(Neuf
heures quarante minutes)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon mercredi à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous allons
débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et notre
première déclaration sera celle de M. le député de Chapleau.
Souligner le
50e anniversaire du Club Optimiste de Touraine inc.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le
50e anniversaire du Club Optimiste de Touraine.
Le
Club Optimiste de Touraine est composé de membres bénévoles engagés qui ont
permis à plusieurs générations de
jeunes de s'épanouir grâce à une variété d'activités telles que l'art oratoire,
l'essai littéraire, la pêche sur glace, les camps d'été et d'hiver et le
Noël de l'enfant. Le Club Optimiste de Touraine pour objectif de développer
l'optimisme comme philosophie de vie,
inspirer le meilleur chez les jeunes, contribuer au mieux-être de l'être humain
et de sa communauté tout en créant un
climat de coopération et d'amitié entre les membres. Il contribue à valoriser
l'entraide, le bénévolat chez les jeunes, tout en leur permettant de
tisser de belles amitiés.
Mme la
Présidente, j'aimerais remercier et féliciter toute l'équipe des Optimistes de
Touraine pour leurs années de service
auprès de la jeunesse et de la communauté de Chapleau, de Gatineau et de
l'Outaouais. Je pense, entre autres, à la présidente, Diane
Côté-Sauvageau, à Normand Sylvestre, à Pierre Sauvageau, à Robert Brisebois, à
Benoit, Odette, à Marc Tassé et à Paul-André Parent. Bravo, merci, et surtout
bon 50e anniversaire!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Chapleau. Et maintenant je
reconnais M. le député de Laval-des-Rapides.
Souligner le
25e anniversaire du Groupe Alpha Laval
M. Saul Polo
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait plaisir, aujourd'hui, de
souligner le 25e anniversaire d'un organisme qui joue un rôle tellement
important à Laval.
En
effet, depuis 1996, Le Groupe Alpha Laval contribue, par ses différentes
activités, à réduire l'analphabétisme dans
la communauté. On y organise des
ateliers gratuits de lecture, d'écriture et de calcul afin d'aider les
personnes peu alphabétisées à
améliorer leur qualité de vie et renforcer leur autonomie. De plus, au fil des
ans, l'organisme y a ajouté un service d'aide à la recherche en emploi
pour les personnes adultes qui possèdent un faible niveau d'alphabétisation.
La
population de Laval est choyée de pouvoir compter sur ce
groupe populaire qui poursuit une mission aussi noble que
l'alphabétisation.
Je
tiens aujourd'hui à lever mon chapeau à cet organisme qui, depuis
un quart de siècle, a à coeur la défense des droits des personnes peu alphabétisées et les aide à acquérir les
connaissances nécessaires à leur épanouissement. Merci et bon
25e anniversaire au Groupe Alpha Laval!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Laval-des-Rapides. Et maintenant je reconnais M. le député de Bourget.
Souligner le
30e anniversaire du Programme d'information sur le
travail et la recherche d'emploi de Montréal et rendre hommage
à Mme Danielle Lacombe, directrice générale
M. Richard Campeau
M. Campeau : Merci,
Mme la Présidente. Je désire souligner,
aujourd'hui, le parcours admirable de Mme Danielle
Lacombe au sein du PITREM.
Le
PITREM est un organisme du comté de Bourget qui facilite l'insertion des adultes de moins de
35 ans au niveau social, professionnel et économique.
Danielle
Lacombe est présentement la directrice
générale de l'organisme et prendra sa
retraite sous peu, après 20 ans de
dévouement. Simultanément au départ de Mme Lacombe, le PITREM fête ses
30 ans de service, et cet organisme est vraiment un pilier pour les
résidents du quartier.
Mme Lacombe a été une grande
actrice de changement au sein du PITREM. Grâce à son dynamisme, sa rigueur,
elle a toujours été un exemple et une source d'inspiration pour ses collègues.
Mme Lacombe
s'est constamment impliquée dans la concertation locale et a siégé sur
plusieurs conseils d'administration afin d'aider la communauté.
Je tiens sincèrement
à remercier Danielle Lacombe pour son travail exceptionnel au sein du PITREM.
Danielle, bonne retraite! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Bourget.
Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun.
Féliciter l'entreprise
Maçonnerie Gratton pour
l'invention de la machine Brique-Recyc
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente. Alors, j'aimerais
rendre hommage, aujourd'hui, à Tommy Bouillon, de Maçonnerie Gratton,
de Verdun.
Avec
l'aide de ses associés, David et Hugo, cet entrepreneur verdunois a inventé une
machine qui nettoie les briques à
même le chantier afin de pouvoir les réutiliser. Cette machine, on l'appelle
Brique-Recyc. Grâce à ce procédé, des dizaines de milliers de tonnes de briques
ne prendront plus le chemin des sites d'enfouissement. On n'aura plus besoin
d'extraire de l'argile, de dépenser
de l'énergie pour fabriquer de nouvelles briques. Pas besoin, non plus, de
transporter ces briques sur des milliers de kilomètres. C'est rien de
moins qu'une petite révolution, cette invention.
Chaque
fois que Tommy voyait tout ce qui était jeté sur ses chantiers, il se répétait
qu'on pouvait faire mieux. Bien, il a démontré qu'on pouvait faire
mieux, il a fait une invention.
Tommy,
bravo pour ton innovation, ton audace, ton courage! Tu nous fais avancer, tu
nous donnes le goût de faire encore mieux pour l'environnement. Chapeau,
mon ami!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Verdun.
Et maintenant je reconnais M. le député de Mégantic.
Souligner le travail des
bénévoles de la Coopérative
d'habitation du Ruisseau Weedon
M. François Jacques
M. Jacques :
Merci, Mme la Présidente. Je veux
exprimer ma fierté envers le travail acharné de tous les bénévoles derrière la Coopérative
d'habitation du Ruisseau de Weedon.
Les travaux qui ont été lancés dans les dernières
semaines permettront la construction de 26 nouveaux logements
sociaux et abordables destinés à des personnes aînées en légère perte
d'autonomie.
Mon
équipe et moi avons été témoins des démarches depuis ses tout débuts. Je peux
vous assurer que les responsables de la coopérative ont cru en leur
projet et ils ont travaillé très fort pour sa réalisation.
Je
veux notamment souligner l'apport exceptionnel de
Mme Lucienne Gosselin Gravel à ce projet, à qui j'ai remis un
prix Hommage aînés du gouvernement du Québec. Mme Gosselin Gravel,
merci de donner de votre temps pour favoriser
le mieux-être des personnes de votre communauté et toutes celles de la belle...
du grand comté de Mégantic. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Mégantic. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Sherbrooke.
Souligner la Journée mondiale de
lutte contre le sida
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, c'est la Journée mondiale de lutte
contre le sida.
Ça
fait maintenant 40 ans qu'on lutte contre l'épidémie de VIH-sida, en
Amérique du Nord, et que les organismes communautaires travaillent à
soutenir les personnes vivant avec le VIH pour freiner la transmission du
virus.
Avec
la pandémie, ces organismes ont fait preuve de beaucoup de persévérance et de
débrouillardise, malgré les défis,
pour continuer à réaliser leur mission, et c'était d'autant plus difficile
qu'ils souffrent de sous-financement chronique. À Sherbrooke, par exemple, l'organisme IRIS-Estrie est menacé de fermeture
définitive à partir du printemps parce que le financement du gouvernement du Québec ne leur permettra pas de
poursuivre leurs activités. Si cette fermeture se concrétise, c'est toute une région, avec une population de
500 000 personnes, qui va perdre des services pour les personnes
vulnérables, des services de
dépistage, de sensibilisation dans les écoles. Et cet organisme n'est
malheureusement pas le seul à s'inquiéter pour son avenir.
Si on est sérieux dans la
lutte contre le VIH, on ne peut pas se permettre de perdre des services comme
ceux d'IRIS-Estrie, et j'aimerais voir le
gouvernement du Québec financer adéquatement les organismes communautaires dans
leur travail sur le terrain dans lutte contre le VIH. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Sherbrooke. Et je reconnais maintenant M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner le 20e anniversaire de la Société d'horticulture
et d'écologie de Saint-Nicolas
M. Marc Picard
M. Picard :
Merci, Mme la Présidente. Le 8 décembre prochain, la Société
d'horticulture et d'écologie de Saint-Nicolas soulignera son
20e anniversaire.
C'est dans un
esprit de partage des connaissances en horticulture que
Mme Suzanne Fortin et quelques complices ont fondé la société. Rapidement, la passion de
cultiver et récolter, de verdir et fleurir jardins, parterres et balcons a
réuni plusieurs adeptes au pouce vert. L'intérêt est contagieux, car,
dès la première saison, 92 membres sont inscrits.
Au fil des
ans, de nombreuses activités s'ajoutent au programme. En 2008, elle devient
membre de la Fédération des sociétés
d'horticulture et d'écologie du Québec. Des conférenciers renommés dans le domaine sont
invités, des visites de jardins privés et jardins publics situés dans
plusieurs régions du Québec sont organisées.
Je remercie
sincèrement la Société d'horticulture et d'écologie de Saint-Nicolas et tous
ses membres de contribuer à embellir notre environnement depuis
maintenant 20 ans. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Chutes-de-la-Chaudière. Et
maintenant je reconnais Mme la députée de Gaspé.
Souligner le succès de la campagne de vaccination
contre la COVID-19 en Gaspésie
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Mme la Présidente, je souhaite mettre en lumière la campagne de vaccination contre la
COVID-19 en Gaspésie, qui, grâce au travail remarquable des organisateurs et des
travailleurs des centres de vaccination, fut un réel succès.
Les
Gaspésiens sont reconnus pour leur accueil et leur grande chaleur humaine. Sous
l'égide de la directrice de la vaccination au CISSS de la Gaspésie,
Mme Johanne Méthot, c'est une campagne de vaccination fidèle à cette image
qui a été élaborée. Approche personnalisée
des citoyens, contact direct avec les personnes plus vulnérables, organisation
de transport, formation d'équipes de
vaccination à domicile et mobiles, tout a été pensé pour contribuer à la
réussite de l'opération. Dans les
centres de vaccination, de l'arrivée au stationnement jusqu'à l'attente finale,
la prise en charge était assurée par
des gens courtois et faisant preuve d'un grand professionnalisme, permettant
à tous de se sentir en confiance.
Je tiens à remercier et féliciter tous ceux et
celles qui ont été impliqués dans cette campagne de vaccination. Vous avez permis l'adhésion de la population, et,
grâce à vous, le taux de vaccination dans la région est plus élevé que la
moyenne québécoise. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Gaspé. Et maintenant au
tour de M. le député de Vachon de nous faire sa déclaration.
Rendre hommage à M. Carlo DeAngelis, agent de liaison
autochtone du Service de police de Montréal
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je rends hommage à un homme engagé. Il s'agit de l'agent Carlo
DeAngelis, le matricule 6560 du Service de police de la ville de Montréal.
Il a débuté
sa carrière en 1998 comme agent de la Société de transport de Montréal,
et, en 2008, lors de la fusion de la fonction avec la police de Montréal,
il a fait le transfert.
Mme la Présidente, M. DeAngelis a eu le titre officiel d'agent de liaison autochtone
au SPVM en 2015, mais ça faisait déjà
plusieurs années qu'il faisait cette fonction sur sa propre initiative. Il a
toujours fait des liens avec les communautés.
Et j'ai eu le
privilège de faire une opération avec la communauté attikamek de Wemotaci avec
Carlo. Nous avions fait une
patrouille dans la communauté avec Alys Quoquochi, et, à l'époque, on avait
fait une vidéo pour sensibiliser les policiers patrouilleurs, pour les
rapprocher avec les Premières Nations et les Inuits.
Vous voyez,
Carlo n'a jamais hésité à tout faire en son pouvoir pour rapprocher les
communautés. Carlo n'a jamais compté ses heures. Les intervenants
connaissaient son numéro de cellulaire personnel. Il répondait même pendant ses
vacances.
Alors, aujourd'hui, Mme la Présidente, je dis : Mon ami, Carlo, bonne retraite auprès de ta famille que
tu aimes tant, et surtout prends soin de ta santé. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Vachon.
Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Féliciter le Centre des femmes
interculturel Claire et Mme Micheline Cantave
pour la mise sur pied du projet À Coeur ouvert
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Mme la Présidente, je veux rendre hommage au centre interculturel Claire et à
sa directrice, Micheline Cantave, qui se battent depuis des décennies pour
contrer la violence faite aux femmes.
Depuis
la pandémie, la hausse de ces violences dans mon comté met l'organisme
à l'épreuve, mais, qu'à cela ne tienne,
Mme Cantave met sur pied, elle, un nouveau projet, À Coeur ouvert, qui
tend la main aux hommes en colère et en détresse. À Coeur ouvert accueille, écoute, guide sans préjugé, parce
que les cycles de violence doivent être soignés et accompagnés, sinon ça
perdure et ça conduit au féminicide.
Prendre
soin de ces hommes, c'est prendre soin de nos femmes, de nos familles et de
notre société. C'est dire non.
Depuis le début du
projet, il y a deux mois, 12 hommes ont déjà volontairement été suivis. Et
ça continue.
Merci
à vous, Mme Cantave, de prendre cette cause si essentielle à bras-le-corps.
Grâce à vous, bien des femmes, et des hommes aussi, auront évité le pire
et trouvé la paix. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Maintenant,
j'ai besoin de votre consentement afin de permettre à M. le député de Papineau de faire une 11e déclaration. Consentement? Alors, M. le député de Papineau, la parole est à
vous.
Féliciter Mme Manuela
Texeira, nommée Personnalité de l'année
au Gala Excelor de la Chambre de commerce de Gatineau
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, il me fait grand plaisir de me lever pour
souligner un prestigieux honneur
décerné à une entrepreneure bien connue de l'Outaouais, qui, depuis de
nombreuses années, oeuvre d'arrache-pied pour faire rayonner notre coin
de pays.
Au cours des derniers
jours, Manuela Teixeira a été sacrée Personnalité de l'année lors de la remise
des prix Excelor de la Chambre de commerce de Gatineau. Présidente-directrice
générale du Square Old Chelsea, un projet de développement résidentiel, commercial, culturel et
récréotouristique aux portes du parc de la Gatineau, Mme Teixeira peut
certainement être fière de ce titre qu'elle a remporté.
D'ailleurs,
son équipe a tenu à lui rendre hommage dans les heures qui ont suivi la
25e édition du gala en disant être fière de travailler avec une femme
aussi humaine et inspirante et pour des projets uniques qui font rayonner
Chelsea.
En
mon nom et au nom de l'ensemble des résidents de Chelsea et de l'Outaouais, félicitations, Mme Teixeira! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de Papineau.
Alors, ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 4)
Le
Président : Mmes et
MM. les députés, bon mercredi, bonne séance. Nous allons prendre quelques
secondes pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article a, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 15
Le
Président : Et, à
l'article a du feuilleton, M. le ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux présente le projet
de loi n° 15, Loi modifiant la
Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions législatives.
M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, M. le Président. Ce projet de loi apporte diverses modifications à la Loi sur la protection de la
jeunesse.
D'abord, le projet de loi propose différentes
modifications visant à faciliter l'interprétation de cette loi et son application par les différents intervenants et
introduit un préambule. Il réaffirme que l'intérêt de l'enfant est une
considération primordiale dans l'appréciation de celle-ci.
Le projet de loi propose également de permettre, dans des circonstances déterminées, la
communication au directeur de la protection de la jeunesse de certains
renseignements confidentiels détenus notamment par des organismes et des
professionnels, et ce, à toutes les étapes
de l'intervention. Il précise que les conditions d'une loi qui doivent être
remplies pour communiquer des renseignements confidentiels concernant l'enfant
ou ses parents doivent être interprétées de manière à favoriser cette communication lorsqu'elle est dans l'intérêt
de cet enfant ou qu'elle vise à assurer la protection d'un autre enfant.
De plus, le projet de loi prévoit que le ministre
de la Santé et des Services sociaux est d'office le conseiller du gouvernement sur toute question relative à la
protection de la jeunesse et aux enfants en situation de vulnérabilité et qu'il
doit être consulté lors de toute décision
ministérielle mettant en cause l'intérêt des enfants ou le respect de leurs droits en matière de protection de
la jeunesse.
Le projet de loi confie notamment au directeur national de la protection de la
jeunesse la responsabilité de déterminer les orientations et les normes
de pratique clinique applicables par les directeurs de la protection de la
jeunesse, celle d'exercer les
contrôles requis à l'égard des interventions en protection de la jeunesse et
celle de soutenir de façon significative l'action des directeurs de la
protection de la jeunesse. À cette fin, il établit que le directeur national de
la protection de la jeunesse peut
donner des directives aux directeurs de la protection de la jeunesse, faire des
enquêtes lorsqu'il le juge à propos, exiger que des correctifs soient apportés par un directeur dans un délai
déterminé et, dans certains cas, confier les responsabilités d'un
directeur à un autre directeur ou à une personne qu'il désigne.
Le projet de loi institue un forum des
directeurs, composé du directeur national de la protection de la jeunesse et de chacun des directeurs de la protection de la
jeunesse. Il précise que ce forum a notamment pour but de permettre à ses
membres d'assurer la mise en oeuvre et le respect des orientations et des
normes de pratique clinique dans toutes les régions du Québec. Il modifie aussi
la procédure de nomination des directeurs de la protection de la jeunesse.
Le projet de
loi prolonge également la durée maximale des ententes consécutives sur les
mesures volontaires ainsi que la
durée de conservation des dossiers des enfants dont la situation est prise en
charge par un directeur de la protection de la jeunesse. Il oblige un
établissement qui exploite un centre de protection de l'enfance et de la
jeunesse à offrir des services
d'accompagnement psychosocial à la personne âgée de 14 ans et plus qui accède à
l'information contenue dans son dossier. Il prévoit aussi différentes
mesures de soutien au passage à la vie adulte.
Le projet de
loi introduit un chapitre qui regroupe les dispositions applicables aux
autochtones et prévoit de nouvelles dispositions
venant à tenir compte de facteurs historiques, sociaux et culturels qui leur
sont propres. Notamment, il prévoit que
toute décision prise en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse doit
favoriser la continuité culturelle des enfants autochtones. Il détermine également des facteurs additionnels qui
doivent être pris en considération dans la détermination de l'intérêt de ces enfants, dont la culture de
leur communauté ainsi que leurs liens avec leur famille élargie et les
personnes de leur communauté. Il prévoit des règles particulières applicables à
la durée des ententes consécutives sur des mesures volontaires et à l'intervention judiciaire qui
concernent des enfants autochtones. Le projet de loi prévoit aussi la
possibilité, dans certains cas, de former un conseil de famille
conformément à la coutume ou à la pratique autochtone ainsi que la possibilité pour une communauté autochtone ou un
regroupement de communautés d'administrer l'aide financière pour
favoriser la tutelle, la tutelle coutumière, l'adoption et l'adoption
coutumière.
En matière
d'intervention judiciaire, le projet de loi établit la représentation
systématique des enfants par avocat. Il
modifie le délai pour aviser les parties de la présentation d'une demande
concernant l'application de certaines mesures pendant l'instance et prévoit la façon dont est donné cet avis ainsi que
son contenu. Il modifie également certaines règles en matière de preuve. Il prévoit aussi l'accès des
intervenants aux jugements et aux actes de procédure en matière familiale
qui concernent un enfant faisant l'objet d'un signalement.
Par ailleurs, le projet de loi modifie la Loi
sur le ministère de la Santé et des Services sociaux pour préciser que le ministre de la Santé et des Services
sociaux doit promouvoir les mesures propres à répondre aux besoins des enfants
et des familles en situation de
vulnérabilité ou à prévenir la compromission de la sécurité ou du développement
des enfants. Il prévoit également expressément la nomination par le
gouvernement d'un directeur national de la protection de la jeunesse.
Enfin, le projet de loi prévoit certaines
dispositions transitoires et finales. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur la
présentation de ce projet de loi, suivi des députés indépendants. M. le leader
du gouvernement?
• (10 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe de l'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville?
Mme Samson : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. Vous comprendrez qu'il y a plusieurs groupes qui
attendaient depuis plusieurs mois, depuis le dépôt du rapport de la
commission Laurent, le dépôt de ce projet de loi, alors ces groupes-là voudront être entendus en commission. Nous
demandons au gouvernement de s'engager à consultations particulières pour
tous ces groupes-là. Merci, M. le Président.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Très certainement, il y aura des consultations
particulières. J'invite les collègues à nous faire parvenir rapidement
leurs listes de groupes.
Le Président : Merci. Il n'y
a pas de dépôt de documents.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
Nous en sommes à la rubrique Dépôt de pétitions.
M. le député de Bonaventure.
Créer un permis spécial
pour la circulation sur les artères municipales
avec un quadriporteur muni d'un habitacle
M. Roy :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 30 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant
que plusieurs personnes à mobilité réduite doivent utiliser des véhicules
quadriporteurs pour se déplacer et rendre leur vie plus facile;
«Considérant que certains quadriporteurs sont
munis d'un habitacle pour un usage plus confortable étant donné notre climat;
«Considérant que ces quadriporteurs avec [un]
habitacle sont vendus légalement dans plusieurs commerces de la province;
«Considérant
que la Société d'assurance automobile du Québec permet aux personnes à mobilité
réduite de circuler sur toutes les pistes cyclables provinciales du
Québec à bord de leur fauteuil roulant électrique, leur triporteur ou leur
quadriporteur;
«Considérant
que plusieurs municipalités ne possèdent pas de pistes cyclables sur l'ensemble
de leur territoire, rendant impossible
l'utilisation d'un quadriporteur muni
d'un habitacle pour certaines activités quotidiennes — visite
à la pharmacie, à l'épicerie, rendez-vous médicaux, etc. — des
utilisateurs à mobilité réduite;
«Considérant que les utilisateurs à mobilité réduite de
quadriporteurs munis d'habitacles connaissent le Code de la route;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec, en collaboration avec la SAAQ, de revoir la loi concernant les quadriporteurs munis d'un habitacle, afin de permettre
aux personnes à mobilité réduite utilisant ce type de quadriporteur d'obtenir un permis spécial afin de
se déplacer selon le Code de la
sécurité routière sur des artères
municipales pour que ces usagers puissent vaquer à leurs occupations
quotidiennes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Et cet extrait
de pétition est déposé. M. le député de Bonaventure, à nouveau, la parole à
vous.
M. Roy : Merci encore, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
349 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que plusieurs personnes à mobilité réduite doivent utiliser des
véhicules quadriporteurs pour se déplacer et rendre leur vie plus
facile;
«Considérant que certains quadriporteurs sont munis d'un
habitacle pour un usage plus confortable étant donné notre climat;
«Considérant que ces quadriporteurs avec habitacle sont vendus
légalement dans plusieurs commerces de la province;
«Considérant que la Société
de l'assurance automobile du Québec
permet aux personnes à mobilité réduite de circuler sur toutes les
pistes cyclables provinciales du Québec à bord de leur fauteuil roulant
électrique, leur triporteur ou leur quadriporteur;
«Considérant que plusieurs municipalités ne
possèdent pas de pistes cyclables sur l'ensemble de leur territoire, rendant impossible l'utilisation d'un
quadriporteur muni d'un habitacle pour certaines activités quotidiennes — visite
à la pharmacie, à l'épicerie, rendez-vous médicaux, etc. — des
utilisateurs à mobilité réduite;
«Considérant
que les utilisateurs à mobilité réduite de quadriporteurs munis d'habitacles
connaissent le Code de la route;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec, en collaboration avec la SAAQ, de revoir la loi concernant les quadriporteurs munis d'un habitacle, afin de permettre
aux personnes à mobilité réduite utilisant ce type de quadriporteur d'obtenir un permis spécial afin de
se déplacer selon le Code de la sécurité routière sur des artères municipales
pour que ces usagers puissent vaquer à leurs occupations quotidiennes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Et cet extrait
de pétition est également déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci, M.
le Président. Quand un gouvernement
est transparent et qu'on lui demande de fournir de l'information, il la donne,
il la donne complètement et il la donne à temps. Or, c'est exactement l'inverse
que l'on a vu dans les dernières
semaines avec ce gouvernement, M. le
Président. On a eu droit à un tissu
de contradictions de la part du gouvernement.
Le premier
ministre était à la tête d'une cellule de crise pour gérer la COVID-19. À
l'intérieur de cette cellule de crise
là, il y avait trois personnes qui nous ont dit qu'ils savaient qu'il
allait y avoir des enjeux dans les CHSLD : l'ancienne ministre de
la Santé, l'ancien sous-ministre de la Santé et le directeur national de la
santé publique.
Comment se fait-il que le gouvernement ait agi
seulement au mois d'avril pour les CHSLD?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, on avait effectivement une cellule de crise. Il y avait une
quinzaine de personnes autour de la table, avec des experts, des
médecins, entre autres, de la Santé publique, qui nous aidaient à prendre des
décisions.
M. le Président, toutes les inquiétudes, au
début de la crise, c'était sur les urgences dans les hôpitaux. On avait vu ce qui était arrivé en Italie, ce qui était
arrivé déjà à New York, et ce qu'on avait peur, c'est que les urgences se
remplissent de cas de COVID et qu'on
ne soit plus capables de soigner tout le monde. Donc, M. le Président, à
l'époque, il n'y avait pas une aussi
grande inquiétude concernant les CHSLD. Et, je l'ai dit, M. le Président, je
prends ma part de responsabilité. Mais, au Québec
comme à beaucoup d'endroits dans le monde, on s'est retrouvés avec une
situation où déjà il nous manquait d'employés depuis plusieurs années dans les
CHSLD, et, avec le virus qui est entré, on avait encore plus de manque d'employés, donc ça a été dur. À un moment
donné, on a été obligés de faire appel à tous les Québécois. Heureusement,
il y en a qui sont venus nous aider. On a formé rapidement des nouveaux
préposés.
Donc, M. le
Président, aussitôt qu'on a su qu'il y avait un problème potentiel ou réel dans
les CHSLD, on a agi. Est-ce que, si c'était à refaire, on aurait agi
avant? Bien, comme partout dans le monde, effectivement.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Le premier
ministre nous dit qu'aussitôt qu'on l'a su on a agi. Ce n'est pas ce que relève
la Protectrice du citoyen. Il y avait
trois personnes, au sein de la cellule de crise, qui savaient depuis le
mois de janvier. Pourquoi est-ce que le premier ministre a attendu le
mois d'avril pour agir dans les CHSLD?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, j'avais une cellule de crise qui se réunissait à tous les
matins. Il y avait le sous-ministre à
la Santé, il y avait Mme Rosebush, la sous-ministre responsable des CHSLD, il y avait des médecins de
la Santé publique. Et, M. le Président, dès qu'on nous a dit qu'il
y avait des problèmes dans les CHSLD, on a agi.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Question très simple pour le premier ministre :
À quelle date est-ce qu'il a agi pour les CHSLD?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, je n'ai pas la date exacte, on pourrait la ressortir, mais on a, à
un moment donné, commencé... J'ai demandé à
ce qu'on fasse des évaluations, que des grilles d'évaluation soient remplies
pour voir exactement combien il nous
manquait d'employés, parce qu'on avait de la difficulté... le système
d'information n'était pas bon, on avait
de la difficulté à savoir combien il manquait d'employés par CHSLD, puis on a
été obligés d'aller commencer des visites
une par une. Puis, dès qu'on a vu qu'il manquait des employés, bien, on a mis
en place le site Je contribue. Et donc on a agi dès qu'on a su.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, ça fait trois semaines
que l'on parle de rapports dans les CHSLD, et le premier ministre se lève aujourd'hui en Chambre pour nous
dire : Bien, je ne sais pas à quelle date exactement on a agi, on pourrait
retrouver la date. Il y a des gens qui
savent, qui savaient depuis le mois de janvier qu'il y avait des enjeux dans
les CHSLD, et le premier ministre nous dit qu'il ne sait pas exactement
à quelle date il a agi.
Je repose ma
question : Quand est-ce que les gestes ont été posés par le premier
ministre pour répondre à la crise dans les CHSLD?
• (10 h 20) •
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, je m'excuse de contredire
la cheffe de l'opposition officielle, là, mais c'est faux de dire qu'en
janvier...
Le Président : ...
M. Legault : Bien non, mais...
Le
Président : Vous avez...
Je comprends, vous avez dit... Non, mais c'est correct, vous l'avez dit, je
comprends. C'est simplement ce terme-là qui est problématique.
M. Legault :
M. le Président, ce n'est pas exact de dire qu'en janvier on nous a
avisés, le comité de crise, qu'il y avait des risques potentiels dans les
CHSLD.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre. Vous êtes la seule à avoir la parole.
Directives transmises aux centres d'hébergement et de soins
de longue
durée pour la gestion de la pandémie de COVID-19
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, Mme Rosebush,
sous-ministre adjointe à la Santé, témoigne pour la deuxième fois devant
la coroner, ce matin. Elle nous a confirmé deux choses. Elle a confirmé
qu'elle savait, en janvier, que les aînés en
CHSLD étaient vulnérables. L'ex-ministre de la Santé le savait. Et, quand elle
l'a su, elle est venue nous dire qu'elle avait posé des gestes, qu'il y avait eu des directives. Depuis qu'elle a dit
ça, tout le monde la contredit : la Protectrice du citoyen, le P.D.G. du CIUSSS—Mauricie-et-Centre-du-Québec. Et arrive la
deuxième chose que la sous-ministre nous confirme ce matin : la première directive ministérielle
qui parle des CHSLD et qui renforce la protection pour les CHSLD est arrivée
le 11 avril, le 11 avril.
M. le
Président, on commence à manquer de patience. Est-ce que l'ex-ministre de la
Santé peut se lever ce matin en cette
Chambre et nous confirmer qu'elle n'a rien fait pour les aînés en CHSLD entre le mois de janvier et le mois
d'avril?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le Président, écoutez,
je vais revenir à ce que j'ai dit plusieurs fois, mais je pense que c'est important
de le rappeler, M. le Président. J'ai expliqué, cette semaine puis la semaine
dernière, qu'il ne fallait pas s'insérer dans le programme qui est en
train d'être fait par la révision de la coroner, pour une raison bien simple :
Mme Rosebush est venue témoigner une
première fois, puis on a dit que c'était à la coroner de revenir et de
redemander si elle jugeait bon d'avoir
la même personne qui revienne pour avoir des clarifications. Vous savez, M.
le Président, là, c'est en ce moment
que ça arrive. Je pense qu'on devrait
laisser la coroner faire son travail pour qu'on ait une appréciation juste,
complète de ce qui s'est passé. C'est pour ça qu'elle a lieu, l'enquête.
Alors, je
vous dirais, M. le Président, je comprends... et je le dis parce qu'on en parle
souvent, notre gouvernement, on est
les premiers à vouloir que toute l'information soit connue sur ce qui est vraiment
arrivé, parce qu'on n'avait pas toute l'information, M. le Président. On le dit depuis des mois, qu'on n'avait pas l'information nécessaire pour gérer la crise, au début de la crise.
Laissons donc la coroner faire son travail, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, le premier ministre a dit que Mme Rosebush était dans la cellule de crise. Elle
n'aurait pas informé le premier ministre?
Hier, le P.D.G.
du CIUSSS de la Mauricie—Centre-du-Québec a
comparu devant la coroner. Il a confirmé qu'il a bel et bien reçu la lettre du 28 janvier dont l'ex-ministre
de la Santé a parlé, mais, selon lui, là, ces directives ne constituent pas une demande claire et nette de mettre en place des actions dans les CHSLD. M. le Président, quand l'ex-ministre
de la Santé tente de jeter sous l'autobus les P.D.G. des CISSS et des
CIUSSS, c'est comme si elle avait oublié...
Des voix : ...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, c'est un sujet qui est important,
abordé par les oppositions. Avec la pandémie, M. le Président, tout le monde, M. le
Président, a été mobilisé pour lutter contre cette pandémie-là. Et on prête des
intentions, et ce n'est pas acceptable en cette Chambre, à la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Le
Président : Bon,
comprenant que ceci, dans ma tête à moi, n'est pas une question
de règlement... Mais je vais vous dire, cependant, que, dans ce contexte-là, soyez très prudents sur
un genre de propos qui pourraient être blessants, pas besoin d'aller là non plus. Alors, soyez tous et
toutes prudents, dans ce contexte. Je vous demande de faire attention, s'il vous plaît.
Mme la députée de Fabre, il vous reste à peine
trois secondes.
Mme Sauvé :
Quand l'ex-ministre de la Santé agit ainsi, c'est comme si elle avait oublié la
définition de...
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, je pense que ça, c'est un autre bel exemple, là, de témoignages qui sont
faits durant l'enquête.
On
l'a dit plusieurs fois, M. le Président, puis je pense qu'on a été très clairs,
il y avait un enjeu de communication, dans le ministère de la Santé, qui
résultait de nombreuses années, des directives qui étaient envoyées, même avant
la pandémie, dont les P.D.G. n'avaient pas conscience parce qu'il y avait
tellement de directives. Il y a eu une foule de choses qu'on a réalisées au début de la pandémie. Mais ce
qu'on a fait, par exemple, M. le Président, on n'a pas attendu, on a agi.
On a agi sur toutes ces faiblesses-là le plus rapidement possible et on agit
encore.
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je pense que les gens voient qu'on est en action.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Si je
comprends bien, M. le Président,
l'ex-ministre de la Santé savait depuis le mois de janvier, la ministre des Aînés, elle, nous a dit qu'elle
n'avait pas de pouvoir, c'est le premier ministre qui décidait, l'actuel
ministre de la Santé, lui, il est pris avec
ses rapports puis ses grilles d'évaluation, et le premier ministre,
aujourd'hui, nous dit qu'il ne sait pas exactement quand il a agi pour
les aînés, pour les CHSLD.
Est-ce qu'il y a
quelqu'un de responsable dans ce gouvernement?
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! On a des règles
très précises à cet effet. Je n'accepterai pas qu'on puisse commenter au terme d'une question. Nous
écoutons les questions, nous écoutons les réponses. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, à chaque matin on se réunissait, il y avait 15 à
20 personnes. Il y avait, entre autres, la ministre de la Santé de
l'époque, il y avait la sous-ministre aux Aînés, Mme Rosebush. Donc, on regardait tous les
problèmes, puis dès qu'on avait des demandes pour agir, ou même
quand on n'en avait pas, on demandait d'aller de l'avant. Donc, M. le
Président, on a fait notre possible, la ministre de la Santé,
Mme Rosebush, toute l'équipe qui était autour de la table, à chaque
matin, à essayer de faire face à cette crise.
Le Président :
Question principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Rapports des visites
d'évaluation de la qualité des milieux de vie dans
les centres d'hébergement et de soins de longue durée
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, je vous remercie, M. le Président, mais armez-vous de patience, parce qu'on
va essayer de débroussailler l'information à travers les contradictions sans fin du gouvernement sur la question
des rapports d'inspection en CHSLD.
Hier,
le ministre de la Santé nous a affirmé ici, au salon bleu, qu'il rendrait
disponibles les 1 100 rapports de vigie à la coroner. Il y a juste un
enjeu : son gouvernement disait, la
semaine dernière, qu'il y avait 11 512 inspections qui avaient été effectuées. De un, malgré les belles paroles, on attend encore, ils
ne sont pas publics, ces documents-là. De deux, si, comme son gouvernement nous disait la semaine dernière, il y a eu
11 512 inspections dans les CHSLD, pourquoi il veut juste envoyer 1 110 rapports à la
coroner? Qu'est-ce qui se passe avec
toutes les autres vérifications? Ils sont où, les rapports pour ces
vérifications-là? Est-ce que c'est ceux-là qui ont été détruits? Est-ce que
c'est ceux-là qui ont été écrasés?
Après
toutes les versions que vous avez offertes, après les informations qu'on a
refusé de rendre publiques, après tous les témoignages contradictoires, il est
temps qu'il s'excuse, qu'il joue cartes sur table, qu'il dévoile les rapports.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, j'ai voulu remettre les pendules à l'heure, hier, et je vais
le refaire encore aujourd'hui. Toute
l'information qui est demandée par la coroner va lui être fournie, toute
l'information, M. le Président, toute l'information, à savoir... Puis j'ai discuté, puis je vais le
rediscuter au cours des prochains
jours, j'ai beaucoup de patience à répéter la même chose, M. le Président. Il y a des rapports
qui ont été faits avant le cas Herron, il y a des questionnaires
de vigie qui ont été demandés après.
Dites-moi la période qui est demandée, et c'est exactement... On a dit à la
coroner : Voulez-vous pour la
période de la première vague? C'est à
peu près 1 200 rapports.
Voulez-vous la période au complet, de l'ensemble de la pandémie? C'est environ
12 000 rapports. Dites-moi c'est quoi, la période.
Je pense qu'il faut essayer de trouver un
terrain d'entente avec l'opposition pour laisser finir l'enquête par la coroner avec les informations qu'elle nous
demande. Je le répète, on n'a rien à cacher. Au contraire, j'ai très hâte
qu'elle soit complétée, cette enquête-là, parce qu'on va voir... on va
prouver l'information qu'on n'avait pas, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de... le leader de l'opposition officielle, je
m'excuse.
M. André Fortin
M. Fortin : Ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas, ce qu'on
entend, M. le Président. Des CHSLD, là, il y en a plus que 400, au Québec. Le ministre
nous dit que, pendant la première
vague, il y a eu 1 100
inspections. Ça, c'est trois inspections par CHSLD, M. le Président, ou une
inspection aux deux à trois mois. Aïe! On parle de CHSLD où les gens décédaient
par dizaines à chaque semaine, et le gouvernement remplissait une grille d'évaluation à chaque deux ou trois mois? Arrêtez de
prendre le monde pour des cornets, c'est sûr qu'il y a d'autres rapports.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
Des voix : ...
Le
Président : Encore une fois, je viens de vous dire qu'on ne commentait pas, s'il vous plaît. M. le député, vous m'avez bien entendu.
M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je ne commenterai pas, M. le Président, sur le
ton, je ne commenterai pas. Je pense que c'est... Je pense que je vais laisser
les Québécois juger du ton qui est employé par l'opposition.
Je vais laisser les Québécois juger, M. le Président.
Ce que je
dis, c'est que, toute l'information qui est disponible, puis je vais le répéter, là,
toute l'information qui est disponible, on va la donner au coroner.
Et, cette information-là, c'est à elle de voir ce qui est disponible,
c'est à elle de nous dire si c'est
suffisant. Et, je le répète, si elle veut plus d'information, M. le
Président, on va lui fournir avec plaisir, parce que c'est ça qui va
rendre cette enquête-là valable. Merci.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : Vous avez entendu la même chose que moi, M. le
Président, le ministre nous confirme essentiellement, là, qu'il n'y en a pas d'autres, rapports, qu'il
n'y a pas d'autre information écrite, que pour les 400 CHSLD au Québec
on a rempli deux ou trois grilles d'évaluation, pendant la première vague, et rien d'autre. Ça ne se peut pas. Puis, si ça
se peut, c'est complètement irresponsable.
Pire, M. le premier ministre... les rapports réguliers auxquels fait référence
le ministre, ils ont cessé le 15 mars, mais le premier ministre nous a dit hier que les rapports de vigie avaient commencé à la
mi-avril. Il n'y a aucun rapport entre le 15 mars puis le 15 avril?
• (10 h 30) •
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Là, je vais essayer, M. le Président, là, parce
que c'est tellement sérieux, mais je
ne comprends pas le questionnement de l'opposition, c'est tellement
sérieux, là, que je ne voudrais pas dire que personne... En tout cas, moi, je ne suis pas en train de refaire
l'histoire. Je veux faire attention, là, je vais le dire comme ça. Moi, je ne
veux pas refaire l'histoire. Ce que
je veux, c'est avoir les faits. Puis, ces faits-là, c'est ça que la coroner nous
demande. Quand elle aura tous les faits...
Puis
d'ailleurs, je vous le dis, je trouve ça assez incroyable que l'opposition pose
des questions sur un témoignage qui est en cours, M. le Président. Il
est en cours, le témoignage, là, de Mme Rosebush.
Alors,
écoutez, M. le Président, laissons donc faire les professionnels, faire leur
travail, puis après ça on verra ce qu'il en est. Merci.
Le Président : Question
principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Conditions
de travail des éducatrices en service de garde
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Ça prend tout un village pour éduquer un enfant. Ça,
c'est ce que Mylène m'a dit hier
soir. Mylène, c'est une éducatrice en CPE dans ma circonscription. Mylène est
en grève ce matin, et pas par gaieté
de coeur, parce qu'elle et ses collègues sont au bout du rouleau. Elle est en
grève parce que le gouvernement compte ses
cents avec les femmes qui font fonctionner les CPE du Québec. Ces femmes-là
prennent soin des enfants, ces femmes-là prennent soin de l'avenir de
notre nation. Et ça, c'est évident pour n'importe qui qui a déjà mis les pieds
dans un CPE. Ce n'est pas pour rien, M. le
Président, que les parents appuient les travailleuses, c'est parce qu'ils
connaissent la réalité des CPE.
Il y a plein d'employeurs, en ce moment, qui
investissent dans leurs entreprises en donnant des meilleures conditions de travail. Dans ce temps-là, le
premier ministre applaudit, il dit que les travailleurs ont le gros bout
du bâton. Sauf que, dans les CPE, le
patron, c'est lui. Et, en ce moment, il y a une énorme pénurie de main-d'oeuvre
dans les services de garde. Si les
femmes gagnent plus ailleurs, elles vont aller travailler ailleurs. Si la CAQ
sort la matraque, les CPE vont couler, les parents vont payer cher.
Il n'y a
personne au Québec qui veut d'une loi spéciale, c'est le pire scénario. Une loi
contre les CPE, ce serait une loi antifamille.
Est-ce que le
premier ministre peut aujourd'hui s'adresser aux femmes en grève et leur
promettre qu'il n'utilisera pas de loi spéciale?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, le gouvernement offre aux éducatrices en service de garde une
augmentation de 23 %. Elles vont
gagner, dans l'échelon 10, 30 $ de l'heure. C'est ce qu'on offre pour
des postes équivalents pour quelqu'un qui a un D.E.C. technique.
Par contre, les syndicats demandent qu'on donne
la même augmentation aux employés de soutien, donc à ceux qui font la cuisine, ceux qui font le ménage. Et
le chef parlementaire de Québec
solidaire fait des grands discours, déchire sa chemise et essaie de faire croire
qu'on parle des éducatrices, alors que c'est réglé, les éducatrices. Mais, lui,
ça fait son affaire, d'aller faire un grand discours à la Michel
Chartrand pour dire : C'est effrayant, on traite mal les éducatrices. M. le Président, 30 $ de l'heure, 23 %
d'augmentation, ce n'est pas là qu'est le problème, ce n'est pas là qu'est le
problème.
Moi, je
voudrais savoir, là. Est-ce que le chef parlementaire de Québec solidaire est
d'accord avec notre offre, 30 $ de
l'heure, 23 % d'augmentation aux éducatrices? Est-ce qu'il peut au moins
dire s'il est d'accord avec cette partie-là?
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Tout le monde a remarqué, M. le Président que le premier ministre n'a jamais
répondu à ma question, qui portait sur l'utilisation d'une loi spéciale. Moi,
j'aimerais que le premier ministre m'explique pourquoi une cuisinière dans une
école mérite 5 $ de l'heure de plus qu'une cuisinière dans un CPE pour le
même travail. Est-ce qu'il est capable de répondre, s'il vous plaît, par
pitié, pour une fois, à une de mes questions?
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! On reste calme et
on écoute la réponse du premier ministre, qui est le seul à avoir la
parole ici. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, vous avez vu le changement de discours. Tantôt, il déchirait
sa chemise, en point de presse, puis il disait : Mes gens sont sur la
ligne de piquetage pour défendre les éducatrices. Il ne parle plus des
éducatrices, M. le Président. Changement de discours. Il nous dit
maintenant : Les employés de soutien.
On leur offre une augmentation de 9,3 %. Qu'est-ce
qu'il nous propose, là? Soyons concrets, là, pour une fois, pas du pelletage de nuages. Est-ce qu'il propose
20 % aux employés de soutien ou s'il est d'accord avec le 9,3 %?
Est-ce que c'est 30 % qu'il propose? Qu'est-ce qu'il propose pour
les employés de soutien?
Le Président : En terminant.
M. Legault : Pourrait-il être
concret, pour une fois?
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, ça devient de plus en plus clair, le premier ministre connaît
autant les CPE que le logement,
c'est-à-dire pas pantoute. Le premier ministre a essayé de faire dans les CPE
ce que tant de premiers ministres ont
fait avant lui : diviser pour mieux régner. C'est encore ce qu'il tente de
faire ce matin. Petite nouvelle pour lui : ça ne fonctionne pas. Le
premier ministre est en train de se faire donner une leçon de solidarité par
les familles du Québec.
Peut-il s'engager à
ne pas appliquer de loi spéciale contre les femmes qui sont en grève à partir
d'aujourd'hui?
Le Président :
La parole n'appartient qu'au premier ministre en réponse.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, pour la première fois dans l'histoire du
Québec, on donne des augmentations d'environ 20 % à
trois groupes de femmes : les enseignantes, les préposées dans les CHSLD
et les hôpitaux et les éducatrices. Trois
groupes de femmes à qui on donne 20 %, alors qu'on offre 6 % à
9 % pour les autres groupes. C'est la première fois qu'on fait ça.
Mais on a devant nous Québec solidaire, le parti des syndicats. Moi, je préfère
être le parti des familles.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Joliette.
Avenir
du réseau des centres de la petite enfance
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Alors que nos services de garde éducatifs à l'enfance sont à la croisée des
chemins, voilà que le gouvernement affiche
un inquiétant biais pour le privé et un inquiétant mépris pour les
travailleuses de la petite enfance. D'abord, il abandonne...
Le Président :
...M. le leader du gouvernement, en question de règlement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, vous savez pourquoi je me
lève. On ne peut pas employer ce genre de termes à l'endroit... c'est prêter des intentions aux collègues. Je ne pense
pas qu'on peut dire que le gouvernement méprise qui que ce soit.
Le
Président : Et je
vais vous demander de retirer ce terme, qui est au lexique, et on le sait tous.
Mme la députée, je vous demande le retrait de ce terme.
Mme Hivon : Retiré. Il abandonne d'abord le seuil
traditionnel minimal de 85 % de création de nouvelles places en CPE. Ensuite, il favorise le maintien, voire le
développement du privé, avec l'augmentation massive du crédit d'impôt,
annoncée jeudi, qui représente 1 milliard, 1 milliard qui aurait été
beaucoup mieux investi dans la création de places en CPE et la conversion de places, comme nous le proposons. Et
évidemment il refuse toujours d'accorder le rattrapage salarial qui s'impose à l'ensemble des travailleuses de la
petite enfance, dont on voit les conséquences aujourd'hui et qui mèneront
aussi à une fragilisation du réseau.
Alors, est-ce que le
gouvernement peut changer de cap et affirmer que l'avenir, il n'est pas dans le
privé libéral mais dans les CPE et avec des travailleuses rémunérées dignement?
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, je veux dire à tous ceux qui
nous regardent qu'on a changé de
paradigme, au Québec, depuis déjà un bon moment. On a déposé, le
21 octobre, le Grand chantier pour les familles, qui est accompagné du projet de loi n° 1, pour
compléter une fois pour toutes les services de garde éducatifs à l'enfance, au
Québec, pour que chaque enfant puisse avoir une place.
Vous
savez, ce slogan-là, Un enfant, une place, on l'a entendu, on l'a
entendu longtemps, mais ça ne s'est jamais concrétisé. De notre côté, très concret, 45 mesures dans un plan
d'action. Pas de grande séance de pelletage de nuages où on ne sait pas trop qu'est-ce qui va se passer. On
arrive avec des mesures qui sont là, avec le budget qui est nécessaire et avec
aussi, évidemment, le rattrapage salarial qui s'impose.
Je
veux souligner à la députée de Joliette... Je le sais, là, qu'elle y croit, aux
centres de la petite enfance. Son parti est à l'origine de leur création. Mais
je trouve quand même ça particulier de nous faire reprocher ce qu'on fait
actuellement, alors que, lors de leur
dernier passage au gouvernement, et j'ai eu l'occasion de lui mentionner, ils
auraient pu faire un rattrapage salarial, constatant l'ampleur des dégâts
libéraux. Ils ne l'ont pas fait. Ils auraient pu déposer un projet de
loi, un, deux, trois articles, pour
venir mettre certains verrous pour assurer le développement des CPE. Ils ne
l'ont pas fait. Ils n'ont pas changé le financement non plus. On est là.
On s'en occupe, maintenant.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Au Parti
québécois, on fait le choix des
familles, des experts et de la qualité en mettant le cap sur 100 % CPE. 100 % des nouvelles places en
CPE, 100 % de conversion de places privées en CPE. Et on fait le choix des
travailleuses de la petite enfance, oui,
parce qu'on y croit, dans l'importance de cette cause-là, du rattrapage
salarial. Ça devrait être la cause de l'ensemble de la société
québécoise.
Alors,
est-ce que le ministre et son gouvernement vont changer de cap? Et ils ont
l'occasion de le faire avec la négo qui est en cours.
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : M. le Président, vous savez, à la Coalition avenir Québec, le gouvernement que les Québécois ont choisi,
c'est un gouvernement pragmatique. Par le passé, quand le Parti québécois était là, c'était tout aux CPE. Quand les libéraux arrivaient, c'était : Allez, vite,
tous au privé. Imaginez la cacophonie dans laquelle se sont retrouvés les
fonctionnaires du ministère de la Famille, qui ne savaient plus où donner de
la tête parce que les orientations changeaient tout le temps. Et ça, c'est
sans parler des ministres de la Famille qui se succédaient à un rythme effréné,
à toutes les années ou les années et demie, en plus de cumuler d'autres
fonctions.
On
avait besoin d'un plan, un plan de match clair, net et précis. On accepte le
plus de projets de CPE possible, mais ce n'est pas vrai qu'on va dire
aux garderies privées qu'elles n'ont pas le droit d'exister. Elles sont là.
Le Président :
En terminant.
M. Lacombe :
On va continuer, parce que notre objectif, c'est que chaque enfant ait une
place.
Des voix :
...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Joliette. J'aimerais qu'on ne
commente pas les réponses, s'il vous plaît. Merci.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Donc, vous noterez, M. le Président, que le ministre
confirme qu'il accepte le développement à toute vitesse
du privé avec le crédit d'impôt, avec l'abandon des cibles pour 85 % au
moins de places en CPE. Et, aussi, pas un mot sur la négociation en
cours, sur le rattrapage salarial qui est urgent pour toutes les travailleuses.
Est-ce
que c'est normal, si le premier ministre dit qu'ils doivent être payés de la
même manière, qu'il y ait des écarts de
3 $, 4 $, 5 $, 6 $ de l'heure entre les CPE et les réseaux
publics, santé, éducation? Ce n'est pas normal. On veut un message clair,
aujourd'hui.
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
J'étais pressé de répondre. M. le Président, je vous mets au défi de demander
aux Québécois, actuellement, qui ne sont pas
capables d'aller travailler, aux mères de famille qui ne sont pas capables de
retourner au travail, après leur
congé de maternité, s'ils souhaitent se priver d'une place parce que ce n'est
pas une place en CPE. Moi, je vous le
dis, là, actuellement on a besoin de 37 000 places, au Québec. Ce
n'est pas une blague, là, il y a des parents qui ne sont pas capables
d'aller travailler.
Donc,
le pelletage de nuages du Parti québécois, qui est dogmatique et qui ne voit
qu'un modèle, on n'y croit pas. Ce
qui est important pour nous, c'est de prendre l'aide de tout le monde, de
concrétiser ces places-là puis qu'enfin les parents aient une place pour leurs enfants, qu'ils
puissent participer à l'économie du Québec, que leurs enfants puissent se
développer. Parce que les grands discours dans lesquels ils nous ont
enfermés...
Le Président :
En terminant.
M. Lacombe :
...dogmatiques, ça nous a menés à la situation actuelle. C'est terminé, M. le
Président.
Le Président :
Question principale...
Des voix : ...
Le Président : S'il
vous plaît! Ça fait plusieurs fois que je dis de ne pas commenter les réponses,
ne pas... ni de dire bravo, ni de
commenter, vous l'aurez bien compris, alors on l'applique. M. le député de
LaFontaine, s'il vous plaît.
Négociation
des conditions de travail des éducatrices en service de garde
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, on vient d'entendre le ministre lui-même faire un beau grand
discours en disant que les parents, malheureusement, se cognent le nez sur la porte. Bien, ce matin, il y a
43 000 familles qui se cognent le nez sur la porte à cause de l'inaction de ce gouvernement-là, à cause
qu'ils n'ont pas réglé par une entente négociée,
pas par loi spéciale, qui est la
menace au-dessus de leurs têtes, une entente qui ferait en sorte que les
éducatrices... et il y a encore plein de points, M. le Président, qui
sont encore à l'étude et à la négociation, mais ça n'avance pas.
La
ministre, présidente du Conseil du trésor, a dit ce matin : Je reconnais
l'impact négatif sur les parents. Il était à peu près temps. Ça fait un
an et huit mois que l'entente est échue. Elle a dit, ce matin : Je suis prête
à travailler jour et nuit, 24 heures sur 24. Ce matin, elle m'a fait
penser à la cigale dans la fable La cigale et la fourmi, M. le Président.
Qu'a-t-elle fait pendant un an et huit mois?
Et, ce matin, elle dit qu'elle est prête à régler, mais elle a l'épée de
Damoclès de la loi spéciale.
Comment
legouvernement peut-il
expliquer, ce matin, que 43 000 familles se cognent le nez sur la porte?
Ça, ce n'est pas des grands discours, c'est un dossier qu'ils ont laissé
traîner.
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, contrairement à la cigale, je n'ai pas chanté tout l'été. J'étais seule aux
tables de négociation, je le rappellerai.
Donc,
écoutez, je pense que c'est important de qualifier... et je
ne reprendrai pas les termes, mais je les ai entendus à l'extérieur,
d'ailleurs, des centrales syndicales, on parle de dégoûtés, on parle de mépris,
on parle d'inaction. Je rappellerai que
le gouvernement a fait, depuis le début de ces négociations-là, trois pas
majeurs. On est rendu, présentement, à 23 % d'augmentation pour les
éducatrices qualifiées, spécialisées dans les CPE. Et c'était la demande
initiale, d'ailleurs, des syndicats, de prioriser.
Effectivement,
dans cette négociation-là, on fait ce qu'on n'a jamais fait par le passé, on a
décidé de mettre l'accent sur des postes en particulier pour être capables,
justement, de faire le rattrapage nécessaire. Et elles le méritent. Chaque
point de pourcentage qui a été déposé sur la
table par le gouvernement est pleinement mérité et était longuement dû. Je
rappellerai que, si on doit faire un
rattrapage, c'est parce que, depuis les dernières 20 années, depuis qu'on
a créé le réseau, on a laissé le réseau traîner et on n'a pas fait les
augmentations nécessaires.
Alors,
c'est 23 % d'augmentation qui sont là parce qu'on considère les
éducatrices, elles sont au centre de cette mission éducative. Ce qui ne veut pas dire qu'on laisse
les autres tomber, mais, nos principes sont clairs, on ne pourra pas aller à la
même hauteur.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Elle a raison de dire qu'elle n'a pas chanté tout l'été, ça fait un an et huit
mois, M. le Président, qu'elle est
assise sur ses mains dans ce dossier-là. Alors, on se trouva fort dépourvus
quand la bise fut venue, M. le Président. Ils n'ont pas agi. C'est 43 000 familles, ce matin, qui se cognent
le nez sur la porte. Et c'est depuis toujours, M. le Président, depuis que la CAQ est là.
Décembre 2020, vague de démissions dans les services de la petite enfance
au Québec. Juin 2021, une
éducatrice sur deux songe de quitter le métier.
Pourquoi n'ont-ils
pas agi? Qu'ont-ils à dire aux parents du Québec?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor, à vous la réponse. Vous êtes la seule à
avoir la parole.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, dans
ce dossier-ci, je suis tout à fait confortable avec le fait qu'on a agi,
qu'on a agi en temps opportun et qu'on a fait des avancées majeures.
Quand
on parle d'une négociation, M. le
Président, je tiens à le repréciser, et
je parle peut-être aux syndicats, quand on parle d'une négociation, on parle de choix à faire, on parle de
mouvements à faire dans les deux sens. Depuis le début de cette
négociation, le gouvernement a fait des pas de géant.
Les syndicats,
peut-être qu'ils sont pris au dépourvu. Ils sont habitués, avec les gouvernements
précédents, à arracher chaque point de
pourcentage à la sueur de leur front. Nous, on a fait des points de 4 %,
5 % à chaque fois parce qu'on y croit, à la mission éducative des
éducatrices.
Le Président : En terminant.
Mme LeBel :
On y croit, à la mission des CPE, encore une fois, ce qui ne veut pas dire que
les autres seront laissés pour compte.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le Président,
si on suivait le raisonnement de la ministre, il faudrait conclure, donc, que
les éducatrices et les intervenantes sont
complètement déraisonnables. C'est ce que la ministre plaide. Ils sont
complètement déraisonnables. Ils ont
tellement fait des pas de géant qu'elle ne comprend pas puis qu'elle en est
réduite à parler d'une loi spéciale.
M. le Président, les parents appuient les éducatrices et les intervenantes parce qu'ils
aident... évidemment, ils prennent soin des tout-petits, à leur épanouissement, et ils permettent aux
parents d'aller travailler. Ce matin, il y en a 43 000 qui ne vont
pas travailler parce que ce gouvernement-là n'a pas agi. Il est temps qu'il
agisse.
Le Président : Mme la
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel :
Oui, merci, M. le Président. Ça va me permettre de réitérer quelque chose. La
loi spéciale, pour moi, est un outil
de dernier recours, et je demeure convaincue, au moment où on se parle, qu'on
est capables de s'entendre. Le gouvernement
a réussi à s'entendre avec les autres secteurs, a réussi à s'entendre avec
l'éducation, avec les enseignants, avec les autres secteurs de
l'éducation, avec les infirmières. On est capables de s'entendre.
Il y a
présentement sur la table des choses significatives, au contraire de ce qui a
été fait dans les années précédentes, parce que qui dit rattrapage dit
retard. Et d'où vient le retard? La question se pose.
Le Président : Question
principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Réouverture du chemin Roxham
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, la semaine dernière, le gouvernement fédéral a décidé de
rouvrir le chemin Roxham, qui
encourage directement les passages irréguliers au Québec. On le sait, c'est presque
uniquement le Québec qui est aux prises
avec un problème comme celui-là parce qu'il y a un chemin qui est carrément
aménagé et exploité par des réseaux de
passeurs. Résultat, il y a 95 % des entrées irrégulières au Canada qui se
font au Québec. Il faut se rappeler une chose, c'est que, si c'est le fédéral qui choisit, de manière volontaire, de
rouvrir ce passage, c'est le Québec qui en paie la note par centaines de
millions.
Maintenant,
je vous rappelle que, la dernière fois, le gouvernement fédéral a refusé de
payer. Il a fallu engager des négociations
pour le remboursement. Il a même fallu une élection fédérale pour qu'il
consente à en payer une partie, de ces dépenses. Est-ce qu'on veut
vraiment rejouer dans ce film-là?
Nous,
évidemment, pour le contrôle des frontières, on a une solution, c'est
l'indépendance du Québec. Mais, en attendant,
là, au premier ministre, qui ne décide de rien, j'aimerais poser la question suivante : Est-ce que le fédéral a
consulté le premier ministre? Et est-ce qu'il est d'accord avec les
décisions de Justin Trudeau?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Le chemin Roxham, vous le savez, c'était fermé
depuis le mois de mars, l'année dernière,
au début de la pandémie. Et, oui, effectivement, il y a eu des conversations
qui ont été tenues entre les ministres Fraser,
Duclos, Qualtrough, mon collègue Christian Dubé et moi le 21 novembre
dernier. On voulait s'assurer que le flux quotidien des demandeurs d'asile soit limité à 60 personnes, et que la capacité d'hébergement
du Québec soit totalement respectée,
et qu'on maintienne un corridor de communication. Ce qui est fait. Ottawa a
compris nos revendications dans le cadre
de nos responsabilités, s'est engagé clairement à respecter nos capacités
d'hébergement et à maintenir un lien de communication afin de s'assurer que ces personnes, demandeurs d'asile,
soient accueillies dignement et avec humanité sur le territoire
québécois. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, on remarquera que le
premier ministre dévie parfois les questions. Là, il refuse de se lever
pour répondre à une question qui est importante, quand même. On voit que le
fédéral prend des décisions et que le gouvernement du Québec n'est pas consulté. Il y a une solution à
ce problème-là, c'est suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs, qui
permet, justement, les passages irréguliers. Ça fait cinq ans que le Parti
québécois le demande.
Est-ce que le
gouvernement, est-ce que le premier ministre est d'accord pour maintenir cette
entente et maintenir les passages irréguliers à la frontière?
• (10 h 50) •
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, il y a une entente à
l'international où, quand quelqu'un se présente comme un réfugié politique, on l'accepte, et ensuite il y a
une évaluation qui est faite par le gouvernement fédéral pour s'assurer que
c'est bien un réfugié politique qui voit sa vie en danger dans son pays.
Je prends
note, là, que le Parti québécois est contre et il voudrait qu'on cesse l'entente
sur les réfugiés politiques. Je suis surpris de cette position du Parti
québécois.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, il ne faut pas confondre
les demandes de statut de réfugié avec l'entente sur les tiers pays
sûrs. Je demanderais au premier ministre de réviser ses dossiers. Mais, en
attendant, je voulais savoir si le premier ministre est aussi d'accord avec le
fait qu'on ouvre le chemin Roxham pour faciliter et encourager les passages irréguliers en pleine pandémie, alors qu'on a un
nouveau variant, l'Omicron, et qu'on demande au fédéral de resserrer les
contrôles aux frontières.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, M.
le Président, quand on parle d'une
entente des tiers pays, ce que ça veut dire, c'est... Prenons un réfugié politique qui passe par les États-Unis,
qui rentre par le chemin Roxham ou un autre endroit pour venir au Canada.
Il y a une entente avec les États-Unis, tiers pays, que l'entente sur les réfugiés
politiques, internationale, est respectée.
Donc, encore une fois, bon, le Parti québécois,
dans la première question, nous dit : Nous, notre solution, c'est un référendum sur la souveraineté. Maintenant,
il nous dit : L'entente concernant les réfugiés politiques avec les tiers
pays devrait être annulée. Donc, j'en prends note.
Le Président : Question
principale, M. le député de Nelligan.
Critères d'admissibilité au Programme d'action
concertée temporaire pour les entreprises
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : M. le
Président, aujourd'hui, on va remettre les pendules à l'heure en lien avec l'affaire du
pouvoir discrétionnaire du ministre de l'Économie. C'est très simple, le
ministre de l'Économie a utilisé une clause, une clause à l'intérieur... où il peut donner des prêts à des entreprises qui ne
respectaient pas les critères d'admissibilité du programme de 2,5 milliards de dollars. Le problème,
c'est que ni lui, ni les membres de son ministère, ni la direction d'Investissement Québec n'ont dévoilé, n'ont pris la peine de communiquer publiquement
l'existence d'une telle clause.
Quelques mois plus tard, ce qu'on constate, c'est que cette clause a été
réservée à des entreprises ou à un cercle très intimes, très restreints et très
proches.
La question
qu'on se pose, M. le Président :
Pourquoi le ministre, d'une manière délibérée, n'a pas dévoilé une clause aussi
importante, qui permettait uniquement à quelques entreprises de bénéficier de
son pouvoir discrétionnaire, qui est de l'ordre de 68 millions de
dollars? Pourquoi cacher cette information?
Le
Président : Je vais vous demander, encore une fois... Il n'y a
pas de... Le terme «cacher», vous ne pouvez pas l'utiliser. M. le député de Nelligan, je vous demande de retirer ce
terme, parce qu'il est au lexique, et vous le connaissez bien.
M. Derraji : Pourquoi ne pas
dévoiler cette clause?
Le Président : Non, mais je
vous demande de retirer quand même le terme que vous avez dit.
M. Derraji : Je le retire, M.
le Président.
Le Président : Merci. M. le
ministre de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, comme je l'ai expliqué hier, je pense, c'est important de
comprendre le mécanisme dans lequel
le ministère a été appelé à prendre position sur des dossiers. Sur les
14 000 dossiers, il y en a eu une vingtaine qui ont effectivement été apportés au ministère de
l'Économie, des dossiers qui ont été apportés par Investissement Québec et par les fonctionnaires. Il n'y a eu aucun
dossier où le ministre lui-même a voulu faire une intervention financière qui
n'avait pas été supportée par le ministère.
Donc, je
pense qu'il faut remercier la flexibilité et l'intelligence des gens du
ministère qui ont dit : Il y a des cas qui méritent... des cas particuliers. Et, dans tous les cas, ce sont leurs recommandations. Ils ont voulu avoir le
confort du ministre, ce que j'ai
accordé, encore une fois, dans toute situation où c'est par la base que le
processus a suivi son cours.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Nelligan.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : M. le Président, le ministre de l'Économie disait qu'ils ont fait un excellent travail, les
fonctionnaires. Oui, ils ont fait un excellent travail, mais ils n'ont pas
octroyé les prêts, parce qu'ils savaient qu'ils ne remplissaient pas les critères. Ils ne remplissaient pas les critères.
C'est sa décision. C'est son pouvoir discrétionnaire. C'est lui qui a pris
cette décision.
Est-ce qu'aujourd'hui il peut s'engager devant les
Québécois de dévoiler la liste des entreprises chanceuses qui ont
bénéficié de 68 millions de dollars?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, encore une fois, aucun des dossiers n'a été apporté par le ministre.
Maintenant,
je vais déposer ici, en Chambre, un document, un article de journal du
1er août 2018, que je vais lire, deux paragraphes :
«Au cours des cinq dernières années, le gouvernement du Québec a perdu
pas moins de 450 millions dans des prêts faits à des entreprises qui ont
connu des difficultés financières ou [...] carrément fait faillite.» Le punch n'est pas là.
1er août
2018 : «Québec refuse de divulguer le nom des entreprises qui ont cessé de
rembourser leurs prêts "afin de ne
pas causer de préjudices et de respecter la confidentialité des [documents]"...»
Qui était le ministre de l'Économie? La cheffe du Parti libéral...
Des voix : ...
Le Président : Deuxième
complémentaire...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous perdons de
précieuses secondes. Je vous demande, s'il vous plaît, de respecter les
droits de parole de chacun.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Nous perdons de précieuses
secondes. Et je vous demande de ne pas vous interpeler.
Des voix : ...
Le Président : Est-ce que des
gens ne comprennent pas? Je vous demande, s'il vous plaît, d'être attentifs aux
questions et aux réponses. S'il vous plaît! M. le député de Nelligan, à vous la
réponse.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
Je tiens à rappeler au ministre de l'Économie qu'on n'est pas dans le secteur
privé, on est dans le secteur public. L'argent que vous avez distribué,
c'est l'argent des contribuables.
J'ai une seule question, M. le Président...
Des voix : ...
M. Derraji : Vous pouvez leur
dire d'arrêter, M. le Président? Ils...
Une voix : ...
M. Derraji :
Oui, oui, aucun problème. Aucun problème.
M. le Président, j'ai une question très simple. Parmi
les entreprises qui ont bénéficié du prêt, il y a le groupe Lumenpulse. J'ai une question très claire :
Est-ce que le ministre, aujourd'hui, peut confirmer, oui ou non, que le groupe
Lumenpulse n'a pas bénéficié de...
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Je pense que le député de Nelligan n'a pas compris mon commentaire, je vais le
répéter. La cheffe du Parti libéral,
qui était ministre de l'Économie et de l'Innovation, sous son règne :
«Québec refuse de divulguer le nom des
entreprises qui ont cessé de rembourser leurs prêts "afin de ne pas causer
de préjudices et de respecter la confidentialité des
[documents]"...»
M. le
Président, la cheffe de l'opposition avait raison. Ce que je lui demande,
aujourd'hui, c'est de convaincre son leader économique du Parti libéral qu'il
faut comprendre comment les entreprises fonctionnent avant de demander des choses qui sont déraisonnables.
Le Président : M. le... Question...
Des voix : ...
Document
déposé
Le
Président : S'il vous plaît! Je vous demande le consentement pour le dépôt du document
que le ministre a souhaité vouloir déposer. Il y a
consentement.
M. le député de La Pinière, vous êtes le
seul à avoir la parole.
Liste des entreprises admises au Programme d'action
concertée temporaire pour les entreprises
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : M. le Président,
je peux dire au ministre de l'Économie comment le Parlement fonctionne, et le Parlement fonctionne sur une base de transparence. Et c'est ce qui est en jeu aujourd'hui, M. le Président. Je vais citer le ministre
de l'Économie hier, M. le Président, en réponse à une question
de mon collègue de Nelligan : «...le Commissaire au [lobbying], le Commissaire à l'éthique, la Vérificatrice générale ont amplement accès aux renseignements.» Il nous a même invités, en
période de questions, pour prendre tous les moyens légaux pour avoir
accès aux dossiers. Pourtant, la Vérificatrice générale a dit qu'elle
n'avait pas eu accès à toutes les informations.
Alors, je
pose une question, ici, M. le Président, au ministre : Le public qui nous écoute, là, devant d'aussi flagrantes contradictions, est-ce qu'il croit le ministre,
ex-ministre suspendu pour non-respect des règles à l'éthique,
ou est-ce qu'il croit la Vérificatrice
générale, qui dit ne pas avoir accès à tous les dossiers?
Va-t-il nommer les 10 compagnies?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : La réponse,
c'est que je ne divulguerai pas les 10 compagnies.
Maintenant,
parlons de transparence. Je vais expliquer au député de La Pinière. La transparence du gouvernement
est tellement bonne que, sur les 14 162 dossiers où
on a eu l'octroi d'aide financière, tous les dossiers, t-o-u-s, en haut de
25 000 $ ont été divulgués sur le
site du MEI et d'Investissement Québec. Le
député, s'il prend le temps, va voir
tous les prêts qui ont été faits. Première chose.
Deuxièmement, je refuse l'allégation que la VG n'a pas eu accès à l'information, au contraire, et j'aimerais poursuivre ça. La VG a eu accès à
toute l'information qui réside dans les livres d'Investissement Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : Hier et encore ce matin, le ministre
s'est contredit. Il dit que tous les dossiers ont été recommandés par ses fonctionnaires, qu'il n'est pas intervenu.
La VG a dit qu'il est intervenu à deux reprises pour changer le statut d'une
entreprise pour la rendre stratégique.
Alors, on a
raison de se poser la question : Stratégique, est-ce
que ça veut dire stratégique dans l'intérêt du portefeuille
des Québécois ou c'est stratégique dans l'intérêt de son portefeuille?
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! Non. M. le... Je vais vous demander, encore une fois... Non, mais...
Non. Non. Dans ce contexte-ci, purement et
simplement je vais vous demander le retrait. C'est de prêter des motifs
indignes. C'est très clair. Je vais
vous demander de retirer ces propos. Pour moi, c'est très clair, M. le député
de La Pinière. On va pouvoir compléter. Et je ne permets pas ce
genre de propos. M. le député.
M. Barrette :
M. le Président, ce n'est pas clair pour moi, mais, si vous le souhaitez, je
vais les retirer. Mais c'est clair pour le public, là.
• (11 heures) •
Le
Président : Je souhaite
que vous les retiriez. Vous les avez retirés. Je ne veux pas ce genre de
propos. M. le ministre de
l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : Bien, écoutez,
tout ce que je veux dire, c'est que la VG, comme dans tous ses mandats au MEI
ou Investissement Québec, a toujours eu accès à toute l'information.
Deuxièmement,
je n'ai jamais, dans tous les programmes du PACTE, jamais changé une décision qui
a été prise par... ou qui a été recommandée, plutôt, par les gens
d'Investissement Québec ou du ministère. Ce n'est jamais arrivé.
J'encourage
maintenant le Parti libéral, le parti de l'économie, de faire une demande au
Commissaire à l'éthique ou au Commissaire au lobbyisme pour revoir ça.
Je pense que ça mérite investigation et je suis très confortable que le
gouvernement a agi dans l'ordre, tel que les résultats ont démontré.
Le Président :
Et voilà qui met un terme à la période de questions et de réponses orales.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Motions
sans préavis
Sans
plus de commentaires, nous passons à la rubrique des motions sans préavis. Et
je reconnais d'emblée M. le chef du troisième groupe d'opposition. Vous
êtes le seul à avoir la parole. Nous sommes toutes et tous attentifs.
M. Arseneau : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de Jean-Lesage, le député de Bonaventure et le député de
Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale félicite la Barbade pour avoir abandonné le régime
politique monarchiste, hérité du colonialisme britannique, et adopté le
républicanisme.»
Le Président :
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
deuxième groupe.
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
Pardon, M. le...
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement.
Le Président :
Pas de consentement. M. le ministre des Transports, à vous la parole.
Souligner
la tenue de la campagne d'Opération Nez rouge
M.
Bonnardel : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le leader de l'opposition
officielle, la députée de Taschereau, le chef du troisième groupe d'opposition,
le député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la 38e édition de l'Opération Nez rouge, qui se déroule
du 26 novembre au 31 décembre 2021 sous le thème De retour
pour vos retours;
«Qu'elle
rappelle l'importance des bénévoles pour assurer le succès de cette opération
et qu'ainsi, elle invite les citoyens à s'inscrire comme bénévole;
«Qu'elle souligne et
félicite l'engagement de tous ceux qui y participent;
«Qu'elle
affirme l'importance d'encourager les conducteurs à faire appel à ce service de
raccompagnement lorsque leurs capacités sont affaiblies par l'alcool, la
drogue ou encore la fatigue, pendant la période des fêtes; et
«Qu'enfin, elle rappelle que cette
initiative contribue à rendre nos routes plus sécuritaires chaque année, en
plus de soutenir les organismes locaux oeuvrant auprès des jeunes et
dans le sport amateur.»
Merci, M. le
Président.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous
demande vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M.
Fortin : Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le député de LaFontaine, à vous la
parole.
M.
Tanguay : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante
conjointement avec la leader du deuxième groupe d'opposition, la députée de Joliette,
le député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que la convention collective avec les
centres de la petite enfance est échue depuis 610 jours;
«Qu'elle souligne qu'aujourd'hui, des milliers de
travailleuses et de travailleurs des CPE commencent une grève générale illimitée qui aura des répercussions sur
des milliers de parents au Québec, en plus des 51 000 familles en
attente d'une place en services de garde;
«Qu'enfin,
considérant qu'il y a déjà des défis importants en matière de main-d'oeuvre
dans les CPE et qu'il faut offrir au
personnel des conditions de travail équivalentes aux autres secteurs, qu'elle
exige que le gouvernement s'engage à
ce que l'actuel conflit qui a mené à des grèves générales illimitées se conclue
[par] une entente négociée, excluant toute possibilité de loi spéciale.»
Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : M. le
Président, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Jonquière, la députée d'Iberville,
le député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de la
décision du juge Morand du Tribunal administratif du travail qui établit
que la notion d'établissement dans le Code du travail ne se limite pas à un
lieu physique où les salarié-es effectuent habituellement leurs fonctions;
«Qu'elle
reconnaisse que les dispositions anti briseur de grève, en vigueur depuis 1977
au Québec, doivent être modernisées et clarifiées dans le contexte du
recours au télétravail et aux technologies de l'information;
«En
conséquence, que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de légiférer
pour modifier le Code du travail afin que ces dispositions s'appliquent
sans égard au lieu physique de l'emploi.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous passons à la rubrique Avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. M. le Président, j'avise cette Assemblée
que la Commission des finances
publiques poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 3, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement dans le secteur financier,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 12 h 45, de
15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30, à la
salle du Conseil législatif;
La Commission des institutions poursuivra les
consultations particulières sur le projet de loi n° 2, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de
filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la personnalité et
d'état civil, aujourd'hui, après les affaires
courantes pour une durée de 45 minutes, de 15 heures à
17 h 35 et de 19 h 30 à 22 h 5, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission
d'aménagement du territoire entendra les intéressés et procédera à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé suivants, et ce, dans
l'ordre ci-après indiqué : d'abord, le projet de loi d'intérêt privé
n° 200, Loi concernant la Ville de
Montréal, puis le projet de loi d'intérêt privé n° 201, Loi prolongeant le
délai prévu à l'article 137 de la
Charte de la Ville de Gatineau, et par la suite le projet de loi d'intérêt privé n° 202, Loi
concernant l'activité d'assureur de la Fédération québécoise des municipalités
locales et régionales et la fusion par voie d'absorption de La Mutuelle des municipalités du Québec avec
celle-ci, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 12 h 45,
de 15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30,
à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 103,
Loi modifiant diverses dispositions
législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
12 h 45 et de 19 h 30 à 22 h 30, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci.
Le Président : Merci.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président, suite à la demande de la
députée d'Iberville, hier, je
souhaiterais vous proposer de surseoir au débat que nous avions prévu aujourd'hui,
considérant le fait que le gouvernement a invité la députée d'Iberville à
rencontrer le candidat pour le poste de directeur général de la Sûreté du Québec en compagnie des représentants de chacune des formations
politiques, à nouveau, la semaine prochaine. Je crois que la réunion, elle est mardi. Alors, je vous demanderais de surseoir au
débat, considérant que la demande se retrouve sans objet, M. le Président.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville, quelque chose à ajouter?
Mme Samson : Oui, M. le Président. En effet, le gouvernement m'a écrit ce matin, me disant qu'il souhaitait se conformer à la loi et
aux articles de la loi et qu'il allait convoquer une réunion, qui devrait avoir
lieu en début de semaine. Alors, à cet effet, M. le Président, si vous
êtes d'accord, on peut surseoir, puis on verra ce qui va se passer dans les
prochains jours.
Le Président : Alors, je
comprends bien le sens de la demande. À votre demande, donc, et compte tenu des
explications, je sursois à l'écoute des représentations, je laisse aller. Et
nous y reviendrons, si besoin est, bien entendu.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et, dans le contexte, je suspends nos travaux
pour quelques instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à 11 h 8)
(Reprise
à 11 h 18)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Aux affaires du jour, M. le leader adjoint du gouvernement,
pour nos travaux.
M. Schneeberger :
...je vous demanderais d'appeler l'article 8 du feuilleton.
Projet
de loi n° 102
Adoption
du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 8 du feuilleton, M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques propose l'adoption du principe du projet de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en matière d'environnement
et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides
et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une économie
verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
Et
je cède maintenant la parole à M. le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
M.
Benoit Charette
M. Charette : Merci,
M. le Président. Très heureux de me retrouver à vos côtés ce matin. Je
vais déjà saluer les collègues qui ont participé, la semaine dernière, à
la consultation, que ce soit la collègue de l'opposition officielle, la collègue de la deuxième opposition, le collègue du
troisième parti de l'opposition, et naturellement les députés gouvernementaux,
qui ont fait aussi un travail formidable et
qui nous permet, je pense, et je laisserai le soin aux autres de le mentionner
aussi, de partir sur une très, très bonne base.
Oui,
c'est un projet de loi omnibus. Il est costaud, on parle de plus de
160 articles. Et d'ailleurs, M. le Président, c'est la toute première fois, de mémoire de
fonctionnaire à tout le moins, qu'il y a un projet de loi omnibus en
environnement, qui nous permettra,
là, de toucher, vous l'avez bien dit avec le titre lui-même du projet de loi, à
différents éléments, et je vais me permettre de les détailler, là, dans
les prochains instants.
Donc,
une première, mais, encore une fois, avec un accueil très positif de la part
des différents groupes. Je ne dis pas qu'il n'y a pas place à l'amélioration,
bien au contraire, on s'est entendus pour le bonifier, mais, chose certaine, la
base, elle est très solide.
• (11 h 20) •
Et
c'est un projet de loi qui reprend différents thèmes qui ont été, oui, discutés
au cours des dernières années mais pour lesquels des changements législatifs
étaient nécessaires. Je suis à l'Assemblée nationale depuis assez longtemps
pour me souvenir notamment d'un rapport de
la Vérificatrice générale sur les barrages. J'y suis aussi depuis assez
longtemps... en fait, tous les
collègues le sont depuis assez longtemps, étant donné que c'est un mandat
d'initiative qui a été donné dans le cadre du présent mandat sur
l'utilisation des pesticides. Donc, on touche aussi à ce volet-là.
On touche également
au volet très important, et surtout très d'actualité, de l'électrification des
transports, et on deviendra, avec l'adoption
du projet de loi, si on arrive à cette étape-là, le premier État en Amérique du
Nord, et un des premiers dans le
monde, à inscrire dans sa loi la fin de la voiture à essence. Plusieurs États se sont effectivement engagés,
les cibles ou les années varient d'une
région à l'autre de la planète en fonction de leurs réalités qui leur sont
propres, mais très peu sont allés jusqu'à l'inscrire dans leurs lois.
Donc, ce sont tous
des éléments qui font histoire, en quelque sorte, et qui nous permettront
d'avancer de façon constructive.
Et il y a plusieurs
premières. Je regardais, au moment de la préparation du projet de loi en question,
sur le volet pesticides, c'est des notes qui, franchement, sont intéressantes à
se rappeler, la dernière modification de la Loi sur les pesticides a eu lieu sous le gouvernement libéral de Robert Bourassa en 1993. Donc, on
parle de plusieurs années. Il y a eu, oui, bien sûr, des ajustements au niveau réglementaire. D'ailleurs, j'ai salué pendant la commission parlementaire le travail de ma prédécesseure au niveau du registre pour qu'on puisse avoir enfin un
portrait de l'utilisation qui est faite au Québec des pesticides. Mais, au niveau législatif, ça date de
1993, donc il y a plusieurs, plusieurs années.
Ce
qui nous aide, naturellement, à cheminer dans ce travail-là, j'y faisais
référence, c'est le fameux mandat d'initiative
tenu et réalisé par les collègues
de l'Assemblée nationale, qui nous ont permis, grâce à leur travail,
d'avoir un portrait assez juste de la
situation et surtout des défis auxquels on doit faire face.
On en sait plus sur les pesticides, c'est bien certain, sur certains effets non
souhaités, voire dommageables, que ce soit sur la santé des humains, mais également
des impacts au niveau de la faune et de la flore. Mais ce qu'on a
pu réitérer au moment de la consultation, c'est qu'on ne veut pas, à travers
ce projet de loi, se présenter comme étant celles et ceux qui tapons sur les
doigts des agriculteurs. Au contraire, ce sont les premières personnes qui souhaitent et qui demandent à être mieux
accompagnées, qui demandent à mieux faire. Donc, il y a un volet qui
sera déterminé à travers la réglementation qui va en découler, qui précisera
cet accompagnement-là. Mais, en même temps,
à partir du moment où on a, par exemple, un registre, il faut s'assurer qu'il
est respecté, donc on vient introduire un régime de sanctions
administratives et pécuniaires. On aura, oui, des redevances sur certains types
de pesticides, et ça, je pense qu'on a été
très clairs et qu'on a pu rassurer les agriculteurs et les agricultrices
eux-mêmes, non pas dans le but
d'engranger des sommes, là, dans le fonds consolidé. Ce sont des argents qui
vont retourner à l'agriculture et qui
seront très utiles, notamment pour financer la superbe initiative qui a été
développée par notre collègue ministre de l'Agriculture, soit son plan
pour une agriculture durable. Donc, des nouveautés, des premières au niveau
agriculture.
Au niveau des
barrages, il y a aussi des avancées, là, qui sont significatives. La loi sur
les barrages, elle est un petit peu plus récente mais date quand même de 2002.
Donc, cette révision-là, cette modernisation de la loi était aussi très attendue. On viendra notamment
préciser le degré de risque de chacun des barrages. On viendra préciser les
obligations de chacun pour être bien certain
que ces barrages-là sont bien entretenus. Parce qu'on peut imaginer aisément la
conséquence d'un barrage d'une portée
moyenne, si jamais il devait céder, les dégâts que ça pourrait entraîner sur
les populations avoisinantes, c'est bien certain. Donc,
la santé des gens, la sécurité des gens, mais également pour la protection de
l'environnement.
Au niveau des
véhicules, je pense que ça fait école, le leadership du gouvernement du Québec, et ça a d'ailleurs été souligné
par plusieurs. Rappelons-nous, presque il y a un an de ça, presque jour pour
jour, on a présenté le Plan pour une économie
verte et on mentionnait, à cette époque-là, notre volonté d'interdire les
véhicules à essence après 2035. Rappelons-nous qu'à ce moment-là,
toujours, le gouvernement fédéral avait pour cible 2040. Donc, sous le
leadership du gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral, dans les semaines qui ont suivi, a aussi
convenu de ramener cette cible-là à 2035. Et j'ai eu des discussions avec le ministre
fédéral des Transports à ce sujet-là, on va espérer que le Canada
l'inscrive aussi dans sa loi, et ça, on l'a répété à plusieurs reprises, pour
créer un véritable marché commun. Le Québec, c'est beau, on a un peuple dynamique, c'est bien certain, mais on peut difficilement
perdre de vue qu'on a une population, là, tout
de même limitée par
rapport à l'ensemble nord-américain.
Donc, il nous faut de plus en plus d'États qui assumeront ce leadership afin de
créer le marché suffisamment important pour l'approvisionnement en véhicules
électriques.
Et je ne m'en
cache pas, il y a certains collègues... Et on ne peut pas et je ne veux pas éviter le
débat, surtout. Certains auraient
préféré 2030, d'autres 2025, mais en même temps il y a une loi implacable du
marché, il faut être en mesure de garantir
un approvisionnement. Donc, je travaille actuellement avec d'autres
États nord-américains, avec le
gouvernement canadien pour voir si on peut élargir ce marché-là. Et, si
c'était le cas, peut-être que le 2035 deviendra ultimement une autre date, une date qui serait devancée. Mais,
pour le moment, on envoie un signal très, très clair aux producteurs, aux
concessionnaires : Adaptez-vous parce qu'à partir de 2035 il ne sera plus
possible d'acheter des véhicules à essence.
Et, là
aussi, je suis particulièrement optimiste, pour une raison assez simple :
on le voit, le marché du véhicule électrique prend de plus en plus de
place, et, surtout au niveau technologique, c'est un marché qui évolue à une
vitesse encore impressionnante. Il y a
quelques années à peine, un modèle de base pouvait, tout au plus, offrir
peut-être un 100 kilomètres, un 150 kilomètres d'autonomie. La
plupart des modèles de base aujourd'hui sont passés à 350, 400 kilomètres,
sans compter plusieurs modèles qui offrent
du 500, jusqu'à 800, 900 kilomètres. Et ça, c'est en 2021. Dans quelques
années, le 500, le 600, le
800 kilomètres d'autonomie sera réellement la norme. Et ça, c'est sans
compter en 2030-2035, ça deviendra une généralité.
Il y a un
défi aussi au niveau de la recharge. C'est la raison pour laquelle on met
beaucoup d'efforts sur l'établissement d'un
réseau de bornes de recharge. On peut se targuer... au Québec, on a le réseau
déjà le plus développé au Canada, mais il
faudra accentuer cet effort-là. Et c'est ce que l'on fait pour nous assurer
que, lorsque l'ensemble des véhicules passagers seront électriques...
bien, nous assurer qu'ils auront la possibilité de se recharger là où le besoin
se fera sentir.
Donc, 2035
dans la loi, mais on ne redouble pas... on ne se privera pas, c'est-à-dire, de
redoubler d'effort pour voir à faire en sorte que de plus en plus de
voitures électriques soient sur nos routes bien avant cette date de 2035.
Sinon, je le mentionnais, on va commencer sans
doute dès demain l'étude article par article. La collaboration qu'on a connue au moment de la consultation,
convaincu qu'elle va se poursuivre au niveau de l'étude article par article.
Et, dans chacun des cas, on est tous gagnants. Convaincu qu'on pourra faire de
belles avancées.
Et je le
réitérais, d'entrée de jeu, et je conclus ainsi, on part, et ça, c'est
drôlement aidant, avec une bonne base qui a été reconnue, là, par l'ensemble
des groupes que nous avons entendus. Donc, il ne restera plus qu'entre nous à
s'inspirer des commentaires qui nous ont été partagés pour le bonifier
encore davantage.
Donc, je n'en dirai pas plus, avec le souhait de
pouvoir débuter, là, dès demain cette étude article par article. Merci, M. le
Président.
• (11 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Merci. Je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci beaucoup, M. le
Président. Je vais prendre le temps simplement de m'organiser pour pouvoir
discuter avec vous et avec les collègues, que je tiens à saluer ce matin.
C'est l'étape
du principe, donc, pour le projet de
loi n° 102. Juste à la lecture du titre, on comprend que c'est très,
très large comme projet de loi. Je vais le
relire, là : Loi visant principalement à renforcer l'application des lois
en matière d'environnement, de
sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides et à
mettre en oeuvre certaines mesures du
Plan pour une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission. À cela, bien
sûr, s'ajoutent différentes autres lois, là, qu'on ira voir dans des mesures, par exemple, pour la protection des arbres, la modification à la Loi sur
mines, et aussi le domaine hydrique de l'État. C'est un projet de loi mammouth, donc,
dans lequel on va... ce qu'on appelle aussi un projet de loi omnibus, là, on va modifier 12 lois. On va même
édicter une loi, on va modifier deux règlements et on va compter à travailler sur
162 articles. Donc, il y a beaucoup de travail à venir, et le ministre le
rappelait lors des consultations. Ça va
être un travail très technique
qui sera fait lors de l'étude
détaillée. Et le ministre
le disait un peu avec le sourire, en disant : Je pense
qu'on va passer beaucoup de temps ensemble dans les prochaines semaines. C'est
vrai.
Et je tiens à
lui redire qu'il pourra compter sur mon entière collaboration, comme ce fut le
cas d'ailleurs lors de l'étude
du dernier projet de loi que nous avons fait ensemble. Ce qu'on souhaite, bien
sûr, c'est que ça puisse aller rondement. Non pas que je n'aurai pas de nombreuses questions, parce qu'on a devant
nous un projet de loi, comme je le disais, très technique.
Et je tiens à
remercier le ministre, mais aussi, bien sûr, les fonctionnaires qui nous ont
permis d'avoir un breffage technique
avant même, donc, les consultations. C'était important que nous puissions avoir
ce breffage-là, parce que, comme je le dis, M. le Président, à
162 articles, avec des articles aussi qui sont rédigés d'une façon
particulière, j'y reviendrai, là, je crois qu'on aura l'occasion d'en reparler. Mais,
quand même, il y a de nombreuses questions qui vont être posées par, bien sûr,
les oppositions. Et, comme le disait le
ministre, tout est perfectible. Alors, on est là pour faire de ce projet de loi
là un projet de loi qui sera encore meilleur, et qui pourra traverser
les décennies, et qui pourra bien vieillir.
Dans
l'actuel projet de loi, le ministre va s'octroyer plus de pouvoirs. Il va avoir
de nouveaux outils pour agir. Moi, j'ai
une question, c'est : Qu'est-ce qui va nous assurer que le ministre va
utiliser ces nouveaux pouvoirs? Et est-ce que
le ministre aura entre les mains les ressources
financières et les ressources
humaines nécessaires?
Parce que c'est toujours une chose de faire un règlement, mais
encore faut-il le faire appliquer, ce règlement. C'est une chose d'avoir des
sanctions administratives pécuniaires, là, les fameuses SAP, puis de les augmenter,
donc de passer de 3 000 $ ou 4 000 $ à des dizaines de milliers de dollars, mais encore
faut-il pouvoir avoir des gens sur le terrain pour pouvoir mettre ces sanctions
administratives de l'avant. Et je me questionne à savoir... parce qu'il n'y a
pas aucun endroit dans le projet de loi où on
veut s'assurer qu'il y ait suffisamment de gens au ministère de l'Environnement
pour faire appliquer le nouveau cadre de
loi qui nous est proposé.
Alors,
sur les grands principes du projet de loi, on a une ouverture, et je l'ai dit
dans mon introduction, que nous allons
voter pour l'adoption de ce principe aujourd'hui. Je tiens à remercier les
groupes qui sont venus lors des consultations, qui sont venus nous dire où est-ce qu'ils voyaient des problèmes,
qu'est-ce qu'on pouvait améliorer. Certains sont venus nous... qui sont venus nous conforter dans
certains articles du projet de loi, mais d'autres se sont aussi montrés
inquiets sur certains articles. Alors, je crois qu'on doit écouter ces
groupes.
On
va travailler. On va le faire comme on l'a fait les dernières fois, donc, avec
beaucoup de rigueur, bien sûr. On va collaborer,
mais je m'attends aussi à une collaboration du côté du ministre. Il a déjà
préalablement annoncé qu'il aurait des amendements
sur différents articles. Et j'espère que le ministre pourra nous déposer très
rapidement, voire urgemment, ses amendements
pour ne pas qu'on fasse du travail sur le banc, c'est-à-dire lorsqu'un
amendement est déposé puis qu'on est en
train de travailler, on n'a pas le temps de faire les vérifications comme élus
et on veut bien faire notre travail de législateur et de législatrice.
Alors,
ce que je demande, bien sûr, au ministre, c'est de pouvoir nous déposer
rapidement les amendements, parce qu'il y en aura, des amendements,
notamment sur la question des inspecteurs. Alors que le projet de loi laisse
entendre, actuellement, que le ministre
voudrait déléguer le travail des inspecteurs à des sous-traitants, le ministre
nous a dit, lors des consultations, que ce n'était pas son souhait, ce n'était
pas d'ouvrir la porte à la sous-traitance, mais il y a plusieurs groupes
qui nous ont dit qu'ils étaient vraiment
très inquiets, et la majorité des groupes, d'ailleurs, entendus ouvraient avec
cette préoccupation-là et avec raison, hein, parce que, tel que libellé, là,
c'est vraiment ce qu'on laisse sous-entendre — et d'ailleurs ça a suscité même de l'intérêt de la
part des médias — laisse
entendre, qu'il y aurait de la sous-traitance dans les inspections. J'ai bien entendu le ministre,
qui nous a répété dans le micro à plusieurs reprises que ce n'était pas
l'intention du législateur, mais on
sait qu'il y aura des amendements, donc on aimerait pouvoir les recevoir le
plus rapidement possible.
Il
y a aussi. Sur la question des recommandations du ministre avant la fin du
processus environnemental, là aussi on va vouloir être rassurés. Il y a des
groupes qui l'ont mentionné. Est-ce que le ministre se donnerait le droit de
passer par-dessus un BAPE pour un
projet comme celui, par exemple, du tunnel caquiste de 10 milliards de
dollars? On se pose la question. Je vois le ministre sourire derrière
son masque, mais il va falloir qu'on soit rassurés parce qu'il y a des articles
comme ceux-là qui laissent place à beaucoup d'interprétation. Et on sait déjà
que le gouvernement caquiste a annoncé qu'il n'y a aucune étude
environnementale qui empêcherait la construction du troisième lien. Alors, vous
comprenez qu'il y a un peu d'inquiétude du
côté et des citoyens et de la société civile, mais aussi de l'opposition
officielle en ce sens-là.
Puis je vous
rappellerai, M. le Président, que le ministre des Transports a déjà annoncé
qu'il y aurait des travaux d'amorcés avant
la prochaine campagne électorale en lien avec le tunnel caquiste de
10 milliards de dollars, alors que les études environnementales ne seront pas finies d'être réalisées. Alors
là, on n'est pas à la première contradiction. Peut-être que c'est pour
ça qu'on voudra se faire rassurer, de ce côté-ci de la Chambre.
Le
ministre a aussi laissé entendre qu'il déposerait des amendements au sujet des
organismes de bassin versant, les OBV, pour préciser les rôles et les
pouvoirs de chacun. Alors, là aussi, j'espère qu'on pourra recevoir rapidement
ces amendements pour qu'on puisse, bien sûr,
discuter avec les organismes de bassin versant quant à la définition des rôles
et des mandats des organismes de bassin versant.
À
l'intérieur du projet de loi, donc, il sera question de la loi sur les véhicules zéro émission, ce
qu'on appelait, de façon très sexy,
la VZE. Je veux juste rappeler ici, en cette Chambre, M. le Président, que
c'est sous un gouvernement du Parti libéral du Québec qu'a été
adoptée la loi sur les véhicules zéro émission. Et, je tiens à le dire, là, le
projet de loi, c'était le projet de loi n° 104, qui a été adopté en 2016, en octobre 2016, et c'était une grande
avancée, à ce moment-là, parce qu'on avait comme objectif, donc, de
réduire l'empreinte carbone du Québec.
• (11 h 40) •
Et
je me souviens aussi qu'à cette époque le Québec était la première province
canadienne à se doter d'une telle loi.
On pouvait s'enorgueillir, bien sûr, parce que, bien, quand on est les
premiers, dans un grand pays comme celui du Canada, on est toujours fiers de ça. Mais je dois dire qu'on avait
regardé ce qui s'était passé au Sud, parce qu'il y avait quand même
10 États américains qui s'étaient dotés d'une loi, où ça n'allait pas
aussi loin que ce que nous avions proposé à l'époque, mais quand même, on avait
eu certains modèles que nous avions bonifiés à ce moment-là.
On
avait aussi un objectif, très ambitieux, de 100 000 véhicules électriques pour
2020. Et je me rappelle, alors que j'étais,
donc, titulaire du titre de ministre de l'Environnement, être allée devant un
parterre plutôt imposant et de rappeler aux gens qu'on avait 24 000
voitures au Québec, 24 000 voitures électriques. Et ça, je vous le dis,
c'était à quelques mois de l'échéance
du 100 000 voitures électriques, et on y est arrivé. Et je me rappelle des
visages, l'autre côté, qui étaient, donc, dans la deuxième opposition, à
ce moment-là, et qui se moquaient un peu de l'objectif de 100 000
véhicules électriques pour 2020. J'imagine
que, la journée où on a atteint l'objectif, ces gens qui doutaient et qui se
moquaient de l'objectif ont dû avaler leur café de travers, ce matin-là,
quand ils ont lu que l'objectif était atteint.
Moi, j'étais excessivement
fière, excessivement fière de savoir que nous avions été en mesure d'atteindre l'objectif des 100 000 véhicules avec
quelques semaines de retard seulement, je tiens à le mentionner, puis dans tout
ça, bien, il y a eu la pandémie,
alors qu'on ait pu atteindre l'objectif, c'est-à-dire donc que la loi et les
règlements mis en place par l'ancien gouvernement ont bien fonctionné.
Que le
ministre souhaiter aller encore plus loin en ce sens-là, je suis la première à
applaudir. Je le dis avec beaucoup de profondeur, là, ça vient de mon
coeur, M. le ministre, je suis très, très heureuse qu'on veuille aller encore
plus loin, parce que la table était mise, mais je vous rappellerai quand même
qu'on a un objectif de 600 000 véhicules électriques, autos, camions, autobus, à atteindre d'ici la fin
de 2026 puis de 1,5 million pour la fin 2030. Donc, il y a du travail à
faire. Mais je tenais quand même à rappeler qu'il y a eu de la vision,
que la table a été mise et puis qu'on doit continuer, bien sûr, à mettre une pression sur les constructeurs automobiles pour
fournir, parce qu'il y a encore certaines marques qui n'ont pas encore déposé de modèle électrique. Et je
crois qu'avec la demande... bien, je pense que ça va devenir tout naturel, que
chaque constructeur puisse offrir différents
modèles, non pas uniquement des modèles qui se retrouveront aux États-Unis
ou en Europe, mais, bien sûr, au Québec aussi.
On va être
vigilants aussi sur toute la question des pesticides, c'est un point
central du projet de loi, pour que les modifications proposées soient
véritablement des avancées. Et je remercie le ministre de l'avoir souligné,
c'était un legs qui me faisait
vraiment plaisir, donc, comme ministre de l'Environnement, de pouvoir justement
encadrer les pesticides, les néonicotinoïdes notamment à l'époque, avec
un registre, et on a vu que ça a donné des résultats, une diminution d'autour
de 25 % de ces pesticides-là qui étaient utilisés à l'époque. Je pense
qu'on peut être bien fiers de ça.
Cependant, il
faut demeurer plus que vigilants. Vous vous rappellerez sûrement, cet été,
M. le Président, il y a eu plusieurs
articles dans les médias où on parlait qu'on voulait augmenter... en tout cas,
qu'on voulait laisser plus aller le glyphosate.
Je ne sais pas si tout le monde se rappelle de ça. Oui, hein? Moi, j'ai été
profondément fâchée de savoir que le
lobby... les lobbys, je devrais dire, des pesticides voulaient justement dire :
Bien non, c'est trop sévère actuellement, là, les lois sur les pesticides — et c'est au fédéral, je tiens à le
mentionner — peut-être
est-ce qu'on pourrait aller gagner en souplesse.
Bien, je veux juste dire à ces gens-là qu'ils vont à contre-courant de ce que
veulent les Québécois et les Québécoises actuellement. Ce n'est pas vrai que
les Québécois et les Québécoises veulent avoir plus de pesticides sur leurs
terrains, dans leurs cours d'eau. Il faut, au contraire, travailler,
bien sûr, à réduire les pesticides le plus possible.
Et, en ce
sens-là, il y a la commission, la CAPERN, alors là je vais traduire pour ma
mère, qui nous écoute sûrement, alors qui est la Commission de l'agriculture,
de la pêche, de l'énergie et des ressources naturelles, là, il y a une
commission, donc, qui s'est penchée,
qui a fait des travaux sur les pesticides. Alors, moi, j'espère qu'on verra
différentes conclusions de ce mandat
d'initiative là qui avait été donné refléter à l'intérieur du projet de loi
n° 102 pour qu'on puisse être en mesure de voir de véritables
avancées dans l'encadrement, bien sûr, des pesticides.
En
consultations, autant les municipalités, les entreprises, les agriculteurs nous
ont dit que l'adaptation aux règlements était difficile, ces temps-ci, et qu'on
avait besoin d'accompagnement. Ça, je l'ai entendu à plusieurs reprises,
M. le Président, et j'ai eu la grande
chance, durant la fin de semaine, de rencontrer justement des agriculteurs, de
rencontrer des entrepreneurs et de
rencontrer des maires lors du congrès du Parti libéral du Québec. Et j'ai
échangé avec eux, et tout le monde nous disait la même chose : il y
a eu beaucoup, beaucoup de changements de règlement, et là les gens ont de la
misère à suivre la cadence. Et le ministre
l'a entendu, bien sûr, du Conseil patronal en environnement, là, le CPEQ.
Hélène Lauzon est venue nous le dire,
mais les agriculteurs nous l'ont répété aussi, c'est difficile actuellement,
pour une petite entreprise ou pour une très grande entreprise, de suivre
le rythme et de savoir qu'est-ce qu'on peut faire, comment on peut le faire.
Et j'ai lancé l'idée d'envisager la création
peut-être d'un guichet unique pour de l'information, pour les petites, moyennes
entreprises, pour les municipalités, pour les agriculteurs, bien sûr. J'ai
quand même vu le ministre pas fermé à cette idée-là. J'espère qu'on pourra y
revenir plus en profondeur lors de l'étude détaillée de ce projet de loi.
La Loi sur
les mines, je tiens à le mentionner immédiatement, là, il ne faut pas oublier les autochtones dans le processus.
Et il n'y a pas de mots qui ont été... Il n'y a
rien, actuellement, là, dans le projet de loi. D'ailleurs,
c'est une des recommandations du Centre québécois du droit pour l'environnement que de rappeler qu'on doit introduire ou qu'on doit exiger que
les autochtones puissent être dans le processus de révision.
On l'a vu en fin de semaine dernière, hein, les
chefs autochtones ont qualifié le premier ministre de la CAQ de paternaliste et
d'arrogant. Je suis persuadée que le ministre de l'Environnement ne souhaite
pas... souhaite éviter ces qualificatifs-là dans son projet de loi. Alors, je
l'invite déjà, avec ses équipes, à regarder comment introduire nos communautés
autochtones à l'intérieur des processus pour la Loi sur les mines.
• (11 h 50) •
Il y a
d'autres sujets extrêmement importants, bien sûr, dans le projet de loi. Il y a l'eau, l'eau qui est vecteur, donc, de fierté pour le Québec. Il faut mieux la
protéger. C'est une ressource importante. D'ailleurs, en fin de semaine, M. le Président, lors
de notre congrès au Parti libéral du Québec, on a fait la promotion d'un projet
de société qui est le projet ÉCO, où on a
l'eau, l'électricité et l'hydrogène comme véritables solutions pour atteindre, justement,
la carboneutralité en 2050. C'est un
projet emballant, un projet qui va pouvoir... qui va permettre d'enrichir les Québécois
tout en atteignant nos objectifs, donc, de carboneutralité pour 2050, de
réduction de GES. Il y a urgence
climatique, on le dit souvent, puis
ça exige que nous soyons ambitieux,
et il faut revoir nos façons de faire. Et d'ailleurs, on le sait, là, le statu quo ne peut plus
tenir. Alors, on a décidé de faire, de notre
côté, de faire une proposition aux Québécois et aux Québécoises où on va allier à la fois l'écologie et l'économie, un magnifique projet qui a été annoncé par la
cheffe du Parti libéral du Québec durant la fin de semaine dernière.
On va examiner aussi, dans le projet de loi, la question
des petits et des grands barrages, des barrages à forte contenance, comme ceux qu'on reconnaît souvent, là, appartenant à Hydro-Québec, mais aussi à des plus petits barrages qui appartiennent à des propriétaires
privés. Dans la réalité municipale, là, les barrages mal entretenus, bien, sont
un véritable problème.
On l'a vu, lors de l'étude du projet de loi, là, n° 67, il en a été
question des barrages, justement, puis on va s'assurer de pouvoir faire atterrir le projet de loi
n° 67, qui était aussi un omnibus, je tiens à le rappeler, de la
ministre des Affaires municipales, et
le projet de loi ici, le projet de loi n° 102, là, pour nous assurer qu'on
va exactement dans la même direction.
Je l'ai dit
tout à l'heure, les organismes de bassin versant sont des organismes très
importants, qui font un travail de terrain
formidable. C'est 40 organismes sur le territoire du Québec. C'est eux qui
sont dédiés au plan directeur de l'eau. Et je le disais tout à l'heure, là,
l'eau, c'est un vecteur de fierté important. On doit prendre... Tout ce qui est
en lien avec l'eau, je pense qu'on
doit faire tellement attention. Au Québec, c'est 4 % de l'eau douce de
toute la planète qui se retrouve sur notre territoire. C'est quand même
formidable. Alors, il faut qu'on puisse prendre... il faut qu'on puisse
protéger l'eau. Et d'ailleurs c'est
pourquoi j'avais moi-même doublé les enveloppes pour les organismes de bassin
versant pour qu'ils puissent faire leur travail avec les plans
directeurs, pour qu'on puisse aller de l'avant avec la protection de l'eau.
Mais, pour bien définir leur mission, ce
n'est pas... eux autres, ils ne veulent pas avoir nécessairement le bâton pour
punir ceux et celles qui ne vont pas
dans la bonne direction. C'est pourquoi on va devoir voir, avec l'amendement du
ministre, quels seront les mandats,
quelle sera la mission, comment est-ce qu'il veut définir, le ministre, à
l'intérieur du projet de loi, le travail
des OBV, des organismes de bassin versant. Il y a la question des neiges usées
qu'il faudra aussi aborder. Bref, on aura beaucoup de travail en
perspective, M. le Président.
Je le disais tout à l'heure, on va aussi
modifier la Loi de protection des arbres. On a rencontré les gens d'Hydro-Québec qui nous disaient que c'était important
qu'on puisse faire l'élagage des arbres pour éviter des bris de service avec
Hydro-Québec. On a posé quelques questions. On a eu quelques réponses,
principalement, donc, dans les régions plus éloignées
où, par exemple, le propriétaire ne va pas nécessairement souvent sur un
immense terrain, puis c'est à ce moment-là où les arbres peuvent, à un moment donné, tomber sur les fils, et malheureusement ça entraîne des pannes assez importantes,
des pannes d'électricité pour l'ensemble du réseau québécois.
Je m'en voudrais de passer sous silence aussi,
bon, la Loi sur les mines. J'en ai fait mention tout à l'heure, là, avec nos peuples autochtones à qui on va devoir
penser, mais aussi il sera question du domaine hydrique de l'État. Donc,
vous voyez, là, c'est très large. On va
aller dans plein de directions plus différentes les unes que les autres. Et,
pour moi, c'est ce qui commence à me chicoter avec l'actuel gouvernement,
M. le Président. C'est qu'on nous propose toujours des projets de loi mammouth, des fourre-tout, dans lequel on a
différentes lois, différents règlements, puis là on va d'une direction à une
autre. Je sais que l'équipe du ministre nous a fait une proposition pour
étudier le projet de loi par blocs, bloc 1,
bloc 2, bloc 3, puis là, bien, finalement, ce ne sera plus le
bloc 1, on va commencer avec le bloc 2. Bref, moi, je suis d'accord à ce qu'on puisse l'étudier, là, pour que
ça puisse aller rondement puis qu'il y ait une certaine logique dans tout ça,
mais, quand on est obligés d'aller comme ça
dans des blocs, on comprend que c'est parce qu'on introduit, dans un projet de loi, tellement de choses.
Et, encore une fois, c'est un projet de loi
habilitant, c'est-à-dire que tout va se retrouver dans les règlements. Et ça, c'est une fâcheuse façon de faire depuis
trois ans, pas depuis la pandémie, là, M.
le Président. C'est depuis trois ans
que le gouvernement fonctionne de la même façon. Je comprends, là, que
des commissions parlementaires, là, ce n'est pas leur choix numéro
un, puis je comprends qu'ils trouvent ça long, l'étude de projet de loi, mais
c'est ça notre travail, M. le Président.
C'est ça, le travail des législateurs, des législatrices. Et à chaque fois, à
chaque fois qu'on y va par règlement, on nous demande, en quelque sorte,
de faire... de signer un chèque en blanc, en se disant : Bien, voici la
direction qu'on donne à la loi, mais, pour
l'application, tout sera dans le règlement, et vous, élus de l'Assemblée nationale, vous ne
verrez pas les règlements. On va les déposer en temps et lieu, sans
avoir votre aval, puis ça se retrouvera à l'intérieur d'un règlement.
Et ça, au dernier projet de loi que nous avons étudié avec le ministre,
je l'ai souvent répété, moi, je trouve ça dangereux, dangereux pour la démocratie, M. le Président, parce que nous, on est élus comme législateurs, et, si à
chaque fois qu'on
modifie des lois ou qu'on en introduit de nouvelles puis... on ne
peut pas travailler sur l'ensemble de cette loi-là, bien, honnêtement,
le travail qu'on fait en commission, ça devient accessoire.
Et j'ai malheureusement vu que cette habitude-là
devient presque un déni de démocratie. Je vais le dire comme ça, ça ressemble à ça, M. le Président. Puis on l'a vu en condition féminine, on l'a vu... je l'ai vu au projet de loi n° 69, pour la
culture, où tout se retrouvait dans les règlements. Puis ça se
retrouvait tellement dans les règlements pour le patrimoine qu'on
est rendus qu'on vend notre patrimoine à des entreprises
privées ici, à Québec. Puis c'est malheureux, là, mais c'est
ce qui arrive quand tout est introduit à
l'intérieur d'un règlement, puis qu'on perd le fil, comme législateurs, puis qu'à un moment donné, bien, le gouvernement se
donne des pouvoirs.
Puis on voit ce que ça donne, hein? C'est un
résultat extrêmement triste en culture et en patrimoine, je tiens à le mentionner, mais ce sera leur signature à eux.
Mais on l'a vu aussi en éducation, on l'a vu en famille, on l'a vu en finances, on
l'a vu aussi en agriculture, c'est une façon de faire du gouvernement de la CAQ. Et plusieurs groupes, plusieurs groupes ont aussi relevé ça dans le projet de loi n° 102 qui nous intéresse aujourd'hui en disant : Bien, tout va se retrouver dans les règlements,
puis les règlements vont être écrits, bien, portes closes au ministère de
l'Environnement. Puis, quand ça va être prêt, bien, on va le lire dans la Gazette officielle, puis il va y avoir 45 jours pour pouvoir...
pour qu'on puisse donner des commentaires, puis après
ça, bien, le règlement va entrer en fonction. Mais ce n'est pas comme ça qu'on
fait de la législation. De la législation,
ça doit se faire en commission parlementaire, avec les élus, avec les groupes
qui communiquent avec nous aussi, en
temps réel, maintenant, parce que c'est ça aussi. Avez-vous pensé à voici
comment ça va s'appliquer sur le terrain? Est-ce qu'on est capables de
prévoir le coup? Mais on ne peut même pas faire ça, M. le Président, parce qu'on va
se faire dire : Ah! bien non, ça, ça
va se retrouver dans le règlement.
O.K. Puis, le règlement, là, comment est-ce qu'on va appliquer le règlement? Ah! bien, ça, on verra
une fois que ce sera dans la Gazette officielle.
• (12 heures) •
Ça devient très, très
lourd, de pouvoir donner une direction, dans un projet de loi, sans connaître exactement
ce que sera la piste d'atterrissage du ministre. Et, malheureusement, il
va m'entendre assez fréquemment, parce que, dans chaque passage, dans chaque bloc que le ministre
nous a fait comme proposition pour l'étude du projet de loi, bien, c'est
exactement ce qui va se produire, on va se faire dire, bien, que ça va se
retrouver dans le règlement. Parfois, on ne peut même pas définir des concepts. Ça a été le cas lors du dernier projet de
loi. On ne peut même pas définir des concepts parce qu'on nous dit : Bien non, ça, ça se
retrouvera dans le règlement. Ça n'a pas de bon sens, de faire de la
législation comme ça, M. le Président, et je tiens à le rementionner
ici.
Le
ministre va rapatrier tout au ministère, je le disais un peu plus tôt, puis il
va se donner d'immenses pouvoirs. Alors, moins de transparence en environnement, mais plus de pouvoirs concentrés
dans les mains d'un seul et même individu. Ça non plus, ce n'est pas toujours rassurant, surtout quand on entend son
gouvernement nous dire que le tunnel caquiste, c'est bon pour l'environnement. Moi, je m'excuse, là,
quand j'entends le ministre me dire ça, puis me dire : Donne-moi plus de
pouvoirs pour que moi, là, je puisse faire
appliquer la loi, vous comprendrez que je reste un peu sur mon appétit, voire
même que je me sens très frileuse. À
ce moment-là, lorsque j'entends le ministre de la CAQ nous dire :
Donnez-moi plus de pouvoirs, je dis : Danger, danger.
Je le disais aussi un
peu plus tôt, on va voter en faveur du principe, parce que, pour moi, lorsqu'on
parle de renforcer, bien sûr, l'application des lois en matière
d'environnement, je suis d'accord. Lorsqu'on parle d'assurer la qualité des barrages, qu'ils soient petits ou
gros, qu'ils appartiennent à la société d'État qu'est Hydro-Québec ou encore à des plus petits propriétaires, mais qui peuvent
mettre en danger, ces barrages-là, les plus petits barrages, des populations,
je pense qu'on peut être en faveur de ça. On verra comment est-ce qu'on va
appliquer le tout par la suite. Lorsqu'il est question
d'encadrer la gestion des pesticides, je dis présente avec plaisir, j'ai hâte
de voir la liste et comment est-ce qu'on pourra arriver à cet encadrement-là. On aura beaucoup de questions à ce
sujet-là. Même chose pour la Loi sur les véhicules zéro émission, avec laquelle j'ai plutôt...
j'ai eu de bons rapports avec cette loi, je dirais ça ainsi, et je vais
travailler avec beaucoup de rigueur, mais, je le répète, j'ai beaucoup
de questions.
Et, lors du dernier projet
de loi que nous avions étudié, et je vois les collègues des autres oppositions,
je me rappelle que le ministre
s'était engagé à nous faire un breffage technique sur l'ensemble
des règlements qui étaient pour être... oui, j'avais pris des notes, j'avais pris des notes, c'est pour
ça que je le rappelle ici, un breffage technique pour les oppositions quant aux règlements
qui étaient adoptés, et j'espère que le ministre
avait bien noté le tout, parce que je sais que les règlements devaient sortir plus tôt cet été. Là, ce que
j'en pense, c'est que ces règlements-là, M.
le Président, vont sortir à quelque
part en décembre, avant les fêtes, et
que les gens auront 45 jours pour répondre. J'espère que ce n'est pas
le cas. Là, je vois le ministre
dire non, hocher de la tête. Moi, je veux juste vous dire, M. le Président, qu'il faut qu'on fasse ça avec sérieux, là. Si on est pour
demander aux gens, pendant le temps des fêtes, d'étudier des règlements
du ministère de l'Environnement, moi, j'ai un sérieux problème. Alors, j'espère qu'on aura très bientôt
un breffage technique sur l'ensemble
des règlements qui seront proposés par le ministre de l'Environnement sur l'ancien projet de loi. Et je peux déjà,
préalablement, vous annoncer que je
demanderai la même chose pour les règlements qui seront introduits à l'intérieur de cette loi habilitante.
Et je le redis haut
et fort, ce n'est pas une façon de faire de la législation que de tout mettre
dans les règlements, à portes closes, sans que
les législateurs dûment élus de cette Assemblée ne puissent avoir un droit de
regard. C'est une façon de gouverner
qui ne convient pas à la démocratie
du Québec, et c'est une façon de gouverner qui est devenue une fâcheuse
habitude pour le gouvernement de la CAQ. Le manque de transparence, on le voit
dans les CHSLD, là, c'est le
pire, le pire des résultats possibles.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : M.
le Président, la députée prête des intentions au gouvernement avec le mot
«transparence». Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée, vous pouvez continuer puis prendre des mots peut-être
moins forts, tout simplement, là.
Mme Melançon :
Tout à fait. Tout à fait. Mais, moi, là, c'est en toute transparence que je
mentionne ce mot. Et vous savez quoi, M. le
Président? Si ce n'était pas le cas, bien, ce n'est pas comme ça qu'on ferait
de la législation, parce que ce n'est
pas la façon de faire de la législation du gouvernement du Québec, mais on
voit qu'il y a une façon de faire qui
s'est installée avec le gouvernement, et c'est vraiment une fâcheuse habitude. Ça ne
démontre pas beaucoup d'ouverture, ça ne démontre pas non plus beaucoup
de reconnaissance pour le travail que nous faisons comme opposition officielle,
parce que, lorsqu'on nous demande de voter
sur un article de loi, mais qu'on n'a aucune idée ce qui sera écrit dans le
règlement qui va dicter, dans le
fond, l'article, bien, je ne sais pas comment le député de Drummond—Bois-Francs voit ça, mais moi, je pense
qu'on peut appeler ça, en tout cas, de voter sur des règlements à l'aveugle. Et
ça, c'est excessivement dérangeant.
Là,
je pense que je vais continuer, parce que, là, je pense que le député de Drummond—Bois-Francs vient de me donner une belle
occasion de poursuivre sur cette lancée. Je voulais m'asseoir à ce moment-ci,
M. le Président, mais je pense vraiment que la transparence exige que je
puisse poursuivre.
Je
ne sais pas si vous vous rappelez quand vous étiez dans la deuxième opposition.
Je pense que c'est loin, actuellement...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée, ici.
Une voix :
...
Mme
Melançon : Bien, tout à
fait. Merci. Merci, M. le député de Jonquière. Moi, je me souviens très bien
quand les gens, l'autre côté, là,
étaient dans la deuxième opposition, et, s'il fallait qu'il y ait un règlement,
aïe, aïe, aïe! Les colonnes du temple tremblaient. Et là c'est rendu une
habitude, une habitude de ce gouvernement, de nous rentrer des lois habilitantes à chaque
fois. Puis je vous l'ai dit, là, tout à l'heure, M. le Président, puis je
pourrais même retourner dans mes notes, je pense que c'était beaucoup plus long, je voulais faire plus rapide, mais je
pense qu'il m'a donné de l'énergie pour pouvoir continuer. Je pense que
c'est ce qu'il a fait, le député de Drummond.
Je le disais tout à l'heure, là, les projets de
loi qui ont été étudiés, qu'on pense à la culture, le projet de loi n° 69,
je m'en rappelle, j'étais là... Comment est-ce qu'on va définir pour le
patrimoine? Ah! Ça, ce sera dans le règlement, Mme la députée de Verdun. O.K.
Comment est-ce qu'on peut définir un concept? Ah! Bien ça, ce sera dans
le règlement, Mme la députée de Verdun. Dès qu'on pose
une question, on vient se réfugier dans le règlement.
• (12 h 10) •
Je le sais, M. le Président, que vous en avez fait, de la législation, dans votre vie, et ce n'est
pas une façon de faire. Il
arrive parfois qu'on soit obligé d'aller dans les règlements pour ouvrir, et
ça, là, je suis consciente de ça, mais, moi, ce
qui me rend un peu fragile... Quand j'entends le député de Drummond—Bois-Francs se lever ici puis me dire qu'on ne peut pas utiliser le mot «transparence», là, en cette Chambre, bien, moi, je veux juste
vous dire que c'est un déni de démocratie
qu'on est en train de vivre avec les fâcheuses habitudes qui sont prises par le
gouvernement.
Et là je vous
dis, là, c'était vrai en culture, c'était vrai en éducation
avec le ministre de l'Éducation, mes collègues qui
travaillent en famille, ça a été la
même chose, même chose pour l'agriculture. C'est une marque de commerce que ce gouvernement-là est en train de s'apposer en disant : La législation... Puis on l'a vu, là, on a déjà
entendu le premier ministre du Québec dire que, finalement, le travail en commission,
là, il fallait que ça aille vite. Puis le leader du gouvernement, là,
vous le voyez, à la fin des périodes de questions, je lance un avis, là, à ceux qui
suivent les travaux, il faut voir le leader du gouvernement lire. Il
faut que ça aille vite, vite, vite. Il faut qu'on coche, il faut que ça aille
vite.
Moi, je veux
juste dire ici aux collègues à quel point c'est important, le travail qu'on
fait en commission parlementaire. On
n'est pas des empêcheurs de tourner en rond, au contraire. Puis j'espère que le
député de Drummond—Bois-Francs a
suivi les travaux que nous avons faits avec la collègue qui est juste
derrière lui, de Lotbinière, Frontenac-Lotbinière...
Une voix : ...
Mme
Melançon : ...non, Lotbinière-Frontenac — merci — les travaux que nous avons faits pour le
tribunal spécialisé, ça, là, ça, ça a
été un travail de commission parlementaire. Puis, si ça n'avait pas été de nous, là, M. le Président, savez-vous quoi? Si ça n'avait pas été de l'opposition officielle mais aussi du travail avec la députée
de Sherbrooke puis la
députée de Joliette,
on aurait eu un petit projet de loi minuscule pour le tribunal spécialisé ne visant
que le travail et la formation des juges. Grâce au travail des oppositions,
c'est un revirement de situation complet, c'est 180 degrés, on a triplé
en bonifications, là, le projet de loi. On est allé beaucoup plus loin. On a
été capables de ramener l'essence du rapport Rebâtir la confiance. Ça,
c'est le travail que les oppositions peuvent faire avec le gouvernement quand le gouvernement décide de
faire de la législation tel que ça devrait être au Parlement, tel que ça devrait être dans notre
Assemblée nationale. Bien, ce n'est
pas ce qui nous est proposé dans les projets de loi actuellement. Ce n'est pas
comme ça que le gouvernement de la
CAQ entend faire de la législation. Ils
veulent faire ça à portes closes pour faire des règlements puis nous dire :
Bien, ce sera ça. Vous recevrez les règlements,
là, puis ce sera ça, la loi qu'on aura votée. Bien, je m'excuse, ce n'est pas
une façon de faire.
J'espère vraiment... Puis le ministre le sait,
là, on a très bien travaillé ensemble dans les derniers projets de loi, et, je
le répète, il pourra, bien sûr, compter sur mon entière collaboration pour
améliorer ce projet de loi là. On aura de nombreuses
questions, je tiens à le resouligner une fois de plus. Mais je l'invite, en
même temps, à être peut-être plus ouvert quant aux règlements qui se
retrouveront en finale dans ce projet de loi là, puisqu'il y en aura beaucoup,
de règlements, qui seront peaufinés dans son ministère avec ses fonctionnaires,
malheureusement très loin du regard des oppositions. Et je l'invite, bien sûr, à ouvrir le jeu le plus possible pour qu'on
puisse faire de la législation comme on l'a toujours fait, à l'Assemblée
nationale, avec transparence, avec le plus de transparence possible, si c'est
possible, parce que, les trois dernières années, ça n'a pas été très reluisant.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Verdun. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Salutations, chers collègues.
Bonjour, M. le ministre. Ça me fait vraiment plaisir d'intervenir sur le
projet de loi n° 102 en remplacement de ma collègue la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Ça me rappelle des bons souvenirs.
Je n'aurai pas l'occasion d'échanger directement avec le ministre, malheureusement. Je ne sais pas si l'occasion va, un
jour, se représenter, mais, au moins, je suis contente de revenir à mes... Pas
mes vieilles amours. C'est toujours important, l'environnement, pour moi, pour
ma formation politique. Et donc voilà.
Pour le
projet de loi n° 102, ce qu'on voit, c'est que l'objectif du gouvernement,
c'est de maximiser la protection offerte à l'environnement, à la santé
et à la sécurité des personnes et des biens. Bien sûr, on ne peut pas être
contre ça, comme les gens qui sont venus
intervenir en commission parlementaire. Et, pour le faire, le ministre de
l'Environnement a prévu, dans son
projet de loi, plusieurs dispositions. Je vais en nommer quelques-unes, donc de
donner plus d'outils aux inspecteurs de l'État, de suivre les recommandations...
certaines des recommandations de la CAPERN sur les impacts des
pesticides sur la santé publique et l'environnement, d'améliorer la sécurité
des barrages pour tenir compte des recommandations de la Vérificatrice générale, de
réviser la loi VZE, véhicules zéro émission, pour régler le problème des
trop grands surplus de crédits accumulés et
pour inscrire dans la Loi sur la qualité de l'environnement l'interdiction de
la vente de véhicules à essence à partir de 2035, et aussi pour revoir d'autres
dispositions qui touchent la Loi sur les mines, la loi sur la protection
de l'eau.
Je vais revenir à
chacun ou à la grande majorité de ces éléments, mais, juste avant, j'ai envie
de débuter mon allocution pour parler d'un
élément extrêmement, extrêmement important pour Québec solidaire, et qui
malheureusement n'est pas très
présent dans le projet de lo. C'est la lutte contre les changements
climatiques. Donc, c'est une dimension qui n'est pas très présente et qui risque de limiter notre capacité
collective à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'une manière qui soit compatible avec un futur viable
pour tous. J'ai comme l'impression que le gouvernement s'est dit : On a
présenté le Plan pour une économie verte.
Notre job est faite. On ne touche plus à ça jusque dans cinq ans et on ne
regarde plus ça, alors que c'est vraiment dommage, parce que les choses
évoluent. Il y a eu la COP26, il y a aussi toutes les discussions autour des émissions
de gaz à effet de serre, des cibles.
D'ailleurs, à Québec
solidaire, lors de la dernière campagne électorale, nous avions la cible la
plus ambitieuse de toutes les formations
politiques qui se présentaient, en tout cas, celles qui sont maintenant à
l'Assemblée nationale, et nous
n'avions pas que des cibles... une cible ambitieuse, mais nous avions aussi un
plan de transition avec les moyens
chiffrés, les moyens et les objectifs
chiffrés et des mesures chiffrées pour dire comment est-ce qu'on va y arriver.
C'est sûr que l'un de va pas dans
l'autre. Et, toute cette question de révision des cibles des émissions de gaz à
effet de serre, nous avions parti le
bal, lors de notre congrès. Les autres formations, les autres partis
d'opposition aussi ont rehaussé leurs cibles, et je les félicite d'avoir fait ça. Malheureusement, le
gouvernement, lui, reste collé à une vieille, vieille cible datant de 2015, qui
est de 37,5 % de réduction pour 2030 par rapport à 1990, malgré
toutes les discussions et tous les engagements pris par que ce soient les différentes formations politiques ici
ou ailleurs dans le monde, et ce que la science et les scientifiques
internationaux nous incitent à faire. Et là, c'est une opportunité pour...
ça aura été une opportunité, vu que c'est une loi qui touche à énormément, énormément d'éléments, de réviser la
cible au lieu de dire qu'on va rester avec notre vieille cible et on va
attendre, là, que le temps passe puis on révisera ça plus tard. Parce que, vous
savez, moi, je me rappelle aussi, dans le projet
de loi n° 44, j'avais proposé
plusieurs, plusieurs amendements pour modifier cette cible. Certains disaient
qu'on faisait... qu'on souffrait peut-être de la maladie de la ciblite aiguë, c'est-à-dire
qu'on parle juste de cible, de cible, alors qu'aujourd'hui la grande majorité des gens, sauf malheureusement
le gouvernement, se rallie que c'est important de la réviser à la hausse.
La société civile, celle qui a participé à
l'exercice de déterminer la cible de 37,5 % en 2015, elle-même, cette
société civile aussi nous dit... pas
juste des groupes écologistes, il y avait des syndicats, d'autres nous disent :
Si on veut être responsables, il faut augmenter notre ambition.
• (12 h 20) •
Vous savez,
M. le Président, être pragmatique, être réaliste, c'est regarder la
situation en face et prendre les décisions
en conséquence. Être pragmatiques, c'est augmenter notre ambition de lutte
contre les changements climatiques, pas
attendre que les catastrophes arrivent et que, là, parce qu'on est obligés,
comme ce qui se passe en Colombie-Britannique... Et malheureusement ce genre de
catastrophe va augmenter et augmenter, et, au Québec, nous ne sommes pas protégés
contre ça. Qu'est-ce qui arrive, quand il y
a des catastrophes? On l'a vu avec la pandémie. Bien, l'économie s'arrête, et
donc les émissions de gaz à effet de serre sont réduites sans qu'on y
ait réfléchi à l'avance. Et c'est pour ça que ce qui est important, c'est d'avoir une vision claire, de
dire : Voilà, on va augmenter notre ambition, et voilà les mesures qui
vont nous permettre d'y arriver, et voilà les conditions qu'on va mettre
en place pour y arriver. C'est ça, être responsable, c'est ça, être réaliste, c'est ça, être pragmatique, pas
attendre que les événements catastrophiques déboulent et qu'on soit obligé
d'agir alors qu'il est trop tard. Et malheureusement, comme je le disais, le
gouvernement manque une occasion après l'autre.
Le projet de loi n° 102 était une opportunité qu'on est en train de
manquer si le gouvernement ne change pas d'idée d'ici l'adoption finale.
D'ailleurs,
dans l'avis qui a été transmis récemment au ministre de l'Environnement par le
comité consultatif, son comité consultatif sur les changements
climatiques, on peut lire, dans un rapport qu'ils ont soumis au ministre et qui
est rendu public : «...la cible de 2030
peut être décrite comme une cible minimale dans la trajectoire du Québec vers
la carboneutralité», donc en 2050. Et
le comité ajoute, et je le cite : «...le Québec a connu, au cours de la
dernière décennie, une stagnation de
son niveau d'émissions autour de 80 millions de tonnes équivalent CO2
par année, malgré ses nombreux atouts.
Une telle tendance n'est évidemment pas conforme au rythme de réduction
nécessaire pour atteindre la cible — actuelle, là — 2030, ou pour être sur une trajectoire
conforme à son engagement envers l'atteinte des objectifs de l'Accord de
Paris. Elle ne permet pas non plus de
favoriser le développement d'une nouvelle économie [décarbonisée] et retarde
les stratégies d'innovation
économique et sociale porteuses d'avenir.» Je continue la citation du comité
consultatif sur les changements climatiques : «Plus le Québec tardera à
s'engager sur une trajectoire de [décarbonisation], plus les [effets] futurs
risquent d'être coûteux, plus la probabilité d'atteindre les objectifs
fixés sera faible et moins grandes seront les possibilités de transformation positive découlant d'une économie
décarbonée.» Donc, les experts, les scientifiques, ceux que le ministre a lui-même nommés lui disent : Votre cible
est en train d'être... bien, elle est passée date, il va falloir augmenter
l'ambition aujourd'hui et ne pas attendre et pelleter par en avant, à
plus tard.
D'ailleurs, selon le
dernier inventaire de gaz à effet de serre du Québec, nos réductions auraient
seulement réduit de 6 % par rapport à
1990. Pire, si on se fie à l'inventaire fédéral, la réduction serait juste de
3 %. C'est ça qui est décourageant dans la population quand on parle
d'environnement. À un moment donné, les gens ont l'impression que ça ne change
pas puis que c'est une loi immuable et qu'on n'y arrivera pas. Bien, ce n'est
pas vrai, c'est possible d'y arriver, ça dépend des choix qui sont pris
par le gouvernement. Et la première décision qu'ils doivent prendre, c'est de
dire : Voici par où on va, voici où
s'en va, on va écouter les scientifiques et on va augmenter notre ambition, ce
que tous, comme je le répète, tous
les partis de l'opposition se sont finalement décidés à le faire. Il faudrait
que le gouvernement, lui aussi, agisse et nous rejoigne là-dedans.
Puis souvent aussi le
gouvernement aime nous comparer aux pires, aux pires élèves en matière de lutte
aux changements climatiques en se pétant les
bretelles puis en disant : Voyez, je suis le meilleur. Ce qu'il faut
faire, au Québec... Parce
qu'on a tout ce qu'il faut pour y
arriver, on a l'hydroélectricité, on a des énergies renouvelables, on a une
expertise, on a une société civile qui veut qu'on lutte efficacement
contre les changements climatiques, on a tout ce qu'il faut pour se comparer aux meilleurs et être ambitieux,
et l'endroit où il faut être très ambitieux, c'est le secteur des transports,
qui est touché par la loi n° 102.
Et c'est
vraiment particulièrement préoccupant, parce que les émissions ne font
qu'augmenter, année après année. Quelques
chiffres, juste pour vous faire prendre conscience de l'ampleur de la
situation, M. le Président, en lien avec le secteur des transports, qui
représente 45 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec, et à lui
seul le transport routier génère 35,6 % des émissions totales de GES.
C'est une augmentation — une
augmentation, alors qu'on devrait réduire — de 59 % entre 1990 et
2018, et actuellement 53 % de l'énergie utilisée dans le secteur des
transports sert à propulser les camions légers à usage commercial et personnel
et les voitures à usage personnel. Et il y a aussi l'Agence internationale de l'énergie qui nous dit à quel
point l'augmentation des VUS, le fait que ça augmente — ce n'est pas juste ici, c'est partout à travers le monde — le fait que ça augmente, bien, ça émet
beaucoup d'émissions de gaz à effet de serre et ça consomme énormément,
énormément d'énergie. Donc, je pourrais continuer beaucoup avec... mais je vais
vous dire une dernière statistique :
les gaz à effet de serre des camions légers à essence, dans le bilan du Québec,
ont augmenté de 161 %, alors que ceux des voitures ont baissé, eux, de
9 %, et, en 2019 au Québec, il s'est même vendu 11 camions légers
pour chaque vente de véhicule électrique.
Donc, véhicules électriques augmentent comme ça, les VUS comme ça, on ne va
pas y arriver si la tendance continue.
Je suis certaine, M. le Président, maintenant,
que vous êtes convaincu de l'ampleur de la situation. J'aurais pu continuer comme ça longtemps, mais le temps
avance. Donc, on ne peut pas attendre, comme le projet de loi le mentionne,
comme le ministre s'est engagé, on ne peut
pas attendre jusqu'en 2035 pour changer les cibles. Donc, je vais être... de
façon transparente, je vais déjà
mentionner ce que Québec solidaire va déposer comme amendements. Je vais en
nommer trois, entre autres.
Donc, le
premier, c'est de ramener à 2030, et
non pas 2035, l'interdiction de vendre des véhicules à essence ou hybrides
rechargeables et interdire la circulation de ces véhicules sur les routes du Québec
au plus tard en 2040. Donc, Québec solidaire, c'est à ça qu'on s'était
engagé en 2018 : l'année 2030. Je me rappelle, à l'époque, on se
moquait de ça, mais ça, on est habitués. On
se moque des idées de Québec
solidaire, notamment
en 2012, lorsque l'ancien député de
Mercier, de Québec solidaire, disait qu'il faut arrêter l'exploitation,
l'exploration pétrolière et gazière, et le gouvernement de la CAQ aujourd'hui le mentionne. Donc, pour
revenir à la cible de 2030, d'arrêter de vendre des véhicules à essence et hybrides rechargeables, d'autres pays le font,
l'on fait. Je l'avais déjà dit à plusieurs reprises, je vais le répéter, la
Norvège, en 2025, va arrêter de le
faire; le Danemark, en 2030; la Suède, en 2030; l'Irlande, en 2030; les
Pays-Bas, en 2030, etc.
Et le
ministre a parlé, dans son allocution... la loi implacable du marché, qu'on ne
peut pas changer, mais même le marché
parle. Le ministre, il dit : On ne peut pas attendre jusqu'en 2035, il
faut que les constructeurs automobiles soient rendus là, il faut, comme... leur donner la chance d'arriver, sinon, il
n'y en aura pas suffisamment. Bien, Volvo a annoncé qu'elle va devenir une marque 100 %
électrique d'ici 2030, même chose pour Ford, qui vise une gamme 100 % zéro
émission en Europe d'ici 2030. Jaguar va devenir 100 % électrique à partir
de 2025. Il y en a d'autres, il y en a d'autres, et ça va s'ajouter.
Donc, les fabricants n'auront même pas besoin de cette loi-là, qui va être
caduque même avant 2030. Alors, une autre occasion manquée de donner le signal
qu'il faut changer la date et ne pas attendre jusqu'en 2035, surtout pour un gouvernement qui aime beaucoup nous parler
d'innovation, de technologie, c'est vraiment étonnant, parce que la
technologie, elle, va vite. Et on le
voit, avec qui possède une voiture électrique, à quel point l'autonomie est de plus
en plus importante, même dans nos
conditions climatiques ici, au Québec, et ça va le devenir de plus en plus et
beaucoup plus rapidement, même, que 2030, je vous dirais, M. le
Président.
Il y a une
seule pointe d'espoir. Le ministre a dit en commission qu'il a des discussions
avec la Californie pour envisager peut-être une date plus tôt que 2035.
J'espère que ces discussions-là vont aller assez vite, avant l'adoption finale
du projet de loi, pour pouvoir inscrire
cette nouvelle date dans le projet de loi avant qu'il soit adopté. Donc, ça,
c'est un premier amendement, d'interdire, donc, les ventes de véhicules à
essence et/ou hybrides rechargeables d'ici 2030 et non pas 2035.
• (12 h 30) •
Deuxième — et ça, c'est des choses, aussi, qui ont déjà été proposées
par Québec solidaire — interdire
la publicité sur les véhicules
polluants et la publicité sur les énergies fossiles. Ça, ça veut dire plus
aucune publicité, affiche quelconque des Shell, Ultramar, Petro-Canada,
Énergir et compagnies de ce monde qui vendent des énergies... des
hydrocarbures, des énergies sales. Ça veut
dire plus de publicités qui nous diraient que la seule chose dont on a besoin
dans la vie pour être heureux, c'est
d'avoir un VUS, même quand on habite en ville. C'est ça, le message, souvent,
qui est véhiculé. Équiterre l'a proposé, à Québec solidaire, c'est ce
qu'on propose, d'autres aussi font cette proposition-là. Mais certains
proposent de mettre fin à la publicité sur
les VUS et/ou les véhicules les plus polluants. Ce n'est pas suffisant. Il faut
aussi ajouter toute la publicité de
ces compagnies pétrolières. Il faut aller plus loin. Encore une fois, je le
répète, être pragmatique, être réaliste, ce n'est pas attendre qu'on soit
obligés de prendre certaines décisions, c'est de les prévoir à l'avance et de
les prendre aujourd'hui, dès
maintenant, et ça, ça en fait partie. Je ne comprends pas pourquoi le
gouvernement ne va pas de l'avant avec ça. En France, c'est déjà le cas,
où on interdit ce genre de publicité.
Troisième amendement qui s'en vient, donc le
ministre a le temps d'y réfléchir d'ici à ce qu'on arrive à l'étude détaillée : introduire à la loi véhicules
zéro émission une disposition permettant de mettre en place un bonus malus sur
les véhicules les plus polluants. En ce moment, on a un bonus, il n'y a
pas de malus. Et je donne souvent l'exemple d'une personne comme moi. Moi, aujourd'hui, je n'ai pas de voiture parce que
j'habite à côté de deux stations de métro. Quand je viens à Québec,
je prends l'autobus, je prends le train ou je fais des fois du covoiturage,
donc je n'en ai pas besoin. Mais, si, même habitant sur le merveilleux Plateau—Mont-Royal — plus spécifiquement, je suis dans le Mile
End — même si
je m'achetais une voiture électrique, bien, j'aurais le droit, comme n'importe
qui qui habiterait n'importe où au Québec, à un bonus parce que j'ai fait une bonne action citoyenne. Erreur. Je ne
devrais pas, même, avoir une voiture électrique, je devrais utiliser les
transports en commun, qui sont très, très, très efficaces, et je suis abonnée à
Communauto.
Donc,
il est facile de dire qu'on ne peut pas faire plus pour réduire nos émissions
de gaz à effet de serre alors qu'on se prive d'outils efficaces pour le
faire. Le Commissaire au développement durable l'a lui-même mentionné, si je me
rappelle bien, c'était dans son rapport en
juin 2020, le gouvernement se prive de mesures d'écofiscalité, et c'est
bien dommage. En 2021, aucun
gouvernement responsable ne peut fermer les yeux sur les émissions de gaz à
effet de serre du secteur du transport.
J'invite donc le ministre à saisir la perche tendue et à bonifier son projet de
loi en acceptant, ou en améliorant, ou en modifiant les amendements qui
seront déposés par Québec solidaire.
Donc,
je vais revenir maintenant sur les autres dispositions du projet de loi
n° 102. Je vais dire les éléments positifs avec lesquels nous sommes
favorables, parce que c'est important aussi de mentionner les bons points, je
sais que ça motive le ministre. Peut-être que ça va le motiver, en les entendant,
à dire : O.K., d'abord, bien, je vais accepter certaines des propositions
de Québec solidaire pour améliorer et modifier mon projet de loi. Donc, nous
sommes particulièrement favorables à la
création d'une nouvelle loi, la loi sur les mesures d'application, pour sortir
et renforcir certaines dispositions, dont
les sanctions administratives et pécuniaires de la Loi sur la qualité de
l'environnement, pour les appliquer à six lois, notamment la Loi sur les
espèces menacées, la Loi sur les pesticides et la Loi sur la sécurité des
barrages.
Le
deuxième élément auquel nous sommes favorables : aux nouveaux pouvoirs
octroyés aux inspecteurs et à leurs assistants afin de mieux protéger
l'environnement — enfin,
les inspecteurs vont avoir les coudées franches pour agir, il était temps; autre élément, à l'intégration des quatre
recommandations du rapport du mandat d'initiative de la CAPERN sur les pesticides, qui requérait une modification
législative; aux modifications prévues à la Loi sur la sécurité des barrages et
qui fera en sorte qu'il y aura désormais une obligation de maintenir les
barrages en bonne condition. Dernier élément auquel nous sommes favorables, mais avec certains
éléments à améliorer et qui nous inquiètent : la bonification à la Loi sur
les mines, qui introduit une nouvelle
autorisation pour les travaux d'exploration minière à impacts, bien qu'on
aurait aimé que le ministre, et on va proposer, peut-être, des modifications en
ce sens, définisse ça veut dire quoi, «impacts», directement dans le
projet de loi.
Et
on ne peut pas passer sous silence les modifications qui sont faites à la Loi
sur les mines sur un autre projet de loi sur lequel je siège, et aussi ma
collègue siège pour la partie agriculture, c'est le projet de loi n° 103
sur les allègements... on dit les allègements réglementaires, mais en fait
c'est allègements administratifs, parce qu'il ne faut pas réduire les
lois, ce qu'il faut, c'est réduire le
fardeau administratif. Et donc, dans ce projet de loi, et j'ai eu l'occasion de
le mentionner, lors de l'étude
détaillée, à la ministre déléguée à l'Économie, on est inquiets du retrait des
dispositions qui prévoyaient l'obligation de détenir... en fait, actuellement,
là — la loi
n'est pas encore adoptée — qui prévoient l'obligation de détenir un permis de prospection.
Donc, le gouvernement, ce qu'il fait, c'est qu'il va supprimer les permis.
Peut-être que c'était lourd, la façon que c'était fait. On peut dire :
Bien, on va les supprimer, mais on va trouver un autre moyen pour contrôler
notre connaissance et notre façon d'agir et
de contrôler ceux qui font ce travail de prospection. Malheureusement, ça n'a
pas été le cas dans le 103. Ça aurait été le
fun, maintenant qu'on ouvre la Loi sur les mines dans ce projet de loi
n° 102, qu'on le fasse, qu'on
saisisse cette opportunité-là. Ça, c'est quelque chose qui nous inquiète, et ça
soulève divers enjeux, notamment la
cohabitation et le respect des droits ancestraux autochtones. Donc, voilà, ça, c'est un élément sur lequel on
va revenir.
Autres améliorations
aussi à apporter au projet de loi, le gouvernement pourra donc compter sur
notre pleine et entière collaboration, comme on l'a fait d'habitude — on
a des débats corsés, mais on est capables aussi d'avancer et d'améliorer
les choses — je
vais les nommer, l'article 4 du projet de loi, tel que libellé actuellement,
est inquiétant et permettrait le recours à
la sous-traitance pour les inspections. Il ne s'agit pas de l'intention du législateur,
et le ministre s'est engagé
à proposer un nouveau libellé. Je salue cet engagement. Il faut s'assurer
que l'article amendé ferme cette brèche d'ouvrir la porte à la
sous-traitance pour les inspections environnementales. Il faudra aussi que la
nouvelle version de l'article tienne compte
de la recommandation de la nouvelle Commissaire au développement durable et encadre adéquatement les potentiels conflits
d'intérêts entre inspecteurs et
inspectés pour assurer la protection du public et la protection de
l'environnement. Il y a aussi l'article 11, qui modifie le mandat des organismes
de bassin versant, on va regarder ça attentivement. L'article 30, qui fait passer le statut de l'eau
de richesse naturelle à ressource naturelle, il faut faire attention à ça.
C'est un changement qu'on juge injustifié. L'eau doit demeurer une richesse
collective. C'est quoi, l'intention du gouvernement, donc? On va avoir beaucoup, beaucoup de questions
là-dessus et on veut comprendre c'est quoi, l'intention derrière cette modification-là.
Dernière
remarque avant de conclure : Le projet
de loi n° 102
accorde beaucoup trop de pouvoirs réglementaires. Le mot «règlement» revient 167 fois dans le
projet de loi. Peut-être que, des fois, c'est mentionné, pas dans l'intention
d'apporter un nouveau règlement, mais quand même. On n'arrête pas de le dire,
c'est en train de devenir une habitude. Je
le répète, c'est en train de devenir une habitude, et ce serait peut-être
intéressant qu'une étude d'un étudiant — peut-être que ça existe déjà, je n'ai pas vérifié — ou d'étudiants à l'université en sciences
politiques ou autre regarde à quel point cette tendance-là d'utiliser la
réglementation au lieu de... pour en faire le moins possible en commission
parlementaire et dans les projets de loi, à
quel point cette tendance-là, là... d'avoir un graphique qui montre qu'on
utilise de plus en plus la réglementation. C'est une intuition que nous
avons. Ce n'est pas une intuition, c'est une réalité. Moi, il n'y a pas un projet de loi où je n'ai pas dénoncé cette
mauvaise habitude qui nuit à notre démocratie, qui nuit aux débats que nous
avons en commission parlementaire,
puisque tout est remis dans les règlements. S'il y avait une étude ou si ça
existait ou... en tout cas, si ça n'existe pas, peut-être que... je fais
un appel aux étudiants qui nous écoutent d'en faire une pour démontrer
factuellement, de façon visuelle, là, pour qu'on le voie, cette augmentation de
la réglementation.
Je vais répéter, en conclusion, pour vrai, cette
fois, M. le Président, le projet de loi est imposant, mais il y a beaucoup d'éléments, c'est de la concordance, et
avec lesquels on est d'accord. C'est pour cette raison que Québec solidaire, nous allons voter pour le principe du projet de
loi. Mais ce que ça va prendre en environnement, ce n'est pas juste des lois,
des projets de loi et de la réglementation, ce que ça va prendre, c'est des ressources.
Malheureusement, ce n'est pas moi qui vais
être à l'étude des crédits l'année prochaine pour répéter mes questions par
rapport aux ressources et aux inspecteurs. Si le ministre se rappelle, je déplore toujours le manque d'inspecteurs,
surtout que, des fois, il dit qu'il en a augmenté, mais est-ce qu'il en a
augmenté suffisamment par rapport à l'augmentation des exigences
environnementales, qui ne cessent d'augmenter, et avec raison, et avec
justification? De parler aussi des inspecteurs étudiants — eux
aussi, leur nombre augmente — les inspections terrain, réellement, là,
sur le terrain, pas juste au téléphone ou de façon virtuelle, c'est une préoccupation qui est toujours présente. Même si
la porteuse de dossier a changé, cette préoccupation-là va continuer à être présente. Et, encore une fois, le
gouvernement peut... et le ministre peut se préparer à ce qu'il y ait des
questions sur ça.
• (12 h 40) •
Moi, j'avais entendu, et j'étais inquiète, le ministre
des Finances et la présidente du Conseil du trésor, tous les deux ont mentionné, il y a plusieurs semaines,
qu'il va y avoir des choix budgétaires importants à faire, peut-être pas en
année électorale, mais plus tard, où... On va le voir, qu'est-ce qui va arriver
avec le budget en mars prochain. Ce qu'ils disaient, c'est qu'il va y avoir des ministères qui vont voir leur
budget augmenter de beaucoup, et d'autres, être réduit. Et, comme
d'habitude, je suis inquiète que le parent pauvre soit encore, avec ce
gouvernement comme les gouvernements précédents,
toujours le ministère de
l'Environnement. Il va falloir mettre
en place des ressources, en plus d'augmenter aussi les exigences.
Dernière,
dernière chose, les pouvoirs discrétionnaires du ministre, ça aussi, c'est
quelque chose qui nous inquiète, parce que, si celui-ci refuse de se
saisir de son pouvoir discrétionnaire pour protéger, notamment, l'habitat des
espèces menacées et vulnérables, bien, ces protections seront inactives.
Donc, voilà,
le projet de loi doit être ambitieux, doit être pragmatique, réaliste et
ambitieux. Tous ces mots, aujourd'hui, avec les questions environnementales,
vont ensemble. C'est ça, être responsable. Mais, malgré tout, nous allons
voter, pour toutes les raisons que j'ai mentionnées, pour le principe du
projet de loi n° 102. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. À mon tour de
m'exprimer sur l'adoption du principe du projet de loi n° 102.
C'est un
premier omnibus dans l'histoire de la législation en matière environnementale.
En tout cas, de mémoire, en ce qui me
concerne, c'est un premier omnibus. Il y a un côté négatif, au sens que c'est un mammouth, là, puis ce n'est pas parce que je parle d'énergies fossiles, là,
que j'emploie le mot «mammouth», mais c'est plus complexe à étudier, on doit y aller par blocs, ça inclut plusieurs dimensions,
il y a des éléments pour lesquels on est pour, d'autres qu'on est contre.
Ça, c'est le côté négatif.
Mais je veux quand même dire qu'il y a un aspect
positif à ça. À tout le moins sur le plan symbolique, ça démontre à quel point les enjeux environnementaux
prennent de plus en plus de place dans notre législation, dans notre action
politique et dans nos interventions. Alors, peut-être qu'il y aura des omnibus
en environnement plus régulièrement dans
les législatures futures, on le verra. Mais, pour moi, ça dénote certainement
cette importance des enjeux environnementaux, le poids que prend de plus
en plus l'environnement dans nos débats ici, et, pour moi, ça, c'est un bon
signe.
Il y a huit
éléments sur lesquels je souhaite intervenir dans ce projet de loi mammouth.
Vous allez me dire : Huit, c'est
beaucoup. Bien, justement, ça revient à ce que je vous disais tout à l'heure,
c'est ça qui arrive quand on a un projet de loi de cette envergure.
D'abord, la
loi sur les véhicules zéro émission. Le rapport de mise en oeuvre qui a été
rendu public en février l'année passée
est très, très clair à l'effet que la loi n'est pas assez sévère, de sorte que
les fabricants automobiles, avec la loi actuelle, ont déjà rempli leur obligation et ils n'auraient
plus besoin de vendre de véhicules électriques ou hybrides rechargeables
d'ici 2022, puis il n'y aurait pas de
pénalité, parce qu'ils auraient déjà rempli leur obligation. Donc, ce n'est
clairement pas assez sévère. Donc, il va falloir revoir les seuils,
revoir le système de crédit. Le problème, c'est que le gouvernement a choisi de procéder par règlement pour ce faire,
alors que nous, on pense que la question des seuils sur la vente de véhicules
zéro émission doit être décidée au Parlement, doit être décidée entre députés.
Oui, c'est plus complexe, parce que ça demande
de déposer un projet de loi, faire une commission parlementaire, mais c'est
plus béton, parce que, par règlement, avec les changements de gouvernement, on
pourrait avoir un gouvernement plus laxiste qui décide, derrière des portes
closes, de baisser les seuils. Pour nous, c'est inacceptable.
J'ai déjà
annoncé, en commission parlementaire, à l'étude... pas à l'étude, mais aux
auditions des groupes, que nous allons, de notre côté, déposer également
un amendement pour encadrer et limiter les publicités sur les gros véhicules, là, ce qu'on appelle les VUS. Donc, c'est, pour
moi, très important de le faire. On est en train de rédiger ça, et, dès que
possible, nous allons le déposer,
même avant d'arriver à l'étude de l'article qui va concerner les publicités. On
va le faire parce qu'on pense que nous devons agir.
Nous allons également poser des questions — on va
voir si on va déposer un amendement, tout dépendant des réponses du ministre — concernant
le règlement pour l'interdiction de la vente des autos à essence. Le ministre a
dit, à plusieurs reprises, en 2035, mais il
veut adopter le règlement d'ici décembre 2024. Ça nous apparaît très, très
loin. On pense qu'on pourrait
raccourcir le délai d'adoption du règlement interdisant la vente de véhicules à
essence pour 2035, donc adopter le
règlement avant. Et nous verrons également ce qu'il aura à répondre sur les
délais reliés à 2035. On sait déjà un peu ses arguments, là, mais pour
raccourcir même sur cette date de 2035, essayer de ramener ça plus tôt.
Deuxième élément, les dispositions
générales de la loi. On en a parlé à plusieurs reprises, l'article 4, à
l'intérieur de l'article 1 du projet
de loi, qui amène les possibilités de sous-traitance pour les inspecteurs. On a
eu, à plusieurs reprises, des
garanties, de la part autant du ministre que des sous-ministres ou des
fonctionnaires qui étaient présents, entre autres, dans le briefing technique, que, ah! ce n'est pas
pour aller vers la sous-traitance, c'est pour des éléments spécifiques qu'on
veut ouvrir sur l'inspection privée. Mais je
suis obligé de dire, M. le Président, c'est bien de valeur, mais l'article ne
dit pas ça. Donc, pour éviter un
dérapage dans la sous-traitance chez les inspecteurs du ministère, on va
s'assurer d'une rédaction de
l'article qui va dire ce qu'il veut dire. Alors, on écoutera comme il faut ce
que le ministre a à nous répondre là-dessus, on prendra ses mots, puis
on va les mettre dans un amendement qu'on fera adopter pour s'assurer qu'il n'y
aura pas d'interprétation trop large qui
pourrait ouvrir la porte à de la sous-traitance chez les inspecteurs, et ainsi
contribuer à une perte d'expertise au sein du ministère de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Donc, on va faire ça. Le Commissaire au développement
durable, d'ailleurs, nous a dit qu'il fallait être prudents à cet égard, parce
qu'il faut éviter la perte d'expertise au
sein du ministère, mais aussi, quand on parle de sous-traitance ou
d'inspecteurs du secteur privé, il
faut éviter les conflits d'intérêts. Puis la Commissaire au développement
durable nous a dit qu'il y avait déjà
eu, en 2017, des cas d'experts externes qui ont été en conflit
d'intérêts dans des enjeux de sols
contaminés. Le ministère n'a toujours pas procédé aux corrections nécessaires.
Alors, on va s'assurer que l'article dont je vous parle n'ouvrira pas la porte
à ça.
Troisième élément,
les pesticides. Alors, le projet de loi amène des taxes sur les pesticides,
l'encadrement des semences enrobées de pesticides, l'encadrement de la
possession de pesticides, des amendes plus sévères. Alors, nous, on va poser des questions, et voire même déposer
des amendements pour amener des solutions alternatives aux pesticides pour aider les producteurs agricoles, notamment
des mesures d'écofiscalité — on va voir, là-dessus, ce que le ministre a
à dire — et également des amendements ou des
questions, à tout le moins, pour plus de transparence pour les informations
sur les produits qui ont des pesticides pour
s'assurer d'une transparence et d'une bonne information pour les citoyens puis
les consommateurs.
Quatrième
élément, sur la question de l'analyse d'impact sur l'environnement, le ministre
amène des modifications, notamment à
l'article 84, pour faire en sorte que le ministre puisse faire des
recommandations sur un projet, par exemple, qui est dans le processus du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement même si le dossier est non complet.
Alors, ça peut paraître séduisant pour
permettre au ministre d'agir plus rapidement, mais il faut voir dans quel
contexte, dans quelle mesure, pour
faire quoi. Est-ce que c'est juste pour empêcher un projet de se faire ou ce
serait pour permettre à un projet d'aller
plus vite? Vous comprenez que ça pose de très grandes questions sur le
processus d'évaluation environnementale tel qu'on le connaît avec le
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
• (12 h 50) •
Cinquième
élément, droits miniers. J'aime mieux dire «droits miniers» que «claims», alors...
je n'aime pas cette expression. Donc,
les droits miniers, le ministre prévoit, dans le projet de loi, que seules les
activités à impacts déterminées par
règlement seront visées par une obligation d'obtenir une autorisation. Ça a
l'air un peu technique, mais c'est encore un pouvoir réglementaire que
se donne le ministre pour déterminer les projets qui auront une autorisation ou
non. Alors, nous, on veut préciser cet
élément-là. Et le CQDE, le Centre québécois du droit de l'environnement, nous a
dit : Il faut que ce soit un
pouvoir lié et non pas un pouvoir discrétionnaire. C'est une distinction
importante en matière juridique, et on va poser des questions à cet
égard.
Sixième
élément, la protection des arbres. La Loi sur la protection des arbres, c'est
une loi importante, M. le Président. Hydro-Québec
souhaite avoir des délais plus courts pour préaviser les propriétaires qui
verront abattre ou émonder des arbres sur
leurs terrains pour des enjeux de sécurité reliés aux lignes, par exemple, de
transmission ou à des installations d'Hydro-Québec. Bon, c'est quand même
important de bien comprendre ce que le ministre veut faire par les délais.
Alors, quels seront les délais prévus
par le projet de loi? Est-ce que c'est 72 heures? Est-ce que c'est 24 heures?
Puis le projet de loi ne cible pas qu'Hydro-Québec, alors qui pourrait
intervenir pour couper les arbres? Est-ce qu'on parle de municipalités? Est-ce
qu'on parle de MRC? Est-ce qu'on parle
d'autres institutions qui pourraient
avoir besoin d'intervenir sur l'abattage ou des émondages d'arbre?
Alors, il faut préciser comme il faut les délais, M. le Président.
Le
temps file, mais il ne file pas si vite, donc je pense que je vais être
correct. J'aurais pu parler des heures, mais je suis capable de passer mon message
rapidement. Point sept, sécurité des barrages. Bon, là,
c'est vrai que je pourrais parler une
heure là-dessus. Moi, je suis du Saguenay, j'ai connu les inondations de 1996. Il y a encore des
stigmates sur le territoire de ma circonscription, à Jonquière, le long de la
rivière aux Sables. Il y a encore des gens qui sont traumatisés par les inondations de 1996. Donc, la sécurité des
barrages, c'est, pour moi, non négociable, c'est absolument fondamental dans notre législation, c'est la sécurité avant tout.
Alors, le ministre amène, dans son projet de loi n° 102,
une obligation pour les propriétaires de barrage de maintenir un barrage dans
un état qui ne compromet pas la sécurité, bien évidemment, mais ce sera, encore une fois, déterminé par
règlement. Donc, on va faire parler le ministre là-dessus. Et l'analyse
d'impact réglementaire nous dit que l'étude d'évaluation de sécurité ne
sera plus requise pour des barrages à forte contenance si le niveau de conséquence d'une rupture est faible ou minimal. Donc,
c'est quoi, ça, le niveau de conséquence de rupture qui est faible ou minimal pour les barrages à
forte contenance? Alors, on va poser des questions et on va surtout s'assurer
d'avoir des dispositions pour que les citoyens riverains d'un barrage aient accès
aux informations, à de la transparence, comment
ça va se faire, etc., parce que, pour en connaître plusieurs et les fréquenter
quotidiennement dans ma circonscription, les gens qui sont sur le bord des
cours d'eau où il y a des barrages, bien, ils se posent des questions tout à
fait sérieuses sur la sécurité.
Régime
des eaux, ça, c'est mon huitième picot. Le projet de loi amène des amendements
pour assurer le recouvrement des sommes qui sont dues en vertu de la Loi sur le
régime des eaux. Alors, nous, on veut s'assurer... On va poser des
questions, peut-être déposer des amendements sur la
quantité d'eau prélevée, on veut que ce soit public. Et, le rehaussement des redevances, également, on va poser des questions
là-dessus, on va préparer des amendements, parce que c'est une question sur
laquelle on se fait souvent interpeler comme députés. On a un pays bâti sur des
ressources hydriques majeures, on a 3 % de l'eau douce au monde qui
est au Québec, alors c'est important qu'on puisse aussi bien la gérer.
D'ailleurs,
je veux en profiter pour saluer les organismes de bassin versant. Moi, je dis
souvent, si admettons, là, j'avais la
carte du Québec vierge puis qu'il n'y a jamais eu de divisions territoriales,
les circonscriptions, les villes, les régions administratives, les diocèses, si vous voulez, M. le Président, bien,
moi, là, si on me disait : Sylvain, O.K., regarde, tu as la carte du Québec, et fais des divisions
administratives ou régionales, bien, moi, ce serait sur la base des bassins
versants. Je trouve que c'est le territoire le plus logique sur notre
territoire québécois. On a une appartenance, même : Je suis sur le bord de
la rivière Chicoutimi, je suis un gars de rivière Saguenay, je vis au
Lac-Saint-Jean. Puis, vous le savez, obstinez-vous
pas avec quelqu'un du Lac ou du Saguenay. Pourtant, c'est ça, c'est deux plans
d'eau, alors ça montre à quel point,
au-delà de l'anecdote, qu'on est vraiment attachés au territoire hydrique.
Alors, bon, ça, c'est ma parenthèse.
Alors, je termine, M.
le Président, je suis content, j'ai été capable de rentrer dans le temps, pour
vous dire que, de notre côté, puis j'ai
entendu mes collègues de Verdun, de Mercier et, évidemment, le ministre, qui
est d'accord avec son propre projet de loi — c'est au moins ça de gagné — nous, on va voter également en faveur du
principe. Le ministre et le gouvernement nous connaissent, de ce
côté-ci, on ne laisse rien passer au hasard. Alors, on va travailler fort pour avoir des amendements et on va poser des questions
pour avoir toutes les réponses, parce que ce que le ministre dit dans le
micro, ça reste dans le Journal des débats et ça nous inspire pour
interpréter la loi. Alors, voilà, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? M. le député de Viau.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci. Merci, M. le Président. Très content de prendre la parole autour de ce
projet de loi, le projet de loi
n° 102, et très content aussi d'avoir pu participer, c'était déjà la
semaine dernière, aux consultations particulières, donc, où plusieurs groupes ont fait des présentations.
Je commencerais par remercier, dans un premier temps, tous ces groupes qui ont pu prendre part à ces consultations, et
avec des mémoires ou de simples interventions tellement pertinentes autour
de cet enjeu combien important... autour de
ces enjeux combien importants, parce que, rappelons-le, le projet de loi que
nous avons devant nous, M. le Président, c'est un projet de loi omnibus, donc
qui vendra modifier plusieurs autres lois que nous avons.
Mais,
avant même de rentrer dans le vif du sujet, M. le Président, la semaine
dernière, comme souvent, à mon habitude, je rencontre des jeunes, et je rencontrais, dans le cadre des journées
des métiers, des jeunes du secondaire du centre de services scolaire de Montréal, et autour de leurs passions,
autour de ce qui les intéresse, autour de leur engagement aussi comme jeunes dans la société, et plusieurs
questions m'ont été posées. Au nombre
des questions qui m'ont été posées, c'est sur le rôle du député,
sur le rôle du député. Bien, alors, je leur disais : Bien, écoutez, le
rôle du député, c'est de représenter la population, c'est de représenter les citoyennes et citoyens, c'est de
travailler aussi, à l'Assemblée nationale, à la préparation de projets de loi. Alors, il y a des
sous-questions, d'autres questions qui m'ont été posées sur ce travail-là,
justement, de préparation des lois, et c'est là, suite à cette rencontre,
que je réfléchissais un peu et je me disais : Mais il faut s'assurer que le député puisse jouer pleinement son rôle de
législateur, et une des façons dont
il peut... qu'on peut s'assurer de ça, c'est lors des préparations des projets
de loi, que le député, justement, puisse contribuer, lors des études
détaillées, à apporter des amendements, à avoir tout le projet de loi devant
lui.
Or,
depuis quelque temps, en fait depuis que je suis là, finalement, et comme l'a
souligné, avec raison, tout à l'heure, la
députée de Verdun et plusieurs personnes, on s'habitue à avoir des projets de
loi où il y a beaucoup, mais beaucoup trop, beaucoup trop de dimensions
autour des règlements, et ça, ça vient... Oui, l'enjeu de transparence a été
abordé par ma collègue la députée de Verdun,
avec raison, mais, moi, l'aspect qui m'inquiète, finalement, c'est une
inquiétude que je partage avec vous, M. le Président, c'est le fait que,
lorsqu'on a des projets de loi ou même... D'ailleurs, rappelons-le, la
Commissaire au développement durable, lors de sa présentation la semaine
dernière, nous a dit qu'il y avait beaucoup d'aspects sur lesquels elle ne
pouvait pas se prononcer, puisqu'il y a tout un pan de ce projet de loi là qui
sera amené... qui sont... on saura à la
lumière des règlements que le gouvernement aura apportés. Alors, voilà une
dimension que je trouve importante,
je crois. Quand on gouverne seulement par décrets et par règlements, il y a des
questions de transparence qui peuvent et qui doivent se poser à ce stade-ci.
Je
parlais, M. le Président, du travail de député autour des projets de loi, ce
projet de loi là, donc, et souvent j'ai à intervenir pour parler de notre rôle
sur la qualité de vie, et voilà un projet de loi qui aborde plusieurs aspects
de cet oeil...
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député, je dois vous interrompre et vous demander si
vous allez poursuivre lorsque nous allons reprendre nos débats.
M. Benjamin :
Absolument.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Absolument. Compte tenu de l'heure,
les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
L'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en matière
d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable
des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission. Et je cède la
parole à M. le député de Viau, qui avait débuté son intervention avant le
repas.
M. Benjamin : Merci. Merci,
M. le Président. Donc, alors, de retour pour poursuivre mon intervention.
J'en étais,
tout à l'heure, à parler de la qualité de vie comme étant la pierre angulaire,
je crois, l'essence même de tous nos
travaux en cette Chambre, que ce soient les projets de loi sur lesquels nous
avons à travailler. Et, quand on parle de qualité de vie, ce projet de
loi là, justement, trouve son sens.
Mais, avant
que j'en arrive au coeur même du projet
de loi, permettez-moi de souligner
que, lors des consultations particulières,
M. le Président, plusieurs groupes sont venus présenter des mémoires, et
les uns les plus pertinents que les autres.
Mais j'aimerais peut-être attirer votre attention, M. le Président,
sur quelques-unes de ces idées, de ces perspectives qui nous ont été
soumises lors des consultations particulières.
Je pense,
entre autres, à l'UPA, l'Union des producteurs agricoles, M. le Président,
qui nous a rappelé, en ce qui concerne... puisque c'est un projet de loi aussi
qui viendrait modifier la Loi sur les pesticides... l'UPA qui nous a rappelé
effectivement que les producteurs agricoles
sont les premiers exposés aux pesticides. Au fil des ans, tout ce qui a été mis en place par l'UPA, tout ce qui a
été mis en place aussi par le gouvernement en termes de lois... mais qu'il
fallait en faire plus, mais que, pour
cela, qu'il fallait qu'il y ait un travail véritablement de partenariat, qu'il
fallait qu'il y ait un meilleur accompagnement aussi par le
gouvernement. Et le projet de loi, à ce niveau-là, devra, par la suite au niveau
des règlements, des amendements et des
programmes qui seront rattachés, s'assurer aussi que cet accompagnement-là soit
au rendez-vous.
Je pense
aussi au Conseil patronal de l'environnement, qui est venu nous présenter un
mémoire aussi. Et, dans le mémoire du
Conseil patronal de l'environnement, plusieurs idées ont été émises, mais je
retiens en particulier celle-ci, donc,
l'importance aussi pour les entreprises, dans le secteur de l'environnement, de
s'approprier pour pouvoir mieux appliquer les lois et les règlements. Il fallait encadrer les avis pour les
situations qui ont un impact sur l'environnement
et non pas les manquements
administratifs. Et le Conseil patronal de l'environnement a aussi souligné à
son tour le manque d'accompagnement pour
les entreprises, au sein du ministère, par manque de ressources humaines. Donc, alors,
ça, c'est un enjeu que nous a soumis le Conseil patronal de
l'environnement.
La Fédération québécoise des municipalités, qui
nous a parlé, évidemment, de l'enjeu des barrages, mais aussi qui nous a parlé, aussi, de la loi, aussi, qui
touche en particulier... alors, il y a la loi sur les barrages, mais il y a
aussi la Loi sur la protection des arbres.
Et, parlant
de la Loi sur la protection des arbres, M. le Président, face à ce qui
arrive, quand on dit que... Au niveau de la Loi sur la protection des
arbres, c'est une modification qui vise à permettre la réalisation de travaux
préventifs d'élagage et d'abattage d'arbres
et d'arbustes susceptibles de causer une panne électrique. Alors, la
représentation d'Hydro-Québec, évidemment, on comprendra, est très en
faveur de cette modification apportée.
Nous aurons à en débattre lors des études
détaillées, mais je me permets ici, M. le Président, d'attirer votre attention sur l'expérience que j'ai vécue, dans
une ancienne vie, comme conseiller municipal, où souvent les élus municipaux,
on faisait appel à nous parce qu'il y avait
des délais, de longs délais, souvent, quand il y avait des arbres qui
étaient... des branches d'arbres qui touchaient des fils électriques,
avant une intervention d'Hydro-Québec.
Alors, il faudrait s'assurer, les délais
demandés, est-ce que les 48 heures, 72 heures... quel est le délai.
Et là il faudrait surtout s'assurer aussi
que les travaux puissent être réalisés de manière prompte aussi. Parce que,
bien souvent, par expérience, j'ai déjà vu des délais de deux semaines,
trois semaines, M. le Président, avant qu'il y ait une intervention d'Hydro-Québec. Et, quand il s'agit de sécurité du public, je
pense qu'il faut s'assurer que les délais soient corrects, ce soient les
bons délais pour protéger, justement, la sécurité du public.
Et, au nombre
des mémoires qui nous a été présenté, il y a eu aussi Nature Québec, un mémoire
que j'ai beaucoup aimé aussi, puisque, dans ce mémoire-là, on a
attiré notre attention et l'attention du ministre en particulier sur
l'importance de se rappeler, dans ce projet
de loi là, donc, du rôle important,
primordial, donc, sur plusieurs aspects du projet de loi, donc, du partenariat plus que nécessaire à avoir
avec les communautés autochtones. Une demande, une demande de Nature Québec,
qui nous demande d'être plus ambitieux, qui nous demande d'être plus ambitieux
notamment au niveau de la réduction globale
du parc automobile. On ne peut pas se contenter, nous ont-ils dit, de faire des
véhicules électriques, il faut
aller beaucoup plus loin, il faut aller vers... il faut tendre vers la
réduction du parc automobile.
Et cette même
demande a été aussi réitérée par la suite, M. le Président, par Équiterre, qui
nous a aussi déposé un excellent mémoire aussi pour nous rappeler l'importance,
la nécessité, même, de mettre fin le plus rapidement que possible dans les
voitures à essence, et de réduire le parc automobile, et aussi de nous attaquer
à la publicité automobile aussi, un aspect
important, puisque, si nous disons, d'un côté de la bouche, que nous voulons
lutter à tout prix contre la réduction des GES, mais on ne peut pas tolérer non plus trop longtemps qu'il y ait une
publicité à outrance à la télévision, un peu partout dans les médias,
donc, sur notamment les véhicules énergivores. Donc, il y a ça.
Mais, si nous
revenons à ce projet de loi, M. le Président, que nous avons devant nous, c'est
un projet de loi qui vient modifier une douzaine d'autres lois : la
Loi sur les pesticides, j'en ai déjà parlé, la Loi sur la sécurité des
barrages, comme nous l'ont rappelé les
organismes représentant les bassins versants. Là aussi, il y a un besoin d'un
meilleur arrimant, d'un meilleur encadrement entre ce que fait le
gouvernement, ce que dit le gouvernement, ce que font les municipalités et le pouvoir que les
organismes de bassins versants n'ont pas, justement, pour intervenir et pour
agir. Donc, il y a là une nécessité d'un meilleur arrimage, d'une
meilleure coordination, et ça aussi, donc, il faudra, autour de ce projet de
loi, y voir aussi.
Il
y a aussi le projet de loi également... ça modifie également le projet de loi
sur les mines afin d'y introduire, pour les titulaires de claims, une autorisation préalable à certains travaux
d'exploration minière à impact et de prévoir les habilitations
réglementaires requises à cette autorisation.
Ça
modifie aussi... ce projet de loi omnibus modifie aussi la Loi sur la protection
des arbres, je viens d'en parler, et la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui prévoit, entre autres, l'obligation, dans le cas d'un
rejet de contaminants accidentel, de récupérer, de nettoyer ou de traiter les
matières contaminées par le rejet.
Il
y a plusieurs enjeux, M. le Président, plusieurs
enjeux par rapport à ce projet
de loi, et un des enjeux autour duquel j'aimerais attirer votre attention,
c'est comment s'assurer à ce que... C'est une grande question qui doit être posée : Est-ce que le ministre
aura les ressources humaines et financières suffisantes pour accomplir toutes les tâches
administratives que propose ce projet de loi que nous avons devant nous?
Alors, on a très hâte d'en débattre avec le ministre à ce sujet.
C'est
un projet de loi aussi... Et, comme nous a demandé la Fédération
québécoise des municipalités, les
entreprises, les agriculteurs, ils nous ont dit que l'adaptation aux règlements
était difficile et qu'ils avaient besoin d'accompagnement. Nous avons
hâte aussi de débattre avec le ministre sur quelle sera sa vision, justement,
pour s'assurer de ce meilleur accompagnement.
Et je l'ai rappelé, M. le Président, cette fâcheuse habitude que le
gouvernement a de mettre beaucoup... de
prévoir beaucoup de réglementation. Et c'est un projet de loi, pour nous, comme
parlementaires, nous aurions aimé que, dans
ce projet de loi là... que ce projet de loi là soit plus détaillé afin de mieux
faire notre travail. Mais, ceci étant dit, nous allons faire quand même
sérieusement l'étude détaillée autour de ce projet de loi là.
Et,
pour terminer, j'ai parlé de qualité de vie, j'ai parlé de qualité de l'air
aussi, quand on pense à la réduction des GES, mais il faut parler de sécurité
aussi, quand on pense à la Loi sur les pesticides, sécurité alimentaire,
qualité des aliments que nous consommons.
Alors,
voilà un projet de loi qui a beaucoup d'enjeux, sur lesquels nous, ici, de
l'opposition officielle, nous allons travailler sérieusement et ardemment
en étude détaillée pour bonifier ce projet de loi là, dans l'intérêt des
Québécoises et des Québécois. Merci, M. le Président.
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Viau. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre
Arcand
M. Arcand :
Merci beaucoup, M. le Président. Juste quelques notes mentionnées pour ce
projet de loi, projet de loi en matière d'environnement et en matière,
également, de sécurité des barrages.
Je voudrais
simplement prononcer ces quelques mots d'abord pour dire que je suis heureux de
voir qu'il y a, au niveau de ce projet de
loi, toujours la reconnaissance d'un fait extrêmement important qui est survenu
il y a environ une dizaine d'années, à l'époque où j'étais ministre de
l'Environnement. Et on avait introduit, à ce moment-là, la notion, justement, de sanction administrative pécuniaire,
ce qui était, à l'époque, quelque chose de relativement nouveau et qui ne
s'appliquait pas avant en matière d'environnement. Parce qu'auparavant, pour
faire respecter les lois de l'environnement, il fallait littéralement
aller devant un juge, c'était très compliqué. Et je me rappelle très bien avoir
été très populaire au sein du ministère lorsque cette loi-là, au départ, avait
été faite parce que, finalement, les inspecteurs du ministère nous disaient : Enfin, on a une boîte à outils. On
a une possibilité de faire ça, d'améliorer les choses, de pouvoir punir ceux
qui, vraiment, ne respectent pas
l'environnement avec un processus de sanction administrative beaucoup plus
simple. On n'avait pas besoin, là, de tous les problèmes juridiques pour le
faire. Et donc, en ce sens-là, c'était une avancée importante.
Ce que je vois dans
le projet de loi qui est devant nous aujourd'hui, c'est une amélioration des
lois, parce qu'évidemment
les amendes... Je me rappelle très
bien d'une discussion
que j'avais eue à l'époque, c'était avec une députée péquiste, qui était
Mme Ouellet, Martine Ouellet, et on avait eu des discussions
sur le genre d'amendes qu'on devait faire, imposer, à ce moment-là. Et donc il fallait harmoniser, dans une certaine
mesure, les amendes. Alors, je m'aperçois que les amendes ont été augmentées.
C'est normal, après 10 ans, qu'on augmente les amendes dans certains cas.
Je vois cependant qu'il y a certaines amendes qui vont mériter certainement une certaine discussion, parce que c'est quand même... il y a des éléments
là-dedans, là... quand je vois qu'on va jusqu'à 6 millions dans certains
cas, il va falloir définir pourquoi, qu'est-ce
qu'on a fait pour mériter, par exemple, une amende de 6 millions. Mais ça, on aura l'occasion, j'imagine, d'en
discuter au niveau du gouvernement.
Il
y a une chose également qu'on va vouloir poser comme question
au ministre, parce qu'il faut toujours, dans des cas comme ça, éviter l'arbitraire, hein? Et moi,
je me rappelle très bien, à l'époque, qu'il fallait non pas qu'il y ait seulement un
inspecteur qui donne l'amende, mais il fallait que le directeur régional du ministère,
il fallait que le sous-ministre soient pleinement
conscients et que la décision se prenne justement en comité pour faire
en sorte qu'on puisse exercer un rôle. Mais
il s'agissait aussi d'être... parce que j'ai toujours vu le ministère
de l'Environnement comme étant un ministère qui devait
aussi travailler à aider les entreprises à se conformer aux lois de
l'environnement, qui changent, qui sont parfois compliquées. Puis, quand on
regarde ce que le comité patronal de l'environnement a dit, il est clair qu'essentiellement
ce qu'ils nous ont dit, c'est : Écoutez,
les lois sont complexes, aidez-nous à respecter les lois. Et c'est essentiellement ce que je pense qu'il faut
faire à l'intérieur de ces lois qui ont été votées, qui vont suivre, évidemment,
avec un certain nombre de règlements.
Alors,
M. le Président, simplement, donc, pour vous dire qu'encore une fois c'est un projet de loi dans lequel on ajoute maintenant des amendes encore en très forte augmentation sur la question des pesticides, ce qui est tout à fait normal, et que nous allons appuyer en ce sens-là.
L'autre
élément dont on parle dans ce projet
de loi, on parle beaucoup,
actuellement, évidemment, des véhicules, du fait qu'à travers les
différentes années les entreprises ont réussi à baisser leur empreinte carbone. De
façon générale, il y a eu une baisse au niveau
des GES. Mais c'est toujours au
niveau du transport qu'il y a un
enjeu qui est important. Le gouvernement a pris un certain nombre de décisions. La difficulté,
dans ce que le gouvernement a pu faire, c'est que c'est extrêmement
difficile d'avoir le contrôle de ces décisions-là. Le Québec n'est pas
considéré par les manufacturiers automobiles
comme étant un gros marché. Donc, on est un peu tributaire de ce qui se passe
un peu ailleurs. Et je me rappelle très
bien, moi, en 2015, quand il y a eu l'Accord de Paris, entre autres, il y avait
vraiment un momentum, un momentum dans le
monde pour accélérer la production d'autos électriques, pour accélérer
l'efficacité en cette matière et de s'assurer que nos GES, en matière de
transport, allaient baisser de façon substantielle.
Malheureusement
est arrivée l'élection de 2016 aux États-Unis, où, là, pendant quatre ans, le
message qui a été envoyé, finalement,
aux manufacturiers, avec l'élection d'un président républicain, bien, on s'est
retrouvé, évidemment, où les manufacturiers se sont littéralement fait
dire : Bien, écoutez, prenez votre temps, on n'est pas si pressés que ça. Et donc, malgré le fait que nous, au Québec en
2016, on avait établi la loi zéro émission, il est clair que, malgré cette loi,
la production, justement, en matière de véhicules électriques aurait
été... aurait pu être, en tout cas, de 2016 jusqu'à 2020, beaucoup plus forte.
Ils auraient pu bénéficier... On aurait pu bénéficier à ce moment-là d'un
momentum important.
Alors, j'ai vu que le gouvernement veut changer
un certain nombre de choses, veut arriver avec un règlement, à partir de 2024, pour justement la question des
véhicules électriques. Alors, évidemment, ça va être intéressant à suivre,
parce que, justement, il faut, encore une
fois, qu'on réussisse au fil des années à élire des gouvernements qui sont
d'accord avec l'environnement. Si les Américains, en 2024, élisent un
gouvernement qui n'est pas en accord avec cette vision environnementale, il est
clair que ça va être plus long. Ça va être plus difficile parce que, si on
veut, les États-Unis, l'Europe, la Chine
sont vraiment ceux qui déterminent de façon générale un peu ce qui se passe
dans le monde au niveau particulièrement de la production automobile.
Donc, je voulais simplement le mentionner.
C'est une loi, également, qui fait abstraction
d'un certain nombre de sujets. Je me rappelle qu'on avait déjà présenté, nous, une loi sur, par exemple, la
vérification des véhicules. Par exemple, quand on voulait... à un moment donné,
on voulait éliminer ce qu'on appelait les
minounes, et Dieu sait qu'il y en a beaucoup au Québec, et on voulait
l'éliminer en demandant une inspection lors de la vente d'un véhicule.
C'est-à-dire pas une inspection généralisée, mais, quand quelqu'un vend
un véhicule qui a plusieurs années, bien, ce véhicule-là, très souvent, s'il
n'est pas mécaniquement bien rodé, bien, ce
véhicule-là, évidemment, va polluer plusieurs fois. Et, quand on regarde le nombre de transactions qu'il
peut y avoir au Québec,
c'est quand même beaucoup de transactions. J'aurais quand même
aimé voir ça dans le projet de loi qui est devant nous aujourd'hui.
Sur la
question des barrages, je pense que c'est la simple logique qui veut, M. le
Président, qu'en matière de barrages, évidemment, que ce soit ceux
d'Hydro-Québec ou les barrages privés, il est clair, M. le Président, que la
responsabilité soit du propriétaire privé ou d'Hydro-Québec, évidemment,
incombe de ce côté-là.
Dans les
inquiétudes que nous avons, une des inquiétudes, évidemment, c'est toujours la
même chose, on le sait, jusqu'à quel point le gouvernement, actuellement, a une
pression énorme sur les coûts en matière de santé. Les augmentations en matière de santé, au cours des prochaines
années, seront, vont continuer à être extrêmement importantes. Et donc la
difficulté de cela, c'est que plus les coûts en santé sont importants, bien,
moins il y a de la place pour les ministères.
Et j'ai
remarqué... Parce que c'est le deuxième projet de loi dans lequel j'interviens,
et, dans ce projet de loi là, évidemment
je l'ai vu en matière de ministère de l'Énergie, puis je viens de le voir aussi
en matière d'environnement, on commence
à vouloir sous-traiter. Et ça, ça pose une question fondamentale : Qui
sont les inspecteurs? Quels sont ceux qui vont être appelés à sous-traiter? Est-ce
qu'il n'y'a pas, dans certains cas, des conflits d'intérêts également possibles?
Alors, ce sont des questions qu'on va vouloir soulever.
• (15 h 20) •
Puis on va
vouloir soulever également la question, justement, de l'attribution des budgets
au ministère de l'Environnement. Je
pense qu'il y a des collègues, tout à l'heure, qui ont soulevé cette
question-là. On s'est rendu compte jusqu'à quel point les exigences sont et
seront de plus en plus nombreuses au sein de ce ministère. Alors, M. le
Président, il est très clair que ça va prendre des ressources. Ça va
prendre des inspecteurs. Ça va prendre, évidemment, des budgets importants. Parce qu'on peut bien faire toutes les
lois possibles et imaginables et avoir toutes les exigences puis augmenter
les amendes, mais, si on n'est pas capable
de suivre ce qui se passe sur le terrain, c'est sûr que cette loi-là n'aura pas
une très grande efficacité.
Je voudrais
également profiter de l'occasion pour mentionner le fait qu'on se pose toujours
la question, à travers cela, c'est
très à la mode de pouvoir avoir... se dire : Écoutez, sur l'environnement,
c'est important de faire des gestes, de poser des actions, c'est ce que
l'on voit ici, dans ce cas-ci, mais il faut non seulement qu'il y ait ça, mais
il faut aussi qu'il y ait une vision
d'avenir, vision d'avenir. On l'a fait, nous, en fin de semaine, à notre
congrès politique, où on a parlé, justement, de l'utilisation éventuelle de
l'hydrogène vert, entre autres, qui est une alternative qui peut être, au fil
des prochaines années, extrêmement intéressante parce qu'on peut
produire de l'hydrogène à partir d'Hydro-Québec. Alors, le projet ÉCO qui a été annoncé, c'est un projet d'avenir et qui
va, évidemment, aider le Québec à être dans une
position encore plus extraordinaire sur le plan de la réduction des émissions
de gaz à effet de serre d'ici les prochaines années.
Alors, essentiellement, M. le Président, c'est ce que je voulais dire dans mes
interventions aujourd'hui. Et j'invite donc le ministre...
Parce que ce que j'ai compris, c'est que nous aurons des amendements
importants à faire. Les collègues des autres formations politiques aussi
auront des amendements importants à faire. Je pense qu'on veut tous s'assurer qu'on fasse notre part
pour faire en sorte que cette planète soit encore plus propre, que nos lois
soient encore plus efficaces. Et
donc, M. le Président, on va travailler. Le ministre
peut être assuré que, sur le principe du projet de loi, on est
d'accord. Alors, on va travailler
tous ensemble pour faire en sorte que ce projet de loi soit, évidemment, le meilleur projet de loi possible. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Puisqu'il n'y a pas d'autre intervention, nous
sommes rendus à l'étape de la mise aux voix.
Et je
constate que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté pour cette mise aux voix, donc
je suspends les travaux pour un maximum de temps de 10 minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 23)
(Reprise à 15 h 28)
Le
Vice-Président (M. Picard) : En application de l'ordre
spécial, j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer
le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en matière d'environnement et de
sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides
et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une économie
verte 2030 concernant les véhicules zéro émission. M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député de Mont-Royal—Outremont?
M. Arcand : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry Mélançon : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce que vous avez des indications
concernant le vote des députés indépendants?
M. Schneeberger :
Aucune.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je vous remercie. En conséquence, le principe du projet de loi n° 102,
Loi visant principalement à renforcer
l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages,
à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en oeuvre
certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030 concernant les
véhicules zéro émission, est adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
transports et de l'environnement
M. Schneeberger :
Oui, M. le Président. Alors, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 102,
Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en matière
d'environnement et de sécurité des barrages
et à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en oeuvre
certaines mesures du Plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission, soit déféré à
la Commission des transports et de
l'environnement pour son étude détaillée et que le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
soit membre de ladite commission pour la durée de son mandat.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. En application de
l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader adjoint du gouvernement?
• (15 h 30) •
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président (M.
Picard) : M. le député de Mont-Royal—Outremont?
M.
Arcand : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) : Mme
la députée de Gaspé?
Mme Perry Mélançon : Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, la
motion est adoptée. Pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui,
M. le Président. Veuillez appeler l'article 17 du feuilleton.
Projet de loi n° 6
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 17, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le
projet de loi n° 6, Loi édictant la Loi sur le ministère de
la Cybersécurité et du Numérique et modifiant d'autres dispositions. M.
le ministre délégué à la Transformation numérique.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Oui, ce ne sera pas long, M. le Président, d'enlever le masque. Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je serai bref, M. le Président, parce que je vais
réserver l'essentiel de mes commentaires au moment de l'adoption finale,
mais je voulais quand même souligner certains éléments.
D'abord, M.
le Président, dans les consultations particulières, on a eu la chance
d'entendre quelques groupes. De dire
d'abord à ces groupes que le message qu'ils nous ont passé a été entendu. Mais
je veux peut-être arrêter particulièrement mon intervention sur le
message ou sur les messages qui ont été passés par le Syndicat de la fonction
publique, le syndicat des professionnels et
les rassurer sur le fait que cette étape, qui m'apparaît être inévitable,
compte tenu du parcours qu'on a parcouru...
On parcourt un parcours, oui, petite faute de français, qu'on me renotera très
certainement, M. le Président.
Une voix : ...
M.
Caire :
Voilà, merci. Et donc, compte tenu du chemin que nous avons parcouru — merci — qui était une étape, je vous dirais, inévitable. Ceci étant dit, c'est
la dernière. Et je veux rassurer l'ensemble des employés qui vont constituer
ce nouveau ministère sur le fait que cette
étape, c'est l'étape finale, il y aura, à l'adoption finale, un ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, et il s'agira, pour ce ministère-là, d'assumer
pleinement les responsabilités qui seront les siennes.
Je veux aussi dire aux représentants des
personnes aveugles et amblyopes qu'on a bien entendu leur message sur la fracture numérique. D'ailleurs, deux
éléments. De un, je veux souligner l'amendement de ma collègue de
Saint-Laurent, qui non seulement a
amené cette notion-là de fracture numérique, qui n'est pas dans le discours
législatif, donc, et je trouve ça superintéressant parce que, dans le
discours ambiant, dans le discours de l'écosystème, la fracture numérique est
un phénomène existant, pour lequel il est important d'avoir une sensibilité et
de s'assurer qu'on y pourvoit. Parce que les technologies,
ça avance, ça avance rapidement et, malheureusement, il y a des
laissés-pour-compte. Et donc c'est extrêmement important pour le
gouvernement du Québec en premier chef mais pour l'ensemble de la société de
s'attarder à cette difficulté-là. Parce
qu'on voit les technologies comme un facilitateur, mais, pour beaucoup de nos
concitoyens, ça devient un obstacle
infranchissable. Et donc, de l'avoir, avec l'amendement que ma collègue de Saint-Laurent a proposé, d'avoir amené
cette notion-là dans la loi nous fait obligation non seulement de considérer la
fracture numérique, mais de s'assurer d'y trouver des solutions et de la
réduire au maximum, voire l'éliminer.
Mes derniers
mots, M. le Président, seront pour remercier les collègues, évidemment, de
la partie ministérielle qui étaient avec moi pour les consultations
particulières, évidemment, et l'étude détaillée, les collègues des oppositions.
On a eu, je pense, une collaboration que je
pourrais qualifier d'exemplaire. On a peut-être même battu un record olympique, M. le Président, au niveau d'une étude
détaillée, la plus courte, la plus efficace. Parce que ça ne nous a pas
empêchés de faire un travail de fond. Ça ne nous a pas empêchés
d'aborder les sujets de front. Ça ne nous a pas empêchés d'amender et de bonifier le projet de loi. Mais, en même
temps, tout ça a avancé rondement, pour paraphraser mon collègue le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles. Remercier évidemment notre
présidence, je vois notre président qui est ici aujourd'hui, sous sa gouverne experte, nous avons effectivement été
capables de faire avancer nos travaux, les gens de la table... malgré,
M. le Président, puis là vous me permettrez une petite digression, malgré,
peut-être, des outils numériques qui
mériteraient d'être perfectionnés, au niveau de l'Assemblée nationale. Je passe
ce message à titre de député de La Peltrie. Il
m'apparaît, M. le Président, que l'Assemblée a encore un peu de travail à
faire. Et je suis convaincu que la présidence est sensibilisée à cette
question-là et qu'elle va s'y attarder comme le sujet le mérite, compte tenu du
contexte que nous connaissons, compte tenu
de la possibilité du télétravail. Je pense qu'une Assemblée nationale du
XXIe siècle devrait se doter d'outils
qui permettent peut-être une plus grande facilité d'échange d'information, de
traitement de l'information, pour ses membres et pour ses employés.
Évidemment,
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas remercier les membres de mon
cabinet, attachés politiques. Je m'en
voudrais aussi de ne pas remercier les fonctionnaires qui ont travaillé sur ce
projet de loi là. Ils ont été extraordinaires. Et je dois vous dire que le projet qu'on a présenté à l'Assemblée nationale a
nécessité un travail de fond qui était de tous les instants. On est dans
des concepts nouveaux. On a parlé de droit nouveau, on a parlé d'une responsabilité
nouvelle. Aujourd'hui, si le projet est adopté, finalement, par l'Assemblée nationale, on vient sacraliser la cybersécurité comme une mission régalienne
de l'État, ce qui n'est quand même pas rien, qui est quand même assez nouveau. Et
c'était demandé par l'ensemble de la société
civile, que le gouvernement puisse jouer un rôle plus important
dans l'ensemble de la société au
niveau de la cybersécurité. Avec la loi n° 6 adoptée,
ce sera une réalité.
Donc, M. le
Président, un beau travail de collaboration, un projet qui est emballant, et, M. le
Président, j'ai hâte qu'on puisse se mettre au travail. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je m'excuse, j'étais occupée à applaudir le ministre, parce qu'en
effet, M. le Président, c'est un beau projet de loi, c'est un bon projet de loi. Puis, comme disait le ministre,
on a été très efficaces, même la
coche de l'efficience, là, on a été, disons-le, très productifs. Mais je pense
que tout le monde le reconnaît, là, c'est une nécessité.
Donc, évidemment,
je parle du projet de loi n° 6 qui est la Loi édictant la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du
Numérique et modifiant d'autres dispositions. Comme le disait le ministre,
c'est le projet de loi qui constitue le ministère de la Cybersécurité
et du Numérique. Pour certains, ça
peut faire peur, surtout quand je pense peut-être à mes parents qui
regardaient ça puis qui ne comprennent vraiment
pas où est-ce qu'on s'en va avec ça, mais je pense qu'on peut
rassurer la population, là, à l'effet que ce ministère-là,
un, est nécessaire, mais, quand on... puis là je sais que je mets beaucoup
de pression sur le ministre,
puis on l'a dit aussi en commission
parlementaire, mais, quand on parle
de vol de données, quand on parle de
protection, aussi, de données personnelles, bien sûr, qu'il y aura des
attentes, là, au niveau des citoyens. La pression
est grande, ce pourquoi je dis : C'est avec beaucoup d'appréhension, bien sûr,
qu'on attend ce projet de loi, mais on est bien contents qu'il y ait un ministère
pour la cybersécurité.
C'est un projet de loi qui prévoit les missions du ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, notamment
celles d'animer et de coordonner les actions de l'État dans des domaines
de la cybersécurité et du numérique, de proposer au gouvernement les grandes orientations
dans ces domaines-là, et évidemment déterminer les secteurs d'activité où il entend agir en priorité, et de proposer des
mesures en vue d'accroître l'efficacité
de la lutte contre les cyberattaques
et les cybermenaces au Québec.
C'est des mots qu'on entend souvent puis c'est souvent, même, je dirais, sur le...
je vais utiliser un anglicisme, là, mais sur le «front page» des journaux, là,
souvent, hein, c'est des cas d'horreur qu'on peut lire.
Mais, plus particulièrement, ce projet de loi confère, entre autres, au ministre
des responsabilités qui sont actuellement dévolues à l'ITQ,
c'est-à-dire à l'infrastructure technologique du Québec... c'est ça, hein, je pense, oui, ITQ. On a
beaucoup d'acronymes, tout comme dans le
monde municipal, là. Je me rends compte que c'est des termes, aussi, qu'on
n'est pas habitués d'entendre, là,
quand on parle de cybersécurité, de... Ça fait qu'il y avait beaucoup de termes
nouveaux. Il y a des groupes qui sont venus faire des représentations.
Des fois, ça allait vite, on ne se le cachera pas. Pas pour le ministre, qui est l'expert dans le domaine, mais peut-être
pour les autres personnes qui écoutaient. Et, dans les responsabilités, il y
avait notamment celle de fournir aux
organismes publics des services en infrastructures technologiques et en
systèmes de soutien commun et celle à agir à titre de courtier
infonuagique. Ça aussi, on l'entend souvent.
• (15 h 40) •
C'est un
projet de loi qui confie au ministre les fonctions du président du Conseil du
trésor en matière de ressources informationnelles,
notamment en ce qui a trait à la transformation numérique, à la sécurité de
l'information et aux données numériques gouvernementales. Ce n'est quand même
pas rien, c'est quand même assez important. Puis ça confie également au
ministre ou au gouvernement, parce qu'on l'a vu dans l'étude détaillée, des
responsabilités en matière de ressources informationnelles actuellement
dévolues au Conseil du trésor. Donc, ça prévoit par ailleurs que le
sous-ministre de la Cybersécurité et du
Numérique agit à titre de dirigeant principal de l'information. Puis on a posé,
je pense, des questions, aussi, dans l'étude détaillée, là, adéquates pour bien
comprendre où on s'en allait, là, au niveau de cette structure-là.
Le projet de
loi institue aussi le fonds... je pense que c'est important, le fonds de
cybersécurité et du numérique. Moi,
j'avais des préoccupations par rapport au fonds, je ne le cacherai pas, je l'ai
dit au ministre. J'aurais bien aimé qu'il y ait un fonds avec un grand volet
prévention, mais on m'assure tout de même que la prévention sera un élément
superimportant, là, qu'on mettra de l'avant. Mais il reste que c'est un fonds
général de la cybersécurité et du numérique qui sera affecté notamment
au financement des infrastructures technologiques puis des systèmes de soutien
communs des organismes publics, des services, aussi, fournis par le ministère,
et des projets dans les domaines de cybersécurité et du numérique.
C'est un
projet de loi qui vient aussi... qui modifie la composition puis le mandat du
comité d'harmonisation qui était
prévu dans la Loi concernant le cadre juridique des technologies de
l'information. Il faut le dire, bien sûr, c'est un peu plus complexe quand on arrive dans cette
partie-là, mais, tout de même, ça prévoit que le dirigeant principal de l'information préside ce comité-là puis qu'il y a
un employé au ministère de la Justice, qui est aussi membre du Barreau
du Québec ou de la Chambre des notaires du Québec, qui va y siéger.
Et,
dernièrement, je dirais que... Dans les points, peut-être, là, résumés dudit projet de loi, je dirais que c'est un
projet de loi qui abroge, entre autres, la loi sur les infrastructures
technologiques du Québec. On a reçu beaucoup de commentaires, entre autres, là, sur le site du Greffier, il y a des
citoyens, là, qui écrivaient ou même il y a des employés qui se sont manifestés en disant que... Tu sais, c'est
nouveau, là, l'ITQ, là, je pense, c'est moins d'un an, là, si je ne me
trompe pas, là, mais... ou à peu près
un an. Donc, eux autres trouvaient que c'était... il y avait rapidement...
déjà, on passait, peut-être, rapidement à autre chose. Mais je pense qu'on a eu
des explications nécessaires. En fait, je suis convaincue qu'on a eu les
explications nécessaires, ce pourquoi on
s'en allait vers le ministère, parce qu'entre autres... tu sais, comporte des
dispositions modificatives, diverses, transitoires, donc, il y a quand même une
transition qui va se faire, notamment celle-là qui concerne le transfert des employés en provenance de l'ITQ et du
Secrétariat du Conseil du trésor. Donc, il y a eu les explications
adéquates à ce sujet-là.
Évidemment, il y a des enjeux. J'en fais part
ici. On en a fait part, lors de la commission, au ministre. Il y avait des enjeux, entre autres, au niveau de l'expertise
interne, soulevés à plusieurs reprises par différents intervenants. On se
disait que, bien que l'idée, c'était de
créer le nouveau ministère dédié à la cybersécurité, tout le monde... Pas mal
tout le monde était d'accord. Il n'y
avait pas grand gens qui étaient réfractaires. Pas mal tout le monde était
d'accord, mais, le travail à faire au
sein de l'État québécois, je pense que c'est colossal. Ça a été mentionné à
plusieurs reprises, c'est vraiment colossal.
Le problème numéro un de l'informatique au
Québec, là, c'est souvent en ressources de manque financières puis c'est souvent en ressources d'expertise
interne. Ça fait que je pense que les défis sont grands, les défis sont grands,
là, à cet effet-là, et ils ont été soulevés. La partie budget, je pense
que la partie budget, on est quand même au Conseil du trésor, c'est quand même un ministère qui se rapproche du Conseil du
trésor, donc c'est... peut-être, la solution est simple, c'est évidemment de mettre plus d'argent. Au
niveau de l'expertise, la solution semble tout de même un peu plus complexe,
parce que ça ne se règle pas nécessairement
en claquant des doigts de trouver l'expertise. Puis on le sait, on le voit puis
on l'a mentionné, souvent les experts en cybersécurité ou en numérique aiment
mieux aller travailler dans le privé que se
joindre, comme ça, à un ministère puis travailler pour l'État. Il y a
plusieurs, je dirais... enfin, on nous a soulevé un peu les motifs, là,
pour lesquels des fois on aimait mieux aller vers le privé que plutôt rester
pour l'État.
Je pense que
c'est des choses que le ministre a prises en considération puis qu'il y aura
des ajustements, entre autres la formation en continu. À un moment donné, on se
dit : Bien là, là, le privé, eux autres, ils sont formés, ils sont
continus, ils sont partout à travers
le monde, ils sont tout le temps «up-to-date.» Puis nous, bien, on est à l'interne, on a des moyens plus restreints, on est confortables puis, dans le
fond, on assure notre petite sécurité. Bien non, je pense que, là, les citoyens
vont s'attendre à plus puis je pense...
Quand on dit : Aller chercher l'expertise, je pense que la base va aussi
être là, à l'interne, c'est-à-dire former plus notre monde puis être capables de les
garder, parce qu'après tout ça va être de protéger l'ensemble des citoyens
du Québec.
Dans l'autre
enjeu, évidemment, il y avait l'identité numérique, qui est certainement le plus grand chantier sur lequel le gouvernement dit
travailler. C'est l'identité numérique pour l'ensemble des Québécois. Cette
partie-là ne fait pas nécessairement, là, partie... ça ne fait pas partie intégrante du projet de loi. C'est pour ça que je dis que c'est un enjeu important. Ça a été rapporté aussi, ça a été soulevé. Je
pense que le corpus législatif actuel, ça ne permet pas de finaliser la mise en
place d'un tel objectif,
mais c'est quelque chose qui est à prévoir, très certainement. Puis d'ailleurs,
dans le cadre du projet de loi n° 95, la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes
publics et des entreprises du
gouvernement, il y avait eu déjà un premier pas législatif qui avait été fait
dans ce sens-là, mais il était clair que... Il est clair que ça prend,
là, des étapes subséquentes, là, pour aller de l'avant.
Alors, voilà,
M. le Président, je ne veux pas non plus élaborer super longtemps. Comme je
dis, on a été superefficaces puis on
va continuer à être efficaces. Je veux cependant mentionner deux amendements
importants qui ont été apportés au projet
de loi, M. le ministre en a fait référence. La députée de Saint-Laurent a
déposé, dès le premier amendement... dès le premier article, je pense, un amendement superimportant, c'était de
permettre un accès aux citoyens, justement à cause de la fracture numérique. On a des groupes qui
sont venus en commission parlementaire qui nous ont dit : Bien, des fois,
il y a des services qui sont enlevés,
mettons un service humain, mais nous, on n'a pas nécessairement, là, les moyens
de continuer d'avoir accès à ce
service-là, parce que ça s'en va juste dans le numérique ou ça s'en va juste
vers d'autres méthodes. Donc, bien
sûr, on s'est assurés que ces gens-là puissent continuer à avoir un accès à ces
services. C'est ce qu'on appelle, souvent,
la fracture numérique. Puis c'était le Regroupement des aveugles et des
amblyopes du Québec, là, qui sont venus faire des représentations à cet
effet-là. Donc, la députée de Saint-Laurent, ma collègue de Saint-Laurent, là,
s'est assurée, là, dès le premier article, de faire cet amendement.
Il y a un
second amendement, qui avait aussi objectif d'assurer une reddition de comptes
du dirigeant principal de l'information
tous les deux ans. On comprenait que... Je pense que c'était prévu pour quatre
ans, là, de mémoire... trois ans? C'était
prévu pour trois ans, mais, dans l'original, c'était prévu pour un an. Ici, on proposait trois ans.
Donc, on a fait un mi-chemin pour
deux ans. Donc, je pense que c'est un amendement qui était aussi, là, bien raisonnable. Donc, je
remercie le ministre et son équipe de leur collaboration.
Avant de
terminer, bien, permettez-moi de remercier les différents groupes qui
participent aux auditions, les groupes, là, qui déposent des mémoires. Moi, je trouve qu'il faut prendre le temps de
les remercier, parce que nous, on est les législateurs, mais on
n'est certainement pas les experts, donc on se fie sur qu'est-ce qu'ils
viennent nous dire. On lit leurs mémoires. Il y a des groupes qui ne sont pas
présents aux auditions mais qui déposent, là, des mémoires. Donc, je les assure
qu'on a pris connaissance des mémoires. Il y a beaucoup de commentaires aussi.
Il y a des citoyens qui nous envoient des commentaires
sur le site du Greffier ou sur... Ils réussissent à nous rejoindre quand ils
ont quelque chose à dire. Donc, je les remercie.
Donc,
permettez-moi de remercier les groupes qui sont passés en commission
parlementaire : le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, le Syndicat des
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, la Commission d'accès à l'information du Québec,
le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec, l'Association québécoise
des technologies, M. Axel Simon, membre de la Quadrature du Net,
Télétravail Québec, et, en dernier, nous avons eu Steven Lachance,
un expert en cybersécurité.
Puis
il y a aussi d'autres mémoires. Il y a des mémoires qui ont été déposés. Comme
je dis, c'est des groupes qui n'ont
pas été entendus, dont Medtech Canada, il y a eu la Commission de
l'éthique en science et en technologie, il y a eu aussi Kelvin Zero
qui ont déposé des mémoires, lesquels, évidemment, on a pris connaissance et
qui ont été utiles pour l'avancement des travaux.
• (15 h 50) •
Merci
à deux citoyens qui ont envoyé des commentaires. Il y a même des suggestions de
modification au projet de loi dont
nous en avons tenu compte. Il y a un M. Cadieux et M. Cantin, alors
je les remercie. Je les remercie des commentaires, évidemment, là, qui
nous auront portés à réfléchir sur certains aspects dans ledit projet de loi.
Alors,
voilà, M. le Président, tout ça pour... Bien évidemment, je tiens à féliciter
le ministre pour ce projet de loi. Puis il connaît très bien la matière
du projet de loi. Et le tout s'est déroulé, évidemment, rondement.
Je
remercie aussi le président, qui a fait un excellent travail en présidant la
commission de main de maître, parce que, des fois, on a des collègues qui sont
un petit peu plus indisciplinés. Non, ce n'est pas vrai, je fais une farce. Je
voulais voir si on m'écoutait. Mais,
non, pour vrai, c'était très cordial, il y avait des échanges de part et d'autre,
puis, quand le président nous laisse
échanger comme ça, sans intervenir, bien, des fois, ça fait que c'est plus
convivial, puis les travaux avancent rondement et plus rapidement. Donc,
merci au président.
Je
remercie sincèrement, là, ma collègue de Saint-Laurent, qui m'a traîné le bras, là, dans cette commission
qui n'est pas la mienne pour me faire travailler sur ce projet de loi là.
J'ai beaucoup appris.
Et évidemment j'ai
apprécié puis j'apprécie... J'ai bien hâte de voir la suite de tout ça. Je souhaite
à tous bonne chance. Puis, voilà, nous serons prêts à donner notre accord sur
la prise en considération. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix du rapport
Puisqu'il n'y a pas
d'autre intervention, nous serions rendus à l'étape de la mise aux voix
Mais
je constate que l'un des groupes
parlementaires n'est pas représenté, donc je suspends les travaux pour un
temps maximum de 10 minutes.
(Suspension de la séance à
15 h 52)
(Reprise à 15 h 56)
Le
Vice-Président (M. Picard) :
En application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote
de leurs groupes sur l'adoption du rapport de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi
n° 6, Loi édictant la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique et modifiant d'autres dispositions. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée de Vaudreuil?
Mme Nichols :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry Mélançon :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce que vous
avez des indications concernant le vote des députés indépendants?
M.
Schneeberger :
Aucune.
Le Vice-Président (M.
Picard) : Je vous remercie. En conséquence, le rapport de la Commission
des finances publiques portant sur le projet de loi n° 6, Loi
édictant la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique et
modifiant d'autres dispositions, est adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux.
M.
Schneeberger : Oui,
M. le Président, veuillez appeler l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 1
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 1 du feuilleton, M. le
ministre de la Famille propose l'adoption du principe du projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son
développement.
Je reconnais maintenant M. le ministre de la
Famille.
(Applaudissements)
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci. Merci, M. le
Président. Tant d'applaudissements alors que le travail vient tout juste de commencer pour ce projet de loi. Je vais prendre
ça comme une belle marque d'encouragement pour la suite des choses, qui
risque peut-être d'être un petit plus complexe que ne l'a été la consultation
particulière, qui s'est très bien déroulée, d'ailleurs.
Mais, oui, je
prends le temps, ce matin... pas ce matin, cet après-midi — Mon Dieu! les journées vont vite — pour dire quelques mots sur ce projet de loi qu'on a déposé et qui, enfin je
l'espère, dans le cadre du Grand chantier pour les familles qu'on a lancé, va nous permettre de
compléter, de compléter une fois pour toutes le développement du réseau, qui
a été commencé il y a 25 ans, pour
qu'enfin chaque enfant au Québec puisse véritablement avoir une place, que ce
soit dans un CPE, dans une garderie ou dans un milieu familial.
Cette étape, donc, c'est celle de l'adoption du
principe du projet de loi n° 1 sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin d'en améliorer
l'accessibilité et de compléter son développement. On a, je le disais, procédé à des consultations
particulières. On a entendu les groupes, les groupes habituels, bien sûr,
l'AQCPE, par exemple, le CQSEPE. On a reçu aussi les garderies privées, subventionnées ou pas, les syndicats, les
associations, aussi, qui sont venues nous parler des enjeux notamment, par exemple, qui touchent les enfants
qui ont des besoins particuliers. Donc, il y en a plusieurs, évidemment,
d'entre eux qui sont venus nous faire des suggestions.
Et c'est un
exercice qui est toujours intéressant parce que, de mon point de vue, ça nous
sert vraiment. Et c'est le but de l'exercice, en fait, ça nous sert vraiment à
améliorer le projet de loi qui est actuellement présenté pour qu'à la fin on
ait le meilleur projet de loi possible et que ce qu'on adopte, ça vienne
véritablement faire une différence. Et d'ailleurs je l'ai dit aux collègues, je l'ai dit aussi aux groupes :
Je suis très ouvert à faire des modifications, à accueillir des amendements,
bien sûr si tant est que ça respecte l'esprit du projet de loi, l'esprit qu'on
veut lui donner, l'esprit qui l'anime.
Donc,
25 mémoires, 19 groupes, c'est beaucoup de travail, si on fait la somme
de tout ça, pour eux, bien sûr, également pour nous, mais principalement
pour eux. Donc, je veux, bien sûr, les remercier pour leur contribution.
• (16 heures) •
On l'a dit,
tantôt je l'ai dit : Si on souhaite compléter le réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance, on doit faire des changements. Annoncer des places pour annoncer des
places, comme ça a trop souvent été le cas dans le passé, ça ne
fonctionne plus. Et, vous savez, je reviens sur une déclaration que j'ai faite
au mois de février, l'an dernier... en fait, février
de cette année, ça fera bientôt un an, où je disais, bien honnêtement : Ça ne fonctionne plus. Et, vous savez, il y a certaines personnes qui m'ont reproché cette
citation-là en disant que ça avait l'air d'un aveu d'échec, d'un aveu
d'impuissance, alors qu'au contraire c'est un constat très lucide tourné
vers l'avenir qui disait très exactement : On a fait des choses, depuis qu'on est arrivés, en 2018, mais on veut
aller encore plus loin, donc on travaille — à cette
époque-là, ça faisait déjà plusieurs semaines, plusieurs mois qu'on le
faisait — on
travaille sur des mécanismes pour changer la loi, parce qu'on doit se donner les pouvoirs, on doit se donner les
outils plus modernes pour être capables d'aller plus loin. Et, en ce sens-là,
ce qu'on a actuellement, ça ne fonctionne pas. Et c'est la raison pour laquelle
on est arrivé... je suis arrivé avec le projet de loi n° 1, cette session-ci, qui a été déposé pour qu'on
puisse moderniser les outils qui sont les nôtres, au ministère de la Famille,
pour être capable de mieux développer le réseau.
Et, vous savez, sur le terrain, il y a un
consensus à cet effet-là. D'ailleurs, le dépôt du projet de loi a été salué par l'ensemble des gens qui sont venus nous voir
en consultations particulières. Donc, vous comprenez que ça tranche avec
les critiques, tout de même, qui nous
étaient adressées en février lorsque je disais que ça ne fonctionnait pas et
que certaines personnes riaient du fait que je leur disais : Ça
nous prend un projet de loi. On me disait : On n'a pas besoin de projet de loi pour ouvrir des places au Québec. Donc, je
pense qu'on a bien fait la preuve, avec l'exercice qui s'amorce, qu'on a besoin
de ça.
L'image que
j'utilise, parfois... Parce qu'on se fait aussi dire : Bien, ça
fonctionnait, en 1997. Il y a beaucoup de choses qui fonctionnaient en 1997 qui ne fonctionnent plus aujourd'hui,
parce que la société a changé, les temps ont changé. On conduit — c'est l'image que je donnais — une voiture, là, 1997, actuellement, là, et
elle était bonne, il y a 25 ans, mais là, maintenant, bien, on a besoin de quelque chose de
plus solide, de plus performant, parce que, bien sûr, on a besoin encore
de franchir plusieurs kilomètres avant
d'arriver à la ligne d'arrivée et que chaque enfant puisse véritablement, je le
disais tantôt, avoir une place.
Donc, qu'est-ce qu'on propose exactement dans le
projet de loi n° 1? Bien, en fait, il y a beaucoup
d'objectifs qui y sont énoncés qui vont tous
nous permettre... Mais je vous donne la série d'actions, peut-être, qui
reflétera un peu plus où on s'en va.
Donc, recentrer
la loi sur... recentrer, plutôt, la loi sur la petite enfance. Donc, le
gouvernement, nous sommes d'avis que les services éducatifs à l'enfance, c'est
l'affaire, donc, de la petite enfance, et qu'on doit vraiment se concentrer
sur eux. Vous savez, parfois, on tentait
d'appliquer cette loi-là aux services de garde scolaires, par exemple, qui se
donnent à l'extérieur, donc, des
écoles, parfois en périphérie. Évidemment, ce n'était pas du tout adapté, et on
nous demandait déjà depuis bien longtemps de changer ça, donc
ce sera le cas, on ira de l'avant avec ça.
Évidemment, un grand objectif qui est présent
dans le Grand chantier pour les familles, c'est de s'assurer qu'on ait une place pour chaque enfant. Donc, ça, c'est
une évidence. Pour y arriver, évidemment, on a lancé un grand appel de projets.
Vous l'avez vu. Mais on avait besoin de faire des modifications législatives
qui se retrouvent, donc, à l'intérieur du
projet de loi n° 1, notamment
une disposition à l'effet que le gouvernement, si le projet de loi est adopté,
aura, pour la première fois de son
histoire, une obligation de développer les services de garde éducatifs à
l'enfance. Ce n'était pas le cas auparavant. Et vous l'avez vu, je l'ai vu
au gré des différents gouvernements qui se sont succédé dans le passé, il y en
a qui ont fait le choix de ne pas annoncer
des places ou encore de freiner le développement des places qui avaient été
annoncées parce que ça coûtait trop
cher à leurs yeux et qu'il y avait des enjeux d'équilibre budgétaire. De
notre côté, on pense que le droit qui
est prévu dans la loi pour les enfants d'avoir une place, c'est un droit qui
est important. Et nous, on ne souhaite pas de cacher derrière les dispositions à l'effet que tout ça dépend des
moyens qui sont sur le terrain. On veut s'assurer que les moyens soient là, sur le terrain, tout — et je le souligne parce que je sais que ça
préoccupe les collègues de l'opposition — tout en nous assurant que le modèle des CPE
et de la garde en milieu familial puisse survivre, c'est-à-dire en s'assurant
qu'il puisse continuer d'être géré par les communautés, donc c'est très
important pour nous de le faire. Et
donc on ne peut pas copier ce qui se fait dans le monde de l'éducation parce
que l'éducation, c'est géré par l'État québécois. Et ce n'est pas le cas
des services de garde qui sont plutôt gérés par des C.A. Je parle bien sûr des
CPE, des milieux familiaux, qui sont des
travailleuses autonomes, mais c'est géré directement par la communauté, donc il
y a là une grande différence. Et il
ne faut pas essayer de faire comme les voisins, il faut avoir des solutions qui
sont adaptées et qui sont propres à ce qui se fait dans notre réseau.
Évidemment,
deuxième grand objectif : assurer une équité financière entre les
familles. Bien sûr, bon, on n'a pas besoin
de projet de loi pour arriver à faire ça, mais ça me fait quand même plaisir de
vous mentionner que ça fait partie de notre
grand chantier. Et je parle bien sûr de toute la conversion qu'on a mise de
l'avant. Je parle aussi de la bonification du crédit d'impôt qui a été
annoncée cette semaine.
D'ailleurs,
d'ailleurs, quelle ne fut pas ma grande surprise d'entendre des gens venir nous
dire qu'on n'aurait pas dû bonifier
le crédit d'impôt. D'ailleurs, ce matin, le Parti québécois, je le dis en tout
respect, là, mais le Parti québécois, et je ne me rappelle pas de la réaction de Québec solidaire, mais qui nous
disent : Vous ne devriez pas augmenter le crédit d'impôt. Moi, pendant ce temps-là, je pense aux familles
qui subissent l'augmentation du coût de la vie, qui paient beaucoup plus
cher que d'autres familles actuellement en
raison de l'explosion de la garde dans les garderies privées au cours de la
dernière décennie. Et nous, ce qu'on
leur dit, c'est : On a entamé la conversion du réseau, mais, pour
prioriser les projets de qualité, il
faut prendre le temps de bien faire les choses. Mais, pendant ce temps-là, la
solution qui est mise en place temporairement, pour y arriver : on va bonifier le crédit d'impôt. Parce que vous,
là, comme famille, c'est vrai que c'est injuste que vous ayez à payer aussi
cher que ça de frais de garde. On veut venir réduire votre facture. Donc, je
vous le dis, je pense que c'est
important. Nous, en tout cas, on s'assume là-dedans. Puis je pense que les
parents qui vont voir la facture de leurs frais de garde baisser cette
année, qui vont avoir beaucoup plus d'équité seront bien contents de cette
annonce-là.
Autre
élément, bien sûr, très important dans notre grand chantier, c'est de s'assurer
que la garde en milieu familial puisse
véritablement prendre un nouvel élan. Vous savez, depuis 2014, il y a
énormément de responsables de services en garde, de RSG, donc, de responsables
des services de garde en milieu familial qui ont déserté. Je le dis souvent, et
ce n'est pas pour faire de la petite
politique, mais rappelez-vous, 2014, élection d'un gouvernement libéral
majoritaire, qui décide... et, bon,
on peut être d'accord sur l'objectif, moins sur les moyens, mais qui décide de
revenir à l'équilibre budgétaire. Donc, qu'est-ce que ça implique? Ça
implique, bien sûr, des compressions, ça implique un réseau qui est dans une
ambiance très, très lourde. Donc, bref, il y
a eu une baisse importante. Et en moyenne... je l'ai déjà dit ici au salon
bleu, mais, en moyenne, à chaque
année, on parle d'une perte nette, là, si vous calculez les arrivées, les
départs à chaque année. Depuis 2014, en moyenne, ça tourne autour de 4 000 de moins, 4 000 places
de moins. C'est une catastrophe, il fallait freiner ça. On a fait certains... On a posé certains gestes qui ne
nécessitaient pas de changement à la loi. Je parle notamment, bien sûr, de la
bonification de 30 %... Je parle, bien sûr, de la bonification...
(Interruption)
M. Lacombe :
Il y a un peu de bruit ici, là, qui me déconcentre. On parle, bien sûr, de la
bonification de 30 % des subventions,
donc, pour les éducatrices en milieu familial, mais on parle aussi, notamment,
de tout ce qu'on souhaite faire pour alléger leur quotidien.
Il y a, bien
sûr, je ne l'ai pas mentionné, mais tous les incitatifs de démarrage qu'on a
mis en place, qui ont d'ailleurs été soulignés de très belle façon par
le syndicat. D'ailleurs, le syndicat nous a dit, quand on a présenté les
bonifications salariales : On ne
croyait plus au père Noël, mais là, maintenant, on y croit. Donc, je vous dis
ça parce que ça témoigne, là, de l'importance de cette entente-là, qui est
historique, et ça va nous aider à recruter davantage de responsables des
services de garde en milieu familial.
Mais il faut aussi aller plus loin, et le projet de loi n° 1
nous servira à ça, notamment en allégeant le quotidien, en se donnant les pouvoirs, en se donnant les outils
d'alléger le quotidien des responsables des services de garde en milieu familial, notamment en venant
prescrire certains éléments aux bureaux coordonnateurs, notamment en retirant
des exigences qui leur sont demandées, des choses qui datent d'une autre
époque.
Par exemple,
M. le Président, saviez-vous qu'on demande encore, à l'heure actuelle, aux
responsables de services de garde en
milieu familial d'avoir une ligne téléphonique fixe à la maison pour des
raisons de sécurité? Et, quand je me suis
mis à regarder ça, bien sûr, c'était réclamé, qu'on enlève ça, et là il y a des
gens qui me disaient : Bien voyons, c'est une question de sécurité. Imaginez, s'il se passe quelque chose. La
ligne fixe, c'est important. Et là j'ai... On a posé la question :
Qui, ici, autour de la table, a encore une ligne fixe à la maison? Et là,
imaginez, c'était le silence.
• (16 h 10) •
Donc, il y a
des éléments comme ça qui datent d'une autre époque, qui viennent alourdir le
quotidien, qui sont des irritants. On va régler ça. Je vous dirais que
le principal, sinon, outre ça, le principal élément qui se retrouve dans cet
objectif-là et qui nécessite un changement à la loi, c'est tout ce qui entoure
la garde non reconnue. Vous savez, depuis des années, l'étau se resserre. On resserre la sécurité autour des responsables,
en fait, autour des gens qui offrent de la garde qui est non reconnue, en d'autres termes, des gens qui offrent de la
garde à la maison qui n'ont pas de permis, qui n'ont pas besoin d'en
avoir un légalement s'ils respectent quelques critères qui sont édictés dans la
loi.
Par contre,
le projet de loi n° 143 qui, à l'époque, a été déposé par le précédent
gouvernement a posé un geste pour venir encadrer davantage leur exercice. Je
pense que c'était la bonne chose à faire. Maintenant, il faut aller encore plus
loin parce que ce qu'on voit d'abord, c'est
qu'il y a un exode. Et on voit aussi qu'il y a beaucoup de situations
regrettables qui se produisent. Et,
après coup, on se dit : Bien, avoir su, on aurait peut-être agi avant,
mais on ne savait pas. On ne pouvait pas agir avant parce qu'on ne connaissait pas l'existence de ces
personnes-là qui offrent la garde non reconnue. Donc, je l'ai souvent dit, ça prend, au Québec, un permis pour
vendre de la crème glacée puis pour faire du toilettage de chien. Je pense
que la moindre des choses, c'est aussi de demander un permis, une
reconnaissance, donc, d'un bureau coordonnateur à celles qui prennent soin de ce qu'on a de plus précieux, nos enfants.
Donc, ce qu'on propose effectivement, c'est de demander aux gens qui offrent de la garde non reconnue de
se joindre à notre réseau pour pouvoir continuer d'offrir les mêmes services
qu'ils offrent mais tout en ayant des
visites par exemple, et je vous épargne toute la liste, là, mais, bien sûr, en
ayant des visites, des inspections pour nous assurer que les services
qui sont rendus là-bas sont des services de qualité.
Évidemment, on doit mettre en place des mesures
pour être capables de recruter davantage d'éducatrices. Ça fait partie, ça, du grand chantier aussi pour les
familles. Donc, ça demande quelques changements dans notre projet de loi,
qui sont des changements assez mineurs. Par
contre, les effets de cet objectif-là dans notre grand chantier sont majeurs
parce que ça nous permettra notamment
d'offrir des bourses. Vous avez vu l'annonce cette semaine, l'Opération
main-d'oeuvre du gouvernement. Bien,
évidemment, il y a beaucoup de dispositions là-dedans, beaucoup d'incitatifs
qui concernent les éducatrices, les futures éducatrices. Donc, il y aura, bien
sûr, ça, mais il y a aussi les négociations en cours, où, bien sûr, on va augmenter de façon très importante le salaire
des éducatrices. On va faire un rattrapage salarial qui n'a pas été vu depuis
le début des années 2000.
Ensuite,
autre élément sur lequel on doit agir, bien, c'est remettre les enfants
vulnérables au coeur de nos priorités. Et ça,
M. le Président, ça me touche particulièrement parce qu'à la
base, quand le réseau a été créé, il a été créé... une des deux grandes raisons, c'était pour ça, bien sûr,
pour permettre aux femmes de prendre leur place sur le marché du travail.
Et d'ailleurs ça, ça a fonctionné. Maintenant,
on est rendus des chefs de file. On est vraiment, là, en tête de liste
dans le monde, après les Suissesses,
pour le taux d'emploi des femmes. Donc, on peut être très, très fiers de ça, au
Québec. Et chaque dollar qu'on met
dans nos services de garde, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement
qui est rentable, et c'est démontré. Pierre Fortin et ses collègues
l'ont très, très bien démontré. Mais l'élément qui, je dirais, est encore plus
important que ça, c'est l'effet qu'on
peut avoir sur nos tout-petits. Et, à la base, en 1997, le réseau, il a été
créé pour ça, pour s'assurer que nos enfants puissent développer leur plein potentiel. Et la maternelle
quatre ans, qui a été créée par la suite, visait aussi cet objectif-là
pour les enfants dont les parents ne veulent pas qu'ils fréquentent les CPE ou
les garderies.
Bref, maintenant
que j'ai dit ça, avec les années, il y a eu un glissement, si bien que,
maintenant, dans les quartiers les
plus défavorisés de Montréal, par exemple, bien, les enfants qui viennent de
familles dont le revenu familial est de plus de 200 000 $ sont surreprésentés en nombre important par
rapport aux enfants, dans le même quartier, qui viennent de familles dont le revenu familial est de moins de
50 000 $. Donc, en d'autres termes, le matin, devant le CPE, on voit
beaucoup plus de véhicules de luxe,
par exemple, que d'enfants qui viennent de familles... qui viennent se faire
reconduire par leurs parents et qui
sont des familles beaucoup plus vulnérables. Ça me dérange, ça dérange la
Vérificatrice générale du Québec, je dirais même que ça dérange aussi les gens dans le réseau, qui ne font pas ça
consciemment mais qui, par la force des choses, sont confrontés à ça, et
c'est le résultat devant lequel on est.
Donc, je vous
épargne, encore une fois, toutes les dispositions qui sont prévues dans notre
Grand chantier pour les familles, mais l'une d'elles me tient
particulièrement à coeur, c'est de nous assurer que, maintenant, dans les
politiques d'admission des CPE, bien, il y
ait une prescription, c'est-à-dire qu'on s'assure que les services de garde
priorisent, dans une certaine mesure
qu'on définira, bien sûr, par règlement, puis on définira l'indicateur... mais
que les enfants qui viennent d'un
milieu défavorisé soient priorisés. Parce que, oui, c'est peut-être plus
difficile de les rejoindre, mais, quand on a un impact sur ces
enfants-là, ça fait toute la différence. On se rappelle les données de
l'Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle. Au Québec, il y a 27,7 % des enfants
qui commencent la maternelle avec au moins une vulnérabilité... avec une
vulnérabilité dans au moins un de leurs domaines de développement. Il y en a
cinq. Et ça, c'est 27,7 %,
moyenne québécoise. Dans les secteurs les plus défavorisés, on n'est pas à
27,7 %, on est à 33 %. Donc, ça monte à un enfant sur trois. Et, cherchez l'erreur, ils sont sous-représentés
dans nos CPE, alors qu'ils pourraient profiter de cette stimulation-là, alors probablement que les parents en grande
majorité souhaiteraient aussi qu'ils fréquentent. Mais parfois ils ont moins d'outils, ils ont moins d'habilités à conjuguer,
par exemple, avec le guichet unique, ça, c'est un autre problème, mais à conjuguer avec ce guichet unique,
à inscrire les enfants puis à en faire le suivi. Parfois, quand on est allés à
l'université, quand on a la chance d'avoir un bon revenu, d'avoir du soutien,
c'est plus facile de s'organiser. Là, je généralise, on comprend bien que ce n'est pas toujours le cas, il y a
des exceptions, mais, si on généralise, on s'entend tous pour dire que c'est plus difficile pour les
familles démunies d'avoir le même niveau de suivi parce que quand... je ne me
rappelle pas qui disait ça, mais, quand on
est occupé à survivre, là, il y a bien d'autres choses qui sont secondaires.
Donc, pour moi, c'était très, très important, et ça en fera partie.
Et,
finalement, bien, il faut être plus efficace, M. le Président, parce que ça m'a
fait pogner les nerfs à de nombreuses reprises
de constater qu'au ministère de la Famille c'était très difficile d'aller de
l'avant non pas parce que nos fonctionnaires, nos professionnels ne sont pas bons, mais parce qu'on n'a pas les
outils. Je le disais tantôt, c'est une force, que notre réseau soit géré par la communauté, il y a plein
d'avantages à ça. Mais il y a aussi des inconvénients, et, ces inconvénients-là,
il faut venir les mitiger.
Parmi les
inconvénients, je pense notamment au fait que, lorsqu'il n'y a pas de projets
qui sont déposés dans une région, le ministère de la Famille, le gouvernement
du Québec ne peut pas initier un projet. Pendant ce temps-là, qu'est-ce qui arrive? Les enfants attendent, les
parents attendent, les entreprises attendent, et tout le monde se tourne vers
le gouvernement parce que, finalement,
dans leur esprit, nous sommes imputables de ça, alors que, dans les faits, ce
développement-là doit venir du réseau à l'heure où on se parle.
On
veut changer ça notamment dans cet objectif-là que j'ai mis dans le grand
chantier, être plus efficace. On veut donner le droit au gouvernement, on veut
lui donner les outils, par le biais de la Société québécoise des
infrastructures, de pouvoir initier des projets de CPE, donc
d'enclencher la construction, par exemple, et de chercher un opérateur pendant ce temps-là pour ne pas être confronté à des
délais et des délais qui n'en finissent plus, alors qu'on pourrait tout de
suite enclencher le processus, ce qui
fera, j'en suis certain, intimement convaincu, plaisir aussi à bien des
directeurs, des directrices de CPE qui, parfois, ne déposent pas le projet
parce qu'ils n'ont pas le temps de s'en occuper dans des secteurs où ils
ont de la broue dans le toupet, pour
reprendre cette expression. On pourra, donc, dans des cas exceptionnels, venir
leur donner un coup de main.
Donc, ça fait déjà
20 minutes que je vous explique un peu tout ce qui est présenté dans notre
grand chantier. Je terminerais peut-être... Ce
n'est pas un des grands objectifs, donc, il y en a cinq, mais c'est un
sous-objectif de celui que j'ai
énoncé tantôt à l'effet de donner une place à chaque enfant. Il faut faire la même chose, ça semble une évidence de
le dire, mais je le dis quand même, parce que ça n'en est pas toujours
une... il faut faire la même chose dans les milieux autochtones,
dans les communautés autochtones. Souvent, trop souvent, la communauté autochtone a été mise de côté, et ça aussi, ça me
dérange, parce que ces enfants-là ont autant le droit que les enfants qui
habitent ailleurs au Québec d'avoir une
place dans les services de garde éducatifs à l'enfance. Donc, on a lancé un appel
de projets qui leur est exclusivement dédié
et on a fait plusieurs aménagements. Notamment, ce qu'on leur a dit,
c'est : Si vous avez besoin qu'on vous accompagne, on va vous
accompagner pour déposer des projets qui vont avoir plus de chances d'être
acceptés par la suite. Plutôt que de seulement
recevoir des projets déposés par des gens qui n'avaient peut-être
pas les habiletés pour le faire, des projets qui sont ensuite refusés,
moi, je pense qu'on peut les accompagner. C'est ce qu'on leur a proposé, ça a
été chaudement accueilli. Mais on doit aussi
aller plus loin. Ce qu'on leur a proposé, ce qu'on leur propose avec notre Grand
chantier pour les familles, avec le projet de loi, c'est d'adapter notre loi, nos règlements à leurs réalités
dans les communautés pour nous assurer que, par exemple, les particularités socioculturelles puissent être respectées. Je vous
donne un exemple très précis qui
parle de lui-même. Vous savez, au Québec, on s'assure qu'il y ait une présence
suffisante d'enfants, qu'il n'y ait pas des places fantômes dans les services de garde éducatifs à l'enfance,
et, si la présence des enfants passe en bas de 80 %, bien, il faut faire appel à d'autres enfants dont
les parents attendent parce qu'on ne veut pas que les places restent vides. Et,
dans le milieu autochtone, ça pose un problème, parce que ce qu'on nous dit,
c'est : Pendant les semaines culturelles où les enfants vont à la
chasse avec leurs parents, bien, les CPE subissent les contrecoups financiers
de ça, ce qui leur nuit pour le reste de
l'année. Tout ça, parfois, ça peut sembler compliqué et administratif, mais,
pour eux, c'est un irritant majeur. Accommodons-les, ils ont des particularités
culturelles. Moi, je pense qu'on doit respecter ça. On a fait le travail en collaboration avec le ministre responsable des
Affaires autochtones, et ça a été encore une fois très, très bien accueilli par
les communautés, qui nous ont dit y voir un
signe de respect puis un signe d'ouverture aussi à travailler avec elles pour
la suite des choses.
• (16 h 20) •
Donc,
ce sont, je dirais... et j'aurais pu continuer longtemps, là, mais ce sont la
plupart des éléments qui font du projet de loi n° 1
un projet de loi qui était bien attendu, je dirais, des gens sur le terrain,
qui animent notre réseau, des gens du
ministère de la Famille aussi, qui ont besoin de plus d'outils pour être
capables d'aller de l'avant dans le développement. Et peut-être aussi des parents, sans le savoir,
parce que les parents avaient des attentes. Ils n'attendaient pas
nécessairement ce projet de loi là avec impatience en se levant le
matin, en se demandant si on allait le déposer, mais ils attendent avec
impatience les résultats que ce projet de loi va nous permettre d'atteindre.
Donc, pour conclure,
je vais prendre un peu de hauteur sur ce sujet-là en vous disant que c'est une
condition essentielle, le projet de loi n° 1, pour que notre Grand chantier pour les familles puisse se réaliser. Si
on souhaite compléter le réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance, on a besoin de ce projet de loi, on
doit l'adopter. La santé... bien, en fait, l'éducation, c'est la grande
priorité du gouvernement, le premier ministre l'a souvent répété. Une autre grande priorité, c'est l'économie, et ce projet de
compléter le réseau des services de garde 25 ans après sa mise sur pied,
après le commencement, bien, ça s'inscrit
parfaitement à la rencontre de ces deux objectifs-là en plus d'être un projet
très féministe qui nous permettra, à
terme, de nous assurer qu'un maximum de femmes puissent reprendre leurs
activités, si elles le souhaitent, bien sûr, sur le marché du travail.
Donc, j'espère sincèrement, et je l'ai
déjà signifié aux collègues de l'opposition, j'espère sincèrement qu'on sera
capables d'aller de l'avant rapidement. Je
comprends qu'il faut prendre le temps de bien faire les choses, je suis le
premier à le dire, notamment sur la conversion, n'est-ce pas? Donc, je
comprends qu'on doit prendre le temps de bien faire les choses, mais j'espère qu'on pourra collaborer. On a eu la chance, pour
la plupart, de collaborer ensemble sur un autre projet de loi qui était, bon, beaucoup moins, disons, au
centre de l'actualité — en fait, je pense que personne n'en a parlé, même si c'était un excellent projet de loi — sur le Curateur public, mais on a démontré
qu'on était capables de travailler ensemble, et je souhaite sincèrement qu'on soit capables de le faire. On a déjà eu
des échanges intéressants dans le cadre des consultations particulières. Moi-même, je vais déposer certains
amendements, je souhaite le faire, j'imagine que l'opposition en aura aussi.
Je suis ouvert à ça, je veux arriver avec le
meilleur projet de loi possible. J'espère qu'on pourra avoir la même
collaboration aussi du député de
LaFontaine. Je le dis de bonne foi parce que je ne le sais pas, je n'ai jamais
étudié de projet de loi avec lui. Mais
je suis certain qu'on sera capables de le faire, parce qu'en bout de ligne, je
le disais, c'est essentiel pour qu'on puisse compléter ce grand chantier, pour qu'on puisse offrir une place à chaque
enfant, puis, bien honnêtement, c'est ce qu'attendent les familles
québécoises. Donc, j'espère qu'on pourra travailler ensemble. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je cède la parole à M. le député
de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous sommes
au principe, à l'adoption de principe du projet de loi n° 1.
J'aimerais vous citer, M. le Président, parce que j'ai beaucoup de choses,
beaucoup de choses à dire... alors j'aimerais
vous citer le mot du ministre dans le document qui a été déposé, le Plan
d'action pour compléter le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, plan d'action qui a été déposé, je pense, en
octobre de cette année. Le ministre disait, dans le Mot du ministre,
je l'ai souligné, je l'ai encadré puis je l'ai souligné en jaune, je le cite :
«...dès mon entrée en fonction — ça
fait trois ans et demi, ça — à
titre de ministre de la Famille, j'ai fait le constat que ce réseau avait été
malmené. Il fallait relancer son
développement et changer les façons de faire pour mieux répondre aux besoins
des familles et offrir une place à
tous les enfants.» Fin de la citation. Donc, il affirme cet automne, en
octobre, que dès son arrivée en fonction, il y a trois ans et demi, il savait qu'il fallait qu'il change les
façons de faire, il fallait changer les façons de faire. Et il souligne l'épisode de février dernier, de cette année, où
il disait : Ça ne fonctionne pas — en
février — il
faut changer les façons de faire. Et il a déposé, aujourd'hui nous en
sommes à l'étape... parmi les toutes premières étapes, le principe, on n'a pas
commencé l'article par article, M. le Président, et il dit : J'ai absolument
besoin de ce projet de loi là pour atteindre mes
objectifs, pour remplir mon mandat. Bien, M. le Président, dans le
meilleur des mondes, le projet de loi sera adopté la session prochaine, la
dernière session du mandat de quatre ans. Il entrerait en vigueur, donc...
je ne sais pas quel mois qu'il va être
adopté, ça va être à partir de février jusqu'en juin, ça va être, normalement,
dans cette période-là. Et il dit : J'ai absolument besoin de ça.
Donc,
à la fin d'un mandat de quatre ans, quand il sait que depuis le début,
depuis octobre... je pense qu'il a été nommé
ministre, là, je pense, c'est le 17 octobre, 16, 17, 18, je pense que
c'est le 17 octobre 2018 ou le 16 octobre 2018, il a
été nommé ministre, et il dit : Dès mon entrée en fonction, je le savais
que ça prenait des changements parce que ça ne
pouvait pas fonctionner, il fallait changer les façons de faire. Aujourd'hui, il nous dit : J'ai absolument besoin du projet de loi, trois ans et demi après. Et il va être adopté,
selon toute vraisemblance, M. le
Président, tout dépendamment du
travail de la commission, et sous
réserve de son adoption par l'Assemblée
nationale au salon bleu... il sera adopté à la dernière, la huitième — dernière, quatrième année — session parlementaire. Et là, son entrée en
vigueur, il y aura des délais. Puis là on repart en élections, le mandat
est perdu, le mandat est perdu, M. le Président.
Quand
on dit qu'au départ, moi, j'ai une réforme à faire puis je le constate, quand
il y a des résultats qui ne sont pas
au rendez-vous... Puis j'aurai l'occasion, durant mon intervention, de vous
donner des chiffres à l'appui. Il ne s'est créé, en moyenne, pour chacune des trois années où on a des statistiques, en
termes de places en service de garde subventionné — ça, c'est
places en CPE puis c'est places en garderie subventionnée — il ne s'est créé, en moyenne, des places à
8,50 $, dans ces
deux parties du réseau, 1 000, par année, places à 8,50 $;
trois ans, 3 000. Ça, c'est implacable. Ce sont les données du ministère de la Famille.
Quand
on nous dit... Puis combien de fois il y a eu des interpellations, durant ces
trois dernières années et demie? La dernière interpellation en date, Mme
la Présidente, est d'il y a un mois, est d'il y a un mois, le 5 novembre,
puis je reviendrai avec le contexte de cette
interpellation-là. Mais, quand, à toutes les interpellations, on nous disait,
puis on nous servait, en tout respect : Ça va bien, on a relancé le
réseau, une chance qu'on est arrivés, une chance qu'on y a vu, là, là, le
réseau, là, il est réellement sur les rails...
Puis j'entendais l'adjointe parlementaire du ministre également qui plaidait
ça, puis ses collègues plaidaient ça,
puis, écoutez, ça n'a jamais été aussi bien, le réseau fonctionne. Après la
première année, c'est ce qu'on nous
disait, après la deuxième année, après la troisième année. Là, on a entamé la
quatrième et dernière année, puis on nous dit : Ça prend absolument
un projet de loi. Parce que le ministre lui-même vient de référer, suite à
l'article de Véronique Prince du
11 février 2021... Véronique Prince, elle a dit : Voyons donc, la
journaliste de Radio-Canada, elle a dit : Ça ne marche pas pantoute. Et là le ministre a été questionné, puis
lui-même, il l'a dit, il l'a reconnu : Ça ne fonctionne pas, il
faut changer les façons de faire, en février 2021, et il arrive avec ce projet
de loi là.
Alors, Mme la
Présidente, comment les gens peuvent juger... Puis le ministre nous l'a dit, je
l'ai, la citation, je pourrai vous la
ressortir, là, il nous a toujours dit : Vous nous jugerez sur le bilan.
Bien, quand on regarde le bilan, force est de constater, puis je le dis
en tout respect, puis les mots ont un sens et ils sont parlementaires... bien,
c'est un échec. 20 août 2020,
20 août 2020, aux crédits, c'était un jeudi : «...je vous dis, Mme la
Présidente, là, on regardera le bilan, à la fin, et je pense qu'on ne
sera pas gênés.» Fin de la citation.
• (16 h 30) •
Il
s'est créé... Alors qu'on sait que la liste d'attente est maintenant — c'est
une crise sans précédent, là — à 51 000 parents
qui sont sur la liste d'attente, il s'est fermé, durant le mandat de la CAQ... qu'on
sait, depuis qu'il est ministre, en
octobre 2018, il le dit lui-même et il l'a réitéré, ce n'est pas une citation,
que je vous sors, d'il y a trois ans et demi, là, parce que, je veux dire, dans
les semaines qui ont suivi sa nomination, dans les mois qui ont suivi sa
nomination, même le 20 février
2019, quand il disait : Nous, on va livrer 13 500 places dans
deux ans, 24 mois, top chrono... Puis je pourrais même dire — mais
je ne l'utilise même pas — il
disait : Entre 18 et 24 mois top chrono. Quand il disait ça, en
février, Mme la Présidente, 2019, et qu'il nous dit en octobre de cette année :
Dès mon arrivée, j'ai vu que ça ne marchait pas pantoute, et que, là, il dit : On ne peut pas livrer les places
parce que... — j'utilise
les mots employés par le premier ministre ici, en cette Chambre, et en conférence de presse, je pense, le
21 octobre, lorsque vous avez fait l'annonce — le ministre a dit... j'allais le nommer... mon ministre de la Famille, hein, il est
venu me voir, puis il dit : C'est une maison de fous, alors, c'est une maison de fous, alors, quand on regarde
ça, Mme la Présidente, quand on regarde ça, là : Vous nous jugerez sur
les résultats, vous nous jugerez sur le bilan, force est de constater que c'est
un échec. Quand il nous disait, donc, le 20 février 2019,
13 500 places, top chrono, deux ans, et qu'on sait que ce n'est pas
13 500 places, c'est 2 000 places uniquement, force est de constater que, de deux choses l'une, soit le
ministre n'avait pas pris conscience du défi qui était devant lui, et là,
auquel cas, il se contredit lui-même aujourd'hui, en octobre de cette année, en
disant : Non, non, je le savais dès le
départ, ou il y a une question de compétence ici, Mme la Présidente, à titre de
cette importante fonction, qui, oui, fait en sorte d'investir plus de
2,7 milliards d'argent public des Québécoises et des Québécois dans le
réseau.
Et
c'est important, lorsque le ministre nous dit : Croyez-moi, main sur le
coeur... Je vais vous donner les résultats, là. Lorsque le ministre disait aussi, par rapport à cette année... par
rapport à cette année, je veux dire, ce n'est pas des promesses de 20 février 2019, 13 500 places
dans deux ans, top chrono, ce n'est pas 13 500, c'est 2 000 qui ont
été livrées, en moyenne 1 000
par année, lorsqu'il disait, au début de cette année, en février, mars, année
financière, 1er avril 2021, 31 mars 2022, quand il nous disait, là... Encore une fois,
gardez toujours cette citation-là de 2022 : Vous nous jugerez sur le
bilan, puis je pense qu'on ne sera pas gênés. Quand il disait, il n'y a pas
longtemps, là, il y a six, sept, huit mois, quand il nous disait, février,
mars : On va créer, dans l'exercice financier qui est devant nous, entre
5 000 à 7 000 places, on va créer entre 5 000 à 7 000 places, quand il redit ça, je ne vous sors
pas une citation du 20 février 2019, quand il nous redit ça, bien là,
Mme la Présidente, ça fait plus de deux ans qu'il est là, là, ça fait plus de
deux ans qu'il est là et nous redit ça.
Puis,
quand on regarde les chiffres qui ont été rendus publics le 21 octobre
dernier, lors de l'annonce, le grand chantier, les places créées dans cette période-là, février, mars, dans la
prochaine année, 5 000 à 7 000. Ça fait plus de deux ans qu'il
est ministre. Il sait de quoi il parle, il
sait quel engagement prendre, il sait quel espoir faire naître. Il connaît son
ministère et ses façons de
fonctionner. Et là où il a son défi, selon lui, bien, quand on regarde,
21 octobre, les chiffres, les places mises sous permis du 1er avril au 30 septembre, ça, c'est le premier
six mois de l'année où il allait en faire 5 000 à 7 000, dans le premier six mois, il n'avait
fait 992, 992 sur une promesse de février, mars qui était de 5 000 à
7 000.
Alors,
on revient, Mme la Présidente. Aussi, dans le 992, il y a des doublons, parce que,
si je vous dis que moi, là, j'ai les
chiffres, Mme la Présidente, pas du 31 mars 2021, j'ai les chiffres
du 31 juillet 2021... Ça fait quatre mois. Et, quand on
regarde les trois années du gouvernement caquiste, 2019‑2020, 2020‑2021, 2021...
2019, pardon, 2020 et 2021 jusqu'à
31 juillet 2021, il y en a eu 2 932. Quand je vous dis une moyenne de 1 000, là...
Puis on pourrait me dire : Ah! il
en manque 100 là, il en manque 100 là. C'est une moyenne de 1 000 par
année sur trois ans, 2 952 places subventionnées à
8,50 $, parce que, Mme la Présidente...
Donc,
quand on regarde ça, en tout respect pour le ministre, là, Mme la Présidente, puis je sais qu'il y a des choses que je ne peux pas dire, là, mais on ne peut pas suivre ce qu'il nous
dit puis dire : C'est ça qui va arriver. On ne peut pas suivre ce qu'il nous dit puis dire : C'est ça qui va arriver. On aimerait ça le croire
quand il nous dit qu'ils vont faire, Mme la Présidente,
37 000 places dans les trois prochaines années. Une fois que je vous
ai dit ça, j'aimerais ça pouvoir y croire, Mme
la Présidente, puis j'aimerais ça que ce soit la réalité, parce que les
37 000 places trouveraient preneurs aujourd'hui même, à la
minute où je vous parle, trouveraient preneurs.
Des
tout-petits iraient en service de garde, des tout-petits seraient en contact
avec des éducatrices, des passionnées par
la petite enfance, qui veilleraient à leur développement, à leur
sociabilisation, qui détecteraient tôt des retards parfois, dans certains
cas, de sociabilité, de langage, et pourraient intervenir.
Ces
37 000 places là, quand on nous dit ça : Bien là, aujourd'hui,
là, croyez-nous, la CAQ, croyez-nous, ça va être 37 000 places dans trois ans, top chrono, alors qu'on sait
que, dans les trois dernières années, c'est 1 000 par année, ça ne tient
pas la route. Ça ne tient pas la route, Mme la Présidente.
Puis
l'horloge est déjà partie parce qu'il nous dit : J'ai besoin, pour ça, de
mon projet de loi. Ils l'ont déposé il y a quelques semaines. Il ne sera
pas adopté avant probablement quatre, cinq, six mois, si ça va bien, d'ici
juin, selon le processus parlementaire
normal. Puis on va faire le travail article par article, puis je lance déjà le
défi au ministre, là, le ministre
pourra m'identifier, au moment opportun, là, le député de LaFontaine, il vient
de faire du temps. Dans la dernière minute, le député de LaFontaine, il
vient de faire du temps, il y a de la redite, il y a de ci, de ça.
Des
questions, là, il va y en avoir, puis des réponses, on va en attendre. On va
s'attendre à avoir les réponses parce qu'on
trouve que le projet de loi, Mme la Présidente... il y a des débats qui devront
être faits en ce qui concerne le projet de loi.
Puis
le travail qu'il demande à ses collègues, là, parce que je sais qu'il se
questionne beaucoup là-dessus...
Il va demander, entre autres, au leader
du gouvernement comment je travaille,
là, puis le leader du gouvernement...
on a travaillé, je veux dire, des projets de loi, là, de près de
100 heures, là, sur 17, 18 jours, où on siégeait, des fois, des six,
sept heures par jour... il n'était
pas capable... notamment la réforme de l'IVAC, il n'était pas capable
d'identifier, puis il était bien correct là-dessus, de dire : Ah!
non, non, non, il filibuste, là, il fait du temps, là, pendant une minute, cinq
minutes. Mais ça va prendre le
temps que ça va prendre. Des questions, on en a, puis des amendements, on en
aura.
Alors, tout
ça pour vous dire qu'une fois que, selon les délais, tout à fait justifiables selon notre démocratie puis le fonctionnement de notre Parlement... Lorsqu'on nous dit :
Le 37 000 dans trois ans, main
sur le coeur, on va le livrer, mais on a besoin du projet de loi qui n'est pas encore
adopté... Et, une fois adopté, vous le savez mieux que moi, Mme la Présidente,
il va falloir qu'il rentre en vigueur, il va
falloir que les gens l'adaptent, il va falloir qu'on le mette sur pied. Déjà
là, vous avez... Je vous le dis, il
n'y aura pas de projet de loi qui va être fonctionnel avant la prochaine année,
qui part du moment où il a été déposé. Puis ça, quand je dis ça, tous
les collègues ici, là, qui sont légistes, qui font de la légistique, savent qu'au moment où vous déposez un projet de loi...
vous le déposez, là, ce qui a été fait il y a quelques semaines, et il est
mis en application, il a été adopté, il est en vigueur, les délais de mise en
application, mettez, en moyenne, une année, minimum. Ce projet de loi là ne
fera pas exception à ça.
Je prends
juste l'exemple du guichet, le guichet qu'on a décrié, que le ministre n'a pas
vanté, loin de là. Le guichet, bien,
il veut rapatrier ça. On a entendu en auditions, la semaine passée, la
coopérative Place 0-5, qui est venue dire : Faites attention, parce que le guichet que vous allez
administrer, ce n'est pas une mince tâche. Ce n'est pas une chose, là, qu'on
peut dire : C'est bien, bien simple, c'est bien facile.
Juste le
fait, par la technologie... Moi, je suis convaincu qu'on peut le faire
technologiquement, mais on a dit : Faites attention, là, ce n'est pas évident. Ça se fait, mais ce n'est pas
évident, puis il va falloir avoir la crème de la crème pour que, dans
le grand chiffrier des 51 000 enfants qui sont sur la liste d'attente, si
votre enfant, Mme la Présidente, a le rang, dans une certaine
région donnée, parce qu'il va falloir savoir s'il y a un registre national
ou... J'imagine, il va y avoir des sous-territoires, parce
que vous ne voulez pas avoir une place à Schefferville. Vous voulez avoir une
place dans votre patelin, là où vous demeurez. Probablement ça va être,
quoi, à 50 kilomètres? On fera le débat.
Mais, si,
dans cette zone-là, ce sous-territoire-là, je dis un chiffre, il y a 2 000
enfants, vous avez le rang 1 315, pour que, si l'enfant au premier rang...
vous avez le rang 1 315, quand l'enfant au premier rang aura une place, vous, vous devez tomber à 1 314, et ainsi de suite. Le deuxième, qui était
anciennement deuxième et qui est rendu premier, se trouve une place,
vous tombez à 1 313. Ça, technologiquement, ce n'est pas évident.
Il y a 37 personnes, à l'heure où on se
parle, qui travaillent à la coopérative Place 0-5, qui est gérée de façon, jusqu'à preuve du contraire, Mme la Présidente,
tout à fait professionnelle par des femmes et des hommes qui savent ce
qu'ils font. Ils nous ont même dit la chose suivante... Puis ça, ce n'est pas
à... puis c'est à garder en tête. Puis là je suis en train de vous faire le point, là, c'est qu'un projet de loi, du
moment où vous le déposez puis du moment où il est effectif, mettez un
an. Ce projet de loi là ne fait pas exception, minimalement un an.
• (16 h 40) •
Ils nous disent : On a à peu près
37 employés, puis là-dessus il y en a une bonne quinzaine, 16, 17 qui font
de la relation avec nos abonnés, vont
prendre les appels des parents, des parents inquiets, des parents bouleversés,
des parents qui n'ont pas trop
compris comment ça fonctionne, qui veulent se faire expliquer, veulent se faire
rassurer. Ça, c'est du service à la clientèle. Sur 37, vous en avez au
moins 15, 16, 17 qui ne font que ça à temps plein.
Quand le
gouvernement va récupérer ça et qu'il va dire : On va envoyer ça à un
guichet unique... puis là je ne sais pas
si le ministre a l'intention d'envoyer ça à Services Québec, mais, s'il a
l'intention d'envoyer ça à Services Québec, qui prend les appels pour
tout, Mme la Présidente, il ne faudra pas avoir perdu cette approche
excessivement importante, humaine, de
proximité pour répondre aux parents. Puis je sais qu'en vertu... puis il y a un
projet de loi n° 96 qui parle de la Charte de la langue française, le service est offert en français. Mais
eux, avec les années, se sont donné une capacité de répondre en 11 langues. Puis elle nous l'a
dit, puis on est... pas obligé de répondre en espagnol, en italien puis en
d'autres langues, mais ça, pour
rassurer la personne, pour qu'ils comprennent bien, on avait des gens qui
avaient ce réflexe-là, qui avait cette habilité-là.
Et ça, ça
répondait directement à un service de la population. Souvent, c'est des
nouveaux arrivants, des nouvelles Québécoises,
Québécois, des parents qui arrivent ici et qui veulent inscrire leurs enfants,
souvent de jeunes familles, au service
de garde, veulent savoir comment ça fonctionne, parlent un peu le français, le
parlent plus qu'hier, mois que demain, vont
s'améliorer, mais des fois c'est des choses complexes, des fois parlent
anglais, alors il fait être capable... — est-ce qu'on
est capable de leur répondre en anglais? — mais parlent... leur première langue, c'est
l'espagnol. Vous en avez eu. Dans mon comté, moi, j'en ai eu.
J'ai eu, moi,
des citoyens, Mme la Présidente... C'est assez touchant, puis ça fait longtemps
que je ne les ai pas vus, d'ailleurs.
C'était leur petit garçon de neuf ans qui me parlait. Ses parents, ils
parlaient espagnol, ils venaient d'un pays où ils parlent l'espagnol. Et
c'est lui qui parlait un meilleur français que ses parents. Ses parents lui
parlaient... moi, je ne parle pas espagnol,
mais ils avaient besoin d'aide, et tout ça, puis je voyais toute la maturité de
cet enfant-là qui était capable de faire la transition. Il allait voir
le député, puis lui, l'enfant, M. le député, c'était une personne. Mais pour
les parents, c'était : Aïe! c'est le
député, puis tout ça, puis je trouvais ça donc beau que l'enfant aidait ses
parents, parce que les parents, en immigrant ici, ils avaient
probablement l'intention, évidemment, d'offrir une meilleure vie à leur enfant.
Tout ça pour vous dire que c'est la réalité
terrain, ça. Ce n'est pas l'enfant de neuf ans qui peut appeler pour dire :
Aïe! pour ma petite soeur, la place, je suis
rendu où? Puis comment ça fonctionne? Puis le rang, comment ça fonctionne?
On a vu qu'on était 1 315, il me semble
que ça fait une secousse. Comment ça qu'on est toujours à 1 315?
J'entends des petits voisins, puis
tout ça, qui ont eu des places. Comment ça fonctionne? Je veux savoir. Ce n'est
pas l'enfant de neuf ans qui va le
faire. Il peut me parler à moi, puis on est capable de faire le suivi, trouver
les formulaires, puis tout ça. Hydro-Québec, ça
fonctionne comme ça ou donnez-nous une procuration, puis on va être capable de
vous aider. Ça, on est capable de faire ça, puis il l'explique très
bien.
Mais, quand les parents, eux, vont prendre le
téléphone puis ils vont appeler... Moi, ça ne me dérange pas que quelqu'un
qui est capable, dans le gang, de lui parler en espagnol, là... je ne pense pas
que le français soit menacé pour s'assurer que la personne puisse comprendre. Le service est
offert en français, c'est accessible, puis on va travailler en français,
puis tout ça, mais y en a-tu un, dans
la gang... Puis ce n'est pas obligé, mais il n'y en a pas. Il n'y en a pas
parce qu'ici il n'y en a aucun puis
ça adonne de même. Ça, si on dit : Bien, les 37 qui travaillent à la
coopération Place 0-5... on perd cette approche très humaine là, on va perdre quelque chose, je
pense. Puis, faites-vous-en pas, ils vont se trouver une job, ils vont avoir
une place pour leurs enfants en service de garde puis ils vont parler français aussi bien que vous puis moi, Mme la Présidente. Ça, c'est important, ça, c'est marquant, et ça, c'est une réalité
terrain, terrain, terrain. Des fois, là, on dit : Ah! on va faire ça,
là, mur à mur. En théorie, ça va être
parfait. On va tout envoyer ça à Services Québec, puis les gens, là, ça va être
centralisé puis ça va... mais on perd quelque chose.
Je
ferme l'exemple qui me servait à illustrer une réalité. Donc, c'est que le
ministre dit : Dans trois ans — il l'a dit
cet été, là, ça fait que, sur le trois ans, il y a déjà un trois mois de parti — dans trois ans, ça va être
37 000 nouvelles places. Il
vient de nous dire qu'il a besoin du projet de loi absolument pour réaliser ça.
Ajoutez une année à cela, il reste deux ans pour 37 000 places. Là, on est toujours à 1 000 par
année. Mon 992 places que je vous ai dit tantôt, là, selon le communiqué
de presse du 21 octobre, ça confirme
que c'est 1 000 par année. Comment peut-il dire aujourd'hui :
37 000 places, top chrono, dans
trois ans, alors que j'aurais peut-être été un peu plus indulgent sur la
citation, 13 500 places en février 2019, top chrono, deux ans?
Aujourd'hui, Mme la
Présidente, le ministre n'a plus droit, je le dis en tout respect, à cette
indulgence-là du débutant parce qu'il n'est
plus un débutant. C'est un ministre, il l'a dit, il a fait tout le mandat. Puis
je pense, en période de questions ce
matin, c'est ce qu'il a dit. Il a dit : Écoutez, je suis là depuis le
début... Non, excusez-moi, c'est en mêlée de presse que je l'ai entendu dire ça :
Écoutez, je suis là depuis le début, je sais comment ça fonctionne, puis voici,
puis il faisait son point. Alors, le
ministre n'est plus un débutant. Le ministre devrait être, depuis les premiers
mois où il a été nommé ministre, être
un expert de la question de l'administration, bien plus que moi, Mme la
Présidente. Puis il devrait être capable de dire autre chose à son premier ministre après trois ans... le
premier ministre, c'est une maison de fous. Je ne sais pas comment le premier ministre a reçu ça, se faire dire ça
de son ministre, après trois ans : C'est une maison de fous. Mais
tu fais quoi depuis trois ans? Tu as fait quoi?
Puis
tu as besoin d'un projet de loi. Tu ne pouvais pas le dire avant? Tu ne pouvais
pas le dire avant que tu avais besoin
d'un projet de loi? Puis honnêtement, Mme la Présidente, le projet de loi, là, il fait 96 articles. Le projet de loi, là, ce n'est pas une révolution, là... 96, ce n'est
pas une révolution, le projet de loi, là. Ce n'est pas quelque chose de hautement
scientifique, là. On ne fera pas rentrer un
cercle dans un carré, Mme la Présidente, là... c'est-à-dire on peut
rentrer selon la grosseur, c'est
toujours la même chose, mais ce n'est rien de révolutionnaire. Il nous arrive
avec ça après trois ans et demi et il nous dit : Croyez-moi pour la
suite des choses.
Autre
élément... Et le projet de loi, Mme la Présidente, quand il a dit... Puis
il s'est même dit «maison de fous» après avoir déposé le processus de développement des places en CPE. Le processus
de développement des places en CPE, le ministre
a annoncé ça en mars 2021. Véronique Prince, 11 février 2021 :
Ça ne fonctionne pas — aveu
du ministre — ça
ne fonctionne pas — reprend
cette affirmation-là — il
faut changer les façons de faire.
Un
mois après, en mars 2021, dit : Bien, écoutez, on a réglé le
problème, dit : On est passé de 17 étapes pour le développement, l'attribution des places et la
réalisation effective des places, on est passé de 17 étapes à
neuf étapes, donc on est passé de 36 mois à 24 mois. Il
nous dit ça en mars 2021.
Quand
il nous dit ça, Mme la Présidente, en mars 2021, il y a eu, peu de
temps après, dans les jours, les semaines qui ont suivi, une autre
interpellation. Et j'ai posé la question au ministre, j'ai dit : Ça, le
24 mois de réalisation, ça va être
effectif quand? Il a dit : Non, non, non, c'est effectif au moment où on
se parle, c'est effectif. Donc, en mars, avril 2021, c'était effectif,
il avait réduit les étapes et faisait en sorte que les places étaient livrables
dans les 24 mois, top chrono.
Aujourd'hui,
on a un projet de loi, le ministre nous plaide : J'ai besoin du projet de loi pour réaliser ce que j'ai promis dans les trois années et demie qui ont précédé. Alors, vous voyez qu'on
ne peut pas, Mme la Présidente, honnêtement, là, on ne peut pas accepter ça. Au-delà du fait qu'on
est l'opposition officielle, on ne peut pas accepter ça, quand vous regardez
que sur le terrain, c'est sans précédent, il
y a 51 000 familles qui sont sur la liste d'attente, qui ont besoin
d'une place en service de garde, des
parents, et vous avez vu, qui participent... c'est un symptôme, c'est un cri du
coeur, qui participent de cette crise sans précédent là.
Il
y a des mouvements sur les réseaux sociaux qui ont été créés. J'en veux pour
preuve Ma place au travail, qui a été créé, ce mouvement, Mme la Présidente, au début de cette année, un mouvement où des parents... ils sont aujourd'hui plus de 8 000 membres et
plus de 13 000 personnes qui les suivent sur notamment Facebook, dont la très,
très grande majorité sont des parents qui sont désespérés, des parents qui donc
ont décidé... Et puis c'est Myriam Lapointe-Gagnon qui avait lancé ça puis elle
s'est dit : Dans mon petit coin — elle demeure à Cacouna — il va
y avoir quelques dizaines de personnes, puis
on va se faire un groupe, puis on va essayer de s'entraider puis se donner des
meilleures pratiques. Ça a fait boule de neige, et ce sont des milliers
de parents partout au Québec.
Et
là on a commencé à recevoir... moi, comme porte-parole de l'opposition officielle, j'ai commencé à recevoir des témoignages de parents, des témoignages
bouleversants où on disait : Voyez-vous où nous en sommes réduits? Ça,
c'est un C.V. de bébé, puis on a
caché évidemment le visage de l'enfant, mais c'était un C.V. qui
était public sur les réseaux sociaux. Et je peux dire le nom de
l'enfant, elle s'appelait Rose. Elle s'appelle Rose, elle avait un C.V. pour
bébé, et ses parents disaient, avec photo, Mme la Présidente : Je suis le bébé qu'il vous faut. Avec moi, pas
de crise le matin car j'ai déjà hâte d'aller jouer avec les amis. Et puis
là ses parents lui donnaient une cotation : le sommeil, quatre étoiles;
alimentation, quatre étoiles; sociabilité,
cinq étoiles; propreté, une étoile; amour à donner, cinq étoiles plus, plus,
plus. Il y avait donc une surenchère.
Les parents ne faisaient pas ça de gaieté de coeur, Mme la Présidente, mais les parents voulaient désespérément avoir une place. Je ne vais pas les juger, mais
ça, quand les parents sont réduits à faire ça, des C.V. de bébé, puis que c'est
publié sur les réseaux sociaux, honnêtement, un malaise immense et la réalisation de dire : O.K., ça, c'est le véritable
visage de la crise.
• (16 h 50) •
Après le C.V.
fait maison des parents, on a vu, on est allé encore plus loin, Mme la Présidente, pour le visage de la crise.
Léa, les parents de Léa, qui est née en janvier 2021 et qui était, à l'époque,
le 28 avril 2021, disponible pour une place en septembre 2021... les parents de Léa,
puis j'ai les informations, ses parents donnent toutes leurs coordonnées,
ont mis dans un hebdomadaire, L'Info
du Nord, Sainte-Agathe, Mont-Tremblant, Vallée de la Rouge, ont mis, Mme la Présidente, le C.V. de leur petite Léa
en avril 2021, avec toutes leurs coordonnées, avec des photos de Léa, qui a quelques
mois. C'est excessivement troublant. Puis encore une fois je ne veux pas
juger les parents, mais, quand ils en sont, eux, puis on lève d'un cran le
visage de la crise, à payer une publicité dans l'hebdo local, il y a quelque chose de très, très, très malsain. Les parents qui en sont réduits à
ça... Et je comprends leur détresse.
On parlait, Mme la
Présidente, puis on a pu résumer ça, mais il ne faut jamais trop résumer les
choses, on a pu identifier deux troubles
majeurs : le stress financier des parents qui nous faisaient des
témoignages dont j'ai lu... témoignages que j'ai lus au ministre, notamment, aux crédits, qui disaient : On n'est plus
capables de payer l'hypothèque. Mes parents, grands-parents de l'enfant, peuvent garder, mais il y avait...
Ils étaient à la retraite, puis ce n'est pas ça qu'ils avaient imaginé,
garder l'enfant à tous les jours pendant une année et plus sans savoir quand on
va avoir une place.
On
a eu même, Mme la Présidente, un témoignage d'une femme qui dit : Est-ce que
c'est normal que mon enfant ne voie jamais en même temps son père puis sa mère? Parce
que, quand j'arrive, le père part
pour aller travailler. Puis quand le père arrive, moi, je pars pour
aller travailler. Est-ce que c'est normal... Un autre témoignage d'une mère qui
disait : Est-ce que c'est normal pour moi que je ne voie pas ma fille
une semaine sur deux parce que je peux organiser mon horaire de travail puis je vais la porter chez ma mère qui
reste à des dizaines et des dizaines de kilomètres d'ici? Est-ce que
c'est normal?
Évidemment,
poser la question, c'est y répondre. Ça, c'était un autre visage de
la crise, énormément de témoignages. Des gens, aussi, stress
financier, qui n'arrivaient plus, là, à rejoindre les deux bouts parce qu'ils
avaient compté revenir après le RQAP,
avaient compté retrouver un salaire. La participation des femmes, le ministre
en a parlé, sur le marché du travail
au Québec, c'est plus de 80 %, je pense, c'est 81 %, 82 %. Mais ça, Mme la
Présidente, on l'a toujours dit, là, les droits et libertés, il ne faut jamais rien prendre pour acquis. Les
avancées sociales, il ne faut jamais prendre ça pour acquis et il peut y
avoir des reculs.
Et
là, quand vous dites qu'il y a 51 000 parents sur la liste d'attente,
des milliers de plus depuis l'arrivée de la CAQ au pouvoir, là-dedans, c'est majoritairement, témoignages à l'appui, des
femmes qui vont rester à la maison pour s'occuper des enfants, majoritairement.
Ce sera un enjeu qui va faire en sorte que des femmes, on l'a vu dans le plus
fort de la crise, là, des femmes
qui... on avait des psychologues, des préposés aux bénéficiaires, des médecins,
des infirmières. Ça, imaginez-vous, alors
qu'on était au plus fort de la crise, qu'on avait besoin de travailleurs
essentiels, ils étaient pris à la maison parce qu'ils n'avaient pas personne pour s'occuper des enfants,
parce que le conjoint, la conjointe travaille aussi. Alors, il y a des choix
excessivement déchirants qui se sont faits.
Alors, on a vu ça, ça, c'était le visage de la crise, C.V. de bébé, réseaux
sociaux, C.V. de bébé dans les hebdos.
Et
autre escalade de cette crise-là, Mme la Présidente, sur Kijiji : Bonjour,
nous sommes une petite famille résidant dans le secteur Sainte-Foy et qui travaille dans la fonction publique.
Ils étaient deux, Mme la Présidente. Eux, sur Kijiji, disaient : On a
trois enfants, on n'a pas de place, ça ne marche pas, là. Ils en sont réduits à offrir, pour le premier
enfant, 1 000 $, si vous le
prenez. Pour le deuxième enfant, on va vous donner 2 000 $. Puis, si
vous prenez nos trois enfants, on vous
donne 5 000 $. Eux, c'en était une question purement économique, ne
voyaient pas comment ils pouvaient obtenir une place.
Et
ça, la cause de ça, au premier titre, Mme
la Présidente, revenez à ce que je
vous ai dit au début de mon intervention, c'est parce qu'on n'en a pas créé suffisamment par année, des places.
1 000 places à 8,50 $ par année, puis je ne vous parle pas des places
non subventionnées. Le bilan, il est négatif là aussi, parce que, sur les trois
années de la CAQ, les places... non seulement les 70 174 places qui
étaient disponibles, non subventionnées... bien, il y a une perte nette de
170 places.
Mais,
même là, Mme la Présidente... Puis on ne comprend toujours
pas pourquoi le premier ministre a dit que, quand il fait rentrer des
nouveaux arrivants puis qu'ils gagnent moins de 56 000 $, il augmente
son problème. Bien, sait-il qu'il y a beaucoup,
beaucoup, beaucoup de Québécoises, Québécois qui ne gagnent pas ça, 56 000 $, qui ne
gagneront jamais ça, 56 000 $? Puis quand on dit :
Bien, les nouveaux arrivants, s'ils gagnent moins que ça, ils augmentent mon
problème, comprend-il aussi pourquoi
qu'il peut y avoir des places en service de garde non subventionnées à
35 $, 40 $, 45 $, 60 $ de la journée, puis qu'une personne qui gagne 42 000 $, qui
est le salaire, Mme la Présidente,
équivalent de celles et ceux qui vont travailler dans les services de
garde, pour certains corps de métier, bien, ils ne peuvent pas se permettre
d'avoir une place? Quand vous gagnez
40 000 $ par année, vous ne pouvez pas vous permettre de payer
250 $ par semaine. Il va vous
rester quoi pour payer le loyer, payer l'électricité, payer l'auto, payer la
nourriture, payer tout ce que vous avez de besoin pour vivre? Ça ne fonctionne pas. Alors, quand on voit C.V. de bébés, quand on voit places offertes à
acheter, par des sommes d'argent, en service de garde, on voit tout le
désespoir des parents.
Le
ministre sait, depuis le début, que c'est son défi. Le ministre
nous arrive, puis aujourd'hui, on est au projet
de loi n° 1, à l'étape... suite aux auditions, l'étape
première, l'adoption de principe. Mme
la Présidente, on va voter, évidemment, pour le principe du projet de
loi parce qu'on est là pour
travailler puis on va essayer de le bonifier à son maximum. Mais je vais vous dire ça de même, ce qui est prévu dans le
projet de loi, Mme la
Présidente, le ministre,
là, même s'il l'avait aujourd'hui, ne serait pas capable de livrer son 37 000.
Vous allez dire : Bien, pourquoi? Parce qu'il ne fait pas ce que nous,
on propose de faire, faire en sorte que ce soit un droit sur cinq ans.
On
a déposé... J'ai déposé le projet de
loi n° 897, qui fait en sorte
que l'accès aux services de garde soit un droit au même titre qu'est le droit à l'accès à l'école, à
l'accès aux services scolaires. Lorsque vous êtes une jeune famille, que vous
avez un enfant qui est d'âge d'aller en
première année, pas vrai qu'on va vous dire : Bien, il n'y a pas de place
pour votre enfant, mettez-le sur une
liste d'attente, puis on va peut-être vous rappeler dans un an, deux ans, on va voir.
Non, non, non, c'est un droit. C'est un droit, Mme la Présidente, et ça,
on peut le faire. On peut le faire, Mme la Présidente.
Ça prend, évidemment, les investissements qui
vont avec. Nous, le 6 milliards de dollars de l'entente signée Québec-Ottawa
pour les services de garde sur cinq ans, en moyenne 1,2 milliard par
année, qui viendrait s'ajouter au 2,7, 2,8 milliards qui est déjà investi
de l'argent public dans le réseau, nous permettrait, oui...
Puis
je vais vous parler des grèves actuelles, là, parce que ça n'arrête pas de bien
aller, là. Des grèves générales illimitées
pour les éducatrices, intervenantes en CPE, on avait-u besoin de rajouter cette
couche-là? Je vais vous en parler, puis
vous savez que je blâme le gouvernement, je ne blâme pas les éducatrices, évidemment,
et les intervenantes. Je vais revenir là-dessus un peu plus
tard.
Mais,
quand vous dites : C'est un droit, qu'est-ce que ça veut dire?
Nous, ce qu'on a proposé, faire en sorte, donc, sur cinq
ans, avec ce 6 milliards là... on va passer 2,7 milliards à
3,9 milliards, en moyenne, par année. On va le faire intelligemment, là, pour faire en sorte de donner
aux 51 000 familles qui sont en attente d'une place l'accès à une place.
Ça, ça veut dire créer bien davantage de
places, Mme la Présidente, et la façon de créer les places subventionnées,
les nouvelles places, c'est à 85 %... c'est la proportion à laquelle nous
nous sommes engagés, en CPE, minimum 85 % de ces places créées
seraient en CPE. Premier élément.
Deuxième élément,
faire en sorte aussi que la conversion... Je vous ai parlé tout à l'heure de
mes 70 000 places, j'arrondis, en service de garde non subventionné.
70 000 places, on n'a pas l'évaluation exacte, mais j'ai déjà entendu le ministre donner crédit, la semaine passée, lors
des auditions, à une évaluation qu'il y aurait peut-être, bon an mal an,
un 10 000 places sur le 70 000 qui n'est pas occupé.
Lorsque
vous dites : On va faire en sorte de donner accès à une place, sur cinq
ans, vous faites la conversion de ces places non subventionnées pour
lesquelles les parents paient 30 $, 40 $, 50 $, 60 $ par jour,
que ce soient des places à 8,50 $, donc les convertir en places
subventionnées, ces 70 000 places là sur cinq ans, déjà là, dans un réseau
où...
• (17 heures) •
Puis
j'en ai rencontré dans mon comté, j'en ai rencontré également dans l'ouest de
l'île de Montréal, j'en ai rencontré également
dans d'autres régions du Québec, des places, services de garde non
subventionnés qui ont des places disponibles non utilisées. Sur le 70 000, vous en avez un 10 000 qui, si,
du jour au lendemain, était... mais on ne ferait pas ça du jour au lendemain, on le ferait sur cinq ans, mais il
faudrait peut-être, dans les premiers mois et années, prioriser les services de
garde privés, les garderies privées non subventionnées, qui ont le plus de
places non utilisées. On pourrait peut-être les prioriser. Bien, ce 10 000 là, vous pourriez, dans des délais tout à
fait raisonnables — là,
ça pourrait être sur un deux ans — faire en sorte de les faire
passer à 8,50 $. Puis vous pouvez me croire, Mme la Présidente, que des
places à 8,50 $, par opposition à des
places, en moyenne, à 45 $, 50 $, vous allez trouver preneurs où?
Dans la liste des 51 000 familles qui attendent une place puis qui ne gagnent peut-être pas
56 000 $, même s'ils viennent ajouter aux problèmes du premier
ministre, qui gagnent moins puis que, là, à
8,50 $, bien là ils embarquent. À 8,50 $, ça fait toute une
différence que 50 $ par jour, ça
fait toute une différence entre 8,50 $ multiplié par cinq et 250 $ qui part sur votre paie lorsque vous avez à payer,
évidemment, pour des services de garde non subventionnés. Cette conversion-là
participerait, elle participe de notre vision de faire en sorte que ce soit un droit pour qu'à terme toutes les places
soient à 8,50 $. Et il est clair
que le milieu familial, Mme la Présidente, là aussi, il faut s'assurer
que le milieu familial puisse ouvrir.
Lorsque le ministre
est arrivé en fonction, il y avait 8 000 places, sur un total de
91 000, il y en avait 8 000 non occupées. Ça, c'est des places qui sont là théoriquement, mais qu'il n'y
a pas d'éducatrice à la maison qui offre le service. C'est des places
théoriques, et elles sont distribuées partout à la grandeur du Québec. Il y en
avait 8 000. Question a été posée au
ministre le 20 février 2019, toujours dans ce même point de presse là,
question lui a été posée, c'est-à-dire : Est-ce que ça, ça vous
préoccupe? Le ministre avait dit à l'époque : Oui, ça me préoccupe
énormément, et il avait dit qu'il en faisait
une obsession, il avait dit qu'il allait faire en sorte que ces places-là
puissent être offertes. «...8 000 places non utilisées en milieu familial — je le cite — ça, c'est une donnée préoccupante.
[...]Concrètement, ce que ça veut dire, c'est que, sur papier, il y a [...] possibilité, au Québec, d'avoir, en
fait, 8 000 places supplémentaires, effectivement, qui seraient
accordées aux tout-petits, mais que, dans les faits, ces places-là n'existent
pas non plus, mais elles sont comptabilisées.» Et il avait dit le 20 août 2020 : «Je n'aime
pas voir les places sur des tablettes, je vous jure, là, j'en fais une
obsession.» Alors, «je vous jure, là,
j'en fais une obsession», le 20 août 2020, Mme la Présidente, l'obsession,
bien, après trois ans et demi, on est
passé de 8 000 à plus de 25 000 places non utilisées. On est passé
de 8 000 places, Mme la Présidente, non utilisées à
25 364 places. J'arrondis : plus de 25 000 places non
utilisées.
Quand
on regarde le nombre de places non accessibles qui se sont fermées sous le
gouvernement de la CAQ et que l'on les met en relation avec le nombre de
places qui se sont créées, on arrive à un manque à gagner de 14 000 places. Vous
n'avez pas besoin de chercher midi à quatorze heures, Mme la Présidente, pour
voir que la liste d'attente a explosé de
plus de 11 000 noms sur la liste d'attente. Elle est rendue à
51 000. Il s'est créé, suivez-moi bien, 3 000 places subventionnées sous le gouvernement de la CAQ dans les
trois premières années du mandat. Il s'en crée 3 000 en CPE puis en service de garde subventionné, puis, d'un
autre côté, vous passez de 8 000
à 25 000, il s'en ferme 17 000 en milieu familial. 17 000
négatif, vous additionnez 3 000, vous êtes toujours dans le négatif à
14 000.
Et,
quand on posait la question, quand on posait la question au ministre, encore
une fois dans une interpellation :
Coudon, à votre départ, est-ce que
vous aurez laissé le réseau en meilleur état? Est-ce que
vous aurez créé plus de places qu'il
ne s'en est fermées? Le ministre n'a pas voulu répondre et a dit que c'est une question
hypothétique. Puis rappelez-vous
ce que je vous disais un peu plus tôt, vous
me jugerez sur le bilan. Puis il disait : Je pense qu'on va être pas mal
fiers, on n'aura pas — je le cite — à être gênés de notre bilan. Bien, le bilan,
il est négatif, Mme la Présidente, puis ça, là, on peut bien dire :
Le député de LaFontaine, là, puis me donner des épithètes, là, on me traite de
Schtroumpf grognon, on me traite de
volcanique, on me traite de toutes sortes de noms, mais ces chiffres-là, Mme la
Présidente, là — j'ai la
couenne dure, faites-vous-en
pas — c'est
les chiffres du ministère. C'est les chiffres du ministère. Je veux dire, moi,
là, je... Puis le premier ministre dit toujours, puis il a toujours l'approche
très, je dirais, entrepreneuriale, le premier ministre, lui, il a des
tableaux, les chiffres parlent, et il dit souvent : Les chiffres sont
têtus, les chiffres sont têtus. Ils sont tellement têtus, Mme la Présidente, qu'ils sont excessivement
clairs, les chiffres. Les chiffres, ils sont tellement têtus qu'ils ne sont pas
contredits. Vous n'entendrez jamais le
ministre de la Famille dire : Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, là, il
s'en est créé bien plus que 1 000 par année. Ça fait trois ans et
demi qu'on lui donne ce bilan-là, puis il n'a pas été contredit.
Et
l'évolution, on l'a vue ensemble. On l'a vue ensemble, l'évolution. Des places
en milieu familial qui ont fermé, là, on a vu l'évolution. Moi, je me rappelle,
c'était en août 2020, là, on était passé de 8 000 à
22 000 places qui étaient en
milieu familial qui n'étaient pas disponibles. Après ça, on est passé à
24 000. Puis là, 21 octobre, c'est 25 364. Ça, Mme la Présidente, c'est les chiffres,
page 12 de son document le Grand chantier. Il faut qu'il explique
ça. Comment l'expliquer? Je ne suis
pas en train de dire que le ministre
de la Famille a tous les maux de la terre, c'est tout de sa faute. Mais il y a une chose, par contre, que je sais,
c'est qu'en février 2020, en février 2020, avant la pandémie, état
d'urgence sanitaire déclaré le
vendredi 13 mars, appliqué le samedi 14 mars, en février 2020,
la FIPEQ CSQ, qui représente plus de 10 000 éducatrices
en milieu familial, elle a fait un sondage auprès de ses membres parce que, là,
leur convention était échue, puis ça ne fonctionnait pas, et il y a des
intervenantes qui quittaient massivement, avant la pandémie, là, qui quittaient
massivement parce qu'il y avait des
négociations qui traînaient en longueur, qui n'étaient pas réglées. Un peu
comme les négociations actuelles,
mais, ne vous inquiétez pas, Mme la
Présidente, je vais arriver aux
grèves générales illimitées qu'on vit dans les CPE. Et la FIPEQ avait passé un
sondage, je pense que c'était 3 800 répondantes,
3 900 répondantes sur leurs 10 000, 11 000 membres, éducatrices, femmes à la
maison parce qu'elles ont un service de garde à la maison, qui disaient :
Moi, à ce compte-là, là, vous en aviez la moitié, 47 %, qui disait :
À ce compte-là, moi, d'ici trois ans, je ne suis plus là. Oubliez-moi, je
ne suis plus là. À compte-là, ça ne marche plus.
Puis
dites-vous vous êtes dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, Mme la Présidente. Puis là je ne vous dirai pas qu'on en train aussi de
cannibaliser le réseau quand on fait des maternelles quatre ans, puis
qu'on dit que ça coûte un million de dollars pour une classe de 12,
15 en maternelle quatre ans, puis que, pour bâtir un CPE,
80 places, c'est 2 millions. Alors,
quand vous dites... vous avez un premier
ministre qui aime ça, les chiffriers,
à un moment donné, pensez à la logique. Quand vous dites : Bien non, on a été élu, nous, pour les
maternelles quatre ans, on a été élu pour les maisons des aînés,
on a été élu pour éliminer la liste
d'attente. 50 000 places auraient dû être crées en maternelle quatre
ans, c'était l'engagement, ça, en
septembre 2018, du premier
ministre, qu'il allait éliminer la
liste d'attente des services de garde. Tout est dans tout, Mme la
Présidente.
Alors,
je reviens, février 2020, avant la pandémie, la moitié des éducatrices en
milieu familial disaient : Si ça continu de même, moi, d'ici trois ans, je ne suis plus là. Bien, il y en a
plusieurs, des centaines, Mme la
Présidente, parce qu'on est passé de 8 000 à 25 000, plus de
25 000 places non occupées en milieu familial, qui sont libres parce
qu'elles ont quitté. Puis ça, faites
le calcul, si vous dites que c'est, en moyenne, des éducatrices en milieu
familial qui avaient six enfants, bien, quand vous faites le calcul, vous divisez 17 000 par six, vous
voyez qu'il y en a réellement des centaines et des centaines qui ont
quitté, qui ont mis en exécution pas la menace, la réalité, le cri du coeur
qu'elles envoyaient.
Et là il y a eu des
négociations, Mme la Présidente, je me rappelle, on a pris la rue avec
elles et avec la FIPEQ. Il y a eu des rassemblements. Il y a eu des grèves
tournantes. Je me rappelle, il y a eu des grèves tournantes. Puis ça — j'allais
utiliser un mot qui commence par... qui a «coeur» puis qui commence par «é», là — elles
ont été tannées de voir ça, là, puis
il y en a plusieurs qui ont décidé de quitter, puis elles ont dit : C'est
parfait, merci, bonsoir, moi, je passe à d'autres choses. On en a perdu
énormément parce que ce n'est pas un dossier qui était prioritaire.
Puis
je me rappelle, j'étais assis ici, là, puis je posais des questions
au ministre. Vous rappelez-vous quand j'avais ma calculatrice, là, puis je disais : Calculez, là? Puis le
ministre disait : Non, non, non, on ne peut pas calculer ça. Ils ne
sont pas rémunérés à l'heure. Ils sont rémunérés,
subventionnés par enfant, puis ce sont des travailleurs autonomes, puis
ils ont des déductions. Puis là on noyait le poisson, là.
• (17 h 10) •
Mais,
je veux dire, regardez, on nous avait envoyé, aïe, tout de suite, vous auriez
dû voir ça, là, on avait envoyé des T4. Ils nous avaient envoyé des T4. Ça, le T4, c'est un «acid test». Le T4,
là, c'est ce que vous avez gagné dans la dernière année. Bien, quand on faisait des revenus de
26 000 $, 28 000 $, 29 000 $, que vous divisiez
par 52 semaines puis que vous divisiez par 50 heures, parce qu'ils travaillent 50 heures minimum,
bien, vous arriviez, vous étiez en dessous du 13,10 $ de l'heure.
13,10 $, c'était le salaire minimum à l'époque.
Elles
se sont battues, grèves tournantes, elles ont pris la rue. Finalement, elles
ont eu une entente qui tient la route, Mme la
Présidente, même si, dans l'entente, il y a des choses qui ont été retirées,
notamment, le 3 000 $ qui leur avait été promis pour la deuxième année. Ils ont dit :
Ah! bien là, on vient de vous augmenter, oubliez ça, le 3 000 $. Ça,
ça les a beaucoup heurtées, je
referme la parenthèse. Bien, ça, Mme la Présidente, ça aura été beaucoup,
beaucoup tard pour des centaines qui ont déjà quitté le réseau.
Alors, quand vous
dites : Le bilan, il est hypothétique, il y a un an, le ministre disait ça :
De voir si notre bilan... on aura créé plus
de places qui s'en sera fermé. Déjà là, je peux vous l'annoncer, Mme la
Présidente, les élections vont être déclenchées dans moins d'un an, il
ne sera pas capable de récupérer 14 000 places qui ont été fermées.
Et, à l'heure où je
vous parle, Mme la Présidente, ça ne va pas bien dans les CPE parce qu'ils
sont en grève générale illimitée. Trois syndicats, trois syndicats,
CSN, FTQ, CSQ, ont des mandats de grève générale illimitée. Les deux derniers, c'est des proportions de 91 %,
92 %. Les parents, en majorité, appuient les éducatrices et les
intervenantes parce qu'ils savent
qu'elles mènent un combat qui, si elles ont gain de cause, va pouvoir peut-être
faire en sorte de sauver le réseau, de maintenir le service.
Et
là, Mme la Présidente, là, on n'en est pas dans une capacité de
recrutement, là. Hier, le premier ministre a annoncé en grande pompe : Recrutement, l'opération
pénurie de main-d'oeuvre. Et là il a dit : On va faire en sorte de
recruter et de former des
travailleurs essentiels dans des domaines névralgiques. Et il mettait les
éducatrices là-dedans. Bien, il y a-tu de
quoi de plus efficace, avant de dire : On va se lancer dans le recrutement
et dans la formation, que de dire : Bien, celles qu'on a déjà, on va en prendre soin, hein, en prendre moins,
mais en prendre soin, on va en prendre soin puis on va faire en sorte
qu'elles ne quitteront pas massivement le réseau? C'est ce qui se passe encore
une fois aujourd'hui.
Puis, une
fois que je vous ai dit ça, Mme la
Présidente, je suis dans un
contexte... écoutez bien ça, c'est excessivement important.
Une fois que je vous ai dit ça, négociation excessivement dure, en 2020, pour les éducatrices en milieu
familial. Il y
en a qui ont quitté pareil, trop peu, trop tard. Négociation, grève générale
illimitée, c'est du jamais vu. C'est du jamais vu, Mme la Présidente. On n'a jamais vu ça, grève générale illimitée, les trois
syndicats, dans les CPE, pour les éducatrices et les intervenantes. Le dossier n'est pas réglé, au moment où je
vous parle, là. Ça fait en sorte que des éducatrices quittent, vont quitter, certaines pour aller en maternelle quatre ans, qui ont des conditions salariales autres, notamment
un calendrier scolaire qui fait en sorte que, pour la période estivale,
il y a du répit qui est offert. Ça, je donne juste cet exemple-là.
À un moment donné, là, les éducatrices, les intervenantes font le calcul, puis elles ont le droit, ce
sont des femmes libres capables de
dire : Bien, moi, à ce prix-là, je quitte. Alors, tout ça, grève générale
illimitée, dossier où l'entente est échue depuis 20 mois... un an et huit
mois que l'entente est échue. La ministre a dit ce matin en mêlée de presse : Écoutez, je
le sais, que ça a un impact très négatif pour les parents, je le réalise, je le
sais. Moi, je vais faire en sorte, là, de régler ça, là, finalement.
Elle a dit : Je suis disponible 24 heures sur 24, sept jours sur
sept. C'est pour ça que j'ai ressorti, Mme la Présidente, la fable de La Fontaine La cigale et la fourmi. «La cigale ayant chanté tout l'été se trouva
fort dépourvue quand la bise fut venue.»
Là, Mme la Présidente, ça fait 18 mois que les éducatrices et les intervenantes sont sans entente, et là en sont réduites... Réduit, j'ai déjà dit ça, dans mon intervention. Ah! je l'ai utilisé. Les parents, listes d'attente qui s'allongent, en
sont réduits à faire des C.V. puis à
faire des offres d'achat de place sur Kijiji. Les éducatrices en sont réduites,
du jamais vu, à faire des grèves générales illimitées. Et,
si, par coup de baguette magique, tout ça, là, s'était réglé, tout ça n'avait
pas eu lieu, que les éducatrices en milieu familial n'auraient pas eu a
faire la grève pendant de longs mois puis à se faire tanner — parce
que je ne peux pas dire «écoeurer», Mme la Présidente, ce ne serait pas, je pense, approprié — puis faire en sorte aussi qu'on revit ça, même si c'était dans un monde idéal,
vous auriez un contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, vous en manqueriez,
des éducatrices. Et là on nous dit : On
va faire... ajoutez la couche, là, ils vont faire 37 000 places dans
trois ans, top chrono. On vient de
régler la première année, ce ne sera pas 37 000 places. Mais quand
bien même, Mme la Présidente, qu'ils en faisaient quelques milliers, puis on va avoir les élections, ils
n'auront pas eu l'occasion de le faire, parce que les élections vont changer la donne, Mme la Présidente, vous n'avez pas... puis ça, c'est la sous-ministre Blackburn qui est
venue le dire ici, en commission parlementaire, au salon rouge, il y a
quelques semaines, dans le manque d'éducatrices, il y en a un 15 000 qui n'est pas considéré encore, puis
c'est un manque. Le premier ministre l'a précisé, il a dit : C'est
17 800 éducatrices qu'il
nous manque. Il nous manque, à
l'heure actuelle, des éducatrices,
puis on n'a pas les éducatrices pour les places que l'on doit
obligatoirement, pour les parents du Québec, créer. On ne les a pas, les
éducatrices.
Vous êtes une
jeune femme, un jeune homme. Vous dites : Bon, que c'est que je vais
faire, moi, comme profession? Ah!
éducatrice, j'aimerais ça. Pensez-vous qu'on a suffisamment, sous le gouvernement de la CAQ, valorisé la profession d'éducatrice pour dire : Eh! à ce prix-là, moi, j'embarque? Non.
Alors, le recrutement hier, quand le premier
ministre dit : Eh! on va faire en sorte de recruter puis on va
mettre le paquet, puis tout ça, bien, celles qui voient que le paquet n'a pas
été mis sont dans la rue. Puis ça fait, Mme la Présidente, ça fait des mois
qu'on dit : Ça s'en vient, ça s'en vient. Les éducatrices et les intervenantes
en CPE, là, ne sont pas déraisonnables, ne sont pas gâtées. Les éducatrices,
là, puis les intervenantes, elles en sont
réduites à faire une grève générale illimitée, ça fait des mois qu'ils
l'annoncent. Elles ont commencé, elles aussi, à faire des grèves
tournantes. Puis là ça n'avance pas, ça n'avance
pas, ça n'avance pas, puis la table de négociation, ça n'avançait pas.
Alors, tout
ça pour vous dire, Mme la Présidente,
qu'on a un projet de loi, un projet de loi qui est déposé à minuit moins une. Projet de loi qui ne va pas
révolutionner rien, projet de loi qui ne va pas réécrire le passé des trois
dernières années et demie, projet de
loi qui ne va pas faire en sorte que le mandat de la CAQ ne sera pas, à terme,
un mandat perdu quant au réseau des
services de garde, un réseau qui n'a pas pris de l'expansion sous la CAQ, un
réseau qui a régressé. Une profession qui
n'a pas été valorisée, d'éducatrice, sous la CAQ, une profession qui a été
dévalorisée, Mme la Présidente. J'en veux pour preuve celles et ceux qui ont dit, puis très majoritairement, c'est
98 % un réseau de femmes, les éducatrices, qui ont dit, quand je parle de dévalorisation : Bien, à ce
compte-là, moi, je quitte. Je quitte, je vais aller faire autre chose. Je vais
aller faire autre chose. Parce que vous allez gagner beaucoup plus à travailler
à la Société des alcools du Québec que d'être éducatrice. Et ça, Mme la Présidente, quand on dit : C'est
nécessaire de faire un rattrapage pour les éducatrices, quand on dit :
C'est important d'agir tôt, le ministre responsable de la Santé et les Services
sociaux... c'est-à-dire des Services sociaux, a déposé un projet de loi
qui relève... qui fait suite à la commission Laurent qui... projet de loi qui
fait suite, donc, à l'important rapport relativement
la DPJ. C'est important d'agir tôt. C'est important d'encadrer nos enfants.
Nous, on dit : Non seulement, oui, c'est important, mais on va ajouter à
ça le projet de loi n° 897, le nôtre, pour faire en sorte que ce
soit un droit au même titre que le droit à la scolarisation.
Alors, le
projet de loi ne viendra pas changer cette réalité-là. Le projet de loi quand
il va être adopté, quelque part au
courant de l'hiver prochain, d'ici à juin prochain, ne viendra pas changer le
fait que le mandat de la CAQ aura été un mandat perdu.
Le projet de
loi, qu'est-ce qu'il fait? Première des choses, il vient modifier
l'article 4 de la loi par un nouvel article 2, il vient dire :
Ah! c'est un droit. L'accès à un service de garde, c'est un droit. Mais il
n'arrête pas de parler là. Au deuxième
alinéa qui suit, c'est un droit, mais sous réserve de la disponibilité de
l'organisation et des ressources. Alors, c'est un droit, mais on va avoir au
moins trois grosses échappatoires pour faire en sorte que n'ayez pas la place.
Alors, ça, on aura un débat
là-dessus, Mme la Présidente. Puis j'annonce déjà au ministre, là, qu'on va
avoir un amendement puis on va demander
de biffer le deuxième alinéa. On va dire : Faire en sorte qu'à
l'article 2 nouveau on enlève ces atermoiements-là. On va faire en
sorte que ce soit un véritable droit.
Ça, c'est
sûr, Mme la Présidente, qu'il faudrait et il faudra investir. Il faudra prendre
le 6 milliards de l'entente avec Ottawa,
1,2 par année, pour réaliser cela sur cinq ans. On se donne cinq ans. Je sais
que le ministre va dire : Ah! bien, le réseau, il n'est pas public. C'est juste de l'argent public qu'on met
dedans. C'est des milieux familiaux, on ne peut pas garantir qu'ils vont toujours rester ouverts. On va dire...
En cinq ans, Mme la Présidente, on est capable de développer un réseau pour qu'on arrête d'être à la petite semaine. Puis tellement
qu'on n'est pas à la petite semaine, Mme la Présidente, on est réellement sous-desservis. C'est réellement, oui,
faire un pas très grand de dire que c'est un droit, ça a des implications, puis
la première, c'est de dire : Bien, le 6 milliards, il va là.
• (17 h 20) •
Et chaque dollar que vous investissez dans le réseau
des services de garde, il vous en rapporte plus du double, économiquement. Même sur l'aspect strictement
économique... Moi, je pense qu'il faut d'abord avoir à coeur le développement, dépister tôt, agir tôt pour nos
tout-petits, faire en sorte que les femmes aient accès en toute égalité, dans
les faits, au marché du travail, mais
aussi, là, dans mes arguments, là, j'arrive peut-être au six, sept, huitième,
c'est économiquement justifié, c'est
économiquement rentable. 1 $ que vous mettez là-dessus, il vous en
rapporte parce qu'il y a une activité économique. Et ça, c'est
excessivement important de le réaliser.
Alors, on va
parler du droit qui, pour la CAQ, n'en est pas un, mais que, pour nous, il en
est un. On va parler du guichet
unique. Je vous en ai parlé, le guichet unique, sous la responsabilité du
ministre, obligatoire à tous. Il dit : Moi, le ministre, je vais donner les rangs. Je vais dire :
Tel type de tout-petit, lui passe avant l'autre, et ainsi de suite. On va avoir
un débat sur quel rang. Est-ce que les
enfants à besoins particuliers pourraient être priorisés sur la liste? C'est un
exemple, ce n'est pas de même que
c'est écrit dans la loi. On parle de facteurs socioéconomiques, oui, ça en est,
mais est-ce que les enfants à besoins
particuliers pourraient être considérés dans l'établissement des rangs? Ça,
c'est un autre débat qu'on va avoir.
L'attribution
des places, le ministre a dit : Les comités consultatifs, moi, ils vont
réellement être consultatifs. Moi, je vais pouvoir... je vais recevoir
leur avis, mais c'est moi, le ministre, qui, de Québec, va dire : Dans
telle région, telle région, telle région,
c'est tel projet, tel projet, tel projet. Le ministre va aller lui-même
déterminer et faire atterrir les projets, a même dit : Moi, je pourrais
faire en sorte de m'investir dans le développement du projet et investir des
fonds publics directement.
Alors, ça, on
va voir comment le ministre pourrait, à partir de Québec, la maison qu'il a
qualifiée de maison de fous, bien, comment pourrait-il faire cela? Une fois
qu'il se donne le pouvoir, puis qu'il a dit, en mars dernier, qu'il est passé de 17 à neuf étapes, puis qu'en mars dernier
il nous disait que c'est rendu ça, la réalité, c'est deux ans, top chrono,
puis qu'on voit que ce n'est pas la réalité, à un moment donné, on aura
l'occasion de faire le débat là-dessus.
Alors, Mme la
Présidente, très clairement, projet de loi, on va y participer, on va faire
notre travail, on va déposer les amendements qui s'imposent, mais ça ne
changera rien au fait, Mme la Présidente, à un fait indéniable. Les chiffres parlent. Le ministre dit : Vous nous jugerez
sur le bilan, puis il a dit : On n'aura pas à être gênés, croyez-moi
sincère, si vous me permettez
l'expression, Mme la Présidente. Moi, je pense qu'on peut d'ores et déjà
dire que c'est un mandat perdu, c'est un mandat où le réseau des services de
garde a régressé. Il s'est fermé plus de places, moins 14 000 qui s'en
vient. Ouvert, le ministre n'a pas
arrêté, pendant tout le mandat, de promettre des places qu'il allait livrer, à
toutes les fois, dans 24 mois. Rien
de tout cela ne s'est réalisé. Et aujourd'hui, comme par magie, un projet de
loi qui serait adopté dans les prochains mois, si tout va bien, viendrait changer tout ça? Non, le bilan est négatif.
Mais on va faire le travail et on va continuer de se battre, Mme la Présidente, pour que les éducatrices et les
intervenantes aient raison, mais qu'en bout de piste les parents et les
enfants, les tout-petits, aient accès à des services de garde, parce qu'en 2021
il est important de reconnaître que l'accès à un service de garde est un droit
au même titre que le droit scolaire. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de LaFontaine. Et maintenant je suis prête à reconnaître Mme la députée
et leader du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. C'est un projet de loi qui était très attendu qu'on
s'apprête à étudier bientôt, un
projet de loi qui présente beaucoup de modifications pour permettre au
gouvernement de faciliter la création de places.
Moi, je suis quand même très préoccupée en ce
moment, parce que le gouvernement tient un discours qui est inquiétant. Quand on les écoute, ça laisse
l'impression qu'ils sont prêts à tout pour mettre un crochet à côté de
leur promesse de création de places, notamment à laisser le privé prendre plus de place. Et ça,
ce n'est pas un projet que je partage. Je le sais qu'il y en a, des garderies privées de grande qualité, mais j'ai un
profond malaise à confier des services qui sont offerts à des personnes vulnérables à des entreprises
qui sont à la recherche de profit, parce que, nécessairement, ces profits-là
sont faits sur le dos de quelqu'un,
sont faits sur le dos des familles, des enfants ou du personnel parfois aussi.
On a vu ce que ça donne dans les CHSLD, et moi, je pense que le modèle à
but lucratif ne devrait pas avoir sa place pour offrir des services de garde
éducatifs à l'enfance.
Malheureusement, le gouvernement de la CAQ fait des choix qui entretiennent ce système-là
en ce moment, par
exemple en consacrant récemment 1 milliard... 1,1 milliard, en fait, à la bonification du crédit d'impôt pour frais de garde, au lieu de convertir les places en CPE. Puis d'ailleurs
je vais en profiter pour répondre au ministre, qui nous disait, il y a quelques
minutes, que son objectif avec ça, c'était de réduire la facture des
familles. Le fait est que les garderies
privées sont déjà en train
d'augmenter leurs tarifs. Elles avaient commencé avant l'annonce de l'augmentation
du crédit d'impôt et elles continuent.
Certaines attendaient l'augmentation du crédit
d'impôt pour le faire. Demandez-le
aux parents. On parle d'augmentations quand
même assez importantes.
J'ai vu, à plusieurs reprises,
10 $ par jour d'augmentation depuis l'annonce du gouvernement.
Alors, ça se
passe exactement comme on l'avait prévu. Ce 1,1 milliard là, il va se
retrouver dans les poches des propriétaires
de garderies privées, et, dans certains cas, ça va être utilisé pour augmenter
les salaires des travailleuses, ce qui
n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais ce qui est certain, c'est que
ça ne va pas se retrouver dans les poches des parents, contrairement à
ce que le gouvernement annonce comme intention.
Les parents, ils demandent d'avoir
accès au tarif unique. Ils demandent la conversion, pas un crédit d'impôt, et
ils n'ont pas obtenu ce qu'ils
voulaient. La conversion, c'est la meilleure manière d'assurer un tarif
équitable aux parents et, en même temps, des bonnes conditions aux
travailleuses. Donc, ça aurait été ça, le choix responsable. Et là le choix qui
est fait, en ce moment, avec la bonification du crédit d'impôt, c'est de
soutenir les garderies privées.
Et
puis ce matin, à la période de questions, le ministre de la Famille a été quand
même assez explicite, là, sur le fait que ce qui compte le plus pour eux, c'est
d'ouvrir des places rapidement, peu importe le type de places, et que, d'après
lui, les parents, ils vont être très
contents d'accepter une place au privé, au lieu de continuer d'attendre. Et
c'est malheureux, mais il a
probablement raison. Moi, en ce moment, je parle à des parents qui sont prêts à
faire pas mal de compromis sur leurs
principes et sur leurs critères de qualité pour avoir une place parce qu'ils
sont pris à la gorge financièrement. J'ai vu des parents qui sont témoins de dépassements de ratios problématiques
dans leur garderie, mais qui ne veulent pas porter plainte parce qu'ils
ont peur de perdre leur place.
Alors,
oui, le ministre a raison quand il dit que les parents vont prendre la première
place qu'on leur offre, même si elle
est privée. Mais, malheureusement, la plupart d'entre eux sont obligés de faire
ça. Ce ne serait pas leur choix. Et moi, je trouve ça inacceptable que les parents ne puissent pas choisir. C'est quand
même précieux. Quand on fait un
enfant, on veut pouvoir choisir l'endroit où on va le confier pour
obtenir des services.
Donc,
moi, je veux que les parents aient droit à une place pour leur enfant, et on va
être très insistants là-dessus dans l'étude
du projet de loi, et je veux aussi qu'ils puissent la choisir. Et, en ce moment
dans le premier article du projet de loi, le gouvernement retire la
notion de choix des parents, c'est le premier article.
Alors, de toute
évidence, la manière dont la CAQ veut développer le... avec la manière dont la
CAQ veut développer le réseau, les parents
n'auront pas trop le choix, et moi, je vais étudier le projet de loi en
veillant à ce que les exigences des parents soient respectées, notamment
l'exigence de pouvoir choisir son milieu, mais aussi l'exigence de qualité. Et le projet de loi est presque muet
là-dessus, alors que c'est vraiment le coeur des préoccupations des parents. On
sait que la qualité, elle est très variable
actuellement. On veut qu'elle soit rehaussée. On veut que les parents aient
accès aux évaluations de qualité des
services de garde éducatifs reconnus, on veut officialiser une cible de
100 % d'éducatrices qualifiées. Et moi, je m'attends à de
l'ouverture du ministre là-dessus, parce que je l'entends régulièrement parler
de ses préoccupations pour la qualité, je
sais qu'il est soucieux de la qualité des services. Donc, je m'attends à ce
qu'on puisse modifier considérablement le projet de loi là-dessus pour
rassurer tout le monde.
On va aussi vouloir
que le ministre inscrive dans la loi les ratios par éducatrice qui doivent être
respectés, parce qu'actuellement on sait que
les installations prennent beaucoup de libertés avec ça, et ça a un impact
majeur, ça aussi, sur la qualité. Par
exemple, très régulièrement, une éducatrice se retrouve avec 16 enfants en
même temps parce que sa collègue va
prendre sa pause, mais, comme elle est encore dans le bâtiment, on considère
que le ratio est respecté à l'intérieur du bâtiment. Mais, pendant ce temps-là, une éducatrice a 16 enfants
sous sa responsabilité. Ça se passe tous les jours, ça affecte la
qualité des services.
Il
y a plusieurs choses dans le projet de loi également qui sont retirées, et je
ne comprends pas trop pourquoi. Par exemple,
le ministre veut retirer de la mission des services de garde éducatifs le
développement de saines habitudes alimentaires.
Sincèrement, je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi faire ça. C'est
très important, le développement de
saines habitudes alimentaires, surtout quand on sait à quel point les troubles
alimentaires sont un fléau, notamment chez les jeunes. Donc, je vais vouloir des explications pour ça. Probablement
que je vais vouloir qu'on réintègre ça dans la loi.
Je
ne comprends pas non plus pourquoi le ministre retire des représentants des
services de garde éducatifs sur les comités
consultatifs régionaux. Il va falloir des explications là-dessus, il va falloir
probablement les rajouter sur ces comités-là.
Le
ministre va devoir aussi nous expliquer pourquoi il n'a absolument aucune cible
de développement de places en CPE,
pourquoi il ne prévoit rien pour la conversion des garderies privées en CPE,
alors que plusieurs le revendiquent, pas juste les parents, les
garderies elles-mêmes le revendiquent.
Je
ne ferai pas l'inventaire ici, là, de toutes les questions qu'on a, parce qu'il y en a beaucoup, c'est un très
volumineux projet de loi, et de tous les changements qu'on veut voir dans le
projet de loi non plus, on aura beaucoup de temps pour le faire en étude détaillée, mais je veux que le
ministre comprenne qu'on le prend très au sérieux, son projet de loi, et qu'on
va faire un travail minutieux, et qu'on va prendre tout le temps
nécessaire pour améliorer le projet de loi le plus possible.
• (17 h 30) •
On
veut s'assurer que le projet de loi ne se contente pas de favoriser le
développement de places, mais qu'il favorise le développement de places en CPE en particulier, et qu'il va permettre
de respecter le choix des parents et d'augmenter la qualité des services. On va s'assurer qu'il permet
l'accessibilité des services pour les enfants à besoins particuliers et pour les familles défavorisées. On va aussi s'assurer
qu'on prend les moyens pour que les places en milieu familial soient toutes
régies, comme le ministre
veut le faire, parce qu'il faut assurer leur qualité, mais on veut faire ça
sans risquer de perdre des milliers
de places, parce que moi, je ne suis pas convaincue qu'on a réuni, en ce moment, les conditions pour que ça marche. Il y a un risque très, très important, ce risque-là nous a été confirmé
en commission parlementaire, que des milliers de milieux familiaux ferment et qu'on perde des places. Ils
ne voudront pas rejoindre le réseau dans les conditions actuelles. Tous mes
collègues ici savent combien on manque de
places. Ils savent qu'on ne peut pas se permettre de fermer des milliers de
places, et que ces gens-là retournent s'inscrire sur la liste d'attente,
ça ne fonctionnera pas.
Jusqu'à maintenant on
n'a pas été assez à l'écoute des éducatrices pour s'assurer qu'elles veulent
rejoindre le réseau. Et là-dessus, il va vraiment
falloir prendre notre temps, là, puis je le dis très sincèrement, parce que la dernière fois qu'on a eu une loi pour modifier la
Loi sur les services de garde, c'était mon prédécesseur à Sherbrooke qui l'a
fait, et c'était aussi le prédécesseur du ministre, et, malheureusement, il y a
eu énormément de conséquences suite à ça. À ce moment-là, on n'avait pas pris
suffisamment de temps, visiblement, pour écouter les préoccupations des éducatrices, et ça a mené à l'exode qu'on a vu dans les dernières
années, milliers de places fermées, perdues, parce que les gens n'ont pas apprécié
la façon dont c'était fait. Donc, il faut prendre notre temps cette fois-ci.
Et
moi, j'entends le ministre nous dire qu'il espère qu'on va pouvoir travailler
ensemble. J'avais très, très hâte qu'on travaille ensemble sur son projet de loi. Puis d'ailleurs, on
l'attendait il y a un an, ce projet de loi là. On avait hâte qu'il le dépose. Le ministre sait que je suis capable de
travailler de manière constructive. Il connaît mes inquiétudes pour le
développement du réseau, il sait qu'elles sont sincères. Et moi,
j'espère qu'il va trouver les moyens de me rassurer en modifiant son projet de loi. Je le sais que le ministre est capable
d'être ouvert, je l'ai vu à l'oeuvre sur d'autres projets de loi, celui
du Curateur public en particulier.
Et j'espère
qu'il va être ouvert vraiment sur ce projet de loi là aussi, parce
qu'honnêtement ce n'est pas juste pour me faire plaisir à moi, c'est
pour qu'il puisse améliorer son propre bilan et répondre aux besoins des
familles, parce qu'à ce jour le bilan de la
CAQ, mon collègue le député de LaFontaine en a parlé, c'est un bilan négatif,
là. On est vraiment dans le rouge. Il
y a eu plus de places fermées que de places créées. La liste d'attente, elle a
considérablement augmenté, et ça vient avec toute une série de problèmes
qui sont en augmentation, comme l'appauvrissement des familles, la perte d'indépendance économique des femmes, la
discrimination sous toutes ses formes, vécue par les parents aussi. Le
mouvement Ma place au travail nous fournit quotidiennement des exemples,
là, de situations vécues par les parents.
Moi, j'ai vu
des motifs graves de discrimination, là, que je n'aurais même pas imaginés, là.
On pense en premier à la couleur de peau. On sait que les allergies, les
comportements de l'enfant peuvent être des facteurs de discrimination, en ce moment, pour l'accès à une place, mais j'ai
vu même de la discrimination en fonction du travail des parents. Parce qu'il y a des emplois, par exemple, les
infirmières, que leurs horaires sont un petit peu plus difficiles, hein, puis
ils ne finissent pas à 4 heures de l'après-midi. Ça fait que, dans
certains milieux familiaux, on se permet de refuser des places à des travailleuses du milieu de la santé, parce qu'on
préfère choisir un parent qui va revenir chercher son enfant plus tôt. Moi,
j'ai vu ça. Ça me trouble beaucoup. J'ai même vu un parent qui s'est fait
refuser une place parce que son enfant était né prématurément puis que ça aurait peut-être été un peu trop de trouble.
Donc, moi, ça, ça m'inquiète. C'est là que ça nous mène, la pénurie de
places.
Donc, il va
falloir vraiment venir à bout de cette pénurie-là. Et moi, je ne demande que
ça, que le ministre, il ait un bilan
positif à la fin de son mandat. Et je ne suis pas convaincue que le projet de loi va nous permettre d'y arriver, encore moins qu'on a ce qu'il faut pour permettre le développement de places de qualité. Et on va travailler aussi longtemps qu'il
faut sur le projet de loi pour permettre au ministre d'en avoir un, bilan
positif à la fin de son mandat.
Là, le
ministre, il nous demande de travailler rapidement parce qu'il a hâte que la loi soit en vigueur. Le rythme auquel on va avancer, ça va dépendre du rythme du
ministre pour faire preuve d'ouverture sur les propositions qu'on fait, pour
répondre à nos préoccupations puis pour faire des changements dans la loi.
Puis je vais
conclure en rappelant au ministre que, même si on réussit à adopter rapidement
une excellente loi, ce que
j'espère sincèrement, ça va prendre beaucoup plus que ça pour réussir à
développer rapidement des places. Ça va prendre
des conditions de travail attrayantes pour avoir toutes les éducatrices et
toutes les travailleuses de soutien dont on a besoin dans les installations. Et ça adonne bien parce qu'il y a
justement des négociations en cours en ce moment. Et alors j'invite la
CAQ à écouter les travailleuses en CPE, actuellement, parce que, même avec la
meilleure loi, si on réussit à l'adopter, ça va prendre plus que ça pour
réussir à développer les places que le ministre veut développer. Donc, voilà.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Sherbrooke. Maintenant, je vais
céder la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
je suis heureuse de prendre la parole sur le projet de loi n° 1
qui porte, dans le fond, sur l'avenir de nos services de garde éducatifs,
comment on va approcher ce défi-là. On est à la croisée des chemins, et c'est vraiment essentiel de prendre les
bonnes décisions. Et ce projet de loi là est une manière de se donner un cadre pour s'assurer qu'on va
prendre les bonnes décisions et qu'on va atteindre les objectifs qu'on devrait
se donner collectivement.
Et moi, je
vais débuter où ma collègue a terminé, c'est-à-dire qu'on est dans un contexte
extrêmement particulier en ce moment.
Ça fait des années qu'on dit au ministre, qu'on dit au gouvernement qu'on fonce
dans un mur avec le manque de valorisation, de rémunération des éducatrices et,
plus largement, des travailleuses de la petite enfance. Et ça fait 18 mois
que les conventions collectives sont échues,
et ce à quoi on assiste, c'est une négociation extrêmement difficile. On voit
aujourd'hui où on en est rendus avec les éducatrices qui... les intervenantes,
les travailleuses, dans leur ensemble, qui amorcent une grève générale
illimitée pour la CSN aujourd'hui. La FIPEQ-CSQ a aussi pris un vote de grève
générale illimitée. Et la pire chose qui
pourrait arriver, si on croit dans notre réseau, dans ce joyau que sont les
CPE, c'est de s'entêter dans une grève, dans une négociation qui n'aboutira pas, qui va s'enliser et qui
résulterait dans une loi spéciale. Déjà, depuis des mois, des années, on voit des travailleuses quitter, quitter significativement le réseau, ce qu'on
n'avait jamais vu de cette manière-là, tellement qu'il y a des bris de
services, qu'il ne se passe pas une journée sans qu'il y ait des CPE qui doivent appeler les parents pour dire :
Aujourd'hui, pouvez-vous garder vos enfants à la maison? Parce qu'on manque de
personnel puis on ne sera pas capable de donner le service.
Alors, vous
vous imaginez, Mme la Présidente, c'est là où on en est rendu. Et la pire des
choses qu'on pourrait faire dans cette négociation, qui a été qualifiée de
négociation de la dernière chance, pour redonner de l'espoir, du respect,
de l'équité, de la considération aux
intervenantes en petite enfance, ce serait d'imposer une loi spéciale. Ce
serait vraiment une claque au visage qui serait envoyée.
Donc, on demande au ministre... Je sais que le
ministre ne veut sûrement pas en arriver là, mais je lui demande aujourd'hui de
faire tout ce qui est en son pouvoir au sein de son gouvernement pour qu'enfin
les choses débloquent. J'entendais un syndicat dire que,
dans une offre qui pouvait représenter entre 180 et 200 millions, ce qui
était en jeu, c'était un enjeu de
6 millions. Je pense que ça devrait nous faire réfléchir, surtout que le
gouvernement, et à raison, c'est des
mesures qu'on a demandées, investit de l'argent pour créer de l'intérêt pour
les métiers et les professions en petite enfance. Donc, il essaie de recruter, il essaie enfin
d'amener des gens dans les programmes collégiaux dans le domaine, d'avoir des gens
prêts, des femmes, évidemment, majoritairement, à venir travailler dans le
réseau.
Et,
pendant ce temps-là, les ressources qui sont là, on s'entête à faire une
négociation extrêmement difficile, où on ne reconnaît même pas, pour les
employés de soutien, le principe du rattrapage salarial. Pourtant, ce n'est pas
normal, et le premier ministre lui-même est en contradiction avec lui,
parce qu'il vient nous dire cette semaine qu'il faut que, pour des emplois qui sont les mêmes, on ait des
salaires qui soient les mêmes. Eh bien, justement, il y a un rattrapage
salarial qui s'impose pour les employés de soutien quand on voit des
différences, pour des préposés, de 4 $, 5 $ entre le réseau de la petite enfance et le réseau de l'éducation,
pour des responsables de l'alimentation, de 4 $, 5 $, 6 $ entre
le réseau de la petite enfance et le réseau de la santé. Je pourrais
vous en faire toute une liste.
Donc,
c'est vraiment un cri du coeur que je lance au ministre, parce que je l'ai dit
aujourd'hui, je le redis, la cause des
travailleuses de la petite enfance, c'est une cause qui est juste. C'est une
cause pour le respect et l'équité. C'est une cause pour le respect et l'équité de professions à grande majorité féminines. C'est une cause pour la présence des
femmes sur le marché du travail, pour la conciliation famille-travail, pour l'égalité homme-femme et
pour le développement du Québec dans son entier. Donc, c'est notre cause à tout le monde, et on devrait vraiment s'y attaquer et envoyer un message des plus clairs pour l'ensemble des intervenantes, des travailleuses pour dire : On a compris le message, et
toutes ces années de laisser-faire, bien, c'est fini, puis là, oui, vous avez
votre place, et ce n'est pas parce
que vous travaillez en petite
enfance qu'on va vous considérer de manière moindre. Au contraire, vous vous occupez
de ce qu'on a de plus précieux, bien, on va le démontrer.
• (17 h 40) •
Donc, je trouvais ça important
parce que c'est une journée qui est excessivement chargée aujourd'hui sur ce
front-là. Et je pense qu'on n'avancera pas... on aura beau se donner les
meilleurs projets de loi, travailler les meilleures réformes, si on n'a pas le personnel qualifié, dédié, respecté dans nos CPE, on n'y
arrivera pas à assurer l'avenir de notre réseau des services de garde
éducatifs à la petite enfance, de l'avenir de ce joyau que sont les CPE.
Ça
m'amène aussi à l'importante question
quand je dis qu'on est à la croisée des chemins. On est à la croisée des
chemins parce qu'il y a plus de 50 000 parents qui n'ont pas de place en
service de garde éducatif à la petite enfance. On est à la croisée des chemins parce qu'après des années d'inaction qui
ont été précédées par des années de mauvaises actions du gouvernement libéral, qui a complètement
développé le réseau de manière, je dirais, anarchique, sans plan, en donnant
des permis comme ça, à la va-comme-je-te pousse, à des garderies privées non
subventionnées, bien là, on aimerait ça qu'il
y ait un coup de barre. On aimerait ça que le coup de barre, il soit donné pour
dire : On va en développer des places. Mais non, nous, on ne fera pas comme le précédent gouvernement, nous, le
gouvernement de la CAQ, on va bien faire ça, on va développer ça dans
l'ordre puis on va miser sur la qualité, l'accessibilité et l'universalité,
avec aussi de la qualité.
Ça,
ça veut dire quoi? Ça veut dire de miser sur les CPE. Ça veut dire de miser ce qui
ressort, étude après étude, comme le
lieu où il y a le plus grand gage de qualité. Ça ne veut pas dire qu'il y a
zéro qualité ailleurs, ça veut juste dire que pour toutes sortes de
raisons, dont notamment la qualification, la formation des intervenantes qu'on
retrouve dans les CPE... et même les
garderies privées nous l'ont dit. Pourquoi on sort moins bien? Bien, parce
qu'on n'a pas cette même qualité d'éducatrice, puis on n'a pas cette
même formation, puis on n'a pas ce même encadrement. Eux-mêmes, les représentants des garderies privées, sont venus
nous dire, lors des auditions : Vous savez quoi? On est ouverts à un
programme de conversion. Ils voient bien, eux autres aussi, que le modèle
actuel, il ne fonctionne plus, il est arrivé à la fin de sa vie utile. C'est une bonne chose que le gouvernement actuel a faite, ils ont ramené le tarif universel, ils ont cessé la
modulation. C'est une bonne chose,
mais évidemment ça a eu des effets pour les autres. Puis là, au lieu de dire :
O.K., on prend le cap, on prend le
virage qui s'impose, comme nous leur demandons, comme nous leur proposons, du
100 % CPE, de développement de places, de nouvelles places en CPE, pour ce qui
est des installations puis de la conversion des places privées en CPE, bien, le gouvernement va accroître, va consolider
la place du privé en annonçant, jeudi dernier : Bon, bien, on va augmenter
le crédit d'impôt.
Bien
oui, c'est sympathique, là, pour les parents qui sont mal pris, on comprend
tous ça. Mais au moins, il aurait dû
dire : On va faire ça de manière temporaire, le temps qu'on se revire de
bord puis que, vraiment, on mette sur pied un régime unifié, accessible,
de qualité, avec des CPE, puis qu'on prenne vraiment un parti clair pour les
CPE, parce que c'est là que la qualité est.
Puis lui-même, il va vous le dire, c'est le consensus qui s'est dégagé des
auditions qu'on a eues la semaine
dernière, des intervenants. Puis quand c'est même rendu que les propriétaires
de garderies privées viennent tour à tour et disent : Nous, là, ça
ne fonctionne plus, on a des places libres... Écoutez, imaginez le paradoxe en
ce moment : 51 000 parents sur une
liste d'attente et des dizaines de garderies privées, non subventionnées, à
Montréal, à Laval, dans la couronne
de Montréal, qui ne réussissent pas à combler leurs places, parce que c'est
trop cher, parce que les parents préfèrent ne pas avoir de place puis avoir un des parents qui se sacrifie puis qui
reste à la maison plutôt que de payer 60 $, 70 $, 80 $.
Donc
là, ce que le gouvernement nous dit, c'est : Aïe! Eurêka! On amène un
crédit d'impôt, mais pas de manière temporaire,
les investissements, on les voit pour cinq ans au moins. Combien?
1 milliard. Imaginez, Mme la Présidente, si on investissait ce milliard-là
dans les places en CPE, on en aurait des dizaines de milliers qui seraient
créées et converties. Donc, c'est sûr
que ce n'est pas un choix que l'on peut accepter de la part du gouvernement et
on lui demande de changer de cap.
Et
il a une occasion, en ce moment, extraordinaire de changer de cap, pour dire :
On va arrêter de fragiliser l'avenir du
réseau des CPE. On a une négociation en cours, on va envoyer un signal clair,
on va régler ça, il n'y en aura pas de loi spéciale, puis on va sortir
de là avec un sentiment de respect puis avec un sentiment qu'on va bâtir, qu'on
va continuer à bâtir ce réseau-là ensemble,
dans le respect, avec toutes les travailleuses de la petite enfance. Premier
signal fort qu'il peut envoyer.
Deuxième
signal fort, on a un projet de loi. On a un projet de loi qui est devant nous,
le projet de loi n° 1. Ce n'est pas
rien, c'est le projet de loi n° 1. Il était tellement important pour le
gouvernement, il était tellement attendu par tout le monde, par nous, dans les oppositions, mais par les parents, par l'ensemble
de la société, parce
que c'est une cause qui nous
touche tous, la question de l'avenir de nos services de garde éducatifs à la
petite enfance.
Bien, on
va... Moi, ce que je voudrais entendre, c'est que le ministre
nous dise : On va la saisir, l'occasion, avec ce
projet de loi là, pour faire
en sorte que le virage qu'on prend,
les changements qu'on apporte, ils vont toujours être ancrés dans un principe, c'est celui de la qualité. Et
cette qualité-là va nous amener à prendre le parti des centres de la petite enfance, qui sont un modèle qui a fait ses
preuves.
Et demandez
aux parents, sondage après sondage, ce qu'ils veulent, d'abord et avant tout, en très grande majorité, c'est une place en
CPE. Évidemment, les milieux familiaux sont appelés à demeurer, parce qu'ils répondent à d'autres types de
besoins, dans toutes sortes de milieux très diversifiés, dans des petits
milieux notamment. Mais les places en installation... Sondage après sondage, les
parents nous le disent : On veut des places en CPE.
Donc, le
ministre, il est à la croisée des chemins. Il a des outils devant lui. Il a
déposé un plan d'action, il a déposé plein
d'éléments, puis là il y a un projet de loi sur lequel on va travailler dans
les prochaines semaines, et c'est l'occasion de le prendre, ce virage-là, et de dire... Au Québec, on s'est dotés de
ça, il y a bientôt 25 ans, les CPE. Pour toutes sortes de raisons et de
mauvaises raisons, on a développé ça ensuite en les mettant en concurrence avec
des garderies privées non subventionnées. Ça
s'est développé n'importe comment. Maintenant, on va remettre de l'ordre
là-dedans. Et oui, on va prendre le
parti des centres de la petite enfance, pas comme une institution désincarnée,
mais parce que c'est le lieu qui atteint le mieux les objectifs qu'on
s'est donnés il y a maintenant 25 ans.
Donc, dans le projet de loi qui est devant nous,
Mme la Présidente, il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup d'éléments. Nous, on donne la chance au coureur,
on donne la chance au coureur de s'installer, de travailler ensemble, d'essayer
d'améliorer ce projet de loi le mieux possible pour qu'il réponde aux objectifs
qu'on doit se donner.
Mais il y a
des choses, c'est sûr, qui font qu'on reste sur notre appétit. Il y a des
choses positives, il y a des choses où, maintenant, on va encadrer correctement les milieux familiaux. On ne
tolérera plus des milieux familiaux privés qui sont non encadrés. Ce n'est pas normal au Québec qu'il
n'y ait même pas d'exigence de permis et que tu puisses avoir un milieu familial non encadré. Et ça, c'est un changement
que je souligne de la part du ministre, parce que ça n'a pas toujours été la
position de sa formation politique. Et je
pense que ça, c'est vraiment un pas dans la bonne direction. J'imagine qu'il a
eu des échanges avec plusieurs collègues à ce sujet-là. Donc, c'est un
pas dans la bonne direction, donc ça, on veut le saluer. Ça prend un certain courage, et nous, on remercie
le ministre d'avoir ce courage-là et on va l'appuyer en ce sens-là. En plus, il se donne une période de transition qui est tout à fait acceptable, et je pense que c'est les enfants du Québec
qui vont être gagnants de ça. Mais on
l'invite à ne pas arrêter en si bon chemin et à aller plus loin dans son engagement
pour la qualité.
Je suis
convaincue qu'il y croit puis je pense que ce n'est pas le temps d'opposer développement tous azimuts, de refaire des
erreurs du passé, de développer de
manière un peu anarchique, à la va-comme-je-te-pousse, pour reprendre une
célèbre expression maintenant, au plus sacrant. Je pense qu'il faut s'engager
pour la qualité, se donner la période de
transition. Nous, dans le projet qu'on dépose, du 100 % CPE, on se donne
cinq ans pour y arriver. Je pense que c'est réaliste. Je pense que le
gouvernement pourrait se donner ça, puis il serait très fier de ce qu'il
accomplit.
Donc, bref,
il y a des éléments comme ceux-là qui sont intéressants. On est aussi très
ouvert à ce qu'il y ait plus de flexibilité sur le nombre
d'installations des CPE. On a des CPE qui, déjà, fonctionnent très bien, avec
des conseils d'administration qui sont
solides. Donc, on est capable de voir à ce qu'il y ait un plus grand nombre
d'installations, donc de revoir la
limite par rapport à ça. On peut considérer aussi une augmentation du nombre de
places par installation. Pour ce qui
est des installations temporaires, où on prévoit aussi un mécanisme, il va
falloir s'assurer que ça se fasse correctement et que le temporaire reste temporaire, parce que le ministre lui-même,
dans un autre cadre, nous a dit la semaine dernière que, des fois, il
n'y avait rien de plus permanent que le temporaire.
Donc, c'est pour ça qu'on espère que ce qui est
prévu comme mécanisme temporaire va vraiment être pour du mécanisme temporaire parce que les enfants
méritent ce qu'il y a de mieux et des installations vraiment de qualité.
Ensuite de ça, c'est sûr que tout ce
qui concerne l'évaluation, on va toujours être favorable, mais, en même temps,
il faut être conscient que plus on en
demande en termes d'évaluation et d'encadrement à nos intervenantes, à nos
éducatrices, plus il faut en tenir compte, quand on négocie avec elles aussi,
de la charge supplémentaire qui leur est demandée, notamment, par exemple, avec le dossier de l'enfant qui doit être
rempli maintenant deux fois par année et qui est très exigeant. Ça n'a pas
été tenu en compte quand ça a fait son
apparition. Même chose avec les enfants à besoins spéciaux, à besoins
particuliers, qui sont beaucoup plus
nombreux, et c'est une bonne chose, dans nos services de garde, dans nos CPE,
mais il faut en tenir compte aussi sur la charge de travail.
• (17 h 50) •
Ça, c'est un
des éléments, dans le projet de loi, qui fait qu'on trouve qu'il ne va pas
assez loin parce que les besoins spéciaux
ne sont pas reconnus comme tels avec vraiment un encadrement spécifique. Et on
pense qu'il faut aller plus loin par
rapport à ça. La gestion du guichet unique va être mieux encadrée. On pense que
c'est une bonne chose, mais il y a des défis d'application qui vont être
énormes à cet effet-là. Donc, le diable se cache dans les détails.
Ensuite de ça, je pense qu'il va aussi y avoir
des enjeux sur la question des comités consultatifs. Ça peut avoir l'air technique, Mme la Présidente, mais c'est au
coeur du développement de notre réseau, d'avoir dans toutes les régions du Québec, des comités où les gens du terrain sont
impliqués. Mais là le ministre a décidé d'éjecter des comités les représentants
des services de garde, donc des CPE, par exemple, ou des garderies. Or, c'est
les premiers concernés.
Et ça, c'est
une décision qui peut apparaître surprenante. Et on a une crainte de
centralisation du processus décisionnel et que ces comités-là, plutôt que d'avoir une influence sur le développement, en viennent juste à approuver ou non et à faire un peu du «rubber stamp» par rapport aux
orientations du gouvernement, et qui, je le rappelle, nous inquiètent parce qu'il semble y avoir un biais plus grand pour le privé, notamment
parce qu'on a fait sauter le 85 % de nouvelles places en
installations, qui devaient se faire,
qui est une règle traditionnelle qui a été suivie depuis de nombreuses années
en CPE. Et là on sait que, dans les
derniers mois, on est à peu près à 50 % seulement de places qui sont développées en CPE par rapport aux garderies
privées. Donc, ça, c'est inquiétant. Puis
quand on jumelle ça au fait que les comités ne fonctionneront plus de la même
manière, qu'ils n'auront plus de représentants non plus du milieu, il y
a lieu de se questionner.
Enfin, bref, je ne passerai pas chaque point,
mais je veux dire qu'il y a des éléments intéressants, mais on va s'assurer que tous les détails sont là puis qu'on
sache vraiment où on s'en va par rapport à ces éléments-là. Même chose
pour la capacité que le gouvernement se donne de pouvoir lui-même développer
des projets. On n'est pas fermés, mais on
veut savoir comment ça va se faire. Aux dernières nouvelles, on n'avait
toujours pas de détail. Le premier ministre a dit qu'il en discutait avec le secrétaire général du
gouvernement, qu'il allait trouver une formule. Bien, vous savez que le diable
se cache des fois dans la formule. Alors, on
espère que ça va être la meilleure des formules possibles, mais qu'elle va nous
donner toutes les assises pour être sûrs que
ça va se faire correctement, de manière équitable, en focussant sur la qualité
aussi.
Donc, il y a
beaucoup de questionnements qui demeurent. On va faire un travail vraiment
sérieux. Mais l'enjeu du projet de loi, pour nous, c'est certaines choses qui
ne sont pas... qui sont dans le projet de loi, mais pas assez claires ou qui
nous font nous questionner, mais c'est
beaucoup de choses qu'on aurait voulu voir dans le projet de loi et qu'on ne
voit pas.
Alors, à cet
égard-là, c'est sûr que de vraiment préciser le droit de l'enfant d'avoir accès
à une place... Je comprends les enjeux du ministre, mais il va falloir
trouver la meilleure manière d'y arriver, parce que dans le projet de loi sur
la maternelle quatre ans, qu'on a adopté
après des semaines de débat, il y a ce droit-là à la maternelle quatre ans.
Mais depuis le début, on dit : Il faut qu'il y ait un droit équivalent
pour les parents qui font un autre choix, les parents qui ont des enfants
en bas de quatre ans puis les parents
qui préfèrent aller dans un service de garde éducatif. Il n'y a pas un vrai
choix, si d'un côté, tu as le droit à
la maternelle quatre ans, puis de l'autre, tu n'as pas le droit à avoir une
place en service de garde éducatif.
Donc, ça, il
va vraiment falloir travailler ça. Il va falloir travailler sur le
développement des places en CPE en se donnant
des cibles, en intégrant des obligations dans la loi. On en est convaincu,
c'est ce qui est un gage de qualité pour la suite. Puis ce n'est pas vrai qu'on
va travailler sur tout ce projet de loi là sans s'impliquer encore plus sur la question de la qualité. Donc, ça, c'est un autre enjeu qui nous préoccupe, l'absence de
toute référence, l'absence à cet enjeu-là du développement de places en CPE.
Même chose pour la question, je l'ai effleurée
tantôt, des enfants qui ont des besoins spéciaux. Il va vraiment falloir se dire : O.K.,
quelles cibles, quels objectifs on se donne? On entend des histoires d'horreur
d'enfants qui sont rejetés des services de garde, d'enfants qui n'ont pas leur place, d'enfants qui sont tassés,
d'enfants au-dessus desquels on saute quand la liste d'attente arrive.
Ça n'a pas de sens.
Donc, il faut
trouver des manières d'y arriver. Évidemment, il va falloir donner le coup de barre qui
s'impose dans la négociation, parce qu'on aura beau tout faire et, je l'ai dit
d'entrée de jeu, la meilleure des lois, si on n'arrive pas
à respecter et à donner aux travailleuses de
la petite enfance, qui portent ce réseau-là à bout de bras, ce qu'elles
méritent et ce qui est simplement juste par rapport au reste du secteur
public et par rapport à la tâche qu'elles font, bien, on n'arrivera à rien.
Donc,
j'invite vraiment le ministre, sur cette note, en terminant, en lui disant que
nous, on va collaborer pour faire le
meilleur projet de loi possible. On vient de vivre une expérience, avec le
projet de loi sur le tribunal spécialisé, où on a vraiment complètement
transformé le projet de loi, qui a fini dans un projet de loi quatre fois plus
long que ce qu'il était à l'origine.
Ce n'est pas le défi que je nous donne. Le projet de loi du ministre est déjà
assez long. Mais je pense qu'on est capables
de coconstruire cette loi-là pour qu'elle réponde vraiment aux objectifs de
société qu'on va s'être donnés, parce que
c'est ce que la société attend de nous, qu'on travaille ensemble pour le
meilleur projet de loi, qu'on amène chacun nos visions et qu'on se
convainc mutuellement d'aller dans la bonne direction.
Donc, j'ai
espoir qu'on va être dans la collaboration, et que le ministre va être dans
l'écoute, et que, comme ça, on va avoir le sentiment du devoir accompli, dans
quelques semaines, dans quelques mois, quand on va atterrir avec ce projet de
loi là, parce que c'est ce que les parents du Québec attendent de nous, c'est
ce que les petits du Québec devraient attendre de nous, et c'est ce que
l'ensemble de la société québécoise s'attend de ses élus. Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Joliette. Et maintenant je suis prête à reconnaître le prochain
intervenant, qui sera Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Bien, écoutez, je
ferai quelques commentaires ce soir mais pour finir demain, Mme la Présidente.
Donc, à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 1.
Alors,
ce projet de loi propose de modifier les règles du jeu dans les services de
garde afin de combler les milliers de
places manquantes dans le réseau sur tout le territoire du Québec. La pénurie qui frappe le Québec
de plein fouet dans tous les secteurs
d'activité frappe aussi, évidemment, les milieux de garde. On évoque 17 800
nouvelles éducatrices, déjà qualifiées ou non qualifiées, qui devront
s'ajouter pour arriver à combler les places et permettre le développement. Le gouvernement se donne trois ans et demi pour créer 37 000 places en service de garde qui manquent actuellement dans le réseau.
Alors, nous
voilà à sept mois de la fin des travaux de la présente législature. Le moins qu'on
puisse dire, c'est que le ministre
a sérieusement tardé à apporter des solutions durables à cette crise qui
bouscule et ébranle les familles qui cherchent désespérément des places pour
leurs enfants. Elles sont pénalisées par un manque criant de place en service de garde, et ce sont en majorité
des femmes qui en paient le prix car incapables de retourner au travail au
terme de leur congé de maternité ou obligées carrément de quitter le marché
du travail.
Ça
fait deux ans qu'on parle d'une crise dans le réseau des services de garde, et, depuis trois ans, le ministre nous dit qu'il va agir, mais, sur le terrain, la situation
s'empire de jour en jour. Les éducatrices quittent, les enfants attendent
une place et les garderies ferment. Depuis des mois, on voit des familles en
détresse, tous les soirs presque, à la télévision, lorsqu'on regarde les nouvelles, qui cherchent désespérément une place
dans un service de garde. Et nous voilà aujourd'hui avec une grève
générale illimitée dans des centaines de CPE. Ce sera, une fois de plus, un
casse-tête pour des milliers de parents, partout au Québec, qui subiront
les conséquences, évidemment, de cette grève.
Le gouvernement a un devoir d'assurer l'accès aux services de garde pour tous
les enfants du Québec. Les grèves tournantes à répétition et maintenant la grève générale illimitée démontrent que le gouvernement n'apprécie peut-être pas assez
et à sa juste valeur les besoins de main-d'oeuvre dans ce secteur. Il ne semble pas ouvert à
améliorer les conditions de
travail en service de garde pour appuyer le personnel de soutien.
Quant à nous,
l'opposition officielle, nous proposons une vision plus moderne en
créant, par mesure législative, un droit
pour tous les enfants d'avoir accès à une place. Mon collègue
le député de LaFontaine a déposé le projet de loi n° 897,
qui vient enchâsser ce droit au service de garde à tous les enfants, comme le droit à l'éducation, en fait. Accepterions-nous
qu'un enfant de sept ans ne puisse
fréquenter l'école primaire parce
qu'il n'y a pas assez de place? Accepterions-nous comme parent de nous
faire répondre qu'on va mettre son nom sur une liste d'attente? Évidemment que
non.
Alors, à travers le temps, le réseau de services
de garde du Québec...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, à ce point-ci, je me dois de vous demander si vous
avez terminé votre intervention.
Mme Weil : Non.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Non. Alors, je vais vous inviter à poursuivre lors
de la reprise de ce débat.
Ajournement
Et maintenant, compte tenu de l'heure, j'ajourne
nos travaux au jeudi 2 décembre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)