(Dix heures)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon mardi à vous tous et toutes. Vous pouvez... Non, avant de
prendre place, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Vous pouvez prendre place.
Affaires
du jour
Et je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger : Bon matin, Mme la Présidente. Alors, je
vous demanderais d'appeler l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 12
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie. Alors, à l'article 1 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et
présidente du Conseil du Trésor propose l'adoption du principe du projet
de loi n° 12, Loi visant principalement à promouvoir
l'achat québécois et responsable par les organismes publics, à renforcer le régime d'intégrité des entreprises
et à accroître les pouvoirs de l'Autorité des marchés publics. Et je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant, le premier intervenant, et ce sera M. le député de
Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bon matin,
chers collègues. Bon matin. C'est un privilège d'être ici ce matin à titre d'adjoint parlementaire à la
ministre responsable de l'Administration gouvernementale et la présidente
du Conseil du Trésor.
Le projet de
loi n° 12, on est à l'étape de l'adoption de principe, donc, c'est la Loi
visant... Vous venez de le dire, Mme
la Présidente, mais je vais me permettre de le relire, là, la Loi visant principalement à promouvoir l'achat
québécois et responsable par les
organismes publics, à renforcer le régime d'intégrité des entreprises et à
accroître les pouvoirs de l'Autorité des marchés publics, projet de loi
qui a été déposé le 3 février dernier.
Le contexte, je pense que c'était déjà dans la
vision de notre gouvernement d'aller un peu plus loin, d'avoir un nationalisme
économique assumé. Mais je ne vous cacherai pas que la pandémie a un peu
accéléré le tout. Je pense qu'on s'est
rapidement rendu compte, Mme la
Présidente, qu'on était quand même
dépendants du marché mondial, je vais le dire comme ça, dans certains secteurs
d'activité. Et je ne vous cacherai pas que, même dans mon comté à moi, ça a
permis l'émergence de nouvelles
entreprises, entre autres Entreprise Prémont, qui ont développé des masques
chirurgicaux, également Textiles Patlin, qui a développé des rideaux
séparateurs puis des jaquettes, également, pour fournir les hôpitaux.
Bref, ça nous
a démontré qu'on était capables de le faire, on était capables, là, dans un
contexte assez particulier, de se
retrousser les manches puis de développer des nouveaux secteurs, des nouveaux
produits, en fait, pour, entre autres, le
secteur de la santé. Alors, Mme la Présidente, c'est ce qui nous a amenés un
peu à aller plus loin dans le processus, là, du projet de loi n° 12
qui est présenté par la présidente du Conseil du Trésor.
Il y a d'autres éléments, aussi, qui nous ont
guidés. On a vu, un peu plus tôt, là, dans l'année, l'adoption, bien, en fait, dans l'année... en 2021, l'adoption du projet de loi n° 67 qui a été déposé par la ministre des Affaires
municipales, qui avait une nouvelle
approche, je vais le dire comme ça, une approche qui mettait un peu plus
l'accent sur des critères, entre autres,
environnementaux. Ça fait que ça a aussi guidé les éléments qui se retrouvent,
là, dans le projet de loi, là, qui est présenté en remarques
préliminaires aujourd'hui.
Mon mandat à
moi... En fait, j'ai été nommé, il faut se le rappeler, en avril, fin avril,
comme adjoint parlementaire. Mon mandat, la ministre m'a rapidement mis au
travail, il a commencé dans les premières semaines, en fait, du mois de mai et le mandat était clair, je pense qu'il
fallait, dans un premier temps, aller consulter les groupes, donc c'est une
trentaine de groupes qu'on a rencontrés dans une période d'à peu près, là, très
condensée, de quatre semaines. Donc, c'était beaucoup, beaucoup de
travail assez rapide.
Je tiens à le
dire, de ces 30 groupes qui ont été rencontrés, il y en a une dizaine qui
ont été rencontrés avec ma collègue, la collègue ministre des Affaires...
ministre du Développement économique régional, pardon. Pourquoi? Parce qu'elle
faisait aussi des travaux sur, entre autres,
le fameux Panier bleu. Donc, c'était important, pour nous, d'entendre les mêmes
choses des groupes qu'on était pour... pour mieux comprendre leurs
enjeux, si on veut.
Il y a des
constats qui sont ressortis très forts des groupes qu'on a rencontrés, qui
étaient à peu près tous les mêmes, de l'ensemble des groupes. De toute
évidence, il y avait, dans un premier temps, une très grande disparité entre
les différents appels d'offres qui étaient construits par les donneurs d'ouvrage,
je vais le dire comme ça, donc un élément de formation qui était très attendu de la part des différents
groupes et qu'on retrouve vraiment de façon très soutenue dans ce qui est
déposé aujourd'hui.
Tout l'élément, aussi, innovation qui n'était
pratiquement pas pris en compte, là, dans les différents processus. Maintenant, c'est un élément, là, je pense qu'il
va être très, très, très important pour la suite, tout le cheminement
d'innovation, toute la part de risque, aussi,
qu'on peut prendre, nous, comme gouvernement, pour mieux accompagner nos
entreprises innovantes. Il y a tout
l'élément de communication aussi, puis de donner de la prévisibilité à ces
entreprises-là pour leur permettre,
finalement, d'être capables de mieux comprendre ce qui s'en vient dans les
différents appels d'offres puis de s'adapter avec des nouvelles
technologies. Donc, c'est superpertinent. J'ai bien hâte de voir la suite à ce
niveau-là.
Puis, je l'ai dit
tantôt, tous les principes de développement durable qui n'étaient pas
nécessairement les parties prenantes pour
exploiter l'ensemble des marges de
manoeuvre, là, qu'il était possible
de faire sous les seuils permis, là, par les différentes attentes qu'on
a avec soit les provinces canadiennes ou les différents pays.
Ça
fait que je termine ce petit bout là, Mme la Présidente, en disant que je tiens
à remercier l'ensemble des groupes, qui ont déjà, d'ailleurs, signifié leur
satisfaction par rapport à ce qui a été déposé, puis je pourrais revenir tantôt
avec quelques citations. Mais j'ai hâte
aussi de voir ce que les oppositions vont en penser. Mais déjà on sent très
bien que les différents groupes sont très satisfaits de l'avancée qui a
été proposée avec le projet de loi n° 12.
Un élément qui est
cher à la présidente du Conseil du trésor, on n'a qu'à penser à son passé avec
la commission Charbonneau puis le rôle qu'elle a joué au niveau de
l'intégrité, je pense que, pour elle, c'était superimportant de s'assurer
d'une parfaite intégrité dans le processus
contractuel avec les marchés publics. Donc, c'est un élément, aussi, qui se
retrouve, là, dans les différentes particularités de ce projet de loi
là.
Un autre élément
superimportant, c'est nos entreprises en région. Dans le projet de loi n° 12, on mise beaucoup là-dessus.
On veut créer différentes antennes un peu partout au Québec, qui met l'emphase
puis qui crée des opportunités pour
nos entreprises qui sont situées en région. Ça fait que vous allez le voir un
peu plus en détail tantôt. L'annonce qui a été faite, c'est vraiment de
mettre la priorité sur l'achat québécois.
Et nous, on veut,
comme État, naturellement, donner l'exemple. Ça va se traduire comment? Par
trois volets : le premier, une
stratégie globale qui va inclure, dans le deuxième volet, vraiment le dépôt du
projet de loi qu'on voit ici et, dans
un troisième volet, des mesures un peu plus larges qui vont venir encadrer tout
ça. L'impact, Mme la Présidente, il est significatif.
À terme, en 2026, c'est 1,5 milliard d'argent supplémentaire qui va être
donné à des entreprises québécoises pour
la fabrication de biens, par exemple. C'est 420 millions, par année,
d'augmentation du PIB. C'est considérable quand même. Et c'est une
réduction de 400 millions, par année, Mme la Présidente, des importations
nettes.
Ça fait qu'on peut
voir que, déjà, les perspectives de ce projet de loi là vont être
significatives. Maintenant, il appartiendra aux entreprises du Québec de saisir
ces belles opportunités là. Mais naturellement on va les accompagner là-dedans.
Je l'ai dit un peu
tantôt, un élément fort qui ressort du projet de loi n° 12,
c'est toutes les marges de manoeuvre sous
les seuils, qui n'étaient pratiquement pas exploitées. Donc, on a vu souvent,
dans les... Les différents groupes ont reproché l'utilisation du copier-coller un peu trop souvent. Donc, maintenant
avec le dépôt du projet de loi, on veut s'assurer que cette pratique-là n'arrive plus. Donc, on veut
exploiter au maximum les marges de manoeuvre. Et, quand que les donneurs d'ouvrage n'utiliseront pas ces marges de
manoeuvre là, ils devront le signifier, naturellement, par écrit, ce qui ne se
faisait pas antérieurement.
Donc, il y a
également des marges préférentielles de 10 % qui pourront être utilisées,
pour un peu favoriser les entreprises du
Québec et du Canada, je pense qu'il faut mentionner cette distinction-là, elle
est quand même importante, mais qui va quand même donner, vraiment, là,
un coup de main supplémentaire à nos entreprises pour se démarquer.
Un
élément qui est ressorti des groupes, que je n'ai pas mentionné tantôt, mais
que je pense qu'il est important que les gens prennent conscience, c'est
qu'il fallait faire vraiment attention de ne pas donner une perception qu'on
mettait en place des mesures beaucoup trop
protectionnistes. Il faut comprendre que le marché du Québec, pour nos
entreprises, est un petit marché, et
qu'ils souhaitent se servir de ce petit marché là comme levier pour faire
affaire partout à travers le monde, et
ce qui inclut, naturellement, les autres provinces canadiennes, avec qui on est
liés par entente, naturellement. Donc, la marge de manoeuvre, elle était très
mince. Il fallait trouver un équilibre pour le faire. Puis je pense que c'est
ce qu'on a réussi à faire. Et, encore
une fois, à voir les réactions des différents groupes, je pense que c'est sans
aucun doute une grande réussite pour nous.
• (10 h 10) •
J'en ai parlé un peu
tantôt, tout le parcours de l'innovation, c'est... En fait, le projet de loi va
créer un espace d'innovation des marchés
publics qui favorisera l'évolution des règles contractuelles pour permettre aux
organismes publics de mieux
contribuer à l'atteinte des objectifs gouvernementaux liés au développement
durable. C'est un espace d'innovation qui
sera l'occasion d'expérimenter des mesures novatrices qui ne sont pas
actuellement prévues au cadre normatif et d'en maximiser d'autres déjà en place. Par la suite, les mécanismes ayant le
meilleur impact pourraient être intégrés dans la réglementation. Comme ça, nous croyons ainsi en arriver à accroître les
acquisitions responsables par les organismes publics et réduire les impacts environnementaux négatifs
des organismes publics, notamment au niveau de l'empreinte carbone des émissions de GES. Donc, ça pourrait devenir un
critère, Mme la Présidente. Le gouvernement québécois utilisera ainsi les
marchés publics comme vecteurs d'influence en matière de lutte contre les
changements climatiques.
Un
autre élément un peu différent, une approche différente qui n'a jamais été faite
avant, c'est d'avoir une approche, aussi,
par cycles de vie d'un bien, par exemple. Donc, cette approche-là va permettre
peut-être, avec une marge préférentielle, d'aller un peu plus loin puis de choisir une technologie différente mais
qui va avoir une durabilité beaucoup plus grande, donc, ce qui est quand
même significatif.
Il faut également
penser renforcer le régime d'intégrité des entreprises québécoises, qui est un
autre élément central de notre projet de
loi. L'intégrité dans la gestion des contrats publics demeure une préoccupation
constante par le gouvernement du Québec. Les marchés publics intègres,
ils permettent aux Québécois d'en avoir plus pour leur argent, naturellement,
et c'est notre devoir de le faire et d'avoir confiance en ces institutions.
En terminant,
Mme la Présidente, ce projet de loi là, je pense qu'il est significatif, et il
démontre, encore une fois, notre
belle volonté d'assumer notre nationalisme économique. J'ai envie de vous dire
que, le premier ministre, mon patron, je pense qu'il en
est fier. Je pense que la ligne directrice qu'il a donnée à la présidente du
Conseil du trésor, elle était très claire, et je pense qu'on respecte en tout
point sa volonté de s'assumer davantage puis de faire davantage confiance à ce
que nos entreprises québécoises peuvent
développer au Québec, ce qu'elles peuvent développer au Québec et,
j'ajouterais, en région.
Je vous disais tantôt qu'il y a des groupes qui
ont déjà manifesté leur approbation ou leur satisfaction du projet de loi n° 12 qui a été déposé.
Je vais me permettre de citer le Conseil du patronat du Québec, Mme la
Présidente, si c'est correct pour
vous, naturellement. Alors, voici : «Le projet de loi va stimuler
l'innovation et favoriser les entreprises d'ici, tout en respectant les accords internationaux», ce que je vous disais
tantôt, ce qui était très important. «La stratégie présentée aujourd'hui répond
aux demandes du CPQ de prendre en compte davantage de critères comme la
durabilité et l'impact environnemental des projets, tout en rendant les
marchés publics plus accessibles à toutes les entreprises québécoises.» C'est
une citation.
J'en fais une
dernière, des Manufacturiers et exportateurs du Québec : «On voit que la
ministre LeBel a bien entendu nos
préoccupations et on comprend la volonté de changement. Maintenant, il faut que
les ministères et les organismes publics embarquent dans le train afin
qu'il y ait des résultats concrets et que [les] changements véritables
s'opèrent.» C'est ce qu'on propose,
d'ailleurs, avec le projet de loi. Je pense qu'il y a un élément de formation
qui sera très important. Puis on est très
conscients que c'est un enjeu, mais vous voyez que les groupes reçoivent très
favorablement la stratégie qui est proposée.
Et, puisque
j'en ai fait allusion, et je termine avec ça, Mme la Présidente, des
entreprises de chez nous, de Maskinongé, Entreprise Prémont, je l'ai dit tantôt, qui font des masques
chirurgicaux, Textiles Patlin, à Saint-Paulin, qui font des rideaux
séparateurs, qui ont fourni à l'effort de guerre dans le contexte de la
pandémie qu'on a vécue, qui, par l'entremise, entre autres, d'un article qu'il y a eu dans Le
Nouvelliste, qui est mon journal local, chez nous, ont signifié, vraiment,
leur approbation du projet de loi qui
était déposé, leur satisfaction, en fait. Et ils voient, de toute évidence,
qu'ils auront davantage d'opportunités de
faire affaire avec le gouvernement du Québec. Et c'est le souhait qu'on partage
et c'est un souhait cher à nous, comme gouvernement.
Convaincu que mes collègues ont tous vécu des entreprises qui souhaitaient en
faire davantage pour le bien collectif,
surtout dans le contexte de la pandémie qu'on a vécue. Mais je pense que c'est
clair que, dorénavant, ils auront davantage l'opportunité.
Alors, allons
voir pour la suite. Très hâte de voir ce que mes collègues en pensent, mais je
pense que c'est une très bonne nouvelle pour le Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de
Maskinongé. Et je vais maintenant céder la parole à M. le député de Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui,
nous avons un projet de loi qui est devant nous, le projet de loi n° 12, qui est un projet de loi qui m'apparaît, à
tout le moins au départ, être un projet de loi électoraliste et, dans une certaine mesure, également brouillon. Et
je vais tenter, au cours des prochaines minutes, de vous expliquer les
raisons qui font que nous trouvons ce projet de loi un peu un leurre, dans une
certaine mesure.
Évidemment,
quand on parle de l'achat québécois, quand on parle de l'environnement, quand
on parle de donner plus de pouvoirs à
l'Autorité des marchés publics, ça fait bien, ça fait beau. Personne ne peut
être contre ça. Tout le monde trouve
que c'est extraordinaire, et ainsi de suite. Et, quand je regarde le détail du
projet de loi, et surtout le manque de détails du projet de loi, on
s'aperçoit jusqu'à quel point ce projet de loi là va devoir être discuté en
profondeur en commission parlementaire. Et
je vais tenter, donc, au cours de ces prochaines minutes, de vous expliquer un
peu la problématique qui est devant
nous aujourd'hui et pourquoi ce projet de loi, même si les principes généraux
sont présents, et sont là, et sont vertueux,
si je pourrais employer l'expression, c'est un projet de loi sur lequel il va
falloir avoir beaucoup plus de détails et d'information de la part de la
présidente du Conseil du trésor au cours de la commission parlementaire.
Et, la première
chose que je voudrais souligner, même si le gouvernement a le droit de faire
ça, a la possibilité de faire ça, ce n'est quand même pas toujours
commun que l'on arrive à adopter un principe d'un projet de loi alors qu'on n'a même pas eu des consultations particulières.
En général, on adopte le principe après les consultations particulières. Et là,
bien, on nous demande aujourd'hui d'adopter
ce principe et on n'a même pas entendu les groupes. On a quelques communiqués
qui ont été émis ici et là, mais on n'a pas
entendu, Mme la Présidente, les groupes encore. On n'a pas eu l'occasion de
poser les questions nécessaires à ces groupes-là.
Et, Mme la
Présidente, je vais simplement tenter de résumer ce projet de loi. C'est un
projet de loi qui, évidemment, veut promouvoir l'achat québécois, mais
ceux qui pensent qu'on parle à ce point d'argent savent évidemment que nous avons des accords de libre-échange, des accords
internationaux. Et donc ce dont on parle ici, de priorité qui est donnée aux
achats québécois, c'est pour des contrats de 100 000 $ et moins,
d'une part, et, dans certains cas, de plus gros contrats, on parle de 10 %. Je pense que c'est
maintenant 15 % quand il s'agit d'une province canadienne, mais
essentiellement ce sont des montants
qui ne sont pas à dédaigner. Mais ce n'est quand même pas le pactole dont on
essaie de nous dire que, véritablement, ça va changer la face du Québec
de façon importante.
Et j'aimerais
rappeler à cette Chambre qu'en cette matière on ne peut pas être contre l'achat
québécois, mais je pense qu'il faut que la population comprenne que c'est
toujours une histoire à deux volets. Et, Mme la Présidente, je voudrais vous rappeler, entre autres, parce que
j'ai moi-même vu ça... On a signé des accords de libre-échange par le passé, et
récemment aussi avec le Mexique, les États-Unis, et ainsi de suite. On a signé
des accords de libre-échange, et tout le Québec, la nation québécoise au
complet était en faveur de ces accords de libre-échange. Pourquoi tous les
groupes... Contrairement à ce qui
s'est passé, par exemple, en Ontario, où il y avait des oppositions à ça,
pourquoi, au Québec, on est comme ça? Bien, la situation
est bien simple, c'est que le Québec, c'est un petit marché. C'est un petit
marché qui a avantage à exporter au maximum. Sans exportation, le Québec
aurait des difficultés économiques très importantes.
• (10 h 20) •
Et je voulais
simplement vous rappeler qu'en 2010, par exemple, nous étions ici, à
l'Assemblée nationale, il y avait des
groupes parlementaires, à l'unanimité, en trois heures, on avait passé un
projet de loi, projet de loi pour sauver l'usine de La Pocatière, et c'était la construction des wagons de métro de
Montréal. Et, à ce moment-là, il y avait des intentions qui étaient là. Il y avait une compagnie espagnole qui
avait fait une offre de ce côté-là, une offre, pour les wagons de métro, moins
chère, avec la promesse de 60 %
d'investissement au Québec. Mais, à l'époque, évidemment, on voulait protéger
le Québec. Et ce qui est arrivé,
c'est que tous les partis, nous inclus, on avait accepté, en trois heures, Mme
la Présidente, de passer une loi qui, de facto, donnait le contrat à
Bombardier à La Pocatière. On voulait sauver les emplois à La Pocatière.
C'était fantastique, merveilleux, extraordinaire.
La réalité,
cependant, aujourd'hui, ce dont on se rend compte, c'est que, par la suite,
Bombardier est allée à l'extérieur, en Europe. Et, autour des années 2000,
les gens ne regardaient pas trop ce qui se passait au Québec, mais, aujourd'hui,
les Européens et, surtout, les Américains
regardent de façon importante toute forme de protectionnisme, toute forme qui
est là et qui fait en sorte qu'ils se
sentent désavantagés. Et donc, par la suite, ce qui est arrivé, c'est qu'il y a
eu, à ce moment-là, des appels d'offres en Europe pour la construction
de wagons de métro. Inutile de vous dire, Mme la Présidente, que Bombardier les a tous perdus. Est-ce que
Bombardier aurait gagné ces contrats-là? Peut-être, mais ce n'est
pas... On ne le sait pas, on ne le
saura jamais, mais, la réalité, et moi, je l'ai entendu à ce moment-là, les
Européens nous ont dit : Écoutez, vous
autres, au Québec, là, si vous commencez à passer des lois pour donner des
contrats à des entreprises, alors que vous dites haut et fort que vous êtes en faveur du libre-échange, on va, nous
autres aussi, jouer cette game-là de cette façon-là.
Et aujourd'hui on est devant nous avec une
situation dans laquelle notre principal fournisseur, c'est le marché américain. Et les gens qui pensaient que le président
Trump était quelqu'un d'emmerdant pour nos exportateurs, que c'était un
nationalisme à outrance de la part des Américains, bien, aujourd'hui, quand on
regarde ce qui se passe devant nous, on
s'aperçoit aujourd'hui qu'on risque d'en arracher autant avec l'administration
américaine actuelle. Le président Biden sait très bien que, dans l'Ohio puis en Pennsylvanie, ce sont des États
clés dans lesquels, si on n'est pas d'un nationalisme américain très
fort, on risque de ne pas gagner l'élection.
Alors, tout ça pour vous dire qu'il y a des
grands avantages à acheter québécois, mais il peut y avoir aussi des désavantages par rapport à ça. Ce n'est pas une
notion qui est absolue dans la réalité de la vie. Parce que, s'il est prouvé
que les achats qui sont québécois,
qui sont là fait en sorte qu'on essaie de diminuer, si on veut, l'impact et
qu'on n'accueille pas les biens qui
viennent de l'extérieur, bien, ça se joue à deux. Ça veut dire que les
Américains, eux autres, devront dire : Bon, bien, quand ça vient du
Québec, là, on n'achète pas ça parce qu'ils ne sont pas «fair» de notre côté.
Je suis
content au moins de voir, Mme la Présidente, que, de ce côté-ci, on va
respecter, à tout le moins, les accords de libre-échange. On parle de contrats, donc, de 100 000 $
ou 10 % d'un contrat plus important. Au moins, on a cette affaire-là.
La question que je me suis posée en voyant le
projet de loi, je me suis dit : Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un projet de loi? Est-ce qu'on n'aurait pas pu mettre
des règlements en ce sens-là? La seule chose que je vois de façon positive
dans ce projet de loi là, c'est que le Conseil
du trésor se sert, en fait, de ce
projet de loi pour forcer tout le monde à vouloir respecter... ou, enfin, acheter québécois, donc,
que ce soit le ministère de l'Éducation ou les autres ministères. J'essaie de
voir la raison d'être de ce projet de loi là. C'est d'abord et avant
tout pour ça, mais ça demeure quand même qu'on est à quelques mois d'une
campagne électorale, et il est clair que ça fait bien de dire : On a un
projet de loi qui va vouloir acheter québécois, et ainsi de suite. Mais, dans
les faits, on aurait pu très bien mettre un règlement de ce côté-là.
Alors, qu'est-ce que ça dit essentiellement? Entre autres, c'est qu'on veut faire la
promotion et l'achat québécois dans
les marchés publics. Et on prévoit également que, quand il y a un contrat non
assujetti à un accord, évidemment l'achat local doit être privilégié.
On voit
également que ce projet de loi prévoit un terme qui est intéressant, mais sur
lequel on va devoir avoir des précisions, «un espace d'innovation» afin
de favoriser l'évolution des règles contractuelles. Évidemment, on parle de l'environnement, on veut avoir... Encore une fois,
dans le domaine de la vertu, on veut avoir des entreprises qui respectent les
normes environnementales ou qu'à tout le
moins, dans leurs projets, ces entreprises ont des considérations
environnementales. Là où il y a un
problème, parce qu'il y a un problème, c'est qu'on n'a pas de détails. On dit
ça, «un espace d'innovation», «on
veut respecter l'environnement», mais tout ça va venir plus tard dans un
règlement. Et donc c'est la première des choses qui nous est apparue à
ce niveau-là.
Même chose,
également, lorsqu'on dit : On veut renforcer le régime d'intégrité des
entreprises. Toute entreprise partie
à un contrat public doit satisfaire les plus hauts standards en la matière et
seront d'office assujettis à la surveillance de l'Autorité des marchés publics. Encore une fois, c'est de la vertu,
on ne peut pas être en désaccord avec la vertu, on trouve que c'est très
correct.
La question,
encore une fois, que moi, je me suis posée, en voyant ça : Comment ça va
s'appliquer, d'une part, et est-ce
que les... On parle quand même de beaucoup de contrats, beaucoup de contrats
gouvernementaux. Est-ce que l'Autorité des
marchés publics va avoir le personnel nécessaire pour faire face à cette
réalité-là? Et donc ce sont des éléments, là, qui sont importants. Parce que l'Autorité des marchés publics, là, vient
de se faire confier des pouvoirs qui sont quand même majeurs, au même titre, à toutes fins pratiques,
que d'autres organismes du même genre. Et donc, Mme la Présidente, c'est
une autre question que l'on devra poser à la présidente du Conseil du trésor.
Il est également prévu, dans ce projet de loi
qui est devant nous aujourd'hui, le fait que ce projet de loi permet au Protecteur du citoyen «de recevoir et de
traiter la divulgation d'une contravention à une loi». Il prévoit également des
modifications du régime d'autorisation de
contracter, etc. Et évidemment il y a des sanctions administratives pécuniaires
qui se retrouvent dans ce projet de loi.
Un
projet de loi où, encore une fois, jusqu'ici, nous n'avons pas eu de
consultations, et on espère qu'on pourra en avoir le plus rapidement possible. En fait, ce qu'il faut bien se rendre
compte, c'est qu'il y a eu des projets de loi, par le passé, et, entre autres, le projet de loi... je
crois que c'est le 37, qui était le projet de loi qui a fait en sorte qu'on
voulait améliorer un certain nombre
de choses et un projet de loi qui, disait-on, allait créer, maintenant, un
autre service, on appelait ça le Centre
des services partagés auparavant. Et aujourd'hui, bien, le projet de loi qui a
été adopté en 2019, il n'y a toujours pas de règlement. Ça devait venir
avec un règlement; on se demande encore aujourd'hui où est, comme tel, le
règlement.
• (10 h 30) •
Je vous
dirais, Mme la Présidente, que, lorsqu'on parle, en plus, d'acheter québécois,
il va falloir définir qu'est-ce que ça veut dire, «acheter québécois».
Si vous avez, Mme la Présidente, un autobus, par exemple, que vous allez bâtir à Saint-Eustache avec des pièces qui viennent des
États-Unis, est-ce que c'est un produit québécois? Si vous avez le même autobus
qui est produit aux États-Unis et qui est acheté avec des pièces à majorité
québécoises, est-ce que c'est québécois? C'est une des questions qu'on va devoir poser à la présidente du Conseil
du trésor. Elle va devoir nous expliquer ce que ça veut dire.
Et ce dont
elle parle aujourd'hui, l'achat québécois, ce n'est pas quelque chose qui est
très, je dirais, nouveau par rapport
à ce qui existait, parce que j'étais au Conseil du trésor en 2017, et, en 2017,
je vais vous dire ce qu'on disait à ce moment-là...
on avait fait un projet pilote, le projet pilote qui voulait faire en sorte
qu'on puisse à la fois aider les entreprises québécoises, on voulait
modifier certains critères, on voulait changer l'ordre des choses, et il y a
des cas où ça a été extrêmement positif puis il y a d'autres cas où, là,
certaines entreprises étaient très mal à l'aise par rapport à ça.
Mais il y a
une chose qui est probablement l'aspect le plus fondamental de ce projet de
loi, sur lequel on a véritablement des
enjeux, c'est le fait qu'on a oublié une chose, dans ce projet de loi, qui nous
apparaît assez fondamentale : 90 %, Mme la Présidente, des contrats publics, à toutes fins
pratiques, ça vient de l'industrie de la construction, ou à peu près. C'est
donc un joueur très important. Or, on
sait et on entend, de façon encore plus insistante, à plusieurs égards, Mme la Présidente, que le
gouvernement du Québec, particulièrement au cours des dernières années, n'est
pas un gouvernement qui a une très bonne réputation au niveau des
paiements, c'est long à se faire payer.
Moi, j'ai
parlé à des entrepreneurs en construction et j'ai dit aux... les gens de la
construction m'ont dit : Écoutez, M.
le député, nous autres, là, dans bien des cas, on ne veut même plus faire
affaire avec le gouvernement parce qu'on est obligés d'avancer de l'argent au gouvernement. Ça n'a plus aucun sens.
Les gens, s'il manque une virgule sur le contrat, ou une feuille, ou la moindre affaire, on retarde,
on prend un plaisir systématique à retarder les paiements dans le domaine,
entre autres, de la construction, à un point
tel, Mme la Présidente, qu'il y a même un organisme qui est intervenu et
qui s'appelle Action Paiement — Coalition contre les retards de paiement
dans la construction, Mme la
Présidente. Et, dans ce projet de loi
là, la présidente du Conseil du trésor a choisi de ne pas en parler. La
coalition déplore que ce projet de loi ne contienne aucune disposition
pour faciliter les paiements aux entreprises exécutant les contrats publics de
construction.
Alors,
imaginez-vous, Mme la Présidente, on se retrouve ici, à l'Assemblée nationale, en
disant : Écoutez, on va encourager
l'achat québécois — tout
le monde est d'accord avec ça, tout le monde, sur le principe, évidemment, on
ne peut pas être en désaccord avec ça — mais, d'autre part, sur
90 % des contrats, ce que plusieurs personnes nous disent, c'est dire : Écoutez, on a un gouvernement
qui est tellement déficient au niveau de ses responsabilités de paiement que,
comme l'industrie de la construction va
relativement bien, actuellement, bien, on aime mieux faire affaire avec les
privés parce que les privés payent
pas mal plus vite. On n'a pas à avancer de l'argent à des privés, dans bien des
cas, alors que le gouvernement est un
très, très, très mauvais payeur. Et ça, c'est une question que je vais poser en
commission parlementaire, parce que,
pour moi, c'est assez fondamental dans ce projet de loi. Je veux bien exiger
des entreprises québécoises qu'elles se
conforment au nom de l'éthique, qu'elles se conforment sur le plan
environnemental, qu'elles soient des entreprises les plus responsables possibles, etc., mais en même
temps il faut que le gouvernement fasse sa part de ce côté-là, et le retard
des paiements dans le domaine de la construction, c'est totalement
inacceptable.
Et, Mme la Présidente, je tiens à vous
rappeler qu'en 2017, alors que nous étions au pouvoir, nous avons fait, là
aussi, un projet pilote, un projet pilote qui visait essentiellement à faire
l'essai de deux éléments principaux, soit un calendrier
de paiement obligatoire et un mode de règlement des différends beaucoup plus
rapide, avec des experts, entre autres, dans le domaine de la
construction. Alors, ils voulaient, à ce moment-là... ce qu'on voulait, c'est
qu'il y ait vraiment... qu'on puisse
travailler ensemble, la Société
québécoise des infrastructures, et le
projet pilote se faisait avec la Société
québécoise des infrastructures et
avec le ministère des Transports, qui, comme vous le savez, est un grand donneur
d'ordres. Or, évidemment, il y a eu une
élection en 2018. Ce projet pilote avait débuté, et on ne sait pas ce qui est
arrivé. C'est arrivé en 2017. Donc,
on se retrouve près de cinq ans plus tard, et on se demande encore pourquoi la présidente du Conseil du trésor n'a pas mis
aucun élément, dans son projet de loi, qui parle, justement, des retards en
cette matière. Alors, voilà les quelques points, Mme la Présidente,
qu'il m'apparaissait important de dire.
Maintenant,
il y a une chose aussi que j'ai notée par rapport à ce projet de loi, j'ai vu
une entrevue que la présidente du Conseil du trésor a donnée, entre autres, au
niveau... je pense, c'était au Nouvelliste, et je pense que c'est bien
important de comprendre que ce projet de loi
là ne va pas changer très rapidement les choses au Québec. Ce que la présidente
du Conseil du trésor dit... puis
c'est important de le dire, on est tous d'accord avec le principe d'acheter
québécois, mais, littéralement, elle
confirme, entre autres, que le gouvernement du Québec pourrait très bien payer
un peu plus cher pour acheter québécois et il est prêt à payer plus cher pour acheter québécois. Le gouvernement
veut stimuler, par le fait même, le développement économique régional.
Mais, au-delà
des considérations, parce qu'on peut avoir une discussion éternelle à savoir
quelle est la proportion, dans les
contrats publics, que l'on donne au prix demandé versus la qualité versus...
vous savez, il y a un débat qui dure depuis nombre d'années, on parle de
l'argent des Québécois, on parle de l'intérêt public pour des Québécois. Alors,
la question qui est souvent devant nous,
c'est de se dire : Comment est-ce qu'on fait l'équilibre entre un juste
prix versus la qualité,
la réputation du fournisseur, le fait qu'il va se conformer aux normes
environnementales, que les produits qu'il va présenter sont des produits qui sont responsables sur le plan
environnemental, et ainsi de suite? Mais ce que la présidente du Conseil du trésor nous dit, Mme la
Présidente, c'est que... j'aimerais vous faire rêver, dit-elle, en parlant de
la priorité pour l'achat québécois.
Mais elle dit : J'espère que, d'ici les quatre prochaines années, en
quatre ans... Ça va prendre au moins
quatre ans avant «que ce soit devenu un réflexe de favoriser un
approvisionnement québécois et responsable». Donc, ce n'est pas un projet, là, dans lequel il va y
avoir nécessairement, je dirais, une solution immédiate, là. On parle d'un long
processus qui est devant nous.
J'aimerais vous faire
part, Mme la Présidente, de certains des commentaires que j'ai entendus et
que j'ai vus. Les groupes, en général, encore
une fois, ils sont un peu comme tout le monde. Donc, on ne peut pas être
contre, Mme la Présidente, le
fait d'acheter québécois, mais, pour employer une expression, on espère que les
sceptiques seront confondus. Et,
entre autres, je regarde, par exemple, ce que les Manufacturiers et
exportateurs disent : «[Ils] sont impatients de voir des résultats et des changements rapides
s'effectuer dans les appels d'offres et dans l'octroi de contrats au
gouvernement du Québec, le tout en
cohérence avec les règles associées au commerce international et aux accords de
libre-échange.» Ils insistent beaucoup là-dessus, parce qu'ils ne
veulent pas se faire pénaliser aux États-Unis, c'est très clair. «Il n'est pas question non plus de se tourner vers du
protectionnisme ou de remettre en question [ces] traités de libre-échange,
[bien] au contraire!» Et ça, c'est Mme Véronique Proulx, au nom des
Manufacturiers et exportateurs du Québec.
• (10 h 40) •
Dans d'autres domaines, je vous ai parlé,
évidemment, de l'intervention qui a été faite, entre autres, par cette
coalition. Je pense, Mme la
Présidente, que c'est un élément qui m'apparaît extrêmement important, de ce
côté-là, parce que, encore une fois,
il y a, de leur part, je dirais, une grande frustration par rapport à ce qui
est demandé. C'est une opportunité, disent-ils, manquée, de la part du
gouvernement, de mettre fin à ces retards de paiement.
Alors,
on est dans une situation qui est très délicate et difficile. Et, tant qu'à
faire un projet de loi, il me semble que le gouvernement aurait pu faire en
sorte qu'on puisse améliorer ce projet de loi et profiter de l'occasion pour
que ce projet de loi soit un projet
de loi qui soit beaucoup plus précis. Mais on voit que le projet de loi a
probablement été fait pour des considérations
électoralistes, parce que, quand on regarde le titre, écoutez, c'est
merveilleux, c'est extraordinaire, mais c'est quand on rentre dans les
détails qu'on s'aperçoit que ça devient un peu plus difficile, à ce niveau-là.
On
aura certainement, donc, Mme la Présidente, des amendements à faire, des
amendements à proposer, entre autres sur cette question des paiements en
matière de construction, parce que ça m'apparaît assez fondamental. On veut
bien acheter québécois, on veut bien
faire en sorte que les choses puissent aller dans cette direction-là, en
respectant les accords internationaux, mais en même temps, Mme la
Présidente, si on veut vraiment que ce projet de loi là soit efficace, il va falloir corriger certaines approches du
gouvernement en cette matière. Et ce n'est pas juste avec les infirmières puis
ce n'est pas juste avec d'autres
groupes, ça semble assez généralisé, de la part du gouvernement, qu'il est un
mauvais payeur, de ce côté-là.
Je
voulais revenir, Mme la Présidente, sur ce qu'on appelle l'espace
d'innovation, et je vous fais... juste vous dire qu'on veut «favoriser — ça,
c'est les articles du projet de loi — l'évolution
des règles contractuelles pour permettre aux organismes publics de mieux
contribuer à l'atteinte des objectifs gouvernementaux suivants», puis là on a
une liste de six objectifs dans l'espace d'innovation — ça,
c'est l'article 14.8 — puis
là on dit, bon :
«1° accroître les
acquisitions ayant un caractère responsable[...];
«2°
réduire les impacts environnementaux négatifs, réels et potentiels, des biens,
des services et des travaux de construction acquis par les organismes
publics, notamment au niveau de l'empreinte carbone[...];
«3°
utiliser les marchés publics comme vecteur d'influence en matière de lutte
contre les changements climatiques;
«4° améliorer la
représentativité des entreprises autochtones[...];
«5° favoriser la participation
des personnes éloignées du marché du travail à l'exécution des contrats
publics;
«6° soutenir le
développement de biens, de services et de travaux de construction innovants.»
Alors,
on dit tout ça. Et, à un moment donné, dans un autre article, on dit : «Le
gouvernement peut, [...]sur recommandation du Conseil du trésor, prévoir
toute autre mesure qui diffère des normes prévues aux dispositions de la présente loi à la condition que cette mesure
soit compatible avec les principes généraux énoncés», entre autres, dans un
article. Autrement dit, on veut tous ces
principes-là, mais on se laisse la marge de manoeuvre pour avoir une très, très
grande flexibilité pour jouer, Mme la Présidente, avec ces
différents éléments et ces différents principes.
Alors, Mme la
Présidente, tout ça pour vous dire que, dans ce projet de loi qui est devant
nous, c'est un projet de loi sur lequel on
aura certainement des discussions à faire. J'aurais bien aimé, Mme la
Présidente, entendre les groupes avant
de pouvoir, ici, vous parler du principe de ce projet de loi. Le gouvernement a
choisi, n'est-ce pas, de ne pas entendre ces groupes. C'est, à mon avis,
particulièrement déplorable.
Dans les
interventions qui ont été faites, également, de la Fédération des chambres de commerce
du Québec, on parle, entre autres, du
critère de la qualité, qui n'est pas très clair non plus dans ce projet de loi,
critère qui est mal défini, selon la Fédération des chambres de commerce
du Québec. Quels sont les critères de qualité? Quels sont les critères d'efficacité, à ce niveau-là? Ce sont des
questions qu'ils ont posées. Et j'espère qu'on aura la Fédération des chambres
de commerce, que cette fédération
sera présente pour pouvoir, entre autres, faire en sorte qu'on puisse améliorer
les choses par rapport à la qualité
et surtout, encore une fois, être un peu plus précis au niveau du projet de
loi. Probablement qu'on va nous dire, encore une fois, que ça va venir
plus tard dans un règlement.
Alors,
on se retrouve, en fait, avec un projet
de loi qui est un peu dans le même
suivi, si on veut, que les projets de loi différents... le projet de loi
n° 37, qui a créé le Centre d'acquisitions québécois.
On a le ministère de la Cybersécurité, maintenant,
qui, d'après ce que je crois comprendre, gère les contrats aux grandes firmes
de consultation en matière informatique.
Mais c'est encore le Centre d'acquisitions québécois qui... lorsqu'il s'agit
d'ordinateurs ou d'achat d'ordinateurs, c'est eux, de ce côté-là, puis
les plus gros contrats de consultation, ça semble être le ministère de la
Cybersécurité.
Puis on a également la
fameuse loi n° 66, qui est la loi de l'accélération.
Et je pense que, quand on parle de ce projet
de loi, qui voulait accélérer, n'est-ce pas, la ligne bleue puis qu'on voulait
accélérer les projets que l'on jugeait, à ce moment-là, très prioritaires, au gouvernement, on s'est rendu compte
qu'on peut bien établir tous ces critères-là, mais on s'aperçoit, entre
autres... des retards assez importants, dont les plus connus, comme vous le
savez sans doute, Mme la Présidente, ce
sont les maisons des aînés, où plusieurs contracteurs trouvent que, encore une
fois, les retards de paiement, ces différentes entraves que nous avons
pour l'obtention des contrats, évidemment, n'augurent rien de bon.
Il y a un
autre élément, aussi, qu'il sera important de discuter, Mme la Présidente,
au niveau de l'achat québécois. C'est
que, quand on donne des contrats, actuellement, avec une situation inflationniste
que l'on connaît actuellement, entre le moment où on fait l'appel d'offres, et
le moment où on donne le contrat, et au moment où le contrat se fait, est-ce
qu'il va y avoir des considérations pour
l'aspect inflationniste? Parce qu'actuellement c'est une situation... c'est
reconnu un peu par tout le monde, que la situation n'est pas sous
contrôle au moment où on se parle, c'est une situation qui est difficile. Et est-ce qu'il y a des considérations qui sont
données, à ce niveau-là, lorsqu'on décide de faire les contrats? Parce que je
vous dirais qu'on ne s'en est jamais
beaucoup préoccupés, Mme la Présidente, au fil des années, parce que
l'inflation était relativement sous contrôle, à 1 % ou à 2 %.
Mais, quand on arrive dans une situation où est-ce que, là, l'inflation est rendue à 5 %, puis à 6 %, puis à
7 %, on s'aperçoit, Mme la Présidente, que, là, il va falloir se
poser des questions, s'assurer, entre autres, que les contrats soient
faits correctement et on doit s'assurer, également, qu'on doit tenir compte
d'une évolution importante des prix.
Simplement dans le domaine de la construction, Mme la Présidente, on parle
de 20 %, depuis les deux dernières années, au moins, d'augmentation, le
prix du bois, le prix de... Enfin, vous savez, je pense que tout le monde reconnaît qu'il y a un enjeu
particulièrement fondamental par rapport à ça, et on n'en parle pas dans le
projet de loi, comme tel.
• (10 h 50) •
Je vous
dirais, Mme la Présidente, que ce projet de loi, donc, ce n'est pas un
projet de loi sur lequel, quand on lit le titre du projet de loi, on est... difficile d'être contre la vertu. Mais
une chose est certaine, Mme la Présidente, c'est que, quand on
commence à regarder dans les détails ce que ça comporte, on s'aperçoit qu'il y
a véritablement, là, des questions fondamentales
qui se posent. Puis les questions fondamentales, c'est : Est-ce que ce
projet de loi là va changer quelque chose, à ce point, de façon fondamentale?
Je sais que l'opposition dit toujours... l'opposition, on dit toujours, nous,
qu'il faut avoir des chiffres. Le
gouvernement dit : Écoutez, ça va donner au moins 1 milliard de plus
aux entreprises québécoises. J'ai bien hâte de voir ça. Parce que, dans la
réalité, on peut interpréter les chiffres de bien des façons, mais il y a
certainement un débat à faire par
rapport à ça. Est-ce que, véritablement, ça nous donne 1 milliard? Ce
qu'on va chercher de plus au Québec, est-ce
qu'on risque de le perdre dans des contrats qu'on n'aura pas été chercher à
l'extérieur? Il y a toute une discussion, là, mathématique à faire par
rapport à ça.
Et, comme vous le savez sans doute, Mme la
Présidente, le Québec a une image, actuellement, un peu difficile, dans la mesure où, par exemple, sur les marchés
internationaux, on trouve que le gouvernement actuel se comporte un peu comme
un marché très fermé, dans lequel ce n'est pas toujours agréable d'investir.
C'est un gouvernement qui intervient, c'est
un gouvernement qui ne donne pas aux entreprises énormément de flexibilité. Et,
en ce sens-là, Mme la Présidente, dans
ce projet de loi là, si moi, je suis une entreprise qui est... Moi, dans mon
comté, j'ai des entreprises québécoises, mais j'ai aussi des entreprises
américaines qui font vivre des Québécois, puis les entreprises américaines
disent : Bon, donc, on n'est pas les bienvenus ici. C'est clair
qu'il y a un enjeu, aussi, de ce côté-là.
Alors, nous, on n'a pas aucunement d'objection à
ce qu'on achète québécois. On a déjà fait des projets pilotes en ce sens-là, on a déjà fait des projets pilotes
pour améliorer les choses au niveau de la construction. Mais c'est sûr que
c'est un dossier qui est beaucoup plus délicat qu'il n'y paraît, et c'est un
peu pour ça qu'on veut prendre le temps, Mme la Présidente, pour pouvoir
en discuter au cours de cette commission parlementaire.
Alors, je
termine, Mme la Présidente, en vous disant, encore une fois, que nous
espérons que le gouvernement puisse faire
preuve de, véritablement... d'ouverture, d'une ouverture pour qu'on puisse
entendre quand même des groupes. Je sais que le gouvernement est pressé. Je
sais que le gouvernement... Il nous reste une semaine de travaux avant la
relâche parlementaire, il nous reste donc peu de temps. Après ça, on
embarque au mois de mars, puis là, bien, il va y avoir le budget, les crédits,
etc. Le gouvernement est extrêmement pressé pour pouvoir dire aux Québécois, en
pleine campagne électorale : Écoutez,
moi, j'ai fait des choses pour l'environnement, j'achète québécois, nous sommes
un gouvernement nationaliste. Mais,
comme j'ai tenté de l'expliquer aujourd'hui, dans les faits, quand on
regarde... On dit toujours... il y a une expression, on dit toujours :
Le diable est dans les détails. Bien, c'est un cas très clair dans lequel le
diable est dans les détails et que le rêve qui
est annoncé, quand on frappe la réalité qui est devant nous, ce n'est peut-être
pas toujours le rêve dont on pense.
Alors, moi,
globalement, j'espère avoir, avec la présidente du Conseil du trésor, une
discussion franche et honnête pour qu'on puisse, en bout de ligne, trouver la
meilleure solution pour l'ensemble des Québécois. Et, en ce sens-là,
Mme la Présidente, je vais vouloir certainement lui poser les
questions nécessaires. Alors, voilà, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Mont-Royal—Outremont. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, à mon tour d'intervenir sur le principe du projet
de loi n° 12.
Écoutez, moi, j'ai fait beaucoup, beaucoup de projets de loi depuis que j'ai
été élue, énormément, et c'est une première,
pour moi, d'intervenir sur le principe avant même les consultations
particulières. Donc, c'est la première fois, je ne
pensais même pas que c'était possible. Là, je ne connais pas le règlement de
notre Assemblée par coeur, là, mais on nous
dit que c'est possible. Et aussi j'ai appris que ce n'était pas la première
fois, c'est très rare, mais que c'est une tendance, là, qui commence. Et il y a un précédent, je
pense, l'automne dernier, puis là il ne se passait rien dans le salon bleu,
donc on a décidé de combler un vide,
donc on a dit : On n'a pas entendu les groupes, mais ce n'est pas grave,
là, on ne peut pas garder ça vide, donc on va venir le combler en
faisant le principe sur le projet de loi n° 12.
Je veux bien
m'adapter, hein, on s'adapte à tout quand on est député, rapidement, à la
dernière minute, mais, moi, comme
parlementaire, mon travail, je le fais de façon très, très rigoureuse, de façon
complète et je le prends extrêmement au sérieux. Mais, en tant que deuxième
groupe d'opposition, vous comprendrez qu'on n'a pas tous les moyens, toutes les
ressources, tout le temps nécessaire, comme
le gouvernement ou même comme l'opposition officielle, pour éplucher chacun
des articles, comprendre c'est quoi, les
tenants et aboutissants, savoir quels sont les éléments, peut-être, qui, à une
première lecture, pourraient nous
échapper. Ce travail-là, moi, ça m'aide énormément, quand on le fait, quand on
entend les groupes venir en consultations particulières et nous en parler.
Quand on entend l'ensemble des groupes, il y a des choses qui nous... moi, à première lecture, avec mon recherchiste, ou
mon demi ou quart de recherchiste, qui, souvent, travaille avec plusieurs
députés, on ne voit pas. Donc, je trouve ça
vraiment dommage qu'on fasse les choses un petit peu à l'envers, et ça me met
dans une situation où j'ai l'impression de ne pas faire le travail
correctement.
Donc, je vais
faire mon intervention, mais c'est sûr qu'il y a des éléments sur lesquels je
ne pourrai pas me prononcer, parce que je n'ai pas eu tout ce travail et cette
intelligence qui est ajoutée à notre travail par les groupes qui viennent
en consultations particulières. J'ai entendu
la courte intervention du député de Maskinongé, qui nous a parlé des groupes,
des groupes, des groupes. Bon, j'ai
fait une revue de presse du projet de
loi n° 12, il n'y en a pas eu
tant que ça. Il y a eu un groupe qui
est intervenu, on a reçu, peut-être, une lettre aussi. Il y en a peut-être qui
nous ont échappé. Les groupes, bien, peut-être
qu'il y en a qui ont parlé avec le gouvernement puis qui leur ont dit ce qu'ils
en pensaient sur toutes sortes de détails
du projet de loi, mais on ne les a pas entendus en consultations particulières,
donc moi, je n'ai pas pu bénéficier de ça comme le gouvernement a pu en
bénéficier.
Et, écoutez,
on est sur le principe. On a le temps devant nous pour faire nos interventions.
Et, avec la courte intervention du
député de Maskinongé, moi, j'invite la ministre, la présidente du Conseil du
trésor, à faire une intervention. J'étais là, j'étais prête à prendre
des notes pour en savoir un peu plus, d'éléments qui m'ont échappé, je n'en ai
pas eu beaucoup. Donc, on a le temps, et la
présidente du Conseil du trésor a tout le temps pour venir faire une
intervention et nous en dire peut-être
un peu plus, d'éléments qui nous, dans le deuxième groupe d'opposition... en
tout cas, moi, m'auraient échappé.
Donc, une
fois cette mise au point faite, j'espère que ce ne sera pas une habitude, dans
mes projets de loi... bien, dans ceux
de mes collègues aussi, je le souhaite, pour nous permettre de faire notre
travail comme il faut et de façon la plus complète et la plus exhaustive
possible.
Donc, avec le
peu d'information que j'ai, ce que j'ai pu comprendre du projet de loi, ce que
j'ai compris et de ce que j'ai
entendu, c'est que l'objectif du projet de loi est de favoriser l'achat local,
l'achat québécois, comme le dit le titre, la prise en considération d'autres facteurs que le simple prix, par
exemple des considérations environnementales, l'intégrité des marchés publics. Et ça, évidemment, on ne peut
pas être contre ça. C'est l'objectif du projet de loi, ici même, écrit dans
le titre. Le titre, ce n'est pas Le Panier bleu, mais c'est l'achat québécois.
Ça dit aussi
qu'il prévoit que les organismes publics devront procéder à une évaluation de
leurs besoins qui s'inscrit dans la recherche d'un développement durable et que
la performance environnementale des soumissions pourra constituer un avantage
pour les soumissionnaires. Donc, c'est sûr que, ça non plus, on ne peut pas
être contre ça. Comme parti politique pour qui une des plus importantes
priorités depuis le début, depuis avant la pandémie, depuis notre existence,
c'est la question environnementale et de la transition écologique, ça aussi, de
prendre en considération les soumissionnaires... de prendre en considération
pas uniquement le plus bas soumissionnaire, mais les considérations environnementales, on est pour ça. Le projet de
loi aussi, de ce que j'ai compris, prévoit le renforcement de la Loi sur les
contrats des organismes publics et de l'Autorité des marchés publics. Ça
aussi, nous sommes d'accord.
Donc, sur le
principe, Québec solidaire, nous allons voter pour le projet de loi n° 12, en attendant, après ça, d'avoir les
détails, plus tard, avec les groupes en consultations particulières et l'étude
détaillée, on verra après. Et moi, j'ai des questions,
j'ai des questionnements. Et, encore une fois, je répète que la présidente du
Conseil du trésor pourrait venir pour, peut-être, y répondre, si elle le
désire.
• (11 heures) •
Le projet de loi s'inscrit aussi dans un
contexte particulier. On n'est pas les seuls, on n'est pas les premiers et certainement pas les derniers à vouloir favoriser
notre économie locale. On connaît tous le Buy America ou Buy American, et les
États à travers le monde commencent de plus en plus ouvertement à remettre en
question le libre-échange à tout crin et
à vouloir renforcer l'achat local. En fait, à Québec solidaire, je pense qu'on
est le seul parti à l'Assemblée nationale à le remettre de façon... depuis... dès notre création, dès la création de
Québec solidaire en 2006, à remettre en question cette dépendance de notre économie aux marchés
internationaux et remettre en question les accords de libre-échange. On est
les seuls encore, mais il y a une prise en
considération qui s'est faite récemment avec la pandémie, même si on parlait
d'achat local un petit peu, mais
cette prise en considération est devenue de plus en plus forte avec la
pandémie, dès la première vague. D'ailleurs,
si on cherche des bons côtés à la pandémie, malheureusement, on peut quand même
en trouver, c'est cette prise de
conscience de notre dépendance et qu'on a besoin d'autre chose pour développer
notre économie, surtout que ça comporte de très, très graves risques,
cette dépendance des États envers le flux des biens à l'international.
C'est qu'on
s'est rendu compte qu'on avait de la difficulté à nous approvisionner de biens
essentiels. Ce n'est pas juste pour
combler nos désirs de surconsommation, parce qu'on vit dans une société de
surconsommation, mais aussi de biens
essentiels. Et c'est ça que la pandémie a mis en lumière, qu'on pense aux
équipements de protection individuelle, les EPI, qui ont manqué, parce que partout sur la planète, on se les
arrachait, qu'on pense aux médicaments. On se rappelle tous, au début de la pandémie,
comment on était accrochés aux lèvres du premier ministre qui nous disait :
Pour tel, tel médicament, pour faire
tel type d'opération, bien, on est à tant de jours d'autonomie. On en avait la
chair de poule, parce que, là, on avait en pleine face et de façon très, très concrète, cette dépendance aux
marchés internationaux, dont on parlait avant, mais on ne la ressentait
pas quasiment dans notre chair. On l'a senti, tout le monde ensemble, lors de
la première vague.
C'est sûr que
le principe de l'avantage comparatif et l'hyperspécialisation des économies, en
disant : Par exemple, au Québec, nous avons une force avec le sirop
d'érable, donc nous voulons l'exporter... ailleurs, par exemple, d'autres produits, comme le cacao en Côte d'Ivoire, bien,
on ne peut pas le produire ici, bien, on va l'importer. Ça, c'est normal et
c'est quelque chose qui devrait continuer à exister, c'est sûr. Mais
qu'on manque d'équipements médicaux, de matériel médical, qu'on manque de médicaments, de vaccins, là, ça, ce n'est pas
normal du tout. Et, comme je le disais, à Québec solidaire, cette sonnerie d'alarme ou cette sonnette, en disant :
Attention, on est trop dépendants de l'étranger, on devrait plus favoriser notre économie locale, c'est bien
avant les conférences de presse de la pandémie, du premier ministre, dont
on en parlait.
Et on ne fait
pas que signifier le risque, mais on a aussi des solutions. Une vieille
solution, maintenant, de Québec solidaire,
mais malheureusement elle n'a jamais encore été appliquée... Et l'ancien député
de Mercier, Amir Khadir, en a parlé
en long et en large, il l'a expliqué beaucoup, beaucoup. Et peut-être que
certains d'entre vous qui écoutez devinez de quoi je vais parler,
surtout quand on parle de médicaments, c'est évidemment Pharma-Québec. Donc,
l'objectif de Pharma-Québec, qui est de
créer une société d'État, comme ailleurs aussi dans le monde, ça existe, pour
certains aspects. Il y a trois
aspects très, très importants. C'est de s'approvisionner de médicaments et de
matériel stratégique qu'on a délaissé, parce
qu'on le faisait avant, mais qu'on a délaissé aux mains d'entreprises
multinationales pharmaceutiques étrangères, la plupart du temps pour une bouchée de pain. Ça, c'est une chose, un pôle
de production ici, au Québec, et on a l'expertise, on a les
connaissances, on a la formation.
Un autre
élément, c'est de faire de la recherche et développement. Ça aussi, on le fait.
Au lieu de financer aussi des entreprises à coups de millions, de le
faire nous-mêmes, de la recherche et développement. Et on l'a vu aussi pour le vaccin, à quelle rapidité on a été capables, par
exemple, de trouver un vaccin rapidement pour la COVID-19. Bien, on aurait
pu aussi, au Québec, participer à cet
effort-là, que le Québec en tant qu'État participe à cet effort mondial.
Pharma-Québec aurait ce deuxième
pôle. Et un troisième, c'est la négociation des prix, comme en
Nouvelle-Zélande, et ça, ça fait énormément, énormément d'économies.
Donc,
Pharma-Québec nous aurait permis d'avoir cette non-dépendance ou cette
autonomie pour les médicaments, les vaccins, le matériel médical qui nous a
tant manqué. Et aussi, ça nous aurait permis de faire des économies.
Donc, c'est bon sur tous les plans. Je ne
comprends pas pourquoi est-ce qu'on attend toujours pour la mettre en place.
Peut-être le projet de loi n° 12 aurait été une
occasion pour le gouvernement de dire, au lieu de juste mettre dans l'article
«achat québécois», bien, pour du matériel
stratégique comme les médicaments, comme le matériel, comme les masques, les
blouses, etc., qui nous ont manqué
parce qu'on est dépendant de l'étranger, de dire : Bien, on va pouvoir le
faire ici. Et, si on ne le fait pas ici, on peut aussi l'acheter en gros
et de négocier le prix puisque l'État québécois achète énormément.
Il y a
d'autres aberrations aussi qui existent à cause du libre-échange à tout crin,
auquel on croit, on a cru et on continue à croire, malgré les... peut-être ce
projet de loi ou des petits ajustements qui sont possibles ici et là, mais on a
les mains liées à cause des accords de libre-échange. Donc, d'autres
aberrations, qu'on pense aux produits de la mer. On achète des produits de la mer à l'autre bout de la planète et on consomme
très peu nos produits locaux. On connaît très peu les trésors que recèle et qui sont dans notre fleuve
Saint-Laurent. Et ça, les industries ici, du Québec, le déplorent. Ils disent :
C'est dommage parce qu'on ne mange pas certains produits qui sont dans le
Saint-Laurent, des produits de la mer, des poissons, mais on les exporte à fort prix. C'est une bonne chose aussi,
on fait de l'argent, mais malheureusement, on ne les laisse pas... on ne les consomme pas ici,
localement. D'ailleurs, seulement... ça, c'est des chiffres de 2018, seulement
19 % des ressources pêchées au
Québec se sont retrouvées dans nos assiettes, alors qu'on importe du saumon
d'élevage transgénique, des
crevettes, du tilapia. Ça, on le connaît, mais on ne connaît pas les trésors de
notre fleuve, et ça, c'est vraiment malheureux. Et je pourrais continuer
comme ça avec plein, plein, plein d'exemples.
Et en plus, à
l'heure des changements climatiques, le commerce international ne tient pas
compte des externalités environnementales. Parce que, si on intégrait le coût
environnemental, comme là on veut le faire pour les petits contrats, là, en bas de 100 000 $, du
gouvernement, si on tenait compte des externalités environnementales, bien, on
verrait que ça n'a aucun sens. Ça coûterait extrêmement cher, puis on
dirait : Bien, on est mieux de seulement faire du l'achat local et seulement pour des produits, disons, des
produits spécialisés ou qu'on ne peut pas avoir ici, importés. Et là il y
aurait plus d'équilibre, mais on ne le fait pas. On ne tient pas compte
des externalités. Même dans les échanges internationaux, on ne compte pas... Quand on dit, par exemple,
quand on parle puis que l'on comptabilise les gaz à effet de serre dans les
États, on ne comptabilise que ce qui est
fabriqué, de ce qui est fait chez nous, mais on ne calcule pas les gaz à effet
de serre des produits qu'on consomme et qui sont fabriqués ailleurs. Et
même les transports en avion aussi, ce n'est pas calculé.
Maintenant, il y a un élément dans le projet de
loi qui est le rôle de l'État québécois comme acheteur. Donc, si l'État québécois a un rôle important à jouer
puisqu'il est le principal... pas le principal, mais il est parmi les plus gros
acheteurs en biens et services au
Québec. Et actuellement, des 5 milliards de ce que le gouvernement achète,
38 % sont d'entreprises locales.
C'est fait ici, au Québec. Et de ce que j'ai compris de ce que la ministre veut
faire, c'est d'augmenter cette proportion à 50 %, donc
500 millions de dollars.
C'est une bonne chose. On ne peut pas être
contre ça, mais essentiellement, ce que dit la ministre, c'est qu'on va utiliser la petite, très, très, très, petite
marge de manoeuvre que nous permettent les accords internationaux, puisque nos
mains sont liées avec les accords
internationaux, pour favoriser l'achat québécois. Donc, c'est important de dire
à quel point cette marge est très
petite. C'est important. Dans le titre, ce n'est pas écrit, c'est dit :
L'achat québécois, on va le favoriser. Mais
il faut que les gens comprennent que c'est peu. C'est des objectifs nobles, des
cibles importantes qu'on veut qu'ils atteignent, mais
c'est quand même peu à cause des accords de libre-échange. Ce qu'on peut se
rendre compte, et ça, c'est en
questionnant aussi la ministre, c'est à quel point il y a des grosses
limitations et des bâtons dans les roues qui nous sont mis par ces accords internationaux. Donc, on a de
la misère à avoir plus d'ambition et aller plus loin à cause de ces accords
internationaux, et de ce que je comprends,
le projet de loi ne les remet pas en question. Comme je le mentionnais, on est
le seul parti politique à l'Assemblée nationale à les remettre en question.
• (11 h 10) •
J'aimerais mentionner
un mot du Panier bleu. Il y a quand même des inconnus. Qu'est-ce qui arrive
avec le Panier bleu? De ce que j'ai compris,
on a appris à la fin de l'année dernière qu'il va y avoir des annonces qui vont
être faites pour qu'un jour ce
site-là devienne transactionnel au lieu de nous... quand on clique sur le
Panier bleu, bien, ça nous réfère sur le site Internet des entreprises,
et c'est sur leur site Internet qu'on peut acheter des produits. Il va y avoir
aussi une certification. Le site transactionnel va être à but lucratif. Tout
ça, ça reste nébuleux. Et même sur le site du Panier bleu, je pense qu'on ne dit plus «Panier bleu», mais on
dit «produits québécois» ou quelque chose du genre. Donc, on a hâte de voir les annonces et comment tout ça va
s'imbriquer avec le projet de loi n° 12. Ou est-ce que les
deux choses sont séparées? Ça reste mystérieux.
Il
y a aussi un élément important, c'est la cohérence du gouvernement. On nous a
parlé du Panier bleu qu'on a annoncé en grande pompe à la première
vague. Il y a le projet de loi n° 12 qui arrive
maintenant, mais il y a eu d'autres décisions
qui ont été prises par le gouvernement, et là je parle du Centre d'acquisitions
gouvernementales, parce que ma collègue,
la députée de Rouyn-Noranda Témiscamingue, m'en voudrait de ne pas en parler.
Elle en a tellement parlé, elle a tellement
dit à quel point les centres d'acquisitions gouvernementales qui ont été mis en
place par un projet de loi qui a été adopté
avant la pandémie font mal aux PME dans les régions puisque le gouvernement a
décidé de centraliser tous ses achats ou
la très, très grande majorité de ses achats... et c'est sûr que des petits
joueurs, une papeterie ou d'autres... toutes sortes de matériel, de petits joueurs dans les régions,
bien, ne peuvent pas concurrencer face à des plus gros joueurs, et ça a un
impact sur l'économie locale. Qu'est-ce
qui arrive avec ça? Est-ce que, dans le projet de loi, est-ce qu'on remet ça en
question ou est-ce qu'on continue à
centraliser les achats tout en disant : Bien, on va quand même essayer le
plus possible, quand on peut, justifier quand on ne peut pas, acheter
local? Il y a une incohérence.
Il
y a même aussi... J'ai envie juste de glisser un mot là-dessus, il y a une
entreprise, j'ai lu ça hier, en Gaspésie, qui s'appelle Frëtt Design qui
a produit et qui a trouvé... qui a quand même dépensé beaucoup d'argent, 1 million
et plus d'argent pour développer des masques
lavables et qui respectent des normes à l'international, que ce soit aux
États-Unis... qui respectent aussi des normes de l'Union européenne,
mais qu'au Québec... alors que c'est de l'achat local, elle, elle vend son masque réutilisable, hein... parce que,
là, en ce moment, on utilise des masques jetables pour des raisons sanitaires,
mais il est possible d'avoir des masques lavables et qui respectent les normes
de santé et sécurité, mais on a besoin, évidemment,
d'avoir l'aval de la CNESST, on a besoin d'avoir l'aval de la Santé publique
pour savoir si, moi, par exemple, qui n'est pas dans un milieu médical,
on puisse les utiliser, ces masques lavables.
C'est
une entreprise locale qui a fait de l'innovation. On parle beaucoup de
l'innovation. Elle est sur toutes les lèvres du gouvernement, tout le temps. Des fois, on se demande ce que ça veut
dire au-delà du marketing qu'il y a derrière ça. Bien, elle, elle a réellement fait de l'innovation et elle les vend
partout à travers le monde. Elle a de la misère à les vendre ici, au
Québec. Il y a beaucoup d'exemples comme ça. On se fait appeler, puis je suis
sûre que les députés aussi de la partie gouvernementale
se font appeler. Qu'est-ce qu'on fait aussi avec ces entreprises-là? Il faut
les favoriser. Et je voulais donner cet exemple-là parce que je l'ai lu
hier. Donc, je pourrais continuer comme ça longtemps.
Je
vais terminer avec une idée, aussi, et je pense qu'il y a une opportunité ici
d'en parler, au projet de loi n° 12. À l'automne dernier, j'ai proposé que lorsqu'on aide
des entreprises, qu'on donne des subventions, des aides gouvernementales
à des entreprises privées, il ne faut pas les donner n'importe comment, sans
aucune condition, sans critère. Et j'avais proposé
qu'il y ait cinq critères : la parité hommes-femmes sur les C.A., là, on
leur donne le temps d'ici 2026; le respect du français, que le
français... la Charte de la langue française soit respectée par ces
entreprises, que le français soit parlé sur
les C.A. de ces entreprises-là et aussi parmi les hauts dirigeants, parce
qu'après ça, ça percole. Ça, c'est deux. La troisième, c'est : pas d'argent dans les paradis fiscaux. Quatrième
condition : rémunération des hauts dirigeants qui doit respecter un
ratio 1-30, le plus haut dirigeant ne peut pas gagner plus de 30 fois
le salaire du plus bas salarié. Et une garantie
du maintien d'emplois. Donc, cinq conditions pour donner des aides. Mais je
pense qu'il faudrait aussi que, quand on a des soumissionnaires, on
favorise aussi des soumissionnaires qui respectent ce genre de critères là. On
a parlé d'environnement aussi, et c'est contenu dans le projet de loi, mais il
y en a d'autres, et ça aussi, ce serait... j'aimerais qu'il y ait une ouverture de la part de la ministre sur ces
conditions-là quand des entreprises répondent à des appels d'offres.
Qu'elles soient locales, aussi il faut qu'elles respectent certaines règles,
parce que c'est quand même de l'argent public.
Donc,
en conclusion, comme je le disais, nous allons voter pour le principe. Et
j'espère... C'est sûr que je n'ai pas tout couvert, c'est sûr et certain
que je n'ai pas tout couvert, puisqu'avec le peu de ressources que nous avons,
comme deuxième groupe d'opposition, c'est difficile
de tout voir, c'est difficile de tout analyser. Moi, je compte souvent sur la
société civile, les groupes qui viennent en
consultations particulières nous présenter de façon publique et ouverte les
éléments qui pourraient, des fois,
nous échapper. Et j'espère que ça va être la dernière fois que je ferai le
principe... parce que j'ai vraiment
l'impression de ne pas avoir fait mon travail de façon complète et exhaustive,
et ça me désole, la perfectionniste en moi trouve ça très, très dur,
mais pas seulement, je trouve que c'est pour le bénéfice aussi de tout le
monde, tout le monde qui suit... toutes les
personnes qui suivent nos débats parlementaires. Qu'on fasse le principe, qu'on
fasse les choses dans le bon ordre,
et donc qu'il y ait des consultations particulières, qu'on les entende, et, à
la suite et à la lumière de ce travail qui a été fait par ces groupes, qu'on
puisse, après ça, intervenir et continuer dans le bon ordre. Donc, voilà. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Mercier. Et je cède maintenant la
parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. À mon tour d'intervenir
sur le projet de loi n° 12, Loi
visant principalement à promouvoir
l'achat québécois et responsable par les organismes publics, à renforcer le
régime d'intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de
l'Autorité des marchés publics.
Avant de parler du projet de loi, qui est bien
fondé, c'est des objectifs qu'on partage, je me permets de réitérer la
déception de notre opposition officielle, et qui a eu écho auprès des autres
formations d'opposition, sur le processus. Mme
la Présidente, nous sommes ici pour débattre les projets de loi, pour parler,
surtout en période de pandémie, des enjeux qui nous touchent tous, de voir comment on fait avancer notre société
québécoise, comment, de façon équitable, rigoureuse et claire, on
privilège, oui, nos instances ici, au Québec, dont le bien-fondé du projet de
loi.
Mais, écoutez, Mme la Présidente, ce n'est pas
la première fois, c'est presque sans exception que nous avons l'impression que le côté ministériel se donne la
tâche de regarder dans nos règles pour voir où on peut couper des coins.
Ce n'est pas ça, la démocratie. C'est le
gouvernement, déjà, qui nous a démontré qu'il gouverne par chronomètre. Est-ce
qu'il y a d'autres bâillons, M. le
leader adjoint, qui nous attendent, dans la session actuelle, qui coupent au
débat démocratique? Y a-t-il d'autres
sondages, parmi le quelque 600 000, qui va instruire le gouvernement sur
comment avancer des choses? Y a-t-il
un rendez-vous électoral qui va gouverner sur notre façon de faire? C'est très
irritant. Ce n'est pas une petite chose, c'est une grande chose. Alors, avant de me permettre d'embarquer dans
les articles de proposés dans ce projet de loi, je me permets de
réexprimer notre irritation.
Une autre fois, comme toujours, les règles sont
respectées de façon ferme, et nous sommes ici pour parler de ce projet de loi antérieur aux consultations.
Pourquoi? Parce qu'il y a l'échéancier électoral? Parce qu'on n'a pas assez de
projets de substance pour remplir le temps
au Parlement? Ce n'est pas correct. Nous avons nos idées sur ce projet de loi,
mais on aurait aimé qu'il soit alimenté par
des interventions des gens les plus touchés par ce projet de loi. Là, leurs
idées expertes, il y en a quelques-uns qui ont exprimé leurs préoccupations
déjà, par la voie publique, par l'entremise des médias. Mais c'est quoi, le rationnel, si ce n'est pas un des trois que
j'ai offerts : électoraliste, le chronomètre, il faut aller plus vite, le fruit des sondages qui démontrent
qu'il faut avoir un projet nationaliste? Ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça, la
bonne façon de nous mettre à l'oeuvre, les 125 députés de l'Assemblée
nationale.
• (11 h 20) •
Alors, je me
permets de noter ma profonde irritation. On aurait aimé qu'à chaque étape de
ces discussions-là... qui soient alimentées par une expertise. Ce n'est
pas... Est-ce que c'est un autre tunnel qu'on discute, où l'expertise n'est même pas déposée nulle part? Est-ce que c'est un
autre projet de REM de l'Est, où les seules expertises indiquent que les
voies du transport en commun actuelles sont
suffisantes? En tout cas, ce n'est pas pour rien, je trouve ça tout à fait
pertinent à notre débat de me permettre quelques commentaires sur le
processus devant nous et sur cette tendance, qui se répète assez souvent par ce gouvernement de la CAQ, de
couper les coins. Alors, j'espère que, bon, l'adjoint parlementaire de la
présidente du Conseil du trésor, le député
de Maskinongé, prend note que les parlementaires de ce côté ne sont pas tout
à fait contents avec le processus.
Bon, rappelons-nous des idées, des objectifs
derrière le projet qui est devant nous, et des objectifs qui sont intéressants, qu'on le dise. L'idée, surtout dans
le contexte spécial actuel où nous avons à mettre tous les leviers dans nos
mains pour privilégier la relance de l'économie québécoise, c'est tout à
fait louable et normal... et souhaiter qu'on mette
en place, Mme la Présidente, des gestes structurants qui vont privilégier
l'achat ici, au Québec. Alors, cet objectif, évidemment, est très
intéressant.
Y aurait-il,
par contre, l'infrastructure, la rigueur, donc, un mot que moi, je ne me trouve
pas à employer trop souvent, quand je
parle des projets de loi qui sont mis devant nous par le gouvernement actuel...
la rigueur va être au rendez-vous pour
que ce ne soit pas lettre morte, cette initiative assez ambitieuse, on en
conviendrait, assez ambitieuse, de privilégier l'achat ici, au Québec,
et, comme nécessaire, que nous soyons conséquents avec cet objectif...
Les
objectifs... Il n'y a rien à débattre quand la voie à suivre pour atteindre un
objectif est évidente et facile. Il y a des bénéfices marginaux, il y a des avantages, il y a des choses à peser
toujours. Sinon, rien à débattre, un objectif est facile. Ce que j'entends par ça, c'est qu'il y a des...
«sacrifices», c'est un grand mot, mais il y a des conséquences pour lesquelles
il faut préparer si on va comme il faut miser sur l'achat québécois.
Dans un premier temps, qu'on en convienne, et la
loi... le projet de loi en prend note, ça risque des fois de dire que l'État va
faire des achats qui vont coûter plus cher. Entendu, et c'est la bonne chose,
jusqu'à une limite raisonnable. Nous avons à
investir dans notre Québec, dans notre expertise, et de privilégier nos
industries, mais avec les yeux grands ouverts et en comprenant que, des
fois, il y a des coûts. Et j'invite le gouvernement d'assurer que c'est le cas.
On parle de prendre en ligne de compte, et à
juste titre, le développement durable dans cette incitation de l'achat Québec.
Ça ne se fait pas automatiquement, ça prend des gestes structurants, ça prend
des efforts. Donc, une autre fois, est-ce qu'on va avoir la rigueur de
miser sur les actions qui vont être conséquentes?
Je me permets une dernière fois de dire que
j'aurais aimé avoir le fruit de l'expertise des groupes qui vont comparaître devant nous avant de, en quelque part,
prévoir ces difficultés et ces enjeux. J'aurais aimé avoir cette expertise
et j'aurais cru qu'un gouvernement responsable aurait aimé entendre ces
interventions avant aussi. Bon.
Là, on parle d'assurer qu'en privilégiant les
achats québécois, qu'on va assurer certains standards. Ce projet de loi prévoit renforcer le régime d'intégrité des
entreprises, tout à fait louable. Toute entreprise partie à un contrat public
doit satisfaire les plus hauts standards en la matière, et seront d'office
assujetties à la surveillance de l'Autorité des marchés publics, bonne idée. Lorsque l'AMP statue
que l'entreprise ne satisfait pas les exigences d'intégrité, l'AMP doit imposer l'application de mesures correctrices. Il
est aussi prévu que l'entreprise doit continuer l'exécution du contrat, sauf
exception. Je me permets de continuer parce
que c'est important, ce rôle qu'on accorderait à l'AMP. Il est prévu que l'AMP voit ses pouvoirs augmenter afin de vérifier
l'intégrité de toute entreprise et de personne afin qu'elle transmette les
documents et les informations jugés utiles par l'AMP. Il est également prévu
que les pouvoirs et la mission de l'AMP soient augmentés pour permettre à celle-ci
de faire enquête. Oui, très intéressant et très important. Est-ce qu'on va être
assurés... Voilà un sujet, sûr, une fois
rendu à l'étude détaillée, qu'on va aborder. L'AMP est assez jeune. Est-ce que
les ressources sont au rendez-vous? Sont-ils prévus?
Et ça m'amène
à la liste... Mon collègue le député de Mont-Royal—Outremont en a parlé, il y a une liste d'objectifs
très intéressants et importants, Mme la Présidente. Comment impliquer et
épauler les communautés autochtones, par exemple,
à participer et à bonifier cette idée de l'achat Québec? Il y a plein
d'objectifs. Comment, comme je dis, réconcilier ça avec le développement durable? Comment accompagner les entreprises à
innover comme il faut? Comment est-ce qu'on, et on va le dire en toute franchise, comment est-ce qu'on épaule les
industries clés névralgiques à donner raison à ce projet de loi? Y a-t-il des secteurs où on doit être en
mesure de miser sur l'achat ici, au Québec, mais où peut-être l'infrastructure,
la masse critique, la pénurie de main-d'oeuvre
qui, oui, existe... Il y a des initiatives pour pallier à ces problèmes de
pénurie de main-d'oeuvre afin de nous
assurer, dans les secteurs névralgiques, santé, pour en mentionner un, que le
Québec est au rendez-vous. On a notre expertise dans plusieurs secteurs
à privilégier. Nous devons tous être fiers de la capacité québécoise de prendre soin de nous et de répondre
en général à une politique qui va inciter et faciliter leur place dans les
marchés. Par contre, ce n'est pas, dans
chaque secteur, automatique. Est-ce qu'on peut approcher à l'autosuffisance en
tout ce qui a trait aux équipements
protecteurs nécessaires dans ces dernières années? Moi, j'ai eu à épauler
quelques entreprises dans ma circonscription, Mme la Présidente, durant
la première vague, qui étaient au rendez-vous, qui étaient prêtes à convertir leur usine, qui ne fabriquaient pas de
masques, mais des produits, genre, semblables, qui... ils étaient très agiles
et prêts à répondre à l'appel.
Est-ce que
nos instances de l'État, en conséquence d'une politique qui est proposée devant
nous actuellement, sont au rendez-vous pour accompagner ces industries-là à
jouer leur rôle, qui devraient, oui, être privilégiées dans toutes nos
actions? Ça, c'est une considération qui est tout à fait normale.
• (11 h 30) •
Est-ce que nous avons devant nous ou est-ce
qu'il faudrait attendre, comme souvent, un régime de règlements? Est-ce qu'on a
devant nous une réponse qui va satisfaire quelques-uns des grands intervenants
qui ont soulevé cette question? C'est-à-dire
est-ce qu'on est prêts pour assurer qu'on va prendre des mesures qui ne vont
aucunement mettre en question les
ententes de libre-échange, où le Québec... bon, avec une exception d'une des
formations, le Québec est unanimement
derrière notre capacité d'être concurrents, à plein titre, avec des règles
convenues sur le plan international, en tout ce qui a trait au libre-échange? Est-ce que ce projet de loi va
mettre en place des mécanismes pour assurer que nos efforts légitimes, comme je dis, et nécessaires de
privilégier l'achat Québec soient à l'abri de quelque contestation que ce soit,
en termes des ententes de libre-échange, dont on veut continuer à profiter.
Bon, comme je dis, on est en absence de
consultations, qui vont s'en venir, mais, déjà, il y a quelques groupes qui ont parlé de leur appui général pour ce projet
de loi, comme nous, mais qui avaient quand même des réserves. Pour en mentionner quelques-uns, la Coalition contre les
retards de paiement dans la construction déplore que le projet de loi soit une
opportunité manquée de mettre fin aux retards de paiement dans la construction.
Elle salue toutefois la volonté du gouvernement
du Québec de favoriser l'achat québécois. Pas une petite chose. Pas une petite
chose. Si l'État est pour épauler les
industries québécoises dans leur effort, voilà un aspect, un secteur assez
important où le Québec a tous les outils de s'illustrer comme il faut. L'industrie de la construction se pose la
question : Comment ça se fait qu'on a laissé cet enjeu complètement
à côté?
Mme la
Présidente, je me permets de faire une observation, ça nous laisse perplexes,
surtout en nous rappelant que la présidente du Conseil du Trésor, la ministre
responsable pour le projet devant nous, était la procureure devant la commission où cette recommandation a été énoncée
de façon assez claire. Alors, vous pouvez être assurée, Mme la Présidente,
dans les instances qui s'en viendront, nous
aurions des questions là-dessus, parce que, des fois, il faut examiner un
projet de loi pour les choses qui
sont là-dedans et pour les choses qui manquent. Alors, voilà une chose qui nous
préoccupe toujours.
Intéressants, les commentaires de la Fédération
des chambres de commerce du Québec, qui est une voix assez pertinente sur un
tel projet. Leurs observations sont en général dans le sens d'appuyer le projet
de loi devant nous, mais ils déplorent le
fait que le gouvernement a l'air d'avoir pris le choix de ne pas attaquer de
front la règle du plus bas soumissionnaire
dans le projet de loi. Il faut protéger l'équité, et tout ça, je comprends.
Mais où sont les paroles qui vont, en quelque part, avec une rhétorique très
privilégiée du côté ministériel? C'est que, oui, on est capables, on a notre
expertise, on privilégie la qualité, on va assurer l'implication la plus
étendue que possible chez nous. Oui.
Une autre
fois, je me permets de parler des conséquences. Pour le faire, il faut être
excellent, il faut être à la page. Il n'y a personne ici qui veut
privilégier l'objectif central de ce projet de loi aux dépens de notre
protection de recevoir des biens et des
services de qualité ni de notre privilège de nous attendre aux meilleurs
services et biens livrés par les instances québécoises.
Plus qu'une fois, pour réaliser ces objectifs
tout à fait normaux, ce ne serait pas le plus bas soumissionnaire qui va être au rendez-vous. Alors, comment ça se
fait, bon, le côté qui privilégie la concurrence, l'expertise, le rôle du monde
des affaires, le monde d'innovation, oui,
bien entendu, on veut privilégier tout ça aussi, ne se donne pas le courage de
miser et de commencer à bâtir un système, en toute connaissance de cause, en
toute protection d'équité, un système qui va ouvrir la porte ou va fermer la
porte à une règle absolue que c'est le plus bas soumissionnaire? La vie ne
devrait pas être si simple que ça si on est tous perdants aux causes.
Et,
Mme la Présidente, ce n'est pas juste moi, c'est la Fédération des
chambres de commerce du Québec qui le disent, et je les cite : «La
stratégie annoncée aujourd'hui est remplie d'intentions louables et contient
plusieurs bonnes mesures, mais elle évite le
véritable problème : la quasi-totalité des contrats publics québécois sont
attribués en fonction de la règle du
plus bas soumissionnaire, et le projet de loi qui est proposé ne va pas changer
cela. Pour remporter l'appel d'offres,
les entreprises se voient dans l'obligation de choisir des composantes [du]
moindre coût afin de correspondre aux critères misant sur le prix dans l'octroi
des contrats publics. Ce qui signifie que les projets sont à refaire plus
rapidement et qu'à moyen et à long
terme le contribuable y perd. Pour véritablement changer la culture au sein de
l'appareil gouvernemental, il faut forcer tous les acheteurs publics à
réviser leurs critères d'octroi de contrats pour que le prix ne soit qu'un
critère parmi d'autres.» Fin de citation.
Intéressant,
mais il faut faire plus. Et nous aurons nos questions pour aller dans ce sens.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de D'Arcy-McGee. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, merci.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour d'intervenir sur le
projet de loi n° 12,
le projet de loi qui est... c'est quand même un long titre puis c'est un long
titre qui parle au monde, donc, selon moi,
c'est un titre qui est très électoraliste, qui est la Loi visant principalement à promouvoir l'achat
québécois et responsable par les organismes publics, à renforcer le
régime d'intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de l'Autorité
des marchés publics.
Bien sûr, Mme la
Présidente, vous comprendrez que tout le monde qui a vu un projet de loi avec
ce titre-là s'est dit : Wow! On s'en va... le gouvernement s'en va
dans la bonne direction. Et d'emblée, et d'emblée, je le dis, c'est un projet de loi qui était quand même bien accueilli.
Quand on lit le titre, même nous, on s'est dit, hein : On est curieux, on
va aller jeter un coup d'oeil dans le
contenu de ce projet de loi là pour savoir, les finalités, est-ce qu'elles sont
intéressantes, où est-ce qu'on s'en va, les différentes modalités.
On est allés parler à nos groupes sur le
terrain. Puis je pense que c'est le travail, d'ailleurs, qu'a fait chacun des porte-parole dans leurs dossiers respectifs.
Pour ma part, je suis porte-parole en affaires municipales et en habitation.
Donc, je me disais : Il y a
certainement des aspects de ce projet de loi là qui vont toucher, justement, le
monde municipal quand on parle, entre autres, du plus bas
soumissionnaire ou l'acquisition de biens. Donc, j'ai fait le tour sur le
terrain. J'ai écouté aussi mes collègues
dans leurs dossiers respectifs, dont le porte-parole qui est député de
Mont-Royal-Outremont, qui, je dirais, est un petit peu plus ferré que moi en
économie, et je trouvais, justement, qu'il nous apportait des arguments
quand même assez intéressants.
Je veux d'abord commencer en disant que l'achat
local, là, quand on parle d'achat local, là, sincèrement, je ne connais pas un Québécois qui dirait qu'il est
contre l'achat local. On est tous pour l'achat local. En tous cas, s'il y a
quelqu'un qui est contre l'achat local, il peut appeler au bureau du
comté de Vaudreuil pour m'en faire part, puis je ne le nommerai pas, quand même, au salon bleu, mais tout le monde
est pour l'achat local, puis on l'a vu, là, dans les deux dernières années, là,
particulièrement dans le cadre de la pandémie. Il y a eu des belles campagnes
de sensibilisation pour se dire : Bien, aidez nos gens, aidez nos
citoyens qui ont des petits commerces de proximité, faites de l'achat local,
encouragez le local.
• (11 h 40) •
Et je me permets... pour faire une grosse
parenthèse, je me permets de faire une parenthèse pour dire que, d'ailleurs, le gouvernement doit être un modèle
pour l'achat local. Il y a eu des petites... il y a eu des grosses difficultés
pendant la pandémie. Je pense, entre autres, aux masques, des masques
qui étaient fabriqués... puis qui respectaient toutes les normes, puis qui
étaient fabriqués par des Québécois, des gens, des entreprises ici, du Québec,
qui étaient exportés à l'étranger, mais, pour nous, ici, on ne les achetait
pas, on aimait mieux acheter à l'extérieur. Donc, c'est sûr qu'il y a un virage à faire côté mentalité, puis
je pense que le gouvernement, justement, a un exemple à donner, un exemple
à donner pour nos petites PME, pour nos
petits entrepreneurs. Et il y a de l'espoir. Je dirais, il y a de l'espoir. Il
y a de l'espoir, mais il y a tout de même, là, un bon bout de chemin à
faire.
Comme je
disais, tout le monde, tout le monde, est en faveur de l'achat local.
D'ailleurs, on nous le dit : Pourquoi vous n'achetez pas local? Moi, j'ai
été mairesse dans une municipalité, puis les gens nous disaient tout le temps,
entre autres, puis je vais parler de la
règle du plus bas soumissionnaire, tu sais, les gens nous disaient :
Enlevez ça de là, le plus bas soumissionnaire.
Il y a une entreprise locale qui peut faire la job, puis cette entreprise-là,
bien, elle fait vivre des gens du comté, elle fait vivre des gens de la
municipalité, puis c'est vrai. C'est vrai. Donc, écoutez, on ne peut pas être
contre la vertu, on est pour ça.
Malheureusement, dans le projet de loi, il nous
manque beaucoup, beaucoup de détails, là, relativement à cette façon de fonctionner là, comme, le titre le dit,
mais les modalités ne sont pas là. À la lecture du projet de loi, c'est là où
j'étais un peu déçue. Je me disais :
Bien, bien sûr, on va pouvoir poser les questions lors de l'étude détaillée,
mais même les groupes qu'on
consultait n'arrivaient pas à se positionner parce qu'il n'y avait pas assez de
détails. Il manquait des modalités, il manquait des informations pour se dire,
bien : Aïe! Oui, c'est un bon projet de loi. Ça fait que c'est sûr que, d'emblée, on se dit : Bien, on n'est pas
contre l'achat local, le titre est intéressant, donc c'est un projet de loi qui
est bien accueilli.
Et mes collègues ont soulevé aussi, c'est quand
même assez, bien, je ne dirais pas inusité, parce que ça arrive vraiment parfois, mais, je vais le dire, ça arrive
vraiment parfois qu'on parle de l'adoption du principe, alors que les groupes
n'ont toujours pas été consultés. Puis ça, je le répète souvent ici, au salon
bleu, nous, on est les législateurs, on fait les projets de loi, on va le voir en étude détaillée,
on va argumenter, on va essayer d'amener des idées, mais on n'est pas les
experts. On n'est pas les experts puis on
n'est pas sur le terrain non plus ou on n'est pas des spécialistes dans un
domaine en particulier. Bien sûr, on
a des expériences de vie, mais c'est pour ça qu'il faut, un, donner du temps,
donner du temps à nos gens qui vont venir nous faire des présentations, vont
venir déposer des mémoires. Il faut leur donner du temps pour le lire, l'analyser, préparer un mémoire bien établi.
Puis là ils vont arriver avec leur argumentaire puis ils vont nous dire :
Bien, dans le projet de loi, tel
article, on vous suggère tel amendement. On vous suggère d'apporter tel point.
On vous suggère... Et c'est eux, nos
experts, là. Moi, je vous le dis, là, je ne suis pas une experte, mais, quand
on parle d'achat local, moi, je suis pour l'achat local, comme vous,
Mme la Présidente, puis, je suis sûre, comme les 125 députés ici,
dans l'Assemblée nationale. C'est
important, mais il y a des modalités qui nous échappent ou il y a des points
sur lesquels on devrait être plus précis
qui nous échappent. Et c'est là où on va... les groupes qui vont venir nous
parler vont nous apporter... on dit de l'eau au moulin, là, mais ils
vont nous apporter des bonnes suggestions, ils vont nous apporter des
suggestions.
Ça fait que je trouve ça dommage, là, qu'on va
voter sur le principe, comme je dis : Bien, on ne peut pas être contre le principe, on va voter sur le principe
puis, après, on va entendre les groupes. Selon moi, c'est une façon de faire
qui est un peu à l'envers puis qui est préjudiciable, qui est préjudiciable
pour les groupes qui n'auront pas eu le temps nécessaire non plus pour se
préparer. Je rappelle que le dépôt du projet de loi s'est fait le
3 février dernier, puis c'est aujourd'hui qu'on nous demande notre accord.
Puis je donne un exemple.
Quand je disais : Je feuilletais
rapidement, on le sait, on est en 2022. Il y a des sujets qui sont
particulièrement plus sensibles :
l'environnement, le développement durable. Ce sont des sujets puis, on ne se le
cachera pas, ça risque d'être des
sujets sur lesquels on pourra être interpellés en campagne électorale, sur
lesquels on va devoir se positionner. Chaque groupe ici sera évalué sur une échelle : Ah! oui, ce groupe-là, il
est plus vert que l'autre groupe, ou... Bien, on ne voit rien, dans ce
projet de loi là, qui est vert. Je ne vois rien dans ce projet de loi là.
J'ai parlé à des gens qui me disaient, puis je
vais donner l'exemple des projets d'énergie, il y a quelqu'un qui m'a appelée,
puis il me disait : C'est quoi, l'intérêt? C'est quoi, la règle du plus
bas soumissionnaire dans des projets d'énergie?
Dans des projets d'énergie, est-ce que la règle du plus bas soumissionnaire va
s'appliquer de la même façon? Bien,
il y a peut-être, justement, des suggestions intéressantes qu'on pourrait
introduire quand c'est des dossiers d'énergie.
Même chose
quand on nous demande les mesures visant à éliminer les GES. Bon, est-ce que...
parce que je lisais, entre autres,
là, dans une entrevue de la ministre, là, qu'elle disait, là, qu'il y avait...
tu sais, il y a des points, là, qui seront donnés puis il y a des
pourcentages, là, qui seront tenus pour compte. Mais, encore là, tu sais, pour
nous, ce n'est pas nécessairement clair. Je
comprends que la ministre, là, c'est son domaine puis qu'elle l'a probablement
étudié comme il faut, son projet de
loi, mais on a des questions tout de même à poser. Bien, l'ajout des mesures
pour éliminer les GES, est-ce qu'on en tient compte? C'est où? Est-ce
qu'il y a une grille? Est-ce que ça a été fait en partenariat avec le ministère
de l'Environnement, les Ressources naturelles?
Donc, c'est
tout, ça aussi, des petites questions qui sont superimportantes, puis ça, on
l'avait abordé, entre autres... je
regarde le député de Maskinongé. Il présidait, entre autres, la commission sur
le projet de loi, je pense que c'était 67, dans le monde municipal, où on parlait, justement, des contrats, là, que
les municipalités pouvaient octroyer, puis on avait... on tenait compte de cet aspect-là en particulier.
Ça fait qu'on a déjà fait, moi, je suis fière de le dire, le Parti libéral
avait déposé un amendement en ce sens là, puis l'amendement avait été retenu.
Donc, il y avait déjà un avancement dans un de nos projets de loi, qui est un bel exemple. Donc, je ne sais pas si
c'est la même formule qui pourrait être appliquée pour une plus grande
échelle, mais, toutefois, je pense que c'est... puis ça a été travaillé, quand
même, avec des législateurs qualifiés, là,
des législateurs qui ont choisi, là, les bons mots, qui comprenaient bien le
sens, l'interprétation dont donnait le
législateur. Donc, je pense que ça pourrait être peut-être, justement, un bel
exemple ou une belle avancée de le mettre aussi.
Puis est-ce qu'on le sépare, tu sais, par
thématique? Est-ce qu'on sépare par municipalité? Comment tout ça va fonctionner? Ça ne me semble toujours pas
clair. Puis on n'est pas capables de le dire non plus aux groupes qui nous
appellent puis qui nous posent ces
questions-là. Mais on n'est pas capables de leur donner, entre autres, cette
information-là.
La même chose relativement à l'achat local. Je
m'en venais en voiture, ce matin, puis je me demandais : Bien, l'achat local, est-ce qu'on a une définition pour
l'achat local? Qu'est-ce que l'achat local? Puis je ne veux pas causer de
préjudice à des entreprises ici, au Québec,
mais moi, je connais une entreprise qui fait des produits qui vont dans
l'automobile, mais son produit vient
de l'étranger. Ici, il fait une modification dessus puis il le vend à une autre
entreprise en disant : C'est un produit québécois., tu sais, c'est
un produit local. Le moulin est à l'extérieur, là, le moulin où on prend la
matière première est à l'extérieur. Donc, ça
non plus, ce n'est pas nécessairement... ce n'est pas clair. Puis après ça,
bien, est-ce qu'on ne se pète pas les
bretelles en disant : Bien, j'ai acheté local, j'ai acheté un produit
québécois, mais qui ne l'est pas vraiment? Ou même, sinon, on le fait faire
ailleurs, on le transfère ici, on le garde ici, en entrepôt, puis après ça on
le vend, puis là on se dit :
Bien, on l'a acheté ici parce que l'adresse était ici. Donc, j'imagine ou, du
moins, j'ose espérer que ces informations-là vont être précisées, sur
qu'est-ce que l'achat local, qu'est-ce qu'un produit, ici. Je pense que c'est
une définition qui est vraiment superimportante.
J'écoutais
aussi, ce matin, puis je trouvais ça drôle que le sujet soit le même sur lequel
on parle aujourd'hui, le projet de loi n° 12,
j'écoutais Paul Arcand ce matin. C'est drôle, j'ai écouté Paul Arcand puis,
voilà 20 minutes, j'écoutais Pierre
Arcand. Mais, en tout cas, j'écoutais Paul Arcand ce matin, puis Paul Arcand
parlait justement : Qu'est-ce que ça veut dire, acheter local? Il la
posait, la question : Qu'est-ce que ça veut dire, acheter local? Puis il
donnait aussi... il posait aussi la
question, tu sais : Jusqu'où on est prêt à aller pour acheter local? Ça,
je trouve, c'est intéressant, tu sais, jusqu'où on est prêt à aller. Puis je pense qu'il faut consulter, justement, les
gens pour savoir jusqu'où on est prêts à aller, parce qu'il donnait, entre
autres, l'exemple, là, il nommait... il dit... sans nommer l'item, là, mais un
item précis qu'il pouvait acheter localement
ou un item, le même item, là, avec le même numéro de produit, qu'il pouvait acheter
sur Amazon, mais qui était beaucoup
plus cher s'il l'achetait local que s'il l'achetait sur Amazon. Ça fait que,
là, c'est sûr qu'on va dire : Bien, c'est en fonction de nos valeurs, là. Des fois, si
c'est pour 10 $ de plus, bien, moi, j'aime mieux encourager local que
mettre ça sur Amazon. Mais, quand c'est des produits avec une valeur plus
élevée, bien, c'est où, la limite? Est-ce que vous êtes prêts à payer 100 $ de plus le même produit
puis l'acheter local ou payer 100 $ de moins puis l'acheter sur Amazon? Je
pense qu'il faut... c'est un critère qu'il faut tenir compte aussi.
• (11 h 50) •
La même chose
relativement aux délais. On l'achète sur Amazon, on l'a dans deux ou trois
jours, on l'achète local, ils vont nous le commander, on devrait l'avoir dans
deux mois. Puis je peux donner l'exemple, aussi, de meubles. C'est la même
chose pour des meubles. Moi, je connais plein de gens qui ont commandé des
meubles puis qui ne les ont pas encore.
Ça fait que
je pense qu'il y a vraiment beaucoup de questions à se poser et je suis d'avis,
je ne suis pas obligée de le partager, mais je suis d'avis que les gens sur le
terrain, les entreprises, les PME, les regroupements sont certainement les mieux placés, justement, pour nous orienter,
pour nous dire, bien, comment ça se passe dans le milieu, faire attention à ça,
ne pas faire de gaffe de ce côté-là, soyez
vigilants, le gouvernement ici quand vous avez le libellé. Donc, c'est pour ça
je dis : Il faut... Un, il faut le définir. Il faut définir tout ça. Puis
c'est ce que je ne retrouve pas dans le projet de loi puis c'est pour ça
qu'on a de la misère, je pense, à se positionner.
En fait, j'ai l'impression qu'on va trop vite,
Mme la Présidente. J'ai l'impression... Comme je dis, c'est un type hyperattrayant. C'est des notions
superimportantes, qui sont l'achat local. Tout le monde veut encourager l'achat
local. Mais j'ai l'impression qu'on
veut juste aller trop vite. On va trop vite. On va... Même au niveau procédural
ici, au Parlement, on va trop vite.
On va adopter le principe puis on va écouter les groupes après. Habituellement,
c'est le contraire. On écoute les groupes, on se prépare, on pose les
questions. Après ça, les partis... chaque parti prépare ses amendements. On
s'en va à l'étude détaillée, puis là on
dépose nos amendements, on négocie. Puis là on retourne voir le mémoire du
groupe ou même, des fois, on les
appelle pour savoir : Est-ce que c'était vraiment ça que vous vouliez
dire? Avez-vous pensé à tel aspect?
Ça fait qu'il y a un travail, il y a une rigueur qui se fait en arrière de...
Il y a une rigueur quand on fait ce genre de travail, et je ne le
retrouve pas ici.
Puis je me
permets de faire une parenthèse sur Le Panier bleu. J'en ai entendu parler de
la collègue de Québec solidaire, là, qui en parlait, là, juste un petit peu
avant nous autres en disant : Le Panier bleu, bien, qu'est-ce qui arrive
avec Le Panier bleu? Bien, ce n'est certainement pas ça qu'on veut qui
arrive avec nos achats locaux, ça fait que... Il y a des modèles, il y a des exemples. Il y a des choses à
faire, des choses à ne pas faire, évidemment. Mais je le réitère que cette
notion-là doit être définitivement bien encadrée.
Et aussi, puis
là je parle un peu pour la porte-parole en environnement, mais ne pas oublier
la partie environnementale dans tout ça. Puis ça, je pense à nos jeunes. Moi,
c'est souvent les enfants qui disent : Aïe! C'est beau, vous faites des projets de loi, là, mais
vous oubliez telle ou telle affaire, puis la planète, elle n'est pas juste à
vous autres, on s'en vient, nous autres aussi. Ça fait que je pense qu'il faut
avoir une petite longueur d'avance puis y penser, à ça. C'est important. C'est
des notions qui sont importantes, qui est l'environnement, le développement
durable.
On le... en tout cas, on le voit, là, dans le
monde municipal. Dès qu'on commence à faire de la densité ou dès qu'il y a des îlots de chaleur, le drapeau se
lève, hein? Les citoyens viennent nous voir. Ils ne sont pas contents. Puis je
fais une belle remarque, là. Je trouve que
les élus municipaux sont de plus en plus sensibilisés à ces notions-là, ces
notions-là environnementales, de
moins faire d'étalement urbain, de réduire le nombre de GES, donc de protéger
des aires. Donc, j'en profite, là,
pour leur lever mon chapeau puis leur dire qu'ils font un beau travail. Puis
c'est le fun de voir, là, qu'on s'ajuste, hein, on protège des secteurs. Où il y a des milieux humides, on aménage
des parcs autour de ça, tout ça. On trouve un équilibre. Et je pense que
c'est ce qu'on va devoir faire aussi dans ce projet de loi là, Mme la
Présidente.
Je parlais,
entre autres, de la position des groupes. Mon collègue, précédemment, aussi en
a parlé. Bien sûr, je dirais que,
majoritairement, au Québec, les groupes, quand ils ont vu le projet de loi n° 12, ont dit : Ah! wow! Enfin, un projet de loi. C'est bien accueilli, c'est intéressant.
On est d'accord, nous autres aussi. Ce que je dis, c'est qu'il y a quand même
des petites choses qui sont déplorées,
comme, entre autres, par la Coalition contre les retards de paiement dans la
construction, qui déplore, entre
autres, que le projet de loi soit une opportunité manquée de mettre fin, entre
autres, là aux retards des paiements dans la construction. On le sait,
c'est une problématique. Puis on le sait aussi que le gouvernement n'est pas nécessairement un bon payeur, hein? Il y a des
délais. Ça fait que j'espère que ça aussi, on en tiendra compte dans le projet
de loi pour apporter les bons ajustements.
Il y a la Fédération des chambres de commerce du
Québec qui déplore que le gouvernement a fait le choix de s'attaquer de front à la règle du plus bas
soumissionnaire dans le projet de loi, que c'est rempli d'intentions louables,
mais que ça... qu'il y a plusieurs
bonnes mesures, mais qu'il évite le véritable problème, soit la quasi-totalité
des contrats publics québécois qui sont attribués en fonction de la règle du
plus bas soumissionnaire et que le projet de loi proposé ne va pas nécessairement changer ça. Ça fait que c'est pour
ça je dis : Il faut les revoir, ces règles-là. Il faut les revoir dans le
monde municipal, mais il faut les revoir aussi un peu partout.
Il y a la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, il y a le Conseil du patronat du Québec, il y a les Manufacturiers et exportateurs du Québec qui, dans
les jours qui ont suivi le dépôt du projet de loi, ont évidemment, là, salué
le dépôt d'un tel projet de loi pour l'achat local.
Et, comme je
le réitère, Mme la Présidente, c'est un projet de loi qui est un sujet
très important. Il faut l'encadrer. Ça va nous prendre définitivement
plus d'information pour aller plus loin. Mais je le dis, que les mesures qui
sont proposées dans ce projet de loi sont
les bienvenues, puis ça s'avère être un pas dans la bonne direction, donc, évidemment,
il y aura une collaboration, mais qu'il y a
des absents au projet de loi, soit les conditions contractuelles dans le
secteur de la construction et d'autres petits points, dont, entre
autres, là, l'environnement, le développement durable, sur lesquels on devra
porter une attention particulière, mais pour lesquels le Parti libéral sera
présent pour rappeler au gouvernement ses priorités tellement importantes pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée de Vaudreuil. Et maintenant je me
tourne vers Mme la députée de l'Acadie. La parole est à vous.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je pense que vous ne serez pas surprise
si je vous dis que mon intervention sera plus longue que le temps qu'il reste
avant que nous ne procédions à la suspension des travaux. Alors, bien sûr, il
me fait plaisir de prendre la parole pour discuter et parler du projet de
loi n° 12, visant principalement à promouvoir l'achat québécois et responsable par
les organismes publics, à renforcer le régime d'intégrité des entreprises
et à accroître des pouvoirs de l'Autorité des marchés.
C'est
un projet de loi qui a été bien accueilli et c'est un projet de loi qui,
évidemment, va faire en sorte qu'on va améliorer toute cette situation
concernant les marchés. C'est un projet de loi qui est assez costaud, là, il
fait 60 pages et modifie
plusieurs lois également. Donc, il faut y porter une attention très
particulière, il faut être très minutieux dans l'analyse article par
article de ce projet de loi.
Je
ne suis pas une spécialiste, évidemment, de cette question-là, mais j'ai quand
même pu prendre connaissance du dossier.
Et la question qui me vient en tête... Et je pense qu'on peut être rassurés et
j'imagine qu'il y a des avis juridiques à cet effet. Dans mes anciennes fonctions aux Relations internationales,
on a travaillé beaucoup, beaucoup, comme vous le savez, vous vous en souviendrez, sur l'accord de libre-échange
Canada-Union européenne. Donc, cet accord de libre-échange est très important pour l'économie québécoise. Et
il y a évidemment eu la renégociation de l'accord de libre-échange entre
le Canada, les États-Unis et le Mexique. Donc,
j'imagine et je prends pour acquis que les avis juridiques sont tout à fait
clairs que l'on peut aller de l'avant avec un tel projet de loi, on peut faire
en sorte que des entreprises québécoises puissent avoir leur part dans les contrats. Mais il faut aussi s'assurer
qu'on ne se retrouvera pas, avec nos partenaires internationaux, dans une
situation selon laquelle ils vont dire : Ah! bon, bien, vous privilégiez
les achats chez vous, bien, nous aussi, on va privilégier les achats chez nous puis, quand ça viendra le
temps de donner des contrats, bien, on va s'occuper de nous plutôt que de
s'occuper de vous. Alors, ça peut aussi...
il faut être très, très prudents dans les échanges, en termes de relations
internationales, parce qu'on a
besoin, évidemment, de faire des affaires avec l'international. Les États-Unis,
c'est la grande porte pour le Québec
dans ses échanges commerciaux. Et on a ouvert celle avec l'accord de
libre-échange Canada-Union européenne, et qui est très, très prometteuse
si, évidemment, la pandémie peut nous donner un petit répit.
Alors, je vais
continuer, Mme la Présidente, lorsque la Chambre reprendra ses travaux.
Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
l'Acadie.
Alors,
compte tenu de l'heure, j'ajourne ce débat sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 12 et je suspends nos travaux jusqu'à
13 h 40.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 13 h 40)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
À la rubrique
Déclarations des députés, nous commençons par M. le député de Beauharnois.
Rendre
hommage à Mme Louise Sauvé et à M. Yves McSween
pour leur engagement bénévole, social et communautaire
M. Claude
Reid
M. Reid : Merci, M. le Président. C'est avec une grande
admiration, aujourd'hui, que je tiens à rendre hommage à Yves McSween et Louise Sauvé, qui forment l'un des couples les
plus engagés de la communauté campivallensienne.
En plus d'avoir eu
une vie professionnelle bien remplie en éducation, Yves et Louise ont tous deux
occupé des postes de marguillier à la
paroisse Immaculée-Conception-de-Bellerive et ont représenté, à différents
moments, les citoyens de Bellerive au conseil municipal, à
Salaberry-de-Valleyfield. Mais ils sont davantage connus pour leur implication
à l'église de Bellerive et surtout pour la
gestion et le succès du bazar de la paroisse, un modèle d'économie sociale
qu'ils ont tenu à bout de bras
pendant près de 40 ans. Accompagnés de bénévoles, ils ont travaillé sans
relâche à la cueillette, au tri, au nettoyage, à la réparation et à la livraison de
milliers de meubles et d'objets divers afin de leur redonner une seconde vie,
mais surtout pour venir en aide aux
démunis et aux familles de chez nous. Ils ont été le coeur du bazar jusqu'au
moment de leur récente retraite.
Yves McSween et Louise Sauvé sont une
source d'inspiration et un modèle d'altruisme pour notre communauté. En
mon nom personnel et au nom de toutes les personnes que vous avez aidées, je
vous dis merci et bonne retraite.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le
député de Robert-Baldwin.
Dans
le cadre du Mois de l'histoire des Noirs, souligner
le travail et l'engagement de trois citoyens de la
circonscription de Robert-Baldwin
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, à l'occasion du Mois de l'histoire des Noirs,
j'aimerais saluer trois jeunes leaders qui contribuent sans relâche à la
vitalité de l'Ouest-de-l'Île. Il s'agit de Mmes Joan Lee, Akilah Newton et
M. Malik Shaheed.
Joan Lee redonne
quotidiennement à sa communauté. Elle est présidente de l'Association de la
communauté noire de l'Ouest-de-l'Île, WIBCA, où elle supervise des activités
pour les jeunes de la communauté.
Akilah
Newton est la directrice fondatrice d'Ouverture avec les arts, un organisme qui
offre aux jeunes des cours presque gratuits dans le domaine des arts et
du spectacle. Akilah est également activiste, entrepreneure et auteure de deux
livres pour enfants qui célèbrent la contribution des personnalités canadiennes
noires.
Malik
Shaheed est le directeur général de la Fondation Jeunes Étoiles. Il est doté
d'un talent et d'un amour pour aider
et soutenir les jeunes de la communauté. Il est également commissaire au sein
de la commission scolaire Lester-B.-Pearson.
Merci, mes chers
collègues.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
de Mme la députée de Huntingdon.
Inviter
les citoyens à visiter la municipalité de Saint-Valentin
Mme Claire
IsaBelle
Mme IsaBelle :
M. le Président, dans Huntingdon, nous retrouvons la municipalité de
Saint-Valentin. Elle est reconnue comme étant la capitale de l'amour.
Fière
de ce titre, Saint-Valentin propose un timbre postal créé à son image, et son
bureau de poste utilise un cachet d'oblitération bien original. D'ailleurs, des
milliers d'enveloppes venant des quatre coins du monde lui sont acheminées
afin que celles-ci reçoivent leur cachet.
Lors
du Festival de la Saint-Valentin, nous retrouvons, entre autres, la décoration
des maisons, la chasse au trésor et
la traditionnelle soirée des amoureux, qui, malheureusement, n'a pas eu lieu
depuis deux ans. Si vous voulez vous marier ou renouveler vos voeux d'amour, la municipalité propose des salles
décorées et, en été, un magnifique pavillon entouré de verdure et de
fleurs. Merci au maire Chamberland et aux organisateurs.
Si le coeur vous en
dit, n'hésitez pas à venir visiter les Valentines et Valentins. Vous en
tomberez en amour.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. La prochaine déclaration
est pour M. le député de Marquette.
Souligner
le 60e anniversaire de la Légion royale canadienne
filiale 245 Service de l'air Dorval Québec
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le
60e anniversaire de la Légion royale canadienne de Dorval.
Depuis 60 ans,
ils ont à coeur de venir en aide à leur communauté et, par le fait même, nous
permettent de nous remémorer les hommes et les femmes qui ont donné leur vie
pour notre pays. C'est un organisme qui fait aussi une grande différence dans la vie de nos anciens, anciennes combattants,
combattantes, ainsi que de leurs familles. Ce n'est pas simplement la communauté militaire qui leur est
redevable, mais l'ensemble de ma circonscription. En effet, c'est grâce à leurs initiatives communautaires, leurs
programmes pour les jeunes ainsi que de leurs collectes de fonds qu'ils
participent activement à améliorer la vie dans Marquette.
C'est
donc un honneur pour moi de leur rendre hommage aujourd'hui et de saluer leur
courage et leur résilience. Un énorme
merci pour votre support et votre implication dans la communauté de la ville de
Dorval depuis déjà 60 ans. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner les performances de M. Étienne Papineau au
tournoi de la Professional Golfers' Association
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, c'est l'histoire d'un petit gars de
Saint-Jean-sur-Richelieu qui était tellement bon au golf qu'il est allé jusqu'à l'université West Virginia avec les
fameux Mountaineers, ce qui a fait de lui un professionnel du golf, avec
tout à prouver et à gagner.
Mais,
l'année dernière, à pareille date, il était en convalescence après une
intervention chirurgicale au genou. Ça a été une année difficile,
mettons.
La
semaine dernière, à 25 ans, grâce à un roulé de presque quatre mètres pour
l'oiselet lors du deuxième trou d'une prolongation
et une carte de 67, il s'est retrouvé avec un billet pour l'Omnium Waste
Management de la PGA, à Phoenix, la
fin de semaine dernière, son premier tournoi à vie dans le grand circuit PGA.
Il n'a pas fait la coupe, comme on dit, mais il était là, et tous les
espoirs sont de nouveau permis.
Bravo, Étienne! Tout
le monde à la maison est tellement fier de toi. Oui, il s'appelle Étienne,
Étienne Papineau. Retenez bien son nom, parce que nous, à Saint-Jean, on le
connaît et on sait qu'il ira loin.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Mercier.
Appuyer
le rapport d'Amnistie internationale intitulé L'apartheid
israélien envers le peuple palestinien : un système cruel de
domination et un crime contre l'humanité
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Système cruel de domination. Violation des droits humains. Crimes contre
l'humanité. Régime d'apartheid. Ces mots
sont dans ce rapport d'Amnistie internationale, L'apartheid israélien envers
le peuple palestinien, fruit de quatre années de recherches.
Human Rights Watch et
des ONG israéliennes comme Yesh Din et B'Tselem parlent, elles aussi, d'apartheid.
Pendant ce temps, la communauté
internationale se tait. L'impunité dont bénéficie Israël nous rend complices de
ses crimes, et la nation québécoise a
un rôle à jouer. En attendant de devenir un pays, pesons de tout notre poids
sur le Canada pour arrêter les
souffrances de générations de Palestiniens depuis 1948, année d'exil et de
larmes de mes propres grands-parents. Nous avons le devoir d'agir.
L'histoire nous jugera.
M. le Président, je
demande le consentement pour déposer ce rapport.
Document
déposé
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci. Vous avez terminé? Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt du document? Ça va. Je vous rappelle aussi,
par exemple, que ce n'est pas un tableau didactique.
Mme Ghazal :
Est-ce qu'il y a consentement?
Le Vice-Président
(M. Picard) : Oui, il y a consentement.
Mme Ghazal :
Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La prochaine déclaration est pour M. le député de
Vachon.
Souligner
la résilience et la détermination de Mme Mélissa Gibeau
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je rends hommage à une
femme remplie d'énergie et détermination. Il s'agit de Mélissa Gibeau,
une mère monoparentale de ma circonscription.
Mélissa,
comme plusieurs, a perdu son emploi en début de pandémie, et très rapidement
elle a décidé de se retrousser les
manches et pris un poste de surveillante en milieu scolaire à l'école primaire
de la Mosaïque. Elle s'est découvert une passion pour l'animation auprès des enfants. Comme ce n'était pas assez,
cette passion l'a poussée à une attestation d'études professionnelles en
format accéléré pour une période de trois mois.
M. le Président, un
retour aux études, comme adulte, comme mère monoparentale, comporte plusieurs
défis financiers, logistiques et humains, mais
ça ne l'a pas arrêtée dans sa volonté de se réaliser en prenant soin de nos
petits trésors.
Mme Gibeau,
Mélissa, vous êtes un exemple de résilience et de détermination. Vous pouvez
être fière de vous, comme votre fils
de huit ans est très fier de sa maman. Les enfants de l'école la Mosaïque,
maintenant de l'école Gaétan-Boucher, sont
privilégiés de vous avoir, et nous, dans Vachon, nous sommes très privilégiés
de vous avoir aussi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M.
le député de René-Lévesque.
Saluer la décision de mettre à jour les études nécessaires à
la construction d'un pont sur la rivière Saguenay
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Au nom des citoyens de la Côte-Nord et
précisément ceux de René-Lévesque,
aujourd'hui, je souhaite souligner le lancement d'un mandat d'envergure qui a
été annoncé par le groupe des grands projets du MTQ, c'est-à-dire la
mise à jour des études pour un pont sur le Saguenay.
Nous
ne le répéterons jamais assez, M. le Président, pour nous, c'est primordial que
la Côte-Nord soit reliée pour le reste du Québec.
Pendant
des décennies, la Côte-Nord a été condamnée à tort par l'inaction forcée dans
ce dossier et du cul-de-sac des
études passées. Il est malsain, M. le Président, que, chez nous, les ressources
sortent, mais les gens ne peuvent pas venir par un lien fixe, fiable et surtout sécuritaire. Lorsqu'on voit les
milliards dépensés à Montréal et à Québec pour des projets structurants,
chez nous le projet structurant que tout le monde attend pour 2022, c'est un
pont sur la rivière Saguenay.
Donc,
ce que je dis à ma population, les études s'en viennent. Mais il y a une
certitude que nous avons ici, au Parti
québécois : un pont, c'est ce qu'on a besoin, et c'est ce à
quoi on va travailler pour la prochaine année. Merci, M. le Président.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. La prochaine déclaration est
pour M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner
les Journées de la persévérance scolaire
dans la circonscription de Vanier-Les Rivières
M. Mario
Asselin
M. Asselin :
Aujourd'hui, M. le Président, je souhaite souligner la 19e édition des
Journées de la persévérance scolaire. À
titre d'ancien directeur d'école, vous comprenez que je suis particulièrement
sensible à tout ce qui est réussite scolaire. Cette cause me tient
absolument à coeur.
Les
Journées de la persévérance scolaire représentent une occasion pour nous tous
de souligner et de valoriser les efforts
faits par nos élèves et étudiants de partout au Québec. J'aurai d'ailleurs
l'occasion, au cours de cette semaine, de rencontrer quelques élèves de Vanier-Les Rivières qui se sont démarqués
à ce chapitre depuis le début de l'année scolaire. Et je remercie les
nombreux collaborateurs qui m'ont référé ces élèves de partout dans mon comté.
Je suis bien
conscient que le contexte actuel, il n'est pas toujours nécessairement facile
pour nos jeunes. Donc, chacun relève le défi à sa façon, le défi de la
persévérance, et devient un modèle pour l'ensemble de la population.
Je
veux aussi souligner l'importante contribution des enseignants, des directeurs
et autres membres du personnel de nos
écoles. Vous êtes celles et ceux qui encouragent nos jeunes à s'épanouir
pleinement, et vous faites une réelle différence dans leur vie.
Bonnes Journées de la
persévérance scolaire à tous! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Et la prochaine déclaration
est pour M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Féliciter
la Ferme Duvallon inc., championne
régionale de la qualité du lait
M. Sébastien
Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci. En tant que député du Centre-du-Québec, une région de producteurs
laitiers qui est reconnue pour sa grande
qualité de production, c'est une fierté pour moi de souligner l'excellence de la
Ferme Duvallon, de Chesterville, dans mon comté.
En
effet, la Ferme Duvallon s'est décerné le titre de championne régionale de la
qualité du lait, une distinction remise à 17 fermes dans le cadre du concours du
Club de l'excellence, qui rend hommage aux producteurs laitiers parmi
les membres d'Agropur au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en
Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador.
Ayant
moi-même grandi et travaillé sur une ferme laitière, je connais la réalité des
productrices et producteurs, qui travaillent avec rigueur et passion
pour produire un lait de qualité. L'effort et le dévouement honorent nos
agriculteurs, sans qui nous ne pourrions
nous nourrir. Si chaque matin nos enfants sont en mesure de déguster un bon
verre de lait, c'est grâce à des professionnels comme ceux qui oeuvrent
au sein de la Ferme Duvallon.
C'est
pour cela que je souhaite souligner cette reconnaissance et féliciter les
propriétaires. La famille Roberge est à la tête d'une ferme qui se transmet
depuis maintenant quatre générations. Ce prix est une récompense de leur
engagement au quotidien pour produire un lait dont la qualité dépasse
les indicateurs de performance canadiens et européens. Voilà.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique des
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 53)
(Reprise à 14 h 4)
Le Président : Mmes et MM.
les députés, je vous souhaite un bon mardi.
Je souligne
toutefois que c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de
M. Maurice Clermont, député de Mille-Îles de 2003 à 2008. Nous
allons nous recueillir en ayant une pensée particulière pour sa famille et ses
proches.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
Réponse à une pétition
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, M. le Président. Je dépose la
réponse du gouvernement à la pétition présentée en Chambre le 25 novembre
2021 par le député de Mégantic.
Réponse à une question inscrite au feuilleton
Je dépose
également la réponse du gouvernement à la question inscrite au feuilleton le
1er février par le député de Jean-Lesage. Merci.
Le Président : Merci. Ces documents
sont déposés.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
J'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose le texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
Consultations particulières sur le projet de loi n° 15
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, je dépose le rapport de la Commission de la
santé et des services sociaux qui,
les 8, 9, 10 et 15 février 2022, a tenu des auditions publiques dans le
cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 15,
Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres
dispositions législatives.
Dépôt de pétitions
Nous en sommes à la rubrique Dépôt de pétitions.
Mme la députée de Vaudreuil.
Modifier l'article 1074.2 du Code civil relativement à
l'indemnisation des sinistres en copropriété
Mme Nichols : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
9 170 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que depuis l'adoption de l'article 1074.2 du Code civil du Québec en
décembre 2019, et malgré le changement
apporté en mars 2020, les assureurs refusent systématiquement de reconnaître
toute "faute" d'un copropriétaire lorsqu'un syndicat souhaite être indemnisé pour les coûts d'un sinistre
qui découlent de la responsabilité du copropriétaire, de son locataire,
de ses préposés ou de l'un des biens dont il est légalement responsable;
«Considérant
que les administrateurs ne sont pas présents au moment d'un sinistre pour
savoir ce qui s'est réellement passé et recueillir les preuves requises
pour faire la démonstration de la faute;
«Considérant
que d'imposer l'autoassurance aux syndicats dans le régime actuel est l'équivalent
de leur imposer d'être solidairement
responsables les uns des autres, alors qu'ils ne choisissent pas leurs
copropriétaires ni les autres occupants;
«Considérant que certains copropriétaires
malicieux profitent de ce régime aux dépens de la collectivité;
«Considérant
que seuls les assureurs peuvent augmenter la prime d'un assuré et ainsi
pénaliser un copropriétaire qui néglige l'entretien de son condo et
cause des dommages à des tiers;
«Considérant que tant les assureurs que le
gouvernement ou les syndicats de copropriété ont intérêt à rechercher un régime
d'assurance encourageant la prévention des sinistres;
«Et l'intervention recherchée, réclamée se
résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons de modifier
l'article 1074.2 du Code civil du Québec afin de permettre aux syndicats
de copropriété d'engager la responsabilité civile des responsables en vertu de
leur déclaration de copropriété, tel que proposé par
l'Association québécoise des gestionnaires de copropriétés dans son mémoire
disponible sur le site de l'organisme.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Merci. Cet extrait de
pétition déposé. M. le député de Rosemont.
Reconnaître le travail des préposés en
retraitement des dispositifs médicaux
M. Marissal : Oui, M. le Président, merci. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 943 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la profession de préposé-e-s en retraitement des dispositifs médicaux a
grandement évolué au cours des dernières années, incluant notamment des
changements technologiques importants;
«Considérant
que les PRDM ont dû adapter continuellement leurs pratiques afin de rencontrer
les normes d'hygiène toujours plus exigeantes et des standards de
sécurité qui ne cessent de se complexifier;
«Considérant
que leur niveau de connaissance et de responsabilités ne cesse d'augmenter
parce que les PRDM doivent nettoyer, stériliser et désinfecter le
matériel médical de plusieurs services du réseau;
«Considérant
que la rigueur et la qualité du travail doivent toujours être irréprochables
pour ne pas mettre en danger la santé et la sécurité des usagers, ni
retarder ou même faire annuler des chirurgies;
«Considérant que la crise sanitaire a démontré
l'importance de cette profession et qu'il y a urgence d'agir sur l'attraction
et la rétention [du] personnel;
«Considérant qu'une multitude de changements
sont venus affecter la valeur de leur emploi;
«Considérant que les PRDM attendent depuis
10 ans une juste reconnaissance de leur travail;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de corriger dès maintenant
cette injustice et de reconnaître un salaire juste pour les préposé-e-s
en retraitement des dispositifs médicaux.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Merci. Et cet extrait
de pétition est également déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Décret concernant le renouvellement de l'état d'urgence
sanitaire
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le Président. Depuis deux ans,
maintenant, nous sommes en état d'urgence sanitaire. Deux ans, M. le Président. Ce que ça
signifie, c'est que le premier ministre a les pleins pouvoirs. Il peut décider
de tout et il peut décider tout seul. Ça veut dire, M. le
Président, que le premier ministre peut décider qu'il y aura un couvre-feu et qu'il n'aura pas besoin de venir à l'Assemblée
nationale, qu'il n'aura pas besoin d'avis de la Santé publique pour aller
de l'avant. Ce que ça veut dire, ça,
M. le Président, c'est que le premier ministre peut décider de fermer des
commerces sans avoir à passer à
l'Assemblée nationale, sans avoir même des avis de Santé publique pour aller de
l'avant. Ce que ça veut dire, M. le Président, c'est que le premier
ministre peut décider d'empêcher des proches aidants d'aller voir leur père
ou leur mère dans un CHSLD, sans avoir à
passer par l'Assemblée nationale, sans avoir même des avis de la Santé
publique. C'est ça que ça signifie, M. le Président.
Aujourd'hui,
j'ai lancé un défi au premier ministre de lever l'état d'urgence sanitaire au
Québec dès cette semaine. Va-t-il le faire?
• (14 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, on a actuellement,
effectivement, l'état d'urgence sanitaire, au Québec, essentiellement, là,
pour cinq ou six raisons, je vous les
donne, M. le Président : un, pour pouvoir payer des primes aux
employés qui ne sont pas dans la convention
collective; deux, pour pouvoir engager des personnes pour faire de la
vaccination; trois, pour pouvoir
imposer un passeport vaccinal; quatre, pour pouvoir imposer un masque; et,
cinq, pour pouvoir imposer un nombre limité de personnes à certains
endroits. Bon, il y a d'autres mesures, mais c'est vraiment secondaire.
M. le
Président, ce qu'on a dit, comme vous le savez, la plupart de ces mesures-là
vont être retirées au cours des prochaines semaines. Donc, on va
pouvoir, au cours des prochaines semaines, retirer l'urgence sanitaire. Mais là
où la cheffe de
l'opposition officielle n'est pas claire, c'est que ce que je comprends, c'est
qu'elle est d'accord avec les mesures qui sont en place actuellement
mais, d'une façon théorique, nous dit qu'elle n'est pas d'accord. Dur à suivre.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Ce qui n'est pas très dur à suivre, M. le
Président, c'est Phénix 2.0 qu'ils sont en train de mettre, quand
il parle des primes aux infirmières, qui ne sont même pas capables d'être
payées.
Mais, au-delà de ça, M. le Président,
au-delà de ça, il n'y a rien, dans les cinq points que mentionne le premier ministre, qui justifie un état d'urgence sanitaire
permanent. Ça n'empêche en rien que l'on puisse faire ici les débats, à
l'Assemblée nationale.
Est-ce que le premier ministre va lever l'état
d'urgence sanitaire cette semaine?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, d'abord, j'étais surpris
d'entendre la cheffe de l'opposition officielle, ce matin puis même hier, comparer ce que veut faire Justin
Trudeau, à Ottawa, avec sa Loi sur les mesures d'urgence, qui ressemble, avant,
à ce qu'on a déjà connu, la Loi sur les mesures de guerre... M. le
Président, quand on a décidé d'empêcher les manifestations devant les
écoles, on a fait adopter un projet de loi ici, à l'Assemblée nationale.
Maintenant,
M. le Président, les cinq mesures qu'il reste, la cheffe de l'opposition
est d'accord avec les cinq mesures. Donc,
j'essaie de voir où elle veut aller, là, qu'est-ce qu'elle veut qu'on change, à
part de faire un débat théorique. Elle est d'accord avec les cinq
mesures qu'on utilise.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : En fait, le débat, il n'est pas du tout
théorique, il est très pratique. Si vous lisez la loi, vous verrez que, si on lève l'état d'urgence après le
12 mars, le premier ministre n'aura jamais à revenir à l'Assemblée
nationale et à faire une reddition de
comptes complète sur la gestion de la pandémie. Il n'aura qu'à le faire après
les prochaines élections. C'est ça,
la réalité. Le 12 mars, si ce n'est pas fait avant, il n'aura pas à venir
à l'Assemblée nationale faire une reddition
de comptes.
Est-ce que c'est pour ça qu'il refuse de lever
l'état d'urgence sanitaire?
Le Président : M. le premier
ministre...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Attentifs aux réponses et aux questions. Réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, ce que vient de dire la
cheffe de l'opposition officielle, là, je n'ai aucune idée de ce qu'elle parle. La reddition de comptes,
M. le Président, on la fait à tous les jours, puis on va continuer de le
faire à tous les jours, d'ici l'élection.
Donc,
M. le Président, je répète, là, est-ce que la cheffe de l'opposition
officielle nous dit qu'elle n'est pas d'accord pour payer les primes? Je
comprends qu'il y a un problème parce que c'est complexe, pour débourser
l'argent à chaque personne selon les
ententes qu'il y a eu, est-ce que la personne a le droit puis s'en vient
vraiment à temps plein, etc. Mais est-ce que la cheffe de l'opposition
officielle est en train de nous dire qu'il nous faut enlever les primes aux
infirmières?
Le Président : Troisième...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! J'entends et je ne veux pas entendre. La parole
n'appartient qu'à la cheffe de l'opposition officielle. Je vous demande
tous votre collaboration.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : En fait, pour les infirmières, M. le
Président, je suis en train de lui dire de les payer, tout simplement.
Mais je vais reposer ma question. Le premier
ministre nous dit... il ne sait pas de quoi la cheffe de l'opposition parle. Il y a une loi, il y a une loi. Il émet des
décrets depuis... En fait, c'est la 100e fois, demain, qu'il va émettre un
autre décret, puis il me dit qu'il ne connaît pas la loi?
La loi, elle dit que, s'il y a un dépôt... il enlève la loi avant le 12 mars,
il n'aura pas à faire de la reddition de comptes. Est-ce que le premier
ministre peut au moins aller relire cette loi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, je m'engage ici,
aujourd'hui, à déposer le rapport dont parle la cheffe de l'opposition
officielle, de le faire dans les prochains mois, donc avant la prochaine
campagne électorale.
Mais,
M. le Président, je ne comprends toujours pas. La cheffe de l'opposition
officielle est d'accord avec les mesures qu'on utilise grâce à l'urgence
sanitaire, mais elle est contre l'urgence sanitaire. Dur à suivre.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Création
de places en service de garde
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, l'égalité hommes-femmes, c'est un combat de tous
les instants. C'est un combat qu'a
mené ma grand-mère, c'est un combat qu'a mené ma mère, et c'est un combat qu'on
a tous besoin, ici, de faire, en cette Chambre.
La
création des CPE a été un moment fort pour faire en sorte que les femmes
puissent retourner sur le marché du travail, puissent s'émanciper, et
également faire en sorte que nos petits soient bien encadrés et puissent se
développer.
Aujourd'hui,
on a des femmes, au Québec, qui ne sont pas capables de retourner sur le marché
du travail parce qu'elles ne sont pas
capables de trouver des places dans un service de garde. Et elles crient à
l'aide depuis des mois. Elles demandent des actions du gouvernement depuis des mois. Plusieurs sont en train de
reconsidérer ce qu'elles devraient faire de leur carrière. Plusieurs
sont en train de dire que c'est un recul important par rapport au combat qu'a
mené leur propre mère.
M. le
Président, je demande au premier ministre comment est-ce qu'il soutient ces
femmes, pas dans cinq ans, pas dans trois ans, aujourd'hui.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, d'abord, je suis tellement fier de ce qu'on a fait pour
augmenter, en moyenne, de 18 % les
salaires des enseignantes, des préposées aux bénéficiaires puis des éducatrices
en garderie, 18 %. Le Parti
libéral n'a jamais fait ça, le Parti québécois non plus, M. le
Président.
Maintenant,
concernant les places en garderie, il en manque 37 000. Mon collègue le ministre de la Famille est en train
d'aller le plus vite possible. On a d'ailleurs un projet de loi. J'espère qu'on
va avoir la collaboration de l'opposition officielle pour être capables d'enlever tous les verrous qui avaient été
mis par le Parti libéral, pour les raisons qu'on connaît.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le groupe Ma place au travail est né de
l'inaction de ce gouvernement. Il est né parce que des centaines et maintenant
des milliers de femmes ne peuvent pas retourner sur le marché du travail, faute
de place. Elles ont demandé à rencontrer les
députés. Pas de réponse. Elles ont demandé à s'asseoir avec le ministre de la Famille. Pas de réponse.
Est-ce
que le premier ministre juge ça normal que ce groupe-là n'ait pas encore été
formellement rencontré par son gouvernement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, ce qu'il est important de dire, c'est qu'il
manque actuellement 37 000 places, et l'argent est disponible
pour créer et faire fonctionner ces 37 000 places. L'argent est là.
Maintenant,
le Parti libéral a mis en place toutes sortes de... on appelle ça,
en anglais, des «checks and balances» pour
s'assurer que, localement, régionalement, c'était vraiment une priorité.
M. le Président, on sait pourquoi ils ont fait ça, parce qu'il y avait
quelqu'un qui vendait des places. Avec un don au Parti libéral, on pouvait
acheter un permis de garderie.
Des voix :
...
Le Président : M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin : M. le Président, à chaque fois, presque,
qu'il y a un débat qui est lancé, un débat extrêmement partisan, c'est
lancé par le premier ministre du Québec. Ce qu'il vient de dire, de un,
M. le Président, je ne me gênerai pas pour le dire, c'est faux. De deux, c'est blessant. De trois, M. le
Président, on ne peut pas, on ne peut pas faire des insinuations comme
celle-là sans les prouver, M. le Président.
Le Président :
Puis moi, je vais vous... M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, le leader de l'opposition officielle, peut-être qu'il
n'était pas impliqué en politique à
l'époque, mais, très clairement, c'était de notoriété publique, les actions de
Tony Tomassi, relativement au scandale libéral
des garderies. Ça, M. le Président, c'est indéniable. Tout le monde au
Québec sait qu'il y avait les places en garderie, puis le Parti libéral
a vendu ça au privé en échange des donations. Ça faisait partie...
Le Président : Et je ne veux pas qu'on tombe dans un débat, ce n'est pas le moment. On
était sur une question de règlement.
Je vais vous demander de compléter très rapidement ou on arrête et on poursuit.
Vous le savez. Je vous demande votre collaboration, mais on ne
poursuivra pas longtemps comme ça.
• (14 h 20) •
M. Fortin : Bien, c'est vrai, M. le Président, on n'a
pas besoin de poursuivre longtemps. Tout ce qu'on a besoin de dire,
c'est que l'histoire n'a pas besoin d'être faite par la Coalition avenir Québec,
M. le Président.
Le Président :
Et je vais vous demander, à ce moment-ci... et je vais vous demander...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous plaît! Je vous ai dit pas de débat et pas d'échange. C'est
comme ça que ça fonctionne bien, notre période de questions. M. le
premier ministre, il vous restait encore quelques secondes.
M. Legault : Oui, M. le Président, le chef de l'opposition officielle dit qu'il
espère que la CAQ ne fera pas ce que le Parti libéral a fait. Je peux
l'assurer, effectivement, que ce ne sera pas fait.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, c'est édifiant. On parle de l'égalité
hommes-femmes, qui est un combat qu'on devrait tous mener.
Je
vais revenir sur ma question. Ma place au travail, elles étaient trois, puis
10, puis 100, puis 1 000, puis 10 000 à marcher pour demander à avoir
une place pour pouvoir retourner sur le marché du travail. Personne de ce
gouvernement, depuis un an, ne s'est assis pour les rencontrer. Est-ce
qu'on trouve ça acceptable?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Anglade :
Quel message est-ce que le premier ministre du Québec envoie...
Des voix :
...
Le
Président : Je m'excuse, je
m'excuse. Écoutez, là, c'est des deux côtés, hein? Là, j'entends des gens
réagir, de ce côté-ci. Vous ne pouvez pas plus réagir. Je vous demande votre
collaboration, elle s'adresse... et je m'adresse à toutes et tous les
parlementaires.
Je
vais vous demander, maintenant, la réponse du premier ministre, la question
était complétée. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, il manque actuellement 37 000 places en
garderie. L'argent est disponible, le ministre des Finances a rendu
l'argent disponible. Maintenant, pour le faire rapidement, on a besoin
d'adopter un projet de loi pour enlever les
mesures, M. le Président, enlever les mesures qui ont été mises par le
Parti libéral à cause de Tony Tomassi.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Pénurie
de places en service de garde
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : M. le
Président, le Québec traverse actuellement une crise sans précédent dans le
réseau des services de garde. La liste
d'attente a explosé. Des garderies ferment. Les milieux familiaux ferment de
façon alarmante.
Bref, avoir une place, en 2022, ça relève de l'exploit. Et, une fois que vous
avez une place, la garder relève aussi d'un exploit.
L'impact sur les familles est énorme. Pas de
place en service de garde, ça veut dire qu'on ne peut pas aller travailler. Ça met les familles en situation
précaire, financière. Pour elles, c'est un véritable drame, et nous pouvons les
comprendre. C'est le projet d'agrandir une famille qui est mis de côté. C'est
une carrière qui est mise de côté.
M. le
Président, Ma place au travail a proposé une solution toute simple au
gouvernement pour aider directement les familles qui n'ont pas de place :
prolonger le Régime québécois de l'assurance parentale.
Est-ce que le ministre a étudié leur proposition?
Et est-ce qu'il va répondre positivement?
Le Président : M. le ministre
de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, M. le Président. D'abord, je veux
vous dire très clairement... Je pense que c'est important de dire les choses comme elles sont. La première
demande de rencontre officielle qu'on a reçue de la part de Ma place au travail, ça a été le 10 février. J'ai vu ça,
M. le Président. Bien sûr qu'on va les rencontrer. Donc, soyons prudents
avant d'avancer des choses. Ça me
fera plaisir de les rencontrer. Je suis très accessible, je rencontre beaucoup
de groupes. Ça me fera plaisir de le faire avec eux.
Maintenant,
toutes nos énergies sont mises quotidiennement — j'y mets personnellement toute mon énergie — pour
qu'on puisse concrétiser ces
37 000 places. C'est la première fois, M. le Président, depuis
25 ans qu'on a un appel de projets qui est aussi ambitieux. C'est la première fois depuis 25 ans que,
comme gouvernement, on se dit : Le droit qui existe dans la loi mais qui a toujours été bafoué, on va le
faire respecter. C'est la première fois qu'on fait un rattrapage qui est aussi
important en matière de salaire des éducatrices. On a augmenté ça jusqu'à
18 % dans les installations, plus de 30 % en milieu familial. Le milieu familial, d'ailleurs, qui perdait des
milliers de places à chaque année, ça se stabilise, actuellement.
Est-ce que
c'est parfait, M. le Président? Non, parce qu'il reste encore des familles
qui attendent. Mais savez-vous quoi?
Il y en a moins qu'en 1997 qui attendent, il y en a moins qu'en 2007 qui
attendent. Pourquoi? Parce qu'on est au travail, on agit.
Le Président : En terminant.
M. Lacombe : L'argent est sur
la table, l'énergie aussi, puis on va y arriver.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : C'est des
fermetures par-dessus des fermetures, dans le milieu familial, ça fait que je
ne comprends pas de quoi que j'entends.
C'est 37 000 places d'ici 2024‑2025. La réalité d'où est-ce qu'on parle aujourd'hui,
c'est à peine 4 000 places qui sont développées. À ce rythme-là, ça
va prendre 25 ans pour développer le réseau.
La question,
c'est : Qu'est-ce que le ministre va faire, actuellement, aujourd'hui,
maintenant, pour aider les familles? Le propos pour augmenter et extensionner
le RQAP, est-ce que le ministre va dire oui à ces familles qui sont en péril,
qui font des demandes de coeur?
Le Président : M. le ministre de la
Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Bien, d'abord, les données de la députée de Westmount—Saint-Louis ne sont pas à jour. Donc, je vais vous dire qu'en ce moment la
situation s'améliore.
Et la députée de Westmount—Saint-Louis
peut bien nous sortir le bilan libéral, parce que ce dont elle parle, c'est le fait que, en 2014, en 2015, en 2016, en
2017, combien il y en a eu, des places d'annoncées, M. le Président? Zéro.
Zéro appel de projets. Il y avait des dizaines de milliers de parents sur la
liste d'attente, zéro appel de projets. On est arrivés en poste, il y avait plus de 10 000 places,
11 000 places, qui dataient de 2011‑2013, qui dormaient sur
des tablettes, M. le Président.
Le ménage, il
est non seulement commencé, mais il est en train d'être terminé. On est en
train d'étudier un projet de loi. Ça va bien. J'espère que ça va
continuer comme ça. Puis on va y arriver, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : De 2014 à 2018, 13 500 places, en
quatre ans, juste en CPE, puis ça, ça ne comprend pas le privé. Ça fait que je m'excuse, M. le
Président, mais les chiffres du ministre ne sont pas bons. Puis ça reste que le
prix du panier, de l'essence, des maisons, des loyers, ça augmente d'une
façon exponentielle pour ces familles.
La
question est toujours là : Qu'est-ce que le ministre va faire aujourd'hui
pour aider des familles qui sont désespérées?
C'est insoutenable. Ils cherchent une place. Est-ce que le ministre va venir
aider ces familles avec une aide maintenant?
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Bien, c'est vrai que le Parti libéral a réalisé des places, et j'espère qu'ils
vont remercier le Parti québécois de les
avoir annoncées quand ils sont passés brièvement au pouvoir, parce que le Parti
libéral, lui, en a annoncé zéro. Vous savez, pour en ouvrir en 2018 puis
en 2019, il faudrait qu'il y en ait eu d'annoncées avant.
Mais ça, c'est le
passé, M. le Président. Nous, là, on est tournés vers l'avenir. L'avenir,
c'est quoi? C'est que maintenant, là, on va
garantir une place à chaque enfant dans nos services de garde éducatifs à
l'enfance. Ce droit-là, on le concrétise dans la loi. On a amélioré les salaires.
C'est un plan, le Grand chantier pour les familles, de plusieurs milliards
de dollars sur les prochaines années. On est
là pour toutes les familles. Il y a le milieu familial sur lequel on agit
aussi. On a réussi à stopper l'hécatombe dans les milieux familiaux...
Le Président :
En terminant.
M. Lacombe :
...en agissant sur les conditions de travail. Et on va continuer, M. le
Président.
Le Président :
Question principale...
Des voix :
...
Le Président :
J'entends des murmures, j'entends des bruits, j'aimerais ça que ce soit plus
silencieux. Vous le souhaitez, au fond de vous-mêmes, j'en suis convaincu. M.
le député de Rosemont, à vous la parole.
Versement
des primes d'attraction et de
rétention du personnel infirmier
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le Président. Alors, on est habitués, avec le ministre
de la Santé, on vit dans deux mondes parallèles : le monde des conférences
de presse, le monde réel. En conférence de presse, il promet des meilleurs
quarts de travail aux soignantes du
public; ça n'arrive pas. En conférence de presse, il déplore le temps
supplémentaire obligatoire; dans le
monde réel, c'est devenu la norme. En conférence de presse, il promet des
primes aux infirmières, mais, dans le monde réel, ça traîne, ça traîne,
ça traîne, et elles attendent.
Partout
au Québec, M. le Président, des patrons offrent des primes au recrutement
et ils les versent. Ils les versent pour recruter et retenir leur monde,
sinon on dirait que ce sont des mauvais patrons.
Est-ce que le
ministre de la Santé peut tolérer encore longtemps d'être dans le rôle du
mauvais patron avec les soignantes qui sont au front pour nous?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, premièrement, avant de prendre les mots exacts du député de
Rosemont, là, en disant que le gouvernement
a été un mauvais patron, je dirais qu'on a fait un rattrapage de
2 milliards dans les conditions salariales des infirmières au cours
des derniers mois. Alors, je ne sais pas de quel côté est le mauvais patron, M.
le député, mais il n'est sûrement pas de ce côté-ci. On a fait un rattrapage
incroyable, grâce à ma collègue, pour la question salariale.
Pour
la question des primes, je tiens à remettre les pendules à l'heure. Je l'ai
fait au point presse, mais peut-être que
vous n'avez pas écouté. Il y a 6 milliards de primes qui ont été engagées
envers les infirmières, M. le Président, au cours des deux
dernières années. De ces primes-là, plus de 80 % ont déjà été payées, soit
4,8 milliards. Ce qu'il reste à payer,
M. le Président, on s'est engagés, à travers les dernières semaines, à ce
que la paie du 24 février et du 10 mars règle tous les dossiers au complet et que, s'ils
n'étaient pas réglés au 10 mars, il y aurait des avances. C'est ce qu'on a
expliqué à toutes nos rencontres qu'on a faites au cours des dernières
semaines...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...avec les syndicats qu'on rencontre. Et je continuerai tout à l'heure.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Qu'il se rassure, j'écoute toujours le ministre de la Santé. C'est pour
ça que je suis capable de faire la liste de ses nombreux ratés au fil
des années.
Hier soir, il a dit
que c'était aux syndicats de rassurer leurs membres. Moi, je pense que c'est à
lui à le faire. Vendredi dernier, ici même,
en interpellation, il a accusé les partis de l'opposition de miner aux efforts
de recrutement. Il faut le faire, quand même.
Alors,
est-ce que le ministre, maintenant qu'il a mis des dates sur le versement, peut
s'engager à ce que ça se fasse et rétablir la confiance avec les
infirmières du public?
• (14 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le Président, très calmement, je dirais au député de
Rosemont qu'il a sûrement pris connaissance, aussi, de la lettre que j'ai envoyée à la présidente de la FIQ pour non
seulement répéter l'engagement que tous les employés seraient payés à une certaine date... On a
expliqué les raisons, ce qui est arrivé. On a décidé, puis je pense que c'était
la bonne décision, M. le
Président, d'accélérer l'admissibilité des employés, parce qu'ils avaient fait
un travail incroyable au cours des dernières années. C'est sûr que ça
nous a causé un certain retard, mais je pense qu'à terme les employés, les
infirmières vont apprécier qu'on leur ait donné une plus grande période
d'admissibilité. Et, encore une fois...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...c'est parce qu'on les respecte.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : C'est la troisième fois, M. le Président, la troisième fois en
cinq mois que le non-versement des primes aux anges gardiens et aux
anges gardiennes, surtout, font les manchettes. C'est la troisième fois.
Alors,
comment le ministre peut-il nous dire : Faites-moi confiance, l'argent, le
chèque est dans la malle, comme on
dit? Et comment, surtout, on peut le croire quand il nous dit : Je suis en
contrôle parfait et je vais refonder le système de santé public? Comment
peut-on le croire?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le
Président, je pense que ce serait
assez difficile d'expliquer tout ce qu'on va refaire pour rebâtir un système qui a été mis à mal pendant 15 ans.
Je ne pense pas qu'on peut l'expliquer dans quelques secondes. Mais ce que je
dirais, c'est que ça va commencer par
respecter les employés. Et respecter les employés, vous allez voir, ce n'est
pas juste payer des médecins, c'est payer des infirmières. Je le dis, je
le dis, M. le Président...
Des voix :
...
M. Dubé :
J'ai entendu. J'ai entendu, puis ce
n'est pas grave. Je le dis, M. le Président, on va respecter nos employés.
C'est nos infirmières. On a mis
2 milliards d'augmentations sur la table, c'est six fois plus que
l'inflation, M. le Président. Puis je pense que les infirmières et tout
le personnel de la santé le réalisent.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Conditions de vie des personnes
vulnérables en contexte de pandémie
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, il y a quelques semaines, on apprenait que, dans les centres
de la DPJ, on avait enfermé des jeunes pendant des jours et des jours dans des
chambres sans fenêtre. La semaine passée, on dénonçait les conditions trop strictes et trop rigides dans les
résidences pour personnes âgées, les RPA, et les conséquences dévastatrices
sur la santé mentale des personnes
hébergées. Aujourd'hui, on apprend qu'au CHSLD Dorval on enferme nos aînés dans
leurs chambres pendant des jours, sans douche ni toilette. Deux ans de
pandémie, et la maltraitance dans les CHSLD se poursuit.
On pourrait aussi
parler des ressources intermédiaires, M. le Président. C'est complètement inadmissible,
le traitement négligent qu'on fait, au
Québec actuellement, envers les personnes les plus vulnérables. Alors qu'on
déconfine un peu partout au Québec,
les proches aidants, les familles nous contactent dans nos bureaux de
circonscription pour dénoncer ces situations inadmissibles.
M. le Président, ça va prendre combien
de situations choquantes, voire révoltantes pour que le gouvernement agisse
et prenne en compte la situation et la réalité des personnes les plus
vulnérables en hébergement au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président, j'ai effectivement pris connaissance de ce qui s'est
passé dans un CHSLD, parlé avec le
ministre de la Santé, le ministre de la Santé a envoyé un inspecteur. Et je
pense que c'est inadmissible, ce qui est arrivé. On ne peut pas laisser une personne ne pas être lavée parce qu'elle est
infectée. Je comprends que, dans certaines chambres, il n'y a pas de
toilette, puis qu'on a peut-être peur d'infecter d'autres personnes, mais il y
a des moyens qui peuvent être pris. Puis on
va s'assurer d'abord de bien regarder ce qui est arrivé dans ce cas-là. Puis la
directive est déjà très claire : Oui,
il faut faire attention pour ne pas que personne attrape la COVID, mais, en
même temps, le minimum, c'est de donner les services de base aux
personnes qui sont dans les CHSLD. Puis, là-dessus, il n'y aura aucun
compromis.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, le 10 février dernier dernier, le ministre de la
Santé a dit, et je cite : «C'est certain que ces conditions-là — il
parlait des RPA — doivent
être remises à jour. [...]c'est pour ça que, je [...] dis aux gens qui nous écoutent[...], on est là-dessus, puis il va y
avoir des changements dans tous les CISSS et les CIUSSS dans les prochains
jours.»
M.
le Président, quand est-ce qu'on va réviser les règles dans les CHSLD, dans les
RPA, dans les RI, pour les assouplir et les faire appliquer avec
davantage de discernement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, M. le Président, ça a été un sujet qui a été traité longuement
hier soir, à la réunion hebdomadaire avec
les gens de la Santé, avec les gens de la Santé publique. Et effectivement il y
a eu déjà des assouplissements d'annoncés, entre autres pour les visiteurs, pour les proches aidants. Et, bien, je
suis content, aussi, la ministre des Aînés est revenue, et, avec le
ministre de la Santé, cette semaine, on va annoncer d'autres assouplissements.
Donc,
je pense que, même dans les CHSLD, il est temps qu'on apprenne à vivre avec le
virus et qu'on prenne les mesures pour donner tous les services aux
patients qui sont dans les CHSLD.
Le Président :
Deuxième complémentairement, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, j'apprécie l'ouverture du
premier ministre. J'aimerais aussi lui suggérer, à moyen et long terme, s'il
pouvait retenir la proposition qui a été déposée dans le projet de loi n° 497, présenté par le Parti
québécois, de nommer un protecteur des aînés,
parce que les situations de maltraitance, malheureusement, elles continuent de
survenir, et elles surviennent trop souvent.
Est-ce que le premier
ministre peut faire preuve de la même ouverture envers la nomination d'un
véritable protecteur des aînés au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, j'espère que le chef parlementaire du Parti québécois a pris connaissance du bon rapport qui a été fait par la Commissaire à
la santé. Il y a toutes sortes de recommandations qui sont faites, entre
autres pour s'assurer que ce soit facile de
porter plainte, s'assurer que tous les services soient donnés. Donc, M. le
Président, ce sera inclus dans le plan qui sera déposé bientôt par le
ministre de la Santé.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Fabre.
Conditions de vie au Centre
d'hébergement de Dorval
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, Thomas Gerbet, de Radio-Canada,
nous présente l'histoire d'Ivan, un résident de 67 ans du CHSLD Dorval. À cause de la COVID, depuis sept jours, Yvan
est seul, isolé. À travers la porte de sa chambre, il
y a un ruban rouge pour l'empêcher de sortir. Comme il n'a pas de toilette dans
sa chambre, on lui a remis une chaise d'aisance. Et, comme il n'a pas de douche
non plus, on lui fait une toilette partielle dans sa chambre.
Dimanche,
après six jours sans douche, sa famille a dû menacer de prendre un avocat pour
lui permettre d'aller se laver. Son frère dit : «Il y a des détenus
à la prison de Bordeaux qui ont plus de liberté que ça.»
Encore une fois, ce gouvernement oublie
complètement nos aînés.
M. le
Président, aujourd'hui, là, pas dans des semaines, qu'est-ce que le ministre va
faire pour régler immédiatement cette situation?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, on parle du même
cas sur lequel le premier ministre vient de répondre au député des Îles-de-la-Madeleine. On a
énormément d'empathie. C'est un cas spécifique que nous trouvons, du côté du
gouvernement, complètement inacceptable, inacceptable. Et je crois que, peu
importent les raisons pour lesquelles les gestionnaires
locaux ont pris ces décisions-là... je pense qu'elles ne sont pas acceptables.
Et on a dit que, malgré la COVID, les
gens dans les CHSLD, comme dans les autres organisations, devraient avoir des
services de soins qui soient acceptables.
Alors, je
l'ai dit, nous avons demandé au P.D.G. de nous expliquer exactement qu'est-ce
qui est arrivé dans cette situation-là. Et, comme le premier ministre
l'a dit, hier soir on en a parlé avec, justement, les représentants de la Santé
publique pour dire : S'il vous plaît,
clarifiez les mesures de l'INSPQ pour s'assurer que ce qui est demandé en
termes de protection et contrôle des infections ne vienne pas nuire à la
qualité des soins qui sont donnés dans les CHSLD.
Alors, j'ai beaucoup d'empathie avec le cas qui
est présenté, mais nous allons le régler, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, au-delà de l'empathie et au-delà
de régler, il faut le faire immédiatement. Un CHSLD, c'est un milieu de vie, et, pour les gens qui y
vivent, c'est leur maison. Paul Brunet, du Conseil pour la protection des
malades, dit, et je le cite :
«Si on est capables d'accepter du personnel non vacciné pour soigner les aînés,
pourquoi on n'est pas capables de permettre aux résidents de se rendre
dans la salle de bain, la douche ou le bain, tout en les protégeant?»
Ça n'a pas de
sens, c'est indécent, et il y a urgence d'agir très maintenant, immédiatement.
Merci, M. le Président.
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je suis content que la députée de Sauvé réalise
que nous avons de l'empathie. Je pense qu'on en a tous pour des cas spécifiques comme celui-là. Mais je
pense qu'il est toujours un peu difficile, M. le Président, de réagir à des cas
spécifiques, la condition particulière de cette personne-là, de ce résident-là.
J'ai pris connaissance de l'information que j'avais, et c'est pour ça que j'ai
demandé d'en savoir plus, pour bien comprendre pourquoi cette décision-là a été
prise. Et il y aura des correctifs qui
seront apportés, parce que, si c'était un signe que ça se passe là, est-ce que
ça se passe ailleurs? C'est ce que
j'ai demandé. Et c'est pour ça que nous avons envoyé des personnes pour bien
comprendre ce qui se passe, M. le Président. C'est ce que nous allons
faire. Mais il y a une chose, je le répète : Ce n'est pas acceptable.
• (14 h 40) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, la semaine dernière, j'ai posé
une question, toujours sur le confinement, au ministre. Le surconfinement dans les RPA, ça durait depuis
des semaines. Il a promis d'agir. Savez-vous quoi? J'apprends ce matin
que, sur le terrain, zéro nouvelle consigne. C'est cinq jours après.
Alors,
comprenez-vous, quand j'entends le ministre dire qu'il va agir rapidement, que
je suis pas mal préoccupée pour le fait qu'il soit capable de régler la
situation dans les CHSLD de façon très rapide? Je suis préoccupée pour nos
aînés, M. le Président.
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bon, alors, j'ai expliqué aussi la semaine
dernière... Puis j'apprécie encore la question, M. le Président, parce que ce qui est arrivé... Puis on se souvient
un peu de ce qui s'était passé dans la première vague. Il y avait des
directives qui étaient émises qui
étaient basées sur ce qui arrivait avec le variant, avec le virus de ce
moment-là. On le sait, que, depuis quelques semaines, le variant Omicron
a changé la donne, les règles de PCI doivent être adaptées, et il faut le faire
à travers tous les établissements de façon à tenir compte
de la situation propre, M. le Président. C'est ce que nous avons demandé. J'ai refait hier, c'était lundi matin...
j'ai refait le point avec tous les P.D.G. hier matin pour nous assurer que les
nouvelles directives...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...qui vont être en place vont pouvoir être suivies. C'est notre rôle, M. le
Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de Jean-Lesage.
Assouplissement des mesures
sanitaires dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : M. le Président, j'ai un rêve pour le Québec. Ce n'est pas un grand
rêve, ce n'est pas quelque chose d'ambitieux,
c'est le strict minimum, tout le monde devrait être d'accord. C'est que
j'aimerais ça qu'à un moment donné on
n'ait plus à demander au gouvernement du Québec si les aînés ont des bains puis
des douches en CHSLD. Pour Yvan Laguë, ça
a pris une menace juridique pour avoir le droit de prendre une douche au CHSLD
de Dorval. Ça n'a pas de bon sens!
Le
ministre de la Santé vient d'annoncer, là, qu'on n'aura plus besoin d'un code
QR pour aller au Costco, il remet en
question toutes les mesures sanitaires au Québec une après l'autre, mais pas
celles qui portent le plus atteinte à la dignité et à la santé mentale
des Québécois et Québécoises qui vivent en CHSLD.
Après
deux ans de pandémie, après tout ce qu'ils ont vécu, les aînés devraient être
pas mal plus haut dans l'ordre de nos priorités.
Est-ce que le
ministre va régler le problème d'ici la fin de la journée?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bon, écoutez, M. le Président, je comprends très bien, là, les
oppositions. Puis d'ailleurs, même avant les oppositions, au cours des derniers jours, j'ai dit qu'on agissait
sur des cas comme ça. Je pense que de faire la comparaison avec le code QR n'est peut-être pas approprié,
mais je laisserai ça aux gens de décider. Pour moi, on parle de deux choses
complètement différentes.
M.
le Président, on a appris, avec la première vague, qu'il fallait traiter nos
aînés de façon différente, avec respect, leur donner les soins qu'ils ont
droit. On parle ici d'un cas spécifique qui est arrivé dans un CHSLD. On a dit
qu'on allait poser des gestes pour comprendre, non seulement pour bien
comprendre ce qui s'est passé, et de prendre des mesures correctives, comme
nous l'avons fait, M. le Président, depuis... Les gens le savent, au cours de
la dernière année, et particulièrement dans
les dernières vagues, on a été capables de mettre nos aînés dans une meilleure
situation de ce qu'on avait vécu au début de la pandémie.
Est-ce que la
situation, elle est parfaite? Non. On a encore beaucoup de gens qu'on a besoin
de s'assurer... Et c'est ce que j'ai demandé
aux différents P.D.G. pas plus tard qu'hier matin, de s'assurer que les bonnes
mesures sont en place et que nos
dirigeants, localement, fassent preuve d'un bon jugement. Alors, c'est ce que
nous allons surveiller dans les prochaines semaines.
Le Président :
Question complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Sur la cellule de crise,
là, de gestion pandémique du gouvernement,
est-ce qu'il y a quelqu'un qui est spécialisé en gérontologie ou encore est-ce qu'il
y a quelqu'un qui est spécialisé en santé mentale et qui veille
spécifiquement sur les aînés?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, on a quelqu'un, justement, un
sous-ministre adjoint, une dame qui s'appelle Natalie Rosebush, qui est avec nous depuis le début de la pandémie, qui
fait un excellent travail, elle connaît très, très bien la situation. Puis à chaque fois qu'on a notre
cellule de crise, le lundi soir, dont le premier ministre faisait référence, on
s'assure, avec les données que nous
avons, que non seulement les soins sont donnés, mais que la qualité des soins
est donnée. Et on passe les CHSLD où
il y a des enjeux et on s'assure que nos groupes de vigie vont voir dans les
CHSLD s'il y a des enjeux à clarifier. On a un grand nombre de CHSLD...
Le Président : En terminant.
M. Dubé :
...comme vous le savez, et c'est le suivi qu'on fait avec cette dame-là.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Bon, je ne sais
pas si je suis complètement rassuré, mais j'ai une autre question. En fait,
c'est ma première question, celle que j'ai posée. Le ministre n'y a toujours
pas répondu.
Est-ce qu'il
est possible d'avoir l'assurance du ministre que les directives seront données
dès la fin de la journée, aujourd'hui, pour que des situations comme
celle de M. Laguë, ça ne se reproduise plus, au Québec?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je suis content d'avoir la question. Ces
directives-là ont été données pas plus tard qu'hier matin à tous les P.D.G., et je leur ai dit que j'allais faire
le point avec eux dans nos rencontres hebdomadaires pour s'assurer qu'un suivi
spécifique a été fait sur le cas qui est
arrivé au CHSLD de Dorval. Alors, M. le Président, je ne peux pas être plus
clair que ça. C'est un suivi spécifique que je vais faire là-dessus.
Le Président : Question principale,
Mme la députée de Fabre.
Accès aux centres d'hébergement et de soins de
longue durée pour les proches aidants
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, nous sommes le 12 mars
2020. La ministre des Aînés et des Proches aidants, avec sa direction du
ministère de la Santé, publie le Guide pour l'adaptation de l'offre de
services en CHSLD en situation de pandémie. Je lis, page 6 : «Dès l'apparition de
[COVID] pandémique dans la région, il doit y avoir restriction des visiteurs
sauf pour des raisons humanitaires ou pour
maintenir l'implication des personnes proches aidantes.» Une directive qui ne
peut pas être plus claire que ça. Le
lendemain, tout le réseau de la santé a ce document entre les mains. Le
14 mars, ça, c'est juste deux
jours plus tard, le gouvernement fait tout le contraire et interdit l'accès aux
proches aidants. Des milliers d'aînés sont morts, seuls au monde, en
CHSLD, dans la souffrance, déshydratés, loin des leurs qui les aiment.
Comment la
ministre peut, un jour, donner l'accès aux proches aidants et, deux jours plus
tard, décider de leur barrer la porte?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le Président, je pense qu'il faut faire
attention. Puis d'ailleurs je veux être prudent, là, parce que ce cas-là qui est soulevé par l'opposition
officielle aujourd'hui a été discuté par la coroner Kamel dans son enquête.
Alors, je voudrais juste être certain
qu'on ne vient pas requestionner des choses qui sont en train de... qui ont été
discutées et qui seront dans le rapport de la commissaire... de la
coroner, pardon.
Maintenant,
le guide dont on parle, c'est un guide qui est sur le site Web depuis deux ans,
qui a été mis en place avant que la Santé publique fasse une recommandation
spécifique que, malgré ce qui avait été écrit dans les meilleures pratiques pour les proches aidants... que la
situation avait tellement changé dans les derniers jours... Et je vais me
limiter à ça, M. le Président, mais,
ce que la Santé publique a dit, bien que le guide des meilleures pratiques...
qui peut s'appliquer à certains cas
de pandémie, pouvait ne pas s'appliquer au moment où est arrivée, justement, la
première vague. Alors donc, je voudrais qu'on soit prudents de revenir
sur ce qui a été discuté par différents témoins lors de la parution avec la
coroner Kamel, M. le Président.
Le Président : Première complémentaire,
Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Devant la coroner
pour expliquer les premiers gestes posés afin de protéger les aînés, la
ministre des Aînés, des Proches aidants et
des CHSLD a dit : Mais nous avons fait quelque chose, nous avons fait un
guide avec Mme Rosebush. Et,
dans ce guide, on le sait, il y a cette directive qui permet l'implication des
proches aidants. Cette directive, elle n'est pas à la dernière page du
document, là, c'est la deuxième directive en importance.
Alors, si la ministre fait le contraire de ce
qui est écrit dans son guide, il sert à quoi, son guide?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Écoutez, M. le Président,
là, je ne veux pas rejouer dans le passé de ce qui est arrivé il y a deux ans,
puis ça a été...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît!
M. Dubé : Non, mais écoutez,
là...
Des voix : ...
Le Président : Non, deux secondes!
Encore une fois, je l'ai fait aujourd'hui, mais ça a bien été suivi, on fait la
même chose, on écoute les réponses, on écoute les questions. Je vous demande
votre collaboration à toutes et à tous. Poursuivez, M. le ministre.
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, là, je ne veux
pas choquer personne. Ce que j'ai dit, là, c'est qu'il y a eu...
Une voix : ...
M. Dubé : M. le Président? Merci beaucoup. Ce que j'ai dit,
c'est qu'il y avait un guide qui a été émis et qu'il y a une recommandation de la Santé publique qui est
arrivée par la suite, qui tenait compte d'un changement important de la pandémie et qui a dit, malheureusement, il n'y a
pas personne qui était content de ça, mais qu'il était imprudent, pour un
certain temps, d'avoir les proches aidants,
dans un contexte de pandémie, avec la contamination qui avait lieu. Alors, je
pense qu'il faut tenir compte...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...du changement qui
est arrivé par la Santé publique, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : La
ministre des Proches aidants a dit à maintes reprises : Ça a été une
décision crève-coeur. Devant la
coroner, en guise d'explication, la ministre et les représentants du réseau de
la santé ont aussi dit : Mais il ne faut pas oublier que l'interdiction n'a duré qu'un mois. Vous
savez, M. le Président, là, les proches aidants n'auront jamais plus la chance d'être auprès des leurs dans leurs derniers
moments de vie, que ça ait duré deux jours, que ça ait duré deux semaines
ou un mois.
Pour ces proches aidants, qui ont besoin de
comprendre et de faire leur deuil, pourquoi le gouvernement refuse toujours une
enquête publique indépendante?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, deux choses.
Premièrement, là, je veux juste être certain que je comprends bien la position de la députée de Fabre, qui
semble, peut-être, selon moi, difficile à comprendre. D'un côté, elle dit :
Vous n'avez pas suivi la Santé publique et vous auriez...
Des voix : ...
• (14 h 50) •
M. Dubé : Non, non, mais, M. le Président, je dis ça très
gentiment, là. Je veux juste être certain que je comprends son point. Elle nous dit : On n'aurait pas dû
écouter la Santé publique, qui a pris une décision de dire : Étant donné
les circonstances, on doit aller plus loin, parce que, justement, il y a un
danger pour la population. Puis mon deuxième point, c'est que, écoutez, M. le Président, la commissaire...
Non seulement Mme Kamel, la coroner, fait l'enjeu de ça, en fait, dans son
rapport, et j'ai très hâte de voir son rapport, mais la Commissaire à la
santé...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...dit la même chose.
Alors, voilà.
Le Président : Question principale, Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Demande
de rencontre entre le ministre de la
Famille et le groupe Ma place au travail
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : M. le Président, j'aimerais rectifier le tir.
Quand le ministre dit qu'il n'a jamais eu une demande de rencontre de Ma place
au travail, je veux savoir qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas
vrai, parce que nous, on a eu de
l'information que, dans le fond, Ma place au travail, eux, ils n'ont pas été
invités aux consultations nationales du ministre, quand il a déposé son grand chantier, et ça fait qu'eux se
sont déplacés à Rivière-du-Loup. Et je cite l'article de Radio-Canada, qui dit : «On a été déçus de ne
pas avoir été invités aux consultations nationales qui ont eu lieu récemment.
Là, il est chez nous, il sait qu'on est là,
il sait que c'est [la] situation qui inquiète énormément de parents [du]
Bas-Saint-Laurent, je pense que ce
serait la moindre des choses d'entendre ce que les parents ont à dire», a dit
la présidente, Mme Lapointe-Gagnon.
Ils ont fait
une demande formelle, ils n'ont pas été invités. Ils demandent encore une fois
d'avoir du temps du ministre.
Est-ce que le
ministre va accepter ou est-ce qu'il va quitter encore par la porte en arrière
de l'hôtel puis éviter de rencontrer ces parents?
Des voix : ...
Le
Président : M. le... Je vous
demande d'être prudents, encore une fois, de ne pas imputer des motifs
blessants. Je vous demande de faire en sorte, encore une fois, d'éviter
ce genre de propos. Je pense que c'est assez clair. Je pense, M. le leader du gouvernement, c'est assez clair
que le message passe, et je pense que je l'ai bien passé. Je souhaite que ça ne
se reproduise pas.
M. le ministre de la Famille, à vous la parole.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : M. le Président, là, je voyais ça s'activer. On
dirait que... Je me disais : Ah! d'après moi, la députée de Westmount—Saint-Louis va se relever pour une question. J'espérais qu'elle ne me sorte pas Rivière-du-Loup, mais là c'est arrivé.
M. le
Président, c'est un groupe qu'on a invité à nos consultations. On les a invités
dans la consultation que j'ai faite pour préparer mon projet de loi, dans
toutes les consultations régionales, à notre consultation nationale. On les
a invités en consultations particulières. J'ai parlé à la représentante, Myriam
Lapointe-Gagnon, après le dépôt du dernier budget.
Là, ils nous
ont fait parvenir pour la première fois une lettre. Ils nous avaient envoyé un
texto, lorsque j'étais présent à l'hôtel, texto à mon attaché de presse :
«On aimerait ça, rencontrer le ministre.» Ce n'était pas possible. C'était
par texto. C'était là, sur place. On était
en déplacement. Ils nous ont fait une demande, là, en plus de toutes les autres
occasions, on a reçu cette lettre-là, c'était la première fois qu'ils
m'écrivaient, le 10 février, M. le Président. Ça me fera plaisir de les
rencontrer. Puis vous savez quoi? Je suis sûr que ce sera très intéressant.
Des voix : ...
Le
Président : Question
complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Encore une fois, on est sur la fin, attentifs aux questions,
attentifs aux réponses.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : C'est juste que c'est particulier, M. le
Président. Lui, il dit quelque chose; eux, ils disent une autre chose. J'espère qu'on ne dit pas que la...
la présidente de Ma place au travail n'est pas en train de mentir. Elle, elle
nous a dit, quand même, et elle a confirmé... il y a des articles qui citent
qu'ils ont fait des demandes formelles, ils ont été là. Il était sur place, il aurait pu, il ne l'a pas fait. C'est une
grande déception. Ça reste qu'ils attendent toujours de savoir qu'est-ce
que le ministre va faire aujourd'hui pour aider ces familles qui sont... ils
cherchent désespérément une place.
Le Président : M. le ministre de la
Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : M. le Président, je le répète, j'ai parlé à
Myriam Lapointe-Gagnon après le dépôt du dernier budget. On les a invités dans toutes les représentations
régionales, toutes les consultations régionales, dans le cadre du dépôt de
mon projet de loi, aux consultations
particulières. Je suis allé leur parler aussi lorsqu'ils sont venus avec leurs
poussettes à l'Assemblée nationale.
Ça me fera plaisir. C'est la première fois qu'ils m'envoyaient une lettre pour
me demander une rencontre, qu'ils
communiquaient avec nous pour demander cette rencontre-là. Donc, ça me fera
plaisir de les rencontrer au cours des prochaines semaines.
Puis vous
savez quoi, M. le Président? Pendant ce temps-là, on va continuer de
travailler, on va continuer de sortir des
sentiers battus. On a dit qu'on a annoncé 37 000 nouvelles places
pour compléter le réseau. On travaille actuellement sur un projet de
loi.
Le
Président : En terminant.
M. Lacombe :
Je veux saluer la députée de Westmount—Saint-Louis. Ça va bien. On continue cet
après-midi, puis j'espère que ça va continuer de bien aller.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme député de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : C'est vrai, ça va très bien en consultations, en étude détaillée pour
le projet de loi n° 1, mais ce
ne sera pas adopté là, là. Ça fait que les familles demandent, les femmes
demandent, leurs enfants demandent : C'est quoi, l'aide qui va
venir maintenant? Le Régime québécois de l'assurance parentale, c'est-u oui ou
non pour une extension aujourd'hui? Pas dans
six mois, pas dans 12 mois, pas quand les 37 000 places vont
être développées, je ne sais pas, dans 25 ans, mais là, là. Ils
demandent de l'aide maintenant.
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu
Lacombe
M. Lacombe : M. le Président, on n'attend pas, on n'est pas assis sur nos mains en
train de se demander ce qu'on peut
faire. La députée de Westmount—Saint-Louis le sait très bien, on est en train d'étudier le projet de loi, des
éléments qu'on fait déjà, notamment les installations temporaires.
Auparavant,
on attendait que les CPE soient inaugurés, terminés de construire, pour être
capables d'offrir les places. Maintenant, on le fait avant, pendant la
construction, dans des locaux temporaires. On fait, par exemple, la fabrication
de CPE usinés. C'est un projet qu'on a en
commun avec l'AQCPE. On a ouvert la porte à ça. On sort des sentiers battus.
On
a bonifié, avec la présidente du Conseil du Trésor, le salaire des éducatrices
en milieu familial de plus de 30 % pour freiner l'exode puis essayer de faire en sorte qu'il y ait plus
d'ouverture de ces milieux-là. Ça fonctionne, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
M. Lacombe :
On aura l'occasion d'y revenir. On est au travail pour les familles
québécoises.
Le Président :
Et cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Nous passons à la
rubrique des motions sans préavis. M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Demander
au gouvernement canadien de ne pas appliquer la Loi
sur les mesures d'urgence sur le territoire québécois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour
débattre de la motion suivante conjointement avec le premier ministre, la
cheffe de l'opposition officielle, le chef parlementaire du troisième groupe
d'opposition, le député de Bonaventure, le député de Rimouski et celui de
Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale s'inquiète des perturbations actuelles en Ontario et
autour de certains postes frontaliers fédéraux;
«Qu'elle
affirme qu'aucune situation d'urgence ne justifie actuellement l'utilisation au
Québec de mesures législatives spéciales;
«Qu'elle
demande au gouvernement canadien de ne pas appliquer la Loi sur les mesures
d'urgence sur le territoire québécois;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale réitère l'importance d'une collaboration étroite entre le
gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec notamment pour assurer la quiétude et la sécurité des
citoyens de l'Outaouais [qui] subissent les contrecoups des manifestations en cours à Ottawa et qui pourraient
faire les frais de toute dégradation de la situation.»
Merci, M. le
Président.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Président : Consentement, sans débat. Je vais donc vous demander vos votes
respectifs. D'abord, M. le leader du... Mme la leader du deuxième groupe
d'opposition? Je m'excuse.
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader du
troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député de
Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : M. le député de
Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion est donc
adoptée.
M. le chef du troisième groupe... Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition.
Mme Labrie : M. le Président, je vous demanderais d'envoyer
une copie de la motion au chef du Parti
libéral du Canada.
Le Président : Et ce sera fait. M.
le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Arseneau : M. le Président,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Bonaventure, le député de Chomedey et le
député de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale affirme l'importance de réaliser un projet de transport collectif
structurant et socialement acceptable dans l'est de Montréal;
«Qu'elle rappelle que l'intégration urbaine
harmonieuse du projet est une condition essentielle à sa réussite;
«Qu'elle souligne l'importance que toutes les
parties prenantes au projet puissent jouer un rôle décisionnel;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de former un bureau de projet
conjoint incluant, notamment, la
ville de Montréal, CDPQ Infra et l'Autorité
régionale de transport métropolitain,
et que ce bureau soit mandaté pour élaborer un projet de transport
collectif dans l'est de Montréal d'ici les 6 prochains mois.»
Le Président : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de consentement.
Mme la ministre déléguée aux Transports.
Mme Rouleau : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante :
«Considérant
que les citoyens et les entreprises de l'est et du nord-est de la métropole
sont mal desservis en transport collectif, et ce depuis des décennies;
«Considérant
qu'il y a une opportunité unique à saisir pour que les citoyens et les
entreprises de l'est de Montréal aient accès à un réseau de transport
structurant, moderne, efficace et ambitieux leur permettant de saisir le
potentiel économique de la métropole;
«Considérant que le REM permettra une connexion
aux pôles d'emploi, d'éducation et de santé;
«Considérant
que le projet viendra transformer les déplacements dans l'est de l'île avec des
gains de temps allant jusqu'à
70 %, tout en rapprochant les quartiers et en accélérant la revitalisation
de ce [...] territoire au potentiel immense;
«Qu'elle reconnaisse que le Réseau express
métropolitain de l'est de Montréal est un projet nécessaire pour la métropole
et ses citoyens, présents et futurs.»
Le Président : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Consentement,
sans débat.
Une voix : ...
• (15 heures) •
Le Président : Pas de consentement.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner
les Journées de la persévérance scolaire
Mme Maccarone : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le ministre de l'Éducation,
la leader du deuxième groupe d'opposition, la députée de Joliette, le
député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que se déroulent présentement et jusqu'au
18 février prochain les Journées de la persévérance scolaire;
«Qu'elle
constate que selon un sondage publié le 14 février, près d'un jeune sur
trois a songé à décrocher de l'école pendant la pandémie;
«Qu'elle
prenne acte que près de la moitié des répondants ont affirmé que la société
n'en faisait pas assez pour favoriser leur persévérance scolaire;
«Qu'elle souligne que 81 % des répondants
ont indiqué se sentir compétents et capables de réussir en regard des objectifs
scolaires qu'ils se sont fixés ainsi qu'une forte majorité d'entre eux
entrevoient leur futur avec optimisme;
«Qu'elle
rappelle que nous avons le devoir d'offrir à ces jeunes des conditions et un
environnement favorable à la réussite éducative;
«Qu'elle rappelle que, peu importe notre rôle
dans la société, nous pouvons tous être une personne significative dans la vie
d'un élève afin de l'aider à persévérer tout au long de son parcours scolaire;
«Qu'elle
félicite les parents qui ont dû conjuguer le travail et l'école à distance, et
plus particulièrement les parents-enseignants;
«Qu'elle
souligne le travail remarquable des enseignants qui ont dû adapter leur façon
d'enseigner afin de motiver les élèves;
«Qu'elle
applaudisse le travail des professionnels de soutien qui ont dû faire preuve
d'ingéniosité pour aider des jeunes avec des besoins particuliers;
«Qu'elle lève son chapeau aux cadres scolaires,
aux directions d'écoles, au personnel de soutien et à toutes les équipes-écoles
qui ont fait preuve de souplesse et d'adaptation depuis deux ans;
«Qu'elle souligne la contribution remarquable
d'organismes qui viennent en aide aux jeunes;
«Qu'elle félicite les élèves du Québec qui, jour
après jour, ont fait preuve de résilience et de persévérance;
«Qu'enfin,
elle constate qu'en temps de pandémie, plus que jamais, la persévérance
scolaire, c'est l'affaire de tous.»
Le Président : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Je vais vous
demander vos votes respectifs, suivi des députés indépendants. M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader du
gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : Mme la leader du
deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader du
troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député de
Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : M. le député de
Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion est donc
adoptée.
Une motion
sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le
gouvernement, je demande s'il y a
consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Consentement. M. le leader du gouvernement.
Entériner le mandat de procéder à
des consultations
particulières sur le projet de loi n° 21
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président.
«Que l'Assemblée
entérine le mandat donné à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources
naturelles, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 21,
Loi visant principalement à mettre
fin à la recherche et à la production d'hydrocarbures ainsi qu'au
financement public de ces activités, [pour] procéder à des consultations particulières et de tenir des auditions publiques
le mardi 22 février 2022 de 9 h 45 à 12 h 35 et
après les affaires courantes jusqu'à 19 heures, le
mercredi 23 février 2022 après les affaires courantes vers
11 h 15 jusqu'à 12 h 55 et de 15 heures à
18 h 30 ainsi que le jeudi 24 février après les affaires
courantes jusqu'à 12 h 15;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et les organismes suivants : la Fédération québécoise des
municipalités, le Front commun pour la transition énergétique, Environnement
Vert Plus, Solidarité Gaspésie, le Centre québécois du droit de
l'environnement, l'Association pétrolière et gazière du Québec, Richard
Ouellet, professeur à l'Université Laval,
Annie Chaloux, professeure à l'Université de Sherbrooke, Fédération des
chambres de commerce du Québec, Équiterre conjointement avec la
Fondation David Suzuki, Me Jasmin Lefebvre du cabinet Miller Thomson, Eau
Secours, Mères au front, Nature Québec conjointement avec Greenpeace;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
1 minute au deuxième groupe d'opposition et 1 minute au troisième
groupe d'opposition et finalement 51 secondes au député
indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 11 minutes
40 secondes pour l'opposition officielle, 2 minutes 55 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition
et 2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
2 minutes 30 secondes pour le député indépendant;
«Qu'une suspension de 10 minutes soit
prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Que le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.» Merci.
Le Président : Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Excusez. Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Président : Je vais demander vos
votes, bien sûr. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
J'étais pour, M. le Président.
Le Président : J'ai bien compris. M.
le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader du
deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader du
troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député de
Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Je vous remercie.
Ainsi, cette motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
À la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président, j'avise cette Assemblée que
la Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi n° 14, Loi visant
à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail, aujourd'hui, à compter de
35 minutes suivant la fin de la période des questions et de réponses
orales jusqu'à 18 h 30, à la salle de l'Assemblée nationale;
La
Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle du Conseil législatif;
La
Commission des finances publiques entreprendra l'étude détaillée du projet de
loi n° 17, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 25 mars
2021 et modifiant d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des transports et de l'environnement
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 102,
Loi visant principalement à renforcer
l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages,
à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en oeuvre
certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci.
Le Président :
Pour ma part, je vous avise que la Commission des institutions se réunira en
séance de travail le
mercredi 16 février 2022, de 8 h 30 à 9 heures, à la
salle Marie-Claire-Kirkland, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant
la réforme du droit de la famille et le maintien des droits des grands-parents.
Je vous avise
également que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en
séance de travail le
mercredi 16 février 2022, de 7 h 30 à 8 heures, à la
salle Marie-Claire-Kirkland, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant la fin des travaux du REM de
l'Est et de l'analyse des besoins en transport collectif.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Merci. Merci, M. le Président. Je veux vous
parler, aujourd'hui, du projet de loi n° 12, M. le Président,
qui a été présenté jeudi, il y a deux
semaines, par la présidente du Conseil du trésor, et du projet de loi n° 22 qui a été présenté jeudi
dernier par le ministre des Transports. Dans les deux cas, M. le Président, et
là je ne veux pas vous parler du fond des projets de loi, là, je veux vous parler de la façon dont on fait les
choses ici, à l'Assemblée, dans les deux cas, M. le Président, le leader du gouvernement nous a demandé de
procéder à l'adoption du principe avant d'entendre les gens en consultations
particulières, et ce n'est pas anodin.
Quand
les deux projets de loi ont été présentés, je me suis levé ici, comme je le
fais régulièrement, M. le Président, pour
demander au leader du gouvernement de nous confirmer la tenue de consultations.
On demande la tenue de consultations sur
ces projets de loi là pour entendre les groupes, pour savoir ce qu'ils ont à
dire, pour savoir, les personnes et les groupes qui sont principalement
concernés par ces projets de loi là, ceux qui vont être impactés, ce qu'ils en
pensent, à savoir si c'est la meilleure chose à faire, s'il y a des
meilleures façons de s'y prendre.
Et
de faire le débat sur le principe avant, M. le Président, avant d'avoir la
consultation, avant d'entendre ces groupes-là, ce n'est pas la façon
normale de faire les choses. On l'a accepté par le passé dans certains projets
de loi. Le projet de loi n° 15 sur la DPJ, le gouvernement nous a demandé la même chose. C'est un
projet de loi pour lequel il y avait eu une grande consultation, menée par plusieurs députés ici, en cette Chambre.
Alors, M. le Président, pour permettre la tenue rapide du débat, on a accepté. On a fait la même chose, à
la demande du gouvernement, sur le projet de loi n° 24,
sur les bracelets antirapprochements,
parce que c'est une mesure de sécurité publique, M. le Président, et, pour
nous, de le mettre en place rapidement, c'est bénéfique.
Là,
ici, on a deux projets de loi qui méritent d'être étudiés, et tout le monde ici
aura leur position spécifique par rapport
au projet de loi, mais de demander aux députés de se prononcer, de demander aux
porte-parole d'opposition, de demander
aux députés du gouvernement qui prennent part aux travaux des commissions, qui
entendent les experts, de faire un
discours ici, de prendre position, de dire si c'est la bonne chose à faire, de
mettre sur la table tous les considérants avant d'entendre ces gens-là, M. le Président, c'est une façon de faire qui
n'est pas respectueuse des gens qui viennent présenter en commission parlementaire, des gens qui viennent
mettre de l'avant leurs points de vue. Au minimum, ce serait la moindre
des choses de les entendre avant de prendre position respectivement.
Alors,
M. le Président, je demande au leader du gouvernement deux choses, aujourd'hui :
de un, pour les projets de loi nos 12 et 22, de procéder de la façon habituelle, qu'on puisse
entendre en commission tous les gens sur lesquels on est d'accord pour tous les entendre en commission. Le
leader du gouvernement nous dit : C'est important de les entendre en
commission. Est-ce qu'on peut le faire avant
de débattre ici du principe de ces projets de loi? Et, deuxième chose, M. le
Président, je lui demande, et ça me semble,
en toute logique, selon la tradition ici... Je lui demande de ne pas commencer
à faire ça systématiquement avec les projets de loi, parce que, si on fait ce
débat-là systématiquement, sur le principe, ici,
à l'Assemblée, M. le Président, on fait fi de tout ce qui nous est dit en
commission parlementaire. Et, moi, si je me mets dans la peau de ces groupes-là, bien, mon intervention, elle vaut un peu
moins. Il me semble qu'on leur doit pas mal plus. Alors, je demande ces
deux choses-là au leader du gouvernement.
• (15 h 10) •
Le Président : M. le leader du... Mme la leader du deuxième
groupe d'opposition. Vous êtes dans mon angle de vision, je vous vois.
Mme Labrie : Pas de problème, M. le Président. Merci de m'accorder la parole. Très
brièvement, simplement pour appuyer les questionnements de mon collègue
de l'opposition officielle. Par tradition, on a l'habitude d'adopter le principe après les consultations. C'est important
pour nous, les groupes d'opposition, parce que, notamment, on n'a pas beaucoup
de ressources pour évaluer les projets de loi. On a absolument besoin
d'entendre ce que les groupes concernés ont à dire. Eux-mêmes, parfois, n'ont pas nécessairement le temps, là,
en l'espace de deux semaines, de faire l'évaluation du projet de loi. Dans le cas des deux projets de
loi qui ont été nommés par mon collègue, on parle de projets de loi de plus
d'une centaine d'articles, plusieurs
dizaines de pages. Les groupes, eux-mêmes, avant de venir en auditions, n'ont
pas le temps, là, d'eux-mêmes faire l'étude, nous informer de leurs
considérations pour qu'on puisse, même, se positionner sur le principe.
Donc, moi, je suis
très ouverte, puis on l'a fait par le passé, mon collègue a donné des exemples,
de mémoire on l'a également fait pour les
tribunaux spécialisés, de donner notre consentement à faire le principe avant
les auditions. Moi, je n'ai pas de problème à ce qu'on discute de ça
occasionnellement. Mais que ça devienne une habitude, de procéder au principe
avant les auditions, ça m'apparaît problématique, là, dans le fonctionnement de
nos institutions. Merci.
Le Président :
Merci. M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Je suis d'accord avec les interventions de mes
collègues leaders. Je pense qu'on a
un devoir, M. le Président, de bien faire les choses. Et, dans certains cas,
comme le leader de l'opposition officielle l'a mentionné, il nous est
arrivé, par consentement, de faire les adoptions de principe avant les
consultations parce que, dans certains cas,
il y avait eu, soit le tribunal spécialisé et/ou la commission Laurent, de
moult consultations, et les partis d'opposition
avaient pu prendre connaissance, en bonne partie, des enjeux et surtout des
effets de changer certaines lois qu'il pouvait y avoir sur la population
en générale.
L'autre chose qui
nous interpelle, M. le Président, et ça, c'est la partie la plus fondamentale,
c'est que, lorsqu'on fait les consultations
avant le principe, ça nous permet, comme législateur, assis ici, à notre
banquette, lorsqu'on se lève pour prendre la parole, d'indiquer au ministre,
après avoir vu les consultations, à quel endroit on est d'accord sur
certains articles, à quel endroit, M. le
Président, on va vouloir faire un peu d'arbitrage avec le ministre pour faire
comprendre notre position versus la
position gouvernementale et à quel endroit où qu'il y a une fin de
non-recevoir. Bref, lorsqu'on prend le temps de bien faire les choses,
c'est-à-dire de faire les consultations et de faire un principe, je sais que le
leader du gouvernement aime ça, on chemine
ensemble, ça nous donne une meilleure indication, au ministre, à quel moment on
pense que ça, il y a consensus, ça, il y a collaboration et, dans
certains cas, ça, il y aura affrontement.
Donc,
M. le Président, je comprends que ce n'est pas la façon de faire, mais on
commence à le voir de plus en plus. Depuis
février, M. le Président, ça fait quatre fois qu'on fait le principe avant les
consultations. Donc, si le gouvernement veut aller dans ce sens-là, dans certains cas les oppositions ont dit
oui, mais, dans d'autres cas, comme le projet de loi n° 12
et le projet de loi n° 22, on aimerait avoir du temps, prendre le temps. Et je sais que le
gouvernement veut adopter ces pièces législatives, et on n'est pas en
train de dire qu'on ne veut pas les adopter, on veut juste prendre le temps de
bien faire les choses, d'avoir les experts.
On n'a pas l'opportunité d'avoir tout l'appareil gouvernemental derrière nous
pour étudier, décortiquer ce qui se passe. Donc, on prend le temps, on prend le
bon moment. Mais je suis sûr que, si le ministre... pas le ministre, pardon, mais, si le leader parlementaire
entend les oppositions, les leaders, il comprendra que, s'il change son
fusil d'épaule, nous allons cheminer avec lui vers l'adoption de plusieurs
pièces législatives.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Bien, M. le Président, vous savez comment j'apprécie mes collègues et que je
chemine avec eux. On est tous dans le même
véhicule parlementaire, M. le Président, et très certainement ils seront
sûrement d'accord avec moi que... Et
j'entendais le leader du troisième groupe d'opposition dire : Écoutez, on
veut du temps, ça nous prend du temps. Bien, je suis d'accord avec eux.
Justement, on a du temps cette semaine pour faire en sorte de faire cheminer ces pièces législatives là au salon bleu, donc à
la fois sur le principe du projet de loi n° 12 et à la fois sur le
principe du projet de loi n° 22, qui sont deux projets loi extrêmement importants, que je sais chers
au coeur des collègues, M. le Président.
Et on l'a dit dès le
départ, lorsque le leader de l'opposition officielle s'est levé pour dire :
On souhaiterait avoir des consultations. À
la fois sur le n° 12, sur le n° 22, je lui ai dit oui,
avec enthousiasme, M. le Président. Et je le réitère, nous tiendrons des consultations, M. le Président.
Mais, pour tenir des consultations, il faut avoir la liste de groupes des
oppositions, il faut fixer des dates. Mais, d'ici les dates, M. le Président,
l'étape de l'adoption de principe, c'est la deuxième
étape suite à la présentation d'un projet de loi, et rien ne nous empêche, M.
le Président, en vertu de notre règlement, les articles 236 et 237, d'appeler le principe du projet de loi. Et
je nous appelle, M. le Président, ici, à l'Assemblée, dans cette enceinte, à faire preuve de modernité,
d'améliorer nos façons de faire, d'être plus efficaces, M. le Président. Ce
n'est pas parce que ça a tout le temps marché de même qu'il faut que ça
continue à marcher de même.
Alors,
moi, je pense que, lorsqu'on a des séances de disponibles, pourquoi ne pas
prendre le temps d'étudier d'une façon approfondie le principe? Et c'est
tout le loisir que les collègues des oppositions ont, et on tiendra les
consultations par la suite, M. le Président.
Et, également, vous savez que le travail se fait beaucoup en étude détaillée
également, mais, puisque les
consultations auront eu lieu avant l'étude détaillée, tous les collègues auront
la possibilité de sensibiliser les collègues ministres aux propositions,
aux suggestions, bonifications qu'ils souhaitent voir dans le projet loi.
Alors, moi, M. le Président, je vais continuer
de travailler avec cette bonne collaboration là avec les collègues pour
continuer de cheminer avec eux, mais surtout pour adopter des projets de loi
qui vont avoir un impact durable sur la société québécoise et qui vont améliorer la
qualité de vie des Québécois. Puis je pense que ça, c'est important, et je sais
que c'est cher au coeur du député de Pontiac et leader de l'opposition
officielle.
Le Président : M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin : Merci. Merci, M. le Président. J'ai entendu les
arguments de tout le monde par rapport au point que j'ai amené. Je remercie les
collègues de la deuxième et la troisième opposition pour leur appui. Mais je me
dois de revenir sur les propos du
leader du gouvernement parce que ça sous-entend, M. le Président, que, dès
qu'il y aura un espace de libre au salon
bleu, on va procéder comme ça. C'est ce qu'il y a aujourd'hui, M. le Président,
il n'y a rien à l'agenda. La façon
que le gouvernement a organisé les travaux — vous savez, ici, c'est le gouvernement qui
priorise les travaux — il
n'y a rien à l'agenda cet après-midi. Les députés ne siègent pas. Alors, le
collègue nous dit : Il y a de la place, travaillons sur ces projets de loi là. On ne peut pas faire ça
de façon systématique parce que le leader du gouvernement organise mal ses travaux, M. le Président. On ne peut pas
enlever aux groupes la possibilité de se prononcer ici, à l'Assemblée nationale,
sur chacun des projets de loi, avant que les
députés prennent la parole parce que le leader du gouvernement organise mal
ses travaux, M. le Président.
Alors, je lui demande, une dernière fois, de
respecter ce qui a toujours été fait ici, à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire donner la parole aux groupes avant de
demander aux députés, dont ses propres députés, de s'exprimer sur la
place publique, ici, à l'Assemblée nationale. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président : ...vos échanges sur
les questions qui ont été abordées.
De mon côté,
je vais vous informer et je vous informe que demain, lors des affaires
inscrites par les députés d'opposition, sera débattue la motion inscrite
par M. le député de Nelligan. La motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement caquiste s'apprête à
renouveler pour une 100e fois l'état d'urgence sanitaire déclaré le
13 mars 2020;
«Qu'elle
rappelle que la Loi sur la santé publique et l'état d'urgence sanitaire n'ont
pas été conçus dans l'optique d'une pandémie s'échelonnant sur plusieurs
années;
«Qu'elle rappelle que l'état d'urgence sanitaire
octroie des pouvoirs exceptionnels et étendus au gouvernement et qu'il n'est pas souhaitable que les normes
usuelles de la gouvernance démocratique soient suspendues sur une si longue
durée;
«Qu'elle
prenne acte qu'après des vagues successives de la pandémie de la COVID-19 dues
à l'émergence de variants du virus, il est impossible de déterminer avec
précision quand cette pandémie prendra fin;
«Qu'elle
déclare qu'il y a lieu de mettre fin à l'état d'urgence sanitaire dans les
meilleurs délais tout en assurant la poursuite de la lutte contre la
pandémie de la COVID-19 et la protection des Québécois;
«Qu'enfin,
elle exige du gouvernement caquiste qu'il s'engage à déposer le rapport
d'événement prévu à l'article 129 de
la Loi sur la santé publique qui doit suivre la fin de l'état d'urgence sanitaire,
et ce, avant la fin de la présente période de travaux parlementaires.»
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, je constate que le délai
pour transmettre les demandes de débats de fin de séance n'est pas
écoulé. Je vous demanderais donc de suspendre nos travaux jusqu'à l'expiration
de ce délai.
Le Président : Et nous suspendons
donc ces travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 19)
(Reprise à 15 h 32)
Le
Président : Nous reprenons
nos travaux. La parole à M. le leader adjoint du gouvernement. M. le leader
adjoint.
Ajournement
M.
Schneeberger : Oui, M. le
Président. Alors, il y a cinq commissions qui se tiennent après-midi. Alors,
afin de permettre les cinq
commissions de se tenir, je vous demande de faire... bien, je fais motion afin
de vous demander d'ajourner les travaux à demain, mercredi, 9 h 40.
Le
Président : Nous avons donc
compris qu'il n'y a pas de débat de fin de séance. La demande a été formulée.
Je demande s'il y a consentement pour la suspension des travaux. Il y a
consentement.
En conséquence, nous ajournons nos travaux.
(Fin de la séance à 15 h 33)