(Treize heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon mardi. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique Déclarations de députés, nous
débutons avec M. le député de Vimont.
Souligner le 30e anniversaire de l'organisme
Éduc'alcool
M. Jean Rousselle
M. Rousselle : Merci,
M. le Président. Je suis très emballé,
aujourd'hui, de pouvoir offrir mes plus vives félicitations à tout le personnel
d'Éduc'alcool pour leurs 30 ans de service auprès de la population.
Surtout en cette période si fragile et si
déprimante que nous apporte la pandémie, les risques de rechute, et pour plusieurs,
pourraient entraîner des graves conséquences, en matière de consommation
d'alcool. La société a besoin de vous, et plus que jamais aujourd'hui, alors que le confinement et la
distanciation sociale apportent leurs lourdes conséquences.
Déjà à
l'époque où j'exerçais le métier de policier, j'étais témoin, malheureusement,
des effets néfastes et dévastateurs que
l'alcool pouvait avoir auprès de nombreuses familles, le plus triste étant
toujours la maltraitance des enfants et des plus vulnérables.
C'est pour
cette raison que je tiens à vous honorer, parce que je sais pertinemment que
votre mission, votre support et votre écoute sont là pour aider toute la
population, mais également pour alléger de nombreux fardeaux à des familles,
voire même à sauver des vies. En mon nom et
en celui de mon groupe parlementaire, je vous remercie très sincèrement de
votre travail. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Vimont. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Dubuc.
Souligner la générosité et les efforts de M. André
Gagné, en contexte de pandémie,
afin de distribuer des bonbons aux enfants pour la fête d'Halloween
M. François Tremblay
M. Tremblay : Merci, M. le
Président. Au Saguenay, dans Dubuc, au fil des années, les propriétaires d'une accommodation ont ciblé certains créneaux, dont
celui de la fête d'Halloween. Dans la soirée du 31 octobre, ils
distribuent gratuitement, depuis plusieurs années, des friandises.
À proximité,
la Pyramide des Ha! Ha!, oeuvre créée par l'artiste Jean-Jules Soucy après le
déluge de 1996, devenait, pour 24 heures, une maison de l'horreur. Les
résidents du quartier ont compris qu'il devenait à la fois amusant et rentable
de devenir partenaires de l'événement. Le secteur Grande-Baie allait devenir la
référence pour cette fête de famille.
Avec la pandémie, il devenait difficile de
poursuivre la tradition. Je tiens à saluer la générosité exemplaire d'André Gagné et de sa conjointe Guylaine, qui ont
eux-mêmes distribué dans nos écoles et garderies quelque 2 500 sacs
de bonbons. Le dépanneur chez Kelley allait
ainsi honorer ce classique. Ils allaient ainsi se réinventer dans le respect
des consignes sanitaires et costumés de ce que j'appelle le réflexe
innovant. Wow! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Dubuc. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Nelligan.
Féliciter M. Philippe Boucher, lauréat du gala Forces
Avenir
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, toute la lumière ira à M. Philippe
Boucher, étudiant au premier cycle de l'Université Concordia en études des
peuples autochtones et en sociologie. Il est également un résident de
Nelligan qui s'engage activement auprès des peuples autochtones pour favoriser
leur mieux-être.
Quel parcours et quel engagement! Élu
responsable des événements et coprésident de l'association étudiante, il a
notamment coordonné plus d'une vingtaine de conférences en lien avec les
peuples autochtones. Sur le terrain, M. Boucher est très actif auprès du
Centre d'amitié autochtone de Montréal mais aussi au centre d'employabilité
inuit, spécialisé en réintégration socioprofessionnelle. Il a résolu de
consacrer sa carrière à la recherche et à l'implantation de solutions durables
pour les peuples autochtones.
Il
a ainsi remporté le prix de la Personnalité 1er cycle de l'année 2020 lors
du gala Forces Avenir, un organisme qui vise à reconnaître et à
promouvoir l'engagement étudiant, dont je salue l'excellente mission.
La relève est en place, active et engagée.
Bravo, Philippe Boucher! Tu fais la fierté de Nelligan. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Côte‑du-Sud.
Souligner le projet
d'aménagement d'une patinoire
extérieure des élèves de l'école Saint-Joseph
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais vous partager ma fierté face à la
détermination et la participation des jeunes de l'école Saint-Joseph, de
Saint-Pamphile.
L'initiative
a débuté il y a deux ans avec l'intérêt des élèves de posséder une patinoire
extérieure pour l'école et la population.
Le projet a été soumis au Défi OSEntreprendre et a obtenu une partie de son
financement par ce programme.
Près
de 70 bénévoles, parents et citoyens ont ensuite participé à la
construction, et beaucoup d'entreprises ont apporté leur soutien financier et
matériel. On dit que ça prend tout un village pour éduquer un enfant. Cette
communauté en est un exemple impressionnant.
À
ce jour, ils en sont à aménager un sentier pour le sport en plein air dans le
bois derrière l'école. Des activités de course, de vélo, de raquette et
de ski de fond pourront être pratiquées à l'année.
En
plus de promouvoir de saines habitudes de vie chez les plus jeunes, ce projet
démontre aussi l'importance de la participation des élèves à la vie
scolaire, mais aussi des parents dans les activités de leurs enfants. Bravo
pour cette initiative porteuse!
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la
députée de Gaspé.
Souligner le geste héroïque de
Mme Roberte Boucher et de M. Gérald Ouellet
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, le 26 juillet dernier, alors qu'il
profitait d'une belle journée d'été, la vie
de M. Denis Pelchat a failli basculer. En toute fin d'après-midi, il s'est
effondré. Heureusement, Roberte Boucher et Gérald Ouellet n'étaient pas
loin et n'ont écouté que leur coeur pour porter secours à leur voisin.
Pendant
près de 30 minutes, inlassablement, ils ont pratiqué les manoeuvres de
réanimation sur M. Pelchat, alors que
le délai de réponse des secours était anormalement long. À ce moment, à cause
de la pandémie, il était interdit aux premiers répondants des municipalités d'intervenir en cas d'urgence. Sans la
présence d'esprit de ses voisins, leur savoir-faire et leur acharnement,
M. Pelchat n'aurait pas survécu.
Lorsque
la situation le permettra, ce sera un honneur pour moi de remettre une médaille
de l'Assemblée nationale à Mme Roberte
Boucher et M. Gérald Ouellet en compagnie de leurs proches. Entre-temps,
il m'importait de souligner leur geste
dans l'enceinte du parlement. Félicitations pour votre bravoure et merci
d'avoir fait fi de la pandémie pour sauver une vie! Grâce à vous, M. Pelchat
pourra à nouveau profiter des belles journées d'été. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Souligner le geste héroïque de
citoyens lors de l'accident
nautique du 20 juin 2020 sur la rivière Nicolet
M. Donald Martel
M. Martel :
M. le Président, le 20 juin dernier, un drame s'est déroulé sur la rivière
Nicolet alors qu'un accident nautique entraînait la mort de trois personnes de
la même famille. Je veux exprimer ma sympathie à la famille éprouvée.
Et
j'aimerais également souligner le courage des nombreux intervenants qui se sont
portés au secours des victimes, dont
un groupe de jeunes qui se trouvaient sur un ponton à proximité. Ces jeunes
n'ont pas hésité à sauter à l'eau pour ramener les victimes sur le
ponton en appliquant les procédures de réanimation.
Je voudrais
aujourd'hui rendre hommage à chacun de ces jeunes héros : Charles-Antoine
Chandonnet, Louis‑Michel Lafrenière,
Christine Dionne, Laurie Lafrenière-Berthiaume, Donovan Delarosbil, Marie
Massé, Emmanuel Poliquin, Frédéric
Béliveau-Lajoie et Frédéric Dupuis. Je m'adresse à vous directement pour vous
dire : Je suis fier de vous, Vous
êtes des exemples de courage et de sens civique et vous êtes la preuve de la
force et de la qualité de notre jeunesse. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le
député de Laurier-Dorion.
Souligner
la tenue de la 10e campagne du coquelicot blanc
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. Je souhaite aujourd'hui prendre ce temps de parole pour
souligner le 10e anniversaire de la campagne du coquelicot blanc, portée
au Québec par le Collectif Échec à la guerre.
L'idée,
dans cette campagne, n'est certainement pas de s'opposer au port du coquelicot blanc ou
coquelicot rouge, ni d'entacher la
mémoire des vétérans et vétéranes, mais bien de commémorer l'ensemble des
victimes de guerre, tant militaires que civiles, décédées, blessées,
emprisonnées et déplacées en raison du militarisme.
Aujourd'hui, j'invite mes collègues de l'Assemblée
nationale à un devoir de mémoire
collective envers toutes les victimes de la guerre et je nous invite à
rêver ensemble d'un Québec fort à l'international et qui promeuve des valeurs pacifistes. Je nous invite également
tous et toutes, dans notre engagement politique quotidien, à faire preuve d'empathie et
de compréhension envers nos concitoyens et concitoyennes qui ont fui
l'horreur des guerres partout à travers le monde et qui, malgré des
traumatismes parfois profonds, se lèvent tous les jours pour construire le Québec
de demain. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Nous poursuivrons avec M. le
député de Drummond—Bois-Francs.
Rendre hommage aux bénévoles,
aux participants et à l'équipe de
l'organisme Parrainage civique Drummond inc.
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci. Depuis le début de la pandémie, tous les organismes ont vécu leur lot
d'embûches, encore plus dans un contexte de parrainage.
L'équipe fidèle et
dévouée de Parrainage civique Drummond est composée de Jennie Leclair, Manon
Joyal, Alexandra Grégoire et Chantal Morin.
Ensemble, elles ont créé un plan de travail à distance. Son directeur général, Michel Gouin, a su mettre sa créativité, et
l'apport de son équipe, une proximité, un lien, une relation toujours
essentielle avec ses participants, qui éprouvent des difficultés
d'intégration et de participation sociale.
C'est avec une grande
fierté que je souligne les récipiendaires du grand prix Gérard-Hamon 2020, qui
souligne l'excellence d'un jumelage riche et
significatif à la personne filleule, son parrain ou sa marraine. Ainsi, Élise Luchenuik
et Geneviève Poirier ont remporté le
prix du public. Du côté du prix du jury, Camille Desrosiers et Rachel Tessier
ont remporté les honneurs.
Ces bénévoles dévouées et l'équipe gagnante de
Parrainage civique Drummond inspirent la solidarité. Félicitations à tous!
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Jean‑Talon.
Rendre hommage à Mme Gloria
Lizama, directrice de
l'organisme Le Mieux-être des immigrants
Mme Joëlle Boutin
Mme Boutin :
Merci, M. le Président. Gérer un organisme communautaire n'est pas toujours
facile, et pourtant les services qui y sont
offerts sont essentiels et contribuent au maintien du tissu social dans nos
communautés. Heureusement, il y a des
personnes formidables qui veillent au grain et qui donnent tout leur coeur pour
la cause de leur organisme communautaire.
C'est le cas de
Mme Gloria Lizama, qui est aux commandes de l'organisme Mieux-être des
immigrants depuis 20 ans. J'aimerais
donc profiter de l'occasion pour souligner le dévouement de Mme Gloria
Lizama, qui gère cet organisme
depuis 2001 et qui s'y est impliquée depuis sa fondation, en 1999.
Dès
son arrivée au Québec, il y a 32 ans, elle a entrepris des études en
travail social à l'Université Laval. Elle a connu les hauts et les bas de l'organisme communautaire, mais elle a toujours gardé le cap sur la mission de
l'organisme, soit celle de favoriser l'intégration des immigrants de la
Capitale-Nationale en offrant des services psychosociaux, de francisation et du
dépannage alimentaire.
Je suis donc très
fière de souligner les 20 ans de l'implication de Mme Lizama au sein
du Mieux-être des immigrants. Félicitations, et merci énormément pour votre
travail incroyable, ainsi qu'à toute votre équipe! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 52)
(Reprise
à 14 h 4)
Le
Président : Mmes et MM. les députés, bon mardi. Nous avons tous été extrêmement bouleversés à la suite des événements
tragiques survenus à Québec dans la nuit du 31 octobre dernier, alors je
vous inviterais donc à vous recueillir en ayant une pensée toute
spéciale pour les victimes, de même que leurs familles et leurs proches.
Recueillons-nous.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Décision de la présidence sur la
recevabilité de la demande de débat
d'urgence concernant les événements tragiques
survenus dans la capitale nationale
J'ai
reçu, conformément aux dispositions des articles 88 et suivants du
règlement, une demande de débat d'urgence de la part du leader du deuxième
groupe d'opposition portant sur les événements tragiques survenus dans les
derniers jours dans la capitale nationale.
Dans
sa demande, le leader précise qu'en raison de ces événements le Québec est en
état de choc et qu'il est fort raisonnable de penser que le sentiment de
sécurité de nombreuses personnes est grandement affecté.
Il
allègue que l'Assemblée nationale doit démontrer qu'il s'agit d'une question
urgente, d'envergure nationale, et qui doit être débattue rapidement,
compte tenu des répercussions possibles des événements.
Il
soutient également qu'il s'agit d'une situation tout à fait exceptionnelle qui
justifie l'interruption momentanée des travaux de l'Assemblée nationale
et qui relève incontestablement de ses compétences. Il fait aussi valoir
qu'aucune commission de l'Assemblée ne se penche sur la question.
En somme, les
demandes dont je suis saisi portent sur les tragiques événements qui se sont
déroulés la fin de semaine dernière, à
quelques pas d'ici. Notre belle ville de Québec, notre capitale nationale, a
été frappée d'une violence sans nom.
Bien entendu, nous avons tous une pensée particulière pour les familles et les
proches des victimes. D'ailleurs, le
moment de recueillement d'il y a quelques instants a été dédié à la mémoire de
celles-ci, et le drapeau du Québec qui flotte sur la tour centrale du
parlement est en berne depuis dimanche.
Cela étant dit, la présidence doit maintenant
analyser la demande de débat d'urgence à la lumière des critères prévus à l'article 88 du règlement
et de ceux élaborés dans la jurisprudence au cours des années. Pour qu'une telle demande
soit recevable, elle doit porter sur
un sujet précis, d'une importance particulière et qui relève de la compétence de
l'Assemblée. De plus, le sujet doit
concerner une crise aiguë et soudaine ou l'aggravation d'une telle crise. Par ailleurs, la présidence doit également considérer le fait que le sujet a été ou non
discuté dans d'autres circonstances et des occasions prochaines de le faire.
Selon
ces critères, un débat d'urgence sert notamment à débattre d'une crise, aiguë et soudaine ou qui
s'aggrave, mais qui est donc toujours en cours. De plus, elle vise
généralement une large partie de la population.
À
titre d'exemple, le dernier débat d'urgence qui a été tenu
portait sur les conséquences pour le Québec du blocage des voies ferrées par des
manifestants qui s'opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink. Il s'agissait
alors d'une situation qui menaçait notamment d'entraîner une
pénurie de plusieurs produits essentiels et de matières premières pour
le Québec et dont les conséquences négatives augmentaient à mesure que la crise
persistait.
De même, un débat
d'urgence a eu lieu en mai 2019 au sujet des inondations qui perduraient
depuis plusieurs semaines au Québec et qui n'avaient toujours pas cessé,
constituant ainsi une crise sérieuse.
Bien
que les événements qui se sont déroulés
cette fin de semaine soient tragiques, la demande de débat d'urgence ne permet pas de conclure qu'une crise
aiguë et soudaine, au sens de notre jurisprudence, résulte de ceux-ci.
Ainsi,
le débat d'urgence ne constitue pas la procédure appropriée pour débattre des
événements qui se sont déroulés dans les derniers jours dans la capitale
nationale, aussi graves soient-ils.
Pour cette raison, je
dois donc déclarer la présente demande de débat d'urgence irrecevable.
Par ailleurs, le
leader du deuxième groupe d'opposition réfère aux conséquences psychologiques
et sociales de ces terribles événements. Des
intervenants publics ont effectivement mis en lumière les problématiques de
santé mentale vécues dans notre
société. Ce sujet, d'une importance particulière dans le contexte actuel de
pandémie, continuera de faire l'objet
de nombreux débats au sein de notre Assemblée. L'interpellation et les motions
présentées aux affaires inscrites par les
députés d'opposition sont d'ailleurs des moments tout indiqués pour aborder ce
genre de question dans le cadre de nos débats. Merci de votre écoute.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
• (14 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article a, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 75
Le
Président : À l'article a du feuilleton, M. le ministre de
la Justice présente le projet de loi n° 75, Loi visant à
améliorer l'accessibilité et l'efficacité de la justice, notamment pour
répondre à des conséquences de la pandémie de la COVID-19. M. le ministre.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Alors, le projet de loi
n° 75 vise à améliorer l'accessibilité et l'efficacité de la
justice, notamment pour répondre à des conséquences de la pandémie de la COVID-19.
Ce projet de loi
modifie le Code de procédure civile, notamment pour :
1° permettre au juge d'ordonner la gestion
particulière d'une instance en raison de la complexité d'une affaire, de
rejeter d'office une demande prescrite en matière de recouvrement des petites
créances et de trancher des demandes à la lecture du dossier;
2° préciser
les obligations incombant à la partie qui révoque le mandat de son avocat;
3° permettre au ministre de la Justice
plutôt qu'au gouvernement d'établir les normes relatives à la fixation de la pension alimentaire pour un enfant;
4° établir des règles quant à la computation des délais,
tels que ceux applicables au dépôt des pièces au greffe en
matière de recouvrement des petites créances;
5° prévoir qu'en matière d'autorisation pour des soins ou
pour l'aliénation d'une partie du corps ainsi qu'en matière de garde en établissement, les audiences du tribunal se tiennent à
huis clos et l'accès aux dossiers est restreint.
Le
projet de loi modifie également d'autres dispositions législatives afin de
favoriser l'utilisation de moyens technologiques par les tribunaux.
Le projet de loi prévoit que les personnes qui exécutent un
travail et qui rendent service à la collectivité dans le
cadre de mesures de rechange ou dans le cadre de programmes d'adaptabilité sont
considérées comme des travailleurs à l'emploi du gouvernement au sens de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Le projet de loi
propose que les étudiants en droit puissent donner des consultations et des avis
d'ordre juridique dans une clinique
juridique universitaire ou dans une clinique juridique d'une école de
formation professionnelle fondée en application de la Loi sur le
Barreau.
Le
projet de loi modifie le Code de procédure pénale, notamment
pour prévoir qu'un tribunal ou un juge ne perd pas sa compétence à l'égard d'une infraction ou à l'égard d'un défendeur
en raison du fait que certaines exigences en matière d'ajournement ou de
remise n'ont pas été observées.
Le projet de loi
permet également le partage du produit de la vente des biens saisis en lien
avec une infraction à la Loi sur le cannabis entre certains ministères et
organismes.
Le
projet de loi modifie certaines procédures prévues par la Loi
sur le paiement de certains témoins et par la Loi sur les jurés et permet qu'un juge puisse déléguer à un
shérif certains de ses pouvoirs relatifs à la présence des jurés devant la
cour.
Enfin, le projet de
loi prévoit des dispositions transitoires et finales. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Je suis certain que le ministre de la Justice sera d'accord avec nous qu'il sera important d'entendre toutes les parties
prenantes lors de consultations
particulières sur cette question.
Espérons que le leader du gouvernement sera d'accord également.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Il nous fera plaisir, M. le Président, de tenir des consultations
particulières.
Mise aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur la
présentation de ce projet de loi, ainsi que les députés indépendants. M. le
leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président : Je vous
remercie. En conséquence, ceci est adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Rapports
sur l'application de la procédure d'examen des plaintes du CIUSSS—Saguenay—
Lac-Saint-Jean, du CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue et du Centre
d'hébergement
Saint-Jean-Eudes, rapports annuels 2018‑2019 et 2019-2020 de l'Institut de
tourisme
et d'hôtellerie et rapport sur l'application de la Loi sur l'économie sociale
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président, permettez-moi de déposer, au nom de mes collègues, les
rapports annuels 2019-2020
sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et sur l'amélioration
de la qualité des services du CIUSSS
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
du CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue, du Centre d'hébergement Saint-Jean-Eudes,
les rapports annuels 2018-2019 et 2019-2020 de l'ITHQ, ainsi que le rapport 2013-2020
sur l'application de la Loi sur l'économie sociale.
M.
le Président, je voudrais informer cette Chambre que j'ai informé les leaders
des autres formations politiques que
nous avons omis, l'an passé, de déposer le rapport annuel 2018-2019 de
l'ITHQ. Il s'agit d'une erreur de bonne foi, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement à nouveau, vous avez
la parole.
Réponses à des pétitions et à
des questions inscrites au feuilleton
M. Jolin-Barrette :
Oui. M. le Président, je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions
présentées en Chambre le 17 septembre
par la députée de Verdun, le 22 septembre par le député de René-Lévesque,
le 29 septembre par le député de
Pontiac, ainsi que les réponses aux questions inscrites au feuilleton le
17 septembre par la députée de Mercier et le 29 septembre par
la députée de Sherbrooke. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Préavis d'une motion des députés
de l'opposition
À
la rubrique Dépôt de documents, toujours, j'ai reçu préavis d'une motion qui
sera inscrite dans le feuilleton de demain
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, conformément à
l'article 97.1 du règlement. Je dépose le texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je reconnais M. le député de Nelligan.
Soutenir les actionnaires québécois
ayant participé au projet Nemaska
M. Derraji :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 1 460 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que tous conviennent de l'importance de relancer Nemaska à des fins de
développement économique des régions de la Mauricie et du Nord-du-Québec;
«Considérant
que l'offre de vente des actifs de Nemaska représente une approche totalement
inadéquate à la fois pour les actionnaires, propriétaires de Nemaska, et
pour la relance de la compagnie;
«Considérant
que 25 000 actionnaires québécois ont investi et soutenu pendant
10 ans le développement de Nemaska;
«Considérant que Nemaska est une compagnie essentielle pour le
développement économique du Québec dans le contexte du plan d'électrification
du Québec;
«Considérant que les
actionnaires québécois sont les majoritaires dans la propriété de la compagnie;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de défendre et protéger les
intérêts des familles québécoises qui ont supporté le projet Nemaska
depuis 2010.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le Président :
Et cet extrait de pétition est maintenant déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Tenue d'une commission parlementaire sur la santé mentale
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, cette fin de semaine, tout le Québec a été choqué et ébranlé
par les événements tragiques qui se
sont déroulés dans le Vieux-Québec. Je tiens à offrir mes sincères condoléances
aux familles et aux victimes, de
Suzanne Clermont, de François Duchesne, et de tous ceux qui ont été blessés
également dans cette tragédie. Elles sont les victimes innocentes d'un geste d'une brutalité qui est sans nom et qu'on
ne devrait jamais voir se dérouler, particulièrement lors dune soirée qui devait apporter un peu de
légèreté, d'insouciance et de magie. Et d'un coup tout le Québec a basculé
dans l'horreur. Nous cherchons tous une explication rationnelle pour donner un
sens à quelque chose qui n'en a pas.
Je
tiens à dire au premier ministre que nous souhaitons travailler avec le gouvernement afin d'explorer toutes les pistes
de solution pour soulager les Québécois qui sont aux prises avec des troubles de santé mentale et qui réclament de l'aide. Tout le Québec est interpelé. Et
deux mots traduisent mon état d'esprit : Travaillons ensemble.
Nous
nous devons d'élever les enjeux de santé
mentale au rang de priorité nationale
parce que les effets négatifs de la crise
sanitaire vont se faire sentir longtemps après la COVID-19.
Le gouvernement a fait des annonces, ma formation politique aussi,
d'autres formations politiques ont fait des annonces, mais c'est en travaillant
de concert que nous allons y parvenir.
Est-ce que
le premier ministre accepte une commission parlementaire
spéciale transpartisane sur la question de la santé mentale?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, merci,
M. le Président. D'abord,
je veux remercier la cheffe de
l'opposition officielle pour sa
collaboration. Elle a raison qu'on a tous été touchés, samedi soir ou dimanche matin,
quand on a appris ce qui s'est passé à
Québec. Évidemment, je l'ai dit, on aura beau ajouter des ressources...
et puis on en a ajouté, on va en ajouter, il faut essayer de prendre en charge tous les Québécois
qui ont des problèmes de santé
mentale, mais malheureusement il y aura toujours des personnes qui vont refuser d'aller chercher des
traitements, il y aura toujours des personnes aussi qui vont réagir rapidement, puis malheureusement on n'aura
pas le temps d'en prendre connaissance.
Il
faut travailler aussi à rapprocher la santé puis les services policiers, je
sais que ce n'est pas facile, là, le maire de Québec l'a constaté lui-même
depuis quelques jours, avoir peut-être des patrouilles mixtes où il y a des gens qui ont
une formation en travail social avec des policiers.
Donc,
il y a beaucoup de travail à faire. Pour ce qui est des commissions parlementaires,
bien, c'est aux députés des commissions parlementaires à décider des
mandats qu'ils se donnent.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le spectre des personnes touchées par la
détresse psychologique est extrêmement
large. Je pense à la grand-mère dont
le petit-fils de cinq ans l'a appelée en pleurs pour lui dire qu'il se
demandait s'il allait un jour la
revoir. Je pense à un jeune qui ne joue plus au hockey mais qui a
commencé à développer des idées noires. C'est tous les Québécois qui
sont interpelés par ça.
Cette situation ne
mérite-t-elle pas une commission spéciale transpartisane pour trouver des
solutions?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, toutes, toutes, toutes les
suggestions sont bienvenues. Le ministre délégué à la Santé a d'ailleurs
commencé à consulter les trois partis d'opposition, parce que le plan d'action
en santé mentale se termine en 2020, donc il
faudra un nouveau plan. Donc, c'est important, effectivement, de travailler ensemble puis de prendre toutes
les bonnes idées.
Je
sais que la cheffe de l'opposition
officielle connaît bien le ministre
délégué à la Santé. Je ne pense pas qu'on puisse rêver d'une personne qui prend ça plus à coeur que le ministre
délégué à la Santé. Je lui ai parlé en fin
de semaine, je lui ai parlé
dimanche, déjà il est au travail. Et toutes les suggestions sont bienvenues.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Nous voulons travailler ensemble. L'accès à des services de psychothérapie
remboursés par le système
public est une voie intéressante. L'expérience en Angleterre et en Australie a
démontré que cet accès permet la réduction des coûts ailleurs dans le système
de santé. Les conclusions sont claires : l'accès accru à la psychothérapie
financé par le système public est rentable pour la société.
Pourquoi ne pas avoir, à
ce moment-là, une commission parlementaire transpartisane qui nous permettrait
de réellement échanger et de trouver des solutions pour tous les Québécois?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M.
le Président, hier, le ministre
délégué à la Santé et Services
sociaux a annoncé un nouveau budget
de 100 millions de dollars, je pense que c'est historique,
100 millions en santé mentale. Bon,
pour l'instant, c'est un budget pour l'année, parce qu'on sait que,
depuis le début de la pandémie, le pourcentage de Québécois qui ont des problèmes de santé mentale est passé de
2 % à 15 %. On espère, évidemment, qu'après la pandémie le pourcentage va être réduit, mais on va s'ajuster en conséquence.
On a tenu
compte des propositions du Parti
libéral. Entre autres, il y a de l'argent qui est prévu pour acheter des
services au privé.
Donc, on va tout faire pour offrir le maximum de
services.
• (14 h 20) •
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, nous voulons élever la question
de la santé mentale au rang de priorité nationale. On peut très
bien appeler l'opposition,
discuter, échanger, mais la réalité, c'est que nous avons besoin d'avoir
l'ensemble des partis politiques unis avec des propositions concrètes, parce
que l'enjeu dépasse simplement celui d'un gouvernement, d'une formation politique. Et c'est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement une commission transpartisane qui va nous permettre de véritablement
régler une fois pour toutes et pour le long terme la question de la santé
mentale.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, j'ai confiance que le ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux va prendre les
bonnes idées de tout le monde, de tous les partis politiques. Déjà, il a commencé
à consulter. C'est le genre de personne aussi qui est très à l'écoute des autres, là, je ne pense pas qu'il
pense qu'il possède la vérité. Toutes les suggestions sont les bienvenues. On nage dans quelque chose qui est
nouveau, pas seulement au Québec, mais un peu partout dans le monde, en
particulier à cause de la pandémie. Donc, travaillons ensemble.
Le Président : Question
principale, M. le député de D'Arcy-McGee.
Tenue d'une commission
parlementaire sur la question de la santé mentale
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : M. le
Président, j'ai passé devant la
maison de Suzanne Clermont, dans le Vieux-Québec, ce matin. J'étais frappé par une tristesse, une colère, un sentiment
d'impuissance, de vulnérabilité et de désespoir. Imaginez ce que vivent
les familles et les proches des victimes. Imaginez l'angoisse des policières et
policiers qui sont impliqués dans l'enquête
de cet acte horrifique. Les gens de Québec, à travers le Québec essaient de retrouver
l'équilibre, la stabilité, déjà tellement ébranlée par cette pandémie.
Hier, le
maire Labeaume et la mairesse Plante, entre autres, ont donné écho à une idée
primordiale devant cette crise pour nous aider à retrouver notre
boussole, à regagner notre confiance collective. Comment faire? Ils proposent
une discussion, urgente, nationale sur le sujet. Nous, on propose une modalité,
une commission parlementaire spéciale.
Contrairement
aux constats du premier ministre, c'est à lui la prérogative d'en convoquer une.
Est-ce qu'il va le faire?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, je veux profiter de l'occasion pour reprendre certains des thèmes, M. le
Président, que le premier ministre
vient de traiter face à... relativement aux propos qui ont été tenus par mon
collègue le ministre délégué à la Santé hier. Je pense que nos efforts en santé mentale, puis particulièrement avec
les événements que nous avons connus dans les derniers jours, nous permettent de voir que nous étions... même
avec le travail qui avait été fait avec ma collègue qui m'a précédé à la Santé, et je pense qu'il est important de
voir tout le travail qui avait été fait même avant la pandémie, avec le
ministre délégué.
Je vous donne
à titre d'exemple, là, des rappels des actions qui ont été posées, il y a eu un
premier forum qui a été fait sur la
santé mentale en mai 2019, un forum pour les jeunes et pour la santé
mentale. Ça, ça s'est fait même avant la pandémie.
Par la suite, en octobre 2019, il y a eu un forum aussi pour les adultes
qui a été fait, encore une fois par celle qui
m'a précédé à la Santé. Le ministre délégué à la Santé, puis je l'ai dit, a
fait aussi des avancées avec l'opposition, il y a déjà eu des
rencontres. On veut en faire, des consultations, parce que les événements des
derniers jours...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...nous donnent raison qu'il faut faire quelque chose.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
M. le Président, chaque jour nous apprenons d'autres tristes incidents de
souffrance, d'autres demandes d'aide et de
l'accompagnement. En même temps, chaque jour, les experts, les professionnels
et les profs sur le terrain nous proposent et font preuve de stratégies
d'intervention prometteurs et pleines d'espoir.
On
entend en quelque part une ouverture à l'autre côté de la Chambre, mais est-ce
qu'on va formaliser l'opportunité pour que tout le monde se mette à la
tâche pour confronter cette crise?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, M. le Président, je ne veux pas répéter tout ce qui a été dit par mon
collègue le ministre délégué à la Santé,
mais il y a plusieurs composantes, hier, qui ont été annoncées. Ce n'est pas
uniquement le fait, comme le premier
ministre le disait, que c'est 100 millions de dollars qui a été mis, mais je fais juste penser du côté
d'aller chercher... puis
ça, je pense que c'était une suggestion que nous avons reprise, c'est d'aller chercher des ressources dans
le privé, parce qu'en ce moment on manque
d'appui dans nos professionnels qui sont dans notre réseau, pour encore passer
plus rapidement à travers la liste des personnes qui sont dans le besoin.
Alors, en allant chercher un budget de plus de 25 millions de dollars pour
aller chercher des ressources dans le privé, pour être capable de passer à
travers la liste...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...je pense que c'est un effort que je salue, de mon collègue, qui a été
annoncé hier.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Il n'y a pas de réponse facile aux problèmes de santé mentale qui se
manifestent partout au Québec, on le sait, les jeunes isolés de leurs amis, les
aînés en quasi-confinement, les milliers de gens toujours en liste d'attente
pour des consultations. Nous, on continue
d'offrir une piste sérieuse de solution, mais ce n'est pas la seule : accès
public et universel à la psychothérapie, notre demande, comme on a
continué à maintenir.
Et,
pour mettre tout le monde à l'oeuvre, ça prendrait une commission spéciale.
Le premier ministre a le pouvoir de le faire. Est-ce qu'il va
le faire?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, je vais revenir sur le premier point que
j'ai fait, M. le Président, à la question du député de D'Arcy-McGee. Les consultations qui étaient prévues pour cet automne vont avoir
lieu. Je pense que mon collègue a mis déjà
la place avec les gens de l'opposition, au cours des derniers mois, pour commencer cette consultation-là. Les événements des
derniers jours nous donnent raison qu'il faut faire cette consultation. Comme l'a dit le premier ministre
tout à l'heure, on salue beaucoup
l'ouverture de l'opposition de collaborer lors de ces consultations-là. Puis
moi, je suis sûr qu'avec non seulement
la «dédication», mais la personnalité de mon collègue... Je pense qu'on va
trouver une façon de travailler avec les gens de l'opposition. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Portrait de la situation en matière de santé mentale
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Toujours sur la question de la santé
mentale, j'entendais ce matin le
ministre délégué à la Santé répéter encore que nous ne sommes pas en situation
de crise, et même que la situation s'améliore. Sur quoi se base le ministre pour
faire une telle affirmation? Sur le seul indicateur qu'il reste au niveau du
ministère, c'est-à-dire le nombre de
gens qui sont sur une liste d'attente. Où, quand, pourquoi, combien de temps, à
partir de quand? On ne le sait pas.
En effet, M.
le Président, dans son plan stratégique en santé mentale, le gouvernement
caquiste a choisi d'abandonner la
majorité des indicateurs en santé mentale. Et, bien respectueusement, là, la
Vérificatrice générale a déposé un rapport, il y a trois semaines, qui vient amener un éclairage très légitime sur
les affirmations du ministre, puisque son constat principal est le suivant : le ministère de la Santé ne
parvient pas à obtenir des données fiables des services qui sont offerts en
santé mentale.
Alors, je ne
sais pas si on peut avoir ce qui se passe réellement sur le terrain, si le
gouvernement veut naviguer à vue, mais
est-ce que le ministre peut admettre qu'il doit corriger la situation et
remettre en place des indicateurs plus représentatifs?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, M. le Président, je vais peut-être surprendre la députée de Maurice-Richard, mais il n'y avait aucune liste nationale en santé mentale lorsque nous sommes arrivés au
gouvernement. Alors, je suis content que la députée de Maurice-Richard nous dise
qu'il n'y en a pas de notre côté. On en a mis une. On en a mis une dans notre
plan stratégique. Et, non seulement ça, mais on a travaillé pour la baisser.
Alors, la
liste dont elle parle, que l'on devrait avoir, c'est nous qui l'avons mise en
place, M. le Président, pour être capables,
justement, d'avoir un indicateur très précis, pour être capables de suivre
comment évoluait le service que l'on donnait à nos jeunes, à nos moins
jeunes, aux femmes, pour être capables de les suivre.
On a réduit
cette liste-là de façon importante au cours de notre mandat, jusqu'à
maintenant, malgré la pandémie. Maintenant, avec les ressources
additionnelles que nous allons ajouter, on va continuer de le suivre. Mon
collègue le ministre délégué à la Santé a
dit que c'était, pour lui, important et qu'il allait le suivre régulièrement.
C'est ce que nous allons faire, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, je suis sûre que, comme moi, le ministre respecte nos
institutions. Le rapport de la
Vérificatrice générale, il est clair : le ministère n'a pas, à l'heure
actuelle, des données fiables sur ce qui se passe sur le terrain en santé
mentale. Donc, c'est un choix du gouvernement, d'avoir éliminé les indicateurs,
mais je pense que, dans le contexte
actuel, il doit bonifier ces indicateurs pour s'assurer qu'on a un portrait
réel de la situation. C'est important de le faire, de ne pas naviguer à vue.
Donc, je
repose ma question : Est-ce que le ministre peut s'engager à bonifier les
données publiques en santé mentale?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, je pense qu'on peut se renvoyer la balle longtemps comme ça, M.
le Président. Il n'y avait aucune mesure nationale en santé mentale quand nous
sommes arrivés au pouvoir, aucune. Nous en avons mis une, nous avons
dit : Nous allons mesurer. Et c'est exactement ce que mon collègue a
commencé à faire.
Alors, moi,
j'apprécie beaucoup les commentaires de la Vérificatrice générale. Elle a dit
qu'il n'y en avait pas. Et nous, on en a mis, et nous allons les suivre.
Alors, M. le
Président, on peut bien nous reprocher des choses, mais nous, on a fait un
changement important avec l'arrivée
d'une personne, d'un député délégué, responsable de la santé mentale, et je
peux vous assurer que nous allons le suivre. On a déjà...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...baissé la liste de
moitié, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, sous notre gouverne aussi, le député de La Pinière, alors
ministre de la Santé, avait donné un
rôle de premier plan à la santé mentale en nommant un sous-ministre dédié
spécifiquement à cet enjeu, on avait décidé d'en faire un dossier névralgique.
Sous le gouvernement de la CAQ, la santé mentale a été rétrogradée, et maintenant il n'y en a plus, de sous-ministre.
Aujourd'hui, là, il n'y a plus de sous-ministre qui porte les enjeux de la
santé mentale directement auprès du ministre.
Le ministre ne croit-il pas que, dans
le contexte, il est nécessaire de faire marche arrière et de ramener le dossier
de la santé mentale au sein de ses plus proches collaborateurs?
• (14 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, j'aimerais rassurer
les Québécois que, dans l'organisation du ministère
de la Santé que nous avons présentement, il y a une sous-ministre
associée qui est responsable de la santé mentale, qui coordonne tous les travaux que nous faisons avec le ministre
délégué à la Santé, qui fait un travail, à mon sens, incroyable, et sous la
gouverne de la sous-ministre qui s'occupe de l'ensemble du ministère de la
Santé.
Alors,
je pense qu'on a les meilleures personnes, en ce moment, pour suivre le dossier
de la santé mentale et je crois que nous allons, grâce à tout le travail, à
tous les efforts qui est fait par notre collègue le ministre délégué à la Santé...
La santé mentale, pour nous, est une priorité. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Mercier.
Impact sur l'environnement du projet Énergie Saguenay de
GNL Québec inc.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Hier, au BAPE sur GNL
Québec, le chercheur Romain Chesnaux, de l'UQAC, a présenté l'évaluation des
impacts environnementaux du projet. Comme plein d'autres experts, il a été clair
et limpide : le gaz naturel obtenu
par fracturation hydraulique, c'est aussi pire que le charbon. Ça, ce n'est pas
une opinion, là, c'est un fait scientifique.
Autrement
dit, le seul argument environnemental de la CAQ en faveur de GNL Québec vient
de tomber à l'eau. Je cite le premier
ministre en février dernier, il dit : «Si on réussit à remplacer un
certain nombre de ces usines au charbon par des usines au gaz liquéfié, on va réduire les GES. Ça va aider la
planète.» Eh bien, non, M. le Président, ça ne tient plus la route. La peinture verte qu'a mise la CAQ sur
le projet de GNL Québec est complètement décollée. GNL Québec, c'est un
projet polluant, point final.
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Oui, merci, M. le Président. Bien heureux de voir que ma collègue a pris note
de l'avis des scientifiques. Elle parle
d'une ou deux personnes. La beauté, dans tout ce projet-là, M. le Président,
c'est qu'on a confié au BAPE d'évaluer toute la question du projet de
GNL Québec. Et vous savez combien de scientifiques, combien de citoyens, combien de groupes le BAPE va entendre
pendant ces audiences? Plus de 240 groupes et scientifiques. Et je peux
vous dire une chose, c'est que c'est un travail qui est fait de façon très,
très sérieuse, je pense qu'il n'y a personne qui va remettre ici... l'utilité, et l'impact, et l'apport que le BAPE a
eus au fil des années pour étudier tous les projets qui ont pu lui être
présentés.
Alors,
il y a eu des audiences en septembre, des audiences en octobre. Il y a un
rapport qui va être soumis à mon collègue
ministre de l'Environnement d'ici le 13 janvier, et, suite à ça, le
ministre de l'Environnement a trois mois pour analyser le rapport du
BAPE puis, après ça, soumettre ses recommandations.
Alors,
je veux rassurer ma collègue que, dans l'esprit des commentaires qu'elle a pu
noter de la part des scientifiques, il
y a une large, large consultation qui est faite à la grandeur du Québec puis
qui va permettre d'avoir les recommandations tout à fait appropriées du
BAPE sur le bien-fondé de ce projet pour le Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Le ministre me parle du BAPE. La vérité, c'est que le BAPE
sur GNL Québec est vicié. Un, le mandat que le ministre
lui a donné est incomplet, un des commissaires
est issu de l'industrie pétrochimique, et, cerise sur le sundae, un employé
payé par le promoteur, par GNL Québec, vient présenter son mémoire comme
n'importe quel citoyen. Le processus est décrédibilisé.
Est-ce que la CAQ va
au moins reconnaître qu'il faut un nouveau BAPE?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : M. le
Président, je trouve ça à tout le moins déplorable, M. le Président, de voir ma
collègue députée de Mercier porter un tel
jugement sur un organisme qui a fait sa réputation au Québec depuis des années
et des années quant à la qualité de
son travail, l'impartialité de son travail, l'indépendance de son travail, puis
de voir que, dans ce dossier-là, la députée et sa formation politique
avancent, pour toutes sortes de raisons, que, subitement, toute cette crédibilité-là qui a été
accumulée au fil des années par le BAPE subitement se dissiperait comme dans
l'air, comme ça, M. le Président. Alors, j'inviterais la députée à avoir
de la patience et sa formation politique à avoir de la patience...
Le Président :
En terminant.
M. Lamontagne :
...puis d'attendre que les travaux soient complétés, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
M. le Président, j'inviterais le ministre à ne pas déformer mes propos. Je
crois, comme beaucoup de Québécois, au BAPE...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, premièrement, ce n'est pas ce
que le ministre de l'Agriculture a fait. On doit prendre la parole du député. Et ensuite, M. le Président, ce que le
ministre de l'Agriculture fait, c'est d'indiquer qu'on devrait réitérer
notre confiance dans nos institutions qui sont complètement indépendantes. Si
la députée de Mercier n'est pas capable de faire ça, M. le Président, on a un
problème...
Le
Président : Monsieur... Non, monsieur... Non, votre message...
le message est clair. M. le leader du deuxième groupe, rapidement.
M. Nadeau-Dubois : Deux choses, M. le Président. D'abord,
la députée de Mercier a le droit d'inviter le ministre
à ne pas déformer ses propos, ce n'est pas une infraction à notre règlement.
Et le leader du gouvernement, c'est mon deuxième élément que je veux vous soumettre, ne peut pas, lui, faire une
infraction au règlement en accusant une députée de ne pas respecter les institutions alors que ce n'est
pas ce qu'elle a fait.
Le
Président : Je vais
vous demander, maintenant, de poursuivre, s'il vous plaît. Mme la députée de Mercier, poursuivez.
Mme Ghazal : Le BAPE est une institution extrêmement importante, dont tous les Québécois sont fiers, et nous y tenons. Et c'est pour ça que je trouve très
dommage quand il y a des citoyens qui perdent confiance dans la façon que
cette commission-là sur GNL Québec est en train de se passer.
Donc,
la question ici, c'est de ne pas remettre le BAPE en question,
au contraire, c'est de le renforcer et de demander un nouveau BAPE avec un nouveau mandat, un mandat
qui étudie le projet au complet et pas seulement une seule section, celle de l'usine de
liquéfaction.
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture, la parole n'appartient qu'à vous.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Oui, M. le Président, le président du BAPE a mentionné qu'il avait toute la
latitude d'étudier tous les volets de
la façon qu'il jugera appropriée. On regarde, la crédibilité du BAPE, au fil
des années, elle est allée en s'améliorant, en augmentant puis, d'abord,
en permettant une participation citoyenne encore beaucoup plus large.
Alors,
quand on décrie sur la place publique
puis on va prononcer certains propos qui viennent inviter les gens à ne pas
avoir confiance dans un processus... c'est certain que c'est de nature à générer un
bris de confiance. Alors, j'invite la collègue à faire confiance au
travail du BAPE, à faire confiance aux professionnels qui sont là, à faire
confiance aux représentations que les 240 groupes et citoyens vont faire
devant le BAPE...
Le Président :
En terminant.
M. Lamontagne :
...pour finalement avoir un rapport qui va être soumis le 13 janvier, M.
le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de Rimouski.
Accès
aux établissements de santé pour les proches aidants
M. Harold LeBel
M. LeBel :
Merci, M. le Président. Cette semaine, c'est la semaine nationale des personnes
proches aidantes. La semaine
dernière, nous avons, avec la ministre responsable des Aînés, adopté une loi
importante reconnaissant l'engagement des proches aidants. Ça a été un
beau moment, qui exige cependant des gestes concrets pour la suite.
On
se rappelle tous du printemps dernier, quand les proches aidants se sont cogné
les nez aux portes des hôpitaux et
des CHSLD, laissant souvent leurs proches mourir seuls. La ministre s'en est
excusée très honorablement. Les directives ont été modifiées pour
permettre à au moins une personne proche aidante d'entrer dans les
établissements.
Mais nous avons entendu, à l'émission de Paul
Arcand, Mme Pomerleau, qui demande à ce que son mari puisse l'accompagner durant ses traitements. Nous avons
obtenu les réponses du ministre, et en effet, à notre grande surprise, les
visites des proches aidants sont interdites en cancérologie.
Est-ce qu'on est revenus à la case départ?
Est-ce que le gouvernement pourrait respecter sa promesse?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, écoutez, j'apprécie beaucoup la question du député de Rimouski, parce
que, s'il y a des ajustements à faire par rapport aux proches aidants
dans certaines situations spécifiques, M. le Président, nous allons les faire.
Nous avons demandé à s'assurer, à tous nos
P.D.G. de CISSS et CIUSSS, de respecter les mesures qui ont été mises en place
pour s'assurer que nos proches aidants soient le plus possible près de
nos gens, particulièrement lorsque c'est plus difficile, dans les zones rouges. Alors, j'en ai parlé et je
vais en reparler avec ma collègue, qui n'est pas en Chambre, comme on sait,
aujourd'hui, mais je voudrais assurer le
député de Rimouski que, s'il y a des ajustements à faire au niveau des proches
aidants dans des situations particulières comme celle qu'il décrit, nous
ferons les ajustements nécessaires.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M. LeBel :
M. le Président, comment voulez-vous qu'on s'y retrouve? En avril, on interdit
l'accès. En mai, on dit que c'est une seule personne, une seule personne. En
juin, la ministre dit : On ne refusera plus jamais un proche aidant. La
deuxième vague arrive, et les portes de certains services se ferment.
Pour plus
d'humanité, ce qu'on veut tous, est-ce que l'on peut s'attendre à des
directives plus claires puis s'attendre à ce qu'elles soient appliquées
sur le terrain? C'est ce qu'on veut, de l'humanité.
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je veux rassurer la population que, s'il y a bien une chose...
que ma collègue la députée qui est
responsable des Proches aidants est sensible à ces questions-là. Nous avons
donné des instructions très, très claires sur, dans la deuxième vague... de ce qu'il pouvait y avoir... les
proches aidants, l'accès qu'ils pouvaient avoir aux CHSLD. Cependant, dans certaines situations, il y a des
directions locales qui ont pris des décisions parce que la situation exigeait
peut-être de changer cette directive-là.
Nous avons indiqué clairement, M. le Président, qu'on voulait que nos règles
soient respectées. Et, je le redis, dans certaines situations
spécifiques...
• (14 h 40) •
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...s'il faut changer,
nous allons faire les modifications nécessaires.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député.
M. Harold LeBel
M. LeBel :
Je ne sais pas comment ça marche, mais les directives ne sont jamais très
claires. Je vous ai dit, là, quand on était en commission parlementaire sur
l'adoption de la loi sur les proches aidants, ça a été très clair. Tous ceux
qui sont venus nous voir nous ont
dit : On a encore sur le coeur d'avoir été refusés à des portes, parce
qu'on n'a pas pu rentrer pour aller voir notre monde, les proches
aidants. La ministre a été très touchée par ça, elle s'en est excusée.
Est-ce qu'on est encore en train de jouer dans
même film? Tout ce que je veux, c'est que les directives soient beaucoup plus claires, qu'on arrête d'improviser
et que les directives soient appliquées sur le terrain. C'est pour le monde,
pour l'humanité qu'on dit ça.
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je vais le répéter, je veux rassurer le député de Rimouski, il
y a, selon ce que je sais présentement, un seul établissement qui ne respecte
pas les règles, les directives très claires qui ont été émises pour les proches aidants, un seul établissement. Nous
allons regarder pour voir qu'est-ce qui doit être corrigé, pour s'assurer que,
la directive qui a été
placée, les proches aidants, ils peuvent avoir accès dans des situations, même,
de zone rouge. S'il y a des
clarifications à faire, je peux assurer le député de Rimouski que les
corrections vont être faites. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Traitement
des plaintes en milieu scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : «Si tu m'écoutais, tu serais moins conne.» «S'il fait noir, et
je ferme la lumière, on ne te verra plus», dit-il à un élève noir. «Arrête de parler, sinon je te lance par la
moustiquaire.» Demander à des élèves de confession musulmane de s'excuser personnellement pour les attentats de
Charlie Hebdo parce qu'après tout ce sont eux, les terroristes, et que
c'est à cause d'eux qu'il y a tous ces
problèmes dans le monde. Parler des autochtones en les traitant de sauvages.
Interpeler ses élèves en disant que c'est une bande de retardés,
trisomiques, déficients.
C'est
ainsi que cet enseignant d'Henri-Bourassa parlait à ses élèves. Plainte après
plainte des élèves et des parents, rien n'a été fait, pendant plusieurs
années.
N'est-il
pas temps d'avoir une enquête indépendante et transparente pour comprendre
comment cet enseignant a pu opérer pendant tellement longtemps en toute
impunité?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, les événements relatés par ma collègue sont très préoccupants.
Il y a en ce moment, au centre de
services scolaire de la Pointe-de-l'Île, une enquête sur les
agissements allégués de cet enseignant. L'enseignant a été suspendu sans délai quand les propos ont été
rapportés. J'ose croire que ce n'est pas aussi grave que ce qu'on a entendu,
mais c'est totalement inaccessible, c'est des propos qui doivent être condamnés
sans nuance.
Cependant,
je pense qu'il faut laisser l'employeur, qui est le centre de services
scolaire, aller au bout de sa démarche, mener son enquête, établir les faits, vérifier la teneur de la sanction
qui serait à propos, mais après avoir, bien sûr, pris le temps de retourner toutes les pierres pour bien
comprendre ce qui s'est passé dans les derniers mois mais aussi dans les
dernières années. J'ai pleinement confiance
en la direction du centre de services
scolaire de Pointe‑de‑l'Île. Mais, bien sûr, personnellement, je suis la
situation de près et je tiens à être informé des conclusions de cette enquête.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : La question n'est pas de savoir si on a confiance
au centre de services de Pointe-de-l'Île; la question, c'est de se mettre dans la peau des victimes.
Imaginez si à un poste de quartier de Montréal il y a une plainte, puis qu'on demande au quartier général d'enquêter la plainte
du poste de quartier du SPVM. Ça ne fait aucun sens. C'est pour ça que
ça prend une enquête indépendante, parce que les victimes le réclament, parce
que ça prend de la transparence.
D'autre
part, vous avez eu la brillante idée d'avoir un protecteur de l'élève
indépendant, national. Vous l'avez promis. Est-ce que vous allez donner
suite à cette promesse électorale?
Le Président :
Et on continue à s'adresser à la présidence. M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien. Je pense que, oui, on peut très bien
avoir confiance dans l'enquête qui est en train d'être réalisée par le centre de services scolaire de la
Pointe-de-l'Île. Ils sont en train de vérifier ce qui s'est passé, ce qui a été
dit, quels sont les gestes qui ont
été posés, quels sont les mots qui ont été dits au fil des années. Il faut
prendre garde de ne pas s'ériger ici
en tribunal populaire puis à faire des déclarations ou à imposer des sanctions
ici, à l'Assemblée nationale, au salon bleu. C'est à l'employeur que ça
appartient.
Et,
pour ce qui est d'avoir un projet de
loi qui reviendra revoir en
profondeur l'institution qu'est le protecteur de l'élève, c'est quelque
chose sur lequel on travaille.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : M. le
Président, ces élèves-là, ils sont
dans mon comté. Ils me racontent que leur professeur, par toutes sortes de propos, ne les considérerait pas
comme des vrais Québécois à cause de leur couleur de peau, à cause de
leur origine. Ils se sont plaints, ce n'est allé nulle part, nulle part.
Imaginez comment ces gens-là se sentent. Imaginez le
sentiment d'exclusion. Ils demandent un mécanisme indépendant et sécuritaire de
plainte pour les aider, pour les aider...
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le
Président, je tiens à dire quelque
chose ici très important. Ces jeunes-là, comme tous les autres élèves dans toutes nos écoles du Québec, sont des
Québécois à part entière. Peu importe la langue maternelle, peu importe
le pays d'où ils viennent, ils sont ici chez nous, chez eux. C'est important de
le mentionner.
Pour ce qui
est de la question de la réforme en profondeur du protecteur de l'élève, comme
je vous le dis, c'est un engagement qu'on a pris lors de la dernière campagne électorale et c'est un engagement qu'on va tenir, comme tous les autres.
Le Président : Question
principale, M. le député de Laurier-Dorion.
Accès aux services de santé pour les enfants d'immigrants
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. La semaine passée,
la Protectrice du citoyen est revenue à la charge pour dénoncer une situation honteuse. En 2020,
au Québec, il y a des enfants qui sont nés ici, des enfants québécois,
qui n'ont pas accès à la carte-soleil
comme les autres enfants. Pourquoi? Parce
qu'ils n'ont pas des parents... ou parfois un seul parent qui est né du
mauvais côté de la frontière, parce qu'il est un migrant à statut précaire.
M. le Président,
refuser à ces enfants québécois les soins dont ils ont besoin, c'est contraire
à nos valeurs les plus chères. Je
comprends pourquoi la Protectrice du citoyen perd patience. Ça fait depuis 2001
que la loi a changé pour donner à ces
enfants l'accès à des soins de santé, mais, depuis des années, la Régie de
l'assurance maladie outrepasse son mandat et interprète la loi comme ça
l'arrange. Elle agite l'épouvantail de migrants clandestins pour se justifier,
et, pendant qu'elle joue au ministère de l'Immigration, des centaines d'enfants
québécois sont privés de leur droit à la santé.
Le ministre de la Santé va-t-il régler cette
situation...
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Oui, tout à fait, M. le Président, puis je suis content d'avoir l'occasion de
traiter de ce sujet-là, parce que c'est
un dossier qui est présentement regardé par la RAMQ pour s'assurer qu'on va
livrer la marchandise, pour permettre ce
que le député demande. Puis moi, je serais le premier bénéficiaire, parce que
je dois à tous les jours et plusieurs fois par semaine signer des autorisations pour permettre à ces enfants-là d'avoir
soit les bénéfices ou les avantages qui sont liés à la RAMQ.
Alors, ce
projet-là est en train d'être finalisé avec les gens de la RAMQ, puis aussitôt...
puis, je vais vous le dire, là, M. le
Président, j'ai mis beaucoup d'efforts pour que ce soit avancé le plus
rapidement possible, parce que le point que le député soulève est très important, puis on a dit qu'on voulait le régler
et arrêter de le faire par exception, mais que le principe général soit respecté. J'espère que nous pourrons
procéder rapidement, dans les prochaines semaines, pour vous donner raison
sur ce point-là, M. le député.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Je suis bien content de voir que ça va peut-être soulager la charge de travail
du ministre, mais cet été une petite
Québécoise de sept semaines a été privée de rendez-vous de suivi parce qu'elle
n'avait pas de carte‑soleil. Elle est
née ici, au Québec, elle n'a jamais rien connu d'autre, mais ses parents
doivent payer les services qui sont gratuits pour tous les autres Québécois.
Il y a un mot pour ça, M. le Président, c'est de la discrimination.
Le ministre peut agir dès maintenant, sans
attendre nécessairement un projet de loi. Qu'est-ce qu'il attend?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, je voudrais vous dire, M. le Président, que je peux agir le plus
rapidement possible. Puis je veux
rassurer le député, je vais lui redire la même réponse, j'ai besoin de faire
des actes plusieurs
fois par semaine, des autorisations
pour donner exactement ce qui devrait être un principe par la RAMQ.
Alors, vous avez raison de questionner. Je vous dis, en ce moment, j'ai posé la question, comment ça se fait que l'autorisation n'est pas donnée par la RAMQ. C'est une question de jours, de semaines. Je vais m'assurer, encore une fois... Puis je suis content, les Québécois vont l'avoir. J'ai pris l'engagement que ce serait réglé, j'attends les nouvelles de
la RAMQ. Et je vais m'assurer que c'est le plus rapidement possible, M. le député.
Le Président : M. le député
de Laurier-Dorion. On s'adresse toujours à la présidence.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Mais on veut savoir comment va-t-il le faire, M. le Président. La protectrice l'a clairement dit : Pas besoin de projet de loi, pas besoin de changement législatif,
la loi permet déjà à ces enfants d'avoir accès à la Régie de l'assurance maladie. En fait, la Régie
de l'assurance maladie est seule dans son coin à leur refuser l'accès.
On est en
2020, tous les enfants du Québec ont droit à des soins de santé, ce n'est pas
négociable. Le ministre peut agir maintenant. Qu'il nous dise : Comment
va-t-il agir?
• (14 h 50) •
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, je vais répéter encore pour être sûr qu'on
se comprenne bien. S'il y a une obligation pour moi de
passer par un projet de loi pour changer la loi au niveau
de la RAMQ, nous allons le faire. Mais, en attendant, ce que j'aimerais rassurer le député, c'est que, toutes
les exceptions qu'on doit faire pour que... ces enfants-là qui n'ont pas accès
aux frais et qui n'ont pas accès à la RAMQ,
nous le faisons par exception, et j'en signe plusieurs, demandes, par
semaine. S'il faut passer par un projet de loi pour la RAMQ, nous allons le faire, mais, en attendant il n'y a pas
d'exception, nous allons l'autoriser pour tous les enfants qui en ont
besoin. Et c'est l'engagement que je prends, M. le Président.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Gaspé.
Mesures d'aide pour les petites et moyennes entreprises
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, aujourd'hui, l'ambiance n'est pas à la fête. On a traversé
ensemble une première vague éprouvante, et la deuxième l'est tout autant. Les
entrepreneurs partout au Québec ont travaillé très fort
pour nous permettre de vivre un peu
de joie durant la belle saison, après des mois de confinement. Je pense, entre autres, aux propriétaires de bars et de restaurants. Après avoir investi
des sommes importantes pour réaménager et sécuriser leurs établissements, ils
ont vu leurs efforts s'envoler par le passage en zone rouge.
Je tends la
main au ministre de
l'Économie pour améliorer son programme
d'aide, le rendre plus agile, plus efficace, parce qu'un jour nous voudrons lever nos verres au retour à la vie normale
et nous rassembler dans nos établissements préférés.
M. le Président, est-ce que la ministre du Développement économique régional peut s'engager à donner une consigne
claire afin qu'aucune caution personnelle ne soit demandée aux entreprises?
Le Président : Mme la
ministre déléguée au Développement économique régional.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. Je l'ai dit à maintes reprises ici, en Chambre, on est là pour les entreprises.
On est préoccupés par le sort de celles-ci partout au Québec,
dans toutes les régions administratives.
On a mis en
place, depuis le début de la pandémie, plusieurs programmes, des programmes clairs, importants pour les
entreprises. Depuis la deuxième vague... Parce que, cet été, ça a bien été pour
plusieurs entreprises dans plusieurs régions, les données statistiques sont là pour le démontrer. Mais, depuis la deuxième vague, la deuxième vague qu'on ne
contrôle pas, évidemment, c'est une
crise de santé publique, une crise sanitaire qu'on vit, on a mis en place des
programmes clairs, des programmes accessibles.
D'ailleurs,
je rencontrais des entrepreneurs, au cours des derniers jours, qui me disaient
à quel point l'aide qu'on a formulée, qu'on a formulée rapidement pour
répondre aux besoins des zones rouges, est appréciée. Les entrepreneurs apprécient l'aide qu'ils reçoivent pour soutenir
les besoins des entreprises au niveau du loyer, au niveau des frais fixes, au
niveau des dépenses qu'ils ne sont pas capables
de couvrir à cause de la situation sanitaire dans laquelle on vit. Les
entrepreneurs sont contents, sont satisfaits.
Nous sommes là et nous continuerons d'être là
pour les entrepreneurs de partout au Québec.
Le Président : En terminant.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
C'est important pour nous, c'est essentiel qu'on le fasse.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, la question était très claire, et c'était
par rapport aux cautions personnelles qui
sont demandées aux entreprises. Les propriétaires de bars et de restaurants ont
tout donné, on ne peut pas en plus leur demander de mettre leur maison en garantie. On a appris que les bars
dont les revenus de loterie vidéo représentent... qui représentent plus de la moitié de leurs recettes
sont exclus du programme. Est-ce qu'on est d'accord qu'en ce moment leurs
revenus, comme ceux des autres, sont à zéro?
Ça prend un soutien qui soit à la hauteur du sacrifice extrême que ces
entrepreneurs font en ce moment.
Est-ce que la ministre est d'accord pour lever
cette contrainte, absurde dans le contexte actuel?
Le Président : Mme la
ministre déléguée au Développement économique régional.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. Évidemment, quand on crée des
programmes comme ça pour les entreprises, ça prend un minimum
d'information sur les entrepreneurs. On a assoupli les règles le plus possible pour donner accès au plus grand nombre
d'entrepreneurs à ces programmes. Évidemment qu'on a besoin d'informations
minimales, nous continuerons de le demander
aux entrepreneurs, mais nous sommes là pour ajuster les choses, nous sommes
agiles dans l'offre de nos programmes, dans
l'offre de notre soutien aux entrepreneurs. Et nous le ferons, nous
continuerons de le faire parce que la
santé économique est aussi importante pour nous que la santé des gens, en ce
moment, dans un contexte de crise sanitaire.
Donc, pour moi et pour notre gouvernement, on va
continuer d'être agiles...
Le Président : En terminant.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...dans l'offre de nos programmes.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Encore une fois, question claire, réponse absolument
évasive. Les propriétaires de bars et de restaurants sont à bout de
souffle, M. le Président. L'aide n'arrive pas ou très, très lentement. Ceux qui
sont en zone orange aussi souffrent, la
clientèle n'est pas au rendez-vous parce que le gouvernement demande à tout le
monde de ne pas sortir.
Est-ce que la
ministre peut s'engager aujourd'hui à accélérer le déploiement de l'aide aux
entreprises en zone rouge et à l'élargir pour les établissements en zone
orange?
Le Président : Mme la
ministre déléguée au Développement économique régional.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. Comme je l'ai mentionné — je vais continuer de le faire,
d'ailleurs — nous
sommes agiles, comme gouvernement, dans un contexte inédit, dans un contexte de
crise sanitaire. Nous ajustons, nous
entendons les entrepreneurs, nous avons entendu leurs demandes. On a entendu
cette demande-là qui ne vient du
Parti québécois, mais bien des entrepreneurs eux-mêmes. Nous sommes à ajuster
des programmes s'il y a lieu. Mais,
pour le moment, le programme qu'on offre pour les restaurants qui sont
obligatoirement fermés en zone rouge est là, est disponible. Les gens peuvent faire leur demande et ils reçoivent
leur remboursement. Donc, c'est là, c'est effectif, ça fonctionne, c'est disponible pour les
entrepreneurs parce qu'on a à coeur la santé économique et financière des
entrepreneurs...
Le Président : En terminant.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...de partout au Québec, de toutes les régions administratives du Québec.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mesures de confinement en
ressource intermédiaire
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
M. le Président, je vous présente Simon. Simon a 25 ans et il souffre de
schizophrénie. Il vit depuis des
années dans une ressource intermédiaire, une RI. Il participe au programme PAAS
Action, qui lui permet d'aller travailler
chaque jour. Malgré tout, Simon vit une vie normale. En fait, je devrais plutôt
dire «vivait» parce que, depuis le 1er octobre,
en raison des règles du gouvernement, sa vie se détériore. Avant, il pouvait
sortir; plus maintenant. Avant, il pouvait travailler; plus maintenant. Avant, il
pouvait voir sa famille; plus maintenant. Avant, il pouvait aller prendre une
marche seul; plus maintenant. La seule chose
qu'il peut encore faire, c'est de regarder par la fenêtre et voir que la vie
continue pour les autres, malgré la pandémie.
M. le
Président, Simon est une personne comme vous et moi. Il sait très bien que nous
vivons une situation particulière, mais
il ne comprend pas pourquoi lui, parce qu'il vit dans une RI, n'a plus les
mêmes droits que les autres. Est-ce que le ministre trouve ça
acceptable?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, je pense, M. le Président, qu'il y a plusieurs Québécois qui vivent des
situations excessivement difficiles
puis je pense que la députée ici en décrit une exactement qui reflète les
difficultés que tous les Québécois, et certains Québécois, même, en particulier,
puissent vivre durant la pandémie que nous vivons. Nous devons, de façon
générale, protéger nos plus vulnérables.
La personne
que vous décrivez, sans la connaître, je veux comprendre aussi, Mme la députée,
puis M. le Président en
même temps, peut-être des circonstances particulières que j'aimerais qui me
soient expliquées, parce que, dans chaque cas, si... chaque cas est un cas d'espèce. Alors, ce que je demanderais
peut-être, M. le Président, à la députée : S'il y a des conditions spécifiques qui sont décrites par la
députée qu'elle voudrait m'informer de ce qui se passe, bien, ça me fera
plaisir de pouvoir prendre contact avec elle puis pouvoir répondre à ses
questions, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Je remercie le ministre pour sa réponse, mais je sais que Simon, qui nous
écoute, ne comprend pas. Il ne comprend pas pourquoi lui, parce qu'il
vit dans une RI, ne peut plus continuer de participer à son programme de PAAS Action, un programme gouvernemental pour
l'aider à réintégrer sur le marché du travail. Le programme n'a pas
arrêté, mais, pour lui, oui.
M. le Président, pourquoi est-ce que les
personnes qui vivent dans les ressources intermédiaires sont traitées
différemment que les autres?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Encore
une fois, M. le Président, puis c'est pour ça que je voudrais prendre le temps avec la députée de regarder spécifiquement le cas
dont elle ma parle, c'est évident que, dans certaines régions... Puis je ne
suis pas capable d'avoir tout le détail,
puis j'apprécierais que la députée, M.
le Président, puisse me communiquer
le détail. Nous avons mis certaines
restrictions dans les zones rouges pour limiter les déplacements. On l'a vu,
comment les RI et les CHSLD ont été énormément affectés dans la première vague. Nous avons
réussi, jusqu'à maintenant, à contrôler cette vague-là pour nos plus
vulnérables. Alors, s'il y a des conditions qui ont été imposées à ces
personnes-là...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...c'est pour les protéger. Mais j'aimerais ça
connaître un peu plus le détail pour pouvoir aller plus loin.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : C'est parce
que ce n'est pas un cas spécifique. Il y a
3 200 personnes qui vivent dans les ressources intermédiaires qui sont confinées à leur résidence
24 heures sur 24. Ils sont privés de leur famille, de leur travail et de
leur liberté. Leur niveau d'anxiété
augmente, et la rechute est très probable pour eux. Leur résidence est vraiment
devenue une véritable prison, pour ces personnes, mais ils ne sont
coupables de rien.
M. le Président, est-ce que le ministre est prêt
à donner un peu de liberté à ces personnes?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, je suis très, très sensible, très empathique au cas qui est décrit par
la députée. J'aimerais aller un petit
peu plus loin, là. Lorsque, tout à l'heure, on discutait de la question des
proches aidants, dans ce cas-ci, quelle est la dynamique du proche
aidant par rapport à Simon, j'aimerais comprendre les faits. Et, lorsqu'on
comprendra les faits par
rapport à Simon, et j'aimerais ça demander à la députée de pouvoir m'expliquer
ces points-là, nous pourrons aller plus en détail et trouver une
solution, dans la mesure du possible. Merci, M. le Président.
• (15 heures) •
Le Président :
Question principale, M. le député d'Outremont—Mont-Royal.
Mesures d'aide aux
aéroports régionaux
M. Pierre
Arcand
M. Arcand : Merci, M. le
Président. Depuis les derniers mois, les aéroports souffrent de la baisse
d'achalandage, mais les
frais fixes restent les mêmes. Pensons simplement à l'entretien des pistes, la
baisse des revenus des concessions. Hier,
les aéroports de Val-d'Or, Mont-Tremblant, Baie-Comeau, Mont-Joli et Charlevoix
ont créé un comité de survie, de survie,
M. le Président. Malgré cet appel à l'aide, la ministre des Affaires
municipales a déchargé sa responsabilité régionale à son collègue des Transports. Les aéroports ne
peuvent plus faire leurs frais, et le gouvernement ne semble pas bien évaluer
l'ampleur de cet enjeu.
Est-ce
que le ministre peut nous expliquer pourquoi les aéroports de juridiction
fédérale comme Sept-Îles s'en sortent mieux que ceux de juridiction
provinciale? Quelle est sa solution?
Le
Président : M. le ministre des Transports.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel : Bien, M. le
Président, c'est tout faux. Le député de Mont-Royal siège sur mon groupe
d'intervention, il sait très bien que je suis
sensible à la situation et il sait très bien que les différents acteurs ont
soulevé la problématique voilà quelques
semaines déjà. On a eu des discussions, ma collègue
des Affaires municipales et moi, pour être capables de trouver une piste de solution et supporter ces
différentes municipalités, MRC qui supportent, encore une fois, les aéroports
municipaux, qui, oui, auront de la difficulté à boucler leurs budgets d'ici la
fin de l'année et même pour 2021.
Donc,
je leur dis : Soyez patients. Je l'ai mentionné vendredi dernier, vous
étiez présent, M. le député de Mont-Royal, à cette rencontre, je leur ai
dit : Soyez patients, on va trouver une piste de solution pour vous
supporter. Merci.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous allons
maintenant passer à la rubrique des motions sans préavis. Et je comprends qu'il
y aurait une entente pour inverser les séances trois et quatre du cycle des
motions sans préavis afin que la séance quatre du cycle ait lieu aujourd'hui et
la séance trois du cycle lors de la séance de demain. Il y a consentement? Consentement.
Alors, je reconnais
maintenant M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Honorer
la mémoire de Mme Suzanne Clermont et de M. François Duchesne,
victimes
des événements tragiques survenus à Québec dans la nuit du 31 octobre
2020,
et offrir des condoléances à leurs familles et à leurs proches
M. Bérubé :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le premier ministre, la cheffe de
l'opposition officielle, la cheffe du deuxième groupe d'opposition, le député
de Chomedey et la députée de Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale du Québec exprime sa profonde tristesse face aux événements tragiques
survenus à Québec dans la nuit du 31 octobre [dernier];
«Qu'elle honore la
mémoire de Mme Suzanne Clermont et de M. François Duchesne, et
qu'elle offre ses plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs
proches;
«Qu'elle
souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées, ainsi qu'aux témoins malheureux de ces
événements;
«Qu'elle salue le
travail des premiers répondants, qui ont fait preuve de courage pour sauver des
vies;
«Qu'elle partage sa
solidarité avec les citoyens de la ville de Québec, dont la résilience et le
sens de l'entraide seront de nouveau mis à l'épreuve au cours des prochains
jours;
«Enfin, que les membres
de l'Assemblée nationale observent une minute de silence à la mémoire des
victimes.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, il y a
consentement à un débat de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant :
le chef du troisième groupe d'opposition, le premier ministre du Québec, la
cheffe de l'opposition officielle ainsi que la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Le
Président : Je comprends donc qu'il y a consentement pour qu'il
y ait quatre intervenants et pour que la durée des interventions soit limitée à un maximum de deux minutes
chacune. La parole vous appartient, M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, un drame horrible a frappé
le Vieux-Québec dans la nuit du 31 octobre, tout près d'ici.
Bien qu'ils soient exceptionnels, chaque
fois que de tels événements se produisent on se demande pourquoi. Pourquoi
tant de haine semée au hasard? Pourquoi un tel destin pour d'innocentes
victimes? Est-ce que cela a un sens?
Non, il n'y
en a pas, de sens, et c'est là toute la difficulté, car l'être humain,
pour avoir l'esprit en paix, a besoin de cohérence, de comprendre le pourquoi et le comment, de pouvoir expliquer
les causes et les effets, surtout ces temps-ci, quand une pandémie vient
déjà bouleverser l'ensemble de nos activités quotidiennes.
Alors, quand soudainement, une nuit, tout bascule, lors d'une
soirée qui se voulait festive, dans une ville paisible, notre capitale nationale, quand la barbarie vient
aussi brutalement rompre la normalité, on ne comprend pas. On sait juste
qu'on doit apprendre à vivre avec des
dizaines de questions qui demeureront sans réponse, une impression de vide
abyssal, une immense brèche dans la cohérence.
Depuis trois
jours, ce sont les sentiments qui habitent les Québécois. Les événements
tragiques de la fin de semaine ont
choqué un peuple, un peuple qui spontanément s'est uni, s'est retrouvé à parler
d'une même voix pour exprimer son profond
désarroi et sa grande tristesse. Les proches des victimes ont un énorme poids à
porter, mais je veux leur dire : Vous n'êtes pas seuls. Tous les
élus de cette Chambre, tous les Québécois partagent votre peine et portent le
deuil.
Mme Suzanne
Clermont et M. François Duchesne, par leur disparition, aussi dramatique
soit-elle qu'injuste, sont devenus à
jamais des symboles de notre force collective. Nous ne les oublierons pas et,
en leur nom, nous entretiendrons cette
belle et précieuse solidarité qui s'est exprimée aujourd'hui en cette Chambre.
Nous serons, je le souhaite vivement, encore plus attentifs, encore plus
bienveillants les uns à l'égard des autres.
Enfin, au nom
du Parti québécois, je dis merci à tous ceux et à toutes celles qui sont
intervenus pendant cette nuit fatidique,
autant les premiers répondants que les citoyens s'étant trouvés sur place.
Merci pour votre courage, votre sang-froid, votre humanité. N'hésitez pas, vous
aussi, à demander de l'aide, au besoin. Vous avez agi à l'image de ce qu'est le
Québec, une terre là où on s'entraide et où, malgré l'aberration, malgré
l'incompréhension, on chemine ensemble et on garde toujours espoir. Merci,
M. le Président.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Merci, M. le
Président. Les Québécois se sont réveillés dimanche matin en se disant :
Ah non! Ce n'est pas vrai! Ce n'est pas arrivé! Et, M. le Président, c'est
terrible, parce qu'effectivement Mme Clermont, M. Duchesne étaient au mauvais moment au mauvais endroit et, de
façon totalement injuste, ont été tués par un homme qui, de toute
évidence, avait des problèmes sérieux de maladie mentale.
Et, M. le
Président, il y a eu aussi cinq personnes de blessées. On peut se demander si
ces personnes-là ne vont pas garder des séquelles toute leur vie. Donc,
c'était important, dès dimanche matin j'ai parlé avec le ministre délégué à la
Santé pour être certain qu'à Québec on offre tout le soutien psychologique à
court terme.
Moi aussi, je veux remercier d'abord les
citoyens. Il y a des citoyens qui sont venus à l'aide rapidement, même s'il y avait un danger, effectivement. Et les
policiers, en quelques heures... Le premier geste a été posé vers
10 h 30, samedi soir, puis,
à 1 heure, ils avaient réussi à arrêter le suspect. Bon, sont venus les
ambulanciers, on a envoyé les gens à l'hôpital. Et évidemment il faut
dire merci à toutes ces personnes-là.
C'est sûr que ça pose des questions sur la façon
dont on s'occupe de la santé mentale au Québec. C'est vrai qu'avec la pandémie il y a un contexte qui fait
qu'il y a plus encore de gens qui sont seuls puis qui développent des maladies
mentales, mais ça existait avant. Je suis
certain qu'il y en a plusieurs ici, comme députés, qui ont eu une mère ou un
père de famille qui est venu puis qui
est venu dire au bureau de comté : J'ai un jeune ou une jeune de
20 ans ou de 25 ans, des fois qui reste à la maison, des fois
qui ne reste plus à la maison, puis je ne sais plus où l'envoyer.
Donc, il faut effectivement en faire plus pour
prendre en charge ces personnes qui ont des problèmes de santé mentale. En même temps, il faut se dire la
vérité : On n'arrivera jamais, malgré tout le travail qu'on pourra faire,
à éviter tous ces drames violents. Mais on peut en sauver, on peut être
capable de prendre en charge des personnes. Puis, oui, il y a des maladies qui
se soignent, oui, ça vaut la peine de faire des efforts.
Donc, je
pense qu'on a tous une responsabilité ici à ce que la santé mentale, ce soit
davantage une priorité, au Québec, au moins autant que la santé
physique. Merci, M. le Président.
Le Président : À vous la
parole, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : M. le Président,
il y a de ces événements qui dépassent l'entendement. La tragédie meurtrière survenue à Québec dans la nuit du 31 octobre
en est une. Cette année, dans le contexte d'un automne particulièrement
difficile, la fête de l'Halloween
venait apporter un peu de légèreté, d'insouciance, de magie auprès de plusieurs
familles, mais la violence et la tragédie ont frappé là où personne ne
les attendait.
Suzanne Clermont était la conjointe de Jacques,
la belle-mère de Julien. Et vous allez me permettre de prêter ma voix à celle de ma collègue Audrey, amie de
Suzanne : «Dans la vie, nous avons tous ce pilier à qui nous pouvons tout raconter, un chêne plus résistant et plus fort que
tout, qui ne casse pas au vent, cette personne
qui nous comprend, nous écoute sans juger, sans
réprimander, cette personne qui aime sans compter et qui sera toujours là,
cette personne qui conseille. Ce pilier,
pour moi, c'était Suzanne. Elle aimait dire à tout le monde que j'étais sa
fille, que j'étais sa fierté, la fille qu'elle n'a jamais eue.» M. le Président, on est tous le pilier de quelqu'un.
Et, chaque fois que quelqu'un tombe, on tombe tous aussi quelque part un
peu.
• (15 h 10) •
François Duchesne, l'homme le plus positif et le
plus souriant du monde entier, selon Marie-Hélène Raymond. Un homme humain, avenant, positif, au coeur
sensible et lumineux, l'a décrit Jean-Luc Murray. Un amoureux de sa ville,
qu'il aimait, la trouvait belle et aimait la parcourir. C'est aussi comme ça
qu'une ancienne collaboratrice le décrivait.
J'aimerais du
fond du coeur remercier tous les premiers répondants, les citoyens, les
citoyennes, les voisins qui ont risqué
leur vie et leur sécurité, samedi soir, afin de venir en aide aux victimes,
dans un élan d'humanité et de solidarité sans pareil. Ces personnes sont
arrivées sur les lieux d'un drame, ils ont vu l'horreur, la violence, la mort
de près dans des circonstances extrêmement douloureuses et tragiques.
Chaque titre d'article, chaque nouvelle
télévisée, chaque publication, chaque tweet que j'ai lu depuis samedi, portant sur les tragédies, je les ai lus comme
cheffe de l'opposition, comme élue mais aussi comme maman de trois enfants.
Et j'ai fait ce que peut-être beaucoup de parents ont été faire, ce soir-là,
j'ai été les prendre dans mes bras et je me suis demandé comment est-ce qu'on arrivait à les protéger de tout ça sans
leur cacher les réalités du monde qui nous entoure. Puis des mots sont venus en tête : espoir,
résilience, amour. J'ai pensé à Québec, cette ville splendide, paisible, dont
la riche histoire se voit et se lit
sur les briques de ses bâtiments, les pavés de ses rues, les plaques de ses
commerces centenaires, les murs de cette Assemblée. J'ai pensé à Québec, ce
lieu de vie sécuritaire, dont la quiétude a été ébranlée samedi soir dernier. Et quelque part je me suis dit que, comme
beaucoup d'autres, Québec restera cette ville, parce que nous allons nous
assurer qu'elle le reste. Québec va se
relever, comme elle s'est relevée chaque fois. Et, à travers nos moments
sombres, je sais que Suzanne Clermont continuera à être le pilier
qu'elle a toujours été et que François Duchesne restera le rayon lumineux pour
éclairer notre route. Merci, M. le Président.
Le Président : Mme la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Samedi soir, notre capitale a été plongée dans un
cauchemar éveillé. Une violence
pareille dans nos rues, personne n'imaginait que c'était possible. Mais l'inimaginable s'est produit, et aujourd'hui tout le Québec pleure les
victimes de ces gestes injustes, lâches, violents, inacceptables.
Suzanne
Clermont était coiffeuse sur la rue Saint-Jean. Ses clients venaient de loin
pour la voir pas juste parce que c'était
une bonne coiffeuse, mais parce qu'elle était une bonne personne.
Le conjoint de Suzanne parlait d'elle comme d'une femme unique, merveilleuse, exceptionnelle. Sur la
rue des Remparts, on surnommait sa maison la maison du bonheur. Ça en
dit long.
Pour un amoureux de l'art, de notre capitale,
François Duchesne était à sa place au Musée national des beaux‑arts. S'il y a un mot qui revient toujours,
lorsqu'on parle de cet homme, c'est qu'il était bon. Il y en a d'autres qui
reviennent aussi : un être merveilleux, charmant, avenant, engagé pour la
ville qu'il trouvait si belle.
Aujourd'hui,
c'est à Suzanne et à François que je veux rendre hommage. On leur a enlevé la
vie, mais aucun acte de violence ne
peut leur enlever ce qu'ils ont fait de leur vivant. Suzanne et François ont
passé leur vie à marquer la vie des
autres. Par leur absence, ils rendent notre capitale un peu moins belle.
J'espère que leurs proches savent que nous partageons leur peine mais
aussi l'urgence qui les habite.
D'ailleurs,
moi aussi, je tiens vraiment à remercier les premiers répondants, des citoyens
et citoyennes qui n'ont pas hésité,
justement parce qu'ils étaient des bonnes personnes. Je veux dire, les gens qui
sont intervenus étaient des bonnes personnes. Ils ont tout essayé, mais
ça n'a pas fonctionné.
En fait, à
Suzanne et François, nous leur devons de répondre à l'appel du maire Labeaume.
Nous leur devons de braquer tous nos projecteurs sur la santé mentale des
Québécoises et des Québécois, trop longtemps négligée. Nous ne pouvons plus nier qu'il y a une crise de santé
mentale, nous ne pouvons plus attendre que des gens perdent la vie avant d'agir.
Il faut qu'il y ait un avant 31 octobre 2020. Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : À ce moment-ci, je vais inviter les leaders à
m'indiquer le vote de leurs groupes, ainsi que les députés indépendants.
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Et, en conséquence,
je vais vous demander de vous lever et d'observer une minute de silence
à la mémoire de ceux qui sont disparus.
• (15 h 15
—
15 h 16)
•
Le Président :
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Toujours dans le
cadre des motions sans préavis, je reconnais M. le ministre de l'Éducation.
Réaffirmer
l'importance de préserver la liberté d'expression en
contexte académique au sein du réseau scolaire québécois
M. Roberge : M. le
Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Saint-Laurent, la députée de Sherbrooke, la députée de
Joliette et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale réaffirme l'importance de préserver la liberté
d'expression en contexte académique au sein du réseau scolaire
québécois;
«Qu'elle rappelle
l'importance d'enseigner aux élèves, avec le plus grand respect, toutes les
notions prévues au Programme de formation de l'école québécoise, y compris
celles liées à l'histoire du Québec et du Canada;
«Qu'elle souligne que
cet enseignement doit se faire en respectant la Charte des droits et libertés
de la personne;
«Que l'Assemblée
nationale réitère sa confiance envers l'expertise pédagogique et le jugement
professionnel des enseignantes et des enseignants quant au choix du matériel
pédagogique utilisé dans leur classe;
«Finalement,
qu'elle invite les commissions scolaires, les centres de services scolaires et
les établissements privés à se fier au jugement professionnel de leurs
enseignantes et enseignants en la matière.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande de
m'indiquer vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Je reconnais
maintenant Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Condamner
les gestes à caractère raciste et xénophobe dont ont été
victimes des Québécois d'ascendance asiatique dans le
contexte de la pandémie de COVID-19
Mme Maccarone : M. le Président, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de La Pinière, la ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, le député de Laurier-Dorion,
la députée de Gaspé, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale déplore et condamne le fait que [les] Québécois
d'ascendances asiatiques ont été victimes de
gestes à caractère raciste et xénophobe en raison de la stigmatisation
découlant de la provenance géographique de la COVID-19;
«Qu'elle
dénonce vigoureusement les récents actes de vandalisme à l'endroit de monuments
et de commerces dans le quartier chinois de la ville de Montréal;
«Qu'elle
rappelle de façon solennelle que toutes les personnes au Québec jouissent des
droits et libertés fondamentaux garantis par la charte québécoise des
droits et libertés de la personne et par la Charte canadienne des droits et
libertés, notamment les droits à la vie, à la sécurité, à l'intégrité de la
personne, à la dignité et à l'égalité;
«Qu'elle rappelle que
les nombreux Québécois d'ascendance asiatiques, notamment les personnes
d'origine cambodgienne, chinoise, coréenne,
japonaise, philippine et vietnamienne, contribuent de façon importante à la
prospérité du Québec ainsi qu'à son développement économique, social et
culturel;
«Qu'elle
rappelle que ces actes à caractère racistes ne représentent en rien les valeurs
d'ouverture et de tolérance des Québécois;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de redoubler d'efforts envers le développement de
relations interculturelles harmonieuses, notamment en appelant au respect et à
la dignité de toutes les personnes;
«Qu'enfin, elle
demande au gouvernement du Québec de mettre à la disposition de la ville de
Montréal toutes ressources jugées nécessaires afin d'assurer une surveillance
accrue contre ces méfaits.»
Merci, M. le
Président.
• (15 h 20) •
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous invite à
m'indiquer vos votes respectifs. M. le leader de l'opposition
officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Je reconnais
maintenant M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de l'Assemblée pour débattre
de la motion suivante conjointement
avec le député de D'Arcy-McGee, le député des Îles-de-la-Madeleine, le député
de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale constate que selon le récent sondage mené par l'Ordre des
psychologues du Québec, 86 % des
psychologues ont noté une hausse de la détresse de leurs patient-es, et
70 % mentionnent avoir revu d'ancien-nes patient-es en raison de la
pandémie;
«Qu'elle
prenne acte du consensus d'experts à l'effet que la pandémie de COVID-19, les
mesures sanitaires qui l'accompagne
et les conséquences sociales et économiques qui en découlent augmentent les
facteurs de risques pouvant mener à des problèmes de santé mentale,
notamment l'anxiété et les symptômes dépressifs;
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse officiellement que le Québec est actuellement plongé dans
une crise nationale de santé mentale et qu'elle demande au gouvernement du
Québec d'agir en conséquence.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement. Mme la députée de Marie-Victorin, la parole est à vous.
Mme Fournier : Oui, merci, M. le Président. Donc, je
persévère et sollicite à nouveau le consentement de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de LaFontaine, le député d'Hochelaga-Maisonneuve et le
député de Chomedey, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement du Québec de mettre rapidement en oeuvre un
plan interministériel de lutte contre les
polarisations sociales et la radicalisation pouvant mener à la violence,
coordonné par le ministère du Conseil exécutif.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en sommes
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des finances
publiques poursuivra les consultations
publiques sur le projet de loi
n° 68, Loi visant principalement à permettre
l'établissement de régimes de retraite à prestations cibles, aujourd'hui,
après les affaires courantes, pour une durée de 2 h 25 min, et
de 19 h 30 à 21 h 5, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des
transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 46, Loi modifiant la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle du
Conseil législatif;
La Commission de la
culture et de l'éducation entendra les intéressés et procédera à l'étude
détaillée du projet de loi n° 210, Loi
concernant la subdivision d'un lot situé dans l'aire de protection de la maison
Roussil à Terrebonne et en partie
dans l'aire de protection de la maison Bélisle à Terrebonne, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Le
Président : Merci. À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous informe que
demain, lors des affaires inscrites
par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que la pandémie et ses conséquences
nombreuses ont considérablement augmenté
le niveau de détresse parmi les Québécois-es, que ce soient les aînés privés de contacts avec
leurs proches, les jeunes privés de lieux de socialisation, les familles
et les entrepreneurs ébranlés par une source imprévue d'insécurité économique, les travailleurs de la santé ou encore
les femmes qui assument la charge mentale accrue de tous ces bouleversements;
«Qu'elle
constate que malgré les annonces récentes, les ressources en santé mentale peinent à subvenir à tous les besoins
dans des délais raisonnables, tant pour l'accès aux psychiatres,
pédopsychiatres, qu'aux psychologues qui pourraient soulager l'anxiété,
la détresse et les troubles graves de santé mentale;
«Qu'elle
affirme la nécessité de tenir une discussion sociétale autour de l'accès aux
soins de santé mentale et que, dans
un premier temps, ce débat puisse se tenir rapidement au sein de l'Assemblée
nationale, en collaboration avec les experts en la matière;
«Que
l'Assemblée demande aux chefs des
quatre groupes parlementaires de se rencontrer de façon diligente pour la mise en place d'une commission parlementaire
spéciale non partisane visant à entendre des experts concernant les enjeux
de santé mentale notamment en contexte de
pandémie et à formuler des recommandations visant à soutenir le gouvernement
dans les actions à poser à court et à moyen
terme pour diagnostiquer rigoureusement l'étendue du problème, évaluer les
meilleures pratiques au plan international, conscientiser le public à l'ampleur
du problème et mobiliser la société civile à ce que chacun fasse sa part pour
accompagner les gens vulnérables autour de lui;
«Que les députés
indépendants puissent participer aux travaux de cette commission;
«Que
cette commission parlementaire spéciale fasse rapport à l'Assemblée nationale
au plus tard le 18 février 2021, et ce, à moins que la
commission n'en décide autrement;
«Qu'enfin,
l'Assemblée demande au gouvernement de poursuivre les efforts en allouant
toutes les ressources nécessaires afin que les personnes dont le rétablissement
passe par la psychothérapie puissent y accéder sans entraves financières dans
des délais comparables autant en cabinet privé que dans le secteur public.»
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Et je suspends les
travaux pour quelques instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à
15 h 25)
(Reprise à 15 h 35)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Je vous
informe que trois débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui. Le premier débat portera sur une question adressée par M. le député de D'Arcy-McGee au ministre
de la Santé et des Services sociaux
concernant la nécessité de tenir une
conversation nationale sur la santé mentale à travers une commission parlementaire spéciale et non partisane. Le deuxième débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre
de l'Éducation concernant l'absence de volonté du gouvernement caquiste de mettre en place un protecteur de l'élève. Et le troisième
débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis au ministre de la Santé et
des Services sociaux concernant le cas d'une personne handicapée vivant
en ressource intermédiaire.
M. le leader du gouvernement, pour les affaires
du jour.
M. Schneeberger :
Bonjour, M. le Président. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 7
du feuilleton.
Projet de loi n° 66
Reprise du débat sur l'adoption
du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 7, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
29 octobre 2020 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 66, Loi concernant l'accélération
de certains projets d'infrastructure.
Lorsque nous
nous sommes quittés, jeudi dernier, c'était Mme la députée de Bourassa-Sauvé qui avait la parole. Vous avez déjà utilisé
7 min 49 s. Vous pouvez poursuivre.
Mme Paule Robitaille (suite)
Mme Robitaille : Oui. Merci, M. le Président. Oui, en
effet, j'avais terminé la semaine, hein, en parlant du projet de
loi concernant l'accélération de
certains projets d'infrastructure. Je disais que l'esprit de ce projet de loi origine du projet de
loi n° 61, un projet de loi controversé, hein? On se souvient de la saga,
et j'avais expliqué que c'était, finalement... on avait vécu une suite de projets
de loi qui ont abouti à des lois,
mais qui éliminaient des contre-pouvoirs : le p.l. n° 34,
le p.l. n° 40,
le p.l. n° 44. Donc, on abolissait les commissions scolaires, on diminuait la portée de la Régie de l'énergie et on éliminait aussi le Fonds vert, le TEQ dans le projet de
loi n° 44. On avait eu des bâillons.
Et là on
avait le projet de loi n° 61 qui... Et j'avais lu un article
d'Yves Journet dans La Presse qui disait qu'encore une fois
on s'attaquait aux contre-pouvoirs et, encore
une fois, on mettait à mal un peu la démocratie
parce que le projet
de loi n° 61 sautait des étapes. On voulait accélérer les
travaux. On disait que c'était pour la relance économique, hein, vous vous souvenez, la grande relance
économique. Et ça, on le faisait tous azimuts et on sautait des étapes, entre
autres en environnement et dans plein de secteurs.
Le
gouvernement nous avait dit, avait dit aux trois oppositions,
souvenez-vous : Bien, écoutez, vous vous opposez au projet de loi
n° 61? C'est dire que vous vous opposez à la relance économique en temps
de pandémie. C'est très mauvais. Et là on
avait dit : Mais non, on saute des étapes. Il y a quelque chose de pas
démocratique là-dedans, il faut s'opposer à ça. Il y avait mon collègue député de Rosemont, il y avait mon
collègue du Parti québécois, il y avait aussi mon collègue de La Pinière qui s'étaient vigoureusement
opposés à tout ça, et il n'y avait pas juste eux, là. Ils étaient les
porte-voix d'un ensemble de gens,
d'un ensemble de groupes qui disaient : Non, ça va trop loin. Au niveau de
l'environnement, par exemple, c'était épouvantable. Alors, il y avait...
Et là, en
bout de ligne, finalement, la nouvelle présidente du Conseil du trésor avait
dit non. Elle avait reculé, elle avait
dit... Bon, après tant de temps, tant d'énergie et puis même de l'argent, là,
on avait fait des tournées, on avait... le premier ministre avait essayé de vendre ça, et là, finalement, il
dit : Je fais table rase, et on repart avec des bases plus nettes; pour moi, c'était plus efficace, plus simple de
repartir d'une nouvelle mouture, mais qui va rencontrer les mêmes objectifs.
Une nouvelle mouture, bon, c'était un... Ce
qu'on a devant nous, c'est un p.l. n° 61 «light». C'est
mieux, mais c'est loin d'être parfait, et mes collègues qui vont faire
l'étude article par article auront beaucoup de boulot.
• (15 h 40) •
Dans le p.l. n° 61, alors, il y a plusieurs choses qui accrochent. Le p.l. n° 61, on n'avait pas consulté les différentes nations autochtones, les Inuits. Pour le p.l. n° 66, là aussi, il y avait des groupes qui avaient été invités, mais ce
n'était pas assez, tellement
que les groupes autochtones avaient protesté, puis c'est dommage, parce que
ces 181 projets de loi... pardon, ces 180 projets, évidemment, ont des conséquences, pourront avoir des
conséquences sur les différentes nations autochtones.
Alors, je
voulais juste vous citer Ghislain Picard, de l'Assemblée des premières nations, qui disait que c'était extrêmement décevant, qu'il aurait aimé être
consulté. Il disait : Ce projet de loi «confirme le peu de considération,
voire l'indifférence du Québec pour
une relance économique propre aux Premières Nations». On disait :
«L'organisation politique, qui parle
au nom de 43 chefs des Premières Nations du Québec et du Labrador, estime
que le gouvernement "continue d'agir comme si les Premières Nations
et leurs dossiers allaient dans une case à part".»
«Elle dénonce en outre le manque de proactivité
et de dialogue entre le gouvernement et les autochtones qu'elle représente. "Nous sommes disposés à nous
mettre en mode solution, mais on ne peut pas discuter avec des chaises vides.
Ça prend quelqu'un qui est à
l'écoute".» Et, pour ce qui est de ce projet de loi là, donc, déception
profonde du côté des Premières Nations.
Et, quand je
lis les quelques groupes qui ont été appelés aux consultations, on voit, là,
qu'ils étaient défavorables au projet
de loi. Je pense, entre autres, aux Mohawks de Kanesatake, par exemple. Et ça
les touchait directement, hein? Ça les touche
directement, le projet de loi n° 66. Ça touche à la réfection du pont
Mercier, et là ils étaient outrés. Ils parlaient de violation des ententes de nation à nation et des droits territoriaux
des Premières Nations. Le processus accéléré, sans audiences publiques, est contraire à l'esprit de
l'entente sur le pont Mercier. Et donc eux, ils ont été consultés, mais la
grande majorité des nations
autochtones n'ont pas été consultées,
et ça, dans le contexte québécois, c'est extrêmement
décevant.
En tout cas,
le projet de loi, hein, certains éléments qui dérangeaient, de la première
mouture du p.l. n° 61, ont disparu : la prolongation indéfinie de l'état d'urgence
sanitaire, par exemple, la possibilité d'ajouter des projets d'infrastructure à
la liste dans les deux prochaines années — ça a disparu — les dispositions permettant de revoir l'ensemble
des contrats accordés par les
municipalités, la possibilité de modifier toute loi au nom de la pandémie — ça aussi, ça a disparu — l'immunité de poursuite judiciaire. Donc, il y a certaines avancées, mais il y a
quand même des problèmes profonds sur lesquels on va devoir se pencher.
Il y a des
enjeux importants au niveau de l'environnement, par exemple. On va permettre
des travaux, on va donner le feu vert à ces projets-là et on n'aura pas
encore les études d'impact sur l'environnement, et ça, c'est évidemment un problème. Je pense à toutes sortes de situations
des milieux humides, des milieux hydriques aussi où, là, on va envoyer la pépine, on va commencer les travaux, on va avancer
là-dedans, on va détruire des pans de territoire et on n'aura pas le résultat
des études environnementales, de l'impact sur l'environnement, et ça, c'est
profondément un problème.
Il y a aussi la volonté d'accélérer les
expropriations, hein, qui pourrait avoir des conséquences sur des ménages incapables de déménager dans une nouvelle
résidence ou encore une entreprise. En contrepartie de protéger le gouvernement
contre les contestations frivoles et les
tactiques dilatoires, il permettra aux promoteurs de faire l'acquisition de
terrains d'une manière qui compromet la viabilité financière des actifs
qui demeureront en possession de la partie expropriée. Sans amendement, le p.l. n° 66
fera disparaître le contrôle judiciaire de la Cour supérieure sur le bien-fondé
des expropriations, y compris pour
les causes pendantes, contrairement au REM, ouvrant la porte à des
contestations constitutionnelles, sinon à des abus de la part des
parties expropriantes.
Donc, on a
déjà des cas d'expropriation qui sont devant les tribunaux, et là la loi va
arriver, elle va avoir un effet
rétroactif sur ces affaires-là qui vont être devant les tribunaux, et, dans ce
sens-là, ça n'a pas d'allure. Ce qui était avant la loi devrait être jugé en fonction de la loi où le litige a commencé.
Et là, maintenant, le projet
de loi aura un effet rétroactif
qui, dans ce sens-là, pourrait amener des contestations constitutionnelles.
Bien que le projet de loi ajoute à l'autorité et
aux outils d'enquête de l'Autorité des marchés financiers à l'égard des
181 projets de l'annexe I, les pouvoirs de l'AMP ne sont aussi
extensifs que ceux du bureau de l'inspecteur général à Montréal et ne s'appliquent pas aux autres projets du PQI ni au-delà
d'un horizon de cinq ans. Ainsi, l'AMP n'aurait qu'un pouvoir de
recommandation quant aux travaux connexes sous la responsabilité d'un acteur
municipal. Et mon collègue de
La Pinière l'a dit clairement : Pourquoi les pouvoirs de l'AMP ne
pourraient pas être identiques à ceux du bureau de l'inspecteur général
de Montréal? Ce serait à l'avantage de tous, ce serait à l'avantage de tous les
citoyens.
Je reviens à
l'enjeu environnemental parce que ça me trouble beaucoup. Tous les groupes
environnementaux qui sont venus
témoigner aux consultations, tous sont défavorables au projet de loi, Je pense
à l'Ordre des urbanistes du Québec, au
Centre québécois du droit de l'environnement, Équiterre, Fondation
David-Suzuki. Moi, je me demande pourquoi la relance économique doit nécessairement faire fi des enjeux
environnementaux. Encore une fois, on leur a dit, on a dit au gouvernement, durant toutes les discussions par
rapport au projet de loi n° 61, qu'ils n'allaient pas dans la bonne direction.
Encore une fois, dans le cadre du projet de loi n° 66, on a le même problème. On a le même problème, et
c'est extrêmement sérieux. Et j'espère de
tout coeur que, durant l'étude du projet de loi, le gouvernement... la
présidente du Conseil du trésor
reconsidère et fasse tout en son pouvoir pour que, dans cette loi-là, on
protège notre environnement et on écoute ceux qui sont venus aux consultations et qui ont des solutions à
proposer. Je pense qu'il faut être sage, qu'il faut aller dans ce
sens-là.
Alors, M. le
Président, le projet de loi, comme il est là, je ne peux pas aller de l'avant. J'espère de tout coeur que l'étude article
par article inspirera la partie gouvernementale. Merci.
• (15 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Mme la cheffe de la deuxième
opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Bon après-midi, tout le monde. Je suis très heureuse de
pouvoir intervenir cet après-midi sur le projet de loi n° 66, pour
toutes sortes de raisons, mais je vais me concentrer sur toute la question autochtone parce que, bon, mon collègue de
Rosemont a déjà largement intervenu sur l'ensemble des dimensions contenues
dans ce projet-là, ma collègue de Mercier a
déjà porté un regard très critique sur la dimension de la protection
environnementale. Et, par conséquent,
je me devais, de par mes responsabilités, de venir à mon tour porter un regard
critique sur ce projet de loi là en regard de nos frères et soeurs
autochtones.
Rappelons-nous
qu'effectivement le projet de loi n° 66 est une nouvelle version d'un
projet de loi qui a été largement critiqué
au mois de juin et qui, fort probablement, avec sagesse, la nouvelle ministre
responsable du Trésor s'est dit : Ouf! je suis mieux de ne pas m'en aller de ce bord-là, je vais remettre
quelque chose de neuf sur la table. Et c'est avec ça qu'on travaille déjà depuis quelques semaines.
Ce qui me
frappe, c'est que, dès le projet de
loi n° 61, les gens des
Premières Nations, à travers l'association des premières nations du Québec et quelques mémoires présentés non pas en
présence, mais envoyés à la commission, les gens des Premières Nations de différentes communautés ont indiqué qu'il y
avait, dans le processus de dépôt du projet
de loi n° 61, et, vous
allez voir, c'est idem, 66... il y avait un problème, et le problème était
simple. C'est que, lorsqu'on comprend qu'est-ce que ça veut dire, la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones, on comprend que le
consentement préalable est quelque chose qui ne vient pas après que quelque
chose ait été fait, mais avant. Ça le dit, «préalable».
Alors
donc, ce qui est fascinant, c'est que, dès le mois de juin, dès le 9 juin,
lorsque l'APNQL était... l'association des premières nations du Québec
et du nord du Labrador... du Nord-du-Québec et du Labrador, pardon, du
Québec... APNQL, bon, voilà, était ici en
train de dire que : Mais où avaient été les consultations concernant les
Premières Nations?, il y avait en même
temps notamment différentes communautés, dont le Conseil des Mohawks de
Kanesatake, qui écrivaient... de Kahnawake, pardon, qui écrivaient pour dire : Oh!
attention, ça ne marche pas, là. Nos droits ancestraux, dans ce projet de loi là, ne sont pas reconnus. Alors,
ça, c'est dès le mois de juin. Bon, on sait maintenant ce qui est arrivé au projet
de loi n° 61, il est mort de sa belle
mort. Mais, dès le 23 juillet, encore une fois, l'association des
Premières Nations souhaite que la
nouvelle ministre, maintenant, Conseil du trésor, tienne compte du devoir de
consultation qu'a le gouvernement du Québec,
et, d'ailleurs, tous les gouvernements, tous les paliers de gouvernement, de
consulter les Premières Nations avant de rédiger des choses qui les
concernent. Et, entre moi et vous, la question du territoire, ça les concerne,
ça les concerne.
Alors
donc, au mois de juillet, l'association des Premières Nations du Québec et du
Labrador informe la ministre actuelle
du Conseil du trésor de son devoir de protéger leurs droits ancestraux, dont
notamment le devoir de consultation. Mais,
n'ayant pas de nouvelle durant tout l'été, encore une fois — on est rendus là, au mois d'août — l'association des Premières Nations dit : Mais, coudon, où
est-ce que vous en êtes rendus, là? On entend, là, que vous êtes en train de
travailler sur ce projet-là, mais vous n'êtes pas venus nous voir encore. Et
finalement, bien, lors des consultations, voilà deux semaines, bien, encore là, on apprend que le
processus n'a pas tenu compte de la réalité et des devoirs qu'a le Québec,
l'État du Québec, face à nos frères et soeurs autochtones en matière de
consultation.
Alors,
c'est sûr que, lorsqu'on voit cette histoire qui se répète constamment, il y a
des questions profondes qui se posent.
Le projet de loi n° 66 va permettre des mesures d'accélération pour les
procédures en matière de consultation, en matière de l'environnement aussi, mais le fait d'accélérer ces
processus-là, de faciliter en contournant un certain nombre d'étapes nous pose la question : Est-ce que
l'obligation constitutionnelle de consulter les Premières Nations, elle, va
être respectée? Est-ce qu'elle va être déléguée? Est-ce que le gouvernement du Québec, qui ne semble pas
avoir respecté initialement les
droits des Premières Nations en inscrivant son projet de loi à nouveau avec les
mêmes vices de procédure que dans le premier... Est-ce que ça veut donc
dire que ce projet de loi là ne respecte pas les nations autochtones?
Bien,
les gens des Premières Nations sont venus nous le dire, ils sont venus nous le
dire en commission parlementaire. Ils ne sont pas tous et toutes venus,
mais, bien sûr, à travers leur association nationale, avec l'association des Premières
Nations du Québec et du Labrador, l'ensemble des chefs des différentes
communautés sont venus dire : Aïe! quand il est question du territoire, là, vous ne pouvez pas
faire ce que vous voulez, il faut qu'on s'en parle avant, il faut qu'on
discute, il faut qu'on s'entende. C'est extraordinaire, ça, M. le
Président. Nos gens qui étaient là avant que nous, on arrive nous rappellent
qu'on a le devoir de s'entendre avec eux avant, par exemple, et ça, c'est une
des dimensions du projet de loi n° 66... avant de déterminer, par exemple,
que ce qu'on appelle les terres de la couronne, que le gouvernement du Québec puisse commencer des projets sur des terres
publiques, avant d'aller chercher les permis... pas les permis mais... — je recommence — sur les terres publiques, de pouvoir commencer des
projets sans avoir fait les processus habituels au niveau
environnemental, notamment, et de pouvoir commencer les travaux avant même
d'avoir un avis. Bien là, je comprends. Les Premières Nations, ils font : Mais non, bien, attendez un peu, là, les terres
publiques, ça demeure, encore aujourd'hui, des territoires autochtones
non cédés. Vous ne pouvez pas faire ça de même, là. Ce n'est pas possible, ça.
Alors donc, il y a, bien sûr, plusieurs questions
qui se posent sur le fond en regard des droits des peuples autochtones et de leurs droits ancestraux. Je pense qu'en fait
la question qui me vient, M. le Président, c'est : Moi, là, quand j'ai
reçu une première lettre, une
deuxième lettre, une troisième lettre qui me dit : Attention! si tu t'en
vas dans ce sens-là, tu t'en vas à
l'encontre de mes droits fondamentaux, et que j'y vais quand même... Bien,
c'est sûr que je me poserais des questions. Je dirais : Bon, bien,
pourquoi ça se passe comme ça? Il est où, le problème?
Alors,
la question est hyperlégitime, et d'autant plus que, d'ailleurs, le chef du
conseil de la nation mohawk de Kahnawake,
qui est venu en audition, nous a rappelé que le gouvernement du Québec avait
nommément signé une entente avec le gouvernement de la nation de Kahnawake concernant le pont
Mercier et qu'il a un comité, hein... c'est le mémorandum, là, sur comment réaliser la réfection du pont Mercier.
C'est déjà des discussions qui sont entamées depuis 2017, et, de toute
bonne foi, les gens de Kahnawake, leurs représentants ont signé, avec le gouvernement
du Québec... Bien sûr, ce n'était peut-être pas le gouvernement qui était en
place, là, mais tu sais, je veux dire, la constitution... la Charte des droits
et libertés a été signée par des gens qui ne
sont pas assis ici présentement, puis on respecte, ça, hein? Bien, c'est la
même chose pour les ententes qu'on a
avec les gens des Premiers Peuples. Et nommément, dans le cas du pont Mercier,
il y a un comité... en fait, c'est
libellé comme ça, la mise sur pied d'un comité spécial, donc à partir de 2018,
ça a été signé en 2018, un comité spécial dont le mandat est de
s'entendre sur comment on va faire la réfection du pont Mercier.
Alors,
moi, je comprends que, lorsque les Mohawks ont vu ça, bien, ils ont dit :
Bien, voyons, c'est quoi, cette affaire-là? Un, on a ce comité-là, qui a été signé de bonne foi de gouvernement à
gouvernement, c'est-à-dire du gouvernement du Québec avec le Conseil des Mohawks de Kahnawake. Alors, ça, c'est une entente. Et là la ministre,
même si elle a reçu des lettres,
revient avec un projet de loi qui
inclut encore ce projet-là qui fait déjà partie d'une entente. Ça fait que, ça,
je comprends quand ils nous disent, par exemple : Bien, ça, ça devrait
être retiré de là, là. Ça ne suit pas le chemin que nous avons tracé de
façon consentante, de nation à nation, en 2018, donc ça ne peut pas être... ça
doit être retiré de ça.
• (16 heures) •
Mais
ça va plus profondément que ça. Ça, c'est un exemple très spécifique, très
pointu, et c'est pourquoi que le chef Montour est venu expliquer son point en
commission parlementaire. Mais, de façon plus générale, toute la question
de l'accélération notamment des processus environnementaux, bien, pour les
Premières Nations, ça, disons que c'est inacceptable
pour plusieurs raisons, mais, je dirais, de façon spécifique, pour des raisons
qui leur sont propres. C'est-à-dire que, pour les Premières Nations, la préservation de
la nature, la préservation de la
biodiversité, la préservation de l'environnement,
c'est aussi étroitement lié avec leurs droits profonds. Pourquoi? Bien, parce que,
pour eux autres, c'est une question
identitaire, c'est une question de milieux où ils peuvent continuer leurs
activités traditionnelles en matière de chasse, de pêche, de cueillette de plantes médicinales. C'est la nature,
hein? Comment il avait dit ça, le chef Montour? Il disait : La nature est sacrée. Ça fait que
c'est sûr qu'en plus, quand on voit, dans le projet de loi n° 66, cette accélération-là, bien,
je comprends qu'ils sont inquiets. Bien, d'ailleurs, ils ne sont pas
les seuls, parce que — et ça, on le redit souvent, dans ma formation politique — s'il n'y a pas de nature, il n'y a pas... s'il
n'y a pas d'environnement, bien, ça ne va pas bien pour personne, hein? L'air qu'on respire, l'eau qu'on
boit, ce qu'on mange qui est issu de la terre... On est des produits de cette
terre-là, et donc, par conséquent, nous aussi, on considère que c'est essentiel
de préserver, au-delà de juste un concept économique,
il faut préserver, c'est une question de vie. Pas d'eau, on ne vit pas. De
l'eau malpropre, on ne vit pas. Mais, dans le cas des autochtones, eux
autres, c'est même culturel, identitaire.
Alors,
dans ce sens-là, bien, c'est sûr que la préoccupation des Premières Nations
face à ce projet de loi là nous amène, nous,
à Québec solidaire, à se dire, bien, déjà, on a beaucoup de critiques. Comme je
vous ai expliqué d'entrée de jeu, je ne revoyais pas l'ensemble du
projet de loi, je voulais me concentrer sur la question des Premières Nations,
et donc je ne referai pas le tour, mais il faut comprendre, à un moment donné,
là, qu'au sens des droits internationaux des Premières Nations du Québec... bien, des Premières Nations de partout sur la
planète, mais les peuples autochtones ont des droits, pas qu'on va leur donner,
ils les ont déjà, ces droits-là, malheureusement, on ne les reconnaît pas, mais
ils les ont, et que, par ces droits-là, les territoires qu'ils utilisent
depuis des millénaires, ces territoires qui constituent leur identité, ce
qu'ils sont et, voire même, pour les
générations à venir, ces territoires-là n'ont pas été cédés par traité, par
aucune façon sinon que des ententes
dans le Grand Nord et que, par conséquent, lorsque le gouvernement du Québec adopte des projets ou propose des projets de loi qui viennent
mettre la mainmise sur des portions de territoire ou diminuer le niveau de qualité et de protection de ce territoire-là qu'on va faire,
bien, c'est un incontournable, il faut qu'on leur parle avant. Il faut qu'on
leur parle avant parce que
c'est très insultant, quand tu as des droits et que les gens avec lesquels tu
discutes te dis : Oui, oui, je
reconnais tes droits, oui, oui, oui, je veux... regarde, tu es mon égal, mais,
dans les faits, tu n'agis pas de
cette façon-là, bien, c'est
insultant, ça, c'est vraiment insultant puis c'est vraiment choquant.
Et
je réitère que le territoire non cédé... Le Québec, hein, essentiellement, n'a pas été cédé. Ce qui n'est pas vrai pour le reste du Canada, mais, au Québec, il y a
des traités qui démontrent... Et là, bon, je pourrais longuement partir, à comment on pourrait faire en sorte pour arriver à...
oui, je n'arrête pas de redire l'importance de donner un cadre juridique
à la déclaration des Nations unies. Pourquoi? Bien, pour arrêter de faire ça à
la pièce, là, pour reconnaître politiquement qu'on
vit sur un... on copartage un territoire qui ne nous appartient pas, et donc,
par conséquent, il faut en discuter, il faut en délibérer et il faut s'assurer que cette... Quand je parle de
territoire, je parle de cette terre qui nous nourrit, je parle de ces rivières qui nous abreuvent. Il faut qu'on
discute avec les gens qui étaient là depuis toujours pour s'entendre, qu'est-ce
qu'on va faire pour la suite des choses.
Alors,
je terminerais seulement en vous disant, M. le Président, que je pense qu'il y
a des gestes simples qui pourraient être
posés, notamment en retirant d'entrée de jeu, là... que le ministre nous
annonce : Je vais retirer le pont Mercier. Je pense que ce serait un geste simple à poser, qui
enverrait un signal, un message que le gouvernement aussi, avec le nouveau
ministre qui est en poste, qui nous
dit qu'il souhaite vraiment agir de nation à nation. Bon, bien, qu'il y ait un
niveau de formation auprès de ses
collègues qui déposent des projets de loi et qui, lui, sonne peut-être la
cloche parce qu'on n'est pas tous obligés de tout savoir et tout connaître, mais, en matière de Premiers Peuples,
là, de Premières Nations et des Inuits, il me semble qu'on a un devoir
de s'informer, de s'instruire.
Vous
savez, il y a d'ailleurs une page très accessible, au gouvernement du Québec,
qui nous donne accès à toutes les
ententes qu'ont signées les différents gouvernements des Premières Nations avec
le gouvernement du Québec. Alors,
c'est accessible, là, ce n'est pas que ce
n'est pas accessible. Et, par
conséquent, bien, je pense
que ça pourrait faire en sorte
de dire à nos frères et soeurs autochtones
que, dans le fond, on commence, effectivement, à saisir l'importance de travailler de nation à nation, et que, de travailler de
nation à nation, bien, ça veut dire qu'il y a des choses qu'il va falloir faire
différemment, sans, bien sûr, trahir le
privilège parlementaire. Je ne dis pas de partir avec le projet de loi écrit
puis de dire : Regarde, ça va
être ça, le projet de loi que je vais déposer. Ça, tout le monde ici puis même
les gens des Premières Nations ne s'attendent
pas à ça. Ils connaissent... À la longue, ils ont appris à connaître nos règles
parlementaires. Mais ceci, de discuter,
par exemple, avec les Premières Nations, de dire, écoutez, nous, on veut
relancer l'économie, là, je sais qu'il y a beaucoup de besoins dans vos communautés au niveau de la santé, au
niveau de l'éducation, au niveau même de logement social, c'est tellement connu. Tu sais, est-ce que...
Il n'y a pas un projet qui est sur une communauté, là. Pourtant, les besoins
sont bien connus. Alors, ça pourrait être
des façons qui permettent d'envoyer des messages à nos frères et soeurs
autochtones et peut-être,
tranquillement, petit à petit, réinstaller un lien de confiance entre nous, et
les Premières Nations, et les Inuits, et éventuellement, bien sûr, c'est mon
grand rêve, je me permets de le dire, dans un Québec indépendant dans lequel
nous aurons fait l'indépendance du Québec
avec les Premiers Peuples, où les droits de chacun, chacune seront reconnus.
C'est mon grand rêve, et je vais continuer à travailler pour ça.
Mais, d'ici ce temps-là, on est capables de faire
des pas. Et je pense qu'il y en a un simple à faire, dans le cas du 66,
c'est de retirer le pont Mercier des projets. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais
maintenant Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci. Merci, M. le Président. Alors, ça me fait plaisir d'intervenir sur
l'adoption de principe. C'est un
moment quand même assez important. Puis je vais citer mon collègue de
La Pinière, qui me fait toujours bien rire, souvent, avec ses slogans, mais,
quand il a parlé de l'adoption de principe, il nous disait : «En français
plus régulier, ça veut dire [qu'il
peut y] avoir une loi pour ça, [ça veut dire que] ce n'est pas parfait, ça ne
veut pas dire que, quand on vote pour l'adoption de principe, on est pour l'adoption finale, mais ça veut dire [qu'il] y
a quelque chose qui est présenté, qui a une valeur à laquelle il y a
lieu de s'adresser.»
Donc, c'est
pour ça qu'on intervient, entre autres, sur l'adoption de principe du projet de
loi n° 66. C'est important que les gens comprennent ça parce que, souvent, les gens disent :
Oui, mais je t'ai vu une première fois à la télévision ou je t'ai vu au Canal de l'Assemblée, puis tu étais
pour l'adoption de principe; quand tu arrives, au final, bien, tu n'es pas
d'accord. Bien, il y a étape par étape. Donc, on est à la première étape qui
est l'adoption de principe.
C'est important aussi de rappeler que le projet
de loi n° 66, bien, c'est l'évolution, l'évolution du projet de loi n° 61, le projet de loi n° 61 qui, lui, n'a pas franchi l'étape de l'adoption
de principe puisqu'il a été arrêté. Mais pourquoi il a été arrêté?
Bien, parce que la lecture du projet de loi n° 66, ça
soulevait beaucoup, beaucoup d'inquiétudes, beaucoup
de préoccupations, et ce, de tous les
observateurs compétents au Québec qui sont venus en commissions particulières, qui sont
venus en commissions publiques, qui ont parlé dans les journaux, qui
ont levé la main. Ils sont venus dire que c'était un projet
de loi avec des pouvoirs excessifs,
des pouvoirs excessifs que l'ancien président
du Conseil du trésor se donnait
puis donnait à l'État, puis ça froissait beaucoup de gens, à cause, entre
autres, du non-respect des règles et des normes environnementales.
• (16 h 10) •
Aujourd'hui, la nouvelle présidente du
Conseil du trésor se présente devant
nous avec une nouvelle mouture, le projet de loi n° 66. Puis, en
lien avec les consultations particulières, auxquelles j'ai été très attentive parce
que je suis porte-parole du projet
de loi n° 67, porte-parole de l'opposition officielle pour le projet
de loi n° 67... Puis il y a vraiment un
lien à faire, bien, entre l'ancien 61, le 66 et le 67 parce qu'il y a des choses qui étaient dans 61 qui ne sont pas dans 66, qui sont
dans 67. Un genre de raccourci intellectuel, mais qui n'a pas passé inaperçu.
Alors, les consultations particulières sur le projet
de loi n° 66, c'est
26 groupes reçus en commission
parlementaire qui sont venus
s'exprimer et exprimer leur satisfaction et leur insatisfaction, entre autres, sur ce projet de loi là. Je souligne, comme mon prédécesseur, la présence de trois groupes des Premières Nations qui sont venus nous voir. Ils sont venus nous dire d'une seule voix, d'une seule voix ils sont
venus nous dire qu'ils n'ont pas été consultés adéquatement, selon les règles
en place actuellement, pas plus qu'ils
ne l'ont été pour le 61. Je comprends ces gens-là, je comprends vraiment
ces gens-là qui ont été, disons, relativement insultés, insultés parce
qu'ils se sont sentis un peu
méprisés, parce qu'il y a des règles qui sont établies au Québec dans nos relations avec les Premières Nations, puis ces règles-là, bien, manifestement, elles sont là pour qu'ils puissent venir donner leur point de vue. Et j'ai tendance à leur donner raison, ces règles-là n'ont pas été
respectées. Les Premières Nations sont venues exprimer leur insatisfaction sur la
base de la procédure. On les comprend. Ils sont quand même venus passer des
commentaires positifs, mais, je dirais, plutôt négatifs, des
critiques — mais
des critiques, ça peut être aussi
constructif, ça peut être une critique constructive, il faut
le voir comme ça — sur
le projet de loi, son essence ou, du moins, sur une partie
des ingrédients du projet de loi, à savoir sur toute la question environnementale.
Sur l'ensemble
du projet de loi n° 66, M.
le Président, il y a
une chose qui est vraie, il y a une chose qui est vraie, c'est qu'il n'y a pas personne qui a contesté la validité de la relance économique.
D'ailleurs, on n'a pas entendu personne dans
les oppositions, nous inclus,
critiquer le fait que ça avait un impact sur la relance économique. Bien au
contraire, nous sommes pour la
relance économique. Nous lui accordons beaucoup, beaucoup d'importance, mais
permettez-moi tout de même de me questionner sur la nécessité du projet
de loi n° 66.
J'ai pris
connaissance du projet de loi n° 66 puis je suis d'avis que la plupart des
projets qui sont inclus au projet de
loi sont réalisables dans un projet de loi spécial ou plutôt via des pouvoirs
spéciaux pour réaliser ces projets-là. Je vais donner l'exemple de projets d'infrastructure que je connais bien, je
vais nommer des projets dans le comté de Vaudreuil parce qu'il y en a
dans les 181 projets qui sont listés ou qui sont énumérés dans le projet
de loi n° 66.
Il y a des
projets, il y a des dossiers qui concernent ou, en fait, qui sont dans le comté
de Vaudreuil, particulièrement un projet super important, un dossier
majeur, le dossier de l'hôpital. Bon, là, je ne sais pas si je l'appelle
l'hôpital Gaétan Barrette ou l'hôpital
Vaudreuil-Soulanges, là, j'hésite encore. Mais, enfin, on va dire l'hôpital
Vaudreuil-Soulanges. Alors, bien,
l'hôpital Vaudreuil-Soulanges, vous le savez, c'est un projet important pour la
communauté tant de Vaudreuil, de
Soulanges, mais aussi pour combler, là, les besoins des régions alentour. Juste
trouver le terrain de l'hôpital, là, ça a dû prendre 10 ans. Ça a pris 10 ans, mais ça a été une belle
consultation, une belle consultation des gens du milieu. Puis je le rappelle,
ce terrain-là, il a été identifié, puis ce terrain-là, il est à la jonction de
deux autoroutes. C'est sur un terrain contaminé
où il y avait une ancienne station d'essence, où il y a eu des déversements. Ça
fait que ce terrain-là doit être en partie décontaminé. Il est impropre
à la culture puis il va probablement être construit après la décontamination.
J'insiste à ce point-là juste parce qu'il a été
dans des débats de fin de séance, là, mentionné entre autres par la ministre des Affaires municipales que le terrain
de l'hôpital était comparable à ce qui se faisait dans la MRC de Montcalm.
Donc, je me permets de spécifier que, non,
le terrain de l'hôpital n'est pas de l'étalement urbain. Il n'y a aucun lien,
aucun lien, à part un avis favorable.
Mais un avis favorable, là, il faut quand même regarder le contenu, pourquoi on
donne un avis favorable.
Je me permets
aussi de rappeler que, quand je dis que le projet de loi n° 66 n'est pas
nécessaire pour la réalisation de
l'hôpital Vaudreuil-Soulanges, c'est parce que le dossier va bien. Le dossier
chemine bien. Le dossier est dans un processus et est en voie de réalisation. Puis j'en parle parce que ça me choque
puis parce que ça vient me chercher quand je lis dans mes journaux locaux en gros titre, puis j'imagine
que ça vient de certains communiqués
à trous, mais quand je vois dans des
gros titres que le projet de l'hôpital va être devancé avec le projet de loi
n° 66, bien... Mais non, mais non. Puis je dis «mais non» parce que, moi, les citoyens appellent
au bureau pour savoir : Ah oui? Combien de temps d'avance l'hôpital va
être prêt? Bien, écoutez je vais faire des appels, je vais vérifier ça.
Donc, j'ai vérifié, j'ai vérifié avec le bureau de projet, j'ai
vérifié avec la SQI. Je participe aussi au comité de voisinage une fois tous
les trois mois, puis je l'ai posé la question au comité de voisinage qui a eu lieu le 8 octobre dernier. Puis d'ailleurs,
dans le compte-rendu du comité de voisinage, il y a un point où on note
mon intervention, puis je me permets de le lire : «À la période des
questions, Marie-Claude Nichols demande quelles répercussions sont à prévoir
avec le dépôt de loi n° 66 accélérant la livraison des divers projets de
construction, dont l'hôpital Vaudreuil-Soulanges. M. Mayrand mentionne que
la SQI analyse présentement la situation en fonction des paramètres du projet
de loi. M. Veilleux mentionne que le projet de loi suit actuellement un
échéancier rigoureux et que le projet de loi ne pourrait pas faire devancer l'ouverture de l'hôpital
de plusieurs années.» Sincèrement, là,
on est en train de construire un l'hôpital, on a un échéancier, là, quand je vous dis un
échéancier bien précis, là, je pourrais vous faire 20 minutes juste pour vous expliquer le dossier de l'hôpital,
qui est un dossier supercomplexe, mais toutes les étapes sont déjà prévues et toutes les étapes sont
suivies. Donc, je ne vois pas quelle étape qu'on peut couper ou qu'on peut
passer par-dessus pour accélérer, tout est déjà prévu.
Donc, l'hôpital,
moi, je le confirme aux citoyens. Puis je pense que ce serait important qu'on
arrête de mettre dans les journaux locaux des gros titres comme quoi le
projet de l'hôpital est un projet intéressant pour les Soulangeois et Soulangeoises, qui touche les principaux projets
de la région, mais que le gain de temps offrirait des grands chantiers...
offrirait un grand chantier pour une
ambition... que le projet de loi serait devancé de quelques années... que l'hôpital
serait devancé de quelques années par
le projet de loi n° 66. En fait, je trouve ça vraiment dommage qu'on
véhicule ce type d'information là, parce que, rappelons-le, là, ce n'est
pas rien, là, c'est un bien public pour nos citoyens.
Quand je dis
que ne comprends pas la nécessité de mettre ça dans le projet de loi n° 66, il y en a d'autres aussi, projets qui concernent le comté de Vaudreuil. Il y avait,
entre autres, l'aménagement d'une voie réservée à gauche dans la bretelle
de l'autoroute 30 Ouest vers
l'autoroute 40 Est, qui est une voie dans l'embranchement. Je suis
surprise qu'on mette ça dans un projet de loi n° 66 parce que je ne
vois pas c'est quoi, la relance économique ou je ne vois pas comment ça va accélérer. Ça fait deux ans qu'on propose
même de faire un projet pilote, puis ici, là, on parle de lignage. On parle de
lignage. C'est dans une courbe, la
courbe a la bonne largeur, c'est validé par le ministère des Transports. Tout
ce qu'on parle, c'est de faire du lignage au sol. Bon, O.K., le projet
de loi va... En quoi le projet de loi n° 66 va devancer le lignage au sol?
Écoutez, je trouve ça... Encore là, tu sais,
j'étais surprise. Bien, écoute, je ne peux pas dire que je ne suis pas
contente. Moi, je suis contente de
voir que ces projets-là font partie de la relance économique puis ça va être
plus rapide, là, tant mieux, mais, tu
sais, je ne vois pas la nécessité qu'on passe un projet de loi de cette
envergure-là puis qu'on mette des projets comme ça dedans.
J'en ai un,
projet, par exemple, j'en ai un, un projet superimportant. Un projet
que j'ai parlé, entre autres, à l'étude de crédits au ministère des
Transports, au ministre des Transports, puis un projet important sur lequel même le
maire de Vaudreuil-Dorion a envoyé une lettre au premier ministre en
juillet dernier, en lui disant : «J'ai votre projet de relance économique.
Si vous en voulez un par région, j'ai celui-là de Vaudreuil-Soulanges, je vous
propose — et
c'était le 22 juillet 2020 — je vous propose une voie de contournement de
l'autoroute 20 à Vaudreuil-Dorion, un projet idéal pour la relance
économique.» Puis, quand je dis un projet idéal, là, croyez-moi, là, c'est un
projet... Il n'y a pas d'enjeu environnemental, il n'y a pas de question
d'acceptabilité sociale, c'est réglé, les terrains sont déjà identifiés, sont
déjà expropriés, on n'a pas besoin de
rentrer dans les grands projets de la SQI, c'est en bas de 100 millions de
dollars, et ça vient régler les
problèmes d'accès sécuritaires... les problèmes d'accès à l'autoroute 20.
Puis, même, on a un problème, là, en face
du poste de police de la Sûreté du Québec, où il y a de nombreux accidents.
Puis j'en profite pour dire que le problème de l'autoroute 20, c'est qu'on est la seule partie à travers le Canada
où l'autoroute 20 est un boulevard urbain avec des feux de
circulation.
• (16 h 20) •
Et on a un projet de relance économique, un beau
projet avec une voie de contournement pour la partie de Vaudreuil-Dorion facile à faire, là, vraiment pas compliqué, là. Je l'ai
montré au ministre des Transports, il m'a dit : Oui, Marie-Claude, c'est beau, c'est intéressant. On a
reçu une réponse aussi du premier ministre, le 6 août 2020, qui vient
nous dire qu'il connaît le coin parce
qu'il connaît le coin, le premier ministre, là, Sainte-Anne-de-Bellevue, c'est
juste, juste, juste à côté de mon comté, donc, il connaît le coin, il
connaît l'autoroute 20, il l'emprunte pour aller visiter sa famille
parfois à Sainte-Anne-de-Bellevue, ça fait
qu'il le connaît, le dossier. Ça fait que quand on lui propose comme ça un
projet comme celui-là, bien, c'est
sûr que ça retire son attention, puis il vient nous dire : Bien, ça
permettrait en effet de laisser la place... c'est une belle voie de contournement, c'est potentiellement un beau
projet de relance économique, puis on espère avoir la collaboration des partis de l'opposition afin de
s'assurer une relance économique rapide et réalisable. Alors, j'en profite,
de mon temps de parole, pour dire que
j'assure au premier ministre, j'assure au gouvernement toute ma collaboration,
ne serait-ce que pour ce projet-là, qui est un projet de relance
économique facile, facile.
Ça, ça aurait
pu être... Ça, c'est quelque chose qu'on aurait pu faire en accéléré dans le
projet de loi n° 66. Ça, ça nécessite qu'on y jette un oeil,
pas le dossier de l'hôpital qui est déjà tout canné puis qu'on vient de nous
dire qu'il va falloir le devancer. On ne
peut pas. Mais ça, ça, c'est des beaux projets de relance économique. Puis
c'est sorti aussi, parce qu'il y en a
eu, des consultations par région : Montrez-nous, là, des projets
intéressants par région pour la relance économique, on pourrait les mettre dans le 66. Il y en a eu
une, tournée comme ça, bien que ça avait déjà été fait aussi, je pense, c'est
voilà deux ou trois ans, avec le programme
FARR. Donc, des projets, là, de relance économique, il y en a, là, de tablettés
un peu partout dans les municipalités, dans
les MRC. Je pense que ça vaut la peine de les ressortir puis d'y jeter un coup
d'oeil.
Quand je
parle aussi, là, de la pertinence du projet
de loi n° 66,
bien, j'ai écouté la commission parlementaire, puis je vous dirais qu'à peu près tout le
monde est venu nous dire que ce n'était pas nécessaire, que ce n'était pas
nécessaire. Puis il y a beaucoup
d'exemples qui nous ont été cités. Moi, je vous ai cité des
exemples, là, du comté de Vaudreuil, mais je
vais donner des exemples qui ont été cités en commission parlementaire. Je vais donner, par exemple, les maisons des
aînés. Pour lancer un projet aussi simple
que des maisons des aînés, bien, ça prend juste une décision, une seule, le
nombre de lits
de la maison des aînés. C'est tout. Le reste, là, le reste, ça prend l'autorisation, mais on détermine le nombre de places. Puis ça, bien, c'est normé puis c'est tant de places. Puis tant de
places, c'est 400 000 par place.
Puis, bien, voilà, voici le budget.
C'est terminé. C'est une décision ou une orientation politique. C'est tout. Ça
fait que ce n'est pas nécessaire de le mettre dans le projet de loi n° 66. C'est pour ça que je me questionne sur l'utilité du
projet de loi n° 66.
Les écoles,
c'est la même chose. Au moment où on se parle, les écoles, ça n'avance pas, ça
n'avance pas. Puis ce n'est pas à
cause qu'il n'y a pas le projet de loi n° 66 que ça n'avance
pas, c'est parce qu'il y a précédemment eu le projet de loi n° 40. Puis là il y a un
petit peu de bisbille, là, du tirage de cheveux entre les commissions
scolaires, les centres de services scolaires, puis les municipalités parce que
les municipalités, ça ne leur tente pas nécessairement d'exproprier un parc ou de donner un terrain à titre... et je dis
bien de donner, donc c'est un don, là, ils vont exproprier, mais ils vont
donner un terrain à la commission
scolaire. Puis je peux donner l'exemple... La même chose pour la maison des
aînés, à Beauharnois, qui est un
comté voisin. Il y a Vaudreuil, Soulanges et Beauharnois, et, à Beauharnois,
c'est un parc qui a été identifié pour faire
une maison des aînés. Les gens ne sont pas contents. Les gens du milieu, ils
perdent leur parc pour une maison des aînés. Décision... Pourquoi on
fait ça? Je ne sais pas, je ne sais pas.
Je vais
essayer d'aller un petit peu plus vite parce que j'ai bien des dossiers que
j'aimerais pouvoir échanger avec vous,
mais je vais y aller avec ma préoccupation, entre autres, au niveau de
l'environnement. J'ai l'impression que le projet de loi n° 66, bien, c'est comme opposer l'économie à
l'environnement. Je pense que l'environnement, on est en 2020, là, on
doit une attention particulière à l'environnement. Vous le savez, le monde
municipal — puis
je suis une ancienne mairesse, une ancienne
préfète — puis
souvent, dans le monde municipal, on le sait que la bibite noire, c'est
l'environnement. On veut faire un
projet, on a tout le temps l'Environnement dans les pattes. Mais je pense que
ce n'est quand même pas une raison pour passer outre l'environnement.
Je pense que
la solution, ce n'est pas le 66. Je pense sincèrement que la solution, là,
c'est de réformer le ministère de
l'Environnement. Les groupes qui sont venus en commission nous ont dit :
Le problème, c'est le fonctionnement du ministère de l'Environnement. Puis parlez-en aux élus municipaux, ils
vont le dire, c'est ça, le problème. C'est ça le problème. Un, il n'y a pas assez de monde au ministère de
l'Environnement, puis ce n'est pas parce que le Québec n'a pas des experts.
Au contraire, là, le Québec a de la
main-d'oeuvre qualifiée, là. Donc, ce n'est pas ça, le problème. Le problème,
c'est le fonctionnement du ministère de l'Environnement.
Une
municipalité veut faire un projet, bon, elle ne peut pas faire le projet tant
qu'elle n'envoie pas tel document. Elle envoie tel document, l'échéancier repart à zéro, on repart le compteur à
zéro. Renvoie l'autre document, le document est incomplet, donc on repart le compteur à zéro. Ça fait que c'est les
échanges, c'est ça, la problématique, c'est qu'il n'y a pas assez de gens sur le terrain pour accompagner nos
municipalités pour faire des projets. Donc, tout le monde est venu le dire,
hein, tout le monde est venu le dire. Tout
le monde est venu le dire, en commission parlementaire, avec un exemple
différent. Les 26 groupes, tout
le monde est venu nous dire : On n'a pas la main‑d'oeuvre suffisante pour
livrer la marchandise. Le ministère de
l'Environnement n'a pas la main-d'oeuvre suffisante. Même la Vérificatrice
générale, les groupes environnementaux,
les municipalités, les entrepreneurs, tous sont venus d'une seule voix pour
nous dire que c'est un problème de main-d'oeuvre.
Donc, je vais
encore citer mon collègue de La Pinière pour vous faire rire un peu. Mais
mon collègue de La Pinière disait :
«Si ce gouvernement, parce qu'il se trouve un intérêt dans la défende de la
langue française, engage 50 personnes à pied levé pour l'Office
québécois de la langue française, bien, dites-moi, quelqu'un, pourquoi il n'y a
pas un tel effort d'embauche en
environnement? Il faut que l'environnement devienne une priorité puis, pour ce
faire, ce n'est pas avec des projets
de loi 26 qui vont venir faciliter les règles en environnement ou passer
outre des règles en environnement, ce n'est pas ça, la solution.» Et je pense que c'est clair, je pense que tout le
monde, tout le monde est venu nous le dire. Donc, voilà.
Juste,
peut-être, un petit mot sur les
expropriations. Je ne suis pas une experte en expropriation, mais
définitivement mon oeil d'avocate a
accroché sur un point bien précis en lien avec l'expropriation dans ce projet de loi là. En fait, le législateur
vient de se mêler de ce que le juge fait, et
ça, théoriquement, ce n'est pas
constitutionnel. Donc, il y a actuellement, là, des causes qui sont devant la
cour, qui sont devant le juge, puis les gens plaident, puis le projet de loi n° 66, bien, ça vient arrêter la procédure, et ça, moi, j'ai un
profond malaise avec ça.
Alors, voilà.
Quand on nous dit qu'il faut travailler ensemble, bien, comme j'ai dit
précédemment, toutes les oppositions sont pour la relance économique, mais
faisons-le correctement, faisons-le de façon intelligente. Et, notre
collaboration, on est toujours là, on tend toujours la main. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Vaudreuil.
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, M. le Président. J'espère que vous allez bien aujourd'hui. Alors,
p.l. n° 66, qui donne suite au p.l. n° 61.
On se rappelle qu'au printemps dernier, on nous avait vanté les mérites du p.l.
n° 61 pour relancer l'économie.
Et, à ce moment-là, je trouvais ça un petit peu bizarre que l'ensemble de la
relance économique était basée sur un plan d'infrastructures de construction.
Et aux mois de mars, avril, mai et juin, nous avons dit et répété, à plusieurs
reprises, merci à nos anges gardiens,
et ces anges gardiens, il y en a beaucoup, là-dedans, ce sont des femmes, et ce
sont aussi ces mêmes femmes qui mériteraient aussi de faire partie de
cette relance économique. Quand on dit que plusieurs ont perdu leur emploi, bien, au premier chapitre, ce sont
encore des femmes. En construction, vous savez, M. le Président, il y a combien
de femmes qui oeuvrent dans ce métier? Moins de 2 %. Comme si la
relance économique est supportée à 98 % par des hommes. J'aime bien les hommes, hein, quand même. Par contre...
J'entends mon collègue le député de Marquette avoir un
petit fou rire, et maintenant, de l'autre côté de la Chambre, donc, j'ai toute
votre attention maintenant, j'en suis très consciente et très reconnaissante
aussi.
• (16 h 30) •
Alors,
messieurs, sincèrement, j'ai besoin de vous. Même vous ne pouvez pas être
d'accord que 98 % de l'effort collectif
va relever uniquement de vous, ça doit aussi relever de nous, les femmes, et, à
ce chapitre, nous devrions avoir une
discussion pour une relance économique féminine. Vous savez que nous occupons
maintenant 51 % du poids de la population.
On n'a pas encore 51 % ici, au salon bleu, mais nous y travaillons très
fort tous ensemble, et je me suis dit que ce serait une très belle
opportunité pour se dire les vraies choses.
C'est qu'on sait particulièrement que, souvent,
quand on réfléchit en matière économique, on rentre dans une chambre — là, je ne parle pas d'une chambre de hockey,
je parle bien d'une chambre économique — où est-ce qu'il y a plusieurs hommes. Et moi, j'ai été, avant ici mon
saut en politique, fiscaliste. Savez-vous combien de fois je suis arrivée
dans des réunions où j'étais la seule femme? Bien, très, très, très souvent.
Et l'instinct fait souvent qu'on pense par
rapport à ce que nous, on connaît à titre d'homme ou à titre de femme. Comme par exemple, vous voyez, moi, maintenant, à
titre de femme, je me lève, bien, pour l'ensemble des femmes. Donc, je
vais défendre une cause. Et là ma cause que j'ai envie de vous parler, c'est de
la relance économique au féminin.
Alors, moi,
je pense que le p.l. n° 66, on ne peut pas dire que c'est la pierre
angulaire pour la relance économique. Et
je comprends que le ministre des Finances, le ministre de l'Économie et de
l'Innovation, le Conseil du trésor étaient aussi, à ce moment-là, un
monsieur, alors tous ces beaux monsieurs... Je dis «beaux monsieurs», en plus.
Et tous ensemble... Je parle du p.l. n° 66, si vous permettez. J'entends votre entrain. Vous aurez l'occasion de
vous prononcer et de vous exprimer avec
le même engagement que moi, j'en suis persuadée. Alors, quand je parle de ces
trois hommes, qui, ensemble, ont décidé d'écrire le p.l. n° 66,
bien, dans leurs têtes, c'était évidemment la relance économique en
construction. Je comprends l'importance
d'investir dans nos infrastructures, mais je vous appelle aussi à penser à une
relance économique qui va s'assurer que
ceux, notamment, qui ont perdu leur emploi... Parce qu'effectivement il y a eu
plusieurs pertes d'emploi, non seulement ici, au Québec, mais ailleurs aussi
dans le monde. Plusieurs parlent de récession. Alors, il va falloir qu'on parle
éventuellement d'une relance
économique et même probablement de requalification. Alors, ça, c'est quelque
chose qu'on devra discuter et qui, malheureusement, ne fait pas partie du p.l. n° 66, parce qu'il est très, très axé sur un plan d'infrastructures.
Alors, où est le vrai plan de relance économique?
Alors,
maintenant, maintenant, nous avons au Conseil du trésor une femme, ce qui nous
ouvre la voie à avoir une discussion
encore plus intéressante tous ensemble. Et, en plus, moi, je connais ses
habiletés juridiques, et je sais qu'elle est capable d'argumenter, et je suis persuadée... Ah! Oui, oui. Vous aussi,
hein? Je vois que vous avez des caucus avec beaucoup, beaucoup de verve. Alors,
je suis convaincue que, là-dessus, on pourrait ensemble travailler puis se dire
que nous avons aussi une occasion, au
Québec. Parce que, face aux défis que nous faisons aujourd'hui, notre effort
collectif avec la guerre contre la COVID, ça nous a aussi jeté en pleine
figure que nous avons besoin de développer une certaine autonomie sanitaire, sécuritaire, alimentaire et numérique. On a
maintenant, devant nous, là, des obstacles, on les connaît, on peut les
franchir. Quand on dit Maîtres
chez nous, ce n'était pas un vulgaire slogan dans les années 60,
c'était notre mode de vie. Maîtres chez nous, ça veut dire que, oui,
nous sommes maîtres de notre destin, parce que nous sommes capables d'avoir les
coudées franches.
Et pourquoi je le dis, Mme la Présidente? Bien,
savez-vous que, les médicaments, là, 70 % des ingrédients des médicaments proviennent de deux autres pays
étrangers? Puis savez-vous quoi? Pendant la pandémie, bien, il y a des
inventaires qui étaient pris dans d'autres ports.
Alors, dans
cette relance économique, pourquoi qu'on ne réfléchit pas tous ensemble à
développer cette autonomie sanitaire,
sécuritaire, alimentaire? Bon, vous voyez. Est-ce que c'est normal que
l'Ontario a plus de serres agricoles que nous, le Québec, malgré que nous avons
une électricité verte à moindre coût? On pourrait réfléchir à ça dans cette
relance économique. Mais le projet de loi n° 66 se concentre uniquement sur les
infrastructures, ce qui est bien, mais on peut faire mieux. Puis moi, je sais qu'on a tous ici envie de
toujours faire mieux. En plus, on pourrait le faire ensemble, serait
intéressant.
Alors,
prenons, par exemple, si on y va... sincèrement, j'ai vu, dans le projet de loi n° 66, beaucoup d'écoles. Vous connaissez mon amour
pour les écoles. Alors, c'est sûr que je ne suis pas insensible. Par contre,
vous savez que j'ai aussi siégé au projet de loi n° 40, qui est maintenant la loi n° 40, et que, à grande surprise, vers 0 h 15 la nuit de
l'adoption de ce projet de loi sous
bâillon, il y a eu un amendement qui a été lu, je pense qu'il durait environ
11 minutes. C'était un député de
Hull qui avait la lourde tâche de lire l'amendement qui était très, très,
très long. Je pense qu'on l'a même applaudi à la fin tellement que
c'était long. Et cet amendement-là prévoit déjà qu'on peut... que les villes
doivent exproprier un terrain et, par la
suite, le donner pour faire des écoles. Or, je me pose la question : Si
vous avez déjà la loi n° 40 qui le prévoit, pourquoi vous en avez besoin au p.l. n° 66? Bien, je me pose
vraiment la question, parce que vous l'avez déjà, ce pouvoir.
Et
finalement, tout l'été, il y a certaines choses qu'on aurait pu faire pour les
écoles. Puis vous allez me dire : Oui, mais qu'est-ce qu'on aurait
pu faire pour les écoles? Bien, cet été, il y avait déjà des études pour la
transmission de la COVID-19 par moyen aérosol. Donc, imaginez, Mme la
Présidente, que quelqu'un entre nous, ici, est infecté et que la personne est même à deux mètres de distance, un
peu la distance qui vous sépare vous et moi. Mais, malgré qu'on a une distance sécuritaire, certaines études démontrent
que je pourrais, par exemple, vous infecter. Mais soyez sans crainte, aux
dernières nouvelles je ne suis pas infectée et j'espère le rester ainsi.
Mais pourquoi je vous en parle? C'est que
l'étude est sortie, une de ces études est sortie, plusieurs intervenants dans le milieu scolaire ont dit : Bien, c'est
le temps, maintenant, l'été, pendant qu'il n'y a pas d'enfant dans
nos classes, de travailler sur la
ventilation. On aurait pu le faire. Alors, au mois de juin, il n'y avait pas d'enfant, au mois de juillet non plus, jusqu'à à peu près le
28 août. Savez-vous qu'est-ce qu'on a fait pendant cette période? Bon,
bien, le gouvernement a beaucoup
tourné. Alors, c'était la période de tournée. Donc, c'était l'été. Donc j'ai,
comme plusieurs, hein, moi aussi, hein, j'ai fait comme le
premier ministre, je suis allée aussi, moi, sur les terrasses quand même.
J'aime bien les terrasses.
Bien, une fois j'ai dit
ça, mais, une fois qu'on a tourné puis qu'on a vanté les mérites du projet de
loi n° 61, parce qu'à l'époque c'était
le projet de loi n° 61, il n'en reste pas moins que, pendant ce temps-là,
dans les écoles, on n'a pas travaillé
sur la mise à niveau des systèmes de ventilation et d'aération. Mais vous savez
quoi? Moi, je fais partie de ceux qui
pensent que ce n'est jamais trop tard pour bien faire. Surtout que, maintenant,
on le sait, hein? Il y a plusieurs écoles qui sont infectées.
Je salue au passage le député de Beauce-Sud.
Alors, vous aussi, j'imagine, et vous hochez de la tête, vous êtes d'accord que la ventilation dans les écoles, c'est
très important et qu'il n'est pas trop tard pour y remédier parce qu'on a a coeur la santé et la sécurité de tous les
enfants du Québec. Alors, ça, ce serait bien d'avoir une note plus précise
là-dessus pour les écoles.
Et
maintenant, une fois qu'on a des terrains, Mme la Présidente... Parce que, de
l'argent, il y en a. Le problème que nous
avons, c'est de trouver le terrain. Certaines personnes pensent... je pense,
c'est le député de Montcalm... Est-il avec nous aujourd'hui? Non, on n'a pas le privilège de l'avoir. Mais,
imaginez, vous avez une somme d'argent puis on vous dit : Trouvez un terrain. Certaines personnes vont
prendre juste la carte puis dire : On va le mettre là, le terrain. Le
problème : les milieux humides.
Je sais que ça peut être fatigant de parler des milieux humides pour certains,
mais pas pour moi, c'est important.
Alors, si on veut construire, il faut avoir un
plan stratégique, un plan d'aménagement. On ne peut pas construire n'importe
où, n'importe comment.
Une voix : ...
Mme Rizqy :
Bon, je sais que certains diraient : C'est encore drôle. Mais, de façon
plus sérieuse, Mme la Présidente... C'est
difficile parce que, quand... une fois que j'ai un fou rire, c'est difficile
pour moi de me départir de mon fou rire. Vous comprenez, en ce moment,
mon désarroi, hein, qui essaie de... ouf! de redevenir sérieuse.
Alors, effectivement, c'est encore drôle. Mais,
de façon plus sérieuse, ce serait très intelligent d'avoir un plan d'aménagement,
pour le Québec, cohérent. Comme ça, ça va nous éviter de devoir, un jour, avoir
la discussion si, oui ou non, on va avoir l'autoroute avec la sortie de
Louis-Charles-Thouin ou pas.
Une voix : ...
• (16 h 40) •
Mme Rizqy : Ah! désolée. Je
m'excuse, je pensais que ça aurait été tout honneur pour lui. Je voulais
vraiment l'honorer. Mais je vois que ce n'est pas tout le monde qui, un jour,
souhaite peut-être avoir soit une sortie d'autoroute ou peut-être même... il y en a même qui ont le privilège d'avoir déjà,
je pense, une chambre de hockey dans leur propre aréna. Ce n'est pas rien, ça. Le député de Beauce-Sud a
déjà ça. Moi, je n'ai même pas ça dans mon comté, une chambre de hockey
à mon nom. Alors, félicitations à vous!
Mais, en
attendant, de façon plus sérieuse, là, imaginez si on commence à construire à
droite puis à gauche sans tenir
compte d'un plan structuré. Qu'est-ce que ça va mener? Bien, ce qu'on voit
déjà : de l'étalement urbain. Mais pire que ça. Les milieux humides,
évidemment, font partie d'une composante. Et là je le sais, je ne suis pas
moi-même une experte de tout ce qui est
biodiversité, mais la bonne nouvelle, c'est que nous avons ici, au Québec, des
chercheurs, des scientifiques, et ces
mêmes scientifiques nous disent : Oui à l'économie, mais on doit le
conjuguer dans le respect de notre environnement. Et ici je dis «notre
environnement», notre environnement québécois.
L'environnement
québécois, nous avons une obligation de le préserver. On est capables de faire
de grandes choses, nous l'avons déjà
fait et nous le ferons encore. Mais encore faut-il s'occuper correctement de
nos terres, nos terres agricoles. Et
ce que moi, j'ai de la misère à réconcilier... Vous vous rappelez, d'entrée de
jeu, je vous ai parlé de l'autonomie sanitaire et sécuritaire. J'ai
aussi parlé de l'autonomie alimentaire. Où est-ce que j'ai de la misère à
réconcilier, c'est l'autonomie alimentaire.
Moi, j'étais très contente d'entendre le premier ministre en parler. Par
contre, comment pouvons-nous réconcilier cette volonté gouvernementale d'autonomie alimentaire lorsque nous
allons continuer d'empiéter sur des terres agricoles? Je me pose la question à haute voix. Si quelqu'un
a la réponse, il peut me la souffler, hein? Non, hein? Moi, non plus. Donc,
habituellement, on dit : Qui ne dit mot
consent. Donc, je comprends, par ce silence assourdissant, que vous êtes
d'accord avec moi que c'est difficile de réconcilier.
Donc, si on
croit vraiment à l'autonomie alimentaire, donc au Québec, là, que nous serons
capables de développer davantage des
produits québécois locaux, imaginez... Arrêtons d'acheter des framboises qui
viennent apparemment du Chili puis,
finalement, on se rend compte que ça vient de la Chine. Ouf! Honnêtement, on
est capable de le faire ici, au Québec. D'ailleurs, nos bleuets, nos
mûres, nos framboises sont très excellentes, au Québec, excellentes. On est
capables, en plus, avec des serres...
Vous savez
que moi, j'ai des Fermes Lufa dans mon comté, Saint-Laurent. Tout ce qu'on
est capable de faire dans Saint-Laurent... Et ailleurs aussi au Québec,
ne soyez pas jaloux parce que j'ai le plus beau comté au Québec,
là. On fait de grandes choses parce qu'on innove. Ah! il y en a un qui est un
petit peu jaloux, hein? Bien, j'irai peut-être vous visiter, voir si
vous êtes vraiment mieux que nous, à Saint-Laurent, mais je serais très
étonnée.
Alors, Mme la
Présidente, si vous permettez, je vais me référer un petit peu maintenant à mes
notes, parce que je vois que le temps file et je veux m'assurer de ne
pas avoir tout oublié. Alors, l'école, c'est fait. Autonomie alimentaire...
Ah! Surchauffe. Est-ce que vous n'êtes pas à la
surchauffe en construction? Non, hein? Bon. Je me suis déjà levée ici, en Chambre, parce que j'avais reçu la
lettre de la commission scolaire Marie-Victorin. Pourquoi que je vous en
parle? C'est que cette lettre disait déjà
qu'il y avait une surchauffe bien avant la pandémie, bien avant le p.l. n° 61 et bien avant le p.l. n° 66, surchauffe en construction dans les écoles, 30 % de plus cher.
Pourquoi? Parce qu'évidemment, quand on dit : Ça
coûtera ce que ça coûtera, comme le premier ministre a si bien dit ici, en
cette Chambre, en une réponse à une question
sur les maternelles quatre ans, alors, bien, ce mot-là, là, qui a été dit, les promoteurs ont compris, ça coûtera ce que ça coûtera. Alors, peut-être que certains ont décidé de peser plus fort sur le
crayon ou, ou, ou ce que moi, je pense qu'il est vraiment arrivé, pénurie de main-d'oeuvre et, par conséquent, les
prix ont augmenté. Et la pénurie de main-d'oeuvre, on ne peut plus l'ignorer. Je me suis levée
souvent en Chambre pour parler de la pénurie d'enseignants, mon collègue de
Nelligan s'est époumoné à vous parler de
pénurie de main-d'oeuvre pendant des mois, et j'ai bien senti qu'il prêchait
dans le désert. Mais j'espère
qu'aujourd'hui vous êtes dans le même désert que nous et que vous avez compris
que, dans ce désert, bien, la main-d'oeuvre se fait aussi rare que
l'eau.
Alors,
c'est là-dessus que j'aimerais vous faire porter une attention particulière. Et
comment qu'on peut remédier à ça, à
cette surchauffe? C'est peut-être d'avoir un plan plus structuré, de la
cohérence dans ce qu'on va développer, prioriser. Gouverner, c'est aussi
faire des choix. Des fois, c'est difficile.
Et
j'aimerais... un autre point, si vous permettez, parce qu'il me reste quand
même un peu de temps. Quand on donne des
contrats dans l'urgence, même si on ne veut pas... vous connaissez, hein,
l'expression : Là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie. Alors, qu'est-ce que qu'il va
arriver? Généralement, on l'a vu dans le passé, peu importe aux endroits,
différents ordres de gouvernement, il
y a toujours quelqu'un qui s'essaie tout le temps, va toujours vouloir s'essayer à contourner les règles,
tout le temps. Ça, ce n'est pas la faute de qui que ce soit ici, là.
Mais,
nous, ce qu'on peut faire, on peut être brillants, on peut les voir venir à
l'horizon puis dire : On va vous mettre un BIG. Pas un Big Brother — je vous vois sourire — un BIG comme un bureau d'inspection, donc un
bureau de surveillance, bien, comme
le Bureau de l'inspecteur général, à Montréal, qui, lui, aura l'obligation, le devoir, la responsabilité de vraiment regarder les
contrats et se dire : Hum! il
n'y a pas de fumée sans feu, ce
contrat a l'air douteux, je vais le regarder, je vais le vérifier. Et, si jamais il y a
faute, nous sanctionnerons. Ça, je crois sincèrement que ça doit faire
partie du projet de loi. Ce serait
un bon rempart pour s'assurer que les contrats
publics du gouvernement, donc avec l'argent sonnant des Québécois, chaque dollar investi sera bien investi et non pas
contourné. Et ça, ici, vu que je vois plusieurs de vos sourires, je comprends
que vous êtes d'accord avec moi, et ça me
soulage. Alors, j'ai hâte de voir les amendements à cet effet qui seront
adoptés, j'espère bien, à
l'unanimité, parce qu'on le doit à chaque citoyen, parce qu'eux travaillent
aussi fort sinon plus pour gagner chaque dollar, et ce n'est pas vrai qu'ils
iront dans les poches de personnes mal intentionnées, Mme la Présidente.
En
terminant, bien oui, toute bonne chose a une fin, j'aimerais vous parler,
effectivement, de la relation avec les peuples
autochtones. Plusieurs d'entre eux le disent, les discours-fleuves, ils n'en
veulent pas. Ce qu'ils veulent, c'est des actions, des gestes. Quand on parle de main tendue, bien, il faut savoir
la saisir. Les peuples autochtones vous ont demandé d'être entendus, consultés, veulent être des
parties prenantes à ce plan. Il y a des territoires ici qui sont touchés. Je
crois que l'annonce d'un nouveau
ministre... Je vous vois sourire parce que vous vous attendez à ce que je vais
dire, hein, la suite des choses,
hein, le suspense. Alors, nous avons un nouveau ministre, alors peut-être
qu'aujourd'hui, avec ce nouveau ministre,
nous serons capables d'entendre correctement les voix des peuples autochtones,
de travailler avec eux, de s'assurer que
leurs propositions sont entendues mais aussi leurs préoccupations et que, cette
fois-ci, cette main tendue sera réelle et qu'elle sera réalisée à
travers ce projet de loi n° 66.
Alors,
Mme la Présidente, oui pour la relance économique de façon encadrée
et surtout en équipe, toute l'équipe du Québec. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Content d'être ici aujourd'hui. On a passé quand même une fin de semaine assez difficile, ça n'a pas été
évident. En tant que porte-parole de l'opposition
officielle de la Capitale-Nationale, j'ai été affecté, tout comme
vous, et j'aimerais prendre l'occasion pour offrir mes sympathies à toutes les
familles qui ont été touchées.
Également, l'ancienne première dame des États-Unis, elle disait :
«When they go low, we go high.» Il ne faut pas succomber à la peur. Alors, je veux juste dire aux gens, les collègues
également, également aux femmes ici, à l'Assemblée
nationale, qui sont nombreuses : N'ayez crainte. Si vous avez besoin de
raccompagnement, je suis persuadé qu'il va y avoir des collègues qui vont être là, qui vont être capables de vous
supporter. Ce n'est pas toujours évident, mais ça va prendre un certain temps, et la normalité va revenir à la
normale, si vous me permettez l'expression. Et surtout ne pas succomber
à la peur.
• (16 h 50) •
Ceci
dit, projet de loi n° 66 qui...
je vais vous lire l'article, là, le titre, parce que... Loi concernant
l'accélération de certains projets
d'infrastructure. La relance est... Mon Dieu, le mot «relance», les mots
«relance économique» ont disparu. Pas
surpris, Mme la Présidente, parce que c'est la deuxième mouture, là, du projet
de loi n° 61. Même si on a changé le chiffre, il y a quand même un
ancêtre, qui n'a pas vu le jour, et tant mieux, parce que c'était une attaque
frontale, Mme la Présidente, à notre
démocratie. C'était une attaque frontale, et je répète les mots, là. On parle
d'expropriation non contestable, des contrats donnés sans appel
d'offres, l'environnement bafoué, l'impossibilité de poursuivre le gouvernement
et ses membres, carte blanche au
gouvernement de modifier toute loi ou règlement — ça, c'est incompréhensible qu'on ait tenté
de passer ça — l'état
d'urgence sanitaire renouvelé indéfiniment, et j'en passe, Mme la Présidente.
La
population... Moi, une chose que je suis tellement, mais tellement fier, là,
c'est que la population a parlé. Elle a
vu très clair. Souvent, on pense qu'on est à l'Assemblée nationale, les gens ne
nous écoutent pas, il y a un certain
cynisme au niveau de la politique,
mais les gens s'intéressent, on le voit, là. Quand il y a un projet de loi qui
est déposé, comme l'ancien projet de loi n° 61, les gens ont réagi
puis ont réagi avec virulence.
Également,
j'ai encore en tête les attaques de l'ancien président du Conseil du trésor, puis vous allez voir où je veux en venir, là, envers les partis
d'opposition, parce qu'il faut appeler ça, vraiment, des attaques virulentes
avec ses mots, avec des mots qui
étaient très durs aussi. Puis, même, je vais aller, à la limite, là, de
menaces, là, Mme la Présidente, à savoir :
Bien, si vous n'adoptez pas le principe, il n'y en aura pas, de projet. C'est
comme ça qu'il se présentait au lutrin et
qu'il parlait. Puis moi, j'appelle ça des menaces, Mme la Présidente. Si vous
ne faites pas ce qu'on veut, bien, il n'y en aura pas, de projet.
Puis, en même temps, ce que je trouve désolant,
dans tout ça, puis ce que je trouve un peu bizarre, que l'ancien président du Conseil du trésor ne
comprenait pas, c'est que, oui, nous autres, en tant que législateurs puis
contrôleurs, on a une certaine
formation, une habitude de lire des projets de loi et d'avoir aussi des
légistes avec nous, des avocats qui sont là, qui sont capables... je pense notamment à la députée de Saint-Laurent, à la députée de Vaudreuil, qui sont des légistes, qui sont capables de lire des projets de loi. Et,
parfois, bien, on va lever le drapeau puis on va être capable de soulever un
problème ou une injustice.
Et ce que
l'ancien président du Conseil du
trésor ne comprend pas, c'est que...
ou ne comprenait pas, c'est que nous sommes
les porte-parole de la population. La population n'était pas d'accord, la
population nous a écrit dans nos bureaux, puis je suis persuadé qu'il y a plusieurs citoyens qui ont écrit
également dans les bureaux des députés de la CAQ, c'est sûr et certain qu'ils ne nous en font pas part, ça, je
comprends, mais j'ose espérer qu'ils en ont quand même fait part à leurs
collègues ministres pour qu'ils puissent l'apporter par la suite ou l'amener au
Conseil des ministres.
Moi, il y a
un élément également qui m'a un peu dérangé, là, compte tenu de la pandémie, de
la situation actuelle, c'est qu'on a
passé l'été à essayer de convaincre la population avec une tournée des mairies,
alors qu'on aurait pu prendre, là, sur les bienfaits du projet de loi
n° 61, alors que la majorité de la population n'en voulait pas. On a passé
notre temps à essayer de faire avaler le projet de loi à des maires, à des
citoyens partout à travers la province, alors qu'on savait qu'éventuellement il
y a une deuxième vague qui s'en venait de la pandémie de la COVID. Moi, je
pense qu'on aurait peut-être pu prendre notre temps à justement préparer cette
deuxième vague-là. Essayer de convaincre des gens d'un élément
qui est déjà dépassé... c'est un projet de loi qui a été tué dans l'oeuf, ça, Mme
la Présidente, là, immédiatement.
Dans mon
comté, je vais vous conter une petite anecdote. Après le refus de tous les
partis d'opposition, là, à ce projet
de loi là, pour le principe,
l'adoption du principe, j'ai même, moi-même, reçu les foudres du président de
l'association caquiste dans mon
comté. Il a écrit... Parce que nous,
on a une page, quand même, politique, là, à Lachine, qui s'appelle Lachine politique, une excellente page, et j'invite les
collègues à aller voir, où vraiment, les gens vont communiquer, vont échanger
des idées, vont débattre, puis ils vont le
faire de façon habituellement, là, très, très respectueuse. Puis, moi, ça me
permet de connaître le pouls
également dans mon comté, parce que les gens, même, me posent des questions sur
cette page-là puis ils veulent avoir une réponse publique.
Alors, le
président de l'association de la CAQ dans mon comté, dans Marquette, a écrit
noir sur blanc que j'étais contre la
relance économique. Écoutez, là, juste pour rire, Mme la Présidente, là, c'est
pendant l'été, là. C'est sur le boulevard Saint-Denis, ça, Mme la Présidente, là, à Montréal, pas dans Marquette,
là. Franchement. Mais moi, j'ai été obligé, puis moi, je n'ai jamais voulu faire de politique sur cette...
moi, je réponds, parce que je ne suis pas le député libéral de Marquette, là,
je suis le député de tous mes citoyens. Alors, je ne fais pas de
politique. Je réponds à des questions, je leur dis ce que je pense, puis c'est toujours fait de façon, vraiment,
c'est fait de façon honnête et c'est fait de belle façon aussi. Mais j'ai dû
répondre politiquement que c'était une... on
entachait ou c'était une attaque contre notre démocratie et jamais, jamais, du
temps qu'on était pour être ici, qu'on était
pour accepter une chose comme ça, pas pour une question de relance économie,
ce n'est pas vrai, ça. Parce que nous sommes
tous pour la relance économique, ici. Tout le monde. Il n'y a personne qui est
contre ça.
Il y a un
autre élément aussi, Mme la Présidente, qui m'a dérangé. Là, vous comprenez que
je fais le procès du projet de loi n° 61, même si on parle du 66, O.K.?
Vous comprenez, là. Parce que, pour arriver au 66, le 66, il a un passé,
O.K.? Le 66, il a un passé, O.K.?
Moi, il y a
une chose qui m'a vraiment dérangé puis qui m'a déçu, parce que je l'apprécie
énormément, je l'apprécie énormément,
c'est l'ancienne ministre de la Justice, qui est nouvelle présidente du Conseil
du trésor. Puis je l'ai vu puis je l'ai
découvert, moi, pendant la commission Charbonneau. Je pense que tout le monde l'a découvert là. Puis
même, je pense que la CAQ l'a découvert l'a aussi. Je pense que tout le monde,
le Québec l'a découvert là, puis tout le monde l'apprécie.
Honnêtement, là, je n'ai jamais entendu quelque
chose de négatif sur la présidente du Conseil du trésor. Mais, moi, ce qui m'a un peu dérangé,
c'est qu'à moment donné elle l'a défendu, ce projet de loi là.
Moi, j'ai
dit : Ça ne se peut pas. J'ai dit : Non, non, non. J'ai un amour sans
fin pour madame, professionnellement, Mme
la Présidente, sans fin pour le
professionnalisme de la présidente du
Conseil du trésor. Puis moi, j'ai
tout le temps eu énormément, énormément de respect pour la personne qui voit la
parade aller d'un côté puis qui va dire : Non, non, non, il faut aller de l'autre côté. Ça, ça prend
énormément de courage. Puis moi, j'aurais aimé ça voir ce courage-là, parce que
c'est une femme forte, c'est une femme qui a
énormément de courage, puis j'aurais aimé ça... Malgré que ce qui a été pondu,
là, Mme la Présidente, c'est quand même 100 fois mieux que ce
l'était avant, là. Ce n'est pas parfait, mais c'est quand même mieux. Mais moi, j'aurais aimé ça la voir, tu
sais, dire : Wo! tu sais, à moment donné sortir un peu plus puis
dire : Je pense qu'il faut se battre, il faut le modifier, il faut
l'arranger.
Mais je
comprends qu'on ne peut pas aller contre une ligne de parti, puis encore moins
contre son chef, qui est le premier
ministre, qui fait la tournée du Québec
pendant l'été pour essayer de dire à tout le monde comment son projet de loi n° 61 est tellement bon.
Mais, en même temps, quelque mois plus tard, on le laisse tomber puis on arrive
avec une nouvelle mouture.
Tu
sais, je comprends, puis je vous en ai parlé ça ne fait pas longtemps, que l'objectif
de la CAQ, Mme la Présidente,
là, c'est de gouverner sans opposition, là.
Tu sais, je veux dire, si on écoutait, là, la mentalité de la CAQ, puis, je
veux dire... la
CAQ serait jusqu'ici. Tu sais, je veux dire, ça ferait le tour, ça s'en viendrait
jusqu'ici, Mme la Présidente. Puis je comprends, là, je comprends que c'est le fun, c'est le fun
d'être capable de prendre des décisions, déposer des projets de loi puis tu n'es pas obligé de
débattre. Là, oui, ça passe, parce qu'ils sont plus, mais, en même temps, il y
a des débats pareil, puis on a du temps
de parole comme j'ai en ce moment. Puis je le sais, que les collègues
aimeraient ça s'en passer puis passer à l'autre étape rapidement, puis l'adoption en une heure. Puis, tu sais,
comprenez, c'est comme ça que ça fonctionne. Puis je le sais, puis on
l'a senti depuis le début.
• (17 heures) •
Je
me rappelle du premier discours du premier
ministre, Mme la Présidente, où il a dit qu'il voulait faire les choses différemment. Puis c'est toujours
encourageant quand tu entends ça. Honnêtement, c'est encourageant, parce que, comme je vous dis, je parle beaucoup
de ma naïveté, là, j'en ai une grosse puis je veux la garder. Je veux vraiment
la garder, parce que j'ai toujours
pensé qu'il fallait prendre les décisions ici toujours pour le bien-être du
citoyen, puis ça se peut que la CAQ
ait une bonne idée, puis ça se peut que les libéraux aient une bonne idée, puis
ça se peut que Québec solidaire ait une bonne
idée puis le Parti québécois également. On a besoin d'avoir des partis d'opposition
qui sont forts, puis vous en avez la preuve aujourd'hui. Vous en avez la
preuve aujourd'hui qu'il faut avoir des oppositions fortes parce qu'on a un projet
de loi n° 66, parce que, s'il n'y avait pas eu d'opposition, comme la CAQ
aimerait avoir, mais il y aurait eu le projet
de loi n° 61 puis il aurait déjà
été adopté. Alors, oui, on fait les choses différemment, du
côté de la CAQ, comme le premier
ministre l'a dit, mais ça tire plus
vers le côté autoritaire puis totalitaire. Tu sais, à un moment donné, là, il faut travailler ensemble aussi, puis il faut avoir des débats,
puis il faut être capables de pondre des projets de loi qui respectent quand même
nos institutions.
Je
vais vous lire un petit passage... Moi, vous savez, Mme la Présidente, dans mon ancienne vie, là, je n'étais pas... bien, j'ai toujours été un peu
politisé, mais je me levais le matin, le samedi matin, puis j'écoutais les
périodes de questions. Puis
je vais le dire comme ça, je ne fitte pas le profil, là, Mme la Présidente, samedi matin avec mon café puis je regarde les périodes de questions pendant la semaine.
Et là ma conjointe, elle trouvait toujours ça drôle quand je faisais ça. Mais en même
temps je le fais encore. Vous savez ce que je fais, Mme la Présidente? Je vais
voir des périodes de questions de 2017,
2016, puis je vais voir en arrière. Puis en fin de semaine, madame...
Puis, oui, je vous ai déjà vue, madame, vous parliez d'Hydro-Québec, si je ne me trompe pas, Mme la Présidente, mais je vais laisser ça de côté, je ne reviendrai pas
là-dessus, mais, bon, parce que j'ai trop de respect envers vous, Mme la
Présidente.
Et
j'ai entendu en fin de semaine puis je me suis dit : Il faut que je le
sorte, il faut que je le sorte parce que ça... on pourrait le répéter... je
pourrais dire ça, moi, je pourrais dire ça, mais ça a été dit par un député, ministre aujourd'hui, de la CAQ,
puis vous essaierez de deviner c'est qui : «Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, très heureux d'intervenir sur cette réplique au discours du budget.» Ça, c'était le 29 mars 2018, vous comprenez que c'est le dernier budget, là, de l'ancienne législature. «Et j'écoutais
attentivement mon collègue faire la longue nomenclature des dépenses dans son
seul secteur, et je pense que ça caractérise assez bien ce budget — on
pourrait remplacer "budget" par "projet de loi" ici — qui a été déposé mardi, qui, dans le fond,
est un étalage de bonbons électoraux — ce n'est pas moi qui le dis, là, je cite
quelqu'un de la CAQ — qui est, dans le fond, l'apogée d'une
stratégie planifiée de longue date, hein? Ce à quoi on a assisté mardi n'était pas une improvisation, c'était
l'apogée de quelque chose qui avait été planifié, prévu de longue date.» Alors, je vais vous dire, Mme la Présidente,
c'était le député de La Peltrie qui a utilisé ces mots. Moi, je pourrais
les utiliser aujourd'hui, changer le mot
«budget» pour «projet de loi». C'est exactement ça, Mme la Présidente. C'est
exactement ça, là, parce que moi, là,
j'ai vu des projets qui ont été annoncés cet été, des maisons des aînés, puis il
n'y avait pas de projet de loi
n° 66 encore de déposé, là.
Avant de bâtir quelque chose, ça prend quoi? Ça prend un budget, on sécurise
l'argent, plans et devis puis on part
la machine, puis on part la machine, Mme
la Présidente, là. Parce qu'on ne s'est pas empêché d'annoncer
des projets cet été. Là, il y en a 181 dans le projet de loi, je veux dire,
puis, moi, il y en a trois, chez nous, qui vont me toucher... qui vont toucher ma circonscription. Donc, je suis content,
là, on va finalement rebâtir... pas rebâtir, mais rénover l'Hôpital de
Lachine, qui avait été annoncé par l'ancien ministre de la Santé, à l'époque,
dans mon comté, et celui qui était là avant
moi, M. Ouimet, également il avait fait cette annonce-là. Puis là
aujourd'hui, bien, on le met dans le... mais je ne comprends pas, mais
c'était déjà annoncé, là. On aurait pu partir ce projet-là voilà deux ans, Mme
la Présidente.
Tu
sais, pourquoi qu'on fait fait ça? On met ça dans un projet de loi, on
dit : Ah! on va vous le promettre. On veut-u aller chercher des points? C'est ça qu'on veut
faire? Pourquoi qu'on met ça dans un projet de loi? Pour montrer comment
est-ce qu'on va être bons? Voyons, on n'a
pas besoin de ça pour faire avancer les choses, encore plus quand on vient
affaiblir certains éléments qui sont archi-importants pour la
population, pour nos jeunes, on parle de l'environnement.
Moi,
il y a un autre élément, Mme la Présidente : Pourquoi encore on veut... tu
sais, on accepte le principe, là. On n'est pas d'accord sur tout, je
pense qu'il y a de la... il va falloir régler certaines modalités, puis
j'espère... puis j'ai confiance en la
présidente du Conseil du trésor, là, c'est une femme qui a été très ouverte, elle
a travaillé sur des dossiers de façon transpartisane, puis on la
connaît, puis je suis persuadé qu'elle va être à l'écoute. Mais, moi, il y a
une chose qui ne me rentre pas dans la tête,
après deux ans et quelques mois... et un mois, là : Pourquoi qu'on veut
toujours réduire, on veut toujours
réduire, éliminer les contre-pouvoirs? Moi, ça, ça me dérange énormément.
Toujours... Ces mécanismes-là sont en place pour protéger un endroit ou
un autre, soit le citoyen, soit un prix, pour avoir un prix juste. Le BAPE, la Régie de l'énergie, le Fonds vert, le TEQ, on veut
éliminer... Moi, je ne comprends pas ça. Je ne le comprends pas, ça, puis
je ne comprends pas pourquoi qu'on dit qu'on
veut vraiment suivre les consignes de l'environnement au maximum, mais
en même temps le BAPE, il est réduit, là. On veut aller plus vite, mais en même
temps, des fois, ça prend un plus grand nombre
de temps pour arriver à ses fins puis faire quelque chose de bien. C'est vrai,
là, qu'on doit accélérer les choses, des fois ça ne va pas assez vite, mais en même temps moi, je pense qu'il ne
faut pas aller trop vite puis il ne faut pas éliminer des choses qui
sont très, très importantes, là, surtout pour nos jeunes.
Moi,
le mot «soustraction», dans le projet de loi, dans sa forme actuelle... Tu
sais, je veux dire, soustraire, couper, moi, je n'aime pas ça, là. Je vois le Fonds vert, là, qu'on va rapatrier
l'argent dans le bureau du ministre... Puis je vous le dis, là,
ce projet de loi là, Mme la Présidente, là, est électoraliste, là. Je vous ai
lu tantôt le petit mot du député de La Peltrie, c'est électoraliste, là, ça, là. Mais là, quand c'est un
projet de loi qui est électoraliste, et
là qu'on rapatrie des milliards de dollars du Fonds vert dans le bureau du ministre, à un moment donné, à la fin, là, les promesses... Parce qu'à la CAQ on respecte toutes
nos promesses. Même la vice-première ministre me l'a dit : On va respecter
toutes nos promesses. Elle m'a dit ça aux
études des crédits. Bon, bien là, est-ce qu'à un moment donné on va être tentés
peut-être d'utiliser de l'argent qui était dans le Fonds vert pour des infrastructures puis on va mettre ça
ailleurs? Moi, je pose la question. Moi, ça, ça me dérange parce qu'il y
a cette possibilité-là de le faire si on veut le faire.
Alors,
moi, comme je vous dis, on n'est pas contre le principe. Cependant, il y a du
travail à faire, il y a des conditions qui sont non négociables. L'AMP,
il faut leur donner un pouvoir... on ne veut pas qu'ils aient un pouvoir
seulement permanent, là, parce que, là, ces
projets-là d'infrastructure qu'on va bâtir, qu'on va gérer, qu'on va régler, le
prochain qui va arriver, bien, ne
rentre pas sous les conditions du projet de loi n° 66. Alors, des projets
rapides, des paiements rapides, l'expropriation, il faut faire
attention, et surtout, Mme la Présidente, l'environnement. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède
la parole à M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour aussi de prendre la parole
sur le projet de loi n° 66, Loi
concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure. C'est le titre de ce projet de loi. Bon, plusieurs choses. Je vais essayer de ne pas répéter ce que
mes collègues ont déjà mentionné, mais quand même il y a certains enjeux
qu'on doit rappeler à cette Assemblée.
Bon,
d'abord, nous sommes rendus à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi. Comme, d'ailleurs, mon collègue
député de Marquette vient de dire, ça ne veut pas dire qu'on est
d'accord à 100 % avec tout ce qui est dedans, on est d'accord avec le principe du projet de loi. Après ça, on va faire notre travail de parlementaires, on va étudier
ça comme il faut, faire des propositions, etc., donc, ça, c'est la première
chose, surtout que ce projet de loi, il vient dans la continuité du projet
de loi n° 61, qui, lui, n'avait
même pas atteint cette étape de l'adoption du principe. Beaucoup de changements
ont été apportés, donc ce qu'on a ici devant nous maintenant, je pense qu'on
peut passer à l'étape suivante et commencer l'étude détaillée.
• (17 h 10) •
Un premier constat, par
exemple, et cela a été mentionné en commission parlementaire, c'est qu'on n'a
pas véritablement consulté les Premières
Nations, et ça, en ces... Là où on est maintenant, là, on est en 2020, presque
à la fin de l'année 2020,
qu'encore une fois on n'a pas été capables de consulter convenablement les
Premières Nations, qui se sont encore senties obligées de venir nous
dire, en consultations, les... je pense, c'étaient trois groupes de Premières
Nations, qu'encore une fois on ne les avait
pas consultées comme on aurait dû le faire, c'est quand même
consternant, Mme la Présidente.
Un
deuxième constat, et c'est là où je vais parler un peu plus de temps, concerne
la relance économique. On nous avait
dit, avec le projet de loi n° 61, qu'il fallait absolument procéder vite, vite,
vite parce que, si on ne le faisait pas, au mois de juin, on allait perdre la saison de l'été,
il n'y avait pas de travaux d'infrastructure qui auraient eu lieu pendant
l'été. Donc, les partis de
l'opposition bloquent, ils vont faire perdre cette saison-là, alors on va
compromettre la relance économique du
Québec. Ah oui? Quels projets ont été déraillés par le fait qu'on n'a pas
approuvé à toute vitesse le projet de loi n° 61? Il n'y en a pas un, pas un seul. D'ailleurs, ça a
été même confirmé par Mme la présidente du Conseil du trésor que, non, non, tous les projets ont continué. D'ailleurs,
c'est encore plus que ça, et c'est pour ça que je vais parler un peu de relance
économique, l'industrie de la construction,
c'est un des quelques secteurs de l'économie québécoise qui s'est remis
très rapidement du confinement du printemps et que, pendant l'été, a
fonctionné à plein régime. Donc, même si on voulait... si on avait voulu, à ce moment-là, aller encore plus vite, accélérer
encore plus des projets de construction, bien là, l'industrie était déjà à pleine capacité. Ça aurait été
physiquement impossible d'aller encore plus vite que ça, surtout que beaucoup
de projets qui étaient déjà en réalisation ont continué d'être réalisés.
Donc, toute cette
histoire, là, qu'on voulait passer le message que les oppositions s'opposent
pour rien et qu'on compromet la relance de
l'économie parce qu'on va retarder des projets d'infrastructure, ce n'était pas
ça, ce n'était pas ça du tout. Il n'y
a aucun projet d'infrastructure qui a été retardé par la non-adoption du projet de loi n° 61 et il n'y aura aucun projet d'infrastructure qui sera retardé si jamais
le projet de loi n° 66 prenait encore beaucoup de temps. Ce n'est
pas ce que je souhaite, je ne pense pas que ce soit ça qu'on va faire
dans les prochaines semaines, mais ça n'amènerait pas à cette conclusion-là parce que l'industrie de la
construction fonctionne déjà à plein régime, et parce que — j'irais
encore un peu plus loin — je
ne pense pas que, quand on regarde la liste des 181 projets qui sont dans
le projet de loi n° 66, à l'exception de peut-être une dizaine maximum, une dizaine de projets de
route, là, de construction de routes, aucun autre projet n'a besoin de
ce projet de loi. Tout ce que ces projets-là ont besoin pour qu'ils puissent
commencer, pour qu'ils puissent s'accélérer,
c'est tout simplement l'argent, c'est tout
simplement le budget. C'est tout, il n'y a pas besoin de quoi que ce
soit d'autre. Mais, bon, restons avec la relance de l'économie.
Ce que le
gouvernement de la CAQ a aussi mentionné pendant le printemps et l'été — maintenant,
il parle un peu moins de ça, mais pendant le
printemps et l'été — c'était
que la relance de l'économie du Québec passait nécessairement et
obligatoirement par l'infrastructure. Or, ce que je vous dis, Mme la
Présidente, ce que je dis à nos collègues, c'est qu'une relance de l'économie ne doit pas se limiter aux projets d'infrastructure, aussi importants
soient-ils, et ils le sont, mais, quand on parle de relance d'une économie, il faut aller beaucoup plus loin que juste
l'asphalte et le béton. C'est important, l'asphalte et le béton, mais la relance, véritablement, d'une économie de services comme est l'économie
du Québec aujourd'hui — c'est
ça, notre réalité — cette
relance-là passe par beaucoup d'autres moyens et pas seulement
par la construction d'infrastructures.
Deuxième point, donc, non
seulement la relance ne doit pas se limiter à l'infrastructure, mais
l'infrastructure elle-même ne doit pas être
accélérée, ne doit pas être mise en oeuvre à n'importe quel prix. Et ça, c'est
le deuxième point que j'aimerais aborder un peu plus tard.
Maintenant,
je vais rester encore dans le domaine de la relance de l'économie,
donc l'aspect macroéconomique de l'acier
et le béton. Parce que ce n'est pas seulement une question
d'accélérer des projets d'infrastructure parce
que, même si les taux d'intérêt sont extrêmement bas ces jours-ci, donc, théoriquement, on aurait pu emprunter des milliards et des milliards de dollars pour
faire toutes sortes de choses, on doit quand
même utiliser un peu de discernement
et prioriser les projets. Tous les
projets ne sont pas égaux. Tous les projets d'infrastructure n'ont pas le
même impact sur l'économie, donc on doit avoir des critères, on doit
avoir des façons de prioriser, des façons de choisir.
Ce qu'on doit
aussi se rendre compte, c'est que cette récession dans laquelle nous sommes
plongés maintenant... parce que
nous sommes toujours en récession, et les données économiques
qu'on voit, qui sortent me confirment qu'en fin de compte on a eu un rebond, un rebond au troisième trimestre, pendant l'été, qui, lui,
faisait suite au confinement du printemps, mais on est loin d'être revenus là où on était au mois de janvier et
février 2020, donc on est encore en récession, on est encore loin du niveau d'activité de janvier et février.
Et là ce qu'on voit pour le quatrième trimestre, ou octobre, novembre, décembre,
ce n'est rien de très encourageant, étant
donné le reconfinement partiel dans certains nombres d'activités. Mais on l'a
vu, je pense, c'était pendant la... c'était, hier, la publication de
l'indicateur de confiance du Conference Board du Canada, c'est un des indicateurs les plus anciens que nous avons, et
le plus robuste que nous avons, de confiance en général, et ce qu'on voit,
c'est que les consommateurs québécois, canadiens, on a eu une chute, une chute marquée
de la confiance au mois d'octobre, donc
ça n'annonce vraiment pas quelque chose de très encourageant pour le mois de
novembre ou décembre. On verra ce vendredi
les données de l'emploi aussi pour le mois d'octobre. On ne s'attend pas non
plus à avoir de gain impressionnant, non, pas du tout.
Donc, cette
récession dans laquelle nous nous trouvons toujours, elle a été déclenchée par
la crise sanitaire. C'est une récession qui a frappé surtout le secteur des
services. Alors, ce n'est pas une récession standard, normale, comme
c'était le cas en 2008‑2009, par exemple, ou même avant. Et à ce moment-là
c'était tout à fait pertinent d'accélérer les projets
d'infrastructure publique et privée pour faire repartir la production de biens
parce que c'était la production de biens qui avait été durement affectée par la récession. Cette fois-ci, la
production de biens demeure relativement, relativement en santé. On n'est pas tout à fait revenus là où
on était, mais quand même l'activité de la production de biens est raisonnable.
Ce sont les services, ce sont les services
qui sont en grande difficulté, surtout les services de proximité, le commerce
de détail, commerce de proximité, la
restauration, l'hébergement, le tourisme, tous ces services-là qui emploient
des dizaines de milliers de
Québécois. Et donc, quand on parle d'une relance de l'économie, il faut que cette
relance soit examinée, soit étudiée
dans le climat actuel où nous nous trouvons. Ce n'est pas une récession comme
en 2008‑2009, ou comme à la fin du siècle
dernier, ou comme en 1991‑1992, ce n'est pas ça... 1995, pardon. Ce n'est pas
ça, c'est une récession très particulière. Il faut trouver des moyens de relancer le secteur des services. Et, pour
relancer le secteur des services, ce n'est pas nécessairement en
construisant des routes ou d'autres choses comme ça.
• (17 h 20) •
Alors, les
infrastructures sont bien, elles sont importantes. Je ne suis pas en train de
dire qu'on ne devrait pas faire ça,
on devrait le faire. Je suis en train de dire qu'on peut le faire même sans le
projet de loi n° 66. Tout ce qu'on a besoin, c'est de provisionner l'argent et d'y aller, là,
donc go, je vous donne le go pour qu'on puisse mettre en oeuvre ces projets
d'infrastructure là. Et d'ailleurs le
gouvernement, indirectement, l'a compris
et l'a annoncé. Parce que n'oublions pas qu'en campagne électorale, en 2018, le gouvernement nous disait que le PQI, donc l'investissement en infrastructures à 100 milliards
de dollars sur 10 ans était amplement suffisant. Bah! Pas besoin de plus. M. le premier ministre disait à l'époque que, non, non, non, 100 milliards, c'est
suffisant, il faut voir ça dans la capacité de payer du contribuable québécois,
100 milliards, ça
suffit. Parce qu'à ce moment-là, le
Parti libéral et le Parti québécois parlaient de le monter à
110 milliards. Non, 100 milliards, ça suffit. O.K. Après ça, ça a passé à 115 milliards — oups! Tout d'un coup, c'était
nécessaire — et là,
maintenant, on est à
130 milliards sur 10 ans, toujours sur 10 ans. Donc, le
gouvernement reconnaît que, oui, il faut mettre plus d'argent, il faut provisionner plus d'argent pour pouvoir accélérer.
Ce n'est pas le projet de loi n° 66 qui accélère les projets d'infrastructure,
c'est le PQI qui augmente de 100 milliards sur 10 ans à
130 milliards, c'est ça qui fait qu'on puisse accélérer les projets d'infrastructure, donc c'est ça qu'il faut qu'on
tienne aussi en considération. Et, pour une relance économique, comme j'ai dit,
il faut viser, donc, le secteur des services, c'est là où il y a eu la plus
grande perte d'emploi et c'est ça qu'il faut rebâtir et relancer. Évidemment, tout ce qui est relance verte, on en parle
beaucoup, mais on n'en fait pas beaucoup en termes pratiques, il faudrait aussi s'y attarder un peu. Donc, tout
ça pour dire que relance, c'est beaucoup plus que les infrastructures, et les
infrastructures, on n'a pas besoin d'un projet de loi pour les accélérer.
Maintenant,
j'aimerais parler un petit peu, avec le temps qu'il me reste, des
infrastructures elles-mêmes, et surtout parler du modèle qu'on s'était donné au Québec, Mme la Présidente, et un
modèle qu'on s'apprête à vouloir alléger. Je ne sais pas trop au nom de
quelle logique on veut alléger cette façon qu'on a de faire, mais je pense
qu'avant de faire ces changements-là il
faudrait peut-être réfléchir un peu. Il y a quand même des règles, comment je
dirais, des règles procédurales — parce que je n'ai pas trouvé un autre nom,
là — qu'on
s'est données collectivement depuis 2012‑2013. Ce n'était même pas le Parti libéral du Québec qui
avait fait ça, mais des règles avec lesquelles je suis d'accord, nous sommes
d'accord. C'est des règles qui ont fait en
sorte qu'avant qu'un projet d'infrastructure puisse voir le jour, il fallait
passer par trois étapes, trois étapes
différentes. Il fallait faire une étude d'opportunité. Est-ce que c'est
vraiment opportun, un tel projet? Est-ce
que le troisième lien, par exemple, c'est vraiment opportun de le faire? Il n'y a jamais eu d'étude
d'opportunité, le gouvernement a décidé que, oui, oui, c'est opportun, nous, on
le sait, on y va. Mais on s'était donné cette discipline, depuis 2013, de faire les projets comme ça, de commencer par une
étude d'opportunité, créer un bureau de projet, faire une étude d'opportunité.
Deuxième étape, une fois que l'opportunité était démontrée, là il fallait
passer par un dossier d'affaires. Là, on rentrait dans le concret, dans l'analyse concrète. Combien ça va
coûter? Comment on va le faire? Qu'est-ce qu'on va faire? Et on devait procéder, donc, à cette analyse qui prenait un
peu de temps parce qu'il faut prendre le temps qu'il le faut pour qu'on puisse convenablement analyser un
projet. Puis troisièmement, la troisième étape, là ce
serait la réalisation. Là, on passe aux appels d'offres, et là on
commence à réaliser le projet.
Donc,
trois étapes, et là, maintenant, on s'apprête à y aller directement, rapidement
à la dernière étape, à la réalisation, en
court-circuitant, en voulant passer vite, vite, vite les études d'opportunité
et le dossier d'affaires. Je trouve ça dangereux, je trouve ça dangereux. Même si on a tous la
meilleure des intentions au monde, même si... je ne parle pas ici de deal
obscur, ce n'est pas ça, mais on
s'est donné cette discipline-là, cette rigueur-là pour nous assurer qu'on était
capables, justement, de prioriser les
projets, parce que tous les projets ne sont pas pareils. Tous les projets n'ont
pas la même importance, puis à un
moment donné il faut choisir lesquels on fait d'abord. Et cette façon de faire,
à mon avis, était la bonne. Ça nous a pris quelques années pour qu'on soit capables de bien roder cette
procédure-là, et là on avait quelque chose, on avait quelque chose.
D'ailleurs, Mme la
Présidente, je dois vous dire, quand je parlais, dans le temps, à mes
homologues des autres provinces, et même le
gouvernement fédéral, ils étaient toujours très intrigués par notre façon de faire
parce que, bon, les histoires qu'ils avaient sur les infrastructures publiques
au Québec, c'étaient des anecdotes du passé, et, quand on les informait de ce qu'on faisait maintenant,
concrètement, depuis 2013... dit : Ah oui? Vous faites ça comme ça? Tiens,
tiens, il y a peut-être quelque
chose. Il y a peut-être quelque chose dans cette façon de faire. Il y a
peut-être quelque chose qui pourrait
inspirer les autres provinces et le gouvernement fédéral. Et ils ont regardé
d'une façon honnête et de façon réfléchie ce qu'on faisait ici. Mais nous, maintenant, on n'en a plus besoin. On
n'en a plus besoin. On est bons, on
sait quoi faire. On revient aux vieilles méthodes.
Encore une fois, je
ne prête pas d'intentions à qui que ce soit, je ne parle pas du tout de trucs
obscurs, mais en s'éloignant de cette
rigueur, on ouvre la porte à ce que des choses obscures puissent apparaître ou,
même sans aller dans cette
direction-là, qu'on mélange un petit
peu nos priorités. Ce n'est pas
toutes les maisons des aînés qui sont opportunes, ce n'est pas tous les projets
de transport collectif qui ont la même importance. Il faut être capable
de prioriser et, pour être capable de prioriser, il faut le faire de
façon indépendante, de façon professionnelle, de laisser nos... On a des
experts. On a créé la SQI, la Société québécoise des infrastructures. Ils ont des professionnels, ils ont des gens
d'expertise, des gens d'expérience,
ils sont capables de faire ces travaux-là. Alors, il faut les laisser
travailler aussi. Il faut faire confiance dans notre fonction publique, Mme
la Présidente, ils sont capables de faire ces études-là.
Alors,
je trouve ça dommage qu'on va court-circuiter cette façon de faire qui était vraiment la bonne façon
de faire. C'est pour ça qu'on va travailler très fort quand
on va passer à la prochaine étape pour nous assurer que ce projet de loi soit amélioré, soit bonifié pour préserver cette capacité que
nous avons de bien faire les choses avec rigueur. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le député de Vimont, la
parole est à vous.
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, on est ici pour l'adoption du principe du
p.l. n° 66. Mais, avant
de parler du p.l. n° 66, je n'ai pratiquement pas le choix de parler du
défunt p.l. n° 61 parce
qu'on sait bien que le 66, c'est la suite un peu du p.l. n° 61, un projet de loi qui avait, je vous dirais, beaucoup de pouvoirs excessifs, même si celui-ci que
je trouve qu'il en a pareil, là, mais mettons qu'il est amélioré, mais je vais
reparler de l'amélioration par la suite.
Écoutez,
61, il avait 202 projets d'inscrits. Maintenant, sur le 66, il y en a 181.
Bon, il y a des projets qui ont quitté, donc 21 qui ont été soustraits, dont l'agrandissement du CHU à
Sherbrooke, une maison des aînés à Rivière-du-Loup, tous les projets d'espaces modulaires dans les hôpitaux
ainsi que deux des trois tronçons du projet de réhabilitation du chemin de fer de la Gaspésie, toutes les dispositions sur
la libéralisation de la vente d'alcool qui sont également disparues. Ça, il
semblerait qu'on va les retrouver dans un autre projet de loi, qu'on me
dit. Donc, un changement qui fait que...
D'ailleurs, le projet de... 61, excusez,
ne s'est jamais rendu à l'adoption, donc a été abandonné par le gouvernement, parce
que je pense que, puis avec raison, les gens se sont plaints, les gens ont
fait... se sont... D'ailleurs, je recevais des
téléphones même à mon bureau comme
quoi que ça... il y avait bien des choses qui n'avaient pas d'allure là-dedans.
Mais je pense que le gouvernement a
compris en le mettant de côté. Donc, l'ancien ministre qui était en charge de
ce dossier-là a vu son dossier complètement être annulé.
Il y a une nouvelle mouture
maintenant, qui est le n° 61... 66, excusez. Dans le n° 66,
bien, il y a 26 groupes qui se sont
déplacés ici, au parlement. Donc, il faut le souligner, hein, les gens qui préparent
des mémoires, qui se déplacent, donc, vraiment,
ils ont un intérêt, vraiment, pour le bien-être des Québécois, parce que, quand
tu te déplaces ici, ce n'est pas toujours évident, surtout avec... Bien
souvent, c'est en vidéoconférence maintenant, là mais pas toujours évident. Tu
sais, il faut se préparer. Puis, bien
souvent, malheureusement, le gouvernement ne donne pas beaucoup de chances...
du temps à préparer leur mémoire.
Donc, le temps... Tous les groupes que je rencontre, bien souvent, ils me disaient :
Bien, je n'ai pas eu assez de temps, c'était court. Et, bien souvent, oui, il y
a des grosses organisations là-dedans, comme le Barreau du Québec, que je vois le mémoire, mais il y a d'autres groupes
qui sont des petits groupes qui n'ont pas les budgets nécessairement, ils
n'ont pas l'équipe non plus pour faire correctement ou rapidement des mémoires.
Donc, il faut le souligner.
Donc, bon nombre de mémoires, là, il y
a 26 groupes qui se sont déplacés, mais bon nombre de mémoires aussi qui
ont été envoyés, et dont trois groupes, justement, des Premières Nations.
Plusieurs de mes collègues en ont parlé, je trouve
malheureux, parce qu'on connaît qu'est-ce qui arrive actuellement avec les
Premières Nations, et ils ont raison, ils mentionnent comme quoi : On n'a pas été consultés encore, parce que
c'est encore. On n'a pas été consultés encore. Écoutez, quand on parle de santé publique ou quand on parle
de gens du Québec, bien, ils en font partie, de la population du Québec. Puis
je pense que c'est important de les consulter. Encore une fois, on ne les a pas
consultés.
Est-ce qu'on veut aller rapidement
parce que, là, bon, on a tassé 61, on veut aller vers le n° 66?
Puis on comprend bien, parce que le n°
66, c'était pour... c'était intitulé loi visant la relance de l'économie du Québec et l'atténuation des conséquences de l'état d'urgence sanitaire qui a été déclaré le
13 mars 2020.
Donc, c'est sûr qu'on parle de la COVID-19,
on parle justement de la raison... de la pandémie là-dessus.
La nouvelle mouture, qui est la... maintenant, qui est le n° 66,
maintenant, s'intitule Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure. Mais on sait tous qu'il y a un lien avec la relance économique. Même si ce
n'est pas dans le titre, on sait bien
que, quelque part, c'est pour une relance économique. Je ne sais pas pourquoi qu'on l'a enlevé, là, mais
peut-être qu'on était... en tout cas, aucune idée.
Mais cette relance économique là... D'ailleurs,
on est tous pour la relance économique. Je pense qu'il n'y a pas personne ici, là, qui est contre la relance
économique. Tu ne peux pas être contre la relance économique. C'est impensable,
c'est impossible, surtout dans un contexte
qu'on vit actuellement. On le voit, sûrement vous aussi, Mme la Présidente,
vous en avez dans votre circonscription qui vous appellent puis qui ont des
problèmes, les compagnies ne fonctionnent pas, les restaurants... On pourrait parler des
restaurateurs, puis là je pourrais vous en nommer plein, de choses. Mais moi
aussi, j'en ai plein qui m'appellent,
puis ils me disent : Jean, il va-tu arriver quelque chose? On va-tu nous
redonner le droit, nous, aux restaurateurs,
de pouvoir recommencer? C'est nous qu'on a investi énormément dans nos
restaurants, puis on est pénalisés.
Puis là,
bien, là, on parle d'infrastructures, mais, quelque part... Puis, comme mon
collègue le mentionnait tantôt, mon
collègue de Robert-Baldwin le mentionnait, c'est plus au niveau des services
qu'ils sont... c'est au niveau des services qu'ils sont atteints, là, au niveau économique. Je comprends que
l'infrastructure, ça aide, ça fait travailler du monde, bon, j'en conviens, c'est certain, mais il y a beaucoup
d'infrastructures qui n'ont pas besoin de ce projet de loi pour fonctionner,
mais vraiment pas.
Je vais vous
donner un exemple. L'autoroute 19 chez nous, à Vimont. Vimont et Auteuil,
là, ça, c'est les deux secteurs que
je couvre. Ça a été dans le PQI au moment du gouvernement précédent. Donc, je
me rappelle, j'étais présent au moment de
l'annonce, donc rentré dans le PQI. On a même parti le concours pour le donneur
d'ouvrage. Ça, c'était sous le gouvernement
libéral. Donc, ça a parti. Mais là ça a pris du temps avant qu'ils le nomment,
ce donneur d'ouvrage là. Ça a pris plus qu'un an. Pourquoi? Je ne le sais pas.
Mais un an, c'est long. Est-ce que tu as besoin d'un projet comme ça pour le
donner, le contrat? Non, mais pas pantoute.
Là, après ça, bien, on a un meeting, là, une
réunion, excusez l'anglicisme, on a eu une réunion avec MTQ, et tout ça, dire : Bon, bien, il y avait un
problème d'échangeur, tout le kit. Mais j'ai dit : Pourquoi vous ne
commencez pas? Vous pouvez commencer
à faire le pont à Bois-des-Filion. Vous pouvez le commencer ou ne pas le
commencer. S'il y a un problème à l'autre extrémité, bien, tu commences par un
bout puis tu y vas. Ah! on va y penser. Mais ce n'est pas commencé encore. Puis là c'est dans le projet, le p.l. n° 66. Bien, pas besoin de ça,
là. On a juste à dire : Go! Go! Go! Est-ce qu'on veut retarder parce que,
là, on veut montrer comme quoi c'est le p.l. n° 66
qui règle tout ça? Puis c'est-u ça? Je ne le sais pas. Mais, quelque
part, même mes concitoyens
me disent : Aie! Jean, pourtant,
ils avaient fait l'annonce. C'était parti. Là, ça fait deux ans, là, que
c'est comme... il n'y a rien qui se passe. Il y a juste une aiguille qui a
avancé sur un tableau, là. Puis j'ai vu un
de mes collègues de la CAQ qui était avec le maire de Bois-des-Filion, mais, à
part de ça, il n'y a rien qui a bougé
là-dedans, là. Donc, moi, je pense qu'à un moment donné... Est-ce qu'on a
besoin d'un projet de loi comme ça? Et j'écoutais
tantôt ma collègue, justement, de Vaudreuil qui mentionnait que, même dans sa
circonscription, il y a bon nombre de projets qui n'ont pas besoin d'un
projet de loi comme ça pour être partis.
Puis là, bien
voyez-vous, là, je vous disais tantôt, on partait de 202 projets. On a
tombé à 181. Mais, dans ces 181 là, si
on les élimine, là... on élimine tous ceux qui ne sont pas obligés d'avoir ce
projet de loi là, bien, je n'ai pas fait le calcul, mais ce serait drôle
à voir, je pourrais vous dire.
Donc, c'est
un projet de loi qui, quelque part, fait peur aussi. Tu sais, c'est bien beau,
la relance économique, mais j'ai écrit sur le dos de qui puis de quoi,
tu sais? Oui, il faut avancer. Oui, je comprends. Mais tout à l'heure mon autre
collègue, ici, parlait. Actuellement, ceux
qui ont... la plupart des gens qui ont perdu du travail puis qui sont chez eux,
bien, bien souvent, c'est des femmes. Là, l'infrastructure, vous allez
dire : Oui, il y a des femmes aussi qui travaillent en construction. Il y a des femmes qui travaillent
dans les bureaux. Oui. Ça, c'est vrai. Vous avez raison. Mais en grande
majorité, on va se le dire, là, c'est
des hommes. Comprenez-vous? Donc, moi, je pense que, si on veut faire une
relance économique, bien, lançons-nous vraiment vers une relance
économique.
Mon autre collègue, elle parlait aussi au niveau
de l'économie alimentaire. Bien oui! Oui. Je ne peux pas dire que le gouvernement n'a pas mis de l'argent
actuellement là-dessus. Mais on ne pourrait pas en mettre plus? Si on veut
vraiment manger local, manger
vraiment québécois, bien, c'est le temps. Et ça, là, quand tu travailles, quand
tu parles au niveau de l'économie alimentaire, là, bien là tu touches femmes et
hommes. Là, tu vas vraiment dans toutes les sphères. Vraiment, tu
touches à tout le monde.
Donc, moi, je
pense qu'on devrait, en tout cas, si on veut parler vraiment de relance
économique, on devrait penser en plus
si... Puis est-ce... Il a bien beau faire de la publicité, le panier bleu, puis
on veut manger local, c'est bien beau, ça, mais, comme je le disais à un moment donné, même, au ministre de
l'Agriculture, je lui disais : Premièrement, quand je vais manger... je vais acheter, moi, mon steak au
marché d'alimentation, je ne sais même pas s'il vient du Québec, parce qu'il n'y a rien qui indique qu'il vient du Québec.
Puis, quand j'achète mon poulet, bien, il n'y a aucune indication. La seule
chose qu'on peut dire que vraiment...
c'est le porc du Québec. Eux autres, ils ont vraiment mis l'emphase sur la
publicité, puis c'est super, parce
que, quand j'achète du porc, je sais qu'il vient du Québec. Ça fait que, quand
on parle de relance économique, bien, oui, il aurait fallu peut-être
penser aussi à l'économie alimentaire.
• (17 h 40) •
Donc, je
pense que la procédure, on... la procédure d'expropriation est allégée. Là,
j'ai un tableau, puis, si je ne me
trompe pas, c'est eux ici, effectivement, c'est le Barreau du Québec. Là, je me
fie à des avocats. Donc, le Barreau du Québec, je
pense, c'est le cabinet du bâtonnier. Moi, je ne suis pas avocat, mais je me
fie vraiment à eux. Eux autres, ils mentionnent comme quoi que ça va amener des
problèmes.
«L'article 17 — comme ils mentionnent, eux autres — a pour effet de soustraire les
expropriations visées par le projet de loi de l'application de plusieurs
articles de la Loi sur l'expropriation, dont le recours en contestation du
droit d'expropriation prévu à
l'article 44.» Je ne peux pas vous dire c'est quoi, l'article 44, là,
mais eux autres, ils voient vraiment un
problème là-dedans. Et : «La limitation prévue dans le projet de loi est
inusitée parmi les juridictions canadiennes et[...], par le passé,
seulement [a] été utilisée pour [les] projets bien limités, notamment en ce qui
a trait au Réseau express métropolitain — le REM — et
[du] réseau structurant de transport...»
Donc,
il a été pris vraiment pour des dossiers vraiment importants, mais là
l'expropriation, là, elle peut aller pour des maisons des aînés, elle peut aller sur n'importe quel dossier, là.
Là, on peut y aller large, là. Et c'est là, le problème. Ma collègue de Saint-Laurent le mentionnait tout à
l'heure, où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie, hein? Donc, il faut faire
attention là-dessus. Et je pense qu'il faut
vraiment faire attention. Si on ne veut pas revivre une autre commission
Charbonneau ou quoi que ce soit,
bien, je pense que, oui, il faut mettre la ceinture, les bretelles, puis il
faut vraiment s'assurer que vraiment que tout soit scellé et il faut
faire attention.
Et
eux parlent, en plus, que les expropriés pourraient toujours s'adresser à la
Cour supérieure. Donc, en même temps, en
plus, ils disent : Bien, il pourrait même y avoir un recours pareil à la
Cour supérieure pour évaluer la légalité, justement, de l'expropriation.
Eux, l'expropriation,
qu'est-ce qu'ils en pensent, c'est qu'«à [leur] connaissance, il n'y a aucune
loi québécoise d'application spéciale en
matière d'expropriation n'a prévu de tels délais». Là, on parle des délais. «En
effet, les délais de 90 jours — ou de 30 jours, selon le
cas...»
Imaginez-vous,
le régime régulier, le REM, c'était 12 mois, le délai, 12 mois en
matière résidentielle puis 18 mois en matière commerciale. Donc, vous êtes un propriétaire soit résidentiel
ou commercial, c'est de ça que je parle. Pour le tramway, ça a été la
même chose : 12 mois, 18 mois, donc 12 mois résidentiel,
18 mois dans le commercial. Le projet de
loi n° 61, c'était la même chose : 12 mois en matière
résidentielle et 18 mois en matière commerciale. Mais là, pour le projet de loi n° 66, c'est 90 jours. Wow! 90 jours. Pensez-y,
c'est incroyable.
Donc,
pensez-y, là, vous, là, vous avez une maison, une propriété que vous avez
travaillé très fort pour l'obtenir, puis,
bon, là, on décide... parce que dû au fait que votre maison est proche d'un
terrain, puis on aurait besoin de votre maison pour faire, un exemple,
une maison des aînés. Je prends ça en exemple, comprenez-vous? Je
pourrais prendre d'autres exemples, là, mais je prends celle-là en exemple.
Bien, savez-vous qu'ils vont vous donner pas grand temps pour vous tasser de là, là? Puis là, là, vous n'avez même
pas la possibilité de dire : Non, non, non, ce n'est pas ça que
je veux. Non, non, c'est fini, ces
procédures-là. Là, on va te donner tant, on t'exproprie, on te donne tant, puis
tu as tant de temps pour partir. Pensez-y deux minutes, là. Ça vous arrive à
vous, là. Là, vous avez des enfants, vous avez travaillé fort ou vous êtes
retraité. Vous êtes retraité. C'est la seule
chose qu'il vous reste, là, tu sais, là, parce qu'il y a bien des scénarios qui
peuvent arriver là-dedans. C'est la
seule chose qu'il vous reste, c'est votre maison, puis vous êtes là avec votre
épouse, puis là, bien, on décide,
pour un projet, puis peu importe le projet, comme je vous dis, je prenais les
maisons des aînés, mais ça peut être n'importe
quoi, ça peut être pour un métro, ça peut être n'importe quoi, bien... puis là
on ne te donne pas beaucoup de temps. Puis on ne te donne pas beaucoup de temps pour vraiment te revirer de bord
non plus. Donc, je vous dirais que c'est le Barreau du Québec qui souligne
ça puis, en plus, voyez-vous, il parle de la possibilité de passer outre la
Loi sur la qualité de l'environnement. Allons-y sur l'environnement.
Puis
là je reparlais de la 19, là. Elle, elle a passé l'étape du BAPE. Puis, oui,
c'est un certain temps, puis, oui, on sait tout ça, là, mais au moins la population a été consultée. On travaille
pour qui, nous autres, ici? On travaille-tu... On travaille pour la population. Donc, moi, la population,
consulter ma population, voir s'ils sont d'accord avec ça, le projet, et tout,
je pense que c'est important de le faire.
Comprenez-vous? C'est important. Mais même on doit le faire. Mais là, avec ce
projet de loi là, les consultations, là, oubliez ça, là. On va aller sur la...
excusez l'expression anglaise, on va aller sur la «fast track», parce
que, là, on parle toujours au niveau de l'économie. Mais, voyez-vous ici, comme
ils disent, puis là, bien, je vais les
citer, là : «Le projet de loi remplace le mécanisme régulier
d'autorisation environnementale prévue à la Loi sur la qualité de l'environnement pour certains projets d'infrastructure, notamment en ce qui a trait aux normes relatives à
l'obligation d'obtenir une autorisation ministérielle et à celles applicables à
la procédure d'évaluation d'examen des impacts sur l'environnement.
«Il
est à noter que le projet de loi comporte, à son annexe 1, une liste [...]
de 181 projets — que je
vous mentionnais tantôt — variés...» Donc, on parle de réflexion d'un
palais de justice, au prolongement d'une autoroute, en passant à la
construction de nouvelles maisons des aînés. Bon, ces projets-là, effectivement,
comprenez-vous, c'est... je pense que...
Puis
là on parle, là-dedans, puis là je ne vous lirai pas tout, là, mais, là-dedans,
on parle même des terrains contaminés. Donc,
il y a un temps pour décontaminer. Ça prend un temps pour qu'un terrain soit
décontaminé. Moi, ma crainte là-dedans, là,
c'est que... bien beau, le côté environnement, mais là on bâtit-u une maison, une résidence des
aînés sur un terrain qui était
contaminé, mais là on l'a fait rapidement, puis là on ne l'a pas, l'analyse de l'environnement, mais go, go, go, bien, c'est toujours sur la «fast track». Est-ce
qu'on va bâtir une école sur ce terrain-là qui a pu être justement contaminé, décontaminé, parce que, là, c'est sûr qu'on
va dire : Bien oui! il est décontaminé? Mais là les analyses, est-ce qu'elles vont être correctes?
L'Association des
biologistes, justement, parle justement... Les délais d'évaluation sont
raccourcis plus... Les biologistes doivent
intervenir, une expertise. Donc, ça prend une expertise déjà de plusieurs
années. Puis déjà ils parlent, justement, qu'il manque de biologistes
actuellement. Là, déjà, en ce moment, il manque de biologistes intermédiaires, expérience de cinq à 10 ans. Donc, prenons
les biologistes, là, de... intermédiaires, c'est cinq à 10 ans, puis
senior, c'est 10 ans et plus
pour répondre actuellement à la demande d'évaluation environnementale. Donc,
déjà, ils sont en problème, il manque justement de biologistes.
Là,
j'imagine, avec des projets qu'on veut pousser toujours... excusez toujours
l'expression, mais sur la «fast track», ils ne peuvent pas, eux autres, là, ils sont déjà occupés, ils sont
déjà... au niveau des municipalités, ils sont déjà... Puis là, bien, eux autres, ils disent justement qu'une
étude incomplète peut donc retarder le dépôt du rapport d'évaluation
environnementale d'une année entière.
Donc, tu sais... Puis avec la nouvelle obligation des MRC de réaliser un plan
régional des milieux humides hybrides pour 2020, les biologistes spécialisés en
environnement et milieux hybrides sont très sollicités. Donc, sachant
qu'il y a cette pénurie-là, bien, eux
autres, ils trouvent que : Non, ça n'a pas d'allure. Vous ne nous donnez
pas la chance de pouvoir fonctionner vraiment.
Je m'en vais
directement... Parce que je vois... vous me faites signe comme quoi il ne me
reste pas beaucoup de temps. Moi,
c'est la Vérificatrice générale, Mme Leclerc, qui donne des suggestions.
Puis elle, elle parle justement au niveau des redditions de comptes, mais aussi l'impact possible des mesures
d'accélération sur l'environnement, mais elle donne vraiment des bons
enlignements. Comme elle, elle mentionne : «Comme l'objectif du projet de
loi est d'accélérer la réalisation des
projets d'infrastructure, il faut viser à ce [...] rythme [...] la reddition de
comptes soit adaptée en conséquence [...]
que l'on puisse réagir suffisamment tôt en cas de situations problématiques.»
Donc, elle conte que, déjà en régulier, il y a des problèmes, imaginez-vous quand on va aller justement en accéléré,
les problèmes vont s'agrandir. C'est qu'est-ce que la Vérificatrice générale, elle vient de
mentionner. Donc, elle dit : Faites attention, parce que, déjà, j'ai des
problèmes, je vous le dis, quand je
fais mon rapport. Ça fait que, là, comment
vous allez faire sur des projets avec une accélération de cet ordre-là?
Puis elle parle justement, l'impact, elle aussi, sur l'accélération sur
l'environnement, parce qu'elle mentionne justement que c'est qui qui va payer, bien, ça va être les
petits-enfants, c'est ceux qui viennent après nous, donc. Et, à quelque
part, je pense qu'on... tu sais, on n'a pas assez ça dans notre tête,
l'environnement, puis je pense qu'il faudrait y penser.
Donc,
j'espère qu'il va y avoir des modifications pour peaufiner ce projet de loi là,
et d'ailleurs, on va y travailler consciemment. Merci.
• (17 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je suis prête à entendre un autre intervenant. Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, heureuse, à mon tour, de prendre
la parole sur le projet de loi n° 66, Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure,
dans le cadre du débat sur l'adoption de principe. D'entrée de jeu, je
réitère ce que plusieurs de mes collègues ont déjà confirmé, que nous allons
voter pour le principe, évidemment. Nous sommes, c'est certain, en faveur
d'accélérer les projets d'infrastructure.
Nous sommes
une formation qui a toujours été reconnue pour son appui et intérêt au
développement économique. On a
toujours prôné le développement économique, mais en autant que ce soit fait de
façon responsable et durable. On veut que les choses avancent. On veut créer
des emplois. Et on est bien sensibles, évidemment, au contexte de la COVID,
qui rend la vie extrêmement, extrêmement
difficile pour tous les individus, tous les Québécois, les entreprises, les
familles. Donc, le fond de la chose,
évidemment, on est pour ça. Cependant, évidemment, il est important qu'on fasse
bien les choses, et nous avons donc des critiques, des commentaires et
nous aurons certainement des amendements à proposer.
Alors, Mme la Présidente, tout d'abord, rappelons-nous du
contexte. Plusieurs de mes collègues l'ont soulevé, mais moi, je tenais
aussi à mentionner ce contexte du projet de loi n° 66,
qui a commencé avec le défunt projet de loi n° 61, déposé le 3 juin dernier par le président du
Conseil du trésor de l'époque, juste avant la fin de la session parlementaire.
On se souvient du tollé que ce projet de loi... et des critiques de
partout qu'a générées ce projet de loi. Le titre du projet de loi n° 61 : Loi visant la relance de l'économie du
Québec et l'atténuation des conséquences de l'état d'urgence sanitaire déclaré le 13 mars 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19.
Donc, tout indiquait, dans le titre, qu'il fallait être pour ça. Évidemment, un titre bien vendeur, Mme la
Présidente. Qui n'est pas pour la relance économique? Mais ça ne suffit pas
d'avoir un titre vendeur. Il faut aussi que le contenu soit au rendez-vous.
À cet égard, il y avait beaucoup de critiques venant de
partout, je l'ai déjà mentionné, mes collègues l'ont mentionné, non seulement des partis d'opposition, mais de la
société civile en général. Mais, selon le gouvernement et le premier ministre,
il fallait absolument l'adopter, il fallait l'adopter de façon expéditive et
avant la fin de la session.
Et on se rappelle, Mme la Présidente, durant l'été dernier,
le premier ministre a fait le tour du Québec pour vanter le projet de loi et a
reproché à l'opposition officielle, et peut-être toutes les oppositions, de
vouloir freiner l'économie, de mettre
les bâtons dans les roues. Mais finalement un fort tollé a forcé le
gouvernement à reculer, retourner à la planche à dessin et refaire ses
devoirs.
Et je me souviendrai
toujours de la chronique de juin dernier de Paul Journet de La Presse.
Évidemment, quand certains journalistes et grands journaux se prononcent, ça
peut avoir un impact sur un gouvernement et ses orientations. En tant que membre du gouvernement précédent, je
me souviens bien de ces articles qui pouvaient faire virer, donc, un
gouvernement qui était déjà sur une tracée. Ça fait partie un peu du décor dans
lequel on gouverne. Et évidemment le gouvernement était sensible à tout ce
qu'il entendait.
Donc, ce qu'il a dit dans La Presse, il
avait souligné que le projet de loi n° 61 ratissait beaucoup trop large en
se donnant le pouvoir de renouveler l'état d'urgence pour une période
indéterminée, le pouvoir de changer les lois par décret en mettant les ministres à l'abri des poursuites
judiciaires, en empêchant les citoyens de contester une expropriation, en
dérogeant à la Loi sur les contrats des
organismes publics, et donc en concluant, par exemple, des ententes de gré à
gré. Il affirmait même que le gouvernement, en voulant légiférer de la
sorte, s'attaquait carrément aux contre-pouvoirs.
Et j'aimerais ajouter un commentaire, Mme la Présidente.
Dans l'époque, j'ai été ministre pendant huit ans, j'ai présenté un grand nombre de projets de loi, mais
j'ai aussi assisté comme membre des différents comités ministériels et évidemment au Conseil des
ministres. Puis il y a plusieurs étapes dans un projet de loi. Et c'est à tous
et chacun de lever la main quand on
voit des problèmes dans un projet de loi. Et mon collègue de La Pinière
l'a bien soulevé aussi, le Comité de
législation, c'est le dernier rempart. Si ça n'a pas été fait avant le Comité
de législation, c'est fait là, où on avertit le ministre et les membres du gouvernement de certains dangers, de certains
excès, si c'est illégal ou inconstitutionnel. Et, honnêtement, un projet de loi aussi mal ficelé, moi, j'ai de la misère à comprendre
comment ça a pu passer outre toutes ces vérifications tout le long. Et
je pense qu'il y
a une leçon, là, pour le gouvernement, c'est de faire attention, et que tous les membres du gouvernement
ont cette responsabilité. D'avoir autant d'opposition à une loi, ce n'est pas
un bon signe.
Alors,
comme je vous dis, le député de La Pinière l'a bien dit, ces points litigieux sont soulevés,
et ensuite, donc, si le gouvernement décide d'aller de l'avant, évidemment, ils ne peuvent pas être surpris quand ils voient
la réaction de tous et chacun. Alors,
dans ce cas-ci, évidemment, c'est justement la réaction de la société en général, des oppositions et de la société en général, qui a forcé le
gouvernement, donc, à retourner à la planche à dessin pour une nouvelle... et
de changer évidemment de ministre,
ça, c'était important aussi, donc la nouvelle ministre, la présidente du
Conseil du trésor, qui a piloté, évidemment, le projet de loi
n° 66.
Alors,
si on revient au projet de loi n° 66 qui est devant nous, une nouvelle
mouture améliorée du projet de loi, donc, il prévoit plusieurs dispositions permettant l'accélération des travaux
d'infrastructure, il... Je n'irai pas dans le détail de tout ça, je pense que mes collègues ont beaucoup parlé
de tous ces éléments du projet de loi. Certains ont émis des doutes par
rapport à certains projets qui étaient déjà bien enclenchés, qui pouvaient
fonctionner et avancer sans un projet de loi dédié
à l'accélération de ces projets de loi. Donc, il y a comme, à quelque part, un
certain marketing qui s'est fait, là. Je pense qu'il n'y a personne qui ne voit pas l'aspect marketing. Peut-être
qu'il y a aussi un désir de montrer qu'on bouge. Ça, je peux comprendre ça, qu'un gouvernement veuille
montrer qu'on bouge pour donner, comment dire, un souffle à tout le
monde qui a besoin de sentir que les emplois se créent puis qu'on voit des
choses qui se bâtissent. Je peux l'accorder dans
un contexte de COVID qui est tellement dérangeant et difficile pour tout le
monde. Mais, avec le projet de loi n° 61, il y a quand même une leçon à apprendre, là, c'est qu'il faut faire
attention avec trop de marketing aussi et de procéder avec beaucoup de
sérieux. Même s'il y a une crise, même s'il y a un recul important de
l'économie, même s'il y a urgence, il n'y a rien, rien qui ne peut justifier un
manque de rigueur quand on est au gouvernement.
Donc,
il confie... parmi les différentes dimensions
du projet de loi, donc, le projet de loi n° 66
confie à l'Autorité des marchés publics la fonction d'examiner le processus d'adjudication
ou d'attribution des contrats publics. Bien qu'elle puisse ordonner la suspension ou la résiliation
d'un contrat adjugé, son pouvoir se limite à une recommandation dans le
cas d'un projet sous l'autorité d'un organisme municipal.
Alors, soulignons les
corrections que le gouvernement a dû et su amener. Je dis «su» parce que je
pense que c'était entre bonnes mains pour
amener ces correctifs. On a enlevé la prolongation indéfinie de l'état
d'urgence sanitaire, la possibilité d'ajouter des projets
d'infrastructure à la liste dans les deux prochaines années. On a enlevé les
dispositions permettant de revoir l'ensemble
des contrats accordés par les municipalités, enlevé la possibilité de modifier
par décret toute loi au nom de la pandémie COVID-19 et, évidemment
très important, on a enlevé l'immunité de poursuite.
Pour ce qui est des
expropriations et la procédure d'expropriation prévue dans le projet de loi
devant nous, le gouvernement propose
d'accélérer le processus. À présent, le processus prévoit, d'une part, une
signification d'expropriation et, d'autre part, un avis d'expropriation.
Par ailleurs il serait impossible pour un citoyen de contester l'expropriation.
Alors,
sans amendement, le projet de loi n° 66 fera disparaître le contrôle
judiciaire de la Cour supérieure sur le bien-fondé des expropriations, y
compris pour les causes pendantes, ouvrant la porte à des contestations
certainement constitutionnelles, sinon à des abus de la part des parties
expropriantes.
Dans
son mémoire, l'avocat, Me Nikolas Blanchette, du cabinet Fasken Martineau
DuMoulin, d'ailleurs, c'est un spécialiste
en droit de l'expropriation, il confirme que les mesures proposées pour
accélérer les projets d'infrastructure en ce qui concerne l'allègement proposé de la procédure d'expropriation,
sont, je le cite, «insuffisantes, incomplètes et pour certaines potentiellement illégales sur le plan
constitutionnel». Il affirme qu'«en retirant aux parties expropriées le pouvoir
de contester le droit d'expropriation,
laquelle expropriation porte atteinte de manière importante et non désirée au
droit de propriété, le législateur
s'expose à des contestations judiciaires, surtout dans la mesure où l'intention
législative est de»...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée, si vous voulez
reprendre votre temps de parole... Je dois vous interrompre, évidemment, à cause de l'heure, mais vous allez pouvoir...
À la reprise des travaux, à 19 h 30,
vous pourrez reprendre le temps de parole qu'il vous reste. Alors, je vais suspendre les travaux quelques
instants pour permettre aux gens de sortir du salon bleu et de
désinfecter.
Alors, je suspends quelques
secondes avant le débat de fin de séance.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 4)
Débats de fin de séance
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous reprenons nos travaux avec le débat de fin de séance. Nous allons maintenant procéder aux trois débats de fin de séance. Et je
comprends qu'il y a
eu une entente pour changer l'ordre de débat
annoncé précédemment. Alors, le premier débat portera donc sur une question
adressée par M. le député
de D'Arcy-McGee au ministre
de la Santé et des Services sociaux concernant la nécessité de tenir une conversation
nationale sur la santé mentale
à travers une commission parlementaire spéciale et non partisane.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a
ensuite un droit de réplique de deux minutes.
M. le député de
D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Tenue
d'une commission parlementaire
sur la question de la santé mentale
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Je salue la présence — et je l'apprécie — du ministre. Je comprends que c'est
des temps assez, assez chargés et occupés, alors j'apprécie beaucoup sa
présence.
Écoutez,
on vient de vivre collectivement une fin de semaine épouvantable, une tragédie
dont c'est difficile de même mettre
les mots là-dessus. Et nous, on ne peut qu'imaginer l'ampleur de la douleur
devant les familles, les proches, les citoyens et citoyennes de Québec,
pour qui la vie a l'air, en quelque part, changée.
Écoutez, en même
temps, Mme la Présidente, les enjeux en tout ce qui a trait à la santé mentale
ne sont pas nouveaux, au Québec, il faut en
convenir, mais sont accentués dans la période actuelle de cette pandémie. Nous
avons tendu la main, ce matin, et
j'aimerais en faire une autre, tentative pour proposer une commission parlementaire
spéciale sur les enjeux de la santé mentale. Et on cherche...
Et
je salue les interventions du gouvernement, qui était soigneux de ne pas faire
un amalgame de la fin de semaine et
de ne pas tomber dans le piège de stigmatiser davantage la santé mentale. C'est
un acte aberrant d'un individu qui est de
toute évidence très malade, mais on ne veut pas restigmatiser les difficultés
de santé mentale en fonction de ce qui est arrivé, ce serait vraiment
dommage de le faire.
Par
contre, par contre, le fait que les déclarations du ministre responsable ont
été devancées, et peut-être à juste titre, démontre que la fin de semaine nous a rendus obligés de confronter
l'étendue de cette crise, et je le nomme comme ça, de cette crise de santé mentale, et nous a rappelé
des dangers devant nous. Et là le lien que je me permets de faire, c'est, comme
je dis, d'imaginer la couche d'anxiété et de
détresse qui s'ajoute chez notre population suite à cet événement aberrant.
Donc, tout ça nous interpelle à nouveau, et comme a suggéré la mairesse
de Montréal, le maire de Québec, la mairesse de Trois-Rivières, à avoir, à entamer une discussion de genre nationale.
Nous, on propose que ce soit une commission parlementaire spéciale. Et je tiens à noter que c'est la prérogative du
premier ministre d'en convoquer une. Ce n'est pas juste le plaisir des
députés en commission.
Je me permets, dans
le petit temps que j'ai, à énumérer 10 choses, 10 raisons, 10 avantages
de faire un tel geste, structurant, de même : information, de faire appel
aux meilleures données pour qu'on puisse comprendre l'étendue du problème, des listes d'attente, comment elles sont
confectionnées et elles sont à quelle taille; prévention, quelles sont les
meilleures pratiques pour intervenir avant
que les problèmes se posent; recherche, c'est quoi, les données les plus
probantes à travers le monde; transparence,
M., Mme Tout-le-monde veut savoir comment on délibère là-dessus et qu'est-ce
qu'on va faire; confiance, confiance,
les gens ont le goût de voir valider leurs préoccupations et d'entendre, oui,
du gouvernement et des parlementaires
que, oui, nous sommes devant une crise, alors on n'épargne aucune dépense,
aucune partisanerie pour l'attaquer comme il faut; mobilisation, la
première ligne, c'est, pour chaque personne, de regarder son voisin qui habite
tout seul, son cousin qui a des
troubles de comportement et d'être là, à l'entraide; évaluation, est-ce qu'on peut évaluer les pratiques
de façon responsable; débat, il y aurait un débat responsable et transparent; responsabilisation,
de prendre en main nos responsabilités; finalement,
résultat, obligation de résultat sur cette crise. Est-ce qu'on va faire comme
il faut et l'évaluer comme il faut? Merci.
• (18 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole au ministre de la Santé et des Services sociaux pour une
durée de cinq minutes.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je
remercie le député pour cette occasion de reparler, encore une fois, de
la santé mentale, dont nous avons parlé en Chambre dernièrement, et cela, à
maintes reprises.
J'aimerais
dire aussi, Mme la Présidente, que sur les événements de la fin de semaine, je
ne peux pas m'empêcher de dire aux
citoyens qui nous regardent ce soir toute l'horreur que j'ai par rapport à ce
qui est arrivé ici, à Québec, et ce qui est arrivé aux victimes. J'ai eu la chance, Mme la Présidente, d'étudier
ici, à Québec, dans le Vieux‑Québec, dans ces rues mêmes où est arrivée, où s'est déroulée la
tragédie. Mon appartement à Québec est juste à côté des lieux où est arrivé
plusieurs des scènes du crime, et
j'ai encore des frissons à penser qu'il y a des citoyens qui ont vécu ces
heures d'horreur là, au cours du
week-end, puis je veux leur donner, au nom de notre gouvernement et de mes
collègues, tout notre appui et nos sympathies pour ce qui est arrivé
durant le week-end.
Bon,
sur la question de la santé mentale, c'est aussi un sujet sur lequel nous
travaillons depuis notre arrivée au pouvoir. Et, en fait, ce que je voudrais rassurer la population, c'est de dire
qu'en fait ce que nous demande l'opposition, nous le faisons déjà. Nous le faisons déjà, Mme la
Présidente, parce que le Plan d'action en santé mentale 2015‑2020, qui
arrive à échéance... Les travaux qui
entourent l'élaboration du prochain plan d'action qui sera maintenant pour les
cinq prochaines années, vont nécessiter un travail qu'on appelle
interministériel et ont été amorcés, en fait, depuis le printemps 2019.
Ma prédécesseure qui
était ministre de la Santé avait tenu notamment deux forums, deux forums avec
des représentations des partis de
l'opposition. Donc, je pense que le parti d'opposition était non seulement au
courant, mais impliqué, et avec plusieurs membres, Mme la Présidente, de
la société civile, pour discuter des enjeux de santé mentale.
Il y a eu deux forums qui ont eu lieu.
Il y a eu un premier forum qui s'est tenu le 13 mai 2019, qui était
particulièrement pour les jeunes, et
un deuxième forum, deux jours, le 28 et 29 octobre 2019. Ce forum-là était
plus pour les adultes en santé mentale.
Donc, les consultations qui ont eu lieu, Mme la Présidente, ce n'est pas
d'hier, là, qu'on s'occupe de santé mentale. Et c'est pour ça que nous disons : Ce que l'opposition nous
demande, on le fait déjà. On le fait déjà. Et ces consultations-là, qui sont non partisanes, doivent mener à un
nouveau plan d'action, un nouveau plan d'action interministériel qui devrait
voir le jour prochainement.
Malheureusement,
avec la pandémie, puis je pense que l'opposition le comprend, le plan d'action,
qui était attendu pour
l'automne 2020... bien, la pandémie, avec ce qui est arrivé, a retardé les
travaux. Maintenant, mon collègue, qui est le ministre délégué à la Santé et
responsable de la santé mentale, nous dit que le plan d'action ministériel est
maintenant attendu pour le
printemps 2021. Par contre, les discussions qui vont avoir lieu et qu'ils
vont faire dans les prochaines semaines vont quand même commencer. La suite, ce sera des consultations, Mme la
Présidente, avec les gens de terrain et au niveau institutionnel. Les consultations avec
l'opposition et avec les autres parties prenantes vont commencer dans les
prochaines semaines.
Alors,
je le répète, Mme la Présidente, je suis heureux d'avoir cette question-là du
député de D'Arcy-McGee, mais, les
questions qu'il nous demande, nous les adressons déjà et nous allons continuer
de pouvoir travailler avec tout le monde. Et j'espère que le député de
D'Arcy-McGee pourra faire partie de ces consultations-là s'il le juge à propos.
Merci beaucoup. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant,
je cède la parole pour le droit de réplique à M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
(réplique)
M. Birnbaum :
Mme la Présidente, je comprends qu'il y avait quelques consultations avant la
pandémie. Je comprends que le ministre et le ministre responsable
prennent leurs responsabilités très au sérieux. Il y a des conversations qui
s'entretiennent entre quelques experts et le gouvernement. Je comprends même,
puis ça a été mentionné à plusieurs reprises,
que, oui, il y avait un appel avec les porte-parole de l'opposition, très
apprécié. On a eu une conversation constructive, mais, Mme la Présidente, le geste que nous proposons, et on va continuer
à le faire, a comme but de faire comprendre aux Québécoises et Québécois qu'ils peuvent se sentir validés, validés dans
leurs incertitudes, validés dans
leurs préoccupations pour
leurs enfants, qui sont devant leurs écrans trop souvent de temps dans la
journée, validés dans leur perception que nous sommes devant une crise. Validation que leurs élus, les 125, de façon
non partisane, veulent se mettre à la tâche. Validés dans leur voeu de savoir que les meilleures
pratiques partout au monde vont être implantées au Québec,
que les investissements ne
seront pas ignorés, si nécessaires, que le tout va être fait en grande
transparence, en grande imputabilité,
de façon urgente et concrète, et tout de suite. Il n'y a rien qui peut
remplacer ça.
Et
je tiens à noter que, si — on va continuer à tendre la main — si la décision reste négative, ça va être la
décision du premier ministre. Ce
n'est pas les députés qui convoquent ce genre de commission spéciale, c'est le
premier ministre. Les Québécois ont des attentes, et j'espère que notre
gouvernement va être à la taille.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant,
nous allons procéder au deuxième débat de fin de séance, qui portera sur
une question adressée par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis au ministre de
la Santé et des Services sociaux concernant le cas d'une personne handicapée
vivant dans une ressource intermédiaire. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
je vous cède la parole pour une durée de cinq minutes.
Mesures
de confinement en ressource intermédiaire
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, chers collègues. J'ai parlé de mise en
scène. Oui, j'ai parlé de Simon,
Simon, une personne de 25 ans qui souffre de la schizophrénie, qui habite
dans une ressource intermédiaire, une RI,
mais j'aurais pu très facilement dire le nom de Christian, de Jean-François, de
David, de Marwah, de Jennifer. C'est le cas de plusieurs personnes qui habitent dans les ressources
intermédiaires. Simon, ce n'est pas un cas isolé. Le problème avec la situation de Simon — parce que c'est un pseudonyme — c'est que c'est de la discrimination en
fonction de leur habitation, de leur chez-eux, où ils habitent.
On
ne peut pas... Il faut arrêter, premièrement, de penser qu'on n'a pas des
règles qui devront être adaptées pour des
personnes handicapées qui habitent dans les ressources intermédiaires. Déjà,
ces personnes ne se sentent pas acceptées, alors, avec des règles qui ne sont pas ciblées pour eux, qui ne sont pas
adaptées pour eux, bien, c'est sûr, ils se sentent encore plus éloignés
de ce qui est normal, typique.
Puis,
je répète, je parle des personnes de 25 ans, je parle des personnes de
19 ans, de 20 ans, de 35 ans, et ils sont tellement isolés, c'est devenu une prison, leur
chez-eux. Ce n'est pas acceptable, Mme la Présidente. Je répète que c'est
des personnes qui sont en santé. Je comprends que, dans ce cas-ci, évidemment, Mme
la Présidente, je n'aurais même pas posé la
question s'il y avait un cas COVID dans ce RI, mais ce n'est pas le cas. C'est en
zone rouge, mais est-ce que c'est zone
rouge, orange parce que c'est entouré par le rouge? Tu sais, je ne sais même
pas. Je sais que c'est zone rouge, alors les règles ne sont même pas
modulées pour eux.
On a eu une
copie de ces règles, qui nous a été envoyée par l'association... par les
travailleuses sociales, qui nous ont
dit que, écoute, il n'y a rien qui est permis. Non permis : Des activités
socioprofessionnelles, sauf pour l'usager qui occupe un emploi dans les services essentiels. Mais
pas dans le cas de Simon. Il faut limiter des sorties essentielles pour privilégier la livraison. Ils sont vraiment
emprisonnés. J'ai parlé plusieurs fois avec la maman de Simon, puis elle n'a pas
accès à son enfant. Il faut qu'elle parle à
lui du stationnement pendant que, lui, il est dans la fenêtre. Il ne comprend
pas qu'est-ce qui se passe. Il voit vraiment
qu'il y a du monde qui sort, qui marche à l'extérieur. Mme la Présidente, les enfants qui habitent en CPE ont le droit de sortir. Ils
sont aussi en santé. C'est des personnes malgré leur handicap ou leur difficulté
de santé mentale. Parce que, dans ce cas-ci, on parle de la schizophrénie.
J'aurais pu mentionner autisme, j'aurais pu mentionner une déficience intellectuelle, j'aurais pu mentionner une
déficience ou une difficulté neurologique. C'est des personnes qui, quand même, ont une santé
physique où ils peuvent sortir. Ils sont jeunes. Il faut avoir des règles qui
sont modulées pour ces personnes.
• (18 h 20) •
Quand j'ai
parlé avec la maman de Simon, j'étais vraiment bouleversée parce qu'elle nous a avoué qu'il faut
qu'elle mente à son fils. Elle prend
le téléphone, elle lui parle, puis, tellement qu'elle veut protéger sa santé mentale, tellement qu'elle veut le protéger de l'information qui sort puis qu'est-ce qui se passe de l'extérieur de lui, sa bulle,
où il habite, elle ne raconte pas
qu'est-ce qui se passe dans sa vie. Elle ne dit pas qu'elle sort pour prendre
une marche. Elle ne dit pas que je suis allée au dépanneur, que je suis allée au centre d'achats ou j'ai le privilège
de sortir parce que vous, vous ne pouvez plus faire ça. Toi, mon fils que j'aime beaucoup,
je comprends que tu souffres parce que tu es comme dans une prison à cause des
règles qui ne sont pas modulées pour
toi. L'hiver s'en vient. Elle ne peut pas continuer à visiter son fils du
stationnement en regardant dans la
fenêtre. Elle ne peut pas aller sur son balcon, même pour le rencontrer. Elle
est tellement loin. L'hiver s'en vient. Qu'est-ce qu'ils
vont faire?
Je répète, il
n'y a aucun cas dans la résidence intermédiaire de Simon. Mais je répète aussi
que le cas de Simon, c'est le cas de
neuf autres résidents dans cette RI puis c'est le cas de plusieurs autres
résidences qui sont en zone rouge. On parle de 3 200 personnes qui
habitent à la résidence intermédiaire, Mme la Présidente. Si on va cibler
toutes les zones rouges, ça veut dire, c'est les mêmes règles qui sont
envoyées aux dirigeants. Ce n'est pas une question de protéger la population. Ce n'est pas une question de privilégier la
santé. C'est une question de santé
mentale. C'est une question
d'utiliser notre gros bon sens. C'est
une question d'avoir un respect pour ces personnes qui sont
adultes, qui sont capables. Je répète encore, on a des enfants qui habitent en CPE qui ont le droit de sortir, on
devrait avoir les mêmes règles qui s'appliquent aux personnes
adultes handicapées.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux pour une durée de cinq minutes.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Puis je vous salue à nouveau, suite à la chance que j'ai d'avoir
cette deuxième interpellation là. Et je
remercie aussi la députée de tenir ce débat-là de fin de séance sur un
dossier, en fait, qu'on a abordé aujourd'hui, durant la période de
questions.
Et, si la
députée juge bon de revenir, je respecte sa question parce que,
pour elle, c'est très important, puis je le respecte. Mais ça va me permettre quand même, Mme la Présidente, de réitérer ce que j'ai dit un
peu plus tôt dans le même salon bleu, lors de la question
d'aujourd'hui. Puis je tiens à mentionner un élément excessivement important. En fait, ce n'est jamais de gaité de coeur que
des milieux d'hébergement resserrent des mesures lorsque
ça concerne les sorties de résidents. Je
pense qu'il faut bien comprendre le contexte, il n'y a personne qui met ces
mesures-là pour se faire plaisir. Lorsque c'est
fait, ces mesures-là, qui sont restrictives, c'est toujours
dans un souci de sécurité pour les usagers de l'installation. Je pense que tout le monde le comprend.
Par contre,
je veux rappeler que les proches
aidants sont toujours
admis dans les ressources intermédiaires. Ils sont toujours admis, à
moins qu'il y ait une demande de dérogation de la part de l'installation. Puis
ça, je pense que c'est important que les gens comprennent bien que, si la
ressource intermédiaire, c'est-à-dire cet établissement-là, ne demande pas une dérogation, les proches
aidants — dans ce cas-ci, là, je comprends maintenant
que Simon est un nom fictif, mais ça
me semble un cas réel — le
proche aidant peut aller rendre visite à son fils, à moins qu'il y ait
eu une dérogation de la part de l'institution.
Mais ce qu'on
peut dire aussi, toutefois, c'est, lorsque les ressources intermédiaires sont
en zone rouge, puis je pense que c'est à ça que voulait faire référence
la députée, ou lorsqu'il y a une éclosion, bien, les résidents ne peuvent effectivement pas sortir du terrain de
l'installation. Puis ça, je pense que tout le monde le comprend, parce qu'on ne
sait pas, lorsqu'ils sont en zone
rouge, s'il y a une éclosion, si ce
serait prudent de les laisser sortir. Mais ils peuvent aller quand même sur le
terrain. En zone orange, je le spécifie, les usagers ont le droit de sortir, à
moins, encore une fois, qu'une éclosion ait lieu dans les ressources
intermédiaires.
Après les
vérifications que j'ai faites aujourd'hui suite à la question de la députée, un
peu plus tôt aujourd'hui, je le répète,
aucune demande de dérogation n'a été faite par les ressources intermédiaires.
Donc, s'il n'y a aucune demande de dérogation
qui a été faite par les ressources intermédiaires, c'est-à-dire que les proches
aidants... dans le cas-ci, madame peut
aller rencontrer son fils, peut aller le visiter, peut rentrer à l'intérieur, à
moins qu'on aille dans les conditions de dérogation. Alors, je le répète, notre priorité, c'est
d'assurer l'accès aux personnes proches aidantes dans le milieu de vie,
incluant les ressources intermédiaires.
Alors,
maintenant, c'est toujours difficile, puis je l'ai mentionné ce midi ou un peu
plus tôt cet après-midi lorsque j'ai
eu la question, c'est toujours un peu difficile de discuter un cas, on va
appeler ça chez nous un cas d'espèce ou un cas de comté, lorsqu'on est au salon bleu. Je le répète, ça me fait plaisir
de traiter le point ce soir. Mais, comme je l'ai mentionné, ce que j'inviterais
plutôt la députée, c'est à nous faire parvenir l'information spécifique à son
cas, relative aux conditions particulières
parce que, selon les informations que j'ai en ce moment, la mère de Simon — cas fictif — pourrait aller le visiter, et, si ce n'est pas le cas, si la
ressource intermédiaire n'a effectivement pas demandé de dérogation et qu'elle
refuse cette entrée-là, bien, je
voudrais le savoir, puis on pourra poser les gestes. Pour moi, je pense qu'on
répond à la question de la députée.
J'aimerais qu'on puisse faire le suivi, puis ça va me faire plaisir, Mme la
Présidente, et Mme la députée, de faire le suivi avec vous lorsque vous
voudrez nous donner l'information nécessaire. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis
pour son droit de réplique.
Mme Jennifer Maccarone (réplique)
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Ce n'est pas un cas fictif, c'est un nom fictif pour
protéger l'identité, évidemment, de
Simon. Avec grand plaisir, je vais partager toutes les informations que nous
avons sur Simon. Mais la réalité,
c'est qu'il est en zone rouge, et il ne peut pas sortir. Alors, j'entends que
le ministre dit qu'on n'a pas eu de demande de dérogation, mais ça reste que, parce qu'il n'y a pas de demande, ça
ne veut pas dire qu'il n'y a pas de cas. Souvent, les gens qui résident dans les RI ne savent pas c'est
quoi, leurs droits. Ils se font dire que c'est les mêmes règles qui
s'appliquent aux CHSLD qui
s'appliquent à nous. Alors, on prend ça super au sérieux parce qu'il y a une
grande peur dans la population, on ne
veut pas faire... on ne veut pas commencer la propagation du virus. Je
comprends ça très, très bien. Mais, moi, ce que je demande du ministre, c'est d'avoir des règles qui sont modulées pour les personnes
handicapées qui résident dans les
résidences intermédiaires, oui, pour
corriger le cas de Simon, mais pour corriger le cas de toutes les personnes handicapées qui habitent dans ces
types de résidence.
On ne peut
avoir les mêmes règles qui s'appliquent aux aînés dans les CHSLD qui vont
s'appliquer aux plus jeunes, aux
personnes qui ont quand même une santé
mentale... pas une santé mentale, mais une santé physique, qui sont en forme. Il faut avoir quelque chose qui est adapté
pour eux. Alors, avec plaisir, je vais quand
même partager ceci. Moi, ma crainte,
c'est que ces personnes-là sont doublement
handicapées à cause des règles qui s'appliquent à eux parce que
ça s'applique aux CHSLD. Alors, on n'a pas quelque chose qui est
différent pour ces personnes.
Puis, oui, je
comprends l'idée de la proche aidance, puis c'est tout à fait vrai, mais ça
reste qu'il veut voir sa soeur, il
veut voir sa famille, il aimerait sortir plus qu'une heure par jour parce que
c'est ça qu'il peut faire, une heure par jour supervisé, où auparavant il pouvait sortir pour faire ses petites
commandes, pour aller marcher, pour faire autre chose. C'est quand même
une sorte d'indépendance que je pense que c'est juste et valable pour un être
humain. Alors, en espérant qu'on va pouvoir régler le cas pour Simon et
toutes les personnes comme Simon.
• (18 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous allons procéder au troisième débat de fin de séance qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation concernant l'absence de la volonté du gouvernement caquiste mettre en place un protecteur de l'élève. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Traitement des plaintes
en milieu scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Cet après-midi j'ai rapporté les propos très blessants,
dégradants, écrasants... Et je n'ose
même pas dire «de l'enseignant»,
parce que ce serait une insulte pour l'ensemble des enseignants, qui, pour la très, très, très grande majorité,
n'abondent pas du tout dans ce sens-là. La très grande majorité sont pleins
d'amour pour leurs élèves, pleins de
bienveillance. Mais, comme partout, partout, il y a toujours un individu qui
s'écarte de la norme. Et ici on parle d'une personne, un individu qui
enseignait, qui avait la responsabilité du cours d'histoire et éducation citoyenne. Donc, il doit préparer les élèves à
devenir les citoyens de demain. Et il a détourné son cours, il a détourné son
cours pour en faire une plateforme pour
passer ses messages à caractère évidemment homophobe, xénophobe, islamophobe,
raciste, sexiste et même à caractère
violent. Dire à un élève : Si tu ne te tais pas, je vais te faire passer à
travers la moustiquaire, il me semble
que ce n'est pas du tout la façon qu'on veut vivre au Québec. Dire aux élèves... Et je vais citer ce qui
a été rapporté. Il disait en classe qu'il y avait de moins en moins de
Québécois de souche chaque année. Il a dit qu'il n'enverrait jamais ses enfants à l'école Henri-Bourassa
parce qu'il ne voudrait pas que ses enfants soient en minorité. Il ne faudrait
surtout pas que ses enfants soient confrontés aux autres élèves qui,
eux, ont des origines autres.
Il a demandé
aux élèves : Levez la main, qui est Québécois. Instinctivement, les
enfants ont levé leur main. Je suis Québécoise. Imaginez, moi, il
m'aurait demandé, moi, Marwah Rizqy, née au Québec de parents d'origine
marocaine, de baisser ma main, parce que,
selon lui, je ne suis pas Québécoise, selon sa définition. Quand on a
14 ans, 15 ans, là, on se cherche,
et c'est encore plus vrai lorsqu'on a des origines différentes, lorsqu'on est
un petit peu basané, lorsque notre nom, si ça avait accepté au Scrabble, ça scorerait 49 points, puis que
tout le monde te demande : Ça prend-tu un h? C'est-u avec un z ou
avec un k, ton nom?
Cet élève,
oui, ça aurait pu être moi. Puis savez-vous quoi? Ça a déjà été moi. Mais, moi,
la différence, c'est que j'étais à
l'université, puis, lorsque j'ai eu un professeur qui avait fait une blague
vraiment plate avec un nom d'importée, et que j'ai eu 50 élèves, 50 étudiants qui se sont tournés vers
moi, un nom d'importée, et que... moi, la différence, c'est que j'étais en troisième année, en droit, et que
j'aspirais à devenir avocate, j'aspirais à défendre les droits et libertés, et
que j'ai pu immédiatement corriger le professeur, et
qu'il a pu s'excuser immédiatement, dans cette classe, puis qu'il a compris que
les mots ont un sens puis une portée.
Ça
fait que les mots, là, blessent. Mais savez-vous qu'est-ce qui blesse encore
plus? Les silences. Il y a des silences qui sont très assourdissants. Puis je vais vous parler des silences. Les
élèves d'Henri-Bourassa, à tour de rôle, depuis 2010, ont porté plainte, leurs parents aussi. Année
après année, les plaintes ont été ignorées. De toute évidence, il a pu
continuer, cet individu, à détourner
son cours pour faire la promotion de ce que lui, il croit. Il a pu, dans son
cours, dire à des élèves : Vous
trois, là, je ne veux pas que vous vous assoyiez ensemble. Il ne voulait pas
avoir trois voilées parce qu'elles vont faire sauter son char apparemment.
Vous, les musulmans, excusez-vous pour les attentats de Charlie Hebdo,
parce qu'après tout vous êtes des
terroristes, et, si tous ces problèmes-là existent dans le monde, c'est que
vous, là, personnellement, vous les avez créés.
Moi,
je me rappelle où j'étais, le 11 septembre 2001. J'étais dans une classe,
dans mon cours d'enseignement moral, à
l'époque, qu'on appelait, j'étais précisément dans ce cours-là lorsque les tours
sont tombées et qu'on les a vues à la télévision. Jamais que mon enseignant ne m'a dit : Toi,
là, la fille d'origine marocaine, de parents de confession musulmane, lève-toi
puis va t'excuser pour tes frères et soeurs
radicaux extrémistes. Imaginez si quelqu'un m'avait dit ça, de se lever puis
dire : Moi, je vais m'excuser pour tous ces morts.
Alors,
moi, aujourd'hui, je le demande encore, je crois sincèrement que ça prend une
enquête indépendante et, oui, de donner suite au protecteur de l'élève
indépendant.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Je remercie ma collègue de ramener cette question au
salon bleu. On en a parlé aujourd'hui lors de la période de questions,
mais c'est un sujet qui est assez large, là, qui peut mériter qu'on revienne
dessus. Ma collègue a parlé de plusieurs sujets qui sont connexes :
l'inclusion, ce qui se passe à l'école Henri‑Bourassa,
la question du protecteur de l'élève. Puis ma collègue a rapporté des propos
totalement injustes et inacceptables.
Donc,
je vais peut-être commencer par adresser un message aux parents à travers le
Québec puis aux élèves qui peuvent
avoir été victimes de commentaires semblables à ceux qui ont été rapportés par
ma collègue. Je veux juste vous dire
que le gouvernement se dissocie totalement de tous propos injurieux, racistes,
sexistes, blessants qui peuvent avoir été prononcés à l'intérieur d'une école, d'une classe, qui est un lieu où on
doit, oui, apprendre français, mathématiques, sciences, histoire, mais on doit
apprendre à vivre ensemble. Puis ça doit être un lieu qui est sain, un lieu
bienveillant, un lieu où on se sent protégé, en sécurité.
Puis,
tu sais, des fois, dans le monde extérieur, il se passe toutes sortes de
choses, il se dit toutes sortes de choses, mais en classe, ça doit être un lieu où on sait qu'on peut s'exprimer,
qu'on doit faire attention à ce qu'on dit comme élève, mais où on peut s'exprimer en toute sécurité puis
on peut savoir qu'on peut être qui on est et être bien dans sa peau, peu
importe son orientation sexuelle, son origine si on n'est pas né ici. C'est
important de le mentionner, je pense. Puis ma collègue
rapporte des propos dont elle a été victime elle-même, puis je suis de tout
coeur avec elle. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut tolérer puis c'est quelque chose qui doit être dénoncé à
chaque fois. Ça, c'est important de le mentionner. Ce n'est pas parce qu'on l'a dénoncé une fois que
c'est dit puis la page est tournée. Il faut que ce soit dénoncé à chaque fois.
Il
semble qu'il y ait eu des propos qui ont été totalement inacceptables,
prononcés par un enseignant de l'école Henri-Bourassa. Je sais
qu'il a été suspendu, je sais qu'il y a une enquête. J'ai déjà dit qu'on allait
suivre ça de très près.
Je
veux préciser quelque chose, parce
que cette problématique-là nous ramène à une problématique plus large, celle du sort qu'on fait aux plaintes qui sont formulées dans le cadre scolaire, plaintes déposées par les
élèves ou par des parents. Comment
ces plaintes sont-elles reçues, traitées, avec quelle célérité, dans quels
délais? Est-ce que les gens ont confiance en ce moment au mécanisme de
plainte?
Je
vous dirais que c'est à géométrie très, très, très variable. Ce n'est pas
satisfaisant, le bilan qu'on fait en ce moment. Ça ne veut pas dire qu'en ce moment un enseignant qui reçoit une plainte
sur quelque chose ou une direction d'école ne fait pas bien son travail. Ce n'est pas ce que je dis.
Je suis convaincu que la très grande majorité, presque la totalité des
directions d'école au Québec, quand elles voient quelque chose qui doit
être corrigé, quand elles le constatent elles-mêmes ou quand elles reçoivent une plainte, s'en occupent très bien. Mais il
existe quelque chose comme un mécanisme d'appel, quand ça ne marche pas, hein? C'est pour ça qu'on a
besoin de filets de sécurité. Et c'est ce mécanisme d'appel là qui ne
fonctionne pas très bien. Encore une
fois, il y a sans doute des gens qui occupent la fonction de protecteur de
l'élève au Québec qui font très bien les choses, mais le cadre légal ne
les aide pas.
Quand
même, c'est ma prédécesseure, Mme Courchesne, qui, en 2008, a déposé ce
projet de loi là. Je suis certain qu'elle
était animée des meilleures intentions, parce qu'il n'y en avait juste pas de
protecteur de l'élève, et elle a institué ce mécanisme-là. Force est de constater cependant que ça ne fait pas le
travail bien souvent. D'ailleurs, en 2017, le Protecteur du citoyen
disait qu'il y avait beaucoup de travail à faire pour rénover le protecteur de
l'élève.
De
notre côté, en 2018, ma formation politique a déposé un document qui s'appelle
un plan de gouvernance scolaire. On s'engageait, dans notre plan de gouvernance
scolaire, à revoir la gouvernance des commissions scolaires, rapprocher
la prise de décision des élèves, transformer
les commissions scolaires en centres de services, avoir des conseils
d'administration avec une gouvernance
renouvelée, une vraie subsidiarité. Et il y avait une section, à la
page 9, spécifique, où on s'engageait de revoir de fond en comble
le protecteur de l'élève.
On est des gens de parole et on va
faire ce travail-là. On va déposer un projet de loi dans le cadre de ce
mandat-ci pour vraiment donner suite aux plaintes quand elles sont
formulées dans le réseau scolaire.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Saint-Laurent, votre droit de réplique.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy :
Merci. Ma question avait deux volets. Puis je suis contente d'avoir entendu le
ministre puis je tiens à souligner que je ne doute jamais de sa bonne
foi, parce que je sais aussi qu'il a été enseignant puis que jamais il n'aurait toléré ça. Puis, pour ce qui est du
protecteur de l'élève, on a ouvert la
Loi sur l'instruction publique, à ce
stade-ci, trois fois. Moi, je suis
disponible à n'importe quel moment pour travailler avec vous. Mon agenda va
être très, très, très ouvert pour le dépôt de votre projet de loi pour qu'on donne suite parce que, oui, il y a eu une première étape,
mais avoir un processus
indépendant, et accessible, et surtout connu. Parce que j'ai parlé avec
l'une des élèves, aujourd'hui, celle que l'enseignant a dit : Si tu m'écoutais, tu serais moins conne. Je
lui ai parlé puis je peux vous dire qu'elle est tout sauf cela. Elle est très, très brillante et excessivement
articulée. Et elle a dit la chose suivante : Quand on a 14 ans,
15 ans, on ne sait pas qu'on a
des droits. Puis on est dans ce cours-là qui nous apprend en fait c'est quoi,
nos droits, puis on se fait dire que voici vos limites, puis vous êtes
très, très limités parce que vous appartenez à une communauté soit arabophone
ou hispanophone. Alors, c'est pour ça qu'il
va falloir aussi non seulement avoir cet outil, mais le transmettre, ce savoir,
aux étudiants, puis vraiment les outiller.
• (18 h 40) •
Sur l'autre angle,
l'enquête indépendante, je veux vraiment dire la chose suivante. Cet
après-midi, je donnais l'exemple : Si
jamais il arrivait quelque chose à un poste de quartier à Montréal, on ne peut
pas demander, si quelqu'un porte plainte,
au quartier général d'enquêter. Pourquoi? Pas parce qu'on ne fait pas confiance
au quartier général. C'est ce qu'on appelle l'apparence de conflit
d'intérêts. Parce qu'on doit se mettre dans les souliers de la victime. Est-ce
que la victime aura le sentiment, et c'est
vraiment ici le sentiment, là, légalement, là, que tout a été fait, que toutes
les pierres ont été tournées? Et
c'est là qu'on doit préserver l'apparence de conflit d'intérêts. Ça ne veut pas
dire qu'on fait un désaveu du centre de services scolaire de Pointe-de-l'Île, au contraire. C'est juste de
dire : On va préserver l'apparence de conflit d'intérêts aux droits
des victimes. Merci, Mme la Présidente. Et merci, M. le ministre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. C'est ce qui met fin à nos
débats de fin de séance.
Et je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
18 h 41)
(Reprise à 19 h 30)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon mardi soir à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Projet de loi n° 66
Poursuite du débat sur
l'adoption du principe
Et
nous allons poursuivre nos travaux. Et nous sommes toujours
à l'article 7 du feuilleton et nous allons... — attendez un instant — et l'Assemblée poursuit le débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 66, Loi
concernant l'accélération de certains
projets d'infrastructure. Et, au moment de suspendre nos travaux, Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez la parole, et je vous recède la
parole pour environ 11 minutes. Merci.
Mme Kathleen Weil (suite)
Mme Weil :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, lorsqu'on s'est quittés, avant la
pause, je citais Me Nikolas Blanchette, qui est un expert en droit de
l'expropriation, qui disait que, certainement, les dispositions qu'on retrouve
dans le projet de loi n° 66 sont contestables. Donc, il dit : «En
retirant aux parties expropriées le pouvoir de contester le droit d'expropriation, laquelle expropriation porte
atteinte de manière importante et non désirée au droit de propriété, le
législateur s'expose à des
contestations judiciaires, surtout dans la mesure où l'intention législative
est de retirer aussi le pouvoir de contester par voie de contrôle
judiciaire.»
Alors,
j'ai écouté notre collègue de LaFontaine, un excellent juriste, qui a pris la
parole sur cet enjeu de droit de contestation
de l'expropriation, et puis il a bien démontré qu'on ne peut empêcher une contestation
en vertu du droit commun. Et
d'ailleurs il cite, d'ailleurs, un juge que je connais bien, que j'ai connu
quand il était avocat, expert en environnement, Michel Yergeau, de la Cour supérieure, qui dit que le législateur ne
peut retirer «le pouvoir général de surveillance et de contrôle des décisions de l'État. Ce pouvoir
inhérent demeure, et l'exproprié peut s'en prévaloir.» Et, comme l'a si bien
dit le député de LaFontaine, en voulant
faire trop vite, cela pourrait au contraire rallonger en fait les délais,
puisqu'on va se retrouver devant la cour face à des contestations
judiciaires.
Et d'ailleurs Me
Blanchette va exactement dans ce sens-là dans le mémoire qu'il a présenté lors
des audiences, lorsqu'il dit que «les délais
inhérents aux tribunaux judiciaires sont de nature [justement] à causer des
délais et [...] que la partie
expropriée conteste en vertu de l'article 44 de la loi ou en vertu des
articles 34 et 529 du Code de procédure civile. Dans l'un ou
l'autre cas, des délais propres au système de justice sont susceptibles de
s'appliquer.»
Avant de vous
parler de l'Autorité des marchés
publics et des pouvoirs ou limites de
pouvoir qu'on accorde à l'Autorité
des marchés publics, j'ai plusieurs collègues qui ont soulevé : Où sont les femmes dans
ce projet de loi? Où sont les femmes? Et j'avais à l'origine voulu en parler, parce que
c'est vraiment le mémoire de la Centrale des syndicats du Québec
qui a abordé cette question,
je ne l'ai pas vu abordé nécessairement par d'autres, mais les collègues
en ont beaucoup parlé, et l'impact de la COVID sur les
femmes.
Donc, ce que je vous dirais, c'est les propos de
la centrale, qui dit que «le projet de loi n° 66, présenté par le gouvernement comme étant la pièce maîtresse de la
relance économique, mise essentiellement sur les infrastructures — c'est très bien — [mais]
ce qui profitera au secteur de la construction»... Évidemment, c'est très bien,
mais ce qu'il souligne, c'était : C'est un milieu à prédominance
masculine. «Pourtant, au Canada, cette récession est qualifiée — et
vous connaissez peut-être l'expression — de "she-cession" — donc, au lieu de "recession", ça
s'appelle le "she-cession", et on le voit beaucoup dans les
reportages dans le reste du Canada, sur l'impact de cette pandémie sur les femmes — du
fait de son incidence importante sur les femmes.»
Et la
centrale souligne que la situation au Québec n'est pas différente à ce point de
vue : «Les données du ministère du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale précisent que la reprise des
emplois est plus lente chez les femmes que chez les hommes. [...]32 500 femmes auraient, entre février et
[le mois d'août] 2020, quitté le marché de l'emploi. Un recul important est aussi constaté en ce qui concerne
l'emploi chez les femmes. Si le gouvernement considère — et ça, c'est le syndicat qui le dit — que les investissements dans les
infrastructures forment la pièce maîtresse de la relance, il met de côté les femmes, qui représentent 50 % de la
population et qui sont les plus touchées, tant par la pandémie elle-même que
par les répercussions de celles-ci.»
Et donc, dans
leurs recommandations... Je tenais à le dire parce que c'est quand même
intéressant, puis on n'a pas beaucoup débattu de cette question, et je pense
que tous les parlementaires ici sont très sensibles à cette situation, qu'il
faudra trouver des façons de bien répondre
aux besoins des femmes, redresser la situation de la femme. Parce que, quand
on parle d'appui pour la femme, c'est un
appui pour toute la famille, et c'est le succès de toute la famille, et ça
passe par les deux parents, et notamment la femme.
Alors, leurs recommandations, c'est :
«Que toutes les mesures adoptées afin de relancer l'économie soient conçues
et mises en place de façon à assurer
l'équité entre les femmes et les hommes, et soutiennent ainsi les milieux à
prédominance féminine.»
Alors, Mme la Présidente, je sais que c'est un dossier qui vous intéresse aussi beaucoup,
l'égalité hommes-femmes. Vous avez
été très, très active et soucieuse de cet enjeu depuis que je vous connais,
ici, au parlement. Alors, je pensais que vous l'apprécierez aussi,
l'importance de tout ça.
Alors, je
reviens à l'Autorité des marchés
publics. Donc, c'est un autre enjeu,
le rôle que le gouvernement propose d'attribuer à l'Autorité des
marchés publics, bien que le projet de loi ajoute des outils d'enquête à l'AMP
à l'égard des 181 projets de l'annexe
I. Et, encore une fois, mon collègue de La Pinière l'a bien
expliqué, les pouvoirs de l'AMP ne sont pas aussi importants que ceux du Bureau de l'inspecteur général à Montréal,
qu'on appelle le BIG, et ne s'appliquent pas aux autres projets du programme
québécois d'infrastructures, le PQI, ni au-delà d'un horizon de cinq ans.
Ainsi, l'AMP n'aurait qu'un pouvoir de recommandation quant aux travaux
connexes sous la responsabilité d'un acteur municipal.
Et mon
collègue de La Pinière a proposé et continue de proposer d'accorder les mêmes
pouvoirs à l'AMP que ceux du Bureau de l'inspecteur général pour surveiller les
contrats publics et contrer la collusion et corruption. Et d'ailleurs, si vous
avez entendu son intervention ici, en Chambre, il se pose la question très
légitime : Pourquoi l'AMP n'est pas investie de tous ses pouvoirs pour le reste du Québec? Donc,
on a le BIG pour Montréal et Laval, mais le reste du territoire, il n'y a
pas une autorité avec les mêmes pouvoirs que le Bureau de l'inspecteur général,
le BIG.
Alors, c'est
une question extrêmement légitime et il va falloir y voir parce que... Et il a
dit un peu, comment dire, avec une
touche d'ironie : Est-ce que la corruption et la collusion s'arrêtent à
une certaine frontière? Bien non! Évidemment, la collusion et la corruption est possible partout, et c'est pour ça que
ça prend une surveillance forte et avec plein... l'autorité dans
l'instance de surveillance, qui est l'autorité de bien surveiller et agir.
Au point de
vue... bien, l'autre préoccupation, ça concerne l'environnement, Mme la
Présidente. Certaines des mesures d'accélération proposées, donc, réduiront le
caractère transparent et public du travail du BAPE, alors que d'autres auront pour effet d'affaiblir la qualité et la
rigueur des évaluations des impacts environnementaux. Je n'ai pas participé aux
consultations. J'ai quand
même vu les mémoires, et on comprend l'évolution importante dans la perception et
l'importance que prend la protection
de l'environnement, et on l'a bien entendu dans le cadre de ce projet de loi.
Manque de consultations avec les
communautés autochtones, ça a été soulevé, grande préoccupation. Il faut savoir
que plusieurs de ces projets touchent... soit sont près des réserves ou
des territoires autochtones, et les groupes autochtones sont venus dire :
Il n'y a pas eu de consultation ni sur le
projet de loi n° 61 ni sur le projet de loi n° 66.
C'est inacceptable et c'est... Et il faut se rappeler aussi que les
relations que nous avons avec les communautés autochtones sont de nation à
nation.
Alors, pour
conclure, Mme la Présidente, on va, évidemment, on l'a bien dit à quelques
reprises, voter pour le principe du
projet de loi, mais il y aura des améliorations à apporter. Il y a des
corrections à apporter, et les collègues vont s'attarder à amener ces
modifications. Merci, Mme la Présidente.
• (19 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Et maintenant le prochain intervenant sera M. le
député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour de prendre la parole au nom de ma
formation politique pour exprimer mon point de vue par rapport au projet
de loi n° 66.
Bon, pourquoi
nous sommes là aujourd'hui à parler de ce nouveau projet de loi? Je tiens juste
à revenir un peu en arrière. On était
de retour d'une, moi, je dirais, première vague de pandémie. Donc, il y avait
les événements que nous avons tous
vécus pendant le mois de mars, avril et mai, et on était presque tous sous
pression, la plupart des élus. Dans le comté, moi-même, j'ai eu l'occasion de prêter main-forte dans un CHSLD, de
répondre aux citoyens. Et on était tous en pleine crise. De retour à l'Assemblée nationale, on avait tous
hâte de rencontrer les collègues au mois de juin et on voyait venir, je dirais,
une idée, une idée de, bon, comment on peut
jongler entre la pandémie, accélérer les projets et trouver quelque chose de
beau pour insérer dans un projet de loi, et on a trouvé le mot «relance
économique».
Bon, vous
avez suivi comme moi, Mme la Présidente, comment ce projet de loi a pu atterrir
au salon bleu. Je me rappelle
pourquoi, parce que, vous savez, parfois, il faut se lever, il faut garder la
tête, surtout quand il s'agit de convictions profondes. Et je me rappelle, à la première version du projet de loi,
qui était déposée par l'ancien ministre responsable du Conseil du
trésor, il y avait des voix qui se levaient, donc, à part l'opposition
officielle, il y avait des voix qui disaient : Attention! Faites attention — je
ne vais pas parler de la relance économique, je vais y revenir un peu plus
tard, mais je vais parler de
l'essence même du projet de loi — faites
attention côté environnemental, côté... ce qu'on ne voulait pas au niveau
de l'accélération des contrats. Donc, bref, il y avait beaucoup, beaucoup de
drapeaux levés.
Je me
rappelle aussi que ce qu'on essaie de nous dire et de nous faire dire, c'est
qu'écoutez, et ça, en s'adressant... Et, vous savez, Mme la Présidente,
le premier ministre avait une tribune pendant toute la pandémie et s'adressait
aux Québécois, et on a essayé de dire :
Écoutez, si l'opposition ne vote pas pour ce projet de loi, on dirait, c'est la
fin du monde, il n'y aura pas de relance économique, il n'y aura pas de projet,
il n'y aura rien. En fait, on voulait nous mettre sur le dos, Mme la
Présidente, un fardeau, un fardeau pas facile à vivre avec, un fardeau qu'on
est contre la relance économique, contre
l'accélération des projets, contre tout ce que ce gouvernement voulait mettre
en place. Et, avec la collaboration de l'ensemble des partis et de
l'opposition officielle, ça a été quand même unanime de notre part que ce projet
de loi n° 61 représente un risque et il mérite une attention particulière.
Aux derniers
jours de la session, il y avait une pression, je me rappelle une soirée, avant
de voter, où il y avait une campagne de relations publiques sur les
réseaux sociaux, mais moi-même, j'étais interpelé par des e-mails de certaines personnes : Vous devez, vous devez voter pour
ce projet de loi. Pourquoi? Parce que le premier ministre a dit aux Québécois,
et à certaines personnes, et à certains groupes qu'ils avaient intérêt à ce que
le projet de loi n° 61 fonctionne et qu'on l'adopte d'une manière très rapide. Écoutez, les méchants,
c'est l'opposition parce qu'elle essaie d'arrêter un projet de loi
d'infrastructure et de relance économique, et nous, on veut accélérer
ça. Mais attendez, l'opposition ne veut pas.
Par la suite, Mme la Présidente, vous avez suivi
comme moi, fort probablement, la tournée du premier ministre à travers toute la province du Québec, pendant
tout l'été, auprès des contribuables, pour vendre le p.l. n° 61 et dire : Écoutez, ce projet, c'est un bon projet de loi
pour la relance économique.
Par la suite,
Mme la Présidente, il y avait le remaniement, l'arrivée, je dirais,
d'une personne assez conciliante, qui avait
un autre regard, donc la nouvelle présidente
du Conseil du trésor. Et elle avait sur sa table, Mme la Présidente, le fameux
projet de loi n° 61. Bon. Mme la Présidente, la nouvelle présidente du
Conseil du trésor avait le choix, soit de continuer le travail qui a été entamé par son collègue et continuer dans la même
ligne et la même logique, de ramener sur la table le p.l. n° 61, ou annuler
complètement ce qui a été fait avant et recommencer avec un nouveau projet de
loi. Et, bien évidemment, Mme la
Présidente, du coup, le projet de loi n° 61 n'est plus sur la table, le
nom «de la relance économique» a été enlevé du projet de loi, et la
présidente du Conseil du trésor a mis sur la table un nouveau projet de loi,
n° 66.
Donc, c'est
très important de rappeler l'historique parce que, Mme la Présidente, nous
avons eu quand même... nous avons
tous été témoins, à l'intérieur même du salon bleu... Parce que le prédécesseur
de la présidente du Conseil du trésor a choisi de construire un projet
de loi, par la lecture de tous les observateurs compétents du Québec qui sont
venus en commission particulière publique... ils sont venus dire que c'était un
projet de loi qui était abusif, et il faut le souligner à grands traits, abusif en matière de pouvoir excessif que l'ancien
président du Conseil du trésor se donnait et donnait à l'État. Aujourd'hui, Mme la Présidente, la présidente du
Conseil du trésor se présentait devant nous avec une nouvelle mouture, un nouveau projet de loi. Ce n'est pas simplement
une nouvelle mouture, c'est un désaveu de ce qu'avait fait le président du Conseil du trésor précédent. Quand on a
présenté 61, là c'était, comme j'ai dit au début, la fin du monde, donc :
pas de 61, pas de relance économique, pas de 61, catastrophe au Québec.
À un point tel que le premier ministre, tout le monde le sait ici, a fait le tour, comme je l'ai dit tout à
l'heure, au niveau de la grande province du Québec... Et j'ai oublié une phrase
qu'il disait, qu'il a utilisée dans des
rencontres : Le Parti libéral et particulièrement Gaétan Barrette ont
empêché la relance économique du Québec en empêchant le n° 61
de passer.
Ça, c'est le
passé, Mme la Présidente. Là, maintenant, on va parler du futur, du présent et
du futur aussi. Tous ceux qui sont un
peu familiers avec l'économie, qui suivent ça, même de loin, savent que la
relance économique, ce n'est pas uniquement
les infrastructures, d'une part. En
réalité, c'est une fraction d'un programme de relance économique. Et, dans le cas
présent, c'est une petite fraction de la relance économique. Et on attend toujours,
on en parle un peu plus ces derniers jours, et on attend toujours
un vrai plan de relance économique.
Et, en tant
que porte-parole de PME, Mme
la Présidente, je vais me permettre quand même
de dire... Écoutez, lors de l'analyse de ce projet
de loi, j'ai échangé avec mon collègue
député de La Pinière pour lui poser la question sur l'impact économique de ce projet
de loi. Parce que,
si on veut se donner, en tant que société, un projet d'accélération... un projet de loi pour accélérer certains projets, il faut qu'il y ait un impact sur notre communauté, sur plusieurs régions, mais aussi inclure dans la machine des
PME. Donc, c'est sûr et certain, Mme
la Présidente, que la ministre
responsable de ce projet de loi
doit démontrer aux Québécois
et à notre formation politique l'impact économique de l'ensemble de ces projets, pas uniquement sur l'infrastructure, mais sur
la relance économique.
Et, quand je
parle de la relance économique, Mme la
Présidente, le tissu économique
québécois, surtout les PME, est
affecté d'une manière énorme par la COVID. Donc, quand on va continuer à fonctionner de la
même manière... Est-ce que le
but de l'Assemblée nationale, aujourd'hui, et l'ensemble des membres de l'Assemblée, c'est contribuer à
augmenter par deux, par trois, par quatre le chiffre d'affaires de quelques
compagnies ou bien dire : Écoutez, on va prendre certains projets d'accélération, de projets d'infrastructure, on va avoir une idée beaucoup plus claire sur d'autres critères, le
plus bas soumissionnaire, l'innovation?
• (19 h 50) •
Est-ce que
c'est normal, Mme la Présidente, qu'on va accélérer certains projets de loi et, au bout de la ligne, on a un
ou deux soumissionnaires? Est-ce que les critères des contrats publics vont être
revus? Comment on va améliorer l'achat local? Mme la Présidente, je ne
veux pas que les Québécois nous taxent qu'on est déconnectés de la réalité.
Et, pour moi,
ce projet de loi, il est extrêmement important. Je ne dis pas le contraire. Mme la Présidente, on est tous responsables de l'ensemble de ces PME au Québec. Aujourd'hui,
vous avez vu une liste énorme de PME qui souffrent. Il y a des PME oubliées. Il y a
des PME à qui on a pensé juste à payer leurs frais fixes, mais ils n'ont pas de
revenus. Il y a des PME, même, qui sont ouvertes aujourd'hui, ils opèrent, mais il n'y a pas l'achalandage, Mme la Présidente. Donc, des
questions réelles d'ordre économique.
Et j'en suis
sûr et certain que des collègues, je dirais, de l'équipe gouvernementale partagent ce sentiment, parce
que
c'est ce qu'on vit tous dans le comté. Il
n'y a aucun élu qui n'a pas reçu
l'appel d'une, ou deux, ou trois, ou quatre PME de son comté qui se questionnent sur leur avenir. Le programme... Je me
suis levé, Mme la Présidente, à
plusieurs reprises pour parler du
loyer commercial. Ça vient d'être réglé. C'est depuis le mois d'avril. Combien
de PME n'ont pas pu résister jusqu'à aujourd'hui?
Donc, Mme la Présidente, oui, le projet de loi est important. Oui, on va avoir un focus sur des projets
particuliers, mais je tiens à
rappeler que j'attends encore un réel programme de relance économique qui va
prendre en considération nos PME.
À cette
étape-ci, Mme la Présidente, j'ai entendu plusieurs collègues,
parce que je suis au salon bleu comme, vous le savez, de
garde. C'est un mot qu'on utilise pour expliquer la tâche, c'est quoi, la tâche
d'un leader parlementaire adjoint. Donc,
il y a une garde, je dois être là. Mais j'ai eu le luxe d'entendre et
d'écouter mes collègues, et je me suis dit : Bon, je ne vais pas quand même répéter ce qui a
été dit, ça ne va pas... ça va être un peu plate, mais je me suis dit :
Bon, je vais aller chercher des éléments pour dire à la ministre et aux collègues
les éléments où on doit faire attention.
Et donc, lors
des consultations pour le projet de
loi n° 66, nous avons eu des
commentaires, et je vais citer quelques commentaires.
L'ACQ met en
garde contre les effets sur la diminution de la concurrence du regroupement des
projets, un seuil d'appel d'offres
pour quatre ou six maisons des aînés, car les projets regroupés totaliseront un
cautionnement supérieur aux liquidités de petits joueurs, surtout en
région.
Mme la
Présidente, j'ai un exemple concret
d'une entreprise que je connais très
bien à Saint-Jérôme, qui a démontré
son efficacité, qui a construit des
cliniques, mais ils ne peuvent pas appliquer pour des maisons des aînés. C'est
une PME, comme la majorité de plusieurs PME, 30, 40 employés, ça, c'est des
carrières, Mme la Présidente. Et donc ils souhaitent l'aide du gouvernement
pour l'acquisition de technologies de gestion de projet avant que la SQI en
fasse une exigence commune à tous les appels d'offres.
Parlons du
manufacturier, exportateur du Québec, Mme la
Présidente, qu'une bonne majorité
d'élus sont au courant de leur impact
au niveau économique. Ils nous ont envoyé une série de recommandations : «Doter le gouvernement
du Québec d'une véritable politique valorisant
l'approvisionnement local, notamment dans les projets publics
d'infrastructure.»
Mme la Présidente, y compris les groupes
patronaux, ils insistent sur l'approvisionnement local. Aujourd'hui, il y a plusieurs collègues qui suivent ce qui se
passe chez nos voisins du Sud, et j'espère que ça va finir très bien et qu'un
des deux côtés va accepter que ce soit la
défaite ou le gain, et c'est très préoccupant, ce qui se passe. Donc, il faut
que ce projet de loi, les projets d'infrastructure pensent à la chaîne
locale. Comment on peut, avec un seul projet, faire fonctionner une multitude d'entreprises? Ça, ça n'a pas été
dit par un seul groupe, Mme la
Présidente. Plusieurs groupes, ils
ont insisté sur ce critère, que, si on veut vraiment un plan de relance, un
plan où l'infrastructure va jouer un rôle de développement économique,
ça nous prend une chaîne, un écosystème où tout le monde peut profiter de ces
projets de relance.
La deuxième recommandation, Mme la
Présidente : «Inscrire dans le projet de loi n° 66 des mesures
similaires au projet de loi [...] en ce qui
concerne la gestion — n° 67 — contractuelle,
c'est-à-dire de permettre au gouvernement du Québec d'accorder une préférence aux soumissions en
fonction de la valeur ajoutée canadienne des biens et services ou [...]
travaux.»
Encore une
fois, une autre mesure, Mme la
Présidente, pourquoi? La
préoccupation des groupes patronaux, c'est qu'il ne faut pas que les appels à projets ou les projets
d'infrastructure qu'on va avoir aient un seul impact. On peut maximiser l'impact. Et j'espère, j'espère et je fais
confiance à la personne qui porte le projet
de loi, la ministre responsable du Conseil du
trésor... j'en suis sûr et certain et
j'espère qu'on va avoir cette sensibilité par rapport... parce que
c'est un excellent point de départ,
par rapport à avoir une relance de certains projets d'infrastructure. Et, Mme la Présidente, c'est important d'avoir une vision globale des critères juste dans les
grilles de sélection. Encore une fois, on veut approfondir les critères de
sélection.
«Inclure des
paramètres favorisant les produits des entreprises établies au Québec et
au Canada [...] sans se fier qu'à la règle du plus bas
soumissionnaire conforme.»
Là, ça mérite
un petit arrêt, parce qu'est-ce qu'on
va avoir du protectionnisme, du «Buy America» après l'élection
d'aujourd'hui? On ne sait pas, ça dépend en fonction de la personne qui va
gagner. On n'a aucune prévisibilité par rapport aux tendances de 2020, 2021, 2022, mais on
a quelque chose qu'on maîtrise, on a notre plan d'infrastructures, O.K.?
Donc, c'est avec ce plan d'infrastructures,
Mme la Présidente, que, si on se donne les moyens, tous ensemble, et avoir
comme intérêt l'intérêt de la nation,
l'intérêt des entreprises québécoises qui vont avoir un impact économique sur
l'ensemble des Québécois, je pense qu'on va tirer quand même notre
épingle du jeu.
«Spécifier des entreprises québécoises ou canadiennes dans
les devis afin que ce soient les entreprises étrangères qui doivent
prouver que leurs produits sont équivalents et non l'inverse.»
Une autre
bonne mesure, Mme la Présidente, pour, encore une fois, encourager nos
entrepreneurs à bénéficier de ce plan, et tant dans les mesures pour
faciliter le paiement aux entreprises, aux projets d'infrastructure.
Et la
dernière recommandation : «Mettre en place des actions concrètes et
rapides pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre
dans le secteur manufacturier de manière à ce que les entreprises puissent
demeurer compétitives et être en mesure de participer à ces importants
projets d'infrastructure.»
Et, Mme la Présidente, ce n'est pas le seul
groupe qui parlait de la pénurie de main-d'oeuvre. Et j'invite les collègues
aussi à suivre ça de près, parce que, pour certaines régions, ça va être un peu
difficile. Avec la quantité de projets qui seront lancés, ne pas avoir les
ressources humaines pour pouvoir livrer ces projets, ça risque d'impacter le
coût global du projet. On ne sait pas l'évolution de l'inflation par
rapport au matériau qu'on va utiliser.
Un autre
groupe, Mme la Présidente, c'est le groupe G15. Le groupe G15, il
soumet des alternatives à la règle du plus bas soumissionnaire conforme pour tenir compte des critères
environnementaux et sociaux. Donc là, maintenant, avec ce que
nous avons vécu avec la pandémie, il y a plusieurs courants de pensée qui se
lèvent et disent : Écoutez, quelle relance économique on veut? Je l'ai dit
au début, on ne parlera pas de relance économique, on parle d'un plan
d'accélération de certains projets, mais il y a beaucoup de gens qui
parlent d'une relance économique inclusive.
Est-ce qu'avec
les projets que nous avons choisis... Et j'ai vu plusieurs collègues,
tout à l'heure, notamment la députée
de Saint-Laurent, parler de la
place des femmes. Est-ce que ces projets qu'on s'apprête à autoriser vont
avoir un impact sur l'employabilité ou sur le travail des femmes?
Question à se poser parce qu'on ne veut pas qu'on se donne une ligne de conduite pour accéder à un certain projet, et, au
bout de la ligne, il n'y a pas d'impact sur l'employabilité des femmes, parce
que, parmi les personnes les plus touchées de la pandémie, il y a un pourcentage
important de femmes.
Au niveau du
G15, Mme la Présidente : «Intégrer dans un court laps de temps des
critères sociaux et environnementaux
dans le processus d'attribution des marchés publics et municipaux de manière à
favoriser le déploiement accéléré d'une économie sobre en carbone,
résiliente, locale et circulaire.»
Donc là, on
fait un pas de plus vers une vision économique qui va nous ramener à une
nouvelle économie, donc l'économie où le développement durable sera la
ligne de conduite, ou d'autres aspects de l'économie, que ce soit l'électrification du transport, que ce soit le
développement durable, et que le Québec utilise les vrais leviers économiques.
Donc, Mme la Présidente, c'est sûr que c'est un projet
de loi que je vais suivre de près, et
surtout, surtout, en tant que porte-parole des PME, ça m'intéresse, à ce que ce projet de loi ait de l'impact sur plusieurs PME, mais, en tant que porte-parole de
l'emploi et du travail, je vais aussi surveiller l'impact de ce projet de loi
ou l'ensemble des projets sur l'employabilité des femmes.
Donc, sur ce, Mme la Présidente, merci pour le
temps que vous m'avez accordé.
M. Gregory Kelley
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de Nelligan. Et maintenant je vais reconnaître M.
le député de Jacques-Cartier.
• (20 heures) •
M. Kelley : Merci,
Mme la Présidente. Je veux juste
saluer mon collègue de Nelligan qui nous a fait un discours qui était vraiment formidable. Je sais qu'il a mis beaucoup
de travail dedans, mais je sais que c'est quelqu'un qui va défendre
les petites
et moyennes entreprises du Québec
avec beaucoup d'énergie, et on est fiers de lui. Alors, juste
un petit message pour mon collègue.
C'est intéressant, parce que le titre du projet
de loi, c'est l'accélération de certains projets d'infrastructure, puis souvent, dans les lignes de presse, le
gouvernement aime utiliser que c'est vraiment une question de la relance
économique. Mais, si on veut discuter
une vraie relance économique, c'est une chose... c'est très difficile de faire
ça quand on est en plein milieu d'une
pandémie. Et il faut regarder le bilan du Québec. Il faut, parce que c'est
impossible de relancer notre économie
et d'avoir l'économie avant la COVID-19 sans vraiment... mis le virus sous
contrôle ici, au Québec, puis ce n'est pas présentement.
Si on
regarde, il y a 100 000 cas du COVID. Présentement, nous sommes dans
la dernière place, dans toutes les provinces,
pour le nombre de cas dans la deuxième vague, je ne sais pas si on va se
rappeler ça, la deuxième vague, jusqu'à la fin de l'année ou si on va avoir une
troisième vague. On verra, mais il y a une chose, quand on discute entre les
provinces... Il y a une réalité pour
le Québec, qui est vraie, présentement, on a environ 6 000 morts à
cause de la COVID. Au Canada, il y a
environ 10 000. Ça dit qu'environ 60 % des morts liés à la COVID sont
ici, au Québec. Nous avons un taux de population canadienne d'environ 22 %, 23 %. Ça, c'est les chiffres qui
sont simples, juste regarder, peut-être qu'il est sur Google, des choses
qui sortent chaque jour.
Puis on a un
gouvernement qui dit, après 28 jours, il était satisfait avec le fait
qu'on a 1 000 cas par jour, parce qu'on a aplati une courbe. Mais, si on a 1 000 cas,
on n'est pas capable de rouvrir les restaurants, on n'est pas capable de
renvoyer du monde à leur bureau au
centre-ville de Montréal, aux centres-villes du Québec, quand même, des
fonctionnaires de la ville de Montréal, beaucoup qui habitent sur la Rive-Sud,
des fonctionnaires du Québec qui habitent à Sainte-Foy. On a des petites et moyennes entreprises et quand même des grosses
corporations qui sont en difficulté présentement à cause de cette réalité.
Notre
économie n'est pas juste basée sur notre infrastructure, c'est basé aussi sur
les autres choses comme... quand même,
juste pour faire le marketing de Montréal, sans nos restaurants, sans nos pubs,
sans nos bars, il y a quelque chose qui
manque au centre-ville de Montréal. C'est une des raisons pourquoi des gens
veulent venir à Montréal. Oui, c'est pour bien manger, mais aussi d'avoir une atmosphère qui est charmante,
d'avoir une place où il y a vraiment la joie de vivre, qui est très
difficile pour les anglos dans le reste du Canada. Quand on parle de ça, la
joie de vivre, ils ne comprennent pas cette
notion, mais, si vous êtes un anglophone du Québec, quand même un allophone,
puis vous vous installez à Montréal, vous comprenez très, très bien cette
expression, et c'est une chose qui est très importante dans notre caractère de
notre nation. Mais c'est les
réalités, parce que présentement, dans le centre-ville de Montréal, c'est vide.
Sauf que, sur le canal de Lachine, où
les gens prennent une marche ensemble... Le centre-ville, c'est vide. Le
Vieux-Port, c'est vide. Et ça, ce n'est
pas une bonne nouvelle. Alors, si on continue d'avoir environ 1 000 cas
par jour chaque semaine, on ne peut pas rouvrir un gros secteur de notre
économie.
Une autre
question il faut commencer de poser : C'est quoi, notre objectif? Est-ce
que c'est de garder un taux de 1 000 cas
par jour? Le rendre à 500 ou à zéro? Moi, je ne le sais pas. On regarde
toujours vers les autres juridictions puis on dit : On est moins pire que... comme Floride, alors, ça, c'est une
bonne chose. Mais, quand je regarde la Nouvelle-Zélande, bien, eux
autres, là, ça, c'est un succès, puis on est loin, loin d'être comme
Nouvelle-Zélande.
I don't have all the answers, but it's
something we have to start to talk about, what is our end objective, what level of cases do we want to get to, because,
if you take half measures, you'll only have half the results. And I don't want
to be in the thousand cases anymore. I don't want to spend the next couple of
months not being able to see my family. I don't want to spend the next couple of months not being able to go to my
favorite restaurant. I don't want to spend the next couple of months continuing to always wonder, if I go
walk with someone in a park, am I breaking the law. I don't want my citizens
to continue to feel as if they're doing things wrong.
It's
a stressful time, and people are fatigued. There are people that want us to be
stricter, there are people that want us to do absolutely nothing, there is people in
the middle who are just straight-up tired, and I think we can all understand that. But, again, at some point, I
think we have to have a big discussion about
what do we want to do to bring this virus under control, so we can truly relaunch our economy. And
I do want to bring that back, I think it's a fundamental concept. We're just going to continue to march along with half
our economy open and half these measures in place, we're going to continue
to have the same results.
Are we waiting for a vaccine?
Because, even if there is a vaccine in five months, it will be available to how
many Quebeckers? It won't solve the problem the moment we have a
vaccine. If not, it's all over. Even just the implementation of the vaccine is going to take a very long time, and there's going
to be enormous competition for that vaccine.
And
you don't think the United
States of America won't go
on the tarmacs of whatever country does figure out this
vaccine and just take all the vaccinations
they want? Well, we already saw in the first wave of the pandemic, that's what
they did with, you
know, personal protective
equipment. They just went to China and bought it on the tarmac, equipment that was destined for Canada, for France, for Spain, people that are allies. We can't trust
the fact that there are going to be nations competing
to get this vaccine.
So,
again, that's just not a solution, that maybe in 2021, at the beginning, we're
going to have a vaccine, and it's going to be great, everything will go back to
normal, because that's not the case. It's going to be a much longer fight than that.
But,
again, I ask the question: Is the Government's objective to get to zero cases as quickly as possible or, again, to
just string us along in this process? And, again, every person in Québec is in need to know because, everyone
knows it wasn't going to be 28 days.
No, nobody was fooled, the restaurant owners saying, at 28 days, I mean,
let's be honest, in 28 days
we're not going to see the changes we need to see. They were right. I don't
think there were many Quebeckers who said, when they saw 28 days, «Yes, after that, it's going to go back to
what it was in the summer.»
And,
if people have these doubts and continue to have these stresses, we're not
going to see the confidence in our economy that we need to where it was before. So, as we're seeing right
now around the world, it's a huge discussion, but
management, and control, and reduction of the virus is the only way we're going
to get our economy back up and running. And
I just want to make the point: even in Ontario, they're starting to consider to
reopen restaurants and bars in Ottawa
and other parts, because they said, «Well, they're shutting down and they're
not going to survive, so we've got to give it a shot.»
So,
again, these are discussions to have publicly and continue to debate. It's
not harsh critique. I don't envy the Government being
here, but I'm just saying we're at this point here now that we can't pretend to
do an infrastructure bill that will put
people to work in the construction field and we will solve all of our economic
problems because the economic problems
lie outside of the construction industry. I mean, if you even just go to think
about... The Turcot barely stopped during the pandemic, had a couple weeks
break, they finally started to get back, people were able to work safely.
Construction is one of the first things that really did, you know, ramp up
quickly, but we can't say the same for a lot of different industries.
• (20 h 10) •
And
the worry that this will create, as long as we keep kind of pushing things
further down the line, when... Just imagine right now
that you're a student studying aerospace engineering. That's who you want to
be. You've already done two and a half years. When you graduate, I'm sorry to
tell you that there's not going to be tons of job opportunities necessarily for
you knocking your door. And here, in Montréal and in Québec, we
should be proud that we do have an aerospace
industry that is as strong as it is. Just think of all the people that have
been hired by Pratt & Whitney and have worked those great jobs for decades; good
unionized jobs, good paying jobs that have been slashed. And honestly, with
the future market of airline companies, travel, it's not like they're ramping
up production. So, that's just one example. But,
again, the economic uncertainty of the next couple of months, and maybe even
years, is going also to have a burden on our young people.
I think these are all things that we need to think about,
that we can't just take an infrastructure plan and say, «This will solve our economic issues,»
because it goes much deeper than that. Really reining in this pandemic and this
virus and getting those cases down to a level that we were much closer
to this summer is where we need to be. And maybe this time we don't let the virus hang around, maybe we make that extra effort
to almost get ourselves down to zero. I don't know but, again, things that we
need to continue debate in the public sphere because people don't have much
else to do right now... I'm not
saying they do have... but we all watch the COVID updates, we all watch what's going on in the rest of the world. We all know what's going on, and
it's impossible not to compare one place to the other. And that is a difficult,
challenging communications operation for the Government.
I did want to come to another
point, which is concerning incorporating indigenous peoples in Québec into the economic relaunch strategy,
even if it's what this... but also into projects. I think it's really
important. The grand chef Ghislain Picard
brought it up, saying how he was disappointed that he was not, you know,
consulted on some of these projects. This
past August, when we had our spending credit study, the Mohawks of Kahnawake
had written a letter to the previous Minister of Indigenous Affairs, but also
of the Treasury, to inform them that they were not happy about the «pont Mercier»
being in the bill, being in the annex without talking to them first about why
they want to accelerate it and, you know, whether
it be through the measures that were in the previous Bill 61, which I know have
been changed here, but they just say: We weren't even consult on this. And,
you know... from what I understand, speaking to the MNA from La Pinière, he said that the Minister was very
attentive when the Mohawks were speaking, saying: If you think you're going to
go ahead with this rush without talking to us,
that's... well, I've got something else for you.
So,
I hope that that situation is corrected, but it's also something we heard from
the Innus from Uashat, which is around Sept-Îles, who said the same thing. I mean, we have to make sure that
they're incorporated, and especially if there is going to be an infrastructure
who... maybe we should start accelerating some infrastructure project on
indigenous territory.
And I think there is one really
striking example. I know the Government is proud that they have put aside $200 million for the Viens commission report.
When people ear that number, they say: That's a lot. But I just want to remind
this House, just on the Cree territory,
there are thousands of Cree who are on a waiting list for housing, thousands,
most of them leave in situations
where it's overcrowded. But the number which is even more shocking whenever you
hear it is that a lot of houses on
the Cree territory would need repairs to be brought up to a Canadian standard
that is acceptable. And just to do
renovations on the housing that already exist, we're not even talking about the
thousand houses that are missing, just
to bring those houses up to standard, up to code would cost roughly $40
million. So there, just your $50 million for one year could go to just one nation, to just one project which doesn't
even resolve your housing project, it just brings the house up to speed.
I know that, on the issue of housing,
there's of course a role for the federal Government to play, but there's also role for Québec to play. So why not build
more houses? Why not let, whether it's the Cree or it's the Inuits, the Naskapi,
whoever it may be, how about we answer some
of their housing issues? How about we continue to build youth protection
centers on indigenous territory? Like was
done with the Attikamek, hand them over the responsibility, but also the
resources to put in the right
centers. How about building more women shelters on indigenous territory, so the women can be taken care of in an indigenous setting? How about we start to explore the
option of building a hospital in the North for indigenous people? If you look at the population, Inuit and
the Cree, according to my good doctor friend the MNA from La Pinière, he
said: Their population, technically, would merit their own
hospital. Maybe those are some things that we should consider, but again, if we're going to be
investing in infrastructure, it can't always just also be to
fulfill the CAQ's electoral agenda.
Another thing too that I would
like to point out, that for a government that claims to be as nationalist as they are, how they just let Ontario trample
over Québec? We're so proud, we're the electric
battery of Eastern Canada. We have hydroelectricity as great that all these MNAs
discovered Québec has hydroelectricity, and we sell it
to other jurisdictions. It's fantastic.
But
how is it the Prime
Minister of Canada puts all the electric car projects, even battery
production, in Ontario, makes a significant investment into Ontario, for their car industry, and you say: OK, fine, well, we're going to do the mining with lithium and, you know... My
colleague from Nelligan knows how that's going, how the
Minister of the Economy... Sometimes, I wonder if he's
here for Quebeckers or for his
friends.
But
let's be honest, our forest industry has got nothing. And, if you don't think
in North America people have been using less toilet paper, less paper towel, I can
tell you now the companies in Montréal, their sales plummeted. They're going to have stock piles of
these products for years to come. There was an op-ed, which is the Montreal
Gazette: Shortfall in Québec's forest harvest is costly to all. They make very elegant argument
about how important the forest industry is to Québec's
overall economy.
But
where's our part from the federal Government? I think that's something that we
need to stand up for and fight more for because it can't just always be bailing out the auto industry
of Ontario while the workers in our regions, one of the
most important industries in our regions have to struggle on. And it will be
for a while.
And, as my colleague was
mentioning, we have no idea what's going to go on south of the border tonight.
And Miami day counting doesn't look good, so
it looks like Florida might go to Trump. I don't know if that's officially been
announced while I've been delivering this
speech, but it's going to be a long night. And I don't know who will win, but,
if it is one candidate, I think we can at least assume that the softwood lumber
issues are not going to go away. I think we can also assume that we have a president, if he is re-elected, might not
be friendly to a lot of trade policies again with Canada, and we all
just live in limbo. So that's going to be a big challenge going forward.
So,
in the end, the road ahead of us for sure is long. Again, there's a lot of
projects... can't be against new hospitals, new schools, you know, new homes for seniors, renovations. With all
that, I still think there could maybe be a bit more of a balance. We look at climate change and some
initiatives that we can put in, as my colleague was mentioning, and also
maybe an economic
relaunch plan that would be a little bit more equal and... sorry, a little bit
more nuanced and balanced towards
making sure we look at other professions where women are working and make sure
that we are stimulating women in our economy.
So, again, those are things that we
are going to look over and we are going to be watching carefully. I know my colleague from La Pinière will be doing his job vigorously and we will have
to wait and see on the final vote, but I think, like I said, it's going to be a long hall for sure
for Québec, but I know the Québec Liberal Party will be there to defend the interests of all Quebeckers from coast to coast. Thank you very much, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier. Alors, y a-t-il d'autres interventions? Alors, je n'en vois
pas.
Alors,
en application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 66, Loi concernant l'accélération de certains projets
d'infrastructure.
Je
constate que quelques groupes
parlementaires ne sont pas
représentés pour la mise aux voix. Alors, je vais suspendre nos travaux, pour
une durée maximale de 10 minutes.
(Suspension de la séance à
20 h 20)
(Reprise à 20 h 28)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Mise aux voix
Et,
en application de l'ordre spécial,
j'invite maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption
du principe du projet de loi
n° 66, Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure.
Alors, M. leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint de l'opposition
officielle?
M. Derraji :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Maintenant, est-ce que vous
pouvez m'indiquer le vote de M. le député de Chomedey?
M. Schneeberger :
Oui. Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Et de Mme la députée de Marie-Victorin?
M. Schneeberger :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et,
en conséquence, le principe du projet de loi n° 66, Loi concernant
l'accélération de certains projets d'infrastructure, est adopté.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 66, Loi concernant l'accélération de certains projets
d'infrastructure, soit déféré à la Commission des finances publiques
pour son étude détaillée.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,je vous
remercie. Alors, toujours en application de l'ordre spécial, je vous
invite à m'indiquer le vote de votre groupe sur cette motion. M. le leader
adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint de l'opposition
officielle?
M. Derraji :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et,
en conséquence, cette motion est adoptée.
Alors, pour connaître
la suite de nos travaux, je cède la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
• (20 h 30) •
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 8
du feuilleton.
Projet de loi n° 67
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 8 du
feuilleton, Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation propose l'adoption du principe
du projet de loi n° 67, Loi instaurant un nouveau régime d'aménagement
dans les zones inondables des lacs et des
cours d'eau, octroyant temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à
répondre à certains besoins et modifiant diverses dispositions.
Mme la ministre, je
vous cède la parole.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui, merci,
Mme la Présidente. Alors, oui, très
fière de ce projet de loi, un projet
de loi important, présentement, en situation de pandémie, très heureuse
de le déposer aujourd'hui, alors, l'adoption du principe du projet de loi n° 67 instaurant un nouveau régime
d'aménagement dans les zones inondables des lacs et des cours d'eau, octroyant
temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à répondre à certains
besoins et modifiant diverses dispositions.
Alors,
Mme la Présidente, chers collègues, bonjour à vous tous, bonjour. Alors, depuis
plusieurs mois maintenant, nous
faisons face à de nombreux défis en raison de la pandémie. Afin de freiner la
propagation de la COVID-19, nous avons tous dû faire preuve de
créativité et d'une grande capacité d'adaptation. Chose certaine, la pandémie
nous démontre l'importance de prévenir les impacts dans les situations
d'urgence, dont ceux pour les municipalités.
Quand
on parle de situations d'urgence, on peut certes penser à la pandémie, mais
aussi aux catastrophes naturelles, comme
les inondations que nous avons connues au printemps 2017 et 2019. C'est
dans cette optique que je lance un message clair aujourd'hui, et je pense que vous serez d'accord avec moi :
Il est grand temps de changer nos façons de faire. Ainsi, le 30 septembre
dernier, j'ai présenté le projet de loi n° 67 à l'Assemblée nationale, qui
vise principalement à mieux outiller les municipalités face aux
situations d'urgence.
Du
21 au 28 octobre dernier, lors des consultations particulières, nous avons
rencontré plusieurs représentants du milieu
municipal, certains membres de la communauté scientifique, les ministères et
organismes concernés pour échanger au
sujet des mesures proposées dans le projet de loi. Nous les avons écoutés, nous
les avons entendus. Cette démarche nous a permis de noter les besoins, les préoccupations, les commentaires et
les suggestions exprimés par les divers acteurs concernés. D'ailleurs, je
remercie tous ceux qui se sont présentés devant la Commission de l'aménagement
du territoire, ceux également qui ont
contribué au cheminement de ce projet de loi. J'ai été heureuse de constater
que les avis que nous avons reçus étaient majoritairement très
favorables.
Maintenant,
j'aimerais vous présenter les grandes lignes de cet ambitieux projet de loi
dans l'objectif que nous adoptions son
principe aujourd'hui. Plus tôt cet automne, j'ai annoncé un soutien de
800 millions aux municipalités pour couvrir notamment les dépenses supplémentaires et les pertes de revenus
occasionnées par la COVID-19. Le projet de loi n° 67 est, dans les faits, la suite logique de cette
annonce. Nous souhaitons soutenir les municipalités et les MRC à mieux
anticiper diverses situations d'urgence, à accroître leur capacité
d'adaptation face à celles-ci, mais surtout nous souhaitons leur permettre de se positionner comme acteurs clés
dans le cadre de la relance économique le moment venu. Pour ce faire, certains
des pouvoirs municipaux se doivent d'être accrus temporairement afin de
permettre aux municipalités de soutenir les entreprises et ainsi de contribuer
à cette relance.
Dans
cet ordre d'idées, une municipalité pourrait adopter un plan de soutien aux
entreprises s'appliquant à la totalité ou
à une partie de son territoire. Une fois celui-ci en vigueur, elle pourrait
mettre en oeuvre un programme d'aide financière accessible à toute personne qui exploite une entreprise privée. À titre
d'exemple, il pourrait s'agir d'une subvention, d'un prêt ou d'un crédit de taxes représentant le
montant le plus élevé entre 500 000 $ et 1 % des crédits prévus
au budget de fonctionnement de la
municipalité. Une MRC, quant à elle, pourrait constituer un fonds qui lui
permettrait d'octroyer des subventions et des prêts aux entreprises
situées sur son territoire.
Au niveau du transport en
commun, le transport en commun est aussi important dans le cadre de la relance économique. C'est pour cette raison que des
dispositions visent à faciliter la réalisation de ces projets qui permettent de
soutenir le développement durable de façon
efficace. Nous proposons aussi que certaines règles fiscales soient ajustées
afin d'atténuer les impacts
financiers découlant de la pandémie et permettre aux municipalités de présenter
plus facilement un budget équilibré, et ce, notamment en 2021.
Une autre
priorité de notre gouvernement est d'encourager l'achat local. Au niveau des
Affaires municipales et de l'Habitation,
ça se traduit par le fait de permettre aux municipalités d'accorder, lors de
l'adjudication de leurs contrats, une préférence
aux soumissions des entreprises québécoises en fonction de la valeur ajoutée
des biens et des services offerts pour le Québec. Dans cette même optique, lors
d'acquisitions de véhicules de transport en commun comme des voitures de train
ou de métro, par exemple, les municipalités pourraient exiger que le fournisseur
confie jusqu'à 25 % de la valeur totale
du contrat en sous-traitance au Canada. Dans les faits, nous souhaitons ainsi
donner la latitude aux municipalités que chaque dollar investi puisse
percoler ici.
En ce qui
concerne l'habitation, je pense que j'ai démontré, depuis que je suis ministre
des Affaires municipales et de l'Habitation, toute l'importance que j'y accorde
et que notre gouvernement y accorde. Il suffit de penser aux changements
majeurs que nous avons apportés au milieu de l'habitation avec le projet de loi
n° 16. Nous avons mis en place d'autres mesures pour favoriser la construction de
logements, comme l'augmentation des coûts maximums admissibles, les CMA.
Notre gouvernement a également mis plusieurs
mesures d'aide afin d'appuyer les citoyens à faire face aux conséquences
de la pandémie, par exemple les prêts pour le paiement des loyers.
Encore une fois, avec le projet de loi n° 67, certaines mesures portent sur l'habitation.
Celles-ci ont entre autres pour but
de reconnaître le rôle important des offices d'habitation et de s'assurer que les
familles plus vulnérables aient accès
plus facilement à des loyers modestes.
Ensuite,
concernant l'accessibilité aux plans d'eau, trop longtemps leurs pourtours se
sont développés sans prévoir d'accès
ni d'espace pour favoriser l'accès à la population. Notre projet de loi n° 67 introduit donc des mesures qui permettront le développement des plans d'eau, tout en
garantissant le maintien d'un accès public à cette ressource collective
précieuse, tout en maintenant les
exigences environnementales lors de l'utilisation de ces accès aux plans d'eau.
Ces mesures sont essentielles pour
notre gouvernement afin que chaque Québécois puisse profiter de cette richesse
que sont nos plans d'eau.
À présent,
j'aimerais terminer en vous parlant des dispositions en lien avec les
inondations. Celles-ci donnent suite au Plan de protection du territoire face
aux inondations : des solutions durables pour mieux protéger nos milieux
de vie, rendu public le 3 avril dernier, et pour lesquelles nous
avons réservé une somme de 500 millions de dollars. C'est sans précédent et c'est essentiel. Il est primordial de
favoriser un aménagement du territoire prenant en compte une meilleure
gestion des risques liés aux inondations et aux impacts des changements
climatiques. Nous devons mieux prévenir les sinistres
provoqués par les inondations et, pour que ce soit possible, nous devons se
doter d'un nouveau cadre normatif appliqué uniformément dans toutes les
régions du Québec, tout en tenant compte des particularités territoriales.
Chaque région
a ses particularités et connaît ses propres contraintes face aux inondations.
Nous devons en prendre considération. Nous souhaitons donc mettre en place un
régime d'aménagement de territoire en zone inondable et mieux communiquer les risques d'exposition aux
inondations. Les municipalités seraient ainsi responsables de la délivrance des
permis, de l'inspection et des sanctions qui en découlent. En somme, je pense
que tous ici seront d'accord, il est essentiel d'agir de façon responsable et cohérente afin d'assurer la sécurité des
personnes et la protection des biens dans les zones à risque
d'inondation.
Pour
conclure, je dirais que nous avons mis de l'avant notre projet de loi n° 67 parce que nous sommes persuadés qu'il sera bénéfique pour toutes les régions du Québec. C'est pour les
générations d'aujourd'hui et celles de demain que nous travaillons fort pour moderniser nos façons
de faire et mettre de l'avant des solutions innovantes. Comme je l'ai dit
d'entrée de jeu, il faut absolument mieux
outiller les municipalités, et ce, le plus rapidement possible afin que
celles-ci puissent mieux pallier les
impacts de la pandémie et des inondations. Dans cette perspective, Mme la Présidente,
j'invite l'ensemble des membres de
cette Assemblée à adopter le principe du projet de loi n° 67, et j'en suis
très fière. Merci. Je vous remercie tous.
• (20 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation. Et maintenant je cède la parole à Mme la
députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir, à mon tour, en tant que
porte-parole de l'opposition officielle en
matière municipale... puis je le dis parce que j'aime ça, les affaires
municipales donc, et j'aime aussi...
j'en profite... la ministre est en face de moi, donc j'en profite aussi pour
dire aussi que c'est bien agréable de travailler avec Mme la ministre,
autant en habitation que sur le sujet des municipalités.
Projet de loi
n° 67, projet de loi omnibus. Un omnibus, c'est
beaucoup, c'est un gros projet de loi. C'est un projet de loi qui
contient 138 articles, 138 articles qui modifient principalement...
je dis «principalement» parce que ça touche beaucoup
de choses, mais principalement la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, la
LAU — il y a
beaucoup d'acronymes dans le monde municipal — donc
la LAU, mais aussi 16 autres lois et aussi cinq décrets. Donc, ce n'est
pas rien, ce projet de loi là. C'est un
projet de loi qui touche vraiment plein de choses. Quand on dit «un projet de
loi fourre-tout», là, bien, ça touche l'habitation, ça touche le tribunal, le
logement, les zones inondables, l'autonomie municipale, le tramway de Québec, la foresterie, l'hébergement
touristique, la fiscalité municipale, le transport en commun, les élections
municipales. Donc, c'est vraiment un
gros projet de loi avec des sujets, là, importants, tous importants. Comme
disait la ministre, c'est sûr que le dossier inondations, c'est un dossier qui est peut-être un
peu plus... on va lui donner l'aspect urgent, étant donné les
inondations de 2017, 2019. Bien, reste que c'est tous des sujets qui méritent
une attention particulière.
Vous
savez comment ça fonctionne quand il y a un projet de loi qui est déposé, bien,
il y a des échanges qui sont entrepris
avec les bureaux des leaders respectifs, des échanges pour entre autres pour
convenir, là, des groupes qu'on peut recevoir
ou qu'on voudrait recevoir en commission parlementaire pour des auditions.
Donc, c'est ce qui s'est passé, on a commencé
des échanges. Puis, étant donné, vous comprendrez, là, tous les sujets qui sont
l'habitation, l'autonomie municipale, la
foresterie, ça touche les entreprises, c'est une panoplie de sujets qui sont
traités, bien, évidemment, ce n'était pas juste des municipalités qu'on voulait entendre en commission parlementaire, on
voulait aussi entendre des groupes en environnement,
des groupes sur les bassins versants,
des MRC. Oui, c'est sûr, il y a des
groupes comme la FQM, l'UMQ, l'Union
des municipalités, c'est important qu'ils soient là. Et je me permets de dire
que je trouve dommage qu'il n'y ait pas eu de groupes... puis on l'a pourtant
soumis, mais qu'il n'y ait pas eu de groupes qui soient des regroupements
d'entreprises, qui soient des
chambres de commerce. Je trouve ça dommage qu'on n'ait pas eu le droit à leur
représentation parce qu'ils sont
concernés dans le projet de loi, évidemment, parce qu'il a une partie de
relance économique. Donc, ils sont touchés, ils sont concernés, mais
malheureusement on n'a pas pu prendre le pouls ici, à l'Assemblée nationale.
Je fais une
parenthèse aussi sur les projets de loi omnibus. On se dit ou j'ai entendu, là,
la ministre dire : Bien, c'est mon
troisième projet de loi omnibus. C'est vrai, c'est le troisième projet de loi
omnibus, mais moi, je trouve ça plutôt dommage
qu'on traite de tous ces dossiers-là dans un projet de loi omnibus,
particulièrement la LAU, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Je
vais y aller avec la LAU. La LAU, là, ça fait 40 ans, la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, qu'elle existe,
cette loi-là et qu'on vienne la modifier comme ça, qu'on vienne modifier cette
loi-là à la pièce, une loi qui est si importante, qu'on vienne la modifier à la
pièce dans un projet de loi omnibus, bien, moi, je trouve ça... je vais
utiliser le terme «moche», là, mais je trouve ça dommage parce que je pense que
ça méritait qu'on l'ouvre, qu'on étudie la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme de façon détaillée.
Puis
je me permets... d'ailleurs, la ministre le sait, elle l'a souligné lors des
crédits en 2019, elle a réitéré en fin de semaine, un article de La Presse,
toute l'importance de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Puis on le sait,
puis je vais faire référence entre autres au
dossier de la MRC Montcalm, qui est un sujet d'actualité, bien, justement, la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, bien, permettrait de mettre à jour nos
valeurs, notre vision, parce que je serais quand même assez surprise
qu'en 2020 la vision du Québec, ce soit l'étalement urbain parce qu'il n'y a
jamais un gouvernement précédent qui l'a autorisé.
Donc,
je reviens directement au projet de loi n° 67. Comme je disais, on a
entendu 19 groupes. Je me permets de les noter parce que c'est des
groupes qui ont travaillé fort, qui sont venus nous faire des présentations. Il
y a eu la Fédération québécoise des
municipalités, il y a eu l'Union des municipalités du Québec, il y a eu la
Fédération des producteurs forestiers
du Québec, il y a eu l'Ordre des urbanistes du Québec, Élections Québec,
l'association des aménagistes du Québec, l'Union
des producteurs agricoles, l'association hôtelière du Québec, la ville de
Montréal, la ville de Québec, la ville de Gatineau, la municipalité de Saint-Donat, le Regroupement des offices
d'habitation du Québec, l'Association des groupes de ressources techniques du
Québec, la FADOQ, le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec,
la Communauté métropolitaine de Montréal,
Vivre en ville, l'Institut national de la recherche scientifique et
M. Guillaume Lavoie, de l'École nationale d'administration
publique.
Alors,
c'est 19 groupes qui sont venus nous faire part de leurs positions.
Rarement, ces groupes-là se sont prononcés sur l'ensemble du projet de loi
parce que, comme je le dis, c'est un projet de loi fourre-tout, donc les
articles, ça touche à tout, mais la
plupart des groupes sont venus nous présenter leurs intérêts en lien avec des
articles particuliers. On a tout de
même reçu 29 mémoires, donc je pense que l'intérêt pour ce projet de loi
là, clairement, était vraiment là, 29 mémoires. Et je remercie les
19 groupes, et je remercie aussi ceux qui ont rédigé les mémoires. Soyez
assurés qu'on en a pris connaissance. Et
c'est important pour nous, les parlementaires, que la population, que les
groupes, que les associations, vous participiez à nos... votre participation
est importante pour nous dans les commissions parlementaires parce que, vous le
savez, on n'est pas... on ne prétend pas être des experts dans toutes les
matières, donc vous nous éclairez, puis, veux veux
pas, on est des législateurs ici, à l'Assemblée nationale, donc c'est vraiment
très pertinent, vos mémoires, votre opinion. Soyez assurés qu'on en
prend connaissance. Vous nous influencez, disons-le comme ça.
Alors,
étant donné la complexité, là, du dossier puis, en fait, les nombreux sujets,
j'ai décidé d'aborder le projet de loi de façon structurée, mais de
façon... On a eu des échanges ce matin, on a eu un briefing technique... je
m'excuse, le mot anglais, mais on a eu un briefing technique sur le projet de
loi, puis je vais vous le présenter comme ça, soit en trois volets et en huit blocs. Je trouve que c'était plus facile au lieu
de s'éparpiller, là, dans les articles. Malgré que de la façon que je vais le présenter, avec les huit blocs, je
veux juste porter à votre attention que ce n'est peut-être pas de la façon que
ça va fonctionner pour l'étude détaillée. Je suis d'avis que le projet de loi
article par article... les articles coulent quand même assez bien dans le
projet de loi, ça fait que je ne sais pas de la façon qu'il va être travaillé
dans l'étude détaillée.
Donc, le premier bloc
sur lequel je voulais vous entretenir, entre autres, c'est les mesures qui sont
directement liées à la pandémie de la
COVID-19. Donc, il y a deux blocs. Il y a le premier bloc, qui est le pouvoir d'aider la fiscalité et les
élections municipales. Donc, sur les mesures d'aide fiscale, entre
autres, en lien avec la relance économique... puis je vais me concentrer, là, peut-être
sur les articles, là, qui attirent particulièrement notre attention. Donc, sur les mesures fiscales
en lien avec la relance, il y a deux articles qui sont quand même assez
importants, il y a l'article 130 et l'article 131. Donc, l'article 130 vient donner un pouvoir à
des municipalités locales, alors que 131 donne un pouvoir aux
MRC. Puis là je me permets de
l'expliquer, là, puis je vais essayer d'utiliser, là... parce qu'on n'a pas...
Moi, j'aurais pris trois heures pour vous
le présenter, pour présenter mon point
de vue sur le projet de loi, mais je vais faire ça en dedans de 60 minutes. Donc, j'annonce mes couleurs, je vais vous faire ça en
dedans de 60 minutes. J'espère que tout le monde va rester réveillé, mais
je vais essayer aussi de faire ça de façon dynamique puis
de me concentrer sur les articles qui sont, selon moi, pertinents ou du moins
qui devraient attirer l'attention.
• (20 h 50) •
Donc,
l'article 130 sur les municipalités locales, bien, c'est un pouvoir d'aide
temporaire, c'est un pouvoir d'aide temporaire d'une durée de trois ans
qui permet aux municipalités de fournir de l'aide à leurs entreprises ou
d'aider les entreprises via leur conseil municipal. Donc, c'est prévu
dans le projet de loi à l'article 130 que le total de l'aide
accordé annuellement ne pourrait pas
excéder un montant plus que 500 000 $ ou 1 % des crédits prévus au budget de fonctionnement de
la municipalité. Donc, la municipalité va pouvoir venir en aide aux entreprises
de leur municipalité, et ça pourrait prendre
la forme... ça, évidemment, c'est des questions, là, qui viendront à l'étude
détaillée, là, mais ce qu'on a compris entre les lignes, c'est que ça pourrait prendre la forme de subventions
directes, de crédits de taxes, de prêts, mais, tout de même, c'est une
sorte d'aide pour nos entreprises.
La même chose
pour les MRC, c'est-à-dire que les MRC vont aussi pouvoir constituer
temporairement un fonds pour soutenir financièrement les entreprises dont les
revenus ont diminué à cause du contexte de la COVID-19, c'est l'article 131. Alors, c'est aussi un fonds
d'investissement. Contrairement à la municipalité qui pourra le faire par
règlement, j'ai compris que la MRC
pourra le faire par résolution et que ce fonds-là pourra être créé à partir de
quotes-parts des diverses municipalités, là, qui forment la MRC. Et j'ai
compris aussi que ce montant-là ne pourrait pas excéder 1 million
de dollars, à moins que la ministre autorise
un montant supérieur, et que la gestion de ce fonds-là pourrait aussi être
confiée à un OBNL. Mais évidemment,
comme je le dis, on aura peut-être des suggestions pour bonifier les articles
ou encore avoir plus de détails, poser
plus de questions. Je rappelle qu'on est à l'étape d'adoption du principe, d'où
l'importance de décortiquer, là, les grands sujets qui nous intéressent.
Donc, il y a aussi, à l'article 63, des
questions... bonifier l'article 63, qui prévoit d'octroyer un pouvoir
d'aide aux marchés publics. Bon, évidemment,
il nous manque encore un petit peu de détails pour comprendre comment ça peut
fonctionner, ça viendra, j'en suis certaine. Il y a les règles pour les
dépenses liées à la COVID-19 ou des dépenses incompressibles
pour lesquelles les revenus ne sont pas disponibles en raison de la COVID-19 à
l'article 128, qui prévoit que les municipalités pourront adopter
des règlements d'emprunt pour financer des dépenses liées à la pandémie.
Donc, les municipalités qui pourraient être
déficitaires ou qui ont...parce qu'on sait une municipalité doit avoir un budget équilibré à la fin de l'année. Ce n'est
pas comme un gouvernement provincial ou un gouvernement fédéral, lesquels
peuvent faire des déficits, les municipalités ne peuvent pas faire de déficit.
Donc, c'est un article qui permettra aux municipalités de faire des règlements
d'emprunt pour arriver à un équilibre budgétaire. Et je comprends qu'ils
pourront aussi, à l'article 129, là,
emprunter à même les fonds pour des dépenses prévues pour cette mesure
transitoire là. Il y aura, bien sûr,
une contrainte à l'utilisation de la taxe foncière à deux strates pour les
immeubles non résidentiels et il y a aussi un pouvoir qui sera donné à la MRC de choisir le lieu de la tenue de vente
d'un immeuble par défaut de paiement de taxes.
Toujours, dans les pouvoirs d'aide puis les
mesures fiscales en lien avec la relance économique, j'en arrive à l'article 135. L'article 135 est un
article qui a fait beaucoup, beaucoup jaser. Je vous explique
l'article 135, sur lequel je risque
de passer peut-être un petit peu plus de temps, mais en fait je trouve que
c'est pertinent que les parlementaires, même, qui sont ici ou encore des collègues nous écoutent, de comprendre bien
comme il faut l'article 135. L'article 135, c'est quand même exceptionnel, c'est un article qui est
rétroactif. Donc, c'est un article que, quand il va entrer en vigueur, il va
être rétroactif au mois de mars. Déjà là, on se posait une question :
Pourquoi un article rétroactif? Bien, alors, on a compris, en posant des questions... pas tant en posant des
questions, mais surtout on a compris par la présence des différents groupes
que cet article-là était important pour le
monde municipal, était important pour les municipalités. On l'a compris parce
que cet article-là — voyons, j'ai de la misère — cet article-là vient dire qu'il n'est pas possible, là, pour les entreprises... ce
n'est pas possible de permettre une modification au rôle d'évaluation. Donc,
une entreprise, un commerce qui voudrait contester
son rôle d'évaluation sur la base que le Québec a été sur pause, il n'a
pas de chiffre d'affaires, son entreprise ne roule
pas, bien, cet article-là vient dire : Bien, non, ce n'est pas
permis, tu dois continuer à payer tes taxes municipales, et c'est
comme ça, c'est comme ça.
Donc, je le sais que c'est un article qui est
important pour les municipalités, puis je le sais pourquoi c'est important pour les municipalités. J'ai été
mairesse, j'ai été préfet et je le sais que les municipalités, 70 %, 80 % de leurs revenus, c'est de la taxation foncière. Ça fait
que c'est important pour eux autres, qu'ils tiennent à l'article 135, puis
on me l'a rappelé aussi dans les
derniers jours. On me l'a rappelé aux consultations particulières, parce que,
je ne vous le cacherai pas, Mme la Présidente, j'ai challengé un peu le
monde municipal pendant les consultations particulières, c'est-à-dire que je leur ai posé des questions : Pourquoi
vous voulez le 135? Puis je les ai mis dans des contextes. Je les ai mis dans
des contextes particuliers, je leur ai dit : Parfait, si on permet
aux entreprises de contester leurs comptes de taxes, qu'est-ce que ça fait? Ah! mais là les municipalités,
elles ne veulent pas perdre de revenus, les municipalités ne veulent pas perdre
de revenus. C'est ce qui était tout le temps
soulevé. Mais je leur disais : C'est quand même un cercle vicieux parce
que, si les entreprises, si le petit commerce du quartier ferme parce
qu'il n'est pas capable de les payer, ses taxes municipales, qu'est-ce qui va
arriver? Il va les payer cette année, mais il ne sera pas là l'année prochaine
pour les payer.
Puis là on
parle de petites municipalités, mais on peut parler de plus grandes
municipalités aussi. On peut prendre des hôtels, là... Puis il faut se
le dire, là, il y a des commerces, il y a des entreprises qui fonctionnent bien
pendant la pandémie. Les épiceries, les
épiceries font des chiffres d'affaires comme ils n'ont jamais fait, là. À ma
grande surprise, les concessionnaires automobiles. Je parlais, dans mon
comté, avec un propriétaire de concessionnaire automobile. Ça va super bien, les ventes automobiles. Bon, peut-être
parce que les gens veulent moins utiliser de transport en commun, ils ont peur,
évidemment, de la COVID, la distanciation, ça fait que les commerces
automobiles, ça va bien. Ça fait que ce n'est pas eux autres qui ne paieront pas, qui vont avoir de la difficulté à
rembourser ou à payer les frais fixes. Puis, quand je parle des frais fixes, bien, c'est sûr que je
parle de... les taxes municipales font partie des frais fixes auxquels je fais
référence.
Donc,
moi, je suis un peu partagée. Je suis un peut partagée, puis je le dis, puis je
suis un peu partagée parce que je
comprends le monde municipal de dire :
Non, on tape sur le clou. Puis j'ai reçu des lettres, j'accuse réception, j'ai
reçu des lettres qui m'ont dit :
Non, l'article 135, on y tient, on le veut. Puis il y a
des maires qui sont venus le dire aussi, puis je le sais que le mot d'ordre
dans le monde municipal, c'était ça : Le 135, on le veut, on y tient.
Bien, je réitère que l'opposition
officielle n'a jamais dit qu'on ne voulait pas le 135. Au contraire, on
s'est permis de... ou je me suis permis, je ne parlerai pas pour mes collègues, là, c'est moi qui posais
les questions aux groupes qui sont venus... Bien, je me suis permis de mettre les municipalités en contexte.
Puis j'ai plein d'autres choses qui me viennent
en tête. Le petit commerce de proximité ou l'entreprise d'une municipalité où
il y a 30 employés qui travaillent là, mais c'est 30 employés qui
habitent dans la même ville, puis cette entreprise-là
va fermer parce qu'elle n'arrive pas à payer ses frais fixes, le compte de
taxes, bien, ça fait quand même bien, tu
sais, 30 personnes dans la municipalité qui n'auront plus d'emploi parce
que ce commerce-là... Ça fait que je trouve que c'est un peu un cercle vicieux,
si je peux dire, là. Mais du moins, je vous le dis, moi, je suis préoccupée, je
suis préoccupée puis je vous partage... je partage aussi ma crainte,
puis je le partage puis je le... tu sais, je le partage, là, ce n'est pas de mauvaise foi, là, je le partage parce que je me
dis qu'à un moment donné, là, ces entreprises-là, elles vont venir nous voir
ou vont venir voir le gouvernement puis
elles vont dire : Oui, mais là, mon entreprise, elle a fermé, je n'ai pas
eu d'aide, je n'ai pas eu de congé de
taxes. Bien, qu'est-ce qu'il va dire, le gouvernement? Oui, mais c'est ta
municipalité qui le voulait, cet article-là dans le projet de loi. Tous
les maires le voulaient, cet article-là.
Ça fait que moi, je me dis : Soyons quand
même vigilants, essayons de faire des scénarios, essayons de voir... puis moi, je l'ai suggéré aux municipalités qui
sont venues en commission parlementaire parce que les municipalités ne veulent pas perdre de revenus, mais nos petits
commerces, nos entreprises ont besoin d'air. Je comprends qu'ils ont des
prêts, là, puis je comprends qu'il y a mille
et un programmes qui sont des prêts, là, mais là ils ont besoin d'air, ils ont
besoin d'air, ils ont besoin d'aide
directement, pas des prêts, là. Là, ça va faire, les prêts, là. Ça fait qu'il
faut les sauver, il faut les aider,
puis moi, je pense... puis je le soumets très humblement, puis je ne vous dis
pas que c'est nécessairement la bonne solution, mais je pense que
d'apporter une aide directement à ces entreprises-là serait peut-être la bonne
solution, elles pourraient payer leur compte municipal sans qu'on ait à mettre
ce genre d'article là dans le projet de loi.
• (21 heures) •
Mais, voilà,
je vous le réitère, c'est ma position sur l'article 135. Ce n'est pas un
article... là, écoutez, je n'irai pas
me coucher dans le milieu de l'autoroute pour
dire que je ne le veux pas, cet article-là, là. Le monde municipal veut cet article-là.
J'ai bien entendu les critères. La ministre, elle leur fait plaisir en mettant cet article-là,
bien sûr. Bien
sûr, ça fait plaisir, on leur donne puis, à un moment donné, on pourra dire : Bien, c'est eux autres qui l'ont demandé, là.
Allez voir vos municipalités. Ça fait que je souligne ça au passage,
toute mon inquiétude, entre autres, avec l'article 135.
Je continue sur les mesures fiscales, mais je
vous le dis, que l'article 135, c'est quand même un gros morceau. Puis je le sais, qu'il y a certaines municipalités qui ont déjà eu des entreprises qui se sont manifestées pour pouvoir réviser
leurs comptes de taxes, puis que les entreprises
ont dit : Bon, on a un projet de
loi qui s'en vient, là, ça fait qu'on
met ça sur le «hold», des greffiers
des municipalités qui ont dit : Bon, on va attendre parce qu'il y a un projet de loi qui s'en vient.
Donc, voilà. J'aurai la chance, là, la
chance ou l'opportunité de revenir pendant l'étude détaillée sur ce projet de
loi là puis j'espère qu'il y aura peut-être des changements ou une
possibilité, là, d'apporter un soutien autre.
Il y a les
organismes municipaux aussi, avec les articles 85 et 136, qui vont pouvoir
choisir les méthodes acceptées pour
le paiement des sommes à joindre lors du dépôt d'une demande de révision en
matière d'évaluation foncière, chose qui est quand même assez souvent
soulevée, là, dans les municipalités.
Le deuxième
bloc que je veux aborder, ça concerne, entre autres... c'est une section sur
les élections municipales. Donc, c'est les articles 132 et 133 qui, entre
autres, mentionnent que les postes vacants de conseiller ou de préfet, lorsque
le préfet est élu au suffrage universel au
sein d'un conseil municipal plus de 12 mois avant le 7 novembre 2021,
ne seraient pas obligatoirement
pourvus lors de la tenue d'une élection partielle d'ici aux élections générales
municipales du 7 novembre 2021.
Je soulève d'emblée que c'est un peu... c'est quand même presque deux ans, là.
C'est beaucoup pour une municipalité,
là, deux ans sans avoir un membre, mais je comprends qu'on est dans un
contexte de la pandémie puis que c'est
peut-être préférable, dans certains cas, de le reporter aux élections
générales. Mais je reste accrochée sur le deux ans, je me dis :
Deux ans, là, dans le monde municipal, là, c'est quand même long. Il y a des
situations particulières où la ministre attendait un avis de la Santé publique
récemment, là, puis je vais donner, entre autres, le cas, par exemple, de Vaudreuil-sur-le-Lac,
là, dans mon comté, où la ministre a vraiment... Merci de votre collaboration. Une municipalité pas de
maire, pas de quorum et en zone rouge, donc vous comprendrez que les élections municipales
n'ont pas eu lieu. Et ça fait presque
un an que cette municipalité-là n'a pas de maire, pas de quorum, donc c'est
une ville... C'est chez nous, c'est sous
tutelle technique, on a deux commissaires qui s'occupent de gérer la ville, donc, mais
c'est une ville qui n'avance pas, qui
ne peut pas prendre de décision, c'est juste les petites choses administratives qui ont lieu. Donc, on a trouvé
enfin une solution, là, au niveau des dates, mais évidemment on
attendait un avis de la Santé publique. Merci beaucoup, Mme la ministre, de votre collaboration dans ce dossier. Même
chose pour l'article 132, des modalités, entre autres, pour le vote par
correspondance pour les élections générales
de novembre 2021 pour le monde municipal, et aussi, là, différents
articles qui vont permettre, un peu comme au provincial, le vote à domicile de
l'électeur incapable de se déplacer, là, pour des raisons de santé. Mais
reste qu'on vient quand même toucher un autre volet qui est les élections
municipales.
Il y a des modifications prioritaires, puis on a
en parlé, la ministre nous en a parlé, entre autres, sur la Loi de l'aménagement et l'urbanisme et la Loi sur la
qualité de l'environnement, la LQE, particulièrement en lien avec la gestion
des zones inondables. C'est un gros dossier,
là, la gestion des zones inondables, autant la cartographie, autant
l'identification des zones. Puis,
quand je parle de la cartographie, je me permets de dire qu'en 2017 il y a un
mandat, là, qui a été donné justement
aux MRC pour pouvoir, là, refaire la cartographie. Mais combien c'est important
pour nos citoyens, pour protéger nos citoyens? C'est très, très, très important
puisqu'on le sait, là, on a goûté aux inondations en 2017, en 2019, les zones
0-20 ans, les zones 20-100 ans. Je pense qu'il fallait revoir
définitivement cette façon de faire là.
Donc, la Loi
sur la qualité de l'environnement va être modifiée pour prévoir que le ministre
de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques soit responsable de la cartographie des
zones inondables, des lacs et des cours
d'eau ainsi que des zones de mobilité, et qu'il puisse prévoir les règles
applicables à cette délimitation ainsi que déléguer aux organismes municipaux la réalisation de la
délimitation de ces zones. Puis, quand on parle de déléguer aux organismes
municipaux, bien, moi, je le dis tout le
temps, les municipalités, les organismes municipaux, bien, souvent c'est les
mieux placés, ils sont sur le
terrain, ils connaissent justement les particularités de leur région, de leurs
terrains. Donc, je ne peux pas être contre le fait qu'on délègue ces
pouvoirs-là à nos municipalités, à nos MRC.
La LQE serait
également modifiée pour introduire un
pouvoir réglementaire gouvernemental
permettant l'élaboration d'un cadre
normatif applicable aux rives, au littoral et aux zones inondables. Évidemment,
la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines
inondables serait abrogée. Il y a des mesures aussi transitoires puis des
dispositions pour des fins de concordance
qui sont prévues. Il y a plusieurs articles qui ont... Bien, quand on parle
d'inondations, évidemment, il y a
plusieurs municipalités qui ont été touchées par les inondations, donc
certaines sont venues faire des représentations devant la commission parlementaire. Je parle entre autres... je fais
référence à la CMM, qui... C'était fort pertinent, leur présentation, bien sûr, ça concerne la CMM, mais
la CMM, c'est quand même 82 municipalités autour de la grande région
métropolitaine. Et ils sont venus nous parler de leurs inquiétudes, de leurs
inquiétudes, puis ils sont venus aussi... Puis il y aura des amendements, là, qui seront déposés, là, en fonction
évidemment des suggestions qui sont apportées par ces groupes-là, mais ils sont venus nous faire part de
l'importance d'avoir, d'adopter une approche complète du risque. Et ils faisaient, entre autres, référence à
l'article 93. On a beaucoup travaillé l'article 93 avec eux, puis ils
nous disaient à quel point ça doit
être modifié. Ça doit être modifié parce que, comme ils nous disaient, tu sais,
on ne peut pas relocaliser tout le monde,
là, tu sais. Oui, il va y avoir des zones inondables, mais il va y avoir des...
Ça va être par catégories. Ça fait qu'est-ce que ça va... Bien là, ça, moi, je
ne le sais pas, je ne l'ai pas vu, mais je ne sais pas comment ça va être
défini, là, modéré, tu sais, faible,
modéré, très modéré ou élevé et très élevé, je ne le sais pas, évidemment, je
ne fais pas partie du secret ministériel. Je ne le sais pas, mais chose
certaine, là, il va y avoir un degré, c'est comme ça que ça va fonctionner.
Puis ce qu'on se disait, bien, entre autres dans
des secteurs qui sont déjà urbanisés où le risque est plus élevé, qu'est-ce qu'on fait? On relocalise tout ce
monde-là? Bien, c'est un préjudice énorme, là, pour ce monde-là. Et on va venir
dire... Puis je pense qu'on l'a déjà fait un
peu dans les ZIS, ce travail-là. On est venu dire à des gens... on est venu
geler des secteurs pour dire : Bien, ici, là, tu ne peux plus construire,
tu ne peux plus rien faire. Mais c'est un préjudice énorme, là, qu'on vient créer à des citoyens, puis c'est
dommage parce qu'il y a des citoyens qui n'ont jamais eu une goutte d'eau
sur leurs terrains. Bien, à un moment donné,
il y a une méthode qui a été utilisée, puis ils sont entrés dans cette
catégorie-là, puis, bien sûr, ça leur
a créé un préjudice immense. Puis
quand je dis un préjudice immense, c'est parce qu'il ne faut pas
oublier qu'une maison, une résidence, c'est
souvent, puis je le dis, là, je le dis et je le répète, et je le répète, là,
mais une maison, une résidence, c'est souvent l'investissement d'une vie, c'est-à-dire que c'est souvent des économies qu'on met dans notre maison. Puis, souvent, on bâtit sur le bord de l'eau parce que
c'est donc beau, le bord de l'eau. Mais personne, hein... C'est imprévisible, ce qu'il peut arriver
sur le bord de l'eau. Ça peut être des grands vents, ça peut être des inondations
comme en 2017 et en 2019. Il y en a qui ont même été inondés en 2017, mais pas
en 2019 ou le contraire.
• (21 h 10) •
Donc, tout ça
pour vous dire que, oui, la caractérisation, mais il faut quand même
prévoir des modalités dans chacune des zones qui seront déterminées. Et je me
permets de dire... Je parlais entre
autres avec les gens de la CMM qui
nous disaient : Bien, écoute, on est allé à l'étranger. On est allé
voir ce qui se fait à l'étranger, puis il y a des places où c'est des zones d'inondation à risque très élevé, où il y a
des ouvrages de protection qui sont bien entretenus, puis, en arrière des
ouvrages de protection, même si c'est à risque élevé, il y a quand même
un village, il y a quand
même des écoles, il y a quand même l'hôpital. Donc, c'est possible de faire des choses dans
ces zones-là. Et de là, là, toute l'importance de bien définir ce qu'on peut faire dans chacune de ces zones-là. Mais,
comme je vous dis, on n'est pas contre le fait de relocaliser, mais peut-être ne
pas relocaliser tout le monde parce
qu'on sait qu'il y a
des choses qui sont possibles, qui sont possibles, qu'on peut faire
ensemble, mais je pense qu'il faut tenir compte, entre autres, là, des efforts,
des efforts de protection.
Donc, la CMM
est venue nous en parler longuement. Ils nous ont parlé aussi de leur inquiétude,
d'élargir, par exemple, là, je donne un exemple, là, que ce serait
d'élargir, là, la zone 100 ans à une zone 350 ans. Mais ce ne sera
plus les thématiques qu'on va
utiliser, mais je veux vous dire qu'il
y a quand même un danger particulier qui a été soulevé par la région métropolitaine parce qu'eux autres ils
disent : Bien, un, là, s'ils sont dans une zone identifiée, je donne
l'exemple, 350 ans, bien,
écoutez, ça va être quoi, les assurances? Tu sais, ça va coûter combien pour
assurer une maison, là, dans ces zones-là? D'où l'importance, là, de
prendre le temps de bien délimiter et de s'assurer des particularités un peu
partout.
Je donne un
exemple. À Montréal, là, dans la zone zéro-100 ans, c'est plus de
2 milliards de valeurs immobilières qui sont là présentement. Donc, ce n'est quand même pas rien. Et, bien
sûr, ça pourrait créer aussi beaucoup de pression sur les cours d'eau, beaucoup de pression sur les
cours d'eau parce que là, les gens vont commencer à faire des
ouvrages de protection, donc encore là, il va falloir vraiment porter
une attention particulière à ces articles-là, et peut-être même au contenu, là, aller un petit peu plus loin puis
faire des projections, des fois, là, tu sais, aller faire des projections. La
théorie, c'est beau, mais, des fois,
il faut voir ce qui se fait sur le terrain. Donc, les groupes ont porté des
choses à notre attention, des points
déterminants importants à notre attention. Ça fait que je pense qu'il faut
prendre le temps de les inclure dans ce projet de loi là.
En
lien avec les ouvrages de protection, les élus municipaux sont venus nous
dire : Oui, c'est beau, les ouvrages de protection, là, mais ce n'est pas toutes les municipalités qui veulent
se voir... pas octroyer, là, parce que je ne pense pas que... en tout cas, ce n'est pas un privilège,
nécessairement, de dire : Bon, bien, le barrage dans ta ville, là, bien,
le gouvernement te
le donne, maintenant, c'est à ton tour, tu en fais l'entretien. Alors, je pense
qu'il doit y avoir des conditions de prévues au préalable, à ce que les municipalités disent : Bien, on aimerait ça
pouvoir l'inspecter avant, avant de dire que l'ouvrage de protection va être entretenu par la ville, ou est
transmis à la ville, ou est transféré à la municipalité. Minute. Les villes,
c'est ce qu'elles nous ont dit, en
gros, c'est : Minute, minute, est-ce qu'on en veut, est-ce qu'on n'en veut
pas. Est-ce qu'on peut regarder la
conception a de l'air de quoi? Est-ce qu'on peut regarder c'est quoi, les
prochaines années, en quoi ça engage les
coûts, là? Puis il y a des municipalités qui sont venues dire : Bien, moi,
c'est correct si on me le transfère, le petit barrage dans ma municipalité, là,
qui est peut-être un barrage de rétention ou qui est... C'est correct si on me
le transfère, mais moi, je veux avoir
les subventions qui vont aller avec pour l'entretenir, parce qu'il y a des
municipalités qui ne les ont pas, les sous,
là, pour les entretenir, ces ouvrages-là. C'est déjà une problématique, mais
ici, le projet de loi prévoit que le gouvernement pourrait déclarer qu'une municipalité est responsable
d'un ouvrage de protection, contre les inondations, là, en particulier.
Le
gouvernement pourrait aussi, par règlement, régir la conception, l'entretien,
la surveillance de ces ouvrages-là de
protection contre les inondations et aussi prescrire les rapports, les études
ou les autres documents devant être réalisés par la municipalité. Et
c'est important. Il y a un endroit où on dit que le ministre disposerait d'un
pouvoir d'ordonnance à l'égard d'une personne ou d'une municipalité pour
l'accomplissement de certaines tâches relatives à un ouvrage de protection contre les inondations, et un registre
public des ouvrages de protection contre les inondations serait créé. Bon,
dans quelle façon ça va se faire? Bien,
c'est des questions qui évidemment, là, pourront être posées lors de l'étude
détaillée.
Toujours dans le
nouveau régime de gestion des zones inondables, il y a la LAU. Elle serait
modifiée afin de permettre aux MRC
d'élaborer un plan de gestion des risques liés aux inondations qui serait mis en
oeuvre au moyen d'un règlement
régional. Donc, ça aussi, on a des gens qui sont venus nous voir pour nous
dire : Bon, O.K., régional... bien, la plupart sont contents d'avoir ce pouvoir-là d'élaborer le plan de
gestion qui va être mis en oeuvre au niveau régional, hein, ils sont... parce qu'on le sent, là, ces gens-là,
là, c'est des gens qui ont été saisis du dossier, et ils ont vécu souvent, là,
la plupart des élus ou de ceux qui
sont impliqués, les ont vécues, les inondations. Donc, quand on leur parle de
ce dossier-là, ils savent, là, il y a des lumières qui s'allument, puis ils en
ont des idées, puis ils en ont des suggestions. Puis, quand on leur confie un rôle de pouvoir intervenir, dans ces
milieux-là entre autres, là, on le voit, là, qu'ils sont comme imprégnés,
imprégnés, puis ils sont présents et ils sont là.
Donc,
les pouvoirs des MRC en matière d'aménagement et d'urbanisme seraient élargis
pour pouvoir adopter des normes, en
particulier des normes destinées... propres à la nature du milieu que la MRC
estime devoir prendre en considération pour
des motifs liés à la sécurité publique ou à la protection de l'environnement,
mais aussi destinés à tenir compte de la proximité d'un immeuble ou d'une activité qui soumet l'occupation du sol
à des contraintes liées à la sécurité publique, à la santé publique et au
bien-être général. Les dispositions du règlement régional auraient préséance
sur toute disposition inconciliable
d'un règlement d'une municipalité, et le régime réglementaire distinct serait
conservé en ce qui concerne la plantation
et l'abattage d'arbres pour la forêt privée. Toujours dans le régime de gestion
des zones inondables, bien, il y a le processus de dérogation en zone inondable
qui serait abrogé, et la section relative aux sanctions et aux recours de
la LAU serait adoptée afin d'étendre les
recours spécifiques des MRC devant la Cour supérieure concernant les règlements
régionaux.
Donc,
c'est des détails mais combien importants pour le monde municipal, pour nos
municipalités, pour nos MRC qui, eux,
quand ils prennent connaissance de ces articles-là, ils comprennent.
Définitivement, là, ils comprennent. Nous, souvent on les lit, là, puis on ne comprend pas trop, là, l'impact que ça
va avoir, mais on a préparé, entre autres, des amendements en lien avec leurs commentaires, là, qu'on aura la chance ou
la possibilité de déposer lors de l'étude détaillée.
Le
cinquième bloc sur lequel je voulais vous entretenir, c'est l'aménagement et
l'urbanisme. Donc, l'aménagement et
l'urbanisme, dans le fond, ce que j'ai retenu, en gros, puis ce que les
municipalités ou même les MRC sont venues nous dire puis sont venues nous expliquer ce qu'ils ont compris de
l'article 17, c'est que la MRC va pouvoir constituer un comité consultatif
en aménagement du territoire. Ils vont aussi pouvoir traiter de dérogations
mineures. Ce n'est quand même pas rien, que la MRC puisse traiter de
dérogations mineures. Moi, je pensais que c'était un pouvoir qui appartenait
aux municipalités via un CCU, un comité
consultatif d'urbanisme, mais ici on va donner la possibilité à la MRC de
constituer un comité consultatif d'urbanisme pour traiter de dérogations
mineures. Ce que j'en comprends, entre autres, c'est que la MRC va pouvoir émettre un avis concernant une
dérogation mineure. Mais, quand même, moi, je suis surprise, j'ai été surprise d'apprendre qu'il y a des municipalités
qui n'ont pas de CCU. Puis je suis encore plus surprise qu'on donne ce
pouvoir-là aux MRC, mais, bon...
• (21 h 20) •
Puis je me permets de
faire la parenthèse aussi, là, il y a beaucoup de municipalités... Bien, on va
dire, là, les municipalités sont des
gouvernements de proximité. À la dernière législature, on leur a donné ce
titre-là de gouvernement de
proximité. Et il y a le palier MRC puis il y a le palier municipalité, puis
j'ai senti une certaine, puis je le dis, je vais y aller personnel, je vais prendre ça personnellement, là,
mais j'ai senti une certaine irritabilité quand on en donne trop, on donne
trop de pouvoirs à la MRC puis un peu moins
à nos municipalités. Je pense que... Puis je vais y aller. Entre autres, je
vais vous donner l'exemple des pouvoirs économiques, on en donne
beaucoup, beaucoup, de gestion à la MRC, puis on en donne peut-être un peu
moins à nos municipalités, et pourtant, nos municipalités sont capables de
faire le travail.
L'accès
aux plans d'eau, on en a parlé, Mme la ministre en a parlé un petit peu plus
tôt de l'accès aux plans d'eau, de
favoriser l'accès aux plans d'eau. Bien sûr, c'est difficile d'être contre.
J'ai été mairesse d'une municipalité à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, vous comprendrez que
L'Île-Perrot, c'est une île, et je vous le dis, là, je pense, de 2009 à 2014,
là, on a essayé de faire une descente
à l'eau, là, puis ça ne fonctionnait jamais. Il y avait tout le temps quelque
chose, là, qui ne fonctionnait pas,
on n'y arrivait pas. Donc, je pense que l'introduction de l'obligation pour la
MRC de déterminer, dans leur schéma d'aménagement, les lacs ou les cours
d'eau qui ont un intérêt récréatif va certainement pouvoir aider les
municipalités à donner accès à l'eau à leurs citoyens.
Mais il y a
d'autres articles, comme les articles 10,
11 et 12, qui donnent un pouvoir aux municipalités d'exiger la cession d'un terrain riverain comme condition d'approbation d'une
opération cadastrale et, accessoirement, une contribution financière pour l'aménagement
d'un accès public à l'eau. Il y a la contrainte donnée aux municipalités, par l'entremise d'un document
complémentaire, à déposer une contribution en terrain pour des plans d'eau
identifiés au schéma d'aménagement du
territoire. Mais il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre sur ces articles-là
ou encore beaucoup de questions parce
que, si on peut le bonifier pour que ce
soit encore plus facile pour nos municipalités puis nos MRC d'avoir des accès à l'eau,
nous serons présents et nous sommes ouverts à faire ces présentations-là.
Relativement
à l'aménagement et l'urbanisme, je continue en vous disant que la LAU va être
modifiée pour permettre les
dérogations mineures, là, dans les zones où l'occupation du sol est soumise à
des contraintes particulières, et que les plans d'urbanisme devraient désormais
comprendre l'identification de toute partie du territoire sujette au phénomène des îlots de chaleur. Donc, les îlots de chaleur,
c'est un sujet qui a beaucoup été abordé pendant la commission, mais «îlot
de chaleur», c'est un beau grand principe,
mais c'est un principe qui n'est pas défini dans le projet de loi. Donc, un îlot de chaleur,
c'est quoi? C'est quand... on le sait, là, c'est quand il y a
de la chaleur qui est dégagée du sol, mais ça va jusqu'à combien de degrés ou, en fait, c'est quelle
grandeur ou... Donc, il reste beaucoup de travail à faire pour déterminer, entre autres, un îlot de chaleur urbain, pour en arriver
à une description, pour permettre, entre autres, là, d'atténuer les effets
nocifs ou indésirables des îlots de chaleur parce qu'on le sait, c'est
souvent une grande problématique, les îlots de chaleur.
Il y a
le délai de prescription pour les infractions aux règlements
municipaux en matière d'abattage d'arbres en forêt privée et
d'écoulement des eaux qui serait modifié de manière à ce qu'une poursuite
puisse désormais être intentée dans l'année
de la connaissance de l'infraction, pour autant que celle-ci n'ait pas été
commise il y a plus de cinq ans. Bon, les délais. À chaque fois qu'il y a
un délai, qu'on parle d'un cinq ans, d'un deux ans, un an, bien, il y a tout le temps un groupe ou il y a quelqu'un
qui venait nous dire : Bien, moi, je suggère plutôt telle période de
temps, avec des arguments. Donc, on
va en tenir compte aussi. C'était intéressant. On a parlé... là, j'oublie son nom, là, mais
c'est un monsieur du comté de... M. Gagnon.
M. Gagnon, là. C'était un monsieur... Il était vraiment...
Il était bien articulé. Il connaissait bien son domaine, puis c'est quelqu'un
qui était sur le terrain, ça fait qu'il est venu nous apporter, là, des propos,
là, vraiment pertinents puis... Bien, il était drôle en
plus, ça fait que c'était une journée bien agréable ou, en fait, son passage a
été bien agréable.
Donc, il y avait aussi des critères de la
municipalité au comité consultatif agricole qui serait revus. Un comité
consultatif agricole, on le sait, c'est important, l'agriculture, c'est notre
garde-manger québécois, donc c'est super important.
Et il va y avoir des critères pour permettre à toutes les communautés
métropolitaines puis aux MRC de nommer des
élus pour qu'ils puissent participer à ces comités consultatifs agricoles. Et,
bien sûr, bien, je l'ai dit, là, il y avait la partie aussi, là, pour
les dérogations mineures.
Autre partie
du projet de loi très intéressante ou, en fait, qui a vraiment fait couler
beaucoup d'encre, c'est la partie hébergement collaboratif. Bien sûr, on
utilise toujours Airbnb comme exemple, là, mais il n'y a pas juste du Airbnb, il y en d'autres, plateformes d'hébergement. Et,
quand je dis que ça a fait couler beaucoup d'encre, moi, j'ai reçu
400 résolutions de municipalités
à travers le Québec, mais c'est 400 résolutions, puis souvent, c'est une résolution
d'une MRC qui représente, par
exemple, 23 municipalités. Donc, en tout, là ça représentait
700 municipalités à travers le Québec qui sont venues nous dire que
l'article 81 n'avait pas sa place dans le projet de loi.
Donc, les
municipalités sont venues nous dire : On est préoccupées. Puis la plupart,
là, ne sont même pas venues nous
dire : On va trouver une solution. Les municipalités sont venues nous
dire : Retirez l'article 81. Évidemment, on pourra regarder comment on peut le travailler ensemble,
là, mais les municipalités, ce qu'elles soulevaient, entre autres, et toutes
les résolutions que j'ai lues disaient la
même chose, c'est qu'on vient nous enlever un droit, on vient nous enlever un
droit de zonage. C'est sûr que, quand on pose les questions, on comprend leur
vision, mais les municipalités viennent dire : Nous, là, on veut être maître de notre territoire, là.
On a déjà des règlements, on a des endroits dans la municipalité où on permet
de faire, là, de la location, de faire du... je vais dire du Airbnb, là, mais
des endroits où c'est prévu, où on peut le faire. Puis nous, on veut continuer à pouvoir le légiférer, à pouvoir le
légiférer, là. Le gouvernement s'en vient nous enlever un droit, un
droit de zonage, puis, par le fait même, enlève un droit aux citoyens de
s'exprimer parce que c'est souvent au conseil
municipal puis c'est souvent via ce règlement-là que les citoyens se retrouvent
au conseil municipal pour aller dire : Bien là, moi, mon voisin, là, bien, ce n'est pas une résidence secondaire,
c'est une résidence principale, puis il fait de la location à court terme dans sa résidence
principale, puis il n'a pas le droit, puis... Donc, encore là, ça se passe dans le milieu municipal. Si
on rapatrie ça, puis ce serait rapatrié, ce que je comprenais, au ministère du
Tourisme, donc, si on rapatrie ça là, bien,
on le sait, là, ça va être plus compliqué pour nos citoyens d'aller s'exprimer,
c'est moins... La proximité, elle est moins là, évidemment.
Donc, je vous
dirais que je le dis d'emblée que je partage l'opinion des municipalités sur l'article 81, je les comprends. Il y a des municipalités qui ont
dépensé... puis elles sont venues nous le dire, là, il y a des cas d'horreur,
là, dans ces dossiers-là, là, de
location d'hébergement collaboratif, là, il y a des cas d'horreur qui ont été
soulevés, il y a des municipalités qui ont dépensé
des milliers de dollars. Puis, à la fin, ça se règle, là, mais, juste avant que
le jugement arrive, la maison est vendue, puis il n'y a comme plus de cause parce
que ce n'est plus les mêmes propriétaires. Donc, je vous le dis, là, j'ai
entendu des cas d'horreur, mais je pense que ça vaut la peine qu'on se penche là-dessus puis qu'on regarde avec les municipalités comment on peut les aider, comment on peut les accommoder.
Ce que je comprends, c'est vraiment la définition de «résidence principale», puis
résidence principale, en 2020, là, puis je le dis... bien, je vais le
dire, c'est le... C'est parce qu'on a eu un intervenant, qui s'appelle
Guillaume Lavoie de l'ENAP, qui est venu
nous parler du test de la brosse à dents — puis ça me fait rire, le test de la brosse à dents,
c'est juste... je ne sais pas pourquoi, c'est la thématique qui me fait rire,
le test de la brosse à dents — que
ta résidence principale pourrait être déterminée par où habituellement tu laisses ta brosse à dents. Mais là j'expliquais que c'est peut-être
compliqué pour nous, les élus, parce
que la brosse à dents, hein, on en a une à Québec, puis on en a une dans
nos comtés, puis souvent on en a une dans nos sacs à main. Ça fait que le test de la brosse à dents... Mais je comprends, entre autres, le
principe où ça s'en allait pour
dire : Bien, souvent ta résidence principale, c'est là où tu es établi.
Mais il y a encore plusieurs complexités. Par
exemple, des couples qui sont non mariés, qui ont chacun une résidence, des
conjoints de fait qui ont chacun une résidence
principale, encore là... Il y a plein de cas d'exception comme ça, là, qui sont
problématiques, puis je
pense qu'il faut se pencher
directement sur ces dossiers-là pour voir comment on pourrait convenir ou
comment on pourrait les aider.
Moi, je vois
une problématique, puis c'est bien personnel aussi, là, mais d'envoyer ça au
ministère du Tourisme, tu sais, je me dis : On va-tu créer un
département juridique? Là, je mets ça plus gros, là, mais, tu sais, je me
disais...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Vaudreuil, à ce moment-ci, je me dois de vous demander si
vous avez terminé votre intervention.
Mme Nichols : Bien non!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous n'avez pas terminé. Alors, vous allez devoir poursuivre lors de la
reprise du débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 67.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au mercredi 4 novembre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 30)