(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon mercredi matin. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique Déclarations de députés, nous
débutons avec Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Souligner le 40e anniversaire de l'organisme Un
Mondalire
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci, M.
le Président. Merci de me permettre
de prendre le temps de vous parler d'un organisme communautaire de mon
comté qui est situé tout près de mon bureau, au coeur du
Vieux-Pointe-aux-Trembles.
Un Mondalire fête déjà ses 40 ans. L'organisme
offre des services en éducation aux adultes, que ce soient des cours de grammaire, de politique ou de sciences
sociales. L'organisme offre un enseignement adapté à des personnes qui ne se
reconnaissent pas nécessairement dans le système d'éducation, mais qui aspirent
à améliorer leurs conditions de vie.
Un Mondalire offre aussi des activités de culture générale et de
l'accompagnement vers le marché de l'emploi en misant sur l'utilisation
des nouvelles technologies pour offrir une expérience unique aux participants.
Je veux donc souligner l'excellent travail de
cet organisme au cours des dernières décennies, particulièrement dans le cadre
de cette période de pandémie. Et je tiens à féliciter et à remercier très
sincèrement toute l'équipe pour leur engagement envers notre communauté. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la
députée de Vaudreuil.
Souligner le travail de l'organisme Le Versant, réseau
d'entraide
pour les personnes souffrant de troubles anxieux
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Alors, je souhaite souligner le travail
extraordinaire de l'organisme Le Versant, qui est un réseau d'entraide pour les
personnes souffrant de troubles anxieux, autant auprès des adultes,
adolescents, enfants de la région de Vaudreuil-Soulanges et des
environs.
L'anxiété affecte de nombreuses personnes depuis
toujours, et je ne vous apprends rien en vous disant que la pandémie et le
confinement ont causé beaucoup d'inquiétudes ces derniers mois.
Le Versant a
vu le jour en 2008 grâce à une équipe de bénévoles qui ont compris que
l'entraide était le secret pour apprivoiser leur anxiété. Depuis les
débuts, c'est 90 personnes qui ont donné de leur temps, leur coeur et leur
énergie à l'animation d'ateliers. Ils ont
aidé plus de 1 000 personnes
et animé au-delà de 200 groupes. Soulignons que les ateliers sont
coordonnés par d'anciens participants qui connaissent et comprennent les
troubles anxieux, devenant ainsi des pairs aidants.
Des
organismes comme Le Versant contribuent à redonner aux personnes ayant un
problème de santé mentale leur place de citoyens dans leur communauté. À
toute l'équipe du Versant, je vous dis bravo et surtout merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Vachon.
Rendre hommage à M. Richard Desjardins,
directeur général de la Maison Kekpart
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais rendre hommage à un
homme de coeur.
Le
3 mars dernier, il y a exactement une semaine, Richard Desjardins, de la
Maison Kekpart, à Longueuil, célébrait ses
30 ans d'implication comme directeur général de cette maison des jeunes.
Les témoignages d'amour arrivent de partout. Richard est un modèle pour
plusieurs jeunes qui ont fréquenté la Maison Kekpart au cours des
30 dernières années.
La Maison Kekpart est un lieu de rassemblement
pour les jeunes de Longueuil, mais c'est bien plus que ça. Via le projet Sans P ni E, sans proxénétisme ni
exploitation, la Maison Kekpart est bien impliquée dans la lutte et la
prévention contre l'exploitation sexuelle des mineurs.
Le 4 mars dernier marquait aussi la Journée
mondiale de la lutte contre l'exploitation sexuelle, mais c'est un combat qu'il faut mener toute l'année. À Longueuil
seulement, ce sont plus de 125 jeunes qui sont exploités
annuellement.
À toute l'équipe de la Maison
Kekpart, je dis merci. Merci d'être là pour nos jeunes. Et, Richard, je salue
ton dévouement. Je t'ai fait la promesse que
Kim ne sera jamais oubliée, et c'est en pensant à elle que la commission
spéciale a rendu son rapport. Merci beaucoup, Richard.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Nous poursuivons avec M. le député de Vimont.
Souligner le travail et les efforts des administrateurs et
des employés
de la résidence Le Marronnier pendant la pandémie de COVID-19
M. Jean Rousselle
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. C'est avec un immense bonheur que je souligne aujourd'hui de travail
des employés de l'administration de la résidence Le Marronnier.
Le
Marrionnier est une résidence privée de ma circonscription, la plus grande au
Canada, avec 1 690 aînés. Durant toute la pandémie, les
administrateurs et les employés se sont mobilisés pour permettre aux résidents
d'avoir à leur disposition des spectacles
virtuels, des bingos télévisés, du tricot à distance et plusieurs autres
activités pour leur permettre un
moment de répit dans cette situation qui les isole des gens qu'ils aiment. De
cette façon, ils ont su préserver au meilleur de leurs capacités la santé
mentale de leurs locataires, qui est en ce moment un sujet d'actualité très
préoccupant.
Je félicite donc la famille Morzadec ainsi que
leurs employés pour ces initiatives qui ont eu un grand succès. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Brome-Missisquoi.
Souligner le 40e anniversaire du Centre d'action
bénévole Aux 4 vents inc.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, M. le
Président. Je suis très fière de souligner les 40 ans du Centre d'action
bénévole Aux 4 vents de Waterloo.
Depuis 1981,
le centre d'action bénévole apporte soutien et accompagnement aux citoyens et
aux organismes de la région. Le
centre est fier de compter sur une équipe de 130 bénévoles actifs, qui
offre les services à la communauté dans quatre municipalités de La Haute-Yamaska.
Au cours de
ces quatre décennies, le centre a su innover dans son offre de services, dont
voici quelques exemples. Leur épicerie communautaire est la première du
genre à être implantée en Haute-Yamaska. L'équipe de la popote roulante livre des repas chauds au domicile des aînés. Le
bénévole est souvent la seule visite qu'ils auront dans la journée. Cet ange
gardien vient briser leur isolement et fait
également office de vigie, assurant leur sécurité. L'activité
intergénérationnelle Jeunes cuistots,
impliquant une quinzaine de bénévoles, met en contact des bénévoles aînés et
des élèves de cinquième année du primaire.
Félicitations
à la directrice Josée Archambault, à son équipe, au conseil d'administration et surtout aux bénévoles pour leur travail
exemplaire! Longue vie au Centre d'action bénévole Aux 4 vents! Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Les Plaines.
Rendre hommage au peintre André Roger
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Je choisis aujourd'hui de rendre hommage
à un homme d'exception, un homme dont
la passion pour l'art lui aura valu de devenir un peintre de renommée
internationale.
En effet,
M. André Roger a voué sa vie à son art. L'homme d'ambition et de défi
qu'il était n'a jamais cessé de rêver.
Ce peintre
autodidacte s'est rapidement fait connaître par son talent et aussi sa
rapidité. Connu comme étant le peintre le plus rapide au monde,
M. Roger détient 22 records Guinness à cet effet. Parmi ses nombreux
accomplissements, M. Roger a conquis le
Japon, où il a peint sous le regard de 60 millions de
téléspectateurs. Il fut également l'invité du célèbre animateur américain David Letterman. Son
oeuvre La mystérieuse, identique à l'endroit comme à l'envers, lui aura
pris 36 ans à peindre et est considérée comme un chef d'oeuvre.
M. Roger s'est éteint le 2 mars
dernier à l'âge de 84 ans. En plus d'être un peintre talentueux, il était
un homme exceptionnel. Je tiens à présenter
mes plus sincères condoléances à toute la famille de M. Roger, notamment
le conjoint d'une de mes attachées politiques qui était son neveu.
Merci, M. Roger, de nous avoir partagé votre vie...
Le Vice-Président (M. Picard) :
En terminant.
Mme Lecours (Les Plaines) :
...à travers votre art. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Jonquière.
Souligner l'ouverture du centre
commercial ÉcoQuartier à Jonquière
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. La Maison de quartier de Jonquière, une entreprise
d'économie sociale phare dans ma circonscription, a récemment déménagé ses
locaux et ouvert ce qu'on appelle l'ÉcoQuartier de Kénogami. Avec deux autres
organismes, l'Épicerie Halte-ternative et le Carrefour environnement de Saguenay,
avec l'implication des partenaires
gouvernementaux, municipaux, Desjardins, l'ÉcoQuartier offre des vêtements et
objets divers, des meubles, des livres, de l'épicerie, du matériel
informatique à la population. J'ai appuyé ce projet dès qu'il m'a été présenté
et suis heureux, aujourd'hui, de constater que l'énergie déployée par tous les
partenaires porte fruit.
Ce regroupement est
un projet structurant, pionnier dans l'économie circulaire. L'objectif est
d'offrir un environnement d'achat répondant
aux besoins des gens qui souhaitent modifier leurs habitudes de consommation en donnant une autre vie à des vêtements et objets usagés, en
se procurant des équipements informatiques remis à neuf, acheter des
aliments variés dans une épicerie accessible et abordable.
Je
souhaite féliciter les administratrices, les administrateurs de la Maison de
quartier de Jonquière, de l'Épicerie Halte-ternative, du Carrefour environnement pour avoir
ouvert ce nouvel ÉcoQuartier à Kénogami. Félicitations à l'ensemble des
travailleurs! Félicitations aux bénévoles! Félicitations à toute l'équipe!
Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Taschereau.
Souligner le travail de la
Maison de Lauberivière
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion : Merci, M.
le Président. Qui n'a jamais entendu
parler de Lauberivière, un des plus importants refuges en Amérique du
Nord?
Lauberivière, qui accueille les personnes en
situation d'itinérance depuis tellement longtemps et avec tellement d'amour,
vient de réussir son gros déménagement. Ça a nécessité des années de travail,
de planification, d'overtime pour tellement de monde. Puis je pense, en pensant à tous ceux qui sont
derrière Lauberivière, à la phrase de Félix Leclerc qui dit : Aider, c'est
aimer.
C'est des êtres comme
toi, Éric Boulay, et toute ta gang qui avez réussi, avec votre huile de bras,
avec votre espèce de «spring» multicolore en arrière du regard puis derrière
les membres, pour réussir à lever tout ça puis à faire marcher ça. C'est vous, qui mettez tellement d'amour dans la ville de Québec et dans ces gens, que je voudrais aujourd'hui remercier et honorer. Merci d'être là. Sans vous, je
ne sais pas ce que la ville de Québec ferait.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bertrand.
Saluer l'entraide et la
solidarité des citoyens de la circonscription
de Bertrand lors de l'incendie de la Résidence Sainte-Anne
Mme Nadine Girault
Mme Girault : Merci, M.
le Président. Dimanche dernier, dans
ma circonscription, un incendie a fait rage à la Résidence Sainte-Anne, de Rawdon, et a forcé l'évacuation de
161 résidents. Heureusement, aucun décès ni blessé grave.
Je veux saluer la
belle solidarité de la communauté qui a permis de relocaliser les aînés à
vitesse grand V et surtout dans le
calme. J'aimerais remercier en particulier les pompiers et ambulanciers de
Rawdon et la SQ, de même que les
employés municipaux et le maire Bruno Guilbault, le Groupe Champlain et le
groupe gestion Lepage, Mme Barbir et toute l'équipe du
CISSS-Lanaudière, tous les employés de la résidence, les bénévoles, les
citoyens qui se sont déplacés pour prêter
main-forte, les pharmaciens et techniciens de Familiprix, le Tim Hortons et le
IGA Famille Guilbault pour les boîtes
à lunch. Et, enfin, merci à ma collègue la ministre des Aînés et des Proches aidants, qui s'est aussi déplacée sur
les lieux.
Vous
êtes les héros qui ont fait la différence pour les personnes et les familles
touchées par ce drame. Merci. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Jacques-Cartier.
Rendre hommage aux travailleurs
et aux bénévoles de la
campagne de vaccination contre la COVID-19
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci, M. le Président. Au cours de
l'année dernière, nous avons souvent entendu dire que le vaccin est la lumière
au bout du tunnel. Alors que le vaccin fait l'objet de nombreuses discussions,
les travailleurs des sites de vaccination de masse se mettent en oeuvre dans
l'ombre.
Mr. Speaker, health care workers and
volunteers have answered the call to organize their province's vaccination sites to ensure smooth operations through the most
important vaccination campaign of our lifetime. They are making history.
Aujourd'hui, je me lève dans cette Chambre, je pense à ces personnes courageuses
qui nous aident dans ce combat. Je
tiens également à remercier les compagnies de transport qui
aident les personnes âgées qui ont besoin d'être transportées vers les
sites de vaccination. Sans elles, certaines personnes âgées
seraient abandonnées.
The Bob-Birnie Arena, my riding's
vaccination center, has brought hope to many, Mr. Speaker. This hope is
indeed needed after
a long year of suffering. Thank you to Mayor John Belvedere, his council on the
West Island health and social services agency, particularly Mme McVey and
Mme Toledano's team at the Bob-Birnie Arena, for making this possible
in my riding.
Merci à toutes et tous qui contribuent au succès de la campagne de
vaccination. La société québécoise vous sera à jamais endettée, une dette
que nous ne pourrions jamais oublier.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Merci, M. le député.
Je
tiens à faire un rappel général en disant que la durée est d'une minute pour
chaque déclaration. Je ne vise pas personne en particulier, mais il y a
eu quelques excédents ce matin.
Donc, cela met fin à
la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 3)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, en cette belle journée ensoleillée, bonjour.
Prenons quelques
instants pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
Rapport
annuel du Vérificateur général
À
la rubrique Dépôt de documents, d'abord, je dépose le rapport du Vérificateur général du Québec à l'Assemblée
nationale pour l'année 2020-2021, tome de mars 2021.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
Nous en sommes à la
rubrique Dépôt de pétitions, et je reconnais M. le député de Gouin.
Octroyer
une prime au personnel professionnel et technique de la santé
et des services sociaux touché par la pandémie de COVID-19
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 9 443 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la prime COVID de 8 % et celle dite "escalier" pouvant
atteindre 1 000 $ visent respectivement à compenser les salariés du réseau de la santé et
des services sociaux aux risques inhérents au contact de personnes infectées
par la COVID-19 et à favoriser leur attraction et leur rétention dans les
établissements désignés COVID;
«Considérant que
plusieurs professionnels et techniciens, dont ceux et celles du plateau
technique de l'imagerie médicale, de la
médecine nucléaire, de la radio-oncologie et de l'électrophysiologie médicale,
sont exposés aux mêmes risques que leurs collègues qui reçoivent ces
primes;
«Considérant
que les salariés du plateau technique des laboratoires de biologie médicale
sont en contact avec les prélèvements
de personnes infectées par la COVID-19, même s'ils ou elles ne travaillent pas
forcément dans un établissement désigné COVID;
«Considérant que ces
plateaux techniques sont au coeur d'une grande partie des activités
hospitalières;
«Considérant
qu'en refusant de verser des primes de 8 % et/ou "escalier" à
ces salariés le gouvernement du Québec maintient une injustice
inacceptable;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec de :
«Verser
rétroactivement au 4 avril 2020 la prime de 8 % et au
10 mai 2020 la prime "escalier", dans les établissements
désignés COVID, au personnel professionnel et technique qui y a droit;
«Créer
une prime à leur mesure et leur verser de façon rétroactive au
10 mai 2020 s'il considère que les critères et objectifs des primes
de 8 % et "escalier" ne correspondent pas à leur réalité.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Et cet extrait de pétition est maintenant déposé. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Rembourser
les appareils et accessoires nécessaires
aux traitements pour l'apnée du sommeil
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 501 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que, selon l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux — l'INESSS — plus ou moins 3,5 % des femmes et 5 % des hommes adultes d'âge
moyen au Québec sont atteints de l'apnée obstructive du sommeil;
«Considérant que,
chez l'adulte, le traitement de référence est la thérapie par pression positive
continue — PPC
ou CPAP;
«Considérant
que, selon l'Association pulmonaire du Québec, le coût élevé des appareils et
de ses accessoires — entre
1 500 $ et 2 200 $ — empêche plusieurs milliers de
personnes sans assurance privée de recevoir ce traitement primordial;
«Considérant que près
de 30 % des gens atteints et non traités peuvent développer des problèmes
cardiaques, d'hypertension artérielle, de dépression et sont plus à risque
d'AVC;
«Considérant que,
selon l'INESSS, traiter l'apnée du sommeil permettrait de réaliser des
économies, en plus de sauver des vies;
«Considérant que
quelques provinces canadiennes et de nombreux pays remboursent les frais des
appareils et des accessoires pour le traitement de l'AOS dans leur régime
public d'assurance maladie;
«Considérant que,
selon l'Association pulmonaire du Québec, personne n'a la même réalité
économique et personne ne mérite d'être disqualifié à cause de cette réalité
lorsqu'il est question de sa qualité de vie, surtout, en lien avec l'essentiel
traitement de l'AOS;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec que l'achat d'un appareil à
pression positive continue — PPC — et de ses accessoires soit remboursé en
entier par la Régie de l'assurance maladie du Québec, ainsi que le
remplacement annuel des masques et tubulures.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Et cet extrait de pétition est également déposé. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Réviser
les critères d'admissibilité à la bonification du Régime québécois
d'assurance parentale afin que tous les prestataires puissent bénéficier
de l'aide supplémentaire accordée à partir du 27 septembre 2020
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 4 009 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que la
pandémie de la COVID-19 a frappé durement les familles québécoises depuis le
mois de mars 2020;
«Considérant que, depuis cette date, nombreuses sont les
familles qui ont dû arrêter de travailler ou qui ont subi une diminution d'heures de travail en raison des
mesures prises par nos gouvernements, voyant ainsi leurs revenus affectés;
«Considérant que celles-ci ont vu leurs prestations du Régime québécois d'assurance parentale diminuer, puisqu'elles se basent sur le
revenu travaillé durant les semaines précédant le congé;
• (10 h 10) •
«Considérant que le gouvernement
a bonifié le montant minimum du RQAP à 500 $ par semaine pour venir en
aide à ces familles, et ce, à compter du 27 septembre 2020;
«Considérant que
cette aide est offerte rétroactivement à compter de cette date;
«Considérant que les
prestataires du RQAP ayant fait leur demande après le 27 septembre ont
droit à la bonification;
«Considérant que les
prestataires ayant fait leur demande avant le 27 septembre se trouvent
pénalisés puisqu'ils n'ont pas droit à celle-ci;
«Considérant que,
face à cette iniquité, une pétition a circulé sur les réseaux sociaux et a
recueilli plus de 7 500 signatures;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«La
révision des critères d'admissibilité à la bonification du RQAP afin que toutes
les familles prestataires puissent bénéficier de l'aide supplémentaire
susmentionnée, et ce, rétroactivement à compter du 27 septembre 2020,
de manière à inclure celles dont les prestations ont débuté avant cette date.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le
Président : Merci. Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Accès
aux services en santé mentale
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Dès le début de la crise, on l'a dit, l'angle mort de
la pandémie, c'est la santé mentale.
Et on a dit qu'il y avait un iceberg en avant de nous et qu'il fallait tout
faire pour éviter le pire. C'est pour ça
que, le 8 octobre dernier, notre formation politique a proposé qu'il y ait
un programme d'accès universel à la psychothérapie qui soit mis en place. Ça fait maintenant cinq
mois presque jour pour jour que nous attendons le retour du gouvernement.
Pourtant, le premier ministre avait montré
une certaine ouverture au moment de la proposition. Et, si on avait pris la
décision il y a cinq mois, on serait en bien meilleure posture
aujourd'hui.
Jour
après jour, les appels à l'aide se multiplient. Semaine après semaine, de
nouvelles données démontrent les effets néfastes sur la santé mentale de
la situation actuelle.
Plus
récemment, les données ont montré l'impact sur les femmes. Elles se sentent
plus stressées. Leur charge mentale est alourdie. Elles sont plus
isolées. On ne peut tout simplement pas rester les bras croisés.
Le
premier ministre veut toujours que l'on fasse des propositions, comme
opposition, mais après il ne donne pas suite aux propositions. Le
ministre des Finances a annoncé qu'il présenterait son budget le 25 mars
prochain.
Est-ce
que le gouvernement caquiste va répondre de manière favorable à notre demande
et annoncer dans son budget un programme d'accès universel à la
psychothérapie?
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Merci beaucoup, M. le Président. C'est un sujet
très, très important et très préoccupant et inquiétant que soulève la cheffe de
l'opposition officielle ce matin, un sujet sur lequel, d'ailleurs, on revient
souvent... pardon, qu'on a d'ailleurs
souvent l'occasion d'aborder, que ce soit dans nos communications publiques ou
dans les divers échanges, publics ou
privés, que nous avons au sein de l'équipe gouvernementale, et qui est pilotée,
comme tout le monde le sait, par mon collègue ici, à ma gauche, ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux, un sujet qu'il prend très au
sérieux, je pense que personne ne met en
doute l'humanisme et la compétence du ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux, qui fait en sorte
qu'avant la pandémie, M. le Président, nous avions déjà ajouté
130 millions de dollars dans les soins en services de santé mentale, dont 110 millions récurrents. Et nous
avons, depuis le début de la pandémie, ajouté énormément d'argent encore, 163,5 millions, pour des
services, parce qu'un des effets, un des contrecoups déplorables, dévastateurs,
même, je dirais, de cette pandémie, c'est
sur la santé mentale de nos citoyens, et notamment la santé mentale de nos
jeunes, M. le Président, qui nous préoccupe extrêmement au quotidien.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : C'est la raison pour laquelle on a, entre autres,
annoncé des assouplissements dans le sport au cégep et à l'université.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. La vice-première ministre ne répond pas à la question
qui est spécifique par rapport à
l'accès universel à la psychothérapie. Près de 20 % de nos jeunes
Québécois évaluent que leur santé mentale est soit mauvaise ou très mauvaise. Près de 40 % de nos jeunes
adultes se disent malheureux aujourd'hui. Il y a urgence d'agir et poser
des gestes significatifs.
La
question : Est-ce que, oui ou non, le gouvernement caquiste va annoncer
l'accès universel à la psychothérapie dans son budget?
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Donc, M. le Président, il y a, parmi les sommes dont j'ai parlé tout à l'heure,
des sommes importantes qui ont été
consenties précisément pour l'achat de services en psychothérapie au privé,
pour permettre de faire diminuer les listes
d'attente. Il y a aussi de l'argent qui a été donné au ministère de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur pour ce
groupe d'âge des jeunes de 17 à 25 ans, dont j'ai dit tout à l'heure...
dont on s'inquiète parce qu'ils ont été en télé-enseignement depuis
tellement longtemps maintenant.
Il faut dire,
M. le Président, qu'à notre arrivée... Et, là encore, comme dans bien d'autres
sujets, je dois revenir sur l'héritage libéral, parce qu'à notre arrivée
non seulement il y avait beaucoup de gens en attente de services au public, mais il n'y avait même pas de liste d'attente puis
d'indicateur clair sur le suivi des attentes pour des services en santé
mentale.
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault : Donc, mon collègue a mis sur pied un système de
suivi, et 21 % de diminution de 2020 à cette année.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, ça ne peut pas toujours être la faute des autres, M. le
Président. Ce qui est annoncé, ce
n'est ni suffisant, ce n'est ni universel. Les problématiques de santé mentale
ont des conséquences sur toute la société. On doit se donner les moyens
nécessaires pour vaincre la pandémie.
Le premier
ministre devait étudier la proposition. Est-ce qu'il a étudié cette proposition
et est-ce qu'il va y donner suite?
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : M. le Président, donc, comme je le disais, il y a
déjà énormément d'argent et de mesures qui sont mis en place pour
favoriser les soins en santé mentale. On est d'accord sur le fait que c'est
l'angle mort, c'est pour ça qu'on a mis en
place autant de mesures et qu'on a mis en place autant d'argent
pour ces services-là. C'est très important.
Mais ce qu'il faut faire aussi, M. le Président,
c'est de rappeler aux gens de ne pas hésiter à demander de l'aide. Je vais
terminer là-dessus parce que c'est ça, le message important. Il y a des gens
qui peuvent avoir besoin d'aide, qui peuvent
se sentir seuls, se sentir isolés, déprimés, entre autres, à cause des
effets de la pandémie, et c'est très important que ces personnes-là, jeunes
ou moins jeunes, aient accès à des services. Et donc...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...j'invite tous ceux qui en ont besoin à demander de l'aide, M. le Président.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, c'est bien que la vice-première ministre dise qu'il faut demander de l'aide, mais ce qu'on
doit savoir aujourd'hui, c'est que les délais pour une personne
en crise peuvent aller de 18 à 24 mois. Il est là, l'enjeu. Pour un grand nombre de Québécois,
leur avenir est réellement en danger. Alors, qu'attend le gouvernement caquiste? À situation extraordinaire
une réponse extraordinaire.
Notre proposition, elle est prête, elle est valable, elle tient la route. Pourquoi
ne pas y donner suite? Pourquoi ne pas saisir l'occasion dans le prochain budget?
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Oui, M. le Président. On a déjà mis beaucoup d'argent, comme je l'ai dit, et on
a surtout réorganisé les services pour favoriser une meilleure accessibilité, parce
que, cet intérêt-là soudain, prononcé et tout à fait justifié, de la cheffe de l'opposition officielle, ça aurait été intéressant qu'il se soit
manifesté au temps où ils étaient au gouvernement par le
député de La Pinière pour faire en sorte qu'on n'arrive pas avec 25 000 personnes qui sont en attente
de services.
Donc, M. le
Président, grâce à l'action vigoureuse de mon collègue, on a réussi à faire au
moins diminuer la liste de 21 %.
Est-ce que c'est suffisant? Certainement pas. Il y a encore trop de gens en
attente. Mais on est au travail pour favoriser l'accessibilité aux
services de soins.
Et la cheffe me parle du budget. Bien sûr que je
ne peux pas révéler ce qu'il y aura dans ce budget...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...mais je l'invite à suivre la chose de près le 25 mars.
Le Président : Question
principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Vaccination du personnel
soignant dans les résidences pour aînés
M. André Fortin
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Depuis un an, depuis
le début de la pandémie, le personnel en santé fait tout en son pouvoir,
des fois avec les moyens du bord, pour protéger nos plus vulnérables, pour
protéger les personnes âgées et les
Québécois qui sont les plus malades. Maintenant, c'est au tour du gouvernement
de s'assurer qu'eux aussi, les travailleurs de la santé, sont protégés.
Dans la
foulée de l'éclosion au CHSLD Lionel-Émond, à Gatineau, on a appris que
40 %, seulement 40 % des employés étaient vaccinés, parce que la
majorité avait refusé le vaccin. Dans la foulée de l'éclosion à la Résidence Louise-Vachon,
à Laval, on a appris que seulement 20 % des employés avaient accepté le
vaccin. 20 % des employés vaccinés, ça
veut dire que quatre employés sur cinq ne le sont pas. Et la seule réponse du
ministre de la Santé, c'était : On va en parler aux syndicats. La réponse de la ministre
responsable des Aînés? Elle fait une entrevue à la radio et elle lance aux
employés un «faites-vous donc vacciner». Ça ne suffit pas, M. le Président.
C'est la responsabilité du gouvernement de travailler à ce que ces
employés-là soient vaccinés.
Est-ce que le
gouvernement a un plan détaillé pour assurer la vaccination d'un grand nombre
d'employés du réseau? C'est quoi, la cible? Et quelles mesures précises
ils vont prendre pour y arriver?
Le Président : M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Je remercie le député
de Pontiac de sa question, puis c'est un très bon point.
Je pense que
ce qu'il faut dire, c'est que la vaccination pour nos employés,
c'est quelque chose de clé, et on les encourage à se faire vacciner. On fait de la promotion pour la
vaccination de tous nos employés et on voit que la réponse à la
vaccination ne fait qu'augmenter.
Évidemment, au début de la campagne de
vaccination, il y avait une certaine hésitation par certains de nos employés, mais, maintenant qu'on voit que le
vaccin est bien toléré, que le vaccin est efficace, on voit que la demande de
nos employés ne fait que croître. Maintenant,
on invite, encore une fois, tous nos employés à se faire vacciner, surtout
ceux qui travaillent auprès des populations vulnérables.
Ce qui s'est
passé dans ces deux institutions qu'il a mentionnées ne doit plus se répéter.
Et la façon de vaincre ça, c'est
vraiment que la vaccination universelle puisse se faire le plus rapidement
possible. Et les vaccins sont disponibles, et on va les donner à nos
employés, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Lundi, la ministre
responsable des Aînés a dit : Bien, on va envoyer plus de vaccins en Outaouais pour les employés du
réseau, mais vous pouvez envoyer plus de vaccins, ils ont déjà refusé de se
faire vacciner. Alors, à moins d'une réelle stratégie pour les convaincre des
bienfaits de la vaccination, on n'avancera pas.
Ce qu'on veut, M. le Président, c'est un plan
complet, avec des stratégies ciblées, des mesures, des objectifs mesurables,
des dates butoirs, pas juste des phrases creuses comme : Allez donc vous
faire vacciner, s'il vous plaît.
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Ce que je comprends, M. le Président, c'est que le député
et leader aimerait qu'on force le personnel
à se faire vacciner. Or, selon l'INSPQ, on est passé de 57 % à 76 %
d'intention de se faire vacciner de la part du personnel de la santé et
des services sociaux. Il y a une évolution qui se fait.
Quand le député parle que le ministre de la
Santé doit rencontrer les syndicats, il l'a fait, et les syndicats vont travailler également pour faire en sorte de
sensibiliser le personnel à se faire vacciner. Justement, à Lionel-Émond, les
gens ont accepté davantage de se faire vacciner. Il y a aussi une
campagne de dépistage qui a commencé...
• (10 h 20) •
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : ...du 9
au 11 mars, à Lionel-Émond, et la vaccination prend son envol.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. Si les gens ne vont pas
se faire vacciner, là, c'est parce qu'il y a des doutes, parce qu'il y a
des craintes. On ne peut pas juste leur répéter d'y aller et espérer que, parce
qu'il y a un sondage favorable, ils vont nécessairement s'y rendre. Il faut
répondre à ces craintes-là avec des campagnes de sensibilisation, des partages
d'information sur le vaccin, des explications sur les effets bénéfiques, des
moyens de rejoindre tous ces employés-là, M.
le Président. Jusqu'à maintenant, là, la seule stratégie du gouvernement, ça a
été d'envoyer des vaccins puis d'espérer que les travailleurs vont les
prendre.
Le plan A, si je peux appeler ça un
plan A, n'a pas fonctionné. C'est quoi, le plan B?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, la campagne de sensibilisation
est déjà partie auprès du personnel de la santé. Puis, vous savez, dans la vie, parfois on peut dire non, puis par
la suite notre idée peut évoluer, et c'est tant mieux. De dire au personnel : Vous
travaillez auprès des personnes les plus vulnérables de notre société,
faites-vous vacciner à la fois pour vous protéger mais aussi protéger
les personnes avec qui vous travaillez, c'est important.
Mais il faut
rappeler qu'il y a aussi une charte
des droits et libertés de la personne. Alors, est-ce qu'on force les employés à se faire vacciner ou si on y va, pour
commencer, avec toute cette sensibilisation qui sera faite de la part des
intervenants dans les CISSS et les CIUSSS...
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : ...et de
la part des syndicats?
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Gestion de la pandémie de
coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, M. le Président. Le problème au CHSLD Lionel-Émond, il va encore plus
loin que les enjeux de vaccination dont mon collègue vient de parler.
Depuis deux semaines, deux semaines, il y a une éclosion qui est en cours, plus de 40 résidents qui
sont infectés de la COVID, 16 employés. Et hier s'est ajouté au triste
bilan un cinquième décès.
Les autorités
locales se sont dites déjà, il y a plus d'une semaine, complètement dépassées
par la situation. Et ça aura pris
deux semaines, une intervention de notre part pour que le gouvernement, la
ministre des Aînés finissent enfin par envoyer un «SWAT team».
M. le Président, la ministre des Aînés, elle a
avoué il y a quelques mois que son gouvernement avait échoué à protéger les
aînés en CHSLD. Qu'est-ce qu'elle nous dit maintenant? Pourquoi, un an plus
tard, la même situation se reproduit de
nouveau au CHSLD Lionel-Émond? Pourquoi encore des morts dans des CHSLD?
Qu'est-ce qu'elle dit aux familles des cinq résidents qui sont décédés
dans ce CHSLD?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) :
Premièrement, on offre nos plus sincères condoléances de la part du
gouvernement. La personne qui vient de décéder était en fin de vie aussi.
L'espérance de vie dans les CHSLD est deux ans en moyenne.
Maintenant,
on a envoyé une équipe SWAT, une équipe SWAT avec une docteure, une
spécialiste, il y en avait trois; Valérie
Laplante, du CHU de Sainte-Justine, qui a remarqué que les méthodes de
protection, et de prévention, et de contrôle des infections étaient mises en place correctement. Et il faut dire
qu'il y a 16 personnes qui ont récupéré vendredi dernier et qu'il y
a 14 autres personnes qui ont récupéré lundi.
Alors,
écoutez, on a pris ça en main. Puis il y a un évaluateur aussi qui était sur
place mardi, qui va faire un rapport au ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Donc, la ministre, non seulement elle aura pris deux semaines à réagir, elle
est en train de nous dire : Tout
va très bien, Madame la Marquise, il n'y a pas d'enjeu dans un CHSLD où des
gens qui sont grabataires dans leurs chambres, il y en a 42 qui sont infectés de
la COVID. Ne venez pas me dire qu'il n'y a pas de problème. Ne venez pas
me dire que les protocoles de protection d'infection... contrôle des infections
sont adéquats. Ce n'est pas possible. Il y a un enjeu.
Qu'est-ce que la ministre va faire? Et pourquoi
elle a autant tardé pour agir?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Je ne
suis pas d'accord avec la question de ma collègue, je vais vous dire pourquoi. Parce que le CISSS de l'Outaouais a mis en place
des mesures au niveau de la prévention, de contrôle des infections. On a
formé 18 000 champions, on a
changé nos façons de faire, on a envoyé une équipe SWAT du CHU de Saint‑Justine
pour s'assurer que les meilleures pratiques étaient mises en place et
pour améliorer, s'il y avait quelque chose à faire.
J'ai mentionné tout à l'heure qu'il y a
16 personnes qui ont récupéré vendredi et qu'il y a 14 personnes qui
ont récupéré lundi. Alors, il y a quand même des personnes qui ont récupéré.
Le Président : En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : Et toutes les personnes qui étaient atteintes de la COVID
étaient sur le même étage, donc c'était contrôlé.
Le Président : Deuxième complémentaire,
Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je ne peux pas vous dire à quel point je trouve
ça déconnecté, la réponse qui est en train de m'être faite par la ministre
des Aînés. Non seulement elle n'a pas réagi à temps, en plus de ça elle est en
train de nier la gravité d'une situation
qu'il y a dans un CHSLD. Je lui rappelle : cinq décès,
16 employés infectés, en plus dans un CHSLD où il y a déjà des
enjeux de personnel. Un D.G. sur place, c'est censé être la panacée? Mais qu'est-ce
qu'il a fait, le D.G.? Qu'est-ce qu'il est venu changer?
Comment ça se fait qu'il y a encore des CHSLD,
au Québec, où il y a des décès?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Ce qu'elle ne
dit pas, la députée, c'est que 96 % des personnes avaient été
vaccinées une première fois, dans ce
CHSLD. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a 41 % du personnel qui a été vacciné, donc
60 % du personnel qui n'avait pas accepté de se faire vacciner.
C'est un employé asymptomatique qui est arrivé puis qui a fait en sorte qu'il y
a eu une infection.
Ce n'est pas
parce qu'on est vacciné qu'on est immédiatement immunisé, ça prend quand même plusieurs
journées. Mais, à un moment donné, on a mis en place les mesures nécessaires
pour faire en sorte de diminuer, de faire en sorte qu'il y ait moins de
mortalité. Oui, c'est dommage qu'il y ait eu des morts. Un mort, c'est déjà un
mort de trop...
Le Président : En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...c'est déjà un
mort de trop. Mais actuellement c'est sous contrôle, puis il faut le dire aussi.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Duplessis.
Hausses de loyer dans les
résidences privées pour aînés
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le
Président. Il y a un nombre important de nos aînés qui vivent dans une situation
précaire, c'est 60 % des aînés de
65 ans et plus qui ont un revenu de moins de 30 000 $. Et, au
cours des deux prochaines années, M. le Président, il va y avoir 70 nouvelles résidences privées pour aînés, mais il
n'y a aucun contrôle de l'augmentation
des baux locatifs durant les cinq premières
années d'une résidence. Nos aînés emménagent dans une résidence neuve avec
un certain loyer, avant de subir, en toute
légalité, une augmentation très abusive. On a vu récemment qu'on pouvait
aller jusqu'à 20 % d'augmentation, ce qui représente 450 $ par
mois, M. le Président. Ce n'est pas rien.
Donc, moi, ce
que je demande, je demande à la ministre des Aînés si elle peut corriger cette
situation afin d'appliquer les mêmes règles que le Tribunal
administratif du logement aux nouvelles résidences privées pour aînés.
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Ce que je vais répondre à la députée, parce que c'est une
question extrêmement pertinente, on
travaille depuis maintenant plusieurs mois, le ministère de la Santé et des
Services sociaux, avec le ministère de l'Habitation et le ministère des Finances pour faire en sorte
de revoir l'ensemble des conditions qui concernent, entre autres, le bail et l'annexe
au bail. Pourquoi le bail? Parce que le bail était complexe, était long, et le
Protecteur du citoyen a demandé au gouvernement, en 2016, de le
modifier, ce que nous sommes en train de faire. Il est terminé, d'ailleurs, on
est rendus à la fin de ça.
Maintenant,
pour les questions de plaintes, on a mis en place, au mois d'avril, les centres
d'assistance et d'accompagnement aux plaintes pour, justement,
accompagner les personnes qui voient que leurs augmentations de loyer sont
excessives. Alors, on travaille pour faire
en sorte de préserver le plus possible nos aînés. On le sait, vivre avec un
revenu de retraite dont... ça n'augmente pas à chaque année.
Alors,
on travaille sur tous ces fronts-là. Puis prochainement on va arriver à la fois
avec un nouveau bail et l'annexe au
bail, qui va comprendre les coûts et les services, pour faire en sorte de
pouvoir calmer le jeu et faire en sorte que nos personnes aînées soient
en sécurité.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard :
M. le Président, en plus des hausses de loyer qui n'ont pas de bon sens, là, ça
peut aller jusqu'à 450 $, je vous l'ai
dit, c'est inacceptable, on a encore des augmentations, dans certaines RPA, là,
parce qu'ils chargent des services,
qu'on pense... Monter un repas dans un appartement, 7 $. Distribuer des
gouttes ou appliquer les gouttes dans les yeux, 9 $. Prise de tension, de température, 11 $. Mettre ou
enlever des bas pour hypertension, 24 $. Il y a tout ça, M. le
Président. Et, la ministre, ce qu'elle nous dit, c'est qu'elle va...
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, à vous... Non. Je
m'excuse, Mme la ministre de l'Habitation, je tournais vers là, mais je m'en
vais vers là. À vous la parole.
Mme Andrée
Laforest
Mme Laforest :
Oui, c'est moi. Oui. Merci, M. le Président. En fait, ça me concerne
énormément, ça me touche énormément parce que, depuis deux ans, au ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation, on a le bail... on le voit, le bail, également, avec ma collègue qui
travaille pour les aînés, et ça touche également mon collègue aux Finances,
parce que, dans un bail, pour les résidences
pour aînés, il faut comprendre qu'il y a une partie qui est payée pour
l'habitation, la brique, le logement,
et, oui, vous avez raison, il y a une partie qui est payée pour les services,
comme vous le dites, les bains, les
repas. Est-ce que c'est correct d'avoir un bail comme ça? Et nous, on a
travaillé en équipe, les trois ministres, pour avoir un bail complet, qui touche les services d'un côté et le logement,
l'habitation, la brique, de l'autre. Merci, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard : M. le Président, là, il y a une véritable anarchie réglementaire et
tarifaire dans les résidences privées pour
aînés, puis le gouvernement, il n'a aucune recommandation pour changer ces
pratiques-là à court terme, à court terme.
Moi,
ce que je demande, M. le Président... Il y a une ministre responsable des Aînés
ici, en cette Chambre, c'est sa
responsabilité. Je lui demande qu'elle s'occupe des hausses de loyer — on va parler clair — qui n'ont pas de bon sens puis des tarifs
qu'on charge pour des bas de contention, pour monter des repas. C'est sa...
Le Président :
Mme la ministre de l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Bien, nous, on travaille en équipe, M. le Président, et c'est ce qu'on fait
avec les baux dans les résidences pour
aînés. On a donné, comme ma collègue le disait, 3,2 millions pour les centres
d'assistance et d'accompagnement aux
plaintes. Dans le projet de loi n° 16, qu'est-ce qu'on a
fait, c'est qu'on a permis aux aînés, justement, d'aller faire une demande au Tribunal administratif du logement,
accompagnés d'un tiers. Et également, dans le projet de loi n° 67, s'il y
a des hausses de loyer vraiment
énormes pour plusieurs locataires, maintenant, grâce au projet de loi n° 67, ils peuvent faire des
demandes communes, seulement une demande pour tous les locataires de la
résidence pour aînés. On travaille. Et la hausse qui est justifiée pour
cinq ans, on est en train de la baisser aussi, on va la diminuer.
Le Président :
En terminant.
Mme Laforest :
Alors, le travail est fait.
Le Président : Question
principale, M. le député de Rosemont.
Investissement du gouvernement dans Alstom Canada inc.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Hier, le ministre de l'Économie a volé au secours d'une
autre pauvre multinationale, cette fois-ci
Alstom, à hauteur de 56 millions. Je cite le ministre sur son cadeau à
Alstom, j'ouvre les guillemets : «C'est
très peu d'argent pour le bénéfice que le Québec peut en tirer si,
effectivement, Alstom fait de la province de Québec le chef de file nord-américain dans les trains
durables.» M. le Président, deux conditionnels, ça n'a jamais donné un
indicatif présent.
L'an
dernier, le ministre, le même, est allé chercher des garanties verbales auprès
d'Airbus dans l'achat de la CSeries de
Bombardier. Est-ce que le ministre va nous refaire le coup, se lever en
Chambre, ici, puis nous dire qu'il est allé chercher des engagements
verbaux, cette fois-ci d'Alstom?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, merci pour la question. Puis je suis heureux de dire que nous
sommes très heureux de cette transaction qu'on a annoncée hier.
Je
vais commencer en disant... à dire qu'Alstom, quand ils ont acheté
Bombardier Transport, a pris trois engagements formels par écrit,
engagements pour lesquels on n'a pas eu à débourser de l'argent. Le premier
engagement, c'est que le siège social d'Alstom pour les Amériques va être au
Québec. Le deuxième, c'est que le centre d'excellence de design industriel va être aussi établi ici, au Québec,
pour les Amériques. Troisièmement,
les deux usines opérationnelles, La Pocatière et Sorel, vont être bonifiées. Alors, on a une
situation où on a un détenteur d'un actif qui va nous permettre que le Québec
joue un rôle primordial dans l'économie nord-américaine du transport.
Deuxièmement,
La Pocatière fait face à une situation où il n'y a plus de contrat.
Alstom, dans son arsenal de contrats internationaux, est capable de délocaliser
des contrats à l'extérieur du Québec au Québec. Quand on a su qu'Alstom voulait...
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...mettre à pied 300 personnes, nous avons réagi.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Je présume qu'on a des engagements verbaux pour
le retour des emplois ici, à La Pocatière. Je ne les ai pas vus, en
tout cas. C'est vrai qu'ils sont verbaux, ça fait qu'on ne peut pas les voir.
Alstom, M. le
Président, c'est une entreprise multinationale qui fait plusieurs centaines de
millions de profits. C'est une entreprise
dans laquelle la Caisse de dépôt a mis 4 milliards. Ça va, là, c'est bon, M. le Président, il n'y aura pas de téléthon pour Alstom, là, ça va.
Est-ce que le ministre
de l'Économie pourrait mettre le même empressement à entendre et agir quand les
petits commerçants se lèvent et demandent de l'aide?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Deux choses qui ne sont pas du tout reliées.
Premièrement,
les engagements d'Alstom sont contractualisés. Hier, j'ai bien expliqué, le
député n'a probablement pas écouté, nous avons prêté 56 millions à Alstom,
qui va être pardonnable si les emplois sont maintenus. Donc, il n'y a aucun risque financier parce que, s'il s'avérait
qu'Alstom n'aurait pas de contrat à La Pocatière, le 56 millions va nous
revenir avec un taux d'intérêt. Par
contre, l'engagement, c'est qu'il y ait des contrats d'Alstom à l'extérieur qui
vont être donnés à La Pocatière.
Donc, la substance de l'intervention financière, elle est parfaite pour
protéger le gouvernement et d'assurer...
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...la pérennité d'une entreprise, qui a des employés qui le méritent.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Aucun risque avec une multinationale. On n'a jamais vu ça avant, on n'a jamais
vu ça avant, au Québec. Le problème, là, M.
le Président, c'est que nos petites entreprises crient à l'aide, et le ministre
affirme que soit elles
n'ont pas besoin d'aide, soit qu'elles comprennent mal les programmes. Pendant
ce temps-là, les multinationales, elles, reçoivent de l'aide, des
millions, alors qu'elles ne le demandent même pas, M. le Président.
Alors,
il est où, le fameux signal du ministre pour les petites entreprises, notamment
les restaurateurs, qui se font égorger par une autre multinationale,
Uber?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Comme dans le cas d'Alstom, les faits qui sont présentés par le député sont
faux. J'ai l'occasion...
Une voix :
...
Le
Président : Je pense que c'est très clair, mais il y a une
notion qui est revenue depuis quelque temps, vous le savez, cette notion de faux, de vrai, de vérité.
Vous connaissez la façon de faire, et ça ne doit pas être dit. C'est une règle
que l'on connaît tous. Personne n'y échappe,
ça s'adresse à tout le monde. M. le ministre, je vous demande de ne pas
utiliser ce terme-là et, dans cet élément-ci, de retirer ces propos.
M. Fitzgibbon :
Je m'excuse. Je devrais arrêter de dire ce que je pense. Écoutez...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
On connaît le niveau de respect du ministre de l'Économie pour les règles de
l'Assemblée, mais, dans le petit livre des règlements de l'Assemblée, ce qu'il vient de faire, il n'a
pas le droit de le faire. Il doit retirer ses propos, comme vous venez
de lui demander, pas en remettre deux fois sur le métier.
Le
Président : Je pense
que c'est très clair, je pense que c'est très clair, on n'a pas... Je pense que
c'est très clair, on a bien compris. M. le ministre, je vous ai demandé de retirer et j'ai compris que vous retiriez, mais,
par la suite, on n'en rajoute pas et on continue sur le fond de la question,
s'il vous plaît. Nous en sommes rendus là.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, je retire mes paroles.
Maintenant,
je vais corriger des faits qui ont été peut-être pas bien compris. Si je prends la période de mars
2020, début de la pandémie, jusqu'à
janvier 2021, il s'avère que la fermeture d'entreprises au Québec,
tel que démontré dans le graphe qui
est ici, est de 33 % inférieure à ce qu'elle était. Donc, aujourd'hui, depuis 12 mois... en fait, pas 12 mois, depuis neuf
mois, il y a 30 % moins de fermetures. Alors, il faut faire attention.
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
On revient tantôt.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Gaspé.
Mesures
d'aide pour les petites et moyennes entreprises
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, je ne sais pas si le ministre de
l'Économie a consulté les journaux dernièrement, mais, au cas où il aurait
été trop occupé, je vais lui faire un petit résumé : Un programme
qui «rate la cible», dénoncent les
commerçants. Les restaurants dans le rouge. AERAM : un programme
d'aide qui est «juste de la foutaise» — Investissement
Québec exige trop des entreprises.
Aide aux entreprises : le ministre déconnecté de la
réalité. C'est ce qu'affirment des PME qui dénoncent
d'énormes lourdeurs administratives. Les propos du ministre sur
l'AERAM soulèvent la grogne.
J'en
déduis que les voix se multiplient pour dénoncer l'AERAM, mais, malgré toute
notre insistance et ce que je viens de vous lire, le ministre
de l'Économie continue de le défendre. Le programme
est non seulement critiqué de toutes parts, mais en plus la période
de couverture a été réduite.
Est-ce qu'il pourrait
au moins rétablir la rétroactivité à partir du mois d'octobre?
Le
Président : ...dans
les règles, on aurait dû avoir une question de l'opposition
officielle, mais on continue pour
ne pas nuire à la suite des choses. On reprendra par la suite. M. le ministre de
l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, merci pour la question.
Juste quelques faits pour commenter sur la question
qui est posée. Il n'y a aucun doute
que, malgré qu'il y a beaucoup moins de fermetures, 30 %, ce n'est pas non
matériel, ce n'est pas banal. En même temps, je reconnais qu'aujourd'hui dans les zones
rouges il y a à peu
près 16 000 établissements qui sont encore fermés, pour lesquels on doit se préoccuper.
Aujourd'hui, on a 143 millions de prêts qui ont été faits via le programme
AERAM, pour lesquels il y a 92 millions de pardon. Donc, le montant de pardon pour les
PME est assez important. Nous avons bonifié d'autant plus le programme pour que, lors de la réouverture,
15 000 $ va être donné, de remboursement de frais fixes, et, pour
ceux qui ont été fermés pendant trois
mois et plus, c'est 30 000 $
qui va être donné. Je m'attends à voir ce chiffre-là augmenter probablement
dans les 150 millions, 175 millions de dollars.
Donc, pour
moi, le programme de l'AERAM est en parfaite complémentarité avec les deux
programmes fédéraux, qui fonctionnent
très bien, par ailleurs, à savoir les subventions salariales et l'aide au
loyer. Donc, l'AERAM, les deux programmes fédéraux font en sorte...
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : ...qu'on est
capables de supporter nos entreprises du Québec.
• (10 h 40) •
Le Président : Mme la députée
de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, plusieurs entreprises étaient sur le point
de déposer leur demande, mais les
règles du jeu ont changé du jour au lendemain. Et, parlant de règles absurdes,
les organisateurs d'événements et les
traiteurs sont exclus parce qu'ils n'ont pas été fermés. Il faut que le
ministre revoie les règles pas seulement au cas par cas, pour tout le
monde.
Le ministre
doit rétablir la rétroactivité et admettre les traiteurs et les organisateurs
d'événements. Va-t-il le faire, oui on non?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
...choses. Premièrement, le décret qui permet aux entreprises de profiter de
l'AERAM, il est clair que, pour l'instant, c'est un décret où c'est une
fermeture complète de l'établissement.
Deuxièmement,
pour la rétroactivité, les règles ont changé à la fin février, où on a dit que
les gens qui n'avaient pas appliqué sur l'AERAM, vraisemblablement parce qu'ils
n'avaient pas de besoin de liquidités, auraient une rétroactivité au
mois de janvier.
Maintenant,
j'ai dit dans cette Chambre que, s'il s'avérait qu'une entreprise aurait
oublié, n'aurait pas compris ou n'aurait
pas eu l'information requise, il y aurait des exceptions. D'ailleurs, à ce
jour, on a laissé aux MRC le soin de pouvoir utiliser leur jugement.
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : Il y a eu
quelques exceptions, mais, règle générale, le programme fonctionne.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Encore du cas par cas. Il va falloir que le ministre
comprenne, à un moment donné, que ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne, la gestion d'un portefeuille.
En octroyant
56 millions de dollars à Alstom, le ministre a mentionné : «C'est [...]
peu d'argent pour le bénéfice que le Québec peut en tirer...» Je veux
bien le croire. Est-ce qu'il sait ce que le Québec retire comme bénéfices de la
restauration? Des milliards de dollars en produits de nos agriculteurs, des
centaines de milliers d'emplois, des moteurs touristiques
dans toutes nos régions. Mais, pour les soutenir, le ministre a imaginé nul
autre que l'AERAM, l'aide aux entreprises réduite au minimum.
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Je pense que je reconnais parfaitement la contribution des restaurateurs, des
gyms et des commerçants pour l'économie du Québec, il n'y a aucun doute.
Puis, en même
temps, je peux vous dire, j'étais hier à La Pocatière, et les employés de
La Pocatière étaient très heureux que
le gouvernement du Québec ait pris la responsabilité d'assurer une pérennité à
une entreprise pour pendant 10 ans. Je pense, je peux vous dire,
les employés étaient très contents aussi. Donc, on peut considérer l'apport des
restaurants, mais je
peux confirmer en cette Chambre qu'on a aussi le devoir de considérer l'apport
d'une industrie comme... ferroviaire.
Donc,
je répète mon commentaire du début, l'AERAM est un programme qui fonctionne.
C'est sûr que les gens préfèrent avoir une aide directe que d'avoir à
emprunter...
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...mais, somme toute, le nombre d'entreprises qui ont fermé, au Québec...
Le Président :
Question principale, la parole est à vous, M. le député de Nelligan.
Mesures
d'aide directe aux entreprises
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci,
M. le Président, j'avais hâte. M. le Président, le ministre de l'Économie a été questionné la semaine dernière dans une entrevue avec Le Journal de Montréal. Il a répondu, par rapport aux faillites, que
la FCEI était un peu apocalyptique. Pourtant, la FCEI émet des
résultats de sondage, c'est-à-dire qu'elle relaie les opinions de leurs
membres, qui, eux, sont inquiets. Le ministre a le choix de les écouter et
d'être sensible à leurs opinions ou encore les abandonner.
Au
Québec, M. le Président, 11 %
des entreprises sont à risque, ce sont plus de 23 000 entreprises, et
c'est énorme. Pendant que le ministre
affirme que la situation des faillites d'entreprise... Et je vois bien qu'il a
avec lui un beau tableau, mais je
pense qu'il est un peu déconnecté de la réalité, parce qu'il faut juste voir la
revue de presse, où les gens décrient partout que ses programmes sont
mal adaptés.
M.
le Président, combien d'entreprises devront faire faillite pour que le ministre
de l'Économie adapte ses programmes?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, de dire que le programme ne fonctionne pas alors que les
chiffres, les vrais chiffres, démontrent le
contraire, il y a une dichotomie ici. Il est clair qu'il faut suivre la
situation de très près. Et j'ai un tableau
qui me montre les établissements fermés, et aujourd'hui on constate qu'il y a
16 000 entreprises qui sont fermées, dont 80 % sont des
restaurants et des bars. Nous comprenons aussi que, dans la relance, la
réouverture, c'est là qu'il va y avoir des besoins financiers. Mais, à ce jour,
le nombre de fermetures n'est pas si élevé que ça.
Par
contre, il faut rester attentifs. On a une flexibilité. On a bonifié le
programme de l'AERAM avec 15 000 $ et 30 000 $. On va continuer à bonifier quand ça va être requis
et on va suivre de très près la Santé publique et ce qui va arriver avec
le déconfinement progressif.
Donc,
on est sensibles au fait qu'il y a 16 000 entreprises sur
250 000, au Québec, qui sont encore fermées. Le reste de l'économie va bien. On voit les chiffres. Et on
va prendre les mesures pour pouvoir ajuster le programme pour s'assurer
qu'il va y avoir le moins de fermetures possible.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
M. le Président, quand j'entends le ministre dire que ce n'est pas si élevé... peut-être
parce qu'il occupe déjà la première place au niveau canadien. Il a un
tableau, j'ai un autre. Ça, c'est les statistiques, Statistique Canada. En jaune, c'est la place du Québec au
31 janvier par rapport aux dossiers d'insolvabilité. Ça, c'est le Canada.
Le Québec contribue à plus de 56 % dans les dossiers d'insolvabilité. Pour
un ministre d'un gouvernement nationaliste qui parle du gouvernement
fédéral et de ses programmes, je vais me garder une petite gêne.
À quand...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Encore une fois, ça, ce sont les vrais chiffres. Ça, ce sont les fermetures... — ah! je m'excuse — ce sont les fermetures d'établissement. Écoutez,
nous sommes très sensibles, très
sensibles que nos entreprises, dans le contexte d'une fermeture, dans le
contexte qu'on ne sait pas quand elles vont réouvrir... on est sensibles
au fait qu'il faut faire attention.
Et, comme j'ai dit,
le programme de l'AERAM, je pense qu'il a été très bien dessiné. On va devoir
continuer à être flexibles, je le répète. Et,
s'il faut faire des ajustements, nous allons le faire. Pour l'instant, la
situation fonctionne, mais on le suit de façon... très près. Et on est
très connectés, en passant, sur...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le
Président, c'est Statistique Canada, je suis prêt à le déposer. 1 503 fermetures sur 2 641
au Canada. Le Québec est le champion au niveau des dépôts de dossier
d'insolvabilité. Ça, c'est Statistique
Canada au 31 janvier 2021.
M. le Président, c'est très simple. J'ai soumis cinq propositions pour venir en
aide aux PME. On a demandé au ministre
de l'Économie de reculer par rapport à l'aide aux mois d'octobre, novembre, décembre.
C'est très simple : Est-ce qu'il
va se lever dans cette Chambre et
dire aux personnes qui n'ont pas encore déposé que son programme est ouvert et
agir maintenant?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, j'ai toujours dit que, si les entrepreneurs, les commerçants,
les gens qui ont des établissements
n'ont pas été capables de remplir la formule, ont manqué d'information pour le
faire, nous allons être flexibles.
Chacune
des MRC... Et, contrairement au Parti libéral, nous avons donné le pouvoir aux
MRC, on leur a redonné des pouvoirs.
Les MRC ont la latitude pour, premièrement, savoir jusqu'à quand on va aller
pour la rétroactivité et, plus important, quand est-ce qu'on va repayer
ces prêts-là.
Alors,
j'ai toujours dit, en cette Chambre, qu'il fallait avoir une flexibilité, et
c'est sur le terrain que ça va se passer. Et, à ma connaissance,
aujourd'hui, nous sommes connectés. Et, s'il faut faire des ajustements sur des
cas particuliers
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...ils vont être faits. Les chiffres démontrent que ça va bien.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Projet
de mine de graphite à Saint-Michel-des-Saints
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Le Bureau d'audiences publiques en environnement a exécuté, en 2020, son mandat
de tenir une enquête, une audience
publique concernant le projet minier Matawinie, situé à cinq kilomètres de
Saint-Michel-des-Saints, et qui deviendrait la plus grande mine à ciel
ouvert du sud du Québec.
Les commissaires du
BAPE ont émis, dans leur rapport, des réserves importantes et considèrent que
plusieurs études sont manquantes. Ils demandent des analyses supplémentaires,
des contre-expertises concernant les prétentions hydrogéologiques du promoteur, une évaluation des effets sur la santé
publique, une révision de l'analyse d'émission de GES, et j'en passe. Donc, il manquait des
évaluations avant que ce projet ne puisse être autorisé. Or, le gouvernement du
Québec a émis un décret autorisant le projet, sans pour autant avoir obtenu les
analyses nécessaires pour répondre aux inquiétudes du BAPE et aux inquiétudes
de la population.
Une seule question,
M. le Président : Pourquoi?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. J'apprécie la question de la collègue, et elle est bien
placée pour connaître la procédure environnementale, compte tenu des
fonctions qu'elle a occupées par le passé. Non seulement on a reçu ce rapport du BAPE il y a quelques
jours maintenant, mais la démarche ne s'arrête pas là. Il y a
une procédure d'évaluation qui se
poursuit également avec le ministère
de l'Environnement lui-même.
On a des échanges avec les collègues concernés, autant au niveau de
l'Économie qu'au niveau des Ressources naturelles.
Ce
que dit le rapport, c'est que le projet n'est pas totalement
incompatible, c'est qu'il y a des aménagements qui doivent être faits, et nous travaillons actuellement à trouver les voies pour permettre ces aménagements-là. C'est un
projet qui d'un point de vue économique est très porteur, c'est un projet qui d'un point de vue environnemental peut être amélioré, et on travaille dans
ce sens-là.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Le BAPE précise que l'industrie minière n'est pas
compatible avec l'industrie touristique, pierre angulaire de la région de Saint-Michel-des-Saints et du lac Taureau. À
trois reprises des citoyens s'opposant au projet ont demandé de rencontrer la ministre du Tourisme, qui
est aussi la députée de la région, et trois fois ils ont essuyé un
refus. Je déposerai le document.
Comment la ministre du Tourisme peut-elle du même souffle laisser tomber ses électeurs et
l'industrie dont elle est responsable?
Document déposé
Le Président :
Je vous demande le consentement pour le dépôt numérique du document. Il y a consentement.
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : ...la réponse complémentaire va ressembler à la
principale, en ce sens qu'on est en pleine procédure d'évaluation, elle se complète. C'est un travail qui se fait avec les ministères concernés. J'évoquais l'Économie,
j'évoquais également les Ressources naturelles.
J'ai
bien pris connaissance du rapport du BAPE. D'aucune façon on n'indique que le
projet ne peut pas être réalisé. Ce que l'on indique, c'est qu'il doit
être bonifié, et on travaille à ce niveau-là.
Moi, je regarde
l'appui que le projet recueille dans le milieu. Le milieu attend ce projet-là
compte tenu des perspectives d'emploi et de développement économique
importantes qui sont en jeu.
• (10 h 50) •
Le Président :
En terminant.
M. Charette :
Il reste maintenant à trouver les bonnes voies d'atterrissage pour bonifier
encore davantage ce projet.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Aux yeux des Attikameks de Manawan, la décision unilatérale du gouvernement du
Québec est un pas en arrière dans la réconciliation. Le projet... à
limiter les activités traditionnelles et déposséder les Attikameks de leur
territoire ancestral.
Alors, la question
pour le ministre, parce qu'on sait, il y a des consultations au sein de la
communauté, on sait, il y a des discussions,
alors pourquoi le ministre, qui est responsable pour la lutte contre le
racisme, a quand même pris une décision qui est contre qu'est-ce que les
Attikameks veulent et qu'il n'y a aucune, encore aucune décision prise par...
Le Président :
Et on s'adresse toujours, évidemment, à la présidence. M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Merci pour la question de mon collègue de
Jacques-Cartier. Effectivement, moi
et ma collègue ministre du Tourisme, ministre responsable de la région, on a
rencontré la nation attikamek, et ça s'est fait le lendemain de l'envoi d'un communiqué de presse où ils disaient
qu'il n'y avait aucune acceptabilité sociale dans la région. Ils
voulaient quand même nous rencontrer pour négocier.
Alors, le message a
été très, très clair. Ce qu'on veut, on ne veut pas s'immiscer dans cette
négociation-là qui a lieu entre la minière
et la communauté. On est là pour les supporter, on est en lien avec eux, mais
cependant ce n'est pas à nous à négocier quelles seront les redevances. On
laisse les Attikameks avec la minière négocier ensemble. Cependant, moi
et ma collègue ministre du Tourisme, on les a rencontrés, on est avec eux.
Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Plan
d'action gouvernemental visant à atténuer les
impacts de la pandémie chez les femmes
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Hier, ma cheffe a posé une question sur l'impact
de la pandémie sur les femmes. Mon collègue
aussi l'a fait, et je l'ai fait. Tout le
monde le reconnaît, la pandémie a été dure pour les femmes, particulièrement les femmes victimes de
violence. Des études le prouvent, les données le confirment. Le gouvernement l'a reconnu, la ministre
aussi. D'ailleurs, c'est écrit noir sur blanc dans le document que la
ministre a déposé lundi, les situations de violence se sont aggravées pendant
la pandémie, en particulier pour les femmes de 18 à 34 ans.
Le
gouvernement le confirme, et pourtant, dans le simili-plan d'action annoncé par
la ministre, il n'y a rien pour les femmes victimes de violence. Sur les
24 mesures, rien pour ces femmes. Sur le 23 millions, pas un sou pour
elles, pas un sou non plus pour créer
de nouvelles places en maison d'hébergement. Bref, dans son plan pour sortir
les femmes de la crise, le gouvernement n'a pas pensé aux femmes
victimes de violence.
Pourquoi les avoir
oubliées?
Le Président :
Mme la ministre responsable de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui, merci, M. le Président. Merci pour la question, parce que ça me permet de
remettre un peu les pendules à
l'heure. Quand on dit qu'on est préoccupés par la situation des femmes, je
pense que le précédent gouvernement aurait dû partager cette
préoccupation. Je vous donne des faits. En 10 ans, l'augmentation, parce
que ça fait des années que les maisons
d'hébergement revendiquent des rehaussements de financement : en 2010,
1,3 % de rehaussement; 2011, 2 %; 2012, 0,3 %; 2013, 3,4 %;
2014, 0,8 %; 2015, 1,5 %; 2016, 2,4 %; 2017, 1,7 %; 2018,
1 %. Un total, sur 10 ans, de 9 millions d'augmentation.
En
un an, M. le Président, on a augmenté de 24 millions le financement des
maisons d'hébergement. Donc, on pourrait s'asseoir sur notre derrière pendant 10 ans, M. le Président, on
aurait fait quand même trois fois plus que le gouvernement précédent pour les maisons d'hébergement. Mais
nous, on ne s'arrêtera pas là parce qu'on y croit réellement puis on veut agir.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! On continue à
garder le ton, et la façon de dire et de faire également, et les gestes
également, s'il vous plaît. Mme la députée de Verdun, à vous la parole. Vous
êtes la seule à l'avoir.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
En un an, ce que vous avez versé aux maisons d'hébergement, c'est zéro, parce
qu'ils attendent encore après le chèque. Cela étant dit, vous avez raison de
dire que ça pouvait être une bonne idée d'envoyer 24 millions,
mais, après 365 jours, les maisons d'hébergement attendent encore après le
chèque.
Est-ce
que la ministre, aujourd'hui, peut se lever et s'engager à dire que les sommes
vont être rendues vendredi dans les ressources qui en ont vraiment
besoin?
Le Président :
Mme la ministre de la Condition féminine. On s'adresse à la présidence toujours.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Merci,
M. le Président. 24 millions pour les cinq prochaines années, c'est ce qu'on a dit avec le plan pour
contrer les violences conjugales. On devait faire un travail avec les maisons d'hébergement pour s'assurer que ces sommes soient allouées de bonne façon.
Donc, c'est un travail qu'on a fait.
Maintenant, c'est
faux de dire qu'il y a zéro qui a été versé parce que...
Le Président :
...encore une fois, bon, on revient sur la notion des choses qui ont été dites.
Une voix :
...
Le
Président : Non, mais
c'est un terme qu'on ne doit pas utiliser, Mme la ministre. Je lui
ai dit. Je pense, c'est très clair. C'est comme ça. Alors, je
vous demande de retirer également : Ça, c'est faux.
Mme Charest : Alors, je retire. C'est inexact, puisqu'il y a au-dessus de 5 millions qui ont
été versés. Il y a aussi des aides de COVID, donc un 2,5 millions,
un 17,4 millions qui a été versé dans les maisons d'hébergement.
Maintenant,
évidemment, il y a eu des délais, ça, j'en conviens, mais au moins on a fait
une grande modification et un grand pas en avant et on continue de
travailler.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Le gouvernement a choisi de déposer un plan d'action pour contrer les impacts
de la pandémie. Ça pouvait être une
excellente idée, mais déposer un plan sur une année pour sortir les femmes de
la plus grosse crise de l'histoire du
Québec, avec des mesures timides, c'est un manque de sérieux, un manque
d'ambition, un manque de considération pour les femmes.
La journée de la
femme, ça devrait être 365 jours par année. Je serai là pour le rappeler à
la ministre.
Le Président :
Mme la ministre responsable de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Je trouve ça vraiment particulier, parce qu'on met en place des mesures
rapides pour faire en sorte de
répondre rapidement à une situation pandémique. Et ça, ce n'est pas le plan de
relance. Parce qu'ils ont présumé que c'était notre plan de relance. C'est un
plan direct, concret, qui fait en sorte qu'on va aider rapidement les femmes
dans une situation
de pandémie où on a vu que leur situation a été exacerbée, où on a vu qu'elles
sont encore plus vulnérables qu'elles ne l'étaient.
Alors, on nous reproche d'agir maintenant,
concrètement pour faire avancer la situation des femmes. Bravo!
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Nous passons maintenant à la rubrique des motions
sans préavis. Je reconnais la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de
la motion suivante conjointement avec le
député des Îles-de-la-Madeleine, le député de Chomedey, la
députée de Marie-Victorin et le
député de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse qu'il manque l'équivalent de 165 infirmières et plus de
100 infirmières auxiliaires à
temps complet au Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Abitibi‑Témiscamingue,
soit 30 % du temps de travail à combler;
«Qu'elle prenne
acte qu'il y a une diminution des embauches par rapport aux départs des
professionnel-les depuis 2015 et que cette pénurie va continuer à
s'aggraver au cours des prochaines années, notamment en raison du déclin démographique et du solde migratoire négatif ainsi
que [...] la diminution des inscriptions dans le programme collégial en
soins infirmiers dans la région;
«Qu'elle
prenne acte qu'au moins 24 % de la main-d'oeuvre actuelle de 52 ans
et plus quittera l'organisation au cours
des cinq prochaines années, alors que les besoins en main-d'oeuvre vont
augmenter, notamment avec l'ouverture d'un centre de cancérologie et de
trois maisons des aîné-es;
«Qu'elle
prenne acte que les ruptures de services et le délestage qu'a connu la région
de l'Abitibi‑Témiscamingue au cours
des dernières années et des derniers mois sont dus, entre autres, au manque de
personnel professionnel en soins dans la région;
«Qu'elle
demande au gouvernement de reconnaître qu'il y a une crise de main-d'oeuvre en
personnel professionnel en soins dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.»
Le Président : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M.
Caire : Pas de consentement,
M. le Président.
Le Président : Pas de consentement.
Je reconnais maintenant M. le député de Bonaventure.
Demander au gouvernement
fédéral de protéger intégralement le modèle
de gestion de l'offre dans le cadre des accords internationaux à venir
M. Roy : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le
député de Vimont, la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la députée de Marie-Victorin, le
député de Chomedey,
le député de Rimouski et le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle le rôle
crucial du secteur agricole dans l'économie du Québec et dans le développement
de ses régions;
«Qu'elle
souligne qu'elle est favorable à la protection de la gestion de l'offre pour
les producteurs d'oeufs, de lait et de volailles;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Canada de protéger intégralement le modèle de
gestion de l'offre dans le cadre des accords internationaux à venir.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Le Président : Consentement,
sans débat.
Mise
aux voix
Je vous
invite à m'indiquer le vote de vos groupes, suivi des députés indépendants. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Cette
motion est donc adoptée. La parole appartient à... Je m'excuse. M. le leader du troisième groupe
d'opposition.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. J'aimerais qu'une copie de cette motion soit
transmise au gouvernement fédéral, s'il vous plaît.
Le Président :
Et soyez convaincu que ce sera fait. Mme la vice-première ministre, à vous la
parole.
Désigner
la journée du 4 mars Journée nationale de la lutte contre l'exploitation
sexuelle des mineurs et la première semaine de mars Semaine nationale
de la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs
Mme Guilbault :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député
de Chomedey, le
député de Rimouski, la députée de Marie-Victorin et le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que ses membres
ont déclaré unanimement le 3 décembre
dernier que la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs
constitue une priorité nationale;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'importance des travaux en cours en vue de
doter le gouvernement du Québec d'un
plan interministériel qui proposera des actions efficaces et concrètes pour
répondre aux recommandations de la Commission spéciale sur
l'exploitation sexuelle des mineurs;
«Qu'elle reconnaisse
l'importance d'envoyer un message fort et sans équivoque au sujet de
l'exploitation sexuelle des mineurs, à savoir que celle-ci n'est pas tolérée
dans notre société, que nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant ces crimes immondes et qu'il
convient que tous les acteurs gouvernementaux, citoyens et entreprises, se
mobilisent pour porter secours à ces jeunes victimes;
«Qu'elle
s'engage à réunir les conditions optimales pour que cette sensibilisation et
cette lutte soient suffisamment fortes
pour susciter le changement durable des mentalités et, ultimement, pour
prévenir l'exploitation sexuelle des mineurs;
«Que
l'Assemblée nationale s'impose un devoir de mémoire annuel qui l'aidera à
maintenir le cap vers un idéal à
atteindre en déterminant que la journée du 4 mars constitue la Journée
nationale de lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs et que la
première semaine de mars constitue la Semaine nationale de lutte contre
l'exploitation sexuelle des mineurs.» Merci, M. le Président.
• (11 heures) •
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion.
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, M. le Président, à entendre les propos de la vice-première
ministre, qui sont tout à fait justes, mais, lorsqu'elle souligne l'importance de reconnaître et d'envoyer un message
fort et sans équivoque au sujet de l'exploitation sexuelle des mineurs, M. le Président, étant donné
cette phrase importante qui fait partie de la motion, je suggérerais même
consentement avec débat, si c'est possible.
Le
Président : Alors, la question est de savoir s'il y a
consentement, avec ou sans débat. Je pense que, M. le leader adjoint du
gouvernement, vous aviez déjà répondu.
Une voix :
...
Mise aux voix
Le Président :
Consentement, sans débat. Alors, procédons donc aux votes respectifs de chacun
d'entre vous. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le député de Vimont, la parole vous
appartient.
M. Rousselle :
Merci, M. le Président. M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le leader du
troisième groupe d'opposition et le député de Chomedey :
«Que l'Assemblée
nationale constate que le directeur général de la Sûreté du Québec a été relevé
de ses fonctions depuis maintenant un peu plus de deux ans;
«Qu'elle note que ce
dernier a été blanchi de toutes allégations criminelles par le Directeur des
poursuites criminelles et pénales au terme
de la première enquête du Bureau des enquêtes indépendantes, sans que les
Québécois ne puissent connaître la teneur et le contexte des
allégations;
«Qu'elle dénonce
l'opacité dans laquelle un mandat a été donné à un comité ad hoc de trois
experts;
«Qu'elle rappelle que
la loi [n°] 1 du gouvernement caquiste déléguait les responsabilités de
nomination et de destitution du directeur général de la Sûreté du Québec aux
membres de l'Assemblée nationale;
«Qu'elle souligne
qu'à ce jour, ceux-ci n'ont aucun détail relatif à l'enquête confiée à la
Commission de la fonction publique;
«Qu'enfin,
pour préserver la confiance des Québécois envers nos institutions, que
l'Assemblée nationale exige que le gouvernement caquiste fasse preuve de
transparence en rendant public toutes les informations pertinentes en faisant
notamment le point sur les échéanciers et
les détails du mandat confié à la Commission de la fonction publique et sur le
processus global entamé depuis maintenant deux ans.» Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement.
Une motion
sans préavis ayant déjà été présentée
par le groupe parlementaire formant
le gouvernement, je demande s'il y a
consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de
permettre la présentation de cette motion
sans préavis. Il y a consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Entériner le mandat de procéder
à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 85
M.
Caire : Oui,
merci, M. le Président. Donc, une motion rétroactive de consultations particulières, si le leader se posait la question, qui
se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
entérine le mandat donné à la Commission de l'aménagement du territoire, dans
le cadre de l'étude du projet de loi n° 85, Loi
visant à faciliter le déroulement de l'élection générale municipale du
7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, de
procéder à des consultations particulières et de tenir des auditions publiques le mercredi 10 mars 2021 après
les affaires courantes vers 11 h 30 à 12 h 30 et de
14 h 30 à 18 h 15, ainsi que le
jeudi 11 mars 2021 après les affaires courantes vers
11 h 30 à 12 h 45 et de 14 heures à [14 h 45];
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : la
ville de Montréal, la ville
de Québec, l'Union
des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités, l'association des directeurs généraux [municipaux] du Québec, Élections Québec, Groupe
Femme, Politique et Démocratie, Chaire de recherche sur la démocratie et
les institutions parlementaires — Université Laval;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
[façon] suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 4 minutes au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 1 minute au deuxième groupe d'opposition et 1 minute au
troisième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme, à l'exception d'Élections Québec, soit de 10 minutes
et [les échanges] avec les membres de la commission [soient] d'une durée
maximale de 35 minutes partagées ainsi : 17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 11 minutes 40 secondes pour l'opposition officielle,
2 minutes 55 secondes pour le deuxième groupe d'opposition
et 2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé d'Élections
Québec soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 65 minutes partagées ainsi :
32 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant
le gouvernement,
21 minutes 40 secondes pour l'opposition officielle,
5 minutes 25 secondes pour le deuxième groupe d'opposition et
5 minutes 25 secondes pour le troisième groupe d'opposition;
«Que les témoins
auditionnés puissent l'être par [vidéoconférence];
«Qu'une suspension de
15 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que
la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.»
Mise aux voix
Le
Président : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion. Consentement. Donc, je vais demander les votes respectifs, bien
sûr. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
En conséquence, cette motion est donc adoptée.
Vous aviez autre
chose, M. le leader du gouvernement?
M.
Caire :
J'anticipais, M. le Président.
Le Président :
Vous anticipiez, d'accord. Alors, c'est bon.
Avis touchant les travaux des
commissions
Avis touchant les travaux des commissions. Et je
pense que je vais donner la parole au leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Là, vous m'avez pris par surprise.
M. le Président,
j'avise cette Assemblée que la Commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection
des renseignements personnels, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, à la salle
du Conseil législatif;
La Commission des
finances publiques entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 60, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, à
la salle Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'aménagement du territoire entreprendra par visioconférence les consultations
particulières sur le projet
de loi n° 85,
Loi visant à faciliter le déroulement
de l'élection générale municipale du 7 novembre 2021 dans le
contexte de la pandémie de la COVID-19, aujourd'hui, de 14 h 30 à
18 heures.
Le
Président : Merci.
Et, pour ma part, je vous avise que la Commission de l'aménagement du
territoire se réunira en séance de travail aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée
d'une heure, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, afin de statuer sur la possibilité que la commission
se saisisse de pétitions.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Nous en
sommes à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
Demande de directive au sujet des motions concernant la
mise en place d'un processus
indépendantde détermination des conditions de travail des députés
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. J'aimerais, à
l'occasion de cette rubrique, vous adresser une question de directive. Et je
vais prendre le temps de faire cette question de directive en bonne et due forme parce qu'elle concerne, selon moi, une question
qui est fondamentale pour l'Assemblée nationale du Québec.
Je vais prendre le temps de la détailler, mais, d'entrée
de jeu, je vous dis que la question que je vais vous poser aujourd'hui, c'est la suivante : Quand les députés de l'Assemblée nationale affirment quelque chose, est-ce que
ça veut dire quelque chose? Quand les députés de l'Assemblée nationale s'engagent ici, est-ce que ça a une valeur ou est-ce que
c'est des paroles en l'air que pour des raisons partisanes on peut
renier? C'est ça, la question que je vous pose aujourd'hui, M. le Président.
Le
14 juin 2019, l'Assemblée
nationale a adopté à
l'unanimité une motion, déposée par le leader de l'opposition officielle à l'époque, qui
concernait le processus de détermination des conditions de travail des députés
et des membres de l'Exécutif, et cette
motion confiait au Bureau de
l'Assemblée nationale un mandat
clair, le mandat de déterminer le meilleur processus à mettre en place
visant à s'assurer, en toute indépendance, la détermination de ces conditions de travail.
Et, fait intéressant, cette motion, adoptée à l'unanimité, donc qui engageait la parole individuelle de chacun des députés
présents en cette Chambre... cette
motion a été adoptée à l'unanimité et elle était un ordre de notre Assemblée nationale, un ordre de notre Assemblée nationale. Tous les députés qui sont en ce moment ici, tous ceux qui ne peuvent
pas y être à cause des règles
sanitaires ont voté en faveur de cette motion et ont donc engagé leur parole et
leur honneur dans l'adoption de cette motion.
• (11 h 10) •
Le BAN, donc, le Bureau de l'Assemblée nationale, le BAN a
reçu ce mandat de la part de l'Assemblée nationale. Les 125 parlementaires ensemble ont conféré
un mandat au Bureau de l'Assemblée nationale, par ordre de l'Assemblée, et le
BAN, pour accomplir ce mandat donné par ordre de l'Assemblée nationale, a
confié à un de ses comités de travail, le Comité sur les conditions de travail et les diverses allocations versées
aux députés, communément appelé le
comité Picard, le mandat de mener ce chantier à terme. Les travaux se
sont donc entamés au BAN d'abord et puis ensuite dans son sous-comité de
travail.
Le
6 décembre 2019, les parlementaires ont été obligés de constater que
le délai qui était prévu dans la motion du 14 juin 2019 arrivait à échéance. Dans la motion déposée par
l'opposition officielle, il y avait un délai pour accomplir ce mandat par ordre de l'Assemblée. Le
6 décembre 2019, l'Assemblée constate que cet ordre arrive à échéance
et que les travaux au Bureau de l'Assemblée nationale ne sont pas avancés suffisamment. Soucieux, donc,
à ce moment, de respecter la motion
adoptée, soucieux, à ce moment, de ne pas contrevenir à un ordre de
l'Assemblée, cette Assemblée fait la seule chose raisonnable, adopter une nouvelle motion, encore une fois à
l'unanimité, pour constater que le travail au Bureau de l'Assemblée nationale n'est pas terminé et pour redonner... disons,
renouveler le mandat au Bureau de
l'Assemblée nationale de poursuivre
et de conclure les travaux sur la création d'un comité indépendant pour
déterminer les conditions de travail des députés de l'Assemblée
nationale.
La raison
pour laquelle cette motion a été présentée conjointement, par ailleurs, par
toutes les formations politiques et adoptée à l'unanimité, c'est parce qu'il aurait été inacceptable que, suite à
un ordre de l'Assemblée, le BAN ne respecte pas la motion et ne livre pas la marchandise, n'accomplisse pas le
mandat qui lui avait été confié. C'est pour respecter cette première motion que
la deuxième a été déposée et qu'elle a été adoptée, je le répète, une deuxième
fois, donc, à l'unanimité. Suite à l'adoption de cette deuxième motion, les travaux se sont
poursuivis au Bureau de l'Assemblée
nationale et dans son sous-comité de travail — vous
me pardonnerez l'accroc au règlement — le
comité qu'on surnomme le comité Picard, en l'honneur du vice-président,
qui le préside.
Les travaux
se poursuivent, donc, et à un certain moment la députée de Joliette
émet la volonté, largement partagée par
ailleurs dans la société québécoise, de peut-être réfléchir à la
création d'un congé parental pour députés. Et donc le 20 février 2020, une troisième motion est adoptée à l'unanimité de l'Assemblée nationale pour
donner un mandat spécifique à ce
comité indépendant en voie de création, croyons-nous tous au moment du dépôt de
la motion, et ce mandat, c'est de travailler à
l'élaboration d'un congé parental.
Donc, 14 juin
2019, 6 décembre 2019, 20 février 2020, trois motions unanimes qui, à
trois reprises, engagent la parole,
l'honneur des 125 députés en cette Chambre et qui, à chaque fois, donnent
à une instance, le Bureau de l'Assemblée nationale, un mandat. Et je
vous rappelle que tout ça découle d'une motion initiale qui était un ordre de
l'Assemblée. En fait, pardon, M. le
Président, j'ai fait une erreur factuelle, donc je vais la corriger pour que
vous soyez capable de suivre mes
propos. Je dois me corriger, l'adoption de la motion de la députée de Joliette
est le 10 juin 2020. Le 10 juin 2020, donc la députée de Joliette
dépose et l'Assemblée adopte la motion concernant le congé parental. Mais le 20 février
2020, c'est néanmoins une date pertinente
dans la plaidoirie que je vous présente aujourd'hui, puisque qu'est-ce
qui se passe le 20 février 2020?
Le Bureau de l'Assemblée nationale dépose un rapport à l'Assemblée, un rapport qui est public. D'ailleurs,
j'invite les membres des médias qui nous
écoutent à le consulter, il est très intéressant. Le 20 février 2020 donc, le Bureau de l'Assemblée nationale dépose... c'est son deuxième rapport de travail
sur le mandat qui lui a été confié en juin 2019, et ce rapport d'étape
déterminait notamment ceci, je me permets de le lire :
«Qu'un comité
indépendant [...] soit formé périodiquement et que son mandat porte sur la
détermination de l'ensemble des conditions de travail des députés et des
membres de l'Exécutif[...];
«Que le premier
comité soit formé au cours de la 42e législature[...];
«[...]Que le Bureau
de l'Assemblée nationale procède à la
nomination des membres du comité après la consultation d'un représentant de chaque groupe parlementaire et
la consultation des députés indépendants;
«Que [...] la formation du premier comité, au cours de
la 42e législature, soit faite dans les meilleurs délais et que son
rapport soit transmis au président au plus tard huit mois après sa formation.»
Donc,
deuxième rapport d'étape le 20 février 2020, le premier avait été déposé
simultanément à l'adoption de la motion
du 6 décembre 2019. Jusque-là, dans mon histoire, tout va bien. Il y a un
ordre de l'Assemblée, réitéré par deux fois, les parlementaires travaillent, se donnent un peu plus de temps pour arriver à l'objectif
fixé par un ordre de l'Assemblée, et
durant plusieurs mois, donc, les discussions se poursuivent au comité de
travail du Bureau de l'Assemblée nationale, le comité Picard, et le
travail avance même très bien.
Tout va bien jusqu'à
ce que, la semaine dernière, le gouvernement annonce qu'il ne compte plus
respecter son engagement de créer un tel
comité indépendant. Le gouvernement fait part à l'ensemble des formations
politiques qu'il ne compte pas,
finalement, respecter les trois motions qui ont été adoptées aux dates que je
vous ai mentionnées. On se retrouve donc aujourd'hui dans une situation
fâcheuse, M. le Président.
Pourquoi
est-ce que c'est fâcheux comme situation? Et là on arrive au coeur de la
question de directive, maintenant que
les faits sont établis, que je vous pose aujourd'hui. Et cette question-là, je
le répète, elle n'a rien de banal parce que, lorsque l'Assemblée nationale prend une décision unanime, à trois
reprises, de se saisir d'une question, lorsque l'Assemblée prend la peine d'en faire un ordre de l'Assemblée,
bien, on devrait s'attendre à ce que l'engagement de l'ensemble des membres
soit ferme et que ça se traduise par des gestes. Et la décision que vous allez
devoir prendre suite à mes représentations d'aujourd'hui, M. le Président, je
pense, va être importante et va déterminer un précédent important pour notre
droit parlementaire parce que la question
est la suivante : Est-ce que le Bureau de l'Assemblée nationale ou
certains de ses membres peuvent décider d'ignorer un ordre de
l'Assemblée nationale?
Si
tel est le cas, si on répondait oui à cette question, ça veut dire qu'un seul
groupe parlementaire présent au Bureau de
l'Assemblée nationale, celui qui dispose de la majorité, dans le cas qui nous
occupe, c'est les représentants du gouvernement, de la Coalition avenir Québec... est-ce qu'un seul groupe parlementaire
peut décider de bloquer, pour des raisons qui lui appartiennent par ailleurs, un mandat qui a été confié
au BAN de façon unanime par l'Assemblée nationale? Autrement dit, qui est le plus fort, le Bureau de l'Assemblée
nationale ou l'Assemblée nationale elle-même? C'est ça, la question
fondamentale à laquelle vous devez répondre.
Et là je précise ici
que les motions dont il est question, ce n'est pas des motions qui ont à faire
aux priorités du gouvernement, hein? Notre
jurisprudence a largement établi que
les motions adoptées à l'Assemblée
nationale n'engagent pas
légalement... il n'y a pas de contrainte envers l'action du pouvoir exécutif du
gouvernement. Nous ne sommes pas, M. le
Président, dans une telle situation, puisque l'affaire dont il est question
dans les motions adoptées, ce n'est pas une affaire gouvernementale, c'est une affaire propre à l'Assemblée
nationale. C'est une affaire qui concerne les députés et c'est un mandat qui a été donné unanimement par l'Assemblée nationale, pas au
gouvernement, au Bureau de l'Assemblée nationale.
Si on devait accepter
qu'il est possible pour un seul groupe parlementaire d'annuler au BAN, au
Bureau de l'Assemblée, des décisions prises
unanimement par motion unanime, ce qu'on vient... c'est attaquer directement
l'autorité et la légitimité des
décisions et des prises de position de l'Assemblée nationale du Québec. Ça
voudrait dire que ce petit comité, important, certes, qui est un petit comité
qui gère les affaires de l'Assemblée nationale, aurait plus d'autorité, plus de légitimité, plus de souveraineté que
l'Assemblée nationale, qui s'exprime officiellement par une motion unanime.
Moi, je pense, M. le Président, c'est un
précédent qu'il ne faut pas créer. Je pense que c'est un précédent que vous ne
devez pas créer dans la décision que vous allez rendre parce que ce faisant on
remettrait en question profondément la valeur, la force des décisions
qui sont prises par l'Assemblée nationale.
Ma
question est donc, notamment, la suivante : Qu'est-ce qui lie les membres
du Bureau de l'Assemblée nationale quand
un mandat leur est confié par motion? Plus spécifiquement encore : Quand
le BAN a même déjà déterminé la marche à
suivre pour mettre en oeuvre un tel mandat, une formation politique peut-elle,
de par sa majorité au Bureau de l'Assemblée nationale, contrevenir à une motion et à un ordre de l'Assemblée? Est-ce
qu'il ne faut pas craindre que les décisions qui sont prises ici, au salon
bleu, ne deviennent, au fond, que purement symboliques en toutes circonstances
et puissent être changées
unilatéralement par le groupe parlementaire formant le gouvernement lorsqu'il
se retrouve à l'abri des caméras, autour de la table du Bureau de
l'Assemblée nationale?
M. le Président, ce
que je vous demande aujourd'hui, c'est de rassurer les parlementaires, c'est de
rassurer les parlementaires sur la force et la signification des décisions et
des motions adoptées par l'Assemblée nationale. Je vous demande de vous assurer
du respect de l'institution que représente l'Assemblée nationale et les
décisions qu'elle prend.
Je
ne pourrais assez insister, M. le Président, sur l'importance de cette
question, puisque que deviendrait notre parole de députés si, en la formalisant ainsi par voie de motion, on pouvait la
défaire à notre guise, pour nos raisons, lorsqu'on est derrière des portes closes au Bureau de
l'Assemblée nationale? Je pense humblement que ça affecterait la crédibilité et
la force des parlementaires. Et je
vous demande de statuer sur cette question. Et prenez le temps qu'il vous
faudra, M. le Président, pour
rendre votre décision, parce que je pense qu'elle est très importante.
• (11 h 20) •
Le Président : Merci. D'autres
personnes veulent prendre la parole. À ceux levés. M. le... À votre guise. M. le leader du troisième groupe
d'opposition, vous avez la parole.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Oui, merci beaucoup, M. le
Président. Juste en complément
d'information du collègue de la deuxième
opposition, notre formation politique
militait — et
milite encore — depuis
longtemps pour l'instauration d'un congé parental ici, à l'Assemblée nationale. Le comité
consultatif indépendant des conditions de travail, tel que nommé par le
collègue, le comité Picard, n'était
pas le véhicule privilégié par ma formation politique à l'époque pour adresser
cette situation-là, cette
problématique-là qui ne permet aux députés, hommes et femmes, de pouvoir jouir
d'un congé parental lors de la naissance d'un enfant ou lors de
l'adoption d'un enfant ou des enfants.
Comme tout fonctionne
par unanimité et consensus, on a décidé de jouer le jeu et d'embarquer dans la
volonté des élus de l'Assemblée nationale de
trouver une solution satisfaisante pour mener à bien ces travaux-là. Et donc,
pour nous, quoique ce n'était pas la
façon de faire, le comité indépendant devenait l'outil pour adresser cette
problématique. Et c'est pour ça que ma collègue de Joliette, le 10 juin
dernier, a procédé à une motion pour rappeler au comité la volonté des membres de l'Assemblée nationale d'avoir, à
l'intérieur de ce comité-là, la nouvelle politique en matière de congé parental
pour les députés ici, à l'Assemblée nationale.
C'était clair, et il y avait même une date, on parlait de décembre 2020. Il
fallait avoir trouvé cette solution-là pour décembre 2020, et l'ensemble de
l'Assemblée nationale était d'accord.
Alors,
je me trouve Gros-Jean comme devant aujourd'hui, M. le Président, dans le sens
où est-ce que j'ai décidé de faire confiance à un comité piloté par l'Assemblée
nationale pour lequel toutes les formations politiques sont représentées,
j'ai fait confiance à l'ensemble des élus de
l'Assemblée nationale pour trouver le meilleur véhicule possible pour offrir
aux députés, hommes et femmes, ici, de cette Assemblée nationale, l'opportunité
d'avoir un congé parental. On a dû réaffirmer une troisième fois cette volonté-là par motion pour trouver une solution
rapide pour mettre de l'avant ce congé parental là. Et l'obligation qu'on se soit tous donnée, M. le
Président, c'était décembre 2020. On est présentement au mois de mars 2021, et
rien de tout ça n'est réalisé, et on apprend par le Bureau de l'Assemblée
nationale que les travaux du comité indépendant seront tout simplement
sabordés.
Donc, je reviens au
départ, M. le Président. Nous avons été bons joueurs, mais inévitablement,
au-delà des interrogations que le collègue de la deuxième opposition soulève
quant à l'autorité des membres de cette Assemblée lorsqu'on donne un ordre au Bureau de l'Assemblée nationale, pour nous, ce qui est fondamental, c'est qu'on
n'a pas réglé non plus la question des congés parentaux et on revient à
la case départ.
Donc,
j'aimerais aussi, M. le Président, que vous nous indiquiez peut-être
la marche à suivre pour trouver la façon de faire dans nos us et coutumes ici
ou dans nos règlements, comment on peut adresser cette situation-là et d'y
trouver une solution le plus
rapidement possible. Nous, on a notre prétention, on pense que le code
d'éthique devrait être l'outil privilégié pour venir corriger cette aberration qui ne permet pas aux hommes et
femmes ici, à l'Assemblée nationale, de pouvoir jouir d'un congé parental. Donc, si le comité sabordé n'est plus le véhicule
nécessaire, indiquez‑moi, M. le
Président, quel est le véhicule nécessaire pour qu'une fois pour toutes
les hommes et les femmes ici, à l'Assemblée
nationale, puissent avoir un
congé parental digne de ce nom. Merci.
Le Président :
Et je reconnais, dans la suite de cette discussion, M. le leader de
l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Je ne referai pas le plaidoyer, tout à fait approprié, du leader de la
deuxième opposition. Simplement pour vous souligner notre appui à sa demande, à
sa demande que vous statuiez sur cet enjeu-là. Et il a bien fait de commencer son plaidoyer en
disant qu'on doit mesurer aujourd'hui, et que vous aurez l'occasion de le faire,
M. le Président, ce que vaut la parole des députés ici, en cette Chambre.
Nous
étions, en juin 2019, là, unanimes sur la question. L'ensemble des députés se
sont prononcés et ont demandé à un
comité de députés, formé de députés, donc un sous-groupe de l'Assemblée, M. le
Président, de se rencontrer et de procéder
sur l'enjeu de la rémunération des élus et l'enjeu qui est soulevé par le
leader de la troisième opposition également.
Si 125 députés
se prononcent et demandent à d'autres députés ici, ce n'est pas la même chose
que de demander au gouvernement, que de
demander à l'Exécutif de procéder dans une avenue ou une autre. On se demande à
nous-mêmes, M. le Président, d'agir.
Et sur le fond de la question, sur le fond de la question, là, je vous avoue
que c'est à peu près le dossier qui
m'intéresse le moins ici. Je ne pense pas qu'il n'y a personne ici qui est
venu, qui a été élu pour statuer sur la rémunération, sa propre rémunération et la rémunération des autres ici
et des conditions de travail. Je pense qu'on est venus ici pour faire un
travail de législateurs.
Ceci étant, on ne
peut pas être ceux qui décident de nos conditions de travail, et le processus
qui avait été mis en place était le bon.
C'est pour ça que tout le monde était d'accord sur ce processus-là. Alors, M.
le Président, je crois, bien honnêtement, comme l'a plaidé le leader de
la deuxième opposition, qu'un sous-groupe de députés ne peut pas se substituer à la volonté de l'ensemble de l'Assemblée
nationale, à l'ensemble
des parlementaires ici, et un sous-groupe de ce sous-groupe-là, c'est-à-dire la partie gouvernementale, ne peut certainement pas, de façon singulière, décider que l'ensemble de la chose cesse.
M. le Président, on a la volonté de 125 députés. À moins que les députés de la Coalition avenir Québec, un après l'autre, se lèvent ici, en cette
Chambre, et disent à nouveau... changent d'idée et nous disent que ce n'est
plus leur volonté, ce qu'on a entre
les mains, pour l'instant, c'est une motion votée unanimement, 125 députés
à zéro, pour procéder ainsi.
Je
demande donc, M. le Président... je joins donc ma voix à celle du leader de la deuxième opposition pour que vous puissiez vous prononcer, prendre le temps de bien
faire les choses, de réfléchir à la question, de vous prononcer. Mais ça m'apparaît clair, à
première vue, qu'un groupe de sept, huit, 10 députés et un sous-groupe de
ce groupe-là, de quelques députés, ne peut pas se substituer à l'ensemble
d'entre nous. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Oui, merci, M. le Président. Vous comprendrez qu'il ne s'agit pas de
renseignements sur les travaux à proprement
parler, donc je vous dirai... Mais, ceci étant, c'est la bonne rubrique pour
faire ce que le collègue a fait, je le reconnais. Comme il a eu l'élégance de nous aviser qu'il allait poser
cette question-là, je vous demanderai, évidemment, de nous permettre de vous faire valoir notre point de vue au moment qui vous conviendra, mais ceci avant que vous preniez
votre décision, M. le Président.
Le
Président : Bien entendu. Alors, j'ai compris et entendu de façon très précise vos arguments. Je
comprends vos questionnements. Je prends, bien sûr, la décision en
délibéré et de façon très sérieuse. Et, de fait, je pourrai entendre les
arguments du gouvernement par la suite. Alors, merci pour cette question.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 29)
(Reprise à 11 h 37)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Veuillez vous asseoir. Nous poursuivons aux affaires du jour. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Schneeberger :
Bonjour, M. le Président. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 20
du feuilleton.
Projet de loi n° 77
Adoption
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 20 du feuilleton, M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation propose l'adoption du projet
de loi n° 77, Loi sur
l'Institut de technologie agroalimentaire du Québec. Et je reconnais maintenant le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Salutations à mes collègues, c'est un
plaisir d'être avec vous aujourd'hui.
Vous
savez, beaucoup, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis le
26 novembre. 26 novembre dernier, j'avais présenté en cette Chambre le projet de loi
n° 77 qui visait à créer l'Institut de technologie agroalimentaire du
Québec. Ce qu'il faut comprendre, M. le Président, c'est qu'on n'était
pas en train de créer une nouvelle institution d'enseignement au Québec, mais ce qu'on voulait faire, c'est de
venir normaliser un peu le cadre d'une institution qui oeuvre depuis 1859.
Ses racines remontent à 1859 au Québec, M. le Président.
Ça
fait qu'aujourd'hui c'est avec beaucoup de fierté puis de fébrilité que je me
lève en cette Chambre, là, avec mes collègues pour procéder à la
dernière étape, si on veut, là, du cheminement de ce projet de loi là, qui vise
à l'adoption du projet de loi. Parce qu'en
réalité, c'est ça, l'ITA a un riche passé, mais, en même temps, elle a
résolument un regard, là, qui est projeté vers l'avenir, et puis le
travail qu'on a tous fait ensemble va certainement lui donner les ressources
puis les moyens, justement, d'honorer son potentiel, là, pour les années à
venir, M. le Président.
Je
veux commencer en remerciant tous les
organismes qui se sont intéressés. On a reçu... je pense, c'est 23 mémoires
ou lettres, on a une dizaine d'organisations qui sont venues en consultations particulières. Puis on s'entend, M. le Président, qu'à chaque fois qu'on a des consultations particulières, on sort enrichis de
ces exercices-là, parce qu'on a différents groupes qui viennent de différents angles, qui nous
soumettent leur interprétation, leurs besoins, les nuances, et tout ça relié à
la pièce législative, là, qui est
devant eux. Et puis, après ça, les parlementaires, on part avec ça, puis on en
discute, puis on travaille, puis
c'est ce qu'on a fait vraiment. Puis, ultimement, bien, c'est le projet de loi
qui sort bonifié, c'est le projet de loi qui sort gagnant. Puis, ultimement, bien, dans notre cas, ça va être
l'Institut de technologie agroalimentaire du Québec qui va sortir
gagnant de ce processus-là.
• (11 h 40) •
Puis une
particularité aussi, M. le Président, les consultations particulières qu'on a
eues en janvier 2021, c'est avéré que
c'étaient les premières consultations particulières qui étaient tenues de façon
virtuelle. Alors, on a écrit aussi une petite page
d'histoire en faisant ça, ça va être inscrit dans les annales de notre
Assemblée pour des décennies et des siècles à venir. Puis, à un moment donné, une première fois, il y a
eu des consultations particulières qui étaient... de façon virtuelle. Alors,
c'est le projet de loi n° 77, avec mes collègues, là, qu'on a tenu ces
consultations-là.
Je
voudrais aussi souligner vraiment la qualité du travail qui a été réalisé, là,
par tous les membres de la commission de
l'énergie, des pêcheries... de l'énergie, des ressources naturelles, mes
collègues de l'opposition officielle, ma collègue deuxième opposition, troisième opposition. Il y a
vraiment eu une collaboration exceptionnelle. Puis, naturellement, quand
je suis arrivé à la fin du processus de l'étude article par article, j'ai
ressenti une grande satisfaction, non seulement une satisfaction qu'on est...
c'était quand même... je pense qu'on avait 98 articles, c'était quand même
laborieux de passer à travers tout ça, mais
de voir la collégialité. Puis, tout le long, c'est comme si tout le monde avait
été assis du même côté de la table, si on veut, pour faire en sorte de
faire progresser ce projet de loi là.
Alors,
on a eu plusieurs parlementaires, parce que c'est sûr qu'en temps de pandémie,
bien, il y a moins de gens dans les commissions, mais tous les gens qui
étaient en commission ont participé de façon très active dans les travaux. On a eu trois représentants de l'opposition
officielle, le député de Vimont, naturellement, qui est porte-parole, en
matière d'agriculture pour le Parti libéral, pour l'opposition
officielle. On a eu aussi la députée de l'Acadie, qui a participé aux travaux. On a eu la députée de
Marguerite-Bourgeoys qui a participé aux travaux de façon... puis a eu un
apport très, très significatif, alors... après ça, la députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
on a eu le député de Bonaventure pour la troisième opposition. Tous ces
gens-là, honnêtement, là, ont contribué, dans une très, très grande ouverture
puis une volonté qu'on arrive avec, comme je
dirais... mon collègue de Vimont, à un moment donné, a mentionné qu'on voulait
la meilleure ITAQ au monde, hein, alors c'est vraiment dans ce sens-là
que les gens ont travaillé.
Puis,
naturellement, de notre côté, du côté du gouvernement, bien, on a eu... j'ai
deux collègues, le député de Laviolette qui a travaillé aussi au niveau du projet de loi. Et puis je veux souligner aussi la contribution, là, importante
puis intéressée, puis exceptionnelle de mon collègue Lac-Saint-Jean,
qui, dès le départ, là, quand aussitôt qu'il y a eu les premiers mémoires, les premières lettres qui sont entrées par rapport aux consultations
particulières, bien, mon collègue
a commencé tout de suite à s'intéresser au projet de loi. Et puis aussi d'ailleurs,
bien, j'ai été très heureux qu'il accepte, tu sais, hier, de prononcer l'allocution, là, pour la prise en
considération, parce qu'honnêtement, pour son implication dans le projet de loi, tout ce qu'il a fait, je pense qu'il méritait, là... Ça me faisait
plaisir de lui céder la parole, hier, pour qu'il puisse faire la prise
en considération.
Je veux aussi
souligner... Bien, vous savez, un projet de loi, là, le travail qui se fait en
arrière, c'est colossal. Au sein de mon
cabinet, Jean-Bernard Marchand, toute l'équipe du cabinet, mais spécifiquement
Jean-Bernard Marchand, Mélissa
Talbot, qui ont fait un travail vraiment, vraiment exceptionnel, je veux le
souligner puis les remercier. Après ça, toute l'équipe du
sous-ministériat, à compter de la sous-ministre adjointe à la formation
bioalimentaire au ministre de l'Agriculture, Mme Louise Leblanc. Alors, je veux
remercier tous ces gens-là pour tout le travail vraiment formidable qui s'est
fait au cours des derniers mois.
Si on revient à la
genèse, pourquoi on a décidé ce projet de loi là? Bien, comme je l'ai dit,
c'est une maison d'enseignement qui existe
depuis... qui tire ses origines à 1859, mais, comme tel, l'Institut de
technologie agroalimentaire, ça date
des années 60. Mais la particularité de l'ITA, c'est que c'était une
école... bien, c'est toujours, encore, une école d'un ministère, au même
titre qu'on a eu, à un moment donné, les conservatoires, qu'on a eu l'Institut
de tourisme et hôtellerie du Québec, qui étaient des écoles des directions de ministères,
qui, à un moment donné, se sont vues un peu donner leur liberté pour
s'affranchir un peu de tout ce moule-là, si on veut, qui est lié directement à
l'opération d'un ministère.
Puis
l'ITA, bien, jusqu'à aujourd'hui, n'avait pas eu ce bénéfice-là ou ce privilège-là
de se voir donner les outils que ça
lui prenait pour se développer, au même titre que toute maison d'enseignement
supérieur au Québec, M. le
Président. Alors, l'objectif,
en arrière, le projet de loi, naturellement, c'était de venir régler cette
histoire de cadre institutionnel qui est mal
adapté, si on veut, à une maison d'enseignement. Alors, notre intervention, ça
visait vraiment à dépoussiérer ce cadre-là, c'était de donner à l'ITA de l'air,
de la flexibilité, de l'agilité, puis, ultimement, un plus haut niveau
d'autonomie.
Alors, concrètement, qu'est-ce
que ça veut dire? C'est que l'ITA va être un organisme qui est à l'extérieur du
ministère de l'Agriculture, qui va avoir son propre conseil d'administration,
qui va avoir son directeur général. Et puis, concrètement, là, l'application
des lois et des normes, et tout ça, vont être les mêmes que pour les autres
maisons d'enseignement supérieur, de sorte
que le recrutement de personnel, qui est la clé, le recrutement de personnel,
des fois, de fonctions très spécifiques, va être beaucoup facilité.
La
possibilité d'avoir droit à des fonds de recherche de différents organismes
gouvernementaux. Vous savez, nous autres,
au MAPAQ, chaque année, on donne du soutien de recherche à d'autres écoles
d'enseignement supérieur, à toutes sortes
d'organismes, puis on a l'ITA, qui voulait faire des demandes pour avoir droit
à des fonds de recherche, et puis on ne pouvait pas leur en donner parce
que c'était une direction du ministère.
Après
ça, naturellement, que ce soit avoir une fondation, que ce soit être capable
d'avoir davantage de partenariats... Parce
qu'on s'entend que l'ITA a une vocation un peu nationale, au Québec, de par
l'ampleur de ses activités puis... dans l'ouest, à Saint-Hyacinthe, dans
l'est, à La Pocatière. Alors, tout ça fait en sorte que les nouvelles
dispositions qui vont s'appliquer vont lui
permettre vraiment, là, de se développer à la hauteur de son potentiel, M. le
Président. Mais, en plus de tout ça, je vous dirais que l'idée de ce projet de loi là, il y a des enjeux très importants qui sont en arrière de ça, qui sont
liés à la particularité du secteur
bioalimentaire. D'abord et avant tout, je vous dirais qu'il y a des enjeux qui
sont stratégiques, stratégiques parce
qu'on s'entend que le secteur agroalimentaire, c'est 130 000 emplois,
c'est, écoutez, 9,2 milliards de revenus
agricoles primaires, 33 milliards de livraisons manufacturières, c'est
3 000 entreprises de transformation alimentaire principalement
dans les régions du Québec, à la grandeur du Québec. Ça fait que, si on sort
des grands centres, là, l'épine dorsale de
l'économie au Québec, l'épine dorsale de la vitalité de nos territoires, M. le
Président, c'est tout le secteur bioalimentaire,
le secteur agroalimentaire. Alors, de faire en sorte qu'on donne les moyens au
vaisseau amiral, la formation bioalimentaire au Québec, de se déployer
au maximum de ses capacités, c'est certainement stratégique.
Puis un autre point, naturellement,
quand on parle d'alimentation, bien, tous les secteurs économiques sont
importants, mais le secteur
agroalimentaire, on parle de nourrir la population, on parle de... tu sais,
c'est un... je vous dirais, c'est une activité
qui est fondamentale. Alors, au-delà juste d'une question de formation pour un
secteur en particulier, bien, on parle de
formation pour un secteur qui vise à nourrir les populations, à nourrir les
Québécois, les Québécoises. Alors, très, très stratégique à ce
niveau-là, M. le Président.
Et
puis, naturellement, bien, la formation est passée d'un niveau stratégique à un
niveau aussi plus tactique, parce qu'on a vu, depuis des années, à quel point
tout ce qui touche l'agroalimentaire, la question de l'innovation, les enjeux
de productivité, les enjeux de... tout ce
qui touche les changements climatiques, les nouvelles pratiques culturelles, et
tout ça, qu'est-ce que ça fait? Ça impose aux entreprises agricoles
d'avoir davantage, à chaque jour, davantage de compétences, davantage de
compréhension de ce qu'ils mettent en oeuvre.
Alors,
d'avoir accès à une formation de pointe, M. le Président, aujourd'hui plus que
jamais, c'est très, très, très important.
Puis ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que le geste qu'on pose aujourd'hui
en adoptant ce projet de loi là, c'est un geste qui était réclamé, M. le
Président, tenez-vous bien, depuis le début des années 1990. Il y a eu
différentes études, il y a déjà eu des
tentatives de rédiger des projets de loi, et pour des réalités, ultimement, que
j'ignore, qui fait en sorte que les
gouvernements précédents, malgré, des fois, leur bonne volonté, n'ont pas
réussi à rendre à terme, ultimement aujourd'hui,
là, ce qu'on réussit à faire, M. le Président. Alors, c'est une très, très
bonne nouvelle à ce niveau-là. Je suis très fier qu'on puisse faire ça.
Alors, en conclusion,
le projet de loi qu'on adopte aujourd'hui, M. le Président, c'est pour donner à
l'ITAQ, maintenant, tous les moyens
d'assurer puis d'assumer son leadership panquébécois au niveau de la formation
bioalimentaire. On s'entend qu'il y a
plus de la moitié des élèves, des jeunes... On a peut-être 1 900,
2 000 jeunes au Québec qui sont inscrits en formation
bioalimentaire. Il y a la moitié que c'est auprès de l'Institut de technologie
agroalimentaire du Québec. Alors, on peut
comprendre que tous les acteurs du secteur agroalimentaire, vraiment, sont
emballés à l'idée qu'on donne ces
moyens-là à l'ITA, qui leur fournit une partie importante de leur
main-d'oeuvre, de leurs compétences et des besoins qu'ils ont.
Alors, c'est vraiment
un projet de loi qui a été conçu pour donner les conditions qui vont aider le
secteur agroalimentaire vraiment à relever
les défis de son époque. Alors, ça vise vraiment à donner à l'ITA, si on veut,
les conditions qui vont lui permettre, à terme, de réaliser pleinement
sa mission.
Dans
tout ça, M. le Président, tout au long des travaux, tous ensemble, on a... si
on veut, on a mené ces travaux‑là, là,
en démontrant qu'on comprenait les enjeux mais aussi qu'on partageait cette
vision-là de l'importance d'avoir un vaisseau amiral, là, qui dispose des meilleurs outils pour se développer puis
accompagner l'évolution de notre secteur agricole, notre secteur agroalimentaire au Québec. Alors, dans
cette veine-là, je vous dirais, c'est un travail que j'applaudis, qu'on a fait
ensemble.
Et puis, en
terminant, bien, je peux seulement faire une chose, bien, c'est souhaiter
longue vie à l'ITAQ. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant M.
le député de Vimont.
M. Rousselle :
Oh! O.K. On avait une entente, mais pas de problème.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mais, si Mme la députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue...
Est-ce que vous êtes prête?
• (11 h 50) •
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) : En tant que gentleman, M. le député
de Vimont, vous cédez votre place, et je vous en remercie. Allez-y.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président.
Au
cours des derniers jours, la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles s'est
penchée sur le projet de loi n° 77, la Loi sur l'Institut de technologie agroalimentaire
du Québec. Il s'agit d'un projet de
loi visant à donner plus d'autonomie à un établissement d'enseignement
supérieur spécialisé notamment en agriculture, horticulture, transformation alimentaire, production animale, machinerie
agricole et agroenvironnement. C'est donc une plaque tournante au Québec
dans l'enseignement des notions et pratiques en matière agricole et
agroalimentaire.
Ce
projet de loi a été accueilli favorablement par la plupart des groupes et
personnes concernés. Il était effectivement attendu depuis plus de 10 ans puisque la réforme de l'ITA, qui
deviendra l'ITAQ, était l'objet de plusieurs recommandations formulées
dans le rapport Pronovost.
J'aimerais
souligner au passage que je suis bien heureuse de voir le ministre mettre en
oeuvre des recommandations du fameux
rapport Pronovost. Je me souviens
bien l'avoir entendu dire que ce rapport serait son étoile du nord lors d'un
discours au congrès de l'Union paysanne en
février 2019. Ce rapport est une mine d'or pour rendre notre agriculture
plus résiliente et plus performante pour répondre aux enjeux et aux
défis qui nous attendent dans les prochaines décennies. J'espère vraiment que le ministre va continuer de travailler pour répondre aux
autres recommandations du rapport, notamment celles portant sur la protection du territoire agricole
et le développement régional, la transformation et la distribution alimentaire
et l'environnement.
Concernant
les recommandations qui touchent la formation et le perfectionnement
des ressources humaines dans le
rapport de la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire
québécois, Jean Pronovost et son équipe plaidaient pour que l'ITA puisse être
admissible à toutes les mesures destinées aux centres collégiaux de transfert
de technologie ainsi qu'à des crédits d'impôt pour la recherche et le développement. De plus, on retrouvait, dans le rapport, le souhait que l'ITA
soit doté de son propre conseil d'administration, dont les membres
représenteraient la diversité des acteurs et
actrices des milieux qu'il sert. Il est également question d'une plus grande
capacité à actualiser le contenu de ses programmes d'enseignement.
Le projet de
loi vient corriger des lacunes soulevées par le passé qui pouvaient nuire au
développement de cet institut. Parmi les principaux éléments du projet de loi,
on compte la définition de la mission d'enseignement de l'ITAQ, ses pouvoirs, son organisation, les rôles et
pouvoirs de personnes comme le directeur général et ceux de comités comme la
commission des études.
Après avoir entendu différents groupes parmi
lesquels on compte des syndicats, des associations étudiantes, des groupes écologistes et des ordres
professionnels, on a pu comprendre quels éléments suscitaient des soulagements
ou des craintes. On remercie d'ailleurs
chaleureusement chacun de ces groupes, qui nous ont permis de mieux comprendre
la réalité du terrain et d'exposer
certains angles morts. Plusieurs de ces craintes ont été entendues par le
ministre, et je salue son ouverture à
des amendements proposés par différents groupes et quelques-uns venant des
partis d'opposition. Le ministre l'a dit lui-même : Il faut
s'asseoir du même côté de la table pour ce genre de réflexion.
Parmi les
préoccupations qui avaient été soulevées initialement, il y avait l'absence
d'une mention harmonisant les éléments
agronomiques, socioéconomiques et écologiques liés à la production agricole
dans l'énonciation de la mission de l'ITAQ. L'ajout du volet
agroenvironnemental vient y répondre, et cela constitue une bonne nouvelle.
Un lien plus
étroit avec le ministère de l'Enseignement supérieur avait été demandé, et le
voilà maintenant explicité dans
l'énoncé de ses pouvoirs. Ceci permettra de prendre en compte et d'intégrer les
orientations et politiques du ministère de l'Enseignement supérieur qui le concerneront et d'assurer une
meilleure communication entre l'institut et le ministère. On parle ici
notamment des enjeux de réussite scolaire, de santé mentale et de lutte contre
les violences à caractère sexuel.
Par ailleurs,
on a discuté ensemble de la possibilité que l'ITAQ offre éventuellement une
formation universitaire. Le ministre a rassuré les gens qui l'écoutaient en
disant que ce n'était pas dans les ambitions de cette institution pour
les prochains temps. C'est tant mieux, parce
qu'elle peut déjà compter sur plusieurs autres universités qui ont une
expertise en agriculture. On souhaite
donc, à l'ITAQ, d'avoir un réflexe aiguisé de concertation, de partenariat et
de collaboration avec les autres institutions afin de bénéficier de
réseaux déjà établis.
L'agriculture a une donne particulière en ce
sens qu'elle est intrinsèquement reliée au territoire et au climat. Nous avons
donc tout intérêt à la considérer de manière décentralisée pour que les champs
de nos connaissances soient le plus diversifiés possible et le plus proche
possible des réalités dans lesquelles notre agriculture évolue.
Au chapitre
de la formation, je me permettrais d'ajouter que plusieurs
centres offrent des cours dans le
domaine de l'agriculture sur l'ensemble du territoire.
Conséquemment, il demeure important que l'ITAQ s'assure de faire profiter de ses connaissances et de son expertise aux autres centres de formation.
Les transferts technologiques vers les autres centres de formation
devront faire partie des priorités de l'ITAQ.
Concernant la
composition du C.A., nous saluons les
modifications apportées par le ministre suite à nos discussions. Le C.A. est un
élément crucial à la gouvernance indépendante de l'institut, et il fallait que
les membres représentent au mieux les réalités du milieu en équilibrant
les membres indépendants et les personnes directement concernées.
En ce sens,
on est soulagé de voir que deux professeurs sont maintenant dans cette équipe
et non un seul, et que les
représentantes et les représentants des associations étudiantes peuvent
maintenant avoir un mandat renouvelable. Les jeunes gradués ont également, à leur tour, une voix au chapitre grâce à
un siège de membre indépendant qui est maintenant réservé à la relève
agricole.
En bref, ce
sont là des corrections importantes qu'on salue, et l'autonomie de l'ITAQ se
voit maintenant renforcée ainsi qu'une meilleure liaison avec les
différentes parties concernées.
Cependant, le
ministre aurait pu aller plus loin pour accroître la pertinence et l'impact de
ce projet de loi. Le ministre de
l'Agriculture a lui-même déposé un plan d'agriculture durable cet automne, et
davantage d'articles du projet de loi auraient pu s'en inspirer. On a une
volonté de marcher vers le développement durable en agriculture, mais peu de
mentions ont été faites à cet égard.
Par rapport à
la composition du C.A. et des principes qui guident le mandat de ses membres,
on aurait voulu voir un plus grand
nombre d'étudiants et d'étudiantes y siéger. Actuellement, l'ITAQ compte deux
campus. Mais, advenant le cas où un
troisième se créerait, le nombre d'étudiants serait maintenu. C'est quand même
dommage, considérant que les réalités
étudiantes varient d'un campus à l'autre. Ne serait-ce que sur le plan
géographique et régional, les préoccupations sont diverses, et il aurait
été préférable d'en tenir compte.
Nous aurions
également souhaité qu'une plus grande
place soit faite pour les jeunes de la relève, c'est-à-dire avoir un poste formel pour un jeune de la relève âgé de
moins de 40 ans. Le ministre nous a dit que la relève était suffisamment représentée avec les deux postes étudiants, or, il peut y avoir de
nombreux écarts d'expérience et de réalité vécues entre les étudiants et un jeune de la relève qui vient
de démarrer son entreprise. J'aurais souhaité que le ministre
soit davantage sensibilisé à l'apport que peuvent avoir les
jeunes actifs dans une entreprise sur le conseil
d'administration en réservant un
poste expressément pour eux. J'ajouterai que
je suis particulièrement bien placée pour témoigner de l'apport des jeunes
dans les lieux décisionnels. Il faut s'assurer de nous faire une place.
Ensuite, sur le plan des profils, le ministre ne
voulait pas lier les mains du C.A. en déterminant sa composition pour inclure au moins une personne issue de
l'agriculture biologique, notamment. L'argument était que le C.A. est habilité
à déterminer par lui-même les meilleurs
profils de compétence, mais cette pratique s'apparente au statu quo en matière
de désignation
des décideurs. On souhaite donc que le C.A. entame par lui-même des démarches
afin d'assurer une représentativité diversifiée des profils et pas juste
des compétences, même chose du côté de la parité dans ses membres. En 2021, il est attendu qu'on fasse une place
importante aux femmes dans les lieux décisionnels; cependant, la parité est
ainsi souhaitée, sans pour autant être assurée.
Bref, autant
le projet de loi avait plusieurs éléments intéressants, autant, à quelques
égards, le ministre a refusé des propositions
qui renforçaient certains principes parce qu'il trouvait que le projet de loi
était assez audacieux comme ça. On n'a pas tout à fait la même vision de
ce qui est l'audace, puisque je pense qu'il faut pérenniser certains
changements qu'on est en train de voir en société en les garantissant et en les
renforçant pour l'avenir. Plus les milieux sont parties prenantes, consultées et concertées, mieux se porte le développement
régional. Et, quand, en région, on a la chance d'avoir une institution de cette envergure, c'est vraiment
important qu'il y ait un maillage qui se fasse pour tenir compte des réalités
locales.
En
conclusion, on veut le meilleur ITAQ possible. On souhaite arriver à un
rayonnement de l'agriculture québécoise et une meilleure concertation
entre les parties prenantes. On veut accroître leur réponse devant les besoins
grandissants en matière d'autosuffisance alimentaire, d'agriculture diversifiée
et adaptée aux réalités environnementales et sociales. La réforme qui va créer l'ITAQ est un pas dans la bonne direction.
Maintenant, on souhaite qu'il participe à renforcer la résilience de nos
systèmes alimentaires et agroalimentaires. Merci, M. le Président.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Vimont.
M. Jean
Rousselle
M. Rousselle :
Merci, M. le Président. Premièrement, effectivement, j'écoutais le ministre, et
puis je pense qu'on a fait un exercice... Effectivement, comme il dit, on était
tous du même côté, on était du côté de l'alimentation du Québec, on était sur le côté des Québécoises et des
Québécois. Parce que c'est qui qui va en bénéficier au bout? C'est sûr qu'on
parle d'éducation, on va parler
d'étudiants et tout. Mais qui qui va en bénéficier vraiment au bout? C'est les
Québécoises et les Québécois. Et je
pense que l'objectif premier, là, pourquoi qu'on s'est présentés en politique,
pourquoi qu'on est ici, bien, c'est dans l'objectif d'améliorer les choses, et
puis je pense que... Puis le ministre le mentionnait, à la fin, il s'est senti
fier, justement, puis qu'on avait accompli
quelque chose, puis avec raison, avec raison. On a travaillé fort, vraiment et,
de part et d'autre, là, on avait des suggestions. Des fois, le ministre a
demandé de l'assistance de son monde en arrière de lui, puis c'est parfait, puis c'est bon. On ne peut pas
tout savoir, hein? À un moment donné, il faut... moi aussi. Personne ne sait tout ici, donc je pense que c'est important
d'aller chercher la bonne information pour qu'on puisse avancer correctement,
et il l'a fait. Vraiment, chapeau, parce que... D'ailleurs, il y a d'autres
ministres qui devraient s'en inspirer. Ça aiderait, des fois, qu'on puisse avancer des fois dans d'autres projets de loi. Ce
serait donc simple comme ça. Comprenez-vous? Donc, je suis très content.
On
parlait, justement, de consultations particulières en visuel. Bien oui, c'était
une première, vraiment. Si tout le monde
regardait comment ça avait été, on était comme les... c'était nous qui faisions
le test, là, voir si ça fonctionnait, et je pense que ça a bien été. En tout
cas, pour notre côté, ça a bien été. C'est sûr qu'il y a une adaptation, hein,
qui se fait, hein? Moi, premièrement, là, côté techno, là, je veux dire,
même si je me débrouille pas pire, je ne suis pas le... De ma génération, je ne suis pas pire, mais, je veux
dire, si j'en parlais à mon petit-fils, lui, il est vraiment bien meilleur.
Lui, on dirait qu'il est venu au monde avec l'informatique. Mais ça
s'est bien fait, puis c'est correct.
Seule chose, puis je l'ai déjà mentionné, mais
je vais le rementionner, tu sais, quand on fait un changement semblable, puis un changement, oui, qui était
demandé depuis longtemps, mais un changement important au niveau de... peu importe le niveau qu'on fait, je pense, c'est
important d'entendre tout le monde. Et, oui, les gens, ils ont tous
l'opportunité de faire des mémoires,
de nous envoyer des lettres, oui, oui, ça, c'est certain, mais ce n'est jamais
comme quand tu es en place, quand tu es là vraiment, puis là on peut te
requestionner sur : Tu as voulu dire quoi là-dessus puis... Bon. Puis bien
souvent, même, en discutant, bien, il y a
d'autres idées qui nous viennent puis dire : Ah! bien oui, je n'avais pas
pensé à ça. Puis donc, avec la discussion, bien, ça évolue, puis, à ce
moment-là, il y a d'autres idées qui nous viennent.
Mais j'aurais
aimé qu'on entende l'Ordre des agronomes. Vraiment, j'aurais aimé ça entendre
le Syndicat de la fonction publique,
collège d'Alma. Puis même j'ai reçu une lettre... bien, on a reçu une lettre...
Là, je suis comme possessif, j'ai reçu une lettre. On l'a tous reçue,
cette lettre-là, au niveau universitaire, qu'ils auraient aimé, justement, qu'on
leur demande leur opinion, qu'ils puissent
donner, à un moment donné, leur opinion sur l'éducation. C'est sûr qu'on parle, là, d'une éducation collégiale, mais ça se pourrait qu'à un moment donné on
s'en aille sur le côté universitaire. Comment
ça se fait, le transfert d'un à l'autre, collégial et universitaire?
Donc, tout ça, je pense, c'est important de le savoir.
J'étais content, j'étais accompagné, pour les
consultations particulières, par ma collègue d'Acadie, une grande dame, vraiment, grand talent aussi. Donc, j'étais
fier de l'avoir à mes côtés. J'étais aussi très fier d'avoir ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui, elle, est en
matière d'enseignement supérieur et de recherche. Je vous le dis, là, si on ne
l'aurait pas eue, là, je veux dire,
je ne suis pas sûr qu'on l'aurait amené à l'ITAQ, la meilleure au monde, comme
j'ai toujours dit, parce que, je veux
dire, il faut que tu connaisses ça un peu là-dedans, le milieu de l'éducation,
puis moi, je ne connais pas ça. Comprenez-vous,
là? Je le dis tout de suite, moi, là, quand je lui ai demandé d'embarquer avec
moi, j'aimerais ça que... Oh! j'allais
dire son nom, mais ma collègue de Marguerite-Bourgeoys, elle m'a dit oui avec
un grand plaisir puis elle a embarqué.
Je peux vous
dire que sa connaissance, vraiment, du milieu nous a amenés, justement,
à un autre niveau. Et je pense, c'est
important d'avoir ces gens-là qui, à
un moment donné, viennent de ce
milieu-là, mais qui ont cette connaissance-là et qui nous amènent, justement,
à faire la meilleure loi possible, le meilleur ITAQ au monde possible. Et j'en
remercie vraiment... et, en plus, voyez-vous, j'ai deux femmes qui,
dans la semaine de la femme... donc, je veux vraiment leur lever mon chapeau, parce que
c'est des dames, des gens... des femmes qui ont de bonnes connaissances puis
m'ont aidé vraiment dans le dossier.
Mais je pense
qu'elles m'ont aidé, je pense qu'elles ont aidé même le ministre,
qu'elles ont aidé tout le monde, parce
que,
comme le ministre le mentionnait tout à l'heure, on était tous
sur le même côté de la table. On n'était pas gouvernement, oppositions,
ce n'était pas ça pantoute. L'objectif, là, c'est comme on veut amener où l'ITAQ, parce
qu'il faut dire que c'est vrai,
l'ITAQ, elle avait un petit peu les mains liées. Comprenez-vous? Ça fait, oui,
plus de 30 ans qu'elle demandait des modifications, puis oui, on
l'a fait. Parce qu'à un moment donné, il faut que tu donnes de l'autonomie. À
un moment donné, si tu ne donnes pas
d'autonomie à une organisation ou à une école, bien, tu la limites. Puis quand
tu la limites, tu la limites sur tout. Tu la limites sur les connaissances, tu
la limites sur la possibilité de donner, justement, une éducation plus élevée.
Donc, je pense qu'on vient de faire ça. Je pense
qu'on vient de délier les mains puis vraiment leur donner une plus grande autonomie. Parce que,
là, on parle que, là, eux autres, ils vont pouvoir aller chercher
des dons. Ils vont pouvoir avoir une
fondation. Ils vont pouvoir, justement, demander de l'argent un peu partout, là. Ils
n'avaient pas cette possibilité-là. Parce que c'est bien beau donner une éducation,
mais, si tu n'as pas l'équipement à l'intérieur, puis là on parle de tout qu'est-ce qui est agroalimentaire, si tu n'as
pas l'équipement en place pour donner l'éducation correctement, bien, c'est difficile donner une éducation
à haut niveau.
Donc, je pense que c'est un exercice qu'on a
fait parce que, là, on parle... Parce que c'est bien beau, on parle de l'ITAQ, mais l'ITAQ, ça va
faire quoi, ça? C'est eux autres qui s'occupent de notre garde-manger. C'est
grâce à eux. Oui, oui, il y a
eu des erreurs dans le passé, tu sais. J'ai parlé, à un moment donné, que j'étais étudiant, 13, 14, 15 ans, je travaillais dans les champs de M. Gascon, et
puis c'était à une autre période, là. Voyez-vous, ça fait au moins 50 ans
de ça, là. Donc, ça a changé pas mal.
Puis dans ce temps-là, bien, ils ont essayé, justement, des produits, hein,
qui étaient nocifs pour la population,
mais au moment qu'ils l'ont essayé,
là, ces gens-là étaient de bonne foi. Ils pensaient que c'était bon. Comprenez-vous? Ils n'ont pas fait ça pour dire :
On va se rendre malade, nous autres, les agriculteurs. On va donner ça
ou on va rendre la population malade. Non, non, ce n'était pas ça pantoute.
Avec les
connaissances du temps, bien, c'est ça qui s'est produit. Puis c'est pour ça
qu'à un moment donné c'est bon avoir
de la recherche puis avoir, justement, une école qui peut nous projeter dans le
futur. Comprenez-vous? Donc, ça a changé.
On réalise que nos terres, peut-être qu'elles ne sont peut-être pas aussi
performantes que d'autres pays, c'est certain. Donc, avec l'ITAQ, avec... Puis il ne faut pas oublier non plus, hein...
parce que, là, je parle de l'ITAQ, mais tout le côté universitaire, toutes
les autres écoles aussi, ils vont travailler ensemble. En tout cas, je
l'espère, parce que c'est en travaillant
ensemble, comme on l'a fait, c'est en travaillant ensemble qu'on peut amener,
justement, l'agriculture plus loin, encore plus performante pour les
Québécois.
On le voit,
là, il y a des serres, il y a beaucoup de serres maintenant. Il y a de la
culture sur des toits de bâtiment. Donc, c'est nouveau, hein? On diversifie
beaucoup, et c'est parfait parce que, là, maintenant, dans des endroits, dans
des villes, maintenant, ça pousse. Donc, c'est parfait, ça, c'est bon.
C'est plus proche de la population.
Donc,
écoutez, je pense que c'est... On a fait quelque chose de vraiment bien, mais
toujours, là, il faut penser à l'environnement.
Ça fait... comme je vous parlais, là, des pesticides et tout ça qu'on s'est
servis, puis malheureusement il y a des
agriculteurs qui sont malades maintenant, espérant qu'ils vont être reconnus
pour le p.l. n° 59. Mais, pour vous dire, c'est qu'à un moment donné, il faut penser à
l'environnement aussi. On fait des gestes.
Est-ce qu'on peut affecter notre terre, le cours d'eau
qui est à côté ou peu importe? Donc, ça, c'est sûr qu'on le voit avec le temps.
• (12 h 10) •
Mais donc maintenant, l'ITAQ va pouvoir, justement,
avoir plus de recherche à l'intérieur. En tout cas, ils vont avoir les sous, vraiment, pour le faire un petit
peu plus, parce qu'avant ils ne pouvaient pas aller chercher... Tu sais,
c'était comme un ministère, hein? L'ITA, c'était comme un ministère.
Donc, tu passais des examens. Pour être professeur là, il fallait que tu sois
dans la banque du gouvernement. Puis pendant ce temps-là, bien, bien souvent,
il y a bien des professeurs qui décidaient, bien, écoute, je vais aller
étudier... je vais aller donner mon cours au cégep ou à l'université. Donc, on va pouvoir, justement, aller chercher des
gens de grand talent qui vont pouvoir, justement, enfin, donner de
l'instruction, justement, donner des
cours aux gens qui sont les futurs agriculteurs, les futurs technologues, toute
la panoplie de gens qui travaillent dans l'agroalimentaire.
Parce qu'il y
a beaucoup de volets dans l'agroalimentaire, hein? Tu sais, il y a bien des
gens qui vont dire : Bien oui, les gens, ils vont planter dans le champ.
Non, non, c'est plus loin que ça. Nous autres, au Québec, là, on a des
sécheresses, on a trop d'eau, à un
moment donné, on a plein de problèmes qui existent. Là, maintenant, il y a même
des tornades maintenant, qu'on n'avait pas, les inondations qu'on
connaît. Donc, tout ça fait qu'à un moment donné notre culture au Québec est différente d'ailleurs, est peut-être plus
problématique, des fois. Et ça, encore une fois, je vous parle d'un secteur,
mais Laval puis le Lac-Saint-Jean,
bien, c'est bien différent, la culture. C'est deux températures différentes.
Donc, il faut prendre bien des choses en considération.
Donc, je vous
dirais, j'ai adoré de participer là-dedans, surtout quand on a parlé aussi du
C.A., à un moment donné. Puis là on a
parlé longtemps de ça. On a parlé du premier C.A., qui qui va être là. Puis ma
collègue en parlait justement de... Bien,
enfin, il va y avoir deux professeurs là-dedans, il va y avoir des élèves,
justement, la relève est là-dedans. Donc, ils vont pouvoir parler,
justement, au nom des gens de la relève. Mais aussi le critère hommes-femmes,
tu sais, puis ça, c'est surtout ma collègue,
justement, de... ma collègue, là, qui l'a amené, ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui l'a amené,
vraiment, qui y tenait beaucoup, puis avec raison, parce que je pense qu'on y
tenait tous. Je pense que, dans les comités
ou dans les C.A., l'importance d'avoir parité hommes-femmes, aussi avoir des
jeunes, avoir une mixité là-dedans...
Là, le premier
C.A., c'est sûr qu'on aurait aimé mieux avoir plus d'assurance d'avoir une
variété vraiment assurée, parce que
le premier C.A., c'est lui qui va décider des autres après. Si tu te retrouves
juste avec des technologues, mettons, à l'intérieur de ça, bien, c'est sûr qu'eux autres vont avoir un alignement de
technologues. Donc, je pense que c'est important
d'avoir une diversité vraiment
pour essayer d'avoir le meilleur C.A., puis ce C.A. là, c'est lui qui va comme
aligner vraiment sur comment
qu'on va aller sur l'éducation.
Puis je sais
qu'il y a un comptable aussi, mais ça, c'est comme important
aussi, là, une question de comptabilité, parce que, quand tu es en agriculture, bien, c'est important
d'avoir aussi les connaissances de finances, hein, parce que, là, tout de même,
quand on parle de terres, on parle de millions, hein? On ne parle pas de
100 000 $, là, on parle de millions, surtout quand on sait que les machineries, ça coûte cher aujourd'hui. Tout coûte cher, hein, et donc je pense que... l'importance
de s'assurer d'avoir une éducation complète.
Donc, la
composition, j'en ai parlé. J'ai aussi la recherche. Ça va être important
que... ce groupe-là du C.A., il va falloir
qu'il soit là pour, justement, s'organiser, avoir des fonds nécessaires
pour la recherche. Tout part de là, tout part... tu sais, je vous ai
parlé des maladies, je vous ai parlé de plein de choses. Ça part de là, donc,
l'importance de ça.
Donc, juste
pour dire que l'exercice qu'on a fait, ça a été très intéressant. Ça a été beaucoup de... on a fait beaucoup d'amendements
aussi... D'autres amendements, on a retiré... Le ministre, il en a mis, le ministre en a retiré, on en a déposé. Mais pour vous dire que ça a été vraiment
un exercice d'équipe qu'on a fait, donc, il y avait une équipe, il n'y
avait pas trois, quatre équipes, il y avait
une équipe, et l'objectif, je pense qu'il est atteint. Vraiment,
on a atteint l'objectif d'avoir le meilleur ITAQ au monde. Et là on va le voir avec le temps. Tu sais, ça
va évoluer aussi, cet ITAQ là, on va le voir avec le temps. On va s'assurer de
voir qu'est-ce qui se passe aussi
avec le temps. Je vous parlais de la recherche et tout, mais ça va
continuer à progresser, là, nos connaissances et tout.
Mais encore
là, il va falloir penser aussi à la protection de nos terres. Ma collègue
parlait justement d'un rapport, justement, qui fait mention de plusieurs
dossiers, mais la protection de nos terres, c'est encore bien important. Parce
que quand... On le voit, les municipalités
sont toujours à regarder les bonnes terres agricoles, hein, qui sont là. C'est
toujours intéressant d'avoir des
taxes, hein, avoir des maisons ou avoir des commerces, c'est toujours plus
intéressant monétairement, mais quelque part, on joue avec notre
garde-manger.
Et je pense qu'il
va falloir aussi... Je comprends bien que ce n'est pas l'ITAQ qui va régler ça,
mais je comprends... j'espère que le
ministre va... mais l'ITAQ va pouvoir, justement, peut-être donner l'éducation,
va pouvoir donner l'enlignement psychologique,
dire aux gens : Écoutez, on va travailler pour vraiment protéger nos terres agricoles. La relève... bien, en
espérant, justement, que cette relève-là
qui va sûrement... d'aller à ces écoles-là, qu'on puisse lui donner,
justement, une chance, justement, de s'épanouir vraiment
dans le dossier.
Vous savez, actuellement, les jeunes qui veulent partir en agriculture sont... ils vont louer
des terres bien souvent, ils ne peuvent pas acheter des terres. Tu sais,
tu t'en vas à la banque, tu vas... Bien, écoute, je veux devenir agriculteur, j'arrive de... je sors de l'école, de l'ITAQ, j'ai
des bonnes connaissances, mais moi, je veux acheter. Oubliez ça, là, il n'y a pas
une banque qui va vous prêter, là, tu sais, à moins que tu aies papa, maman,
qui ont beaucoup de sous, en arrière de toi pour vraiment t'épauler, tu sais, à moins aussi qu'un
agriculteur qui veut vraiment les aider, dit : Regarde, je vais t'aider,
prends ma terre, puis on va y aller comme
ça. Mais, en grande partie, les gens, ils vont louer des terres, et c'est là-dessus qu'il va falloir, à un moment
donné... C'est bien beau, donner de l'éducation, d'enligner les jeunes dans les
milieux de l'agroalimentaire, mais, à un
moment donné, il va falloir leur donner les moyens aussi, parce que c'est bien
beau l'éducation, mais il y a d'autre chose. Si on veut vraiment qu'ils
réalisent leur rêve, il va falloir s'en aller vers là. Donc, vous savez,
tout part de l'éducation, mais tout part
aussi de la volonté gouvernementale de vouloir leur donner aussi des moyens
nécessaires pour qu'ils puissent s'accomplir aussi là-dedans.
Donc, je vais terminer là-dessus, M. le
Président, dire, je suis très content qu'on termine. C'est la période de l'adoption
finale, donc très content qu'on ait traversé ça. Encore une fois, je remercie beaucoup
mes collègues. Vraiment, c'est intéressant. Je voudrais remercier
tous les groupes qui ont passé en consultations particulières, là, tu sais, qui
ont déposé des mémoires. Écoutez, déposer
des mémoires, il faut que tu le prépares, ce mémoire-là, ça prend du temps.
Puis eux aussi, justement, ils ont
vécu une première, donc peut-être c'était plus intéressant peut-être pour eux
autres. Il n'y avait pas un
déplacement à faire peut-être, c'était peut-être plus facilitant, mais merci à
eux qui ont participé à l'exercice. Merci à ceux aussi qui nous ont
envoyé des lettres. Je remercie vraiment, ça a été très intéressant.
Je remercie
le collègue du Lac-Saint-Jean, vraiment. Effectivement, je l'ai entendu hier,
et puis on voit que le côté agriculture
lui tient à coeur, donc c'est intéressant de voir ça. Le collègue aussi de la
troisième opposition, mon collègue de Bonaventure
qui, lui, si je ne me trompe pas, c'est même un professeur dans la vie. Donc,
lui, il y tenait vraiment beaucoup, puis
on le voyait quand il faisait des interventions, mon collègue de Bonaventure,
tu le voyais vraiment qu'il tenait vraiment qu'il y ait des professeurs, justement, dans ce comité-là parce que
c'est eux autres qui voient ça sur le terrain, hein? Eux autres savent. Ils ont tellement ça, une passion,
justement, de donner l'information, de donner de l'éducation à des jeunes
qui veulent.
Ça doit
être... Écoutez, je n'ai jamais été à l'ITA, qui va s'appeler ITAQ, mais un
jour je vais y aller, certain, parce que j'imagine que... à avoir entendu les gens de
l'ITA, d'avoir entendu, justement, des gens qui travaillent dans le domaine
de l'éducation pour l'agroalimentaire, c'est
des gens passionnés, hein? C'est des gens qui se donnent vraiment et qui... Puis
merci d'être passionnés comme ça parce que,
comme je le disais tantôt, c'est nous, les Québécois, Québécoises
qui en profitent de ça.
Donc, je remercie tous les gens qui se sont
déplacés, les gens qui ont voulu, justement, donner leur expertise ou leurs
commentaires. Et puis, écoutez, longue vie à la meilleure ITAQ au monde! Donc,
je vous laisserais de même, M. le Président. Merci.
• (12 h 20) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Vimont. Je reconnais maintenant M. le député de René-Lévesque.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de prendre la parole, en remplacement
du collègue de Bonaventure, qui est présentement pris dans une autre
commission. Et, pour préciser dans quel domaine le collègue de Bonaventure est professeur, c'est la sociologie. Et donc on bénéficie, à notre
caucus, des pensées philosophes et sociologues du collègue de Bonaventure,
qui nourrit effectivement nos réflexions.
Tout ça étant pour
dire, M. le Président, juste rappeler à cette Chambre que nous nous étions
abstenus, lors du principe du projet de loi,
pas parce qu'on était contre, pas parce qu'on était pour, mais parce qu'on
avait encore de nombreuses questions.
Le collègue de Bonaventure avait participé aux consultations et, à la lumière
de ce qu'il avait entendu, il restait encore
beaucoup de travail à faire en commission parlementaire et il se donnait le
loisir de travailler avec l'équipe du ministre et les autres oppositions pour faire valoir certaines orientations à
prendre dans la création de l'ITAQ et surtout de voir la finalité avant
d'apposer un vote contre ou pour.
Et
le ministre de l'Agriculture ne sera pas surpris de savoir qu'on va voter pour
le projet de loi de l'ITAQ puisque les oppositions, en collaboration avec les
équipes du ministre aussi et tous ceux qui l'entouraient... il y a des gros
gains qui ont été faits à l'intérieur du
projet de loi n° 77. Alors, M. le Président, je vais les défiler en rafale
pour le bénéfice de cette Chambre.
Donc, nous avons
réussi à obtenir l'engagement dans la loi, à l'article 14.1, que le ministère
de l'Enseignement supérieur soit partie prenante des orientations
pédagogiques de l'ITAQ. À l'article 15, le ministre est maintenant obligé
de déposer devant l'Assemblée nationale toute directive envoyée à l'ITAQ, donc plus de transparence, évidemment. Tous
partis confondus, c'est tout le monde qui y gagne lorsqu'on en obtient
dans des projets de loi.
Deux membres du
personnel enseignant provenant de deux campus différents sur le conseil
d'administration. Il n'y avait aucun enseignant d'office, sur le C.A., et c'est
un amendement majeur.
À
l'article 18, nous avons écouté la relève agricole qui
réclamait au moins un siège au C.A. pour un jeune de 35 ans ou moins, en respectant la diversité québécoise.
C'est un beau signal à envoyer à la relève, dont plusieurs sont diplômés de
l'ITA et seront diplômés de la nouvelle ITAQ.
À
l'article 47, tel que réclamé par le corps
professoral, une commission des études est établie. C'est cohérent avec
la manière dont nous avons développé les
études supérieures, avec les cégeps, les universités, et ça permet aux
professeurs d'être partie prenante des savoirs enseignés à l'ITAQ.
Et
en terminant, à l'article 82, nous nous sommes assurés que la première
nomination du recteur des études se ferait en tenant compte du profil
des compétences et de l'expérience nécessaire.
Donc, voilà, M. le
Président, très court, les gains que les partis d'opposition et ma formation politique
ont réussi à obtenir en discussion avec
l'équipe du ministre. Donc, assurément, je pense que c'est un grand
pas vers l'avant que l'Assemblée
nationale va franchir à la création
de l'ITAQ. Et je pense qu'on a entre les mains une nouvelle organisation qui
va nous permettre, je pense, de faire face aux défis que nous faisons face présentement
en matière d'agriculture.
Évidemment,
le collègue de Bonaventure aimerait, en mon nom, souligner la bonne
collaboration qui s'est tenue autour de cette étude détaillée et aussi
remercier les personnes qui sont venues en consultation nous donner leur
opinion sur la façon de mieux faire adopter ce projet de loi là.
Donc,
c'est avec beaucoup de plaisir, au nom du collègue
de Bonaventure, que je vais affirmer ici haut et fort qu'on
va voter pour le projet n° 77.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Puisqu'il n'y en a
pas, en application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de leurs
groupes sur l'adoption du projet de loi n° 77, Loi sur l'Institut de technologie agroalimentaire du Québec.
Je
constate que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté pour la mise
aux voix, je suspends donc les travaux pour un maximum de temps de
10 minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 26)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, nous reprenons.
Mise aux voix
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du projet de loi n° 77, Loi sur l'Institut de technologie
agroalimentaire du Québec. M. le
leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M.
Fortin : Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce que vous avez des indications à
nous transmettre concernant le vote des députés indépendants?
M. Schneeberger :
Oui. Alors, j'ai celui du député de Chomedey : Pour. La députée de
Marie-Victorin : Pour. Et le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata :
Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, le
projet de loi n° 77, Loi
sur l'Institut de technologie agroalimentaire du Québec,
est adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 19 du
feuilleton.
Projet de loi n° 73
Adoption
Le Vice-Président (M. Picard) :
À l'article 19 du feuilleton, M. le ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux propose l'adoption du
projet de loi n° 73, Loi modifiant diverses dispositions en matière de
procréation assistée. Et je reconnais immédiatement M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci beaucoup, M. le Président. Chers collègues, très heureux d'être ici parmi
vous aujourd'hui pour l'adoption de loi sur la procréation
médicale assistée, un dossier qui me tient particulièrement à coeur, moi qui ai
travaillé pendant 30 ans auprès des
enfants, si j'inclus ma résidence, et qui est l'obstétrique, évidemment, très
près du coeur également.
Tout comme d'autre société, le
Québec s'est transformé, tant sur le plan de la situation conjugale que de la fécondité de sa population. Aujourd'hui, l'âge
moyen des femmes au moment de leur premier enfant est passé de 26,8 en 1999 à 29,1 en 2018. L'égalité juridique et
sociale des couples homosexuels étant acquise, les couples homoparentaux sont
de plus en plus nombreux. Dans ces
conditions, la fécondation in vitro et les autres techniques de procréation
médicale assistée représentent le moyen pour plusieurs personnes
d'accéder à la parentalité.
Depuis
la fin de l'ancien programme, en 2015, le ministère de la Santé et des Services
sociaux a été continuellement sollicité pour le retour des services assurés pour la fécondation in
vitro. Les principaux demandeurs sont la population vivant avec des problèmes
d'infertilité qui représentent maintenant environ 15 % de la population canadienne, selon une
étude de Statistique Canada en 2015,
la population qui se trouve dans l'incapacité de se reproduire. Les demandes,
par exemple, de femmes célibataires
ou en couple de même sexe ont connu une forte progression et représentent
environ 20 % des personnes qui demandent des services.
Comme vous le savez, nous nous étions engagés à
rétablir la couverture publique de la fécondation in vitro. C'est une promesse
que nous tenons afin que les familles qui souhaitent avoir des enfants puissent
accomplir leur rêve, M. le Président. Donc,
en ce sens, le 15 mai 2019, la ministre de la Santé et des Services
sociaux, Mme Danielle McCann, avait annoncé le retour de la
couverture des services de fécondation in vitro par le régime public. Pour
rétablir cette couverture publique, les équipes du ministère ont travaillé très
rigoureusement et de concert avec plusieurs experts et partenaires pour en arriver à une formule permettant d'assurer un
programme de procréation médicale assistée qui soit pérenne, sécuritaire, qui permettra d'éviter les
dépassements de coûts, qui respectera notre capacité de payer, mais également
qui évitera les dérives éthiques.
• (12 h 30) •
Depuis mai 2019, le ministère de la Santé
et des Services sociaux a consulté de nombreux partenaires gouvernementaux et externes. Un comité d'experts
en procréation médicale assistée a été formé. Il est notamment composé de médecins spécialistes en médecine de la
reproduction, de médecins spécialistes en gynéco-obstétrique, d'un médecin
spécialiste en pédiatrie, d'un éthicien, de
membres du ministère ainsi que d'un patient partenaire. Ce comité s'est
rencontré à quatre reprises et a pu me faire de nombreuses recommandations,
tant cliniques qu'organisationnelles, afin de proposer une offre pour des services de qualité,
sécuritaires et qui permettent d'obtenir les meilleurs taux de succès ainsi que
des mesures nécessaires pour assurer l'accessibilité à ces services, et
ce, dans les délais recommandés.
Afin de bien saisir les problématiques du passé
ainsi que les enjeux actuels quant à la couverture des services assurés, le ministère a consulté la Régie de
l'assurance maladie du Québec et travaille conjointement avec elle afin de
s'assurer de l'applicabilité des balises et de la gestion de
l'admissibilité des personnes concernées. Le ministère des Finances a également été consulté
afin d'explorer différents scénarios quant à l'aide fiscale qui pourrait être
offerte, qui l'est déjà, et dans le futur.
Ayant pour
mandat dans la loi de relever le niveau de qualité, de sécurité et d'éthique
des activités en procréation médicale
assistée, le Collège des médecins a également été consulté à deux reprises par
le ministère afin de connaître leur avis sur comment nous devons
procéder sur l'exercice de la procréation médicale assistée.
De même, afin
de connaître concrètement l'offre de services actuelle en procréation médicale
assistée au Québec ainsi que recueillir l'avis de différents acteurs qui
y travaillent, le ministère a procédé à la visite et à la consultation de l'ensemble des cliniques de procréation assistée
au Québec, au nombre de sept, ainsi qu'à la consultation téléphonique de
huit cliniques de fertilité en région.
Le ministère a aussi voulu mettre de l'avant
l'expérience des citoyens. Il s'est entretenu avec la Coalition des familles LGBTQ+ ainsi que l'Association
Infertilité Québec. Il faut aussi noter qu'il y avait un patient partenaire
comme membre du comité d'experts en procréation médicale assistée.
Ainsi, en s'enquérant de l'opinion de ces groupes, le ministère souhaitait
ajuster son nouveau programme à la réalité des personnes vivant une situation
d'infertilité en 2021 ou qui ont également
une incapacité à se reproduire. Tous les intervenants consultés ont exprimé le
souhait que soit mis en place un
nouveau programme de procréation médicale assistée bien balisé afin d'éviter
les dérives connues en 2010 et 2015 et que le programme puisse être
maintenu de façon pérenne.
Maintenant,
ce qu'il faut savoir, c'est que depuis la fin du programme, la majorité des
patients qui ont eu recours à la procréation médicale assistée ont choisi les
techniques qui demeurent assurées, comme l'insémination artificielle. Ce
choix s'exerce malgré le fait que ces techniques soient, dans certains cas,
médicalement moins efficaces, moins indiquées
et que leurs chances de réussite soient nettement plus faibles. Par exemple, en
2016, près de 16 000 inséminations artificielles ont été
pratiquées, dont seulement 7,5 % ont mené à une grossesse clinique.
Plusieurs de ces inséminations artificielles
ont été pratiquées chez des femmes de plus de 43 ans dont la grossesse
survient seulement dans 2 % des cas, M. le Président. Le rapport du Collège
des médecins du Québec mentionne que, pour les femmes âgées de 41 et
42 ans, le taux de grossesses par inséminations artificielles est
d'environ 4 %.
Or, le Commissaire santé et bien-être recommandait
dans son avis qu'aucun traitement en procréation médicale assistée dont le succès est inférieur à 5 % à
10 % ne soit entrepris. Bien que le coût de chaque insémination
artificielle est inférieur à ceux de la fécondation in vitro, le coût
cumulatif de ces interventions non performantes et non pertinentes cliniquement
est élevé pour notre société. Par exemple, chaque insémination artificielle
coûte en moyenne 247 $, et chaque femme peut obtenir un nombre illimité
d'inséminations artificielles assurées actuellement, renouvelables après chaque grossesse, sans égard à sa condition
clinique. Toutefois, bien que la Loi de l'assurance maladie ne limite pas le
nombre d'inséminations artificielles, le
manuel de facturation des médecins spécialistes précise qu'un nombre maximum
de neuf inséminations peut être facturé à la
régie par patiente jusqu'à l'obtention d'une grossesse évolutive qui se définit
par la présence d'un coeur foetal positif.
Cette restriction a été ajoutée afin d'influencer une bonne pratique à la suite
de la publication des lignes directrices du Collège des médecins en
2015.
Pendant toute la durée de l'ancien programme, le
nombre de cycles stimulés de FIV était limité à trois et était renouvelable après chaque grossesse. De manière
générale, de quatre à six embryons peuvent être créés à chaque cycle de fécondation in vitro. Ainsi, plusieurs embryons
ont été créés sans que les parents aient pu les voir implanter en vue d'une
grossesse. Or, plusieurs années plus tard,
de nombreux couples ne sont plus joignables, et certains embryons sont toujours
conservés dans les centres de procréation assistée en attente d'un destin. Il
faut donc, M. le Président, améliorer notre performance
à ce niveau-là, car ceci n'est absolument pas souhaitable. Présentement, les
services de procréation médicale assistée sont offerts majoritairement
dans des cliniques de procréation assistée privées. Il y en a quatre, de ces
cliniques, offrant la gamme complète des services à Montréal et un centre à
Québec. De plus, le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et le
Centre universitaire de santé McGill offrent également tous les services, que
ce soit la fécondation in vitro, la
préservation de la fertilité, le diagnostic génétique préimplantatoire, aux
frais des patients, lorsqu'applicables.
Toutes les
cliniques de procréation assistée offrant des services de fécondation
in vitro détiennent un permis délivré par le ministre de la Santé et des
Services sociaux en vertu de la loi qui nous gère actuellement. Quelques centres
hospitaliers régionaux et cliniques privées offrent des services d'insémination
artificielle et de traitement du sperme de donneurs. Aucun permis n'est actuellement requis cependant en vertu de la loi pour
offrir ces services. De plus, le bilan de base de fertilité, la stimulation ovarienne, peut être obtenu dans n'importe quel
cabinet privé de médecins. La stimulation ovarienne par des agents oraux hors fécondation
in vitro est le traitement privilégié en première instance. Nous voulons
donc mettre à niveau ces recommandations et s'assurer que toutes les activités le
nécessitant soient supervisées par notre ministère.
En général, chaque équipe de FIV inclue des
médecins spécialistes en reproduction et en endocrinologie, les embryologistes, les nutritionnistes, les
psychologues et les travailleurs sociaux spécialisés dans les enjeux de
filiation, ainsi que des infirmières
formées dans la prise en charge de la clientèle infertile, tant dans le réseau
public que privé du Québec.
Un autre
aspect à ne pas négliger, c'est l'accès à des données centralisées, M. le Président, un point important dans notre nouveau programme. En 2014, le Commissaire
santé et bien-être recommandait de créer de toute urgence une banque de données centralisée qui permettrait de
faire un suivi longitudinal des activités de procréation assistée et d'évaluer
les impacts sur la santé des mères et des enfants.
La loi
prévoit les dispositions permettant de surveiller l'état de santé des personnes
et un recours à la procréation médicale
assistée et des enfants qui en sont issus, mais ces dispositions ne sont pas
encore appliquées plusieurs années après. La fin du programme a limité
la capacité du ministère à intervenir à cet égard, et nous comptons le
rétablir.
Pour l'heure,
aucune donnée permettant la planification des services n'est comptabilisée de manière
centralisée. Les CPA publics et
privés, les établissements et les médecins exerçant en cabinets privés
professionnels offrent des services qui ne sont pas mesurables depuis la
fin du programme en 2015. Seulement certaines cliniques participent au Registre
canadien des
techniques de procréation assistée tenu par la Société canadienne de fertilité
et d'andrologie. Les services n'étant pas
assurés, les données de facturation habituellement utilisées pour mesurer la production médicale ne
permettent pas de brosser un portrait
complet des services. Les nouvelles cliniques privées souhaitant ouvrir dans la
région montréalaise ont fait
des demandes de permis de CPA dernièrement et les ont obtenus. Nous voulons,
dans le futur, mieux contrôler ces demandes
de permis et nous voulons également s'assurer que la représentativité soit
faite sur tout le territoire québécois. Même si l'offre de service semble déjà suffisante pour couvrir les besoins
de la région, aucun critère d'évaluation des demandes fondées sur
l'organisation des services ne permettait auparavant de limiter la délivrance
de permis de CPA.
Les activités
procréation médicale assistée, comme la fécondation in vitro, sont des
soins de santé reconnus pour permettre
d'accéder au projet parental, malgré des problèmes d'infertilité ou une
incapacité à se reproduire. Comme plusieurs juridictions, le Québec souhaite
offrir un nouveau programme moderne tenant compte des nouvelles réalités
conjugales et familiales caractérisant notre population. Les services
doivent donc être assurés autant pour les personnes souffrant d'infertilité que
pour des couples ou des femmes seules qui se trouvent devant une incapacité
physique de se reproduire.
Plusieurs pays ont pris l'exemple sur
l'expérience québécoise de 2010 à 2015 pour offrir des services de procréation médicale assistée selon des critères
permettant de contrôler les coûts et réduire les conséquences cliniques de
certains traitements sur la santé des femmes
et des enfants qui en sont issus. Afin d'éviter les dérives financières et
éthiques du programme, il apparaît
impératif de restreindre le nouveau programme à certains services et selon
certains critères d'admissibilité.
• (12 h 40) •
Notre ministère,
M. le Président, a travaillé très fort pour établir ces cliniques
au cours des dernières années avec toutes les rencontres dont j'ai parlé un peu plus haut. Nous sommes arrivés avec des critères qui n'incluent pas tout le monde, mais qui incluent vraiment les personnes
que l'on veut viser, les personnes... les femmes qui ont moins de 41 ans
au moment de la stimulation, moins de
42 ans au moment de l'implantation, les dames qui ont plus de chances
d'avoir un... dont le processus a
plus de chance d'être efficace. Puis, encore une fois, je tiens à remercier
tous ceux qui ont participé aux échanges
pour nous permettre de faire... d'améliorer, de bonifier ces critères-là et de
s'assurer qu'on ait le programme le plus performant possible, le plus rapidement
possible.
Comme je le disais, les services de FIV sont un
moyen performant d'augmenter la natalité lorsqu'ils sont accompagnés de conditions assurant une prestation
sécuritaire et fondée sur une pratique permettant d'atteindre les meilleurs
taux de succès. Par exemple, le taux de grossesses multiples pour les
naissances issues de la PMA a diminué de manière significative à la suite de
l'adoption de l'article 10.3 de la loi qui limitait le nombre d'embryons
transférés. Le taux de grossesses multiples pour les naissances issues de la
procréation médicale assistée est donc passé de 27 %, en 2013, à environ
5 % en 2017. La moyenne canadienne est de 7,6 %.
Pour mieux suivre les activités de procréation
médicale assistée et surveiller l'état de santé des personnes ayant recours à la procréation médicale assistée et des
enfants qui en sont issus, l'ensemble des cliniques de procréation assistée
privées et publiques offrant des services de
procréation médicale assistée doivent compiler leur volume d'activité et leur
taux de succès dans une seule banque de données permettant d'apprécier la
performance du programme notamment en fonction d'autres indicateurs comme le
taux d'hospitalisation et les données de naissance. Et même un peu plus loin, M. le Président, on veut s'assurer du bien-être
dans le développement de ces enfants, et ça va être intéressant pour nous de
croiser ces données-là avec les données de
notre programme Agir tôt qui pourront évaluer ces enfants à un âge standardisé.
Le Commissaire santé et bien-être recommandait
que l'accessibilité aux services en région soit renforcée. Une organisation efficace entre les CPA publics et
privés devrait limiter les délais d'accès et permettre d'assurer un équilibre
entre l'accès et la concentration de l'expertise.
Il est anticipé que la première année de mise en oeuvre du programme, la
demande de fécondation in vitro sera très élevée, puisque les personnes
qui n'ont pas les moyens de s'offrir ces services et qui s'en privent actuellement
pourraient se prévaloir de la couverture publique. Comme le gouvernement
annonçait en mai 2019 le retour du programme,
le délai entre l'annonce et le retour du programme pourrait entraîner
une demande qui pourrait jusqu'à
doubler dans la première année, soit environ 7 000 cycles. Cette estimation est
basée sur le nombre de cycles de FIV,
fécondations in vitro, qui avaient été faits lors de la première année
complète du programme, en 2011‑2012,
soit 7 319 cycles. La demande
devrait graduellement se diminuer pour arriver, autour de 2023, à un volume
moyen estimé de... 7 250 cycles.
Une fois la période de transition complétée, la cible anticipée pour 2023‑2024
est de 3 500 cycles par année,
M. le Président. Cette estimation est réalisée sur la base de volume de
l'année 2013‑2014, où l'offre de services dans l'ancien programme
s'était stabilisée. La demande de la population pour un premier cycle de FIV
était alors d'environ 3 500 cycles, annuellement.
Le programme proposé est cliniquement balisé
avec des critères stricts, mais il est généreux pour les personnes qui y sont admissibles, ayant un bon pronostic,
notamment en offrant la possibilité de transférer chacun des embryons issus
du cycle, et non pas un seul. Cela pourrait
entraîner une affluence considérable de patients. S'il est estimé que la
récurrence de la demande pour les
cycles de fécondation serait de 3 500 par année, elle pourrait
presque doubler dans la première année du programme, comme j'ai déjà
mentionné, soit un volume autour de 7 000 cycles, et diminuer progressivement.
Afin d'éviter
l'engorgement et pour ne pas pénaliser la population, notre gouvernement a
décidé de maintenir l'offre de
services actuelle dans les cliniques privées pour aussi les mettre à
contribution. Ensemble, la capacité des cliniques totale, tant dans le réseau
privé que public, répond largement à la demande, environ potentiellement
12 000 cycles par année.
De plus, il est important de mentionner que les
personnes ayant déjà eu des traitements de procréation médicale assistée couverts par le régime public auront à
nouveau accès au programme de PMA, à condition de répondre aux critères du nouveau programme. Une fois le programme en
fonction, les personnes en démarche auront le choix de continuer à
débourser les frais associés au traitement en cours ou d'utiliser le projet de
procréation couvert par le programme.
Donc, à la lumière des recommandations du comité
d'experts et des consultations menées par le ministère à l'été 2019 auprès
des acteurs du milieu de la procréation de l'ensemble du Québec, des
modifications législatives et réglementaires étaient
nécessaires pour, premièrement, prévoir la couverture des nouveaux services par
le régime d'assurance maladie du Québec,
deuxièmement, se doter de moyens pour bien planifier les services de
procréation médicalement assistée et, troisièmement, rehausser la
qualité, la sécurité et l'éthique des activités de PMA au Québec.
En résumé,
l'objectif principal de cette initiative est de doter le Québec d'un programme
renouvelé de services assurés de procréation médicale assistée en ayant
le souci de ne pas accentuer les risques obstétricaux pour les femmes qui reçoivent ces traitements ou encore les risques
néonataux des enfants qui en sont issus. En contrôlant les coûts du programme et
les activités qui sont assurées ou non, le gouvernement souhaite proposer
un programme pérenne dont les services couverts seront
balisés et permettront une évolution de l'offre de services à long terme.
Les
modifications législatives et réglementaires proposées répondent à trois objectifs
spécifiques : offrir les services de PMA couverts par le régime
d'assurance maladie du Québec et la couverture des médicaments requis selon les
paramètres du
régime général d'assurance médicaments, se doter des moyens de bien planifier l'offre de services en PMA et les coûts qui y sont associés, rehausser la qualité,
la sécurité et l'éthique des activités de procréation médicale assistée.
Ces objectifs
sont désormais atteints, et je remercie les oppositions
encore une fois pour leur excellente collaboration. Nous souhaitons, M. le
Président, mettre de l'avant le programme
le plus rapidement possible, mais, comme vous le voyez, encore beaucoup
de travaux sont nécessaires par nos équipes du ministère, et nous allons nous
y mettre le plus rapidement possible, dès l'adoption de ce projet de loi.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant Mme la députée de Maurice‑Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Je vais annoncer d'entrée de
jeu que je serai brève, car nous
avons eu un échange pas plus tard qu'hier, en cette Chambre, sur le dossier.
On arrive enfin à la dernière étape de ce
projet, à son adoption. Donc, je réitère qu'on est heureux d'avoir réussi à avancer, somme toute, assez vite depuis
le début du dépôt du projet par le ministre. On l'avait assuré de notre entière collaboration
dès les premières heures qui ont suivi son dépôt. Et, bien, on se retrouve aujourd'hui
effectivement avec un projet qui est sur le
point d'être adopté, auquel, évidemment, ma formation
politique donnera... votera pour, on
l'avait annoncé dès le départ.
On a
travaillé avec le ministre, justement, à venir bonifier son projet. Je l'ai déjà mentionné,
mais je le rementionne, on le
remercie encore pour les amendements qu'on a pu déposer, qu'il a ajoutés à son
projet. On est très rassurés, justement,
le ministre y faisait référence, mais du fait que le projet est bien balisé,
s'appuie sur des critères rigoureux, a fait aussi l'objet, dans le cadre des consultations, d'une évaluation
par plusieurs experts, bien qu'il avait passé entre les mains
des experts du ministère,
mais je pense que c'est toujours bon de pouvoir le
soumettre à consultations externes, donc, que ce soit l'association des gynécologues-obstétriciens ou le Collège des médecins, les gens qui pratiquent aussi dans la procréation médicalement
assistée. Donc, on est bien rassurés à ce niveau-là.
C'est un projet de loi, comme l'a mentionné le ministre, qui va évidemment
venir, certainement, apporter un
certain rayon de soleil, si je peux le dire comme ça, dans la vie de
plusieurs couples, de plusieurs familles, qui va leur permettre de se rapprocher aussi de leur projet de vie de
faire naître un enfant, donc ça va les rapprocher de leur projet parental. Et c'est la raison pour laquelle, justement,
on a travaillé le plus rapidement, tout en étant rigoureux, mais le plus
rapidement possible pour faire
avancer ce projet parce qu'on sait qu'il y a des gens qui attendent son
adoption avec impatience et pour qui le projet va venir faire... peut venir
faire une différence notable dans leur vie.
On sait à
quel point, malheureusement, l'infertilité non seulement touche beaucoup
de couples, mais touche aussi de plus en plus de couples. Puis ce n'est
pas juste au Québec, c'est à l'international. Pour plein de raisons, notamment
parce que les couples décident, pour des raisons professionnelles ou des
raisons personnelles, des fois, de planifier, justement, la grossesse plus tard que ce que ça se faisait
par le passé. Donc, plein de variables comme ça qui sont venues contribuer, malheureusement, à
l'infertilité. Donc, c'est intéressant que le programme, justement, permette à
ces gens-là de réaliser leur projet.
Donc, je ne m'étendrai pas davantage parce que
je me suis prononcée à plusieurs reprises, que ce soit ici, que ce soit lors des consultations, lors de l'étude
détaillée ou publiquement, sur notre appui au projet, mais simplement réitérer
au ministre, évidemment, mes félicitations pour son projet de loi, lui réitérer aussi, évidemment, qu'on votera pour. Et on ne souhaite qu'effectivement, comme il reste
des étapes de son côté, ça aille rondement, le plus rapidement possible,
justement pour ne pas retarder davantage les projets de certaines
personnes qui sont dans ce processus-là. Merci, M. le Président.
• (12 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Et je reconnais maintenant M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Alors, c'est deux en
deux, hier, on prenait en considération le projet de loi, aujourd'hui,
on s'apprête à l'adopter. Alors, au risque de me répéter, j'aimerais signifier
que ce projet de loi, il était attendu. Il a
été accueilli avec plaisir, je pense, par une bonne partie de la population,
des couples aussi qui veulent mettre en
oeuvre un projet parental et qui sont confrontés à des difficultés que l'on
comprend, que l'on connaît et que l'on doit surmonter, avec un coup de main de l'État, qu'il soit balisé, qu'il soit
dans un programme qui sera élaboré, j'espère, dans les plus brefs délais. Parce qu'essentiellement c'est toujours une question qui, pour les parents, est importante,
cette course un peu contre la montre, parce que lorsqu'on
réfère, souvent, à des programmes de procréation assistée, c'est après avoir
essayé de procréer de façon naturelle et après avoir eu recours à des
services hospitaliers ou encore d'investigation. Ce qui fait que, souvent, le temps a passé et ça peut être une solution
de dernier recours pour bien des gens. Et c'est là où, à l'heure actuelle, les frais qui sont demandés dans les cliniques, sans que l'État puisse
soutenir ces couples-là, peuvent être insurmontables pour certains.
Alors, je pense que
ce projet de loi a été travaillé avec sérieux, en amont, par les experts du ministère.
Vous avez fait référence à toutes les consultations sur le plan éthique, sur le plan financier, sur le plan de la santé
des femmes et également des enfants. On a donc pu déposer un projet de loi, je pense, qui, dès le départ, a fait à peu près
consensus, ce qui a évidemment
facilité le travail des parlementaires, des législateurs. On apprécie aussi beaucoup
avoir pu obtenir certains breffages
techniques dans un sujet qui n'est pas nécessairement à la portée de tous. Nous ne sommes pas tous
spécialistes dans ces affaires, mais l'objectif commun était de pouvoir
obtenir des résultats qui permettent au plus grand nombre, je dirais, de ces parents infertiles d'avoir accès
à un projet parental, tout en évitant, vous l'avez mentionné, là, certaines
dérives qu'on a pu voir dans le programme précédent. Alors, l'équilibre a sans doute été
trouvé pour pouvoir mettre en oeuvre
les programmes le plus rapidement possible.
Je l'ai mentionné
hier, je le réitère, la dimension qui permet non seulement au plus grand nombre
de couples admissibles de pouvoir avoir
accès aux programmes, c'est important; également, qu'on puisse pouvoir le faire
sur une base géographique la plus équitable possible. Vous l'avez
mentionné tout à l'heure, que les cliniques ont tendance à vouloir, évidemment, s'installer dans les milieux plus densifiés, mais les familles, elles,
veulent, et c'est mon voeu le plus
cher, pouvoir se répartir un peu
partout sur le territoire québécois, alors, il faut trouver cet équilibre et
permettre à l'ensemble des gens d'un
peu partout au Québec d'avoir accès aux mêmes services. Ça vaut pour la
procréation assistée comme ça peut valoir pour le développement des
services de santé en général, des services sociaux et de l'économie, bien
entendu.
Alors, on a mentionné
également que plusieurs des couples qui ont hâte de voir ce projet de loi
adopté et le programme mis en oeuvre se demandent évidemment quand ils pourront
le faire, quand ils pourront avoir accès au programme. Donc, je comprends que
tout sera mis en oeuvre pour pouvoir le déployer dans les délais les plus
brefs. Et la question, évidemment, des
couples qui s'attendaient peut-être... en fait, la demande, qui a été répétée à
maintes reprises, sera réitérée, encore une fois, à savoir, la date à partir de
laquelle on peut avoir accès à ce programme-là, est-ce qu'il... une
notion de rétroactivité est possible. Ça a été mentionné à plusieurs reprises,
et je le reprends à mon compte aujourd'hui, comme
un souhait d'un très grand nombre de personnes qui souhaitent, donc, se
prévaloir du programme et qui ont déjà enclenché, dans certains cas, là,
la procédure.
Alors, bien entendu,
nous allons appuyer l'adoption de ce projet de loi. Je ne sais pas si on va le
faire séance tenante ou s'il est préférable
de reporter la tenue d'un vote sur le projet de loi. Moi, j'ai essentiellement
résumé mon propos pour appuyer le
projet de loi, et je serais prêt à laisser mes collègues prendre la relève, si
certains souhaitent se prononcer. À défaut de quoi, nous procéderons au vote et
nous appuierons, donc, avec beaucoup de plaisir le projet de loi et son
adoption. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Puisqu'il n'y a pas
d'autre intervention, en application de l'ordre spécial, j'inviterais
maintenant les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du projet de loi n° 73, Loi modifiant
diverses dispositions en matière de procréation assistée.
Je
constate que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté pour la mise
aux voix, je suspends donc les travaux pour un maximum de
10 minutes.
(Suspension de la séance à
12 h 57)
(Reprise à 13 heures)
Le
Vice-Président (M. Picard) : En application de l'ordre
spécial, j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur
l'adoption du projet de loi n° 73, Loi modifiant diverses dispositions en matière de
procréation assistée. M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député des Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau :
Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le leader adjoint du
gouvernement, avez-vous des indications à nous transmettre concernant le
vote des députés indépendants?
M. Schneeberger :
Oui, trois, M. le Président. Alors, le député de Chomedey : Pour. La
députée de Marie‑Victorin : Pour. Et le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata :
Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, le
projet de loi n° 73, Loi
modifiant diverses dispositions en matière de procréation
assistée, est adopté.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
S'il vous plaît! Les travaux ne sont pas terminés.
Compte tenu de l'heure et afin de permettre, cet
après-midi, le débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition,
les travaux sont suspendus jusqu'à 14 h 30. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 14 h 31)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée affirme que la relance
économique et sociale du Québec doit viser l'atteinte
de l'égalité entre les hommes et les femmes
À l'article 67
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée de Sherbrooke
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que l'actuelle crise
sanitaire et économique a eu des impacts plus graves sur les femmes que sur les
hommes et qu'en ce sens, elle a fait augmenter les inégalités entre les hommes
et les femmes au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement caquiste de
procéder à une analyse différenciée selon les sexes — ADS+ — de ses
mesures de relance économique, afin de mesurer l'impact de celles-ci sur
l'égalité homme‑femme et que cette analyse soit rendue publique;
«Qu'afin d'atteindre
cet objectif de réduction des inégalités, les mesures de
relance économique du gouvernement caquiste incluent notamment
des investissements supplémentaires en infrastructures pour la création de
logements abordables, la création de
nouvelles places en centre de la
petite enfance et la création de places en hébergement pour femmes victimes de violences, afin de
répondre à l'augmentation des besoins dans l'ensemble de ces secteurs;
«Que les
mesures de relance économique incluent une amélioration significative des conditions de travail et des
salaires dans le secteur public, afin de valoriser les domaines d'emplois
traditionnellement féminins et de faciliter la conciliation travail-famille;
«Finalement,
que l'Assemblée nationale affirme que la relance économique
et sociale du Québec doit viser l'atteinte de l'égalité entre
les hommes et les femmes.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par Mme la députée
de Sherbrooke s'effectuera comme suit : 10 minutes
sont réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique, 47 minutes
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
27 min 46 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle,
21 min 18 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 7 min 56 s sont allouées au
troisième groupe d'opposition. Chaque député
indépendant dispose d'un temps de parole de 1 min 30 s.
Toutefois, lorsqu'un seul député indépendant participe à un débat, il
dispose d'un temps de parole de deux minutes.
Dans le cadre
de ces débats, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un
des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes,
les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je
rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du
débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Et je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je trouvais ça vraiment essentiel qu'on débatte aujourd'hui de la forme
que va prendre la relance du Québec.
J'ai très hâte d'échanger là-dessus avec mes collègues. On va certainement
convenir d'une chose tous ensemble ici, c'est qu'avant la
pandémie il y en avait, des inégalités entre les hommes et les femmes, et que
la pandémie a exacerbé toutes les inégalités.
Pour ceux qui en doutent, les chiffres sont
clairs : 68 % des emplois perdus au Québec étaient occupés par des femmes, selon le ministre du Travail lui-même.
Les emplois les plus sollicités par la pandémie sont aussi majoritairement
occupés par des femmes, ce sont elles qui
étaient majoritairement au front et qui en ont subi les conséquences. 79 %
des membres du personnel de la santé infectés par le virus étaient des
femmes.
Je pourrais
vous inonder de statistiques, mais à la place je vais déposer des études pour
vous éclairer sur l'ampleur des inégalités entre les hommes et les
femmes : Impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé et la
qualité de vie des femmes au Québec. Impact des crises sur les femmes — Inégales
dans la tourmente. Inégaux face au coronavirus : constats et
recommandations. Conseil du statut de la femme : Portrait des
Québécoises, édition 2020 — Femmes et économie. L'inégalité
au coeur des régions — Regards
sur les enjeux régionaux en condition féminine au Québec.
Ça ne finit
plus, les études qui ont été faites pour documenter les inégalités entre les
hommes et les femmes. Si on les
empilait toutes, on toucherait le plafond du salon bleu, M. le Président. Donc, j'en nomme seulement quelques-unes, mais j'invite vraiment le gouvernement à les lire, parce que, là, j'ai vu dans les derniers jours qu'il
voulait se lancer dans des études pour documenter la question. On le
connaît, le problème. On connaît les solutions.
Pour réduire
les inégalités, on ne peut pas continuer de faire comme on s'est contentés de
faire dans les dernières décennies et on ne peut pas miser sur un plan de
relance traditionnel qui mise sur le béton. La première chose qu'il faut
faire pour s'assurer d'une relance qui va nous mener à l'égalité des sexes,
c'est de faire passer toutes les politiques publiques
par le filtre de l'analyse différenciée selon les sexes. Puis, juste pour être
claire, l'analyse différenciée selon les sexes, ce n'est pas une patente à gosse de féministe, là, c'est un outil
de saine gestion des fonds publics. Ça permet de nous assurer qu'on
utilise les fonds publics pour atteindre les objectifs qu'on s'est fixés
ensemble comme société. Puis, aux dernières
nouvelles, toutes les formations politiques partagent cet objectif-là de
réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Et pourtant ce
n'est pas encore systématique de faire une analyse différenciée selon les
sexes.
Puis
d'ailleurs je vais me permettre de dire que c'était plutôt particulier
d'entendre les libéraux hier vanter les mérites de l'analyse différenciée selon les sexes parce que ça semblait leur
passer 10 pieds par-dessus la tête quand ils ont adopté des mesures
d'austérité qui ont principalement eu un impact sur les femmes. Peut-être
que, si eux-mêmes avaient utilisé l'analyse différenciée selon les
sexes, ils auraient évité qu'on écrive des livres comme Les libéraux
n'aiment pas les femmes, qui démontre l'impact des politiques
d'austérité sur les femmes. Mais là la CAQ a des décisions à prendre et, pour
résumer ça très simplement, ils doivent
décider en ce moment si dans quelques années on va devoir écrire un
deuxième tome à ce livre-là qui va s'appeler Les caquistes n'aiment
pas les femmes. C'est ça, l'enjeu.
Donc, lundi,
ils nous annonçaient avec fierté qu'ils allaient sensibiliser les ministères
aux impacts de la crise sur les femmes et les inciter à utiliser
l'analyse différenciée selon les sexes. Je ne sais pas s'ils sont sérieux, mais
ça fait 15 ans qu'on fait ça,
sensibiliser les ministères à implanter l'analyse différenciée selon les
sexes. Donc, pour un gouvernement qui voulait faire des changements, qui est
adepte de l'efficacité, je pense que ce serait le temps de passer à la vitesse supérieure et de l'exiger simplement de manière
systématique pour tous les règlements, les lois, les politiques, les plans d'action du gouvernement. C'est d'ailleurs recommandé dans certaines études d'aller de
l'avant avec une politique d'utilisation
régulière, récurrente, systématique de cette analyse-là.
Hier, le premier ministre nous a dit que c'est
la ministre de la Condition féminine qui s'occupait de l'analyse différenciée
sur les dossiers de ses collègues. Je ne doute pas des compétences de ma
collègue à la Condition féminine, mais, quand même,
ce serait beaucoup lui demander à elle seule, là, de simplement
avoir la charge d'analyser tout l'ensemble des politiques publiques. C'est un
peu comme si on nous disait que, pour une nouvelle politique
sur les pesticides, le ministre de
l'Agriculture se contenterait de
demander au ministre de la Santé : Ça, penses-tu que c'est bon pour la santé des Québécois et des Québécoises? On ne se
satisferait pas de ça, ce n'est pas sérieux. Ça prend des analyses qui sont beaucoup
plus rigoureuses, parce que, sinon, on ne l'atteindra jamais, l'égalité.
Je ne sais pas si vous mesurez à quel point on
est loin encore de l'égalité, mais, pour vous donner une idée, là, il y a
encore des dizaines de milliers de travailleuses qui n'ont pas obtenu l'équité salariale. Moi, je n'étais pas née quand ça
a été inscrit dans la charte québécoise des droits et libertés de la personne, le
principe de l'équité salariale, je n'étais pas née. En 1996, quand l'Assemblée
nationale a adopté une loi pour l'atteindre, j'avais neuf ans, puis là, aujourd'hui,
j'ai 33 ans puis je suis encore ici en train de vous parler de ça parce
qu'on ne l'a pas atteinte.
J'ai de la
misère à croire que, comme féministe, je suis obligée de parler de ça encore aujourd'hui, mais pourtant c'est encore
d'actualité. Il y a des plaintes en équité salariale qui n'ont pas
été réglées depuis 2010, des plaintes qui concernent en ce moment 100 000 femmes du
secteur public. Là-dessus, il y en a 60 000 pour lesquelles tout le monde
s'entend sur l'échelle salariale qu'on devrait appliquer, tout le monde
reconnaît que ce n'est pas la bonne échelle qui est appliquée en ce moment, mais le gouvernement refuse encore
de les payer, comme il reconnaît lui-même qu'il devrait le faire, parce qu'il veut attendre d'avoir réglé toutes les
plaintes en même temps. Donc là, on parle de 60 000 : orthophonistes,
audiologistes, techniciennes en administration, bibliothécaires,
hygiénistes dentaires, secrétaires d'école, techniciennes en service de garde, assistantes techniques séniors en
pharmacie, auxiliaires de santé et services sociaux, préposées aux
bénéficiaires. La liste est plus longue que ça. Ces gens-là, en ce
moment, le gouvernement sait qu'il ne les paie pas au bon salaire qu'il devrait le faire, il le reconnaît lui-même, mais
il ne veut pas le faire. Il y en a que ça fait 10 ans, là-dedans, qui
attendent d'être payés au bon
salaire. Je ne sais pas, là, moi, je trouve que c'est scandaleux. J'ai de la
misère à comprendre comment les gens ici peuvent se regarder dans le
miroir, dire qu'ils sont féministes puis accepter une chose comme ça.
• (14 h 40) •
Là, je vous parle d'équité salariale, là, mais,
en plus de ça, il y a un travail majeur à faire pour valoriser les travailleuses du secteur public, même celles pour
qui l'équité salariale est atteinte. Depuis la fondation du Québec, on a compté sur le dévouement
des femmes pour offrir des services de santé, assurer l'éducation et la garde
des enfants, prendre soin des aînés.
C'est des services essentiels pour lesquels elles ont toujours été sous-payées,
parce que le travail reproductif, là, on le sait, ça, ça vaut moins cher que le
travail productif, hein, ça ne s'exporte pas, ça ne prend pas de valeur en
bourse. Ça fait que les gouvernements, bien,
quand ça leur adonne, quand ils ont des surplus, ils investissent là-dedans
parce que ça paraît bien. Puis, quand ils veulent réduire leurs dépenses, bien,
c'est là qu'ils coupent, c'est là qu'ils gèlent les dépenses dans ces
services-là.
Donc, quand les travailleuses se plaignent de
leur salaire ou de leur surcharge de travail, plutôt que d'améliorer leurs conditions, bien, on leur dit qu'elles ont
juste à changer de job puis on crée même des programmes pour permettre aux
femmes de se réorienter dans des secteurs
d'avenir plus payants, comme la construction et la technologie. Moi, je trouve
ça super, ces programmes-là. Mais je ne
comprends pas pourquoi des secteurs d'avenir payants, ce ne serait pas
l'éducation, la santé, les services
sociaux, par exemple. Je ne comprends pas ça. Il me semble que c'est évident
que c'est des secteurs d'avenir essentiels pour notre communauté et ça
devrait être payant aussi de travailler dans ces secteurs-là.
On parle
d'emplois qui sont cruciaux pour l'avenir du Québec. Puis là il a fallu que des
aînés meurent de soif dans des couches sales pour que le gouvernement se décide
à valoriser le travail des préposés aux bénéficiaires en augmentant leur salaire. Moi, quand je parle de la pénurie
d'éducatrices pour dire qu'il faudrait faire la même chose, là, on me répond :
Ce n'est pas pareil, franchement, Mme la
députée de Sherbrooke, ça ne se compare pas, dans les CHSLD, les gens
mourraient. Est-ce qu'il faut
vraiment que des enfants meurent pour qu'on valorise le travail des personnes
qui éduquent, qui prennent soin des enfants ici, au Québec? Moi, je ne
peux pas croire ça, ça ne se peut pas.
Il y a des
enseignantes, en ce moment, qui demandent une hausse de salaire. On essaie de
convaincre la population que c'est
des demandes exagérées : Franchement, ce n'est pas si pire que ça; ils
gagnent le salaire le moins élevé au Canada en enseignement, mais on a plus de
services sociaux ici, ça fait que ce n'est pas grave. Mais, pendant ce
temps-là, on a quand même des
centaines de classes devant lesquelles il n'y a pas de titulaire en début
d'année scolaire. On a des milliers d'enfants
qui voient passer deux, trois, même plus d'enseignantes devant eux pendant
l'année. Ça, ce n'est pas rare, là. Ça, ce n'est pas rare. Moi, je l'ai
vécu plusieurs fois déjà avec mes enfants. Parlez à n'importe quel parent
autour de vous, ce n'est pas rare, les
enfants qui voient défiler les enseignantes parce que ça tombe comme des
mouches en burn-out. Ces gens-là sont assaillis sous le travail. Les
soignantes en santé se sauvent en courant du réseau public parce qu'elles savent que le temps supplémentaire obligatoire va
les achever. Toutes les lumières sont au rouge dans nos services publics
en ce moment.
Puis, s'il y a une seule chose sur laquelle
c'est certain que le plan de relance devrait miser, c'est de consolider nos services publics en valorisant enfin les
personnes qui les offrent pour leur permettre d'avoir une vie puis d'être
payées décemment. Ça fait longtemps, là, que ce n'est pas des
religieuses qui font ce travail-là par vocation puis qui font voeu de pauvreté puis d'obéissance. Les femmes qui sont
là, qui se démènent, elles ont droit à un salaire décent, qui est à la hauteur
de leurs compétences puis elles ont le droit
d'avoir un horaire, aussi, qui leur permet d'avoir une vie en dehors de leur
travail.
Donc, si on
veut l'atteindre, l'équité entre les hommes et les femmes, ça passe par une
valorisation monétaire des travailleuses du secteur public. Il y a 70 %
des effectifs au public qui sont des femmes. Donc, c'est certain que,
l'inégalité entre les hommes et les
femmes au Québec, là, le rôle de l'État, là, y est pour beaucoup. Puis, le jour
qu'on va décider de les payer décemment, ces femmes-là, bien, on va pouvoir les
réduire, les inégalités.
Puis c'est
comme ça qu'on va réduire les autres formes d'inégalité aussi, parce que, le
jour où il va y avoir un salaire égal,
bien, la charge mentale va être mieux répartie, les tâches ménagères vont être
mieux réparties, les femmes vont être moins vulnérables à la violence
parce qu'elles vont moins dépendre économiquement de d'autres personnes.
Donc, c'est
évident, là, on a besoin, pour atteindre l'égalité entre les hommes et les
femmes, que le secteur public investisse
dans la valorisation de tous les domaines d'emploi traditionnellement féminins.
Et ça prend aussi des investissements en
infrastructures qui nous permettent de réduire les inégalités. Puis là je ne
parle pas d'autoroutes, là. Des infrastructures, ce n'est pas juste des
autoroutes. Il y en a, des infrastructures qui nous permettent de réduire les
inégalités.
Premièrement, ça prend des investissements pour
offrir davantage de logements abordables. Les femmes consacrent 41 % de leur revenu à se loger, en moyenne. C'est
33 % de leur revenu pour les hommes. Donc, il faut, oui, agir sur l'augmentation du revenu, là, je viens d'en
parler, mais il faut aussi rendre accessibles des logements à prix décents aux
femmes pour leur permettre de se loger
décemment, de se sortir de la pauvreté aussi, parce que c'est clair qu'en
investissant 41 % de son revenu
pour se loger ce n'est pas vraiment comme ça qu'on réussit à faire des
économies pour se sortir de la pauvreté, au contraire.
Puis
d'ailleurs il y a 51 % des femmes qui sont locataires. C'est seulement
32 % des hommes qui le sont. Donc, c'est évident que les investissements
en logement social, tout ce qui est fait pour mieux encadrer le respect des
droits des locataires, ça a un impact très important sur les femmes.
Puis on investit là-dedans, ça réduit les inégalités entre les hommes et les femmes. Et, quand on n'investit pas
assez et qu'on laisse les listes d'attente s'étirer à des dizaines de milliers
de personnes pour un logement social, on pénalise davantage les femmes que les
hommes.
Un autre
investissement nécessaire aussi en infrastructures, qui contribuerait à réduire
les inégalités, c'est les CPE. En ce moment, il y a 1,5 enfant pour une place dans les services de garde publics. Le nombre de places est en diminution. Je ne sais pas si vous réalisez à quel point c'est
dramatique, mais, avec le RQAP, les CPE, là, c'est les principaux outils
que le Québec a pour atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes.
Toutes les
études ont démontré que les CPE avaient permis une meilleure participation des femmes au marché du travail,
une meilleure indépendance économique des femmes. Et là, en ce moment, après plusieurs
années de ralentissement délibéré de développement de places sous les libéraux, ça n'a quand même
jamais été aussi pire qu'en ce
moment, parce qu'il se perd plus de places qu'il s'en crée en ce moment. Le réseau s'effrite à vue d'oeil. On est en train de voir, là, devant nous,
l'effritement d'un des deux piliers qui nous permet d'atteindre l'égalité entre
les hommes et les femmes. Et, comme je vous l'ai dit, on ne l'a pas atteint, l'équité salariale encore. Donc, qui reste à la maison quand il manque de places en service
de garde? Bien, c'est malheureusement les femmes.
Moi,
je n'ai rien contre ça, que les femmes restent à la maison, mais il faut
l'avoir choisi par contre. Et là ce n'est pas ça qui est en train de se passer. En ce moment, là, il y a
des femmes qui n'ont même pas d'enfant encore puis qui remettent en question
leur projet familial parce qu'elles
ne veulent pas devoir choisir entre leur vie professionnelle puis fonder une
famille. Il y a des femmes qui mettent de
côté leur entreprise, leur emploi parce qu'ils n'ont pas de place en service de
garde après la fin de leur congé parental.
Alors, pour tous les
projets de CPE qui sont sur la table en ce moment, ceux qui ont déjà été
approuvés, ceux qui ont été soumis dans les
appels de projets, ceux qui attendent un appel de projets pour être déposés
parce qu'il n'y en a pas eu dans leur
région encore, il faut appuyer sur l'accélérateur, il faut que le gouvernement
reconnaisse qu'il faut améliorer les
programmes de financement des infrastructures, parce que, là, en ce moment, les
coûts qui sont prévus pour construire des CPE sont en déconnexion totale
avec les coûts du marché de la construction. Il faut augmenter l'enveloppe pour
autoriser beaucoup plus de projets que ce qui était prévu au départ. Ça presse.
L'évaluation des besoins de la CAQ des derniers
mois n'a plus rien à voir avec la réalité des besoins de places parce qu'on a
perdu 10 % des milieux familiaux dans la dernière année. Puis ça, c'est les chiffres du ministre de la Famille
lui-même. Et ça, là, partout à travers le monde, là, les économistes
s'en rendent compte, ils mettent de l'avant qu'il n'y en aura pas, de relance
économique, sans s'assurer que les femmes
ont accès à des services de garde abordables, de qualité. Donc, il faut qu'on
complète le réseau pour que les enfants aient tous accès à une place. Ça
presse.
Ensuite,
un troisième investissement qui serait nécessaire en infrastructures,
évidemment, c'est l'hébergement pour les
victimes de violence. Je le sais, que les députés de la CAQ vont se succéder
les uns après les autres pour nous vanter leurs investissements en
violence conjugale, là, depuis leur arrivée au pouvoir. Je trouve que c'est
franchement de la fierté mal placée. Cet argent-là, ils le savent très bien
qu'il était dû depuis des années, qu'il ne sert qu'à maintenir les services qui existaient déjà et qui ne permettent
pas du tout... Aucun des millions investis depuis l'arrivée au pouvoir de la
CAQ ne permet de développer de nouvelles
places en maison d'hébergement. C'est juste pour éviter de perdre les services
qui existaient déjà.
Et, en plus, pour vrai, je regarde les caquistes
devant moi, qui aiment beaucoup l'efficacité, là, je ne sais pas quelle fierté ils trouvent à
parler de cet argent-là qui a été annoncé dans le budget
de mars dernier, ça fait un an aujourd'hui,
le chèque a été envoyé le 29 janvier. À un moment donné, tu sais, il va
falloir que ça aille plus vite que ça, là, je...
Donc,
j'espère qu'ils ne nous diront pas que c'est à cause de la pandémie, parce que,
pour vrai, la pandémie aurait dû
accélérer le versement de ces fonds-là. Moi, je me souviens très bien
d'avoir eu des discussions très tôt au début de la pandémie avec la ministre
de la Condition féminine. Toutes les deux, on savait que le confinement allait
augmenter la violence conjugale, allait mettre les femmes à risque, on cherchait
ensemble des solutions pour ça. On le savait, que ça allait augmenter les besoins. Donc, il n'y a
aucune raison que la pandémie ait ralenti le versement de cet argent-là, ça
aurait dû l'accélérer, ça aurait dû être mis sur le dessus de la pile. Donc,
pour moi, c'est vraiment une fierté mal placée de parler de ça aujourd'hui.
Il n'y a pas là de quoi se péter les bretelles du tout.
Pour
vous donner une idée du rattrapage qu'il
y a à faire, là, au Canada, il y a,
en moyenne, un lit d'hébergement pour 5 100 habitants. Au Québec,
c'est un lit pour 7 300. Ce n'est pas pour rien, là, qu'il y a
des milliers de femmes, chaque année,
qui appellent à l'aide, là, pour se mettre à l'abri d'un conjoint violent puis
qui se font dire : On est désolés, on n'a pas de place tout de suite pour vous. Donc, les messages de sympathie du
premier ministre, là, c'est bien gentil, là, c'est
touchant, mais ça ne met personne en sécurité, ça ne met personne en sécurité.
Donc là, c'est le
temps de passer à une autre étape puis d'en créer, des nouvelles places pour
que, toutes les victimes de violence qui veulent s'en sortir, qui appellent à
l'aide, bien, on puisse leur dire : Oui, venez-vous-en, on en a une, place, pour vous, puis vous allez être
en sécurité, puis on va vous protéger, puis on va vous aider. Ça, ça presse.
Donc,
moi, ce sur quoi je vous demande de voter aujourd'hui, c'est assez
simple, il faut que la relance
économique permette de réduire les
inégalités entre les hommes et les femmes. Il faut qu'on se donne tous les
moyens pour y arriver. Il faut que chacune des politiques de ce plan de
relance là passe à travers le filtre de l'analyse différenciée selon les
sexes. Toutes les mesures qui sont prises par le gouvernement, ce sont des fonds
publics. Les fonds publics devraient servir à
atteindre les objectifs qu'on s'est fixés comme société,
puis ça, c'est la réduction des inégalités entre les hommes et les
femmes.
• (14 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Je reconnais maintenant Mme la ministre responsable de la Condition
féminine.
Mme Isabelle
Charest
Mme Charest : Oui. Merci, M. le Président. Merci à la députée
de Sherbrooke de me donner l'occasion d'échanger sur la condition des femmes. Parce qu'évidemment,
bon, comme gouvernement, comme femme, comme mère, comme, en fait, tous
mes collègues, on est très préoccupés par la situation, qui a exacerbé les
inégalités entre les hommes et les femmes, on
le sait. Ça a été noté, vous avez fait état... la députée a fait état de plein
de recherches qui ont documenté le fait. Donc, évidemment, de pouvoir en
discuter, de pouvoir échanger aujourd'hui, bien, je
pense que c'est une belle occasion, justement,
de se positionner, de réitérer que l'égalité de fait au Québec,
bien, ce n'est pas encore acquis, ce n'est pas encore atteint. Puis, malgré le fait qu'au Québec,
on est une nation des plus égalitaires au monde, il reste encore énormément
de travail à faire.
La députée de Sherbrooke parlait du fait qu'elle
avait neuf ans quand, bon, des lois ont été mises en place, puis qu'encore aujourd'hui on travaille dans ce sens-là, puis il n'y a
rien qui a été atteint... ou les objectifs n'ont pas encore été atteints, bien, ça
démontre à quel point il y a du travail encore à faire et que ça se fait sur
une longue échelle.
Maintenant,
bon, par rapport à la motion de la députée de Sherbrooke,
malheureusement... vous comprendrez que c'était une motion qui était quand même
assez vaste et assez large. Malheureusement, je ne pouvais pas avoir avec moi tous les ministres concernés par sa demande, on pense au ministre de l'Économie, on pense au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, ministre des Finances, ministre
de la Famille, la présidente du Conseil du trésor, le ministre
de la Santé, pour discuter des propositions de la motion. Je
rassure, par contre, ma collègue, parce que tous les collègues de tous
les ministères suivent les travaux puis les recommandations de la Condition
féminine de très près et avec un grand intérêt.
Par contre,
je propose un amendement à sa motion afin de circonscrire un peu le sujet
de notre conversation de cet après-midi. Alors, ça va comme suit — je
vais juste prendre une petite gorgée :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que l'actuelle crise
sanitaire et économique a eu des impacts plus graves sur les femmes que sur les
hommes et qu'en ce sens, elle a fait augmenter les inégalités entre les hommes
et les femmes au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement caquiste de procéder à une
analyse différenciée selon les sexes — ADS+ — de ses
mesures de relance économique, afin de mesurer l'impact de celles-ci sur
l'égalité homme-femme et que cette analyse soit rendue publique;
«Que les mesures de relance économique visent une
amélioration significative des conditions des Québécoises, par exemple en valorisant les domaines d'emplois
traditionnellement féminins et en facilitant la conciliation travail-famille;
«Finalement, que l'Assemblée nationale affirme que la
relance économique et sociale du Québec doit viser l'atteinte de
l'égalité entre les hommes et les femmes.»
Alors, je dépose cet
amendement.
Alors, comme je le
disais, je suis très heureuse de pouvoir en parler aujourd'hui avec les
collègues... avec mes collègues, mais les
collègues de l'opposition aussi, et puis vous réitérer à quel point c'est une
préoccupation constante de ma part,
évidemment, en titre de ministre responsable de la Condition féminine, mais
aussi une préoccupation qui est partagée par tous mes collègues au ministère, mais aussi par tous mes collègues
députés. Puis d'ailleurs
j'ai eu la chance... Merci d'être là, puis de pouvoir venir échanger,
puis avoir une discussion aujourd'hui.
Bon, il y a plein de choses sur lesquelles je
veux nous entretenir cet après-midi, mais je vais commencer par le Plan d'action pour contrer les impacts sur les femmes en contexte de pandémie. Je
pense que ce plan d'action, qui comprend des mesures extrêmement ciblées pour directement aller pallier à
des enjeux qui ont été nommés, qui ont été affirmés par différentes
études, mais aussi au fil de toutes les discussions qu'on a eues avec les
groupes de femmes... Parce que depuis le
début de la pandémie qu'on est sur le terrain puis à discuter avec le Secrétariat de la condition féminine, directement
les fonctionnaires, mais aussi avec les différents organismes qui travaillent
auprès des femmes dans tous les contextes, que
ce soient des contextes de vulnérabilité, que ce soient les femmes
entrepreneures, que ce soient les maisons de... les regroupements de maisons d'hébergement. Donc, de
grandes discussions qu'on a eues et qu'on a toujours constamment pour
pouvoir être au fait de la situation, de l'évolution de la situation.
Donc, tous ensemble, on a ciblé des objectifs
sur lesquels on devait se pencher particulièrement. Donc, de ces discussions-là
et de ces objectifs que nous avons établis... Cinq objectifs, entre autres,
puis je vous les nomme : premier, favoriser l'autonomisation économique
des femmes et leur participation aux mesures de relance économique; identifier
les impacts différenciés selon les sexes et sensibiliser les ministères, et
organismes, ainsi que le grand public en vue d'atténuer
les conséquences de la pandémie sur les femmes; appuyer la conciliation
famille-travail-études et favoriser un partage
équitable des tâches familiales, alourdies par la pandémie; accroître le
soutien aux femmes en contexte de vulnérabilité; et valoriser le travail
rémunéré et non rémunéré des femmes en contexte de pandémie.
Donc, de ces
objectifs ont découlé 24 actions ciblées, concrètes, qui peuvent se
faire... En fait, quelques-unes sont déjà en cours, déjà en action.
D'autres vont se faire, se réaliser au cours de la prochaine année. Des mesures
ciblées, comme je vous le disais, qui vont,
entre autres, être des mesures pour soutenir les entreprises féminines, des
mesures pour briser l'isolement vécu
par les femmes à cause de la pandémie, des mesures pour aider la requalification
des travailleuses qui ont perdu leur
emploi, des mesures pour faciliter la conciliation famille-travail-études, des
mesures aussi pour soutenir la santé mentale des femmes.
Cet outil de travail... puis je pense que c'est
important de préciser qu'il ne s'agit pas d'un plan de relance mais vraiment d'un plan d'actions concrètes, rapides
qui vient directement — et là je vais employer un anglicisme — adresser la situation, mais qui vient vraiment
cibler le contexte dans lequel les femmes se retrouvent à cause... en fait, un
contexte qui est exacerbé à cause de la pandémie. C'est un outil, aussi,
de travail qui va nous faciliter... ou qui va nous amener à développer, entre
autres, la prochaine stratégie égalité, qui va tenir compte des réalités, parce
que, oui, il y a un recul, tout le monde en
est conscient, donc qui va nous permettre de nous baser sur où est-ce qu'on en
est maintenant, d'avoir un portrait réel de la situation et de pouvoir
cibler mieux notre stratégie qui sera en place.
Alors, moi, je trouve que c'est une façon... en
fait, pas juste moi, mais il y a beaucoup de gens qui trouvent que c'est une
façon précise, ponctuelle d'adresser la situation, comme je le disais, mais ça
ne représente pas la totalité des choses qui
ont été faites dans le contexte de la pandémie, dans la dernière année, pour
évidemment aider la situation des femmes. Puis j'invite les collègues à
aller voir, s'ils n'ont pas vu le document, l'annexe I, qui fait la nomenclature
des différentes mesures qui ont été mises en place, justement, au cours de la
dernière année pour aller... On ne cible pas exclusivement
les femmes, mais on a des mesures qui vont toucher davantage les femmes que les
hommes, et ça je pense qu'il faut le
reconnaître, entre autres une aide supplémentaire de 375 millions de
dollars pour les étudiantes et les étudiants supérieurs, donc on sait
très bien qu'il y a une majorité d'étudiantes dans les études supérieures; un
autre investissement pour les organismes
communautaires pour aider et soutenir les familles du Québec, de
85 millions, donc évidemment ça va toucher directement les femmes. D'autres mesures :
31 millions, de l'aide pour la santé mentale pour les travailleurs de la
santé. On l'a nommé, tantôt, à quel point le
milieu de la santé est surreprésenté par les femmes. Donc, une série de mesures
comme celles-là qui
ont été mises en place toute l'année, et ça je pense que c'est important de le
reconnaître. Parce que le gouvernement est en action et reconnaît qu'on doit
aider les femmes et que le contexte de la pandémie nécessite une
attention encore plus particulière. Alors, je vous invite... de belles actions
qui ont été mises dans ce rapport.
• (15 heures) •
Maintenant, si on parle du dossier de la violence
conjugale, et ça, je pense que tout le monde peut reconnaître à quel point on a travaillé fort, on a travaillé
fort. Puis la députée de Sherbrooke faisait mention comment ça avait été un dossier négligé dans les dernières années, de
sorte qu'on est arrivés l'année passée... je pense que, si on se remet dans
la situation, dans le contexte des
commémorations de la Polytechnique, puis il y avait encore des situations,
il y en a toujours eu et il y en aura... on n'espère pas toujours,
mais, en tout cas, il y en a toujours
eu. Mais, dans un contexte de crimes, de féminicides, le premier
ministre m'a donné un mandat de vraiment agir de façon concrète pour aider les
femmes en situation de violence conjugale,
de sorte qu'on est arrivé avec des investissements records en violence
conjugale. On a amené 180 millions sur cinq ans pour bonifier, et
ça, ça représente plus de deux fois les montants qui avaient été octroyés par les libéraux pour un plan d'action de violence conjugale. 120 millions de ce 180 millions sont
pour les maisons d'hébergement, donc
des sommes récurrentes, 24 millions par année, qui représentent 30 % de rehaussement de financement.
Évidemment,
il reste encore du travail à faire. Évidemment, il reste encore des montants
pour améliorer l'offre de services
pour les maisons d'hébergement, mais je pense que ça, c'est déjà un pas dans la
bonne direction. Et je vous assure, M. le Président, qu'on n'a pas fini
de travailler dans ce sens-là.
Le plan d'action ciblé pour contrer les
violences conjugales a aussi toute une approche multidimensionnelle qui touche d'autres ministères et qui vont faire
en sorte, et plusieurs de ces mesures sont déjà en action, comme je le disais
tantôt, de sécuriser les femmes, de faire en
sorte qu'on mette un frein, puis éventuellement qu'on mette la pédale dans le
fond, et qu'il n'y en ait plus, de
féminicides comme ceux-là, mais des mesures comme consolider les cellules
d'intervention rapide, qui, évidemment, vient assurer un suivi des personnes
qui ont un comportement violent, mais aussi à assurer un suivi auprès
des femmes victimes de violence conjugale.
On a aussi le
service d'évaluation des conjoints violents qui sera aussi déployé de plus
grande façon. On a l'étude de
faisabilité du bracelet anti-rapprochement, qui, ça, a été beaucoup demandé
parce que c'est une forme très concrète de protection d'une femme dans un contexte de violence conjugale. Il y a la
mise sur pied du service juridique d'urgence, qui, évidemment, vient aider les femmes dans tous les
contextes de violence conjugale, qui va aider notamment pour les droits de garde, bon, dans le contexte de violence
conjugale, comme je le disais. L'aide financière d'urgence, qui va servir aux
femmes, dans un contexte de violence,
de pouvoir quitter le lieu de violence parce qu'on prévoit des sommes pour le
transport, pour l'hébergement, pour
la nourriture. Alors, ça, je pense que c'est des façons très concrètes d'aider
les femmes à se sortir de situations de violence, mais à les protéger
aussi.
Bon, on
parlait d'ajout de places dans les maisons d'hébergement. Depuis notre
élection, notre gouvernement a livré
163 places pour femmes victimes de violence conjugale. Il y a eu des
investissements de 410 millions grâce au projet AccèsLogis III,
et ça, ça permet d'avoir présentement en cours de construction
115 logements pour notre clientèle de femmes
qui sont victimes de violence
conjugale, donc une construction qui
devrait être achevée d'ici un an. À ça s'ajoutent aussi 207 logements qui sont en cours de développement. Donc, c'est faux de dire qu'il
n'y a pas de places qui se développent. Il y a des places qui se développent,
et évidemment on est encore au fait de ce dossier.
Maintenant,
une autre chose qui a été faite sous notre gouvernement, qui vient évidemment
aider les femmes dans une situation de violence conjugale, c'est ce
comité d'experts, et mes collègues ici sont sur ce comité, donc sont très à même... je pense
que je n'ai pas besoin de vous expliquer de long en large qu'est-ce que ce
comité d'experts pour l'accompagnement des femmes... bien, pas juste des
femmes, des victimes de violence conjugale, violences sexuelles. Par contre,
c'est évidemment en majorité des femmes qui sont ces victimes.
C'est un comité qui, quand même, est appuyé de
50 millions pour la mise en place de ces recommandations, 190 recommandations qui, on le sait, sont... c'est un document
très, très consistant, avec beaucoup de recommandations qui touchent une panoplie de
ministères, d'organismes
et qui demande un travail colossal pour sa mise en place, et évidemment on est à pied ferme dans ce mandat parce que c'est
un travail qui va effectivement faire en sorte d'aider nos personnes, nos
femmes qui sont en situation de violences
sexuelles, de violence conjugale, un accompagnement qui va leur permettre
une... de se rebâtir, de retrouver
contrôle de leur vie, qu'elles méritent. Alors, c'est vraiment un... ça, je
pense que c'est vraiment un legs du gouvernement qui est majeur, qui est important.
Et puis, on le sait, il y a énormément d'attentes de la part des victimes
pour la mise en place de ce comité-là. Alors, on s'y affaire, on s'y attarde de
façon constante. Et on a eu la chance déjà de
pouvoir avoir des discussions avec les collègues, bon, que ce soit à la
Sécurité publique, à la Justice ou aux Services
sociaux, et je peux vous assurer qu'il y a une collaboration de mes collègues
parce qu'on a tous le même objectif, de faire en sorte de mieux
accompagner les victimes de violence conjugale, de violences sexuelles.
Il y a d'autres choses qui ont été faites aussi
par notre gouvernement, puis je pense spontanément à la réforme de Loi sur la santé et sécurité au travail qui
vient, encore une fois, aider les femmes, parce qu'il faut comprendre que ça fait...
c'est une loi qui est vieille de 40 ans. On laissait en plan à peu près
75 % des travailleuses qui ne pouvaient pas bénéficier de mesures... de mécanismes de protection, de prévention. Alors
là, on vient vraiment aider les femmes. Alors, ça, je pense que c'est
quelque chose qui est intéressant.
La même chose
avec la réforme de l'IVAC qui laissait... Ça fait 20 ans que c'est demandé
de pouvoir réformer l'IVAC. Et là on laissait de côté des milliers de
femmes victimes qui n'avaient pas accès à... d'une part, n'étaient pas
reconnues, n'avaient pas accès, évidemment, à des indemnisations, n'avaient pas
accès à des services, n'avaient pas accès à de l'accompagnement. Alors, ça, je
pense que c'est important de le mentionner.
On
a parlé de l'analyse différenciée selon les sexes. Évidemment, ça fait partie
du plan d'action. Et je pense que tout
le monde a vu le premier ministre parler hier, en période de questions, où il
disait qu'il était ouvert à ce qu'on puisse l'utiliser de façon beaucoup plus élargie. Je
pense que le précédent gouvernement a manqué une bonne occasion de justement
l'implanter. Alors, nous, on y travaille.
Ils ont aussi manqué une bonne occasion d'implanter l'indice québécois... de
créer l'indice québécois de l'égalité entre les sexes. Alors, nous, on s'y
affère, on y travaille et on a vu l'ouverture du premier ministre. Alors, ça, c'est de bon augure. Mais ça
fait partie du plan d'action, ça fait partie... Il y a des sommes aussi qui
sont consenties, parce
qu'effectivement je ne suis pas la seule personne qui peut pratiquer les ADS,
donc des sommes qui sont dévolues pour pouvoir faire la mise en place de
cette ADS.
Alors,
beaucoup de choses ont été faites par le gouvernement cette année dans un
contexte de pandémie qui, on le rappelle,
a exacerbé la situation de vulnérabilité des femmes. Beaucoup de choses restent
à faire, et ça, on en est tous conscients. Puis ce plan d'action là n'est qu'un début pour la suite des choses, pour
la relance. Alors, je veux vraiment vous confirmer qu'il ne s'agit pas du plan de relance. Ce plan
d'action là est vraiment pour faire le pont entre les différentes mesures qu'on
met en place, et les autres stratégies qu'on a, et les autres plans d'action.
Alors, encore une
fois, je veux réitérer à quel point la situation des femmes nous préoccupe, à
quel point on est dans l'action, on veut faire évoluer les choses, on fait
évoluer les choses. Et, bien, je reconfirme mon engagement à faire cheminer le dossier, à faire les
représentations auprès de mes collègues, mais je peux vous assurer qu'ils ont une
oreille attentive, ils ont un intérêt marqué, et, tous ensemble, on va faire
progresser la situation des femmes. Merci.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Votre amendement est déposé
sous réserve de la permission de l'auteur de la motion. Et je reconnais maintenant
Mme la députée de Verdun. Votre groupe dispose de 27 min 57 s.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je remercie la députée
de Sherbrooke pour cette motion
du mercredi, que nous allons appuyer, je tiens à le dire d'emblée. M. le
Président, le 10 mars 2020, c'était jour de
budget au Québec. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais le
Centre des congrès, juste à côté, était plein à craquer. On était là à faire la lecture du budget ici, au
salon bleu, où tous les collègues étaient là. On dirait que ça fait une éternité,
tout ça. Ça fait un an, un an déjà. Et la pandémie, bien sûr,
est venue tout chambouler, notre quotidien, notre vie, nous a coupés, bien sûr,
des relations avec nos proches. On ne voit plus nos parents, nos amis. On se
promène avec un masque. Qui aurait dit il y a un an?
Et
la pandémie, on l'a dit, on l'a répété, et je ne reviendrai pas sur certains
chiffres qui ont été donnés, a eu un impact plus important, il est vrai, sur les femmes, sur les Québécoises.
Et malheureusement la pandémie a durement, durement touché les
femmes, tant sur le plan financier, professionnel. Les femmes, malheureusement... et on le disait tout à l'heure, là, 68 % des emplois
perdus sont des emplois qui étaient occupés par des femmes, milieu touristique,
par exemple, la restauration, qui sont des postes largement occupés par
des femmes. Donc, ça a amené beaucoup de précarité chez les Québécoises.
Sur
le plan familial, on l'a vu, on le sait, la charge mentale, les femmes, durant
cette pandémie, ont dû passer beaucoup plus de temps avec les enfants.
Et, quand on dit beaucoup plus de temps, les chiffres sont assez éloquents. Les
femmes ont dû consacrer 27 heures de
plus par semaine pour les enfants, pour un total de 95 heures par semaine.
Les hommes aussi ont fait leur part, bien sûr,
avec une augmentation de 13 heures par semaine qui les amène à
46 heures par semaine. Mais c'est
quand même du simple au double. Donc, on peut constater que
ce sont les femmes qui ont la charge familiale, la charge mentale supplémentaire.
Et,
au niveau personnel, bien sûr, avec les augmentations de séparations, de divorces, qui a aussi plongé certaines femmes dans
une plus grande précarité... Et, quand je parle du plan plus personnel, bien,
je parle bien sûr de la violence
conjugale. Et, vous savez, hier, la
députée de Gaspé a déposé une motion,
qui a été refusée par le gouvernement, où c'était mentionné qu'il y a 35 000 refus par année, actuellement, là, cette année, ça a été 35 000 refus dans les maisons d'hébergement. Ça veut dire qu'une femme, là, qui a pris tout son courage
entre ses mains pour aller cogner à la maison d'hébergement, pour aller demander de l'aide, bien, s'est vu
refuser l'accès pas parce que les maisons d'hébergement ne veulent pas
faire leur travail, parce qu'elles
sont pleines. Alors, la dame qui allait demander de l'aide est retournée dans
un milieu, dans un foyer violent. Bien, c'est 35 000 fois que
c'est arrivé en 2020‑2021, en un an.
D'où mes questions, hier et aujourd'hui, et des questions
légitimes, légitimes, M. le Président, qui ont été posées quant à l'annonce des 24 millions. Puis la ministre réagit comme si on disait que ce n'était pas bien
qu'il y ait eu de l'argent. Au contraire. Ce que nous questionnons actuellement, c'est de savoir
pourquoi les maisons d'hébergement n'ont toujours
pas reçu ces sommes d'argent, alors qu'en pleine pandémie... Et j'ai entendu la
ministre dire, au moins à trois reprises, que
la pandémie avait exacerbé, justement, et les inégalités et la violence. Bien, c'est
pendant la pandémie qu'on a besoin de ces sommes-là, c'est pendant la
pandémie que les maisons d'hébergement ont besoin de cet argent-là.
Alors, les questions
étaient tout à fait légitimes, et c'est pourquoi j'ai demandé aujourd'hui à la ministre
si elle pouvait s'engager, s'assurer que les
sommes, on est le 10 mars, là, ça fait un an que les
sommes ont été promises, si, d'ici vendredi,
les maisons d'hébergement vont pouvoir enfin toucher ces montants-là. Et du
24 millions, M. le
Président, ce n'est pas pour augmenter le nombre de places en
maison d'hébergement, entendons-nous. Ça prend plus de places actuellement dans les maisons d'hébergement
parce que c'est maintenant que ça se joue, la pandémie, et c'était dit.
Et,
lorsque j'entends la députée de Sherbrooke dire : On le savait que la pandémie était
pour faire augmenter la violence... Vous savez pourquoi, M. le Président?
Parce que, lorsque nous sommes dans un foyer en confinement, on est isolé, et, malheureusement, l'isolement
est propice aux violences conjugales, malheureusement. Alors, on savait que c'était une bombe à
retardement.
Alors, moi,
quand je demande à la ministre où sont rendues ces sommes, je pense que je suis
légitimée de poser la question. Et, quand je la vois, ce matin, là, lancer des documents
sur le pupitre puis devenir un peu agressive, moi, je me dis :
Non, non, non, on est légitimés, comme opposition, de poser ces questions-là.
Et, si elle veut être agressive, c'est avec son gouvernement qu'elle doit
l'être pour aller tenter d'aller chercher des sommes supplémentaires, pas avec les oppositions, qui posons des questions légitimes.
Je travaille avec la ministre, d'ailleurs, sur
le comité transpartisan. On commence à bien se connaître. Je pense qu'on est capables ensemble de travailler pour
faire avancer la cause, pas pour commencer à dire : Il y en a
une qui a pissé plus loin que l'autre. Puis ça ressemblait à ça ce
matin.
Moi, je suis là pour pouvoir voir en avant pour
la suite des choses pour le Québec, pour les femmes qui sont victimes de violence conjugale. Et je l'ai
toujours dit à la ministre, elle pourra compter sur ma collaboration pour y arriver, mais elle me permettra tout de même de continuer
à poser des questions pour savoir où est l'argent qui est promis.
Des
féminicides, on en a vu, on en a vu à la fin de l'année dernière, on en a vu
cette année. Cinq femmes sont mortes dans
le dernier mois, Elisapee, Marly, Nancy, Sylvie et Myriam. Cinq femmes ont été
tuées. C'est de la violence conjugale. Je
pense qu'il faut qu'on soit ensemble volontaires pour changer, bien sûr,
la société. Puis il
n'y a personne ici, au salon bleu, qui ne veut pas faire avancer cette
cause-là, personne. Pour moi, ce que je souhaite, et ce qu'il faut que le gouvernement puisse entendre ici, c'est que chaque femme qui vit actuellement de la violence doit pouvoir quitter la maison, doit pouvoir aller trouver un foyer où elle sera réconfortée,
où elle pourra arriver avec ses enfants, où elle sera en sécurité. C'est à ça
qu'on doit travailler, tous ensemble, dans ce salon bleu.
• (15 h 20) •
Moi, je tiens à saluer le travail des
intervenantes, parce que la dernière année a été toffe. Elles l'ont dit, hein? Ça a complètement changé la dynamique dans les maisons d'hébergement. Qu'on pense, d'un côté, la nuit. Avant, là, ça venait cogner le jour parce que
monsieur était parti au travail, puis la femme pouvait partir de la maison ou
partir du bureau puis s'en aller dans une maison d'hébergement. Bien, ce n'est
plus de cas. C'est la nuit. C'est par téléphone. C'est sur Internet. Comment je peux faire? Pouvez-vous
m'envoyer un taxi? Ça a complètement changé leur façon de faire. Alors, moi, je tiens à saluer le travail des
intervenantes terrain. Et c'est pour elles qu'on demande où est rendu l'argent
qui a été promis.
Donc, je le
disais tout à l'heure, M. le
Président, pour le prochain budget,
il faudra aussi, bien sûr, demander de nouvelles places pour ces femmes, parce qu'il y a un manque de
places actuellement dans le réseau des maisons d'hébergement.
Tantôt, j'entendais sur l'ADS. Est-ce que tout a
été parfait avant? Bien non. Mais je veux quand même rappeler ici que c'est Christine St-Pierre... la
députée d'Acadie, je m'excuse, je m'excuse, M. le Président, qui a mis en place l'outil de
gouvernance dans la politique gouvernementale 2006. Je veux quand même
le rappeler. Puis il faut donner à César ce qui revient à César. Puis quand
j'entendais la ministre, tout à
l'heure, dire : Bien, ils n'en
ont pas fait, puis peut-être qu'ils auraient dû en faire, peut-être,
mais je veux juste vous rappeler que quand vous avez parlé du projet de loi n° 59 sur la CNESST,
tantôt, ça a été la critique majeure de ce projet de loi là, il n'y en a
pas eu, d'ADS qui a été faite. Puis je vous invite à aller lire tout ce
que les groupes qui se sont présentés au projet de loi n° 59 ont dit. Même
chose pour le projet de loi n° 84 sur l'IVAC. On est tous d'accord
que ça prend une réforme, mais elle ne se fera pas sur le dos des femmes vulnérables.
On va
appuyer, donc, la motion de la
députée de Sherbrooke.
Je regarde le temps filer, M. le
Président, parce que
le collègue de Robert-Baldwin va venir parler du côté plus économique. C'est intéressant aussi d'entendre les hommes parler, justement,
de condition féminine. Et je le remercie, il est un allié très précieux.
Et, vous
savez, lorsqu'on parle de changer la société,
ce n'est pas les femmes pour les femmes en exclusivité. On a plein
d'hommes qui veulent marcher avec nous. Il y a plein d'hommes qui veulent faire
avancer cette cause-là, et on a besoin des
hommes pour faire avancer la cause parce
qu'il ne faut jamais prendre pour acquise la cause féministe, jamais. On
l'a vu, là, une pandémie vient de nous faire reculer. On doit avancer. Il faut
aller regagner ce qui a été perdu. Puis il
restait du chemin à parcourir. Donc, il faut qu'on le fasse ensemble, pas un
contre l'autre, ensemble. Ça, je veux que ce soit clair.
Je vais aussi
en profiter, il me reste quelques secondes à peine, pour saluer le travail de
celles qui ont été sur la ligne de feu durant la pandémie. Et, à l'intérieur de
sa motion du mercredi, la députée de Sherbrooke en parle, d'améliorer des conditions, des conditions de travail. Je
pense notamment aux infirmières, aux éducatrices, aux enseignantes, aux
préposées aux bénéficiaires. Elles
ont mis leur santé en jeu. Elles ont mis leur vie en jeu. On en a même vu qui
ont payé de leur vie, hein, pour pouvoir être... justement, pour offrir les
services. Alors, c'est à elles aujourd'hui à qui je pense aussi en me
levant.
Et, M. le Président, si je n'ai pas été assez
claire, je vais le répéter : Je serai une alliée de la ministre, mais, une
chose est sûre, je vais continuer à poser
des questions, je vais continuer à plaider pour la place des femmes, bien sûr,
pour pouvoir avancer. Encore une fois, je suis une féministe et je suis très
fière de l'être. Et vous savez quoi, M.
le Président? C'est tout le monde ensemble qui va pouvoir changer les
choses.
Alors,
j'invite, bien sûr, la ministre à continuer le dialogue, et elle
trouvera en moi une collaboratrice de tous les instants, mais, à ce moment-ci, M.
le Président, je vous réitère que
nous allons appuyer la motion de la députée de Sherbrooke. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée de Verdun. D'autres interventions? Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. D'abord, je commencerais peut-être par noter, là, la façon que ça s'est fait, le... pas la motion du mercredi,
mais plutôt le plan d'action, qu'on appelle, de la ministre de la Condition féminine, la façon qu'on l'a mis en
ligne, qu'on l'a annoncé. Moi, je pensais avoir manqué quelque chose de gros,
puis là j'ai cherché par après, là, y
avait-u eu une conférence de presse, des médias d'invités pour parler de
quelque chose de grand. Pour moi, c'est
un moment important, là, d'annoncer un plan qui est spécifiquement pour réduire
les écarts, les inégalités entre les hommes et les femmes. Je me serais
attendue à quelque chose de très bien ficelé, très bien organisé, et qu'on nous
explique vraiment le pourquoi de chaque mesure.
Et là plus que le temps avançait dans la journée
et que j'essayais d'éplucher les documents qu'on nous a mis en ligne, là, pour le plan, et je réalisais que,
finalement, ça ne semblait pas avoir été une sortie pensée depuis longtemps ou,
vraiment, qu'il y ait eu une grosse consultation pour en arriver à
24 mesures béton qui allaient vraiment changer la vie de bien des femmes au Québec, parce que j'ai lu le
plan, et les 13 premières pages parlaient des constats, des constats qu'on
a vus dans plusieurs études, plusieurs groupes nous en avaient également parlé.
Je pense que chaque député a reçu une
invitation à parler avec les groupes de femmes de chacune de leur
circonscription pour vraiment faire état des enjeux concernant les femmes, de
gros enjeux, là. Puis ça ne date pas de la pandémie, mais on a vu que,
vraiment, l'écart s'est creusé fondamentalement depuis la pandémie qu'on
traverse depuis maintenant un an.
Alors, je
voyais les constats, 13 pages,
les mêmes constats qu'on a faits. En termes de perte d'emploi, les femmes sont extrêmement touchées, notamment dans l'industrie du tourisme, la restauration. Et
on peut parler des femmes au front
durant la pandémie, dans le domaine de la santé, dans le domaine de
l'éducation. On peut donner plein d'exemples, des
femmes en détresse pour de multiples raisons, des femmes épuisées par le
travail, des femmes épuisées parce qu'elles sont en télétravail et qu'elles doivent s'occuper également des tâches à
la maison, des femmes épuisées de chercher une place pour leur enfant en
garderie. Ça, on l'a répété à maintes reprises ici, dans cette Chambre. Malheureusement, moi, je ne pense pas avoir
entendu la ministre en parler, de cet enjeu-là, du manque de places
en garderie et qu'est-ce que ça a comme
effet sur les jeunes femmes, parce qu'on sait que, dans la majorité des cas,
bien, c'est elles qui doivent rester à la maison pour s'occuper des
enfants.
Donc, tous
ces constats-là ont été faits dans le plan, et ensuite on arrive aux mesures,
aux 24 mesures. Et là on a des mesures
qui peuvent sembler quand même assez intéressantes au départ, une mesure comme,
par exemple, favoriser ou encourager les femmes à
siéger dans les conseils d'administration, plein de mesures comme ça.
Et même, je
dois saluer d'entrée de jeu aussi qu'il y a eu une mesure pour un programme
pour que les femmes puissent rapidement
se réorienter, veulent changer de carrière, puissent rapidement, là, intégrer
des domaines plus masculins, comme les technologies. Mais je me serais
attendu à ce qu'on ait une balance, un équilibre aussi, parce que, si je prends
juste l'exemple qui me vient en tête, ma soeur, qui est enseignante au
primaire, elle ne veut pas du tout changer de carrière, elle veut continuer de travailler dans ce qui la passionne, mais avec
des conditions de travail qui sont adéquates dans le contexte qu'elles vivent. Donc, je n'ai vu
absolument aucune mesure qui venait aider les femmes à rester dans leur milieu
de travail, mais avec des conditions qui leur sont appropriées.
• (15 h 30) •
Je voyais même une mesure qui disait : On
va évaluer pourquoi certains métiers majoritairement féminins sont
sous-valorisés, M. le Président. Est-ce qu'on a vraiment besoin de chercher de
midi à 14 heures pourquoi les métiers... il
n'y a plus beaucoup de gens qui s'inscrivent en sciences infirmières,
pour devenir préposé aux
bénéficiaires, pourquoi on a eu à faire des grosses campagnes de
recrutement? Ce n'est pas sorcier, là, pourquoi on a des métiers
sous-valorisés, c'est parce les conditions ne sont pas là. Combien de fois on a
dû demander pour abolir les temps
supplémentaires obligatoires des infirmières,
les ratios patients-infirmières, dans les classes, avoir moins de gros groupes,
avoir plus de ressources personnalisées pour accompagner les élèves en difficulté? Bref, aucune mesure qui en
fait mention, et donc je trouve que c'est un plan qui a de bien beaux grands principes, mais qui ne va
pas au fond des choses, au fond des enjeux, et, bien, ce n'est rien de
révolutionnaire pour améliorer la condition féminine.
Alors, moi, je
vais revenir sur des propositions que nous avons faites pas plus tard que le 2 mars,
parce que, justement, on avait rencontré des groupes de femmes, on
avait bien pris connaissance des enjeux et on en venus au constat qu'il
fallait absolument une ADS pour chacun des projets de loi, pour chacun des
programmes gouvernementaux. Pour toutes les actions qui allaient être posées
par le gouvernement, il faut savoir quels sont les impacts, analyser tous les
angles morts possibles et s'assurer qu'il n'y ait pas d'impacts représentatifs
sur le sort des femmes.
Et là, bien,
on nous dit : Bien, on va sensibiliser les ministères. M. le Président, ce n'est pas déjà fait, ça? Est-ce que la ministre
est en train de dire, en nous annonçant que ça va se faire dans un plan
d'action, qu'il n'y a pas déjà une analyse qui est faite ou, en tout cas, qu'on le demande... qu'on suggère fortement aux ministères de le
faire? Moi, ça m'a beaucoup étonnée qu'on soit encore en... en suggérant la sensibilisation de l'ADS. Et il y a
toute la question du rehaussement du financement à la mission. On l'a dit hier,
là, dans une motion, une question, on est allées, à peu près toutes les
oppositions, sur ce sujet-là depuis les deux derniers jours, aussi
durant la journée des droits des femmes.
Les centres d'hébergement pour femmes
violentées, on a beau dire qu'on a rehaussé aussi leur financement, ils
demandent 70 millions dans tout le réseau pour pouvoir consolider les
places qu'elles ont et il faudrait encore plus en ajouter pour pouvoir répondre à toutes les demandes qui sont laissées
lettre morte parce que, faute d'espace, faute de moyens, il y a encore
beaucoup de femmes et d'enfants qui retournent dans leur milieu dangereux parce
qu'on n'a pas ce qu'il faut pour bien s'occuper d'elles. Alors là, vraiment,
qu'on soit sortis, les oppositions, avec les centres, avec la fédération et que le gouvernement, juste après,
refuse notre motion de les aider convenablement pour pouvoir bien réaliser
leur mission, bien, c'est une claque au visage, M. le Président, ce n'est rien
de moins qu'une claque au visage.
Alors, on a
fait des propositions au gouvernement. Je tends la main, encore une fois, à la
ministre de la Condition féminine
pour qu'elle ait un vrai leadership dans le domaine et pour réduire les écarts
entre les hommes et les femmes, qu'on en fasse beaucoup plus que des belles
paroles qu'on a entendues jusqu'à maintenant, et que, ce plan-là, bien,
j'espère que c'est vraiment juste un début, parce qu'on est très en
retard, il y a beaucoup de rattrapage à faire, et malheureusement, bien, ce n'est rien de
rassurant, ce qu'on peut lire là. Et, bien, M. le Président, je réitère toute
ma collaboration. Les propositions sont
sur la table. Et c'est certain qu'on va appuyer la motion de la députée de
Sherbrooke parce que, pour nous, c'est bien insuffisant, ce qui est fait
jusqu'à maintenant du côté du gouvernement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. D'autres
interventions? Mme la cheffe du deuxième groupe
d'opposition. Il reste 4 min 20 s à votre groupe.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M.
le Président. Je vais aller droit au
but. Si on veut relancer l'économie, si on veut relancer des meilleures conditions pour les femmes, que ce
soit l'emploi, que ce soit aussi dans notre quotidien, c'est de s'occuper
impérativement de nos services publics.
Santé, éducation, services
de garde, DPJ, nommez-les, les femmes
sont surreprésentées, et leurs conditions font en sorte que, particulièrement
dans le cadre de la pandémie, M. le Président, elles n'ont plus envie d'être au service public, et ça, c'est problématique. Et ça, je ne le vois pas, je ne l'entends pas. Les négociations dans le secteur public, actuellement, n'avancent pas, alors que, depuis un an et demi, depuis un an, à tout le moins, on voit la richesse de l'apport des femmes dans nos services
publics.
Alors, oui,
des plans, mais ça commence par améliorer les conditions salariales et les
conditions de travail. Dans la dernière année, 4 000 infirmières ont
démissionné, 7 668 personnels de soins sont en burn-out, en congé, en
arrêt parce que les conditions n'ont
pas de bon sens. Elles n'avaient pas de bons sens avant à cause des austérités
multipliées, des budgets austéritaires multipliés des gouvernements
du Parti libéral, mais ceci étant dit, la relance, elle n'est pas en arrière,
elle est en avant. Alors, si la ministre,
si la CAQ cherche des idées pour comment relancer l'économie
du Québec pour ne pas encore plus agrandir l'écart,
dans cette relance-là, entre les hommes et les femmes, bien, il y a un plan
ici, qui tient sur plusieurs pages, une trentaine, chiffré, qui dit exactement
comment on pourrait créer plus de 100 000 emplois qui seraient
au service de notre communauté, qui pourraient prendre soin de nos aînés, qui pourraient prendre soin
de notre population. On dit même aussi où aller chercher
l'argent.
M. le Président, si on veut prendre soin des femmes, là, ce n'est pas rien qu'une question
de mots, c'est une question de
gestes, et ça passe par une vision complètement différente de ce que tous les
partis ont fait ici depuis 30 ans. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Bellechasse.
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, M.
le Président. Je tiens à remercier
les collègues qui sont ici aujourd'hui. Merci d'être là. Je pense qu'on
a une belle occasion aujourd'hui de discuter.
Quand j'ai pris connaissance de la motion de
notre collègue de Sherbrooke, la première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est le chemin qu'on a parcouru au
cours des 60 dernières années. Quand on parle des inégalités hommes-femmes,
il y a quand même un travail colossal qui a été fait au cours des dernières
décennies. Et loin de moi l'idée de nier les inégalités
ou encore de nier que la pandémie a exacerbé certaines inégalités. Mais
rappelons-nous quand même qu'au Québec
le droit
de vote des femmes a été obtenu en
1940. C'était, en quelque sorte, le point de départ, hein, d'une transformation majeure dans le rôle de la femme dans notre société.
Puis c'est dans les années 60, en pleine Révolution tranquille, que la première femme députée a été élue. C'est seulement
quelques années plus tard, en 1964, qu'une loi pour invalider l'incapacité
de la femme mariée est votée. Selon cet
énoncé, la femme mariée ne pouvait pas signer de contrats, être propriétaire ou
exécuter un testament sans avoir l'accord et la signature de son mari.
On rappelle aussi qu'en 1967 une commission
d'enquête sur le statut de la femme mène à une publication, le rapport Bird. Recommandations de ce rapport : établir l'équité salariale, créer un
réseau de garderies, offrir des congés de maternité, permettre aux femmes d'accéder aux postes de direction. Vous
comprendrez qu'à ce moment les obstacles étaient lourds et devaient être surmontés pour qu'on puisse espérer aspirer à
quelque forme d'égalité entre les femmes et les hommes.
La place
occupée par les femmes aux études supérieures était un enjeu à considérer pour
améliorer les conditions des femmes
au Québec. Je me souviens quand j'ai dû faire un choix de carrière, ma mère me
disait, puis je le dis exactement comme
elle me le disait : Dans mon temps, c'était moins compliqué, on était
infirmière, on était maîtresse d'école ou encore on était secrétaire.
Donc, ce n'est pas si loin, là, quand même, il faut se le dire.
Donc, je me souviens moi-même aussi d'un Québec
encore moins lointain où un grand nombre de professions étaient pratiquées exclusivement par des hommes. En début de carrière,
je travaillais sur la route, je sillonnais le Québec entre Sherbrooke, et la Gaspésie, et même les
Îles-de-la-Madeleine. C'était un travail qui était peu occupé par les femmes.
En fait, à vrai dire, je me retrouvais souvent seule dans les hôtels le soir.
C'était un milieu exclusivement masculin. Puis on comprend, à l'époque,
il n'y avait pas de cellulaire, traverser le parc de la Gaspésie le soir,
c'était quand même... c'était particulier.
Ce n'était pas un endroit... on n'avait
pas les facilités qu'on a aujourd'hui. Mais quand même on voit, en quelques
années, ça a évolué rapidement, parce que,
dans les dernières années, maintenant ce sont des postes qui sont occupés, puis
presque majoritairement, entre autres, par les femmes.
• (15 h 40) •
Dans les
années 60, on a vu aussi... en fait, on a assisté à la naissance d'une des
plus importantes valeurs québécoises, selon
moi, puis c'était justement l'égalité entre les hommes et les femmes, une
valeur importante, certes, mais qu'on doit non seulement voir briller dans nos institutions, mais aussi dans nos
maisons. Il faut apprendre à nos enfants, dès le plus jeune âge, ce qu'est le respect, que signifie
prendre sa place. Il faut inculquer par l'exemple des valeurs de respect, de
justice et d'égalité. Quand on dit
ça, on réalise qu'une partie du chemin a été faite, mais ce n'est pas terminé.
On regarde ça d'un autre oeil aujourd'hui, mais, dans les
années 60, une infime minorité des Québécoises avaient accès à
l'enseignement postsecondaire. À
l'université, elles n'étaient qu'une poignée dans un monde d'hommes.
Maintenant, les femmes y sont nombreuses et même majoritaires dans
certains programmes.
Au fil des décennies,
les institutions québécoises se sont transformées profondément afin de venir
mettre en pratique le principe d'égalité
entre les femmes et les hommes. En 1978, on instaure le congé de maternité pour
empêcher que les femmes qui prennent
un congé ne se fassent licencier. De notre point de vue, M. le Président, ça
semble complètement aberrant, puis même c'est révolutionnaire d'avoir
pensé à ça, mais en 1978 on était là. Donc, il faut comprendre qu'on a vraiment... la société a vraiment changé. En
1989, le Code civil a été modifié pour assurer un partage égal des
biens familiaux entre époux en cas de
dissolution du mariage. Et en 1996, bien, c'est la Loi sur l'équité salariale
qui est adoptée. Cette loi est alors devenue un des piliers, évidemment, sur
lesquels reposent les valeurs québécoises d'égalité femmes-hommes, puis on peut la lui attribuer une bonne partie de
l'élan qu'a connu les années 90, en conjoncture avec le développement du
réseau public des garderies pour l'essor des femmes sur le marché du
travail.
Comme
je vous le mentionnais plus tôt, j'ai eu l'occasion d'assister, mais surtout de
participer à cette transformation du
marché du travail. Le chemin parcouru en cette matière-là est significatif,
mais notre gouvernement ne se permet pas pour autant d'arrêter d'agir. En 2019,
le ministre du Travail et de la
Solidarité sociale a effectué une réforme sur l'équité salariale afin
principalement d'améliorer l'évaluation du maintien de l'équité salariale. À
cette réforme, on a assujetti 35 000 entreprises
de plus au Québec à l'équité salariale. On s'est également assuré que les
femmes qui ont subi une iniquité salariale
puissent avoir accès aux avantages sociaux et aux montants de régime de
retraite qui sont associés à l'indemnité pour compenser l'iniquité, des mesures concrètes pour favoriser
l'atteinte de conditions de travail équitables pour l'ensemble des
travailleuses.
Un
autre acquis, le programme qui est au coeur de l'égalité femmes-hommes et cette
volonté de rendre les femmes autonomes économiquement, c'est le régime
d'assurance parentale. C'est une façon d'assurer aux femmes qu'elles ne soient pas pénalisées par la maternité et de
s'assurer que leur autonomie économique ne subisse pas de conséquences
négatives de leur décision d'avoir un
enfant. Je vous rappelle, en 1979, c'était la nouvelle politique familiale qui
permettait aux femmes de s'absenter du travail pour une période de
18 semaines sans perdre leur emploi. Lors de ma première maternité,
dans les années 90, c'était pas mal
comme ça aussi parce qu'on avait quelques mois de chômage, et vite le retour au
travail avec une grande pression de l'employeur. C'était une autre
époque, et les choses ont changé.
Notre gouvernement a d'ailleurs prolongé de 52 à
78 semaines la période à l'intérieur de laquelle des prestations peuvent être payées, ce qui permet indéniablement
à une beaucoup plus grande flexibilité pour les mères en rapport à l'emploi
et ça leur donne la possibilité de réintégrer le marché du travail à un moment
plus opportun pour elles. On a ajouté quatre
semaines de prestations partageables pour que les pères puissent passer
davantage de temps à la maison avec le nouveau-né et pour que les mères puissent réintégrer leur
emploi et poursuivre leur cheminement professionnel, parce que l'autonomisation
économique des mères passe aussi par une
plus grande participation des pères. On s'est assuré que les mères
monoparentales touchent cinq semaines
exclusives additionnelles de prestations. Avec ça, c'est près de
2 000 mères qui ont eu directement droit à une aide économique
supplémentaire.
Favoriser
l'autonomie économique des femmes, c'est s'assurer que les femmes puissent
continuer de cheminer. On a mis en
place des conditions gagnantes pour les femmes du Québec. Notre gouvernement
croit à l'importance de continuer d'agir
pour s'assurer de l'égalité des chances relativement au marché du travail,
comme le démontrent les réformes que nous avons adoptées depuis le début
de notre mandat.
La pandémie est un
défi majeur pour toute la population du Québec. J'ai confiance que les mesures
mises en place sauront supporter de manière
équitable l'ensemble des Québécois. Et c'est tous ensemble, en tant que société,
que nous allons aplanir les iniquités. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le député de Robert‑Baldwin. Vous disposez de
12 min 50 s.
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de m'exprimer aussi
sur ce sujet. Je vais aborder un angle
peut-être un peu différent, je vais aborder l'angle surtout économique,
macroéconomique. Mais j'aimerais dire
en commençant ou peut-être avant de commencer que... de rappeler à tous les
membres de cette Assemblée que nous
sommes à l'Assemblée nationale. Nous avons tous été élus par nos citoyens, qui
nous ont envoyés ici pour les représenter. Nous avons tous le devoir et le
droit de nous exprimer. Or, des fois, j'entends certains collègues nous dire :
Ah! les libéraux, ils ne se gênent pas de
dire ça. Nous sommes en démocratie et nous avons le droit de nous exprimer, et
j'ai tout à fait l'intention de m'exprimer jusqu'à la fin du mandat, et puis
après on verra. Bon, voilà, il fallait le dire.
Maintenant,
l'aspect un peu plus économique de cette question. Au Québec, M. le Président,
nous avons fait des pas de géant en termes d'égalité hommes-femmes depuis au
moins les années 80, mais on a encore beaucoup de chemin à faire. Je suis le premier à le reconnaître, on a
encore beaucoup de chemin à faire. On n'est pas encore rendus là où on devrait
être. Et souvent je parle à ma fille, qui a 34 ans, et elle me dit des
choses. Et souvent aussi, dans ces conversations-là, je reconnais les enjeux qu'elle me mentionne, de ce
que sa mère aussi avait vécu. Donc, on a progressé, oui, mais on a encore
du chemin à faire.
Il
y a eu une continuité d'actions gouvernementales. Les gouvernements qui se sont
succédé ont ajouté des blocs à cette construction, encore une fois, à
des vitesses différentes, mais toujours dans la même direction. Mais là nous sommes arrivés, à mon avis, à un moment critique
parce qu'il faut reconnaître que la pandémie a généré une crise économique, une récession qui est bien différente des récessions précédentes, une
récession qui nous ramène au moins 10 ou même 15 ans en arrière en
termes d'égalité hommes-femmes, en termes d'opportunités économiques pour les
femmes. Et ça, c'est très particulier parce qu'on a vécu des récessions
passées, M. le Président, nous qui avons des cheveux gris, nous nous rappelons
de récessions précédentes, mais celle-ci est très différente. Elle est très
différente parce qu'elle a affecté des secteurs économiques différemment et
elle a surtout pénalisé les secteurs qui emploient majoritairement des femmes.
Et alors dans
les politiques de relance qu'on mettra en place, bien, il faut garder ça en
considération. Ce n'est pas juste le
cas, dire : O.K., on va stimuler la croissance économique, et puis les
jobs vont arriver, et, voilà, on va tous revenir à la normale. M. le
premier ministre disait hier : Ah! vous allez voir, en 2022, d'ici un an,
on sera déjà de retour au plein-emploi. Non,
malheureusement. J'aimerais bien, mais, non, on ne sera pas de retour au
plein-emploi ou ça ne reviendra pas juste comme ça par magie. Il faut
vraiment mettre en place de nouvelles politiques pour adresser ça.
• (15 h 50) •
Et pourquoi
je dis ça — parce
que le temps presse — pourquoi
je dis ça? Je dis ça parce qu'il y a deux choses qui... deux grandes conséquences de cette pandémie sur le
marché du travail. Et je parle ici surtout du marché du travail et je parle ici surtout des employées — employées, féminin — du secteur privé. Donc, c'est là où il y a
eu les plus grandes pertes d'emploi.
C'étaient des secteurs qui étaient déjà... restauration, hébergement, commerce
de détail, ces secteurs dits traditionnels, mais qui emploient des
dizaines de milliers d'hommes et de femmes, et beaucoup de femmes, et qui
étaient déjà sous pression. Il y avait déjà des changements structurels qui
commençaient à se manifester, mais il y avait encore beaucoup d'opportunités
pour que les gens puissent se replacer. Et là le choc arrive, ces emplois
disparaissent en grand nombre pendant qu'à
côté les autres secteurs, comme par hasard très masculins, comme la
construction, comme le secteur manufacturier,
comme les services professionnels et scientifiques... qui se portent très bien.
Non seulement l'emploi dans ces secteurs-là augmente, mais la
rémunération augmente.
Alors, c'est
une récession qui frappe de façon injuste et de façon disproportionnée les
personnes qui occupent les emplois moins rémunérés, des emplois plus précaires.
Et là, maintenant, il n'y a pas d'emploi du tout, ces personnes-là sont au chômage. Et ce qu'on voit aussi se
développer, c'est que, ce chômage-là, depuis avril, mai, juin 2020, commence à
devenir un chômage de longue date. Ça, c'est des problèmes, M. le
Président, je ne sais pas si vous vous rappelez, mais, en tout cas, des problèmes qui affectaient
beaucoup les économies des pays de l'OCDE, surtout de l'Amérique du Nord et de
l'Europe de l'Ouest, dans les années 70, les années 80, où il y avait
beaucoup de problèmes de chômage à long terme. Donc, les personnes qui perdaient l'emploi, à ce moment-là, restaient en
dehors du marché du travail pendant longtemps, c'est difficile de les ramener sur le marché du travail. C'est en train
de se reproduire maintenant, pas d'une façon générale, mais sur des femmes, les femmes qui occupaient ces
emplois-là, qui étaient déjà à basse rémunération, et là, maintenant,
qui disparaissent en grand nombre, ces emplois-là. Et, si une personne reste en
dehors du marché du travail pendant longtemps,
ça a des effets sur le restant de sa vie en termes de manque d'opportunités, en
termes de plan de carrière, plan de
retraite. Si vous perdez deux, trois, quatre, cinq ans de contribution à vos
plans de retraite, ça a des effets qui se multiplient avec le temps.
Donc, il faut
essayer de trouver un moyen de redresser cette situation et de faire revenir
ces personnes-là au marché du
travail. Pour ça, on a besoin de plusieurs formes de plans de relance. La
relance économique, M. le Président, elle ne peut pas et elle ne doit
pas se limiter aux infrastructures, là. Les routes, les trains, les autoroutes,
les ponts, c'est très bien, les écoles, les
maisons des aînés, tout ça est très bien, il faut le faire, mais il ne faut pas
se limiter à ça, il faut trouver des
moyens de... ce que le ministre du Travail nous dit, avec raison, de
requalifier ces personnes. Donc, il y a un rôle très important pour le secteur
public pour mettre en place des programmes de requalification pour former,
offrir de nouvelles opportunités à ces personnes-là qui commencent à
être exclues du marché du travail.
Ce n'est pas
un phénomène qui est exclusivement québécois, loin de là. Toutes ces choses-là,
tout ce que je dis maintenant se
passe aussi dans le reste du Canada, se passe aussi aux États-Unis, se passe
aussi en Europe. Donc, c'est un nouvel élément dans notre économie
auquel il va falloir répondre. Et pour bien répondre à ce phénomène, à ce
nouveau phénomène, M. le Président, il faut
donc penser à des nouvelles façons d'adresser la situation, et une façon
d'adresser la situation, c'est bel et bien en procédant à des analyses
différenciées selon les sexes, les fameuses ADS, M. le Président. Il faut le
faire, il faut le faire. Il faut regarder les politiques de relance qu'on
mettra éventuellement en place, il faut les analyser sous ce prisme-là.
Et, encore
une fois, ce n'est pas seulement moi, ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président, l'OCDE elle-même, un
organisme souvent jugé très proche des marchés financiers, de tous ces gens un
peu obscurs, n'est-ce pas, mais l'OCDE elle-même répète que les plans de relance économique dans les pays
membres de l'organisation — Amérique du Nord, Europe, Japon — ces
plans de relance là doivent être conçus sous le prisme de ne pas pénaliser les
femmes et surtout de les faire avancer, de les faire participer
davantage dans le marché du travail.
Donc, il faut
faire ça, M. le Président, parce
qu'il y a un deuxième phénomène qui se passe aussi, et au Québec, c'est très dommage parce qu'il y a une dizaine d'années
qu'on ne voyait pas ça, c'est les femmes qui se retirent du marché du travail.
Non seulement elles sont en chômage, un grand nombre d'entre elles, un chômage
de longue durée, mais il y a aussi
d'autres femmes qui, tout simplement, se retirent du marché du travail,
reviennent là où était ma mère il y a 50 ans. C'est un recul
regrettable et surtout ici, au Québec, où on avait mis en place les structures,
les moyens, les outils pour pouvoir atteindre des taux de participation au
marché du travail des femmes qui étaient parmi les plus élevés en Amérique du
Nord. Les gouvernements successifs des derniers 15 ans ont mis ça en
place, et là on vient de reculer de 10,
15 ans. Donc, il faut réinvestir dans ces services-là qui permettent aux
femmes d'aller sur le marché du travail, sachant que leur famille, aux deux extrêmes, leur famille,
les enfants, leur famille, les personnes plus âgées, soit bien encadrée par
les services publics de qualité. On avait développé cette capacité, il faut
maintenant réinvestir davantage pour ramener ces
femmes-là sur le marché du travail parce que c'est comme ça qu'on pourra avoir
une société plus prospère dans les années à venir.
Alors, M. le
Président, en terminant, parce que je vois que le temps file, j'aimerais juste
dire que l'égalité hommes-femmes, ce n'est
pas seulement, bien sûr, un enjeu économique, mais c'est beaucoup un enjeu
économique. Et, notre société, on
pourrait atteindre la prospérité que nous voulons tous atteindre si nous tous,
hommes et femmes, participons à cette
activité économique là. Et, dans ce
cas-là, l'État a un rôle très important à jouer pour permettre et pour faciliter la
participation des femmes au marché du travail. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Robert-Baldwin.
Documents déposés
Avant de céder la
parole pour une autre intervention, tout à l'heure Mme la députée de Sherbrooke,
dans son intervention, a parlé de documents. Donc, ça prendrait
un consentement pour qu'elle puisse les déposer. Consentement? Consentement.
Je cède la parole à Mme
la députée de Roberval. Il reste 18 min 40 s à votre groupe.
Mme Nancy
Guillemette
Mme Guillemette : Merci,
M. le Président. Donc, je suis très
heureuse de me lever en Chambre, aujourd'hui, où la première femme en 1961 a eu ce
privilège-là. Donc, je suis très heureuse de discuter de condition féminine
avec les collègues. Vous savez, moi, je suis une mère, mais je suis
aussi une grand-mère d'une jeune demoiselle et d'un jeune homme, et je crois
que nos jeunes hommes aussi, comme tout
le monde ici, doivent faire partie de
la solution. Si on ne veut pas reculer, nos jeunes hommes doivent être
impliqués et connaître l'histoire des femmes.
Donc,
comme le signalait plus tôt la ministre, nous avons toujours reconnu que la crise
actuelle a eu des impacts plus graves
chez les femmes que chez les hommes et qu'en ce sens elle a malheureusement fait augmenter les inégalités entre ceux-ci. En fait, vous le
savez sans doute, M. le Président, les crises, peu importe la nature de quelle
elles sont, sont reconnues pour exacerber
les inégalités. On l'a dit trois fois, je le redis une quatrième fois parce que
je pense que cet élément est important, donc, les
chiffres nous démontrent que ces derniers n'y ont pas fait exception dans cette
crise-ci.
D'ailleurs,
les conséquences de celles-ci se sont fait sentir sur de nombreuses facettes,
que ce soit sociales, économiques
ou familiales. Les pertes d'emploi ont été plus importantes. Les responsabilités
familiales et la charge mentale ont été accrues pour les femmes. Et malheureusement
les risques de violence conjugale ont augmenté par le confinement. La
conciliation télétravail et famille n'est pas non plus une mince affaire, on
s'entend.
Toutefois, il est important
de souligner que notre gouvernement a rapidement agi afin de proposer et mettre
en place des solutions concrètes en réponse
aux enjeux vécus par les femmes. Donc, en effet, nous sommes en action. Il est
important d'agir pour éviter que les femmes ne subissent un recul pour les
acquis fondamentaux en matière d'égalité.
• (16 heures) •
Lundi dernier, ma
collègue a déposé le plan d'action pour contrer les impacts sur la pandémie en
lien avec les femmes. Ce plan d'action vise à intervenir auprès des femmes
touchées par la pandémie en misant sur l'expertise des partenaires du milieu. En ce sens, nous allons investir 23 millions dans les prochaines années pour mettre sur pied 24 mesures qui viendront atténuer les effets de la pandémie
sur les femmes. Dans l'optique de mettre en place ces mesures, plusieurs
ministères et organismes sont mobilisés et nous sommes très optimistes quant à la
portée qu'auront ces mesures. Rappelons également que ce plan s'inscrit en complémentarité avec les actions de
la Stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les
hommes vers 2021.
Parmi
les 24 actions, quatre contribueront significativement à contrer les
impacts de la pandémie sur les femmes, c'est en appuyant les entreprises
à propriété féminine dans l'adaptabilité de leur modèle d'affaires en contexte
de crise, en menant un appel aux solutions auprès des acteurs clés pour créer
et activer des passerelles accélérées de formation et d'accès à l'emploi afin
d'amener les femmes durement touchées par la pandémie à occuper des emplois
relatifs aux sciences, aux technologies, à
l'ingénierie et aux mathématiques, c'est aussi en sensibilisant les ministères
et organismes aux impacts qu'aura eu la crise sur les femmes et les
inciter à avoir recours à l'analyse différenciée selon les sexes dans le déploiement des actions à mettre en oeuvre pour
faire face à la pandémie, et finalement c'est en brisant l'isolement de ces
femmes pour agir sur la détresse psychologique.
Comme
tout le monde le sait, la crise a eu des impacts importants sur la santé
mentale des Québécois, et les femmes n'ont pas été épargnées.
L'isolement, c'est un des facteurs qui a contribué à la hausse de l'anxiété et
de la détresse psychologique. La charge
mentale due aux responsabilités familiales accrues ainsi qu'à l'articulation de
ces responsabilités et au télétravail, ce sont d'autres éléments qui
sont importants de considérer.
Durant
la dernière année, les travailleuses du secteur communautaire ont aussi été
appelées à répondre à des besoins accrus dans un contexte pas toujours
facile. L'implication des derniers gouvernements a été minime, pour ne pas dire inexistante, dans ces secteurs d'activité
majoritairement féminins. L'action n° 4 permettra de
soutenir des initiatives visant à briser l'isolement des femmes et à
agir sur la détresse psychologique qu'elles vivent dans le contexte de la
pandémie, notamment des femmes en contexte de vulnérabilité.
Vous le savez, M. le Président, j'ai oeuvré plusieurs années en santé mentale et je suis bien placée
pour connaître l'importance de cette
mesure. Au Québec, durant les dernières années, nous avons fait des
progrès dans le domaine de la prévention concernant les troubles de
santé mentale, mais nous devons, plus que jamais, poursuivre nos efforts.
Depuis
notre élection, nous travaillons à lutter contre les inégalités entre les
hommes et les femmes dans le but de faire du Québec une société plus
égalitaire, inclusive et sécuritaire. C'est d'ailleurs dans ce contexte que la ministre
a déposé le Plan d'action spécifique pour
prévenir les situations de violence
conjugale à haut risque de
dangerosité et accroître la sécurité
des victimes 2020‑2025. Grâce à
ce plan, ce sont 180 millions sur cinq ans qui seront investis pour
intensifier la lutte à la violence conjugale. À cela s'ajoute le
120 millions de sommes récurrentes pour les maisons d'hébergement. Il s'agit d'un rehaussement de 30 %, alors
que, durant les dernières années, ce rehaussement était d'à peine 1 %.
C'est grâce à ces nouvelles sommes que les maisons d'hébergement pourront
consolider leurs services et ainsi être plus flexibles.
M. le Président, ce
plan permettra aussi d'étendre le service d'évaluation des conjoints violents
au stade de la mise en liberté provisoire à
trois régions supplémentaires, dont le Saguenay—Lac-Saint-Jean, les Laurentides et la Montérégie. C'est une très bonne chose. Nous
devons protéger les femmes qui font face à la violence. Elles doivent se sentir
en sécurité, peu importe où elles sont. Il
faut reconnaître que nous avions beaucoup de travail à faire en matière
d'égalité femmes-hommes lorsque nous
avons été élus. Les gouvernements, avant, ont énormément nui à l'avancement des
femmes avec des coupures et des politiques d'austérité qu'ils appelaient
rigueur budgétaire.
En
2015, l'institut IRIS publiait son rapport de recherche nommé Les mesures
d'austérité et les femmes : analyse des documents budgétaires depuis 2008,
une étude qui démontre très bien les mesures de relance économique qui ont
d'abord favorisé les hommes et que les
mesures d'austérité, quant à elles, ont surtout affecté les femmes. Dans ce
rapport aussi, l'IRIS conclut d'ailleurs que la stratégie de sortie de crise a
créé un fossé de 7 milliards de dollars entre les hommes et les
femmes. Il n'est pas le seul organisme à avoir sonné la cloche.
Selon un rapport
d'ONU Femmes, les politiques d'austérité des précédents gouvernements nuisent
grandement à la promotion et à la place des
femmes dans le monde du travail. Les enseignantes, infirmières, employées de la
fonction publique, éducatrices en
service de garde, personnel des organismes communautaires ont été les
principales victimes des années d'austérité. Et je suis bien placée pour
le savoir, M. le Président. Pendant des années, les gouvernements ont demandé à ces personnes de se serrer la ceinture.
De mon expérience personnelle dans le milieu communautaire, je peux vous dire qu'on a été débrouillardes,
imaginatives. Et probablement que l'innovation, c'est venu du monde
communautaire.
Il
est possible de faire plus avec moins, M. le Président, jusqu'à un certain
point, mais il n'est pas possible de faire plus avec rien. Aujourd'hui, les oppositions se lèvent en Chambre pour
dénoncer de nos actions, mais le fait
est que nous travaillons énormément
pour rattraper le retard qui a été pris durant les dernières années. Ce n'est
peut-être pas parfait, mais le coeur et la volonté y est et,
l'important, nous avançons.
Notre formation
politique accorde une grande importance à l'égalité hommes-femmes. Le premier
ministre a d'ailleurs fait un point d'honneur, pendant la dernière campagne électorale de 2018, de présenter autant d'hommes que de femmes, donc nous avons présenté 65 femmes et
60 hommes, 52 % de candidatures féminines. La partielle dans Roberval,
M. le Président : une femme. La partielle dans Jean-Talon,
M. le Président : une femme. Notre équipe économique : trois femmes.
En tant que femme et députée, j'entends répondre
présent tous les jours. J'entends travailler à briser un peu plus ce
plafond de verre avec l'ambition de faire du Québec une société plus juste,
sécuritaire, égalitaire pour toutes les femmes d'aujourd'hui et de demain.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais
maintenant M. le député de Gouin. Vous disposez de
1 min 50 s.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, nous sommes gouvernés par un gouvernement où il y a beaucoup
de comptables, alors je vais utiliser une
expression que les comptables connaissent bien : L'argent parle ou, comme
on dit en anglais, «money talks».
Lundi,
la Coalition avenir Québec a annoncé un plan pour rattraper l'impact que la
pandémie a eu sur les femmes au
Québec. Ce plan était accompagné d'investissements de 23 millions de
dollars sur un an, 23 millions de dollars pour pallier à la pire crise de l'histoire récente du
Québec, au plus grand recul qu'ont subi les femmes québécoises dans leurs
conditions de vie de mémoire d'homme et de femme.
Est-ce
que c'est beaucoup d'argent, ça, 23 millions de dollars? Bien, voyons voir
et livrons-nous à un petit exercice de
comparaison. Dans la dernière année seulement, voici quelques exemples de
dépenses que le gouvernement a trouvées manifestement plus importantes que le sort de l'égalité hommes-femmes au
Québec. Dans la dernière année, on a donné 35 millions de dollars l'entreprise Uni-Sélect, une entreprise du
domaine automobile, 37 millions de dollars à l'entreprise Telecon, dans le domaine des télécommunications.
Hier, pour Alstom, c'était 56 millions de dollars. Et là je ne vous parle
pas du Cirque du Soleil, avec 275 millions de dollars. Je ne vous parle
pas de Lightspeed, 600 emplois, pour la coquette somme de
450 millions de dollars.
M. le Président,
l'argent indique en effet souvent la valeur des choses et l'argent parle, et ce
que les dépenses de ce gouvernement disent,
quand on les regarde, c'est que, pour la CAQ, la relance féministe, ça ne vaut
pas la peine qu'on mette sérieusement de l'argent là-dedans.
• (16 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le
député de Chauveau.
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. J'imagine que certains
trouvent un peu étrange de voir un homme intervenir dans le dossier, mais je
suis très heureux que le collègue de Robert-Baldwin l'a fait également, parce que, comme la députée de Verdun l'a mentionné
précédemment, c'est important également que les hommes soient partenaires de
tout ce mouvement puis tous les besoins qui ont été créés pour le bien des
femmes. En fait, pour les difficultés que les femmes vivent, c'est très,
très important que les hommes soient des alliés.
Et je m'en fais garant, M. le Président, parce
que j'ai travaillé pendant bien des années dans le secteur de la violence conjugale. Moi, j'ai été à la tête de
l'association À coeur d'homme, Réseau d'aide aux hommes pour une société
sans violence, j'ai travaillé avec le
mouvement féministe pour lutter contre la violence conjugale, alors vous
comprendrez que c'est un sujet qui m'interpelle énormément. Et j'ai... On
en a parlé beaucoup aujourd'hui, de la violence conjugale. J'ai été là de 2005 à 2012, donc j'ai été dans la
mise en oeuvre du plan d'action 2004‑2009 en matière de violence conjugale
et ai été impliqué dans la confection du
plan d'action 2012-2017. Moi, j'ai été élu en 2012, mais comprenez qu'il y
avait eu du travail préalable qui a
été fait, sans oublier les différentes campagnes de sensibilisation en matière
de violence conjugale de cette
époque-là. Donc, c'est un sujet que je comprends, que je maîtrise et
qu'évidemment, sans dire que je suis l'expert au Québec, je le sais, que
c'est un sujet complexe et qu'il y a eu beaucoup de travail de fait.
Tout d'abord, ce que je tiens à vous dire, M. le
Président, c'est qu'en lien avec la pandémie, ce que nous vivons présentement, c'est évident, il faut reconnaître
la problématique avant de pouvoir l'adresser et y travailler. Évidemment,
est-ce qu'il y a eu plus de violence
conjugale pendant la pandémie? Pour moi, c'est évident que oui, il y en a eu
davantage, c'est bien évident. Est-ce
qu'il y a eu plus de pertes d'emploi? Est-ce qu'il y a eu des pertes d'emploi?
Oui, il y a eu plus de pertes d'emploi. Est-ce qu'il y a eu plus de
femmes affectées par cette condition-là? C'est évident, M. le Président. Poser la question, c'est y répondre. Il y a eu
beaucoup de femmes, il y a eu également des hommes qui ont souffert, des
enfants, des jeunes, des personnes plus
âgées, mais il est indéniable que, parmi toutes les personnes qui ont subi des
conséquences négatives, ce sont des femmes qui sont plus durement
touchées par cette pandémie-là.
Et, quand
on regarde tous les impacts, il n'y a pas seulement la violence conjugale, il y
a certainement plus de problèmes de santé mentale, de toxicomanie, de
dépression, en incluant, bien sûr, la violence conjugale. C'est un facteur de
risque. Lorsqu'on travaille puis lorsqu'on
est dans une situation où on a des pertes d'emploi, difficultés financières,
être dans un environnement stressant,
bien, il y a des gens qui réagissent très mal à cette situation-là, donc
parfois vont utiliser de violence, parfois
vont peut-être avoir des idées noires, aller envisager le suicide. C'est
malheureux, mais on doit reconnaître que la pandémie a eu des effets
négatifs chez certaines et certains de nos concitoyens.
Mais, après
avoir reconnu le problème, M. le Président, il faut quand
même regarder ce qui a été fait au
fil des ans. Moi, quand je vous dis,
la violence conjugale, ça a changé, là, il y a une quarantaine
d'années, c'était un problème qui était dans la chambre à coucher. Puis là on dit : Il ne faut pas s'en mêler, il ne faut pas toucher à ça. Ça concerne deux individus, on ne fait rien. Puis, même, c'était vraiment
tabou de parler de ça. Parlez à vos grands-parents, là. Aïe! On ne pouvait pas
jaser de ce sujet-là.
Tranquillement, là... Puis là je vais lever mon chapeau
à une femme, une pionnière du Québec, Mme Janette Bertrand, qui avait fait le fameux documentaire L'amour
avec un grand A. Ghyslain Tremblay, feu Ghyslain Tremblay, qui est décédé
de la COVID malheureusement dans les
derniers mois, avait joué le rôle de l'homme violent avec Sylvie Léonard . Ça
nous a tous marqués. Et,
tranquillement, il s'est installé un phénomène où on s'est dit : C'est
inadmissible, ça, la violence conjugale, on ne doit pas accepter ça.
Puis, au fil
des années, les gouvernements... Aïe! c'est bien beau, on aime ça se critiquer
mutuellement, là, mais les
gouvernements ont posé des gestes pour s'attaquer à ce phénomène-là. Il y a eu
une première politique gouvernementale en
1995. Et, par la suite, a découlé différents plans d'action, 2004‑2009, 2012‑2017,
2018‑2023, où il y a eu du travail qui a été fait pour améliorer et
augmenter le financement, reconnaître la problématique, y travailler et lutter.
J'écoute l'opposition nous parler, c'est normal,
c'est leur travail : On veut plus d'argent, on veut plus d'argent. Bien oui, c'est sûr, il doit y avoir plus
d'argent, plus d'efforts, plus de reconnaissance de la problématique. On est
loin d'être arrivés au bout du fil.
Il y aura... puis la ministre l'a dit, elle a entièrement raison, il y a des
cas de violence conjugale, on mettrait
probablement tout l'argent du Québec sur cette problématique-là, il y aurait
encore des problèmes. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'y
attaquer et d'investir massivement.
Alors, moi,
ce que je reconnais aujourd'hui, j'essaie de regarder, là, est-ce que la
ministre, et les autres ministres, et
l'équipe gouvernementale, est-ce qu'ils sont en action, est-ce qu'ils en font
davantage? Bien, il y a plusieurs gestes concrets que je vois.
Tout d'abord,
M. le Président, permettez-moi de souligner le Plan d'action pour contrer les
impacts sur les femmes en contexte de
pandémie, parce que ça, c'est spécifique à la situation. On ne parle pas
d'avant, on ne parle pas d'après, on parle de maintenant, qu'est-ce qu'il se
passe. Bien, 23 millions de dollars. 23 millions de dollars avec
24 gestes concrets, 20 ministères
et organismes qui sont impliqués, et il y a des mesures extrêmement
intéressantes à l'intérieur de ça. Et, avec le temps que j'ai, je
n'aurai pas le temps de vous en parler longuement, M. le Président.
Mais il y a
des mesures, notamment, qui s'adressent aux femmes immigrantes, racisées dans
un contexte de COVID. Vous comprendrez facilement, M. le Président, que,
dans un contexte comme actuellement, une femme qui arrive de l'étranger qui ne
parle pas la langue, parfois peut avoir un conjoint dont les valeurs sont
différentes de celles du Québec — nous, l'égalité hommes-femmes, ce n'est
pas négociable — bien,
c'est bien évident qu'il faut avoir mis des mesures...
il faut mettre des mesures spécifiques pour aider ces personnes-là, les
outiller, outiller nos partenaires communautaires
pour qu'ils puissent offrir des services spécialisés à ces personnes-là.
D'ailleurs, ma femme, moi-même, vient
d'arriver au Québec, M. le Président. Moi, je connais bien les services, j'ai
cette chance-là, j'ai des contacts, j'ai des amis qui peuvent m'aider à donner de l'aide à ma
conjointe et sa fille au Québec, qui sont Cubaines. Mais vous comprenez que ce n'est pas tout le monde qui a cette
chance-là, que moi, je vis. Alors, Mme la ministre, M. le Président, avait
cette sensibilité-là et souhaite
développer l'autonomie chez ces femmes, chez ces femmes immigrantes et racisées
au Québec, c'est superimportant.
Une autre mesure qui
m'a beaucoup interpelé, bien, c'est évident, c'est la requalification des
femmes qui ont récemment immigré avec des
enfants et qui se trouvent dans une situation de précarité relativement à la
pandémie. C'est évident, hein, le
marché du travail est bouleversé. Présentement, on le voit. Il y a du travail
que certaines personnes faisaient, et
qui ont perdu leur travail, et qui doivent se replacer. C'est encore plus vrai
pour une personne qui arrive d'un autre pays avec d'autres qualifications bien souvent supérieures à des petits
Québécois et des petites Québécoises de souche. Mais, malheureusement,
leur reconnaissance d'acquis n'est pas toujours là. Alors, c'est un programme
que je sais que mes collègues y travaillent,
ministre de l'Éducation, ministre de l'Emploi et Solidarité sociale. Mais cet
enjeu-là, c'est superimportant. Alors,
moi, encore une fois, je m'y connais, ce bout-là, M. le Président, j'ai
travaillé dans le domaine de l'aide à l'emploi avant de travailler en
violence conjugale, ça fait que c'est quelque chose qui me touche beaucoup.
Permettez-moi... Il
me reste combien de temps, M. le Président?
Le Vice-Président
(M. Picard) : ...
M. Lévesque
(Chapleau) : Bon Dieu! C'est rapide! Donc, je veux juste vous dire, M.
le Président, qu'en plus du plan d'action qui a été voté en 2018 par la
ministre elle n'a pas arrêté là pour aider les femmes et se battre pour les
femmes, parce qu'il y a eu un plan
d'action pour prévenir les situations de violence conjugale à haut risque qui a
été voté en décembre dernier, en
2019, et qui a plein, plein d'axes qui ont été ajoutés notamment pour les
femmes autochtones et les filles autochtones. Vous comprenez que c'est des personnes extraordinaires, mais qui vivent
dans des situations parfois très précaires. Et ce plan d'action là vient mettre en lumière
l'importance que l'on peut accorder, comme gouvernement, à ces clientèles-là, à
ces personnes qui peuvent être parfois dans des situations précaires.
J'aurais
aimé vous parler d'économie, M. le Président, mais, malheureusement, ce sera
pour une prochaine fois. Le ministre... pas le ministre, mais le député de
Robert-Baldwin l'a bien fait. Mais je peux vous assurer, en conclusion,
M. le Président, que la ministre, l'équipe de ministres ici, le premier
ministre, tous mes collègues députés puis, je suis convaincu, l'ensemble des députés d'opposition, on a tous à coeur de
lutter pour aider nos femmes. Et rien n'est parfait, mais, à voir comment
ça se passe, j'ai grande confiance en l'avenir. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Chauveau. Avant de céder la parole à
Mme la députée de Sherbrooke pour sa réplique de 10 minutes, si vous
pourriez nous indiquer vos indications concernant l'amendement de Mme la
ministre.
Mme Christine Labrie
(réplique)
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. On n'acceptera pas l'amendement de la ministre.
Je vais résumer ce
qui s'est passé dans les dernières heures. On a proposé une motion,
aujourd'hui, qui visait quelques objectifs :
reconnaître les inégalités entre les hommes et les femmes et que ces
inégalités-là avaient été accentuées par la pandémie, reconnaître que l'analyse différenciée selon les sexes était
nécessaire pour réduire les inégalités, demander une valorisation d'emplois
typiquement féminins, notamment salariale, demander des investissements en
infrastructures pour du logement social, des CPE, des maisons
d'hébergement en violence conjugale. Ça, c'est l'essentiel de la motion
aujourd'hui.
Qu'est-ce
qu'on a entendu? Tout le monde ici est d'accord, il y en a, des inégalités
entre les hommes et les femmes, c'est
inacceptable. Ces inégalités-là ont été accentuées par la pandémie. J'ai
entendu tout le monde dire ça ici. J'ai aussi entendu tout le monde dire à quel
point c'était indispensable, l'analyse différenciée selon les sexes. Et je
constate que la ministre, dans ses
amendements, ne retire pas ce volet-là de la motion, je l'apprécie. Je
m'attends donc à ce qu'ils aillent de l'avant et à ce qu'ils procèdent
systématiquement à une analyse différenciée selon les sexes pour toutes les
politiques qu'ils vont mettre en
oeuvre, en particulier celles en lien avec la relance. Je m'attends à ça. Ils
le conservaient dans leur proposition de motion, qu'ils y donnent suite.
• (16 h 20) •
Là,
on va regarder ce qu'ils nous proposent de retirer, M. le Président. Ils nous
proposent de retirer la valorisation salariale du travail des femmes
dans le secteur public, ils nous proposent de ne pas l'inclure dans le plan de
relance. Moi, je ne peux pas accepter ça.
Comme féministe, je ne peux pas accepter ça. Je ne peux pas l'accepter, parce
qu'on a absolument besoin — c'est un constat que tout le monde
fait — d'un
réinvestissement massif dans le secteur public. On a besoin d'embauches massives dans nos services de
santé, d'éducation, de petite enfance. Dans le communautaire, ça va être
la même chose. On a besoin d'embauches massives.
Et ces embauches-là,
on ne les fera pas, on ne réussira pas à les faire si on ne les augmente pas,
les salaires puis les conditions de travail.
On aura beau afficher des milliers de postes... puis, d'ailleurs, il y en a
plein d'affichés déjà, mais on ne les
comble pas. Puis, en plus, non seulement on ne les comble pas, mais les
travailleuses, elles s'en vont en courant. Donc, à un moment donné, c'est beau,
la belle volonté de tout le monde, de dire : Oui, oui, on va vouloir
continuer d'améliorer nos services
publics, ils n'y arriveront pas sans amélioration des salaires et des
conditions de travail de ces travailleuses-là. Donc, c'est essentiel, ça
doit faire partie de la relance.
Autre chose
qu'ils nous demandent de retirer, c'est les investissements en infrastructures
qui nous permettraient de réduire les
inégalités entre les hommes et les femmes. Du logement social, des CPE, des
maisons d'hébergement pour victimes de violence. Je suis certaine qu'il va y en avoir, des
investissements, en infrastructures dans leur plan de relance puis dans leur budget, M. le Président, je suis
certaine qu'il y en aura. Il y en aura pour des milliards, il y aura
probablement le troisième lien,
là-dedans, des milliards d'investissements en infrastructures qui vont être
faits. Et là on me demande, aujourd'hui,
de retirer de ma motion des investissements pour des CPE, des maisons pour
victimes de violence puis du logement
social. Non. Moi, je ne peux pas faire ça aujourd'hui.
C'est une
motion qui était très large et floue, volontairement. Il n'y avait pas de
montant, il n'y avait pas chiffre. C'était
vraiment une motion de principe. C'était volontairement souple, pour,
justement, donner de la latitude au gouvernement.
Et je dois dire que, quand on a travaillé la
rédaction de la motion, j'étais très curieuse de voir où est-ce que le
gouvernement interviendrait pour la modifier, qu'est-ce qu'il voudrait couper
là-dedans. Puis je suis assez déçue de voir
où ils veulent couper, sincèrement, parce que c'étaient des demandes
raisonnables, ce sont des demandes raisonnables, ce sont des demandes essentielles pour réduire les inégalités entre les
hommes et les femmes et pour offrir nos services publics.
Comment ils vont faire? Je ne comprends pas
comment ils pensent faire pour offrir nos services publics alors que nos
travailleuses du public s'en vont en courant. Je ne voudrais pas être à leur
place, en ce moment, à essayer de résoudre ça, là. Tu sais, dans le jeu de
l'oeuf ou la poule, là, par où il faut commencer pour améliorer les conditions
de travail, on nous dit : Ah! bien là,
il faut embaucher davantage de personnes, ça va améliorer les conditions de
travail. Bien là, là, elles s'en
vont. On n'est pas en train d'en embaucher davantage. Ça fait qu'on est peut-être
mieux d'essayer une autre stratégie. Peut-être qu'on peut essayer
d'améliorer leurs conditions de travail. Je vous ai parlé d'équité salariale.
Ça ne se peut pas. C'était le combat de la génération de ma mère. Je parle de
ça encore aujourd'hui. Est-ce que la génération de mes enfants va être ici dans
30 ans pour parler de ça? Je ne peux pas le croire.
Donc, je ne
peux pas accepter ces amendements-là. Puis, sincèrement, j'ai entendu la CAQ
reconnaître les inégalités entre les
hommes et les femmes, je vois bien qu'ils sont sincères dans leur engagement,
mais ça ne prend pas juste de la bonne
volonté. Je la sens, la bonne volonté, j'entends des témoignages d'alliés,
même, c'est touchant. Mais, à un moment donné, ça ne suffira pas. Là, ce qu'on vous demande, là, c'est...
Écoutez, on n'est même pas certain qu'avec ce qui est fait on va maintenir les
acquis qu'on avait avant que la CAQ forme le gouvernement. On n'est même pas certain de ça, on a des reculs
entre les mains en ce moment, des reculs très importants. Et ce qu'ils mettent
sur la table n'est même pas suffisant pour
maintenir ce qui avait avant. Ils ne veulent pas s'engager, aujourd'hui, à construire plus de CPE que ce qui est prévu. Vraiment?
Parce que je le rappelle, là : en ce moment, aujourd'hui, là, il
y a moins de places dans le réseau
qu'il y en avait au moment où ce
gouvernement-là a été élu. Ça va être très difficile à défendre, ça. Ça va être
vraiment difficile à défendre.
Ils ne
veulent pas s'engager, aujourd'hui, à ouvrir davantage de places en maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence. Vraiment? Tout le monde, ici, est sensible à cette question-là. Il
n'y a pas un Québécois
qui n'est pas touché par toute la question des féminicides. Tout le
monde, ici, reconnaît qu'il y a des dizaines de milliers de demandes d'aide de personnes qui sont en danger par année,
puis là on refuse, aujourd'hui, de s'engager à créer des places
supplémentaires pour les accueillir? Vraiment? C'est si difficile que ça?
Le logement social, c'est une façon de permettre
aux gens de se sortir de la pauvreté. Tous les gouvernements ont avantage à ce que leurs citoyens se sortent de
la pauvreté. On refuse ça aujourd'hui, de prendre ces engagements-là? Je trouve ça
dommage. J'espère que ce n'est pas annonciateur du budget, parce que,
franchement, c'est épeurant, c'est épeurant.
Moi, comme féministe, je regarde ça, aujourd'hui,
là, puis je suis partagée entre la
frustration et la peur, parce que ce qui s'en vient devant nous, c'est grave, là.
C'est vraiment grave. Les services publics, on ne sera pas
capable de les offrir si on ne
valorise pas ces femmes-là. Ça ne fait pas la queue pour les remplacer en ce
moment, là, elles s'en vont, elles
s'en vont. Puis elles s'en vont dans un mauvais état à part de ça. Elles s'en
vont en burn-out, elles s'en vont en épuisement professionnel, elles
s'en vont avec toutes sortes de problèmes de santé.
Donc, écoutez,
on n'est pas près de régler, là, les problèmes de l'offre de nos services
publics avec ce qu'il y a sur la table en ce moment puis le refus, aujourd'hui,
de la CAQ de s'engager à valoriser, d'un point de vue salarial, les travailleuses
du service public, le refus d'investir dans des infrastructures essentielles,
comme les CPE, les maisons d'hébergement puis le logement social. C'est vraiment
désolant.
On nous a
nommé, tout à l'heure, dans les interventions du côté de la CAQ, toutes
les avancées qui avaient été faites dans
le siècle dernier pour l'avancement des femmes, l'égalité entre les hommes et
les femmes. Mais moi, j'aimerais ça, savoir
ce que la CAQ va faire pour qu'on continue d'avancer, pas juste pour éviter les
reculs puis maintenir un statu quo, là. Normalement, chacun des gouvernements qui défilent ici, à l'Assemblée nationale, devrait poser des gestes significatifs pour qu'on diminue les
inégalités entre les hommes et les femmes.
Là, en ce moment, on ne pose même pas tous les
gestes nécessaires pour maintenir le statu quo d'inégalité qu'il y avait avant la pandémie. Je ne sais pas si
tout le monde, ici, réalise ce qu'il se passe, là, mais ça va
être gênant. Ça va être gênant pour
eux puis, surtout, ça va plonger énormément de femmes dans la précarité, les
femmes, en ce moment, qui ne peuvent pas travailler, soit parce qu'elles ont été anéanties du point de vue
de leur santé par leur emploi actuel, soit parce qu'elles n'ont pas de place en service de garde. Ces femmes-là, là, ce
n'est pas juste dans les 12 prochains mois qu'elles vont en subir les
conséquences, c'est le reste de leur vie. Ça va avoir un impact sur les fonds
qu'elles vont avoir à leur retraite.
Donc, c'est tout de suite qu'il faut agir, puis
ce n'est pas vrai que le petit plan de 23 millions qui a été annoncé lundi va suffire. On a besoin d'un plan qui va
mettre au coeur de ses priorités la réduction des inégalités. Et là moi,
j'espère sincèrement qu'ils vont être capables de prendre cet
engagement-là aujourd'hui. Je trouve que c'est franchement le minimum qu'on
leur demande. Écoutez, il faut éviter les reculs puis il faut réduire les
inégalités.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Je vais maintenant mettre aux voix la
motion de Mme la députée de Sherbrooke, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que
l'actuelle crise [financière] et économique a eu des impacts plus graves sur les femmes que sur les hommes et qu'en
ce sens, elle a fait augmenter les inégalités entre les hommes et les femmes
au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement
caquiste de procéder à une analyse différenciée selon les sexes — ADS+ — de ses
mesures de relance économique, afin de mesurer l'impact de celles-ci sur
l'égalité hommes-femmes et que cette analyse soit rendue publique;
«Qu'afin d'atteindre cet objectif de
réduction des inégalités, les mesures de relance économique du gouvernement
caquiste incluent notamment des investissements supplémentaires en
infrastructures pour la création de logements abordables,
la création de nouvelles places en centre de la petite enfance et la création
de places en hébergement pour femmes victimes de violences, afin de
répondre à l'augmentation des besoins dans l'ensemble de ces secteurs;
«Que les mesures de relance économique
incluent une amélioration significative des conditions de travail et des
salaires dans le secteur public, afin de valoriser les domaines d'emplois
traditionnellement féminins et de faciliter la conciliation
travail-famille;
«Finalement, que l'Assemblée nationale
affirme que la relance économique et sociale du Québec doit viser l'atteinte
de l'égalité entre les hommes et les femmes.»
En application de l'ordre spécial, j'inviterai les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette
motion.
Et je constate qu'un
des groupes parlementaires n'est pas présent, donc je vais suspendre les
travaux pour un maximum de temps de 10 minutes.
(Suspension de la séance à
16 h 30)
(Reprise à 16 h 31)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Donc, nous reprenons.
Mise aux voix
Donc,
en application de l'ordre spécial,
j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes
sur cette motion, suivi par les députés indépendants. Mme la députée de
Sherbrooke?
Mme Labrie :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Excusez-moi, là, je voudrais savoir, là, on parle-tu de la motion générale ou
l'amendement?
Le
Vice-Président (M. Picard) : Non, l'amendement n'a pas été
accepté par la députée de Sherbrooke. Nous votons sur la motion
générale.
M. Schneeberger :
O.K. Parfait.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, votre vote, M. le député?
M. Schneeberger :
Contre.
Des voix :
...
M. Schneeberger :
C'est parce que j'avais écouté la députée de Sherbrooke, qui a dit contre.
Alors, c'est pour ça. Je doutais un petit peu de la motion.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Non, Mme la députée de Sherbrooke a
voté pour. Mme la députée de Sherbrooke...
M. Schneeberger :
Là, elle a dit pour, mais elle avait dit contre.
Le
Vice-Président (M. Picard) : C'est beau, le vote a été
enregistré. De la manière qu'il a été dit, le deuxième groupe d'opposition a voté pour. C'est sa motion. Le
gouvernement, actuellement, vote contre. Et maintenant Mme la députée de
Verdun, pour l'opposition officielle?
Mme Melançon :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée de Gaspé, pour le troisième groupe
d'opposition?
Mme Perry Mélançon : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Pour? Donc, je vous remercie. En conséquence, la motion est rejetée.
Et je vais suspendre les travaux quelques
instants pour permettre la désinfection des lieux. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 36)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux, et je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je vous
demanderais, pour la suite, d'appeler l'article 17 du feuilleton.
Projet de loi n° 65
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 17 du feuilleton, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission des transports et de l'environnement sur le projet
de loi n° 65, Loi modifiant
principalement la Loi sur la
qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective. Et, sans plus tarder, je cède la parole à
M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Un plaisir de vous retrouver cet après-midi pour une
étape importante d'un dossier qui, ma
foi, est sur les radars ici, à l'Assemblée nationale, depuis plusieurs années,
sinon quelques décennies, oserais-je dire. Je me souviens, en janvier de
l'année dernière, donc il y a un petit plus qu'un an, aux côtés du premier ministre, on annonçait une vaste réforme du
système de consigne. Quelques jours après, on annonçait, aux côtés de plusieurs
partenaires, notamment les élus municipaux,
une vaste réforme du système de collecte sélective, et ces deux volets sont
indéniablement liés. Ils visent à, ultimement, réduire l'enfouissement
dans nos sites de dépôt pour les résidus ultimes.
Et, quand je
disais que c'était attendu depuis longtemps, le système de consigne n'avait pas
été modernisé depuis le début des années 80. Un système archaïque, un
véritable dinosaure, et c'est un système qui malheureusement, au fil des
ans, a fait l'objet de bon nombre de discussions, bon nombre de réformes
avortées également.
Et, pour ce
qui est de la collecte sélective aussi, les besoins étaient grands. On a un
système qui depuis des années invitent
les producteurs à financer cette collecte, et, quand je dis producteurs, tous
ceux qui mettent en marché différents contenants.
Donc, ils le financent, ce système-là, à hauteur de plusieurs centaines de
millions de dollars, mais n'avaient pas leur mot à dire sur comment
l'améliorer, n'avaient pas de responsabilité quant à l'issue de cette
procédure-là.
Donc, le projet de loi n° 65, qui a été
déposé quelques mois après l'annonce de ces deux réformes-là, vise à corriger ces lacunes-là, vise à moderniser deux
systèmes qui touchent et impactent chacun de nos concitoyens et concitoyennes
à travers le geste citoyen qu'ils posent en
déposant leurs contenants dans leur bac bleu ou, tout simplement, répond à
cette volonté de plus en plus
présente dans la population de voir consigner un certain nombre de contenants,
qu'ils soient en verre, qu'ils soient
en aluminium, qu'ils soient en plastique, qu'ils soient en multicouches ou
Tetra Pak, communément appelés, parce
que ces contenants, trop souvent, se retrouvaient dans les sites
d'enfouissement, n'ayant pas la possibilité de les valoriser de façon
convenable.
Donc, c'est
un projet de loi qui a été déposé il y a un petit peu plus d'une année, qui a
fait l'objet d'une consultation. Et déjà, je dois remercier sincèrement l'ensemble des collègues qui
y ont pris part. Chaque formation politique a réellement travaillé de
façon constructive parce que consciente de l'enjeu.
Et il faut savoir que cette démarche-là suivait
un mandat d'initiative qui avait permis la participation, justement, de l'ensemble des formations politiques. Donc, on
avait déjà une base solide, un mandat d'initiative qui avait fait l'objet
d'un rapport unanime des membres de la
commission visée. Donc, cette base solide a permis ce travail très constructif.
Et je salue d'ailleurs la collègue de
l'opposition officielle. Elle a débuté son nouveau mandat à
l'environnement avec ce projet
de loi, en quelque sorte, sa participation, celle du député de Jacques-Cartier également. J'aurais de bons mots également pour la collègue de Mercier, le collègue de...
j'allais dire le nom du collègue, mais le collègue du Parti québécois, là, c'est le nom de la circonscription qui m'échappe, et
naturellement...
Des voix : ...
• (16 h 40) •
M. Charette : ...Jonquière,
voilà, on me soufflait la réponse, mais avec le masque, donc c'était plus
difficile de lire sur les lèvres dans ce
contexte-là, mais le collègue de Jonquière, effectivement, sous une présidence hors pair de
la députée d'Argenteuil, naturellement, avec mon fidèle ami député de Bourget.
Bref, un bel
esprit de camaraderie avec des amendements qui ont pu être discutés de façon tout à fait ouverte, avec des questions
tout aussi pertinentes les unes que les autres des députés de l'opposition, parce que
ça demeure un projet de loi qui est assez technique. Donc, ces questions
étaient légitimes pour que nous puissions avoir une compréhension commune du projet de loi. Et on m'a répété à quelques reprises que le projet de loi était habilitant, c'est-à-dire il y a beaucoup, beaucoup de détails qui
se retrouvent non pas dans le projet de loi, mais dans la réglementation qui va
en découler.
Ça s'explique de façon assez simple. On
travaille avec un échéancier relativement serré. La consigne, on veut l'implanter pour 2022, donc dès l'année prochaine.
Pour ce qui est de la réforme de la collecte sélective, on se laisse un
temps un petit peu plus grand parce que ça implique beaucoup de modifications
au niveau municipal, notamment avec les
contrats qu'ils ont avec les différents fournisseurs de services. Mais, compte
tenu que ce calendrier est serré, on ne voulait pas attendre que le fin détail, qui est préparé, justement, avec les
parties prenantes, soit déterminé et inclus dans le projet de loi.
Donc, le projet de loi vient permettre ces modifications-là, qui seront précisées par la suite
à travers la réglementation. Ce qui
est heureux, par contre, les collègues ont pu voir les éléments qui seront
contenus dans cette réglementation. On a transmis beaucoup de documents de travail, des éléments qui apportent
des précisions sur le calendrier, qui
apportent des précisions également
sur la nature des obligations qui seront imposées aux différents partenaires.
Mais oui, ça demeure un projet de loi
habilitant, mais il n'est pas moins important pour autant. Et on a assuré les
collègues de la pleine collaboration au moment de l'étude du projet de
loi, mais pour la suite, également.
Ce qui est prévu, à l'heure où on se parle,
c'est une réglementation qui serait vraisemblablement prépubliée d'ici la fin de l'année. Donc, avec les collègues,
on saura organiser en temps et lieu des rencontres de travail, des briefings
techniques pour être bien certains qu'à cette étape-là aussi on puisse tous se
retrouver dans cette importante réforme.
Donc, autant
la question de l'aspect habilitant a interpelé la collègue responsable du
dossier de l'environnement au niveau
de l'opposition officielle, autant la collègue de Mercier nous a interpelés à
plusieurs reprises sur les dépotoirs, les sites d'enfouissement. C'est un sujet
qui l'interpelle, et je peux comprendre. Elle a fait régulièrement allusion à
de récentes décisions qui ont été
prises pour prolonger la durée de vie de certains dépotoirs. Et je lui faisais
comprendre qu'à terme ces réformes-là
vont nous permettre, justement, d'éviter d'aller à l'enfouissement des
centaines de milliers de tonnes, littéralement. Il faut savoir qu'au
Québec ce sont 17 000 tonnes par jour qui sont enfouies, mais le
temps que ces réformes-là vont s'implanter, il faut avoir de l'espace pour
accueillir cette matière-là. Mais déjà, il faut penser à l'avenir.
À ce sujet-là, peut-être vous parler du BAPE,
qui a été appelé, il y a quelques jours à peine, à tenir un mandat générique
sur la planification de l'enfouissement au cours des prochaines années. Parce
que malheureusement on n'a pas eu ce
réflexe-là, au Québec, au cours des dernières décennies, de planifier la suite
des choses. Donc, souvent, les sites d'enfouissement se voyaient
octroyer des prolongations d'autorisation de cinq ans en cinq ans, mais sans
jamais établir quels seront les moyens à
court terme ou à moyen terme qui seront nécessaires ou quels seront les besoins
aussi qui seront nécessaires.
Donc, le BAPE a été mandaté, avec un rapport qui
nous sera fourni d'ici la fin de la présente année. Donc, ce rapport-là nous
sera utile pour planifier la suite des choses, mais, dans l'intervalle, il y a
des besoins qui doivent être comblés et,
oui, il y a des sites d'enfouissement dont les contrats ont été renouvelés pour
répondre à la demande. Mais la collègue
de Mercier peut être rassurée, le projet de loi n° 65,
une fois adopté, va nous permettre de résoudre une partie de ce
problème-là.
Mais je lui
rappelais également qu'en juillet dernier, il y a quelques mois, maintenant, on
annonçait une importante réforme au niveau de la gestion de la matière organique également. Donc, c'est un
autre volet qui va nous permettre de diminuer considérablement la matière
qui se retrouve à l'enfouissement.
Donc, aux collègues, je dis un merci sincère.
C'est une étape importante que l'adoption du projet de loi. Oui, il reste beaucoup
à faire, naturellement, mais imaginons ceci, au niveau de la consigne. À partir
du moment où le projet de loi sera adopté et que le système de consigne sera pleinement
élargi, tout contenant à boire, de 100 millilitres jusqu'à deux litres, sera consigné. Ça représente essentiellement 4 milliards de contenants qui sont vendus année après année au Québec. Plusieurs
de ces contenants-là aujourd'hui ne sont pas consignés, donc n'avaient pas de
valeur ajoutée, pouvaient, dans
certains cas, se retrouver, oui, au bac bleu, mais souvent
littéralement à la poubelle. Donc, on va, juste à travers ce geste-là,
changer les habitudes de façon marquée.
Et, au niveau du système de collecte sélective, la très, très
grande transformation, c'est d'impliquer une responsabilité aux différents producteurs.
Donc, oui, ils ont à financer un système, mais ils seront aussi redevables de
ce qu'ils mettent en marché et, ultimement,
seront responsables de la valorisation qui sera assurée à ces contenants-là, ce qui fait
qu'ils auront déjà, dès le départ, intérêt à mettre en marché des
contenants qui se récupèrent mieux, des contenants qui se recyclent plus
facilement et des contenants pour lesquels la valeur ajoutée est plus grande.
Donc, on va avoir un impact dès la conception de ces contenants-là. On parle souvent,
au niveau du recyclage, de la nécessité de réduire à la source
les contenants qui sont problématiques. Donc, le projet de loi aura une
incidence aussi positive à ce niveau-là.
Donc, je vous
en ai fait un très, très bref résumé, mais je pense que c'est une avancée
qui est marquée. Et c'est un bel exercice entre collègues que de voir
comment bonifier une idée qui était accueillie favorablement par la très grande
majorité des partenaires, et cette collaboration-là a permis de le bonifier
d'autant plus. Donc, merci, Mme la Présidente.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est un plaisir de vous retrouver, et je vais commencer par vous lancer des fleurs, Mme la Présidente. C'est toujours agréable de
venir prendre la parole au salon bleu lorsque vous êtes
sur le trône parce que vous écoutez tous ceux et celles qui interviennent avec
beaucoup d'attention. Et c'est toujours important, quand on prend la parole, hein, de savoir qu'il y a des gens qui nous
écoutent, parce que parfois, on va se le dire, là, tout ne paraît pas à l'écran, mais, lorsqu'il y a
des gens qui prennent la parole, il y
en a d'autres qui travaillent, les
têtes sont baissées. On a toujours
à la présidence quelqu'un qui veille à nous écouter. Alors, pour ça, je
tiens à vous dire merci.
Les fleurs
seront aussi du côté du ministre, que je salue à mon tour. C'est vrai que ça a été
un agréable moment que nous avons
passé en commission parlementaire. Et je le dis souvent, je le répète souvent, si seulement
la population pouvait voir autre chose que le 45 minutes
de période de questions, je
pense que ce serait tout en notre
honneur, à toutes et à tous, aux élus de l'Assemblée nationale,
puisqu'il y a du travail qui se fait dans une très grande collégialité. Et ce
fut le cas pour le projet de loi n° 65. D'ailleurs, ça allait tellement bien qu'on a eu
plusieurs présidences à notre commission. On a eu, bien sûr, la députée
d'Argenteuil, on a eu le député de Marquette, on a eu la députée d'Acadie. Ça
se bousculait pour venir voir à quel point on travaillait bien, les élus,
ensemble.
Je vais saluer, bien sûr, le député de Bourget
qui était là en support au ministre. Vous allez me permettre aussi de saluer le travail qui a été fait par mes
collègues, le député de Jacques-Cartier, le député de Marquette, le député de
Viau qui sont venus, bien sûr,
m'épauler, la députée de Mercier, le député de Jonquière. Et, puisque je suis
dans les remerciements, je voudrais
remercier très sincèrement Marc-Antoine Rioux, qui est mon recherchiste et qui
a fait un travail extraordinaire sur ce projet de loi là. Parce que,
comme disait le ministre, moi, je suis arrivée au tout départ, donc, de l'étude
article par article, je n'ai pas assisté aux
consultations. Mais Marc-Antoine était là, il m'a bien expliqué de quoi il
était question, alors nous étions prêts pour travailler.
D'ailleurs, je vais me permettre aussi des
remerciements aux groupes qui sont venus lors des consultations. J'ai eu le bonheur de lire et de relire ce qui
avait été dit lors des consultations, et, très honnêtement, ça a permis,
justement, d'améliorer le projet de
loi. Il y a des amendements qui ont été proposés, qui ont été adoptés
d'ailleurs lors de l'étude de ce projet
de loi là, qui est un projet de loi, somme toute, assez court. C'est
19 articles, mais vous comprenez que ça va changer vraiment l'ensemble.
Quand on parle de moderniser, là, je vous dirais que c'est plus que de
moderniser, c'est de revoir en profondeur.
Donc, c'étaient 19 articles, et, comme l'a dit le ministre, j'ai été la
tannante de service sur le sujet, c'est vrai.
C'est un
projet de loi habilitant. Donc, dès qu'on voulait savoir, O.K., quand on va
parler des matières... ah! les matières,
ça va se retrouver dans les règlements. O.K. Puis quand il est question de...
non, ça, ça va être dans les règlements. Tout sera donc dans les
règlements, et les règlements, comme vous le savez, Mme la Présidente, ce n'est
pas les législateurs, c'est plutôt les membres, bien sûr, du ministère de
l'Environnement qui vont rédiger. Il y aura une parution à l'intérieur de la Gazette officielle. Et
malheureusement, notre travail comme législateurs, ça devient un tantinet
frustrant, puis souvent je l'ai dit
au ministre : C'est frustrant parce que nous, comme législateurs, on veut
pouvoir s'assurer que la loi va tenir
la route. Puis les règlements doivent aussi tenir la route, mais ça, on n'a pas
accès, et ça devient une habitude du gouvernement caquiste.
Je l'ai expérimentée au projet de loi n° 69
pour le patrimoine en culture, c'était exactement la même chose. Il y a d'autres collègues qui m'ont dit qu'ils ont
aussi vu cette façon de faire là se répéter. Je comprends que ça va plus vite
pour un gouvernement, je sais que ce gouvernement-là veut aller très
rapidement. Cependant, je dis quand même qu'il faut être très prudents dans ces
façons de faire là parce que, ce qu'on souhaite toutes et tous, c'est de
pouvoir arriver avec une loi qui va
fonctionner. Ce qu'on veut, dans le fond, c'est que décembre 2024, parce
que c'est la date, hein, qu'il faut retenir, là, lorsqu'on va arriver au
31 décembre 2024 puis que tout va pouvoir se transformer, bien, que
tout puisse fonctionner.
Et je veux
juste vous rappeler que la raison pour laquelle on est rendu au projet de loi
n° 65 qui modifie, bien sûr, la loi de l'environnement... la Loi de la qualité
de l'environnement, pardonnez-moi, pour la consigne puis la collecte sélective, c'est qu'à ce moment-ci, bien, le statu
quo n'était plus tenable. Et le ministre s'est bien gardé de le dire, mais tout
de même, lorsqu'il est arrivé en
poste, quoiqu'il y ait eu une ministre entre... qui est allée quelques jours
avant lui. Mais, lorsque j'ai quitté, parce que j'ai eu l'immense
privilège d'être ministre de l'Environnement, et nous avions travaillé... Donc, le ministre n'a pas retrouvé un bureau
complètement vide, loin de là. Je me rappelle d'ailleurs, j'avais... parce que
la crise, toute la crise du recyclage
avec la Chine, tout le monde se rappelle de ça. J'avais demandé à rencontrer l'ensemble des centres de tri, parce que,
vous savez, il y a plusieurs modèles d'affaires dans les centres de tri :
il y a des privés, il y a des coopératives, il y a du municipal. Et
j'avais rassemblé tout le monde et je me rappelle que le député de
Masson, qui est toujours député caquiste, était venu cette journée-là,
puis il avait dit : Wow! c'est impressionnant, c'est chouette, là, ce
qui est en train de se passer. Parce que le principal problème, c'était quoi?
C'était la qualité des centres de tri, la qualité qui sortait du centre de tri. Au final, là, lorsque
le marché a planté, pourquoi ça a planté? Parce qu'à un moment donné la Chine a dit : Ça suffit, moi,
je ne prends plus de recyclage en provenance... on n'était pas les seuls,
là, je tiens à vous le dire, Mme la
Présidente, mais en provenance du Québec, parce que là on était en train
d'envoyer nos déchets, ni plus ni moins, vers l'Asie. Alors, les portes de la
Chine se sont fermées, les portes de l'Inde se sont fermées, puis là, bien,
on est arrivés dans nos centres de tri, puis là, bien, ça s'est emballé, là.
Tout le monde ne savait plus quoi faire avec la matière.
Alors,
peut-être qu'on aurait pu travailler sur, justement, cette qualité-là de
centres de tri, sur les modèles de centre de tri aussi, hein, parce que,
je vous le dis, il y avait plusieurs modèles d'affaires. Puis j'ai souvent cité
puis je vais le faire encore aujourd'hui, il
y a VIA, qui est un centre de tri qui est ici, à Québec. Ils sont aussi à
Lévis, ils sont à différents endroits.
C'est formidable, le travail qu'ils font. Puis il y en a d'autres, là, dans le
privé, là, je tiens... parce que je le sais qu'il y en a qui vont
m'écrire, qui vont dire : Aïe! tu n'as pas parlé de nous. Il y a des
privés aussi qui faisaient un travail extraordinaire, mais, quand on est un
OBNL, quand on fait des profits, on se doit de les réinvestir, les profits, Mme
la Présidente.
Donc, on
arrivait avec des centres de tri qui étaient supers en fait d'équipements, donc
des souffleurs pour le plastique, des
lecteurs optiques qui coûtent cher, mais eux faisaient le travail, justement,
de réinvestir des sommes importantes pour offrir
une très bonne qualité de recyclage. Et d'ailleurs, ces centres de tri là, ce
n'est pas eux qui avaient de la difficulté à
vendre leurs matières, à ce moment-là. C'est certains privés, pas tous, je
tiens à le mentionner aussi, mais certains privés qui, à chaque sou
qu'ils faisaient, ils le mettaient dans leur poche, donc avec des équipements
archaïques qui faisaient qu'on arrivait avec
un centre de tri qui ne triait plus vraiment puis dans lequel on retrouvait, bien, des
déchets, parce que ce n'est
pas juste de la belle qualité ou de la belle matière qu'on retrouvait aussi à
l'intérieur des bacs.
Moi, je me rappelle qu'on m'a raconté un jour
dans un centre de tri qu'ils ont trouvé une tête d'orignal. Il faut le faire. Et on a vu des exemples cocasses puis on
pourrait être longtemps là-dessus, mais ce que je dis aujourd'hui, c'est qu'il y a des centres de tri qui étaient super
performants. Il y en a d'autres qui l'étaient beaucoup moins.
Et là on arrive avec... On donne un grand coup
de barre. Je ne vous cacherai pas, Mme la Présidente, que j'ai tout de même certaines inquiétudes, certaines
inquiétudes du fait qu'on a appris qu'en janvier dernier, RECYC-QUÉBEC a donné un contrat pour la modélisation. C'est un
contrat qui a été donné à une compagnie qui a un siège social à New York
et, bon, qui va faire la modélisation. Moi,
je pensais que ce travail-là serait fait en amont, pas durant l'étude article
par article. Et je veux juste vous
rappeler que, comme tout, tout, tout va être transformé, on va arriver avec un
nouveau système dans lequel ce n'est pas des centaines de millions de
dollars dont il va être question, c'est des milliards de dollars.
• (17 heures) •
Puis on m'a demandé de faire un acte de foi dans
ce projet de loi là, c'est-à-dire que le ministre nous a dit : Ah! bien, ça, non, on ne l'a pas encore, mais
faites-moi confiance, tout va s'autofinancer. Je l'aurai dit, c'est le
10 mars 2021, 17 heures,
moi, je suis inquiète. Je l'ai, cette inquiétude-là, mais je ne peux pas être
contre la vertu. Il faut transformer, mais j'aurais souhaité avoir plus
d'information.
Comme dit souvent ma mère : Tout le monde
est pour la tarte aux pommes, mais faut-il encore être sûr qu'on mange des
pommes dans la tarte aux pommes. C'est là où on m'a demandé de faire l'acte de
foi. Je ne le sais pas s'il va y avoir des
pommes dans la tarte du ministre, mais je souligne quand même au passage que le
ministre... parce que j'avais demandé
à ce que les règlements puissent être déposés à la commission lorsqu'ils
seraient prêts, pour pouvoir les étudier, chose à laquelle le ministre
n'a pas donné son accord. C'est encore le temps, s'il veut. On n'est pas encore
à l'adoption, on est à la prise en considération. Je blague. Mais, quand même,
le ministre s'est engagé à inviter les membres de la commission pour un
breffage technique à partir du moment où ces règlements-là seront publiés dans
la Gazette officielle. Alors, on ira jeter un oeil et on tentera
d'améliorer. On pourra commenter les règlements au moment où ce sera convenu.
Vous savez, Mme la Présidente, qu'il y a des
consensus assez larges sur la consigne. Je pense, notamment, consensus pour les bouteilles de vin de la SAQ.
Moi, je vous le dis, là, Mme la Présidente, j'ai joué dans ce film-là, avec
la SAQ. Ce n'est pas qu'on n'avait pas
essayé. Puis ça, je pense que le ministre le sait très, très bien, puis, même
pour lui, je pense que ça n'a pas été simple au départ. Il y a eu un vent de
changement. Je ne sais pas où a été la négociation et combien ça va coûter,
cette négociation, mais, bref, tant mieux, parce qu'il y a un consensus, dans
la population, de dire : Bien, les bouteilles de vin, le verre, ça
peut revenir. C'est tant mieux.
Et je souris parce que je vois la députée de
Mercier qui est devant moi, et, tout à l'heure, je vous parlais de cette fameuse journée là où j'avais décidé
d'inviter tous les centres de tri, tous ceux qui faisaient partie, donc, de ce
marché à venir à Québec, et c'est la première fois que j'ai rencontré la
députée actuelle de Mercier. On s'était rencontrées, c'était la première
fois, puis je l'ai revue dans ses bureaux par la suite, chez O-I. Alors, comme
quoi la vie, parfois... le Québec, c'est une
petite famille, puis on a des chances de se revoir dans la vie. Donc, je vous
disais que la SAQ... Et ce qui m'a
fait penser à ça, c'est à cause du verre, parce que je sais que la
députée de Mercier connaît très bien le dossier, bien sûr, du verre. On
a échangé là-dessus à plus d'une reprise.
Bouteilles
d'eau, c'est la même chose, il y a un consensus, il y a un consensus. Et, très
honnêtement, sur le plastique, on
avait du travail à faire. Alors, on y est. L'aluminium, hein, vous le savez, maintenant,
on est habitués, avec les canettes de bière, par exemple, là, les Québécois
sont déjà habitués d'avoir une consigne sur l'aluminium.
Là où j'ai un petit bémol, ce sera sur les Tetra
Pak, parce qu'actuellement c'est très hypothétique. Là, on est en train... Puis c'est pour ça que le ministre
s'est donné une plus grande marge de manoeuvre à l'intérieur du projet de loi.
Alors, on n'a pas été capable de me faire la
démonstration des marchés, de l'ouverture des marchés pour le Tetra Pak. On
verra. On espère qu'au fil des années on puisse développer un véritable marché.
Et, je tiens aussi à souligner, pour les cartons
de lait, plusieurs ont sourcillé. Il y a encore beaucoup d'inquiétude sur les cartons de lait, là. J'invite... Puis je
sais que le ministre est en lien, quand même, avec les différents groupes, mais
je sais qu'il y a beaucoup, beaucoup d'inquiétude. Mais aussi dans nos
chaumières, parce que plusieurs disent : Hum! garder des cartons de lait à la maison pour pouvoir aller les rapporter
pour recevoir l'argent de la consigne... Il y en a qui grimacent, mais on ne
demande qu'à être marqués par la bonne façon puis comment ça va se faire, puis
on le verra dans les règlements, n'est-ce pas?
Et j'étais
surprise aussi parce que le ministre revient souvent avec l'exemple de ce qu'il
voit dans les parcs, dire : Ah!
la fameuse bouteille d'eau. Là, je l'aime bien, cet exemple-là, puis vous avez
raison, M. le ministre, de citer l'exemple. Les fameuses petites bouteilles
d'eau, bien, c'est sûr que ça traîne dans les parcs, puis personne ne se
ramasse pour les ramasser. Pourquoi? Parce que ça ne vaut rien. Alors
qu'en mettant une consigne sur le contenant, bien, il y a des gens qui vont dire : Bien, moi, je la prends. Puis
d'ailleurs, c'est pour ça qu'on voit de moins en moins, on n'en voit presque
pas, là, des canettes avec une valeur, qui sont consignées. Ces canettes-là, il
y a toujours quelqu'un qui passe puis qui les ramasse, puis c'est tant
mieux.
Moi, j'ai mon
expert, moi, à Verdun, Jody Aveline, qui est formidable. Lui, là, il a décidé,
dans la vie... Ça s'appelle Cash 4 Can.
Lui, il ramasse, justement, un peu comme différents groupes qu'on connaît au
Québec... Jody fait un travail formidable chez nous à Verdun. Et
d'ailleurs, il s'est donné une nouvelle mission, même si ça ne rapporte rien.
Une voix :
...
Mme Melançon :
Les masques, exactement. Il ramasse les masques. Heureusement qu'on a ces
gens-là qui veillent, justement, au
grain, parce qu'actuellement les masques, on pourra en reparler à un moment
donné, mais on va devoir trouver très rapidement des solutions puis accompagner
un peu mieux aussi nos écoles. Parce que maintenant, vous le savez,
hein, même les tout-petits sont obligés de porter le masque, avec la
pandémie, à l'école. Donc, c'est des millions et des millions
de masques à chaque semaine qui sont
utilisés, et malheureusement, plusieurs d'entre eux se ramassent à
l'enfouissement. Et c'est ça, le but
du projet de loi n° 65, c'est de réduire l'enfouissement. C'est ce
qu'on vise, qu'il y ait moins d'enfouissement. C'est pour ça que, souvent, on parle des 3R, hein, qui vise à réduire à
la source, bien sûr, à réutiliser, réemployer et à recycler...
(Interruption)
Mme Melançon : Mon mari, je
suis au salon bleu, je ne peux pas prendre ton appel.
Alors, c'est
les 3R, et c'est ce qu'on vise aujourd'hui, donc c'est d'éviter qu'on puisse envoyer, à
l'enfouissement, des matières.
Je vous ai parlé de la modélisation. Je vous ai
parlé de ce que j'entrevois, de la difficulté... ou, en tout cas, moi, je suis pleine d'espoir, là, j'espère que ça va
fonctionner, l'autofinancement de tout ce nouveau modèle d'affaires, mais
il y a quand même quelque chose qui me fatigue. Plusieurs m'ont rapporté qu'il
y a des discussions puis qu'ils disent : Bien,
ça va s'autofinancer parce qu'il y a plein de monde qui n'iront pas rapporter,
puis c'est comme ça que le calcul aurait été fait, le contenant.
Ça fait que
les gens... Par exemple, le vendredi soir, Mme la Présidente, vous prenez
une bouteille de vin avec votre amoureux,
puis que la bouteille de vin, une fois qu'elle est finie, plutôt que dire :
Ah! je vais aller la porter demain dans mon centre qui sera proche de la
maison. Bien, vous allez dire : Non, moi, je vais la mettre dans le bac
bleu. On s'en va pour la fin de
semaine, je n'ai pas le temps, je la mets au bac bleu. C'est une taxe. Vous
venez de faire une taxe volontaire, vous
posez le geste. Mais, à l'intérieur du calcul qui est fait actuellement par le gouvernement de la CAQ pour l'autofinancement de ce nouveau système là, on compte quand même
assez largement sur le fait que les gens n'iront pas porter le contenant
directement pour recevoir ce qu'ils ont payé, ce qui va devenir une taxe
déguisée.
Il va y avoir
des projets pilotes, Mme la
Présidente. Ça, j'étais surprise que
le ministre n'en parle pas. Il y aura des projets
pilotes. Et ce qu'on a demandé, bien sûr, au ministre, c'est de voir des
projets pilotes pas uniquement dans les régions, mais aussi dans les centres
urbains pour s'assurer... parce que... Je vais prendre l'exemple de Verdun.
J'ai une SAQ sur la rue Wellington. Ce n'est
pas un entrepôt avec un grand stationnement, je suis sur une rue commerciale,
donc il n'y a pas... je n'ai pas d'espace pour recevoir des gobeuses qui
vont prendre, justement, les bouteilles que je voudrais rapporter, que j'aurai
achetées et que je voudrai me voir rembourser. Donc, le ministre nous a assuré
qu'il y aurait des locaux à proximité pour
éviter, justement, à ce que les consommateurs doivent se rendre dans des lieux
trop éloignés pour pouvoir aller porter leurs bouteilles vides. Donc, j'ai hâte
de voir où seront situés ces projets pilotes là. Et quelque chose qui est quand même particulier, c'est qu'il y a des
projets pilotes qui ne seront pas terminés lors de la mise en oeuvre du
système. Donc, on n'aura pas les résultats nécessairement pour pouvoir
améliorer le système avant l'entrée en fonction. Là aussi on avait un
petit bémol.
• (17 h 10) •
On disait
tout à l'heure que ça s'est très, très bien passé, que c'est un projet de loi
habilitant. Je me rappelle qu'à l'article 4, on a passé quand même
pas mal de temps, et la députée de Mercier va probablement rire, mais on
voulait entrer la définition d'économie
circulaire à l'intérieur du projet de loi. Malheureusement, on n'a pas été en
mesure de le faire. Mais c'est la
première fois où dûment, dans un projet de loi comme celui-là, on introduit un
concept comme celui-là, de l'économie
circulaire. Ça aurait été très intéressant de pouvoir définir ce qu'est
l'économie circulaire. On était même prêts,
avec le député de Jonquière, à prendre la définition qui se retrouve sur le
site Internet du ministère de l'Économie, parce qu'eux l'ont défini. C'est quand même particulier, à l'Économie, c'est
défini, et ce ne l'est pas du côté de l'Environnement. Bref, il y a quand même du travail à faire sur des
concepts comme ceux-là qui, enfin, en 2021 devraient être définis et qui
ne le sont toujours pas.
Je vois le
temps filer. Donc, dans la réforme, bien sûr, il y en a plusieurs qui vont
devoir transformer leurs façons
de faire, je pense, bien sûr, à l'industrie,
et c'est correct, hein? La REP, là, c'est une responsabilité élargie. Habituellement, on disait des «producteurs»; maintenant, c'est des «personnes». La légiste nous a bien
appris tout ça. Donc, la responsabilité élargie va venir transformer complètement le système. Même les municipalités, hein, n'auront plus le même rôle à jouer.
Donc, vraiment, c'est plus qu'une modernisation, je vous le dis, et j'espère
que ça va fonctionner. Je pense qu'on est véritablement rendus là. Il faut que
ça fonctionne.
J'avais dit
au ministre, dès le départ, qu'il pouvait compter sur
l'entière collaboration de l'opposition
officielle pour ce projet de
loi là. On a démontré qu'on était vraiment de bonne foi. Parfois, on a posé des
questions, puis des fois on était hors
d'ordre, dans le sens où n'était peut-être pas sur le bon article au bon moment. Puis je
vais reprendre l'expression et je
vais lui donner la paternité, là. Le député de Jonquière, à un moment donné, il a dit : Là, sur certains articles, là, c'est du mandarin. On avait vraiment
besoin des juristes. Il n'y avait rien de simple dans ce projet de loi là, c'était très complexe, mais on y est arrivé. Et j'espère,
j'espère qu'on pourra dire, dans quelques années, que ça aura été un succès.
Mais je
rappelle qu'à 17 heures, le 10 mars 2021, j'ai quand même
soulevé une inquiétude quant à l'autofinancement de ce grand système, ce
nouveau système là, et j'espère qu'on ne se sera pas trompés. On le verra dans les
règlements, c'est à suivre, mais j'invite vraiment
les gens de l'industrie à suivre la Gazette officielle aussi pour
regarder ces règlements-là, nous
faire signe s'il y a des améliorations parce qu'on ne peut pas laisser tout ça
à un ministère, on ne peut pas laisser tout ça à des fonctionnaires.
Ils ont tout mon respect, et je tiens à le redire, ils le savent, les gens à l'Environnement, à quel point leur travail a
été précieux et que j'apprécie énormément le travail qu'ils ont fait.
Cependant, quand il est question d'un immense système comme celui-là, il faut
s'assurer qu'entre la théorie et la pratique ça puisse atterrir doucement, sans
qu'il y ait l'avion qui s'écrase au sol, là.
Nous, ce qu'on veut, c'est de pouvoir s'assurer que ça se fasse en douceur puis
qu'on ne perde pas la confiance du public. La confiance du public. Parce que
les Québécois puis les Québécoises, depuis une trentaine d'années, posent
les bons gestes, hein, ils savent, maintenant.
Je me rappelle, et là je vais faire rire des
gens, mais, quand j'ai été nommée ministre de l'Environnement, ma fille était plus jeune, elle était toute petite,
et, quand elle est arrivée au salon rouge, elle a couru dans mes bras puis elle
a dit : Maman, tu es devenue la ministre
du recyclage. Elle, dans sa tête, l'environnement, parce
que c'est un geste qu'on peut poser à la maison facilement, pour elle, c'était
le recyclage. Bien, ça me donne plein d'espoir. Ça doit nous donner plein
d'espoir parce que les nouvelles générations sont beaucoup plus futées qu'on
pouvait l'être à leur âge. Elles sont plus avancées.
Elles savent très bien. Chez nous, le compost, c'est fait. Le recyclage,
c'est fait. Et on est encore plus loin que ça. La voiture électrique, chez nous, c'est fait. Ils savent qu'on peut vraiment,
par nos gestes, changer le monde. Puis il
n'y a pas de plan B pour la
planète. On en a juste une. C'est pour les générations à venir qu'on pose le
geste, notamment, du projet de loi d'aujourd'hui.
Alors, ça a été un plaisir de travailler avec
vous, chers collègues, avec les collègues des oppositions aussi. Et j'espère, j'espère qu'on ne dira pas, dans
quelques années : On s'est complètement plantés. Il faut que ça marche. Donc, on pourra, tout le monde ensemble,
s'assurer, avec les règlements... S'assurer aussi, aussi avec l'information publique, hein, ça aussi, ça va
être important, il faut que le public embarque avec nous. Ça, il y aura un travail qui sera fait en
communications. Et je pense bien qu'on sera tous en mesure de le faire.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Verdun. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la
députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est difficile avec le masque, on a
chaud. Eh bien, c'est à mon tour maintenant de prendre la parole pour la
prise en considération du projet de loi n° 65, qui amène de la
modernisation pour la collecte sélective et le système de consigne.
Ça s'est super bien passé, c'est vrai. J'ai fait
beaucoup, beaucoup de projets de loi avec le ministre de l'Environnement, et celui-là, ma foi, s'est passé
beaucoup mieux. En fait, ce serait... Je pense que, si on parle d'atmosphère
seulement, là, de la façon que ça se passait, puis des échanges, on sentait que
le ministre était très, très, très relaxe, mais on se rattrape, en ce moment. Depuis hier, là, on
échange des beaux tweets sur GNL Québec, les agrandissements des sites d'enfouissement,
on a d'autres sujets. On s'est rattrapés. Ça nous a comme manqué de se taquiner
un peu, et on le fait sur Twitter, puisqu'au p.l. n° 65
ça s'est très bien passé.
Donc,
évidemment, depuis le début, on l'a dit, on est pour ce projet de loi, une
modernisation qui est attendue depuis très, très longtemps, qui est attendue
depuis les années 80, si je parle plus spécifiquement de la modernisation
de la consigne, parce que le projet
de loi touche la collecte sélective, le bac bleu et le système de consigne. Et
donc ça fait très longtemps. Et
c'était vraiment attendu, pas juste par Québec solidaire mais par beaucoup de
monde à cause de la performance exécrable, il faut le dire, il faut
utiliser les vrais mots, de notre système de recyclage.
Et cette mauvaise performance faisait en sorte
que, bien, c'est la confiance du public qui était entachée. Et ça, c'est... S'il y a un des objectifs qu'on doit
atteindre... oui, il faut recycler plus, il ne faut pas enfouir nos déchets,
mais c'est aussi de garder la
confiance du public parce que le geste qu'il pose à la maison, le geste qu'il
va poser dans ce système-là est très
important pour que ce système-là soit une réussite. Ce n'est pas la seule
chose. Ce n'est pas uniquement sur le dos des citoyens que ce système-là est basé, mais sa confiance est
importante pour qu'il pose les gestes supplémentaires qui vont lui être
demandés avec cette modernisation-là.
• (17 h 20) •
Et donc,
comme je le disais, ça faisait très longtemps, il était temps de changer ça. Le
Québec, avec le Manitoba, est le seul
à ne pas consigner les bouteilles de vin et les spiritueux. Là, j'ai hâte que
le Manitoba reste seul puis qu'il se demande :
Coudon, comment ça se fait qu'on est les seuls à ne pas avoir modernisé le
système de consigne? Mais ce n'est pas
encore fait. Ce n'est pas en adoptant le projet de loi, ça va avoir lieu à la
fin de 2022, on se le souhaite. En tout cas, c'est ce qui a été adopté.
Moi, je suis certaine que le ministre est fier
de son projet de loi. Moi, d'une certaine façon, même si je ne l'ai pas écrit, même si je ne suis pas moi-même
ministre de l'Environnement, j'ai quand même une fierté d'avoir contribué à
ce débat-là, à cette discussion-là et à ce projet de loi là d'une certaine
façon avec la commission sur le verre, le mandat d'initiative qui a eu lieu.
C'était à la fin de l'été 2019, après que j'aie demandé ce mandat-là et
cette commission-là sur la crise du verre.
Et, évidemment, je ne l'ai pas faite toute seule, c'est vraiment une suite.
Comme je le mentionnais, la porte-parole de Québec solidaire et députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
avait beaucoup, beaucoup, beaucoup travaillé ce dossier-là. Et moi, j'ai, dans le fond, un peu cueilli le fruit mûr
ou presque mûr en demandant cette commission-là, qui a été acceptée par le
gouvernement et ça nous a permis d'en apprendre énormément, et c'est une étape
préalable qui a amené à ce projet de loi sur la modernisation, donc, de la consigne et de la collecte sélective.
Et le rapport qui est sorti de cette commission-là a été unanime. Il y a eu plusieurs
recommandations, trois très, très importantes : évidemment,
la modernisation de la consigne, et
on y est, d'instaurer une vraie responsabilité élargie des producteurs, que les producteurs
soient responsables des emballages des produits qu'ils mettent sur le
marché, pas uniquement en payant une facture, mais jusqu'au bout, qu'ils
soient responsables
aussi de l'atteinte des objectifs de recyclage, parce que l'objectif qui est
atteint jusqu'à maintenant, c'est de la récupération puis ça, c'est grâce aux
efforts notamment des Québécois qui font le travail, qui nous permet de
récupérer énormément. Mais, après, qu'est-ce qui se passe au bout de la chaîne?
Malheureusement, ça, ça se passait beaucoup moins bien. Donc, modernisation de
la consigne, instaurer une vraie responsabilité élargie des producteurs et
interdire l'enfouissement du verre. Ça, c'était parmi les premières
recommandations.
Malheureusement, ça, ça n'a pas été atteint, ce
n'est pas écrit noir sur blanc dans le projet de loi, et le ministre ne nous a pas dit que ce sera écrit dans les
fameux règlements, les nombreux règlements qui vont être votés d'ici la fin de
l'année... qui vont être, plutôt... pas
votés, ça va être fait par le ministre, son ministère, et ça va être l'exécutif
qui va les adopter. Mais
l'interdissement de l'enfouissement du verre, ça, ça n'a pas eu lieu de
l'interdire de façon formelle, même si
la commission sur la crise du verre le recommandait et, au moment où on se
parle, des milliers de tonnes de verre sont enfouies dans les sites
d'enfouissement comme des couches de recouvrement.
On espère que ça va s'améliorer puis que la
quantité va être réduite de ce verre qui est enfoui parce que, quand il va y avoir la consigne, bien, les gens ne
mettront plus plus leurs contenants de verre, en tout cas, ceux qui sont
consignés, bouteilles de vin, spiritueux,
bière, c'est déjà une
bonne pratique, ils ne les mettront
plus dans les bacs bleus, mais ça va être consigné, et donc ça va sortir
des sites d'enfouissement, indirectement.
Je veux
commencer par les belles avancées qu'on a avec ce projet de loi. Ça a été
mentionné aussi par ma collègue et c'est l'ajout de la notion d'économie
circulaire. On en parle beaucoup depuis des années, c'est très présent dans les communiqués du gouvernement, dans les
communications de RECYC-QUÉBEC. Il y a des programmes aussi qui sont mis en place pour l'économie circulaire, mais c'est la
première fois que c'est dans un projet
de loi et vraiment, moi, j'étais
étonnée, je ne m'y attendais pas et
c'est une belle chose. Mais j'ai voulu... j'ai amené... je voulais apporter une
amélioration. Quand il y a un terme qui est mentionné dans une loi,
c'est important qu'il soit défini. Je vais en parler tantôt. Par exemple, «économie sociale», c'est déjà défini, pas dans ce
projet de loi là, mais dans une autre loi sur
l'économie sociale. Et l'économie circulaire, c'était important de dire,
bien, de quoi on parle au juste.
J'ai proposé un amendement en me fiant sur
l'organisme qui est l'organisme de référence au Québec en matière de recyclage. Sur son site, donc, c'est RECYC-QUÉBEC, il y a une définition et je l'ai mise dans l'amendement
que j'ai proposé, et je vais la lire, donc : «L'économie circulaire se
définit comme un "système de production, d'échange et de consommation
visant à optimiser l'utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de
vie d'un bien ou d'un service, dans une logique circulaire, tout en
réduisant l'empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des
individus et des collectivités".»
Donc, ça,
c'est textuellement la définition qui se trouve sur le site de RECYC-QUÉBEC, mais le ministre l'a refusée en
disant : Bien, il n'y a pas juste celle-là, il y en a beaucoup d'autres
qui circulent, on est en train de travailler sur une définition qui va
faire l'unanimité parmi les différents ministères et organismes, et il paraît
que le ministère de l'Économie et de l'Innovation est en train aussi de travailler... en fait, il a
déjà une définition qui est un petit peu différente de celle-là, etc.
Moi,
je me dis qu'on était vraiment dans le bon projet de loi, à la bonne place au
bon moment, dans la bonne commission pour
définir ce terme-là, parce que sinon il reste quand même vide, de contenu
juridique, je parle, parce que,
dans la pratique, dans les universités, il y a des projets de recherche, il y a
du travail qui est fait pour que ce soit vraiment
instauré de façon concrète sur le terrain, mais, juridiquement, on dit souvent
la phrase, que j'aime répéter, que j'ai apprise depuis que je suis
devenue députée : Le législateur n'aime pas parler pour ne rien dire. Pas
les députés. Ça, des fois, les députés, on
aime ça, des fois, parler pour ne rien dire. Mais notre rôle, parce qu'on a comme un autre visage qui est
législateur, ça non. Donc, dans les projets de loi, c'est important que les
termes qui sont...
(Interruption)
Mme Ghazal :
Ça me fait rire. Je vais regarder ailleurs. Mais, par exemple, dans les lois,
dans les projets de loi, il faut que les termes soient remplis de sens
et qu'après, bien, on puisse y avoir recours. Mais le ministre a refusé en disant : On est en train de travailler. À un
moment donné, un jour, il va y en avoir une. Malheureusement, donc je trouve
que c'est une occasion manquée.
Le ministère de l'Environnement ne doit pas
attendre après le ministère de l'Économie et de l'Innovation pour définir des termes qui sont en lien avec
l'économie circulaire. C'est totalement dans son droit, pas de l'imposer, mais
de dire à ses collègues : En
tant que ministre de l'Environnement, avec mon organisme RECYC-QUÉBEC, voici la
définition qui doit être celle que tout le monde utilise, et donc de la
mettre dans le projet de loi. Mais il préfère, hein, qu'on en rediscute. Donc,
un jour, on va voir cette définition-là, mais elle ne sera pas dans une loi,
parce que je ne pense pas qu'il va y avoir
d'autres projets de loi. Selon ce qu'il nous a dit, tous ses mandats des...
toutes les lois en environnement, de ce que j'ai compris, jusqu'en
octobre 2022 sont déjà terminées, puisqu'il va pouvoir se concentrer sur
ses autres obligations, qui ne sont pas en environnement.
Pour ce qui
est de l'économie sociale, ça, c'est déjà défini dans une autre loi, mais ce
n'était pas dans le projet de loi, et
le ministre a accepté de l'ajouter. Je pense que c'était ma collègue qui
l'avait amenée dans un amendement, et c'est une très bonne chose. Et j'en ai parlé énormément, mais je ne suis pas la
seule, il y a aussi eu des groupes qui sont venus en auditions
particulières, le Conseil québécois des entreprises adaptées, Les Valoristes,
d'autres qui ont dit que nous avons un rôle
très important en matière de recyclage, en matière de, donc, valorisation des
matières, et nous avons un rôle important qui est là dans les centres de
tri un peu partout.
Les Valoristes, par exemple, ils ont un rôle
très important à Montréal, à Québec — on voudrait qu'il y en ait partout — un rôle social, donc, où ils viennent en
aide à des personnes qui sont des personnes vulnérables, des personnes
dans le besoin qui utilisent la consigne comme moyen de survie, mais aussi pour
l'environnement. Ils ramassent... Pendant que les commerçants, pendant la pandémie, dès la première vague,
ont cessé de recueillir les contenants consignés, bien, Les Valoristes ont été
fidèles au poste. Il y a beaucoup de gens qui, malheureusement, ne savaient pas
où aller les porter, les personnes
vulnérables, et ils les accumulaient, et Les Valoristes, pendant l'été, quand
ils ont ouvert, bien, ils ont pu en recueillir une quantité énorme, j'ai
oublié le chiffre, là, je l'avais déjà mentionné, mais une quantité énorme de
contenants qui, sinon, auraient pu se retrouver dans les déchets, tout
simplement.
• (17 h 30) •
Donc, ils font oeuvre utile socialement, mais
ils font aussi oeuvre utile pour l'environnement, et leur rôle est très, très important, et j'espère qu'ils vont
faire partie notamment des projets pilotes, qu'il va y avoir des centres de
dépôt où Les Valoristes et aussi
d'autres entreprises d'économie sociale vont avoir un rôle important à jouer.
Le ministre nous a rassurés par rapport à ça en disant que, oui, ils
vont avoir un rôle important à jouer. Il a aussi nommé un projet pilote où il y
a une entreprise d'économie sociale qui est impliquée dans les centres de dépôt
et donc dans les projets pilotes.
Donc, ça,
c'est les fleurs. Maintenant, ce n'est pas un pot, mais c'est des inquiétudes,
des inquiétudes que j'ai, qu'on a
nommées énormément, à plusieurs reprises. Le ministre nous dit que c'est une
loi habilitante et que tout va être dans les règlements. Donc, malgré les efforts répétés des collègues et de
moi-même pour qu'on puisse avoir ces règlements-là, eh bien, il a dit
que ce n'était pas possible.
Je sais que, le projet de loi n° 59, le
règlement est en train d'être... peut-être pas étudié, mais il fait partie...
il est déjà... le Règlement sur la santé et
sécurité au travail, il est déjà disponible, alors que l'étude détaillée a lieu
en ce moment. Alors, je me dis : C'est possible que le règlement soit déjà
présenté pendant l'étude détaillée. Ça ne se fait peut-être pas souvent, mais c'est quelque chose qui est
possible. Et, avec le consentement, tout est possible. Mais le ministre a
continué à répéter, à nous dire que non, puis il nous a donné
l'échéancier.
Tout ce qu'on a réussi à obtenir, grâce à
l'insistance de ma collègue, hein, je vais donner ce qui revient à César... — ou à Cléopâtre? — à Cléopâtre.
Je viens d'inventer une nouvelle
expression. En cette semaine de Journée internationale des droits des
femmes, pourquoi pas? Et donc elle a réussi à obtenir un briefing
technique où on va pouvoir avoir une présentation des différents règlements et poser des
questions. Donc, c'est tout ce qu'on a pu avoir. Et on va donc
surveiller ça de très, très près.
Et, de la
même façon, je sentais aussi qu'on votait à l'aveugle... Pardon. Je vais
prendre une gorgée d'eau. Donc, c'est
ça, je sentais aussi qu'on votait un petit peu à l'aveugle. Et, quand on posait des questions, la réponse du ministre,
c'était que ça allait se retrouver dans les règlements.
Un autre
élément aussi que j'avais mentionné, et ça ne vient pas de mon esprit, il y a vraiment
des gens qui étaient inquiets, qui disaient... du milieu, là, des intervenants, des partenaires du milieu qui disent : Là, les projets pilotes vont être faits. Quand est-ce
qu'on va en tirer toutes les connaissances et les informations pour pouvoir
après ça... quand on va instaurer le système et les centres de dépôt partout au
Québec, bien, qu'on le fasse en fonction des apprentissages qu'on a faits avec les projets pilotes? Là, les projets pilotes vont être faits, et en même temps les règlements vont aussi être faits. Est-ce qu'on va pouvoir, si on se rend compte qu'il y a
des éléments ou des détails, hein, le diable est dans les détails, des
détails ou des techniques qui ont été oubliés... Est-ce que le règlement va
avoir déjà été adopté, alors que les projets pilotes ne sont pas terminés? Ça, c'est sûr que oui. Et
donc il y avait des inquiétudes dans le milieu. Le ministre
disait que, non, il n'y a pas d'inquiétude à avoir, les règlements ne
touchent pas toute la technicalité, et la gestion de ces centres de dépôt, et
de la façon que ça va être fait. Mais, moi, ceux qui me l'ont dit, c'est des
gens qui participent à ce projet... à toute
la modernisation, qui sont dans les comités, etc., et donc ils ont cette
inquiétude-là, donc je la nomme. Et ce serait à surveiller, ça va être
très, très important à surveiller.
L'autre
élément aussi à surveiller, bien, pour les projets pilotes, c'est aussi
s'assurer... là, le ministre nous a parlé de six projets pilotes, ce que je comprends, c'est qu'il va en avoir
d'autres, de s'assurer que ce soit... qu'on puisse couvrir tous les cas
de figure possibles. Ce n'est pas du tout la même chose en milieu rural, moins
densément peuplé, qu'en milieu urbain, c'est
très, très différent. Donc, il faut qu'il y ait une variété de modèles de ces
centres de dépôt et de façons, là, pour
faire acheminer toutes les matières dans ces centres de dépôt. Donc, on va
surveiller vraiment de très, très près les projets pilotes. En tout cas,
moi, avec mon bureau aussi, on va le faire, ça, c'est sûr et certain.
Le ministre nous a dit que le rapport du comité
des producteurs va être rendu public d'ici quelques semaines. On va surveiller
ça. Si ce n'est pas le cas dans un mois, il va avoir un courriel ou un texto,
pas un tweet, là, pour commencer, de ma
part. Et donc ça, c'est sûr et certain. Parce qu'il y a eu une présentation
qu'il a faite à des journalistes, mais
il n'y a pas de rapport, il dit que c'est une présentation PowerPoint, qu'il
n'y a pas de rapport. Donc, ça aussi, on l'attend.
Un autre
élément qu'on attend aussi, c'est ce que la P.D.G. de la SAQ avait mentionné,
elle a dit, si je me rappelle bien...
je pense que c'est : 80 % ou, en tout cas, un pourcentage proche de
ça, assez élevé, des succursales de la SAQ vont pouvoir récupérer les
contenants consignés. Donc, moi, comme citoyenne, citoyen ou consommateur,
consommatrice à la SAQ, quand je vais aller
acheter mes consommations, je vais pouvoir rapporter les bouteilles vides. Ça,
c'est la façon la plus simple, la plus facile à faire. Ça marche depuis
les années 80, même avant, pour les bouteilles de bière dans les
commerces, les épiceries. Ça, ce serait idéal.
Mais là j'ai
été impressionnée par ce chiffre de 80 % et j'ai très hâte que ce soit...
de voir si c'est vraiment le cas, parce que... Et donc l'autre 20 %, ça ne
sera pas possible, parce que moi, je parle... Je pense, par exemple, à la SAQ
sur l'avenue Mont-Royal Est, proche de mon bureau, là, et où j'habite, il n'y a
pas vraiment d'espace. Donc, je peux comprendre
que ce soit dans un centre de dépôt. Et les citoyens vont faire cet effort-là
d'aller la porter, si c'est dans un endroit
qui est bien. Il ne faut pas prendre sa voiture pour aller les porter, ça, ça
va être important. Mais 80 %, ça, j'étais impressionnée, et ça, on
va surveiller ça de très, très près.
Un autre élément aussi, moi, j'ai été très, très
proche des citoyens et des municipalités qui ont été très impliqués dans
la question de la consigne, qui voyaient
qu'il n'y avait pas d'action des gouvernements précédents par rapport à la consigne,
malgré tout... ça
faisait aussi les manchettes, à quel point il y avait des... tout l'effort que
les citoyens faisaient, bien, se retrouvait dans les sites
d'enfouissement. Et il y a des gens qui on dit : Bien, nous, on va se
prendre en main, dans nos municipalités — puis c'est parti beaucoup en Estrie — on va installer des conteneurs pour que les
gens puissent aller porter leurs
contenants. Et c'est une fierté pour ces gens-là de l'avoir fait. Il y en a 72,
et eux, ils partaient, là, ils allaient en mettre un peu partout.
Avec
le projet de loi, ils avaient peur que ça devienne interdit. Finalement, non,
ce n'est pas interdit. J'ai déposé un amendement.
Le ministre l'a refusé et il a dit que ce n'est pas interdit, ça va pouvoir
continuer à exister, mais ce sera de moins
en moins pertinent. Tout ce qu'on va pouvoir aller apporter... Maintenant que
les contenants de... les bouteilles de vin
et de spiritueux de la SAQ, qui est la grosse quantité, vont être consignées,
les gens vont vouloir avoir leur 0,25 $, donc ils n'iront pas le porter dans les conteneurs.
Donc, ce sera moins pertinent. Puis les gens, est-ce qu'ils vont vraiment se
déplacer juste pour les pots de cornichons
puis d'olives et tout ce que vous voulez qui n'est pas consigné? Là le ministre
dit : Peut-être pas.
Mais, moi, ce que je
lui dis, c'est qu'il ne faut pas juste jeter le bébé avec l'eau du bain puis
dire à tous ces citoyens qui se sont
mobilisés pendant que les gouvernements étaient inactifs... de leur dire :
Bien, tant pis, c'est terminé. C'était
très beau, bravo, on vous félicite, on a aimé ce que vous avez fait, mais c'est
terminé. Moi, je pense qu'il y aurait moyen
de combiner ce qu'ils font avec ces conteneurs-là... et il y a aussi de la
technologie qui s'en vient, ils travaillent avec des industriels pour que ce soit plus facile et plus automatisé, qu'ils
travaillent avec... que, par exemple, ce soit placé à côté des centres
de dépôt, par exemple. Il y aurait quelque chose à faire.
Il va y avoir une
rencontre, que j'ai organisée, entre... J'ai mis le ministre en lien avec
Opération Verre-Vert et leurs partenaires,
et le ministre s'est fait un plaisir de les rencontrer. Donc, il va les
rencontrer. J'ai très hâte de voir le résultat
de la discussion. Je ne me fais pas beaucoup d'attentes, malheureusement, mais
je me dis : On ne sait jamais. Si les citoyens sont vraiment très,
très persuasifs et qu'ils apportent un projet intéressant, peut-être que, là,
le ministre va être ouvert à ça.
Mais
je trouve que ce serait dommage... Parce qu'on a beaucoup tendance à aller dans
un sens, on fait du mur-à-mur. On dit :
Voici le système dans lequel on va aller et, pour le reste, ça va être un seul
système partout au Québec. Puis là, après
ça, on se rend compte que ça ne marche pas, bien, on est contents quand il y a
d'autres choses qui sont en place, comme ces conteneurs de verre. Mais,
si on les enlève, bien, on va être mal pris. Voilà.
Donc, bien, en
terminant, je veux mentionner que l'élément le plus important aussi... Le ministre
nous dit qu'il va y avoir une révolution
dans la gestion des matières résiduelles au Québec, et une des façons de faire cette révolution-là, c'est notamment cette modernisation de la
consigne, cette modernisation de la collecte sélective. Et voilà. Mais en même
temps il agrandit les sites d'enfouissement.
• (17 h 40) •
Hier, j'ai déposé une
motion pour lui dire : Attendez un peu, ne mettez pas la charrue avant les
boeufs. Est-ce que c'est possible qu'il y
ait un BAPE générique? En fait, est-ce que c'est possible d'attendre le rapport
du BAPE générique, qui a commencé cette semaine, avant de commencer à
agrandir, pour voir quelles sont les solutions possibles? Parce qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale pour que
ces mégadépotoirs continuent à s'agrandir. Et, le ministre, comme il dit
qu'il va y avoir une révolution, ça, ça veut
dire qu'il va y avoir moins de déchets. Et donc, s'il va y avoir moins de
déchets, pourquoi agrandir les sites d'enfouissement tout de suite,
maintenant, aujourd'hui? Pourquoi ne pas attendre, puisque, logiquement, si je suis sa logique, les sites
d'enfouissement vont se retrouver un peu vides quand on va les agrandir,
puisqu'on va réduire à la source, s'il parle d'une révolution?
Ça,
on n'est pas d'accord là-dessus, mais, pour vraiment avoir une révolution, oui,
ce projet de loi est une première étape,
mais il y a aussi un autre projet de loi que je l'invite à adopter, c'est le
projet de loi — le
député de Chomedey — sur
l'obsolescence programmée. J'en parle puis
j'ai ma laveuse, samedi passé, qui ne marche plus, qui a été défectueuse, alors
qu'elle date uniquement... je l'ai
uniquement depuis quelques années. Et ce n'est pas la première fois que ça
m'arrive. Et c'est un problème de
société. Elle va se retrouver où, cette laveuse-là? Dans les déchets, dans les
sites d'enfouissement. C'est un
problème de société, un problème grave, et la loi sur l'obsolescence
programmée, comme... il y en a eu une en France, elle est là, elle existe, on en a débattu longuement. Pourquoi le
gouvernement ne l'appelle pas? Il l'a appelée une fois, mais je pense
que, de ce que je vois, si on le voit aller, on dirait que ce projet de loi va
mourir au feuilleton.
Donc,
l'écoconception, il ne faut pas que ce soit uniquement : les entreprises,
on va donner des incitatifs, vous allez payer des pénalités. Il faut qu'il y
ait des objectifs et il faut rendre l'écoconception obligatoire pour que les
matières soient facilement recyclables. Et, en ce moment, elles ne le sont pas
toutes.
Donc, il y a plein de
façons pour faire la révolution. Et le ministre m'avait demandé... Parce que
j'ai déjà dit que, s'il modernisait la
consigne, eh bien, ce sera un ministre historique, puisqu'il serait le premier
à le faire. Et il m'a déjà demandé :
Est-ce que je suis un ministre historique? Oui, vous le serez seulement et
uniquement si vous refusez le projet de GNL Québec. Mais là je m'égare,
je suis sur un autre sujet.
Évidemment,
je suis très, très contente de ce projet de loi là, de cette
modernisation de la consigne, mais ce qui est important aussi de noter,
c'est que, si on veut une vraie révolution dans la gestion des matières résiduelles au Québec, il faut aller beaucoup,
beaucoup, beaucoup plus loin que ça, et les solutions existent. Et moi, je suis
très contente qu'il va y avoir ce BAPE
générique là. Je vais déposer un mémoire, que je vais présenter, sur toutes les
solutions possibles pour que cette révolution advienne pour vrai et que
ce ne soit pas uniquement un «branding» ou du marketing.
Donc, bien, je veux
remercier aussi, à mon tour, mes collègues de ces belles discussions qu'on a
eues pendant la commission, remercier aussi
mon équipe. Bien, j'avais une personne, une recherchiste qui travaillait avec
moi, Hilal. Et donc, voilà. Je remercie aussi le
ministre. Et, bien, merci beaucoup, je pense que j'ai terminé.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Mercier. Alors, je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant, qui sera M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux juste commencer aussi, un petit peu
comme ma collègue de Verdun, à dire
que vous avez vraiment une écoute extraordinaire, et c'est bien apprécié par
les députés ici, là, en Chambre, que
vous êtes vraiment à l'écoute de nous, parce qu'on travaille très fort pour
préparer nos discours puis avoir quand même des beaux mots pour l'autre. Alors, juste un grand merci, Mme la
Présidente, et tout le monde, toutes les autres personnes qui siègent
dans votre siège pendant les débats, très importants pour notre société.
Puis
je veux juste remercier aussi la députée de Verdun pour tout le travail qu'elle
a fait dans ce dossier. J'ai eu le plaisir
de siéger avec elle une couple de fois pendant l'étude détaillée, et c'était
vraiment un plaisir de faire ça avec elle, puis aussi avec la députée de Mercier. On a siégé maintenant sur
plusieurs projets de loi ensemble, et c'est toujours un plaisir de
travailler avec elle. Elle présente toujours des bonnes idées.
Alors, je vais
continuer avec mes beaux mots aussi pour l'autre côté de la Chambre, parce que
je vois la députée d'Argenteuil puis aussi le député de Bourget, et ça fait
maintenant plusieurs projets de loi qu'on a siégé ensemble. Et, quand même, juste un mot pour la députée
d'Argenteuil, parce que, des fois, elle est la présidente de notre commission,
et ça fait maintenant... les projets
de loi sur le taxi, les aires protégées, la réforme du Fonds vert, et, des
fois, c'est sûr que des critiques,
sur notre côté, ont été fortes, puis ça brassait un petit peu avec le ministre,
qui était obligée de rappeler tout le monde à l'ordre, mais c'est
toujours un plaisir de travailler avec elle.
Puis
il y a une autre... juste petite note, la dernière fois que j'ai pris un voyage
à l'extérieur du Canada, c'était avec le
député de Bourget. Alors, c'est la
dernière fois, on a fait un voyage ensemble à Stockholm, en mission ensemble
pour représenter le Québec au sommet nordique.
Alors, c'était vraiment un grand plaisir de voyager avec lui. Puis lui, il
connaît bien la ville de Stockholm.
Alors, c'était un bon voyage ensemble puis aussi avec les représentants de
l'Assemblée nationale.
Like all good stories, this story starts
about a jar of pickles, I don't know what to say, and it goes back to when we sat together on a special mandate here, at the National Assembly,
to talk about the crisis in the recycling of glass.
Moi,
je pense qu'après la pandémie on va devoir avoir une réflexion sur
l'utilisation du mot d'une «crise».
I don't want to say that there was not
a problem in the industry, but, I think, we've all now lived through what a
real crisis looks
like, so maybe, again... Even in our media, too, that word «crisis» will be
rethought, because, at the end of the day...
On
a été capables de travailler ensemble en commission sur un mandat d'initiative
qui a été lancé par la députée de Mercier pour trouver des solutions
pour l'industrie et aussi de régler les questions d'élargissement de la
consigne, et c'était vraiment... Cet été-là,
c'était notre premier été comme des élus, ensemble, à l'Assemblée nationale.
Puis on a eu une commission qui a bien roulé puis on a eu des experts
qui ont arrivé ici... quand même des experts mondiaux sur la question du
recyclage du verre. Et c'est vrai, la députée de Mercier a noté que Québec et
Manitoba, les seules places... concernant le
verre, aucune consigne n'a été mise en place par notre gouvernement. Puis on a
eu des discussions aussi sur plein
d'autres choses, et c'est vraiment un plaisir, mais une bonne chose, puis un
bon exemple pour notre démocratie aussi, qui démontre que les partis
sont capables de travailler ensemble, de produire un rapport avec les
suggestions et que le gouvernement prend ces
suggestions en considération et a mis pas mal toutes les recommandations en
place. Ce n'était pas parfait, il y a
certaines choses qu'il faut continuer de travailler là-dessus, mais, bref, pour
un jeune député, pour un premier mandat d'initiative, c'était vraiment
un plaisir de faire ça.
Puis,
Mme la Présidente, finalement on a arrivé avec un projet de loi qui, je pense,
encore, a répondu à plusieurs des demandes
du milieu. Ce n'est pas parfait, je sais que ma collègue de Verdun a fait
plusieurs suggestions, a eu des bonnes discussions
avec le ministre pour répondre à des différents amendements qui étaient
déposés. Alors, ça, c'est encore un bon
signe. Mais une chose... Et je vais rappeler que c'était vraiment
extraordinaire de voir que c'étaient plusieurs personnes... pour eux
autres, la consigne, c'est un enjeu important.
Nous avons un système au Québec, où on a un système
en place pour les bouteilles de bière, qui marche très bien.
Le taux de récupération des bouteilles de bière
au Québec, c'est très élevé et c'est un succès. Puis, quand même, cette industrie de
recyclage avec les cannettes marche bien aussi au Québec, mais il y a toujours
eu des lacunes.
Puis c'est sûr que,
quand on regarde... Moi, j'étais toujours déçu que la SAQ a fait un petit peu
le «stunt» de marketing et communication de
dire : Oh oui! on est bien ouverts à ça, mais, quand on a poussé la SAQ
d'aller plus loin puis de participer plus au système de consigne, ils
étaient moins chauds à l'idée.
And that's something they're going to have to work
on going forward. I mean, I think that's the one thing that's always important, but, any bill
or anything that we work on here in terms of our commissions or special reports, they're will be another step. The system will
change. We will have to modify it. I think that's just normal. We'll be in 20
years, we'll be in 10 years, five
years, hard to say. It's certain that in the recycling industry we've seen
global changes that have forced, you know, our recycling centers to try
to make changes, to try to adapt. It hasn't always been easy. And the solutions
might be there, the technology, not quite
there yet. So, those are things we'll have to follow closely. But I still think
at one point maybe we can have the
SAQ play a larger role in being available to take bottles back. It always, to
me, made a lot of sense And I know
that there are going to be 500, you know, machines to put in place across Québec to start, which is a good thing. but it's still, you know... When you think of how vast Québec is, there's
still going to have to, you
know... I know there'll be a progressive increase of the
system. But, again, we'll have to see how that rolls out, because, again, to
recycle the glass, you have to make it successful.
• (17 h 50) •
And my colleague from
Mercier, she made a very good point that we had these great ladies come in from
the Estrie who had
put in their own system that they... Well, they wanted to recycle glass. And
the local triage plant said, «Well, if you go collect the glass and keep it separated, well, we'll use it, we'll
find a way to make it work.» And, at least in my mind, that was, yes, citizen engagement, citizen
success, but also, too, an example that if we can find solutions where we can
better recycle just, also, in
people's home, the glass. That helps, too. I mean, to bring it somewhere does
create a bit of a... a point where
people might just toss it in the garbage, and we don't want that. But
nonetheless I'm happy that those type of initiatives can continue. But also a good example of how
sometimes the solutions... We seat here, we debate, and we sometimes try
to make things so complicated, when the
answers sometimes may be pretty simple. And our citizens are very good at
reminding us, politicians, about that, that actions speak louder than
words.
I also just wanted to say that...
again, it's not so much what's exactly in the bill, but the fact that he
refund, for too many
people in Montréal, it is an additional source or only
source of revenue that they make. And we heard about that too. We heard groups that came in and
said that, you know, recycling yours cans is good, and, if they had the ability
to recycle, you know, wine or other glass or cartons, that would be a
good thing. And I even think that, in the West Island, there is a resident who has, for many, many years, gone
around, on recycling day, to collect cans and bottles from recycling bins,
and he, for many years, worked part-time at
the local grocery store, but the additional money he made from recycling of cans and bottles on his own helped him to, you
know, really remain self-sustaining, and stay in his apartment, and be able to
buy food. And I would just like... I just want everyone to keep that in mind.
And there's a lot of people too, downtown Montréal, who do use that, again, as a means to support themselves.
So, something to always keep into
perspective. And there might be some, in terms of... positive consequences from the fact that we're increasing
the refund, that more people use it, but, you know, we obviously don't want
people to always have to rely on
that. So, that requires our society to continue to lift people out of poverty
in a lot of different ways, but...
C'était juste une note sur ça. Je sais que le temps file, Mme la Présidente. Mais, encore une dernière chose, je pense qu'il faut aussi suivre... Parce qu'on sait, au début on va mettre beaucoup
des camions sur les routes du Québec pour mettre le système en oeuvre puis de faire la récupération. Alors, moi, je pose
des questions. C'est parti de luttes contre les changements climatiques, mais il faut s'assurer que le système
a vraiment un objectif de réduire les GES puis que ça suive ce chemin-là.
Parce que, sinon, on a fait ça pourquoi? On
dépense l'argent pourquoi, exactement? Et je sais que, présentement, on pense
que ça, ça va être la réalité, qu'on va
avoir une réduction de nos GES, mais c'est à suivre. Puis ça, ça va être notre
responsabilité, notre ambition, de s'assurer que ça, c'est le cas.
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Jacques-Cartier. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Vimont.
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, qui peut être contre un projet sur
l'environnement? Personne. Comme ma
collègue de Verdun, qui est une fille, d'ailleurs, qui travaille d'une manière
très rigoureuse, elle l'a dit : Il n'y en a pas, de planète B.
Il n'y en a pas, ça n'existe pas. Donc, si on ne s'en occupe pas, bien, qui va
s'en occuper?
Moi,
je peux vous dire que les consignes... Chez moi, les consignes, pas besoin de
vous dire, je ne me déplace pas. J'ai
des petits-enfants qui s'en occupent, puis ça fait bien leur affaire,
comprenez-vous? Donc, eux autres, ils font leur argent de poche avec ça. C'est sûr que grand-papa
arrondit des fois, là, ça, c'est certain. Mais je vous parle de mes
petits-enfant parce qu'eux ont
vraiment la consigne à coeur, mais l'environnement à coeur, pas juste la
consigne. Faites-vous-en pas, ils voient un papier dans la rue... C'est
vraiment inné dans eux.
Si
on regarde dans le temps puis si on recule, là, parce que je vois d'autres
personnes qui ont des cheveux gris comme moi ici, quand c'est arrivé, les bacs
bleus, puis les bacs bruns, puis tout le kit, les gens, ça criait, n'étaient
pas contents. Quand on change les
habitudes des gens, là, les gens... Un changement, ce n'est jamais bien, bien
apprécié au début, comprenez-vous? Ils ne comprennent pas : tu
viens de changer mes habitudes personnelles. Des fois, les gens, ils ne
comprennent pas pourquoi qu'on fait ce
changement-là. Mais ce changement-là, il est rentré dans la population, et
c'est compris. Le bac bleu fonctionne très bien. On ramasse nos cannettes,
justement, on les amène chez le marchand, ou quoi que ce soit. Donc, c'est
correct, puis je pense que c'est compris vraiment.
Puis,
pour la boisson, pour la SAQ, bien, je veux dire, enfin, ça arrive, là, puis,
je veux dire, à un moment donné, le
verre, il faut que ça sorte, là, à un moment donné, de nos endroits
d'enfouissement. Puis le moins de déchets qu'on peut avoir, c'est tant
mieux, parce que, justement, ça va être les générations à venir qui vont en
profiter.
Moi,
où que j'ai un petit peu de misère, c'est la modélisation qui... une compagnie
de New York qui organise ça. Donc, on
organise, on travaille sur un projet de loi, mais, dans le fond, on s'en va
dans le néant. On ne sait pas comment ça va coûter. Moi, j'aimerais ça savoir comment ça va coûter. Tu sais, je
comprends, l'objectif, il est simple, comprenez-vous? L'environnement,
ça, là, il n'y a personne qui est contre ça. Mais comment ça va coûter au bout
de ça? On a-tu fait l'analyse du coût de ça?
Des gobeuses, là, pour le verre, oui, c'en prend combien de ça? Est-ce qu'on a
pensé à... Est-ce qu'on a analysé
tout ça? Mais, non, il y a une compagnie qui est en train de le faire, ça. On
n'a pas de résultat de ça. Donc, moi,
je sais bien, mais, pour un projet de loi, il me semble, qui est là, hein, il
avance, il est pas mal bien avancé en plus, bon, on ne saura pas comment ça va coûter, on va le savoir tout à
l'heure. Puis, comme ma collègue le
disait, de Verdun, bien, le
ministre dit : Faites-moi confiance.
L'autre
affaire qui me dérange beaucoup, c'est les règlements, règlement
par-dessus règlement et règlement, Aïe! nous
autres, comme législateurs, ici, là, il me semble que c'est comme
si je perdrais un pouvoir. Vous comprenez? Je donne ça, justement, aux fonctionnaires.
Aïe! j'ai une responsabilité comme élu, comme législateur, de regarder vraiment
les dépenses, de regarder comment ça va aller. Là, on s'en va dans des règlements.
Donc, on va régler ça par des
règlements, hein, puis, à un moment donné, on va savoir que le règlement untel,
il est là, puis on va vivre avec ça. Puis ici on va poser des questions,
on va dire : Oui, mais, oui, c'est tel règlement, c'est les fonctionnaires. Non, non, là, ce serait le fun, je
pense, tu sais, le côté opposition... Puis d'ailleurs, mes collègues, je pense
qu'ils ont travaillé très fort, le collègue de Jacques-Cartier aussi. Bien, je
pense que, pendant les échanges de l'article, article, ils ont échangé, ils ont essayé d'amener le projet de loi
ailleurs. Mais, par les règlements, qu'on ne sait pas ça va être quoi exactement... Ah! on va vous les dire
après. On va vous faire un breffage technique après, une fois que la loi va
être... elle va avoir passé, là. Tu sais, on
fait ça après. Non, non, mais ça aurait été le fun de le savoir avant, ça
aurait été le fun de savoir le coût avant, ça aurait été le fun de tout
savoir ça.
Aussi,
les tris actuels, il y en a, des tris, qui ne fonctionnent pas bien. On le
sait, là, nos déchets, là, ils retrouvent des déchets... Ma collègue
parlait d'une tête d'orignal. Mais, justement, il y en a que ça n'avait pas
d'allure, vraiment pas. Mais pourquoi qu'on
ne garde pas ceux qui fonctionnent bien, ceux qui sont corrects, puis de mettre...
mise à niveau les autres puis dire :
Aïe, si vous n'êtes pas corrects, vous n'êtes pas une mise à niveau correcte
pour donner, justement, des matières
premières saines et correctes que les gens et les compagnies vont vouloir
acheter, bien, on les met à l'amende, on met des règlements. Parce que,
là, j'ai l'impression qu'on jette le bébé avec l'eau du bain, tu sais.
Donc, oui, on va avancer. Il faut changer des
choses, tu sais. Comme le verre, il faut l'enlever, il faut... On est tous
d'accord avec ça, comprenez-vous, là? Qui
peut être contre l'environnement? Personne. Mais c'est de la manière de le
faire puis c'est la manière d'analyser que je regarde ça. Je n'ai
malheureusement pas assisté aux consultations, rien, mais j'ai lu beaucoup de mémoires puis je me dis : Voyons, quelque
part, là, il y a quelque chose qui... Il n'y a rien qui me dit combien ça va coûter. Ah! bon, il y a
quelque part qui dit que ça va s'autofinancer. Sur quelle base qu'on dit ça?
Parce que, là, d'ailleurs, l'équipe, là,
justement, sont en train de la faire, l'étude. Donc, je ne le sais même pas,
comment ça va coûter tout à l'heure, puis on avance dans un projet de
loi, bon, qui va être voté.
Donc,
c'est juste ce côté-là que je trouve malheureux, parce qu'on peut perdre
beaucoup. Mais je suis content de voir,
par exemple... Le projet de loi, je suis content de voir... Le projet de loi
comme tel, là, c'est un beau projet de loi parce qu'on amène la
récupération dans un autre niveau. Puis il y a un niveau que, je pense, il
fallait aller là. C'est de la manière de le
faire. C'est de la manière peut-être rapide... Parce que, là, je sais que le
gouvernement actuel, ils sont portés à aller
rapidement dans plein de choses. Mais, moi, on m'a toujours appris :
Rapide, ça ne veut pas dire nécessairement bon, hein? Donc, moi, je pense qu'on est mieux d'y aller des fois un petit
peu plus tranquillement pour s'assurer que tout est correct.
Donc, moi, j'aurais
aimé que l'analyse soit faite côté monétaire, comment ça va coûter. Parce que
qui va payer au bout de ça? Ça va être le
citoyen. C'est le citoyen qui paie. Donc, c'est important, nous autres ici, on
s'occupe... Tu sais, je veux dire, on a l'argent des citoyens dans nos
mains. Donc, je pense, c'est important de faire attention.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le député de Vimont, je me dois, à
ce moment-ci, de vous demander si vous avez terminé votre intervention.
M. Rousselle :
J'ai terminé.
• (18 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous avez terminé. Alors, y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Alors, en application
de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur l'adoption
du rapport de la Commission des
transports et de l'environnement
portant sur le projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur
la qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective.
Et
je constate que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté pour la mise aux voix, alors je vais suspendre nos travaux pour un maximum de
10 minutes.
(Suspension de la séance à
18 h 1)
(Reprise à 18 h 6)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Mise aux voix du rapport
Et, en application de
l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du rapport de la Commission
des transports et de l'environnement portant sur le projet de loi n° 65,
Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en
matière de consigne et de collecte sélective. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint de l'opposition
officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Pas adjoint mais leader, excusez-moi.
M. Fortin :
Ça va.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et,
en conséquence... Ah! Le vote pour les députés indépendants. M. le
leader adjoint.
M. Schneeberger :
Oui, Mme la Présidente. Alors, j'ai trois votes. Alors, député de Chomedey :
Pour. Députée de Marie-Victorin : Pour. Et député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Et, en
conséquence, le rapport de la Commission des transports et de l'environnement portant sur le projet de loi n° 65,
Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en
matière de consigne et de collecte sélective, est adopté.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au jeudi 11 mars, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 8)