. Tu appelles là, et là on s'assure, là... puis je vais
prendre un terme qui n'est pas
francophone, mais on te dispatche pour que tu puisses avoir accès à la bonne
personne au bon moment. Quand je dis la bonne personne, ça veut dire quoi? Ça veut dire ça peut être un médecin,
ça veut dire ça peut être une infirmière, ça peut être une IPS, une infirmière praticienne
spécialisée. Parce que l'idée, c'est non seulement de changer la rémunération
des médecins pour favoriser une
meilleure prise en charge des omnipraticiens, mais aussi de déléguer davantage
d'actes médicaux, puis de diversifier
la pratique, et de privilégier la pratique des IPS pour qu'elles aussi puissent
faire plus de choses puis prendre en charge plus de patients. Ça peut
être un travailleur social, ça, être un psychologue, ce n'est pas obligé d'être
toujours un médecin. Donc, l'interdisciplinarité
et la prise en charge par la bonne personne au bon moment selon le problème
et en temps opportun, donc, ça, c'est l'objectif, avec le GAP.
Et, je vous
disais, on commence par les gens qui n'ont pas de médecin de famille, ça va de
soi. Mais, si ça fonctionne aussi
bien qu'on le pense, ultimement, comme je vous dis, peut-être même que les
personnes qui ont un médecin de famille vont l'utiliser parce que ça va
être moins compliqué que d'attendre d'avoir un rendez-vous avec ton médecin.
Comme je vous décrivais tout à l'heure, là,
il faut que tu appelles à 5 heures du matin, puis, à 5 h 2, il
n'y a plus de place. Puis c'est toutes
des histoires de même que moi... d'abord, que je vis personnellement et que
j'entends des gens. Tu sais, tu essaies d'aller au sans rendez-vous, ça ouvre à 5 heures le matin. Je suis
sûre qu'il y a des gens, ici, qui l'ont déjà vécu. Ça ouvre à 5 heures le matin, ça fait que, là, tu mets
ton cadran à 4 h 50, tu attends. Là, c'est engagé, ça ne marche pas.
5 h 3, il n'y a plus de place. C'est ça, la réalité, tu sais,
puis c'est ça que nos citoyens vivent, puis c'est ça qu'on veut corriger.
Donc, avec le
GAP, c'est l'espoir qu'on a. D'ailleurs, on a un beau petit de schéma, ici, à
la page 54, si ma mémoire est
bonne, là, dans le plan de mon ami ministre de la Santé, là, que j'invite
peut-être le député de Nelligan à aller consulter. C'est quand même assez clair ici, vous voyez? Puis
là il y a tous les partenaires, aussi, là-dedans. Je l'ai dit... Je n'ai pas
nommé les pharmaciens, ça peut être un
pharmacien, aussi, Mme la Présidente, qui règle ton problème, selon c'est quoi,
ton problème. L'idée, c'est d'avoir la bonne
personne en temps opportun, parce que ce n'est pas vrai que tout est urgent,
mais ce n'est pas vrai qu'il n'y a rien
d'urgent non plus puis que tu peux toujours attendre aux calendes grecques,
selon les horaires, selon ci, puis selon ça, selon la région où tu te
trouves, selon que ton médecin est parti à la retraite, etc.
Donc, alors, ça, ça fait le tour, Mme la Présidente.
Mais, tu sais, je veux terminer en disant... Puis là j'ai parlé beaucoup des omnipraticiens, mais l'accès aux
soins spécialisés est important aussi, là, il est très important. Je vous ai
dit tout à l'heure : On a
32 586 médecins rémunérés par la RAMQ, là-dessus il y en a, à peu
près, presque 10 000, d'omnipraticiens, ça fait que, là-dedans, il y a beaucoup de spécialistes aussi. Puis
c'est important d'avoir accès à des soins spécialisés. Quand la moitié de tes impôts va dans le système de
santé, tu devrais pouvoir avoir accès à des soins, qu'ils soient généraux ou
spécialisés.
Alors, je
vais terminer en réitérant notre souhait, comme gouvernement, que les
oppositions appuient nos projets de loi et participent à une certaine cadence
dans l'avancement de ces projets de loi là, le 11, le 15, le 28. Je n'ai pas
eu le temps de parler, comme tel, du 28, mais
le 28, c'est le projet de loi qui permet la transition avec l'urgence
sanitaire, c'est-à-dire d'abandonner
l'urgence sanitaire, mais on a besoin d'une transition, on a besoin de garder
un certain nombre de mesures qui
touchent, essentiellement, cinq choses seulement. Tu sais, il y a la
vaccination, le dépistage, il y a diverses choses qui méritent... et qui sont nécessaires de conserver. On a
compris que les oppositions avaient demandé, tu sais, des précisions,
qu'il y avait peut-être des petites choses, des arbitrages à faire. Il y a des
amendements qui ont été déposés la semaine
dernière par mon collègue de la Santé, démontrant notre bonne foi et notre
volonté de répondre aux besoins des oppositions
pour s'assurer, justement, d'une certaine cadence. Parce qu'à un moment donné
l'opposition ne peut pas nous nous appeler ici à chaque mercredi en faisant des
motions du mercredi sur la santé tout en ne faisant pas en sorte qu'on s'assure d'adopter tous les projets de loi en
santé avant la fin de la session pour pouvoir aller de l'avant avec les
changements nécessaires, poser les
actions nécessaires, puis ensuite de ça, bien, avoir enfin un médecin une fois
pour toutes. Parce que, mon collègue de la Santé en a déjà parlé, on a
espoir que la moitié des gens qui n'ont pas de médecin de famille, en ce moment, avec le GAP et le modèle, effectivement,
du Bas-Saint-Laurent, qu'on est en train d'exporter, la moitié des gens,
d'ici le mois d'août, puissent avoir accès à
un médecin ou à la bonne personne au bon moment, comme je vous disais, via
le GAP. Donc, ça, c'est notre souhait, c'est
notre plan. On fait tout ce qu'il faut pour y arriver, mais on a besoin des
oppositions.
Et on a
atteint, je pense, là, un degré de conscientisation, dans la population, par
rapport à la performance et aux capacités de notre réseau de la santé, qui est
un momentum. Tout le monde s'est rendu compte des limites de notre réseau
quand il y avait un peu de pression — un
peu, même beaucoup de pression — et
là, si on ne fait pas ces changements-là maintenant... et on a la personne idéale, en la personne du ministre de
la Santé, pour opérer ce changement-là, qui va être difficile, qui va être complexe. Il aura besoin
non seulement de l'appui de tout son gouvernement, mais de l'appui de toute
l'Assemblée nationale, Mme la Présidente.
C'est un changement en profondeur, ça va avoir un impact social énorme si on est capables de réformer notre système de santé. Et je n'ai
pas parlé de tout l'aspect préventif, donner plus d'importance à la santé
publique, à la prévention, parce que, ça aussi, si tu fais plus de préventif,
tu as moins de curatif, ça coûte moins cher, c'est moins compliqué, puis tu n'occupes pas les médecins pendant ce
temps-là, ça fait que c'est bon pour tout le monde. Alors, on va avoir besoin de tout le monde.
J'espère que les oppositions vont collaborer. C'est nécessaire pour nos
citoyens. Et donc je les remercie à l'avance de cette collaboration.
Et je vais
terminer... je ne peux jamais terminer mes motions du mercredi sur la santé
sans avoir un mot pour le personnel du réseau de la santé, Mme la
Présidente, parce qu'ils ont traversé une pandémie de deux ans, qui, d'ailleurs,
n'est pas finie, on est en sixième vague,
les hospitalisations augmentent. On a l'impression que ça ne finira jamais,
mais ça va finir un jour. Faites-vous
vacciner, la quatrième dose est commencée. C'est important de prendre les
rendez-vous, pour ceux qui y ont accès. Donc, un énorme, énorme, merci au
personnel du réseau de la santé, pas seulement au personnel soignant, mais à tous ceux qui entourent, aussi,
et qui font en sorte que ce réseau-là peut fonctionner, a pu fonctionner malgré
une pandémie de deux ans, et continue de fonctionner, et un système, bien
qu'imparfait, très humain. On a vu l'investissement, le dévouement de
ces êtres humains là pendant la pandémie et encore aujourd'hui. Alors, à vous
tous, un énorme merci.
Et une
mention aussi pour le travail colossal accompli par le ministre de la Santé,
par le ministre délégué à la Santé et
aux Services sociaux, par la ministre des Aînés, qui, eux aussi, depuis deux
ans, travaillent fort et continueront de travailler fort, on l'espère, pour les quatre prochaines
années, si on a la chance de reformer le gouvernement, parce qu'on a besoin
de cette réforme en profondeur et on a besoin d'un système plus humain et plus
performant, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la
ministre. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Rosemont.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Je vais commencer... J'ai un scoop pour la vice-première
ministre. En fait, j'en ai deux. Les
oppositions, et je pense que je parle en mon nom et en le leur, on va appeler
qui on veut, les mercredis, et tous les mercredis qui sont au calendrier
d'ici la fin de session, c'est notre prérogative...
Des voix : ...
M. Marissal : ... — merci — c'est
notre prérogative, comme est la vôtre de ne pas répondre.
Puis j'ai un
deuxième scoop pour la vice-première ministre, qui a quand même beaucoup
d'expérience ici. Elle semble se
plaindre de l'embouteillage dans le tunnel législatif, je m'en plains aussi,
mes collègues de l'opposition s'en plaignent aussi, mais la grande partie de la solution est à deux pupitres d'elle,
à droite. Ce n'est pas de notre faute si le gouvernement a jammé le pipeline législatif. On n'a pas siégé
pendant des semaines, pendant des mois, à la CSSS. On n'a pas siégé, on n'avait rien dans l'assiette. On a jeûné,
législativement parlant. Puis là, tout d'un coup, c'est le buffet chinois. On
nous en met, là, des projets de loi,
l'un par-dessus l'autre, là, «all you can eat». Bien non, justement, «all can I
eat», je ne peux pas en manger autant en si peu de temps.
C'est le gouvernement, Mme la Présidente, qui a
bloqué l'agenda législatif. Le ministre, pendant des semaines, il écrivait son plan de refondation. Pendant ce
temps là, il n'écrivait pas les projets de loi puis il ne les présentait pas
non plus. Puis ce n'est pas parce
qu'il est désagréable, le ministre de la Santé, je m'entends bien avec, on
travaille bien ensemble. Des fois on
se chicane, c'est normal, des fois on n'est pas d'accord. Comme aujourd'hui,
c'est une mauvaise journée dans notre
couple, ça ne va pas, à cause du projet
de loi n° 28. C'est correct,
c'est correct, ça, c'est la game parlementaire. Mais il n'a rien déposé pendant des mois, puis là, tout
d'un coup, il débarque, là, p.l. n° 11, p.l. n° 19, p.l. n° 28,
puis il faut tout adopter ça, là, séance tenante, là, la cavalerie
parlementaire doit débarquer. Bien non, bien non, parce que, même si on voulait, là, regardez le calendrier, là — vous
savez lire un calendrier comme moi — ça
ne rentre pas dans le temps, on n'a plus
le temps. Ah! À moins qu'il y ait un bâillon, à moins qu'il y ait un bâillon.
Je ne dirige pas le gouvernement, évidemment. Je ne suis pas au bureau du leader du gouvernement. Je leur suggère de faire
attention, parce que ma petite expérience, j'ai un peu de millage en couverture politique, ma petite expérience me dit
que finir un premier mandat sur un bâillon, ce n'est peut-être pas la meilleure idée du siècle. Mais ça
a l'air qu'on les indispose tellement, quand on ose débattre et poser des
questions, que je n'exclus pas la
possibilité qu'il y ait un bâillon. Mais, bon, bref, j'aurai été magnanime,
j'aurai donné mon opinion défavorable sur l'utilisation d'un bâillon.
• (16 heures) •
Alors, revenons
à nos moutons, Mme la Présidente. Le texte de la motion de l'opposition
officielle, il est dur, c'est vrai,
il est dur. Moi, si j'étais le ministre de la Santé, je lis ça, le matin, je me
dis : Oh boy! C'est dur, c'est dur. Mais ce qui est encore plus dur et ce qui est encore plus
flagrant, c'est l'échec du gouvernement de la CAQ dans sa promesse-phare.
Et, encore là, ils n'ont qu'eux à blâmer. Ce
n'est pas moi qui ai promis un médecin à tout le monde. J'ai toujours dit que c'était un slogan électoral et non pas une
politique de santé publique. Alors, ils ont promis ça, ils se sont obstinés à promettre ça. Puis là, bien, regardez,
hein, voyez-vous quoi, ça ne marche pas. Ils ne sont pas capables de remplir
cette promesse-là. Alors, la meilleure défensive
étant l'attaque, la vice-première ministre se relève, pour un autre mercredi,
pour blâmer l'opposition, parce
qu'apparemment on leur fait perdre du temps, de débattre de leurs propres
promesses électorales. C'est quand
même un comble, là. Ça, c'est comme le ministre de la Santé qui se lève,
l'autre fois, à une de mes questions, ici, puis qui dit : Je ne
fais pas de politique ici. Je la ris encore, celle-là. Ses collègues aussi ont
ri, d'ailleurs.
Alors, c'est
la CAQ qui a promis ça, un médecin pour tout le monde. Ce n'était pas tenable,
ça ne marchait pas. Puis ce n'est pas
vrai que c'est ça, la solution. Je ne veux pas m'autociter puis autociter mon
parti, mais ça fait quand même un grand bout de temps qu'on dit : Le bon
soin par le bon professionnel au bon moment, quand la personne en a besoin,
puis ce n'est pas toujours un
médecin. Bon, là, tant mieux, le ministre semble avoir eu une épiphanie. Et
d'ailleurs la vice-première ministre
vient de nous faire l'apologie de cette solution qu'ils viennent de découvrir.
Bien, tant mieux, au moins, on va s'entendre
là-dessus. Moi, le problème que j'ai, Mme la Présidente, c'est que, si c'est
bel et bien l'ambition du ministre... et
je le crois de bonne foi parce qu'il nous en parle en privé, puis je pense
qu'il veut aller vers ça, tant mieux, je le répète, il a fait son chemin de Damas, il a eu son épiphanie,
très bien, très bien, nous regarderons la lumière ensemble. Mais le problème
que j'ai, c'est que les outils législatifs
qu'on a devant nous en ce moment, ce n'est pas ça qu'ils disent, ce n'est pas
ça que ça fait. En ce moment, le projet de loi n° 28, là, dont on débat ici, dans le troisième
sous-sol, c'est pour l'apparente fin de l'urgence sanitaire tout en disant le contraire. Alors, ça, je ne ferai
pas le procès du projet de loi
n° 28, on est en train de le
faire en bas, et il y a beaucoup de groupes,
d'ailleurs, qui sont en train de le faire avec nous. Mais, revenons à nos
moutons, ça ne touche absolument pas
les soins de première ligne, le projet
de loi n° 28, pantoute, même pas
proche. Ce n'est pas ça que ça fait.
Le projet de loi n° 11, il est un peu plus proche, parce que ça touche
la charge de travail des omnipraticiens, mais il n'y a pas une seule fois les
mots «première ligne» là-dedans. Tout ce que ça fait, c'est que ça dit qu'on
voudrait avoir des fichiers Excel pour savoir en temps réel ce qu'un
médecin fait à tel moment. Bien, à la toute rigueur, je pourrais être magnanime puis dire que, oui, ça peut finir par
toucher l'organisation du travail de première ligne, mais il n'y a jamais le
mot «interdisciplinarité» dans ce projet de loi là, alors ce n'est pas ça que
ça fait non plus.
Quant au projet de loi n° 19, bien, c'est un projet de loi technique, très
technique sur, notamment, la circulation de l'information au sein du
réseau. Là encore, si je suis bien, bien, bien charitable, je peux dire qu'à la
toute fin ça aura peut-être un impact sur la
première ligne, mais ce n'est pas un projet de loi... ou ce n'est pas un projet
sur l'interdisciplinarité, Mme la Présidente, ce n'est pas ça que ça
fait.
Alors, je
répète, le blocage dans le pipeline législatif, c'est le gouvernement qui en
est responsable, et on ne portera pas
ce blâme. En tout cas, moi, je ne porterai pas ce blâme. La promesse «un
médecin de famille pour chaque personne au Québec», c'est la promesse de la CAQ. Ils ont échoué et là ils
voudraient, tout d'un coup, nous dire que c'est de notre faute puis qu'on est
donc bien tannants parce qu'on leur pose des questions, en plus. Bien non, bien
non, Mme la Présidente, ce n'est pas
notre faute. Ils l'ont promis, ils ne l'ont pas tenu, ils ne sont pas capables.
Tout d'un coup, ils voudraient qu'on fonctionne
avec une baïonnette dans le dos pour adopter tous les projets de loi qui
viennent de débarquer à la toute fin d'une session d'un premier mandat. Vous me
permettrez de faire mon travail avec rigueur puis d'étudier les projets de loi
qui sont présentés devant nous. Je ne suis
pas un «rubber stamp». Comment on dit ça en français? Un tampon. Je ne suis pas
un tampon d'autorisation. Je ne suis
pas un «rubber stamp», puis il n'y a aucun de mes collègues de l'opposition qui
se prétend «rubber stamp», puis jamais que le gouvernement ne devrait
nous prendre pour ça non plus.
Alors, je
l'ai dit, les projets de loi qui sont devant nous, ils ne parlent pas de la
première ligne. Ils ne parlent pas de la première ligne. Le plan qu'a déposé le
ministre la semaine dernière, déjà, il s'approche un peu plus, mais, pour le
moment, c'est un florilège de bonnes
intentions en vue des prochaines élections. Il n'y a aucun moyen, dans ce qui a
été déposé la semaine dernière, qui
ouvre la porte à l'interdisciplinarité sur la première ligne à partir de — je
vais être gentil — le
mois prochain ou même dans trois mois. Il
n'y a rien là-dedans. C'est un recueil d'idées plus ou moins bonnes, certaines
bonnes d'ailleurs, j'en conviens, mais pour le moment, ce n'est que ça.
C'est un recueil d'idées que le ministre a mis de l'avant, parce que ce qu'on a devant nous, je répète, ça ne
fait pas ça, ça fait même le contraire que d'améliorer la première ligne.
Hier, j'ai
rencontré... puis je pense que des collègues ici ont rencontré aussi des
représentants, des représentantes de la fédération étudiante en médecine
du Québec, nos médecins de demain. Inutile de dire que ce sont les jeunes qui sont impliqués dans leurs études. Ceux et celles
que j'ai rencontrés, en plus, sont très militants, militantes. Ils veulent que
les choses changent, puis ce qu'ils nous
disent, c'est que le projet de loi n° 11 en particulier,
contribue, encore une fois, si une telle chose était nécessaire, là, s'il
fallait vraiment en remettre, là, le projet de loi n° 11
contribue encore plus à la dévalorisation de la profession de médecin de
famille. Il faut le faire. Il faut le faire.
La dernière
affaire qu'on aurait dû faire, là, ici, là, en déposant un projet de loi, c'est
encore une fois participer à la dévalorisation d'une profession médicale qui
l'est déjà tellement. Ces jeunes-là, Mme la Présidente, là, ils nous disaient,
puis c'est leur vécu, c'est leur témoignage,
vous pouvez leur demander, c'est public, entre eux, là, à l'université, quand
ils se parlent entre les cours puis qu'ils se demandent l'un l'autre :
Toi, qu'est-ce que tu vas faire, vers quelle profession tu vas aller, vers
quelle spécialisation tu vas aller?, puis il y en a un ou une qui dit :
Bien, moi, je songe pas mal à la médecine de famille, ça m'intéresse, savez-vous
ce qu'ils se font répondre? Tu vas te contenter de ça? Ah oui? Omni? Pour vrai?
C'est ce qu'on m'a dit hier, là. Vous n'êtes
pas obligés de me croire, allez leur demander. Mais, Mme la Présidente, c'est
la réalité dans les facultés de médecine.
Puis là le
ministre a déposé un projet de loi. Moi, l'image que j'ai, là, vous savez,
quand on suit les oiseaux migrateurs, on
leur tague quelque chose sur une aile, tu sais, pour être capable de savoir
elle est rendue où, la bernache. Là, le ministre voudrait taguer tous
les ministres... pas tous les ministres, tous les omnipraticiens au Québec pour
être capable de dire à quel moment et
quoi... ils font quoi, avec qui, et quand, et combien de temps. Ce que les
jeunes futurs médecins nous disent aussi,
c'est : Nous, là, du volume, là, entrer en médecine familiale puis faire
du volume pour avoir 1 200, 1 500, 1 800 patients, ça ne m'intéresse pas. Je ne veux pas faire ça. Ce
n'est pas de la médecine, c'est de l'usine, puis ils ne veulent pas faire ça,
ils veulent une qualité de vie. Ça n'a pas été tenu en compte non plus
par le ministre de la Santé, et c'est malheureux, c'est très malheureux. Mais je comprends qu'il est mal pris, puis je
vais terminer là-dessus, je comprends qu'il est mal pris avec la promesse-phare de la CAQ qui était de
donner un médecin de famille à chaque Québécois, chaque Québécoise à la
fin de ce mandat-ci. Ça n'arrivera pas, ça n'arrivera pas. Alors, il est mal
pris puis il cherche des façons.
Alors, si on
réclame, de ce côté-ci, notre collaboration, elle n'est pas inconditionnelle,
de un. De deux, je l'ai déjà offerte,
la mienne en tout cas, au ministre de la Santé. Mais, quand je vois, Mme la
Présidente, de quelle façon, en ce moment, le
gouvernement est en train d'instrumentaliser les sous-ministres dans le projet
de loi n° 28, je peux vous dire que la collaboration,
pour le moment, elle est sur le rond arrière. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à céder la parole au prochain
intervenant. Ce sera Mme la députée de Soulanges.
Mme Marilyne Picard
Mme
Picard : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi tout d'abord de prendre un moment afin de saluer les
collègues, la ministre de la Sécurité publique, la députée de
Roberval ainsi que la députée de Huntingdon. Merci
et bonjour à tous les autres
collègues ici aujourd'hui. Je remercie particulièrement le député de Nelligan
pour sa motion, qui revient à la
charge encore une fois. Et vraiment je tiens à le remercier parce que c'est
rare qu'une opposition insiste autant afin de donner l'opportunité au gouvernement de corriger les éléments, de
recadrer le sujet, de représenter son plan de manière claire, et ce,
aussi fréquemment.
Cela
étant dit, permettez-moi, Mme la Présidente, de prendre quelques minutes afin
de parler des investissements colossaux
en santé qui sont prévus au budget du ministre des Finances, des
investissements qui, on le sait, permettront au ministre de la Santé et
à ses équipes de rétablir notre système de santé, qui a plus que besoin
d'amour.
• (16 h 10) •
Nous
le savons, la pandémie a durement touché le réseau de la santé et des milliers
de personnes qui s'y donnent corps et
âme. La crise de la COVID-19 a mis en lumière et amplifié les nombreux enjeux
d'un réseau qui nous a été légué dans
un état de précarité avancée par le gouvernement précédent. Je ne m'étendrai
pas plus qu'il faut sur le passé, Mme la Présidente, d'autres personnes l'ont déjà fait avant moi. Aujourd'hui,
il nous faut ramasser les pots cassés et nettoyer les dégâts.
Toutefois,
nous sommes chanceux de pouvoir compter sur un gestionnaire extrêmement
chevronné afin de mener à bien cette
opération de rétablissement. Le ministre de la Santé a une vision claire pour
le réseau, et je suis convaincue qu'il parviendra à guider le système de
santé à bon port.
Le
plan proposera d'agir d'abord sur les fondements du système de santé. Au
premier chef, un meilleur accès aux données,
que ce soit pour le personnel clinique, les patients, les gestionnaires ou
encore les chercheurs, est aussi fondamental pour améliorer la performance du réseau. Cette performance doit être
atteinte notamment à l'aide de technologies de pointe. Deuxièmement, des infrastructures modernes et des
équipements adaptés constituent le dernier fondement indissociable d'un réseau de la santé solide et performant.
Enfin, les travailleurs de la santé, qui sont à la base des services et des
soins prodigués aux Québécois, un personnel valorisé et en quantité suffisante
est une condition primordiale à l'atteinte des objectifs.
C'est
en agissant sur ces fondements que le gouvernement sera en mesure de mettre de
l'avant l'ensemble des actions prioritaires
en offrant à la population une expérience patient axée sur l'accessibilité et
la qualité des soins. Pour ce faire, des initiatives visant à rétablir le système de santé totaliseront près de
5,2 milliards, des investissements colossaux à la hauteur du défi.
Le
premier grand chantier du rétablissement du réseau de la santé, c'est la
modernisation. On a vu, au début de la pandémie,
à quel point certaines pratiques pouvaient sembler complètement anachroniques.
On a tous et toutes l'exemple des
fameux fax en tête. Cette époque est en voie d'être terminée, Mme la
Présidente. On parle d'accélérer le virage vers l'infonuagique dans le but de protéger les données des citoyens contre
des tentatives de cyberattaque et de vol de données ainsi que de pérenniser les pratiques de
télémédecine. On parle de moderniser le processus clinique et administratif
afin d'automatiser des opérations
administratives et cliniques manuelles et récurrentes. On parle enfin de
nouvelles applications pertinentes pour les établissements de santé,
tels qu'un système de gestion centralisée des arrivées, des départs et des
transferts, de même qu'un système permettant d'optimiser la gestion des lits.
La
modernisation du système de santé s'inscrit dans la stratégie de transformation
numérique gouvernementale et vise à offrir des soins et des services en
santé plus intuitifs, rapides, faciles d'utilisation pour la population et à
améliorer l'efficience et la performance des établissements de santé et des
services sociaux.
C'est
en effet avec la grande somme de 788 millions de dollars que le ministre
pourra mener à bien cette opération de
modernisation. Des investissements colossaux, mais nécessaires pour faire
rentrer le réseau de la santé dans le XXIe siècle. On est parti de loin dans ce domaine, on est parti
de très loin, mais on progresse avec le ministre de la Santé et, grâce aux
nouveaux investissements annoncés par le ministre des Finances, on pourrait
faire un bond de géant.
La pandémie a permis
de constater la nécessité d'assurer une gestion décentralisée, humaine et
performante du réseau de la santé et des
services sociaux. Le gouvernement tient également à soutenir une véritable
gestion de proximité en santé et
services sociaux partout au Québec en créant un système de santé dont les
services seront intégrés et orientés vers les besoins du patient. C'est notre
deuxième grand chantier pour le rétablissement du réseau de la santé. C'est
plus de 1 milliard de dollars qui sera consacré à ces changements.
Le gouvernement
amorcera un changement de culture dans l'organisation du travail à la suite des
conventions collectives intervenues avec
l'ensemble des syndicats, lesquelles permettront de mettre en place un mode de
gestion axé sur la stabilité en
emploi ainsi que sur l'amélioration des conditions de travail du personnel.
Cela se traduit par des actions qui sont déjà en cours ou en voie d'être
implantées, par exemple, la décentralisation de la planification des horaires,
l'élimination du recours abusif du temps supplémentaire, la hausse du personnel
travaillant à temps plein en milieu hospitalier ainsi que l'amélioration de la
conciliation famille-travail.
Ainsi, la
réorganisation du travail prévoit notamment la mise en place des premiers
projets d'autogestion des horaires,
l'aménagement d'horaires atypiques et l'augmentation des heures de la semaine
de travail normale, pour certains types
d'emplois, de 35 à 37,5 heures-semaine, par exemple. Chaque établissement
de santé et de services sociaux pourra instaurer les horaires qui
correspondent le mieux à ses besoins de main-d'oeuvre.
De
plus, les récentes ententes offrent des hausses salariales, des mesures
incitatives visant à stabiliser les équipes en soins infirmiers et des primes d'attraction et de rétention du
personnel. À cela s'ajoute aussi une bonification de plusieurs
dispositions concernant les congés et un reclassement de certaines personnes
salariées.
Enfin, le
gouvernement prévoit l'embauche d'agents administratifs en appui au personnel
clinique, l'introduction d'un nouveau
titre d'emploi de technicien en pharmacie, et l'ajout de pharmaciens bacheliers
en milieu hospitalier, ainsi que l'optimisation de l'organisation
afférente au système préhospitalier d'urgence.
Mme la
Présidente, c'est une somme de près de 3,4 milliards de dollars qui est
ainsi prévue pour assurer la mise en oeuvre
de ces changements qui assureront au personnel du réseau de la santé et de
services sociaux de meilleures conditions de travail, une condition sine qua non au rétablissement du réseau. Nous
l'avons souvent répété au cours des deux dernières années, le personnel est le coeur battant du
réseau de la santé. Ces changements à leurs conditions de travail sont attendus
depuis beaucoup trop longtemps. Nous allons livrer la marchandise.
Évidemment,
si les deux étapes que je viens de décrire sont si importantes, c'est qu'elles
permettront d'offrir de meilleurs
services à la population québécoise car, ne l'oublions pas, les services à la
population, c'est la mission du réseau, ce pourquoi le personnel a travaillé si fort durant la pandémie et ce
pourquoi le gouvernement met toutes ses énergies sur le rétablissement du réseau à partir
d'aujourd'hui. Nous poursuivons donc nos efforts afin de rehausser l'accès à la
qualité des soins et services offerts. Des investissements additionnels
de 3,7 milliards de dollars sont prévus.
Nous
poursuivons notre virage en faveur du soutien à domicile. Dans le contexte où
la pandémie a accentué la volonté des
personnes âgées de rester le plus longtemps possible dans leur domicile, une
somme additionnelle de 785 millions de dollars est prévue. Le gouvernement souhaite ainsi que les aînés et les
personnes ayant une incapacité puissent préserver leur autonomie et demeurer le plus longtemps
possible dans leur domicile. Un virage majeur vers le soutien à domicile a
été entrepris, menant à la prestation de
près de 8 millions d'heures additionnelles de soins et de services depuis 2018‑2019.
Qui dit
soutien à domicile dit également, bien souvent, personnes proches aidantes. Le
gouvernement a posé des gestes
importants afin d'améliorer la qualité de vie des personnes proches aidantes en
adoptant le plan d'action gouvernemental. Afin de reconnaître que ces personnes jouent un rôle fondamental dans le
soutien offert aux individus les plus vulnérables, le gouvernement annonce des sommes additionnelles
de 250,3 millions de dollars. C'est donc plus de 1 milliard de
dollars en sommes additionnelles qui seront investies afin de permettre
aux personnes vulnérables de rester le plus longtemps à domicile possible, et ce, dans les meilleures conditions possibles,
avec l'aide et le soutien de leurs proches, un changement de cap majeur.
Pour ce qui
est de l'accessibilité aux soins de santé, plusieurs gestes ont été posés par
le gouvernement au cours des dernières
années, notamment l'ajout de préposés aux bénéficiaires, la mise en place de
guichets d'accès à la première ligne, l'accès priorisé aux services
spécialisés, l'élargissement des actes accomplis par les pharmaciens et les
infirmières praticiennes spécialisées ainsi
que l'accès à de nouveaux traitements novateurs. Le travail n'est toutefois pas
terminé. Le gouvernement poursuit ses efforts et met en place des
mesures totalisant 545,9 millions de dollars pour améliorer
l'accessibilité et la qualité des services de santé et des services sociaux.
Le projet de guichet d'accès à la première ligne
implanté d'abord dans le Bas-Saint-Laurent sera graduellement déployé dans
l'ensemble du Québec. Ce guichet permet aux patients orphelins d'obtenir des
services rapidement et de rendre la prise de
rendez-vous plus efficace. Le gouvernement souhaite ainsi respecter son
engagement de permettre à tous les Québécois d'avoir accès à un
professionnel de la santé dans un délai de 36 heures.
Afin d'y
arriver, il vise à accroître le nombre de nouveaux étudiants en médecine, à
favoriser l'utilisation accrue des
autres professionnels de la santé et des services sociaux en première ligne et
à poursuivre le déploiement d'une offre de services pour les patients sans médecin de famille. De ce fait, c'est
une somme de 183 millions de dollars qui est prévue pour faciliter l'accès aux services médicaux de
première ligne. Le gouvernement souhaite également accroître la fluidité dans
les urgences et les hôpitaux grâce à une meilleure coordination des soins et
des services.
Je pourrais
continuer encore longtemps comme ça, Mme la Présidente. Il y a tant de sujets,
d'investissements, de changements importants que je n'ai même pas effleurés. Ça
démontre bien l'ambition du rétablissement proposé par le ministre pour
le réseau de la santé et le soutien que le gouvernement et le ministre des
Finances comptent lui apporter dans sa mission.
• (16 h 20) •
Rétablir le
réseau de la santé est une entreprise colossale qui comporte son lot de défis,
mais le gouvernement est entièrement mobilisé derrière cet objectif, et
je peux vous assurer que c'est toute la population qui en sortira gagnante.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, nous souhaitons faire une proposition d'amendement à la
motion du député de Nelligan. Permettez-moi de lire la motion amendée,
si l'amendement était accepté :
«Que
l'Assemblée nationale constate qu'après près de 4 ans d'un gouvernement
caquiste, le nombre de Québécois en attente d'un médecin de famille soit
passé de 400 000 à plus d'un million de Québécois;
«Qu'elle rappelle que la Coalition avenir Québec
avait promis, lors de la campagne électorale de 2018, qu'un gouvernement
caquiste offrirait un médecin de famille à tous les Québécois;
«Qu'elle
reconnaisse que la relance du réseau de la santé présentée par le gouvernement
caquiste contient des solutions quant à l'accès aux soins de première
ligne;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale prenne acte de l'intention du gouvernement de prendre un
virage vers l'interdisciplinarité, tel que suggéré par plusieurs
intervenants ayant participé aux consultations du projet de loi n° 11.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Je vous rappelle que votre
amendement est déposé sous réserve de la permission de l'auteur de la
motion débattue actuellement.
Alors,
bien, je suis prête à céder la parole à M. le député de Matane-Matapédia. Et je
vous rappelle que votre formation politique dispose d'un temps de
8 min 8 s.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, cette motion indique
clairement : Si vous êtes Québécois, vous étiez 400 000 orphelins de médecin, maintenant
vous êtes 1 million, tout ça en quatre ans. C'est un échec monumental. Si
vous êtes satisfait du bilan de la Coalition avenir Québec en matière de
santé, vos attentes sont manifestement très basses.
La Coalition
avenir Québec, en santé, il faut se rappeler les origines. Créée par deux
millionnaires, Charles Sirois et
François Legault, premier ministre du Québec. Gaétan Barrette était le premier
étendard, député de La Pinière, de la Santé. Et ce qu'on voulait faire, à l'époque, c'était de changer le système de
santé avec un certain nombre de propositions. Une des propositions, c'est un médecin de famille pour
tous, mais il y en avait d'autres. 90 minutes pour rencontrer un médecin
à l'urgence, il y avait ça aussi.
Qu'est-ce qui
est arrivé? Bien, le gouvernement s'est fait élire sur cette base-là, sur ces
engagements, et en 2018, en 2019,
jusqu'à l'arrivée de la pandémie, il y a des gestes qui ont dû être mis en
place. Un des gestes qui n'a rien à voir avec la pandémie, c'est la récupération de sommes importantes auprès des
médecins spécialistes. On parlait de 1 milliard de dollars. Résultat : la moitié. Ça, ce n'est
pas de la faute du gouvernement précédent. Ça, ce n'est pas de la faute de la
pandémie. C'est de la faute du
gouvernement qui a fixé un objectif et qui n'est pas allé chercher le
trop-perçu, comme chez Hydro-Québec d'ailleurs. Donc, ça, ça dépend du
gouvernement.
Ensuite, les médecins. Bon, tout au long du
mandat, on a entendu des choses qui... Je ne sais pas si c'était la stratégie pour convaincre les jeunes médecins
d'être médecin de famille, mais j'ai entendu, par exemple : Si vous voulez
trouver un médecin, allez sur un terrain de golf, l'été, et vous allez en
trouver. Ça, c'est le premier ministre du Québec. J'ai lu le ministre de la Santé dire, il y a quelques jours, sur
Twitter, avec la candidate dans Marie-Victorin : Ça a été trop longtemps géré par des médecins, le réseau, ça
prendrait une infirmière. Parfait. Pourquoi ne pas avoir nommé une infirmière
à la tête de la Santé publique, il y a quelques jours, au lieu du Dr Boileau?
Ça fait bizarre.
Bien, c'est
une promesse non seulement qui est... je ne dirais même pas qui est rompue,
c'était illusoire de croire qu'ils allaient le réaliser. Et là le calcul qui
est fait par l'opposition officielle : 400 000 orphelins de médecin,
avec ce que ça implique, et là il y
en a 1 million, donc plus que le double. C'est un échec monumental.
Uniquement sur cet enjeu-là, ce gouvernement mériterait d'être battu à
la prochaine élection, juste là-dessus déjà.
Ensuite,
c'est quoi, la suite? On nous demande de commenter une plateforme électorale
pour un autre éventuel mandat puis on nous dit : Bien, vous n'êtes
pas enthousiastes, vous n'êtes pas dedans, embarquez donc. Pourquoi moi,
j'irais commenter la plateforme électorale?
Ils vont-u commenter la mienne quand on va en déposer une? Bien non. Est-ce qu'on peut évaluer, toutefois, l'accès
à un médecin de famille? 90 minutes où qu'on peut rencontrer un médecin?
Là, ce serait intéressant qu'on puisse
évaluer ça, ce qu'on est allés chercher avec les médecins spécialistes. La
décentralisation qu'on proposait à la CAQ, le retour d'un directeur
général ou d'une directrice générale d'un conseil d'administration, ça aurait pu être annoncé avant la pandémie, ça.
C'est important. Ces enjeux-là ne sont pas tous liés à la pandémie, et je pense
que, juste sur cet indicateur-là, ça démontre bien qu'il n'y avait pas de
solution miracle.
Le premier
ministre a été ministre de la Santé. Je m'en souviens très bien. Je me souviens
de son bilan. Lorsqu'il est arrivé
avec le député de La Pinière, qui était candidat de la CAQ, on tend à
l'oublier, ils ne viennent pas juste du PQ, les gens à la CAQ, là, il y en avait qui arrivaient de partout, vous en
savez quelque chose, Mme la Présidente, bien, il y avait des courants qui ont fait en sorte qu'il y a eu des
propositions qui ont été faites, puis les gens ont cru à ça, puis ils ont mis
de l'espoir. Mais là c'est le bilan
du gouvernement qu'on évalue aujourd'hui, et cette motion permet de faire un
premier bilan de l'action en santé du gouvernement.
Alors, qu'est
ce qu'on dit, de l'autre côté, pour expliquer qu'on passe de 400 000 à
1 million? Je n'ai pas entendu tous les arguments. Je ne l'ai pas, mais je
peux vous dire une chose, ça va pédaler fort. Une des réponses qu'on donne
dans le plan qui a été lancé, où on a conscrit plusieurs membres de la société
civile à venir assister puis avec beaucoup d'insistance...
J'espère que vous allez être là, il y a des places en bas, il y a des places en
haut, quand quelqu'un part le clap, allez-y,
sauf les infirmières. Elles n'étaient pas là. Donc, le corps de métier si
important des infirmières et des infirmiers, dont se réclame la
candidate de la CAQ dans Marie-Victorin, a choisi de ne pas être là, quand
même.
Et là on nous
cite le modèle du Bas-Saint-Laurent. Ah! là, ça tombe bien, parce que
voyez-vous, Mme la Présidente, je
suis un député du Bas-Saint-Laurent depuis maintenant 15 ans, et, s'il y
avait une solution miracle au Bas-Saint-Laurent, ça se saurait. La
formule est la suivante, et je la partage pour le bénéfice de mes collègues,
c'est une ligne téléphonique. Vous avez
15 minutes maximum, ça raccroche après 15 minutes, partez votre
discours, vous avez besoin de quoi, vous voulez aller où. Ce n'est pas de la prise en charge. Vous n'avez pas accès à un
médecin. Vous ne devenez pas... Ce n'est pas la fin de votre orphelinage en
matière de médecin de famille. C'est une ligne d'assistance. Vous appellerez,
vous allez voir que c'est ça.
Et là, ça,
c'est le modèle qui va sauver le Québec. Je ne penserais pas, moi. En tout cas,
à mon bureau de comté, depuis 15 ans,
puis mes collègues sont au courant que je m'occupe un petit peu de mes affaires
dans ma circonscription, je n'ai pas
vu le miracle, moi. Le CISSS du Bas-Saint-Laurent, là, qui va écouter ce
vidéo-là, il va dire : Encore lui qui critique. Non, mais, je veux
dire, j'aimerais applaudir, mais ce n'est pas ça qui est arrivé. Donc, il n'y a
pas de miracle, là.
Ce que je
veux dire... Je n'aurai pas énormément de temps, là. Je regarde, il me reste
encore deux, trois minutes. On pourrait
juste dire ça : Il y avait 400 000 patients orphelins au Québec à
l'arrivée de la Coalition avenir Québec, il y en a maintenant 1 million. La pandémie a le dos
large, hein? Ce n'est pas comme si l'arrivée de l'équipe santé allait elle-même
contribuer à combler des postes puis freiner
l'arrivée, tu sais, de... freiner, je veux dire, le... je ne sais pas comment
l'exprimer, allait
faire en sorte d'attirer des médecins de l'extérieur et stopper les médecins
qui voudraient aller à l'extérieur, parce que, parfois, le gouvernement
a dit ça.
Mon collègue de l'Éducation dit parfois que, depuis
qu'il est là, le nombre d'inscriptions a augmenté, probablement grâce à
lui, j'imagine. Le ministre de la Santé, il ne dit pas ça, lui. C'est embêtant,
gênant. Peut-être que le ministre de l'Éducation
pourrait partager sa recette avec le ministre de la Santé puis dire pourquoi
que lui, il est pas mal meilleur que lui dans le réseau que le ministre
de la Santé, peut-être des discussions qu'ils ont déjà, mais le résultat est le
même.
Pour
chacun des députés qui sont ici, vous savez ce que ça représente, quelqu'un qui
nous appelle en disant... puis ça
m'est arrivé encore récemment. J'ai pris un patient dans le taxi en revenant de
Montréal lundi. Le monsieur me dit : J'ai 76 ans, j'ai du diabète, j'ai des conditions cardiaques sévères,
j'habite dans le comté de Montmorency. Je l'ai référé à son député. Vraie histoire. Qu'est-ce que je leur dis?
Je dis : Il y a un guichet, puis là ils vont regarder, là, votre condition,
puis tout ça. Je l'ai envoyé à son
député. Mais nous-mêmes, quand on reçoit des cas, on ne sait pas vraiment quoi
dire. Il y a un guichet. On n'a pas
de suivi. On ne sait pas où les envoyer. Quand on habite dans un petit centre,
Matane, Amqui, il faut toujours référer au régional, faire une heure de
route pour aller à Rimouski, puis là il y a des frais, dans des conditions difficiles. Puis, en plus, ça n'a pas été indexé. D'ailleurs,
je me permets d'en glisser un mot au passage, les frais d'hébergement,
de repas, d'essence pour aller se faire soigner.
Donc,
il n'y en a pas, de solution miracle. Mais le gouvernement s'est quand même
engagé là-dedans. Alors, c'est pour
ça qu'ils ont fait une première ronde média, avec le ministre de la Santé,
disant : Ça s'en vient. O.K., mais c'est quand? Ça s'en vient. Puis là, quand ils l'ont eu, ils
ont fait un autre tour, les mêmes journalistes. C'est ça. C'est majeur. Bien,
c'est juste ça. C'est un engagement qui n'est pas tenu.
• (16 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bien,
merci, M. le député. Alors, je suis prête à entendre un autre intervenant
ou intervenante. Alors, Mme la députée de Huntingdon, je vous cède la parole.
Mme Claire IsaBelle
Mme IsaBelle : Bonjour, Mme la Présidente.
Merci. Je suis contente de prendre la parole pour la motion du député de Nelligan, d'ailleurs, que je connais bien pour
avoir présidé ou pour présider la Commission économie et travail. Je salue
aussi mes collègues, la vice-première
ministre, la députée de Soulanges et la députée de Roberval, ainsi que les
députés de l'opposition.
Vous le savez, hein,
la santé représente le plus gros ou la plus grosse proportion du budget de
l'État de santé. En 2022, on évaluait que
c'était près de 43 % du budget qui était mis pour le système de santé,
alors que c'est à peu près 22 % pour l'éducation. Et, quand je dis
«éducation», c'est vraiment primaire, secondaire, cégeps et universités qui constituent, donc, le deuxième plus gros
portefeuille. Avec le budget qu'on consacre pour le système de la santé, c'est
normal que les citoyens et les
citoyennes exigent un meilleur service en santé. C'est vraiment tout à fait
louable parce que c'est énormément d'argent qu'on investit.
Le
hic maintenant, c'est qu'il faut se dire que ça fait plus de 20 ans qu'on
axe sur deux termes presque en alternance, c'est-à-dire... puis la vice-première ministre a fait un mini résumé,
tantôt, historique, là. Je vais refaire un petit survol aussi. Ça fait plus de 20 ans, là, qu'on parle qu'il
faut... Bon, si on se rappelle, par exemple, d'ores et déjà, là, en 2003,
globalement, le candidat du Parti libéral, à ce moment-là, faisait campagne en promettant aux Québécois qu'il
réglerait le problème de l'engorgement des urgences, qu'il diminuerait le
temps d'attente pour les patients à l'urgence, et ça, il le disait : Dans quelques semaines, si on prend le pouvoir. Pas de
problème. M. Charest a quand même été premier ministre de 2003 à 2012.
On
se retrouve 11 ans plus tard, en 2014, avec M. Philippe Couillard. Il fait
campagne, lui aussi, en promettant que tous
les Québécois auront un médecin de famille. Encore une fois, on attend. On
attend, il y a encore des délais pour obtenir des soins au Québec.
Des voix : ...
Mme IsaBelle :
Alors, un instant, s'il vous plaît, là. Laissez-moi terminer. Merci.
Alors, je continue.
On est huit ans plus tard...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Excusez,
on ne se parle pas de bord en bord de la Chambre, s'il vous plaît.
Alors, Mme la députée est la seule ayant la parole au salon bleu en ce moment.
Alors, continuez.
Mme IsaBelle :
Merci. Alors, on est huit ans plus tard, 2022, on a eu deux ans de gestion
d'une crise sanitaire mondiale et on vit le
même problème. Écoutez, c'est normal qu'il y ait de la frustration auprès de
notre population, mais il ne faut quand même pas, comme le disait le
ministre... ou, enfin, le député, pardon, que je devrais dire, le député de
Nelligan, tantôt, qui disait :
Bon, ça ne prend pas un diplôme universitaire pour comprendre que le nombre de
patients sans médecin a augmenté.
Mais moi, je dirais que ça ne prend pas non plus un diplôme universitaire pour
savoir que la crise sanitaire qu'on a
vécue a quand même exacerbé, effectivement, les soins de santé dans le service
à la population, dans nos hôpitaux, etc.
Ce
qu'il faut, à partir de maintenant, et c'est ça qui est important, je pense,
c'est qu'en 2022 notre ministre de la Santé, de la Santé et de la Sécurité...
la Santé et Services sociaux, ainsi que le ministre délégué, hein — je
pense que je suis distraite par la
présence du ministre ici — et
le ministre délégué de la Santé... ce qu'il faut, là, c'est de se rappeler que,
le plan qu'ils viennent de déposer, le plan
qui vise, justement, une première ligne efficace et du futur, bien, il faut
travailler dans cette orientation-là.
Il faut travailler tous ensemble pour se dire : Bien, il faut offrir de
meilleurs services de santé à notre population, et ce, pour tous nos
citoyens et citoyennes. C'est ça qui devient important.
Je
veux aussi souligner que ce plan, hein, pour mettre en oeuvre les changements
nécessaires en santé, il se veut plus
humain et plus performant. Et vous avez à regarder les pages 54 et 55,
tout est là, tout est bien circonscrit en deux pages. C'est très bien
fait et bien résumé.
Mais, pour y
arriver, à ça, à un service, effectivement, de santé plus humain et plus
performant, où une première ligne efficace
ait du futur, bien, il faut travailler tous ensemble et il faut travailler avec
ce qu'on appelle l'interdisciplinarité... ou, en fait, si vous voulez,
l'interdisciplinarité devient la clé du succès de notre système de santé.
Et ici je
veux faire un parallèle, parce que, vous savez, en tant que prof à
l'université, ça fait des lunes que, nous, les profs à l'université, nous travaillons dans un cadre
d'interdisciplinarité pour mener des projets de recherche. Si je veux avoir
plus de succès dans mes projets de recherche, je dois travailler avec d'autres
profs. Alors, je vous donne un exemple bien simple, là, moi, je fais
beaucoup de formation ou je fais beaucoup de projets de recherche sur la
compétence des directions d'école. Mais, si
je faisais ce projet de recherche là en silo, avec d'autres profs qui
travaillent dans la compétence des directions
d'écoles, je ne suis pas sûre qu'on arriverait à des résultats aussi
intéressants. Donc, on travaille parfois avec des professeurs en
politique éducationnelle, en recherche qualitative, en technologie
éducationnelle.
Alors, c'est
ça qu'il faut se dire, que, maintenant, avec notre système de santé, il faut
travailler en termes d'interdisciplinarité.
Parce que, offrir un médecin de famille à tous, ce n'est peut-être pas la
panacée actuellement. Je pense que ce
n'est pas comme ça qu'on va y arriver. Et ce qu'il faut féliciter, notre
gouvernement, et peu... personnes ne l'ont dit jusqu'à présent, c'est que la ministre de la Santé de 1919 ou,
enfin, notre première ministre de la Santé de la Coalition, elle a mis en place deux projets de loi importants
et majeurs : le projet de loi n° 31 et le projet de loi n° 43,
qui ont été votés, d'ailleurs, avec
tous les services ou avec tous les autres partis, qui... le premier projet de
loi en... le projet de loi n° 31 vise les pharmaciennes et pharmaciens, hein, ça leur permet de prolonger des
ordonnances, de prescrire, maintenant, et administrer des vaccins, prescrire certains médicaments lors
de situations d'urgence et évaluer la condition physique et mentale d'une
personne dans le but... bon, dans le but d'assurer, effectivement, l'usage
approprié des médicaments.
Déjà, cette
personne-là ou ces pharmaciens ont apporté ou ont eu un apport essentiel lors
de la première crise ou lors de la
crise sanitaire que nous vivons encore. On a le projet de loi n° 43, on a
reconnu le travail des IPS, c'est extraordinaire, pour nous aider davantage, pour offrir une
meilleure... et une première ligne plus efficace et celle qu'on appellera du
futur, parce que, maintenant, les IPS
peuvent diagnostiquer certaines maladies, peuvent prescrire des examens, des
médicaments, des traitements
médicaux. Ils peuvent — elles peuvent
ou ils — procéder
à certains actes et effectuer une série d'examens jusqu'alors réservés aux médecins. Et, peut-être,
déjà, hein, d'ores et déjà, en peu de temps, on est allés chercher d'autres
professionnels de la santé pour offrir
davantage de services à nos citoyens, citoyennes. Et tantôt... très bientôt, on
va reconnaître aussi davantage de services que les ambulanciers peuvent
offrir.
Écoutez, je vais m'arrêter ici. Je vais
peut-être vous faire un parallèle avec ce que j'ai vécu avec mes parents. Mes parents... Je l'ai déjà raconté et je vais le
raconter encore. Vous savez que mes parents n'ont pas voulu quitter leur
maison, alors toute la famille a pris soin d'eux pendant 10 ans. Et, à
chaque fois qu'ils avaient un petit bobo, on se retrouvait à l'urgence, alors que ce n'était peut-être pas
nécessaire qu'ils aillent à l'urgence. Si elle avait eu... si maman, elle avait
eu une infirmière praticienne pour
l'aider, ça aurait sans doute été plus efficace pour elle. Alors, bref, tout ça
pour vous dire qu'il faut maintenant déléguer et favoriser
l'interdisciplinarité si on veut offrir un meilleur service à nos citoyens et
citoyennes. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je cède la parole à M. le député de Pontiac.
M. André
Fortin
M. Fortin : Du yoga, Mme la Présidente, de la méditation, je pense que c'est ça que
ça va me prendre. Connaissez-vous un bon instructeur de yoga? Parce qu'en
entendant des discours comme ceux des députés de la Coalition avenir Québec ma haute pression monte,
Mme la Présidente, puis je ne veux pas être un poids supplémentaire sur le
réseau de la santé. Ça va me prendre des activités comme ça. Alors, je vais
prendre des recommandations. S'il y a quelqu'un
à Québec qui connaît un... — merci, Mme la députée — un bon instructeur de yoga, je vais en avoir
besoin. Parce que ce que j'entends de
la Coalition avenir Québec, là, qui nous font... et pas une députée, deux
députés, trois députés, tout le monde
qui parle dit : Je vais vous faire une leçon d'histoire. Bien, ils
arrêtent, ils arrêtent à un moment bien précis, c'est-à-dire le moment
où le premier ministre actuel était ministre de la Santé. Ça, on n'en parle
pas.
• (16 h 40) •
Souvenez-vous,
ils veulent faire de l'histoire, on va en faire, de l'histoire, où étaient
dirigés les patients quand le premier
ministre était ministre de la Santé? Est-ce qu'on les dirigeait vers les CLSC?
Est-ce qu'on les dirigeait vers les GMF?
Est-ce qu'on les dirigeait vers l'urgence? Même pas. On les dirigeait vers la
frontière américaine. On les dirigeait vers Plattsburgh. Vous avez
besoin d'une chirurgie? Non, non, pas à Montréal, pas à Trois-Rivières, pas à
Québec; à Plattsburgh. La voilà, la leçon d'histoire.
Maintenant, les députés de la Coalition avenir
Québec s'apprêtent à voter contre une motion qui leur demande une chose bien
simple, qui leur demande de reconnaître leur bilan. Je vais vous le dire, c'est
quoi, votre bilan.
En fait, je
vais laisser une de mes commettantes vous dire c'est quoi, le bilan de la
Coalition avenir Québec. Elle m'écrit
le 22 février de cette année et elle m'envoie un message qu'elle vient
d'envoyer au ministre de la Santé. «Bonjour, André.» Et voici le message au ministre de la Santé. «M. Dubé,
pouvez-vous me dire à quel saint il faut se vouer pour que ma pauvre tante âgée
de 96 ans puisse avoir accès à un médecin à Gatineau? Elle est inscrite
sur la liste depuis des lunes et, bien
que des nouveaux médecins s'installent de temps à autre dans notre région, le
nom de ma tante ne sort jamais de la loterie. Pour le peu de temps qu'il
lui reste à vivre, ne serait-il pas possible de lui donner un peu de sécurité?»
96 ans, 96 ans. C'est vrai
qu'il lui reste probablement, là, peu de temps à vivre, comme l'a dit sa nièce.
Bien, à 96 ans, elle habite en
Outaouais. Qu'est-ce qu'on fait en Outaouais quand vous n'avez pas de médecin
de famille? Qu'est-ce que vous faites
ailleurs au Québec quand vous n'avez pas de médecin de famille? Vous appelez
les cliniques sans rendez-vous, c'est
ça? En Mauricie, j'imagine que c'est ça, on appelle la clinique sans
rendez-vous. Il y en a une dans l'Outaouais, une clinique sans rendez-vous, une seule. C'est la superclinique qui a été
mise en place par le député de La Pinière. La seule. Il n'y en a pas
d'autres.
Alors,
Mme la Présidente, madame de 96 ans sans médecin de famille, elle ne va
pas bien. Qu'est-ce qu'elle fait? Elle
tente d'avoir un... de se battre avec les milliers de gens de la région qui
veulent avoir accès quand ils n'ont pas de médecin de famille pour avoir une place le lendemain à
cette superclinique-là. Elle est fantastique, la superclinique. Elle accueille
des milliers, puis des milliers, puis des milliers de patients par année. Mais
c'est la seule.
Alors,
qu'est-ce qu'elle fait? Elle va à l'urgence quand c'est ouvert. Parce que, tout
l'été, là, l'urgence, à Gatineau, a été fermée, tout l'été, du début à la fin.
Alors, c'est pour ça qu'on dit, aujourd'hui: Il faut que la situation
s'améliore. On n'a pas le choix d'améliorer la situation.
Alors,
quand j'entends les députés de la Coalition avenir Québec nous dire : On a
des grands chantiers... On a des grands chantiers? On est le
6 avril 2022, ils sont élus depuis octobre 2018, ça fait quatre ans,
quatre ans.
Une voix :
...
M. Fortin : Pandémie, pandémie, j'entend «pandémie». Bien, ça a le dos large, la
pandémie, Mme la Présidente, le dos très large. On a-tu moins de
médecins de famille aujourd'hui parce qu'il y a eu une pandémie? Je ne pense
pas, Mme la Présidente. Est-ce que la
pandémie a limité les inscriptions aux facultés de médecine? Je ne pense pas.
Est-ce qu'elle a fait en sorte que des médecins de famille ont
massivement pris leur retraite? Je ne pense pas.
Alors,
la pandémie, c'est une chose. Mais vous arrivez le 6 avril 2022, alors
qu'il reste quelques mois au mandat de la Coalition avenir Québec, en
disant : Regardez notre grand chantier qui s'en vient. Votre grand
chantier, c'est une plateforme électorale.
Ça aurait pu être, par le passé, ça aurait pu... On aurait pu éviter de passer,
comme le dit la motion, de 400 000 Québécois en attente d'un médecin
de famille à 1 million de Québécois. 400 000 à 1 million. Il y a
600 000 Québécois qui se sont rajoutés à la liste, des gens, là, qui
en avaient peut-être un, médecin de famille, puis qui n'en ont plus, puis
qu'ils l'ont perdu. Mme la
Présidente, ça, c'est le bilan de la Coalition avenir Québec. Ça, c'est sur
quoi les Québécois pourront les juger à la prochaine élection.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Alors, je cède la parole à Mme la députée de
Roberval, en vous mentionnant qu'il vous reste 4 min 4 s.
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci, Mme la Présidente.
Donc, j'en profite pour saluer tous les collègues ici cet après-midi. Je m'inquiète un peu de la santé du collègue de
Pontiac, mais j'espère que, dans les prochaines semaines, on va être capable
de prendre soin de vous, M. le député, un
petit peu de yoga. Puis on va vous aider aussi au niveau d'un guichet d'accès à
la pertinence. On va faire le travail.
Donc, on travaille
sur différents secteurs pour livrer aux Québécois ce qu'ils ont besoin, mais
surtout, Mme la Présidente, ce qu'ils ont
droit d'avoir. Vous savez, il faut arrêter de penser que c'est les médecins qui
vont régler tous les problèmes dans
le domaine de la santé. Notre système de santé, c'est important... les médecins
dans notre système de santé sont importants, voire essentiels, mais on a
plein d'autres professionnels qui gravitent autour de notre système de santé. Il faut arrêter de travailler en silo. Il faut
arrêter de se borner à dire que ça prend un médecin par Québécois. La réalité,
c'est que ce n'est probablement pas la bonne solution. Jusqu'à
maintenant, c'est ce qu'on a essayé, et ça n'a pas fonctionné.
Donc,
ça prend du travail d'équipe. On doit travailler en collaboration avec tous les
professionnels sur le terrain, et, en
plus ça, ça va valoriser les professions. Comme ma collègue l'a dit tout à
l'heure, on a eu des projets de loi, en cours de pandémie et même avant
la pandémie, pour nous aider au niveau des pharmaciens, des IPS, pour leur
redonner des pouvoirs pour pouvoir assister
les médecins. Écoutez, moi, j'ai été des heures dans des urgences à attendre
pour voir un médecin, alors que je
savais que mon fils faisait une otite. Ce n'est pas normal. Le pharmacien, à ce
moment-là, ne pouvait pas me prescrire d'antibiotiques. Maintenant, les
pharmaciens sont habilités, ils peuvent nous fournir des antibiotiques. Les IPS
peuvent diagnostiquer, ils peuvent nous proposer des traitements, ils peuvent
proposer également des analyses médicales.
Donc, je pense qu'on doit mettre tous nos professionnels à la roue, et, en
plus, ça va les valoriser dans leur travail.
J'entendais
le député de Pontiac dire que, bon, on avait un peu... on n'avait rien fait
durant la pandémie. Mais je vous dirais que, oui, effectivement, on a eu
à gérer ce guichet d'accès là, mais on a eu à gérer une pandémie. Puis, vous
savez, le réseau de la santé du Bas-Saint-Laurent a mis en place un projet
pilote de guichet d'accès en 2019, et c'est sur ce projet pilote là qu'on va se
baser dans les prochaines semaines, même, je vous dirais que chez nous, au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis il y a quelques territoires,
là, dont je n'ai pas les noms encore, mais les guichets d'accès sont commencés,
là, donc à être effectifs. Ça, ça fait en sorte qu'il y a
13 000 patients orphelins dans le Bas-Saint-Laurent qui ont eu
accès à une consultation rapide avec un professionnel de la santé.
Déjà, dans le projet
de loi n° 43, on a élargi les pouvoirs, mais ce guichet d'accès là, les
gens qui ont eu accès à ce guichet d'accès
là, 50 % des gens qui ont eu accès, qui ont utilisé le service de ce
guichet d'accès là, ils n'avaient pas réellement
besoin d'un médecin de famille. 50 %, c'est assez significatif, là, comme
chiffre. Et 92 % des patients qui ont été pris en charge se sont dits satisfaits et ils désirent que ce
plan-là soit implanté de façon durable chez eux. Donc, je pense que, si
c'est bon pour le Bas-Saint-Laurent, c'est bon pour toutes les régions du
Québec.
Tu
sais, la formule, avant, c'était un médecin par Québécois. Bien, moi, je dirais
qu'on se doit d'avoir le bon service par
le bon professionnel au bon moment, Mme la Présidente, et c'est ce qu'on va
s'efforcer de donner à chaque Québécois. Et j'ai participé aux consultations particulières avec le député de
Nelligan sur le projet de loi n° 11. Il y a eu des
discussions avec la ministre de la
Santé, il l'a même félicité, puis il était d'accord avec ça, de mettre en place
un filet de sécurité de tous les
professionnels. Donc, je suis un petit peu étonnée de l'interpellation de cet
après-midi. Mais ça nous permet de pouvoir mettre en...
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Désolée,
Mme la députée, votre temps est terminé.
M. le leader, je pense que vous vouliez demander
l'accord pour pouvoir faire la réplique du député de Nelligan. C'est bien ça?
Alors, est-ce que vous donnez votre accord pour qu'il puisse faire la...
M. André
Fortin (réplique)
M. Fortin : Je remercie le leader adjoint du gouvernement de me
permettre de faire la réplique au nom de mon collègue de Nelligan, qui est en
commission parlementaire en ce moment.
D'abord, je
vais discuter de l'amendement qui a été proposé par la Coalition avenir Québec.
Et j'entendais la collègue de
Soulanges déposer l'amendement. Voici la façon que ces premiers paragraphes
sont maintenant écrits : «Que l'Assemblée nationale constate qu'après près de 4 ans d'un gouvernement
caquiste, le nombre de Québécois en attente d'un médecin de famille soit passé de 400 000 à plus d'un
million...» Bien, au moins, ils le reconnaissent, Mme la Présidente. Au moins,
ils reconnaissent leur échec. C'est
bien, c'est un début. Ça n'apporte pas de solution, mais on est capable de
regarder la vérité puis de se
dire : C'est ça qui se passe en ce moment. Ils sont passés de 400 000
à 1 million. Tant mieux s'ils le reconnaissent.
Ils sont
aussi d'accord pour reconnaître, Mme la Présidente : «Qu'elle rappelle que
la Coalition avenir Québec avait promis,
lors de la campagne électorale de 2018, qu'un gouvernement caquiste offrirait
un médecin de famille à tous les Québécois.»
Ils ne renient pas leur promesse, ils font juste ne pas le faire, hein? Ils
nous disent : C'était ça, notre promesse, on avait promis un médecin de famille à tous les Québécois. Là était la
promesse, là était l'engagement noir sur blanc, main sur le coeur, de la
Coalition avenir Québec. C'est encore dans la motion.
Ils nous
demandent de changer notre motion non pas, Mme la Présidente, pour qu'on parle
de la réforme en santé, mais pour
qu'on parle de la relance en santé. On n'est plus dans la refondation, on n'a
pas le droit d'utiliser le mot «réforme», c'est une relance en santé. À
six mois des élections, on relance.
Et, Mme la Présidente, ils acceptent qu'ils
avaient fait une promesse aux Québécois, mais ils n'acceptent pas de dire qu'ils ont brisé leur promesse aux
Québécois. Ça, il faut l'enlever, par exemple. Alors, on a promis un médecin à
tous les Québécois, on est d'accord
avec ça. On a dit qu'il y a maintenant 1 million de patients sur la liste
d'attente, on est d'accord avec ça. Mais
on n'est pas d'accord pour dire qu'on a brisé notre promesse. Notre promesse,
c'était zéro, zéro patient sur la liste,
il y en a 1 million. On est d'accord avec ça, mais on n'a pas brisé notre
promesse. Non, non, non, on ne peut pas dire ça. Oh boy! Des fois, pour
pouvoir avancer, il faut reconnaître nos fautes.
Alors, Mme la
Présidente, je vais vous dire ce qu'il se passe au Québec, je vais prendre
l'exemple de ma région, de votre région, de notre région pour
l'illustrer. 2014, Mme la Présidente, 60,8 % des résidents de l'Outaouais
avaient un médecin de famille attitré,
60,8 %. Il faudrait regarder les articles, vous pourrez sortir les
chiffres, 60,8 %. 2019, janvier 2019, 82,5 % des gens de l'Outaouais avaient un médecin de famille.
Augmentation. Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé à partir de ce
moment-là? La courbe, là, elle est comme ça. On est parti de 60 %, on est
rendu à 82 %.
Alors, on
peut s'attendre à un gouvernement qui, simplement, là, pointe le navire dans la
même direction. Il ne change pas de direction, on va s'attendre que ça
continue. Un gouvernement qui laisse les choses aller, on s'attendrait à
ce que ça stagne. Ni une ni l'autre, Mme la
Présidente, il y a moins, en pourcentage de gens, en Outaouais qui ont un
médecin de famille aujourd'hui qu'en
2018. Il y en a moins. La liste d'attente, pour avoir un médecin de famille, a
augmenté de 44 % chez nous, 44 %. Je vais dire comme le collègue de
Matane-Matapédia: juste ça, c'est un bilan désastreux. Juste ça, c'est
assez pour que les Québécois disent : Un instant, on veut-u continuer dans
cette direction-là ou pas?
J'entendais la vice-première ministre, un peu
plus tôt, parler de son expérience personnelle, son expérience personnelle pour trouver un médecin de famille,
alors qu'elle était enceinte. C'est l'histoire qu'elle a racontée un peu plus
tôt. Elle nous a dit... Elle a dit à tout le monde ici : Quand j'étais
enceinte, je n'avais pas de médecin de famille. Alors, qu'est ce que j'ai fait? J'ai pris le téléphone, j'ai
appelé une clinique. Non, on ne peut pas vous prendre. J'ai appelé une autre
clinique. Non, on n'a pas de médecin
de famille pour vous. J'ai appelé une autre clinique. Non, on n'en a pas. J'en
ai appelé une quatrième. Ah! tout à
coup, ils m'ont pris en charge. C'est comme ça chez nous, Mme la Présidente? Ce
n'est pas comme ça chez nous. Ça ne marche pas, ça. Ça ne marche pas
partout, ça. On ne peut pas juste appeler une clinique puis voir : Eh! voulez-vous me prendre?, pas quand il y a de
plus en plus de monde qui attendent sur une liste d'attente, pas quand la liste
d'attente est rendue à 1 million de Québécois. Ça ne fonctionne pas.
400 000,
1 million. C'est là qu'on est rendus, là. Ils avaient promis un médecin
pour tous les Québécois. Et là les députés
de la Coalition avenir Québec nous disent : Ah! bien,
l'interdisciplinarité, c'est ça qui va régler la chose. L'interdisciplinarité peut aider, c'est sûr. Il
peut en faire un bout. Mais est-ce que ça va régler l'enjeu des 1 million
de Québécois qui, en ce moment, là, ne savent pas où se tourner? Est-ce que ça
met plus de médecins en cabinet? Est-ce que ça met plus de médecins
disponibles? Est-ce que ça rend plus d'infirmières disponibles? Est-ce que ça
rend plus d'IPS, d'infirmières praticiennes
spécialisées, disponibles? La réponse, c'est non. Moi, dans ma MRC Pontiac, Mme
la Présidente. Dans notre MRC
Pontiac, chez nous, là, les infirmières praticiennes spécialisées, savez-vous
combien il y en a? Il y en a une, puis elle est pas mal occupée. Alors, de dire
au patient : Tu n'as pas besoin de voir un médecin de famille, tourne-toi
vers l'IPS... Elle est pas mal chargée, l'IPS, ces jours-ci.
Puis, des infirmières, on en manque.
C'est pour ça que l'obstétrique est fermée chez nous. Il n'y en a pas,
d'infirmière disponible. Ils sont
déjà en TSO continuellement à travers le Québec. Chez nous, ils font des quarts
probablement un peu trop longs.
There are not enough nurses across the
province just to look at what they call «interdisciplinarité». There is not enough of them. Having a «guichet»,
having a database does not give people more professionals, does not give them
access to professionals.
Ce
n'est pas parce qu'il y a un guichet que, tout à coup, on peut donner plus de
soins. Est-ce qu'il y a un projet pilote qui a bien fonctionné dans une région?
Peut-être. Est-ce que ça veut dire automatiquement qu'on peut prendre
exactement la même formule, l'appliquer partout, puis que ça va marcher, puis
tous les Québécois vont avoir accès à un
professionnel de la santé? Ce serait une lubie de l'esprit de penser qu'un
guichet va donner accès à des soins à tout le monde.
Puis vous savez ce
que les gens veulent. Vous le savez. Je le sais. Tout le monde, ici, le sait.
La dame de 96 ans à qui j'ai fait
référence tantôt, là, elle ne veut pas un guichet, elle veut un médecin. Ça n'a
pas changé, ça, depuis votre promesse, en
2018. Quand vous avez dit aux Québécois : Tout le monde va avoir un
médecin de famille, vous avez reconnu qu'il y a une demande, que c'est ça que les gens veulent. C'est encore ça que les
gens veulent, parce que le médecin de famille, il peut faire le suivi. Le
médecin de famille, il peut vous référer à un spécialiste. Le médecin de
famille, il comprend votre dynamique, il vous connaît.
Alors,
les solutions qu'ils ont dans leur relance, là, il y en a peut-être certaines
qui peuvent fonctionner. Mais de dire
aux Québécois : Oubliez ça, vous êtes sur la liste d'attente, là... Notre
priorité, nous autres, ce n'est pas de vous trouver un médecin. Notre priorité, nous autres, c'est de
vous offrir un guichet. Ils sont déjà sur un guichet. Ils sont déjà sur le
guichet d'accès à un médecin de famille. Ils attendent déjà.
Alors,
quand j'entends les députés de la Coalition avenir Québec, du jour au
lendemain, du jour au lendemain, nous dire :
Aïe! avoir un médecin de famille, ce n'est pas la panacée, avoir un médecin de
famille, ce n'est pas la solution... Ce n'est pas le discours qu'ils disaient il y a un mois. Ce n'est pas le
discours qu'ils disaient il y a six mois. Ce n'est pas le discours qu'ils tenaient il y a quatre ans. Alors,
cette réalisation-là, que les gens veulent un médecin de famille, Mme la
Présidente, ils devraient se le rappeler,
parce que c'est encore une avenue plus qu'intéressante, c'est une avenue
souhaitée, c'est une avenue
désirable. C'est une avenue qui permet au patient de savoir qu'il y a un
médecin, qu'il y a une équipe, une équipe
qui peut, dans plusieurs cas, lui offrir la fameuse interdisciplinarité. Moi,
le GMF où je fréquente, là, il y en a, des superinfirmières, puis il y en a, des infirmières, puis je peux les voir
si j'en ai besoin. Mais le problème, c'est qu'il n'y en aura pas plus,
avec le modèle que propose le ministre de la Santé.
Alors,
Mme la Présidente, je vous soumets qu'il y a un constat à faire. Il y a un
constat d'échec à faire. Il y a un constat
qu'il y a 1 million de Québécois qui attendent un médecin de famille,
aujourd'hui. Puis il y a un autre constat, c'est que la Coalition avenir Québec regarde tous ces gens-là, aujourd'hui, et
leur dit : Nous, ce n'est pas notre priorité, ce n'est pas
important. Vous n'en aurez pas, de médecin de famille. Merci, Mme la
Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, M. le député de Pontiac. Et j'aimerais savoir si vous
acceptez l'amendement déposé par Mme la députée de Soulanges.
M. Fortin : Nous n'acceptons pas l'amendement déposé par la députée de
Soulanges.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie. Alors, je vais maintenant mettre aux voix la motion de M.
le député de Nelligan, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale déplore qu'après près de 4 ans d'un gouvernement
caquiste, le nombre de Québécois en attente d'un médecin de famille soit
passé de 400 000 à plus d'un million[...];
«Qu'elle rappelle que
la Coalition avenir Québec avait promis, lors de la campagne électorale de
2018, qu'un gouvernement caquiste offrirait un médecin de famille à tous les
Québécois;
«Qu'elle
prenne acte que le gouvernement caquiste a brisé sa promesse faite aux
Québécois et qu'elle n'entend plus offrir un médecin de famille à
tous[...];
«Qu'elle
reconnaisse que la réforme en santé déposée par le gouvernement caquiste ne
règlera pas les problèmes d'accès aux [...] première ligne;
«Qu'elle
constate que les Québécois font maintenant les frais de l'inaction et du manque
de leadership du gouvernement caquiste en santé;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale condamne l'abandon du gouvernement caquiste en matière
d'accessibilité à un médecin de famille pour tous les Québécois.»
Alors, cette motion
est-elle adoptée? M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : À ce moment, je vous demanderais un vote par appel nominal,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie. Et maintenant je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
Je demanderais le report du vote à la prochaine période des affaires courantes
de demain, s'il vous plaît. Merci.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
c'est très bien. Alors, le vote par appel nominal aura lieu demain,
après la période des affaires courantes.
Alors, pour la suite
de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 19
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 1
Reprise du débat sur l'adoption
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
à l'article 19 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de
loi n° 1, Loi modifiant
la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
Je suis prête à
reconnaître la première intervenante, qui sera Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je suis heureuse de prendre la parole au nom de ma formation
politique au sujet du projet de loi
n° 1, Loi modifiant la
Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance
et de compléter son développement.
Beaucoup
de choses à dire sur ce projet de loi, en fait, je dirais, sur l'ensemble de la
démarche qui est en cours par le gouvernement, évidemment principalement par le
ministre de la Famille, en lien avec les services de garde éducatifs à la
petite enfance.
Pour
bien situer le propos, il faut comprendre qu'en ce moment il y a comme deux
éléments qui se côtoient. Il y a le ministre,
qui est en train de déployer son Grand chantier pour les familles. Il serait
heureux que je le montre, donc voici le
document. Il y a le Grand chantier pour les familles qui est en train de se
déployer, où le gouvernement se donne des cibles. Et puis, par ailleurs, il y a un projet de loi, le projet de loi
n° 1, qui a été déposé, donc, au début de cette année, en fait, au
début de la nouvelle législature, et puis qui a été discuté, on a eu des
consultations publiques, on a entendu plusieurs groupes, avec beaucoup de
demandes, et on a fait une étude détaillée assez rigoureuse. Je mets bien en
parallèle ces deux éléments-là, parce que ça
va être important de se situer. Il y a certaines choses qui sont dites dans le
cadre du grand chantier, mais qui, malheureusement, ne se reflètent pas
quand on arrive dans le détail et dans le noir sur blanc qui se retrouvent dans
les différents articles du projet de loi n° 1.
Donc,
d'où on part, Mme la Présidente, d'où on part avec ce gouvernement? Je pense
que c'est important de se le rappeler pour les services de garde éducatifs à
l'enfance. Je parle de services de garde éducatifs à l'enfance. Petite
précision de termes. On a fait le
débat, d'ailleurs, dans le cadre du projet de loi à savoir qu'on devrait donner
suite à une demande qui est faite par plusieurs groupes de parler désormais de
services éducatifs à l'enfance plutôt que de services de garde éducatifs à
l'enfance. Donc, c'est un débat qu'on a eu de manière récurrente. Le ministre
n'a pas souhaité accepter cette modification-là. Je pense que ce serait
intéressant de pouvoir changer le vocabulaire, parce qu'on est vraiment dans un
continuum de services éducatifs avec le projet de loi n° 143
qui avait été déposé par le précédent gouvernement.
Donc, on était venu
consacrer l'idée d'avoir véritablement un suivi quant au programme éducatif,
comment le programme éducatif était
appliqué. D'ailleurs, en ce moment, il y a tout un développement qui est en
train de se faire pour pouvoir évaluer ces suivis-là, pour évaluer
comment les éducatrices, comment les services sont donnés, comment on atteint les objectifs qu'on veut se donner avec
nos... avec le programme éducatif. Donc, évidemment, c'est une notion qui
est centrale. Et je pense qu'on aurait dû
franchir ce pas. Ça n'a pas été le cas. Donc, je continue à utiliser, là, le
terme actuel, le terme qui est
consacré dans le projet de loi, mais je pense que cette réflexion va devoir se
poursuivre. Donc, petite remarque introductive.
Alors,
d'où on part? Bien, on part d'un gouvernement qui avait promis qu'il
compléterait donc le réseau des services éducatifs à l'enfance, qui avait dit que les enfants, c'était une grande
priorité. Qu'est-ce qui s'est passé quand le gouvernement est arrivé au pouvoir? Eh bien, on a vu un
gouvernement, probablement notamment en bonne partie à la suite d'une remarque
qui avait été faite par le premier ministre lui-même lors d'un des débats de la
dernière campagne électorale, vraiment mettre
l'accent sur les maternelles quatre ans, en faire pratiquement une obsession,
une priorité absolue. Parce que, oui, on se rappellera tous que le premier ministre avait dit que, s'il avait un
seul engagement sur lequel il voulait être jugé lors de ce débat,
c'était sur ces fameuses maternelles quatre ans.
Puis, vous savez, Mme
la Présidente, nous, on n'a pas d'objection de principe fondamentale à
l'existence des maternelles quatre ans. On a
même, quand on était au pouvoir, permis à ces maternelles quatre ans là
d'exister, de cohabiter avec le
réseau des services éducatifs à la petite enfance, mais dans un contexte bien
précis justement de cohabitation et dans les milieux socioéconomiques défavorisés. C'était vraiment l'enlignement
qui était fait, parce qu'on était conscient que, pour la grande majorité des enfants, la fréquentation des centres de la
petite enfance faisait une énorme différence — c'est d'ailleurs établi étude après étude,
mais je pourrai y revenir — dans
la stimulation, dans la socialisation, dans aussi le dépistage de problèmes que l'on peut voir chez l'enfant en bas âge.
Donc, on avait vraiment voulu faire cette cohabitation-là, mais en
établissant clairement les objectifs.
Là,
on est arrivé avec un gouvernement qui a décidé, lui, que c'était du mur-à-mur.
Donc, les enfants de quatre ans, on allait favoriser le déploiement, le
développement des maternelles quatre ans. Et vous savez que ça a coûté trois, quatre fois plus que ce qui avait été annoncé en
campagne électorale pour ce fameux déploiement des maternelles quatre ans et pour moins de places, en plus. Donc,
on a vu, là, quand le gouvernement est arrivé au pouvoir, à quel point
c'était important, à quel point il mettait ses oeufs dans ce panier-là des
maternelles quatre ans. On avait beau dire : Il n'y a pas assez de locaux, il y a des pénuries de locaux, on avait beau
dire : Il y a des pénuries d'enseignants,
vous le savez, il y a des pénuries d'éducatrices, parce qu'en plus ça ne
prend pas juste un enseignant, pour ces classes de maternelle quatre ans là, mais ça prend aussi, à demi-temps,
une deuxième ressource, une éducatrice, par exemple, une technicienne en éducation spécialisée, donc, bref, ça mobilise
beaucoup de ressources dans un contexte où les ressources, vous le savez,
Mme la Présidente, sont extrêmement
limitées, particulièrement dans le milieu de l'éducation, mais on avait beau
expliquer tous ces enjeux-là, je
dirais, plus logistiques et pratiques, tous les enjeux de fond aussi, avec un
nombre important d'experts qui sont
venus dire : Attention, il ne faut pas être en train de mettre à mal ou de
ne pas prioriser notre réseau de services de garde à la petite enfance pour mettre tous nos oeufs dans le panier des
maternelles quatre ans avec le milliard et plus qui y était investi,
rien n'y fit, le gouvernement a décidé de foncer tête baissée dans ces
maternelles quatre ans.
• (17 h 10) •
Et
d'ailleurs on voit que, là, il ne peut pas suivre la cadence qu'il s'était
lui-même donnée, on a appris ça il y a deux
semaines, faute, justement, de ressources matérielles et humaines. Et
d'ailleurs, je pense qu'il faut quand même le noter, il y a tellement un manque criant de locaux qu'on en est rendus à
avoir des classes de maternelle quatre ans dans des unités modulaires, donc dans des unités comme, par
exemple, ce qu'on appelle communément des roulottes, alors que tout le discours était d'avoir des milieux adaptés aux
quatre ans, puis de faire en sorte que, dans les écoles, tout serait à leur niveau,
puis les abreuvoirs, puis que tout serait
tout à fait ancré dans leur réalité. Bien, force est d'admettre que ce n'est
pas ce qu'on vit, malheureusement.
Donc,
si je passe par cette prémisse-là sur les maternelles quatre ans, c'est pour ça
que quand le gouvernement est arrivé, pendant des mois, la question des
services de garde éducatifs à la petite enfance n'était pas sur l'écran radar.
On n'en entendait pas parler. Et là, plusieurs mois après, le ministre
de la Famille a fait son point de presse dans le hall, ici, de l'Assemblée, je m'en souviens, un matin, puis il
a dit : Bon, nous, voyez-vous, on va faire des places dans les services de
garde éducatifs. Évidemment, il y
avait une énorme pression, parce que beaucoup, beaucoup d'acteurs, y compris, bien
sûr, les oppositions, dénonçaient cette espèce d'obsession pour les
maternelles quatre ans, alors qu'on n'entendait pas parler des services de garde éducatifs et qu'on essayait
d'expliquer au gouvernement, qui nous disait : Oui, oui, mais ça va libérer
des places, là. Tout va être formidable,
tout va s'équilibrer, parce que, vu qu'on va prendre des enfants de quatre ans
qui, en ce moment, occupent une place
en service de garde, bien, ça va faire en sorte qu'on va avoir moins besoin de
places dans nos services de garde.
Donc, vous allez voir, ça va être magique, tout ça va s'équilibrer. Donc,
c'était ça, essentiellement, la
réponse qu'on avait, comme si les tous les enfants au Québec qui avaient besoin
d'une place en service de garde avaient quatre ans et comme si c'étaient
des vases communicants.
Donc,
bref, un beau matin, le ministre est arrivé, et lui, il est allé avec, je
dirais, une attitude très triomphale, lui, il allait réaliser toutes les places
qui dormaient sur les tablettes du précédent gouvernement libéral, qui n'avait
pas développé les places, et les
places, évidemment, qui avaient été annoncées dans notre gouvernement du Parti
québécois de 2012 à 2014, un appel de
15 000 places, mais qui, évidemment, dans notre trop bref séjour au
gouvernement, n'a pas pu être fait et que, donc, le gouvernement suivant n'avait pas complété. Donc, lui, il
dit : Moi, là, je vous le dis, je vais tout faire ça. On va complètement développer. Il n'y aura plus rien qui
va traîner. Alors, il nous dit : Vous allez voir, avec nous, tout va
changer.
Donc, ça, c'était à peu près peut-être trois,
quatre mois après l'arrivée au pouvoir du gouvernement. Et puis là, bien, les
mois passent, les années passent. On voit les fermetures arriver, notamment en
milieu familial, une grande désaffection du milieu familial pour plein de
raisons, une des raisons étant, bien sûr, les conditions difficiles côté
rémunération. On voit une grève avec
le milieu familial. Finalement, ça s'entend, mais les responsables de services
éducatifs à la petite enfance en
milieu familial sont déçus, ont dû faire des semaines de mobilisation, et donc
les fermetures, quand même, continuent. À travers ça, il y a eu une pandémie, bien sûr, qui a été utilisée comme
un argument très, très récurrent pour nous expliquer le retard dans le développement des places. Mais
le problème, c'est que le gouvernement n'a jamais pris la responsabilité
de dire : C'est vrai que peut-être que
quand on s'est présenté devant les médias, la première fois, pour dire que
nous, on allait tout régler ça, que nous, tout ce qui dormait sur les
tablettes, on allait le concrétiser, peut-être qu'on a pêché un petit peu par excès d'enthousiasme, et qu'on n'a pas mis
les moyens ensuite pour concrétiser ce qu'on avait dit, et qu'on n'a pas
écouté les messages d'alerte qui nous étaient lancés par le milieu, mais
notamment par les oppositions.
Parce que je dois
vous dire, Mme la Présidente, que, lors de la première étude des crédits avec
le ministre, je lui avais dit que, par rapport à la pénurie des éducatrices qui
est en soi un enjeu mais qui a évidemment un impact sur l'ensemble de ce qui se passe dans le réseau, qu'on était en train de
frapper un mur, qu'il n'y avait plus d'inscription au cégep dans le domaine de la technique d'éducation à
l'enfance, qu'il y avait une démobilisation sur le terrain. Et le ministre
me disait que j'étais vraiment alarmiste, donc :
La députée de Joliette est alarmiste, ça va bien, puis nous, on sait où on s'en
va puis on veut valoriser la profession. Mais il n'y avait pas de geste
concret. Donc, on attendait les gestes concrets, il n'y en avait pas. Le ministre nous avait dit que lui, il allait créer
ces 13 500 places au bas mot dans les deux années suivantes.
Et
puis là, bien, qu'est-ce qui s'est passé? Deux années après, le ministre a fait
une sortie en disant : C'est pas mal plus complexe que je pensais, c'est vraiment la tour de Babel pour créer
des places, et donc c'est pour ça qu'on n'a pas réussi à créer toutes ces places-là et qu'on en était à environ 2 500 places
de créées lorsqu'il a fait cette sortie-là. Et puis, à ce moment-là, c'est comme si le ministre prenait
conscience de la responsabilité, c'est un thème important aujourd'hui,
la responsabilité ministérielle, la responsabilité que, quand tu es à la tête
d'un ministère, tu as, bien sûr, la responsabilité ultime de faire corps avec ton ministère, avec les orientations qui sont
prises, avec les moyens qui sont développés pour pouvoir répondre aux
objectifs que tu te donnes comme gouvernement.
Donc,
tout ça pour dire que le ministre nous dit : Je réalise à quel point c'est
complexe, je suis en train d'essayer de voir ce qui peut être fait dans le
ministère. Mais là on se comprend que ça faisait plus de deux ans et demi que
le gouvernement était en place, et là on avait cette révélation-là.
C'est certain que je pense que ça a surpris
beaucoup de monde, ça a choqué beaucoup de monde parce qu'on avait le sentiment que c'est comme si le ministre
se posait en spectateur de ce qui se passait dans son ministère, alors qu'il
nous avait dit que lui, il allait faire la
différence que personne n'avait réussi, avant lui, de faire. Donc, je pense
que, des fois, il vaut mieux aussi
admettre les limites dans lesquelles on a été plongé puis peut-être les excès
d'enthousiasme pour lesquels on a péché. Mais, bref, on était dans ce
contexte-là.
Puis
évidemment, à travers ça, il y a eu la pandémie. C'est certain, tout le monde
va reconnaître que ce n'est pas neutre, l'effet de la pandémie. Mais la seule
chose, c'est qu'on l'a alerté, encore une fois, le ministre. Je me souviens
très bien, une des premières fois qu'on a eu une commission
parlementaire virtuelle, c'était au mois de mai, fin avril ou mai, en fin de la
première vague de la pandémie, et on avait
l'occasion de poser des questions au ministre de la Famille sur la gestion de
la pandémie, sur tous les impacts de
la pandémie sur l'offre de services de garde éducatifs. Et évidemment on voyait
à quel point il y avait déjà des fermetures massives de services de garde
en milieu familial.
Donc, il y
avait toute cette pression-là. Pourquoi? C'est assez simple à comprendre aussi.
C'était un mouvement qui était amorcé, c'était commencé depuis quelques années,
de voir cette diminution-là d'intérêt pour les services de garde en milieu familial. Et donc les fermetures
s'accumulaient. Là, vous savez, il y a eu 20 000 fermetures. Donc, ce
n'est pas rien. Et, pendant ce temps-là, ces places-là dorment littéralement
aussi. Elles existent en théorie, mais elles ne sont aucunement occupées
en pratique parce qu'il n'y a personne pour les offrir, ce qui est en soi un
très gros problème.
• (17 h 20) •
Donc, tout ça
pour dire qu'on dit au ministre, je me souviens très bien, lors de cette
audition-là, de cet échange-là avec le ministre de manière virtuelle, on lui
dit : La pandémie va avoir en plus des effets catastrophiques, il faut
tout faire pour soutenir les responsables de milieux familiaux, il faut tout
faire pour leur donner les moyens de passer à travers, parce que, bien sûr, on comprend tous et toutes que,
quand tu accueilles des enfants chez toi et que tu dois composer avec la
réalité de la pandémie, avec des parents qui ont peur pour eux-mêmes,
qui ont peur que leurs enfants soient contaminés, que l'éducatrice, elle, la responsable de services éducatifs en milieu
familial, peut avoir des craintes également, donc... on comprend que ce n'était pas un contexte évident pour ces
personnes-là. Donc, il y avait des absences, il y avait des enfants qui ne se
présentaient pas. Au début, il y a eu une
compensation financière qui a été octroyée, mais on a mis fin à cette
compensation-là rendu, là, au début
de l'été, et s'en est suivi, encore une fois, des milliers de fermetures
supplémentaires. Et puis je vous rappelle,
pour ce qui est du pendant des éducatrices qui travaillaient dans les CPE,
notamment, que, pendant toute la pandémie, il n'y a eu aucune prime
d'offerte...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Excusez-moi, Mme la
députée. J'aimerais, s'il vous plaît, que les personnes qui sont
présentes au salon bleu puissent être assises à leurs places. Merci. Je vous
demande de poursuivre.
Mme Hivon : Merci,
Mme la Présidente. Alors, tout ça pour dire qu'on parle de la situation en
milieu familial, et on avait alerté le ministre. Encore une fois, il nous
disait qu'on était alarmistes, qu'il avait tout ça en main et qu'il prenait
les moyens, là, bien sûr, pour qu'on ne
frappe pas un mur. Mais on voyait les places continuer à baisser, les
fermetures se multiplier. Et par ailleurs qu'est-ce qui s'est passé pour
les éducatrices dans nos centres de la petite enfance? Eh bien, elles ont été
au front, littéralement au front, pendant toute la durée de la pandémie parce
que le choix a été fait de les maintenir
ouverts. Je pense que c'était le bon choix, mais on n'a jamais reconnu,
contrairement à d'autres milieux, qu'elles étaient au front, qu'elles prenaient des risques, qu'elles avaient
énormément d'adaptation à faire à cette nouvelle réalité-là. Et donc il n'y a pas eu aucune prime de versée
pour les éducatrices dans nos services de garde éducatifs à la petite
enfance.
Et ça, je
dois vous dire qu'encore aujourd'hui c'est un passif que traîne le gouvernement
parce que ça a été reçu comme une injustice
sur le milieu. D'ailleurs, on l'a vu il y a quelques mois, quand il y a eu la
grande mobilisation, cet automne, des
éducatrices pour un rehaussement de leurs conditions de travail, pour un
rattrapage massif de leurs conditions, à
quel point cette absence de reconnaissance de leur présence pendant la durée de
la pandémie leur avait fait mal. Vous vous rappellerez qu'on a donné des
primes à à peu près... en tout cas, à beaucoup, beaucoup de monde, disons, qui
était en lien avec le public. On pense aux gens qui travaillaient dans les
épiceries, dans les pharmacies, on pense aux gens qui travaillaient dans les cuisines, dans les résidences de personnes âgées,
tout ça. Mais les éducatrices, elles, qui étaient au front, qui s'occupaient de la prunelle de nos
yeux, de nos tout-petits, on a passé tout droit pour les reconnaître et leur
donner cette prime-là. Ça fait que, bref, un passif.
Mais, à
travers tout ça, on agite des drapeaux, on dit au ministre : Oh! il va y
avoir des impacts importants par rapport au fait qu'il y avait déjà une baisse importante du nombre de RSG, il y
avait une baisse importante du nombre d'éducatrices, il y en avait plusieurs qui quittaient la
profession faute de valorisation et de rémunération adéquate. Et donc on
alerte, mais on garde à peu près le
même modus vivendi du côté du gouvernement. On se dit qu'on a confiance, qu'on
va être capable de redresser la barre sans prendre des moyens
exceptionnels.
Alors, les
choses continuent comme ça, et puis, bien sûr, on a vu que ça a pris de plus en
plus d'ampleur. On a vu le mouvement des éducatrices. On a vu à quel point
elles ne se sentaient pas reconnues par le gouvernement. Évidemment, ça a pris une grève pour qu'il y ait finalement un
rehaussement significatif de leurs conditions de travail et de leur salaire.
Mais je dirais que, quand on attend comme ça
pour essayer de faire l'offre la plus basse en partant puis en essayant de
pouvoir économiser le plus qu'on peut, bien, ça laisse des traces,
malheureusement.
Donc,
j'espère fortement qu'on va pouvoir se sortir, je dirais, de ce passif et de
ces traces qui sont imprimées, pour plusieurs
d'entre elles, par le manque de considération qu'elles ont senti, parce qu'on a
grandement besoin des éducatrices au Québec. Mais finalement le ministre, donc, a
entendu les propositions du terrain, des propositions de l'opposition, il a mis
en place différentes mesures, puis on espère fortement... comme des incitatifs
pour s'inscrire dans les programmes, comme
des primes pour les personnes en milieu familial, le ministre dit que ça
commence à faire une différence, on le souhaite vraiment, puis le rehaussement,
évidemment, des conditions de travail. Donc, ça va avoir pris, encore une fois,
énormément de temps, et, pendant ce
temps-là, bien, le mal est fait. Et donc il y a des gens qui sont démobilisés,
qui quittent la profession, et ça a un impact direct, bien sûr, sur le
nombre de places et sur toute cette crise, que l'on vit, des services de garde.
Donc,
ça, c'est comme le contexte dans lequel on est. Puis là le ministre arrive
trois ans plus tard, puis là il commence à mettre des mesures pour essayer de
retenir les éducatrices. Le gouvernement finit par s'entendre, encore une
fois, après des semaines de grève, puis
ça... Je ne comprends pas cette attitude-là, quand on pense à nos éducatrices,
là, de dire qu'on va aller au bout du processus quand on sait à quel
point il y a de la tension, il y a de la déception, il y a un sentiment de dévalorisation puis de non-reconnaissance. Mais,
en tout cas, c'est le choix que le gouvernement a fait. Donc, des semaines
de grève, finalement des négos, des négos
difficiles. On finit par s'entendre, mais quand? À l'automne dernier, trois ans
après que le gouvernement soit arrivé en poste, même plus tard que trois ans après
que le gouvernement soit arrivé en poste.
Donc,
ça, c'est comme la toile de fond d'un gouvernement qui est arrivé en nous
disant qu'il allait faire de l'éducation et de la petite enfance une grande priorité, qui n'en a eu
essentiellement que pour les maternelles quatre ans et qui, finalement, s'est réveillé face, évidemment, à la pression et
à l'ampleur du problème pour les parents du Québec qui n'ont pas de place.
Donc, on se souvient qu'à l'origine il y
avait 42 000 parents, sur le guichet unique, qui n'avaient pas de
place et on est rendus à
51 000 parents qui n'ont pas de place. Même chose, on n'a pas un gain
net de places, on a une perte significative de dizaines de milliers de
places depuis le début du mandat du gouvernement.
Donc
là, on a le gouvernement qui, finalement... le ministre de la Famille et le
premier ministre sortent finalement, cet
automne, avec leur Grand chantier pour les familles, et là ils nous
disent : Vous allez voir à quel point on va tout régler ça, puis là on va être les plus meilleurs, et on
va créer 37 000 places manquantes, et on va déployer les moyens pour
y arriver. Donc là, évidemment, vous
comprenez que chat échaudé craint un peu l'eau froide. Donc, les gens se
disent : Bien, tant mieux si on
y arrive, mais ça va prendre combien de temps? Qu'est-ce qui arrive pour tous
ceux et celles qui ont dû retarder leur retour au travail faute de
place? Puis on sait que ça affecte majoritairement des femmes, malheureusement.
C'est
un autre signe que l'égalité hommes-femmes n'est pas parfaitement atteinte,
parce qu'il y a encore ces différences
salariales qui font en sorte qu'il arrive souvent que les femmes ont un salaire
légèrement inférieur ou de beaucoup inférieur à celui de leur conjoint,
et donc, quand le choix se fait de savoir qui va rester à la maison parce qu'on
n'a pas de place en services éducatifs à la
petite enfance, c'est plus souvent qu'autrement la mère. Il y a aussi une
espèce de, je dirais, pression, sur
laquelle on devrait d'ailleurs réfléchir collectivement, que c'est davantage le
rôle de la mère, encore, de rester à
la maison avec les enfants. Il y a des pères qui le font, je les salue. J'en ai
d'ailleurs un qui m'a appelée la semaine dernière à mon bureau, à Joliette,
pour me dire qu'il ne pouvait pas retourner travailler, faute de place en
service de garde, et qu'il perdait
littéralement son emploi. Donc, c'est le type de scénarios et de réalités avec
lesquels on doit composer dans ce contexte de crise là et de manque de
places.
Donc,
bref, avec toute cette pression-là, le gouvernement, après trois ans, se
réveille, présente son grand chantier, dit
qu'il va réaliser les places et puis nous explique un peu comment il va y
arriver. Alors, 37 000 places, évidemment, beaucoup étaient
sceptiques en se disant : Est-ce que c'est vraiment le nombre qui est
requis? Le ministère, ça, il faut le souligner,
a fait un travail pour répertorier dans chaque région, sous-région,
cartographier les besoins. Mais on apprenait, cette semaine, qu'il y a
du travail supplémentaire qui doit être fait parce que le nombre de places
manquantes qui a été projeté, finalement,
est en deçà de la réalité. Et j'ai évidemment constaté que c'était le cas pour
ma circonscription, dans Joliette, et je n'étais pas surprise d'entendre
ça, parce que je voyais ce qui était annoncé puis ce qui était projeté versus la réalité qui m'est rapportée et que je vois et
je voyais qu'il y avait un décalage quand même important. Donc, le ministre
a évidemment annoncé cette semaine qu'il faudrait revoir à la hausse la
création de places.
Donc,
c'est sûr que tant mieux si on revoit, mais ça ébranle un peu, en termes de
confiance dans l'ensemble du processus,
de se dire : Est-ce que, vraiment, ce sont les bons chiffres avec lesquels
on compose? Puis est-ce qu'on va vraiment répondre aux besoins des
parents?
• (17 h 30) •
Donc,
c'est un chantier qui va jusqu'en 2025. C'est sûr que, si ça avait été déployé
lors de l'arrivée du gouvernement, on n'attendrait pas jusqu'en 2025. Et
donc tous les parents qui, en ce moment, n'ont pas de place sont dans une
réalité où ils ont beau espérer qu'en 2025
ils auront une place, leur enfant risque d'avoir quatre ans, d'avoir
cinq ans, et ils risquent de ne pas voir ces places-là.
Donc,
il y a énormément de frustration aussi, bien entendu, du côté de ces parents-là
qui crient à l'aide depuis des années et qui, heureusement, ont permis,
avec tous les mouvements qui se sont organisés et toutes les voix qui se sont accumulées, de provoquer ce réveil du
gouvernement. Mais il y a une frustration, c'est certain, pour plusieurs
d'entre eux de se demander si eux vont réussir à avoir un jour une place en
service de garde à la petite enfance. Et vous savez qu'il y a des
grandes disparités aussi entre les régions. Donc, c'est aussi un grand enjeu de
ce point de vue là.
Donc, bref, il y a ça
qui est en cours. Et puis il y a des enjeux avec le fait que c'est en train de
se faire. Un de ces enjeux-là, c'est
notamment le fait que, dans l'évaluation des besoins, le gouvernement tient en
compte les dizaines de milliers de
places qui existent en garderie privée non subventionnée. Donc, il y a près de
70 000 places qui existent, vous le savez, Mme la Présidente, qui sont des places qui sont offertes, qui
sont en garderie privée, mais pour lesquelles les parents paient le
tarif qui leur est demandé, donc, 50, 60, 70, des fois, même plus, dollars par
jour et pour lesquelles ils peuvent bénéficier
d'un crédit d'impôt, mais évidemment qu'il y a une limite. Donc, quand vous
êtes rendu à payer 60 $, 70 $, le crédit d'impôt ne s'applique
pas sur l'entièreté du montant qui vous est chargé.
Donc, tout ça
pour dire que, dans l'évaluation des besoins, le ministre tient en compte ces
places non subventionnées. Or,
qu'est-ce que veulent les parents? Ce sont des places, évidemment, en CPE
d'abord et avant tout. Un certain nombre de
parents souhaitent avoir une place en milieu familial, notamment dans des
petits milieux, notamment aussi parce qu'il
y a des parents qui veulent que leurs enfants de différents âges d'une fratrie
puissent être dans le même groupe, ce qui est plus présent en milieu
familial qu'en installation. Mais les parents veulent des places en CPE,
veulent des places subventionnées. Ils veulent évidemment pouvoir payer le
tarif unique.
Or, quand le
ministre nous dit qu'il veut compléter le réseau, créer ces milliers de places
là, il inclut dans le calcul les
places non subventionnées. Et le problème, c'est qu'en ce moment ces places-là
ne répondent pas aux besoins des parents. Tellement que, malgré le fait qu'il y a une crise sans précédent d'accès
aux services de garde éducatifs à l'enfance, il y a plusieurs de ces places-là, en garderie privée non
subventionnée, qui ne sont pas occupées faute de preneurs parce qu'il y a
des gens qui décident de rester à la maison,
n'ont pas le choix, parce qu'ils n'ont carrément n'a pas de place, et il y a
des gens qui restent à la maison au bout de leur congé parental parce
que la seule offre qu'ils ont, on pense notamment à Montréal, à Laval, dans la grande région de la métropole, la seule
possibilité qu'ils ont ou qu'ils auraient, c'est de fréquenter une garderie privée non subventionnée, mais pour
laquelle les tarifs sont tellement élevés, et le crédit d'impôt ne répondant
pas au montant complet, évidemment, de ce
qui est demandé par la garderie, décident de rester à la maison parce que ça
ne vaut pas le coup.
Alors, je
pense qu'il faut prendre acte de ça. Et c'est pour ça que, dans le calcul
aussi, il y a cet énorme problème là. Puis
je donne juste un exemple. Il y a beaucoup de gens qui vont à Longueuil, ces
temps-ci, et qui vont se promener dans Marie-Victorin.
Eh bien, dans Marie-Victorin, j'ai été informée que, juste dans le territoire de
Longueuil-Ouest, alors que, dans les
estimés du ministère, c'est environ une centaine de places qui seraient
manquantes, en fait, c'est 500 personnes qui sont inscrites sur le
guichet unique. Donc, il y en a là-dedans qui peuvent avoir des places, mais
ils ont des places en garderie privée non
subventionnée et veulent en général des places en CPE, minimalement des places
subventionnées pour pouvoir avoir cet
accès à une place qui ne leur coûtera pas les yeux de la tête. Donc, vous voyez
cette espèce de décalage là, bien, il est présent dans ce que le
ministre, donc, prévoit pour la suite des choses.
Alors là, on
passe de ce grand chantier là, de ces grandes volontés là, avec quelques enjeux
aussi, celui d'avoir des appels en continu, des appels de projets en continu.
Je pense que c'est une bonne chose, mais il faudrait en même temps être conscient que ce n'est pas toujours... Ça ne
devrait pas toujours être premier arrivé, premier servi, puis on y va, comme
dirait le premier ministre, au plus sacrant, qu'importe ce qui nous est
présenté, parce qu'encore une fois on m'a soumis un exemple de ce qui
est arrivé.
Un projet de
CPE a été rejeté parce qu'il a été soumis, je pense, trois semaines plus tard,
après que des projets de garderies privées aient été soumis, et on a dit :
Ah! on est vraiment désolés, on ne pourra pas retenir le projet de CPE.
Il y avait un maillage extraordinaire avec
des jeunes du carrefour jeunesse emploi, avec des jeunes parents, un maillage
avec des jeunes qui voulaient
retourner aux études, bref, avec une installation qui existait déjà. C'était
une deuxième installation, donc un
CPE qui avait fait ses preuves, qui avait son conseil d'administration, mais on
a dit : Désolé, parce qu'il y a des projets qui ont été déjà octroyés en milieu privé. Donc, dans ce
contexte-là, là, je pense qu'on dépasse le 80 % de places, dans ce secteur-là, qui ont été octroyées au privé
plutôt qu'en CPE, parce que, notamment, a-t-on dit, le projet est arrivé
alors qu'il ne restait plus assez de places
à donner à cette nouvelle installation. Donc, je pense qu'il faut faire
attention aussi de la manière dont les projets sont analysés puis avec
cette nouvelle réalité là des appels en continu.
Donc, bref,
ça m'amène au projet de loi, parce qu'évidemment il y a un lien direct, grand
chantier, projet de loi. Le ministre
nous dit : Le but du projet de loi, c'est notamment de pouvoir compléter
le réseau ou de se donner plus de flexibilité avec différentes mesures
administratives et de pouvoir, donc, réaliser nos objectifs de création de
places. Donc, je vous dirais, Mme la
Présidente, que, dans le projet de loi, il y a beaucoup d'éléments qui sont
plus de nature administrative, de processus, de comment on va fonctionner, du nombre d'installations qui peuvent
relever d'une seule personne, d'un seul CPE, d'une seule garderie, du nombre, donc, d'enfants par
installation. Donc, il y a toutes sortes de considérations de cette nature-là.
Plusieurs font consensus.
Je pense,
effectivement, par exemple, au fait qu'on peut hausser les limites actuelles
quant au nombre d'enfants qui peuvent être reçus dans une installation,
au nombre maximal de places subventionnées dont peuvent bénéficier une personne ou des personnes liées qui sont
titulaires de plusieurs permis de garderie. Ça abolit aussi la limite quant au
nombre d'installations et de places
subventionnées des centres de la petite enfance. Donc, on pense qu'une mesure
comme celle-là peut être
intéressante. Il y a des gens qui ont fait leurs preuves et qui peuvent
accueillir davantage d'enfants. Et de ne pas limiter, donc, le nombre
d'installations, c'est quelque chose qu'on conçoit. Le fait aussi que l'on
puisse, par exemple, donner un permis
temporaire, pour un projet qui est retenu, en disant : Ça risque de
prendre peut-être deux ans à finaliser, 18 mois, deux ans, on veut tout de suite permettre d'offrir les
places dans certains milieux, ça, c'est quelque chose avec quoi on vit
bien aussi.
Évidemment,
on a demandé au ministre de mettre une limite. Il n'a pas voulu. On aurait
vraiment voulu qu'il y ait une limite
à la durée des projets pilotes, parce que le ministre lui-même a dit que,
souvent, il n'y a rien de plus permanent que ce qui est temporaire. Donc, on veut s'assurer que ce qui est
temporaire va se transformer en quelque chose de permanent, parce que, si on se donne des règles dans la loi,
des critères dans la loi et les règlements pour la qualité, pour les espaces,
pour tout ce qui doit être l'encadrement par
rapport au lieu, notamment, évidemment que l'on souhaite que ça puisse entrer
en fonction le plus vite possible. Donc, ça,
évidemment, on a plaidé fort pour qu'il y ait une limite. Ça n'a pas été
retenu.
D'ailleurs, on a plaidé fort, de manière
générale, pour qu'on se donne des échéanciers, dans le projet de loi, de 24 mois, par exemple, parce que c'est
toujours ce que le ministre dit sur la place publique, que, maintenant, les
projets doivent se réaliser en
24 mois, sinon ils vont reprendre les places, pour donner une impulsion.
Mais, aussi, moi, je le vois comme une manière de se donner, comme
ministère, une obligation à l'interne.
Or, le
ministre n'a pas voulu l'inscrire dans le projet de loi, en disant qu'il pourrait
y arriver des exceptions où on va
dépasser le 24 mois. Puis je pense qu'on aurait pu, puis on en a discuté
longuement, penser, par exemple, à donner une possibilité de délai supplémentaire avant que le
couperet tombe, mais de se donner au moins cet objectif-là clairement établi et
cette limite-là clairement établie dans la loi, parce que le ministre ne peut
pas dire publiquement que c'est 24 mois, puis qu'après on prend les
places, mais qu'on ne retrouve pas ça nulle part non plus.
• (17 h 40) •
Donc, bref,
je pense qu'il y a une réflexion à faire, à savoir est-ce qu'on a toutes les
ressources qu'il faut au ministère de
la Famille pour répondre à nos objectifs. On sait qu'on nous dit : Là, en
ce moment, ça travaille fort, puis c'est extrêmement exigeant. D'ailleurs, on a vu sur le site, sur le
site du ministère, qu'en ce moment on ne reçoit pas de nouvelles propositions
parce qu'on doit traiter ce qui est entré.
Donc, effectivement, il semble pouvoir... je dirais qu'il semblerait pouvoir y
avoir de la place pour augmenter le nombre d'effectifs. Parce que, si on
se donne ça, comme chantier, bien, il ne faut pas non plus que ça bloque parce qu'on n'est pas capables de répondre aux
objectifs qu'on s'est donnés. Alors, si on s'était mis, comme ça, des objectifs de temps et de délais, je
pense que ça aurait pu aider aussi le gouvernement à se dire : On a des
verrous, on a des cibles et puis on va tout faire pour les réaliser. Ça fait
que vous voyez un peu le type de mesures.
Aussi, bien,
je pense qu'il y a quelque chose... puis le ministre le sait, c'est une demande
que j'ai faite, quand il est arrivé
en poste, il y a maintenant un encadrement de tous les milieux familiaux qui
reçoivent des enfants, tous les services de garde en milieu familial. Je
pense que c'est une avancée significative, parce qu'on ne peut pas s'imaginer
qu'au Québec — enfin, c'est quelque chose avec quoi j'avais
extrêmement de mal à composer — il
y ait des gens qui reçoivent des
enfants sans aucune obligation d'avoir un permis. Comme le ministre le dit
souvent, on doit avoir des permis pour vendre de la crème glacée, pour
avoir un chenil, au Québec, c'est incompréhensible qu'on n'avait pas besoin
d'en avoir pour accueillir des enfants chez soi d'une manière, là, donc,
continue.
Donc, ça,
c'est des éléments, évidemment, importants qui sont dans le projet de loi. Il y
a aussi le fait qu'on va prioriser les enfants qui viennent de milieux
socioéconomiques plus défavorisés, pour les places, à partir du guichet unique.
Alors, il y a des éléments qui marquent des points positifs dans le projet de
loi.
Mais le
problème du projet de loi, pour nous, c'est qu'il rate la cible sur le
fondamental. Et c'est quoi, le fondamental? C'est que le gouvernement a finalement décidé qu'il allait travailler sur
l'offre de services de garde éducatifs à la petite enfance, qu'il
voulait créer 37 000 places. On espère vraiment que ça va être le
cas, on espère vraiment qu'il va répondre à cet objectif-là qu'il se fixe pour 2025. On va le croire quand on va le voir.
Mais le problème, c'est que le gouvernement ne prend pas le virage qui
aurait dû accompagner ce moment important, cette croisée des chemins à laquelle
on est.
Et je vous le
disais tout à l'heure, en ce moment il y a 70 000 places en garderie
privée non subventionnée qui sont incluses dans le calcul, des places, dont une
partie ne sont même pas occupées, sont vacantes, malgré la crise, malgré
la demande sans précédent de places, parce
que les parents ne peuvent pas se payer ces places-là. Et le ministre, il
n'arrête pas de dire, publiquement, il
l'a encore dit en début de semaine, dans un article, que ce qu'il veut, c'est
un réseau 100 % subventionné.
Le problème,
c'est qu'on a un projet de loi. On avait une occasion d'y arriver, avec la
création des milliers de places, de
dire : O.K., on prend le taureau par les cornes puis on va la faire, la
conversion qui s'impose, on va s'éloigner du modèle des garderies privées non subventionnées, qui se
sont développées de manière anarchique, ça, le ministre le reconnaît, avec
le ministre, l'ancien ministre Tony Tomassi.
Et je pense que personne ne veut revenir à cette ère-là. Mais le problème,
c'est qu'elles existent, ces
places-là, et elles ont été développées sans cadre, sans l'espèce de boussole,
ne répondent pas aux besoins des gens
dans le milieu. Et, en plus, les propriétaires de garderies privées sont venus
en commission parlementaire plaider
pour être convertis, parce qu'eux-mêmes disent : On n'arrive plus dans nos
finances, avec la pénurie des éducatrices, on n'arrive plus. Les éducatrices, elles veulent être où? Elles veulent
être les éducatrices qualifiées en CPE. On n'arrive pas à donner les
conditions de rémunération adéquates, dans ce contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, donc on veut un programme de
conversion. Ils sont venus dire ça en commission parlementaire. Et puis le
ministre, lui, est resté sur sa position : qu'il a un projet pilote
de conversion d'environ 3 500 places.
Mais on a plaidé comme autant... de dire :
C'est l'occasion, c'est l'occasion, maintenant, de dire, avec ce grand chantier, avec ces créations de places, de
dire : O.K., on va vous dire que, ces places-là, on va les transformer en
places en CPE. Nous, on plaide pour que les places en installation soient
100 % CPE, c'est la proposition du Parti québécois, on y croit fortement. Pourquoi? Parce qu'étude après étude,
c'est dans les CPE qu'on voit la plus grande qualité, c'est là où les parents
souhaitent le plus être. Mais disons que le
ministre aurait dit : Oui, mais 100 % subventionné, c'est ce que je
dis publiquement, on va le faire dans le projet de loi, ça aurait déjà été un
premier pas, de dire : Bien, on s'en va vers le 100 %
subventionné, puis ce n'est pas juste un
beau discours, c'est ce que je veux inscrire dans ma loi. Malheureusement, ce
n'est pas ce qui est inscrit dans la loi.
Donc, la loi
tient compte de toutes ces places en garderie non subventionnée dans le calcul
des besoins du milieu. Or, ce n'est
pas ce qui répond aux besoins du milieu. Et c'est un enjeu vraiment important,
Mme la Présidente, parce que j'entends
souvent le ministre se réclamer de l'esprit de la politique familiale du
gouvernement de Lucien Bouchard avec Mme Marois
puis avec Nicole Léger, à dire : Ça reposait sur des principes importants
d'accessibilité, d'universalité et de qualité,
et c'était vraiment une avancée majeure. Et il dit vouloir s'inspirer et
compléter cette oeuvre-là. Mais malheureusement il continue à composer avec une espèce d'excroissance qui n'avait rien à
voir avec la philosophie et avec les principes qui étaient à la base de la création du réseau des CPE
et des services de garde éducatifs à la petite enfance qui sont ces garderies
privées non subventionnées.
Puis, vous
savez, en passant, des garderies privées qui sont à but lucratif, je ne pense
pas que c'est compatible avec des objectifs de développement de la petite
enfance et de qualité optimale. C'est pour ça que le modèle des CPE, qui est
un modèle de partenariat communautaire avec
les parents qui sont directement impliqués, je pense que ça fait toute la
différence. Et ce n'est pas pour rien
qu'étude après étude ce modèle ressort comme offrant la plus grande qualité. Ça
ne veut pas dire qu'il n'y a pas de qualité aucunement dans les autres
réseaux, pas du tout. Il y en a de la qualité, mais, quand on regarde globalement, la
différence est toujours extrêmement importante. Puis je pense qu'à un moment
donné il faut prendre acte de ça.
Puis, 25 ans après la création du réseau — d'ailleurs, on l'a célébré, on l'a souligné — bien,
il faut aussi se dire, si on se
réclame de cet héritage-là, si c'est important, bien, il faut aller au bout de
la logique, et la logique, ce n'est pas de rester dans une logique libérale de création de places
massive en garderie privée non subventionnée. Donc, ça, c'est vraiment un
enjeu dans le projet de loi. C'est un enjeu
parce qu'on dit qu'on va venir offrir une place à chaque enfant. Mais on ne
qualifie pas que ça va être une place qui va répondre aux principes de
base du système.
L'autre
problème dans le double discours, c'est que publiquement le ministre nous
dit : Maintenant, là, chaque enfant va avoir une place. Mais, quand vous regardez, dans le projet de loi, à
quoi ça ressemble, c'est que chaque enfant va avoir une place, mais, dans le deuxième alinéa de
l'article 2, il y a tout de suite un bémol qui dit... Parce que le premier
alinéa dit : «Tout enfant a le
droit de recevoir des services de garde éducatifs personnalisés de qualité de
la naissance jusqu'à son admission à l'éducation préscolaire...» Et le
deuxième alinéa dit : «Ce droit s'exerce en tenant compte de la
disponibilité, de l'organisation et des
ressources des prestataires de services de garde.» Donc, c'est comme
dire : On vous donne un droit, mais,
en même temps, ce droit-là, il s'exerce en tenant compte de la disponibilité,
de l'organisation et des ressources des prestataires de services de garde. Puis là le ministre nous a
expliqué : Bien, en fait, si j'ai écrit ça, ce n'est pas parce que
je ne veux pas donner le droit puis consacrer le droit, mais c'est que, si une
fois qu'on a complété le réseau, il y a des fermetures,
je veux pouvoir avoir la flexibilité d'avoir du temps pour m'assurer qu'on
répond. Puis là on a dit au ministre : Oui, mais on pourrait mettre une limite. On pourrait dire : Dans
les six mois, une place va devoir être offerte, donc, encore une fois, se donner une obligation de résultat. Le
ministre n'a pas voulu, et Dieu sait que ça fait l'objet de beaucoup de débats. Et c'est ça, je pense, l'inconfort, en ce
moment, qui existe. C'est que, d'une part, le ministre dit des choses
publiquement : il veut un réseau
100 % subventionné, il veut une place pour chaque enfant, mais, quand on
arrive dans le projet de loi, on ne
retrouve pas les assises pour pouvoir permettre, je dirais, à ces objectifs-là
de se concrétiser et d'avoir une parfaite cohérence. Donc, évidemment,
ça, c'est un gros enjeu.
C'est un gros enjeu
aussi, je l'ai dit tout à l'heure, de ne pas se mettre de délai aussi pour la
création des places, notamment en CPE, dans
le projet de loi, parce que ça pourrait nous ramener aussi à d'autres
changements. Puis j'essayais aussi
beaucoup de dire ça au ministre. Le ministre nous dit : Oui, mais, moi, je
le veux, je suis de bonne foi, je vais respecter ces délais-là autant que c'est possible, mais le ministre, ça se
pourrait qu'il ne soit pas ministre pour 25 ans, de la Famille. Des fois, il y a des changements de ministre, des
fois, il y a des changements de gouvernement. Puis, quand on fait une
loi, bien, il faut s'assurer qu'elle est là pour la pérennité, qu'elle est là
pour s'inscrire dans le temps. Donc, tout ça, c'est vraiment important.
• (17 h 50) •
Mais
je veux vraiment revenir, là, au coeur, au coeur de l'enjeu, qui fait en sorte
qu'on avait espoir que le projet de loi pourrait aller au bout, je pense, des
ambitions qu'on devrait se donner collectivement au Québec, des ambitions
de se dire : On va offrir la plus grande qualité, on va offrir
l'accessibilité puis on va offrir l'universalité. C'était ça, les trois grands principes à la base de la réforme de
la politique familiale de Mme Marois. Puis c'est ça qui est, je trouve,
vraiment, vraiment dommage et qui
fait de ce projet de loi là une occasion ratée, c'est qu'on aurait pu se
dire : Ce sont les piliers de notre réseau, et on va tout faire
pour arriver à les rencontrer.
Donc,
je les prends un par un. Évidemment, la qualité. Bien, comment peut-on dire
qu'on vise la plus grande qualité tout en maintenant un régime à plusieurs
vitesses? Et on le sait, là, le ministre le sait parce que lui-même nous a
dit : La conversion, il faut
regarder ça correctement, parce que toutes les places n'offrent pas le même
niveau de qualité. Donc, il faut regarder ça correctement. C'est
certain. Mais toutes celles qui peuvent être converties et pour lesquelles on
peut, justement, hausser le niveau de
qualité devraient l'être. On devrait se donner ça comme chantier. Puis on a
présenté des suggestions, des
propositions aux ministres, de dire : Donnons-nous cinq ans. Donnons-nous
cinq ans. Faisons le changement dans la loi, mais disons : Il va
entrer en vigueur dans cinq ans. Il le fait pour les milieux familiaux non
régis, il se donne une période de
transition, qui est normale, bien entendu, pour tout changement. Cinq ans, ça
m'apparaît quand même une bonne période. Mais donnons-nous ces
ambitions-là de dire : On ne restera pas dans ce système-là, à multiples
vitesses, qui ne répond pas aux besoins et
qui va même à l'encontre des objectifs qu'on s'était donnés. En termes de
qualité, puis en termes
d'accessibilité, puis en termes d'universalité, c'est une loterie, les places
en service de garde éducatif. C'est une loterie d'en avoir une, puis ensuite c'est une loterie d'en avoir une
dans le milieu où on veut, CPE, places subventionnées. Donc, il me semble que
c'était le moment de revenir à ces principes fondamentaux là et que c'était le
temps d'aller au bout de nos ambitions pour nos tout-petits.
Ça
fait que, malheureusement, on ne fait pas ça. Puis nous, on continue à être
convaincus qu'on peut y arriver sur une période en se disant qu'on va
accompagner, on va pouvoir louer des bâtisses. Il y a toutes sortes de
propositions qui circulent, des baux
emphytéotiques, un programme d'accompagnement des ressources humaines pour
rehausser la qualité puis transformer
ces garderies privées là en CPE. C'est vraiment un objectif qu'on devrait
collectivement se donner, je crois.
Malheureusement, c'est une occasion ratée. Puis je vois mal comment on peut
continuer à entretenir ce discours-là, qu'on
veut aller, comme gouvernement, vers un réseau 100 % subventionné quand on
ne le fait pas, alors qu'on fait une révision de la loi.
Donc,
ça, pour moi, c'est quelque chose qui ne tient juste pas la route sur le fond
des choses puis en lien avec le discours
parce que, pire, le gouvernement a décidé, dans sa mise à jour économique du
mois de novembre, d'augmenter le crédit
d'impôt. Donc, ça peut avoir l'air d'une bonne idée, a priori. On se dit :
Ah! bien, le crédit d'impôt va être augmenté, ça fait que les parents vont payer un peu moins pour leur place privée
non subventionnée. Mais tout ce que ça fait, c'est que ça cristallise l'existence de ce réseau-là,
qui lui est en train, paradoxalement, de crier à l'aide et de nous dire :
Oui, bien, moi, je n'arrive tellement
pas, parce que je ne réussis pas, dans le contexte actuel de pénurie, comme je
le mentionnais tantôt, à conserver ma
main-d'oeuvre, à conserver mes éducatrices, encore moins en recruter de
nouvelles, que je dois tout faire pour augmenter mes salaires.
Alors,
je suis sûre que, comme plusieurs collègues à qui j'ai parlé, vous avez des
appels à vos bureaux de circonscription
de parents qui disent : Bon sang, on vient de l'augmenter de 10 $, de
15 $ par jour, alors qu'en théorie je pensais que la hausse du crédit d'impôt ferait une différence dans ma
poche à moi. Le fait est que les garderies privées, pour plusieurs, ont
augmenté leurs tarifs pour pouvoir être capables d'essayer d'offrir des
salaires un peu plus décents aux éducatrices
qu'elles essaient de recruter. Donc, ce n'est pas les parents qui voient la
différence dans leur poche de la hausse de ce crédit d'impôt là, sans compter, évidemment, qu'il y a un plafond
et qu'on voit, notamment dans la région de Montréal, comment les prix peuvent être astronomiques. Puis
avec le coût de la vie qui augmente, l'inflation, le coût des aliments, bien,
malheureusement, c'est la qualité qui peut
en prendre un coup. Puis les propriétaires de garderies privées eux-mêmes nous
l'ont dit, qu'ils avaient du mal puis que
c'est comme ça qu'ils expliquent les différences de qualité. Ils n'arrivent pas
à recruter des éducatrices qualifiées
comme ils le voudraient. Puis ce sont des organisations qui sont là pour faire
du profit. Donc, à la base, c'est ça,
le but de leur organisation. Peut-être qu'ils veulent offrir les meilleurs
services possible, mais ils veulent
faire du profit. Ce n'est pas la même réalité en CPE. Ça fait que, bref, c'est
un énorme enjeu avec ce projet de loi là parce qu'il consacre ce
réseau-là, à de multiples vitesses.
L'autre
chose, c'est que le ministre nous dit : Bien, pour l'avenir, j'amène un
amendement dans le projet de loi, puis
on était tous heureux qu'il amène cet amendement-là, en disant : On va
prioriser la création de places en CPE quand il y aura des nouvelles places à
créer, mais le problème, c'est que ça, ça va arriver après son grand chantier,
après la création des dizaines de
milliers de places qui, en ce moment, vont, pour presque 50 %, en garderie
privée subventionnée et non pas en CPE.
Donc, petite
parenthèse ici, on s'est toujours donné comme objectif que, dans la création de
nouvelles places en installation, il
y en ait 85 % en CPE puis 15 % maximum en garderie privée
subventionnée. Bien là, ce qu'on a vu, c'est que, dans les annonces qui ont été faites par rapport au début des
appels de projets, donc le premier cycle, on a 43 % des places qui
sont en garderie privée subventionnée. On est loin du 15 % maximum. On est
à 43 %, puis il y a des régions, comme
je vous disais, là, où on dépasse le 50 %, 60 %, 70 %. Donc,
c'est ça qui se passe, en ce moment, avec le mécanisme d'appel de projets en continu, qui n'est pas mauvais en soi,
mais il faudrait être capable aussi de chercher un équilibre. Mais là le
gouvernement a tellement tardé, il est tellement mal pris que tout ce qu'il
veut, c'est : On crée des places, on
crée des places, on crée des places. Et donc, si c'est en garderie
subventionnée, même si, encore une fois, étude après étude, c'est les
CPE où on retrouve la plus grande qualité, bien, le gouvernement décide, le
ministre, le ministère, de donner ces
places-là à toute vitesse aux garderies privées subventionnées. Et donc on
continue, encore une fois, à jouer de différences dans la qualité
également.
Donc, il
me semble que l'occasion, elle était là, de vraiment mettre de l'ordre dans
tout ça puis de faire cette transition-là, je le répète, tout en se donnant une période de transition. Donc, ça, c'est
un véritable enjeu parce que, plutôt que de donner le coup maintenant, le ministre essaie d'acheter la
paix en disant : Je vais amener un amendement, ce qu'il a fait, qu'on a
voté pour le projet de loi, en
disant : Bien, on va prioriser le développement en CPE. Mais, quand on a
gratté, évidemment, ce n'est pas pour
maintenant, c'est pour quand son appel de projets en continu pour les créations
de places, de 37 000 places, de
son grand chantier, vont être complétées. Mais c'est maintenant, c'est
maintenant qu'il faut faire ça, c'est maintenant qu'il faut donner ce coup de barre, là, parce que ce
n'est pas une fois qu'on va avoir créé ces 37 000 places, puis là
qui sont même plus que 37 000 places,
avec le réajustement que le ministre annonçait cette semaine, que l'on va
arriver, donc, à pouvoir changer les choses puis rééquilibrer les
choses.
Donc, c'est
ça qui nous inquiète profondément et c'est ce qui fait qu'on estime que ce
projet de loi là est une occasion ratée.
On avait une occasion extraordinaire de redresser le bateau, de faire du ménage
avec les garderies privées créées de manière
complètement disproportionnée par le ministre Tony Tomassi. Puis on se souvient
du contexte, je veux dire, ce n'est pas ça qu'on veut pour l'avenir de
nos services de garde éducatifs à la petite enfance.
Donc, en
terminant, Mme la Présidente, c'est dommage de voir qu'on a mis autant
d'énergie, puis il y a des avancées dans
ce projet de loi là, il y a des changements qui ont été faits, il y a un
travail sérieux qui a été fait, mais que, sur les enjeux fondamentaux
puis les principes fondamentaux, on ne peut pas dire qu'on répond à la volonté,
je pense, très, très, très largement
partagée, de pouvoir respecter ces principes fondamentaux d'offrir la plus
grande qualité, d'offrir l'accessibilité à tous et l'universalité. Ce que ça veut dire, ça, c'est que tout le
monde ait une place, sans bémol, sans le deuxième alinéa de l'article 2, que tout le monde ait une
place de qualité pour leur enfant. Parce que ça arrache le coeur, quand vous
êtes un parent puis que vous vous dites : Oui, la seule place que
j'ai, c'est là, je ne me sens pas totalement en confiance quand je vais
visiter, mais c'est ça ou pas retourner au travail, je vais faire ce choix-là.
Je pense que tous les parents québécois souhaitent
avoir la plus grande qualité pour leurs tout-petits, souhaitent avoir la plus
grande paix d'esprit quand ils vont travailler. Alors, on aurait voulu
qu'il y ait ce gage de cette plus grande qualité possible, avec le projet de
loi, de cette universalité et de cette accessibilité. Donc, cette
accessibilité-là, ça veut dire de pouvoir offrir des places à tarif unique pour que les parents se disent que ce qu'on a créé
avec eux, ce qu'on a créé à la fin des années 90, ce vrai projet
collectif, ce projet de société d'avoir ces services éducatifs à la
petite enfance, qui ont fait des miracles, qui ont ramené massivement les femmes sur le marché du travail, qui ont fait
en sorte, Mme la Présidente, qu'on est le deuxième endroit au monde où il y a le plus de femmes sur le marché du travail
après la Suède, ce n'est quand même pas rien. C'est incroyable, le bond qu'on a fait. Mais on ne peut pas s'arrêter puis
on ne peut pas continuer à vivre ce qu'on est en train de vivre, là, depuis des
années, à voir le nombre de places décroître
puis à voir les impacts qui se vivent sur le terrain, sur les familles, sur les
parents, sur beaucoup de jeunes mères
aussi. Il y a un enjeu, là, d'égalité entre les hommes et les femmes aussi. On
ne peut pas se permettre ça.
• (18 heures) •
Et, quand,
là, le gouvernement se réveille puis décide de créer des places, bien, il faut
créer les bonnes places, de la bonne
qualité, avec le bon tarif unique pour que ça réponde aux besoins qui nous sont
nommés sondage après sondage, étude après étude.
Donc, il me semble qu'on aurait dû se relever les manches davantage,
dire : On se réclame de cet héritage-là
de Mme Marois. Le gouvernement souligne à grands traits le
25e anniversaire. Bien, on va être fidèles à ces principes-là, on
va donner le coup de barre puis on va y aller.
Alors,
malheureusement, le gouvernement s'arrête en chemin, et c'est ce qui fait en
sorte qu'on ne pourra pas voter en faveur de ce projet de loi, et qu'on espère
que le gouvernement va continuer à réfléchir et qu'il va continuer, dans
la mise en oeuvre de ce grand chantier, à
réaliser à quel point il y a un choix qu'on doit faire pour les petits
Québécois puis les petites Québécoises,
c'est la qualité, puis, pour leurs parents, c'est l'accessibilité la plus
grande et une place pour chaque famille qui a des enfants. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée
de Joliette. Et maintenant je vais reconnaître le prochain intervenant, qui
sera M. le député de Viau. Et vous disposez d'un temps de parole de
10 minutes.
M.
Frantz Benjamin
M.
Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Je pensais que j'allais
pouvoir parler autant que la députée de Joliette, que j'ai écoutée avec
beaucoup d'attention. Donc, je la remercie, d'ailleurs, pour son intervention.
Mme la
Présidente, je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je fasse la démonstration
de l'importance d'un projet de loi comme celui-là, de l'importance du dossier,
du sujet des services de garde. Je suis très fier de pouvoir dire... de pouvoir
intervenir sur ce sujet-là. Mais ma fierté, Mme la Présidente, ce n'est pas une
fierté caquiste. C'est une fierté qui puise
son fondement dans des bonds, dans les avancées, comme société, que nous avons
faits depuis les dernières décennies.
Je commencerai, Mme la Présidente, par parler
d'un rapport, et ce n'est pas la première fois que je parle de ce rapport-là.
C'est un rapport, je crois, qui est encore très pertinent, qui est encore
d'actualité, et que nous gagnons... que l'ensemble
des élus en cette enceinte, l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale,
gagneraient, de temps en temps, à regarder ce rapport, quand vient le temps de
parler que ce soit de la petite enfance, de la réalité des jeunes du Québec,
c'est ce rapport qui s'appelle Un Québec fou de ses enfants, ce rapport
qui a été déposé en 1998 par le Pr Camil Bouchard.
Et, dans ce rapport, Mme la Présidente, nous
avons là presque tous les ingrédients qui nous disent dans quel sens travailler
pour l'amélioration de la qualité de vie des enfants, des jeunes du Québec. Et,
dans ce rapport, Mme la Présidente, j'ai puisé encore les substances de cette
intervention que je fais devant vous, intervention... Quand on parle, Mme la Présidente, d'accessibilité, d'universalité,
dans ce rapport, on s'est attardés à regarder, dans toutes les régions du
Québec, dans tous les paliers de la société,
la réalité, les conditions de vie des jeunes du Québec, que ce soient des
enfants vivant avec des handicaps,
des enfants que nous qualifions, dans le milieu de l'éducation, maintenant, des
enfants à défi, que ce soit la réalité, par exemple, des enfants issus
de l'immigration, les enfants qui sont dans les milieux défavorisés, il y a là
toute une analyse qui a été faite et des pistes qui nous ont été offertes.
Et, parlant
des enfants vivant dans toutes sortes de conditions, je prendrai le temps ici,
Mme la Présidente, de saluer le travail réalisé dans ce projet de loi par ma
collègue la députée de Westmount—Saint-Louis, un travail extraordinaire, il va
sans dire, parce qu'au quotidien elle nous rappelle ici, en cette enceinte, et
partout au Québec, l'importance d'avoir des mesures pour tous les
enfants du Québec et particulièrement les enfants vivant avec un handicap. Et
je tiens vraiment à saluer son travail, la grande sensibilité et le travail
pédagogique qu'elle a fait dans ce dossier en particulier. Je veux remercier aussi
celles et ceux qui ont travaillé autour de ce projet de loi là, lors des
consultations particulières et l'étude détaillée, et les groupes qui ont
participé aussi, qui ont pris part à ces travaux.
Mme la
Présidente, dans ma circonscription, la circonscription de Viau, j'ai une
réalité que j'aimerais peut-être vous soumettre, parce que c'est là, justement,
une des injustices. Je veux... oui, je tiens à parler d'injustice, puisqu'une
perche a été tendue au ministre lors de
l'étude détaillée de ce projet de loi là, et il l'a refusée. Il a refusé cette
perche-là. Et, quand on veut
travailler dans le sens de la justice sociale, on se doit de dire que tous les
enfants vivant au Québec, ce sont des enfants qui méritent d'avoir accès
à des services comme tout le monde.
La réalité,
elle est celle-ci. C'est une réalité qui a été portée à mon attention il y a
déjà plusieurs mois par un CPE, le CPE Le Camélia, dans la
circonscription de Viau. Et le CPE Le Camélia n'est pas le seul CPE qui vit
avec cette réalité-là. Un peu partout, et
particulièrement dans la région de Montréal, vous avez, Mme la Présidente, des
enfants, plusieurs enfants, des
dizaines d'enfants dont leurs parents... certains d'entre eux sont nés au
Québec, d'autres sont arrivés au Québec, mais la réalité, elle est la
suivante, c'est que leurs parents sont en attente de régularisation de leur
statut. Et l'opportunité a été offerte au
ministre de pouvoir dire... Et, ces enfants-là, je tiens à préciser, Mme la
Présidente, que, dans la majorité des cas,
ce sont des enfants qui vont rester au Québec, qui vont grandir au Québec, qui
vont fréquenter les écoles du Québec. Et,
ces enfants-là, on avait l'opportunité de pouvoir permettre à ces enfants-là de
pouvoir fréquenter, avoir accès à un service de garde. Mais vous savez quoi? Le ministre, il a dit non, il a choisi
de reporter le problème, lorsqu'on sait l'importance d'un service de
garde pour un enfant, pour chaque enfant.
Le service de
garde, rappelons-le, Mme la Présidente, c'est un milieu où les enfants
bénéficient d'une stimulation, les enfants bénéficient d'une
socialisation et, dans le cas particulier de ces enfants-là,
j'ajouterai d'une intégration à la société
québécoise. Donc, lorsque le ministre de la Famille choisit de tourner dos à
ces enfants-là, vous savez, il tourne dos non seulement à ces enfants-là, mais aussi aux mères, puisqu'une
majorité de ces enfants-là, ce sont des mères qui sont les parents et
chefs de famille monoparentale, souvent, qui souhaiteraient pouvoir intégrer le
marché du travail.
Donc, le ministre de la Famille choisit de dire
non, de tourner dos, aussi, à des femmes. Mais, pire encore, Mme la Présidente, pire encore, il choisit de
reporter les difficultés de ces enfants-là, puisque ces enfants-là, comme je
vous le dis, auront à fréquenter les écoles, mais ces enfants-là,
évidemment, n'ayant pas pu bénéficier de ce précieux soutien qu'ils auraient pu avoir en fréquentant un service
de garde, ce sont ces enfants-là, parfois, qui vont se retrouver avec des
difficultés, qui seront
peut-être plus tard diagnostiqués de troubles d'apprentissage, de toutes sortes
de qualificatifs, une fois en milieu
scolaire. Ça, c'est, là encore, un manque de vision et c'est une injustice
flagrante. Ce n'est pas ça, travailler pour l'ensemble des enfants du
Québec.
• (18 h 10) •
Mme la
Présidente, la réalité des services de garde... Et moi, je porte, comme élu de
la circonscription de Viau, cette vision,
cette philosophie de service de garde où il faut s'assurer, il faut s'assurer,
évidemment, que les besoins particuliers des enfants puissent être comblés. Aujourd'hui, ce projet de loi qu'on a
devant nous, Mme la Présidente, prévoit, pour le ministre de la Famille, de
lancer une invitation à soumettre un projet de développement des services de
garde subventionnés lorsqu'il constate que l'offre de services sur un
territoire ne répond plus à la demande ou ne répond pas à la demande. Vous savez quoi, Mme la Présidente? J'ai pris
connaissance dernièrement de l'offre, et là c'est le porte-parole des dossiers
de la métropole qui vous adresse ce
réquisitoire contre ce projet de loi là par rapport aux orientations du ministre de la Famille, c'est qu'un peu partout à Montréal... la région
de Montréal, c'est une région qui a été et qui est négligée, qui est négligée
en termes d'offre par ce projet de loi. Le
ministre... Le droit aux services de garde, Mme la Présidente, n'est pas
garanti dans ce projet de loi.
Or, il y a
une opportunité que le ministre de la
Famille avait et qu'il a choisi de ne
pas l'attraper, cette opportunité-là. Cette
opportunité-là a été proposée par mon collègue le député de LaFontaine, où on
aurait pu collectivement, ensemble, les
125 députés à l'Assemblée nationale, dire : Nous allons faire du
service de garde un droit pour tous les enfants du Québec.
Alors, là
encore, je constate encore un manque, un manque de courage du ministre de la
Famille et de l'Enfance et de son gouvernement. Les enjeux, beaucoup
d'enjeux n'ont pas été répondus, les enjeux, par exemple, par rapport au personnel,
par rapport au nombre de places, par rapport au rôle qu'auront à jouer les
autres types de service de garde en dehors des CPE.
Mme la Présidente, c'est un projet de loi qui ne
dit pas tout et qui ne répondra pas, absolument pas...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de
Viau. Et maintenant je vais reconnaître Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Et vous disposez, vous aussi, d'un
temps de parole de 10 minutes.
Mme
Émilise Lessard-Therrien
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Dès le début de mon
mandat comme député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, un enjeu s'est imposé à moi : le manque de places en service de
garde à Rouyn-Noranda. Vous dire que j'ai
été sollicitée sur le sujet ne rendrait pas compte de l'ampleur du désarroi qui
m'est rapporté jour après jour après ce sujet.
Le manque de
places en service de garde cause de graves préjudices aux parents qui se
retrouvent sans ressource pour garder
leurs enfants une fois leur RQAP épuisé. Des parents, presque toujours des
mères, doivent retarder leur retour au
travail, au risque de perdre leur emploi, pour continuer de s'occuper de leurs
enfants. La perte de revenus que ça implique impacte directement la
qualité de vie des familles, en particulier les plus vulnérables.
Et, dans une
région comme l'Abitibi-Témiscamingue, où l'écart salarial entre les hommes et
les femmes est déjà énorme, le coup est dur à encaisser. Dans une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue, où le taux de violence conjugale est parmi les plus élevés au Québec, fragiliser
encore plus les femmes en leur enlevant leur indépendance financière, c'est
inacceptable.
Le manque de
places en service de garde, ce n'est pas juste un problème pour les individus
qui le vivent, c'est aussi un frein majeur au bien-être et au développement de
nos communautés en région. La pénurie de main-d'oeuvre par chez nous est
extrême, et les compagnies ne parviennent pas à recruter à l'extérieur, faute
de places en service de garde pour les enfants
de leurs employés. Des commerces ferment, faute de main-d'oeuvre, privant
souvent la population de biens et services qui ne sont disponibles nulle part ailleurs. D'autres entreprises
réduisent leurs heures d'ouverture ou ralentissent leurs activités,
espérant demeurer rentables malgré tout. Mais pour combien de temps?
Nos services
de santé, eux, sont de plus en plus limités, de plus en plus centralisés et
éloignés parce qu'il manque d'infirmières
pour les offrir. Pendant ce temps, il y a des gens, dont les infirmières, qui
voudraient retourner sur le marché du travail, mais qui sont incapables,
faute de places en service de garde pour leurs enfants.
Pendant que
la CAQ annonce des nouvelles places à tout vent, la réalité sur le terrain,
c'est qu'il y a autant de places existantes qui ferment que de nouvelles places
qui ouvrent à Rouyn-Noranda. Il n'y en a tout simplement pas assez, d'éducatrices, pour combler les besoins. Nos deux
garderies non subventionnées sont sur le point de fermer parce qu'elles ne
parviennent plus à être compétitives avec les CPE, alors qu'elles ne demandent
qu'à être converties en CPE. Des groupes ferment, des heures d'ouverture sont réduites. Une petite installation
en milieu rural, à Bellecombe, va fermer complètement, tout ça parce
qu'il manque d'éducatrices.
Et qu'est-ce
qu'il fait, le gouvernement? Il rate une occasion en or, avec le projet de loi n° 1, par exemple, de convertir les
garderies non subventionnées en CPE. Il pousse les syndicats des CPE jusqu'à la
grève avant de finalement consentir à leur
donner des conditions de travail décentes, met en place des incitatifs à la
formation en éducation à la petite enfance, mais inadéquats et
insuffisants. Quand va-t-il donc se réveiller?
Ça nous prend
un sérieux coup de barre, si on veut s'en sortir. Ça va prendre des conversions
en CPE — je
vois le ministre de la Famille — ça
va prendre la conversion du Vol du
colibri. Ça va prendre du recrutement
à l'international. Ça va prendre des
incitatifs à la formation adéquats et suffisants. Ça va prendre du soutien pour
que les CPE puissent recruter et former leur monde.
Je parle
souvent de la santé, Mme la Présidente, dans ma région, comment la santé va mal
en Abitibi-Témiscamingue, mais, nos services à la petite enfance,
ça ne va pas beaucoup mieux, Mme la Présidente. Je demande souvent : Où
est la CAQ? Bien,
encore une fois, c'est difficile, sur ces dossiers-là, et, encore une fois,
elle échoue avec les services publics dans ma région. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Et la prochaine intervention sera celle de M. le député de Jacques-Cartier,
pour une durée de 10 minutes. Merci.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Last but not least. Thank you very
much, Madam Speaker.
Je veux juste saluer le discours que mon collègue
le député de Viau a livré. J'aime toujours quand il cite l'histoire. Alors, quand on sort des études que je sais que
mon collègue a lues dans les années 90 et après, ça me donne, moi, quand
même, une bonne idée de ses connaissances,
mais aussi le rapport que, peut-être, je dois lire, parce qu'il y a des
recettes dedans, comme il a dit, tous les ingrédients pour avoir un
système qui marche bien.
I think that it is important to speak
about our daycare system with a lot of pride. Everyone who has gotten up in this House has spoken about the importance of the system we have
here, in Québec, and the entry
of women into the workforce. We can credit
those who put it into place in the first place and then the people who
continued to develop it afterwards.
But,
if you look at the numbers, and economically speaking, part of Québec's growth as a province, in recent years, has been the fact that women can
better participate in the workforce when they have consistent access to daycare
which is at a fair price and a good
price for them, because, if you speak to people who live in the United States, or even in other provinces, before agreements were put into
place with the federal
Government... and, yes, they're developing their reseau, but in the United States you do hear quite
often from women, who say... or sometimes men, «There is actually no point in
me going to work, because my salary
just pays for daycare. It's almost as if it would be better for me just to stay
at home and to take care of my kids, than having to pay for multiple
daycare bills.»
So,
yes, Québec made a choice, Québec decided that we would roll out a system that
would have places that are at a rate which is, you know, low in comparison to
other parts of the world, and that's something that we can be grateful for. And, yes, you have to
continue develop it. And, yes, we still have a debate, but, of course, our
system remains in a state that is, at
this point in time, a little bit precarious due to the fact, as my colleagues
have highlighted, that we are having a shortage finding people who can
work in our daycares.
This
Government, in many different files, when they were elected, in 2018, promised
to do great things with simple solutions to complex problems. So, we're going to make sure that all of
our seniors are well taken care of by building «des maisons des aînés». 2018, we started that process.
Not many have been constructed, the prices keep skyrocketing, and there's more pressure, more now than ever, in our CHSLDs because, again, we
have a lack of workers, in a lot of cases.
It doesn't help that we have a
government, too, that makes immigration to this province difficult and
recruiting workers from abroad hard. I
remember, here, when there were a group of students who desperately... and all
spoke French, by the way, desperate
to stay here, in the province, couldn't obtain their CSQ to stay here because
the Government wanted to make it more
difficult. I wonder how many of them, in the end, had to leave or decided to
leave because they didn't feel welcome.
• (18 h 20) •
So,
that's the reality that we can see with the CHSLDs. Now, it could also go into
the same thing with different hospitals that were promised to be built quicker
and faster than ever, which have not been built, and even delivering certain services, as we look at the
lists that continue to grow for surgeries, for access to a family doctor. It
can be pretty difficult to make our frontline services better if we're
not better at retaining and finding new workers. That's a huge challenge.
And,
again, back in 2018, in the campaign, I do recall that a certain opposition
party, at the time... And then, in the campaign, the CAQ were talking about...
well, you know, «la main-d'oeuvre»,
the shortage of labor, that's not an issue, it's not really a real priority. Four years
later, we're seeing the consequence of that all across the board. And, of
course, Madam Speaker, I'm
bringing this back because I'm talking about daycares and the fact that the Minister wants to go out and build more places despite
the fact that he's lost places since he's come into power and he's become the
Minister, always talking about
repairing the broken system, but we continue to have more and more lost places
and we have less and less people working in our daycares. That's quite a
problem. That's quite a challenge that we are facing right now.
And,
again, it's... not everything can just be solved by money. I was listening to
the Minister talk today. He was, you know, going out there and he's talking
about austerity, austerity, austerity. But it's funny, because, on their side of the House, when they were in
the Opposition, they were quite content to try to push the Government to cut, and to loosen, and reduce spending more and more.
Every time the budget came out, it wasn't enough, «You didn't do enough, and
the State is way too big, the Government is way too big, it's bloated.» And they even
campaigned on reducing the size of the State. And then they got into power and, thankfully to
the work that was done to build our economy and to get our finances in order, they were left with surpluses that allowed
them to spend, spend, spend. And now, all of a sudden, we have deficits again, and we're going in an election, and there's
all these promises that are going everywhere. So, we will see how this goes
but, yes, putting things into concrete, one thing, you can have a building, but
who is going to work in it? So, that remains a fundamental policy
challenge that we have here, as a province, and something that will be greatly
debated, because the impacts are not just in
the city that I come from, Montréal, it's not just Québec City, but it's in the regions all across Québec, that
are looking for workers in all fields.
On
the bill itself, I know that the MNA for Westmount fought extremely hard to make sure that,
you know, children from all different backgrounds, and particularly children with
handicaps, were taken into consideration, were thought of throughout the process. It's something she fights for very hard
here, in the House. But I know that there were at least, and to the credit of the Minister, several
different amendments that were tabled by the Opposition... and Oppositions, I should
say, and were accepted.
Encore, le ministre a démontré de la bonne foi. Je
sais qu'il a aussi ajouté un amendement lui-même pour prendre en considération les réalités des peuples
autochtones, puis des enfants autochtones, puis de laisser le gouvernement la
marge de manoeuvre de signer des
ententes avec les communautés autochtones de mettre une garderie sur une
réserve ou dans une communauté.
Alors, ça, c'est une bonne chose, puis je veux juste féliciter le ministre,
parce que ce n'est pas toujours le
cas, quand je travaille ou suis les projets de loi, que les ministres prennent
en considération les amendements et suggestions proposées par les
leaders autochtones.
Je pense que, Mme la Présidente, c'est toujours,
quand je parle des amendements, juste intéressant de voir le nombre qui ont été mis de l'avant. Et je sais
aussi, avant que la députée de Westmount ait pris la relève dans le dossier,
que le député et mon collègue Marc Tanguay s'est...
Une voix : ...
M. Kelley : ... — LaFontaine,
désolé, Mme la Présidente, c'est un
petit peu tard, une longue journée — a fait un travail exceptionnel et a
rencontré plusieurs groupes. Il a vraiment bien compris les besoins des gens
sur le terrain, les besoins des parents,
puis on a incorporé ça dans tous nos amendements. Mais, quand même, c'est juste
une façon de voir... Ici, on a un
tableau, il y a plusieurs pages, plusieurs amendements adoptés, rejetés,
discutés, mais je pense que ça démontre encore la bonne volonté de tous les élus qui ont siégé sur la commission
de terminer avec un projet de loi qui était bonifié. Mais il y a toujours encore, comme j'ai dit, des
choses qu'on va discuter et débattre dans les prochaines semaines et mois
sur le réseau.
And I just want to finish... I know
that my colleague was explaining to me that the Minister has promised to do and
fill, you know, create all the places in three years. And she tried to give him
a window, to say, «You could do it in five, I'll put that into another bill, it
will give you a little bit of flexibility, that if there is... you know,
anything that ever happens...» We've seen at least, in
these four years of pandemic, and now a global conflict which is only
beginning, that will have consequences to come in the years... that we never
know what can happen when we are elected. So, that's what I'm saying, is I know that the MNA for Westmount—Saint-Louis did offer the Minister a chance to maybe take a
little bit more time
to make sure it's done properly. He's going home and happy to go ahead and do
it, which is fine, but I thought that was an interesting discussion that she
had relayed to me. And we will see, because now it's all about the proof that
is in the pudding. So...
Sur cette note-là, Mme la Présidente, merci
beaucoup pour votre écoute. Puis à demain.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Jacques-Cartier. Et maintenant je cède
la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, c'est un très grand plaisir pour moi, là, d'avoir l'opportunité de discuter du projet de loi n° 1, pour la modification des services de garde éducatifs à l'enfance,
parce que c'est un enjeu extrêmement
important, qui nous tient à coeur, évidemment, depuis très, très longtemps, au
Parti québécois.
Personnellement,
j'ai été à même de constater, dans mon milieu, dans ma circonscription, une
véritable crise, en 2017, en 2018, alors qu'on avait des places qui avaient été
promises, un certain nombre de places dans ma circonscription, en 2013. En 2017, elles n'étaient pas encore déployées.
Aujourd'hui, elles sont en train d'être déployées, mais malheureusement les
besoins ont explosé depuis, ont explosé, bien entendu, dans la circonscription
des Îles-de-la-Madeleine, mais un peu partout à travers le Québec.
Et je dois
vous dire que c'est malheureux, parce que le projet de société qui avait été
déposé, on a fêté les 25 ans en janvier dernier, le projet qui
avait été déposé au sein de la politique familiale, une politique absolument
innovante, presque révolutionnaire, par
l'ancienne première ministre et ministre, à l'époque, de la Famille,
Mme Marois, avait pour objectif, évidemment, d'offrir une nouvelle façon
pour les parents non seulement d'avoir un service éducatif pour leurs enfants dès le plus jeune âge, mais aussi de
favoriser l'accès au travail des mères, qui, bien souvent, s'occupaient des
enfants à la maison pendant plusieurs années.
Aujourd'hui,
ce qu'on peut constater, c'est que ce projet-là, ce projet de société n'a
jamais été complété. Il a été malheureusement
mis sur la voie d'évitement pendant nombre d'années. Et l'occasion était belle,
au moment où la crise a été révélée
au grand jour, en 2017, 2018, de modifier de façon profonde l'approche
gouvernementale et de compléter ce réseau
des centres de la petite enfance, donc, pour s'assurer que l'ensemble des
familles québécoises, que l'ensemble des enfants puissent avoir une place dans le réseau, dans le réseau public
subventionné, avec évidemment une qualité qui soit mesurable, qui soit à la hauteur, avec des
éducatrices qui soient compétentes et valorisées également, avec des conditions
de travail et salariales à la hauteur,
justement, de ce qu'on souhaite comme réseau et comme qualité de service pour
l'ensemble de nos enfants. Mais
malheureusement, lors de l'élection du gouvernement actuel, la priorité était
ailleurs. La priorité était pour bâtir un tout nouveau service, un
service qu'on voulait déployer dans l'ensemble du Québec et que personne
n'avait demandé, Mme la Présidente...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, à ce point-ci, je me dois de vous demander si vous
avez terminé votre intervention.
M. Arseneau :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Malheureusement, vous ne disposez pas de tout
ce temps, alors...
M. Arseneau : ...
• (18 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien,
vous pourrez poursuivre lors de la reprise de ce débat.
Et, compte tenu de l'heure... M. le ministre?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Avec un consentement, on peut tout.
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : On ne peut pas? Bon.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au jeudi 7 avril, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 31)