(Dix heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon mardi.
Affaires
du jour
Nous sommes aux affaires du jour. Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir avant d'entreprendre nos travaux.
Vous pouvez vous asseoir.
M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques, je vous cède la parole quelques instants.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Vu que nous n'avons rien aux affaires du jour ce matin, je vous
demanderais tout simplement de suspendre nos travaux jusqu'à 13 h 40.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, merci, M. le ministre.
Afin de permettre, cet après-midi, la tenue des
affaires courantes, les travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à 10 h 1)
(Reprise à 13 h 41)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
À la rubrique Déclarations de députés, je cède
la parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner
la mise en place du programme Passerelle formation infirmière au cégep
Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président. Depuis le mois dernier, une trentaine d'infirmiers et
d'infirmières auxiliaires de l'Hôpital du Haut-Richelieu et d'autres établissements
des alentours sont retournés sur les bancs d'école, au cégep de Saint-Jean,
pour obtenir un diplôme d'études collégiales en soins infirmiers dans le cadre
d'un programme novateur et presque unique, Passerelle formation infirmière, qui
leur permet d'étudier et de continuer de travailler pendant un peu moins de
deux ans pour devenir infirmières.
Dans le contexte actuel, c'est une énorme bonne
nouvelle. Et c'est grâce à la collaboration du CISSS de la Montérégie-Centre et
du cégep de Saint-Jean, que je félicite, d'ailleurs, parce qu'ils ont travaillé
ensemble et uni leurs efforts pour créer les conditions nécessaires, qui sont
gagnantes pour tout le monde, à commencer par les étudiants, dont je salue la
persévérance et que je remercie au nom de tous leurs concitoyens.
Pour tout le Québec, je suis fier de dire que
c'est un bel exemple de flexibilité et d'adaptation sur mesure de nos
institutions, qui s'impliquent pour participer au développement socioéconomique
de nos régions.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
Souligner
le 10e anniversaire du Centre de pédiatrie sociale Laval
M. Saul
Polo
M. Polo : Merci beaucoup, M. le
Président. Il me fait plaisir de souligner en cette Chambre le
10e anniversaire du Centre de pédiatrie sociale de Laval, qui oeuvre
auprès des enfants et des jeunes de ma circonscription.
Le Centre de pédiatrie sociale de Laval
contribue au développement global des enfants et des adolescents qui présentent
des problèmes de développement, de socialisation et de santé en milieu
défavorisé. Il fait aussi la promotion des intérêts et du droit des enfants et
de la famille.
M. le Président, un enfant ne choisit jamais les
circonstances dans lesquelles il vient au monde et dans lesquelles il est
appelé à grandir. Le Centre de pédiatrie sociale de Laval est un acteur
essentiel, qui permet de donner un coup de pouce à nos jeunes, qui vivent
parfois des situations difficiles, et de leur donner de l'aide et les soins nécessaires pour qu'ils puissent aspirer à un futur rempli
de promesses et d'opportunités.
Je tiens à offrir mes plus sincères
remerciements et félicitations à l'équipe, à Mylène Du Bois, la directrice
générale du centre, ainsi qu'à toute l'équipe, dévouée, pour leur travail si
essentiel.
Merci beaucoup, M. le Président. Et longue vie
au Centre de pédiatrie sociale de Laval!
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. La prochaine déclaration est pour M. le député de Nicolet-Bécancour.
Rendre
hommage à MM. Maurice Richard et Jean-Guy Dubois pour leur contribution au
développement de la ville de Bécancour
M. Donald
Martel
M. Martel :
Bonjour, M. le Président. L'histoire de la ville de Bécancour est marquée par
la contribution de deux véritables géants de la politique municipale, soit
MM. Maurice Richard et Jean-Guy Dubois. À eux deux, ils ont occupé, en
alternance, et presque sans interruption, le poste de maire de Bécancour
pendant une période s'échelonnant sur plus de 45 ans.
Pendant ce demi-siècle, parsemé de moments
heureux et de périodes plus difficiles, les deux premiers magistrats de
Bécancour ont su assurer la cohésion de cette ville, née de la fusion de six
petites municipalités indépendantes. Je les ai côtoyés tous les deux et je peux
témoigner de leur attachement et de leur engagement au service de cette belle
communauté, composée de gens qui partagent une riche histoire, des valeurs
communes et de grandes ambitions.
Je salue donc la contribution de Maurice Richard
et Jean-Guy Dubois à l'édification de Bécancour, une ville plus que jamais
promise à un brillant avenir. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Rendre
hommage à la Dre Nadia Chaudhri, récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée
nationale
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone :
Thank you, Mr. Speaker. Today, I'd like to pay tribute to an extraordinary
woman, mother, teacher, and researcher, Dr. Nadia Chaudhri.
Dr. Chaudhri left home at
the age of 17 to pursue her education in the U.S. After earning a B. Sc.
at Franklin & Marshall College, a Ph. D. at the University
of Pittsburgh and a postdoctoral Fellow at the University of California, she
joined Concordia University and has been an esteemed professor there since
2010. An advocate for access to education, she launched the Nadia Chaudhri
Wingspan scholarship, which supports diverse and marginalized graduates who
wish to pursue neuroscience research at Concordia.
In June 2020, at 42 years young, she was diagnosed with ovarian cancer.
Currently in palliative care, she has been sharing her struggle on Twitter,
creating awareness for women everywhere. For her dedication and courage, I'm
honored to dedicate the Medal of the National Assembly to Dr. Chaudhri. To
her husband, her six-year old son, her friends, her family and her colleagues,
may you find peace and strength throughout this difficult time. Dr Chaudhri, thank you for filling the world with your
light and your love.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Montmorency.
Souligner
le travail de la maison de thérapie La Vigile
M. Jean-François
Simard
M. Simard : Alors, M. le
Président, je souhaitais vous parler d'une organisation bien de chez nous qui
existe depuis maintenant 22 ans, qui rayonne partout à travers le Québec,
dont le siège social est dans le presbytère du vieux Montmorency. Cette organisation
s'appelle La Vigile.
C'est une maison de thérapie tout à fait
spéciale, en ce sens qu'elle vient en aide aux personnes qui ont porté
l'uniforme : nos militaires, nos pompiers, nos policiers, nos paramédics.
Vous savez à quel point ces gens subissent énormément de stress. Et, si
d'aventure ils développent des problèmes post-traumatiques ou des problèmes de
dépendance, eh bien, La Vigile est là comme refuge pour eux.
Aujourd'hui, ils vont recevoir des mains du lieutenant-gouverneur,
à 17 heures, une médaille soulignant l'excellence de leur travail. Et je
tenais, M. le Président, en notre nom à tous, à leur dire merci de prendre soin
de gens qui mettent souvent leur vie en danger pour protéger la nôtre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Rendre
hommage à M. Gérald Bussière, membre fondateur de l'Ordre des conquérants
du Nord
Mme Suzanne
Blais
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux rendre un hommage posthume à
M. Gérald Bussière, décédé le 14 juin dernier.
M. Bussière, né à Taschereau, dans ma
circonscription, a été un homme d'affaires prospère, passionné et très impliqué
dans son milieu.
La MRC d'Abitibi-Ouest est aux portes du
49e parallèle, et, au milieu des années 1960, la chambre de commerce
veut sensibiliser les gens à l'importance de travailler au développement du
territoire. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Dès 1966,
M. Bussière travaille à la réalisation d'un projet d'envergure, qui est
encore utilisé aujourd'hui, soit la route reliant Villebois à la Baie-James.
M. Bussière s'est pleinement impliqué dans ce projet. Il fonde, en 1967,
avec des partenaires financiers, l'Ordre des conquérants du Nord. Il amasse
600 000 $ pour son projet. Il fallait être convaincant, M. le
Président.
M. Bussière, vos qualités de visionnaire et
votre persévérance resteront dans la mémoire de tous les citoyens
d'Abitibi-Ouest.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Labelle.
Rendre
hommage à Mmes France Berthelette et Madeleine Morissette, récipiendaires
de l'Ordre du mérite de l'Université du troisième âge des Hautes-Laurentides
Mme Chantale
Jeannotte
Mme Jeannotte : Merci,
M. le Président. Vous savez, le 1er octobre dernier, on soulignait la
30e édition de la Journée internationale des aînés. Eh bien, aujourd'hui,
je veux rendre hommage à deux dames de ma région, Mmes France Berthelette
et Madeleine Morissette, à qui l'Université du troisième âge des
Hautes-Laurentides vient de remettre le certificat de l'Ordre du mérite.
France Berthelette a toujours été très
socialement engagée dans la communauté. Nous lui devons notamment
l'implantation, à Rivière-Rouge, de l'éducation aux adultes, de la maison des
jeunes et d'une prématernelle pour les enfants de trois à quatre ans, dès les
années 80.
Madeleine Morissette, quant à elle, a donné
20 ans de bénévolat à l'Université du troisième âge. Elle a toujours été
très impliquée au sein du comité de programmation, dont les objectifs sont de
faciliter l'acquisition des connaissances, combattre l'isolement et favoriser
l'intégration des personnes âgées dans la vie culturelle et sociale.
Alors, chapeau à ces femmes d'exception, dont
les actions touchent toutes les générations! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède la parole à M. le député de Rosemont.
Souligner
le 60e anniversaire de l'Hôpital Santa Cabrini
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci. Cette
année marque le 60e anniversaire de l'Hôpital Santa Cabrini Ospedale
et le 40e anniversaire du Centre d'accueil Dante, deux institutions phares
de Rosemont qui sont aussi des points d'ancrage uniques et essentiels pour la
communauté italienne de Montréal en particulier, pour l'est de la métropole en
général.
L'Hôpital Santa Cabrini et le Centre
d'accueil Dante comptent respectivement 369 et 103 lits. Lorsqu'on
évoque la riche relation historique entre Montréal et la communauté italienne,
le quartier de la Petite-Italie vient naturellement à l'esprit, mais quiconque
a déjà visité l'Hôpital Santa Cabrini sait à quel point nos concitoyens de
descendance italienne sont attachés à cet établissement.
Alors, en cette année anniversaire... (S'exprime
en italien).
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Papineau.
Rendre
hommage à M. Charles Henry, récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée
nationale
M. Mathieu
Lacombe
M. Lacombe : Merci, M. le
Président. Je tiens aujourd'hui à souligner l'apport d'un grand homme de hockey
qui, par son amour de notre sport national, a permis à Gatineau de rayonner
partout au Québec.
Charles Henry est une légende des Olympiques de
Gatineau et de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Pendant 25 ans,
il a construit des équipes championnes en Outaouais. Sous la gouverne de celui
qu'on surnomme le «grand manitou», les Olympiques ont
soulevé la Coupe du Président à sept reprises, c'est un record, en plus de
remporter la coupe Memorial en 1997.
Plusieurs joueurs et grands entraîneurs ont été
propulsés dans la ligue nationale grâce à la chance que leur a offerte
M. Henry aux Olympiques, pensons à Luc Robitaille, Jeremy Roenick, Maxime
Talbot, José Théodore, Claude Giroux, Alain Vigneault, Claude Julien et Pat
Burns. D'ailleurs, j'ai eu le privilège de remettre la Médaille de l'Assemblée
nationale à M. Henry le 2 octobre, à l'occasion du match inaugural de
ses Olympiques à leur tout nouveau domicile, à Gatineau.
Donc, au nom de l'ensemble des Gatinois et de la
population de l'Outaouais, je vous remercie encore une fois, M. Henry.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 51)
(Reprise à 14 h 2)
Le Président : Mmes et MM.
les députés, laissez-moi vous souhaiter un bon début de semaine, un bon mardi.
Prenons quelques instants pour nous recueillir.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président, je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 102
Le Président : Et, à
l'article a du feuilleton, M. le ministre de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques présente le projet de loi n° 102,
Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en matière
d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable
des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission. M. le
ministre.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci, M. le
Président. Très heureux de présenter ce projet de loi, qui vise principalement
à améliorer et à uniformiser les mesures d'application des lois sous la
responsabilité du ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques, à renforcer la Loi sur les pesticides et à ajuster
l'encadrement de Loi sur la sécurité des barrages.
Le projet de loi édicte d'abord la Loi sur
certaines mesures permettant d'appliquer les lois en matière d'environnement et
de sécurité des barrages. Cette loi prévoit un cadre commun pour l'application
de plusieurs lois sous la responsabilité du ministre, lequel contient :
1° des pouvoirs d'inspection, d'enquête pénale,
d'enquête administrative et d'avis d'exécution;
2° des dispositions générales relatives aux
sanctions administratives pécuniaires;
3° des pouvoirs de refus, de suspension, de
révocation et d'annulation à l'égard de différents types d'autorisation
accordés en vertu de ces lois;
4° des dispositions générales relatives aux
poursuites pénales intentées pour assurer le respect de ces lois;
5° un mécanisme de réclamation et de
recouvrement des sommes dues au ministre;
6° les recours en contestation devant le
Tribunal administratif du Québec de certaines décisions rendues;
7° des habilitations réglementaires pour fixer
le tarif applicable au calcul des coûts liés à une inspection ou à une enquête
ainsi que les frais exigibles pour couvrir les coûts engendrés par des mesures
de contrôle ou de surveillance.
Le projet de loi contient plusieurs
modifications de concordance requises pour la mise en place du cadre commun de
la loi édictée. Il modifie également la Loi sur les espèces menacées et
vulnérables, la Loi sur les pesticides et la Loi sur la sécurité des barrages
pour y introduire des sanctions administratives pécuniaires et pour réviser le
montant des amendes.
Le projet de loi propose plusieurs modifications
à la Loi sur les pesticides pour encadrer les semences enrobées de pesticides,
pour prévoir des habilitations réglementaires permettant de recourir à des
instruments économiques et pour encadrer la possession de pesticides.
Le projet de loi modifie également la Loi sur la
sécurité des barrages afin notamment d'y introduire l'obligation générale, pour un propriétaire, de maintenir son barrage
dans un état tel qu'il n'est pas susceptible de compromettre la sécurité de
personnes ou de biens. Il y ajuste le régime d'autorisation et d'approbation et
y élargit les pouvoirs d'ordonnance du ministre.
En ce qui concerne certaines mesures du Plan
pour une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission, le
projet de loi habilite le gouvernement, dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, à prendre un règlement limitant ou prohibant la vente et la
location de certaines catégories de véhicules automobiles et habilite le
ministre, dans la Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles
zéro émission au Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre
et autres polluants, à encadrer l'utilisation des crédits accumulés en surplus
dans le cadre de cette loi.
Le projet de loi modifie aussi la Loi sur le
ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs afin
principalement de permettre au ministre de déléguer certains pouvoirs qui lui
sont attribués, de clarifier ses pouvoirs sur les terres acquises par la
Commission des eaux courantes qui sont sous son autorité et de prévoir
l'affectation de certaines sommes portées au crédit du Fonds de protection de
l'environnement et du domaine hydrique de l'État.
Le projet de loi modifie également la Loi sur
les mines afin d'y introduire, pour les titulaires de claim, une autorisation
préalable à certains travaux d'exploration minière à impacts et de prévoir les
habilitations réglementaires requises à cette autorisation.
Le projet de loi modifie la Loi sur la
protection des arbres pour permettre la réalisation de travaux préventifs
d'élagage et d'abattage d'arbres et d'arbustes susceptibles de causer une panne
électrique.
Et enfin le projet de loi modifie la Loi sur la
qualité de l'environnement pour prévoir, entre autres :
1° l'obligation, dans le cas d'un rejet de
contaminants accidentel, de récupérer, de nettoyer ou de traiter les matières
contaminées par le rejet;
2° l'obligation de consigner certains
renseignements relatifs à ces matières dangereuses;
3° des précisions quant aux pouvoirs de
modification d'une autorisation délivrée en vertu de la loi;
4° des ajustements à la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts sur l'environnement, notamment quant aux pouvoirs et
aux obligations du ministre dans le cadre de cette procédure;
5° des ajustements aux pouvoirs d'ordonnance du
ministre.
Et le projet de loi modifie également la Loi sur
le régime des eaux afin d'élargir les pouvoirs de recouvrement du ministre pour
les sommes qui lui sont dues en application de cette loi.
Enfin — et c'est enfin — le
projet de loi prévoit divers autres ajustements techniques afin que... les
dispositions de concordance et de nature transitoire. Voilà.
Le Président : M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. C'est un projet de loi qui touche plusieurs
éléments importants. De toute évidence, on voudra s'assurer que le gouvernement
fait les choses correctement. Et je demande donc au gouvernement de nous
confirmer la tenue de consultations particulières sur le projet de loi.
Le Président : Je vais
m'empresser de vous demander votre vote auparavant, s'il vous plaît.
M. Fortin :
Bien sûr.
Mise
aux voix
Le Président : Bien sûr.
Donc, en application de l'ordre spécial, j'invite les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur la présentation de ce projet de loi,
suivi des députés indépendants. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
• (14 h 10) •
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville?
Mme Samson : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
M. Fortin :
Je réitère ma demande au gouvernement, M. le Président.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Alors,
puisqu'on fait toujours les choses correctement, il y aura certainement des consultations
particulières, M. le Président.
Dépôt
de documents
Le Président : Nous en sommes
maintenant à la rubrique Dépôt de documents. D'abord, M. le ministre de
l'Économie et de l'Innovation.
Rapports
annuels des Fonds de recherche du Québec
M. Fitzgibbon : M. le
Président, je dépose les rapports annuels de gestion 2020‑2021 des Fonds
de recherche du Québec, Santé, Nature et technologies et Société et culture.
Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports
annuels de l'Institut de cardiologie de Montréal, de l'Institut universitaire
de cardiologie et de pneumologie de Québec et du CIUSSS—Saguenay-Lac-Saint-Jean,
et rapport annuel et rapport sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes du CIUSSS de l'Estrie-Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke
M. Dubé : Alors, oui, M. le
Président, je dépose les rapports annuels 2020‑2021 de l'Institut de
cardiologie de Montréal, de l'institut de pneumologie de Québec, rapport annuel
de gestion 2020‑2021 des CIUSSS du Saguenay—Lac-Saint-Jean, de l'Estrie, le
Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, ainsi que le rapport annuel de
2020‑2021 sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et
l'amélioration de la qualité des services des CIUSSS de l'Estrie—Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke. Merci beaucoup.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés. Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Rapport
annuel de la Société d'habitation du Québec
Mme Laforest : Oui, merci, M.
le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021 de la
Société d'habitation du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Culture et des Communications.
États
financiers du Musée des beaux-arts de Montréal
Mme Roy : Oui, merci, M.
le Président. Alors, je dépose les états financiers du Musée des beaux-arts de
Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. Ce
document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses
à des pétitions
M. Jolin-Barrette : Oui. M. le
Président, je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées en
Chambre le 2 juin par les députés de Bonaventure et de Gaspé, le
3 juin par le député de Bourget, le 9 juin par la députée de Maurice-Richard, le 10 juin par les députées de Joliette et
de Taschereau, le 11 juin par les députées de Duplessis et de Vaudreuil et
le 15 septembre par la députée de Verdun. Merci.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés.
Rapport annuel d'Élections Québec et de la Commission de la
représentation électorale
Pour ma part, je dépose le rapport annuel de
gestion 2020‑2021 d'Élections Québec et de la Commission de la
représentation électorale.
Décision
du Bureau de l'Assemblée nationale
Je dépose également une décision du Bureau de
l'Assemblée nationale.
Préavis
d'une motion des députés de l'opposition
J'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite
dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose,
évidemment, le texte de ce préavis.
Dépôt
de rapports de commissions
Étude
détaillée du projet de loi n° 100
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail qui a siégé
les 23, 28, 29 et 30 septembre 2021 afin de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi n° 100, Loi sur l'hébergement touristique. La commission
a adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 101
Je dépose également le rapport de la Commission
des relations avec les citoyens qui, les 28, 29 et 30 septembre 2021, a
tenu des auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur
le projet de loi n° 101, Loi visant à renforcer la lutte
contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en
situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité des services
de santé et des services sociaux.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Fermeture
partielle du service des urgences du Centre de santé de Senneterre
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Ça fait maintenant des semaines, des mois que l'on parle de bris de
service en matière de santé sur tout le territoire québécois et comment ça
affecte directement les gens dans leur quotidien.
Aujourd'hui, je veux parler particulièrement de
l'Abitibi-Témiscamingue et de Senneterre. Pourquoi? Parce que, les gens à
Senneterre, on leur a dit que l'urgence allait fermer, mais, à Senneterre, ça a
bouleversé l'ensemble de la communauté puis l'ensemble de la communauté
avoisinante, les gens qui habitent à Barraute, les gens qui habitent à
Lebel-sur-Quévillon, qui sont habitués à aller se faire traiter rapidement à
Senneterre. Alors, quand ils ont entendu la nouvelle, ils ont tout fait. Ils se
sont mobilisés, ils ont mis les acteurs ensemble, ils ont envoyé des lettres,
ils ont essayé de ramasser de l'argent, ce qu'ils ont réussi à faire. Mais ils
se sont butés à un mur, ils n'ont pas eu de réponse du gouvernement. Et ça, ça
a des considérations importantes, parce qu'il y a des gens, aujourd'hui, qui,
pour avoir un service d'urgence, doivent parcourir des centaines de kilomètres
pour y arriver. Toute la communauté est mobilisée autour de ça. Aujourd'hui, le
maire de Senneterre, il est venu à l'Assemblée nationale pour raconter ce que
vivent les gens dans leur quotidien.
La question que j'ai pour le premier ministre :
Est-ce qu'il peut garantir que l'urgence de Senneterre va rester ouverte
24 heures sur 24?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président,
comme vous le savez, ça fait plusieurs années qu'il nous manque d'infirmières à
temps plein, au Québec. On a 40 % des infirmières qui travaillent à temps
plein, ça amène du temps supplémentaire obligatoire, ça amène des infirmières à
quitter le réseau. Puis tout ça s'est accéléré avec la pandémie, où les
infirmières, en plus de soigner les patients réguliers, devaient aussi soigner
les patients COVID. Donc, M. le Président, on n'est pas
différents de ce qui se passe un peu partout dans le monde.
Actuellement, on fait des efforts. On a déposé
un plan de 1 milliard de dollars pour inciter les infirmières à revenir
dans le réseau. On a négocié pendant plus d'un an, la présidente du Conseil du
trésor a réussi à aménager les conventions collectives en donnant des
incitatifs, entre autres, pour les infirmières qui travaillent de soir, de
nuit, de fin de semaine, puis c'est important, entre autres, pour des places
comme Senneterre.
Malheureusement, M. le Président, on n'est pas
en mesure, actuellement, de dire, avec le manque d'infirmières, qu'il ne faudra
pas réorganiser de façon temporaire les services. Si la cheffe de l'opposition
officielle a une suggestion à faire, elle est la bienvenue.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : En fait, M. le
Président, ce n'est pas des questions de TSO, de temps supplémentaire, ou de
COVID qu'ils vivent, à Senneterre, aujourd'hui. Et, des solutions, il y en a,
ils en ont préparé, ils en ont proposé, ils les ont envoyées au gouvernement.
Ils n'ont reçu aucune réponse de la part du gouvernement. C'est pour ça qu'aujourd'hui
ils s'adressent au premier ministre.
Est-ce que, oui ou non, ils peuvent garder
l'urgence de Senneterre ouverte 24 heures sur 24?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, la cheffe de l'opposition officielle dit : Ça n'a rien à voir
avec le temps supplémentaire, avec l'organisation du travail. Je m'excuse, M.
le Président, mais dans l'ensemble du réseau, au Québec, il nous manque
d'infirmières. Les infirmières trouvent que les horaires qui sont en place
depuis plusieurs années sont trop durs, ne permettent pas la conciliation
famille-travail. Donc, ça nous force, dans des cas comme l'urgence de
Senneterre, la nuit, à réorienter des patients vers Val-d'Or, vers Amos. Donc,
les services sont donnés, mais malheureusement, de façon temporaire, ils ne
sont pas donnés dans tous les hôpitaux.
Le Président : Deuxième
complémentaire. La parole n'appartient qu'à la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Le problème, M.
le Président, c'est qu'on applique un mur-à-mur de Québec et qui n'est pas du
tout adapté à la réalité de Senneterre puis de l'Abitibi-Témiscamingue. Les
gens qui sont mobilisés, les citoyens, ils ont amené des propositions au gouvernement,
le gouvernement a refusé de les entendre. C'est une approche comptable, une
approche mur à mur qui refuse de reconnaître la réalité de la région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Est-ce que, oui ou non, ils vont garder
l'urgence de l'Abitibi-Témiscamingue à Senneterre ouverte 24 heures sur
24?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, encore une fois, la cheffe de l'opposition officielle aime bien
utiliser le mot «comptable» pour essayer de mal dépeindre notre gouvernement. M.
le Président, on a un ministre de la Santé qui, effectivement, est comptable
mais qui est aussi un grand gestionnaire, créatif. Puis, contrairement à ce que
dit la cheffe de l'opposition officielle, il y a eu des primes qui ont été
mises en place pour les infirmières qui sont plus importantes en Abitibi-Témiscamingue
que dans le reste du Québec. Donc, on est très loin du mur-à-mur dont parle la
cheffe de l'opposition officielle.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : M. le Président,
est-ce qu'on accepterait qu'une mère de famille doive quitter Québec pour aller
à Trois-Rivières pour aller en urgence avec son enfant? Est-ce qu'on
accepterait qu'un père de famille ait un enfant qu'il doit amener à l'urgence, mais
qui quitte Montréal pour aller à Sherbrooke? La réponse, c'est non. Pourquoi est-ce
qu'on accepte ça pour l'Abitibi-Témiscamingue?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, d'abord,
c'est important de dire qu'à Senneterre, durant la nuit, les patients sont
stabilisés avant d'être envoyés, si c'est nécessaire, d'être transférés à un
autre hôpital.
Donc, M. le Président, je remarque qu'après
trois questions on a toujours zéro proposition. C'est facile, de critiquer,
mais on n'entend aucune proposition de la part du Parti libéral.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Racisme et discrimination
systémique envers les autochtones
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Aujourd'hui, la
coroner Géhane Kamel dévoilait son rapport sur les circonstances tragiques de
la mort de Joyce Echaquan et émet ses recommandations afin d'éviter d'autres
décès dans de telles circonstances. Sa recommandation n° 1 est claire :
que le gouvernement du Québec doit reconnaître le racisme systémique et
s'engager à l'éliminer.
Elle n'est pas la seule à reconnaître l'enjeu,
on parle également du Collège des médecins, de l'Ordre des infirmières, de la
CDPDJ, de Michèle Audette, de Viviane Michel, de Fannie Lafontaine, du
Dr Stanley Vollant, de plusieurs maires et mairesses, de plusieurs
syndicats comme la FIQ, la FTQ, la CSN, Amnistie internationale, du grand chef
Ghislain Picard, de l'Union des artistes, du service de police de Montréal, de
Carol Dubé, le mari de Joyce.
Hier, le premier ministre s'est excusé.
Aujourd'hui, peut-il, comme le demande la coroner, reconnaître et nommer le
problème du racisme systémique et donner l'exemple à ceux qui refusent
d'admettre qu'on doit faire mieux?
• (14 h 20) •
Le Président : M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, mes premières paroles seront pour Carol Dubé,
pour sa famille et les proches, pour l'ensemble des membres de la nation
attikamek de Manawan. Et aujourd'hui c'est un moment qui est extrêmement
difficile pour la famille. La semaine dernière, mardi, j'étais avec eux, avec
la vice-première ministre, on les a rencontrés, et on sait que ce sont des
moments qui sont difficiles.
Cependant, notre engagement est très clair, M.
le Président, nous allons combattre le racisme, nous allons combattre
l'intolérance, et ça, on le fait au quotidien. Et ce que les gens ont demandé
sur le terrain, M. le Président, c'est quoi? C'est, bien au-delà des débats de
mots, d'agir. Depuis octobre dernier, une vingtaine d'annonces qu'on a faites,
M. le Président, 125 millions qui ont été annoncés pour des changements
concrets pour répondre à des demandes claires de la commission Viens, mais on
est dans l'action, M. le Président.
Alors, j'entends très bien mes collègues de
l'opposition. Moi, je trouve qu'on devrait travailler ensemble. Et on a
démontré, la semaine dernière, qu'on est capables. Jeudi dernier, première
Journée nationale de vérité et réconciliation, on l'a fait ensemble. Et ça,
c'est un message fort qu'on a envoyé à la communauté d'Uashat mak Mani-Utenam,
avec les Innus, on a été capables de le faire au-delà de toute partisanerie. Et
ça, M. le Président, c'est ça que s'attendent les membres des communautés
autochtones sur le terrain. Bien au-delà des débats de mots, agissons et faisons-le
ensemble, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : M. le Président,
le Principe de Joyce, élaboré par la famille et la communauté, exige simplement
des services de qualité sans discrimination et sans racisme. En ajoutant les recommandations
de la coroner, le constat est clair, cette mort était évitable.
Par respect pour la famille de Joyce, pour Carol
Dubé, pour les nations autochtones, est-ce que le premier ministre s'engage à
donner suite à l'ensemble des recommandations de la coroner et d'adopter le
Principe de Joyce?
Le Président : M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Quand on parle du Principe de Joyce, dès le
jour 1 on a toujours dit qu'on était en plein accord. Quand on regarde le
rapport que la coroner nous a présenté aujourd'hui, ce qu'elle dit, par
certains témoignages, c'est que la sécurisation culturelle est une des pistes
qui est importante, M. le Président. Et ça, vous savez, c'est l'annonce n° 1 qu'on a faite à Joliette, mais on l'a faite l'année
passée, en novembre dernier, avec le ministre responsable de la Santé, parce
que, pour nous, c'était important.
Quand on parle de sécurisation culturelle, ça va
prendre du temps, de l'énergie, ça ne se réglera pas tout de suite,
M. le Président. Il y a des formations qui ont été données. Il y a des
changements qui sont visibles sur le terrain. On a une nouvelle P.D.G. en
place, un adjoint que vient de la communauté attikamek de Manawan. Alors, on a
plusieurs personnes sur le terrain, et ce sont des changements qui sont
visibles, M. le Président.
Le Président : Deuxième complémentaire,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Parlons des
actions, M. le Président. Lorsque Joyce Echaquan est décédée, le gouvernement a
pris un engagement précis de former l'ensemble du personnel de santé sur la
réalité autochtone. Il n'a pas su livrer 1 %. C'est le résultat du
ministre de la Santé, qui a avoué son échec. On ne sait toujours pas ce que le
gouvernement va faire pour augmenter la cadence. En 2021, on ne peut pas se
permettre une autre tragédie telle que Joyce.
À quel moment l'ensemble du réseau de la santé
va être formé convenablement?
Le Président : M. la ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, ça ne va vraiment pas à la vitesse
qu'on voudrait, et ça, mon collègue ministre de la Santé l'a dit clairement. Et
l'autre danger qui nous guette, M. le Président, c'est de regarder l'ensemble
des recommandations, parce que j'en ai plus de 600 devant moi sur mon bureau,
et de faire ça comme une liste d'épicerie, puis espérer d'avoir réglé une des
problématiques, et passer à une autre.
Je vais vous dire quelque chose d'important, M.
le Président, c'est que les formations, ce ne sera jamais terminé. Il va
falloir former tout le monde à plusieurs reprises. Ce n'est pas un vaccin, ça
ne nous protège pas pour plusieurs années, il va falloir en faire plusieurs.
Et, M. le Président, j'ai entendu, la semaine dernière,
des propos à l'effet qu'on n'avait rien fait pour mettre en place les
recommandations de la commission Viens. Bien, je dois vous dire, je suis en
total désaccord. Plus d'une vingtaine d'annonces, 125 millions, des choses
qu'on peut voir sur le terrain. Vous pouvez venir à Sept-Îles voir les
résidences en milieu étudiant. Il y a des changements qui sont concrets, M. le
Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de LaFontaine.
Accès à l'information sur la qualité de l'air dans les
écoles
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, il y a un enjeu majeur dans toutes les écoles du Québec, c'est la
qualité de l'air. C'est important pour la santé et la sécurité des élèves. Les
parents sont préoccupés, en plus, et les gens du réseau scolaire sont
préoccupés.
Dans cette saga, le gouvernement de la CAQ manque
de transparence, c'est flagrant. Le ministre avait dit, et on se rappellera,
que les protocoles, rappelez-vous, avaient été validés par la Santé publique,
et on a appris, grâce au travail du journaliste de Radio-Canada Thomas Gerbet,
que ce n'était pas du tout le cas. Il a même été chercher une citation du Dr
Richard Massé, à la Santé publique, qui disait, à l'époque : «Là, c'est
assez!» Je le cite. «Je ne suis pas d'accord qu'on nous mette les mots dans la
bouche... et je ne veux plus entendre parler.» Fin de la citation.
Ce même journaliste, M. Gerbet, il y a cinq
mois, a fait une demande d'accès à l'information. Après cinq mois, voici la
réponse qu'il a eue, M. le Président : des documents, des blocs entiers
caviardés. Ça n'a pas de bon sens.
Qu'est-ce que le ministre de l'Éducation ne veut
pas que les Québécois sachent?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Au printemps dernier, on a fait des tests sur la qualité de l'air.
On mesurait la température, le taux d'humidité, évidemment, le taux de CO2,
parce que les experts nous disent que le taux de CO2, ça révèle bien
le changement d'air à l'heure, parce que ce qu'il faut faire, ce n'est pas
brasser l'air, c'est changer l'air. Ce que nous ont révélé ces tests-là, c'est
que dans à peu près 90 % des classes la qualité était tout à fait
acceptable, mais il y avait un 10 % sur lequel il fallait travailler.
C'est ce que les centres de services scolaires ont fait aussitôt qu'ils ont
reçu les résultats, conformément à la directive que je leur avais envoyée et
que mon ministère avait réitérée ensuite.
On n'a pas juste envoyé des directives, on n'a
pas juste fait des tests, on leur a donné les moyens, évidemment, financiers de
faire les travaux. Et les travaux ont commencé. En fait, ils étaient commencés
depuis qu'on est arrivés, en 2018, mais ils ont été vraiment accélérés au
printemps dernier. Il y en a eu plusieurs qui ont été faits encore au cours de
l'été.
Et, M. le Président, on
est rendus encore plus loin parce qu'on est en train de déployer, maintenant,
des lecteurs de CO2 dans toutes les classes.
Le Président : Merci.
Première complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, avec l'historique du ministre, vous comprendrez qu'on se méfie,
hein, avec les contradictions dans les versions qu'on a eues. Première des
choses.
Deuxième des choses, les élèves, les parents,
les gens du réseau ont le droit de savoir. Demande d'accès à l'information,
cinq mois après, de recevoir des blocs entiers caviardés, M. le Président,
c'est de nous tenir, de nous maintenir dans l'obscurité la plus complète.
Le ministre a dit, le 10 août dernier, et je
le cite : On n'a rien à cacher, on fait le pari de la transparence. Bien,
il a perdu son pari, puis c'est les parents, les élèves puis le réseau qui
paient les pots cassés.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : M. le Président,
aujourd'hui, les parents sont pour la plupart au travail parce que les classes
sont ouvertes. Il y a plus de 99,5 % des classes qui sont ouvertes. Il
arrive, effectivement, encore quelques éclosions, il y a de la transmission
communautaire partout au Québec. Il y en a un peu, je vous dirais, surtout dans
les écoles primaires, parce que nos jeunes ne sont pas encore vaccinés.
On applique les directives de la Santé publique,
on consulte les experts, ceux de l'INSPQ, ceux de la CNESST, ceux de l'Institut
de recherche Robert-Sauvé, avec l'expert émérite Ali Bahloul, on suit leurs
recommandations. On prend soin de la santé et de la sécurité de nos enfants et
du personnel qui travaille dans nos écoles.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : La dernière
fois que le ministre de l'Éducation a dit : On suit les recommandations de
la Santé publique, on s'était rendu compte que ce n'était pas vrai. Là, aujourd'hui,
il nous dit : On suit les recommandations de la Santé publique, on veut
savoir : C'est-u vrai?, puis ce qu'on reçoit, c'est des documents
caviardés, M. le Président. Un de ces courriels qui circule beaucoup a comme
titre, et je vous le donne en mille, M. le Président, Pour en finir avec la
ventilation dans les écoles. Fin de la citation. Bien, le ministre, M. le
Président, il n'en a pas fini avec l'opposition officielle, il n'en a pas fini
avec la députée de Saint-Laurent.
Et pourquoi le premier ministre veut toujours
sauver le soldat Roberge?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation. Je vais vous demander d'être prudents, cependant, évidemment,
là, si je reviens sur les notions de faire attention aux termes employés,
notamment concernant le spectre de la vérité, bien sûr. Alors, soyez prudents,
s'il vous plaît, dans vos propos.
M. le leader du gouvernement, est-ce que ça
concerne autre chose? C'est ce que j'entendais, et j'étais sur cette...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, M. le Président, le député de LaFontaine a des années d'expérience ici,
il sait qu'on se désigne par notre titre. Alors, je l'invite, M. le Président,
à respecter notre règlement. Je sais qu'il en est capable.
Le Président : Alors, évidemment,
vous connaissez la règle, tous. Je vous demande votre collaboration et de
poursuivre de bonne façon la période de questions. La réponse à M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : M. le Président,
si j'étais membre de cette formation politique là, je serais gêné d'avoir
laissé à l'abandon pendant des années le parc-école. Pendant qu'en Europe ils
faisaient déjà des tests de CO2 au début des années 2010,
pendant qu'il fallait investir pour rénover nos écoles, les agrandir,
entretenir le système de ventilation, ils ont laissé tout ça à l'abandon.
Depuis qu'on est arrivés, on a investi, en trois
ans, plus de 8 milliards. Ça prenait trois gouvernements alternatifs
péquistes et libéraux pour, en huit ans, faire ce qu'on a fait en trois
ans. Et en plus on est rendus les premiers au Canada en déployant à la grandeur
du Québec des lecteurs de CO2. M. le Président, on fait nos devoirs.
• (14 h 30) •
Le Président : Question
principale. Et maintenant la parole n'appartient qu'à la leader...
Des voix :
...
Le Président : Je vous
demande d'être attentifs à la question de la leader du deuxième groupe
d'opposition. Merci.
Recours au secteur privé pour offrir des services
spécialisés dans les écoles
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : On est en pleine
Semaine de l'école publique, mais ironiquement le ministre de l'Éducation a
choisi cette semaine pour nous confirmer qu'il mise sur le privé pour offrir
des services aux élèves. Il essaie de se justifier en parlant de situation
exceptionnelle, mais, après trois ans, ça commence à être le temps qu'il voie
la réalité en face : dans toutes les écoles du Québec, il y a des élèves
qui reçoivent des services au privé parce que leurs écoles échouent à leur
offrir.
Est-ce qu'il va falloir que je fasse lire au ministre
un à un chacun des témoignages que je reçois pour qu'il comprenne, pour qu'il
reconnaisse l'ampleur du problème? Parce que ça va être long. Les témoignages
continuent de rentrer, M. le Président.
Et maintenant, là, les parents se demandent
comment faire pour avoir accès au remboursement promis par le ministre la
semaine dernière. À force de dire que c'est exceptionnel, le ministre a oublié
d'annoncer aux parents c'est quoi, les modalités de remboursement, et ils sont
des milliers, actuellement, à se poser des questions. Qui va y avoir droit? À
qui est-ce que les familles doivent s'adresser? Ça fait presque une semaine, maintenant,
que le ministre a parlé de remboursement, et c'est le silence radio sur les
modalités.
Qu'est-ce que le ministre attend pour répondre
aux familles?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président,
j'ai entendu la question de ma collègue. J'ai entendu aussi ses interventions à
l'effet que... le fait qu'exceptionnellement, quand le réseau public n'est pas
capable de donner des services en faisant appel à tous ces experts qui sont,
évidemment, dans nos écoles publiques ou, parfois, au réseau de la santé, ça
arrive, ça arrive, parce qu'on ne tolère pas qu'un jeune soit... tombe dans les
craques et soit abandonné, ça arrive qu'on ait recours au privé. Je pense, ma
collègue n'est pas d'accord parce qu'elle est davantage au service, peut-être,
d'une idéologie que des élèves, mais ici on est là pour prendre soin des
élèves.
Et, depuis 10 ans, le nombre de
professionnels, dans notre réseau public, a augmenté de 37 %, une hausse
de 37 % des professionnels qui donnent des services directs aux élèves en
10 ans, alors que le nombre d'élèves augmentait, lui, d'environ
4,6 %. Donc, il est faux de prétendre qu'il y a un exode vers le privé à
cause de ces cas exceptionnels.
Ça existait déjà depuis un certain temps, cette
procédure d'aller au privé en dernier recours, et on ne la reniera pas, parce
que, si on faisait ça, si on écoutait ma collègue, bien, on laisserait tomber
des élèves...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...puis nous, on
ne fait pas ça.
Le Président : Je vais vous
rappeler d'être prudents dans les notions de vérité, de fausseté. Vous le
savez, ce sont des termes qui sont limites. Alors, soyez prudents et
collaboratifs.
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : M. le Président,
vous avez entendu le ministre, il a encore répété que c'était exceptionnel que
des enfants n'avaient pas accès à des services dans nos écoles publiques. Ça ne
l'est pas. Des milliers d'enfants n'ont pas accès à des services dans nos
écoles publiques en ce moment. Moi, je veux savoir c'est quoi, son plan pour
inciter les professionnels à revenir travailler dans nos écoles, parce que, là,
ça fait trois ans qu'il est là, on n'a pas vu l'ombre d'un incitatif pour
ramener des professionnels. Ça ne fonctionne pas, de seulement afficher des
postes. Ces postes-là ne sont pas comblés. On a besoin que les professionnels reviennent
dans nos écoles.
Après trois ans, qu'est-ce que le ministre de
l'Éducation va faire pour les ramener, ces professionnels-là?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, malheureusement,
c'est inexact, ce que ma collègue a dit. On réussit année après
année à embaucher davantage de professionnels pas à la pièce, pas à temps
partiel, des gens qui viennent faire carrière, qui s'ajoutent aux gens qui sont
déjà dans le réseau public, des psychologues, des orthophonistes, des
orthopédagogues, des psychoéducateurs qui viennent prêter main-forte, parce
qu'on investit par dizaines de millions de dollars.
Et, oui, c'est vrai, parfois il faut faire
encore plus, encore mieux. C'est pour ça qu'on est en train de travailler sur
un allégement bureaucratique. On coupe dans la bureaucratie, on coupe dans la
paperasse pour que ce soit encore plus intéressant pour les professionnels de
venir travailler dans le réseau public...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...pour qu'il y
ait plus de temps pour donner de l'aide directe aux élèves. On est au travail.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, le premier ministre aime ça parler de fierté, mais trois ans
après qu'il ait annoncé aux Québécois que sa grande priorité, ce serait
l'éducation, bien, il y a des parents qui sont obligés de payer de leur poche
des services de base que l'État québécois n'est même plus capable de leur
fournir. Pire, ils sont obligés, ces parents-là, d'écrire à une députée de Québec
solidaire pour se faire rembourser. Quel échec!
Est-ce que le premier ministre est fier qu'on en
soit rendus là trois ans après son élection? Puis est-ce qu'il est fier du
bilan de son ministre de l'Éducation?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, quand j'ai été ministre de l'Éducation, j'ai augmenté de façon très
importante le nombre d'orthophonistes puis de spécialistes. Puis, depuis que le
ministre de l'Éducation est ministre de l'Éducation, il vient de le dire, il a
augmenté de façon très importante le nombre de spécialistes, comme des
orthophonistes, dans nos écoles publiques.
Maintenant, M. le Président, on a eu une
pandémie, O.K.? On est, malgré la pandémie, un des endroits au monde où on a
laissé nos écoles ouvertes le plus longtemps. Pourquoi? Parce qu'on ne fait pas
juste parler, ici, on agit, puis l'éducation, c'est la priorité du
gouvernement.
Le Président : Question
principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Inclusion de la notion de sécurisation culturelle dans la
Loi sur les services de santé et les services sociaux
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, le spectacle offert la semaine dernière en Chambre sur la question
des Premières Nations était d'une grande tristesse. La Journée de la vérité et
de la réconciliation, le premier anniversaire du décès de Joyce Echaquan,
aurait dû donner lieu à plus d'empathie, plus de pudeur, plus de respect, plus
de hauteur également.
Hier, finalement, le premier ministre a au moins
eu le courage de reconnaître qu'il avait failli à la tâche la semaine dernière.
Mais il y a plus.
Il y a un an presque jour pour jour les députés
ici, en Chambre, ont adopté une résolution unanime demandant au gouvernement de
travailler conjointement avec les Premières Nations et les Inuits pour inscrire
la notion de sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services
sociaux. Un an plus tard, non seulement nous sommes toujours à la case départ,
mais le gouvernement a même refusé d'appuyer une deuxième motion sur le même
sujet, la semaine dernière, pour en finir d'ici la fin de l'année.
Garantir à tous les citoyens du Québec qu'ils se
sentent en sécurité, qu'ils se sentent écoutés et respectés dans le système de
santé, ça devrait être une priorité.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d'agir
rapidement pour assurer d'inscrire la sécurisation culturelle dans cette loi
sur la santé et les services sociaux?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
on est tout à fait d'accord pour agir sur la sécurisation culturelle. On a même
déposé un plan et de l'argent pour y arriver.
M. le Président, effectivement, si on revient à
ce qui est arrivé à Joliette, c'est inacceptable. On ne veut pas voir ça, je ne veux pas voir ça au Québec. Et on agit, M. le
Président. Si on prend l'exemple du CISSS de Lanaudière, on a mis un membre de
Manawan sur le conseil d'administration, on a nommé un P.D.G. adjoint qui vient
de la communauté, on a ajouté des agents de liaison, ce qu'on appelle des
navigateurs, à travers le système pour accompagner les patients autochtones,
puis on est en train de former tous les employés pour qu'ils soient sensibles à
la réalité autochtone. Donc, on est tout à fait d'accord avec ce qu'on appelle
la sécurisation culturelle. On y travaille.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président,
une façon d'y travailler de façon claire, précise, ce serait d'inscrire la
sécurisation culturelle au sein de la loi, l'inscrire dans la loi sur la santé
et les services sociaux pour garantir un service en tout respect, avec
ouverture et sensibilité.
Est-ce que le premier ministre peut prendre l'engagement,
aujourd'hui, d'inscrire ce principe dans la loi d'ici la fin de la présente
législature?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
on a posé des gestes, le ministre des Affaires autochtones en annonce presque à
chaque semaine. On a un plan d'action détaillé où on élimine la discrimination
policière avec ma collègue de la Sécurité publique, où on améliore l'accès à la
justice avec mon collègue de la Justice, où on améliore les conditions de
logement des autochtones, où on fait mieux connaître les cultures autochtones,
que ce soit directement en éducation ou dans les différents réseaux, comme la
santé. M. le Président, tous les ministres sont à l'oeuvre pour qu'on se
débarrasse de cette discrimination, qui est inacceptable, au Québec.
Le Président : ...groupe
d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Pour se
débarrasser efficacement de toute discrimination, il faut procéder dans
l'ordre, par étapes, et une des premières étapes, me semble-t-il, serait
d'inscrire ce principe-là dans la loi.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de se
donner un échéancier, de s'engager à l'inscrire dans la loi? Est-ce qu'une modification
à la loi actuelle est envisageable pour le premier ministre ou est-ce qu'on
peut l'inscrire dans cette fameuse loi mammouth que veut déposer le ministre de
la Santé d'ici les prochaines semaines pour asseoir les actions sur un principe
de la loi?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
je pensais que le Parti québécois n'était pas, comme les deux autres partis,
dans un débat de mots. Nous, on est dans l'action, on est dans l'action. Ce
qu'on veut, M. le Président, c'est de s'assurer que les autochtones, quand ils
vont chercher des services dans nos réseaux publics, ils soient traités de la
même façon que tous les Québécois. C'est ça qu'il faut faire, au Québec,
changer les choses, pas faire des débats de mots puis de projets de loi. Il
faut être capable d'agir, puis d'agir concrètement. C'est ça qu'on fait, au gouvernement.
• (14 h 40) •
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Verdun.
Mesures pour contrer la violence envers les femmes
autochtones
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : M. le Président,
la tragédie a encore frappé, une 16e femme a été victime d'un féminicide,
16e féminicide en 10 mois au Québec. Jeudi dernier, dans la communauté
de Puvirnituq, au Nunavik, une femme de 44 ans a été tuée. Elle s'appelait
Anna Uitangak.
L'Alliance des maisons d'hébergement de
2e étape mentionne qu'il est temps que les choses s'accélèrent pour les
femmes victimes de violence. L'alliance souligne que les gestes amorcés ne sont
pas assez rapides et que c'est un rythme administratif. Le chapitre 4 du
rapport Rebâtir la confiance touchait spécifiquement la question des
femmes autochtones victimes d'agression sexuelle et de violence conjugale. Ça
prend du leadership, de l'engagement.
La ministre de la Condition féminine peut-elle
nous indiquer l'état d'avancement de la mise en place des mesures spécifiques
aux femmes autochtones?
Le Président :
Mme la ministre de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, évidemment, mes pensées vont à la famille de cette
16e victime. Et je pense qu'on est toujours très ébranlés par des
situations comme celle-là.
Le rapport Rebâtir la confiance, on le
sait, est un rapport très important, qui nous permet d'avoir une pierre
d'assise pour pouvoir justement mettre des actions en place pour pouvoir
sécuriser les femmes, pour que des situations comme celle-là ne se reproduisent
plus.
On a un leadership, je pense, qui est très
assumé, qui n'a jamais été égalé. Plus de 400 millions ont été investis
dans la dernière année pour faire en sorte de contrer ce fléau. Plusieurs
actions sont en place, plusieurs actions sont déployées.
Évidemment, en voyant cette tragédie-là, ce
qu'on comprend et ce qu'on constate, c'est qu'au-delà de largement c'est que
c'est une responsabilité qui est partagée, et il faut chacun, tous et chacun,
assumer cette responsabilité-là et de faire en sorte, justement, qu'on puisse
sécuriser les femmes.
Maintenant, pour ce qui est de la situation des
femmes autochtones plus précisément, il y a des actions qui sont en place pour
et par les femmes autochtones, et on continue...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Le premier
ministre parle d'agir pour les femmes autochtones, puis finalement, dans ma
réponse, je n'ai pas eu de réponse.
La recommandation 72
du rapport Rebâtir la confiance est claire : «Financer et mettre en
place dans toutes les régions du Québec — y compris dans le
Nord-du-Québec — les
mécanismes d'intervention concertés visant à prévenir les homicides ou les
blessures en [...] violence conjugale.»
J'aimerais savoir où nous en sommes précisément
pour le Nord-du-Québec.
Le Président : Mme la ministre
responsable de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Encore une
fois, ma réponse, je pense qu'elle est assez claire dans le sens qu'on
travaille sur tous les fronts pour pouvoir contrer cette problématique. Que ce
soit dans le Nord-du-Québec, que ce soit avec les communautés autochtones, que
ce soit dans toutes les régions, on met en place des moyens. 400 millions,
je le rappelle, qui... On se souviendra que, dans les années libérales, le
financement, justement, pour les maisons d'hébergement, a été très, très
pauvre. On est arrivés au pouvoir, on a vraiment pris à bras cette situation
qui est absolument inacceptable. Donc, on continue le travail pour faire en
sorte que toutes les régions soient desservies et que toutes les femmes,
partout au Québec, soient en sécurité.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : J'invite la
ministre à revoir les mesures 16 à 24 du rapport. Il serait temps qu'on
puisse les mettre en place. Ce que je demande au gouvernement, c'est de faire
le maximum pour mettre toutes les chances du côté de femmes victimes de
violence. On peut se désoler de la situation, on peut en parler ici, au salon
bleu, mais la capacité d'agir revient au gouvernement.
Il faut plus de vigueur dans l'application du
rapport Rebâtir la confiance. J'invite la ministre à redoubler d'ardeur,
parce que, pendant qu'on analyse, il y a des femmes qui meurent.
Le Président : Mme la ministre
responsable de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Merci, M. le
Président. Encore une fois, je pense qu'on a fait la démonstration qu'on
travaille sur tous les fronts pour contrer cette situation-là. Pas plus tard
qu'il y a deux semaines, mon collègue à la Justice mettait en place un
projet... bien, déposait un projet de loi pour mettre en place le tribunal
spécialisé, qui est, encore une fois, la pierre angulaire de ce rapport, pour
faire en sorte, justement, de redonner confiance aux victimes dans le système
de justice. Ma collègue à la Sécurité publique y travaille de front aussi. On
travaille tous ensemble, à la Santé, à l'Éducation, tout le monde, tous les
ministres sont très interpelés et veulent faire en sorte, justement, de contrer
cette situation inacceptable.
Le Président :
Question principale, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
Investissements de la Caisse de dépôt et placement dans des
paradis fiscaux
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Après les Paradise Papers, les Panama Papers, on a eu droit, ces
derniers jours, aux Pandora Papers. À chaque fois, on découvre avec quel
sentiment d'impunité ceux et celles qui ont les moyens font tout en leur
pouvoir pour mettre leur argent à l'abri de l'impôt et éviter de payer leur
juste part. Ça, ça veut dire que, pour les familles québécoises, là, qui ont de
la misère à rejoindre les deux bouts, là, c'est totalement inacceptable. Je
comprends que, tout le monde, le coeur leur lève de voir que les plus riches
continuent encore de contourner l'impôt.
Le ministre des Finances trouve que c'est donc
épouvantable. O.K. Mais qu'est-ce que l'État fait pour donner l'exemple? La
Caisse de dépôt a les deux pieds dans les paradis fiscaux. M. le Président,
c'est 25 milliards de dollars. Ça, c'est l'équivalent du budget du ministère
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. La caisse a même des filiales
localisées directement dans les paradis fiscaux.
M. le Président, pour les familles qui en
arrachent, est-ce que le ministre des Finances pourrait au moins donner l'exemple
et exiger à la Caisse de dépôt de se...
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bon, merci
pour la question. Puis je vais la prendre en deux temps.
D'abord, pour ce qui est des planifications
fiscales abusives, évasion fiscale, évitement fiscal, c'est totalement
inacceptable. Je l'ai dit, je le répète, le Québec dispose d'un plan d'action
pour lutter contre l'évasion fiscale depuis 2016. Il s'est accéléré depuis 2019
grâce à la collaboration avec l'Agence du revenu du Canada. On a ajouté
75 personnes, pour un total de 163 qui travaillent là-dessus. Et on parle
ici des divulgations obligatoires des planifications fiscales abusives, on
parle des pénalités pour les promoteurs de ces planifications fiscales abusives
et, bien sûr, l'interdiction de contrats publics.
On a également l'excellent projet de loi de mon collègue
le ministre du Travail sur le registre des entreprises du Québec qui oblige la divulgation
des bénéficiaires ultimes et tout le travail qui a été fait pour lutter
contre... pour faire payer sa juste part aux entreprises du numérique avec la
TVQ.
Alors, il me fera plaisir de prendre en
complémentaire l'aspect de la Caisse de dépôt.
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : M. le Président,
je ne veux pas le bilan du ministère des Finances, je veux qu'il regarde les
Québécois et les Québécoises dans les yeux. Quand vous payez votre impôt, c'est
normal, mais que la Caisse de dépôt, elle, a dans les paradis fiscaux plus que 25 milliards,
c'est tout à fait anormal.
Ça fait trois ans qu'on le demande, le
gouvernement ne veut pas bouger. Est-ce qu'aujourd'hui le gouvernement va
bouger et demander à la caisse de sortir des paradis fiscaux?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bon,
j'arrive au point sur la Caisse de dépôt. Alors, la caisse respecte toutes les
lois et s'acquitte de toutes ses obligations fiscales. D'ailleurs, la caisse
est une entité non taxable. C'est extrêmement important. C'est les Québécois
qui sont taxables. Et, dans le cas où la caisse ne bénéficie pas d'exonération,
parce que ça prend des traités internationaux pour que le statut fiscal de la
caisse, canadien, soit reconnu dans l'ensemble des juridictions, bien, pour
éviter la double imposition, il est nécessaire d'utiliser, dans des
circonstances exceptionnelles, de tels mécanismes. Mais je veux être clair. La
caisse respecte toutes ses obligations, toutes ses obligations fiscales et
légales.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Tout à l'heure, le
ministre des Finances se vantait de récupérer quelques centaines de millions
par année, mais on continue d'encourager l'évitement fiscal. La divulgation
volontaire, là, ce n'est pas compliqué : je me fais taper sur les doigts,
je paie, mais il n'y a pas d'amende.
Est-ce que le ministre des
Finances peut trouver un peu de bon sens et mettre fin à la divulgation volontaire?
Les gros poissons, c'est assez, il faut qu'ils paient des amendes.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien là,
on va clarifier les calculs, là. Vous parlez de quelques centaines de millions.
Dans les faits, c'est 2 milliards de dollars, M. le Président. Alors,
ce n'est pas quelques centaines de millions. Les planifications fiscales
abusives, les divulgations obligatoires sont la majeure partie de ces montants.
Mais les divulgations volontaires font aussi partie des stratégies. Et ça a été
extrêmement bénéfique, le Québec en a bénéficié, le Canada. Et on a resserré
les règles après une certaine période. Et, dans l'ensemble, le Québec est un
leader et fait un excellent travail, et c'est pour ça qu'on a des résultats.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Embauche d'inspecteurs pour visiter les résidences
pour aînés
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, en
février dernier, le CISSS de Chaudière-Appalaches a déposé, on s'en souvient,
un rapport accablant sur la gestion du Manoir Liverpool à Lévis : soins
d'hygiène clairement déficients, présence de croûtes blanches dans la bouche, des
toilettes partielles, pas faites adéquatement, qui entraînent la présence de
rougeurs, de champignons ainsi que de plaies, des ongles trop longs, non lavés,
avec parfois la présence de selles, des cheveux non lavés et de mauvaises
odeurs. C'est encore difficile à lire aujourd'hui, M. le Président.
La ministre responsable des Aînés avait qualifié
la situation d'inacceptable et d'indescriptible. En entrevue à QUB Radio,
quelques jours après le dépôt du rapport, elle a affirmé qu'elle embauchera au
printemps, au printemps, plus d'inspecteurs en RPA pour éviter les histoires
d'horreur comme au Manoir Liverpool.
M. le Président, le printemps est terminé, l'été
aussi. Quel est le bilan de la ministre? Combien d'inspecteurs a-t-elle
embauchés pour les RPA depuis février dernier?
• (14 h 50) •
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Merci, M.
le Président. C'est quand même ironique que la députée de Fabre parle
d'inspection. Puis on reconnaît, tout le monde, là, ici, qu'à Liverpool ce fut
quelque chose de terrible, mais le Parti libéral, alors qu'il était au pouvoir,
n'a fait aucune visite entre le 4 avril et le 13 décembre 2018,
seulement 149 visites d'inspection en 2018. On a intensifié les
inspections, 571 en 2019‑2020. On a fait 12 300 visites de vigie
pendant la pandémie. On est rendu à 2 709 visites de vigie sanitaire.
94 % de nos CHSLD ont eu une visite d'inspection, 96 % dans les RPA,
56 % dans les RIRTF.
Et actuellement, pour, justement, répondre à la
députée, on est en train de doter des postes d'inspecteurs et d'enquêteurs au
ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le Président : Et je vais vous
demander d'être attentifs tant aux questions qu'aux réponses. Je pense que vous
connaissez la règle. Mme la députée de Fabre, pour votre première
complémentaire.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Alors, M. le Président,
la ministre n'a pas de réponse. Je vais vous la donner : zéro, aucun. Le ministère
n'a embauché inspecteur additionnel en RPA. La ministre avait pourtant fait une
promesse, je la cite : «Si je ne change pas les choses, je serai imputable
de ces dossiers-là.» Alors, comment elle peut expliquer qu'aucun nouvel
inspecteur n'a été embauché?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et Proches aidants. On est attentifs à la réponse, je
pense que vous le souhaitez. Mme la ministre.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : En toute
délicatesse, M. le Président, je venais de lui dire, à la fin de ma première réponse, qu'on était en train de se doter d'une brigade
d'inspecteurs et d'enquêteurs. Actuellement, il y a 36 inspecteurs au ministère
de la Santé et des Services sociaux, six plus particulièrement dédiés aux RPA. Tout
le monde est conscient ici que ce n'est pas assez. Nous sommes en train de le
faire. Et, qui plus est, j'ai déposé un projet de loi, une nouvelle mouture du projet
de loi n° 115 pour contrer la maltraitance. Il va de soi que nous aurons
plus d'inspecteurs. Il faut seulement se doter de ces personnes.
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : On est en
train de le faire.
Des voix : ...
Le Président : Je considère
que j'entends beaucoup de gens parler, alors que moi, je m'intéresse aux
questions mais aux réponses aussi. Et la parole n'appartient qu'à la députée de
Fabre. Merci.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président,
printemps : zéro. C'est ce que dit le ministère de la Santé. Lors des
événements au Manoir Liverpool, il y avait sept inspecteurs dédiés aux RPA, en
février 2021. Nous sommes huit mois plus tard, il y en a encore sept. C'est un
échec, et la ministre est, comme elle le dit elle-même, imputable, imputable de
n'avoir rien livré.
M. le Président, les aînés méritent mieux que
d'espérer qu'il n'y ait pas d'autre Manoir Liverpool.
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Bien, M.
le Président, je ne considère pas que c'est un échec quand 94 % des CHSLD
au Québec ont été visités entre le 24 septembre 2020 et mai 2021. Je
considère que ce n'est pas un échec quand 96 % des RPA ont été visitées
pendant la même période et que 56 % des RIRTF ont été visitées. Je ne
trouve pas que c'est un échec. Et je ne trouve pas que c'est un échec non plus,
d'être en train de se doter d'inspecteurs et que, dans la loi pour contrer la
maltraitance, on se donne un levier supplémentaire pour qu'au ministère de la
Santé et des Services sociaux nous soyons capables de faire des enquêtes et de
faire des inspections. Ça, ce n'est pas un échec, c'est une révolution.
Le Président : Question
principale...
Des voix : ...
Le Président : Est-ce que je
pourrais avoir... S'il vous plaît! S'il vous plaît! Il reste une question, et c'est
celle du député de D'Arcy-McGee. J'ose espérer... Et il souhaite avoir votre
écoute. M. le député, vous avez la mienne.
Accès aux services en anglais dans le réseau de la santé et
des services sociaux
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : M. le Président,
depuis plus de 35 ans, un consensus ancré dans la loi sur la santé et les
services sociaux existe au Québec. Tissé de l'effort, de la bonne foi et de
l'équité, ce consensus assure l'accès désigné et raisonnable aux services de
santé et aux services sociaux en langue anglaise. Les gouvernements libéraux et
péquistes tous confondus ont contribué à la réalisation de ce bon compromis. Maintenant,
la CAQ propose de le démolir.
Sans la moindre consultation, elle vient
d'adopter un règlement qui remercie les membres bénévoles du comité national
qui veille aux garanties de ces services à travers le Québec. Pour la
Québécoise de langue anglaise enceinte à New Carlisle, pour l'enfant atteint de
la leucémie à Châteauguay, pour l'aîné devant un diagnostic d'alzheimer à
Sherbrooke, cet accès aux services de soins essentiels et en anglais est
tellement précieux.
Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi ce
gouvernement met en péril cet accès raisonnable?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, M. le
Président, je pense que c'est vraiment intéressant qu'on puisse répondre à
cette question-là rapidement, parce qu'on a analysé tout ce qui peut être fait
pour les autochtones, incluant ce que le député soulève ici. Alors, moi, ce que
j'aimerais comprendre : Quelle est la meilleure représentation régionale
qui pourrait être demandée? Alors, peut-être que je n'ai pas très bien...
Une voix : ...
M. Dubé : Ah! d'anglophones!
J'ai compris... Ah! je m'excuse M. le Président, parce que j'avais compris
«autochtones». Alors, c'est pour ça que je ne comprenais pas, M. le Président,
puis je suis désolé, je n'avais pas compris le point. Je pensais qu'on parlait
d'autochtones plutôt que d'anglophones.
Alors, si vous me permettez, je vais avoir quelques
secondes pour répondre à votre question, mais je m'en excuse, M. le Président,
j'ai mal compris la question. Et je vais préciser ma pensée dans la prochaine
réponse. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David
Birnbaum
M. Birnbaum :
...perhaps the Premier, the Premier of all Quebeckers, can give us a more
meaningful answer about access to English language services. He has direct
responsibility for relations with English-speaking Quebeckers. Lucien Bouchard,
a man that this Premier considers a mentor, once said, «When you go to a
hospital for a blood test, you do not need a language test.» Can this Premier
of all Quebeckers please explain to us why he is dismantling a proud, made in
Québec consensus on the delivery of health services in English?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, comme tous les gouvernements qui nous ont précédés, les services en
langue anglaise, relativement aux soins de santé, seront toujours offerts dans
la langue de la communauté anglophone ainsi que dans les institutions de la
communauté anglophone, M. le Président. C'est important de le
rappeler.
So, as I said in French, it was
always respectfully, to have services, all services in English for the people
who want their services in English for health everywhere in Québec. So, that's
the same thing that was in the bill, «la loi sur la santé et les services
sociaux». Nothing changed, it will always be there...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...over health services, and I can guarantee that, Mr. President.
Le Président : Question
principale, M. le député de D'Arcy-McGee.
Composition
du Comité provincial pour la prestation des services de santé et des services
sociaux en langue anglaise
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : M. le Président,
qu'on soit clairs, je ne parle pas du projet de loi n° 96.
Je parle d'un compromis sacré, appuyé par tous gouvernements confondus depuis
35 ans. Ce gouvernement vient d'adopter un règlement, sans la moindre
pensée, qui congédie le comité qui a fait deux ans de travail, oui, M. le
premier ministre, pour identifier les services dans chaque région, selon un
consensus que chaque gouvernement du Québec aurait compris et aurait respecté.
C'est quelque chose pour lequel on peut être fiers, pour lequel les
francophones du reste du pays seraient très, très fiers. Ce gouvernement vient
de congédier, même sans regarder le rapport qui a été confectionné par ces
experts à travers le Québec.
Est-ce que le premier ministre du Québec peut
expliquer ça à la communauté d'expression anglaise au Québec, s'il vous plaît?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux, à vous la parole.
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le Président,
maintenant que je comprends très bien la question, j'aimerais...
Des voix : ...
M. Dubé : M. le Président, M.
le Président...
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Dubé : Encore une fois, je
m'excuse, je n'avais pas compris la question. Maintenant que c'est très
clair...
Des voix : ...
M. Dubé : Maybe I can say it in
English...
Des voix : ...
Le Président : Non, s'il vous
plaît! Il y a une question... Deux secondes! Il y a une question qui a été
posée par le député, j'imagine que vous souhaitez avoir une réponse. La réponse
appartient au ministre de la Santé et des Services sociaux, et on va tous être
attentifs à sa réponse. Merci.
M. Dubé : Premièrement, je
dirais, M. le Président, que je pense que les mots du député sont loin d'être
appropriés lorsqu'on dit qu'on a congédié un comité. Ce que nous avons fait,
nous avons passé un règlement et nous avons dit que nous allons regarder les
nouveaux membres pour s'assurer que nous avions une représentation autochtone,
une meilleure représentation régionale, M. le Président, que nous aurons faite.
Et, lorsqu'on aura reçu de ce comité-là la meilleure représentation possible
pour qu'elle soit autant régionale qu'autochtone, de toutes les communautés, on
reviendra puis on finalisera, M. le Président, avec les recommandations du
comité.
Puis je pense que c'est important de ne pas en
faire uniquement une question de langue, mais d'en faire une question de
régions et de représentation autochtone. Merci, M. le Président.
• (15 heures) •
Le Président : Cela met donc
fin, à ce moment-ci, à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous passons à la rubrique des motions sans
préavis, et je reconnais Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Souligner
le 25e anniversaire du décès de l'ex-premier ministre Robert Bourassa
Mme Anglade : M. le Président,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le premier ministre, le chef du deuxième groupe
d'opposition, le chef du troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey,
le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Qu'à l'occasion du 25e anniversaire du
décès de M. Robert Bourassa, ancien premier ministre du Québec, l'Assemblée
nationale souligne sa contribution historique et exceptionnelle au développement
du Québec ainsi que son dévouement auprès de la nation québécoise;
«Qu'elle rappelle que l'on doit à Robert
Bourassa la reconnaissance du français comme langue officielle du Québec ainsi
que la création de la charte québécoise des droits et libertés de la personne;
«Qu'elle souligne les nombreuses avancées
sociales qui ont eu lieu sous la gouverne de Robert Bourassa, notamment
l'instauration de l'assurance-maladie, la création des centres locaux de
services communautaires — les
CLSC — la
création de l'aide juridique, l'adoption de la Loi sur la protection du
consommateur, l'adoption de la loi sur le statut de l'artiste, la création du
Conseil du statut de la femme, l'abaissement de l'âge de la majorité de 21 à
18 ans et la création de la Commission de la représentation électorale;
«Qu'elle rappelle que le gouvernement libéral de
Robert Bourassa a mené au développement du vaste territoire de la Baie-James et
de son potentiel hydro-électrique permettant [ainsi] l'acquisition par le
Québec d'une expertise de pointe dans [une] production d'énergie renouvelable
qui [aujourd'hui] fait la renommée et la fierté des Québécois;
«Qu'elle rappelle aussi le leadership
indéfectible de Robert Bourassa au sujet des enjeux touchants les Premières
Nations, notamment avec la signature de la Convention de la Baie-James et du
Nord québécois en 1975;
«Qu'enfin, elle déclare avec fierté que
l'héritage de Robert-Bourassa façonne encore aujourd'hui de façon positive le
quotidien de millions de Québécois.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président, il y a un consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant dans l'ordre suivant : la cheffe de l'opposition officielle,
le premier ministre du Québec, le chef du deuxième groupe d'opposition ainsi
que le chef du troisième groupe d'opposition.
Le Président : Alors, je
comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et
pour que la durée des interventions soit limitée à un maximum de
deux minutes chacune. La parole vous appartient, Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Alors, il y a maintenant 25 ans, le
2 octobre 1996, le Québec perdait l'un de ses plus grands premiers
ministres.
Tout au long de ses quatre mandats, Robert
Bourassa a su façonner le Québec de manière économique, mais de manière sociale
également, et il nous a toujours portés vers le progrès. Lorsqu'on regarde les
avancées qui sont le fruit de sa contribution, elles sont énormes, et on ne
peut qu'être admiratif devant l'ambition qu'il avait pour notre nation.
Nous devons d'abord à Robert Bourassa la
reconnaissance du français comme langue officielle au Québec. Par l'adoption de
la loi 22, il mettait fin, en ses propres mots, à 200 ans d'ambiguïté
et il donnait à la langue française le statut de langue officielle, faisant du
Québec un État francophone en Amérique du Nord. Robert Bourassa aimait bien
dire, d'ailleurs, qu'avant d'être Québécois, qu'avant d'être Canadien il était
francophone, et il a toujours voulu protéger cette langue française qu'il
chérissait tant.
Ce n'est pas, d'ailleurs, étranger aux efforts
qui ont mené à la signature d'une entente qui est fondamentale en matière d'immigration,
la seule responsabilité en matière d'accueil, d'intégration et de francisation
des nouveaux arrivants, en 1991, qui, maintenant, incombe au Québec.
Autre réalisation d'envergure : l'adoption
à l'unanimité, en 1975, de la Charte des droits et libertés de la personne. Il
faut se rappeler que cette charte-là a consacré l'égalité entre les femmes et
les hommes. Et c'est ça, également, qui a conduit à l'adoption du principe de
l'équité salariale.
L'héritage de Robert Bourassa, il est
gigantesque. Quand les gens, aujourd'hui, peuvent se faire soigner avec une
carte d'assurance maladie, carte soleil, qu'on appelait, d'ailleurs, à
l'époque, qu'on appelle, pour certains, encore carte soleil, c'est qu'il a eu
le courage, en 1970, de se dire : L'universalité des soins, elle est
fondamentale, elle est essentielle. On veut une société plus juste, plus
équitable. Mais ce débat-là, cette décision-là n'a pas été facile, il a fallu
qu'il ait énormément de courage, énormément de force pour faire face aux lobbys
qui ne voulaient pas aller dans cette direction. Mais il a réussi, et regardez,
maintenant, ce que l'on peut faire 50 ans plus tard.
Le progrès social de Robert Bourassa s'est
incarné aussi de différentes façons : la création de l'aide juridique,
l'adoption de la Loi sur la protection du consommateur, l'adoption de la loi
sur le statut de l'artiste, la création du Conseil du statut de la femme, pour
ne nommer que ces réalisations.
Mais c'est sûr que, lorsque l'on pense à Robert
Bourassa, on pense à son grand legs, le développement du vaste territoire de la
Baie-James et de son potentiel hydroélectrique. Si c'est vrai qu'on doit quand
même la création d'Hydro-Québec au premier ministre Adélard Godbout, si c'est
vrai qu'on doit quand même à Jean Lesage la nationalisation de l'électricité,
il reste,il reste que c'est Robert Bourassa qui a su pleinement exploiter nos
ressources naturelles, et ce, de manière renouvelable.
Ce développement de la Baie-James, il s'est
accompagné d'un leadership qui a été indéfectible pour les nations autochtones,
pour les Premières Nations, et notamment avec la signature de la Convention de
la Baie James et du Nord québécois, en 1975. Et on voit à quel point cette
vision, elle est encore essentielle aujourd'hui dans les relations que nous
entretenons avec les Premières Nations.
Robert Bourassa a tenu les rênes du Québec à un
moment d'effervescence dans notre vie collective, et les murs de l'Assemblée
résonnent encore de cette voix que l'on a entendue en juin 1990, lorsqu'il
a déclaré : «...quoi qu'on dise [...] quoi qu'on fasse, le Québec est,
aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer
son destin et son développement.»
Et, outre les immenses réalisations de Robert
Bourassa, on ne peut passer sous silence les qualités personnelles de l'homme,
l'homme de famille, la personnalité attachante, l'humour, qui lui ont permis de
tisser des relations et des amitiés. Un véritable gentleman. Et, s'il est vrai
qu'il a eu des adversaires, on ne peut pas dire que Robert Bourassa avait des
ennemis.
Chaque fois que je me lève en cette Chambre,
M. le Président, dans un rôle jadis occupé par Robert Bourassa, je me sens
privilégiée et j'ai ce même désir de renouveau et de progrès qu'il a su
lui-même incarner il y a maintenant 50 ans.
À Robert Bourassa ainsi qu'à toute cette
famille, à tous ses proches, à sa fille, Michelle, à laquelle j'ai parlé la
semaine dernière, je dis un grand merci. Son héritage continuera de façonner le
quotidien des générations futures bien longtemps après que nous soyions tous
disparus. Merci, M. le Président.
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, merci.
M. le Président, il y a 25 ans, on a perdu un de nos grands premiers
ministres du Québec, Robert Bourassa.
Robert Bourassa, c'était quelqu'un qui était
passionné, obsédé par l'économie du Québec. Il n'a jamais accepté que le Québec
soit moins riche que le reste du Canada puis il s'est battu continuellement
pour augmenter la richesse du Québec.
Évidemment, une de ses grandes réalisations,
c'est ce qu'il a fait avec la Baie-James. Ça nous permet aujourd'hui de
poursuivre dans cette direction-là, non seulement d'être l'État en Amérique du
Nord qui a le moins de GES par habitant, mais d'être capables d'exporter cette
électricité au Massachusetts, à New York, puis d'attirer aussi des entreprises
au Québec, à cause de l'hydroélectricité. Donc, M. le Président, en
économie, on doit beaucoup à Robert Bourassa.
Mais Robert Bourassa, et
la cheffe de l'opposition officielle le mentionnait, a été aussi un grand
défenseur de ce qu'on appelait à l'époque la société distincte. Je pense
qu'aujourd'hui, bien, on appelle ça être nationaliste. Or, je veux, moi aussi,
répéter la phrase, parce que c'est cette phrase-là qui m'a le plus marqué, des
années de Robert Bourassa, quand il a dit : «...quoi qu'on dise [...] quoi
qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société
distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.»
M. le Président, c'est fort, comme phrase, puis c'est toujours
d'actualité. Robert Bourassa s'est battu avec le gouvernement fédéral, on se
souvient des échanges durs entre M. Trudeau, le père, et Robert Robert
Bourassa pour les compétences du Québec, pour protéger cette nation, protéger
cette société distincte. M. Bourassa était un grand nationaliste.
M. le Président, M. Bourassa a été premier
ministre, il a quitté, il est revenu, il a passé quand même beaucoup de temps
au pouvoir. Puis effectivement j'ai eu la chance, moi, de parler avec son fils,
François, et son petit-fils Simon, qui est un grand ami d'un de mes garçons,
puis j'ai pu voir comment il a été absent, malheureusement, trop souvent à la
maison. C'est dur, la politique, pour les familles. Donc, François puis même
les petits-enfants ont été privés de M. Bourassa parce qu'il s'est occupé
de nous autres, s'est occupé de tous les Québécois, et je pense qu'on doit être
immensément reconnaissant envers ce dévouement de Robert Bourassa.
Donc, je veux terminer en disant : Merci,
M. Bourassa, d'avoir tracé la voie pour les générations qui ont suivi. Et
tout le Québec doit se souvenir de Robert Bourassa. Merci.
• (15 h 10) •
Le Président : M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. En 1944, il y a un petit gars de 12 ans, passionné de
politique, qui passe des tracts pour le candidat libéral dans sa
circonscription. Ce soir-là, le soir de l'élection, Adélard Godbout est défait,
mais le petit gars n'a pas dit son dernier mot. Il dit à son ami Jacques, qui
était là avec lui le soir de l'élection : Un jour, je vais être premier
ministre. L'ami Jacques, dans l'histoire, c'est Jacques Godbout, et le garçon,
c'est Robert Bourassa. Et, un beau jour d'avril 1970, le petit gars tient
son pari. Il devient, à 36 ans, le plus jeune premier ministre de
l'histoire du Québec.
Robert Bourassa fait partie de cette génération
qui a pris les reines de la nation québécoise à une époque de grands remous, de
grands changements. Robert Bourassa, c'est, bien sûr, comme le disait la cheffe
de l'opposition officielle, le français, langue officielle, c'est la Charte des
droits et libertés de la personne du Québec, c'est l'instauration de
l'assurance maladie, c'est la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
Bien sûr, on ne marque pas l'histoire sans
susciter des débats. Robert Bourassa, c'est aussi la Loi sur les mesures de
guerre et la crise d'Oka. Et Robert Bourassa, c'est aussi et surtout, et, dans
des occasions comme aujourd'hui, c'est sur ça qu'il faut mettre la lumière...
c'est aussi la fameuse phrase, que je répète, moi aussi, parce que c'est sans
doute une des phrases qui expriment un des consensus les plus forts de
l'histoire politique québécoise puis de la classe politique québécoise, toutes
allégeances confondues, Robert Bourassa, c'est donc aussi le fameux :
«Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse», une phrase qui a rendu le Québec si fier
suite à l'échec de Meech.
25 ans après sa mort, on rend hommage à Robert
Bourassa, à son héritage, à un homme de vision qui fut un bâtisseur tranquille
du Québec moderne. Robert Bourassa a fait partie de la génération des grands
projets, c'est un homme de grands projets, et, s'il doit nous inspirer, aujourd'hui,
je pense qu'au fond c'est surtout pour ça, parce qu'à l'heure de la crise
climatique, à l'heure où nos services publics subissent une crise sans
précédent, je pense que c'est le moment, depuis la Révolution tranquille, où le
Québec a le plus besoin, à nouveau, de grands projets. Merci, M. le Président.
Le Président : M. le chef du
troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président,
à l'occasion du 25e anniversaire du décès du premier ministre Robert
Bourassa, de concert avec les collègues qui m'ont précédé, j'aimerais rappeler
certaines de ses réalisations, dont plusieurs ont déjà été mentionnées. Je me
limiterai donc aux plus significatives, de mon point de vue.
À l'instar des Québécois, j'ai du respect et de
l'estime pour l'homme qui a résolument fait avancer le Québec. L'histoire se
souviendra de lui, et il figurera pour toujours parmi nos grands premiers
ministres.
Robert Bourassa était l'homme des grands
projets, des grands travaux. Nous retenons, entre autres, qu'il a eu l'audace
de voir dans la Baie-James un extraordinaire potentiel économique, potentiel
qu'il a tenu à développer pour notre prospérité collective. Et on le sait, la
Baie James occupe aujourd'hui une place de choix dans le palmarès de nos plus
belles et de nos plus grandes réussites. Grâce à cet immense chantier, on a non
seulement généré de la richesse, on a également contribué à établir
mondialement l'expertise québécoise en matière de production hydroélectrique.
Et on a créé de toutes pièces une source de fierté nationale, ce qui n'est pas
négligeable. Aujourd'hui, le Québec figure parmi les leaders mondiaux de la
production d'hydroélectricité, ce qui nous place en excellente position pour
profiter des défis que pose la lutte contre les changements climatiques. C'est
notre devoir d'en tirer avantage.
M. Bourassa avait par ailleurs entrepris de
défendre les intérêts du Québec à l'intérieur de la fédération canadienne. On
peut saluer, pour certains, l'intention et sa détermination, mais aussi une
certaine candeur. Tout de même, afin de protéger la Charte de la langue
française, qui avait été affaiblie par un jugement de la Cour suprême du Canada, il n'a pas hésité à utiliser la clause «nonobstant»
de la Charte canadienne des droits et libertés. C'est aussi lui qui s'est tenu
debout devant Ottawa et qui a mené le combat pour faire reconnaître le Québec
comme société distincte.
On se rappelle aussi, évidemment, ce discours
célèbre, que d'autres ont cité, du 22 juin 1990, prononcé ici même, dans
cette Chambre, après l'échec de l'accord du lac Meech. Il avait alors exprimé
sa profonde déception face à certains de ses vis-à-vis n'ayant pas respecté
leurs engagements. Il avait souligné les efforts et la flexibilité de ceux,
dont l'ancien premier ministre René Lévesque, ayant tenté de réintégrer le
Québec dans la Constitution canadienne, et ce, même si cette démarche est
restée vaine. Il se demandait, avec justesse : «What does Canada want?», n'ayant
malheureusement pas de réponse satisfaisante à apporter. Il déclara ensuite, on
l'a entendu : «...le Canada anglais doit comprendre d'une façon très
claire que, quoi qu'on dise [...] quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui
et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin
et son développement.» Un pas de plus et notre avenir aurait pu être fort
différent. Ce rendez-vous avec l'histoire, nous l'aurons bientôt. Nous en
sommes convaincus, ici, au Parti québécois.
Reste néanmoins que les Québécois gardent de
l'estime pour le premier ministre Robert Bourassa. Ils lui réservent une
place de choix dans leur histoire, une place à part. Au nom du Parti québécois,
je tiens donc à exprimer ma reconnaissance à ses proches. Merci, M. le
Président.
Mise aux voix
Le Président : Merci. Et, en
application de l'ordre spécial, j'invite les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion, suivi des députés
indépendants. D'abord, M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Je reconnais maintenant Mme la députée de
Mercier.
Condamner l'inaction du gouvernement fédéral et de
l'Agence du revenu du Canada envers les paradis fiscaux et souligner
l'importance de la lutte contre l'évitement fiscal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Robert-Baldwin, le leader du
troisième groupe d'opposition et le député de Chomedey :
«Que l'Assemblée nationale réaffirme que
l'existence des paradis fiscaux contribue à l'érosion de notre base fiscale au
détriment du financement de nos services publics;
«Qu'elle salue le travail du Consortium
international des journalistes d'investigation, qui a permis la publication des
"Pandora Papers" et plus particulièrement de ses membres québécois;
«Qu'elle reconnaisse l'importance cruciale de la
lutte contre l'évasion et l'évitement fiscal;
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
fédéral ainsi que l'Agence du revenu du Canada pour leur inaction envers les
paradis fiscaux.» Merci.
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Je demande donc vos votes respectifs. Mme la leader du deuxième
groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée. M. le député de Matane-Matapédia... Je m'excuse, oui, Mme la
leader du deuxième groupe d'opposition, je vous regarde.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de faire parvenir la motion au
premier ministre du Canada, au ministre du Revenu fédéral, au chef du Parti
conservateur, au chef du Nouveau Parti démocratique et au chef du Bloc
québécois.
Le Président : Et ce sera
fait, bien sûr. M. le député de Matane-Matapédia, à vous la parole.
M. Bérubé : M. le Président, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Jean-Lesage et le député de Rimouski, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle l'entente
intervenue en mai 2018, par le biais de laquelle le premier ministre
affirmait que la présente législature devait être la dernière à être issue du
mode de scrutin actuel;
«Qu'elle souligne que lors de la campagne
électorale de 2018, le premier ministre s'est engagé à faire en sorte que les
élections générales de 2022 se tiennent sous un mode de scrutin proportionnel;
«Qu'elle rappelle que l'adoption d'un mode de
scrutin mixte compensatoire avec listes régionales est le mode de scrutin le
plus susceptible de rallier une majorité de la population;
«Par conséquent, que l'Assemblée nationale
ordonne à la Commission des institutions de lancer l'étude détaillée du projet
de loi n° 39, Loi établissant un nouveau mode de scrutin, dans les plus
brefs délais, et ce, afin de procéder à son adoption avant la fin de la
présente législature.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement. M. le ministre de l'Éducation.
Souligner la Semaine pour l'école publique
M. Roberge : M. le Président, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de
Sherbrooke, la députée de Joliette, le député de Chomedey, le député de
Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
12e Semaine pour l'école publique, organisée par la Fédération autonome de
l'enseignement, qui a pour thème Mon école publique, je l'aime!;
«Qu'elle réitère l'importance capitale de la
triple mission de l'école publique, soit instruire, socialiser et qualifier;
«Qu'elle se joigne au porte-parole de la SPEP,
M. Philippe Laprise, pour reconnaître le travail colossal des personnels
de l'école publique, mais aussi la persévérance de tous les élèves, jeunes et
adultes;
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse le rôle
essentiel que doit jouer l'école publique comme vecteur d'égalité des chances
et de justice sociale au Québec en offrant une éducation gratuite, accessible
et universelle;
«Qu'elle reconnaisse la contribution
exceptionnelle de l'école publique au développement de la société québécoise.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous passons à la rubrique Avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'aménagement du
territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 49, Loi
modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités,
la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle du Conseil législatif;
La Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra les consultations particulières sur le projet de loi n° 96,
Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français,
aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée de
3 h 30 min, à la salle Pauline-Marois. Merci.
Le Président : Merci. Pour ma
part, je vous avise que la Commission des institutions se réunira en séance de
travail le mercredi 6 octobre 2021, de 8 h 15 à
8 h 45, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin de statuer sur la possibilité
que la commission se saisisse de la pétition concernant l'opposition au
passeport vaccinal obligatoire.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par les
députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de Jonquière.
Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle les
revendications du gouvernement du Québec formulées le
17 septembre 2019 et le 26 août 2021 par le premier
ministre dans le cadre des deux dernières campagnes électorales fédérales;
«Qu'elle réclame [...] modification du cadre
législatif en matière d'évaluations environnementales afin de prévoir que seule
la procédure québécoise d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement doit s'appliquer aux projets relevant des compétences du
Québec;
«Qu'elle exige que les fonds fédéraux consacrés
à la lutte contre les changements climatiques, et visant des secteurs relevant
des compétences du Québec, devraient faire l'objet d'un transfert en bloc au
gouvernement du Québec;
«Qu'elle adopte le principe du projet de loi
n° 391, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement afin
d'affirmer la primauté de la compétence du Québec en cette matière.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, je constate que le délai pour la
transmission des demandes de débats de fin de séance n'est pas écoulé. Donc, je
vous demanderais de suspendre jusqu'à l'expiration du délai, s'il vous plaît.
Le Président : Merci. En
effet, nous suspendons les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 24)
(Reprise à 15 h 31)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je vous informe que trois débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui, à
18 h 30, en application de l'ordre spécial. Le premier débat portera
sur une question adressée par Mme la députée de Fabre à la ministre responsable
des Aînés et des Proches aidants concernant sa promesse d'engager des
inspecteurs additionnels dans les résidences pour personnes âgées. Le deuxième
débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Sherbrooke au
ministre de l'Éducation concernant la place du privé dans le réseau public
d'éducation. Le troisième débat portera sur une question adressée par M. le
député de D'Arcy-McGee au premier ministre concernant les comités d'accès aux
services de soins de santé en langue anglaise.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Oui. Merci,
M. le Président. Compte tenu de ce que vous venez de nous annoncer, je vous
demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à la tenue des débats de fin de
séance, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Picard) :
En application de l'ordre spécial, les travaux sont suspendus jusqu'à
18 h 30 pour permettre la tenue des débats de fin de séance
précédemment... Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 18 h 30)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous reprenons nos travaux.
Débats
de fin de séance
Et, conformément à l'ordre spécial, nous allons maintenant
procéder aux trois débats de fin de séance.
Le premier débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Fabre à Mme la ministre responsable des Aînés et
des Proches aidants concernant sa promesse d'engager des inspecteurs
additionnels dans les résidences pour personnes âgées.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, puis le
député a ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Alors, Mme la députée de Fabre, je vous cède la
parole pour une durée de cinq minutes.
Embauche d'inspecteurs pour visiter les résidences
pour aînés
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, écoutez, ce matin, ça a été très difficile pour moi de
rappeler ce triste épisode pour les familles qui ont vécu ce qui s'est vécu,
l'horreur du Manoir Liverpool, en février dernier. Mais il le fallait, puisque,
cette situation, il ne faut plus jamais que ça se produise au Québec. Alors,
j'ai rappelé, bien sûr, des extraits du rapport de l'enquête administrative du
CISSS de Chaudière-Appalaches, ces aînés qui ont vécu l'horreur, le manque de
soins, des aînés souillés, les soins qui n'étaient pas donnés, l'hygiène. Bref,
l'horreur, l'horreur. L'horreur, vraiment.
Quand cet épisode est arrivé, en février
dernier, la ministre responsable des Aînés a réagi en disant, à juste titre :
C'est inacceptable, c'est indescriptible. Et elle a pris un engagement, son
engagement à elle, son engagement qui était de dire : «Au printemps
prochain, je vais embaucher des inspecteurs pour les RPA. C'est l'engagement
que je prends.» Elle a dit ça sur les ondes de QUB Radio. Elle a aussi dit son
imputabilité, elle a clairement dit : «Si les choses ne changent pas, je
serai imputable.»
Alors, suite à l'engagement de la ministre, Mme
la Présidente, j'ai fait mon travail, j'ai fait mes suivis, deux demandes
d'accès à l'information. J'ai reçu la dernière réponse ce matin. Clairement,
depuis le mois de février, il y a présentement 35 inspecteurs, pour les
RPA, sept désignés spécifiquement pour les RPA. Ce même chiffre de sept, ce
même chiffre de 35, mêmes chiffres depuis février. Zéro embauche, zéro
inspecteur de plus.
Alors, moi, j'ai posé une question très simple à
la ministre, parce que c'est son engagement à elle, son engagement
envers les familles, envers les aînés du Manoir Liverpool. Combien? Très
simple. Combien? Combien, au printemps, ont été embauchés?
L'été est passé, le printemps, évidemment, on
est à l'automne. Alors, ma question, elle était très, très légitime, le suivi
que j'ai fait face à la promesse. Et je fais ces suivis-là parce que c'est mon travail,
pour les aînés, mais aussi pour m'assurer que les paroles sont suivies des
actions. Ce n'est pas la première fois qu'il y a des promesses qui sont
avancées par la ministre, et, quand on vérifie les faits, il n'y a rien, il n'y
a rien qui a abouti.
Alors, je suis très inquiète d'entendre la ministre
répondre, ce matin, en me parlant des visites dans les CHSLD, 12 300 visites
dans les CHSLD... En passant, Mme la Présidente, ça aussi, là-dessus, j'avais
fait une demande d'accès à l'information, et ça m'inquiète un peu parce que, le
12 300 visites, c'est le même chiffre qu'elle invoquait en février,
le 14 février dernier. Donc, le chiffre n'a pas changé. Mais, quand j'ai
posé la question, quand on a fait une demande d'accès sur les 12 300 visites,
on n'était pas capable, au ministère de la Santé, de nous répertorier un peu la
nature autrement que nous dire que la majorité de ces visites-là était en lien
avec les directives obligatoires de faire des inspections hebdomadaires pour
s'assurer que la prévention des infections... donc des inspections COVID
spécifiques, liées à des directives du gouvernement. C'était l'agenda très
précis lié à ces 12 300 visites, les mêmes 12 300 visites
qu'il y a huit mois.
Bref, ramenons-nous à ma question très simple
pour les familles, pour les familles du Manoir Liverpool. Et la ministre a dit :
Bien, on est en train de doter les postes d'inspecteur. En train de, en train
de. Zéro embauche. On est rendus à l'automne. La promesse : le printemps.
Donc, on est en train de se doter d'inspecteurs. On est huit mois plus tard, Mme
la Présidente, huit mois plus tard. La promesse qui n'a pas été remplie, on est
juste en train de, c'est tout, et pourtant la ministre dit : Ce n'est pas
un échec, c'est une révolution. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Fabre. Et maintenant je vais céder la
parole à Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants pour une
durée de cinq minutes.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais (Prévost) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureuse d'être ici, dans ce débat de fin
de séance. Puis je pense qu'il est bon de faire un recul puis de faire un petit
rappel historique, parce que, pour savoir où on s'en va, il faut savoir quand
même d'où l'on part.
Donc, les inspections ont commencé en 2012. En
raison de l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement, le
13 mars 2013, il n'y a eu aucune inspection qui a été effectuée entre
le mois de février et le mois de juillet 2013, donc six mois sans
inspection dans nos RPA. C'est aussi en avril 2012, sous un gouvernement
libéral, que la décision de regrouper la presque totalité des activités
d'inspection, dont l'inspection des résidences privées pour aînés, sous la
Direction générale adjointe de la sécurité civile et des affaires
institutionnelles. On voit qu'il y a ici une forme de centralisation, puis j'y
reviendrai.
Dans Le Devoir du 1er mars
2012, la ministre Dominique Vien, la ministre de l'époque, qui était
responsable des RPA, des RI, des RTF, ministre déléguée à la Santé et aux
Services sociaux, mentionnait, à l'époque, qu'il y avait deux inspecteurs
seulement. Elle mentionnait combien elle était pour embaucher... Elle
mentionnait qu'elle voulait embaucher des inspecteurs, mais elle ne disait pas
combien puis elle ne pouvait pas les chiffrer. Ils sont où, ces inspecteurs,
depuis neuf ans?
En 2018, il y a un nouveau règlement qui a été
publié dans la Gazette officielle du Québec, en date du 21 mars.
Celui-ci est entré en vigueur le 5 avril 2018. C'est assez incroyable, Mme
la Présidente, mais les activités d'inspection ont cessé le 4 avril 2018
puis ont été reprises le 13 décembre 2018, sous un autre gouvernement.
Encore six mois sans inspection.
Mme la Présidente, ce que j'essaie d'illustrer,
c'est que, malgré la COVID — on
est en quatrième vague — malgré
la COVID, malgré toutes les embûches rencontrées, il y a eu plus d'inspections,
plus de vérifications, plus de vigies qui ont été effectuées en 18 mois
que dans les 10 dernières années. Je l'exprimais plus tôt ici, dans cette
Chambre, durant la période de questions et de réponses orales, qu'entre le
24 septembre 2020 et mai 2021 96 % des RPA avaient été visitées,
pour un total de 1 649. Pour 2018, il y a eu 149 inspections.
À tout ceci s'ajoute... Puis la députée de Fabre
le mentionnait, on a quand même fait 12 300 inspections de vigie
pendant, là, la première, deuxième, troisième vague. Oui, là, on fait peut-être
moins de visites de vigie, mais on a recommencé à faire des visites
d'inspection. On a recruté du personnel. On a formé des champions en
prévention, contrôle des infections. Nous savons que les établissements peuvent
faire aussi des visites dans les RPA, dans les RI, dans les CHSLD sans le
consentement du ministère de la Santé et des Services sociaux. On est en train
d'étudier le projet de loi n° 101, actuellement, pour donner des leviers
supplémentaires au ministère de la Santé et des Services sociaux pour faire des
enquêtes et avoir plus d'inspecteurs.
Et, oui, Mme la Présidente, on est en dotation, actuellement.
Nous voulons ajouter une vingtaine d'inspecteurs. Alors, on est parti de 2012
avec deux inspecteurs, et là on est en train de dire qu'il y a effectivement 35
ou 36 inspecteurs, là, moi, j'avais 36 inspecteurs, mais qu'on veut
en rajouter 20 uniquement pour nos résidences privées, nos RI, nos CHSLD, nos
RTF. On veut que les visites se fassent.
Moi, Mme la Présidente, en général, quand je
fais une promesse, je les réalise. Puis je me sens un peu mal à l'aise quand on
dit que je ne respecte pas mes promesses. Peut-être que parfois, dans le temps,
là, on peut passer du printemps à l'automne, ce n'est pas toujours si simple,
parce que, le ministère de la Santé et des Services sociaux, je n'en reviens
pas, je dois les féliciter, les gens qui travaillent là-bas, ils ont travaillé
à la fois sur la COVID, mais ils ont travaillé aussi en
parallèle sur tous les dossiers qui sont là.
Alors, Mme la Présidente, oui, je vais respecter
mon engagement. Et, oui, nous aurons plus d'inspecteurs. Et, oui, nous allons
davantage protéger nos aînés et nos personnes vulnérables.
• (18 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la ministre. Et maintenant, pour votre réplique de deux
minutes, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique
Sauvé (réplique)
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Alors, si on va dans un rappel historique, deux dates. Octobre 2018,
la ministre devient ministre responsable des Aînés. Autre date : février,
février dernier, il y a huit mois, où elle a pris, comme ministre, un
engagement. C'est son engagement, c'est sa promesse. On est huit mois plus
tard, et il n'y a rien, rien de fait, zéro enquêteur qui a été embauché. On est
rendus à l'automne, elle l'avait promis pour le printemps. Alors, la ministre
aura beau dire, c'est un échec, c'est son imputabilité.
Et j'ai une petite pensée, en terminant, pour
les familles, les familles des aînés, les enfants des aînés du Manoir Liverpool.
Je ne pense pas, ce soir, quand ils écoutent la réponse de la ministre... je ne
pense pas qu'ils trouvent qu'elle a eu un succès. Je ne pense pas non plus
qu'ils ne constatent pas à quel point elle n'a pas tenu sa promesse. Ils ont
compris. Ils ont compris, il n'y a rien de fait. Je ne pense pas non plus que
les familles de ces aînés, que les enfants de ces aînés sont satisfaits de la
réponse d'un ministre qui dit : Bien, écoutez, ça prend du temps, on est en
train de doter des postes d'inspecteur, ça s'en vient.
Elle l'a promis, elle l'a promis pour le
printemps; zéro inspecteur d'embauché. La promesse, elle l'a rompue. C'est sa
promesse, c'est son imputabilité, c'est sa responsabilité, elle est ministre responsable
des Aînés. Et clairement, clairement, avec les suivis, l'information et les
faits que nous avons, ce soir, je suis très triste pour les familles des aînés
du Manoir Liverpool, je suis très triste pour les enfants de ces aînés du
Manoir Liverpool. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Fabre.
Et nous allons maintenant procéder au deuxième
débat, qui portera sur une question adressée par Mme la députée de Sherbrooke
au ministre de l'Éducation concernant la place du privé dans le réseau public
d'éducation. Mme la députée de Sherbrooke, je vous cède la parole pour une
durée de cinq minutes.
Recours au secteur privé pour offrir des services
spécialisés dans les écoles
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'ai demandé un débat de fin de séance parce que plus tôt,
aujourd'hui, le ministre n'a pas répondu à ma question, qui portait d'abord sur
les fameux remboursements qu'il a promis aux familles la semaine dernière. Il
s'est engagé auprès de plusieurs médias différents à rembourser les familles
qui avaient dû aller chercher des services au privé, parce qu'il a été choqué,
avec raison, de découvrir le témoignage d'une famille.
Le problème qu'on a, aujourd'hui, c'est que le
ministre considère encore que ce sont des cas isolés, exceptionnels. Il ne
comprend pas que, pour réaliser son engagement, ça va prendre un programme de
remboursement avec des modalités claires, parce qu'autrement ça va devenir ingérable.
Et, pour aider le ministre à voir la réalité en face, je vais lui lire quelques
témoignages que j'ai reçus dans les derniers jours sur ma plateforme de
dénonciation.
Le premier, c'est celui d'une maman du centre de
services Val-des-Cerfs, en Estrie : «Ma fille qui a des diagnostics de
trouble de développement du langage, retard sévère de langage, TDA, TSA, retard
de développement global n'aura pas, cette année, de suivi en orthophonie,
malgré que cela soit inscrit dans son plan d'intervention. Ma fille est en
reprise de sa première année.»
Une enseignante au secondaire en Montérégie qui
nous dit : «À cause du manque d'enseignants, les élèves en adaptation
scolaire, classe de langage, ne bénéficient plus du service d'orthopédagogie.
De plus, étant donné qu'il manque d'orthophonistes dans mon centre de services,
les élèves ne bénéficient pas non plus de ces services.»
Un parent de Montréal : «Nous sommes allés
en neuropsychologie en 2020 afin de faire évaluer notre garçon. Il a reçu un
diagnostic de TDAH. J'en ai informé l'école en espérant qu'un plan d'intervention
soit mis en place pour l'aider, mais je n'ai jamais eu de nouvelle. Une
ergothérapeute a détecté chez lui des troubles sensoriels et de praxie. Plus
d'un an et demi après le diagnostic de TDAH, je n'ai toujours pas de nouvelles
de l'école pour un plan d'intervention.»
Un enseignant du centre des services des
Hautes-Rivières qui nous dit : «Il manque de soutien pour venir en aide à
nos élèves ayant différentes problématiques : orthophonistes,
ergothérapeutes, TES disponibles sur le plancher.»
Un parent du même centre de services,
Hautes-Rivières, qui nous dit : «J'ai dû payer au privé les services
d'orthophonie, car elle n'est pas — sa fille — atteinte
assez sévèrement, selon l'école, pour avoir accès aux services donnés par
l'école.»
Parent d'une élève au secondaire à Sherbrooke :
«Ma fille a fait les démarches pour rencontrer la psychologue de son école, car
elle vit beaucoup d'anxiété et n'arrive plus à la gérer. On lui a dit qu'elle
n'aurait pas de service, d'aller voir un médecin.»
Un autre qui est rentré ce
soir, d'une enseignante du centre des services des Navigateurs : «Nous
n'avons plus de psychologue depuis plus de deux ans. Les élèves du préscolaire
quatre ans n'ont pas les mêmes services de professionnels que les élèves du
préscolaire cinq ans. Je réfère trois à quatre élèves par année en psychologie
ou orthophonie, et environ 20 % de mes références sont prises en compte.
Certaines références traînent sur les tablettes depuis plus de quatre ans.»
Ça, c'est des témoignages... un échantillon de
témoignages qui sont rentrés juste depuis vendredi passé. Ça fait plus qu'un
mois que j'en recueille. Alors, honnêtement, quand j'entends le ministre
essayer de nous faire croire que c'est exceptionnel, qu'une école ne peut pas
répondre aux besoins d'un élève, ça me met très, très en colère.
Pendant qu'il banalise les problèmes, on parle
de vrais élèves qui ont besoin de soutien et qui n'en ont pas, on parle de
vraies familles qui paient pour des services que l'école a la responsabilité
légale d'offrir, des familles qui se sont fait dire la semaine dernière
qu'elles pourraient être remboursées et qui attendent toujours de voir comment.
Ça, ce n'est pas idéologique, c'est écrit dans la Loi sur l'instruction
publique, elles ont droit à ces services-là.
Alors, moi, je veux que le ministre soit clair.
Est-ce que c'étaient des paroles en l'air, son engagement de la semaine
dernière, ou est-ce que son ministère est en train de mettre sur pied un
programme de remboursement? Ou bien est-ce qu'ils attendent un recours
collectif? Parce que les droits des enfants ne sont pas respectés, en ce
moment, et ça fait des années que ça dure.
L'autre volet de ma question, c'était sur la
nécessité d'offrir des incitatifs pour recruter des professionnels. Il y a plus
de 500 postes non comblés, actuellement. On n'est même pas certains que ce
serait assez, s'ils l'étaient, là, pour répondre aux besoins des élèves. Et ça,
ce n'est pas non plus de l'idéologie, là, c'est des chiffres qui existent, qui
sont disponibles, auxquels le ministre a accès aussi.
Alors, je comprends que le ministre est content
d'avoir ajouté des professionnels dans le réseau. Je ne nie pas du tout qu'il y
a eu des ajouts. Et d'ailleurs, contrairement à ce que le ministre a dit ce
matin, je n'ai jamais prétendu qu'il y avait un exode. D'après moi, il confond
avec les interventions que je fais auprès de son collègue le ministre de la
Famille sur les éducatrices. Mais, de toute évidence, le ministre ne réussit
pas à combler tous les postes affichés, et ce n'est pas parce qu'il manque de
gens formés, au Québec, pour occuper ces postes-là, c'est parce que les
psychologues, les orthophonistes, les psychoéducatrices, ils décident de
travailler au privé.
Moi, quand j'entends que le seul incitatif que
le ministre a réussi à mettre en oeuvre, depuis plus de quatre ans... bien, pas
à mettre en oeuvre, finalement, à juste aborder, pour essayer d'attirer les
professionnels au public, c'est une promesse d'une éventuelle réduction de la
bureaucratie, ça ne me rassure pas du tout. Ça ne me rassure pas du tout parce
que ça ne peut pas être la seule solution. C'est absolument intangible pour les
gens qui sont sur le terrain et pour les gens qui se demandent s'ils vont
postuler sur un poste. On ne sait pas si elle va être réalisée, cette
promesse-là. On ne sait pas comment ça va se manifester. On ne sait pas ça va
être quoi, les conditions de travail qui vont être offertes à ces gens-là puis
à quel point ils vont récupérer leur autonomie professionnelle.
Là, il y a les orthophonistes, par exemple, qui
ont fait savoir au ministre qu'il y avait un écart salarial important avec le
privé puis avec les autres provinces. Ils nous rappellent aussi qu'il y a une
plainte en équité salariale qui n'est pas réglée depuis 2015. Est-ce que le
ministre va répondre à leurs demandes ou est-ce qu'il va continuer de miser sur
le privé? Est-ce qu'il y en a d'autres, incitatifs, dans sa manche?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Sherbrooke. Et maintenant, M. le ministre
de l'Éducation, vous disposez, vous aussi, d'un temps de parole de cinq
minutes.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. C'est important, la question des services professionnels aux
élèves, des services aux élèves vulnérables, qu'on dit les élèves EHDAA. C'est
quelque chose qui m'interpelle. Bon, je suis moi-même père de deux filles, mais
j'ai enseigné quand même 17 ans dans le réseau public. J'ai eu dans ma
classe des élèves qui ont eu des besoins très, très, très variés et j'ai eu,
des fois, à faire le parcours du combattant pour avoir les services nécessaires
pour ces élèves-là.
Il m'est arrivé, est-ce que c'est une fois,
est-ce que c'est deux fois, dans ma carrière, de discuter d'un cas, en plan
d'intervention, avec la direction d'école, avec les parents, et qu'à la fin la
direction d'école avait référé le jeune à un professionnel qui travaille dans
le réseau privé en disant que le réseau scolaire, la commission scolaire, à
l'époque, allait absorber la facture. Est-ce que c'est une fois ou est-ce que
c'est deux fois en 17 ans? Je ne le sais pas, mais c'est rare. Mais
c'était déjà arrivé. Et ça fait quand même sept ans que je n'enseigne plus parce
que j'occupe les fonctions de député à l'Assemblée nationale.
Donc, ce n'est pas nouveau, cette mesure-là dont
on a parlé la semaine dernière. Beaucoup de personnes en ont entendu parler
pour la première fois parce que c'est rare, parce que c'est exceptionnel, mais
ce n'est pas nouveau, qu'on puisse référer comme ça. Pourquoi c'est rare? Mais
parce que, normalement, on est capable d'accueillir les demandes et de donner
les services nécessaires aux élèves. C'est un enjeu, c'est difficile, surtout
en temps de pandémie, mais je vous dirais que, la plupart du temps, on y arrive.
• (18 h 50) •
Et on le fait mieux qu'on le faisait avant. On
est en train de réparer le réseau, on est en train de réparer le système. Je me
souviens, il y a une dizaine de jours j'étais dans une école primaire et je
discutais avec la directrice générale d'un centre de services scolaire,
Mme Lachapelle, du centre de services scolaire des Hautes-Rivières, qui
nous disait qu'en 30 ans dans le réseau scolaire — elle
avait été enseignante, elle avait été à la direction de l'école, elle était maintenant D.G. — elle n'avait jamais vu,
jamais vu des écoles aussi bien pourvues en ressources financières, en
ressources humaines.
Est-ce qu'on peut faire mieux? Oui, puis on va
faire mieux. On continue d'investir, on continue de réinvestir année après
année dans les ressources, hein, parce que l'éducation, c'est le contact
d'humain à humain avec des gens qui sont des professionnels, des gens qui
savent ce qu'ils font. Beaucoup de compétence, dans le réseau scolaire. Mais
force est de constater qu'on est sur la bonne voie, on est en train d'améliorer
le réseau.
Même, c'est M. Hogue, président du Syndicat
de l'enseignement des Deux Rives, qui disait, il y a quelques semaines, à
Mario Dumont... qui répondait à la question : Comment ça se fait, donc,
que ça ne va pas bien?, et M. Hogue dit : «Bien, c'est
l'aboutissement d'une dégradation qui a duré pendant une quinzaine d'années.»
Il dit : «Il s'est fait certaines avancées intéressantes — en
parlant de ce qui s'est passé depuis 2018, depuis le début du mandat — il
s'est fait certaines avancées intéressantes, plus de classes spéciales et
davantage de services pour les élèves qui ont des besoins particuliers.» Mme la
Présidente, c'est le président d'un syndicat d'enseignants qui dit ça. «Il y a
un virage intéressant qui s'est amorcé avec la dernière négociation.»
Donc, ce n'est pas parfait, mais c'est bien
mieux que ce que ça n'a jamais été, c'est le président d'un syndicat qui le
dit, c'est la directrice générale d'un centre de services scolaire qui le dit, parce
qu'on ajoute des moyens, parce qu'on ouvre des postes. Oui, des fois ça prend
un peu de temps, avant de combler les postes, mais on y arrive. Depuis 2018, on
a ouvert des centaines de postes. Et ce n'est pas instantané. Quand on ouvre le
poste, il n'est pas comblé le jour qui suit. Mais on arrive à les combler.
Ça n'a rien à voir avec sous le dernier gouvernement,
quand, en 2016, le gouvernement s'est enfargé sur une pelure de banane puis il
a coupé des postes. Donc là, on n'était pas en train d'améliorer le réseau. En
2016, ils ont mis à la porte 80 personnes, ils ont fermé 80 postes de
professionnels, orthopédagogues, psychologues, psychoéducateurs, ils ont mis à
la poste 110 techniciens. Une année dure, une année noire, l'année 2016,
sous le dernier gouvernement libéral.
Mais on est loin de ça, on est loin de ça. Ce
n'est pas du tout ce qu'on fait, depuis 2018, Et on a ajouté des postes de
conseillers d'orientation, de travailleurs sociaux, d'orthopédagogues,
d'orthophonistes, de psychoéducateurs, puis on va continuer de le faire.
Mme la Présidente, on est pleinement engagés. Ça
s'est avéré, ça a été démontré lors de la négociation de la convention
collective, dans les politiques, dans les budgets. Et on améliore la situation
de jour en jour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le ministre de l'Éducation. Et maintenant Mme la députée
de Sherbrooke, pour votre réplique de deux minutes.
Mme Christine
Labrie (réplique)
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Là, le ministre nous parle de quand il était enseignant. Ça
commence à faire un petit bout de temps, là. Moi, je lui parle des enfants qui
en ce moment, au moment où on se parle, ne reçoivent pas de services. Le
ministre continue de nous dire que c'est rare. Il nous cite une personne du
centre de services des Hautes-Rivières selon qui il n'y aurait jamais eu autant
de services dans le réseau. Je ne sais pas s'il m'écoutait, mais je viens juste
de lui lire deux témoignages du même centre de services des Hautes-Rivières qui
rapportent que, justement, il en manque, des services, dans le centre de
services des Hautes-Rivières.
Donc, moi, je ne peux plus me satisfaire d'une
réponse qui ressemble à : On offre plus de services que sous les libéraux.
Je ne peux pas me satisfaire de ça. Il y a des centaines de témoignages qui
s'accumulent, de gens qui nous contactent pour nous dire : On ne reçoit
pas les services dont on a besoin, on a dû aller au privé pour un diagnostic,
pour du soutien après un diagnostic. Ça ne suffit pas, d'offrir plus de
services que les libéraux, s'il y a quand même des centaines, des milliers
d'enfants qui ne reçoivent pas les services en ce moment. Ça ne suffira jamais,
de faire plus que les libéraux, si eux autres répondaient à 1 % des
besoins puis que vous répondez à 2 %, 3 % des besoins. Ça ne marche
pas, ça. On ne peut pas se satisfaire d'une réponse comme celle-là.
Moi, j'ai demandé des éclaircissements sur les
modalités de remboursement pour les parents. Je n'ai pas encore entendu le
moindre détail sur ces modalités-là. Les parents se posent des questions.
Est-ce que c'est ça que ça va prendre, un recours collectif? Parce que ça va
coûter une beurrée, si c'est ça que les parents décident de faire pour finalement
faire respecter leurs droits. Je préviens le ministre, là, en ce moment il y a
des milliers de parents insatisfaits.
J'ai demandé aussi ce serait quoi, les
incitatifs pour recruter davantage de professionnels, parce qu'en ce moment il
y a des postes affichés qui ne sont pas comblés, plus de 500 postes
affichés qui ne sont pas comblés. On ne m'a pas répondu là-dessus non plus. Ce
n'est pas pour moi, là. Moi, mes enfants, honnêtement, là, je suis bien
chanceuse, ils n'en ont pas besoin, de services, en ce moment. Ce n'est pas
pour moi que je fais ça, là, c'est pour les milliers d'enfants qui n'en ont pas,
des services, en ce moment, puis pour les milliers de familles qui multiplient
leurs heures supplémentaires pour pouvoir payer des services à leurs enfants.
C'est à ces parents-là que je veux que le ministre réponde, puis il ne l'a pas
encore fait ce soir.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Sherbrooke.
Et nous allons maintenant procéder au troisième
débat, qui portera sur une question adressée par M. le député de D'Arcy-McGee
au ministre de la Santé et des Services sociaux, en remplacement du premier
ministre, concernant les comités d'accès aux services de soins de santé en
langue anglaise. Et, M. le député de D'Arcy-McGee, vous disposez vous aussi
d'un temps de parole de cinq minutes.
Accès aux services en anglais
dans le réseau de la santé et des services sociaux
M. David
Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Si on a demandé ce débat de fin de séance, c'est parce qu'on veut
parler d'un consensus solennel, un contrat social, mandaté par la Charte de la
langue française, ordonné par la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, sur l'accès aux services de santé et services sociaux en anglais.
Si on fait le débat, c'est parce que ce matin,
dans un premier temps, le premier ministre, le ministre responsable pour les
Relations avec la communauté de langue anglaise, m'a regardé comme si j'étais
de la planète Mars quand j'ai posé la question. Suite à ça, le ministre de la
Santé avait compris que je parlais d'une question très légitime, c'est-à-dire
l'accès pour les communautés des Premières Nations et Inuits, mais ce n'était
aucunement le sujet de mon intervention. Troisièmement, le leader du
gouvernement et ministre responsable pour la Langue française comprenait ou a
décidé de comprendre que je parlais du projet de loi n° 86...
n° 96, je m'excuse. Aucunement, aucunement. Je parlais d'un contrat
social qui perdure depuis 35 ans, appuyé par les premiers ministres
successifs Bourassa, Daniel Johnson Jr, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard,
Bernard Landry, Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard, implanté,
et révisé, et ajusté par 11 ministres de la Santé depuis ces 35 ans,
y compris M. le premier ministre du Québec actuel. Et là, là, nous sommes
devant une impasse assez claire.
Il y avait... Il y a un comité qui a travaillé
d'arrache-pied depuis des années pour réviser ces plans d'accès aux services en
langue anglaise qui se voit devant un fait accompli, un règlement dûment publié
dans la Gazette officielle qui va mettre fin à leur mandat, qui va faire
fi de tout leur travail. Ils ont fait une analyse détaillée, qui de toute évidence
n'a été jamais vue par le ministre. Si oui, radio silence total.
Est-ce qu'on peut se comprendre de quoi on
parle? On parle d'une madame de langue anglaise, à New Carlisle, qui est
enceinte. On parle d'un jeune atteint de la leucémie à Châteauguay. On parle
d'un aîné devant un diagnostic d'alzheimer à Sherbrooke. Je vous invite de vous
demander si cette personne, cette madame a besoin de comprendre in extremis
c'est quoi, un accouchement par le siège, si l'enfant doit comprendre que la
remise signifie qu'il est sans symptôme... Est-ce que l'aîné, devant ce
diagnostic, a besoin de savoir qu'une maladie neurocognitive, oui, signifie
qu'il vient de se faire confronter par un diagnostic d'alzheimer?
• (19 heures) •
C'est l'ancien premier ministre Lucien Bouchard
qui l'a dit, on n'a pas besoin d'un test de langue quand on a besoin d'un test
sanguin. Comme je dis, pour 35 ans ce compromis, ce consensus a été
compris.
Et, qu'on se comprenne, le ministre risque
d'avoir des petits faits sur la façon qu'on va procéder. Il y a un règlement de
publié qui va mettre fin au mandat de ces individus dédiés qui ont analysé dans
chaque région des services ciblés en anglais, qui n'atteint d'ailleurs, et
c'est important, aucunement le droit très solennel de travailler en français
selon la Charte de la langue française. C'est des obligations institutionnelles
de protéger cette femme qui est enceinte, ce monsieur atteint de l'alzheimer.
Le règlement met fin, à toutes fins pratiques, à leur mandat, les impose un
code déontologique sans qu'ils savaient. Et, comme je dis, toutes ces actions, très
actif, soudainement, le gouvernement de la CAQ, suite à pas la moindre, pas la
moindre communication, Mme la Présidente, du ministre aux membres de ce comité,
qui ont fait une analyse minutieuse et responsable pour identifier dans chaque
région du Québec les services nécessaires.
Alors, non, je ne parle pas des autochtones.
Non, MM. le ministre et leader du gouvernement, je ne parle pas de 96. Non, M. le
premier ministre, je ne parle pas d'une petite question. C'est l'accès sacré aux
services de santé en anglais.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de D'Arcy-McGee. Et je cède maintenant la parole
à M. le ministre de la Santé et des Services sociaux pour une durée de
cinq minutes.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je pense que c'est effectivement très important de
clarifier la question qui a eu lieu cet après-midi, parce qu'il y avait effectivement
un enjeu de communication, parce qu'on ne s'était vraiment pas compris sur le
sens de la question, ce que je vais essayer de préciser ce soir, Mme la
Présidente.
Premièrement, je voudrais rappeler
qu'effectivement, au début de l'été, on a publié un règlement, un règlement qui
vient modifier, je dis bien, qui ne vient pas abolir, qui vient modifier le
comité pour la prestation des services de santé et des services sociaux en
langue anglaise. Premièrement.
Deuxièmement, tous les groupes ont pu faire des
commentaires durant l'été. On se rappelle, en fait, qu'on visait, puis c'est
important pour nous, comme le parti et le gouvernement des régions... on se
rappelle qu'on visait une meilleure représentation régionale, mais aussi, très
important, et particulièrement ces jours-ci, qu'on voulait ajouter un membre de
la communauté autochtone.
En fait, plus en détail, Mme la Présidente, le
processus de révision qu'on a fait de la réglementation du Comité provincial
pour la prestation des services de santé et de services sociaux en langue
anglaise a été entamé il y a plusieurs mois, mais a suivi, et je le répète, Mme
la Présidente, toutes les étapes normales d'approbation. Ce processus permet à
toute personne qui est intéressée à faire des commentaires. On n'a pas inventé
le processus, Mme la Présidente, là. On fait le processus
de réglementation qui est fait comme d'habitude. On a recueilli un vaste nombre
de commentaires et de suggestions de différents groupes, depuis quelques
semaines, qui vont nous servir à bonifier d'éventuels changements au règlement.
À cet effet, plusieurs groupes nous ont fait part, justement, de leur appui aux
changements qui sont proposés, notamment pour ce qui est de la représentativité
régionale. Ce n'est pas juste Montréal qui parle en anglais, au Québec, Mme la
Présidente.
Alors, l'accès aux soins de santé est un droit
fondamental pour tous les Québécois. En ce sens, nous sommes conscients de
l'importance d'assurer aux personnes anglaises, aux personnes d'expression
anglaise du Québec l'accès à une gamme de services de santé et de services
sociaux la plus complète possible dans leur langue.
Alors, ce que nous visons par les modifications
réglementaires, il y a trois points, Mme la Présidente. Le premier, nous visons
à assurer une meilleure représentativité des personnes d'expression anglaise de
l'ensemble du territoire québécois. L'objectif est de modifier la
représentation territoriale des 11 membres de ce comité. Actuellement,
pour vous donner un exemple, une part importante des sièges sont à Montréal,
quatre sur 11, alors que les problèmes d'accessibilité, comme je l'ai dit, aux
services de langue anglaise sont souvent situés dans des régions à l'extérieur
de Montréal. Mais, je le répète, on est un gouvernement des régions.
Le changement qui est introduit, pour être très
clair, et je ne voudrais pas tellement corriger le député, mais je veux juste
bien le mentionner, les changements qui sont introduits : deux membres
devraient provenir de la région de Montréal, un de la région de Laval, un de la
région de la Montérégie, un de la région de l'Estrie, un de la région de
l'Outaouais et cinq de l'une ou l'autre des autres régions du Québec.
Deuxièmement, les communautés des Premières
Nations et des Inuits n'étaient pas représentées sur le comité, et ce, bien
qu'une proportion importante de celles-ci, comme on le sait, utilise la langue
anglaise dans le réseau de la santé. Ce qu'on vient changer ici, c'est qu'un
des membres qui étaient précédemment mentionnés doit être quelqu'un issu des
Premières Nations.
Troisième changement. Finalement, le mode de
nomination devient aligné avec les pratiques que l'on a, dans le réseau, de la
nomination des membres de conseil d'administration des établissements de la
santé et des services sociaux. Aucune différence, Mme la Présidente,
maintenant, la façon dont on nomme les membres du conseil. Exactement comme on
le fait pour le reste de la communauté.
Je le répète, ce comité est une locomotive de
notre approche avec la communauté anglophone. La nouvelle réglementation, quoi
qu'en dise le député, ne modifie en rien le mandat du comité provincial. Et
nous allons continuer d'être un gouvernement des régions, autant pour la communauté
anglophone. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. Et
maintenant, pour votre réplique de deux minutes, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David
Birnbaum (réplique)
M. Birnbaum : Mme la
Présidente, le ministre parle d'une meilleure représentativité.
He hasn't spoken to this
committee. He has spoken to people like Sara Saber-Freedman, like Eric Maldoff.
He's probably unaware of the amazing work that Marylee Kelley did to put
this... compromising place. Cathy Brown. Me, I spent 20 years in my
professional life dealing with these access plans. Et
de façon soigneuse pour assurer que les experts sur le terrain, en santé, suite
aux obligations de la Charte de la langue française, étaient à l'aise avec tout
ce qui aura été confectionné.
Le ministre n'a pas consulté le comité qui
existe, et son règlement va faire en sorte que ce comité n'existe plus. Ça va
imposer un code déontologique très intéressant, mais personne ne les a parlé de
ça. Ça ne va aucunement, mais aucunement remplir le trou noir suite à l'obligation,
dans la loi n° 10, de refaire ces plans d'accès afin
que chaque région a des services de désignés, et d'identifiés, et disponibles. Et
le trou noir existe depuis la réforme qui a mis fin aux régies régionales.
Alors, on parle d'une situation très sérieuse.
Donc, si l'engagement est là, là je me permets un lien avec le projet de loi
n° 96, ce ministre, lors des rencontres du Conseil des ministres, va dire,
oui, à son collègue que la loi n° 96... devrait
noter que rien dans ce projet de loi ne porte atteinte à ce consensus solennel
et réel, et il va assurer de parler avec le comité actuel avant sa dissolution
pour connaître leurs sages conseils sur où doivent être ces services nécessaires
et mandatés par la loi.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de D'Arcy-McGee.
Ajournement
Alors, maintenant, compte tenu de l'heure,
j'ajourne nos travaux au mercredi 6 octobre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 19 h 8)