(Neuf heures quarante-trois
minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Donc, nous débutons nos travaux aux affaires
courantes, à la rubrique de déclarations de députés, et je cède maintenant la
parole à Mme la députée des Plaines.
Rendre hommage à M. Jacques Normandeau
à l'occasion de son 65e anniversaire
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je tenais, aujourd'hui, à vous partager
l'histoire d'une personne
extraordinaire de ma circonscription, une personne qui déjoue les pronostics et
qui a le souci de répandre le bonheur autour de lui.
M. Jacques Normandeau
est atteint de trisomie 21 et a célébré son 65e anniversaire le
11 janvier dernier, ce qui, en
soi, est une chose plutôt rare puisque la Société canadienne de la trisomie 21
place l'espérance de vie d'une personne vivant avec le syndrome de Down
à 58 ans.
Toutefois, ce qui retient l'attention chez
M. Normandeau, c'est sa personnalité chaleureuse. Décrit comme plusieurs comme étant un «showman», il redonne à
la communauté depuis plusieurs années en faisant du bénévolat pour Les
Amis de Lamater. Il s'agit d'un centre offrant des services de répit aux aînés
et à leurs proches. Et, comme dirait Mme Julie Larivière, adjointe de
l'organisme, tout le monde l'aime.
J'admire le
leadership dont fait preuve M. Normandeau, cette personne extraordinaire
qui, face à l'adversité, choisit de semer le bonheur auprès des gens qui
l'entourent. Merci beaucoup, M. Normandeau.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Viau.
Dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs, rendre
hommage aux
jeunes Québécois issus des communautés noires
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Ils s'appellent Jephté
Alphonse, Jude Fendy Pierre-Lys, Tatiana Lerebours, Christelle Tessono.
Ce sont quatre jeunes résidents de ma circonscription, Mme la Présidente, et,
dans le cadre du Mois de l'histoire des
Noirs, j'ai choisi de souligner leur trajectoire professionnelle, leurs
réalisations, leur parcours académique, leur engagement communautaire et
leur talent exceptionnel à chacun d'eux.
À travers eux, je veux saluer aussi l'ensemble
des jeunes Québécoises et Québécois issus des communautés noires qui s'engagent, qui, malgré les obstacles,
qui continuent à persévérer, qui continuent à tracer leur voie, à tracer leur
route. Et à ces jeunes-là et à l'ensemble des jeunes Québécoises, à l'ensemble
des membres des communautés noires, aujourd'hui, je souhaite un très bon Mois
de l'histoire des Noirs.
Ce mois,
c'est un mois pour souligner l'apport, la contribution, mais aussi pour
reconnaître, pour reconnaître aussi l'excellence et aussi la
persévérance des membres des communautés noires. Merci à ces jeunes. Et bravo!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Chauveau.
Souligner la Journée Optimiste
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le jeudi 4 février 2021, c'est la Journée
Optimiste.
Cette année,
les optimistes choisissent l'optimisme. Je tiens à souligner le travail exemplaire des clubs Optimiste du comté de
Chauveau, qui se sont donné pour mission de soutenir la jeunesse locale, une
mission pleinement assumée par le Club
Optimiste de Lac-Saint-Charles, présidé par Gilles Baribeau, le Club Optimiste
de Saint-Émile, présidé par Maurice
Cyr, le club Optimiste de Neufchâtel, présidé par M. Pamphile Nadeau, et
enfin le Club Optimiste de Loretteville, présidé par Mme Sylvie
Loubier.
En cette période de pandémie, où la jeunesse est
durement éprouvée dans tous les aspects de la vie quotidienne, il importe plus que jamais de lui accorder toute
l'importance requise. Merci à nos clubs Optimiste d'être là pour la jeunesse
québécoise, et en particulier pour ceux de Chauveau. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Rendre hommage à Mme Marie-Livia
Beaugé, fondatrice
de la Clinique juridique de Montréal-Nord
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite rendre hommage à Me Marie-Livia Beaugé,
avocate spécialisée en droit criminel, fondatrice de la première clinique
juridique de Montréal-Nord, qui a ouvert ses portes en septembre dernier.
Cette jeune femme
d'origine haïtienne a toujours été animée par un profond sentiment de justice
sociale et la volonté de rendre cette justice plus accessible à tous.
Me Beaugé et son
équipe d'étudiants, provenant de toutes les universités du Québec, souhaitent
desservir directement plus de
500 personnes cette année. Alors que les questions de discrimination
systémique sont plus vives que jamais, la jeune avocate désire
s'attaquer aux nombreuses barrières auxquelles doivent faire face bien des
citoyens de Montréal-Nord issus des
minorités visibles. C'est une nécessité à Montréal-Nord. La présence de la
clinique juridique dans mon comté est une initiative magnifique que nous
attendions depuis longtemps.
Bravo, Me Beaugé!
Vous êtes un modèle et une jeune femme d'exception. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Bourget.
Rendre hommage à M. Sylvain
Norbert pour ses 40 ans
d'engagement bénévole et communautaire
M. Richard Campeau
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. Au cours des 40 dernières années,
M. Sylvain Norbert s'est impliqué dans sa communauté à plusieurs
niveaux : Leucan, Rêves d'enfants, Fondation Charles-Bruneau, etc.
Une
de ses grandes fiertés, c'est notamment d'avoir été pendant 40 ans un
chevalier de Colomb accompli dans son service à la communauté. Il sera
nommé secrétaire financier, syndic, et maintenant grand chevalier.
En
avril dernier, la vie de M. Norbert a basculé, comme celle de milliers de Québécois.
Trois jours après l'apparition de ses premiers symptômes de la COVID,
il est plongé dans un coma, dont il ne ressortira que 23 jours plus tard.
Malgré les séquelles et les complications,
M. Norbert était présent, en décembre dernier, lors de la distribution des
paniers de Noël par les Chevaliers de Colomb de mon comté.
M. Norbert,
vous êtes quelqu'un d'inspirant, je vous félicite pour votre
implication sociale. Et j'ai simplement hâte de vous retrouver en
personne. Merci pour votre apport. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée de Jean-Talon,
la parole est à vous.
Dans le cadre de la Semaine
nationale de sensibilisation aux
troubles alimentaires, souligner le 25e anniversaire
de la Maison L'Éclaircie
Mme Joëlle Boutin
Mme Boutin :
Merci, Mme la Présidente. À l'occasion de la Semaine nationale de
sensibilisation aux troubles alimentaires,
j'aimerais souligner l'excellent travail d'un organisme de Jean-Talon,
la Maison L'Éclaircie, qui célèbre cette année ses 25 ans
d'existence.
Depuis 1996, l'organisme
vient en aide aux personnes aux prises avec des troubles alimentaires tels que
la boulimie et l'anorexie en offrant notamment de l'écoute téléphonique ainsi
que des suivis dans un cadre chaleureux et respectueux.
Grâce au dévouement de Nathalie, Charlélie, Marie-Andrée, Laurie, Sarah,
Mélanie, Catherine et Myriame, les
personnes souffrant de ces troubles ont accès à du réconfort, du soutien de
qualité, mais surtout d'une écoute spécialisée et de l'encadrement
respectueux.
Sincèrement,
je tiens à vous remercier du fond du coeur. Votre travail est remarquable. Vous
permettez à de nombreuses personnes de se retrouver et de se réaliser
pleinement à nouveau. Cette maison leur tend une main, sans jugement, et les
accompagne dans leur long combat.
À
tous ceux et celles qui vivent avec des problématiques alimentaires, sachez que
la Maison L'Éclaircie est là pour vous, vous n'êtes pas seuls.
Bravo pour ces
25 ans de gestes empreints d'humanisme! Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Richelieu,
la parole est à vous.
Remercier
les premiers répondants et le personnel soignant ayant
sauvé la vie du jeune William St-Louis—Allard
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond :
Merci, Mme la Présidente. La semaine dernière, notre communauté a été ébranlée
par un grave accident sur la route 132,
à la hauteur de la municipalité de Saint-Robert. William, qui aura 14 ans
en mars prochain, a été happé par une voiture alors qu'il se dirigeait à
son aire d'attente pour l'autobus.
Heureusement,
le jeune homme s'en est sorti. Il est présentement à se remettre tranquillement
avec l'aide de sa famille, qui ont eu, on peut le comprendre, la peur de
leur vie.
J'aimerais
donc prendre un moment, Mme la Présidente, pour féliciter et remercier du fond du coeur les
pompiers, policiers, ambulanciers et
le personnel soignant de l'hôpital, ainsi que tous ceux et celles qui ont
littéralement sauvé la vie de
William. Je remercie tout particulièrement les pompiers Maxime Grenier et
Sylvain St‑Onge d'être restés auprès du jeune homme dans l'ambulance
tout au long du parcours vers l'hôpital.
Au nom des citoyens de Richelieu, je souhaite un
prompt rétablissement à celui que sa maman appelle affectueusement son
petit guerrier. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée de Gaspé, la
parole est à vous.
Souligner le succès de la
cérémonie du jour de
la Marmotte du village de Val-d'Espoir
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Mme la Présidente, le 2 février, nombreux sont les Québécois à avoir les yeux
tournés vers la Gaspésie, où Fred la marmotte fait sa prédiction quant à
l'arrivée du printemps.
Initiée
par M. Roberto Blondin il y a 12 ans, cette tradition est désormais
bien ancrée en Gaspésie et même au-delà, puisque Fred junior est aujourd'hui
comparé au célèbre Phil de Pennsylvanie, la marmotte la plus populaire au
monde.
Pandémie
oblige, l'édition d'hier a eu lieu de façon virtuelle grâce à la polyvalence
des organisateurs et à l'apport de nombreux collaborateurs et partenaires, que
je salue. Comme des centaines de Québécois qui ont choisi de s'établir en Gaspésie au cours des derniers mois, Fred
junior a opté pour le télétravail, faisant ainsi un clin d'oeil à tous ces
néo-Gaspésiens et à ceux qui songent à en faire autant.
Je
tiens à féliciter M. Roberto Blondin ainsi que tous les bénévoles, qui ont
su s'adapter aux circonstances et assurer le succès de l'événement.
Merci de faire vivre cette tradition année après année.
Hier,
Fred junior n'a pas vu son ombre et nous a annoncé un printemps précoce plutôt
que hâtif. Espérons qu'il soit chaud et ensoleillé afin que nous
puissions en profiter pleinement. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, pour conclure cette rubrique, M. le député de Mégantic.
Souligner la création d'un
comité Garderie par
des partenaires de la MRC du Granit
M. François Jacques
M. Jacques :
Merci, Mme la Présidente. Je tiens aujourd'hui à souligner la création et les
actions du comité Garderie de la MRC du
Granit, formé notamment pour trouver des solutions en manque de places en
service de garde en milieu familial afin d'appuyer les
entreprises de la région dans leurs efforts de recrutement de main-d'oeuvre.
À la suite
d'un sondage mené auprès de jeunes familles, le comité a eu l'idée de lancer
une campagne visant à recruter de
nouvelles responsables de services de
garde grâce notamment
à des incitatifs financiers, une façon innovante de pallier la problématique,
qui pourrait être déployée dans d'autres régions.
Je
veux souligner l'engagement de tous les intervenants dans ce dossier,
les membres de la Table des partenaires
en développement des communautés de la MRC du Granit et les représentants du
Défi 2025. Ce que vous êtes en train de réaliser démontre la forte mobilisation de notre milieu. Continuons à
collaborer pour développer nos services afin de répondre aux besoins de
l'ensemble des citoyennes et des citoyens de la circonscription de Mégantic.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 4)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Bonaventure.
Accorder des ressources
supplémentaires pour les
services de santé de la MRC d'Avignon
M. Roy : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 144 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les citoyens de la MRC d'Avignon ont droit au même niveau de services de
santé que les autres Québécois;
«Considérant que l'Hôpital de Maria a déjà l'un
des plus hauts ratios d'habitants par lit au Québec;
«Considérant
que les services d'urgence offerts à Campbellton, au Nouveau-Brunswick, ont connu plusieurs ratés au cours des derniers mois et des
dernières années;
«Considérant que le CLSC de Matapédia a une
salle qui pourrait servir pour la radiologie;
«Considérant que la COVID-19 met une pression
importante sur le réseau de la santé;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de mettre en place, au plus vite, les ressources nécessaires pour offrir
des services de santé adéquats aux citoyens du secteur ouest de la MRC
d'Avignon.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Bonaventure, pour une
deuxième.
Acquérir les anciennes terres des Soeurs de la Charité afin
d'améliorer l'autonomie alimentaire du Québec
M. Roy : Merci encore,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 027 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le virus de la COVID-19 nous a
permis de réaliser que nous avons intérêt à développer notre autonomie sur l'ensemble
de nos besoins dans la mesure du possible;
«Considérant que le volet de l'alimentation de notre population
se doit d'être une priorité de notre gouvernement
québécois, à la suite du lancement de la publicité du Panier bleu qui nous
encourage à consommer des produits d'ici;
«Considérant qu'un nombre croissant de Québécoises
et de Québécois souhaitent pouvoir s'alimenter de production locale biologique, produits par
nos cultivateurs sur nos terres;
«Considérant que le gouvernement du Québec a
choisi de maintenir la vocation des ex-terres des Soeurs de la Charité de l'arrondissement de Beauport de la
ville de Québec en les conservant dans le giron des terres zonées agricoles;
«Considérant qu'un projet parrainé par le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et en collaboration avec
des intervenants du milieu agricole pourrait y voir le jour;
«Considérant que ce futur organisme y développerait un
centre de production maraîchère avec des serres amovibles pour
les quatre saisons sur des parcelles à dimension humaine;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement
du Québec de procéder à l'acquisition
de la totalité des anciennes terres
des Soeurs de la Charité de la ville
de Québec, arrondissement Beauport,
pour accentuer l'autonomie alimentaire de la nation québécoise.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, cet extrait de pétition est déposé. Maintenant,
nous poursuivons avec M. le député de Gouin.
Augmenter le financement du soutien à domicile
pour des soins de longue durée
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par
2 998 pétitionnaires. Et je le fais, je le précise, pour ma collègue
députée de Sherbrooke. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la pandémie [de] COVID-19
a mis en lumière le fait qu'au Québec deux fois plus de personnes âgées habitent en hébergement collectif — CHSLD,
RI, RPA — qu'ailleurs
au Canada, favorisant ainsi l'éclosion de foyers de
contagion et provoquant une situation humanitaire désastreuse dans les CHSLD;
«Considérant que vieillir chez soi est le choix privilégié par
une large majorité des personnes âgées au Québec quand des
soins et des services répondant à leurs besoins sont facilement accessibles là
où elles résident;
«Considérant que le
Québec ne consacre qu'environ 19 % de ses dépenses en soins de longue
durée au soutien à domicile alors qu'il a
été démontré dans plusieurs pays qu'un soutien à domicile financé adéquatement — c'est-à-dire plus de 50 % du budget des soins de longue durée — s'avère une option moins coûteuse pour l'État que
l'utilisation de ressources collectives d'hébergement;
«Considérant que,
selon le mode de financement actuel par établissement, il n'est pas garanti que
les sommes consenties au soutien à domicile soient effectivement dépensées à
cette fin;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement
du Québec d'augmenter
substantiellement la part du budget alloué spécifiquement au soutien à domicile dans les budgets des soins de
longue durée et d'instaurer une allocation financière de soutien à l'autonomie basée sur une évaluation
rigoureuse des besoins des personnes âgées, leur permettant ainsi d'avoir
accès à des soins et des services personnalisés et de vivre là où elles
choisissent de demeurer.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cet extrait de pétition est déposé. Merci, M. le
député. Vous en avez une deuxième? Alors, allez-y.
Inclure les perfusionnistes
cliniques aux professions énumérées dans
l'arrêté ministériel 2020-035 concernant les primes de rétention
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Je dépose maintenant
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 257 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les perfusionnistes cliniques ont été exclus de [l'arrêt]
ministériel 2020-035 sur les primes de rétention, alors qu'ils sont
des professionnels de la santé au même titre que les infirmières, les
infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et autres titres professionnels du
domaine de la santé;
«Considérant
que les perfusionnistes cliniques ont été inclus dans les autres arrêts
ministériels, tels que l'arrêté 2020-007 sur leurs conditions de travail permettant des changements à
leur horaire de travail et la suspension des vacances;
«Considérant
que les perfusionnistes cliniques travaillent principalement aux soins
intensifs et en salle d'opération dans les centres hospitaliers désignés
zone rouge, côtoyant ainsi des patients positifs à la COVID-19 ou critiquement
malades en attente d'un diagnostic pour la COVID-19;
«Considérant
qu'aucune explication de la part des instances ministérielles n'a été formulée
pour justifier l'exclusion des perfusionnistes cliniques de
l'arrêté 2020-035 sur les primes de rétention;
«Considérant
que, depuis le début du paiement des primes de rétention, à la mi-août, les
perfusionnistes cliniques sont les seuls professionnels de la santé parmi les
équipes de soins, allant de l'infirmière au préposé à l'entretien
ménager oeuvrant en soins intensifs et en salle d'opération, qui ne reçoivent
pas la prime de rétention;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au ministre de
la Santé et des Services sociaux
d'inclure les perfusionnistes cliniques du Québec dans
l'arrêté 2020-035, rendu public le 10 mai 2020, et ce, de
manière rétroactive.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Cet extrait de pétition est
déposé. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Mercier.
Mettre en place des mesures
visant la réduction du gaspillage alimentaire
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par
8 412 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
commerces, les institutions et les industries du Québec gaspillent de grosses
quantités de nourriture viable;
«Considérant
que ces aliments viables sont ensuite dirigés vers des sites d'enfouissement,
générant des émissions de gaz
à effet de serre;
«Considérant
que des milliers de personnes à faibles revenus peinent à se nourrir
convenablement à cause des prix élevés des denrées alimentaires;
«Considérant que les
banques alimentaires ont continuellement besoin de denrées pour aider les plus
démunis;
«Considérant
qu'il existe plusieurs concepts de réduction à la source, dont la
déshydratation et la transformation;
«Considérant
que le Québec n'a actuellement aucune réglementation concernant
la gestion des denrées viables non vendues;
«Considérant
que la problématique du gaspillage alimentaire comprend plusieurs paliers et
enjeux [environnementaux, sociaux], culturels et économiques;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec :
«D'interdire
aux commerces, institutions et industries du Québec de gaspiller ou
d'éliminer la nourriture viable;
«D'obliger les
commerces, institutions et industries à se doter de plans de réduction du
gaspillage alimentaire, notamment en développant des partenariats avec les
organismes de quartier;
«D'investir
dans l'élaboration des nouvelles infrastructures et dans l'éducation
écoresponsable de tous, pour encourager notre société à de meilleures
pratiques en matière de lutte au gaspillage alimentaire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Cet extrait de pétition est déposé. Maintenant, M. le leader de l'opposition officielle.
Modifier le nom des stations du Réseau
express métropolitain
de l'arrondissement du Sud-Ouest et de l'Île-des-Soeurs
M. Fortin : Oui, merci. Merci, Mme la
Présidente. Au nom de mon collègue le
député de Jacques-Cartier, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 1 286 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Whereas
more than 3 million Quebeckers have Irish origins;
«Whereas the 1847 famine brought more
than 70,000 Irish nationals to Québec, who were
added to Montréal's then total
population of 50,000;
«Whereas French Canadians provided
assistance to their new neighbors, through acts of humanitarianism, the clergy,
the Soeurs grises and the Soeurs de la Providence cared for thousands of
survivors who arrived in Québec in a lamentable state after eight to 10 weeks of transatlantic voyage in poorly
outfitted sailing ships;
«Whereas
the Irish found refuge in Québec and worked hard as labourers and longshoremen in the Champlain
neighbourhood of Québec City
and in the Pointe-Saint-Charles and Griffintown neighborhoods of Montréal;
«Whereas the late Mr. Bernard
Landry, Premier of Québec from 2001 to 2003, was of Acadian
origin and had no ties to Griffintown other than the
Cité du multimédia, located near the proposed site of the REM station;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«We,
the undersigned, ask the Government of Québec to ensure that the names for the REM stations located in the Southwest Borough and Nuns' Island take
into consideration the Irish community's preference; that the former be named "Griffintown" and that the latter
"Bernard Landry", to pay tribute to both Mr. Landry and Quebeckers of Irish heritage.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cet extrait de pétition est déposé. Merci, M. le leader de l'opposition officielle.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Stratégie gouvernementale en
matière d'éducation
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Merci, Mme la Présidente. Alors, ce vendredi, des
milliers de parents comme moi allons recevoir le bulletin de nos enfants. Et
évidemment on est anxieux de voir les résultats, mais on ne sait toujours pas
si ce bulletin-là va valoir 30 %, 40 % ou 50 %.
Ce qu'on sait, par
contre, c'est que les équipes-écoles ont travaillé d'arrache-pied pour
accompagner les jeunes pendant toute la
crise sanitaire. Beaucoup d'incertitudes ont été créées parce que, justement,
il n'y avait pas de plan de match de la part du ministre de l'Éducation.
Concrètement
parlant, nous demandons la chose suivante, trois choses que nous demandons au
gouvernement : un, bonifier le
programme de tutorat; deux, régler rapidement les négociations collectives dans
l'ensemble du personnel scolaire pour éviter des interruptions de cours; et,
troisièmement, tenir un sommet pour définir les actions à prendre pour
récupérer le retard qui a été pris durant la
pandémie mais aussi pour penser l'avenir de la réussite éducative. Il est grand
temps que la réussite éducative, que la persévérance scolaire fassent
partie des priorités.
Est-ce que le premier
ministre va répondre favorablement aux trois recommandations?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je
suis heureuse d'entendre la cheffe... Oh! Pardon. Je suis heureuse
d'entendre la cheffe de l'opposition amener le sujet de l'éducation, ce matin,
parce qu'effectivement, s'il
y a une chose qui est une priorité nationale et une priorité pour notre
gouvernement, et, j'en suis certaine, pour tout le monde ici, c'est bien
l'éducation.
Et
je vais profiter du sujet de sa question pour remercier à nouveau tout le
personnel enseignant, les équipes‑écoles, les directions d'école, l'ensemble du réseau de l'éducation, qui est au
front depuis 11 mois, aussi, qui fait d'énormes efforts qui ont fait en
sorte qu'on a été capables de maintenir nos écoles ouvertes, Mme la Présidente,
et ça, je pense que tout le monde ici
en est heureux, nos écoles primaires, secondaires, et même chose, évidemment,
pour le réseau de l'enseignement supérieur, bien que ce soit à distance.
Mais donc je veux remercier ici tous les membres du réseau de l'éducation.
La
cheffe de l'opposition officielle le sait, il y a des négociations qui sont en
cours. On espère en arriver bientôt à une entente. Mais ce dont on... ce sur
quoi on a toujours été très clairs, c'est qu'on veut améliorer les conditions
de travail des enseignants pour
qu'ils aient davantage des meilleures conditions mais aussi plus de soutien aux
élèves. On veut augmenter reconnaissance qui devrait être due à la
profession enseignante au Québec, combiné, évidemment, aux investissements
majeurs qu'on fait dans la rénovation de nos écoles, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En première complémentaire.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Mme la Présidente, le premier ministre n'arrête pas de dire que l'éducation est
la priorité, la vice-première ministre vient
de le redire également, mais le dire et le faire, ce sont deux choses. Le
gouvernement caquiste doit maintenant passer de la parole aux actes.
Il y a trois
recommandations sur la table. Est-ce que, oui ou non, ils vont répondre
favorablement à ces trois recommandations?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien,
effectivement, on le dit, on le redit, et surtout on l'incarne. Je parlais tout à l'heure de notre volonté
affichée depuis maintenant plus de deux ans, puis j'inclus la dernière campagne
électorale là-dedans, là, notre volonté
affichée d'améliorer nettement les conditions de travail de notre personnel
enseignant, entre autres par une
bonification salariale, mais aussi par des conditions d'exercice de leur
travail beaucoup plus alléchantes que ce qu'ils ont connu dans les
précédentes années libérales.
Il
faut quand même se le dire, le parc-école était fortement désuet, à notre arrivée,
beaucoup de manque de ressources spécialisées dans nos écoles. On a investi des
sommes importantes pour rénover notre parc-école, pour les cours d'école,
pour ajouter des orthopédagogues, des éducateurs spécialisés, etc., dans nos
écoles. Donc, on a fait énormément de choses, Mme la Présidente, pour redonner
toute sa noblesse qui devrait accompagner la...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En deuxième complémentaire.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Mme la Présidente, «l'heure du redressement national en éducation a sonné».
C'était le premier ministre en 2018.
Selon le premier ministre, il était temps de donner une nouvelle impulsion. Or,
le gouvernement a fait les manchettes,
en éducation, plutôt pour les mauvaises raisons. N'est-il pas temps pour le
premier ministre de prendre les choses en main au cabinet du ministre de
l'Éducation?
Plutôt
que de chercher à sauver le ministre Roberge, est-ce qu'il n'est pas temps de
sauver plutôt l'année scolaire?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : ...
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Pour le masque,
pardon. Donc, on s'habitue tous avec le masque, aujourd'hui, désolée, je
ne l'ai pas reporté.
Donc, alors, effectivement, donc, oui, oui, oui,
l'éducation. Puis je n'ai pas le choix, Mme la Présidente, de rappeler que,
quand on est arrivés, on héritait, là aussi, comme en santé, d'ailleurs, des
années libérales, où il y a eu énormément de négligence en termes d'infrastructures scolaires et aussi de
soins au personnel de notre réseau enseignant. Mme la Présidente, il manquait de ressources, il manquait d'argent
pour rénover les écoles, pour construire des écoles. On a lancé le projet des
nouvelles écoles signature, qui seront un
legs important, patrimonial et significatif en éducation pour les générations
futures. On a...
• (10 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : ...
Mme Guilbault : ...implanté les maternelles quatre ans, on a aboli les
élections scolaires. Mon collègue...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En troisième complémentaire.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Mme la
Présidente, toujours en novembre 2018, le premier ministre ajoutait :
«L'éducation va être la première priorité de
mon gouvernement.» Le premier ministre dit depuis maintenant 22 ans que
l'éducation est la pierre angulaire
de son projet politique. Peut-il maintenant
passer de la parole aux actes et accepter les propositions que nous
mettons sur la table aujourd'hui?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, Mme
la Présidente. Bien, j'ai déjà été
quand même assez étoffée dans mes propos sur tout ce
qu'on a fait en éducation depuis plus de deux ans.
Mais, quand la cheffe de l'opposition nous dit
comme suggestion : Il faudrait régler les négociations, bien, Mme la Présidente, je lui annonce que, les négociations, il y en a à une certaine
périodicité avec tous les corps d'emploi de la fonction publique et des réseaux, puis on les règle aussi vite que
possible, mais il faut quand
même le faire dans le respect des
parties prenantes, Mme la Présidente. Et ce qui va être différent cette année des précédentes
négociations vécues avec les précédents gouvernements, c'est que nous,
on joint l'action aux intentions en offrant... en s'assurant qu'on va effectivement bonifier les conditions de travail du personnel enseignant. Il faut le faire dans le respect de la
capacité de payer des contribuables. Mais, Mme la Présidente, nous tenons à
notre personnel enseignant...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. En deuxième... Principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Programme de tutorat pour les élèves en difficulté
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bien, écoutez,
c'est... Juste pour que les gens nous suivent, il y a quand même un vox pop des
enseignants, qui sont vraiment outrés parce
que les négociations piétinent depuis maintenant presque un an. Puis hier ce
n'est pas les enseignants qui étaient dehors, c'est le personnel de soutien,
c'est des dizaines de milliers qui ouvrent nos écoles puis qui ferment nos écoles, qui prennent soin de nos enfants
chaque jour. Eux autres aussi, ils sont fâchés. Alors, aujourd'hui, on
vous demande vraiment de nous démontrer, là, que l'éducation est une véritable
priorité.
Alors, de façon encore plus spécifique, prenons
juste le programme de tutorat, êtes-vous prêts, là, aujourd'hui, à élargir la
base de tuteurs pour inclure tous les étudiants? Est-ce que c'est normal qu'au
Québec on va laisser de côté les étudiants
au baccalauréat en littérature alors qu'on sait que, nos enfants, on estime à
environ 30 % le taux d'échec en français?
Est-ce qu'on va laisser les étudiants en mathématiques, actuariat de côté alors
que le taux d'échec, au niveau du secondaire, 30 % aussi, qu'il est
évalué?
Est-ce que ça, au moins, vous êtes capables de
vous engager aujourd'hui pour élargir la base de tuteurs?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse, Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, je suis contente que l'opposition
reconnaisse l'importance et la portée
du programme de tutorat, qui est un programme qui, on le rappelle, est unique
au Canada. Nous sommes les premiers à avoir cette mesure.
Bien sûr, on
a réinvesti des gens dans le milieu. On a pu faire en sorte, avec une
plateforme, de récupérer des gens qui sont à la retraite, de récupérer
aussi des étudiants pour pouvoir porter main-forte.
Maintenant,
mon collègue ministre de l'Éducation est toujours en constante conversation
avec le milieu pour améliorer les
choses. Alors, encore une fois, il sera à l'écoute du milieu pour évaluer les
besoins. Et, s'il y a des ajustements à faire, s'il y a des choses à
faire, il sera très certainement à l'écoute.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Le programme est tellement unique qu'il n'existe pas encore. La réalité, c'est
la suivante : depuis le printemps dernier, nos élèves du
secondaire, partout au Québec, ne sont pas retournés sur les bancs d'école.
Déjà au printemps dernier, des experts disaient :
Il y aura un retard. À l'automne
dernier, la fédération des directions d'établissement le disait
clairement : 30 % à 50 % des élèves au Québec en situation
d'échec en français et en mathématiques.
Donc, est-ce
que vous êtes prêts à aller plus loin cette fois-ci? Par exemple, les
enseignants à la retraite, êtes‑vous prêts à au moins mettre un
incitatif financier pour les appeler en renfort?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse, Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui, Mme la Présidente. Encore une fois, il y a énormément de mesures et de
ressources qui ont été données, depuis le début de la pandémie, pour justement
s'assurer que nos élèves réussissent. Évidemment, on est dans une situation qui
est excessivement difficile, de sorte qu'il faut trouver des façons aussi
d'améliorer les choses. Le tutorat est une mesure qui est très porteuse. Ça se
met en branle. Bon, avec Allô prof, entre autres, il y a déjà des choses qui se
font. On continue de voir à l'évolution. Et, encore une fois, mon
collègue ministre de l'Éducation est à l'écoute des besoins du milieu.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
...rapidement, là, on s'entend, là, la pandémie a commencé en mars dernier. On
est le 3 février, le décret a été signé pour aujourd'hui pour Tel-Jeunes
puis Allô prof. Nous, on veut que ce soit plus rapide, oui, mais il faut encore le bonifier. Le ministre a tardé.
Il a reconnu lui-même qu'il a tardé, il aurait dû aller plus vite. Il a attendu
des mois avant d'aller de l'avant. Alors, maintenant, là, il y a des
parents qui, eux, de leur côté, n'ont pas tergiversé, ils ont déjà
engagé des tuteurs privés.
Est-ce qu'au moins
vous êtes capable de vous engager, vous, aujourd'hui, à dire que vous allez
rembourser à la hauteur de 500 $, un crédit d'impôt remboursable pour les
parents?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
Mme Isabelle
Charest
Mme Charest :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Encore une fois, je réitère que mon ministre de
l'Éducation est à l'écoute des besoins. Plusieurs mesures ont été mises
en place pour contrer les effets de la pandémie. On va continuer d'écouter nos gens sur le terrain pour peaufiner,
pour améliorer les ressources qu'on va mettre en place. Mais évidemment il
reste encore beaucoup de travail à faire.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Stratégie
de dépistage de la COVID-19
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, Mme la Présidente. Hier, le premier ministre a annoncé un relâchement de
certaines mesures sanitaires, soit, mais,
comme il l'a dit lui-même, on est encore bien loin d'avoir gagné la bataille.
Avec les vaccins qui arrivent au
compte-goutte, avec la présence des variants qui pourraient être plus
contagieux, plus mortels, il y a encore énormément d'incertitudes sur la
route, et ça, ça devrait nous amener à la plus grande prudence. À partir du
moment où on relâche certaines mesures, bien, on prend le risque qu'il y ait
plus de contacts, donc plus de cas, donc plus de transmission. Le gouvernement a donc toute la responsabilité de
mettre en place tout pour éviter que la situation ne se dégrade à nouveau.
En
ce sens, Mme la Présidente, est-ce qu'il n'aurait pas été plus prudent que le
gouvernement annonce aussi, hier, une véritable stratégie de pistage et
de traçage et un déploiement massif des tests rapides dès les prochains jours?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse, M. le ministre délégué à la Santé et
Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie la députée de Maurice-Richard pour sa question. Et la bonne nouvelle, en fait, puis ça, je tiens à remercier tous les
Québécois, c'est que, grâce au fait qu'on ait suivi les mesures, et principalement le couvre-feu, depuis les
dernières semaines, on a pu faire un certain allègement dans différentes régions.
Comme
on le dit depuis le début, toutes nos initiatives sont suivre les consignes de
la Santé publique. Si on peut faire cet allègement-là, c'est que le RT, le
ratio de transmission, est bien en deçà de un à travers le Québec. Et, dans
certaines régions, le taux de transmission
communautaire est vraiment très, très faible, ce qui explique les deux types de
division. Donc, on peut aller de l'avant avec les allègements, tel que souscrit
par la Santé publique.
Maintenant, quant à
notre technique de traçage et dépistage, elle s'est nettement améliorée. On a
augmenté les ressources de façon
significative. On a plus de 3 000 personnes qui font du traçage. Et,
quant au dépistage avec les tests rapides,
je crois que mon collègue ministre de la Santé en a parlé abondamment hier.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Première complémentaire.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, Mme la Présidente. J'ai bien entendu sur la question des tests rapides,
sur le dépistage. Hier, le premier
ministre a annoncé un retour en classe des étudiants des cégeps et des
universités au moins une fois par semaine. On comprend très bien ce qui sous-entend
cette décision, mais on en revient à la même question : augmenter les
contacts, c'est forcément augmenter les
risques de transmission. Alors, avant d'installer des étudiants dans des
auditoriums d'université pendant
trois heures, est-ce qu'il ne serait pas plus prudent de déployer des tests
rapides pour prévenir la présence de cas positifs?
Donc, ma question :
Est-ce qu'ils vont le faire, oui ou non?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse, M. le ministre délégué à la Santé et
Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
Mme la Présidente, clairement la députée de Maurice-Richard n'est pas d'accord avec la Santé publique sur ce point-là. Le ministre de la Santé a
expliqué hier qu'en janvier un document a été envoyé à tous les P.D.G.,
décrivant la technique de dépistage
et l'utilisation des tests rapides. On a deux types de tests rapides,
ID NOW, Panbio, qui vont être déployés lors des éclosions. Tout est
bien indiqué, dans les milieux où ça peut être utilisé, quand est-ce que ça
peut être utilisé. On l'a expliqué plusieurs
fois, qu'on est hésitants à cause de l'efficacité de ces tests-là. C'est la
décision... c'est ce que la Santé publique nous a dit. Il y a eu déjà deux
breffages qui l'ont expliqué. Un médecin qui n'était même pas à la Santé
publique est venu appuyer cette initiative de la Santé publique.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
M. Carmant :
Alors, Mme la Présidente, nous, on suit notre Santé publique.
• (10 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Deuxième complémentaire.
Mme Marie
Montpetit
Mme
Montpetit : Mme la Présidente, dire que les tests rapides vont créer
un faux sentiment de sécurité, c'est aussi ridicule que dire : On ne
vaccinera pas parce que ça pourrait créer aussi un faux sentiment de sécurité. C'est la même chose,
on est dans le même débat que les masques.
Par
rapport au plan, là, le plan, là, dont le ministre parle, je vous invite à le
lire, si vous ne l'avez pas lu, parce
que, dans ce plan-là, c'est un
appel à projets. Ça ne mentionne pas du tout dans combien d'écoles ça va être
déployé, dans combien de RPA, dans combien
de cégeps, dans combien de milieux de soins, dans combien de CHSLD. Il n'y a
aucune description de plan précis, dans le plan.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, Mme la Présidente, depuis le début, on dit que la situation est évolutive
et il faut s'adapter. Alors, si on disait
dans combien d'écoles dans chaque région, comment ça devait se déployer, le
plan serait non valide après quelques semaines d'évolution.
Donc,
ce qu'on fait, c'est des lignes directrices qui sont appliquées partout au Québec
selon la situation épidémiologique, qui évolue partout. Donc,
clairement, on peut utiliser ces tests lors des éclosions pour nous permettre
de retirer rapidement certains individus.
La
Santé publique ne s'y fie pas assez pour aller au niveau où la députée de Maurice-Richard veut aller. Maintenant, nous, on continue
à suivre notre Santé publique depuis le début de cette pandémie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Principale, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
Encadrement
des déplacements interrégionaux
en contexte de pandémie
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. Hier, le premier ministre a annoncé une bonne nouvelle pour les régions du Québec, mais le
soulagement n'a pas duré longtemps.
Les
Québécois, les Québécoises qui habitent en Abitibi-Témiscamingue, en Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent, en Côte-Nord, bien, ils se demandent
aujourd'hui, ce matin, en fait, comment le gouvernement va faire pour que le
virus ne se promène pas sur le territoire
québécois. Hier, ils s'attendaient à une réponse ferme. Imaginez leur surprise
quand ils ont eu l'impression
d'entendre Justin Trudeau leur parler, parce que la position du gouvernement du
Québec sur les déplacements
interrégionaux, c'est celle qu'avait M. Trudeau sur le contrôle des
frontières il y a quelques jours à peine, une position qui insupportait le premier ministre, c'est-à-dire :
Faites-le pas, s'il vous plaît, mais, si vous le faites, il n'y a rien
qui va se passer. Ce n'est pas convaincant, ce n'est pas suffisant.
Je
veux rappeler à la vice-première
ministre que la capacité hospitalière,
dans bien des régions du Québec, elle est extrêmement fragile, et que ça
ne prend pas grand-chose pour que le système craque.
Il est où, le plan pour encadrer les
déplacements interrégionaux au Québec?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse, Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Bien, le plan qui a été annoncé hier,
effectivement, c'est un plan d'assouplissement modeste et mesuré dans certains
endroits du Québec, en fonction de la situation épidémiologique. La raison pour laquelle il est si modeste, c'est justement
parce qu'on continue de s'inquiéter,
Mme la Présidente, malgré une
amélioration globale de la situation
épidémiologique dans l'ensemble de la province. Puis ça, je pense qu'on peut
prendre le temps de remercier les Québécois. C'est grâce à eux si on est capables de
contrôler et même de voir diminuer le nombre de cas et le nombre
d'hospitalisations, entre autres.
Mais il y a
cette présence des variants et il y a la lenteur de livraison de la vaccination. Donc, tout ça fait en sorte que les
améliorations ou, disons, les assouplissements qu'on a annoncés hier sont somme
toute modestes.
Mais, Mme la Présidente, sur la question des
déplacements interrégionaux, il y a déjà, en ce moment, une forte
non-recommandation de ne pas se déplacer d'une région à l'autre... de se
déplacer d'une région à l'autre, c'est-à-dire. On décourage fortement les
Québécois, actuellement, de ne pas se déplacer d'une région à l'autre, sauf
pour des raisons urgentes ou essentielles,
comme le travail, comme des raisons humanitaires. Donc, cette
non-recommandation-là va se maintenir
au-delà du 8 février. On compte sur la bonne foi des Québécois. Et nos
policiers travaillent jour après jour pour faire respecter l'ensemble
des mesures sanitaires, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Ce que la vice-première ministre nous dit, c'est : En ce moment, c'est non
recommandé, donc les gens ne se
déplacent pas, donc on n'a pas besoin de barrages. Pourquoi est-ce qu'on en
aurait besoin? Bien, la réponse à
cette question-là, c'est parce qu'en ce moment les mesures sont pareilles
partout. À partir de la semaine prochaine, elles ne seront plus pareilles
partout. Alors, des raisons, là, de passer d'une région à l'autre et
potentiellement d'y faire entrer le virus, ces raisons-là, à partir de
lundi, elles vont exister.
C'est quoi, le plan de la vice-première ministre
pour ne pas que ça arrive?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, Mme la Présidente. Donc, la première chose
qu'il est important de mentionner, c'est qu'on suit toujours les recommandations de la Santé publique. Or, la Santé
publique ne recommande pas d'instaurer des barrages routiers à ce
stade-ci. On sait tous que la situation évolue, Mme la Présidente. Si quelqu'un
nous avait dit en février qu'il y aurait des barrages en avril ou en mai, là,
je ne sais plus exactement à quel moment on les a mis... Mais, donc, on ne sait pas l'avenir. Mais, pour le moment, la
Santé publique ne nous recommande pas... Et ça se comprend quand on pense au fait que nos policiers sont déjà très,
très actifs sur le terrain, notamment en surveillant l'application du
couvre-feu et en surveillant la quarantaine des gens qui arrivent de
voyage. Près de 7 000 constats d'infraction ont été remis depuis le 10 janvier, au Québec, Mme la Présidente.
Donc, je pense que ça prouve que nos policiers sont actifs, sont sur le terrain
et s'assurent de l'application des mesures sanitaires.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En terminant.
Mme Guilbault :
Et le fait est que la situation...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
La situation, elle s'est certes améliorée, mais, la vice-première ministre le
disait elle‑même, elle est très fragile. Il y a quelques mois, là, le
Saguenay—Lac-Saint-Jean
est passé de zone orange à rouge. Pourquoi? Parce
qu'il y a eu notamment de la location de chalets et des rassemblements
familiaux, et c'est leur directeur de la santé publique régional qui l'a
confirmé. En ce moment, tout est en place pour que la situation, comme celle-là,
se reproduise.
La Santé
publique n'a jamais recommandé la fermeture des restos, le gouvernement l'a
fait. Pourquoi ils ne mettent pas en place des mesures de contrôle entre
les régions?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, Mme la Présidente. Le leader de la deuxième opposition a bien raison de
pointer les rassemblements privés comme étant un élément très préoccupant et un
élément très problématique dans la situation épidémiologique
qui s'est envenimée, et c'est justement pour ça qu'on maintient le couvre-feu
partout. Oui, il y a un petit amendement
pour l'heure, un peu plus tard, dans les zones orange, les quelques zones
orange, 10 % de la population — il faut quand même rappeler, Mme la
Présidente, 90 % des gens restent en rouge, avec les règles telles qu'on
les connaît à ce jour — mais le couvre-feu demeure partout. Donc,
ça, c'est une mesure qui est efficace, c'est pour ça qu'on la maintient puis c'est pour ça qu'il faut s'assurer que nos
policiers la fassent respecter. Et aussi les restaurants, si on pense aux
restaurants qui vont ouvrir, entre autres, en zone orange, vont devoir
procéder par réservations, avec un registre, avec une preuve d'adresse.
Donc, Mme la
Présidente, je remercie tous...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En principale, Mme la députée de Gaspé.
Mesures d'aide directe aux entreprises
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Mme la Présidente, malgré les changements aux mesures sanitaires annoncés hier, c'est
près de 90 % des restaurants qui vont demeurer fermés et 100 % des
bars.
Les
programmes sont défaillants depuis le jour 1. Parmi les problèmes, il y a
les critères trop contraignants et l'aide qui prend trop de temps à se rendre aux restaurateurs. Or, si l'argent
ne se rend pas ou prend des semaines à se rendre, on n'est pas plus
avancés. C'est le processus qui doit changer.
Au
Parti québécois, on a proposé de garantir que l'aide soit versée en sept jours
maximum. On sait que, pour certains de nos restaurateurs, une journée de
plus sans liquidités signifie la faillite.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre peut s'engager à ce que toute demande
d'aide soit versée dans un délai maximal de sept jours?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, merci. Merci pour la question. C'est très pertinent,
effectivement, aujourd'hui.
Ce
matin, nous avons annoncé une amélioration de l'aide, le programme AERAM, où
nous permettons aux commerces qui
vont réouvrir, restaurants ou commerces, d'avoir un montant additionnel de
15 000 $ pour ceux qui ont été fermés pendant 90 jours et
un montant de 30 000 $ pour ceux qui ont été fermés pour plus que
90 jours.
Je
dirais aussi que, depuis quelques mois, la procédure suivie par les MRC sur
remplir les formules, qui sont rendues très simples, on a cinq pages, et non
pas recto verso, on a maintenant un délai d'à peu près une dizaine de jours
entre la demande d'application et le paiement. On aimerait pouvoir
réduire ce délai-là encore plus, je le concède.
La
bonne nouvelle, c'est que le programme additionnel que nous mettons en place
s'appuie sur les fondements de l'AERAM, qui,
maintenant, est beaucoup mieux et bien rodé par rapport à ce que nous avions au
mois d'octobre dernier.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Première complémentaire.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Mme la Présidente, le ministre nous répond qu'il aide les
entreprises, mais les montants dont il parle, ce sont, en réalité, des
prêts. Il contribue surtout au surendettement avec ses prêts.
Autre
proposition que je fais au ministre pour simplifier l'aide et pour réduire
l'endettement de nos restaurateurs, c'est de mettre en place un programme
modulé en fonction de l'écart entre les ventes mensuelles et celles du même
mois l'an dernier. C'est cet écart
qui déterminerait l'aide accordée. Est-ce que le ministre va appliquer notre
proposition pour simplifier et réellement bonifier l'aide en place?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, je remémorerais la députée que le programme est
effectivement un prêt pardon, mais on
comprend que le 15 000 $ des frais fixes représente 80 % du
prêt. Le montant additionnel que nous avons accordé, ce matin, de
15 000 $ ou de 30 000 $ va pouvoir repayer la partie
remboursable du prêt. Donc, je pense que, quand on caractérise l'assistance que nous mettons en place, de
15 000 $, c'est pas mal de l'aide directe. Le processus d'octroi de prêt
est un processus qui, selon nous, est très rigoureux, pour s'assurer que les
établissements aient besoin de liquidités.
Puis
je rappellerais aux gens que nous avons quand même, en l'espace de presque un
an, aidé 7 000 entreprises avec 900 millions de dollars de prêts,
qui est inégalé ailleurs au Canada. Donc, je pense...
• (10 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En deuxième complémentaire.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : C'est 63 % des restaurants qui nous disent qu'ils ne
seront pas rentables avant un an, Mme la Présidente. Le ministre commence à me
connaître. Moi, j'insiste. Ses programmes ne sont pas adaptés. Les restaurateurs et tenanciers de bars s'enfoncent. J'ai
fait une suggestion récemment pour les aider, c'est de plafonner les frais de livraison par le biais d'un décret. Mais,
au lieu de s'activer sur ce problème urgent, le gouvernement, lui, réfléchit
à un projet de loi. La session est commencée, et on n'a pas vu l'ombre d'un
projet de loi.
Qu'est-ce qui empêche
le ministre de procéder par décret pour contrer les abus des multinationales?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, effectivement, mon collègue ministre de l'Agriculture
travaille sur le dossier. Il y a eu
des communications avec les trois groupes qui font la livraison, soit UberEats,
Skip et DoorDash, et un des trois a baissé
ses frais de livraison, les autres sont en discussion. Il y a deux provinces
qui ont fait un décret ou ont fait un changement de loi. Nous analysons ça. Pour l'instant, avec la réouverture qu'on va
voir dans les zones orange, je pense que la situation est relativement
sous contrôle.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Projet de réseau structurant de
transport en commun à Québec
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci. Écoutez, à Montréal, en
matière de transport en commun,
collectif, on est bien desservis, le REM n'est pas encore terminé qu'on annonce phase II, phase III.
Alors, c'est sûr qu'il y a des gens qui se posent la question
quand on regarde ici, à Québec, la Capitale-Nationale : Qu'est-ce
qui se passe en matière de transport collectif?
Il y avait un beau
projet sur la table. Donc, le maire est d'accord. Québec, tout semblait être au
beau fixe. Le premier ministre disait qu'il
endossait le projet, qu'il voulait qu'il y ait un tramway à Québec. Évidemment,
le fédéral est là, l'argent est sur
la table encore, parce qu'évidemment le ministre fédéral Duclos a dit : Ne
jouez pas à la roulette russe avec l'argent du fédéral parce qu'il y a d'autres
villes qui seraient intéressées à mettre la main sur 1,2 milliard de
dollars.
Alors,
c'est sûr que, quand on parle de transport en commun et qu'on compare, veux
veux pas, Montréal et Québec, c'est 3-0 pour Montréal. Pourquoi?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse, Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Je réponds évidemment,
en l'occurrence, de par ma fonction de ministre responsable de la
Capitale-Nationale, et c'est en vertu de cette même fonction que je vais
réitérer ce que j'ai dit en privé à ma
collègue de Saint-Laurent, soit la féliciter pour sa désignation comme
porte-parole dans l'important dossier de la Capitale-Nationale. Et je pense qu'en la désignation d'une collègue
aussi vigoureuse — et c'est
un compliment — que la
députée de Saint-Laurent, bien, ça démontre un certain intérêt, après deux ans,
pour la Capitale‑Nationale. Et j'ai même droit à ma première question,
aujourd'hui, donc, Mme la Présidente, vous m'en voyez ravie.
Et,
sur le transport collectif à Québec, bien, Mme la Présidente, je vais remonter
aux origines de ce projet-là, qui est
effectivement un projet très important, pour Québec, de transport structurant.
Il nous faut du transport collectif, structurant et efficace à Québec. Mais, ce
projet-là, nous, on s'est engagés rapidement, dans notre premier budget, à
financer le 1,8 milliard, qu'on avait toujours promis. Et qu'est-ce
qu'on a découvert rapidement? Il y avait un problème avec le financement fédéral à cause d'une entente qu'on appelle l'Entente bilatérale intégrée, négociée par le
précédent gouvernement libéral, qui donnait tout l'argent ailleurs qu'à Québec.
Donc, imaginez-vous donc, Mme la Présidente, que c'est la ville de Montréal
qu'il a fallu qui nous aide à aller chercher la part de financement pour Québec, parce que
le précédent ministre de la Capitale-Nationale, l'ancien député de Jean-Talon,
avait négligé de sécuriser des sommes...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Au contraire, l'argent du fédéral est bien là, le
1,2 milliard est encore là, et c'est sous votre leadership que le
ministre Duclos a dit : Ne jouez pas à la roulette russe, pas sous notre
leadership.
Alors, maintenant, la question est
assez claire : Qu'est-ce qui bloque? Parce que, clairement, ce
n'est pas au niveau de la mairie, et ce n'est visiblement pas avec le ministre
des Transports, parce qu'on n'a que de bons mots pour lui. Et évidemment le ministre Duclos fait partie aussi
des gens qui veulent voir le tramway finalement sur les rails. Alors, pourquoi
c'est 3-0 Montréal?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Donc, c'est ça, Mme la Présidente, si je continue
sur le financement, l'entente dure jusqu'en 2023, l'EBI, donc les sommes sont disponibles jusqu'en
2023. Et donc, quand on est arrivés, on s'est aperçus qu'on aurait des
grenailles pour Québec, pour le transport en commun. On a été obligés, mon
collègue qui était, à l'époque, président du Conseil du trésor, d'aller
négocier avec le fédéral, avec la ville de Montréal pour pouvoir aller chercher
des sommes dans cette enveloppe-là qui
autrement aurait été entièrement dédiées ailleurs qu'à Québec. Et ça, ça avait
été fait au vu et au su de l'ancien député de Jean-Talon, qui est un député de
Québec et qui était ministre responsable de la Capitale-Nationale dans l'époque de l'ancien gouvernement libéral.
Donc, Mme la Présidente, si on s'en était tenus à ce qu'avaient négocié les
libéraux à l'époque, on n'aurait même presque pas une cent pour le projet de la
part du fédéral.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
Mme Guilbault : Donc, au moins, on a réglé ça. Et, pour le reste,
on discute avec la ville pour s'assurer de la...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Écoutez, on peut détourner la question, il n'en reste pas moins que l'argent
est sur la table, pour le moment,
jusqu'en 2023. Alors, qu'est-ce qui bloque? L'argent est là, l'enthousiasme du
ministre du Transport est toujours là, même le premier ministre veut
voir le tramway sur les rails, le maire est prêt, le fédéral est prêt. Écoutez,
tout indique que ça bogue quelque part. La
seule personne que j'ai vue, dans les dernières semaines, derniers mois, dire
qu'elle ne voulait pas avoir un tracé
dans sa cour, c'est la ministre elle-même, ne voulait pas avoir de transport
collectif pour ses propres constituants.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, Mme la Présidente. Alors, une fois le
financement réglé, donc, il y a les conditions d'appui au projet qui ont toujours été très claires :
respect du budget, connexion avec la Rive-Sud et desserte adéquate des
banlieues. Donc, je ne sais pas si la
députée est familière avec les banlieues de Québec, mais, si je prends
l'exemple de Val-Bélair, de Loretteville, à l'est, donc, il y a toutes
sortes d'endroits dont il faut s'assurer que les citoyens de ces banlieues-là sont adéquatement desservis, raison pour laquelle
on travaille de près avec la ville de Québec pour améliorer le projet et
s'assurer qu'il est fait à la satisfaction de tout le monde, et surtout,
aussi, d'avoir cette vision intégrée de nos deux plus grands projets, le transport structurant de la ville et
le tunnel Québec-Lévis, qui, évidemment,
est notre projet. Et Québec ne sera pas en reste en termes
d'investissement en transport collectif et routier.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Principale, Mme la députée de Mercier.
Position
du gouvernement concernant l'exploration
et l'exploitation pétrolières
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Il y a deux jours, on a appris qu'une compagnie
pétrolière albertaine reluque le potentiel
pétrolier du golfe du Saint-Laurent. Encore, Mme
la Présidente, permettez-moi d'être
la millième personne à parler du jour de la marmotte, parce que c'est exactement
ça.
Une
entreprise à numéro détient des permis d'exploration et fonde tous ses espoirs
sur la CAQ pour ouvrir une porte qui n'a jamais été fermée définitivement. Mme la Présidente, la seule réponse à donner à cette compagnie albertaine et
toutes les compagnies albertaines pétrolières qui regardent notre fleuve, c'est :
Ici, au Québec, c'est non.
La semaine dernière,
l'État pétrolier canadien met la table pour un boom pétrolier en milieu marin
au large de Terre-Neuve. Justin Trudeau, lui, a fait son choix, c'est le
pétrole, et au diable la lutte aux changements
climatiques. Le gouvernement
du Québec a ici une opportunité en or pour faire un autre choix et fermer la
porte à double tour pour l'exploration et l'exploitation pétrolières dans notre
fleuve. Est-ce qu'il va le faire?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : En réponse, M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci,
Mme la Présidente. Je remercie la
collègue pour la question. Effectivement,
c'est un enjeu qui a refait surface dans l'actualité ces derniers jours.
Peut-être rappeler, par contre, qu'au niveau exploration pétrolière en territoire marin, il y a un moratoire, au
Québec, qui s'applique depuis de nombreuses années. Ce n'est pas un moratoire
qui est sur le point d'être levé, donc
l'exploration, l'exploitation pétrolière en territoire marin est tout
simplement impossible au niveau québécois.
Donc,
il y a encore une possibilité théorique, mais, tant que ce moratoire-là n'est
pas levé, cette théorie-là ne risque pas
de s'avérer. Le gouvernement n'a pas l'intention de lever le moratoire dans un
avenir prévisible. Et, si ça peut rassurer la collègue, un peu avant les fêtes, on a confirmé plusieurs aires
protégées en territoire marin, dont des aires protégées qui se retrouvent dans
des secteurs convoités par certaines pétrolières, et ces territoires-là
maintenant sont protégés de façon permanente.
Donc,
je peux rassurer la collègue, nous ne sommes pas à la veille de voir quelque
exploration pétrolière que ce soit dans le fleuve Saint-Laurent.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la
Présidente, je suis loin d'être
rassurée. Je parle de fermer la porte à double tour une fois pour
toutes, final... et le ministre me parle de moratoire. Mais un moratoire, par
définition, c'est temporaire.
Est-ce
que le ministre peut, aujourd'hui, profiter de l'occasion pour s'engager
fermement, officiellement, solennellement à ce qu'il n'y ait aucun développement pétrolier dans notre fleuve Saint-Laurent sous un gouvernement caquiste? Est-ce qu'il est capable de le
faire aujourd'hui?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Benoit Charette
M. Charette : Je tentais de rassurer la collègue avec les aires protégées qui ont été
confirmées dans ce territoire-là. Je tentais de la rassurer également en
disant qu'il n'y a pas de projet ou intention de lever le moratoire.
Ceci
dit, c'est peut-être important de rappeler à la collègue que nous vivons dans
une société de droit. Il y a des claims
qui sont convoités ou qui sont détenus par certaines entreprises, et la
meilleure façon de régler cette problématique-là ou cette situation-là, c'est de négocier avec ces compagnies pour
qu'elles cèdent leurs droits, comme ça a été fait sur d'autres territoires. Autrement, il y a des enjeux
juridiques qui s'appliquent, et, oui, nous sommes dans une société de droit et
on ne peut pas y faire fi.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
J'entends des tergiversations, des portes ouvertes. Le ministre... Ce qu'on
veut, c'est une promesse que ce
moratoire-là va tenir, et là il est plus inquiétant que rassurant, Mme la
Présidente. Selon le ministre fédéral de l'Environnement, on peut permettre à
Chevron et compagnie de forer au large du fleuve Saint-Laurent, et je cite,
«tout en soutenant le développement durable et en protégeant
l'environnement». Fin de la citation.
Est-ce
que le ministre pense la même chose que le ministre fédéral, à Ottawa? Est-ce
que ce gouvernement, qui se dit nationaliste, est d'accord avec Ottawa,
oui au pétrole et non à la lutte aux changements climatiques?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Benoit Charette
M. Charette :
C'est le propre, malheureusement, de Québec solidaire de prendre des théories
aussi farfelues que ce soit et les
transposer en réalités. Je pense que c'est difficile d'être plus clair, en
réitérant qu'il n'y a aucune intention de lever quelque moratoire que ce soit au niveau de l'estuaire, au niveau
du fleuve, au niveau du golfe Saint‑Laurent. Donc, c'est difficile
d'être plus clair que ça au niveau de la réponse.
Mais
en même temps je réitérais que nous vivons dans une société de droit. Mais,
pour ajouter au degré de protection supplémentaire, on a confirmé des
aires protégées permanentes au niveau marin dans ces mêmes secteurs‑là.
Donc, je pense qu'au
lieu de soulever des théories...
• (10 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
M. Charette :
...qui demeurent bien peu probables, il y a d'autres possibilités de questions
de la part de...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En principale, Mme la députée de Verdun.
Impact des décisions du gouvernement sur les
conditions de vie des femmes
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente. Alors, la pandémie a bouleversé notre quotidien, mais,
comme le démontrent les études, elle
a fait mal particulièrement aux femmes — précarité financière, anxiété, stress,
augmentation de la violence conjugale — sans oublier que les professionnels au front
pendant la COVID sont majoritairement des femmes. Je pense notamment,
bien sûr, aux infirmières, aux préposées aux bénéficiaires, aux éducatrices,
aux enseignantes.
Devant ces
constats, on pourrait penser que le gouvernement fait preuve d'une plus grande
sensibilité envers les femmes, mais
les décisions gouvernementales de la CAQ démontrent le contraire. Le projet de
loi n° 59 vient moderniser le régime de santé et de sécurité au
travail, protégera moins, moins les femmes. Il considère que les emplois
occupés majoritairement par les femmes sont à faible risque et il ne reconnaît
même pas leur spécificité.
La ministre de la Condition féminine a-t-elle
demandé à son collègue ministre du Travail de faire des analyses différenciées
selon les sexes avant le dépôt de ce projet de loi, oui ou non?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse, Mme la ministre responsable de la Condition féminine.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui, merci, Mme la Présidente. Effectivement, un projet de loi qui est très important, projet de loi qui... en fait, une loi qui n'a pas été révisée
depuis plus de 40 ans. L'objectif de mon collègue ministre au Travail, c'est vraiment de faire en
sorte de protéger davantage les travailleurs, une chose qui va très certainement
aider les femmes, puisqu'avec ce projet de loi là on va pouvoir aider, maintenant, 94 % des travailleurs, principalement dans le domaine de la santé
et de l'éducation, qui, évidemment, touche davantage les femmes. Il y a eu des consultations qui ont eu lieu dans les dernières
semaines, évidemment des discussions avec le ministre, et, encore une fois, il tiendra en compte de ces
consultations-là pour faire en sorte de faire des amendements
pour mieux répondre aux besoins des femmes.
Mais une
chose qui est très importante et un dossier sur lequel nous travaillons
ensemble, la collègue de Verdun et moi, c'est le dossier de la violence
conjugale. Pour une fois, enfin, on reconnaît la violence conjugale.
De grandes,
grandes avancées sont faites pour mieux protéger nos femmes dans leurs milieux
de travail. Alors, je pense qu'on peut se réjouir de ce projet de loi
là.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En terminant.
Mme Charest : Puis, encore une
fois, il y a de l'ouverture pour des amendements.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Première complémentaire.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Le ministre de la Justice a aussi oublié les femmes. On est
tous d'accord pour réformer le programme d'indemnisation d'actes criminels, mais
pas au détriment des femmes, pas sur le dos des femmes. On doit les aider, pas
les laisser de côté. Tel que rédigé, là, certaines femmes n'auront plus d'aide.
Comment la ministre de la Condition féminine
a-t-elle pu accepter cela? Je pense aux victimes d'actes criminels qui sont des
étudiantes ou des femmes à la maison et qui ne seront plus indemnisées.
Mme la ministre, oui ou non, vous allez prendre
leur...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En réponse.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
...merci pour la question. Puis ça va me permettre de préciser qu'elles seront
indemnisées parce qu'il y aura un
montant forfaitaire pour les personnes qui n'ont pas de revenu. Alors, encore
une fois, la réalité des femmes a été tenue en compte.
Et je
pourrais vous rappeler qu'on a fait un grand, grand bout de chemin. Je vous
rappelle le plan pour contrer la violence
faite aux femmes, de 180 millions, qu'on a déposé juste avant Noël. Alors,
je pense que le gouvernement est à l'écoute des femmes.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Deuxième complémentaire.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Je vous l'ai
dit, Mme la Présidente, la COVID a un impact plus important sur les femmes.
Malheureusement, le gouvernement caquiste en ajoute une couche en déposant des
projets de loi qui auront un impact négatif sur les femmes. Le projet de loi
n° 59, je le répète, protégera moins les femmes dans sa réforme, et le projet n° 84 va enlever le droit d'indemnisation à des femmes
victimes d'actes criminels.
Je
demande à la ministre de la Condition féminine de faire son travail et de faire
entendre raison enfin à ses collègues.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui, bien, en fait, je pourrais répondre les deux réponses que j'ai faites
précédemment. Je répète qu'avec le
projet de loi n° 84 les femmes qui n'ont pas de revenu ou les étudiantes
auront un montant forfaitaire, donc une indemnisation. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En principale, M. le député de D'Arcy-McGee.
Accès aux services en santé
mentale
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. À chaque fois qu'on interroge le ministre délégué, il
insiste que les listes d'attente en
santé mentale diminuent, même si la Vérificatrice générale a multiplié les
critiques sur la façon bancale dont ces chiffres sont comptabilisés.
Exemple, en 10 ou 12 minutes d'un appel de courtoisie, il est possible de
sortir des listes d'attente des personnes
qui réclament de l'aide ou sont vulnérables. Vous êtes en détresse, est-ce que
vous allez avouer la profondeur de
votre mal à un inconnu au téléphone? Les travailleurs sur le terrain qui
répondent, déjà surchargés et sous
pression, nous confirment qu'on leur demande de tout faire pour éviter de
placer les gens sur la liste d'attente pour une psychothérapie. Et,
aussitôt que la personne accepte le guide autosoins, elle est considérée
traitée et guérie.
Qu'est-ce
que le ministre va faire pour mettre fin à ce camouflage? Quand va-t-il assurer
la vraie transparence sur l'accès aux soins?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse, M. le ministre délégué Santé et
Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
Mme la Présidente. Bon, première
chose, là, il y a toute une histoire sur les appels qui ont été
faits avant Noël.
Premièrement, nous avons demandé aux gens de faire ces appels-là, et le but, c'était
de s'assurer que ceux qui étaient sur la liste d'attente aient un contact, pour
s'assurer que leur condition psychologique ne s'était pas détériorée, surtout
dans une période où on était particulièrement inquiets, celle du temps des
fêtes.
Deuxièmement, pour
enlever quelqu'un de la liste d'attente à partir des services sociaux généraux,
on m'a confirmé qu'il faut
avoir au moins deux services. Donc, un appel et on l'enlève de la liste
d'attente, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas les consignes que l'on fait,
il faut appeler au moins deux personnes.
Maintenant,
le problème le plus global de la santé mentale, et c'est ce
que je répète depuis plusieurs mois, c'est que ça prend un changement de culture
ici pour améliorer la situation de la santé mentale. Les gens, ils sont tannés de
frapper à des portes closes. Il faut
changer la façon dont on dessert les soins, il faut travailler tous ensemble
pour l'améliorer. Et la seule façon
de le faire, c'est de changer l'aspect d'un programme que l'on veut améliorer à
long terme, qui est le Programme
québécois pour les troubles mentaux. Oui, la psychothérapie aura sa place, je comprends cette nécessité-là, mais il y
a d'autres façons d'avoir des
soins.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
M. Carmant :
La détresse, c'est plusieurs choses, ce n'est pas toujours de la dépression.
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Première complémentaire.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Mme la
Présidente, il y a
des changements qui s'imposent, et vite. Les gens sur le terrain nous le
confirment : dès qu'une personne en
détresse qui attend des mois accepte une option moins dispendieuse, moins
adaptée, comme une thérapie de groupe
ou un guide d'autosoins, le compteur repart à zéro. Bon, il sort d'une liste
pour en rejoindre une autre, où il risque d'attendre, toujours dans la
souffrance.
Quand est-ce que le ministre
mettra fin à ce petit jeu?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Madame, le député de D'Arcy-McGee est-il en train de dire que la thérapie de groupe ne fonctionne pas? Je
veux dire, il y a des gens pour qui ça peut fonctionner, et il faut se servir
de ces gens-là. Quand on appelle le 8-1-1, Info-Social, on parle à des travailleuses sociales, des ergothérapeutes,
des psychoéducateurs, des gens qui sont formés, qui ont un code d'éthique pour travailler sur notre
santé mentale. Il faut respecter leurs capacités, il faut respecter leur
intégrité, il faut respecter leur
code d'éthique. Ces gens-là, on a besoin de leur aide. Ça suffit, de mettre les
gens en attente soit pour un psychologue soit pour un psychiatre et se
plaindre que les listes d'attente sont interminables.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
M. Carmant :
On veut modifier le modèle. Travaillons ensemble pour le faire.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Deuxième complémentaire.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Mme la
Présidente, la bonne thérapie à la
bonne place. Des personnes qui ont besoin d'une vraie thérapie se font
offrir une thérapie de groupe en présentiel, même s'ils habitent en zone rouge,
où elle ne serait même pas possible. D'autres
se font offrir en ligne alors qu'ils vivent dans un quatre et demie avec huit
personnes, donc aucune confidentialité,
aucun lien de confiance. La misère humaine s'accumule en cachette, mais les
chiffres officiels indiquent le contraire.
Est-ce que le ministre
va finalement intervenir et tout de suite?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En réponse.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Mme la Présidente, on intervient sans arrêt. Et c'est l'Association des
médecins psychiatres eux-mêmes qui m'ont
demandé de maintenir les thérapies de groupe parce que, dans le virtuel,
certaines personnes avec des
problématiques de troubles mentaux avaient de la difficulté à fonctionner avec
l'écran. Donc, on a permis, dans des circonstances sanitaires,
d'approuver les évaluations en groupe, dans des conditions particulières.
Maintenant, nous
avons contacté les psychologues et les autres pouvant donner de la
psychothérapie. C'est 1 000 personnes
qui nous ont répondu et qui sont prêtes à recommencer le travail de
psychothérapie pour diminuer les listes d'attente. Le projet commence tel que prévu cette semaine. On attend les
résultats le plus rapidement possible. Et, en diminuant la lourdeur pour
d'autres tâches, on va libérer la psychothérapie pour ceux qui en ont vraiment
besoin.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En principale, M. le député de Jonquière.
Position du gouvernement
concernant l'exploration et l'exploitation
pétrolières dans le fleuve Saint-Laurent
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Mme la Présidente, on a appris cette semaine que des intérêts albertains
convoitent toujours le potentiel
pétrolier du fleuve. L'entreprise en question détient huit permis d'exploration
pétrolière et gazière dans le golfe du
Saint-Laurent, totalisant 1 500 kilomètres carrés. La zone couverte par ces permis d'exploration
chevauche une zone marine qui a été désignée réserve de territoire aux
fins d'aire protégée par le gouvernement en 2020.
Pour nous, il faut
s'assurer de protéger les richesses naturelles uniques de notre territoire,
notamment les zones biologiques du
Saint-Laurent. L'avenir est à la transition énergétique et à la lutte contre
les changements climatiques, et pas à
l'exploration et à l'exploitation des hydrocarbures. Le ministre des Ressources
naturelles a dit que c'était prématuré de prendre une décision. C'est
incroyable.
Je
sais que le ministre de l'Environnement aime bien parler de théorie, mais là
c'est bien pratique, c'est bien concret. Est-ce qu'il va défendre
l'environnement et interdire toute exploration et forage dans le fleuve?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : En réponse, M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
M. Benoit
Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. La question est semblable à celle posée plus tôt par
la députée de Mercier, donc il ne
faut pas s'étonner que la réponse va y ressembler aussi. Mais peut-être
insister sur l'importance que le gouvernement accorde à la lutte aux
changements climatiques avec le plan qui a été mis de l'avant, accompagné de
plusieurs milliards de dollars, des
sommes jamais vues. Donc, oui, il y a une importance inégalée accordée à cet
enjeu qui devient l'enjeu de la planète entière, un petit peu comme la
pandémie.
Cependant,
au niveau de droits, ce sont des droits qui sont juridiquement légitimes. Donc,
il faut négocier avec ces entreprises-là pour qu'elles puissent éventuellement
les céder, comme ça s'est fait dans d'autres secteurs.
Donc, la possibilité, elle est réelle, mais, dans
l'intervalle, le moratoire est en selle. Il est en place depuis quelques années
maintenant, et il n'y a aucune intention de modifier ce moratoire-là, donc on
peut penser que la question demeure effectivement bien théorique.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Nous
allons maintenant passer à la rubrique Motions sans préavis. À la rubrique Motions
sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des
motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe
formant l'opposition officielle. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député des
Îles-de-la-Madeleine, le député de Chomedey et la députée de Marie‑Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce l'intention du gouvernement caquiste d'abolir le
Centre national d'excellence en santé
mentale, dont la mission est de soutenir le développement des meilleures
pratiques en la matière, alors que le contexte pandémique a démontré les
besoins criants et accrus en santé mentale;
«Qu'elle exige du
gouvernement caquiste qu'il renonce immédiatement à cette décision et qu'il
garantisse le maintien du Centre national d'excellence en santé mentale.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M.
Caire : Pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Comme il n'y a pas de consentement, nous allons maintenant passer à l'autre
motion sans préavis. Alors, je reconnais un
membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Je demande le consentement de l'Assemblée pour débattre de
la motion suivante conjointement avec le député de René-Lévesque et la
députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale souligne
que les événements survenus à la grande mosquée de Québec le 29 janvier
2017 représentent un geste de haine et d'intolérance inacceptable;
«Qu'elle rappelle qu'un devoir de
mémoire est nécessaire afin que de tels événements ne se reproduisent plus et
que l'intolérance n'a pas sa place au Québec;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement du Québec de faire du 29 janvier la Journée québécoise
de lutte contre l'islamophobie.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la cheffe. M. le... Est-ce qu'il y a un consentement pour débattre
de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Caire : Pas de consentement, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas... Oui,
M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Juste
souligner que nous... Il y a eu une erreur dans la lecture de la motion, le
député de René-Lévesque n'était pas conjoint à cette motion. Donc, juste
rectifier, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader, nous allons rectifier. Alors, nous en prenons bonne note.
Alors,
comme il n'y a pas consentement pour en débattre, nous allons poursuivre sur
notre troisième motion. Et je reconnais un
membre du troisième groupe d'opposition. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
la parole est à vous.
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Maurice-Richard,
le leader du deuxième groupe d'opposition, le député de Chomedey et le député
de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale constate
que lors de son annonce, le 2 février dernier, le gouvernement n'a pas
respecté le système d'alertes régionales déposé l'automne dernier;
«Qu'elle
demande au gouvernement de faire preuve de transparence et de cohérence en
rendant public les nouveaux critères de
santé publique et les mesures sanitaires associées, si tel est le cas, à
chacune des zones de couleur du système d'alertes régionales, soit pour
les zones verte, jaune, orange et rouge, respectivement.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Caire : Pas de
consentement, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement,
nous allons passer à la suivante. Alors, je
reconnais un membre du groupe formant le gouvernement. M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
Souligner
l'anniversaire de la signature de la «Paix des Braves»
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la cheffe de
l'opposition officielle, la cheffe du deuxième groupe d'opposition, le
député de René-Lévesque, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 19e anniversaire de la signature de la "Paix
des Braves";
«Qu'elle
salue cette entente historique qui marque une nouvelle ère dans les relations
entre le Québec et la nation crie;
«Qu'elle reconnaisse
que la Paix des Braves est mutuellement bénéfique;
«Qu'elle affirme que
cette entente a contribué à procurer une autonomie toujours grandissante à la
nation crie;
«Qu'elle
souligne qu'elle demeure à ce jour une source d'inspiration dans les relations
de nation à nation entre le Québec et les peuples autochtones;
«Finalement, qu'elle
souligne que de cette entente historique a mené à la signature, l'an dernier, de
la Grande Alliance.»
Merci. «Meegwetch.» «Thank
you.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion, M. le leader du
gouvernement?
M.
Caire :
Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, je comprends qu'il y a consentement, sans
débat.
Mise
aux voix
Alors,
je vais passer au vote. En application de l'ordre spécial, j'inviterais
maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer le vote pour leurs
groupes sur cette motion. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. En conséquence, la motion est
adoptée.
Avis
touchant les travaux des commissions
Alors, nous allons
maintenant procéder à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M.
le leader du gouvernement.
M.
Caire :
Merci, Mme la Présidente. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de la
culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 69, Loi modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et
d'autres dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, à la salle
du Conseil législatif;
La
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 67, Loi instaurant un nouveau régime d'aménagement dans les zones inondables des lacs et
des cours d'eau, octroyant temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à répondre à certains besoins et
modifiant diverses dispositions, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, à
la salle Pauline-Marois;
La
Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de
l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 h 30 à
18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission
des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels,
aujourd'hui, de 14 h 30 à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Aujourd'hui, il n'y a pas d'avis de la présidence.
Alors, nous sommes rendus à la rubrique Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Alors, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 9)
(Reprise à 11 h 19)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et nous en sommes aux affaires du
jour, et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 20) •
M. Schneeberger : Bonjour, Mme
la Présidente. Alors, je vous
demanderais d'appeler l'article 11 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 84
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je
vous remercie. À l'article 11
du feuilleton, M. le ministre de la
Justice propose l'adoption du principe du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement.
Alors, je suis prête à reconnaître la première intervenante, et ce sera Mme la
députée de Les Plaines.
Mme Lucie
Lecours
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, je suis très heureuse de procéder avec vous aujourd'hui, et ce, au nom du
ministre de la Justice et Procureur général du Québec, à l'adoption du principe
du projet de loi n° 84.
Cet important projet de loi propose une réforme majeure et
très attendue des régimes d'aide et d'indemnisation des personnes victimes
d'infractions criminelle. La Loi sur
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, qui est entrée en vigueur en 1972, n'a connu aucune réforme
majeure depuis sa création. Pourtant le besoin s'en fait sentir depuis
longtemps. D'importantes lacunes ont été soulignées à grand trait au fil
des années. Quelques modifications législatives à la pièce ont été faites par le passé, mais le tout était
nettement insuffisant. Le ministre est donc emballé, tout comme nous, les
membres du gouvernement, de pouvoir
enfin travailler sur cette réforme avec vous. Ensemble, nous pourrons bonifier
ce projet de loi et faire une réelle différence dans la vie des
Québécoises et des Québécois affectés par une infraction criminelle.
Je vais faire un
bref retour sur les consultations particulières. L'étape des consultations
particulières a permis de mettre en évidence
la nécessité d'une telle réforme. Nous avons entendu des témoignages qui nous
ont bouleversés. Depuis des années,
des personnes se sont vu refuser une aide essentielle en raison des limites de
la loi actuelle, notamment le fait que
l'infraction dont elles ont été victimes ne figure pas dans la liste des crimes
indemnisables. C'est le cas notamment des personnes victimes de certaines infractions, dont la traite des
personnes, le harcèlement et l'exploitation sexuelle. D'autres n'ont eu
droit à aucune aide, parce que l'infraction qu'elles avaient subie s'est
produite hors Québec.
Des groupes
d'aide aux personnes victimes et plusieurs experts sont venus aussi témoigner
de la difficulté à obtenir des services auprès de l'IVAC. Leur expérience doit
nous guider dans la suite des travaux. Je tiens aussi à souligner,
toujours au nom du ministre, l'immense
contribution de celles et ceux qui, avec courage et générosité, nous ont livré
leurs expériences. Ces témoignages nous rappellent l'urgence d'agir pour offrir
aux personnes victimes l'accompagnement et l'aide dont elles ont besoin
pour retrouver le chemin de la guérison.
Les
intervenants ont salué le dépôt d'une réforme qui, de l'avis très général,
répond à des revendications ignorées pendant des années par les gouvernements
précédents. Cette réforme en profondeur, et je répète, en profondeur, de
la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'actes criminels favorisera une conception plus humaine de l'indemnisation, et
ça, c'est important, plus humaine de l'indemnisation, orientée vers
l'accompagnement et le rétablissement des victimes. Elle prévoit notamment revoir la notion de personne
victime, justement, et lui accorder une plus grande reconnaissance. De plus,
comme vous le savez, la liste des infractions donnant ouverture à la loi sera
abolie.
Toutes
les infractions contre la personne seront désormais admissibles sans exception,
même celles perpétrées hors Québec. Les
demandes d'indemnisation concernant les infractions commises en contexte de
violence sexuelle, conjugale ou subie pendant l'enfance seront désormais
imprescriptibles. En outre, la prise en charge des personnes victimes sera immédiate et systématique, avant même que leur
demande d'indemnisation ne soit acceptée. Une avancée majeure. Elles pourront aussi bénéficier d'une aide financière
d'urgence pour couvrir leurs besoins de base et leur permettre de quitter une
situation où leur vie et leur intégrité est menacée.
L'une
des faiblesses du régime actuel est le manque de soutien psychosocial offert
aux proches, on l'a souvent entendu en
commission, il y a quelques jours, notamment les parents
d'enfants assassinés et les proches de personnes blessées. Le projet de loi prévoit
accroître cette offre en plus d'élargir à une plus vaste gamme de
professionnels, comme les travailleurs
sociaux ou les sexologues. Ces services sont essentiels au rétablissement des personnes
ayant subi une infraction criminelle ainsi qu'à leurs proches. Elles
doivent impérativement y avoir accès plus facilement et plus rapidement.
En terminant, chers collègues
des oppositions, et dans l'espoir que nous travaillions tous dans le même sens,
je considère fondamental de rappeler, au nom du ministre de la Justice, les
principaux objectifs de cette réforme : un, d'assurer une plus grande reconnaissance
des personnes victimes; deux, de remettre la personne victime au coeur du processus — j'aurais dû dire celle-là en
premier, mais elle vient en deuxième; d'offrir un meilleur accès à de l'aide psychosociale adaptée; et, quatre, d'assurer
un soutien plus équitable en vue d'aider les personnes victimes à reprendre
le cours de leur vie. Encore une fois, au nom du ministre, mais également
au nom de tous les collègues parlementaires, j'espère qu'avec ces
objectifs en tête nous travaillerons d'un effort commun sur ce projet de loi si
important pour la population québécoise.
Vous
savez, Mme la Présidente, je suis convaincue que nous parviendrons à
offrir à toutes les victimes d'infractions criminelles la meilleure réforme possible.
Les victimes ont assez attendu, il est temps pour nous de remédier à la situation.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Les Plaines. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans le respect de notre règlement,
vous allez me permettre d'exprimer ma
surprise que ce ne soit pas le ministre
de la Justice lui-même qui est
intervenu le premier. Et un projet de loi excessivement important, qui
lui donne l'opportunité de prendre la parole pour une heure s'il le désire... Un choix a été fait, du côté du gouvernement, que ce ne soit pas le ministre qui intervienne le premier. Va-t-il désirer se
lever en cette Chambre pour venir défendre
les tenants et aboutissants de son projet
de loi? Nous aurons l'occasion de le
constater dans les prochaines heures, Mme la Présidente. Mais j'ose espérer
qu'il aura l'occasion, qu'il se donnera l'obligation d'intervenir dans le
débat, de se lever en cette Chambre, parce que son intervention est
excessivement importante. C'est lui qui
propose le projet de loi, c'est lui qui doit le défendre. C'est lui qui devra répondre, Mme la Présidente,
éventuellement à des questions en cette Chambre. Puis ça a déjà commencé, pas
plus tard que ce matin, et j'aurai l'occasion d'y revenir avec ma collègue de
Verdun, porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine. C'est une de ses collègues, au ministre,
qui a eu l'occasion de se lever, mais ce n'est pas le ministre qui a eu
l'occasion de se lever ce matin.
Alors, projet de loi excessivement important, le ministre doit pouvoir, un, se
donner la capacité d'entendre ce qui se dit ici, de comprendre les
griefs qui sont soulevés, et ils sont très nombreux, Mme la Présidente.
Puis
vous allez voir, j'ai une heure, là, j'ai une heure, je vais prendre mon heure,
puis vous allez voir que je ne ferai pas
de temps, là. Je ne ferai pas du temps pour parler, pour parler, je vais manque
de temps pour soulever tous les
griefs qui ont été notés dans la consultation, dans les consultations,
je reviendrai là-dessus, qui se sont faites à la vitesse grand V, Mme la
Présidente. 20 groupes sont venus nous voir en deux jours et demi. Une
journée, on a passé huit groupes à cinq
minutes d'intervalle. C'est le genre de consultation où on disait :
Bon, quels sont les prochains sur la liste? Avez-vous eu leur mémoire? Tant bien que mal, ils avaient été capables
d'envoyer le mémoire à la commission. On allait imprimer le mémoire parce qu'on
était en virtuel. Financement, ils avaient commencé à parler, puis on avait le
mémoire entre les mains, puis on n'avait pas eu le temps de faire toute l'analyse.
Je
reviendrai également sur l'Association des juristes progressistes, qui a été,
je crois... oui, qui ont été les premiers à être entendus lors des auditions,
le 19 janvier, qui ont commencé le 19 janvier dernier, et qui sont
venus dire, Mme la Présidente, et vous allez me permettre de les citer...
D'abord,
qui sont les juristes progressistes, qu'est-ce que l'Association des juristes
progressistes? Cette association, Mme la Présidente, regroupe des avocats et
des avocates, des étudiantes et des étudiantes en droit, des travailleuses,
travailleurs du domaine juridique et des
juristes de divers horizons. L'Association des juristes progressistes regroupe
ces femmes et ces hommes qui ont un
intérêt tout particulier dans le contexte de l'indemnisation des victimes
d'actes criminels, et ils sont, et je les cite, conscientes et
conscients et croient fermement que «si le droit peut s'avérer un outil
efficace [la] lutte contre les inégalités
sociales, il peut également produire et reproduire de telles inégalités». Et
c'est comme ça qu'ils se définissent.
• (11 h 30) •
Bien,
eux, Mme la Présidente, ils ont dit, à la page 4 de leur mémoire, et je
les cite : «Nous considérons que
les enjeux sont nombreux. Nous
regrettons ainsi le court délai accordé pour soumettre ce mémoire, car nous n'avons
pu y aborder tous les points
problématiques du projet de loi n° 84 et nous doutons fortement que toutes
les voix pertinentes aient pu
se faire entendre. Nous considérons qu'avant de procéder à son adoption davantage
de consultations avec les acteurs, actrices du terrain seront nécessaires.»
Ça,
Mme la Présidente, c'est l'Association des juristes progressistes. On pourrait, de mauvaise foi, me dire : Ah! bien, le député de LaFontaine, lui, il participe
du problème puis il ne veut pas que ça se règle, il ne veut pas que ça avance.
Oui, nous avons voté pour le principe du projet de loi n° 84.
Nous sommes en faveur d'une réforme du régime de l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Nous sommes en faveur, on
a voté pour le principe. Par contre, comme les juristes progressistes et leur association, nous considérons que ça va
beaucoup trop vite. Dépôt du projet de loi... Mme la Présidente, le dépôt du projet de loi s'est
effectué le 10 décembre dernier, le jeudi 10 décembre dernier, la
veille de la dernière journée, de
notre départ pour du travail en circonscription. On a cessé de siéger le
vendredi 11 décembre. Alors, le 10 décembre, dépôt du projet de loi n° 84, le projet de loi n° 84... Puis il y a tellement de choses à dire,
Mme la Présidente, là, qui... Et dans le titre même on peut voir
l'approche, et je vais revenir sur le titre.
Je veux juste
fermer la parenthèse. Je veux juste marquer le point, marquer le coup, qui
n'est pas anodin. Nous aurons l'occasion,
Mme la Présidente, de vérifier si la collègue qui vient de se lever, qui
représente le ministre, tel qu'elle l'a dit... Je ne considère pas qu'elle remplace le ministre. Elle dit qu'elle le
représentait puis qu'elle parlait, évidemment, pour la banquette
ministérielle et pour le gouvernement et en faveur de ce que le ministre
propose dans le projet de loi n° 84, qui
nous est présenté comme étant la panacée à tout, mais on verra les détails un
peu plus loin dans mon intervention. Nous aurons l'occasion de vérifier, dans les prochaines heures, prochains
jours, qui sait, si elle aura été la seule intervenante et si le gouvernement
n'aura pris que six minutes pour défendre une réforme majeure,
190 articles nouveaux, de rédaction nouvelle, qui viennent abroger les lois du régime actuel, qui est, en
soi, oui, une réforme excessivement lourde, excessivement complexe. Et je pense qu'il est important que le
ministre puisse se lever en Chambre, puisse entendre également ce qu'on a à dire, parce que c'est lui qui va être là en
article par article puis qui va vous dire : Bien, je vous ai entendus, je
vous ai compris, puis voici comment on va modifier le projet de loi.
S'il ne nous entend pas, il ne pourra pas nous comprendre puis il ne pourra pas modifier le projet de loi,
mais ça ne l'empêchera pas de l'adopter, puis, qui sait, on touche du bois,
espérons-le pas, ça ne l'empêcherait pas, le
cas échéant, de l'adopter avec des écueils majeurs à l'intérieur. Et il y en a
plusieurs, des écueils.
Alors, je referme la parenthèse là-dessus. J'ai
hâte d'entendre le ministre sur le débat du principe, mais, jusqu'à maintenant,
force est de constater que ce n'est pas lui qui s'est levé en premier en cette
Chambre.
Alors, dépôt du projet
de loi le 10 décembre 2020, la
veille du départ. Tout le monde... Moi le premier, j'ai salué le dépôt du projet de loi en disant :
Bien, écoutez, une réforme, c'était attendu, c'était dans les engagements
également des partis
politiques, de réformer le régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Et là la première approche... Évidemment,
les gens l'ont lu en diagonale. Des experts et des expertes, Mme la Présidente,
ont rapidement, avec le micro des journalistes, puis c'est bien
correct, sous le nez dit : Bien, on salue ce dépôt de projet de loi,
on va prendre le temps de l'analyser et de
le lire, parce qu'il contient énormément de dispositions, et il y a des
dispositions particulièrement complexes.
Et là, Mme la Présidente, il y a eu la pause des
fêtes. Il y a eu rapidement... Évidemment, on voulait entendre plus de groupes, on voulait avoir plus de temps.
On aura entendu moins de groupes, on n'a pas eu beaucoup de temps. Je vous
dirais même qu'on n'a pas assez entendu de groupes puis on n'a pas eu assez de
temps. Rapidement, les auditions ont été
fixées les 19, 20, 21 janvier. On a entendu 20 groupes en deux
journées et demie, et, les groupes, Mme la Présidente, certains n'avaient pas eu le temps de déposer un
mémoire. Certains déposaient les mémoires l'avant-veille, la veille ou
une heure avant leur audition.
Et l'Association des juristes progressistes est
venue nous dire : Écoutez, c'est complexe. L'Association des juristes progressistes, Mme la Présidente, ce sont
des avocats, avocates, j'ai nommé qui participe de cette association-là,
qui sont particulièrement... qui sont spécialisés en matière d'indemnisation
des victimes d'actes criminels, avaient des choses
excessivement pertinentes à venir nous dire sur des concepts... puis, encore
une fois, il y a tellement d'éléments, sur des concepts... Par exemple, l'impact de la notion de faute lourde.
Quand vous êtes une victime, vous levez la main pour être indemnisée, si on peut démontrer que vous
avez fait, commis une faute lourde, bien, ça se peut que vous vous fassiez
fermer la porte puis que vous n'ayez pas d'indemnisation. On reviendra sur ce
concept-là. Il y avait des éléments sur lesquels on a pu discuter. Il y
avait des éléments également sur l'article 7, le devoir de coopération.
O.K., vous êtes une victime, vous voulez
être indemnisée, bien, vous devrez coopérer. Qu'est-ce que ça veut dire, ça,
Mme la Présidente? Le ministre nous a
dit : Ah! bien, vous savez, c'est ne pas porter plainte à la police, on ne
va pas exiger qu'il porte plainte à la police. Mais arrêtez de parler,
rendu là. Arrêtez, rendu là.
Alors, est-ce
que ça veut dire qu'on va obliger une personne, le cas échéant, à conter,
raconter et reraconter son histoire
alors que ça, c'est antinomique, c'est contradictoire puis c'est néfaste, dans
un processus réparateur, notamment pour des victimes d'agression
sexuelle, de un?
De deux, est-ce qu'on va obliger une victime à
venir témoigner? Bien là, n'oublie pas, là, n'oublie pas, on t'a indemnisée, puis tu as le devoir de coopérer.
Alors, c'est bien de valeur pour toi, tu trouves ça difficile, d'accord, tu vas
témoigner pareil. Le ministre n'a pas dit
qu'il n'y aura pas exclusion du devoir de témoigner, de l'obligation de
témoigner. C'est un autre élément.
Deuxième élément, puis ça, les gens vont
comprendre, à la maison, il y a un terme en droit qui s'appelle la subrogation. Subrogation, Mme la Présidente, si je suis victime et que l'indemnisation...
le régime m'octroie une somme
de 10 000 $ pour les dommages que j'ai subis, l'État est subrogé en
droit pour poursuivre le fautif, celui qui m'a causé le tort, jusqu'à concurrence de l'indemnisation qu'il m'a donnée. Tout
le monde a compris. L'État me donne 10 000 $, l'État se revire de
bord puis dit : Bon, bien, le 10 000 $ que j'ai donné au député
de LaFontaine, c'est toi qui l'as agressé, je te poursuis jusqu'à concurrence de 10 000 $. Il est
subrogé. Il prend le 10 000 $ qu'il m'a donné puis il peut poursuivre
pour d'autant.
Bien,
l'article 27, j'y vais de mémoire, l'article 27 oblige également la
victime à coopérer. Alors, vous voyez, ça, c'est une autre étape. On
m'indemnise, puis là je ne referai pas l'exemple que je vous ai donné, puis on
me demande de raconter mon histoire, de faire ci, de
faire ça. Aïe, tu dois coopérer, là. Présente-toi lundi. Ah! tu ne peux pas
lundi? Présente-toi jeudi. Bien là, si tu ne peux pas jeudi, regarde, il faut
que tu coopères, là. Tu te présentes jeudi puis tu vas reraconter ça au nouveau procureur au dossier. Tu vas témoigner. Ça,
c'est l'exemple lorsqu'il y a une poursuite criminelle. Le ministre n'a
pas dit que c'était exclu. Dans le contexte de la subrogation... Ça, c'est
à l'article 7. Article 27, dans le contexte de la subrogation, bien, le ministre, il veut ravoir son
10 000 $... pas le ministre, l'État, le régime d'indemnisation
veut ravoir son 10 000 $ qu'il m'a
donné, va poursuivre mon agresseur, puis moi, j'aurais un devoir aussi de
coopérer comme victime. Ça veut dire,
encore une fois, de revenir conter mon histoire au procureur ou à l'avocate au
dossier, de raconter mon agression,
et c'est ça... puis, dans un contexte d'agression sexuelle, notamment,
d'agression sexuelle aussi, dans certains contextes, de mineurs, Mme la
Présidente, il y a eu d'énormes drapeaux rouges qui ont été soulevés.
• (11 h 40) •
Pourquoi je vous conte tout ça? Ce sont des
éléments excessivement tangibles, excessivement tangibles, dont notamment l'Association des juristes
progressistes... dont sont venus nous parler les juristes progressistes. Et les
juristes progressistes nous ont dit,
Mme la Présidente... je vous ai lu l'extrait où ils disaient qu'ils
regrettaient le court délai et qu'ils auraient aimé apporter leur
éclairage sur d'autres dispositions. On avait d'autres questions, dans le temps
qui nous était imparti, puis ils nous ont dit : Bien, écoutez, tel autre
chapitre, là, tout l'autre pan de la loi, là... Ces dizaines et dizaines d'articles, ils n'ont même pas eu le temps de les
lire, ils n'ont même pas eu le temps de les analyser. Puis ils ont levé la
main : On va être présents, on va le
faire, le travail. Pouvez-vous juste nous donner un délai supplémentaire? Ne
partez pas tout de suite en peur, ils
n'ont pas dit ça de même, c'est moi qui les... Ne partez pas tout de suite en
peur en article par article. On aimerait ça, parce que c'est important puis
c'est notre devoir, des femmes et des hommes avocates, avocats, notamment,
dédiés, c'est notre devoir de vous
donner notre éclairage. Parce qu'eux, ils le vivent sur le terrain, avec les victimes, ce qui se passe, la vraie vie. Pas le ministre,
pas moi, pas les collègues; eux sur le terrain, avec les victimes. Oui,
comme député, on rencontre des
victimes, on rencontre des avocats, mais nous ne vivons pas le système,
ses écueils, la loi, ses limites, ce projet de loi, sa complexité, ce
pavé dans la mare.
Parce que, Mme la Présidente, c'est bien beau,
une réforme, mais je vais résumer ça comme ça, puis, comme législateur,
c'est une chose que je réalise de plus en plus... Vous savez, être député, on
peut dire que c'est une passion, c'est d'être près de sa population.
Il faut être dédié, il ne faut pas compter les heures, on sait tout ça. Mais
aussi, à quelque part, c'est
un métier qui s'apprend, être député. On est meilleur député après un certain
temps que le jour 1, c'est clair, ça s'apprend. Puis là on se rend
compte de certaines choses.
On se rend
compte, notamment, puis j'ouvre une parenthèse, que, tu sais, une politique
gouvernementale qui fait en sorte que tous les ministères
et organismes impliqués, par exemple, dans la lutte aux
violences conjugales... Bien, on va
faire une politique gouvernementale puis on va faire un plan d'action. Et là, Justice,
tu as des devoirs, tu as des délais, tu as une imputabilité, Santé, DPCP, et
ainsi de suite. Donc, j'ouvre la parenthèse pour pouvoir la refermer immédiatement, on se rend compte, comme législateurs, comme députés, parce que c'est un métier qui
s'apprend puis on développe : Ça, ça tient la route. Ça, c'est bon. Ça, c'est réellement tangible, c'est
précis, qui doit réaliser ça, selon quels délais, puis il y a
un rapport de mise en application par la suite, alors là vous êtes
imputable. Je referme la parenthèse.
Autre élément
qu'on apprend, dans notre métier de députés, on peut se donner, Mme la Présidente, bonne conscience puis dire : Aïe! l'indemnisation des victimes d'actes criminels, c'est vrai, c'est un régime qui a été
mis en place... la loi est de 1971,
il a été mis en place en 1972, ça va faire bientôt 50 ans... L'indemnisation des victimes d'actes criminels, ça a pris une vingtaine d'années pour que, déjà,
les gens lèvent la main puis disent : O.K., ça ferait 20 ans,
là, 1992, début des années 90, là, il faudrait réellement faire une
réforme de ça. Ça fait 20 ans, puis, sur le terrain, on a vu, il y avait
des écueils, et tout ça. Donc, ça fait une
trentaine d'années, début des années 90, qu'on dit : Ça prend une
réforme, ça prend une réforme, ça prend une réforme, tout le monde
s'entend là-dessus. Des groupes représentant des victimes — juste
pour faire mon point — sont
venus nous voir pour nous dire notamment, Mme la
Présidente : Bien, savez-vous,
on aimerait mieux garder le régime
actuel que de vivre demain matin avec la mouture du projet de loi n° 84. Ils sont venus nous dire ça, Mme la Présidente, des femmes et des hommes qui sont experts en la
matière. Je pense, entre autres, au Regroupement québécois des CALACS.
Regroupement québécois des CALACS, c'est un regroupement d'organismes,
les CALACS, qui accompagnent les
victimes, les premiers répondants, qui s'assurent d'identifier le besoin, d'épauler, d'accompagner,
d'offrir des ressources, de faire le suivi. Réellement, travail
extraordinaire. Eux sont plus spécialistes que n'importe qui en cette Chambre,
Mme la Présidente, quant à l'application de la loi, du régime actuel. Et, quant
aux besoins, ce sont les plus convaincus du
besoin, oui, de certaines modifications. Bien, dans le projet de loi
n° 84, ils sont venus nous dire, Mme la Présidente, qu'il fallait
ralentir le rythme. Il faut ralentir le rythme. S'il y a des gens qui sont
convaincus que ça prend une réforme, c'est
bien eux autres, c'est bien les juristes progressistes, c'est bien les autres
personnes qui sont venues nous voir mais ont dit : Ralentissez, vous allez
trop vite. Parce que ce n'est pas mieux, se donner, comme législateurs, bonne
conscience et dire : Aïe! «check
the box», si vous me permettez l'expression, livré. On a fait une réforme
complète, de fond en comble, du régime d'indemnisation des victimes
d'actes criminels.
Les CALACS
sont venus nous dire qu'à la lecture de certains articles ils avaient mal à la
tête, c'était complexe. Ils ne comprenaient pas. S'ils ne comprennent pas, eux
autres, Mme la Présidente, pensez-vous que moi, je vais comprendre le ministre puis que les collègues autour de la
table, on va comprendre? En tout cas, on va s'enligner en article par article
pour avoir énormément de questions. On va poser des questions, on va faire ce
qu'on peut, mais, Mme la Présidente, nous
n'aurons eu éclairage que, ce n'est pas réducteur, de la part qu'ils ont eue à
notre réflexion, mais nous aurions pu avoir plus que 20 groupes en
deux jours et demi, vitesse grand V, du 19 au 21 janvier dernier. Il y a
des groupes qui ont dit : Ralentissez.
Des groupes parmi les premiers convaincus que ça prend une réforme qui ont dit :
Ça va trop vite, c'est complexe.
Ils nous ont
parlé, entre autres... Puis, les collègues, je vous réfère à l'article 16
du projet de loi n° 84. Il y a même une spécialiste en la matière
qui nous a dit : Écoutez, je l'ai lu une fois, je l'ai lu deux fois, je
l'ai lu trois fois. J'ai eu des débats avec mes collègues avocates et avocats pour essayer de
comprendre l'article 16, qui fait plus qu'une page, et là-dedans il y a le concept de faute lourde, entre
autres, auquel on fait écho, puis qu'en fin de compte ils se rendaient compte
qu'ils ne le comprenaient pas, qu'ils avaient des interprétations différentes,
et qu'il ne faut pas manquer la cible.
Je reviens à
mon histoire et mon analogie de député législateur. C'est un métier qui
s'apprend. Un métier qui s'apprend, ce n'est pas réducteur, ça ne se veut pas
réducteur, c'est comment bien faire les choses. Boileau disait, l'écrivain
Boileau : «Hâtez-vous lentement.» Les
organismes, les premiers convaincus que ça prend une réforme disent : Ça
va trop vite, manque de consultation, manque de réflexion. On va prendre
le régime actuel, on va faire table rase. Parce que le projet de loi n° 84, Mme la Présidente, vient abroger notamment
deux lois. Il en abroge trois, mais
une qui n'était pas en vigueur. Il abroge notamment la Loi sur l'aide
aux victimes d'actes criminels — ça, c'est à peu près 23 articles — et la
Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, 29 articles, vient abroger complètement le régime et
vient déposer, là, des lois
de 23, 29 articles, 190 articles nouveaux. On va me dire :
Oui, mais les concepts ne sont pas nouveaux, les bases ne sont pas
nouvelles. La rédaction est nouvelle, Mme la Présidente, et le ministre a la
prétention, bien évidemment, que sa
rédaction nouvelle va changer les choses. Alors, qu'on ne vienne pas me dire :
Oui, bien, c'est toutes des choses entendues puis connues. Non. Je veux dire, il ne fait pas une réforme pour faire
une réforme, il veut changer des choses. Et il prétend, puis je pense qu'il a
raison, puis là-dessus je le suis à 100 %,
qu'il va réformer ça de façon majeure. Oui, mais est-ce qu'il va faire
le bien? Pas convaincu. Puis, dans certains cas, convaincu que non, Mme la
Présidente.
Alors,
190 articles. Dans la vraie vie — je finis mon analogie du métier qui
s'apprend — on se
rend compte qu'on pourrait se donner bonne conscience. On adopte une réforme
table rase de tout ce qui se fait, 190 nouveaux articles. Aïe! allez lire ça, c'est fantastique, on a fait
avancer le Québec! Nos avocates, nos avocats, au premier titre les victimes,
leur entourage, les CALACS, les organismes, l'IVAC qui décide de poser
la demande, acceptée, refusée, tout ce monde-là devront comprendre ce que des
spécialistes sont venus nous dire : On ne comprend pas.
Alors, Mme la
Présidente, une nouvelle loi, une refonte, lorsqu'elle dit : Bien, c'est
ça, le nouveau régime, et que ce
n'est pas clair, il y a des écueils, et que, contrairement à ce qui devrait
être l'intention, qu'il y ait une interprétation large et libérale, ce
n'est pas le cas...
Je veux dire,
nos gens sont bien intentionnés au régime d'indemnisation, les femmes et les
hommes qui travaillent là, bien, dans le doute, je veux dire, ils ne vont pas
en accorder. Ce n'est pas : Dans le doute, on l'accorde. C'est : Dans
le doute, on le refuse. Bien, ça, Mme la
Présidente, le risque est énorme, et c'est écrit dans le ciel qu'il y aura des
victimes qui vont dire : Aïe! en vertu de la nouvelle loi, ils
n'auront pas... que j'ai là. Ils vont dire : En vertu de la nouvelle loi,
moi, j'y ai droit puis voici ma demande,
tout ça. L'IVAC va regarder ça, l'IVAC va essayer de comprendre ce que veut
dire la loi puis, dans bien des cas, va dire : Non, refusé, refusé,
refusé. Là, on va dire : Ah! ça va suivre son cours.
La victime va
devoir, si elle a un refus — puis il va y en avoir, des refus, parce que
ce n'est pas clair puis, quand ce n'est pas clair, dans le doute, ils vont
refuser — devra
déposer une contestation. Il y aura révision. Puis, si la révision, à ce
moment-là, est toujours refusée, ce qui
arrive, dans bien, bien, bien des cas, dans trop de cas, probablement, devant
le tribunal il y aura contestation judiciaire. La victime devra, encore
une fois, raconter son histoire, recontextualiser, s'engager une avocate, un avocat, avec les délais que ça
importe, puis, en bout de piste, ne pas être sûre de l'interprétation que ça va
être donné. Autrement dit, une
réforme nouvelle qui n'est pas bonne, qui n'est pas claire et qui met plus de questions
qu'autre chose que des réponses, ça
se fait dans la vraie vie, c'est vécu sur le dos des victimes qui devront
déposer les demandes, se faire refuser, contester et développer ce qu'on
peut appeler un corpus jurisprudentiel.
Ça, ça ne se
fait pas en termes de semaines, de mois, ça se fait en termes d'années, Mme la
Présidente. Ça va prendre des années pour que cette loi-là ait l'avis,
l'interprétation de tout un chacun et ultimement du tribunal et que l'on puisse
se guider. Ça, pendant les prochaines
années, si d'aventure c'était adopté aujourd'hui, Mme la Présidente... Puis je
n'entends pas que le ministre a dit,
jusqu'à maintenant : Inquiétez-vous pas, nous allons avoir des amendements
nombreux et majeurs, ça va prendre des amendements nombreux et majeurs, très
clairement. Le ministre ne l'a pas encore dit clairement, et on aura
l'occasion, mais on n'est pas rendus là.
• (11 h 50) •
Nous devons
avoir, dans tous les sens du terme, l'éclairage additionnel des
groupes. Les groupes, les femmes et les hommes qui vivent le
système d'indemnisation sur le terrain doivent venir nous dire...
Puis certains
sont même venus nous dire... Un spécialiste, Mme la Présidente, Marc
Bellemare... Marc Bellemare, tout le monde le connaît, avocat dans la région de
Québec, spécialiste depuis des années, des années et des années notamment
des régimes d'indemnisation, régime
d'indemnisation des victimes d'actes criminels, est venu nous dire... Écoutez,
à ma première lecture, il était content, il était enchanté, même discours, même
approche, même affaire. Et là, durant le temps des fêtes, parce que ça a été déposé, le pavé, hein, dans la mare,
le jeudi 10 décembre, donc mi‑décembre, temps des fêtes, à un moment donné
on décroche un peu. Deux semaines, trois semaines après, il y avait les
auditions en... et puis Marc Bellemare est venu nous dire... Écoutez, il est spécialiste, il a lu une fois, deux fois,
trois fois la loi, et là il s'est rendu compte des écueils énormes qui
étaient inclus dans la loi, des écueils énormes dans la loi.
Et il y a eu
un témoignage, lors des auditions, Mme la Présidente, excessivement, je vous
dirais, percutant. Et, quand on entend ça d'un spécialiste qui plaide
pour une réforme, qui plaide pour une réforme... Qui, soit dit en passant, a
souligné le fait — j'ouvre
la parenthèse pour la fermer, mais c'est quand même révélateur — que,
quand le ministre de la Justice était dans l'opposition,
ils se parlaient sur une base régulière, mais, depuis qu'il est ministre, ils
ne se parlent plus. Donc, ça, il l'a
déploré, il aurait aimé ça être consulté, mais, comme le projet de loi est
déposé, est venu déplorer de façon très tangible des éléments contenus
dans le projet de loi.
Alors, il y a énormément de travail qui nous
attend, Mme la Présidente. Et, en ce sens-là, vous me permettrez donc de souligner... Parce que vous allez dire :
Bien, pourquoi vous avez voté pour le
principe, si c'est si mauvais que ça? On est pour le principe d'une
réforme. On est prêts, on veut puis on va faire le travail article par article.
Nous allons être excessivement proactifs. Nous déposerons de nombreux amendements puis pas pour le
plaisir de faire du temps, mais, si on n'a pas fait les consultations suffisamment
largement, Mme la Présidente, nous, dans notre métier de législateurs, bien, on va parler aux groupes au fur et à mesure de l'article 1, de l'article 2, de l'article 3,
et nous allons comprendre leurs récriminations,
leurs griefs, leurs préoccupations, et nous allons traduire ce qu'ils auraient
pu nous dire dans les consultations. Si
on les avait faites de façon suffisante, avec le temps nécessaire,
bien, le ministre aurait pu prendre ça, et, plutôt que ce soit nous qui essayons de lui faire
accepter nos amendements, il aurait pu dire : Bien, écoutez,
j'ai compris. Voici la série d'amendements, puis on s'enligne là-dessus.
Vous comprenez que, dans ce contexte dernier là, un article par article, ce sera excessivement plus efficace, je dirais, que de faire l'inverse,
que de mélanger des consultations par les
députés de l'opposition, qui auront
l'oreille des groupes puis des intervenants, qui vont traduire ça en
amendements, puis que, là, le ministre aura ici les bras croisés puis il
dira : Bien, écoutez, moi, ce n'est pas le son de cloche que j'ai eu.
Il y a des groupes aussi qui sont venus nous
dire qu'ils n'ont pas été consultés. Des groupes n'ont carrément pas été consultés par le gouvernement. Ils
auraient aimé ça être consultés parce que la réforme, c'est pour les victimes.
La réforme, c'est pour indemniser les
victimes. Ça aurait été le fun de consulter plus amplement les victimes puis
des groupes qui sont tout à fait de bonne foi, là. Je veux dire, ils ne sont
pas libéraux, ils ne sont pas Québec solidaire, ils ne sont pas Parti québécois,
c'est des groupes qui sont là pour les victimes d'abord et avant tout. La
partisanerie, eux autres, là, ils ne
veulent rien savoir de ça puis ils ont bien raison, Mme la Présidente. Ils sont
venus nous dire : Bien, on aurait aimé ça être consultés parce
qu'au premier titre c'est pour les gens qu'on représente, au premier titre
c'est pour nous.
Alors, en ce
sens-là, projet de loi réforme, oui. Effectivement, le projet de loi a certains
éléments qui ont été très positifs, qui ont été soulignés déjà, là, dès le
10 décembre et le 11 décembre, avant que nous partions dans nos
circonscriptions pour la suspension
de la session parlementaire, des éléments tels que l'abolition de la liste des
actes criminels. Le projet de loi a ceci de bon. Parce que, là, à un
moment donné, là, ça va être... vous allez dire : Bien, le député de
LaFontaine, il n'a trouvé que des choses
négatives à dire, il n'a même pas été capable de nommer une chose positive. Je
vais en nommer, des choses positives.
Le projet de loi abolit la liste des actes
criminels. Autrement dit, le Code criminel, c'est une loi fédérale. L'indemnisation, le régime actuel d'indemnisation
des victimes d'actes criminels dit : On va compenser, on va indemniser
les victimes si ils ou elles sont victimes de tel acte criminel, tel acte
criminel, tel acte criminel. On ne prenait pas tout le Code criminel, on prenait une liste... puis là on me corrigera si
j'ai tort, mais la dernière version que j'ai vue de la loi, il y avait 42, à peu près, au-dessus d'une
quarantaine, 42 infractions criminelles, puis là il y avait un choix puis
on disait, bien : agression
sexuelle, vol, meurtre et ainsi de suite, là, en sélectionnant. Bon. Et c'était
inclus dans la loi, en annexe, en disant : C'est uniquement,
exclusivement pour ces actes criminels là. Les autres, on ne les indemnise pas.
On verra plus
tard dans mon intervention que, pendant ce temps-là, la liste même, Mme la
Présidente, elle est limitative. Ce n'est pas tout le Code criminel, de un. De
deux, la liste, puis ça, on va s'entendre rapidement là-dessus, n'a
pas été mise à jour. Quand, par exemple, le
proxénétisme a été... C'est un peu technique, mais les gens vont comprendre à
la maison. Le proxénétisme a été déclaré par le fédéral, dans sa loi fédérale,
qui est le Code criminel, comme étant un crime contre la personne. En
étant un crime contre la personne, ça aurait dû normalement être admissible à
la liste de notre annexe provinciale puis
dire : Bien, nous, victimes de proxénétisme, on va les indemniser. Ça n'a
pas été fait, l'annexe n'a pas été changée.
Alors, le
projet de loi... Puis, en passant, dans la liste des 42, là, quelqu'un est venu
nous dire ça, là, avec beaucoup d'ironie,
puis la personne avait raison, là, je veux dire, dans la liste des 42, il y
avait, entre autres, le vol d'aéronef. Alors, il y a des semaines où il n'y en a pas de vol d'aéronef, et c'est
important de voir beaucoup plus large, et d'indemniser, puis de faire
avancer le Québec.
Alors, parfait, le projet de loi n° 84
vient abolir la liste. Il vient nous dire : Tous les crimes qui sont
inclus dans le Code criminel, oubliez la
liste des 42 ou peu importe le nombre, tous les crimes, si vous êtes victimes
de ça, vous êtes admissibles en vertu de la définition de victime d'acte
criminel au Code criminel. On vient de prendre l'entièreté du Code criminel, puis la dernière fois que j'ai vu
un Code criminel, c'était ça d'épais. Bravo! Le projet de loi abolit la liste,
c'était la première chose à faire dans une réforme.
Bon, maintenant,
Mme la Présidente, certains sont venus nous dire : Bravo! On abolit la
liste. Mais pourquoi être à la
remorque du Code criminel? Pourquoi nous, au Québec, on n'a pas ajouté des
éléments sujets à une indemnisation, qui n'est pas, comme tel, un acte criminel en vertu de la loi fédérale, du
Code criminel? Et, en ce sens-là, Mme la Présidente, il est important,
puis on aura le débat, de voir ce qu'on pourrait ajouter à l'intérieur de cela.
Il y aura un débat notamment sur le
harcèlement, harcèlement sexuel, harcèlement psychologique, les fraudes, les
fraudes commises envers nos aînés et le harcèlement commis envers nos aînés
également. Ce sont des éléments qui
vont au-delà du Code criminel. Pourquoi ne déciderions-nous pas, nous, au Québec, à l'Assemblée
nationale, société distincte,
d'inclure, nonobstant que ce n'est pas dans le Code criminel, ça à la
liste? On fera le débat là-dessus.
Autre élément positif qu'il faut souligner, Mme
la Présidente, évidemment, il s'agit de l'imprescriptibilité des agressions à
caractère sexuel, donc des dommages subis suite à une agression à caractère
sexuel, violence subie pendant l'enfance,
violence d'un conjoint ou ex-conjoint. Et ça, Mme la Présidente... Puis vous
allez me permettre ici de faire un petit historique de la loi québécoise
qui implique au premier titre le Code civil du Québec.
Alors, le
petit historique est le suivant. Socialement, en vertu de notre système de
droit, si vous êtes victime d'une agression, vous pouvez, au civil, je ne parle
pas d'une poursuite criminelle, je parle du civil, vous êtes... je suis victime
d'une agression sexuelle, je peux poursuivre
la personne qui m'a agressé pour dommages corporels, dommages psychologiques,
et ainsi de suite. Je peux poursuivre pour dommages. Il y avait historiquement
une prescription. Ça veut dire que j'avais trois
ans pour le poursuivre puis, si je ne le faisais, bien, je n'avais plus de
recours. Là, on s'est dit... Socialement, on a fait avancer le Québec la
première fois en 2013. Avec le projet de loi n° 22, en 2013, on est venu
changer essentiellement deux
choses, et ça, c'est à l'article... — je
vais nommer l'article parce que c'est toujours bon, pour celles et
ceux que ça intéresse, de savoir les articles — l'article 2926.1
du Code civil du Québec, 2926.1, Code civil du Québec. 2013, projet de loi n° 22 vient faire deux choses, vient
dire : La procédure visant la réparation d'un préjudice corporel résultant
d'un acte qui pourrait par ailleurs être une infraction criminelle, ce
n'est plus trois ans, c'est 10 ans. Alors, vous êtes agressé, une
agression qui pourrait se qualifier en vertu du Code criminel, vous avez un
dommage corporel à voir indemniser, vous
n'avez plus juste trois ans pour le faire, vous avez 10 ans. Et ça,
ça participe d'une prise conscience sociale que des victimes, notamment d'agressions sexuelles, ne
vont pas dénoncer... dans bien des cas, ne vont pas dénoncer dans le délai
qui était de trois ans. On a dit : On
va mettre ça à 10 ans. 2013, on fait avancer le Québec là-dessus, premier
élément. Et, toujours dans le
contexte du projet de loi n° 22, en 2013, il y avait un deuxième
élément, on disait... Je reviens avec les trois que j'ai nommés. On disait,
pour les victimes de trois choses, agression sexuelle, violence subie pendant
l'enfance et violence du conjoint ou d'un
ex-conjoint, ça, en 2013, on a dit : Ce n'est plus trois ans, ce n'est
plus 10 ans, ça va être 30 ans.
Alors, vous pourrez, dans ce contexte-là, poursuivre, puis on ne vous dira pas
que vous n'avez plus de recours, même si
ça fait 15 ans, 20 ans. On mettait la barre à 30 ans. Ça,
c'est en 2013, projet de loi n° 22. On a fait avancer le Québec,
puis je pense qu'on était rendus là.
• (12 heures) •
En 2020, pas
plus tard qu'en juin dernier, Mme la
Présidente, avec le projet de loi n° 55, on est venus collectivement changer le
dernier 30 ans dont je vous ai parlé pour les trois choses... préjudices :
agression sexuelle, violence subie pendant
l'enfance puis violence d'un conjoint ou d'un ex-conjoint. On a dit : Ce
ne sera plus 30 ans, ce sera imprescriptible. Oubliez le délai, que ça fasse 15 ans, 30 ans,
40 ans, peu importe, vous avez un recours en réparation de préjudices
corporels, préjudices psychologiques et autres, vous avez un recours. Ça,
c'est dans notre droit civil, Mme la Présidente.
Ce qui est important à noter — puis
vous allez me voir venir — le
bout de chemin qu'on a fait sur le 55, puis, je
veux dire, c'était tellement un élément qui faisait en sorte qu'autour de la
table, ici, à l'Assemblée nationale, nous étions tous des collègues qui voulions travailler pour faire avancer le Québec
là-dessus, l'imprescriptibilité — la prescription, ln va utiliser les termes,
la prescription, elle est extinctive si... ça veut dire qu'après trois ans, 10 ans
ou 30 ans vous n'avez plus de
recours, elle est extinctive, vous n'avez plus de recours, c'est la
prescription. Bien, on a dit : Pour ces trois éléments-là, ce sera imprescriptible. Il n'y aura pas
question de délai, jamais on ne pourra vous dire que vous êtes hors délai.
Parfait.
Dans ce contexte-là, juste pour montrer l'appui
autour de la table qu'avait ce projet de loi n° 55,
Mme la Présidente, le projet de loi n° 55 a été présenté
le 4 juin; huit jours plus tard, il était sanctionné, adopté et
sanctionné, huit jours plus tard, le 12 juin. Le projet de loi, et c'est
là que je vais faire un lien avec le bout de chemin — puis,
à l'époque, ça avait été présenté par la
prédécesseure de l'actuel ministre, la ministre de la Justice, actuelle
présidente du Conseil du trésor — unanime, projet de loi n° 55.
Le projet de
loi n° 55, à son article 4, vient dire :
«L'article [2926] du Code civil [...] s'applique à toute action en réparation
du préjudice corporel — puis
là on y va avec les trois éléments qui sont imprescriptibles — [...]sans
égard à tout délai de prescription applicable
avant l'entrée en vigueur de la [...] loi.» Autrement dit — je vais le dire autrement — l'imprescriptibilité, dans la logique du
projet de loi n° 55, était rétroactive. Rétroactif, en droit, ça
veut dire qu'on va faire, par fiction, que ce qu'on décide aujourd'hui, qu'il n'y a plus de délai, bien on va faire comme si ça a toujours été
le cas pour le passé puis les personnes pourront poursuivre, même si, en 1980,
ça faisait quatre ans que l'acte reproché avait été commis, puis
vous avez été victime, c'était trois ans à l'époque, ça faisait
quatre ans, vous étiez hors délais, vous
n'aviez plus de recours. Puis il y a même eu des recours qui ont été rejetés
sous la vieille loi, où, là, on disait : Bien, on sympathise avec vous... Le juge ou la juge
disait : On sympathise avec vous, mais, malheureusement, l'événement dont
vous me parlez, c'est arrivé après la prescription extinctive, vous n'avez plus
de droit, recours rejeté. Puis, quand un jugement, madame... la
stabilité juridique est fondée sur le fait que les jugements, quand ils ne sont
pas portés en appel, bien, ils sont finaux,
puis la situation est réglée, c'est final. Ce qu'on a fait, en juin dernier, en
huit jours, faire avancer le Québec, on a dit : Bien, même dans ces cas-là,
l'imprescriptibilité n'est pas pour, à partir d'aujourd'hui, celles et ceux
qui viendraient pour la première fois lever la main puis dire :
Moi, je n'ai jamais plaidé ça, je n'ai pas de jugement à mon encontre, mais c'est arrivé il y a 20 ans,
30 ans, on vient dire que c'est rétroactif. Bien, cette logique-là, Mme la Présidente, n'a pas été appliquée
dans le contexte du projet de loi n° 84.
Vous avez
tous... Mme la Présidente, vous avez entendu l'histoire, je pense, c'est
Rima Elkouri, de La Presse, qui avait reçu en entrevue une jeune femme qui, pour des
raisons évidentes, pour sa sécurité, notamment, il y a préservation de son identité, confidentialité quant à son
identité, elle... Lorsqu'on lui a parlé, parce qu'on lui a parlé durant les auditions en commission parlementaire, on l'appelait
Mme Lau Ga. Évidemment, c'est un nom fictif parce que l'on veut
préserver la confidentialité quant à
son identité, où est-elle, et ainsi de suite. Elle est venue nous dire, elle,
Mme la Présidente, elle a été
victime, début de 2020, elle a été victime de manipulation, et elle avait un
proxénète, et elle a été engagée dans l'horreur de la prostitution avec un proxénète, et est venue témoigner, dans le
contexte du projet de loi n° 84, pour déplorer ce que nous déplorons, ce que ma collègue d'Acadie,
vice-présidente de la commission, l'ex-vice-présidente de la Commission
sur l'exploitation sexuelle des mineurs...
Ma collègue
de l'Acadie était vice-présidente d'une commission qui réunissait d'autres
collègues, dont des collègues de la
banquette ministérielle, bien évidemment, dont le ministre responsable des
relations avec les nations autochtones, qui faisait partie de façon très active de la commission. Ils sont venus entendre, notamment,
des témoignages, soit le témoignage de Mme Lau Ga. Et, à ce
moment-là, le rapport a été déposé, et tous... Il était très, très clairement
dit que nous devons indemniser les victimes
de proxénétisme, les victimes, bien souvent des jeunes femmes, Mme la Présidente, qui, dans un contexte
excessivement néfaste, ont commis... ont fait de la prostitution dans un
contexte de proxénétisme, de manipulation et qui essaient de s'en sortir. Mme Lau Ga essaie de s'en
sortir. Son identité est cachée parce
que son proxénète de l'époque et sa gang cherchent à la retrouver. C'est le
contexte dans lequel elle doit reprendre en main sa vie. Elle est venue
témoigner dans la commission sur l'exploitation
sexuelle des mineurs. Et là, Mme la
Présidente, les attentes, après
l'audition, et depuis le dépôt du rapport,
et la compréhension générale étaient qu'il y allait avoir... évidemment,
il y allait avoir une indemnisation
des victimes de proxénétisme. Là, ce que l'on a appris, puis là on est tous tombés en bas de notre chaise, première
lecture du 10 décembre ne nous a pas permis de le faire, mais, dans les
semaines, les jours qui ont suivi, on s'en est bien rendu compte, puis
Lau Ga est venue nous voir, Mme Lau Ga est venue nous voir en
audition, c'est qu'elle, elle ne serait pas assujettie
à l'indemnisation. Elle a dit : Pourquoi? Oui, le
proxénétisme, à partir du moment où la loi sera adoptée,
si vous êtes victime après l'adoption
puis pour l'avenir, là, vous pourrez être indemnisée. Mais Mme Lau Ga
a été victime de cela... force est de
constater, le projet de loi n° 84 n'est pas adopté, elle veut s'en sortir,
elle s'en est sortie, elle a besoin d'aide, elle est victime de cela,
mais la loi n'est pas rétroactive.
Alors, ce qu'on faisait sur le 55 en juin, ce
qui était l'évidence pour tout le monde, que l'on devait faire ça rétroactivement, ce qui était l'évidence pour tous
les collègues... Puis, ma collègue de l'Acadie,
j'ose espérer qu'elle pourra... elle
aura l'occasion de venir nous le dire, mais elle l'a fait de façon
très claire dans la lettre d'opinion, notamment, qu'elle a signée avec le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, et la collègue de Québec
solidaire, et la collègue
de Gaspé, qui étaient, eux
également, membres de la commission spéciale et étaient ex-membres du comité
directeur de la commission, sont venus dire
qu'en refusant de rendre rétroactif l'indemnisation des victimes d'exploitation sexuelle il y avait
un bris de parole donnée, un bris de compréhension collective qu'effectivement
ça allait être indemnisé.
Ça, Mme la Présidente, c'est excessivement important. Alors, on a beau souligner, oui, on va
abolir la liste des actes criminels,
c'est une bonne chose dans le projet
de loi n° 84, oui, il y a
l'imprescriptibilité, 29, 26.1, je les ai nommés, les trois, et ça, c'est rétroactif par l'effet, notamment,
de l'article 4 du projet de loi n° 55, adopté et sanctionné le 12 juin dernier.
Ça, on le salue. On va avoir une définition
plus large de «victime». Donc, «victime», Mme la Présidente, ça va de façon
nommée par la loi, parce que ce n'était pas
nommé dans la loi. Là, ça va être nommé dans la loi. Une victime pourrait être,
Mme la Présidente, un parent, un enfant, un conjoint, un proche. Vous pourrez
être indemnisée même si vous n'êtes pas la
victime comme telle, mais vous en avez subi les contrecoups d'un acte criminel.
Il y a une victime qui est proche de vous, vous en êtes le parent,
l'enfant, le conjoint, le proche, vous pourrez déposer une demande et, le cas
échéant, être indemnisée, parce que vous
êtes une victime, appelons ça comme ça, collatérale, et ça, c'est nommé dans la
loi. Alors, on le salue, élargissement de la notion de victime, c'est à
l'article 10.
• (12 h 10) •
Également, on va permettre que les victimes
québécoises d'actes criminels à l'étranger soient indemnisées. Mais là on va avoir du travail à faire, Mme la Présidente, parce que ce n'est pas
copier-coller, le régime, si vous êtes à l'étranger et qu'une personne
est victime d'acte criminel, il y a des critères beaucoup plus serrés, notamment,
ce qui n'est pas anodin, bien, vous ne serez
pas indemnisée si vous n'êtes pas capable de démontrer que vous avez été porter
plainte aux autorités de l'État étranger dans lequel vous étiez. On ne
demande même pas ça au Québec, mais on va le demander aux victimes à l'étranger. Là, on va avoir du travail à faire. Alors,
voyez, on est capable de souligner les aspects positifs du projet de loi,
mais, de façon très ciblée, on vient de démontrer les éléments majeurs qui
devront être modifiés.
Aussi, c'est un autre élément, puis ce sera
le cinquième. On ne pourra pas dire que je suis de mauvaise foi, c'est le cinquième que j'ai nommé, dont nous
saluons, mais dont les implications seront excessivement importantes et nous
devrons nous assurer que ça va tenir la route. Il y aura un rehaussement de
l'offre, une bonification de l'offre quant à des
mesures d'urgence. On va dire : On va faire un programme de mesures
d'urgence. Vous êtes victime d'acte criminel, vous déposez la demande d'indemnisation, bien, à très court terme, ça
peut être en termes d'heures, de jours, on ne va pas attendre que l'IVAC
dise : C'est accepté, c'est refusé, on va vous donner de l'aide.
Vous êtes
victime de violence conjugale? Bien là, il faut vous sortir de là, ça presse.
Il faut vous trouver un nouveau logement,
il faut vous donner un soutien psychologique, il faut vous donner, à très court
terme, un soutien financier également.
Il faut vous sortir de là, ça presse. Puis, dans ce contexte-là, vous
remplissez les formulaires, vous êtes en contact avec l'IVAC, puis eux vont
traiter ça administrativement, mais il faut... Alors, programme d'urgence, mais
une fois qu'on a dit ça, il y a un
pouvoir réglementaire énorme qui est octroyé par le ministre à lui-même. Le
diable est dans les détails, ça, c'est une chose. Une autre chose également,
est-ce que les ressources seront disponibles? Encore une autre chose. Vous pourriez avoir le plus beau programme
d'aide, mesures d'urgence au monde, si vous n'avez pas les intervenantes,
les intervenants, les psychologues, le
soutien, également, administratif
pour avoir accès à un logement, si vous n'avez pas ces ressources-là, il
faudra faire en sorte, Mme la Présidente, de les avoir. Et, encore une fois, on
a beau avoir le meilleur programme, c'est
important que ça se vive et que ce soit accessible. Vous pouvez avoir un droit
théorique, mais, dans la vie, vous devez l'avoir de façon très, très
pratique.
Ça m'amène,
Mme la Présidente, au niveau du budget.
Le ministre dit qu'il va ajouter 193 millions sur cinq ans. Si je divise 193 millions sur cinq ans, ça
fait, en moyenne, un peu plus de 38 millions par année. Ça veut dire, ah!
bravo, 38 millions par année. Et là on va me faire le reproche... Je le
sais, ce n'est pas symétrique, ce n'est pas un cinquième, un cinquième, un
cinquième, un cinquième, je pense, la première année, c'est au-dessus de
50 millions, je pense, c'est 53 millions.
Peu importe, je fais une moyenne pour qu'on puisse se comprendre quand on se
parle. Le ministre
dit : Moi, je vais ajouter...
sur cinq ans, 193 millions, je vais ajouter, en substance, en moyenne, 38 millions par année. Le système, Mme la Présidente... C'est substantiel. Est-ce
que c'est suffisant?
Je vous donne deux données. Le budget actuel, en
matière d'indemnisation, bien, le budget 2019‑2020, au total, est de 281 millions,
281 millions. Ça, ça se subdivise, 155 millions pour l'indemnisation,
126 millions pour l'aide. 2019‑2020, 281 millions. Le ministre
dit : Moi, je vais ajouter 38 millions à cela. On peut voir les
proportions. On ne passe pas, là, du simple
au double, là. On n'a pas 40 % d'augmentation, 30 % d'augmentation.
38 millions, c'est de l'argent, quand même, des payeurs de taxes,
puis je pense que c'est pleinement justifié, mais on peut voir que c'est
l'ajout, de 38 sur 281, d'un système d'indemnisation que l'on prétendait pas
suffisamment généreux pour les standards québécois.
Parce qu'on ouvre une
parenthèse. Au Québec, on peut quand même se dire que nous sommes parmi les
plus généreux, et de très loin, en matière
d'indemnisation d'actes criminels. Est-ce qu'il faut faire faire plus? Oui.
Est-ce qu'on veut faire plus? Oui.
Est-ce qu'on peut le faire? Oui. Puis est-ce qu'on veut le faire puis on va le
faire? Oui à toutes ces réponses... à toutes ces questions. Mais 281, on
ajoute 38. Le ministre, en même temps... Donc, on avait un rattrapage à faire par rapport aux standards qu'on veut
faire. Vous ajoutez 38 à 281. Puis le ministre dit : Aïe! On est tellement
bons avec notre réforme, on va ajouter... En moyenne, on évalue à 4 000
personnes de plus par année. Là, vous allez dire : Attends donc une minute, là. On va ajouter 4 000 personnes
de plus. On va ajouter 38 millions sur, déjà, un 281, qui était, pour
plusieurs, socialement insuffisant.
En quelque
sorte, Mme la Présidente, la tarte... Puis je ne veux pas être réducteur par
mon exemple de tarte, là, on parle d'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Mais je vais prendre cet exemple-là. Tout le monde comprend. Puis je ne fais pas d'ironie puis je ne fais pas
de farce avec ça. La tarte va être un petit peu plus grosse, mais il va y avoir
4 000 personnes de plus pour venir prendre une pointe, une part. Nous
avons de gros drapeaux rouges à ce niveau-là, Mme la Présidente.
Et des choix ont été faits. Et le ministre ne
l'a pas dit, mais c'est de même que moi, je le lis. Le ministre a dit... Il ne l'a pas dit. Moi, je l'interprète de la
façon suivante... puis qu'on me détrompera si j'ai tort, mais, déjà là, en vous
disant 4 000 de plus pour
l'augmentation, c'est insuffisant, déjà là, à mon sens, à une analyse très
courte. Moi, je pense que le ministre,
Mme la Présidente, a fait des choix pour être... puis ce n'est pas... je ne
prête pas d'intentions, là, mais je vais le qualifier de même... pour être moins généreux pour tout le monde puis
permettre à un plus grand... d'avoir un petit bout d'indemnisation.
Alors, vous
allez dire : Bien là, député de LaFontaine, là, démontrez ce que vous venez
d'affirmer. Bon. Exit les rentes
viagères. Sur le système actuel, vous pouvez être indemnisé à vie. Marc
Bellemare est venu nous conter l'histoire d'une femme serveuse dans un restaurant, 30 ans, qui a été agressée à
l'extérieur du lieu de travail. Donc, ce n'est pas la CNESST, c'est le régime d'indemnisation des victimes
d'actes criminels, sur le régime actuel, qui... dans le contexte particulier
des séquelles de ce qu'elle a subi,
l'IVAC a dit : D'accord, vous avez droit à une rente viagère. La rente
viagère va lui permettre de reprendre contrôle de sa vie, d'essayer de diminuer
les impacts négatifs de son agression puis va la mettre sur le bon
chemin, puis l'État ne va pas l'abandonner après trois ans.
Là, dans le
projet de loi, exit les rentes viagères. Donc, par fiction, on vient dire :
Bien, après trois ans, oui, il pourra y avoir un autre deux ans d'ajouté. Trois
ans, cinq ans? On fera le débat. Mais, après trois ans ou cinq ans, pour les
aspects financiers, trois ans, vous n'avez... par fiction du nouveau régime de
la réforme, vous n'aurez le droit à aucun dollar, alors qu'on sait que,
sur le régime actuel, qu'on veut bonifier, il y a des cas où ça a été
pleinement justifié parce que, dans cinq
ans, 10 ans, 20 ans, vous n'aurez pas récupéré 100 % de vos
capacités, vous devrez toujours être soutenu et indemnisé. Ça, on vient
de couper là-dedans.
Autre élément, Mme la Présidente, puis ça, j'ai
de la misère à le croire, mais c'est une décision qui a été prise quand même.
Vous êtes bien assise. À l'heure actuelle, le système actuel fait en sorte que,
si vous êtes victime d'acte criminel et que
vous ne travaillez pas, vous êtes étudiante, vous êtes femme à la maison,
étudiante agressée sur le campus, femme à la maison, violence conjugale, vous
ne travaillez pas, le système actuel, qu'on veut bonifier, puis que c'est
parfait, projet de loi n° 94 va nous faire : Aïe! Wou! On va
indemniser davantage de personnes. Le système actuel, vous n'avez pas de revenu, vous allez dire : Ça pourrait
être plus généreux, mais, au moins, il
y a ça, vous allez recevoir une
rente, si vous vous qualifiez, ainsi de suite, la possibilité d'avoir
une rente qui représente 90 % de l'aide sociale. On va vous trouver un revenu fictif que vous n'aviez pas
parce que vous étiez, exemple, femme à la maison ou étudiante, on va vous
donner au moins 90 % de l'aide sociale.
Si vous étiez en emploi, on vous donnerait un montant basé sur votre revenu
pour vous aider à reprendre. Mais ça, Mme la Présidente, avec le nouveau
système, qu'est-ce qu'il arrive avec le minimum 90 % à l'aide sociale?
C'est zéro plus zéro, je retiens zéro.
Ma collègue, porte-parole de l'opposition
officielle en matière de condition féminine, puis je suis tout à fait d'accord avec elle, quand elle a vu ça, elle a
souligné un élément excessivement important. 87 % des victimes d'agression
sexuelle sont de sexe féminin, 50 % d'entre elles avaient moins de
18 ans. De telles décisions, exit la rente viagère. Telle autre décision, plus 90 % de l'aide
sociale. Vous n'aviez pas de revenu? Zéro. Ça, ça vient, Mme la Présidente,
financer la balance de ce que le ministre veut donner, mais ça vient couper,
notamment en très majorité des femmes, en majorité des femmes de moins de 18 ans, ça vient
reproduire les inégalités socioéconomiques. Et ça, on ne pourra jamais
applaudir à ça. Oui, il y a des
éléments importants, mais ça, c'est un élément qui va faire partie du débat et
qui est excessivement important.
Quand je vous
ai dit, Mme la Présidente, qu'en une heure, là, je manquerais de temps, là,
c'est ce que je suis en train de constater.
• (12 h 20) •
On a souligné
l'attentat à la mosquée de Québec. Marc Bellemare est venu nous lever un
immense drapeau rouge d'un cas qu'il a... dont il a été témoin à titre de
procureur, à titre d'intervenant. Une personne... Puis je vais sortir du cas
de la mosquée de Québec, je vais prendre un
cas dépersonnalisé. En vertu pas de la loi actuelle, mais en vertu des
interprétations... Je reviens à mon
point. 190 nouveaux articles, qu'est-ce que ça veut dire? Ça va être des
litiges, ça va être du temps, ça va être sur le... les délais, l'argent,
ça va être sur le dos des victimes pour faire avancer le droit puis savoir ce
que veut dire la loi. En vertu de loi
actuelle, qui a quand même un corpus jurisprudentiel d'étayé et de développé,
il a été permis... également par certaines décisions, permis qu'une victime puisse être indemnisée lorsqu'elle arrive
sur les lieux d'un crime, qu'elle
constate qu'une personne qui lui est proche, conjoint, conjointe est décédé, a
été assassiné, arrive sur les lieux du crime,
a un choc que vous pouvez imaginer, bien, elle est indemnisée, elle sera
indemnisée, puis on va la reconnaître comme victime collatérale. Il ne faut pas que ce soit vu comme étant
réducteur, victime indirecte de la scène, et elle se qualifie pour l'indemnisation,
victimes d'actes criminels.
Dans
le projet de loi n° 84, on introduit un concept, puis là j'en ai eu...
je suis tombé en bas de ma chaise, de scène intacte. Vous arrivez cinq minutes avant la police, l'ambulancier, l'intervenant, quelqu'un de premiers secours, pompier, vous arrivez cinq minutes avant, vous êtes une
victime, on va... vous avez vu conjoint, conjointe assassiné, scène de crime
horrible, vous êtes indemnisé. La scène est
intacte. Vous arrivez cinq minutes après, une minute après un policier, un
pompier, un ambulancier, la scène n'est
plus intacte, vous n'êtes pas victime. Ça, ça va faire partie des débats. Je ne
peux pas concevoir comment ça a été imaginé, ça, ce concept-là de scène
intacte.
Une fois j'ai
dit ça, je veux dire, c'est une évidence, je n'ai pas besoin de rajouter :
Voyons donc! Une minute avant, elle
est victime, une minute après, elle est victime... Ce n'est pas parce qu'il y a
la présence d'un ambulancier là, d'un policier là, ou d'aventure, un pompier là, ou un intervenant là, que moi, je
n'en aurai pas de séquelles pendant x nombre d'années, que moi, je ne
pourrai pas, peut-être, prétendre avoir une rente viagère ou, au-delà... si ce
n'est pas viager, au-delà de trois ans, cinq
ans, 10 ans, selon mon cas puis l'impact que ça a eu sur moi, que, si je
n'ai pas de revenu, bien, que je puisse au moins avoir un minimum. Ça fait qu'on vient de couper... je viens de
vous donner trois exemples où on vient de couper puis trois exemples
qui étayent. Parce que tantôt je vous ai dit... Aïe! Député de Lafontaine, vous
affirmez des choses, démontrez-les. Je viens de vous démontrer que, dans
la réforme, il y a des coupures dans l'indemnisation des victimes, non seulement dans le contexte de Lau Ga, où on n'est pas la
hauteur des attentes. Dépôt du rapport de la commission contre l'exploitation sexuelle des mineurs, on avait créé une attente, Lau Ga,
elle avait vu ça puis elle espérait ça, elle a lu le projet de loi
puis elle a dit : Aïe! moi, je suis allée témoigner, on m'a dit :
Inquiétez-vous pas, on a compris le message. Elle n'est pas admissible.
Quatrième élément où on coupe.
38 millions au-dessus de 281 pour dire :
On va avoir une liste qui ne sera plus juste de 42, ça va être tout le Code criminel, puis on va avoir des définitions beaucoup plus larges, il va y
avoir 4 000 nouveaux adhérents, 4 000 nouvelles personnes...
qui est évalué... seront indemnisées. Bien, elles devront se partager, Mme la Présidente, une part, à la fin de la journée, beaucoup plus petite, une part
réduite. On aura l'occasion, Mme la Présidente, de faire le débat.
Je vous
parlerai également d'un autre concept, puis il me reste... Je vous
dis, je vais manquer de temps, en une heure, tellement d'éléments. La mens rea, O.K., faire ça rapidement,
un acte criminel, Mme la Présidente, pour qu'une personne soit reconnue
coupable d'un acte criminel, il doit y avoir preuve, devant un tribunal, de
deux choses : l'acte criminel et l'intention
criminelle, l'intention coupable. Si une personne agresse sexuellement une
autre personne, c'est l'acte criminel. On doit, pour qu'elle soit
condamnée au criminel, démontrer qu'elle avait l'intention de l'agresser
sachant qu'elle n'était pas
consentante. Tel que rédigé, le projet
de loi pourrait faire en sorte que des victimes d'agression sexuelle ne pourraient pas avoir droit
à une indemnisation parce que, oui, elles auraient démontré l'agression, mais
n'aurait pas été capable de faire la
démonstration que son agresseur savait qu'elle ne consentait pas à la relation
sexuelle. L'actus reus, l'acte, la mens
rea, l'état d'esprit, l'intention coupable, ce que les organismes
sont venus nous dire : Ça, mettez-le nommément dans la loi, que, indépendamment de l'intention coupable, et tout ce
débat par rapport au consentement, y a-tu consentement ou pas, ça, il
faut l'exclure de la loi. C'est un autre écueil majeur.
Ça, le
ministre est un homme intelligent,
les gens qui travaillent avec lui aussi, ils ont fait visiblement... Je ne
prétendrai pas... je n'insulterai pas
son intelligence en disant qu'il ne l'a pas vu venir. Il a tout vu venir ça. Le
ministre est intelligent, le monde autour aussi,
mais il a fait des choix à ce niveau-là.
Alors, oui, Mme la Présidente, on va faire travail énorme relativement au projet
de loi n° 84, énormément.
Je vous le dis, j'aurais d'autres éléments puis des témoignages qu'on a
entendus de gens qui sont sur le terrain, et qui ont dit : Écoutez,
on représente les victimes, on veut
une réforme; ça va
trop vite, pas assez de consultation. Ce que vous faites, ça va être interprété de façon restrictive.
Il faut s'assurer de ne pas manquer le coup. Puis même certains sont venus nous
dire : On serait peut-être
même mieux de garder le système actuel. Alors, on va faire le changement, on va
faire le travail, Mme la Présidente, puis on a énormément de travail à faire.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de LaFontaine. Et maintenant je cède la parole à
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Content de vous revoir en personne, chers collègues,
en cette Chambre. On ne savait pas trop si ça fonctionnerait, ça ne
fonctionnerait pas. On est là.
D'abord, un
merci aux groupes qui ont participé aux audiences. Mon collègue vient de
l'évoquer, ça n'a pas été facile, c'est des audiences qui se sont bousculées,
j'oserais dire, des dates de convocation de dernière minute, des groupes qui
n'ont pas eu le temps de préparer leurs mémoires à la hauteur de leurs
connaissances, à la hauteur de leur compétence, qui ont dû gribouiller quelques pistes, quelques réflexions, des fois
envoyer un mémoire plus tard que l'audience comme telle, donc vraiment pas un contexte optimal, je
dirais, ce qui est quand même très dommage,
dans le sens où ça fait longtemps qu'elle
est réclamée, cette réforme de l'IVAC. Tous les gouvernements qui se sont
succédé, tous les partis qui étaient au pouvoir ou dans l'opposition réclamaient la réforme de l'IVAC. Donc, ce
n'est pas comme si c'était un nouveau sujet qui... dont il y avait une urgence immédiate, là. On
aurait pu se donner un peu plus de temps, mais bon, c'est... il faut s'habituer
à ce climat depuis deux ans, Mme la Présidente, de manière de fonctionner ici,
dans les travaux. Espérons que ça puisse changer, mais on peut avoir un doute
raisonnable que ce sera le cas.
Néanmoins, la réforme de l'IVAC, elle est
nécessaire, elle est importante, elle est réclamée, comme je le disais à
l'instant, par de nombreux groupes, par tous les partis d'opposition depuis des
années, et, dans l'absolu, on est content qu'il y ait une réforme, hein? Tout
le monde la souhaitait, tout le monde l'appelait de ses voeux. Dès l'élection
du gouvernement en 2018, combien de points de presse, combien de
conférences, combien de déclarations ont été faites par tout
un chacun, ici, en cette Chambre, pour dire : On l'attend, la réforme, on
l'attend. Je me rappelle même, justement,
quand on a déposé le rapport de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle
des mineurs, dans la conférence de
presse qu'on tenait en bas, au foyer, où un journaliste nous a demandé :
Est-ce que vous attendez, donc, que le gouvernement
travaille rapidement sur votre dossier?
On venait juste d'apprendre que la réforme allait être déposée dans les jours
qui allaient suivre, on n'avait pas le contenu encore, ce qui moi, personnellement, m'a laissé dire à la réponse, donc, au journaliste que, bien, il y avait déjà quelque chose qui s'en
venait sur la réforme de l'IVAC, que c'était un bon signal, c'était un bon pas
en avant.
Bon, mais là
on n'avait pas lu le contenu encore de la réforme, on avait une présupposition
qu'il y allait y avoir des belles choses. Il y a des belles choses, Mme la Présidente, ce n'est pas à jeter aux poubelles dans son entièreté. Je pense
que, là-dessus, je m'inscris grosso modo
dans la même philosophie que mon collègue du Parti libéral. Il y a
l'importance de faire une réforme, il
y a des belles choses là-dedans, je vais le souligner, mais il y a des gros
problèmes aussi, des très, très gros problèmes. Et c'est d'autant plus
important de les souligner que de nombreux groupes sont venus nous les
souligner.
Nous, on est législateurs
ici, on a quelques connaissances, quelques compétences sur toutes sortes de
dossiers. Moi, je m'intéresse et je suis personnellement un peu plus ce
dossier-là de l'IVAC depuis quelques années, mais loin de moi l'idée de penser que je suis un expert. Et c'est
là qu'il y a des belles consultations, des bonnes consultations. En longueur,
elles sont importantes, parce qu'elles
viennent nous nourrir de ces expériences-là, de ces visions-là, de ces
suggestions-là. Et tout ce que je souhaite, Mme la Présidente, malgré
l'exercice décevant, c'est que les groupes continuent à nous écrire, à
nous envoyer des pistes de réflexion, des pistes de suggestion pour que, le
temps venu, on puisse faire des amendements constructifs et dans le bon sens
des choses.
• (12 h 30) •
Commençons,
donc, sur les critiques, les points faibles du projet de loi. Ils sont
importants, ils sont d'ailleurs assez lourds, ces points-là. Le premier
concerne justement le principe de la faute lourde. On sait qu'il y a
des motifs d'exclusion, il y a beaucoup de lois, beaucoup de programmes sociaux qui ont ce genre de motifs d'exclusion
là, ce n'est pas surprenant.
Et le motif d'exclusion, donc, dans le cas de
l'IVAC, de la faute lourde, ça dit que, si une personne qui fait une demande a été partie à la perpétration de
l'infraction ou a contribué par sa faute lourde à l'atteinte à l'intégrité,
bien, elle n'aura pas le droit à une
aide financière. Pas qu'on va mettre fondamentalement en question ce principe de la faute lourde pour n'importe quel cas, mais force est de
constater, et ça, c'est vraiment un consensus très fort dans tous les groupes qui
tournent alentour de la question de la violence faite aux femmes, la violence
sexuelle, force est de constater que ce principe-là, la faute lourde, doit être
mis aux poubelles pour ces sujets-là, ça, c'est certain.
Il y a
du mouvement, dans le projet de loi, à ce
niveau-là, mais il y a
encore des problèmes. Il y
a des groupes qui craignent que la faute lourde puisse encore être
appliquée à des victimes d'agression sexuelle ou de violence conjugale qui, par exemple, s'est rendue chez son agresseur pour lui
refuser. Et il faut aller un peu plus loin, il faut que les violences
sexuelles, conjugales et celles
subies pendant l'enfance soient exclues explicitement du concept de la faute
lourde, même chose, bien sûr,
pour la question de la prostitution.
Je vous cite un extrait du mémoire, je pense,
qui est assez clair, de la CLES, la Concertation des luttes contre
l'exploitation sexuelle des mineurs, un groupe qui est venu nous présenter,
donc, sa vision des choses : «Il est impératif de [constater] que cette nouvelle inscription dans la loi soit aussi
accompagnée d'une indication selon laquelle le contexte de prostitution ne peut pas être considéré comme
une faute lourde. Les femmes victimes d'exploitation sexuelle, de traite
et de proxénétisme ne doivent pas être
considérées comme "partie à la perpétration de l'infraction ou a
contribué, par sa faute lourde, à son
atteinte", pour reprendre les termes de la loi. Penser le contraire
relèverait d'une méconnaissance des conditions
d'entrée et de maintien dans la prostitution et de la difficulté
de s'en sortir.» Donc, un extrait du mémoire de la CLES, la concertation
des luttes pour l'exploitation sexuelle... contre l'exploitation sexuelle, bien
sûr.
Autre élément
un peu décevant, Mme la Présidente... J'ai participé pendant de nombreux mois à une commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs qui a couvert un vaste pan de l'enjeu
de l'exploitation sexuelle, et le mémoire faisait de nombreuses pages. Il y avait
une section, donc, sur l'IVAC, évidemment, ça faisait partie de nos réflexions. Une
belle commission, on a travaillé très fort ensemble, avec les quatre partis,
c'était un travail transpartisan. Il y avait une recommandation, la
numéro 50, pour être particulier, qui faisait référence, entre autres, à
l'IVAC et à quelques notions. Il y a des
choses qui sont appliquées, notamment le fait de pouvoir indemniser un crime
s'il est fait ailleurs qu'au Québec, ça, il y a du mouvement, on est
contents, on le salue. Par contre, il y a des choses qui ne se retrouvent pas
dans le projet de loi, en tout cas, pas dans
la version qui nous a été présentée, notamment
la question d'exclure d'éventuelles prestations de l'IVAC des revenus
calculés pour réduire une prestation d'aide sociale.
Alors, si on
est victime d'un acte criminel, et qu'on reçoit une indemnisation, et que, dans
notre vie, pour toutes sortes de raisons, on est sur l'aide sociale, il
y a quand même une absurdité qu'on vous dise : Bien là, ton revenu de
l'IVAC va être calculé pour baisser ta
prestation d'aide sociale. C'est un peu étrange. On est victime, mais
finalement on ne te donne pas de montant ou on te coupe le montant ailleurs.
C'est une injustice qui est soulevée et décriée depuis des années par de
nombreux groupes féministes, notamment. Et je me serais attendu que la réforme
de l'IVAC corrige cet aspect-là.
On me répondra peut-être que ça devrait être
corrigé dans une autre loi, la loi sur l'aide de dernier recours. Bien, quoi qu'il en soit, ce n'est pas impossible
de modifier une autre loi dans un projet de loi, ça aurait tout à fait pu être
le cas. Je me serais attendu à ce que ce
soit le cas, ça ne l'est pas. Peut-être qu'il y aura des amendements en ce
sens, on le souhaite.
Évidemment, sur la question du délai de
prescription aussi, on est un peu inquiets. Ça bouge un peu sur le délai de prescription, mais ce n'est pas notamment ou clairement
explicité que ça concerne aussi les crimes d'exploitation sexuelle. On verra dans les débats sur l'étude détaillée la
définition qui est avancée par le ministre. Est-ce que, verbalement, il va
nous le dire, que ça inclut, selon lui, ce qu'il avait écrit dans son projet de
loi, les crimes d'exploitation sexuelle, ou faudra-t-il déposer des amendements? Là-dessus, on
va être très vigilants, Mme la Présidente, parce qu'on souhaite que le travail qu'on a fait ensemble... et je suis sûr
que c'est un effort qui est partagé par mes collègues notamment qui ont siégé
avec moi sur la commission, on souhaite que
ces efforts-là, qui ont été substantiels pendant des mois, bien, se traduisent
après ça en modifications législatives, en changements concrets. Et là-dessus
il y a encore du travail à faire.
Un aspect
qui, moi, me choque un peu, Mme la Présidente, toujours dans les points
négatifs du projet de loi, les points
à corriger, puis ça a été évoqué également par mon collègue, c'est l'absence de
rétroactivité. Et ça, ça me dérange beaucoup
parce que c'est un drôle de message qu'on envoie. Le projet de loi, dans le
fond, il harmonise la loi québécoise au Code criminel canadien. Donc, il
n'y a plus ce découplage qui existait avant entre un code criminel canadien qui
continue à évoluer et une annexe, qui était
dans la loi de l'IVAC qui, elle, était figée dans le temps. Et là on abolit,
dans le fond, l'annexe et on accroche le train de l'IVAC ou le wagon de
l'IVAC à la locomotive du Code criminel canadien.
Bon, pour un
indépendantiste comme moi, ça pose toutes sortes de questions, à savoir à quel
point on accroche nos wagons sur un code criminel qui ne nous appartient pas,
qui est défini par une autre nation, mais, bon, fermons la parenthèse, nous y reviendrons peut-être une autre fois. Cela
étant dit, dans le cadre de la réforme de l'IVAC, c'était un bon chemin, là, en
effet. Il fallait arrêter cette absurdité d'avoir des nouveaux crimes qui
soient rajoutés mais qui ne soient pas indemnisés, qui ne soient pas
reconnus. Ça n'avait aucun sens. Alors, on corrige ça, bonne nouvelle.
Mais, pour les personnes qui sont soit récemment,
soit en ce moment, ou dans les prochaines semaines... vont vouloir, par
exemple, sortir d'une situation
d'exploitation sexuelle, bien, le message qu'on leur a dit, en audience,
et qu'on continue de leur dire, c'est
que, bien, malheureusement, ça ne s'appliquera pas à vous. Mais soyez
contentes parce qu'au moins vous avez
l'esprit tranquille de savoir que les prochaines personnes, dans le futur,
elles, pourront bénéficier de ce changement-là.
Bon. J'imagine que la plupart des gens sont en effet contents que, dans le
futur, la situation soit corrigée, mais,
quand on est victimes d'exploitation sexuelle, Mme la Présidente, on aimerait
ça que ce soit appliqué à nous aussi, peu
importe, là, la date de l'adoption du projet de loi. Est-ce que ce sera cette
session? Est-ce que le Parlement sera prorogé l'année prochaine et que
tout ça sera à refaire? C'est dans les réflexions. On suivra le détail.
Mais
imaginons que ce soit adopté cette session, ce projet de loi, ce qui est
probablement ce qui va arriver, bien, toutes les personnes, là, qui sont
sorties de l'exploitation sexuelle, qui est un processus particulièrement
difficile... Puis on l'a entendu à de nombreuses reprises à la
commission de l'exploitation sexuelle des mineurs, que — c'est
quelque chose qui, moi, me choquait, me
dégoûtait — c'est
rare que ça fonctionne la première fois. Les chercheurs nous parlaient du
concept de l'aller-retour, ça pouvait prendre plusieurs fois, cinq, six, sept
fois. Imaginez, une personne qui décide de sortir, qui décide d'aller
chercher les énergies qui lui restent, de sa dignité qui lui reste, et de dire :
Je quitte le proxénète, je sors de ça, toute cette folle énergie que ça lui
prend, bien, souvent, ça va lui prendre deux fois, trois fois puis toutes sortes de raisons, surtout des motifs de pauvreté
socioéconomique qui la ramènent dans la prostitution, bien là, cette personne,
on lui dit : Bien, dommage, toi, tu ne seras pas couverte. Dommage. La
situation va changer, on a reçu le message, on a entendu qu'il fallait modifier
cette façon-là de reconnaître ces crimes, mais, toi, là, en particulier, et
toutes celles qui te précèdent dans les dernières années, bien, vous ne serez
pas couvertes. Mais réjouissez-vous parce que les prochaines personnes, dans le
futur, elles, seront couvertes, et vous aurez... votre bataille aura servi à
quelque chose. Oui, d'accord.
La phrase-clé
que le ministre nous sert, c'est : On ne refait pas le passé. Bon,
typique, on entend quand même ça souvent dans les projets de loi qu'on étudie
ici. Par exemple, quand on a étudié la question du cannabis, il y a des gens
qui disaient : On devrait abolir toutes les peines et les amendes sur les
gens qui ont des possessions simples, par exemple, de cannabis dans les années précédant l'adoption de la loi. On ne refait
pas le passé. C'est la ligne dure, c'est la ligne logique, en quelque
sorte. C'est la nouvelle réforme. Elle commence au jour 1, puis on ne peut
pas refaire le passé.
Bon, jusqu'à
un certain point, on adhère un peu spontanément à ce genre de façon de
procéder, à ce genre d'argument qui est, somme toute, assez logique. Sauf que, Mme
la Présidente, quelle surprise
n'avons-nous pas apprise pendant les audiences,
quand les gens nous ont démontré que, lors de l'adoption originale de la loi,
dans les années 70, si je ne me trompe pas, le ministre de la Justice de l'époque avait appliqué une rétroaction sur sa
nouvelle loi qui commençait, de six ans en arrière. Si ma mémoire
est bonne, la loi est alentour de 1975, on me corrigera. La loi commence en
1975, le ministre dit : Voici la loi, elle commence, voici les crimes. Si
vous avez été victime de ces crimes-là dans les derniers six ans — donc,
si je compte bien, si on recule, jusqu'en 1969 — vous pouvez appliquer,
vous serez reconnu.
• (12 h 40) •
On a modifié
le passé jusqu'à six ans en arrière, en 1975. Un gouvernement, un ministre,
s'est donné ce pouvoir-là. On a ce pouvoir-là, on le fait sur d'autres
dossiers de temps en temps, ce n'est pas impossible. C'est un choix, Mme la Présidente.
C'est un choix politique, c'est un choix économique, visiblement, mais c'est un
choix. Et je refuse que le ministre, que le gouvernement se cache
derrière cet argument : On ne refait pas le passé. On peut le refaire et
on l'a fait sur ce dossier-là! Qu'est-ce qui
nous empêche de le refaire une deuxième fois? Absolument rien. Absolument rien.
Juridiquement, il n'y a absolument rien qui nous en empêche, Mme la
Présidente.
Et, ce qui
est encore plus choquant, comme je le disais en introduction, cette loi-là,
elle est attendue depuis des années. Tous
les partis l'ont demandée, au pouvoir, à l'opposition, peu importe laquelle
opposition, officielle, deuxième, troisième, peu importe, tout le monde
a réclamé cette loi-là. C'était dans les promesses électorales de tous les
partis.
J'ai écrit une lettre ouverte avec mes collègues
du Parti québécois, du Parti libéral avec qui on a siégé sur la commission de l'exploitation sexuelle pour
dénoncer cette non-rétroactivité-là. Le ministre nous a répondu. On a été
ébranlés, entre autres, par le
témoignage, mon collègue en faisait
référence tantôt aussi, d'une femme qui est venue en commission, qui a changé son nom pour protéger son identité,
qui s'est identifiée comme Lou Ga... ou Lau Ga, plutôt, et disait :
Bien, pourquoi vous ne remontez pas
au moins à votre élection à vous, la CAQ, le parti au pouvoir? C'était dans
votre plateforme, vous avez été élus.
Bon, intéressant. C'est sûr que plus on recule, mieux c'est, là, cinq, six ans,
c'est comme assez raisonnable, à mon avis. Mais le gouvernement l'avait
dans sa plateforme. Et, dans sa réponse, M. le ministre nous a répondu, à la lettre conjointe de mes
collègues et moi, en accusant l'opposition officielle, le Parti libéral, quand
il était au pouvoir, de n'avoir rien fait sur le sujet. Je pense que
l'accusation s'appliquait aussi au Parti québécois pendant leurs 18 mois
au pouvoir, dans les dernières années. Bref,
ils rejetaient la faute : Bien oui, mais vous n'avez rien fait, vous, vous
étiez au pouvoir. Pour des raisons
évidentes, cette accusation-là ne s'appliquait pas à ma formation politique,
Mme la Présidente. Mais, cela dit, ça fait deux ans, là, que ce parti-là
est au pouvoir.
Alors, cette
petite ligne, là, c'était quand même rigolo les premiers mois, les premières semaines
qu'on siégeait ici, en 2018, 2019, et
c'était une bonne réponse, là. C'est vrai que, bon, il y a
des limites à ce qu'un gouvernement
peut faire en quelques semaines
lorsqu'il arrive au pouvoir. Mais là ça fait deux ans, là. Ça fait deux ans,
puis moi, la première étude des crédits, j'ai demandé à la ministre de
la Justice de l'époque : La réforme de l'IVAC, là, qu'est-ce qui se
passe? Avez-vous de quoi? Il y a-tu quelque
chose dans les cartons? Oui, il y avait quelque chose dans les cartons, elle
nous disait : Ça s'en vient, ça
s'en vient. Bon, ce n'est pas venu, c'est venu très tard. Mais je suis
convaincu qu'il n'y avait pas rien, là, quand la CAQ est arrivée au pouvoir, il y avait sûrement quelque chose
en préparation de cette réforme-là. Bon, on verra, les archivistes, les historiens feront la part des
choses de tout ça. Mais, au final, ce parti est au pouvoir depuis deux ans,
c'est donc sur ses seules épaules que repose
l'inaction sur l'IVAC dans ces deux dernières années. Il en est le seul
responsable, ce parti-là. Pourquoi,
minimalement, il ne considère pas ce deux ans-là de rétroactivité?
Minimalement. Ne serait-ce que pour la dignité de ce gouvernement, des
promesses qui ont été faites, pour la dignité des personnes qui sont venues
témoigner, il devrait minimalement évoquer ce deux ans-là.
Et j'espère que ce n'est pas une question
uniquement d'argent, Mme la Présidente, parce que ce serait choquant. Est-ce que le ministre se dit : Bien là,
c'est parce que, si j'offre la rétroactivité pour ces crimes-là, il va falloir
que j'en ouvre pour d'autres, ou
est-ce que, de manière plus générale, si je fais de la rétroactivité sur cette
loi-là, il va falloir que j'en fasse sur
d'autres? On les fera, les autres débats, on les fera, les autres débats, au
cas par cas. Dans ce cas-ci, là, il me semble que ça devrait être l'évidence.
Puis c'est
peut-être drôle de dire ça, mais c'était tellement l'évidence qu'on ne l'a pas
écrit dans le rapport de la commission spéciale sur l'exploitation des mineurs.
On ne l'a pas écrit nommément dans la recommandation n° 50, une
rétroactivité de cinq, six ans sur l'IVAC, tellement ça nous semblait une
évidence. On nous reprochera qu'on aurait peut-être
dû le faire. Bien, visiblement, oui, Mme la Présidente, on aurait dû le faire.
Tellement ça nous semblait une évidence, on ne l'a pas fait. On n'en pensait pas moins, par contre. Là, ça se
trouve que le gouvernement a le pouvoir de le faire. Je pense qu'il a la
responsabilité morale de le faire.
J'ai entendu
l'appel de Lau Ga, j'ai entendu tous les témoignages dans la commission
d'exploitation sexuelle des mineurs. J'espère que ça va se concrétiser en
gestes concrets. J'espère que ça va mener à un changement fondamental et
j'espère que cette rétroactivité-là, qui
n'est pas la mer à boire, là, il n'y en a pas des centaines et des centaines,
de dossiers là-dessus, là... j'espère
que ça va changer. C'est un moment important, je pense. Ça témoignerait de
l'écoute du ministre. Et on s'attend à cette réforme-là, Mme la
Présidente.
Autre aspect qui me choque également
beaucoup, c'est la question de l'indemnité
palliant la perte de revenus. On l'évoquait tantôt, oui, il y a un peu
plus d'argent dans le programme de l'IVAC, c'était la force des choses.
Considérant qu'on reconnaît beaucoup de
nouveaux crimes, nécessairement, on peut imaginer qu'il va y avoir plus de
personnes qui vont pouvoir être des
prestataires. Mais, bon, la tarte à se partager, elle n'est pas... elle
n'agrandit pas tant que ça. Mais on dirait
que, pour venir compenser les nouvelles personnes qui vont se qualifier, on
s'arrange pour en disqualifier quelques autres. Et ça, ça me choque parce que
j'y vois là une forme — et le mot est quand même choisi — de discrimination, discrimination
sociale, une discrimination basée sur la classe sociale d'une personne.
Je m'explique. En mettant la hache dans les
indemnités de remplacement de revenu pour les personnes qui n'avaient pas de revenu, on décide que, si, au
moment du crime, tu n'avais pas de revenu, pour des raisons probablement
socioéconomiques, tu te disqualifies, tu n'auras pas de revenu du tout.
Auparavant,
dans l'ancienne loi, dans l'ancienne mouture de la loi, si c'était le cas, que
tu n'avais pas de revenu au moment du
crime et de la prestation, on allait se baser sur une équivalence de ce que ça
aurait été, ton revenu sur le salaire minimum. Le fameux salaire minimum n'est
toujours pas à 15 $, Mme la Présidente, un combat que je mène depuis
des années et que je continuerai de mener,
autre parenthèse qu'on referme instantanément. Mais on se basait sur le salaire
minimum pour avoir un minimum,
justement, de logique puis dire : O.K., bien, tu n'avais pas de revenu, tu
as le crime, il faut quand
même indemniser, alors on y va. Parce qu'autrement il y a deux types... on crée
deux classes de citoyens, là : des
citoyens qui sont déjà privilégiés par la vie, pour toutes sortes de raisons,
qui, eux, auront droit à des indemnités, puis des citoyens qui ne sont
pas privilégiés par la vie, pour toutes sortes de raisons, qui, eux, n'y auront
pas droit.
Il y a un terme
qui est apparu dans les sciences sociales dans les dernières années, qui
s'appelle le classisme. Le classisme, c'est une discrimination basée sur la
classe sociale, sur des conditions socioéconomiques. On retrouve des
éléments de ça, de la discrimination socioéconomique, dans les chartes, entre
autres, même si le terme «classisme», évidemment,
n'était pas là, c'est assez récent. Mais il y a quelque chose d'assez classiste,
de dire : Tu n'as pas de revenu, donc tu n'auras pas
d'indemnisation. Wow! O.K.
Puis c'est
quoi, la résultante de ça? Bien, c'est l'autoroute directe vers l'aide sociale,
alors qu'on a un gouvernement qui appuie une réforme pour essayer de resserrer
les critères de l'aide sociale, réforme qui était présentée par l'opposition
officielle quand ils étaient au pouvoir.
C'est paradoxal. C'est paradoxal. En privant beaucoup de personnes d'une
indemnité à laquelle ils ont le droit actuellement avec l'IVAC, bien, on les
envoie... Je veux dire, c'est un billet aller simple vers l'aide sociale. Est-ce que le ministre de l'Emploi et de
la Solidarité sociale est au courant
de cet aspect-là? Vous êtes d'accord? Tu sais, c'est assez surprenant comme façon de
procéder, là. Parce que, peut-être, on recherche une réforme à coût nul, ou à peu près,
bien là, il fallait comme balancer l'intrant de nouveaux prestataires, alors,
bien, on va couper en quelque part. Bien,
tiens, ceux qui sont sur le salaire... ceux qui n'avaient pas de revenu, bien, dans le fond, on ne viendra pas remplacer un revenu
qu'ils n'avaient pas. Bien, voilà, on coupe. Billet simple vers l'aide sociale.
Ordinaire, Mme la Présidente, ordinaire.
Discriminatoire. J'ai utilisé le mot tantôt, je le réutilise. J'espère que ça va
être retiré. Si ce n'est pas le cas, j'espère que ce sera contesté devant les tribunaux. Cette fois-ci, à ma connaissance, il n'y a pas de clause
«nonobstant», on n'a pas tenté de se
dérober de la charte avec cette loi-là. Alors, je pense que ça pourrait être
très facilement contesté devant la cour et j'espère que ce
le sera si par malheur cette clause demeure.
Je terminerais ce
bout de mon intervention en citant un autre mémoire, l'Association des juristes
progressistes, un groupe que je connais
bien, qui dit la chose suivante : La limitation de l'indemnité palliant la
perte de revenu «a pour effet
d'exclure une panoplie de victimes, telles que les étudiants, étudiantes, les
enfants, les femmes qui s'occupaient des enfants dans un contexte de violence conjugale, etc. Pourtant, on sait
que les femmes représentent la majorité des personnes victimes, et il est documenté que plusieurs
femmes en situation de violence conjugale n'occupent pas [d']emploi.
Soulignons qu'en 2019 les femmes ont
constitué 75 % des demandes
acceptées, et la plupart des demandes semblent concerner des agressions sexuelles et de la violence conjugale.
Ainsi, il est hautement inquiétant qu'un type d'indemnité du projet de
loi n° 84 exclue une grande portion des personnes
victimes.» Alors, c'était l'Association des juristes progressistes.
• (12 h 50) •
Donc,
des éléments assez lourds, Mme la Présidente, des éléments qui nous ébranlent,
des éléments qui nous choquent, sur lesquels on va continuer à
travailler et qu'on espère très sincèrement voir retirer du projet de loi.
Mais, bon, comme je
le disais d'entrée de jeu, ce n'est pas un projet de loi à jeter aux poubelles
dans son intégralité. Ne jetons pas le bébé
avec l'eau du bain, il y a des points positifs. Je l'ai dit d'entrée de jeu,
l'abolition de l'annexe, donc de
rattacher finalement l'IVAC au Code criminel canadien, malgré la critique
indépendantiste qu'on peut lui faire, à cette chose, est logique dans
l'écosystème des indemnisations d'actes criminels, c'est un pas dans la bonne
direction. On parle aussi d'aide financière pour la réhabilitation
psychologique et sociale. Beaucoup de groupes l'ont mentionné, c'est une
opportunité de favoriser le rétablissement de la personne, dans l'esprit de la
loi. Donc, ça, c'est des avancées intéressantes, je les souligne. J'ai passé
plus de temps bien sûr à faire la critique du projet de loi. C'est à ça qu'on
sert, l'opposition, n'est-ce pas? Mais il y
a des choses qui avancent, il faut les souligner. On l'apprécie, c'est une
réforme qui était attendue. Si elle
était si mauvaise que ça, bien, on déchirerait vraiment toutes nos chemises,
quoiqu'il y a des bonnes chemises à déchirer avec ce que
j'ai dit précédemment, mais il faut quand même souligner les bons coups.
En
conclusion, Mme la Présidente, la réforme de l'IVAC est essentielle, il faut absolument
qu'elle ait lieu. Visiblement, elle
aura lieu, probablement cette session. Mais le fait qu'elle soit
essentielle et que tout le monde l'attende n'est pas une raison suffisante pour
piler sur des principes de base de ce qu'on attendait de cette réforme. Et
visiblement, les attentes, là, on n'y répond pas. On n'y répond pas avec
ce qui nous est présenté. Il y a même des reculs, des reculs inacceptables, et
des endroits où ça ne va pas assez loin par rapport à ce qu'on s'attendait.
L'IVAC, en ce moment,
c'est de notoriété publique, c'est un système lourd, c'est un système qui est
inefficace. Beaucoup ont dit que c'était un système
qui revictimise trop souvent les victimes et qui, carrément, les décourage de
porter plainte. Le témoignage de Lau Ga était particulièrement
éclairant, à quel point elle devait se battre et aller chercher les quelques
énergies qui lui restaient pour aller convaincre des fonctionnaires à trouver
l'information. Ce n'est pas simple.
La loi doit être harmonisée avec le Code criminel. C'est fait. Je le disais tantôt, c'est une bonne nouvelle. Cependant,
là, il y a un comité d'experts sur l'accompagnement des personnes
victimes d'agression sexuelle et de violence conjugale qui a déposé un rapport il n'y a pas si longtemps. Ils nous ont alertés en
décembre dernier, donc, ce comité, sur plusieurs enjeux à traiter dans l'éventuelle réforme de l'IVAC. Et il est certain
que ma collègue la députée de Sherbrooke, que je remplace aujourd'hui
pour le discours et qui va donc faire l'étude détaillée pour la suite des
choses... bien, c'est certain qu'ayant
travaillé avec ce comité-là, avec ce rapport, elle le maîtrise très bien et
elle pourra faire tous les suivis nécessaires.
On aurait souhaité
donner notre appui enthousiaste au projet de loi, sur le principe. Mais,
considérant tous les éléments que j'ai
énumérés tantôt, ça va être impossible aujourd'hui, Mme la Présidente, qu'on
appuie le principe du projet de loi. Nous n'allons pas voter contre non
plus, nous allons nous abstenir parce qu'on pense qu'il y a un espace encore
possible où le ministre peut nous démontrer de la bonne foi et changer
fondamentalement plusieurs orientations de son projet de loi. On veut y croire,
on veut y travailler, alors on ouvre la porte, on tend la main. Je sais que ma
collègue de Sherbrooke a une superbe réputation de travail d'équipe, je la
connais maintenant bien depuis deux ans et je suis certain qu'elle va continuer à faire ce travail-là avec le
ministre de la Justice, avec les autres collègues du parti au pouvoir. Mais
il va falloir que ça bouge, Mme la
Présidente, il va falloir que ça bouge parce que cette réforme-là, elle est
importante, elle est essentielle, elle est attendue depuis trop longtemps. Il
ne faut pas qu'elle se fasse sur le dos de certaines victimes, il ne faut pas qu'elle réduise les indemnités, il
ne faut pas qu'elle crée de nouvelles inégalités, auquel cas on aura échoué
envers la société québécoise, on aura échoué
envers les victimes d'actes criminels qui attendaient cette réforme depuis si
longtemps et on ne leur aura pas rendu service avec ce travail-là.
Donc, merci, Mme la
Présidente. Je vais suivre les travaux. Même si je ne serai pas dans l'étude
détaillée, ce sujet-là m'intéresse, et je
vais le suivre avec beaucoup d'attention. Et évidemment j'espère qu'il y aura
du mouvement, dans les prochaines
semaines, de la part du gouvernement. C'est important, on le doit aux personnes
victimes d'actes criminels. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie de votre intervention, M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vais maintenant céder la parole à Mme la
députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je trouvais ça aussi très important
de prendre la parole au sujet de ce
projet de loi n° 84 sur la réforme de l'IVAC. Mais, écoutez, je dois vous
partager d'entrée de jeu un malaise que je vis.
En fait, les inquiétudes
ont commencé quand on a vu à quel point on voulait aller rapidement avec ce
projet de loi là. Mes collègues en ont
parlé. Tous les groupes qui sont venus... Les groupes, on en aurait voulu
beaucoup plus, mais ceux qui ont
réussi à venir dans la troisième semaine de janvier, alors que cette importante
réforme qui fusionne deux lois, qui
compte près de 200 articles, qui fait vraiment, là, une réforme de fond en
comble du régime... Les groupes n'auront eu que quelques semaines, y compris pendant la période des fêtes, pour
consulter leurs membres et pour pouvoir venir nous présenter une position. Et tous les groupes
étaient unanimes pour dire que ça n'avait pas de sens d'avoir une approche
aussi bulldozer pour une réforme aussi sensible, aussi importante et
qu'on attend depuis si longtemps.
Et je veux
tout de suite dire que ce n'est pas parce qu'on attend une réforme depuis
longtemps qu'il faut la faire en
toute vitesse. Au contraire, quand quelque chose est aussi important, il faut
prendre le temps de bien faire. Et le ministre nous dit toujours : Oui, mais, justement, on attend depuis
tellement longtemps que, là, il faut faire vite puis il faut rentrer en
vigueur. Moi, je lui dis : Il n'y a pas de stress, on va prendre le temps
qu'il faut, puis mettons la date de dépôt du projet de loi comme date d'entrée
en vigueur. Comme ça, on va savoir que tout le monde va pouvoir avoir droit aux
bénéfices à partir du mois de décembre et
que, si on prend quelques mois de plus pour faire un travail sérieux, bien,
c'est tout le monde qui va en bénéficier globalement, plutôt que dire :
On prend l'approche bulldozer, quelques semaines, on ferme le tout.
Puis ce qui
m'inquiète beaucoup, c'est qu'on n'a pas entendu beaucoup
de groupes. Les groupes qu'on a entendus n'étaient pas prêts, nous ont dit :
Il y a des grands pans qu'on n'a pas pu étudier. On a des réserves, alors qu'on
pensait tous être archienthousiastes. Parce que, oui, il y a des choses
intéressantes, mais il y a tellement de choses qui changent, on n'a pas d'analyse d'impact, on n'a pas
d'analyse différenciée selon les sexes, on n'a aucune idée de ce qui va être
contenu dans les règlements qui déterminent tout ce qui concerne les sommes
forfaitaires, que les groupes qu'on aurait pensé être des alliés sont venus nous dire : Bien, on
est pas mal sur les freins parce qu'on ne sait pas ce qu'on est en train de
signer en ce moment.
Puis là, aujourd'hui, je dois vous dire que mon malaise prend une ampleur encore plus grande
parce qu'on n'a même pas entendu le ministre qui porte cette
réforme-là s'adresser, donc il n'a pas pris la parole... J'ai beaucoup
de respect pour la collègue de Les
Plaines, je sais que cette cause-là
lui tient à coeur, j'ai aimé l'entendre quelques minutes. Mais là on
s'attendait aujourd'hui à entendre le ministre sur sa réforme et nous dire, à
la suite de tous ces avertissements qui ont été
lancés par les groupes, quelles réformes, quels amendements il allait faire,
mais surtout qu'il allait retourner à sa planche à dessin. Or, on vient à peine de terminer les consultations qu'on est déjà en adoption de principe. Donc, ça ne laisse rien présager de bon sur l'ampleur et l'écoute...
l'ampleur, je dirais, des réformes qu'il va amener, des amendements
qu'il va amener et l'écoute qu'il aura témoignée à l'égard de tous les
avertissements qu'on lui a servis.
Donc, moi, je
suis loin d'être rassurée et je me questionne beaucoup à savoir comment se fait-il que le ministre
qui porte la réforme, qui s'adonne à être le leader aussi, a décidé
qu'on parlerait de l'adoption de principe aussi rapidement, aujourd'hui, mais qu'il n'a même pas jugé bon de prendre la parole pour nous dire
ce qu'il retenait, donc, des consultations et
comment il allait changer les choses. Donc, aujourd'hui, je suis loin
d'être rassurée. Et c'est un peu dans ce contexte-là que je trouve déplorable
qu'on procède rapidement à l'adoption de principe sans indication et sans, de toute
évidence, un ministre qui est retourné à sa table à dessin.
Et je pense que je ne serai pas la seule à vivre
ces inquiétudes-là, parce que tous les groupes qui sont venus et qui ont demandé au ministre d'être davantage
consultés, qui ont dit : Nous, on a une expertise, on aimerait ça vous
l'offrir, on aimerait ça pouvoir travailler plus étroitement pour que vous
arriviez à présenter quelque chose qui répond davantage aux besoins, qui est plus clair puis qui s'en va
clairement dans la bonne direction... Or, ce n'est pas ce qu'on vit, malheureusement. Et ça fait en sorte qu'il y
a encore énormément
de questions qui se posent. Et c'est très difficile de
pouvoir se prononcer sur la réforme à
ce moment-ci, après avoir eu tous ces
voyants lumineux qui ont été allumés par les groupes.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée de Joliette, à ce point-ci, je me dois de vous demander
si vous avez terminé votre intervention. Et
je ne crois pas que c'est le cas. Alors, vous allez devoir reprendre votre
intervention lors de la reprise de ce débat.
Et, compte
tenu de l'heure, et afin de permettre, cet après-midi, le débat sur une
affaire inscrite par les députés de l'opposition, le présent débat prend
fin, et je suspends nos travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée
demande au gouvernement de mettre en place
des mesures afin d'assurer la réussite éducative et la persévérance scolaire
À l'article 64 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition,
Mme la députée de Saint‑Laurent
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale réitère l'urgence d'agir en éducation afin d'assurer la réussite
éducative et la persévérance scolaire des élèves pendant et après la pandémie;
«Qu'elle rappelle que les partenaires
en éducation ont constaté dès l'automne dernier une augmentation fulgurante
et alarmante du taux d'échec dans les écoles;
«Qu'elle exprime sa profonde préoccupation quant au manque
de motivation des jeunes à l'école depuis le début de la pandémie;
«Qu'elle reconnaisse les profondes inquiétudes des parents
et des équipes-écoles sur plusieurs enjeux importants, tels que la qualité de l'air, les savoirs
essentiels, les délais dans l'implantation du programme de tutorat,
l'annulation tardive des examens
ministériels, la pondération inconnue du premier bulletin, les tests de dépistages
rapides toujours non utilisés, l'imposition tardive du masque de
procédure et l'impact à long terme de la COVID sur la réussite éducative des
élèves et les risques de décrochages des élèves et des enseignants;
«Qu'elle demande au gouvernement de mettre en place des
mesures pour aider immédiatement les élèves et les équipes-écoles telles
que :
«Bonifier le
programme de tutorat, notamment par la mise en place d'un crédit d'impôt
remboursable;
«Permettre aux étudiants universitaires de déposer leur candidature
dans le programme de tutorat, peu importe leur programme d'étude;
«Ajouter un
incitatif financier ou fiscal afin de rendre le retour des enseignants
retraités plus attractif;
«Négocier de bonne
foi avec les enseignants afin d'éviter de pénaliser les enfants;
«S'engager à convoquer d'urgence, pendant la semaine de
relâche, un sommet avec l'ensemble des intervenants impliqués dans la réussite
éducative et la persévérance scolaire afin d'établir un plan de sortie de crise
sur 3 ans pour maximiser les chances de réussite de tous les élèves
du Québec.»
Je vous informe que la répartition du temps de parole pour
le débat restreint sur la motion inscrite par Mme la députée de Saint-Laurent s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique,
52 minutes sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 31 min 39 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 11 min 18 s sont allouées au
deuxième groupe d'opposition, 9 min 3 s sont allouées au
troisième groupe d'opposition. Chaque député indépendant dispose d'un temps de
parole de 1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un seul député
indépendant participe à un débat, il dispose d'un temps de parole de deux
minutes. Dans le cadre de ce débat, le temps
non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils
souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le
Président. Au mois de mars l'an dernier, lorsqu'on a fermé les écoles puis
qu'on leur a souhaité bonnes vacances, ça a
été, dès le départ, un mauvais départ. Immédiatement, là, beaucoup, beaucoup
de parents nous ont écrit parce que,
finalement, pour tous les élèves du secondaire, ils n'ont pas repris l'école
sur les bancs d'école. Il y en a qui ont eu, oui, de l'enseignement à
distance, c'était très, très à géométrie variable.
Alors, dès le
mois de mai, immédiatement, plusieurs experts nous disaient : Il va
falloir qu'on ait un plan de rattrapage scolaire. Dès le mois de mai, on disait
au ministre : Il faut penser à des camps pédagogiques, il faut s'assurer
d'avoir un accompagnement, de l'aide aux
devoirs. Mais aussi il fallait préparer la rentrée scolaire de l'automne 2020,
il fallait avoir un vrai plan sanitaire pour éviter ce que nous, on vit
présentement, la fermeture de classes.
Je sais que le ministre peut choisir le chiffre
qui fait le mieux son affaire, aller en fonction du nombre de classes qui sont fermées au Québec parce qu'évidemment il
y a plus de classes que d'écoles, nécessairement, mais, lorsqu'on y va de façon, là, concrète... Mettons-nous dans les
souliers d'une direction d'école. Dès lors que j'ai un cas, je dois faire des
appels avec la Santé publique, je dois appeler les parents, je dois isoler ma
classe, je dois transférer et basculer en ligne lorsque possible, que j'aie assez de matériel pour le faire. Alors,
c'est sûr qu'il y a un branle-bas de combat dans chacune des écoles qui
a une classe fermée.
En décembre
dernier, c'était 40 % des écoles au Québec qui ont été touchées par la
COVID-19, 40 % en décembre dernier.
Et à ce moment-là le gouvernement, le ministre de l'Éducation disait : On
ne voit pas comment qu'on peut continuer à garder nos écoles ouvertes
avec autant de cas. Nous autres non plus. On a demandé, depuis le 17 août,
lors des crédits, d'avoir des mesures
additionnelles pour garder nos enfants dans les écoles. On partage exactement
la même priorité que le gouvernement,
garder nos écoles ouvertes. C'est seulement ça qu'on veut, on veut les garder
ouvertes de façon sécuritaire.
Là, j'ai
beau, là... vous ne le verrez pas, mais il y a un plexiglas à côté de moi. La
qualité de l'air ici, M. le Président, la caméra ne peut pas le
démontrer, mais nos plafonds sont tellement hauts, c'est l'équivalent, je
crois, de quatre étages. Et notre collègue
de Gouin a mis son capteur de CO2, savez-vous combien qu'était notre
particules par million? En bas de 500.
Loin, là, du seuil établi par l'école de santé publique de Harvard, qui fixe à
700 particules par million pour une classe ayant 15 élèves.
Savez-vous
quel est ce seuil en ce moment, la moyenne au Québec, savez-vous? Moi, je ne le
sais pas. Puis je vais vous dire
pourquoi je ne le sais pas : parce que, malgré qu'on a demandé d'avoir des
purificateurs d'air, qu'on a demandé d'avoir
des capteurs de CO2 dans les écoles, ça ne s'est pas produit. On a
plutôt pelleté par en avant. On a attendu. On nous a promis une étude. Finalement, c'est arrivé en janvier, une étude bâclée qui ne fait état
que d'environ 12 % du parc-école et où on a décidé volontairement
d'exclure dans la moyenne présentée aux Québécois les résultats des
classes où est-ce qu'une prise de mesure a été faite, mais qu'il n'y
a pas de fenêtres puis où est-ce que ça dépassait largement le
2 000 particules par million. Pire que ça, toutes les mesures qui
sont en haut de 2 000, on ramène ça à 2 000 particules par million. Pourquoi, M.
le Président? C'est simple, c'est qu'on essaie d'avoir une moyenne plus basse,
donc on veut montrer un meilleur portrait de la situation. Ça, je
n'arrive pas à comprendre.
Je
n'arrive pas à comprendre non plus pourquoi qu'aujourd'hui encore on peut voir,
là, des physiciens, sur Twitter, le dire, Eric Topol, 7 289
«j'aime» : «C'est évident et c'est clair, le COVID-19 se transmet de façon
prédominante par voie aérienne, les
aérosols.» Pourquoi qu'au Québec on est encore en train de minimiser l'impact
des aérosols? Pourquoi qu'au Québec nos écoles anglophones ont le droit
d'avoir des purificateurs d'air? Pourquoi qu'au Québec nos écoles privées ont le droit d'avoir des purificateurs
d'air, mais nos écoles francophones publiques n'ont pas le droit? Pire que ça,
on demande aux directions d'école de les
débrancher, même ceux qui sont donnés gratuitement par la Fondation
Jasmin-Roy et Desmarais. Il me semble que, quand on va à la guerre, là, on
prend tous les outils possibles pour s'armer devant
notre vrai ennemi, la COVID-19. Ce n'est pas les oppositions ici, l'ennemi. Au
contraire, on essaie de donner des solutions.
Ça, ça nous permettrait, là, au moins d'assurer une meilleure qualité de l'air,
qu'il soit filtré dans nos écoles. Ce serait cohérent.
D'ailleurs, si je
continue, M. le Président, l'autre chose qu'on a demandée, dès le mois
d'octobre on savait que Santé Canada allait
homologuer des tests rapides. Au mois de novembre, nous avons eu une
interpellation avec le ministre de
l'Éducation. Nous lui avons dit, là : L'Ontario vient de se faire livrer
des tests rapides. Vous, le Québec, pourquoi vous n'avez pas eu votre
juste part? Il a dit : Ah! on va se mettre sur le téléphone, on va les
avoir. Je suis contente qu'ils se sont mis
sur le téléphone pour les avoir, mais finalement, les tests rapides, ils les
ont mis sur les tablettes dans les entrepôts. Ça ne sert à rien d'avoir au-dessus de 2 millions de tests rapides
dans un entrepôt au Québec, on peut les utiliser dans les écoles.
Et
là vous allez me dire : Oui, mais on a aussi un enjeu de personnel. Parce
qu'au début on nous a donné l'excuse que
les tests rapides, ce n'était pas assez efficace. Finalement, quand ça a été
démontré qu'effectivement, quand il y a eu Dr Karl Weiss, qui,
notamment, était à Tout le monde en parle dimanche dernier, qui
expliquait calmement que, non, les tests
rapides peuvent être déployés dans les écoles parce que mieux vaut déceler des
gens qui sont positifs puis, oui, il
va y avoir des gens qui sont négatifs qu'on n'aura pas décelés, mais qu'au
moins ceux qui sont positifs on les aura sortis de la classe. Pourquoi? Bien,
pour réduire les risques de propagation, pour s'assurer de ne pas fermer une
classe, pire encore, fermer une
école. Toujours pas fait. Maintenant, on a commencé, on a vu, là,
tranquillement, on va le faire avec des projets pilotes.
Pendant ce temps-là,
en Ontario, M. le Président, savez-vous quoi? Eux, ils vont de l'avant,
25 000 tests rapides par semaine
dans les écoles ontariennes plus 25 000 tests de PCR. Et l'autre
argument du ministre qu'il va sûrement me dire : Oui, mais on manque de bras. On lui a
dit, on lui a déjà proposé : Faites appel aux étudiants en soins
infirmiers, on en a des milliers, au Québec, qui peuvent nous donner un
coup de main.
Tout ça, c'est des
options qui sont sur la table avec le ministre. Moi, j'aimerais vraiment que...
Je sais qu'aujourd'hui il m'a envoyé un
petit tweet, très gentil de sa part, pour dire : Oui, je tends l'oreille,
oui, qu'il veut collaborer. Ça, c'est
des mesures quand même qui datent de plusieurs mois. J'aimerais les
voir en place parce que c'est la santé des élèves, la santé de toutes les équipes-écoles et c'est surtout aussi
que, chaque fois qu'on ferme une classe, chaque fois qu'on ferme une école, ça s'ajoute aux journées d'école
manquées depuis mars dernier pour chacun d'entre eux, donc le cumul des
retards s'accentue.
• (14 h 40) •
Et
là ça m'amène à mon deuxième point, M.
le Président. On a attendu longtemps
pour comprendre c'étaient quoi, finalement, les savoirs essentiels, mais heureusement les enseignants se sont déjà, de leur côté, arrangés parce
qu'habituellement on planifie son
année scolaire au début de l'année, pas au mois de janvier, là. Finalement,
on comprend que le ministre de
l'Éducation, ça lui a pris plusieurs mois pour surligner qu'est-ce qui était
des savoirs essentiels, d'accord.
Par contre, programme
de tutorat, ça, je la comprends un peu moins. Parce que le programme de
tutorat, je me rappelle très bien que mes
collègues en ont parlé, on en a parlé quand même depuis plusieurs
mois. Et on n'a pas juste dit : Ça prend un programme de tutorat,
on est allés plus loin, on a réfléchi, on a même fait, ici, là, à l'automne
dernier, des propositions concrètes. Nous savons qu'il manque des enseignants.
Nous, on le sait, c'est pour ça qu'on ne s'est pas lancés dans des, mur à mur, maternelles
quatre ans. On manque déjà d'enseignants pour l'école obligatoire du primaire et secondaire, alors, imaginez, nous, on n'allait
pas aller dans des... allons-y, on va accentuer le problème en ajoutant des
maternelles quatre ans. On a dit : On
va commencer à s'assurer qu'au moins, pour l'école obligatoire, on a assez
d'enseignants.
À
l'automne, on a commencé l'année, M. le Président, il manquant
1 000 enseignants. Alors, c'est sûr que, quand on veut parler
de tutorat, puis qu'on veut faire appel aux enseignants à la retraite, qui
sont, un, plus à risque au niveau de la
COVID-19, et qu'on apprend aussi à l'automne dernier que, finalement, pour la
première fois au Québec, il y a eu plus
de départs hâtifs à la retraite... Ça, c'est quoi, M. le Président? C'est quand
un enseignant qui lui reste quand même quatre
ou cinq ans avant la retraite décide de partir en prenant une pénalité sur ses
rentes de retraite, ça, parce qu'ils sont épuisés. Alors, c'est sûr que, quand
on a vu ça, on s'est dit : Bon, comment qu'on fait pour qu'un enseignant
qui a quitté le réseau revienne?
Bien, c'est sûr que ça prend un incitatif financier parce qu'il se trouve à
avoir un impact, lui. Vous est-ce que
vous irez travailler, M. le Président, si je vous dis que, pour chaque dollar
que vous gagnez, vous devez m'en remettre entre 0,48 $ et 0,52 $ sur la piastre gagnée? Peut-être que non,
vous allez rester à la retraite, me semble. Alors, c'est sûr que ça
prend un incitatif financier.
D'ailleurs, ce n'est
pas pour rien, là, que, quand on a déployé... quand le gouvernement a dit :
On va faire tout ce qu'il faut pour aller
chercher des nouveaux préposés aux bénéficiaires, ils ont mis des incitatifs
financiers. Mais on vous demande, là, la même énergie, la même chose,
là. C'est juste ça qu'on vous demande, le même désir, là, d'aller chercher le maximum de bras, de monde, des gens qui sont
passionnés puis amoureux de l'éducation puis des les ramener dans nos écoles. Pour ça, ça va nous prendre des mesures
concrètes. Alors, quand le ministre de l'Éducation a déposé son plan de tutorat, bien, il manquait encore ce volet-là.
Donc, les enseignants, on vous appelle, répondez présent, mais il n'y a pas d'incitatif.
Pour ce qui est des
étudiants, à l'automne dernier, nous avons proposé au ministre de l'Éducation
de faire appel aux étudiants collégiaux ou
universitaires, et il s'est levé ici, en cette Chambre, puis il a dit :
C'est une bonne idée. Moi, j'étais contente, puis il avait un beau
sourire, puis j'avais vraiment l'impression qu'il allait donner suite à cette
idée. Par contre, finalement, on arrive au
mois de janvier, tardivement, puis on regarde que, finalement, le programme de
tutorat, il y a plusieurs étudiants qui sont exclus. À l'heure actuelle,
il faut savoir qu'à l'automne dernier déjà il y avait plusieurs personnes qui
sonnaient l'alarme, ils disaient : On estime le taux d'échec, au Québec,
au secondaire, en français et en mathématiques d'environ 30 % et, dans
certains cas, jusqu'à 50 %. C'est énorme, c'est du jamais-vu.
Alors, si on
veut vraiment tout faire pour éviter d'avoir une génération COVID, il me semble
que nous ne pouvons pas laisser sur
les lignes de côté des étudiants qui, par exemple, sont au baccalauréat en
littérature, qui peuvent nous donner un
coup de main en français, des étudiants en mathématiques, en actuariat qui
peuvent nous donner un coup de main en mathématiques, des étudiants en
chimie, physique. On a besoin d'eux, M. le Président, et plus tôt que tard, je
vous dirais, là. En fait, on aurait pris
leur aide dès le début de l'automne. Là, maintenant, il me semble qu'à tout le
moins, là, dès maintenant, je pense que le ministre, aujourd'hui, peut
s'engager à dire qu'effectivement il reconnaît qu'on doit ouvrir dès
maintenant la base de tuteurs à un beaucoup, beaucoup plus large bassin.
Et il y a des gens qui nous écoutent, alors,
vous savez... Je le sais, il y a des gens qui ne croient pas qu'on nous écoute, au Canal de l'Assemblée nationale, bonjour
à vous. Vous êtes plusieurs entrepreneurs aussi qui nous ont écrit, qui lèvent
la main, et donc il y a des gens à la maison qui disent : Bien, moi, je
suis un entrepreneur, mais je suis capable d'aider en mathématiques, donc ça me tente d'embarquer dans la banque de
données de tuteurs. Alors, M. le ministre, allons plus loin. Les gens qui
aiment l'éducation, les passionnés,
ceux qui veulent que notre génération réussisse, bien, faisons aussi appel à eux. Ce n'est pas le temps
d'attendre ou de bouder de l'aide, c'est le temps d'agir. Alors, là-dessus,
j'espère que le ministre va nous donner, aujourd'hui, une réponse
favorable.
Autre chose, toujours dans le programme de
tutorat, on a demandé, à l'automne dernier, au ministre, puis on l'a répété encore cette fois-ci... Il y a des
parents qui n'ont pas attendu après le ministre pour, évidemment, aider leurs enfants. Rien de pire pour un parent que de regarder son
enfant ne pas réussir un devoir, revenir avec de la frustration parce qu'il
ne comprend pas, alors il y a beaucoup de parents qui, effectivement, ont fait
appel à des tuteurs privés. Puis là je ne parle
pas de parents riches, là, je parle des parents, là, de la classe moyenne, là,
qui, O.K., ils se sont arrangés, ils ont coupé sur certaines affaires,
ils se sont payé un tuteur. Il y en a plein, là, dans cette situation-là au
Québec, plein, plein, plein. La demande, là,
de tuteurs privés a explosé au Québec l'automne dernier. Mais ces parents, là,
ont sorti de l'argent de leur poche,
puis des fois c'est de l'argent qu'ils n'ont même pas. Alors, c'est pour ça que
nous, on a demandé un crédit d'impôt remboursable, 500 $ pour aider les
parents qui ont déjà défrayé le coût d'un tuteur privé. Il me semble que c'est
raisonnable, c'est quelque chose qui est très réaliste.
Et vous me
regardez, M. le Président, puis je vois la calculatrice rouler devant vos yeux.
Mais inquiétez-vous pas, rien ne
s'invente, rien ne se crée, tout se transforme, rappelons-nous de ça. Bien,
savez-vous quoi? La bonne nouvelle, c'est que le fédéral a créé un fonds
d'urgence pour les écoles. Mais la semaine passée je lisais Éric Desrosiers
dans le journal Le Devoir, il disait : «Le Québec se prive de
700 millions de dollars du fédéral.» Évidemment, ce n'est pas tout pour l'éducation, mais il y a un volet éducation. Juste
pour ceux qui nous écoutent, le 700 millions de dollars, il y a une partie
qu'effectivement c'est pour de l'aide, mais ça prend quand même... attacher les
fils avec Ottawa. En ce qui concerne l'argent
sur l'éducation, c'est une aide directe, un transfert, on envoie
432 millions en deux versements. Pouvez-vous croire, M. le Président, qu'ils ont laissé
220 millions... sur la table? Moi non plus, je ne pouvais pas le croire,
donc je suis allée vérifier, de mes
yeux vu. Alors, je suis allée lire le rapport Régler la note, puis
effectivement c'est clairement indiqué — ça ne
s'invente pas, là — le
Québec a laissé de l'argent sur la table en éducation, de l'argent que nous, on
peut utiliser dès maintenant.
Puis, je vous
dis, là, ce n'est pas parce qu'il nous manque des besoins, là, on en a. On
aurait pu mettre un bon 80 millions de dollars pour les
purificateurs d'air, 6 millions de dollars pour les capteurs de CO2
pour mesurer en temps réel, dans chacune des
classes du Québec, la qualité de l'air pour savoir c'est quand qu'on doit
ouvrir la fenêtre et quand est-ce que
l'air redevient de qualité et on aurait pu mettre cet argent, le reste,
évidemment, dans un bon programme de tutorat.
Alors, j'aimerais vous lire quand même un petit
passage, là, étonnant : «Pour sa part, le Québec a attribué peu de fonds
fédéraux reçus pour aider les écoles de la maternelle à la 12e année à
redémarrer en toute sécurité.» Ça, M. le Président, c'est à la page 27 du rapport Régler la
note. Aujourd'hui, j'aimerais entendre le ministre
spécifiquement là-dessus,
s'engager, là, à ne pas faire la fine bouche
devant l'aide d'Ottawa. On n'a pas le temps d'avoir de chicanes. On veut
vraiment sauver l'éducation, on veut en faire une priorité, prenez toute l'aide
disponible, et ça, cet argent-là, là, en fait — là, c'est la fiscaliste qui parle — on a payé des impôts autant au Québec qu'à
Ottawa, cet argent-là nous revient, on ne le laissera pas sur la table,
on en a besoin. Alors, ça, c'était pour le programme de tutorat.
Maintenant,
permettez-moi d'aller sur un autre volet. M. le Président, c'est la
semaine des enseignants, c'est une semaine excessivement importante.
J'entendais, ce matin, à la radio, des témoignages d'élèves qui ont écrit à
leurs enseignants, des enseignants qui, oui,
leur apprennent le français, les
mathématiques et d'autres savoirs essentiels, mais aussi les écoutent. Il y avait un témoignage, d'ailleurs, d'une enseignante
qui, elle, avait reçu le témoignage d'un élève qui avait des abus à la maison. Un enseignant,
là, c'est souvent le roc, le rempart d'un élève, un psychologue, un travailleur
social, il s'assure du bien-être de son enfant, de son élève. Mais ces
mêmes enseignants, là, sont à bout de souffle.
Et ce qui est le plus malheureux, c'est que le
ministre de l'Éducation est enseignant. Et c'est là, au fond, que le bât blesse, c'est que les attentes étaient là
pour le ministre de l'Éducation, et ils s'attendaient que, lorsque lui allait
être ministre de l'Éducation, il allait
se rappeler c'est quoi, valoriser un enseignant, il allait aussi se rappeler de
ses promesses. Abolir les six premiers échelons, c'était une promesse.
Pourquoi cette promesse a été retirée des offres patronales? Pourquoi?
C'était un acquis. Pourquoi on recule sur cet engagement? Est-ce que c'est ça
valoriser les enseignants? Les conditions de travail aussi, c'est important.
Dire que les négociations sont en cours, ce serait le contraire de la vérité, M. le Président. Les discussions piétinent,
piétinent. Et je sais que le ministre a dit : Si vous faites un vox pop,
là, les enseignants sont supersatisfaits. Bien, le vox pop, ils l'ont fait, les
enseignants, là, vous pouvez le lire, là : Un vox pop pour
Jean-François Roberge. Les
propos ont choqué. «À titre d'enseignants, nous tenons à indiquer au ministre
de l'Éducation...»
• (14 h 50) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée, on doit l'appeler par son titre.
Mme Rizqy : Le ministre
de l'Éducation. «À titre
d'enseignants, nous tenons à indiquer au ministre de l'Éducation que
nous avons été choqués par ses propos. Si les syndicats enseignants
dénoncent actuellement les conditions dans lesquelles nous devons travailler, c'est parce que
nous leur demandons de brosser un tableau représentatif de ce que nous vivons
au quotidien.
«Malgré tout ce le ministre choisit de croire et
de clamer partout, jamais nos élèves n'ont rencontré autant de difficultés
et n'ont eu autant besoin d'une aide qui ne vient pas.» L'aide ne vient pas.
Ça, ce n'est pas les syndicats qui écrivent ça, là, ce sont des
enseignants, à titre personnel. Puis je rappelle que les syndicats, là, c'est
aussi des enseignants.
Là, vous
allez me dire : Ah! mais c'est les enseignants. Bien, savez-vous quoi?
Hier, j'arrivais pour venir travailler au parlement, qui je vois? Le personnel
de soutien, ceux que le ministre oublie quand
même souvent. Vous vous rappelez
quand il a annoncé : Bon, le bulletin
va être reporté. Bien oui, il y avait une conséquence pour ceux qui ont déjà
rentré les notes. Ils auraient aimé ça le savoir plus tôt que le
bulletin était reporté, peut-être qu'ils se seraient moins pressés.
D'autre part,
lorsqu'il a annoncé, le ministre, trois journées de
congés pédagos, ce n'était pas clair, là. Bien, il a oublié d'attacher les fils
avec le réseau du personnel de soutien. Parce que les pédagogiques, là,
ce n'est pas des congés, là, le personnel
de soutien travaille, là, c'est eux qui prennent charge de tous les élèves. Et
là la bulle-classe disparaît parce
qu'il n'y en a plus, de bulle, là, dans le gymnase, là. Le personnel de
soutien, hou! tout le monde est là.
Mais le personnel de soutien aussi était dehors
hier. Puis savez-vous qu'est-ce qu'ils m'ont dit? Bien, Mme la députée
de Saint-Laurent, les discussions, là, l'avocate que le gouvernement a retenue, c'est une avocate du privé. Elle nous a annoncé qu'elle n'était pas disponible du
1er janvier au 15 février parce
qu'elle travaille sur un autre
dossier au privé. Aïe! Ça avance
fort, ça. Ça avance supervite, elle n'est pas disponible. Ah! puis ils ont
aussi appris de l'avocate : On n'a pas de mandat de négociation. Pardon? Là, il y a des mandats de grève
qui sont votés un peu partout au
Québec, autant chez les enseignants
que le personnel de soutien. Donc, le réseau scolaire, là, est démobilisé par
l'inaction du ministre de l'Éducation. Il n'y a personne qui a envie de
voir des bris de service au Québec.
Alors, moi,
je demande au ministre de s'assurer... Puis qu'il ne nous dise pas qu'il a
parlé avec la présidente du Conseil
du trésor. Je le sais, qu'ils se parlent. Il faut créer une négociation de
bonne foi. Ça, c'est un principe en droit du travail, là. Ce n'est pas
normal qu'il y ait des offres, mais il n'y a pas de contre-offre. Vous, si vous
allez acheter une maison, là, vous dites :
Ah! bien, parfait, je t'offre 200 000 $, puis la personne ne te
revient pas, bien, tu vas comprendre qu'elle n'est juste pas intéressée à te la vendre, là. Bien là, en ce moment,
c'est ça qui se passe. Il y a des offres du côté syndical, il n'y a pas de contre-offre de l'autre partie,
c'est un mur. C'est ça valoriser le personnel de soutien? Est-ce que c'est ça
valoriser les enseignants? Nous, on demande, là, de régler. Au même titre, là,
qu'ils ont voulu régler rapidement avec les
infirmières, on demande juste de régler pour sauver l'année scolaire. Parce
qu'aujourd'hui, là, si on est rendus à un point de rupture au niveau de
la confiance, c'est parce qu'il y a eu de l'inaction, il y a eu beaucoup de
va-et-vient. Alors, j'apprécierais avoir une
réponse là-dessus, là, qu'il va s'engager lui, là, de faire preuve du
leadership, puis s'assurer que les
négociations, là, vont arrêter de traîner, puis que les avocats au dossier du
côté patronal s'assoient à la même table que les avocats du côté
syndical. Ça va faire changement.
Finalement,
mon dernier point que... je pense qu'il est très, très important qu'on ait cette
discussion immédiatement pour
préparer l'automne 2021, l'automne 2022, l'automne 2023, pas
parce que je veux mettre la charrue devant les boeufs, mais parce que les
experts nous le disent, les retards de l'an dernier et de cette année, bien, ça
va peut-être prendre deux ans, peut-être
même trois ans à rattraper tout ça, alors il faut le planifier. Moi, ça ne me
tente pas, au mois de janvier l'an prochain, d'avoir la même discussion. Semaine de relâche? Pas de semaine de
relâche? On ne peut pas gérer ça à la petite semaine, ça nous prend un
plan de match, un calendrier. Ça nous prend aussi les parents, les élèves
aussi, les équipes-écoles, les directions
d'école, évidemment, mais aussi des experts pour nous aider à avoir un vrai
plan de match pour mieux structurer et organiser la récupération et le
rattrapage scolaire. Il ne faut pas attendre parce que sinon, M. le Président,
on va rejouer exactement dans le même film, on va avoir des échecs, on va avoir
des enfants découragés, on va avoir des profs découragés.
Alors, moi,
j'invite le ministre... On va avoir une belle semaine de relâche, de toute
façon, on va tous être ici, alors pourquoi qu'on ne travaille pas tous
ensemble, là, pour la réussite éducative? Que le ministre convoque une réunion
pour vraiment parler d'une sortie de crise
en éducation, pour s'assurer qu'il n'y aurait pas une pandémie d'échecs puis
surtout s'assurer, là, qu'on va être capables d'éviter le pire, c'est-à-dire
une génération COVID. Le ministre de l'Éducation a dit que c'était sa priorité, l'éducation. Ici, là, on
aimerait ça qu'il nous en fasse une belle démonstration, pas par les mots, par
des actions concrètes en temps utile. Et le temps utile, M. le Président, ça
commence maintenant. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de
Saint-Laurent. Je reconnais maintenant M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci, M. le Président. Merci à ma collègue de nous amener à débattre, cet
après-midi, des sujets importants de l'éducation,
de la réussite, puis des programmes qu'on a mis en place, des investissements,
et de tout ce qu'on fait pour soutenir la réussite scolaire, mais la réussite éducative des
élèves, appuyer le personnel scolaire dans une situation qui est très difficile. On ne se le cachera pas,
là, il n'y a absolument rien de normal dans ce qu'on vit en ce moment, ni dans le milieu culturel, ni dans le milieu des
affaires puis évidemment pas dans le milieu scolaire. Je me dois cependant...
Je voulais parler juste du programme de
tutorat. Je pense qu'il y a beaucoup d'information à donner, mais je me dois
quand même de prendre quelques
minutes pour rétablir les faits parce que beaucoup, beaucoup de choses ont été
dites, et puis il y a quand même des choses qu'on doit recadrer.
Ma collègue a terminé en disant : On ne
veut pas des mots, on veut des actions concrètes, on veut des chiffres, pas
juste des mots, pas juste des mots. Il faut un certain culot, là, quand on est
membre de cette formation politique là, pour
dire au gouvernement actuel qu'on ne veut pas juste des mots, mais
qu'on veut des actions. Il faut quand
même voir que nous sommes arrivés au gouvernement en 2018 et que le réseau scolaire était, je vous dirais, en piteux état
suite à une mauvaise gouvernance de sa formation politique. Il faut bien
le voir, là, je veux dire, on est en mode rattrapage. Bien avant la pandémie, on était en rattrapage pour
essayer de réparer les pots cassés. Et, quand les gens du Parti libéral critiquent la gestion de la Coalition avenir Québec, qui est en
train de corriger ce qu'ils ont fait,
moi, j'ai l'impression de voir un pyromane qui critique le travail des
pompiers. On est en train d'éteindre le feu qu'ils ont allumé.
Il y a des
problèmes. Par exemple, en ce moment, pendant la pandémie, c'est plus dur que
ce que ça devrait être, parce qu'un des problèmes, c'est la pénurie de
personnel. Ce ne serait pas facile combattre la pandémie dans le milieu
scolaire si on avait déjà tout le personnel, mais ce serait moins compliqué. Ça
me fait un peu penser aux CHSLD, qui ont
écopé solidement depuis le début de la pandémie, surtout au printemps, parce
qu'on manquant de personnel. On s'est attaqué à ça.
Mais, dans le réseau scolaire, on manque aussi
de personnel. On s'attaque à ça. Je sais que ma collègue apprécie beaucoup les tableaux, alors je vais lui en
montrer un qui est très éclairant ici. Alors, ça, ici, c'est les inscriptions
dans les facultés des sciences d'éducation. Alors, ici, c'est la colonne sous le
précédent gouvernement, Parti libéral du Québec, et on voit que, sur quatre ans, il y a eu une baisse
nette d'inscriptions dans les facultés d'éducation. Mais on s'entend que, sur
deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, quand il y a une baisse nette,
qu'à chaque année il y a moins d'inscriptions que l'année d'avant, ça ne prend pas un génie pour
savoir que trois, quatre, cinq ans après, bien, il y a moins de finissants puis
ça aggrave la pénurie.
Alors, sur
quatre ans, baisse nette de 6,5 % des inscriptions dans le bac en
éducation préscolaire et primaire. Ça, ça
crée des dommages. Quand, entre 2015 et 2018, il y a de moins en moins de gens
qui s'inscrivent, bien, en 2019, 2020, 2021,
il y a moins de gens qui sortent des facultés des sciences d'éducation. Depuis
qu'on est là, en deux ans, on est passés d'une baisse de 6,5 % à une
hausse de 26,5 %. Alors, quand ma collègue dit : Ah! il ne faudrait
pas juste des mots, il faudrait des
gestes, bien, ici on voit que les politiques de notre gouvernement, la valorisation
de la profession enseignante, la reconnaissance de l'éducation comme une priorité, ça a percolé, ça s'est rendu jusque
dans les cégeps, puis les jeunes ont dit : Bien, moi, je vais
devenir enseignant parce que ça devient une priorité nationale, maintenant,
l'éducation.
• (15 heures) •
Au
secondaire, sous le précédent gouvernement, une baisse de 9,4 %
en quatre ans. De moins en moins de gens qui s'en vont dans les sciences de l'éducation. En deux ans, depuis que
nous sommes là, une hausse de presque de 14 %. Donc, on passe d'une baisse de 9 % à une
hausse de 13,9 %. Clairement, là, c'est un tableau, mais, si j'avais un
graphique, peut-être que ça parlerait plus.
Alors, je
sais que la pandémie n'est pas causée par la pénurie de personnel, mais les
conséquences de la pandémie, les difficultés à surmonter les retards scolaires,
la crise dans les écoles quand des enseignants ne peuvent pas prendre
une journée de maladie, une journée de congé
parce qu'ils se sentent mal, parce qu'ils disent : Si je ne suis pas là
demain, c'est mon collègue qui va devoir faire du temps double, qui va devoir
sacrifier sa période libre pour aller dans ma classe, ça, là, c'est à cause de la pénurie de personnel.
Puis la pénurie de personnel, elle est due à la dévalorisation de la profession
enseignante. Et ça, ce n'est pas arrivé tout
seul, c'est arrivé après 15 ans
de négligence. Alors, il faut bien le voir, puis on s'inscrit là-dedans, puis c'est vrai, ça prend du temps à rebâtir quelque chose. Ça va plus vite, s'attaquer à quelque
chose, détruire quelque chose que le rebâtir, mais on va le faire quand
même.
Je vous ai
parlé des facultés de sciences de l'éducation, donc la pénurie de personnel.
Qu'en est-il des professionnels, des
gens qui viennent en aide à nos élèves en difficulté, des fois qu'on
appelle des élèves EHDAA ou des élèves vulnérables,
des élèves qui ont des besoins particuliers? Mais souvent, ça prend une
équipe-école, pas juste les enseignants, c'est les personnels
professionnels qui sont si importants en plus, bien sûr, du personnel de
soutien.
Mais on voit
ici, j'ai trois colonnes. Alors, ici, c'est pendant les deux années du
gouvernement du Parti québécois, ils ont augmenté de 57 personnes.
Ils ont ajouté 57 professionnels en deux ans. Le Parti libéral, en quatre
ans, 1 012. Si on avait un graphique,
on verrait que ça dépendait des années, là. Disons que, quand tu approchais de
la campagne électorale, ça devenait plus important qu'au début, là, mais quand
même, sur quatre ans, 1 012. Et notre gouvernement, en deux ans,
1 052. On en a fait plus en deux ans qu'eux en quatre ans. Puis ici, je
pense, c'est 20 fois plus que le précédent gouvernement, mais 20 fois
plus en deux ans qu'eux en deux ans, alors on a un comparable.
Donc, ça
fait partie du contexte, et c'est sûr que le milieu scolaire vit des heures
difficiles en ce moment, M. le Président. C'est pour ça qu'on est là pour les aider puis qu'on multiplie les
initiatives, les nombreuses initiatives. Mais il faut juste se décoller le nez de l'arbre pour voir la forêt puis
voir qu'il y a un historique à ça et qu'avec toute la bonne volonté du monde,
avec tous les millions du monde, on ne peut pas embaucher des gens qui ne sont pas encore formés. On va
récolter les fruits de nos nouvelles politiques dans quelques années,
quand ces gens-là vont diplômer.
Un
petit mot aussi sur la comparaison avec l'Ontario. Ma collègue a voulu parler
de ce qui se passe de l'autre côté de la rivière des Outaouais. Je le
comprends. Québec, on aime bien se comparer, c'est très bien,
avec nos voisins, Nouveau-Brunswick,
Ontario, les États du Nord-Est américain, la France. C'est normal. C'est
normal, mais il faut se dire qu'on n'a pas à rougir, absolument pas. Ce printemps,
on a été la seule province au Canada à rouvrir nos écoles primaires, alors que les autres, hein, ont fait le choix de laisser
les écoles fermées. Et, bien sûr, au
moment où on a pris la décision de
rouvrir les écoles primaires, qu'ont
dit les collègues des oppositions? C'était bien terrible, ce n'était pas bon, il ne
fallait pas faire ça. Une fois qu'on l'a réussi, ah, là, c'était vraiment
bon, finalement, c'était une bonne idée. Mais on l'a réussi. Je
dis «on», en réalité je devrais dire :
Les gens dans notre réseau scolaire
ont réussi, ont relevé ce défi incroyable de rouvrir nos écoles primaires à l'extérieur du Grand Montréal. Ils ont
réussi aussi, bien sûr, à faire l'école en temps de pandémie tout l'automne.
Et je sais qu'en ce moment, je parle de
l'automne, mais cet hiver aussi, c'est des conditions qui sont difficiles,
mais on est là pour les épauler. Je
vais parler des initiatives tout à l'heure, puis mes collègues aussi qui vont
venir prendre la parole vont parler de ces initiatives-là, mais je
voulais le mentionner.
Je reviens sur la
comparaison avec l'Ontario très rapidement. J'invite ma collègue à
vérifier qu'en est-il de la disponibilité
des outils informatiques en Ontario. Est-ce que tous les élèves qui ont besoin
d'un ordinateur, d'une tablette en ont? Je lui pose la question, parce qu'ici
c'est réglé, on est capables d'en fournir à tout le monde, et ce n'était
pas à cause de la clairvoyance du précédent
gouvernement. On a triplé le nombre d'ordinateurs en neuf mois. Vous avez bien
entendu. Ils ont été là 15 ans, et, en
neuf mois, on a triplé. On parle d'une augmentation de 300 % du nombre
d'ordinateurs et de tablettes disponibles. Et c'est pour ça qu'en ce
moment et depuis le début du mois de janvier on est capables de fournir un ordinateur ou une tablette à tous les
élèves qui en ont besoin, parce qu'ils n'ont pas un outil dédié à la maison,
autant au primaire qu'au secondaire. Ça, c'est un défi qu'on a relevé.
Et
dernier point, sur certaines comparaisons, il faut dire que nous avons rouvert
nos écoles aussi en janvier plus rapidement que nos voisins. Et, encore une
fois, merci aux parents de faire confiance à nos écoles puis merci à toutes
les personnes qui travaillent si fort pour embellir le quotidien des élèves
puis prendre soin des élèves. C'est pour ça qu'au gouvernement on est bien conscients qu'on a la responsabilité de prendre
soin du personnel, d'aider les enseignants, les employés de soutien, les
professionnels à aider les élèves.
Maintenant, je veux
m'attarder réellement à l'annonce qu'on a faite en janvier, qu'on a détaillée
en janvier, qui est une annonce de 38 millions de dollars. Ma collègue
parle du programme de tutorat, mais, en réalité, ce sont des programmes de tutorat et des programmes de soutien
et d'aide au réseau scolaire. Le premier, qui doit être excellent puisque
personne n'en parle, hein, souvent
c'est un indicateur, c'est le programme qu'on a appelé le programme de bienveillance.
C'est 14,9 millions de dollars qu'on a investis pour donner du soutien à nos enseignants,
au personnel des écoles et aux
élèves.
Donc,
il y a des programmes d'aide au personnel qui ont besoin, qui vivent de la
détresse en ce moment, puis des programmes
aussi de formation aux enseignants pour venir en aide aux élèves qui vivent du
stress, qui vivent de l'angoisse, qui vivent des émotions qui sont difficiles à
gérer à ce moment-ci. Et je pense que ce programme-là, qui s'ajoute à
d'autres initiatives qu'on a prises, en concertation avec mon collègue le
ministre délégué à la Santé, pour toutes les questions de santé mentale, bien, on vient vraiment bien compléter le portrait,
puis je pense que le programme bienveillance porte bien son nom.
Donc, dans cette
annonce de 38 millions, aussi, il y a un partenariat très important avec
l'organisme Tel-Jeunes. Je parlais de santé
mentale. L'organisme Tel-Jeunes, pas besoin d'être présenté au Québec. Mais
c'est un financement, un partenariat formel, avec un financement de plus de
4,6 millions, qui nous amène jusqu'en juin 2022. Donc, voyez-vous,
on n'est pas dans le court terme. On n'est
pas en train de gérer les trois prochaines semaines. On est sur plus qu'un an.
On fait le tour puis on prend soin des élèves au moins pour toute l'année
scolaire qui vient et probablement plus tard aussi. Et qu'est-ce que ça va faire, ce partenariat-là?
Bien, la mise en place d'une équipe supplémentaire d'intervenants pour faire
de la relation d'aide avec les élèves.
Ma
collègue disait : Des mots, des mots, on veut des actions. Voici des
actions, des relances, des appels, des textos auprès des jeunes, que les
enseignants réfèrent pour amorcer avec eux un suivi personnalisé, des échanges
réguliers. Donc là, on a un partenariat écoles—Tel-Jeunes. On vient aider
le personnel scolaire qui, des fois, repère dans la classe des élèves qui ne vont pas bien. Mais ce n'est pas
tout sur le dos, tout sur les épaules du personnel scolaire. Ils sont capables
de référer à un organisme qui vient les aider, un organisme qui est habitué
d'agir et d'interagir auprès des jeunes.
Développement
d'espaces d'échange thématique. Les jeunes disent du chat, du clavardage en
direct, hein, bien souvent, les mots pour le
dire ou les mots pour l'écrire au bout de leur téléphone. Et, pour bien
rejoindre les jeunes aussi, développement
d'une application mobile pour permettre aux jeunes d'avoir accès à une
multitude de ressources, mais aussi du clavardage. Et il va y avoir des
personnes qui sont disponibles en temps réel pour venir en aide aux jeunes. Ça,
c'est un élément important de l'annonce de tutorat, mentorat,
Tel-Jeunes.
Un
partenariat avec Allô prof, 7,3 millions. Encore une fois, on se rend
jusqu'en juin 2022. On voit à moyen, on voit à long terme... je dirais, à moyen terme. On va aller plus loin que
ça quand on parlera du long terme. Et qu'est-ce que ça va faire, Allô prof? Ça va propulser encore
plus des services d'accompagnement
et, dans certains cas, de tutorat auprès d'élèves en difficulté.
• (15 h 10) •
Et
je vais vous illustrer à quel point les services d'Allô prof, qui sont déjà
très connus et reconnus, vont réellement prendre un envol avec une augmentation très
surprenante, très forte. Le nombre d'élèves aidés par année, normalement,
c'est 450 000. Imaginez, normalement, c'est 450 000. On va l'augmenter
de 55 % en une année, une augmentation fulgurante. 10 %, c'est
beaucoup, 55 %. On va passer de 450 000 jeunes aidés par Allô prof à 700 000. Ça, c'est de l'aide directe.
Ça, c'est des services directs à des élèves. Au moment où ils en ont besoin,
ils communiquent, ils reçoivent de l'aide tout de suite des services
pédagogiques pour les aider à réussir.
On va ajouter
150 capsules, des minicapsules vidéos, qu'on appelle des minirécups, sur
les savoirs essentiels. Parce que, bien sûr,
il y a une coordination entre ce qu'on fait, ce qu'on dit, on rend disponible
ce qu'on appelle les savoirs essentiels, les notions très importantes,
mais il y aura des petits vidéos préparés expressément pour ça.
On va augmenter aussi les heures
d'accès. En ce moment, ce n'est pas possible pour un jeune de communiquer avec
Allô prof au téléphone le dimanche. Il y a
maintenant... C'est déjà fait, hein? Ma collègue se demandait quand est-ce que
ça commence. Bien, c'est commencé dimanche passé déjà que les services d'Allô
prof ont augmenté.
Et le nombre
d'accompagnements réalisés par les enseignants, sur deux ans... d'habitude, sur
deux ans, c'est 210 000 élèves qui
sont accompagnés d'une manière ou d'une autre au téléphone. On va passer de
210 000 à 525 000, une augmentation de plus du double, plus de
150 %.
Donc,
oui, il y a le programme bienveillance, il y a le partenariat avec Tel-Jeunes,
il y a le partenariat avec Allô prof. C'est du concret à chaque fois.
Je
veux vous parler aussi de la mesure tutorat qui est coordonnée, celle-là, par
les commissions scolaires anglophones, les
centres de services francophones. Les écoles privées aussi, on ne les a pas
oubliées, ils font partie de la solution, ils font partie de l'équation. Tout ça, ce sont nos services de tutorat qui
ont été annoncés avec un financement de 38 millions de dollars.
Ma
collègue disait : On ne veut pas juste des mots. On a des mots, on a des
millions, on a des actions. Ça commence quand? Ça commence dimanche passé. On n'est pas en retard. On n'est
tellement pas en retard qu'on est les premiers au Canada, M. le Président. Je trouve ça toujours un
peu drôle quand j'entends mes collègues dire : Bien là, vous êtes en
retard, vous êtes en retard. J'ai
comme l'impression que nous sommes la locomotive. La locomotive est en avant de
tous les wagons, elle tire le train.
La locomotive n'est jamais en retard. Quand on est les premiers, c'est dur de
dire qu'on est en retard. On est les premiers au Canada, M. le Président, à
mettre en place un service de tutorat comme ça avec des partenariats et avec
les professionnels dans les écoles.
Il va y avoir des
gens formés, compétents, des gens dont la mission et l'aspiration est, sera et
a toujours été d'accompagner des élèves. Parce que qui va offrir le service de
tutorat? D'abord et avant tout, pour commencer, les premiers, ce sont les gens qui sont déjà dans les écoles, les gens
qui connaissent déjà les élèves par leur nom. C'est eux qui
sont les premiers embauchés, et ça commence cette semaine dans certaines
écoles. Parce que ça va être déployé graduellement,
mais il y a déjà des écoles... Il y a déjà des
élèves, M. le Président, qui, au
moment où on se parle, ont déjà reçu
des services de tutorat avec peut-être des enseignants qu'ils connaissent depuis longtemps,
avec lesquels ils ont développé une relation de confiance.
Alors,
les services sont déjà en place dans certains cas. On est les premiers
au Canada, mais on est en retard. C'est un paradoxe. C'est
un paradoxe, mais, en même temps, il faut... C'est aussi ceux qui nous disent
qu'on manque de personnel et qui ont causé la pénurie de personnel. Alors, quand
les gens causent une pénurie de personnel, nous accusent de ne pas régler aussi vite qu'ils le
souhaiteraient le problème qu'ils ont causé, ça amène un petit problème
de crédibilité quand il dit qu'on est en retard pour un service qui est déjà
en place, hein? On peut se dire ça comme ça.
J'ai parlé directement,
bien sûr, à plusieurs intervenants du réseau avant de mettre en place ce
service. Il y a deux comités, en fait, trois
comités : l'équipe tactique, des gens de terrain à qui je parle très, très, très fréquemment, qui sont dans notre réseau, dans nos écoles, des
gens qui sont des leaders pédagogiques; le comité EHDAA, des spécialistes de l'enfance, des spécialistes des élèves vulnérables, que j'ai consultés précédemment; et
l'autre comité, que j'appelle le comité
évaluation et réussite, des sommités de l'éducation à qui on a parlé avant de
mettre en place ce service. Alors, je pense qu'on a toutes les
assurances pour avoir un service de qualité.
Ma collègue
s'inquiète de la réponse des retraités. Est-ce que les retraités, vraiment,
vont répondre présent? Est-ce qu'ils vont
vouloir embarquer dans le projet? Bien, je veux la rassurer parce qu'avant de
l'annoncer on a parlé aussi à l'association des retraités de l'éducation du
Québec. J'ai eu une conversation avec M. Provost, le directeur général
de cette association, une conversation avec Mme Lapointe, la présidente.
Et qu'est-ce qui est arrivé quand on a fait notre annonce? Bien, l'association
des retraités du Québec a envoyé un communiqué, Appel aux enseignantes et
enseignants retraités durant la pandémie : l'AREQ répond présente et tend
la main au gouvernement. Après ça, on leur a reparlé. Ils ont dit : Oui, on va le diffuser à nos
membres. C'est un bon programme. Merci de nous avoir écoutés sur la manière de
le mettre en place. Merci de vous être
assurés que les retraités ne perdent pas leur rente en étant rémunérés pour
faire ce qu'elles font le mieux, ce qu'ils font le mieux depuis des années avec
toute leur expertise, c'est-à-dire aider les élèves à surmonter des
difficultés.
Alors,
ma collègue s'inquiète alors que non seulement on a fait nos devoirs, mais,
avant l'annonce, avec eux, en adaptant
notre façon de faire pour leur avoir
parlé, en s'assurant même que les gens qui sont les présidents et les
directions générales de l'association des retraités appuient le message, relaient le
message. Je pense, ma collègue peut être rassurée.
Une
autre conversation que j'ai eue, pas plus tard qu'hier, avec M. Maltais,
qui est le directeur général du centre de services scolaire des Chênes, mais
qui est aussi le directeur général de l'association de toutes les directions générales du Québec, et qu'est-ce qu'il m'a dit? Que
le programme de tutorat était bien reçu dans le réseau. C'est
la direction générale qui parle au
nom de toutes les directions générales. C'est bien reçu dans le réseau. Il m'a
dit : C'est le bon programme au bon moment. Il ne m'a pas dit :
M. Roberge, vous êtes en retard, c'est terrible, que se passe-t-il? Tout le monde dans le réseau nous dit qu'on
est en retard. Non, non, non, il m'a dit : C'est le bon programme
au bon moment, parce qu'il arrive à la fin de la première étape, parce
qu'il arrive au moment où on rend disponibles ce qu'on appelle les savoirs
essentiels, les notions préalables. Ça va
nous permettre de prendre tout ça, le bilan de l'étape, les savoirs essentiels,
pour savoir à qui donner les
services, comment donner des services, sur quoi axer les services aux élèves
pour vraiment consolider ces savoirs essentiels. Le bon programme
au bon moment.
J'ai
parlé aussi avec d'autres directions générales, notamment la direction
générale du centre de services scolaire Marie-Victorin qui m'a dit : Très bien,
beaucoup d'enthousiasme sur le terrain. Les gens dans les
écoles sont contents. On va mettre ça en place très rapidement. On va
commencer les services. On va les déployer graduellement au fil des semaines, bien sûr, c'est normal, c'est
un programme national, ça ne se fait pas comme ça en
15 minutes, mais ça a commencé dès cette semaine.
Une autre direction générale, centre
de services scolaire des Hautes-Rivières : Bon programme,
bien reçu, merci, on va prendre le temps
de bien faire les choses, mais on ne va pas perdre de temps, on commence dès la
semaine prochaine puis on va déployer très rapidement. Merci aussi pour
le programme Répondez présent, qui va nous permettre de recruter toutes ces personnes compétentes que sont les
retraités du réseau de l'éducation, bien
sûr les enseignants déjà en
place, mais aussi des étudiants qui se destinent à une carrière en éducation,
pour être sûrs d'offrir un service de grande qualité.
Alors, M. le
Président, je pense qu'on n'a pas à rougir, absolument pas, face à aucun autre
État, par rapport à notre gestion de la
pandémie. Pas parce que c'est facile, pas parce que tout est parfait
dans nos écoles, ce n'est pas parfait dans nos écoles. C'est difficile
d'enseigner au quotidien. C'est plus difficile en contexte sanitaire, dans le
contexte qu'on connaît. Mais on fait tout pour épauler le réseau. On
parle à tous les acteurs, on tient compte de ce qu'ils nous disent dans la mise en place de nos mesures, et c'est
pour ça qu'elles sont si bien accueillies sur le terrain. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Je cède la parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Et
je vous indique que vous avez 11 min 23 s.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M.
le Président. Bon après-midi,
tout le monde. En fait, dans un premier temps, j'aimerais
remercier la députée de Saint-Laurent pour sa motion qui nous permet, en fait, de
parler cet après-midi des élèves, de nos équipes-écoles, dont
les besoins sont grands actuellement.
Ils font beaucoup de compromis pour contribuer à
la lutte contre la pandémie et on sait que c'est difficile. C'est difficile
pour tout le monde, c'est difficile aussi pour notre réseau public,
nos enfants. On est très préoccupés par la détresse des jeunes qui sont coupés
depuis des mois d'activités qui sont tellement importantes dans leur vie, soit
les équipes sportives, on pense aux
troupes de théâtre, de danse, les harmonies au niveau des écoles, le
parascolaire. Bref, c'est difficile parce
que ces activités-là, M. le Président, sont aussi des occasions de socialiser.
Ce n'est pas vrai que les jeunes veulent toujours être juste derrière leur tablette, leur téléphone
puis pitonner. Ils ont besoin de passer du temps ensemble et, depuis un
an, ça leur manque cruellement.
C'est
d'autant plus difficile que les incohérences dans les mesures sont difficiles à
comprendre. Pour les jeunes, par
exemple, de voir que le Canadien de Montréal
peut continuer sa saison, mais qu'eux, on ne leur fait pas confiance de pouvoir jouer une partie de hockey de manière
sécuritaire. Ils ne sont pas non plus mis à contribution pour élaborer des
mesures adaptées à leur réalité et souvent se sentent infantilisés, alors que
ce qu'ils veulent... eux aussi veulent faire leur part, eux aussi
veulent lutter contre le virus.
• (15 h 20) •
Souvent,
les activités, c'est ce qui contribue à maintenir la motivation des jeunes
envers l'école. Et je me rappelle, le
ministre, avant qu'il soit au gouvernement, m'avait dit comment lui, ça avait été important
dans sa vie, ces activités-là, pour le garder accroché à l'académique. On leur
a enlevé tout ce qu'ils choisissaient, dans les faits, dans leur vie, et,
dans le fond, il ne leur reste plus que les cours, souvent sans même pouvoir
voir leurs amis puisque ça se passe en virtuel ou que leurs amis ne font pas partie de la même bulle-école. Alors, déjà
en partant, quand il manque de motivation, bien, ça met en péril la
réussite, mais là, en plus, il y a toute la pression d'apprendre la matière en
moins de temps, dans des conditions franchement défavorables à l'apprentissage.
Pour beaucoup
d'élèves, c'est juste comme trop. Même ceux qui ont l'habitude de réussir
trouvent la montagne trop grosse, sont
anxieux, alors que... imaginez ceux qui doivent travailler plus fort que les
autres, en temps normal, combien ça
leur prend... comment l'apprentissage leur apparaît impossible et comment la
réussite, cette année, leur apparaît impossible.
Les risques de
décrochage sont donc très élevés, et pas seulement pour les jeunes... c'est-à-dire
pour les jeunes un petit peu plus vieux qui travaillent en même temps qu'ils font leurs études au secondaire, c'est vrai aussi pour les
jeunes qui ont de la misère en ce moment et qui accumulent du retard, pour qui l'école devient un endroit
dévalorisant. Ce sont des jeunes qui décrochent dans leur tête souvent bien
avant d'avoir le droit de quitter l'école. Ce n'est pas seulement cette année ni l'année prochaine
qu'on risque de voir augmenter les statistiques de décrochage, c'est peut-être
aussi long que dans cinq ans, dans
10 ans. Un enfant en deuxième année présentement, qui a encore de
la misère à lire parce que sa première année a été bouleversée, bien,
on le sait, va traîner ça pendant des années.
La désorganisation du
ministre, l'hiver dernier, a causé des torts importants aux élèves, M. le
Président, qui en subissent encore les
conséquences aujourd'hui : le cafouillage avec l'interruption de l'école
pendant des semaines, les trousses pas
adaptées à la réalité familiale, les familles et les profs qui n'avaient pas le
droit de retourner chercher le matériel à l'école, les profs qui n'avaient pas accès aux services de garde
d'urgence pendant des semaines, et j'en passe. Le ministre
a non seulement mis vraiment du temps à comprendre que les écoles devaient
reprendre, mais il a mis des gros bâtons dans les roues de ceux qui auraient voulu reprendre l'enseignement plus tôt, à distance, bien
sûr, sans attendre après le ministre.
Même chose pour cette
année. Au lieu d'identifier les savoirs essentiels durant l'été, de planifier
d'avance ce qui allait arriver avec les bulletins et les examens du ministère, bien
sûr, pour que les profs planifient leur année en sachant où ils s'en vont, où elles s'en vont, le ministre
a attendu de voir comment ça se passerait. Résultat, autant les profs que les
élèves se sont arraché les cheveux toute la première moitié de l'année, ont
essayé de rattraper l'année dernière et, en plus, bien, faire tout ça,
rentrer le programme de cette année, ça rend la vie compliquée et difficile
pour nos enfants.
Les
profs devaient faire entrer plus de matière et, en plus, ils devaient le faire
en moins de temps d'enseignement parce
qu'appliquer des mesures sanitaires, M. le Président, ça prend du temps, et
c'est pire quand on doit constamment refaire
sa planification parce qu'on doit passer en virtuel. Donc, moins de temps
d'enseignement, moins de temps pour la récupération
avec les élèves aussi, parce qu'il faut respecter les bulles, on ne peut pas
faire de la récupération avec des élèves de plusieurs groupes en même
temps, donc moins de temps.
Pendant que les conditions
d'enseignement et d'apprentissage sont plus difficiles, c'est aussi difficile,
plus difficile d'offrir le rattrapage habituel. Malheureusement, les renforts
promis en début d'année pour des services professionnels supplémentaires, bien, ils ne sont pas arrivés. On
se demande quand le programme de tutorat va se concrétiser réellement. Déjà que ça ait pris trois semaines après
l'annonce du programme pour juste avoir le formulaire d'inscription en ligne,
ça part mal. Tout est long, et, pendant
ce temps, les semaines passent, l'année scolaire passe. Les élèves se rendent
malades à essayer de suivre ou s'inspirent du ministre et remettent
leurs devoirs en retard, quand ils les remettent. Ils espèrent passer leur
année quand même. Après tout, si ça marche pour le ministre, ça doit marcher
pour eux aussi. Même après plusieurs échecs, ils peuvent réussir.
On pourrait parler
longtemps des améliorations à faire du programme de tutorat. Ma collègue,
d'ailleurs, de Saint-Laurent propose
quelques idées qui méritent d'être étudiées. Mais la réalité, là, c'est que les
gros problèmes qui nuisent le plus à
la réussite des élèves, bien, on les connaît et, tant qu'on ne les réglera pas,
même le meilleur programme de tutorat ne fera pas de miracle.
Ce
qu'on a besoin pour aider les élèves, c'est de fournir aux profs des conditions
où elles vont pouvoir enseigner et
accompagner leurs élèves, faire leur job. Ce n'est pas si compliqué, hein? Et
c'est vrai que ça fait plusieurs années que ça tarde. Ça prend, exemple simple, moins d'élèves dans un groupe, parce
que maintenant, dans les groupes de l'école publique, il y a beaucoup
plus d'élèves qui ont des besoins particuliers. Quand la moitié de votre classe
à un plan d'intervention à suivre, M. le
Président, ça veut dire que tu dois adapter ton enseignement, tes activités,
ton matériel, tes évaluations pour chacun de ces élèves-là. Et même
s'ils ont le même diagnostic, bien, ça ne veut pas dire qu'ils ont le même
besoin en adaptation. Ça demande un temps
fou aux profs. On ne peut pas leur demander de faire ça et leur confier autant
d'élèves. Ça les épuise puis ils partent en cours de route.
Et ça prend des
services dans les écoles pour tous les élèves qui en ont besoin, pas juste ceux
qui en ont le plus besoin, tous les élèves.
Pas de saupoudrage de services qui oblige les profs, les psychoéducatrices, les
orthopédagogues, les orthophonistes à
choisir au compte-gouttes quel élève elles vont aider. Le délestage en
éducation, il n'a pas commencé avec la pandémie. Ça fait longtemps que
dans nos écoles, ils sont obligés de faire ça, choisir de laisser tomber
certains élèves parce qu'ils n'ont pas le
moyen de les aider tous. Et ça, ça fait partir nos professionnels en pleurant
parce qu'ils aiment, elles aiment leur job.
Quand
on parle de ça au ministre, il répond que c'est impossible de réduire la
taille des groupes et d'offrir les services à tous les élèves qui en ont besoin parce qu'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre. Les postes affichés ne sont pas comblés, c'est vrai, et il est bien le chanceux, le ministre,
parce que le timing est extraordinaire, il y a justement des négociations actuellement des conventions collectives. Il a entre les mains la possibilité de
mettre en place les conditions qui vont nous permettre de retenir et d'attirer le personnel qu'on a besoin dans nos
écoles. Et il est mieux de ne pas rater son coup parce que, pendant des années,
les écoles ont subi les conséquences de ce que la CAQ décide de faire avec
cette négociation. Ils ont assez subi
les conséquences de l'austérité libérale et de la pandémie. C'est le temps
d'investir dans nos jeunes, et ça passe par investir dans les conditions
de travailleurs, des travailleuses du milieu scolaire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions?
Avant de céder la parole à M. le député de Richelieu, je rappelle que seuls les députés qui ont la
parole peuvent enlever leurs masques. M.
le député de Richelieu.
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond : Merci
beaucoup. Merci, M. le Président. Content de vous retrouver, M.
le Président. C'est avec beaucoup
de plaisir que je participe à l'exercice d'aujourd'hui. Et c'est
important de se le rappeler, c'est un exercice que je m'impose à chaque
début de session parlementaire, il faut se rappeler le privilège qu'on a tous
de siéger à l'Assemblée nationale. Et, dans le contexte actuel, avec la
multiplication des rencontres Zoom, des rencontres Teams, M. le Président, on en prend tous un peu
plus conscience.
Le
travail que nous menons ici, dans l'enceinte du salon bleu et les commissions parlementaires, demeure, bien entendu,
très important. Et, la politique étant ce qu'elle est, M. le Président, bien
entendu, on peut avoir quelques différends, mais je sais que chacun d'entre nous, nous sommes allumés par cette
envie de servir nos concitoyens au meilleur de nos convictions. Et comme adjoint parlementaire du
ministre de l'Éducation et comme ancien enseignant, je considère que le
sujet du présent débat, parler d'éducation, ensemble, cet après-midi, c'est
très important.
• (15 h 30) •
Et en cela je tiens à
remercier la collègue, la députée de Saint-Laurent, qui nous donne l'occasion
de dialoguer, d'échanger et surtout, M. le Président, de rassurer les
Québécoises et les Québécois concernant le travail qui est fait partout au
Québec présentement, dans chacune de nos communautés, pour combattre la
pandémie de COVID-19.
Alors,
vous le savez, je ne vous apprends rien, M. le Président, les derniers mois ont
été extrêmement difficiles pour nous
tous. Nos vies ont été chamboulées comme elles ne l'avaient jamais été
auparavant. J'étais justement au téléphone, ce midi, avec un entrepreneur de mon comté concernant un dossier bien
précis, et on a pris le temps ensemble de faire une mise au point sur la
dernière année, mais également sur ce qui nous attend dans les prochaines
semaines et dans les prochains mois. Et depuis le début de la pandémie, M. le
Président, on a eu l'occasion à maintes reprises de parler des gens du réseau de la santé. On a pu échanger sur
les meilleurs outils pour supporter nos entrepreneurs ou sur les différentes
façons d'améliorer les soins de nos aînés.
Ensemble, on a réfléchi à comment venir en aide à ceux et celles qui ont perdu
leur emploi, par exemple.
Bon, tout d'abord, avant d'aborder le
portrait du Québec dans son ensemble, permettez-moi, M. le Président, de
prendre un moment pour m'adresser aux gens
de chez nous, du comté de Richelieu. Non, la pandémie n'est pas encore derrière
nous, mais nos efforts commencent à porter
fruit. Le nombre d'éclosions dans les écoles est somme toute relativement
limité. En fait, il est en baisse, et les cas actifs dans le territoire
desservi par le centre de services scolaires de Sorel-Tracy sont, selon les derniers chiffres disponibles, au
nombre de 37, 36 élèves et un employé, répartis dans six établissements.
Puis, pour mieux vous situer, M. le
Président, parce que je sais que vous êtes déjà venu dans le coin de
Sorel-Tracy — vous êtes
toujours le bienvenu, d'ailleurs — je rappelle que le centre de services
scolaires de Sorel-Tracy compte, au total, 21 établissements
d'enseignement de niveau primaire, secondaire et d'enseignement professionnel.
Donc, la situation n'est pas tout à fait résorbée, mais les gens de
Richelieu peuvent avoir bon espoir que la vigilance du personnel enseignant, des directions d'écoles et de tout le personnel de
soutien et l'application consciencieuse des mesures sanitaires, pardon, ont
permis de limiter grandement la propagation
du virus dans nos écoles. Alors, c'est pourquoi je tiens à prendre un moment
pour saluer l'engagement des enseignants et enseignantes et également du
personnel de soutien du centre de services scolaires de Sorel-Tracy,
tout comme celui du Québec tout entier, d'ailleurs, M. le Président.
Vous
le savez nous sommes au coeur, cette semaine, de la semaine des enseignants, un
moment où, collectivement, on a décidé de souligner le rôle central que jouent
les enseignantes et les enseignants dans nos collectivités. Alors, en
mon nom et au nom des citoyens de Richelieu, je tiens à vous dire que votre
dévouement et votre implication dans l'éducation de nos enfants sont une source d'inspiration pour nous tous. Ils font un
travail remarquable, M. le Président. On dit souvent que c'est une vocation. Ce l'est doublement, il
faut l'avouer, en temps de pandémie, et ils ont su adapter rapidement...
s'adapter aux nouvelles consignes, faire preuve d'ingéniosité et d'imagination
pour repenser leurs méthodes d'enseignement, et c'est tout à leur honneur. Parlant de vocation, M. le ministre le soulignait tantôt, je salue l'engagement, le retour de certains
retraités qui, même s'ils ne sont plus à l'emploi actif dans le milieu — je
le dis parce que j'en connais beaucoup, dans mon coin, et qui
ont encore l'éducation tatouée sur leur coeur — ont accepté l'appel du gouvernement de venir porter main forte à leurs anciens collègues du réseau.
Je tiens à leur dire merci.
Bon, ceci étant dit, M.
le Président, avant que vous me rappeliez à l'ordre, je reviens sur le débat d'aujourd'hui.
Plus largement, quelle est la situation dans
les écoles du Québec? Alors, selon les données disponibles dans les
72 centres de services scolaires, ce qui représente
2 740 établissements, et dans les 254 écoles privées du Québec,
on compte 2 843 cas actifs de la COVID-19. Alors, ça, ça
inclut, M. le Président, autant les infections détectées chez les élèves que
chez le personnel. Pour être plus
spécifique, on parle de 2 316 élèves testés positifs toujours actifs
et de 527 membres du personnel dans la même situation.
Pour
ce qui est des cas testés positifs et qui sont maintenant rétablis, il faut quand même
en parler, M. le Président, les chiffres sont encourageants. Au total, c'est
3 399 personnes qui ont été testées positives, qui ont fait leur
quarantaine et qui sont maintenant
rétablies, et qui sont de retour dans les écoles. Alors, ça, c'est 253 de plus
que lors du dernier coup de sonde,
qui était lui-même 379 de plus que la veille. Vous me suivez toujours,
M. le Président? Alors donc, si on synthétise un peu plus les
données générales, le portrait s'améliore lentement mais sûrement. Le nombre
d'écoles ne comportant plus de cas actifs est de 532 alors qu'il était de 508
en début de semaine. On parle ici d'écoles qui ont eu, par le passé, des
personnes infectées par le virus, mais qui ne présentent plus de nouveaux cas
depuis au moins 14 jours.
Alors, sinon, si le
nombre total d'écoles comptant des cas positifs actifs, quant à lui, est de 1 063,
une baisse de trois par rapport à lundi
dernier, on avait enregistré une baisse de 46 écoles. Alors, on voit,
encore une fois, que la tendance est à la baisse. Et même si le nombre
d'écoles fermées ou partiellement fermées est limité, on parle de 10 établissements
scolaires sur l'ensemble du territoire, là
où on a encore des efforts à faire, M. le Président, c'est concernant les
fermetures de classes. Au total, c'est 1 142 classes qui ont été
forcées de suspendre leurs activités pour des raisons sanitaires, une
légère hausse de quatre classes.
Alors,
M. le Président, voilà un peu le portrait. La situation est sérieuse, et
notre gouvernement prend les moyens nécessaires pour endiguer
la propagation dans les écoles. Mais, s'il est impératif de ne pas prendre ces
données à la légère, je crois aussi qu'il ne
faut pas faire écho aux discours alarmistes qui tentent de brosser un portrait un peu plus noir que la situation ne l'est réellement, puis ça me fait
plaisir de rétablir certains faits cet après-midi. Alors, prendre ses responsabilités
comme gouvernement ouvert et transparent, c'est analyser la situation telle
qu'elle est vraiment, avec lucidité. C'est
aussi informer la population des données encourageantes, comme on est en train
de le faire cet après-midi, autant
sur les points à améliorer, et comme le ministre de l'Éducation le
fait d'ailleurs très régulièrement. Alors, je comprends l'inquiétude de la collègue, la députée de Saint-Laurent. La pandémie et ses effets sur le cheminement
scolaire de nos jeunes, c'est effectivement un sujet préoccupant.
Par contre, il faut
regarder la situation dans son ensemble. Je pourrais vous parler, M. le
Président, uniquement du nombre d'infections total depuis la rentrée scolaire
de cet automne ou après les fêtes, mais ça ne nous donnerait pas d'indications
sur le nombre de guérisons et le nombre de cas réellement actifs en ce moment
même. Je pourrais vous parler uniquement des difficultés scolaires engendrées
par l'école à distance chez certains élèves du Québec ou encore de l'accès au matériel informatique dans certains
milieux, mais cela ne nous dirait rien sur les mesures qu'on a mises en place et les montants qui ont été investis pour
pallier à cette situation extraordinaire, M. le ministre le disait tantôt, les
sommes colossales qui ont été
investies, le réseau qui a réagi rapidement et qui a fait en sorte d'amener ces
montants-là en aide directe aux élèves, autant pour le matériel
informatique, d'ailleurs.
De même, M. le
Président, je pourrais vous parler de l'état lamentable dans lequel le
désinvestissement libéral a laissé nos
infrastructures scolaires. Je pourrais vous parler du déficit de maintien des
actifs dans le réseau de l'éducation. Mais ça ne nous dirait rien sur
l'investissement de 3,7 milliards de dollars que nous avons réalisé en
deux ans, dont 1,6 milliard, seulement
cette année, pour la rénovation des écoles. M. le ministre avait, tantôt, des
tableaux assez instructifs et éloquents à ce sujet. Alors, ça ne nous
dirait rien non plus sur le montant de 20 millions de dollars additionnel
exclusivement dédié à la ventilation.
Je
pourrais vous parler des articles de journaux, avec des titres parfois chocs,
concernant la qualité de l'air dans les écoles, mais ça ne nous dirait rien sur
les résultats d'un rapport que nous avons commandé et qui portait
spécifiquement sur la qualité de
l'air dans les classes. Cette enquête-là a été réalisée dans plus de
300 écoles, je vous le rappelle, M. le Président, des constructions récentes, plus vieilles, des
écoles ventilées naturellement, des écoles ventilées mécaniquement. Bref, un
échantillon représentatif du parc-école québécois. Et ce qu'on a appris, M. le Président, c'est que la concentration de CO2 dans nos classes
se trouve sous les seuils maximaux dans 97 % des classes testées. Ça ne
veut pas dire, M. le Président, qu'il faut
prendre la situation à la légère, je le répète, il faut agir de façon ferme
pour s'assurer que toutes les classes du Québec, sans exception,
répondent aux normes de qualité d'air, et notre gouvernement y travaille
activement.
Alors, en terminant, M. le Président, et en
remerciant une seconde fois ma collègue la députée de Saint-Laurent, qui nous permet de parler d'éducation cet
après-midi et de rétablir certains faits tous ensemble, je me permets de dire
que j'ai apprécié de remettre les pendules à l'heure, pour le plus grand
bénéfice de l'ensemble des Québécois. Et je vous remercie, M. le Président.
• (15 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais
maintenant Mme la députée de Joliette. Et je vous indique que vous
disposez de 9 min 13 s.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis heureuse, à mon tour,
d'intervenir sur cette importante motion qui parle vraiment du fond des choses,
donc de l'importance de soutenir pédagogiquement les élèves, les jeunes,
les adolescents du Québec et les élèves du
primaire, bien sûr, aussi en ces temps très difficiles de pandémie qui amènent
les défis que l'on connaissait déjà dans le réseau scolaire à un autre
niveau, autant individuellement pour chacun dans sa réussite, dans son épanouissement, dans son développement que pour tout
ce qui concerne le personnel scolaire, les enseignants, les employés de
soutien, les professionnels.
Alors, bien sûr, d'entrée de jeu, en cette
semaine des enseignants et des enseignantes, je veux à mon tour les remercier du fond du coeur de tout ce qu'ils
font. Ils sont vraiment des héros du quotidien. Et je pense que, cette année,
les parents du Québec ont pu
réaliser, avec les semaines de confinement à la maison notamment, à quel point
c'était des gens indispensables et qu'on ne s'improvisait pas enseignant
au quotidien. Et je pense qu'il y en a beaucoup qui ont réalisé l'ampleur de la tâche en voyant juste ce que ça
pouvait représenter de faire l'école à la maison quelques semaines dans leur
année.
Et, bien sûr,
c'est beau de les remercier, mais il faut aussi être présent pour les
valoriser, pour les rémunérer, pour les
reconnaître à leur pleine valeur, et c'est ce qu'on demande au gouvernement,
c'est ce qu'on demande au ministre, à la présidente du Conseil du trésor, de négocier de toute bonne foi,
notamment en faisant un dépôt qui reflète des engagements de la
Coalition avenir Québec quand elle était en campagne électorale sur la
question, par exemple, des échelons, de l'élimination
des six premiers échelons pour valoriser les jeunes enseignants, pour rehausser
le salaire d'entrée, qui n'a même pas fait partie du dépôt. Donc, ça, c'est un
des exemples qui fait en sorte qu'on
est en droit de se questionner sur la volonté du gouvernement de vraiment régler rapidement et de vraiment faire en sorte que les mesures et les conditions
de travail des enseignants et enseignantes vont suivre les énoncés, les beaux
énoncés sur la priorité qu'on veut faire de l'éducation.
Et donc c'est
la semaine des enseignants, mais je veux aussi dire un mot au personnel de
soutien, les éducatrices, qui font
des miracles aussi, qui doivent composer avec une réalité hallucinante par
moments, et aussi le personnel d'entretien, qui a une tâche colossale aussi de désinfection, et, bien sûr, tous les
professionnels qui sont dans le réseau, et qui, donc, sont essentiels
pour nos élèves.
Je veux
parler, d'abord et avant, tout du tutorat. Et je suis heureuse aujourd'hui
qu'on ait l'occasion de vraiment parler, comme je le disais d'entrée de jeu, du
soutien pédagogique, parce qu'à chaque fois qu'on parle, autant le ministre,
nous, les porte-parole de l'opposition, que
les médias s'intéressent aux enjeux en éducation liés à la pandémie, il y a
toujours le volet sanitaire, les mesures sanitaires pour la sécurité des
élèves et du personnel dans les écoles, et il y a le volet pédagogique. Et je trouve qu'on s'est beaucoup,
beaucoup arrêté au volet sanitaire, à juste raison, mais il faut aussi
s'arrêter de manière très, très importante sur le volet pédagogique.
Et, vous le savez, le tutorat, c'est un enjeu
qui me tient à coeur. En fait, je me rappelle que la première fois que j'en ai parlé au printemps, j'étais ici, à
l'Assemblée nationale. J'étais du côté inverse, donc c'était une première pour
moi, tellement que je me souviens que
les caméras ne nous retrouvaient pas, avec le nouvel espacement. J'étais de ce
côté-là puis j'avais demandé, donc, qu'il y ait vraiment des budgets
dédiés pour du soutien pédagogique pour les élèves en difficulté. Par la suite, on a parlé concrètement de tutorat, et on
l'espérait pour la rentrée de septembre. Finalement, c'est venu en février. Ça
commence à se déployer, et on espère que ça va pouvoir se déployer massivement
parce que, selon nous, c'est vraiment un besoin de premier plan.
Et, quand
j'entendais le ministre dire qu'on est juste au bon moment, bien, je me permets
de lui dire que je pense qu'on est... on a agi, malheureusement, tardivement.
Mieux vaut tard que jamais. Je vais toujours me réjouir d'une mesure qui finit par arriver, mais je pense que, quand on
a passé l'automne à voir les directeurs d'école, les enseignants tirer sur
la sonnette d'alarme en nous disant qu'on se dirigeait vers un nombre record
d'échecs, bien, évidemment que le tutorat, s'il avait été mis en place pour la
rentrée de septembre, ça aurait pu faire diminuer ce sentiment-là de perte de
confiance des élèves, ce sentiment de
difficulté accrue, qui n'est pas juste un sentiment, mais qui semble, donc, se
concrétiser aussi par les résultats et ce que les élèves vivent au
quotidien.
Alors, je pense qu'il faut quand même remettre
les pendules à l'heure sur toute la différence que ça aurait pu faire de le faire à la rentrée ou de le faire
quand on a proposé, de ce côté-ci, le Je contribue, et le ministre
y a donné suite, on
en était très heureux, d'ailleurs, le Je contribue en éducation, qu'il répondait
présent, mais ça s'est limité à certains secteurs, et je pense que, dès ce moment-là, on aurait dû
être en mode recrutement de tuteurs. Mais mieux vaut tard que jamais. Et
là ce qu'on souhaite, c'est que ce
programme-là puisse vraiment remplir pleinement son rôle. Et loin de moi l'idée de dire qu'Allô prof, ce n'est pas important, c'est très
important, ça peut aider plein de jeunes. Mais, pour beaucoup
de jeunes qui sont en difficulté
importante, qui ont des difficultés, des troubles d'apprentissage, des vulnérabilités particulières, de pouvoir travailler
un à un ou en petits groupes avec un tuteur en chair et en os, même si c'est virtuellement par les temps qui courent, ça peut faire toute la différence.
Alors, c'est
pour ça que, quand on a vu l'annonce, qui est venue finalement
avec des détails la semaine dernière, puis qu'on
a constaté que c'était un 11 millions uniquement qui était dédié au véritable programme de
tutorat, que j'appelle «en chair et en os», même s'il est virtuel, mais avec
une vraie personne, donc, un tuteur qui a été recruté et qui est là pour
aider les élèves, bien, je me suis posé beaucoup de questions, puis j'ai jumelé
ça au fait que le ministre a annoncé que c'étaient
220 000 heures. Et, comme
je l'expliquais hier à la période de questions, si on prend juste 10 % des
élèves du Québec, là, il y a un peu
plus de 900 000 élèves au Québec, mettons qu'on en prend 10 %,
90 000 qui auraient besoin de tutorat,
selon moi, c'est très conservateur, parce que, quand on parle juste des élèves
qui sont en échec, on entendait le chiffre circuler de 20 % à 30 %,
et donc ça, c'est des élèves qui sont déjà en échec, mais on veut aussi pouvoir
aider des élèves qui sont sur le bord
de l'échec, des élèves qui essaient, de peine et de misère, de garder la tête
en dehors de l'eau. Mais admettons, pour
les fins de l'exercice, qu'on arrête à 10 %, minimum, le nombre d'élèves
au Québec qui auraient besoin d'un soutien en tutorat, bien, selon les calculs, avec le 220 000 heures,
ça fait 2 h 30 min par élève pour toute la prochaine année, et
donc c'est très peu. Je suis généreuse et je
sais qu'on va travailler parfois par petits groupes. Ça fait que, mettons que
vous êtes en groupes de quatre, vous
êtes à 10 heures de tutorat pour toute l'année. Ça fait que vous êtes
conscients que ça peut apparaître et ça apparaît comme une petite goutte dans
l'océan des besoins qui sont devant nous et qui, oui, s'accentuent, parce que, plus on retarde avec des mesures de
soutien, plus les besoins sont grands, plus les retards sont grands, plus les
risques d'échec sont accentués. Alors, c'est pour ça que nous, aujourd'hui, on va demander au ministre et à la motion — je
présenterai, à la fin, un amendement — que vraiment on demande que les budgets
soient à la hauteur requise pour ce qui est ressenti, là, sur le
terrain.
Avant de
passer techniquement à cet amendement-là, je voudrais juste dire que, oui, il
faut planifier à long terme. Il faut planifier sur la prochaine année,
les deux prochaines années. J'ai été heureuse, d'ailleurs, que le programme
soit jusqu'en 2022. J'ai été heureuse que le
ministre reconnaisse l'importance, donc, de planifier, parce que ça ne se
résorbera pas en quelques mois, cette
affaire-là. Donc, j'appuie cette idée, le sommet, c'est quelque chose dont on
parle depuis longtemps, que l'on puisse se rencontrer, discuter sur la
suite des choses.
Donc, mon amendement, M. le Président, ce serait
de remplacer, dans le cinquième alinéa de la motion, le mot «notamment» par les mots «afin que tous les élèves
qui en ont besoin puissent en bénéficier, notamment en dégageant à la
hauteur requise et», et par l'ajout, à la fin, des mots «pour les parents qui
ont eu recours à du tutorat privé».
Donc, si je
vous le lis, c'est : «Bonifier le programme de tutorat afin que tous les
élèves qui en ont besoin puissent en bénéficier...» Merci.
• (15 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Joliette.
Nous allons le lire tout à l'heure. Vous savez que c'est sous réserve de
l'approbation, pour l'amendement, de Mme la députée de Saint-Laurent.
Je suis prêt
à reconnaître un nouvel intervenant. M. le député de D'Arcy-McGee. Et je vous
indique que vous disposez de 9 min 15 s.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Vous allez me permettre de signaler ma déception
d'entendre le ministre employer un
bout de son temps pour faire le procès de l'ancien gouvernement. Donc, dans un
premier temps, je me permets de lui rappeler qu'il n'est plus député de
deuxième opposition, et peut-être le temps peut être bien utilisé pour défendre
la fiche actuelle, dans un premier temps.
Dans un
deuxième temps, je me permets de signaler ma fierté d'avoir été l'adjoint
parlementaire à la fois du ministre Sébastien Proulx, de l'Éducation, ainsi que
la ministre de l'Enseignement supérieur dans le temps, Hélène David,
et des liens de confiance et les
partenariats qu'on a tissés qui ont porté fruit, bon, une fiche dont on peut
être fiers. Mais ce n'est pas le sujet de notre discussion
d'aujourd'hui.
Je me lève pour appuyer avec fierté la motion
très structurante, détaillée et étoffée de ma collègue la députée de Saint-Laurent. Il me semble qu'on peut espérer que les autres formations, y compris
le côté ministériel, vont voir le bien-fondé des cinq propositions très
concrètes et voter en faveur aussi.
Vous allez me
permettre, dans le peu de temps que j'ai, de parler de chacune de ces propositions. Tutorat : dans un premier temps, bonifier le programme
de tutorat, notamment par la mise
en place d'un crédit d'impôt remboursable. On parle de la chose et des moyens concrets. Le ministre
constate que, oui, les choses sont en branle. Avec l'évaluation, reddition de comptes qui est nécessaire et pas toujours au rendez-vous avec le gouvernement actuel, on va voir les résultats, mais ils
vont être sûrement bonifiés si les mesures structurantes sont mises en place.
Écoutez, on va en convenir, ce n'est pas une
année comme les autres. C'est très déstabilisant pour nos jeunes. Plein de journées de confinement, l'adaptation
difficile, pas toujours encadré, ce n'est pas facile pour nos jeunes.
J'ai eu le plaisir de travailler, comme le ministre, dans le secteur de l'éducation,
pour 16 ans. Et la routine, la prévisibilité, les ressources au rendez-vous, les profs qui sont à l'écoute et pas pris
avec des tâches exceptionnelles comme actuellement, de renforcer les
mesures sanitaires, et tout ça, toutes ces choses, toutes ces choses sont
importantes.
Alors, y a-t-il, et bien
documenté, un ralentissement? Y a-t-il des résultats qui démontrent de grandes
difficultés dans les sujets de base? Oui.
Alors, le tutorat, c'est tout à fait au rendez-vous. Est-ce que ça va être au
rendez-vous sans le genre de mesures structurantes que nous proposons?
Nous avons nos doutes.
Bon, permettre aux étudiants universitaires de
déposer leur candidature dans les programmes de tutorat, peu importe leur programme d'étude. Dans un premier
temps, on souhaite, le ministre aussi, je crois, que ce programme de
tutorat soit disponible à travers les régions, comme à Montréal et les autres
métropoles parce qu'à la fois il y a, comme je
dis, les enseignantes et enseignants qui sont prises avec toutes sortes de
tâches, de tâches comblées des fois, et les élèves qui ont besoin d'une
aide supplémentaire.
Notre proposition, très spécifique là-dedans,
aurait deux effets : dans premier temps, d'assurer que du monde serait au
rendez-vous; deuxièmement, dans la réalité, de comprendre qu'un étudiant
universitaire, quelque programme que ce
soit, c'est un pair en or pour un jeune.
D'être accompagné par un grand qui est en université, il n'y a rien de plus
motivant pour un jeune. Donc, si on veut que ce programme de tutorat soit
disponible, qu'on mette les moyens sur nos côtés,
dont... d'où vient notre suggestion assez concrète : ajouter un indicatif
financier ou fiscal afin de rendre le retour des enseignants retraités
plus attractif.
Moi, j'ai aussi, comme ancien directeur général
de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, à avoir affaire souvent avec les
associations des retraités, qui ont tellement à donner, dont il y a plusieurs
qui ont pris la retraite à
contrecoeur ou précoce, qui seraient fort probablement disposés à
revenir à la charge, surtout quand le besoin
est si criant. Bon, avec respect, ce n'est pas un simple appel que le ministre
aurait placé à l'association qui va régler l'affaire. Il faut que les conditions propices soient au rendez-vous pour que ce monde, quand même, à pleine pension, à la maison, peut-être
avec plus de temps avec leur famille, leurs petits-enfants, prennent la
décision de rembarquer.
Alors, il
faut, de façon structurante une autre fois, que les conditions soient au rendez-vous pour inciter ce monde à se
présenter. Ce n'est pas juste une offre passive que, oui, le tutorat va être
disponible, il faut que ce soit structuré, mesuré, évalué et, quand je dis «disponible», afin que ce soit disponible, qu'il y ait des mesures incitatives, comme ce qu'on propose,
pour que le monde se présente. On va se rappeler des mêmes genres de gestes qui
auraient été faits pour inciter les gens à
se présenter comme préposé aux
bénéficiaires. On a déjà fait
des invitations aux profs à la retraite de revenir. Il faut que ces
mesures soient musclées et structurées.
On a une quatrième proposition, qui n'est pas
une évidence, c'est important : négocier de bonne foi avec les enseignants afin d'éviter de pénaliser les
enfants. Y a-t-il un moment, M. le Président, de notre vie collective où c'est
plus qu'essentiel de concentrer sur
la tâche principale, c'est-à-dire, dans ce cas-ci, le bien-être, la sécurité et
l'épanouissement de nos élèves? Donc, pas de distraction, pas d'arrêt de
travail, pas de discussions publiques
non constructives, du progrès évident, poursuivi de bonne foi.
Dans mes
anciens temps, j'étais responsable des négociations en tout ce qui a été trait
aux conditions de travail non monétaires
pour les 13 000 employés du secteur de l'éducation anglophone, dans
les neuf commissions scolaires anglophones. Ça a été d'une importance
primordiale, dans un temps normal, de garder et de continuer à bâtir des liens
de confiance, d'assurer que le climat de
travail dans les salles de classe, auprès des professionnels, auprès des
travailleurs de soutien soit positif,
que les directions d'école, qui ont un rôle primordial dans tout ce qui déroule
au niveau de l'école, soient appuyées avec l'assurance que les négociations,
c'est une chose qui se poursuit de façon constructive pour qu'on puisse se
mettre à la tâche comme il faut dans la salle de classe. Est-ce qu'on est
rendus à ce point-là actuellement? J'ai mes doutes.
Cinquièmement :
s'engager à convoquer d'urgence, pendant la semaine de relâche, un sommet. Le
collègue du ministre, le ministre
délégué à la Santé, peut en témoigner, qu'un tel format, une telle stratégie a
porté fruit et va apporter fruit, nos deux journées d'audiences sur la
santé mentale en crise de pandémie. Nous sommes à un moment où il faut joindre
l'expertise de tout le monde, d'inviter tout le monde à être à la tâche, à
offrir leurs idées. Des fois, même, tout simplement
de faire partie de la solution nous aide. Alors, j'invite le ministre et son
équipe à voter pour cette motion devant nous. Merci.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de D'Arcy-McGee.
Je reconnais maintenant Mme la députée de Jean-Talon. Et je vous indique
qu'il reste 19 min 30 s à votre groupe parlementaire.
Mme Joëlle Boutin
Mme Boutin : Merci beaucoup, M.
le Président. Écoutez, je pense que tout le monde ici, au salon bleu, en ce moment, s'entend que l'éducation est l'une des
plus grandes priorités du Québec. Le ministre de l'Éducation en a fait sa carrière, il en a fait son fer de lance pour sa
carrière politique également. Le premier ministre nous répond, nous dit très
régulièrement que l'éducation devrait être la priorité du Québec, c'est le
socle d'une société, on bâtit les citoyens de demain.
Pour moi, c'est excessivement important. L'année
dernière, j'ai fait mon entrée en Chambre, puis je pense que je l'ai dit, dans mon discours, à quel point
l'éducation avait été importante dans ma famille. Honnêtement, si on n'avait
pas un système public, je ne serais
absolument pas devant vous aujourd'hui. Ça a été une grande chance pour moi, et
je pense que, pour la députée de
Saint-Laurent, c'est très important également. Je ne vais jamais nier ça, elle
a une détermination, une passion pour
ce sujet-là. Et puis je vous avoue
que j'aurais bien aimé que la députée de Saint‑Laurent soit là en 2015 pour convaincre le premier
ministre de l'époque de ne pas faire
les compressions majeures qu'il y a eu au nom de l'équilibre budgétaire. Ce furent des compressions absolument
phénoménales, les plus grandes compressions dans les 20 dernières années
ont eu lieu à ce moment-là.
Là, là, je
vais recentrer mon sujet vraiment sur l'aide à la persévérance scolaire et puis
tout ce qui est l'accompagnement des jeunes et du cheminement, du
développement des jeunes. Mais, à ce moment-là, les compressions ont fait en
sorte que des dizaines de psychoéducateurs, des
conseillers pédagogiques, psychologues, orthopédagogues, orthophonistes, beaucoup de professionnels qui aident au
développement de l'enfant ont été mis à pied dans 72 commissions scolaires
de la province. La commission scolaire de Montréal a été durement
touchée.
J'aimerais
citer la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du
Québec, qui disait que dans chacune
des écoles publiques du Québec il existe des élèves pour lesquels le dépistage
précoce de difficultés d'apprentissage et l'intervention rapide d'un
professionnel sont cruciaux dans la poursuite de leur cheminement. «Comment [...]
obtiendront-ils [...] l'aide requise[...], si les spécialistes qui doivent les
soutenir dans leur développement sont absents?»
Puis
là je ne parle même pas du déficit en maintien d'actif que mon collègue de
Richelieu a mentionné, ainsi que le ministre de l'Éducation, là. Je fais partie
de la Commission de l'administration publique, on a reçu le sous-ministre
de l'Éducation, l'année dernière, et on a parlé beaucoup des retards qu'on
avait, là, au niveau de la réfection des écoles.
Nous,
lorsqu'on est arrivés au pouvoir, en 2018, là, on parle de 50 % des écoles
qui ont un état de désuétude avancé, c'est
quand même alarmant. Donc, un immense retard à ce niveau-là, sans compter le
manque criant de personnel. Je me souviens,
à notre arrivée, c'était un des plus grands constats : manque criant de
personnel au niveau du personnel enseignant mais tous les professionnels qui accompagnent le développement de
l'enfance. Et puis, je me souviens, dès son arrivée au pouvoir le ministre de l'Éducation a fait un
investissement, dans le premier budget, de 235 millions de dollars pour
réengager des spécialistes, des orthophonistes, des orthopédagogues.
Et,
mini-anecdote, je me souviens d'avoir eu une discussion avec lui, et puis je
m'excuse d'avance, M. le Président, si
je transgresse quelconque règlement, je lui ai demandé : Pourquoi est-ce
qu'on n'en engage pas encore plus? Pourquoi on ne met pas le double? Il
m'a dit mot pour mot : Joëlle, je ne peux pas inventer du monde. Tu sais,
si je pouvais investir plus puis en avoir
plus, je l'aurais fait, mais ça prend quand même au moins trois, quatre ans
former ces gens-là, et puis, là, la profession... Le message avait été
envoyé, de coupures, donc les gens n'allaient plus étudier pour devenir
orthophonistes, orthopédagogues.
Donc,
on est arrivés dans un contexte extrêmement difficile. Et puis là, bien entendu, tout le monde le sait, la pandémie est arrivée, avec tous les défis qui ont été absolument
phénoménaux pour le domaine de l'éducation. Je me souviens, au départ, lorsqu'on a décidé justement d'amener la population
en confinement et de garder les élèves, les élèves à l'école, d'énormes défis, là, se sont pointés. Le cabinet de l'éducation a dû travailler 24 heures sur
24 pour mettre en place des trousses, des outils pour accompagner les
écoles, les professeurs, les parents.
Puis la députée de
Joliette l'a bien dit tout à l'heure, on ne peut pas s'improviser professeur ou
enseignant, là. Moi, je suis complètement,
comme mère, là, parce que j'ai deux enfants, complètement, là, perdue dans ce
milieu-là. Pourtant, je suis entourée d'enseignants, beaucoup de mes
amis sont enseignants, ma famille, maintenant, mon conjoint, tout le monde est enseignant. Et puis je me souviens
d'avoir appelé à l'école de mes enfants et de leur dire, mot pour mot :
Écoutez, ce n'est pas la députée qui vous appelle, c'est la mère, je
suis désemparée, je ne sais pas quoi faire. Au départ, lorsque tous les outils n'avaient pas été mis en place,
les premières semaines, on avait des rencontres à longueur de journée, puis
je pouvais comprendre que beaucoup de parents étaient dans ma situation,
faisaient du télétravail. On avait nos enfants à côté de nous, on devait les
accompagner, on ne savait même pas ce que nos enfants apprenaient à l'école. On
ne s'improvise pas professeur.
En quelques semaines,
c'est absolument incroyable, ce que le ministère de l'Éducation ainsi que tout
le réseau de l'éducation ont été capables de
faire. Ils ont mis en place des émissions de télévision, des outils numériques,
c'est du jamais-vu, là, des trousses
pour accompagner les enseignants. Puis ça, ça a énormément aidé. Puis ensuite,
lorsqu'on a pu rouvrir, on a été, comme M. le ministre l'a dit, on a été dans
les premiers à rouvrir, parce que l'éducation, c'est un élément crucial,
et les mesures qui ont été mises en place aussi rapidement, c'est absolument
phénoménal.
Si
je reviens vraiment aux mesures spécifiquement, là, pour la prévention de toute
la santé mentale, empêcher le décrochage scolaire, parce que c'est quand
même en enjeu, on s'entend, les élèves du secondaire. Moi, mon fils va au secondaire, puis certains, je pense que c'est II,
III, IV, V, mais les IV, V vont une journée sur deux à l'école. Il y a vraiment,
là, un modèle très particulier qui a été mis
en place, qui fait en sorte que beaucoup de jeunes se sont ramassés à passer
plus de temps à la maison, seuls, ont dû s'adapter rapidement. Puis on
ne les entend jamais se plaindre, hein, les jeunes ne disent pas grand-chose, ils ne se plaignent pas beaucoup. Moi, je parle
plus aux jeunes du cégep et de l'université, ils s'adaptent, ils font
vraiment l'école à la maison en mode virtuel.
Mais on est
pleinement conscients que l'isolement social que ces mesures-là ont pu générer
va peut-être encore créer vraiment plus d'enjeux au niveau de la santé mentale
des jeunes. Et le ministre en est pleinement conscient, non seulement le
ministre de l'Éducation, mais également le ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux, mon autre collègue. Ils ont travaillé d'arrache-pied
ensemble, en collaboration. Et, dès l'automne, ils ont fait des annonces, des investissements, dont un premier 30 millions
de dollars, vraiment, donc, 15 millions pour la prévention de la santé
mentale ainsi qu'un autre 15 millions pour tout ce qui est
prévention des dépendances. Parce que des jeunes qui sont plus isolés ont peut-être tendance parfois, malheureusement, surtout au
secondaire, à se tourner vers de la consommation, puis on est conscients de ça. On veut tout faire en sorte pour
que ces jeunes-là soient accompagnés. Puis on travaille en prévention en
collaboration avec des organismes
communautaires également. Donc, ça, ces annonces-là ont été faites à l'automne,
là. Ce n'est pas très récent, c'était
en amont, parce qu'on était pleinement conscients, justement, du contexte dans
lequel on baignait. Et puis 41 millions,
également, sur trois ans, ont été mis en place pour soutenir la persévérance
scolaire, un 41 millions qui va être entre autres... qui va bénéficier
entre autres des organismes communautaires qui oeuvrent dans ce milieu-là. Moi,
j'en connais personnellement, là, des jeunes, qui étaient très... quand même
assez bons à l'école, qu'en ce moment ça ne
va pas très bien, ils sont découragés, des jeunes sportifs. Mais
le réseau est là pour les aider. L'aide est là en ce moment. Puis on arrive, là, on voit la lumière au bout du
tunnel. On a presque fini de... Puis la décision de les réouvrir, les écoles, c'était probablement l'une des meilleures
décisions qu'on ne pouvait pas prendre, justement, pour minimiser cet
impact-là, négatif.
Vraiment, j'aimerais prendre le temps
de remercier tout le personnel enseignant, les enseignants qui sont autour de
moi, vraiment, parce qu'il y a énormément de mesures qui ont été mises en
place, bon, pour les chauffeurs d'autobus, pour tous les gens qui travaillent dans les écoles. Et cette semaine, c'est
la semaine des enseignants. Puis, moi, ma meilleure amie est professeure. Ma
meilleure amie aimerait ça vous parler souvent. Elle m'envoie des lettres. Puis
c'est incroyable tout ce qu'elle a pu
faire pour vraiment, là, mettre en place tous les outils numériques. Puis, à
chaque fois, il y avait une nouvelle mesure d'adaptation. Sa commission
scolaire, bien, son centre de services est quand même assez strict, là. Elle m'expliquait qu'elle était dans un plexiglas
avec un masque puis ce n'était quand même pas évident parce que les élèves...
tu sais, elle avait de la difficulté à
entendre les élèves. Mais elle a tout fait en sorte pour que ses élèves ne
perdent pas justement de leurs acquis,
pour être en contact constant. Elle, à la première semaine du confinement, elle
était, en bon anglais, excusez-moi l'anglicisme, «up and running», tout
allait superbien. Puis il y a eu un ajustement, mais...
J'aimerais
remercier mon amie, justement, qui est enseignante ainsi que tous les
enseignants et les enseignantes du Québec,
parce que ce que vous faites est absolument remarquable. Ne lâchez pas, vous
êtes un modèle. On en est conscients, le
ministre en est conscient. Il est lui-même enseignant. Et je pense que vous
êtes un modèle de flexibilité et de résilience, et puis les étudiants et
les élèves également. Puis je vous remercie. Puis j'en profite pour dire aux
élèves : Dites-le à votre professeur, à
quel point ils sont exceptionnels, parce qu'honnêtement c'est probablement
certains professeurs qui vont faire
en sorte que vous n'allez pas lâcher, que vous allez persévérer, que vous allez
vous réaliser pleinement dans la vie. Merci, M. le Président.
• (16 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions? M. le député de Beauce-Sud.
Il reste... Non, après ça c'est le droit de réplique qu'il reste. Et vous
disposez de 10 minutes.
M. Samuel Poulin
<17831
17831 M. Poulin : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est un plaisir pour moi d'intervenir cet après-midi sur la motion qui est présentée par l'opposition officielle, la
députée de Saint-Laurent, vraiment agréable d'entendre les collègues discuter d'éducation
cet après-midi.
On
sait qu'on est dans un moment important pour nos jeunes du Québec, qui vivent une année scolaire pas comme les autres. Mais je pense
tout de même que le premier message qu'on doit envoyer comme parlementaires, ici, à l'Assemblée nationale,
c'est de dire à nos jeunes de ne pas lâcher. On peut faire la politique que l'on veut, on peut tenir les points
de presse que l'on veut, on peut s'associer avec les groupes que l'on
veut, le premier message que l'on doit envoyer, c'est auprès de nos jeunes, de ne pas lâcher dans le cadre de cette année
scolaire là. Parce qu'il y a des jeunes qui avaient déjà des difficultés scolaires et qui devaient déjà se
rendre à l'école avec le sac à dos un peu plus lourd, on a des jeunes pour
qui ça allait bien et que ça allait toujours
bien. Mais notre rôle premier, je dirais même autant que de rappeler les
consignes sanitaires à notre population, notre rôle premier, c'est
d'encourager les jeunes du Québec à ne pas lâcher dans le cadre de cette année scolaire là, et ça, je pense qu'on
doit le faire, on doit le répéter. Avant même de parler de politique, avant
même de parler de chiffres, avant même de parler d'investissements, c'est la
première chose que l'on doit faire.
Et
je veux m'adresser à eux. J'imagine qu'ils ne sont pas très nombreux à cette
heure-ci sur le Canal de l'Assemblée nationale.
Moi, quand j'étais jeune, j'avais hâte de revenir, M. le Président, pour
écouter la période de questions, qui était en fin d'après-midi, puis il y avait Louise Harel sur le trône, je
m'en souviens, c'était Louise Harel. Le premier ministre était ici,
il était assis là, je m'en souviens, j'aimais ça. Puis là j'arrivais tard parce
qu'elle commençait à 15 heures, à ce moment-là, la période de questions,
ça fait que... puis c'était le mardi, puis moi, j'arrivais comme à
15 h 35, ça fait que je prenais juste les questions des partis. En
tout cas, c'était particulier. Mais tout ça pour dire qu'étant donné... Sogetel
a coupé le Canal de l'Assemblée nationale,
on ne peut plus l'écouter. En tout cas, longue histoire. Bref, tout ça pour
dire qu'ils ne sont pas très nombreux, les jeunes, à nous écouter à
cette heure-ci, mais je veux tout de même les saluer et leur dire de ne pas lâcher. Ils s'apprêtent probablement à faire leurs
devoirs de fin de journée, et, pour plusieurs, bien, faire des devoirs,
ce n'est pas agréable, ce n'est pas difficile. Donc, je tiens à les saluer.
Malgré
la situation exceptionnelle que l'on vit à travers le Québec, notre
gouvernement n'est pas resté les bras croisés. Évidemment, on a été à l'écoute,
je vous le disais, tout d'abord, des jeunes, des parents, du milieu scolaire,
des directions d'écoles, des enseignants pour s'assurer que ça puisse se
passer le mieux possible. On a mis, effectivement, des actions en place très, très tôt, que ce soient, entre autres, les
compensations au niveau des impacts financiers pour les services de garde. L'approvisionnement pour les
produits sanitaires, il faut en parler également. Les ententes, on en a parlé,
que ce soit avec le Club des petits déjeuners, les éditeurs scolaires, avec la
TELUQ pour les programmes accélérés de formation à distance, et tout.
Tout le travail qui a aussi été fait, M. le Président, pour que nos jeunes
puissent continuer d'apprendre à distance
lors de certaines semaines, tout le travail également qui a été donné
auprès des enseignants afin qu'ils puissent rejoindre les jeunes à
distance, on les a formés, on leur a donné également des outils pour qu'ils
puissent le faire. Et ça, c'était important,
parce que ça nous a permis de maintenir le contact entre
nos jeunes et les enseignants. Et, sur
les enjeux, bien, jeunesse généraux, le ministre de l'Éducation en a
parlé, on a développé des partenariats avec Tel-Jeunes tout au cours de
la pandémie, dont, on sait, le plus récent, qui est relié, entre autres, au
tutorat.
Également, on a
investi des sommes importantes en santé mentale pour s'assurer que les jeunes
au Québec qui ont besoin d'aide et de services puissent en avoir. On a mis en
place — parce
que, je vous le disais, le premier rôle de parlementaire, auprès de nos jeunes,
c'est de les encourager à continuer et à persévérer — une
brigade d'influenceurs pour parler de la COVID, parce que les influenceurs qui
parlent à nos jeunes sont aussi des modèles importants de persévérance, que ce soit sur les réseaux
sociaux ou encore avec les différentes tables qu'on a au niveau de la persévérance scolaire dans les régions avec PRECA, entre
autres, chez nous, en Chaudière-Appalaches, pour faire en sorte que ces
influenceurs-là puissent parler à nos jeunes via Zoom et via différentes
plateformes pour les encourager à persévérer.
Également, mon collègue
le ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux s'est assuré d'ajouter des sommes financières pour les
organismes communautaires oeuvrant auprès des jeunes. De mon côté, au
Secrétariat à la jeunesse, M. le Président,
aucune somme n'a été coupée pendant la pandémie auprès des organismes. On s'est
assurés qu'ils puissent continuer leur mission. Je pense, ici, entre autres,
aux maisons des jeunes, qui font un travail formidable, aux carrefours jeunesse-emploi. Parce que, vous savez, lorsqu'un
jeune, par moment, est à risque de décrochage ou a décroché, le CJE intervient, ne serait-ce, entre autres, auprès
des jeunes qui veulent, donc, être un décrocheur et qui veulent travailler
en entreprise, le CJE l'encourage à suivre
des cours à distance et à faire la formation aux adultes. Toutes ces sommes-là
ont été remises. Et, en plus de tout ça, avec mon collègue le ministre
de l'Éducation, notre collègue le ministre à l'Emploi et au Travail, on s'est assuré d'ajouter des sommes financières pour que
personne n'en manque. Alors, je pense que, là-dessus, on a été au
rendez-vous.
Également, avant la
pandémie... le travail de notre gouvernement en éducation est incroyable et
formidable. Et, lorsqu'on discute avec des
enseignants, plusieurs enseignants... Moi aussi, j'en ai beaucoup, dans mon
entourage, puis ils aiment utiliser
les textos pour nous faire un compte rendu de leur journée. Savez-vous quoi? Ce
n'est pas toujours négatif. Oui, ce
n'est pas toujours négatif. Des fois, c'est : J'ai eu une job à temps
plein que j'attendais depuis six ans. J'ai réussi à avoir un poste à temps plein grâce à votre
gouvernement, que j'attendais depuis des années. Ça, c'est vrai, là, M. le
Président. C'est vrai dans le réseau
de l'éducation, c'est vrai pour les intervenants qui travaillent dans les...
les CLSC — je vais
finir par le dire — du Québec qui réussissent enfin à avoir des
postes à temps plein. Parce qu'on n'est pas un gouvernement à temps
partiel, on est un gouvernement à temps plein.
Et je sais que la
députée de Saint-Laurent aime les tableaux, ça fait que j'ai dit : Il faut
que je lui présente un tableau, sachant son amour pour les tableaux. Et le
tableau que j'ai décidé de lui présenter — je sais que le ministre de l'Éducation en a fait un tout à l'heure — c'est l'ajout de professionnels dans le
réseau de l'éducation. Combien de gens ont
une job au service de nos jeunes, au Québec, grâce à un gouvernement de la CAQ?
Et on regarde ici les années rouges du
gouvernement libéral : 6 000, 6 000, 6 000, 7 000,
7 500 à la veille des élections. Et là nous, on arrive : 8 200,
8 500. Et ça, ce sont des
professionnels qui sont en contact avec des jeunes qui ont des défis, dans
toutes les régions du Québec. Et ça, ce tableau-là, M. le Président, il parle
de lui-même, ce n'est pas des chiffres inventés, c'est la réalité des dernières
années au Québec et ça porte la signature du
ministre de l'Éducation actuel et de notre gouvernement. Et je pense qu'on
a raison d'être fiers.
Et
ça, c'est sans compter tout le travail qui est fait. Parce qu'on parle
d'outils, de ressources, mais, quand on parle à nos amis profs qui aiment bien utiliser nos textos, ils nous disent...
Moi, ils m'envoient des photos, des fois, puis ils me disent : Eh! Samuel, regarde telle fenêtre,
tel corridor, tel gymnase. Puis moi, je suis content souvent de leur dire,
parce que ça arrive régulièrement,
qu'on a ciblé leur projet comme amélioration locative. Parce que ce qui donne
le goût aux jeunes d'aller au Québec,
c'est aussi d'avoir des milieux d'enseignement qui sont stimulants. Et, quand
on parle de recrutement d'enseignants,
qui est aussi extrêmement important, puis encore une fois, depuis qu'on est en
fonction les facultés d'inscription en enseignement ont augmenté, c'est
aussi d'avoir des lieux stimulants pour enseigner à nos jeunes.
Alors,
conservation, agrandissement, juste dans le PQI, là, 2019‑2029, là, relèvement,
5,2 milliards, 128 projets d'espaces
financés pour 1,7 milliard, un blitz dans les maternelles aussi,
780 millions. Dans le PQI 2020‑2030, parce que, quand on regarde les PQI sous l'éducation, ça
monte, ça monte, ça n'arrête pas, 81 projets d'ajout d'espaces financés
pour 2,1 milliards. Maintien
d'actif, 6,6 milliards. Et ça, c'est les jeunes du Québec qui vont pouvoir
en profiter. Et encore dans les
maternelles on a ajouté 200 classes qui sont financées. Ce n'est pas
banal, ça, ce n'est vraiment pas banal, l'argent qui est mis en éducation au Québec. Parce que le
ministre de l'Éducation sait aller plaider ses crédits auprès des Finances et
du Trésor, parce que le premier ministre
sait que l'éducation, c'est une priorité, eh bien on arrive des résultats qui
sont probants, qui sont importants dans toutes les régions du Québec.
Et
là, malheureusement, la pandémie ne permet au ministre de faire la tournée
comme il voudrait le faire, mais, très bientôt,
il aura une pelle dans les mains pour agrandir ces espaces-là, pour aller sur
le terrain, pour rencontrer nos jeunes, pour dire : Voyez les résultats. Voyez ce que le gouvernement
libéral n'a pas fait. Voyez ce que nous, on est en train de faire parce
que l'éducation, c'est une priorité à travers le Québec. Et ça, là, les
enseignants ne nous diront pas que ce n'est
pas des bonnes nouvelles, ils vont applaudir, puis les élèves vont applaudir,
puis ils vont avoir le goût de se rendre dans ces lieux-là puis de dire : Voici les nouveaux espaces qu'on a pour
nos jeunes du Québec et pour enseigner aux jeunes. Et ça, bien, faut-il
le rappeler, que ce sont des sommes importantes et qui font toute la
différence?
On
parlait d'enseignants et de
valorisation de la profession enseignante. Le ministre, le premier ministre en largement parlé en campagne électorale, on investit dans des
bourses, entre autres, d'excellence pour les étudiants en formation, à la fois en 2019 et en 2020,
1 560 bourses de 7 500 $ en 2019, 1 092 de
3 500 $ en 2019 — ça fait beaucoup de chiffres, mais c'est important — 1 580 bourses de 7 500 $
en 2020‑2021 et 1 102 bourses de 3 500 $ également pour les
mêmes années. Ça démontre à quel point que notre gouvernement valorise
la profession enseignante.
On sait qu'il y a des
négociations, présentement, qui se tiennent, c'est important de les tenir dans
le respect, effectivement, des parties
prenantes. Mais, nous, ce qu'on conserve en tête, lors de cette négociation-là
et lors de tous les échanges qu'on a
dans le réseau de l'éducation, c'est le bien-être des jeunes du Québec. Et nous souhaitons que ces jeunes puissent non
seulement réussir en mai, en juin prochain, on souhaite qu'ils puissent aller
au bout de leurs rêves. Et on peut leur envoyer un message très clair
que notre gouvernement ne va pas les lâcher. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Saint‑Laurent pour sa réplique. Et est-ce que vous pourriez
nous donner vos indications concernant l'amendement de Mme la députée de Joliette?
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : Oui, nous sommes
favorables.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Parfait, allez-y.
Mme Rizqy : ...plaisir. Je suis un peu étonnée, parce qu'il y a eu différentes interventions, le
ministre de l'Éducation, la députée
de Jean-Talon et, évidemment, le député de Beauce-Sud, et ils n'ont pas parlé
de ma demande d'aujourd'hui, là. On
est en pandémie. Allo, la terre? Pourquoi vous nous parlez de 2015, 2018, de
votre enfance? Puis j'adore votre enfance, ça m'intéresse énormément, mais en discussion privée. Mais, lorsqu'on
est convoqués ici, au salon bleu, pour parler d'une sortie de crise en éducation parce que le réseau
scolaire nous dit clairement que les enjeux sont importants, 30 % des
élèves du secondaire sont
probablement en situation d'échec, le premier bulletin arrive... Puis j'invite
fortement le ministre à rester assis au lieu de s'en aller, parce que je
ne trouve pas ça correct, aujourd'hui.
Une voix : ...
• (16 h 20) •
Mme Rizqy :
Non, ce n'est pas correct que vous partiez, alors que 30 % des jeunes au
Québec risquent d'être en situation
d'échec, puis vous, vous osez vous en aller. Vous avez tweeté que vous voulez
travailler. Vous n'êtes pas capable, aujourd'hui, d'entendre raison.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Oui, M. le...
M. Schneeberger :
Je pense que la députée devrait alléger ses propos fortement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Malheureusement, je n'ai pas pu
entendre parce qu'on était en transition. Soyez prudente, comme
d'habitude, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...la prudence, j'y
crois. Puis le principe de précaution aussi, j'y crois. Par contre, demain, là,
je m'attends à ce que le ministre... si le
ministre de l'Éducation veut intervenir, là, qu'il prenne son siège puis qu'il
parle, parce que ça, ça... on ne peut pas continuer comme ça, M. le Président,
là. De deux choses l'une, son siège est là, pas à côté de vous.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée, on ne doit pas souligner l'absence de personne.
Mme Rizqy : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Non, mais là on ne jouera pas à ça, là. On ne doit pas indiquer qu'un député
est absent. Vous dites, là, que son siège est vide, là, c'est à peu près
la même chose, là.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
S'il vous plaît! Mais vous utilisez de votre temps précieux de réplique, là.
Allez-y sur le...
Mme Rizqy :
...au ministre de l'Éducation, celui qui m'interpelle sur Twitter pour me dire :
Je veux collaborer. Alors qu'aujourd'hui on est assis pour parler d'une
reprise, d'avoir un plan pour nos enfants, il me semble que le principal
intéressé serait superintéressé à comprendre
qu'est-ce qui se passe dans le réseau. Moi, je n'ai pas entendu le mot «pandémie»,
je n'ai pas entendu «COVID-19». Je n'ai pas
entendu : Ah! bien oui, c'est vrai, c'est vrai que le réseau de
l'éducation, là, ont levé les
drapeaux rouges puis ont dit : Écoutez-nous, là, on vous le dit, ça va
être historique, historique, au Québec, le taux d'échec en français, en
mathématiques.
Les parents sont inquiets. Savez-vous quoi, M.
le Président? Il dit que ça va superbien dans le réseau. Quand je l'écoute,
tout va bien. Il dit même que, si on demande aux enseignants, les enseignants
sont heureux. Je m'excuse, il y a eu un vox
pop récemment, là, 2 000 enseignants qui ont dit : Non, vos
propos nous ont choqués. Hier, c'est le personnel de soutien. Savez-vous quoi? Aujourd'hui, c'est
qui qui sort? Les parents. Le bulletin du ministre de l'Éducation est sorti.
Bien, prenez n'importe quelle année, libérale ou péquiste, là, il n'y a jamais
eu autant de plaintes au niveau du ministère de l'Éducation, jamais.
Généralement, on a une à deux plaintes. 2018‑2019, dans les autres années, là,
libérales, une à deux plaintes. Là, il est
arrivé en poste. Savez-vous quoi? Explosion de plaintes des parents, on passe
de six plaintes par année à 103 plaintes. Puis le principal sujet :
gestion de la pandémie. C'est ça, la réalité.
Alors, moi, si vous dites : On veut
travailler avec les partis d'opposition, on veut entendre, bien, prenez, là, du
leadership. Vous ne pouvez pas avoir le
discours électoraliste, la campagne est terminée. On est en gestion de crise.
Et, lorsqu'on devient ministre de l'Éducation, bien, effectivement, à un
moment donné, là, il faut savoir déposer nos armes puis entendre raison.
Ici, là, les demandes sont
excessivement claires : Bonifier le programme de tutorat afin que tous les
élèves qui en ont besoin puissent en
bénéficier et en dégageant les budgets à la hauteur requise. Hauteur requise. Aujourd'hui,
là, on a 12 millions de dollars
d'aide pour Tel-Jeunes et Allô prof. Parfait, on est contents. On aimerait
juste ça avoir de l'aide dans l'école.
Parce que savez-vous quoi, M. le Président? Encore faut-il que le jeune prenne
le téléphone. Et ce n'est pas tout le
monde qui sait que ça existe. Il y a plusieurs enfants au Québec, là, que, même,
les parents sont allophones. On a aussi beaucoup de parents, au Québec, analphabètes. Ils ne savent même pas que ces outils existent.
Mais on a une chose, par contre :
tous les matins, nos enfants vont à l'école. Donc, c'est à l'école qu'on a
besoin de cette aide aussi. Alors, pourquoi que le ministre ne veut pas
bonifier cette aide-là directe?
Lorsqu'on dit :
Bien oui, on a mis de l'argent, on a pu avoir plus de professionnels,
il faut faire attention de ne pas induire la population en erreur. Ce n'est
pas parce qu'on met de l'argent qu'on a plus de professionnels dans les écoles.
Tous les syndicats l'ont dit : On n'a
pas eu plus d'aide, il en a manqué, parce que, justement, à cause de la
pandémie, le nombre d'élèves qui
nécessitaient davantage de ressources supplémentaires a augmenté. Donc, le bassin est peut-être
là, mais le nombre d'élèves qui en ont besoin est encore plus important
que toute autre année.
Ça, la
vérité, ce n'est pas la faute du ministre, qu'il y a plus d'enfants qui ont besoin d'aide, c'est parce qu'il y
a une pandémie. Alors, c'est sûr que,
le ministre, s'il veut vraiment régler la situation, bien, qu'il augmente le
budget, mais aussi qu'il s'assure que
le salaire et les conditions de travail du privé, bien, seront aussi
disponibles au niveau public. Ça, ça va permettre d'attirer des professionnels
de soutien dans le réseau public puis aussi de les retenir. Ça, ce serait bien,
M. le Président.
Puis je
termine là-dessus, M. le Président, parce que, la sortie de crise, pourquoi on
peut utiliser le mois de mars pour en
parler tout de suite, c'est exactement pour ne pas rejouer dans le même film
qu'on a vécu cette année. Trouvez-vous ça normal qu'au mois d'août le
ministre a juré, main sur le coeur, garanti qualité, équité pour les tablettes
électroniques, puis qu'au mois de décembre
il a dû admettre que, finalement, là, malgré, là, qu'il s'est levé un paquet de
fois en Chambre pour me répondre : On en a, on en a tellement, des
ordinateurs, des tablettes, c'est plein à craquer dans notre entrepôt, finalement
il en manquait, on n'a pas eu l'heure juste? C'est pour planifier ces
affaires-là pour ne pas que ça arrive.
C'est aussi pour avoir un programme. Le ministre
oublie toujours, là, qu'il doit, justement, s'assurer que les élèves en
difficulté aient un programme adapté, il les oublie souvent. Puis, les réseaux
anglophones, là, je ne vous en parle même
pas, parce qu'il n'en parle jamais. Alors, imaginez, il a fait une annonce,
puis il n'y a pratiquement rien pour les
anglophones, alors qu'ils sont quand même 10 % des élèves de notre réseau.
100 000 élèves, 100 000 élèves qu'on n'a pas pensé à eux. Bien, si, justement, il consulte
les partis de l'opposition, il pourrait peut-être savoir que, ah! les
anglophones aussi existent, puis, oui, ils ont droit à des services.
Puis, d'autre part, M. le Président, il n'est
pas trop tard pour agir, mais ce serait juste important, là, que ce soit toujours... que ça arrête d'être tout le temps à
la dernière minute. Pour reprendre la phrase de ma collègue de Sherbrooke :
Il est systématiquement en retard. Qu'est-ce que vous pensez que ça fait dans
le réseau? Ça crée de l'insécurité, ça crée des perturbations, ça crée aussi de
la frustration. Et là, en ce moment, il y a de la frustration dans le réseau de
l'éducation. Pourquoi? Parce qu'on n'est pas capable d'avoir du leadership.
Aujourd'hui,
c'est une belle démonstration du manque d'écoute. La proposition était
supersimple, il n'a pas dit oui à quoi que ce soit, il a fait un bilan. Il
s'est vanté des maternelles quatre
ans. Il s'est vanté, là, qu'au fond il est venu accentuer, aggraver la pénurie d'enseignants, alors que tout le monde lui disait : On manque de locaux, on n'a pas assez
d'enseignants. Et lui, il dit : Non, moi, aujourd'hui, là, je viens
prendre mon temps sur cette belle motion du mercredi pour une sortie de crise en éducation pour vous revanter mon bilan pour les maternelles
quatre ans, puis au diable la dépense, au diable qu'il manque d'enseignants, au
diable qu'on n'a pas assez de locaux! On va les construire, même si ça coûte
2 millions de dollars la classe. Rien de trop beau pour une promesse
électorale.
Aujourd'hui, M. le Président, vous sentez peut-être
à travers mon ton mon exaspération. Mon exaspération, ce n'est pas parce que
moi, personnellement, je suis fâchée, c'est que je porte aussi plusieurs
messages de parents. Puis il y en a qui ont écrit sur le fil Twitter
du ministre de l'Éducation pendant que nous, on se parle. Il y en a
un, là, qui a dit... parce que, quand le ministre m'a interpelée, il dit :
Oui, je vais travailler avec la députée de Saint-Laurent. Puis il y a quelqu'un
qui a répondu : J'ai envie de vous croire, j'ai envie de vous croire, mais
je ne vous crois pas. Alors, c'est là-dessus que je vais terminer. Je ne
vous crois pas. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent.
Le débat est maintenant
terminé. Conformément au règlement, je dois mettre d'abord aux voix la motion d'amendement présentée par Mme la députée de
Joliette, avant de procéder au vote sur la motion principale.
Je vous fais
lecture de ces deux motions. La motion principale de Mme la députée de Saint-Laurent se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'urgence d'agir en éducation afin d'assurer la
réussite éducative et la persévérance scolaire des élèves pendant et
après la pandémie;
«Qu'elle
rappelle que les partenaires en éducation ont constaté dès l'automne dernier
une augmentation fulgurante et alarmante du taux d'échec dans les
écoles;
«Qu'elle
exprime sa profonde préoccupation quant au manque de motivation des jeunes à
l'école depuis le début de la pandémie;
«Qu'elle
reconnaisse les [principales] inquiétudes des parents et des équipes-écoles sur
plusieurs enjeux importants, tels que la qualité de l'air, les savoirs
essentiels, les délais dans l'implantation du programme de tutorat,
l'annulation tardive des examens
ministériels, la pondération inconnue du premier bulletin, les tests de
dépistages rapides toujours non utilisés, l'imposition tardive du masque de procédure et l'impact à long terme de
la COVID sur la réussite éducative des élèves et les risques de
décrochages des élèves et des enseignants;
«Qu'elle demande au gouvernement de
mettre en place des mesures pour aider immédiatement les élèves et les
équipes-écoles telles que :
«Bonifier le
programme de tutorat, notamment par la mise en place d'un crédit d'impôt
remboursable;
«Permettre
aux étudiants universitaires de déposer leur candidature dans le programme de
tutorat, peu importe leur programme d'étude;
«Ajouter un incitatif
financier ou fiscal afin de rendre le retour des enseignants retraités plus
attractif;
«Négocier de bonne
foi avec les enseignants afin d'éviter de pénaliser les enfants;
«S'engager à convoquer d'urgence,
pendant la semaine de relâche, un sommet avec l'ensemble des intervenants
impliqués dans la réussite éducative et la
persévérance scolaire afin d'établir un plan de sortie de crise sur 3 ans
pour maximiser les chances de réussite de tous les élèves du Québec.»
• (16 h
30) •
La
motion d'amendement de Mme la députée de Joliette se lit comme suit : Le
premier paragraphe du cinquième alinéa de la motion de Mme la députée de
Saint-Laurent est modifié par :
1° le remplacement du
mot «notamment» par les mots «afin que tous les élèves qui en ont besoin
puissent en bénéficier, notamment en dégageant les budgets à la hauteur requise
et»;
2° l'ajout, à la fin,
des mots «pour les parents qui ont eu recours à du tutorat privé».
Mise
aux voix de l'amendement
Je
mets d'abord aux voix la motion d'amendement de Mme la députée de Joliette que
je viens tout juste de lire. En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. Mme la députée de
Joliette?
Mme Hivon :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, la motion d'amendement
est rejetée.
Mise
aux voix de la motion
Je mets maintenant
aux voix la motion principale de Mme la députée de Saint-Laurent, qui se lit
comme suit :
«Que l'Assemblée nationale réitère
l'urgence d'agir en éducation afin d'assurer la réussite éducative et la
persévérance scolaire des élèves pendant et après la pandémie;
«Qu'elle rappelle que les partenaires
en éducation ont constaté dès l'automne dernier une augmentation fulgurante
et alarmante du taux d'échec dans les écoles;
«Qu'elle exprime sa profonde
préoccupation quant au manque de motivation des jeunes à l'école depuis le
début de la pandémie;
«Qu'elle reconnaisse les profondes
inquiétudes des parents et des équipes-écoles sur plusieurs enjeux importants,
tels que la qualité de l'air, les savoirs
essentiels, les délais dans l'implantation du programme de tutorat,
l'annulation tardive des examens
ministériels, la pondération inconnue du premier bulletin, les tests de
dépistages rapides toujours non utilisés, l'imposition tardive du masque de procédure et l'impact à long terme de
la COVID sur la réussite éducative des élèves et les risques de
décrochages des élèves et des enseignants;
«Qu'elle demande au gouvernement de
mettre en place des mesures pour aider immédiatement les élèves et les
équipes-écoles telles que :
«Bonifier
le programme de tutorat, notamment par la mise en place d'un crédit d'impôt
remboursable;
«Permettre aux étudiants
universitaires de déposer leur candidature dans le programme de tutorat, peu
importe leur programme d'étude;
«Ajouter
un incitatif financier ou fiscal afin de rendre le retour des enseignants
retraités plus attractif;
«Négocier
de bonne foi avec les enseignants afin d'éviter de pénaliser les enfants;
«S'engager à convoquer d'urgence,
pendant la semaine de relâche, un sommet avec l'ensemble des intervenants impliqués
dans la réussite éducative et la persévérance scolaire afin d'établir un plan
de sortie de crise sur 3 ans pour maximiser les chances de réussite
de tous les élèves du Québec.»
En application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je vous remercie. La motion est rejetée. Pour la suite de nos travaux...
On va
suspendre quelques instants. On va désinfecter avant de passer aux affaires du
jour. Quelques instants, tout
simplement.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 36)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos
travaux, et je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je vous
demanderais de rappeler l'article 11 du feuilleton.
Merci.
Projet de loi n° 84
Reprise du débat sur l'adoption
du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, à l'article 11
du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné plus tôt aujourd'hui sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement.
Au moment de suspendre ce débat, Mme la députée de Joliette,
c'est vous qui aviez la parole, et vous aviez utilisé cinq minutes de votre temps. Alors, sans plus
tarder, je vous recède la parole.
Mme Véronique Hivon (suite)
Mme Hivon : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, quand nous nous sommes quittés, avant la suspension,
je vous disais qu'il y avait malheureusement
une inquiétude, une inquiétude qui a augmenté d'un cran aujourd'hui parce
qu'on se serait attendus à ce que, d'abord,
le ministre de la Justice, qui porte cette réforme importante, se donne un peu
plus de temps avant de revenir et d'appeler le principe du projet de loi,
puisqu'on vient tout juste, il y a une dizaine de jours, de sortir des consultations, qui ont été précipitées, et on
aurait pensé que le ministre aurait pris tous les commentaires qui lui ont été faits, notamment sur l'ampleur de
certains changements qui doit être revue, sur des morceaux de la réforme
qui ne semblent pas bien s'imbriquer, sur beaucoup de préoccupations, et on
aurait pensé qu'il serait retourné sur sa planche à dessin et qu'il se serait
donné un temps qui aurait été salutaire pour consulter, pour peut-être revoir
certaines choses avec les oppositions mais
avec les groupes qui sont sur le terrain, et qu'après il aurait ramené son
projet de loi en nous disant d'entrée de jeu qu'il va y avoir des amendements
substantiels, parce qu'il y a des problèmes substantiels dans la réforme
qu'il nous propose.
Or, comme je vous disais, c'est lui, c'est le leader qui a
décidé d'appeler ça très rapidement, aujourd'hui, et, à notre grande surprise, on ne l'a même pas entendu, au
moment formel de l'adoption du principe de sa réforme, venir nous dire pourquoi cette réforme-là, elle était fondamentale
et comment il allait la modifier à la lumière des commentaires, qui sont
presque unanimement allés dans le sens que
c'était beaucoup trop précipité, qu'il y avait des éléments, de toute évidence,
qui avaient été bâclés, mal analysés et
qu'il fallait retourner à la planche à dessin. Donc, je dois vous dire que je trouve ça un peu insultant qu'on n'ait
même pas l'occasion d'entendre le ministre qui est le porteur du dossier.
J'ai aimé entendre la députée de Les Plaines, je l'ai dit
tout à l'heure, j'ai beaucoup de respect pour son engagement pour cette
cause-là. Mais c'est le ministre qui porte le dossier et c'est le ministre
qu'on aimerait aussi entendre sur les changements
qu'il va apporter, du moins, je l'espère. S'il a fait des consultations... Il a
beau les avoir précipitées puis avoir entendu juste un nombre restreint de
groupes dans deux journées et demie, vous et moi, Mme la Présidente, on sait
que, pour des réformes importantes, des fois, il faut y mettre le temps. On a
travaillé sur d'autres enjeux ensemble.
• (16 h 40) •
Je
pense que ça aurait été de bon augure, un, de se donner le temps d'entendre
tous les groupes pertinents puis, deux, de
se donner le temps de décanter tout ça puis de continuer le travail. Or, ce
n'est pas ça, puis, aujourd'hui, malheureusement, on n'est pas capables de savoir, parce qu'on n'a
aucune indication de la part du ministre... Et son adjointe parlementaire,
du moins, la députée de Les Plaines, ne nous
a pas parlé des amendements qui viendraient, puis tout ça. Donc, moi, je tiens
pour acquis qu'il n'y aura pas grand
changement à la réforme qui est proposée, puisqu'on n'a eu aucun écho en ce
sens. Et ça, ça ne m'encourage pas. Parce
que je pense que les points qui ont été soulevés lors des consultations
publiques sont extrêmement
pertinents. Et, quand ça fait des dizaines d'années qu'on attend une réforme,
oui, il faut souligner, et je le souligne,
je l'ai souligné quand il l'a déposé, je le souligne à nouveau, le bien-fondé
de déposer une telle réforme. Puis je suis
contente que le ministre prenne le taureau par les cornes et dépose une
réforme. Mais encore faut-il que ce soit la bonne réforme. On ne peut
pas dire : Wow! Super! Je me pète les bretelles, j'ai déposé une réforme
de l'IVAC, tout le monde demandait une
réforme de l'IVAC. Oui, c'est un pas dans la bonne direction de s'attaquer à la
tâche, mais encore faut-il amener les bonnes réformes, amener les bons
éléments de changement.
Alors,
il y a des bons éléments de changement, mais il y a énormément de
questionnements. Donc, les bons
éléments de changement, je les souligne tout de suite, c'est des
demandes qu'on faisait. D'ailleurs, le ministre
de la Justice et moi, quand nous étions les deux porte-parole de l'opposition en
matière de justice, c'est un dossier
que l'on portait, tous les deux, face
au précédent gouvernement, notamment pour élargir la liste des infractions qui peuvent
donner droit à une indemnisation en
vertu de la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Donc, on est heureux de voir apparaître
que tous les crimes contre la
personne vont désormais pouvoir faire l'objet d'une aide. On pense à l'exploitation sexuelle, on pense au leurre d'enfant.
Donc, il y a des
éléments qui sont importants là-dedans, qui, d'ailleurs, sont en droite ligne
avec le rapport sur l'exploitation sexuelle des mineurs, sur lequel plusieurs membres de cette Assemblée, qui sont ici
en ce moment, dont mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, dont la députée des
Plaines, dont le nouveau ministre des Affaires autochtones, ont fait
partie. Et je pense qu'on est fiers de ce travail-là qui a été fait de manière
transpartisane par l'Assemblée.
Donc, ça, il
y a des éléments positifs, mais il
faudrait regarder la question de la rétroactivité, comme l'a très bien expliqué mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
juste avant moi, pour donner un sens réel et une réelle portée à cette modification-là.
Mais ça, c'est vraiment un élément intéressant qu'on souhaitait voir.
On souhaitait aussi
voir un élargissement de la notion de victime. C'est sûr que la jurisprudence a
aidé, au fil du temps, à un certain
élargissement, mais là il va falloir que, dans la loi, ce soit clair, il y a
cette volonté-là. Certains témoins, dont Marc Bellemare, ont fait état, par
exemple, de réserves, à savoir si, à certains égards, on n'allait pas être plus
restrictif quant au soutien qu'on va pouvoir
accorder à certains types de ces victimes-là. Mais la notion d'élargissement,
elle est là, ça fait que ça, c'est quelque chose de positif.
Même
chose pour les victimes de crimes à
l'extérieur du Québec.
On a entendu des histoires très tristes, y compris de gens qui ont été touchés
près de nous, de crimes qui ont eu lieu à l'extérieur du Québec
et pour lesquels il n'y avait pas possibilité d'être indemnisés, pour les proches, donc, des
victimes, pas tant d'être indemnisés que d'avoir même de l'aide
psychologique. Donc, ça, c'est quelque chose qui est revu.
Alors, il y a des
avancées intéressantes, mais le ministre fait une mégaréforme en jumelant deux
lois en une, la Loi sur l'indemnisation, la Loi sur l'aide. Le mot «indemnisation» n'apparaît même plus. Donc, il se dégage vraiment d'une logique d'indemnisation qui
pouvait ressembler, par exemple, au régime d'assurance automobile et au régime d'accident du travail de la CSST, pour créer un
tout nouveau régime avec un nouveau fonctionnement, où il n'y aura plus, et c'est un
changement majeur... Avant, il y avait des rentes, donc des rentes en continu,
pour une personne qui devenait incapable, par exemple, de travailler, de se procurer des revenus à la suite d'un crime. Là,
toute la notion d'indemnisation
est mise de côté, toute la notion de rente viagère est mise de côté pour cette
nouvelle notion de somme forfaitaire.
Donc,
nous, on est bien prêts à regarder tout ça, mais c'est un changement majeur. Et
le problème est que tous les principes
reliés à la détermination des sommes forfaitaires et aux montants, donc pas
juste les questions de montant avec une échelle de montants, mais les principes qui vont guider, à savoir
comment on va déterminer la somme forfaitaire pour les victimes, ça va être prévu par règlement.
Donc, vous vous imaginez, Mme la
Présidente, l'insécurité qui est
provoquée chez beaucoup de groupes qui défendent les victimes, de voir
qu'on change complètement mais qu'on n'a pas d'indication... On ne le sait pas, ça va être quoi, ça va ressembler à
quoi, les principes pour venir donner une aide financière, pas plus qu'on sait
quelle va être la hauteur de cette aide financière. Et, oui, il y a
une crainte de voir que les budgets vont être dilués, dans le fond. Parce
que c'est bien d'augmenter le nombre de victimes potentiel qui peuvent demander
et recevoir de l'aide, mais encore faut-il
que les budgets suivent. Donc, on nous parle de milliers de victimes de plus
qui pourraient se qualifier, c'est très bien,
mais encore faut-il avoir les budgets en conséquence. Et ça, il y a un gros
point d'interrogation, et on n'a absolument aucune indication, alors que
c'est au coeur même de la réforme.
Donc, il faudrait que
le ministre soit en train de rassurer tout le monde puis dire : Voici
comment ça va fonctionner, puis ce n'est pas
des pouvoirs que je vais m'arroger seul. Parce que je veux vous lire quand même
à quoi ça ressemble, là. L'article 32 de la loi dit, le titre :
«Établissement et versement
de la somme forfaitaire.
«Le
gouvernement prévoit, par règlement, la méthode d'établissement de la somme
forfaitaire. Cette somme peut varier selon les personnes victimes ou
selon tout autre critère que détermine le gouvernement.»
Deuxième
alinéa : «Les montants considérés pour l'établissement de la somme
forfaitaire sont ceux en vigueur à la date de cet établissement.»
Ça fait que vous vous
imaginez la largesse, la largeur, l'ampleur des pouvoirs que se confère le ministre
par règlement. Il va déterminer la méthode d'établissement de la somme forfaitaire et il nous dit tout de suite que la somme va pouvoir
varier selon les personnes victimes ou selon tout autre critère que
déterminera le gouvernement. Il ne va même pas mettre dans sa loi les
principes et les critères.
Ça fait que, nous, là, c'est vraiment nous demander de signer un chèque en blanc, alors
qu'on fait une réforme majeure, qu'on met de côté les rentes viagères qui
assuraient une sécurité aux victimes, qui savaient que, tant qu'elles étaient
inaptes, par exemple, à retourner au travail à cause d'un crime, elles
auraient une somme forfaitaire qui leur procurait une sécurité par rapport à leurs revenus. Là, on jette ça par-dessus bord, on arrive avec la
notion de somme forfaitaire, puis c'est comme si le ministre nous dit : Chers amis, faites-moi confiance,
je vais tout régler ça, moi, par règlement. Bien, malheureusement,
ce que les groupes sont venus nous dire,
c'est : On ne peut pas, on ne peut pas vous faire confiance, on n'a aucune
idée sur quelles bases vous allez travailler, alors qu'on savait ce à
quoi les victimes pouvaient s'attendre dans le passé.
Donc, ça,
c'est vraiment un très,
très gros problème
qui fait en sorte, bien sûr, qu'il y
a eu beaucoup, beaucoup de
drapeaux qui se sont agités lors des consultations. Puis je vous donne un exemple,
Mme la Présidente. Il faut être conscient que l'IVAC vient indemniser en très
grande majorité, c'est de l'ordre de 75 %, des femmes. Donc, ce sont, d'abord et avant tout, des femmes qui sont
victimes de toutes sortes de crimes, d'infractions, d'agressions,
beaucoup, beaucoup de violence
conjugale et de violence sexuelle. Et plusieurs de ces femmes-là, on pense
notamment à différents contextes, ne travaillaient pas ou ne travaillent
pas au moment où l'infraction arrive, ou le crime est commis. Et ça fait en
sorte qu'avec la nouvelle mouture de la loi
on passe à une tout autre logique, où on ne pourra pas se baser sur les revenus
de quelqu'un, puisque, là, c'est la nouvelle base qui doit guider toute
la réforme du ministre : les revenus.
Mais, quand,
à la base, vous étiez à la maison, que vous étiez un parent à la maison, là, ou
que vous étiez une étudiante, ou que
vous étiez quelqu'un sans emploi, bien, ça veut dire merci, bonsoir, on ne
pourra pas t'indemniser, tu ne pourras pas avoir de montant pour te
sortir de cette situation-là, difficile. Puis je n'ai pas besoin de vous faire
des dessins pour des situations de violence
conjugale, où on peut avoir quelqu'un
où toute la vie est virée à l'envers, pas juste d'un point de vue du traumatisme personnel, du point de vue de
santé et de la santé psychologique, mais économiquement aussi. Quand elle décide de quitter son domicile, si elle
n'avait pas de revenu avant, quel est le message qu'on est en train de lui
envoyer pour qu'elle parte son
processus de réhabilitation, qu'elle se reconstruise, qu'elle puisse donc aller
de l'avant avec toute l'aide psychologique?
Vous savez,
dans la pyramide de Maslow, là, si vous n'avez pas d'argent pour manger puis
pour avoir un minimum de sécurité pour vous puis vos enfants, pour
pouvoir vivre, ça va être difficile de vous reconstruire psychologiquement puis de sortir de ce traumatisme-là, du crime, de
l'agression que vous avez vécu. Alors, ça, c'est vraiment une zone d'ombre
importante sur le projet de réforme du ministre,
sur laquelle il va falloir travailler très fort, puis on aurait beaucoup
aimé voir, à la lumière de tout ce qui s'est dégagé des auditions, ce
que le ministre avait à nous dire par rapport à ça.
• (16 h 50) •
L'autre
élément sur lequel on a encore beaucoup de questions, c'est l'aide psychologique. Donc, en ce moment, l'aide psychologique, c'est
prévu dans la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels un certain
nombre de séances, mais, quand vous
prouvez que vous avez des besoins plus importants, vous allez pouvoir avoir de
l'aide psychologique tant que vous en avez besoin. Or, là, ce n'est pas
clair comment tout ça va s'harmoniser avec cette nouvelle notion d'aide, d'aide à la personne qui englobe tout, qui englobe
autant l'aide financière que les différentes autres formes d'aide. Donc, on ne
voudrait pas arriver à une situation où une personne a une somme forfaitaire et
qu'elle devra choisir si elle prend plus
d'aide psychologique ou plus d'aide économique avec la somme qu'on lui donne. Donc, ça aussi,
c'est un élément très important.
Un autre
élément qui a ressorti avec beaucoup de force, c'est toute la question des
droits. Donc, voyez-vous, avant, on avait deux lois, la Loi sur l'indemnisation
des victimes d'actes criminels, vous avez subi un préjudice, vous ne pouvez
plus travailler, vous ne pouvez plus gagner votre vie, vous êtes en
traumatisme, vous avez des séquelles physiques ou psychologiques, on va vous donner une rente pour vous permettre de
continuer à avoir un certain revenu puis à essayer de vous en sortir, puis vous aviez tout le volet
aide. Or, là, le ministre fusionne les deux lois, mais sans avoir fait un
exercice de refonte et de vraiment se questionner sur où on devrait
aller avec l'aide aux victimes.
Puis il me
semble qu'une autre chose qui milite pour que le ministre retourne à sa table
de travail, c'est que toute la question de l'aide et de l'accompagnement des victimes
d'actes criminels, ça a été traité aussi dans le rapport du comité
d'experts qu'on a déposé le 15 décembre dernier, les quatre élus, ici, qui
siégeons sur ce comité avec des experts, toute la question de l'accompagnement des victimes de violence sexuelle et conjugale
dans le système de justice. Et ça aurait été gagnant, il
me semble, que le ministre dise : O.K., je vais prendre un temps d'arrêt,
minimalement, sur toute la question de l'accompagnement des droits des victimes, de comment on veut favoriser et simplifier
leur processus dans le système; et donc je vais prendre un pas de recul,
me donner un peu de temps pour absorber ce qui est là-dedans, parce que, la réforme de l'IVAC, je ne referai pas ça à chaque
année. Ça fait plus de 20 ans qu'on en parle, et donc je vais bien faire
les choses d'un coup.
Et là c'est ça
qui m'inquiète beaucoup, c'est qu'on a le rapport sur l'exploitation sexuelle qui dit certaines choses, il y a
certains éléments qui sont présents dans la réforme, d'autres qui ne le sont
pas. Nous, on est arrivés avec notre réforme, où il y a des éléments qui
touchent directement l'IVAC. D'ailleurs, les deux coprésidentes du comité
d'experts sont venues témoigner lors des auditions. Ça ne peut pas être tenu en
compte, le ministre a déposé son projet de loi le 10 décembre, puis on est
arrivés avec notre rapport le 15 décembre. Il me semble qu'en soi ce
serait une bonne base pour dire :
Parfait, je vais prendre quelques semaines, un mois ou deux de plus, je vais
regarder ça, puis je vais arriver avec des
éléments nouveaux, substantiels, avec des amendements substantiels. Là,
le ministre ne peut pas me faire croire que, 10 jours
après qu'on a fini les consultations, qu'on est déjà dans l'adoption
de principe et que je sens que l'étude
détaillée pointe son nez, il a pris le temps de tout analyser ça et de
revoir sa réforme.
Ça fait que ce qu'on a envie de lui demander, au
ministre, c'est de prendre un pas de côté pour mieux faire sa réforme. Les groupes sont venus nous le dire, là, il y a
plein de choses qui les questionnent, comment on structure les choses, les droits. Je pourrais vous faire la lecture de
l'article 6, c'est très beau en théorie, là, on est venu là comme plaquer
des choses qui
concernent les droits des victimes. On a énuméré plein d'éléments : être
informé des mesures d'aide au témoignage, être informé du cheminement de sa
plainte auprès du policier, mais dans la mesure du possible, sous réserve de l'intérêt public. Nous, on va beaucoup plus
loin que ça dans le rapport du comité d'experts. Donc, il faudrait que ça, ce
soit reflété.
Mais il
faudrait qu'on ait aussi les détails. C'est beau d'énumérer des droits en
théorie, mais il faut savoir, pratico-pratique,
comment l'État va intervenir pour
s'assurer que les mesures sont présentes pour bien soutenir les victimes du
début à la fin, particulièrement, en lien avec notre rapport, les
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale. Et je pense que c'est important de garder ça à l'esprit quand on sait que la
majeure partie des victimes indemnisées par l'IVAC sont des victimes qui
sont des femmes et qui sont victimes de ce type de crimes là. Donc, le rapport,
il ne pourrait pas être plus pertinent à l'examen du ministre et à la réflexion
du ministre.
Donc, tout ça
pour dire, Mme la Présidente, qu'on se réjouissait et on se réjouit qu'il y ait une volonté de réformer l'indemnisation
des victimes d'actes criminels et
qu'on revoie le régime, mais encore faut-il le faire d'une bonne manière puis
de la manière optimale, parce que cette chance-là, elle ne repassera pas. Et là, malheureusement, on a le sentiment qu'il y a des gros pans où on est venu nous dire : Le
travail n'a juste pas été fait, et non
seulement nous, comme groupes,
on se sent complètement pressurisés d'être obligés, quelques semaines après le dépôt...
le temps des fêtes à travers ça, difficultés de consulter
tous nos membres en pleine pandémie, puis de venir vous livrer le résultat de
notre réflexion de manière si rapide, mais déjà on voit des gros
écueils. Même chose pour nous, de ce côté-ci de la Chambre, on voit des gros écueils. Alors, on ne peut pas donner un
chèque en blanc au ministre. Et, avec l'ampleur des pouvoirs qu'il se donne,
réglementaires, qui viennent même sur les
principes du fond des choses et des changements qu'il apporte, c'est très
difficile, aujourd'hui, de pouvoir dire : Oh wow! Super! avec
enthousiasme. Allons de l'avant.
Donc, c'est
pour ça qu'on ne va pas pouvoir appuyer à ce stade-ci. On va s'abstenir parce
qu'on a espoir que le ministre va pouvoir être convaincu d'améliorer
significativement sa réforme et de revoir les morceaux, comme ils s'imbriquent,
en ce moment, de manière, selon nous, un peu bancale, dans son projet de loi.
Et on espère qu'il va être à l'écoute et on
continue à espérer qu'il ne va pas adopter l'approche bulldozer pour tout de
suite nous appeler ça, mais qu'il va
plutôt prendre le temps de bien encaisser tout ce qui lui a été dit de par les
partis d'opposition mais surtout de par les experts, de par les groupes qui sont venus en consultation publique, pour retourner à sa
planche à dessin et nous revenir avec un
projet de loi qui est beaucoup plus solide et qui répond bien davantage aux
besoins du terrain. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Joliette. Et maintenant je vais reconnaître
M. le député de Vimont.
M. Jean Rousselle
M. Rousselle : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez,
c'est un gros projet de loi, hein, 190 articles que, les groupes,
il a fallu qu'ils travaillent vraiment à la dernière minute, parce qu'ils ont
eu ça à la dernière minute, puis là ils étaient appelés à se présenter en consultations. Beaucoup de groupes d'ailleurs
que je remercie, parce qu'il y en a, je pense, au moins 20 qui ont participé aux consultations, à
part de ceux aussi qui ont fait des mémoires. Le délai est tellement court
que même les organisations disent :
Bien, écoutez, ça n'a pas d'allure, vous devriez tout simplement soit prendre
une pause... laissez-nous le temps de consulter nos gens, de consulter
le terrain. Parce que, là, on fait des modifications, des grandes modifications. Écoutez, 190 articles qui
modifient plusieurs lois puis plusieurs règlements, ce n'est pas rien. Puis
surtout qu'on parle de choses qui...
oui, depuis 1972, oui, là maintenant, il y a une modification, mais, quand on
fait des modifications, ce n'est pas
pour reculer, c'est pour avancer, c'est pour améliorer. Et tous les groupes
qui... bien, la majorité des groupes qui ont travaillé d'arrache-pied pour
faire un mémoire ou se présenter... Mais ici j'ai... le regroupement des
maisons pour femmes victimes conjugales dit : Écoutez, ralentissez,
s'il vous plaît, ralentissez. On n'a même pas le temps de parler à notre monde,
mais pas pantoute.
• (17 heures) •
Puis on
aurait pu faire, justement, des analyses, des échanges constructifs parce que
c'est sur le terrain que ça se passe.
Les gens qui ont mal actuellement, là, c'est sur le terrain qu'ils sont. Je
comprends qu'ici on va en débattre, et tout, là, mais, à un moment donné, les juristes ou tous ces gens-là... À un
moment donné, il faut se référer à quelqu'un qui souffre. Puis actuellement la
majorité, la grande majorité, c'est des femmes qu'on parle, la grande majorité,
c'est des femmes qui ont vécu toutes sortes de problèmes.
Et là, bien,
on a de l'air à dire : Bon, bien, la rente viagère, on va comme...
D'ailleurs, je vais prendre le même exemple que mon collègue de LaFontaine
avait mentionné, on va mettre un petit peu plus d'argent, donc on va mettre la
banque un petit peu plus grosse. Puis
là on dit comme quoi qu'il va y avoir 4 000 personnes qui vont
pouvoir participer là-dedans, mais je pense qu'on fait un remaniement
monétaire à l'intérieur. Et là la personne qui a une rente viagère, bien, elle,
elle va se retrouver... puis ça, c'est à
cause qu'elle travaille, là, on s'entend, rente viagère parce qu'elle, elle
travaille, donc elle, elle va avoir
trois ans, trois ans pour s'en sortir monétairement. Aïe! Il y en a, là — puis là je vois les collègues, de l'autre
côté, qui vont sûrement se rappeler des
choses, là, dont le ministre Autochtones et député de Vachon — il y a des gens qui, après des
problèmes qu'ils vivent, ils ne sont plus opérationnels, après, et ça, pas un
an, ou deux, ou trois, là, des fois c'est à
vie. Chaque personne ici, on est différents, chaque personne va vivre le
problème différemment. On est tous fait différemment, puis c'est
correct, on est des êtres humains. Mais il y a des gens, là... puis il y en a
qui ont des souffrances pas à peu près, là,
ils ne pourront jamais se remettre de ça, jamais, jamais, jamais. Il y a des
lieux qu'ils ne pourront jamais revisiter
parce que ça va leur rappeler des problèmes, mais vraiment de sérieux
problèmes. Et là on est en train de dire : Oui, il va y avoir une
aide psychologique. Oui, le projet de loi, il y a des choses de bon là-dedans,
là, comprenez-vous, il va
y avoir de l'aide psychologique tout de suite, tout le kit. Mais est-ce qu'elle
va être capable, cette personne-là, d'opérer, d'être fonctionnelle? Je
ne sais pas. Je ne sais pas vraiment.
Mais
actuellement, ce projet de loi là, j'ai l'impression qu'on y va sur le côté
monétaire. C'est une impression, là. On
va prendre le pot monétaire puis là, bon, on va le répartir différemment sur le
dos de... bien, moi, ce que je considère, c'est sur le dos de victimes
qui mériteraient, justement, avoir des rentes viagères pour s'en sortir.
Là, vous savez, ces gens-là... Il y a beaucoup
de gens. Puis là, bon, on a eu un exercice qu'on a fait, un exercice
formidable, en passant, hein, un exercice quand on a fait la Commission
spéciale de l'exploitation sexuelle des mineurs, justement, un exercice transpartisan, vraiment, vraiment très bien. On
l'a travaillé vraiment correctement, je pense, puis je pense qu'on doit s'en
féliciter. Mais là-dedans on a fait une recommandation, la
recommandation 50, puis elle, elle parle... puis là je vais vous la
lire un petit peu, c'est : «Pour reconnaître réellement le statut de
victime aux personnes qui ont été sexuellement exploitées — parce
que c'est des victimes qui ont été exploitées, hein? — il
est impératif de modifier rapidement la Loi
[de] l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Les victimes de
proxénétisme et de la traite [de] personnes doivent être en mesure
d'obtenir une indemnisation, et ce, même si elles ont été exploitées ailleurs
au Canada. Nous estimons que les
indemnisations obtenues ne doivent pas être considérées comme des revenus aux
yeux d'autres programmes sociaux, comme l'aide sociale.»
Pourquoi qu'on a écrit ça? Parce qu'on a
rencontré, justement, des gens qui ont venu nous conter leurs histoires, et, je peux vous dire, c'étaient des histoires
tristes, vraiment tristes. Je peux vous dire que, quand on finissait nos rencontres, on n'avait pas le
goût d'aller prendre un petit verre de vin, je peux vous dire, c'était vraiment,
vraiment triste. C'était la réalité de la
vie, mais une réalité, vraiment, que ce n'est pas le fun d'entendre,
comprenez-vous? Ces gens-là, ils se sont déplacés, ils ont été généreux.
Ces gens-là, ils se sont déplacés pour nous conter leur histoire, pour qu'on
comprenne vraiment c'est quoi, une victime d'actes criminels, comment qu'elle
vit ça, une victime, comment qu'elle a été recrutée, comment que ça se passe, ça. Et ça, ça se passe sur plusieurs années.
Vraiment, c'est des victimes qui sont, comme, vraiment... à chaque jour, à
chaque moment, elles sont vraiment mises dans un milieu, vraiment, qui les
«brainwashe», excusez l'anglicisme,
mais qui, vraiment, essaient de changer la personnalité pour qu'ils deviennent
vraiment esclaves. C'est un peu ça,
là. Mais, quand tu veux t'en sortir, bien, il faut être là pour les aider. Et,
pour s'en sortir, bien, je pense que c'est une manière de les aider.
Mais ces
gens-là, bien souvent... Parce que, là, à un moment donné, on parle de... bien
souvent, ces gens-là ont dû, eux aussi, recruter, parce que le
proxénète, lui, il est comme : Aïe! écoute bien, tu vas aller me chercher
d'autres filles. Puis vous savez comment
ça... Ça se passe de même dans le milieu, là. Donc, automatiquement, par
obligation, pas parce qu'ils veulent, parce qu'ils sont obligés, parce qu'ils
ont peur, parce qu'ils n'ont pas le choix... Comprenez-vous? Ce n'est pas un
choix, là. Là, c'est, comme, tu y vas. Puis ils savent bien que, si tu n'y vas
pas, il va se passer quelque chose que
tu n'aimeras pas. Donc, automatiquement, ces gens-là y vont, par la peur, par
la crainte, donc ils font des actes criminels eux aussi.
Mais là on est en train de dire, là-dedans...
puis là, après avoir travaillé, justement, là-dessus, puis vraiment fier de l'être, puis je pense que tous les
collègues ici qui sont... qui ont travaillé là-dedans, je pense qu'ils ont
raison d'être fiers, bien là, ça, on est en train de dire : Bien,
tous ceux qui ont été à l'intérieur, là, qui ont été exploités sexuellement,
bien, on est aussi bien de dire qu'ils ne
pourront pas être là. Parce que la majorité, je te dirais, la majorité et
pratiquement tous, ils ont fait ça,
aller chercher d'autres filles puis faire plaisir à leur proxénète. Donc là, on
est en train de dire qu'eux autres, on est, comme... on les enlève.
Mais là, depuis tout le temps qu'on travaille
là-dessus, bien, on essaie de les aider, qu'ils s'en sortent. Bien, pour s'en sortir, là, il faut qu'il y ait des
sous. Puis d'ailleurs c'est pour ça qu'on a dit qu'il faudrait qu'il y ait une
indemnisation, et puis là de ne pas
prendre considération de toutes les choses... de ne pas prendre ça comme un
salaire. C'est vraiment, là, une
manière qu'ils s'en sortent. Puis, oui, l'aide psychologique, parfait, je
l'entends que, tout de suite, on va le mettre. Mais ça, il faudrait peut-être le laisser, peut-être,
au besoin, à la vie. Comme je vous ai dit, ils sont tellement embarqués
là-dedans, ce n'est pas facile d'en sortir.
Écoutez, même
mes collègues... D'ailleurs, c'est une lettre qui a été envoyée par des
collègues, donc, ma collègue d'Acadie, mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
puis ma collègue de Gaspé, qui parle justement de Lau Ga, qui a pris son
courage à deux mains, vraiment, de venir nous parler, de s'en sortir, d'aller
au poste de... comprenez-vous, de nous expliquer son histoire. Mais elle, là, à
cause que la loi, elle va passer, à un moment donné... bien, dû au fait
qu'elle, c'est dans le passé, bien, elle
n'aura rien, rien. Pourquoi? Pourquoi? Elle a droit, je pense, à un moment
donné, d'avoir, elle aussi, quelque
chose. Elle a le droit... Voyons, c'est que, là, O.K., on va commencer, là...
Puis ça, d'ailleurs, j'écoutais, là, mon
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, tantôt, le dire, c'était même une promesse,
justement, du côté gouvernemental. Bien, je ne comprends pas qu'on ne
dit pas : Bien, on va y aller rétroactivement. Bien oui, je pense, ce
serait intéressant. On ne veut pas y aller,
quoi, c'est pour une question monétaire parce que, là, on a parlé de
4 000 $? Il dit : Écoutez, on essaie tout simplement d'aider ces gens-là de s'en sortir, de s'en
sortir. Est-ce qu'on le fait correctement de même? Pas sûr.
En tout cas, juste pour vous dire que, d'une
manière ou de l'autre, je pense que les organismes ont raison de dire : On va y aller plus mollo. Puis, je
pense, ce serait juste à leur honneur de dire : Écoutez, je pense qu'on a
été trop vite, là, je pense qu'on va peut-être prendre un petit break
puis on va aller voir, justement, les gens du terrain, on va reconsulter un
petit peu plus. Parce que, là, il y a les gens qui recevaient, justement, le...
190 articles, tout de suite, comme ça : Donnez-moi
vos avis. Les gens, ils n'ont pas le temps de se retourner. Aïe! Puis, en
passant, là, ça se passe dans le temps des fêtes, là. Il faut se mettre
dans le temps quand est-ce qu'ils l'ont reçu, là.
Même, mon
collègue de LaFontaine, il nous a dit... il dit : Écoutez, même nous
autres, comme députés, là, il fallait... on «printait» ça, puis, go, c'était vite, vite, vite, puis on a, quoi,
pas longtemps entre deux groupes, puis vite, là, il faut... C'est trop vite. Quand on veut bien faire... En
tout cas, par expérience, j'ai bien appris que, quand on veut bien faire, on est mieux de prendre le temps. Surtout quand on fait des
modifications importantes de la sorte, je pense qu'on est mieux de faire ça. Ça, de un, ça, ça me dérange
beaucoup, c'est pour ça que je voulais en parler, puis c'est vraiment désolant
que ce soit comme ça.
L'autre
chose, c'est... tu es une étudiante... Parce que, là, j'ai parlé, au niveau du
revenu, trois ans peut-être, hein, tu sais, trois ans au lieu d'être à vie, mais
toi, là, si tu as été violentée, comme femme, ton mari, c'est un violent, puis
là lui, il veut prendre le contrôle,
puis il dit : Non, non, toi, tu ne travailles pas, tu restes à la maison,
puis, tu sais, là, la personne qui veut vraiment contrôler l'autre, là, tu
sais, puis elle, elle veut s'en sortir, mais elle, elle n'a jamais travaillé,
elle va avoir quoi comme indemnité, elle, si elle veut s'en sortir, quoi
que ce soit? Pas grand-chose, hein? Rien, elle n'a pas travaillé.
Puis là, tout
à l'heure, j'écoutais... parce que ma collègue de Verdun... j'en profite, ma
collègue de Verdun, tout à l'heure, a posé une question, justement, à la
ministre responsable de la Condition féminine puis elle disait : Bien,
étudiant, femme sans salaire, bien,
elle va avoir un montant forfaitaire. Aïe! Quand j'ai entendu ça tout à
l'heure, là, j'étais, comme, wow! Vraiment, j'ai senti, là, que, wow! vraiment,
c'était solide, hein, un montant forfaitaire. Pensez-y, ça, ça veut
dire, une étudiante qui a 14 ans,
15 ans, elle va avoir un montant forfaitaire, mais elle, peut-être, sa vie
est brisée, elle, là, là. Peut-être
qu'elle sa vie est brisée. Ça, ça veut dire : Je vais te donner un montant
forfaire, organise-toi avec ça. Oui, puis j'ai lu, dans le projet de loi, oui, tu peux l'échelonner sur quelques
paiements, tu sais, là, c'est bon, c'est bon. On ne pense pas vraiment à
s'organiser que ces gens-là, qui sont brisés, bien souvent... qu'ils s'en
sortent.
• (17 h 10) •
Puis autre chose, c'est quand tu es une victime
puis quand la place est contaminée. Contaminée, je veux dire, il y a un acte de violence. Je pourrais prendre la
Mosquée de Québec, en passant. Les gens vont être indemnisés parce que, là,
les gens qui ont... Bien, on va prendre ça comme un exemple, on est à Québec.
Là, moi, j'entends que mon père est à l'intérieur.
Là, la famille dit : Jean, va voir. J'y vais puis je me dépêche. Si
j'arrive avant la police, ou un ambulancier, ou peu importe, je suis correct parce que... C'est sûr que pas besoin de
vous dire que c'était triste de voir, là. C'est vraiment... tu peux avoir un choc, vraiment. Donc, moi, si
j'ai un choc puis si vraiment je suis traumatisé, si j'arrive avant la police,
ou l'ambulance, ou peu importe, je vais être indemnisé. Si j'arrive
30 secondes après, une seconde après, dans le fond, si j'arrive le deuxième, qui est après soit la
police, les pompiers, ou peu importe, bien, non, tu n'es pas indemnisé. Bien
non, moi, je n'aurai pas de choc,
moi, là, là, je n'aurai pas de choc de voir le sang à terre, de voir peut-être
mon père à terre, ma mère, peu importe, là, bien non, je n'aurai pas de
choc parce que la police est là puis l'ambulance est là.
Non, mais y
a-tu quelque chose que je ne comprends pas, là, ou c'est... Ça n'a pas
d'allure, ça, là, là, voyons donc. Tu arrives sur un lieu moindrement qu'il est
contaminé, parce que, là, on appelle ça contaminé, c'est comme ça que c'est
écrit, là... bien, je n'en reviens pas. Puis là je vais aller chercher l'article,
c'est l'article... scène intacte,
excusez-moi, là, c'est : «"scène intacte" : l'endroit
physique où une infraction criminelle
a été perpétrée avant que ne s'y trouve un policier, un agent de la
paix, un pompier, un technicien ambulancier d'un service préhospitalier
d'urgence ou tout autre premier répondant — peu importe.
«Aux fins [de cette présente], est présumée
décédée toute...»
En tout cas, avec ça, si tu arrives, comme je
vous dis, en deuxième, tu es fait. Bien, je trouve ça malheureux. Je trouve ça malheureux parce que, là, c'est...
Comment qu'on a pu établir ça? Vous savez, des scènes intactes... Puis on
en a vu, des scènes. J'en ai vu, des scènes,
dans ma vie, c'est certain. Puis voir des familles déchirées, des familles qui
arrivent puis que, là... Écoutez, là,
je ne rentre pas dans les détails, là, mais vous pouvez imaginer le pire qui
peut vous arriver dans votre famille. Pensez-y, chacun ici, là, pensez-y, le
pire que vous ne voulez pas que ça vous arrive, soit votre enfant soit votre petit-enfant ou peu importe. Moi, je
vais parler de mes petits-enfants, je suis un grand-père. Aïe! C'est-u le choc,
ça, là? Puis là tu ne seras pas indemnisé.
Ce n'est pas une question d'avoir de l'argent, là, hein, parce que, là, il dit :
Oui, oui, là, tu as de... Non, non,
je suis traumatisé. Peut-être que moi, là, je ne pourrai plus travailler après
ça, peut-être que... Il faut penser dans ce sens-là. Puis c'est sûr que
l'aide psychologique, qu'elle soit immédiate, bien, elle est importante, mais
il y a aussi une aide psychologique qui va perdurer parce que, là, qui va dire
que la personne a besoin d'une aide psychologique
un an ou deux? Qui? Non, non, un psychologue ou psychiatre, peu importe, là,
c'est lui qui va établir ça, c'est lui qui va voir ça, on ne peut pas
écrire ça là-dedans.
Donc, il faut vraiment laisser libre cours,
vraiment, à laisser travailler les gens de la santé, puis en décider comme ça. On ne peut pas établir un temps, mais
que ce soit... actuellement, comme je l'ai vu, que ça va être immédiat même
avant de se faire entendre, ou quoi que ce
soit, bien, ça, je trouve ça bien parce que, là, au moins, on va prendre... en
possession. Mais on ne peut pas prendre de l'argent puis essayer de dire :
Bien non, mais il faut juste en mettre plus, effectivement. Bien oui, c'est de l'argent de plus, bien oui, mais,
si on veut aider ces gens-là, bien, c'est comme ça qu'il faut le faire, parce que,
voyez-vous, les étudiants... désormais, les étudiants, justement, ils ne
pourraient plus être indemnisés. Regardez, voyez-vous, absence de revenus,
absence d'indemnisation.
Je lisais ça,
là, plus de 38 % des femmes hébergées dans des maisons pour violence
conjugale, du regroupement des maisons
des femmes victimes de violence conjugale, sont des femmes à la maison,
automatiquement, hein? Plus de 40 % avaient comme principal revenu l'aide
sociale ou le revenu du conjoint. Comme je vous ai dit tantôt, bien souvent...
Puis ça, ils l'expliquent aussi là-dedans,
c'est que, bien souvent, c'est des gens qui veulent garder le contrôle, puis tu
vas rester à la maison, tu sais.
Écoutez, je pense que ce serait intéressant,
puis là je pense qu'il faudrait vraiment prendre un temps de recul, un temps vraiment d'arrêt, comme le demandent, d'ailleurs...
il y a des avocats qui le demandent puis... voyons, là, je suis un peu
mélangé dans mes papiers, là, faites-vous-en pas, je me retrouve, mais juste
pour vous dire que l'Association des juristes progressistes ont parlé, justement,
puis justement ils ont parlé comme quoi que c'était comme, bien, écoute, il faut faire des modifications, il faut
ralentir puis il faudrait peut-être changer des choses. Il y a
aussi monsieur... l'avocat, Marc
Bellemare, Marc Bellemare, qui, lui, a même dit : Aïe! annulez ça, ce projet de loi là, là, ça n'a pas d'allure, on recule, on recule. Vous savez, moi, je pense que, si on ne
veut pas reculer, si on veut améliorer... Écoutez, ça fait... Voyez-vous,
l'IVAC garantit trois choses depuis 50 ans :
suivi psychologique sans limite de temps, une rente correspondant, minimal,
au salaire minimum puis une rente à vie.
Mais là, là, avec ça, ça va être comme on oublie ça, donc on recule. Donc, une
femme de 35 ans qui subissait un
accident de travail sera indemnisée toute sa vie, fauchée par un chauffard à
cause qu'elle rentrait chez elle, mais, si elle est attaquée par un criminel à
son domicile, elle n'aura droit qu'à trois ans de remplacement de revenus, et ce, uniquement si elle occupait un emploi. Pensez-y deux
minutes. Juste à y penser — je vais finir avec ça, justement — c'est comme incroyable, tu sais. Cette
personne-là est aussi victime que l'autre, je comprends. Mais donc, je
veux dire...
Puis l'élargissement de la définition de la
victime, comme l'a dit Marc Bellemare, est une coquille vide pour... Beaucoup des victimes, désormais, seront incluses
dans la définition, puisqu'elles n'auraient pas droit à un remplacement
de revenus.
Donc, Mme la
Présidente, je termine avec ça, puis juste pour vous dire que je pense qu'on
devrait reconsidérer. Puis je pense qu'il n'y a pas de honte à dire :
On va prendre un break puis on va consulter plus. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Vimont. Et maintenant
je vais céder la parole à notre prochaine intervenante, qui sera Mme la
députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Très heureuse de vous retrouver. Permettez-moi de saluer les collègues
de la banquette ministérielle qui sont avec nous aujourd'hui, ça me fait vraiment
plaisir de vous retrouver. Je pense
que d'avoir des présences, d'être en présence des collègues
alors que tout le monde est en confinement, actuellement... On s'en est parlé avant les fêtes, puis c'est encore vrai après les
fêtes, c'est bon de pouvoir vous voir, d'autant plus pour des projets de loi comme ceux-là, où on doit avoir le coeur à la bonne place pour en
parler parce qu'on parle de victimes d'actes criminels.
Et aujourd'hui, Mme la Présidente, cette intervention sur le principe du projet de loi n° 84, qui est sur le programme
d'indemnisation des victimes d'actes criminels, qu'on appelle l'IVAC, hein... Tout
le monde connaît l'IVAC, donc on va y aller
avec le terme plus raccourci. Je tiens à dire d'entrée de jeu que nous sommes
en faveur de la réforme de l'IVAC. Je ne veux pas qu'il y ait de doute là-dessus.
C'est vrai que ça fait longtemps, ça fait longtemps qu'on réfléchit aux possibilités de revoir et que ce n'est pas simple. Et je salue la volonté de
vouloir revoir, justement, cette indemnisation aux victimes. Et ce programme-là, ce régime-là, je
devrais dire, est quand même en place depuis 1972 — je
n'étais pas au monde, Mme la Présidente — donc je pense que
c'est correct qu'on puisse revoir, à ce moment-ci, ce régime-là.
Si j'interviens aujourd'hui, c'est à titre de porte-parole
de la condition féminine parce que la majorité des victimes, donc, d'actes criminels, bien, ce sont des femmes, et c'est
pour ça que je suis heureuse de prendre la parole. Et c'est ce que je
voulais faire lorsque ma cheffe est venue me voir pour prendre le dossier de la
condition féminine, je voulais donner une
voix à celles qui n'en ont pas, à celles qui ont besoin de se faire entendre,
et c'est exactement le genre de dossier sur lequel on doit
prendre la parole.
• (17 h 20) •
Vous savez qu'il y a de très, très bonnes choses
dans ce qui est proposé dans ce projet de loi, je pense que les collègues en ont parlé, notamment
la notion d'élargissement de la notion de victime, l'imprescriptibilité, donc, qu'il y a
à l'intérieur du projet
de loi, de permettre aux parents d'un
enfant victime... qui vont avoir dorénavant accès à un soutien, tout comme les conjoints ou
les proches de la victime.
Il y a cependant aussi de l'accompagnement pour
les victimes, et je salue cela. Et je vais me permettre, Mme la ministre... — Mme la ministre, bien oui! — Mme la Présidente, ici, de faire une petite infopub. Le 15 décembre dernier, j'ai eu le bonheur et le privilège, avec la ministre de la Condition féminine, avec la députée
de Sherbrooke, avec la députée de
Joliette et moi-même... nous avons présenté, donc, un rapport de
194 recommandations qui s'appelle Rebâtir la confiance.
C'est justement pour... c'est un rapport de comité d'experts sur
l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale. Et on fait mention, à l'intérieur de ce
rapport très important, qui était très attendu, justement de l'importance
de l'accompagnement. Lorsque je vois, à l'intérieur du projet de loi n° 184 — j'ai
dit 184, mais c'est 84, pardonnez-moi — toute l'importance, justement, de
l'accompagnement, je me suis dit : Ah! vous voyez, parfois, les chemins
se retrouvent, et c'est tant mieux.
Vous me
permettrez, Mme la Présidente, de saluer, donc, ici les deux coprésidentes, qui
ont mené de main de maître, je dois le dire, les travaux de ce comité,
Elizabeth Corte et Julie Desrosiers, qui nous ont présenté
194 recommandations. Et je tiens
à le dire, là, aux femmes qui nous écoutent, je sais à quel point vous avez
fondé de l'espoir sur ce comité-là, sur ce rapport-là, j'espère que vous avez
compris que les quatre élues de l'Assemblée nationale vont demeurer très unies
sur ce dossier-là, parce qu'on ne peut pas faire de la politique avec un rapport
de cette importance-là. Et justement on est au travail, on a eu des rencontres avec la vice-première ministre, on aura
des rencontres avec le ministre de la Justice, avec d'autres ministres
aussi, et on va continuer à travailler.
Mais je dois mentionner — des
fois, on dit «après les fleurs vient le pot» — que la grande majorité des
groupes qui ont été entendus en commission
ont dit au ministre de ralentir la cadence, ont demandé au ministre de
revoir... parce que, là, il y a des
angles morts qui ne sont pas couverts, actuellement, à l'intérieur du projet de
loi, et on va échapper des femmes, on va échapper des filles qui sont
vulnérables et qui, je tiens à le rappeler, sont des victimes d'actes
criminels. Alors, ce n'est pas l'opposition
officielle, ce ne sont pas les oppositions, à ce moment-ci, qui demandent au
gouvernement de ralentir, ce sont les groupes qui s'occupent des
victimes qui ont demandé au ministre de ralentir la cadence. Je pense notamment au réseau
québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère
sexuel et violence conjugale, aux maisons d'hébergement, ils ont dit :
Ralentir le processus pour réaliser le travail de façon adéquate. Qui de mieux
placé que ceux et celles qui s'occupent au quotidien de ces victimes? J'espère
que le ministre a entendu leurs voix.
Faire
un projet de loi comme celui-là, là, ce n'est pas juste... puis le ministre est
le ministre de la Justice puis il est aussi leader du gouvernement. Comme
leader du gouvernement, tu dis : Vite, vite, vite, il faut pousser la
machine, tu sais, il faut en passer, des projets de loi. Des fois, ça a
l'air d'une usine à saucisses. Mais là, là, je veux juste rappeler aux collègues de la banquette ministérielle que ce
n'est pas des coches qu'on remplit dans un tableau, en disant : C'est
fait, puis, pfft! Là, on joue avec la
vie de victimes, puis j'aimerais ça qu'on puisse prendre le temps de bien faire
les choses pour éviter d'échapper ces femmes qui sont victimes d'actes
criminels.
Donc,
je le rappelle, la réforme de l'IVAC, bien, tout le monde est d'accord avec ça,
mais pas à n'importe quel prix, pas à
n'importe quelle vitesse. Puis malheureusement le ministre de la Justice a un
passif négatif quant à la vitesse d'exécution de certaines réformes qu'il a tenté de faire, parce que moi, je me
rappelle que c'est le même ministre de la Justice qui était ministre de
l'Immigration et qui a tenté de réformer le PEQ. Je ne sais pas si vous
rappelez, Mme la Présidente, mais ça a été
un désastre. Et pourquoi ça a été un désastre? Parce qu'il a voulu aller vite,
vite, vite, parce qu'il voulait aller cocher, dans son tableau qu'il y
avait un projet de loi qui était fait, merci, au revoir. Ça fait que,
malheureusement, je suis doublement
inquiète, Mme la Présidente, de savoir que c'est le même ministre qui va
piloter ceci, et que les groupes qui sont venus se faire entendre puis
qui ont dit : C'est trop rapide, là. Même des experts, même des
spécialistes comme Marc Bellemare ont été obligés de dire : J'ai dû
relire trois puis quatre fois parce que je ne pouvais même pas tout comprendre ce qu'il y avait là-dedans. Je vous le
dis, je suis pour la réforme, mais pas à n'importe quel prix puis surtout
pas en oubliant des victimes au passage.
Des
statistiques, tout à l'heure, je sais que mon collègue de Vimont en a donné qui
sont assez intéressantes, hein : 87 % des victimes
d'agression sexuelle sont de sexe féminin, et 50 % d'entre elles avaient
moins de 18 ans — avaient moins de 18 ans — au moment de l'agression. Ça peut être vos
filles, ça peut être ma fille. On ne peut pas les abandonner. Moi, là, je vous dis : S.O.S., s'il vous plaît,
pensez à ces filles-là qui se font agresser sexuellement puis qui, en plus,
vont devenir les victimes d'une réforme bâclée. Pensez-y deux minutes.
Je le sais que vous avez du coeur, je le sais que vous êtes réfléchis, mais je vous demande, s'il vous plaît,
de parler à votre collègue parce qu'actuellement je sens qu'on joue à un
jeu où personne ne veut écouter. Ça me fâche, je ne sais pas si ça se sent, là,
mais... Je ne sais pas si je suis fâchée ou désolée. Je pense que je suis
désolée.
• (17 h 30) •
Par l'abandon de
plusieurs mesures sur l'indemnisation incluse dans le régime actuel de l'IVAC,
bien, on va maintenir des filles dans la
précarité, dans la vulnérabilité. Et puis, bien, malheureusement, on a des
femmes qui sont victimes de violence
conjugale, comme le disait le député de Vimont tout à l'heure, là. Qu'est-ce
qu'on nous a appris quand on parlait des
femmes victimes de violence conjugale? Ah! elle entre moins au travail, elle
voit moins ses amis, elle a lâché sa job. On ne la voit plus. Bien oui, son monstre, comme on l'appelle, il l'a
tenue dans l'isolement, il l'a gardée à la maison, il a ramassé les
comptes de banque. Elle devient,
elle devient
celle qui a besoin de son homme. Elle devient la responsable des enfants. Puis elle se réveille, une journée,
là, puis elle se dit : Il me brasse, il me frappe, il a menacé de me tuer,
mais il faut que je reste à la maison parce que je n'ai pas les moyens de
partir, parce que je n'ai pas les moyens de partir avec les enfants puis de déménager. Bien, c'est à cette
femme-là, qui est rendue à la maison,
qui maintenant, là, malheureusement, est une femme à la maison parce qu'elle a
été isolée, qu'on va dire, avec la réforme du ministre de la Justice :
Bien oui, tu es une victime. On va
reconnaître que tu peux avoir de l'aide psychologique, de l'aide sociale, mais
comme tu n'avais pas de revenu, tu n'as pas de perte encourue. Ça fait qu'on
te donne combien? Zéro. J'aimerais ça qu'il y en ait un de vous autres, là, l'autre côté, là, qui aille
annoncer ça aux filles. J'aimerais ça. J'espère que vous allez avoir le courage
d'expliquer ça aux femmes qui se sont fait brasser à la maison, parce
que c'est de ça qu'il est question.
C'est la même chose
pour les étudiantes. Une étudiante qui est victime d'une agression sexuelle,
elle ne travaille pas, hein, elle a des
prêts et bourses, puis elle se fait violer puis elle a 15 ans, sa vie est
scrap, mais elle n'avait pas de revenu, ça fait qu'on ne va pas l'aider,
elle n'a pas de perte encourue. Hello! La jeune fille étudiait peut-être pour
devenir médecin, là, puis peut-être
que sa vie, là, bien, c'est foutu. Bien, on va l'aider, là, un trois ans, là,
on va l'aider, on va lui donner un
psychologue, là, trois ans, puis après ça, bonne chance, ma belle chérie.
Pouvez-vous croire que c'est ça, actuellement, là, qu'on s'en va... comme réforme, là?
Savez-vous qu'actuellement,
avec la COVID, malheureusement, les femmes victimes de violence conjugale sont
plus nombreuses? C'est sûr, hein? Tantôt, je vous parlais... La fille est
isolée. Dans un confinement avec un couvre-feu, là, je peux-tu vous dire qu'il y en a une gang
qui sont isolées, actuellement? Saviez-vous qu'actuellement 75 % des
femmes qui se présentent dans une maison d'hébergement se voient refuser
l'accès quand la maison est pleine? Les
filles, dans les centres d'hébergement, disent : On est obligées de payer le taxi
puis, des fois, on essaie de les envoyer un petit peu ailleurs, mais on
ne peut rien faire. 75 % des femmes qui se présentent se font dire : Désolé, la maison est pleine. 37 % en région. Pour ceux qui viennent
des régions, là, 37 %. Ça fait que 37 femmes sur 100, là, se font
dire : Bien, retourne manger des tapes sur le nez, ma chérie.
Ah oui! Puis en même
temps, là, je veux juste te dire, une fois que tu seras reconnue comme une
victime au sens de la loi, là, puis si tu
étais à la maison, bien, on ne te paiera pas une maudite cent, parce que toi,
des revenus, là, tu n'en as pas de perte de revenus, tu es une femme à
la maison.
Ce qu'il est
important aussi de savoir, c'est que 38 % des femmes, je l'ai en chiffres,
hébergées dans les maisons, donc,
d'hébergement pour victimes de violence conjugale sont des femmes à la maison.
Ça fait que ce n'est pas un petit
chiffre que tu me dis : Ah! Isabelle, tu exagères, là. Tu exagères, tu
sais, une femme à la maison... Bien, je veux juste vous dire le chiffre, là, c'est... 38 % des femmes qui sont
dans les centres actuellement sont des femmes à la maison. Ça ne
s'invente même pas.
Tantôt, je vous disais, Mme
la Présidente, je ne sais pas si je suis fâchée, si je suis déçue, mais je vais
qualifier qu'actuellement c'est un manque
de compassion. C'est un manque de coeur, puis honnêtement, si, vous autres,
ça ne va pas vous chercher, là, bien, je vais vous donner des numéros de
téléphone de filles qui m'ont téléphoné. Je vais vous les donner, puis vous les appellerez, ça va me faire
plaisir, parce qu'elles n'ont pas eu
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'appels de membres du gouvernement.
Troisième exemple que je pouvais avoir, bien sûr,
bien, c'est la jeune étudiante qui travaille dans une pizzéria. Savez-vous que la jeune fille s'en va travailler,
elle a 16 ans, elle se rend à son restaurant où elle travaille comme
étudiante puis elle se fait frapper. Bang! Bien, la SAAQ va payer. Elle sera
reconnue, bien sûr, et indemnisée par la SAAQ. La même jeune femme de 16 ans, qui travaille toujours
dans la même pizzéria, est au travail, elle glisse sur le plancher. Bien, elle
va être encore une fois indemnisée, mais cette fois-ci par la CNESST.
Mais la même
fille qui a 16 ans, qui s'en va travailler à sa pizzéria, puis qui se fait
ramasser par un salopard de première,
puis qui se fait violer dans une ruelle, bien, elle, là, on va lui dire :
On va t'aider psychologiquement, mais toi, tu n'auras pas de perte de revenus, tu ne gagnais pas suffisamment, ça fait qu'on ne te reconnaîtra pas. Tu sais, quand on parle de
cohérence, des fois, avec les vagues de dénonciations qu'ils ont eues... Moi,
c'est drôle, j'ai entendu le premier ministre
du Québec dire : J'invite les
victimes à dénoncer haut et fort. Les victimes dont il parle, le premier ministre, ce sont des victimes d'actes criminels. Alors, dénoncez, les
filles, mais ne venez pas demander d'argent. Cohérence.
Je voulais
parler aussi, puis là je vois le temps filer, Mme la Présidente, des
victimes de l'exploitation des mineurs, là. Je pense que le député de Vimont en a parlé aussi. Je vois le ministre
des Affaires autochtones qui est là, je lui demande d'aller parler
au ministre de la Justice. Je le sais qu'il l'a piloté avec coeur, je le
connais assez bien pour savoir qu'il a mis
son coeur là-dedans. Je lui demande d'aller donner une parcelle de ce coeur-là
au ministre de la Justice puis de lui faire entendre
raison. Je pense que vous êtes capable, M. le ministre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Verdun. Et maintenant
je suis prête à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera Mme la
députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de pouvoir contribuer à
ce débat. Mes collègues ont été bien éloquents avant moi sur les différents
enjeux de ce dossier, mais je prendrai le temps quand même d'en évoquer certains aussi, parce que c'est une
pièce législative importante, qui prévoit une réforme d'un régime qui est
entré en vigueur il y a près de 50 ans.
C'est un
projet de loi qui est vaste, hein, pour en avoir étudié plusieurs au cours des
dernières années. C'est quand même un projet qui a près de
190 articles et surtout qui vient toucher un enjeu très important, celui
de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Et on voit, que ce soit ma collègue de Verdun ou mon collègue qui
est venu intervenir aussi comme ex-policier, à quel point les enjeux
sont importants, mais surtout les séquelles qui peuvent rester sont également très importantes. Puis on le sait, on ne choisit
pas. C'est une vérité de La Palice,
mais je pense que c'est important de le
mentionner, on ne choisit pas de devenir victime d'acte criminel. C'est une
réalité qui peut arriver à n'importe qui, qui pourrait arriver à n'importe qui
d'entre nous ici, qui peut vraiment arriver à toutes les couches de la société.
Puis c'est pour ça que le Québec
s'est doté, à une époque, d'un régime qui vient justement exprimer la
solidarité envers les victimes d'actes criminels.
Il faut donc être extrêmement prudent, puis
c'est ce que j'ai entendu des différents intervenants des partis de l'opposition et des groupes qui sont venus lors des consultations. Il faut être extrêmement prudent lorsqu'on vient modifier ce régime, parce que, justement,
on vient toucher une réalité qui est extrêmement difficile, à une fragilité, au
sort des personnes qui sont vulnérables et qui portent des séquelles
importantes. Et, dans ce contexte-là, il faut faire les choses comme il faut,
il faut prendre le temps de les faire, et on l'a bien entendu par les
intervenants précédents, on l'a entendu surtout des intervenants précédents qui portaient la voix des
groupes qui sont directement concernés, et qui protègent ces victimes-là,
et qui elles-mêmes sont venues souligner que, oui, effectivement, il faut faire
une réforme de la loi, mais il faut la faire comme
il faut. Et, à l'heure actuelle, effectivement, force est de constater qu'elle
est perfectible et qu'il y a des enjeux sur ce qui a été présenté par le
gouvernement.
• (17 h 40) •
C'est sûr que tout le monde concède que le
régime actuel, il a besoin d'être modernisé. Puis je vais en profiter pour
rappeler le rapport de la Protectrice du citoyen, Mme Saint-Germain, qui,
en 2016, donc, rendait son rapport qui s'appelait,
là, Indemnisation des victimes d'actes criminels : pour une prise en
charge efficace et diligente de personnes vulnérables. Puis elle y
soulignait justement toute la question des délais qui sont trop longs, des
lacunes dans les informations qui
sont offertes aux victimes, les difficultés d'accès au régime, aux services,
aux indemnités, qui soulignait aussi le manque d'empathie envers les victimes,
le manque d'empathie du système, dans le fond, de la part de ceux qui sont
chargés d'appliquer le régime. Donc, le rapport critiquait le fait que
les victimes ont accès à un maximum de 30 séances de psychothérapie, ce
qui était jugé insuffisant.
On se rappellera que suite à ce rapport, notre
ex-collègue Stéphanie Vallée, qui était ministre de la Justice à l'époque, avait déposé un plan d'action pour
répondre à des recommandations, justement, donc principalement en ajoutant
des ressources à l'IVAC pour mieux répondre à ces demandes-là. Et on a aussi
alors reconnu tous les parents d'enfants assassinés
par leur ex-conjoint ou conjointe à titre de victimes au sens de la loi, ce qui
était une avancée tardive peut-être, mais une grande avancée quand
même, qui venait changer considérablement la vie de plusieurs personnes en
termes d'équité, en termes de justice. Et c'est une loi justement qui
doit continuer de progresser, parce qu'il n'en demeure pas moins qu'il y a de nombreux cas qui sont médiatisés, où on finit
par apprendre que l'entourage, par exemple, d'une victime assassinée ne peut pas obtenir du soutien pour
différentes raisons, notamment le fait que l'infraction dont elles ont été
victimes ne se retrouve pas à la loi.
J'en prends
quelques-uns justement dont on a entendu parler dans les dernières années.
Encore tout récemment, le grand-père des
deux jeunes garçons qui ont été assassinés à Wendake n'a pas pu recevoir de
l'IVAC. Puis c'est vrai qu'à chaque
fois qu'on entend ça, on se dit : Mais comment ça se fait qu'il y a des
trous dans le filet, dans le fond? Il y a des gens qui ne sont pas
couverts. Donc, c'est important, je pense, de prendre tout ça en considération
dans le cadre... d'en profiter pour cette réforme-là.
Il y avait aussi
lorsque des personnes sont considérées que témoins par l'IVAC, comme ça a été
le cas des techniciens de scène qui ont
assisté à l'assassinat de Denis Blanchette au Métropolis en 2012. Je pense que
leurs séquelles sont certainement importantes aussi. Même si on n'a pas
vécu directement un acte, on peut l'avoir vécu indirectement et porter des
séquelles psychologiques qui sont importantes aussi, là. On a vu aussi des
parents d'enfants assassinés à l'extérieur
du pays être refusés par l'IVAC, alors qu'ils auraient eu une indemnisation
s'il s'agissait d'un accident de voiture, par exemple. Donc, ça, c'est quelques exemples qui justifient la
pertinence du projet de loi... de venir réformer, justement.
Mais quand le
ministre dépose un projet de loi, moi, j'ai pour habitude de dire que c'est un
projet de loi qui devient celui de
l'ensemble des 125 députés. C'est un gouvernement qui met aux voix, qui
met à l'étude un projet de loi. Bien,
on s'en empare tous un petit peu, justement, dans notre rôle de législateurs
parce qu'on a tous à coeur de venir profiter de l'opportunité pour venir le bonifier, pour venir l'améliorer, pour en
faire un meilleur projet de loi. Puis c'est dans cette optique-là que nous
abordons l'étude du projet. Puis je le répète, vous avez vu à quel point ça
vient toucher tout le monde, parce que c'est un projet qui concerne des
personnes qui sont dans des situations de grande vulnérabilité. Mais il faut s'assurer, je le répète, puis c'est ce qui a été
porté par les groupes, il faut s'assurer de bien prendre le temps, de prendre
le temps nécessaire pour que la
réforme, elle ait des impacts qui soient les plus positifs possible. Parce que
ce n'est pas une réforme qu'on va refaire dans quelques années. Donc,
prenons le temps de la faire comme il faut.
Et la presque
totalité des groupes invités en commission ont déploré la vitesse à laquelle le
ministre désire procéder à un projet aussi
majeur. Et ils sont... tu sais, je le répète, ils sont tous pour cette
réforme-là. Mais, quand les premiers concernés au chapitre disent :
Un instant, là, ça va vite, il manque des éléments, on va échapper des choses,
ça pourrait avoir des conséquences plus
délétères, finalement, que ce qu'on essaie de faire de positif... Je
pense que les consultations servent exactement à ça, à prendre le pouls, pour un ministre,
pour un gouvernement entre autres, mais pour l'ensemble des parlementaires, à voir est-ce
qu'on est à la bonne place ou pas. Donc là, force est de constater qu'il y a
clairement des enjeux à ce niveau-là.
Pour
que le projet de loi constitue une réelle avancée aussi, le ministre
va devoir faire d'importantes modifications.
Il y en a plusieurs qui ont été mentionnées, mais elles sont tellement lourdes de
conséquences que je vais quand même en resouligner quelques-unes.
Un
des premiers enjeux qui nous interpellent et sur lequel il va falloir absolument
se pencher, lors de l'étude détaillée, c'est la notion de faute lourde, là, qui demeure
dans le projet de loi. Donc, l'IVAC peut refuser l'indemnisation
à une victime si l'on considère qu'elle
s'est rendue victime par sa propre faute. Ça peut sembler, d'emblée,
raisonnable, mais c'est particulièrement problématique, par exemple,
dans des cas de violence sexuelle ou dans des violences conjugales. Pensons, par exemple, à une personne qui est
prisonnière du proxénétisme, qui subirait des sévices corporels et sexuels.
Donc, avec le projet de loi actuel,
elle serait considérée comme étant victime par sa propre faute, que c'est une
décision, par exemple, d'avoir exercé comme prostituée.
La Fondation
Marie-Vincent, d'ailleurs, elle a témoigné à cet effet, puis je tiens à les
citer parce que je pense que c'était très
clair. Puis c'est une fondation qui sont... encore là, ils sont concernés au
premier chapitre. Ils disent : «Nous souhaitons attirer votre
attention sur le fait que les jeunes victimes d'exploitation sexuelle sont trop
souvent amenées par leur proxénète à
commettre certaines infractions criminelles. On peut notamment penser au
recrutement d'autres enfants ou adolescents qui seront victimisés à leur
tour. Il serait opportun, selon nous, de prévoir cette exception, afin que ces jeunes puissent tout de même être indemnisés, comme
cela semble être l'intention de la réforme proposée par le projet de loi
n° 84.
«La notion de
manipulation, dans le contexte de l'exploitation sexuelle, devra faire partie
de l'analyse dans la reconnaissance ou non du statut de personne victime. Nous espérons
que cet article ne nuira pas à l'obtention d'une indemnisation et à l'aide
qu'elles pourront obtenir pour se rétablir. Il serait malheureux que
l'ouverture manifestée en élargissant la
notion de victime soit aussi vite refermée par l'effet de l'article 16.1
du projet de loi», donc toute la notion de faute lourde. Fin de la citation.
Autre
élément, toute la question de la rétroactivité. Ça, c'est un autre enjeu d'importance.
Le projet de loi prévoit que
les gens bénéficieraient d'un délai pour redéposer leur demande si elle était
rejetée. L'enjeu, c'est que ce délai rétroactif, il ne s'applique pas
aux infractions qui n'étaient pas couvertes par la loi auparavant. Donc, le projet
de loi répond au besoin des victimes, par exemple, d'exploitation sexuelle après l'adoption du projet
de loi, mais pas à celles qui sont
victimes en ce moment. Et ça, cet élément-là, bien, déjà, en partant,
c'est contraire aux recommandations de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Et au-delà de la
recommandation, à mon avis, c'est aussi fondamentalement une question d'empathie, de s'assurer que des
femmes... ces femmes-là, moi, ça me trouble beaucoup de penser que ces
femmes courageuses, qui ont témoigné de leurs souffrances lors de la commission
puis à qui on vient dire aujourd'hui qu'elles
ne seront pas indemnisées parce qu'elles ont été victimes d'un acte criminel
avant l'adoption de la loi... Moi, je pense qu'il faut réfléchir aussi à
un mécanisme de rétroactivité au moment de l'adoption du projet de loi.
• (17 h 50) •
Un autre
enjeu d'importance, c'est celui de l'abandon de la rente viagère. Donc, pour
bien l'expliquer, donc, c'est désormais... Une victime, bien qu'elle souffre
d'une incapacité permanente totale, ne pourra plus bénéficier d'un support
financier que pour un
maximum de trois ans. Donc, même si cette dernière est incapable de rejoindre
le marché du travail, si elle a eu des séquelles importantes causées par
le crime dont elle a été victime, elle n'aura pas d'autre choix qu'être poussée vers l'aide sociale après un certain
temps. Puis ça, c'est vraiment majeur, compte tenu que les séquelles d'un
crime, bien, on le sait que souvent elles peuvent perdurer bien au-delà de
trois ans. Mais lui, le soutien, il va disparaître au bout de trois ans.
Donc, ça, c'est un autre des enjeux.
Un autre enjeu qui nous préoccupe, c'est celui
de l'absence d'indemnisation en cas d'absence de revenus au moment de l'acte criminel. Ma collègue de Verdun y
a fait référence à plusieurs occasions avec des exemples très patents. Mais donc c'est vraiment le fait que les personnes
qui ne sont pas à l'emploi à la date de l'acte criminel peuvent tout de même être indemnisées si elles démontrent une
incapacité à étudier ou à vaquer à la majorité des activités de la vie
quotidienne. Mais là cette possibilité-là, elle est maintenant éliminée.
Donc, ça, c'est majeur.
Ma collègue faisait référence justement à des
étudiants où, dans certaines circonstances, faute de salaire, ils ne pourraient pas être indemnisés, ce qui crée aussi
une importante inéquité. Mais je pense qu'au-delà de l'inéquité il y a vraiment
une question d'empathie générale envers les victimes.
Puis cet
aspect-là aussi est extrêmement problématique pour nombre de victimes, là, mais
particulièrement pour les femmes qui sont victimes de violence conjugale. Il y
en a plusieurs, on l'a dit, qui ne sont plus sur le marché du travail, qui vont se retrouver... pas par leur choix,
justement, parce qu'elles se retrouvent à être isolées par leur mari, leur conjoint,
qui tisse une toile autour, dans un contexte de violence conjugale, qui va les
retirer du marché du travail pour être sûr, justement,
qu'elles aient le moins de contacts
possible, qu'elles soient sous son emprise. C'est un pattern qui est quand même assez, malheureusement, commun, dans le cas de violence conjugale, et,
dans ces cas-là, les conjoints, justement... bien, dans ces cas-là, en fait, c'est ce qui
va se passer, c'est qu'elles n'ont pas de revenu, et donc il n'y a
pas d'indemnisation qui va être prévue.
À titre d'exemple aussi, rappelons-nous que plus
de 38 % des femmes hébergées dans les maisons pour victimes de violence du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale sont des femmes à la maison — donc,
c'est un chiffre qui, en soi, parle beaucoup — et
que plus de 40 % avaient comme source de revenus, ont comme source
de revenus... j'imagine que la statistique n'a pas dû changer énormément, mais
ont comme source de revenus l'aide sociale
et le revenu du conjoint. Donc, je veux dire, ça met en lumière tout l'enjeu
qui peut tourner autour d'une équation qui est absence de revenus égale
absence d'indemnisation.
Mentionnons
aussi qu'avec ce projet de loi là les étudiants non plus ne pourraient plus
être indemnisés désormais. Donc, tu sais, vous comprenez que, là, il y a quand
même plusieurs enjeux qui s'ajoutent un après l'autre et qui viennent exclure
plusieurs victimes potentielles qui pourraient avoir besoin du programme ici.
Et la partie sur les étudiants, c'est un aspect vraiment important, qui était au coeur d'un des témoignages, lors
des consultations, de Me Marc Bellemare. Et, pour le paraphraser, il est venu nous dire qu'une des
plus grandes lacunes du projet de loi c'est de ne pas considérer d'indemnité
pour les gens sans emploi au moment du crime, justement, tels que les
étudiants, les chômeurs, les assistés sociaux, les femmes à la maison ou les retraités. Et le projet
de loi n° 84 annule l'indemnité et donc les force à se tourner vers l'aide
sociale.
Et, tu sais, je le répète, on ne choisit pas
d'être victime, et cet aspect-là est particulièrement inquiétant, mais moi, je le trouve même perturbant. Je trouve ça
perturbant de savoir que, dépendamment la situation d'emploi d'une personne
au moment
de l'acte criminel, l'aide financière, finalement, va varier de façon importante,
alors que ça ne devrait pas être relié directement au salaire. C'est une
indemnisation.
En terminant,
aussi, je tiens à soulever un enjeu qui doit nous inviter à la plus grande
prudence, soit celui du droit de
subrogation et de l'obligation de collaborer. Le projet de loi en question
contient une disposition qui oblige les victimes à collaborer avec les
autorités pendant le processus et aussi une disposition qui prévoit que le ministre
peut poursuivre l'agresseur pour récupérer
les sommes qui ont été offertes à la victime, par exemple. Ça, c'est un des
exemples. Mais ce qui est
préoccupant, ce qui... je pense qu'on doit apporter une attention particulière à
ces aspects-là, c'est notamment sur le fait
que de telles obligations, ça peut vraiment grandement aller à
l'encontre du processus de guérison d'une victime qui, par exemple,
ne voudrait pas porter plainte à la police ou ne voudrait pas témoigner contre
son agresseur.
Donc, en les
obligeant à collaborer dans le processus puis en dictant certains éléments, bien là, c'est
sûr que ça va à l'encontre... ça pourrait aller à l'encontre du
processus de guérison de la victime. Je pense
qu'il faut être sensible à cette question-là lors des échanges qu'il y aura
pour l'étude détaillée. Je pense que le ministre doit soit venir préciser ces articles,
les articles qui font référence à ces deux notions-là, de subrogation puis de
l'obligation de collaborer, soit tout simplement les soustraire en cas de violence sexuelle ou
conjugale, parce que c'est un enjeu extrêmement sensible, sur
lequel il est nécessaire de faire preuve de la plus grande empathie
envers les victimes.
Il y aurait encore... Bien, juste par rapport à
ça aussi, je vais vous citer le mémoire du regroupement des maisons pour femmes victimes... parce que,
là, je vois que le temps avance, le temps file, mais j'en lirai peut-être
seulement un extrait, mais je trouve que ça explique bien cet enjeu. Donc, ils disent :
«Comme nous l'avons déjà soulevé, l'article 7 — donc celui qui fait référence à ça — pose problème. Lorsqu'on lit que "la
personne victime doit, dans la mesure du possible, coopérer avec les personnes chargées de l'application de la
loi à l'égard de l'infraction criminelle en raison de laquelle elle subit une
atteinte ou une perte", on peut
conclure qu'il est à la fois question de la poursuite criminelle de l'auteur de
l'infraction ou des poursuites civiles en lien avec l'indemnisation.
«On peut [aussi] supposer que la victime devra
collaborer, témoigner si une poursuite criminelle est intentée contre son agresseur et [...] même si on dit précédemment que celui-ci n'a pas à
être "identifié, arrêté, poursuivi ou déclaré coupable".»
Donc, ça vient soulever différents éléments.
Donc, en terminant, Mme la Présidente, je veux réitérer que nous sommes évidemment
en faveur du principe de ce projet de loi, que c'est important de venir
moderniser le régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels, mais certainement il y a beaucoup de travail à faire encore pour venir bonifier le projet de loi. Je pense que c'est important de travailler
ensemble, mais il faut surtout garder les notions d'empathie, de justice et
d'équité dans le travail qui sera fait. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Maurice-Richard. Alors, y a-t-il d'autres interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui, merci
beaucoup. J'ai déjà
intervenu, Mme la Présidente, puis je demanderais à ma collègue
de rester avec nous pour encore quelques instants.
Alors,
j'aimerais, Mme la Présidente, qu'en vertu de l'article 213 de notre règlement
vous vérifiiez auprès de ma collègue de Maurice-Richard si elle est
disposée à ce que je lui pose une question suite à son intervention. J'aimerais que
vous vérifiiez ça, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, M. le député de LaFontaine. Alors, Mme la députée
de Maurice-Richard, est-ce que vous acceptez de répondre à
une question de votre collègue?
Mme Montpetit : Oui, avec grand
plaisir.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous rappelle, c'est une question courte et une réponse courte, selon
l'article 213.
M. Tanguay : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Puis malheureusement je pense qu'on va manquer de temps. Alors, je veux laisser le temps à ma collègue
de pouvoir répondre et puis je vais y aller le plus rapidement possible, en respectant la jurisprudence de
notre règlement.
Il a été dit
et salué le fait que, dans la réforme instituée
ou introduite par le projet de loi n° 84, il allait y avoir des mesures d'urgence, nous avons le bénéfice d'avoir
une collègue... des mesures d'urgence pour venir en aide à des victimes, notamment
victimes d'agression sexuelle, victimes d'actes criminels, mesures d'urgence qui
font en sorte qu'il pourrait y avoir de
façon... très rapidement des ressources, des ressources qui relèvent beaucoup
du domaine de la santé. J'aimerais savoir
le niveau de confort ou de questionnement que ma collègue critique en matière
de santé a par rapport à la disponibilité d'autant de psychologues,
d'intervenants sur le terrain. Croit-elle que nous sommes, au Québec... que
nous avons l'assurance de la disponibilité de tous ces professionnels-là qui
seraient appelés à agir en urgence?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de LaFontaine. Mme la députée de Maurice-Richard,
pour votre courte réponse.
• (18 heures) •
Mme Montpetit : Je comprends
que vous voulez une très courte réponse. Donc, la réponse serait probablement non, à l'heure actuelle, particulièrement dans les
circonstances. Mon collègue faisait référence notamment aux psychologues
dans les éléments qui sont mentionnés. On en
a parlé beaucoup au cours des
dernières semaines, la question de la disponibilité
des psychologues pour les différents services.
Donc, pour faire une réponse courte à votre question, pour faire une
réponse courte à la question du député de LaFontaine, la réponse serait
non.
Ajournement
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, Mme la députée de Maurice-Richard.
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au jeudi 4 février, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 1)