(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bonjour à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et la
première déclaration sera celle de M. le député de Masson.
Rendre hommage à la Légion royale canadienne filiale 120
Mascouche,
récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Mme la Présidente,
en ce jour du Souvenir, il est primordial de rendre hommage à nos vétérans.
Souvenons-nous
du sacrifice de ceux et celles qui ont perdu la vie pour défendre notre pays et
notre liberté. Ces braves ainsi que
tous ceux qui les ont succédé nous ont légué des valeurs de solidarité, de
courage et de détermination. Ce sont
des valeurs qui guident les actions de la Légion royale canadienne lorsqu'ils
veillent sur ceux et celles qui ont servi notre pays.
J'ai la chance
d'avoir la filiale 120 de la Légion royale canadienne dans ma
circonscription, et, cette année, l'organisation
fête ses 75 ans d'existence. Les membres de cette section jouent un rôle
essentiel pour notre mémoire collective, et, même dans ces moments les
plus éprouvants, ils continuent d'offrir un soutien précieux à nos vétérans.
Alors, pour
souligner leur implication au sein de notre communauté, j'aurai l'honneur de
leur remettre une médaille, en main
propre, de l'Assemblée nationale au courant des prochains jours. Et je salue leur
service et je leur souhaite aussi encore un autre 75 années de
prospérité. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Masson. Et maintenant je cède
la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner le succès du projet d'agriculture urbaine
L'Atelier paysan
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Alors, le comté de Vaudreuil est un comté dynamique et bouillonne
de projets originaux. Je veux souligner L'Atelier urbain, un projet
d'agriculture urbaine qui fait un travail remarquable en permettant à plusieurs citoyens, dont certains vivant avec des
difficultés et des limitations, de développer leurs habiletés sociales,
en plus d'acquérir de saines habitudes de vie, et ce, en faisant du jardinage.
Sur des
terres prêtées par la famille Viau, des jardins sont aménagés pour faire
pousser des fruits et des légumes, et ce
sont des citoyens, des organismes, des jeunes et moins jeunes qui s'occupent de
l'entretien et de la récolte. D'ailleurs, la récolte est vendue au Supermarché IGA Viau tous les vendredis, et
merci à tous ceux et celles qui les encouragent. Je vous assure que ce
sont des fruits et des légumes qui ont beaucoup d'attention et beaucoup
d'amour.
En terminant, je veux souligner le rôle important de
Catherine Delisle, gestionnaire du projet, une passionnée dans la réussite de cette initiative, laquelle je
remercie de son engagement auprès de la population et des organismes de Vaudreuil. Et, bien sûr, je vous assure de
mon implication en 2021.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Vaudreuil.
Je reconnais maintenant M. le député de Richelieu.
Souligner le 100e anniversaire de la Laiterie
Chalifoux inc.
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à la Laiterie Chalifoux,
une entreprise soreloise qui souffle cette année sa 100e bougie.
Ce qui a débuté en 1920 par une petite
production laitière est devenu aujourd'hui un véritable fleuron québécois qui exporte sa vaste gamme de produits aux quatre
coins du pays. À travers les générations, cette entreprise familiale est
demeurée fidèle à sa devise, celle de
favoriser une agriculture durable, de réinventer la transformation laitière et
d'innover.
Audacieuse et
créatrice, la Laiterie Chalifoux s'est mérité, au fil des ans, de nombreuses
distinctions reconnaissant la qualité
et l'originalité de ses produits. On n'a qu'à penser, et je suis certain que
vous les connaissez, Mme la
Présidente, à leurs maintenant célèbres et délicieux petits
yogourts dans des pots de verre. Sa contribution au développement économique et
agroalimentaire du Québec est indéniable, et c'est pourquoi, Mme la Présidente, je tenais aujourd'hui à souligner son 100e anniversaire.
Félicitations
à la famille Chalifoux ainsi qu'à tous les employés qui ont participé au succès
de la laiterie depuis 1920!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Richelieu.
Et je reconnais maintenant M. le député de Jacques-Cartier.
Souligner le 20e anniversaire
de l'organisme Réseau
communautaire de santé et de services sociaux
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux rendre hommage au
20e anniversaire du réseau communautaire
des services de santé et des services sociaux, de CHSSN, qui a été créé pour
soutenir les efforts des communautés
d'expression anglaise du Québec, visant à corriger les inégalités en matière de
santé et de promouvoir la vitalité des communautés.
The
CHSSN was created to help make services more available in English language in
all the regions of Québec. The CHSSN acts as an ally to the Government and really does help the Ministry of Health,
assures that all services in English language are
available to citizens of Québec,
in all the regions of our province.
I would just like to thank the
president, Ron Creary, Jennifer Johnson, and Jim Carter for all their hard
works. One of the biggest programs that had the most success is training nurses
to become fully bilingual so they are able to work in
the health network in all the corners of Québec.
Thank
you very much for all you do for our community.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Souligner le 60e anniversaire
du restaurant Chez Georges
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, je tiens à souligner le
60e anniversaire du restaurant Chez Georges, véritable institution dans la
restauration au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Fondé
le 20 octobre 1960 par Georges Abraham, le restaurant, reconnu pour ses
steaks, son poulet et sa fameuse sauce à spaghetti, est passé aux mains de sa
fille Norma et est maintenant exploité par la troisième génération en la
personne du petit-fils, Jean-François Abraham, qui est aujourd'hui
copropriétaire.
Ce
légendaire restaurant se distingue par ses influences méditerranéennes,
italiennes et libanaises. C'est un privilège pour moi de côtoyer cette famille de passionnés de génération en
génération au sein de cette entreprise familiale située au coeur du
centre-ville de Chicoutimi. Le restaurant Chez Georges est une destination
incontournable pour les touristes et les personnalités en visite dans notre
belle région du Saguenay—Lac-Saint-Jean
depuis plus de six décennies.
Félicitations et
longue vie à la famille Abraham, surtout en cette période de pandémie, dont les
restaurants ont plusieurs difficultés! Alors, félicitations et longue vie au
restaurant Chez Georges! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Chicoutimi. Et je cède
maintenant la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Féliciter les lauréats du
Concours ESTim de la
circonscription d'Hochelaga-Maisonneuve
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Comme à chaque année, la Chambre de commerce de l'est
de Montréal organise le Concours ESTim, qui
vise à souligner l'excellence d'entreprises et d'entrepreneurs de l'est de
Montréal. Je désire prendre un instant aujourd'hui pour souligner trois
récipiendaires de mon quartier.
Dans la catégorie
Commerce de détail, l'entreprise Terre à soi, un magasin général écologique
opéré par Annie Martel et son équipe,
s'est démarquée en rendant disponible une panoplie de produits écologiques et
responsables. Née dans Hochelaga, l'entreprise a maintenant une
succursale à Tétreaultville et à Prévost, dans les Laurentides.
Dans
la catégorie Organisme à vocation sociale, le lauréat est la Cuisine collective
Hochelaga-Maisonneuve, opérée par
Benoist De Peyrelongue et son équipe, qui oeuvre dans le quartier depuis 1986
en procurant des services alimentaires, de la formation et de
l'insertion socioprofessionnelle.
Finalement,
je félicite Camille Goyette-Gingras pour son prix Jeune leader, notamment pour
sa cocréation de la Coop Couturières Pop,
qui forme et encourage des couturières d'ici en leur offrant de bonnes
conditions de travail, ce qui participe à redynamiser la rue
Sainte-Catherine.
Hochelaga-Maisonneuve a toutes les raisons
d'être fière de ses entrepreneurs. Bravo et merci!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Souligner le travail de Mme France
Joyal, fondatrice
de la Cuisine collective À Toute Vapeur
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau :
Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente. Et permettez-moi, aujourd'hui, de
souligner l'immense travail accompli par Mme France
Joyal, une citoyenne de Pointe-aux-Trembles qui a fondé, en 1992, la Cuisine
collective À Toute Vapeur.
Elle
l'a fait bénévolement, avec très peu de ressources, durant presque trois
décennies. Bon an, mal an, elle était là pour répondre aux besoins alimentaires, parfois très importants, de
familles de Pointe-aux-Trembles. Chaque mois, elle a permis à des citoyens
d'apprendre à cuisiner des recettes simples, équilibrées et économiques.
Mme Joyal a nourri d'innombrables
bouches, en plus de briser l'isolement de nombreux citoyens de la communauté.
Mais, bien au-delà de la nourriture, c'est de la confiance en soi, de
l'estime et de l'autonomie que Mme Joyal a transmises aux participants.
Mme Joyal, en
mon nom personnel et au nom de toutes ces personnes que vous avez aidées, je
tiens à vous remercier très chaleureusement pour votre travail, votre
implication dans notre communauté. Et je vous souhaite une excellente retraite.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner l'inauguration d'un
espace honorant la
mémoire du vétéran J.-Omer Lévesque
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Mme la Présidente, en ce jour du Souvenir, je tiens à souligner l'initiative de
l'aéroport régional de la ville de Mont-Joli, qui a honoré la mémoire de
M. J.-Omer Lévesque, héros de guerre et Mont-Jolien d'origine.
Le
7 novembre dernier, un espace commémoratif a été inauguré dans l'aérogare
afin de souligner la brillante carrière de M. Lévesque.
Pilote
d'un Spitfire dans l'escadrille 401 en Angleterre, en 1941, il participa
au combat aérien opposant les Alliés aux
forces allemandes. Il fut le premier pilote allié à abattre le nouveau chasseur
allemand Focke-Wulf 190. En 1942, son avion fut abattu au-dessus de
La Manche. Il survécut et fut fait prisonnier par la Marine allemande.
Après la Seconde
Guerre mondiale, il reprit du service et participa à la guerre de Corée,
effectua 171 missions. Premier Canadien
aux commandes d'un F-86 Sabre, il fut également le premier pilote du
Commonwealth à abattre un MiG-15.
Par
son engagement, son talent et son sens du devoir, M. Lévesque a marqué
l'histoire militaire et l'histoire de notre région. Honorer sa mémoire, ce
n'est pas uniquement de mettre en lumière ses faits d'armes exceptionnels,
c'est également de rappeler qu'avant
nous c'est toute une génération de femmes et d'hommes qui ont fait preuve de
courage et de sacrifices. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Matane-Matapédia. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Remercier les présidentes et les
présidents des filiales de la Légion
royale canadienne de la circonscription de Huntingdon
Mme Claire IsaBelle
Mme IsaBelle : Merci, Mme
la Présidente. La journée du Souvenir
demande à chacune et à chacun d'entre nous un devoir de mémoire de tous les combats menés en notre nom pour
préserver nos valeurs de liberté et de démocratie. Ce jour permet de rendre hommage à celles et à ceux
qui ont servi en temps de guerre, ainsi que pour saluer le courage et la
force de celles et ceux qui sont présentement en service.
Dans
mon comté de Huntingdon, nous retrouvons quatre filiales de la Légion
royale canadienne. Je désire remercier les
présidentes et les présidents de celles-ci : Kenneth Ouellet, de la
filiale 011, à Lacolle; Sandra Fawcett, de la filiale 081, à Huntingdon — cette
filiale, d'ailleurs, fête ses 80 années, le 80e anniversaire;
Randy Campbell, de la filiale 196, à Ormstown;
Johanne Dauphinais, de la filiale 244, à Hemmingford.
Ces filiales, par
l'entremise de leurs membres, soutiennent les vétérans et leurs familles, sans
oublier qu'ils organisent différentes activités dans notre communauté. Merci
pour votre dévouement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Huntingdon.
Maintenant, pour clore cette rubrique de déclarations de députés, je
cède la parole à M. le député de Blainville.
Souligner le 60e anniversaire
de la ville de Lorraine
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui,
je veux rendre un hommage tout particulier à la ville de Lorraine à
l'occasion de son 60e anniversaire de fondation.
En effet,
c'est en 1960 que la ville de Lorraine est née de la vision d'un groupe
d'hommes d'affaires qui rêvaient de
créer une ville essentiellement résidentielle, unifamiliale, sans industrie,
sans prolifération de commerces, sans résidences à haute densité et sans pollution. Assise sur un vaste coteau
surplombant la rivière des Mille Îles, traversée par la rivière aux Chiens, à proximité des autoroutes et des
grands centres, la ville de Lorraine est devenue la seule ville de ce genre au
Canada. Déambuler dans Lorraine, c'est sa
nature omniprésente, sa quiétude, son plan d'urbanisme unique et ses longues
rues tirant leurs noms de la Lorraine, en France.
À tous les Lorrains, toutes les Lorraines d'hier
à aujourd'hui, je vous souhaite un bon 60e anniversaire. Vous donnez à la ville son passé riche, son côté
patrimonial et sa nature. Je salue le travail des élus municipaux qui se sont
succédé tout au long de cette évolution, et plus particulièrement au
maire en place, Jean Comtois, et ses conseillers, conseillères. Manifestement,
l'avenir est entre bonnes mains à Lorraine. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Blainville. Alors, ceci met
fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise à 10 h 2)
Le
Président : Mmes, MM.
les députés, je vous souhaite un bon mercredi. Nous allons prendre quelques
secondes pour nous recueillir.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Oui, M. le
Président. Pourriez-vous appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 73
Le
Président : À l'article a du feuilleton, M. le ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux présente le projet de loi n° 73,
Loi modifiant diverses dispositions en matière de procréation
assistée. M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Ce projet de loi modifie la Loi sur les activités
cliniques et de recherche en matière
de procréation assistée afin d'y introduire de nouvelles dispositions portant
principalement sur la qualité, la sécurité, l'éthique et la
planification des activités cliniques de procréation assistée.
À cet égard,
le projet de loi établit que toutes les activités de procréation assistée, à
l'exception de la prescription de stimulants
ovariens oraux dans le cadre d'un traitement de fertilité de base, doivent être
exercées dans un centre de procréation assistée
pour lequel un permis est délivré par le ministre de la Santé et des Services
sociaux. Il donne au ministre le pouvoir de refuser de délivrer un tel permis si les besoins de la région où doit
être situé le centre de procréation assistée ne le justifient pas et il institue un comité central d'éthique
clinique chargé de conseiller tout professionnel qui le consulte sur les
questions d'ordre éthique liées à des activités cliniques de procréation
assistée.
Le projet de
loi modifie certaines règles concernant la conservation des gamètes et des
embryons par les centres de procréation assistée ainsi que le transfert
exceptionnel chez une femme de deux embryons dans le cadre d'activités de
fécondation in vitro. Il renforce les pouvoirs d'inspection du ministre et lui
octroie des pouvoirs d'enquête. Il prévoit également la communication au
ministre par les centres de procréation assistée des renseignements qu'il
prescrit par règlement et qui sont
nécessaires à des fins de santé publique, de planification des services et de
répartition des ressources. Il
prévoit aussi notamment qu'un médecin qui demande un permis de centre de
procréation assistée doit fournir un certificat permettant de constater sa bonne conduite professionnelle et précise la
portée des lignes directrices que le Collège des médecins du Québec doit
établir en matière de procréation assistée.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie la Loi sur l'assurance maladie afin de prévoir que les
services de procréation assistée rendus par un médecin qui sont
déterminés par règlement sont les services assurés dont le coût est assumé par la Régie de l'assurance
maladie du Québec. Il modifie le Règlement d'application de la loi sur
l'assurance maladie pour prévoir
quels sont les services considérés comme assurés en matière d'insémination
artificielle, de fécondation in vitro et de préservation de la
fertilité. Il prévoit également pour quelles personnes ces services sont
considérés comme assurés en établissant,
entre autres, des critères relatifs à leur âge ainsi que leurs conditions qui
doivent être respectées pour que les services soient considérés comme
assurés, notamment qu'ils soient rendus dans des centres de procréation
assistée titulaires de permis.
Enfin, le projet de
loi prévoit certaines dispositions transitoires.
Merci, M. le
Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Vous comprendrez qu'on souhaitera pouvoir avoir
des échanges avec le gouvernement en vue de consultations sur le projet
qui a été présenté par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
Merci.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Bien, il faut comprendre, contextuellement, qu'on réintroduit une
mesure qui a déjà existé. Donc, oui,
on est disposés à avoir des discussions sur des consultations particulières, M. le Président, avec les leaders des autres oppositions.
Mise aux voix
Le
Président : Merci. En application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes respectifs, suivi
des députés indépendants. Et je commencerai par M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Ceci est donc adopté. Nous en sommes toujours à la rubrique Présentation de
projets de loi. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article b, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 217
Le
Président : Et, à l'article b du feuilleton, j'ai reçu le
rapport de la directrice de la législation sur le projet de loi n° 217, Loi concernant les fins et les pouvoirs de la
Corporation archiépiscopale catholique romaine de Montréal. La directrice
de la législation a constaté que les avis ont été faits et publiés conformément
aux règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je
dépose donc ce rapport.
En
conséquence, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis présente le projet de loi d'intérêt
privé n° 217, Loi concernant les fins et les pouvoirs de la Corporation archiépiscopale
catholique romaine de Montréal.
Mise aux voix
En application de l'ordre spécial, j'invite les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes respectifs, suivi des députés indépendants. Et je
commencerai, à ce moment-ci, par M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Pour.
Le
Président : M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le
Président : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le
Président : M. le député de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le
Président : Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Ceci est donc adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la
Commission de l'économie et du travail
M.
Caire : Merci, M. le Président.
Conformément au premier alinéa de l'article 267 du règlement, je propose
la motion suivante :
«Que le projet de loi d'intérêt privé n° 217, Loi
concernant les fins et les pouvoirs de la Corporation archiépiscopale catholique romaine de Montréal,
soit renvoyé pour consultations et étude détaillée à la Commission de
l'économie et du travail et que le
ministre de l'Économie et de l'Innovation soit membre de ladite commission pour
la durée de ce mandat.»
Mise aux voix
Le Président : Et, en application,
toujours, de notre ordre spécial, je vous invite à m'indiquer le vote de vos
groupes respectifs. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le
Président : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le
Président : M. le député de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le
Président : Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président : Ceci est donc adopté.
Toujours dans cette même rubrique, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Oui, M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article c, s'il vous
plaît.
Projet de loi
n° 219
Le
Président : Et cette fois-ci, à l'article c du feuilleton, j'ai reçu le rapport de la
directrice de la législation sur le projet de loi n° 219, Loi
concernant un immeuble situé sur la rue University à Montréal. La directrice de
la législation a considéré que les avis ont
été faits et publiés conformément aux règles de fonctionnement des projets de
loi d'intérêt privé. Je dépose donc
ce rapport. Et, en conséquence, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis présente le projet de loi d'intérêt
privé n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la
rue University à Montréal.
Mise aux voix
En
application de l'ordre spécial, je vous invite également à indiquer le vote de
vos groupes respectifs. M. le leader de l'opposition
officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
• (10 h 10) •
Le Président : Ceci est donc
adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, vous avez maintenant la parole.
Renvoi à la Commission des finances publiques
M.
Caire :
Oui, M. le Président. Donc, conformément au premier alinéa de
l'article 267 du règlement, je propose la motion suivante :
«Que le
projet de loi d'intérêt privé n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la rue University
à Montréal, soit renvoyé pour
consultations et étude détaillée à la Commission des finances publiques et que
la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.»
Mise aux voix
Le
Président : Et,
toujours en application de notre ordre, je vous invite à m'indiquer le vote de
vos groupes respectifs. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le
Président : M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée.
Dépôt de documents
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Dépôt de documents. M. le leader du gouvernement.
Réponses
à des questions inscrites au feuilleton et à une pétition
M.
Caire : Oui, M. le Président. Je dépose les réponses du
gouvernement aux questions inscrites au feuilleton le 17 septembre par le député de Jean-Lesage et
le 21 octobre par le député de Mont-Royal—Outremont, ainsi qu'à la pétition présentée en
Chambre le 20 octobre par le député de Rimouski. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
des pétitions, M. le député de Rimouski.
Mettre en place une commission d'enquête publique et
indépendante sur la
gestion de la pandémie de COVID‑19 dans les centres d'hébergement et
de soins de longue durée et les résidences privées pour aînés
M. LeBel :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 6 596 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, selon les données de l'INSPQ, la pandémie de la COVID-19 a emporté près de
4 000 personnes aînées dans les centres d'hébergement et de
soins de longue durée — les
CHSLD — et
les résidences privées pour aînés — les RPA — au
printemps 2020 et qu'encore aujourd'hui des personnes aînées décèdent des
mêmes causes;
«Considérant
que les personnes qui sont décédées, souvent seules, pour certaines dénutries
et déshydratées, laissent aussi derrière elles des familles et des
proches qui ont besoin de réponses sur la gestion de la pandémie;
«Considérant
que la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants a reconnu
elle-même, lors de l'interpellation du
2 octobre 2020 sur le même sujet, que la gestion de la première vague de
la COVID-19 dans les lieux d'hébergement pour aînés a été un échec;
«Considérant
qu'une commission d'enquête publique permettrait aux citoyens du Québec d'en
suivre les travaux et d'en être partie prenante;
«Considérant
que le Québec doit tirer des leçons de ce qu'il s'est passé et que les
Québécois et [que] les Québécoises ne souhaitent plus jamais revivre une telle
tragédie;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement de
mettre en place, au plus vite, une commission d'enquête publique et
indépendante sur la gestion de la pandémie de la COVID-19 dans les CHSLD et les
RPA [au] Québec.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Merci. Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses
orales aux pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
À
la rubrique, maintenant, Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel, conformément
à l'article 102 du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale, M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation et député de Terrebonne m'a adressé une demande pour se prévaloir de son
droit de faire une déclaration à
l'Assemblée à la suite du dépôt du rapport de la Commissaire à l'éthique et à la déontologie dont il a fait
l'objet.
Avant
de vous céder la parole, je vous rappelle que vous disposez d'un maximum de
20 minutes pour faire votre déclaration. M. le ministre de
l'Économie et de l'Innovation et député de Terrebonne, à vous la parole.
Rapport
d'enquête de la Commissaire à l'éthique et à la déontologie au président de
l'Assemblée nationale au sujet de M. Pierre Fitzgibbon, ministre de
l'Économie
et de l'Innovation et député de Terrebonne
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Merci, M. le Président. Avant que les membres de l'Assemblée nationale votent,
demain, en faveur de sanctions me visant suite au dernier rapport de la
Commissaire à l'éthique, je suis reconnaissant, ce matin, d'avoir l'opportunité
d'expliquer à la population québécoise la situation malheureuse dans laquelle
je me retrouve depuis le 29 octobre dernier.
D'entrée de
jeu, je tiens à affirmer que je prends ce rapport de la commissaire très au
sérieux, car il faut noter que, dans l'histoire récente du Québec, je
suis le seul ministre de l'Économie qui recevra un blâme formel de l'Assemblée
nationale du Québec en vertu du non-respect des règles du code de déontologie
et d'éthique de ses membres.
Comme je vais l'expliquer dans les prochaines
minutes, je veux vous assurer que j'ai toujours eu à coeur d'agir uniquement
dans l'intérêt économique du Québec. C'est l'unique motif qui guide mes actions
et qui, en fait, m'a amené en politique.
Permettez-moi
de saisir cette occasion pour expliquer, premièrement, la situation telle que
je l'ai vécue en regard des trois dossiers auxquels la commissaire
réfère, de ma relation avec Luc Laperrière et comment j'ai agi dans mes
responsabilités de ministre à cet égard; deuxièmement, des faits entourant la
disposition de mes actions à la société Move Protéine; et, finalement, de vous
faire part de mes réflexions à l'égard de mon état d'esprit actuel.
Commençons par les trois dossiers cités en
référence dans le rapport de la commissaire.
Le dossier
Alter&Go. En novembre 2018, lors d'une conversation avec mon ami Luc
Laperrière, celui-ci me fait part
qu'il avait été approché par des individus qui voulaient proposer des solutions
numériques permettant de satisfaire la demande
des touristes. Le secteur d'innovation étant très stratégique pour le
développement économique du Québec, ma réponse fut instantanée :
Prends rendez-vous avec mon directeur d'agenda, et je rencontrerai avec plaisir
ces personnes. Cette première et seule rencontre a eu lieu quelques
semaines plus tard en la présence d'un conseiller politique
membre de mon cabinet ministériel. La rencontre a duré moins de 30 minutes, et j'ai encouragé, à ce moment, les personnes présentes à continuer de travailler sur le financement de
leurs projets pour ensuite, au besoin, les présenter aux fonctionnaires du
ministère ainsi qu'à Investissement Québec
pour la suite des choses. Il est important de préciser qu'aucune suite n'a été
donnée au dossier.
Le dossier
Adstock. En mars 2019, lors d'un appel téléphonique avec
M. Laperrière, celui-ci me fait part qu'il a été mandaté par un groupe de
personnes de la ville d'Adstock pour discuter d'un projet touristique. Je lui
dis au même moment que je ne
m'implique pas dans ce genre de dossier et que j'allais lui référer le bon
porteur de projet au sein des autres ministres du gouvernement. Ma
collègue Caroline Proulx, au Tourisme, décide alors de porter le dossier. Mon implication s'est arrêtée à ce moment. Je n'ai
même jamais rencontré des personnes impliquées dans le dossier. De plus,
aucun montant n'a été déboursé à ce jour dans ce projet.
Le dossier
Polycor. Polycor a des relations historiques avec le ministère de l'Économie et
de l'Innovation, et ce, depuis
plusieurs années. Je connais personnellement le président-directeur général de
l'entreprise et ai eu plusieurs contacts avec lui avant mon entrée en politique. En juillet 2019, lors d'une
conversation avec M. Laperrière, celui-ci me fait part qu'il est
maintenant conseiller financier de l'entreprise. Je lui dis immédiatement que
j'aimerais voir des projets de développement économique au Québec, notamment à
leur mine de Fermont ou ailleurs au Québec. Dans les jours qui ont suivi, j'ai contacté moi-même et directement
le P.D.G. pour lui réitérer mon intérêt à des projets de développement. À ce
jour, les fonctionnaires du ministère sont en attente pour la suite des choses,
et le processus habituel suivra son cours si des projets sont présentés.
Dans ces trois dossiers, je me suis comporté
professionnellement, j'ai agi de bonne foi et surtout avec éthique. Je ne me suis jamais placé dans une situation de
conflit d'intérêts ni favorisé mes intérêts personnels. J'ai toujours pris soin
de diriger M. Laperrière vers les
démarches normales et usuelles. Il n'a reçu aucun traitement de faveur à cause
de notre relation d'amitié. Je ne l'ai jamais avantagé ni même favorisé.
Mon mandat
est d'accroître le développement
économique du Québec
dans l'intérêt de tous ses citoyens. C'est le seul intérêt qui me guide dans mes interactions avec les
membres de la communauté des affaires, quels qu'ils soient. Pour mettre ces trois dossiers en contexte avec mes réalisations comme ministre de l'Économie
à ce jour, bien que je n'aie pas pu
retracer le nombre exact de rencontres physiques, téléphoniques que j'ai eues
avec des dirigeants d'entreprise ou entrepreneurs.
Au rythme où j'ai fait ces rencontres, j'ai très certainement tenu plus
2 000 rencontres depuis le début de mon mandat.
De plus,
les processus d'approbation des interventions financières sont très stricts au
gouvernement. Or, non seulement, dans
les trois cas soulevés par la commissaire, il n'y a eu aucune intervention financière
à ce jour, mais surtout, sous ma responsabilité directe dans les nombreuses
autres interventions financières de mon ministère, j'ai toujours respecté les
recommandations des fonctionnaires ou d'Investissement Québec, sans jamais
interférer. Ce sont des faits vérifiables.
M. Laperrière
est un ami de longue date. Mon comportement avec M. Laperrière a été
conséquent et comparable à toutes mes autres interactions avec la communauté
des affaires, et ce, peu importe que les dirigeants soient des amis, des connaissances ou des inconnus. C'est-à-dire
que je rencontre généralement tout le monde qui demande un rendez-vous pour me
parler de développement économique au Québec, de sorte que la quantité de
demandes non traitées est pratiquement inexistante.
Je n'ai jamais ni favorisé, ni avantagé, ni même tenté de favoriser ou
d'avantager Luc Laperrière ou ses clients.
• (10 h 20) •
Deuxièmement, mes actions dans
la société Move Protéine. Rien dans le cadre des règlements de l'Assemblée
nationale du Québec n'empêche un ministre de
détenir des intérêts dans une compagnie privée. Ce qui est proscrit, à juste
titre, est de permettre à ces sociétés de transiger avec le gouvernement pour
des contrats ou autres avantages financiers.
Mon intention
de disposer de mes intérêts dans la société Move Protéine n'a été motivée
que par mon désir de ne pas nuire à l'entrepreneur, qui aurait peut-être voulu
se prévaloir d'assistance financière du gouvernement, et ainsi ne pas me retrouver dans une situation de conflit
d'intérêts. Toutefois, il est important de noter que Move Protéine n'a jamais
reçu ni demandé d'aide au gouvernement.
Dans ce
contexte, j'ai demandé à M. Laperrière d'acheter mes actions pour un montant égal à ce que j'avais investi.
Je n'en ai tiré ni avantage ni profit. De
plus, contrairement à l'impression de certains, M. Laperrière avait les
moyens financiers pour conclure cette transaction.
Finalement,
mon état d'esprit actuel. En conclusion, je veux assurer toutes les Québécoises
et tous les Québécois que j'ai toujours agi en toute bonne foi, dans leur intérêt et
celui de l'économie du Québec. De plus, malgré la référence aux
apparences de conflit, mes intentions réelles étaient tout autres, et j'ai
suivi des processus rigoureux.
Dans le cadre
de mes fonctions de ministre, mon intérêt pour le développement économique du Québec
est toujours passé devant mes intérêts personnels, et jamais,
en deux ans, me suis-je mis en situation où je pouvais apparaître motivé
de m'enrichir ou d'enrichir mes proches et
ma famille. Les mécanismes en place au ministère, qui sont bien connus,
supportent ces faits. Je n'ai été guidé que par mon désir de toujours
promouvoir et aider le développement économique du Québec.
C'est pourquoi il m'est aujourd'hui difficile de
vivre avec ce blâme, puisqu'il ne reflète aucunement mes intentions, tel que confirmé par la conclusion des
trois dossiers cités dans le rapport, qui ne démontre aucune malversation
de quelque nature que ce soit. De plus, ce
blâme ne reflète aucunement l'importance que j'apporte, depuis le tout début de
ma carrière professionnelle et de ma carrière
politique, aux valeurs fondamentales d'éthique et de bonne foi qui me
caractérisent.
Je note donc que la commissaire a une vue
différente de la mienne quant à ma relation avec un lobbyiste pour qui j'étais créancier, laquelle, selon elle,
donnait l'apparence de conflit d'intérêts. Dans le futur, la prudence me
recommandera désormais de ne pas parler à des lobbyistes qui auraient
des dettes envers moi. En fait, ce sera plus simple pour moi de continuer de parler de projets de développement
économique aux dirigeants entrepreneurs sans intermédiaire, ce que je
préfère faire de toute façon. Les processus d'octroi d'interventions
financières usuel vont continuer d'être suivis.
Je reconnais
que les 124 députés vont vraisemblablement appuyer la recommandation de
blâme de la Commissaire à
l'éthique, car, selon elle, le
ministre de l'Économie et de l'Innovation n'a pas respecté les règles du Code
d'éthique et de déontologie des membres
de l'Assemblée nationale. Je vais conséquemment m'abstenir de voter, parce que
je ne souhaite pas être juge et partie dans cette cause qui m'implique.
Mes derniers
propos s'adressent à la population du Québec. La raison première de mon implication politique
et ma motivation à venir servir la
nation québécoise n'ont été motivées que par une seule chose :
servir les Québécois en offrant mon expérience professionnelle pour accélérer le développement économique du Québec et réduire notre écart de richesse
collective. Jamais mon objectif
n'a été de m'avantager, mais plutôt d'améliorer le sort de toutes Québécoises
et tous les Québécois. Merci.
Le
Président : Merci, M. le ministre. Et je vous rappelle que, conformément à l'article 103 du Code d'éthique et de déontologie
des membres de l'Assemblée nationale, lorsque la commissaire recommande l'application
d'une sanction, l'Assemblée doit procéder au
vote sur le rapport à la séance suivant la réponse du ministre.
Il s'agit d'un vote aux deux tiers des membres de l'Assemblée, qui aura
lieu à la rubrique des votes reportés de la prochaine séance, c'est-à-dire le
12 novembre 2020.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales. Et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Hier, le premier ministre faisait le bilan de son plan de deux
semaines. Comme nous tous, il a manifesté son inquiétude par rapport aux
hausses de cas que l'on voit un peu partout.
Pourtant, lorsqu'on prend un pas de recul et
qu'on analyse la situation, on constate que les mêmes erreurs se reproduisent, comme nous avons pu le constater aux
CHSLD de Saint-Eusèbe, de Cap-Saint-Ignace. Le gouvernement ne semble pas avoir tiré les leçons de la première
vague. Pourquoi en sommes-nous là aujourd'hui? Ce dont le réseau
a besoin, c'est d'un leadership du gouvernement qui soit fort. Ce sont
eux qui ont la responsabilité de protéger les citoyens.
Maryse, une préposée aux bénéficiaires qui travaille justement à Saint-Eusèbe,
disait la chose suivante : Ils ont peur, on les entend souffrir. Maryse
aussi pleure, et elle pleure après chaque quart de travail, lorsqu'elle rentre à la maison puis qu'elle
rejoint ses trois enfants, dont un est handicapé et un autre a des troubles
respiratoires. Pourtant, on nous avait dit qu'on avait appris, qu'on avait appris. Mais on semble rejouer dans le
même film que le printemps. C'est ça, l'enjeu, M. le Président.
Dans
les faits, c'est la responsabilité du gouvernement de protéger tous les Québécois
et les travailleurs de première ligne
qui tiennent le réseau à bout de bras en leur donnant un accès au matériel et à
tous les outils nécessaires. C'est donc là un test pour le gouvernement.
Le Président : Mme la vice-première
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci,
M. le Président. Sur la gestion de la
pandémie, la cheffe de l'opposition
officielle dit qu'il faut un leadership
pour la gestion de la pandémie, entre autres la situation dans le réseau de la
santé, dans les CHSLD. M. le Président,
depuis huit mois, c'est exactement ce qu'on s'est employés à faire, avoir un
leadership, avoir de la mobilisation dans
le réseau, travailler tous ensemble pour protéger la santé des Québécois. Et,
une grande partie de cet effort-là, on le doit aux travailleurs du réseau de la santé. Donc, je vais en profiter
aujourd'hui à nouveau pour les remercier, parce que c'est vrai qu'ils
portent la situation à bout de bras et c'est vrai qu'on doit faire le maximum
pour les aider.
Maintenant,
M. le Président, ce n'est pas un fait étranger que je vais révéler ce matin en
disant qu'on est arrivés avec une
grave pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau de la santé. On est arrivés au
pouvoir en 2018, c'était le cas, et au début de la pandémie c'était le cas aussi. On a formé 7 000 préposés
aux bénéficiaires cet été, on va sous peu en avoir 10 000, à terme.
Et donc ça, ça a été d'un grand secours dans
le réseau, je pense qu'on peut le souligner aussi. Mais il reste qu'on fait
face à des pénuries, entre autres,
d'infirmières, d'infirmières auxiliaires, raison pour laquelle, d'ailleurs, les
étudiants, récemment, sont allés prêter main-forte dans le cadre de
stages.
Donc, on fait le maximum, M. le Président,
pour...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président,
la commission d'enquête de l'Ontario a déjà fourni un rapport d'étape, des
recommandations ont été formulées, adoptées et déjà mises en place pour le bien
des aînés. C'est là la valeur d'une commission d'enquête indépendante. Le
gouvernement a choisi une autre avenue.
La ministre
des Aînés disait que des gens devaient être imputables, mais, ultimement, ça se
commence et ça se termine avec le gouvernement. Vous devez apporter des
solutions et pas rechercher des coupables dans le système.
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, M. le Président. Bien, c'est toujours un peu
la même chose. La cheffe de l'opposition officielle remet continuellement en question la compétence et
les capacités de Mme Castonguay, qui a été désignée pour faire cet examen de ce qui se passe dans le réseau de la
santé. Alors, à chaque fois, je lui réitère que nous sommes d'avis qu'elle est
parfaitement compétente pour mener cet examen de ce qui se passe et la façon
dont ça se passe dans le réseau.
Et, sur les CHSLD, M. le Président, s'il y a un
dossier ou un volet du dossier que mon collègue de la Santé, en collaboration avec la ministre des Aînés, a pris à
bout de bras, c'est bien celui-là. On a nommé un gestionnaire par établissement,
on s'est assurés de développer et de renforcer la culture de prévention et de
contrôle des infections dans les CHSLD, on a
mis à disposition 7 000 nouveaux préposés en CHSLD. Alors donc, on
prend la situation très au sérieux, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Sur le terrain, M. le Président, les gens sont au bout du rouleau. Ils veulent
un gouvernement qui va amener des solutions, ne pas répéter les mêmes erreurs.
Un employé de Saint-Eusèbe disait : On est outrés. Les gens sont enragés. Ces gens-là donnent sang et eau pour
protéger les personnes âgées, les aimer, les soigner. Là, tout à coup, il y a
une éclosion, et c'est de leur faute.
Ça ne peut
pas toujours être la faute des autres. Vous avez la responsabilité de protéger
l'ensemble des Québécois.
• (10 h 30) •
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. M. le Président, effectivement, on a tous la
responsabilité, comme élus, je pense, de protéger la santé des Québécois, nous comme gouvernement,
mais c'est important d'être tous solidaires,
les élus. Je l'ai souvent dit, j'ai
souvent fait appel au concours des 125 élus ici pour rappeler aux Québécois
l'importance de suivre les consignes, ce qui fait en sorte qu'on aura moins de transmission communautaire, qu'on
aura moins d'éclosions, qu'on aura moins de cas, à chaque jour, de COVID
positifs. Donc, c'est toujours la même séquence et le même principe de base, M.
le Président, il
faut qu'on respecte les consignes, qu'on se serre les coudes, comme Québécois,
pour faire en sorte qu'on ait de moins en moins de cas, idéalement, de
moins en moins d'éclosions.
Et, oui, on sait que le personnel est à bout de
souffle. C'est la raison pour laquelle on met tout en oeuvre...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...pour pouvoir aller les soutenir dans le réseau et leur donner une chance
de...
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Mais les résultats ne sont pas là, les faits et les données parlent d'eux-mêmes.
Le gouvernement n'était pas prêt en février,
pas plus en septembre. C'est ça, le test du leadership pour le gouvernement en
ce moment. Nous recommençons à vivre la même situation que nous avons
vécue au printemps, et il faut rapidement des actions pour protéger non seulement nos aînés, mais nos
travailleurs de première ligne et tous les Québécois. Le leadership, c'est ce
que le gouvernement va faire, et ce n'est
pas la recherche de savoir qui est coupable et qui ne l'est pas. Ce qu'on
cherche, présentement, c'est à trouver des solutions. Présentement, on
est en train de rejouer dans un très mauvais film.
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, M.
le Président. J'ai déjà eu l'occasion
d'aborder les leçons qu'on a tirées, les améliorations qu'on a apportées depuis la première vague, j'en ai parlé tout à l'heure, entre autres, dans les CHSLD, plus de
personnel à disposition, une
meilleure culture de PCI, l'équipement de protection individuelle aussi, dont
on a souffert de la rareté dans la première
vague, et maintenant
on n'a plus de problématique à cet égard. Il y a l'application Alerte COVID,
qu'on devrait tous encourager les citoyens
à télécharger. On teste énormément plus, M.
le Président. On est capables d'avoir
des résultats de test... il y a
des exceptions, mais des résultats de test en 24 à 48 heures pour les
tests positifs, 24 à 72 pour les négatifs.
Donc, il y a énormément
de choses qui ont été faites. Le leadership, il est là, M. le Président. Mais on
souffre de l'héritage de pénurie de main-d'oeuvre...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...des libéraux. Et on devrait tous, solidairement, encourager les Québécois à
tenir le coup jusqu'à la fin.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Gestion de la pandémie de COVID-19 dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le
Président, je ne peux pas croire que
j'entends qu'on n'a plus de problématique alors qu'il
y a des foyers d'éclosion partout dans les CHSLD. Ce matin, je vais vous
parler de la peur, la peur qui est un sentiment d'angoisse qu'on éprouve en présence d'un danger réel. La peur, c'est le
sentiment ressenti des aînés qui sont dans les CHSLD avec des cas de COVID. Je pense, entre autres, à ceux de Cap-Saint-Ignace, de Saint-Eusèbe, de Saint‑Raymond. Ils
pleurent. Le personnel pleure sur le chemin du retour, il pleure de
tristesse devant autant de décès mais aussi de rage devant la mauvaise préparation. Chaque jour, ces femmes et
ces hommes franchissent la porte d'une zone de guerre, souvent à leurs
risques, pour aller aider nos aînés les plus vulnérables de notre société.
M. le
Président, ces femmes et ces hommes sont épuisés. Ils ont besoin d'aide, pas
besoin de se faire dire qu'ils sont coupables d'avoir fait entrer le virus. Ces
aînés et leurs familles ont peur, ils sont inquiets. Ils ont besoin de savoir
si la ministre est en contrôle de la situation
Ils ont besoin de connaître les actions
concrètes que la ministre prend aujourd'hui pour les protéger.
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, c'est vrai que, dans certains CHSLD, la situation est des plus
préoccupantes. Hier, le ministre de la Santé, concernant, entre autres, le CHSLD Saint-Eusèbe, a demandé un rapport,
et un rapport détaillé pour connaître
la chronologie des événements. On a aussi dépêché une équipe de spécialistes
du Centre universitaire de santé
McGill pour être en mesure d'apporter des soins, du renfort au personnel en
place. On a aussi demandé aux professionnels de la santé du CUSM de vérifier et
d'accompagner concernant les mesures de protection. Vous savez que c'est
très important, ces contrôles des infections.
Comme le
mentionnait la vice-première ministre, il y a beaucoup de choses qu'on a faites. Les gestionnaires
avaient été coupés de nos CHSLD, on a
remis un gestionnaire en place. On avait coupé aussi presque tous les
cliniciens, en tout cas pour
au moins 50 % des cliniciens en prévention et en contrôle des infections,
et on en a formé 15 000.
M. le Président, je pose une question, moi, à la
députée : Qu'est-ce qu'elle ferait de différent?
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le
Président, on le sait, ça va mal, dans
les CHSLD, ça s'empire de jour en jour. Hier, le gouvernement a répété que les
employés des CISSS et des CIUSSS et les gestionnaires ont le devoir de
s'assurer que les mesures de
prévention et de contrôle des infections soient respectées, que ce sont eux qui
sont imputables des résultats. C'est vrai qu'ils ont un travail, mais la
première imputabilité, c'est l'imputabilité ministérielle.
Bref, quand ça va bien, c'est grâce au gouvernement.
Quand ça va mal, c'est la faute des employés.
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Je ne suis pas d'accord
avec ce que la députée vient de dire, M. le Président. La vice‑première ministre a remercié tout le
personnel de la santé pour les efforts colossaux qu'ils sont en train de faire.
C'est vrai que le personnel travaille très
fort, et nous avons une responsabilité de faire en sorte que le personnel soit protégé,
ce que nous avons fait. Le personnel,
ce sont nos anges gardiens, ils veillent sur nos personnes aînées. Nous avons
une responsabilité ministérielle. Mais je tiens à vous dire que les
P.D.G., les gestionnaires des établissements ont aussi une imputabilité par rapport à la manière dont ça fonctionne
dans nos établissements.
Une fois de plus, qu'est-ce la députée ferait de
différent?
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Parlant d'imputabilité, on a entendu la ministre dire que les déplacements
d'aînés, ce n'était pas souhaitable. Pourtant, à Verdun, 22 aînés,
au CHSLD Champlain, seront expulsés. Pour libérer des lits, on va déplacer Mme Butz, qui a 93 ans, qui est
résidente depuis huit ans; M. Fougère, 82 ans, atteint d'un cancer
des os en phase terminale. Pire, on veut les déplacer dans des CHSLD où
est-ce qu'il y a des cas d'éclosion.
Je demande à la ministre de changer cette
décision, s'il vous plaît.
Le Président : Mme la
ministre des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : C'est une
décision qui a été prise, M. le
Président, par rapport au fait que, dans ce CHSLD Champlain,
il y a de la réhabilitation qu'on fait. On a aussi fait en sorte que... Il y avait
des chambres doubles, et, pour protéger les personnes de la COVID, on a
fait des chambres uniques. Donc, on va accompagner les 23 résidents pour
qu'ils soient protégés dans des établissements.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Dépistage du coronavirus
pour le personnel et les résidents des
centres d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Je vais me
permettre de revenir sur l'élément de réponse qu'a donné la vice-première
ministre, où elle a redit qu'il ne
manque pas de matériel dans les CHSLD. Vous savez, ça me rappelle un peu ce qui s'est passé au printemps, où tous
les jours le premier ministre faisait des points de presse, à 13 heures,
en niant qu'il y avait
une pénurie de matériel, alors que tous les travailleurs de la santé dans
les CHSLD disaient qu'il manquait de
matériel. Je peux vous le dire, je l'ai vécu moi-même. Je peux vous en
témoigner, qu'il y a eu pénurie de matériel. Donc, j'aimerais
ça qu'on ne rejoue pas encore dans ce scénario-là.
Dans la
dernière semaine, le nombre de CHSLD qui sont passés en situation
critique a doublé, M. le Président, il a
doublé. Vous aurez compris qu'on est inquiets de la situation.
Puis la responsabilité du gouvernement, c'est de protéger les travailleurs, c'est
de protéger les résidents qui sont en CHSLD.
Dans les stratégies
prioritaires qui sont identifiées, il
y a le dépistage systématique des travailleurs et des résidents,
et, à l'heure actuelle, ça ne se fait pas, il
y a 10 % des employés qui se font tester, seulement. Il y a
435 000 tests rapides qui sont dans une garde-robe, qui
attendent.
Est-ce que la
ministre a fait pression pour les utiliser dans les CHSLD?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : M. le Président, je remercie la députée de Maurice-Richard pour sa question. Et moi aussi, j'ai travaillé
dans un CHSLD, pendant deux semaines, ce
printemps, et je pense que ce qui s'est produit, c'étaient des problèmes de
distribution des équipements. Je pense qu'on n'a jamais manqué d'équipement,
mais la distribution était, je l'avoue, sous-optimale.
Maintenant,
ce qu'il faut savoir, c'est que ce problème a été complètement résolu. Et,
quand on compare la première vague de
la deuxième vague, il faut vraiment voir la différence. Le principal problème,
actuellement, M. le Président, c'est vraiment un problème de transmission communautaire, et la maladie rentre
dans les différentes régions par la transmission communautaire. C'est pour ça qu'on a fait des interventions ciblées, ma
collègue vice‑présidente qui a fait une intervention pour la
Capitale-Nationale, pour engager les gens à faire attention au nombre de
contacts qu'ils avaient à tous les jours, c'est ça, la clé du problème, comme mon collègue ministre de la Santé va
au Saguenay—Lac-Saint-Jean
pour dire aux gens de faire attention à la transmission communautaire.
C'est comme ça qu'on va vaincre cette deuxième vague.
On
est très conscients des enjeux qu'on a. On a amélioré notre performance dans
les CHSLD. Il faut continuer le travail, puis le travail, c'est diminuer
la transmission communautaire, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Je pense qu'on s'est peut-être mal compris sur ma question. Ma question, elle
est simple. Dans les stratégies
prioritaires identifiées pour contrôler des contaminations en CHSLD, il y a
dépister régulièrement et il y a tester plus rapidement. Déjà que l'Ontario a
reçu ses tests rapides avant nous, parce qu'eux, ils avaient demandé une aide
prioritaire pour soutenir leurs secteurs chauds, là il y a 435 000 tests
qui dorment dans une garde-robe parce qu'un comité est en train de réfléchir à comment les utiliser.
Puis, dans quelques semaines, là, on l'a appris hier, 7,6 millions de
tests rapides supplémentaires achetés par le fédéral, il y en a qui vont
arriver. Qu'est-ce que...
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
Oui. Écoutez, moi aussi, j'aurais aimé être le premier à mettre à l'utilisation
ces tests salivaires rapides, mais il faut
les faire de façon stratégique, M. le Président. Donc, ce qu'on est en train de
décider, en comité, c'est de savoir
comment on va les utiliser le mieux possible. Est-ce qu'on va d'abord viser les
populations éloignées, par exemple les
Premières Nations, ceux qui ont de la difficulté à accéder aux
tests, ou est-ce qu'on va les utiliser pour ceux qui sont à plus haut risque? Parce qu'il faut savoir que
ces tests rapides ont un plus bas seuil de sensibilité. Donc, est-ce qu'on va utiliser pour des gens qui sont clairement symptomatiques ou est-ce
qu'on va les utiliser pour des personnes qui sont à haut risque, comme
ceux qui travaillent dans les CHSLD ou autres institutions à fort risque?
Donc,
nous travaillons vraiment sur une solution et nous allons en venir avec des
conclusions le plus rapidement possible. Merci, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, pendant que le gouvernement réfléchit, les gens meurent en
CHSLD. C'est ça, la situation. Cette réflexion-là, elle aurait dû être
faite depuis des semaines, des semaines.
Là, je vais vous
faire une petite citation du Dr Nguyen, là, gériatre épidémiologiste, qui
résume très bien la situation : «Il n'y
a pas de raison qu'on atteigne un tel taux d'attaque en ce moment dans les
CHSLD. L'erreur est humaine, mais elle est aussi mortelle. Appliquons ce
qu'on a appris au printemps.»
Et c'est ça qu'on
leur demande, tester, dépister, utiliser les tests rapides en CHSLD.
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
M. le Président, nous avons augmenté de façon
significative nos capacités de dépistage, de traçage. On améliore nos processus justement
pour diminuer cette transmission-là. Mais, comme je vous dis, actuellement, la principale problématique demeure la transmission communautaire, et ça, la clé,
c'est de diminuer nos contacts. C'est pour ça qu'hier on a annoncé que, pour le moment, on ne diminuait
pas les niveaux d'alerte. D'ailleurs, on a vu, dans certaines... en Ontario, où on a décidé d'ouvrir un petit peu l'accès aux services publics, la ville de Toronto a changé de côté et a
décidé, elle, de maintenir l'alerte rouge dans sa région.
Donc,
la clé, présentement, c'est vraiment de diminuer le plus possible la transmission
communautaire, M. le Président,
et c'est sur ça qu'on travaille.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Projet de réseau structurant de
transport en commun à Québec
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Notre capitale nationale est la seule ville d'un demi-million
d'habitants au Canada à ne pas avoir de réseau de transport en commun
digne de ce nom. C'est une honte, M. le Président.
Depuis
20 ans, la ville a tenu jusqu'à sept consultations publiques sur le
transport. Après des centaines de millions de dollars dépensés en études, la ville de Québec, le milieu des
affaires, les groupes écologistes, les urbanistes et la population ont choisi : ça prend un tramway, à Québec,
et ça presse. Le maire de Québec
obtient encore, dans les derniers sondages, 52 % d'appui, alors que
son projet-phare, le tramway de Québec... Ça doit vouloir dire qu'il y a un
certain appui de la population, M. le Président. Depuis deux ans, la CAQ dit au
maire de Québec : On n'est pas contre le tramway, mais arrange-toi avec tes affaires. M. le Président,
quand le fruit est mûr, là, il est temps de le cueillir. Il y a une urgence
climatique, on l'a décrété ici même,
à l'Assemblée nationale. Toutes les villes québécoises ont besoin de transports
en commun efficaces. La ville de Québec a besoin de son tramway.
Pourquoi
la vice-première ministre, responsable de la région de Québec, ne fait pas
confiance au maire puis à tout le travail qui a été fait dans les, au
moins, 15 dernières années?
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. Et la liste des gens qu'a mentionnés la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, les groupes en
tout genre, la ville de Québec, etc., c'est une liste, effectivement, très
pertinente de gens qui, comme nous, comme moi, comme ministre
responsable de la Capitale-Nationale, comme nous, comme gouvernement, comme Québec solidaire, j'en suis sûre, et comme
tout le monde ici, considèrent qu'effectivement il faut absolument avoir un
projet de transport collectif moderne et efficace pour notre
Capitale-Nationale. Et, quand je parle de notre Capitale-Nationale, je parle d'un projet régional où à la
fois la ville et ses banlieues vont être bien desservies. Ça a toujours été une
condition sine qua non de notre appui au projet, la desserte adéquate des
banlieues.
Alors,
on est tous d'accord là-dessus, M. le Président. C'est ce que mon collègue des
Transports a réitéré hier, de même
que notre premier ministre. On aura sous peu des discussions avec la ville de
Québec pour bonifier le projet, parce que
je serais étonnée que Québec solidaire me dise qu'il considère qu'un rapport du
BAPE est insignifiant et sans importance. Or, le rapport du BAPE qui a été rendu public lundi est assez étoffé,
contient plusieurs choses importantes, dont la nécessité de s'assurer de cette desserte adéquate des
banlieues et d'un projet à saveur plus régionale. Alors, c'est là-dessus qu'on
va travailler avec la ville.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
Mais on est fermes là-dessus, ça nous prend un projet de transport collectif à
Québec.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
C'est fascinant parce que, quand ils étaient dans l'opposition, le député de
La Peltrie était sur toutes les
radios de Québec pour dénigrer les voies réservées des autobus pour, justement,
desservir la banlieue. Alors, moi, ce que
je comprends, là, c'est que, si, actuellement, on est dans cette situation-là,
c'est que la desserte de banlieue a été arrêtée de ce côté-là de la
Chambre, lorsqu'ils étaient dans l'opposition.
Moi,
ce que j'aimerais entendre, c'est, O.K. : Si on veut qu'il y ait cette
desserte-là, pourquoi on ne veut pas mettre une cent de plus?
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. Bien, effectivement, la
desserte des banlieues, et puis même avant le rapport du BAPE, si la cheffe de la deuxième d'opposition a suivi
l'ensemble des débats là-dessus, j'ai déjà, moi, dit à plusieurs reprises
publiquement qu'on souhaitait s'assurer de cette desserte adéquate des
banlieues, à la suite, entre autres, des
modifications qui ont été déposées par la ville au projet en juin dernier. Donc, le rapport du BAPE confirme ce souci de desserte adéquate des banlieues, ce souci
d'avoir une vision régionale pour ce projet-là, non pas un projet seulement
pour une portion de la ville de Québec, mais pour tous les citoyens de
la Capitale-Nationale. Et, pour ça, il faut travailler en collaboration avec la ville pour améliorer le projet. On va partir de ce qu'on a déjà. On
ne veut pas jeter le projet aux poubelles, pas du tout. On va partir de
ce qu'on a...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
...mais on va l'améliorer avec la ville de Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
On ne peut pas desservir les banlieues si le tronçon central du réseau n'existe
pas. Ça, c'est comme vouloir poser des ailes à un avion si on ne fait
pas le fuselage.
Alors,
vous n'arrêtez pas de dire qu'il n'y aura pas une cent de plus que 1,8 milliard.
Vous recommandez encore des nouvelles
études, alors qu'on va savoir ce qui a été dit par le passé dans ces études-là.
Moi, ce que je me demande, c'est : Est-ce que la vice-première ministre, dans le fond, résiste à la
question du tramway, alors que, sur le troisième lien, on ne demande pas
ces chiffres-là?
Le Président :
Mme la vice-première ministre. Évidemment, on s'adresse toujours à la
présidence.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui. M. le Président, moi, ce que je me demande,
c'est si la cheffe de Québec solidaire est en train de nous demander de faire
fi d'un rapport du BAPE, du Bureau des audiences publiques de l'environnement,
et d'aller de l'avant avec un projet
en disant : Le rapport du BAPE, tant pis, ce n'est pas important, on fait
comme si ça n'existait pas puis on
fonce. M. le Président, j'espère que ce n'est pas ça qu'elle est en train
d'insinuer, parce qu'un rapport du BAPE, ce n'est pas un document sans importance et désincarné, il faut en tenir
compte. On mandate le BAPE. On a lu le rapport du BAPE, comme elle, j'en
suis certaine. On en tient compte. Et on va travailler avec la ville de Québec.
La
bonne nouvelle, M. le Président, c'est qu'il y a un consensus régional de tous
les groupes intéressés par le projet à l'effet que ça nous prend un
projet à Québec...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
...et c'est ce qu'on livrera, avec une version améliorée, faite avec la ville.
Le Président :
Question principale, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès aux services en santé
mentale pour les
étudiants collégiaux et universitaires
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, la crise sanitaire que nous vivons occupe la majorité des
discussions ici, dans cette Chambre :
les CHSLD, le dépistage, les équipements de protection, le manque de personnel,
la courbe de contamination, la
ventilation. Cependant, un enjeu reste trop souvent dans notre angle mort, il
s'agit de la santé mentale chancelante de nos étudiants des cégeps et
des universités.
Ces jeunes adultes
vivent de la détresse psychologique à un degré qui devrait nous inquiéter tous.
Ils sont isolés derrière leurs écrans à un moment de leur vie qui devrait être
des plus exaltants. On exige de ces jeunes des trésors d'adaptabilité. On les précipite sur une multitude de plateformes
technologiques. On leur envoie des capsules vidéo. Leur dépendance aux écrans s'accentue, tout comme leur
sentiment de solitude, alors que les sommes annoncées ne se traduisent
toujours pas en aide directe sur le terrain.
M. le Président,
est-ce que le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux peut
s'engager à accélérer le déploiement de professionnels en santé psychologique
dans nos cégeps et nos universités?
Le Président :
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Bien, merci,
M. le Président. Puis merci pour
cette question, parce
qu'effectivement je pense que c'est
important de parler de la situation de nos étudiants dans les cégeps et les universités, enfin, dans l'ensemble
des institutions en enseignement supérieur.
Il faut se rappeler qu'au
début de la session d'automne il y avait possibilité, à travers le Québec, de
faire de l'enseignement en présence, et ça a
été fait, je pense que les gens se sont bien organisés. Mais malheureusement,
et on le voit maintenant, la majeure partie du Québec est en zone rouge,
et la formation doit se donner à distance.
Il demeure
que la situation perdure, et nos étudiants voient l'hiver arriver. Et c'est
anxiogène, on peut les comprendre, parce
que ça va durer encore quelques mois, je pense qu'il faut être réalistes. Et on
a donné du support, on a donné des budgets en santé mentale. J'ai
annoncé au mois d'août un 10 millions pour aider nos étudiants, pour qu'il
y ait des services additionnels. C'est ce
qu'on est en train de déployer dans les cégeps et les universités, M. le Président.
Et, effectivement, mon collègue ministre délégué de la Santé et des
Services sociaux a également annoncé des budgets pour les jeunes...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...la population
étudiante est incluse là-dedans, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, la Fédération étudiante collégiale du Québec presse le gouvernement
d'en faire plus. On apprend même que
les étudiants qui réussissent bien sont pénalisés parce qu'ils ne sont pas
priorisés par les services disponibles.
C'est complètement odieux. Les services directs en santé mentale doivent être
bonifiés et disponibles pour tous, et ce, sans préjugé.
Est-ce que la
ministre de l'Enseignement supérieur trouve ça normal qu'on se base sur la
moyenne générale d'un étudiant pour déterminer s'il peut avoir accès ou
non aux services de soutien psychologique?
• (10 h 50) •
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je pense qu'effectivement, là, on doit continuer
d'améliorer nos services en santé
mentale dans les cégeps, les universités. D'ailleurs, on vient d'annoncer un 10 millions
additionnel au budget, que j'ai mentionné précédemment, M. le Président.
Effectivement,
il ne faut pas se baser sur la note générale d'un étudiant. Ce n'est pas parce
qu'on réussit bien qu'on n'a pas des anxiétés qu'on vit dans cette
situation.
Alors, j'ai
beaucoup de contacts avec les associations étudiantes, dont la FECQ, et
effectivement on est en train de travailler des stratégies pour mieux
supporter nos étudiants dans les cégeps, les universités.
Le Président : En terminant.
Mme McCann : Et j'ai des liens
également avec les établissements.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, l'état préoccupant de la santé psychologique des étudiants
postsecondaire était déjà bien documenté
avant l'arrivée de la COVID-19. Une étude de 2019 démontre que la solitude est le principal déterminant de la détresse chez les jeunes. Pensez-vous que la
pandémie a amélioré la situation? Les étudiants exigent des actions immédiates,
soit une harmonisation des outils
technologiques, parce que c'est le capharnaüm, et un seuil minimal
d'enseignement en présentiel pour briser l'isolement des étudiants.
Est-ce que la ministre...
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur, à vous la parole. Mme la ministre.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, effectivement, je pense qu'on doit regarder qu'est-ce
qu'on peut faire pour l'hiver qui s'en vient, et on a des discussions
actuellement avec la Santé publique là-dessus. Vous savez, on doit avoir
l'accord de la Santé publique pour modifier
nos façons de faire. Alors, est-ce qu'il y a des stratégies qu'on peut se
donner, là, pour nos étudiants au
cégep et à l'université? Est-ce qu'on peut trouver des voies de passage, des
rencontres en petits groupes, des
rencontres avec les profs, un à un? C'est ce qu'on discute actuellement avec la
Santé publique pour l'hiver, là, qui s'en vient.
Et moi, j'ai
vu aussi des belles initiatives, des établissements qui ont appelé tous leurs
étudiants. Ça, c'est vraiment...
Le Président : En terminant.
Mme McCann :
...une pratique qu'on veut instaurer partout, M. le Président. On continue d'y
travailler.
Le Président : Question
principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Modernisation du régime
forestier
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, lors de la campagne électorale de 2020, le premier ministre
disait qu'il était avec les régions, pour les régions et surtout qu'il
réglerait l'enjeu avec le régime forestier.
Alors, cet été, deux ans après la campagne, le
premier ministre s'est promené dans les différentes régions et a reconfirmé son intérêt à faire en sorte qu'on
allait changer le régime forestier et vraiment soutenir l'industrie, et ce, dès
octobre de cette année, il n'a pas hésité à
monter les attentes. Avec raison, le milieu avait des attentes qui étaient
élevées. Et aujourd'hui c'est une
amère déception. Cette déception, c'est celle de l'industrie en réaction à
l'annonce de vendredi dernier. Le constat est simple : l'annonce ne
répond pas aux attentes de l'industrie.
Ce matin,
dans les quotidiens, les groupes multipliaient les interventions pour réclamer
mieux, et beaucoup mieux. Ce n'est
pas un, deux, trois, mais quatre articles que l'on a lus, aujourd'hui, qui
portaient sur les plaintes par rapport au régime qui a été annoncé.
Est-ce que le
gouvernement peut retourner à la table a dessin et revenir avec une réforme
forestière digne de ce nom, qui témoigne réellement d'une ambition pour
nos communautés forestières et notre industrie?
Le Président : M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci pour la question parce que, oui, c'est
un enjeu important. Il y a plus de
60 000 personnes, au Québec, qui vivent directement ou indirectement
de l'industrie forestière. Alors, oui, c'est important pour nous.
Et, vous
savez, M. le Président, on a décidé d'agir, on a décidé d'agir maintenant. Puis,
je veux rassurer ma collègue de
l'opposition, ce n'est pas la seule annonce qu'on va faire, il y en aura
d'autres dans les prochaines semaines, mais on se devait d'agir
maintenant de façon pragmatique.
Et ce qu'on a
fait, c'est vraiment des annonces qui sont administratives et réglementaires
pour amener un changement tout de
suite. Puis c'est ce que l'industrie demandait. Et pourquoi on fait ça? Parce
qu'on veut s'assurer d'avoir une plus grande prévisibilité. Puis ça, ça a été
demandé par l'industrie, qui voulait s'assurer d'avoir une prévisibilité et
aussi d'avoir un juste prix, une juste valeur pour la matière qui était
pour être récoltée. Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui de façon administrative
et réglementaire.
Puis je
termine en vous disant que ce n'est pas la seule annonce. Vous allez en
entendre d'autres dans les prochaines semaines.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Francine Charbonneau
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président. Hier, le ministre, en période de questions, disait que
l'industrie était contente et que le
Conseil de l'industrie forestière du Québec était satisfait. Pourtant, ils sont sortis, hier, d'une rencontre
avec le ministre disant que seulement
20 % des demandes de l'industrie
étaient répondues par l'annonce du ministre. Quand on répond à 20 %
dans un examen, c'est un échec, M. le Président.
Comment
pouvez-vous justifier un résultat à ce point décevant après deux ans de
promesses sur la réforme du régime forestier?
Le Président : M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Et effectivement ce n'est pas terminé. Vous avez
parlé de 20 % de réponses aux annonces... aux demandes qu'ils avaient
faites, et je vous confirme que ce n'est pas la dernière annonce qu'on va faire non plus, sauf qu'on doit agir
maintenant. On le fait aujourd'hui. Et moi, je suis rassuré que l'industrie va
voir ce geste, aujourd'hui, comme quelque chose qui est un geste dans la
bonne direction, mais que ce n'est pas terminé.
Et
aujourd'hui ce qu'on assure, c'est une plus grande prévisibilité, puis ça, ça a
été demandé par tout le monde de l'industrie
puis à plusieurs reprises. C'est ce qu'on veut assurer, une plus grande
prévisibilité, et surtout une juste valeur, parce qu'on est en relance économique. Et, M. le Président, c'est
important d'assurer cette industrie d'une capacité de savoir quelle sera
la valeur de la matière qui sera récoltée, puis c'est ce qu'on fait, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Francine
Charbonneau
Mme Charbonneau :
Que ce soit l'Alliance Forêt boréale, le Conseil de l'industrie forestière du
Québec, l'association
des entreprises en travaux sylvicoles du Québec ou la fédération québécoise des
corporatives forestières, tous sont sortis hier pour dénoncer la faiblesse de
l'annonce de la CAQ. Que la CAQ soit satisfaite, grand bien lui en fasse,
mais l'industrie n'est pas satisfaite. Et, pour reprendre les mots des
partenaires de l'industrie, des municipalités forestières et de l'industrie des
forêts, ils se sont fait passer un sapin, M. le Président.
Le Président : M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui. M. le Président, vous savez, moi, j'ai espoir, j'ai espoir que cette
première annonce est un pas dans la
bonne direction puis j'ai espoir qu'on va en faire d'autres avec le milieu, parce
que, oui, il y a de grandes demandes, puis
on leur a dit que c'était important pour nous, mais, M. le Président, je vous
le dis encore une fois, ce n'est pas la dernière annonce.
Alors, je
vous le dis, moi, j'ai espoir. J'ai hâte d'entendre les gens du milieu, comment
ils vont réagir suite aux travaux qu'on
va faire ensemble, parce que c'est ensemble qu'on va faire d'autres annonces
pour le futur, parce que c'est une industrie qui est hyperimportante
pour plusieurs Québécois. Merci.
Le Président : Question
principale, M. le député de Rosemont.
Investissement de la firme Pallinghurst dans Nemaska
Lithium inc.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Il y a quelques semaines, le ministre de l'Économie a qualifié le
projet Nemaska Lithium de, je cite, «patente
à gosses». Après avoir perdu 71 millions d'argent public dans ce projet,
il revient, cette fois-ci, avec son
propre projet, que je ne qualifierai pas, sauf qu'il est avec Pallinghurst
Group, une britannique qui trempe jusqu'au
cou dans les paradis fiscaux. Pallinghurst est un globe-trotter de l'évasion
fiscale, les îles Caïmans, Luxembourg, Delaware,
j'en passe, des structures qui visent un objectif à tout prix de réduction
d'impôt. C'est donc une part importante des profits du lithium qui
risque de s'envoler sans que nous touchions notre dû ici, au Québec.
Il y a
quelques jours, le ministre des Finances s'est félicité d'avoir récupéré
200 millions auprès des contribuables qui usent des stratagèmes fiscaux agressifs. Aujourd'hui, son collègue
fait un deal avec un champion de l'évitement fiscal.
Franchement, on ne pouvait pas trouver un
partenaire autre que ça?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, effectivement, la structure Nemaska 1.0 était malheureusement un désastre
financier, et beaucoup
trop de millions de dollars ont été perdus de la part de beaucoup
d'investisseurs, ce qui me désole beaucoup.
Maintenant, toute la filière batteries que nous
avons établie pour le Québec va requérir des investissements massifs, et on a besoin de partenaires qui ont de
l'expertise stratégique pour nous aider. Pallinghurst a démontré, au fil des
années, qu'ils ont une expertise pour
prendre le minerai et de le convertir en des composantes qui vont aller éventuellement dans les batteries.
Je peux
assurer qu'Investissement Québec, dans sa revue diligente, on a structuré la
transaction de Nemaska sans aucune stratégie
fiscale erronée. Tous les impôts qui vont être créés par la perte... par les
profits du projet sur les prochaines années vont être payés au Québec et
au Canada.
Maintenant,
les actionnaires de tout projet d'investissement,
quand ils viennent de l'étranger, c'est difficile pour le gouvernement du
Québec de savoir comment les dividendes vont être taxés. Nous, ce qu'on a à
faire, c'est... l'opération de Nemaska ici, au Québec, va payer ses impôts au
Québec, dans une fiscalité qui est très propre.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Au printemps dernier, le ministre de l'Économie nous a appris, et je cite, que «le paradis fiscal
n'est pas toujours
signe de mauvaises pratiques». Fin de la citation. Le ministre de l'Économie a aussi refusé d'exclure les entreprises qui ont recours aux paradis fiscaux de l'aide
gouvernementale. Aujourd'hui, il défend son deal avec un partenaire douteux.
Quel message
est-ce que ça envoie aux petites entreprises d'ici, qui paient leurs impôts
ici, quand le gouvernement
donne sa bénédiction à une entreprise qui fricotte partout dans les paradis
fiscaux?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Je pense que
les accusations du député de Rosemont sont un petit peu sévères. Pallinghurst,
partout où ils ont travaillé avec des sociétés, ont bien fait. Nous sommes
chanceux d'avoir au capital de Nemaska des investisseurs
stratégiques qui vont nous permettre de livrer la vision du Québec,
d'avoir une filière de batteries jusqu'à la conclusion d'une batterie.
Deuxièmement, la structure fiscale de Nemaska, elle est parfaite. Tous les impôts,
tous les impôts qui vont être générés par les profits de Nemaska sont
capturés ici, au Québec, et au Canada.
Donc, je n'ai aucun problème. La revue diligente
qui a été faite pour choisir le partenaire...
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : ...et pour
structurer la transaction, elle est parfaite.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Il n'y a aucune accusation dans ce que je raconte, là, ce sont des faits.
Pallinghurst, c'est un champion de
l'évasion fiscale, là. J'ai fait le «mapping» de partout où il se trouve à
travers la planète. C'est un partenaire douteux pour notre ressource naturelle la plus importante en ce
moment. C'est une question d'éthique. Quand le gouvernement fait affaire
avec quelqu'un qui se comporte comme ça,
c'est un jugement de valeur en faveur, justement, de ce genre de comportement
là.
Alors,
sérieusement, là, M. le Président, quand est-ce que ce gouvernement va faire de
la lutte aux paradis fiscaux une vraie priorité?
• (11 heures) •
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci pour la question. La lutte aux paradis fiscaux,
la lutte à l'évasion fiscale, c'est extrêmement important. C'est
pourquoi le gouvernement a une stratégie en plusieurs points qui est mise en
place par Revenu Québec, alors,
200 millions pour les divulgations volontaires, 200 millions pour les
planifications fiscales agressives. Le
Québec est la première juridiction en Amérique à taxer les services étrangers.
Et nous travaillons avec le fédéral pour bientôt imposer la taxe de vente sur
les biens et services étrangers. Et nous collaborons avec le fédéral, c'est
extrêmement important. Nous sommes un leader dans la lutte à l'évasion
fiscale et nous allons continuer.
Le Président : Question
principale, Mme la députée Saint-Laurent.
Mesures
de prévention du coronavirus dans les écoles
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Je me demande si vous avez lu l'étude sur la structure fiscale. Mais parlons
d'études, hein, d'autres études.
En matière
d'éducation, le 5 juin, on pouvait déjà lire l'OMS dire que le masque
était efficace. Pourtant, on a attendu jusqu'au
10 août, au Québec, pour dire : On va mettre les masques dans les
couloirs dans les écoles, et jusqu'au 1er octobre pour mettre le masque
obligatoire dans les classes. Toujours une autre étude par rapport à réduire le
nombre d'enfants dans les classes, l'INSPQ disait... Donc, il y avait déjà une
étude, M. Roberge disait : Non, je me fie à la Santé publique. Et la
Santé publique, pour lui, ça ne comprend pas
l'INSPQ, il faut croire. 13 juillet, une autre étude sur la transmission
par aérosols, donc par voie aérienne, de la COVID-19. À ce jour, on
attend une réaction pour avoir des filtreurs d'air portables dans les écoles.
Vous attendez quelle autre étude?
Le
Président : Je vous rappelle qu'on se qualifie par le titre,
évidemment. Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui. Merci, M. le
Président. Merci pour la question de la députée de Saint-Laurent.
Maintenant,
je dois rappeler que l'interlocuteur du ministère de l'Éducation, c'est la
Santé publique, donc on se fie à
leurs recommandations pour mettre en place les mesures pour s'assurer,
évidemment, que nos élèves, que notre personnel est en sécurité dans les écoles. Et je vous rappelle, encore une fois,
que notre plus grande priorité, c'est de faire en sorte que nos écoles
restent ouvertes.
Maintenant, bon, ça a
été mentionné hier par mon collègue ministre de la Santé, il a demandé de
revoir les recommandations avec les différentes études qui ont été menées
dernièrement et les différentes avancées. Maintenant, s'il y a d'autres mesures, d'autres
recommandations qui seront faites par la Santé publique, bien, on va mettre les
moyens en place, parce qu'encore une
fois je le répète, notre priorité, c'est de faire en sorte que les écoles
demeurent ouvertes, mais évidemment que nos élèves soient en santé et en
sécurité.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Je veux juste être certaine de bien comprendre la réponse. Êtes-vous en train
de nous dire que l'interlocuteur, c'est
seulement Dr Arruda? Parce qu'en Chambre, là, le ministre de l'Éducation
m'a répondu, là : Ah! mais j'ai
même parlé avec le Dr Banerjee, là, de l'OMS, là. Puis, après vérification, ils
ne se sont jamais parlé, là, de toute évidence. Il me semble que, quand on a des médecins au Québec, on a aussi l'INSPQ,
on prend le temps de regarder ce qu'eux publient, et l'Organisation
mondiale de la santé aussi.
Alors,
moi, je veux vraiment savoir, là, de façon concrète : Oui ou non,
avez-vous commandé des filtreurs d'air pour les écoles? L'hiver...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui, merci, M. le Président. Je rappelle que, la Santé publique, on travaille
avec eux. Évidemment, les autres partenaires
travaillent aussi avec la Santé publique. Alors, maintenant, on a demandé quelles
étaient les nouvelles recommandations,
avec le fruit des dernières données qui sont disponibles, on verra comment les
recommandations... vers quel sens elles iront.
Mais,
je rappelle encore une fois, et le ministre de la Santé l'a mentionné hier,
s'il y a des mesures qui doivent être mises
en place pour faire en sorte de sécuriser nos élèves et de faire en sorte que
les écoles puissent demeurer ouvertes, bien, on va les prendre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Université Harvard, Université Laval, INSPQ, l'OMS. Non, mais, sincèrement, là,
vous avez besoin de combien d'études? Moi, là, il y a une constante,
depuis que je suis élue ici, là : on pose des questions, puis pendant
45 secondes de réponse j'ai des mots qui s'ajoutent, qui s'ajoutent, qui
s'ajoutent, mais je n'ai pas de réponse.
Là, sincèrement, c'est
qu'il y a des enfants dans les écoles, l'hiver s'en vient, puis on ne pourra
pas ouvrir les fenêtres à la grandeur, là,
on va être réalistes. Ma question est encore plus simple : Oui ou
non — c'est
fermé, là, comme réponse, oui ou non — allez-vous commander des
filtreurs d'air portables pour les enfants puis le personnel scolaire?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Oui. Bien, je peux répéter encore une troisième fois : On va attendre les
recommandations de la Santé publique
pour mettre en place les moyens qui sont nécessaires pour faire en sorte
d'assurer la santé et la sécurité de nos élèves. Alors, voilà ce que
j'ai à répondre.
Le
Président : Question principale, Mme la ministre d'Anjou—Louis-Riel... Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel, je m'excuse.
Remboursement des voyages
annulés lors
de la pandémie de COVID-19
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci, M. le Président. Huit mois se sont écoulés depuis
le début de la pandémie. Il aura fallu huit
longs mois au ministre fédéral pour envoyer un message clair aux transporteurs
aériens : ils devront rembourser les voyageurs canadiens s'ils
veulent avoir de l'aide financière.
Ici,
au Québec, les consommateurs attendent toujours après le gouvernement caquiste
pour revoir la couleur de leur argent. Malgré les questions des députés des
oppositions, malgré les reportages et les témoignages des gens qui ont travaillé
fort pour se payer une petite vacance avec
leur famille, malgré les pétitions et les lettres, toujours rien, M. le Président,
silence radio du ministre et du gouvernement. Il serait temps que Québec
donne l'heure juste aux consommateurs dont les vacances ont été annulées.
Les citoyens veulent savoir quand le
gouvernement du Québec va-t-il enfin faire partie de la solution et quand ils
seront remboursés.
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci pour la question. Et puis c'est un dossier, évidemment, complexe, il y a énormément
de parties prenantes dans ce dossier-là. Et, oui, c'est essentiel que les
compagnies aériennes remboursent les consommateurs, c'est le premier jalon de la solution, et nous
saluons l'initiative du gouvernement fédéral. Et le ministre de la Justice
travaille avec les parties prenantes
et, lorsque nous aurons l'élément principal, les gestes qui vont venir des
compagnies aériennes, bien, on pourra compléter.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Oui. M. le Président, au Québec seulement on parle de
plus de 35 500 personnes qui ont déposé une demande d'indemnisation pour avoir leur
argent, ça représente 99 millions de dollars, qui appartient aux
consommateurs québécois, pas au
gouvernement. Le ministre de la Justice s'est engagé lors de l'étude de crédits,
il y a trois mois, à déposer rapidement un projet de loi pour rembourser
les gens qui attendent toujours après leur argent.
Ma question est
simple, M. le Président : J'aimerais savoir si le gouvernement va
respecter l'engagement du ministre, oui ou
non. Vous êtes gentil de me remercier pour ma question, j'aimerais ça vous remercier
pour votre réponse.
Le Président :
Réponse, M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Écoutez,
si vous préférez que je ne vous
remercie pas pour votre question,
c'est correct. Je le répète, il y a plusieurs parties prenantes : les agences de voyages,
les assureurs, les clients, les compagnies aériennes, les agents de voyages. C'est extrêmement complexe. Le premier élément : C'est certain, si les compagnies
aériennes font le remboursement, bien, c'est un point de départ extrêmement
important, et on va s'ajuster pour compléter l'offre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le Président, tout le monde se lance la patate chaude, même le
ministre ce matin. Les compagnies d'assurance ne veulent pas payer, ils
dirigent leurs assurés vers le fonds d'indemnisation des clients des agences de
voyages. Le fonds n'a pas traité une seule
demande depuis huit mois, il attend des directives claires du gouvernement. Tout ce que les voyageurs ont obtenu, c'est un accusé de
réception. C'est presque rire d'eux et c'est honteux, M. le Président.
Est-ce
que le gouvernement de la CAQ va faire preuve d'un peu de compassion
et prendre les moyens pour que les voyageurs récupèrent enfin leur
argent dès maintenant, pas dans trois mois, pas dans huit mois, dès maintenant?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bon, là je
veux juste rappeler à tout le monde, là, il
y a une pandémie, il y a
une récession mondiale. Et ce
dossier-là, il est complexe, il y a des compagnies d'assurance qui sont impliquées, il y a
le fonds d'assurance, il y a les agents de voyages, il y a
les clients, il y a les compagnies aériennes, il y a
le gouvernement fédéral et le gouvernement
du Québec.
Alors, un geste extrêmement
important a été annoncé par le gouvernement fédéral, les compagnies aériennes
devront rembourser les clients. C'est le premier jalon de la solution. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Escalade de violence à
Montréal-Nord
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : M. le
Président, des jeunes armés, des fusillades
en plein jour, des résidents terrorisés, la possession d'armes qui prolifère, c'est au Québec,
ça, M. le Président, c'est dans mon comté. Depuis un an, dans le
secteur nord-est de Montréal-Nord,
qu'il y a une escalade de la violence. Je suis allée, la
semaine dernière, à la marche des mamans contre la violence. Ces
femmes-là n'en peuvent plus. Elles ont peur lorsque leurs enfants reviennent de
l'école, elles ont peur.
J'ai
alerté le gouvernement plusieurs fois, et la ministre de la Métropole
nous a convoqués à deux reprises. Très bien,
mais l'heure n'est plus à la discussion. La souffrance de nos citoyens, c'est
maintenant. Les réponses, c'est maintenant.
Est-ce que ce gouvernement peut agir maintenant
pour ramener la sécurité chez nous?
Le Président : Mme la
ministre de la Métropole.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci, M.
le Président. Et je remercie la
députée de Bourassa-Sauvé pour sa question. La situation de
Montréal-Nord est évidemment très préoccupante, et c'est pourquoi nous avons
mis en place... je pilote un comité d'élus.
C'est la première fois que des élus du territoire s'assoient ensemble pour
réellement travailler sur des solutions pour pallier à cette situation,
qui est extrêmement troublante, à Montréal-Nord.
Alors, avec
mes collègues de la Sécurité publique ainsi que du Développement social, on met
en place des solutions. Le milieu a
aussi identifié 22 recommandations qui sont à mettre en place et sur
lesquelles nous travaillons avec ce comité d'élus, qui peut agir sur
différents niveaux gouvernementaux.
Le Président : Merci. Ceci
met donc fin à la période de questions et réponses orales.
Motions sans préavis
Nous allons passer à la rubrique des motions
sans préavis. À cette étape, je reconnais M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Commémorer le 135e anniversaire
de la pendaison de Louis Riel et
demander au gouvernement fédéral de l'innocenter
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de l'Assemblée pour débattre de la motion
suivante conjointement avec le député de D'Arcy-McGee, le député de René-Lévesque,
le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale commémore la
pendaison de Louis Riel ayant eu lieu il y a 135 ans, soit le
16 novembre 1885;
«Qu'elle se
souvienne que la pendaison de Louis Riel a créé un ralliement national de
solidarité avec le peuple métis;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral
d'innocenter Louis Riel dans les plus brefs délais.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président :
Consentement sans débat. Je vous demande donc de m'indiquer le vote de vos
groupes respectifs. D'abord, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
• (11 h 10) •
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion est donc adoptée. Je reconnais
maintenant M. le chef du troisième
groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Juste avant...
Le Président :
Oui, M. le leader?
M. Nadeau-Dubois : Merci. Je vous demanderais de faire parvenir une
copie de cette motion au premier ministre du Canada.
Le Président :
Sans problème. Ce sera fait. M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Demander
au gouvernement de mandater la Commission de toponymie
afin qu'elle nomme un endroit hautement significatif pour
honorer la mémoire du soldat Léo Major
M. Bérubé :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le ministre responsable de la Langue
française, avec la cheffe de l'opposition officielle, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale honore la mémoire du soldat québécois Léo Major;
«Qu'elle insiste sur
ses nombreux exploits hors du commun, sa bravoure et son héroïsme;
«Qu'elle souligne le
75e anniversaire de la libération de la ville hollandaise de Zwolle;
«Qu'elle
rappelle que le soldat Major a libéré à lui seul cette ville et ses
50 000 habitants lors de l'occupation du régime nazi;
«Qu'elle reconnaisse
que malgré les nombreux honneurs qui lui ont été attribués en sol européen, son
histoire demeure méconnue au Québec;
«Qu'elle s'engage à
faire connaître davantage son récit et sa vie aux Québécois;
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement du Québec de mandater la Commission de
toponymie du Québec afin qu'elle nomme un endroit hautement significatif
à la mémoire du soldat Léo Major.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande de
m'indiquer vos votes respectifs. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Je reconnais
maintenant Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Souligner
la Semaine nationale de la sécurité des aînés
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Maurice-Richard, le leader du deuxième groupe d'opposition, le député de
Rimouski, le député de Chomedey, la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine nationale de la sécurité des aînés
qui se déroule chaque année du 6 au 12 novembre et qui prend le
thème cette année de la maltraitance;
«Qu'elle rappelle
qu'il est inacceptable dans une société comme la nôtre que des situations de
maltraitance, négligence, violence et autres existent encore;
«Qu'elle profite de
cette Semaine nationale de la sécurité des aînés pour sensibiliser la
population, que vous soyez victime ou témoin, à l'importance de dénoncer ces
actes et [à] signaler toute situation à la ligne Aide Abus Aînés au
1-888-489-2287;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement du Québec d'entreprendre des actions concrètes et
de mettre en place des sanctions
appropriées afin de contrer la maltraitance, notamment la maltraitance
organisationnelle, en modifiant les dispositions législatives.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le
Président : À nouveau, je vous demande vos votes respectifs.
D'abord, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel?
Mme Thériault :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. J'entends maintenant la cheffe de l'opposition
officielle.
Souligner le jour du Souvenir
Mme Anglade :
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec la vice-première ministre, la cheffe du deuxième groupe d'opposition, le
chef du troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey et la
députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale, en ce jour du Souvenir, honore au nom de tous les
Québécois et les Québécoises, ces femmes et ces hommes qui ont donné
leur vie pour le maintien de la paix et la défense de notre liberté;
«Qu'elle observe un
moment de recueillement en leur mémoire.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement pour un débat de deux minutes, M. le Président, selon l'ordre
suivant : la cheffe de l'opposition
officielle, la vice-première ministre, la cheffe du deuxième groupe
d'opposition et le chef du troisième groupe d'opposition.
Le
Président : Alors, je
comprends qu'il y a un consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et
pour que la durée des interventions
soit limitée à un maximum de deux minutes chacune. À vous la parole, Mme la
cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Nous sommes en 1918, le 11 novembre.
L'Armistice est signé, il marque la fin des combats et la fin des hostilités et signe l'arrêt d'une guerre
mondiale qui a été dévastatrice, tragique, et ainsi la fin de nombreuses
pressions découlant de l'effort de
guerre. Des sociétés entières ont poussé un soupir de soulagement. La société
canadienne n'y a pas fait exception
et le Québec non plus. Et pour cause. Ces dures années de conflit ont mis à mal
des démocraties, forçant des sociétés
entières à mobiliser leurs forces vives autour d'un conflit, autour du fameux
effort de guerre. Solidarité, tristesse, peur et, finalement, deuil
collectif marquent cette fin d'un conflit et cet après.
Le
11 novembre est donc devenu le jour du Souvenir, le jour d'un hommage et
d'un témoignage de reconnaissance profonde
à des hommes, des femmes disparus, morts et mortes au combat. Se souvenir,
année après année, des sacrifices consentis
par les personnes qui se sont engagées et ainsi retrouvées au front, c'est
reconnaître celles et ceux qui ont choisi d'honorer, au péril de leur vie, des
valeurs qui nous sont chères encore aujourd'hui : le maintien de la paix,
le courage, la résilience, la défense
de notre liberté. Ces valeurs sont partie intégrante du ciment de notre
société, et ce, jusqu'à ce jour. Elles s'incarnent par de nombreuses
décisions que nous prenons, par des actions que nous posons, et la pandémie en est un bel exemple. C'est dire à quel point ces
valeurs au nom desquelles des hommes et des femmes se sont battus il y a
plus d'un siècle survivent aux années, aux
conflits et même en période de paix. Elles survivent parce que nous en faisons
collectivement le choix.
J'aimerais
aujourd'hui rappeler une chose. Les personnes qui se sont engagées lors de la Première Guerre mondiale, celles qui se sont engagées lors de la deuxième,
celles qui s'engagent encore dans les conflits qui ont lieu aujourd'hui, elles
deviennent des soldats, des infirmières, des infirmiers, des ingénieurs, des
officiers de transmission, des artilleurs, des médecins, et plus encore. Elles avaient une vie avant la guerre et elles
ont une vie après, mais souvent cette vie, elle est chamboulée, elle est bouleversée. Peu importent le
rôle et la fonction occupés, ces personnes traduisent le sens du sacrifice et un engagement puissant qu'il
faut reconnaître et qu'il faut
surtout remercier. C'est ce que l'on souhaite faire aujourd'hui.
Je termine en
partageant ceci : aujourd'hui, plus 120 000 des 650 000 vétérans
canadiens vivent au Québec. Les femmes représentent
12 % de nos vétérans canadiens. Les vétérans sont trois fois plus à risque
de vivre des situations d'itinérance que le reste de la population civile. Les sacrifices et les conséquences
dépassent largement le cadre unique du déploiement
en terrain de conflit. Nous devons en être conscients et penser à ces
personnes, à leurs familles. En ce 11 novembre 2020, je nous
demande une chose : N'oublions pas.
• (11 h 20) •
Le Président : Merci. Mme la
vice-première ministre, à vous la parole.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à la
cheffe de l'opposition officielle pour les très beaux mots qu'elle vient
de dire, et, à l'avance, aux autres chefs des formations politiques, parce que
je suis certaine que tout le monde aura un
plaidoyer émouvant aujourd'hui sur ce jour du Souvenir, une date très, très
importante pour tout le Québec, pour tous les Québécois.
Le
11 novembre, c'est le jour où on souligne la fin de la Première Guerre
mondiale, avec l'Armistice, le 11 novembre 1918.
Et cette date du 11 novembre, c'est une date dont nous avons le devoir de
nous souvenir parce que c'est
l'occasion d'honorer la mémoire et aussi d'honorer les sacrifices qui ont été
faits par des milliers de Québécois, dont beaucoup sont allés combattre,
à l'époque, outre-mer, donc, toujours au péril de leur vie, parfois,
malheureusement, au prix de leur vie.
Beaucoup d'autres aussi ont joint l'effort de guerre ici même, chez nous. Mais,
chose certaine, aujourd'hui, si on
peut tous jouir et profiter d'une société libre et démocratique, nous la devons
à ces hommes et à ces femmes qui ont fait
ces énormes sacrifices lors de la Première Guerre mondiale pour nous la procurer,
cette société libre et démocratique.
Et les
Québécois et les Canadiens qui ont joint les forces des Alliés durant la
Première Guerre mondiale ont vite acquis
la réputation d'être de valeureux combattants sur le champ de bataille. Et, au
siècle qui a suivi, des milliers, des milliers de Québécois membres des
Forces armées continuent, ont continué de servir la nation avec courage et
honneur.
Et, M. le
Président, personne ne souhaite revivre les horreurs auxquelles ont été exposés
les hommes et les femmes qui ont
combattu durant la Première Guerre mondiale, si bien que le 11 novembre,
c'est aussi l'occasion pour nous de nous rappeler, je pense, comme société, cette chance que nous avons de vivre
dans cette société somme toute paisible, mais aussi de nous rappeler qu'on n'est jamais pour autant à l'abri de la violence et de la
haine qui a déchiré tant de communautés dans le
passé. Alors, cette liberté, on ne doit jamais la tenir pour acquise.
On doit continuellement se battre
pour la défendre, la conserver. On doit continuellement la chérir aussi.
Et donc se
souvenir, pour moi, c'est se souvenir, oui, de tous ceux qui ont combattu et de
tous ceux qui combattent encore
aujourd'hui de par le monde, dans des contextes pénibles, difficiles,
difficilement imaginables pour nous ici, dans le confort de notre vie de civils, mais qui sont néanmoins nécessaires
pour continuer de protéger cette liberté. C'est se souvenir aussi et c'est d'honorer ceux qui combattent
encore et qui nous aident ici même, chez nous, dans nos communautés. Je pense, entre autres, aux Forces armées
canadiennes, aux hommes, aux femmes qui servent aujourd'hui même et qui
viennent sporadiquement nous aider quand, par exemple, des sinistres
affligent périodiquement nos citoyens.
Alors, M. le Président,
nous devons être fiers de nos militaires. Nous devons remercier nos militaires.
Alors, en mon nom, au nom de notre
gouvernement et au nom de tous les parlementaires, merci à tous ceux qui ont
servi, à tous ceux qui servent encore. Nous nous souvenons.
Le Président : Merci. La
parole à Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Au nom de Québec solidaire, je veux à mon tour rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont perdu la vie sur les champs
de bataille, aux Québécoises et Québécois qui ont servi au front et aux victimes des
conflits armés partout sur la terre.
Le jour du
Souvenir, c'est un moment solennel. C'est un moment aussi de réflexion. Il faut
réfléchir au pourquoi de la guerre. Bien sûr, la lutte au péril
fasciste était le devoir de tout humaniste, une cause juste, une cause noble.
La boucherie de la Première Guerre
mondiale et les 15 ans que nous avons passés en Afghanistan étaient des
guerres inutiles, injustes.
Aujourd'hui, nous ne célébrons pas ceux et celles qui envoient nos jeunes au combat
sous des prétextes pas toujours, toujours nobles. Non. Nous rendons hommage au sacrifice
des gens ordinaires qui ont fait ces guerres et qui sont toujours...
se sont battus pas pour la guerre, mais pour
la paix. Se souvenir de la guerre et de ses horreurs, c'est travailler à
instaurer la paix. Se souvenir de
ceux et celles qui sont allés au front, qui en sont morts, c'est de s'engager à
travailler à chaque instant à instaurer la paix. Combattre la montée du
militarisme, c'est travailler à instaurer la paix.
Le monde de
2020 est un monde en crise, M. le
Président, et donne parfois
l'impression d'une véritable poudrière, prête à éclater aux moindres étincelles. C'est préoccupant. C'est dans
ces moments qu'il est encore plus important que jamais de se souvenir de ces gens qui ont perdu la vie
sur des champs de bataille et, en leur nom, bien sûr, de cultiver cette culture
de la paix, un avenir différent, un avenir
où nos jeunes hommes et nos jeunes femmes pourront vivre, dans leur vie, sans
connaître l'interruption tragique d'une
guerre, un monde sans peur et, je le souhaite profondément, un monde de paix.
Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. M. le
chef du troisième groupe d'opposition, la parole vous appartient.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, le gouvernement de la CAQ ayant refusé un débat sur un héros national qui se nomme
Léo Major, j'utiliserai mon temps pour
qu'à travers lui on puisse parler de toutes ces personnes qui ont combattu pour
la liberté. Alors, aujourd'hui, hommage à Léo Major.
M. le Président, le Québec ne manque pas de personnages plus grands que
nature. Certains sont bien connus, alors que d'autres mériteraient davantage de lumière. Le soldat Léo Major
fait incontestablement partie de cette seconde catégorie. Son nom est étranger à la majorité ici,
manifestement, dans son propre pays. Pourtant, ce qu'il a accompli est digne de
figurer dans tous les livres d'histoire.
Léo Major a
grandi à Montréal. Comme bien des jeunes de la classe populaire
canadienne-française des années 30, l'aîné d'une nombreuse fratrie quitte sa famille très tôt, à
14 ans. Il occupera plusieurs petits boulots éreintants et fera face
à de nombreuses difficultés. Déjà, on
discerne sa détermination et son courage. Pourtant, rien ne semble le destiner
à une carrière militaire pendant laquelle il fera pourtant preuve de la
plus admirable des bravoures.
Le sens du
devoir, pour Léo Major, l'emporte immanquablement sur la peur de l'ennemi.
Il faut dire aussi qu'il aime le
danger. Intrépide, il contribue à la capture de plusieurs soldats allemands
lors du débarquement de Normandie. N'écoutant que son courage, il fait prisonniers pas moins de 93 soldats ennemis
à lui seul lors de la bataille de l'Escaut. Téméraire, il a évité de
funestes destins à la population de Zwolle, aux Pays-Bas, en faisant habilement
croire aux nazis qu'ils étaient assiégés par
des troupes alliées, mais il était seul; son seul coéquipier, meilleur ami,
Willie Arsenault, venait d'être tué. N'empêche, il aura libéré Zwolle et ses 50 000 habitants à lui
seul. C'est tout simplement extraordinaire, cette histoire que je vous
raconte aujourd'hui.
Et Léo Major
répétera ses exploits en Corée. À sa façon, avec ses hommes, il fait des
avancées considérables en territoire ennemi, il leur tient admirablement tête. Au
terme d'un siège de trois jours, exténué, il conseillera à un journaliste
de consulter son supérieur pour obtenir les
détails de l'opération. Il s'agissait de René Lévesque. Les deux hommes se sont
ensuite retrouvés sur un terrain beaucoup moins dangereux lors de la première campagne
référendaire. Visiblement, il y a
pris goût, puisque Léo Major, le militaire, est devenu indépendantiste et a
pris le camp du Oui en 1980, et 1995, et jusqu'au moment de sa mort.
De façon
prévisible, Léo Major a été blessé à quelques reprises, au cours de sa carrière militaire, mais
cela ne l'a pas empêché de vivre jusqu'à l'âge vénérable de 87 ans,
assez pour pouvoir raconter ses mémoires. Il a aussi été décoré et honoré plusieurs fois, mais surtout par ceux qu'il a libérés. Par
ses compatriotes, pas suffisamment. Il est temps de remettre l'histoire en ordre et d'honorer à sa juste valeur
ce grand patriote québécois, ce grand Québécois qui a changé pour le
mieux la face du monde. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Merci. Je
vais maintenant vous demander de voter sur cette motion. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le
Président : À ce moment-ci, je vais vous demander de vous
lever, toutes et tous, pour observer une minute de silence.
• (11 h 29 — 11 h 30)
•
Le Président :
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Toujours dans le cadre des motions sans préavis, une motion sans
préavis ayant déjà été présentée par votre groupe parlementaire, je demande s'il y a consentement
pour permettre la lecture d'une autre
motion sans préavis. Consentement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 75
M.
Caire : Oui, merci, M. le Président. Conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion
afin :
«Que la Commission des institutions, dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 75, Loi visant
à améliorer l'accessibilité et l'efficacité
de la justice, notamment pour répondre à des conséquences de la pandémie de la
COVID‑19, procède à des consultations particulières et
tienne des auditions publiques le mardi 24 novembre 2020 de 10 heures
à 11 h 50, après les affaires
courantes jusqu'à 17 h 55 et de 19 h 30 à 21 h 05
et le mercredi 25 novembre 2020 après les affaires courantes
jusqu'à 13 h 05 et de 15 heures à 17 h 25;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : Barreau du Québec, Chambre des notaires
du Québec, Conseil des doyens des facultés de droit du Québec, Association
professionnelle des avocates et avocats du
Québec, Association des avocats et avocates de province, Associations des
étudiants en droit de l'Université Laval et de l'Université de
Sherbrooke conjointement, Associations des étudiants en droit de l'Université
de Montréal et de l'Université du Québec à
Montréal conjointement, Associations des étudiants en droit de l'Université
McGill et de l'Université d'Ottawa
conjointement, Directeur des
poursuites criminelles et pénales,
Association québécoise des avocats et des avocates de la défense,
Association des avocats et avocates en droit familial[...], Coalition pour
l'accès à l'aide juridique;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 5 minutes 34 secondes pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 43 secondes pour l'opposition officielle,
56 secondes au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième
groupe d'opposition et finalement 51 secondes au député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et les
échanges avec les membres de la commission
soient d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
16 minutes 15 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes 50 secondes
pour l'opposition officielle, 2 minutes 43 secondes pour le deuxième
groupe d'opposition, 2 minutes 43 secondes
pour le troisième groupe d'opposition et 2 minutes 30 secondes pour
le député indépendant;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le ministre de la Justice soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement.
Mise aux voix
Le Président : Je vous
demande vos votes respectifs. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le
leader de l'opposition officielle?
M. Fortin : Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M.
Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions.
Nous
en sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement, à vous la parole.
M.
Caire :
Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 67, Loi instaurant un nouveau régime d'aménagement dans les zones inondables
des lacs et des cours d'eau, octroyant
temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à répondre à certains
besoins et modifiant diverses
dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif;
La
Commission des institutions poursuivra les consultations particulières sur le
projet de loi n° 72, Loi
modifiant diverses
dispositions législatives concernant principalement des organismes du domaine
de la sécurité publique, aujourd'hui,
après les affaires courantes, pour une durée de 1 h 35 min, et
de 15 heures à 17 h 25, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des
transports et de l'environnement poursuivra les consultations particulières sur
le projet de loi n° 71, Loi sur les véhicules hors route, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour
une durée de 1 h 35 min, et de 15 heures à 15 h 45,
à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 66,
Loi concernant l'accélération de certains
projets d'infrastructure, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le
Président : Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement.
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
À ce moment-ci, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons passer aux affaires
du jour, et je suspends les travaux pour quelques instants. Merci à toutes et à
tous.
(Suspension de la séance à
11 h 34)
(Reprise à 11 h 43)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Mais,
avant de céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement, je
vous informe qu'un débat de fin se séance se tiendra demain, le jeudi 12 novembre 2020, sur une question
adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à la ministre
responsable de la Métropole et de la région
de Montréal concernant les mesures
requises par le gouvernement caquiste suite à la hausse de la violence
et de l'insécurité à Montréal-Nord.
Alors, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Schneeberger :
Bonjour, Mme la Présidente. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 6
du feuilleton.
Projet de loi n° 65
Reprise du débat sur l'adoption
de principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. À l'article 6 du feuilleton, l'Assemblée reprend
le débat ajourné le 10 novembre 2020 sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de
l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective. Et, sans plus tarder, je cède la parole à
notre prochain intervenant, qui sera M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très
bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon... Bonjour, chers collègues. Un plaisir de vous revoir ici, dans cette Chambre. Donc, à
mon tour de me prononcer sur le principe du projet de loi n° 65,
comme vous aviez mentionné Mme la Présidente, Loi modifiant principalement
la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne et de
collecte sélective.
Bon, d'entrée de jeu, je dois vous dire que,
comme mes collègues l'ont dit aussi auparavant, bien sûr, à cette étape-ci nous sommes d'accord avec le principe de
ce projet de loi. Mais il reste plusieurs choses à régler, et
c'est à quoi ça sert, une commission parlementaire, une étude détaillée, où on va essayer, d'une
façon très collaborative, d'améliorer certaines modifications, certaines
améliorations à ce projet de loi.
C'est un projet de loi qui est relativement court, Mme
la Présidente, il a à peine
19 articles. On en a déjà vu, des projets
de loi bien plus complexes que cela.
Et, comme M. le ministre de
l'Environnement l'a répété plusieurs
fois en commission parlementaire, c'est un projet de loi habilitant,
donc c'est un projet de loi qui, en fin de compte, très court, quelques articles, confère au ministre,
au ministère de l'Environnement, au ministre l'habileté d'émettre des règlements.
Donc, tous les détails, dont on va discuter
amplement, j'en suis certain, en commission
parlementaire, tout ça est à être
réglé, est à être précisé plus tard.
Donc, c'est un projet de loi un peu particulier, dans ce sens-là, où tout se fera...
tout ce qui est de substance se fera par règlement d'ici deux ans, d'ici
trois ans. Alors, c'est quand même un projet de loi particulier.
De ces 19 articles, en fin de compte, il y
a un seul qui compte, c'est l'article 4, l'article 4, qui contient
d'ailleurs trois articles de la Loi sur la
qualité de l'environnement et justement un article qui énumère quels sont les
champs d'activité où le gouvernement
peut amener des règlements. Donc, tout ça est à être déterminé plus tard. C'est
ça qui est un peu particulier.
Avant d'aller
de façon un peu plus détaillée sur le projet de loi lui-même et sur ces mesures
que le gouvernement entend prendre au fil du temps, peut-être une petite
mise en contexte. C'est important, parce que c'est quand même important de constater, et nous sommes
entièrement... nous le constatons, nous aussi, je pense, tout le monde au
Québec, il y a une véritable crise du recyclage.
On s'est
réveillés, 2019, avec la situation où... pas «on s'est réveillés», mais on a
constaté l'absurde, le maximum de
l'absurde de cette situation, 2019, quand on voyait des... les exportations
québécoises de matières recyclées, c'est, en fin de compte, de la poubelle, essentiellement, c'est la poubelle, que les
pays qui achetaient ces conteneurs de matières recyclées, ils
disent : Bien non, voyons, ça ne sert à rien, ils nous ont renvoyé notre
propre poubelle. Donc, il y a des choses qui vraiment...
qu'il fallait et qu'il faut régler, améliorer, dans notre système de
récupération, dans notre système de collecte, pour qu'on puisse avoir un
système un peu plus efficace et un peu plus pratique que c'est le cas
présentement.
Donc, le
gouvernement a choisi... et après une commission parlementaire qui a regardé de
façon très exhaustive, aussi de
l'année passée, tous les enjeux autour du recyclage du verre, des bouteilles de
verre, donc, le gouvernement est arrivé
avec ce projet de loi n° 65 qui, en fin de compte, essaie de faire deux
choses : d'élargir la consigne et de moderniser la collecte sélective.
Encore deux éléments avec lesquels nous sommes d'accord, et je pense que la
vaste majorité, pour ne pas dire la
totalité des groupes qui sont venus en commission parlementaire étaient
d'accord que, oui, il faut moderniser la collecte sélective. Et, même pour l'élargissement de la consigne, il y
avait un vaste consensus qu'il fallait le faire. Il y avait quelques
surprises, mais il y avait ce vaste consensus là.
Alors,
parlons, justement, de l'élargissement de la consigne. Quand cela a été discuté,
avant... c'est-à-dire pendant l'année 2019, la plupart des observateurs
visaient les bouteilles, surtout les bouteilles de vin. Le gouvernement est
arrivé avec une position qui est, on
pourrait dire, plus radicale, on pourrait dire, aussi plus complète, d'élargir
cette consigne pas seulement aux bouteilles de vin, mais à d'autres
contenants aussi.
• (11 h 50) •
Je dois vous
dire que, sur cet aspect-là, moi, personnellement et mes collègues aussi, nous
ne nous sommes pas contre une
consigne élargie. Je pense que c'est logique. Et plusieurs des intervenants qui
sont venus en commission parlementaire ont
mentionné que, oui, en effet, quand on regarde les enjeux reliés à la
récupération et au recyclage des contenants, une consigne élargie est un système qui est plus efficace. Le problème que
nous avons ici, au Québec, et donc il faut y penser un peu, c'est que nous avons aussi développé un
programme ou des programmes de collecte sélective qui... bon, plusieurs problèmes avec ça, mais qui avaient réussi à
susciter une bonne adhésion de la part de la population. Donc, nous sommes
habitués, au Québec, peut-être contrairement
à d'autres juridictions, à utiliser le bac bleu, à mettre nos matières
recyclables dans le bac bleu. Et moi,
je pense que c'était quand même un succès, parce qu'il y a une très vaste
majorité de la population qui le
fait. Le problème, bien sûr, c'est que, bon, on le fait, mais après ça... On
met nos choses dans le bac bleu, et puis, bon, où est-ce que ça s'en va? À quoi ça sert. Et c'est là où, en effet,
il y a, au fil du temps, plusieurs problèmes importants qui se sont
glissés dans ce système-là.
Alors, dans
la réforme qu'on s'apprête à faire, qui est nécessaire, il faudrait trouver un
moyen aussi de maintenir l'adhésion
de la population. Donc, presque tout le monde au Québec a ce réflexe de mettre
ces contenants dans le bac bleu. Bien,
il faudrait continuer à faire ça,
continuer, donc ne pas démobiliser la population. Mais, dans ce domaine-là, ce n'est pas seulement
la mobilisation de la population... c'est important, il
faut mobiliser tout le monde, tout le monde adhère à cela, mais il y a aussi des questions beaucoup
plus concrètes de valorisation de cette matière qui est récupérée. Donc, il faut non seulement s'assurer qu'on récupère la
matière, et, dans ce sens-là, la consigne est importante pour aller récupérer
la matière, mais après aussi il faut
la valoriser, il faut l'utiliser. Il faut être capable de
trouver des moyens de vraiment recycler cette matière-là.
Et
là il y a un peu... je ne dirais pas un conflit, mais des
divergences d'opinions. Est-ce qu'il faut vraiment mettre l'emphase
sur le développement de nouvelles façons de transformer cette matière
qui est récupérée ou alors tout
simplement mettre cette même
énergie, ces mêmes efforts pour réduire le nombre de contenants qui
circulent et donc combattre, disons, le
mal à la source? Bon, ces deux tensions-là, ces deux options-là ne sont pas
contradictoires. On peut faire les deux, et je pense qu'on doit faire les deux. On doit, d'un côté,
mettre en place des mesures pour réduire le nombre de contenants qui arrivent sur le marché et, de l'autre côté, avoir des débouchés plus solides pour le matériel qui est récupéré et
qui est recyclé.
Dans cet
ordre d'idées là, un principe qui guide l'action du gouvernement et le projet de loi
n° 65, c'est le principe du REV,
la responsabilité... REP, pardon, responsabilité élargie des producteurs.
Encore là, c'est un principe que, philosophiquement,
surtout quand je regarde cet enjeu d'un point de vue... avec mon oeil
d'économiste, c'est tout à fait logique. Donc, on va responsabiliser
davantage les producteurs, ceux qui mettent les produits... les mettent en
marché, et donc l'objectif serait, en faisant ça, d'internaliser
ces coûts-là, et donc que cela, à terme, puisse amener à une réduction
des matières qui se trouvent sur le marché et à des moyens de recyclage plus
efficaces. Bon, là, on est toujours un peu ambivalents,
et c'est ce qui a été mentionné par plusieurs des intervenants en commission parlementaire, parce qu'en fin de compte, le projet de
loi ne règle pas cette question.
On verra,
parce qu'on va avoir des projets pilotes. Donc, au cours des prochaines années,
on va avoir plusieurs projets pilotes
où on va essayer, on va tester de nouvelles approches pour voir quelle serait éventuellement la meilleure chose, et c'est très bien.
La seule chose que je me dis : Mais alors à quoi ça sert, avoir un projet de loi? Est-ce qu'on ne pourrait pas faire ces projets pilotes même...
Est-ce que le projet
de loi ne pourrait pas venir après?
Une fois que les projets pilotes nous ont montré des résultats
concluants, alors là on revient avec un projet de loi? Le gouvernement
procède... Au contraire, on a un projet de loi, et puis après on a des projets pilotes, et puis il y aura des règlements, bon, une façon de faire qui est un peu différente de celle que, par
exemple, moi, j'aurais proposée, mais, bon, c'est le choix que le gouvernement a
fait.
Mais cette
question de REP, de responsabilité élargie des producteurs, soulève plusieurs
questions qui nous ont été
mentionnées par plusieurs des participants aux commissions parlementaires et
qui sont des questions légitimes, surtout de la part des producteurs
québécois, surtout dans le domaine alimentaire, parce que, si maintenant... si
dorénavant les producteurs vont être
responsables, de façon plus élargie, de leurs contenants... Et, encore une
fois, je pense que ce n'est pas une mauvaise idée, là, c'est une approche
intéressante, mais il faut comprendre aussi que cela va avoir des répercussions
sur les producteurs, sur leurs coûts de production et sur leur compétitivité.
Moi, j'ai
posé la question plusieurs fois en commission parlementaire : Qu'est-ce
qu'on fait avec les produits qui sont importés? Parce que, si on va
élargir la responsabilité des producteurs locaux, et c'est peut-être très bien,
bien, les producteurs basés à l'étranger,
eux, ils n'auront pas besoin de supporter ces nouvelles responsabilités, donc
de contribuer, de payer pour maintenir notre système de recyclage. Donc, il y a
cette question de compétitivité et avantages ou désavantages de nos producteurs locaux vis-à-vis les étrangers
qui a été soulevée en commission parlementaire et que, je pense, c'est une
question légitime.
Aussi, des
questions qui ont été soulevées par les détaillants en alimentation qui
disaient que, bon, c'est très bien de
vouloir récupérer beaucoup plus de contenants, mais la question est toujours
la même : Qui va le faire? Et encore une fois, de façon logique, le fait que c'est... le moyen le plus efficace
de récupérer ces contenants-là, c'est qu'ils soient récupérés là où on les a achetés. Donc, que ce soit les
détaillants surtout, détaillants de produits alimentaires, là où on achète la
plupart de nos aliments qui viennent
dans toutes sortes de contenants, bon, c'est là qu'on devrait les retourner.
Mais ça, évidemment, c'est facile à
dire, beaucoup plus difficile à mettre en oeuvre. Ça demande aussi des coûts
additionnels pour ces détaillants-là pour mettre en place tout un
système de cueillette de ces biens-là.
Le gouvernement a indiqué qu'il n'y aura pas d'obligation, donc les détaillants en
alimentation ne seront pas obligés de
récupérer tous les contenants de la consigne élargie. Ils vont continuer à
devoir récupérer, ce qu'ils font déjà. Pour les produits qui sont déjà consignés, ils doivent continuer cette
procédure-là, mais, pour les nouveaux produits, comme les bouteilles de vin, par exemple, les détaillants
ne sont pas obligés de les récupérer, ils vont se faire ailleurs. Donc,
beaucoup de questions sur ailleurs, où il y aura des centres de dépôt. C'est à
quoi vont servir les projets pilotes pour voir comment ça peut se faire. Il y a quand même
une petite chose qui s'appelle l'hiver, au Québec. Il va falloir qu'on
soit capable de mettre en place d'une
façon efficace ces points de dépôt là, ces points de cueillette. Ça se fait
dans d'autres pays qui ont un climat aussi nordique que le nôtre, là,
donc ce n'est pas un obstacle, là, mais il faut penser à ça.
• (12 heures) •
Les municipalités ont aussi soulevé des
questions : Très bien, où est-ce qu'on va mettre ces points de dépôt? Il y a des questions de salubrité. Donc, est-ce
que les villes vont avoir un mot à dire ou une façon de réglementer
l'emplacement de ces points de dépôt là? Encore une fois, il y aura des
projets pilotes qui vont faire ça.
Un des plus grands joueurs dans ce marché, c'est
bien sûr la SAQ, qui maintenant est en faveur d'une consigne élargie, mais, attention... en faveur, mais les
bouteilles, là, elles seront récupérées quelque part d'autre. Donc, il ne
faudrait pas s'attendre à ce que les
succursales de la SAQ récupèrent les bouteilles vendues, parce qu'elles n'ont
pas la capacité de le faire. Bon. Donc, l'enjeu est toujours là.
C'est très
facile à dire, on voit une consigne élargie, et, encore une fois, je suis
d'accord, là, une consigne élargie, mais
comment est-ce qu'on va aller chercher tous les contenants? Encore une fois,
les projets pilotes vont nous donner des pistes de solution, mais on est loin d'arriver à une solution finale.
Donc, il y a encore beaucoup de travail à faire pour nous assurer que
cela va se faire convenablement.
Et toujours
la question de qui paie. Quelques participants
ont soulevé la question, justement, de qui paie. Est-ce que la consigne va être... Est-ce que les
consommateurs vont récupérer le montant total de la consigne, les 0,25 $
ou quel que soit le montant, 1 $, ou «whatever», combien en consigne?
Est-ce qu'on va aller... Une fois qu'on va rendre nos contenants au centre de dépôt, est-ce qu'on récupère la totalité de ce
dépôt ou est-ce qu'il nous va être remboursés à 80 %, à 90 %? La
différence serait une espèce de contribution à l'opération du système, tant de
collecte sélective que de récupération de produits recyclés.
Cette
question de qui paie, elle est importante. Ça nous a été aussi mentionné par
plusieurs participants à la commission parlementaire, qu'il ne faudrait
pas que le poids du financement de ce système soit porté par les consommateurs,
parce qu'alors là on va démobiliser cette
adhésion des consommateurs. C'est très bien, et je suis d'accord avec ça aussi,
mais la question demeure toujours : Qui paie? Parce que ce
système-là ne peut pas s'opérer par des bénévoles. C'est très bien, le bénévolat, mais ça coûte quand même des sous.
Alors, qui va payer pour ça? Les producteurs? Les consommateurs? Les détaillants? Ce sont toutes ces questions-là qui
n'ont pas vraiment été... ne sont pas réglées dans le projet de loi, et la
réponse à ces questions viendra essentiellement
après les projets pilotes, une fois qu'on aura une meilleure idée, une
meilleure idée de quel sera le meilleur système.
Alors,
Mme la Présidente, en conclusion, un projet de loi que... encore une fois, le principe, nous sommes d'accord,
mais il y a encore beaucoup de travail à faire, beaucoup
de questions qui n'ont pas été répondues; un projet de loi qui, en fin de compte, n'était pas conçu pour répondre à ces questions-là,
puisque ces réponses-là viendront plus tard, après l'analyse des projets de loi... des projets pilotes. Donc, un peu prématuré de déposer un projet de loi comme ça, mais, bon, c'est ce que
le gouvernement a fait. Et, bon, si on peut commencer à
moderniser notre collecte sélective et moderniser notre consigne, tant
mieux, mais on est encore très loin d'une solution efficace et finale. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Robert-Baldwin. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Et je
tiens, de prime abord, à remercier mon collègue, mon collègue, mais aussi
mon voisin de comté, Robert-Baldwin est juste à côté de Nelligan,
et je partage beaucoup de, je dirais, de points avec mon collègue surtout d'un point de vue économique. Et je
l'ai entendu, écouté avec patience surtout par rapport à cet enjeu
qui nous touche particulièrement, parce que, là, on voit vraiment l'alliance de
l'économie et de l'environnement.
Donc,
au début, Mme la Présidente, j'ai dit que je suis d'accord
avec mon collègue, mais mon collègue sait très bien que je ne suis pas d'accord
sur une seule chose. Et je tiens toujours, quand j'ai l'occasion publiquement de lui
rappeler ça en face... qu'au niveau
du football, le soccer, Mme la
Présidente, on n'est pas du tout, du
tout, du tout d'accord et je sais que ça lui fait plaisir quand
je lui dis ça. Donc, salutations, cher collègue, député de Robert-Baldwin.
Mme la Présidente, nous sommes devant un projet
de loi important. C'est un projet de loi modifiant... la Loi modifiant
principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne
et de collecte sélective.
De prime abord, j'ai dit que moi et mon collègue
député de Robert-Baldwin, on en parle depuis très longtemps. Et, comme vous pouvez le constater, notre collègue, il
est devenu aussi porte-parole en changements climatiques mais aussi en économie. C'est un économiste de... réputé,
international, donc il voit les tendances. Donc, nous sommes là. Nous sommes
rendus là. Et j'en suis sûr et certain, que
mon collègue et les autres collègues qui vont siéger au niveau de cette
commission parlementaire pour étudier ce projet de loi vont le faire avec
professionnalisme, comme on le fait toujours, mais avoir un oeil aussi par rapport aux impacts. J'ai entendu
mon collègue parler des projets pilotes. J'ai entendu mon collègue parler
d'accompagner les entreprises, parce qu'au bout de la ligne notre but, c'est
atteindre les résultats escomptés.
Donc,
Mme la Présidente, ce projet de loi, qui prévoit un élargissement de la
consigne à des contenants autres que les bouteilles de bière et les contenants
de boisson gazeuse... Donc, pour cette raison, la Loi sur la vente et la
distribution de bière et de boissons
gazeuses dans des contenants à remplissage unique est abrogée pour intégrer
l'ensemble de la consigne au sein de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Et
je me rappelle, Mme la Présidente, que ce projet
de loi, il y avait
eu pas mal d'interventions et pas mal de groupes que je vais avoir le plaisir de nommer tout à l'heure, mais j'ai
décidé, aujourd'hui, de prendre un autre angle, c'est parler du Conseil de la transformation alimentaire du Québec,
et je vais vous dire un peu plus tard pourquoi, parce
que je veux qu'à cette étape-ci... Oui, c'est important qu'on
parle du principe, c'est important qu'on en discute, et, comme vous le savez,
il y a un processus qui mène l'étude de nos projets de loi et qui nous
ramène à l'étape finale de l'adoption. Nous sommes au début du processus, après avoir écouté, entendu plusieurs
groupes qui sont venus en commission
parlementaire nous présenter un peu leur point de vue, mais aussi leurs inquiétudes par
rapport à ce projet de loi, et, tout à l'heure, je vais vous parler de cet organisme.
Donc,
Mme la Présidente, le projet
de loi prévoit donc qu'une personne
soit responsable de la mise en place du système de consigne pour
l'ensemble des produits admissibles et qu'elle soit responsable de son application. En cas de non-respect des obligations,
celle-ci risque de faire face à des pénalités pécuniaires ou pénales, le cas échéant. Le projet de loi
retire donc l'obligation aux municipalités de prévoir la collecte sélective, puisque
celle-ci sera assumée par une personne, et donc prévoit l'abolition des compensations aux municipalités associées à cette collecte. Donc, on le voit déjà, le campement,
si je peux dire, du projet de loi.
En termes des enjeux, Mme la Présidente, c'est au niveau de l'élargissement de la
consigne aux produits tels que les cartons de lait et de jus, et, sérieusement, il n'y a personne qui voyait ça venir au début. Bon, on va
voir. Je ne vais pas commencer à
juger les tenants et aboutissants, parce
qu'on est au début. Ça mérite des échanges, ça mérite des discussions avec le ministre responsable par rapport à cet
enjeu. Et les cartons de lait et de jus n'ont actuellement aucune méthode de
valorisation postusage, donc, et on le voit,
c'est une réalité que nous avons devant nous. Ainsi, l'industrie qui utilise ce
type de contenants, donc, je parle des transformateurs alimentaires, voit en
cette mesure une taxe pure et dure pour les producteurs. Cette mesure risque de
créer un déséquilibre entre les différents pouvoirs.
Là, Mme la Présidente,
j'ai lu l'analyse d'impact réglementaire. En fait, j'ai toujours ce réflexe, parce
qu'à un certain moment, bien, on apprend
ici, Mme la Présidente... J'ai fait une erreur une fois, une erreur que j'avoue
devant vous, je n'ai pas lu ni
l'analyse réglementaire ni l'analyse économique. Mais parfois c'est des perles.
C'est des documents où on trouve
beaucoup d'information, et je tiens d'ailleurs à remercier les fonctionnaires
qui ont travaillé sur ces documents. Et
on trouve des perles, et, en fait, pour nous, en tant que députés, avant de
commencer l'étude d'un projet de loi, c'est un réflexe qu'on doit avoir parce que nous sommes amenés, Mme la
Présidente, à recevoir des appels dans le bureau de comté, parfois de citoyens, de propriétaires d'entreprise
qui nous disent : Faites attention à tel enjeu et à tel enjeu, et parfois
parce qu'ils ont eu le temps de lire ces analyses réglementaires,
l'impact réglementaire et l'impact économique.
• (12 h 10) •
Ceci étant dit, Mme la Présidente, je vais vous
parler du Conseil de la transformation alimentaire du Québec. Pourquoi j'aimerais bien vous parler de ça, de cet
enjeu? Parce que le premier enjeu qui a été soulevé, c'était par ce groupe.
Et là on parle de plusieurs groupes. Donc, le
Conseil de la transformation alimentaire du Québec, c'est le principal regroupement
d'entreprises oeuvrant dans le secteur de la transformation alimentaire au
Québec. Donc, un, ils font la promotion et
la défense des intérêts de leurs membres auprès des parties prenantes. On parle
de 500 membres. Ils regroupent 80 % du volume annuel
d'affaires d'une industrie de 28 milliards de dollars,
71 850 emplois directs et 100 000 emplois indirects. Donc, il y a les distilleries du
Québec, il y a canard du Québec. C'est vraiment un groupe extrêmement
important.
Pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente?
Regardez, première mise en garde au niveau de ce projet de loi : «[Ce] projet de loi "donne au gouvernement
les pouvoirs nécessaires pour encadrer l'élaboration, la mise en oeuvre et le
financement du système de collecte sélective et du système de consigne."
Nous comprenons que les dispositions issues de
ces pouvoirs se [retrouvent] dans les règlements à venir à l'hiver 2021,
que nous commenterons [plus tard].» Donc, ça, c'est le propos du groupe, le Conseil de la transformation alimentaire
du Québec. Donc, je vais utiliser dorénavant CTAQ. «Nous tenons toutefois à
manifester dès maintenant notre inquiétude quant à l'exercice de ces pouvoirs
dans des champs d'applications qui appartiennent aux producteurs pour
tous les autres produits déjà assujettis à la REP.»
Mme la
Présidente, nous sommes, ici, 125. La plupart de ces producteurs du CTAQ, on a
un ou deux dans le comté. Je dirais
que, pas mal, c'est une bonne présence à l'échelle de la province. Donc, déjà,
il y a une mise en garde. Et cette mise
en garde, Mme la Présidente, et là je vais faire le parallèle avec l'étude
d'impact réglementaire, que l'on pense aux piles, aux produits électroniques, aux peintures, aux huiles, dans tous
les cas, les producteurs ont eu le
choix des moyens pour s'acquitter de
leurs obligations. Là, on fait un parallèle avec d'autres types d'industrie. Il
n'y a aucune raison pour qu'ils ne soient autrement avec producteurs de
contenants, emballages et imprimés. Donc là, est-ce qu'on va créer un précédent? J'aimerais bien entendre le ministre
défendre... et vous me voyez, Mme la Présidente, toujours, je vais défendre
nos PME. Moi, ma mission, dans cette
Assemblée, en tant que porte-parole, c'est : je vais toujours me lever et
défendre les intérêts de nos PME.
Donc, aujourd'hui, dans le contexte actuel, j'aimerais bien que le ministre,
lors de l'étude article par article, qu'il nous explique le pourquoi.
Et là je vais
continuer, Mme la Présidente, parce que la suite, elle est aussi intéressante :
«Il n'y a aucune raison pour qu'il en
soit autrement avec producteurs de contenants, emballages et imprimés, parmi
lesquels se retrouvent les producteurs de
boisson. Le principe de REP doit être appliqué équitablement pour tous les
producteurs québécois.» Donc, maintenant, Mme la Présidente, on parle de notions d'équitabilité, et c'est très
important dans le contexte que nous sommes en train de vivre avec la COVID. Il y a une pression
énorme sur les finances des entreprises et un manque de prévisibilité, et là on
vient ajouter d'autres règles, d'autres façons de faire, et c'est là, l'étude
d'impact réglementaire, elle est très importante.
Je continue,
Mme la Présidente : «Le gouvernement doit respecter l'autonomie des
producteurs dans les règlements découlant
du projet de loi, en comparant les dispositions futures à celles auxquelles
sont assujettis les producteurs d'autres catégories de produits sous
REP.» Et là j'en suis sûr et certain, que les collègues qui vont être là...
j'imagine que mon collègue député de Robert-Baldwin va être là, et ça, c'est un point extrêmement important où on doit
faire une alliance entre les enjeux économiques et l'approbation de ces
producteurs qui seront assujettis à cette loi.
«L'analyse d'impact réglementaire définit ainsi
les problèmes à résoudre.» C'est pour cela, je vous ai dit, chers collègues, moi, j'en suis sûr et certain, que vous
allez recevoir des appels, sinon vous allez commencer à recevoir des e-mails,
probablement même vous avez déjà reçu ces
e-mails. L'analyse d'impact, là, c'est un document qui vient avec le projet de
loi. Je vais lire, Mme la Présidente, le problème, comment il est
défini.
«Consigne.
«"Tandis
que la consigne privée atteint des niveaux de récupération très élevés, la
consigne publique, en place depuis 1984 et n'ayant subi aucune
modification majeure depuis, stagne à 70 % depuis une décennie.
«Les changements de consommation qui tendent de
plus en plus à une consommation hors foyer et certaines difficultés rencontrées dans le tri et le conditionnement des contenants
récupérés, dont ceux en verre, ont pour effet qu'une quantité encore
trop importante de contenants de boissons se retrouve à l'élimination.
«Collecte sélective.
«Les trois
crises vécues au sein des centres de tri de collecte sélective au cours des 10 dernières
années font état de la vulnérabilité
de l'industrie de la récupération et du recyclage aux fluctuations des marchés
d'exportation et de l'incapacité des
OM, à titre de donneurs d'ordres, d'encadrer l'ensemble de la chaîne de valeur.
La situation qui prévaut devient insoutenable à long terme d'un point de vue
économique pour les producteurs et les fournisseurs de services et d'un point
de vue environnemental pour le Québec.»
Je suis
content que mon collègue député de Robert-Baldwin, il est encore présent, parce qu'en lisant ce texte de l'analyse d'impact réglementaire, là, on a un
enjeu majeur où on doit faire une analyse tenant compte, d'un point de vue
économique mais aussi d'un point de vue
environnemental, et tout cela, chers collègues, il est dans le cadre de
l'impact... dans l'analyse de l'impact réglementaire.
Donc,
la conclusion, c'est quoi? «La situation qui prévaut devient insoutenable à
long terme d'un point de vue économique pour les producteurs et les
fournisseurs de services et d'un point de vue environnemental pour le Québec.»
Alors,
Mme la Présidente, j'espère que M. le ministre, rendu à cette étape où il sera
questionné par mes collègues, il va avoir les bonnes réponses, pas
uniquement par rapport aux partis de l'opposition ou par rapport à notre
formation politique, mais par rapport à l'ensemble des membres du CTAQ.
Donc :
«Le document d'analyse précise un peu plus loin — toujours on parle de l'analyse d'impact, la
page 10 : "À la maison, la problématique..."»
Mais,
avant d'aller là, je viens de me souvenir d'un point très important.
Souvenons-nous, Mme la Présidente, de la crise du recyclage. Souvenons-nous, mais même des pays à qui on exportait
parfois des conteneurs pour recycler certaines de nos matières. Il y avait un problème au niveau de la chaîne de
valeur, et ça, c'est très, très, très bien décrit. Parce que, oui, c'est beau qu'on instaure la consigne, mais
il faut faire attention par rapport à la chaîne de valeur, parce que, si on met
des dispositions, c'est parce qu'au bout de
la ligne soit on va tendre vers une économie circulaire. Mais est-ce qu'on a
les moyens et est-ce qu'on les
stratégies nécessaires pour que cette chaîne de valeur, un, soit valorisée,
deux, l'atteinte des résultats?
Toujours
dans l'étude d'impact réglementaire, Mme la Présidente : «À la maison, la problématique n'est pas liée
à la récupération, mais plutôt à la
valorisation. En effet, la collecte sélective résidentielle est bien implantée
à travers le Québec et les taux de récupération des contenants de
boissons sont comparables, voire supérieurs, à ceux de la consigne actuelle.» C'est très important.
Je vais relire, Mme la
Présidente : «...les taux de
récupération des contenants de boissons sont comparables, voire supérieurs, à ceux de la consigne actuelle.
Cependant, leur récupération pêle-mêle et les différentes difficultés rencontrées dans la chaîne de valeur — encore une fois, un autre exemple, un autre cas, un
problème au niveau de la chaîne de valeur — font
en sorte que, selon le type de contenant, il arrive qu'une faible proportion
soit réellement valorisée.»
Et
c'est là le vrai problème, parce que, Mme la Présidente, quand on lit le titre
du projet de loi... je vais le relire : Loi modifiant
principalement la Loi sur la Loi sur la qualité de l'environnement en matière
de consigne et de la collecte sélective.
Demain, je fais un sondage aux Québécois, j'en suis sûr et certain, une bonne
majorité, et je ne vais pas rentrer dans
les firmes de sondage, une bonne majorité de Québécois et de Québécoises vont
appuyer, parce que le titre, c'est très beau. Il n'y a personne qui va dire qu'il est contre. Mais le diable est
dans les détails, Mme la Présidente. Et, quand je vous dis que, chers collègues, je vous invite, surtout
les collègues qui vont être là en commission parlementaire... s'il vous plaît,
prenez le temps de lire l'étude d'impact,
l'analyse d'impact réglementaire, c'est vraiment un beau document. Et les faits
sont là. Les faits sont là, Mme la Présidente.
• (12 h 20) •
«Si
les taux de récupération des contenants consignés stagnent autour de 70 %
depuis plus d'une décennie, on peut se demander en quoi le fait d'élargir les
catégories de contenants de boisson consignés et de doubler le nombre de
contenants à récupérer permet de
résoudre [le] problème.» Vous me
suivez, Mme la Présidente, j'en suis sûr et certain. Vous me regardez
toujours, j'en suis sûr et certain, que vous me suivez. «Si les taux de récupération des contenants
consignés stagnent autour de
70 % depuis plus d'une décennie — j'en
suis sûr et certain, le collègue de Robert-Baldwin, il prend des notes aussi, c'est une très bonne question à poser lors de
l'étude article par article — on peut se demander en quoi le fait
d'élargir les catégories de
contenants de boisson consignés et de doubler le nombre de contenants à
récupérer permet de résoudre [le] problème.» Parce qu'on n'a pas réglé le problème de la chaîne de valeur. Donc, Mme
la Présidente, j'aimerais bien que ministre, en temps et lieu, nous explique sa chaîne de valeur. C'est très important.
Nous sommes d'accord sur le principe de l'étude du projet, mais est-ce qu'on a trouvé une solution
pour la chaîne de valeur? C'est une question à poser lors de l'étude article
par article.
Dans
les faits, Mme la Présidente, le changement dans le mode de vie des
consommateurs y est pour beaucoup, et effectivement,
de plus en plus de contenants sont consommés hors foyer. Or, la solution à ce
problème n'est pas de consigner davantage
de contenants ou d'augmenter le montant de la consigne... très important :
ce n'est pas de consigner davantage les contenants ni d'augmenter le montant de
la consigne, mais plutôt de mettre à la disposition davantage d'équipements de récupération appropriés, lesquels permettent de
récupérer non seulement les contenants de boissons, mais toutes les matières
recyclables, incluant les fibres.
Maintenant,
au niveau des marchés, il est reconnu qu'avec la fermeture des marchés extérieurs
une économie circulaire peut et doit
se déployer, je l'ai dit au début. Donc, Mme la Présidente, nous sommes devant
plusieurs questions. La chaîne de
valeur, j'espère que le ministre, il est prêt à nous expliquer la chaîne de
valeur. L'économie circulaire, j'espère que son collègue ministre de l'Économie, il est prêt. Ça fait longtemps qu'on
parle de l'économie circulaire. Mais on ne peut pas, aujourd'hui, travailler en silo. On ne peut pas,
d'un côté, au ministère de l'Environnement, essayer de traiter la problématique,
mais de l'autre côté, le ministère de
l'Économie n'est pas prêt. L'économie circulaire, j'espère que le ministre de
l'Environnement et ses équipes sont prêts à nous expliquer où nous
sommes rendus par rapport à ça.
Le
pourquoi, c'est très simple. Vous avez tous vu, Mme la Présidente, les
problèmes liés aux marchés extérieurs. Et
là, encore une fois, une économie circulaire peut jouer le rôle... Et on parle
de relance économique, Mme la Présidente, on parle de vision du futur. Moi et mon collègue, à chaque fois, on
dit : O.K., court terme, on gère la pandémie, mais c'est quoi, les
grands axes? Vous l'avez entendu, on ne parle pas des mêmes fondamentaux, là.
J'espère que le ministre de l'Économie va changer son produit, parce qu'on ne parle
pas de la même chose.
L'économie va
changer, Mme la Présidente. Et là c'est un bon point, et là je les invite,
j'invite le ministre de l'Environnement à
prendre un café avec le ministre de l'Économie et de nous arriver avec un plan
sur l'économie circulaire. Parce que
ça va être sur la table, j'en suis sûr et certain. Mon collègue va poser ce
genre de question parce que... Est-ce que nous sommes prêts ou pas
encore?
«Des investissements substantiels en
technologies et équipements de pointe sont requis pour répondre aux exigences des recycleurs québécois.» Ça, encore
une fois, c'est un enjeu de l'économie, Mme la Présidente. Donc, c'est extrêmement important.
Nous sommes à une étape importante. C'est un début de l'analyse et de l'étude
de ce projet de loi, je l'ai
mentionné. Je n'ai même pas mentionné 2 % des enjeux, Mme la Présidente.
Et vous savez à quel point ça me tient à
coeur, l'économie, à quel point ça me tient à coeur, les enjeux des PME. Mais,
s'il vous plaît, chers collègues, allez-y, si vous avez un petit moment
et vous êtes concernés par cette problématique, de lire l'analyse d'impact
réglementaire.
Donc, Mme la Présidente, très heureux de
participer à l'étude de ce projet de loi. Et merci encore une fois.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de Nelligan. Alors, y a-t-il d'autres
interventions? Alors, je ne crois pas.
Et, en application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité
de l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective.
Je constate
que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté pour la mise aux voix, alors je vais suspendre nos travaux, pour un maximum de 10 minutes.
Les travaux...
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 12 h 28)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous reprenons nos travaux.
Mise aux voix
Et, en application de l'ordre spécial, j'inviterais
maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de
l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective. Alors,
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Rimouski?
M. LeBel : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Alors, est-ce que vous avez, M. le leader adjoint, une indication pour le vote de Mme la
députée de Marie-Victorin?
M. Schneeberger :
Oui. Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Et de M. le député de Chomedey?
M. Schneeberger :
Je n'ai pas d'indication.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Alors, en conséquence, le principe du projet de loi n° 65, Loi
modifiant principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de
consigne et de collecte sélective,
est adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des transports et de l'environnement
M. Schneeberger : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Alors,
conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin
que le projet de loi n° 65, loi modifiant principalement la Loi sur la
qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte sélective, soit déféré à la Commission du
transport et de l'environnement pour son étude détaillée.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie.
Alors, une fois de plus, j'invite les parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur cette motion. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Rimouski?
M. LeBel : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. Et, en conséquence, la motion est adoptée.
Pour connaître la suite de nos travaux, M. le
leader adjoint du gouvernement.
• (12 h 30) •
M. Schneeberger :
Oui, Mme la Présidente. Alors, je vous demande d'appeler l'article 57 du
feuilleton.
Motions du gouvernement
Motion proposant que l'Assemblée
approuve l'Entente en matière
de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et
le gouvernement de la République de Serbie
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Et, à l'article 57 du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à
l'article 57 du feuilleton, faisant suite au dépôt par Mme la ministre
des Relations internationales et de
la Francophonie, le 20 octobre dernier, d'un engagement international.
Cette motion se lit comme suit :
«Que, en vertu de l'article 22.3 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales, l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière de sécurité sociale
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République de
Serbie.»
Je vous
rappelle qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des
Relations internationales cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. Je vous informe que la répartition des temps de parole dans le
cadre de ce débat s'effectuera comme
suit : 58 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 34 min 51 s sont allouées au
groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
12 min 27 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition et 11 min 12 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition. Chaque député indépendant dispose
d'un temps de parole de
1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un seul député indépendant
participe à un débat, il dispose d'un temps de parole de deux minutes.
Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou
par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Et enfin je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du présent débat, ils ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Et
maintenant, sans plus tarder, je cède la parole à Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie. Mais
tout d'abord je vais me tourner vers M. le leader adjoint de l'opposition
officielle. Vous avez une intervention à faire?
M. Derraji : Oui, c'est une question
de directive, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui?
M. Derraji : Est-ce que le leader du gouvernement peut juste nous confirmer s'il
a l'intention de prendre en entier
son enveloppe de temps? Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Seul le temps pris par la ministre sera pris de notre côté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Mme la ministre,
la parole est à vous.
Mme Nadine
Girault
Mme Girault : Merci, Mme la
Présidente. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette Assemblée l'approbation de l'Entente en matière de sécurité
sociale entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République
de Serbie, signée le 19 juin 2020. Il s'agit du 39e pays avec lequel
le Québec conclut une telle entente.
L'entente a
été négociée pour le gouvernement du
Québec par l'entremise des membres du
Comité de négociation des ententes de
sécurité sociale. Il regroupe des représentants de tous les ministères
et organismes concernés par ces ententes. En plus du ministère des Relations internationales et de la
Francophonie, qui doit, conformément aux exigences de sa loi, veiller à la négociation d'ententes
internationales, le ministre de la Santé et des Services sociaux, le ministre
du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, Retraite Québec, la Régie de l'assurance maladie du Québec,
la Commission des normes, de
l'équité, de la santé et de la sécurité du travail ainsi que l'Agence du revenu
du Québec faisaient partie intégrante du comité.
De ce groupe a été
extraite une équipe de négociation de six personnes qui ont participé aux cinq
rondes de négociation nécessaires, tant au
Québec qu'en République de Serbie, pour en arriver à cette entente négociée à
la satisfaction des deux gouvernements. Je souligne par ailleurs
l'excellent travail des équipes des deux parties.
L'entente
témoigne de l'importance que le Québec attache à ses liens avec la République
de Serbie, un pays membre associé de
l'Organisation internationale de la Francophonie depuis 2006. Le Québec se
réjouit d'ailleurs de la volonté de la République de Serbie de se
rapprocher et de contribuer à l'espace francophone.
La négociation et la
conclusion d'une telle entente témoignent également de la volonté des
gouvernements québécois et serbe d'étendre
la coordination de leurs législations en matière de sécurité sociale pour
assurer la conservation des acquis de
leurs citoyens et ainsi une mobilité professionnelle. En effet, l'accroissement
des échanges internationaux de toute
nature suppose une mobilité accrue des travailleurs et rend encore plus
actuelle la nécessité pour les États de conclure les ententes pour assurer à leurs ressortissants les bénéfices de la
coordination des législations en matière de sécurité sociale.
Permettez-moi
rapidement d'énumérer les objectifs derrière une telle coordination. D'abord,
les ententes visent l'égalité de traitement,
de sorte que les personnes visées ont les mêmes droits et les mêmes obligations
que les résidents au regard de la
sécurité sociale. Ces ententes assujettissent également les travailleurs
déplacés temporairement sur l'autre territoire à une seule loi de sécurité sociale, garantissant ainsi le maintien de
leurs droits en cours d'acquisition. Finalement, le service des prestations auxquelles ont droit ces
personnes, par exemple en matière de santé ou advenant une lésion
professionnelle, leur est assuré.
Spécifiquement,
cette entente apportera des bénéfices tangibles aux citoyens québécois et
serbes. En effet, elle a la particularité de couvrir un champ élargi de
la sécurité sociale. Elle garantira donc ainsi aux personnes qui résident au Québec l'obtention de pensions de retraite, d'invalidité ou de
surveillant payable par la République de Serbie si elles y ont déjà
résidé et travaillé et ainsi contribué au régime serbe de pension. Il en est de
même pour les conjoints et les orphelins qui pourront obtenir des
pensions de survivants dans le cas où la personne décédée a travaillé en République
de Serbie.
De
plus, les périodes de cotisation au Régime des rentes du Québec et au régime de
pension serbe seront additionnées pour
permettre aux personnes qui n'ont pas cotisé suffisamment à l'un ou à
l'autre de ces régimes de devenir admissibles à une prestation. Voilà qui est un avantage que n'importe quel
travailleur prendra en considération lorsqu'il décidera de s'installer et de travailler
sur les territoires de l'autre partie.
En ce sens,
les ententes de sécurité sociale favorisent la mobilité des personnes et
répondent à une de nos priorités gouvernementales, soit le recrutement
de la main-d'oeuvre et des talents. L'impact économique des ententes de
sécurité sociale est important tant pour les
personnes qui en bénéficient directement en recevant des rentes et autres prestations que
pour les entreprises québécoises qui détachent des travailleurs à l'étranger.
Il s'agit aussi d'une manière pour le Québec d'accroître
les échanges économiques et de favoriser la mobilité des travailleurs et
l'attraction de la main-d'oeuvre avec les États partenaires en matière de
sécurité sociale.
Rappelons
que, dans de nombreux secteurs d'activité comme dans de nombreuses régions du Québec, la
croissance économique jumelée à la baisse de la population
en âge de travailler entraîne une rareté de main-d'oeuvre et des difficultés
de recrutement pour les employeurs. Une partie des réponses à cette
rareté nécessite une action appropriée sur le plan international. Pour répondre à
cette demande, une partie de l'offre de main-d'oeuvre provient bien entendu des personnes immigrantes qui s'établiront au Québec au cours
des années à venir. Ainsi, des ententes en matière de sécurité sociale constituent
une manière de faciliter cette attraction de main-d'oeuvre.
La Serbie constitue d'ailleurs
un pays de choix dans ce contexte. Ce pays est candidat à l'adhésion à l'Union européenne,
et son économie a connu d'importantes
améliorations au cours des dernières années. Après avoir connu un épisode de
crise budgétaire entre 2014 et 2016, la Serbie a opéré un redressement
spectaculaire de ses finances publiques. Grâce à la politique budgétaire
audacieuse menée par le gouvernement dès 2015, avec le concours du Fonds monétaire
international, la dette publique a été considérablement réduite, et le pays a
retrouvé l'équilibre budgétaire dès 2019.
• (12 h 40) •
Notons également que
son taux d'imposition sur les entreprises est le plus faible d'Europe, 10 %,
en moyenne. Une économie en pleine
croissance et une main-d'oeuvre qualifiée, notamment dans les domaines
techniques et scientifiques, où les
ingénieurs serbes sont parmi les plus performants. Le Québec y compte
d'importants besoins en matière d'attraction de main-d'oeuvre qualifiée. Ce type d'entente en sécurité sociale nous
sert, en quelque sorte, de porte d'entrée pour faciliter la mobilité des
travailleurs.
En
outre, notons que les entreprises qui oeuvrent au Québec et en République de
Serbie pourront se prévaloir des dispositions de l'entente concernant
l'assujettissement des régimes de sécurité sociale. En effet, en ce qui
concerne l'assujettissement des entreprises
québécoises et de leurs travailleurs détachés en République de Serbie, lorsque
l'entente sera en vigueur,
l'employeur et le travailleur demeureront soumis au régime québécois. Ils
seront exemptés de cotiser au régime
serbe de sécurité sociale visé à l'entente, qui inclut, outre les pensions,
l'assurance santé et celle contre les accidents de travail et les maladies professionnelles. Il n'y aura donc pas de
double-cotisation pour ceux-ci dans ces régimes. Les entreprises québécoises économiseront alors des
sommes importantes, les rendant ainsi plus concurrentielles sur les marchés
internationaux.
L'entente
de sécurité sociale avec la République de Serbie facilitera l'aide accordée par
les institutions compétentes aux
travailleurs qui, malheureusement, pourraient être victimes d'un accident de
travail ou d'une maladie professionnelle. Elle accordera aux citoyens
québécois et serbes, déplaçant leur résidence ou séjournant pour le travail ou
les études sur le territoire de l'autre partie, des avantages relatifs à
l'assurance maladie.
À ce sujet, l'entente couvre, à
certaines conditions, le droit aux prestations de santé aux étudiants,
chercheurs et stagiaires, de même
qu'à leurs conjoints et à leurs enfants à charge qui les accompagnent. Cet
avantage rend très certainement le Québec plus attractif aux étudiants
internationaux serbes qui n'auront pas à se prémunir d'une assurance santé
privée individuelle ou familiale pour
effectuer des études, des stages ou des recherches dans des établissements
d'études collégiales ou
universitaires au Québec. Rappelons que le recrutement des étudiants
internationaux est également une des priorités du gouvernement dans le
cadre de la vision internationale du Québec. Une petite gorgée d'eau.
En effet, la présence
d'étudiants internationaux au Québec contribue à soutenir grandement son
développement économique. Il est estimé que
les étudiants et les élèves internationaux qui séjournent au Québec contribuent
au PIB pour une valeur de
1,6 milliard de dollars et soutiennent plus de 25 000 emplois.
L'internationalisation de l'éducation permet donc le comblement de besoin de main-d'oeuvre et contribue au maintien
d'une offre de formation diversifiée, notamment dans les établissements en région. Ainsi, en concluant de nouvelles
ententes en sécurité sociale comme celle avec la Serbie, le gouvernement du Québec contribue à
l'attraction d'étudiants qui, dans quelques années, pourront contribuer à
combler nos besoins en travailleurs qualifiés et renforcera du même coup
notre économie.
Le
Québec a le privilège d'avoir sur son territoire une communauté serbe relativement
importante. Le recensement de 2016
indique que cette communauté comptait près de 6 000 membres, incluant
à la fois ceux nés à l'étranger et au Québec, de même que les résidents non permanents. De ces 6 000 membres,
près de 3 800 sont des immigrants, la majorité ayant quitté l'ex-Yougoslavie dans les années 90,
soit pendant la guerre qui sévissait, et ont été acceptés au Canada en tant que
réfugiés ou personnes en situation semblable.
Installés
principalement dans la région métropolitaine, la moitié avait entre 25 et
44 ans à leur arrivée. Plusieurs de ces immigrants pourront sans doute
bénéficier rapidement des dispositions de l'entente une fois en vigueur.
Effectivement, un bon nombre de
ceux-ci étant maintenant à l'âge de la retraite ou près de l'être, ils ont fort
probablement cotisé au régime serbe de pension avant leur départ précipité.
Notons qu'environ 70 % de cette communauté détenaient un certificat,
diplôme ou grade d'études postsecondaires au
moment du recensement, soit un taux de 10 % supérieur à la moyenne
québécoise.
Au plan académique,
l'Université du Québec à Montréal a signé une entente de coopération avec
l'Université de Belgrade en 2007 dans le
domaine de l'écotoxicologie. Du côté de la culture, en 2018, une exposition en
arts visuels de 15 artistes du Québec, jumelés à 12 artistes
serbes, a été présentée à Trois-Rivières. Réalisée sous forme de projet recherche-création dans le cadre d'un partenariat
avec l'Université du Québec à Trois-Rivières et l'Université des arts de
Belgrade, chaque artiste serbe et québécois
devait proposer un concept artistique que son homologue de l'autre partie
devait formellement interpréter.
Autre
exemple : En 2008, le Salon international du livre de Québec a signé une
entente de partenariat avec la foire du
livre de Belgrade qui prévoyait des échanges entre auteurs et éditeurs serbes
et québécois à leur salon respectif. Ainsi, en 2009, une délégation d'auteurs et d'éditeurs serbes participaient au
Salon international du livre de Québec. Plusieurs auteurs québécois ont
quant à eux été traduits, la littérature québécoise étant enseignée dans les
universités serbes.
Pour conclure,
permettez-moi de vous rappeler que le gouvernement du Québec a conclu sa
première entente internationale en matière
de sécurité sociale avec le gouvernement de l'Italie en janvier 1979. À ce jour, le Québec a de telles ententes bilatérales en vigueur avec
38 pays. L'entrée en vigueur de cette entente nécessite, dans un premier
temps, qu'elle soit approuvée par l'Assemblée nationale, objet du débat que nous tenons aujourd'hui, puis qu'elle soit
ratifiée par le gouvernement du
Québec, qui, par la suite, édicte le règlement
de sa mise en oeuvre. Spécifiquement pour l'entente dont il est question en ce
moment et conformément à son article 45, celle-ci entrera en vigueur à la
date de la dernière des deux notifications
entre les parties confirmant l'accomplissement de la procédure interne requise
pour l'entrée en vigueur de
l'entente. Je suis confiante que cette entente puisse produire des effets
rapidement à la suite de l'approbation de celle-ci par l'Assemblée
nationale.
Je
propose donc que l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement de la République de Serbie que je viens de présenter
et qui a été déposée en cette Chambre par mon collègue le leader
parlementaire du gouvernement le 20 octobre dernier. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
ministre des Relations internationales et de la Francophonie. Et
maintenant je vais céder la parole à Mme la députée d'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait grand plaisir de prendre la parole en
cette Chambre pour parler de cette
entente de sécurité sociale avec la Serbie. Je prends la parole à la place de
ma collègue la députée de Laporte, qui
est la véritable porte-parole en matière de relations internationales, mais qui
est retenue chez elle pour des raisons familiales.
Alors,
bien sûr, parler d'entente internationale, ça me fait énormément plaisir, parce
que j'ai quand même une petite expérience
de quatre années au ministère des Relations internationales, et ce sont toujours
des moments de fierté. Ça peut paraître technique, de parler d'entente
de sécurité sociale, mais, quand on parle d'entente de sécurité sociale, on
parle d'êtres humains, on parle de travailleurs, on parle de gens qui viennent
s'investir ici, qui viennent bâtir le Québec, qui viennent soit de façon permanente ou qui peuvent venir bâtir le Québec
de façon temporaire parce qu'ils sont appelés par des entreprises ici ou
des travailleurs québécois qui vont être appelés à travailler aussi sur
d'autres territoires.
Donc, des ententes de
sécurité sociale, nous en avons, comme l'a dit la ministre, 39 avec celle-ci.
C'est très important pour les relations
internationales du Québec. Mais, si on regarde l'ensemble des ententes
internationales que nous signons, que
nous avons signées dans le passé, nous avons plus de 700 ententes avec
80 pays et États fédérés. Donc, c'est considérable, l'action du Québec à l'international. Et évidemment c'est
pour, bien sûr, la prospérité du Québec, mais aussi pour le rayonnement
de la culture québécoise.
Alors, les ententes de sécurité
sociale, évidemment, en général, s'appliquent lorsque vous vous établissez au
Québec soit de façon permanente ou d'un séjour pour soit le travail,
soit les études ou un stage, encore. Ces ententes de sécurité sociale comportent d'autres volets aussi qui
touchent l'assurance maladie. Ça touche évidemment le volet relatif au Régime
des rentes, ce qui est très important, et ça
protège aussi, en cas de maladie ou en cas de décès, ça protège les gens qui viennent
avec leur famille. Donc, les familles également sont protégées.
Lorsqu'on
parle de ces ententes, bien, évidemment, ça permet aux employeurs et aux
travailleurs de continuer à cotiser au régime de sécurité sociale — ça,
c'est le côté plus technique de la chose — sur leur territoire d'origine
sans avoir à cotiser aussi au régime
applicable sur le territoire d'accueil lors d'affectations temporaires.
L'évitement d'une double cotisation bénéficiera aux entreprises
québécoises, favorisant leur compétitivité. Cette mesure incitative
additionnelle à la mobilité de la
main-d'oeuvre entre les deux territoires, ici on parle du Québec et de la
Serbie, permettra de répondre aux besoins de croissance des entreprises
tout en soutenant évidemment le développement régional.
• (12 h 50) •
Les
étudiants, la ministre en a parlé, les étudiants sont aussi touchés par ces
ententes. Donc, ils sont protégés par cette
entente. Et, lorsque la ministre dit, et ça me fait plaisir de l'entendre,
qu'elle veut attirer des étudiants internationaux au Québec, c'est une bonne chose, mais en même
temps je dois lui rappeler que lorsque j'ai rencontré les associations
étudiantes, pas plus tard que la
semaine dernière, on me disait que la nouvelle mouture du PEQ, Programme de l'expérience
québécoise, était encore... c'était
encore insuffisant et ça créait énormément d'insatisfaction. Et on veut
évidemment envoyer le message au
gouvernement que ça nuit aussi à l'image du Québec à l'international, de
traiter les étudiants étrangers de cette manière. C'est-à-dire on les attire ici. On dit :
Venez ici. Vous êtes les bienvenus. On vous ouvre les bras. On vous promet
certaines choses et, lorsqu'on arrive
pour réaliser, bien, on frappe un noeud. Alors, je pense que ce programme du
PEQ, qu'on appelle le PEQ, est à revoir.
Revenons
à la Serbie. Bien, on l'a mentionné, la Serbie a connu des épisodes difficiles
sur le plan financier, sur le plan de
ses finances publiques. Une crise économique qui a fait en sorte, bien sûr, que
le déficit a été très, très important, le taux de chômage important,
mais la Serbie a su se relever grâce à des mesures budgétaires, évidemment, qui
ont été peut-être difficiles et fort
probablement difficiles pour la population, mais qui ont amené à un équilibre
budgétaire et qui ont fait en sorte que la Serbie a pu se relever après
ces efforts qui ont été faits sur le plan budgétaire.
La
Serbie, c'est un petit pays de 7 millions d'habitants et évidemment est frappée aussi
par toute la question de la pandémie
de la COVID-19 présentement. Donc, ça vient impacter cet essor économique
qui s'était engagé après cette crise budgétaire. Et là, bien
sûr, c'est difficile pour les entreprises
là-bas, mais, bien sûr, on va en sortir un jour, de cette pandémie,
de cette crise, et on va pouvoir reprendre
une vitesse de croisière et reprendre ces échanges avec les pays avec lesquels
nous avons des ententes.
Les
secteurs du transport aérien, agro-industriel, le secteur agro-industriel, le
secteur de l'automobile, le secteur du tourisme,
ce sont des secteurs très importants pour ce pays, et aussi tout ce qui touche la
sidérurgie. Là encore, on retrouve des capacités importantes. Donc, ça
peut être fort intéressant pour les entreprises québécoises.
Il y a évidemment...
L'environnement des affaires s'améliore progressivement, je l'ai dit, mais il
reste encore un frein à l'investissement. Alors, la Serbie veut attirer des investisseurs étrangers puis elle
dispose, comme je le disais, d'atouts importants sur le plan structurel. Il y a
un faible taux d'imposition des entreprises, faible coût de la main-d'oeuvre et haut niveau de qualification professionnelle. Donc, coût de la main-d'oeuvre peut vouloir dire, ici... peut-être que ça peut attirer une main-d'oeuvre qui
va retrouver des conditions de travail plus alléchantes. Donc, ce sera évidemment
tout à notre avantage d'attirer des travailleurs serbes qui sont dans des niches de travailleurs spécialisés et
qui pourront venir contribuer à nos entreprises québécoises.
On
dit aussi, dans des articles que j'ai lus, que... un petit bémol, l'économie
informelle reste importante, les procédures publiques manquent souvent de transparence, tandis que le gouvernement connaît encore
des difficultés à lutter contre les circuits de blanchiment. Donc, petit bémol ici,
mais, quand même, il y a des mesures qui sont mises en place, parce que la
Serbie, qui est membre, comme l'a dit la ministre,
de l'Organisation internationale de la Francophonie, veut aussi
accéder à l'Union européenne. La
démarche est vraiment bien engagée, et ils sont rendus à l'étape... la
Serbie est rendue à l'étape presque finale de pouvoir joindre l'Union
européenne. Donc, c'est avantageux pour ce pays d'avoir des mesures de protection des travailleurs et avoir un
retentissement sur... avoir une capacité, sur la scène internationale, de faire
valoir ses priorités, mais aussi les secteurs dans lesquelles elle est
excellente, où elle fait preuve d'excellence.
La
Serbie est membre de l'Association de libre-échange centre-européen, donc elle
a signé de nombreux accords commerciaux,
notamment avec la Russie, la Turquie, les États-Unis.
Encore là, c'est avantageux. Et, si la Serbie devient membre de l'Union
européenne, bien, ça veut dire
qu'elle joint l'accord de libre-échange Canada-Union européenne, qui a bien sûr été négocié il y a
déjà quelques années. Mais c'est un accord qui ouvre les portes de l'Europe, on
parle d'un marché de
500 millions d'habitants, et qui est très avantageux pour le Canada
et le Québec. Nous avons participé à cette négociation.
C'était l'initiative du premier ministre Jean Charest de faire en sorte qu'on
puisse avoir cet accord de libre-échange Canada-Union
européenne. C'est l'ancien premier ministre Pierre Marc Johnson qui a
été le négociateur du Québec. Et donc,
encore, ce sera un avantage si... et ce sera probablement fait quand même dans
un avenir assez proche si la Serbie peut joindre l'Union européenne.
Le
taux de chômage, en 2016, était très élevé, par contre. On parle d'un taux de
chômage de 17 %. Donc, ça veut dire
qu'il y a des Serbes qui quittent leur pays pour aller s'établir ailleurs.
Donc, ça peut, là aussi... Ce qui est un désavantage là-bas peut devenir un avantage pour nous,
c'est-à-dire qu'on peut attirer une immigration qualifiée. Il y a aussi un taux
de pauvreté qui est assez élevé,
24,6 %. Ça, ce sont des chiffres qui datent de 2011. Donc, ça veut dire
que c'est un pays qui a besoin évidemment de faire en sorte que toute
son économie puisse fonctionner au maximum.
Je dois faire
un lien avec cet accord-là et aussi une vue plus large de l'action du Québec à
l'international. Lorsque nous étions
au gouvernement, nous avons lancé la nouvelle politique gouvernementale en
matière de relations internationales. C'était en 2017, ça coïncidait avec le
50e anniversaire du ministère. Il y avait eu une autre politique avant,
qui datait de 2006. Donc, il était important, en 2017, de renouveler
cette politique internationale.
Il
y a trois grands volets d'action dans cette politique. On parle de rendre les
Québécois et les Québécoises plus prospères,
de contribuer à un monde plus durable, plus juste et sécuritaire, de promouvoir
la créativité, la culture, le savoir et
la spécificité du Québec. On a, bien sûr... Au chapitre de rendre les Québécois
et les Québécoises plus prospères, ça veut dire, bien sûr, une action
importante au plan des échanges économiques, mais ça ne peut pas être que ça.
Et je pense qu'il y a peut-être aussi un petit drapeau jaune qu'on peut lever, présentement,
parce qu'on a l'impression... ça donne l'impression
qu'on ne se concentre que sur les échanges économiques, importants, bien sûr,
parce que, si le Québec fait des
affaires ou a ouvert des représentations
à l'international, c'était, bien sûr, pour faire en sorte qu'on puisse avoir
des échanges économiques qui vont
profiter à nos entreprises. On le voit avec les Américains, 70 % de nos
exportations vont aux États-Unis. Donc, les États-Unis, c'est un
partenaire très, très important.
Donc,
plus que jamais, l'avancement des intérêts économiques, et commerciaux, et
financiers du Québec occupe une place
centrale — c'est ce
qu'on retrouve dans la politique gouvernementale que nous avions lancée en
2017 — dans
l'action internationale du gouvernement et
de ses représentations à l'étranger. On parle des entreprises. Le dynamisme des
entreprises, la disponibilité d'une
main-d'oeuvre qualifiée ainsi que la qualité et la prévisibilité, dis-je, du
cadre juridique et fiscal concourent tous à la compétitivité du Québec.
Bien
sûr, présentement, on le sait, c'est difficile, avec toute cette question de
pandémie, des pertes d'emploi, des fermetures
d'entreprise, mais il faut garder espoir. Et, avec des outils internationaux,
les outils dont nous nous sommes dotés au fil des années, je pense que
ça va être aussi très important d'avoir un espoir par rapport à la reprise
économique.
Dans
cet accord, dans cette entente de la Serbie dont on parle, sur la mobilité
sociale, c'est-à-dire sur la sécurité sociale, c'est en lien avec la politique gouvernementale en matière de mobilité
de la main-d'oeuvre, parce que, ce lien, on l'a fait en se disant qu'il
fallait envoyer ce message sur la scène internationale. Et on le retrouve, cet
aspect-là, dans la politique gouvernementale.
On dit, et je cite : «Les ententes de sécurité sociale conclues avec
d'autres gouvernements ont pour but la
coordination des régimes de sécurité sociale qui y sont nommés.» On parle... On
dit... De 1979 à 2016, il y a eu 34 pays qui ont signé des ententes avec le Québec. Maintenant, nous sommes
rendus à 39. «Concrètement, elles favorisent la mobilité des personnes visées en leur garantissant le
maintien de leurs droits et prestations acquis ou en voie d'acquisition dans
ces régimes et permettent aussi à une personne de compenser...»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, à ce point-ci,
compte tenu de l'heure, je me dois de vous demander si vous avez terminé
votre intervention, mais vous pourrez poursuivre lors de la reprise...
Mme St-Pierre :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, vous pourrez reprendre, poursuivre lors de la reprise de ce
débat.
Et, en conséquence,
compte tenu de l'heure, je vais suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion
proposant que l'Assemblée demande au gouvernement de fournir des
détecteurs de CO2 et des purificateurs d'air portatifs pour toutes
les classes
où cela est nécessaire afin de les rendre plus sécuritaires
Aux
affaires inscrites par les députés de
l'opposition, à l'article 58 du feuilleton, aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition, M. le leader du deuxième groupe d'opposition
présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des avancées scientifiques au sujet de la
transmission par aérosol de la COVID-19, et constate que ce facteur de risque
est désormais officiellement reconnu par Santé Canada;
«Qu'elle s'inquiète des statistiques
selon lesquelles les milieux scolaires représentent une part importante des cas
d'éclosion de COVID-19;
«Qu'elle
reconnaisse que la majorité des écoles du Québec sont en mauvais ou en très
mauvais état, et que cela se traduit notamment par une ventilation déficiente;
«Qu'elle prenne acte que la
ventilation des espaces clos est l'un des meilleurs moyens, avec le port du
masque, pour lutter contre la transmission par aérosol;
«Qu'elle demande au gouvernement de
prendre tous les moyens nécessaires afin de rendre les écoles québécoises davantage
sécuritaires;
«Qu'en ce sens, l'Assemblée nationale
demande au gouvernement du Québec de fournir, dans les meilleurs délais,
des détecteurs de CO2 et des purificateurs d'air portatifs pour toutes les
classes où cela est nécessaire.»
Je vous informe que la
répartition du temps de parole pour le débat restreint pour la motion inscrite
par le M. leader du deuxième groupe
d'opposition d'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à
l'auteur de la motion pour sa
réplique, 48 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 28 min 5 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition
officielle, 21 min 23 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 9 min 2 s sont allouées au troisième groupe d'opposition. Chaque député indépendant
dispose d'un temps de parole de 1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un
seul député indépendant participe à un débat, il dispose d'un temps de parole
de deux minutes.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je
rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au
cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Et je cède maintenant la parole à M. le leader
du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. Je suis content de présenter, aujourd'hui, cette motion en... disons
conjointement avec ma collègue de
Sherbrooke. Je le fais à titre de porte-parole de ma formation politique en
matière de santé, en équipe avec ma
collègue de Sherbrooke, qui, elle, est notre responsable sur les enjeux
d'éducation, parce que l'enjeu dont nous allons parler, cet après-midi,
est à la fois un enjeu de santé publique et un enjeu d'éducation.
Si je devais
résumer en une phrase la motion qu'on dépose aujourd'hui, ce serait la phrase
suivante : Prenons donc pas de chance, appliquons, en éducation, le
principe de précaution et prenons tous les moyens pour s'assurer que nos écoles
soient les plus sécuritaires possible. C'est
l'esprit de la motion que je dépose aujourd'hui, et j'espère que toutes les
formations politiques représentant cette Chambre vont l'appuyer.
Je
dis «principe de précaution» parce que cette motion, elle s'appuie sur des
données scientifiques qui, oui, ont évolué dans les derniers mois, mais qui sont en voie de devenir incontestables.
Le 6 juillet dernier, il y a 239 scientifiques de 32 pays
différents qui ont, ça a été le premier
signal d'alarme, signé une lettre publique pour sonner l'alarme quant aux
risques de contagion par aérosols à la COVID-19. Le lendemain, le
7 juillet, l'OMS déclarait qu'il y avait dorénavant des preuves raisonnables que la transmission de COVID-19
pouvait se faire par voie aérienne et, deux jours plus tard, le 9 juillet,
l'OMS, toujours elle, émettait
formellement une mise à jour pour reconnaître l'existence de la transmission
par aérosols. Ça a été ça, les trois premiers signaux d'alarme :
6 juillet, 7 juillet, 9 juillet.
Depuis, les études ont continué de s'accumuler, de s'empiler.
Ces études viennent de partout à travers le monde et elles disent une seule et même chose : La
transmission par voie aérienne, qu'on peut aussi appeler transmission par
aérosols, ça existe, c'est un risque, et les consignes de santé publique
doivent en tenir compte.
Au Québec, on
est arrivés un peu plus tard à cette même conclusion-là. Le 7 août,
l'INSPQ parlait, pour la première fois,
d'un risque de transmission aérienne dans sa publication sur l'environnement
intérieur. Et, tout récemment, le 5 novembre, l'Agence de santé publique
du Canada mettait à jour ses directives pour inclure officiellement les aérosols dans les modes de transmission reconnus.
Ce n'est donc
pas d'hier qu'on sait que ça existe, et les premiers signaux d'alarme, ils ont
été... ils auraient dû être entendus
dès le mois de juillet. Qu'est-ce
qu'on a fait depuis ces premiers
signaux d'alarme en matière de ventilation dans nos écoles? Pas
grand-chose, M. le Président, ou, en tout cas, pas suffisamment.
Il aurait
fallu, dès le début de l'été, commencer à faire un plan pour améliorer la
ventilation des écoles. Il aurait fallu commencer à intégrer, dans les
directives gouvernementales de santé publique, des directives relatives à
la transmission par voie aérienne. Mais on a pris du retard, tellement
de retard que c'est seulement dans les derniers jours qu'on a entendu le
ministre de la Santé dire : On va demander à l'INSPQ de regarder
ça, la transmission par aérosols. Ça fait depuis le mois de juillet que
les scientifiques les plus crédibles de la planète sonnent l'alarme.
Le gouvernement du Québec doit adapter son discours et ses mesures au fur
et à mesure que la science avance. Cette pandémie-là, nous ne la connaissons pas d'avance, c'est normal. Je ne
demande pas ni au ministre de
l'Éducation ni au ministre de la Santé de prévoir quelles vont être les avancées de la science. Ce qu'on leur
demande, par contre, puis ce à quoi les Québécois et les Québécoises
s'attendent, c'est qu'ils s'adaptent quand la science évolue.
L'Allemagne
l'a fait. L'Allemagne l'a fait depuis des mois. Quand on donne des consignes de
santé publique, on ajoute une lettre. Là-bas, ils ont fait un acronyme
pour résumer les différentes mesures de santé publique qu'on veut transmettre à la population. Il y a, bien sûr,
une lettre qui représente le lavage de mains, une, le port du masque, une, la
distanciation sociale. Et ça fait des mois maintenant qu'on a ajouté à cette
ribambelle de moyens de lutter contre la COVID-19 la question de l'aération, la
question de la ventilation dans les espaces clos.
Comment se
fait-il que le gouvernement du Québec ait été aussi à la traîne alors que des gouvernements qui sont parmi les plus crédibles à travers le monde, eux, se
sont adaptés à l'avancée de la science il y a déjà plusieurs mois? C'est la première question à laquelle j'aimerais
avoir une réponse cet après-midi, M. le Président. Comment se fait-il qu'on
n'ait pas été davantage prêts? Comment se fait-il qu'on n'ait pas pris note des
avancées de la science au fur et à mesure où
elles se faisaient? Comment se fait-il qu'on n'a pas ajusté nos consignes de
santé publique notamment dans nos écoles?
• (15 h 10) •
Pourquoi dans
nos écoles? Bien, parce que les preuves s'accumulent, nos écoles sont en train
de devenir un des principaux lieux de transmission de la COVID-19 au
Québec. Au moment où on se parle, il y a plus d'une éclosion sur quatre au Québec qui se produit dans une
école. Ça en fait le deuxième lieu d'éclosion sur notre territoire. À Montréal,
la semaine dernière, les écoles étaient même le premier lieu d'éclosion.
Il y avait une centaine, environ, d'éclosions en milieu scolaire contre 70 en
milieu de travail, et 25 dans des établissements de santé. Autrement dit, M. le
Président, seulement
dans les écoles montréalaises, il y avait plus d'éclosions que dans les
établissements de santé et les milieux de travail mis ensemble. Preuve supplémentaire s'il en faut une, le groupe
d'âge ayant le plus de cas, récemment à Montréal, c'est quoi? C'est les
10-19 ans. Où sont ces gens-là à longueur de journée? À l'école.
Personne
ne souhaite qu'on en arrive à un point où il faille fermer les écoles. Sur
cette question-là, on est d'accord avec
le premier ministre du Québec et son ministre de l'Éducation, ça ferait un mal
énorme à nos enfants que de les priver d'éducation
et de socialisation pendant encore plusieurs mois. Conclusion, il faut prendre
tous les moyens pour que nos écoles
soient les plus sécuritaires possible pour que jamais on n'en arrive à un point
où il faille considérer de fermer nos écoles. Et c'est le sens de ma
motion, qu'on prenne tous les moyens pour que jamais on n'ait même à se poser
cette question-là. Et ça, ça passe par quoi?
Ça passe notamment, pas seulement, mais notamment par des mesures d'urgence
pour améliorer la ventilation dans nos écoles.
Nos
écoles, elles sont vieilles, elles sont vétustes. Selon les dernières
recensions, plus de la moitié des écoles au Québec sont en mauvais ou en
très mauvais état. Il n'y a pas de quoi à être fier de l'état de notre
parc-école au Québec, M. le Président. Et
ça, ce n'est pas la faute du ministre de l'Éducation actuel. Donc, je l'invite
à ne pas se lever pour me dire : Ce n'est pas de ma faute si les
écoles sont toutes croches. Je le sais. On le sait. C'est bon, «check».
Par
contre... et j'ajoute à ça que
personne de raisonnable ne lui demande de rénover l'ensemble du parc-école au
Québec dans les trois prochaines semaines
pour lutter contre la pandémie. Ce serait une demande déraisonnable. Ce n'est
pas ça qui lui est demandé par la motion
dont on va débattre cet après-midi. La motion dont on va débattre cet
après-midi lui demande de poser des gestes concrets, pragmatiques,
immédiats, pour s'assurer que nos classes soient les mieux ventilées possible. La motion parle de
deux moyens, M. le Président, deux moyens appuyés par une littérature
scientifique abondante.
Le
premier moyen de mieux ventiler nos écoles : installer, dans chaque classe
des détecteurs de CO2, de dioxyde de carbone. Pourquoi? Parce
que ce que la littérature
scientifique démontre, partout à travers le monde, c'est que la quantité
de dioxyde de carbone dans une pièce, c'est
le meilleur indicateur ou un des meilleurs indicateurs pour évaluer la qualité
de la ventilation d'un espace clos, pour des raisons qui sont faciles à
comprendre. Doter l'ensemble de nos classes de détecteurs de CO2, ça permettrait aux enseignantes, aux
enseignants, au personnel, de savoir en tout temps si l'espace dans lequel ils travaillent ou ils étudient est sécuritaire.
Ça permettrait de savoir : Est-ce
que c'est le moment ou pas d'ouvrir
une fenêtre, d'ouvrir une porte, en plein hiver? Ce serait intéressant
de savoir quand le faire.
Est-ce qu'il faut même, par exemple, si on atteint
un certain niveau, dire : O.K., on sort les élèves de la classe, c'est
trop dangereux, par exemple? Je suppute, je fais des hypothèses, tout ça pour
illustrer à quel point ce moyen, appuyé par une littérature scientifique, avoir des détecteurs de CO2 dans les classes, ça permet aux
gens qui fréquentent nos écoles de savoir si l'espace dans lequel les élèves se
trouvent est sécuritaire. D'ailleurs, en Allemagne, des mesures ont été prises
dans ce sens-là. Alors, j'invite le ministre à ne pas me dire que
Québec solidaire sort des propositions de son chapeau, c'est faux, ce
sont des mesures qui sont en voie d'être appliquées dans plusieurs pays dans le
monde. On est sans doute un peu en avance sur la Coalition avenir Québec, mais
on n'est pas dans le champ pour autant. La littérature scientifique s'accumule pour dire que de tels détecteurs dans
des espaces clos, c'est la solution pour savoir si les espaces sont
sécuritaires ou pas.
Deuxième
proposition, M. le Président : faire l'achat de purificateurs d'air
mobiles et les installer dans toutes les classes où ce sera nécessaire, parce
qu'il y a des écoles neuves, au Québec — pas assez, mais il y en a — où les systèmes de ventilation sont sans doute convenables, il y
en a d'autres où les systèmes de ventilation sont vétustes, et la présence de
détecteurs de CO2 nous permettrait justement de savoir où exactement c'est
pertinent et important d'installer des purificateurs d'air portatifs. La
preuve que c'est une bonne idée, c'est que plusieurs écoles ont commencé à
faire l'achat de ces dispositifs-là, ils ont
arrêté d'attendre après le gouvernement, ils ont pris sur leurs épaules la responsabilité
de s'assurer de la sécurité des enfants et de leur personnel, ils ont
commencé à en acheter et à en installer.
Je m'arrête ici, M.
le Président, parce que je veux laisser du temps à ma collègue de Sherbrooke.
Mais, en terminant, je veux dire une chose.
Depuis le début de cette crise, le gouvernement demande aux oppositions de
faire des propositions constructives. C'est ce que fait Québec solidaire
aujourd'hui, deux propositions constructives, précises, argumentées, appuyées sur la littérature scientifique. J'invite le
gouvernement à faire preuve d'ouverture, à accepter d'envisager la
possibilité que, peut-être, ils n'ont pas toutes, toutes, toutes les réponses
et que, peut-être, parfois, les oppositions peuvent contribuer, peuvent mettre
de l'avant des solutions qui sont intelligentes et qui sont appropriées.
Les
parents du Québec sont inquiets. Moi, je reçois à tous les jours des messages,
sur les médias sociaux, de parents qui
sont inquiets, parce qu'ils lisent les mêmes articles scientifiques que moi,
qui parlent de la transmission par aérosols. Les profs sont inquiets, ils se demandent s'ils sont en danger quand ils
vont travailler, et puis, bien sûr, nous sommes tous et toutes inquiets
pour nos enfants.
Le bon sens commande que cette motion soit adoptée
aujourd'hui, le bon sens commande qu'on applique le principe de précaution, qu'on ne prenne aucune chance sur
la qualité de l'air que respirent nos enfants dans les écoles, au plein milieu
d'une pandémie mondiale et historique, qui a
déjà fait trop de décès. Ça fait depuis juillet que le risque est reconnu, on
est en retard, mais être en retard,
ce n'est pas une raison pour ne pas se rattraper. Et c'est l'invitation que je
lance au ministre de l'Éducation aujourd'hui puis à son gouvernement.
Saisissons la proposition que fait Québec solidaire
aujourd'hui, rattrapons notre retard, protégeons nos enfants, faisons de nos écoles des lieux sécuritaires pour tous
ceux et toutes celles qui les fréquentent pour lutter contre la pandémie, oui,
puis aussi pour rassurer la population du Québec. J'invite le ministre à toute
l'ouverture dont il est capable. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le leader. M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le Président.
Je remercie mon collègue d'amener au salon bleu la question de la santé, de la sécurité des élèves. Il a choisi de l'amener
par la question de la ventilation. Pas une mauvaise question, c'est une
question dans l'air du temps, sans... Un mauvais jeu de mots,
effectivement.
Il y a beaucoup d'articles qui parlent de ce
sujet-là dernièrement. Et mon collègue dit : Bien là, c'est dans plein de
reportages à TVA, Radio-Canada, dans les journaux, on va se mettre à lire là-dessus
puis on va présumer que le gouvernement n'a rien fait, parce qu'on va présumer que le gouvernement vient de lire le même
article de journal que moi. Mais ce
n'est pas ça, la vérité, M. le Président. Ça fait un bon bout de temps qu'on
est conscients, au gouvernement, de la nécessité
de mettre en place une pluralité de moyens pour prendre soin de la santé et de
la sécurité des élèves et du personnel, dont la question de l'aération des classes, des locaux, de la
ventilation avec les mécaniques nécessaires, avec les systèmes de ventilation nécessaires, avec l'entretien des
systèmes de ventilation, puis aussi, avec l'entretien du bâtiment au complet avec son enveloppe extérieure, donc avec les fenêtres. Ça n'a pas
commencé cette semaine, après avoir lu un ou deux articles sur lesquels
on pouvait cliquer pour aller lire la revue scientifique qui avait inspiré l'article.
Ça fait des mois qu'on est là-dedans, c'est
pour ça qu'on ne vient pas de découvrir ça, là, cette semaine, à la lumière de
deux, trois chroniques ou reportages.
• (15 h 20) •
Pour prendre
soin des élèves et du personnel, il y a une pluralité de mesures qu'on a mises
en place, qu'on continue de mettre en
place puis qu'on va ajuster au fil des mois et des semaines. De penser que, là,
la question c'est, supposons, c'est la
distanciation, puis là on va se préoccuper de la distanciation, puis, une
semaine après, on va se préoccuper spécifiquement des mesures d'hygiène, là, du Purell, du nettoyage
des mains, puis là, après ça, ça va être le temps du transport parce qu'on
va s'inquiéter du fait que les enfants sont
trop nombreux, trop rapprochés dans les autobus, ce n'est pas comme ça qu'on
doit voir les choses.
C'est pour ça
qu'au gouvernement, au ministère, on se fie sur des analyses des experts de la
santé publique, lesquels se fient sur
ce qu'il se passe à l'INSPQ et à la grandeur du globe. Nos experts de la santé
publique parlent aux experts de la santé
publique des autres provinces, des autres États, ici, en Amérique du Nord, mais aussi en Europe. Et les instituts comme on a, on a l'Institut national de santé publique, bien, ils ont des frères, des soeurs, des collègues
de d'autres États puis ils partagent ces études-là. C'est pour ça, quand on est
arrivés au mois de juin, avant toutes les autres provinces canadiennes, en passant, puis qu'on a déposé notre plan de
rentrée scolaire, bien, il y avait beaucoup d'éléments. Il y avait la question des horaires différenciés, pour être sûrs que les
élèves n'aient pas les récréations en même temps, hein, parce qu'on veut éviter
les contacts entre des élèves de différents
groupes-classes. Il y a la question des groupes-classes, qu'on a appelés parfois
les bulles-classes. Mais l'idée, c'est de
dire : Bien, une classe, c'est comme une cellule familiale, bon, on n'est
pas obligés d'avoir une distanciation en tout temps, mais, par contre,
on doit avoir une distanciation entre les élèves ou les membres de ce groupe-là et les membres des autres groupes. Ça
s'applique aussi au dîner, donc ça touche les services de garde, les services
des dîneurs. Ça s'applique aux récréations.
Donc, l'horaire, le transport avec le port du
couvre-visage dans le transport, les groupes-classes, les horaires, l'hygiène des mains, bien sûr, l'hygiène
respiratoire, parce qu'on est dans des lieux d'enseignement, hein, donc
expliquer à nos ados ou à nos jeunes
que, bon, bien sûr, on fait attention à ce qu'on touche, on fait attention à
notre façon de projeter, on tousse
dans le coude. Si on recule de trois ans, quatre ans, on n'avait pas cette habitude-là. Mais les enseignants, au fil
des semaines...
Puis les
premiers jours, ça a été difficile, ça a été lourd. Les enseignants nous
disaient : Coudon, je ne peux pas voir ma matière, j'enseigne des bons comportements, j'enseigne d'éviter la
propagation avant de commencer français, maths, science, histoire, chimie, etc. Ça a été lourd pour les enseignants. Ça
l'est encore, mais les premiers jours, particulièrement, ça a été difficile. Puis je salue vraiment leur
courage puis leur engagement, je vous dirais, à participer à la lutte contre le
virus. Ils ont été, je vous dirais,
des modèles pour les élèves. Puis ça continue, hein? Ce n'est pas facile. Puis
enseigner, c'est répéter, et ils le font encore.
Puis il y a les regroupements, éviter,
évidemment, les regroupements au dîner, parce que ça ne sert à rien de faire très, très attention pour avoir des
groupes-classes pendant les cours puis, après ça, relâcher au dîner, après
l'école. Donc, encore une fois, il a fallu faire de la sensibilisation.
Puis on a
même appelé les corps policiers en renfort. Moi, je me souviens d'avoir eu des
conversations avec la vice-première ministre, qui a dit : Oui,
c'est correct, on va envoyer un mot d'ordre à tous les corps policiers du
Québec, aller faire des patrouilles, pas se
transformer en trappe à tickets, mais à aller sensibiliser, à aller parler aux
adolescents pour leur dire :
Regarde, c'est important, on vient vous expliquer, séparez-vous,
distancez-vous. Il ne s'agit pas d'être un État policier, il s'agit
d'être un État bienveillant puis d'utiliser tous nos personnels pour faire de
l'information puis de la sensibilisation. Ça fait partie du grand tout.
Puis la
ventilation, l'aération, ça fait partie de tout ça aussi. Dès le premier budget
du gouvernement actuel, on a mis, sur
la table, une enveloppe de 1,2 milliard, pas pour construire des écoles.
Ma collègue disait hier : Ah! là, l'argent, elle va pour construire des maternelles quatre ans.
Mais non. Ce n'est pas ça. 1,2 milliard, c'est pour rénover et entretenir
le parc-école actuel, parce que ça a
été longtemps négligé. Puis mon collègue ne veut pas que je le dise, mais je
vais le dire pareil, là : Si on
est obligés d'en mettre autant l'an passé, cette année puis si on va être
obligés d'en mettre autant l'année d'après puis l'année d'après, c'est
parce qu'on est obligés de faire un grand rattrapage, un grand rattrapage dans
nos infrastructures scolaires. Donc, des
fois, c'était le toit qui était à changer, des fois, c'était le parement de
briques, des fois, c'étaient les
fenêtres qui ne s'ouvraient pas ou qui étaient tellement vétustes qu'elles
s'ouvraient, mais elles ne se fermaient plus. Puis, d'autres fois, c'étaient les systèmes de ventilation qui
n'étaient pas réparés : c'était le moteur, c'était... C'était
vétuste. Ça datait de 30 ans. Ça n'avait pas reçu l'entretien nécessaire.
Donc,
premier budget, 1,2 milliard en mars 2019. Deuxième budget, en mars 2020,
1,6 milliard. Pas en tout, de plus. Donc, en deux ans, 2,8 milliards, pas pour construire des écoles,
pour rénover les écoles actuelles, parce que le budget pour construire des écoles, c'est en plus de ça. 2,8
milliards, ça, c'est 350 % le budget des deux premières années du
précédent gouvernement libéral. Ils vont se lever quand même tantôt pour
nous reprocher de ne pas entretenir le système de ventilation à leur goût, quand même, hein? Ça va être le comble, mais on
va assister à ça. 2,8 milliards pour rénover des écoles, entretenir les systèmes de ventilation, s'assurer
que l'aération se fait, que la ventilation se fait, je pense, c'était
nécessaire.
Cet automne,
par-dessus ça, on a rajouté un 20 millions de dollars, pas pour changer le
système au complet, pour venir faire
de l'entretien, pour venir faire, je vous dirais, des ajustements qui sont plus
ponctuels, qui sont plus précis dans une
école où les fenêtres s'ouvrent, où il n'y a pas de système de ventilation
mécanique. Je sais ce que c'est, j'ai enseigné 17 ans au primaire dans une école où ça n'existait pas, un système
de ventilation. Le système de ventilation, c'était lève-toi puis ouvre
la fenêtre, puis je le faisais, je le faisais même l'hiver. Il n'y avait pas la
COVID, j'ai connu le SRAS, par exemple, puis
laissez-moi vous dire que l'épisode du H1N1, dans les écoles, à un moment
donné, ça ressemblait à ça. J'ai connu
les campagnes de vaccination massives. J'ai pris mes élèves, on est allés dans
l'autobus, on est allés tous se faire vacciner.
Puis le H1N1, laissez-moi vous dire qu'on en parlait. Je ne vous dis pas que
c'est la même chose, la COVID, le H1N1,
mais ce que je vous dis, c'est qu'on a reçu ces consignes de ventilation puis
d'aération. Et, à cette époque-là, non seulement
j'ouvrais les fenêtres de ma classe, mais j'ouvrais toutes les fenêtres de
l'étage parce que l'école avait bougé, parce que le gouvernement n'avait pas investi, puis j'étais le seul, à
6 pieds 4, 320 livres, capable de forcer contre la structure de
l'école pour ouvrir les fenêtres. Alors, le
matin, j'ouvrais les fenêtres d'une quinzaine de classes pendant
15 minutes, après ça, je
refaisais la tournée, je fermais les fenêtres avant que les élèves arrivent,
même l'hiver. Après ça, à la recréation, je refaisais la tournée, j'ouvrais toutes les fenêtres de... Bon.
Heureusement, ce n'est plus ça, ce n'est pas ce qu'on demande aux profs. Je ne suis pas en train de dire que c'est
normal, ça devrait s'ouvrir à deux doigts sans effort par tout le monde,
mais c'est pour vous dire à quel point on partait de loin dans le réseau
scolaire en termes d'entretien des bâtiments.
Donc, oui, on a investi de l'argent pour rénover
les écoles puis entretenir le système de ventilation mécanique, puis, oui, c'est en plein sur le sujet quand on
parle d'argent pour l'entretien des systèmes de ventilation mécanique. Oui, on
a rajouté, cet automne, en plus, un 20 millions de dollars de plus dédié pour des ajustements
supplémentaires, pour tout ce qui peut avoir trait avec l'assainissement
de l'air, l'aération. Oui, cet argent-là peut servir à acheter des filtres dans
des classes qui pourraient être moins bien
ventilées, moins bien aérées. Mon collègue dit : Ah! les écoles n'ont pas
attendu après le ministre. Non, mais elles ont attendu après l'argent
qui permet de prendre ces initiatives-là.
Et c'est là
où on voit la vision du gouvernement actuel, qui est une vision où on a beaucoup
d'ambition pour le réseau scolaire. On est capable de faire pas seulement
des discours, mais d'aller chercher l'argent pour que ça s'applique dans les écoles. Et, après, bien, on fait ce qu'on
dit, on dit ce qu'on fait, on a dit qu'on a faisait de la subsidiarité, on a dit
qu'on remettait entre les mains des écoles et des centres de services
scolaires la gestion du parc immobilier. On ne leur pellette pas la facture en disant : Arrangez-vous. On leur donne
les fonds qui leur permettent d'entretenir le parc-école. Après ça, on rajoute 20 millions, en disant : Mais si vous avez... c'est vous qui
savez que, dans l'école X, au bout du corridor, il y a un local qui a
été divisé par l'ajout d'une cloison, puis ce petit local là n'a ni fenêtre ni
ventilation.
Ça se peut
que ce soit arrivé au fil des années, on n'a pas ça au ministère, mais, dans
l'école, ils le savent. Puis ils ont l'argent pour acheter — dans
ce local-là, parce que c'est vrai dans ce local-là, puis que le reste de
l'école est bien ventilé — un purificateur d'air. Puis c'est parce que
c'est de cette façon-là qu'on va être agile, qu'on va faire le plus de chemin possible avec chaque dollar, qu'on
décentralise l'utilisation des budgets que l'on donne. C'est de cette façon-là
qu'on va arriver à ventiler, comme il faut, nos écoles, puis à rassurer le
personnel scolaire qu'on leur donne des endroits qui sont sains. Dans un contexte de pandémie mondiale,
c'est tout un défi, là, beaucoup de gens sont inquiets quand ils prennent
l'autobus, sont inquiets quand ils vont à
l'épicerie, puis je les comprends. Ils peuvent aussi être inquiets quand... Bien
là, j'envoie mon enfant à l'école en temps de pandémie. Je vais
travailler à l'école en temps de pandémie.
• (15 h 30) •
Je pense que
c'est des inquiétudes qui sont légitimes, parce qu'on n'est pas dans une
situation normale. Mais on fait tout
ce qu'il faut pour calmer ces inquiétudes-là, pas par des campagnes de
publicité, par des gestes concrets pour que, dans les faits, ce soient des lieux les plus sains et sécuritaires
possible avec, à chaque fois, à chaque fois, l'appui de nos experts de la Santé publique, parce qu'on les
consulte au préalable. Eux regardent ce qu'il se passe partout, consultent
l'INSPQ, viennent nous voir et avalisent les plans du gouvernement.
Maintenant,
la question revient parce que la science sur la COVID évolue. C'est vrai que ce
qui était bon en mai ou en août n'est
peut-être pas bon en novembre puis en février 2021, c'est vrai. C'est pour
ça qu'on se retourne toujours vers la
Santé publique puis on dit : Bien, regardez donc, voir s'il n'y a pas des
nouvelles informations. Demandez donc à l'INSPQ si ça n'a pas changé depuis ce que vous disiez au mois de juillet ou au
mois d'août. Est-ce qu'il faut changer les avis de l'INSPQ ou sont-ils
encore bons?
Parce qu'on
se conforme avec ce que l'INSPQ nous a dit à date. On est parfaitement en
cohérence avec ce que nous dit
l'INSPQ pour la ventilation, pour l'aération, mais le ministre de la Santé, il
dit : Bien, fais donc un autre tour de roue, et, si l'INSPQ revoit son analyse, fait des
recommandations à la Santé publique, puis la Santé publique nous demande de
faire autre chose, on fera autre
chose. S'il y a une facture supplémentaire, je suis certain, je suis certain
d'avoir l'appui du ministre des Finances
pour investir encore plus. S'il faut changer des filtres, s'il faut acheter des
purificateurs d'air, parce que la science nous dit qu'il faut le faire, on va
le faire. On ne jouera pas avec la santé du personnel puis on ne jouera pas
avec la santé des élèves. On veut garder les écoles ouvertes puis on
veut garder la confiance des gens quand ils vont travailler à l'école ou quand
ils envoient leurs enfants à l'école. On va poser tous les gestes nécessaires.
J'ai des collègues qui semblent dire que ça va
donc mal dans les écoles en ce moment. J'ai le goût de vous dire que ça ne peut pas être parfait. Ce n'est pas
parfait. Ce n'est pas parfait, mais ça va aussi bien que ça peut aller en temps
de pandémie mondiale. On a quand même, au moment où on se
parle, plus de 98 % de nos classes qui sont ouvertes. 2 % des classes, à peu près, sont fermées, suite à une
recommandation de la direction régionale de la santé publique, pour deux semaines. Après, bien, elles seront
réouvertes. Malheureusement, ça se peut qu'il y en ait d'autres qui soient
fermées dans l'intervalle. Puis,
depuis, je vous dirais, trois semaines, quatre semaines, on se maintient à peu
près à ça, autour de 2 % des classes qui sont fermées.
Ce n'est pas
une fierté d'avoir des classes fermées, mais c'est une fierté d'avoir des
écoles ouvertes, parce qu'on réussit,
parce qu'on ferme des classes pour contenir la propagation, à garder les écoles
ouvertes, à garder un semblant de normalité dans la vie des Québécois
puis à garder, je vous dirais, la motivation scolaire de nos élèves. Parce que
c'est correct, l'enseignement à distance. Ça
peut être très bien fait, l'enseignement à distance. Mais il n'y a rien qui
remplace de voir ses amis en vrai puis de voir son professeur en vrai en
face de lui.
C'est pour ça
qu'on a fait le compromis de l'enseignement en alternance, un jour sur deux
pour les secondaires III, IV, V. On ne voulait pas les fermer
carrément. On ne voulait pas dire aux élèves : Là, vous, là, en
secondaire III, en secondaire IV,
en secondaire V, vous allez apprendre à la maison pour deux mois, trois
mois, six mois. Il aurait pu y avoir des
cours à tous les jours, avec des profs extraordinaires. Mais il aurait manqué
un petit quelque chose. C'est sûr qu'il aurait manqué un petit quelque
chose.
Mais, avec
toutes les mesures qu'on prend dans le transport, dans les horaires, dans les
groupes-classes, avec les mesures
d'hygiène, avec le masque, avec l'alternance, avec la ventilation, bien, on
réussit à garder nos écoles ouvertes puis on permet à nos élèves de secondaire III, IV, V en zone rouge,
quand même, de se rendre à l'école au moins un jour sur deux.
Et le jour
qu'ils ne sont pas à l'école, ils ne sont pas laissés à eux-mêmes en
disant : Bien, fais tes lectures, là. Non, non, ils suivent leurs horaires. S'ils doivent avoir un cours de math de
8 heures à 9 heures, bien, ils ont un cours de math de 8 heures à 9 heures. Ils ont leur
professeur, ils peuvent échanger avec lui. Comme je vous dis, ce n'est pas
parfait, mais c'est à peu près la meilleure des situations.
Donc, M. le
Président, on va continuer de s'ajuster. On ne changera pas à toutes les
semaines, on ne changera pas à toutes les heures. On va changer quand ça va
être nécessaire, quand la Santé publique va nous dire : On a des chiffres,
on a des données, on a des études qui nous amènent à vous dire que vous devez
faire des changements. Quand c'est le cas, on le fait, depuis le début, puis on le fera encore. On espère, bien sûr,
avoir à le faire le moins souvent possible. On espère que le vaccin
arrive. On espère tourner la page de cette sombre histoire qui nous touche
tous.
Donc, M. le Président, c'est une bonne chose
qu'on en débatte aujourd'hui, des conditions sanitaires dans nos écoles, y compris de la ventilation, mais de, je
vous dirais, toutes les conditions sanitaires, de tous les moyens qu'on a
devant nous pour prendre soin des
élèves. Cependant, je ne suis pas en accord avec la motion telle qu'elle est
libellée, bien que je sois d'accord avec la conclusion. Donc, il y a des
amendements qui ont été déposés par ma formation politique. Mais j'aimerais
vous lire la motion telle qu'elle pourrait être amendée, tel qu'elle se lirait
si mes collègues acceptaient les amendements.
Et donc ma formation politique serait donc en accord avec la motion telle que
libellée comme je vais la lire. Et
vous voyez bien qu'on n'est absolument pas dans le déni, qu'on est tout à fait
prêts à reconnaître qu'il y a des changements à apporter et qu'on être
tout à fait prêts à débattre et à bouger sur la question de la ventilation.
Donc, la motion se lirait ainsi :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des avancées scientifiques au sujet de la transmission par aérosol de la COVID-19, et
constate que ce facteur de risque est désormais officiellement reconnu par
Santé Canada et ce, dans des circonstances précises;
«Qu'elle
prenne acte des statistiques selon lesquelles les milieux scolaires
représentent une part non négligeable des éclosions de COVID-19;
«Qu'elle
reconnaisse qu'un nombre important des écoles du Québec [est] en mauvais ou en
très mauvais état en raison du
sous-investissement des précédents gouvernements, et que cela pourrait se
traduire, dans certains cas, par une ventilation insuffisante;
«Qu'elle
prenne acte que la ventilation des espaces clos [fait partie] des moyens, avec
le port du masque et le respect des mesures sanitaires, pour lutter
contre la transmission par aérosol;
«Qu'elle
demande au gouvernement de prendre tous les moyens nécessaires afin de rendre
les écoles québécoises davantage sécuritaires;
«Qu'en ce
sens, l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de solliciter la
Direction de la santé publique afin
d'évaluer, à la lumière de la mise à
jour des recommandations à venir de l'INSPQ en matière de ventilation des espaces
fermés, la pertinence d'acquérir des purificateurs d'air portatifs pour toutes
les classes où cela est nécessaire.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Merci. Votre amendement est déposé, sous
réserve de la permission de l'auteur de la motion, qui nous l'indiquera
au moment qu'il jugera opportun.
Je suis prêt
à reconnaître, maintenant, Mme la
députée de Saint-Laurent. Et je vous indique que votre groupe a
27 min 10 s.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci,
M. le Président. Merci, d'ailleurs, pour cette motion, car on en parle, de la ventilation, depuis
cet été.
Et, dès qu'il y a
eu les premières études, le ministre était au courant, on lui en a parlé. Le
17 août, j'étais en Chambre avec
la députée de Joliette et la
députée de Sherbrooke,
en crédits avec le ministre de
l'Éducation, je lui ai sorti un beau
tableau pour montrer
l'enjeu sur la ventilation, et je lui ai même rappelé, à ce moment-là, le 17 août, que l'Ontario a injecté 50 millions cet été juste pour la ventilation ainsi que
l'achat d'équipement tel que des purificateurs d'air mobiles. Et il a dit,
à cette époque, je m'en rappelle, très sérieusement, il a dit : Non, tout est beau, on n'a pas besoin d'ajouter davantage.
Et c'était sa réponse, là, ce n'est
pas des farces. Il a dit : On a mis assez d'argent. Et je me rappelle,
quand je me suis assise, bien, ma
collègue a donné un autre tour de roue, mon autre collègue
aussi a donné un autre tour de roue, on est revenus sur le même sujet, la ventilation. On l'a talonné, puis finalement,
le 26 septembre, il a finalement
débloqué un 20 millions pour dire : O.K., on va s'occuper un
petit peu de la ventilation, 20 millions pour 2 997 écoles.
• (15 h 40) •
Mais ça ne change pas une chose : l'état des
lieux. Quelles sont les écoles qui ont besoin d'aide? Quelles sont les écoles où, malheureusement, il n'y a même pas de classe avec des fenêtres. Les
fenêtres sont dans... donnent sur le corridor. Alors, ça, il me semble qu'il faut faire un état des lieux. Il y a
malheureusement aussi des écoles que les fenêtres sont vissées pour des raisons de sécurité, alors on ne les
ouvre pas. Puis même, oui, il y a des écoles qui sont vétustes. C'est un
constat. Si ma mémoire est bonne, là,
70 % des écoles, au Québec, ont été construites à la période de Maurice
Duplessis. Donc, vous comprendrez qu'on a un parc vétuste.
Alors,
oui, il faut rénover. En ce moment, le chiffre exact, là, c'est 44 % des
écoles qui, selon les dires du ministre de l'Éducation lui-même... Et il a
corrigé, il a dit initialement que c'était du côté de la ventilation qui
méritait des travaux importants,
finalement il disait que c'était, je recorrige le ministre, l'ensemble de
travaux importants, y compris la ventilation, 44 %.
Mais,
même les autres écoles, le 56 autre pour cent, disons, là, qui est mis à niveau...
Sincèrement, est-ce que la réponse du
ministre fait du sens en disant : On v a ouvrir les fenêtres en janvier
puis en février pour aérer? Comment va-t-il mesurer, là, qu'il y a eu assez d'aération? Parce que lui, il dit :
On va les ouvrir trois, quatre fois par jour. On va se baser sur quoi?
Sur son pif? Parce qu'à date, là, il ne nous a pas beaucoup servi, ce pif-là.
Alors,
moi, je vous dirai, là, que, quand, la motion, on la lit, de dire : On va
s'équiper avec du matériel, notamment pour
vérifier le CO2 puis avec ça on va être capable d'avoir une
indication de suivi, ça, là, c'est une approche pragmatique, scientifique. Il devrait sauter là-dessus. Il n'y
a rien de mal. Il n'y a absolument rien de mal de faire ça. L'Allemagne le
fait, puis j'ajouterais que même New York le
fait. Puis pourtant le ministre, là, il ne s'est pas gêné pour aller à New York
voir comment ça fonctionne, les maternelles
quatre ans. S'il veut aller à New York voir comment ça fonctionne, les écoles,
en période de pandémie, je l'invite. C'est
correct. Il va voir qu'ils ont fait l'achat de purificateurs d'air. Ils ont
aussi... Ils ont aussi... et que, oui, effectivement, ils font le suivi
du CO2.
Quand
que le ministre dit : On se conforme à l'INSP, je n'ai pas pu m'empêcher
de soupirer un peu, parce que je vois une constance, moi, M. le
Président. Permettez-moi. L'histoire des masques dans les écoles, c'est drôle,
ça a été soulevé, tergiversé pendant
plusieurs semaines, à savoir oui, non, peut-être, on ne sait pas. Finalement,
masque dans les corridors, mais pas
dans les classes. Après ça, quand on a vu... j'ai présenté ce tableau ici. Vous
vous rappelez de mes tableaux, M. le
Président? Ah! Je n'ai peut-être pas amené le bon, désolée. Alors, désolée, il
m'en manque un. J'ai présenté le tableau où est-ce qu'on voyait que le Québec était numéro un pour toute la propagation
dans les écoles, toutes catégories confondues dans toutes les provinces,
numéro un. Finalement, il dit : On va mettre le masque obligatoire dans
les classes. Ça, là, permettez-moi de vous donner certaines dates. Le masque,
on en parlait de façon très claire le 5 juin 2020 par l'OMS. Santé Canada en parlait aussi depuis fin juillet,
début août. L'Ontario l'a imposé d'entrée de jeu. Nous, le Québec, il faut
attendre au 1er octobre. Première tendance.
Deuxième
tendance. Je vais citer encore le ministre : On se conforme à l'INSPQ. Le
même INSPQ qui leur ont dit : Réduisez la taille des groupes, ce
même INSPQ, là, Institut national de la santé publique du Québec. Quand que
l'INSPQ a dit ça, le ministre a dit : Ah! non, non, non, pas l'INSPQ, moi,
j'écoute la Santé publique. Donc, il fallait comprendre,
par cette acrobatie linguistique, que l'INSPQ, bien que son titre dit Institut
national de santé publique, ce n'est pas
la Santé publique, donc on écoute seulement le bon Dr Arruda. Et, puisque
Dr Arruda n'a pas dit qu'il fallait réduire la classe des groupes... la taille des groupes, pardon, bien, on ne
réduit pas la taille des groupes, malgré que l'INSPQ l'a clairement dit,
il y avait aussi une étude à cet effet.
Alors,
M. le Président, ça, c'est la deuxième tendance. Troisième tendance :
ventilation. Mon collègue de Gouin vous
a fait l'énumération des dates de façon très spécifique. À la période de
questions, ce matin, je l'ai mentionné aussi. Moi, j'aimerais vraiment comprendre qu'est-ce qui arrive entre le
6 juillet jusqu'à ce jour qu'on n'est pas capables de se dire
qu'effectivement, dès maintenant, là, on va arrêter de tergiverser, on va
passer à l'action.
J'ai
entendu l'entrevue du ministre de la Santé à Paul Arcand, je ne veux pas
le citer incorrectement, vous comprendrez,
M. le Président, alors permettez-moi de vous reprendre certains propos qu'il a
dits. Je les ai notés dans mon téléphone
parce que, des fois, ça va vite. Alors, la question sur le port du
masque : L'OMS vient encore de changer leur opinion. L'OMS ne vient pas encore de changer leur opinion récemment.
L'OMS, la date précise où on l'a dit, là, on parle, là, de début
juillet. Ce n'est pas récent, là.
Toujours
le ministre de la Santé : Est-ce que c'est vraiment un problème de ventilation?
Il pose la question tout haut sur les ondes de Paul Arcand. Est-ce qu'on
me niaise, là? Les études s'empilent. Je sais qu'on a tendance des fois à
tabletter des études, mais là on n'a
pas le temps de tabletter, on est en pandémie, on est en guerre contre un
virus. Il y a plein d'experts qui
nous disent : Chaque geste compte, mais il faut que ce soit fait en temps
utile. Moi, j'ai un ministre de la Santé, là, qui n'est pas sûr que la ventilation... Là, il le dit,
là, au micro de Paul Arcand, la radio la plus écoutée au Québec : Est-ce
que c'est vraiment un problème de
ventilation? Et là il en ajoute une
autre couche : La Santé publique ne nous l'a pas recommandé, cette
priorité n'était pas là durant l'été. Avec recul, est-ce que ça aurait dû
l'être? M. le ministre de la Santé, bien oui! Ce
n'est pas une question de recul, là. Cet été, là, vous avez deux options, vous
pouvez être soit la cigale soit la fourmi. Moi, j'ai entendu la fourmi Véro, j'ai entendu la fourmi Christine puis j'ai
entendu la fourmi Marwah. Pour de vrai, trois fourmis, trois
fourmis, là, tac, tac, tac, des études, en veux-tu en v'là! Veux-tu des
propositions? En veux-tu en v'là! O.K., on manque de locaux, on va sortir de la boîte, là,
traditionnelle, on va réfléchir collectivement ensemble. Et pourquoi
pensez-vous que ces trois fourmis se
sont dit : On va faire un paquet de propositions? Parce que la santé et
sécurité des enfants, c'est sûr, c'est une priorité pour tout le monde, puis
que nous, là, bien, on n'est pas des devins. Je ne suis pas médecin, je regarde
mes collègues; non plus, mais, oui, on est capables de lire, on est
capables de s'informer.
Puis
il y a aussi une affaire que nous savons, c'est que, malheureusement, il n'y a pas tout plein d'études pour nous dire exactement ce que la COVID-19
aura comme impact sur les enfants si jamais ils la contractent. Moi, je me
rappelle quand le député de
Nelligan m'a parlé pour la première fois du syndrome de
Kawasaki. Je vous dis, là, j'ai un petit peu paniqué. Et là, tranquillement, on apprend davantage
c'est quoi, l'impact lorsqu'un enfant attrape la COVID‑19. Vous, M. le Président, êtes-vous capable de mettre votre main au feu puis jurer aux parents,
là, qu'il n'y aura aucune conséquence? Moi, je ne suis pas capable.
Alors,
lorsque le député de Gouin dit, là : Appliquons de façon unanime le
principe de précaution, je voulais entendre le ministre de l'Éducation
dire : Effectivement, on va appliquer de façon unanime le principe de précaution. C'est la
seule chose qu'il aurait dû répondre,
la seule, au lieu de me faire le bilan de ses investissements, à savoir si, oui
ou non, c'est allé sur tel endroit, maternelle 4 ans ou pas. On
n'est plus là, il y a une urgence.
Ce
sentiment d'urgence, là, je le sens, là, je le sens, là, à côté de moi, là, je
le sens ici, mais j'ai envie de le sentir de l'autre côté de la Chambre. J'ai envie d'entendre un ministre de l'Éducation qui arrête de me dire, puis là je cite encore,
là : On va attendre la Santé
publique. Si la Santé publique, c'est seulement et seulement si Dr Arruda...
et qu'il est en train de nous dire
que... Lorsque le Dr Karl Weiss le dit et le répète, que l'un des
principaux endroits d'éclosion sont les écoles, qu'à Montréal le principal lieu d'éclosion, au Québec,
là, Montréal, le principal lieu, c'est les écoles, lorsque près de 30 %
des éclosions au Québec sont les écoles, il me semble qu'on devrait
l'écouter.
Dre
Caroline Quach-Thanh — je vais devoir lire ses titres, parce qu'il
y en a plusieurs — pédiatre,
microbiologiste, infectiologue et
épidémiologiste au CHU Sainte-Justine, elle-même, elle dit : On ne peut
pas tergiverser, ça nous prend une solution
très court terme. Et, même si on mettrait des milliards de dollars,
là — ça, ce
n'est pas elle qui le dit, là, ça, c'est moi — même si
on met des milliards de dollars pour rénover puis mettre de la ventilation, on
ne peut pas le faire à court terme,
c'est impossible. Par contre, ce qu'elle, elle dit, Dre Quach-Thanh : Pourquoi vous ne faites pas comme dans les cabinets de dentistes. Faisez l'achat d'équipement
de purificateurs d'air portables, c'est une solution efficace à moindre coût,
et rapidement on est capable de le faire.
Pourquoi
qu'on tape du pied, M. le Président? Je sais que vous allez me dire : Il fait
22 °C, Marwah, dehors, il fait chaud,
c'est beau, c'est l'été indien. Malheureusement, quand je regarde l'almanach du
peuple, là, ce n'est jamais arrivé, un été indien, en janvier puis
février au Québec. Tantôt, j'étais sur les ondes de radio Saguenay.
Habituellement, il fait moins 30° là-bas,
puis ils ont des très bonnes bordées de neige. Alors, eux autres me
disaient : On va-tu vraiment ouvrir les fenêtres, là, en plein mois de janvier, février? Il y a un parent qui a
ironisé, là : Bien, ça va être difficile pour mon enfant d'écrire à la mitaine, pas
l'expression qu'on connaît, «écrire à la mitaine», écrire avec une mitaine,
surtout lorsqu'un enfant souffre de dextérité... a un problème de
dextérité.
• (15 h 50) •
Alors,
moi, à la fin de la journée, ce que j'aimerais, là, c'est que ce tableau soit vraiment
un tableau qui aide le ministre,
parce qu'il pourrait dire à chaque fois... et se réfugier sur les chiffres
qu'il veut : Il y a 2 % des écoles qui sont fermées. Lui, au fond, là, c'est le nombre
d'écoles fermées qui dicte sa conduite. Moi, ce n'est pas ça. Je vous dis,
c'est la santé et sécurité des
enfants puis du personnel de l'école. Ici, 1er octobre, vous avez
1 130 élèves infectés. On
arrive au 6 novembre : 2 014, plus du double en un mois. Pour le
personnel scolaire... Et là, là, comprenez-moi bien, oui, il y a les profs, le personnel de soutien, que le ministre ne
consulte jamais puis leur impose des changements avec le bulletin puis avec trois journées pédagogiques, arrangez-vous
avec ça, bien, ce personnel de
soutien aussi est dans cette catégorie. Les professionnels de soutien
aussi sont dans cette catégorie. Il y en avait 211, 211 le 1er octobre,
646, ça a triplé.
Alors,
il pourra prendre tous les indicatifs qu'il veut, le nombre d'écoles. C'est
comme parler d'infrastructures, c'est
correct. Moi, je vais parler d'humains, en ce moment, il y a plus d'enfants qui
sont infectés avec la COVID-19, il y a plus
de personnels des équipes-écoles qui sont infectés avec la COVID-19. Ça, ça
devrait être son chiffre, c'est là-dessus qu'on devrait se baser.
Maintenant, M. le Président, pourquoi que c'est
important d'arrêter de niaiser, là? C'est parce que, pour faire l'achat de purificateurs d'air, il faut placer une commande
maintenant, et je peux vous dire tout de suite : Il y a déjà un problème
d'inventaire. Ça ne me tente pas qu'on me dise dans deux semaines : Après
réflexion, après avoir parlé puis après avoir négocié,
on s'est dit : Bien, oui, on va le faire, hein, on va le faire,
finalement. Un peu comme le Je contribue, vu que c'était la députée de Joliette qui le proposait, on a
attendu juste trois semaines pour le mettre en place. On n'a pas le temps
d'attendre trois semaines, parce que,
si on attend dans trois semaines, bien, ils n'arriveront pas, là, les
purificateurs d'air. Ça va être comme
les tablettes, on nous a promis au mois d'avril des tablettes, elles sont
arrivées après la session. Ça fait que c'est le fun, là, mes enfants, l'école était finie au mois de juin. Alors,
moi, je vous le dis, on a une opportunité d'agir dès maintenant. Et, en plus de ça, avec le congé qu'il y aura pour
les fêtes, ce serait le bon moment non seulement pour nettoyer plusieurs
filtreurs d'air dans les écoles, pour faire évidemment les changements
nécessaires, mais surtout s'assurer d'avoir des purificateurs d'air là où c'est
nécessaire.
M.
le Président, nous appuyons évidemment cette motion. J'aurais un amendement à
proposer. Et je tiens à rassurer tout de suite, tout de suite le député de
Gouin... Je sais que le ministre vous a dit que c'était négligeable, dans les
écoles, la propagation. Vous
comprendrez que ma modification n'ira pas dans ce sens, parce qu'effectivement,
lorsque c'est rendu le principal endroit d'éclosion au Québec, les
écoles, à Montréal, c'est loin d'être négligeable.
Motion d'amendement
Alors,
j'aurais une modification, monsieur, un amendement : Que la motion du
député de Gouin soit amendée de la manière suivante : Ajouter le
cinquième paragraphe suivant :
«Quelle
demande au gouvernement de produire un état de situation sur la ventilation
dans les écoles du Québec et de le déposer à l'Assemblée nationale d'ici
le 8 décembre prochain.»
C'est l'amendement que je dépose.
En terminant,
je dois avouer, M. le Président, que je suis légèrement exaspérée, parce que,
des propositions, il y en a eu
plusieurs de la part de l'ensemble des partis de l'opposition. Je sais que mes
collègues ne lâcheront pas le morceau. Ça, je le sais. Je demande aux parents qui nous écoutent, aux enseignants
qui nous écoutent, aux personnels de soutien, aux professionnels de soutien qui nous écoutent :
Vous non plus ne lâchez pas le morceau. On va continuer à, évidemment, faire
les représentations nécessaires. Et j'espère
sincèrement qu'on n'aura plus besoin de faire plein de périodes de questions,
plein de motions, de déclarations de
députés, sorties dans les journaux pour finalement avoir un petit peu d'action
de l'autre côté la Chambre. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Votre amendement est déposé sous réserve de la permission de
l'auteur. Et je vous rappelle aussi à la prudence lorsque vous parlez
des collègues, s'il vous plaît.
Je reconnais maintenant M. le député de
Portneuf.
M. Vincent Caron
M. Caron :
Merci, M. le Président. Permettez-moi tout d'abord de prendre une petite minute
de mon temps parce que je pense que, de toute manière, il y a toujours
un lien lorsqu'on vit des moments de douleur, que ce soit en mémoire à celles et ceux qui ont combattu pour nos droits
et libertés au travers le monde et ceux qui combattent la COVID,
ceux qui vivent dans le deuil. Donc,
c'était important pour moi aujourd'hui de souligner la mémoire de celles et ceux qui
ont combattu, ceux qui servent encore
aujourd'hui, bien
entendu, ce sont des gens essentiels.
On ne leur dit pas assez souvent notre reconnaissance, que ce soient des hommes, des femmes, et puis souvent
ils servent loin de leurs familles, c'est parfois déchirant.
Un hommage
aussi aux membres des Premières
Nations, des communautés
métisses inuites du Canada. Souvent,
on oublie de rappeler à quel point ils ont
contribué dans une longue et fière tradition militaire pour notre pays, il faut
le souligner aussi.
Puis vous le
savez... vous ne le savez peut-être pas, M.
le Président, mais je suis originaire
du nord de la France, un endroit qui
est proche de Vimy, là où il y a un mémorial qui a été érigé. Et beaucoup
de soldats canadiens sont tombés là-bas. Donc, c'était
important pour moi aujourd'hui de commencer mon propos avec ça.
Et puis, de toute manière, comme je vous le
disais, ce parallèle avec ce jour du Souvenir, cette mémoire de nos morts, cet hommage à nos soldats, c'est aussi parce que
notre planète, finalement, est en guerre. Elle est en guerre contre la COVID-19. On ne peut pas l'ignorer, notre monde a changé,
s'est fracturé quelques vertèbres. Mais on va se relever parce qu'on
est un peuple fort, et puis on est, du côté du gouvernement, aussi, déterminés
à tout mettre en oeuvre pour protéger notre population.
Nous vivons
présentement des moments difficiles qui s'accompagnent malheureusement de son
lot de tragédies. Plus de
6 000 Québécois ont perdu la vie à la suite des complications liées à
l'épidémie du coronavirus. Nos pensées sont avec elles, bien entendu, et avec leurs familles. Nous ne le dirons
jamais assez, chaque décès est un décès de trop. C'est pourquoi notre
gouvernement fait tout ce qu'il lui est possible de faire pour freiner cette
propagation du virus, particulièrement dans les milieux où la population
est la plus à risque.
Hier, l'INSPQ
publiait un rapport détaillant l'évolution de la létalité parmi les personnes
atteintes de la COVID-19. L'analyse
suggère qu'une diminution de la létalité s'observe dans plusieurs groupes
d'âge, chez les personnes vivant en CHSLD,
chez les gens qui ne requièrent pas d'hospitalisation ainsi que chez les
personnes hospitalisées plus jeunes. Sans surprise, les personnes âgées de 60 ans et plus ayant contracté la
maladie représentent 98 % des décès répertoriés depuis le début de la pandémie. Le tiers de ces personnes
avait plus de 90 ans. Le taux de létalité global depuis le début de la
pandémie avoisine les 40 % pour
ceux vivant en CHSLD ou en centre hospitalier. Bien qu'il ait baissé durant l'été... l'étude s'arrête cependant
à la mi-septembre, mais le taux de létalité se réduit progressivement depuis le
pic du printemps. En dehors des milieux
hospitaliers, pour la population générale, donc, ce taux tourne autour de
1 %, alors qu'il était à 3,8 % lors de la première vague. Cette diminution est encore mal
expliquée, mais, une chose est claire, les populations en deçà de 60 ans
sont drastiquement épargnées. En fait, l'INSPQ rapporte 120 décès pour les
50-59 ans, ce qui fait moins de 2 % des 6 500 personnes qui nous ont tragiquement quittés. Chez les
40-49 ans, 25 décès sont rapportés, sept pour les 30-39 ans et
quatre pour les moins de... les 30 ans et moins, donc aucun chez les
enfants, fort heureusement.
Si je vous
fais le portrait de ces statistiques, c'est qu'il est nécessaire de cibler les
endroits et les tranches d'âge où les
gens sont les plus à risque de subir des complications sévères dues à la
maladie, due à la pandémie. Cependant, il serait complètement faux de croire que, parce que les enfants sont épargnés,
nous mettrons de côté leur sécurité et celle de leurs proches. Nous ne faisons pas de compromis dans la
lutte au COVID-19 et mettons toutes les chances de notre côté en ne
prenant pas de risque inutile, aucun risque
inutile. Comme nous le rappelons en ce jour du Souvenir, la vie est trop
précieuse pour être dévolue aux aléas du hasard.
• (16 heures) •
Sur le sujet
de la motion d'aujourd'hui, nous devons admettre d'emblée que, depuis quelque
temps déjà, des études scientifiques
rigoureuses démontrent que la propagation du coronavirus peut se faire par voie
aérienne, ce qu'on nomme la transmission aérosol. Nous avons de fortes raisons
de croire à présent que le virus peut rester en suspens dans une pièce.
On en apprend d'ailleurs tous les jours, hein, il n'y a pas de manuel existant
pour lutter idéalement contre une pandémie mondiale. Donc, chaque jour, on
apprend de nouvelles choses. On a à l'esprit des endroits particuliers comme un
local de chorale ou encore un gymnase, là où
les jeunes exercent une activité pulmonaire accrue. Nous serions pourtant mal
avisés de croire que ces lieux
seraient seulement ceux où ce type de transmission pourrait avoir lieu, bien
qu'ils semblent cependant les plus
propices. C'est pourquoi un changement adéquat et fréquent de l'air ambiant
transportant ces particules en suspension serait la solution idéale, et
je dis bien idéale, M. le Président, et ce n'est pas anodin.
La volonté du
ministre de l'Éducation, du ministre
de la Santé, de tout le Conseil exécutif et des experts spécialistes de
la Santé publique est bien sûr d'offrir des services et des moyens de
protection optimaux pour l'ensemble de la population du Québec. Or, nous devons composer avec la
réalité du terrain. Cela n'est pas une excuse pour renoncer aux responsabilités
morales et publiques de l'administration gouvernementale. Cela veut plutôt dire que nous travaillons dans le concret, appuyés
par des informations chiffrées.
Notre volonté
d'aider les gens est infinie. Les ressources matérielles et humaines, elles, ne
le sont pas. Nous avons l'obligation
de veiller à ce qu'elles soient renflouées afin de pouvoir combattre le virus
avec force, là où nous en avons le plus besoin. Ainsi, une annonce très
concrète en ce sens a été faite par le ministre de l'Éducation fin septembre.
Vous êtes
sans aucun doute informés de l'initiative Je contribue qui a été lancée afin
d'appuyer le réseau de la santé durement éprouvé pendant la pandémie.
Selon les derniers chiffres dont nous disposons, plus de 11 000 personnes
embauchées lors de la première vague font partie du réseau de la santé à
l'heure actuelle. Depuis le début de la deuxième
vague, vers le 21 septembre, les établissements ont procédé à un millier
d'embauches additionnelles. Il y a eu 58 désistements,
c'est donc dire que 94 % des personnes engagées sont toujours à l'emploi.
Vous en conviendrez, je considère que cette initiative est une réussite.
M. le Président, les chiffres le prouvent.
Eh bien, pour
soutenir les besoins sociosanitaires des milieux hospitaliers, le ministre
s'est inspiré du modèle de Je contribue avec sa propre version nommée
Répondez présent. L'objectif central s'élabore autour d'une stratégie de soutien au recrutement massif en allant récupérer
des leviers financiers locaux pour pouvoir y arriver. Une fois le programme
terminé, ce sont 2 000 personnes qui obtiendront un emploi dans les
centres de service et ces établissements.
Nous
consacrons 20 millions de dollars pour mener à bien ce programme, dégagés
à même les 85 millions de dollars consentis
le 26 septembre dernier. En date d'aujourd'hui, ce sont
42 113 candidatures qui ont été reçues. De ce nombre, le ministère a déjà retenu
2 670 candidatures pour démarrer le processus d'embauche. Plus d'une
centaine de postes sont déjà pourvus
sur le terrain au moment où on se parle, M. le Président. Afin de cibler les
besoins, le réseau est en communication directe avec les intervenants
des milieux locaux pour savoir combien d'effectifs devront être recrutés et
quels endroits devraient être préconisés.
Ceci est
primordial en considérant la vétusté des écoles du Québec qui, encore ce matin,
a été abordée à la première chaîne de Radio-Canada par Karine D'Avignon,
professeure au Département de génie de la construction de l'École de technologie supérieure, en plus des systèmes
inadéquats de ventilation mécanique dans les écoles qui datent de plusieurs
années. Je voulais faire une parenthèse, M. le Président, pour rappeler ce que
le ministre disait il y a quelques minutes. Je siège, moi, sur la Commission de l'administration publique et bien souvent,
à l'occasion de nos rencontres, on est abasourdis par ce qu'on est capable de lire à propos de
l'état de nos écoles, à propos de l'état dans lequel, finalement, notre gouvernement a trouvé les écoles. Et tout à l'heure, le ministre citait des chiffres. Et je relisais tout à l'heure que, sur les 2 400 écoles du Québec, 1 800 étaient en
mauvais état à notre arrivée au pouvoir. C'est vraiment considérable et ça
démontre bien laxisme en
matière d'entretien des infrastructures scolaires, le laxisme qui a été
démontré par les précédents gouvernements.
Je disais
donc qu'en plus des systèmes inadéquats
de ventilation mécanique dans les écoles qui datent de plusieurs décennies, nous avons besoin de
travailleurs pour combler certains postes clés qui assurent la sécurité de nos
enfants. Justement, ces postes seront concentrés pour cette initiative
pour trois types de ressources : les surveillants d'élèves, les
éducatrices en service de garde et particulièrement, en ce moment, les
concierges. Les modalités d'inscription sont très simples et s'effectuent en ligne sur le site du ministère
de l'Éducation. Un formulaire est rempli par le candidat qui
indique le lieu de travail où il
souhaite oeuvrer. Le centre de
services scolaire recevra automatiquement les candidatures qui lui sont dédiées et pourra ainsi exercer son choix par
l'entremise des allocations décentralisées qu'il a reçues dans le cadre,
notamment, des fonds fédéraux.
Une fois sélectionné, et c'est un aspect
primordial de ce programme, des formations seront rendues possibles au réseau
scolaire dans un délai de trois jours. C'est donc dire que les écoles qui ont
un besoin criant dans certaines régions pour des concierges pourront... ces
mêmes concierges qui pourront aussi contribuer aux charges de nettoyage
adéquates des salles de classe, ces concierges viendront bientôt en renfort. Les
candidats retenus prendront part à une formation rémunérée déployée par les
services aux entreprises du réseau.
Dans le cas
des candidats pour le rôle d'éducatrice en service de garde, cette formation
sera de deux jours, vu le volet secourisme, communément appelé RCR, qui
est un préalable à l'emploi. Comme l'a mentionné le ministre hier, c'est très important de renforcer le sentiment de
sécurité à l'effet que nos écoles sont bien entretenues et nettoyées et c'est
exactement ce que nous faisons.
La lutte au
virus se fait sur plusieurs fronts, et, dans les écoles, tout signalement de
situation problématique est pris au
sérieux. Un rappel clair a été fait au réseau scolaire pour s'assurer que la
ventilation soit adéquate dans toutes les écoles, et nous leur fournirons les ressources nécessaires à cet effet. Nous veillons à ce que
les statistiques de mortalité continuent de chuter globalement, au
Québec, et nous nous assurons que les écoles demeurent sécuritaires pour nos
enfants. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Vous allez me permettre, pour commencer, de
dire quelques mots à l'intention des
gens de la circonscription de Joliette, plus précisément les employés du CHSLD
Saint-Eusèbe, qui livrent à leur manière, en ce moment, un combat de
tous les instants pour sauver le plus de vies possible chez nos résidents, pour les accompagner et ainsi que leur famille le
mieux possible. Alors, je veux vous dire, bien sûr, que je suis de tout coeur
avec vous et que je sais qu'on va passer à
travers cette épreuve-là, avec votre engagement de tous les instants. Alors,
merci infiniment. Et, vous savez, M.
le Président, c'est important pour moi de leur démontrer toute ma
reconnaissance dans ces temps qui sont très difficiles.
Et je veux
aussi qu'on soit conscients que, quand on parle de ventilation dans nos écoles,
on parle aussi de transmission dans nos CHSLD. Pourquoi? Parce que,
quand on a des cas qui augmentent et qui augmentent, et qu'on a des milieux où il y a des éclosions qui se multiplient dans
nos écoles, ça contribue de manière très importante à la contamination dans
la communauté. Et cette contamination-là
dans la communauté contribue ensuite à aller contaminer les personnes qui sont
les plus vulnérables dans nos CHSLD, dans nos résidences de personnes âgées.
Alors, tout
ça est intrinsèquement lié. Il ne faut jamais l'oublier que, quand on parle de
nos écoles, c'est fondamental. Parce qu'on peut se dire : Oui, mais
les élèves qui sont touchés, ce n'est pas si grave, ils sont jeunes. On
l'entend constamment. Premièrement, il y en
a qui vont avoir des séquelles importantes. On n'a pas encore tous les détails
de ça. Mais surtout, ces élèves-là,
si on baisse la garde et qu'il y en a de plus en plus, comme c'est le cas, et
je vais y revenir, bien, ce qu'on
fait, c'est qu'on augmente la contagion, qu'on augmente la contamination
communautaire et, en retour, on augmente le nombre de personnes vulnérables qui vont être affectées, et qui
risquent d'en décéder, et qui risquent de vivre des moments très
difficiles, comme ce qu'on vit dans ma circonscription en ce moment.
Donc, je peux
vous dire que tout ça, c'est très concret et c'est très réel. Quand on est dans
une circonscription où, en ce moment, le taux est d'environ 700 par
100 000 habitants, on ne lésine pas et on espérerait que le
gouvernement ne lésine pas sur les efforts dans les écoles.
Alors,
pourquoi ce n'est pas une vue de l'esprit, tout ça, et pourquoi, aujourd'hui,
cette motion-là, elle est si importante, et qu'on s'y joint, et qu'on va, bien sûr, l'appuyer avec beaucoup,
beaucoup d'enthousiasme, c'est parce qu'en ce moment, la situation dans
les écoles, elle n'est pas sous contrôle, elle est en augmentation.
• (16 h 10) •
Et j'entends
l'argument du gouvernement et, moi aussi, je me réjouis qu'il y ait beaucoup de
classes, qu'il y ait une majorité de
classes qui soient toujours ouvertes. On dit entre 97 %, 98 %. Oui,
c'est vraiment une donnée qui est encourageante, mais le fait est que le nombre de cas, lui, il est à la hausse. Donc, le
1er octobre, on avait 1 130 élèves qui étaient infectés dans les écoles, et le 6 novembre, alors qu'on
a passé le défi 28 jours, alors qu'on a commencé à renouveler la période
du défi, bien, on est rendus à presque deux fois plus,
2 014 cas. Et pour ce qui est du personnel scolaire, ça a triplé
pendant cette période-là, de 211 à 646.
Ça fait que,
oui, c'est réjouissant qu'il n'y ait pas trop de classes qui soient fermées,
mais ça ne peut pas être la seule donnée qu'on regarde. Il faut regarder
le nombre de cas et l'augmentation de ce nombre de cas là dans nos écoles au Québec, qui est une donnée extrêmement
significative. Ça veut dire qu'au lieu de se stabiliser, la situation dans nos
écoles, elle est en augmentation, et
ça, malgré le fait qu'on a augmenté la sévérité des mesures, que le port du
masque maintenant se fait pendant les heures de classe.
Donc, notre responsabilité à nous, ici, est-ce
que c'est de se croiser les bras puis de dire : Bien, coudon, dans un mois, ça sera 4 000? On en sera rendus à
4 000, puis il y aura autant plus de contagion communautaire puis autant
plus de CHSLD et de personnes aînées
qui, par ricochet, vont être impactées par ça, ou notre responsabilité à nous,
c'est de dire : Aïe! on se met
en mode solution? On aurait dû être en mode solution depuis déjà des semaines
et des semaines, mais là, l'heure,
elle est sérieuse. Et on le voit, là, en plus, globalement, on est en train de
sortir du plateau et, depuis quelques jours, on est en augmentation du
nombre de cas, et c'est la même réalité qu'on vit dans nos écoles.
Donc, si je dis ça, c'est qu'aujourd'hui ce dont
on débat, c'est fondamental parce que c'est notre responsabilité à nous tous. Et il me semble que s'il y a un
moment où on devrait travailler tout le monde ensemble, c'est bien maintenant
et c'est bien pour préserver la santé au
maximum de nos enfants, puis de nos adolescents, et, par ricochet, des aînés du
Québec et des personnes qui sont plus vulnérables.
Bref, je suis assez consternée d'entendre le peu
de réponses dans les éléments de discours du gouvernement aujourd'hui, quand l'heure, elle est extrêmement
sérieuse. Je suis d'autant plus consternée d'entendre le ministre de la Santé,
deux jours de suite... Hier, il nous a
dit : J'ai commandé une étude, j'attends les recommandations sur la
question de la ventilation, dans les
prochaines semaines, je vais aviser. Ce matin, dans une entrevue à la radio au
micro de Paul Arcand, il
dit : «Dans les priorités qu'on avait
fixées par la Santé publique, celle-là n'était pas là pendant l'été. Est-ce qu'elle aurait dû l'être, avec du
recul?» Parlant à l'animateur. «Vous avez sûrement raison.»
Je pense
qu'il a raison de dire que l'animateur a raison. Puis je pense que nous, on a
raison de dire que ce n'est pas normal, puis qu'il y a matière à
s'inquiéter, et qu'il y a surtout matière à agir de manière très urgente.
Et ce n'est pas compliqué, c'est parce qu'il va
falloir avoir des moyens comme ceux qui sont proposés dans la motion de mon collègue de Gouin. Des détecteurs de
CO2, c'est quelque chose qui va nous aider à mesurer le sérieux de
la situation, parce que tout le monde
n'est pas expert. J'entendais le ministre dire : Vous savez, ce n'est pas
compliqué, là, on le sait, dans telle
classe, c'est plus difficile, dans tel local, ah, c'est peut-être correct. Il
est très chanceux. Je ne sais pas si lui, il a cette science infuse là puis s'il pense que tous les enseignants,
tous les concierges ont cette science infuse là. Mais, non, on ne sait pas exactement c'est quoi, la hauteur
des problèmes dans chacune de nos écoles au Québec, et donc, dans ce
temps-là, il faut prévenir. Les deux mesures qui sont là, soit les détecteurs
de CO2 et les ventilateurs, c'est-à-dire les purificateurs d'air portatifs ou mobiles, ce sont
deux mesures qui vont nous aider, nous aider à réduire la contamination et le
nombre de cas.
Et, vous
savez, c'est aussi une question de confort de nos élèves parce que les parents
qui reçoivent, en ce moment, des
lettres qui disent de prévoir des survêtements puis de prévoir des couches
supplémentaires parce qu'il va falloir ouvrir les fenêtres, bien, ils
sont un peu inquiets parce qu'ils ne sont pas sûrs que ça va être des
conditions d'apprentissage optimales, déjà
que les défis sont énormes pour les enfants, après des mois de
non-fréquentation scolaire, de devoir être en classe avec ton manteau
puis ton foulard parce qu'il faut ouvrir la fenêtre 15, 20 minutes
par heure quand il fait moins 15, moins 20 dehors.
Et l'autre
élément que je veux soumettre, parce qu'on est en mode proposition, c'est cette
idée qu'on débat depuis le mois de
mai d'avoir des demi-classes alternées en fréquentation présentielle et
virtuelle plutôt que des classes complètes un jour sur deux. Écoutez, ce n'est pas compliqué, il y a une
demi-classe qui est dans la classe puis il y a une autre demi-classe qui est chez elle et qui suit à distance,
virtuellement. Mais ce que ça nous permet, c'est le même objectif, on a moitié
moins d'élèves dans l'école, mais, en
plus, on a moitié moins d'élèves dans les classes. Et ça, surtout quand on a
des problèmes de ventilation, il me semble que ça devrait être une
priorité, surtout quand l'OMS le répète, l'INSPQ l'a recommandé.
Alors, si le
gouvernement dit qu'il suit la science, il y a deux raisons, il y a deux
occasions de le faire aujourd'hui : la motion et les demi-classes. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Joliette.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Bourget. Je
vous indique qu'il reste 14 min 30 s à votre groupe.
M. Richard Campeau
M. Campeau : Merci, M. le Président. Alors, on veut attaquer
de front tout de suite ce sujet-là en se demandant ce qui est comme
proposition par le collègue de Gouin en relation avec les écoles et l'aspect
des aérosols.
La semaine
dernière, l'Agence de santé publique... excusez, récemment plutôt, la semaine
dernière, je ne suis pas certain,
l'Agence de santé publique du Canada a mis à jour ses directives, et, pour la
première fois, on parlait d'un risque possible de transmission par voie
d'aérosols dans des circonstances précises.
Je vais
prendre un petit peu de temps pour analyser ce que ça veut dire. Il y a un
document aussi que l'INSPQ... qui parle d'environnement intérieur, qui
date de juillet dernier, qui a été mentionné allégrement. Là-dedans, on
mentionne qu'il y a des auteurs qui nous
disent que ce n'est pas très grave et d'autres qui nous disent qu'on devrait y
faire attention. Alors, même en juillet dernier, on en parlait, c'est
vrai, mais, en même temps, il y avait encore des débats scientifiques. Ça a
beaucoup avancé, suffisamment pour dire qu'on a suffisamment d'intérêt pour y
accorder beaucoup d'attention. Il y a le
Center for Disease Control des États-Unis qui a publié une information fort intéressante à
ce sujet-là, et je lis juste la première phrase : «The epidemiology
of SARS-COVID indicates that most infections are spread through close
contact, not airborne transmission.» Ils n'ont pas dit que ça n'existait
pas, ils ont dit que la grosse majorité, c'était fait à cause d'un contact proche. Ce ce qu'ils vont
expliquer en arrière, je vous faire grâce des détails, c'est que, si c'était un
facteur très important, ça aurait
vraiment... ça se serait manifesté énormément depuis le début de 2020, et on
aurait vu, dans les études
épidémiologiques, beaucoup d'incidences. Quand on considère que 40 % à 45 %
des gens qui sont infectés n'ont pas
de symptôme, alors on se serait attendus à ce qu'il y ait plus de gens infectés
et on aurait pu le voir un peu plus. Je ne suis pas en train de vous dire, encore une fois, que ça n'existe pas,
mais qu'au contraire la transmission principale, c'est à l'intérieur de
deux mètres. Alors, le document cite que les réflexes qu'on a eus dans tous les
pays du monde : tousser dans son coude,
respecter la distanciation, le deux mètres, c'est important, et faire attention
au masque, tout le monde le fait un peu partout, alors c'est évident
qu'il fallait se concentrer sur ces choses-là en particulier.
J'aimerais
vous parler, parce qu'on aime beaucoup citer la science cet après-midi, et c'est normal, j'aimerais vous parler de la règle de Pareto,
la loi de Pareto, la loi du 80-20. Ça, ça dit que 80 % des effets, ça
vient de 20 % des causes. Autrement
dit, il faut viser ce 20 % de cause là pour avoir un gros effet sur un
problème. Et, quand on s'occupe de tousser dans son coude, maintenir les distances, mettre un masque, c'est ça
qu'on vise, les choses les plus importantes. Alors, c'est juste pour
mettre un bémol, un petit bémol par rapport à ce qu'on a entendu cet
après-midi. On ne peut pas être contre la
précaution, on ne peut pas dire que ça n'existe pas, c'est réel. Mais est-ce
que c'est aussi important que les mesures qui ont déjà été mises en place? Sûrement pas. On est en train de regarder
les mesures plus ciblées, plus minimes, qui posent moins de problèmes.
• (16 h 20) •
Alors, la
question à se demander : Qu'est-ce qu'on peut faire dans un délai court?
Bien, il y en a pas mal qui ont été ciblés déjà, et c'est en ligne avec ce que
l'INSPQ disait déjà en juillet : factuer la maintenance des systèmes
commerciaux de ventilation mécanique,
de veiller à ce que les grilles de ventilation ne soient pas obstruées par des
objets ou accumulations excessives de
poussière, de vérifier le bon fonctionnement des composantes mécaniques et
électriques d'un système et de s'assurer
de la propreté des filtres en place. Je n'ai pas inventé grand-chose là-dedans,
c'est des choses de base qu'on devrait faire
même dans nos maisons d'ailleurs. C'est très standard. Alors, il a déjà été
mentionné, il y a un montant de 20 millions qui a été annoncé en septembre à cet effet-là pour le financement des
travaux réellement reliés à ce que je viens de mentionner. Alors, quand on parle des écoles vétustes au Québec,
je ne veux pas trop insister là-dessus. En même temps, quand moi, j'allais à l'école primaire ou secondaire,
probablement en même temps que vous, d'ailleurs, M. le Président, bien, quand
je regarde ces écoles-là, elles n'ont pas
beaucoup changé. Le problème, ce n'est pas l'âge de l'école, c'est la
maintenance de l'école. Alors, il y a
eu beaucoup de temps, on ne peut pas revenir là-dessus, il faut vraiment aller
sur des solutions à très court terme.
Alors, on ne veut surtout pas mettre
fin à l'école en présentiel, en particulier au primaire et au secondaire. On
sait à quel point c'est important
pour la socialisation et pour le bien-être psychologique de nos enfants. Et
même ce matin, au niveau du cégep,
j'entendais une étudiante qui disait, à la télé, à quel point elle voulait
changer ça, ce qu'elle faisait actuellement,
d'être toujours à distance et qu'elle voulait un peu de présentiel. C'était
très bien fait et très bien amené. Elle ne nous disait pas qu'il fallait
tout changer, elle disait juste : Qu'est-ce qu'on peut faire pour un peu
améliorer cette situation-là? Et je sais que
c'est en train d'être pris en cause. Alors, je la comprends très bien. On ne
veut absolument pas fermer nos écoles. On veut les maintenir ouvertes, on
veut maintenir le présentiel, c'est important. Une meilleure écoute, une
meilleure assimilation des apprentissages, ça se fait à l'école.
Alors,
je voudrais inviter notre collègue de Gouin... Comme il l'a dit, est-ce que
les propositions des oppositions sont bienvenues? Oui,
elles sont bienvenues. Elles sont très écoutées et elles sont bienvenues. Je
voudrais juste vous demander de regarder l'amendement que nous avons proposé par
rapport aux purificateurs d'air en ligne, avec les recommandations sur la
ventilation. Les connaissances ont évolué, les travaux sont en cours. J'espère
juste que vous allez regarder cette modification qu'on a proposée, cet amendement qu'on a proposé à votre motion. Ça n'essaie pas
de dénaturer la motion, on n'y a
ajouté que certains mots, certains détails que nous jugions utiles et
nécessaires. Oui, la précaution, c'est important. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Bourget. Je cède maintenant la parole à Mme la cheffe de l'opposition officielle, en vous
indiquant qu'il reste 11 min 20 s.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Il semble y avoir un... C'est parce que... Priorité
à la cheffe.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je n'ai pas compris.
Mme Labrie :
Je pensais m'être levée avant, mais ce n'est pas grave.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Allez-y.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Alors, merci. Merci, M. le Président.
Écoutez,
j'entends les propos du député de Bourget puis je me dis : On croit à la science ou on
n'y croit pas à la science, M. le Président. Et on peut citer toutes sortes de rapports différents, mais la réalité,
c'est qu'il y a beaucoup de scientifiques qui convergent vers la
même perspective par rapport à la ventilation.
Et
aujourd'hui, M. le
Président, j'ai envie de vous parler,
parce qu'on nous a dit tout à l'heure : 98 % des écoles sont ouvertes, comme si
c'était une excellente nouvelle. On est contents que les écoles soient
ouvertes, on est contents. J'ai trois
enfants, et les trois enfants vont dans des écoles qui sont ouvertes. On est
contents, mais on est en train de banaliser ce qui se passe présentement
dans nos écoles, même celles qui sont ouvertes, même celles qui sont ouvertes.
Celles
qui sont ouvertes, M. le Président, il y a des cas, et les cas augmentent. Et
j'aimerais vous dire que chaque fois
qu'il y a un cas dans une école, ça a des répercussions sur l'ensemble de
l'école, ça a des répercussions sur les élèves. Quand mes enfants reviennent de l'école puis ils me disent : Ah!
maman, il y a eu un nouveau cas, là, on ne sait pas c'est dans quelle classe, mais on pense que c'est cette
classe-là, on voit la tension et comment ça touche les enfants. Mais ça ne
touche pas seulement les enfants, ça touche
les gens qui travaillent dans l'école, ça
touche la direction qui est obligée de faire des suivis. Ça amène une
tension puis une anxiété qui est palpable partout. Et, lorsque l'on parle de santé
mentale, puis on nous a dit : Ça un
impact sur tout le monde, ce niveau d'anxiété que l'on sent aujourd'hui dans la population, bien, c'est de ça dont on parle.
Donc,
on ne peut pas utiliser, comme outil de référence ou comme mesure, le nombre
d'écoles ouvertes simplement, parce que ça a des incidences. Puis chaque fois
qu'on a un professeur qui s'en va
puis qui doit être remplacé pendant une période de 15 jours, bien,
les élèves... il n'y a plus de devoir, finalement, parce que le prof, il nous a
fait jouer parce qu'il n'est pas tellement
au courant de ce qui se faisait avant. On essaie de faire du mieux qu'on peut,
mais ce n'est pas une solution idéale.
Donc, tous les gestes
que nous devons poser doivent aller dans le sens dans lequel on va aider nos
enfants, on va les accompagner, on va aider
les professeurs, on va aider toutes les personnes qui travaillent dans nos
écoles. C'est ça qu'il faut faire. C'est ça qu'il faut faire, M. le
Président.
Depuis
le début, avec le ministre de l'Éducation, il faut qu'on pose des questions,
puis repose des questions, puis que
les trois partis d'opposition reposent encore des questions, pas pour avoir des
réponses, pour avoir peut-être le début d'un semblant d'action dans le
réseau. C'est ça, la réalité, M. le Président. Ça a été la même chose pour les
masques. On a posé combien de fois de
questions? Non, tout est sous contrôle, avec une banalisation, comme si c'était
une évidence. On banalise la
situation, ce n'est pas grave, tout est sous contrôle, ça va bien. Mais tout
n'est clairement pas sous contrôle. Tout n'est clairement pas sous
contrôle.
Et
on nous demande, on nous dit : Bien là, les oppositions, là, soyez
constructifs, essayons de trouver des solutions. Mais tout le monde travaille pour trouver des solutions. Tout le monde
travaille pour trouver des solutions. Puis quand on amène des faits puis on dit : Bien, voilà ce
que nous dit la science, quand on amène des solutions, on pourrait peut-être
utiliser des dispositifs qui nous
aideraient. Quand on dit : Écoutez, tout le monde nous dit qu'on pourrait
faire des choses qui auraient un
sens, pas de réponse ou, encore une fois, la banalisation de la situation puis
nous présenter que les scientifiques disent telle affaire. Comme on ne
s'entend pas, bien, on va aller dans l'attente.
Mais chaque
jour qui passe, M. le Président, chaque jour qui passe, c'est de l'anxiété
supplémentaire. Chaque jour qui
passe, c'est des personnes qui sont contaminées. Puis on peut questionner la
science autant qu'on veut, M. le Président, mais il y a des chiffres qui ne mentent pas. Les cas augmentent, puis
aujourd'hui, on a 1 378 cas. 1 378 cas, M. le Président,
si ce n'est pas maintenant qu'il faut poser
des gestes, là, je ne sais pas ça va être quand. Le ministre de la Santé, quand
il dit : On aurait dû y penser cet été, oh oui, oh oui, on aurait dû y
penser cet été. Ça, c'est très clair qu'on aurait dû y penser cet été.
Vous
savez, dans une autre vie, M. le Président, j'avais une fonction, j'étais
responsable des chaînes
d'approvisionnement. J'ai fait ça
pendant plusieurs années, des chaînes d'approvisionnement. Puis vous savez ce
qu'on apprend quand on travaille dans
les chaînes d'approvisionnement? On dit : On a besoin d'avoir quelque chose qui va arriver en janvier, on va se prendre six mois d'avance, on va placer une commande.
On va placer la commande puis on va essayer de voir quand est-ce que ça va être livré, on va aller
voir les fournisseurs. Puis quand la commande va arriver, on sait qu'il y aura
des rejets puis il y a certains des
équipements qui ne seront pas bons, on va devoir les retourner. Mais on sait
que l'application, ça ne marchera pas exactement, on va devoir peut-être
commander d'autres produits. Ça, c'est ce qu'on appelle la planification.
Bien, cette
planification-là, là, elle aurait dû avoir lieu pendant l'été. On aurait dû se
dire : La ventilation, là, voici ce
qu'on devrait prévoir. Et au pire des cas, au pire des cas, on aura été trop
précautionneux. Au pire des cas, nous aurons 100 % des écoles ouvertes et aucun cas dans nos écoles. Et vous
savez quoi? Il n'y a personne qui aurait dit : Ah! on a dépensé trop d'argent, puis il n'y a pas de cas,
puis on est vraiment... c'est vraiment dommage qu'on ait dépensé cet argent-là
pour rien. Il n'y a personne qui aurait dit ça aujourd'hui, personne.
Je veux juste
vous lire l'absurdité de la situation, M.
le Président, dans laquelle on se
retrouve aujourd'hui. Je vais vous
lire ce que dit une directrice d'école primaire. Elle envoie un message aux
parents, M. le Président, et elle dit : «La température extérieure commence à baisser, il est
donc important de prévoir une veste qui sera portée à l'intérieur lors des
journées un peu plus froides. Nous vous demandons de bien vouloir prévoir un
vêtement un peu plus chaud pour votre enfant
lors des journées froides.» Quelqu'un lui répond : Est-ce que j'enseigne avec des
mitaines? Un professeur lui répond ça.
M. le Président, est-ce que c'est vraiment là
qu'on est rendus, au Québec? Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je cède la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M.
le Président. Vous le savez, tout le monde sait ici depuis longtemps que nos écoles sont en mauvais état et que la qualité de l'air pose
régulièrement problème pour la santé des élèves et du personnel, à Montréal, notamment. On en entend souvent
parler et bien avant la pandémie. Donc, dès le moment où il y a des études qui
ont commencé à circuler pour dire que peut-être,
peut-être, la COVID pouvait se transmettre par aérosols et que, peut-être,
la qualité de l'air pouvait avoir un
rôle dans la contagion, les gens sur le terrain, tout de suite, ils ont
commencé à s'inquiéter, parce qu'ils
le savent qu'il y en a, des problèmes de qualité de l'air dans les écoles. Les
familles aussi s'inquiétaient, le personnel
s'inquiétait, et ils s'attendaient déjà, même quand on faisait juste se
demander si, peut-être, les aérosols jouaient un rôle, ils s'attendaient
déjà à ce que les moyens soient mis en oeuvre pour améliorer la qualité de
l'air dans les écoles.
• (16 h 30) •
Et c'est ce
que le principe de précaution aurait voulu, c'est qu'avant même d'être certain qu'il y a de la
contagion, on en cherche, des
solutions pour améliorer la qualité de l'air, un peu comme on a fermé les
écoles ce printemps par principe de
précaution, parce qu'on ne savait pas le rôle que pouvaient jouer les enfants,
s'ils étaient des vecteurs importants de transmission. Donc, c'était ça,
le principe de précaution. On n'a pas pris de chance, on a agi sans attendre et
on a fermé les écoles à ce moment-là. Et
personne n'a jamais reproché au gouvernement d'avoir pris cette décision-là par
précaution.
Donc, en ce
moment, qu'est-ce que la CAQ fait par rapport à la ventilation? Est-ce qu'elle
applique le principe de précaution? Pas vraiment, non. Elle a attendu,
attendu, attendu. Et pourtant on n'aurait rien eu à perdre de prendre une chance d'améliorer la qualité de l'air juste au
cas où ça avait un impact, mais il n'y a rien qui été fait. Et, quand l'OMS a confirmé en juillet l'existence de la contagion
par aérosols, le ministre de l'Éducation, bien, il n'avait rien fait parce que
la Santé publique du Québec, elle, elle ne
l'avait pas confirmé encore. Donc, même si le positionnement de l'OMS en
juillet aurait dû être un signal clair qu'il fallait agir, qu'il n'y avait pas
de chance à prendre, le ministre a continué de ne rien faire. Et, quand on parle de la quantité... pas de la
quantité, de la qualité de l'air au ministre, ce qu'il fait, c'est qu'il nous
parle, lui, des beaux investissements
au PQI que son gouvernement a faits pour rénover les écoles, des
investissements qui étaient prévus bien avant la COVID, qui étaient là
au budget et qui n'ont absolument, absolument rien à voir avec la pandémie.
Il nous parle aussi de son 20 millions
annoncé le 26 septembre pour entretenir les systèmes de ventilation, le 26 septembre, donc un mois presque jour pour
jour après la rentrée. Moi, je serais curieuse de savoir à quel point les
appels d'offres pour entretenir les
systèmes de ventilation sont avancés et si ça va être fait avant la fin de
l'année. Mais, en attendant, l'essentiel du plan de la CAQ, c'est d'ouvrir les
fenêtres. Donc, il a beau dire qu'il le sait depuis longtemps, qu'il
faut agir sur la qualité de l'air, reste
qu'aujourd'hui son plan, bien, c'est d'ouvrir les fenêtres. Et je me retiens de
rire parce que c'est vraiment...
c'est vraiment ridicule. D'abord, il y a des milliers de classes, au Québec,
qui n'en ont pas, de fenêtres. Il y a des élèves, en ce moment, qui, depuis la rentrée,
passent leurs journées au complet, même l'heure du dîner, dans un local dans
lequel il n'y a pas de fenêtre. Ça doit être
assez ordinaire, la qualité de l'air dans ces locaux-là. Ensuite, il y a des
milliers de classes, au Québec, dans lesquelles les fenêtres ne
s'ouvrent pas. Donc, au moins les élèves qui sont pris là toute la journée voient la lumière du soleil, mais, encore
là, je les comprends de s'inquiéter de la qualité de l'air dans leurs locaux.
Et, dans les locaux avec des fenêtres,
considérant la température qui commence à baisser, évidemment, on ne veut pas
que les gens enseignent et travaillent à l'école avec des
mitaines. Donc, je comprends les gens ici, là, de s'inquiéter de la qualité de
l'air.
Et le défaut le plus important de ce plan-là
aussi, c'est qu'il n'y a rien qui va nous permettre, là, en ouvrant les fenêtres de temps en temps, de vérifier c'est
quoi, la qualité de l'air. Donc, pour rassurer les gens, il faut être capables
de le confirmer, de leur montrer que
la qualité de l'air, elle est adéquate dans leur local. Ça se peut qu'il y ait
des endroits où ça fonctionne d'ouvrir les fenêtres de temps en temps et puis
que ça ne dérange pas trop le confort dans la classe, mais on ne pourra
même pas le vérifier en ce moment. Donc, c'est quasiment de la pensée magique
de la part du gouvernement comme plan de
dire : Bien, on va ouvrir les fenêtres, puis ça va bien aller. Les
enseignants, eux, ils veulent le savoir si, dans les locaux qu'ils utilisent toute la journée, la qualité de l'air,
elle est bonne, puis les familles aussi, elles veulent savoir.
Puis c'est vraiment ça, l'intérêt principal de notre
proposition, c'est qu'en équipant toutes les classes du Québec
de détecteurs de CO2, bien, on va être en mesure de le savoir très, très exactement
où est-ce qu'on doit intervenir pour mieux ventiler. Un peu comme pour le plomb dans l'eau,
il fallait le mesurer systématiquement dans tous les points d'eau pour savoir où intervenir, le gouvernement doit faire la même chose avec la qualité de l'air. Ce qu'on demande aujourd'hui, là, c'est une mesure qui
peut être mise en place très, très rapidement. Ça ne nous demande pas d'ouvrir
les murs pour faire des travaux, ça ne nous demande pas de se lancer dans des
chantiers pendant que les élèves sont déjà en classe, c'est vraiment
juste d'équiper chacune des classes avec un détecteur de CO2 pour
mesurer la qualité de l'air et de mettre des purificateurs d'air dans les
locaux où on va démontrer que c'est nécessaire avec les détecteurs de CO2.
Je ne sais si
vous vous souvenez, mais, en 2019, il y avait eu un incident de fuite de
monoxyde de carbone, et à ce
moment-là le ministre de l'Éducation, bien, il avait demandé à toutes les écoles de se
doter de détecteurs de monoxyde de carbone parce que, bien, c'était important
pour assurer la sécurité des élèves et du personnel. Donc, je ne comprends
pas, moi, pourquoi aujourd'hui il trouve que c'est saugrenu comme idée de dire que, sachant qu'il y a
de la transmission de la COVID par aérosols, il faudrait s'assurer, pour la
sécurité du personnel et des élèves, de mesurer la qualité de l'air dans
chacune des classes du Québec.
Moi, ce que
je pense, là, c'est que, si on ne fait pas ça, on ne prend pas tous les moyens nécessaires,
actuellement, pour réduire la contagion. On expose le personnel
et les élèves à des risques de contracter le virus. On risque aussi de devoir
fermer plus souvent des classes et des
écoles pour des éclosions qui pourraient être évitées. Et pourtant tout le
monde ici partage la volonté d'ouvrir les écoles le plus longtemps possible,
partage la volonté de réduire la contagion communautaire. Mais moi, je n'ai pas l'impression que le gouvernement met tout en oeuvre pour qu'on y arrive parce que, bien, non seulement
le ministre persiste à dire que c'est impossible de diminuer
la taille des groupes. Même si c'est ce que l'OMS recommande, même si c'est ce que l'opposition,
moi et mes collègues, on lui a demandé depuis des mois, même si les
enseignants le demandent aussi depuis
des mois, il dit que c'est impossible au lieu de chercher des moyens d'arriver,
puis en plus il ne prend pas non plus les moyens nécessaires pour
assurer une bonne qualité de l'air.
Donc, lui, ce
qu'il fait, c'est qu'il regarde les éclosions s'accumuler. Le ministre de la Santé fait la même chose. On voit
des éclosions dans une proportion importante dans les écoles, et, pour le
moment, bien, ils ont encore les bras croisés à savoir qu'est-ce qu'on
va faire pour la qualité de l'air dans les écoles. Et qu'est-ce qu'ils font?
Ils disent aux citoyens de mieux se comporter. C'est toujours aux citoyens d'en
faire plus. On culpabilise, en ce moment, les citoyens alors qu'il y a des solutions qui existent puis qu'on
propose ici, dans l'opposition, pour que le gouvernement en fasse davantage,
lui, de son côté, pour limiter la contagion.
Et le gouvernement, plutôt que de mettre tous les moyens en oeuvre pour la
limiter, bien, il continue de pointer du doigt les citoyens en
disant : Bien, c'est les gens qui ne respectent pas les mesures.
Donc, pour vrai, là, moi, j'ai l'impression
qu'on ne perdrait rien du tout à mettre en place ce qu'on propose aujourd'hui. Les coûts, ils sont vraiment
minimaux. Et, si le gouvernement attend trop, ce qu'il va perdre, c'est sa crédibilité.
Et il faudrait simplement que le
gouvernement, il arrête de se péter les bretelles avec ce qu'ils ont fait en
éducation avant la pandémie puis
qu'il comprenne que ce qu'il avait fait à ce moment-là, ça ne répond pas à la
crise en ce moment. Donc, qu'il se réveille, qu'il équipe les écoles de
ce qu'il faut pour contrôler la qualité de l'air, ça presse. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le député d'Arthabaska,
la parole est à vous.
M. Éric Lefebvre
M. Lefebvre :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, depuis des mois, maintenant, les
Québécoises et les Québécois font
face à une crise sanitaire sans précédent. Le combat est loin d'être terminé,
et la vigilance de la mise en place
des secteurs d'activité dans les hôpitaux, dans les CHSLD mais aussi dans les
établissements scolaires. Il n'y a pas de
système parfait, Mme la Présidente, mais les mesures logistiques qui ont été
mises en place par mon collègue le ministre de l'Éducation contribuent à
stabiliser une situation qui est extrêmement volatile.
On peut évidemment déplorer la perturbation que
vivent les élèves du Québec. Nous avons d'ailleurs débattu amplement, au cours des dernières semaines, au
niveau de la santé mentale de nos jeunes. Mais la réalité, c'est qu'une immense
majorité des élèves du primaire ou du
secondaire ont la chance d'avoir accès à une éducation qui est à peu près
normale dans le contexte actuel. Et
je veux en profiter pour remercier les enseignantes, les enseignants, les
membres du service de garde, que ce soient les chauffeurs d'autobus, les
directions d'école, pour leur dévouement au quotidien pour nos enfants.
Cependant,
la crise COVID-19 aura été révélatrice. Les infrastructures que les Québécois
se sont données, celles qu'ils paient
avec leurs taxes, avec leurs impôts, qui sont au coeur de notre contrat
social... Et, malgré ça, le constat est dur, et nous y faisons face. Beaucoup trop de nos infrastructures sont en
mauvais état. Mme la Présidente, la présente motion devrait plutôt nous parler de l'héritage libéral en
matière de maintien des infrastructures publiques. Pour M. et Mme Tout-le-monde
qui reçoit un héritage, il a le droit de le
refuser. Ce n'est pas le cas pour le gouvernement, on a dû accepter l'héritage
libéral. Mes collègues au Conseil des
ministres vous le diront, nous avons dû, dans tous les ministères, composer
avec un déficit de maintien des actifs important. Le dernier PQI le
chiffre à un total de plus de 28,2 milliards.
En réalité,
ce que parle la motion aujourd'hui, c'est le problème de ventilation dans
certains établissements, oui, mais demain ça pourrait être celui d'un hôpital,
ça pourrait être des ponts qui ont besoin de réparations, des routes mal
entretenues pendant des années. Notre gouvernement a dû faire face à cette problématique
depuis deux ans, mais heureusement nous prenons le taureau par les cornes, et les investissements importants en témoignent. Nous avions le devoir envers nos citoyens, envers nos institutions de
briser cette trop longue tradition de gouvernement qui se contentait de peu, qui faisait le
strict minimum. En 2018, les Québécois se sont donné un gouvernement ambitieux.
• (16 h 40) •
À mes confrères et consoeurs de l'opposition,
qui s'inquiètent aussi du désinvestissement libéral en matière d'infrastructures, voici à quoi ressemble un plan
d'action gouvernemental à la hauteur des ambitions de la nation québécoise : des investissements majeurs de 115 milliards
de dollars sur la période 2019‑2029 pour le maintien et le développement des
infrastructures publiques. C'est un
rehaussement de 15 milliards de dollars, soit plus de 15 % par
rapport au PQI 2018‑2028. C'est
le plan le plus ambitieux depuis la publication du premier PQI. La majorité
de ces rehaussements sont alloués au maintien de l'offre afin de récupérer le retard d'investissement accumulé à
l'égard des infrastructures en mauvais état, et ce, principalement dans les écoles, et de prévoir un niveau d'investissement récurrent au
maintien des actifs qui va favoriser la pérennité des infrastructures.
On peut le
voir dans le graphique suivant, les investissements pour l'entretien des infrastructures scolaires,
rénovations d'écoles : 2013‑2014,
sous le gouvernement libéral, 478 millions; 2014‑2015, 520 millions;
2015‑2016, 367 millions; 2016‑2017, 655 millions; 2017‑2018, 724 millions; 2018‑2019, 915 millions. Et voilà l'arrivée du gouvernement de la CAQ : 2019‑2020,
1 153 000 000 $; 2020‑2021,
1 629 000 000 $. Les chiffres parlent par eux‑mêmes, Mme la Présidente. Vous avez la différence entre
un gouvernement libéral qui a laissé aller les infrastructures scolaires et un gouvernement de la CAQ qui en prend soin.
Ce que nous
offrons aux Québécois et aux Québécoises, c'est la concrétisation de
l'ensemble des engagements du gouvernement en matière d'infrastructures publiques, plus
particulièrement pour deux secteurs d'activité, soit l'éducation et la santé. Et parmi ces engagements les plus
déterminants est de faire de l'éducation une priorité. L'éducation étant la
fondation et le solage du développement du Québec de demain, le gouvernement y
consacre une part substantielle des nouvelles sommes disponibles au PQI, soit
6,6 milliards de dollars sur 15 milliards, 6,1 milliards de
dollars au secteur de l'éducation et
500 millions de dollars au secteur de l'enseignement supérieur. Lorsqu'on
regarde les 10 prochaines années, nous
nous sommes engagés à investir plus de 20 250 000 000 $ en
éducation et en enseignement supérieur. Nous prenons aussi les moyens de remettre à niveau le parc
immobilier scolaire. Le PQI sur 10 ans prévoit 10,5 milliards pour le
rattrapage et l'entretien de nos écoles.
La vision proposée initialement par notre
gouvernement est non seulement compatible avec les défis auxquels nous faisons face actuellement, mais, à moyen
terme, elle nous aiderait à sortir plus forts de la crise COVID-19 avec la
relance économique qui est une opportunité
de mise à niveau de nos infrastructures. Investir dans nos infrastructures
favorisera une relance dynamique
et... de l'économie portée par une vision, et c'est ce qui a manqué au cours
des 15 dernières années, une vision.
Le Québec contemporain s'est bâti autour de
grands projets d'infrastructure. La réputation de nos ingénieurs et de nos bâtisseurs n'est plus à faire, et c'est
en mettant le talent de tous à contribution que nous allons construire le
Québec de l'après-crise. C'est
pourquoi nous investissons de façon massive dans notre patrimoine bâti,
notamment en attaquant de front le déficit de maintien des actifs.
Le
gouvernement de la CAQ, c'est un gouvernement qui s'engage pour un Québec fort
et une infrastructure solide et
moderne, un Québec tourné vers l'avenir qui saura investir dans les générations
futures, mais qui aura aussi le souci de faire concordance avec les paramètres budgétaires d'aujourd'hui. Les
défis sont nombreux, il faut que chaque dollar investi le soit de façon
judicieuse. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
suis prête à entendre un autre intervenant. Mme la députée de Maurice-Richard, la parole est à vous.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, Mme la Présidente. Si la situation n'était pas aussi importante, je
ferais un trait d'humour en disant
que le député prend un petit peu d'avance puis que son discours électoral pour
le 1er octobre 2022 est déjà prêt. Mais, bon, on est en pandémie, puis,
je pense, ce n'était pas nécessairement au goût du jour.
C'était
important pour moi de venir prendre la parole ici sur cet enjeu-là. Puis je
regardais hier l'article, puis la cheffe
de l'opposition officielle y a fait
référence tout à l'heure, l'article qui s'intitule Habillez chaudement vos enfants
pour l'école cet hiver. On vit où, là, quand on est rendu à donner ce
genre de recommandation? Je ne peux pas vous dire à quel point ça
m'a choquée, ça...
Moi, là, je
vais faire un petit aparté personnel, là. J'ai une fille qui vient de rentrer
en secondaire I, qui, comme plein d'enfants de la grande région de Montréal,
n'a pas eu d'école pendant tout le printemps, pendant quatre mois, ils n'ont pas eu d'école. Ils rentrent à l'école, c'est de l'adaptation,
c'est des gros changements, c'est les classes-bulles, c'est la distanciation, c'est le masque. Il y a beaucoup
de contraintes, puis je ne remets pas ça en question, au contraire, mais
là, en plus de ça, on est en train
d'aller sur : Habillez-vous, mettez vos mitaines, mettez des vestes. Moi,
j'ai des enjeux, là, j'ai des enjeux
importants, là. Je pense qu'on le
souhaite tous, là, que les écoles restent ouvertes, on le souhaite, c'est une
grande, grande, grande priorité. Mais
non seulement il faut assurer la santé, la sécurité des élèves, mais aussi il
faut veiller à la réussite éducative. Et là, en ce moment, il y a
certainement des enjeux à ce niveau-là.
Moi, j'ai eu
le privilège de passer six heures exactement ici, dans le salon bleu, assise face
à face avec le ministre de la Santé,
le 18 août... le 20 août, pardon, deux jours après qu'il ait déposé
son plan de lutte contre la COVID. Pendant six heures, je l'ai
questionné, il n'a répondu à peu près à aucune des questions, il a référé à peu
près à tous les gens qui l'entouraient parce qu'il avait assez peu de réponses.
Mais essentiellement, s'il y a un élément qu'il m'a répondu à chaque fois, c'est qu'il était prêt. À toutes les
questions qui ont été posées, donc non seulement pour les CHSLD, pour le
milieu scolaire, on lui a demandé, là : Il y a une rentrée, elle va se
faire différemment qu'elle a été faite au printemps? Il m'a dit : Oui, oui, oui, le milieu scolaire est prêt, le milieu
de la santé est prêt, les milieux de garderie, tout ce qui est familial, tout est prêt, là, il était vraiment
prêt. Et toutes les questions qu'on lui a posées, il avait peu de réponses,
mais il disait qu'il était prêt.
Donc, ça me
choque un peu quand je vois ce matin, de façon candide, qu'il va dans une
émission de radio puis qu'il dit :
Bien, effectivement, on aurait dû s'en occuper avant. Bien, évidemment qu'il
aurait dû s'en occuper avant, évidemment. Tous les jours, tous les jours depuis la mi-septembre, on est ici, en
cette Chambre, on se lève, les députés de l'opposition, tous partis confondus, on pose des questions, on
soulève des enjeux, on fait des propositions. Dans le meilleur des cas, on n'a
pas de réponse, puis dans le pire des cas,
on se fait dire qu'on est alarmistes, on se fait traiter d'irresponsables, on
se fait dire que nos questions sont
ridicules, comme le ministre de la
Santé l'a fait hier, alors qu'on a
tous une responsabilité comme élus ici, c'est de s'assurer, justement,
qu'on assure la protection, la sécurité de tous les Québécois.
Alors, je
peux juste réitérer encore une fois que le gouvernement n'était pas prêt et
qu'il ne l'est pas encore parce que,
tous les jours, on soulève des enjeux, et on les resoulève, et on les
resoulève, et il n'y a pas de questions, et il faut tout le temps qu'il soit acculé au pied du mur pour
réagir, et ça, c'est très dommage. Puis, quand on voit la juridiction juste à
côté, l'Ontario, qui, le 13 août — je
veux quand même vous rappeler que c'est cinq jours avant que le ministre de la Santé du Québec dépose son propre
plan — le
gouvernement de l'Ontario qui annonçait 50 millions pour améliorer les
systèmes de ventilation dans les
écoles. Et leur argument, c'était quoi? Bien, avec une mauvaise ventilation, on
peut contribuer à la propagation du
virus. Cinq jours plus tard, le ministre dépose un plan, ça n'y est pas, puis
c'est comme si ça n'existait pas et que ce n'était pas un enjeu.
Donc, ça, je trouve ça extrêmement déplorable.
Je trouve ça extrêmement déplorable de se faire dire encore aujourd'hui : Bien oui, on va mettre un
comité sur place. Je ne sais plus il est rendu à combien de comités. Et je vais
y revenir, à la question des... On a parlé des tests rapides aujourd'hui; trois
semaines qu'ils sont dans un garde-robe. Il y a comité qui est en train
de réfléchir.
Je pense que
le mot qu'on a prononcé le plus ici, depuis le début de cette session-ci, c'est
le mot «anticipation» et le mot «préparation», et on le répète, on est encore
dans cet enjeu-là. Et ils doivent agir rapidement pour s'assurer que nos
écoles restent ouvertes, et que les enfants
soient en sécurité, et qu'ils puissent permettre la réussite scolaire
également. Merci.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Gouin,
je vous cède la parole pour 10 minutes.
Et je vous invite à nous faire part de votre décision concernant les
amendements, dont celle de Mme la députée de Saint-Laurent et
celle du ministre de l'Éducation.
M. Gabriel Nadeau-Dubois (réplique)
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Bien, d'entrée de jeu,
je vais répondre à votre question. On va accepter avec enthousiasme la proposition d'amendement de l'opposition
officielle. Celle du gouvernement, qui dénature notre motion, je n'ai
d'autre choix que de la refuser. J'apprécie également les interventions des
deux autres formations politiques de l'opposition et leur appui à notre motion
d'aujourd'hui.
Maintenant,
ça ne fait pas très longtemps que je fais de la politique, Mme la Présidente,
mais j'ai quand même appris quelques
trucs. Et un des trucs classiques, c'est : quand on n'a pas d'argument sur
le fond, on attaque sur la forme. Quand on n'a pas d'argument factuel solide
pour répondre à notre adversaire, on attaque la manière, le ton, le timing, les
mots qui sont choisis. Et le ministre
de l'Éducation a démontré qu'il fait de la politique
depuis bien plus longtemps que moi parce
qu'il a utilisé ce truc de manière magistrale lors de sa première
intervention. Il a commencé en disant... et je vais le paraphraser parce que
la transcription de nos propos n'est pas encore publique, mais lorsqu'elle le
sera, tout le monde verra que j'ai bien traduit ses propos, il a dit,
grosso modo, qu'à Québec solidaire on avait lu les journaux, qu'on avait vu des
reportages puis qu'on avait décidé de faire
de la politique avec ça, la ventilation des écoles, puis il l'a
dit ici, en Chambre : Là, c'est
ça, ils ont lu une couple
d'articles, là, puis là ils font une motion, là, puis c'est comme ça, ils font
de la politique avec ça.
Mme la Présidente, chaque député, depuis le début de cette crise, dans cette Chambre a le
même objectif : vaincre cette pandémie-là, sauver le plus de vies
possible, au Québec. Et la seule motivation qui m'habite en déposant cette motion-là, c'est celle-là. Ça fait que me faire accuser de partisanerie par un ministre, dont c'est par
ailleurs la marque de commerce, là,
je ne le prends pas. La motion est déposée parce que c'est un débat de société important
puis parce qu'il y a des milliers de familles, des milliers de parents,
des milliers de profs qui s'inquiètent de la qualité de l'air dans les écoles.
Puis, non, je
ne me suis pas contenté de scroller mon «feed» sur Twitter pour préparer mes
arguments aujourd'hui, j'ai
fait mes devoirs comme tous les députés de l'opposition font leurs devoirs
quand ils se lèvent en Chambre, ici, avant d'intervenir. Bien, Mme la Présidente, je vais
donner l'exemple. Je ne ferai pas ce que je reproche au ministre
de faire puis je vais répondre sur le
fond, même si, de l'autre côté de la Chambre, la réponse sur le fond a été
d'une faiblesse remarquable.
Sur
le fond, donc, qu'est-ce que nous a dit le gouvernement, les différents
députés qui se sont levés? Ils nous ont dit d'abord — puis la dernière intervention a été
magistrale à cet égard-là : On a mis plein d'argent en infrastructures.
C'est super le fun, mais ce n'est juste pas
ça, le sujet du débat cet après-midi. Non, le sujet, ce n'est pas des dépenses
en infrastructures. Le sujet, c'est
des dépenses d'urgence pour ajouter des détecteurs de CO2 puis des
purificateurs d'air. Ce n'est pas des
dépenses en infrastructures, ça. C'est des dépenses courantes, des dépenses
urgentes, non récurrentes, une fois.
Pourquoi? Pour améliorer la qualité de l'air dans nos écoles dans les
prochaines semaines. Ce n'est pas des dépenses en infrastructures. Alors, les députés du gouvernement auront beau
feuilleter le PQI au complet, ça va peut-être combler leur enveloppe de
temps, mais ça ne répondra pas aux arguments des oppositions ni aux inquiétudes
des parents.
Le sujet ici aujourd'hui, ce n'est pas les
infrastructures. Ça fait que vous pouvez nous parler... le gouvernement peut
nous parler de ses investissements dans les
écoles, dans les viaducs, dans les ponts, les aqueducs, c'est tout bien le fun,
ce n'est juste pas ça, le sujet dont
on parle aujourd'hui. Le plan de Québec solidaire, c'est un plan de
86 millions de dollars, des
dépenses non récurrentes, pas en infrastructures, pour améliorer la qualité de
l'air dans les prochaines semaines dans les écoles, pas le PQI sur 10 ou
15 ans, qu'il soit bon ou mauvais, le PQI en question.
Deuxième
chose que les députés de la Coalition
avenir Québec nous ont dite,
c'est : On a investi de l'argent pour nettoyer les systèmes de ventilation dans les derniers mois, et on est
passés, du côté du gouvernement,
complètement à côté d'un des
éléments-phares de notre proposition d'aujourd'hui, c'est-à-dire l'installation
de détecteurs de CO2 dans toutes les classes au Québec. Puis, pour faire comprendre aux députés du
gouvernement l'importance de cette mesure-là, je vais prendre une
comparaison. M. le Président, lutter contre une pandémie qui se transmet par
voie aérienne sans détecteurs de CO2
dans les espaces clos, c'est comme se promener sur l'autoroute sans avoir, sur
notre tableau de bord, quelque chose qui nous indique la vitesse à
laquelle on roule. On ne peut pas mesurer le danger si on ne peut pas mesurer
la qualité de l'air. On ne peut pas
documenter, même, le nombre d'éclosions par voie aérienne si on ne documente
pas la qualité de l'air. Puis comment
on documente la qualité de l'air? Qu'est-ce que la science nous dit? Quelle est
la réponse de la science à cette
question? C'est la concentration de CO2 dans un espace clos. C'est
une des meilleures mesures pour savoir si un espace clos est bien aéré ou pas. Ça, ce n'est pas mon opinion, ce n'est
pas mon programme politique, c'est l'avis unanime de la science. Il n'y
a eu aucune réponse de fournie de la part du gouvernement sur cette
question-là.
Puis ce n'est pas une
idée qu'on a sortie de notre chapeau, à Québec solidaire. À la mi-octobre, à la
mi-octobre, l'Allemagne annonçait des
investissements de 500 millions d'euros pour faire quoi, roulement de
tambour : installer des détecteurs
de CO2 et des purificateurs d'air. Puis pas juste dans les écoles,
dans tous les bâtiments publics : bureaux du gouvernement, musées, théâtres, universités et
écoles. À la mi-octobre. On est à la mi-novembre, et la réponse du
gouvernement, c'est : On va regarder ça.
Et
ce matin, à Paul Arcand, la réponse du ministre de la Santé,
c'était : C'est peut-être la ventilation, on n'est pas sûrs. Mme la Présidente, ce sont des propos
antiscientifiques. Le consensus scientifique, c'est que la transmission par
aérosols, ça existe puis que le meilleur remède contre ce type de
transmission, c'est la ventilation. Donc, quand le gouvernement banalise ce risque de transmission en
disant : Oui, il y a plusieurs affaires, on n'est pas sûrs, on va regarder
ça, ce sont des propos à teneur antiscientifique. Ils banalisent ce qui
est aujourd'hui, sur la planète, un consensus scientifique clair.
Et
la version la plus raffinée de cette
banalisation de la science, c'est l'avant-dernier député qui a pris la parole,
qui nous a dit : On n'est pas
sûrs, il y a plein d'autres modes de transmission, donc il ne
faut pas capoter, grosso modo, avec la
transmission par voie aérienne. Il nous a cité certains articles.
Ça, Mme la Présidente, c'est un affront au principe de précaution. Puis c'est quoi, ça, le principe de
précaution? Le principe de précaution, ce que ça veut dire, c'est que, malgré
l'absence de certitudes scientifiques, on
prend quand même les moyens nécessaires pour minimiser les
risques. Pourquoi? Parce
que les risques sont graves. Puis les
risques en question ici, c'est quoi? C'est les vies humaines qu'on pourrait
perdre si, par aveuglement partisan
ou par entêtement, on minimise encore longtemps la transmission par voie aérienne et qu'on
ne prend pas toutes les mesures nécessaires pour la contrôler, pour la réduire
au maximum. Puis, dans nos écoles, ça s'appelle
des moyens d'urgence pour améliorer la ventilation. On n'a pas besoin d'avoir
de certitudes scientifiques hors de
tout doute raisonnable pour agir, on a besoin d'avoir un niveau significatif d'information qui nous permet d'inférer que
le risque existe, et donc on prend les
mesures pour protéger les enfants, pour protéger le personnel scolaire. Parce
que c'est de ça dont il est question ici aujourd'hui, et c'est ça,
l'objectif de la motion. Et c'est comme ça que j'ai commencé ma première intervention, qui était passablement plus
zen que celle que je suis en train de faire en ce moment. Pourquoi? Parce
qu'à l'époque j'avais, candide que j'étais,
l'espoir que le gouvernement de la Coalition avenir Québec saisisse la main
tendue puis dise : Tu sais quoi?
C'est vrai qu'on est peut-être allés trop lentement sur ce dossier-là. Il y a
une bonne proposition de Québec
solidaire, on va la prendre, on va s'en inspirer puis, oui, on va faire ce que
plein de pays dans le monde font déjà, mettre des mesures en place pour
améliorer la ventilation des écoles. Plein de candeur que j'étais il y a deux
heures, je pensais que ça allait arriver. Ma
naïveté a été récompensée par toute la suffisance du gouvernement, qui nous a
dit : Vous faites ça parce que
vous avez lu des articles puis vous ne connaissez pas vos affaires, vous ne
savez pas de quoi vous parlez. C'est, grosso modo, ce que le ministre de
l'Éducation m'a répondu, Mme la Présidente, tout à l'heure.
Une
vie humaine, ça n'a pas de prix. Un cas de COVID, ça n'a pas de prix. Il n'y a
personne au Québec qui va reprocher
au gouvernement de la CAQ d'avoir été trop prudent, personne. Ce qu'on pourrait
lui reprocher, par contre, c'est d'avoir,
face à une accumulation impressionnante de preuves scientifiques, fait preuve
d'entêtement et d'orgueil politique
et de ne pas avoir pris toutes les mesures
nécessaires pour protéger les enfants du Québec. Ça, Mme la Présidente, ça, des gens pourraient le retenir, et
ça, des gens pourraient s'en rappeler lors des prochaines élections.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, le débat est maintenant
terminé. Je constate qu'il manque un des groupes... Ah non! Vous êtes...
Oui, vous êtes tous là. O.K. Alors, excusez-moi.
Nous allons maintenant...
Je vous rappelle que seul l'amendement proposé par l'opposition officielle est
accepté par l'auteur de la motion. Alors, conformément au règlement, je
dois d'abord mettre aux voix la motion d'amendement présentée par Mme la députée de Saint-Laurent, avant de procéder au vote sur la motion
principale. Je vous fais la lecture de ces deux motions à l'instant. La
motion de M. le leader du deuxième groupe d'opposition se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des avancées scientifiques au sujet de la
transmission par aérosol de la COVID-19, et constate que ce facteur de
risque est désormais officiellement reconnu par Santé Canada;
«Qu'elle
s'inquiète des statistiques selon lesquelles les milieux scolaires représentent
une part importante des cas d'éclosion de la COVID-19;
«Qu'elle
reconnaisse que la majorité des écoles du Québec sont en mauvais ou en très
mauvais état, et que cela se traduit notamment par une ventilation
déficiente;
«Qu'elle prenne acte
que la ventilation des espaces clos est l'un des meilleurs moyens, avec le port
du masque, pour lutter contre la transmission par aérosol;
«Qu'elle
demande au gouvernement de prendre tous les moyens nécessaires afin de rendre
les écoles québécoises davantage sécuritaires;
«Qu'en
ce sens, l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de fournir,
dans les meilleurs délais, des détecteurs de CO2 et des
purificateurs d'air portatifs pour toutes les classes où cela est nécessaire.»
La
motion d'amendement, maintenant, présentée par Mme la députée de Saint-Laurent
se lit comme suit : Que la motion du député de Gouin soit amendée
de la manière suivante : Ajouter le cinquième paragraphe suivant :
«Qu'elle
demande au gouvernement de produire un état de situation sur la ventilation
dans les écoles du Québec et le déposer à l'Assemblée nationale d'ici le
8 décembre prochain.»
Mise
aux voix de l'amendement
Je
mets d'abord aux voix la motion d'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent
que je viens tout juste de vous lire.
En application de l'ordre spécial, j'inviterais
les leaders parlementaires à indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion, suivi des députés indépendants. M. le leader adjoint de l'opposition officielle... Ah! M.
le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la... Non, excusez-moi, Mme la... oui, Mme la députée la députée de Joliette?
Mme Hivon :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait. Voulez-vous nous indiquer le vote pour M. le député de Chomedey, M. le
leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Je n'ai pas ces... Je n'ai pas les...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous ne les avez pas ni un ni l'autre?
M. Schneeberger :
Non.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait. Alors, je vous remercie. En conséquence, la motion d'amendement est rejetée.
Mise aux voix de la motion
Je
mets maintenant aux voix la motion de M. le leader du deuxième groupe d'opposition telle... bien, c'est ça, le deuxième
groupe d'opposition, excusez-moi. Et je vous la relis :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte
des avancées scientifiques au sujet de la transmission par aérosol de la
COVID-19, et constate que ce facteur de risque est désormais officiellement
reconnu par Santé Canada;
«Qu'elle s'inquiète des statistiques
selon lesquelles les milieux scolaires représentent une part importante des cas
d'éclosions de la COVID-19;
«Qu'elle reconnaisse
que la majorité des écoles du Québec sont en mauvais ou en très mauvais état,
et que cela se traduit notamment par une ventilation déficiente;
«Qu'elle
prenne acte que la ventilation des espaces clos est l'un des meilleurs moyens,
avec le port du masque, pour lutter contre la transmission par aérosol;
«Qu'elle demande au gouvernement de prendre tous
les moyens nécessaires afin de rendre les écoles québécoises davantage
sécuritaires;
«Qu'en ce
sens, l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de fournir, dans
les meilleurs délais, des détecteurs de CO2 et des
purificateurs d'air portatifs dans toutes les classes où cela est nécessaire.»
Alors, en
application de l'ordre spécial, j'inviterais encore les leaders de nous indiquer
le vote pour leurs groupes parlementaires sur la motion que je viens de
vous lire. M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon : Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous
remercie. La motion est rejetée. Merci. Cela met fin à cette motion.
Maintenant,
je vais suspendre les travaux quelques instants pour permettre la désinfection
des places des députés.
(Suspension de la séance à 17 h 6)
(Reprise à 17 h 11)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous allons reprendre nos travaux. M. le leader du gouvernement,
pour la suite des travaux.
M. Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, je vous
demanderais de rappeler l'article 57 pour la poursuite du débat sur la
motion.
Motions du gouvernement
Reprise du débat sur la motion proposant que l'Assemblée
approuve l'Entente
en matière de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République de Serbie
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous poursuivons. L'Assemblée reprend le débat ajourné un petit peu plus tôt, aujourd'hui, sur la
motion inscrite à l'article 57 du feuilleton faisant suite au dépôt par Mme
la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le
20 octobre 2020, de l'engagement international.
Donc, je suis prête à entendre une autre
intervention. Mme la députée de l'Acadie, la parole est à vous.
Mme Christine St-Pierre (suite)
Mme St-Pierre : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je poursuis
sur ma lancée de ce matin. Et à ce
moment-là, lorsque les travaux ont été suspendus, je parlais de
l'importance des relations internationales du Québec et je parlais de la politique gouvernementale que nous avions lancée en 2017. Il y a eu
quelques changements cosmétiques depuis, mais la grande, grande majorité
de la politique internationale du Québec est toujours celle qui est en vigueur présentement.
Et je peux
vous dire que cette politique, elle fait en sorte qu'on veut... et ce qui est
souhaité par, je pense, l'ensemble des Québécois, c'est que le Québec, bien sûr, rayonne sur
la scène internationale, qu'on puisse faire des échanges économiques,
qu'on puisse s'associer à des efforts à la lutte contre les changements climatiques, qu'on fasse rayonner également
la culture québécoise et qu'on fasse la défense des droits et libertés de la personne. Et, concernant la Serbie, je vais y revenir un petit peu plus tard.
Alors, dans
cette politique gouvernementale, et je cite le premier ministre Philippe
Couillard : «Notre monde est complexe, interdépendant et en
constante évolution. Les économies émergentes, la mobilité des personnes, le
contexte géopolitique, les nouvelles technologies et le numérique comportent de
nombreux avantages et génèrent des occasions nouvelles,
mais peuvent également soulever certaines appréhensions. Ce qui se passe à
l'étranger a, plus que jamais, une incidence directe chez nous.» Alors,
je crois que c'est encore très d'actualité, cette citation.
J'en
dis une autre : «Le Québec a fait le choix, il y a plus de cinq décennies,
d'être un acteur à part entière sur la scène
internationale et a créé des liens durables avec ses partenaires
internationaux. Les gouvernements qui se sont succédé ont contribué à
façonner le Québec d'aujourd'hui. Cela a été possible notamment grâce à des
visionnaires comme Paul Gérin-Lajoie...» Et
la doctrine, la doctrine, ce qu'on
appelle la doctrine Gérin-Lajoie, est toujours, évidemment, ce qui guide les relations internationales du Québec. Alors, je la cite, je
cite Paul Gérin-Lajoie à l'époque, en 1965 : «Dans tous les domaines
qui sont complètement ou partiellement
de sa compétence, le Québec entend désormais
jouer un rôle direct, conforme à sa personnalité et à la mesure de ses
droits.» Une citation qui est encore tout à fait d'actualité.
Et c'est pour
ça que ça a été important, dans cette politique, de parler, bien sûr, de
mobilité des travailleurs. Ces accords
de sécurité sociale sont importants pour, évidemment, permettre à nos
entreprises de pouvoir amener des travailleurs à l'étranger pour des projets,
des mandats, des contrats et aussi attirer des travailleurs ici. Ça peut être
des travailleurs qui vont venir
travailler pour une compagnie de façon temporaire. Ça peut être des stages. Ça
peut également être des gens qui vont
venir s'établir ici en permanence. Et, à ce moment-là, ces ententes de sécurité
sociale font en sorte qu'ils ne perdent pas les avantages sociaux qu'ils
avaient dans leur pays d'origine. Et ces avantages sociaux là aussi sont... on
peut les transférer au conjoint survivant ou aux enfants. Et ça touche
également les enfants.
Pour ce qui
est de la mobilité des travailleurs, bien, on cite dans la politique
gouvernementale de 2017 : «Une tendance récente est la contribution
toujours grandissante des travailleurs étrangers temporaires.» Alors, ces
ententes de sécurité sociale viennent vraiment les protéger. «Ceux-ci peuvent
permettre à une région ou à un secteur de combler des besoins ponctuels. Le nombre d'entrées de travailleurs
étrangers temporaires a augmenté de plus de 50 % depuis 2008, pour
atteindre [...] 37 000
[travailleurs].» Et on parle des statistiques de 2017. «Parce que le Québec
reconnaît la vulnérabilité des travailleurs étrangers temporaires à bas salaire [et] peu spécialisés, il s'assure de
prendre les mesures nécessaires à leur sécurité, y compris eu égard à la lutte contre la traite des
personnes.» Alors, c'est l'engagement fondamental du Québec en matière de
politique internationale.
Sur la
question de la Serbie, évidemment, c'est un accord que nous appuyons, puis je
pense que des accords dans ce sens,
il faut les appuyer, et je l'ai dit depuis le début, c'est la protection des
travailleurs et aussi ça permet aux entreprises d'évoluer davantage et de pouvoir réaliser leurs projets. Cependant, je
vais lever un petit drapeau pour la ministre, et je pense que les collègues qui écoutent ici vont
pouvoir lui faire le message, un petit drapeau sur les droits humains et un
petit drapeau sur la question de la liberté d'expression, la liberté de
la presse.
Et,
récemment, il y a eu un article dans... qui vient de... pas Québec sans
frontières, mais de journalistes sans frontières et d'Amnistie internationale,
qui fait état de faits assez troublants. Et, lorsqu'on a des rencontres avec,
évidemment, des rencontres
bilatérales, avec les partenaires avec lesquels on veut faire des affaires ou
on veut faire des échanges, il y a des questions
parfois qu'il faut soulever. Et la ministre, lorsqu'elle a aboli le poste
d'émissaire des droits individuels, elle a dit dans une déclaration aux journalistes : Je vais le faire moi-même,
je n'ai pas besoin d'émissaire. C'est un poste qui avait été créé, d'ailleurs, à partir de cette politique
gouvernementale. C'est son choix. Elle a dit : Je vais moi-même m'assurer
de faire la promotion des libertés individuelles et des droits
fondamentaux. Donc, pour... J'aimerais qu'il soit porté à sa connaissance les faits suivants, qui ont été
rapportés le 29 juillet dernier par Amnistie internationale, et je
cite : «Réagissant aux
informations signalant que le ministère serbe des Finances a ouvert une enquête
pour financement du terrorisme et blanchiment
d'argent visant plusieurs journalistes et de nombreuses organisations non
gouvernementales travaillant dans le
[territoire] — dans le
domaine, dis-je — des
droits humains et de la transparence, [le] directeur pour l'Europe à Amnesty
International, a déclaré ce qui suit :
«"Les
mesures visant des journalistes et des ONG en raison d'accusations absurdes de
blanchiment d'argent et de
financement du terrorisme constituent de flagrantes manoeuvres d'intimidation
et le dernier épisode en date d'une campagne persistante menée par les
autorités serbes pour réduire au silence les personnes qui les critiquent.
«"Ce
genre d'enquête arbitraire visant de façon spécifique les personnes qui
critiquent le gouvernement sape le droit
à la liberté d'expression et menace la liberté de la presse. Ces enquêtes
doivent être abandonnées."» Fin de la citation.
Et je poursuis sur le fait qu'on donne évidemment
le nombre de journalistes qui ont été enquêtés,
et on parle de 20 personnes. Le
ministère des Finances a demandé des informations bancaires à 20 personnes
et 37 ONG et institutions, notamment
le réseau de journalisme d'investigation des Balkans, les deux principales
associations serbes de journalisme et des organisations de défense des
droits tels que le comité Helsinki pour les droits de l'homme et civiques.
Donc, Mme la
Présidente, je tenais vraiment à faire... à lever ce drapeau, parce que ce sont
des questions qui peuvent et qui
doivent être abordées lors de rencontres bilatérales. Et la Serbie a une
ambassade au Canada, évidemment, qui est basée à Ottawa, mais a aussi un
consul. C'est une consule honoraire.
Alors,
j'invite la ministre à faire en sorte qu'elle puisse avoir des explications ou
qu'elle puisse soulever la question, parce qu'évidemment il est toujours
très délicat d'entrer dans des questions de politique interne. Mais, lorsque ça
vient d'Amnistie internationale et que la ministre a maintenant... s'est donné
la responsabilité de défendre et de faire la promotion
des droits humains, des libertés fondamentales, donc de la liberté
d'expression, je pense qu'elle a le devoir de parler à ses partenaires
serbes.
• (17 h 20) •
Pour ce qui
est des autres questions qui touchent les relations internationales, récemment
il y a un article sous la plume de Jocelyne Richer qui dit que le
gouvernement planifie le redéploiement du Québec à l'étranger. C'est tout à
fait de se responsabilité, c'est sa prérogative, je ne reviens pas là-dessus.
Je soumets cependant que faire la promotion des
droits humains, ça peut aussi vouloir dire être présent sur des territoires où il y a des questionnements qui se
posent. Et nous avons décidé, en 2016, d'ouvrir une représentation à Cuba.
Cette représentation, Mme la Présidente, avait pour but d'établir des relations
diplomatiques, le bureau est situé dans l'ambassade
du Canada, et de faire en sorte que, lorsque la question de l'embargo, que tout
le monde souhaite, bien sûr... soit levé, les
entrepreneurs québécois puissent établir des liens d'affaires avec Cuba. On
sait que les Québécois aiment beaucoup cette
île et y sont très attachés. Et on sait qu'il y a des secteurs qui les
intéressent plus particulièrement, évidemment le tourisme, les équipements qui sont reliés au tourisme et également
tout le secteur de l'agriculture. Notre modèle agricole, notre modèle de coopératives agricoles les
intéresse énormément parce qu'on a développé
un modèle, au fil des ans, qui suscite un intérêt pour eux.
Donc, on a vu
aussi, avec la présidence du président Trump, que ce que l'ancien président
Obama avait... l'ouverture que le président Obama avait faite avec Cuba,
évidemment, ça s'est comme un peu refermé et beaucoup refermé sous
l'administration Trump. Maintenant, le nouveau président, c'est M. Joe
Biden. Joe Biden était vice-président dans l'administration Obama. On peut
penser qu'il va vouloir poursuivre sur cette lancée, de faire en sorte que les
relations diplomatiques avec ce pays puissent être rétablies et qu'on puisse en
arriver un jour à la levée de cet embargo.
Donc, dans
cet article, on nous annonce que le bureau va fermer. Alors,
moi, je dis tout simplement que c'est
une erreur, parce qu'il planifier les choses à moyen et à long terme. Et cette
ouverture était un projet. Évidemment qu'on ne voyait pas les bienfaits immédiats, mais on voyait que, dans une
stratégie à moyen et à long terme, on pouvait établir de bonnes relations commerciales et des relations
pour nos petites et moyennes entreprises, qui ont bien besoin, bien sûr, de
faire des affaires non seulement au Québec, mais aussi d'exporter leurs
produits.
Je dis tout
simplement cela parce que je pense que c'est important aussi de faire
comprendre certains éléments et certaines choses qui sont importantes
pour le rayonnement du Québec à l'international.
Alors, je
termine là-dessus. Je dis que je suis heureuse de voir qu'un
39e accord, 39e entente sur la question de la sécurité sociale soit signée. Ce ne sera certainement pas la dernière. Il y en a eu dans le passé, et je pense que c'est une
chose qu'il faut continuer pour la protection
des travailleurs et également pour nos entreprises qui ont des visées internationales, et qui veulent avoir des projets à l'étranger, et aussi
accueillir des travailleurs ici.
Alors, je vous remercie beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci,
Mme la Présidente. Très content de
prendre la parole sur cette question-là, parce
que, quand on voit apparaître au feuilleton un débat sur une
entente avec un autre pays, je crois qu'il faut être sur nos gardes. Est-ce un énième accord de libre-échange qui est négocié à l'avantage des grandes corporations et
au désavantage de notre peuple? Est-ce
un autre accord qui vient permettre à des entreprises privées de poursuivre des
États quand ceux-ci veulent passer des
mesures pour le bien commun, que ce soit en environnement, en santé, etc.? Est-ce un autre accord qui va
favoriser la délocalisation de nos
entreprises? Ou encore est-ce un autre accord qui va désindustrialiser le Québec,
là, en délocalisant des emplois et
des entreprises dans d'autres pays? Bref, est-ce un autre accord qui va faire
reculer notre classe moyenne, comme c'est le cas avec les accords de libre-échange
depuis les années 1980?
Eh bien, non,
pas cette fois-ci, et vous m'en voyez soulagé, parce qu'après avoir analysé
l'entente avec la Serbie je me suis
rendu compte que c'était une entente administrative qui me semble être bonne
pour le Québec et, ce qui tout aussi important,
bonne aussi pour la Serbie. Le fait que cette entente permette aux personnes qui résident au Québec d'obtenir
des pensions de retraite ou d'invalidité
payables par la République de Serbie si elles y ont déjà résidé et travaillé
est une bonne chose en soi. Le fait
de pouvoir additionner les périodes de cotisation du Régime des rentes du
Québec et au régime de retraite serbe
pour permettre aux personnes qui n'ont pas cotisé suffisamment à l'un ou à
l'autre des régimes de devenir admissibles à une prestation est aussi
une bonne chose.
Le fait que
cette entente permette également aux personnes visées de bénéficier des
prestations prévues aux législations relatives
aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, à l'assurance maladie,
à l'assurance hospitalisation et aux autres services de santé est aussi une
bonne chose. Le fait que cette entente permette d'éviter un double
assujettissement en prévoyant, par
exemple, pour les entreprises qui oeuvrent au Québec et en République de Serbie
le maintien des cotisations à un seul régime de sécurité sociale est
encore une fois une bonne chose.
Je ne
passerai pas chaque point de l'entente en revue, mais je tiens à spécifier que
j'appuie cette entente avec la Serbie,
qui est en quelque sorte une des incarnations de la doctrine Gérin-Lajoie.
Cette doctrine, comme vous le savez bien, Mme la Présidente, confirme le
prolongement à l'international des compétences internes du Québec.
Comme le
disait Jean Charest, ce qui est de compétence québécoise chez nous est de
compétence québécoise partout. C'est bien la seule fois que vous allez
m'entendre citer positivement M. Charest. Cette doctrine Gérin-Lajoie, si
on est ambitieux pour le Québec, il faut la bonifier pour aller bien plus loin.
Un exemple.
La Serbie est membre associée de la Francophonie. Si on avait une Francophonie
plus politique, ce genre d'entente
pourrait passer par ce forum, parce que oui, je pense que l'Organisation
internationale de la Francophonie devrait jouer un rôle plus politique.
L'Organisation internationale de
la Francophonie, c'est un forum multilatéral de 70 pays, le seul
forum où le Québec a les coudées franches, où le Québec
peut agir en toute liberté, le seul forum où le Canada ne peut pas nous mettre
des bâtons dans les roues. Un jour, oui,
nous serons débarrassés de ce Canada et nous serons véritablement libres. Mais,
d'ici là et même au-delà de l'indépendance,
le Québec se doit de jouer un rôle important au sein de la
Francophonie. Le nombre de francophones dans le monde est près de
300 millions de locuteurs. C'est la cinquième langue la plus parlée au monde. En 2050, le nombre de locuteurs du français
sera de 700 millions sur une population mondiale de 9 milliards. Ça,
c'est une personne sur 13. Et 85 % de ces francophones vivront en Afrique.
Donc, je souhaite que la
Francophonie devienne un véritable espace de solidarité et d'échange entre les
peuples francophones, un espace de développement social, économique, culturel
et de coopération. -
Donc, je
réitère, j'appuie cette entente administrative avec la Serbie, pays que
j'espère visiter un jour. Je vous remercie, Mme la Présidente.
• (17 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Il y a une autre intervention, de Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. La parole est à vous. Il reste, pour votre information,
37 min 55 s...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
37. Merci.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : 37 minutes?
O.K. Bien, écoutez, je vais juste vous dire ce qui vient me chercher dans cette
entente-là, l'Entente en matière de sécurité sociale entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement de la Serbie.
On a une
quarantaine d'ententes comme celle-là avec d'autres États, le Québec, et c'est
vraiment dans la foulée de l'importance
du Québec, comme disait mon collègue, de faire rayonner notre présence partout
à l'étranger à travers nos compétences
à nous. Et c'est fondamental, des ententes comme celle-là, parce que les
travailleurs qui viennent chez nous et
puis nos travailleurs qui vont là-bas, les immigrants qui sont ici, les
étudiants qui veulent venir étudier ici, nos étudiants qui veulent aller étudier là-bas, ne perdent pas leurs
avantages sociaux. Il y a aussi des droits pour les survivants. Donc, tout ça
pour bénéficier cette mobilité des
gens entre la Serbie et le Québec, entre le Québec et d'autres États.
C'est fondamental dans un système
comme le nôtre, dans un monde comme le nôtre. Et, évidemment,
je suis tout à fait d'accord avec ce type d'entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et la Serbie.
Comme disait
mon collègue, c'est une entente administrative, mais ça jette quand même les bases pour toutes sortes
de choses. Rappelons-nous que nos Québécois
à l'étranger sont souvent nos meilleurs ambassadeurs. Donc, des ententes
comme celle-là facilitent le tout, est bonne
pour nos entreprises et bonne pour notre monde qui veulent découvrir, qui
veulent s'ouvrir sur le monde, donc
c'est fondamental. C'est bon pour la communauté serbe qui vient ici, et encore
une fois, cette communauté serbe là qui ajoute à la culture québécoise
et qui donne tant.
Il y a 6 000 Serbes,
environ, qui vivent au Québec, des étudiants, des travailleurs temporaires,
mais 3 600 immigrants, environ.
Et ça me rappelle des souvenirs, ces immigrants serbes là, parce que, comme le
disait la ministre tout à l'heure, ces immigrants serbes sont surtout venus
durant la guerre qui a fractionné la Yougoslavie à la fin des années 80 et
dans les années 90.
Moi, à cette
époque-là, j'habitais à Vienne. Et Vienne, c'est tout à côté. Il y avait, il y
a très, très longtemps, un empire
austro-hongrois et puis Vienne, c'était la capitale. Et puis la Yougoslavie et
puis la Serbie faisaient partie du grand empire. Et, quand j'habitais à Vienne, évidemment, durant la guerre
civile qui a secoué la Yougoslavie et qui s'est fractionnée en toutes sortes d'États, il y avait des réfugiés
qui arrivaient chez nous. Il y avait des immigrants qui arrivaient à Vienne. Et, plus tard, quand j'étais commissaire à la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié, j'ai entendu aussi beaucoup
de demandes de familles serbes qui voulaient absolument venir s'établir
chez nous. Alors, quand je pense à tout ça, mon coeur est avec ces familles serbes là qui ont choisi le Québec
pour venir s'établir. Et je les revois encore, ces Serbes, ces gens de
l'ex-Yougoslavie qui arrivaient aussi à Vienne avec plus rien, hein? Il y avait
une guerre qui avait tout chaviré.
Je voulais
juste... Je veux profiter de l'occasion pour qu'on se rappelle un peu de ce
qu'était la Serbie il y a à peine 30 ans.
Il y a à peine 30 ans, il y
avait cette Serbie qui était partie de la Yougoslavie, qui était dirigée par le
maréchal Tito, et c'était un régime
communiste, très, très différent du nôtre. On n'aurait jamais pu concevoir, il
y a 35, 40 ans, une entente en
matière de sécurité sociale entre le Québec puis la Yougoslavie, c'était
impensable. Même si la Yougoslavie n'était pas dans le bloc de l'Est avec l'Union soviétique, elle se disait
indépendante, c'était quand même inconcevable à l'époque de penser qu'on
allait avoir des échanges avec un pays comme la Yougoslavie et qu'on allait
avoir cette mobilité-là de personnes. Alors,
ça me réjouit de voir des ententes comme celles-là parce que ça veut dire qu'on
échange, ça veut dire qu'on parle, ça veut dire qu'on se comprend mieux,
et, par là, on évite souvent des conflits.
Donc, la Yougoslavie, un grand pays, hein, avec...
il y avait, rappelez-vous, la Croatie, la Bosnie, il y avait la Macédoine, la Slovénie, le Kosovo, et Tito gardait
ça, là, tissé serré et essayait, hein, un peu comme l'Union soviétique a
essayé de le faire, il voulait créer l'homme
yougoslave. Et tout ce beau monde là vivait heureux, en apparence, évidemment.
Et là Tito est mort, et là tout ça s'est
désagrégé, et là les nationalistes ont commencé à prendre beaucoup, beaucoup de
place, mais là c'étaient des nationalistes, là, musclés et radicaux. On
est vraiment dans un autre monde. Et tout ça a commencé à monter, et c'est profondément triste, parce qu'à cette époque-là on
avait des chrétiens orthodoxes, on avait des catholiques, on avait des musulmans. Ces gens-là se mariaient
entre eux, là, ils vivaient entre eux, et ça fonctionnait et ça fonctionnait
très bien.
Et là, avec
cette montée-là d'un nationalisme exacerbé, on a eu ce qu'on a vu, on a eu un
éclatement incroyable, une transformation
incroyable d'un système, d'une façon de vivre. Et, pour ces gens-là, là,
c'était inconcevable, là, je veux dire, mon voisin était bosniaque musulman, moi, j'étais chrétien orthodoxe, on
soupait ensemble, et puis, quelques semaines plus tard, bang! les bombardements à Sarajevo en
Bosnie, et puis on ne se parle plus, et puis mon voisin kidnappe ma voisine,
qui est catholique. Ça ne marche plus, et
c'était profondément triste. Et ça, c'était, bien, les années 90 surtout,
et puis on avait, en Serbie, un gars qui s'appelait Slobodan Milošević, qui
était le président de la Serbie, et qui, à cette époque-là, a exacerbé, encore une fois, son nationalisme. Il a
financé des milices serbes en Bosnie, en Croatie. Et là c'était l'hécatombe
et c'était extrêmement triste, là. Pensez au siège de Sarajevo. Pensez aussi à Srebrenica
où là il y a eu un siège de trois ans et il y a des gens qui ont été
tués, il y a eu des charniers. C'était extrêmement grave.
Et,
finalement, Slobodan Milošević est parti. Et la Yougoslavie, parce qu'il tenait
tellement à la Yougoslavie, bien, à
moment donné, là, ça s'est appelé la Serbie. Point final. Lui est parti, la
Cour pénale internationale à La Haye a commencé des procédures, et
puis lui est décédé en 2006.
Mais
bon, la Serbie a fait son petit bonhomme de chemin et ce n'est pas facile,
hein, parce qu'on passe d'un régime communiste
à la guerre, à autre chose. On s'en va, on construit une démocratie. On
construit un État de droit. Ça, ce n'est vraiment pas évident. Et donc
la Serbie va de l'avant, ce n'est pas facile. Et, comme disait ma collègue députée
de l'Acadie, en ce moment, il y a un président, Vučić, qui lui, bon, évidemment,
on a maintenant... ce n'est plus un régime communiste
et évidemment un État où la loi de l'offre et de la demande a
sa place avec un régime un peu comme on... une économie un peu qui nous ressemble, nous. J'aurais aimé discuter de
toute la question communiste avec mon collègue de Laurier-Dorion. Ça sera pour une autre fois. Et donc les choses
s'améliorent, et on a un régime qui est extrêmement critiqué...
qui est critiqué, mais qui est mieux évidemment
que sous Tito ou Slobodan Milošević. Les choses se construisent tranquillement.
Et,
comme disait ma collègue, il y a Amnistie internationale et Human Rights
Watch. Et tous les grands organismes de
droits de la personne ont relevé des entaches dans tout ce qui est liberté
d'expression, le journalisme, des journalistes qui sont intimidés, des gens...
des dissidents, bien, des gens qui promeuvent les droits de la personne qui
sont embêtés aussi. Mais il y a quand même un système de droit qui se
construit.
Et,
bon, on parle d'une dictature du président Vučić qui contrôle... alors, Le
Monde diplomatique disait : «...contrôle étouffant que son
régime exerce sur la justice [et sur] les médias.» Mais, dans un monde comme le
nôtre, il ne faut pas perdre espoir.
Puis,
encore une fois, des ententes comme celles-là, elles sont extrêmement
importantes. Pourquoi? Parce qu'on a
des échanges de personnes. Et, tranquillement, en discutant... bien, on a un
chef d'entreprise qui va là-bas et qui discute avec les autorités en place et qui dit : Bien, moi, écoutez,
là, je ne vais pas signer le contrat si vous ne me garantissez pas un minimum de justice pour faire respecter mon
contrat. Et là le pays qui veut absolument le contrat, et les entreprises qui veulent absolument transiger avec cet entrepreneur québécois
peuvent faire des pressions sur le gouvernement pour dire : Bien, écoutez, là, vos lois sur telle, telle chose, là, bien,
il faut les corriger puis il faut une indépendance judiciaire, parce que mon gars, il ne va
pas signer, hein?
• (17 h 40) •
Alors,
ces échanges-là sont importants. Et donc on a des entrepreneurs qui y vont, qui
mettent leur petit grain de sel. On a
aussi des diplomates qui ont plus l'oreille aussi des dirigeants de là-bas.
Et, tranquillement, moi, j'ai bon espoir que les choses vont se
construire.
En
ce moment, la Serbie est candidate pour faire partie de l'Union européenne et,
une fois que la Serbie sera partie de l'Union européenne, évidemment,
il y aura encore plus de pression sur l'État pour respecter les droits de la
personne, respecter les règles de
base et respecter leur constitution, leurs droits, et tout ça, parce que, des
fois, ils ont des lois, mais ils ont de la difficulté à les appliquer.
Et
donc, une fois que la Serbie sera partie de l'Union européenne, bien, évidemment,
nous, on a signé une entente de libre-échange avec l'Union européenne et, par là, bien, la
Serbie va être encore plus importante pour nous, parce que ce sera plus facile de transiger. Et, comme disait ma
collègue de l'Acadie, elle était ministre
des Relations internationales à
l'époque : C'est sous notre gouvernement et aussi sous la gouverne de ma collègue qu'on en est venu ultimement...
bien, en tout cas, sous mon gouvernement, qu'on en est
venu... sous le gouvernement de mon parti qu'on en est venu à cet accord
de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
Et
le Québec a joué une grande part là-dedans,
le Québec était très impliqué dans l'obtention, dans le règlement,
dans la conclusion de cet accord-là. Et c'était le ministère des Relations internationales qui était très impliqué à l'époque et, bon, évidemment, le ministère de l'Économie aussi, mais le ministère des Relations internationales aussi, il menait la charge. Et j'espère...
ce sera, j'espère, toujours le cas, l'importance du ministère des Relations
internationales est extrêmement importante sur toutes sortes de formes et quand
on négocie aussi des ententes comme celles-là.
Donc,
les échanges internationaux, les
échanges économiques, les échanges de personnes, tout ça, Mme la Présidente,
c'est extrêmement important pour bâtir un État où les règles de droit, où le
commerce, les règles de base, les règles de commerce international, le respect
des droits de la personne va être appliqué.
Et
je me désole, moi aussi, comme la députée de l'Acadie, de voir que notre
ministre des Relations internationales a
aboli le poste d'émissaire des droits humains. Parce que, justement, dans un
contexte comme celui-là, le Québec a toujours sa place. Le Québec a un rôle. Évidemment, au niveau international, il
faut absolument promouvoir les échanges commerciaux. Mais le rôle du
Québec à l'international, c'est bien plus que ça. On peut faire beaucoup de
choses. Comme disait mon collègue, la Serbie
est un membre associé, oui, à l'Organisation internationale de la Francophonie, et donc, nous, au sein de la
francophonie, on est un État à part entière, le Québec, donc on a toujours...
on peut jouer un rôle bien au-delà des relations économiques, et de là
l'importance d'un poste comme l'émissaire aux droits de la personne, parce
qu'il est à l'écoute, c'est sa job 24/7.
Et donc des situations comme celle de Serbie, bien, l'émissaire peut être
sensible à ce qu'il se passe et passer un message.
Là,
c'est la ministre des Relations internationales qui dit... qui va prendre le
poste et puis qui va jouer ce rôle-là. Bien,
en tout cas, j'espère, moi aussi, que, quand elle ira à Ottawa ou quand elle
aura l'occasion de rencontrer l'ambassadeur serbe au Canada, elle lui passe le message que le pays est peut-être sur
la bonne voie, mais il y a encore du travail à faire, il y a encore du travail à faire pour les
journalistes, pour les gens qui militent pour les droits de la personne, pour
une espèce de... en fait, c'est une
corruption qui est problématique aussi, donc pour envoyer le message, donc
l'importance du Québec d'aller bien au-delà de ces échanges commerciaux
là, cette espèce d'esprit comptable.
Alors, je me désole, moi aussi, de
voir la représentation du Québec à Cuba fermée. J'espère, j'espère que ce ne
sera pas le cas. Encore une fois, on
a toutes sortes d'intérêts à Cuba, évidemment,
des intérêts économiques très importants, on s'entend, mais, à Cuba, aussi, c'est loin de la perfection quand on
parle des droits de la personne, hein? Alors, le fait d'avoir une représentation à Cuba, de pouvoir converser
avec les autorités en place, on met notre petit grain de sel. Et donc c'est
important. Il ne faut pas que ce bureau-là ferme.
Ma collègue de l'Acadie et moi, on
travaillait à Radio-Canada avant, et il y avait beaucoup, beaucoup de
bureaux à l'étranger, et, pour des raisons... Et c'est parce que
je lis l'article, là, l'article, justement, qui parlait du redéploiement
du Québec à l'étranger, qui était du mois d'octobre, un article de Radio-Canada. Et on disait qu'on allait fermer des... on pensait peut-être
fermer des représentations à l'étranger. Alors, on pense au redéploiement de
nos représentations à l'étranger.
Alors,
les décisions ne sont pas encore prises. Alors, j'en profite pour mettre en
garde le gouvernement. Parce
que mon ancien employeur, par souci, parce qu'on voulait sauver des sous, on voulait
restructurer un peu, a décidé de fermer certains bureaux à l'étranger. Et c'était très malheureux. Parce qu'on
s'est dit : Bon, bien, maintenant, avec les nouvelles technologies, on va avoir le correspondant dans la
salle des nouvelles à Montréal, puis lui, il va suivre ça de loin, mais, de
toute façon, ce n'est pas vraiment de loin, parce que, maintenant, il y a le
téléphone, maintenant, il y a l'Internet, maintenant, il y a plein de choses.
Mais ce n'est jamais, jamais, jamais comme avoir... «to have our man in place»,
tu sais, d'avoir notre personne sur
place. C'est... on ne voit pas les choses de la même façon quand on est
correspondant à l'étranger puis on habite
le pays que si on dans la salle des nouvelles à Montréal puis qu'on regarde ça
de loin. C'est la même chose pour la diplomatie.
C'est la même chose pour un ambassadeur. C'est la même chose pour un
représentant du Québec partout dans le
monde. Donc, je mets en garde le gouvernement du Québec en ce moment. Je lui dis : Pensez-y deux
fois avant de fermer un bureau, là. En tout cas, surtout pas Cuba. Et je
lisais, dans l'article, qu'on pensait, on songeait... On dit : «En
Afrique, on songe à développer le marché de
l'Afrique du Sud...» Bon, très bien, où le Québec est absent, un pays
anglophone. Et, bon, oui, c'est vrai,
d'un point de vue économique, il était en plein essor avant la COVID,
mais, bon, il avait ses problèmes quand
même, mais c'était... d'un point de vue économique, ça peut être intéressant.
«Sur tout le continent, le Québec a pignon
sur rue au Sénégal, en Côte-d'Ivoire et au Maroc — merci à notre collègue de l'Acadie, qui a travaillé très fort pour l'ouverture
de ces bureaux-là — des choix géographiques qui pourraient être
remis en question.» Être remis en question, il ne faut pas. C'est des pays
francophones, c'est l'Afrique de l'Ouest, c'est notre porte d'entrée en
Afrique. Donc, tant d'un point de vue économique que d'un pur point de vue de la
Francophonie, on a besoin de ces bureaux-là, on ne peut pas les fermer. Il
faut y penser deux fois. Et donc il y a ça.
Encore une fois, je
sais que la banquette gouvernementale n'aime pas ça quand je dis ça, mais on ne
veut pas que notre ministère des Relations internationales devienne une succursale du ministère de l'Économie. Et là, quand je lis l'article, encore une fois, on dit : «Le
dénominateur commun à ce grand jeu de chaises musicales : la rentabilité
économique et l'intérêt strictement
commercial d'une présence québécoise dans tel pays ou telle région spécifique
du globe.» Ça va être un déterminant, là. Ça
va être super important dans le futur de nos représentations à l'international. «La nouvelle
carte de la représentation du Québec à travers le monde
est actuellement élaborée conjointement [avec] le ministère des Relations
internationales et de la Francophonie et Investissement Québec.» Le ministère
de l'Économie! Bon, enfin.
On est tous, là, pour un Québec prospère puis on est tous
pour des bonnes relations économiques à l'international. Mais, mon Dieu! il ne faut pas oublier l'autre
pan, les relations internationales, ce n'est pas juste ça. Et donc les
décisions ne sont pas prises. Et j'ai
confiance et j'espère qu'on m'entend. Et il faut regarder nos représentations
en Afrique de l'Ouest, il faut les
garder à Cuba aussi, tout ça dans le même esprit que je disais au début, parce
que c'est important d'interagir, parce que
la mobilité est importante, parce que, si on est sur place, ce n'est vraiment
pas pareil que si on est derrière notre bureau au complexe G, ou à
Montréal quelque part.
Et donc
évidemment que je me réjouis de cette entente en matière de sécurité sociale
entre le Québec et la Serbie, bien, parce
que ça va dans le sens de mes valeurs. Et, encore une fois, pensons-y, là, il y
a juste 30 ans, une entente comme ça aurait été impossible. Donc,
bravo! Merci.
• (17 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je cède la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je salue, comme la plupart de mes collègues, la présente entente qui est déposée aux députés
de l'Assemblée nationale, entente entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République de
Serbie sur la coordination de nos législations effectives en matière de
sécurité sociale. Ces dispositions, au
sein de l'entente, vont, bien sûr, profiter tant aux citoyens québécois que ceux de la République de Serbie, et c'est
tant mieux, qu'ils soient étudiants,
retraités, travailleurs ou dans toute autre situation où ils auront
avantage à bénéficier d'une protection sociale lors, évidemment, d'un
déplacement pour des fins de travail ou autres dans le pays ciblé.
Comme
on l'a déjà mentionné dans plusieurs interventions, c'est
ce genre d'entente... et je pense qu'on en a près d'une quarantaine, le Québec, avec différents pays. Ce genre d'entente
de sécurité sociale favorise évidemment la mobilité des personnes, des travailleurs en
particulier. Et, pour le Québec, bien, ça peut nous permettre aussi de faire
venir des travailleurs, donc,
compétents dans différents domaines de l'activité économique
pour les entreprises d'ici. Ça va également
permettre, de façon plus... enfin, plus
facile à des Québécois d'aller en Serbie et d'avoir toutes les protections
nécessaires. Donc, c'est le but de l'entente, et je pense que c'est
difficile, pour nous, d'y trouver à redire.
Mais je veux aborder... parce qu'on l'a déjà
fait, non seulement l'entente, mais aussi la perspective des relations internationales que le Québec a déjà développées avec plusieurs États à travers le
monde, et le sens que l'orientation des relations
internationales devrait prendre, à notre point de vue. Vous savez, notre formation
politique entretient l'ambition que le Québec soit beaucoup plus présent sur la scène internationale, que le Québec puisse signer ses propres ententes, pas seulement
en matière de sécurité sociale. Évidemment, le Québec pays
aura la possibilité de le faire. Et ce qu'on souhaite un jour, c'est
voir le Québec s'asseoir avec son propre siège, sa propre voix à l'ONU, à
l'UNESCO et toutes les organisations
internationales.
Et,
d'ici là, comme le mentionnait le député de Laurier-Dorion, la doctrine
Gérin-Lajoie doit continuer de s'appliquer avec encore plus de force, plus d'intensité, si on veut, pour que
chacune des compétences du Québec puisse être affirmée non seulement en
sol québécois, mais sur la scène internationale, où nous avons une contribution
à apporter.
Alors,
je pense que c'est l'occasion, peut-être, aujourd'hui, de souligner que les
relations internationales du Québec doivent,
donc, comporter toute une série d'enjeux, de thématiques, donc de compétences,
et non seulement se limiter à leur perspective économique, comme semble
vouloir le faire le gouvernement actuel.
Bien
sûr, on parle d'une vision de vitrine économique. C'est ce que la Coalition
avenir Québec défend pour les délégations
du Québec et, évidemment, c'est une composante qui est pertinente, qui est
nécessaire, qui est bénéfique pour nos entreprises, pour notre économie.
On y souscrit.
Néanmoins,
elle ne peut pas se réduire qu'à cela. Il faut maintenir le rayonnement du Québec à
l'étranger. Ma collègue en parlait il y a quelques minutes à
peine, le fait de rétrécir la couverture des pays où on peut entretenir des
relations internationales, des relations diplomatiques, ce n'est pas une
bonne idée. Québec doit maintenir ses relations et des relations diplomatiques
larges et fécondes sur la scène internationale, partout où l'État du Québec
peut apporter une contribution singulière,
une contribution originale, une contribution importante partout où elle peut
favoriser le progrès ou l'avancement des dossiers dans une multitude
d'enjeux qui nous interpellent ou qui nous rejoignent.
Notre rayonnement international
doit, par exemple, comporter les dimensions culturelles et linguistiques, bien entendu,
parce qu'elles traduisent,
évidemment, là, ce que l'on est au plus profond de nous, comme peuple et comme
nation québécoise, et permettre aussi de refléter nos valeurs
québécoises à l'international.
Par
exemple, en tant que membre de la Francophonie, nous devons promouvoir, avec
l'ensemble des pays auxquels on est
associés, notre langue française comme langue de commerce et de diplomatie.
Mais, vous savez, le français, on en parle parfois, c'est quand même...
ça demeure une des langues les plus parlées à travers le monde. On dit que le
français est au cinquième rang des langues les plus parlées, au quatrième rang
des langues les plus utilisées sur l'Internet et troisième pour ce qui est des affaires et de l'économie. C'est aussi une
langue qui est parlée comme langue seconde, qui est apprise comme langue étrangère de par le monde et
se situe au deuxième rang à travers l'ensemble des différentes langues
pour les différents pays.
Il est donc primordial
de se doter des moyens suffisants, comme État du Québec, de défendre et
illustrer notre exception, notre particularité culturelle, faire rayonner nos
créateurs et nos créations de par le monde. Les relations à l'international
doivent nous permettre d'oeuvrer en coopération internationale également, d'y
jouer un rôle important également dans la promotion des droits de la personne
et dans le renforcement des institutions démocratiques.
De
par le monde, le Québec peut apporter
une contribution significative à cet égard. On doit se positionner
comme chef de file dans la lutte contre les changements climatiques et en
faveur de la diversité culturelle. Plus globalement, le Québec a
véritablement intérêt à développer son image de marque distinctive à l'international
dans mille et un sujets, j'en ai
nommé quelques-uns. Je l'ai dit, nous avons des grandes ambitions pour le Québec,
on souhaite que notre nation ait tous les
pouvoirs, dont un, évidemment, et le plus important d'entre tous, de se
représenter nous-mêmes sur la scène internationale, de
signer nos traités.
Et j'aimerais, en
terminant, parce que je vois que la fin des affaires courantes approche, je
voudrais compléter avant 18 heures... Donc, je voulais mentionner quand
même que ce n'est pas anecdotique que, cette semaine, on ait pu s'apercevoir qu'il est important,
sur la scène internationale, pour le Québec, d'avoir sa personnalité propre. On a vu le
président français, M. Macron,
appeler directement le premier
ministre du Québec sur un enjeu, évidemment, fort important, un enjeu qui rejoint nos valeurs, celui de la liberté
d'expression. On a vu, donc, que le président français lui-même reconnaissait
que le Québec n'est pas le Canada,
que le Québec avait ses propres valeurs, des valeurs qui se rapprochent des
valeurs françaises.
Et, évidemment, ce
qu'on peut espérer, c'est que le premier ministre lui-même reconnaisse cet état
de fait et retienne de cet appel non
seulement la solidarité qui unit nos deux États, mais surtout le fait qu'il est
important d'élargir la portée des
relations internationales bien au-delà du secteur économique. La diplomatie,
c'est beaucoup plus vaste que ça, c'est une valeur qu'il faut déployer
dans tous ses aspects, dans tout ce que nous sommes comme nation.
Et,
pour conclure, bien, je vous annonce, ce n'est pas une surprise pour personne,
que nous appuierons évidemment
l'entente qui est déposée aux parlementaires aujourd'hui. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de
Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie. Je constate, par contre, qu'il
manque un groupe parlementaire.
Alors, je vais
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 4)
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme
la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie proposant qu'en vertu de
l'article 22.3 de la Loi sur
le ministère des Relations internationales
l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière de sécurité sociale
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République de
Serbie.
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. S'il vous plaît, est-ce
que je pourrais avoir le silence pour qu'on puisse procéder au vote? Merci.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le député des Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. En conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale.
Ajournement
Donc, compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés à demain, jeudi le 12 novembre 2020, à
9 h 40. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 5)