(Treize heures quarante et une
minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) : Bon
mardi après-midi. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique Déclarations de députés, nous
commençons par Mme la députée de Les Plaines.
Rendre hommage à trois
organismes offrant du dépannage
alimentaire dans la circonscription de Les Plaines
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci,
M. le Président. Vous savez, le temps des fêtes arrive à grands pas. Chaque
année, c'est l'occasion pour plusieurs de se rassembler en famille, d'échanger
des cadeaux et de partager un bon repas.
Bien que plusieurs d'entre nous avons cette chance, ce n'est pas le cas pour
beaucoup trop de familles de ma circonscription
et à travers la province aussi. Aujourd'hui, j'ai donc choisi de rendre hommage
à trois organismes qui visent le même objectif : aider ceux qui
sont dans le besoin.
En effet, le
Comité d'aide aux Plainois et les centres de dépannage alimentaire de
Sainte-Anne-des-Plaines et de Saint-Janvier commencent leur campagne de
distribution de paniers de denrées, et je tenais à saluer leur implication. Chacun de ces organismes peut compter sur l'aide
de nombreux bénévoles qui font des pieds et des mains pour offrir un peu
de chaleur et de réconfort dans des maisons où les familles sont moins bien
nanties.
Vous savez,
le dépannage alimentaire ne se limite pas qu'au temps des fêtes. En effet, ces
organismes viennent en aide aux gens tout au long de l'année. Leur
mission est honorable, et les gestes qu'ils posent sont inestimables.
Au nom des
gens de Les Plaines, je vous remercie du fond du coeur. Continuez votre bon
travail. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de Hull.
Féliciter l'Assemblée
nationale, lauréate du prix Zénith du
Forum des communicateurs gouvernementaux
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Au nom du Comité Zéro
harcèlement, je souhaite exprimer toutes mes félicitations à la Direction des communications, des programmes
éducatifs et de l'accueil de l'Assemblée nationale, qui a récemment remporté le prix Zénith dans la catégorie Communication interne pour la campagne Zéro harcèlement à l'Assnat.
Les prix
Zénith récompensent la qualité exceptionnelle du travail du personnel qui
oeuvre dans les directions de communications au sein des ministères et
organismes du gouvernement du Québec.
La campagne
Zéro harcèlement à l'Assnat a été déployée l'an dernier afin de sensibiliser le
personnel administratif et politique
de l'Assemblée ainsi que les députés aux comportements liés à
l'incivilité et au harcèlement psychologique, discriminatoire et sexuel.
Encore une
fois, j'aimerais exprimer toute ma fierté au personnel de la Direction des
communications ainsi qu'à celui des
ressources humaines de l'Assemblée nationale, qui sont d'ailleurs présents dans
nos tribunes, car ils et elles ont su faire équipe pour créer puis
déployer une audacieuse campagne de sensibilisation.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Bravo pour
cette belle réussite! Donc, je cède maintenant la parole à Mme la
députée d'Argenteuil.
Rendre hommage à
M. Benjamin «Ben» Lachapelle, artiste autiste
Mme Agnès Grondin
Mme Grondin :
Merci. En octobre dernier, j'ai eu le privilège de découvrir les oeuvres
sublimes de Ben Lachapelle, un jeune artiste de 17 ans.
Ben est
autiste. Chez nous, dans une salle de la Laurentian High School, une journée
par semaine, lui et d'autres jeunes autistes de la communauté anglophone des
Laurentides peuvent participer à des ateliers d'art. Dessin, peinture, improvisation, vidéo, musique, chant, les jeunes
sont encouragés à essayer de nouvelles choses et à sortir de leur zone
de confort. Les arts sont un fabuleux prétexte pour créer des liens et sortir
de l'isolement.
With 60 seconds, I don't have the time to
adequately express my admiration towards two dedicated women, Julie and Melanie, for this
magnificent project. To you, Ben, thank you so much for your confidence,
allowing me to expose your superb paintings in my office.
J'ai
aussi remarqué que les loups gris que tu as peints sont heureux.
Thank you.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous
poursuivons avec Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner
le 30e anniversaire de la Fondation du Centre d'accueil Vaudreuil
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci, M. le Président. Soulignant, cette année, ses 30 ans d'existence au
sein de notre communauté, la Fondation du Centre d'accueil Vaudreuil
répond, depuis 1989, aux besoins de nos aînés en favorisant une meilleure
qualité de vie.
Les
bénévoles font un travail remarquable, particulièrement en mettant de l'avant
des initiatives telles que de la musique
dans les chambres, de l'animation pendant le temps des fêtes, de la zoothérapie
et beaucoup d'autres activités visant à briser la solitude de leurs résidents.
Présent
depuis les premiers jours, je tiens à souligner le travail immense de
M. André Poirier, président bénévole de la fondation. Il a choisi
généreusement de s'impliquer afin d'aider son prochain, et ce, sans compter ses
heures. Il sait, tout comme moi, l'importance des bénévoles dans nos
organisations et à quel point ils sont de la denrée rare.
Félicitations,
M. Poirier, de votre implication, et ce, au bénéfice de notre milieu, de
notre monde! Vous avez toute mon admiration. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Vaudreuil. Nous poursuivons avec Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre
hommage à Mme Pauline Bélanger Daneault pour
sa contribution à la promotion de la culture
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme
Tardif : Le paysage de Sainte-Flore, à Shawinigan, est embelli par une
fleur rare, imprégnée de toutes les couleurs
de la culture, de la passion, de l'émotion, le tout harmonieusement orchestré
par les bémols et les dièses qui font chanter les voix et apaiser les
âmes.
Parfois douce,
parfois enflammée, toujours juste et ordonnée, Mme Pauline B. Daneault est
la personne que je veux honorer aujourd'hui.
Dès la vingtaine, elle débute ses implications au sein de son village :
organiste à l'église de 1958 à 2016,
soit pendant 58 ans; fondatrice, en 1979, du Comité culturel de
Sainte-Flore, qui vise à propager la culture française et québécoise;
directrice générale du Choeur du Rocher depuis des dizaines d'années; membre du
conseil d'administration de Culture
Shawinigan; fondatrice de l'événement provincial le Rendez-vous des peintres de
Sainte-Flore, et présidente pendant 15 ans. Elle a aussi
été conseillère municipale et candidate à une élection fédérale contre Jean
Chrétien.
Pour
toutes ces raisons et bien d'autres, je trouvais essentiel de rendre cet
hommage à cette grande dame. Merci, Mme Daneault.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de
Sherbrooke.
Rendre
hommage au Centre communautaire Partage Saint-François
pour sa contribution à la lutte contre l'itinérance
Mme
Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais attirer
l'attention de mes collègues sur un enjeu dont on entend rarement
parler, et c'est celui de l'itinérance.
De la pauvreté, il
n'y en a pas qu'à Montréal, et de l'itinérance non plus. À Sherbrooke, on a un
ménage sur quatre qui gagne moins de
25 000 $ par année et on est dans les cinq circonscriptions les plus
pauvres à travers tout le Canada. Même en région, l'itinérance est très
présente et elle est en augmentation.
Le
seul organisme qui est ouvert 24 heures du 24, à part l'urgence, c'est
Partage Saint-François, et, l'année dernière, ils ont offert plus de 18 000 nuitées et
30 000 repas à des personnes qui n'avaient nulle part d'autre où
aller. Chaque jour, leurs
60 lits sont tous occupés, et, en octobre seulement, ils ont dû refuser
une place à 120 personnes parce qu'ils manquent de moyens pour les
accueillir.
J'entends souvent le premier ministre dire qu'il
veut remettre de l'argent dans les poches des Québécois. J'aimerais aussi l'entendre dire qu'il veut s'assurer que
tous les Québécois aient un toit au-dessus de la tête, et surtout le voir
investir dans le logement social et dans le soutien aux personnes les
plus vulnérables. Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Au tour de Mme la députée de Montarville.
Souligner le 75e anniversaire du Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'invite l'Assemblée à se joindre à moi
pour souligner le 75e anniversaire du Conservatoire de musique de Québec.
Cette importante institution culturelle a vu le jour le 17 janvier 1944. Guidée par la valorisation de la relation
maître-élève et de l'accompagnement personnalisé, elle incarne
aujourd'hui une culture d'excellence et est devenue un symbole de fierté pour
la société québécoise.
Wilfrid Pelletier,
musicien d'exception de son époque, est à l'origine de la création des
conservatoires. Il souhaitait, par le biais
de ses établissements, former des musiciens québécois chevronnés et en
faire rayonner tout le talent.
Aujourd'hui, le conservatoire s'inscrit dans le parcours de musiciens de haut
niveau, et c'est grâce à l'expertise et au dévouement du personnel, des
gestionnaires et des administrateurs
des 75 dernières années. D'ailleurs, je salue tous ceux et celles
qui sont aujourd'hui dans nos tribunes.
J'invite
donc le public à venir entendre les musiciens du conservatoire lors d'un
concert anniversaire le 2 décembre prochain au Palais Montcalm.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Montarville.
Nous poursuivons avec M. le député de Beauce-Nord.
Souligner
le 40e anniversaire de l'entreprise Menuiserox inc.
M. Luc
Provençal
M.
Provençal : Merci, M. le Président. Le 21 septembre dernier, j'ai
participé aux célébrations entourant le 40e anniversaire de l'entreprise Menuiserox,
de Beauceville.
Fondée
en 1979, l'entreprise est devenue, au fil des ans, un fournisseur de choix des
fabricants d'escaliers et des distributeurs en composantes d'escaliers,
et ce, partout en Amérique du Nord.
Je
profite de cette tribune aujourd'hui pour souligner les mérites de tout un
chacun qui, au cours de cette période, ont collaboré à la croissance et
au développement de l'entreprise, à débuter, bien évidemment, par son
fondateur, M. Simon Boucher, ainsi que
sa relève, MM. Guillaume Boucher et Jacquot Veilleux. Quatre décennies de
vie entrepreneuriale, cela veut dire
aussi 40 ans de participation active à la vie locale et régionale. La
contribution et l'implication de Menuiserox à la réalisation de nombreux
projets dans la communauté est plus que louable.
Je formule le souhait
de voir Menuiserox évoluer encore longtemps, tout en gardant les mêmes
objectifs et engagements qui les animent. Merci, M. le Président.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Souligner
le travail de Mme France Simard, coordonnatrice de
l'organisme Mouvement Action Chômage Lac-Saint-Jean
M. Éric
Girard
M.
Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci, M. le Président. Permettez-moi de
vous présenter une personne qui, par son dévouement et sa persévérance,
mérite amplement d'être soulignée. Depuis tout près de 17 ans maintenant, Mme France Simard, coordonnatrice du
Mouvement Action Chômage, accompagne les prestataires d'assurance-emploi.
Le
but premier de cet organisme sans but lucratif est de soulager la pauvreté et
le chômage chez les personnes défavorisées
sans emploi qui rencontrent des difficultés, en leur offrant divers outils
d'éducation, de formation et d'orientation. Depuis toutes ces années, Mme Simard sillonne le territoire pour
accompagner, représenter et supporter les chômeurs et chômeuses des trois MRC du Lac-Saint-Jean. Elle
travaille fort pour défendre les droits de ceux qu'elle représente sur le plan
de l'accessibilité et du travail saisonnier. Elle a développé, au fil des
années, une expertise reconnue auprès des différentes instances administratives
liées à l'assurance-emploi.
Mme Simard est
une personne éprise de justice, dévouée, rigoureuse et sensible. Elle aurait
eu, à maintes occasions, des raisons pour
abandonner le navire, mais son sens du devoir et du bien individuel et
collectif des prestataires de la région du Lac-Saint-Jean l'a toujours
emporté. Merci et félicitations à Mme France Simard!
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Rendre
hommage à l'organisme Halte-Femmes Montréal-Nord
pour sa contribution à la lutte contre la violence conjugale
Mme
Paule Robitaille
Mme
Robitaille : M. le Président, à travers le monde viennent de s'amorcer 12 jours d'action contre la
violence faite aux femmes. Dans mon comté de Bourassa-Sauvé, Montréal-Nord,
c'est tous les jours, depuis 35 ans, que Halte-Femmes lutte contre la violence
domestique. Ses intervenantes sauvent littéralement
la vie à certaines d'entre elles.
Leur
travail est précieux, M. le Président, Montréal-Nord est l'un des endroits à
Montréal où la violence conjugale serait la plus présente. Un enfant sur trois
serait témoin de violence conjugale chez nous. Chaque jour, ces intervenantes,
d'une patience d'ange et avec de très petits moyens, aident ces femmes trop
souvent confinées au silence à briser l'isolement
pour sortir du cycle infernal de la violence domestique. Et savez-vous quoi? À
travers toute cette tristesse et ce désespoir,
il y a des histoires heureuses de femmes qui s'en sortent et reconstruisent
leur vie grâce au courage et à la foi de cet organisme.
C'est
ainsi que je veux rendre hommage à Sophie Lemay, à toutes les intervenantes et
à toutes les bénévoles qui contribuent à faire d'Halte-Femmes ce lieu
ensoleillé. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 52)
(Reprise à 14 h 4)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, bon début de semaine
Nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez
vous asseoir.
Présence du consul général de la Fédération de
Russie à Montréal, M. Alexander Noskov
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, du consul général de la Fédération de Russie à Montréal, M.
Alexander Noskov, à l'occasion de sa visite de prise de poste. Monsieur.
Présence de M. Gilles Chapadeau, ex-parlementaire de l'Assemblée
nationale
J'ai
également le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, de M. Gilles Chapadeau, ancien député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Lettre du président du Sénat français en réponse à la
motion
concernant le décès de M. Jacques Chirac
À
la rubrique Dépôt de documents, je dépose une lettre que m'a adressée le
président du Sénat français, M. Gérard
Larcher, en réponse à la motion adoptée par l'Assemblée nationale le
1er octobre 2019 à la suite du décès de M. Jacques Chirac.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions ni dépôt de pétitions.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant
à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole au chef
de l'opposition officielle.
Consultations
particulières concernant les services
offerts aux personnes autistes
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci,
M. le Président. Jeudi dernier, ma formation politique s'est adressée au gouvernement dans un esprit d'ouverture et de
compassion. Nous avons demandé une seconde fois par une motion la tenue de deux
jours d'audition dans le but d'entendre une
quinzaine d'experts afin de nous éclairer sur les services offerts aux
personnes autistes ayant atteint la majorité.
Malheureusement, le premier
ministre, bien qu'il se soit dit
sensible à cette cause, nous a dit que l'agenda parlementaire était trop
chargé pour permettre la tenue d'une telle commission.
M. le Président,
j'invite le premier ministre à écouter l'entrevue de ma collègue députée de Westmount—Saint-Louis
avec Jonathan Trudeau vendredi dernier. Le problème est réel, et une solution
doit être trouvée. Comme M. Trudeau le
disait, entendre le premier ministre faire de la partisanerie sur un sujet pareil et
de le voir se réfugier derrière l'agenda des commissions parlementaires,
c'est gênant.
C'est un dossier qui touche autant
des députés libéraux que des députés du gouvernement. Pensons, entre autres, au ministre délégué de la
Santé, la députée de Soulanges,
eux qui ont déjà exprimé publiquement leurs opinions sur ce sujet.
M. le Président, le premier ministre s'est engagé en pleine crise à mieux consulter et à prendre dorénavant
le temps de bien faire les choses.
Selon lui, est-ce que
sa réponse de jeudi était à la hauteur de cette promesse?
Le
Président : Je vous
demande d'être toujours prudents dans les propos utilisés. La parole
appartient à M. le premier ministre.
En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M.
le Président, au cours des dernières
années, on ne s'est pas assez occupé des enfants autistes, des enfants qui ont des handicaps importants, puis
en particulier lorsque ces enfants atteignent l'âge de 18 ans. Ils
tombent dans une espèce de vide, et
c'est très difficile pour les parents. Les Québécois ont sûrement
vu la série qui était présentée par Charles Lafortune, Sophie Prégent.
Je
pense qu'on a un devoir, tous les citoyens québécois ont un devoir d'aider ces
parents. Et, M. le Président, c'est ce
que mes collègues font, travaillent à bonifier les services qui sont donnés aux
parents, aux enfants, entre autres les enfants qui souhaitent continuer à étudier après l'âge de 18 ans, les
enfants qui ont assez d'autonomie pour être hébergés puis devenir un peu
plus autonomes. Il y a besoin aussi, au Québec, d'ouvrir plus de maisons de
répit.
Donc, M.
le Président, c'est un dossier très important
pour le gouvernement de la CAQ. On a pris des engagements,
entre autres avec la députée de Soulanges,
qui s'est impliquée en politique pour cette raison-là d'abord. Et, M. le Président, on a l'intention de
respecter tous nos engagements. Et, comme je l'ai dit à Charles Lafortune, je
voudrais qu'on se revoie à la fin du
mandat puis être capables de dire : Bien, voici tout ce qu'on a fait
pendant le mandat de la CAQ. Je pense que c'est un devoir que j'ai puis
c'est un devoir qu'on a tous ensemble.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, ce qu'on demande au premier ministre, c'est deux jours d'auditions sur une cause qui nous apparaît très importante.
Vous savez, comme ça a été le cas dans le cas de Desjardins, entre autres,
l'empressement du gouvernement et de son leader nous empêche souvent de réfléchir et de travailler collectivement. Et
je sais que le premier
ministre, en général, aime attaquer, mais je crois que ce n'est pas le temps
aujourd'hui.
Pourquoi le premier
ministre ne prend-il pas le temps d'écouter ceux qui ont tant de choses à nous
expliquer?
• (14 h 10) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, quand on regarde les faits, hein, les
faits, qu'est-ce qui s'est passé en commission parlementaire depuis que le Parti libéral est l'opposition officielle
ici, à l'Assemblée nationale? Projet de loi n° 1 sur les
nominations, 61 heures. Projet de loi n° 2 sur le cannabis,
114 heures. Projet de loi n° 5 sur la maternelle quatre ans, 111 heures. Projet de loi n° 9 sur
l'immigration, 85 heures. Projet de loi n° 16 sur le municipal,
143 heures, à répéter, répéter toujours les mêmes choses.
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Projet de loi n° 17 sur le taxi, 127 heures, M. le Président, et
je...
Le Président :
M. le chef de l'opposition officielle, votre deuxième complémentaire.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Vous savez, M. le Président, au mois d'avril, le premier ministre disait qu'il
était allergique à tout ce qui était
comité, forum, table, commission parce que ça retarde les décisions. Mais, M.
le Président, c'est ça, la démocratie,
c'est ça, travailler pour tous les Québécois. Et, quand on ne le fait pas,
bien, on fait les mêmes erreurs, et il faut s'attendre aux mêmes résultats, c'est-à-dire des mauvaises décisions,
des projets brouillons et des réformes catastrophiques.
Encore une fois, ce
que je demande au premier ministre : Quand va-t-il...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je continue. Projet de loi n° 17 sur les taxis,
127 heures en commission. Projet de loi
n° 21 sur la laïcité, 73 heures. Réforme d'Investissement Québec, 62
heures. Tarifs d'électricité, 98 heures, puis on a adopté deux
articles, M. le Président. Réforme du CSPQ, 35 heures.
M.
le Président, les Québécois ont compris que le Parti libéral veut juste
retarder les travaux. Donc, je ne vois pas pourquoi...
Le
Président : Je vais vous demander... M. le premier ministre,
soyons prudents dans les propos. Je pense que vous le savez également fort bien, on les connaît bien également, je vous
invite à ne pas utiliser ce genre de propos et ce genre de langage, s'il
vous plaît. Chacun joue son rôle. Complétez votre réponse.
M. Legault : M. le Président, si le
Parti libéral ne passait pas autant...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...d'heures à répéter
la même chose, on pourrait accepter d'autres projets.
Le Président : M. le chef de
l'opposition officielle. Vous êtes le seul à avoir la parole.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M. le
Président. Je me serais attendu à ce que le premier ministre, là, s'élève un
peu au-dessus de cette partisanerie.
Ce que je vous dis, M. le Président : Ma formation politique veut offrir
sa collaboration, tout le monde veut améliorer la situation.
Est-ce que le
premier ministre est prêt à reconsidérer notre demande de tenir cette
commission parlementaire de deux jours sur la question de l'autisme au
moment qu'il jugera opportun?
Le Président : M. le premier
ministre, en réponse.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, je vous donne un exemple. On propose de
geler les tarifs d'électricité à partir du 1er janvier 2020, donc il faut bien que ce projet de loi là
soit adopté avant le 1er janvier 2020. 98 heures. Le député libéral
dit : Ce n'est pas deux articles, c'est
un article. M. le Président, ils ont même fait un amendement puis ils ont tenu
à parler pendant une heure, même si
on était d'accord avec l'amendement. M. le Président, tout le monde a compris
que les libéraux ne sont pas sérieux. Nous, on va s'occuper des enfants.
Le Président : Question
principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Protection des données
personnelles détenues par les organismes privés et publics
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Nous sommes très sérieux. Dans le
dossier des fuites de données personnelles, le gouvernement semble penser que seul Desjardins a été touché.
Pourtant, on sait très bien que non seulement Desjardins a été touché,
mais aussi Capital One, Revenu Québec et même la RAMQ.
La solution
proposée par la CAQ n'est pas sérieuse, M. le Président. Dans l'empressement,
la semaine dernière, nous avons dû entendre quelques personnes et organismes
imposés par le leader du gouvernement. Le but n'était clairement pas de faire toute la lumière sur
l'enjeu, mais plutôt de jeter les projecteurs vers Desjardins. Ça fait
longtemps que nous dénonçons ce manque de cohérence, M. le Président.
Il n'y a
qu'une manière de trouver les meilleures solutions pour protéger les
renseignements personnels, et c'est par une commission parlementaire
élargie qui fera le point sur l'ensemble de la situation.
Alors, la
question est très simple, M. le Président : Quand la CAQ ira-t-elle de l'avant
avec une réelle réflexion globale sur la protection des données
personnelles?
Le Président : M. le ministre
des Finances, en réponse.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, M. le Président. Et merci pour la question.
Alors, le gouvernement agit sur plusieurs
fronts. Le projet de loi sur... intention de déposer un projet de loi sur les
agences de crédit, qui va énoncer les responsabilités des agences de
crédit et qui sera en charge de surveiller ces responsabilités-là. Parce que ce
sont des entreprises privées, qui donnent un
service pour lequel elles sont rémunérées, et on veut s'assurer que les
Québécois en aient pour leur argent. La
ministre de la Justice s'occupe de la protection des renseignements
personnels dans le secteur privé et... la protection des renseignements
privés et publics, et mon collègue ministre délégué à la Transformation numérique
s'occupe de la cybersécurité, de la sécurité des données du gouvernement, de l'authentification et identification.
Alors, c'est un problème qui est
multidimensionnel, et nous l'attaquons de trois fronts, et, dans chacun de ces dossiers, il y aura des consultations, des
discussions, et nous allons avancer ensemble pour assurer la sécurité
financière...
Le
Président : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...des avoirs et des renseignements des Québécois.
Le Président :
Mme la députée de Saint-Laurent, en complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Le premier ministre a oublié un chiffre : cinq heures. Il nous a accordé
cinq heures, dans son empressement, pour
entendre quelques personnes pour la fuite de données la plus importante du Québec.
Ils nous ont imposé un expert, un
soi-disant expert qui... Savez-vous quoi, M. le Président? Il a reçu une
subvention de recherche de 1 250 000 $. Par qui? Par Desjardins.
Sérieusement, je ne sais pas qu'est-ce qu'ils
attendent parce que, là, c'est un travail très bâclé. On veut une
commission élargie pour entendre Revenu Québec, la SQ et la RAMQ.
Le Président :
M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, je vais donner un autre chiffre à ma collègue : 15. 15 ans.
Après 15 ans, qu'est-ce qu'on a
trouvé? Des responsables organisationnels des systèmes d'information qui n'avaient pas de formation. Ils n'avaient pas nécessairement
les compétences pour occuper leurs postes. Alors, nous, on s'est entendus avec l'Université
Laval, l'Académie de transformation
numérique. Aujourd'hui, ils sont sur les bancs d'école pour aller
chercher ces compétences.
La
défense de nos systèmes était assurée par qui? Un petit peu au ministère de la Sécurité publique, un petit peu au CSPQ, un petit peu au Conseil
du trésor. Nous, on a formé une
unité, le centre gouvernemental de
cyberdéfense, pour coordonner
tout ça, pour s'assurer que nos systèmes d'information étaient vraiment bien
protégés.
Le Président :
En terminant.
M.
Caire : Le Parti libéral nous a laissé un désert. Nous, on est en train de corriger la situation. 15 ans à ne rien faire...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez la parole.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : 15 ans, huit mois, aucune fuite de données majeure d'une
aussi grande envergure. En un an, Desjardins, Revenu Québec, INRS, la RAMQ. Puis il parle de l'Université Laval? C'est
qui déjà qui donne l'information... la formation à l'Université Laval? Amazon. Bravo! Ça, ça vient de la même personne
qui veut prendre tous les renseignements des Québécois puis livrer ça
sur un plateau d'argent à l'Oncle Sam. Bravo encore!
Là,
de façon plus sérieuse, êtes-vous prêt à convoquer Revenu Québec, la RAMQ et la
SQ et faire un travail qui va protéger l'ensemble des informations...
Le
Président : M. le ministre délégué à la Transformation
numérique. Et je vous demande de vous adresser tous à la présidence, s'il vous
plaît. C'est une règle que l'on connaît.
M. Éric Caire
M.
Caire : D'abord, la RAMQ, je veux juste signaler à la
collègue qu'il n'y a pas eu de fuite de données. Je ne sais pas où est-ce
qu'elle a pris ça. Si elle veut faire référence à Revenu Québec, je veux juste
lui dire que, quand c'est arrivé, qui était au pouvoir? Peut-être mettre
un gros miroir en avant de la députée...
Le Président :
Vous vous adressez à la présidence, s'il vous plaît, M. le ministre.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Caire :
M. le Président, au mois de mai...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Caire : ...au mois de mai 2018, trois semaines avant
la fin des travaux parlementaires, le Parti
libéral, et la collègue va s'en souvenir, dépose une refonte de
la loi d'accès à l'information, trois semaines avant la fin des travaux parlementaires et la fin de la législature, zéro dans le projet de loi. Nous, on est en train de travailler sur une vraie refonte qui
va inclure le public, le privé et qui va donner des dents à la Commission
d'accès à l'information...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
...ce que vous n'avez jamais fait.
• (14 h 20) •
Le Président :
Question principale, M. le député de Pontiac.
Rupture
de services en obstétrique à l'Hôpital du Pontiac
M. André Fortin
M. Fortin : M. le
Président, hier, on a eu droit à un
témoignage courageux de la part d'une infirmière à l'hôpital de
Shawville, qui affirmait que le manque de personnel et que l'épuisement du
personnel sur place font en sorte que, même quand le service de natalité
est ouvert, la sécurité des mamans et de leurs bébés est compromise, un
témoignage qui a inquiété toutes les futures
mères, toutes celles qui doivent accoucher au cours des prochains mois. Déjà, M. le Président, qu'elles devaient
s'inquiéter des bris de service à répétition. Maintenant, elles vont
s'inquiéter même quand le service est ouvert.
Et, en seule réponse, la ministre de la Santé a dit qu'elle était sur le point de
signer la fameuse entente avec les médecins
spécialistes pour la couverture en région. Le problème, c'est qu'elle nous a
dit la même chose en mars, il
y a 251 jours. On ne peut pas
attendre un autre 251 jours pour régler la question des infirmières parce que,
sans régler cet enjeu-là, l'enjeu des infirmières, on ne règle pas
l'enjeu de la sécurité pour les mères à Shawville.
Quand
est-ce que l'ensemble de la question va être réglé, qu'on
aura un service fiable en région? Et, soit dit en passant, les citoyens
n'accepteront jamais la fermeture de leur service de natalité.
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : M. le Président, oui, on est très préoccupés de la situation à Shawville puis on
entend le cri du coeur de
l'infirmière. On est très sensibles à ça. D'ailleurs, la direction du
CISSS de l'Outaouais fait des mains et des pieds pour résoudre la situation. Mais, M. le Président, ça, ce sont des services qui ont été fragilisés évidemment
dans le dernier cycle gouvernemental.
Puis
je vais citer une ancienne députée libérale, Mme Charlotte L'Écuyer, qui était députée de
Pontiac avant l'actuel député de Pontiac et qui disait de la réforme de l'ancien gouvernement en santé : On a centralisé, on n'a pas écouté. On a atteint le fond du baril en décembre 2017. On
a tué l'âme des organisations. Ça va prendre des années à reconstruire la
synergie qui venait des intervenants.
M. le Président, je
cite l'ancienne députée de Pontiac, qui était là avant l'actuel député, pour
expliquer à la population que nous, là, on va les garder, ces services-là
qui ont été fragilisés par l'ancien cycle, M. le Président, puis
on va soutenir les équipes. On va soutenir...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...le CISSSO pour que ses services demeurent.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : M. le
Président, je ne pense pas que j'ai
besoin de redéposer la lettre de la ministre
de la Santé, qui était d'accord
avec l'ensemble de la réforme. Mais ce qu'elle a dit à l'instant, là, ce n'est
rien, absolument rien pour rassurer les
maires de la région. Ça prend 12 infirmières pour maintenir le service. En
ce moment, il y en a cinq. La ministre, elle envoie des infirmières temporaires en disant qu'il n'y aura plus de
bris de service avec ça. Bien, erreur, il y en avait encore ce week-end.
L'enjeu, là, pour les infirmières, c'est qu'il y a un hôpital à 20 minutes
de route qui paie mieux.
Alors,
nous, au Québec, on les éduque, on les forme, mais on les perd,
c'est toujours pareil. Si elle veut régler la question,
c'est là qu'il faut qu'elle aille.
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Oui, M. le Président. On va certainement régler la situation éventuellement. Mais je vais citer encore une fois l'ancienne députée de Pontiac,
qu'avec les dommages qui ont été faits, ça prend du temps à régler. M. le Président, moi, je salue les infirmières qui sont sur
place, là, et il y a deux infirmières qui vont venir après les fêtes,
qui ont été formées, qui sont en formation
puis qui vont venir aider. Oui, on va la signer, l'entente avec la FMSQ, et à
court terme, M. le Président. Oui, on va la signer, et ça, c'est pour l'ensemble du Québec,
pour toutes les régions du Québec, incluant l'Outaouais.
Mais, M. le Président,
là, l'Outaouais, là, ça a été tellement négligé par l'ancien gouvernement...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
Nous, on s'en occupe, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire. La parole n'appartient qu'au député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Ah! Ça, c'est bien le boutte, M. le Président! La ministre
nous répète la même chose qu'il y a huit mois, que ça s'en vient, mais ça fait depuis
l'hiver dernier qu'on lui pose des questions sur les naissances en région. Il y a eu des accouchements en
auto sur le bord des autoroutes. Il y
a eu des ambulances qui ont amené
maman et bébé vers les mauvais hôpitaux tellement il y avait des bris de service
et que les ambulanciers étaient confus, M. le Président. Et maintenant le personnel nous dit que les
patientes et leurs bébés sont à risque, que ça fait des mois qu'elles le sont.
Il n'y a pas de quoi fêter, Mme la ministre.
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux. S'il vous plaît! La parole
n'appartient qu'à vous.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Bien, M. le Président, c'est sûr que ces services-là sont
essentiels, ce sont des services de proximité, mais on ne rebâtit pas des équipes qui ont été fragilisées par
l'ancienne réforme, là, de l'ancien gouvernement, du député de La Pinière... on ne rebâtit pas ça en un
jour, M. le Président. Mais la direction de l'établissement, avec le ministère,
vraiment travaille très fort, autant au
niveau des infirmières... Et l'entente avec la FMSQ sera signée très bientôt,
et vraiment ça va couvrir les
services médicaux. Puis on continue de travailler pour les effectifs
infirmiers. Nous, M. le Président, on répare les dégâts...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...qui ont été faits par l'ancien cycle gouvernemental.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, l'épreuve des faits : ça fait des
semaines qu'on dénonce le projet de loi n° 34 qui va retirer des
pouvoirs à la Régie de l'énergie et fixer de façon arbitraire les tarifs
d'électricité.
La semaine dernière,
le premier ministre a indiqué que l'électricité avait augmenté plus vite que
l'inflation. Bien, le Bureau d'enquête a même corrigé le premier ministre dans
le journal de samedi dernier. Il a démontré, dans cet article, que la réalité, c'est que le projet de loi n° 34 va
coûter aux Québécois plus cher, aux commerces, aux industries. C'est un projet de loi qui est non
seulement mauvais pour l'économie, mais mauvais pour le portefeuille des
Québécois.
Est-ce que le premier
ministre, d'abord, peut corriger ce qu'il nous a dit en Chambre, pour qu'on ait
la bonne information, et s'assurer de faire la chose qui compte dans les
circonstances, retirer son projet de loi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, au cours des dernières années, il y a des années où les tarifs
d'électricité ont augmenté de plus
que l'inflation puis il y a des années où ils ont augmenté de moins que
l'inflation. Le Parti québécois a été au pouvoir pendant 18 mois,
2014-2015. Prenons juste les deux années du Parti québécois : 2014,
augmentation de 4,3 %, 2015, augmentation
de 2,9 %. J'ai quasiment peur de le dire, là, mais les libéraux étaient
moins pires que le PQ pendant leurs 15 années.
M. le Président, ce
qu'on propose...
Des
voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! J'aimerais n'entendre que le
premier ministre. C'est le seul à avoir la parole. Votre attention s'il
vous plaît! C'est en réponse à une question.
M. Legault :
M. le Président... M. le Président, à partir de l'année prochaine, à partir du
1er janvier, les tarifs d'Hydro vont
être gelés. On va retourner 500 millions aux consommateurs. Puis, les
années suivantes, à partir de 2021, ça va être l'inflation. Je pense que les
Québécois sont d'accord avec ça. À part quelques lobbys, en fait, pas mal tout
le monde est d'accord avec ça.
Le Président :
Première complémentaire.
Des voix :
...
Le
Président : Encore une fois, sans réaction. La parole appartient
au troisième groupe d'opposition. Vous êtes le seul à avoir la parole.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, l'épreuve des faits : c'est de 2012 à 2014 qu'on a été au
gouvernement. Donc, je ne veux pas
qu'il donne la mauvaise information à la Chambre. Je veux le corriger
là-dessus. Le Journal de Montréal lui a donné une cote pour ce
qu'il a dit en Chambre, c'est : douteux, douteux l'argument du premier
ministre.
Si on avait appliqué
sa formule, au cours des 10 dernières années, les tarifs auraient augmenté
pour tout le monde. Il choisit vraiment les
années qu'il veut, mais, pour le reste, l'ensemble des Québécois va en avoir
moins dans son portefeuille.
Alors,
pourquoi il veut faire ça, que les Québécois aient moins d'argent dans leurs portefeuilles?
Ça profite à qui?
Le Président :
M. le premier ministre, à vous la parole.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je corrige ce que j'ai dit. En 2014, au moment où le Parti
québécois était au pouvoir, les tarifs d'électricité
ont augmenté de 4,3 %, presque le triple de l'inflation. 2015, au moment
où les libéraux étaient au pouvoir, les tarifs d'électricité ont
augmenté de 2,9 %, beaucoup plus que l'inflation. Donc, je répète ma
conclusion : même si les libéraux augmentaient les tarifs de plus que
l'inflation, ils étaient moins pires que le PQ.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, l'épreuve des faits à nouveau : c'est la Régie de l'énergie qui fixe les tarifs, pas les gouvernements. Ça prend une
instance qui est indépendante.
Moi,
ma proposition au premier ministre, là, pour ne pas qu'on oublie les trop-perçus,
il y a 1,5 milliard... laissez faire
le projet de loi, envoyez ça aux citoyens avant Noël, ils vont
savoir quoi faire avec, pas mal plus que le gouvernement du Québec.
Le Président :
M. le premier ministre, en réponse.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, j'invite le chef du PQ à aller consulter M. Brassard, hein? Il se
souvient sûrement de Jacques
Brassard, qui a été ministre de
l'Énergie et qui disait à
l'époque : Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans la Régie
de l'énergie. Pourquoi? Parce que plus les dépenses d'Hydro-Québec augmentent,
plus ils ont le droit d'augmenter leurs tarifs. Ça va contre la base de la
bonne gestion.
Donc,
j'invite le chef du PQ à aller faire un petit tour au Saguenay, là, avec le
nouveau chef ou le futur chef puis rencontrer Jacques Brassard. Il
pourra lui expliquer que ça ne marche pas, le système actuel.
Des voix :
...
Le
Président : Je vais
vous demander encore une fois, s'il
vous plaît, de vous adresser à la
présidence et de ne pas commenter les
réponses. C'est bruyant, évidemment, et là je vous regarde d'un côté comme de
l'autre. Tous doivent être touchés par cette demande.
Je donne la parole au
chef du deuxième groupe d'opposition. Mme la cheffe.
Conditions
de travail des préposés aux bénéficiaires
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Depuis minuit, 375 travailleuses et travailleurs, surtout des préposés aux
bénéficiaires, font la grève dans quatre résidences privées pour personnes
âgées.
Les préposés aux bénéficiaires, qu'est-ce qu'ils
font, M. le Président? Bien, ils aident nos aînés à se lever, à se laver, à se nourrir, à se coucher. Bref, ils
prennent soin d'eux. Pour bien des aînés, c'est les seules personnes qu'ils
voient dans le cadre de leur journée.
Ils font un travail inestimable et, dans un Québec qui a les priorités à
la bonne place, bien, ils gagneraient
leur vie comme du monde. Mais, dans le Québec où on vit, M. le Président, ces gens-là
gagnent 12,50 $, 13,50 $ de l'heure. Ils sont en grève depuis
minuit pour gagner 15 $ de l'heure puis augmenter de 1 $ par année
par après.
Aujourd'hui,
le gouvernement a précisé ses intentions concernant les maisons des aînés.
2 600 nouvelles places, c'est
tant mieux. On serait bien mal placés pour s'en désoler. Mais, M. le Président,
il y a plus de 125 000 aînés qui ont besoin de nous ici et
maintenant, dans 1 700 résidences privées. C'est pas mal de monde,
ça.
Alors, ma
demande est simple au premier ministre : Est-ce que le gouvernement peut
aider les aînés en décrétant des conditions de travail dignes pour ceux
qui en prennent soin?
• (14 h 30) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, le gouvernement de la CAQ et en particulier
le président du Conseil du trésor, on a
déjà annoncé, dans les négociations qui ont lieu actuellement... On le sait,
les conventions collectives se terminent le 31 mars prochain. On propose, pour la première fois dans l'histoire
du Québec, que l'augmentation de salaire pour les préposés aux bénéficiaires soit plus élevée que
l'augmentation de salaire des autres employés de l'État. Je vois la cheffe qui
parle au cochef, là. Évidemment, les syndicats sont habitués de faire front
commun puis de demander la même augmentation
en pourcentage pour tous les employés de l'État. Donc, je voudrais savoir de la
part des deux cochefs, là : Est-ce
que vous êtes d'accord qu'on offre une augmentation de salaire plus importante
aux préposés aux bénéficiaires qu'aux autres employés de l'État, oui ou
non? Êtes-vous d'accord? Est-ce que vous nous...
Le
Président : Je vais vous demander, s'il vous plaît, M. le
premier ministre, de vous adresser à la présidence. C'est une règle que l'on connaît très bien,
évitons de la répéter trop fréquemment. Mme la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : En fait, ce n'est pas tout à fait le sujet de ma question. Je
parle du secteur privé. Je parle des personnes aînées qui habitent dans les résidences privées, je parle des 1 700 résidences
privées. Alors donc, actuellement, ces gens-là sont en grève, et le gouvernement a la capacité de décréter les
conditions de travail de ces gens-là. C'est ce que je demande.
Est-ce que le
premier ministre va assurer aux travailleurs, travailleuses, préposés dans les
institutions, dans les...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, la cheffe parlementaire de Québec solidaire
sait très bien que, si on augmente de façon importante les salaires des
préposés aux bénéficiaires dans le secteur public, il y aura un impact sur leur
salaire dans le secteur privé. Mais elle ne m'a toujours pas dit, là... Puis je
vois que son co-porte-parole n'est pas d'accord. Est-ce qu'elle est d'accord
pour qu'on offre des meilleures augmentations de salaire aux préposés aux
bénéficiaires ou si elle défend les syndicats qui veulent la même augmentation
pour tout le monde?
Le
Président : Deuxième complémentaire. Encore une fois, on
s'adresse à la présidence. Évitez de vous interpeler. Le message est
passé deux ou trois fois déjà. Mme la cheffe.
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Alors, pour le travail
que les préposés font, 15 $ de l'heure, ça me semble bien raisonnable, M. le Président, mais la compagnie, pas le
gouvernement, la compagnie, elle, elle ne trouve pas. D'ailleurs, une de ses
représentantes le disait ce matin, que ça
reflétait les aptitudes et les compétences de leurs employés, un salaire de
12 $, 13 $ de l'heure.
Est-ce que le
premier ministre est d'accord avec ça? C'est ça que lui, il est en train de me
dire, que, dans le fond, ça va dans le sens de leurs compétences,
13,50 $ pour s'occuper de nos aînés?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, les préposés aux bénéficiaires, au Québec, public et privé,
sont sous-payés. Ils s'occupent d'êtres
humains, puis ça n'a pas de bon sens qu'ils ne soient pas mieux payés. C'est
pour ça qu'on veut offrir d'abord dans le secteur public des
augmentations plus importantes. Ça ne s'est jamais fait dans les négociations
de la fonction publique, ni par le PQ ni par
le Parti libéral. Puis ce que je comprends, c'est que son cochef, il n'est pas d'accord à ce qu'on augmente
plus les préposés aux bénéficiaires. Donc, il faudrait qu'ils se parlent, les
deux cochefs, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de La Pinière.
Compensation
aux détenteurs de permis de taxi
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le
Président, il y a
des lois qui sont perçues comme étant injustes. Pour moi, la loi sur le taxi
est injuste, ne serait-ce que par les compensations octroyées.
Rappelons-nous,
au dépôt du projet de loi, c'était 500 millions, pas une cent
de plus, pas question d'appliquer les règles à la Loi sur
l'expropriation. Mais l'opposition officielle a fait son travail, et les propriétaires
en ont eu plus.
Mais,
tant qu'à être injuste, le ministre en avait rajouté une couche : on ne va
pas compenser à l'adoption du projet de
loi, on va compenser sur sept ans. Franchement! Après des heures de commission
parlementaire, on le fait reculer, et il s'est engagé à payer
immédiatement.
Le
problème, c'est que «maintenant», à la CAQ, on ne sait pas ce que ça veut dire.
Pour nous, maintenant, c'est maintenant,
pas demain. Et à date pas un seul propriétaire, M. le Président, n'a été
compensé. Pas l'ombre d'un chèque, pas d'information sur la formule qui
va être utilisée.
M.
le Président, cet après-midi, je vais lui laisser une chance et je vais lui
demander simplement de s'engager à clore le dossier d'ici le
31 décembre 2019.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, c'est ce que j'ai dit, c'est ce que je souhaite faire. On a
décidé de mettre sur la table... pour
compenser les chauffeurs de taxi, de mettre sur la table 814 millions
de dollars, dont 40 millions spécifiquement pour les cas particuliers, les cas de propriétaires qui sont venus nous
voir, qui vous ont parlé, certains députés de l'opposition. Initialement,
on avait prévu 10 millions de dollars. On est allés chercher
30 millions additionnels dans le fonds de modernisation pour répondre,
encore une fois, aux cas particuliers de certains propriétaires.
Alors,
oui, on y travaille présentement. J'ai dit que je souhaitais que la grande
majorité, sinon la totalité de la somme soit versée avant Noël. C'est ce
à quoi on travaille présentement.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Bien, justement, M. le Président, là où la loi n° 17
est la plus injuste, c'est pour les propriétaires les plus âgés, c'est-à-dire les vieux permis. Le ministre
a choisi de ne pas les compenser à la même hauteur que les plus jeunes. Il admet même implicitement encore à l'instant
qu'il a réservé une somme additionnelle petite mais insuffisante. M. le
Président, la compensation, ce n'est pas dans la loi, ça lui appartient.
Est-ce
qu'aujourd'hui il va reculer et garantir une compensation équitable pour les
plus vieux par rapport aux plus jeunes?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, je ne sais pas où le député de La Pinière va avec sa
question aujourd'hui, je pensais que
le débat était terminé. On s'est engagés et on a été, je crois, très généreux,
les Québécois ont été extrêmement généreux pour verser 814 millions
de dollars aux 6 200 propriétaires de taxi, qui possèdent
7 500 permis.
Alors,
je le répète, on y travaille présentement pour, encore une fois, verser cette
somme en totalité, en totalité avant
Noël. On est en train de travailler, avec mon ministère, pour être capables de
verser cette somme le plus rapidement possible.
Alors, tous ceux qui ont payé leur permis, exemple, 50 000 $ voilà
10 ans, ils recevront 50 000 $. Ceux qui ont payé
175 000 $ voilà deux ans...
Le Président :
En terminant.
M.
Bonnardel : ...recevront
175 000 $.
Le
Président : Deuxième complémentaire. La parole n'appartient
qu'au député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, on se rappelle tous l'infâme
article 257 déposé par le ministre à la dernière minute, empêchant tout recours juridique possible en cas
de contestation. On l'a forcé, là aussi, après des heures en commission,
à reculer.
M.
le Président, est-ce que le ministre va s'engager aujourd'hui à faire en sorte
que, lorsqu'il enverra des lettres, théoriquement
avant Noël, il n'y aura aucune mention s'apparentant à l'infâme
article 257 empêchant toute contestation...
Le Président :
M. le ministre des Transports, votre réponse. Vous êtes le seul à avoir la
parole.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, encore une fois, on a décidé de verser, les Québécois ont été
extrêmement généreux, 814 millions de
dollars. On a décidé, avec l'accord des associations de propriétaires de taxi
au Québec, de bonifier les cas particuliers, de le faire passer de 10 à
40 millions de dollars.
Je
l'ai mentionné : pour moi, il est important de verser le plus rapidement
possible ces sommes, avant Noël. Tous ceux
qui ont payé leur permis, exemple, 75 000 $ vont recevoir 75 000 $.
Ceux qui l'ont payé peut-être 200 000 $, voilà un an, un an et demi,
vont recevoir 200 000 $. Et ceux qui ont acheté leur permis voilà
quelques années, si c'est un cas particulier
où le propriétaire n'a plus de permis, on va s'arranger, encore une fois, pour
lui verser une somme adéquate.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Gaspé.
Sauvegarde
des bâtiments patrimoniaux
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme
Perry Mélançon : Merci, M. le Président. Tout le monde se souvient de
la saga entourant la maison Boileau, une
maison qui datait de l'époque des Patriotes et qui a été démolie dans la
controverse il y a maintenant un an. La ministre de la Culture s'était fortement indignée, à ce moment-là, et avait même
dit de la ville de Chambly qu'elle avait agi de façon sauvage.
Un
an plus tard, M. le Président, la ministre n'a toujours pas déposé de plan pour
mieux encadrer et protéger notre patrimoine
bâti. Depuis un an, c'est une quinzaine de bâtiments ayant une valeur
patrimoniale qui ont été démolis et au moins
une vingtaine de bâtiments, présentement, qui sont menacés. On peut penser à
l'église du Très-Saint-Sacrement de
Québec, à l'ancien cinéma Champlain de Montréal, maison Faucher, la maison
Bissonnette.
Alors, que compte
faire le ministre pour préserver ces bâtiments? Peut-elle nous rendre
accessible son plan?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy : Je remercie ma collègue pour sa question, qui tombe à
point nommé. Le patrimoine bâti, ça fait partie de notre histoire, ça
fait partie de qui nous sommes, ça fait partie de notre identité, il faut le
protéger. Et, depuis mon arrivée en poste,
tout comme vous, je constate qu'il y a des bâtiments qui tombent, bâtiments sur
lesquels nous n'avons pas
nécessairement de juridiction, que des municipalités ont une juridiction et
n'exercent pas leurs pouvoirs, et d'autres permis de démolition qui ont
été accordés, ô surprise, par les libéraux, en passant.
Cela dit, M. le
Président, je suis très heureuse de prendre la parole pour vous dire que, mon
plan, j'y travaille, Mme la députée. Et je
vais vous annoncer une primeur pendant qu'il y a des gens, des journalistes qui
sont ici : Le 5 décembre
prochain, je vais faire une importante annonce pour la restauration et la
préservation du patrimoine bâti. On a
travaillé là-dessus avec, naturellement, les professionnels du ministère de la
Culture et des Communications. C'est un vaste programme, on y travaille, Mme la députée, depuis six mois. C'est
du jamais-vu, c'est du nouveau, c'est de l'inédit. J'ai tellement hâte
de l'annoncer, parce qu'on va répondre à des problématiques pour les citoyens,
les citoyens, M. le Président, les villes, les municipalités, les villages et
les MRC. Nous allons le préserver...
Le Président :
En terminant.
Mme Roy :
...et le restaurer, ce patrimoine. J'aurai l'occasion de vous en reparler.
• (14 h 40) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gaspé. Vous êtes la seule à avoir la
parole.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Bien, merci pour cette primeur. Je suis contente qu'on ne
soit plus en train de marteler les mêmes réponses. Je ne m'attendais pas
à ça du tout.
Alors, la ministre, elle parlait, à
l'époque, de vouloir établir un répertoire du patrimoine à risque. Je ne sais
pas si on est en train de nous parler
de ce plan-là. Et, si oui, peut-elle le rendre accessible dès maintenant pour
qu'on puisse en juger, de ce merveilleux plan?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications, à vous seule la parole.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy : Vous savez, M. le Président, c'est un grand privilège que
d'avoir été nommée ministre de la Culture. Et j'ai pris tous ces mois pour étudier les dossiers et trouvé beaucoup
de squelettes dans les placards. Entre autres, il y en a tellement que
la Vérificatrice générale fait actuellement une étude sur la gestion du
patrimoine bâti par nos collègues précédemment au pouvoir.
Cela dit, ce
programme, ce plan que nous allons annoncer portera...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! J'aimerais entendre la réponse.
Mme
Roy : ...portera un volet très important à l'égard des
inventaires. Imaginez-vous donc, M. le Président, que j'ai découvert...
Le Président :
En terminant.
Mme Roy :
...qu'à l'égard du patrimoine religieux bâti il y a eu un inventaire en 2003.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme
Perry Mélançon : Merci, M. le Président. Donc, la ministre doit
prendre ses responsabilités. On a un premier pas vers une démarche, qu'on espère très concrète. Oui, il y a
l'inventaire, le répertoire dont je parlais, mais il faut un plan de protection et de préservation du patrimoine
bâti qui aura une réelle vision pour l'avenir de notre patrimoine au Québec.
Alors, la Loi sur le patrimoine culturel, elle est défaillante. Il faut qu'on
revoie la Loi sur le patrimoine culturel.
Est-ce que la
ministre de la Culture s'engage à le faire?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. La Loi sur le patrimoine culturel est actuellement sous étude de la
Vérificatrice générale du Québec. Je lui ai
offert toute ma collaboration. J'ai hâte d'avoir ses recommandations parce que,
s'il y a des modifications à apporter, elle a toute ma collaboration. Et
nous serons là pour faire ces modifications puisqu'on voit bien, à l'usure,
qu'il y a des petites choses qui sont questionnables.
Cela
dit, par rapport à ce programme que j'annoncerai, je tiens à vous dire que je
travaille de concert avec ma collègue la
ministre des Affaires municipales, on travaille en équipe, et que, oui, il y
aura un inventaire, puisque le dernier inventaire uniquement pour le patrimoine religieux, M. le
Président, a été fait en 2003, et imaginez-vous donc que nous sommes en 2019...
Le Président :
En terminant.
Mme
Roy : ...et qu'il n'y a jamais eu de mise à jour de faite.
Alors, dans ce répertoire, on ne sait même pas ce qui a été démoli...
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Prévention
des inondations à Beauceville
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Merci, M. le Président. Depuis plusieurs mois, le maire de
Beauceville tente de mettre en place des
mesures d'atténuation pour protéger ses citoyens contre d'éventuelles
inondations. C'est l'installation d'estacades flottantes sur la rivière Chaudière qui a été retenue comme solution par
le ministère de la Sécurité publique, qui est maître d'oeuvre. Il a fallu plus de quatre mois au
ministère afin de finalement décider des paramètres du projet. Devant une
situation aussi urgente, c'est presque inacceptable.
Après avoir
complètement transféré le fardeau administratif sur la ville, le
30 octobre dernier, le ministère a mis
le projet sur la glace pendant plusieurs jours, tellement que les câbles furent
commandés en Europe le 10 novembre. La
ministre de la Sécurité publique avait promis que ce serait plus facile pour
les citoyens et les municipalités, mais actuellement
c'est totalement l'inverse. Les délais qu'elle a imposés à Beauceville risquent
de mettre en péril l'installation des estacades avant le gel de la
rivière.
La
ministre peut-elle reconnaître que le cafouillage de son ministère met en péril
la sécurité des citoyens plutôt que de jeter le blâme sur...
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique, en réponse.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. Bien, merci à la collègue de Vaudreuil.
Je remarque que sa question d'aujourd'hui ne porte pas sur
Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Donc, je tiens pour acquis...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme
Guilbault : ...je tiens pour acquis
qu'elle salue implicitement les mesures qui ont été annoncées pour
Sainte-Marthe par ma collègue le 15 novembre dernier.
Mais effectivement
Beauceville aussi comprend certains enjeux par rapport aux inondations. On sait
que Chaudière-Appalaches a été énormément touchée par la crue printanière de
2019 et par les précédentes aussi.
Et
ça me donne l'occasion de rappeler qu'en juin dernier j'ai annoncé, M. le
Président, quatre projets de recherche en
collaboration avec l'Université Laval, quatre projets de recherche qui visent à
mieux documenter les risques liés aux inondations
et à identifier des mesures proactives de gestion des risques liés à ces
inondations et des conséquences sur nos
citoyens. Et c'est dans le cadre d'un de ces projets-là qu'effectivement on a
une étude en cours avec la ville de Beauceville,
une étude qui inclut la participation d'un éminent chercheur, M. Brian
Morse, qu'on est bien fiers d'avoir recruté et de nous être adjoint pour
pouvoir mieux travailler avec nos municipalités à atténuer les conséquences des
sinistres un petit peu partout. Et, dans le
cadre de ce projet avec Beauceville, il y a effectivement le projet
d'estacades. Les câbles pour les estacades sont commandés...
Le Président :
En terminant.
Mme
Guilbault : ...et, si la température le
permet, seront installés dès le début décembre.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Le cafouillage du gouvernement a même été reconnu par le député caquiste de Beauce-Nord, qui souligne que le ministère de
l'Environnement, et je le cite, «"a pas mal exagéré dans ses
demandes" et aurait pu assouplir ses critères compte tenu du
caractère exceptionnel et urgent de la [demande].» Fin de la citation.
La ministre peut-elle
enfin s'occuper du dossier et même de ceux qu'elle encadre, soit les
scientifiques, afin d'assurer la coordination et surtout protéger les citoyens
de Beauceville avant qu'il soit trop tard?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, M. le Président, le projet auquel réfère la collègue, comme
je le disais, vise à trouver les
meilleures solutions pour Beauceville, et la solution qui a été identifiée,
c'est ce projet d'estacades en sapin sur la rivière de Beauceville. Les câbles sont commandés. Ces
câbles-là ont été choisis par un scientifique. Donc, ce n'est pas des choix
comme ça, faits au hasard, d'un politicien ou d'un ministère, c'est un
scientifique qui a identifié la solution. Et la commande a été faite pour pouvoir installer les estacades dès que
possible. À partir du moment où on a reçu l'information nécessaire de la part de la municipalité de
Beauceville, c'est-à-dire jeudi dernier, 24 heures après, c'est-à-dire
vendredi dernier, mon collègue de
l'Environnement donnait l'autorisation pour pouvoir aller de l'avant avec la
pose. Donc, on est très actifs...
Le Président :
En terminant.
Mme
Guilbault : ...très proactifs à la fois
chez nous, à l'Environnement et aux Affaires municipales, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Les câbles pour les estacades proviennent d'Europe, et, pour
reprendre encore une fois les paroles du député de Beauce-Nord, lequel a été
maire de la place, le délai aurait pu être évité puisqu'on «aurait pu prendre
des câbles en acier [localement] à Beauce Chaîne».
Comment un gouvernement qui dit qu'il accorde
tellement d'importance à ses régions peut justifier que son ministère n'a même
pas pris la peine de travailler en collaboration avec sa municipalité et les
industries locales?
Le Président : Mme la ministre
de la Sécurité publique.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Bien, M. le Président, ces câbles-là ont été choisis notamment pour leur
résistance et leur maniabilité, en accord
avec la ville de Beauceville. Il existe seulement deux fournisseurs
pour ces câbles, un en Angleterre et un à Montréal. On a fait affaire
avec celui de Montréal, mais la fabrication se fait en Europe.
Mais, M. le Président, si la députée de Vaudreuil
estime mieux s'y connaître en mécanique des glaces qu'un ingénieur, professeur-chercheur de la Faculté des
sciences et génie de l'Université
Laval, je l'invite à nous soumettre
ses solutions, et on les évaluera.
Des voix : ...
Le Président : Question
principale — s'il
vous plaît! — à
M. le député de Viau.
Relations entre les corps
policiers et les groupes ethniques
M.
Frantz Benjamin
M.
Benjamin : M. le Président, le profilage racial existe. Les jeunes racisés ont quatre fois plus de
risques de se faire interpeler, il faut le reconnaître, il faut s'y
attaquer.
Le
30 septembre dernier, la Commission d'enquête sur les relations entre Autochtones
et certains services publics publiait
un rapport, et, sept jours plus tard, le SVPM rendait public un autre rapport,
très alarmant, sur le profilage racial. Un constat commun de ces deux
rapports : des citoyens québécois ont moins de droits que d'autres.
La ministre de la Sécurité publique a tenté de nous rassurer en nous parlant de
comité, d'une formation à venir pour
les policiers, mais entre-temps la situation demeure urgente. La semaine dernière, la ville de Montréal a adopté une motion demandant au SPVM de faire cesser
immédiatement les interpellations sans fondement et demande à la ministre
de la Sécurité publique de proposer une loi
visant à encadrer les interpellations policières à l'échelle de la province.
Vendredi dernier, c'est la Commission des droits de la personne qui la
demandait.
La ministre de la Sécurité publique
s'engage-t-elle à mettre fin à ces injustices?
Le Président : Mme la ministre
de la Sécurité publique.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci,
M. le Président. Bien, question
très importante, effectivement, que soulève le collègue de Viau. D'ailleurs,
j'ai déjà eu l'occasion de répondre, je pense, au collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve sur cette question-là, qui revient malheureusement sporadiquement
dans l'actualité et un petit peu plus ardemment dans les dernières semaines.
J'aimerais
rappeler que, dès mon arrivée, avant même qu'il soit question
du rapport à Montréal, et tout ça, j'avais demandé à ce que les comités qui sont déjà en
place sur la question du profilage racial et social incluent désormais
des représentants de la société civile parce
que je jugeais qu'un comité formé
exclusivement de fonctionnaires et de représentants du
milieu policier manquait peut-être une facette de la vision globale qu'on doit avoir
de cette problématique-là. Donc, à partir de ma demande... ou, en tout cas, désormais les représentants de la société civile sont inclus dans ce processus de consultation et de confection
d'un éventuel guide pour nos organisations policières au Québec. Donc, c'est
une première en 15 ans, je tiens à le
souligner, M. le Président, parce
que le précédent gouvernement n'avait manifestement
pas eu ce réflexe-là, et nous, on l'a eu. Donc, ça, déjà, c'est une première
avancée.
Et on
fait énormément de choses. Le 13 décembre prochain, nous rencontrerons, au
ministère de la Sécurité publique, la
commission des droits de la personne et de la jeunesse pour, entre autres
choses, orienter notre futur travail sur cette question très importante.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Viau.
M.
Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Le rôle de la ministre de la Sécurité publique, M. le Président, c'est
d'assurer la sécurité de tous les
Québécois. La ministre peut-elle s'inspirer de l'Ontario et de la
Nouvelle-Écosse, qui ont dernièrement réglementé et suspendu les pratiques d'interpellation de
routine sans motif? Va-t-elle donner suite à la demande pressante, entre autres,
de la ville de Montréal et déposer une loi pour nous conformer à la rédaction
d'une loi? Merci.
• (14 h 50) •
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci. Bien, comme je viens de le dire, on va
rencontrer prochainement, le 13 décembre, la commission des droits de la personne et de la
jeunesse. On suit évidemment avec grande attention tout ce qui se passe
à Montréal. Montréal s'est engagée à déposer
un plan ou, en tout cas, des mesures d'ici le printemps prochain; nous suivons
le tout avec grande attention. J'ai déjà dit
aussi ici, et je le répète aujourd'hui, que l'École nationale de police
organisera au printemps prochain un
séminaire qui portera sur cette question très importante, parce que, oui, il y
a un enjeu qui peut être plus aigu à
Montréal, mais c'est un enjeu qui touche toutes les organisations policières au
Québec, et qui doit faire l'objet
d'une réflexion qui est plus générale que simplement Montréal, et qui pourra
d'ailleurs aussi faire partie de la vaste consultation...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : ...que je compte lancer à la suite du dépôt de mon document de
consultation, en décembre prochain.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Alors, la ministre
parle de vision globale, parle de poser des gestes. Il y a des gestes, présentement, qui sont posés à l'Assemblée
nationale. La ministre de la Justice, par le projet de loi n° 32,
actuellement à l'étude, va complètement en
sens contraire. Elle permettrait aux policiers d'exiger à quiconque de produire
une carte d'identité en tout temps
pour s'identifier. Elle vient directement augmenter le risque de profilage, et
c'est ce qui a été dit par les groupes, que c'était une mauvaise idée.
En ce sens, la
ministre de la Justice peut-elle retirer cet élément du projet de loi n° 32?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Sonia LeBel
Mme
LeBel : Merci, M. le Président. Effectivement, on travaille
présentement sur un projet de loi pour lequel je suis très fière, c'est
celui de l'efficacité en matière de justice pénale, qui va permettre, entre
autres, aux personnes vulnérables de
bénéficier de mesures d'adaptabilité qui vont les sortir de ce système
judiciaire. Je pense que mon collègue va être d'accord avec ça.
Nous avons fait la
consultation, dans le p. l. n° 32, on a entendu les
groupes. Je ne briserai pas ici le privilège parlementaire,
je ferai part de ma vision en commission parlementaire, mais, quand on sera
rendus, si on se rend bientôt à ce numéro d'article, mon collègue sera
satisfait de l'écoute du gouvernement.
Le Président :
Merci. Cela met fin à la période de questions et de réponses orales. Merci à
tous.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) : Comme il n'y a pas de votes reportés,
nous allons maintenant passer à la rubrique Motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le
leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de La Pinière, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale constate que le manque de fiabilité du service de
traversier de la STQ rend nécessaire la construction d'un "premier
lien" entre la Côte-Nord et la Capitale-Nationale;
«Qu'elle
rappelle le mandat du bureau de projet pour la construction d'un pont entre
Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine au-dessus de la rivière Saguenay, qui
consiste à : mettre à jour les informations et les études pertinentes
réalisées antérieurement; procéder à une
analyse socioéconomique; élaborer le dossier d'opportunité en respect de la
Directive sur la gestion des projets
majeurs d'infrastructure publique; [et de] consulter les citoyens, les groupes
et organismes et recueillir les préoccupations;
«Qu'elle rappelle que
le premier ministre s'est prononcé en faveur du bureau de projet pendant la
campagne électorale et que le projet est inscrit dans le PQI 2019‑2029
comme étant "à l'étude"; et
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement de lancer les appels d'offres d'ici la fin de
l'année 2019 pour l'attribution d'un
contrat de services professionnels pour la mise à jour des études dans le cadre
du bureau de projet pour la construction d'un pont entre Tadoussac et
Baie-Sainte-Catherine au-dessus de la rivière Saguenay.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger : Il
n'y a pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Pas de consentement. Je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. Mme la ministre
de la Culture et des Communications.
Rendre hommage au chanteur
lyrique Joseph Rouleau et
offrir des condoléances à sa famille et à ses proches
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de débattre de la motion suivante
conjointement avec la députée de Verdun, la députée de Taschereau, le chef du
troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin :
«Qu'à
l'occasion de son décès, l'Assemblée nationale du Québec rende hommage à
M. Joseph Rouleau, l'une des figures marquantes de l'art lyrique au
Québec;
«Qu'elle
souligne sa carrière internationale exceptionnelle pendant laquelle il a chanté
sur les plus grandes scènes du monde notamment à la Royal Opera House de
Londres où il a donné plus de 1 000 représentations;
«Qu'elle reconnaisse le rôle déterminant qu'il a
joué pour la musique classique québécoise notamment en fondant l'Atelier lyrique de l'Université du Québec à Montréal et le
Mouvement d'action pour l'art lyrique du Québec, en contribuant à la naissance de L'Opéra de Montréal et en étant
président des Jeunesses musicales Canada pendant plus de 25 ans;
«Qu'elle
rappelle que M. Rouleau était grand officier de l'Ordre national du
Québec, compagnon de l'Ordre du Canada, commandeur de l'Ordre de
Montréal et membre du Panthéon canadien de l'art lyrique;
«Qu'elle transmette ses condoléances à sa
famille, à ses proches, à ses collègues ainsi qu'à ses nombreux admirateurs
partout au Québec;
«Qu'enfin, elle observe un moment de recueillement
[à] sa mémoire.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, oui, M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes
par intervenant, en débutant par la
ministre de la Culture et des Communications, la députée de Verdun, la députée
de Taschereau et le chef du troisième groupe d'opposition.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Je comprends qu'il y a entente pour un débat de deux minutes par intervenant.
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci, M. le Président. Alors, j'aimerais rendre hommage à M. Joseph
Rouleau, figure marquante de l'art lyrique, qui nous a quittés le
12 juillet dernier à l'âge de 90 ans. J'aimerais saluer son épouse,
Mme Renée Rouleau, et son fils
Marc qui sont avec nous dans nos tribunes et qui sont accompagnés d'amis et de
représentants des Jeunesses musicales du Canada.
L'unique voix
de basse de Joseph Rouleau l'a propulsé sur des scènes prestigieuses, où il
s'est produit aux côtés de grands orchestres et de géants comme
Pavarotti et Callas. Il apprivoise le chant à l'âge de 17 ans, puis
remporte le prix Archambault, en 1949. C'est
alors que Wilfrid Pelletier lui conseille d'entrer au Conservatoire de musique
et d'art dramatique du Québec et
qu'il devient le premier élève en chant admis dans cet établissement. Joseph
Rouleau poursuit son apprentissage à
Milan, puis campe des rôles majeurs au Metropolitan Opera de New York et au
Royal Opera House de Covent Garden, à Londres, où il offrira quelque
1 000 représentations.
Au sommet de
son art, il reste attaché à ses racines, à Matane, où un complexe culturel
porte aujourd'hui son nom. La longue
et prolifique carrière de Joseph Rouleau est une source d'inspiration pour les
jeunes Québécois qui aspirent à une
carrière internationale en opéra. Il
consacre une grande partie de sa vie à la relève d'abord comme professeur de
chant à l'Université du Québec à
Montréal, puis aux Jeunesses
musicales du Canada, dont il sera le président pendant 25 ans. Il contribue à la création de L'Opéra
de Montréal, en 1980, et à celle du Concours musical
international de Montréal. En
1990, le gouvernement du Québec lui décerne le prix Denise-Pelletier, le Prix du Québec
pour sa carrière exceptionnelle. Fait
compagnon de l'Ordre du Canada puis membre du Panthéon canadien de l'art
lyrique, l'Ordre national du Québec
lui confère le titre d'officier en 1999,
puis celui de grand officier en 2004. Il recevait en mai dernier la médaille du
commandeur de l'Ordre de Montréal.
Aux personnes qui l'ont côtoyé, Joseph Rouleau
laisse le souvenir d'un homme au grand coeur, choyé par la sympathie du public.
Et, M. le Président, j'ai pu en être témoin lorsque j'ai eu le privilège de le
rencontrer, lors d'un concert à Longueuil, c'était au printemps dernier, où il était
présent pour encourager l'orchestre et le choeur.
M. le Président, au nom de ma formation politique, permettez-moi d'offrir nos plus sincères condoléances à la
famille et aux amis de M. Joseph Rouleau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme
Melançon : Merci, M. le Président. Tout
d'abord, permettez-moi de saluer à mon tour la famille et les amis de M. Rouleau présents dans les tribunes
aujourd'hui ainsi que M. Gingras et Mme LeBlanc, respectivement
président du conseil d'administration et directrice générale des
Jeunesses musicales Canada.
Né
en 1929 à Matane, Joseph Rouleau découvre sa passion pour le chant à l'âge
de 17 ans. Il étudie au Conservatoire
de musique du Québec à Montréal et poursuit ses études à Milan, en Italie. La
riche voix de basse du chanteur sera rapidement remarquée, et il
deviendra un véritable pionnier du chant québécois.
Au cours de sa
carrière, Joseph Rouleau chante aux côtés des plus grands du monde de l'opéra,
tels que Luciano Pavarotti, Plácido Domingo
ou encore Maria Callas. Talentueux, il est en demande partout à travers le
monde. Les opportunités de faire entendre sa voix sur les scènes les
plus prestigieuses sont multiples. Il chantera notamment à l'Opéra de Paris et à Covent Garden, l'illustre
maison d'opéra londonienne, où il demeurera pendant 30 ans et y donnera
plus de 1 000 représentations.
• (15 heures) •
Sa
longue carrière internationale ne fera toutefois pas oublier l'amour profond
qu'il porte à sa patrie, le Canada. C'est
ainsi qu'il reviendra en 1980 afin de transmettre à son tour son amour pour
l'art lyrique à ses étudiants de l'Université du Québec à Montréal.
Fondateur et
président du Mouvement d'action pour l'art lyrique du Québec, on lui reconnaît
son importante contribution à la naissance
de l'Opéra de Montréal ainsi qu'à la renaissance des Jeunesses musicales
Canada, organisme ayant pour mission de faire découvrir la musique
classique aux jeunes en plus de soutenir le développement de carrières
internationales de jeunes musiciens de ce répertoire. M. Rouleau aura
travaillé sans relâche au financement et à la revitalisation de cet organisme,
et ce, jusqu'au moment de son décès.
Sa
carrière et ses nombreux engagements au sein du milieu sont reconnus à
plusieurs reprises, entre autres par sa
nomination à titre d'officier de l'Ordre du Canada et de grand officier de
l'Ordre du Québec. La scène culturelle du Québec et surtout l'univers de la musique classique québécoise se
souviendra d'un homme passionné, impliqué et généreux de son temps mais
aussi de son talent.
Nous
tenons à saluer la brillante carrière de M. Rouleau, l'un de nos plus
grands ambassadeurs lyriques. Puisse votre héritage, M. Rouleau,
résonner aussi longtemps que votre voix. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Merci, M. le Président. C'est un vrai honneur pour moi de pouvoir rendre
hommage en cette Chambre à un immense artiste, Joseph Rouleau.
En
art lyrique, M. Rouleau était une vraie star internationale. Ce n'est pas
notre première star internationale au Québec,
et il y en aura d'autres encore, mais c'était une grande star, c'était une
fierté pour le Québec à l'international.
Et, pour avoir déjà
vécu à Londres, je peux vous dire que la Royal Opera House de Covent Garden,
Joseph Rouleau a été, pendant de nombreuses
années, une des têtes d'affiche. Ce n'est pas rien. C'est une des grandes
institutions du monde de l'opéra, tant en Angleterre qu'à
l'international, et c'était un Québécois qui était là-bas.
M. Rouleau
aura donc chanté sur les plus grandes scènes, il aura joué avec les Luciano
Pavarotti, Plácido Domingo, Maria Callas.
C'est un pionnier du chant québécois, et, dans ce
sens-là, il a joué un rôle déterminant dans l'avancement et aussi dans la
démocratisation de la musique classique au Québec. Il faut rappeler qu'il a
travaillé fort pour l'éducation des jeunes en musique classique, que ce qu'il recevait comme attention,
il voulait le redonner aux jeunes musiciens. Et ça, c'est tout à son honneur.
Donc,
fondateur de l'Atelier lyrique de l'Université du Québec à Montréal, du Mouvement d'action pour l'art lyrique du Québec, il aura aussi contribué à la
naissance de l'Opéra de Montréal. Bref, ce n'est pas juste un musicien, c'est
un bâtisseur du Québec et un homme d'action, un passeur de culture et, puisqu'il
s'agit d'art, un passeur de passion.
Donc,
au nom de ma formation politique, je tiens à transmettre mes condoléances les plus
sincères à la famille de M. Rouleau
ainsi qu'à ses proches et qu'à tous ceux qui vont s'ennuyer de sa musique. Avec
sa carrière internationale exceptionnelle,
M. Rouleau aura été en quelque
sorte le pendant masculin de la
grande Emma Albani, cette Québécoise qui aussi a eu une carrière internationale en art lyrique au XIXe et au début du XXe. Merci, M. Rouleau.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je
cède maintenant la parole au chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, sa voix, une grande voix,
s'est éteinte, celle de Joseph Rouleau. On ne l'entendra plus, mais on
s'en souviendra car cette voix, cette magnifique basse, le monde entier l'a
acclamée. Mais, avant d'être reconnue à l'international, cette voix, elle a été entendue à Matane. Oui,
voilà le lien qui m'unit à Joseph Rouleau. Nous sommes deux fiers fils
de Matane.
Très
tôt, cependant, M. Rouleau a élargi ses horizons, allant
étudier à Montréal, à Milan puis à New York. Sa longue carrière, qui s'étend sur plusieurs
décennies, aura été une suite ininterrompue de succès et d'honneurs. Sur les plus
grandes scènes du monde, il a
interprété les plus illustres personnages, plus de 100 au total, souvent
des premiers rôles. Il a chanté en français, bien sûr, mais en anglais,
en italien, en allemand, en espagnol et aussi en hébreu aux côtés des Pavarotti,
Domingo et Callas de ce monde, en compagnie
des plus grands orchestres de la planète. Sa voix sombre et puissante et son
intensité dramatique hors du commun le font
remarquer à New York, à Londres, à Berlin, à Munich, à Rome, à
Édimbourg, à Budapest, à Amsterdam,
et j'en passe, et le font véritablement triompher en Russie, au prestigieux
théâtre Bolchoï de Moscou.
Le
talent de M. Rouleau est de ceux qu'on ne croise qu'une seule fois dans sa
vie. L'un de ses premiers contrats à
Londres devait durer six mois, il s'étendra finalement sur 30 ans. Il
a ainsi donné plus de 1 000 représentations
au sein de la plus grande maison d'opéra du Covent Garden, la grande et
incontournable Royal Opera House.
Sa
volonté aussi dépassait la norme. Il souhaitait vivement donner des ailes à
l'art lyrique québécois. M. Rouleau a joué un très grand rôle dans la création de L'Opéra de Montréal, on
l'a dit. Entre autres, son action pour les Jeunesses musicales a été
déterminante pour l'organisme.
Cet
homme avait de l'ambition, beaucoup d'ambition, mais il n'a jamais oublié d'où
il venait, et Matane le lui a bien
rendu. Le complexe culturel porte déjà son nom. Il en était très fier,
d'ailleurs, semble-t-il. Pourtant ce n'est rien en comparaison de tout ce qu'il nous a donné. Il s'est
profondément engagé dans la formation de la relève et dans la promotion de l'art lyrique. Il a suscité la
curiosité, réveillé des intérêts, inspiré des vocations. Et surtout
M. Rouleau a réchauffé les coeurs de millions d'amateurs d'opéra
dans le monde jusqu'à l'automne de sa vie.
Au
nom du Parti québécois, je souhaite
m'adresser à la famille et aux proches de M. Rouleau, leur offrir mes plus
sincères condoléances, à Jill Renée Rouleau
et Marc Rouleau, ses amis. De son vivant, vous l'avez partagé avec le monde.
Aujourd'hui, permettez-nous de partager votre peine. Je vous souhaite, au nom de tous les Matanais, à tous beaucoup
de sérénité, et soyez fiers de l'héritage unique et précieux de
M. Rouleau. Merci, M. le Président.
Le Président
Le Vice-Président
(M. Picard) : La présidence tient à saluer l'oeuvre de ce grand Québécois
qu'était M. Joseph Rouleau. Et mes sincères sympathies à toute la famille,
et amis, et aux gens présents dans les tribunes.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Adopté. Debout, s'il vous plaît, pour une minute de
silence.
• (15 h 7 — 15 h 8)
•
Le Vice-Président
(M. Picard) : Veuillez vous asseoir.
Je
reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la
députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Donc, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec
la députée de Sherbrooke, la députée de Gaspé, le député de Chomedey
et la députée de Marie-Victorin :
«Attendu que l'école
Sophie-Barat, située dans le quartier Ahuntsic-Cartierville à Montréal, est un
bâtiment historique datant de 1858 au coeur
d'un site patrimonial et sur un lieu historique en vertu de la Loi sur le
patrimoine culturel;
«Attendu
que l'établissement scolaire connaît une constante augmentation du
nombre d'élèves depuis plusieurs
années et que les locaux ne sont plus en mesure d'accueillir convenablement les
étudiants;
«Attendu
qu'un financement de 17M$ a été prévu à la commission scolaire de Montréal pour réaliser l'agrandissement de l'école
Sophie-Barat;
«Attendu
que les travaux d'agrandissement devraient durer de trois à cinq ans et que les
besoins sont immédiats;
«Attendu
que le gouvernement a promis que chaque projet de construction ou d'agrandissement d'école serait
soumis à un concours d'architecture afin de construire les plus belles écoles
au monde;
«Attendu que le
Conseil du trésor et le ministère de l'Éducation tardent à autoriser le
lancement du concours d'architecture pour l'école Sophie-Barat;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de respecter son
engagement électoral et d'autoriser, d'ici la fin de l'année 2019,
le concours d'architecture pour l'agrandissement de l'école Sophie-Barat.»
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Pas de consentement. Donc, je reconnais maintenant
un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Saluer l'engagement du ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale
de réformer la Loi sur la santé et la sécurité du travail et exiger que son
projet de loi prévoie la couverture de l'ensemble des secteurs
d'emploi par des mécanismes de prévention
M. Leduc :
Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord saluer des ex-collègues du milieu
syndical qui sont dans les gradins aujourd'hui. Bonjour.
Je
demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le ministre du Travail,
de l'Emploi et de la Solidarité sociale, la députée de Fabre, la députée de
Bonaventure... le député de Bonaventure, pardon, le député de Chomedey
et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale salue l'engagement du ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale de réformer
la Loi sur la santé et la sécurité du travail, comme en fait foi l'adoption
unanime de la motion du 2 octobre [dernier];
«Qu'elle
rappelle que les mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la sécurité
au travail couvrent uniquement 26,1 % des travailleurs [et
travailleuses];
«Que
l'Assemblée nationale exige du ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale que son projet de
loi prévoie que l'ensemble des secteurs d'emplois soient couverts par [les]
mécanismes de prévention.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Consentement, sans débat. Oui, M. le
leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Je vous demanderais d'appeler un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Picard) : Nous allons procéder à un vote par appel nominal.
Je
vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 11)
(Reprise à 15 h 12)
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Que les députés en faveur de cette
motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke),
Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau), M. Zanetti
(Jean-Lesage).
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay),
M. Girard (Groulx), Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon
(Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Simard (Montmorency), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel
(Champlain), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais
(Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete
(Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond),
Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau),
M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil), Mme Montpetit
(Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
M. Ouellet (René-Lévesque), M. Roy
(Bonaventure), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
Le Vice-Président
(M. Picard) : Que les députés contre veuillent bien se lever. Y
a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est adoptée. Toujours aux motions sans
préavis, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, M. le Président. Alors, je demande le consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement
afin de déposer une motion rétroactive de consultations particulières donnant
suite à une entente entre les leaders et les députés indépendants.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Une motion sans préavis ayant déjà
été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de permettre la présentation
de la motion. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Oui. Est-ce qu'on peut nous indiquer le projet de loi, s'il vous plaît?
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Projet de loi n° 44.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Le projet de loi n° 44. Consentement. M. le
leader du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 44
M. Schneeberger : M. le
Président, je fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée [nationale] entérine le mandat donné à la Commission des transports et de l'environnement,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 44, Loi visant principalement
la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques
et à favoriser l'électrification, de procéder à des consultations particulières
et [de] tenir des auditions publiques le mardi 3 décembre 2019 de
15 h 30 à 18 heures [...] de 19 h 30 à 21 heures, [et] le
[mardi] 4 décembre 2019 après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 [...] à 18 heures, le
jeudi 5 décembre [...] après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, [et] le mardi 21 janvier 2020
de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à
17 h 45, le mercredi
22 janvier 2020 de 9 h 30 à 12 h 30 et de
14 heures à 17 h 45 et le jeudi 23 janvier 2020 de
9 h 30 à 11 heures;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
Conseil patronal de l'environnement du
Québec, ville de Montréal, Hydro-Québec, Normand Mousseau, institut Trottier,
Johanne Whitmore conjointement avec Pierre-Olivier Pineau, Chaire de
[recherche] du secteur de l'énergie, HEC Montréal, alliance Switch, Conseil du patronat, Conseil québécois des entreprises en
efficacité énergétique, Conseil national des jeunes ministres de
l'Environnement de la Fondation
Monique Fitz-Back, Propulsion Québec, Le Pacte, Énergir, Fédération des
chambres de commerce du Québec, Équiterre, Fondaction CSN, Alain Webster,
professeur titulaire, Université de Sherbrooke, Fondation David Suzuki, Écotech Québec, Fédération québécoise des
municipalités, Union des municipalités[...], Fédération des travailleurs
et travailleuses du Québec, Association de
l'industrie électrique du Québec, Vivre en ville, Association québécoise de la
production d'énergie renouvelable, Commissaire au développement durable,
Comité-conseil sur les changements climatiques, Ljiljana Latkovic, membre du
conseil d'administration du Fonds vert, E-Taxi, Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement du Québec, Association du transport
urbain du Québec, association des transporteurs collectifs ruraux du Québec,
Ouranos, institut de la gouvernance des organismes privés et publics.
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 1 minute au deuxième
groupe [...] et [...] troisième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque personne et organisme soit de
10 minutes et l'échange avec les membres
de la commission soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées
ainsi : 17 minutes 30 [...] pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
11 minutes 40 [...] pour l'opposition officielle,
2 minutes 55 [...] pour le deuxième groupe [...] et [...]
troisième groupe d'opposition;
«Que
la secrétaire de la commission puisse procéder, s'il y a lieu, à des
modifications à l'horaire afin notamment de tenir compte des demandes de
changement des personnes et des organismes; et
«Que le
ministre de l'Environnement [...] de la lutte contre les changements
climatiques soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? Oui.
M. Tanguay :
...la mention qui a été faite par le leader adjoint du gouvernement est
suffisante, mais je tenais à souligner,
pour en être 100 % sûr, que ce consentement était conditionnel suite à une
entente survenue entre les cabinets des
leaders qui précisait notamment qu'advenant des désistements des groupes, la
semaine prochaine, en raison des délais très courts ces derniers seront
remplacés en janvier sur des plages vacantes. Si on peut préciser cette
entente-là, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, c'est ce que le leader adjoint a dit. Alors, le secrétariat va
faire comme à l'habitude. S'il y a des plages vacantes puis il y a des
désistements, on va replacer les gens en janvier.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Ça va, M. le leader de l'opposition
officielle? Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
À la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions, M. le leader du gouvernement.
• (15 h 20) •
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment
et de la copropriété divise, le remplacement de la dénomination de la Régie du
logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement en modifiant
la Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 27,
Loi concernant principalement l'organisation
gouvernementale en matière d'économie et d'innovation, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30
à 21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la
santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 31, Loi modifiant principalement la
Loi sur la pharmacie afin de favoriser l'accès à certains services, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30
à 21 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 37, Loi
visant principalement à instituer le
Centre d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 16 h 45 et de 19 h 30
à 21 h 30, à la salle Pauline-Marois.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Pour ma part, je vous avise que la Commission des finances publiques se
réunira en séance de travail, aujourd'hui, de 16 h 45 à
18 heures, à la salle Pauline-Marois, afin de déterminer les observations, conclusions ou recommandations à la
suite des consultations particulières et auditions publiques sur la question de la fuite de données personnelles
chez Desjardins.
Nous sommes maintenant
rendus à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le
leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, pour débuter nos travaux cette semaine, je vous
demanderais d'appeler l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi n° 40
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 4 du feuilleton, l'Assemblée
reprend le débat ajourné le 21 novembre 2019 sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. Lorsque nous avons terminé, Mme la députée de Verdun avait fait quelques secondes. Donc, vous
pouvez poursuivre, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
(suite)
Mme Melançon : Vous aviez eu cette générosité, M. le Président, de me donner quelques secondes. Alors, dans le fond, je faisais un appel à tous pour être bien présents aujourd'hui.
M. le Président, je vais commencer, en débutant, en disant que c'est un projet de loi, le projet de loi n° 40, donc, la Loi modifiant principalement
la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la
gouvernance scolaires, c'est un projet qui divise. Et je sais que mes collègues
la députée, bien sûr, de Saint-Laurent, la députée de Westmount—Saint-Louis,
la députée de Mille-Îles l'ont clairement spécifié lors des consultations. On a
rencontré plusieurs groupes qui ont exprimé leur inquiétude sur ce projet de
loi.
Je
vais débuter, M. le Président, très rapidement en parlant des valeurs démocratiques. J'ai des collègues qui en ont fait part la semaine dernière et j'ai lu plusieurs papiers au fil des
années où on tente d'intéresser les femmes à la politique, comment intéresser des femmes, comment avoir plus
de femmes ici, au salon bleu. Et cette année, c'est quand même
une année où, on peut se le dire,
avec 41 % de femmes au salon
bleu, on fait des pas, des avancées, mais il faut continuer en ce sens-là parce qu'on n'est pas encore à l'équité,
on n'est pas à 50 %. Et c'est avec grande fierté que je dois tout de même
mentionner que, du côté de notre formation
politique, 57 % de femmes forment notre parti, donc notre aile
parlementaire, et vraiment on doit s'en réjouir.
Cependant,
en abolissant les commissions scolaires... Il y a beaucoup de femmes qui
débutent d'abord et avant tout leur
implication politique dans ces commissions scolaires. Et, je dois le
mentionner, moi, à Verdun, j'ai trois femmes commissaires scolaires. J'ai Stefana, Caroline ainsi que Mary Ann. Trois
femmes extraordinaires, très impliquées dans la communauté verdunoise.
Et, je dois vous le dire, pour moi, c'est une des préoccupations.
Je
suis devenue, avec les années, de plus en plus féministe. De faire entendre la
voix des femmes, c'est d'autant plus
important lorsqu'on est dans un siège comme celui de députée à l'Assemblée
nationale, et on doit vraiment intéresser les femmes, bien entendu, à la
politique, mais à différents paliers. Et de voir la disparition d'un palier
démocratique, pour moi, c'est une immense inquiétude. Je voulais tout de
même vous faire cette introduction, M. le Président.
Je
suis bien entendu contre le principe de ce projet de loi parce que, d'abord, et
là ça devient une fâcheuse habitude du
côté du gouvernement, on parle de centraliser des pouvoirs. On parle d'abolir
des contre-pouvoirs. Et, en ce sens-là, M. le Président, vous allez me permettre d'aller directement dans un
article qui a paru sous la plume de Michel C. Auger, dans lequel M. Auger indique à quel point le
gouvernement de la CAQ tente de ramener le plus possible des décisions
entre ses mains. Il parle, bien entendu, du projet de loi n° 34.
On a entendu tout à
l'heure le premier ministre, M. le Président, dire sur le projet de loi
n° 34 : C'est juste les lobbys qui
sont contre ça. Je trouve ça drôle de savoir que ceux qui sont là pour la
protection des consommateurs sont qualifiés
par le premier ministre de lobbys. Avoir un lobby, là, pour des consommateurs,
je pense que c'est nécessaire. D'ailleurs,
la Régie de l'énergie a été créée justement pour protéger les consommateurs
d'hydroélectricité. Alors, le projet de loi n° 34 vient redonner
des pouvoirs au gouvernement et vient abolir un contre-pouvoir.
C'est
la même chose pour ce qui est du Fonds vert. Dans le Fonds vert, bien entendu,
tout n'était pas parfait. Tout le monde l'a reconnu. D'ailleurs, c'est pour ça
qu'avait été créé le conseil de gestion. Mais de là à abolir, abolir, ce
conseil de gestion, qui était justement
un outil de surveillance, et de redonner tous les pouvoirs dans les mains d'un
ministre qui va avoir tous les pouvoirs, on trouve ça assez particulier,
tout comme le souligne M. Auger.
Il poursuit avec les
commissions scolaires, et c'est important, j'ai envie de vous lire un passage
où on dit : «L'abolition des
commissions scolaires procède...» Avec l'abolition des commissions scolaires,
on procède de la même logique, donc,
de neutraliser les contre-pouvoirs. Elles, les commissions scolaires, ont soulevé
des doutes sur le projet phare de la
CAQ, les maternelles quatre ans. Vous savez, là, les maternelles quatre ans,
là, qui devaient coûter 120 quelques mille dollars puis qui ont fini à 2 millions par classe, là? Vous vous
rappelez de ça, M. le Président? Oui? D'accord, parce que nous autres
aussi, on s'en souvient.
Alors,
pour les maternelles quatre ans, que ce soit sur le manque de personnel...
donc, les commissions scolaires ont
donc critiqué le manque de personnel, le manque de locaux, ont critiqué les
budgets ou la cohabitation avec le réseau existant des centres de la petite enfance. Cela ne justifie pas en soi
de les abolir, mais ici il s'agit d'une vieille promesse du temps de l'Action démocratique du Québec,
précurseure de la CAQ. Encore une fois, vous comprenez, on va abolir un
contre-pouvoir, même à l'Assemblée nationale.
Et
vous avez vu que le premier ministre a mentionné... Je ne vais pas qualifier
les mots avez lesquels il a mentionné comme quoi les commissions
parlementaires faisaient perdre du temps à son gouvernement. Ce n'est pas
important. Il faut que ça aille vite. On ne
peut pas poser des questions. Honnêtement, heureusement qu'on pose des
questions. Vous avez vu, comme moi, avec le PEQ, ce qui est arrivé.
Heureusement que les gens sont là. Et, à un moment donné, les contre-pouvoirs, s'ils ne sont plus au sein des
différents ministères, bien, à un moment donné, ils vont se retrouver où?
Je ne sais pas vers quoi on veut se diriger.
• (15 h 30) •
Mais,
dans l'article de M. Auger, on parle donc des commissions scolaires puis
on se dit : Bien non, il ne faut pas abolir nécessairement les commissions
scolaires. Est-ce qu'on peut les moderniser? Bien entendu, tout le monde était
d'accord avec une modernisation. Mais de là à les abolir, disons qu'on était
bien loin. Et je veux vous rappeler, M. le Président, que le ministre va
augmenter ses pouvoirs avec de nombreux articles qui sont prévus dans le projet
de loi : l'article 16, 102, 103,
108, 110, 113, 132, 134, 136, 137 et 308. Honnêtement, là, tous ces articles-là
donnent des pouvoirs supplémentaires
au ministre. À partir du moment où on donne plus de pouvoirs et qu'on en enlève
les contre-pouvoirs, c'est une centralisation à outrance.
Alors,
M. le Président, à Verdun... Je voudrais vous parler un peu de Verdun pour que
vous puissiez bien saisir ce que ça
va donner sur le terrain. À Verdun, j'ai huit écoles primaires, une école
secondaire — du côté
francophone — un
centre d'éducation des adultes et deux
centres de formation professionnelle. Il y a plus de 3 000 élèves. Du
côté anglophone, j'ai deux écoles
primaires, une école secondaire et une école spécialisée. Il y a
807 élèves anglophones. Deux commissions scolaires, une commission scolaire francophone avec Marguerite-Bourgeoys
et une commission scolaire anglophone avec Lester B. School Board.
Vous savez ce
que ça veut dire, M. le Président? Avec le projet de loi qui nous est présenté
par ce gouvernement, on va créer deux classes de citoyens. Donc, la
petite maison de Léa, qui est la petite voisine de Andrew... le mode de fonctionnement pour les deux écoles ne sera pas le
même. On vient de créer deux classes, deux catégories de citoyens, et en ce sens-là, bien, vous comprendrez, on ne
peut pas applaudir le fait qu'on enlève aux francophones un pouvoir, un
palier démocratique.
D'ailleurs, en retirant un palier de démocratie
pour les francophones, bien, le projet de loi vient violer l'article 10 de charte québécoise des droits
et libertés de la personne et l'article 15 de la Charte canadienne des
droits et libertés en lien avec les inégalités basées sur la langue. Et
ça se dit un gouvernement nationaliste.
M. le Président, je ne saurais qualifier
exactement ce qu'on tente de faire actuellement en divisant ainsi les communautés francophones et anglophones. Moi, je
vais vous dire, là, à Verdun, ça fonctionnait très bien. Je vous ai parlé de
Stefana, Mary Ann et Caroline, qui sont mes trois commissaires scolaires avec
qui je suis en relation sur une base, je vous le dis, là, hebdomadaire, pour savoir, bien, comment ça se passe.
On a fait l'ouverture d'une nouvelle école, l'école des Coquelicots, du côté de Verdun terre ferme,
magnifique projet. Il y a eu certaines problématiques. Savez-vous quoi? Les parents étaient en lien directement avec la
commissaire scolaire. J'attends encore des nouvelles pour la troisième école
du côté de L'Île-des-Soeurs. On a eu
certaines problématiques avec l'ouverture de l'annexe du côté de
L'Île-des-Soeurs parce que la
deuxième école à L'Île-des-Soeurs est en surpopulation. Bien, Caroline Varin,
du côté de L'Île-des-Soeurs, était en lien avec les parents directement.
Je veux juste
dire aux députés de la CAQ, s'ils sont fatigués, comme semble dire
Radio-Canada, vous allez l'être pas
mal une fois que les commissaires scolaires ne seront plus là parce que c'est à
votre bureau qu'ils vont appeler, et vous
allez devoir savoir tout ce qui se passe dans les écoles. Alors, honnêtement,
M. le Président, vous pourrez leur dire de bien dormir durant le temps des fêtes puis d'emmagasiner un peu de
sommeil parce qu'ils vont être très, très fatigués prochainement.
Je le fais
avec le sourire, vous comprenez, mais je veux faire passer mon message.
Comprenez le travail qui est fait par
ces hommes et ces femmes-là dans chacun
des comtés. Le téléphone va sonner dans les bureaux de comté. Les parents, là, une petite fille qui n'est pas
capable d'aller à l'école tout près de chez elle, vous allez gérer cela. Je ne
suis pas certaine que vous souhaitez gérer cela.
Je vais vous
donner un autre exemple, M. le
Président. Vous le savez, pour les
conseils d'établissement, comment ça
fonctionne. Il y a des parents bénévoles, bien sûr,
sur les conseils d'établissement. Alors que mon fils Christophe entrait à l'école
primaire pour la maternelle, j'ai décidé, comme bonne maman, d'aller à la
rencontre de l'école. Puis cette journée-là,
la directrice nous a dit : Vous savez, ce soir, il y a une rencontre pour le conseil d'établissement, on invite les parents à venir parce qu'il y a des sièges à combler sur le conseil d'établissement. Je m'y suis rendue, M. le Président. Moi, je voulais savoir comment ça fonctionnait dans les écoles. Mon fils
était à la maternelle. Je ne savais pas exactement dans quoi j'étais pour entrer, à l'école. Bien, quand je suis revenue à
la maison, j'ai dû annoncer à mon conjoint que j'étais devenue présidente du conseil d'établissement. Vous savez pourquoi, M. le Président? Parce
qu'il y avait quatre postes à combler, puis nous étions trois parents.
Je ne
sais pas comment on va pouvoir demander à des parents, bénévolement, de faire beaucoup plus d'heures, d'aller gérer de l'administratif, de se déplacer
de Verdun vers ville Saint-Laurent pour aller faire les rencontres. Déjà,
dans le projet de loi, là, honnêtement, on ne dit pas aux parents exactement combien de rencontres il va y avoir, mais je
peux vous dire, ce n'est pas un travail à
temps plein, mais pas loin de ça. Alors, j'ai hâte de voir comment est-ce qu'on va pouvoir attirer ces parents pour venir prendre la place,
alors que, sur les conseils d'établissement, on a de la difficulté à combler le
nombre de places.
Cela étant
dit, toujours à Verdun...
Malheureusement, à Verdun, on a le plus haut taux de décrochage au Québec.
Et, lorsque j'ai été élue — ça va faire trois ans le 5 décembre, M.
le Président, que je suis élue comme députée de Verdun — je
m'étais engagée pour l'éducation. Nulle part dans ce projet de loi je ne vois
quoi que ce soit qui va améliorer la réussite des élèves.
On parle de brassage de structures, certes.
Mais, honnêtement, moi, là, les jeunes familles à Verdun, ce qu'ils s'attendent, c'est qu'on dépense du temps, de
l'énergie puis de l'argent sur la réussite scolaire. En rien, dans le brassage,
actuellement, de structures on ne prend en
compte l'enfant. Puis je vous le dis, M. le Président, ce n'est pas parce que
je manque d'organismes, à Verdun, qui
veulent travailler sur la réussite scolaire, ce n'est pas parce que les
professeurs, puis tous les gens qui
sont en soutien, à Beurling ou encore à Monseigneur-Richard, qui y mettent tout
leur coeur... ce n'est pas pour ça qu'on échappe nos jeunes. On doit se
pencher sur les vraies raisons. On doit se pencher sur la réussite scolaire. On doit dépenser du temps, de l'énergie
pour nos jeunes, pas pour brasser des structures parce que l'ADQ avait, à un moment donné, bien sûr, proposé ça, puis qu'on a voulu reprendre ça. Parce que ça peut être très populaire de parler, en disant : Bien oui, mais pour 5 %,
5 % de personnes qui se déplacent pour aller voter aux élections
scolaires... Bien, soyons
imaginatifs. On peut améliorer tout ça, on doit moderniser tout ça, mais on ne
peut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
• (15 h 40) •
Et malheureusement, actuellement, c'est par
dogmes qu'on gouverne, du côté du gouvernement, et ça, ça me dérange énormément.
Et vous savez ce qu'est un dogme, M. le Président? J'ai quand même voulu sortir la définition parce que ça fait un an que nous sommes à regarder le gouvernement en place, et c'est ce qu'on voit, que ce soit pour le projet de loi n° 34 avec Hydro-Québec, que ce soit pour le projet
de loi n° 2 pour le cannabis, que ce soit pour le règlement du programme expérience Québec, qui a été un désastre, que ce soit pour le projet de loi n° 9 en immigration, pour le projet de loi n° 17 pour les taxis, bref, je pourrais
continuer ainsi assez longtemps, mais un dogme, c'est un principe imposé
comme une
certitude : Moi, je suis certain que ce que je fais, là, c'est uniquement
ça qui doit être fait. Est-ce
que je veux écouter l'autre côté? Non. Je suis certain, puis il n'y a rien qui va me
faire changer d'idée.
Honnêtement, il faut entendre les bons groupes, il faut être ouverts. Et
l'ouverture, actuellement, honnêtement, ce
qu'on a vécu dans les dernières semaines, on a vu que c'est assez difficile et
dans les différents échanges, mais aussi pour pouvoir faire entendre les bonnes
personnes auprès du gouvernement.
Bref, j'en aurais eu
encore pour de longues minutes. Je vais m'arrêter ici, mais comme parents — parce
que je vous parlais de mon Christophe, qui est entré à la maternelle il y a de
cela quelques années, qui est maintenant en secondaire II,
ma belle Elizabeth, elle, est en quatrième année — ce qu'on doit leur souhaiter, à nos enfants, c'est
une réussite scolaire, c'est une
réussite pour les élèves. On doit travailler pour les enfants, pas pour de
l'administratif, pas par dogme, comme vous le faites actuellement. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole à M. le
député de Rosemont.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Alors, à mon tour
d'intervenir sur le projet de loi
n° 40. Il y a
eu énormément de choses qui ont été dites dans le projet de loi n° 40, et je pense qu'on n'a pas fini d'en entendre
parler. C'est un projet de loi
qui prend une grosse, grosse, grosse bouchée puis qui arrive avec plus de questions
que de réponses.
En
fait, depuis le jour 1 du projet
de loi n° 40, même je dirais
depuis le jour 1 du gouvernement, les intentions du ministre de l'Éducation envers
les commissions scolaires, elles ne sont pas neuves et elles ont été
largement communiquées par le parti
qui forme maintenant le gouvernement. Les intentions me ramènent toujours
à ce bon vieux dicton qui dit que, quand
tu veux tuer ton chien, tu l'accuses d'avoir la rage. Alors, tout d'un coup,
les commissions scolaires sont devenues
objet de l'opprobre. Ce sont des institutions dépassées, vétustes, inefficaces, coûteuses,
poussiéreuses, presque honteuses, à entendre certains commentaires.
Certes,
M. le Président, les commissions
scolaires ne sont pas parfaites. De toute façon, qui ici pourrait prétendre l'être?
La perfection, il paraît, n'est pas de ce bas monde, M. le Président. Elles sont perfectibles et elles ont commis des erreurs. Je pense que
les commissions scolaires elles-mêmes, et les dirigeants, et les dirigeantes des commissions scolaires seraient les premiers à dire : Oui, nous
avons commis des erreurs. Mais, s'il faut qu'on commence à démanteler tous les
organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux parce qu'ils ont commis des
erreurs, je vous soumets bien humblement qu'il ne restera plus grand-chose à la
fin de la journée.
Oui, il y a eu des
erreurs. Il y a eu une forme de déconnexion aussi avec la population, mais il
n'y a jamais eu d'effort réel non plus, à commencer par les détracteurs des commissions
scolaires, pour essayer de reconnecter la population avec les commissions
scolaires. Pourtant, il y a
des solutions qui ont été mises de l'avant depuis longtemps,
notamment pour essayer d'augmenter le taux de participation famélique, il faut
le dire, là, taux de participation famélique
aux élections scolaires. On ne peut pas dire qu'il y a eu beaucoup
d'effort de sensibilisation qui a été fait auprès de la population pour convaincre cette population
d'aller voter et de s'intéresser à ça. Il
y avait des solutions, là, toutes
simples, là, un peu bébêtes même, comme par exemple de faire ça pendant les élections municipales ou de donner une
façon de voter par voie électronique. Il n'y a
pas de solution miracle, j'en conviens, M. le Président, mais il est
vrai qu'on n'a jamais vraiment mis le jus de cerveau là-dedans pour
essayer de trouver des solutions.
On
s'est convaincus, en quelque part, à force de le répéter, que les commissions scolaires, c'étaient des institutions dont il fallait se débarrasser, qu'elles étaient
coûteuses, qu'elles étaient poussiéreuses, qu'elles ne servaient pas la population.
Et c'est là qu'on va avoir un méchant
«wake-up call» le jour où on va les abolir, parce qu'on va se rendre compte,
finalement, puis je pense qu'on
le sait, on va se rendre compte que, finalement, toutes imparfaites
soient-elles, elles rendent de précieux
services à la population. Et, encore là, je reprends mon analogie de tout à l'heure, là, si une institution
publique, parce qu'elle n'est pas
parfaite, doit être démantelée, bien, par laquelle on commence? Il y en a
un sacré paquet, d'institutions publiques qui ne sont pas parfaites. Il y en a qu'on a démantelées,
il y en a qu'on a renippées, à qui on a redonné des moyens, puis parfois, même, ça
fonctionne et ça fonctionne bien. De tourner, de jeter l'éponge, tout simplement, puis dire : Bon, bien, ça, on a fait le tour, ça ne fonctionne
plus, puis, de toute façon, la population est de notre bord, les gens ne vont pas voter, ils ne sont pas attachés à
leurs commissions scolaires, c'est, je pense, assez court comme raisonnement
et ça ne respecte pas réellement ce qui se passe sur le terrain.
Parlons-en, de ce
qu'elles font sur le terrain. Elles ont, les commissions scolaires, des tâches
parfois triviales, mais ô combien
essentielles, et elles ont aussi un rôle essentiel dans la démocratie. J'y vais
rapidement sur les tâches parfois triviales
qu'elles... dont elles rendent service à la population.
Bien sûr, on a parlé
du transport scolaire. Ce n'est pas tellement vrai dans mon coin à Rosemont,
là, parce qu'il n'y a pas tant de bus jaunes, là. Mais, dès qu'on sort
un peu de la ville, évidemment, il y a du transport scolaire. Et, à bien y penser, il y a du transport scolaire
aussi dans Rosemont, parce
que mes petits voisins qui ont besoin
d'aller dans des écoles spécialisées,
quand c'est à huit kilomètres de chez eux, ils n'y vont pas à pied puis ils
sont trop petits pour y aller en métro
ou en autobus. Alors, oui, effectivement, il y a du transport personnalisé qui se fait, du
transport spécialisé qui se fait pour ces jeunes-là. Ça, c'est une des
choses, bien sûr, le transport scolaire, on en a parlé beaucoup.
Mais, depuis quelques années, M. le Président, à chaque rentrée, ça, je le vis sur le terrain, là, de façon
flagrante, sonnante et trébuchante à Rosemont,
mais je suis persuadé que je ne suis pas le seul ici, parmi les élus de l'Assemblée nationale, à vivre ce qu'on
vit de plus en plus à chaque rentrée, les pénuries de classe. On
manque de classes, on ne sait pas où mettre les élèves. Parfois, on manque de
classes et on manque de profs. Il faut que quelqu'un gère ça, il faut que
quelqu'un trouve les suppléantes, les remplaçants, il faut que quelqu'un trouve
les locaux, il faut que quelqu'un gère, éventuellement, l'arrivée des fameuses roulottes, là, les
fameuses classes modulaires. De plus
en plus, il y a
des locaux insalubres, quand ce n'est
pas toute l'école qui est insalubre, qu'il faut démolir, comme la petite école
de deux de mes enfants, à
300 mètres de chez moi, qui a été démolie. On a gardé la façade parce qu'elle est patrimoniale — on parlait de ça, justement, tout à
l'heure — mais
sinon l'école était bourrée de champignons, tellement qu'il y avait des
enseignantes et des élèves qui ont développé des pneumonies atypiques.
Il faut aussi que quelqu'un s'occupe de ça.
Il
y a des détails encore plus triviaux, je dirais, des intersections dangereuses.
Quand notre petite école Sainte-Bibiane
a été démolie, il a fallu envoyer les enfants dans une autre école. Puis là,
bien, évidemment, l'école n'est pas
juste l'autre côté de la rue, elle est 500, 600 mètres plus loin, et là
les enfants devaient traverser la très dangereuse intersection Saint-Michel et Rosemont. Qui,
pensez-vous, M. le Président, s'est occupé des relations avec la ville pour
faire changer les petits bonshommes pour
traverser la rue? Des choses triviales, hein, des choses pas très... ce n'est
pas «rocket science» ici, là, mais
c'est des choses qui sauvent la vie d'enfants. Parce que, croyez-moi, ce coin
de rue là, avec des petits bouts qui
traversent la rue, c'est très, très dangereux. Alors, c'est la commission
scolaire, c'est notre commissaire scolaire,
un gars qui s'appelle Jean-Denis Dufort — à ne pas confondre avec Jean-René
Dufort — un gars
qui travaille superfort, qui est conseiller indépendant. C'est lui qui a porté
nos dossiers, hein, le dossier monté, notamment, par ma femme, qui était
présidente de l'école, du comité d'école, puis qui a pris des mesures, puis qui
a parlé à la brigadière. Puis on a monté
tout un dossier pour dire à la ville de Montréal : Changez l'intersection,
changez les flèches de priorité, donnez plus de temps pour traverser,
puis, s'il vous plaît, pendant le premier mois, mettez donc de la police parce qu'il y a du monde qui pousse constamment même
dans le dos puis dans les jarrets de la brigadière qui essaie de faire passer les enfants. Ça, ça ne se fait pas par
miracle, là. Il y a du monde qui s'occupait de ça, dont mon ami Jean-Denis
Dufort. Jean-Denis Dufort, à chaque fois, je me tromperais, ce n'est pas
Jean-René, c'est Jean-Denis Dufort.
Il
y a toute la gestion aussi des classes modulaires dont j'ai parlé. Je ne les
compte plus, à Rosemont. Je pense qu'on
est rendu à plus de deux douzaines, et il y en aura d'autres parce
qu'évidemment, si les écoles sont démolies, si les classes sont
insalubres, si les locaux débordent, il faut trouver quand même des places pour
mettre les enfants. Les commissions
scolaires se sont virées de bord puis elles ont fait installer... Dans le cas
de Rosemont, c'est la commission scolaire
de Montréal, s'est virée très rapidement, a fait installer des classes
modulaires, les fameuses roulottes. Ce n'est pas l'idéal, là, mais c'est quand même mieux que d'être entassés dans
des classes à 40 ou l'hiver, au Québec, c'est quand même mieux d'être dans une classe modulaire que
d'être dehors, tout le monde l'aura compris. Alors, qui s'est occupé de
ça? Les commissions scolaires. Ça prenait de la gestion, il fallait aller
chercher les permis de la ville.
• (15 h 50) •
Puis
après ça, bien, il y a des gens autour de l'école qui ont dit :
Savez-vous, tant mieux si les enfants ont une classe, même si c'est modulable puis que ce n'est pas
l'idéal. Mais savez-vous quoi? Vos roulottes, là, c'est vraiment laid, c'est
vraiment laid, alors pourriez-vous, s'il
vous plaît, essayer d'aménager un peu, hein? Bien, c'est nono, hein, mais qui
c'est qui a mis un peu de peinture?
Qui c'est qui a mis des thuyas autour, des fleurs? Bien, les parents ont donné
un coup de main, mais c'est la commission scolaire. Dans ce cas-là,
c'est n'est pas mon ami Jean-Denis Dufort, c'est une autre commissaire scolaire qui a pris ça à bras-le-corps puis qui a dit : Bien oui,
c'est vrai que c'est pas mal laid, ces roulottes-là. En plus, il
y a des enfants qui vivent là, qui
passent toute leur journée là, on va essayer de rendre ça un peu plus... Alors,
moi, j'ai de la misère à croire, là, qu'un
centre de services qui n'a aucun lien direct avec la population,
des gens qui ne sont pas redevables,
qui reçoivent des ordres directement du ministre
de l'Éducation ou du ministère de l'Éducation par commandes,
j'ai de la misère à croire que ces gens-là, dans le centre de services, si bien
intentionnés soient-ils, auront cette délicatesse et surtout cette
connexion avec le milieu.
Jean-Denis
Dufort, il n'ira pas travailler au centre de services. Il a été élu comme
conseiller, comme commissaire scolaire,
là, à, je pense, 12 000 $
par année. On ne pourra pas dire qu'il fait ça pour l'argent. Il se démène
comme un bon, puis il représente les
gens qui l'ont élu. Oui, peut-être qu'il y a juste 5 % du monde qui l'ont
élu, mais ce n'est quand même pas de
sa faute à lui, et lui, il ne travaille pas à 5 %, je vous en passe un
papier, M. le Président, il travaille très, très fort. Et je suis persuadé que les commissaires scolaires à
travers le Québec font ça parce qu'ils se battent aussi contre l'apathie,
mais ils se battent aussi pour avoir des
milieux d'études et des milieux de travail qui sont sains dans le domaine de
l'éducation.
Je
vous disais tout à l'heure que les commandes viendront directement, puis ça va
passer par un centre de services désincarné,
qui n'est pas en connexion avec le milieu, qui n'est pas en connexion avec le
milieu. Prenez, par exemple, le
fameux taux de défavorisation. Ça, vous le savez, M. le Président, c'est une
formule mathématique assez imparfaite aussi,
là, puisqu'on parle d'imperfection, qui mériterait vraiment d'être revue, là,
sur des bases sociodémos discutables, et
on arrive, à la fin, à une formule qui dit que, par exemple, chez nous, dans
Rosemont, bien, on est de plus en plus riches. Il y a eu, évidemment, de l'embourgeoisement, les maisons valent plus
cher. On calcule aussi le taux de diplomation scolaire postsecondaire de la mère. C'est un cocktail de
données qui sont mises ensemble pour arriver à ce qu'on appelle, à la fin,
l'indice de défavorisation. Bon, ça pourrait
être revu, ça permet quand même d'avoir une certaine idée du milieu dans
lequel on est. Je vous donne l'exemple, dans
Rosemont, ça a de l'air qu'on est de plus en plus riches. Bien, je vais vous
dire une affaire, M. le Président, oui, peut-être qu'il y a des gens un
peu plus aisés et que la moyenne, en général, de la centaine de milliers de personnes qui vivent dans
Rosemont, oui, la moyenne monte un peu, mais les plus pauvres ne sont
pas moins pauvres. Les enfants défavorisés qui ont besoin d'aide n'ont pas
moins besoin d'aide.
Qu'est-ce que ça fait, le
fameux indice de défavorisation? Si on est décotés, donc si on est plus
favorisés, prenons-le comme ça, ça permet de
mettre plus d'élèves dans une classe, plus d'élèves dans une classe. Bien, vous
me direz que c'est une façon de régler la pénurie de locaux. Si vous mettez
plus d'élèves dans une classe, vous avez besoin de moins de locaux. Mais ça ne peut pas toujours fonctionner comme ça,
de façon bêtement mathématique. Je vous donne un exemple : l'école Jean-De Brébeuf, sur la rue Dandurand, il y a
des profs qui m'ont dit, là, il y a quelques jours à peine, ils avaient
18 élèves l'an dernier, cette année ils en ont 26. 18 à 26, ça fait une
sacrée différence, quand même.
Ça, cette
donnée-là, elle vient du ministère, elle s'en va directement en bas. S'il n'y a
pas de filtre, là, c'est-à-dire de commissaire scolaire puis de commission
scolaire pour sonner l'alarme en disant : Votre calcul, il n'a pas de bon
sens, il doit être revu parce que,
dans les faits, ce que ça donne, là, c'est qu'il y a des profs qui avaient
18 élèves l'an dernier qui se
retrouvent avec 26... Ce n'est pas vrai que, tout d'un coup, les 26 élèves de
cette classe-là, c'est tous des génies puis
des bolles, là, puis c'est tous des enfants qui mangent à leur faim, puis que
tout va bien, là. Non, il y a encore une proportion aussi élevée que l'année scolaire précédente d'élèves qui ont
besoin d'aide, sauf qu'on a dit : Bien, écoute, l'indice de
défavorisation dit ça, donc ce sera ça, on passe de 18 à 26.
Là, encore,
là, mon ami Jean-Denis Dufort, là, il prend son bâton de pèlerin, là, puis il
va cogner à la commission scolaire,
puis la commission scolaire fait des représentations en disant : Bien, ça
n'a pas de bon sens, votre affaire. Alors, encore là, moi, je vous pose la question, là : Si on enlève cette
couche démocratique, là, le lien entre... Parce que, tu sais, moi, là, quand je marche sur la rue Masson, quand
je fais mon épicerie dans Rosemont, là, tout le monde me connaît, tout le monde vient me parler, là. Bien, Jean-Denis
Dufort aussi, tout le monde le connaît, ça fait des années qu'il est
commissaire scolaire. Qu'est-ce que
vous pensez que les gens vont lui dire quand il va faire son épicerie? Il
manque une prof là, les classes
débordent ici, notre école est insalubre, il faut qu'on change le petit
bonhomme pour traverser la rue parce que les enfants n'ont pas le temps de traverser la rue, à moins qu'ils se
fassent frapper par une van. Bien, oui, mais vers qui les parents vont
se retourner quand il n'y aura plus de commissaire scolaire? C'est bête de
même.
On peut bien
faire une grosse, grosse superstructure, là, puis changer le nom de la
commission scolaire par centre de
services, puis qu'il n'y aura plus personne d'élu là-dedans. De un, on
déconnecte encore davantage le milieu de l'école, puis, de deux, bien, les gens qui seront dans le
centre de services ne seront pas investis comme les commissaires scolaires
peuvent l'être. De toute évidence, ça va de
soi. Ça va de soi, M. le Président, parce qu'ils n'auront pas besoin de se
faire élire. Alors, on va être encore plus détaché du milieu.
Et je posais la question : Où vous pensez
qu'ils vont aller, les gens, quand ils n'auront plus leur commissaire scolaire pour aller le voir pour lui dire :
Regarde, on a des problèmes, on se mobilise, on essaie d'améliorer notre milieu
de vie, on aimerait ça faire une équipe à l'école puis utiliser le
gymnase avec les parents, faire une émulation, faire quelque chose? Vous savez, comme dit Boucar Diouf, là, il y a toujours,
là, les palabres en dessous de l'arbre du village, là. Bien, le baobab de
Boucar Diouf, dans nos communautés, c'est l'école, c'est devenu l'école. C'est
là que les parents se rencontrent,
c'est là que les grands-parents se rencontrent, c'est là où tout le monde se
rencontre, à l'école. Le matin puis le
soir, quand on va déposer et chercher les élèves, c'est là qu'on se rencontre.
Mais ça prend un lien aussi qui nous écoute.
Alors, moi,
je vous le dis, puis vous le savez, là, puis ça a peut-être déjà commencé, les
parents qui ne sont pas contents, là.
Ils vont venir dans nos bureaux. Ils vont venir dans nos bureaux. Ça a déjà
commencé d'ailleurs, puis on est là pour
ça, là, puis on va les recevoir. On les reçoit déjà, parce que mon ami
Jean-Denis Dufort, il est débordé puis, des fois, il n'en peut plus. L'automne dernier, à la
rentrée, au mois d'août, fin du mois d'août, j'ai eu une discussion, justement,
avec M. Dufort. Il était rendu à 60 cas, 60 cas. 60 cas qu'il avait
pris à bras-le-corps, là, des vrais cas d'élèves qui n'avaient soit pas de prof, soit pas d'école, soit qu'il y en a deux de
la fratrie qui sont dans une école, il y en a un autre qui est dans une autre école. J'ai rencontré une dame,
récemment, qui a trois enfants, ils sont dans trois écoles différentes dans
l'est de Rosemont, puis ces trois écoles-là
vont fermer au cours des prochaines années ou seront rénovées. Bref, elle en a
pour des années et des années de primaire de
ses enfants, cette dame-là, à essayer de trouver un environnement sain avec
un peu de constance pour ses enfants.
Alors, les
60 cas qui sont allés cogner, là, à la porte du commissaire scolaire de
Rosemont, de l'est de Rosemont, l'automne
dernier, là, bien, l'an prochain, il n'y en aura pas moins, il n'y a pas de
raison qu'il y en ait moins, mais ils vont venir cogner à la porte de mon bureau. Puis, O.K., on est là pour ça, on
va se retrousser les manches, puis on va travailler, puis on va leur trouver des solutions. Mais, bien
humblement, moi, en ce moment, je n'ai pas le réseau que les commissaires
scolaires ont. Mes attachés, si bons
soient-ils et dévoués soient-ils, n'ont pas cette connaissance du réseau. Aïe!
La première fois qu'un de mes
attachés va appeler une direction d'école pour dire : Aïe! Il y a un
problème, il faudrait faire ci puis ça, je ne suis pas sûr que ça va se passer
aussi bien que ça peut se passer quand c'est un élu, commissaire scolaire, qui
appelle, qui est dans ce domaine-là.
Tout ça pour
dire, M. le Président, qu'il n'y a pas de magie là-dedans. On peut bien, là,
abolir le nom «commissaire scolaire»,
puis abolir les élections scolaires, puis abolir les commissaires scolaires,
puis donner ça à un centre de services centralisé qui va éloigner encore
davantage les décisions qui se prennent sur le terrain et qui va éloigner
surtout la communauté des décisions qui se
prennent, parce qu'un centre de services, là, ça n'a pas vraiment de nom. Ça ne
se rencontre pas à l'épicerie, un
centre de services. Personne ne va savoir qui aller voir quand on aura des
problèmes. Puis, savez-vous, des problèmes, dans le domaine de
l'éducation publique au Québec, on en a 13 à la douzaine.
Alors, je
comprends que le gouvernement a fait comme une fixation qu'il fallait
absolument abolir les commissions scolaires,
mais on n'abolira pas les problèmes dont les commissions scolaires
s'occupaient. Je ne vois pas en quoi ça va favoriser l'éducation dans le domaine public et je ne vois pas en quoi
les Québécois et les Québécoises, surtout les parents qui ont des enfants à l'école publique au Québec,
seront mieux servis. Je ne vois vraiment pas en quoi ça va améliorer les
choses, et c'est assez désolant.
• (16 heures) •
Tout
ce que je souhaite, M. le Président, tout ce que je souhaite, parce qu'il y a
eu énormément de questions qui ont
surgi depuis qu'on a commencé à parler de ce projet de loi là — ça a ça de bon, ça a sonné des cloches, ça a
sonné l'alarme — je souhaite minimalement qu'on n'adopte pas
dans la précipitation ce projet de loi. J'espère, minimalement, qu'on
donnera la chance au débat parce qu'on parle ici de l'avenir du système
scolaire public. On parle ici aussi de démocratie.
Et on aura un autre problème aussi à régler éventuellement, à savoir qu'on
garde des élections scolaires pour les
anglophones et qu'on l'abolit pour les francophones. Ça, c'est une première. Ça
cause minimalement un petit problème philosophique,
mais je pense que ça cause un problème politique aussi. Alors, j'espère au
moins qu'on aura le temps d'aller faire le débat dans le fond, parce
qu'à la fin il ne s'agit pas simplement d'un changement de structure, de passer
de commissions scolaires à centres de
services, il s'agit de beaucoup plus profond que ça. Je parle évidemment de
l'avenir, de la pérennité de notre système d'éducation publique. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Rosemont. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. le Président. Moi également,
comme le député de Rosemont, j'ai énormément de parents qui viennent dans mon bureau. C'est probablement l'enjeu le
plus important, et le plus difficile également, souvent, à régler, justement.
Parce que, chez moi, dans Marquette, les immigrants nous choisissent beaucoup.
On veut aller à l'école, on veut
rentrer rapidement à l'école. Puis souvent ces enfants-là ont de la difficulté
à se trouver un endroit. Avec l'aide,
justement, des commissions scolaires... Et je tiens, justement, à souligner...
Mme Marie-Josée Boivin, qui est une commissaire scolaire exceptionnelle, où nous avons à plusieurs reprises
et même très souvent, là, des communications parce que, justement, on doit s'aider dans certains dossiers. Et elle a
été vraiment à l'écoute. Et aujourd'hui, ce qui est dommage, c'est
qu'elle a besoin de mon écoute. Elle vient dans mon bureau parce que,
justement, elle tente de faire comprendre au gouvernement caquiste que les
commissions scolaires sont importantes.
C'est
démocratique, malgré ce que le premier ministre peut en penser, avec seulement
5 %... parce qu'il y a 5 % de participation, ce n'est pas
démocratique. Au contraire, M. le Président. Moi, je pense que, justement, si
quelqu'un se lève puis décide, parce que tu as un pouvoir de liberté, d'aller
voter, bien, c'est démocratique, c'est démocratique. Non seulement c'est démocratique, mais ça permet de percevoir une taxe
scolaire. Selon la loi, ça permet de, justement, percevoir une taxe
scolaire.
Là, ce que je ne comprends pas, puis là moi, je
ne suis pas un avocat, M. le Président, mais on va devoir me l'expliquer, selon la loi, tu dois être un élu
pour percevoir des taxes scolaires, et là on va continuer, vous allez continuer,
les collègues ici vont continuer à percevoir
une taxe scolaire, mais il n'y a plus de commission scolaire. Alors là,
celle-là, je ne la comprends pas. On va devoir me l'expliquer.
Ceci dit, M.
le Président, plusieurs enjeux sur le projet de loi n° 40 modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires,
plusieurs enjeux. C'est un projet de loi qui n'apporte rien à la réussite éducative des élèves. Et je dis
ça d'entrée de jeu, M. le Président, parce que, si je me fie, justement...
Puis c'est ça, la beauté, ici, du salon bleu, et de l'Assemblée
nationale : tout ce qu'on dit, ça reste écrit. C'est formidable. C'est formidable parce qu'on peut retourner en
arrière et voir ce qui a été dit, notamment du premier ministre. Et je vais
justement vous en faire lecture, de quelques
passages de son discours d'ouverture de la première session de la
42e législature, où on parle, justement, de l'éducation, qui était,
soit dit en passant, la priorité numéro un, la priorité numéro un.
Et là je cite le premier ministre : «Le
nouveau gouvernement va être le gouvernement des Québécois, votre gouvernement. Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement? Ça veut dire que le gouvernement doit avoir constamment en tête qu'il travaille pour le monde.» Pas pour la
majorité, M. le Président, le gouvernement travaille pour tout le monde. Ce
n'est pas ce que j'ai vu depuis le début de
cette législature-là. On travaille pour la majorité, pour des sondages, mais on
ne travaille pas pour tout le monde. Cependant, M. le premier ministre a
dit qu'il voulait travailler pour tout le monde.
«En
éducation, ce sont les élèves qui doivent être au centre de notre action.» Au
centre de notre action. Il l'a dit rapidement,
là, il l'a dit peut-être après une page et demie. Il a déjà commencé à parler
d'éducation. En quoi le p.l. n° 40, M. le Président, met les élèves au
coeur de ses actions, en quoi?
On va
continuer, M. le Président : «Les
grandes priorités du gouvernement sont claires : l'éducation, l'économie
et la santé.» L'éducation en premier, là, l'éducation en premier.
«La première
grande priorité que je veux aborder, c'est l'éducation — encore une fois. Pour la première fois
depuis les années 60, l'avenir
de nos enfants va être l'ambition première d'un gouvernement. Notre grande
ambition...» pardon, «d'un gouvernement».
«Je suis convaincu que, tous partis confondus, on
peut partager cette noble ambition.» On la partage, M. le Président, ne soyez pas inquiet, on la partage. Évidemment, on va avoir des débats
sur les moyens à prendre. Mais je vous invite à ne pas perdre l'objectif de vue. L'objectif ici, M.
le Président, c'est les services aux
élèves. Le p.l. n° 40, «niet», comme on dit en Russie. La FAE est dans la rue présentement. On est supposé
être à l'écoute, le gouvernement caquiste a dit qu'il était à l'écoute de son monde. Vu qu'il est à
l'écoute de son monde, pourquoi que le premier
ministre, il n'est pas justement dans la rue avec la FAE pour leur
parler, pour les écouter? Pourquoi qu'il n'était pas là avec les étudiants du
PEQ?
«L'éducation,
c'est l'avenir de la nation québécoise. C'est par l'éducation que le Québec a
réussi à rattraper son retard, dans
les années 60. C'est encore par l'éducation qu'on va réussir à relever les
défis qui nous attendent.» Aujourd'hui, force est de constater, M. le Président, que le gouvernement caquiste a
perdu de vue son objectif. Ce n'est pas moi qui le dis, là, je le cite
puis je lui donne les faits, tout simplement.
On va continuer. Et je cite toujours
le premier ministre : «Par ailleurs, pour les enseignants qui sont aux
prises avec un nombre important
d'élèves en difficulté, ça va être un soulagement. Plus on va s'occuper tôt des
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, plus les progrès vont
se faire sentir rapidement. Pour les parents aussi, ça va être un soulagement.»
M. le Président, un an plus tard, les besoins sont les mêmes pour les
enseignants qui ont des élèves en difficulté, puis il n'y a pas eu d'aide
encore, on attend toujours.
Je
vais continuer, M. le Président : «Votre gouvernement a l'ambition
d'offrir à chaque enfant la possibilité d'aller au bout de son potentiel. Ce défi, on va le relever avec les
enseignants. D'abord, en leur offrant la stabilité du financement, dont je parlais un peu plus tôt. Ensuite, en les
entourant de professionnels qui vont pouvoir les soutenir. Puis, en valorisant
la profession d'enseignant, qui devrait être parmi les plus prestigieuses de
notre société. On va aller de l'avant avec notre
engagement de mieux payer les enseignants en début de carrière.» M. le
Président, les profs sont dans la rue en ce moment, je vous l'ai mentionné, là, ils sont dans la rue en ce moment,
là, ils manifestent parce que ça n'a plus de bon sens. Il faut les écouter, M. le Président, puis ce n'est
pas en abolissant, justement, les commissions scolaires qu'on va y arriver.
Il
disait que l'éducation était pour être la plus grande priorité de ce
gouvernement, de son gouvernement, le premier ministre. Depuis leur arrivée au pouvoir, M. le Président, c'est qu'on
tente justement de réduire les contre-pouvoirs, on tente également, justement, de centraliser le tout.
Mais, depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, là, le dépôt du projet de loi n° 3 sur les taxes scolaires, le dépôt du projet de loi n° 5, maternelles quatre ans — puis je veux juste mentionner qu'il n'y a
absolument personne qui a demandé ça, la plupart étaient contre ça — le
dépôt du projet de loi n° 12, frais chargés aux parents, le dépôt du projet de loi n° 40, qu'on parle ici, l'abolition des commissions scolaires, il n'y a
rien, M. le Président, rien dans les quatre projets qu'on vient répondre
aux besoins de l'élève, absolument rien. Alors que, dans le discours inaugural du premier ministre, on parlait de
l'éducation, on parlait des services, on voulait aider, on voulait faciliter,
on voulait valoriser le professeur,
absolument rien dans tous les projets de loi qui ont rapport avec l'éducation,
il n'y a rien là-dedans qui vienne servir les élèves, aucun service aux élèves.
La maternelle quatre ans, peut-être, mais personne n'en voulait, M. le
Président, personne n'en voulait. On n'écoute tout simplement pas la
population.
• (16 h 10) •
Et,
si je regarde justement ce qui a été fait avec les enjeux, c'est un projet de
loi qui vise un changement de structure majeur, puis il y a plusieurs articles ici qui viennent, là, vraiment,
là, à l'encontre de la loi. La
centralisation des pouvoirs du ministre, là, ça va à l'encontre de
l'article 16, 102, 103, 108, 110, 113, 132, 134, 136, 137. Liberté... La
disparition d'un palier de démocratie
pour les francophones, je vous en ai parlé tantôt. Même s'il y a juste
5 %, je veux dire, c'est quand même démocratique. C'est important
de le garder.
Il
y a un autre élément, cependant, qui m'a un peu surpris. Je suis une personne
qui était quand même capable de bien
calculer, là, j'étais bon en maths, M. le Président. Je regarde les positions
des groupes qui étaient favorables, il y a eu 39 groupes entendus en consultation, il y en a une panoplie, là,
qui sont défavorables, justement, au projet de loi n° 40.
Puis ça, ce n'est pas nouveau, là. Moi, j'ai
fait partie du projet de loi n° 2, M. le Président, puis la majorité était contre.
J'ai l'honneur et le privilège de siéger sur
la commission sur le p.l. n° 34, M. le Président, et d'écouter notre ministre
de l'Énergie, qui est fabuleux, soit
dit en passant. C'est toujours un plaisir de l'entendre et de l'écouter. C'est
formidable, mais la majorité... pas
la majorité, l'entièreté était contre. Alors qu'on dit toujours, du côté
gouvernemental, caquiste, qu'on écoute la population, on n'écoute pas la
population, M. le Président.
Et
là je regarde les groupes qui étaient favorables, il y en a huit, huit sur 39.
Huit sur 39, M. le Président. Je veux dire, M. le ministre, qui a été
dans le monde de l'éducation, est capable de faire, justement... calculer un
pourcentage. Huit sur 39, c'est 20 %.
20 %, M. le Président. Dans mon temps, on coulait, à 20 %. Dans votre
temps, vous êtes un peu plus vieux,
c'était peut-être 75 %, la note de passage, c'était plus difficile, mais,
dans notre temps, c'était 60 %. Mais ce n'est pas grave que M. le ministre ait 20 % parce qu'il peut se
référer à l'article 34 de son projet de loi. On va être capable de gonfler sa note jusqu'à 60 %, il n'y a pas
de problème avec ça. Ce qu'il stipule dans l'article 34, les directeurs
vont pouvoir changer les notes, s'ils le veulent bien.
Je
vais continuer, M. le Président. Quand je vous parle, là, des enjeux puis quand
je vous parle des priorités puis ce
qui est important, là, vraiment, là, on va cibler les commissions scolaires.
Mais moi, ici, M. le Président, là, j'ai une pile dans les mains, là, puis ça, c'est des offres d'emploi qui sont
affichées par les commissions scolaires. Puis ça, ce n'est pas toutes, là, pas toutes les offres d'emploi. Ça
n'en est qu'une partie. Ça n'en est qu'une partie. Là, si le gouvernement
veut que je les dépose, je vais les déposer,
mais qu'on me donne le temps de faire une copie, parce que c'est ma seule
copie, M. le Président, là. C'est là qu'il faut mettre l'emphase. On peut bien
donner des subventions, on peut bien injecter de l'argent, mais en même temps,
si on n'est pas capable de remplir les postes... Ce n'est pas une farce, là, M. le ministre, là, ce n'est pas une farce, là. Il
y en a un puis un autre, que ce soient des psychologues, que ce soient des
professeurs, des enseignants, que ce soient
des techniciens ou techniciennes en éducation spécialisée, éducatrices, enseignants au primaire, enseignants au préscolaire,
enseignants en accueil, intégration linguistique. C'est là qu'il faut mettre
l'emphase, M. le Président. C'est là qu'il faut mettre l'emphase. Ce n'est pas
d'éliminer les commissions scolaires.
Je comprends que les commissions scolaires ne sont
pas parfaites, là. Ça, je comprends ça. Il n'y a rien de parfait, M. le
Président. Il n'y a absolument rien de parfait. C'est la même chose avec la
Régie de l'énergie, M. le Président. C'est la même chose que la Régie de l'énergie, c'est un... On veut éliminer le
contre-pouvoir. Il faut l'ajuster, peut-être. C'est la même chose avec les commissions scolaires. Il y a
des choses qu'on doit améliorer, j'en conviens. Puis il y en a qui ont du mauvais jugement dans les commissions
scolaires. On va le donner, ça, il y en a qui ne savent pas dépenser. Il y en
a qui ne pensent pas à l'argent qu'ils ont
sous la main, que c'est l'argent des contribuables, puis qui se paient des
partys. Je vais vous le donner, M. le
Président. Mais ce n'est pas parce qu'il y a quelques écervelés dans le monde
des commissions scolaires qu'elles sont toutes mauvaises. Ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne.
Puis je fais un parallèle, là, puis je
reste dans le sujet, mais je fais un parallèle avec, justement, la Régie de
l'énergie. C'est exactement la même
chose, mais je reste dans le sujet pour expliquer aux gens ce que je veux dire.
C'est vrai qu'on a peut-être besoin
de revoir le mécanisme puis comment on fait les choses. Ça, je comprends ça,
mais en même temps c'est vrai qu'il y a 1 500 questions, puis
huit mois pour des tarifs, c'est... mais il faudrait peut-être revoir la Régie
de l'énergie. Puis c'est la même chose avec
les commissions scolaires. On devrait peut-être revoir le fonctionnement des commissions
scolaires, resserrer un peu plus les commissions scolaires, ne pas les éliminer
puis donner ça à des parents. Puis non seulement ça, mais de prendre le pouvoir
par le ministre... Le ministre veut décider lui-même. Le ministre veut... il veut tous les pouvoirs.
Puis, moi, c'est ça qui me dérange, M. le Président.
Il
ne me reste pas beaucoup de temps. Je vais aller un petit peu dans ma circonscription de Marquette. Quand on parle, justement, des commissions scolaires, Marguerite-Bourgeoys, justement, des points de ma commissaire que j'aime beaucoup,
Marie-Josée Boivin, qui dit, au niveau de la taxation, j'en ai parlé un peu
plus tôt : Pas d'élu, mais toujours des taxes scolaires. Puis là on comprend que les commissions scolaires ne font pas de l'argent, là. Ils ne font pas
bien, bien d'argent, là. Ils sont là
par vocation, parce qu'ils aiment l'éducation, ils veulent améliorer les
choses, ils veulent... Souvent, c'est
des retraités qui sont là, qui donnent de leur temps. Bien, M. le Président, ils ne se paient pas un voyage à Hawaii avec leur salaire, là, ce n'est pas vrai, là. Ils sont là, puis c'est du
temps, puis ils prennent énormément ça à coeur. C'est deux poids, deux
mesures, les anglophones versus les francophones. Les citoyens en général
n'auront pas le droit.
Perdre
représentation territoriale pour poser des enjeux plutôt locaux. Exemple,
le parent se nomme huit représentants,
citoyens payeurs de taxes, aucun mot à dire,
juste parents actuels. Perte de réflexion sur une longue période de temps.
Un parent visite le personnel, ça, ça
devient... ça va devenir ingouvernable, M. le Président. Manque de
représentativité par le système de
nomination. Puis les adultes en formation, aucunement représentés. Quand je
parle justement d'aucunement
représentés, je parle de centres de formation professionnelle, centres
d'éducation aux adultes, services aux entreprises. On n'a pas pensé à
ces gens-là.
Ça,
c'est des mots, c'est une analyse d'une personne qui est vraiment dans le
milieu, puis ce n'est pas une personne qui
travaille dans un bureau à Québec, qui décide que c'est mieux pour... Non,
c'est qu'elle sait qu'est-ce qui est mieux pour notre système scolaire.
C'est des gens qui sont sur le terrain qui nous font ces commentaires-là.
Puis je vais aller,
M. le Président, si vous me permettez... Moi, je suis l'heureux parrain, M. le
Président, de Chaudière-Appalaches. Parce
que, justement... — oui,
c'est chez vous, M. le Président — parce que c'est orphelin du côté
libéral, et je suis le fier parrain. Et vous savez que, dans Chaudière-Appalaches,
je ne vous apprends pas, on a huit comtés.
C'est quand même un grand, grand comté. Et je vais vous lire un peu ce qui
vient de chez vous — mais
vous devez sûrement le savoir, c'est
sûr que vous le savez : «Depuis son élection, le gouvernement [du premier
ministre] avait donné de l'espoir au
milieu de l'éducation. Pour une fois, l'éducation semblait être la priorité des
priorités — ça, ça
vient d'un journal de chez vous, ça, M. le Président, le Courrier Frontenac,
puis j'espère que vous prenez de la publicité pour les aider ces temps-ci, ce n'est pas toujours
facile en ce moment. Force est de constater que les besoins du milieu ne sont
pas entendus. Le ministre [de l'Éducation]
semble préférer faire la sourde oreille et accomplir des promesses
difficilement applicables dans le
contexte actuel plutôt que d'écouter son réseau. [...]Les élus des commissions
scolaires des Appalaches, de la
Beauce-Etchemin et de la Côte-du-Sud sont des personnes engagées envers la
réussite et la persévérance scolaires des
élèves. Comme élus, notre responsabilité est de faire le lien entre [les
communautés] et l'école, entre l'école et [les conseils] des commissaires. En tant que présidents [des commissions
scolaires], nous faisons avancer les dossiers avec les municipalités, les gens d'affaires, les organismes
communautaires, tout cela au bénéfice de nos élèves — ça revient toujours aux élèves, M. le Président. Est-ce que [les] parents
bénévoles, malgré toute la volonté et l'engagement nécessaires, pourront en
faire autant?» Ça, c'est une question qui est primordiale, puis je pense que
c'est une question qui est importante.
Mais,
moi, la question que je me pose — j'aimerais ça être un petit oiseau,
j'aimerais ça être un petit oiseau, je vous
ai dit qu'il y avait sept comtés tantôt : Le député de Beauce-Nord,
comment il voit ça, chez eux? Puis il est conscient, là, de ce qu'on dit. Le député de Beauce-Sud? La
députée de Bellechasse? Vous, M. le Président, le député de
Chutes-de-la-Chaudière? La députée de Côte-du-Sud? Le président de l'Assemblée
nationale, le député de Lévis? La députée de
Lotbinière-Frontenac? Qu'est-ce qu'ils disent? Est-ce que, justement, les
députés se mobilisent pour aller voir, justement,
le ministre de l'Éducation et dire : Je comprends, là, mais connaissez-vous les enjeux? C'est la
responsabilité, justement, des députés. Parce que, s'ils viennent chez
moi, s'ils vont dans les bureaux de comté de mes collègues, ici, du Parti
libéral, et même de la deuxième et de
la troisième opposition, j'imagine qu'ils vont dans vos bureaux puis qu'ils
vous en parlent. Alors, moi, je pense que c'est important, un, de relayer l'information,
de relayer l'information au ministre de l'Éducation.
Et,
en terminant, M. le Président, on centralise, on élimine les contre-pouvoirs,
puis ça, M. le Président, là, ce n'est pas de la démocratie, puis
ça, ça me fait peur, M. le Président. Merci beaucoup.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Marquette. Nous poursuivons avec M.
le député de Jonquière.
M.
Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci.
Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir de prendre la parole
sur l'adoption de principe du projet de loi n° 40,
la loi qui modifie principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
C'est un
projet de loi important qui a été déposé par ce gouvernement qui en a fait un
engagement clair. D'ailleurs, juste
là-dessus, on pourrait parler longtemps parce qu'à l'époque de l'Action
démocratique du Québec c'était carrément l'abolition des commissions scolaires.
À l'époque de la CAQ, après ça, en deuxième opposition, ça a été repris
également.
Alors
là, on sent qu'il y a une forme de glissement d'une abolition pure et simple
des commissions scolaires à un changement
de nom pour appeler ça centres de services, avec quand même des modifications,
qu'on va voir tout à l'heure. Mais ce
que je veux dire, c'est que ce parti, et l'ancêtre de ce parti qui forme
aujourd'hui le gouvernement, a quand même roulé longtemps sur des
propositions d'abolition pure et simple des commissions scolaires.
Et je sais
qu'un certain nombre de députés membres de ce gouvernement étaient aussi
députés de l'ADQ, dont vous-même, M.
le Président, et que cet engagement d'abolir les commissions scolaires a
percolé de ces racines adéquistes jusqu'à
la réalité caquiste d'aujourd'hui. Il reste quelques députés qui ont passé à
travers ce filtre, dont vous-même, dont le député de Drummond—Bois-Francs, qui a eu un intermède, à un moment
donné, mais qui est revenu, le député de La Peltrie, le député de
Granby, le... bon, certainement d'autres, là, dont j'oublie, là, parce que je
ne les vois pas nécessairement, mais qui ont passé ce filtre, M. le Président.
Je me souviens
même d'une motion de confiance, et vous y étiez, M. le Président, automne 2008,
sur l'abolition des commissions
scolaires, proposée par Mario Dumont, qui était le chef de l'opposition à
l'époque. Alors, ça a été un coup d'épée dans l'eau, en bout de ligne,
mais on ne fera pas d'histoire là-dessus.
Mais tout ça
pour dire que la question de la démocratie scolaire et, plus globalement, des
commissions scolaires a beaucoup
servi à différentes formations politiques, notamment le gouvernement actuel, pour
aller vers les gens et aller chercher
des appuis populaires, parce que c'est vrai qu'il y a eu des manchettes pas
toujours intéressantes concernant les commissions
scolaires. Je pourrais parler de la commission scolaire des Rives-du-Saguenay,
chez moi, qui a une saga avec la succession de direction générale, ce
qui est déplorable.
Mais, ceci
étant dit, au-delà des manchettes, il faut quand même aller un peu plus loin
sur la question réelle du pouvoir des
commissions scolaires, du rôle des commissions scolaires, ce qu'elles font, ce
à quoi elles servent, et surtout sur le principe de la décentralisation,
parce que ce projet de loi n° 40 parle quand même de
l'organisation et de la gouvernance scolaires.
Je dois vous dire que je suis assez heureux,
assez satisfait de voir au moins que le ministre n'a pas inscrit «décentralisation» dans le titre, parce que, là,
ça aurait été pas mal le bout, parce qu'on n'est pas dans de la
décentralisation, même si le ministre
parle beaucoup de décentralisation. Ce n'est pas un projet de loi qui fait de
la réelle décentralisation, M. le
Président. Au contraire, c'est un projet de loi qui, sous couvert de
décentralisation, fait plutôt de la centralisation.
Et on a l'habitude d'en mettre beaucoup
sur le dos de la décentralisation. On dit : Ah! il faut décentraliser, il
faut donner plus de... par exemple, transférer des emplois de la fonction
publique dans les régions, et là ça, ça sera de la décentralisation; il faut donner plus de ressources aux municipalités,
puis ça sera de la décentralisation; il faut donner plus de pouvoir à des
centres de services comme, soi-disant, le prévoit le projet de loi n° 40, ça sera de la décentralisation. Mais ce n'est pas si simple que ça, M. le Président. Puis je vais vouloir qu'on en parle, également, dans les minutes
qui me sont accordées pour ce projet
de loi. Donc, premier enjeu que je
vais vouloir aborder, c'est cette question : centralisation,
décentralisation.
Deuxième enjeu qui m'apparaît important, c'est
celui sur la réussite. Normalement, en tout cas en ce qui me concerne, dès qu'on se lève ici, à l'Assemblée nationale, dès qu'on prend la parole, que ce soit ici, au
salon bleu, ou que ce soit en commission
parlementaire, et qu'on parle d'éducation, la seule chose qui devrait nous préoccuper, comme parlementaires, en tout cas, moi, c'est ce qui
me guide, c'est la réussite de nos élèves, c'est la réussite de nos élèves. Et malheureusement ce que je constate dans ce projet
de loi n° 40, c'est qu'il n'y a rien sur la réussite de nos élèves,
sur la réelle réussite de nos élèves.
Et au Québec, pourtant, on a développé des modèles, puis j'en suis
particulièrement fier.
Vous
connaissez mon côté chauvin, M. le Président, j'aime bien parler de ma région,
puis de nos succès, et de nos réussites, c'est le cas de le dire. Et,
grâce à une mobilisation qui date des années 80, avec, justement, le cégep
de Jonquière et un groupe de recherche qui
s'appelle ECOBES, nous avons développé des stratégies pour soutenir la réussite
scolaire, ce qu'on a appelé la persévérance scolaire, parce qu'on avait
vraiment un enjeu important à cet égard au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Ça fait qu'il y a
eu une mobilisation autour du cégep de Jonquière.
Et ECOBES, le
groupe de recherche ECOBES, qui était composé de sociologues venant du cégep de
Jonquière... J'en ai encore vu un, hier, qui était présent à une petite annonce
que j'ai faite dans ma circonscription puis qui était venu pour me saluer et
m'appuyer. C'est Michel Perron, qui est un des fondateurs... bien, pas un, c'est
le fondateur, avec son épouse,
Suzanne Veillette, du groupe ECOBES. Alors, Michel et Suzanne ont lancé ce
groupe de recherche. Ils sont arrivés avec
des constats puis des statistiques assez intéressantes et surtout alarmantes
sur la réussite scolaire. Donc, ils se sont mobilisés. Et de ce groupe ECOBES est né le CREPAS. Tout le monde trouve
ce nom un peu drôle, mais ça veut dire le Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire. Donc, cette
région, cette région qui est la mienne, s'est mobilisée pour soutenir la
persévérance scolaire, et ça a fait des petits.
Je suis sûr
que, dans votre région, M. le Président, comme dans d'autres régions, il y a eu
des conseils régionaux de prévention
de l'abandon scolaire — ils ont des noms différents — et qui se sont mobilisés autour des Journées
de la persévérance scolaire. Ça a
donné les initiatives de persévérance scolaire. Ils viennent une fois par
année, à peu près, ici, à l'Assemblée nationale, pour des cérémonies.
Alors, c'est
toute une mobilisation qui a été enclenchée à partir, entre autres, de ma
région, et surtout pour, après ça, essaimer partout à travers le Québec, pour
donner ces chiffres de persévérance scolaire. De sorte que, de 1990 à 2016-2017, pour le diplôme du secondaire au
Québec, on a passé d'un taux de diplomation de 56,9 % à 80,9 %, M. le
Président. C'est quand même... pour un
diplôme obtenu après sept ans de scolarité. Alors, quand même, de 1990 à
2016-2017, on est passés, si on fait
les chiffres ronds, là, de 57 % à 81 % de diplomation du secondaire
après sept ans d'études. C'est magnifique.
C'est une grande réussite sociale. C'est une grande réussite sociale. Est-ce
que c'est suffisant? Non. On a 81 % de diplômes du secondaire, il
faudrait passer à 85 %, à 90 %, il faudrait augmenter, il faut viser
du 100 % de diplomation au secondaire.
Donc,
si nous avons obtenu ces résultats, depuis 1990, dans l'augmentation de la
diplomation au secondaire, ce n'est
certainement pas parce qu'on n'avait pas de commission scolaire. C'est parce
qu'il y avait des commissions scolaires. Je ne dis pas qu'elles sont responsables de tout, mais, en termes de
réussite scolaire, on ne peut certainement pas dire ici que les
commissions scolaires n'ont rien foutu.
• (16 h 30) •
Moi, je suis prêt, M. le Président, à regarder,
avec vous puis avec d'autres, les choses à améliorer dans les commissions scolaires. J'en suis. Je veux dire,
des dérapages en termes de gouvernance comme on a vu, de façon successive,
à la commission scolaire des
Rives-du-Saguenay, au niveau de de la direction générale, malheureusement, on peut en parler. Pas de problème. On peut parler des dépenses de formation, qui
ont fait les manchettes dans le Journal
de Québec, par exemple, de dépenses de congrès, etc.
On peut parler de tout ça, M. le Président, comme on peut parler aussi de nos
dépenses, puis de notre gouvernance, puis de notre gestion à l'Assemblée
nationale. Mais, de là à sabrer comme le prétend...
comme veut le faire, c'est-à-dire, le ministre, dans une gouvernance actuelle qui est importante
dans les régions, il y a des limites.
Vous me
permettrez de dire un mot sur la commission
scolaire De La Jonquière, commission scolaire De La Jonquière qui est une commission
scolaire avec un modèle intéressant, beaucoup de projets particuliers. Quand
je dis projets particuliers, je veux dire au
sein même de la commission scolaire, avec des conseillers pédagogiques dédiés,
dévoués, que je salue, j'en connais
plusieurs. Notamment, un projet qui a fait les manchettes dans la foulée de
tous les débats sur la maternelle
quatre ans. On a vu, à la commission scolaire De La Jonquière, un
projet porté par une conseillère pédagogique pour faire le pont entre
les CPE et la maternelle cinq ans pour éviter cette espèce de rupture, faire en
sorte que les techniciennes en service de
garde... ou en éducation à l'enfance, plutôt, qui travaillent dans les CPE,
faire en sorte qu'elles puissent communiquer directement avec les profs
en maternelle, faire le pont pour que les enfants se retrouvent dans un nouveau
milieu, au lieu d'y aller de façon dogmatique comme le fait le gouvernement
avec les maternelles quatre ans. Mais je ne veux pas revenir là-dessus.
Donc, ce que
je veux dire, c'est qu'il y a de la mobilisation dans les commissions
scolaires. Celle de La Jonquière, la commission scolaire
De La Jonquière est un exemple frappant à cet égard. C'est une
commission scolaire aussi qui chevauche un
milieu urbain et un milieu rural. À Jonquière même, c'est plutôt... bien, c'est
même très urbain. Il y a un peu de zones de villégiature et
d'agriculture, mais essentiellement c'est très urbain. Donc, il y a des écoles
en milieu urbain ou en milieu de banlieue, là, qui est une réalité, aussi, dans
ma circonscription.
Mais, en
dehors de ma circonscription... le territoire de la commission scolaire
De La Jonquière est plus grand que ma circonscription, ça couvre une bonne partie, entre autres, de
Dubuc, la circonscription de Dubuc, et là, bien, là, c'est rural. Dans
la circonscription de Dubuc, il y a des écoles rurales, par exemple, à Bégin, à
Saint-Ambroise, à Saint-Honoré... non,
Saint-Honoré, ce n'est pas la commission scolaire De La Jonquière,
mais surtout Bégin, Saint-Ambroise, Saint-Charles.
Bon, ça, c'est toute la commission scolaire De La Jonquière. Puis
c'est des petits milieux ruraux, je le dis sans condescendance, là, c'est des milieux ruraux avec des écoles avec
très peu d'élèves. Et moi, ça m'inquiète de voir que le projet de loi n° 40 pourrait venir, au fond, affaiblir ces
écoles qui sont des piliers importants dans les milieux ruraux, plusieurs écoles qui ont moins de 100 élèves
dans les milieux ruraux et qui vont se retrouver, je pense, larguées par le
projet de loi n° 40 s'il est adopté.
Plusieurs
collègues ici, entre autres du côté de l'opposition officielle, ont fait
référence aux citoyens qui viennent cogner
à la porte des bureaux de circonscription. Encore la semaine passée, deux mères
de famille qui sont venues me rencontrer parce qu'elles voulaient
s'assurer d'avoir des services réguliers pour leurs enfants autistes. Alors, on
était en plein dedans, là. Vous le savez,
ici, la semaine passée, ce qui s'est passé avec la motion de l'opposition
officielle. Donc, ça tombait bien
d'une certaine manière. Mais les mères sont venues me rencontrer parce qu'il y
a une entente locale entre le
syndicat des profs et la commission scolaire, les ressources humaines, qui fait
en sorte qu'il y a beaucoup d'instabilité chez les enseignants. Et elles sont venues me voir pour que je puisse
les aider là-dedans parce qu'elles savent, ces mères, que je rencontre souvent la commission scolaire.
Donc, ça devient une interface importante. Alors, si on enlève ces niveaux
supralocaux de pouvoir que sont les
commissions scolaires, bien là, ces parents vont faire en sorte qu'ils vont se
sentir encore plus démunis.
Je vous
salue, Mme la Présidente, en passant, parce que, dans mon discours, il y a eu
un changement de sexe au niveau de la présidence. Donc, c'est...
bienvenue.
Et
maintenant, donc, ces parents sont venus me voir pour que je puisse faire du
travail avec eux pour s'assurer que les
enfants autistes puissent avoir les services auxquels ils ont droit à la
commission scolaire De La Jonquière. Alors, moi, je suis justement en lien là-dessus avec le
président de la commission scolaire, qui s'appelle Éric Bergeron, un gars super
impliqué dans ma région, un parent qui s'est
impliqué pour être président de sa commission scolaire. Je suis en lien avec plusieurs commissaires scolaires. Je pense
à Mme Josette, je pense à Mme Maude Desjardins, qui viennent me voir régulièrement,
puis les autres commissaires scolaires, pour me parler des enjeux de réussite
scolaire. Donc, je plaide là-dessus, Mme la Présidente, en parlant de la
commission scolaire De La Jonquière, pour vous dire à quel point les
commissions scolaires sont des instances de gouvernance, des instances de
décentralisation.
Puis je veux
revenir justement sur la décentralisation parce que je disais tout à l'heure
que le ministre nous dit : Non,
non, le projet de loi n° 40, c'est de la décentralisation. Je suis obligé
de dire que c'est faux, Mme la Présidente, c'est faux, c'est faux, c'est faux. Moi, j'ai eu l'occasion d'avoir des cours par un
éminent professeur que tout le monde connaît ici, qui a déjà été
sous-ministre, Marc-Urbain Proulx, à l'Université du Québec à Chicoutimi,
qui est un spécialiste de la décentralisation.
Alors, qu'est-ce qu'il dit, Marc-Urbain Proulx? Il nous dit que la
décentralisation, bien, c'est d'avoir plus de pouvoirs aux instances locales.
Ça, c'est de la décentralisation. C'est de donner plus de pouvoirs aux
instances locales, Mme la Présidente, pas de retirer des pouvoirs en
disant que, non, non, c'est de la décentralisation. C'est faux.
Alors,
que fait le ministre, que fait le ministre dans son projet de loi pour vous
démontrer que ce n'est pas plus de
pouvoirs, mais c'est moins de pouvoirs? Le ministre... si je voulais être
ironique, là, je dirais : Oui, oui, il en fait de la décentralisation en
s'accordant des pouvoirs à lui, tu sais. Alors, c'est de la décentralisation
centrée sur lui. Tu sais ce que je
veux dire, ça ne se dit pas, là, mais il ne peut pas prétendre qu'il fait de la
décentralisation dans les territoires locaux quand il s'octroie lui-même
de nouveaux pouvoirs.
Par exemple,
il peut exiger des regroupements de ressources et de services entre les fameux
centres de services ou avec d'autres partenaires, dont les
établissements privés d'éducation. Le ministre peut annuler toute décision
d'une commission scolaire jusqu'au
1er mai 2020. Le ministre va jusqu'à se conférer, de façon
exceptionnelle, des pouvoirs sans
limites de réglementer, sans limites, des pouvoirs de réglementation sans
limites. Ensuite, le ministre, il détermine les objectifs ou les cibles portant sur les l'administration,
l'organisation, le fonctionnement de l'un ou de l'ensemble des centres de services scolaires. Il se donne le pouvoir d'obtenir plus aisément les résultats
des épreuves aux... les résultats des élèves, pardon, aux épreuves qu'il
impose au primaire et au secondaire. C'est fort, ça, Mme la Présidente. Le ministre
se permet de communiquer directement avec les employés des centres de services
scolaires et les parents du réseau scolaire. (Interruption) Pardon. Il
se permet d'autoriser ou de refuser des travaux de construction, d'agrandissement,
d'aménagement, de transformation, de
remplacement ou de rénovations majeures d'immeubles demandés par les centres
de services lorsque le coût total estimé du
projet est supérieur aux montants qui sont déterminés par règlement. De plus,
bien que les enseignants sont censés pouvoir
choisir leur matériel scolaire, bien, le président du Conseil du trésor, vous
le savez, il a déposé un projet de loi qui vise à regrouper les achats
en éducation.
Donc, c'est
de l'ajout de pouvoirs au sein du ministre, au sein de son cabinet, au sein
de... entre ses propres mains. Alors,
ce n'est pas, ce n'est pas de la décentralisation. C'est de la centralisation.
C'est faire dire le contraire à un mot qui a une définition, sous couvert de décentralisation. Alors, Mme la
Présidente, c'est de la centralisation que le ministre fait, et non pas
de la décentralisation.
L'autre chose qui me préoccupe — je
sais que le temps file — c'est
le risque immense d'augmentation de la compétition
entre les écoles sur un même territoire parce qu'on donne le pouvoir aux
conseils d'établissement de pouvoir déterminer eux-mêmes des projets
particuliers payants au détriment d'autres. Les conseils d'établissement
pourront adopter des projets éducatifs et les définir eux-mêmes. Alors ça, ça
amène plus de compétition. On a déjà un système d'éducation à trois vitesses : le privé, les projets particuliers
et le public général. Alors, ça, on ajoute plus de compétition entre les
écoles publiques.
Et voilà, Mme
la Présidente, essentiellement, c'est... j'aurais pu en parler encore longtemps
parce que ce qui me préoccupe, entre
autres, c'est toute la question de la représentativité des gens comme moi qui
n'ont pas d'enfant, mais qui sont
quand même préoccupés par l'éducation. Alors, moi, présentement je peux voter
pour des commissaires scolaires parce
que je paie des taxes même si je n'ai
pas d'enfant, mais la valeur de l'éducation me tient à coeur comme société.
Alors là, on éloigne les gens comme moi,
entre autres les retraités, les grands-papas, les grands-mamans qui n'ont pas
nécessairement d'enfant, de pouvoir décisionnel comme si on disait :
L'enjeu de l'éducation dans une société n'est qu'entre les mains des parents. Oui,
bien sûr, mais pas qu'entre les mains des parents.
Toute la société
doit être préoccupée par l'éducation de ses enfants. Toute la société,
et dans ce projet de loi, bien, moi,
comme adulte qui n'a pas d'enfant mais qui est préoccupé par l'éducation au
sens large, je perds de la représentativité. Alors, c'est majeur, et
pourtant je paie des taxes, Mme la Présidente, des taxes scolaires.
Donc, voilà, c'est les premiers éléments que je
voulais dire, et donc nous allons voter contre. Merci.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Tout comme mes collègues, je prends aujourd'hui la parole sur le projet de loi n° 40, un projet
de loi qui m'interpelle au plus haut
point, Mme la Présidente, étant un jeune parent d'un garçon de
11 ans qui fréquente l'école publique à Laval, cinquième année primaire.
Mme la Présidente, je me lève également aussi
pour des collègues élus, élus au niveau scolaire, avec qui je collabore depuis les quatre, cinq dernières
années. J'aimerais commencer par les nommer. Tout d'abord, Mmes Françoise
Charbonneau et Roxane Borgès da Silva, également M. Anthony Hemond, des
collègues commissaires scolaires avec qui
j'ai eu l'occasion de collaborer sur divers dossiers. Des collègues
commissaires scolaires élus de la commission scolaire de Laval, qui maintenant, depuis des mois, sont
sous la menace de voir leurs responsabilités disparaître avec l'adoption
de ce projet de loi là. Des collègues qui
prennent très, très... qui donnent énormément d'importance à leurs
responsabilités comme commissaires
scolaires, qui prennent leurs responsabilités très à coeur, de pouvoir
représenter l'intérêt des parents, l'intérêt
des parents auprès de la commission scolaire, auprès du conseil des
commissaires, qui, après leurs heures de travail dans leurs responsabilités
respectives, et je sais que dans les trois cas ils ont des agendas très
occupés, que ce soit au niveau professionnel,
mais que ce soit au niveau personnel, pour eux, c'est important d'être présents
aux différentes activités, d'être
présents aux réunions des différents conseils d'établissement des écoles
primaires qui sont sur leur circonscription.
J'aimerais
vous dire, Mme la Présidente, moi, dans ma circonscription provinciale — parce que je comprends également
qu'au niveau scolaire ce sont des circonscriptions, également — dans
ma circonscription provinciale de Laval-des-Rapides,
j'ai 11 écoles primaires, une école secondaire, un centre de formation
professionnelle puis également une école alternative. Et, dans tous les
cas, c'est des commissaires scolaires avec qui je collabore étroitement, des
commissaires... notamment sur des enjeux... Et Laval-des-Rapides et Pont-Viau
ont fait les manchettes, au cours des dernières années, Mme la Présidente, sur le plan
de l'éducation, non pas nécessairement au même point que certaines écoles
à Montréal, par exemple, des mises à jour de
bâtiments, ou des rénovations de bâtiments, ou des fermetures d'école, mais
plutôt en lien avec la surpopulation des écoles primaires.
Voyez-vous, à
Laval, au cours des dernières années, nous vivons un phénomène, une croissance
démographique assez importante, qui
est près du double de la moyenne québécoise, Mme la Présidente, et tout cela a
un impact. Tout cela a un impact sur
le nombre d'inscriptions, le nombre d'élèves au niveau des écoles, et
particulièrement dans des secteurs comme
Laval-des-Rapides et Pont-Viau, des secteurs où il y a une densité de
population assez importante. Et ça, ça s'est reflété et ça a été un enjeu sur lequel j'ai eu à porter ce message-là,
notamment, parce que j'ai eu l'occasion d'échanger régulièrement avec les commissaires scolaires,
également avec les directions scolaires, mais avec les commissaires scolaires.
Un enjeu que j'ai porté notamment auprès de
l'ancien ministre de l'Éducation, l'ancien député de Jean-Talon, M. Sébastien Proulx, pour lui faire comprendre que la
problématique à Laval-des-Rapides et Pont-Viau était une problématique pas
nécessairement de budget, était une problématique de terrains disponibles.
Voyez-vous, Mme la Présidente, en plein milieu de ma circonscription, au sud de ma circonscription, j'ai un grand
parc, qui aujourd'hui s'appelle le parc
Bernard-Landry, le grand parc des Prairies à l'époque. Ce grand parc là était
un terrain qui était possédé par la commission scolaire — Mme la Présidente, si je peux attirer votre attention — ce
grand terrain, madame, ce grand parc
était de possession de la commission
scolaire. Et, à travers les années, à
travers notamment... dû à
des échanges de terrain avec la commission
scolaire, avec la ville de Laval, le
grand terrain est devenu le parc des Prairies, maintenant le parc
Bernard-Landry.
Mais cette
convention d'échange de terrain avec la ville de Laval a permis notamment
à la ville d'offrir, en échange, pour
des terrains de dimension similaire, des espaces où la commission scolaire pouvait construire des nouvelles écoles. Le problème, ce n'est pas la quantité de terrains qui a
permis de faire des échanges avec la ville de Laval. Le problème, c'est
qu'à Laval-des-Rapides, étant un secteur très densément peuplé,
construit, c'est le manque de terrains qui a été une problématique pour
pouvoir construire de nouvelles écoles.
Dans le cas
du secteur Pont-Viau, ça a été peut-être moins problématique parce
qu'une ancienne école alternative
a pu déménager dans un édifice racheté par
la commission scolaire qui appartenait autrefois à Revenu Québec, et donc cette bâtisse-là a
été reconvertie dans une école primaire. Mais, dans le secteur de Laval-des-Rapides, ça a été un enjeu, un enjeu
auquel le commissaire scolaire a participé, aux différentes consultations, aux différents échanges, aux différents questionnements, je
dirais même aux différentes rencontres qu'il y a eu entre la ville, les
citoyens, les parents, la commission
scolaire, les élus également.
Pourquoi? Parce
qu'à la fin de la journée on a été mis devant un défi ou, à vrai dire, un questionnement
qui n'est pas facile à résoudre, Mme la Présidente, un questionnement qui est
de nous mettre devant, si on peut
dire, un dilemme. Nous avons la population, les parents, les différents
résidents. Les citoyens ont été mis devant
un dilemme et devaient choisir. Pourquoi? Parce que là où il y a un besoin,
notamment... où il y avait un besoin de
construire une école, il y avait également un grand parc, grand parc qui
appartenait ou qui appartient... qui appartenait à la ville de Laval et qui était le terrain de jeu
de prédilection des résidents de Laval-des-Rapides, si on peut dire, le parc de
Cluny, pour être plus précis.
Et donc, si
je recule en arrière, Mme la Présidente, il y a de cela trois ans, 2016‑2017,
ça a été un débat assez chaud, assez costaud, si on peut dire, à
Laval-des-Rapides. Pourquoi? Parce que d'un côté on voyait les parents qui
avaient déjà leurs enfants dans des
écoles surpopulées... surpeuplées, si on peut dire, surpeuplées, pour le dire
plus précisément, de Laval-des-Rapides,
que ce soit l'école Arc-en-Ciel, que ce soit Sainte-Marguerite,
Marcel-Vaillancourt, et autres, et, de l'autre côté, des parents qui
venaient nous voir, qui venaient nous voir à mon bureau de comté, qui allaient
voir leur commissaire scolaire, qui allaient
plaider auprès de la ville de Laval, lancer des pétitions, des lettres ouvertes
en leur disant : Écoutez, il faut qu'on fasse de quoi.
• (16 h 50) •
Je m'en
rappelle très bien, des parents du CI de l'école Sainte-Marguerite qui m'ont
invité à aller visiter leur belle école et qui m'ont dit :
M. Polo, regardez. La palestre, qui était considérée comme un deuxième
sous-sol, avait été subdivisée... qui était
considérée comme un deuxième petit gymnase mais dans un demi-sous-sol, qui
était subdivisée pour convertir une partie de ce gymnase-là dans une
classe de musique. La bibliothèque avait disparu dans cette école-là. Chaque
espace qui pouvait être utilisé avait été utilisé. Et là on annonçait... Et
souvenez-vous, 2015‑2016, c'est aussi l'arrivée
massive de réfugiés syriens. Un grand nombre de ces familles-là se sont
établies à Laval, notamment au sud de Laval,
donc Chomedey, Laval-des-Rapides, Pont-Viau, des secteurs où on a vu,
justement, la commission scolaire a vu une augmentation importante d'inscriptions des jeunes qui, justement, dû et grâce à la loi 101, ont le privilège
de fréquenter des écoles francophones.
Et ça,
voyez-vous, tous ces dossiers-là ont été portés, Mme la Présidente, par les
différentes commissions scolaires.
On a pu s'asseoir ensemble, échanger, voir
qu'est-ce qui se faisait à l'intérieur même de la commission scolaire, à
l'intérieur même des paliers, si on
peut dire, des paliers pas juste administratifs, mais également politiques de
la commission scolaire, quels étaient
les échanges, quelles étaient les communications, les discussions qui se
faisaient également avec la ville de Laval
pour trouver une solution et, bien sûr, quel était le message que je pouvais
porter ici, auprès de l'ancien ministre de l'Éducation, auprès du gouvernement pour prioriser pas seulement le
transfert d'argent... Parce que l'argent, si on parle de
l'année 2016‑2017‑2018, n'était plus vraiment un enjeu, c'était une
intervention ou, à tout le moins, une façon d'assouplir
les règles pour permettre, dans des régions très densément peuplées, où il y a
de moins en moins de terrains disponibles pour la construction de
nouvelles écoles, comme Montréal, comme Laval, comme Gatineau également, de
mémoire, permettre, justement, à ces commissions scolaires d'avoir un peu plus
de souplesse dans la façon non seulement que
le budget est reçu et utilisé, mais est-ce qu'on peut également parler d'un
budget supplémentaire pour l'achat de
terrain. Mais ça, Mme la Présidente, le ou les partenaires avec qui j'ai
collaboré, notamment, pour l'école qui aujourd'hui est anciennement... ou communément appelée l'école
de Cluny, c'est grâce au travail des commissions scolaires, c'est grâce
à ce palier démocratique.
Quand je vous
parle de cette nouvelle école qui a ouvert, il n'y a même pas trois mois, fin
août, début septembre, bien, elle a
vu le jour, mais elle a vu le jour suite, justement, à des consultations, à une
écoute, à des échanges qui ont été faits avec le commissaire scolaire,
avec la commission scolaire, avec le conseil des commissaires, avec la
population en général. Il y a eu des séances
d'information, des séances d'échange, des séances de cocréation organisée avec
les citoyens les plus concernés, les
voisins du parc de Cluny, qui avaient exprimé à l'époque leur crainte de voir,
justement, des centaines de jeunes
quitter l'école, le bruit, etc. Et on peut comprendre. Sans nécessairement
prendre parti, on peut comprendre leurs appréhensions. Et ça, ça a été
un des dossiers sur lesquels j'ai le plus travaillé. Là, on parle 2017... 2016,
2017, 2018, Mme la Présidente.
Je vais vous
parler d'un autre projet sur lequel je collabore, notamment, avec M. Hemond,
avec Mme Lortie, qui est la
présidente de la commission scolaire de Laval, qui est la vice-présidente de la
Fédération des commissions scolaires du Québec. C'est le projet d'un
grand centre sportif, le projet d'un grand centre sportif sur les terrains de
l'école Mont-de-La Salle, qui est une école
secondaire voisine du grand parc Bernard-Landry. Ce projet-là, Mme la
Présidente, c'est un projet sur
lequel on collabore avec le commissaire scolaire, avec la direction de l'école,
avec la direction de la commission
scolaire, avec, bien sûr, la présidence de la commission scolaire, avec l'élu
local, le conseiller municipal, également,
du secteur. C'est un projet sur lequel j'ai eu l'occasion d'échanger notamment
avec la candidate et aujourd'hui nouvelle
élue au fédéral de la circonscription de Vimy. Mais ça, Mme la Présidente,
c'est grâce, justement, à la relation, au travail effectué, à l'écoute,
c'est grâce à ce palier démocratique qui existe, qui permet, justement, aux
parents de véhiculer leurs attentes, leurs besoins, leurs craintes à travers
leurs commissions scolaires. Et ça, Mme la Présidente, aujourd'hui, à travers
le projet de loi n° 40, c'est en voie de disparaître.
Et c'est en
voie aussi... ce que ça va créer, Mme la Présidente, ça va créer, si on peut
dire, deux classes de citoyens, Mme
la Présidente. Parce que, voyez-vous, vous avez les citoyens comme moi, qui
payons des taxes scolaires à la
commission scolaire de Laval, qui... Aujourd'hui, nous n'aurons plus la
possibilité d'exiger d'avoir une voie démocratique élue, élue
démocratiquement, comme droit de payeur de taxes, d'avoir cette
représentation-là. Et, de l'autre côté, les concitoyens
de langue anglaise, qui ont des privilèges historiques reconnus, eux, ont,
auront et conserveront ce droit-là. Ça,
Mme la Présidente, c'est un principe fondamental qu'à toute taxation il doit y
avoir un droit de représentation. Et
ce n'est pas un privilège qu'on
consent à une communauté traditionnelle du Québec. Non, c'est un
privilège qu'on devrait consentir et
préserver pour l'ensemble des Québécois. Et ce n'est pas, comme le fait ce gouvernement-là, ce n'est pas de se dire : Bien, parce qu'on ne veut pas
lancer un grand débat juridique à la Cour suprême, etc., bien on va laisser la communauté traditionnelle anglophone de côté puis
on va juste s'attaquer à la communauté francophone. Non, Mme la
Présidente. Ça, c'est traiter les Québécois de façon égale, pleine et entière,
d'offrir les mêmes droits à l'ensemble des Québécois,
peu importe qu'ils soient de descendance anglophone, de descendance francophone
ou, peu importe, allophone, c'est leur garantir ce même droit là.
Vous savez,
un autre élément qui moi, m'inquiète, Mme la Présidente... Moi, j'ai
11 écoles primaires francophones. Sur
les 11 écoles primaires francophones, la totalité de ces écoles-là sont
classées soit 9 ou 10 sur l'indice de défavorisation. Sur cet indice de défavorisation, Mme la
Présidente, ça veut dire que, et je vous le dis avec fierté, le revenu médian
pour un couple, pour une famille à Laval-des-Rapides, est sous
50 000 $ par année. C'est une des circonscriptions les plus
pauvres à Laval, sinon... avec Chomedey, c'est l'une des plus pauvres.
Moi, ce
qui m'inquiète, Mme la Présidente, c'est que je sais que Françoise Charbonneau,
que Roxane Borgès Da Silva, qu'Anthony
Hemond, lorsqu'ils siègent à leur conseil des commissaires, ils défendent
d'égale façon, ou sinon même de façon
plus virulente, les besoins, les attentes, les projets des écoles de
Laval-des-Rapides. Ils défendent, ils représentent les intérêts des parents de Laval-des-Rapides et
Pont-Viau parce qu'ils savent que, si un dollar de plus peut être ajouté
à des écoles primaires de Laval-des-Rapides
et Pont-Viau, ça va faire une énorme différence, parce que les besoins sont
grands, parce que nous avons une grande...
nous avons des secteurs de pauvreté endémique. Nous avons des secteurs où les
immigrants de première génération arrivent,
s'y installent et, des fois, déménagent d'un appartement à l'autre, à l'autre,
à l'autre, parce que, des fois, les
revenus ne sont pas là, des fois ils ont une incapacité à payer, etc. Mais ceci
dit, lorsqu'ils vont déposer leurs
enfants à l'école, ils savent qu'ils ont tout autant droit, sinon plus de droit
d'avoir une éducation qui permettra à leurs enfants de progresser sur le plan
social, d'avoir cette mobilité sociale.
Moi, ce qui
m'inquiète au niveau du projet de loi n° 40, c'est que cette
représentation géographique de l'ensemble du territoire ne sera pas préservée. Vous pourriez, dans le cas comme
Laval, une population... de 450 000 de population, avoir une concentration de représentation de
certains quartiers et une sous-représentation d'autres quartiers. Ça pourrait
être de façon accidentelle, ça pourrait être
de façon... par pure coïncidence, mais il y a ce risque-là, Mme la Présidente.
Alors, si demain ou si à partir du mois de
mars ou du mois de juin 2020, les commissaires scolaires disparaissent, comment
les parents de ma circonscription, qui ont
d'énormes besoins, qui ont d'énormes attentes, qui voient justement que, oui,
peut-être qu'il y a eu un certain allégement de la surpopulation des écoles qui
s'est vécu grâce aux deux nouvelles écoles
primaires, qui s'est vécu au cours des deux dernières années, oui... mais les
besoins sont là. Les besoins sont là pour
des maternelles quatre ans, les besoins sont là pour des agrandissements de
terrain, pour des rénovations d'école. Les besoins sont là pour la construction d'une nouvelle école secondaire,
les besoins sont là pour la construction de grands centres sportifs. Les besoins sont là, et nous le
savons, Mme la Présidente. Ce n'est pas juste des paroles. L'éducation
est le principal vecteur de mobilité sociale.
• (17 heures) •
Alors,
aujourd'hui, avec ce projet de loi, Mme la Présidente, avec le projet de loi n° 40, le ministre, le gouvernement ne font que foncer tête baissée, avec l'unique intérêt de cocher une
case dans leurs objectifs, dans leur liste d'accomplissements, sans tenir compte de ce
que les parents, les différents acteurs, les différents collaborateurs du milieu
de l'éducation leur disent. Ils ne
font qu'uniquement foncer tête baissée. Pourquoi? Pour des objectifs purement
idéologiques, Mme la Présidente.
Alors, moi,
avant de terminer aujourd'hui, je souhaitais me lever, parler des différents
projets que nous avons réussi à faire
avancer, Mme la Présidente, mais surtout et avant tout de souligner la
contribution, le travail, rendre hommage aux commissaires scolaires, rendre hommage à notre présidente de
commission scolaire, Mme Lortie, qui a toujours pris le temps de répondre à nos
questions, de prendre le téléphone et de toujours être à nos côtés afin de
donner, de justement défendre ce
droit démocratique que plus de 9 800 personnes ont utilisé la
dernière fois à la ville de Laval lorsqu'ils ont eu l'occasion d'avoir des élections scolaires. Alors,
aujourd'hui, je me prononce contre le projet de loi n° 40, et je défends
le travail des commissions scolaires et de la démocratie scolaire.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour, après mes collègues,
de me prononcer sur le projet de loi n° 40, qui, disons-le... la première phrase qui me vient à l'esprit quand
on parle du projet de loi n° 40,
c'est : un projet de loi qui
divise. C'est un projet de loi qui divise, puis on n'a pas besoin d'étudier en
profondeur le projet de loi pour s'en
rendre compte. Je vous dirais que, d'emblée, à la surface, tout simplement en
regardant, ça nous saute aux yeux. Ça
nous saute aux yeux que c'est un projet de loi qui divise, entre autres entre
les anglophones et les francophones. Je sais que je ne suis pas la première à le porter à votre attention, Mme la
Présidente, je sais que j'ai des collègues qui l'ont aussi porté à votre
attention avant moi, mais je le réitère parce que, selon moi, c'est une grande
injustice qu'on est en train de faire dans
notre société, une grande injustice pour le Québec. Une grande injustice parce
que, d'un côté, on va mettre les
francophones qui n'auront pas le droit de vote, on va leur enlever une certaine
démocratie, alors que, pour les anglophones,
on va leur laisser, eux, la possibilité de faire un «school board», on va leur
laisser la possibilité d'un droit de vote.
Moi, je trouve ça terrible. On est en 2019, on s'en va vers 2020, on
travaille... je pense que tous les élus, on essaie toujours d'amener un certain consensus dans la population,
on essaie toujours de... on amène toujours comme mot d'ordre aux gens qu'il faut faire preuve de neutralité, de
s'accepter les uns les autres, et je trouve qu'avec un projet de loi de la
sorte, bien, on vient de dire... on vient,
encore une fois, là, diviser les francophones, les anglophones, alors que c'est
loin d'être souhaitable dans notre milieu.
On vient
aussi diviser, on fait... on vient établir comme trois vitesses dans notre
système de l'éducation, c'est-à-dire qu'on
vient faire... on a déjà... on vient faire... Quand je dis trois vitesses, là,
c'est qu'on va venir établir, vraiment de façon très distincte, les écoles privées, les écoles publiques avec des
programmes particuliers, et on va faire aussi les écoles, on va les appeler ordinaires, et ça m'inquiète de
savoir qu'on va avoir des écoles ordinaires. Et qu'est-ce qu'elles vont être,
ces écoles ordinaires là? Bien, permettez-moi, une fois de plus, de vous
partager mon inquiétude. Est-ce que ça va devenir les écoles où ça sera peut-être le moins intéressant pour les parents de
choisir cette école-là pour leurs enfants? Bien, peut-être. Alors, quand je
vous dis que c'est un projet de loi qui divise, ça divise aussi, encore là, ça
crée des strates dans la population, et je trouve que ça vient créer,
encore, une compétition très malsaine, une compétition malsaine.
Puis je pense
à la génération qui s'en vient. Moi, je pense
à mes enfants qui sont un petit peu plus grands, qui auront sûrement,
dans les prochaines années, des enfants eux aussi, puis ils auront un choix à
faire pour leur école, et je ne sais pas comment je vais arriver à leur
expliquer que le Québec a choisi ça pour eux. En fait, je vous le dis
d'emblée, je ne serai pas de celles qui voteront pour offrir ça à nos
enfants, à nos enfants qui s'en viennent, aux futures générations.
Je suis
inquiète. Je suis inquiète parce
qu'on abolit les commissions scolaires. On abolit les commissions scolaires,
mais est-ce qu'on les abolit pour les bonnes raisons? Ça, c'est la question,
c'est la question principale. On dit souvent que l'on n'est pas fier du
taux de participation, que les gens ne participent pas assez aux élections
scolaires, le taux n'est pas significatif.
Puis ça, je vous dirais, Mme la Présidente, qu'on l'entend partout, que ça soit
un comté libéral, un comté péquiste,
un comté caquiste. La population au Québec est d'accord avec ça pour dire
que : Écoutez, il y a des présidents
scolaires qui sont élus avec un taux de participation de 5 %, 7 %,
11 %. C'est vrai que ce n'est pas significatif. Mais est-ce que d'abolir les commissions scolaires
vient régler la problématique? Sincèrement, je vous soumets que non. Je vous
soumets que ce n'est pas la solution. Pourquoi on ne se permettrait pas plutôt
de moderniser nos commissions scolaires?
On va se dire
les vraies choses, nos commissions scolaires ont des bons et des moins bons
côtés. Puis c'est vrai. Puis on est
souvent porté, comme citoyen ou comme peuple, à toujours nommer les moins bons
côtés de la chose, toujours à faire référence aux éléments plus
ridicules. Puis ça, je dirais qu'on le fait souvent par instinct.
Je vais donner un exemple. On dit souvent :
Bien oui, ils font des rencontres de clowns ou ils vont dans des meetings, dans des superbeaux endroits, pour
parler de quoi? Mais je pense qu'il ne faut pas juste regarder ça. Je pense
qu'il faut regarder qu'il y en a qui font
vraiment du bon travail. Et il faut arrêter de catégoriser, ou de faire sortir
ça, ou de donner cette justification-là
pour abolir les commissions scolaires. Encore là, je pense qu'on n'est pas sur
la bonne voie. Il y a des choses qui
fonctionnent très bien, et c'est ça qu'on devrait mettre de l'avant. Ce qui
fonctionne moins bien, bien, qu'on
apporte les corrections, tu sais, qu'on trouve la force... et non pas la
lâcheté d'abolir, mais qu'on trouve plutôt la force pour apporter les
modifications positives qui s'imposent.
Est-ce que c'est nécessaire d'abolir une
structure? C'est comme si, en proposant l'abolition des commissions scolaires, bien, la CAQ a choisi d'investir son
temps puis son énergie dans un brassage de structures, alors que, comme je
le disais précédemment, on pourrait choisir
d'investir notre temps puis notre énergie à apporter des solutions positives, déposer des amendements ou enfin proposer des choses,
bonifier les petits côtés qui ne marchent pas, les petits aspects qui pourraient facilement être améliorés. Puis,
pendant ce temps-là, bien, les parents du
Québec, eux, bien, ils attendent des services, ils attendent des services pour
leurs enfants, ils attendent des écoles en bon état, ils attendent des enseignants.
Et est-ce
que cette grande abolition des commissions scolaires va apporter un côté positif dans ce sens-là? Bien, la réponse, encore une fois, c'est non. Non, ce n'est pas
là où on s'en va avec ce qui nous est proposé dans le projet de loi n° 40.
Et je me
permets... puis ce n'est pas quelque
chose que j'aime faire d'emblée, mais
je me permets quand même et très respectueusement de recadrer les propos du premier ministre, qui a dit, entre autres... je pense que c'était pendant la période de
questions, il a dit, entre autres : Bon, on sait bien, hein, le Parti
libéral est de ceux qui veulent garder les élections
scolaires. Bien, écoutez, très respectueusement, ce n'est pas ça que le Parti
libéral a dit. Le Parti libéral est plutôt d'avis qu'il y a des façons
de favoriser le taux de participation aux élections scolaires.
Puis on peut regarder ce qui se fait ailleurs.
Moi, j'ai été mairesse d'une municipalité puis, des fois, quand il y avait des choses qui ne fonctionnaient pas, je
disais tout le temps à ma directrice générale ou les gens avec qui je
travaillais, même mon conseil
municipal : Regardons ce qui se fait ailleurs. On peut trouver des
comparables qui s'appliquent ici, qui
vont faire que ça va juste bonifier la façon dont on va fonctionner. Alors,
regardons ce qu'il se fait ailleurs, regardons ce qu'il se fait, entre
autres, en Ontario.
On a souvent
parlé aussi de jumeler soit les élections scolaires avec les élections
municipales. Bon, je le sais, c'est toujours un peu délicat. Je viens du
monde municipal. Ce n'est pas apprécié nécessairement de la FQM, de l'UMQ. Mais pourquoi on ne s'assoit pas ensemble puis on
ne trouve pas une solution ensemble plutôt que d'imposer ce genre de réforme là, qui, quant à moi... Moi, ça me
surprend parce que ce n'est pas une façon de travailler. Ce n'est pas une
façon... En imposant des choses, comme ça, ce n'est pas une façon de
travailler.
Et puis
sincèrement, Mme la Présidente, là, on est 125 élus ici au salon bleu,
puis je suis sûre que, si on consulte les 125 élus, tout le monde
va nous dire : Ça ne fonctionne pas, les commissions scolaires, il y a ci,
il y a ça. Mais on est 125, là. Je suis sûre
qu'ensemble on peut trouver une solution positive, on peut trouver une façon de
moderniser et de rendre ça plus
agréable, mais toujours en gardant en tête une seule chose, une seule
chose : la réussite de nos enfants. Je pense que c'est ça qui doit être prioritairement mis de l'avant, le
succès de nos jeunes. Le succès de nos jeunes, Mme la Présidente, là, c'est la clé du succès, c'est la
clé de notre réputation à nous, les Québécois et les Québécoises. On est fiers
de dire que notre enfant a réussi, qu'il a
été admis à l'étranger parce qu'il avait des bonnes notes ici. Donc, je pense
qu'il faut garder ça en tête, le succès de nos étudiants. Ça doit être
la clé.
• (17 h 10) •
Puis je me
permets de faire une parenthèse aussi, parce que ce n'est pas nécessairement
tous les enfants ou tous les
étudiants qui ont la même capacité à l'école, et là d'où l'importance de... je
le dis encore très gentiment, mais ce n'est pas tout le monde qu'il faut qu'il
fasse un bac. Ce n'est pas vrai. Tu sais, un diplôme d'études secondaires peut
faire la chose aussi, un diplôme
d'études professionnelles peut faire l'affaire aussi. On en a besoin, des corps
de métier, on en a besoin, des
plombiers, on a besoin... Alors, c'est pour ça, je vous dis que, dans toute
cette grande réforme là, on doit garder en tête le succès de nos jeunes.
Et, sincèrement, le projet de loi, j'ai eu beau
le lire, le relire et j'ai réécouté les groupes qui sont passés en commission parlementaire, et, s'il y a quelque
chose qui revient, c'est que le projet de loi n'apporte rien sur la réussite
éducative des jeunes, c'est-à-dire que c'est
du brassage de structures. Les commissions scolaires peuvent certainement
être bonifiées et modernisées, et, comme je
vous disais, l'opposition officielle est prête à travailler en ce sens-là, et
ce, en gardant en tête toujours la réussite éducative de nos jeunes.
Il y a un
autre point sur lequel je trouve que c'est important de le mentionner, c'est
que nos citoyens doivent avoir la bonne information. J'ai l'impression...
Moi, je me promène beaucoup dans mon comté, on a beaucoup d'activités. Vous le savez, Mme la Présidente, hein, dès qu'on
sort du Parlement, on retourne dans nos comtés, on a vraiment beaucoup d'activités, et, avec la période des fêtes qui
approche, je suis certaine que je ne suis pas la seule. Et, dans nos comtés,
bien, on jase, on jase avec les gens,
et je me rends compte qu'ils ne sont pas informés. Les gens n'ont pas la bonne
information.
Alors, je me fais tout simplement un rappel
qu'il est du devoir du ministre, ça fait partie... le ministre doit transmettre la bonne information, il doit prendre tous les moyens qu'il a afin que la bonne information soit transmise. J'ai eu l'impression que, des fois, on étudie le
projet de loi, puis on porte à son attention des choses ou des subtilités qu'il
n'avait pas nécessairement été informé, et
c'est comme si c'était une surprise. Donc, imaginez l'effet dans la population.
Alors, les parents doivent vraiment savoir
en quoi consiste le projet de loi. Ils doivent le savoir parce qu'évidemment
ces parents-là, bien, ils ont de jeunes qui fréquentent l'école.
Je me permets
de vous énumérer, entre autres, certains faits saillants. Il y a quatre faits
saillants importants. Il y a une
chercheuse à l'IRIS, Eve-Lyne Couturier, qui... je récapitule, là, c'est-à-dire
que je refais un petit résumé, mais qui nous dit, entre autres, que le
ministre de l'Éducation a déposé, le 1er octobre dernier, le projet de loi
n° 40, qui prévoit le remplacement des
commissions scolaires par des centres de services. Et, encore là, quand on se
promène, là, dans nos différentes
activités, bien, les gens ne le savent pas, les gens pensent qu'on abolit des
commissions scolaires puis qu'on crée quelque chose, mais ils ne savent
pas c'est quoi, la structure.
Ça fait que
je pense que c'est important, soit par des dépliants soit par des capsules
informatives... mais je pense qu'il faut informer la population vers où on s'en
va. Je sais que c'est à l'étude, que ce n'est pas nécessairement... Bien,
évidemment, là, ce n'est pas officiel, là,
qu'on travaille, mais je pense qu'il faut les informer pour qu'ils puissent
apporter leurs commentaires, parce
que, tu sais, nous, en tant qu'opposition officielle, on veut bonifier, mais je
pense que le ministre aussi a quand même... doit avoir en tête de
vouloir bonifier aussi son projet de loi.
Et, comme je le disais, les commissions
scolaires, on va les remplacer par des centres de services. Puis pour
remplacer, entre autres, les gestionnaires, le gouvernement propose de mettre
en place des conseils d'administration composés de huit parents provenant de conseils
d'établissement, quatre membres de la communauté, quatre membres du
personnel scolaire, dont aucun représentant syndical, chacun élu ou désigné par
ses pairs.
Alors,
vous comprendrez que, déjà là, moi, je vois beaucoup de problématiques, et,
dans les faits saillants, là, je pourrais
en nommer quatre, là, qui ressortent principalement du projet de loi
n° 40, c'est qu'en plus de changer des commissions scolaires en centres de services, bien, le projet
de loi ouvre la porte à une plus grande mise en concurrence des écoles aux
dépens de leur mission éducative et de la
mixité scolaire. Donc, ce n'est quand même pas rien. Et, entre autres, en
retirant un palier intermédiaire de gestion démocratique, le ministre
centralise plus de pouvoir de décision entre ses mains.
Alors
là, ce n'est pas moi qui le dis, donc ce n'est pas l'opposition officielle qui
invente ça. Je pense qu'on l'a vu dans
plusieurs découpures de journaux, je pense qu'on l'a vu dans plusieurs
personnes qui sont venues s'exprimer, entre autres, en commission parlementaire. Ce sont quand même... je le
rappelle, là, les gens, là, qui viennent en commission parlementaire sont quand même des gens qui
prennent le temps de préparer un mémoire. Donc, on a beau être en faveur
ou en défaveur, mais ces gens-là prennent le
temps et font le travail de venir en commission parlementaire, se déplacent
pour venir nous livrer leur opinion. Donc, ce n'est quand même pas rien.
Et
peut-être un troisième fait saillant quand même assez important, c'est que la
transformation des commissions scolaires
en centres de services permettra des économies de seulement 0,1 % du
budget des commissions scolaires, ce qui est vraiment très minime, et, encore là, ce n'est pas un calcul que
l'opposition officielle a fait, c'est un calcul qui vient de l'IRIS, des
chiffres qui sortent de l'IRIS, et une chercheuse à l'IRIS qui a publié ces
données-là.
Et,
en terminant, je vous dirais qu'à l'opposé de la prétention du ministre, le
projet de loi retire du pouvoir aux
parents en exigeant d'eux une double charge
de bénévole, soit le conseil d'établissement et le conseil d'administration, pour s'impliquer dans leurs
centres de services.
Alors,
Mme la Présidente, je
pense qu'il faut quand même
tenir compte de plusieurs informations qui nous ont été transmises
par des personnes de renommée, des personnes qui ont étudié en profondeur le projet
de loi n° 40. Et, encore là, je vous le
dis : Il y a une façon de travailler qu'on peut le bonifier. Bien sûr,
parfois, quand on est un élu, il faut piler un petit peu sur son orgueil
pour accepter certaines modifications. Mais, vous le savez, les Québécois
aiment... aiment ou, en fait, apprécient
quand on est capable de dire qu'on s'est trompé puis qu'on apporte des
modifications au bénéfice de notre population. Je pense que c'est toujours
bien apprécié.
Le
temps file. Je me permets de souligner, entre autres, le bon travail
de la commission scolaire des Trois-Lacs et particulièrement le
travail de notre présidente, qui est Francine St-Denis, qui est une personne
qui est très, très impliquée dans le milieu.
C'est une personne qui est très disponible. C'est une personne qui... Vous le
savez, là, ça ne gagne pas beaucoup
de sous, là, les présidents de commission
scolaire, mais c'est des personnes
qui sont vraiment dévouées. C'est des personnes qui...
Puis
je regarde, là, les différents, là, députés ici, à l'Assemblée nationale, qui siègent au salon bleu. Vous le savez, là, dans vos bureaux de comté, vous en avez, vous
aussi, des citoyens qui vont vous voir puis qui vous disent :
Bien, ça ne fonctionne pas. Puis que
ça soit... Des fois, c'est le transport en autobus en début d'année qui ne
fonctionne pas ou c'est des... il y a
des parents qui se divorcent, puis là, bien, il faut organiser en fonction du
temps de garde que les parents imposeront
à leurs enfants. Ça fait qu'il y a plein de petites modalités comme ça où les
parents ne savent pas quoi faire. Bien, ça retontit dans nos bureaux de
comté.
Bien, moi, je
remercie ma présidente. Je remercie, entre autres, ma présidente de commission
scolaire qui est toujours disponible. Je l'appelle, je lui fais part de la
problématique, elle est toujours disponible. Que ça soit des petits cas complexes, des cas complexes, des cas moins
complexes, elle vient toujours à mon bureau, puis on réussit toujours,
entre autres, à trouver une solution,
évidemment, au bénéfice de notre population. Et ça, je pense que c'est quelque
chose qu'il ne faut pas
oublier. Je vous rappelle, là, l'importance de ce lien-là, entre autres, pour
régler certains dossiers.
Deux
choses, très rapidement, avant de terminer. Je veux citer une autre personne...
je veux, en fait, remercier une autre
personne qui s'implique beaucoup dans mon comté, qui est Natalie Poirier. Elle
s'implique, entre autres, dans un
groupe qui s'appelle Je protège mon école publique. Natalie est une maman qui
est très, très, très engagée, et c'est une maman qui donne beaucoup
pour son milieu, qui donne beaucoup pour ses enfants. Et Natalie, elle est venue,
entre autres, en commission parlementaire, mais elle était, entre autres, ce matin... Ce
matin, il y avait une rencontre, si je ne me trompe pas, où ils ont réuni une dizaine de groupes
d'acteurs du monde de l'éducation. Et, sincèrement, le monde de l'éducation,
on va se dire les vraies choses, là, ce
n'est pas toujours des gens qui ont les mêmes points de vue. Alors, ce matin, il y a
quand même une dizaine d'acteurs qui se sont réunis puis qui ont demandé au ministre
de surseoir à l'adoption du projet de loi n° 40. Alors, je me fais un peu la représentante tant
de Natalie que de son groupe pour faire la demande ici et rappeler que
c'est un projet de loi superimportant, mais qui nécessite qu'on prenne le temps
de l'analyser.
• (17 h 20) •
Alors,
je souhaite minimalement que le projet
de loi qui a été déposé le
1er octobre dernier ne sera pas adopté de façon précipitée. Je
pense que ça nécessite un débat sur le fond, et ce, pour plusieurs... Je pense
que plusieurs de mes collègues ont donné
d'excellents arguments qui nécessitent qu'on le regarde de façon
très spécifique parce qu'encore là on
bouge une structure qui est essentielle pour le Québec.
Et je vous dis un
secret, c'est que nous aussi, quand on était au pouvoir, on a déjà pensé à les
abolir, les commissions scolaires. Et,
sincèrement, mon secret — puis là je ne dis pas que j'ai l'attention de tout le monde, puis
je vous le dis en 30 secondes — c'est que... Paul
Gérin-Lajoie est mon prédécesseur dans Vaudreuil, et Paul Gérin-Lajoie... M.
Couillard, notre ancien premier ministre, avait fait un forum des idées, et on
avait invité Paul Gérin-Lajoie, et Paul
Gérin-Lajoie a convaincu notre ancien premier ministre de ne pas aller dans le
sens de l'abolition des commissions scolaires.
Et, sincèrement, si on n'est pas allés dans ce sens-là et si
M. Gérin-Lajoie nous a convaincus, bien, c'est parce qu'il y a des éléments importants qu'il faut
prendre en compte. Malheureusement, M. Paul Gérin-Lajoie n'est plus parmi
nous. Mais je veux tout simplement vous rappeler l'importance de bien y
réfléchir avant d'aller de l'avant.
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Oui, à mon tour d'intervenir sur
le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires.
Ce n'est pas
parce qu'on répète quelque chose année après année que ça devient vrai. Qu'on
se rappelle que cette cause-là était la cause célèbre de l'Action
démocratique du Québec, cause célèbre lors de la fondation de la CAQ par l'actuel premier ministre du Québec, et fondée sur
des idées que j'ose caractériser comme populistes. On a répété à maintes
reprises, oui, que le taux de participation
lors des élections scolaires n'était pas à la taille, bon, ça coûte de
l'argent. Est-ce que ces gens-là sont
vraiment imputables? On peut répéter tout ça. Et est-ce qu'on peut se donner la
tâche que nos institutions
démocratiques fonctionnent comme il faut? Eh oui! Bien oui, Mme la Présidente.
Mais ce n'est pas aussi simple que de
dire : Bon. «Off with their heads», voilà, on va tomber dans — je me permets de le dire — cette, des fois, obsession au Québec
de changer les structures. Ce n'est pas aussi simple que ça, que de prendre le
marteau et de dire : Bon, on commence à
zéro, un marteau qui tape en quelque part sur la tête des parents, des
enseignantes et enseignants, sur le public, madame et monsieur les
citoyens et citoyennes qui ont leur mot à dire sur leur école publique; de dire
que, voilà, on a un taux de participation
qui est modeste, alors ça ne marche pas. C'est très facile comme équation, et
le résultat devant nous, c'est une
loi de quelque 90 pages. Chaque fois que je la lis, je me donne la tâche
de trouver des propositions, des stratégies liées de façon concrète et
mesurable à la réussite et le bien-être de nos enfants, et je ne réussis pas.
Donc, de dire
tout simplement, Mme la Présidente, que la solution, en ce qui a trait à
l'école publique, c'est de, pour une
autre fois, prendre marteau sur les structures,
il y a des questions à se poser, des questions sur le pourquoi,
le comment, à quel prix et afin de
produire quel résultat. Est-ce que ça n'aurait pas été ou est-ce que
ça ne serait pas plus intéressant de sortir un stylo au lieu d'un
marteau pour dessiner davantage des améliorations?
Un système
que je connais bien, je suis issu du milieu scolaire, l'école publique. Et on a
en place des structures, dans un
premier temps, protégées par la Constitution,
quand on parle de la minorité, soit la minorité anglophone ici, ou, je vous rappelle, des minorités francophones partout
au pays... et légiféré depuis longue, longue date pour l'ensemble de la population québécoise. L'idée qu'il y ait un lien
mesurable et imputable entre nos communautés, nos citoyens et la gestion
de leur école publique, comment on peut, de façon cavalière, dire que ce n'est
pas la chose à protéger?
Quand j'entends, dans cette Chambre, le député
de La Peltrie, qui a fait, de toutes fins pratiques, une pause publicitaire de quelque 47 minutes sur son
rôle quasi historique pour défendre l'idée d'abolir les commissions scolaires
en se moquant des élus, sans, pour une
seconde, bâtir une défense du projet de loi devant nous, de dire... Bon, il
faisait des blagues, des commissaires
qui pouvaient nommer chaque personne qui a voté pour lui. J'espère qu'il aurait
eu une discussion avec Alain Fortier, président de la commission
scolaire des Découvreurs, dans sa propre circonscription de La Peltrie, aussi président de la
Fédération des commissions scolaires du Québec, pour discuter de la tâche et le
travail... Pas juste des
commissaires. Est-ce qu'on peut se rappeler qu'on a un projet qui est censé de
changer la façon qu'on gère nos écoles publiques?
Je suis bien
prêt... et j'insiste, je vais essayer de le faire, je peux bien faire la
défense de notre régime d'élections scolaires,
mais, on va en convenir, ce n'est pas là où arrête et commence ce projet de
loi. C'est beaucoup, beaucoup plus important
et sérieux que ça. Que le premier ministre, une autre fois, de façon, je me
permets de le dire, Mme la Présidente, assez cavalière, nous regarde,
regarde le public qui nous écoute en période de questions pour dire que c'est
une gang — et je cite — de lobbyistes, de lobbyistes, est-ce que le
premier ministre a pris le temps de parler, dans sa circonscription de L'Assomption, à Tommy Duzyk et
Michel Gratton, président et vice-président de la commission scolaire des Affluents? Ce n'est pas du monde qui veut voir
leur image dans l'hebdo chaque matin, qui fait ça pour les honoraires assez modestes. C'est les gens qui ont donné des
années, qui donnent des années pour assurer plusieurs choses, plusieurs choses qui ne sont même pas potentiellement
réalisables avec ces genres de centres de services flous, non décrits. Ça ne marche pas. Ces commissions scolaires,
c'est là, en collaboration avec les fonctionnaires du BSM, du ministère, qu'ils ont créé le système scolaire qu'on a devant
nous avec deux principes, sauvegarder... par le fait, Mme la Présidente, qu'elles sont gérées par des
élus qui ont à répondre à leur population, deux principes très importants. Et
moi, pour un... Et, je suis sûr, les
gens qui nous écoutent n'ont pas le goût de confier ces deux tâches à des
fonctionnaires, que je respecte bien, à
Québec, qui n'ont aucunement l'obligation — ils ont l'obligation contraire — de
répondre directement aux citoyens, ni le directeur général, qui
devient le porte-parole dans ce projet de loi ici...
Le directeur général est censé de gérer une équipe, pas de répondre quand un parent, en
bonne et due forme, comme il est
normal, va cogner à sa porte pour savoir : Comment ça se fait que mon
école va fermer? Est-ce qu'on va demander à ce parent : Mais, je m'excuse, je vais vous trouver le numéro du
complexe G à Québec, et vous allez les appeler? Ça ne marche
pas de même. Ça ne marche pas de même.
• (17 h 30) •
Et les deux
principes dont je parle, les deux lignes directrices... Dans un premier temps,
est-ce que ce n'est pas une chose
sacrée, au Québec, l'égalité de chances, le fait que l'école à
Chicoutimi et l'autre école qui est à 300 kilomètres plus loin ont une
offre équitable de services, équilibrée et égale, pour donner une égalité de
chances à l'élève dans un coin et
dans l'autre si, peut-être, ces enfants ont des difficultés d'apprentissage et de l'adaptation?
Une autre fois, est-ce que ça va être
le directeur général — voyons donc — qui va répondre au parent qui vient pour dire : Mon enfant se
fait harceler, mon enfant ne
s'exprime pas, il a besoin ou elle a besoin d'un orthophoniste, mon école du
coin, je ne veux pas que ça ferme, il
y a une autre école avec plus d'élèves, les parents ont l'air d'être mieux
organisés, mais on a le droit à notre école? Est-ce que c'est M. le ministre qui va arbitrer un
tel conflit? Quand on parle de l'école qui est au point d'une communauté,
est-ce qu'on ne trouve pas que c'est un des
rôles de l'instance démocratique... Je peux vous dire, les élus vont vous
dire : Ce n'est pas le fun,
lorsqu'ils gèrent leur réseau, ils ont à fermer une école, ou changer un
programme, ou changer le transport scolaire.
Est-ce que c'est normal, M. le ministre, que,
dorénavant, advenant l'adoption de ce projet de loi, ces parents, Mme la
Présidente, vont avoir à se référer à un fonctionnaire ou à un directeur
général, que, dans le cas des grandes commissions
scolaires... a à gérer des équipes de 4 000 employés, professeurs,
travailleurs de soutien, professionnels? C'est où, le recours? C'est où, le recours d'une petite communauté qui a
une école... On peut nommer des écoles dans plusieurs des
circonscriptions de nous tous où l'école est la pierre angulaire de l'avenir de
cette communauté. Qui va assurer la
pérennité de cette école? Et, s'il y a un choix très difficile à faire entre
cette école et une autre école dans un autre
village, comme je dis, à peut-être une centaine de kilomètres, Mme la
Présidente, on va confier cette tâche à qui?
Et là je me
permettrais de parler de quelques-uns
des gens qui ne veulent pas cette responsabilité et qui vont être pris avec des tâches qui n'ont rien à faire avec leurs compétences ou
leurs orientations. Est-ce
que je peux prendre quelques
minutes pour parler des nuages qu'on
pellette sans arrêt quand on parle des parents? Je vous invite, chacun des
députés du côté ministériel, à parler avec des parents dans votre coin et je
vous invite à leur poser quelques petites questions. Premièrement, est-ce
que vous avez le temps — peut-être vous êtes un parent seul — est-ce que vous avez le temps de délibérer sans rémunération sur le
maintien des bâtiments dans votre mythique centre de services? Est-ce que vous avez le temps pour ça? Est-ce que
vous êtes prêt à confier vos délibérations et vos opinions à un employé de l'État,
le directeur général, si des parents, vos voisins ont des questions?
M., Mme les parents, est-ce que vous voulez la responsabilité décisionnelle
sur le sort de vos écoles publiques? M., Mme les parents, est-ce que
vous voulez vous faire assermenter — et
j'espère que le ministre a une réponse pour ces parents-là — est-ce que, M., Mme les parents, vous voulez vous assermenter pour dire que l'école du coin de vos enfants va
avoir seulement la même considération
dans vos délibérations que les autres écoles
de la commission scolaire? N'est-ce pas naturel, Mme la Présidente, qu'un
parent, dans un premier temps, veut défendre
les intérêts de ses enfants? Il n'y a rien de honte, là-dedans, c'est normal.
Mais les parents et leur rôle proposé par
le député de Chambly et le ministre, leur rôle, et de façon fiduciaire, va être
de défendre le territoire de son mythique centre de services, pas de
défendre les droits, le bien-être de son enfant, de ses enfants, de défendre le
réseau.
J'invite le
ministre, j'invite le premier ministre, j'invite les députés du côté
ministériel à me démontrer le quelque groupe
que ce soit, plusieurs experts ou individus qui ont dit : Donnez le
pouvoir décisionnel aux parents. Et j'espère que personne n'oserait me
dire que je suis en train de démontrer un manque de respect des parents, un
manque de reconnaissance profonde qu'il n'y
a aucun partenaire de plus important quand il s'agit de nos écoles publiques.
Ce n'est pas ça. C'est de se rappeler du rôle qui est le plus approprié,
Mme la Présidente, pour ces parents.
Est-ce qu'on
peut se rappeler une autre fois que ça serait intéressant de sortir, comme je
dis, le stylo au lieu du marteau,
quand il s'agit de comment on va faire de nos écoles publiques un réseau dont
on peut continuer à être fier et davantage? Les parents qui sont prêts à
avoir cette plus grande responsabilité accrue, ils l'ont déjà. Ils l'ont déjà.
Des commissions scolaires actuelles ont
l'obligation d'accorder des places aux parents. Et ce n'est pas pour rien que
ce n'est pas une place décisionnelle. Les parents, pour de bonnes
raisons, comme je viens d'énumérer, ne veulent pas cette responsabilité, ce fardeau. Plusieurs vont dire : Je ne suis pas l'expert sur des
ratios enfants-profs. Je n'ai pas le goût d'avoir le dernier mot sur les
ententes locales.
Une autre responsabilité dont personne ne parle,
qui est très importante, il y a des conventions collectives qui appartiennent à... avec l'implication des comités,
actuellement, patronaux, où les
commissions scolaires élues sont des partenaires essentiels. Voilà le
genre de choses que font les commissions scolaires actuellement.
Je veux
revenir, pour quelques minutes, Mme la Présidente, aux élections, aux
précieuses élections, parce que, comme
il dit... neuf mots sur 10, de l'autre côté de la Chambre, parlent de ces
élections. J'insiste que notre réseau scolaire est beaucoup plus important que ça, mais je n'ai
aucune réticence... notre formation n'a aucune réticence... Dans un premier
temps, comme vient de dire ma collègue, on a
la fierté, oui, la fierté, pas la réticence, de dire qu'on a changé d'idée.
C'est ça que les gouvernements font.
Quand les données sont probantes, la recherche, les intervenants, lors des
consultations, nous incitent, pour de bonnes raisons, de changer d'idée,
c'est ça qu'on fait. C'est ça qu'on fait.
Mais
laissons-nous parler des commissions scolaires, Mme la Présidente. Je veux
juste donner une comparaison avec
lors des municipales, si je peux trouver mes données. Il y a quelque
4 382 maires et élus scolaires élus par acclamation en 2017,
Mme la Présidente. 18,5 % des maires et conseillers municipaux ont été
élus par acclamation. Est-ce que le premier
ministre et le ministre de l'Éducation auraient l'effronterie de dire :
Bon, une sur cinq municipalités, bon, ils nous appellent parce qu'il y a une fuite d'eau, ils ont besoin d'un nouvel
aréna, mais, voyons donc, ils n'ont pas de légitimité, ils étaient élus par acclamation? Et, laissez-moi
réfléchir, acclamation veut dire participation? Ah oui! Zéro. Zéro, voilà
un chiffre pour vous, un chiffre très rond,
zéro. Est-ce que, donc, on va dire qu'une municipalité sur cinq n'a pas la
légitimité d'être imputable à sa population? Voyons donc!
Premièrement,
pour avoir été impliqué, je peux vous dire que ces élections scolaires se
passent depuis des années avec des
élus avec au moins une main et demie menottée derrière eux. Les conditions de
l'exercice, Mme la Présidente, ne
sont pas au rendez-vous. Mais, de dire, pour une seconde, que la légitimité
d'une instance locale est rendue à zéro parce que le premier ministre décide que c'est un fait parce qu'il l'a répété
depuis 10 ans, même quand il était en train de former sa nouvelle
formation, et que c'est secondé par son ministre de l'Éducation, ça ne rend pas
vrai... C'est des instances légitimes.
• (17 h 40) •
Et est-ce
qu'on peut se rappeler deux choses? Premièrement, c'est ces mêmes élus... whether they'd be in the English sector or the French sector, who
have told the Minister privately, publicly and at numerous occasions : We
want to make our
system better because we're very good at what we do, thanks to our universal
suffrage and our
implication within our communities, we have graduation rates that are only going up, we have
local programs that do two things that the Minister's regional what-cha-ma-call-it are not going to be
able to do, which is to ensure a quality of access and excellent services,
and, at the same time, services that respond to local needs.
Mme la Présidente, the French immersion programs of Québec are the admiration of the entire planet. They
give life to the
absolute commitment of the community I'm proud to be part of in their efforts
to master the French language. Those programs were created and invented
by a coalition of parents and elected school boards. That's how it works.
Alors, moi, Mme la Présidente, je vais me lever avec la plus grande frustration mais fierté si je vais
nous voir bâillonnés sur une question
de démocratie. J'espère davantage être en mesure de me lever à la fin de notre
session en sachant qu'on va finalement utiliser notre gros bon sens et reporter ce projet de loi pour consulter comme il faut avec les citoyens qui méritent
tellement mieux que ça. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Filomena Rotiroti
Mme
Rotiroti : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 40, projet de loi relatif à l'organisation
et la gouvernance scolaires.
Mme la Présidente, je pense que plusieurs de mes collègues l'ont dit dans leurs
interventions, c'est un projet de loi
qui, honnêtement, divise la population anglophone et francophone, mal ficelé,
mal attaché. C'est un projet de loi qui enlève
un palier de démocratie. C'est un projet
de loi qui centralise tous les
pouvoirs vers le ministre dans ses bureaux ici, à Québec, et,
de l'évidence même, abolit le contrepoids des commissions. Je vais revenir sur
les contrepoids un petit peu plus tard dans le discours.
J'avoue, Mme la Présidente, ça fait 11 ans que j'ai l'honneur de représenter les citoyens
du comté de Jeanne-Mance—Viger et
jamais, dans mes interventions en Chambre, je n'ai dû me lever pour parler
d'empêcher la démocratie ou enlever un
palier de gouvernement. Au contraire, si on est ici comme législateurs,
c'est justement de faire le contraire, d'inciter la
participation civique, d'encourager la démocratie, de s'assurer qu'on met tous
les outils en place.
D'ailleurs,
c'est quelque chose que je regrette de ne pas avoir dans le
p.l. n° 40, c'est-à-dire cette incitation pour... puis, je pense, ça a été exprimé par plusieurs
groupes, d'inciter les gens d'aller voter dans des élections scolaires. On
parle beaucoup du taux de participation, comme quoi qu'il n'est
pas élevé, mais dans aucun des plus de 300 articles dans ce projet
de loi on ne trouve des mesures incitatives où faire la promotion des élections
scolaires pour justement essayer de garder
ce palier de gouvernement là. Au contraire, on prend la voie facile, on les
abolit tout simplement, sans aucune considération de l'impact que
ça peut avoir sur le terrain, Mme la Présidente.
J'ai parlé tout à l'heure que c'est un... Le projet de
loi, c'est vraiment
une concentration des pouvoirs dans les
mains du ministre. Je vais vous dire, je ne comprends pas comment
que le ministre, à partir de ses bureaux, à Québec,
peut prendre des décisions qui nous affectent dans nos comtés. Puis je parle de
nos comtés parce que ça touche les 125 députés
autour de cette table. Imaginez, ça sera la ministre qui aura à prendre
une décision dans une école qui doit fermer ou qui doit être réaménagée.
D'ailleurs,
je vais vous donner un exemple, juste pour vous dire à quel point les commissions scolaires font un travail
exceptionnel dans nos comtés. Des fois, c'est même... ils font beaucoup
de travail en amont. Je vais vous donner un exemple qui s'est passé tout récemment cet été dans mon comté. Alors,
j'ai eu un centre professionnel d'adultes, qui s'appelle le centre Ferland, qui a dû être réaménagé pour
accueillir 500 élèves en septembre au niveau primaire. Alors, la
commission scolaire Pointe-de-l'Île,
la CSPI, a dû faire un travail énorme en amont pour, un, transférer ces
adultes-là, pour trouver un autre endroit pour qu'ils puissent continuer leur
formation, mais aussi réaménager le centre pour être capable
d'accueillir des nouveaux élèves au niveau primaire en septembre.
Alors, juste
pour vous dire qu'est-ce que ça implique, ce travail-là, en amont, ils ont dû
relocaliser le centre Ferland, transformer
l'établissement en école. Ils ont pris la décision d'aller en appel d'offres pour l'agrandissement de l'école, parce qu'elle n'était pas suffisamment assez grande pour accueillir les 500 élèves, avant même
l'autorisation ministérielle. Ils
ont à peu près 450 élèves qui fréquentent l'école, qui ont
été transportés en autobus. Ça fait
que toute la logistique des autobus, il a fallu qu'elle soit réorganisée. Et
ils ont loué une bâtisse commerciale dans le comté qui a servi, dans le fond, de prendre les adultes qui
étaient à Ferland pour être capables de continuer leur formation. Tout ça, Mme la Présidente, a été fait en amont,
même avant que tous les permis et la décision ministérielle ait été... qui
était, dans le fond, une technicalité, mais
il fallait qu'ils passent quand même le décret, tout ça a été fait en amont pour justement
s'assurer que les élèves, les 500 élèves, les tout-petits, là,
avaient une classe en septembre.
Et, encore aujourd'hui, dans mon comté, Mme la
Présidente, moi, chez nous, les commissions scolaires, là, quand elles viennent me voir, là, savez-vous de quoi qu'elles me parlent?
C'est le manque d'espace dans nos écoles. Moi, chez nous, là, j'ai 17 écoles sur mon territoire. Et, dans ces 17
là, j'en ai 14, c'est des écoles primaires. Il n'y a pas une école dans mon comté, Mme la Présidente, qui n'a pas
été agrandie. Il y en a qui ont été agrandies deux fois plutôt qu'une. En
septembre, j'aurai encore la problématique parce que j'ai encore 1 000 élèves qui doivent fréquenter l'école primaire puis
je n'ai pas assez d'espace. Et ça, c'est un enjeu qui appartient à l'est de
Montréal puis c'est un enjeu qui a été exposé par
la commission scolaire Pointe-de-l'Île.
C'est des faits, c'est des... Vous pouvez aller regarder, parce que
je vois des députés et des ministres
qui se penchent la tête de l'autre côté en voulant dire : C'est
impossible, c'est possible. C'est des chiffres qui sont disponibles et
publics sur le site de la commission scolaire Pointe-de-l'Île, Mme la
Présidente.
Alors, moi, la commission scolaire, les élus, quand ils viennent me voir, les parents, dans nos bureaux de
comté, qui viennent nous voir, ils ne nous parlent pas des élections
scolaires, ils ne parlent pas des coûts que ça représente. D'ailleurs, il y a eu un sondage, pas plus tard
que le mois de novembre, qui nous disait, là, qu'on ne fait pas d'économie
d'échelle avec les élections scolaires. Ça représente moins que 1 % du
budget. Alors, si c'est des économies qu'on recherche
en abolissant un palier de démocratie, bien ce n'est pas la bonne voie qu'on
prend. Mais, chez nous, Mme la Présidente,
quand ils viennent me voir, les parents, là, bien, leurs inquiétudes, là, c'est
qu'ils n'ont pas l'orthophoniste pour
leur enfant, il manque des enseignants, il manque des classes. Ils ne me
parlent pas du fait que les élections scolaires, pour eux, causent un problème.
Je
vous le dis, là, juste l'enjeu des autobus, mon collègue de D'Arcy-McGee l'a abordé, là, mais le trajet, là, pour les autobus pour les enfants, tout ça, là, en soi, c'est toute une
logistique à gérer, et je me demande comment, puis avec tout le respect que je leur dois, des fonctionnaires ici, à Québec, comment ils
peuvent connaître la réalité de chacun de nos comtés? Moi, je ne peux pas croire qu'il n'y a pas un comté de l'autre
côté de la Chambre, Mme la Présidente, qui a pris la peine de regarder le projet de loi et d'en
parler puis en discuter avec leur commissaire dans leur propre comté, surtout
ceux qui sont en région, parce qu'on sait
qu'en région, l'école, bien, c'est le noyau, hein, c'est le noyau de la région,
pour dire : Bien, qu'est-ce que
vous faites là? Moi, là-dessus, là, j'ai bien de la misère à croire qu'il n'y a
pas un député de l'autre côté de la Chambre qui est intervenu à ce
sujet-là.
On
voit aussi... Évidemment, on peut parler de traitement inégal entre les
francophones et les anglophones, le fait que les francophones seront administrés par des parents, des
représentants de la communauté choisis par les parents, les membres du
conseil d'administration. Les commissions scolaires, eux... les anglos, eux,
ils ont droit à des élections à suffrage
universel. C'est deux poids, deux mesures, Mme la Présidente. Honnêtement,
même, je dirais, c'est discriminatoire. C'est discriminatoire en vertu des chartes québécoise et canadienne des
droits. Puis là, Mme la Présidente, il y a tout l'enjeu de : Est-ce
que je suis sur la liste francophone ou je suis sur la liste anglophone?
Alors,
moi, je peux vous dire, là, qu'il y a eu un débat dans le passé, puis je suis
sûre que le ministre se souvient de cela, où est-ce que les gens, dans différents
quartiers, se changeaient de liste. Alors, ils s'en allaient de la liste anglophone sur la liste francophone et vice versa,
parce que, selon les taux de taxation, bien c'était différent. Alors, on
payait moins cher si on était sur une liste par rapport à l'autre.
• (17 h 50) •
Là,
qu'est-ce qu'on vient décrier là, Mme la Présidente, on dit : Bien, ceux
sur la liste anglophone, vous avez le droit
de voter pour votre représentant, mais ceux sur la liste francophone, vous,
vous n'avez pas le droit. Je ne sais pas comment on peut expliquer ça
aux gens, mais j'ai hâte d'entendre le ministre là-dessus, parce que, pour moi,
c'est inconcevable qu'il y ait ce deux poids, deux mesures là, Mme la
Présidente. Puis évidemment vous connaissez tous l'expression «pas de taxation sans représentation», alors «no taxation
without representation». Je pense que ça, c'est le principe de la démocratie. Quand on est élu, bien
on est là pour justement gérer les choses, et puis ça inclut les taxes, les
impôts de la collectivité, etc.
Mais
qu'est-ce que vous... peut-être, je ne sais pas si mes collègues l'ont abordé,
mais, à Montréal, il existe le comité de
taxation. Savez-vous c'est quoi, ça, Mme la Présidente? Bien, justement, ça,
là, c'est un comité, puis c'est très peu connu, mais je vais vous l'expliquer, puis ça vaut la peine, parce que, dans le
projet de loi on ne parle pas de comité de taxation, mais le comité de taxation de Montréal, c'est un
comité qui... évidemment, les représentants autour de la table, c'est des commissaires, et ils gèrent la taxe scolaire. Et
l'année passée, je crois, il y a eu un 12 millions de surplus qui a été
réinvesti, et je tiens à le
mentionner, réinvesti au complet dans des milieux défavorisés, dans des écoles
qui avaient besoin de rénover un gymnase ou qui avaient besoin de
refaire certains travaux pour... Bon, c'était dans des, puis je répète, là,
dans des comtés ou dans des endroits, dans
des écoles, dans des endroits défavorisés. Aucune mention de qu'est-ce qui va
se passer avec le comité de taxation
de Montréal. On ne le mentionne pas du tout dans le projet de loi puis on ne
sait même pas si ça, en soi, va être aboli. Tu sais, s'il n'y a plus de
commissaire au niveau du côté francophone, comment on va gérer ce comité-là? Alors, aucune mention là-dessus.
J'imagine que ça va être encore le ministre qui va décider de qu'est-ce qu'on
fait avec cet argent-là, et comment que ça va être investi, et dans quel comté,
et dans quelles écoles ils vont avoir cet argent-là, probablement. Sur quels critères, sur quelles bases? Bien, ça
non plus, Mme la Présidente, on ne le sait pas.
Presque
tous les groupes qui sont venus en commission parlementaire, et, dans ces
groupes-là, je suis convaincue, comme moi, vous avez tous eu ces gens-là
dans vos bureaux de comté, qui sont... puis ils se sont tous exprimés. Ils sont venus nous rencontrer pour nous dire qu'ils
ne comprennent pas pourquoi on est si pressés que ça, pourquoi que le gouvernement est si pressé pour passer ce projet
de loi là, à tel point qu'ils se disent : Bien, écoutez, on n'a même pas
eu... Il y a des groupes qui n'ont même pas eu l'opportunité de venir se faire
entendre en commission parlementaire. Ils ont dit : Je ne comprends pas. Ils disent : C'est quoi qui
presse? C'est un projet de loi, quand même, qui a au-dessus de 300 articles, puis on veut passer ça, là,
vite, vite, vite, comme si, je ne le sais, on avait à inclure ça dans notre
bilan de fin de session. Je ne comprends pas. Mais je pense que tous les
groupes, presque tous les groupes, ont dit : Prenez le temps, élargissez le débat. C'est un enjeu majeur. Ça
prend le temps nécessaire pour bien faire les choses. Aucune écoute à ce
niveau-là, Mme la Présidente.
Il
n'y a rien dans le projet de loi qui parle de la réussite scolaire, de la réussite
éducative de nos enfants, rien pour valoriser nos enseignants et nos
enseignantes, de reconnaître leur expertise du mentorat pour nos jeunes. Tous
les enseignants... Presque tous les
enseignants à qui j'ai parlé sont épuisés, Mme la Présidente. Ils disent :
Ça serait le fun qu'on ait des
programmes de mentorat pour justement être capables d'aider les nouveaux qui
viennent d'arriver dans le domaine de l'enseignement. Rien là-dessus, aucune
mesure pour le recrutement de personne. Puis on le sait, là, il y a un
manque important dans nos écoles. Rien pour adresser ce problème-là.
D'ailleurs,
je vais vous dire que ma commission scolaire francophone, encore la commission
scolaire Pointe-de-l'Île, qui dessert
l'est de Montréal, dit que le recrutement de personnel... et je les cite :
« Le recrutement du personnel est un enjeu central et le développement professionnel
demeure incontournable.» Rien dans le projet de loi qui adresse ce problème.
On devrait se pencher sur ça au lieu de parler des élections.
Le projet de
loi, en plus, crée de la compétition entre nos écoles. On élimine les
limitations des écoles. Mme la Présidente,
je vous ai exposé tout à l'heure l'enjeu dans mon comté. J'ai des écoles qui
débordent de partout. Je n'ai pas d'espace.
J'ai un parc industriel chez nous qui est très convoité, alors... Puis j'ai des
grands-parents, tu sais, moi, j'ai une forte
communauté italienne et une forte communauté issue de la diversité. Alors, vous
savez, les gens peuvent laisser les enfants
chez grand-maman. Alors, l'école au coin de la rue de grand-maman est plus
«convenient» que celui où est-ce que le père et la mère résident.
Alors,
qu'est-ce que ça veut dire, ça, qu'on enlève des limitations? Pour que ça soit
clair pour tout le monde, ça veut dire
que l'enfant qui habite à Blainville avec ses parents, mais que le parent vient
travailler à Saint-Léonard, bien, en passant, il va décider, parce que c'est
plus «convenient», de laisser l'enfant au coin de la rue de l'école où habite
grand-maman et grand-papa pour que,
quand il finit l'école à 3 heures ou à 3 h 30, bien, il n'a pas
besoin de rester à l'école, grand-maman, grand-papa va aller le chercher. Puis, au lieu de faire les devoirs à
l'école, il va les faire à la maison. Mais moi, chez nous, je n'ai pas d'espace. Ça crée un chaos, là. Ça
veut dire, là, que ça va être des jeux musicaux avec les enfants parce qu'ils
peuvent aller n'importe où, dans n'importe quelle école. Parce que, là, pour
ceux qui ne le savent pas, là, bien, tu ne peux
pas aller dans n'importe quelle école. Alors, il faut que tu habites dans
certains kilomètres autour de l'école si tu veux aller dans cette
école-là. Plus le cas, on élimine tout ça.
Je ne sais
pas comment qu'on va gérer ça, Mme la
Présidente, mais moi, ça m'inquiète énormément,
parce que, pour moi, ça, là, dans
tout qu'est-ce qu'il y a dans le projet
de loi, c'est un élément qui est
majeur pour moi. Puis je ne sais pas
comment je vais faire, parce que j'ai des écoles, comme j'ai dit tout à l'heure, que j'ai agrandies deux fois plutôt qu'une. C'est des très belles écoles, elles sont très modernes, mais je
n'ai pas d'espace. Alors, je me dis : Qu'est-ce qu'on va faire avec
ces élèves-là? Je ne sais pas.
D'autres choses qui me... le fait qu'on abolit
ce palier de démocratie là, quand on regarde la composition des commissaires,
c'est la porte d'entrée pour les femmes en politique. Alors, moi, j'ai déjà
fait du recrutement pour ma formation
politique au niveau provincial, et je peux vous dire, là, qu'après le scolaire,
là, on s'en va au municipal, hein? C'est
le deuxième palier, parce que le municipal, ça nous permet de faire la politique, mais on
reste, comme on dit, chez nous, tandis que le provincial nous amène à
venir à Québec puis le fédéral à Ottawa.
Ceci dit, Mme la Présidente, c'est que, quand on décide de se lancer en politique, que ça soit
scolaire ou que ça soit municipal,
c'est quand même un enjeu important parce que c'est du temps. Et
je dirais que, le scolaire, c'est beaucoup
de temps, beaucoup de temps parce que
c'est des réunions et c'est des gens dévoués, hein? Ils sont là parce que, la
plupart, ils viennent de ce
milieu-là, ils ne sont plus dans le milieu ou soit qu'ils ont des enfants puis
ils décident : Bien, je vais me lancer
pour avoir une voix dans l'école où est-ce que mon enfant va. Et c'est un
pas... Ils prennent le goût de la politique, et ces gens-là décident de se lancer soit au municipal
ou au provincial. Alors, je trouve ça un peu désolant qu'en abolissant ce palier-là, bien, on envoie un message un peu
négatif par rapport à des femmes parce que c'est vraiment une porte d'entrée
pour elles en politique.
Écoutez, je ne
peux pas terminer mon intervention sans vous parler du tripotage de notes.
Écoutez, Mme la Présidente,
moi, j'étais de l'autre côté de la Chambre, on était au gouvernement, et le député de Chambly, qui
est ministre aujourd'hui, il se
levait sans cesse, je dirais presque à toutes les périodes de questions, pour
interpeler le ministre à l'époque, le
député de Jean-Talon, sur la question de tripotage de notes. Alors là, il y a
eu... Là, avec ce projet de loi, là, son projet de loi, il avait vraiment l'occasion «to put his money where his mouth
is», comme on dit en anglais, de vraiment, là, mettre fin à des tripotages de notes. Bien, imaginez-vous
donc, Mme la Présidente, ce n'est pas ça qu'il fait. Au lieu... Qu'est-ce
qu'il fait? Je vais vous citer, là, quelques extraits de certains mémoires qui
ont été déposés : C'est un scandale, c'est inapproprié, c'est
inconcevable, c'est un bar ouvert. Imagine... qu'un professeur n'a pas fait
son...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée, compte tenu de l'heure,
je dois suspendre les travaux. Vous pouvez
reprendre... Voulez-vous reprendre votre intervention lorsque nous allons
reprendre, à 19 h 30, les travaux? Alors, vous en informerez...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon. Alors, compte tenu de l'heure, je dois suspendre les travaux jusqu'à
19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 32)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon... bon mardi soir à tous et toutes, nous ne sommes pas jeudi
encore. Alors, vous pouvez prendre place. Et
nous allons poursuivre nos travaux, mais auparavant, avant de
poursuivre, je vais céder la parole à M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme
la Présidente. Avec votre permission,
suite à une entente intervenue entre les leaders et les députés indépendants, je demande le consentement pour présenter un nouvel avis concernant l'étude détaillée, par la Commission des finances publiques, du projet de
loi n° 37, Loi visant principalement à instituer le Centre d'acquisitions
gouvernementales et Infrastructures technologiques du Québec.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le leader. Y
a-t-il consentement pour permettre à M. le leader de déroger au règlement?
Avis
touchant les travaux des commissions (suite)
Alors, je vous recède
la parole.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente, j'avise cette Assemblée
que la Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 37, Loi visant principalement à instituer le Centre
d'acquisitions gouvernementales et
Infrastructures technologiques Québec, aujourd'hui, de 19 h 30 à
20 h 30 plutôt que de 19 h 30 à 21 heures, à la
salle Pauline-Marois.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
leader. Maintenant, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Oui, Mme la Présidente. Et j'aimerais entendre de la bouche du leader du
gouvernement que, suite à cet avis,
ce nouvel avis, il est entendu, de part et d'autre, que seront communiqués en
temps et lieu, par les personnes impliquées, les avis relatifs à une séance de
travail qui aurait lieu de 20 h 30 à 21 h 30 quant au
mandat Desjardins.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Effectivement, Mme la Présidente, c'est ce qui a
été convenu, donc, de tenir une séance de travail de 20 h 30 à
21 h 30 par la Commission des finances publiques relativement au
mandat de Desjardins.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, c'est très clair. Je vous remercie,
messieurs.
Projet
de loi n° 40
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Nous
allons poursuivre nos travaux et nous en sommes toujours au débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires. Et
la prochaine intervention sera celle de M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Pour une durée de 20 minutes, si je ne me trompe
pas?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Tout à fait.
M. Nadeau-Dubois :
Merci. Bien, alors, merci, Mme la Présidente, de me donner la parole ce soir
pour parler du projet de loi
n° 40, un projet de loi important en matière d'éducation au Québec. Et la
première question que j'aimerais poser,
en fait, c'est la nature du projet de loi n° 40. Qu'est-ce qu'on a
exactement entre les mains avec le projet de loi n° 40?
Lorsque
le projet de loi a été déposé initialement, on a fait partie des gens qui se
sont dit : C'est une autre réforme de structure dans les services publics au Québec, comme on en a connu,
par exemple, à répétition dans le réseau de la santé depuis plusieurs
décennies. On s'est dit : Encore un brassage inutile de structures, encore
une grande réforme d'organigrammes qui va
faire beaucoup de choses, sauf ajouter des ressources sur le terrain pour les
professeurs, pour les élèves, pour
les professionnels, pour les gens qui oeuvrent, bref, chaque jour sur le
terrain pour prendre soin des jeunes du Québec. On s'est dit : Encore une fois, on va brasser des organigrammes, et
ça va changer très peu de choses pour les élèves du Québec.
Finalement,
on s'est rendu compte, en étudiant le projet
de loi, que c'est, en fait, bien davantage
qu'une simple énième réforme de
structure dans les services publics au Québec. C'est un projet de loi qui est extrêmement touffu, alors ça nous a pris, comme à la... plusieurs...
comme pour la majorité des observateurs, ça nous a pris un moment à le
réaliser, mais on l'a finalement compris lorsqu'on a pris le temps
d'éplucher le projet de loi, ce projet de loi là n'est pas seulement une
réforme de structure, bien au contraire. Il est rempli de vices cachés, ce qui
fait que de plus en plus de gens dans le
milieu de l'éducation parlent de ce projet de loi comme d'un véritable cheval
de Troie, c'est-à-dire un projet de loi qui se présente comme une réforme de structure, qui se présente comme une
réforme d'organigrammes, mais qui, dans les faits, contient toute une série de dispositions qui vont profondément
bouleverser, transformer le monde de l'éducation au Québec, et pas pour le mieux. Parce que, oui, il faut l'améliorer,
oui, il faut le transformer profondément, notre système d'éducation, Mme la Présidente, mais pas du tout
dans la direction qu'impose le projet de loi n° 40,
bien au contraire.
Alors, cette réforme-là, ce projet de loi en
éducation, ce n'est pas, bref, qu'une réorganisation des structures scolaires,
c'est beaucoup plus que ça. En fait, si on devait le qualifier, c'est carrément
un projet de loi omnibus en éducation qui vient, oui, revoir la gouvernance, mais transformer toute
une série de pratiques dans le réseau scolaire. Et c'est pour cette raison, Mme la Présidente, que je
prends la parole ce soir, c'est la raison pour laquelle plusieurs de mes
collègues ont pris la parole sur ce projet
de loi là, parce qu'il faut prendre le temps d'en exposer les différentes
facettes et qui sont beaucoup plus... qui sont multiples et qui ne se
résument pas à la question de la gouvernance scolaire.
Je vais
prendre le temps, ce soir, de traiter de quelques-uns de ces enjeux-là, des
enjeux qui sont passés sous le radar
dans le débat au sujet du projet de loi n° 40, mais je vais quand
même débuter par la question des structures parce que c'est une question pertinente, c'est une question
importante. La manière dont on organise nos services publics, la manière
dont on organise notre système d'éducation,
ça a des conséquences sur le terrain et ce n'est pas banal, bien au contraire.
D'abord, je
veux commencer par faire un parallèle. Vous savez, il y a quelques mois, ma
collègue de Sherbrooke avait utilisé,
lors de la période des questions, un parallèle, elle avait comparé la réforme
menée par le ministre actuel de l'Éducation
aux réformes menées en santé, il y a quelques années, par l'ancien ministre de la
Santé libéral, aujourd'hui député de
La Pinière, elle avait utilisé le nom de famille du député de
La Pinière. Elle avait dû — c'est notre règlement et c'est normal — retirer ses propos. Le député de
La Pinière m'avait même demandé, sur les médias sociaux, quant à
moi, de m'excuser publiquement pour avoir
comparé les méthodes de l'actuel ministre de l'Éducation aux siennes lorsqu'il
était ministre de la Santé. Il avait semblé
profondément insulté par ce parallèle-là, tant et si bien, je le dis, qu'il nous
avait demandé, à ma collègue et à moi, de s'excuser puis de retirer nos
propos.
Quelle n'a
pas été ma surprise, Mme la Présidente, de prendre connaissance d'une entrevue
donnée par le député de
La Pinière, récemment, où il reconnaissait lui-même que la CAQ avait volé
une page dans son cahier Canada. Je le cite, il disait, en parlant, donc, du gouvernement actuel et spécifiquement des
réformes en éducation : «Ils vont vite et imposent, [ils font ça] pour empêcher la résistance de se
mettre en place. C'est ce que j'ai fait.» Donc, il y avait une... bien, à la
fois une candeur qu'il faut saluer,
quand même, dans les propos du député de La Pinière, qui reconnaissait
donc qu'à l'époque il était allé vite, qu'il avait imposé pour empêcher la
résistance de se mettre en place, et il reprenait lui-même le parallèle qu'on avait établi, nous, ici, à Québec solidaire,
il y a quelques mois. Je ne sais pas pourquoi, à l'époque, il nous avait
demandé de nous excuser puis aujourd'hui il
faisait lui-même la comparaison, mais, quoi qu'il en soit, c'est venu, je
pense, démontrer toute la pertinence puis l'exactitude de cette
comparaison-là.
• (19 h 40) •
Parce qu'en
santé c'est justement ce qui s'est produit. On a fait une réforme majeure des
structures en santé, on a bouleversé profondément l'organisation de notre
réseau de la santé, on a procédé, il faut le dire, à une centralisation
importante du réseau de la santé, et les conséquences de cette réforme-là, on
les vit encore, au jour le jour, dans les établissements de santé et de services sociaux au Québec. Par ailleurs, le gouvernement lui-même, c'est de bonne guerre, ne manque pas une
occasion, à chaque fois que l'opposition officielle pose une question sur les
soins de santé au Québec, le gouvernement, donc, ne manque pas une occasion de dire :
Ah! mais c'est parce qu'on répare les pots que vous avez cassés. Comme je le disais, c'est de bonne
guerre dans la joute partisane ici, à l'Assemblée
nationale, mais ça vient démontrer que ce gouvernement-là est lui-même
conscient que c'étaient des réformes malavisées que celles des réformes
libérales en matière de santé lors de la précédente législature, que c'étaient
des réformes de centralisation qui sont venues
faire mal au réseau de la santé puis aux soins, à la qualité des soins qu'on
donne aux patients et aux patientes du Québec.
Pourtant, et
c'est un peu surprenant, ce gouvernement, qui dit, donc,
comprendre et mesurer l'impact des réformes de centralisation en santé, s'apprête à faire quelque chose de très semblable en éducation. Il s'apprête, lui aussi, à procéder à une centralisation importante dans le réseau de l'éducation en prenant des
pouvoirs qui étaient autrefois
délégués aux commissions scolaires pour les ramener au ministère de
l'Éducation et entre les mains du ministre de l'Éducation.
Avec ma
collègue de Sherbrooke, j'ai dressé une liste des pouvoirs que le ministre
s'attribue à travers ce projet de loi
là. Je vais en citer quelques-uns. Ce n'est pas une liste exhaustive, c'est un
projet de loi très touffu, je le disais plus tôt. D'abord, le ministre s'octroie le pouvoir de
déterminer des objectifs ou des cibles portant sur l'administration,
l'organisation, le fonctionnement de centres de services scolaires.
Deuxièmement, le ministre s'octroie le pouvoir d'autoriser l'acquisition
d'un immeuble ou le consentement au
démembrement du droit de propriété d'un immeuble du centre de services. Il
s'octroie le pouvoir de faire un
règlement sur les élections des membres du conseil d'administration — et je continue — de faire un règlement sur les normes d'éthique et de déontologie des membres du
C.A. d'un centre de services scolaire, de déterminer le contenu de la formation que devraient recevoir
tous les élus des conseils d'établissement et des conseils d'administration
des futurs centres de services scolaires. Il
s'octroie le pouvoir de déterminer le contenu et la forme des rapports annuels
des centres de services scolaires et des
conseils d'établissement. Il s'octroie le pouvoir d'imposer unilatéralement, par
décret, toute modification au territoire des
centres de services scolaires et il s'octroie le pouvoir d'exiger des
regroupements de ressources et de
services entre les centres de services scolaires ou avec d'autres partenaires,
dont — et ce
n'est pas un détail — les
établissements privés en matière... donc, les établissements privés
d'éducation.
Le ministre
va même plus loin, il va jusqu'à se conférer, de façon exceptionnelle, des
pouvoirs sans limites, des pouvoirs sans limites de réglementer sur les objectifs
du projet de loi n° 40. Ça, c'est une disposition qui est prévue à l'article 310. L'article 310 prévoit que
le ministre va pouvoir, par règlement, prendre toute mesure utile à
l'application de la loi. Cet
article-là a fait l'objet d'un débat en période des questions il y a quelque
temps, puis l'argument du ministre pour
se défendre était de dire : Bien, c'est des dispositions qui existent dans
beaucoup de projets de loi qu'on a adoptés par le passé. C'est vrai. C'est vrai, à un petit détail près — et souvent, dans les projets de loi, les
détails n'en sont pas, et ce détail
n'en est pas un : dans les projets de loi où ce pouvoir de réglementer est
inscrit, il est inscrit de manière transitoire, de manière temporaire. Dans le cas du projet de loi
n° 40, ce pouvoir de réglementer sans limites pour appliquer sa loi, le
ministre se l'octroie sur une base
permanente. Et ça, donc, c'est tout sauf un détail, Mme la Présidente. C'est un
pouvoir énorme que s'octroie le ministre à travers son projet de loi, celui
d'édicter, quand il le souhaite, des règlements pour prendre toute mesure utile à l'application de sa
loi. Par cette disposition-là, M. le Président, le ministre de l'Éducation
va devenir encore plus puissant que le ministre de la Santé depuis les réformes
libérales en la matière.
Donc,
quand le ministre nous dit : Ce n'est pas vrai, je ne fais pas la même
chose, c'est vrai que son projet de loi n'est pas un copier-coller. Par contre,
par l'article 310, il vient s'accorder une liste potentiellement — potentiellement, j'insiste — potentiellement illimitée de pouvoirs parce
qu'il pourra, de son propre chef, réglementer comme il l'entend pour faire appliquer la vision qui est dans sa
loi. Et ça, Mme la Présidente, quand on écrit un projet de
loi, ouvrir une porte sans prévoir aucun mécanisme pour la refermer,
c'est un geste imprudent, c'est le moins quoi puisse dire, et c'est donc,
oui, une mesure de centralisation, quoi que le ministre en dise.
Si
on devait donc résumer l'esprit des réformes de structure prévues dans le projet de loi n° 40, c'est comme ça qu'on le
résumerait : c'est une réforme qui, grosso modo, vient centraliser le
réseau de l'éducation. C'est donc tout le contraire
du discours classique qu'on entendait de la part de la Coalition avenir Québec et de son ancêtre, bien présent ces jours-ci, l'Action démocratique du Québec,
où on parlait de décentralisation, de ramener le pouvoir dans les écoles,
d'éliminer la bureaucratie pour donner le
pouvoir aux gens sur le terrain. Avec ce projet de loi là, on fait le
contraire, on enlève du pouvoir aux
élus scolaires et aux commissions
scolaires, qui ne sont peut-être
pas assez proches du terrain pour les élus de la CAQ, mais qui le sont
bien davantage que les fonctionnaires ici, à Québec, et que le ministre lui-même.
Pourtant, c'est ce que fait, donc, le projet de loi n° 40, enlever des pouvoirs aux élus scolaires, aux commissions scolaires et faire remonter l'essentiel de ces pouvoirs-là directement ici, à Québec, entre les mains des fonctionnaires et entre les
mains du ministre de l'Éducation, ministre qui, aussi bien intentionné soit-il,
s'octroie ici des pouvoirs non seulement à lui, mais à tous les
ministres de l'Éducation qui vont lui succéder. Et en mettant un article où il
donne au ministre de l'Éducation le pouvoir
de réglementer comme il l'entend, sans aucune balise, à l'intérieur des
objectifs du projet de loi, il vient
donner ces pouvoirs-là pas seulement à lui, mais à tous les ministres de
l'Éducation qui vont lui succéder, et ça, c'est une raison de s'inquiéter, Mme la Présidente. Voilà donc l'esprit de
cette réforme de structure auquel se prête le gouvernement à travers le
projet de loi n° 40.
Par
contre, j'ai commencé, en introduction, en vous disant que ce n'était pas
seulement une réforme de structure et
je veux prendre les minutes qui me restent pour détailler en quoi il y a autre
chose dans ce projet de loi là qu'une réforme de structure. Il y a, disons, des effets collatéraux. On pourrait
émettre des hypothèses sur l'aspect intentionnel de ça. Est-ce que c'est
intentionnellement que le ministre procède à toute une série d'autres réformes?
Est-ce que c'est des effets collatéraux imprévus de son projet de loi? Quoi
qu'il en soit, c'est un projet de loi qui ne fait pas juste brasser des
organigrammes, c'est aussi un projet de loi qui va empirer certains des maux
qui sont déjà ceux de notre réseau de l'éducation à l'heure actuelle.
Le
premier, et non le moindre, c'est un enjeu qui est important pour moi depuis
longtemps, c'est la question des inégalités scolaires. Ce projet de loi
là va venir permettre aux parents d'inscrire leurs enfants dans l'école... va
venir, comment dire, alimenter la logique du
magasinage scolaire, la logique de l'école à la carte où, au lieu de travailler
de manière coordonnée pour assurer des services éducatifs de qualité à
tous les enfants, les écoles publiques se mettent à se compétitionner entre elles pour se voler ce qui est dorénavant non plus
une population à desservir, mais une clientèle, comme le veut le vocable
qui s'est malheureusement généralisé dans notre système d'éducation publique.
En
donnant plus de marge de manoeuvre aux parents pour magasiner leur école, on va
venir, donc, alimenter la logique de
la concurrence, alimenter la logique de fond dans notre réseau de l'éducation,
qui est une logique de marchandisation
de l'école publique. On vient contribuer, donc, à déstabiliser ce fondement
essentiel de notre réseau de l'éducation
publique qui devrait être l'égalité des chances. On va venir alimenter des
logiques de concurrence qui font déjà mal, des logiques de concurrence
qui se traduisent par ce que de plus en plus d'experts, notamment Guy Rocher, définissent comme une ségrégation scolaire,
c'est-à-dire l'idée que, dorénavant, il n'y a non pas un système d'éducation,
non pas deux systèmes d'éducation, mais
trois systèmes d'éducation : l'école publique régulière, l'école privée
et, entre les deux, l'école publique enrichie ou à projets particuliers
qui vient sélectionner ses élèves.
• (19 h 50) •
Ce
phénomène de ségrégation scolaire, il existe, il est documenté. Et le projet de
loi n° 40 va venir l'empirer, ce phénomène.
J'irais même jusqu'à dire que ce qui est encore plus inquiétant, c'est l'effet
combiné du projet de loi n° 40, qui
va permettre le magasinage scolaire à l'intérieur des territoires des centres
de services scolaires, l'effet combiné, donc, de ce projet de loi et du projet de loi n° 12, qu'on a adopté plus
tôt dans cette législature, un projet de loi qui, loin de venir garantir la gratuité scolaire, venait baliser, et
donc officialiser, venait légaliser des pratiques de facturation de la part des
écoles publiques qui étaient pourtant en
infraction avec l'esprit de la Loi
sur l'instruction publique. Donc, sous prétexte de venir mettre des balises, ce qu'on a fait, avec le
projet de loi n° 12, c'est permettre, et donc encourager par le
fait même, des pratiques de marchandisation, des pratiques de facturation des
parents. Et l'effet, donc, combiné du projet
de loi n° 40 et
du projet de loi n° 12, ça va être de donner une dose d'adrénaline à
la logique de la marchandisation et de la ségrégation scolaires au Québec. Et donc ça contribue,
tout ça, l'effet combiné de ces deux projets
de loi, à nous éloigner de l'esprit
fondamental qui a présidé à la fondation puis au développement de notre réseau
d'éducation publique, c'est-à-dire l'égalité des chances, l'idée selon
laquelle, qu'on soit riches, qu'on soit pauvres, qu'on soit au milieu, qu'on
soit à Hochelaga-Maisonneuve, à Westmount,
qu'on soit aux Îles-de-la-Madeleine ou
au Nunavik, on devrait avoir les mêmes chances de réussir,
recevoir une qualité d'éducation similaire, et la taille de notre porte-monnaie
ne devrait pas influencer la qualité
d'éducation que l'on a puis les chances qu'on a dans la vie de réussir, puis de
réussir pas seulement sur le plan professionnel,
mais de réussir ses rêves, de remplir ses ambitions. Avec, donc, l'effet
combiné des projets de loi nos 40
et 12, ce que le gouvernement de la Coalition avenir Québec est en train de faire, c'est d'alimenter cette
logique plutôt que de la brider, plutôt que de la contrôler. C'est, Mme la Présidente, un des effets collatéraux du projet
de loi n° 40.
Un autre aspect, c'est la question, disons,
du... c'est... Un autre effet collatéral de ce projet de loi, puis je dois terminer rapidement, c'est, bien sûr, l'inégalité démocratique qui va
être créée entre les francophones et les anglophones, anglophones qui vont conserver leurs élections
scolaires, francophones qui vont les perdre. C'est absolument
regrettable de créer, comme ça, un
système à deux vitesses. Personne ne demandait ce brassage de structures là. Ce
qu'on comprend, c'est que le ministre
a voulu s'épargner des tracas juridiques en faisant une exception pour les
commissions anglophones. C'est une
différence de traitement basée sur la langue qui nous semble autrement... qui
semble motivée par une volonté de
s'économiser du trouble devant les tribunaux, mais qui, sur le fond, ne répond
pas à, vraiment, une vision globale ou une logique générale
en matière d'éducation.
Le temps
file, Mme la Présidente. J'avais prévu vous parler des notes gonflées de
l'article 34 du projet de loi, qui va permettre aux directions d'école de
majorer — c'est
le mot utilisé dans le projet de loi — de majorer les notes des
élèves du Québec. Là, évidemment, le retournement du ministre et de son parti
sur cette question-là est spectaculaire, puisqu'il n'y a pas assez de chemises
dans tous les Simons du Québec... il n'y a pas assez de Simons au Québec pour contenir toutes les chemises déchirées par la CAQ
sur la question des notes gonflées. Pourtant, ce projet de loi là va venir
permettre aux directions d'école de les
majorer, les notes. Là-dessus, vraiment, c'est absolument incohérent puis
surtout incompréhensible de la part
d'un ministre qui a fait une de... qui a construit, notamment, sa notoriété
politique ici sur la condamnation des
notes gonflées dans notre réseau d'éducation. Là, vraiment, là-dessus, on n'y
comprend rien, Mme la Présidente.
Je m'arrête
ici. J'aurais pu vous parler de ce qui se passe dans ma circonscription,
puisque, moi, ce que je vous dis, c'est que, sur le terrain, les gens sont
inquiets de ce projet de loi là. Ils ne voient rien de bon dans la centralisation
annoncée par le ministre de l'Éducation.
Alors, je m'arrête ici. J'aurai probablement l'occasion d'y revenir plus tard
dans le cheminement du projet de loi, mais, Mme la Présidente, à ce
stade-ci, il nous apparaît que c'était ma collègue de Sherbrooke qui avait la
solution en appelant à une...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader
du deuxième groupe d'opposition, de votre
intervention. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de
Robert-Baldwin, et vous disposez, vous aussi, d'un temps de parole de
20 minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonsoir. Bonsoir, tous les
collègues. Donc, à mon tour aussi de
m'exprimer sur le projet de loi n° 40. Plusieurs choses à
dire. On va essayer de rester dans le temps prescrit. Tout d'abord, vous
faire part des 10 grandes raisons qui nous poussent à nous opposer à ce
projet de loi.
Premièrement,
à notre avis, c'est une concentration des pouvoirs dans les mains du ministre
de l'Éducation. Nous ne pensons pas que cela soit souhaitable pour le
bien-fonctionnement de notre système d'éducation.
Deuxièmement,
il y a un traitement tout à fait inégal pour francophones et anglophones, et je
reviendrai sur cette question que nous jugeons très, très, très
importante, au coeur même de notre opposition à ce projet de loi.
Aussi,
troisièmement, un recul, un recul pour la démocratie. Ce n'est pas parce que le
taux de participation, dans certains
cas, est très bas que l'on doit nécessairement abolir ce type d'expression
démocratique. Je vous rappelle, Mme la Présidente,
comme vous le savez sans doute, dans beaucoup de municipalités au Québec, les
maires sont élus par acclamation. Alors,
si on utilise ce prétexte que le taux de participation n'est pas très élevé,
c'est une très mauvaise journée pour la démocratie au Québec.
Quatrièmement, à notre avis, c'est une violation
très claire, très nette du principe très ancien, dans notre parlementarisme de
type britannique, de «pas de taxation sans représentation». Donc, les futurs
centres de services continueraient d'avoir le pouvoir de taxer, mais où est la
représentation?
Cinquièmement,
à notre avis et de l'avis de plusieurs experts qui se sont exprimés en
commission parlementaire, les
attentes sont tout à fait démesurées à l'endroit des parents d'élèves, et cela
amène aussi à notre sixième grande raison d'être contre : il y aura
des conflits d'intérêts. C'est presque inévitable que cela se manifeste.
Septièmement,
ça donne l'illusion, à notre avis, de l'autonomie des écoles, mais, comme on
verra un peu plus tard, c'est une illusion.
À notre avis
aussi, huitièmement, cette restructuration, c'est une perte de temps, une perte
d'énergie et surtout une perte
d'argent. Il y a des défis très importants à relever en éducation, et cette
réforme n'adresse en rien la réussite scolaire de nos élèves.
Neuvièmement,
à notre avis, c'est une restructuration qui a un fond idéologique parce que
c'est quelque chose qui était promis
depuis un certain temps par la Coalition avenir Québec et ses prédécesseurs de
l'ADQ. Donc, une fois arrivé au gouvernement, le gouvernement a décidé d'aller
de l'avant avec cette restructuration qui nous semble être pas
pertinente.
Et,
dixièmement, il y a un silence autour des communautés locales et régionales en
ce qui concerne l'avenir des commissions scolaires.
Permettez-moi maintenant, s'il vous plaît, Mme
la Présidente, de vous parler un peu... Donc, j'ai mentionné qu'il y avait 10 grandes raisons. Je ne vous
parlerai pas de toutes les raisons parce qu'on manquerait certainement de
temps, mais je vais vous parler un peu plus des questions qui nous sont... dans
mon cas, qui me sont plus importantes, qui me semblent plus importantes
en termes du réseau scolaire anglophone. Et c'est de ça que j'aimerais vous
parler maintenant et je vais le faire en
citant un de nos ex-collègues, M. Geoffrey Kelley, qui a d'ailleurs créé,
avec d'autres personnes, une
association, qui s'appelle l'Alliance pour la promotion de l'enseignement dans
les écoles publiques de langue anglaise au Québec, Alliance pour la
promotion.
• (20 heures) •
Alors, M. Kelley et ses amis sont
intervenus dans le discours public et ont publié, dans le journal La Presse
du 15 novembre 2019, une petite
lettre ouverte où, justement, il adresse cette question des écoles publiques
anglophones. Alors, M. Kelley le
dit qu'à son avis «vous avez ignoré — "vous" étant le gouvernement — un élément clé dans [tout ça, ce qui sont]
les conséquences néfastes — donc — de
l'abolition des commissions scolaires sur la gestion du réseau de la
minorité anglophone.
«Il
est vrai — dit
M. Kelley — que le
projet de loi n° 40 ouvre la porte à la possibilité d'un modèle de
gouvernance distinct pour la
communauté d'expression anglaise. Cependant, le processus électoral, la
composition des conseils des centres
de service et le manque de pouvoirs réels de ces nouveaux centres menaceront le
droit de la communauté d'expression
anglaise de contrôler et de gérer ses écoles, un droit qui est extrêmement
important non seulement pour la minorité anglophone au Québec, mais
aussi pour les minorités francophones au Canada.
«Il
y a six mois, nous avons créé — donc — [cette]
alliance[...] — qui
s'appelle APPELE-Québec — une
coalition de [divers] groupes
communautaires réunis pour défendre la participation de [la] communauté dans le
projet de réforme du gouvernement.
«Les
principes de base qui guident [la] réflexion sont la préservation du droit de
vote et la pleine participation de l'ensemble de la communauté, pas
seulement celle des parents [des] enfants inscrits à l'école.»
Ça, c'est extrêmement
important parce que, dans le milieu anglophone et, j'en suis sûr, aussi dans le
milieu francophone, mais parlons ici de
milieux anglophones, c'est toute la communauté qui se réunit autour des commissions scolaires. Ce ne sont pas
seulement les parents, mais c'est toute la communauté. D'ailleurs,
il y a le fameux dicton : Ça prend un village pour élever un
enfant. Ce n'est pas seulement les parents de l'enfant en question, mais c'est
toute la communauté. Et donc ce projet de loi vient porter atteinte directement à ces principes de pleine participation de
l'ensemble de la communauté.
«Comme
nous l'avons dit — selon
M. Kelley — au
ministre [de l'Éducation], nous ne nous opposons pas aux changements en soi, mais nous croyons qu'il faut
adopter un nouveau modèle qui encouragera la participation démocratique
et conservera les pouvoirs déjà accordés aux commissions scolaires.
«Malheureusement, à la lecture du projet de
loi, nous nous sommes aperçus que le
modèle proposé ne respectait [pas] ni [les] conseils ni [les] droits
constitutionnels — de
la minorité anglophone.
«Le modèle impose
[donc] un fardeau [trop] lourd [pour] les parents bénévoles. Le processus
d'élection des quatre représentants
communautaires est trop complexe, car le projet de loi exige des
sous-catégories pour des candidats qui
seront impossibles à mettre en application. Est-ce que l'électeur
anglophone devra vraiment voter pour chacune des sous-catégories en
plus de choisir un représentant des parents?
«Le
Directeur général des élections, M. Pierre Reid, [avait] également
souligné la complexité et le non-respect des principes de base dans son
intervention devant la commission parlementaire[...].
«De
plus, comme [mentionné par plusieurs autres personnes], le ministre
propose de se réapproprier plusieurs
pouvoirs, et ce, au nom de la [...]
décentralisation.» J'essaie de ne pas citer certains mots qui pourraient être
problématiques, donc c'est pour ça que des fois je fais cela.
Alors :
«Selon le projet de loi, le ministre pourra, par exemple, annuler les décisions
des centres de services, changer les territoires
de ceux-ci sans consultation et même désigner les noms des nouvelles entités. À
notre avis — donc de cet organisme — ces
propositions visent plutôt la centralisation et sont totalement
inacceptables — et je
partage entièrement ce point de vue.
«Nous
comprenons le désir d'augmenter les pouvoirs des conseils des écoles locales,
mais il faut être réaliste. Les écoles
de la communauté anglophone sont, en général, petites — 40 % ont moins de 200 élèves — et isolées. Le soutien d'une commission scolaire ou d'un centre de
services — appelons-le
ce qu'on voudra — puissant
et efficace est donc essentiel.
«Lors
[de l']échange devant la commission parlementaire[...], nous avons soulevé le
problème du fardeau excessif placé sur les
parents qui sont obligés de siéger à la fois à un conseil d'école et au conseil
du centre de services.
«La réponse [de M. le] ministre [de l'Éducation] était fort
inquiétante. Il nous a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'un vrai problème, car
les conseils des centres de services ne seront pas décisionnels, et qu'en
conséquence les membres n'auront
pas beaucoup de travail à faire. Nous nous trouvons donc dans une situation qui
ne respecte ni les protections constitutionnelles
ni les droits des minorités linguistiques du Canada qui assurent le contrôle et
la gestion de leurs réseaux scolaires.» Le contrôle et la gestion du
réseau scolaire, c'est cela qui est protégé par la Constitution.
Maintenant :
«Lors des dernières élections scolaires, malgré [d']importants obstacles
structurels associés à l'exercice du droit
de vote, 17 % — 17 % — des électeurs anglophones ont voté. Ce chiffre est nettement plus élevé
que le 4 %», qui est souvent cité par le
gouvernement.
«C'est dans cette optique que nous avons invité le ministre
et son équipe à entamer une discussion avec les représentants de la communauté dans le but d'améliorer le projet de loi.»
Voilà,
Mme la Présidente. Donc, ici, il y a une question de contrôle et gestion du
réseau scolaire qui est très importante.
Mais ce n'est pas seulement
M. Kelley et son groupe qui s'opposent, bien sûr, à ce projet de loi. Pour citer aussi quelqu'un d'autre de bien connu et de tout un autre prisme politique
différent, je vais citer M. Daniel Turp, un professeur de la Faculté de
droit de l'Université de Montréal et bien connu. Et M. Turp dit très clairement
que le projet de loi n° 40 est discriminatoire.
D'ailleurs, il se pose la question : «Est-il raisonnable — selon M. Turp — pour le Québec, de priver les
francophones d'un droit citoyen et de le maintenir pour les anglophones? La
différence de traitement ne saurait être considérée
comme raisonnable dans une société libre et démocratique.» Donc, M. Turp, un
professeur de droit bien connu, dit
que «la différence de traitement ne saurait être considérée comme raisonnable
dans une société libre et démocratique», Mme la Présidente.
Aussi, je peux vous mentionner Mme
Marie-Andrée Chouinard, éditorialiste dans le journal Le Devoir,
qui a publié un éditorial, le
15 novembre, où elle fait des commentaires sur le projet de loi
n° 40. Elle dit, par exemple, qu'un projet de loi parfait n'existe pas, la perfection n'existe pas, mais que ce
projet de loi ci, le projet de loi n° 40, a une... sa plus grande faille, de ce projet de loi, c'est qu'il
propose à travers ses 312 articles, 312 articles et deux annexes,
bien plus que juste une
transformation des commissions scolaires en centres de services, mais surtout
«une kyrielle de modifications qui
laisseront le territoire scolaire québécois fragmenté et vulnérable à des intérêts peu outillés pour décider du sort
des écoles». C'est très important,
Mme la Présidente, je vais le mentionner à nouveau, donc «une
kyrielle de modifications qui
laisseront le territoire scolaire québécois fragmenté et vulnérable à des
intérêts peu outillés pour décider du sort des écoles».
Alors,
si l'idée du gouvernement «est de remettre l'école dans les mains de sa communauté,
force est d'admettre — selon
Mme Chouinard — que
la communauté ne s'entend pas le moins du monde sur la manière dont doit
s'opérer la gouvernance de l'école. Les
dernières semaines [d'auditions] ont permis de voir qu'autour de ce projet de
loi une vaste opération de souque à la corde s'opère au grand jour.»
Mme Chouinard
mentionne aussi, comme notre collègue député de Gouin avait dit, que l'article 310
est problématique parce
que cela permet au ministre
de l'Éducation de «prendre toute mesure utile à l'application de la loi».
C'est vraiment se donner des
pouvoirs très larges, ce qui est inquiétant, selon Mme Chouinard et beaucoup
d'autres critiques.
Aussi,
Mme Chouinard mentionne que les experts bien connus en gouvernance d'organismes
publics, MM. Yvan Allaire et Michel Nadeau, dirigeants de l'Institut sur
la gouvernance, avaient indiqué que... «le socle de gouvernance du projet de loi
n° 40, qui n'a pas prévu les
rouages nécessaires à la constitution de conseils d'administration crédibles et
légitimes pour diriger les fameux centres de services qui prendront la place
des commissions scolaires. [Donc,] la
crédibilité d'un conseil — disent MM. Allaire et Nadeau — se mesure par le sentiment largement partagé
que le conseil est composé de
personnes intègres qui ont les connaissances et l'expertise pour composer avec
les enjeux de l'organisation.» Et ça, c'est une condition que, selon MM.
Allaire et Nadeau, le gouvernement n'a pas répondue.
Et
donc ils mentionnent aussi que les contradictions et les oppositions sont trop
imposantes autour de ce projet de loi pour qu'il soit adopté rapidement,
en grande vitesse.
• (20 h 10) •
Alors, voilà, Mme la
Présidente, plusieurs points qui ont été soulevés par des experts qu'on ne
pourrait pas certainement considérer comme
étant des amis libéraux et qui vraiment relèvent toute une série de failles autour de ce projet de loi.
Permettez-moi,
en terminant, de vous parler aussi un
petit peu du mémoire qui a été
présenté par l'Association des commissions
scolaires anglophones du Québec,
et, selon moi, mémoire, à mon avis, vraiment très,
très, très intéressant et, je
pense, très utile à partager avec les collègues ici, au salon bleu.
«Le projet de loi n° 40 représente le plus important changement à la
gouvernance scolaire depuis la création, il
y a plus de 20 ans, des commissions scolaires linguistiques. Il imposera nécessairement des changements structurels perturbateurs au système scolaire
public québécois, qui fait [d'ailleurs] l'envie de [beaucoup de] pays [membres]
de l'OCDE. Cette loi doit être étudiée à
fond, et ses répercussions, évaluées avec soin [avec une] perspective de la
réussite scolaire.»
Alors,
l'Association des commissions
scolaires anglophones, donc, nous fait part de ses grandes conclusions. Je mentionne
quatre points.
Numéro
un : «Il incombe au gouvernement du Québec de démontrer, par le biais
d'une analyse de la politique publique
fondée sur des données probantes, comment le projet de loi [...] contribuera à
la réussite scolaire. Nous estimons qu'il
ne l'a pas fait de façon adéquate.» Et ça, c'est très important. Donc, on
essaie de régler un problème, mais où est le problème? Alors, quelles sont les données probantes qui font en sorte
que le projet de loi contribuera à la réussite scolaire?
Deuxième
conclusion : «Tout en reconnaissant que le gouvernement du Québec [...]
fait un effort pour répondre à la
situation particulière de la communauté anglophone du Québec, le projet de loi n° 40, sous sa forme actuelle, limite excessivement les droits constitutionnels de notre communauté de gérer
et de contrôler nos institutions d'enseignement.» Je pense que c'est important de comprendre à quel
point les commissions scolaires publiques anglophones jouent un rôle
dans la communauté, et qui permettent à la communauté de gérer et de contrôler
les institutions d'enseignement.
Alors,
je vois que le temps file, Mme la Présidente. La troisième — et je partage entièrement les conclusions de
l'association — la troisième conclusion, c'est que le projet
de loi «confère au ministre de l'Éducation le pouvoir d'intervenir». On
a déjà parlé de tout ça tantôt, article 340... 310, pardon.
Et
finalement, la quatrième conclusion, que je partage aussi entièrement :
«Le projet de loi n° 40 crée, pour les centres de services anglophones,
une structure de gouvernance [qui est] complexe, déroutante, compliquée et
difficile à mettre en oeuvre.»
Donc,
moi, Mme la Présidente, je partage entièrement le point de vue de l'Association
des commissions scolaires anglophones du Québec ainsi que celle de M. Kelley et
de son groupe, et donc nous trouvons que ce projet de loi n'est pas du tout pertinent, qu'il amène beaucoup trop de
«disruptions» dans le système scolaire, et c'est pour cette raison-là que
nous allons voter contre ce projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Robert-Baldwin. Et maintenant je cède la parole à M. le leader du
troisième groupe d'opposition.
M.
Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, à mon tour, au nom de ma formation politique, de
prendre la parole sur le projet de
loi n° 40. Plusieurs des collègues ici, à l'Assemblée
nationale, sont venus décrier les modalités, la finalité, l'impact réel qu'aurait ce projet de loi
là sur le système d'éducation. Bien, permettez-moi, Mme la Présidente,
aujourd'hui de donner un angle très nord-côtier, un angle très commission
scolaire de l'Estuaire, puisque c'est cette commission
scolaire qui régit l'ensemble de ma circonscription, et donner des exemples en
quoi la réforme va venir, je vous
dirais, Mme la Présidente, changer diamétralement la façon dont la gouvernance
était organisée sur le territoire et de quelle façon cette gouvernance-là était efficace, et utile, et
nécessaire, et surtout essentielle pour les services en matière
d'éducation, mais aussi les services en matière d'accès à la population.
D'entrée de
jeu, Mme la Présidente, vous ne serez pas surprise que, tout comme le collègue
de Robert-Baldwin, j'ai, moi aussi,
une pléorte d'organismes ou de gens qui sont contre le projet de loi n° 40 : j'ai une motion de la MRC de Manicouagan, j'ai une motion de la MRC de La Haute-Côte-Nord, j'ai un
engagement de la FTQ régionale, la ville de Baie-Comeau, le comité de parents de la commission scolaire de
l'Estuaire, le comité de parents de la commission scolaire de la Moyenne-Côte-Nord. Bref, tous ceux et celles qui ont à travailler
avec les commissions scolaires ou qui travaillent présentement avec les commissions scolaires sont tout
à fait contre ce projet de loi n° 40 qui va, pour nous, changer la façon dont les services sont offerts sur notre territoire,
mais surtout la façon dont nous avions décidé, sur notre territoire, d'organiser pas juste les services éducatifs, mais les services relatifs
aux installations qui étaient à
l'intérieur même de nos
écoles.
Des exemples très concrets, Mme la Présidente.
Le ministre a parlé beaucoup de décentralisation possible à l'intérieur de ce projet de loi là. Ma collègue de Joliette en faisait mention en période de questions, mais aussi lors des consultations
particulières, lorsqu'elle a posé la question aux directions d'école : Pouvez-vous nous
dire quels seraient les nouveaux pouvoirs qui vous seraient conférés?
Ils n'ont pas été capables de nous en nommer. Donc, pour nous, évidemment,
cette décentralisation, on n'y croit pas. Et on a même peur à l'effet inverse, Mme la Présidente, c'est-à-dire une centralisation.
Je vais vous
donner un peu quelques exemples qui se sont passés chez nous. Au tournant des
années 90, proche des années 2000, il y a une école qui est
passée au feu, l'école La Marée, dans la petite municipalité de Pointe-Lebel. Et la grande question qui émanait du ministère de l'Éducation, c'est est-ce
que nous allions, oui ou non,
reconstruire cette école, puisqu'il
y avait une autre école, de plus petit gabarit, plus loin dans le village. Et évidemment,
lorsqu'on fait... on regarde les chiffres, on regardait le nombre d'étudiants qu'il y avait,
dans l'école La Marée, qui auraient pu déménager à l'école Les Dunes, mathématiquement parlant, n'importe quel fonctionnaire assis à Québec avec une calculatrice et des chiffres aurait trouvé pertinent de ne pas
reconstruire l'école La Marée et de délocaliser tous les enfants du côté de
l'école Les Dunes.
Évidemment,
ce n'est pas ça qu'on voulait qui se passe. Et ça a pris une mobilisation, d'abord par la présidente de l'époque, mais qui est toujours
présidente actuelle, Mme Ginette Côté, mais aussi le député que je
remplace maintenant, ici, à l'Assemblée
nationale, M. Marjolain Dufour, député de
René-Lévesque, et faire pression, et faire des recommandations au sein du ministère pour effectivement changer cette décision administrative, et, effectivement, qui causait préjudice à ma communauté
de Pointe-Lebel, pour les convaincre qu'il fallait reconstruire l'école rapidement, parce qu'une école, c'est un
milieu de vie, c'est un milieu important pour nos tout-petits, mais c'était
aussi un milieu d'échange communautaire, c'est-à-dire qu'il y a des
locaux qui étaient utilisés par les différents organismes de la région pour permettre la tenue de réunions ou du
moins de certaines activités en dehors du cadre éducatif. Donc, ce que je
suis en train de vous dire, Mme la
Présidente, c'est que, grâce au travail de la commissaire, grâce à une
mobilisation des parents, grâce au
travail du député, on a réussi à faire changer la décision pour permettre la
reconstruction de cette école, qui,
aujourd'hui, est une belle école et qui offre effectivement des services pour
l'ensemble de la population de Pointe-Lebel.
Donc, cette décentralisation-là mise de l'avant
par le ministre nous fait part plutôt à une centralisation des décisions et à
une prise de position par les fonctionnaires de Québec sans avoir le contexte,
sans avoir la sensibilité territoriale d'avoir ou pas une ou deux écoles dans
de petits villages.
Deuxième son
de cloche que je voulais vous faire mention, Mme la Présidente, d'autres
petites écoles risquaient de fermer
aussi chez nous. Je n'ai pas beaucoup de personnes qui vivent du côté de Godbout. J'ai
une petite école aussi du côté de Baie-Trinité. Et, bref, évidemment
toutes les personnes se sont mises ensemble pour trouver une façon de garder ces écoles-là ouvertes, parce que
qui dit école ouverte dit effectivement l'opportunité d'accueillir des familles dans
les différents villages et permettre aussi une vitalité à l'intérieur même des communautés.
Donc, évidemment, les commissaires ont pris
position, donc, et ont fait reconnaître auprès du ministère,
si effectivement on fermait les écoles, quel serait l'impact pour la région. Donc, heureusement, nous avons réussi à garder ouvertes les petites écoles de Godbout,
mais aussi de Franklin.
Mais la
bonne nouvelle, c'est qu'on a des projets pour la suite, Mme la Présidente. Dans le cas de l'école de Godbout, qui a présentement seulement cinq élèves, on est en train... Et ma commission scolaire va déposer
auprès du ministère de l'Éducation un projet, justement, pour rénover cette
école, mais aussi d'avoir une entente avec la municipalité de Godbout pour y annexer des locaux pour la municipalité.
Donc, au même endroit vont se côtoyer, oui, les enfants qui vont aller à
l'école, mais on va pouvoir aussi y ajouter des bureaux administratifs,
parce que Godbout en avait bien besoin. Donc, tout le monde ensemble, autant le
ministère de l'Éducation, mais aussi la municipalité, on va partager les coûts
pour qu'ensemble on puisse obtenir des
installations qui ne sont pas juste au goût du jour, mais qui sont efficaces et
optimales, pas juste pour les enfants, mais pour les activités de la
municipalité.
• (20 h 20) •
Donc, ça,
c'est le genre de choses qu'un commissaire, c'est le genre de choses qu'une
commission scolaire est capable de
discuter avec les municipalités pour essayer de convaincre le gouvernement de
sortir un peu du cadre et d'arriver avec
des solutions qui sont permanentes chez nous, mais qui sont un modèle hybride
lorsqu'on se compare avec d'autres installations partout au Québec.
Un
autre exemple de collaboration
qu'il y a eu entre la commission scolaire... Ce qu'il faut comprendre, c'est
que, depuis 1998, Forestville voulait
se doter d'une salle de spectacle. Il y en a une à Baie-Comeau, une belle salle
de spectacle, et il y a différents
bars qu'on peut aller... du côté de la Haute-Côte-Nord, mais la municipalité de
Forestville n'avait pas de salle de spectacle digne de ce nom pour
pouvoir accueillir, oui, des spectacles issus d'une programmation qu'on peut connaître, exemple, du côté du réseau de l'Est du
Québec, le ROSEQ, mais aussi avoir des installations qui permettraient aux étudiants d'avoir un auditorium, et d'être
capable en fin d'année de monter un petit spectacle, et de montrer ça à ses
camarades et aux parents. Donc, depuis 1998,
donc ça fait quasiment 20 ans, la commission scolaire, la ville, on a
essayé de trouver des solutions et
trouver une façon de faire pour qu'ensemble nous ayons une solution qui soit,
un, satisfaisante pour la commission
scolaire, mais aussi satisfaisante pour les besoins de l'école de Forestville,
mais aussi satisfaisante et intéressante pour la municipalité de
Forestville.
Donc, à
travers ces 20 années, plusieurs gouvernements se sont succédé. Mon
collègue, à l'époque, le député de Bourget, Maka Kotto, avait annoncé un
financement pour la mise aux normes de cet auditorium, mais de permettre, effectivement, à la commission scolaire de rendre
disponible cette installation-là pour la programmation de spectacles du côté de Forestville. Changement de
gouvernement, on a relancé le Parti libéral à l'époque, on a eu des bonnes
discussions, on a réannoncé les sommes,
mais rien n'avait été fait pour s'assurer de livrer la marchandise, parce qu'il
restait encore quelques dédales administratifs à régler. Ce n'est pas
facile de partager les locaux entre une municipalité et une commission scolaire, il y a des responsabilités à
voir entre les différentes parties. Il fallait aussi que, dans certains cas,
oui, l'auditorium réponde aux besoins des étudiants et des enfants de
l'école de Forestville, mais il fallait aussi que cette salle-là rencontre
quand même certains standards pour permettre d'offrir un niveau de salle de
spectacle qui allait intéresser des artistes
et des artisans partout au Québec à venir nous visiter. Donc, grâce à ce
travail-là, on a continué, et, avec
le nouveau gouvernement, c'est eux qui sont venus annoncer, effectivement, la
contribution financière, effectivement, pour nous permettre d'avoir cet
auditorium-là.
Donc,
pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente? C'est que, chez nous, les
commissions scolaires est un acteur clé
sur le territoire, un acteur clé, oui, qui s'assure de donner les services
adéquats en matière de services éducatifs pour nos élèves, s'assure
qu'on ait le bon transport qui va chercher les enfants au bon endroit, capable
de fédérer aussi certains besoins, parce que
j'ai un immense territoire, j'ai la troisième plus grande circonscription au
Québec avec une faible densité de
population. Donc, vous avez compris, Mme la Présidente, qu'on doit se promener
beaucoup chez nous. Donc, quand on veut
promener... quand on veut amener les enfants dans les écoles, ça prend une
organisation, du transport scolaire, quand même assez particulière, donc il faut voir à tout ça. Et donc pourquoi
je vous dis ça? C'est que la commission scolaire est capable, en étant bien connectée sur le territoire, de voir d'autres
besoins et de les fédérer pour qu'au final un besoin réglé pour le système éducatif est aussi un besoin
qui peut être comblé et réglé pour d'autres situations amenées dans les
différentes municipalités.
L'exemple des
bibliothèques scolaires et municipales aussi. Lundi prochain, si je suis
chanceux et je peux rester dans ma circonscription avant de venir siéger, il y
a, effectivement, l'école Les Dunes qui va procéder à l'inauguration.
Ils ont mis ensemble la bibliothèque
municipale et la bibliothèque de l'école pour en faire une seule et unique pour
permettre d'augmenter l'offre de livres à nos tout-petits, mais aussi de rendre
accessibles la lecture et les livres pour l'ensemble de la population. Alors, c'est le genre de choses qui se
fait chez nous et ça se fait toujours en collaboration avec les commissions
scolaires.
Une autre
chose aussi qui est bien importante chez nous, à travers notre commission
scolaire, c'est qu'on met plusieurs projets de l'avant. Donc, notre
commission scolaire n'a pas juste le souci d'organiser les services éducatifs sur le territoire, mais d'assurer d'amener une
valeur ajoutée. Et j'ai deux exemples très patents à vous présenter, Mme
la Présidente.
Chez nous a existé, à travers... pendant
plusieurs années, ce qu'on a appelé Choix pour l'avenir. Ce qu'il faut comprendre, Mme la Présidente, c'est que, chez
nous, comme on n'a pas d'université, on a seulement un cégep, qui est notre
seul centre d'études supérieures, et on a plusieurs centres de formation
professionnelle sur l'ensemble du territoire, il devient difficile pour nos jeunes de rester en contact avec les
différents systèmes d'éducation, les différentes possibilités d'éducation qui s'offrent à eux. Et, lorsqu'on est
en secondaire III, en secondaire IV, on doit faire notre choix de
carrière. Des fois, c'est un petit
peu difficile de s'orienter ou de se trouver à travers les différents
programmes qui existent. Et, comme on
n'a pas d'installation pour aller visiter et rencontrer des professeurs, c'est
un petit peu difficile d'avoir effectivement le bon coup d'oeil ou la bonne information pour faire un choix avisé.
Donc, la commission scolaire, en partenariat avec différents partenaires du milieu, a lancé ce qu'on
a appelé Choix pour l'avenir, donc permettre à des jeunes du secondaire d'être jumelés avec des professionnels partout
dans la MRC Manicouagan, mais aussi Haute-Côte-Nord pour vivre une expérience d'une journée, un stage en milieu de
travail, pour valider un choix professionnel, un choix de carrière, mais
aussi un choix de formation. Et ça, c'était chapeauté par la commission
scolaire.
Donc, chez
nous, grâce à ça, plusieurs garçons et filles ont pu valider un choix positif,
pour dire : «Oui, j'ai envie de faire ça», mais aussi pu valider quelque
chose qu'ils pensaient stimulant pour eux ou motivant pour eux, mais, après avoir vécu... après une journée, ils se sont
rendu compte que ce n'était pas quelque chose qui les atteignait. Donc, grâce à Un choix pour l'avenir, plusieurs ont
confirmé leurs choix. Certains ont fait le choix de rester chez nous, mais
d'autres sont allés à l'extérieur pour aller
aux études et revenir après ça travailler dans ma circonscription. Donc, le
Choix pour l'avenir, pour nous, ça a
permis un éveil à nos étudiants, permettre de se connecter sur les opportunités
d'emploi qu'il y a chez nous mais
aussi l'opportunité d'aller chercher la meilleure formation possible, si elle
n'est pas offerte chez nous, ailleurs au Québec, et être capable d'avoir
cet emploi-là ici, en région.
Le deuxième programme, et ça, j'en suis beaucoup
fier parce que, dans mon ancienne carrière, à titre de directeur de la SADC, nous avions travaillé à mettre sur pied cette
initiative qui s'appelle InnuRassemble. Vous savez, Mme la Présidente, dans ma circonscription, j'ai
deux communautés innues, la communauté de Pessamit et la communauté d'Essipit, et, malgré le fait que, dans certains
cas, ces communautés-là sont très près des différentes municipalités, il existe
véritablement un clivage entre les deux communautés, et la seule façon de
briser l'isolement, éviter toute forme de racisme,
c'est de les mettre en contact. Et quelle est la meilleure façon de les mettre
en contact qu'utiliser l'art et la création pour créer entre ces deux
communautés un espace d'échange?
C'est pour ça
que la commission scolaire, en partenariat avec le Centre des arts de
Baie-Comeau et d'autres partenaires financiers du milieu, nous avons créé ce
qu'on a appelé InnuRassemble. Donc, les jeunes de la communauté de
Pessamit viennent passer une journée avec les gens des polyvalentes
Serge-Bouchard et polyvalente des Baies, à Baie-Comeau,
et vice et versa, les jeunes de la polyvalente des Baies et Serge-Bouchard s'en
vont du côté de la polyvalente Uashkaikan,
du côté de Pessimit. Et, pendant ces journées-là, on échange sur les cultures,
on échange sur nos différences, mais,
ensemble, il se crée un moment de collaboration, et c'est par l'art qu'on est
capable de passer les barrières du racisme, de l'isolement et des préjugés, qui sont préconçus, je vous dirais, des
deux côtés des communautés, autant la communauté innue que des communautés non autochtones. Et donc, grâce à ça, des
artistes d'ailleurs viennent faire des ateliers avec les jeunes pour créer des
chansons, créer de la musique et échanger avec eux. Il y en a plusieurs qui
sont venus, mais je prônais l'exemple de Biz, de Loco Locass, qui est
venu animer un atelier de création littéraire avec les jeunes.
Donc, quand
je vous disais, Mme la Présidente, qu'une commission scolaire, c'est un acteur
clé, c'est un acteur ancré dans son milieu, voilà plein d'exemples, pour nous,
que notre commission scolaire, ce n'était pas parfait, mais fonctionnait
très bien, était au diapason avec ses besoins... avec les besoins du milieu,
était au diapason aussi pour anticiper des
besoins futurs et s'assurer que, collectivement, nos écoles, nos professeurs,
nos professionnels puissent, oui, être
déjà au centre du service éducatif, mais puissent contribuer aussi, par
différents projets, à faire vivre à nos jeunes une expérience différente
qui allait les amener à être de meilleurs citoyens.
Évidemment,
Mme la Présidente, pour nous, pour le Parti québécois, ce n'était pas une
priorité de jouer dans les structures.
Je veux juste rappeler ici, à cette Assemblée, que, pour le Parti québécois,
pour nous, ce qui était important, c'était
de réaffirmer la fonction démocratique des commissions scolaires en tant que
lieu de gouvernance, de proximité et de prise en compte des réalités.
Donc, oui, il fallait encore tenir des élections scolaires, mais probablement
en même temps que les élections municipales,
parce que, comme plusieurs des collègues l'ont dit ici, au salon bleu, c'est
sûr que le taux de participation
était très bas, c'est sûr qu'on devrait l'améliorer. Et on pense que de l'avoir
mis en même temps que les élections
municipales, et d'en faire une promotion, et de valoriser le rôle des
commissaires, probablement qu'il y aurait eu un meilleur taux de
participation, et la démocratie scolaire serait sortie gagnante.
Mais
évidemment, la façon dont le gouvernement l'amène présentement, en abolissant
les élections scolaires du côté des
communautés francophones mais en les maintenant du côté anglophone, on ne
comprend pas trop, je vous dirais. Si
c'est important pour la communauté anglophone, pourquoi ce ne l'est pas pour
les communautés francophones? Je pense qu'une
démocratie s'exerce par un droit de vote, par l'opportunité de faire un choix.
Et je n'enlève rien à la communauté anglophone, et tant mieux s'ils ont
encore cette possibilité-là, mais j'aimerais que la communauté francophone, sur
l'ensemble du territoire, puisse avoir ce
choix-là. Mais malheureusement, Mme la Présidente, tel que le projet de loi est
fait présentement, ça ne sera pas le cas.
• (20 h 30) •
Évidemment,
le gouvernement nous a fait miroiter des baisses de coûts relatifs à
l'administration des commissions scolaires
mais aussi à l'organisation des élections. Mais, vous savez, Mme la Présidente,
lorsqu'on prend les sommes qui seront
sauvées, disons-le comme ça, en matière d'élections scolaires et qu'on les
applique sur l'ensemble du budget de l'éducation,
vous comprendrez que, chez nous, ça ne fera pas une énorme différence en termes
du nombre de ressources supplémentaires ou du nombre de ressources qui
auront du temps à consacrer pour nos étudiants.
Alors, on
pense que ce n'est pas la bonne approche. On devrait augmenter les moyens dans les services éducatifs, augmenter le nombre de professeurs, augmenter le
nombre de professionnels, évidemment, mais ce n'est pas vrai... En tout cas,
pour nous, il n'y aura aucun impact, de dire : Bien, en coupant les
élections, on économise de l'argent, et cet argent-là
va être retourné directement dans la commission scolaire de l'Estuaire. Pour
nous, Mme la Présidente, avec les sommes qui nous sont desservies,
c'est sûr que ça ne fera pas une immense différence.
Évidemment,
Mme la Présidente, on aurait aimé que le gouvernement prenne un véritable temps d'arrêt. Je pense que le ministre a aujourd'hui, en point de presse, annoncé que plusieurs
choses pouvaient changer dans le projet
de loi en question, il y a une date qui demeure,
c'était la date, là, du 1er novembre 2020, mais qu'il y a plusieurs choses qui pouvaient changer. Donc, je sens moins d'urgence dans
l'organisation de nos travaux pour mener des débats, pour avoir des
discussions.
Évidemment,
Mme la Présidente, nous aimerions que ce projet de loi là soit très différent,
c'est-à-dire qu'on garde cette démocratie scolaire, mais qu'on s'assure, Mme la
Présidente, de garder nos commissaires, notre démocratie, nos acteurs qui
animent le monde éducatif en région puissent encore être des acteurs de premier
plan dans la vitalité et surtout dans le développement social,
économique et environnemental de nos communautés.
Donc,
évidemment, Mme la Présidente, vous ne serez pas surprise que ma formation
politique est tout à fait contre le principe
en question. Mais on ne désespère pas. Ma collègue de Joliette a l'intention de
travailler avec les différents parlementaires autour de la table pour trouver
des amendements qui pourraient être à la satisfaction de tous, qui pourraient, dans certains cas, être capables
d'atteindre les objectifs du ministre, mais qui seraient capables aussi
d'entendre les préoccupations de l'ensemble de notre population dans
toutes les régions du Québec.
Évidemment, Mme la Présidente, pour nous, et je
vais terminer là-dessus, c'est important que les commissions scolaires aient encore un rôle prépondérant dans
l'activité économique, et dans l'activité sociale, et dans l'animation même
de nos communautés. Les deux exemples que je
vous ai donnés sur Un choix pour l'avenir et InnuRassemble ont eu des effets plus que bénéfiques pour les jeunes avant
de se rendre dans leurs choix définitifs en matière de choix professionnels
et éducatifs, donc
moi, je veux garder ça. Il faut que j'aie une place pour permettre à la
nouvelle organisation, au nouveau comité qui sera créé de mettre sur
pied ces initiatives. Et, pour nous, on est des petites populations, on a de
petits villages, Mme la Présidente, et c'est
important que nos écoles soient connectées directement avec la municipalité,
avec la localité. Donc, il faut qu'on trouve un moyen que ces
synergies-là qui sont offertes entre les besoins municipaux, entre les besoins à des écoles... qu'on puisse
créer des synergies pour qu'ensemble chacune des communautés puisse tirer son
bénéfice. Une école, ça appartient à tous. Les gymnases devraient être
accessibles à tous, les cours d'école devraient être ouvertes 24 heures sur 24 pour l'ensemble des enfants qui
voudraient y circuler. Mais c'est sûr que, si on n'a plus de démocratie scolaire, et c'est décidé uniquement
et exclusivement par les gens qui sont ici, à Québec, sur le béton, en train de décider dans une colonne de chiffres...
c'est sûr que, pour nous, c'est une atteinte très grave à la vitalité et la
suite de nos communautés. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader du
troisième groupe d'opposition. Et maintenant je cède la parole à Mme la
députée de Laporte.
Mme
Nicole Ménard
Mme
Ménard : Merci. Merci, Mme la Présidente. Alors, j'apprécie
avoir la chance de prendre la parole sur le débat entourant l'adoption du principe du projet de loi n° 40 qui modifie principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Depuis
son élection, il y a plus d'un an, le gouvernement a l'habitude de vouloir agir
rapidement, et ce, sur plusieurs fronts à la fois. Après avoir fait
adopter le projet de loi sur le déploiement des classes de maternelle quatre
ans, voilà maintenant que le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur souhaite faire adopter à grande
vitesse le projet de loi dont nous
débattons ce soir. Enseignant de formation, il est très, très surprenant de
constater qu'il souhaite faire un débat de structures plutôt que
consacrer ses efforts sur les services aux élèves.
Mme
la Présidente, vous me permettrez de
prendre le temps de souligner le travail de mon ancien collègue
de Jean-Talon et ministre
de l'Éducation, du Loisir et du Sport
du dernier gouvernement libéral, M. Sébastien
Proulx, qui a déposé une politique
ambitieuse pour favoriser la réussite de l'ensemble des élèves du Québec.
Cette Politique de la réussite
éducative a été saluée lors de sa présentation. Pourquoi, Mme la Présidente? Bien, parce qu'elle mettait en place des mesures visant la
réussite académique de nos jeunes et non un brassage inutile de structures.
J'aimerais remonter
dans le temps, soit avant l'élection d'octobre 2019. En campagne
électorale, le premier ministre disait que son gouvernement serait un gouvernement économique. Une fois arrivés au pouvoir, les Québécois ont rapidement réalisé que le premier
ministre et ses ministres ne savaient pas compter et ne savent toujours pas.
Le
18 octobre 2019, lors de l'assermentation
des membres du Conseil des ministres, le premier ministre affirmait que l'engagement le plus important de son
gouvernement serait de s'assurer que chaque enfant québécois pourra aller
au bout de son plein potentiel. À la lecture
du projet de loi, visiblement le premier ministre et le ministre de l'Éducation
souhaitent faire un débat de structures plutôt que de miser sur les vrais
enjeux dans ce domaine.
Nous
nous souvenons tous du premier ministre qui disait vouloir être à l'écoute des
Québécoises et des Québécois. Depuis, réforme après réforme, le gouvernement
n'écoute pas les experts et les acteurs du milieu, et nous constatons au fur et à mesure les impacts déplorables qu'ont
les différentes réformes sur l'ensemble de la société québécoise. Je pense
au projet de loi n° 5 sur le déploiement des classes de maternelle quatre
ans, où les experts et le milieu étaient contre le déploiement mur à mur. Le gouvernement a été de l'avant, sans faire
preuve d'ouverture, en adoptant le projet de loi, allant même, Mme la
Présidente, à l'encontre de l'avis du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur.
Je
pense également au projet de loi n° 34 sur les tarifs d'hydroélectricité.
Ce projet de loi n'a aucun appui, sauf celui
d'Hydro-Québec. Tous s'entendent pour dire qu'il s'agit d'un projet de loi
néfaste, les Québécois seront perdants avec les mesures tarifaires
proposées. Malgré tout, le gouvernement fonce.
Lors
de l'assermentation du Conseil des ministres, le premier ministre demandait à
ses ministres d'exercer leur mandat dans un esprit de proximité, d'humanité
et d'ouverture. En entendant cela, nous pensons immédiatement à la réforme du Programme de l'expérience québécoise, le
PEQ, qui était loin d'être une réforme humaniste. Grâce à l'intervention de mon collègue député de Nelligan
et à la pression populaire, le ministre a finalement retiré sa réforme.
Mme
la Présidente, je vous donne ces exemples puisqu'ils démontrent que, depuis
plus d'un an, le gouvernement a fait plusieurs erreurs sans en tirer des
leçons. Ce projet de loi en témoigne.
Suite
au dépôt du projet de loi n° 40, le 1er octobre dernier, plusieurs
critiques se sont fait entendre. Et malgré tout le gouvernement souhaite faire adopter le texte en toute vitesse. Il n'y
a pas d'urgence, le milieu scolaire se porte bien. Pourquoi ne pas
suspendre l'étude du projet de loi afin de faire les choses correctement?
• (20 h 40) •
Laissez-moi maintenant aborder quelques
éléments du projet de loi qui interpellent les citoyens et les intervenants
du milieu de l'éducation de ma circonscription.
Le
territoire de ma circonscription de Laporte comprend deux commissions scolaires :
la commission scolaire
Marie-Victorin, qui est francophone, et la commission scolaire Riverside, qui,
elle, est anglophone. Le ministère de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur, sur
son site Internet, définit le rôle des commissaires scolaires comme des élus qui jouent un rôle très important au sein de
leur milieu. Au fil des ans, j'ai rencontré et échangé à plusieurs reprises avec les présidents successifs et les différents
commissaires sur le territoire de ma circonscription et j'en suis venue à la même conclusion, j'ai pu constater le dynamisme et
le dévouement que ces individus apportent au milieu scolaire et au bénéfice des élèves. À la lecture du projet de loi, j'en comprends que le ministre ne partage pas la même opinion que son ministère.
Dans
son mémoire transmis à la Commission
de la culture et de l'éducation, la commission scolaire Marie-Victorin ne fait qu'une seule recommandation, surseoir au projet
de loi et procéder à une vaste consultation, puisque, selon la présidente, la réforme ne réglera rien en
éducation. Alors que notre société change, il est important que les commissions scolaires s'adaptent aux
besoins de leurs communautés. Ce n'est pas en les abolissant que nous allons
pouvoir y arriver. Au contraire, ce
brassage de structures, c'est d'investir du temps et de l'énergie dans un débat
futile. Les parents s'attendent à ce
que le premier ministre respecte sa promesse alors qu'ils attendent toujours
des services pour leurs enfants, des écoles en bon état et surtout,
surtout des enseignants.
Mme la Présidente, il est important de rappeler la mission des commissions scolaires, soit de veiller à la réussite des élèves en offrant des services efficaces et
essentiels à ses directions d'établissement et à ses enseignants afin qu'ils puissent
se consacrer à leur mission éducative.
Permettez-moi de débuter avec l'aspect le plus
important, soit les élèves. C'est une réalité bien présente dans plusieurs
régions du Québec, nous vivons avec une situation
de manque de main-d'oeuvre, qui n'échappe pas au milieu scolaire, au milieu de l'éducation. Alors que la rentrée scolaire 2019‑2020 débutait, Le Devoir nous
apprenait que des enseignants
manquaient à l'appel dans certaines commissions
scolaires. Plusieurs
facteurs expliquent cette problématique : d'abord, les départs à la
retraite, baisse d'inscription d'étudiants dans les facultés d'éducation, hausse du nombre des élèves. Dans certaines écoles, du personnel non légalement
qualifié est parfois appelé en renfort pour effectuer la suppléance. Dans le projet de loi, est-ce qu'il y a une mesure
pour améliorer cette situation? Eh bien, Mme la Présidente, non. Dans le projet de loi, est-ce qu'il y a une mesure pour
valoriser la profession d'enseignant afin de les encourager à poursuivre
leur carrière et attirer de futurs enseignants dans nos facultés? Non.
La commission
scolaire Marie-Victorin vit une croissance phénoménale. Plus de
42 500 élèves étudient dans les établissements d'enseignement, chaque année environ
1 500 nouvelles inscriptions sont enregistrées, et la commission
scolaire fait présentement face à un déficit d'espace. Dans le projet de loi,
est-ce qu'il y a des mesures concrètes pour régler
cette situation? Non. Si ce gouvernement écoutait vraiment les experts et le
milieu de l'éducation, il aurait rapidement constaté que son projet de
loi fait fausse route.
Mme la
Présidente, j'aimerais maintenant aborder un élément essentiel dans toute
société, soit la démocratie. Je veux parler plus précisément de la
démocratie scolaire.
Ce projet de
loi vient supprimer le droit des citoyens francophones d'élire des
représentants qui administrent les écoles
et qui adoptent des mesures visant la réussite académique des jeunes
Québécoises et Québécois. Comment le ministre justifie l'abolition des élections scolaires? Un trop faible taux de
participation. Le ministre envoie comme message à la population que le droit de vote est à prendre à la
légère et il minimise par le fait même la légitimité de ceux et celles qui ont été élus. Pourquoi le ministre ne met-il pas
en place des mesures qui contribuent à sensibiliser les citoyens au vote
lors des élections scolaires?
Le Québec
s'est doté d'un organisme indépendant pour veiller à l'organisation des
scrutins, soit le Directeur général des
élections. Pourquoi ne pas mandater le DGEQ à renseigner la population ainsi
qu'à faciliter le processus d'élection afin d'assurer une plus grande
participation des citoyens? Je pense notamment au vote par Internet ou à la
tenue des élections scolaires au même moment que les élections
municipales, qui sont à date fixe. Lors des consultations en commission parlementaire, le Directeur général des
élections a été entendu et il s'est mis à l'entière disposition des élus afin d'identifier des solutions pour favoriser un
intérêt renouvelé envers la gouvernance du milieu de l'éducation. Alors,
pourquoi ne pas saisir la main tendue du Directeur des élections?
Un principe
bien établi en démocratie veut que seuls des représentants élus puissent
légitimement imposer des taxes et des
impôts à la collectivité. Avec la création des centres de services scolaires,
seuls les parents ayant des enfants dans le milieu scolaire pourront élire
leurs représentants. Les citoyens et citoyennes qui n'ont pas d'enfant
fréquentant l'école ne seraient pas
pour autant exemptés du paiement des taxes scolaires, sans avoir le droit de
choisir celles et ceux qui prélèveraient et dépenseraient leurs taxes.
Cette situation est inéquitable.
Mme la
Présidente, en terminant, je crois que tous les parlementaires souhaitent la
réussite académique du plus grand nombre de jeunes Québécoises et
Québécois. Pour y arriver, le ministre doit se consacrer sur les vrais enjeux. Les commissions scolaires peuvent certainement
être modernisées sans toutefois remettre en question l'ensemble du réseau.
Je termine
mon intervention avec une citation du ministre en entrevue avec Anne-Marie
Dussault à l'émission 24/60 le jour de son assermentation. Je le cite :
«La dernière chose, je pense, dont on a besoin dans le réseau, c'est d'un
ministre qui arrive avec des idées toutes
faites et qui les implanterait sans consulter les gens directement sur le
terrain.» Fin de la citation. Un an plus tard, force est de constater
que le ministre a bien changé.
Mme la
Présidente, le ministre doit s'attaquer aux vrais enjeux, aux vrais problèmes
dans le milieu de l'éducation et surseoir au projet de loi. Je voterai
contre ce projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
• (20 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Laporte.
Et maintenant la prochaine intervention sera celle de Mme la députée de Maurice-Richard. Et vous disposez d'un temps de parole de
20 minutes.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 40 qui porte sur la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et la
gouvernance scolaires. Et c'est important pour moi de prendre la parole dans ce
dossier comme l'ont fait la... j'allais dire la plupart, mais la totalité de
mes collègues, parce qu'il y a des
débats comme celui-ci qui sont fondamentaux et sur lesquels chacun d'entre nous
doit se pencher avec beaucoup de rigueur, et ce projet de loi là,
clairement, en est un.
J'ai
beaucoup d'éléments à aborder parce que ça me donne l'occasion de parler,
justement, non seulement sur le dossier
de l'éducation... Je vais me centraliser, évidemment, sur la question du projet
de loi qui nous occupe, mais j'en profiterai...
Puis j'informe le ministre tout de suite que j'en profiterai également pour
aborder la question de la motion sur les concours d'architecture dont nous
avons parlé aujourd'hui, parce que c'est pour moi l'occasion de faire un
petit aparté sur cette question-là. Mais
d'entrée de jeu j'aimerais ça... Parce que j'ai le privilège, en plus de
prendre la parole ce soir, de siéger sur un autre projet de loi qui est
le projet de loi n° 34, sur l'hydroélectricité, et je serai appelée, la
semaine prochaine, à faire des consultations sur le projet de loi n° 44
sur l'abolition du conseil de gestion du Fonds vert et sur l'abolition aussi de Transition énergétique
Québec. Et, dans ces trois projets de loi, force est de constater qu'il y a une
tangente assez malheureuse, qui est une
prémisse de fond, je dirais, des décisions gouvernementales et des projets de
loi qui sont mis de l'avant par le
gouvernement caquiste. Et je me dois obligée de le mentionner parce que ça a
été mentionné aussi par plusieurs groupes dans ces différents projets de
loi. Et je ne sais pas si c'est une tendance qui s'avérera continuée, mais force est de constater qu'elle est
en place depuis un an dans ce qui nous est proposé par le gouvernement,
et c'est assez malheureux.
Et ce qui
recoupe ces trois projets de loi et certains autres aussi, c'est toute la
question de la centralisation des pouvoirs
et de l'abolition des contre-pouvoirs. Et j'ai plusieurs collègues qui y ont
fait référence, avec raison. Puis je pense, entre autres, à mon collègue de Laval-des-Rapides, qui est porte-parole
dans les ressources naturelles et qui fait souvent référence — et
j'ai l'occasion de siéger avec lui sur la commission parlementaire — du
projet de loi n° 34 sur les tarifs
d'hydroélectricité, et on est un petit peu dans le même schème de pensée. C'est
un projet de loi qui retire aussi des pouvoirs qui sont extrêmement
importants, ce qu'on appelle un contre-pouvoir, donc, à la Régie de l'énergie,
qui est indépendante et qui a donc le
pouvoir de venir remettre en question des décisions du gouvernement. Et, dans
ce projet-là, et mon caveat sera
quand même assez court, je vais revenir au projet de loi qui nous occupe, mais
je pense que c'est une trame de fond
qu'il faut bien comprendre pour voir les objections qu'on apporte au 40, au
projet de loi n° 40, malheureusement qui ne sont pas spécifiques au
projet de loi sur les services de garde, mais qui sont beaucoup plus majeures
que ça, sur une tendance qu'on dénonce de façon beaucoup plus large qui est
celle d'abolir, dans le fond, et d'enlever
des voix. Et je pense que, quand on est un gouvernement, malheureusement ou
heureusement, on ne peut pas toujours
faire l'unanimité, mais c'est important d'avoir des gens qui demeurent
disposés, ou qui demeurent disponibles, ou qui demeurent pertinents pour lever la main de temps en temps pour
nous dire : Vous n'êtes pas dans le droit chemin. Et, en ce moment, le gouvernement de la CAQ, ce
qu'on voit avec les différents projets de loi qui sont sur la table, c'est
qu'il y a une abolition de ces voix-là, et
c'est ce qui est extrêmement dangereux, je pense, pour une bonne gouvernance.
Puis, si je
reviens au projet de loi sur les tarifs de l'hydroélectricité, on voit que,
depuis 20 ans, au Québec, on avait
collectivement choisi la voie d'emprunter l'existence de la Régie de l'énergie
pour fixer des tarifs, des conditions d'électricité
et on s'était dotés d'une institution comme la Régie de l'énergie afin
justement d'avoir un examen extrêmement rigoureux des demandes tarifaires d'Hydro-Québec, s'assurer que ces
choix d'investissement étaient prudents, et ce sont ces pouvoirs-là, en
fait, qui sont retirés par le gouvernement dans le projet de loi n° 34. Et
puis j'en profite pour mentionner qu'avec ce
projet de loi là on va devenir un des rares endroits en Amérique du Nord où les tarifs d'électricité ne
seront pas réglementés par un organisme qui est indépendant. Donc, ça vous
donne une idée à quel point c'est complètement à contre-courant, d'éliminer des institutions qui favorisent la transparence. Et, si le projet de loi n° 34
venait à être adopté,
ce serait toute la fin, justement, d'un exercice qui permet de débattre de façon
rigoureuse et en toute transparence
des tarifs et de tous les enjeux qui sont connexes.
Donc, ça,
c'est un des projets de loi. C'est pour ça que je fais un lien avec le projet de loi qui nous occupe ce soir, c'est
un projet de loi qui est dans la même démarche, donc qui
centralise des pouvoirs, enlève des contre-pouvoirs et qui, à l'heure actuelle, est décrié de façon unanime, je ne peux même pas dire «en majorité», il est décrié de façon unanime par tous, en disant : C'est extrêmement
important de conserver la Régie de l'énergie dans la façon dont elle
fonctionne.
Il y a
un autre projet de loi, qui est le projet de loi n° 44, qui
est un projet de loi qui a été avancé par le ministre de l'Environnement et le ministre
des Ressources naturelles, dont les consultations vont débuter la semaine
prochaine. Donc, rappelons-nous que
le projet de loi n° 44 vient abolir encore, on est beaucoup
dans l'abolition de structures, hein, on vient abolir, donc, Transition énergétique Québec, une organisation indépendante qui fonctionne très bien,
très, très bien, qui commence à faire ses preuves; vient abolir
le Conseil de gestion du Fonds vert. Donc, de la même façon, on est encore dans de l'abolition de structures. On
est dans de l'abolition de structures indépendantes, dans de l'abolition de contre-pouvoirs. On est dans
de la centralisation de pouvoirs dans les mains du ministère de l'Environnement,
du ministre de l'Environnement, même, je devrais dire, dans les mains du ministre des Ressources naturelles. On est encore dans un projet de loi qui
est décrié, qui est décrié de toutes parts justement parce qu'il centralise.
«Centralise» peut vouloir dire, en tout
respect, «politise». Et c'est tout l'intérêt d'avoir des voix. Et je pense que,
comme gouvernement, on devrait
être sensible, parce que malheureusement je ne crois pas que personne n'ait la
science infuse, personne n'a 100 % raison. Donc, je pense que, quand on
gouverne et quand on accède à certains, je vais dire, niveaux de pouvoir,
comme par exemple un ministre ou un premier
ministre, on devrait s'assurer de ne pas avoir que des béni-oui-oui autour de nous, pas que des gens qui vont venir dire
qu'on a raison. Et le fait d'avoir ces institutions-là qui sont toujours
présentes devrait nous assurer d'une
certaine excellence parce que, si on les consulte, parce que si on leur fait
confiance, parce que si on travaille avec elles, ça devrait nous amener
à parfaire les projets de loi qu'on dépose.
Et le fait de vouloir
les abolir, dans le cas, donc, du projet de loi n° 34 sur les tarifs
d'hydroélectricité, du projet de loi
n° 44 sur le Conseil de gestion du Fonds vert, de Transition énergétique
Québec, et dans le projet de loi n° 40 qui nous occupe, sur les commissions scolaires, je pense que c'est des
réactions qui malheureusement démontrent un peu un manque de... je ne
sais pas si c'est d'excellence ou de... je ne veux pas dire d'humilité, mais je
pense que c'est un certain manque
d'excellence, de dire : Au lieu d'être confronté à des gens qui pourraient
me dire que je ne suis pas dans la bonne voie, il
y a matière à parfaire le travail que tu fais... Je pense que c'est un peu de
la facilité, d'aller dans une direction où
on va faire le choix de faire taire ces voix. Et faire taire ces voix veut
forcément dire, justement, la facilité. Quand on est dans un gouvernement, c'est juste de dire : Bien, on
balaie, on les abolit, on passe à autre chose, comme ça le silence se fait autour de nous, et on peut
gouverner de la façon qu'on veut. Mais je pense que malheureusement ça ne
nous met pas dans un modèle d'excellence. Et
ça nous met dans un modèle, comme on l'a vu dans la dernière année, un modèle qui est un petit peu... qui est un peu
brouillon, qui est un peu coin de table, qui est un peu... On veut faire les
choses très rapidement. Et
malheureusement on est dans des systèmes politiques, on est dans des systèmes
de gouvernance qui sont complexes, et
vouloir aller vite, malheureusement, ne veut pas vouloir aller... ne veut pas
nécessairement vouloir aller vers la perfection.
• (21 heures) •
Puis je lisais
dernièrement Michel C. Auger, qui soulignait avec justesse, justement, toute,
toute, toute cette question-là, et puis je
me permets, Mme la Présidente, de vous lire ce qu'il disait. Il disait dans son
article, je pense que c'était la
semaine dernière, il relevait exactement ces éléments-là, et je le cite, là, il
disait : «Un an après
son élection, [le] gouvernement
[caquiste] montre assez bien comment il entend exercer le pouvoir :
ramener le plus possible de décisions entre
ses mains. Ce qui signifie éliminer le plus [...] les avis extérieurs et les
institutions qui font office de contre-pouvoirs.» Donc, je pense que c'est exactement ce à quoi je
référais. Donc, ramener le plus de décisions entre ses mains, on est dans
la centralisation totale, puis éliminer les avis extérieurs qui font office de
contre-pouvoirs, on est sur le même sujet.
Il disait : «On l'a vu [...] clairement ces dernières
semaines dans [les] dossiers comme l'énergie ou la gestion du Fonds vert. Le gouvernement
concentre les décisions au Conseil des ministres et veut se passer le plus
possible des avis susceptibles de lui indiquer qu'il pourrait faire
fausse route.»
Donc, c'est exactement ce à quoi je réfère dans ces trois
projets de loi là. Puis je trouve ça tellement intellectuellement un petit peu malheureux, mais
politiquement extrêmement désastreux de penser qu'on détient la vérité et qu'on peut se passer de l'opinion
d'organismes qui ont fait leurs preuves, d'organismes qui soit ont des experts
soit ont des gens qui sont...
dans le cas des commissions scolaires, entre autres, c'est des gens qui sont
sur le terrain, qui peuvent certainement... Je pense que, quand on est de Québec, je ne veux pas
dire qu'on est désincarné du terrain, au contraire, je pense qu'on est... puis
je parle pour les 124 autres députés, moi y compris, je pense qu'on est
tous... dans nos circonscriptions, on
est tous sur le terrain, et je pense que les ministres sont certainement
présents aussi, mais je pense qu'il y a une question ou il y a des
réalités peut-être qui, parfois, valent la peine d'être complétées. Dans le cas
des commissaires scolaires, certainement,
ils peuvent venir nous aider à cerner certaines réalités dans les décisions qui
sont prises, entre autres par le
ministre de l'Éducation, qui, certainement, m'écoute très attentivement cette
semaine et aujourd'hui.
Et, si on en revient au projet de loi sur les commissions
scolaires, encore là, Michel C. Auger disait : «L'abolition des commissions scolaires procède de la même logique de neutralisation
des contre-pouvoirs.» Donc, on est tous là-dedans,
on est tous dans... on enlève des voix qui pourraient nous dire qu'on fait
fausse route. Il dit : «Les commissions scolaires ont été, depuis
le début du mandat de la CAQ, les principales critiques des initiatives du
gouvernement en matière d'éducation.» Puis
on l'a vu, là, à plusieurs reprises, là. Elles ont soulevé des doutes sur le
fameux projet phare des maternelles
quatre ans, et pas juste une peu des doutes, pas qu'on l'ait fait nous aussi de
notre côté, mais je pense que les commissions scolaires ont bien fait entendre
à quel point elles étaient une voix discordante... bien, pas discordante,
mais elles trouvaient à quel point c'était
un projet qui était discordant, justement, dans le cursus scolaire. Elles ont
soulevé des doutes sur le manque de
personnel dans les écoles, sur le manque de locaux, sur les budgets, sur la
cohabitation des maternelles quatre
ans avec le réseau existant puis les centres de petite enfance. Donc, c'est à
se demander... puis là je cite encore Michel C. Auger, il se
demande : Est-ce que c'est la raison qui pousse la CAQ à abolir les
commissions scolaires? Est-ce que c'est une
façon de faire taire une organisation qui connaît le terrain, qui a une
lecture, je pense, très précise, très adéquate? Puis là on nous
répondra : Oui, mais c'est un lobby, c'est un syndicat. Je ne sais pas. On
est beaucoup dans ce discours-là
dernièrement. Mais moi, j'aurais tendance, puis, jusqu'à maintenant, je me suis
gouvernée comme ça, comme élue,
j'essaie de travailler avec les gens sur le terrain, après ça on en prend, on
en laisse. Mais je pense que le fait de les faire taire, ce n'est
certainement pas la bonne posture, de toute évidence.
Et je cite encore Michel C. Auger parce que cet article-là,
qui s'appelait... qui s'appelait... je ne sais pas trop, je pense que c'était : La CAQ abolit les contre-pouvoirs, là,
c'était comme assez clair comme titre. Il disait, à juste titre encore là, que... il demandait : «Quel est le
résultat d'un gouvernement qui veut...» Puis je pense que c'est là que les élus
de la CAQ ont à se questionner. Quand on
additionne l'ensemble de ces projets de loi, il disait : «Quel est le
résultat d'un gouvernement qui veut
concentrer les décisions dans les mains de ses ministres [puis] essaie
d'écarter les contre-pouvoirs?»
Puis là je fais une petite parenthèse. Ça peut plaire à
l'esprit, je pense, de vouloir
dire : Oui, mais on simplifie le processus
décisionnel, on enlève des couches de décision. Comme ministre,
tout va se prendre, comme décision, autour du Conseil des ministres. Ça va être beaucoup plus simple, ça va
être beaucoup plus rapide. Mais, encore là, comme je le dis, je
pense qu'on enlève des voix. On enlève des gens qui peuvent nous dire : Il
manque des éléments, ou il manque une variable,
ou il y a peut-être un... Tu sais, c'est peut-être
presque parfait, ou c'est peut-être presque bon, ou ce n'est pas très bon, ou c'est à
moitié bon, mais on s'enlève la possibilité de faire quelque chose qui est bon, ou qui est excellent, ou qui est génial.
Et il complétait donc
en disant au gouvernement, qui décide de concentrer les décisions dans les
mains de ses ministres et qui décide d'écarter des
contre-pouvoirs : «Ça donne un gouvernement qui, au lieu d'apprendre de ses erreurs,
va [...] les répéter.»
Et, encore
là, force est de constater que le gouvernement qui est devant nous, c'est ce qu'il fait depuis
un an. Puis on l'a vu dans différents
dossiers. On l'a vu notamment dans le dossier avec le ministre de l'Immigration, qui avait jeté les 18 000 dossiers. Bon, je ne reviendrai pas là-dessus,
mais je pense que tout le monde est bien conscient de... c'est une histoire
qui s'est répétée. De recommencer avec les étudiants, c'est un petit peu ça.
Et
je mets en garde, avec toute l'humilité que je veux avoir, le gouvernement actuel d'avoir le réflexe ou la... Puis, encore là, je répète,
ça peut plaire à l'esprit de dire : On va centraliser, on va prendre
toutes les décisions entre nous. Encore là,
moi, je ne me suis jamais gouvernée comme ça et je ne suis pas convaincue que
c'est... Bien, en fait, je suis convaincue
que ce n'est pas la bonne façon ni comme individu, ni comme personne, ni comme
député, ni comme ministre de se gouverner, ni comme gouvernement, de dire : Je m'entoure de gens qui ne pensent que comme moi.
J'enlève tout ce qui peut avoir une
opinion différente de la mienne, et, comme ça, ça accélérera ma capacité à
prendre des décisions. Je pense que ça comporte beaucoup de risques.
Moi, je suis
beaucoup sur... prendre une décision, plus on consulte, oui, des fois, c'est un
petit peu plus long, mais je pense
qu'à l'arrivée ça fait des décisions qui sont de loin, de loin, de loin
meilleures parce que, justement, il y a des gens qui ont été capables de nous
dire : As-tu pensé à ci, à telle chose, à telle affaire? Puis ça ne nous
permet pas de faire un 180 degrés,
mais certainement d'ajuster un petit peu le projet qu'on avait à l'origine.
Donc, évidemment, bon, il n'y a pas de
surprise. Je veux dire, je pense
qu'on l'a déjà évoqué de toute façon, comme groupe parlementaire, on votera
contre le projet.
Puis je vois
le temps qui file, Mme la Présidente, puis je voudrais juste prendre quelques
minutes, si vous me le permettez, les
quelques minutes qu'il me reste pour revenir sur la motion que j'ai présentée
ce matin, puisque c'est en lien avec
le ministre de l'Éducation, pour qu'il m'entende de vive voix sur le concours
d'architecture de Sophie-Barat. Puis
je me permets vraiment de prendre ces minutes pour m'adresser à lui, pour lui
dire à quel point je ne comprends pas ce qui se passe avec ça.
J'ai une
commission scolaire, qui s'appelle la commission scolaire de Montréal, qui n'a
pas de réponse à l'heure actuelle,
qui n'est pas en mesure de se gouverner, qui n'est pas en mesure d'avancer. On
a une école, qui s'appelle l'école Sophie-Barat,
qui a près de 160 ans d'âge. Moi, j'ai travaillé beaucoup comme élue,
comme députée, à faire avancer le projet.
J'étais très heureuse il y a un petit peu plus d'un an, quand le gouvernement
avait annoncé l'agrandissement de cette école. C'est la seule école publique
que j'ai dans la circonscription. Elle se trouve entre deux écoles privées qui sont très, très, très privilégiées, très
privilégiées. C'est la seule école publique que j'ai. J'essaie de la protéger
du mieux que je peux. Il y a plein
d'enjeux. Et là on avait un bon projet, et la seule chose que l'école est en
train d'attendre, c'est l'approbation,
la dérogation du Conseil du trésor pour faire ce qui, je crois, est nécessaire,
un concours d'architecture, comme ça avait été annoncé, parce qu'il y a
une dynamique particulière dans cette école, c'est une école à caractère patrimonial dans un secteur patrimonial, sur un
lieu historique qui est cité par le ministère de la Culture. Il y a eu des
enjeux pendant 20 ans dans ce quartier-là. Il y a eu des enjeux dans
ce secteur-là. Il y a eu des enjeux avec l'école.
Je pense
qu'on a quelque chose d'extraordinaire qui pourrait être fait. Je ne veux pas
le politiser. Je ne sais pas où en
est le ministre là-dessus, la commission scolaire, puis cette dynamique-là, ça
leur appartient. Mais j'aimerais juste ça qu'on puisse avoir une
finalité, une indication, un oui, un non, qu'on puisse se positionner. Je
souhaite que ce soit un oui. On a des tonnes
d'élèves, on a des élèves, malheureusement, qui se retrouvent à manger par
terre parce qu'il manque de place. Je pense que c'est un milieu... c'est
le plus beau terrain de la commission scolaire de Montréal. Moi, je suis extrêmement fière d'avoir ça dans mon quartier et
j'espère qu'on pourra en faire une des plus belles écoles, si ce n'est
pas du Québec, à tout le moins de Montréal.
Si ce n'est pas de Montréal, ce sera de mon quartier. Je suis prête à avoir à
très, très, très petite échelle. Je
veux juste avoir une orientation et je le demande avec toute la collégialité, juste avoir une réponse. J'ai envoyé une lettre. Moi, je vous ai envoyé une
lettre, comme ministre, il y a un mois et demi. Je n'ai toujours
pas reçu de réponse. Et je m'attends au minimum, comme collègue, à avoir
une réponse. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (21 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Maurice-Richard. Et maintenant je cède la parole à M. le leader de l'opposition
officielle. Et vous disposez d'un temps de parole de 20 minutes.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je tiens à saluer l'intervention de ma
collègue de Maurice-Richard, qui a bien terminé sur un dossier tout à fait
tangible, qui touche à une école de son comté, comté de Maurice-Richard. Et je salue le fait qu'elle a, de façon tout à fait raisonnable, tout
à fait posée, interpellé le ministre de l'Éducation. Et j'ose espérer qu'ils
auront l'occasion de faire avancer le dossier, Mme la Présidente. Alors, vous
voyez bien, je m'inscris dans le cadre
de ce débat quant au projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Mme la
Présidente, si j'avais à résumer mon intervention en quelques mots, en quelques
secondes, je vous dirais qu'il s'agit
essentiellement d'un projet de loi qui vient brasser les structures, qui vient
brasser les structures sans ne pas mettre
au centre de cette action-là la réussite scolaire. On veut la réussite scolaire
pour nos enfants. Les jeunes garçons, les jeunes filles devraient être au centre de toute décision, de toute
approche, de toute mesure proposée par le ministre de l'Éducation. Force est de constater qu'avec le projet de loi n° 40, qui vient braser les structures, on perd l'objectif
qui devrait être l'objectif
premier : la réussite scolaire. On n'en parle pas et on ne nous convainc
pas, pas juste nous de l'opposition officielle, mais les intervenants, en très, très grande
majorité, qui sont venus parler relativement au projet de loi n° 40 ne sont pas convaincus, mais pas du tout. Là,
dans le projet de loi n° 40, il
n'y a aucun élément qui viendrait
renforcer, garantir la réussite scolaire. On brasse des structures.
Qui plus est,
Mme la Présidente, on brasse des structures de façon à augmenter la
centralisation entre les pouvoirs du ministre
à Québec et des fonctionnaires à Québec.
Je le sais que, la semaine passée, la banquette ministérielle, puis c'est bien
correct, a essayé de faire entrer dans l'univers populaire la phrase où on veut
redonner, et là je les paraphrase, on
veut redonner du pouvoir aux écoles, les écoles qui connaissent les enfants,
les élèves par leur nom. Fin de la citation, du paraphrasage, Mme la
Présidente.
Bien,
force est de constater qu'en brassant des structures, en centralisant à Québec
auprès du ministre puis auprès des fonctionnaires, Mme la
Présidente, on ne vient pas de donner
plus de pouvoir aux écoles. Au contraire, on vient de leur en enlever au profit du ministre
et des fonctionnaires à Québec, qui, eux, je peux vous le garantir, Mme la Présidente, ne connaissent pas les élèves par leur nom.
Alors, une
fois qu'on a dit ça, j'aimerais prendre la balle au bond sur un article
qui est extrêmement parlant sur l'approche du gouvernement dans ce dossier-là, mais dans d'autres dossiers également.
C'est l'article qui a été écrit par Michel C. Auger, du 5 novembre 2019, Quand
la CAQ élimine les contre-pouvoirs. On en a un exemple patent ici, dans
le projet de loi n° 40, Mme
la Présidente. Et vous me permettrez
de citer de larges extraits de cet article-là, qui, honnêtement, nous donne la façon d'aborder, d'analyser et de
comprendre ce qui en est, le gouvernement de la CAQ a déposé ce projet de loi là. Un gouvernement, donc,
qui veut éliminer les contre-pouvoirs. Et je cite Michel Auger, Michel C.
Auger :
«Un an après
son élection, ce gouvernement montre assez bien comment il entend exercer le
pouvoir : ramener le plus
possible de décisions entre ses mains. Ce qui signifie éliminer le plus
possible les avis extérieurs et les institutions qui font office de
contre-pouvoirs.
«[...]Le
gouvernement concentre les décisions au Conseil des ministres et veut se passer
le plus possible des avis susceptibles de lui indiquer qu'il pourrait
faire fausse route.»
Et là il en
arrive un peu plus tard, Mme la Présidente, sur l'exemple du projet de loi
n° 40. Mais le projet de loi n° 40, je viens de vous dire, au
même titre que Michel C. Auger le faisait, que c'était éliminer les
contre-pouvoirs, c'était centraliser entre
les mains du ministre au détriment des structures régionales qu'on appelle des
commissions scolaires et, ultimement,
au détriment de la réussite scolaire, Mme la Présidente, parce que non
seulement, dans le projet de loi n° 40, on ne prévoit rien pour...
et on ne nous a pas fait la démonstration que ça allait aider la réussite
scolaire. Mais, moi, Mme la Présidente,
notre groupe et les nombreux groupes qui sont venus, Mme la Présidente,
plaider, sont venus parler en
commission parlementaire, ont dit que ça allait nuire à cette fameuse réussite
scolaire que l'on veut. Ça devrait être ça, l'objectif. Le projet de loi non seulement ne vient pas l'améliorer,
mais a le potentiel de nuire à cette réussite scolaire là.
L'analogie qui est prise ici, vous allez me
permettre de faire une analogie avec le projet de loi n° 34
quant à l'approche de ce gouvernement-là, et
je cite Michel C. Auger toujours : «Le projet de loi [n° 34] est critiqué un peu partout et fait l'unanimité contre lui
dans les partis d'opposition.
«[...]il n'y
a pratiquement personne qui appuie le projet de loi n° 34.»
Fin de la citation. Et on a pu voir là aussi, Mme la Présidente, un
exemple patent où le gouvernement ne veut pas entendre. En tout respect, le
gouvernement ne réfléchit pas suffisamment,
ne veut pas faire en sorte de réunir autour de la table les intervenantes, les
intervenants pour dire : Bien,
voici notre objectif. Est-ce que vous y participez ? Est-ce que vous croyez que
c'est la meilleure façon d'atteindre nos
objectifs? Et comment seriez-vous prêts à nous aider en reformulant, en nous
soumettant des pistes de solutions? Ça, ce travail de réflexion là en amont, Mme la Présidente, ne se fait pas
suffisamment. Et, quand il ne se fait pas suffisamment, qu'est-ce qu'on
fait? On prend des mauvaises décisions. On est brouillon, Mme la Présidente.
Quand on
était justement à la petite école, on nous demandait souvent dans une
composition en français : Fais ton
brouillon. Vous n'auriez jamais, Mme la Présidente, eu l'audace, l'outrecuidance
d'aller déposer votre brouillon comme étant
votre travail final. Vous auriez eu une très mauvaise note. Vous auriez
accumulé un recul. Vous n'auriez pas avancé. Bien, le gouvernement nous a habitués à certains reculs, pas dans tout,
puis sur du travail qui était brouillon. Ça, Mme la Présidente, il faut
le noter.
On fait l'analogie du projet de loi n° 40. La très, très grande majorité des gens qui sont
venus en commission parlementaire ont
dit : C'est faire fausse route. C'est un projet qui ne tient pas, ne colle
pas à la réalité. Le gouvernement a déposé
un projet de loi qui, en tout respect, est assimilable à mon exemple, quand on
est à la petite école, d'un brouillon. Bien,
il fait fausse route. Il doit écouter, doit réfléchir, reculer, refaire ses devoirs
et déposer ce qui sera sa composition finale en français, puis là il
pourra prétendre avoir une bonne note.
Alors, Mme la
Présidente, on ne peut pas dire : Bien, on a été élus par la population,
on est 75, puis on va faire en sorte, nous, de passer le bulldozer, puis
on ne va pas écouter, puis on va déposer les projets de loi. Dites ce que vous avez à dire, puis ça ne changera rien, autant pour
nous, les oppositions et l'opposition officielle, Mme la Présidente, que les
groupes qui sont venus en commission
parlementaire. Le gouvernement doit écouter parce que le gouvernement est là pour écouter tout le monde. Et, en ce sens-là,
au-delà de cela, il doit déposer et proposer des projets de loi qui font
avancer le Québec, pas le mettre sur
le neutre, mais, encore pire, Mme la Présidente, il ne doit pas le faire
reculer. Et ça, le projet de loi
n° 40, c'est un recul, tout comme, encore une fois, avec cette analogie du
projet de loi n° 34. Tout le monde a tort, sauf le gouvernement et Hydro-Québec. Le seul groupe qui applaudit à
tout rompre, c'est Hydro-Québec sur le 34. Le projet de loi n° 40,
encore une fois, la très grande majorité a tort, puis le gouvernement a raison.
Il fait fausse route. Il doit faire ses
devoirs. En centralisant, il élimine
les contre-pouvoirs. Dans le projet de loi n° 40, le contre-pouvoir, c'est
la commission scolaire. Puis j'aurai
l'occasion, avec le temps qui m'est imparti, de vous citer certains extraits de
celles et ceux qui sont venus nous voir.
Il y a
également, dans le texte de Michel C. Auger, l'exemple du Fonds vert
où le ministre de l'Environnement... c'est
une analogie que je fais avec le projet de loi n° 40. Mon argument par analogie : Le gouvernement fait dans le 40 ce qu'il fait
dans le 34 puis ce qu'il s'enligne pour faire avec le Fonds vert.
Le Fonds vert, c'est le ministre
de l'Environnement qui devient le
principal conseiller du gouvernement
en matière de finance des projets, et les décisions seront prises, pour
l'essentiel, par le Conseil des ministres. Ça, cette analogie-là, 34, Fonds
vert, 40, c'est la même approche du
gouvernement. C'est irréfléchi, pas suffisamment réfléchi, à tout le moins,
dirons-nous. C'est brouillon. Ce n'est pas un bon projet de loi. On
n'est pas les seuls à le dire, de l'opposition officielle et des autres
oppositions, les groupes viennent le dire.
Et ce sont des intervenants du milieu qui disent : Vous faites fausse
route. Et le gouvernement ne veut pas entendre raison.
Commissions scolaires. Que disait,
donc, de façon très précise Michel C. Auger sur les commissions
scolaires? Et je le cite
toujours : «L'abolition des commissions scolaires procède de la même
logique de neutralisation des contre-pouvoirs. Les commissions scolaires
ont été, depuis le début du mandat de la CAQ, les principales critiques des
initiatives du gouvernement en éducation.
«Elles ont soulevé
des doutes sur le projet phare de la Coalition avenir Québec, les maternelles
quatre ans, que ce soit sur le manque de
personnel et de locaux, sur les budgets ou sur [les cohabitations] avec le
réseau existant des centres de petite enfance.» Fin de la citation.
• (21 h 20) •
Ça,
les commissions scolaires sont venues dire au gouvernement qu'il faisait fausse
route sur le projet de loi n° 5, qui
instaurerait les maternelles quatre
ans, Mme la Présidente. Commissions scolaires, à raison, comme nous également,
il y a eu beaucoup de récriminations
sur les maternelles à quatre ans en disant qu'on veut faire du mur-à-mur. Puis
là on a eu l'épisode malheureux,
puis, je dirais, le mot est bien choisi, malheureux où on a eu un premier
ministre qui, durant la campagne électorale, nous a dit : Bien, une
classe de maternelle quatre ans, c'est 120 000 $. Après ça, c'est
passé à plus de 200 000 $. Et,
pour finir, dans certaines questions, je me rappelle, réponse à une question
qui était posée par le chef de
l'opposition officielle, le premier ministre disait : Bien, ça peut aller
jusqu'à 2 millions. Là, on est tous tombés en bas de notre chaise.
Mais il dit : C'est une moyenne, c'est 800 000 $.
Ça,
si je vous pose une question en troisième année de mathématiques, puis vous me
dites : Bien, la réponse, en mathématiques, c'est 120 000, ça
peut être au-dessus de 200 000, bien, ça peut aussi être 2 millions,
puis que vous, la professeure, je vous
dis : Bien, dans le fond, voulez-vous que je vous donne la réponse comme
une moyenne? 800 000, ça fait-u votre affaire?, j'espère que, là,
vous allez me rappeler à l'ordre. Vous allez dire : Les mathématiques, là,
ça ne marche pas de même. Tu vas refaire tes devoirs parce que c'est
assimilable à un travail brouillon.
Alors,
les commissions scolaires sont venues le dire, ça, au premier ministre, au
ministre, au gouvernement caquiste. Les
maternelles quatre ans, telles que budgétées... Puis, encore une fois, on n'est
pas là pour offrir des services directement aux jeunes avec des professionnels pour les aider dans leur
développement en développant des réseaux déjà existants. On voulait bâtir des classes, c'était dogmatique,
et faire en sorte, donc, au-delà des chiffres qui ne tiennent pas du tout
la route... puis, celles et ceux qui
écoutent à la maison, là, c'est implacable, là. Je veux dire,
120 000 $, 200 000 $, 2 millions, moyenne de 800 000 $, il n'y a personne
au Québec, Mme la Présidente, qui pourrait faire un budget comme ça. Ça serait
invivable. Mais le gouvernement a décidé de
le faire sur les maternelles quatre ans. Les commissions scolaires sont venues
dire : Non, non, se sont levées puis
ont dit : Ça n'a pas de bon sens, ça ne tient pas la route. Ça, quand les
commissions scolaires faisaient ça, Mme la Présidente, c'était
l'exercice d'un contre-pouvoir.
Projet
de loi n° 40, c'est la deuxième étape. On va l'éliminer, le
contre-pouvoir. On va centraliser tous les pouvoirs entre les mains du ministre de l'Éducation et
faire en sorte que ça soit lui, à Québec, qui ne connaît pas le nom des jeunes,
vous pouvez être sûre de ça, et les fonctionnaires de Québec, aussi
talentueuses et talentueux peuvent-ils être, qui ne connaissent pas la réalité
du terrain... Et c'est donc éliminer un contre-pouvoir.
Dans
le fameux plan, janvier 2018, c'est quoi, le plan de match de la Coalition
avenir Québec, Mme la Présidente? Janvier
2018 : Plan de gouvernance scolaire — Remettre l'école entre les mains de sa communauté. Déjà là, à la lumière de tout ce qu'on dit, remettre l'école entre les
mains de sa communauté, on devrait plutôt dire : Remettre le pouvoir entre
les mains du ministre. Alors, on pourrait déposer un amendement sur le titre du
document.
Et
là le ministre, document de la CAQ en janvier 2018, avant l'élection, il
disait : «Nous ne devons reculer devant aucun obstacle, aucun
lobby...» Je vais vous en donner cinq, exemples de lobbys, Mme la Présidente,
qui, selon le gouvernement, on ne devrait pas écouter.
Si
vous avez le malheur, et je le dis en tout respect, de ne pas dire ce que le
gouvernement veut entendre, Mme la Présidente, on va vous dire que vous êtes un
lobby, qu'on n'a pas été élu pour vous entendre, qu'on va le faire pareil, puis
que, jappez, la caravane va passer, ça ne
changera rien. Bien, ça, en démocratie, ça ne peut pas fonctionner. Ça, il faut
le dénoncer. Ça, c'est notre travail,
Mme la Présidente. Et ça, on continuera de le faire dans tous les dossiers, que
ce soit le dossier des jeunes adultes
autistes où on va continuer le combat, Mme la Présidente, pour faire entendre
au gouvernement qu'il doit consulter, qu'il doit réfléchir pour arriver
à des solutions qui tiennent la route.
Il
n'y a personne, Mme la Présidente, qui serait justifié de vous critiquer si on
vous avait demandé de trouver une solution
tout de suite puis de trouver la bonne solution. Alors, qu'est-ce que vous
faites en personne intelligente? Bien, vous
dites : Bien, je vais consulter, je veux avoir la bonne solution. Mais le
gouvernement fait l'économie de ces consultations-là,
de ces auditions-là. Et ce n'est pas tout, Mme la Présidente, d'entendre, il
faut écouter, il faut se questionner, il faut se remettre en question.
La
démocratie, par définition, c'est un processus par lequel, à tous les quatre
ans, on se fait remettre en question. Mais
ça ne veut pas dire que soi-même, quand on gouverne... puis on l'a vu sur le
PEQ, programme expérience Québec, où, là, le leader du gouvernement a
été obligé de se remettre en question parce que, là, ça ne passait plus du
tout. Son gouvernement était en train de perdre des points. Face à cette
réalité-là, il a compris, il a reculé, il s'est excusé. Mais, Mme la Présidente, est-ce que ça devra être, dans
tous les cas d'espèce, le prix politique qui serait à payer, qui ferait en
sorte que le gouvernement serait obligé de
réfléchir et de reculer? On ne peut pas, on ne peut pas agir comme ça,
Mme la Présidente.
Alors,
quand le ministre disait, à l'époque il n'était pas ministre, il était député
de l'opposition, deuxième groupe d'opposition, en janvier 2018, qu'il ne
reculerait pas devant aucun lobby, Mme la Présidente, les lobbys qui sont venus
lui dire qu'il fait fausse route sur le projet de loi n° 40, j'ai ici
l'IRIS, Institut de recherche et d'informations socioéconomiques. J'ai, à part de ça... puis ce n'est pas des nouvelles
pour le ministre de l'Éducation, là, c'est ses partenaires. On parle de la Centrale des syndicats du Québec,
qui est un partenaire central dans le milieu de l'éducation, de la Fédération autonome de l'enseignement. Ce sont des
partenaires centraux, ils sont défavorables. L'IRIS est défavorable. La CSQ est défavorable. La Fédération autonome de
l'enseignement est défavorable. Élections Québec, notre Directeur général des
élections, Pierre Reid, a eu des mots non
équivoques en disant : «En tant que Directeur général des élections, je ne
peux me réjouir de cette proposition de modulation des règles
démocratiques selon le groupe linguistique.
«[...]Je suis d'avis
que la Loi sur les élections scolaires doit être maintenue...»
Quand
le DGEQ, Mme la Présidente, vous dit que vous faites fausse route, honnêtement, moi, ça m'a surpris. Je me suis dit : Wow! Il y a
réellement un message fort, là, parce
que le Directeur général des
élections ne s'implique pas, normalement, dans les choix politiques. Mais, rien qu'à voir,
on voit bien, lui ne voit pas ça comme étant une avancée démocratique, il ne voit pas ça comme étant une
décision anodine. Au contraire, il le voit comme un recul démocratique pour le Québec. Une fois que votre officier qui est nommé aux
deux tiers des voix de l'Assemblée
nationale vient vous dire ça,
ça parle beaucoup, Mme la Présidente.
Puis
on l'a vu dans d'autres cas d'espèce. On a vu le Barreau du Québec dans
d'autres projets de loi, on a vu la
Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse dans d'autres projets de loi dire, dans d'autres façons
de fonctionner au gouvernement, qu'il
faisait fausse route. Bien, ça, Mme la Présidente, ce ne sont pas des lobbys
qu'on peut tasser du revers de la main.
Je viens de vous en
nommer quatre, je vais vous en nommer un dernier. J'avais dit que j'avais cinq
exemples. L'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec.
Eux viennent dire et exprimer, en commission parlementaire,
excusez du peu... profond désaccord avec l'échéancier du projet de loi. Il
aurait été essentiel d'élargir le débat et de prendre le temps. Ça, ça
ne peut pas être plus en lien avec tout ce que je vous dis.
Puis
ce qui est le plus malheureux, Mme la Présidente, c'est que le projet de loi,
ils peuvent user de leur majorité parlementaire
puis dire : On va le passer. Ils peuvent même nous laisser entendre, Mme
la Présidente, qu'ils peuvent le passer
par le bâillon, par une mesure exceptionnelle. Oui, c'est prévu au règlement.
Mais est-ce que c'est ça, faire avancer le Québec? Est-ce que c'est ça,
notre démocratie qui nous rend si fiers au Québec?
Quand
on parle de contre-pouvoirs, Mme la Présidente, c'est la banquette
ministérielle, ils sont 75, mais c'est les autres députés également, c'est les 28 du Parti libéral du Québec, les
10 de Québec solidaire, les neuf du Parti québécois puis les deux députés collègues indépendants. Il
faut nous écouter. Il faut faire en sorte de dire : Écoutez, les heures
que nous passons en commission
parlementaire, Mme la Présidente, ne sont pas des heures passées en vain, sont
des heures pour faire entendre
raison. Puis savez-vous quoi, Mme la Présidente? Dans bien des cas, on le voit
dans les projets de loi, dans bien
des cas ils ont été capables, lorsqu'ils écoutaient, de bonifier leurs projets
de loi. Là, on l'a dit très clairement, et pas juste nous, qu'il y a des
écueils majeurs par rapport au projet de loi.
Je
reviens avec les scientifiques, l'Institut de recherche d'informations
socioéconomiques, novembre 2019. Ils disent,
quant au projet de loi, ils disent : Abolition des commissions
scolaires : une menace pour l'éducation? Ils posent la question et ils y répondent. Ils disent, en somme,
je les cite, page 1 : «...plus grande mise en concurrence des écoles aux
dépens de leur mission éducative et de la mixité scolaire.» Ministre
centralise, retire du pouvoir aux parents.
On
poursuit, Mme la Présidente, l'IRIS : «...l'abolition d'un palier régional
en éducation qui découle de l'application de la loi risque d'accentuer
la centralisation des pouvoirs. [...]dossiers plus politiques comme la gestion
de l'afflux de nouveaux arrivants ou, au contraire, la répartition de
ressources dans des régions faiblement peuplées. [...]le ministre choisit de
s'octroyer un plus grand contrôle...»
Je
les cite encore : «Comme plusieurs autres projets de loi, dont celui sur
l'immigration ou les tarifs d'électricité...» Tiens, aux autres aussi, ils font les mêmes rapprochements, Mme la
Présidente. Ça fait trois : nous, Michel C. Auger, l'IRIS. «Comme
plusieurs autres projets de loi, dont celui sur l'immigration et les tarifs
d'électricité, celui sur l'abolition des commissions
scolaires semble être davantage motivé par la volonté du gouvernement de
remplir ses promesses électorales que
de répondre à des besoins réels.» Une fois que vous avez dit ça, Mme la
Présidente, fin de la citation, vous avez résumé bien, bien, bien des
griefs.
Et,
encore une fois, là, le tableau, je l'ai ici, là, de tous celles et ceux qui
sont venus en commission parlementaire soulever
des drapeaux rouges, des écueils, ça ne fonctionne pas, des inquiétudes, poser
des questions, pas de réponse, rien qu'à
lire, on voit bien. Et, Mme la Présidente, il faut que le gouvernement écoute
ça. Il ne faut pas que le gouvernement dise :
Bien, on a été élus, on a un chèque en blanc pendant quatre ans, puis ça va
passer par là, puis que les oppositions ou que les groupes qui viennent parler en Chambre ne viennent pas
chanter la même chanson que nous, on ne les écoutera pas puis on va passer le bulldozer, puis il nous
restera toujours le bâillon, ça, c'est un recul pour le Québec sur cet
exemple-là puis sur les nombreux
autres exemples que j'ai eu l'occasion, trop brièvement, Mme la Présidente, de
vous mentionner.
• (21 h 30) •
Alors,
en somme, le projet de loi n° 40, c'est un mauvais projet de loi. Projet
de loi n° 40 qui abolit les commissions scolaires pour créer une structure régionale qui, à terme, Mme la
Présidente, page 5 du document
de janvier 2018 : «Moins coûteux
et éventuellement moins nombreux, les centres de services aux
écoles — ce par quoi on remplace les commissions
scolaires — seront intégrés au ministère de
l'Éducation.» Donc, moins coûteux et éventuellement moins nombreux, il va encore une fois les diminuer, seront intégrés au
ministère de l'Éducation. Ça, c'est une promesse de centralisation. On met
de côté la réussite scolaire de nos jeunes. Et nous serons contre ce mauvais
projet de loi là, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de LaFontaine.
Ajournement
Et maintenant, compte
tenu de l'heure, j'ajourne nos travaux au mercredi 27 novembre, à
9 h 40.
(Fin de la séance à
21 h 31)