(Dix heures)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mmes et MM. les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Dans un
premier temps, je tiens à faire remarquer à tous les parlementaires que nous
devons porter le masque en couvrant le nez, s'il vous plaît.
Affaires du jour
M. le leader adjoint du gouvernement, pour le
début de nos travaux.
M.
Caire : Oui. Merci,
M. le Président. Pourriez-vous appeler l'article 13, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 64
Adoption
Le Vice-Président (M. Picard) :
À l'article 13, M. le ministre responsable de l'Accès à l'information et
de la Protection des renseignements personnels propose l'adoption du projet de
loi n° 64, Loi modernisant des
dispositions législatives en matière de
protection des renseignements personnels. Et je cède la parole à M. le ministre
responsable de l'Accès à l'information.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Adoption finale, M. le Président, d'un projet de
loi qui aura été somme toute un marathon, ce qui s'explique assez
facilement par l'importance du projet de loi.
Il y a
certains éléments, d'entrée de jeu, M. le Président, que j'aimerais réitérer.
J'en ai parlé brièvement à la prise en considération, mais je pense qu'à
l'adoption finale ça vaut la peine de répéter ces éléments-là.
D'abord, sur le projet de loi en tant que tel,
je pense que... même, je pense, j'affirme que la collaboration a été essentielle. On ne peut pas revoir un projet de
loi comme celui-là, on ne peut pas... même si les travaux ont été longs, n'en
demeure pas moins que, vu l'importance du
projet de loi, à l'intérieur d'un même mandat... Et je prends à témoin Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, qui a été, à l'époque, responsable de l'accès à
l'information et de la protection des renseignements personnels et qui sait à
quel point ce travail-là est un travail de fond, est un travail difficile.
Fédérer les
gens, trouver les consensus, les compromis, ce n'est pas simple. C'est n'est
pas simple, mais on y est arrivés, M.
le Président, parce que, et exclusivement parce que tous les parlementaires se
sont donné le mandat de moderniser notre
loi sur la protection des renseignements personnels. L'accès à l'information,
il faudra s'y attaquer, mais, pour l'instant, compte tenu des circonstances, il était urgent de revoir cette loi-là
qui, au niveau du public, date des
années 70, au niveau du privé date du début des années 90. Donc, il
était clairement une haute priorité de revoir la protection des renseignements
personnels.
M. le Président, et on y a fait référence, et tout
le monde a assisté à ça, des événements malheureux qui se sont produits.
On pense à Desjardins, évidemment, mais on
pense aussi, dans une moindre mesure, à toutes les attaques qui ont lieu dans
les entreprises privées, les entreprises
publiques, qui laissent un peu sans défense les organismes privés, publics qui
en sont les victimes.
Quel est le
lien avec le p.l. n° 64? Bien, il faut comprendre, M. le Président, que la législation
que nous avions adoptée, qui faisait école à l'époque et qui était extrêmement novatrice comme approche,
bien, ça date d'une ère où c'était le papier qui était encore roi et
maître dans nos communications, dans le stockage d'informations, l'archivage,
etc.
Aujourd'hui,
M. le Président, au XXIe siècle, c'est l'ère du numérique, c'est l'univers
du numérique. La donnée transite,
voyage, se stocke dans l'univers du numérique. M. le Président, ce que ça veut
dire, c'est que nos informations, de façon générale, mais nos renseignements
personnels ont pris une valeur inestimable, inestimable.
On est à une
époque où de façon extrêmement rapide on peut collecter, on peut trier, on peut
structurer et on peut analyser des volumes de données incroyables, ce qui était
totalement impensable à l'époque où tout ça était gardé sur support papier. C'était impensable. Aujourd'hui, M. le
Président, avec le stockage en infonuagique, c'est des volumes de données
incroyables, impensables, qui, si on le
comptabilisait en argent, représenteraient probablement des milliards
de milliards de dollars. Ramenez
ça en quantité d'informations, ça dépasse ce que l'être humain est capable de
concevoir en termes de volumes. À
tous les jours, M. le Président, à tous les jours le gouvernement du Québec à
lui seul génère une quantité de données incroyable, mais l'infonuagique
nous permet maintenant de conserver autant de données.
Notre
capacité de stockage a augmenté, notre capacité à l'utiliser a augmenté, et,
avec les applications d'intelligence artificielle, maintenant, on est en mesure
de faire des analyses, de faire du
profilage. On peut travailler sur ces campagnes électorales, on l'a vu, à tort ou à raison. On peut travailler sur des
campagnes de marketing. On peut suivre à la trace un individu dans son cheminement sur le Net. À
travers les médias sociaux, on peut aussi aller chercher des informations et monter le profil complet de quelqu'un.
Et
ça, M. le Président, ça nous amène à une réflexion, parce que nos
comportements n'ont pas suivi la réalité du numérique, et les comportements des entreprises, publiques ou
privées, n'ont pas suivi... ou plutôt ont beaucoup suivi l'idée du numérique. Et on l'a vu, ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce y faisait référence, avec le scandale de
Cambridge, mais il y en a eu d'autres,
il y en a eu d'autres. On voit des organisations criminelles, maintenant, qui se lancent dans
la cybercriminalité et qui, par la
collecte de données et le troc de données, font des fortunes. On le voit aussi
pour d'autres raisons qui sont tout à fait légitimes, des raisons commerciales qui sont légitimes, mais qui ne
correspondent plus, M. le Président, qui ne correspondent plus à la réalité de
la protection de nos renseignements personnels.
Alors, M. le Président, il fallait que l'Assemblée
nationale, et j'insiste, l'Assemblée nationale... Oui, c'est l'initiative du gouvernement, mais c'est l'Assemblée
nationale, ultimement,
qui adoptera cette loi-là. Et l'Assemblée
nationale du Québec se devait de moderniser sa loi sur la protection des
renseignements personnels.
En commission parlementaire, j'ai eu l'occasion de discuter notamment
avec le député de LaFontaine de certains comportements puis je veux les illustrer. Je pense que les gens vont
reconnaître ces comportements-là où... M.
le Président, vous allez à une boutique, vous voulez vous
acheter une simple paire de jeans. Autrefois, on vous aurait dit : Bien,
ça coûte tant, tu me paies, tu mets
ça dans un sac, tu pars. Aujourd'hui, on va vous demander votre courriel, on va vous
demander votre code postal et peut-être
même votre numéro de téléphone. Pourquoi? Pourquoi, M. le Président, on demande ça? Qu'est-ce que ça à voir avec le fait que je veux acheter une
paire de jeans, c'est tout? Bien, M.
le Président, pourquoi? Parce
qu'en plus de vous vendre une paire de jeans
je collecte une information qui a une grande valeur pour moi, moi étant le
commerçant. Ça me permet de profiler mon client. Ça permet d'interagir avec le
client, de lui envoyer ma publicité, de lui texter ma publicité non sollicitée.
Ça me permet de dégager des profils régionaux. Ça me permet de faire toutes
sortes d'analyses qui me permettent, à moi,
d'être beaucoup plus efficace dans ma capacité à vendre mes produits. Alors, l'intérêt
du commerçant est évident. Mais votre
intérêt à vous, M. le Président, il est où, là-dedans? C'est quoi, votre intérêt
à recevoir cette publicité-là? C'est quoi, votre intérêt à vous faire profiler?
C'est quoi, votre intérêt à vous faire dire : Bien, si jamais
j'ai une promotion... Bien là on
parle... évidemment, on reste dans l'univers tout à fait légitime du commerce, on ne parlera pas de ce qui est moins
légitime.
Alors, M. le Président, c'était devenu une... c'est devenu une façon de faire. C'est devenu
normal de vous demander des renseignements personnels parce que,
du point de vue de l'entreprise, cette information-là, elle est précieuse, elle a une grande
valeur. Mais ça ne se fait pas nécessairement pour le plus grand bénéfice de la
population, M. le Président.
Et malheureusement notre loi sur la protection des renseignements personnels, qui a été pensée à
une autre époque, était évidemment incapable de, comment dirais-je, réglementer ce
qui est en train de devenir un véritable far west de la collecte du renseignement personnel.
M. le Président, le p.l. n° 64 répond à ce besoin absolument
vital, absolument nécessaire
de réglementer cet univers-là où à peu près tout était permis.
Bon, évidemment,
vous comprendrez, puis je suis sûr que c'est vrai pour l'ensemble
des groupes d'opposition, vous comprendrez
qu'il y a eu plusieurs représentations qui ont été faites pour nous dire que la loi
était trop contraignante, qu'elle était trop sévère, que ce n'était pas nécessaire,
qu'on aurait pu faire moins.
M. le Président, je suis désolé, mais, en mon âme et conscience, la loi fait très exactement
ce qu'elle doit faire dans le
contexte numérique du XXIe siècle, et j'en suis profondément
convaincu. Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, M. le Président, je demande à l'Assemblée nationale
de l'adopter.
M. le Président, avec la loi n° 64,
il y aura maintenant un responsable. Et, quand je parle de responsable... Puis je reviens un peu sur ce que le député de
LaFontaine disait parce qu'il... Bon, le député de LaFontaine souhaitait qu'on
amende le projet de loi pour dire que
le premier dirigeant d'un organisme est imputable de l'application de la loi,
mais, de la façon dont la loi est écrite, c'est implicite, c'est
explicite. Les juristes sont formels, le premier dirigeant est responsable, est
imputable de l'application et du respect de la loi dans son organisation. Ça, c'est
nouveau, ça, c'est une première. Il y aura quelqu'un vers qui se tourner, si la loi n'est pas respectée, si la loi
n'est pas appliquée. Ça fait peur, M. le Président. C'est sûr que ça fait
peur, parce que, là, aujourd'hui, on peut mettre un nom et un titre sur la
personne qui devra s'assurer que la loi que nous sommes à adopter soit
appliquée et respectée. Alors, ça fait peur.
• (10 h 10) •
Il faudra
aussi mettre en place soit un responsable ou un comité qui va permettre
d'informer les citoyens. Ça, c'est une
autre disposition qu'on met en place et qui m'apparaît fondamentale. Parce que,
vous le savez, M. le Président, et ça, j'ai toujours beaucoup de plaisir,
quand on va sur les différents sites, par exemple, puis où on vous parle de la
politique de confidentialité, généralement on comprend que la personne
qui a écrit ça est payée au mot, et elle a certainement tiré un revenu conséquent de son texte, parce que c'est
long longtemps, ce n'est pas nécessairement convivial et pratique à lire.
Et généralement... Je connais peu de gens
qui se tapent le texte au complet et qui vont jusqu'à la fin. En fait, je n'en
connais pas, mais je suis convaincu
qu'il y en a, il y en a toujours, mais ils sont l'exception. Alors, M. le
Président, on n'est pas né de la dernière pluie, on comprend que c'est un peu
l'objectif, là, oui. Alors, aujourd'hui, M. le Président, on se dit : Bien,
non, il y a des gens qui seront responsables d'informer les citoyens, de
répondre à leurs questions, à leurs interrogations.
M. le
Président, une autre notion qu'on apporte et qui est, pour moi, fondamentale,
c'est la notion du consentement et du
consentement explicite. Que quelqu'un vous demande vos renseignements
personnels, ce n'est pas en soi mal, ou illégal, ou condamnable, mais
encore faut-il qu'il vous le demande, encore faut-il qu'il vous explique ce
qu'il veut faire avec, encore faut-il qu'il
obtienne votre consentement et encore faut-il qu'il s'astreigne à utiliser ces
renseignements-là pour les seuls motifs pour lesquels il les a
collectés.
Ça, c'est ce
que fait le projet de loi n° 64. Donc, le projet de loi n° 64
n'interdit pas de collecter des renseignements personnels. Ce n'est pas ça, l'objectif. Par contre, vous allez dire à
la personne de qui vous collectez des informations pourquoi, qu'est-ce que vous allez faire avec et est-ce que
cette personne-là est d'accord pour que vous le fassiez. Et vous allez devoir
vous astreindre à ne les utiliser que pour les seules fins pour lesquelles vous
les avez collectées.
Donc, moi, quand je vous
demande votre code postal puis votre courriel, puis je vous demande :
Pourquoi vous voulez ça?, puis vous me dites :
Bien, pour vous envoyer la facture... O.K., tu as besoin du courriel, pas du
code postal. Parfait. Alors, encore
faut-il que vous ne vous serviez de cette information-là pour les seules
fins d'envoyer une facture. Si vous dites :
Ah, bien, en passant, je peux peut-être aussi m'en servir pour autre chose, pour des entreprises
de marketing, par exemple,
à qui je vais envoyer une liste de courriels que j'ai collectés en disant :
Bien, moi, je suis tel magasin, j'ai collecté telle information, donc on s'entend qu'on peut envoyer des
publicités ciblées aux individus en lien avec le profil d'entreprises qu'ils ont fréquentées, puis ça me fait un petit revenu, bien, non,
désolé, ça ne marche pas de même, parce que ce n'est pas ça que vous
avez dit à la personne et ce n'est pas pour ça que vous avez obtenu son
consentement. Donc, ça, le projet de loi n° 64, il est clair là-dessus. Vous devez demander le
consentement et vous devez expliquer ce que vous allez faire avec les renseignements
personnels.
Il y a des exceptions, M. le Président, parce
que toute règle générale a ses exceptions, évidemment. Donc, on peut transmettre des informations personnelles à autrui si c'est manifestement dans l'intérêt
de la personne, si les fins pour lesquelles elles seront utilisées sont compatibles avec les fins pour
lesquelles elles ont été collectées. Donc, la loi prévoit quand même
des exceptions, comme à toute règle générale, mais je vous dirais que l'objectif,
la cible, c'était de s'assurer que maintenant,
quand on collecte des renseignements
personnels, ça prend le consentement,
ça prend une raison, ça prend une explication. Ce sera fait.
M. le Président, une autre disposition de la loi dont je ne suis pas peu fier, c'est le
droit à l'effacement. Alors, on sait effectivement que sur Internet
peuvent se retrouver des informations qui peuvent être préjudiciables aux
individus qui sont concernés. Et il est normal et naturel qu'un individu puisse
se prévaloir du droit à ce que ces informations-là soient retirées d'Internet parce qu'elles lui sont préjudiciables. Évidemment,
on les a balisées, parce qu'il y a aussi la liberté d'expression, la liberté de presse qui rentraient en ligne compte. Et je
pense, et ça a été souligné, je pense qu'on a trouvé le bon compromis entre ces différents intérêts
là, et notamment le fait que, oui, il faut quand même
qu'il y ait un préjudice pour la personne à ce que l'information se retrouve sur Internet. Mais, une fois ça déterminé, bien, la personne
a le droit de voir ces informations-là désindexées et qu'on ne puisse
plus y accéder. Donc, ça, c'est...
Il y a une disposition, M. le Président, qui existait dans le Règlement général de
protection des données, qui est la loi
qui a été adoptée par la Communauté
européenne, et qui a servi de très forte inspiration au projet de loi n° 64. Je vous dirais que c'est,
à peu de chose près, un copier-coller. Et c'était une disposition qui était
réclamée, et on l'a vu, notamment par
les victimes d'agression sexuelle, bon, enfants... on peut penser à des enfants
qui auraient été abusés, etc. Donc, il était temps que le Québec se dote
d'une disposition comme celle-là, M. le Président.
• (10 h 20) •
Un autre
élément très important, toute la recherche au Québec, parce qu'on parle de protection
des renseignements personnels, puis je pense que c'est fondamental, mais il ne
faut pas perdre de vue que l'utilisation des renseignements personnels peut bénéficier à la collectivité et au
niveau de la recherche notamment. Et c'était important pour nous de consulter
les gens de l'écosystème pour s'assurer que
le p.l. n° 64 ne devenait pas un... en fait pouvait même
lever les cadenas qui étaient imposés quelquefois pour la recherche
parce que ceci doit se faire évidemment au bénéfice de la société. Mais il y a des dispositions, dans la loi, qui veillent
à la protection des renseignements personnels. Donc, effectivement, il faut
que ce soit encadré, il faut que ce soit
bien défini, ce qui doit être fait et ce qui ne peut être fait. Je pense qu'on
l'a bien fait. Je pense qu'on a
trouvé, encore là, des zones de compromis très intéressantes avec les milieux
de recherche. Et donc le p.l. n° 64 peut aussi permettre l'utilisation de renseignements personnels quand
ça se fait au bénéfice de la collectivité et de la communauté comme
c'est le cas dans les dispositions que nous avons prises.
M. le
Président, une loi comme celle-là serait inutile si elle n'avait pas de dents.
Et ça, ça a fait frissonner, je dirais, quelques organisations, parce que, le p.l. n° 64,
le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a des dents. Alors, on parle d'amendes
qui peuvent aller jusqu'à 25 millions,
dans le cas de sanctions administratives pécuniaires, ou 2 % du chiffre
d'affaires, et qui peuvent, dans le cas des sanctions pénales, monter
jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires mondial.
Pour beaucoup, c'était présomptueux, de la part du
Québec, de dire... Voyons donc, le Québec, nation de 8,5 millions d'habitants,
seule en Amérique... Il faut bien comprendre que la loi que nous nous apprêtons
à adopter sera, et de très loin, la plus sévère en Amérique. Elle calque
effectivement ce qui se fait en Europe, mais, en Amérique, elle n'a pas son équivalent. On peut penser que c'est présomptueux.
Moi, je pense que c'est précurseur. Moi, je pense que, comme je l'ai dit d'entrée d'intervention, il y a
une culture un peu laxiste qui s'est installée. Je ne peux pas blâmer les entreprises,
je ne peux pas blâmer les organisations, parce que la loi le permettait, et donc de le faire, c'était, à ce moment-là, je n'ose pas dire légitime,
mais c'était légal. C'était au législateur, et c'est ce que nous faisons, de
s'assurer que la loi soit modernisée. Maintenant que c'est chose faite, il
y a une culture qui doit être changée. Cette culture-là de la collecte effrénée
des renseignements personnels, elle doit être changée. Et malheureusement, M. le Président, soyons transparents, s'il n'y a pas de
sanction conséquente, bien, c'est difficile de changer la culture.
Évidemment, beaucoup de représentations,
beaucoup de... notamment dans le milieu des affaires, où on nous a dit : Aïe! un instant, là. Y avez-vous
pensé? Oui, la réponse à cette question-là, c'est : Oui, on y a pensé. Oui,
on en a discuté. Oui, les sanctions
qui sont prévues par le p.l. n° 64 sont des sanctions qui sont extrêmement
importantes. Mais aussi, M. le Président, ce que je tiens à dire, c'est
que ce ne sera pas le premier réflexe d'aller vers les sanctions.
La loi prévoit, puis je vais... j'y reviens, là,
tout de suite après, sur la Commission d'accès à l'information, mais la loi prévoit la philosophie, l'idée de la loi.
Puis je pense qu'avec les collègues de LaFontaine, de Gouin, notamment, on a
été très clairs là-dessus, et je pense que
l'Assemblée nationale va parler d'une seule voix, on souhaite un accompagnement.
On souhaite un accompagnement de nos ministères, de nos organismes, de nos
entreprises. On ne souhaite pas que le premier
réflexe soit de sortir le bâton. Il faut que ça se fasse lorsqu'on est
clairement devant un cas où il y a de la mauvaise foi, ou pire encore,
ou alors une incompétence crasse et dangereuse, là, ce qui, à mon avis, revient
à peu près au même. Mais,
une fois qu'on est dans cette zone-là, bien, il faut qu'on soit capable
d'intervenir de façon musclée, et c'est ce que le projet de loi n° 64 va
permettre de faire. Va permettre à qui? Bien, à la Commission d'accès à l'information, M. le
Président, qui reste encore l'instance qui doit veiller à la bonne
application de la loi.
Là-dessus,
je salue les collègues. Il y a des modifications qui ont été apportées
à la composition de la Commission
d'accès à l'information, et, pour moi, M. le Président, ce n'est pas
anodin. On a ajouté une vice-présidence.
L'idée n'était pas de se lancer dans
des structures, mais l'idée était d'envoyer un message très clair à la
Commission d'accès à l'information, parce que cette vice-présidence-là,
qui sera nommée aux deux tiers de l'Assemblée nationale, exige un profil TI,
donc technologies de l'information, ce
vice-président. Pourquoi? Bien, parce que d'entrée d'intervention, M. le
Président, je l'ai dit, on est au
XXIe siècle, cette loi-là doit nous amener au XXIe siècle, dans un
univers numérique. Or, et ça a été reconnu, là, je ne pense pas insulter personne en disant que, la Commission d'accès à
l'information, son profil de compétence en matière numérique reste à travailler. Je pense que la
commission a fait la démonstration qu'au point de vue juridique, elle avait toute
l'expertise nécessaire. Son volet juridique
est bien nanti, bien doté en termes de nombre, mais aussi en termes
d'expertise, et le tribunal d'accès à l'information fait un excellent travail. Par
contre, la loi... le projet de loi n° 64, pardon, sur l'aspect de
la surveillance, amène un fardeau supplémentaire... ou une responsabilité, pas
un fardeau, c'est un mauvais choix de mot,
une responsabilité supplémentaire à la Commission d'accès à l'information. Et
clairement, pour remplir son mandat, son
objectif, la commission doit développer un volet, une expertise en TI qu'elle
ne possède pas, et ça, c'est incontournable.
Donc,
oui, il y aura d'autres discussions, puis je suis convaincu que mon collègue de
LaFontaine y fera référence, sur la
dotation en matière de ressources financières, en matière de ressources humaines,
on s'y attend, mais au premier chef, et ça, je nous en félicite,
l'Assemblée nationale devait, d'une seule voix, envoyer un message très clair à
la Commission d'accès à l'information : Le volet surveillance doit être
renforcé, doit être renforcé. L'expertise TI doit être renforcée, et cette responsabilité-là qui vous incombe, sur
la protection des renseignements personnels, elle est intimement liée, elle
est indissociable d'une expertise TI, parce
qu'aujourd'hui tout ça se passe dans l'univers numérique. On n'est plus, là,
avec des classeurs puis des papiers, ce n'est pas ça, là, en tout cas de
moins en moins.
Donc, pour ça,
M. le Président, je pense que c'était une avancée importante. Et on a
donné un pouvoir que la commission réclamait, un pouvoir très important, c'est
un pouvoir d'émettre des directives qui sont ni plus ni moins que des ordres, des directives qui devront être
suivies impérativement par les ministères, les organismes et les entreprises
du Québec. Mais c'est un couteau à deux
tranchants. Parce que, effectivement, la commission a un pouvoir de
faire ça, ça met une obligation sur
les organismes publics, les organismes privés, mais ça met aussi une obligation
à la Commission d'accès à
l'information de venir préciser des pans de la loi que la loi ne pouvait pas
préciser, parce que ça prend une certaine souplesse, ça prend une certaine
agilité, et qui vont se faire, au final, au bénéfice de ces mêmes organismes
publics et privés. Pourquoi? Parce que la
commission devra venir préciser quelles sont les attentes, quels sont les
comportements qui sont corrects, qui sont attendus, quels sont les
moyens qui doivent être mis en place pour assurer la protection des
renseignements personnels, parce que la loi prescrit que c'est une
responsabilité qui incombe à l'organisme qui collecte les renseignements, d'en assurer la protection à tous les niveaux.
Alors, ça, la Commission d'accès à l'information pourra vérifier si c'est le
cas, mais encore faut-il que la commission fasse part de ses attentes, fasse
part de ce qui est attendu, ce qui
est acceptable, ce qui est conforme, et ça, ça devient une protection pour les
organismes publics et pour les organismes privés, parce que, si vous vous conformez
à la directive, bien, la Commission d'accès à l'information serait bien mal venue de vous le reprocher. Alors, quand je dis
que c'est un couteau à deux tranchants, bien, ça va obliger quand même la
Commission d'accès à l'information, dans son
rôle de surveillance, à être précise quant à ce qui doit être fait. Et c'est là
où le volet TI doit aussi être
renforcé, parce qu'encore faut-il que les attentes de la commission soient
réalistes, soient applicables.
• (10 h 30) •
Je
vous donne un exemple. Dans la loi, on disait que les informations personnelles
devaient être désanonymisées de façon irréversible. M. le
Président, c'est impossible. Vous pouvez bien le mettre dans la loi, si vous
voulez, c'est impossible, il y aura toujours une façon de revenir en arrière,
de faire de la rétro-ingénierie et de désanonymiser ce qui a été anonymisé. Alors, la loi dit quelque chose
qui n'est pas possible. Elle ne le dit plus parce qu'on l'a retiré de la loi.
Alors, si la Commission d'accès à
l'information, par un manque d'expertise, s'adonnait à avoir ce genre de
directive là, bien, écoutez, tout le
monde lèverait la main en disant : Écoutez, c'est impossible, ce que vous demandez là, et à l'impossible nul n'est
tenu.
Donc, il y a quand
même, pour la commission, oui, de nouvelles responsabilités, oui, de nouveaux
moyens, oui, de nouveaux pouvoirs. Je pense
qu'il était nécessaire d'en arriver là. Je pense que, dans le contexte
où la loi que nous allons adopter — parce que je comprends des collègues que c'est
leur intention — va
être beaucoup plus contraignante, va
être beaucoup plus rigoureuse sur la collecte, l'utilisation, la communication,
le transfert, le stockage et la suppression des renseignements personnels, donc, il était normal et conséquent que
l'organisation responsable de s'assurer de l'application, de la bonne
application de la loi se modernise au même titre que la loi. Ça, c'était, pour
moi, incontournable.
Donc, M. le
Président, je pourrais encore élaborer sur le sujet mais je voudrais conclure
par des remerciements, d'abord mon collègue
de Chapleau, collègue de Chapleau, d'entrée de jeu, à qui j'ai demandé de
s'occuper du volet des partis
politiques, et ce n'est pas une mince tâche, M. le Président, ce n'est pas une
mince tâche, parce que les partis politiques ont des réalités qui leur sont propres, et les collègues, qui ont amené
des bons points... Puis, oui, on a apporté des amendements, puis bravo
au collègue de Chapleau, parce que c'était un travail de diplomatie, c'était un
travail d'analyse, c'était un travail de
discussion. Il fallait s'assurer que les partis politiques ne s'excluent pas de
la loi, ne se donnent pas des privilèges que les partis politiques ne devraient
pas avoir, mais il fallait aussi s'adapter, que la loi comprenne cette
réalité-là, qui n'est pas la réalité
d'une entreprise privée. Ce n'est pas la même réalité, donc la loi ne peut pas
s'appliquer exactement de la même
façon. Donc, collègue de Chapleau, un travail colossal qui a demandé beaucoup
d'heures, de jours de discussions, de
travail de fond, une excellente collaboration de la part de tous les partis
politiques, M. le Président, qui a fait en sorte qu'on a été capables
d'adopter ces articles-là.
Quelques
mots pour mon collègue de LaFontaine. Bon, il a l'air déplaisant de même, au
salon bleu, mais, quand on le connaît, c'est pire encore.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Caire :
Non, ce n'est pas vrai, M. le Président, ça a été très agréable de travailler
avec le député de LaFontaine, qui est un juriste, mais il a d'autres
qualités, par ailleurs...
Une voix : ...
M.
Caire :
... — aussi — et qui a apporté, je pense, l'oeil d'un
juriste, une expertise juridique qui a été extrêmement profitable. D'ailleurs, je vais le taquiner un peu,
si vous me permettez, M. le Président. Puis je vais le taquiner même si vous
ne me le permettez pas. Non, ce n'est pas
vrai, si vous ne le permettez pas, je ne ferai pas ça, voyons donc, vous le
savez. Je peux? O.K. Parce que le député de LaFontaine, quand il est
intervenu sur la prise en considération, a sorti quelques statistiques. Je salue Oscar, d'ailleurs, qui s'est tapé le
boulot. C'est le député de LaFontaine qui récolte les fleurs, mais c'est Oscar
qui s'est tapé le boulot, comme c'est chaque fois le cas pour nous tous, de
toute façon. Et, sur le nombre d'amendements
qui ont été déposés, le nombre d'amendements du gouvernement, de l'opposition
officielle, et les amendements
du gouvernement qui ont été adoptés, les amendements
de l'opposition officielle qui ont été adoptés, bien, ce qu'il a oublié de vous dire, le coquin, c'est
qu'il y a plusieurs amendements qu'il nous a proposés auxquels on a donné
suite, évidemment, mais pour lesquels
il nous a demandé de procéder à la rédaction, au dépôt, et donc à l'adoption,
et pour lesquels nous avons la
paternité, alors que le véritable géniteur intellectuel, c'est le député
de LaFontaine. Donc, ça, ça viendrait, je pense,
rééquilibrer un peu les statistiques.
Mais, ceci étant, M. le Président, une excellente
collaboration. Oui, il y a eu un travail de fond. C'est une loi qui est quasi constitutionnelle, ce qui, je
pense, explique amplement le nombre d'heures qu'on a passées à l'étudier. C'est
une loi qui avait ses obstacles, qui avait
ses contraintes, qui avait ses difficultés, pour lesquels il fallait trouver des compromis
sans tomber dans la compromission. Ça a été fait.
Je veux
saluer le chef du deuxième groupe
d'opposition, le député
de Gouin, qui a fait une bonne partie du parcours avec nous, lui aussi, contribution significative; le leader du
troisième groupe d'opposition, le
député de René-Lévesque, qui a
participé, évidemment, à l'adoption... bien, en fait, à l'étude article par article, qui a contribué à le bonifier. Et je veux remercier, évidemment, tous les membres de la commission, dont son président, qui a eu la patience de nous
écouter, quoique je pense que ces
travaux-là n'ont pas été si compliqués que ça à gérer, il y avait
quand même une entente assez conviviale. Député de La Pinière, dont je ne peux pas, évidemment, taire la participation, qui nous a édifiés de quelques-unes
de ces envolées dont il a le secret, mais qui est toujours pertinent.
Et donc, M. le Président, c'est avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de fierté, aujourd'hui, que je demande à l'Assemblée nationale d'adopter le projet de loi n° 64, de faire entrer le Québec au XXIe siècle en matière de protection des renseignements personnels et de faire en sorte que, des cauchemars comme on
a vécus trop récemment — je
n'ai pas besoin de les répéter, je pense que tout le monde sait à quoi
je fais référence — bien,
au Québec, ces cauchemars-là, on ne les
vivra plus ou, si tant est qu'il y avait de nouveaux épisodes, ils seront sanctionnés.
Et ça, M. le Président, je pense que c'est important de le dire. Je
pense que les Québécois comprennent que le risque zéro n'existe pas. Par contre,
la responsabilité zéro n'existe pas non
plus. Et ça, ça fait partie des choses qui doivent et qui vont changer avec le projet de loi n° 64, la responsabilité
zéro n'existera plus. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Oui, merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. Je vais reprendre la balle au bond, du ministre. C'est
un peu toujours le dilemme, dans nos statistiques : Est-ce que
je lui donne l'amendement, qu'il va faire adopter, ou je le garde à mon
compte puis je garde la paternité de tout cela? Mais néanmoins, M. le
Président, même si tous les amendements suggérés au gouvernement, qui
les ont, eux, déposés et fait adopter, nous étaient octroyés, c'est-à-dire
apportés à notre crédit, on ne pourrait pas
nous qualifier de Starbuck législatif. Alors, on ne serait pas à ce niveau de
paternité là, M. le Président. Mais effectivement il y a eu beaucoup,
beaucoup, beaucoup de travail en commission parlementaire.
Puis, tant qu'à être dans les statistiques,
encore une fois, un projet de loi de 164 articles, le fait qu'il y ait eu 169 amendements et sous-amendements, ça
démontre qu'il y a excessivement beaucoup de travail qui a été fait. Et, sur
tous les amendements, les 169, bien,
c'est 70 % qui ont été adoptés. Quand on parle de chiffres, ça peut être
un peu réducteur mais ça peut être aussi révélateur pour ce que c'est :
une vision d'ensemble qu'il y a beaucoup, beaucoup de travail qui a été fait, et ce, sur 20 jours en article par
article. Donc, des amendements déposés par le gouvernement, il y en a eu quand
même 97, tout près de 100, et ce qui représente 57 % de tous les
amendements. Et nous, M. le Président, on a gardé la paternité de 23 amendements, et parce que,
des amendements pour lesquels ils allaient voter contre, ils n'ont pas décidé
de les présenter eux autres mêmes, à
forte raison, alors on les a présentés, mais, sur les 23, il y en a quand même
12, 52 %, qui ont été adoptés.
Alors, vous
dire aussi... Puis, sur 20 jours, si mon calcul est exact, c'est tout près
de 96 heures, 96 heures en commission
parlementaire. Honnêtement, je pense qu'on aurait de la difficulté... quiconque
aurait de la difficulté à identifier quelque
minute qui aurait été réellement de trop, perdue, inutile, là. Chaque moment...
Puis des fois il y avait des moments, je vous dirais, d'humour, des moments où on était
capables de se taquiner mutuellement mais qui faisaient bien cheminer,
qui confirmaient, je pense, la bonne entente qu'il y avait à ce niveau-là, au
niveau de l'article par article.
Mais,
une fois que j'ai dit ça, ça ne veut
pas dire qu'on était d'accord sur tout, je veux dire, il y a des amendements
qui ont été refusés. J'aurai l'occasion,
dans la deuxième partie de mon intervention, de faire état de ce que l'on peut
appeler les actes manqués. Puis, je veux dire, ce n'est pas un reproche que je
fais directement à sa personne, au
ministre, le gouvernement fait des
choix. Gouverner, c'est faire des choix. Les oppositions, évidemment, sont là
pour avoir des visions complémentaires ou parfois opposées, et à un
moment donné on dépose l'amendement, puis, s'il est refusé, il est refusé.
• (10 h 40) •
Mais
j'aurai l'occasion quand
même, à ce stade-ci de l'adoption... Parce que le ministre a raison de
dire que c'est une loi qui vient
réformer de façon majeure l'encadrement des renseignements personnels dans le
domaine public, privé et des partis
politiques. Qui dit encadrement majeur dit rédaction nouvelle de plusieurs
articles de loi avec, dans certains cas,
des termes nouveaux. On me détrompera si j'ai tort, mais je pense que je pense
que c'était la première fois qu'on parlait d'un concept d'anonymisation, je ne
pense pas que c'était déjà dans un projet de loi puis dans une loi. Et Dieu
sait que c'est un concept, le ministre en a parlé, qu'il faut comprendre, qu'il
faut distinguer de l'incapacité à identifier. Donc, l'anonymisation,
c'est réellement... ne vous permet pas... c'est irréversible, en théorie, mais,
comme il l'a bien dit, en pratique, personne
ne peut garantir l'anonymisation. C'est pour ça qu'autour de ce concept-là il y
a eu un débat sur comment pourrons-nous
faire que... comment pourrons-nous mettre, dans la loi, une rédaction qui fait
en sorte que l'encadrement qui va
présider à l'anonymisation soit le meilleur. Puis là on a introduit des
concepts de meilleures pratiques, s'assurer que les personnes qui vont procéder
à ça, tant dans le domaine public et dans le domaine privé également, devront
utiliser et devront justifier, le cas échéant, devant la Commission
d'accès à l'information le fait d'avoir utilisé les meilleures pratiques à jour
au moment où ça a été fait et, par la suite, évidemment, de s'assurer que de
telles applications sont à jour et que l'anonymisation
est assurée, minimalement. Elle ne pourra jamais être garantie, mais est-ce
qu'elle peut être à un niveau de confort suffisamment pour dire :
Oui, on l'a fait selon les meilleures pratiques?
Les
malfaiteurs pourront, dans certains cas, avoir un coup, peut-être deux coups
d'avance devant l'expertise au sein des organismes privés mais aussi au
sein des organismes publics. Alors, ça aussi, ça va appeler... Puis le ministre
faisait, à raison, référence à ce qu'on avait déjà souligné dans le passé, la
Commission d'accès à l'information devient réellement
2.0, là, elle devient, du jour au lendemain, une institution excessivement
importante qui devra surveiller tout ce beau monde-là, qui devra
s'assurer elle-même d'être à jour, selon les meilleurs standards, d'être, je le
dirais ainsi, compétitive par rapport à ce
qui se fait sur le terrain. Puis, pour être compétitif par rapport à ce qui se
fait sur le terrain, il faut être
prêt à mettre le prix. Puis là il y a des structures salariales, à la
Commission d'accès à l'information, ce sera un défi, ça. Me Poitras, quand on l'a reçue aux crédits, on lui a posé
la question, et l'équipe de TI, l'équipe de technologie était constituée d'une personne, à l'époque, et donc
elle aura besoin de constituer une équipe de femmes et d'hommes qui seront, qui
plus est, la crème de la crème aussi, parce que ce sera le chien de garde, ni
plus ni moins, alors, ce sera le chien de garde, ni plus ni moins.
En
France, au début du XXe siècle, à Paris, il s'est passé quelques mois où
les policiers n'avaient pas d'automobiles, n'avaient pas de voitures, puis les cambrioleurs avaient des voitures.
Et puis là il y a Clemenceau qui y a vu puis qui a mis sur pied ce qu'on appelait les «Brigades du Tigre»
pour courir après les voleurs, parce que les voleurs allaient faire une
banque, sautaient dans la voiture, puis il y avait les policiers qui étaient à
vélo en arrière. Alors, on ne veut pas que la Commission
d'accès à l'information soit le policier à vélo en arrière. Elle ne pourra pas
toujours être en avant, elle ne pourra pas
toujours être en avant, mais il faut qu'elle puisse être compétitive, je vais
le dire de même, compétitive dans sa mission puis compétitive sur le terrain, être capable de dire à des gens :
Bien, on vous a démasqués, on vous a débusqués, puis voici pourquoi, par
a plus b égale c. Ça prend de l'expertise, puis l'expertise,
il faut la rémunérer. Ça, c'est un défi de tous les gouvernements. Parce qu'à un moment donné, on va
s'en reparler, c'est sûr, dans les prochains crédits, M. le ministre, on a
un rendez-vous où en sera la Commission
d'accès à l'information. On sait que les délais de mise en application de la
loi, c'est essentiellement deux ans, donc elle a le temps de voir
venir, mais ça va prendre des changements. Je ne le sais pas, ce que le ministre a en tête pour briser ces
échelles salariales là, pour s'assurer qu'elles soient compétitives, mais,
encore une fois, on ne veut pas que
ça soit le policier à vélo derrière les malfaiteurs qui ont une automobile,
comme à Paris au début du
XXe siècle. On pourrait le comprendre pour une certaine période, mais, à
un moment donné, elle devra rattraper le retard puis devra même être en
avant.
Parce qu'une fois
qu'on a dit ça, M. le Président, c'est qu'on a des impératifs, des
encadrements, c'est défini, et il y a des pénalités au bout de cela, mais ce ne
sera que théorique si on n'a pas la capacité, l'expertise, au sein de la Commission d'accès à l'information, ce ne serait
que théorique parce qu'on ne les prendrait pas, les malfaiteurs. Et aussi ce
n'est pas juste, oui, la répression, prendre la main dans le sac les
malfaiteurs puis être capable de faire la démonstration devant un tribunal que, oui, voici ce qui s'est
passé, et madame et monsieur en sont les architectes, condamnez-les à une
pénalité, c'est une chose, mais la
Commission d'accès à l'information, aussi, va devenir, en quelque sorte, la
grande soeur, le grand frère de bien des responsables de l'encadrement des
renseignements personnels au sein des organismes publics, privés et des partis politiques, grande soeur,
grand frère en ce qu'elle pourra aussi conseiller. Puis qui dit conseiller, à
un moment donné, ce ne sera pas juste
conseiller juridique. Ça, l'expertise juridique, je pense qu'il n'y a pas
réellement d'enjeux là-dessus, mais c'est l'expertise technique, que
tout le monde s'arrache sur le terrain. Donc, grande soeur, grand frère, Commission d'accès à l'information, pour dire aux
entreprises, puis aux organismes, puis aux partis politiques : Bien, ne
faites pas ça comme ça, faites ça comme ça,
puis êtes-vous au courant qu'il existe telle
technologie? Puis, oui, on peut vous aider, c'est vous qui allez payer pour puis c'est
vous qui allez l'exécuter, mais on peut vous mettre sur la piste, on peut vous
mettre sur le coup. Bien, pour que la CAI puisse les mettre dans le coup,
elle-même, elle doit être dans le coup.
Alors,
fonction importante, oui, de répression, d'enquête,
de vérification. Si je débarque là, moi, puis que je suis
de la CAI, puis je ne connais pas ça, qu'est-ce que je vérifie? Probablement
que je ne verrai rien aller. Alors, oui, enquête, vérification, le cas échéant, répression. Oui, conseillère, grande soeur,
grand frère, la Commission d'accès à
l'information, pour encadrer, aider et même rédiger des bulletins
informatifs pour dire : Oui, la loi dit ça, ça, ça, et, techniquement, aussi vous pouvez, si ce n'est pas dans un
bulletin formel, au moins avoir une sorte, je vous dirais, de conseiller,
d'aviseur technique, jusqu'à un
certain point. Je le sais, que ce n'est pas la CAI qui va être maître d'oeuvre,
mais la CAI doit être capable de parler, minimalement, le même langage.
Donc, en ce sens-là, il y a un gros défi pour la Commission d'accès à l'information. Et, si elle ne le rencontre pas, si elle n'est pas selon ces plus
hauts standards là, tout ce qu'on a fait ne sera que théorique, tout ce
qu'on a fait ne sera que théorique parce que, dans la mise en application, on
ne pourra pas édifier le pont dont on a été
les architectes avec le projet de loi. On a un magnifique pont, mais maintenant
il faut faire en sorte qu'il prenne
vie, qu'il prenne forme, puis ça, c'est la Commission d'accès à l'information qui en sera le maître d'oeuvre. Donc, fonction d'information,
fonction d'enquête et de vérification puis, ultimement, imposer des pénalités.
La loi
réforme dans les trois domaines, public, privé, partis politiques, nouveaux
articles, nouvelle façon de faire
pour la Commission d'accès à l'information. On va voir quelle vie elle aura, parce que, quand on fait une loi, en
théorie, ça a de l'air bien, bien
beau, mais, dans la pratique, sur le terrain, quelle est son application? On se
rend compte que, ah! on n'avait pas
pensé ça, l'intention du législateur, ce n'était pas pantoute qu'il y ait
un trou gros de même puis que les gens contournent
ça. On devra aller redonner des ajustements avant longtemps.
Je pense, puis on me corrigera si j'ai tort, que ce rapport d'application là va venir, à partir de la sanction, dans les
cinq ans. Mais, dans la mesure où l'entrée en vigueur est dans deux ans, on aura trois ans de mise en
vigueur. Qu'à cela ne tienne, pendant les deux ans, on aura appris, probablement,
des choses, mais essentiellement dans cinq ans. On aurait aimé avoir plus tôt
que ça mais on comprend aussi que, si elle
ne prend vie que dans deux ans, dans quatre ans, ça en aurait fait deux, puis
dans trois ans, ça en aurait fait une,
si d'aventure on avait dit que, le cinq ans, on le ramenait à quatre ou trois
ans. Mais ça, ce ne sera pas anodin. Et, de toute façon, M. le Président, notre vie démocratique et parlementaire va
nous permettre, comme je le disais un peu plus tôt, de revoir Me Poitras,
présidente de la Commission d'accès à l'information... de la revoir aux crédits et peut-être
même dans certains mandats
d'initiative ou de contrôle des organismes publics, qui sait, peut-être
à la Commission de l'administration
publique.
Il faudra se
donner les outils parlementaires, parce qu'on participe tous de cet objectif-là.
Je veux dire, on a tous été scandalisés
de ce qui s'est passé à Desjardins, plus de 3,6 millions de Québécois
dont les renseignements personnels avaient été
éventés. Alors, on a vu des cas où des organismes publics aussi l'ont échappé. Dans la vraie vie,
là, M. le Président, là, c'est fascinant, puis je pense que
ça, ça participe d'un non-dit, puis je suis certain que le ministre est
parfaitement au courant de ça, des
cyberattaques, là, il n'y en a pas à l'année longue, à la semaine longue, il y
en a à la journée longue, public, privé. Des demandes de rançons, il y
en a à la semaine longue pour les organismes publics et privés.
Le ministre
aura été témoin d'entreprises qu'on connaît, que je ne nommerai pas, tout à fait légitimes, qui... À un
moment donné, j'ai su à travers les branches qu'ils s'étaient fait hacker leur
service de paie. Je ne sais pas s'il a entendu ça, le ministre. Je ne nommerai pas l'entreprise, mais, pendant... c'est
peut-être sorti public, remarquez, puis je vais pécher par
excès de, ce n'est pas sorti public... de conservatisme — en
disant «conservatisme» je ne veux pas rappeler un mauvais souvenir, l'élection d'hier, au ministre,
je referme la parenthèse — et, pendant
deux, trois semaines, pas de service de paie, capharnaüm, les ressources
humaines étaient débordées, les
dirigeantes et dirigeants ont dû mettre la main à la pâte, puis gros problèmes. Et j'ai su le montant de la
rançon, puis ce n'est pas compliqué : Payez la somme puis vous allez
retrouver vos ressources humaines, vous allez retrouver votre circuit de paie puis vous allez reprendre
le contrôle de votre entreprise. Ça, M. le Président, ça arrive à la semaine longue. Quand on a cela, ça expose les renseignements personnels, bien évidemment. Si j'ai accès à votre service de paie,
j'ai accès à tout ce que l'employeur a comme renseignements personnels sur les employés. Et, si, comme malfaiteur, je ne veux pas
uniquement me limiter à dire : Bien, j'ai pris en otage votre service de
paie, payez, et on va faire en sorte
de vous redonner accès, bien, foncièrement, les malfaiteurs ont accès à une
foule de renseignements
personnels. Les organismes publics aussi sont attaqués à la semaine longue.
• (10 h 50) •
Tout ça pour
dire quoi, M. le Président? Tout ça pour dire que, oui, c'est une mise à niveau
de la Commission d'accès à
l'information. On ne veut pas qu'elle soit en bicycle à pédales, on veut
qu'elle soit dans une voiture. Ce ne sera pas la Lamborghini, mais, si ça peut être une bonne auto, une bonne automobile,
avec des pneus de secours, puis tout ce qu'il faut, puis de l'essence, puis en ordre... parce qu'il va
falloir courir après les malfaiteurs. Oui, c'est un appel à la Commission
d'accès à l'information, puis la barre, là, elle est très haute pour la Commission d'accès à l'information. Je touche du bois, on mise sur notre
victoire puis sur notre succès collectif, mais ça va prendre des changements fondamentaux
à la Commission d'accès à l'information,
puis, à un moment donné, il y a des cadres, notamment salariaux, qu'il va
peut-être falloir briser, il va falloir être compétitifs. Je referme la
parenthèse.
Appel, donc, à des standards plus élevés de la
CAI, mais aussi appel à des standards plus élevés aux organismes publics puis aux organismes privés. Je veux dire
qu'il y a des malfaiteurs qui n'ont pas eu trop, trop de misère à rentrer dans
le service de paie ou à rentrer dans certains... parce que c'est un peu
tout croche, là, je veux dire, la manière dont un organisme public ou privé
détient, conserve, entrepose et protège les renseignements personnels ou
protège ses propres systèmes. Je veux dire,
là, on met le cadran puis on va le mettre de bonne heure, il y en a qu'il va
falloir qu'ils se réveillent, là.
Puis ça veut dire, donc, davantage d'investissements, davantage
d'investissements pour aller chercher, eux aussi, pas juste la CAI, mais
eux aussi, aller chercher l'expertise pour dire : Bien, on va se prémunir
comme ça, on va mettre des barrières, on va
mettre des pare-feux. Puis on ne pourra pas être 100 % à l'abri d'une
incursion malveillante, mais au moins on
va être compétitifs, puis plutôt que se faire prendre une fois par année, bien,
on va peut-être se faire prendre, mais une fois aux 10 ans puis on
aura appris de nos poids et contrepoids technologiques à l'interne, ça, c'est
important.
C'est donc un appel, un réveil aussi pour les
organismes publics et privés, parce que, s'il advenait, jadis, avant
l'adoption... ce sera bientôt jadis du projet de loi puis de sa mise en
application, projet de loi n° 64, vous aviez une fuite de données, il n'y avait pas vraiment de
conséquences. Là, il va y en avoir, des conséquences. Là, tu te dis, à un
moment donné, comme décideur... puis,
au premier titre, je prends l'exemple d'une entreprise privée, bien là, on peut
faire face à des pénalités de
dizaines de milliers de dollars, de centaines de milliers de dollars, de
millions de dollars. À un moment donné, il y en a un qui va dire : O.K., moi... puis là loi nomme un
responsable, c'est la plus haute autorité. Alors, ce n'est pas la troisième personne à partir de la gauche du
deuxième rang, là, c'est la plus haute autorité, elle est responsable, tel que
le dit la loi : «La personne
ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme public — ou privé — veille à y assurer le respect et la mise en oeuvre de la présente loi.» Nous, on
voulait ajouter — puis ça
participe un peu des actes manqués, puis je le dis en tout respect — «plus haute autorité en assure le respect et
la mise en oeuvre de la présente loi», «et en est imputable», «et en est imputable». Alors, on a eu un débat de
juristes. Que veut dire «imputable»? Dans quel autre contexte il est utilisé
dans d'autres lois? Est-ce que c'est
réellement ça, ici? Est-ce que c'est à propos? Est-ce que, aussi, «imputable»,
ça ajoute à son obligation qui est déjà d'assurer le respect puis la
mise en oeuvre? Mais le fait de le dire, nous croyons, M. le Président, que ça
aurait envoyé, de façon encore plus claire, parce que le législateur ne parle
pas pour ne rien dire, un message très clair
que tu en assures le respect et l'application et tu en réponds, tu en es
imputable. Je pense même que le débat avait tourné autour d'un autre
amendement où on a dit «et en répond», mais «en est imputable», c'était plus
englobant. Et ça, malheureusement, donc, ça n'a pas été ajouté.
Je vous
dirais, de façon candide, M. le Président, à la limite, si juridiquement la
plus haute autorité, avec les mots «respect et application de la loi», n'aurait
pas plus eu de devoirs et d'obligations, de responsabilités, je vous dirais
que, même si... je ne le crois pas, mais,
même si ça avait été le cas, je vous dirais que le fait de le dire dans la loi,
de le déclarer dans la loi, là, la personne qui se fait dire : Bien,
félicitations, vous êtes la nouvelle présidente de l'organisme ou de
l'entreprise ou la plus haute
dirigeante, voici vos choses à faire, la liste de choses à faire, puis, soit
dit en passant, vous êtes responsable de l'application de la loi et vous en êtes imputable, là on envoie le bon
drapeau, le drapeau avec la bonne couleur, là. La couleur, elle n'est
pas rouge mais elle est jaune, ça veut dire : Vous êtes en charge de ça
et, je reviens au début du point, si vous l'échappez,
à ce moment-là, vous faites face... et, si la Commission d'accès à
l'information est capable de démontrer, par son expertise nouvellement acquise, que vous avez réellement été
négligent ou négligente par rapport à tel, tel, tel aspect, exemple, dans l'anonymisation, vous n'avez pas
utilisé les derniers protocoles, les
dernières façons de faire à jour, vous avez utilisé une vieille
méthodologie d'il y a cinq ans... parce que cinq ans, dans le monde d'aujourd'hui, c'est vieux, même deux ans, trois ans, ça peut être vieux,
bien, à ce moment-là, la Commission d'accès à l'information pourra déposer poursuite, et vous pourrez faire face à des
pénalités, des amendes : 10 000 $, 100 000 $, millions de dollars. Plus haute autorité, vous en
êtes imputable, vous, personnellement, si vous avez quelque chose, personnellement, à vous reprocher, mais sinon votre organisation et votre entreprise,
le cas échéant, devra faire face à d'énormes pénalités.
Alors, c'est là où tu commences à réfléchir puis
tu dis : Bon, bien, plutôt que d'être exposé... De toute façon,
réputationellement parlant, les consommateurs puis les citoyens, là, ils ne
veulent plus entendre parler de ça. Alors, bonne
chance si votre entreprise doit divulguer... Parce que ça participe aussi
d'un autre élément qui a été ajouté dans la loi, dans le projet de loi,
l'obligation de divulgation, si votre entreprise a subi... est victime d'une
fuite, vous devrez, de façon proactive, le communiquer. Ça se dit à
l'article 63.7, nouveau, du projet de loi, et je le lis : «Un
organisme public qui a des motifs de
croire que s'est produit un incident de confidentialité — et ça, soit dit en passant, c'est miroir avec les organismes publics... privés, pardon, publics et privés ont
une disposition au même effet — impliquant
un renseignement personnel qu'il détient
doit prendre les mesures raisonnables pour diminuer les risques qu'un préjudice
soit causé et éviter que de nouveaux incidents de même nature ne se
produisent.»
Deuxième alinéa : «Si l'incident présente
un risque qu'un préjudice sérieux soit causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission — donc
la Commission d'accès à l'information. Il doit également aviser toute personne dont un renseignement personnel est concerné par
l'incident, à défaut de quoi la commission peut lui ordonner de le faire.»
Donc,
obligation d'être proactif, obligation d'aviser la Commission d'accès à l'information. Puis là-dessus on a eu un échange, on a déposé
un amendement qui n'avait pas été retenu, où l'on disait... puis, peut-être,
ça participera un jour d'une révision
de la loi, on avait dit : Plutôt que d'écrire et plutôt que de lire «si
l'incident présente un risque qu'un préjudice sérieux soit causé», bien là, vous devez aviser la commission
puis la personne concernée, «présente un risque de préjudice sérieux», nous, on disait : Enlevez le
«sérieux» à «préjudice». Puis le «sérieux», on était même prêts à le mettre à
«risque», «présente un risque sérieux
qu'un préjudice». Parce que, lorsque vous dites «présente un risque d'un
préjudice sérieux», c'est là qui est
votre facteur où vous devez agir et aviser, «risque sérieux», vous devez
vous-même l'évaluer. Alors, dans certains
cas, malheureusement, il y en a qui vont dire : Bien, je ne pense pas que
le fait d'avoir permis que soient éventés le nom, l'adresse, l'âge et le
sexe de la personne, ça pourrait causer un préjudice sérieux, je n'avise pas.
• (11 heures) •
C'est l'analyse que devra faire la plus haute
autorité ou les gens en charge de l'application de la loi au sein des organismes publics et privés. On voulait, on
croyait bon de leur enlever cette obligation-là ou cette possibilité de se
tromper sur le préjudice sérieux. On
disait : S'il y a un préjudice, il doit aviser. Je veux dire, il y a eu
une fuite, qui êtes-vous, en quelque
sorte, pour dire : Bien, moi, je garantis que, oui, il va y avoir un
préjudice mais il ne sera pas sérieux? On ne peut jamais le garantir. On ne peut même pas, je pense,
avoir un niveau suffisamment confortable de prévisibilité pour l'assurer
puis dire : Parfait, on n'avise pas.
Alors, on voulait enlever le «sérieux», un risque qu'il y ait un préjudice, tu
avises. Aussitôt qu'il a un risque
qu'il y a un préjudice, tu avises. C'est presque... Si on fait une analogie
avec les contrats d'assurance, les contrats d'assurance sont basés sur
la plus grande foi. Ça veut dire que si, sur votre assurance de vie privée,
l'assureur se rend compte que la personne
décédée fumait puis elle ne l'avait pas déclaré, bien, l'assureur va nier
couverture puis va rembourser à la
succession les primes payées. Parce que c'est majeur, la personne fumait, et
c'est considéré lorsque l'on fixe les
primes d'assurance vie. C'est un choix personnel de fumer ou de ne pas
fumer, mais il y a une conséquence au niveau des d'assurances vie, il faut le déclarer. Si vous ne l'avez pas
déclaré, les contrats d'assurance, ils nieront couverture puis ils ne paieront pas, ils vont rembourser les primes. Le
contrat est nul de nullité ab initio. Ils ne se sont pas rencontrés, au départ,
sur le bon consentement, ils ne se sont pas entendus, vous auriez dû le dire.
Ça, c'est le droit de l'assurance. En anglais,
c'est «the utmost good faith», la plus grande bonne foi, vous devez être
transparent et divulguer. Par analogie, moi, j'aurais aimé ça qu'on importe ce
concept-là sans le faire, là, copier-coller, mais cette logique-là de dire :
Ce n'est pas à moi de dire à mon
assureur, bien, moi, je fume cinq cigarettes par mois, je ne me considère pas
fumeur, je ne le déclare pas.
Ici,
je reviens à mon point. Il y a un incident, il y a eu une fuite. Ce n'est pas à
l'organisme ou à l'entreprise qui a fait
l'objet de la fuite à dire : Oui, il y a eu une fuite, c'est sûr qu'il y a
un risque de préjudice mais, attends un peu, il est-u sérieux, le préjudice? Je ne penserais pas.
Parfait, je ne parle pas un mot, je ne dis rien à la commission, puis je ne dis
rien à la personne. On voulait
enlever ça parce que, je reviens à l'analogie, la protection des renseignements
personnels devrait être qualifiée ou
assimilable à une relation assureur-assuré, et vice versa, autrement dit, qu'il
y ait une divulgation proactive, que
les gens puissent être rassurés, qu'autrement dit, inquiétez-vous pas, s'il y a
quoi que ce soit, vous allez être au courant. S'il y a quoi que ce soit, vous allez être au courant. En enlevant
«sérieux», à ce moment-là, on aurait pu initier, mettre dans la loi cette logique-là. Ça n'a pas été fait, et
c'est un des... que je me dois de souligner, une des occasions manquées au
projet de loi.
Alors,
ceci dit, je vais d'abord, dans un premier temps, M. le Président, souligner
les avancements, on en a parlé, désigner, dans un premier temps, les
avancements et, après ça, dans un deuxième temps, les occasions manquées. Le fait de désigner une personne
responsable, là s'arrête le lançage de balles, là, qui, qui, qui, de la patate
chaude. La patate chaude, elle arrête
là, là. C'est le plus haut responsable
qui en répond, et le plus haut responsable doit identifier, dans les fonctions qui sont les siennes, les
responsabilités qui sont les siennes. Il est aussi responsable, il ou elle, de
l'accès aux documents, et responsable
de la protection des renseignements
personnels. Donc, c'est le plus haut responsable qui va encadrer puis
s'assurer que soient bien encadrés l'accès aux renseignements et la protection.
On
dit que ces deux responsabilités-là peuvent être déléguées par écrit, déléguées
à une autre personne, peut-être même
à deux autres personnes. Vous pouvez, hauts dirigeants... C'est sûr que, si
vous avez un organisme qui emploie 600, plus, employés, puis vous avez des systèmes informatiques, vous avez des
bases de données à ne plus finir, ce n'est pas vous qui allez faire, au jour le jour, la mise en application. Alors,
vous pouvez, par écrit, déléguer. Mais qui dit déléguer... ça ne veut pas dire que vous allez vous sauver de
vos responsabilités, ultimement. Vous pouvez déléguer à une personne responsable la responsabilité de l'accès aux
documents, et à une autre, la responsabilité de la protection des
renseignements personnels.
Et,
au sein d'un organisme, public ou privé, un comité sur l'accès à l'information
et à la protection des renseignements personnels
est chargé du soutien à l'exercice de ces responsabilités. Autrement dit, il
devra y avoir un comité. Puis ce n'est pas...
Puis je ne pense pas qu'on aurait pu accuser le ministre de vouloir faire des
comités puis des commissions, je ne pense pas que c'est l'image qu'il nous envoie, de vouloir multiplier les
comités, les commissions, les réunions, et ainsi de suite, mais ça prend
des gens qui se concertent, autour de la table, puis on l'a même dit dans le
micro, parce que ça, c'est important, que les organismes pourraient
s'adjoindre, le cas échéant, dans ce comité-là... où, là, ils vont dire :
O.K., on a 600 employés, on a des bases de données à ne plus finir. Moi,
je suis responsable de l'accès, parfait, moi, je suis responsable — un autre — de la protection des renseignements
personnels, puis, autour de la table, on pourrait s'adjoindre des ressources externes. Alors, des gens qui, au
privé, pourraient être à la fine pointe puis pourraient donner leurs expertises
puis leurs mots à dire, puis conseiller, qui seraient rémunérés en l'espèce
mais qui ne seraient pas cantonnés à... bien, dans ce comité-là, il y
aura uniquement des gens qui sont déjà employés par l'organisme public ou
privé. Vous pourrez vous adjoindre de cette expertise-là.
Donc,
ça, en le disant, je pense et j'espère que, dans la très, très grande majorité
des cas où le niveau sera suffisamment substantiel
pour le justifier, bien, on va s'adjoindre de telles ressources externes. Parce
que, cette expertise-là, on ne pourra jamais
prétendre l'avoir à l'interne. Vous ne pourrez pas prétendre l'avoir à
l'interne. Mais ça prend quelqu'un à l'interne qui va coordonner le
tout, qui connaît la culture interne, qui sait comment ça fonctionne puis qui
va être capable de la mettre en application.
Et ça, probablement que ça risque, pour les organismes publics et privés, de
palier à la course, là, parce qu'il
va y en avoir plus qu'hier, moins que demain, là, on va se les arracher, là,
les personnes expertes en le domaine, en
la matière de protection des renseignements personnels, on va se les arracher.
Alors, ça va permettre, je crois, d'avoir accès à cette expertise-là sans être cantonné à dire : Bien, non,
mon comité d'experts doit être constitué exclusivement de personnes qui
sont employées. Donc, on pourra aller à l'externe.
Donc, on identifie la personne ultimement responsable,
la plus haute autorité. Puis c'est l'application d'un autre principe, hein? Si c'est important pour la
personne qui est en haut, ça va être important pour tout le reste de la
pyramide. Si ce n'est pas important,
ce n'est pas important pour personne. Alors là, on envoie le bon signal, et ça
aide, même à l'interne, je pense, que
le bon signal soit envoyé, et on demande de la proactivité, puis la Commission d'accès à l'information sera toujours là, à côté.
Aussi,
il y a eu des encadrements. Le droit d'accéder à nos renseignements personnels a été, je vous dirais, étayé. L'article 40
du Code civil du Québec dit : Vous avez droit d'avoir accès aux renseignements personnels qu'un organisme
détient sur vous. Article 40,
Code civil du Québec, c'est le droit commun, c'est très général. Là,
dans la loi sur les organismes publics
et dans la loi sur les organismes
privés, il est étayé comment vous pourrez avoir accès : Aïe! dis-moi donc,
j'aimerais savoir quels
renseignements as-tu, toi, organisme, sur moi. Je veux que tu m'en communiques
le contenu, et, le cas échéant, je peux demander et exiger que correctifs
soient apportés parce que ça, ce n'est pas vrai, ça, c'est faux, et ainsi de
suite. Et la Commission d'accès à
l'information sera là, à côté, si jamais il y a un problème, l'organisme
n'obtempère pas. Il y a des délais
pour répondre à ça. Et, si c'est contesté, bien, on va aller devant la
Commission d'accès à l'information. Alors, il y aura déjà là un canal de
communication entre la personne visée par les renseignements personnels et
l'organisme.
Ceci dit, il a été
décidé, et je pense que c'est intéressant aussi, que ne participent pas de
renseignements personnels les calculs, les
analyses, les valeurs ajoutées que l'entreprise ou l'organisme a à partir de la
donnée brute. Ainsi, notamment pour les compagnies
d'assurance, si vous avez, par de savants calculs, déterminé que ma cote, moi, d'assurabilité est de tel niveau, basé sur la
pondération que vous faites de mon âge, la pondération que vous faites de tels,
tels, tels autres critères, bien, cette
formule-là, ce calcul-là qui vous amène à dire : Bien, lui, on va
l'assurer — je dis
n'importe quel chiffre — à 1 200 $ par année, une assurance
vie, versus un autre qui va être assuré à 1 000 $, ou ainsi de suite,
alors, ça, la valeur ajoutée, pour protéger... Parce que c'est de bon
aloi, protéger ce qui n'est pas un renseignement personnel, protéger ce qui participe aussi d'une décision,
d'une capacité d'avoir des prix compétitifs. Bien, ça, c'est un secret
commercial. Puis qui dit secret
commercial... Ça existe, et il ne faut pas attaquer inutilement la capacité des
entreprises de déterminer, notamment,
entre autres, au niveau des assurances, de déterminer ce qui peut être une
valeur ajoutée et un secret
commercial, ce qui assure leur compétitivité puis leur... d'assurer leur
continuité.
• (11 h 10) •
Ceci dit, on
a eu un autre débat, puis ça, c'est peut-être une autre occasion manquée. On a eu un autre
débat sur la qualification que nous aurions pu faire de «renseignements personnels». L'article 10 de la charte québécoise
des droits et libertés précise que vous ne pouvez pas discriminer basé
sur certains motifs, puis la liste n'est pas exhaustive, mais, quand même,
on en nomme, basé sur le sexe, l'orientation sexuelle, la grossesse, et ainsi de suite, la religion. Ça, ce sont des
motifs nommés à l'article 10 de la charte québécoise
des droits et libertés. Vous ne pouvez pas discriminer là-dessus.
Vous ne pouvez pas refuser de louer un appartement parce que madame est
enceinte. On ne l'accepte pas, c'est de la discrimination, vous n'avez pas le
droit de le faire.
On aurait aimé, comme dans le règlement européen...
Parce qu'il y a un règlement européen, règlement général européen qui encadre les renseignements personnels, qui a été construit avec les pays
membres, donc tout le monde est arrivé
à la ligne d'arrivée en même temps, qui utilise cette qualification-là de
«renseignements personnels», qui, par ailleurs, sont des motifs de discrimination listés dans les chartes protégeant les
droits et libertés. Il est donc dit que ces renseignements personnels là
sont décrétés comme étant sensibles, parce qu'identifiés comme pouvant
permettre, le cas échéant, une discrimination.
Ça ne veut pas dire que vous ne pourrez jamais les avoir. Ça ne veut pas dire
que vous ne pouvez pas les utiliser
mais, particulièrement ces renseignements personnels là, lorsqu'on parle, entre
autres, du domaine pharmaceutique, du domaine
médical, même du domaine de l'assurance, il faut faire attention. Il faut faire
attention parce que beaucoup, beaucoup, beaucoup de renseignements
personnels sont accumulés.
Et, au-delà
du fait de dire : Bien, vous devrez avoir le consentement puis vous devrez
vous assurer qu'il est bien protégé,
que ce n'est pas n'importe qui qui a accès à ça, puis, s'il y a des fuites,
vous le dites, puis à la fin vous devez le détruire ou l'anonymiser, ça, c'est le cycle de vie, mais qu'est-ce que
vous en faites? On aurait pu ouvrir aussi tout un débat sur qu'est-ce que vous en faites, de ce
renseignement personnel là. Allez-vous décider de ne pas contracter ou de ne
pas faire d'offres de contracter à
une certaine catégorie de citoyens basée sur un motif qui est discriminatoire
et essentiellement discriminatoire?
Votre décision est essentiellement basée sur un motif discriminatoire.
L'utilisation, la pondération que vous faites d'un renseignement
personnel, oui, je le sais, c'est un autre champ de ce que nous avions à gérer.
Je vous dirais, puis je ne veux pas être
réducteur, là, mais on a fait de la tuyauterie, la gestion, l'entrée du renseignement personnel, son cycle de vie et sa
fin, la destruction ou l'anonymisation. L'anonymisation, on ne pourra jamais
remonter jusqu'à vous, mais ce sera des
données qui seront conservées pour faire des études, des recherches, et ainsi
de suite. On s'est assuré que le
renseignement passe dans le bon
tuyau, ce qui est mis dans le tuyau soit un renseignement pour lequel il
y a eu un consentement précis et
éclairé mais également la manière dont il est géré. Mais l'utilisation qui en est faite, du renseignement personnel... Puis je ne veux pas revenir, rouvrir tout un
pan de débat puis me chicaner avec mes collègues, mais le ministre responsable de
l'Économie... Puis certains vont dire : Oui, il avait raison, puis
d'autres vont dire : Faites
attention, on participe du deuxième groupe, là, faites attention, quand il
avait dit : La base de données que l'on a dans le domaine de la santé, avec les pharmaceutiques, on va pouvoir les
attirer, et ça, c'est «winner». Ça, c'est «winner», c'était
l'expression... Encore une fois, je ne veux pas me chicaner, là, mais ce n'est
pas anodin, puis qu'est-ce qui en sera fait,
puis quel est... Puis on a eu des discussions, des échanges, là, durant les
20 jours, avec le ministre, là-dessus. Comment pouvons-nous protéger, oui,
la mécanique puis la tuyauterie du renseignement personnel mais l'usage qu'on
en fera? Il faudra s'assurer que ce ne soit pas discriminatoire.
Et, en ce
sens-là, le règlement européen qui, tantôt, était notre modèle, bien, dans ce
contexte de ce débat-là, n'a pas été notre modèle au sein du gouvernement. Et
peut-être, je le souhaite, peut-être aurons-nous, lorsque nous revisiterons
cette loi-là, l'occasion d'ajouter cette
couche-là d'analyse. Et je le sais, que ça participe d'une autre nature, mais
je pense que qui dit multitude de données... Est-ce qu'on peut... Parce
que vous savez tout, tout, tout de moi, puis là on s'en va avec des renseignements personnels biométriques, là, aussi,
là. Renseignements personnels biométriques. À la naissance, est-ce que moi, je
suis plus susceptible de développer tel type de cancer, puis est-ce que ça, ça
va vous permettre de dire : Bien, basé sur son état de santé... peut-être que l'état de santé pourrait être...
Je ne pense pas que c'est un motif de discrimination, en vertu de l'article 10, c'est dans le
«notamment», mais peut-être que les données biométriques pourraient être un
élément discriminatoire.
Je le sais,
qu'il y a eu un amendement où on parlait des données biométriques, puis le
ministre me corrigera si j'ai tort,
mais l'amendement a été adopté. Je pense que c'est... amendement de nos
collègues de la deuxième opposition, où l'on disait... Et particulièrement je pense que, l'amendement à
l'article 12, là, in fine, on se recroirait à l'article par article,
M. le Président, mais à l'article 12 :
«Pour l'application de la présente loi, un renseignement personnel est sensible
lorsque, de par sa nature — et là on aurait fait ajouter "notamment médicale, biométrique
et autrement intime" — ou en raison du contexte de son utilisation et de sa
communication», on dit qu'il est particulièrement sensible. Alors, ça, ça aura
été le compromis. Ça aura été le compromis.
Mais nous pourrions aller plus de l'avant et étayer, et encadrer, et donner des
balises d'encadrement dans la loi
pour la Commission d'accès à l'information aussi de développer une voie qui,
cette fois-là, n'est pas technique,
n'est pas... Tu sais, on ne parle pas de «firewall» et de technologies de
l'information mais sur les droits humains, sur les
chartes des droits et libertés, de développer une branche, à la Commission
d'accès à l'information, d'avocates et
d'avocats qui sont expertes et experts en la matière, et de dire : Oui,
qui plus est, dans la loi, il y a quelques articles qui encadrent ça... Et ce
que vous faites, là, au-delà de... Le législateur arrête de parler quand il dit :
L'utilisation de données médicales,
biométriques ou autrement intimes, c'est sensible, puis là on arrête de parler.
On aurait pu ajouter d'autres articles et
dire : Lorsqu'il s'agit de tels renseignements, médicaux, biométriques et
autrement intimes, non seulement vous devez avoir une attention particulière quant à la protection contre toute
fuite, mais vous avez un encadrement qui est précisé quant à son utilisation, vous ne pouvez pas, sur un seul
motif, par exemple, baser une décision de ne pas offrir de contrat pour tel
type de personnes parce que vous avez accès à des données biométriques.
Moi, je pense
qu'une personne qui, puis malheureusement on aura peut-être des cas... une
personne qui, avec les recherches sur
l'ADN, est plus susceptible de développer un cancer à 50 ans mérite qu'on
lui fasse une offre pour assurer sa vie.
On ne pourra pas vivre dans une société, M. le Président, où on va dire :
Bien, médicalement, scientifiquement, l'enfant est né, vivant et viable, on a accès, pour x raisons... Puis là,
évidemment, il y a tout l'aspect, là, est-ce qu'au départ il y avait
consentement ou pas, mais prenons pour acquis que l'information est
détenue — puis là
je vous donne un cas extrême, là — est détenue de façon légale, est-ce que l'on
peut baser et justifier, socialement — on ne l'a pas eu, ce débat-là — que l'on
ne va pas contracter avec les personnes qui, à partir de 50 ans, sont plus
susceptibles de développer un cancer, nous, assureurs, on va les
éliminer de notre liste, on ne veut pas les assurer? À un moment donné,
l'assurance, M. le Président, puis le...
C'est quoi... En collectivité, vivre en collectivité, là, c'est partager les
forces de tous pour pallier aux faiblesses de chacun et aux défis de chacun. Et
le fondement même de l'assurance, c'est quoi? C'est le partage du risque. Puis
il faut toujours envisager la société
comme étant l'addition des forces de tous pour pallier aux défis et aux
faiblesses individuels de chacun.
Et là, avec les renseignements personnels, c'est
un autre pan. Peut-être que ce sera une autre pièce législative, peut-être que ce sera... mais, la charte
québécoise des droits et libertés, on ne peut pas en faire une loi, là,
d'application très, très précise, c'est les principes généraux.
Peut-être qu'il y aura une pièce législative à déposer, un jour, qui va viser
les organismes publics et privés, au même titre, pour dire : Bien, voici,
on va étayer l'article 10, puis les renseignements... L'article 63.3, là... Excusez-moi. L'article
de la loi, exemple, sur les organismes publics, c'est l'article 59, où on
dit notamment : Médical,
biométrique et autrement intime, c'est sensible, là, on va ajouter peut-être
une loi, qui sait? Je suis convaincu qu'on aura l'occasion d'y aller
avant longtemps. Je referme la parenthèse.
Donc, les
différents pouvoirs de la Commission d'accès à l'information, on en a parlé.
Resserrement des dispositions pénales, là, honnêtement, là, la loi a des
dents, là, longues de même. On s'est assurés, ceci dit, dans l'application de
la peine : PME, vous avez mal fait, vous n'avez pas respecté la loi, un de
vos employés n'a pas respecté la loi, vous êtes responsable des gestes de votre employé. PME, on va vous condamner à
1 million de dollars, on s'est assurés, dans les critères, ça relève ultimement de la discrétion de la
personne qui va en juger. C'est-u une amende de 1 million, ou de
100 000 $, ou de
10 000 $ pour la PME? Mais on s'est assurés, de façon générale, il y
a un article qui donne les balises, d'ajouter, par amendement — et ça, c'est un des amendements que l'on a
proposés, un de ceux que l'on a proposé puis que le ministre a travaillé
là-dessus, puis le lendemain il nous est revenu avec une rédaction, puis ça
nous allait — de
s'assurer, je le dis de même, de considérer
la capacité de payer, la taille de l'entreprise, le cas échéant, pour ne pas...
Puis on a eu le débat, de dire :
Mais il va sans dire, oui, il va sans dire, mais, en le disant, ça va aller
mieux aussi, alors de le mettre comme balise. Et, si d'aventure une pénalité serait tout à fait hors norme par rapport
à la grosseur de la PME, vous venez de tuer carrément la viabilité financière de l'entreprise en lui
imposant 1 million de dollars. Oui, ce qu'ils ont fait... ce n'est pas
correct ce qu'ils ont fait mais,
quand même, 1 million de dollars, là, on va fermer les portes, ça finit
là, ils vont faire faillite. Ils vont mettre ça dans les créances puis ça va
être le syndic de faillite qui va fermer la shop. Ce n'est pas ça qu'on veut.
Le fait de le dire dans la loi vient baliser la discrétion judiciaire
quant à l'imposition de pénalités.
• (11 h 20) •
Et, si
d'aventure on vous impose 1 million, puis vous dites : Bien, voyons
donc! j'ai fait la démonstration, lorsque j'étais rendu sur sentence, à plaider que je n'avais pas la capacité du
tout, du tout, mon chiffre d'affaires, c'est 2 millions, on me charge 1 million, mon profit, c'est
5 %, à ce moment-là il y aurait peut-être lieu d'y avoir un débat en appel
sur la pénalité. Et le fait de
l'avoir marqué dans la loi, bien, ça va permettre, en appel, de dire :
Bien, oui, le législateur, il n'a pas parlé
pour ne rien dire, encore une fois, puis la pénalité est importante. Parce
qu'encore une fois on ne veut pas que ça soit un bâton dans les roues de tout le monde, tout le temps, on veut que ce
soit une responsabilité qui soit prise en considération très sérieusement. Puis ceux qui ont mal fait, là,
bien, vous allez vous faire taper sur les doigts, puis faites attention parce
que va va vous coûter cher. Vous allez avoir la capacité de payer mais vous allez vous en rappeler longtemps. Puis,
à un moment donné vous allez faire le calcul :
Bien, regarde donc ça, plutôt que payer 100 000 $, si je l'avais
dépensé, le 100 000 $, pour
avoir des pare-feux puis d'avoir une expertise externe... Je pense que, de
toute façon, là, après avoir payé un 100 000 $ à l'État, là,
il va falloir que je l'investisse. Alors, c'est une logique économique qui est
forcée mais c'est une logique économique qui
vient donner des dents à ce que le législateur veut sur le terrain, la
protection des renseignements personnels.
En ce qui
concerne les organismes privés, on a eu l'occasion d'apporter également des
amendements, notamment pour ce qui
est de la sollicitation à des organismes philanthropiques. La sollicitation
pour des organismes philanthropiques fait
en sorte que vous pouvez recevoir un appel d'un organisme qui fait de la
sollicitation pour vous, prospection commerciale et philanthropique. Alors, on a eu une révision de ces règles pour venir
encadrer ça. Si vous ne voulez plus être sur la liste d'appel, bien, vous pouvez le dire, puis ça se
termine là, et la personne ne pourra pas continuer de vous contacter. Ça, ça a
été un autre avancement au niveau privé.
Également, M. le Président, on va parler au
niveau des partis politiques, les avancements. Au niveau des partis politiques, puis le ministre a raison de souligner
le travail du collègue de Chapleau qui nous a réunis, ça, cette partie-là,
adjoint parlementaire du ministre, le
collègue de Chapleau a pris cette portion-là, parce qu'encore une fois on avait
grief au principe du fait qu'on faisait trois projets de
loi en un : public, privé puis partis politiques. Oui, il y a plusieurs
similitudes entre public et privé,
mais ce n'est pas 100 % copier-coller. Mais il y avait peut-être une
logique de travailler ça ensemble, on
l'a fait. Ça a pris plus de temps, mais on l'a fait. Au début, on aurait
peut-être pu penser trois projets de loi, mais ça a été fait comme ça. Mais, pour ce qui est de partis
politiques, on ne pouvait pas faire copier-coller des organismes privés,
de l'encadrement, puis dire : Bien, ça
va être la même chose, le même régime pour les partis politiques. Les partis
politiques, avec les discussions, le collègue de Chapleau... Et là il y a eu
des rencontres, parce qu'on a dit qu'on a siégé longtemps, 20 jours, mais il y a eu au moins trois
rencontres, au moins trois rencontres de concertation, d'analyse, de
discussions, de propositions par
rapport aux partis politiques pour en arriver, quand on a réouvert les micros
ici, le 24 août... pour dire : Bien, voici, on s'est entendus là-dessus, là-dessus, et le dire dans le
micro, quelle était l'intention du législateur, puis expliquer ce qu'on
faisait.
Les partis
politiques, dans la première mouture, puis ce n'est pas un reproche, parce qu'à
un moment donné on est là pour le
bonifier aussi, il était dit que les partis politiques, évidemment, doivent
obtenir le consentement de la personne lorsqu'ils collectent des
renseignements autres que la liste électorale. Les partis politiques ont accès,
de facto, à la liste électorale, tout comme
les candidats indépendants et les députés indépendants. Il y a 24 partis
politiques d'inscrits, la dernière fois
que j'ai vérifié, il y a trois semaines. Sur le site du Directeur général des
élections, il y en a 24. Il y en a qui sont plus grands que d'autres. Il y en a qui ont plus de membres que d'autres, et
il y en a qui ont plus de personnel que d'autres qui peuvent ne pas en avoir du tout, du tout, puis
d'avoir un bénévole, puis c'est la cheffe du parti politique. Je ne le sais
pas, mais c'est des partis politiques
qui sont beaucoup plus petits. Alors, on devait avoir des règles qui permettent un encadrement, mais qui leur permettent, eux autres aussi,
d'avoir une vie démocratique puis de présenter des candidats puis des
candidates, peut-être pas dans les 125 comtés, parce que, Dieu
sait, je pense qu'il y en a juste cinq, six, partis politiques qui peuvent prétendre présenter 125 candidats dans tous
les comtés. Les autres, bien, ils font ce qu'ils peuvent, mais ils ont le droit
d'exister, puis c'est important, puis ce qu'ils apportent comme vision
au débat démocratique est excessivement important.
Vous êtes parti politique, le Directeur général des
élections vous donne vos lettres
patentes, si vous me permettez l'expression
du XIXe siècle, peut-être même avant, puis vous avez accès à la liste
électorale. Tous les partis
politiques ont accès à la liste électorale. Il y a un petit peu plus de 6,2 millions d'électeurs, pour lesquels nous avons le nom, le
prénom, l'adresse, le sexe puis la date
de naissance. Bien, ça, il faut encadrer ça. Il faut encadrer ça parce que
ce sont des renseignements personnels qui vous identifient, là. Votre nom, votre
adresse, votre âge puis votre sexe, c'est déjà beaucoup.
Et ça, vous ne voulez pas que cette information-là circule puis soit
donnée à n'importe qui, vous voulez une protection minimale. C'est pour ça que le Directeur
général des élections, quand il donne
la liste électorale à un parti
politique puis qu'il en donne accès aux députés élus, vous signez une déclaration par laquelle vous allez tout faire pour en garder le secret, l'utilisation, vous pouvez l'utiliser pour ça, ça, ça, puis vous ne donnerez accès
qu'à des personnes de confiance, et ainsi
de suite.
Ce qui était
dit, pour ce qui est des partis
politiques, c'est qu'ils pouvaient
utiliser des renseignements personnels, donc la liste électorale et tout autre renseignement,
avec un consentement suffisant, que vous pourrez ramasser sur les électeurs, collecter. Vous pouviez, dans la
première mouture, les utiliser uniquement
s'ils étaient nécessaires pour des fins électorales ou pour des fins de financement politique. Alors, entre les
élections et entre les activités de financement, il y a ce qu'on appelle la vie politique des partis
politiques, les activités politiques. On a fait, par amendement, ajouter
«activités politiques» parce qu'on ne voulait pas être cantonnés ou
cantonner les partis politiques uniquement aux 34 jours, 35 jours de
l'élection ou peut-être même les quelques semaines ou mois qui précèdent, et
aux activités de financement. Entre-temps, entre... Dans les quatre ans d'une
élection à l'autre, il y a bien des activités, il y a des congrès de jeunes, il y a des colloques de réflexion, il y a du
militantisme terrain qui se fait, il y a des activités à l'année longue. Et ça,
il fallait s'assurer que ce soit transmis dans la loi. Donc, ça, ça aura
été également une autre avancée.
Maintenant,
au niveau des occasions manquées, M. le Président, le principe
d'imputabilité, j'en ai parlé, l'important, également, M. le Président, de devoir procéder, quant à nous, à
l'évaluation de la conformité. Et ça, ça a fait l'objet d'un amendement que
nous avons déposé en article par article et d'un amendement que nous avons
déposé en vertu de 252 de notre règlement dans le contexte de la prise
en considération, mais qui a été rejeté, un amendement qui visait... Parce que la loi dit, pour les organismes publics et les organismes privés : Vous devez vous assurer, lorsque vous lancez de
nouveaux systèmes informatiques, de la conformité de ces systèmes-là par
rapport aux obligations de la loi, mais la loi n'est pas rétroactive. Au jour de la mise en vigueur de la
loi, tous les systèmes actuels au sein des organismes publics et privés n'ont
pas à faire l'objet d'une telle vérification de conformité.
Et ça, ce
n'est pas peu dire, parce que du jour au lendemain de la mise en vigueur de la
loi 100 % des données dans les systèmes informatiques ou des systèmes
informatiques ne seront pas analysés et vérifiés. Il n'y a pas d'obligation
de dire : Bon, bien, que sont nos
systèmes informatiques? Est-ce que nous avons suffisamment de pare-feu, et
ainsi de suite. Je le sais, que s'il
y a des incidents puis il y a des tapes sur les doigts qui doivent se donner
par la suite, ce sera pris en compte, mais nous aurions cru et souhaité...
nous aurions cru valable, et nécessaire, et souhaité que soit mise dans la loi
une obligation, puis c'est de même qu'on
l'avait verbalisé : «Un organisme public doit dans les six mois de la sanction
de la loi, procéder à une évaluation
quant à la conformité à la présente loi, de tout système [informatique] ou de
prestation électronique de services impliquant la collecte,
l'utilisation, la communication, la conservation ou la destruction de renseignements
personnels.» L'obligation, dans les six mois de la loi, de faire ce qu'on
appelle une vérification diligente de conformité.
Ça, ça aurait été, je pense, le minimum pour
savoir. Puis bien des organismes publics et privés se seraient rendu compte qu'on n'était pas si pire, mais après ça,
wow! oui, on n'était pas si pire pour ça, ça, mais ça et ça, aïe! une chance
que le bateau est sur la grève, parce que,
si on le met à l'eau, là, s'il est à risque, l'eau va rentrer. Alors, il faut,
de façon proactive, travailler
là-dessus. Même si je n'avais pas prévu que mon système allait être modifié ou
changé, ça va être le même système, j'ai fait une vérification
diligente, il y a des dangers, il y a des risques, je vais y pallier. Là, la
loi fait en sorte que
vous n'avez pas à faire cette obligation de vérifier vos systèmes, de un, et,
de deux, vous avez l'obligation de vous assurer que vos systèmes ne prennent
pas l'eau pour l'avenir. Bien, j'aimerais ça savoir, parce que ce système-là,
défectueux, est-ce qu'il va être en fonction
encore pendant deux ans, cinq ans, 10 ans? Puis je ne voudrais pas qu'une
fois que le tuyau ou que le bateau
prenne l'eau, on se dise : Ah! O.K., on va le colmater. Il ne faudrait pas
attendre ça. Alors, de la proactivité.
• (11 h 30) •
Je
le sais, que des organismes... Pour avoir été, dans une vie antérieure, au sein
d'une grande organisation, des systèmes informatiques, il y en a, il y
en a, il y en a. Ils ne se parlent pas, ce n'est pas la même technologie. Il y
a des archaïsmes là-dedans. Tantôt vous avez
la donnée sous forme de traitement de texte, tantôt vous avez la donnée sous
forme de chiffrier, tantôt vous avez
la donnée sous forme de chiffrier,
tantôt vous avez la donnée sous forme de document PDF. Le document PDF, là, vous ne pouvez pas faire grand-chose avec
ça si vous essayez de faire des transferts de données, c'est un document.
Mais, quand même, nous croyons qu'il aurait
été bon et nécessaire, occasion manquée, de s'assurer que de telles
vérifications diligentes se fassent.
Autre élément
également, délai de prescription pour les recours. Des délais de prescription
pour le recours... Oui, il y a eu un
amendement qui faisait en sorte que le délai de prescription... Si vous faites
un acte fautif aujourd'hui, la prescription est passée de trois ans à cinq ans.
Alors, aujourd'hui, vous faites une coche mal taillée, vous avez une obligation,
en vertu de la loi, de protéger les
renseignements personnels, vous ne le faites pas, oublie ça, puis de façon...
de mauvaise foi, là, un acte
répréhensible, je m'en fous, je le fais aujourd'hui. La prescription, ça veut
dire qu'on va pouvoir vous poursuivre pour
ça puis vous imposer une pénalité, le cas échéant, si ça ne fait pas plus que
cinq ans que l'acte a été posé, le geste fautif a été posé. Si ça fait
plus de cinq ans, c'est prescrit. Avant, c'était trois ans. Par amendement on a
mis ça à cinq ans.
Nous,
ce que nous disions : Au-delà du délai, que ce soit trois ans, cinq ans,
sept ans, nous aurions aimé introduire la même logique que la commission Charbonneau avait demandée, notamment pour le Commissaire au lobbyisme, et qui a été inscrite dans la loi, dans cette
législature, c'est le projet de loi
n° 6, qui fait en sorte qu'on ne
va pas faire partir le délai de
prescription... qu'il soit de trois ans, cinq ans ou sept ans, on ne va pas le
faire partir de l'acte fautif, mais on va le faire partir, le délai de prescription, du moment où le régulateur est
au courant que tu as fait quelque chose de pas correct. Parce que vous
pourriez l'apprendre au-delà de trois ans ou cinq ans, puis, du jour au
lendemain, la Commission d'accès à
l'information apprend cela, bien,
c'est prescrit. Oui, mais je viens de l'apprendre, je l'ai appris aujourd'hui.
Bien, c'est prescrit, vous ne pouvez rien faire.
À
l'époque, le Commissaire au lobbyisme
devait... la prescription, c'était
d'un an de l'acte reproché. Le Commissaire
au lobbyisme nous l'a dit, la même journée il apprenait deux choses, il apprenait
qu'un acte fautif avait été commis, un, et, deux, il apprenait que c'était
prescrit. Il ne pouvait rien faire. Alors, c'était : Du délai commence...
à partir du moment où le régulateur
est informé du fait. Et là pas obligé d'avoir sept ans, pas obligé d'avoir cinq
ans, vous pouvez avoir un trois ans. Pour le Commissaire au lobbyisme,
je pense que c'est rendu à cinq ans, ce qui est quand même beaucoup. Mais,
quand même, donc, il a le temps de se faire
une tête en trois, cinq ans, puis dire : Est-ce que je poursuis ou pas? Il
a surtout le temps de faire une enquête digne de ce nom, et ça, c'est
important.
Dernier élément, M.
le Président, et ça, ce n'est pas anodin, ça, c'est peut-être un acte manqué
majeur, on en a discuté, mais finalement ça ne se fera pas : les partis
politiques provinciaux sont couverts, mais pas les partis politiques municipaux. Les partis politiques provinciaux
doivent respecter toutes les obligations
de la loi, aller chercher le consentement
puis ne pas utiliser la liste électorale. Si vous êtes un parti politique
provincial, si vous êtes un candidat, au niveau provincial, indépendant
ou si vous êtes un député indépendant, vous devez respecter la loi. Partis politiques
municipaux, il n'y en a pas dans toutes les
municipalités. Il y en a dans les plus grandes, mais, dans plusieurs
municipalités, notamment les plus
petites, il n'y en a pas nécessairement, c'est des candidatures indépendantes.
On aurait pu très bien dire : Au niveau municipal, on l'impose à tous les
partis politiques municipaux, à tous les candidats, à quelque poste que ce
soit, municipaux indépendants et à tous les élus indépendants. Pourquoi? Parce
qu'ils ont accès à la liste électorale.
Donc, un candidat
indépendant à la mairie d'une municipalité de 10 000 voteurs va
avoir, du jour au lendemain, accès à la
liste électorale des 10 000 voteurs de sa municipalité, il est
candidat à la mairie, indépendant. J'aurais aimé, on aurait aimé qu'il y
ait un encadrement : Vous ne pouvez pas utiliser cette liste-là. Oui, le
Directeur général des élections va lui faire signer une obligation, mais toute
la protection de la grande soeur, grand frère qui est la Commission d'accès à
l'information, l'oeil, le regard ne sera pas applicable, malheureusement, au
niveau municipal, puis je pense qu'on a passé
à travers une belle occasion. Oui, ça aurait été peut-être un petit peu plus
compliqué au niveau de la législation, mais il aurait été de bon aloi et
justifié, encore une fois.
Puis,
ceci dit, le délai de mise en vigueur pour les partis politiques, c'est dans
deux ans. Alors, ça n'aurait pas été dans
les jambes des partis politiques présentement, mais on se serait assurés que,
dans deux ans au maximum, il y aurait lieu d'avoir un encadrement tout à fait
justifié pour les grandes et petites municipalités. Puis ça n'empêche en rien
les candidatures indépendantes, les candidatures de partis politiques, mais ça
vient assurer puis ça vient étayer... assurer l'encadrement au niveau municipal
aussi.
Puis
Dieu sait qu'il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui sont candidates,
candidats. Bien, il faut envoyer le bon
signal, il faut que la CAI, le cas échéant, la Commission d'accès à
l'information, puisse leur dire : Bien là, faites attention, j'ai appris des choses, puis on vient faire des
vérifications. Ça n'aurait pas alourdi puis ça n'aurait pas affecté la
démocratie, au même titre que ça ne
l'affectera pas pour les plus petits partis politiques provinciaux, aussi petits
soient-ils, peut-être même juste un seul dirigeant bénévole d'un
organisme.
Alors, M. le
Président, vous me permettrez, oui, de remercier mon collègue de
La Pinière, avec lequel j'ai eu l'occasion
de travailler sur l'article par article, ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce
également, qui était là notamment, je m'en
rappelle, lors des auditions, qui va prendre la parole, j'ai hâte de
l'entendre, sur l'adoption finale du projet de loi n° 64,
et mon collègue de Viau également, qui aura l'occasion de parler du projet de
loi n° 64 et de sa vision des choses.
Vous
me permettrez de remercier et de saluer le ministre, je pense qu'on a travaillé
très, très... de façon constructive, comme
vous l'avez vu, pas d'accord sur tout, mais, sur la finalité de l'encadrement,
nous nous rejoignons, collègue de Chapleau et tous les autres collègues
du gouvernement, de la banquette ministérielle, et des oppositions également,
saluer notre président... J'allais le nommer
par son nom. Vous voyez ce que ça fait quand on siège longtemps ensemble. Mais
je pense qu'il a le tour avec nous
autres. Il a le tour pour nous ramener puis il a le tour pour nous laisser
aller, puis, en fin de compte, tout
le monde y gagne parce qu'on est efficaces. Puis de saluer Me
Miville-Deschênes, qui a travaillé étroitement avec nous et qui nous a
permis, parfois, de ne pas commettre certaines erreurs en nous donnant la bonne
réponse.
Alors, merci, M. le Président. On va voter en
faveur, mais il y aura encore du travail à faire. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de LaFontaine.
Je cède maintenant la parole au leader du troisième groupe d'opposition
et député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, c'est
avec grand plaisir aujourd'hui que je prends la parole au nom de ma
formation politique, le Parti québécois, sur le projet de loi n° 64.
On l'a dit et
on l'a redit, on était dus pour ce grand chantier, M. le Président. Depuis une
vingtaine d'années, le régime québécois sur la protection des
renseignements personnels est resté pratiquement inchangé.
Les données,
c'est une des principales richesses du XXIe siècle. Pour le gouvernement,
c'est une façon d'orienter ses
politiques publiques, aussi, afin qu'elles soient plus efficientes. Pour les
entreprises, ça peut être une façon de répondre plus efficacement aussi aux besoins des consommateurs. On doit cependant
s'assurer que ce ne soit pas une calamité pour les citoyens.
Alors que la
loi est demeurée inchangée, les fuites de données se sont multipliées au Québec
et partout ailleurs. On peut donner quelques exemples. Les Québécois ont connu
une fuite de données chez Capital One, une fuite chez Desjardins et, pour certains, un incident de sécurité chez
Revenu Québec et au ministère de l'Éducation. Dès la fuite chez Desjardins,
le Parti québécois a fait preuve de leadership en demandant une commission
parlementaire pour se pencher sur cette problématique.
On l'a obtenu, M. le Président, de peine et de misère. Mais plusieurs solutions
ont été présentées par les experts.
Au Parti
québécois, on a aussi contribué à cette réflexion en faisant des propositions
pour prévenir les fuites de données
et en réformant la loi sur la protection des renseignements personnels. On a
également proposé la mise en place de
mesures de sécurité pour protéger le dossier de crédit des citoyens, qu'ils
soient victimes ou non d'une fuite de données. La mise en place de cette dernière mesure a fait l'objet du projet de
loi n° 53, auquel j'ai pu contribuer, comme plusieurs de
mes collègues. Quant à l'autre volet, celui
de la réforme de la loi sur la protection des renseignements personnels, on est
dans le dernier droit vers son adoption, pour le projet de loi n° 64.
Le nouveau régime n'est pas parfait, mais il
demeure une avancée significative. L'Assemblée nationale doit envoyer un signal fort en adoptant ce projet de
loi : le bar ouvert des données personnelles, M. le Président, c'est
terminé. Ceux qui les collectent, les utilisent et les commercialisent ont des
obligations à remplir. Le rehaussement des amendes est fondamental pour
donner des dents à ce nouveau cadre législatif, et on y est parvenus, mais le
temps nous dira si, finalement, M. le
Président, c'est suffisant. Nous ne devons pas, comme parlementaires, hésiter à
renforcer ces amendes si on se rend compte qu'on doit faire davantage.
Je voudrais
également revenir sur la notion de consentement. Elle est centrale et ne devra
pas demeurer théorique. On doit s'assurer que ceux dont la collecte des
données... exercent un consentement libre et éclairé. Des campagnes
d'information pourraient notamment être mises en place. Et le ministre a été à
l'écoute de nos préoccupations et de ceux
qui se sont déplacés en commission
parlementaire. Il y avait
un consensus pour mettre en place un cadre législatif pour être plus
favorable aux consommateurs, aux usagers et à la protection des renseignements
personnels.
• (11 h 40) •
Ça, M. le Président, c'est la partie la plus juridique du travail qu'on a
fait. Si vous me permettez, j'aimerais prendre un côté plus humain du
travail qui a été fait en commission parlementaire, mais notamment du côté de
ma formation politique.
M. le Président, ça va faire six ans en novembre
que je suis à l'Assemblée nationale. Et souvent on se demande, qu'on
soit dans l'opposition ou au gouvernement, de quelle façon on peut avoir un impact sur la
vie des gens. Lors de mon premier mandat à l'élection partielle de 2015,
j'ai entendu le cri du coeur de Caroline Lamarre. Caroline Lamarre était une employée victime d'agression sexuelle pour
laquelle son agresseur a été condamné. Son agresseur était le maire de la
municipalité. Or, malgré la condamnation, le maire pouvait siéger encore au conseil
de ville de Baie-Trinité. Vous voyez un peu l'aberration dans laquelle
la victime était placée. Elle voulait exercer son droit de travail, mais, parce
que la loi manquait de mordant, malheureusement, le maire en question pouvait continuer à siéger et avoir tous les
bénéfices de son poste de maire.
Donc, j'ai
été sensibilisé par Caroline et mon CALACS, Lumière boréale, du côté de la Côte-Nord.
Et on a fait les représentations,
c'était le gouvernement libéral à l'époque, c'était Martin Coiteux qui était ministre des Affaires municipales, et on a
fait les représentations, on a fait changer la loi, M. le Président. Pourquoi
je vous dis ça? Parce que c'est un des engagements pour lequel je suis le plus
fier, c'est-à-dire que, même dans l'opposition, lorsqu'il y a une injustice qui
est commise envers les femmes, il y a moyen
de changer les lois. Et c'est ce qu'on a fait, M.
le Président, aussi dans le projet
de loi n° 64.
Je vais vous
lire une partie de l'article qui a paru dans Le Devoir le
14 mai 2021 : «En 2017, Véronique Pronovost brisait le
silence dans les pages du Devoir, racontant comment un de ses
professeurs l'avait embrassée contre son gré. L'étudiante de l'UQAM avait porté plainte et avait
obtenu gain de cause. Mais elle conservait un "sentiment d'injustice et
d'incompréhension", car elle n'avait jamais su si le professeur avait été
sanctionné pour son geste.
«"J'ai porté plainte pour protéger la
prochaine génération d'étudiantes, mais, si ce n'est jamais connu par personne,
tu ne protèges personne[...]. J'ai fait ça pour quoi? Je n'ai aucun sentiment
de justice. Et pourtant j'ai gagné."
«[...]Véronique
milite [et a milité] pour faire changer la loi, qui, jusqu'à tout récemment,
protégeait la vie privée des agresseurs en empêchant les établissements
de révéler les sanctions aux victimes.»
M. le Président, c'est la deuxième fois que je suis sensibilisé à des modifications
législatives par des victimes. J'ai discuté
avec Mme Pronovost, j'avais discuté avec Mme Lamarre, et, lors du
projet de loi n° 64, on a proposé des amendements, qui ont été acceptés par le ministre, justement
pour donner un peu plus... pas plus, donner toute la transparence dans les
établissements d'enseignement. Ces
propositions-là étaient venues d'un collectif, Québec contre les violences
sexuelles, et du Collectif opposé à
la culture du viol. Grosso modo, on ne révolutionne pas la loi, là, tout ce
qu'on fait, c'est qu'on permet à une
personne victime de savoir si son agresseur a été, oui ou non, sanctionné. Et
ça, M. le Président, ça fait l'énorme différence.
Donc, M. le Président, comme je vous disais tout
à l'heure, ça fait six ans que je suis à l'Assemblée nationale, je suis extrêmement sensibilisé aux droits des
femmes et surtout à lutter contre les violences faites aux femmes. Samedi
dernier, il y avait une marche, chez
nous, à Baie-Comeau, ça faisait 40 ans qu'on célébrait les
mouvements contre les violences faites aux femmes. J'ai rencontré les groupes
communautaires, j'ai rencontré mon CALACS aussi. Et on a eu même la visite
de bikers qui roulent partout au Québec, et même à travers le monde, pour
lutter contre les abus faits envers les enfants.
Et, M. le
Président, je suis extrêmement fier, aujourd'hui, que l'Assemblée nationale va pouvoir adopter un projet de loi qui va
donner beaucoup plus de transparence et surtout beaucoup plus d'outils aux
victimes, encore trop grandes, d'agression sexuelle et de violence sexuelle.
Donc, M. le
Président, je ne pensais pas faire ça dans ma carrière plus d'une fois, ça fait
deux fois qu'on le fait. Et, s'il
faut le faire encore une troisième fois, une quatrième fois, à chaque fois
qu'une personne va venir nous rencontrer pour nous dire : Dans la loi, il y a un préjudice qui fait que les
victimes sont moins bien traitées que les agresseurs, sachez que, M. le
Président, le Parti québécois sera là pour modifier les lois, et le député de René-Lévesque sera là pour porter leurs voix. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de
prendre la parole, et nous voilà, donc, à la dernière étape de cet important projet de loi, donc l'étude du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements
personnels, donc, soit
l'adoption finale. Le projet de loi vise à moderniser, d'une part, la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels et, d'autre part, la loi sur les renseignements
personnels dans le secteur privé. Il prévoit aussi que les partis politiques
soient soumis à certaines dispositions de la loi dans le secteur privé.
Je tiens,
d'entrée de jeu, encore une fois, à réitérer l'excellent travail de nos deux
collègues les députés de LaFontaine
et de La Pinière. Et d'ailleurs je crois qu'on a eu vraiment un
cours 101 sur ce projet de loi, et tous ceux intéressés par la question
auraient intérêt à réécouter, d'ailleurs, les allocutions du ministre mais
aussi du député de LaFontaine, car nos députés ont, évidemment comme d'autres députés, amené des
amendements pour renforcer la loi et bonifier le projet de loi.
Encore une
fois je le répéterai, mais à plusieurs reprises ça a été répété, la bonne
entente. Oui, il y a des déceptions, on
y viendra, mon collègue en a bien parlé. Mais, au-delà de ça, cet esprit de
collaboration qui a régné pendant des jours et des... bien, des heures et des heures, et des jours et des jours,
pendant longtemps... mais c'est sûr que c'est la nature de la bête, une bête qu'on aime et qu'on apprivoise
quand on vient ici, à l'Assemblée nationale, ça fait partie de notre
travail, et c'est un travail extrêmement stimulant, mais on a vu aussi que tout
le monde a pris ça à coeur
Donc, j'ai vu les amendements des oppositions,
nos propres amendements, j'ai écouté les deux allocutions du ministre, et je
tiens encore une fois à le souligner.
Donc, comme d'autres qui l'ont souligné, le
contexte de ce projet de loi, c'est important de s'en rappeler, parce qu'on est capables de prendre la pleine mesure de
l'importance du travail qui a été fait par les parlementaires... donc des
scandales concernant des fuites de données
personnelles, quelque chose de très, très, très sérieux. Quand on pense à ceux
qui sont victimes de vol d'identité... Je ne sais pas si vous avez déjà eu, M.
le Président, l'occasion de parler avec quelqu'un qui a vécu ça ou lu
l'expérience de quelqu'un qui vit ça, c'est plus que dérangeant, là, c'est un
affront, et les solutions à ça ne sont pas évidentes. Alors, parmi, donc, ces
scandales : Desjardins, Capital One, Revenu Québec, Cambridge Analytica.
Alors que les incidents de confidentialité
prennent de l'ampleur, la nécessité de garantir la sécurité des renseignements
personnels des Québécois est évidemment devenue prioritaire, et les outils
législatifs pour encadrer la protection des données n'étaient plus adaptés à
cette nouvelle réalité, et les lois québécoises manquaient clairement de mordant. Et ce domaine des données, c'est
évidemment un peu comme une course contre la montre, une course contre la montre, et ça va continuer à être une course
contre la montre. On y viendra quand on parle des pouvoirs qu'on devra donner,
donc, à la CAI et l'expertise qu'on devra
s'assurer... ou que la CAI devra aller chercher, parce que l'innovation... Et
puis Montréal est un centre
d'innovation. On est bien fiers de cette innovation. Il y a des domaines où...
Moi, je l'ai vécu dans la commission
parlementaire sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Je vous dirais à quel
point c'est tellement perturbant, bouleversant,
de voir que cette expertise... Je ne parle pas des grandes firmes qui
travaillent là-dedans, mais ceux qui en profitent pour exploiter nos jeunes, nos enfants,
d'autres humains. Et donc on a eu l'occasion d'explorer ce domaine. Et je
vous dirais que ça a été vraiment un
cauchemar, là, de le comprendre. Mais ici on parle d'autre chose, mais il y a
un lien quand même. Et, cette course
contre la montre, je le répète, parce que ça va prendre, pour l'État québécois,
d'avoir beaucoup d'expertise.
Alors, l'autre phénomène important, c'est, en
mai 2018, l'Union européenne qui a mis en vigueur le Règlement général sur la protection des données. Et on a eu
l'occasion de mieux comprendre ce règlement lors de la consultation. Et c'est
devenu, donc, évidemment, en anglais on parlerait de «gold standard», la
référence, la norme internationale. Et j'ai écouté le ministre qui dit que, maintenant, avec notre projet de loi, on
serait les plus forts en Amérique du Nord, si je comprends bien, qui est
une bonne chose. J'imagine que ce règlement nous a inspirés aussi. Il y a
certainement des différences.
Il aurait fallu participer à tout le travail que
vous avez fait pour bien comprendre, mais, le résultat, j'en suis vraiment satisfaite, très satisfaite, très
contente. Parce que, comme le ministre l'a souligné, j'ai eu ce dossier-là. Et
c'était vraiment au moment de ces catastrophes que j'étais ministre,
puis on se disait : Qu'est-ce qu'on va faire? On savait qu'il fallait réformer
la loi. Alors, je suis très contente de pouvoir en savoir un peu plus. J'ai
écouté avec tellement d'attention, bon, les
discours pour mieux comprendre. Alors, je pense qu'on a beaucoup de matière
pour tous ceux, dans la société québécoise, qui voudront comprendre...
d'écouter ces allocutions du ministre, évidemment, et de mon collègue le
député de LaFontaine.
• (11 h 50) •
J'aimerais
revenir sur la question des consultations. J'étais là quand le ministre a dit :
Bien, oui, il y a des groupes importants qui n'ont pas été écoutés et qui n'ont
pas pu participer physiquement aux échanges et à faire une présentation.
Donc, il y a eu la Commission des droits de
la personne et des droits de la jeunesse qui s'est désistée, compte tenu des
délais trop courts. Donc, ils parlaient d'un manque de temps, que le
gouvernement est allé trop rapidement pour qu'ils puissent préparer leur mémoire. Il y avait le Barreau du
Québec qui s'est désisté, compte tenu des délais très serrés, la Protectrice du
citoyen qui avait confirmé sa présence mais qui a dû finalement décliner
l'invitation. Et le ministre disait : Oui, mais on a quand même tenu compte de leurs recommandations. Oui, c'est bien,
mais c'est la moitié de la richesse qu'on va aller chercher en faisant ça. Et,
pour les parlementaires, moi, c'est 13 ans que je suis là, bien, c'est
toujours un moment vraiment intéressant,
pour nous, d'écouter ces experts. On se sent privilégiés de pouvoir avoir cette
expertise ici, au Québec, autant les
organismes gouvernementaux, paragouvernementaux
que le Barreau, la Commission des
droits de la personne, etc., parce que
cette période-là de réflexion peut nous amener très loin, plus loin qu'on
pense. Et ce n'est pas juste en lisant, c'est que ça va déclencher une
réflexion, les autres vont poser des questions, les députés vont poser des
questions, et c'est de la matière très riche
quand on arrive au moment de faire l'article par article et, essentiellement,
d'amener des propositions.
Donc, je
pense qu'il faut toujours qu'un gouvernement s'assure que ces grands joueurs
aient le temps de préparer leurs
mémoires. Ce n'est pas nécessairement le ministre qui contrôle l'agenda, je
comprends bien, mais qu'il y ait un effort collectif au niveau
gouvernemental de s'assurer que ces voix soient entendues.
Bon, les
avancées du projet de loi. M. le Président, le projet de loi, évidemment,
porteur d'avancées importantes en matière
de protection des renseignements personnels, bon, il rend imputables les
organismes privés et publics par la nomination
d'un responsable de la gestion de la protection des renseignements personnels.
Ça a été salué. Il précise les exigences
en matière de consentement, qui doit être libre et éclairé. Je me rappelle
beaucoup de discussions que j'ai pu avoir
avec des fonctionnaires sur toute cette question de consentement libre et
éclairé lors de la divulgation des renseignements personnels. Par ailleurs, il précise que
l'organisme privé ou public devra détailler le cadre dans lequel ces données
seront utilisées, donc déjà une avancée importante. Il met en place un
processus de réponse aux incidents de sécurité, prévoit l'obligation de produire une déclaration de ces incidents en cas de
préjudice sérieux. Il précise le droit au déréférencement, soit pour un individu d'exiger, dans certains cas,
la fin de la diffusion — une minute! le temps passe vite — d'un
renseignement personnel qui le concerne ou que soit désindexé tout hyperlien
rattaché à son nom permettant d'accéder à ce renseignement par un moyen
technologique.
Bon, je n'ai pas le temps de dire tout ce que
j'aurais voulu dire avec le peu de temps qui reste. Tout ceci étant dit... Bien, la CAI, quelques secondes sur la CAI,
évidemment qui joue un rôle vraiment important et qui a les pouvoirs, mais
qui aura besoin, le ministre l'a souligné,
mon collègue l'a souligné, des talents, les talents qu'il va falloir aller
rechercher là où il faut les rechercher, et c'est peut-être au-delà de nos
frontières, dans ce domaine c'est souvent au-delà de nos frontières qu'il faut aller chercher ce talent, et donc des
investissements importants pour que la CAI puisse mener à bien ce projet de
loi renouvelé, modernisé, renforcé.
Alors, évidemment, nous voterons pour le projet
de loi, je pense que c'est évident. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. J'en profite pour vous saluer, saluer également le
ministre, et également l'ensemble des collègues ici, bonjour, et également les collègues
de l'opposition. Bien heureux de vous retrouver, là, pour prendre la parole aujourd'hui à l'occasion de l'adoption
finale du projet de loi n° 64. Puis, un peu à l'instar du ministre, je
tiens à remercier évidemment les intervenants qui ont participé aux
consultations particulières tenues en
septembre 2020. Et, plus particulièrement, j'aimerais remercier les
représentants de tous les partis politiques ainsi que les députés de l'opposition qui ont contribué
aux travaux spécifiques ayant permis de trouver un consensus relativement
à l'encadrement des renseignements
personnels détenus par les partis politiques provinciaux, par les députés
indépendants et par les candidats indépendants.
Et donc la fameuse question de
l'assujettissement des partis politiques à un régime de protection des
renseignements personnels date quand
même de plusieurs années. On se souviendra du scandale de Cambridge Analytica,
qui a mis en lumière, évidemment, les
risques importants qui étaient liés à l'utilisation des renseignements
personnels à des fins de microciblage politique,
auquel, évidemment, faisait face le processus démocratique. On a agi, à la
lumière de ce scandale, afin d'éviter que
les citoyens soient pris dans des stratagèmes et des algorithmes qui sont
puissants et qui peuvent se nourrir à base de mégadonnées, utilisées,
évidemment, sans le consentement de ces personnes.
À la suite de
scandales, le Directeur général des élections du Québec a déposé, en 2019, un
rapport dans lequel il recommandait d'assujettir les partis politiques
provinciaux à un encadrement législatif en matière de protection des renseignements personnels. Et il était également
venu nous entretenir de cette question-là en consultations particulières, M. le
Président. Et donc nous avons décidé d'agir, évidemment en collaboration avec
l'ensemble des collègues.
Donc,
comme je le disais, on donne suite aux recommandations-phares sur
l'assujettissement des partis politiques à la Loi sur la protection des
renseignements personnels dans le secteur privé. Le projet de loi n° 64 contient certaines exceptions,
qui ont été adoptées de façon consensuelle par les députés présents et qui
visent à adapter les exigences à la réalité
des partis politiques pour leur électorat. Ces distinctions sont nécessaires,
considérant le rôle central, on le sait tous, des partis politiques dans
la vie démocratique de notre nation.
À
la suite de l'adoption de ce projet de loi, les partis politiques devront
notamment désigner un responsable de la protection des renseignements
personnels. Ils vont devoir obtenir le consentement des personnes avant de
collecter ou d'utiliser leurs renseignements personnels et, évidemment, seront
soumis à des limites à l'égard de leurs communications. Ils vont avoir également l'obligation d'aviser les
personnes concernées en cas d'incident de confidentialité. Puis ils seront
soumis à la surveillance de la CAI, donc la Commission d'accès à l'information.
Il
y a quelques exceptions, telles que la conversion... la conservation, pardon,
des renseignements personnels qui ont pour
objectif d'atteindre un équilibre entre la protection et, évidemment, la
capacité électorale et de fonctionnement des partis politiques, leur rôle principal. Donc, il y a eu certains
ajustements, pour les partis politiques, qui ont été insérés dans le
projet de loi.
Donc,
c'est un jalon important, non seulement pour la protection des renseignements
personnels, mais également pour le maintien
des valeurs démocratiques, qui sont à la base, évidemment, de notre société.
Puis il permet de combler une lacune importante, tout en donnant aux
partis politiques l'opportunité de poursuivre leur travail.
Je
sais qu'on l'a peut-être mentionné également,
la question des partis politiques municipaux. Évidemment,
il y a quand même certaines obligations, là, qui s'appliquent aux
partis politiques municipaux, puis je pense que c'est important
de les rappeler puis d'en discuter, là,
notamment en matière d'informations qui sont encadrées par la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, qui
prévoient expressément certaines obligations pour les partis politiques
municipaux et aux candidats, notamment un devoir de transparence en vertu de
l'article 368, donc que les partis politiques et les candidats doivent fournir sur demande au
Directeur général des élections, dans un délai de 30 jours, tous
renseignements qui sont requis et
demandés par le DGEQ; l'obligation, évidemment, selon l'article 108, pour
une candidate ou un candidat qui se
désisterait de remettre la liste électorale au DGEQ; évidemment, aussi, là,
l'article 159.1, qui vise une interdiction à quiconque d'utiliser,
de communiquer ou de permettre que soit communiqué à d'autres fins que celles
prévues par la loi un renseignement contenu
dans une liste électorale ou référendaire ou dans une liste de personnes
habiles à voter ayant le droit d'être
inscrites sur une liste référendaire, ou de communiquer ou de permettre que
soit communiqué un tel renseignement à quiconque n'y a légalement pas
droit. Et donc, en cas de défaut de respecter ces obligations, le DGEQ peut, en vertu de l'article 404, retirer soit
son autorisation au parti ou au candidat indépendant. Et donc il y a quand même
une distinction à faire dans la réalité des partis politiques municipaux et
provinciaux.
Et
donc, évidemment, plusieurs partis politiques au municipal n'ont pas
nécessairement les ressources financières et humaines importantes. Ils
ne pourraient pas, nécessairement, répondre à ces obligations-là. Et donc nous
croyons évidemment que les mesures
existantes sont déjà assez exigeantes pour les petites organisations
politiques, évidemment, qu'elles sont suffisantes pour répondre au besoin de
transparence nécessaire. Et évidemment le fait d'assujettir ces intervenants en partie à la Loi sur la protection
des renseignements personnels pourrait créer de lourdes obligations pour
ceux-ci, et ça pourrait évidemment décourager
des gens de se décourager des élections municipales, donc ça pourrait créer
un enjeu démocratique. On le sait, il y a
plusieurs candidats qui sont élus, donc, qui sont élus, là, sans opposition, et
donc il y a comme un enjeu
démocratique à ce qu'ils puissent aller se présenter. Donc, ça, c'est un enjeu
qui est assez important, là, pour notre vitalité démocratique municipale, et
donc évidemment on cherche activement des candidats. Donc, c'est toutes
des réalités qui doivent être prises en compte lorsqu'on veut légiférer sur les
partis politiques municipaux.
Et donc, en
terminant, évidemment, je réitère, là, que je suis extrêmement fier du travail
qui a été accompli au sein de la Commission
des institutions et du résultat qui en découle. À ce titre, j'aimerais d'abord
remercier les gens du SAIRID, qui ont
fait un travail vraiment formidable, également l'ensemble de l'équipe du
ministre. Le ministre, je le remercie de sa confiance, qui m'a permis de
bien travailler sur ce projet de loi et d'avoir un pan sur lequel...
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député de Chapleau, je dois
malheureusement vous interrompre parce qu'il est midi.
M. Lévesque
(Chapleau) : Ah! Il me reste... D'accord.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Et est-ce que vous comptez poursuivre lors de la
reprise?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il me resterait une phrase à dire, si je pouvais avoir un
consentement, ça me prendrait deux secondes.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Consentement. Allez-y.
• (12 heures) •
M. Lévesque
(Chapleau) : Et évidemment je remercie
les directeurs généraux des différents partis. Et chapeau, également,
spécial à Brigitte Legault, notre directrice!
Et donc je crois qu'évidemment ce sera
assurément un modèle à suivre, le projet de loi n° 64. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Chapleau.
Compte tenu de l'heure et afin de permettre cet après-midi
la tenue des affaires courantes, le présent débat sur l'adoption du projet de
loi n° 64 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
13 h 40.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 13 h 40)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon mardi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et la
première déclaration sera celle de M. le député de Saint-Jean.
Féliciter l'entreprise Logistik Unicorp Inc. pour la
signature
d'un contrat avec la Nouvelle-Zélande
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est plus qu'un coup de chapeau ou une tape dans le dos, c'est
de la reconnaissance que je veux
transmettre aujourd'hui à une multinationale de chez nous. Oui, oui, il y a une multinationale avec
325 employés à son siège social de Saint-Jean-sur-Richelieu, et,
d'ailleurs, 2 000 autres répartis dans six pays.
Je vous parle
de Logistik Unicorp, qui s'est spécialisée dans la fabrication d'uniformes et
qui vient d'annoncer un contrat d'une centaine de millions de dollars pour
habiller les forces armées néo-zélandaises pour les 16 prochaines années.
Logistik fournit déjà les uniformes des armées françaises, allemandes et
canadiennes.
Et c'est
d'autant plus important, Mme la Présidente, que le Haut-Richelieu vient tout
juste de franchir la première des trois étapes du processus de
reconnaissance par le gouvernement du Québec du statut de zone d'innovation,
dans ce cas-ci zone d'innovation en sécurité civile et publique.
C'est avec des forces vives économiques et
ambitieuses comme Logistik Unicorp que le Haut-Richelieu peut espérer s'imposer pour innover. Et ce ne sont pas
les ambitions et les gens d'affaires et entrepreneurs qui manquent, et je
les salue et les remercie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de Saint-Jean. Et maintenant je cède la parole à
Mme la députée de Fabre.
Souligner la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Mme la Présidente, le 21 septembre, c'est
une journée bien spéciale depuis 1994, alors permettez-moi de souligner
la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer, qui se déroule aujourd'hui.
Vous savez, au Québec, il y a plus de
152 000 personnes qui sont atteintes de cette maladie ou d'un trouble
neurocognitif. Dans 15 ans, ils seront
260 000 à en souffrir. Mais, bien au-delà des chiffres, il y a l'humain,
il y a l'aîné, les proches et sa
famille, car, si le nombre de personnes atteintes est impressionnant, le nombre
de proches aidants à leurs côtés l'est tout autant. Pour chaque personne
atteinte, il y a un à trois proches aidants auprès d'eux.
Mme la
Présidente, en cette Journée mondiale de la maladie de l'Alzheimer,
permettez-moi reconnaître directement ces milliers d'hommes et de femmes
qui prennent soin de leurs proches touchés par la maladie. Merci pour votre
bonté, pour votre dévouement. Et n'oubliez jamais
que le quotidien de vos proches que vous aimez est plus doux, plus beau grâce
à vous. Merci à vous tous pour votre humanité. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Fabre.
Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Côte-du-Sud.
Souligner le
375e anniversaire de la seigneurie de la Rivière-du-Sud
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à souligner le 375e anniversaire
de la seigneurie de la Rivière-du-Sud, qui comprend les municipalités de
Montmagny, Saint-Pierre et de l'Isle-aux-Grues.
De
souligner la fête d'une seigneurie au Québec nous indique la richesse de
l'histoire associée à cette région. C'est le 5 mai 1646 que la
Compagnie de la Nouvelle-France cède à Charles Huault les terres et les
îles comprises entre Berthier-sur-Mer et Cap-Saint-Ignace. Fait intéressant,
c'est à cet homme que nous devons la tradition des feux de la Saint-Jean.
Cette
région a connu des événements et des personnages qui ont marqué l'histoire du Québec,
en 1776, par exemple, la bataille de Saint-Pierre, entre loyalistes et
patriotes, ou encore la Grosse-Île, qui a accueilli pendant des années
les immigrants pour des quarantaines, des personnages
tels Étienne-Paschal Taché, ancien premier ministre, ou encore son fils, Eugène-Étienne, qui a conçu, ici, les plans
de l'hôtel du Parlement. Je pense aussi à l'abbé Maurice Proulx,
enseignant et premier cinéaste de la
ruralité, ou encore Renaud Cyr, grand chef qui a marqué l'histoire
culinaire du Québec.
Notre région est
riche en histoire, et je souhaite à tous les citoyens de très heureuses
festivités et je nous souhaite également 375 ans d'histoire
supplémentaires.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant, je reconnais Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Souligner la Journée mondiale du
tourisme
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir, aujourd'hui, de souligner la
Journée mondiale du tourisme, qui aura lieu le 27 septembre prochain.
Depuis 1980, l'Organisation
mondiale du tourisme des Nations unies souligne l'apport important de
l'industrie touristique, tant au niveau économique et social et culturel
partout dans le monde.
Le secteur du
tourisme, comme beaucoup d'autres, a été durement touché par la pandémie de la
COVID-19 au Québec et ailleurs. C'est
d'ailleurs sous le thème le Tourisme pour une croissance inclusive que
se tiendra cette journée. L'objectif est de mettre en lumière la
capacité de tourisme à favoriser le développement inclusif et son rôle dans la
promotion du respect et les opportunités qu'il offre à des milliers de
personnes dans le monde.
Je
veux aussi profiter de cette occasion pour souligner le travail essentiel de
tous les Québécois et Québécoises qui oeuvrent
de près ou de loin dans l'industrie touristique. Ils sont plus de 400 000
chez nous. Merci de contribuer au rayonnement du Québec.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Maintenant, je cède la parole à M. le député d'Abitibi-Est.
Rendre hommage à Mme Nicole
Garceau, artiste multidisciplinaire
et fondatrice du Festival de contes et légendes
en Abitibi-Témiscamingue
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
Merci, Mme la Présidente. J'ai le plaisir, aujourd'hui, d'honorer, avec ma
minute de député, une dame passionnée du
domaine culturel. Toujours présente et impliquée dans le milieu culturel
abitibien, Mme Nicole Garceau est une de ces pionnières de la
région qui a su développer les activités culturelles chez nous.
Artiste
multidisciplinaire, ayant fait quelques présences cinématographiques, dans Némésis,
de Marc-André Forcier, ou La donation, de Bernard Émond, c'est le
théâtre qui a occupé une grande partie de sa vie. Metteuse en scène, artiste, professeure, etc., nommez un poste, elle les a
tous faits. Elle fut même gestionnaire d'une auberge dans le site classé
patrimonial du village minier de Bourlamaque.
Fondatrice
du Festival des contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue,
en 2003, notre septuagénaire y est toujours active, sa voix y résonne encore. Par le biais de ce festival, elle fait
découvrir des artistes de tous les genres provenant de partout à travers le monde, un festival à ne pas
manquer, du 28 septembre au 30 octobre, à Val-d'Or. Merci,
Mme Garceau, d'agrémenter le paysage culturel.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Maintenant, je cède la parole à
M. le député de Matane-Matapédia.
Féliciter
la Sûreté du Québec pour l'importante opération policière
déployée dans la municipalité de Sainte-Paule afin de
retrouver un enfant victime d'enlèvement
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme la Présidente, le 31 août dernier,
une alerte AMBER a été déclenchée dans la petite collectivité de
Sainte-Paule, en Matanie, quand un père a pris la fuite avec son garçon âgé de
trois ans.
Une importante
opération policière a alors été déployée dans cette municipalité de moins de
300 habitants. Pendant cinq jours,
les autorités ont ratissé sans relâche une zone dense et montagneuse avant de
localiser l'enfant et le père. Ce fut alors un soulagement pour les
citoyens de ma région.
Je tiens à partager
mes plus sincères remerciements aux hommes et aux femmes impliqués dans la plus
longue alerte AMBER de l'histoire du Québec.
Il est important de souligner le déploiement et le travail exceptionnel des
policiers de la Sûreté du Québec, sous le commandement de
M. Benoit Dubé, directeur des enquêtes criminelles, et de M. André
Santerre, directeur général adjoint
exécutif. Je veux également saluer la participation de l'escadron 430 des
hélicoptères tactiques de Valcartier.
Par
votre travail et votre professionnalisme, vous avez sauvé un enfant. Au nom de
la population de ma région, je vous exprime ma plus profonde gratitude.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Et maintenant je reconnais
M. le député de Vachon.
Souligner le
50e anniversaire du Centre
d'action bénévole de Saint-Hubert
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais commencer par remercier mon
collègue pour sa déclaration.
Mme la
Présidente, comme vous le savez, les organismes communautaires sont au coeur de
nos communautés. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le 50e anniversaire
d'un organisme fort important de ma circonscription, le Centre d'action
bénévole de Saint-Hubert.
Ce sont
177 bénévoles qui réalisent près de 10 000 heures d'implication,
que ce soit avec les cliniques d'impôt, l'accompagnement
de nos aînés pour les rendez-vous médicaux ou même la livraison de plus de
17 000 repas avec la popote roulante. En plus d'être impliqué
dans la communauté sur différentes tables, comme celle du développement social
de Saint-Hubert, le CAB, c'est aussi des
projets comme Bonhomme à lunettes, un service d'opticien mobile, ou encore le
prêt de matériel orthopédique.
En
50 ans, Mme la Présidente, il y a eu bien des changements. D'une douzaine de
bénéficiaires des repas, il y en a
plus de 241 aujourd'hui. J'ai même eu le
plaisir, récemment, dans les derniers jours, d'assister au lancement
du nouveau véhicule électrique de l'organisme. Eux aussi, ils passent au
vert.
En terminant, Mme la Présidente, je veux remercier une directrice générale en or, Mme Aurélie Condrain-Morel, de même que toute son équipe, dévouée pour la cause. Merci d'être là au
quotidien pour nos concitoyens de Saint-Hubert.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Vachon.
Et je cède maintenant la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner le travail de
Mobilisation 6600 Parc Nature MHM
pour dénoncer le projet de l'entreprise
Ray-Mont Logistiques Montréal inc.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. Hochelaga-Maisonneuve a un historique de dépossession. La
désindustrialisation progressive a
laissé un héritage de précarité financière et de terrains contaminés dans l'est
de Montréal. Les espaces verts, eux, sont beaucoup
plus rares.
Je
souhaite aujourd'hui souligner le travail extraordinaire d'une mobilisation citoyenne dans ma circonscription.
Devant l'arrivée de l'entreprise
Ray-Mont Logistiques, qui projette de construire à un jet de pierre des maisons
la plus grande plateforme de transport
intermodal en Amérique du Nord, le groupe Mobilisation 6600 MHM Parc Nature lui tient tête avec
sérieux et détermination.
Composé
majoritairement de femmes, le groupe organise des actions ludiques, familiales
et grand public. Samedi dernier a eu lieu une manifestation où près de
1 000 personnes ont marché pour dénoncer ce projet et demander à ce
que l'entreprise quitte leur quartier. Cette manifestation est le fruit
d'années de travail acharné de citoyens et de citoyennes qui souhaitent un
avenir meilleur pour Hochelaga-Maisonneuve.
Je
tiens aujourd'hui à remercier et à féliciter la Mobilisation 6600, qui
nous démontre que la lutte aux changements climatiques, ce n'est pas seulement l'atteinte de cibles fixées par des
dirigeants politiques, c'est aussi la lutte pour préserver nos espaces
verts.
Hochelaga-Maisonneuve s'organise et a le droit
de décider de son avenir. Merci.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Et maintenant je cède la parole à Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Féliciter Mme Ann-Renée Desbiens, médaillée d'or au
Championnat mondial de hockey sur glace féminin
Mme Émilie Foster
Mme Foster : Merci, Mme la
Présidente. Nous avons dans la région une grande athlète féminine, un véritable
modèle pour les générations présentes et à venir.
Originaire de
La Malbaie, Ann-Renée Desbiens a appris à patiner à l'âge de trois ans, et
à cinq ans déjà elle découvrait le hockey avec ses frères et soeurs. Ann-Renée vient d'une famille de
hockeyeurs. Pas surprenant qu'elle soit aujourd'hui la fierté de toute une région, d'une province et même
d'un pays pour ses talents de gardienne de but.
Jusqu'à
présent, elle avait gagné de multiples prix, dont trois médailles d'argent
à l'international. L'une d'entre elles a été conquise aux
Jeux olympiques de PyeongChang en 2018.
Le
31 août dernier, Ann-Renée Desbiens a réalisé son rêve, celui d'être
championne du monde et de remporter cet honneur en arborant les couleurs de son pays, le Canada.
C'était sa première médaille d'or, celle pour laquelle elle s'est donnée
corps et âme depuis sa plus tendre enfance.
Ann-Renée, on est tellement fiers de toi! Tu es
un exemple de persévérance. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Et maintenant,
pour clore cette rubrique de déclarations de députés, je cède la parole
à M. le député de Pontiac.
Déplorer le décès de la boxeuse Jeanette Zacarias Zapata
M. André Fortin
M. Fortin : Oui. Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir
de faire cette déclaration au nom de mon collègue de Marquette.
Mme la
Présidente, le 28 août dernier se tenait à Montréal un gala de boxe auquel
prenait part l'athlète mexicaine Jeanette
Zacarias Zapata. Nous avons tous vu les images troublantes de la fin du combat.
Le 2 septembre, on nous annonçait la triste nouvelle du décès de la
jeune boxeuse mexicaine, âgée de seulement 18 ans.
Mme la Présidente, en tant que société, il est
de notre devoir de protéger nos jeunes athlètes ainsi que ceux qui viennent les affronter lors de compétitions en sol
québécois. Nous devons tout mettre en oeuvre afin d'éviter que de tels drames
se reproduisent. La science entourant la pratique des sports a beaucoup évolué
au cours des dernières années. Mme la Présidente, il est aussi temps, il est
aussi grand temps d'en faire évoluer la pratique.
En terminant,
je crois également qu'il est important d'avoir une pensée pour Marie-Pier
Houle, qui, comme athlète, vit des moments très difficiles présentement.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Pontiac. Ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 52)
(Reprise à 14 h 4)
Le
Président : Mmes, MM.
les députés, bonjour. Bon début de semaine. Content de vous revoir. Prenons
quelques instants pour nous recueillir.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Mmes et MM. les députés, juste avant de
commencer, je signale que certains collègues reviennent, on les voit. D'abord,
bienvenue, Mme la ministre responsable des Aînés, content de vous revoir.
Et permettez-moi aussi de signaler une première
à l'Assemblée nationale. Je dois dire que deux de nos collègues, la fin de semaine dernière, se sont mariés. Je reconnais le député... la députée de
Saint-Laurent d'abord, madame, M. le député de Jacques-Cartier également.
Ils se sont mariés en fin de semaine. Alors, très content. Félicitations! Puis beaucoup,
beaucoup de bonheur également.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre des Finances.
Rapport annuel 2019-2020
résultant de la comparaison, du couplage ou de
l'appariement des fichiers de renseignements inscrits au plan d'utilisation
de Revenu Québec et rapport annuel de Financement-Québec
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, je dépose le rapport d'activité 2019‑2020
résultant de la comparaison, du couplage ou
de l'appariement des fichiers de renseignements inscrits au plan d'utilisation
ainsi que le rapport d'activité 2020‑2021 de Financement-Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports annuels du CIUSSS—Est-de-l'Île-de-Montréal
et
des CISSS de l'Outaouais et de la Montérégie-Ouest
M. Dubé :
Alors, oui, bonjour, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021
du CIUSSS de l'Est-de-Montréal ainsi que les rapports annuels de gestion 2020‑2021
du CISSS de l'Outaouais et de la Montérégie-Ouest. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. Mme la ministre responsable des Aînés et des
Proches aidants.
Rapports annuels sur
l'entente-cadre nationale et déploiement des processus
d'intervention concertés et sur l'application du chapitre II de la Loi
visant
à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre
personne majeure en situation de vulnérabilité
Mme Blais
(Prévost) : Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le
rapport annuel 2020‑2021 de l'entente-cadre
nationale et déploiement des processus d'intervention concertés pour lutter
contre la maltraitance envers les
personnes aînés, ainsi que le rapport annuel 2020‑2021 de la Loi visant à
lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne
majeure en situation de vulnérabilité, chapitre II, Politique de lutte
contre la maltraitance. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Justice.
Rapport annuel de la Commission
des services juridiques
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Je dépose le rapport annuel
de gestion 2020‑2021 de la Commission des services juridiques.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Rapport annuel du ministère des
Affaires
municipales et de l'Habitation
Mme Laforest :
Oui, merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021
du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. Alors, merci, M. le
Président.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Plan stratégique 2021‑2026
de la Régie des
marchés agricoles et alimentaires
M. Lamontagne :
Oui, M. le Président. Je dépose le plan stratégique 2021‑2026 de la Régie
des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président : Ce document est également déposé. Enfin, Mme la
ministre de la Culture et des Communications.
Rapport annuel du Conseil
consultatif de la lecture et du livre
Mme Roy :
Oui, bonjour, M. le Président. Alors, je dépose le rapport d'activité 2020‑2021
du Conseil consultatif de la lecture et du livre. Merci, M. le
Président.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées en Chambre le 27 avril par la députée de
Sherbrooke, le 29 avril par la députée de Joliette, le 11 mai par le
député de Rosemont et les 12 mai et 10 juin par le député de
LaFontaine. Merci.
Le Président : Merci. Ces documents
sont donc déposés.
Rapport annuel du Commissaire à l'éthique et à la
déontologie
Pour ma part, je dépose le rapport d'activité 2020‑2021
du Commissaire à l'éthique et à la déontologie.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
J'ai également
reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton
de demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose, évidemment, le
texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 4.4 des règles de
fonctionnement afin de déposer un rapport du comité directeur de la Commission
de l'Assemblée nationale? Consentement.
Modifications à la liste des présidents de séance
Je dépose donc
le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale qui s'est tenu le 17 septembre 2021 afin
de modifier la liste des présidents de séance.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Mise en place d'une cellule de crise au sein du réseau de la santé
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Les Québécois ont droit d'avoir accès à des soins de santé de
qualité partout sur le territoire.
Aujourd'hui, je sais que le premier ministre a perdu ses
élections, mais également il a perdu le contrôle sur ce qui se passe sur le terrain en matière de
santé. Ce qu'on voit aujourd'hui, on ne l'a jamais vu avant : des
fermetures d'urgences à Gatineau, à
Salaberry-de-Valleyfield, à Saint-Eustache, à Senneterre. On voit des gens qui
sont obligés d'aller accoucher en Ontario parce qu'ils n'ont pas de
soins au Témiscamingue, M. le Président. On voit des parents qui sont obligés d'amener leurs enfants parcourir des
centaines de kilomètres pour obtenir des soins pédiatriques parce qu'ils
ne peuvent pas être traités dans leur région, M. le Président.
La semaine dernière, on a vu un ministre de la
Santé qui nous a dit être surpris par l'ampleur de la situation, il ne l'avait pas vu venir, mais, sur le terrain, M. le Président, il n'y a personne qui est surpris. Il n'y a personne
qui est surpris parce que ça fait des
mois qu'ils parlent puis qu'ils veulent être entendus sur les enjeux qu'il y a
et qu'il faut trouver des solutions
concrètes. Aujourd'hui, ce qu'on a besoin de faire, c'est de ramener les
solutions qui émanent du terrain et de faire en sorte que le gouvernement
applique ces mesures-là.
Est-ce que,
oui ou non, le premier ministre va donner suite à notre proposition de créer une cellule de crise qui va faire en sorte que les
solutions qui ont été proposées puissent être mises en application tout de
suite?
• (14 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, on vit, depuis un an et
demi, une pandémie qui est mondiale. Ce n'est pas seulement
au Québec, là, je parle avec mes homologues des autres
provinces, je regarde ce qui se passe aux États-Unis, partout les
hôpitaux débordent, partout le personnel est épuisé, quitte les réseaux de la
santé. Donc, M. le Président, c'est la même chose qui se passe, actuellement,
au Québec.
La cheffe de l'opposition officielle revient avec ses propositions. J'aime bien
quand elle fait des propositions, entre
autres les propositions de ratios. Ce sont ces propositions-là qui ont été retenues, entre
autres, dans la nouvelle convention collective qui a été acceptée
par la FIQ, les syndicats. Le problème qu'on a, M. le Président, c'est qu'on
peut augmenter les
ratios, augmenter le nombre de postes permanents affichés, mais actuellement on n'arrive pas à combler ces postes-là. C'est vrai, là, puis je peux vous dire, je parlais avec mes collègues
des autres provinces, tout le monde a le même problème. Mon collègue le ministre
de la Santé est en train de préparer un plan pour appliquer plus rapidement la
nouvelle convention collective, qui va nous aider, et ajouter aussi des
incitatifs financiers pour ramener dans le réseau des infirmières. Mais,
M. le Président, je suis ouvert à toutes les suggestions pour trouver des
infirmières additionnelles pour le réseau de la santé.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Le premier
ministre nous dit : Le ministre est en train de préparer un plan. Le
problème, c'est qu'il y a... depuis des mois
qu'on est en train de parler des enjeux. Moi, M. le Président, là, je pense au
petit Alexis, aujourd'hui. Il a cinq ans. Il ne peut pas marcher, le
petit Alexis, parce que ça fait deux ans qu'il attend d'avoir une chirurgie.
Puis honnêtement ça vient me chercher, puis je pense que ça vient chercher
beaucoup de parents ici, en cette Chambre.
Que répond le premier ministre au petit Alexis?
Est-ce que le premier ministre est fier de voir ce qui se passe présentement
sur le terrain?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, la situation qu'on vit depuis un an et demi, puis en
particulier avec cette quatrième vague,
qui s'ajoute aux trois premières... Moi aussi, ça vient me chercher, quand on
me dit : Dans certains hôpitaux, on n'a pas assez de personnel pour
soigner les patients réguliers. Vous l'avez vu, en Alberta ils ont tout reporté
les chirurgies qui ne sont pas urgentes.
M. le
Président, je le rappelle, on a signé une convention collective. Ça a été
difficile de signer cette convention-là. Elle prévoit, entre autres, qu'une fois appliquée il n'y aura plus de
temps supplémentaire obligatoire, on n'utilisera plus les agences
privées, mais ça prend un certain temps avant d'y arriver.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, vous savez c'est quoi,
l'enjeu? C'est que, quand on arrive en amont pour présenter des propositions au premier ministre, il nous dit : Ah! bien, on n'a pas vraiment
besoin de ça, mais, quand on arrive au pied du mur, il dit : Ah! bien, finalement, c'est une proposition, peut-être
qu'on devrait la considérer, et il est tard. Le projet des ratios, ça fait deux ans qu'il est sur la table. Pourquoi
est-ce qu'il n'a pas été mis en application? Aujourd'hui, il est tard. On demande à ce qu'il y ait une cellule de crise
mise en place.
Est-ce que,
oui ou non, il peut reconnaître que c'est la bonne proposition et qu'on devrait aller de l'avant avec cette proposition?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, M.
le Président, c'est une bonne proposition, de dire : On va mettre en place un comité de crise, mais ce comité-là existe déjà. On
s'est réunis ce matin, on se réunit encore cet après-midi. Donc, M. le Président, l'équipe, au ministère de la Santé, à la Santé publique... Et puis, quand on a
besoin de l'aide de la présidente du
Conseil du trésor ou du ministre
de l'Emploi, on fait appel à leurs besoins. Mais, M. le Président, moi-même, avec le ministre
de la Santé, on est presque jour et nuit là-dedans.
Donc, le comité de crise existe déjà, M.
le Président. On a mis sur la table
des propositions. Le ministre
de la Santé est en train d'en
discuter...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...avec, entre
autres, la présidente de la FIQ, parce qu'il ne faut pas faire ça n'importe
comment.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le comité de crise, là, ce n'est
pas les ministres qui se réunissent entre eux, c'est avoir des gens du terrain qui participent à ce
comité-là pour faire émaner les solutions. Ce que j'ai vu la semaine passée,
c'est un ministre qui a été surpris. Ce que j'ai vu la semaine passée, M. le
Président, c'est un ministre qui ne l'a pas vu venir, c'est
un ministre qui nous a dit qu'il fallait avoir des solutions temporaires,
pendant qu'un autre ministre nous disait qu'il
fallait avoir des solutions permanentes. C'est un premier ministre qui est venu
ici, en cette Chambre, et qui a dit une chose et son contraire, M. le
Président.
On a besoin
d'avoir une cellule de crise qui inclut bien plus que des ministres du
gouvernement actuel. Quand est-ce qu'on va passer à l'action?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, au printemps dernier, on pensait
que l'été s'en venait, que la situation s'améliorerait, puis partout
dans le monde, partout dans le monde, sauf la cheffe de l'opposition
officielle, qui, elle, avait vu venir la quatrième
vague dès le printemps dernier. M. le Président, je le sais, que c'est une
voyante, mais effectivement on a eu cette quatrième vague, qui fait très mal, M. le Président. On a eu un succès
avec la campagne de vaccination, on va avoir un succès pour régler les
autres problèmes dans le réseau.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Rupture de services dans certains centres hospitaliers
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Bien, écoutez, M. le Président, peut-être que,
nous, ce qu'on souhaiterait, c'est que le ministre, il soit un petit peu plus
voyant, un petit peu plus clairvoyant puis un petit peu plus à l'écoute du
terrain, parce que, la situation qui est en train de se produire
présentement, là, je ne comprends pas qu'on puisse en être surpris quand au
printemps il y avait des sit-in dans tous
les hôpitaux du Québec avec des infirmières qui hurlaient leur détresse, leur
souffrance, qui disaient qu'elles
étaient au bout du rouleau et qu'elles ne pourraient plus tenir aussi longtemps
dans cette situation-là. Donc, je ne vois pas en quoi, en ce moment, on
peut être surpris.
Là, il y a eu des fermetures, dans les dernières
semaines, à Valleyfield, à Senneterre, à Gatineau, à Coaticook, à Port-Cartier, à Saint-Eustache, des fermetures
d'urgences, des fermetures de soins intensifs, de pédiatrie. Ce n'est pas
banal, M. le Président, ce n'est pas mineur.
Moi, cette
fin de semaine, j'étais en Montérégie-Ouest, à Soulanges, dans le comté de
l'adjointe parlementaire du ministre
de la Santé. J'aimerais ça l'entendre
me dire ce qu'elle répond à ses citoyens qui, en ce moment, ne peuvent pas se
faire soigner ni à Valleyfield ni à Lakeshore, doivent aller en Ontario, à
Hawkesbury.
Qu'est-ce que le premier ministre va faire pour
répondre à ces citoyens-là?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le
Président, je pense que je vais reprendre quelques commentaires du premier
ministre, premièrement, sur le fait qu'il
faut bien réaliser l'ampleur de la pandémie. Quand on dit, tout à l'heure, que
c'est rendu la quatrième vague, ce
n'est pas uniquement au Québec qu'on a le problème d'infirmières que l'on vit,
là. Prenez juste quelques minutes
pour aller voir les nouvelles de ce qui se passe en Ontario, en
Colombie-Britannique, en Alberta, aux États-Unis. Tout le monde a les mêmes enjeux. On est rendus à
notre quatrième vague, on a épuisé notre personnel de santé. Alors, c'est
sûr qu'on n'est pas les seuls, M. le Président, à vivre cet enjeu-là.
Maintenant,
ce qu'on a bien dit, puis ce qu'on a fait au cours des derniers mois, c'est qu'on s'est préparés pour
être capables, en collaboration avec ma collègue du Trésor, d'arriver avec une
convention collective qui tient compte de ce que les infirmières ont besoin pour être capables de travailler dans un
meilleur environnement, M. le Président. Donc, maintenant que la convention a
été définie, puis je la remercie encore pour le travail qui a été fait,
maintenant c'est à nous à faire atterrir ça sur le terrain, et c'est ce
qu'on va annoncer jeudi prochain, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je me répète, M. le Président, mais ce qu'on demande au gouvernement, là, ce
n'est pas d'être voyant, ce n'est pas
d'avoir une boule de cristal, c'est d'être prévoyant. La situation que l'on vit
à l'heure actuelle, elle était prévisible,
les infirmières vous l'ont dit. Les projets ratios, on les a mis en place en
2017, sous notre gouvernement. Vous avez fait le choix de ne pas les
appliquer en 2018, quand vous êtes rentrés au pouvoir. Ça, c'est votre
décision.
Et là j'aimerais ça entendre aussi le
ministre de l'Abitibi, le ministre responsable de la Foresterie. Qu'est-ce
qu'il dit, en ce moment, à ces travailleurs forestiers qui sont inquiets
de la fermeture de l'urgence de Senneterre?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, je pense que j'aimerais que les députés de l'opposition, et
particulièrement du côté de l'ancien gouvernement libéral, se rappellent
combien d'années ils n'ont rien fait pour régler les problèmes qu'on avait déjà
quand on est embarqués au gouvernement.
Ça, je pense que c'est important de le réaliser, parce que tous les problèmes
que l'on a de main-d'oeuvre indépendante, c'est-à-dire des agences de
placement, les enjeux que l'on a avec le temps supplémentaire
obligatoire, les enjeux qu'on a d'horaires qui sont gérés par les CIUSSS plutôt
que d'être faits localement, ce n'est pas nous
qui avons fait ça, M. le Président, ce sont... l'inaction libérale, qui a
laissé perdurer un système de santé qu'on a pris à la dérive, M. le
Président.
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
Donc, je pense qu'on est en train de travailler dessus, on l'a montré, on va
continuer à le faire.
• (14 h 20) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Donc, ce que j'entends, c'est que le ministre, il est au courant de la
situation depuis le jour 1 de son
arrivée au pouvoir. On ne peut pas dire tout et son contraire. Soit il était au
courant, soit il ne l'était pas. S'il était au courant, il avait juste à agir, ce qu'il n'a pas fait. Là, en ce moment,
en Ontario, là, ils prennent les patients de l'Abitibi, du Témiscamingue, de Soulanges, de Vaudreuil, de
Gatineau. Ça, ce n'est pas une situation qui est normale, ce n'est pas une
situation qui est acceptable et ce n'est
certainement pas une situation dont le premier ministre devrait être fier, à
l'heure actuelle, quand je l'entends parler de son grand nationalisme et
de sa fierté d'être Québécois.
Est-ce
qu'ils vont prendre la main qu'on leur tend et mettre en place une cellule de
crise pour régler ces problèmes-là?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Je pense, M. le Président, qu'on a montré, depuis le début de la pandémie,
qu'on pouvait réagir, qu'on pouvait
adopter les meilleures pratiques de gestion, d'avoir des équipes tactiques sur
certains sujets. On l'a montré avec la vaccination, on l'a montré avec un plan
de deuxième vague, qui a été exemplaire, M. le Président. On est sur le
terrain, on choisit les équipes qu'il faut faire. Une autre cellule de crise,
une autre structure à la libérale, ce n'est pas comme ça qu'on va régler nos problèmes, M. le Président. On
va continuer d'être sur le terrain. On discute avec nos P.D.G. tous les jours, toutes
les semaines pour être sûrs que les solutions qu'on met en pratique... Je pense
qu'on a montré à la population
qu'on est capables d'être les meilleurs gestionnaires
au niveau de la pandémie, et on va continuer à le faire, M. le Président. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Manifestations de militants antivaccin aux
abords des écoles
et des hôpitaux
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
M. le Président, il n'y a rien de plus beau que d'entendre le rire des enfants
qui lézarde les murs d'une école. Mais dernièrement des antivaccins ont décidé de
troubler la paix et la quiétude des élèves : 1er septembre, école
primaire Notre-Dame; 9 septembre, école
secondaire Louis-Riel; 10 septembre, école secondaire Louis-Joseph;
14 septembre, école secondaire
Robert-Gravel; et aujourd'hui, 21 septembre, l'école Henri-Bourassa. J'ai
vu des antivaccins invectiver des enfants, des mineurs. Ils sont allés
jusqu'à les filmer, en violation de leur droit à la vie privée.
Aujourd'hui,
j'ai vraiment deux demandes et je sollicite vraiment toute votre attention.
Vous avez le pouvoir de demander une
injonction dès lors qu'une manifestation est annoncée sur les réseaux sociaux.
Faites-le avant que ça dégénère.
Deuxième affaire,
j'ai préparé un petit projet de loi pour empêcher toute manifestation
antivaccin, anti-mesures sanitaires aux abords des écoles primaires et
secondaires.
Le Président :
Alors, M. le leader du gouvernement, ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. Les manifestations
autour des écoles, autour des hôpitaux par les antivaccins sont complètement inacceptables. On l'a dit, on l'a dénoncé,
M. le Président. Il faut que les enfants qui vont à l'école pour s'instruire puissent le faire dans
un lieu exempt de cette influence néfaste. Les enfants n'ont rien demandé,
M. le Président, ils sont là pour apprendre.
Et on a été une des seules juridictions, M. le Président, à maintenir les
écoles ouvertes durant la pandémie le plus possible, justement pour la santé
mentale des jeunes, justement pour faire en sorte qu'ils puissent maintenir un environnement social, parce
qu'on sait à quel point ça a été difficile, la pandémie. Il y a beaucoup de
gens qui se sont isolés. Mais l'école, c'est
le coeur, c'est le foyer, lorsqu'on est un enfant, lorsqu'on est un adolescent,
de faire en sorte de pouvoir
continuer de s'épanouir, et on veut maintenir ça. Alors, ces comportements-là
sont intolérables.
On est en
train, présentement, M. le Président, d'analyser toutes les options pour faire
cesser ce genre de comportements, qui
sont complètement inadmissibles dans notre société. Il faut être clairs, M. le
Président, les gens ont le droit de
manifester, ont le droit d'être en désaccord avec les mesures qui sont mises en
place pour protéger la santé de la population, mais ça ne va pas se
faire sur le dos des enfants...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...et surtout pas des soignants, M. le Président.
Alors, on est très clairs, très fermes. On regarde toutes les options,
présentement.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
On est tous d'accord, ici, on est 125 qui sommes d'accord. Mais on ne peut plus
simplement tweeter notre indignation,
on doit passer à l'action. C'est la cinquième manifestation. On peut aller
demander une injonction au tribunal. C'est à ça que je vous demande de
vous engager aujourd'hui.
Le projet de
loi, j'ai eu le temps de l'écrire. Je vous le donne. Pour qui? Pour les
enfants. Prenez-le. Je suis prête à travailler
ce soir, cette nuit, demain. On doit protéger les enfants avant que ça
dégénère.
Le
Président : Je vais
vous demander de vous adresser, évidemment, toujours à la présidence, hein, la
règle que l'on connaît bien. M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, toutes les options sont sur la table, présentement. Et, je tiens à
rassurer la population, les corps de police sont disponibles pour vérifier,
pour s'assurer que tout se fasse de façon sécuritaire, M. le Président. Et, comme je l'ai dit, M. le Président, les
gens ont le droit de manifester, mais pas à proximité des écoles, pas à proximité des hôpitaux. Les gens, nos
travailleurs de la santé, M. le Président, qui se lèvent à tous les matins
pour maintenir le réseau de santé,
pour s'assurer de soigner les gens, M. le Président, ils doivent le faire
en toute quiétude. Même chose pour les enfants.
Alors, M. le Président, au cours des
prochains jours, le gouvernement prendra des décisions relativement à ces
différents événements.
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : Une chose qui est sûre, la sécurité de la
population, la sécurité des enfants et des usagers est assurée.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Les enfants, nos
mineurs, n'ont pas à subir les remontrances des antivaccins. J'appelle le
premier ministre à s'engager aujourd'hui à
dire, oui, qu'il va tenter d'obtenir une injonction dès lors qu'une
manifestation est annoncée. Il a les pouvoirs de le faire.
Deuxièmement, il est là, le projet de loi. Je vous
l'ai envoyé par courriel. Prenez-le. Je suis prête à travailler avec vous, on
est tous prêts à travailler avec vous, peu importe l'heure de la journée. Mais
on ne pourra pas attendre avant que ça dégénère.
Le Président : M. le ministre
de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, je le réitère, ces
manifestations-là sont complètement inadmissibles à proximité des lieux
où les enfants vont à l'école, même chose pour les soignants également.
Alors,
M. le Président, les services de police sont là pour encadrer le tout,
présentement, M. le Président, et le gouvernement
regarde toutes les options qui sont sur la table. Et je prends bonne note de la
proposition de la députée de Saint-Laurent d'adopter un projet de loi
particulier relativement à ces événements-là.
Également,
juste vous dire, M. le Président, que l'ensemble des services de sécurité
sont disponibles et que le tout est vérifié pour assurer la sécurité des
enfants, assurer la sécurité du personnel, des soignants.
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je peux vous assurer qu'on est extrêmement vigilants à ce
niveau-là.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Position du premier ministre
concernant le fédéralisme
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, plusieurs analystes jugent,
ce matin, que le premier ministre du Québec est le grand perdant des élections fédérales d'hier soir.
Évidemment, le premier ministre est sûrement le dernier surpris face à sa
défaite. Après tout, son fédéralisme
n'offrait aux Québécoises et aux Québécois que la moins pire des options. Ce
n'est pas exactement ce qu'on appelle un plan de match gagnant.
Et,
pour ajouter l'insulte à l'injure, il y a le député libéral fédéral de Louis-Hébert, Joël Lightbound, qui a dit
ceci, et je cite : «[Le premier ministre du Québec] a le droit à ses
valeurs de droite conservatrice, les Québécois ont rejeté ces valeurs de droite conservatrice ce soir.»
En
fait, si le Bloc québécois n'existait pas, les fédéralistes auraient
beau jeu de se targuer et de dire que les Québécois acceptent l'ingérence du fédéral dans les normes
pour les CHSLD, par exemple, ou les Québécois acceptent la mise en tutelle du gouvernement
du Québec en laissant le pouvoir de
dépenser fédéral abuser. Mais, non, il y a une autre voie, et cette
voie-là, pour éviter de se faire dicter nos décisions par le fédéral, c'est,
bien entendu, l'indépendance.
M. le Président, est-ce que le premier
ministre admet que son fédéralisme
mène le Québec dans l'impasse, dans
un cul-de-sac? Est-ce qu'il admet qu'aucun
des scénarios possibles, hier soir, ne permettait au Québec de sortir gagnant
de l'élection fédérale?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, j'ai eu l'occasion de le dire tantôt, ce qu'on voit avec
l'élection d'hier soir, c'est un autre gouvernement minoritaire. C'est
la confirmation que les partis ne peuvent pas, à Ottawa, avoir un gouvernement
majoritaire sans un plus grand appui des Québécois.
M.
le Président, je ne suis pas d'accord, évidemment, avec ce que
M. Lightbound a dit. Notre parti, c'est un parti nationaliste, pragmatique. Donc, on a investi de
façon historique du côté de l'éducation. Hier, on a fait une entente historique
avec New York qui va nous permettre de
retirer l'équivalent de 1 million d'autos. Il n'y a jamais personne ici,
là, qui en fait autant pour l'environnement. La santé, c'est la même
chose.
Des voix :
...
M. Legault :
Non, mais donnez-moi un exemple, là.
Donc,
M. le Président, la solution du Parti québécois, c'est de faire un référendum
sur la souveraineté, c'est leur proposition. Nous, on pense qu'avec l'appui des
Québécois, qui veulent plus d'autonomie, on est capables, on va y arriver
avec Ottawa.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, peut-être que s'entendre avec les États-Unis pour vendre de
l'électricité, ça devrait donner l'idée
au premier ministre qu'on pourrait s'entendre sur plein d'autres choses et
parler en notre propre nom sur la scène internationale. Mais non. Depuis
trois ans, le gouvernement doit plier les genoux, se tourner vers Justin
Trudeau, qui ferme la porte à chacune de nos
revendications : pas de pouvoirs accrus en immigration, pas de rapport
d'impôt unique, pas de transfert de
points d'impôt et, pire encore, multiplication des empiètements du fédéral dans
nos champs de compétence.
Après avoir brûlé les
ponts, qu'est-ce qu'il entend faire, le premier ministre?
• (14 h 30) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
je rappelle la même chose que j'ai dite au chef parlementaire du troisième
groupe d'opposition la semaine dernière. Depuis
trois ans, malgré les demandes de conditions, du côté du gouvernement fédéral,
on a réussi à signer des ententes sans condition sur le logement social, sur
les services de garde, sur la formation de la main-d'oeuvre, sur le transport en commun, sur l'aéronautique,
sur Internet haute vitesse, sur les demandeurs d'asile, sur la
gestion de l'offre, sur la lutte à l'itinérance, sur la relance sécuritaire.
Donc, M. le Président, je pourrais continuer.
Le Président : En terminant.
M. Legault : On a réussi, avec
l'appui des Québécois, à faire des gains. On va continuer à en faire.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, le premier ministre se vante ici de conclure des ententes administratives à Ottawa,
mais pourtant le premier ministre avait mis sa tête sur le billot pour obtenir
des vrais pouvoirs, des vrais changements constitutionnels. Le plan de la CAQ,
il est perdant pour les Québécoises et les Québécois. Le plan stratégique du gouvernement dans ses relations avec le Canada, c'est toujours celui de Jean-Marc Fournier : Québécois,
notre façon d'être Canadiens.
Le fédéralisme du premier ministre, M. le
Président, c'est celui de Philippe Couillard, et il ne mène nulle part.
Le Président : M. le premier
ministre, à vous la parole. S'il vous plaît! Tous attentifs. S'il vous plaît!
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
la majorité des Québécois ont voté bleu, O.K.? Je sais que ce n'est pas le cas
des libéraux et leurs petits amis au Parti libéral du Canada, mais la majorité
des Québécois ont voté bleu. La majorité des Québécois sont d'accord pour que le Québec ait plus d'autonomie à
l'intérieur du Canada. Ça, c'est notre position. Vous, c'est un
référendum sur la souveraineté. Laissons les Québécois choisir.
Le Président : Et on continue
toujours à s'adresser à la présidence. M. le député de Jean-Lesage.
Nationalisation
des centres d'hébergement
et de soins de longue durée privés
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
M. le Président. Après deux semaines
d'enquête sur la tragédie du CHSLD Herron, ce qu'on a
entendu, on peut dire, c'est profondément choquant et ça soulève des questions
importantes. Pourquoi est-ce que le manque de personnel était jusqu'à 20 fois pire au Herron qu'au public? La
différence entre les 140 employés qu'ils étaient censés avoir puis
les 80 employés qu'ils avaient, cette différence-là allait dans les poches
de qui?
Ce qui s'est
passé, là, ce n'est pas juste une erreur de communication, il y avait un propriétaire en haut qui voulait
continuer à empocher des chèques de 10 000 $ par mois sans prendre
les responsabilités qui allaient avec.
Évidemment,
il y a les bons propriétaires, mais, comme on le voit, manifestement il y en a
d'exécrables. Puis, dans notre système, bien, c'est le profit qui
gouverne puis les aînés qui paient. Le système, il est complètement pourri.
Est-ce que la ministre des Aînés va avoir le
courage de le démanteler et de nationaliser les CHSLD?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Je suis d'accord
avec le député. Je lui ai déjà dit, d'ailleurs, lors de l'étude des crédits.
Revenons au
CHSLD Herron. C'est une page triste de notre histoire, c'est une page noire de
notre histoire. C'est tout à fait une histoire d'horreur. Et je tiens à dire aux
familles qui ont perdu des aînés dans ces conditions-là combien c'est
triste et inacceptable et qu'on ne veut plus que ça se reproduise.
Maintenant,
j'ai déposé un projet de loi pour contrer la maltraitance, et dans ce projet de loi là, entre autres, il y a un levier
pour permettre aux établissements d'arriver plus tôt dans les établissements privés. Ça, il y a eu une grande difficulté pour que l'établissement, le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal, puisse obtenir les dossiers,
puisse entrer dans le CHSLD et prendre ce CHSLD là en main.
L'ex-ministre
de la Santé a fait faire une enquête au mois d'avril, et il y a eu des recommandations. Et, ces recommandations-là, on est tous en train de les mettre en place.
Entre autres, on est en train de conventionner les CHSLD.
Et je remercie le Trésor, parce qu'il y a un moratoire
depuis les années 80, ce n'est pas si simple que ça, mais, d'ici le mois
d'octobre, on va arriver avec de bonnes nouvelles.
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : Alors,
oui, on va conventionner les CHSLD privés.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Quand j'entends qu'il n'y a aucune accusation
criminelle qui va être portée contre les propriétaires de Herron, ça me
met en furie.
Est-ce qu'il y a une justice, au Québec, pour les aînés ou est-ce que tout le monde peut les exploiter puis siphonner leur retraite pour se faire du
profit? Qui c'est qui va payer pour ça?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, si on ne voulait pas aider les aînés, on ne serait pas en train de
développer des maisons des aînés qui
seront publiques. On ne serait pas en train de dire qu'on va rénover
23 CHSLD publiquement. On ne serait pas en train de dire qu'on va
conventionner les CHSLD pour faire en sorte que les employés des CHSLD privés qui seront conventionnés puissent avoir un
salaire assez équivalent aux salaires du privé. On ne serait pas en train de
faire ça. On en a conventionné, des CHSLD, on
va arriver au mois d'octobre avec de bonnes nouvelles, mais ça prend du
temps parce qu'il faut ajuster les choses.
Oui, on veut s'en aller avec le public...
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : ...sinon
la décision des maisons des aînés aurait été privé, et c'est public.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Moi, je pense, en ce moment, aux
propriétaires du CHSLD privé Herron puis je me dis qu'ils doivent trouver ça pas pire, ils doivent se frotter les
mains avec leurs millions, ils doivent se dire que, finalement, ils ont bien
fait, parce qu'ils vont s'en tirer.
C'est-u ça qu'on doit comprendre?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Vous savez qu'il y a actuellement une enquête qui est faite par la coroner Géhane Kamel, et
elle n'est pas terminée. Il faut aussi la laisser terminer. Elle va nous donner
aussi des recommandations à appliquer.
Maintenant, la semaine prochaine, on commence
une consultation sur un projet de loi sur la maltraitance où il y aura aussi
des sanctions pénales. Alors, je pense qu'il faut regarder ça dans l'ensemble.
Puis il faut
être sévères envers les personnes qui ne respectent pas les droits de nos
personnes aînées. Les aînés ont le droit d'avoir le respect, de vieillir
dans la dignité et d'obtenir des soins de qualité.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Verdun.
Stratégie du gouvernement
en matière de lutte
contre les changements climatiques
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : M. le Président, les scientifiques sont unanimes, il y a urgence d'agir, donc, en matière de lutte aux changements climatiques. Les Québécois sont inquiets et constatent l'inaction du gouvernement caquiste. C'est pourquoi notre cheffe a fait des
propositions concrètes et audacieuses pour accélérer le virage vert du Québec :
d'abord, renoncer à toute forme
d'exploration et d'exploitation du pétrole et du gaz naturel au Québec, retirer
la Caisse de dépôt et placement de
l'industrie des énergies fossiles d'ici cinq ans et déposer un projet de loi
pour atteindre la carboneutralité en 2050.
La planète et les générations à venir
n'ont plus le temps d'attendre. Le temps n'est plus aux mesurettes de
transition. Ça prend des actions concrètes, ça prend des actions
ciblées.
Est-ce
que le gouvernement s'engage à retirer la Caisse de dépôt et placement des
énergies fossiles d'ici cinq ans, oui ou non?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question. Alors, la lutte aux changements
climatiques, c'est, évidemment, extrêmement
important, et la Caisse de dépôt faire preuve de leadership en investissements
responsables. Elle est déjà en action
avec l'augmentation des actifs sobres en carbone, avec la réduction de
l'intensité du portefeuille intensif en énergie, avec la diminution en dollars
absolus des investissements. Alors donc, il n'est pas souhaitable de politiser
le débat, de nuire à l'indépendance de la caisse et son rôle de
fiduciaire.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Verdun. Tous attentifs aux questions
et réponses, s'il vous plaît.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Ça prend de l'ambition pour l'environnement, et ce n'est pas ce que j'entends
actuellement.
Le
premier ministre aime ça quand on fait des propositions. On en a une autre,
proposition. Est-ce que le gouvernement
compte renoncer à toutes les formes d'exploration, d'exploitation du pétrole et
du gaz naturel au Québec, oui ou non?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. Merci, M. le Président. Naturellement, là, ça ressemble beaucoup à la
question de la semaine dernière, donc je vais avoir la réponse qui ressemble à
la réponse de la semaine dernière. Essentiellement...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Julien :
Essentiellement, au Québec actuellement, M. le Président, vous n'êtes pas sans
le savoir, sinon je vous l'apprends,
qu'il n'y a pas de projet d'exploration, qu'il n'y a pas de projet
d'exploitation de gaz d'aucune façon au Québec actuellement. On applique
une loi qui a été adoptée en septembre 2018, avec un règlement sous-jacent,
qui définit clairement dans quelles conditions ça pourrait se faire. On
défend cette loi-là. Et naturellement, actuellement, on regarde toutes les possibilités pour la renforcer, parce qu'en justice elle est attaquée. Et, le cas
échéant, on sera là pour veiller à la protection de l'environnement.
• (14 h 40) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Manque d'ambition. Le bilan de la CAQ, là, c'est plus de routes, plus
d'autoroutes, moins de transport en
commun, abolition de Transition énergétique Québec, abandon des cibles de
réduction des GES, abandon du Comité-conseil
sur les changements climatiques. Si on avait écouté la CAQ, là, on aurait foré
à Anticosti. D'ailleurs, le ministre l'a reconnu au micro d'Antoine
Robitaille, il nous a donné raison. Il a dit qu'ils manquaient de vision, du
côté de la CAQ.
Est-ce que le
gouvernement s'engage à atteindre la carboneutralité en 2050?
Le Président :
M. le ministre responsable des Affaires autochtones.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci à ma collègue pour sa question. Et,
quand on parle de retirer un million
de véhicules de la circulation, je n'appelle pas ça une mesurette, j'appelle ça
une mesure qui est vraiment intéressante. Et, je vous dirais, M. le
Président, ce qu'il y a de bien là-dedans, c'est un bel exemple concret qu'on
veut avancer nation à nation. On ne se met pas en opposition avec
l'environnement. Et hier ce qu'on a vu, c'est une grande cheffe mohawk qui était très heureuse de cette
annonce, une annonce qui est bonne pour l'environnement. Et aujourd'hui,
M. le Président, je suis très fier de me lever dans cette Chambre pour dire
qu'on travaille pour l'environnement. Merci, M. le Président.
Le
Président : Question principale...
Des voix :
...
Le Président :
Question principale, M. le député de Matane-Matapédia.
Projet
de loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
On perd l'habitude, hein?
M.
le Président, aujourd'hui, la situation de la langue française au Québec est à
un point critique, particulièrement à
Montréal mais aussi dans ses couronnes. Le français devient peu à peu une
langue seconde. Le poids démographique des francophones n'est jamais
descendu sous 80 % depuis 1871; on est à 78 %.
Alors
que le Québec a besoin de mesures fortes et courageuses, le projet de loi
n° 96 ne fournit aucun objectif à atteindre concernant les
transferts linguistiques et sur le renversement du déclin. Le ministre l'a
mentionné, le projet de loi n° 96, il est consensuel. Ce qui serait
souhaitable, c'est de poser les gestes nécessaires pour renverser le déclin.
Comment le ministre
peut-il prétendre que son projet va assez loin et qu'il renversera la tendance
lorsque les cégeps ne sont pas appliqués à
la loi 101, le français à l'embauche n'est pas interdit... l'anglais à
l'embauche, et l'immigration francophone n'est pas une priorité?
Le Président :
M. le ministre responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je suis heureux, avec le projet de loi, d'avoir éveillé ou
réveillé le Parti québécois, M. le
Président, parce que durant des années, M. le Président, à l'époque où ils
étaient au pouvoir, ils avaient la possibilité de protéger, de promouvoir
et de valoriser la langue française, ce qu'ils n'ont pas fait, M. le Président.
Par
la suite, vous avez eu le Parti libéral, M. le Président, qui ne voulait
absolument pas toucher au dossier de la langue française, il ne voulait pas mettre les mesures nécessaires, malgré le déclin du français,
M. le Président. Et savez-vous le plus grave là-dedans, M. le
Président? Du côté du Parti libéral, durant des années au pouvoir, ils ont caché les études de l'Office
québécois de la langue française, M. le Président.
Le
Président : Je vais vous
demander, évidemment... Je pense que vous avez assez d'expérience et
que vous connaissez les règles dans
cet élément-là, M. le ministre responsable de la Langue française. Je vous
demande de retirer ces propos, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je retire. Le Parti libéral a refusé de rendre publiques des études. Ma collègue la
ministre de la Culture, dès 2018, a rendu publiques des
études que ça faisait sept ans qu'elles n'étaient pas disponibles, M. le Président, puis elles traînaient dans les cartons de l'OQLF, M. le Président. Comment est-ce que vous appelez ça? Je me pose la question.
Mais,
une chose qui est sûre, avec le projet
de loi n° 96,
M. le Président, on va s'assurer de faire en sorte de protéger
le français, M. le Président, de faire en sorte que la langue française soit
valorisée. Et surtout on fait un bond en avant, M. le Président, pour qu'au Québec...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...la langue officielle et commune, ce soit le français,
et qu'on puisse continuer de vivre en français au Québec.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, jamais
un parti, dans l'histoire du Québec, n'a été aussi courageux sur la langue que
le Parti
québécois, les oeuvres en témoignent.
Lorsqu'il y a eu le projet
de loi n° 14
du gouvernement Marois, la CAQ était contre parce que ça allait trop loin. Pour nous,
c'est une conviction sincère, ce n'est pas un dossier comme les autres, ce
n'est pas un calcul politique pour avoir l'air nationalistes.
Alors, si le leader
de l'opposition et ministre veut se comparer à Camille Laurin, qu'il fasse
preuve du même courage. Il n'essayait pas de convaincre les libéraux, il
essayait de poser les gestes nécessaires à l'avenir de la nation québécoise.
Le Président :
M. le ministre responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, il n'y a qu'un seul parti qui propose d'inscrire l'existence de la
nation québécoise dans la Loi constitutionnelle de 1867,
d'inscrire notre caractère francophone.
Durant des années, M. le Président, on
a demandé la permission aux autres de dire qui on était. Nous, on ne demande
pas la permission à personne, on dit qui on est, M. le Président, sans
complexe.
Et, le projet
de loi n° 96, on débute l'étude aujourd'hui, en commission
parlementaire, en entendant les différents groupes. Moi, ce que je souhaite, c'est qu'on puisse travailler en
collaboration, ensemble, et non pas en division, M. le Président, pour faire en sorte d'améliorer la
protection associée à la langue française. Il va falloir, au cours des
prochaines semaines, M. le Président,
travailler sérieusement pour mieux protéger notre langue et faire en sorte
qu'elle puisse, dans le futur...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, si on est sérieux dans cet enjeu, on n'a pas besoin d'avoir à
tout prix l'appui du Parti libéral du Québec, qui a voté contre la
loi 101 en 1977, du Parti libéral du Canada, du Parti conservateur et de
tous les lobbys anglophones. On pose des
gestes courageux et difficiles parce que c'est important. Et c'est ça que
j'aimerais voir. Et, si vous voulez vous comparer à Camille Laurin, on
veut voir les oeuvres.
Le Président : M. le ministre
responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je trouve ça ironique. Savez-vous pourquoi? Le Parti québécois, en
2002, a adopté la loi n° 104,
l'article 1, pour que les communications de l'État québécois se fassent
exclusivement en français avec les
entreprises. Le PQ a été au pouvoir durant ces années-là, entre 2013 et 2014,
ils ne l'ont pas fait. Qu'est-ce que j'ai fait cette année, M. le Président? J'ai pris le décret pour le mettre en
vigueur, M. le Président. Ça faisait 20 ans que ça n'avait pas été
fait, M. le Président.
Alors, le
député de Matane-Matapédia peut bien donner des leçons, mais nous, on agit, M.
le Président. À partir du moment où
il y a un enjeu, la situation du français est en déclin, particulièrement dans
la grande région métropolitaine de
Montréal, il faut agir. Et on agit grâce au projet de loi n° 96, M. le
Président, sur la langue du travail, la langue du commerce, la langue
des affaires, la langue normale des études. Et j'espère bien qu'il va nous
aider, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de D'Arcy-McGee.
Accès
aux services en santé mentale
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum :
M. le Président, personne n'est à l'abri des problèmes de santé mentale. Comme
beaucoup de Québécois, nous avons suivi
l'histoire du joueur de hockey Jonathan Drouin. Jeune, en santé, talentueux et
populaire, qui pouvait se douter que
derrière la façade se trouvaient l'anxiété et l'insomnie? C'est la preuve que
cela peut arriver à tout le monde.
D'ailleurs, je me joins sûrement aux membres de cette Assemblée en saluant le
courage et la détermination de Jonathan Drouin.
Heureusement, M. Drouin nous apprend qu'il
a eu accès aux services dont il avait besoin pour s'en sortir et il est de retour au travail. C'est la bonne nouvelle.
Mais, pour les autres Québécois qui ont des troubles de santé mentale, est-ce
normal qu'ils ne reçoivent souvent qu'un
appel de courtoisie, qu'ils doivent attendre deux ans pour consulter un
psychologue, deux ans pour recevoir des soins nécessaires pour s'en
sortir, reprendre une vie normale?
Le Président : M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Heureux de me lever pour la première
fois cette année. Alors, merci à mon collègue de D'Arcy-McGee.
Alors,
j'aimerais qu'il se souvienne d'un chiffre, aujourd'hui, M. le Président. On a
regardé les données du programme que
je vous parle, là, le Programme québécois pour les troubles mentaux, programme
qui inclut l'interdisciplinarité, que tout
le monde est impliqué dans les services de santé mentale. Dans les cinq régions
pilotes, M. le Président, entre août 2019 et août 2021, malgré l'augmentation
liée à la pandémie, la diminution des listes d'attente a été de 53 %, dans
ces régions, M. le Président.
Alors là, je travaille très fort pour répandre
le programme à travers le Québec. Et j'ai fait le tour des régions pendant cet été, M. le Président, et je peux vous
dire une chose : il n'y a personne qui attend deux ans tout seul à la
maison. Même
les listes d'attente en services spécialisés, les gens sont pris en charge par
les équipes de soins du Programme québécois pour les troubles mentaux, M. le Président. Il y a de l'accompagnement
qui se fait. Et, les gens, au Québec actuellement, les services en santé mentale, n'ont jamais été aussi
efficaces : un coup de téléphone, 8-1-1, Info-Social, option 2, vous
avez de l'aide. Équipe de crise,
services d'urgence, consultations téléphoniques, consultations en personne,
M. le Président, on est au rendez-vous.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Bon, est-ce que... Ils vont
se rappeler de quelques chiffres, oui, quelques chiffres :
250 000 personnes au Québec
n'ont pas les moyens de consulter au privé, 250 000 personnes au
Québec doivent attendre deux ans pour consulter au public.
Soyons réels.
Au Parti libéral du Québec, nous avons proposé d'investir 300 millions
de dollars pour que ces personnes puissent
consulter au privé avec leur carte-soleil. Le ministre n'a investi, d'autres
chiffres, que 7 millions de dollars au bénéfice de
quelque 300 personnes sur...
Le Président : M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux, à vous la parole.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Bien, je vais mettre à jour les chiffres, là, c'est
1 200 personnes qui ont été référées
vers le privé. Mais même au privé il n'y a pas de place, ils sont occupés,
M. le Président. Il faut trouver d'autres solutions pour améliorer l'accès
aux services en santé, et c'est l'interdisciplinarité, l'utilisation des
infirmières, des ergothérapeutes, des
psychoéducateurs, pas juste le psychologue et le psychiatre. Donc, encore une
fois, j'invite à utiliser toutes les ressources qui sont disponibles.
Aussi, c'est
important de dire que le but du programme, c'est de justement libérer le chemin
vers le psychologue pour que celui
qui en a besoin absolument, dépression chronique, troubles de l'humeur, puisse
avoir accès directement au psychologue dans les plus brefs délais.
Le Président : En terminant.
M. Carmant : Et c'est vers ça
qu'on travaille, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Vers ça. Vers ça. Maintenant, nous sommes dans une crise de santé
mentale. Troubles dépressifs ou
troubles anxieux, oui, deux ans d'attente. Troubles obsessifs ou bipolaires,
deux ans pour voir un psychiatre. Fillette de trois ans abusée
sexuellement, deux ans pour avoir une place à Marie-Vincent.
Après trois ans en poste, le ministre
est-il satisfait de ce bilan-ci?
• (14 h 50) •
Le Président : M. le
ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : M. le
Président, tout le monde a accès à des services actuellement. Ça, c'est déjà un
grand plus. Maintenant, si on veut avoir des services ultraspécialisés, il faut
que ces gens qui donnent ces services ultraspécialisés n'aient pas à faire tout le reste, M. le Président. C'est le
principe de base de notre programme. Donc, il faut libérer le temps des
psychiatres, il faut libérer le temps des psychologues spécialisés, qui voient
tous les problèmes.
Et, la
détresse psychologique, le problème de santé mentale n'égale pas troubles
mentaux. Puis ça, c'est une des choses
qu'on doit retenir de cette pandémie. C'est deux choses différentes. Les problèmes de santé mentale doivent être
pris en charge en première ligne...
Le Président : En terminant.
M. Carmant : ...par les équipes qu'on est en train de bâtir
pour libérer la deuxième ligne. Merci, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de LaFontaine.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! On est attentifs aux questions. Merci.
Pénurie de main-d'oeuvre dans les services de garde
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Alors,
M. le Président, nous connaissons tous la crise dans les services de
garde. 51 000 familles sont inscrites sur la liste. D'avoir
une place en service de garde, en 2021, c'est presque mission impossible. Mais,
même là, lorsqu'une famille gagne à la
loterie et a une place, il n'y a aucune garantie qu'elle pourra avoir accès aux
services tel qu'il se doit. Une
nouvelle réalité apparaît désormais dans nos services de garde, c'est la
rupture de services, et le premier critère, le premier facteur, c'est la
pénurie d'éducatrices.
Radio-Canada, en juin dernier, faisait des reportages et a recueilli le témoignage
de Mme Mélissa Tremblay, une maman
de Saint-Hyacinthe, et je la cite : «À 7 h 10, le CPE
nous a informés que ce serait bien de garder notre enfant à la maison, parce
qu'il n'y avait pas suffisamment d'éducatrices présentes pour s'occuper de
façon sécuritaire de chacun des groupes.» Fin de la citation.
On a entendu le premier ministre se targuer de...
dire qu'il n'était pas voyant. On ne lui demande pas d'être Nostradamus, M. le
Président. Il va manquer 13 000 éducatrices en cinq ans. Pourquoi
n'en formeront-ils juste 2 400?
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Oui, merci, M. le Président. Écoutez, M. le Président, ça me fait plaisir de
répondre à la question, pour la
première fois, moi aussi, cette session-ci, pour mon collègue ministre de la
Famille, d'autant plus que le sujet, là, des services en milieu de
garde, pour moi c'est archi-important, pour les femmes et pour toute la société
québécoise.
Donc, comme
ministre de l'Enseignement supérieur, j'ai aussi un rôle important à jouer,
parce qu'au niveau de l'Enseignement
supérieur nous formons les éducatrices en milieu de garde. M. le Président,
nous travaillons d'arrache-pied, actuellement, avec le ministre du
Travail et de l'Emploi, avec le ministre de la Famille, avec mon équipe pour
former davantage d'éducatrices en milieu familial.
Le ministre
de la Famille a déjà annoncé un budget de 64 millions pour aider les CPE
et les garderies à faire face à la
pénurie de main-d'oeuvre et il travaille d'arrache-pied pour mettre en place
son plan. Et nous travaillons avec lui, les autres ministres.
Il a aussi ajouté 200 millions de dollars
pour aider...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...les garderies
en milieu familial, pour stopper l'hémorragie qu'il y avait à l'époque.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Alors, allons constater le stoppage de l'hémorragie en
milieu familial. Le 10 septembre dernier, sur la page Facebook du
ministre, le témoigne de Mme Chantal Boucher, je la cite : «Cher M.
le ministre, je vous annonce aujourd'hui que je ferme mes portes. Je commençais
ma cinquième année en tant qu'éducatrice en milieu familial. Vous n'avez pas pris soin de nous. C'est à cause
de vous, aujourd'hui, que six familles doivent se retourner de bord et chercher
encore, en sachant pertinemment que les places sont rares.»
Pourquoi abandonner les familles du Québec?
Le Président : Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je pense que les actions qui ont été prises par le
ministre de la Famille depuis qu'il
est en poste sont extrêmement nombreuses, et il y en aura d'autres. Il va
présenter une réforme très costaude de tout le dossier des milieux de
garde prochainement.
Alors, M. le
Président, je pense qu'on peut dire que le ministre de la Famille n'a pas
ménagé son énergie, n'a pas ménagé
ses heures de travail pour régler les problèmes dans les services de garde, des
problèmes, malheureusement, qu'il a hérités du précédent gouvernement.
Alors, il continue d'y avoir des changements
profonds, il y en aura d'autres, dans les services de garde...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...et nous allons
travailler avec lui.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : M. le Président, c'est la même chose qu'avec la santé.
S'ils disent, M. le Président, puis ils plaident que c'est des problèmes qui ont été négligés, quand ils sont arrivés au
pouvoir, il y a trois ans, pourquoi ils n'ont pas déposé leurs solutions? Pourquoi il nous dit qu'à la
dernière année, la quatrième année, il va déposer un projet de loi pour y voir?
Pourquoi
et comment peut-il expliquer... Elle a parlé du 45 millions, du
65 millions. Ça, ça va en former 2 400 dans trois ans. Il en
manque 13 000 dans cinq ans.
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Enseignement supérieur.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, j'attendais la fin, là. Oui. Et on va ouvrir 37 000 nouvelles places
en service de garde dans les prochaines années. Alors, il va y avoir
beaucoup plus de places en service de garde et il va y avoir beaucoup plus d'éducatrices en service de garde, on va faire des
annonces dans ce sens-là. Donc, un problème important qui va être réglé
dans le futur prochain, M. le Président.
Le Président :
Et cela met donc fin — s'il
vous plaît! — à
la période de questions et réponses orales.
Motions sans préavis
Nous
passons... Je vous demande votre attention, on continue. Nous passons à la
rubrique des motions sans préavis, et je reconnais M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Bonaventure,
le député de Chomedey, la députée de Marie-Victorin et le député de
Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse les impacts potentiels sur la santé et
l'environnement qu'aura dans l'est de Montréal le projet de l'entreprise
Ray-Mont Logistiques qui vise à transformer la friche Viauville en plateforme
de transbordement de conteneurs,
notamment sur le plan de la qualité de l'air, des îlots de chaleur, des
vibrations et du bruit;
«Qu'elle
rappelle que, selon ce qui est prévu, quelque 10 000 conteneurs
pourront être entreposés sur le site, et les résidents du secteur
verront y transiter pas moins de 1 000 camions et 100 wagons de
train quotidiennement;
«Qu'elle souligne
l'importance de l'acceptabilité sociale et de la lutte contre les changements
climatiques dans l'élaboration d'un tel projet industriel, prévu à proximité
d'un quartier résidentiel et d'un CHSLD;
«En
conséquence, que l'Assemblée nationale demande au ministre de l'Environnement
de mandater, en vertu de l'article 31.1.1 de la Loi sur la qualité
de l'environnement, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pour
évaluer le projet de l'entreprise Ray-Mont Logistiques, et ce, dès le dépôt
d'un avis de projet.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Président : Pas de consentement. Je reconnais maintenant M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Souligner
la conclusion d'une entente entre l'État de
New York et Hydro-Québec pour la réalisation
du projet Champlain Hudson Power Express
M. Julien :
Oui. M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Mont-Royal—Outremont, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Bonaventure, le député de Rimouski
et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le 20 septembre dernier la
gouverneure de l'État de New York a annoncé que le projet Champlain Hudson Power Express — CHPE — d'Hydro-Québec a été retenu pour la livraison d'hydroélectricité au coeur de la ville
de New York et qu'il s'agit du plus gros contrat
d'exportation d'électricité jamais signé par Hydro-Québec;
«Qu'elle
souligne que cet apport de 1 250 mégawatts d'énergie propre
alimentera plus d'un million de foyers et remplacera progressivement, dès 2025, les énergies fossiles qui représentent
actuellement plus de 85 % des approvisionnements en électricité de
la région;
«Qu'elle
affirme que cette entente avec New
York, c'est d'abord la reconnaissance
de l'expertise québécoise dans le domaine des énergies renouvelables et
de l'hydroélectricité;
«Qu'elle rappelle que le gouvernement
a multiplé les gestes concrets pour rendre possible ce contrat, notamment
c'est sous sa gouverne, le 16 octobre
2020, que l'électricité du Québec a été reconnue par l'État de New York
comme étant une énergie propre;
«Qu'elle
rappelle que le gouvernement travaille depuis près de 3 ans à faire du
Québec la batterie verte du nord-est de l'Amérique et que cette nouvelle
représente un pas majeur pour la réalisation de cette vision, une contribution importante
du Québec pour réduire [les] GES;
«En
terminant, que l'Assemblée nationale se réjouisse de ce partenariat historique qui
permettra à Hydro-Québec
d'être au coeur du plus grand projet de transition énergétique en Amérique.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président :
Consentement, sans débat. Je vous demande maintenant de m'indiquer le vote de
vos groupes sur cette motion, suivi des députés indépendants. M. le
leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Mme la députée de Verdun, à vous la parole.
• (15 heures) •
Mme Melançon : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de Jonquière,
le député de Chomedey, la députée de Marie-Victorin, le député de Bonaventure
et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'importance de mettre en place des mesures fortes et
audacieuses afin de lutter contre les changements climatiques;
«Qu'elle
constate qu'il existe un consensus scientifique sur l'urgence d'agir afin
d'éviter les conséquences graves des
changements climatiques comme une augmentation de l'intensité des feux de
forêt, des vagues de chaleur, de l'érosion des berges et des tempêtes
plus violentes;
«Qu'elle souligne que
ces efforts s'accompagnent d'un devoir d'exemplarité de l'État et que le développement
économique doit considérer les impacts environnementaux et sociaux [dans] ses
décisions;
«Qu'elle
ajoute que la Caisse de dépôt et
placement du Québec doit refléter les
valeurs des Québécoises et des
Québécois et que l'argent des Québécois
ne doit plus servir à financer des énergies fossiles et notamment l'expansion
des sables bitumineux;
«Qu'en
conséquence, elle demande à la Caisse
de dépôt et placement du Québec de se
retirer de l'industrie des énergies fossiles dans un horizon de
cinq ans.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Mme la députée de Mercier.
Rappeler le droit de travailler en français au Québec et
demander aux
employeurs de contribuer davantage à la protection et
à la promotion de la langue française
Mme Ghazal : Merci,
M. le Président. Je demande le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec le ministre
responsable de la Langue française,
le député de Matane-Matapédia, le député
de Chomedey, la députée de Marie-Victorin, le député de Bonaventure et
le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle le droit de travailler en français au Québec;
«Qu'elle rappelle que
l'usage de la langue française est un moteur d'émancipation [des] Québécoises
et [des] Québécois, en plus de favoriser l'égalité des chances et la justice
sociale;
«Que
l'Assemblée nationale demande à tous les employeurs du Québec
de contribuer davantage à la protection et la promotion de la langue
française au travail;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'interdire
l'exigence de l'anglais lors de l'embauche, à moins que l'accomplissement de la tâche nécessite une telle connaissance; même alors, l'employeur doit, au préalable, avoir pris tous les
moyens raisonnables pour éviter d'imposer une telle exigence.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Et, à ce
moment-ci, vos votes respectifs, s'il vous plaît. D'abord, Mme la leader du deuxième groupe
d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Nous passons à la rubrique Avis touchant les
travaux des...
Une voix :
...
Le Président :
Je m'excuse. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Oui, simplement une chose. Je veux juste m'assurer, M. le Président, que la
députée de Marguerite-Bourgeoys était bien indiquée comme étant conjointe sur
cette motion. Merci, M. le Président.
Le Président :
Alors, ce sera indiqué au procès-verbal. Merci.
Avis touchant les travaux des commissions
Avis touchant les
travaux des commissions. Parole au leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que
la Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 59,
Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle du Conseil législatif;
La Commission de la culture et de
l'éducation poursuivra les consultations particulières sur le projet de loi n° 96,
Loi sur la langue officielle et
commune du Québec, le français,
aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée de
3 h 30 min, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 99, Loi modifiant principalement la Loi sur les produits alimentaires,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, la
Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci.
Le Président :
Merci.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Je veux juste intervenir rapidement, là,
et avoir l'orientation privilégiée par
le leader du gouvernement sur tant le débat sur le principe que les
consultations du projet de loi n° 92 qu'il a déposé la semaine
dernière.
Évidemment, le projet
de loi n° 92, M. le Président, c'est la création d'un tribunal spécialisé
en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale. Le leader du gouvernement nous a demandé, la semaine
dernière, de procéder avec le
principe du projet de loi dès aujourd'hui. Évidemment, M. le Président, que
tout le monde, là, tout le monde convient que ce projet de loi là doit être
adopté rapidement, parce que c'est un projet de loi pour lequel il y a des
enjeux majeurs, des enjeux de société majeurs. Cependant, on veut faire
les choses correctement.
Et,
à défaut de les faire dans l'ordre habituel, nous aimerions quand même avoir
une confirmation de la part du leader
du gouvernement par rapport à la liste de groupes que nous lui avons soumis
pour la consultation. Habituellement, on
s'entendrait sur ces groupes-là avant le débat sur le principe. Aujourd'hui,
puisqu'on inverse les choses, il serait utile pour nous d'avoir une certaine confirmation de la part du leader sur les
groupes qu'on lui a soumis. Il y a des groupes très importants qui ont été mentionnés, je fais
référence, entre autres, à la question des maisons d'hébergement pour femmes,
mais, chacun des groupes qu'on lui a soumis,
on l'a fait pour une raison. On l'a fait pour entendre leur expertise, pour
entendre leur réalité, pour entendre l'impact que le projet de loi
pourrait avoir chez les gens qu'ils représentent.
Alors,
j'aimerais une indication claire, avant de débuter le principe, que le leader
comprend bien l'importance des demandes qu'on lui a fait parvenir par
rapport aux groupes qui doivent être entendus en consultations.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, plusieurs éléments. Je
peux rassurer le collègue de l'opposition officielle que je comprends toujours bien les demandes des
oppositions. Et d'ailleurs j'ai pris la peine, personnellement, M. le Président,
de contacter chacun des leaders des oppositions vendredi pour leur indiquer que
je souhaitais faire le principe du projet de
loi n° 92, tel que le permet l'article 237 de notre règlement, dès
maintenant au salon bleu, parce qu'on avait la possibilité de le faire et dans
un souci de faire en sorte de pouvoir adopter rapidement le projet de loi n° 92, qui, je le rappelle, vise la création d'un tribunal spécialisé pour les victimes de violence sexuelle
et conjugale. Puisqu'on avait du temps au salon bleu cette semaine, j'ai
souhaité qu'on fasse cette étape-là à ce moment-ci.
Et
j'ai indiqué aux oppositions que nous allions, oui, bien sûr, tenir des
consultations. Et, comme à l'habitude, les collègues nous ont envoyé une liste de groupes. Dans le fond, la
collègue de la deuxième opposition ne nous a envoyé qu'un seul groupe, parce qu'elle réalise l'importance
d'adopter rapidement ce projet de loi; les autres collègues nous ont envoyé
plusieurs autres groupes, M. le Président.
Et, comme à l'habitude, on va s'entendre sur une liste de groupes à convoquer,
M. le Président, comme c'est toujours le cas, habituellement, M. le Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Je n'ai pas beaucoup aimé le sous-entendu du leader du gouvernement lorsqu'il
dit que la députée de Québec solidaire a envoyé un seul groupe parce qu'elle
réalise l'importance d'adopter le projet de loi rapidement. M. le Président, on ne demande pas grand-chose,
là, on demande une quinzaine de groupes. Le Parti québécois a demandé des groupes également. Ces groupes-là, ils doivent
être entendus, ce sont des groupes qui vivent la réalité, qui vivent sur...
à tous les jours avec des femmes qui sont des femmes battues, des femmes qui
ont été victimes de violence sexuelle. M. le
Président, d'avoir une quinzaine de groupes, d'avoir deux jours, deux jours,
pour un projet de loi majeur, projet de loi qui va créer un tribunal spécialisé, M. le Président, si ça, c'est la
vision du leader du gouvernement de retarder des travaux, honnêtement je pense qu'on a besoin de se parler
plus souvent, je pense qu'il a besoin, lui-même, de parler à ces groupes-là
et que la consultation va lui faire du bien.
Le Président :
M. le leader du gouvernement, quelque chose à ajouter?
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président, parce que c'est quand même
important, le point dont on débat aujourd'hui. M. le Président, ça ne change pas nos usages et nos pratiques.
Normalement, on fait les consultations en premier. Actuellement, on a de l'espace au salon bleu pour adopter le
principe. Est-ce que le Parti libéral est contre le principe d'un tribunal
spécialisé en matière de violence
sexuelle et violence conjugale? Je ne le crois pas, d'accord? Partant de ce
moment-là, on ne s'enfargera pas dans les fleurs du tapis, M. le
Président.
J'ai dit à tous mes
collègues : On va tenir des consultations. De quelle façon ça fonctionne,
les consultations, M. le Président? On écrit
un courriel aux oppositions, on leur dit : Quels groupes voulez-vous
entendre? Ils nous envoient une liste
de groupes, M. le Président. Même chose pour la deuxième, la troisième
opposition, M. le Président. Par la suite, on fait des propositions et on s'entend ensemble, M. le Président, sur
les groupes à convenir. Et c'est ce que nous allons faire cette semaine.
Nous avons reçu hier les groupes du Parti libéral, M. le Président.
Alors,
il n'y a aucune inquiétude à avoir, M. le Président, on ne s'enfarge pas dans
les fleurs du tapis, cette semaine, en
début de session. On va réussir à s'entendre, à tenir des consultations. J'ai
même déjà indiqué la semaine dans laquelle je souhaitais entendre les groupes, M. le Président, dans la semaine du
19 octobre, dès que ça va être possible de le faire, M. le Président.
Alors, il n'y en a pas, là, d'enjeu, M. le Président.
Le Président :
Un dernier mot, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Sous-entendu malheureux n° 2 de la
part du leader du gouvernement. Je
comprends qu'on s'est levé de mauvais poil ce matin, du côté du gouvernement, mais, quand même, bien honnêtement, là... La première fois, de dire qu'on tentait de retarder les consultations, c'est
une chose. De dire qu'on est contre le principe, alors qu'il sait que tout le monde ici, en cette Chambre, est
pour le principe...
M. le Président, tout ce qu'on veut, tout ce qu'on veut, c'est s'assurer que les
groupes qui doivent être entendus avant qu'on crée un tribunal
spécialisé en la matière puissent l'être. Je demande au leader une certaine
attention envers ces groupes-là, qui méritent d'être entendus et qui doivent
être entendus.
• (15 h 10) •
Le
Président : Je vous
ai donc laissé échanger, sur un sujet important, comme le veut le règlement,
mais je crois que la suite des échanges se fera à travers vos négociations. Et
je vous laisserai donc échanger sur les documents que vous avez
reçus et la suite des choses.
Je
vous informe, toujours à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, que demain, lors des affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. La motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme qu'aucun projet
d'exploitation et de transport d'hydrocarbure n'a obtenu l'acceptabilité sociale au
Québec;
«Qu'elle
exprime ses inquiétudes de voir l'augmentation de la production pétrolière et
gazière de l'Ouest canadien venir miner les efforts mondiaux de lutte
contre les changements climatiques;
«Que l'Assemblée
nationale exige du nouveau gouvernement canadien qu'il interrompe toute
subvention aux entreprises pétrolières et gazières avec l'argent des Québécois
et Québécoises.»
Affaires du jour
Sur ce, la période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour.
Et je suspends les
travaux pour quelques instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à
15 h 11)
(Reprise à 15 h 20)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et, pour en connaître la nature — vous pouvez vous asseoir, merci — je
vais céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Merci, Mme la Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 13 du
feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 64
Reprise du débat sur l'adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 13 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de loi n° 64,
Loi modernisant des dispositions législatives en matière de
protection des renseignements personnels. Alors, le prochain intervenant
sera M. le député de Viau.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Encore un plaisir
d'intervenir sur ce projet de loi, donc, sur ce projet de loi, un projet de loi important, puisque, lorsqu'on sait l'importance que prend dans notre
société toutes les questions relatives à l'accès aux renseignements personnels, à la protection des renseignements personnels surtout, donc, on comprendra que ce projet
de loi n° 64, c'est un projet de loi important. Et, là-dessus, nous l'avions bien compris, nous, du côté l'opposition officielle.
Et
je tiens encore une fois... et j'ai eu l'opportunité de le faire il y a quelques
jours, je tiens encore à saluer le travail de notre porte-parole dans ce dossier, le député de LaFontaine, donc, qui est un parlementaire studieux, aguerri, mais aussi qui maîtrise
très bien ces enjeux-là et qui a fait un travail extraordinaire.
Je
tiens aussi à saluer le travail de tous les parlementaires membres de la commission
qui ont eu à étudier en étude
détaillée, qui ont eu à faire les commissions parlementaires, donc, sur ce projet de
loi là. Et je comprends, à la lumière de ce qui m'a été rapporté comme
ambiance de travail, que ça a été une ambiance extraordinaire.
Ça
a été une ambiance de travail aussi quand on sait que ce projet de loi là, il y
a eu quelque 169 amendements, quelque 169 amendements qui ont été
apportés, donc. Et ces amendements-là, c'est le fruit d'une collaboration,
donc, d'une part, du gouvernement et, d'autre part, aussi de la part de
l'opposition officielle.
Et
donc ce projet de loi, Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection des
renseignements personnels, c'est un projet de loi, Mme la Présidente... Il
y a des éléments en particulier sur lesquels je vais peut-être m'attarder,
puisque c'est un vaste projet de loi, mais, 10 minutes pour en parler,
vous comprendrez que ce ne serait pas suffisant.
Ce
projet de loi là, donc, donne la possibilité aux organismes publics et aux
entreprises qui utilisent des technologies leur permettant d'identifier, de localiser, de profiler et de prendre...
En fait, ce n'est pas le projet de loi, le projet de loi précise, plus, encadre, donc, l'aspect qui touche... Les
organismes publics et les entreprises qui utilisent des technologies permettant
d'identifier, de localiser, de profiler, de
prendre une décision sur un traitement uniquement automatisé devront en
informer clairement les personnes, et ça, c'est important. Ça, c'est important
parce que, que de fois... Au cours de la dernière année, par exemple, j'ai eu des citoyens même dans ma
circonscription qui ont eu à me poser des questions sur l'utilisation qui est
faite de certains renseignements qu'on leur demande soit par téléphone, etc.,
pour savoir quel usage qui est fait de ces informations-là,
où est-ce que ces informations-là sont déposées, où est-ce que ces
informations-là sont conservées. Donc, alors,
ce projet de loi là apporte justement des éléments de réponse dans
l'encadrement, encadrement plus important, plus serré. En même temps aussi, les
entreprises devront s'assurer que les paramètres de sécurité de leurs produits
ou services technologiques assurent
par défaut le plus haut niveau de confidentialité possible. Ça aussi, c'est un
élément très important.
Octroyant aussi des
pouvoirs plus importants à la Commission d'accès à l'information, notamment en
matière d'enquête et d'accusation. Il est
important pour nous de savoir que l'instance qui sera responsable de veiller à l'application de cette loi, donc, puisse avoir les moyens
nécessaires, donc, les moyens légaux nécessaires pour pouvoir, justement,
assurer la protection des
renseignements personnels. Et ces moyens-là, qu'il s'agit dans le domaine du
public ou du privé, ce sont des moyens importants.
Et, parlant du public ou du privé, Mme la
Présidente, c'est un projet de loi qui... Il y a trois grands pans,
trois grands pans que touche ce projet de loi là : le pan public, le pan privé, et aussi, un
troisième pan que j'ajouterai, celui des partis politiques.
Et j'ai eu la chance
de le dire, mais je pense qu'il n'est pas inopportun de le rappeler à nouveau,
cette avancée importante, qui a été réalisée
dans le cadre de ce projet de loi, dans le cadre du travail en commission... Et là-dessus je me dois tout de
suite de jeter un coup d'oeil en direction de mon collègue le député de LaFontaine
pour saluer, justement, son apport et sa grande contribution, donc, sur
le fait de reconnaître la spécificité des activités politiques aussi, et ça,
sans minimiser, évidemment, l'apport, dans
l'étude détaillée, de toutes les personnes qui ont eu à travailler. Mais je
sais, je connais, justement, je connais l'importance de son apport dans
le cadre de ce dossier.
On
vient rappeler qu'un parti politique n'est pas une entreprise privée comme tant
d'autres. Un parti politique, c'est un
organe démocratique d'expression de notre liberté et des aspirations des gens
qui y adhèrent, et, par conséquent, l'ajout du principe des activités politiques m'apparaît comme étant un apport
important, un apport très, très important dans le cadre de ce projet de
loi.
Il y a eu des
avancements, il y a eu des avancées, que ce soit au niveau du public ou du
privé. J'en ai mentionné quelques-uns il y a
quelques jours, auparavant, mais il y a d'autres que j'aimerais souligner en
termes d'apport, en termes d'avancée, au niveau du public et du privé.
Au
niveau du public, donc, il y a cette obligation d'anonymiser des renseignements
lors de la conservation, c'est une
avancée aussi, et révision des différents pouvoirs de la Commission d'accès à l'information, notamment au niveau des sanctions
administratives.
Et
aussi, je tiens à le rappeler, quand vient le temps de parler des pouvoirs
qu'on donne en matière d'enquête, etc., c'est important aussi de savoir que,
dans le secteur privé, il y a cette imputabilité. «L'imputabilité», c'est un
mot important, et surtout quand vient
le temps de parler de protection des renseignements personnels, de savoir, par
exemple, dans une entreprise, qui est
imputable, qui est responsable, qui est responsable, donc, parce que la pire
des choses qui pourrait arriver, c'est
de savoir que, dans une boîte, dans une entreprise, bien, quand vient le temps
de mener une enquête, on ne sait pas qui en est le responsable, qui est imputable. Alors, savoir que cette
imputabilité-là va à la plus haute instance de la direction, ça, c'est quelque
chose d'important.
Au niveau du public, au
niveau du public, il y a un amendement qui a été fait aussi, je... Il faut le
souligner, cet amendement-là, c'est un amendement qui a été adopté
afin que ce soit, justement, la direction générale d'un ordre professionnel qui soit imputable. Et
ça, c'est un amendement important. Donc, l'imputabilité.
Un
autre amendement important, aussi au niveau du public, qui a été
adopté, c'est un amendement exigeant aux organismes de prendre des
mesures afin de limiter la réidentification. Une expérience que, peut-être,
sûrement plusieurs de mes collègues ici, vous avez déjà
vécue ou connue, c'est, chez vous, un soir, après le souper ou avant le souper,
vous recevez un
appel d'un organisme — toujours de bonne foi, ce sont des organismes de bienfaisance, organismes de charité — qui
vous demande des informations, et là vous commencez à donner des informations,
et vous vous apercevez que ces organismes-là détenaient déjà des
éléments d'information à votre sujet.
Alors, je pense qu'au
niveau des organismes philanthropiques, justement, il y a un meilleur encadrement
qui permettra, justement,
à l'ensemble des Québécoises et des Québécois d'avoir une meilleure prise sur le type d'information, donc, qui est détenue à leur
sujet et aussi sur leur capacité et aussi leur possibilité à faire corriger,
rectifier ou enlever certaines de ces informations-là. Et ça, c'est quelque
chose de très important.
Il y a
eu des occasions manquées, mais... Et, les occasions manquées, j'ai eu
l'opportunité de les rappeler. Je persiste encore, je persiste encore à croire
que... Oui, il y a eu des mémoires déposés, entre autres par la Commission des
droits de la personne et des droits de la
jeunesse, mais un sujet aussi
important, un sujet aussi important, un projet de loi aussi important
comme ce projet de loi là, il aurait
été nécessaire... Pour avoir fait d'autres projets de loi, Mme la Présidente, j'ai pu mesurer la différence qu'il y a entre lorsque vous recevez un mémoire... Bien sûr,
vous pouvez vous inspirer des mémoires. Il y a des mémoires fort pertinents. Vous pouvez vous inspirer des
mémoires, mais, quand vous avez l'opportunité de pouvoir échanger avec un organisme, quand vous avez
l'opportunité de pouvoir discuter, de pouvoir partager, de pouvoir questionner,
je pense que le travail va beaucoup plus loin. Et, en ce sens-là, je pense qu'il aurait été sage, et le mot «sage» n'est pas
trop fort, je crois, dans les circonstances, considérant l'impact d'un tel projet
de loi, que la commission des droits de la personne, de la
jeunesse soit entendue en commission parlementaire.
Alors, pour terminer,
donc, merci à toutes celles et ceux qui ont travaillé sur ce projet de loi, que
ce soient les parlementaires, dans un
premier temps. Merci aussi aux personnes
dont on ne voit pas toujours... on n'entend pas toujours les noms, c'est-à-dire celles et ceux qui ont travaillé en coulisse, que ce soit le personnel
du greffier qui ont accompagné, et le
personnel des partis politiques aussi, évidemment, et tous les avocats qui ont permis à ce projet de loi là, et nous l'espérons, et nous verrons aux consignes qui seront
données, éventuellement à être adopté. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Viau. Y a-t-il
d'autres interventions? Alors, il n'y en a pas.
Et, avant de procéder
au vote, je souhaite vous aviser qu'en application de l'ordre spécial j'ai été
informée de l'intention de M. le député de Pontiac de ne pas prendre part au
vote sur l'adoption de ce projet de loi.
J'invite
maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption
du projet de loi n° 64, Loi modernisant les dispositions législatives en matière de protection
des renseignements personnels.
Je
constate que l'un des groupes
parlementaires n'est pas représenté
pour la mise aux voix, alors je vais suspendre nos travaux pour
un maximum de 10 minutes.
(Suspension de la séance à
15 h 31)
(Reprise à 15 h 34)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Mise
aux voix
Et
j'invite maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption
du projet de loi n° 64, Loi modernisant des
dispositions législatives en matière de protection des renseignements
personnels. Mme la ministre déléguée à l'Éducation?
Mme Charest :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député de LaFontaine?
M. Tanguay :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Maintenant, Mme la ministre,
avez-vous une indication pour le vote des députés indépendants?
Mme Charest :
Oui, le vote du député de Chomedey : Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et, en conséquence le
projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions
législatives en matière de protection des renseignements personnels, est
adopté.
Mme la ministre, je vous recède la parole.
Mme Charest : Oui, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 3 du feuilleton.
Projet de loi n° 92
Adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : À l'article 3 du feuilleton, M. le
ministre de la Justice propose l'adoption du principe du projet de loi
n° 92, Loi visant la création d'un tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale et portant
sur la formation des juges en ces matières. Y a-t-il des interventions? Mme
la ministre.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Merci, Mme
la Présidente. C'est avec beaucoup de fébrilité, d'humilité, de satisfaction que j'interviens aujourd'hui pour l'adoption du
principe de ce projet de loi, qui, évidemment, est très important. Et tout de suite, d'entrée de jeu, je souhaite féliciter
et remercier mon collègue le ministre de la Justice pour avoir pris ce
dossier-là vraiment avec grand intérêt et l'avoir, bien, en fait, mené
tellement bien qu'on est là moins d'un an après le dépôt des recommandations, Rebâtir la confiance, du
rapport du comité d'experts Rebâtir
la confiance, on peut présenter
ce projet de loi, qui est, en fait, la pierre angulaire de ce rapport et
ses 190 recommandations.
Alors,
évidemment, satisfaite, soulagée aussi, parce qu'on sait malheureusement
qu'encore aujourd'hui, en 2021, les
principales victimes des violences sexuelles, des violences conjugales sont les
femmes. Donc, vous comprenez qu'en termes...
ou en tant que responsable de la condition féminine, bien, c'est un enjeu qui
me préoccupe énormément, mais c'est un dossier, évidemment, qui me
touche très fortement.
Je veux aussi faire l'éloge de ce travail
d'équipe qui a été si important. Et vous me permettrez de nommer ma
prédécesseure dans les fonctions au comité transpartisan, la prédécesseure
aussi de mon collègue à la Justice, qui est maintenant
présidente du Conseil du trésor, qui a eu, je dirais, l'audace de réunir ensemble
plusieurs députés pour faire en sorte, justement, de pouvoir écouter les
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale, mais pouvoir redonner confiance en ce système de justice pour ces
personnes, pour ces femmes qui, malheureusement, en plus d'avoir été victimes
d'atrocités, se retrouvaient dans un système
où elles n'avaient pas l'impression d'être entendues, d'être écoutées, de
pouvoir entamer leur processus de guérison et de réparation.
Alors, bravo
à ma collègue qui est maintenant présidente du Conseil du trésor! Bravo aussi
aux collègues qui ont apporté leur
regard, leur engouement pour le dossier, évidemment, leur rigueur et leur
travail, notamment la députée de Joliette, la députée de Marguerite-Bourgeoys
qui était aussi dans les débuts des travaux, la députée de Sherbrooke, la députée de Verdun! Alors, je pense que
c'est un travail d'équipe, et on peut s'en féliciter, parce que c'est un
rapport important, qui, on le
souhaite, va faire en sorte, justement, d'aider les victimes dans ce processus
de guérison que je nommais tantôt.
C'est un enjeu qui est immense, qui est
important, qui demande énormément de travail, qui demande un travail transversal, je le disais tantôt,
190 recommandations qui viennent brasser les structures d'un système
judiciaire mais aussi tout ce qui est l'accompagnement des victimes de
violence conjugale et, encore une fois, grâce à un travail important qui a été fait par tous les acteurs, par les
différents ministères. Et là aussi je me permets de féliciter et de remercier
mes collègues ministres qui ont pris ce dossier-là très à coeur. Et,
encore une fois, on peut aujourd'hui se réjouir de ce premier jalon qui est déposé pour pouvoir avancer ce dossier qui
est si important et qui, je pense, va faire une grande, grande différence
dans la réalité, dans la vie de ces
personnes qui sont victimes de ces crimes insidieux et évidemment
en arriver à un processus de guérison.
Alors, encore une fois, je tiens à féliciter
l'aboutissement de ce travail qui s'est fait pendant les derniers mois. Le travail, évidemment, n'est pas terminé,
parce que, oui, évidemment, on a ce projet
de loi là qui est fort important,
mais il en reste encore beaucoup
à faire. Et je peux vous assurer que le gouvernement s'affaire et
continuera à s'affairer pour faire en
sorte que les victimes de violence sexuelle, de violence conjugale puissent
entamer une guérison, une réparation, mais aussi retrouver confiance en
ce système de justice.
Alors, merci, Mme la Présidente. Et, encore une
fois, félicitations à mon collègue dans ce dossier! Merci.
• (15 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
responsable de la Condition féminine.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Heureuse de vous
retrouver. Permettez-moi de débuter en saluant la ministre de la
Condition féminine. Ça fait plaisir de vous revoir.
Ça fait
plaisir aussi de reparler de cet important dossier, qui est un dossier qui nous
a... bien, qui nous a tous chavirés, qui nous a tous chavirés, en pleine
pandémie notamment. On se rappelle des nombreux féminicides, malheureusement,
avec lesquels on doit composer en ces temps
de pandémie, mais pas uniquement en ces temps de pandémie. On ne doit pas
négliger le fait que, malheureusement, trop de femmes, au Québec, sont
victimes de violence conjugale et de violence sexuelle.
Je me lève aujourd'hui,
Mme la Présidente, avec, moi aussi, beaucoup de fébrilité. Et je suis d'accord
avec la ministre de la Condition féminine,
elle sera contente d'entendre que je suis d'accord avec elle, parce que c'est
aux victimes auxquelles on pense aujourd'hui
encore, ici, au salon bleu. C'est dans cette optique-là, d'ailleurs, que nous
avons travaillé avec le comité
transpartisan pour pouvoir présenter, en décembre dernier, le rapport Rebâtir
la confiance. C'est aux victimes à qui on pensait lorsque chacune
des recommandations ont aussi été mises de l'avant.
Et aujourd'hui encore, j'espère vraiment de tout coeur qu'avec un projet de loi comme le projet de loi n° 92, qui vise à créer le tribunal spécialisé en
matière de violence sexuelle, de violence
conjugale et portant sur la formation
des juges en ces matières, qu'elles vont trouver, les victimes, un
réconfort. Qu'elles vont savoir que des parlementaires de l'Assemblée nationale du Québec ont entendu. Qu'elles vont aussi comprendre, les
victimes, qu'on veut justement leur permettre de faciliter tout le
parcours lorsqu'on est une victime de violence conjugale, de violence sexuelle.
On a entendu des histoires terribles. D'ailleurs,
il n'y a pas très longtemps, il y a moins d'un mois, j'ai reçu un appel d'une mère d'une victime de violence conjugale qui me témoignait de toute la violence que sa fille a subie le samedi.
Elle m'a appelée le dimanche. Cette fille-là
a été victime d'une tentative de meurtre par son conjoint. Et là c'est la peur
pour toute la famille, pas uniquement pour
la femme, mais aussi pour des enfants qui sont dans le couple, pour la famille
proche de la victime. Et aujourd'hui c'est à elle à qui j'espère que le message se rendra pour lui dire :
On arrive à une étape très importante,
parce que le principe, lorsqu'on est d'accord avec un principe... et je vous le dis à l'avance,
Mme la Présidente, nous
sommes d'accord avec le principe, nous voterons pour le principe
de ce projet de loi. Non pas qu'on va fermer les yeux sur
chaque article, puis j'ai des questions qui seront tout à fait à-propos, hein?
On veut, bien sûr, assurer une collaboration. D'ailleurs, je l'ai dit au ministre de la Justice et je
tiens à le remercier aujourd'hui, je vais le faire devant caméra, parce qu'il m'a téléphoné, en août dernier, pour
me dire qu'il était pour déposer son projet
de loi. Il m'a d'ailleurs
appelée le matin même en me disant : Est-ce que tu as vu, c'est au feuilleton,
je vais déposer le projet de loi? C'est chouette. C'est chouette, et j'espère que d'autres ministres vont prendre aussi
des notes, parce que c'est bien de pouvoir travailler en collaboration comme ça. Et je lui ai déjà dit au
téléphone que j'étais pour collaborer de façon rigoureuse, de façon rigoureuse
parce qu'il ne faut rien laisser au hasard, et on est là pour améliorer le projet
de loi.
Alors,
j'espère que la maman et sa fille m'entendent aujourd'hui pour me dire que ce
qu'on souhaite avec le projet de loi qu'on va étudier dans les prochains jours,
dans l'article par article, bien, ça va faciliter leur parcours, parce que
c'est un parcours de la combattante qui s'amorce, après avoir été une victime,
de faire face... d'aller auprès des policiers, de s'exprimer, de dire ce qu'on a vécu, de revivre le drame, et par la
suite avec les procureurs, puis ensuite devant le monstre, parce que c'est
comme ça souvent qu'on appelle les conjoints violents. C'est Ingrid Falaise qui
nous a bien appris la leçon. Être à la cour devant celui qu'on a aimé
pour le dénoncer pour de la violence qu'il nous a faite, ça doit être
terriblement, terriblement difficile. Et c'est à elle puis ces victimes
auxquelles je pense cet après-midi.
Alors, voilà,
c'était mon petit moment pour dire aux victimes qu'elles ne sont pas seules,
qu'il y a 125 députés. Et je ne veux pas prendre... Je pense qu'on a eu
des discussions, de toute façon, avec les oppositions aussi. On est
125 députés à l'Assemblée nationale à vouloir améliorer la situation pour
les victimes, et c'est dans ces moments-là où je trouve que le salon
bleu est très noble. C'est dans ces moments-là où je trouve qu'on regagne, bien
sûr, la confiance du public, qu'on regagne
l'écoute aussi du public. Mais, comme je vous dis, Mme la Présidente, bien sûr,
j'aurai des questions, mais, sur le principe, nous serons d'accord.
Donc, en août
dernier, le ministre de la Justice a annoncé qu'il irait de l'avant avec la
création du tribunal spécialisé, chose que j'ai saluée dans les médias, que
j'ai saluée sur les réseaux sociaux. Et je veux juste qu'on rappelle que la
création, donc, de ce tribunal
spécialisé là vient des différentes vagues, notamment le #metoo, parce qu'on a
vu beaucoup de dénonciations sur les réseaux sociaux.
Et j'entendais le premier ministre rappeler aux
femmes, de dire : On doit, bien sûr, crier haut et fort, dénoncer ces actes, lorsqu'il y a de la violence conjugale, lorsqu'il y a des violences sexuelles, mais on doit quand même
donner à César ce qui revient à César. Et j'aimerais saluer, là-dessus,
la proposition de la
députée de Joliette,
qui a été la première à parler de ce
tribunal spécialisé. Et, lorsque la présidente
du Conseil du trésor, en
mars 2019, a mis sur pied... et qui était ministre de la Condition
féminine — ça,
c'est la joie des remaniements — elle
avait mis sur pied, donc, un comité transpartisan dans lequel faisait partie notamment
la députée de Joliette, la
députée de Sherbrooke,
la députée de Marguerite-Bourgeoys, et la ministre
du Conseil du trésor qui était, à l'époque, ministre
de la Condition féminine. Il y a eu remaniement, la ministre
de la Condition féminine a... intégré, pardon, dis-je, le groupe, et j'ai eu le
bonheur, à mon tour, de me joindre à elles, avec un s, et nous avons travaillé,
disons-le, rondement. On voulait rapidement pouvoir déposer... et là j'ai
presque besoin d'un... parce qu'il
est lourd, ce rapport. Il est imposant, ce rapport, et je veux le montrer parce
qu'il y a du travail dans ce rapport. Vous ne pouvez pas imaginer.
• (15 h 50) •
Mais on
n'était pas seules. Il y avait des membres, et on n'a malheureusement pas
souvent l'occasion de remercier ceux
et celles qui ont travaillé, donc, sur ce rapport. Permettez-moi de prendre une
minute du temps qui m'est alloué pour, bien sûr,
remercier Cathy Allen, Éliane Beaulieu, Jean-Marc Bouchard,
Hélène Cadrin, Elizabeth Corte, Julie Desrosiers — toutes deux coprésidentes, donc, de ce rapport — Michel Dorais, Annick Dumont,
Maggie Frenette, Arlène Gaudreault,
Sylvain Guertin, Jocelyne Jolin,
Melpa Kamataros, Simon Lapierre, Sabrina Lemeltier,
Danielle Mongeau, Pierre Picard,
Jean-Thierry Popieul, Marine Sarrazin, Deborah Trent et
Patricia Tuslane, qui ont donc travaillé
et ont mis énormément d'énergie. Il y avait les deux
coordonnatrices, là, Catherine Rousseau et Delphine Matte, et la collaboratrice
à la rédaction, Martine Bérubé.
Le travail qu'il y a à l'intérieur de ça, non
seulement c'est très... On a fait le tour de la question, on va dire ça comme ça. On a soulevé chacune des pierres pour
arriver à 190 recommandations. Mais aujourd'hui, ce qui nous intéresse dans ce rapport, qui s'intitule Rebâtir la
confiance, c'est pour redonner confiance aux victimes de faire des
plaintes, d'entrer à l'intérieur du processus
judiciaire. Plusieurs l'ont boudé. Plusieurs se sont heurtés à
une machine lourde dans laquelle elles étaient victimes à nouveau. C'est
comme ça qu'ils ont nommé les choses.
Mais aujourd'hui je voudrais, Mme la
Présidente, qu'on puisse se rapporter
au chapitre 12 de ce rapport, parce
que c'est véritablement le chapitre 12 qui fait foi du projet de
loi, finalement, qui est présenté par la banquette ministérielle, chapitre 12
qui parle d'instaurer un tribunal spécialisé en matière d'agression sexuelle et de violence conjugale, dans lequel
il y a plusieurs recommandations.
Et, dans le projet de loi qui est présenté par
le ministre de la Justice, on effleure certaines recommandations de ce chapitre 12. Et, vous allez voir, on a
certaines questions à poser, à savoir pourquoi est-ce qu'on n'est pas allés
plus loin, pourquoi est-ce qu'on n'a pas intégré d'autres
recommandations, alors qu'on va ouvrir... le projet de loi, là, va créer une division de tribunal spécialisé, puis là on va
ouvrir différentes lois pour pouvoir y arriver. Alors, pourquoi est-ce qu'on
s'est arrêté à un si beau moment? Mais ça, on aura l'occasion, bien sûr, d'en
discuter à l'extérieur du principe.
Je tiens à
vous dire aussi, Mme la Présidente... Parce que parfois il y a plusieurs choses
qui se passent en parallèle, puis les
gens ont de la difficulté à nous suivre. Je veux vous rappeler qu'il a aussi
été déposé, en décembre 2020, le rapport de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Un
peu plus tard, ma collègue d'Acadie va pouvoir revenir sur les différentes
recommandations qui sont à l'intérieur de ce rapport-là et dans lesquelles on
parle aussi de tribunal spécialisé, mais qui ne se retrouvent
malheureusement pas à l'intérieur du projet de loi n° 92. Et, lorsqu'il y
a eu ce rapport formidable, bien, on a entendu des victimes, dont une qui
s'appelle Lau Ga. Je ne sais pas si vous vous rappelez, Mme la Présidente. Et, lorsque le ministre a annoncé qu'il y avait un
projet de loi pour un tribunal spécialisé pour la violence conjugale et les violences sexuelles, elle s'est
demandé : Et moi, qui est une victime d'exploitation sexuelle, est-ce que
j'aurai droit, moi aussi, de profiter
d'un tribunal spécialisé? On n'a pas ces réponses actuellement, et j'invite les
équipes du ministre, qui sont
probablement à l'écoute, ce sera dans les questions. Donc, on n'est pas en
train de vouloir cacher quelque interrogation que ce soit. Pour nous, c'est
important qu'on puisse faire le tour de cette question une fois pour toutes,
alors que l'occasion est tellement belle de le faire.
Il y a aussi
un autre rapport, Mme la Présidente, et je tiens à rappeler que, dans ce
rapport, c'est 58 recommandations qu'il y a. Donc,
190 recommandations, 58 recommandations. Mais il y a aussi le rapport
Laurent, le rapport, donc, sur la Commission
spéciale des droits des enfants et de la protection de la jeunesse, un
rapport... Je vois la députée de Repentigny qui a travaillé sur cet important rapport aussi. Et dans le rapport, à
la recommandation 2.3, elle pourra me reprendre si je fais fausse
route, il est dit qu'on doit reconnaître les impacts des conflits
familiaux et de la violence conjugale sur les enfants. Et la
recommandation 2.3 vise à mieux soutenir et accompagner les mères victimes
de violence conjugale pour mieux protéger
les enfants, outiller les intervenants de la DPJ justement pour mieux
comprendre les situations de conflit sévères de séparation, de violence
conjugale vécues par les mères, les enfants qui séjournent dans les maisons
d'hébergement afin d'offrir un
accompagnement adapté. Là aussi, il y a une forme de silence à l'intérieur du
projet de loi. Il serait intéressant qu'on puisse peut-être faire le lien,
parce que c'est une grande boucle. C'est une grande boucle, puis je pense que
c'est le temps de le faire, alors que nous serons en pleine discussion.
Mais revenons
au projet de loi n° 92, si vous me permettez, Mme la Présidente. C'est
un projet de loi qui est assez court,
hein, parce qu'il y a 14 articles dans lesquels, principalement, on parle
des programmes de perfectionnement pour les juges, et on parle, bien sûr, du
Conseil de la magistrature. Pour le
reste, on parle beaucoup d'habilitations réglementaires. Ça veut dire que tout se retrouvera à l'intérieur des règlements, autant du côté des projets pilotes, parce que c'est ce que le ministre a annoncé, les projets pilotes, que
l'échéancier, que la formation. Et ça, je tiens à le dire ici, c'est une
habitude que le gouvernement caquiste
nous fait subir, je vais dire ça comme ça, puis je le dis avec beaucoup
d'amitié, parce que je le sais, je
l'ai vécu avec la ministre de la Culture lorsqu'il était question de
patrimoine, je l'ai vécu avec la ministre de l'Habitation lorsqu'il était question de ses projets de loi.
Beaucoup, beaucoup, beaucoup de projets de loi où on y va sur un cadre très
large, puis le reste, c'est par règlement. Puis malheureusement, les
règlements... les élus des oppositions, de l'opposition officielle, bien, on n'est pas consultés pour les
règlements. Et, dans le cas présent, ces règlements-là vont devenir tellement,
mais tellement importants, tellement importants que, pour moi, il est important
qu'on puisse entendre les groupes, les groupes
qui nous ont accompagnés dans la rédaction de Rebâtir la confiance, des
groupes de femmes. Et ça me ferait plaisir de vous donner la liste des groupes
que nous avons proposés au gouvernement. Tout à l'heure, là, on a vu une... je
ne sais pas si on peut appeler ça une
prise de bec, là, mais nous, on a fait des propositions au ministre de la
Justice, qui est aussi leader du
gouvernement, quant aux groupes que nous souhaiterions entendre, parce que,
tout au long de l'écriture du rapport, des 190 recommandations, on a été
accompagnés par un comité, on a été accompagnés par des experts. Parce que,
pour faire un peu plus rapide, tout à
l'heure je ne vous ai pas donné ce que chacun des membres a comme pedigree,
mais ils en connaissent beaucoup plus que nous tous, 125, réunis en ce
salon bleu.
• (16 heures) •
Et donc je ne comprends pas qu'on puisse
prétendre, du côté de la banquette ministérielle et du leader, qui est aussi ministre
de la Justice, tout à l'heure qui disait : Bien, du côté de Québec
solidaire, eux autres, ils veulent juste deux
groupes, puis eux autres, ils ont compris qu'il fallait que ça aille vite,
vite, vite. Je ne pense pas qu'on soit à deux jours, je ne pense pas qu'on soit
à deux jours où on puisse se permettre d'échapper des informations importantes
qui feraient, malheureusement, que le projet de loi va être moins bon,
parce que le travail, ici, qu'on a faire à l'Assemblée nationale, comme législateurs et comme législatrices, c'est bien sûr
d'offrir le meilleur projet de loi possible pour permettre des bons projets pilotes, pour permettre, par la suite, que
ce soit étendu partout dans le Québec, et le plus rapidement possible. Parce que
moi, je suis inquiète, il va y avoir des iniquités, et entre régions et entre
victimes.
Alors, c'est pourquoi, moi, j'ai demandé, dans
le fond, à mon leader, que j'aime beaucoup, de transmettre 15 demandes — 15 demandes,
là, on peut faire ça rondement : le Barreau du Québec, le Conseil de la
magistrature, Mme Rachel Gagnon,
professeure au Département des sciences juridiques de l'UQAM,
Mme Elizabeth Corte, qui a été juge en chef de la Cour du Québec de 2009 à 2016
et qui était donc coprésidente, comme je vous le disais tout à l'heure, du rapport Rebâtir la confiance avec Mme Julie Desrosiers,
qui est chercheuse et professeure titulaire à la Faculté de droit de l'Université
Laval et, donc, elle aussi,
coprésidente du rapport Rebâtir la confiance, Sylvain Guertin, qui est
enquêteur spécialisé en matière d'agressions sexuelles et aux crimes majeurs,
directeur adjoint à la Direction des enquêtes criminelles à la Sûreté
du Québec, Me Roxane Roussel,
spécialiste en droit familial, Me Sophie Gagnon, de Juripop,
Me Annick Dumont, procureure aux poursuites criminelles et pénales,
Mme Jocelyne Jolin, SOS Violence conjugale.
Vous
allez me permettre une petite seconde. SOS Violence conjugale, je le demande
aux collègues très gentiment, n'hésitez pas à mettre le numéro
de téléphone de SOS Violence conjugale quand vous le pouvez sur vos réseaux
sociaux. C'est un numéro qui est important. C'est un numéro qui peut sauver des
vies. Ils font un travail extraordinaire. Et, tout à l'heure, je vous parlais notamment de la maman de la victime qui m'a
téléphoné. Ils ont eu un service impeccable avec SOS Violence conjugale. Je tiens à le dire. Souvent,
on voit ce qui ne fonctionne pas, mais on omet aussi de dire, trop souvent, ce qui fonctionne bien. Alors, aux
gens de SOS Violence conjugale, merci et chapeau!
Mme Gaelle...
Fedida, pardonnez-moi, de l'Alliance des maisons d'hébergement de
2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale. Mmes Louise
Riendeau et Chantal Arseneault, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale. Mélanie Walsh, directrice générale de l'Auberge Madeleine et
partenaire dans le Partenariat pour la prévention et la lutte à
l'itinérance des femmes, regroupant cinq maisons. Mme Manon Monastesse,
directrice de la fédération
des femmes... d'hébergement pour femmes. Et Mmes Josée Mensales et Diane
Veillette, formatrices du programme
Les Survivantes. Sans oublier, sans oublier Patricia Tulasne, membre des
Courageuses. C'est la liste que nous avons proposée au gouvernement.
Comme
je le dis, on n'est pas là pour ralentir quoi que ce soit, on est là pour les
entendre, pour voir eux, là, dans ce qui a été déposé, qu'est-ce qui sera là... Parce que, je vous le
rappelle, Mme la Présidente, si on n'est pas en mesure d'obtenir l'éclairage, la sagesse, la connaissance de ces
groupes pour le projet de loi, comprenez-moi bien, tout le reste qui passera
par règlement, elles ne seront pas... ces groupes-là ne seront pas demandés,
là, pour savoir qu'est-ce qu'on doit faire puis comment on doit le faire. C'est
pour ça qu'on doit les entendre rapidement à l'intérieur du processus. Et
c'est pourquoi notre leader s'est levé tout à l'heure pour poser la
question au leader du gouvernement, à savoir qu'est-ce qu'il en est, parce que, là, on y va avec le principe, puis moi,
je suis très d'accord avec ça puis je pense que personne ne s'objecte à ça,
mais on doit pouvoir entendre les groupes pour avoir le meilleur projet de loi
possible.
Et les groupes le
demandent, hein? Les groupes l'ont demandé. J'ai sorti un article du Devoir
du 16 septembre dernier, et le titre
est assez parlant : Le téléphone, on attend qu'il sonne. Alors, ce
sont les groupes d'aide aux femmes qui veulent
être consultés dans la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence
conjugale et sexuelle. Elles ont des choses à dire. Nous avons le devoir
de les entendre, de les écouter, pour pouvoir bonifier le projet de loi.
Je
le disais tout à l'heure, là, tout le monde attend qu'on puisse être inclus
dans le processus menant à la création, le téléphone, on attend qu'il sonne. La Fédération des maisons
d'hébergement pour femmes, elle, s'est dit tout à fait disposée à partager son expertise, c'est ce qu'on veut
qu'elles viennent faire, ici, venir partager leur expertise pour être sûr qu'on
n'échappe personne. Je le disais, d'entrée
de jeu, je le disais, en introduction, être victime et franchir chacune des
étapes de ce processus-là, c'est extrêmement difficile. Donc, pourquoi
ne pas entendre ces gens-là?
Et
il y a Juripop, avec Me Gagnon, qui dit... à son avis, il n'y a pas que
les juges qui auraient besoin de formation pour mieux comprendre la réalité des victimes de la violence conjugale
et sexuelle. Bien, c'est parfait, qu'elle vienne nous le répéter, parce
qu'à l'intérieur du rapport Rebâtir la confiance il est question des
procureurs, une formation pour les policiers.
On se doit, donc, de pouvoir entendre ceux et celles qui vont nous rappeler
aussi l'urgence, bien sûr, de mettre sur
pied le tribunal spécialisé mais aussi de ne pas laisser tomber les
189 autres recommandations, et ça, c'est bien qu'on puisse le faire. Et, le ministre et son équipe,
j'imagine qu'ils ont été en mesure de tout lire, mais, entre lire quelque chose
et entendre un groupe, souvent, souvent, il y a un fossé de mieux comprendre,
de pouvoir poser les questions. Je vous le dis, on ne veut pas avoir
trois semaines de consultations, on n'est pas là-dedans, on est dans
15 groupes, ça peut aller rondement.
J'ai regardé, aussi,
les groupes qui ont été proposés par les autres oppositions. Du côté du Parti
québécois, je laisserai la députée de Joliette nous parler des groupes, mais je
vais vous le dire, là, eux autres, ils ont 20 groupes, puis, là-dedans, nos 15 groupes sont là, donc on
est tout près de quelque chose. Et, du côté de Québec solidaire, bien, il y a
un groupe qui fait aussi partie de
notre groupe. Formidable! Vous voyez, on est quand même... tout le monde a pas
mal une vision similaire quant aux groupes que nous devons entendre.
• (16 h 10) •
J'ai lu un papier sur
les victimes aussi. Quand on parle des victimes, c'est certain, hein, on
devient... bien, c'est troublant, c'est
troublant lorsqu'on entend les victimes, lorsqu'elles nous expliquent le
processus. Je lisais dans Le
Journal de Montréal, pour ne pas
le nommer, le 16 septembre dernier : Des victimes veulent que le
parcours soit moins ardu. C'est exactement ce à quoi nous travaillons avec le projet de loi n° 92. Il y a Geneviève Plante qui a témoigné, là, et
qui nous dit : «Témoigner devant
mon agresseur, mais aussi devant tout plein de personnes dans la salle de cour,
c'était vraiment stressant. Je
racontais des détails très personnels — écoutez ça, Mme la Présidente, là — j'avais
l'impression de me déshabiller devant une salle pleine d'inconnus.» Je
ne pense pas qu'on ne souhaite être, personne, à la place de Mme Plante.
Il ne faut pas
oublier les hommes aussi, parce qu'il y a des hommes qui sont victimes de
violence sexuelle, de violence conjugale. Il
y a des hommes qui témoignaient en disant : «J'aurais aimé avoir accès à
ce tribunal», en parlant du tribunal
spécialisé. «Les victimes, on est comme une bébelle dans le processus
judiciaire. Tout le monde sait comment le système fonctionne, sauf
nous.» Terrible, quand on reçoit ça.
C'est pour ça qu'on a
besoin du tribunal spécialisé puis c'est pour ça que moi, je n'ai pas envie de
me tromper lorsque je vais faire la législation pour cet important projet de
loi. Et c'est pour ça qu'on a besoin des groupes. Et c'est pourquoi on a fait
cette demande au gouvernement.
Et
je tiens à mentionner une chose, parce que, dans le projet de loi n° 92,
il est beaucoup question, donc, des juges, de la formation des juges. C'est de ça dont il est question à
l'intérieur du projet de loi. Et vous allez me permettre de trouver
simplement la page, Mme la Présidente. C'est un programme de perfectionnement
sur la réalité relative à la violence sexuelle
et à la violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature. C'est de
ça dont il est question principalement dans ce projet de loi là, parce
que le reste, ce sera beaucoup par règlement.
Et je sais qu'il y a des réticences du côté de
la magistrature mais je veux quand même vous souligner, Mme la Présidente, que la juge retraitée Nicole Gibeault
voit de bon oeil la formation obligatoire des magistrats : «Il faut être sûr d'avoir tout
le monde sur le même pied d'égalité,
tant les jeunes juges que ceux qui ont 70 ans et qui n'ont pas eu les
mêmes formations.» Ça, c'est une juge. C'est une juge à la retraite qui
nous dit ça. Et je vous le disais, on a Elizabeth Corte qui était juge en chef, qui était coprésidente du rapport,
et qui sait, et qui sait très, très
bien la réalité de la magistrature.
Mais bien sûr qu'on veut entendre, comme je vous le disais précédemment, on veut entendre les gens issus du monde, bien sûr,
de la magistrature, avec le Barreau puis avec le Conseil de la magistrature mais on
veut aussi entendre les groupes de femmes, celles qui travaillent au quotidien
avec les victimes sur le terrain pour s'assurer qu'on ne laisse rien au hasard.
Ça, c'était le point que je souhaitais faire et
que je souhaitais... Je souhaitais être entendue par le gouvernement là-dessus, parce que tout à l'heure j'ai senti que...
bien, j'ai senti le leader très offusqué qu'on pose la question, mais, comme
on n'y allait pas dans l'ordre dit habituel,
on voulait juste être sûrs de ne pas partir avec le principe puis qu'après ça
tout puisse débouler, parce qu'on a déjà vu des lapins sortir du chapeau du
leader puis on n'avait pas envie d'être pris au dépourvu. Donc, moi, j'aime bien les choses claires. On a eu une réponse,
j'apprécie le tout. Et j'ai noté, tout à l'heure, je ne me rappelle pas où, là, mais c'était à quelque
part au mois d'octobre que le ministre serait disposé à entendre des groupes.
Tant mieux!
Je comprends que le ministre, bien sûr, est très
occupé, et on sait qu'il est sur d'autres projets de loi en même temps, mais il
faut faire l'étude de ce projet de loi là avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de
rigueur. Il y a trop d'âmes meurtries qui
ont malheureusement fait les frais du processus judiciaire. Puis on veut
pouvoir rétablir la situation. On veut être en mesure d'attacher correctement
les fils pour s'assurer que les victimes vont être mieux accompagnées tout au
long. Parce que, dans le fond, là,
lorsqu'on parle de ce tribunal spécialisé, on ne parle pas de béton, hein, ici,
je pense qu'il faut quand même être
clair là-dessus, on parle vraiment de l'accompagnement de la victime, que la
victime, là, elle ne soit pas barouettée
d'un procureur à un autre, puis de recommencer ton histoire, puis viens
réexpliquer. Il faut que tout le monde puisse, dans un même élan, dans
le fond, entourer la victime, que ce ne soit pas à la victime de dire :
Ah! d'accord, là, je suis allée à telle porte; c'est quoi, la prochaine porte?
Parce que le parcours n'est pas clair, vous l'avez entendu, tout à l'heure,
là, je donnais des exemples de victimes qui se sentaient comme des bébelles
du système. Il ne faut pas que ce soit ça. Donc, c'est
ça, le tribunal spécialisé.
C'est aussi
de permettre aux femmes de ne pas croiser, nécessairement, l'agresseur.
Je ne sais pas si vous êtes déjà
allés dans un palais de justice. Moi, la
première fois que je suis allée, là, aïe! les genoux, là, claquaient ensemble,
là, puis j'étais juste témoin dans une miniaffaire, c'était intimidant.
Ça fait qu'imaginez quand on est une victime puis qu'on entre, là, dans ce palais de justice là, qui n'est pas tellement
chaleureux, puis qu'on arrive face à face avec l'agresseur. J'imagine une victime, j'imagine les parents, j'imagine les
frustrations, j'imagine le découragement, puis j'imagine que c'est pour ça qu'il
y a plein de femmes qui ont décidé de
ne plus rentrer dans le processus puis dire : Bien, moi, là, bien sûr,
je vais aller décrier, je vais faire mon #metoo, mais uniquement sur les
réseaux sociaux. Mais on a un processus judiciaire qui doit mieux
encadrer ces femmes-là, et c'est ça, le tribunal spécialisé. Je tiens à le dire
parce que plusieurs personnes m'ont dit :
Bien là, des tribunaux, on en a assez, là, pas obligé de faire encore du béton.
Ce n'est pas du béton dont il est question, je tiens à le dire, c'est de
l'accompagnement.
Je le disais, tout à l'heure, le travail sera
fait de façon très rigoureuse du côté de l'opposition officielle. J'ai de nombreuses questions, et je le disais tout à
l'heure, là, je ne ferai pas ça à la cachette, là, j'ai déjà dit
au ministre là où j'avais certaines interrogations. Je vous en ai fait
part. Je vous ai fait part de certaines interrogations, il y a des enjeux. Les
enjeux sont assez simples, là. On va créer des inéquités sur le territoire, le
territoire est immense. Des projets pilotes, il
y en aura combien? Je ne sais pas. Dans quelles régions? Je ne sais pas. Donc,
la femme victime de violence conjugale, qui se retrouve à Verdun, pourrait peut-être, s'il y a un projet de loi dans ma région, avoir un accompagnement avec tous ceux et celles qui font partie, habituellement, de
l'accompagnement des victimes. Mais la victime qui, elle, est à Baie-Comeau, et,
si le projet de loi du ministre n'inclut pas Baie-Comeau, elle, bien, elle ira trouver son propre parcours, elle devra
continuer, malheureusement, à essayer
de trouver sa place puis ne pas se sentir comme une bébelle. Cette inéquité-là,
dans un projet de loi, ça me chicote, ça me fait peur.
Puis c'est
quoi, la durée du projet pilote? Je ne le sais pas, ce n'est pas indiqué, ce
sera dans le règlement. Puis après combien de temps est-ce qu'on entend mettre
sur pied l'ensemble des régions? Je ne le sais pas, ce n'est pas indiqué.
L'échéancier n'est pas connu. Et, lorsqu'on laisse plein de place à plein
d'inconnu, bien, des fois, c'est une façon de ne
pas arriver à étendre le tribunal spécialisé partout sur le territoire du
Québec, et on en a besoin. Donc, ça, moi, c'est dans des enjeux, donc le
district judiciaire et puis l'iniquité pour les victimes.
Le projet de loi, aussi, je vous le disais tout
à l'heure, là, il a beaucoup d'habilitations réglementaires, puis malheureusement les modalités à un règlement ne
sont pas adoptées avec la contribution des parlementaires. Ça, c'est fait
dans un ministère, à porte close. Bien sûr,
là, il va y avoir la Gazette, puis on pourra peut-être arriver avec certaines
propositions, mais je trouve qu'on
travaille un peu à l'envers. Si on se donnait un peu de temps pour pouvoir
introduire, à l'intérieur des règlements, tous ces cadres où il y a des
interrogations, notamment l'échéancier, je pense que nous serions gagnants.
• (16 h 20) •
Il y a
l'obligation, je vous le disais tout à l'heure, l'obligation pour les juges de
suivre une formation qui dépendra de
la collaboration du Conseil de la magistrature, en vertu de l'indépendance
judiciaire. Et là je vais laisser, tout à l'heure, le
soin à mon collègue de pouvoir vous parler plus de la magistrature parce qu'il
connaît ça tellement, tellement mieux que moi. Mais c'est dommage qu'on n'ait
pas saisi l'opportunité d'introduire, à ce moment-là, toute la formation pour
les policiers, les procureurs. Je vous parlais du chapitre 12 de Rebâtir
la confiance, du rapport, tout à l'heure. Très honnêtement, là, je
pense qu'il y avait pas mal de recommandations qu'on aurait pu ici retrouver,
introduire. Il n'y a rien qui empêchait le ministre de le faire, et je trouve
qu'on manque là une très, très belle occasion. Et je tiens à le dire, et ce
n'est pas une critique du tout, du
tout, du tout pour les corps policiers, mais ce ne sont pas tous les
patrouilleurs qui sont formés pour recevoir une plainte en violence conjugale
ou en violence sexuelle, et on a lu des histoires d'horreur, vous les avez lues
tout comme moi. Tu sais, un policier
qui a demandé à une victime si elle avait aimé ça, son viol, si elle avait
joui, c'est un manque de connaissances. C'est pour ça qu'on parle de
formation, bien sûr, pour les patrouilleurs, c'est pour ça qu'on demande aussi qu'il y ait des escouades spécialisées pour
les enquêteurs en crimes sexuels, bien entendu, et je pense que là on aurait
pu introduire plus de recommandations à
l'intérieur du projet de loi. Mais ça, on pourra y revenir dans une autre
étape, pour les projets de loi.
Est-ce qu'on aurait pu aller plus rapidement
quant à l'idée de dire : Bien, on ne va pas avec des projets pilotes puis
on va l'étendre? Je sais, et on en a discuté lorsque nous étions sur le
rapport, que d'un district judiciaire à un autre on n'a pas le même nombre d'accompagnateurs. Ce n'est pas tous les
groupes qui travaillent aussi facilement les uns avec les autres d'un district
à un autre. Mais moi, je pense qu'on doit être ambitieux pour les victimes.
Elles ont suffisamment attendu, elles
ont suffisamment souffert, et je pense qu'on peut aller un peu plus vite. Et
j'espère que le ministre de la Justice... non, je suis certaine que le ministre de la Justice ne voudra pas
uniquement faire un petit crochet en disant «check». Je pense qu'il veut véritablement aller plus loin, je
l'avais déjà entendu sur le sujet. Et je tiens à redire ici, Mme la Présidente,
qu'il aura mon entière collaboration. Je veux qu'on aille un peu plus loin.
Puis peut-être qu'il y a des... peut-être que, malheureusement, le ministre
est aux prises avec un cadre dans lequel il ne peut pas aller. Il l'expliquera.
Mais il y a un bout
où moi, j'ai... Je n'ai pas été ministre
de la Justice, il pourra sans doute
nous expliquer le pourquoi du comment, mais je l'invite aussi à se présenter, dans les prochaines étapes, avec l'ouverture de vouloir bonifier, de pouvoir améliorer le projet de loi qui nous est proposé.
Et je suis
persuadée, là, le député de LaFontaine va pouvoir l'exprimer un peu plus tard aujourd'hui, je comprends que
ce n'est pas simple, et qu'il marche parfois sur des oeufs, le ministre de la
Justice. On va être là pour l'appuyer. Je ne veux pas qu'il ait peur. Je ne
veux pas qu'il se mette des barrières en croyant qu'on ne sera pas là pour l'épauler,
en disant : Ah! non, c'est sûr que là, il y a peut-être un ou deux groupes
qui ne seront pas d'accord. Non, non, moi, je veux lui dire, là, et je vais regarder la caméra : Je serai là
pour l'appuyer s'il veut aller encore plus loin parce que je pense que les
victimes, les victimes ont besoin de ce projet de loi là plus que
jamais.
On a entendu
plein d'histoires. On ne souhaite pas ça aux pires de nos ennemis. Vous avez
des filles, vous avez des petites-filles, Mme la Présidente. Moi, j'ai ma
fille, j'ai mon fils aussi, à qui je parle souvent droit dans les yeux en
disant... prendre soin des gens qui nous
entourent. Mais je pense qu'il y a malheureusement trop de victimes qui n'ont
pas eu ce nid douillet là pour
pouvoir, malheureusement, se les poser après avoir été en relation toxique,
parfois, avec des hommes qui prétendaient les aimer.
Je vais
m'arrêter ici, Mme la Présidente, parce que je sais qu'il y a d'autres
collègues qui veulent, bien sûr, intervenir, mais sachez une chose, puis, dans le fond, là, du laïus que j'ai fait
aujourd'hui, que je vous livre avec mon coeur, mon âme, avec mes tripes,
dans le fond, c'est de pouvoir vous dire : Ne pensons pas qu'il y a des
barrières. Je pense qu'on peut faire tomber
les barrières, parce que, les 125 élus dans cette Assemblée nationale, je
pense que tout le monde est d'accord, le
temps est venu à ce que les victimes puissent être entendues. On a fait
beaucoup de travail, trois rapports, il est temps que les recommandations puissent, bien sûr, atterrir. Et vous allez pouvoir compter sur mon entière collaboration. Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Verdun. Et notre prochaine intervenante
sera Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme Lavallée : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je suis très contente de prendre la parole aujourd'hui
concernant l'adoption de principe du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières.
Cette loi représente une grande avancée pour les
victimes d'agression sexuelle et de violence conjugale au Québec. En créant un tribunal spécialisé en
pareilles matières, on veut que ces victimes reprennent confiance en notre
système de justice. On veut leur
offrir des services mieux adaptés à leurs besoins avant, pendant et après le
processus judiciaire. Surtout, on ne veut plus que cette étape représente un
fardeau supplémentaire après tout ce qu'elles ont vécu, et je dis bien «elles»
parce que ces victimes, ces survivantes sont très majoritairement des femmes.
La
judiciarisation de leurs histoires d'horreur ne doit plus être un parcours du
combattant. Ça doit être un parcours vers
une quête de justice et ultimement vers la guérison, et, pour ce faire, il faut
remettre la personne victime au centre du processus judiciaire. C'est là l'avancée majeure dont je vous parlais
plus tôt, un changement de paradigme qui permettra à ces femmes d'être mieux soutenues et outillées
tout au long de cette bataille qu'elles mènent, parce que c'est une bataille,
et qu'en ce moment le fonctionnement du
système fait en sorte qu'elles ont le sentiment qu'elles ne partent pas sur le
même pied d'égalité que leurs agresseurs. Et il faut régler ça, il faut
que ça change.
Avant de
procéder à l'adoption du principe du projet de loi n° 92, et d'aller plus
loin dans le travail qui nous attend, j'aimerais vous partager pourquoi,
à mes yeux, cette loi viendra redonner espoir aux victimes et aux survivantes
ainsi qu'à la société
qui veut, elle aussi, un système mieux adapté à la réalité d'aujourd'hui. On
veut, toutes et tous, un monde plus juste et plus égalitaire.
• (16 h 30) •
Vous ne serez pas surprise que je retourne en 2017,
à la législature où nous avons travaillé ensemble. Alors que le chef de ma formation politique me confiait le
rôle de porte-parole en santé publique et en condition féminine, au début
de 2017, je me suis alors questionnée sur ce
que je pouvais apporter dans chacune de ces responsabilités afin d'y
amener ma couleur. Je me revois au
printemps 2017, tout juste avant le Grand Prix du Canada
se tenant à Montréal. J'étais dans ma cuisine en train de lire La Presse et je suis tombée sur un reportage concernant le problème
de la prostitution juvénile. Pour moi, ce fut une révélation, et je peux
vous assurer, Mme la Présidente, que c'était un choc.
Ce
fut le début de tout, le début d'une réalité qui m'a habitée pendant des années
et qui m'habite encore aujourd'hui. J'ai
lu et relu cette série d'articles. Ça me faisait mal. Je vous en parle, et ça me
fait encore mal. Comment accepter, Mme
la Présidente, qu'on tatoue le nom d'un proxénète sur le corps d'une
femme pour indiquer qu'elle lui appartient? Comment accepter qu'on vende des femmes une fois qu'elles ne nous
servent plus, comme s'il s'agissait d'une simple marchandise sans âme? Comment accepter qu'on
organise des viols collectifs pour désensibiliser les femmes et les amener
ainsi vers les réseaux prostitutionnels? Tout ça au XXIe siècle ici, au Québec.
On parle de barbarie, de violence extrême, de sadisme à l'endroit des femmes. Je venais d'ouvrir une
boîte de Pandore qui contenait bien plus de maux que je ne pouvais encore
l'imaginer à ce moment-là.
À
la fin de la session, au printemps 2017, avant mon retour dans mon comté,
j'ai décidé d'aller visiter les représentantes de La Maison de Marthe à Québec.
Cette maison a été fondée par une très grande dame, une très grande féministe,
une femme d'une très grande bienveillance,
soit Rose Dufour. Je voulais en savoir plus, je devais en savoir plus.
Mme Dufour a consacré les 20 dernières années aux femmes désirant
sortir du milieu prostitutionnel. Elle est devenue une sommité reconnue notamment
pour ses travaux de recherche sur le sujet. Elle fut ma deuxième révélation.
Lors de cette visite
à La Maison de Marthe, j'ai rencontré une femme qui a vécu pendant 30 ans
dans le milieu prostitutionnel. En échangeant avec elle, j'ai appris que, toute
jeune, elle avait été agressée sexuellement à plusieurs reprises par l'amoureux de sa mère avec l'assentiment
de cette dernière. Ces agressions ont eu pour effet de changer sa vie et
son parcours, blessée, mais surtout délaissée par une femme qui aurait dû la
protéger.
De
retour à mon bureau de comté, j'ai alors entamé sans relâche un travail de
recherche pour en savoir un peu plus sur cette réalité. J'y ai consacré mes journées,
mes soirées et parfois mes fins de
semaine. Plus j'avançais dans mes recherches, et plus j'étais choquée. C'est devenu
une obsession. Mon travail m'a aussi amenée à rencontrer plusieurs
spécialistes, intervenants, organisations, experts, notamment des représentantes
du projet MOBILIS en Montérégie et deux
policières du SPVM instigatrices du projet Les Survivantes. D'ailleurs,
j'ai assisté à une de leurs conférences qui a duré quatre heures. Et la
dernière heure, c'était encore le témoignage d'une survivante abusée par son
grand-père à la connaissance de sa mère, vendue dans des réseaux de pédophilie.
J'ai entendu et lu
des témoignages de victimes. J'ai écouté de nombreux documentaires sur le
sujet. J'ai lu des livres, des rapports,
des travaux de recherche et des articles dans les journaux. À la fin de tout ce travail
se dessinait déjà ce qui
devait être mon plan de lutte à l'exploitation sexuelle des mineurs, dévoilé en
mars 2018. J'y faisais des recommandations qui,
par bonheur, se sont retrouvées dans le rapport déposé en
décembre 2020. J'ai été rassurée car les recommandations étaient en droite ligne avec les constats que
j'avais faits au cours des années 2017, 2018, tout au long des rencontres
et de mes travaux.
Toute
cette parenthèse pour revenir au dépôt du projet de loi n° 92. Pourquoi?
Parce que toutes ces victimes d'exploitation ont vécu des agressions sexuelles de façon récurrente, parce que, pour elles, chacune
de leurs rencontres avec des clients
était un viol répétitif, tellement que, lors de ces viols, j'ai appris qu'elles
vivaient un phénomène de décorporalisation pour ne plus le sentir, leur corps, un mécanisme
d'autodéfense, une façon de s'évader de ce drame qui se répétait pour elles
jour après jour. Parce
que plusieurs d'entre elles ont
aussi été victimes d'inceste et de viol alors qu'elles étaient mineures,
ces actes ont changé le rapport à leur corps à tout jamais et les ont amenées à
entrer dans un milieu qui perpétuait ces agressions
vécues dans leur enfance. Parce que, pour certaines de ces femmes, leur proxénète
était leur amoureux et que ce dernier les convainquait habilement d'entrer dans
ce milieu prostitutionnel. Elles le faisaient, à la base, par amour pour lui,
amour qu'elles croyaient réciproque jusqu'à ce qu'elles se retrouvent prises
dans cet enfer.
Commençait
alors le cycle de la violence conjugale. Une violence extrême suivie d'une
période de lune de miel les amena à retourner bien malgré elle dans ce
milieu. Un cycle infernal qui ne semblait jamais avoir de fin.
Je
sais que des histoires comme elle, comme celle que je vous raconte, vous en
avez déjà entendu. Heureusement, on
en parle encore beaucoup dans la sphère publique, et c'est important. Mais
n'oubliez pas que nous ne sommes pas dans la fiction, que derrière ces histoires se trouvent des femmes, des
filles et des enfants qui continuent à être victimes d'une violence inouïe, qui se font agresser, violer. Ces
actes sont parfois filmés et ces images distribuées à leur insu encore ici,
au Québec, au XXIe siècle.
Pensez
à cette jeune femme, Clémentine, qui, avec courage, dans le balado Sugar
baby : pire idée de ma vie, a levé le voile sur toute l'horreur
qu'elle a vécue. Cette jeune femme a été torturée, violentée, violée, agressée.
Ce
genre d'atrocités, on en voit donc beaucoup dans les milieux prostitutionnels, mais ça existe
aussi dans les maisons, dans les
quartiers qui nous entourent, dans des endroits que l'on croit sécuritaires et
qui ne le sont malheureusement pas toujours. Je vous ai exposé la réalité
des victimes d'exploitation, mais le spectre de la violence sexuelle et la
violence conjugale est large, bien plus
large, et il fait beaucoup de victimes, plus qu'on ne le pense, parce que la
majorité des ces victimes hésitent à dénoncer leur agresseur, et ça ne
doit plus se produire, pas chez nous, pas au XXIe siècle.
Pour ce
faire, nous devons mieux entourer ces victimes de bienveillance. Il faut les
rassurer, les écouter, les aider. Elles
et ils ont besoin d'être entendus, ils et elles ont besoin de nommer, et tout
ça dans un milieu sécurisant, réconfortant, rassurant.
Oui,
la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et violence
conjugale est nécessaire, mais la
formation des juges l'est tout autant. Ce genre de crime est particulier en soi
parce qu'il se passe souvent dans un contexte d'intimité. Combien de victimes tiennent à leur agresseur malgré tout
parce qu'elles ont été habilement manipulées? Combien de victimes pensent même avoir commis ces gestes
volontairement alors qu'elles étaient sous la contrainte? Pour poser un regard éclairé, les juges doivent comprendre toute
la psychologie qui se cache derrière leur parcours, et les victimes doivent
pouvoir se sentir écoutées et comprises.
Oui, il faudrait miser sur la formation des
juges, mais aussi sur la formation continue. Depuis 2017, j'ai écouté, appris et mieux compris et j'apprends encore aujourd'hui car je continue de suivre ce dossier de près puisqu'il m'habite encore.
Je salue donc
le dépôt de cette loi qui fait suite au rapport du Comité d'experts sur
l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violences
conjugales déposé en décembre 2020. Pour moi, cette loi jettera les bases
d'un système plus ancré dans notre réalité
actuelle et surtout plus à l'image de ce que nous voulons au Québec en termes
de justice. Comme je l'ai dit tantôt,
on veut toutes et tous un monde plus juste et plus égalitaire. Pour moi, le projet de loi n° 92 est la promesse d'une avancée majeure,
il me remplit d'espoir pour l'avenir. Merci beaucoup.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Repentigny. Et maintenant je
cède la parole à Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
c'est un grand privilège, je vais le dire comme ça, pour moi d'intervenir aujourd'hui... cette
intervention sur le principe du projet
de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières.
Je suis très
fière et très privilégiée, parce que, bien sûr, nous sommes tellement sensibles
à tout ce qui arrive à ces femmes,
ces femmes qui font l'actualité, qui vivent ces drames, ces victimes de
violence, de pouvoir intervenir et d'être, en toute humilité, aussi bien entourée par des femmes de mon équipe mais
tous les parlementaires, des femmes, des hommes qui sont le coeur très présent à vouloir changer les choses pour ces
femmes. Je pense, bien sûr, à ma chère collègue porte-parole de Verdun, qui a, tantôt, dans un élan très passionné,
nommé toute la volonté à appuyer ce projet
de loi, mais aussi parlé de la réalité de ces femmes, parce
qu'on n'est pas en train, comme elle le dit si bien, de parler ici de béton,
mais on est vraiment en train de parler d'accompagnement de ces femmes,
de sécurité de ces femmes qui ont le courage, le courage de penser peut-être à s'en sortir. Alors, clairement, je
pense à elles.
Je pense aussi à tous les collègues, les
parlementaires qui ont travaillé à de nombreuses commissions mais deux particulièrement. On pense, bien sûr, aux
jeunes, alors je pense à ma collègue de Marguerite-Bourgeoys, mais
aussi, les collègues, au niveau de la
violence sexuelle, je pense à ma collègue de l'Acadie, je pense à ma
collègue aussi de Notre-Dame-de-Grâce, et mon collègue de Vimont aussi, et l'ensemble
des parlementaires qui ont travaillé à se dire ensemble et
collectivement, de façon non partisane : Assez, c'est assez.
Et, quand je
vois l'ensemble des rapports et des recommandations et qu'aujourd'hui nous
sommes devant une de ces recommandations qui fait partie du rapport du
comité d'experts et des parlementaires Rebâtir la confiance, on est en train de parler, bien sûr, d'une des
recommandations parmi les nombreuses recommandations, il y en a plus de 190,
c'est la 156e, c'est une recommandation qui est forte, bien évidemment.
Alors, je
suis aujourd'hui forte et fière de pouvoir avoir le privilège de parler au nom
de ces femmes et avec cette équipe extraordinaire de gens qui veulent faire une
grande différence et faire en sorte qu'on n'entende plus ce qu'on entend à la télévision et ce que l'on constate
aussi sur le terrain. Parce que tous, tous en cette Chambre, nous sommes
d'abord et avant tout des députés sur
le terrain, à l'écoute de nos citoyens et malheureusement témoins de ces drames
qui nous remuent le coeur à chaque fois.
On ne peut
pas contester, bien sûr, ce projet de loi, on ne peut que dire : Voilà une
bonne nouvelle. On ne peut pas être contre la vertu, on ne peut pas être contre
une recommandation de ce rapport excessivement éloquent et porteur. On ne peut
pas non plus contester qu'il y a un sérieux coup de barre à donner à notre
système de justice au Québec, alors que, comme le nommait ma collègue, les
victimes ont témoigné bien trop souvent de tout ce parcours ardu, humiliant,
plein de stress, sans dignité, qui fait en
sorte que ces victimes revivent encore un autre drame. Alors, il faut changer
les choses. Il faut faire en sorte
qu'on entoure ces victimes non seulement d'un accompagnement, mais d'une
dignité, d'une humanité et d'un respect.
Je sais que,
dans ce travail qui est ce travail de parlementaire, et j'espère... Plus tôt
dans la journée, j'ai entendu le leader du gouvernement nommer la
volonté de pouvoir entendre les groupes, mais, en même temps, les groupes ne
sont pas encore confirmés. J'espère de tout coeur, et de tout coeur, qu'il y
aura toute cette possibilité et cet espace pour qu'on entende les premiers témoins des drames, les groupes
communautaires, en particulier les maisons d'hébergement, mais tous ces acteurs qui sont au premier plan,
d'être là au moment de la crise de ces victimes, au moment de leur assurer
la sécurité.
Et je sais
qu'on a fait des annonces, je sais que le gouvernement fait des annonces, mais,
en même temps, nous, quand on est sur le terrain, l'impact, il faut qu'il soit
réellement là, parce que cette volonté d'avoir ce projet de loi pour créer un
tribunal spécialisé, c'est, bien sûr, une très bonne nouvelle, mais le temps
manque, et il faut agir avec urgence, parce que la violence se poursuit. Et, avec le confinement, avec la COVID, la
violence, elle est exacerbée dans les maisons et auprès de ces victimes.
Alors, il faut
trouver d'autres mesures. Il y en a 190 dans le rapport. Alors, on ne manque
pas d'idées et de recommandations
fortes. Mais moi, je vous dirai que, dans le chapitre 2, où on parle de
l'accompagnement psychosocial, il faut s'assurer qu'entre-temps, dans l'agir maintenant
et rapidement, au-delà des annonces et des montants, il faut que l'argent
descende sur le terrain, sur le terrain, sur le terrain.
Vous
savez, dans ce travail constructif qu'on fait en commission parlementaire, je
sais qu'il y aura des questions, parce qu'au-delà de la vertu, de la
recommandation et de ce projet de loi il y a bien des détails qui nous manquent.
Et on dit : Le diable est dans les
détails, mais, pour que ça se concrétise de la bonne façon, il faut qu'on pose
des questions. Alors, il faudra voir, dans les questions qui seront
posées par ma collègue et par l'ensemble des collègues... il faudra y voir toujours, toujours cette volonté de faire en sorte
que le déploiement de ce nouveau tribunal se passe de la meilleure façon
pour les victimes.
Où seront les projets
pilotes? Est-ce qu'on le sait? On ne le sait pas. Est-ce que si, comme elle le
mentionnait, certaines régions sont
privilégiées par l'expérience pilote, d'autres seront dans une situation
d'inéquité, les citoyens seront dans
une inéquité? Il faut le savoir. Quel est le calendrier de réalisation? Quels
seront les critères pour choisir les emplacements des projets pilotes? Vous savez, un projet pilote,
c'est fabuleux. Je suis la première à être d'accord avec ces expériences qui
permettent un déploiement absolument
harmonieux à travers tout le Québec, mais encore faut-il qu'ils ne mettent pas
de côté des clientèles fragiles, des
femmes fragiles qui vivent les mêmes situations d'une région à l'autre. Alors,
ces questions-là, elles mériteront
d'être posées, parce que la réglementation va suivre et comment ça va être
appliqué, mais on n'a aucune idée à quoi ça va ressembler. Alors, ça, je
pense que c'est assez fondamental.
La
formation des juges aussi, c'est très, très, très important, mais, encore là,
on n'a pas de garantie que ça va se passer,
parce qu'il y a bien des approbations qui doivent venir avant. La Fédération
des maisons d'hébergement, d'ailleurs, le
disait : Avec des gens mieux formés, dès le début, la parole des victimes
ne sera pas remise en cause. Ça ne veut pas dire qu'elles auront gain de cause, mais au moins elles seront soutenues
et entendues. Cette sensibilité, cette compréhension des enjeux que vivent les personnes qui sont
victimes de violence conjugale ou de violence sexuelle, la formation, c'est
une clé absolument importante. Alors, il faudra qu'il y ait des garanties, il
faudra que ça soit au coeur du déploiement.
Donc, les questions
seront là dans un but constructif et non pas dans la critique pour faire en
sorte que ce projet de loi avance, que ce
projet de loi voie le jour et qu'entre-temps, s'il vous plaît, on puisse
envisage aussi des solutions qui sont avec la solution de l'urgence,
avec la solution... la volonté d'agir. Il faut ajouter d'autres mesures. Il
faut s'assurer que ce n'est pas la seule
recommandation qui est mise en place, bien qu'elle soit pilier, bien qu'elle
soit porteuse. Il faut vraiment se préoccuper de l'ici et maintenant.
Est-ce
que c'est suffisant? Moi, vous savez, j'entendais les témoignages des collègues
et qui nous touchent beaucoup. J'ai
été 19 ans dans le domaine de l'intervention auprès des jeunes et j'ai
malheureusement vu de ces drames, de ces jeunes femmes en amour, qui sont en couple, et qui sont victimes de violence,
et qui sont dans le déni total. Et, vous savez, avant même qu'on pense au système de justice, il faut
sortir ces jeunes femmes là, il faut les sortir de la situation de violence.
Elles sont complètement dans la
résistance, et ça demande un accompagnement soutenu, ça demande une
intervention de tous, et ça prend du temps, et ça prend vraiment
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'humanité et d'expertise.
• (16 h 50) •
Et
c'est pour ça que, l'intervention psychosociale, je ne lâcherai pas le morceau,
et je sais que ma collègue ne lâchera pas le morceau, elle le fait déjà de
façon absolument extraordinaire, parce qu'il faut vraiment dire à toutes ces
victimes et celles qui ne se
reconnaissent pas encore victimes, il faut dire à ces femmes, à ces personnes
qui vivent de la violence : Le courage,
il est difficile, mais, le courage, je l'ai avec toi, et tu n'es pas seule, on
est avec toi. Et ça, c'est avant le tribunal, et ça, c'est dans le quotidien, et ça, c'est dans l'urgence de
sécuriser. Alors, est-ce que c'est suffisant, le projet de loi? Non, ce
n'est pas suffisant.
Je
vais vous parler, maintenant, et je vais le faire aussi avec beaucoup d'émotion...
Je veux vous parler de Julie. Julie, c'était
une jeune maman — elle
est toujours jeune, mais elle était plus jeune — une jeune maman de mon comté qui a vécu la violence conjugale et qui a pris tout son
courage à deux mains avec ses deux bébés sous le bras, sans diplôme d'études
secondaires et sans argent, elle a pris le
courage et elle a fui ce foyer de violence. Je ne peux même pas, Mme la
Présidente, imaginer tout le courage qu'elle a eu, je ne peux
même pas m'imaginer ça, mais elle a repris sa vie en main. Elle a quitté et
elle a repris sa vie en main. Imaginez. Elle est retournée sur les bancs
d'école, elle a été chercher son diplôme. Elle a occupé des emplois fort intéressants en administration et elle s'est occupée de ses enfants. Elle a fui la violence pour
protéger ses enfants et elle a repris
sa vie en main. Et, quand elle avait ces postes, ces emplois en administration, elle se disait : Ce n'est pas suffisant, il faut que je
fasse plus.
Aujourd'hui, Julie est la coordonnatrice de ma maison d'hébergement dans mon comté et à tous les jours elle aide ces femmes qui vivent la violence qu'elle-même a
vécue. Et, vous savez, elle a travaillé fort parce que, le jour où elle est
devenue coordonnatrice, les nuits blanches... Elle a lu tout ce qu'elle avait à
lire, elle voulait être à la hauteur. Imaginez. Et, quand elle s'est retrouvée coordonnatrice, la COVID
arrivait. Alors, non seulement elle devait protéger ces femmes, mais en plus il fallait qu'elle protège ces femmes et
de la violence, et de la pandémie, et de la COVID. Mais elle y est
parvenue.
Alors, moi, quand je
pense à Julie, qui nous inspire, qui doit nous inspirer, j'ai le goût de dire à
tous les parlementaires... Et je sais que les gens dans cette Chambre
ont du coeur. Ce sont des gens de terrain, sensibles à toutes ces mauvaises
nouvelles qu'on entend et qui nous déchirent le coeur à chaque fois. J'ai le
goût de vous dire aujourd'hui :
J'ai le goût que, Julie, son courage soit au coeur de tous les travaux qui vont
suivre, que le courage de toutes ces Julie du
Québec soit au coeur des travaux qui vont suivre et qu'ensemble
on trouve des solutions pour maintenant et pour plus tard, pour ne plus jamais qu'elles vivent ce qu'elles ont à vivre, pour
qu'on soit capables, comme Julie, de dire à toutes ces femmes : Tu n'es pas seule, on est là. Je
prends une partie de mon courage et je te le donne, on va faire ça ensemble.
On va sécuriser les enfants et on va faire
en sorte que tu vas pouvoir être dans
un environnement où tu es bien, en sécurité, où tu reprends
ta vie en main. Je nous souhaite toutes les Julie pour la suite des choses. Merci
beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Fabre.
Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour également, là, aux collègues
de la partie ministérielle, également aux collègues de l'opposition. Un
touchant témoignage.
Donc, je suis très heureux d'être ici, là, pour
représenter le ministre de la Justice afin de procéder évidemment à l'adoption, là, du principe du projet de loi n° 92, qui vise la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières. J'en profite
donc pour le remercier pour cette opportunité et également de sa
confiance.
Je suis vraiment
fier de pouvoir m'exprimer sur cet important projet de loi qui était
attendu et réclamé, Mme la Présidente,
par de nombreuses personnes victimes ainsi que par les divers groupes oeuvrant
auprès d'elles. Le gouvernement
a rapidement mis en branle une série de mesures concertées
pour venir en aide aux victimes de violence sexuelle ou de violence
conjugale, suivant ainsi un bon nombre des recommandations formulées dans le
rapport Rebâtir la confiance, qui a été déposé en décembre dernier. Le projet
de loi n° 92
s'inscrit dans cette volonté d'apporter une aide concrète aux personnes victimes et répond à plusieurs
recommandations du rapport, évidemment, par le comité d'experts
sur l'accompagnement des personnes victimes d'agression sexuelle et de
violence conjugale.
Comme vous le savez, à la suite du dépôt de ce
rapport, le ministre a décidé de mettre rapidement sur pied, en février dernier, un groupe de travail portant sur
le concept de tribunal spécialisé en violence sexuelle et en violence conjugale.
Son mandat était d'évaluer et déterminer les
éléments nécessaires à la mise en place d'un tel tribunal spécialisé au Québec.
Et, comme le recommande, justement,
le groupe de travail, nous proposons de procéder d'abord
par l'implantation de projets
pilotes dans certains districts judiciaires du Québec. Ces projets pilotes permettront de répondre aux besoins spécifiques des personnes victimes de violence sexuelle et de
violence conjugale. Cette période d'essai est nécessaire, évidemment,
avant de déployer le tribunal dans l'ensemble ou du moins sur l'ensemble du
territoire québécois, le but étant de tester et d'ajuster au fil du temps l'ensemble des mesures
qui vont être spécifiques à ce tribunal, voire même d'en ajouter certaines au
besoin. La mise en oeuvre de ces projets
pilotes sera l'occasion
de revoir chacune des étapes du parcours judiciaire des personnes victimes de ces types de violence. À l'heure actuelle, le nombre de personnes victimes qui se détournent du système
de justice par manque de confiance est trop élevé. Nous avons confiance que ces
projets pilotes permettront aux personnes victimes de se
sentir, justement, en confiance, sécurisées et appuyées tout au long de leur
parcours judiciaire. Par exemple, nous prévoyons adapter les salles d'attente et
les salles des victimes afin de les rendre plus accueillantes et
sécurisantes. De plus, en réaménageant les aires de circulation dans les palais
de justice, nous souhaitons évidemment permettre à la personne victime de ne
pas croiser l'accusé à l'extérieur de la salle d'audience. Nous améliorerons
aussi considérablement l'accessibilité des dispositifs
d'aide au témoignage. On pense, entre autres, au paravent qui permet à la
personne victime de témoigner sans voir l'accusé, aux salles de visiocomparution
et à l'accompagnement par une personne de
confiance. Le tribunal spécialisé va
permettre que les salles d'audience soient exclusivement réservées aux causes
de violence sexuelle et de violence
conjugale, ce qui va évidemment favoriser un sentiment de stabilité chez les
différents acteurs tout en facilitant la gestion des différents
dossiers.
Ces mesures
s'ajoutent d'ailleurs aux annonces d'investissements majeurs au
DPCP qui vont permettre l'embauche de
procureurs entièrement et uniquement attitrés, c'est-à-dire, aux causes de violence
sexuelle et conjugale, ce qui va
rendre notamment possible le principe de la poursuite verticale.
Grâce à ces mesures, les personnes
victimes bénéficieront d'une plus
grande stabilité, soit un seul procureur et une seule salle d'audience tout au
long des procédures, accompagnées par
la même personne qui, souvent, va permettre de créer un lien de confiance avec
la victime. C'est souvent ce qui est reproché d'ailleurs actuellement
face au système de justice, qui peut paraître un peu froid. Et donc on veut
permettre justement à ces victimes d'être
bien accompagnées, d'être dans un milieu qui est sécuritaire où elles peuvent
justement s'exprimer et faire valoir leurs droits.
L'autre
importante mesure présentée dans ce projet de loi est évidemment l'introduction
d'une formation obligatoire des juges en matière de violence sexuelle et
violence conjugale. Cette formation obligatoire serait applicable à l'ensemble
des candidats à la fonction de juge et des juges retraités qui désirent exercer
de nouveau des fonctions judiciaires. Ainsi, tout comme le personnel judiciaire et les procureurs de la couronne, les
juges seront mieux formés sur les réalités propres, évidemment, qui concernent les violences sexuelles
et la violence conjugale. Nous devons donc adapter nos tribunaux pour que les personnes victimes de violence sexuelle et
de violence conjugale s'y sentent en sécurité, et en confiance, et aussi
bien accompagnées.
Nous comptons sur la collaboration de tous nos
collègues, évidemment, dans ce dossier prioritaire pour le gouvernement comme
pour l'ensemble la population québécoise. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Chapleau. Maintenant, la prochaine intervention sera celle de Mme la
députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait un grand plaisir de prendre la parole en
cette Chambre pour parler du projet
de loi n° 92, projet de loi qui est très important, on le sait, et je
pense que tout le monde est conscient qu'il faut aller de l'avant avec
ce projet de loi.
Cependant...
Bien sûr, lorsqu'on regarde le fait que le projet de loi a été déposé, je pense
que tout le monde a applaudi cette décision-là du gouvernement de faire
ce pas en faveur des victimes de violence conjugale et victimes de violence sexuelle. Cependant, il faut aussi faire en sorte
qu'on regarde plus dans le détail qu'est-ce qui n'a pas été proposé dans le
projet de loi. Et ma collègue, la
députée de Verdun l'a très bien exprimé tout à l'heure, il y a des zones
d'ombre, il y a des éléments qui
suscitent encore des questions et il y a des interrogations aussi quant à la
poursuite des travaux que va
effectuer ce tribunal spécialisé.
Tout d'abord, le projet de loi, bien sûr,
établit le fait qu'il y aura le tribunal, et, bien sûr, on s'en réjouit, mais le projet
de loi ne donne pas d'échéancier,
parle de projets pilotes, projets pilotes qui vont durer combien de temps? À
quel moment on va étendre le tribunal
spécialisé à la grandeur de la province? On est silencieux là-dessus, et je
pense que c'est sur cette question-là
qu'il faut insister, Mme la Présidente. Il faut insister pour que ça aille
de l'avant. Il faut insister pour avoir le plus d'information possible
sur la réalisation de ce projet.
On en a
parlé, bien sûr, de Rebâtir la confiance, et tout à l'heure, lorsque
j'écoutais ma collègue de Verdun montrer le rapport de Rebâtir la confiance,
en fait, je ne l'avais pas vu imprimé, je l'avais bien sûr vu sur Internet,
mais ça ne donne pas l'idée de l'ampleur de la brique.
190 recommandations, un travail incroyable, un travail qui a été fait de
façon très rigoureuse et très minutieuse. Et
ce rapport-là, bien sûr, ne doit pas se retrouver sur les tablettes. Il y a
190 recommandations, le projet de loi est l'une de ces
recommandations.
Il y a eu
aussi, on en a parlé beaucoup, j'ai eu l'honneur d'être vice-présidente de la commission, c'est le rapport de la commission
sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Ma collègue de Repentigny a beaucoup
travaillé dans ce dossier-là, a
beaucoup plaidé pour qu'il y ait la création de cette Commission spéciale sur
l'exploitation sexuelle des mineurs. Tout à l'heure, je l'écoutais dire qu'elle se réjouissait que plusieurs de ses
idées se sont retrouvées dans les recommandations. Cependant, dans le projet de loi, on ne fait pas
référence aux victimes d'exploitation sexuelle. Les victimes d'exploitation
sexuelle ne sont pas nommément nommées dans le projet de loi. Et je pense que
ça, il faut qu'on le retrouve. Il faut qu'on
retrouve les victimes d'exploitation sexuelle. On parle de violence sexuelle,
on parle de violence conjugale, mais les
victimes d'exploitation sexuelle doivent se retrouver dans ce projet de loi.
Elles doivent se retrouver, pourquoi? Parce qu'elles aussi, ces victimes-là, elles ont besoin d'entendre un message
positif et d'entendre le message que le gouvernement a compris leur réalité. Et ma collègue de
Repentigny a très, très, très bien décrit, tout à l'heure, ce qui se passe
quand une personne, une jeune femme, puis il y a des garçons aussi, et qu'une
jeune femme ou un jeune garçon est victime d'exploitation sexuelle.
C'est une violence sexuelle. Elle est victime d'un proxénète et elle doit, elle
aussi, être accompagnée.
Et je peux
vous parler du cas de Lau Ga, qui a été largement publicisé, Lau Ga
qui a dénoncé son proxénète au mois
de février 2020. Lau Ga a pris tout son courage... elle a pris son
courage et elle est allée voir la police, parce que, si elle ne le faisait pas, elle allait
être assassinée, elle allait mourir.
Je l'ai rencontrée cet été, on a pris le lunch
ensemble, et j'avais devant moi une jeune femme vraiment impressionnante, déterminée, qui veut s'en sortir,
qui veut se bâtir un avenir, mais qui, malheureusement, ne se sent pas accompagnée. Elle ne se
sent pas accompagnée dans le processus judiciaire.
Et tenez-vous bien, Mme la Présidente,
savez-vous à quel moment le procès va avoir lieu? Savez-vous? Non? Bien, je vous le dis, à quel moment, ce ne sera
pas avant le mois d'avril 2022. Deux ans plus tard, le procès va
avoir lieu. Pendant deux ans, elle, elle est là, accompagnée du
mieux... les procureurs l'accompagnent du mieux qu'ils le peuvent, mais il n'y a personne pour l'accompagner. Alors,
elle vit avec ce stress-là, elle vit avec l'importance de se rebâtir un avenir,
elle vit avec le stress qu'elle va témoigner uniquement au mois
d'avril 2022.
Mettons-nous dans sa peau. Et elle a dit :
Moi, là, je voudrais que ça aille plus vite puis je voudrais être mieux accompagnée. Donc, moi, je dis à ma collègue de Repentigny,
qui a énormément d'influence auprès du caucus, je lui dis qu'elle aille regarder le ministre de la Justice dans les yeux, là, puis
qu'elle lui dise : Jeune homme, le terme «exploitation sexuelle» doit se retrouver dans ce projet de loi.
C'est important. Puis je pense que les 58 recommandations du rapport que
nous avons déposé, 58 recommandations unanimes, donc, tout le monde a pris
connaissance... ceux de la commission, bien
sûr, mais ensuite les collègues ont pris connaissance du rapport, et je pense
qu'il faut absolument faire en sorte qu'on puisse donner à cette
victime-là, Lau Ga, mais les autres aussi cet espoir d'être bien
accompagnée.
Le projet de loi, aussi, a amené certains
commentaires de la part des groupes de femmes, et il y a eu... bien sûr, il a été bien accueilli, mais on se pose des
questions. Ma collègue en a parlé tout à l'heure, les groupes d'aide aux femmes
veulent être consultés dans la création du tribunal spécialisé en matière de
violences conjugales et sexuelles. Elles disent
qu'elles doivent être consultées, qu'on leur a donné l'engagement qu'elles
seraient consultées puis qu'elles n'ont pas l'impression qu'elles vont
être consultées. Ça, il faut absolument corriger cet état de fait là.
Il y a également les Femmes autochtones qui ont
levé un petit peu... ont levé le drapeau, là, les femmes... Mme Viviane Michel, elle dit :
Toutefois, il doit y avoir une reddition de comptes quant aux recommandations
de l'Enquête nationale sur les femmes
et les filles autochtones disparues et assassinées, reddition de comptes de la commission Viens, il
faut également qu'il y ait une reddition de comptes du
rapport Rebâtir la confiance.
Et elle dit : 11 des 190 recommandations de ce dernier rapport, qui a mené au projet de loi
n° 92, visant spécifiquement ou mentionnant les populations autochtones...
Alors, il
faut absolument qu'on retrouve aussi quelque chose qui envoie un message aux
femmes autochtones, et de faire en sorte que les femmes autochtones soient
adéquatement informées, dans leur langue, sur leurs droits et le système
de justice, qu'elles soient accompagnées
lors du processus judiciaire et qu'elles soient protégées des représailles.
Tout cela fait partie des enjeux
prioritaires identifiés par Mme Michel. Donc, il y a là aussi un drapeau
qui dit : Bon, bien, qu'est-ce qu'on fait dans les cas de violence du côté
des femmes autochtones pour satisfaire leurs attentes? Il faut tenir compte de
tout cela.
Mais
ce qui, moi, me préoccupe, et je crains... mais je me dis : Bon, il y a
quand même des intentions derrière le projet de loi, je crains qu'on se
retrouve avec des règlements qui n'ont pas été abondamment discutés avec les
personnes qui sont concernées. Je
crains qu'on se retrouve avec un projet de loi qui soit, à sa face même, un
beau projet de loi, mais, quand on va dans le détail, et le diable est dans les détails, quand on
va dans le détail, on se dit : Un instant, qu'est-ce qui va arriver? Combien de projets pilotes? Combien de
temps, ces projets pilotes? Quelles sont les dates des projets pilotes et à
quel moment? Quel est l'échéancier du
gouvernement? En fait, c'est quoi, le tableau de bord? C'est quoi, la feuille
de route? À quel moment on va mettre
en place les projets de loi... les projets pilotes? Où on va mettre en... Quels
sont les endroits où on va mettre en place ces projets pilotes? Comment
on va les établir, ces projets pilotes? Et ensuite à quel moment, quel est
l'échéancier pour établir à la grandeur du Québec ce tribunal spécialisé? Ça,
on n'a pas de réponse, et moi, ça m'inquiète
un peu parce que je crains qu'on dise : Bien, on va le faire, le projet de
loi est là, on va définir les projets pilotes, mais attendez, on ne donnera pas de détails parce que ça ne vous regarde
pas, puis on va mettre ça dans les règlements, puis les règlements, bien, on les adopte en Conseil des
ministres, puis après ça, bien, vous avez quelques jours pour les commenter,
puis on va tenir compte de vos commentaires,
peut-être, peut-être pas, peut-être que oui, peut-être que non, puis après ça,
on va mettre ça en marche.
Ça
ne peut pas fonctionner comme ça parce qu'on parle de rebâtir la confiance,
puis rebâtir la confiance, ça veut dire
de la transparence. Rebâtir la confiance, ça veut dire une feuille de route, ça
veut dire : Voici comment nous allons
le faire. Et je pense qu'on doit
absolument éclairer ceux et celles qui croient dans ces tribunaux, qui croient
dans cette formule. On doit les éclairer sur la suite des choses.
• (17 h 10) •
Une grande partie du
projet de loi touche les juges. Je veux bien qu'on touche la formation des
juges puis s'engager à prendre une formation. Puis c'est très important que les
juges comprennent que, de temps en temps, il faut qu'ils aillent sur le terrain voir comment ça se passe puis entendre un
peu les témoignages de ceux qui vivent ou qui aident ces personnes qui
sont victimes de violence sexuelle, mais il manque un volet, à mon avis, dans
ce projet de loi là, qui touche
véritablement les détails de ces projets pilotes, et comment on va les mettre
en place, et avec quels moyens, quels sont les moyens aussi qu'on va
déployer.
Puis les régions,
chaque... il y a des régions qui ont des réalités différentes. Comment on va
les choisir, ces régions-là? Qui va décider
quelles régions on va privilégier par rapport à une autre? Et ma collègue l'a
si bien dit, ça veut dire qu'il va y
avoir, dans une région, des victimes qui n'auront pas d'accompagnement, donc
qui vont avoir moins de services que d'autres victimes dans des régions
où il va y avoir ces projets pilotes, où il va y avoir l'accompagnement.
Moi, je pense que le
gouvernement devrait le faire dans l'ensemble du Québec, en donnant les moyens,
en donnant les ressources et en faisant en
sorte qu'on s'assure que tout ce processus-là soit accessible à toutes les
victimes le plus rapidement possible. Et ce n'est pas ce qu'on retrouve dans ce
projet de loi. Je pense qu'on doit absolument se dire : Nous avons la volonté de le faire, on a dit qu'on
le ferait. Les victimes ont mis leur espoir en nous, et il faut absolument
qu'on leur donne l'heure juste. C'est une question d'heure juste.
Puis
je fais une autre petite parenthèse sur le rapport sur l'exploitation sexuelle
des mineurs. Le rapport, le 3 octobre, va avoir 10 mois, 10 mois. Bien, en 10 mois,
58 recommandations, il y a très, très peu de recommandations qui touchent
les victimes, qui touchent la
sensibilisation, qui touchent la prévention. On a parlé de répression, il y a
eu des sommes qui ont été investies en répression. On a parlé des
tribunaux, mais on n'a pas les détails. Mais tout l'accompagnement, l'accompagnement des victimes, l'accompagnement
des parents, comment on les aide à se refaire une vie, comment on les accompagne dans l'hébergement, tout ça a été
vraiment détaillé pendant les travaux de la commission, en long et en large.
10
mois plus tard, c'est la ministre de la Sécurité publique et vice-première
ministre qui a eu le mandat du premier ministre de mettre en application le
rapport, avec tous ses collègues ministres qui sont identifiés dans le rapport,
parce qu'il y a beaucoup de recommandations qui
touchent plusieurs ministres, puis, bien, on attend. On attend toujours. Alors,
je compte sur ma collègue
la députée de Repentigny pour donner un petit coup de barre à ses
collègues, et je pense qu'elle sera capable de le faire de façon
très claire. Je compte sur elle.
L'autre
chose qui m'intrigue un peu aussi, mais je ne suis pas une experte, mais je
veux juste soulever la question, puis je
pense que c'est important de le faire,
le projet de loi parle de violence sexuelle et conjugale, et le ministre, lors du point de presse, a dit :
Près d'un crime sur la personne sur trois est commis dans un contexte de
violence conjugale. Un crime sur la personne
sur trois au Québec est commis dans un contexte de violence conjugale. Donc,
j'ai demandé à ce qu'on me sorte les
statistiques de combien de crimes sur la personne sont commis, au
Québec, ont été commis, au Québec, dans
les années antérieures. On m'a donné les statistiques... On a les statistiques 2018‑2019. 2019,
il y a eu 87 691 crimes contre
la personne au Québec. Le ministre dit : Il y a un crime sur la personne
sur trois qui est commis dans un contexte de violence conjugale. Ça veut dire qu'il y aurait 30 000 crimes,
au Québec, commis dans un contexte de violence conjugale. C'est énorme. Ça,
c'était pour 2019. Alors, ça va prendre énormément d'énergie. Ça va
prendre beaucoup de moyens pour
mettre en place ces tribunaux spécialisés. J'espère qu'on va y arriver. Je le
souhaite ardemment. Mais la quantité ici de... le nombre... le volume
est vraiment, vraiment important. Alors, il doit y avoir des réponses à ces
questions-là.
Et on voit
aussi, je fais une autre parenthèse... on voit qu'entre 2018 et 2019
les crimes contre la personne ont énormément augmenté, on parle de
5 000 crimes de plus en 2019 par rapport en 2018. Alors, il y a un
phénomène d'augmentation de la violence,
augmentation de violence conjugale, très certainement. Et la pandémie a
sûrement exacerbé aussi des tensions
et a pu... a mené, on le sait, c'est documenté, a mené à des cas de
violence conjugale... à plus de cas de violence conjugale.
Donc,
ça va être... le travail va être énorme, et on veut que ce travail-là porte
fruit. On veut que le projet de loi puisse aboutir correctement, mais on veut aussi que ça ne demeure pas que des
bonnes intentions. Un message, on voit le titre dans le journal, c'est beau, beau, beau, un pas vers le tribunal spécialisé, le
tribunal spécial spécialisé est créé, la loi est adoptée, puis après ça
on passe à autre chose. Et ça, je crains cela.
Alors, je l'aurai dit ici, devant ce micro, à l'Assemblée
nationale. Je l'aurai dit devant tous mes collègues de l'Assemblée nationale.
Je ne dis pas que j'ai une boule de cristal puis que je suis plus fine qu'une
autre, ce n'est pas le cas, mais je pense qu'il faut soulever ces questions-là,
et c'est le rôle de l'opposition officielle.
Puis ça va être le rôle de ma collègue
la députée de Verdun, qui est responsable du dossier de la condition féminine,
et elle va vraiment amener, en commission
parlementaire, à l'article par article, ces sujets-là pour qu'on ait le plus de détails possible. Et je pense qu'elle l'a très bien
exprimé tout à l'heure, il faut absolument en savoir plus sur
l'application de la loi, les détails,
comment tout ça va se faire, parce que c'est une question de transparence,
c'est une question de confiance. Les victimes ont mis leur confiance en nous, les parlementaires. Les victimes
s'attendent à plus que ce projet de
loi, qui est un excellent pas, qui est un bon pas dans la bonne
direction, mais les victimes s'attendent à plus, et moi, je m'attends à plus.
Et
j'aimerais, à la fin de ce processus-là, dire mission accomplie, dire au ministre : Vous avez compris le message. Les
collègues qui nous entendent ici, en commission,
à l'Assemblée nationale, vont aussi pouvoir lui dire à quel point ils
ont compris, eux aussi, que le projet de loi doit aller plus loin, parce que les victimes le méritent puis les
victimes s'attendent à ce qu'on continue de travailler pour elles.
Je termine en disant
que... et ça a été évidemment beaucoup élaboré, puis je pense à Patricia
Tulasne, beaucoup élaboré dans Rebâtir la
confiance. Ici, on parle, lorsque les accusations sont déposées, on parle
de causes qui ont été analysées par le directeur
des poursuites pénales et criminelles, mais, avant ça, si le directeur des
poursuites pénales et criminelles décide
qu'il n'y a pas de dépôt d'accusation, il y a tout l'accompagnement de la
victime dans le processus d'enquête policière. Et ça, Mme la Présidente, il faut absolument qu'on trouve le moyen de
mieux accompagner les victimes lorsqu'elles sont dans le processus
d'enquête policière, parce qu'on voit des victimes qui ressortent de ce
processus-là excessivement déprimées, déçues,
parce qu'elles ont l'impression qu'on n'a pas cru, on n'a pas cru leur
histoire, on n'a pas cru ce qu'elles avaient vécu parce qu'il n'y a pas
d'accusation de portée, et il va falloir qu'un jour on réponde à ces
questions-là.
Alors,
je vous remercie beaucoup. Je pense que c'est un projet de loi majeur. Et nous
comptons sur l'ensemble des députés
pour pouvoir le bonifier et envoyer ce message aux victimes : Nous vous
croyons, nous, à l'Assemblée nationale. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant,
je cède la parole à Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. Je suis vraiment
heureuse de pouvoir prendre la parole aujourd'hui sur ce projet de loi là, déposé par le ministre
de la Justice récemment.
C'est
quand même une démarche exceptionnelle à laquelle on a
assisté dans les dernières années, la création du comité transpartisan, du comité d'experts, qui ont
décidé de travailler ensemble vraiment en réunissant toutes les formations
politiques pour rétablir la confiance des victimes envers le système de
justice.
À ce moment-là, on voulait répondre à l'appel à l'aide, en fait, à la grande détresse
des victimes de violence sexuelle, de
violence conjugale qui dénonçaient, sur les réseaux sociaux, toute la douleur
qu'elles avaient eue à traverser le système
de justice. Plusieurs ont témoigné que ce processus-là
avait été aussi pire, sinon pire que l'agression qu'elles avaient subie.
Et, pour moi comme
pour mes collègues, c'était vraiment inadmissible de constater ça, à quel point
les victimes étaient revictimisées à travers
leur passage dans le système de justice, à quel point elles avaient perdu
espoir, perdu confiance envers ce système-là.
Puis la raison pour laquelle on s'est réunis ensemble, avec mes collègues,
c'est vraiment dans l'objectif
de reconstruire cette confiance-là. Donc, on
a réuni une vingtaine d'experts pour proposer des réponses à l'appel à l'aide
des victimes, et ça a été vraiment des mois de travail.
• (17 h 20) •
Juste
un petit rappel, là, de ce qui a mené au projet de loi qu'on va étudier
prochainement. D'abord, oui, il
y a eu une vingtaine d'experts qui
ont été réunis, d'experts et d'expertes. Ensuite, ce comité-là a voulu aller
prendre le pouls vraiment de
tous les acteurs sur le terrain des victimes.
Donc,
il y a eu 11 jours d'audience dans cinq villes du Québec : à Sept-Îles,
Gatineau, Montréal, Rouyn-Noranda, Québec. Des audiences ont eu lieu, lors
desquelles il y a une centaine d'organismes qui sont venus
témoigner des problèmes vécus dans le système de justice ou à travers tout le processus
vécu par les victimes, qui ont proposé des pistes de solution. Il y a
56 mémoires qui ont été déposés. Il y a une consultation Web, qui a duré
plus d'un mois aussi, à laquelle plus de 1 500 victimes
ont participé. C'est de ça dont on parle quand on parle du rapport Rebâtir
la confiance. C'est sur ça que ça repose.
Aussi, l'analyse de plusieurs rapports qui avaient été déposés et malheureusement souvent tablettés dans les dernières années, des rapports en
lien avec les violences sexuelles et conjugales, qui ont été épluchés pour finalement
rédiger les 190 recommandations qui ont été déposées dans le rapport, là,
en décembre dernier.
Donc,
c'est dire à quel point, là, ça repose sur des bases extrêmement solides, un travail très rigoureux qui a déjà été effectué en amont. Ça fait
déjà neuf mois que ce rapport-là a été déposé, et les milliers de victimes au Québec
attendaient avec impatience que le gouvernement se mette au travail pour
appliquer les recommandations.
Alors, je ne vous
surprendrai pas en vous disant qu'on accueille très, très positivement ce projet
de loi là qui vise à mettre en place des
tribunaux spécialisés et aussi à imposer une formation aux juges. Je suis
certaine qu'on va réussir à adopter ce projet de loi là rapidement pour
qu'ensuite le ministre de la Justice puisse entreprendre ce très grand chantier de longue haleine avec la collaboration de tous les acteurs impliqués, qui vont devoir être impliqués, là, à
chaque étape du processus.
Mais,
évidemment, les tribunaux spécialisés, c'est une fraction du
travail qui doit être accompli pour que ça change. Il ne suffira pas de les créer.
Pour qu'un tribunal soit vraiment spécialisé, il faut une intégration des services,
et ça, ça ne relève pas nécessairement seulement du ministre
de la Justice, par exemple. Il faut aussi travailler sur le traitement des plaintes en amont du système de justice, comme en a
parlé ma collègue, là. Avant qu'on se rende aux tribunaux, il faut également
améliorer les services qui sont offerts, l'accompagnement et la
formation de tous les intervenants.
Donc, ce n'est pas seulement
par les tribunaux spécialisés que ça
va passer. C'est seulement
un maillon de toute la chaîne, là,
dont on est en train de parler avec ce projet
de loi là, et j'espère vraiment
que c'est le premier pas. J'espère que ce
n'est qu'un seul pas, là, dans toute la démarche qui doit être faite, parce que,
pour la rétablir, la confiance, il va falloir mettre en oeuvre les 190 recommandations. Puis les victimes, elles s'en souviennent que
le premier ministre, ici, au salon bleu, a pris position en faveur de
la mise en oeuvre des 190 recommandations. Les victimes
s'en souviennent, elles vont surveiller ça de près, avec beaucoup
d'assiduité.
Donc, nous, ici, on
s'attend à ce qu'il y ait des suites au rapport, mais des milliers de victimes
et leurs alliés partout
à travers le Québec s'attendent aussi à ça. Et ça va
prendre un suivi un petit peu plus serré, je pense, parce que les victimes veulent savoir où on en est pour chacune
des 190 recommandations. Elles voient, de temps à autre, que certains
pas sont franchis. Par exemple, elles applaudissent le dépôt de ce projet de loi, mais il y a encore un flou important sur bon nombre des recommandations et aussi sur l'échéancier que se donne le gouvernement pour mettre en oeuvre l'ensemble des recommandations.
Donc,
moi, je voudrais lancer une invitation au gouvernement, là, aujourd'hui, d'être transparent sur la mise
en oeuvre de l'ensemble des recommandations du rapport, de
nous dire, de dire aux victimes, de rendre accessible cette information-là, à savoir où on en est pour chacune des mesures, combien de
temps on pense que ça va prendre pour chacune
des mesures, pour que les victimes sachent à quoi s'en tenir puis qu'on puisse vraiment
travailler à rebâtir cette confiance-là,
qu'elles n'aient pas à multiplier les courriels, les demandes d'information, poser des questions tout le
temps pour savoir où on en est. Vraiment, pour rebâtir la confiance, ça
passe par davantage de transparence.
Donc,
c'est un appel que je lance au gouvernement. Je suis convaincue que les différents ministres
concernés par le rapport sont au travail, mais on a besoin de savoir
comment il avance, ce travail-là. Je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le
leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Mme la Présidente, afin de permettre à la députée de Joliette de prendre
la parole, étant donné qu'elle a dû s'absenter, là, pour des raisons
familiales, conformément aux dispositions de l'article 100 du règlement,
je fais motion afin d'ajourner le débat sur le principe du projet de loi n° 92, Loi
visant la création d'un tribunal spécialisé
en matière de violence sexuelle et de violence conjugale et portant sur la
formation des juges en ces matières.
Voilà.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Donc, en application de
l'ordre spécial, je vais inviter maintenant les leaders de chaque formation politique
à m'indiquer le vote pour leurs formations pour cette motion. M. le leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la leader de la deuxième opposition?
Mme Labrie :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Donc, cette motion est adoptée. M. le leader
du gouvernement.
Ajournement
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, je fais motion afin d'ajourner nos travaux à
demain, mercredi, 9 h 40.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous allons refaire le même
processus, nous allons voter. M. le leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la leader du deuxième groupe
d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie.
En conséquence, nous
ajournons nos travaux au mercredi 22 septembre 2021, à
9 h 40. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 26)