(Treize heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Aux affaires courantes, nous débutons à la rubrique de la déclaration des députés, et,
pour débuter, M. le député de Mégantic,
la parole est à vous.
Souligner le lancement de
la campagne de promotion
de la MRC du Haut-Saint-François
M. François Jacques
M.
Jacques : Merci, Mme la Présidente. Je veux souligner aujourd'hui le lancement d'une
importante campagne de rétention et d'attraction de
la population mise en place dans la MRC du Haut-Saint-François. Ose le Haut est
une démarche audacieuse, originale et
innovante qui veut mettre en lumière la diversité économique, sociale et géographique du secteur pour inciter les jeunes et les moins
jeunes à venir s'y établir ou s'établir. On veut également développer une
culture de changement par l'audace, oser
faire un territoire innovant, dynamique et créatif. Tant le milieu rural
qu'urbain du Haut-Saint-François a
tout pour plaire avec ses attraits et son unicité. Chacune des municipalités
apporte sa saveur et sa diversité.
Je salue le
travail de concertation derrière cette campagne parce que c'est toute une communauté
qui s'est prise en main afin
d'optimiser son développement. Je suis fier de voir le développement
d'initiatives du genre dans mon comté et j'invite la population à
adhérer, dès aujourd'hui, à Ose le Haut. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec
Mme la députée de Saint-Laurent.
Souligner la Semaine des
professionnelles et professionnels de l'éducation
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Bonjour, Mme la Présidente. C'est avec grand plaisir que j'ai
l'honneur de souligner la Semaine des professionnelles et professionnels
de l'éducation, qui se déroule présentement, et ce, jusqu'au 22 novembre.
Cet
événement, organisé par la Fédération des professionnelles et professionnels de
l'éducation du Québec, se déroule sous le thème Changer le monde un
élève à la fois.
Cette semaine nous donne à tous l'occasion de souligner
l'importance du personnel professionnel
en éducation. L'action quotidienne
des professionnelles et professionnels auprès des élèves se matérialise en
quatre verbes d'action qui s'appliquent
à tous les corps d'emploi professionnels : accompagner, coopérer,
conseiller et développer. Tous les professionnels et professionnelles de l'éducation travaillent
chaque jour à réaliser le plein potentiel de chaque élève. Grâce à leur
expertise, ils s'engagent à changer le monde un élève à la fois. Grâce à votre
amour des enfants et votre dévouement, nos jeunes deviendront des citoyens de demain. Nous vous disons merci. Bravo
à tous nos professionnels de l'éducation! Chapeau!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Lotbinière-Frontenac.
Souligner le 20e
anniversaire de l'organisme Héritage
Centre-Ville de Thetford Mines
Mme Isabelle Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais
souligner le 20e anniversaire de l'organisme Héritage Centre-Ville,
situé à Thetford Mines.
Cet organisme
assure un rôle capital dans la revitalisation du centre-ville en favorisant le
sentiment d'appartenance des citoyens
à leur milieu grâce à de nombreuses activités rassembleuses. Héritage
Centre-Ville constitue un acteur local important
de développement culturel, patrimonial et économique. Je tiens donc à saluer le
travail de tous ceux et celles qui,
au cours des 20 dernières années, se sont impliqués et mobilisés pour
mettre en valeur le centre-ville de Thetford Mines et laisser un
héritage vivant et dynamique aux générations futures.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je cède la parole à Mme la députée de Laporte.
Féliciter l'équipe de football des Packers,
gagnante de la Coupe du président
Mme
Nicole Ménard
Mme Ménard :
Merci, Mme la Présidente. Le 2 novembre dernier, l'équipe atome AAA de
l'association de football des Packers de
Greenfield Park a remporté une victoire éclatante lors de la Coupe du
président. Ce triomphe des Packers
dans cette finale provinciale vient compléter une saison de rêve pour ce groupe
de jeunes footballeurs. Je tiens donc
à féliciter tous les joueurs de l'équipe et l'ensemble des membres de
l'organisation pour leurs efforts tout au long de la saison.
I
would also like to acknowledge the remarkable work of the coaches and the team
managers as well as the dedication of the parents who enabled our youth to play
this demanding sport.
Encore une fois, félicitations à tous! C'est un honneur d'avoir une
équipe de champions dans la circonscription de Laporte. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Maintenant, je cède la parole à Mme la députée d'Iberville.
Rendre
hommage à M. Alain Poirier pour ses 30 ans
à la présidence de l'entreprise Soleno inc.
Mme
Claire Samson
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de souligner aujourd'hui un anniversaire important. Une entreprise de
ma circonscription a su, au fil des années, faire preuve de
résilience, de dynamisme et de vision. Soleno est aujourd'hui devenue un
leader dans son domaine : la maîtrise de l'eau pluviale.
Il y a
de cela 30 ans cette année, M. Alain Poirier est devenu, à l'âge de 29 ans, le
président de Soleno. Malgré les hauts et les bas, sa vision, son leadership et
son esprit de famille font de l'entreprise familiale un modèle de développement durable et d'innovation.
Entrepreneur de
l'année dans le Haut-Richelieu en 2016, son dévouement social rayonne dans la
région. Son implication auprès du Parrainage civique du Haut-Richelieu, L'Étoile,
Pédiatrie sociale, et tout récemment avec la production de 960 kilomètres de
drains roses pour aider la cause du cancer du sein ne sont que quelques exemples.
Il y a
de ces bâtisseurs visionnaires et engagés qui, chaque jour, travaillent à la
construction d'un Québec plus prospère et durable. Bon 30e
anniversaire! Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
Souligner
le 45e anniversaire de l'organisme Comité
de logement du Plateau—Mont-Royal
inc.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner les 45 ans du Comité logement du
Plateau—Mont-Royal. D'ailleurs, il y a quelques jours,
j'étais en conférence de presse avec eux et elles pour dénoncer les scandaleux
cas de rénoviction, ces cas de locataires
qui se font évincer pour agrandissement, subdivision ou changement
d'affectation. Ces stratagèmes permis
par le Code civil sont utilisés de manière abusive pour se débarrasser de
locataires et doubler, voire tripler les prix des loyers.
Je me fais ici à
nouveau le relais des locataires, qui sont nombreux et nombreuses à nous
appeler et à se mobiliser au comité logement
et au RCLALQ. Ces évictions doivent cesser. La ministre Laforest...
excusez-moi, je ne peux pas la nommer... doit agir et mettre en place de
manière urgente le moratoire demandé.
Je
porte ici fièrement le symbole d'un mouvement naissant, cet écusson Non aux
rénovictions, qu'un locataire a confectionné.
On doit collaborer ensemble et on ne devrait plus faire la sourde oreille,
sinon on se ferait complices de spéculateurs qui effritent nos quartiers
et leur esprit de communauté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, Mme la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Féliciter
les lauréats du gala Forces Avenir de la
circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
Mme
Émilie Foster
Mme
Foster : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais honorer des
jeunes impliqués dans ma circonscription qui ont été récompensés le
10 octobre dernier lors du gala Forces Avenir.
Gabriel
Corbin-Rousseau, du collège des Hauts-Sommets, a remporté le prix grand lauréat
provincial dans la catégorie Élève persévérant. M. Corbin-Rousseau a été le
premier ministre du Parlement étudiant et a fait de l'aide aux devoirs.
Une
autre élève, Arianne Barry-Boivin, de l'école secondaire du Plateau, à
La Malbaie, a remporté le prix Élève engagé. Mme Barry-Boivin a
siégé sur plusieurs conseils d'établissement pendant ses années au secondaire.
Elle est également l'initiatrice de plusieurs projets porteurs comme
l'accessibilité pour les élèves à un réseau Wi-Fi.
Finalement,
le projet du Comité environnement de l'école secondaire du Plateau a été nommé
lauréat régional dans la catégorie Projet engagé.
Je
tiens à féliciter ces jeunes, qui sont de véritables leaders dans notre
communauté. Je tiens également à remercier Forces Avenir, un organisme qui vise à reconnaître et honorer l'engagement
des étudiants. Votre mission est très importante. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre
hommage à Mme Kathy Dodson pour ses 35 ans de carrière
en enseignement et son engagement communautaire
M.
Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Mme la Présidente, aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à une dame entièrement
dévouée à sa profession et au bien-être
de sa collectivité qui nous a malheureusement quittés le 5 octobre dernier. Originaire de
la Nouvelle-Écosse, Mme Kathy Dodson fut enseignante pendant
35 ans à Metis Beach School, l'école anglophone de la ville de Métis-sur-Mer. Enseignante
attentionnée et passionnée, elle marqua la vie de centaines d'élèves.
Mme Dodson ne comptait plus ses
heures passées en classe, et son implication allait bien au-delà de son mandat
de pédagogue. Toujours attentive et disponible pour ses élèves, elle fut,
pour plusieurs, une seconde mère. Citoyenne impliquée, elle
était à la tête de l'organisation de nombreux événements communautaires.
Dévouement, engagement, générosité et bienveillance, voilà ce qui
marqua la carrière et la vie de Mme Kathy Dodson.
Aux membres de la
famille, aux amis et à toute la communauté de Métis-sur-Mer, je tiens à offrir
mes plus sincères condoléances. My most sincere condolences to
her family and friends. Thank you, Ms. Dodson, you will be greatly missed. Merci,
Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Souligner
la carrière de Mme Christine Sioui Wawanoloath,
artiste multidisciplinaire abénaquise-wendat
M.
Donald Martel
M. Martel : Mme la Présidente, Christine Sioui Wawanoloath est une artiste
multidisciplinaire abénaquise-wendat qui
a su démontrer, tout au long de sa carrière, une volonté bien affirmée de mieux
faire connaître les cultures des Premières
Nations.
Marquées
aux coins de l'humour et affichant un style aux lignes précises et aux couleurs
éclatantes, ses oeuvres ont été
présentées dans le cadre de nombreuses expositions collectives et individuelles
au Québec. Mme Sioui Wawanoloath est active dans le milieu des arts visuels depuis
plus de 40 ans. À la fois graphiste, peintre et sculpteure, elle est également auteure de contes pour enfants et
de pièces de théâtre.
Je salue cette
artiste de la communauté d'Odanak, qui, avec une constance remarquable, met son
art et ses talents au service des siens, et
ce, pour le plus grand bénéfice de l'ensemble des Québécois. Au nom de mes concitoyens et concitoyennes de Nicolet-Bécancour, je veux donc lui exprimer toute
mon admiration pour son travail et son engagement. Bravo, madame!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant,
nous allons entendre M. le député de Chauveau.
Souligner
la Journée internationale des hommes
M.
Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le 19 novembre, c'est la journée internationale de l'homme, un moment pour souligner la
contribution positive des hommes à la société, notamment en mettant en valeur leur rôle de pères. Cette journée veut aussi
promouvoir leur santé et nous rappelle que les hommes ont des problématiques
qui leur sont plus spécifiques, à titre
d'exemples, le nombre élevé de suicides et le décrochage scolaire des garçons.
Quand nous supportons un homme en difficulté, c'est aussi à son
entourage que nous venons en aide.
Je
tenais donc aujourd'hui à rendre hommage à des organismes d'aide aux
hommes : la Maison Oxygène, représentée
ici par Noémie Lévesque et Sébastien Martel; AutonHommie, par Bernard
Deschênes; le regroupement pour la
santé et bien-être des hommes, par Valérie Richer; À Coeur d'homme,
par Valérie Meunier; et le Regroupement pour la valorisation de la paternité, représenté par Raymond Villeneuve. Bravo
et merci beaucoup pour votre travail si important!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 52)
(Reprise à 14 h 1)
Le Président :
Mme et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez
vous asseoir. Bon début de semaine à toutes et à tous.
Présence
d'une délégation de parlementaires bavarois dirigée
par la présidente du Landtag, Mme Ilse Aigner
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, d'une délégation de parlementaires bavarois à l'occasion de la
12e session de la Commission
parlementaire mixte Québec-Bavière,
dirigée par la présidente du Landtag, Mme Ilse Aigner.
Présence
de récipiendaires de la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale
J'aimerais
également souligner la présence de personnalités qui
recevront tout à l'heure la Médaille d'honneur de l'Assemblée
nationale, soit M. Boucar Diouf, Mme Pénélope Guay et Mme Colombe
St-Pierre.
Présence
de l'astronaute de l'Agence spatiale canadienne, M. David Saint-Jacques
Et finalement je
souligne la présence, dans les tribunes, de l'astronaute de l'Agence spatiale canadienne
M. David Saint-Jacques.
Mmes et MM. les
députés, maintenant, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Rapport
annuel de la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial
M. Roberge : M. le
Président, je dépose le rapport
annuel de gestion 2018-2019 de la Commission d'évaluation de l'enseignement
collégial.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapport
annuel et rapport sur l'application de la procédure
d'examen des plaintes du CISSS-Gaspésie
Mme McCann : M. le
Président, je dépose le rapport
annuel de gestion 2018-2019 ainsi que le rapport annuel 2018-2019
sur l'application de la procédure
d'examen des plaintes, la satisfaction des usagers et le respect de leurs
droits du Centre intégré de
santé et de services sociaux de la Gaspésie. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Préavis
d'une motion des députés de l'opposition
Pour
ma part, j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton
de demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition conformément
à l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique
Dépôt de pétitions, j'ai reçu une demande de Mme la députée de Gaspé
pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement
pour le dépôt de la pétition? Consentement. Mme la députée.
Demander le retour du train à Gaspé
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
2 335 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Il n'y a pas de
faits invoqués.
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec le retour du train à Gaspé, maintenant.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous avise cependant que je rendrai aujourd'hui ma décision sur la question de
directive soulevée par le leader de
l'opposition officielle le mercredi 13 novembre dernier à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle.
Établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci, M. le Président. À la CAQ, on aime ça tourner les coins ronds. On
présente, en grande pompe, des réformes souvent imprécises, des réformes
brouillonnes, des réformes qui obtiennent souvent l'unanimité, mais
malheureusement contre elles.
M.
le Président, tout le monde met en garde le gouvernement sur les tarifs
d'Hydro-Québec, mais le premier ministre ferme les yeux. Les partis
d'opposition sont contre, le monde des affaires est contre, les universitaires
sont contre, les consommateurs sont
contre, d'anciens ministres font même un front commun contre la réforme, mais
c'est sûrement, encore une fois, une coïncidence.
M.
le Président, au dépôt du projet de loi, la CAQ nous promettait un
remboursement de 1,5 milliard de dollars. Leur argumentaire a finalement été détruit par les experts. Ils ont donc
reformulé des tarifs moins élevés qu'avec la régie, également détruit
par les experts. Nouvelle tentative du premier ministre : baisser les
tarifs va inciter les Québécois à gaspiller, détruit également par les experts.
M.
le Président, les experts le disent depuis des mois : Les Québécois vont
se faire avoir. Le premier ministre et son leader ont affirmé à de nombreuses reprises la semaine dernière qu'ils
avaient enfin compris, qu'ils vont maintenant écouter. Ils ont
aujourd'hui la chance de le démontrer.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, au cours des dernières années, les gouvernements et du Parti
libéral et du Parti québécois ont augmenté
les tarifs d'électricité de plus que l'inflation. Pourquoi? Parce qu'il
existait, depuis un certain temps,
une formule, une formule où, au fur et à mesure qu'Hydro-Québec augmente ses
dépenses, Hydro-Québec a le droit d'augmenter du même pourcentage ses
tarifs.
On
a voulu changer cette méthode, M. le Président, et donc, à partir de l'année
prochaine, d'abord la première année,
les tarifs vont être gelés, donc tous les tarifs d'Hydro-Québec vont être
gelés, puis, les années suivantes, il y aura des augmentations qui
seront limitées à l'inflation.
M.
le Président, contrairement à ce que dit le chef de l'opposition officielle, je
n'ai pas vu personne se bousculer dans les autobus pour dire qu'ils
étaient contre ça.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, du côté de votre caucus, en tout cas, ce n'est pas exactement
la même chose. Rémi Nadeau a déjà dévoilé
l'insatisfaction des députés caquistes dans les médias : «On ne paraît pas
bien, je ne suis pas à l'aise. [C'était] de l'argent volé [...] on [a]
dit que c'est correct. On mérite [des] claques médiatiques», etc.
M.
le Président, est-ce que le premier ministre peut cesser d'ignorer son propre
caucus? Je suis sûr que 90 % de ses amis Facebook vont l'appuyer
dans son recul.
Le
Président : Je vous demanderais tous, évidemment, de vous
adresser à la présidence selon les règles. M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je n'ai pas besoin de consulter mes amis
Facebook pour savoir que ça va pas mal mieux dans le caucus de la CAQ
que dans le caucus du Parti libéral.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Legault :
M. le Président, on sait qu'il y a une course à la chefferie qui s'en vient. On
a vu le maire de Drummondville, Alexandre
Cusson, qui n'est pas satisfait de la candidate qui se présente à l'intérieur
du caucus. Donc, M. le Président, si j'étais
à la place du chef du Parti libéral, là, je m'occuperais de mes problèmes avant
de regarder ceux des autres.
Des voix :
...
• (14 h 10) •
Le Président :
Deuxième complémentaire. Je vais vous demander encore une fois votre attention.
La parole n'appartient qu'au chef de l'opposition officielle. M. le chef de
l'opposition officielle, votre question, s'il vous plaît.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, on nous promettait maximum 1,7 % d'augmentation par année
pendant cinq ans. C'est faux.
Nouvelle prédiction du ministre des Finances, 2 % pendant cinq ans. C'est
faux. On est maintenant rendus à 2,2 %
d'augmentation dans le budget. Trois prédictions en moins d'une session. M. le
Président, le premier ministre n'a aucune idée des impacts du projet de
loi qu'il défend. C'est tout à fait brouillon, irresponsable.
Quand va-t-il cesser
l'hémorragie et retirer la réforme de son ministre?
Le
Président : On doit faire attention aux propos, évidemment,
dans l'utilisation. M. le premier ministre, votre réponse.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, les faits sont têtus. En 2014, en 2014, les
tarifs d'électricité ont augmenté de 4,3 %. Le chef du Parti libéral va nous dire : Oui, mais c'était le PQ.
Sauf que Philippe Couillard, le chef du Parti libéral, avait promis durant la campagne électorale de 2014 qu'il
corrigerait cette augmentation de 4,3 %. Or, qu'est-ce qui est arrivé?
Pouet, pouet, pouet! Rien, comme d'habitude.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Troisième complémentaire, M. le
chef de l'opposition officielle. Encore une fois, on est prudents dans
le propos utilisé. M. le chef de l'opposition officielle, la parole est à vous.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, on connaît le premier ministre. Il a toujours vu Hydro-Québec
comme étant une machine à faire de
l'argent pour le gouvernement. C'est une taxe déguisée qui met à risque nos
propres exportations. Et le premier
ministre fonce tête baissée, même si c'est la classe moyenne... même si les
plus vulnérables seront le plus durement impactés. Vous n'avez aucune
idée des impacts de vos actions.
Pourquoi encore se
lever en cette Chambre et défendre l'indéfendable?
Le Président :
On s'adresse toujours à la présidence. M. le chef de l'opposition.
M. François
Legault
M. Legault :
Le «premier ministre», peut-être?
Le
Président : M. le premier ministre, votre réponse suite à la
question du chef de l'opposition officielle. À vous la parole, nous sommes attentifs.
M.
Legault : M. le Président, c'est très clair que la Régie de l'énergie ne modifiera pas ses façons
de vérifier les tarifs d'exportation,
parce que nous, contrairement au
Parti libéral, on veut augmenter les exportations. Vous vous rappelez un certain Philippe Couillard qui disait :
L'hydroélectricité, c'est dépassé. Bien, nous autres, on pense, c'est l'avenir,
c'est de l'énergie propre.
Le Président : Question
principale...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît! On évite les commentaires. La question appartient maintenant au député
de Laval-des-Rapides. M. le député.
Impact sur la clientèle des
changements proposés à l'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M. Saul Polo
M.
Polo : M. le Président, le projet de loi n° 34 est décrié par tout le monde. Comme notre
chef l'a mentionné, que ce soient les
chercheurs, les experts, que ce soient les associations de défense des
consommateurs, que ce soient les associations qui représentent les PME ou la grande industrie,
tout le monde décrie le projet de loi n° 34.
Qu'est-ce que fait ce gouvernement, M. le Président? Il tourne le dos à
ceux qui critiquent le projet de loi n° 34. Ils font la sourde oreille, ils s'entêtent à foncer droit devant et à
aller de l'avant malgré l'opposition et le barrage de critiques envers le projet de loi n° 34.
Qu'est-ce que nous avons appris cette semaine, aujourd'hui,
M. le Président? Que — l'Association
pour la protection des intérêts des
consommateurs de la Côte-Nord — l'augmentation des tarifs d'électricité
selon l'inflation, à partir de 2021,
appauvrira davantage les familles et les personnes de la Côte-Nord. Le ministre
de l'Énergie est également ministre responsable de la Côte-Nord; il
semble avoir abandonné sa région.
Qu'est-ce que
la ministre responsable du Développement économique régional fait aujourd'hui?
Est-ce qu'elle va défendre les gens de la Côte-Nord?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! La parole n'appartient qu'au leader.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
on savait que le projet de loi n° 34, c'est extrêmement important pour l'ensemble des Québécois. Écoutez, M. le
Président, j'entends la députée de Crémazie... excusez-moi, de Maurice-Richard, encore faire des
commentaires. Est-ce que je peux compléter ma réponse?
Le
Président : S'il vous plaît! Écoutez, je pense que ça démarre
bien. Vous avez la parole, vous prenez la parole et donnez-nous votre
réponse. Continuez, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président...
Des voix : ...
Le
Président : M. le leader du gouvernement, je vous demanderais
de vous asseoir deux secondes. Je vous demande simplement de me laisser présider. Vous donnez une réponse, je demande
aux gens d'être attentifs. Je vous demande de continuer votre réponse,
et vous le faites maintenant. Merci.
M.
Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, le projet de loi n° 34 est important parce qu'on amène de la
prévisibilité. On amène de la prévisibilité pour les gens et surtout, M.
le Président, on s'assure aussi qu'on va lier les revenus d'Hydro-Québec relativement au fait qu'il n'y aura
plus nécessairement des augmentations qui vont faire en sorte que ça va
être des augmentations importantes, comme il y avait sous les anciens régimes,
M. le Président.
Il ne faut
pas faire en sorte qu'Hydro-Québec, lorsqu'il avait davantage de dépenses, il
peut demander davantage de revenus
aussi, M. le Président. Ça, pour les contribuables, c'est une bonne chose,
parce que ça oblige Hydro-Québec à
s'assurer d'avoir une gestion efficace de ses différents projets et de ses
différents revenus, M. le Président. Parce que, si on dit : Écoutez, dans le cadre de
l'appariement des revenus d'Hydro-Québec, plus on dépense, plus on va charger, bien,
ça n'amène pas de l'efficience à l'intérieur
même de cette organisation-là. Et on fait la réforme au bénéfice d'Hydro-Québec, et
j'espère que le Parti libéral est conscient de cet objectif-là,
parce que c'est l'ensemble des Québécois
qui vont en profiter, de cette loi-là et de cette mesure législative là
que nous mettons en place.
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : Le Parti
libéral devrait appuyer un bon projet de loi, M. le Président.
Le Président : Mme la députée
de Fabre, pour la complémentaire.
Mme
Monique Sauvé
Mme Sauvé : La FADOQ représente
535 000 aînés au Québec. 35 % des aînés vivent avec moins de
20 000 $ par année. La
FADOQ a des mots très durs contre le projet de loi n° 34, et je la
cite : «Il est inacceptable qu'un aîné soit contraint de choisir entre l'achat de médicaments [ou] de nourriture
parce que sa facture d'électricité augmente constamment.»
M. le Président, la ministre responsable des
Aînés peut-elle se lever et défendre les aînés du Québec?
Le Président : M. le leader
du gouvernement, à vous la parole.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît, nous sommes attentifs, et c'est
comme ça que ça fonctionne, à la réponse qui est donnée. S'il vous
plaît!
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Un gel de tarif pour l'an prochain, M. le
Président, un gel de tarif, ça veut dire 0 % d'augmentation, M. le Président. La députée de
Fabre devrait être consciente de cet élément-là, qu'on amène de la
prévisibilité. Et surtout, pour la première année, c'est limité à
0 %, M. le Président.
Lorsqu'on met
en place des réformes comme on le fait présentement, on pense aux contribuables
québécois des différentes tranches de
la population, M. le Président, qu'on soit dans une famille ou qu'on soit un
aîné, également, qui peut avoir
certaines difficultés. Alors, on pense à ces personnes-là, justement, M. le
Président, pour faire en sorte que, dans
le cadre de leur budget, il y ait de la prévisibilité. Donc, pour la première
année, ça sera 0 % d'augmentation. C'est un gel de tarif, M. le
Président. On ne peut pas être plus bas...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...qu'un
gel de tarif, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo :
M. le Président, en plus de nous répéter la même cassette, il bâillonne tous
ceux et celles qui s'opposent à son
projet de loi. Aujourd'hui, il vient de bâillonner deux collègues ministres
féminines puis responsables des dossiers sur lesquels ils se sont...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Attention. Deux secondes. Je vous demande de vous asseoir, M. le leader
du gouvernement. M. le député de
Laval-des-Rapides, attention aux propos utilisés. Celui que vous venez de dire,
vous n'êtes pas obligé et vous êtes
capable de prendre des mots qui reflètent votre pensée. Soyons prudents dans
l'utilisation de nos propos. M. le député, continuez votre question.
M. Polo :
M. le Président, aujourd'hui, le leader se lève plutôt que laisser ses
collègues répondre aux questions qui
lui sont dirigées. Ce que nous disons aujourd'hui, ce n'est pas de nous répéter
la même cassette, c'est de répondre aux 535 000 personnes
âgées qui sont inquiètes des augmentations de tarifs. C'est ça, la question, M.
le Président.
Est-ce qu'il va reculer et respecter la volonté
des Québécois et surtout l'inquiétude des Québécois?
Le
Président : Mme la responsable des Aînés et des Proches
aidants, la réponse et la parole vous appartiennent.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, pensez-vous que les aînés du Québec m'ont
parlé du projet de loi n° 34? Franchement!
On est là en train de dire qu'on va faire un gel, pas qu'on est en train de
faire une augmentation tarifaire. On va faire un gel, et, à toutes les
fois qu'il va y avoir une augmentation, elle sera selon...
Une voix : ...
Mme Blais
(Prévost) : Non, mais je ne peux pas croire qu'on se lève pour me
parler de la FADOQ par rapport au projet de loi n° 34. Vraiment,
là, c'est saugrenu.
Des voix : ...
Le
Président : Je vais vous demander... Encore une fois, nous
allons fonctionner...
Des voix :
...
Le
Président : Mais je
vous demande... Je vous demande, s'il
vous plaît, d'éviter de commenter les
réponses. Nous allons fonctionner
selon les règles. La ministre a la parole, nous sommes attentifs à sa réponse.
C'est trop bruyant, nous ne voulons pas cela. Mme la ministre,
poursuivez votre réponse.
Mme
Blais (Prévost) : Moi, ce
qui m'intéresse, M. le Président, c'est de faire en sorte qu'il y ait
des soins adéquats et à domicile et dans nos CHSLD, qu'on puisse prendre soin
des personnes les plus vulnérables de notre société et d'arrêter de
faire des amalgames qui n'ont aucun sens par rapport au projet de loi n° 34.
Le Président :
Je vous demande votre attention pour la question... Question de règlement, M.
le leader de l'opposition officielle.
M.
Tanguay : Appel au règlement.
Elle nous prête des intentions, 35.6°,
de faire des amalgames. On vient de citer la FADOQ, qui est sortie le
12 novembre, puis, à son grand étonnement, Mme la ministre, elle l'apprend
là. Mais ce n'est pas nous qui
faisons des amalgames, c'est la FADOQ qui dénonce le projet de loi.
Rectification : elle ne doit pas nous prêter des intentions, elle
doit lire sa revue de presse.
• (14 h 20) •
Le
Président : Et je vous invite à requestionner encore si vous le
souhaitez. Ne commençons pas des débats de procédure. Je pense que c'est clair, les choses ont été dites. Je
souhaite que l'on poursuive la période de questions pour faire en sorte
qu'on puisse avancer le plus loin possible. Merci, M. le leader du
gouvernement, nous allons continuer. Mme la députée de Saint-Laurent.
Santé mentale des étudiants
collégiaux et universitaires
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : M. le Président, aujourd'hui, l'Union étudiante du Québec
sonnait l'alarme. Ils ont fait une vaste étude sur la santé psychologique des
étudiantes et étudiants universitaires. Près de 24 000 étudiants ont
répondu à l'enquête intitulée Sous
ta façade. Les constats sont alarmants. On y révèle que 58 % des
étudiants universitaires souffrent de
détresse psychologique, un étudiant sur cinq montre des symptômes dépressifs à
un niveau tel qu'il doit recevoir des soins,
que trois fois plus d'étudiants que la population générale ont des idéations
suicidaires, deux fois plus d'étudiants passent à l'acte. De plus, on
apprend que les universités font face à une augmentation fulgurante de demandes
d'aide.
Aujourd'hui,
est-ce que le ministre de l'Enseignement supérieur entend appliquer les
13 recommandations du rapport?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Je veux remercier ma collègue pour soulever cette question, qui est
très importante, qui nous préoccupe beaucoup,
sur laquelle on travaille déjà. Déjà, il
y a plus d'un an, lors de la campagne électorale, c'est un dossier qui interpellait beaucoup
les associations étudiantes. On a fait plusieurs
débats lors de la dernière campagne.
Les associations me disaient qu'elles allaient faire un sondage,
que c'était le temps de faire un état des lieux. On est là, l'état des lieux est fait. De notre côté, du côté du gouvernement, on a tenu des forums aussi sur la santé mentale.
Donc,
maintenant que l'état des lieux est connu, qu'on connaît la
gravité de la crise, certainement qu'on va agir, qu'on va agir avec nos partenaires du milieu universitaire, mais aussi dans le milieu collégial, parce que c'est quelque chose qui touche l'ensemble de l'enseignement supérieur. Il y a des recommandations de
l'UEQ, qui disent : Cinq leviers, réduire la solitude, améliorer le
soutien entre collègues, réduire la compétition entre collègues, réduire la
précarité financière, améliorer les
habitudes de vie, notamment les habitudes alimentaires, qualité du sommeil.
Mais il y a aussi, bien
sûr, des actions que le gouvernement peut faire en améliorant le soutien aux universités pour permettre
d'avoir des services d'aide qui
soient rapides, de ne pas tomber sur une liste d'attente qui va durer des
semaines et des mois. Donc, certainement qu'on va se mettre au travail
dans les prochaines semaines à cet égard-là.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : ...sûr que ce
rapport est très troublant. J'aimerais savoir quel est l'échéancier, quel est
le montant qui va être dédié. Parce que,
dans les 13 recommandations, il y a aussi une recommandation essentielle : avoir
des fonds dédiés pour les étudiants.
Est-ce qu'immédiatement il peut prendre
l'engagement de tenir les 13 recommandations et de s'assurer qu'immédiatement il va se mettre à l'oeuvre, qu'il
va coopérer et entendre les étudiants, mais surtout de déposer un plan d'action
pour nous tous dès maintenant?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation, en réponse.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, vous comprenez qu'on ne dépose pas un plan
d'action cet après-midi, alors que les
conclusions viennent d'être rendues publiques. Ce qu'on vous dit, cependant,
c'est qu'on va travailler main dans la main
avec l'ensemble des directions de nos cégeps, de nos collèges, avec l'ensemble
de nos universités et, bien sûr, avec nos partenaires des associations étudiantes, la FECQ, l'UEQ, etc., pour
arriver avec des solutions qui seront pérennes, pas quelque chose qu'on
va faire pour deux semaines pour passer à travers la crise, mais pour outiller
mieux nos campus à répondre aux besoins des
étudiants et des étudiantes, oui, pour avoir des ressources quand on est en
crise, mais aussi pour prévenir cet
état de crise là. Donc, on va travailler sérieusement, mais ça ne se sera pas
cet après-midi, pendant la période de questions.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent, à vous la parole.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bien entendu, on
comprend que ça ne sera pas cet après-midi. Mais vous dites que vous êtes à l'oeuvre depuis un an. Est-ce que
vous allez quand même consulter les partis d'opposition? Allez-vous
nous impliquer? Allez-vous aussi
comprendre que, dans le forum de consultation générale, là-dedans,
il y a un autre groupe, que, dans ce groupe
plus réduit, on parle spécifiquement des étudiants de son réseau universitaire
et que, par conséquent, ça prend un plan précis pour les étudiants dès maintenant,
et surtout un fonds dédié?
Prend-il l'engagement de faire un fonds dédié?
Le
Président : Je vous
rappelle toujours de vous adresser à la présidence, évidemment.
C'est notre règle. M. le ministre de l'Éducation. Même chose pour tout
le monde.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, donc, c'est un rapport qui est troublant. On connaissait, des fois,
des cas. On voyait bien qu'il y avait
certains problèmes. Mais là on voit que c'est assez répandu, que c'est dans plusieurs
universités. Je pense que l'UEQ a fait un bon travail pour avoir un
échantillon qui est assez grand.
Maintenant,
on va se mettre au travail. Je ne peux pas vous dire cet après-midi de quelle
façon, précisément, on va y arriver,
mais c'est certain qu'on va y arriver en s'appuyant sur les travaux de ma
collègue la ministre de la Santé, qui a déjà déblayé le travail de belle façon. Et je vous dis
qu'on va travailler main dans la main pour passer à travers cette crise
sociale. Merci.
Le Président : Question
principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Troisième lien entre Québec et
Lévis
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Ça fait longtemps
qu'on n'a pas entendu le premier
ministre nous parler du troisième
lien, surtout de combien ça va
coûter, ce projet-là. Alors, nous, à Québec
solidaire, on se pose beaucoup, beaucoup de questions sur ce sujet-là, vous le savez, mais on a voulu
en avoir le coeur net. On a donc fait une demande d'accès à l'information,
M. le Président.
On a appris
que c'est sur la base d'une étude multicritère que le gouvernement a arrêté son choix sur un tunnel. On aurait bien voulu avoir toute l'information, mais, en guise de réponse, on nous a juste donné la liste des
critères. Figurez-vous, M. le Président, que, dans les critères, il y
avait celui du coût, des coûts des projets. Ce que ça veut dire, c'est que le premier ministre, il sait
combien ça va coûter, mais il ne veut pas nous le dire. Puisqu'il
ne veut pas nous le dire, bien, il faut
faire quelque chose, quelque
chose que nous, à Québec solidaire, on fait, c'est-à-dire se retourner vers la science. Et, dans ce
sens-là, il y a une étude qui nous a démontré, en 2016, la seule étude
crédible, d'ailleurs, M. le Président, qu'un tunnel entre les deux rives, ça
représentait un coût x. Alors, si on l'applique sur le 10 kilomètres
prévu, on parle d'un coût de 5 130 000 000 $.
Alors, est-ce
que c'est ça que ça va nous coûter collectivement? Est-ce que c'est le chiffre
avec lequel le premier ministre a pris sa décision?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, dans les grandes villes du Québec, on va mettre en place des
tramways, des autobus électriques comme on n'en a jamais vu, à la
vitesse qu'on n'a jamais vue au Québec.
Par contre, le Québec, c'est grand.
Chaudière-Appalaches, c'est une région qui est grande. Puis actuellement, quand
l'Est du Québec vient vers Québec, il y a
seulement deux ponts, qui sont un à côté de l'autre. On a besoin d'un troisième
lien, un troisième lien qui va être là pour
les 75 prochaines années. Et, M. le Président, actuellement, il y a des
études qui sont faites, il y a des
scénarios qui sont analysés. Si la cheffe de Québec solidaire a le prix, bien,
elle a de l'information que je n'ai
pas. Mais, dès qu'on va avoir le coût des différents scénarios, on va les
rendre publics. Mais, M. le Président, on
ne fera pas comme le Parti libéral, avancer, reculer, avancer, reculer sur le
troisième lien. On l'a promis puis on va respecter nos promesses.
Le
Président : Première complémentaire. La parole n'appartient
qu'à la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme
Manon Massé
Mme Massé :
M. le Président, dans les critères, il y avait les coûts. Donc, il a un
chiffre. Il travaille avec un chiffre. Et ce qui est inquiétant, c'est
que, quand on regarde les 250 gros projets d'infrastructure au monde, la
moyenne de dépassement des coûts, et, encore
là, c'est une étude qui nous le dit, c'est 34 %. Alors, si on prend le
5 milliards qu'on a projeté avec l'étude de 2016, qu'on rajoute
34 %, ça va jusqu'à 7 milliards.
Est-ce que c'est avec
ce montant-là que vous avez pris votre décision de faire un tunnel?
Le Président :
On s'adresse toujours à la présidence. M. le premier ministre, votre réponse.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, bon, les élus de Québec solidaire viennent
de grandes villes du Québec, sauf qu'au Québec il n'y a pas seulement des grandes villes, il y a des régions, au
Québec. Puis, même si on voulait mettre des trains, des tramways partout
au Québec, il n'y a pas la densité suffisante. Et Chaudière-Appalaches, là, ont
le droit à des services. Moi, j'invite la
cheffe de Québec solidaire à aller se promener dans l'Est du Québec, à aller
voir les gens dans Chaudière-Appalaches.
Elle va comprendre que ce n'est pas la même vie que dans les grandes villes.
Donc, on a besoin d'un troisième lien.
Le
Président : Deuxième complémentaire. La parole n'appartient
qu'à la cheffe du deuxième groupe d'opposition, s'il vous plaît.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : Ça, on avait compris que lui avait décidé qu'il y aurait un
troisième lien. Je lui demande le chiffre. Je veux savoir avec quel chiffre il travaille. Il le savait en prenant
la décision du tunnel. Alors, quand il vient le temps de fixer le salaire des gens du secteur public, il
est pas mal proche de ses cents. Quand il est le temps de projeter du transport
collectif, encore là, il est pas mal proche
de ses cents. Mais là ce que je comprends, c'est qu'il n'y en a pas, de limite
pour le troisième lien, il ne veut pas m'avancer un chiffre. Il n'y a
pas de limite, c'est ça que le monde comprend.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, on le sait, que la cheffe de Québec
solidaire m'a donné un ultimatum, hein? Elle m'a dit que, si d'ici le mois d'octobre 2020 il n'y en avait pas,
elle ferait tomber notre gouvernement, qu'elle ferait la... mettrait la
pagaille ici, à l'Assemblée nationale.
Une voix :
...
M. Legault :
Bien, c'est ça que vous avez dit...
Le Président :
Question de règlement?
M.
Nadeau-Dubois : ...on ne peut pas prêter des intentions et...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Non, s'il vous plaît! Non...
Des voix :
...
Le Président : Alors, non, je
viens d'entendre...
Des voix : ...
Le
Président : Non. Comprenons, je vous ai déjà dit...
Une voix :
...
Le Président :
Oui, complétez sur votre question de règlement, M. le leader.
M.
Nadeau-Dubois : Oui. À ma connaissance, les éclats de rire des
banquettes gouvernementales ne closent pas mon intervention sur une question de règlement. Ce que j'allais vous
dire, c'est qu'affirmer que Québec solidaire va faire tomber le gouvernement,
c'est prêter des intentions et c'est contraire à notre règlement.
Le Président :
O.K. C'est beau, ce n'est pas une question de règlement, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition. Je demande de poursuivre, s'il vous plaît. On
continue évidemment sur la réponse du premier ministre.
M.
Legault : Bien, je suis content de savoir que Québec solidaire a
changé d'idée puis va continuer de supporter le gouvernement.
M. le Président, quand les études vont être
terminées, quand on va avoir les coûts des différents scénarios, on va être transparents. On ne fera pas comme les
libéraux, on va être transparents. Puis les travaux vont commencer avant la
prochaine élection. Donc, en 2022, les gens vont savoir sur quoi voter.
• (14 h 30) •
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Mesures
pour la protection et la promotion du français
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, les Québécois sont inquiets parce que la place du français,
au Québec, se dégrade. Hier, on a appris que 70 % des Québécois francophones sont préoccupés
par l'avenir de leur langue. La situation actuelle du français le justifie.
L'accueil en français dans les commerces a reculé de 84 % à 75 % à
Montréal. L'an passé, 2 807 plaintes à l'Office québécois de la langue française. On a même appris
que le gouvernement ne respecte pas sa politique linguistique.
Au
Parti québécois, c'est une priorité, la langue, c'est une conviction très
profonde. Je veux vérifier le sérieux du premier ministre en cette
matière.
Est-il prêt à ouvrir
la loi 101 pour la renforcer enfin?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, d'abord, je veux en profiter pour remercier
le chef du Parti québécois, qui était là, hier soir, avec Mme Marois, avec John Parisella, avec plein de
gens qui ont fait la promotion du français, puis qui ont dit : Ce n'est
pas seulement la responsabilité du gouvernement, de protéger le français. Quand
on va dans un commerce à Montréal, on doit exiger de se faire servir en
français. Les citoyens aussi ont un rôle à jouer, M. le Président.
Donc,
on a posé des gestes déjà, depuis qu'on est au gouvernement. On a augmenté de
70 millions de dollars le budget pour donner des cours de français aux
nouveaux arrivants. Actuellement, mon collègue est en train de regarder toutes les options, on n'exclut pas de réouvrir la
loi 101. Ce qui est important, M. le Président, c'est
qu'on investisse pour faire la
promotion du français, faire la promotion de notre culture. Ça fait partie de
notre identité, puis on doit tous y travailler ensemble.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, évidemment, on est d'accord là-dessus, mais
le test, il est législatif, c'est d'améliorer la Charte de la langue française. Le dernier test, c'était la loi n° 14 dans le gouvernement de Mme Marois, qui justement était
là hier et nous demandait d'agir.
Alors, ma question au
premier ministre : La dernière fois, quand la CAQ était dans l'opposition,
il disait qu'il fallait débattre de ces
questions-là sans trop d'émotion, qu'il ne fallait pas renforcer la
loi 101. J'espère qu'il a changé. Si
c'est le cas, il peut compter sur notre appui. Mais j'ai vraiment besoin de
l'entendre dire qu'il y a d'autres gestes à poser puis ils sont
législatifs, ceux-là.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, il y a beaucoup de gestes à poser pour
renforcer la loi... la langue française. Je vous en donne un exemple : il y a des ministères, actuellement, qui
n'ont pas de plan pour s'assurer que les employés parlent aux nouveaux arrivants en
français. Puis, lorsque le Parti québécois était au pouvoir, pendant
18 mois, le Parti québécois n'a
rien fait pour changer ça. Moi, je pense que le gouvernement du Québec doit
donner l'exemple. C'est en français que ça se passe, les relations avec
les citoyens, les nouveaux arrivants.
Donc, M. le Président, nous, on va agir et on va
s'assurer d'en faire la promotion. Regardez bien...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...les investissements
qui vont être faits en culture.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du troisième groupe.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, renforcer la loi 101, ça ne prend pas
d'investissement. Le premier ministre s'est toujours opposé à renforcer la loi 101 et assujettir les
entreprises de 25 à 49 employés à la Charte de la langue française parce qu'il dit que c'est trop de paperasse. Lui,
sa priorité, c'est la paperasse. L'avenir de la langue française dans le milieu
de travail, là où ça compte, ce n'est toujours pas un enjeu pour lui.
Est-ce qu'il
est prêt à renforcer la Charte de la langue française pour qu'en milieu de
travail c'est en français que ça se passe, puis que c'est comme ça qu'on
vit au Québec?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, je ne suis pas d'accord avec le chef du
Parti québécois qui dit que ça ne prend pas d'argent pour faire la promotion du français, je ne suis pas d'accord
avec lui. Actuellement, il y a beaucoup de nouveaux arrivants qui voudraient suivre des cours de
français, puis les cours de français ne sont pas disponibles. Ce qu'on veut
faire, entre autres, dans les petites
entreprises, c'est de s'assurer que, le midi, les travailleurs puissent suivre
des cours de français. Donc, mon collègue... le gouvernement est en
train d'investir pour qu'il y ait plus de cours de français.
Oui, il y a
des lois à respecter, puis on doit respecter la loi 101, les ministères
doivent respecter la loi 101. Ça n'a pas été fait avec le PQ, ça va
être fait avec la CAQ.
Le Président : Question
principale, M. le député de Pontiac.
Projet de loi instaurant
une présomption de consentement
au don d'organes ou de tissus après le décès
M.
André Fortin
M.
Fortin : M. le Président, on
a tous lu avec beaucoup d'émotion, ce week-end, l'histoire d'Octavie, une femme
de 19 ans qui a passé des mois à
l'hôpital en attente des greffes qui auraient pu lui sauver la vie, et
malheureusement pour elle, comme pour plusieurs autres, la greffe n'a
jamais eu lieu.
Aujourd'hui, il y a plus de 800 Québécois
qui attendent un don d'organes, des patients qui ont mal, qui sont hospitalisés, qui ont mis leur vie sur pause, des
familles qui sont inquiètes, qui sont dévastées, qui pensent, qui prient,
qui espèrent qu'un jour ils vont recevoir l'appel qu'un donneur a été
identifié.
M. le
Président, on doit en faire plus pour le don d'organes. Il n'y a aucune raison
que le Québec ne devienne pas un chef de file en la matière. Qu'on mette en
place toutes les mesures nécessaires; les médecins coordonnateurs, oui, mais
des centres de prélèvement dédiés aussi et,
comme d'autres provinces l'ont déjà fait, le consentement présumé, pour qu'au
Québec donner à son prochain devienne le
principe de base, tout en respectant les droits individuels et le droit de
refuser.
Est-ce que la ministre de la Santé est d'accord
avec le projet de loi n° 399? Est-ce qu'elle est
d'accord pour donner un peu plus d'espoir aux 800 familles?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme
McCann : Oui. M. le Président, c'est une question qui nous touche
beaucoup comme société. Et, moi, la première
chose que je veux dire, c'est que j'ai lu l'histoire d'Octavie, cette fin de
semaine ci, on a tous été touchés par cette
histoire et, évidemment, par la famille d'Octavie. Et nous ne ménageons pas les
efforts, actuellement, M. le Président, pour augmenter le don d'organes au
Québec. Comme mon collègue l'a mentionné, on a mis des stratégies en place,
comme les médecins coordonnateurs,
dans tous les hôpitaux du Québec. Nous sommes en train de le faire, M. le
Président, parce que c'est une mesure qui a donné des résultats ailleurs au
monde, par exemple en Espagne, par exemple même dans une région du Québec, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, où le taux de don d'organes est
aussi élevé qu'en Espagne, qui est le champion au monde du don
d'organes.
C'est
sûr que le don d'organes présumé, c'est une mesure pour laquelle nous sommes
ouverts, mais il y en a d'autres, comme les
médecins coordonnateurs, comme aussi la sensibilisation. On a fait de
la sensibilisation, au Québec...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...et on a augmenté le don d'organes.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M.
Fortin (Pontiac) : M. le Président, je suis content de savoir qu'elle est ouverte à la question, mais plusieurs de
ses collègues se sont déjà prononcés ici, en cette Chambre, et ailleurs pour
dire qu'ils appuieraient un projet comme celui-là. Alors, si, comme
nous, ils y voient un bénéfice pour tous ceux qui attendent, si, comme nous,
ils croient que le Québec doit mettre de leur côté, du côté des patients,
toutes les chances de recevoir un organe, de recevoir une greffe, est-ce qu'ils sont prêts à s'engager à
appeler le projet de loi, disons, M.
le Président, au cours des six
prochains mois?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Oui. M. le Président, il faut avancer, dans ce dossier-là, de façon prudente. Je dois
dire qu'on a connaissance d'expériences dans le monde où il y a eu des
dons présumés et que ça n'a pas donné les résultats escomptés. Bon. Mais on est quand
même ouverts à regarder la question.
C'est une question, évidemment, que la population
ici suit de près.
Mais,
M. le Président, il faut agir maintenant. Et on met en place
des médecins coordonnateurs. Ça s'est fait au Saguenay—Lac-Saint-Jean, ça a donné des résultats. On pense aux
800 personnes qui attendent actuellement sur une liste d'attente, il faut s'en
occuper. On a fait de la sensibilisation...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...dans le passé, ça a donné des résultats. Il faut le refaire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M.
Fortin (Pontiac) : M. le Président, en tout respect, la ministre a passé les deux dernières minutes à dire
qu'elle est ouverte, à dire que
c'était une mesure qui ne fonctionnait pas, mais à dire qu'il y avait
une possibilité d'en faire plus, M. le Président, sur le
projet.
Alors,
on ne lui demande pas de l'adopter, on lui demande de l'étudier, le projet de loi. Le projet de loi, effectivement, là, il est simple, il est écrit pour donner un maximum
de latitude pour qu'on puisse en discuter, pour qu'on puisse entendre les experts, pour qu'on puisse
entendre les familles et qu'on puisse ensuite prendre une décision. C'est
tout ce qu'on lui demande, M. le Président. On ne comprend pas pourquoi elle ne
veut pas appeler le projet de loi.
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : M. le Président, il y a 800 personnes qui attendent sur une liste
d'attente pour avoir un organe ou des
organes. Alors, la mesure qui est la plus rapide, actuellement, c'est de mettre des médecins coordonnateurs, c'est ce que nous
faisons maintenant.
L'autre
mesure qui a donné vraiment un impact important, il y a
quelques années, c'est la sensibilisation qui a été faite à travers le Québec
par Transplant Québec. On a diminué de 400 le nombre de personnes qui
attendaient pour un don d'organes. On était à 1 200, on a baissé à
800, M. le Président. Ça, c'est vraiment des résultats.
Alors, nous, nous
agissons maintenant, mais nous sommes ouverts, évidemment...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...à analyser toutes les options.
Le Président :
Question principale, M. le député de Rosemont. Vous êtes le seul à avoir la
parole.
Entente
avec la Fédération des médecins spécialistes
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, M. le Président. La semaine dernière, le
président du Conseil du trésor nous a demandé d'être patients dans le dossier des médecins
spécialistes. On est patients, mais on n'est pas dupes. On a déjà vu ce
film-là, on avait peur de voir le
gouvernement s'écraser devant le lobby des médecins spécialistes. C'est
malheureusement ce qui est arrivé, nous avions raison d'être inquiets.
Ça me
rappelle, M. le Président, la blague des comptables. Vous allez voir un
comptable, vous lui dites : Un plus un, ça fait combien?, il va
vous répondre peut-être : Ça dépend combien tu veux que ça fasse.
Alors, les
médecins spécialistes sont allés voir le comptable en chef du gouvernement puis
lui ont dit : 1 milliard en trop, ça fait combien?
• (14 h 40) •
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Marissal :
Apparemment, ils se sont fait répondre : Ça dépend combien vous voulez que
ça fasse. Bien, ça fait
500 millions, à la fin. Ça, ça s'est réglé de cette façon-là, alors que le
premier ministre s'est décrit comme un «deal maker».
Promettre 1 milliard, livrer
500 millions, c'est-u ça, un bon deal, pour le premier ministre?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, moi, je suis un petit peu déçu, aujourd'hui, parce que
je pensais que le député de Rosemont
allait se lever en cette Chambre pour nous féliciter d'être arrivés à une
entente avec les médecins spécialistes, alors que tout le monde reconnaissait
depuis un temps que cette entente-là, elle n'était pas la bonne entente. Même
les médecins reconnaissaient qu'elle était indécente sur certains aspects.
Nous avons travaillé sur une entente, depuis un
an, qui respecte nos objectifs, M. le Président, et qui fait qu'aujourd'hui, au lieu d'être dans un climat de
conflit avec les médecins spécialistes, nous avons conclu, la semaine passée,
ce que j'ai appelé une perspective
d'entente, parce que, M. le Président, tout n'est pas terminé. Mais moi, j'ai
entendu des commentaires, depuis
plusieurs jours, de gens qui disent : Enfin, on va changer la façon de
travailler. On a accompli nos objectifs, qui ont été très clairs,
énoncés par le premier ministre, de rétablir une rémunération équitable pour
les médecins à moins de 9 % de la
moyenne canadienne, puis qu'en plus les économies vont aller dans la santé pour
améliorer le système.
Le Président : En terminant.
M. Dubé : Alors, moi, j'attends
encore les félicitations, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
S'il vous plaît, pas de commentaire sur les réponses. La parole au
député.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Quand on promet 1 milliard puis qu'on livre la moitié, à 500 millions,
je suis désolé, mais on ne mérite pas de félicitations. Ça ne viendra
certainement pas de nous, ici, en tout cas, M. le Président.
Alors, de
deux choses l'une : a, ou bien la présidente de la FMSQ avait raison de
dire que le chiffre de 1 milliard venait de nulle part, ou, b, le
gouvernement n'a pas eu le guts, encore une fois, de tenir sa parole. C'est a
ou b.
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Christian Dubé
M. Dubé :
En fait, ce n'est aucune de ces réponses, M. le Président, parce qu'en fait ce
qui est intéressant, puis je vais
vous... donner la chance de se reprendre au député de Rosemont, au cours des
prochaines semaines... Parce que, dans
le fond, M. le Président, on a dit qu'on avait une très bonne entente qui était
à être finalisée et on a plusieurs semaines parce qu'il faut mettre les documents par écrit, il y a énormément de
travail qui va se faire. Et, quand on aura la chance de présenter une
entente très claire, qui va être présentée aux autorités de la fédération et au
Conseil des ministres, je pense que tout le monde va prendre connaissance qu'avec ce qu'on avait et
la discussion qu'on a eue on a une excellente entente. Alors, je pense
que, je le répète...
Le Président : En terminant.
M.
Dubé : ...c'est une excellente entente, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Je vous cite le
président du Conseil du trésor tout à
l'heure devant les
journalistes : «L'engagement
qui a été fait visait 1 milliard parce qu'on n'avait pas tous les chiffres. Finalement, c'est moins qu'on a besoin pour atteindre
notre objectif.» Fin de la citation.
Finalement, on verse 500 millions de trop, mais ce
n'est pas grave, on a dit n'importe quoi, puis on ne va pas chercher le
milliard qui est allé... qu'on avait promis d'aller chercher.
Alors, minimalement,
là, la moindre des choses, est-ce qu'on pourrait voir cette fameuse entente qui
prive les Québécois de 500 millions qu'on leur avait promis, la moindre
des choses?
Le
Président : Je vais
me permettre de vous rappeler de faire attention aux propos utilisés. M. le
président du Conseil du trésor, réponse.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Aucun problème, M. le Président. Alors, je pense que je vais le répéter pour être très clair :
Nous avions promis, la semaine
passée, d'arriver avec un principe d'entente qui nous permettrait de finaliser
cette entente-là, ce que nous sommes
à faire, ce que nous sommes à faire au cours des prochaines semaines. Lorsqu'on
aura une entente qui va avoir été
écrite, qui rentrera dans le détail... Écoutez, c'est une entente qui est complexe. Et moi, je
suis excessivement fier de ce qu'on a
pu accomplir avec la FMSQ. Quand on aura les documents détaillés, qui auront
été approuvés par les deux, par la
fédération et par le Conseil des
ministres, ça nous fera plaisir de
partager l'information. Et les gens réaliseront que ça va
changer. La ministre de la Santé va être heureuse d'avoir ces nouveaux dollars
là...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...pour travailler dans la santé. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Impact
sur les échanges commerciaux des changements proposés
à l'établissement des tarifs de distribution d'électricité
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, dans le cadre du projet
de loi n° 34,
il y a eu beaucoup de personnes à s'opposer à ce projet de loi, mais il
y a un élément qu'on n'a pas
suffisamment étudié, c'est les impacts au
niveau des échanges
commerciaux. Alors, ma question, c'est pour interpeler le ministre de
l'Économie.
Il y a un exemple
très concret de ce qui peut se passer entre le gouvernement et les États-Unis
lorsqu'il y a un problème avec la Régie de l'énergie. Alors, Hydro One, un exemple très concret, Hydro One a voulu acquérir Avista
aux États-Unis. Qu'est-ce qui s'est passé au moment de cette
acquisition-là? Le gouvernement de l'État de Washington est sorti et a dit que la décision touchant Hydro One
a été influencée par des considérations politiques suite à
l'implication du premier ministre Ford lors de cette transaction-là. Ce que ça veut
dire, M. le Président, c'est, lorsque nous avons de la politique
qui se mêle d'un dossier avec un monopole comme Hydro-Québec, nous avons des
enjeux réels et un potentiel impact sur nos échanges commerciaux.
J'aimerais
entendre le ministre de l'Économie nous dire comment il peut être en faveur de ce projet de loi...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : M. le Président, la procédure qu'on suit, au gouvernement,
c'est que, dans tout projet de loi qui
touche les relations commerciales soit nationales, ou au Canada,
ou internationales, le ministère de
l'Économie est pris en compte pour voir avec les différents
fonctionnaires s'il y a des enjeux au niveau des ententes
commerciales et ici aussi, en consultant nos avocats.
Alors,
dans le cas du p.l. n° 34, comme dans tous les autres projets de loi, nous avons évalué s'il y
avait des risques au niveau des représailles des différents gouvernements et on a conclu
que c'était gérable. Donc, à ce
moment-ci, donc, il n'y a pas
d'enjeu spécifique que nous avons identifié, propre au projet de loi n° 34.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, Normand Mousseau, qui est un expert dans le
domaine, dit la chose suivante : «...les États américains possèdent
généralement des régies très fortes et considèrent celles-ci comme essentielles
pour assurer la transparence des tarifs. [...]Hydro-Québec
s'expose donc à des accusations de dumping de la part [des] opposants...»
Est-ce que
le ministre de l'Économie est en opposition à ce que vient de dire l'expert en question,
M. Mousseau?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Écoutez, M. le
Président, je n'ai pas vu ce
rapport-là, mais je peux vous dire que, présentement, un des enjeux
que nous avons, au gouvernement, toutes les relations commerciales avec les
Américains nous préoccupent parce que nous sommes très dépendants. Notre commerce international, on a 70 % de nos biens
qui s'en vont aux États-Unis. On a le
Buy American Act. Alors, je peux juste vous confirmer que, dans toutes les
relations commerciales, dans tous les secteurs industriels stratégiques
pour le gouvernement du Québec, on travaille avec des avocats externes, avec
nos ministères pour s'assurer qu'on a la
plus grande coopération et de profiter... et de ne pas perdre nos acquis,
surtout, avec le côté américain.
Donc,
le rapport en question, je ne l'ai pas lu, mais je peux vous dire que le p.l. n° 34, comme tous les autres projets de loi, et nos ententes
présentes...
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...sont sujets à des revues constantes de la part des fonctionnaires.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
...pas dire qu'on est rassurés, M. le Président. La dernière fois que le
ministre de l'Économie s'est levé en
cette Chambre, c'est pour défendre la réforme du PEQ, et à la fin on a appris,
finalement, qu'il n'avait pas tous
les détails avant de se prononcer. Alors, j'invite le ministre de l'Économie à
aller voir tous les détails par rapport au projet de loi n° 34, parce qu'en termes d'échanges commerciaux
il y a réellement un enjeu, et je pense qu'il devrait se pencher sur
cette question avant de répondre dans cette Chambre. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne sait très bien que, dans le cadre
du projet de loi n° 34, le rôle de la
Régie de l'énergie demeure toujours. Alors, lorsqu'elle souligne, encore une
fois... Et c'est la stratégie du Parti libéral, M. le Président, de
faire peur, de tenter d'agiter...
Le
Président : ...faire attention, encore une fois, aux propos.
Non, mais je vais vous demander de ne pas utiliser... de choisir vos mots pour passer la même idée. Je pense
que vous savez comment ça fonctionne, vous êtes tous habiles. S'il vous
plaît, poursuivez. Poursuivez, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, le Parti libéral tente de
semer des inquiétudes. Ce qui est fondamental, M. le Président...
Des voix :
...
Le
Président : Soyons seulement... Encore une fois, ça va bien.
Faisons en sorte de faire attention encore aux propos pour éviter qu'il
n'y ait dérapage dans l'échange. Il y a des inquiétudes, ça va, continuez,
dites-vous.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, le projet de loi n° 34 va bénéficier
à l'ensemble de la population ainsi qu'aux
entreprises. On s'assure d'avoir un gel de tarifs pour la première année et que
ce soit limité à l'inflation pour les autres
années. On s'assure aussi de faire en sorte qu'Hydro-Québec, bien, soit
redevable envers la population du Québec,
parce qu'elle ne pourra pas dépenser sans justifier.
Le Président :
En terminant.
M.
Jolin-Barrette : On s'assure que les revenus ne sont plus liés aux
dépenses d'Hydro-Québec.
Le Président : Question
principale, M. le député de Nelligan.
Impact sur la croissance économique des changements proposés
à l'établissement des tarifs de distribution d'électricité
M. Monsef Derraji
M.
Derraji : M. le Président, les décisions caquistes prises dans cette première année ne vont malheureusement pas dans le sens du développement économique, sont antiéconomiques. Pour que notre
économie continue de prospérer, nous
avons besoin de deux choses : la main-d'oeuvre disponible et un environnement propice à la
croissance. Eh bien, M. le Président, dans les deux cas, la CAQ restreint la capacité
de nos PME, en premier lieu, de poursuivre leur croissance. Pour ce qui est de l'environnement propice à la croissance, la CAQ nuit également à nos entreprises,
entre autres par l'entremise du projet
de loi n° 34,
la loi qui modifie la méthode de
fixation des prix d'électricité. La CAQ ne propose rien de moins qu'une hausse
perpétuelle du prix d'électricité. En le faisant, elle diminue l'attractivité
du Québec pour que les entreprises s'installent ici.
Alors, M. le
Président, pourquoi la CAQ s'entête à rendre la vie difficile à nos PME?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, l'objectif du projet de loi n° 34,
c'est notamment d'amener une prévisibilité. Sous le régime libéral, M. le Président, et sous le régime péquiste, il
n'y avait pas de prévisibilité, ça faisait en sorte que parfois, certaines années, il y avait des hausses
de tarifs extrêmement importantes. Et surtout, M. le Président, je vous
le réitère, actuellement, avec la Loi
d'Hydro-Québec, devant la régie, ce que ça faisait, c'est que, si Hydro
dépensait plus, elle pouvait augmenter davantage ses tarifs. Et le chef
de l'opposition va être d'accord avec moi là-dessus parce qu'il connaît bien le
dossier, il a été ministre d'Hydro-Québec, M. le Président.
Ce
qu'on fait avec le projet de loi, actuellement, c'est qu'on s'assure de ne plus lier les dépenses
d'Hydro-Québec avec la
proportion, la ponction qu'ils vont pouvoir aller chercher dans les poches des
Québécois, M. le Président. C'est un projet de loi qui est bon pour les
Québécois pour s'assurer de la prévisibilité des revenus et surtout pour
s'assurer aussi que les Québécois vont
savoir combien ils vont payer pour leur hydroélectricité aussi. Et ce sera
limité à l'inflation pour les quatre
autres années, M. le Président. Alors, pour la première année, c'est un gel,
et, pour les autres années, c'est à l'inflation.
Alors, en termes de prévisibilité, M. le Président, on
s'assure que les Québécois vont pouvoir savoir comment est-ce qu'ils pourront être tarifés. Et surtout,
pour les entreprises, aussi, ça assure une stabilité pour les différentes
entreprises, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le
Président : Question principale, M. le député de Nelligan.
Demande
de retrait du projet de loi sur l'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M. Monsef Derraji
M. Derraji : En consultations particulières, sur
17 groupes, un consensus fort : c'est un mauvais projet de loi. Encore une fois, un projet de loi caquiste brouillon et mal ficelé.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a, elle
aussi, demandé le retrait de ce projet de loi. 1 400 PME à travers toute la province ont signé une pétition.
M. le Président, je me tourne maintenant vers la ministre responsable du Développement
économique régional, que j'aimerais
bien entendre en Chambre. Dans son comté, M. le Président, 28 entreprises
signataires sont contre le projet de loi n° 34,
telles que Metro Moreau inc., La Villa des sages, Érablière HP inc.
Quand
est-ce qu'elle va enfin se lever au sein de son caucus pour défendre les PME et
faire retirer ce projet de loi brouillon qui met à mal le développement
économique régional?
Le Président :
Mme la ministre déléguée au Développement régional économique.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme
Proulx (Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. La première question
que je poserais à mon collègue, c'est : Qui forme la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante? Qui
elle cherche à appuyer exactement? Je pense que la réforme du projet de
loi... le projet de loi n° 34 qu'on suggère permet une prévisibilité pour
les entreprises...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...tant en milieu rural qu'en milieu urbain, puis, nous, c'est ce qu'on veut
offrir. En plus de la réforme
d'Investissement Québec, qui va mieux soutenir la croissance des entreprises,
on va arriver à amener au Québec une
croissance exponentielle du monde des affaires, puis ça, c'est ce qui nous
importe, nous, à la CAQ, en plus de
toutes les autres mesures qu'on va mettre de l'avant au cours des prochains
mois pour mieux soutenir les entreprises. Donc, le projet de loi
n° 34, il tient la route pour les entreprises comme pour les particuliers.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales. Merci à tous.
Motions sans préavis
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer
à la rubrique des motions sans préavis. Alors, à la motion des rubriques sans
préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
du groupe formant le gouvernement. M. le premier ministre.
Souligner
la carrière de l'astronaute David Saint-Jacques et reconnaître
sa contribution au rayonnement du Québec à l'international
M.
Legault : Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de débattre de la motion suivante conjointement avec le
chef de l'opposition officielle, la cheffe du deuxième groupe d'opposition, le
chef du troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey, la députée de
Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la carrière exceptionnelle de l'astronaute, astrophysicien,
ingénieur et médecin David Saint-Jacques;
«Qu'elle rappelle
qu'au cours de son séjour de 204 jours dans l'espace, il est devenu le
premier Québécois à effectuer une sortie spatiale;
«Qu'elle reconnaisse
et salue sa grande contribution au rayonnement du génie [...] du savoir-faire
québécois à l'international;
«Que l'Assemblée
nationale exprime toute sa
reconnaissance et sa gratitude envers M. Saint-Jacques et lui souhaite
le meilleur succès dans ses projets futurs.» Bravo!
(Applaudissements)
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Alors, il y a consentement pour un débat de deux minutes par intervenant, en
commençant par le premier ministre,
le chef de l'opposition officielle, la cheffe du deuxième groupe d'opposition
et le chef du troisième groupe d'opposition.
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Alors, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il
y ait quatre intervenants et pour que
la durée des interventions soit limitée à deux minutes chacune. M. le premier
ministre, la parole est à vous.
M. François Legault
M.
Legault : Merci, Mme la Présidente. Donc, on a l'honneur, la fierté
d'avoir avec nous dans les estrades David
Saint-Jacques, David Saint-Jacques qui a passé effectivement 204 jours
dans l'espace, qui a été... C'est un record québécois, canadien,
204 jours. C'est la première fois aussi qu'un Québécois allait dans
l'espace.
Évidemment, c'est un accomplissement
exceptionnel, mais toute la carrière de M. Saint-Jacques est
exceptionnelle quand on voit son
parcours : médecin, ingénieur, astrophysicien et détenteur d'une licence
de pilote — puis ce
n'est pas pour les avions d'Air
Transat — et
peut-être, peut-être sa plus grande responsabilité, père de trois enfants. Je
peux juste imaginer un peu son
épouse, ses enfants pendant les 204 jours, hein? On doit leur dire merci,
en particulier à son épouse. Eh que ça doit être inquiétant! Mais, en
même temps, quelle grande réussite!
Donc, je pense que, Mme la Présidente,
M. Saint-Jacques peut inspirer beaucoup de jeunes. On le sait, au Québec,
on n'a pas assez de jeunes qui choisissent
les sciences pures. On réussit parfois à aller en sciences humaines avec maths,
là, mais, ingénieur, médecin, on a
besoin de plus de jeunes qui choisissent les sciences. C'est là que ça se
passe, l'innovation. Et, Mme la Présidente, je souhaite que le plus possible de jeunes écoutent
M. Saint-Jacques. J'espère qu'il va avoir un petit peu de temps pour faire le tour de nos écoles, aller
faire rêver nos jeunes.
Donc, évidemment, là,
encore une fois, je veux lui dire un immense bravo. Je veux lui dire qu'on est,
tous les Québécois, tellement fiers de lui et lui souhaiter une bonne
poursuite. Je ne sais pas ce qu'il peut faire dans la suite des choses,
mais disons qu'il en a fait déjà beaucoup. Bravo, M. Saint-Jacques!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Nous poursuivons avec M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci,
Mme la Présidente. Qui peut se vanter
d'avoir fait 264 fois le tour de la terre et parcouru plus de 139 millions de kilomètres en 204 jours? Je peux vous dire sans me tromper que
même les 125 députés ensemble, hein, jamais nous ne serions
capables d'égaliser cet exploit. C'est pourtant le cas de
David Saint-Jacques.
Bien qu'il
n'ait plus besoin de présentation, je crois que nous avons le devoir de
souligner le travail de cet homme d'exception,
qui aura réalisé la mission canadienne la plus longue dans l'espace. On a parlé
du fait qu'il a été médecin, ingénieur,
astrophysicien, astronaute, il a donc cumulé les titres et des expériences de
travail tout simplement uniques. Je me permets également un léger clin d'oeil en vous disant que
Radio-Canada nous rapportait également que M. Saint-Jacques était également
coiffeur et réparateur d'équipement de la station spatiale internationale à ses
heures. Franchement, M. Saint-Jacques, il est à lui seul la définition
même de l'excellence. À croire qu'il a tous les talents.
Parmi ses
autres faits d'armes, il a effectué une sortie extraordinaire, une sortie
extravéhiculaire, la première pour un astronaute canadien pendant une
mission de longue durée, afin de réaliser des travaux d'entretien sur la
station spatiale. Il a été le premier à
manipuler le bras canadien pour un attrapé cosmique de la capsule de
ravitaillement Dragon de SpaceX. Juste de le dire, ça dépasse
l'entendement. Ce n'est plus seulement un rêve dans l'imaginaire collectif, M. Saint-Jacques a accompli le rêve que plusieurs
ont fait alors qu'ils étaient enfants et que plusieurs grandes personnes
font probablement encore.
Alors,
M. Saint-Jacques, vous êtes une source d'inspiration et de fierté pour
tous les Québécois, mais surtout,
j'ose imaginer, pour votre famille et
vos enfants, qui vous ont accompagné dans ce projet de vie et qui vous ont
observé là-haut.
Merci de
contribuer au rayonnement du Québec. Profitez bien de votre retour avec nous
sur terre et bonne chance dans vos prochains projets. Bravo encore,
M. Saint-Jacques! Nous sommes tous inspirés par vos actions. Merci.
• (15 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Maintenant, Mme la cheffe de la deuxième opposition.
(Interruption)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mme la cheffe de la deuxième opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. C'est toujours un plaisir d'entendre une voix
d'enfant dans cette enceinte.
Alors, c'est
un grand honneur pour moi de saluer, au nom de ma formation politique, la
carrière de David Saint-Jacques. Les
astronautes nous font rêver, c'est quasi universel. La conquête de l'espace
fascine tout le temps, tout le monde. Spoutnik, Apollo, NASA, Vostok. En fait, c'est des noms qui, depuis très, très
longtemps, sont familiers. En fait, depuis que je suis jeune, Mme la
Présidente. Ça fait longtemps.
David
Saint-Jacques fait maintenant partie de cette histoire, l'histoire des hommes
et des femmes qui sont allés explorer pour comprendre, pour étudier, par
curiosité, la curiosité innée de l'humain.
Ingénieur, astrophysicien, médecin de famille.
N'avoir seulement qu'un seul de ces titres serait pour moi inimaginable, mais il les porte tous, lui, tous
les trois. Mais ce n'était pas assez. Il voulait aller plus loin. Il voulait
aller plus haut, surtout. Il est
devenu astronaute. En 2018‑2019, David Saint-Jacques a passé 204 jours
dans l'espace et a fait plus de
3 000 fois le tour de la terre. Wow! Il est devenu le premier
Québécois à effectuer une sortie spatiale. Imaginez la fierté de ses
trois enfants : Aïe! Moi, mon père, il est allé dans l'espace. Ça doit
être le fun.
Alors, je
tiens aussi à saluer, bien sûr, l'engagement de David Saint-Jacques auprès des
jeunes, à qui il fait découvrir sa passion des sciences. Pour lui, c'est
important, la science, toutes les sciences, les sciences humaines, les sciences
naturelles. La science a aussi posé un homme
sur la lune, Mme la Présidente. Mais le déni de la science menace présentement
notre planète.
M. Saint-Jacques,
merci de nous avoir fait rêver. Et je terminerais en disant ceci : À la
liste des Iouri Gagarine, de John
Glenn, Neil Armstrong, Chris Hadfield, on verra maintenant rajouté, et c'est
très doux à mon oreille de Québécoise, le nom de David Saint-Jacques.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Maintenant, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme
la Présidente, au nom du Parti québécois, c'est un immense plaisir pour moi de
saluer cet homme se trouvant encore une fois
au-dessus de nous tous. M. Saint-Jacques, sans jeux de mots, on peut dire
que vous en avez fait, du chemin.
Bien sûr, l'ensemble de votre carrière est tout à fait exceptionnel. Le seul
fait d'avoir pratiqué la médecine de
première ligne en territoire arctique est digne de mention. Il démontre à lui
seul une volonté de fer, votre désir d'être
utile, votre force de caractère. Mais nous nous penchons aujourd'hui plus
particulièrement sur votre séjour en apesanteur.
139 millions
de kilomètres, l'équivalent de 3 264 orbites autour de la terre.
Votre périple dans l'espace a été suivi dans le monde entier, entre autres par le biais de vos vidéoconférences
et de vos réseaux sociaux, que vous avez alimentés de photos et de vidéos
fascinantes. Avec une désarmante simplicité, vous avez raconté, montré,
expliqué votre quotidien d'astronaute
à tous les passionnés de l'espace, petits et grands, et élus de l'Assemblée
nationale. Vous disiez parfois manquer de mots pour décrire ce que vous
voyiez, alors que les images derrière vous en valaient 1 000.
Merci, M. Saint-Jacques, de nous
avoir fait voyager avec vous. Votre passion est contagieuse. Nul doute que
votre expérience a fait naître de nombreuses vocations et que plusieurs
jeunes femmes et jeunes hommes voudront suivre votre exemple.
Tout
ceci est merveilleux, évidemment, mais un voyage comme celui-là ne se fait pas
sans sacrifice, même s'ils sont consentis.
Au nom de la science et pour son avancement, vous avez mis votre santé et votre
sécurité sur la corde raide.
Salutations
à votre famille, notamment à votre frère Laurent qui a travaillé à l'Assemblée nationale plusieurs années.
Vous
vous êtes éloigné de votre famille, la laissant dans une confiance relative et
une inquiétude certaine, mais vous avez dû vous plier, avant de partir,
à un entraînement extrêmement rigoureux — vous êtes aussi un sportif et
un polyglotte, à ce qu'on me dit — et,
au retour, à une longue période de récupération, mais si cher payée, car
j'imagine que, quand on a vu la terre
voguer sans bruit dans l'immensité de l'univers, nos petits problèmes d'êtres
humains semblent, tout compte fait, sans gravité.
Mme la Présidente, il n'y a pas de limite à ce que les Québécois peuvent faire. Nous
pouvons conquérir le monde, nous savons maintenant que nous pouvons
conquérir l'espace. Je suis si fier d'être Québécois lorsque je pense à David
Saint-Jacques! Merci, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, motion adoptée. Maintenant, je suis prête à reconnaître un membre du
groupe formant l'opposition officielle. M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Jean-Lesage, le député de Jonquière, le député de Chomedey et la députée
de Marie-Victorin :
«Considérant
qu'au Québec, en 2018, 28 personnes sont décédées pendant
l'attente d'une transplantation d'organe;
«Considérant qu'un
seul don d'organes et de tissus peut sauver jusqu'à huit vies et redonner la
santé à 20 autres personnes et qu'au
cours des dernières années, 180 donneurs ont permis plus de
500 transplantations en moyenne chaque année;
«Considérant qu'au
Québec actuellement, il y a 24 [donneurs] par million d'habitants et qu'en
Espagne, où le principe de consentement présumé s'applique, c'est le double;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de s'engager à appeler le projet de loi n° 399, Loi instaurant
une présomption de consentement au don d'organes ou de tissus après le décès, et ce, d'ici les 6 prochains mois,
afin d'assurer une meilleure accessibilité pour les personnes en attente d'une
greffe;
«Qu'enfin,
elle rappelle que l'objectif est de donner tous les outils nécessaires
au Québec afin de prolonger la vie des gens.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, comme il n'y a pas de consentement, je suis prête à reconnaître
un membre du deuxième groupe d'opposition.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le leader de la deuxième opposition.
Demander au gouvernement
de prendre les mesures nécessaires afin de permettre aux
établissements d'enseignement supérieur de mettre en place des plans d'action
visant l'amélioration de la santé psychologique des étudiants
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur,
la députée de Saint-Laurent, la députée de Gaspé, le député de Chomedey
et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des résultats de l'enquête panquébécoise sur la santé
psychologique étudiante publiée par l'Union étudiante du Québec;
«Qu'elle
s'inquiète devant les constats de cette enquête qui nous apprend que 58 %
de la population étudiante universitaire
fait partie du pire quintile de la population en ce qui a trait aux indicateurs
de détresse psychologique, qu'une personne
aux études sur cinq montre des symptômes dépressifs et devrait recevoir des
soins et que trois fois plus d'étudiantes et d'étudiants ont des idées suicidaires que dans la population générale
et qu'ils font deux fois plus de tentatives de suicide;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement du Québec de prendre les mesures nécessaires dans les plus brefs délais pour améliorer la santé
psychologique étudiante afin de permettre aux établissements d'enseignement
supérieur de mettre en place des plans d'actions visant à améliorer la santé
psychologique étudiante, notamment en améliorant leurs conditions d'études.»
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
• (15 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. Maintenant, je suis prête à
reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition. M. le chef du
troisième groupe d'opposition.
Souligner
la Journée québécoise de sensibilisation au cancer de la prostate
M. Bérubé :
Oui, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre de la Santé et des
Services sociaux, le député de Pontiac, la cheffe du deuxième groupe
d'opposition, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 19 novembre, Journée québécoise de sensibilisation
au cancer de la prostate;
«Qu'elle réitère que le cancer de la prostate est
la forme de cancer la plus répandue chez l'homme au Québec;
«Qu'elle rappelle que
12 Québécois par jour recevront un diagnostic de cancer de la prostate, et
qu'environ 890 mourront de cette maladie chaque année;
«Qu'elle
souligne les efforts de Procure, un organisme de bienfaisance entièrement
consacré à la recherche, à la sensibilisation, à l'information et au
soutien en lien avec le cancer de la prostate, et qui réinvestit les fonds
amassés exclusivement au Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, il y a consentement pour un débat de deux minutes par intervenant,
en commençant par le chef du
troisième groupe d'opposition, la ministre de la Santé et des Services sociaux,
le député de Pontiac et la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc, il y a consentement
pour des interventions de deux minutes. Nous allons débuter avec M. le
chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, souligner que de nombreux élus de cette
Chambre portent le noeud papillon, bien sûr les hommes, mais également
des femmes qui sont solidaires de cette cause importante.
On
vient de le mentionner, le cancer de la prostate est la forme de cancer qui
touche le plus les hommes au Québec et
ailleurs. Or, il se guérit plutôt bien. Mais encore faut-il procéder à un
dépistage précoce. On utilise pour ce faire le test de l'APS. Certains le disent controversé, qu'on
aurait tendance ainsi à identifier trop de cancers. En fait, il faut utiliser
les résultats de ce test de façon
judicieuse, ce que la science parvient à faire de mieux en mieux car il est
vrai que tous les cancers de la
prostate n'ont pas à être traités. Beaucoup sont petits, pas agressifs,
évoluent lentement. Il faut cependant les surveiller et les suivre rigoureusement.
J'invite
tous les hommes s'approchant de la cinquantaine à en discuter avec leur
médecin. J'insiste car, c'est connu, les
hommes tardent souvent à consulter. Ils remettent à plus tard. Ils préfèrent
souvent s'en remettre à Dr Web, ce qui n'est pas vraiment une bonne idée. Messieurs, souvenons-nous que le cancer de
la prostate ne cause pas de symptômes jusqu'à ce qu'il soit à un stade avancé. La seule façon de le détecter dans sa
forme précoce, c'est en effectuant un test de dépistage, et mieux vaut
prévenir. Le cancer de la prostate demeure le troisième cancer le plus
meurtrier au Québec.
Mesdames,
de votre côté, encouragez vos hommes à consulter. Dites-leur que le dépistage,
ça ne fait pas mal, que c'est fait
par des professionnels de la santé qui respectent la dignité des personnes et
que ça ne dure vraiment pas longtemps.
En
terminant, je veux saluer Mme Isabelle Pagé et M. Laurent Proulx,
avec qui j'ai tenu un point de presse ce matin. La vie a fait en sorte que ces deux personnes sont profondément
engagées dans la lutte contre le cancer de la prostate. Je les remercie de partager leur expérience avec
nous. Ils font preuve de beaucoup de courage. Je veux qu'ils sachent que
leurs paroles et leurs gestes sont porteurs d'espoir.
Comme l'ensemble de mes collègues,
j'ai bien sûr aussi une pensée toute spéciale pour M. Jean Pagé, qui nous
écoute présentement. Ambassadeur émérite de l'organisation Procure, nous le
saluons respectueusement et nous lui souhaitons
une sérénité bienfaitrice. Jean, nous t'aimons. L'Assemblée nationale salue ton
combat. Tu peux être fier de toi. Puis on continue avec toi le plus
longtemps possible.
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Maintenant, nous
poursuivrons avec Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Merci, Mme la Présidente. Nous soulignons donc aujourd'hui la Journée
québécoise de sensibilisation au
cancer de la prostate. J'en profite pour reconnaître ici d'une façon toute
particulière les actions menées par l'organisme Procure, lié au cancer
de la prostate. Je veux aussi profiter de l'occasion pour saluer un homme qui a
beaucoup fait pour faire connaître la cause, l'animateur sportif Jean Pagé.
M. Pagé, merci.
Les
efforts de tous sont porteurs d'espoir et de réconfort pour les personnes
vivant avec un cancer de la prostate et leurs proches. Cette journée
représente une belle occasion pour réitérer mon soutien à tous les hommes au
Québec qui luttent avec courage et détermination
contre cette maladie. J'ai une pensée spéciale pour chacun d'eux
aujourd'hui.
Il
s'agit également d'un moment privilégié pour réitérer un important message de
prévention et de vigilance. Rare avant l'âge de 40 ans, la prévalence de
ce cancer augmente rapidement après 50 ans. Un homme canadien sur sept
en souffrira au cours de sa vie, mais ce cancer est rarement mortel. Il est
même souvent indolent.
Les
hommes de 55 à 69 ans sont donc invités à discuter du dépistage du cancer
de la prostate avec leur médecin
pour déterminer si le dépistage serait opportun pour eux.
Je
tiens à réitérer que le cancer est l'une de nos priorités et que nous
poursuivrons les efforts pour améliorer les interventions en cancérologie
et, un jour, vaincre cette maladie. Je serai d'ailleurs ce jeudi au
congrès 2019 du Programme
québécois de cancérologie, un événement
qui a pour objectif principal le partage de pratiques d'excellence dans le
réseau de cancérologie du Québec.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Pontiac, la
parole est à vous.
M. André
Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, c'est le 19 novembre. Le
19 novembre, c'est la journée de sensibilisation
au cancer de la prostate. Et aujourd'hui il y aura 12 Québécois qui
recevront un diagnostic de cancer de la
prostate. Ce sera aussi vrai demain, Mme la Présidente, ce sera vrai
après-demain, 12 hommes québécois recevront ce diagnostic. Et ça a beau
être le cancer le plus commun chez les hommes, ça a beau être, si c'est détecté
rapidement, facilement traitable, ça demeure
un diagnostic de cancer. Ça demeure un mot qui fait peur. Ça demeure un mot qui
inquiète. Ça comporte des risques énormes
pour chacun de ces hommes-là et ça vient avec un poids pour chacune de leurs
familles.
Heureusement,
Mme la Présidente, il y a l'organisme Procure qui, au Québec, milite depuis
longtemps, depuis 2003, en fait, pour
la sensibilisation à cette cause-là, pour l'information, pour la distribution
de l'information envers le cancer de
la prostate et qui investit des sommes ici, au Québec, dans la recherche pour
prévenir, pour détecter et pour traiter le cancer de la prostate.
Alors,
la sensibilisation, comme on le fait aujourd'hui, comme Régis Labeaume le fait,
comme Maripier Morin le fait, comme
Jean Pagé le fait, comme Ron Fournier le fait, comme plusieurs vedettes
québécoises prennent le temps de le
faire pour nous rappeler l'importance de cette prévention-là, toute cette
sensibilisation-là, Mme la Présidente, c'est la clé si on veut réellement réduire les décès, les 890 Québécois qui
décèdent à chaque année du cancer de la prostate. Parce qu'on peut investir dans la recherche, on peut
investir dans les meilleurs traitements, on peut continuer de mettre nos
énergies là-dedans, mais il faut
absolument que les hommes, à l'approche de la cinquantaine, reçoivent
l'information nécessaire pour aller
voir leur médecin, procéder à une détection, que les femmes, au Québec,
appuient les hommes dans cette démarche-là qui, comme le député, le chef du
Parti québécois l'a dit, est une procédure rapide, est une procédure qui est
non invasive, est une procédure de laquelle on ne doit pas avoir peur.
Alors,
Mme la Présidente, à tous ces patients-là, à tous ces hommes-là, à toutes leurs
familles, au nom de notre formation
politique, mais au nom de l'Assemblée au complet, j'en suis certain, on leur
dit qu'on est avec eux, qu'on pense à
eux, qu'on leur souhaite tout ce qu'il y a de mieux. Et, à tous ceux qui portent
le noeud papillon comme nous aujourd'hui, à tous ceux qui ont fait pousser une moustache au cours du mois de
novembre encore après toutes ces années, on les remercie d'avoir pris le
temps de le faire.
Je vous remercie, Mme
la Présidente.
• (15 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec l'intervention de Mme la cheffe de la deuxième opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Vous savez, ce
n'est pas pour rien que tous les partis se lèvent aujourd'hui en Chambre pour souligner l'importance de sensibiliser la population au cancer de la prostate. Je dis bien la population parce que je pense que, là-dedans,
hommes et femmes, on fait une équipe quand on parle de sensibiliser.
Les statistiques donnent froid dans le dos. Mon collègue
disait : 12 hommes par jour reçoivent le diagnostic, 289 en meurent chaque année. Mais j'ai aussi été
rassurée par mes lectures en apprenant que, d'une part, l'espérance de vie
augmente d'année en année. Et surtout, quand le cancer est diagnostiqué tôt, rapidement,
c'est notamment grâce à la sensibilisation, donc une
journée comme aujourd'hui, et à la recherche spécialisée, notamment
par des organismes comme Procure. Ça, ça donne de l'espoir.
C'est pourquoi j'aimerais profiter de cette motion pour rappeler ceci :
Messieurs, consulter, ça ne fait pas mal.
C'est comme ça qu'on prévient, qu'on contrôle la maladie et qu'on réussit à
faire augmenter l'espérance de vie.
En terminant, j'ai une pensée pour les hommes et les familles, dont certains de mes
amis proches, qui sont touchés par la maladie. Je vous dis :
Courage et amour. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, motion adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant, nous sommes rendus à la rubrique
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger : Oui, Mme
la Présidente. Alors, j'avise cette
Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant principalement l'encadrement des inspections en bâtiment et de la copropriété
divise, le remplacement de la dénomination de la Régie du logement et
l'amélioration de ses règles de fonctionnement et modifiant la Loi sur
la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 27, Loi
concernant principalement l'organisation
gouvernementale en matière d'économie et d'innovation, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures, à la salle Pauline-Marois, et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des institutions poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 32, Loi visant
principalement à favoriser l'efficacité de
la justice pénale et à établir les modalités d'intervention de la Cour du
Québec dans un pourvoi en appel,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 37, Loi
visant principalement à instituer le
Centre d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle des
Premiers-Ministres. Voilà, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Maintenant, à la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée, je vais céder mon fauteuil à M. le président afin qu'il
rende sa décision.
Décision de la présidence sur la demande de directive
soulevée le 13 novembre 2019 concernant
le projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi sur
les élections et les référendums dans les
municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et
diverses
dispositions législatives, et l'étude du rapport de mise en oeuvre de la Loi
sur l'éthique
et la déontologie municipale devant la Commission de l'aménagement du
territoire
Le Président : Mmes et MM.
les députés, comme je l'avais mentionné, je reviens au fauteuil pour rendre ma décision, la directive concernant la question que
le leader de l'opposition officielle a soulevée lors de la séance du mercredi
13 novembre 2019, au moment de la présentation du projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions
législatives.
À ce moment, le leader de l'opposition
officielle a souligné que le rapport sur la mise en oeuvre de la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale
est actuellement à l'étude devant la Commission de l'aménagement du territoire, tel
qu'indiqué au Feuilleton et préavis. Il a donc demandé l'éclairage de la
présidence quant à l'à-propos pour le
législateur de modifier une loi avant que le travail parlementaire en
commission ne soit complété. Il a posé cette question en soulignant que le travail de la commission
consistera justement à analyser et à étudier le rapport sur la mise en oeuvre de
cette loi, alors que le projet de loi n° 49 qui a été
présenté propose déjà de le modifier.
Je constate que le
dernier rapport sur la mise en oeuvre de la Loi sur l'éthique et la déontologie
en matière municipale a été déposé à l'Assemblée le 26 février 2019. Je
souligne qu'il s'agit ici d'un rapport qui est fait au gouvernement par la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation
et qui doit être déposé à l'Assemblée en vertu de l'article 50 de la Loi sur l'éthique et la déontologie en
matière municipale. Ce même article prévoit que ce rapport doit ensuite
être étudié en commission parlementaire.
D'ailleurs,
lors d'une séance de travail du 30 mai 2019, le comité directeur de la
Commission de l'aménagement du territoire a proposé aux membres de cette
commission de procéder à l'étude de ce rapport. Je comprends toutefois que
le moment où celle-ci sera réalisée n'a pas encore été déterminé par la
commission.
Alors,
devant cette situation, la question qui se pose est donc de savoir si le fait
que l'étude du rapport sur la mise en
oeuvre de cette loi n'ait pas encore eu lieu en commission a pour effet
d'empêcher la présentation et l'étude du projet de loi visant notamment
à la modifier.
Il
faut mentionner que certaines dispositions législatives prévoient un délai pour
que soit étudié en commission parlementaire
un rapport sur la mise en oeuvre d'une loi afin d'examiner l'opportunité de la
maintenir ou de la modifier. Il arrive
aussi que des dispositions législatives prévoient obligatoirement l'étude d'un
rapport déposé à l'Assemblée avant qu'une
modification ne soit apportée à un texte normatif. C'est le cas pour certains règlements dont la loi prévoit
qu'ils doivent être étudiés en commission parlementaire avant d'être adoptés
par le gouvernement.
Dans
le cas qui nous occupe, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale ne prévoit pas de délai
particulier pour l'étude du rapport par la
commission, pas plus qu'elle ne précise que cette étude doit avoir lieu avant
qu'une modification ne soit apportée.
Dans la mesure où rien n'est précisé dans la loi,
j'ai aussi vérifié l'état de la jurisprudence parlementaire. Or, aucune
décision ne porte précisément sur un cas de
cette nature. Par contre, la présidence a déjà affirmé par le passé que
ni une question de
violation de droit ou de privilège ni la règle du sub judice ne pouvait
empêcher l'Assemblée de légiférer sur toute
matière. Il serait donc difficile d'en arriver à la conclusion que l'étude en
commission d'un rapport sur la mise en oeuvre d'une loi pourrait
empêcher l'Assemblée de jouer son rôle de législateur.
Quant
à l'à-propos de procéder à la modification de la loi avant que l'étude du
rapport sur sa mise en oeuvre ne soit complétée en commission
parlementaire, voici ma réflexion sur ce sujet.
D'un côté, les
commissions parlementaires ont toute l'autonomie nécessaire pour décider du
moment où elles désirent procéder à un
mandat prévu par la loi. En effet, les mandats ainsi confiés aux commissions
parlementaires par le biais d'une
disposition législative que l'on qualifie de mandats de quasi-initiative ont
cette particularité de leur laisser toute la latitude nécessaire pour
les organiser et les réaliser malgré l'obligation légale de les accomplir.
D'un
autre côté, notre droit parlementaire a toujours reconnu que le principe de
l'initiative législative des députés est
important et qu'il permet à tout député, incluant les ministres, de présenter
des projets de loi au moment de leur choix.
La
présidence est donc face à deux droits clairement affirmés. Dans ces
circonstances, le fait qu'une commission n'ait pas procédé à l'étude d'un rapport de mise en oeuvre d'une loi
pourrait-il empêcher le gouvernement ou même un député de proposer qu'un projet de loi donnant suite à ce rapport soit
étudié? Je ne souhaite pas répondre péremptoirement à cette question, alors que rien n'indique
actuellement que ce sera le cas. En effet, l'Assemblée vient à peine de se
saisir du projet de loi, et, à ce
moment-ci, la présidence ne connaît pas l'échéancier dont souhaite éventuellement
se doter la commission pour effectuer ses travaux.
Chose certaine,
lorsque l'article 50 de la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière
municipale prévoit l'étude par la commission
compétente du rapport de mise en oeuvre de la loi, cet article vise à permettre
aux parlementaires de participer à la
réflexion sur la mise en oeuvre de cette loi et sur l'opportunité de la
modifier. En ce sens, les observations, conclusions ou recommandations
que pourrait formuler la Commission de l'aménagement du territoire à la suite
de l'étude du rapport sur la mise en oeuvre de la loi pourraient certainement
contribuer à nourrir le débat sur le projet de loi n° 49. À cet égard, il pourrait donc être judicieux que l'étude
du rapport ait lieu avant que l'étude du projet de loi n° 49 ne débute ou, à tout le moins, qu'elle soit prise
en compte dans la séquence des différentes étapes du processus législatif
que ce projet de loi suivra. Il appartiendra
respectivement au leader du gouvernement ainsi qu'aux membres de la Commission de l'aménagement du territoire d'en
décider en gardant en tête l'importance du rôle des parlementaires et de leur
contribution à l'élaboration d'un corpus législatif de qualité.
Je vous remercie de
votre attention.
M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je tiens à vous remercier pour la
réflexion que vous nous donnez
aujourd'hui en réponse à la demande de directive. On prend acte de ce que vous
venez de nous lire et de votre réflexion. Deux points très rapides.
Ça
revient un peu, de façon générale... ce à quoi vous nous avez déjà invités en
début de législature et ce à quoi nous, des oppositions, nous demandons
peut-être sur une base hebdomadaire au gouvernement et au leader du
gouvernement, oui, de respecter la
lettre, mais également l'esprit du règlement de l'Assemblée nationale et de
faire en sorte que l'on puisse fonctionner
également en toute collaboration et coopération. Et ça, il faut que ça aille
des deux côtés. Premier élément, lettre et esprit du règlement.
Deuxième élément. Je prends la balle au bond,
dans le respect de cette lettre et de l'esprit, dans ce qui est de l'opportunité pour le leader quant à appeler la
commission parlementaire qui va siéger sur le projet de loi n° 49. Il y
aurait lieu
pour lui, à ce moment-là, de considérer ce que vous venez de dire, considérer
l'importance de l'article 50 de la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale, qui prévoyait, et
c'est chose qui a été faite en février dernier, le dépôt d'un rapport de mise en application qui,
nécessairement, va nous rendre, les parlementaires, plus efficaces lorsque nous
en aurons fait lecture et analyse.
Alors,
je prends la balle au bond et je conclurai là-dessus. Et on invitera à ce
moment-là le leader du gouvernement à peut-être
permettre l'analyse et l'étude en commission parlementaire, la Commission de
l'aménagement du territoire, du rapport
qui a été déposé le 26 février avant que d'y aller en article par article
sur le projet de loi n° 49. C'était l'essence de votre intervention telle que nous la recevons, et on
la salue, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le Président :
Merci. On reprend les travaux. J'invite la vice-présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, je vous informe que demain, lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale mandate la Commission de la santé et des services sociaux afin qu'elle procède les 22 et 23 janvier 2020 à des consultations particulières et auditions
publiques concernant les services offerts aux personnes autistes,
notamment lorsqu'elles atteignent l'âge de la majorité;
«Que
la commission entende les personnes et organismes suivants ainsi que toutes
[...] personnes ou organismes qu'elle
jugera nécessaire de convoquer : Autisme Québec conjointement avec
Austisme Montréal, Réseau pour transformer les soins en autisme, Autisme
sans limites, M. Charles Lafortune, vice-président contenu et réalisation,
Pixcom, The Little Red Playhouse, Autism
Speaks, Dre Srividya Lyer, professeure adjointe au Département de
psychiatrie à l'Université McGill et
chercheure au Centre de recherche de l'Hôpital Douglas, l'Association de
médecins psychiatres du Québec, l'association des [directeurs généraux]
des commissions scolaires, Association of Directors General of English School Boards of Québec, SACCADE,
Mme Brigitte Harrison, l'école À pas de géant, Dr Alexis
Beauchamp-Châtel, psychiatre, chef de service médical du programme de
psychiatrie neurodéveloppementale adulte de...» excusez, ça a comme... j'ai une petite barre dans mon... mais je
crois que c'est l'IUSMM, «professeur adjoint de clinique au Département
de psychiatrie de l'Université de Montréal, la Fédération québécoise de
l'autisme, la Coalition Autisme Québec, M. Tung
Tran, directeur du programme Santé mentale et dépendance [...] au CIUSSS du
Centre-Ouest-de-l'Île de Montréal,
conjointement avec Mme Geneviève
Chabot, directrice adjointe de la réadaptation au CIUSSS du
Centre-Ouest-de-l'Île de Montréal;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 4 minutes au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
1 minute au deuxième groupe d'opposition et 1 minute au troisième groupe
d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
11 minutes 40 secondes pour l'opposition officielle,
2 minutes 55 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition et 2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe
d'opposition;
«Que l'organisation des travaux soit confiée au
comité directeur de la commission, notamment l'aménagement de l'horaire
selon les éventuelles demandes de changements des personnes et des organismes.»
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, alors, Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 5
du feuilleton.
Projet de loi n° 42
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 5 du
feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du principe du projet de loi n° 42, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 21 mars 2019 et à certaines
autres mesures. Y a-t-il des interventions? M. le ministre des Finances, la
parole est à vous.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Mme la Présidente, je soumets à l'Assemblée nationale
le projet de loi n° 42 intitulé Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 21 mars 2019, ainsi que les budgets 2017 et 2018.
Ce
projet de loi, Mme la Présidente, a été présenté le 7 novembre 2019. Il
modifie huit lois, dont la Loi sur les impôts
et la Loi sur la taxe de vente du Québec, ainsi que deux règlements. Il donne
suite principalement à des mesures fiscales annoncées lors du discours
sur le budget du 21 mars 2019 ainsi que dans divers bulletins d'information.
Mme la Présidente, ce projet de loi modifie la
Loi sur les impôts afin d'y modifier ou d'y introduire plusieurs mesures fiscales propres au Québec.
Ces mesures sont regroupées en différents sujets. Ces sujets concernent notamment,
dans le cadre du crédit d'impôt remboursable accordant une allocation aux familles,
l'élargissement du supplément pour enfant handicapé nécessitant des
soins exceptionnels, l'instauration d'un crédit d'impôt remboursable pour les petites
et moyennes entreprises favorisant le maintien en emploi des travailleurs
d'expérience, l'ajout de nouvelles dépenses admissibles pour l'application du crédit
d'impôt remboursable relatif à la déclaration des pourboires, la bonification temporaire du crédit d'impôt pour investissement relatif au matériel de fabrication et
transformation, l'instauration de déductions
additionnelles pour amortissement, la mise en place de mesures additionnelles
visant à protéger l'intégrité et l'équité
du régime fiscal québécois, notamment un régime particulier pour mieux contrer
les stratagèmes fiscaux basés sur un trompe-l'oeil.
Par ailleurs,
ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente
du Québec afin d'y apporter des modifications semblables à celles qui
ont été apportées à la législation fédérale.
Enfin, ce
projet de loi apporte des modifications à caractère technique, de concordance
ou de terminologie à diverses lois.
Je vais m'abstenir d'énumérer les autres mesures
contenues dans le projet de loi n° 42, puisque ses
notes explicatives en font état et que nous
aurons l'occasion de l'examiner plus en détail en commission parlementaire.
J'invite donc, Mme la Présidente, les
membres de cette Assemblée à adopter le principe du projet de loi n° 42. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? M. le député de
Robert-Baldwin, la parole est à vous.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, oui, en effet, nous voilà arrivés à
cette étape d'analyser le principe du
projet de loi n° 42, comme M. le ministre vient de le mentionner,
Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 21 mars 2019 et à
certaines autres mesures. Alors, vous comprendrez, Mme la Présidente, que, puisque nous avons, à
l'époque, voté contre ce budget, alors, par cohérence... vous comprendrez
qu'on ne peut pas être d'un enthousiasme débordant pour ce projet de loi là.
Mais
j'aimerais quand même faire quelques remarques sur ce que ce projet de loi
contient, et on va y arriver, mais surtout
sur ce que le projet de loi ne contient pas, puisque c'était, donc, dans le
budget de mars 2019, et je pense qu'on avait,
à ce moment-là, raté une bonne occasion de pouvoir mettre en oeuvre des mesures
qui auraient été souhaitées par tout le monde et dont on avait les
moyens financiers de le faire, et donc on a raté une bonne chance.
La principale
mesure qui ne se trouvait pas dans le budget de mars ni, d'ailleurs, dans la
mise à jour du 7 novembre, c'est le
fait que le projet ratio, le projet où on a fait faire des projets pilotes sur
le ratio de patients par infirmière... Ces projets pilotes là, les
résultats ont été très concluants, et donc le moment était arrivé de déployer
les résultats, les conclusions de ces
projets pilotes à travers tout le réseau de la santé. On avait... on a, on a
toujours les moyens financiers de le faire, et donc c'était une occasion
qui a été ratée, et c'est dommage. Ça se fera peut-être plus tard, mais, encore
aujourd'hui, encore la semaine dernière, les infirmières nous rappellent
continuellement que le temps supplémentaire obligatoire
n'est pas du tout... ne mène pas du tout à une prestation de services aux
patients qui soit optimale, en plus de donner
une qualité de vie, vraiment, qui est loin d'être optimale pour les
infirmières. Donc, ça, c'était une
des plus grandes mesures qui ne se
trouvait pas dans ce budget-là, et donc il n'y a pas de mesures ici dans ce
qui est déposé comme projet de
loi n° 42.
Aussi, Mme la Présidente, on a beaucoup parlé, récemment, d'immigration, de marché du travail, de plein-emploi. Il y avait
quelques mesures à cet égard-là dans le budget, mais, encore une fois,
je pense qu'on a raté une bonne occasion de mettre en place une approche beaucoup plus intégrée pour contrer les graves pénuries
d'emploi... pardon, les graves pénuries
de travailleurs, parce que, justement, nous ne sommes plus dans une situation
de manque d'emploi, nous sommes plutôt
dans une situation de manque de travailleurs. Le gouvernement — et,
dans ça, nous sommes tous d'accord — fait de la croissance économique et
de la promotion de la croissance économique un de ses axes d'action les plus
importants. Ça passe par l'investissement, et tout ça, mais nous savons tous très simplement que la croissance
économique est surtout le fruit,
c'est une équation très simple, du travail et du capital. Quand le travail...
quand le, donc, nombre de travailleurs est
à la baisse en termes absolus, parce que c'est là où on se trouve présentement au Québec, pour maintenir un taux de croissance économique respectable, acceptable, il
va falloir pédaler pas mal plus fort, il va falloir que, donc, l'autre partie
de l'équation, le capital, donc l'investissement, soit beaucoup plus rapide. Mais, même avec un investissement en pleine croissance, s'il
nous manque des travailleurs, ça va être extrêmement difficile de
maintenir la croissance économique au niveau où elle est.
Alors, pour
adresser cette question de pénurie de travailleurs, il y a toute une série de
mesures qui doivent être déployées.
Quelques-unes le sont dans le projet
de loi, et on en parlera un peu, mais
l'immigration est un des moyens, pas le
seul, mais un des moyens d'adresser ces questions-là. Et, là aussi, donc, il y
avait peu de mesures à ce niveau-là, surtout quand
le point de départ, c'est une réduction des seuils, donc on réduit le nombre de
personnes qui peuvent venir chez nous.
Alors, quand ça, c'est notre point de
départ, c'est pas mal difficile de
pouvoir augmenter, donc, la population active dans notre économie.
Donc, ça,
c'était, à mon avis, les deux grands éléments qui ne se trouvent pas dans le projet de loi... donc, dans le budget, et donc dans le projet de loi n° 42.
Aussi,
nous avons beaucoup de questions sur l'investissement public, notamment
le Plan québécois d'infrastructures.
Ça a été, le montant total, relevé à
110 milliards de dollars sur 10 ans, ce qui est bien, mais il y a un
peu... il manque des détails. On aurait pu aller
un peu plus dans le sens de la transparence. Mais ce qui arrive, c'est
qu'entre-temps, depuis l'annonce du budget de mars 2019, il y a toute une série
d'autres annonces faites par le gouvernement, notamment en éducation, où ça devient un peu difficile de
suivre. Donc, on va accélérer la construction de nouvelles écoles, on va
accélérer la rénovation d'écoles existantes, on va déployer les
maternelles quatre ans, mais rien de ça ne se trouvait dans le PQI qui a été déposé lors du budget. Je sais bien
que le ministre de l'Éducation nous a déjà mentionné que, pour lui, l'argent,
ça ne va pas être une contrainte — d'ailleurs, il accusait ses prédécesseurs
d'être des séraphins — mais, quand même, l'argent est important, et il faut allouer les
ressources financières suffisantes. Quand on a des plans d'expansion,
comme c'est le cas du gouvernement, en
Éducation, il faut connaître l'origine de ces montants-là, d'où ils viennent,
comment ils seront financés. Et on
sait très... tout ce qu'on sait, c'est qu'ils veulent accélérer ça au cours des
trois prochaines années, mais il
faudra donc sortir des éléments qui sont actuellement au PQI pour faire entrer
ce qui a été annoncé après le budget. Alors,
c'est un peu préoccupant, ce manque de rigueur en ce qui concerne le Plan québécois des infrastructures. Donc, ça,
ce sont, à mon avis, les grandes failles, ce qui ne se trouve pas
dans le budget, en
termes de santé, des mesures pour
contrer le temps supplémentaire obligatoire, en termes de développement
économique, de croissance économique,
des mesures pour s'assurer que la population active augmente, et en termes
d'investissement public, un programme québécois d'infrastructures plus
détaillé et plus transparent.
Parlons
maintenant de ce qu'on trouve dans ce projet de loi, plusieurs choses, bien
sûr, beaucoup de choses, et je pense
que c'est important de parler un peu de ce qui se trouve dans ce projet de loi.
Bon, comme M. le ministre a mentionné, donc
des mesures propres au Québec modifiant certaines lois, notamment la Loi sur
l'administration fiscale afin d'uniformiser
la pénalité relative à l'attribution de pourboires. Bon, je pense que c'est
important, mais il va falloir un peu plus de détails. Donc, en
commission parlementaire, on posera des questions.
Deuxièmement
aussi, modifier la Loi sur l'impôt minier afin de mettre en place une
allocation pour certification en
développement durable. Bon, très bien, certification de développement durable,
nous sommes tous pour la vertu, bien sûr. Alors, qui va payer pour cette
certification-là? On en discutera en commission parlementaire.
D'autres
modifications ont été apportées à la Loi sur les impôts, c'est très important,
plusieurs mesures, la première étant,
dans le cadre du crédit d'impôt remboursable accordant une allocation aux
familles, l'élargissement du supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels. C'était, en
effet, une promesse électorale du gouvernement. Ça a été inscrit dans le budget de mars 2019. Et je présume que ce qu'on
verra dans le projet de loi, ce sont donc les mesures fiscales qu'on traite qui vont mettre en
application ce qui a été annoncé au budget. Mais vous vous rappellerez, Mme la
Présidente, que ce qui avait annoncé au budget de mars 2019 en ce qui concerne,
justement, le supplément pour enfant handicapé
nécessitant des soins exceptionnels n'était pas tout à fait satisfaisant.
Beaucoup de groupes se sont exprimés à
ce moment-là en disant que ce qu'ils avaient compris de la campagne électorale,
il y aurait une augmentation beaucoup plus
significative de ce soutien aux enfants handicapés nécessitant des soins
exceptionnels. Donc, ce qui a été fait en mars 2019, c'était de déplacer un
tout petit peu la ligne pour augmenter un peu le nombre accordé aux enfants
nécessitant des soins exceptionnels à
tel point... à tel point que le gouvernement... à tel point c'était
insatisfaisant que le gouvernement, dans
la mise à jour du 7 novembre, a donc annoncé à nouveau des changements. Je
présume qu'ils ne se trouvent pas encore dans le projet de loi, mais il
va falloir revenir là-dessus.
• (15 h 50) •
Mais, encore
une fois, encore une fois, ce qui a été annoncé dans la mise à jour du 7
novembre ne va pas aussi loin que ce
qui a été mentionné en campagne électorale. Donc, à deux reprises, dans le
budget de mars 2019 et dans la mise à
jour de novembre 2019, le gouvernement a fait des changements, mais des
changements relativement insatisfaisants. Donc, tout ce qu'on fait, c'est qu'on a déplacé la ligne. Avec les
changements de novembre, on va maintenant pouvoir atteindre, je pense, c'est 3 000 enfants de
plus. Pourquoi ça n'a pas été fait au mois de mars? Pourquoi avoir attendu au
mois de novembre? Et donc ça, ce sont des
questions qu'on aura en commission parlementaire sur ce processus d'établissement des nouveaux critères. Pourquoi ça
prend tellement de temps? Et pourquoi on n'arrive pas à le faire pour de bon à la première tentative? Pourquoi est-ce
qu'on doit revenir? Et j'ai l'impression qu'on reviendra une troisième fois
parce que même ce qui a été annoncé au mois de novembre, il ne me semble pas
que ce soit tout à fait en accord avec ce qui avait été décrit en campagne électorale, comme quoi une fois revenus au gouvernement, Mme la Présidente, la réalité nous rattrape un peu, et ce qui avait été dit auparavant en campagne
électorale devient pas mal plus compliqué à mettre en oeuvre. Voilà.
Donc,
deuxièmement, quand on parle de la Loi sur les impôts, on parle aussi du crédit
d'impôt remboursable pour les petites
et moyennes entreprises favorisant le maintien en emploi des travailleurs
d'expérience. Encore une fois, ça, c'est très bien. Ça adresse une
partie de la question sur les pénuries de main-d'oeuvre, donc, de
vouloir garder les travailleurs d'expérience
au travail, mais, encore là, je pense qu'on doit aller beaucoup
plus loin que ça. Une des mesures que nous avions suggérées, par exemple,
Mme la Présidente, ce serait de donner, pour les travailleurs d'expérience,
donc des travailleurs déjà...
qui ont 65 ans et plus mais qui choisissent de rester sur le marché du travail — il
y en a quand même un nombre important, de ces personnes-là — de
diminuer ou même éliminer leur contribution à la Régie des rentes du Québec parce que
les prestations additionnelles qu'une personne de 65 ans recevrait... 65 et
plus recevrait du fait de demeurer au travail après 65 ans, c'est très
petit, et donc ça ne... C'est une façon d'améliorer le revenu disponible de quelqu'un
qui choisirait de rester sur le marché du travail après 65 ans. Donc, nous
sommes déçus, cela n'a pas été fait.
On revient,
dans la Loi sur les impôts, sur la déclaration de pourboires. Bon, ça semble beaucoup
préoccuper le gouvernement. On
en posera, des questions.
On parle aussi de la bonification temporaire du
crédit d'impôt remboursable pour investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation. Ça,
je pense que c'est une mesure qu'on peut soutenir. En effet, nous avons besoin d'accélérer l'investissement en machinerie
et équipement, surtout dans le secteur secondaire, donc dans la transformation,
dans la fabrication.
Alors, de faire tout ce qu'on peut pour accélérer l'investissement en nouvelle machinerie, équipement
est souhaitable, est bienvenu, et donc cette mesure, on va la soutenir, bien
sûr. Maintenant, que la bonification soit temporaire...
Je comprends la nécessité de faire ça de façon temporaire, donc pour essayer
d'accélérer, de faire devancer les décisions des entrepreneurs. Le
problème, c'est qu'une fois qu'on met en place une mesure temporaire il y a énormément de pression pour que le temporaire
devienne permanent. Alors, on va voir comment on pourra régler cela aussi.
Toujours dans
la Loi sur les impôts, une autre mesure qu'on peut absolument... nous sommes
entièrement d'accord, c'est l'instauration de déductions additionnelles
pour amortissement. Donc, ça aussi, ça va dans le sens d'accélérer
l'investissement réel, investissement en machine et équipement, et donc que
c'est très utile, une telle mesure.
Quatrièmement,
dans le projet de loi, en parlant de l'administration fiscale, la Loi sur les
contrats des organismes publics, la
Loi sur les impôts, donc, met en place des mesures additionnelles visant à
protéger l'intégrité et l'équité du régime fiscal québécois, notamment
un régime particulier pour mieux contrer les stratagèmes fiscaux basés sur un trompe-l'oeil. C'est un langage intéressant, Mme
la Présidente. Je pense que c'est tout à fait souhaitable que le gouvernement
mette en place des stratagèmes, mette en
place... excusez-moi, quel lapsus... que le gouvernement mette fin aux
stratagèmes d'évitement fiscal. Alors donc, bravo, tant mieux. La discussion
qu'on aura en commission parlementaire, c'est : Pourquoi s'arrêter aux stratagèmes basés sur un
trompe-l'oeil? Je pense qu'on aurait pu aller un peu plus loin. On en a
beaucoup parlé dernièrement, de questions d'évitement fiscal, de paradis
fiscaux, donc, puisqu'on est prêt à ouvrir ce chapitre
de la loi, ça aurait été très intéressant d'y aller de façon beaucoup plus agressive, d'aller plus loin. Donc, on
en parlera aussi en commission parlementaire.
Aussi, on
parle ici de paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales afin
d'y apporter des modifications qui concernent
notamment la réduction du seuil de dépenses d'investissement applicable à un grand projet d'investissement réalisé dans une région éloignée. Ça, Mme la Présidente, c'est un enjeu avec lequel l'administration publique se bat depuis déjà un
grand nombre d'années, bien avant notre arrivée au gouvernement, bien avant le gouvernement actuel. C'est, une fois qu'on commence à établir des délimitations des régions pour accorder
des traitements de faveur à un projet d'investissement dans une région désignée, on va tracer une ligne
autour de cette région et on trouvera toujours des projets, des villes, des villages, des régions qui
vont être juste à l'extérieur de la ligne et donc qui ne se qualifient pas.
Donc, il y a toujours
une énorme pression pour continuellement élargir ces lignes de démarcation là,
à tel point que je pense
que, bon, on aura aussi une bonne discussion en commission
parlementaire. Est-ce qu'on devrait continuer d'avoir... donc,
de baser ces paramètres sectoriels... de le faire par région, puisqu'inévitablement le Québec étant... la
géographie étant ce qu'elle est, on va toujours trouver des gagnants et
des perdants, et donc ça... L'objectif, c'est de promouvoir l'investissement, alors peut-être qu'on devrait
penser un peu au-delà de «région ou pas région» et de faire en sorte que ces
paramètres soient les plus généraux possible.
On parle aussi, donc, encore une fois, de la Loi
sur les impôts, de traitement fiscal de certaines indemnités ou prestations
versées aux militaires et aux vétérans des Forces canadiennes. Aucun problème
avec ça, pas du tout.
On parle
aussi de l'impôt sur le revenu fractionné. C'est important, encore une fois, de
maintenir l'intégrité du régime
fiscal, et la fracturation de revenus peut devenir, peut devenir, un moyen
d'évitement fiscal, donc il faut regarder ça avec attention.
On parle aussi
de réorganisation de certains fonds de placement et le rapport avec l'impôt et
finalement le remboursement de la taxe de vente du Québec visant les
régimes de pension.
Donc,
beaucoup de choses, beaucoup d'éléments, et généralement c'est comme ça que ça
se passe dans un projet de loi fiscal. Donc, on va participer activement
aux discussions en commission parlementaire.
Donc, en
conclusion, Mme la Présidente, vous comprendrez que, par cohérence, puisque
nous avions voté contre le budget, on ne sera pas d'accord avec le projet de
loi n° 42, même si, dans ce projet de loi, il y a certains éléments avec
lesquels nous sommes entièrement d'accord, comme je vous ai décrit brièvement
dans les minutes qui ont précédé.
Et aussi nous sommes aussi un peu déçus, un peu
beaucoup déçus de tous les éléments, comme j'avais dit en ouverture de mon intervention, qui ne se trouvent
pas dans ce projet de loi, qui ne se trouvaient pas dans le budget, et donc
on continuera à faire nos représentations au
gouvernement pour qu'il les mette en place. Alors, merci beaucoup, Mme
la Présidente.
• (16 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député.
M. le député
de René-Lévesque, je vais vous faire patienter quelques instants parce que je
dois vous informer que deux débats en fin de séance se tiendront
aujourd'hui : alors, le premier débat portera sur une question adressée
par M. le député de Pontiac à Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux concernant le projet de loi n° 399, Loi instaurant une présomption de consentement au don d'organes ou de tissus
après le décès, présenté le 5 novembre dernier; le deuxième débat portera sur une question adressée
par M. le député de Laval-des-Rapides à Mme la ministre déléguée au
Développement économique régional concernant l'entêtement du gouvernement
caquiste face aux nombreux avis négatifs formulés au sujet du projet de
loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs
de distribution d'électricité.
Maintenant, je suis prête à vous céder la
parole, M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre la parole sur le projet
de loi n° 42. Évidemment, le collègue de Robert-Baldwin a fait un peu la description de ce qui se trouve à l'intérieur du projet de loi
en appréciant ou en décriant un peu chacune des mesures à la lueur des engagements
de sa formation politique. Je ne veux pas reprendre la même description, mais,
tout comme le collègue de Robert-Baldwin, lorsqu'on les prend à la pièce, certaines mesures nous plaisent, mais, lorsqu'on
regarde chacune des mesures, et qu'on les met dans l'ensemble, et que ça donne le budget du dernier gouvernement, celui présenté en mars 2019, évidemment, Mme la
Présidente, qu'on n'était pas à la même page du gouvernement. Donc, par souci de cohérence, nous aussi, on a voté contre le budget,
nous allons voter contre ces mesures. Mais c'est quand même important...
et je veux prendre le temps de souligner à nos téléspectateurs, à ceux et celles qui suivent nos travaux, qu'il est
important de transcrire, dans nos lois, les mesures qui ont été adoptées par le budget. Même si on est en désaccord, ce geste-là est
essentiel pour que, dans nos textes de loi, on puisse transcrire les
décisions qui ont été prises ici, dans notre Parlement.
Donc, tout
comme le collègue de Robert-Baldwin, nous allons travailler avec le ministre
pour s'assurer que ce qui a été mis
de l'avant, effectivement, est bel et bien transcrit et compris dans nos
différentes lois. Ça va nous faire plaisir de participer aux travaux, mais, considérant qu'on avait voté contre le budget, Mme la Présidente, nous allons être contre cet omnibus budgétaire et fiscal. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Je pourrais parler
sur beaucoup plus que sûrement l'argent que les parents et familles des enfants majeurs handicapés perdent lorsque
leur enfant atteint 18 ans. Je pourrais parler de désert de services de la transition de l'âge mineur l'âge
majeur pour ces familles... qui n'est pas arrimé à l'intérieur du réseau de l'éducation, de santé, de services sociaux, en emploi et solidarité sociale, pour les proches aidants, pour l'habitation,
bref, la détresse des familles.
Mais, en
contexte de ce projet de loi n° 42, laissons-nous parler un peu du budget.
Les familles des enfants majeurs lourdement
handicapés parleront sûrement des allocations familiales, les crédits d'impôt,
la solidarité sociale, le manque d'argent
pour les CLSC qui ont une croissance de clientèle, mais que le budget ne suivra
pas, les salaires des familles proches aidantes, les économies perdues
et de leurs REER décaissés pour survivre.
Dans la mise
à jour économique, les familles d'enfants handicapés d'âge adulte ont été
négligées et les promesses du
gouvernement oubliées et non respectées. Ces familles s'inquiètent pour
l'avenir de leurs enfants et ce qu'il arrivera à eux une fois adultes. Ils s'inquiètent pour le moment où qu'eux-mêmes
n'auront pas les capacités de s'en occuper et de ces personnes vulnérables et en situation de vulnérabilité.
Personnellement, je pense à la scolarisation de mon fils et de ma fille, de leur santé physique et mentale. Je pense
à mon fils qui est maintenant majeur et je souhaite qu'il décroche un emploi
plus tard, un hébergement qui n'est pas avec sa maman, mais surtout qu'il soit
heureux. Malgré ça, je sais que je suis chanceuse parce qu'il y a des familles
avec des enfants qui auront constamment besoin de quelqu'un auprès d'eux,
24 heures sur 24, et que ces personnes se préoccupent aussi de leur propre
avenir. Ces familles ont été oubliées par le gouvernement dans le projet de loi
n° 42.
Mais je félicite la bonification des principes
d'utilisation de l'allocation directe, chèques emploi-services en soutien à domicile. C'est une bonne nouvelle. C'est
une mesure... vise à accorder un répit aux proches des enfants handicapés. L'élargissement du programme permettra
aux usagers d'engager des gens de leur famille afin de dispenser des services de soutien à domicile. Par contre,
comme plusieurs autres annonces du gouvernement caquiste, cette annonce est improvisée et n'adresse pas les problèmes des
familles qui partagent une adresse. Parce que vous savez qu'il y a des proches qui demeurent à la même maison. Et, encore
plus important, cette annonce n'adresse pas l'écart de financement entre les familles naturelles et les familles
d'accueil. Pourtant, les proches aidants, les parents, sont les experts de
leurs enfants. Ça nous prend une meilleure reconnaissance de leur rôle de proches aidants, qui abandonnent carrières et projets pour se consacrer tout à
leurs enfants... servira certainement une étude.
Le manque de planification et de compréhension
des besoins de ces familles me frappe. Pourtant, c'était une promesse de
campagne. Pourtant, on a vu l'équipe du gouvernement caquiste verser des larmes
en rencontre avec les familles des enfants
majeurs lourdement handicapés. Pourtant, ils étaient contents de prendre des
photos de publicité avec eux. Mais on
est plus qu'un an après les élections, Mme
la Présidente, plus qu'un an que ces
familles attendent que les promesses du gouvernement soient respectées.
Pour ces raisons, Mme la Présidente, je ne peux
pas voter pour ce budget. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le
député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je prends la relève de ma collègue
de Westmount—Saint-Louis effectivement pour, dès le début, annoncer que je ne peux pas
voter pour ce projet de loi, soutenir ce projet de loi qui présente plusieurs mesures fiscales en lien avec
le budget de l'an 1 de ce gouvernement. Et vous ne serez pas surprise d'entendre
mes arguments, Mme la Présidente. Vous ne serez pas surprise d'entendre que je
qualifie ce premier rendez-vous de ce projet de loi comme un rendez-vous
manqué, comme une occasion ratée de ce gouvernement.
Vous ne serez
pas surprise, Mme la Présidente, de m'entendre dire que ce qui manque avant tout
dans ce projet de loi
là, c'est d'avoir laissé passer l'occasion, l'opportunité, la chance d'avoir respecté une
promesse-phare, de pouvoir respecter de nombreuses prises de position ici, en Chambre, et vous en
êtes témoin, notamment de manquer l'opportunité, à travers ce projet de loi là, de saisir
les surplus que notre collègue député
de Robert-Baldwin a laissés dans
les coffres de l'État suite au changement de gouvernement. Une
promesse-phare de 1,5 milliard, Mme la Présidente.
Je pense que vous êtes très consciente et vous
connaissez très bien le dossier sur lequel je vais faire référence aujourd'hui en interpellant le ministre
des Finances sur son projet de loi des mesures fiscales. Il y a là une pertinence directe, Mme la Présidente, une pertinence directe aujourd'hui d'interpeler le ministre des Finances sur des
mesures fiscales qui, oui, sont au bénéfice des Québécois, mais qui
n'ont aucune cohérence avec les promesses de la formation politique aujourd'hui qui forme le gouvernement, avec les promesses de la Coalition avenir Québec, des promesses qu'ils ont tenues depuis les quatre dernières années, Mme la Présidente. Vous le savez très bien, c'est l'ancienne députée d'Arthabaska, feue Mme Sylvie
Roy, qui a amené un dossier important ici, un dossier qui a fait les frais de
notre formation politique, un dossier duquel la Coalition avenir Québec
a fait ses choux gras.
Vous le savez très bien, Mme la Présidente, des
pétitions ont été lancées, des pétitions ont été signées par des dizaines de milliers de Québécois et Québécoises,
des pétitions dans lesquelles on interpelait le précédent gouvernement en lui disant : Remboursez les Québécois, des
pétitions à travers lesquelles, Mme la Présidente, les Québécois ont donné
leur confiance à ce gouvernement
aujourd'hui, lors du 1er octobre 2018, en ayant pour attente, en ayant
comme espoir que l'argent qui, soi-disant, leur avait été volé allait
leur être remboursé.
• (16 h 10) •
Mme la
Présidente, vous êtes très consciente de ce dossier parce que c'est
1,5 milliard de dollars qui, soi-disant... la précédente critique sur le dossier de l'énergie et des ressources
naturelles disait : M. le ministre... à l'époque... M. le ministre, c'est très facile de rembourser les
Québécois, on est à l'an 4 du gouvernement précédent, là, c'est très
facile de rembourser les Québécois,
vous avez juste à faire un chèque. Vous en êtes très consciente, Mme la
Présidente. Vous avez juste à faire
un chèque. Et aujourd'hui le ministre des Finances, suite à son premier budget,
a raté l'occasion de faire un chèque aux Québécois.
Vous savez ce qui est navrant, Mme la Présidente?
Vous savez ce qui est disgracieux? Vous savez ce qui est honteux? C'est que, sur ce dossier-là, sur les
attentes et les espoirs des Québécois et Québécoises sur ce dossier-là, dossier-phare sur lequel la Coalition avenir
Québec a fait les choux gras sur le gouvernement précédent, dès le lendemain
de la prise de possession du gouvernement
par la Coalition avenir Québec, qu'est-ce qu'a fait ce gouvernement? Il s'est
lavé les mains. Il s'est lavé les mains, Mme
la Présidente, et vous en êtes très consciente, et je félicite votre retenue
sur ce dossier-là.
Mme la Présidente, c'est très à propos, le
dossier sur lequel j'interpelle le gouvernement parce qu'il est directement
lié...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant. Vous avez une mesure de règlement, M. le leader?
M. Schneeberger :
Mme la Présidente, j'écoute le député et puis j'essaie de faire un lien avec le
projet de loi n° 42, et
je n'en vois pas vraiment. Alors, par souci de pertinence, je lui souhaiterais
qu'il peut faire beaucoup de commentaires, il a le temps, on a le droit,
mais sur le sujet du projet de loi, merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Écoutez, je
pense que, dans le cadre des mesures fiscales annoncées au budget, je
pense que c'est quand même à propos. Alors, vous pouvez continuer.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je pense que vous avez un intérêt particulier sur ce dossier-là.
Mme la
Présidente, c'est honteux et disgracieux, et je vais le refaire. Le gouvernement
en place, là, il s'est lavé les mains
sur ce dossier-là. Il s'est lavé les mains sans honte en pleine face des
Québécois dès le début de ce gouvernement-là. Dès le début de ce gouvernement-là, le premier ministre, le chef de la
Coalition avenir Québec a commencé à reculer sur ses promesses alors qu'il avait l'occasion, alors qu'il savait que les
surplus étaient au rendez-vous, alors qu'il savait que les coffres de l'État
étaient... débordaient. Je vais le dire de cette façon-là. Mais vous savez
quoi? Il a commencé à jouer sur les
mots. Il a commencé à donner une interprétation différente de ses paroles, de
ces différentes prises de position sur ce dossier-là. Et je vais vous en
faire la nomenclature, Mme la Présidente. Je vais vous en faire un résumé.
Au lendemain
de l'élection, il a dit : Il n'a jamais été question qu'on rembourse les
Québécois. On n'a jamais promis ça pendant la campagne électorale. Vous
le savez très bien, Mme la Présidente, alors que l'argent est au rendez-vous, alors que l'argent est au rendez-vous, dossier que
vous avez mené, vous avez interpelé le précédent gouvernement, vous avez déposé des pétitions devant les bureaux
d'Hydro-Québec et vous avez interpelé le gouvernement précédent en
disant : Vous avez maintenant les surplus, qu'attendez-vous pour
rembourser les Québécois?
Maintenant,
le ministre des Finances aujourd'hui se lève et défend son budget, des mesures
fiscales pour justifier pourquoi on a
fait des crédits d'impôt pour familles, pourquoi on a harmonisé les taxes
scolaires, pourquoi, sur différentes mesures,
on a réinvesti au niveau de l'éducation. Bravo! Bravo! Les gens de chez nous
vont en bénéficier comme tous les Québécois. Bravo!
Ceci dit, la
promesse-phare, un dossier sur lequel la Coalition avenir Québec s'est levée à
répétition, ici, en Chambre... Je le
sais très bien, Mme la Présidente, j'étais assis du même côté de la Coalition
avenir Québec. Nous étions 70 députés.
J'étais derrière les collègues qui aujourd'hui forment le gouvernement et je
les entendais répéter, à répétition, leurs accusations sur justement le
dossier des trop-perçus.
Alors, moi,
aujourd'hui, je me lève, j'écoute le ministre des Finances défendre son budget
et je dis : M. le ministre, pourquoi
vous avez laissé passer cette
opportunité? Pourquoi laisser votre collègue ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie... laisser
présenter un projet de loi qui
soi-disant va rembourser les trop-perçus alors que vous, vous avez le contrôle
sur les cordons de la bourse? Vous aviez la possibilité, à travers des mesures
fiscales — parce
qu'on parle de mesures fiscales — à travers des mesures fiscales, de pouvoir
rembourser cet argent-là directement aux Québécois plutôt que laisser votre collègue bricoler un projet de
loi bâclé, que personne ne comprend, pour soi-disant rembourser, rembourser
les trop-perçus.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon, bien, merci, M. le leader. M. le
député, faites attention aux mots que vous
utilisez, que vous vous assurez que ce soient des mots parlementaires...
bricoler des projets de loi... Puis ne portez pas des intentions. Puis
je vous dirais aussi de revenir sur le projet de loi n° 42,
et non pas sur le n° 34.
M. Polo : Je vais y revenir avec
plaisir, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
M.
Polo : Je vais revenir avec plaisir sur le projet de loi n° 42 parce qu'à la fin de la journée le projet de loi n° 42 vient sceller le projet de
l'an 1 de ce gouvernement, une occasion ratée, une occasion ratée. Et vous
savez qu'est-ce qui est disgracieux,
Mme la Présidente? Ce qui est disgracieux, c'est que l'opportunité était là,
et, moi, quand je fais la révision historique
de ce qu'il s'est passé entre le 1er octobre et le moment que le budget a été
déposé, là, c'est ça qui est honteux, Mme
la Présidente, c'est ça qui est perplexe, c'est ça qui est navrant, c'est ça
qui est dérangeant, Mme la Présidente, sur ce dossier-là.
Vous savez,
on accepte... Tout nouveau gouvernement passe à travers une lune de miel, mais
cette lune de miel du nouveau
gouvernement, là, ils ont essayé d'en passer une petite vite aux Québécois. Je
vais vous dire pourquoi, je vais vous
dire... je vais juste préciser. Je retire mes paroles, mais je vais expliquer
pourquoi, Mme la Présidente. Pourquoi est-ce que le premier ministre, dès le
lendemain de son nouveau gouvernement, a dit : Je n'ai jamais promis que
j'allais rembourser les Québécois sur
le 1,5 milliard? Pourquoi son attachée de presse a dit : Vous savez,
à travers... En fait, je pense même que c'est le président du Conseil du trésor ou même le ministre des
Finances, fin novembre, début décembre de l'an dernier, qui disait : Vous savez quoi? Les Québécois
vont être remboursés à travers les allocations familiales, les crédits d'impôt
aux familles, à travers l'harmonisation des taxes scolaires, à travers les
réinvestissements en éducation. C'est comme ça
que les Québécois vont être remboursés. Mme la Présidente, vous le savez
vous-même, ce n'est pas ça que vous avez proposé. Ce n'est pas ça que vous... Ce n'est pas ça que la Coalition
avenir Québec disait à l'époque, Mme la Présidente.
À l'époque, la
Coalition avenir Québec disait : Si le gouvernement a l'argent
aujourd'hui, qu'il rembourse directement les Québécois. Pas à travers
des mesures additionnelles. Tant mieux si on réinvestit en éducation. On le souhaite. On le faisait à l'époque et on encourage
le gouvernement à continuer à le faire, de façon correcte, ceci dit. Mais, Mme
la Présidente, 1,5 milliard de dollars, 1,5 milliard de dollars,
aujourd'hui, là, même après des mois où on écoute le gouvernement nous expliquer comment qu'ils vont
rembourser, on n'est pas capable de comprendre, alors que le budget
était l'occasion pour rembourser les Québécois.
Vous voulez
que je vous... Je vais rester dans le cadre parlementaire. Vous voulez que je
vous répète les paroles? C'est comme
lancer du spaghetti sur le mur. On va voir si ça va coller. C'est ça qui est
arrivé entre le 1er octobre puis le
budget, en fait, jusqu'au 12 juin. À chaque fois, on lançait des nouvelles
formules pour voir si les Québécois allaient comprendre qu'ils allaient
recevoir le 1,5 milliard, et ça ne marchait pas. Ça ne marchait pas parce
que les Québécois savaient qu'est-ce qu'ils
avaient soutenu comme démarche, savaient exactement quelles étaient les
attentes qu'ils avaient communiquées à ce gouvernement. Et, quand les
élus, quand les députés du gouvernement, quand les députés de la Coalition avenir Québec retournaient dans leurs
circonscriptions, ils se le faisaient dire assez carré, Mme la Présidente. Ils
se le faisaient dire assez directement, au
point tel que, dans la relâche parlementaire du début du mois de mars, où on a
deux semaines de relâche parlementaire, tout
d'un coup, quand on est revenus, ah! branle-bas de combat. Sondages qui sortent, ils disent : Les Québécois n'ont pas
oublié, là. L'argent est au rendez-vous, l'argent est disponible à travers le
budget. On s'attend à ce que vous nous remboursiez cet argent-là.
Pendant ce
temps-là, le gouvernement a décidé d'aller dans une autre direction. Il a
dit : Vous allez recevoir votre argent, mais on va l'investir autrement.
Non, Mme la Présidente. Non, Mme la Présidente. Les attentes des Québécois
et Québécoises, c'était de recevoir un
chèque. Je pense que vous le savez très bien. Et l'occasion du ministre des
Finances est une occasion ratée. C'est un gros zéro, Mme la Présidente. On peut
bien calculer des gros chiffres, là, mais, sur ce dossier-là, il avait l'occasion de présenter
justement une mesure fiscale pour rembourser les Québécois et Québécoises,
et il ne l'a pas fait. Il ne l'a pas fait.
• (16 h 20) •
Je ne prête
pas des intentions au leader adjoint. Je ne fais que rapporter des faits. Je ne
fais que rapporter, répéter ici ce qui a été fait par ce gouvernement
pour s'éviter d'avoir à utiliser ces surplus-là pour rembourser les Québécois.
Bravo! On
réinvestit en éducation, on harmonise la taxe, on donne des mesures fiscales
aux familles, etc. On l'aurait fait différemment, on aurait réinvesti
nous-mêmes les surplus que nous avons générés, mais, sur cette promesse-là, sur un dossier sur lequel la Coalition avenir
Québec s'est levée ici, en Chambre, à répétition, soutenue par le premier
ministre d'aujourd'hui... et on
arrive au budget, à la fin mars, et là ça ne tient plus. Le premier ministre
doit se rencontrer avec le P.D.G.
d'Hydro-Québec pour voir comment est-ce qu'on peut faire pour respecter cette
promesse-là. Pendant ce temps-là, il
n'a jamais interpelé le ministre des Finances pour dire : Est-ce qu'on
peut mettre 1,5 milliard dans le budget du Québec pour rembourser les Québécois? Il ne l'a jamais fait, parce
qu'on ne retrouve pas ces mesures-là dans le budget, Mme la Présidente.
Alors, on
arrive au 12 juin, on nous présente un projet de loi différent, et les
Québécois aujourd'hui sont tout aussi perplexes
qu'à l'époque, sont tout aussi perplexes, Mme la Présidente. Alors, moi, je
dis : À ce niveau-là, le ministre des Finances a complètement raté, raté son examen, raté son premier
rendez-vous. Aujourd'hui, il peut lancer des fleurs à notre collègue de
Robert-Baldwin, oui, parce qu'il a fait tout le travail duquel il avait
l'opportunité de respecter cette promesse-là,
et il a échoué, échoué. Et aujourd'hui on doit se débattre, la population leur
répète, au gouvernement, leur répète,
à leurs élus, les PME, la grande entreprise, les consommateurs, les aînés, les familles
démunies, les familles qui viennent
pleurer dans nos bureaux, pour dire : Je m'attendais à avoir un
remboursement, je m'attendais au moins à avoir un peu d'oxygène pour respirer devant ce gros monopole. Et, pendant ce
temps-là, le gouvernement fait un deal avec ce monopole en question. Parce que le premier ministre est fier de
dire : Moi, je suis un faiseur de deal. Mais, à ce niveau-là, là,
la seule institution qui va bénéficier de ce projet de loi là, Mme la
Présidente, c'est le monopole, ce n'est pas les Québécois. Parce que les Québécois s'attendaient qu'à travers le
budget... oui, qu'à travers le budget ils allaient avoir le remboursement du 1,5 milliard, Mme la
Présidente. Je sais que le ministre des Finances écoute attentivement. C'est
une occasion ratée, Mme la Présidente.
Alors, aujourd'hui, je soutiens mon collègue de
Robert-Baldwin, je soutiens ma collègue de Westmount—Saint-Louis et j'interpelle le ministre des Finances pour lui
dire : Vous avez raté l'occasion de respecter une promesse-phare.
Mais vous
savez quoi, Mme la Présidente? Dans une première année... c'est vraiment
dommage, c'est vraiment dommage parce
que, peu à peu, le vernis commence à craquer. Peu à peu, les Québécois
commencent à se rendre compte du vrai
visage de cette formation politique, du vrai visage de ce gouvernement, un
gouvernement qui est obsédé, qui est entêté,
un gouvernement, Mme la Présidente, qui ne souhaite que cocher des cases dans
sa liste de recettes de soi-disant de
promesses sans tenir compte de ce que la population leur dit, sans tenir compte
de ce que les partenaires, de ce que les
experts, de ce que les associations sur le terrain leur disent, sans consulter,
Mme la Présidente. Et, quand ça ne fait pas leur affaire, ils tournent le dos puis ils regardent ailleurs. Je ne
vais pas utiliser l'adjectif pour le définir, mais vous le savez
exactement, c'est quel adjectif.
Mme la
Présidente, ce projet de loi est honteux, honteux parce que cette promesse-là
était une promesse-phare de laquelle vous avez participé lorsque vous
étiez à l'opposition.
Allez-y, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Écoutez, M. le député, vous avez raison,
je fais preuve de retenue sur ce projet de loi là, mais je vous demanderais d'en faire tout autant, lorsque je
suis à la présidence, de ne pas m'interpeler directement. Alors, je suis ici, je préside, je vous
demanderais de faire, hein, d'avoir une retenue aussi grande que je peux
l'avoir, O.K.? Merci. Il vous reste deux minutes.
M.
Polo : Mme la Présidente, je ne sais plus quoi dire, parce que, là,
vous me demandez de ne pas vous interpeler, mais il faut s'adresser à la
présidence.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mais non. Vous avez très bien compris.
M.
Polo : Mme la Présidente, je vais terminer aujourd'hui en disant... non seulement en m'opposant à ce projet de
loi là, mais en disant au ministre
des Finances qu'il a raté la chance, il a raté l'opportunité, il a raté son rendez-vous de respecter l'une des promesses pour lesquelles les Québécois
avaient des attentes importantes envers ce gouvernement. Et aujourd'hui il peut bien annoncer des mesures
fiscales qui touchent différents domaines, mais ce sur quoi les Québécois
ont entre autres donné leur confiance à cette formation politique, bien, aujourd'hui, c'est un gros zéro qu'ils ont. Et, pour
l'avenir, l'avenir nous le dira, mais soyez certaine qu'il y a un manque de
cohérence total dans la façon comment cette formation politique utilise le privilège de former le gouvernement et surtout de
respecter la parole qu'ils ont donnée aux Québécois. Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent,
la parole est à vous.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Bonjour. Merci beaucoup. Contente de pouvoir m'adresser, à travers vous, au ministre
des Finances, parce que je croyais
que, dans la mise à jour économique, on allait pouvoir ajuster certains tableaux, surtout
que nous avons pris beaucoup de temps à faire des tableaux pour le gouvernement de la Coalition avenir Québec. Comme vous pouvez le constater, nous avons été très actifs à mettre à jour nos
tableaux dans le dossier des maternelles
quatre ans. Et sincèrement je suis un peu déçue, car ce travail-là a été fait promptement du côté
de l'opposition officielle, et, à chaque fois qu'il y avait des
nouveaux chiffres, nous avons, à chaque fois, ajusté nos tableaux.
Ici, il faut
se rappeler que, lors des élections, la Coalition avenir Québec avait
chiffré les classes de maternelle
quatre ans à environ 120 000 $. Et c'est le Parti libéral du Québec, lors des élections de 2018, qui a dit :
Hum! On a un petit doute. On va
calculer. Alors, le député de Robert-Baldwin et moi-même avons fait le calcul, et on chiffrait
davantage tout ça à 2 milliards
de dollars. Et, à l'époque, la Coalition avenir Québec disait : Non, non, non, vous exagérez grossièrement
ce chiffre. Par la suite, le temps nous donne raison. Par la suite, on a vu
que, réellement, ce n'est pas 120 000 $, c'est
devenu 800 000 $, c'est devenu 1 million, 1,3 million, 2 millions.
Et, pire que cela, la réponse du premier ministre : Ça coûtera ce que ça
coûtera.
Et
ce qui a été très étonnant, c'est lorsque le premier ministre s'est levé en
cette Chambre pour dire : Bien oui, ça fait longtemps qu'on sait ça, que les maternelles, les classes de quatre ans, ça va
coûter 800 000 $. J'ai été ministre de l'Éducation, et ça fait longtemps qu'on sait que ça coûte
800 000 $ pour faire une classe au Québec. C'est surprenant,
une telle déclaration, car c'est quand même
lui le comptable en chef, à titre de premier ministre du Québec... et qu'il n'a
pas été assez, comment dire, soucieux
du détail pour l'inscrire dans son cadre financier lors de la campagne
électorale. Mais j'aurais souhaité que, par la suite, il y ait un ajustement,
un correctif, à tout le moins, dans la mise à jour économique, pour dire : Bien, savez-vous quoi, après avoir
admis qu'on s'est trompés de beaucoup, pas d'une fois, pas de deux fois, mais
à peu près 20 fois plus cher, on fait le
correctif et on ajoute de l'argent, parce que, clairement, il va en manquer. Ce
ne sera pas à 100 000 $
qu'on va pouvoir faire des classes au Québec, on parle davantage d'une moyenne
autour de 1 million. Donc,
là-dessus, le ministre des Finances doit absolument, immédiatement, pour être
cohérent, s'assurer de faire, dans sa mise à jour économique, un
correctif majeur.
Et
là-dessus... Pourquoi c'est si important pour nous? C'est que, lorsqu'on a fait
l'étude détaillée article par article, moi,
j'avais la chance d'avoir mon club-école avec moi, dont notamment la députée de
Westmount—Saint-Louis,
la députée des Mille-Îles, qui étaient bien présentes, et on s'est littéralement,
oui, littéralement battues avec le ministre de l'Éducation. Avec les autres partis de l'opposition, nous avons fait
front commun pour exiger du ministre de l'Éducation que les classes soient déployées d'abord en milieu
défavorisé. Car nous sommes très conscients qu'effectivement les besoins
sont illimités, mais les ressources, elles,
par définition, sont limitées. Alors, pour nous, c'était important que les
sommes, dans un premier temps, soient
allouées pour les maternelles quatre ans dans la construction véritablement
dans les milieux défavorisés. Et,
oui, par la suite, allons plus loin. Mais, pour aller plus loin, et ce que nous
souhaitons... effectivement, on veut aller plus loin, mais il faut y
aller correctement.
Alors,
c'est pour ça qu'il faut faire le correctif, ici, et de s'assurer que les
chiffres soient les bons chiffres. Et je vous dirais que le 800 000 $ auquel faisait référence le
premier ministre lors de son allocution le 18 septembre 2019 ici, en
cette Chambre, bien, c'est ses chiffres lorsque lui était ministre de
l'Éducation, et ça, c'était au tournant du début des années 2000. À l'époque, c'était quand même un ministre de l'Éducation
du gouvernement péquiste, hein, il faut le rappeler. Alors, maintenant,
il faut actualiser les chiffres, probablement que le 800 000 $ de
cette époque, on est autour de 1,2, 1,3 million par classe.
• (16 h 30) •
Ceci
étant dit, dans cette mise à jour économique, il n'est pas juste question des
classes. Donc, oui, il faut ajuster pour
le montant pour la construction des nouvelles classes, mais il faut prévoir des
ressources. Et, là-dessus, M. le Président, c'est là l'enjeu. Le
ministre de l'Éducation a effectivement dit qu'il allait y avoir plus d'argent
pour les ressources professionnelles.
L'enjeu que nous avons, c'est le suivant : c'est que, s'il n'y a aucun
ajustement salarial, bien le privé demeure
encore plus compétitif. Alors, pour les psychologues, les psychoéducateurs, les
pédagogues, orthophonistes, bien, s'ils
gagnent mieux leur salaire dans le privé, ils vont rester au privé. Or, si on
veut vraiment attirer tous les professionnels ainsi que le personnel de soutien dans nos merveilleuses écoles
publiques, bien, il faut qu'on ait des salaires attrayants et surtout
compétitifs.
Et
c'est là-dessus que le ministre des Finances doit intervenir pour être en
mesure de donner davantage d'outils et de leviers au ministre de l'Éducation
pour être en mesure, effectivement, de dire : On a réussi à agir tôt. On a
réussi à vraiment identifier les besoins des tout-petits et rapidement
on avait des intervenants. Parce que, présentement, nous avons déposé ici, dans cette Chambre, une pile,
mais vraiment une pile d'offres d'emploi, parce que ça fait quand même quelques années qu'il y a des offres d'emploi pour
attirer les professionnels dans le réseau de l'éducation. Malheureusement,
il n'y en a pas assez, on est en pénurie. Et, là-dessus, je n'ai pas vu
grand-chose pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre dans sa mise à jour
économique. Et l'heure est grave, parce que c'est bien beau de dire qu'on veut
aider nos tout-petits, mais si on n'adresse
pas correctement immédiatement le problème de pénurie de main-d'oeuvre, on
n'aura pas plus de psychologues dans
nos écoles, on n'aura pas plus d'orthophonistes dans nos écoles,
d'orthopédagogues dans nos écoles publiques.
Ce
qui m'a un petit peu fait sourciller, disons-le ainsi, le lendemain de la mise
à jour économique, le ministre des Finances
est à la radio, celle de M. Paul Arcand. Il a dit : C'est un budget famille.
Ce n'est pas un budget pour les syndiqués, les travailleurs, c'est un budget famille. Juste une petite nouvelle
pour lui, les enseignants, les enseignantes qui sont dans nos écoles, ce
sont eux aussi des familles. Elles ont été heurtées, ils ont été heurtés.
Et,
lorsque le ministre des Finances dit qu'il ne cédera pas au lobby des
syndicats, bien ces syndicats représentent des enseignantes et enseignants. Comment se fait-il que, lorsqu'on lui
pose des questions qui portent sur les conditions de travail des enseignants, auxquelles son collègue
le ministre de l'Éducation dit qu'il croit qu'on peut les valoriser à travers
un bouquet de mesures, mais que, puisqu'on n'entend pas vraiment parler des
mesures, le bouquet commence à être fané, et que, d'autre part, le ministre des
Finances n'ose pas faire de réserve pour les enseignantes et les enseignants
pour ce que...
Une voix :
...
Mme
Rizqy : Ah! désolée. Il n'ose pas faire une réserve. Il parle, il
dit : Non, ça va être 2 % pour tout le monde. L'augmentation,
c'est fini, il n'y a même pas de réserve là-dessus. Les conventions collectives
portent à échéance le 31 mars de cette année. Le ton a été donné par le
ministre des Finances.
Je rappelle
qu'à chaque année depuis maintenant cinq ans, depuis maintenant cinq ans,
l'Ontario fait de l'oeil à nos enseignantes
et nos enseignants québécois, leur fait de l'oeil, leur fait des publicités sur
Facebook : Venez travailler en Ontario, on va vous donner des meilleurs salaires.
Et, depuis cinq ans, savez-vous quoi? Bien, ça augmente, le nombre
d'enseignants et d'enseignantes qui décident d'aller travailler en Ontario.
Alors, oui,
on doit être compétitifs, mais pour cela, ça nous prend un ministre des
Finances qui porte une attention très
soutenue, lui aussi, à la valorisation de la profession enseignant. Et, si on
les voit, les enseignants, comme un groupe syndical et non plus comme des familles elles aussi, alors que c'est eux
qui prennent soin de nos familles, de nos enfants, de nos tout-petits,
ça envoie un drôle de message, je vous dirai, parce qu'eux aussi ont besoin
d'être valorisés. Et, si, d'emblée, les
négociations sont données au micro de Paul Arcand, ça veut dire qu'on envoie un
message très clair qu'on va négocier
sur la place publique. Est-ce qu'on veut avoir nos enseignants dans la rue ou
dans les classes? La question se pose.
Alors,
j'invite aussi le ministre des Finances à comprendre que nous avons une urgence
en ce moment dans nos écoles pour conserver nos enseignantes et nos
enseignants, mais aussi pour les attirer. Un grand défi que nous avons présentement, c'est le départ des enseignants qui
quittent tout simplement la profession. C'est vrai que c'est exigeant,
et la seule chose qu'elles demandent et
qu'ils demandent, c'est d'être eux aussi à la moyenne nationale canadienne. Ce n'est pas tant demander. Il
y a un rattrapage à faire. Je crois que, si on veut remplir le bouquet de
mesures du ministre de l'Éducation, c'est aussi de dire qu'on aurait dû faire une
réserve lors de la mise à jour puis dire : Nous avons entendu vos préoccupations. On a compris que vous n'en voulez pas, d'ordre professionnel, puis
qu'on n'a pas à vous en forcer un dans
le p.l. n° 40.
Puis, savez-vous quoi, on a entendu votre message, au niveau de la moyenne
nationale canadienne, pour ce qui est des salaires. Malheureusement,
c'était absent, ça aussi, de la mise à jour économique.
En matière d'enseignement supérieur, j'ai
cherché et je n'ai pas trouvé qu'est-ce qu'on va faire en matière de recherche, l'innovation. Dans les universités,
mais les professeurs, les tâches, c'est 40 % d'enseignement, 40 %
recherche, 20 % services à la collectivité. Ça, c'est généralement
la règle dans les différentes universités québécoises.
Le volet
recherche, j'ai l'impression qu'on l'a peut-être oublié quelque part. Et
pourtant c'est aussi une source de fierté québécoise parce qu'on en fait, des
belles recherches. Les professeurs, avec les chargés de cours, avec les
étudiants qui sont souvent des assistants de
recherche, bien, savez-vous quoi, ils développent. Ils nous amènent plus loin
au Québec. Et ça, c'est important
d'en parler. Nulle part on en parle, même dans... Je trouve que là-dessus, là,
on pourrait avoir plus de leadership
et avoir un ministre des Finances qui dit : Savez-vous quoi,
effectivement, je vois que, dans le p.l. n° 37, on centralise bien des pouvoirs, mais savez-vous
quoi? On va se coordonner, puis on va comprendre qu'au Québec c'est important de respecter les spécificités des
différentes universités, puis on n'essaiera pas de centraliser toute la
recherche à travers le p.l. n° 37 en disant : On va rapporter, là, par achats
regroupés, notamment en informatique... On va dire : Non,
savez-vous quoi, on fait confiance à nos centres universitaires. Ce sont des
pôles de recherche. Puis la recherche au Saguenay,
bien, elle est différente de celle de Sherbrooke. La recherche à
Trois-Rivières, bien, elle est différente de celle qui peut être faite,
par exemple, à Gatineau. Ça va être différent aussi à Rivière-du-Loup. Tout ça,
il faut le respecter.
Alors,
là-dessus, si on veut vraiment propulser nos universités, bien, à ce moment-ci,
vu qu'il y a davantage d'argent, pourquoi
ne pas avoir dit d'emblée : La recherche, on compte là-dessus, on y croit,
on respecte vos spécificités régionales et vous allez avoir de l'argent? On a encore oublié le secteur
universitaire parce que, même dans le budget de M. le ministre des Finances, la dernière fois, il n'en a pas plus
parlé. Dans sa mise à jour économique, il n'en parle pas plus et il n'a pas
augmenté les crédits d'impôt de recherche. C'est important, ça.
Et là, tantôt
j'en parlais avec mon collègue le député de Robert-Baldwin, j'ai fait le saut
en politique pour la lutte contre les
paradis fiscaux, notamment. Alors, ça me fait sourire lorsque le ministre des
Finances parle du stratagème de trompe-l'oeil
puis que, finalement, on ouvre la Loi sur l'administration fiscale pour parler
du mécanisme de trompe-l'oeil. J'en
suis, puis c'est correct. Le fédéral l'a fait. Puis je comprends que c'est une
mesure d'harmonisation. C'est parfait.
Maintenant,
tant qu'à ouvrir la Loi sur l'administration fiscale, pourquoi on ne règle pas
certaines affaires dans la lutte
contre les paradis fiscaux? Moi, ma collègue de Verdun, elle était là, dans la
demande d'un mandat d'initiative, elle
était là, lors des consultations. Elle a fait des tableaux. Elle a montré,
illustré, de façon claire, non équivoque, qu'une fois que le Parti libéral du Québec s'est attaqué aux Netflix de ce
monde qui ne veulent pas collecter la TVQ, la taxe de vente, bien,
savez-vous quoi, l'autre étape, c'est d'aller collecter les impôts sur les
revenus générés ici, au Québec.
• (16 h 40) •
Une fois qu'elle a tout illustré cela puis
qu'elle a même quantifié le montant, 122 millions, elle a fait un beau tableau, la députée de Verdun, et elle a dit et
répété qu'on peut le faire dès maintenant, savez-vous pourquoi elle a dit dès
maintenant? Parce qu'on n'a plus le temps.
On n'a plus le temps. Il faut arrêter d'attendre que nos journaux se meurent.
Il faut arrêter d'attendre que tous les
médias, qui sont, oui, en quelque part, un contre-pouvoir, qui nous
interrogent, qui nous talonnent, qu'on aime ou qu'on n'aime pas ça, mais
ils font leur travail... Ça s'appelle le quatrième pilier de la démocratie. Puis, en ce moment, quand Google,
Facebook tirent des revenus à coups de milliards de dollars et que je vois
un ministre des Finances regarder à l'étranger, en Union européenne, ce que l'OCDE fait, bien, savez-vous quoi, en 2017, il n'y a
personne ici du Parti libéral du
Québec qui a juste regardé ce que
l'OCDE faisait à l'époque, parce
qu'on a compris que les
longues discussions qui tergiversent à n'en plus finir, bien, pendant ce temps-là,
c'est des sommes fiscales irrécupérables.
C'est ce qu'on appelle, en langage comptable pour le premier ministre, des pertes sèches. Alors, là-dessus, on a agi, ça a été fait. Maintenant, on
n'a pas besoin d'attendre au budget.
Tant qu'à
ouvrir la Loi sur l'administration fiscale, tant qu'à faire travailler les
fonctionnaires à Revenu Québec,
alors allez plus loin. Je reprends
l'expression de mon collègue qui nous disait tantôt, le député de
Robert-Baldwin : C'est une
opportunité manquée d'aller plus loin. Il a raison. Ici, là, il n'y a pas de
place à attendre, on n'a pas besoin d'attendre une année supplémentaire. Par contre, il y a de la place pour faire
preuve d'audace, il y a de la place pour faire preuve de courage, il y a de la place surtout, là, pour
aller dans la continuité de qu'est-ce qui a été fait, parce que, si on se
tourne puis on veut harmoniser nos règles fiscales avec Ottawa, moi,
j'ai envie de vous dire une chose : Pourquoi qu'Ottawa n'harmonise pas leurs règles fiscales par rapport
à la taxe Netflix? Pourquoi qu'ils ne le font pas dès maintenant? Nous, on l'a
fait. Ça, c'est de faire preuve d'audace puis de courage politique, c'est de
mettre tout son poids dans la balance puis dire : Nous, au Québec, bien, savez-vous quoi, on est capables de
prendre nos propres décisions pour nous-mêmes, pour notre destin,
maintenant, en matière fiscale.
Ici, quand je
regarde un paragraphe très laconique, c'est pour le stratagème trompe-l'oeil,
je suis contente, mais c'est
simplement s'harmoniser avec Ottawa. C'est bien beau, tout cela, mais il faut
aller vraiment plus loin contre les paradis fiscaux et on s'attend à beaucoup plus. Vous avez les outils et,
savez-vous quoi, je suis convaincue
que, s'il parle avec ma collègue
la députée de Verdun, le libellé de l'article de loi, bien, il est
déjà écrit. Alors, on est prêts à collaborer. La députée de
Verdun vous offre toute son aide, sa plume, c'est fait, et savez-vous quoi,
notre économiste aussi, vous avez
le fiscaliste, et on veut collaborer. On vous
demande, on vous tend la main, prenez-là, c'est une opportunité, non seulement
pour les médias, pour la justice sociale et fiscale, mais pour notre démocratie
et la culture québécoise.
Mais ça, M.
le Président, juste pour ça, le ministre des Finances, c'est maintenant qu'il
devrait dire : Savez-vous quoi,
je me suis légèrement trompé, j'ai fait un oubli, je vous le concède et, pour
cette raison, j'adhère dans le même sens que vous, et je vais ajouter une petite ligne dans mise à jour
économique. Puis là-dessus, là, on va tous être très, très contents.
Alors, M. le
Président, vous comprendrez que, dans sa mise à jour économique, il avait
beaucoup d'outils à sa disposition,
des leviers d'argent importants, alors on s'attendait évidemment à beaucoup
plus. Alors, j'espère qu'il a vraiment entendu
le fruit de nos réflexions, mais qu'il entend aussi nos préoccupations et qu'il
va comprendre qu'effectivement la
mise à jour économique, ce n'est pas uniquement pour faire la tournée des
médias, mais c'est surtout pour donner le ton pour le prochain budget,
que nous attendons fermement, en espérant que le prochain coup, au budget de
mars 2020, il n'aura manqué aucune
mesure fiscale pour faire avancer le Québec, pour tous les Québécois, et qu'ils
garderont une oreille très attentive pour les plus vulnérables de notre
société. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Puisqu'il n'y
a pas d'autres interventions, le principe du projet de loi n° 42, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées
à l'occasion du discours sur le budget du 21 mars 2019 et à certaines
autres mesures, est-il adopté? Adopté sur division. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la Commission
des finances publiques
M.
Schneeberger : Oui.
Alors, M. le Président, cette fois-ci, je ne l'oublierai pas, alors,
conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 42, Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 21 mars 2019 et à certaines autres mesures, soit déféré à la
Commission des finances publiques pour son étude détaillée.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Est-ce que cette motion est
adoptée? Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos
travaux.
M.
Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi n° 40
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 4 du feuilleton, M. le
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires. M. le ministre de
l'Éducation, la parole est à vous.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le Président. Très content de
prendre la parole sur ce projet de loi très important. Ça fait longtemps que bien des Québécois, dans
bien des régions, bien des acteurs du réseau de l'éducation, des enseignants, directions d'école, des employés de soutien, des professionnels, tous
ceux qui travaillent dans les commissions
scolaires aussi, les cadres de
services et tout ce monde-là attendent ce projet de loi qui va venir
moderniser enfin notre réseau de commissions scolaires, les transformer
en des centres de services scolaires.
Pourquoi
changer le nom? Parce qu'on change de concept, on change de principe, on
change de vision. Commissions gérées
par des commissaires... des centres de services scolaires, ça le dit, c'est au
service des écoles, des élèves, de
ceux et celles qui font l'école à tous les jours. Est-ce qu'il y aura redécoupage, comme voulait le faire un des précédents ministres
du gouvernement libéral qui voulait fusionner, défusionner les territoires? Là
n'est pas l'objet, absolument pas. Donc, les neuf commissions scolaires
anglophones seront transformées en neuf centres de services anglophones dans les territoires actuels, 60 commissions scolaires francophones seront transformées en autant de
centres de services scolaires francophones.
M. le Président, je me suis livré à un exercice
intéressant. Je vais y aller par une thématique de citations de plusieurs,
plusieurs personnes, des experts, mais aussi des
commentateurs qui ont pris la parole dernièrement sur cette importante
modernisation de notre gouvernance scolaire pour améliorer la réussite de nos
jeunes. Il ne faut jamais oublier que c'est
notre intention, hein, moins de bureaucratie, plus de services, plus de
réussite. On aide ceux qui aident les élèves à réussir. Ça, c'est les
principes.
Alors,
écoutez, il y a beaucoup,
beaucoup de personnes qui ont pris
parole, de plein de façons, en faveur des principes et du projet
de loi : M. Prévost, de la Fédération québécoise des directions
d'établissement; Mme Hogue, présidente élue, commissaire de la commission scolaire des Laurentides; M. Demers, élu,
commissaire, président de la commission scolaire des Navigateurs; M. Égide Royer; M. Mathieu Bock-Côté; M. Richard
Martineau; M. Mario Dumont; M. Léo-Paul Lauzon; Mme Lise Ravary; M. Roy, président de la Fédération des comités de
parents; M. François Cardinal, éditorialiste à La Presse;
M. Daoust, élu, commissaire à la commission scolaire Coeur-des-Vallées; M. Yves
Boisvert, et j'en passe, et j'en passe. On va y aller avec quelques-uns.
D'abord,
pourquoi il faudrait changer quelque chose, hein? Il y en a qui disent :
Il ne faut pas rien changer. On devrait
faire, en 2030, ce qu'on faisait en 1940. Il ne faut rien changer, parce que,
si on change, on touche des structures puis,
si on touche des structures, bien, par défaut, c'est juste un brassage de
structures. C'est un peu court comme raisonnement,
mais on l'a entendu puis on va l'entendre encore, parce qu'il y en a que c'est
à peu près le seul argument qu'ils
ont, ils vont le répéter. Bien, il y a des gens qui nous disent : Ça
suffit. Il y a des gens qui nous disent que, justement, un système peut avoir été fait avec les meilleures
intentions. On peut nous avoir suivis, mais il peut mériter d'être rénové
en profondeur.
Mathieu Bock-Côté nous dit : «Le système
des commissions scolaires représente une structure de pouvoir appartenant à un autre temps.» C'est sans appel,
c'est assez clair. M. Richard Martineau : «Les commissions scolaires ont creusé leurs tombes.» Je n'épiloguerai pas
là-dessus, on pourrait sortir beaucoup, beaucoup d'exemples. M. Léo-Paul Lauzon,
qui n'écrit pas à tous les jours des
éditoriaux en faveur des politiques de la Coalition avenir Québec, a pourtant
écrit un texte qui s'appelle Éducation :
les bons points de la CAQ et il détaille dans ce texte notre politique de
transformation des commissions
scolaires en centres de services, notre investissement majeur pour rénover les
écoles et nos investissements pour
investir dans les bibliothèques scolaires. Mais donc on a M. Lauzon qui nous
appuie là-dessus. Mme Lise Ravary : «Je pense que la meilleure raison de ne plus avoir de commissaires,
c'est que jamais personne n'a compris leur rôle et que ça donnait
toujours l'impression que ça ne servait à rien.» Mme Ravary.
• (16 h 50) •
M. François
Cardinal, éditorialiste à La Presse, avec un titre non équivoque :
Libérez les écoles!, un extrait de M. Cardinal : «Le mot clé du projet de loi : subsidiarité. On
rapproche le pouvoir décisionnel de l'élève, de l'équipe-école, du conseil d'établissement. Comme il se doit.» Une
analyse qui ne s'attarde pas aux obstacles, mais bien à l'objectif. On veut que, de plus en plus, on rapproche la prise
de décision des élèves, bien sûr sans
faire l'économie d'une répartition équitable
des ressources et évidemment de laisser aux centres de services scolaires la
gestion de la paie, les trajets d'autobus. Mais, quand on parle de
pédagogie, je recite encore M. Cardinal, «on rapproche le pouvoir décisionnel
de l'élève, de l'équipe-école, du conseil d'établissement. Comme il se doit.»
Et ceux qui
pensent encore qu'il faudrait sauver les élections scolaires et les
commissaires scolaires, bien, je cite M.
Yves Boisvert, Yves Boisvert, qui a dit : «Quand vous avez une démocratie
désertée à ce point, elle est inutile en tant qu'exercice démocratique
et elle peut même être dangereuse.» Ce sont les mots de M. Yves Boisvert.
Bon,
Frontenac a dit : Je vous répondrai par la bouche de mes canons. Moi, aujourd'hui, je réponds par la bouche de mes alliés. Bon, 400 quelques
années plus tard, ce n'est pas une mauvaise chose.
Sur différents thèmes... Sur le thème de la
réussite, M. Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents,
c'est quelqu'un qui veut plus la réussite des élèves que des parents impliqués
qui donnent des dizaines et des dizaines
d'heures de manière bénévole dans des écoles, M. Roy, président de la
Fédération des comités de parents, sur la notion de réussite qu'on retrouve dans le projet de loi, il dit :
«C'est un fait prouvé par la recherche que l'implication des parents
dans les instances scolaires décisionnelles est synonyme non seulement de
réussite scolaire, mais aussi d'une diminution
du taux d'absentéisme et même d'une diminution des troubles du comportement à
l'école et à la maison.» Et il cite le chercheur Beauchesne.
Sur
l'imputabilité dans le nouveau système, M. Jérôme Demers, commissaire scolaire, actuellement président de la commission
scolaire des Navigateurs, qui dit : «Les gens du conseil d'administration
seront élus, les gens des conseils d'établissement vont être élus. Donc,
si d'autres gens ne sont pas satisfaits, ils pourront se faire entendre.»
Tiens.
Sur la notion
de réussite, parce que j'ai dit que ce projet de loi là avait un objectif,
augmenter la réussite des élèves en
ayant une meilleure gouvernance, on a Mme Maryse Lassonde, présidente du
Conseil supérieur de l'éducation, qui nous
parle à la fois de la réussite et de la nécessaire décentralisation. Elle est
venue nous dire en commission : «Il y a des choses qui favorisent la réussite éducative dans ce projet de loi. Quand
on parle, par exemple, au niveau de la décentralisation, souvent la
décentralisation a été accompagnée par un sentiment de plus grande autonomie
chez les enseignants et les enseignantes.»
C'est un deux pour un, décentralisation et réussite, par une chercheure émérite
comme Mme Lassonde.
Certaines
personnes ont essayé de nous critiquer en faisant un amalgame un peu maladroit
ou, disons, avec une certaine
mauvaise foi, en essayant de coller le projet de loi n° 40 à la réforme du
précédent ministre de la Santé, le député de La Pinière. Quelqu'un de neutre, Mme Malorie Flon, directrice du
développement à l'Institut du Nouveau Monde, est venue nous dire en commission parlementaire que ce n'était pas une
comparaison qui tenait la route. Elle nous a dit : «Le dernier gouvernement — en parlant du gouvernement libéral — a réformé la gouvernance des établissements de
santé en
réduisant le nombre. On est passés de 269, en 2014, à 34 établissements en
2019. Les membres des C.A., tout comme les
P.D.G., sont désignés par leurs pairs ou nommés par le ministre. Les citoyens
n'y ont plus leur place. Les établissements de santé, selon plusieurs observateurs, ont perdu aussi de leur
proximité avec les communautés. Le projet de loi n° 40 ne va pas
là.»
Voilà,
Mme Flon nous a carrément démontré l'échec et la mauvaise idée de la précédente
réforme en Santé de l'ancien ministre
de l'Éducation et député de La Pinière... et qui a bien précisé que le projet
de loi n° 40 n'allait absolument pas
là. Ce n'est pas parce qu'on réforme mal la gouvernance du point de vue du
Parti libéral qu'on peut nous accuser, nous,
à la Coalition avenir Québec, de ne pas bien réformer la gouvernance en
Éducation. Ce serait tout un raccourci, M. le Président, raccourci qu'a
bien dénoncé Mme Flon de l'Institut du Nouveau Monde.
Encore sur la
nécessité d'avoir une nouvelle gouvernance éducative. Là, on a encore une
commissaire, une présidente de commission
scolaire, commission scolaire des Laurentides. Il y en a peut-être qui sont
surpris, M. le Président, de voir
qu'autant de présidents de commissions scolaires, des élus en ce moment, sont
venus, d'une certaine façon, appuyer les
principes. Ah! ce n'est pas tout le monde. Ce n'est pas tout le monde, bien sûr. Bien
sûr, la Fédération
des commissions scolaires — moi, je l'appelle la fédération des
commissaires scolaires — sont venus nous dire que ce n'était pas une bonne idée. Puis, après ça, ils sont venus, par plein de
regroupements régionaux, nous répéter les mêmes lignes, je sais. Mais allons avec ce qu'a dit Mme Johanne Hogue,
présidente de la commission scolaire des Laurentides : «Nous sommes d'avis
qu'une nouvelle gouvernance éducative — et non politique — impliquant davantage les [électeurs],
oeuvrant directement auprès des élèves, pourrait se révéler très
bénéfique...» Et elle parlait du projet de loi n° 40, sur le fait que le
projet de loi n° 40 n'est pas une
centralisation. On dit bien que, de notre côté, ce n'est pas une
centralisation, mais certains essaient de le dépeindre comme une
centralisation.
Alors,
ici, on a M. Nicolas Prévost, président de la fédération québécoise des
directions d'établissement, et il dit : «On ne ressent vraiment pas, dans le message que l'on reçoit, une
centralisation du pouvoir vers le bureau du ministre.» C'est assez clair. C'est assez clair du point de
vue des directions d'école qui sont dedans, là. Eux autres sont sur le terrain
au quotidien. Ils gèrent des équipes-écoles,
parlent à des parents, parlent à des élèves, parlent à des employés de soutien,
parlent à des professionnels, vont à la
commission scolaire parler à plein de comités. Ils sont parfaitement au courant
de la loi actuelle, de la gouvernance
actuelle, du projet de loi n° 40. Ils nous disent, hein : «On ne
ressent vraiment pas, dans le message que l'on reçoit, une
centralisation du pouvoir vers le bureau du ministre.»
Pour
être encore plus clair que ça, pour dire à quel point les milieux, là, dans les
écoles, veulent qu'on adopte ce projet de loi là, veulent qu'on ne passe
pas deux semaines à avoir toutes sortes de mécanismes d'obstruction, les gens dans les écoles veulent qu'on modernise. Je le
répète, les gens dans les écoles veulent qu'on modernise la gouvernance.
Ils ne veulent pas des semaines et des semaines
d'obstruction. M. Carl Ouellet, président de l'association québécoise des
directions d'établissement, il dit :
«Nous recommandons donc [...] aux parlementaires d'adopter ce projet de loi dès
que possible...» Dès que possible. Ils en ont marre du statu quo, les
gens qui font l'école à tous les jours.
Nicolas
Prévost, lui aussi, de la Fédération québécoise des directions d'école, nous
dit : «La FQDE [appuie] la volonté
gouvernementale de remettre l'école dans les mains de sa communauté.» C'est
drôle, parce que c'était le titre d'un
document de travail, qui a évolué depuis, hein? Bien sûr, il y a des gens qui
se sont amusés à citer le document que j'avais
déposé en juin 2018, pour essayer de décrire le projet de loi n° 40. Le
document que j'ai déposé en juin 2018, ça s'appelait Remettre l'école
entre les mains de sa communauté, mais, bien sûr, depuis ce temps-là, on a
consulté, on a écouté et on a bonifié. Le
projet de loi n° 40 s'inspire de ce document-là, déposé en juin... en
janvier 2018, mais il est nettement
bonifié et amélioré de toutes ces rencontres et de toutes ces consultations
qu'on a faites auprès des partenaires.
Est-ce
que vraiment les gens dans les écoles, les gens qui s'impliquent, qui donnent
de leur temps dans les conseils d'établissement
pourront bénéficier de ça? Alors, Malorie Flon, que j'ai citée tout à
l'heure, directrice du
développement à l'Institut du Nouveau Monde, nous
parle de ce qui se passera après l'adoption du projet de loi n° 40 dans
les conseils d'établissement, là où les
décisions d'ordre pédagogique se prendront davantage. Elle dit : «Le
projet de loi n° 40 donne plus de pouvoirs et d'autonomie aux
conseils d'établissement des écoles. C'est une bonne chose pour encourager la participation à cette instance et pour assurer que
chaque établissement ait la marge de manoeuvre pour répondre aux besoins
des élèves.»
• (17 heures) •
M. le Président, je
vais citer maintenant Mme Katherine Korakakis — je m'excuse si j'ai
mal nommé son nom — vice-présidente de l'Association des comités
de parents anglophones. Une fois n'est pas coutume, je vais dire quelques phrases en anglais, pour ne pas la
traduire de manière maladroite, ce que je pourrais bien faire. Je ne voudrais
pas changer le sens de ses propos. Donc, Mme Korakakis, de la fédération
des comités de parents de la communauté anglophone
est venue nous dire : «
Just more parents' involvement. I think the Minister is right. It's our
children, we are invested
stakeholders. So I think that he's right to want parents to participate more. I
think that's great.» Alors, à
ceux qui voudraient opposer, de manière binaire, simple et simpliste,
francophones et anglophones, bien je les réfère aux propos de cette
dame, vice-présidente, fédération des comités de parents de la communauté anglophone.
M.
le Président, il y a des gens qui veulent encore sauver le patient, qui
disent : Oui, mais on pourrait peut-être essayer
de faire les élections scolaires en
même temps que les élections municipales.
Ça a été dit plusieurs fois et ça a été rejeté par le Parti
libéral quand il était au pouvoir, ça a été rejeté par le Parti québécois quand
il était au pouvoir. Maintenant, dans l'opposition, ils disent autre chose,
mais ça, peut-on vraiment s'en étonner?
Bien,
le DGEQ est venu nous dire en commission
parlementaire : «Certaines provinces canadiennes tiennent des
élections scolaires et municipales le même
jour. Le taux de participation aux élections y est [un peu] plus élevé, mais
les enjeux politiques municipaux monopolisent l'espace médiatique.» En
réalité, fausse bonne idée, hein? Ça, c'est mon commentaire. Je ne veux pas lui
imputer des mots, mais fausse bonne idée. Quand on lit entre les lignes, «les
enjeux [...] municipaux monopolisent l'espace médiatique», ce n'est pas la
solution.
D'autres personnes disent : Oui,
mais, dans le fond, on devrait peut-être faire le vote électronique. Si on
faisait tout le vote électronique,
peut-être qu'il y a plein de gens, là, ça voterait, ça voterait, là, sur leur
téléphone aux élections scolaires.
Le
DGEQ nous a dit : «...je peux vous informer que les expériences de vote
par Internet menées dans d'autres pays
et dans certaines municipalités canadiennes nous apprennent que ce mode de
votation ne [nous] permet pas d'augmenter significativement la participation électorale. On observe plutôt un
déplacement dans le mode de vote...» Donc, en gros, là, ça peut augmenter de quelques points de
pourcentage peut-être, mais essentiellement les gens qui iraient à pied, à
vélo, en autobus, en voiture voter, finalement votent de chez eux. Mais
ce n'est pas une solution.
Donc,
M. le Président, est-ce que le projet de loi est parfait? Non, il n'est pas
parfait. Il est très bon. Il est le fruit d'une longue réflexion. Il est appuyé par une grande majorité de
Québécois, mais il n'est pas parfait. On va l'améliorer encore. Plusieurs des personnes qui sont venues
nous parler nous ont dit de fort belles choses sur le projet de loi, mais
ils nous ont aussi formulé des critiques,
nous ont aussi proposé des choses qui seront certainement considérées, en fait
qui feront certainement l'objet d'amendements. On va l'amender nous-mêmes. Si
les oppositions ne proposent pas ces
amendements-là, bien on va le faire. D'ailleurs, on travaille déjà à amender le
projet de loi en fonction des suggestions, des critiques parfois
pertinentes formulées par les gens qui sont venus lors des auditions
particulières, notamment les syndicats
enseignants, notamment la commission scolaire des Navigateurs, la commission
scolaire des Laurentides, l'Institut du
Nouveau Monde, le Conseil supérieur de l'éducation. Et je ne veux pas faire...
Je vais faire attention, il y a plein d'autres groupes qui nous ont
suggéré des idées qui vont faire l'objet d'amendements pour améliorer encore le
projet de loi.
Mais,
à terme, on voit très bien, en lisant ces commentateurs politiques, ces
partenaires du réseau de l'éducation, ces
experts, qu'on a besoin de moderniser la gouvernance, qu'on a besoin de
décentraliser la prise de décisions, d'économiser
de l'argent, de diminuer la bureaucratie et d'améliorer les services aux
élèves, et c'est ce que nous permettra de faire le projet de loi
n° 40. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Est-ce que
j'ai d'autres interventions? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Francine Charbonneau
Mme Charbonneau :
Merci, M. le ministre. J'attendais pour me lever. Je ne voulais surtout pas
qu'on pense que je me lève en même
temps que mes collègues de la CAQ. Vous allez comprendre, M. le Président, je
pense que je n'ai pas besoin de faire
un grand dessin pour vous parler de mon opposition personnelle, professionnelle
et de députée envers le projet de loi. Je ne suis même pas sûre, M. le
Président, que j'ai assez de 20 minutes, mais c'est le temps qui m'est
alloué. Alors, je vais essayer de le remplir bien, bien comme il faut.
M.
le Président, je ne répéterai pas mon parcours parce que vous le connaissez. Ça
fait suffisamment de fois que je vous
dis d'où je viens, le parcours que j'ai eu puis comment je me suis impliquée
dans ma communauté. Donc, je n'irai pas
là. Je pense que même les gens qui nous écoutent le savent. Après 10 ans,
je pense que le tour de roue est fait pour bien comprendre le parcours
que j'ai eu.
Par
contre, en 1998, oui, en 1998, il faut le dire, hein, parce qu'on a des gens
ici qui ne sont pas nécessairement nés
dans ces années-là, puis c'est tant mieux, mais, en 1998, le gouvernement en
place a décidé de faire un grand brassage. Puis, à ce moment-là, M. le Président, j'étais parent de trois enfants,
dont deux étaient à la commission scolaire des Mille-Îles. C'est drôle comme ce mot me poursuit depuis ce
jour puisque, par la suite, ça a changé pour la commission scolaire de
Laval, et je suis devenue la députée de Mille-Îles.
Ceci
dit, on avait décidé, au gouvernement, à ce moment-là, de transformer les
commissions scolaires puis de les passer de catholiques, protestantes à
francophones, anglophones. Dans ce grand brassage là, il y avait une volonté d'amener la laïcité dans nos écoles, mais, dans ce
grand brassage là, on avait surtout la volonté de garder, dans la similitude
puis dans les façons de faire, l'ensemble
des gens du Québec qui fréquentaient les commissions scolaires. Pourquoi je
vous dis ça? Bien, parce que les francophones
comme les anglophones avaient les mêmes obligations, les mêmes droits,
la même accessibilité. Et je vous le dis parce qu'en 1998, au moment où ils ont
changé cette façon de faire là pour les commissions
scolaires, je suis devenue députée à la commission scolaire qui, à ce
moment-là, s'appelait la numéro 13, et on est devenus la commission scolaire de Laval parce qu'il fallait
choisir un nom. On était très originaux : une île, une ville, une
commission scolaire francophone. On est devenus la commission scolaire de
Laval.
Mais je vous le dis,
M. le Président, parce que je l'ai vécu vraiment dans le quotidien de cette
commission scolaire là, le premier cinq ans,
ça a été quelque chose d'extraordinaire, puis l'extraordinaire, il n'est pas
nécessairement positif. Il a fallu
refaire la structure, refaire la signature, refaire la papeterie. C'est facile
de dire : On va changer quelque chose, puis ça ne changera rien, puis ça
ne coûtera rien, il va y avoir des économies. Bien, le gouvernement de ce
moment-là avait prévu des économies. Vous
savez quoi? À la fin, il y a eu une perte à gagner de 5 millions de
dollars. Il n'y en avait pas,
d'économies. Il n'y en avait pas parce qu'il y avait trop de choses à faire,
trop de changements à apporter
dans les petites choses du quotidien qui faisaient que le changement de structure qu'on croyait vraiment
très facile est devenu quelque chose de très ardu.
Le
projet de loi n° 40 apporte quelque chose d'intéressant sur une réflexion qu'on doit faire. Puis je suis d'accord avec
le principe où il faut réfléchir à comment améliorer la structure scolaire. Je suis d'accord
avec ça. Où vous savez que vous et
moi, on a une grande différence,
c'est sur les élections scolaires. Et, si le ministre était honnête, il se
lèverait en Chambre puis il dirait : Savez-vous quoi...
Une voix : ...
Mme Charbonneau : Merci,
M. le Président. Vous avez raison de
me faire signe. J'aurais dû faire plus attention.
Si le projet de loi était annoncé à son juste titre, ça dirait ceci : Je vous présente
un projet de loi pour abolir les élections
scolaires. Puis on pourrait passer à autre chose. On pourrait faire autre
chose. Bien non, bien non. On a beurré ça bien épais, là, puis on a mis
ça dans toutes sortes de façon pour dire : Savez-vous quoi, il n'y aura
plus d'élections scolaires; en passant, on
va jouer un petit peu dans les structures pour s'assurer que ça ne
passe pas juste sous le titre de cette façon-là.
Alors, M. le Président, le projet de loi ne fait qu'abolir les élections scolaires. Parce que,
pour le principe de la réussite scolaire, on va repasser, là. Il n'y a
rien, rien qui, directement, favorise la réussite scolaire. Je suis sûre qu'il y aura des arguments pour dire contre, mais, je
vous le dis, pour avoir passé au travers puis l'avoir regardé sous l'angle
d'une ancienne présidente de commissions
scolaires en me disant : Il y a sûrement quelque chose, c'est le prochain
article, bien, 312 articles, je n'ai pas trouvé. Je n'ai pas
trouvé.
Par contre,
j'ai trouvé certains aspects au projet de loi qui pourraient être intéressants.
Puis là je baisse mes yeux parce que je veux regarder mes notes, je ne
veux vraiment rien oublier.
Le projet de
loi, le ministre l'a dit, est imparfait, comme tous les projets de loi. Tout
projet de loi déposé en cette salle
est imparfait, puisque c'est après qu'il soit déposé qu'on peut travailler
dessus. Donc, notre volonté à nous, c'est d'améliorer un projet de loi. Mais il faut que le projet de loi annonce
ce qu'il fait, pas nécessairement ce qu'il ne fait pas.
• (17 h 10) •
Alors, le
projet de loi, il change plusieurs choses. Je vais vous en nommer
quelques-unes, puis on va sûrement avoir
la chance d'entendre les collègues parler des choses qui se changent puis des
choses qui ne se changent pas. Voici ce que le projet de loi change. Bougez pas. Je ne suis pas sûre... Voici ce
que le projet de loi ne change pas. Bon, on repart ça. Il ne change rien à la réussite. Il ne change
rien à la participation citoyenne. Il ne change rien à la prise de décision
aux écoles. Parce que, oui, oui, c'est le
discours qu'on nous tient, mais, je vous le dis, M. le Président, ça ne change
rien aux décisions, puis, si j'ai la
chance, je vais y revenir. Ça ne change rien aux pouvoirs du milieu, surtout
les petits milieux. Puis moi, je
viens de Laval, M. le Président. Dans Mille-Îles, il n'y a aucune école qui a
six élèves. Il n'y a, d'ailleurs, aucune
école qui a en bas de 200 élèves, qu'ils soient primaires ou secondaires.
D'ailleurs, à Laval, on a des écoles qui contiennent le nombre d'habitants d'un village. L'école
Curé-Antoine-Labelle, dans le comté de Sainte-Rose, contient plus de
2 400 élèves. Que des élèves; là, je ne vous ai pas parlé de la
formation professionnelle, qui est juste à côté et de l'éducation des adultes. Je ne vous parle que des
élèves. Le projet de loi n'apporte rien et met en péril nos petites écoles.
Ça aussi, nous aurons la chance de vous l'expliquer à plusieurs reprises. Il ne
change rien à la valorisation de la participation du parent, des enseignants et
des professionnels.
C'est clair
qu'il change quelque chose par rapport aux directions d'école. Et, pour
l'instant, les directions d'école trouvent
ça très intéressant. Je ne suis pas sûre par contre, M. le Président, que les
directions d'école vont trouver intéressant de faire le tour des chambres de commerce, de faire le tour des
entreprises, de faire le tour des différents partenaires qu'il peut y avoir dans la communauté, parce qu'en ce moment
la direction d'une école, c'est un leader pédagogique. C'est lui qui s'assure que ses enseignants, que son
équipe-école se concentrent toute la journée et travaillent constamment pour
la réussite des groupes qu'ils ont à
l'école. Mon directeur d'école va devoir changer un peu sa façon de faire. Puis
là je ne vous parle pas de la
direction générale du conseil d'administration, parce que c'est comme ça,
supposément, que ça va s'appeler.
Je vais vous
dire par contre ce qu'il fait, le projet de loi, puis je pense que c'est
important de bien l'entendre. Je
vous dirais qu'il y a un peu plus de points de ce côté-là. Il abolit les
élections scolaires. Mais ça, je dois vous le dire puis je le dis en toute honnêteté, c'est une promesse qui est faite
depuis plus de 10 ans, en premier de l'ADQ puis maintenant de la CAQ, donc je ne suis pas surprise. Je ne suis pas surprise puis, à
la limite, je ne suis pas offensée. Ils l'ont dit puis ils veulent le
faire. Alors, un coup que je vous ai dit ça, vous avez compris. Puis là-dessus,
je ne vise rien de malsain, M. le Président. C'est vraiment une promesse qui a
été faite puis c'est une promesse qui est suivie.
Ça donne plus
de pouvoirs au ministre, nécessairement. Le ministre, dans le projet
de loi, il y a
plein de trucs que maintenant c'est lui qui va décider, puisque
le conseil des commissaires, qui
était, en ce moment, une instance décisionnelle qui permettait aux commissions scolaires d'avoir un trait plus direct,
une façon plus rapide de faire les choses, n'existera plus, d'après le
pouvoir du ministre.
Ça réduit la
voix de la communauté. Pourquoi? Bien, parce que, là, chaque école n'aura pas
nécessairement le même système pour fonctionner comme ils ont maintenant. Il va
falloir qu'ils changent, puis tout le monde va devenir beige, le même
beige en plus, partout au Québec. Ça va être assez particulier.
Ça favorise
l'école du milieu favorisé. Pourquoi? Bien, parce que, dans les milieux bien
nantis... puis tout le monde en a
ici, là. Il y a des écoles qui sont dans des milieux très précis, les parents
sont peut-être plus habilités, ont peut-être plus de temps. Il y a une façon de faire qui va être différente qui fait
que mon parent qui, lui, a un petit peu plus de difficulté, une relation difficile avec l'école, bien lui
n'aura pas la place qui lui revient comme il l'a présentement dans le système
que nous avons, qui n'est toujours pas parfait, M. le Président, mais c'est
quand même un système qui fonctionne.
Ça va
favoriser la fermeture des petites écoles, parce que, M. le Président, ça va
être superfacile, là, superfacile. Ça
va être des administrateurs qui vont être assis alentour d'une table, puis
probablement qu'il va y avoir des règles très précises à suivre, c'est-à-dire : En bas de 22 élèves, tu
fermes la shop. Pourquoi? Bien, parce que ce n'est pas rentable. Ton enseignant coûte beaucoup trop cher, puis la
facture que ça fait, le prix que tu paies pour le salaire de l'enseignant,
puis des professionnels, puis des gens qui
vont aller faire le dépistage, il faut que tu le partages avec les autres
écoles. Mais là le centre
administratif, il va dire : Attendez, là, nous, on a des mesures
d'économie à mettre en place. On veut vraiment avoir un partage équitable.
Donc, l'école de 10, là, oubliez ça, là.
Puis ce n'est
pas du tout une campagne de peur, là. Je donne la réalité. À la commission
scolaire de Laval, quand on a fait la restructuration, il a fallu
prendre des décisions, M. le Président. Puis ce n'est pas des écoles de 10
qu'on a regardées,
c'est des écoles de 200. Pourquoi? Parce qu'au ministère ils nous donnent une
règle très précise : si tu veux garder
ou si tu veux avoir une autre école, il faut que, dans les 25 kilomètres
alentour de ton école, tu n'aies pas de place. Bien, Laval, c'est 35 par 45. Je peux-tu vous dire que, s'il y avait
trop de monde à Sainte-Dorothée, ce n'est pas vrai qu'on était pour les
envoyer à Saint-François. Mais ça se fait et c'est ce qu'on s'est fait
répondre.
Alors, le
politique, qui était la commission scolaire... les commissaires scolaires ont
levé leurs manches, sont allés au ministère, puis ils se sont défendus, puis
ils ont fait leur point. Puis après une discussion avec la ministre qui était
en place, bien on a réussi à faire comprendre qu'on ne pouvait pas faire ça. Je
vous dirais que c'est le désavantage des anglophones,
parce que les anglophones en font, du transport scolaire. Leur territoire est
faramineux, il est très, très grand. Ce n'est pas un avantage, puis ils
sauront bien vous l'expliquer.
Ça donne une
façon insidieuse de dévaloriser les écoles en milieux défavorisés. Pourquoi?
Bien, parce que le projet de loi
dit : Toi, parent, tu peux aller où tu veux. Le projet de loi actuel
dit : Le parent peut faire un choix d'école. Est-ce que ça change le discours que le ministre a dans
le projet de loi? Bien oui, parce que, là, on ne dit plus à un parent qu'il
appartient ou qu'il est desservi par une commission scolaire. On dit au
parent : Tu peux aller où tu veux.
Alors je reviens à ma petite école de 10, M. le
Président, puis je vous le fais assez rapidement. Si j'ai une école de 10, puis le parent travaille — le
parent qui habite dans ce village-là qu'il a choisi là pour toutes sortes de
raisons — deux villages plus loin, bien il décide
d'embarquer son jeune puis de le débarquer à l'école de deux villages plus loin, je suis rendue à neuf élèves. Là, il y a
un parent qui trouve ça intéressant.
Ça fait qu'il demande au parent : Aïe! T'embarquerais-tu le mien
aussi parce que le projet où est-ce qu'il y a 32 élèves, c'est plus
intéressant qu'où est-ce qu'il y en a juste neuf? Je suis rendue à huit élèves.
À combien d'élèves, M. le Président, on ferme
l'école du village? À combien de gens on a fermé la caisse populaire? À combien de gens on a fermé l'église
puis qu'on a dit aux paroissiens : Allez dans l'autre village? Bien, je ne
peux pas vous dire à combien on ferme une
école. Je peux juste vous dire que les écoles de 10, les écoles de six, ça
existe. Et ces gens-là vont voir,
pour des raisons stratégiques, pour des raisons qui appartiennent aux parents,
cette façon de faire là où on va
égrener un peu le chapelet de nos écoles en disant : Savez-vous quoi,
c'est fini, celle-là, on la ferme puis on va demander à la ville si elle veut faire un grand gymnase avec ça, parce
que les villes, eux autres, sont bien contentes, sont bien contentes. Ça fait longtemps qu'ils veulent
rentrer dans les écoles, utiliser les écoles puis n'avoir aucune facture en
disant : C'est une infrastructure qui
nous appartient, c'est dans notre ville. Puis il y a des partenariats qui
existent, mais en ce moment ce n'est pas ce que le projet de loi dit. Ça
creuse un fossé de façon questionnable.
Et, je vous
le dis, là, c'est la partie où je me suis arrêtée puis je me suis dit :
Sûrement que, si un article dans ce projet
de loi là change, il va falloir que ça soit sur celui-là qu'on s'attarde, puis
j'espère d'avoir du temps pour m'y attarder. C'est la différence entre les commissions scolaires anglophones et
francophones. C'est la première fois de ma vie que je me lève debout pour défendre une démocratie dans
cette maison. Puis, en plus, je suis obligée de la défendre sur le dos des francophones parce que, savez-vous quoi, M. le
Président, bien, les anglophones puis les francophones, ça ne sera pas
pareil. On va garder un petit bout pour les anglophones puis on va retirer
toute la couverture aux francophones.
Il y a
quelque chose là-dedans que je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment un
gouvernement peut dire :
Savez-vous quoi — là, je
vais vous le dire en anglais — «it will not be fair». «It will not be fair»
parce que c'est comme ça que ça va se
passer pour les anglophones, parce que, vous, on ne veut surtout pas aller
gratter dans les espaces où on
pourrait se faire amener en cour, mais vous, les francophones, majorité du
Québec, vous allez vous plier puis vous n'aurez plus cette opportunité-là d'avoir une démocratie. Ah! ce n'est
pas grave. Ce n'est pas grave, inquiétez-vous pas. Le ministre va
décider, puis vous n'aurez pas à vous inquiéter, il va prendre des bonnes
décisions.
Il n'y a
aucune place pour les parents des élèves en besoins particuliers. Dans le
projet de loi, on s'est arrêtés puis on a dit : Attendez une minute, là,
ils sont où, les parents EHDAA? Je vais le dire en acronyme parce qu'il me
reste peu de temps, mais ils sont où,
les parents EHDAA? Bien, la réponse, c'est : Ils ne sont nulle part. Ils
ne sont nulle part. Dans 312 articles,
il n'y a rien qui parle des élèves qui ont des besoins particuliers. Puis ce
n'est pas de sa faute. Il se lève à tout bout de champ pour nous dire
qu'il va y avoir des investissements.
• (17 h 20) •
D'ailleurs,
M. le Président, l'économie sur le dos des francophones, là, c'est,
semblerait-il, pour mettre plus de professionnels
dans les écoles. Faites le calcul. Faites le calcul, vous allez voir que ça ne
fait pas grand-chose dans votre école
ou dans le milieu dans lequel vous êtes. Le projet de loi permet des règlements
pour donner des pouvoirs encore plus inquiétants au ministre parce que
ça va se décider dans un bureau à Québec, ce qui va se passer dans un village à
quelque part au Québec. Et ça, c'est encore plus important, M. le Président,
parce que ça va se décider avec des recommandations
de gens alentour du ministre qui vont
lui dire : Oui, mais le règlement, c'est ça que ça dit, ça dit
qu'à neuf on ferme l'école, M. le ministre, c'est un règlement qu'on a; vous allez voir, ça va bien se passer.
C'est sûr que ça va bien se passer, il n'y aura
plus de politique pour défendre les parents, il n'y aura plus de politique pour prendre la voix du parent qui
parle.
Et le parent
va appeler où? Et c'est là où, à 16 minutes de mon discours, je vous donne
le «punch», M. le Président. Si vous
pensez que vous passez du temps au téléphone, attendez-vous qu'après le projet
de loi n° 40 vous allez passer du
temps dans votre bureau de comté. Parce qu'en ce moment l'économie qu'on fait
tous ici, avec une démocratie supplémentaire,
c'est qu'il y a des gens qui écoutent les parents, il y a des gens qui les
rencontrent, il y a des gens qui prennent
leurs questions, qui répondent, qui les défendent, qui vont dans des rencontres
puis qui font des consultations qui
font en sorte que les parents ont cette voix-là. Et encore, vous recevez
sûrement des coups de téléphone : En début d'année scolaire, je veux aller à telle école, je vais prendre
l'autobus. Je pourrais vous donner tous les dossiers que moi, je reçois. Mais j'ai toujours pensé que j'avais un
petit «kick» particulier, puisque les gens connaissaient mon nom et
connaissaient mon adresse. Mais, M. le Président, le projet de loi
n'apporte... apporte peu.
Le ministre s'est fait
plaisir, il a sélectionné les citations, il a parlé des gens qui sont venus en
commission. Puis il a raison de nous le
rappeler parce qu'on a eu quand même 39 groupes, puis, oui, il y a deux
commissions scolaires qui se sont
prononcées sur 72. Je ne sais pas si vous êtes capable de faire le calcul vite,
vite, là, mais c'est quand même quelque
chose. Puis, sur 39 personnes ou représentants qui sont venus en
commission, 27 étaient contre le projet de loi, M. le Président. 27, c'est 70 %. Ça prend 60 % pour passer.
70 %, pas sûre si tout le monde vote contre. Ce n'est pas une bonne
idée.
Motion de report
M. le
Président, vous m'avez fait signe qu'il me restait deux minutes, je vais les
utiliser pour vous demander de me permettre de faire appel à vous pour
la volonté que j'aurais de présenter une motion en vertu de l'article 240
de notre règlement. Et je déposerais cette
motion qui dit ceci — je vais
enlever les papiers qui faisaient que je ne la barbouillais pas pendant
que j'écrivais mes petits papiers :
«Que la
motion en discussion soit modifiée en retranchant le mot "maintenant"
et en ajoutant, à la fin, les mots "dans 12 mois".»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Mille-Îles.
Je vais suspendre quelques instants pour
permettre la distribution de la motion, et nous allons reprendre dans quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 29)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vous avise que la motion de report présentée par Mme la députée de Mille-Îles est recevable. En vertu de l'article 240
du règlement, cette motion fait l'objet d'un débat restreint
de deux heures. Je vous informe que
la répartition du temps de parole pour ce débat
restreint s'effectuera comme suit : 58 min 30 s sont
allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 34 min 51 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle,
12 min 27 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
11 min 12 s sont allouées au troisième groupe d'opposition. Chaque député indépendant dispose
d'un temps de parole de 1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un seul
député indépendant participe à un débat, il dispose d'un temps de parole
de deux minutes.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants
que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Alors, semble-t-il que nos amis en veulent
toujours plus. Alors, c'est difficile
de répondre à la demande, mais on va expliquer encore pourquoi c'est une bonne
chose d'aller de l'avant avec le projet de loi et d'y aller rapidement,
pourquoi ce n'est pas une bonne idée d'avoir cette motion de report. Pourquoi
repousser quelque chose qui est attendu depuis si longtemps par les citoyens du
Québec? Et ils se sont exprimés très clairement dans... C'est quelque chose
qui... Ce n'était pas un référendum, mais ça a été un peu comme ça.
Il faut se
souvenir qu'en 2014, ça ne faisait pas très longtemps que je siégeais, puis
j'avais devant moi le gouvernement du
Parti libéral, le premier ministre à l'époque, M. Couillard, qui voyait
bien que le taux de participation des élections scolaires allait en
déclinant encore, et encore, et encore. Puis il y avait même, au sein du caucus
du Parti libéral, des gens qui
disaient : Oui, bon, les Québécois ont un peu déserté cela, et surtout,
c'est sûr qu'on peut faire mieux.
C'est sûr qu'on peut mieux gouverner notre réseau d'écoles, qu'on peut
améliorer les services aux élèves. À l'époque, le ministre de l'Éducation,
c'était M. Bolduc.
• (17 h 30) •
Alors, le premier ministre, M. Couillard, a
dit aux Québécois ici, au salon bleu, à l'extérieur du salon bleu, de plusieurs façons : Les élections qui s'en
viennent, les élections scolaires de 2014, vont être un test. Les Québécois, si
vous souhaitez le statu quo, si vous
souhaitez que ça reste comme ça, si vous voulez garder vos élections scolaires,
allez voter. Montrez que vous tenez à
vos élus scolaires. Si vous souhaitez que ça change, n'allez pas voter. On comprendra
le message. Ça a été relayé, là, ce
n'est pas resté... Il y a des choses qu'on dit, des fois que ça reste dans la bulle, hein? On dit ça au salon bleu, ça ne sort pas vraiment
du salon bleu. Mais ça, ça a été repris, quand même, ça a été repris. Il y a
eu beaucoup d'articles de journaux, des reportages télévisés en
français, en anglais. Ça a été redit. Certains ont dit : Moi, je n'irai
pas voter. Puis ça a été médiatisé
aussi, considérant que le premier
ministre avait dit : Écoutez,
si le taux de participation est bas, ça va changer.
Alors, les Québécois
ont entendu le message, particulièrement les francophones, qui ont décidé de s'exprimer
en n'allant pas voter. Ils ont répondu à
l'appel du premier ministre du gouvernement
libéral. Il a dit : Si vous
n'allez pas voter, on comprendra votre message. Plus de 95 % des Québécois,
on est pas mal plus élevé que 50 % plus un, là, plus de 95 % des Québécois ont choisi de s'exprimer en n'allant pas voter,
pas parce qu'ils ne savaient pas qu'il y avait des élections
scolaires. On le savait, c'était à la télé,
c'était dans les journaux, c'était à la radio. Autant tout le monde savait qu'il y avait des élections, autant tout le monde savait
que, s'ils n'y allaient pas, voter, quelque chose allait changer. Ils avaient
la parole du premier ministre. Alors, plus
de 95 % des francophones ont choisi de rester chez eux, et c'est en 2014.
Pour ceux qui doutaient encore, je pense que le doute est parti quelque
part en 2014.
Suite à ça, il y a eu deux tentatives ratées du
précédent gouvernement libéral de revoir cette gouvernance-là. Premièrement, il y a eu le ministre,
M. Blais, précédent titulaire
de ma fonction, qui a déposé un projet de loi qui
éliminait les élections
scolaires. Il suivait la parole de son premier ministre. Ça avait quelque chose de
cohérent. Ils l'ont retiré, ce projet de loi là. Les Québécois, plus tard,
leur ont retiré leur confiance, en passant. Et, quand les Québécois ont été appelés à s'exprimer une autre fois, parce qu'ils s'étaient exprimés lors des élections en 2014 en n'allant
pas voter, en 2018, il y a eu une formation
politique, la Coalition avenir Québec, qui a dit : Nous, on a une parole,
nos engagements électoraux, on va les
tenir. Si vous nous élisez, nous allons revoir la gouvernance des commissions
scolaires. Nous allons éliminer les
élections scolaires telles qu'on les connaît. On va remettre l'école entre les
mains des communautés. Il n'y avait pas de cachette. Il y avait un document, qui avait été déposé en
janvier 2018, qui précisait les grandes lignes. Et les Québécois se
sont exprimés une deuxième fois. Ils ont choisi la Coalition avenir Québec.
Alors,
M. le Président, est-ce que c'est une bonne idée de déposer cette motion de
report? Bien non, c'est une très mauvaise idée. Ça fait très longtemps que ça traîne, et tout ce qui
traîne se salit. Alors, c'est déjà très sale. Ça fait très longtemps que les
Québécois attendent l'élimination des élections scolaires telles qu'on les
connaît, l'élimination de ces
postes-là, pas parce que les personnes, en ce moment, qui occupent les postes
de commissaires scolaires ne sont pas compétentes
ou ne sont pas bien intentionnées, absolument pas, absolument pas. Il ne faut
pas du tout personnaliser le débat de
cette façon-là. Je suis convaincu que les personnes sont là pour les bonnes
raisons, que les personnes veulent faire
de leur mieux, veulent s'investir dans la réussite des élèves. C'est tout
simplement, des fois, je le dis comme ça, des bonnes personnes dans un système dysfonctionnel.
Alors, on va réformer le système, hein, pour
permettre à des talents, tous les talents de pouvoir s'investir dans une
nouvelle structure qui sera moins coûteuse, qui sera plus efficace, qui sera
plus décentralisée, et c'est bien clair, c'est bien détaillé. Il y aura
plus de pouvoirs, plus de pouvoir d'influence, parce que ce n'est pas une
question de pouvoirs, c'est-à-dire de lutte de pouvoir, mais plus de pouvoir
d'influence, plus de prise sur les décisions pédagogiques à l'échelle communautaire, à l'échelle locale, à
l'échelle de l'école. Et ça va s'incarner sur le conseil d'établissement, sur lequel il y a la
direction d'école qui a un important rôle, mais qui n'a pas droit de vote, il y
a les parents, il y a les membres du personnel, il y a un membre de la
communauté. Ça, c'est la composition du conseil d'établissement.
Ça va
s'incarner comment aussi? Ça va s'incarner par la création d'un nouveau comité
qui s'appelle le comité d'engagement
vers la réussite, qui n'existe pas en ce moment, et ça aussi, c'est une forme
de décentralisation. Parce que les gens qui vont siéger sur ce
comité d'engagement vers la réussite, ce sera des gens qui font l'école à tous
les jours, ce sera les directions d'école,
ce sera les enseignants. Il y a des gens qui sont venus nous dire :
Ça prendrait peut-être des parents.
On va étudier ça. Est-ce que ça fera l'objet
d'un amendement? Il y a des parents qui ont dit : Hum, ce serait bien
d'avoir peut-être un parent sur ce comité.
Ce n'est pas dans le projet de loi actuel, mais j'ai déjà dit qu'on pourrait
l'amender pour l'améliorer.
Nouveauté sur
ce comité-là aussi, on fait un pont entre ce qui se passe directement dans les
écoles et ce qu'il y a dans nos
universités. Pour la première fois dans la Loi sur l'instruction publique, on
réserve une place, quelque part dans l'organigramme,
pour la recherche dans les sciences de l'éducation. Et ça, c'est un pas
important et ça n'a pas été mentionné par
les gens de l'opposition. Mais on réserve une place sur le comité d'engagement
vers la réussite à un professeur dans une faculté des sciences de
l'éducation, et ça, ça va venir enrichir le débat. Ça va permettre à ce
professeur-là d'avoir accès à des gens qui
font l'école à tous les jours, mais ça va permettre aussi à des gens qui font
l'école à tous les jours d'avoir un forum de discussion formelle avec un
professeur de nos facultés des sciences de l'éducation. Voilà quelque chose qui vient enrichir aussi notre gouvernance
scolaire. Voilà pourquoi ce n'est pas un simple et futile débat de structure.
Il y a de la vision en arrière de ça, M. le
Président. Pas ma vision, la vision de ma formation politique et de tous ceux
qu'on a consultés dans les dernières années pour arriver avec un travail
aussi abouti.
• (17 h 40) •
Il va y avoir
aussi une troisième instance dont je vais vous parler, c'est le conseil
d'administration. Le centre de services scolaires sera dirigé ultimement par un
conseil d'administration sur lequel il y aura des parents, des membres de la communauté et des gens qui font l'école à
tous les jours. Encore une fois, il y a un lien de parenté entre le conseil
d'établissement et le conseil d'administration. C'est normal, il y a de la
cohérence. Donc, il y a des parents, et, pour être
sur le conseil d'administration, bien, les parents devront être élus deux fois.
C'est un argument pas pire pour ceux qui disent qu'on tue la démocratie, là. Il faudra être élu deux fois. Il
faudra d'abord être élu sur le conseil d'établissement de son école, parce qu'il faut d'abord s'impliquer
dans sa communauté, et ensuite il faudra être élu une seconde fois par les
parents élus sur les conseils
d'établissement, il faudra être élu une deuxième fois à titre de parent sur le
conseil d'administration du centre de services scolaires. Il y aura
aussi des membres de la communauté, des gens qui ne sont ni parents ni employés du centre de services
scolaires — parce
qu'on pense que notre réseau scolaire, nos écoles, ça dépasse le simple intérêt, évidemment, que peuvent avoir des
parents — donc
avec des profils de compétence. Est-ce que ça sera quelqu'un qui viendra de la gouvernance, d'une
expertise spécifique, supposons, en administration, en gestion, quelqu'un
qui viendra du milieu communautaire,
quelqu'un qui viendra du milieu municipal, quelqu'un qui vient apporter quelque
chose, quelqu'un qui vient donner, comme il y en a sur les conseils d'administration d'un
paquet de sociétés? Et il y aura, première fois... ça, c'est un
changement, c'est une petite révolution par rapport à ce qu'on a en ce moment
sur nos conseils des
commissaires, on aura une place pour les gens qui font l'école à tous les
jours. Il y aura un enseignant ou une
enseignante, évidemment direction d'école, employé de soutien, professionnel.
Ces gens-là, en ce moment, n'ont pas voix
au chapitre. Quand on prend des décisions à incidence pédagogique, on ne les
écoute pas, on ne les consulte pas. Et là on leur fait une place sur le
conseil d'administration. Ça, c'est de la valorisation de l'équipe-école. Ça,
c'est de la valorisation de l'expertise de ceux et celles qui font l'école à
tous les jours.
Et ils ont
hâte, M. le Président. Ils ont hâte qu'on modernise notre gouvernance scolaire.
Ils ont hâte d'avoir un conseil d'établissement qui peut prendre plus de décisions,
d'avoir enfin un comité d'engagement vers la réussite pour discuter, normalement, notamment du plan
d'engagement vers la réussite. Ils ont hâte d'avoir leur mot à dire sur le plan
de lutte à l'intimidation, sur le projet
éducatif. Ils ont hâte d'avoir plusieurs pouvoirs, notamment l'obligation de
consulter les élèves. On n'a pas ça
en ce moment. C'est une nouvelle chose qu'il y a dans le projet de loi,
l'obligation de consulter les élèves. Le milieu a hâte d'avoir un
conseil d'administration sur lequel ils ont leur mot à dire. Il peut y avoir de
la compétence pédagogique à l'instance régionale du centre de services. Voilà
ce que permet le projet de loi n° 40.
L'opposition
nous dit : Aïe! On devrait attendre encore. C'est les mêmes, là, qui, en
2014, ont demandé aux gens leurs
opinions puis après n'en ont pas tenu compte. C'est les mêmes qui ont déposé un
projet de loi sur la gouvernance scolaire,
avant de le retirer. C'est les mêmes qui en ont déposé un deuxième pour ne
faire à peu près pas grand-chose, mais
qui ont joué un petit peu dans la gouvernance scolaire. Donc, ils ont posé
trois gestes, la dernière fois qu'ils étaient au gouvernement, sur la gouvernance scolaire. Ils ont dit aux
gens : Exprimez-vous. Ils ne les ont pas écoutés. Ils ont déposé un projet de loi pour changer la gouvernance. Ils
l'ont retiré. Ils en ont déposé un autre qui ne disait pas grand-chose. Mais,
celui-là, ils l'ont adopté.
Trois
ministres, trois visions. Aucune cohérence, aucun courage, aucune écoute de la
communauté, puis ils veulent nous faire la leçon en disant : Retirez ce
projet de loi ou reportez ça, là. On va faire une motion de report, là, on va
encore s'en parler pendant cinq, 10,
15 ans. Le fruit est mûr, M. le Président, pas question de faire une
motion de report.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. D'autres
interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup. Il y a maintenant, quoi, deux semaines, mon
collègue le député de Nelligan, dans un
autre dossier qui touche quand même le ministère de l'Enseignement supérieur, a
démontré clairement que, lorsqu'on ne
prend pas son temps, bien, ça peut déraper solidement. Dans le dossier du
Programme de l'expérience québécoise, le ministre de l'Immigration a démontré qu'effectivement on peut avancer
tête baissée sans consulter et déposer n'importe quel projet en pensant que sincèrement ça va passer comme une lettre à
la poste. La motion de report aujourd'hui, c'est pour aider le ministre de
l'Enseignement supérieur à ne pas frapper, lui aussi, un mur. Il pourrait
prendre exemple sur son collègue qui
a fait preuve, après coup, d'humilité, puis il a réalisé qu'effectivement les
partis d'opposition, on n'est pas
juste ici pour s'opposer, on est ici aussi pour tenter de faire avancer les
choses avec le gouvernement de la CAQ lorsque c'est pertinent et lorsque
ça apporte, de façon constructive, des solutions. Et, en matière d'éducation,
le ministre de l'Immigration devrait faire
preuve d'une beaucoup plus grande écoute et surtout de prudence, parce que,
sinon, je peux vous le dire, M. le Président, le ministre de
l'Immigration a de la compétition.
Alors,
maintenant que les choses sont dites, effectivement, dans le passé, il y a eu
des discussions par rapport à la gouvernance scolaire. Savez-vous quoi?
Il y a eu des longues discussions. C'est le ministre de l'Éducation, qui était
à l'époque ici, du côté de la Chambre, qui
disait : On doit prendre notre temps, on doit consulter le plus largement
possible. Mais, après avoir consulté
tout le monde, bien, la conclusion était la suivante : ce n'est pas en
faisant des brassages de structures
qu'on apporte davantage de services éducatifs à nos tout-petits, au contraire,
c'est en travaillant avec tous nos partenaires.
Mais, au lieu de se rappeler de tout ce qui a été dit lorsqu'il était dans
l'opposition, la première chose qu'il a
faite lorsqu'il est arrivé au pouvoir, c'est immédiatement d'insulter ses
partenaires en disant : Bien, oui, les commissions scolaires, c'est
simplement un caillou dans mon soulier de ministre, ça m'empêche d'avancer.
Ça, M. le
Président, là, sincèrement, ça donne le ton, hein? On commence directement en
disant des qualificatifs, la boîte à
outils des étiquettes. Malheureusement, ce n'est pas comme ça qu'on a envie de
travailler, nous autres. C'était tellement gênant parfois, lorsqu'on faisait
les consultations, qu'il a fallu que ma collègue la députée de Sherbrooke
fasse une intervention puis dire : J'ai
un malaise, et dire, en quelque sorte, qu'elle s'excusait, parce que le ton,
là, ce n'était pas le ton approprié lorsqu'on reçoit ici, à l'Assemblée
nationale, des invités.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le leader du gouvernement.
M.
Caire :
Je pense que, les leçons de bienséance de la députée de Saint-Laurent, on va
s'en passer. Peut-être qu'elle pourrait rester sur le fond de la motion
et parler du pourquoi du report, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée de Saint-Laurent, on
revient sur la motion de report, s'il vous plaît. On évite de susciter
des débats surtout.
Mme
Rizqy : Savez-vous pourquoi j'en parle, M. le Président? Pourquoi on
demande un report? C'est qu'on a reçu par
dizaines le nombre de demandes pour être entendus, et c'est à coups de dizaines
que ça a été refusé. Alors, en situation de repli, on a dû regrouper des gens, on a dû
regrouper des gens de l'Outaouais, des gens d'Abitibi, des gens de la
Côte-Nord. Qu'est-ce qu'on a vu?
Bien, ils se sont déplacés. Et tout le monde parlait vite, vite, vite.
Savez-vous pourquoi? Parce qu'ils ont
10 minutes pour se présenter, faire un état des faits pour chacune de leurs
régions. Donc, le préfet, bien, lui aussi doit parler, les différentes commissions scolaires qui, eux, ont pu déléguer
une personne ont pu parler, mais après ça, bien, le ministre de l'Éducation, dans son enveloppe de
15 minutes... Moi, j'ai calculé la moyenne — j'aime ça, les chiffres — il prenait
cinq minutes pour faire son préambule avant de poser une question. Aïe! C'est
sûr, ça, c'est de la grande écoute.
C'est
tellement de la grande écoute qu'un commissaire de l'Outaouais, Claude
Beaulieu... Un ministre qui n'a pas une grande écoute, ça,
c'est le titre. «"On a un ministre présentement qui n'a pas une grande
écoute et qui nous revient toujours avec des exemples qui favorisent son
projet, mais qui sont cités hors contexte", affirme le président de la commission scolaire des Draveurs[...]. "Ce
n'est basé sur aucune recherche, aucun fait scientifique. C'est de
l'improvisation. Ça ne favorise pas
la réussite des élèves. Pendant qu'on va travailler à changer les structures,
qui va travailler à la réussite des
élèves?"» Bonne question, M. le Président. Parce que, tout le long des
consultations, il n'y a pas une personne qui a été capable d'identifier
des services additionnels pour les élèves, au contraire.
On
donne aujourd'hui un immense coup de main au ministre de l'Éducation.
Savez-vous pourquoi? C'est arrivé à quelques
reprises que, durant les consultations, il disait des affaires qui nous ont
fait tomber de nos chaises, littéralement. Quand on dit : Bien là, vous vous êtes soulevés, déchiré votre chemise,
dans l'opposition, pour dire qu'il n'y en aura plus jamais,
de gonflage de notes, c'est inacceptable... Pas plus tard qu'au mois de mai, il
faisait la tournée des médias pour dire :
C'est fini, le gonflage de notes. Est-ce
qu'il peut être cohérent puis nous
expliquer comment ça se fait qu'il vient de légaliser ce qui est décrié dans une décision arbitraire et le met dans
son projet de loi? Et, quand on le confronte, il dit : Non, ce n'est pas vrai. Il faut lui lire, là,
littéralement, prendre le projet de
loi n° 40 : Alors, on vous
invite à aller à tel article. M. le Président, avec le ministre de
l'Éducation, nous lui faisons la lecture de son propre projet de loi. Je n'ai jamais
vu ça.
Je peux vous en dire,
j'ai suivi des projets de loi. Bien là, non, non, non... Là, il nous
disait : Est-ce que vous comprenez que
le terme «majoré», ce n'est pas un ajustement de notes? Majorer, bien, ça veut dire qu'on
augmente les notes. Là, le ministre : Oui, il faudrait peut-être faire un correctif, hein? Bien, je peux vous dire
que ce n'est pas juste un correctif.
La FAE, la Fédération autonome de l'enseignement, qui l'a vivement critiqué, qui ont dit : On ne
reconnaît plus notre ex-collègue qui nous insulte au passage... et qu'on
lui demande clairement de retirer ce passage...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Oui, M. le leader du gouvernement?
• (17 h 50) •
M.
Caire :
...des intentions, susciter des débats. Je pourrais citer à peu près tous les
articles sur le décorum, M. le Président. Ça
fait deux fois que la députée dit que le ministre est insultant. J'aimerais que
vous la rappeliez à l'ordre, M. le Président. Je pense que, là, ça va
prendre ça.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) : C'est moi qui vais prendre la parole, là.
Donc, je vous demande de ne pas susciter des débats. Vous ferez
attention à vos propos. Revenez sur le fond, s'il vous plaît.
Mme Rizqy :
Si vous permettez, M. le Président, je tiens à préciser que je cite
littéralement les propos...
Le
Vice-Président (M. Picard) : On ne peut pas faire indirectement ce
qu'on ne peut pas faire indirectement.
Mme
Rizqy : ...pas faire directement. Le ministre de l'Éducation avait
écrit dans son livre qu'il prônait un ordre professionnel. Après ça, quand il a rencontré les centrales syndicales,
il a dit : Il n'y en aura pas, d'ordre professionnel. Puis maintenant, dans son projet de loi, il ramène
l'ordre professionnel par la porte de derrière. Ça, c'est vraiment faire
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Puis je suis contente que
vous l'ameniez immédiatement au salon bleu. C'est très fort, M. le Président,
je vous remercie.
Mais,
si je continue dans le projet de loi, un autre passage, quand des invités
disent dans leur intervention, d'emblée, là, ils se présentent, ils disent : Dans le projet de loi, on va
pouvoir donner un superpouvoir au ministre de l'Éducation, qui va être en mesure désormais de pouvoir réunir
des territoires, fusionner des centres de services, le ministre les regarde
et leur dit : Vous avez vu où, ça, dans
le projet de loi? Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas dans le projet de loi. Si
c'était dans le... Ça me prendrait,
là, un nouveau projet de loi pour dire ce que vous affirmez. Nulle part dans le
projet de loi n° 40 c'est
inscrit comme quoi qu'on peut fusionner des territoires. Il a fallu que la
députée de Sherbrooke le regarde puis lui dise : Voyons, c'est l'article 46 de votre projet de loi. Moi,
je peux vous dire, c'était un peu gênant personnellement parce que j'ai
rarement vu un ministre ne pas avoir lu son propre projet de loi.
Alors, oui, une
motion de report est nécessaire, pas parce que nous, on n'a pas saisi les
enjeux, c'est parce qu'il y en a un qui n'a pas fait ses devoirs. C'est une chose
de ne pas écrire ses projets de loi. C'en est toute une autre lorsqu'on ne l'a même pas lu, et qu'on arrive, et
qu'on donne la leçon à nos invités qui, eux, sont arrivés bien préparés,
qui, eux, ont lu le projet de loi et qui
trouvent toutes les lacunes de leur projet de loi, mais que le ministre n'est
même pas au courant. Alors, là-dessus,
M. le Président, juste en soi, là, ça, là, ça devrait être suffisant pour que
le ministre de l'Éducation dise : C'est vrai, j'en ai échappé
quelques-uns, avant d'aller plus loin je vais prendre mon temps, je vais
consulter davantage.
Lorsqu'il cite, évidemment hors contexte, certaines personnes... Prenons un
exemple, le directeur des élections.
Le directeur des élections, c'est vrai qu'il
a dit : Au niveau électronique, il y a des études à l'étranger. Mais
rappelez-vous d'une chose, M. le Président, le directeur des élections a
un mandat clair de l'Assemblée nationale de voir comment il peut instaurer d'ici juin 2020 le vote
électronique. Prenons notre temps et exigeons du directeur des élections
d'aboutir. Puis le directeur des
élections vous l'a clairement dit à vous, M. le ministre, il a dit que, non,
l'abolition d'élections, ce n'était pas une bonne idée, ça envoie un
très mauvais signal pour notre démocratie.
Il a cité plusieurs, plusieurs, plusieurs
personnes qui étaient en faveur de son projet de loi, mais il a ignoré presque la quasi autre totalité. Parce que, je
peux vous dire, ça ne s'est pas bousculé en commission pour venir défendre son
projet de loi, au contraire. La revue de
presse, il y a plus de 400 articles, et, si on faisait un par un les
articles, en ce moment, il
réaliserait qu'effectivement il n'y en a pas beaucoup, d'écoute, et que, clairement,
il n'a pas assez d'appui pour aller de l'avant avec son projet de loi.
J'en ai
choisi un que je trouve plus éloquent que d'autres... ils sont tous très bons,
mais celui-ci : Gouvernance scolaire : quelle était la question, déjà?, Marc St-Pierre, chargé de cours en
administration scolaire à l'Université du Québec en Outaouais.
«Après
7 millions et demi d'années à réfléchir et à faire tourner ses
algorithmes, la machine fournit enfin la réponse que tout le monde attendait : "42". Mais la réponse ne s'avéra
d'aucune utilité, parce que personne ne se rappelait après tout ce temps
la question précise qu'on avait posée à l'ordinateur.
«Les leçons à tirer de cette fable galactique
sont d'une certaine pertinence dans le dossier de l'abolition des commissions
scolaires. Si beaucoup de gens semblent d'accord avec [...] le parti au
pouvoir — la
Coalition avenir Québec — se propose de réaliser, il n'est pas si
clair que tous ces gens se souviennent des questions qui ont été soulevées
au départ et qui pourraient justifier ce qu'on s'apprête à réaliser.
«Première question : Comment
augmenter la participation aux élections ?
«Dans le cadre du projet de loi préparé par le
ministre, le projet de loi n° 40, on entend
confier aux parents [le conseil d'établissement des élections] de ceux qui
siégeront aux conseils d'administration des centres de services.
«Cela voudra
dire que, pour pallier le taux de participation famélique aux élections
scolaires, on va demander à des gens
élus par plus ou moins 2 % des parents de désigner qui siégera à ces
conseils. La solution au problème de participation, ce serait donc moins
de participation aux élections?»
Donc, M. le
Président, si je résume, on va passer, par exemple, dans le réseau anglophone,
de 17 %, dans le réseau francophone peut-être de 5 % à moins
de 2 %, donc encore moins de participation.
«Deuxième question : Comment mieux gérer
les fonds publics?
«On a
reproché aux commissions scolaires de nourrir des bureaucraties gourmandes qui
détournent des fonds qui auraient eu
avantage à être investis dans les services aux écoles. Le problème avec cet
argument, c'est que les commissions scolaires consacrent moins de
5 % de leur budget annuel à des frais de nature administrative.
«En fait, de
tous les organismes publics et parapublics, dont les villes et les ministères,
ce sont les commissions scolaires qui coûtent le moins cher à
administrer.
«Quelle était la question [déjà]?
«Troisième question : Comment
améliorer la réussite scolaire?
«Au fil des
ans, on a dénigré l'école publique, lui renvoyant au visage de hauts taux de
décrochage et sa faible capacité à
diplômer ses élèves, qui ont été dans une certaine mesure la conséquence — et là je ne peux pas nommer le nom de la personne, c'est le premier
ministre — [la]
réforme de l'éducation mal ficelée, principalement développée sous le règne [du premier ministre] — bien, qui à l'époque était ministre de
l'Éducation. Pourtant, données à l'appui et malgré des années[...], le décrochage est en baisse et
les taux de diplomation augmentent de façon régulière pour atteindre des
sommets jamais vus depuis la Révolution tranquille.»
Alors, on
augmente la réussite éducative, on a plus de diplômés, mais ce n'est pas grave,
il faut aller jouer dans la structure.
«Quatrième
question : Nos décisions sont-elles fondées sur des données factuelles ou
soumises à la saveur du jour ?
«Le
gouvernement s'est engagé à créer un institut national [d'éducation] dont la
responsabilité serait de s'assurer, notamment,
que les politiques s'appuient sur des données de recherche. J'ai très tôt été
associé à cette idée; j'en ai été un des premiers promoteurs.
«Malheureusement,
ceux qui parlent actuellement de la gouvernance scolaire dans les médias, les
conférences et les cabinets
ministériels, ceux qui font la promotion de l'abolition des conseils scolaires
formés d'élus ne semblent [pas] avoir
[...]une connaissance plus que limitée des travaux de recherche américains et
canadiens sur les sujets sur lesquels ils s'expriment.»
Question :
«Sur quelles données le ministre de l'Éducation s'appuie-t-il pour prétendre
que le modèle qu'il entend proposer répondra aux quatre questions
fondamentales qui auraient dû orienter tout ce débat : Comment améliorer
la démocratie scolaire? Les fonds investis
en éducation sont-ils bien gérés? Comment augmenter la persévérance [scolaire]
et la réussite scolaire? Comment s'assurer
que le développement de nos politiques publiques s'appuie sur les meilleures
connaissances issues de la recherche?
«Malheureusement,
et je paraphrase Douglas
Adams, la réponse offerte par le ministre en matière de gouvernance scolaire n'est que de peu
d'utilité, parce que personne dans ce gouvernement ne semble se rappeler après
tout ce temps les questions précises qui avaient été posées en lien avec
la gouvernance scolaire, et auxquelles il aurait fallu répondre autrement qu'en surfant sur des faits erronés et
des opinions issues d'un vieux fonds de commerce adéquiste [qui sont] montés en épingle pendant des années.» Et ça, M.
le Président, ce sont les propos de Marc St-Pierre, chargé de cours en
administration scolaire à l'Université du Québec en Outaouais.
Quelle était la question,
déjà, hein? Est-ce qu'aujourd'hui on peut se concentrer sur les services
éducatifs? Lorsque le
ministre de l'Éducation dit qu'il veut abolir un palier de gouvernance, qu'il
veut abolir les contre-pouvoirs, qu'il veut abolir un pan de notre démocratie, occupé principalement maintenant par
des femmes, et qu'il pense sincèrement que, là-dedans, il va faire des économies... En 1998, là, il y a bien des
gens qui nous ont promis aussi des économies avec un changement de structure. Au contraire, non, il a
fallu investir de l'argent, juste, là, pour changer les entêtes, ça a coûté
des millions.
Et, quand... je le sais, que le ministre des Finances est
ici, qu'on peut se réjouir de sa présence, pense-t-il sincèrement qu'il va faire des économies?
Quelles économies il pense faire là-dedans? Parce qu'à date ça commence à leur
coûter cher de recours collectifs devant les tribunaux.
Et ici, M. le Président, là, ne vous leurrez pas, on dit aux
francophones : Vous n'avez pas le droit de vote, puis
on dit aux anglophones : Vous gardez
votre droit de vote. C'est inacceptable dans une société juste et démocratique.
Ce n'est pas vrai qu'au Québec on va
avoir deux classes de citoyens, et ça, là, c'est pour ça que le ministre de
l'Éducation doit prendre un immense
pas de recul puis se dire qu'effectivement on retourne à la planche à dessin,
on va parler avec des juristes, on va
parler avec aussi des gens qui ont à coeur la démocratie, et on va trouver des
solutions. Parce qu'ici il n'y a personne qui est tenant du statu quo. Si on
veut améliorer la gouvernance scolaire, il existe des solutions. En
Ontario, ils ont jumelé la participation du vote municipal avec le scolaire. Le
taux de participation : 45 %.
Alors, donnons-nous le défi d'augmenter la participation
active à la vie démocratique, et non pas dire au monde :
Restez chez vous, n'allez pas voter, comme la CAQ a fait en 2014. Ça, c'est inacceptable.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la
députée. Compte tenu de l'heure, nous serions rendus aux débats de fin de séance. Oui, M. le leader du gouvernement.
M.
Caire : M. le Président, vous... il reste encore peut-être
une...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Bien, moi, j'ai 18 heures devant
moi.
M.
Caire : Ah! parfait, M. le Président. Je me fie à
l'horloge...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Non. Moi, je me fie à ici.
Une voix :
...
• (18 heures) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : L'heure de la présidence est toujours la bonne heure.
Débats
de fin de séance
Tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder aux deux débats de fin de séance.
Projet
de loi instaurant une présomption de consentement
au don d'organes ou de tissus après le décès
Le
premier débat portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac à
Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux concernant le projet de loi n° 399,
Loi instaurant une présomption de consentement au don d'organes ou de tissus après le décès, présenté le
5 novembre dernier. Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le
député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et le député a ensuite un droit de réplique de deux
minutes. M. le député de Pontiac, les cinq prochaines minutes sont pour vous.
M.
André Fortin
M. Fortin : Je vous remercie, M. le Président. M. le Président, il y a différents
types de journées ici, à l'Assemblée nationale,
hein? Il y a des journées où on réussit à faire avancer les dossiers, hein?
Collectivement, on se dit : On peut se donner une tape dans le dos parce qu'il y a des choses qui avancent. Il
y a des dossiers où on va... il y a des jours où on va avoir des positions
différentes, puis on va le savoir d'entrée de jeu, hein, qu'il va y avoir un
débat, qu'on va être sur des fonds de
positions différentes et qu'on ne s'entendra pas. Mais c'est normal. C'est
normal que les oppositions fassent valoir leurs points, que le
gouvernement fasse valoir le sien, il y a des journées comme ça où on le sait.
Ce n'est pas nécessairement une journée pour avancer, mais c'est une journée
pour argumenter, délibérer.
Aujourd'hui,
par exemple, M. le Président, aujourd'hui, je vous le dis, là, à la fin du
débat, très court débat qu'on a eu avec la ministre de la Santé, j'étais plus
déçu que d'autre chose, je vous avoue, M. le Président. Je n'étais pas fâché,
je n'étais pas en mode confrontation, j'étais déçu de la réponse de la ministre
de la Santé. Parce que tout ce qu'on cherchait,
et vous l'avez vu dans mon ton, M. le Président, tout ce qu'on cherchait à
avoir, c'était de l'information. Tout ce
qu'on voulait, c'était savoir où logeait la ministre de la Santé par rapport à
la question du consentement présumé. Parce qu'on en a beaucoup parlé, je pense que les Québécois en ont beaucoup
parlé au cours des dernières semaines, de cette question-là du consentement présumé, puis, au minimum, là, le débat,
tout ce que ça a fait jusqu'à maintenant, jusqu'à maintenant, c'est que ça a permis aux Québécois
d'en parler, ce qui est une bonne chose. Peut-être d'en parler en famille,
ce qui est une meilleure chose.
Alors,
on a demandé des questions toutes simples à la ministre : Est-ce qu'elle
est d'accord sur la question du consentement présumé et est-ce qu'elle va
appeler le projet de loi? Il y a des questions qui s'adressaient autant à elle qu'à son leader, M. le Président. Et, peut-être
une approche différente ce soir, là, je n'ai pas de notes, je n'ai absolument
rien sur mon bureau, sauf la transcription
de la période des questions, et je pense que vous allez comprendre ma
déception, M. le Président, parce que la réponse de la ministre de la
Santé était tout, sauf claire.
Je vous lis certains
extraits, M. le Président : Le consentement présumé, «c'est une question
qui nous touche beaucoup». C'est une mesure
«pour laquelle nous sommes ouverts». «Il faut avancer dans ce dossier-là de façon prudente.» On a pris connaissance d'expériences, à travers le monde, «où il y a
eu des dons présumés, et ça n'a pas donné les résultats escomptés».
Donc,
jusqu'à maintenant, là : on est ouverts, il faut avancer dans
le dossier, mais ça ne marche pas nécessairement et partout.
Plus
loin, M. le Président, «il faut agir maintenant» et «on a fait de
la sensibilisation, et il faut le refaire». «On fait de la sensibilisation, et il faut le
refaire», ça semble être la voie de sortie de la ministre pour dire: Bien,
on fait quelque chose,
hein, on fait quelque chose. Médecins coordonnateurs... Et on n'a pas de
problème avec les médecins coordonnateurs, mais ça prend une approche
globale, M. le Président.
Si je continue, la ministre
nous dit : «Il y a 800 personnes qui attendent sur la liste d'attente
pour avoir un [don d'organe].» Donc, elle
reconnaît le problème. Et «nous sommes ouverts évidemment...» Ah! mais là
elle ouverte seulement à «analyser toutes les options».
M. le Président, je comprends que c'est de la joute parlementaire jusqu'à
un certain point, mais quelqu'un, là, qui fait
juste lire ce que j'ai devant moi, qui fait juste lire la transcription de
notre période de questions n'a aucune espèce d'idée où loge la ministre de la Santé en ce moment. Nous, ce qu'on en comprend, à travers la lecture
de ces mots-là... Parce qu'il
a fallu les regarder à nouveau pour essayer de comprendre, parce qu'à la sortie de la période de questions
j'étais déçu puis je ne comprenais
rien, M. le Président. Mais ce qu'on en comprend, c'est... Quand on lui
demande : Est-ce qu'elle est d'accord avec nous?, il n'y a pas de réponse
claire. On lui demande de trouver un argument en faveur, et tout ce qu'elle...
le seul argument, là, pour ou contre, c'est
de dire que ça n'a pas donné les résultats escomptés ailleurs, même si ça fait
des années et des années de ça.
On
lui demande : Est-ce qu'elle va appeler le projet de loi? Nulle part, dans
ses réponses, il n'y a une vraie réponse. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on est ouvert à analyser les options. Mais
ça, là, pour les gens qui attendent, pour les gens qui pensent : Ah! bien, finalement, il y a
quelque chose qui me donne de l'espoir... Les gens qui attendent aujourd'hui
pour avoir un don d'organes, ils se disent : Bien, au plus vite adoptons
le projet de loi. Ce n'est peut-être pas la panacée, ce n'est peut-être pas ça qui va faire que, demain
matin, là, je vais avoir un don d'organes, mais c'est un des outils qu'il faut
mettre de l'avant, avec les médecins
coordinateurs, avec les centres de prélèvement d'organes dédiés, avec de la
sensibilisation. Bien, pourquoi on se
priverait d'une option qui est sur la table, qui est devant nous, qu'on peut
analyser, qu'on peut étudier? On ne demande pas à l'adopter, on demande
à l'étudier, le projet de loi, ensemble, ici, dans cette Assemblée.
Alors,
M. le Président, si la ministre peut clarifier deux choses : Est-ce
qu'elle est d'accord avec le fond du projet de loi et est-ce qu'elle va
appeler le projet de loi? C'est tout ce qu'on demande.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Pontiac. Je cède
maintenant la parole à Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Vous disposez d'une période de cinq minutes.
Mme Danielle
McCann
Mme
McCann : Merci, M. le Président. Et je pense que cette question-là du
don d'organes, là, intéresse beaucoup de
gens, et c'est une question fondamentale dans notre société. Et je reviens sur
mes propos, effectivement, de la période de questions parce que je veux expliquer davantage à mon collègue le
député de Pontiac comment c'est fondamental, une bonne organisation de
services pour le don d'organes.
On a 10 médecins
coordonnateurs actuellement et on va en avoir 32, on va en ajouter 22. Donc,
dans tous les hôpitaux du Québec, M. le
Président, il va y avoir un médecin coordonnateur. Moi, je vais expliquer
qu'est-ce que c'est... qu'est-ce
qu'il fait, le médecin coordonnateur de dons d'organes, dans un hôpital. Ça,
c'est le médecin qui vient voir des familles qui malheureusement vivent
une circonstance tragique et où est-ce qu'il y a un décès, mais un décès d'une
personne qui peut donner ses organes.
Alors,
c'est probablement la mesure la plus fondamentale, la plus importante qu'on
peut faire pour le don d'organes au Québec.
Et je citais en exemple le Saguenay—Lac-Saint-Jean, où est-ce que le nombre d'organes
qui sont donnés, au Saguenay—Lac-Saint-Jean par million d'habitants, est aussi
important qu'en Espagne, par exemple, en Espagne qui est reconnue comme un pays champion du don
d'organes. Il y a un médecin coordonnateur, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans les hôpitaux, et effectivement les familles sont rencontrées, parce
que, M. le Président, souvent, c'est là que ça se passe. C'est quand la personne malheureusement décède
et que c'est un donneur potentiel, la famille a beaucoup à dire
là-dedans, et le médecin coordonnateur de dons, qui est en lien avec Transplant
Québec, peut faire une différence fondamentale. C'est ce qui est vécu au
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors,
j'insiste là-dessus parce que, Transplant Québec qui est vraiment l'organisme
au Québec, là, qui a beaucoup d'expertise
dans la question, c'est ce qui est recommandé par Transplant Québec. Et la
bonne nouvelle, M. le Président, c'est
que nous avons pris la décision maintenant d'aller de l'avant et de vraiment
avoir un médecin coordonnateur de dons d'organes dans chaque hôpital du
Québec.
Alors, moi,
je pense que là-dessus on va avoir des résultats. Et évidemment on pense
beaucoup aux 800 personnes qui sont sur la liste d'attente et on veut
vraiment faire en sorte que les organes soient plus accessibles au Québec.
Alors,
comme je l'ai dit lors de la période de questions, on est ouverts à étudier le
consentement présumé, bien entendu,
ça fait partie des mesures, mais il y a aussi la sensibilisation, l'éducation
et l'information au public. Alors, ça aussi, c'est très important, de signer le
formulaire. Parce qu'il y a différentes façons, M. le Président, de donner son
consentement au don d'organes. On peut signer
le formulaire de consentement au don d'organes et de tissus de la Régie de l'assurance maladie du Québec, et c'est
disponible... Quand, par exemple, on renouvelle sa carte d'assurance maladie,
on nous l'envoie. On peut se le procurer, le
formulaire, en appelant à la Régie de l'assurance maladie. On peut le faire
aussi avec son notaire, on peut faire
inscrire son consentement au don d'organes au Registre des consentements au don
d'organes et de tissus de la Chambre des
notaires du Québec, M. le Président. Puis on peut aussi signer l'autocollant de
consentement qui est apposé au verso de la
carte d'assurance maladie, ça, c'est lors du renouvellement de sa carte aussi,
ou on peut le commander aussi, il y a un
site qui s'appelle signezdon.gouv.qc.ca. Alors, ça, ce sont toutes des façons
pour la population de signifier son
consentement explicite à un don d'organes. Il y a déjà 40 % de la
population qui a signifié son consentement au don d'organes, M. le
Président.
Moi, je veux réitérer que je vais travailler
dans le sens d'augmenter le don d'organes au Québec pour que ces personnes qui
attendent sur la liste d'attente reçoivent les organes dont elles ont besoin.
Merci, M. le Président.
• (18 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Pontiac, vous disposez d'un droit de réplique de deux minutes.
M. André Fortin
(réplique)
M. Fortin : M.
le Président, j'ai posé deux questions simples à la ministre : Est-ce
qu'elle est d'accord avec le fond... pas nécessairement,
là, l'ensemble du contenu, est-ce qu'elle est d'accord avec le fond du projet
de loi? Et je n'ai toujours pas
entendu une réponse. Et on a posé la question : Est-ce qu'ils sont prêts à
appeler le projet de loi? La ministre nous dit, elle vient de le dire il
y a 30 secondes : On est ouverts à étudier le consentement présumé.
Mais ils ont voté contre une motion,
aujourd'hui, qui demandait exactement ça. La motion demandait : Est-ce
qu'on peut étudier le projet de loi sur le consentement présumé? Ils ont
voté non, ils ont voté contre, M. le Président.
Alors, je
veux bien, là, ce que la ministre nous dit. Et elle a raison sur une chose, sur
une chose, c'est que ça prend plus
qu'une mesure. Ça prend plus que le consentement présumé, c'est vrai, M. le
Président, mais ça prend plus que les médecins
coordonnateurs aussi. Parce que la ministre nous dit : Ah! bien, les
médecins coordonnateurs, c'est ça qu'ils ont en Espagne, puis ça marche en Espagne. Oui, mais ils ont aussi le
consentement présumé en Espagne. Ça prend plus qu'une mesure, M. le Président. Ça prend, oui, des
médecins coordonnateurs, mais ça prend des centres de prélèvement dédiés, M. le
Président, comme celui qui a fermé à l'hôpital Sacré-Coeur il n'y a pas
longtemps, et ça prend le prélèvement d'organes et le prélèvement
consenti, M. le Président, et ça prend également de la sensibilisation.
Mais, à la
base, là, et c'est tout ce qu'on demande à la ministre, est-ce qu'elle est
d'accord avec nous? Est-ce qu'elle est
d'accord avec nous qu'on croit fondamentalement que les Québécois veulent
donner, que les Québécois veulent donner, que ça devrait être le principe de base dans notre société, qu'on veut
donner au prochain, à notre prochain, qu'on veut mettre toutes les
chances du côté des familles et des victimes, en ce moment, des malades qui attendent
pour un don d'organes?
Alors, en
tout respect, là, quand elle nous dit aujourd'hui qu'on veut tout faire, bien, si on veut tout
faire réellement au Québec, elle a une des solutions devant elle. Elle
n'est même pas obligée d'écrire un projet de loi, elle n'est pas obligée
de demander à la machine de faire quoi que
ce soit, elle n'a qu'à dire à son leader : Appelle donc le projet de loi n° 399, ça aiderait les malades et leurs familles, en ce moment, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Pontiac.
Impact sur la clientèle
des changements proposés à l'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
Nous allons
maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question adressée
par M. le député de Laval-des-Rapides à Mme la ministre déléguée au
Développement économique régional concernant l'entêtement du gouvernement caquiste face aux nombreux avis
négatifs formulés au sujet du projet de loi n° 34,
Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de
distribution d'électricité. M. le député de Laval-des-Rapides, cinq minutes.
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, M. le
Président. Un peu plus tôt aujourd'hui, un peu plus tôt cet après-midi, mon
collègue de Nelligan s'est levé pour interpeler la ministre responsable du
Développement économique régional sur le projet de loi n° 34,
notamment sur une pétition publiée le 29 octobre dernier. Une pétition
dont le communiqué de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante
disait la chose suivante : «Tarifs d'Hydro-Québec :
1 384 PME demandent la révision du
projet de loi n° 34.» Mon collègue de Nelligan s'est levé et il a
interpelé la ministre. Non seulement il l'a interpelée, il lui a indiqué
qu'il y a 18 PME de sa circonscription qui ont cosigné cette pétition.
Vous savez ce
que j'ai trouvé navrant de la réponse de la ministre? J'ai trouvé navrant que
les premières paroles qu'elle a
adressées à titre de réponse à mon collègue de Nelligan, ça a été d'essayer de
discréditer... ça a été de discréditer la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Si vous relisez les galées, M. le Président, de la
période de questions
de cet après-midi, vous allez remarquer que, la première chose qu'elle a dite,
elle a dit que cette fédération... qui
est-ce qu'elle représentait, cette fédération? Je dois informer la ministre que
son Conseil des ministres de son gouvernement
a d'ailleurs nommé à titre de délégué général à Chicago l'ancienne présidente
de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, pour le Québec. Alors, je pense qu'elle a passée
sous le silence, je pense qu'elle a peut-être oublié que, tout d'un coup, c'est
la même organisation d'une nouvelle déléguée générale nommée à Chicago, et là
elle se lève aujourd'hui en Chambre,
à une question sérieuse, et la
première chose qu'elle cherche à faire, c'est de discréditer la
réputation d'une organisation sérieuse.
Je dois vous
rappeler, M. le Président, que, ce sondage, cette pétition, c'est 15 000 travailleurs et travailleuses
du Québec, 15 000 Québécois et
Québécoises qui sont associés à ces près de 1 400 entreprises. Alors,
plutôt que d'essayer de discréditer
la valeur de cette pétition, le travail de ces 15 000 Québécois et
Québécoises, leurs emplois qui sont mis à risque par le projet de loi n° 34, elle devrait s'en tenir à
expliquer en quoi, selon elle, le projet de loi n° 34 ne nuira pas
aux régions.
Parce que
c'est ce qu'on entend depuis le 12 juin dernier, M. le Président. Depuis
le 12 juin dernier, on entend différents
experts se prononcer sur le projet de loi n° 34, on entend différentes
associations d'entrepreneurs, des PME, l'Association
québécoise des consommateurs industriels, qui sont partout, dans toutes les
régions du Québec, qui emploient un grand nombre de Québécois et
Québécoises.
Le projet de loi n° 34 met aussi en danger
le tissu économique du Québec. Ma collègue, aujourd'hui, de Saint-Henri—Sainte-Anne s'est levée pour interpeler son collègue
ministre de l'Économie en lui disant... et en lui rappelant une lettre ouverte du Pr Mousseau. Et que disait
cette lettre ouverte là? L'affaiblissement de la Régie de l'énergie met en
danger les exportations du Québec face à la
FERC, la fédération américaine qui régit les autres monopoles ou les autres
entreprises d'utilité dans le Nord-Est américain, qui sont justement des
clients d'Hydro-Québec.
Alors, moi,
aujourd'hui, j'ai accepté de faire un débat... j'ai invité la ministre à faire
un débat de fin de séance, pourquoi? Pour lui donner l'occasion de
s'expliquer, pour lui donner l'occasion de répondre sérieusement pour cette
fois-ci, de prendre au sérieux pas juste nos arguments, celui de mon collègue
de Nelligan ou celui de ma collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne, la parole des Québécois et
Québécoises, les appréhensions des entrepreneurs qu'elle doit soi-disant
défendre, M. le Président, les appréhensions des régions.
Quand
aujourd'hui je me suis levé et j'ai cité l'Association de protection des intérêts
des consommateurs de la Côte-Nord,
c'est dans les régions, M. le Président. Alors, soi-disant d'un gouvernement
qui se dit porte-parole des régions, que
la ministre responsable du Développement économique régional prenne son travail
au sérieux et adresse correctement les enjeux associés au projet de loi
n° 34. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Mme la ministre
déléguée au Développement économique régional, je vous cède la parole
pour les cinq prochaines minutes.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. C'est un plaisir d'être ici ce
soir pour parler du p.l. n° 34. Je
voudrais faire un premier rappel d'abord à l'ensemble des Québécois, leur
rappeler qu'on a les tarifs les plus bas en électricité en Amérique du Nord. Je pense que c'est important de se le
rappeler. Dans les dernières semaines, l'opposition officielle nous a ramené le fait qu'il y avait des
tarifs inacceptables, que ce qu'on était en train de faire avec le p.l. n° 34 était inacceptable. Je tiens à rappeler à l'ensemble des
Québécois et des Québécoises que nos tarifs sont les plus bas en Amérique du
Nord. À titre indicatif, au niveau des tarifs industriels, pour parler du tissu
économique du Québec, à Montréal, les tarifs
d'électricité sont 32 % moins élevés qu'à Vancouver. Ce n'est pas rien,
32 % de moins à Montréal qu'à
Vancouver, au niveau industriel. Au niveau résidentiel, qu'on habite à
Havre-Saint-Pierre, à Gaspé, Chibougamau, Saint-Pacôme, ce sont les mêmes tarifs si on a une famille comparable.
Je vous donne un exemple. Au niveau résidentiel, la comparaison avec Boston, on paie, pour 100 kilowatts,
334 $, à New York, 336 $, à Toronto, 139 $, à Montréal,
73 $, pour le même
100 kilowatts dépensé. C'est quand même incroyable de voir la distinction
qu'on peut faire avec les villes comparables en Amérique du Nord.
Ensuite, le
p.l. n° 34 prévoit un gel tarifaire. Ça, c'est important
de le dire. Puis je pense que, malheureusement, on n'est pas rendus assez loin dans l'évaluation du projet de loi, mais
le p.l. n° 34 prévoit un gel tarifaire pour 2020. Ça, ça veut
dire, M. le Président, là, le tarif de 2020 sera le même que 2019. Autre
élément important de ce projet de loi là, c'est que tous les clients d'Hydro-Québec verront apparaître sur leurs
factures une note de crédit, dès 2020, équivalant, pour une famille de
deux adultes et deux enfants, à environ 60 $ par famille.
• (18 h 20) •
Ensuite, il y
a une question qui est fort importante pour les familles, puis je vais pouvoir
faire une comparaison intéressante
tout à l'heure avec ce qu'ont fait les libéraux dans l'ancien mandat. Au niveau
de la prévisibilité, je pense que ça, c'est le mot clé de ce projet de loi là,
depuis 2003, les hausses tarifaires accordées par la Régie de l'énergie
sont plus élevées que si on appliquait
l'inflation. J'ai un tableau, ici. Pour 100 $ en 2003, les tarifs de
l'ancienne façon de faire, avant le projet
de loi n° 34, sont actualisés en 2019 à 132,6 $. Puis
le même 100 $ en 2003, avec la notion d'inflation, arrive à 128,4 $. Donc, c'est moins cher avec la méthode qu'on
propose dans le p.l. n° 34 que si on utilisait l'ancienne méthode.
Puis ça, ça a été fait sur plusieurs années, ces calculs-là, puis c'est, de
façon générale, assez fiable.
L'autre élément que je voulais parler, le
collègue parlait des familles de la Côte-Nord, dans une projection de cinq ans, là, pour les familles, d'une famille de
la Côte-Nord ou peu importe, au Québec, où elle se situe,
c'est une économie totale de
215 $ avec la méthode basée sur l'inflation. Donc, ce n'est pas rien pour
les familles. Ils peuvent prévoir les tarifs qu'ils vont payer pour cinq ans à venir, environ.
Puis, encore mieux, pour préciser cette prévisibilité-là, ce que ça va faire
pour les familles, concrètement, c'est que,
dès qu'on va... Les consommateurs, les clients vont connaître le tarif qu'ils
paieront pour l'année suivante dès le mois
de septembre. Ça veut dire qu'ils ont six mois, jusqu'au 1er avril, de
septembre à avril, pour prévoir leur
budget. Ça, ce n'est quand même pas rien. C'est donc une question de
prévisibilité pour les familles.
Puis
je voudrais faire la comparaison avec la fameuse taxe additionnelle que les libéraux
ont ajoutée aux CPE, hein? Les
familles qui étaient travailleurs autonomes, ils avaient une variance de
revenus, puis ça faisait qu'à la fin de l'année ils ne savaient pas ce qu'ils payaient. Mais nous, on va à
l'encontre de ça. D'ailleurs, mon collègue de Groulx, le ministre
des Finances, l'a enlevée, cette
fameuse taxe, là, à la famille. Donc, ça aussi, on essaie encore d'aller vers
la prévisibilité pour que les familles soient capables de budgéter mieux
leurs finances.
En
conclusion, M. le Président, je pense qu'il faut arrêter de faire peur aux
familles et aux industriels du Québec. Ça,
là, je pense que... Si l'opposition se donnait la peine d'étudier, de rentrer
dans le projet de loi puis d'évaluer chacun des articles du projet
de loi n° 34,
je pense qu'ils pourraient voir que ça agit de manière responsable puis que le Québec,
on peut avancer avec ce projet de loi là.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la ministre. M. le
député de Laval-des-Rapides, votre réplique, deux minutes.
M.
Saul Polo (réplique)
M.
Polo : M. le Président, la ministre vient de faire la démonstration de la stratégie
de ce gouvernement depuis la dernière année. Quand il se
trouve face à une opposition, face à un challenge de son argumentaire,
qu'est-ce que ce gouvernement-là fait? Il commence à ridiculiser les opposants.
La
ministre devrait plutôt s'efforcer à comprendre que
l'argumentaire qu'elle vient de présenter ne fait aucun sens, M. le Président. Quand elle nous parle de tarifs les plus bas et qu'elle compare le Québec
face à ses voisins, elle a raison. Je
vais lui donner raison sur ce point. Ceci dit, ce que les Québécois
veulent, ce n'est pas juste payer moins cher que leurs voisins, ils
veulent payer le moins cher possible tout court.
Alors, quand elle
nous fait la démonstration de nous montrer le fameux graphique, tableau de son
collègue ministre de l'Énergie, elle oublie
elle-même d'analyser que, selon les projections d'inflation de la plus récente
mise à jour économique, ce n'est pas 1,7 % tel que son graphique
l'indique, ce n'est pas 1,7 % d'augmentation sur l'inflation, c'est 2 %. À 2 % à 70 % de la
hausse de l'inflation, c'est trois fois plus cher que les hausses des quatre
dernières années, M. le Président.
Ça, elle oublie de le mentionner. Elle oublie également de mentionner que...
Quand elle parle des tarifs les plus
bas, la philosophie du premier ministre, qui date du siècle passé, qui est de
penser que plus on met les tarifs plus bas,
plus ça va inciter au gaspillage, elle oublie de rappeler que, depuis les
10 dernières années, les Québécois ont fait d'énormes efforts pour
faire des économies de consommation d'électricité, alors que son premier
ministre dit : Bien, écoutez, il faut
les augmenter à l'inflation parce que, sinon, les tarifs trop bas vont inciter
au gaspillage. Bien, voyons donc! Bien, voyons donc, M. le Président!
Alors,
moi, ce que je dis à la ministre, c'est qu'elle devrait retourner faire les
devoirs comme son collègue ministre de l'Énergie devrait refaire ses
devoirs sur le projet de loi n° 34, et ça, les
Québécois vont leur en être reconnaissants, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides.
Je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
18 h 25)
(Reprise à 19 h 31)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous pouvez vous asseoir.
Projet
de loi n° 40
Adoption
du principe
Poursuite
du débat sur la motion de report
L'Assemblée poursuit le débat sur la motion de report présentée par Mme la députée de Mille-Îles dans le
cadre de l'adoption
du principe du projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement
à l'organisation et à la gouvernance scolaires. Alors... Oui, Mme la ministre
la leader de l'opposition officielle.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Simplement pour une
question de... pour le bon fonctionnement des travaux, j'aimerais savoir si le leader du gouvernement peut nous
indiquer s'il entend prendre l'entièreté de l'enveloppe de temps du gouvernement, pour s'assurer que les
travaux puissent bien fonctionner jusqu'à 21 h 30 ce soir, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la leader. M. le leader du gouvernement.
M.
Caire :
Oui, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, ça répond à votre question.
Maintenant, nous poursuivons les travaux avec Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente, de me donner la parole sur cette motion de report.
Écoutez, il y
a des projets de loi dont on se réjouit, il y en a d'autres qu'on aime un peu
moins, mais, en dehors de ce qu'on
peut penser du contenu du projet de loi n° 40, c'est clair que le
processus qui entoure ce projet de loi là, depuis le début, est vraiment déplorable, et ça ne m'étonne
pas que ma collègue de l'opposition officielle ait déposé une motion de
report, parce que, s'il y a un projet de loi qui mérite une motion de report,
c'est bien celui-là.
J'aimerais
rappeler qu'on parle d'un projet de loi qui vise à abolir un des trois paliers
de démocratie que nous avons ici en
tant que Québécois et qui vise aussi à créer deux types de citoyens : les
anglophones, qui peuvent voter pour choisir les personnes qui vont administrer la taxe scolaire, et les
francophones, qui vont aussi continuer de payer cette taxe, mais qui n'auront
absolument aucune possibilité de choisir qui va la gérer à moins qu'ils aient
un enfant inscrit dans une école. Donc,
c'est quand même un lourd engagement pour avoir accès au droit de vote, vous en
conviendrez, Mme la Présidente. Donc,
on a un gouvernement qui veut mettre la hache dans notre démocratie et dans nos
mécanismes de contre-pouvoir et qui veut le faire sans avoir consulté la
population.
Et, pire
encore, dans un projet de loi qui est supposé parler de gouvernance, le
ministre en profite pour inclure un paquet
d'articles qui n'ont absolument rien à voir avec la gouvernance. Et, dans le
fond, ce qu'il nous présente, sans l'avouer, c'est un projet de loi omnibus en
éducation, ce à quoi les citoyens ne s'attendaient pas nécessairement quand
la CAQ, en campagne électorale, parlait de gouvernance scolaire.
Et ce qui est
grave, c'est que le ministre lui-même n'a pas pris le temps d'évaluer les
impacts de son projet de loi ni sur
les élèves, ni sur le personnel, ni sur le développement régional et il ne
laisse non plus à personne le temps d'évaluer ces impacts. Les quelques groupes qui ont réussi à se faire inviter en
commission parlementaire ont eu vraiment très peu de temps pour prendre
connaissance, d'abord, du projet de loi et encore moins pour consulter leurs
membres sur le terrain pour savoir
comment se positionner et pour rédiger un mémoire qui permet vraiment l'analyse
en profondeur du projet de loi, plusieurs l'ont déploré en commission
parlementaire. Donc, ça nous met dans une position où on n'a pas vraiment accès
aux meilleures analyses du projet de loi, ni au ministère ni en tant que
députés, pour travailler sur ce projet de loi là. Et il y a donc des informations très partielles
sur les conséquences du projet de loi, et il y a énormément de questions qui
restent sans réponse.
Et donc, dans
les circonstances, pour éviter des erreurs difficilement réparables, parce
qu'on parle ici de cohortes d'enfants qui pourraient subir les
conséquences de ce projet de loi là, le plus sage, c'est clairement de reporter
le projet de loi comme le propose ma
collègue de l'opposition officielle. Mais je pense qu'il ne faut pas le
reporter juste pour le déposer sur une tablette et attendre un an, ça ne
servirait à rien. En fait, il faut le reporter pour prendre le temps de consulter comme on devrait le faire avant toute
réforme et encore plus quand on parle de l'abolition d'un palier de démocratie.
Les groupes qu'on a entendus en commission
étaient vraiment très nombreux à revendiquer une consultation nationale ou même des états généraux sur l'éducation,
parce qu'ils sont sur le terrain et ils savent qu'on a vraiment beaucoup
de défis à relever et que notre système
d'éducation, qui a été élaboré dans les années 60, n'est plus du tout
adapté aux réalités d'aujourd'hui.
Moi, ça fait un an que je porte le dossier de l'éducation, et j'en rencontre
des dizaines, des groupes, et ce que
je constate, c'est que tout le monde est tanné des réformes à la pièce, ils
n'en peuvent plus. Ils ont le goût de
participer à une vraie réflexion nationale
sur l'avenir de l'éducation et veulent être impliqués dans cette
réflexion-là. Et c'est clair que,
pour qu'une réforme ait du succès, il
faut qu'on écoute les gens sur le
terrain, les citoyens, les associations, toutes les organisations, les enseignants,
les commissions scolaires. Malheureusement, les différents ministres qui se sont
succédé à l'Éducation, y compris celui qui est en place actuellement, ont
manqué de leadership et n'ont pas cherché à rassembler les partenaires de l'éducation
ni à les impliquer dans le choix des orientations ministérielles.
Et c'est vraiment
le temps qu'on le fasse. On est presque en 2020. Le rapport Parent, qui nous a
donné notre système d'éducation actuel, qui visait à favoriser l'égalité des chances, ça commence à
dater. Et, au début, ça avait marché, hein? On a réussi, avec la mise en
place des recommandations du rapport Parent, à avancer vers l'égalité des
chances. Mais malheureusement, depuis des décennies, ça s'effrite dangereusement.
Et, depuis le dépôt du rapport Parent, il y a des centaines de recherches en pédagogie et en développement de l'enfant qui ont été faites, et il faut qu'on tienne compte
de ça pour réformer notre système et qu'on l'adapte aussi aux nouvelles
réalités, par exemple le fait que, dans la plupart
des familles, les deux parents travaillent, qu'on accueille maintenant
énormément d'enfants issus de l'immigration et que des villages dépendent vraiment de leur
école pour leur survie.
Donc, je pense qu'on doit mettre le projet de
loi n° 40 sur pause et lancer plutôt une véritable commission d'enquête sur l'éducation comme celle qui
nous avait donné à l'époque le rapport Parent. Des commissions
d'enquête, ce n'est pas juste pour la
corruption, c'est un excellent outil pour revoir le fonctionnement d'un système en documentant les problèmes
puis en émettant des recommandations basées sur les meilleures pratiques, en fonction des objectifs qu'on veut
atteindre comme société. Et c'est exactement ce qu'on est en
train de faire avec la DPJ, actuellement, parce
qu'on a constaté ensemble qu'il y
avait des défis importants
en protection de la jeunesse et que notre système ne permettait pas
d'y répondre. Je pense que c'est un constat
qu'on doit faire en éducation aussi, et c'est le temps de se mettre au travail.
On a eu des états généraux en 1995, mais des états
généraux, c'est un groupe de travail. Les commissions d'enquête, elles, elles sont indépendantes
et elles sont moins soumises aux décisions politiques que les groupes de
travail. Et
c'est ça dont le Québec a besoin, en éducation, que les décisions ne soient pas
prises en fonction des sondages ou des élections
mais en fonction des objectifs qu'on veut atteindre, par exemple de permettre à
tous les enfants, peu importe leur
origine ou peu importe le revenu de leurs parents, de développer leur plein
potentiel grâce à notre système d'éducation, qui devrait être un
ascenseur social.
Donc, moi, je
pense qu'aujourd'hui, plus de 50 ans après le rapport Parent, un
gouvernement qui est sérieux dans son intention de faire de l'éducation
sa priorité a le devoir de lancer une commission d'enquête sur l'éducation. Et,
pour ça, ça nous prend un ministre qui va
avoir assez de leadership pour reconnaître les problèmes majeurs de notre
réseau et pour constater qu'on doit trouver les solutions à ces
problèmes-là tous ensemble comme société.
On parle
évidemment de problèmes qui sont causés en partie par le sous-financement de
l'austérité libérale mais qui sont aussi causés par le fait que la société a
changé, les familles ont changé, le marché du travail a changé, les enfants
ont changé et leurs besoins aussi ont
changé. Alors, notre système d'éducation doit changer aussi, y compris sa
gouvernance, comme se propose de
faire le gouvernement. Mais, si on est vraiment audacieux et qu'on accepte de
voir la réalité en face, on va
pousser la réflexion beaucoup plus loin et on va impliquer toute la société
québécoise, tous les citoyens, tous les spécialistes, tous les acteurs
du milieu de l'éducation dans cette réflexion, et ça, c'est une commission
d'enquête.
• (19 h 40) •
Rappelez-vous
comment le rapport Parent a été un point tournant dans l'histoire du Québec.
C'est un rapport qui a mené à la
création du ministère de l'Éducation. C'est un rapport qui nous a menés à instaurer
la scolarisation obligatoire jusqu'à
16 ans, qui nous a menés à créer les cégeps pour remplacer les collèges
qui étaient dirigés par des religieux. C'est la réforme qui nous a menés
à une formation plus poussée des enseignants. C'est la réforme qui a facilité
l'accès aux universités pour les Québécois
de toute appartenance sociale. Et rappelez-vous comment on est fiers de cette
réforme-là, et on est fiers parce que
c'était un projet collectif. Et moi, je ne sens pas ça, actuellement, avec la réforme
de la gouvernance proposée par le
ministre de l'Éducation. Je ne sens pas que le projet de loi n° 40, c'est
une réforme qui rassemble et qui nous rend fiers, qui rend fiers à la
fois les citoyens et les acteurs du milieu de l'éducation, parce que les gens
dans le réseau savent que ça va mal et que
la réforme de la gouvernance ne va pas régler ces problèmes-là. Ça va tellement
mal qu'il y a un sondage mené en 2018
sur la Rive-Sud de Montréal qui révélait que plus de la moitié des enseignants
ont été victimes de violence. On a
des écoles qui ont de la misère à trouver des directeurs parce que le climat de
travail est devenu très lourd, les
heures de travail sont vraiment inhumaines. On a un enseignant sur quatre qui
abandonne la profession dans les cinq premières années, après pourtant
avoir persévéré pour faire un bac de quatre ans, parce que les conditions
d'enseignement sont trop difficiles, et on a ceux qui restent qui tombent
régulièrement d'épuisement et qui sont complètement démotivés. On a de la misère, à chaque début
d'année scolaire, à trouver des enseignants pour toutes les classes. On
a des enfants qui vont à l'école dans des roulottes.
Le réseau de l'éducation, il est clairement en
crise, et le projet de loi n° 40 ne va absolument rien faire pour régler ça. Et c'est même possible d'envisager que ça va
envenimer la situation. Il y a même plus de 6 000 enseignants qui ont
envoyé une lettre au ministre, dans les dernières semaines, pour lui faire
savoir qu'ils se sentent trahis par ce projet de loi là. On a des groupes qui
dénoncent que ça va accentuer la marchandisation de l'éducation et la
ségrégation scolaire, alors que c'est
précisément ce qui gangrène notre réseau d'éducation publique en ce moment, et
c'est très problématique.
Moi, j'ai des
enfants dans le réseau d'éducation publique et j'ai beaucoup d'amis qui s'y
dédient corps et âme à chaque jour
parce qu'ils y travaillent. Je suis attachée à ce réseau-là malgré tous ses
problèmes et tous ses défauts, je veux qu'on
l'améliore, et j'aimerais avoir un ministre de l'Éducation qui a assez de
leadership pour rassembler les gens autour d'une vision commune de l'éducation, pas encore un ministre qui fait
comme les autres, qui arrive en pensant qu'il a toutes les solutions et
qui impose une réforme à la pièce. On en a déjà assez eu, des ministres comme
ça.
Et moi, je
pensais sincèrement que ce serait différent avec un ministre qui venait du
milieu, et jusqu'à maintenant je suis déçue, comme des milliers
d'enseignants, notamment les 6 000 qui lui ont écrit récemment pour lui
demander de reculer sur le projet de loi
n° 40, qui considèrent que c'est carrément une insulte. Mais il n'est pas
trop tard pour que le ministre de
l'Éducation change d'approche. Et, avec la motion de report déposée par ma collègue
de Mille-Îles, il se fait offrir
vraiment sur un plateau une occasion de montrer à tout le monde qu'il n'est pas
un ministre borné qui improvise ses réformes dans son coin et qui les impose
ensuite. Avec cette motion de report, le ministre a l'occasion de montrer qu'il
est à l'écoute, qu'il souhaite sincèrement améliorer le réseau de l'éducation
publique et surtout qu'il veut le faire en collaboration avec tous les partenaires du milieu de l'éducation, en les
mettant à contribution pour réfléchir à ce que ce sera, l'éducation, au Québec, pour les
50 prochaines années. Et j'aimerais ça que, dans 50 ans, on parle de
l'actuel ministre de l'Éducation
comme celui qui a eu l'audace et le leadership de rassembler tout le monde
autour d'un projet commun, pas comme
celui qui a aboli un palier de démocratie sans consulter, pas comme un ministre
qui a simplement ajouté son nom à la liste de ceux qui ont sorti des
réformes à la pièce de leur chapeau sans avoir l'appui du milieu.
Donc,
j'invite le ministre à y réfléchir, à s'élever au-dessus de la partisanerie et
l'idéologie, et à appuyer la motion de report,
et à utiliser les 12 prochains mois pour lancer une commission d'enquête
qui va se pencher sur tous les enjeux du réseau de l'éducation, y compris la gouvernance. Et, quand on aura le
fruit de cette commission d'enquête, quand on aura le rapport complet sur ce qui se passe dans nos
écoles et des recommandations d'experts, à ce moment-là, il sera assuré qu'il n'y aura pas de levée de boucliers contre
ses réformes, parce qu'elles vont être le fruit d'une réflexion à laquelle
toutes les personnes qui le souhaitent
auront pu contribuer. Et à ce moment-là on pourra être fiers de la réforme qui
va être proposée, et ça va favoriser son succès.
Ce report de
12 mois là, on en a besoin pour bien faire les choses, pour s'assurer que
les bons choix sont faits, qu'ils
vont vraiment bien répondre aux besoins des élèves et favoriser leur réussite.
Et je pense que, même en appuyant cette
motion de report là, en faisant cette commission d'enquête dans les
12 prochains mois, le ministre aura... le gouvernement aura encore
le temps de mettre en oeuvre les recommandations à l'intérieur de son mandat et
donc de respecter son engagement d'améliorer la
gouvernance scolaire. Et tout le monde en sortirait vraiment gagnant. Et le gouvernement aurait l'occasion de démontrer qu'il
a appris de ses erreurs des dernières semaines. C'est fondamental s'il veut garder la confiance de la population. Alors,
je l'invite à se saisir de cette occasion en appuyant la motion de report.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
nous poursuivons avec Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je suis heureuse d'intervenir à mon
tour sur la motion de report déposée il y a quelques heures par ma
collègue la députée de Mille-Îles.
Je pense qu'on est vraiment dans le fond des
choses, avec cette motion de report, parce que ça peut être vu... Évidemment, on a entendu le ministre, qui peut
qualifier ça de mesure dilatoire. Je pense qu'ici ça a vraiment tout son
sens parce qu'on a eu des dizaines de
personnes qui sont venues en commission parlementaire qui nous ont précisément
demandé de se donner un peu de temps, pas de
se donner trois ans, quatre ans, pas de dire qu'on reporte tout ça aux calendes
grecques, mais de se dire que c'est
tellement important, l'éducation, puis qu'on a un gouvernement qui a dit haut
et fort qu'il en faisait sa grande
priorité, qu'on devrait se donner le temps de faire les choses, pas pour
procrastiner, pas pour éviter le
changement, comme veut faire croire le ministre trop souvent, mais justement
pour faire les bons changements, les
changements en profondeur qui s'imposent, et donc de se donner les moyens
d'arriver à des réussites, des réussites sociales, en matière d'éducation, puis des réussites pour chacun des
enfants, qui vont bénéficier des jalons qu'on va poser tous ensemble, la classe politique, mais avec les
acteurs du milieu scolaire, avec les gens qui sont dédiés à la réussite, à l'épanouissement
de nos enfants, qui sont dédiés aussi à la valorisation de l'éducation, des
professions enseignantes, des professionnels dans nos écoles. Donc, on a
vraiment cette opportunité-là de bien faire les choses.
Donc, oui, on
comprend que le gouvernement a son agenda, qu'il veut accomplir un certain
nombre de réformes, mais je suis
certaine qu'ils veulent faire les bonnes réformes, qui vont donner les bons
résultats. Et des fois il faut se presser lentement. Et puis c'est assez... c'est quand même assez frappant, la
vitesse avec laquelle le ministre veut procéder. On a commencé les consultations publiques sur le projet de loi n° 40 concernant la gouvernance scolaire le
4 novembre. On a fait deux
petites semaines de consultation publique; en fait, sept jours. Il n'y a rien
d'excessif là-dedans pour un projet aussi substantiel, plus de
300 articles, 80 lois qui sont touchées dans notre corpus législatif.
Là, on fait l'adoption de principe, il va rester
deux semaines avant la fin de la session. Donc, on sait que le ministre
veut aller vite, mais j'espère qu'il
va quand même donner du temps. Et là on a l'opportunité, avec
cette motion-là, de dire : Reportons, pour justement se donner
collectivement du temps, parce que, quand on regarde l'agenda et le calendrier
qui se dessinent devant nous, avec le
ministre qui, lorsqu'il a déposé son projet de loi, a dit, et je pense qu'il y avait un peu de manque de
respect aussi de ses collègues parlementaires
et de l'institution : Le 29 février, bien, les commissaires
scolaires comme on les connaît, ils n'existeront plus, ces pouvoirs-là conférés
aux commissaires scolaires n'existeront plus... Donc, il a déposé en
octobre, on a commencé les auditions le
4 novembre, et puis il a dit dès ce moment-là : 29 février, ça
n'existera plus. Ce n'est pas extrêmement respectueux du processus parlementaire. Mais
je mets même ça de côté. Je pense que c'est complètement vouloir bulldozer et vouloir faire atterrir une
réforme substantielle dans un temps qui ne tient pas la route, qui crie et appelle à l'échec. Parce que je vous donne juste
quelques comparaisons. On a souvent parlé du collègue, l'ex-ministre de
la Santé, le député de La Pinière. Eh bien, je ne pensais pas que je ferais ces comparaisons-là, mais
imaginez-vous donc que, pour une de
ses réformes, six mois de travail législatif, et, pour une autre, presque un an. Puis là on
a le ministre de l'Éducation qui dit : Surtout, comparez-moi pas aux réformes de l'ex-ministre
de la Santé, ça n'a rien à voir. Bien, je vous dirais qu'effectivement il veut aller encore plus vite que l'ex-ministre de la Santé, avec sa
réforme de la gouvernance scolaire,
parce qu'il nous annonce que, le 29 février, les changements vont déjà
devoir être mis en place pour une partie puis le reste avant l'été
prochain.
Puis là on est dans un contexte où le gouvernement
met en place une autre réforme, sur laquelle on a passé des semaines et des
semaines de travaux, les maternelles quatre ans. Puis là on nous dit : On
va superposer ça, là, ces deux grandes
réformes là. Donc, on va tout brasser les structures puis en même temps on va
tout brasser notre organisation
scolaire pour créer des centaines et des
centaines de classes de maternelle
quatre ans. Je pense que le chaos est
vraiment annoncé. J'espère que ce ne sera pas le cas, mais
je pense qu'on est en train de mettre en place des éléments qui vont faire en sorte que, plutôt que de se donner les
conditions du succès, on se donne malheureusement les conditions pour assister à des échecs.
Donc, je ne comprends pas cette espèce de
volonté d'aller archivite. Surtout avec ce qu'on a vécu en matière d'immigration au cours des dernières semaines, je
pense que le gouvernement devrait se dire que peut-être
que c'est le temps de prendre un pas
de côté et de s'assurer que, quand on va faire une réforme, on va la faire
correctement, puis que ça va donner les résultats que l'on veut que ça
donne.
• (19 h 50) •
L'autre chose
qui est fascinante, c'est que, de tous les enjeux qu'on a en éducation en ce
moment, puis évidemment le plus important, c'est celui de la réussite
éducative des enfants, des élèves, des étudiants, au Québec,
bien, on décide de miser sur un débat de structures, puis ce n'est pas
inintéressant. Ça ne veut pas dire que, les structures, on ne peut
pas les améliorer, les rendre plus agiles,
faire que le bon niveau de décision ait vraiment les meilleurs
pouvoirs pour faire les bonnes choses en éducation. C'est juste qu'en ce
moment c'est ça qu'on met avant tout le reste.
Alors,
on a décidé, le gouvernement a décidé que c'était une réforme de structure
d'abord et avant tout. Beaucoup
de choses à dire là-dessus. Une réforme de structure... Puis j'entendais le
ministre, tantôt, dire : Ah oui! puis on va éliminer de la bureaucratie, puis
tout va mieux se faire, mais c'est drôle, hein, il tient ce discours-là parce
qu'on sait que c'est un discours, dans sa formation politique, qui est présent,
puis dans l'ancienne formation politique de l'ADQ qui était très présent, mais il n'y a aucune élimination de
bureaucratie, là. Ce qui est éliminé, c'est les commissaires scolaires. Mais,
quand vous demandez au ministre puis quand
vous demandez au sous-ministre — parce qu'on a eu aussi une audition à
la Commission de l'administration publique
jeudi dernier — combien
il va y avoir de postes de moins, est-ce qu'il y a des transferts de
postes, puisqu'on est supposé changer les étages de responsabilité entre les
écoles, l'étage intermédiaire qui vont
devenir de commissions scolaires à centres de services et l'étage supérieur du
ministère et du ministre, est-ce qu'il
va y avoir des jeux, est-ce qu'il va y avoir, donc, des transferts du nombre
d'effectifs, ah non! ça va rester comme c'est maintenant, même nombre d'effectifs, puis même nombre d'effectifs
à chaque palier. Ça fait que, quand on dit qu'on va éliminer de la bureaucratie puis qu'on en fait un gros argument, puis
comme si nous, là, on veut rester les deux pieds coulés dans le béton,
je trouve ça très surprenant quand le ministre lui-même dit que ce n'est pas
ça, l'objet de la loi. Puis je pense
effectivement que ce n'est pas ça puis je ne pense pas que ça devrait être ça.
Ça devrait être de vouloir favoriser la
réussite éducative des enfants. Alors, quand il sort ces arguments-là, je me
demande d'où il les sort, sur quelle base ça tient, si ce n'est qu'un
discours politique qui est un discours de sa formation politique depuis des
années.
L'autre
chose, c'est qu'il y a plein de questions qui se posent parce que, quand tu
brasses des structures, bien, ça devrait être pour gagner en efficacité.
Or, contrairement au discours qui est tenu par le ministre sur une supposée
décentralisation, bien, beaucoup de groupes sont venus nous dire que les
preuves sont beaucoup plus à l'effet qu'il va
y avoir une centralisation vers le ministre et le ministère, qui va avoir
effectivement de nombreux nouveaux pouvoirs. Puis ce n'est pas juste des gens corporatistes ou des syndicats qui
viennent dire ça au ministre, ou les commissions scolaires, c'est des groupes comme le Conseil supérieur de
l'éducation, qui a fait une belle page sur tout ce qui était centralisé puis
une autre page sur les deux petits
éléments de décentralisation dans l'ensemble de la loi. Puis il faut aussi
regarder les choses objectivement, avec des instances qui posent un
regard objectif et qui sont venues le dire. Donc, il ne faut pas non plus tenir des discours qui ne s'appuient pas sur
les faits et sur ce qui est écrit noir sur blanc dans le projet de loi, comme
de dire qu'il n'y a pas d'intention éventuellement de réduire les centres, et
tout ça, alors que le ministre se donne ces pouvoirs de décréter des fusions aussi d'établissements. Donc, ça, c'est
un enjeu réel, entre le discours du gouvernement et ce que l'on retrouve dans le projet de loi, qui est contesté par
énormément d'experts et de groupes qu'on a entendus.
L'autre
chose qui est très préoccupante, au-delà de ne pas être sur la bonne priorité
et de faire en sorte que tout un
réseau et tout un milieu scolaire... Tout le milieu de l'éducation, là, va être
concentré pendant des mois, des années à absorber ces changements-là de structure, à créer les conseils
d'administration, à essayer de revoir les pouvoirs qui vont arriver au niveau des conseils d'administration,
les pouvoirs qui vont maintenant être gérés par le ministre, qu'est-ce que le
ministre, le ministère va demander, comment on réagit à ça. Les écoles, les
écoles, qui sont supposées avoir plus de pouvoirs, mais, quand on demande aux directeurs, aux deux associations
de directeurs quels sont leurs
nouveaux pouvoirs, les deux nous
disent qu'ils ne sont pas capables de nous nommer un nouveau pouvoir. Puis ça,
c'est sans compter tout ce qui n'apparaît
pas dans le discours public, l'idée que les territoires... On met fin à l'idée
de territoire dans la loi. Donc, les parents vont pouvoir carrément
magasiner leur école, avec tous les enjeux que ça comporte en termes d'égalité
des chances, en termes de milieux
défavorisés qui peuvent devenir encore plus défavorisés, moins de mixité
sociale, alors qu'on sait que c'est ce qui aide les enfants, d'être dans
un contexte de mixité sociale. Il y a beaucoup de textes très intéressants qui
se sont écrits au cours des derniers jours, j'imagine que je pourrai y revenir.
Il y a plein d'éléments, l'élément de la formation qui concerne les
professeurs, la question des notes, énormément d'enjeux.
Donc,
je pense qu'on prendrait tous avantage à faire un pas de côté et se donner le
temps de faire le vrai débat de société sur l'éducation et de revenir
ensuite. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le ministre délégué à la Transformation numérique
gouvernementale.
M.
Éric Caire
M.
Caire :
Merci, Mme la Présidente. Pour combien de temps, si je peux me permettre?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Pour... Oui. Pour, en fait, 47 min 10 s
précisément.
M.
Caire :
On va faire ça vite, Mme la Présidente.
Mme la Présidente, je suis évidemment sans voix de voir les collègues de l'opposition
nous faire vivre ce que moi, je vais
appeler le jour de la marmotte. À toutes les fois que notre gouvernement dépose un projet de loi qui va dans le sens de ce qu'on a mis dans notre
plateforme électorale, sur laquelle on a fait ce que ma collègue a appelé un
débat de société... Parce que,
dans mon livre à moi, une campagne électorale, c'est l'ultime débat de société.
C'est là où sur la place publique tout le monde dit ce qu'il va faire et laisse la population trancher sur qui a
le meilleur programme. Moi, pour moi,
c'est ça, une élection. C'est ça, une élection. Et donc je pense, Mme la Présidente, que le débat de société, il a été fait pas si pire.
Mais,
ceci étant, ceci étant, Mme la
Présidente, je pense qu'un petit peu
d'histoire, ici, ne ferait pas de tort. Parce qu'on nous dit : Il faudrait reporter ce débat-là
de 12 mois. C'est ça, la motion, c'est de dire : Ce qu'on fait maintenant,
faisons-le dans 12 mois. Ça, c'est la
devise des oppositions. Nous, on n'est pas nécessairement dans cette
logique-là, et je vais vous expliquer pourquoi.
D'abord,
Mme la Présidente, on a fait référence, du côté des collègues, à
l'ADQ, dont j'ai été un élu. Mais mieux que ça, Mme la Présidente, parce
que je vais vous ramener en 2006,
2006, moment dans un congrès de l'ADQ où pour la première
fois abolir les commissions scolaires a été proposé par un parti politique. Je
le sais, Mme la Présidente, j'ai déposé
cette motion-là au congrès de l'ADQ. Eh oui! Eh oui, Mme la Présidente! Bien, je n'étais pas... j'ai déposé la motion, mais nous étions plusieurs à soutenir cette
idée-là et... évidemment plusieurs, puisque cette proposition a été adoptée par
les militants de l'ADQ, d'abord.
Pourquoi,
Mme la Présidente? Pourquoi? Pourquoi cette motion-là a été adoptée
? Parce que depuis des années et des années le lait que je mets dans mon café est plus riche que le
nombre de participants aux élections scolaires. Et là, depuis le début, j'entends parler de démocratie
scolaire, de paliers de gouvernement. Tu te dis : Ayoye! Mme la Présidente, il n'y a personne au Québec qui connaît le nom de son commissaire scolaire,
mais le commissaire scolaire, lui, connaît
le nom et le prénom de chacun de ses électeurs. Comprenez-vous? Il n'a pas
besoin de faire le pointage, ils sont tous dans sa famille. Alors, ça,
on appelle ça un gouvernement? Ayoye! Bien non, Mme la Présidente.
Alors,
ça, c'est une situation qui a été constatée il y a
très longtemps. Le désintéressement total, absolu, sans appel
de la population du Québec
envers le conseil des commissaires, il a été constaté il y a
très longtemps par nous, pas par tout le monde mais par nous.
Alors, Mme la
Présidente, oui, nous avons proposé l'abolition des commissions scolaires sur
la base de cet élément-là. Pas juste cet
élément-là, il y en aura d'autres, mais, comme j'ai un petit peu de temps, je
vais me permettre d'élaborer.
Est
arrivée la fusion avec la Coalition
avenir Québec. Cette idée-là, elle a
été reprise, donc elle a été intégrée au programme de la Coalition avenir Québec. Et, dans mon souvenir, là, on a fait l'élection
de 2012 en en parlant, l'élection de 2014
en en parlant puis l'élection de 2018 en en parlant. Donc, on n'a pas caché ça,
là. Ce n'est pas un élément qui a été occulté, écrit en braille à la
page 18. C'était un élément-phare et, je dirais même, un élément fort de
notre programme depuis la fondation de la Coalition avenir Québec.
Donc, quiconque
soutient la Coalition avenir Québec sait pertinemment, savait pertinemment
quelle était l'intention de ce gouvernement au regard des commissions
scolaires. Alors, encore là, on ne
peut pas évoquer le fait que ce n'était pas su et il y aurait pertinence
d'en parler.
• (20 heures) •
Et
là ma collègue de Joliette, tantôt, faisait des liens avec les réformes du
député de La Pinière. Il n'y en a pas à faire. Il n'y en a pas à faire pour une raison fort simple, c'est que
les réformes du député de La Pinière n'ont jamais été ni annoncées ni débattues en campagne électorale. Ça,
c'est les choses qu'on apprenait après l'élection. Ça, c'est la surprise,
là, vous savez, le petit papier qu'on sort
de la mallette : Ah! coucou! On va faire ça. Parce que,
pendant la campagne électorale,
pas un mot.
Alors,
je pense que mon collègue le ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur va être d'accord avec moi
pour dire qu'on n'a jamais vraiment fait de cachettes sur nos intentions
là-dessus, ça a toujours été assez clair : abolition des élections scolaires, des conseils des commissaires,
création des centres de services. Cette promesse-là, elle a été annoncée à de multiples reprises, elle a été
expliquée à de multiples reprises par mon collègue maintenant ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Pourquoi
je vous dis ça, Mme la Présidente? Parce que moi, j'ai entendu la nomenclature
des opposants — puis
ça aussi, j'y reviendrai — mais je n'ai entendu personne dire :
Vox populi, vox Dei. Ça se dit, ça : Vox populi, vox Dei. Ce gouvernement a été élu en disant : Si nous
sommes élus, nous allons mettre fin aux élections scolaires, nous allons
abolir les élections scolaires et nous allons les remplacer par des centres de
services.
Là,
j'entends mes collègues en face proposer, qui des commissions d'enquête, qui
des reports de 12 mois, qui des je ne sais pas trop quoi, là, des grands
débats de société, mais je n'entends personne dire de l'autre côté : Vous
avez fait, la Coalition avenir
Québec, de cet enjeu-là un élément en campagne électorale, vous avez, pendant
la campagne électorale, parlé de
votre intention de le faire et aujourd'hui vous avez dit ce que vous feriez et
vous ne faites que ce que vous avez dit
que vous feriez. Je n'entends pas ça. Pourtant, Mme la Présidente, jusqu'à
preuve du contraire, il y a encore 75 députés de la Coalition avenir
Québec en cette Chambre. Ça doit vouloir dire quelque chose. Ces gens-là, ces
femmes et ces hommes, ils ont été
élus sur la base de quelque chose. Ma prétention à moi, c'est que nous avons
été élus sur la base de notre programme électoral.
Alors
là, de quel débat on parle exactement, Mme la Présidente, quand on nous demande
un grand débat de société puis des experts? Le citoyen s'est exprimé.
Est-ce que ça a encore une valeur, ça? Est-ce que ça veut encore dire quelque chose quand les gens écoutent les
campagnes électorales, lisent les programmes, font un choix démocratique en
appuyant un député et... un candidat, je devrais dire, et donc le
programme qu'il défend? Est-ce que ça veut encore dire quelque chose? Parce que, Mme la Présidente, dans ma carrière de
député, là, puis je suis dans ma 13e année, jamais je n'ai vu autant de demandes de report, de débat de
fin de... d'ajournement de débat, nommez-les tous, là, tous, tous, tous,
sur quoi, Mme la Présidente?, sur des
éléments qui ont fait l'objet d'un programme électoral supporté par la
population du Québec. À un moment
donné, là, quand on est un élu, quand on est un élu, il faut prendre acte du
choix de la population, je pense. Je
le pense sincèrement, Mme la Présidente.
Alors,
je ne convaincrai pas ma collègue de Joliette que d'abolir les commissions
scolaires, les élections scolaires, c'est une bonne chose. Elle est
cohérente. Elle a toujours été contre ça. Elle s'est toujours opposée à ça.
Elle continue à s'opposer à ça. Par contre,
je lui demande, en tout respect, je lui demande de respecter le choix de la
population parce qu'il m'apparaît que c'est le devoir premier d'un élu.
Probablement
que je ne convaincrai pas non plus ma collègue du deuxième groupe d'opposition.
Je ne connais pas ses positions
passées, mais j'imagine qu'elle n'a jamais été une grande fan de l'abolition
des commissions scolaires, ce serait plutôt antinomique de ce que Québec
solidaire propose de façon générale, mais je vais lui faire le même commentaire. La population a tranché, le
gouvernement de la CAQ a été élu, nous avons dit ce que nous ferions et nous
faisons ce que nous avons dit. Ça, je pense qu'il faut avoir du respect pour
ça.
Du
côté du Parti libéral maintenant. Là, c'est moins clair. Là, le cheminement, il
est plus slalom, hein? Parce qu'il fut un temps où on défendait les
commissions scolaires. Il fut un temps, et je m'en souviens fort bien, où
l'ancien premier ministre du Québec,
Philippe Couillard, a dit, je ne le cite pas au mot, là, mais je pense que je
respecte pas mal l'esprit de ce qu'il a dit, en parlant de la dernière
élection scolaire... demandez-moi pas la date, Mme la Présidente. Compte tenu de mon intérêt pour la chose, j'ai un
peu oublié. Mais, ceci étant, il a dit : Cette élection-là, les citoyens du Québec devront démontrer leur
attachement aux commissions scolaires, et, si le taux de participation est
faible, bien, il faudra en prendre acte. Je
ne le cite pas au mot, là, mais je
pense que je respecte pas mal
l'esprit de ce qu'il a dit. Je
pense que je respecte pas mal l'esprit de ce qu'il a dit.
En bon français,
que nous disait l'ancien premier
ministre du Québec,
Philippe Couillard, chef du Parti
libéral, la dernière élection
scolaire, soit une élection référendaire? Voulez-vous, oui ou non... Là, je
vois ma collègue de Saint-Laurent qui me regarde. Oui, oui, vous ferez vos
recherches, Mme la députée... excusez-moi, Mme la Présidente, ma collègue fera ses recherches. Je ne suis pas en train
d'inventer un événement, là. Il
y a suffisamment de preuves
tangibles de ça, elle va très certainement retrouver les traces de ce
que je suis en train de lui dire.
Alors, on
peut très bien comprendre que le premier ministre invitait la population
à manifester son soutien aux commissions
scolaires, mettant en jeu la survie,
l'existence des commissions scolaires. Le premier
ministre du Québec,
ce n'est pas rien, là.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant, je vais vous donner...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant! Est-ce que vous avez une question de règlement?
Mme Rizqy :
...débat. Il sait pertinemment qu'il cite hors contexte un premier ministre et
qu'au même moment c'était la Coalition avenir Québec qui demandait aux
gens de rester à la maison et de ne pas aller voter.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mais alors ce n'est pas une
question de règlement. Vous pouvez poursuivre, M. le député.
M.
Caire : Ça, c'est
comme le Flex-O-Flex, là : Là où ça fait mal, tu sais. Alors, Mme la
Présidente, donc, le premier ministre du Québec mettait l'existence des
commissions scolaires en jeu. Je reconnais...
(Interruption)
M.
Caire :
Oui, on m'amène des articles de journaux, mais, comme ce n'est pas didactique,
Mme la Présidente... De toute façon,
je connais ma collègue de Saint-Laurent, je sais qu'elle est tout à fait
capable de retrouver des exemples de ça.
Mais, ceci
étant dit, ceci étant dit... parce que, quand même, restons sur le débat. Et
donc le premier ministre du Québec
met en jeu l'existence des commissions scolaires. Et là tous les Québécois, au
bout de leur chaise, attendent de voir : Mais quel sera le résultat des
élections?, pour se rendre compte que les Québécois, ils n'étaient pas au bout
de leur chaise pantoute. Ils avaient bien d'autres choses à faire que
d'aller voter aux élections scolaires.
Une élection
scolaire francophone, Mme la Présidente, peut-être que M. le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur me corrigera si je me trompe, mais on est à peu près à 4 % chez
les francophones. 4 %, là, ça, c'est un rendement cheap sur vos REER, on
s'entend? Mettons que la Caisse de dépôt et de placement nous fait du 4 %,
là, on est tristes collectivement. Bien, ça,
c'est le taux de participation aux élections scolaires. Moi, je suis un
commissaire scolaire puis je m'en
viens prendre des décisions majeures, majeures, dans le réseau de
l'enseignement, des décisions qui ont
un impact sur l'avenir de nos enfants, fort de cette légitimité du fait que mon
beau-frère puis ma belle-soeur ont voté pour moi. Ayoye! Puis là on parle de
démocratie scolaire? Voyons donc!
Mme la
Présidente, je pense qu'aujourd'hui on a une belle démonstration d'une certaine
incohérence. Je m'explique. Fort de
ce résultat... que je ne peux même pas qualifier d'anémique parce que c'est
moins qu'anémique, comprenez-vous? À
4 %, là, c'est ridicule. 5 %, Mme la Présidente, je suis prêt à
concéder 1 % de plus à la députée de Saint-Laurent. Passer de
4 % à 5 %, là, c'est tout qu'un step.
D'ailleurs,
c'est tellement vrai... puis là je fais juste une petite parenthèse. De toute
façon, j'ai un petit peu de temps. Savez-vous ça a été quoi, la grande idée des
commissions scolaires puis de la Fédération des commissions scolaires
pour essayer de cacher leur pathétique
résultat? Mais je le dis dans un contexte où c'est permis, Mme la Présidente,
puisque je n'impute pas de motif à
personne ici, personne de cette Assemblée, puis, que je sache, les
commissaires, je veux dire, ils ont
de la misère à siéger sur le conseil des commissaires, je ne vois pas pourquoi
ils siégeraient à l'Assemblée. Mais, ceci étant dit, savez-vous ça a été
quoi, la grande idée? Ils ont dit : On va fusionner ça avec les élections
municipales.
• (20 h 10) •
Savez-vous,
Mme la Présidente, ce qu'est un bernard-l'ermite? Bien, imaginez-vous un
commissaire scolaire, là, qui vient
se rentrer dans la coquille des élections municipales pour essayer qu'on ne
voit pas à quel point les gens sont totalement
désintéressés de leur existence. Ça fait que, là, on va superposer les élections municipales pour faire
semblant qu'on
a commencé à pogner. Bien non, bien non. Vous allez juste semer plus de
confusion, c'est tout. Puis déjà qu'ils en sèment pas pire, là, ils n'avaient
pas besoin de ça. Ah! ça, c'était la grande idée qui a été balayée du revers de
la main, heureusement, heureusement.
Puis ça, je vais le donner à nos prédécesseurs, ils n'avaient pas retenu la
suggestion parce qu'ils l'avaient, j'ose espérer, trouvée tout aussi
saugrenue que nous.
Maintenant,
le résultat est tombé, les élections scolaires sont faites : 4 %. Ah! là, le premier ministre, il est mal
pris, là, parce qu'il en a fait une question référendaire puis les gens ont
parlé. 96 %... 95 % de la population est restée chez eux.
Quand 95 % de la population vous dit : Cette structure, nous n'en
voulons plus, bien, un gouvernement qui est à l'écoute,
parce qu'on a beaucoup parlé d'écouter du côté des oppositions, c'était très
important qu'on soit à l'écoute, il faut écouter, un gouvernement à l'écoute,
bien, quand 95 % de la population vous envoie un message, il me semble que
ça aussi, ça mérite d'être à l'écoute.
Alors, woups!
que fait le premier ministre du Québec de l'époque? Il mandate son ministre de
l'Éducation pour procéder à une
réforme, M. François Blais, procéder à une réforme dont l'objectif est quoi?
D'abolir les commissions scolaires. Le peuple a parlé. Vox populi, vox
Dei.
Alors là, on
nous dépose un projet de loi dont l'essentiel, encore là mon collègue me
corrigera si je me trompe, mais dont
l'essentiel avait comme finalité d'abolir les commissions scolaires, de
réformer ce palier de gouvernance comme les collègues se plaisent à l'appeler. Joie! Espoir! Enfin! Se
pourrait-il que le Parti libéral ait vu la lumière au bout du tunnel et
que ce ne soit pas un train qui arrive en sens inverse?
Bien, Mme la
Présidente, coup de théâtre, les mêmes, les mêmes groupes qui, aujourd'hui,
montent aux barricades, devinez ce
qu'ils ont fait? Ils ont fait ce qu'ils font de mieux. Ils ont prêché le statu
quo. Ils ont mis toute leur organisation au service de quoi? De leur propre existence. Et là ça a commencé.
Conseil général du Parti libéral, ça brasse. Les gens ne sont pas contents. Les militants ne sont plus
contents, les lobbys se font entendre, les groupes de pression font reculer
le gouvernement libéral. Nouveau ministre de
l'Éducation, M. Sébastien
Proulx. Et ça, là, ça, ça a été le grand paradoxe, parce que mes
collègues ont fait référence à l'ADQ, puis je vais vous rappeler un petit événement
historique.
26 mars
2007, qu'est-ce qui se passe? Moi, je suis élu député de La Peltrie, Sébastien Proulx est élu député de Trois-Rivières. Pour quelle
formation politique, Mme la
Présidente? Eh bien, oui, l'ADQ. Que
prônait Sébastien Proulx? L'abolition
des commissions scolaires. On a même fait une motion de défiance du gouvernement libéral sur le fait que, dans
les réformes en éducation, on n'abolissait pas les commissions scolaires. Fiez-vous sur moi, je m'en souviens, de
celle-là. Présentée par qui? Le leader de l'opposition officielle, qui était
qui? Sébastien Proulx.
Alors, il est
maintenant ministre
de l'Éducation et, croyez-le ou non,
change le projet de loi, plie devant les lobbys, recule devant la pression de ceux qui, encore aujourd'hui, montent aux barricades, et on ne touche pas aux commissions scolaires, nonobstant le fait que le premier ministre du Québec de l'époque, Philippe Couillard, avait mis cette
question-là en jeu, avait fait de
cette élection scolaire là un enjeu sur l'existence des commissions scolaires, nonobstant le fait que 95 %
de la population était restée chez elle, signifiant ainsi au même premier
ministre qu'elle souhaitait l'abolition de cette structure-là, les gens
qui, aujourd'hui, réclament qu'on écoute ont dit non parce que les lobbys se
font entendre, parce que la pression se fait
sentir, parce que, là, on va calmer le jeu et on a demandé à quelqu'un qui
était prêt à faire tomber un gouvernement sur l'abolition des
commissions scolaires de les garder vivantes.
C'est
important, Mme la Présidente, c'est important de savoir ça parce
qu'aujourd'hui, là, on tente de nous donner des leçons de démocratie, de
cohérence, d'écoute, de pertinence, de toutes sortes d'affaires. Mais il faut
savoir qui sont ceux qui nous donnent ces leçons-là. Qu'ont-ils fait?
Comment ont-ils réagi devant la pression? Ont-ils écouté la population qui a parlé haut et fort? Écoutent-ils
encore cette même population qui a élu un gouvernement majoritaire de la Coalition avenir Québec, dont une des promesses
phares, c'est ce que le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur est en train de faire?
Non. On va prendre une motion de report. O.K. On
va prendre un autre 12 mois. Puis je vous l'ai dit, Mme la Présidente, 2006, première fois qu'on amène ça
dans l'espace public, 2006. On est en 2019. Je ne suis pas fort en math, mais ça fait 13 ans. 13 ans qu'on en
parle. Ça fait 13 ans qu'on en débat. Ça fait 13 ans que les mêmes
opposants s'opposent. Puis les opposants
qui s'opposent aujourd'hui sont ceux qui s'opposaient hier et qui s'opposeront
demain. Bien oui. Bien oui, ils
s'opposent. Bien oui. Mais aujourd'hui la population, qui, à 95 %, a
tourné le dos aux commissions scolaires, a donné un mandat assez clair à ce
gouvernement, pour avoir dit ce qu'il ferait, de faire ce qu'il a dit. Et c'est
exactement ce que le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur est en train de faire.
Donc, moi,
quand on me dit... quand on parle de bulldozer, quand on parle d'aller trop
vite, de précipitation, bien, 13 ans de débats, là, si tu n'as pas
encore eu le temps de te faire une tête, là, ce n'est pas 12 mois qui va
changer quelque chose. D'après moi, là, 12 mois de plus, ça ne changera
rien. Ça fait 13 ans qu'on en parle. L'idée n'est pas pire faite. Là, on va dire : Ah! voilà, le
député de La Peltrie dit que l'idée est faite puis que le gouvernement ne
changera pas d'idée. C'est parce
qu'on l'a mis dans notre programme. On y a pensé avant, là. Alors, ce que le
ministre est en train de faire, c'est ce qu'on a dit qu'on ferait.
Autre
élément. On nous dit... On nous parle de débat de structures parce que, pour
les oppositions, ce que mon collègue de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur est en train de faire, c'est un débat de structures. On fait juste brasser
des structures. Puis on nous a dit : Ça n'aura pas vraiment d'impact parce
que, tu sais, vous ne mettrez pas personne
dehors, comme si c'était un péché capital de penser que les ressources sont
importantes, mais qu'elles peuvent juste être mal gouvernées. En tout
cas, ça, c'est... Mais c'est juste un débat de structures.
Mme la
Présidente, puis je suis convaincu que tous les collègues pourraient avoir des
exemples, pour avoir vu comment ça se passe dans un conseil des
commissaires, pour avoir vu comment les décisions se prennent ou ne se prennent pas surtout, pour avoir vu comment tout
ça, ça travaille et surtout l'impact que les commissions scolaires peuvent
avoir sur le terrain, comment ils peuvent être loin de la réalité des écoles,
comment ils peuvent être loin de la réalité des élèves, comment ils peuvent être loin des
vraies solutions, ce n'est pas un débat de structures. C'est de donner au
réseau de l'éducation les bons
pouvoirs, aux bons niveaux, aux bonnes personnes. C'est ça que le ministre est
en train de faire.
• (20 h 20) •
Et là
j'entendais ma collègue dire : Mon Dieu! J'étais emballée de voir
quelqu'un de l'éducation arriver au poste de ministre parce qu'enfin il y a de l'espoir. Bien oui, il y a de
l'espoir. Je comprends donc! Je regarde aller le collègue depuis le
début, là. La ligne est claire, puis ça avance. Bien oui, ça avance. Ça avance
sur les maternelles quatre ans. Encore là,
s'il y a quelqu'un dans l'univers qui est surpris que la CAQ mette de l'avant
les maternelles quatre ans, il a manqué une belle game, là. Puis là il va de
l'avant avec cette autre promesse phare en éducation, de revoir la gouvernance, de s'assurer que les bons pouvoirs
sont aux bons niveaux, assumés par les bonnes
personnes. C'est ça qu'il est en train de faire. Et ça, ce n'est pas le conseil
des commissaires. Ça, ça exclut les élections scolaires. Ça, on l'a dit à de
très, très, très nombreuses reprises.
Alors, ce
n'est pas un débat de structures, Mme la Présidente, c'est la mise en place des
différents éléments d'un plan de
réforme majeure en éducation. Le ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur n'est pas juste en train d'abolir
les élections scolaires puis de mettre en place les centres de services. Il est
en train de faire bien d'autres choses. Et c'est la continuité de tout
ça qu'il faut regarder, Mme la Présidente.
Alors, quand
j'entends les collègues dire : Il
y a tellement d'autres priorités en
éducation, bien, je m'excuse, là, mais le ministre de l'Éducation vient
dégager une quarantaine de millions de dollars, à peu près. Oui,
40 millions. Puis ça, ce n'est rien. Ça, c'est juste un débat de
structures.
Allez demander à ceux qui ont besoin
d'orthopédagogues, d'orthophonistes, de travailleuses en éducation spécialisée, allez leur demander si
40 millions, ils le mettent sur un conseil des commissaires ou sur des
professionnels, des services aux élèves. Allez leur poser la question. Parce que c'est ça, là, c'est ça. Ce
40 millions là, il sert à un conseil des commissaires élu par à peu près personne, désiré par à peu près
personne, à l'exception notable de ceux qui sont venus nous dire que c'était
bien, bien bon, les commissions scolaires, que c'était bien, bien, bien utile
puis que ça nous prenait ça absolument.
Allez leur
demander si ce 40 millions là, à ceux qui sont sur une liste d'attente, en
espérant qu'il y en ait de moins en moins, et je suis confiant qu'il y en aura
de moins en moins avec des mesures comme on est en train de mettre en place... Allez demander aux parents des enfants
qui ne sont pas diagnostiqués à temps parce que les services ne sont pas là.
Expérience
toute personnelle, Mme la Présidente, pour mon fils, qui se fait dire : Je
peux faire une évaluation, mais je ne
fais pas de suivi parce que je suis à l'école une demi-journée sur six.
Demandez-moi de quoi j'avais besoin, moi.
Demandez à mon fils de quoi il avait besoin. D'un commissaire scolaire qui va
lire sa pile de documents cinq minutes avant
son conseil puis qui ne s'en souviendra pas cinq minutes après ou d'un
psychologue? Débat de structures? Oui, c'est ça, Mme la Présidente,
débat de structures.
Et ça, c'est
sans compter les gains d'efficacité parce que ça, on n'en parle pas non plus.
On n'en parle pas parce qu'une bonne structure de gouvernance, oui, ça
peut libérer des fonds, mais ça améliore l'efficacité.
Ce que le
ministre est en train de faire, c'est de ramener les décisions au bon niveau
par les bonnes personnes. Le résultat des courses : ceux qui savent
de quoi ils parlent vont parler et vont parler aux bonnes instances pour
prendre les bonnes décisions. Combien de
décisions, de mauvaises décisions, de décisions retardées, de projets mal
préparés ont été l'apanage des commissions scolaires? On ne peut pas faire le
recensement de ça. Moi, je peux vous dire que, dans ma propre
circonscription, je pourrais vous faire une liste assez exhaustive.
Si ça avait
été... Si ces décisions-là avaient été prises au bon niveau au bon moment en
tenant compte des bons paramètres, la bonne décision aurait été prise. C'est
ça, la réforme que le ministre est en train de mettre en place, c'est de
s'assurer que ceux qui parlent savent puis que ceux qui ne savent pas ne
parlent pas.
Alors, c'est à ça, Mme la Présidente, que les
oppositions nous convient, de retarder le tout de 12 mois. C'est à ce plan-là que les collègues de l'opposition
nous disent : Il faudrait prendre 12 mois de plus pour y penser.
Bien, je reviens à ce que je disais
tout à l'heure. Moi, dans 12 mois, puis je ne veux pas lui prêter
d'intention, mais j'ai un doute, je suis habité par un doute que ma
collègue de Joliette va devenir une proabolition des commissions scolaires.
Puis, encore une fois, loin de moi l'idée de faire dire quoi que ce
soit à ma collègue du deuxième
groupe d'opposition, mais je ne suis
pas convaincu que 12 mois de plus vont nous permettre de la convaincre
qu'il faut abolir ce palier de gouvernance là, même chose pour ma collègue de Saint-Laurent. Je respecte infiniment
leur opinion et j'ose croire qu'elles font la même chose de notre côté parce que moi, je pense
fondamentalement que cette réforme-là, elle aurait dû être faite au moment
où le premier ministre a mis l'existence...
le premier ministre M. Couillard, pour être bien sûr de quel premier
ministre on parle, hein, qu'il n'y
ait pas de confusion dans les genres, a mis l'existence des commissions
scolaires sur la table, que la population lui a répondu clairement,
clairement, et qu'il a cédé aux lobbys.
Que ceux qui, aujourd'hui...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée de Saint-Laurent,
juste par mesure... Mme la députée, juste... Attendez que je vous donne la parole avant de commencer parce que, dès
que je suis debout, on ne vous entend pas parler au micro. Alors, je
vais m'asseoir, vous allez pouvoir faire une question de règlement. Allez-y.
Mme Rizqy : Écoutez, on en a
laissé passer plusieurs parce que je sais qu'il a des envolées lyriques, c'est
la première occasion qu'il peut vraiment parler longuement sur son initiative
lorsqu'il était, à l'époque, de l'ADQ, je comprends
tout ça. Maintenant, est-ce qu'il peut arrêter d'induire la Chambre en erreur?
Parce qu'en aucun cas il n'y avait un vote référendaire, en 2014, sur l'abolition des
commissions scolaires. Alors, maintenant, est-ce que... S'il veut parler
d'abolition, moi, je me rappelle que, dans l'ADQ, il y avait aussi...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Est-ce que vous avez une question de règlement?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon, là, je vais vous inviter à la
prudence dans le choix de vos mots, mais chacun a droit à son opinion. Alors, nous sommes ici pour faire un débat
d'idées. Chacun a droit à son opinion, mais je vous rappelle de faire
juste attention aux propos que... aux mots que vous utilisez. Vous pouvez
poursuivre.
M.
Caire : ...Mme la
Présidente, puis je vais faire un rappel aux règlements. Il n'y a qu'une seule
façon de mettre en cause la conduite d'un
député en cette Chambre, c'est par une violation de droit ou de privilège. Ma
collègue vient de dire que
j'induisais la Chambre en erreur. Elle a deux choix : elle fait une
violation de droit ou de privilège ou elle retire ses paroles.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant, Mme la députée de Saint-Laurent! Alors, pour le bon fonctionnement de la Chambre, je vous invite à
poursuivre. Tout allait bien, là. Alors, je vous invite à poursuivre, mais
faites attention. Et je vous rappelle que, lorsque vous vous levez pour
interrompre un député qui a la parole, parce qu'il
y a une personne, en cette Chambre, qui a la parole à la fois, alors, lorsque
vous vous levez, vous devez m'indiquer une
question de règlement. Si vous n'avez pas de question de règlement, bien, je
vous invite à rester assis, et on va poursuivre le débat. Allez-y, M. le
député.
M.
Caire : Bien, Mme
la Présidente, j'ai une question de directive à ce moment-là parce que le
règlement est clair. Le règlement est clair,
Mme la Présidente. Non, je suis désolé, le règlement est clair. La seule façon
de mettre en cause la conduite d'un député, c'est par une violation de
droit ou de privilège. La collègue a dit que j'avais induit la Chambre en erreur, elle met en cause ma conduite.
Donc, elle a deux choix : elle le fait par une violation de droit ou de
privilège ou elle se lève et elle retire ses
propos, Mme la Présidente. Là, j'essaie juste de comprendre votre décision, là.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : En effet, on ne peut pas laisser
entendre qu'un député met la Chambre en erreur. Alors, je vous demande
de retirer vos propos. Et soyez prudente. Tout allait bien dans le débat, alors
on va le poursuivre. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Je comprends que mon collègue a eu plusieurs envolées lyriques tout au long de
ce débat et que c'est quelque chose qu'il à coeur...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...ce que je vous demande,
Mme la députée de Saint-Laurent... Ce n'est pas un débat qu'on fait
ici, là, il faut laisser le député finir son...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Il faut laisser le député finir. Ce
que je vous demande... On ne peut pas dire qu'un député met la Chambre... à
insinuer qu'un député met la Chambre en erreur. Je vous demanderais de retirer
vos propos, et on va poursuivre le débat.
Mme Rizqy : Qu'il nous démontre où et quand qu'il y a eu une
question référendaire en 2014 sur les commissions...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Non! Ici, là... Écoutez, là, on
n'est pas ici pour ça. Là, je vous demande de retirer vos propos, s'il
vous plaît, Mme la députée, je vous le demande pour une deuxième fois.
Mme Rizqy : Je vais retirer mes
propos, en espérant qu'il sera prudent.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Veuillez poursuivre, M. le député de La Peltrie.
• (20 h 30) •
M.
Caire : Merci, Mme la Présidente, avec grand plaisir, mais
je suis l'incarnation de la prudence, Mme la Présidente, aucun doute. Mais je dois dire que... Je vais
donner le bénéfice du doute à ma
collègue. Elle dit : Non, non, non. Quand je dis qu'ils ont cédé
aux lobbys, elle dit : Ce n'est pas vrai. Parfait. Mais le fait est, le
fait est qu'il y a eu, en cette Chambre,
déposé par François Blais, ministre
de l'Éducation du précédent gouvernement libéral, un projet de loi qui avait pour objet d'abolir les commissions
scolaires. Le fait est que Sébastien
Proulx, nouvellement élu, est devenu ministre
de l'Éducation. Et le fait est que ce même Sébastien Proulx a
modifié le projet de loi pour ne plus abolir les commissions scolaires. Et le fait est que
la première mouture du projet de loi faisait écho à une déclaration du premier
ministre du Québec — qui
est amplement documentée, là, parce que c'est dans l'espace public — sur
le fait que les élections scolaires seraient... il n'a
pas utilisé le mot «référendaire», ça, il n'a pas dit ça, mais il a parlé du
fait que les élections scolaires seraient
une occasion pour le peuple de témoigner de son attachement aux commissions
scolaires. Ça, ce sont des faits. C'est factuel. Ce que je dis, là,
c'est factuel.
Donc,
maintenant, peut-être un jour aurons-nous l'explication de ce qui s'est passé
entre le moment où le projet de loi a
été déposé pour abolir les commissions scolaires et où ce projet de loi là,
suite à un nouveau ministre, a été modifié pour ne plus les abolir. Peut-être pourrons-nous avoir le compte-rendu
des discussions qui ont eu lieu sur le sujet pour comprendre la pensée profonde qui animait le
gouvernement à ce moment-là. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ce
n'est pas un gouvernement qui avait une trajectoire en ligne droite. Ça, je
pense qu'on va me permettre d'affirmer ça. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un gouvernement qui a joué
un peu avec l'idée de les abolir pour ensuite revenir à l'idée de ne pas
les abolir. Ça aussi, c'est factuel. C'est factuel.
Alors,
qui a décidé ça, pourquoi et de quelle façon? Parfait. Je vais laisser ma
collègue nous expliquer ça. Ce que je comprends, c'est que, dans les prochains
mois, il y aura certainement plusieurs occasions pour les collègues d'expliquer
sur la place publique leur vision, leurs idées, la façon dont ils conçoivent
les choses, puis je vais être extrêmement, extrêmement
attentif, je vais être très attentif à ce qu'on nous explique pourquoi un même
parti, un même gouvernement dans une
même législature peut nous proposer des mesures aussi diamétralement opposées.
Il s'est passé quelque chose.
Mais enfin, tout ça
pour dire, Mme la Présidente — et je vais commencer à manquer de temps,
croyez-le ou non — tout ça pour dire que, là, on nous a fait la
longue liste des nombreux opposants. Je ne sais pas si c'est un avantage
ou un manque de jugement, mais une certaine
longévité en politique, ça nous permet d'avoir une mémoire institutionnelle.
Puis savez-vous quoi, Mme la Présidente? Je reconnais aujourd'hui sensiblement
les mêmes personnes, les mêmes organisations,
les mêmes groupes qui s'opposaient avec la même ardeur à l'idée d'abolir leurs
organisations qu'à l'époque où l'ADQ
le proposait. Je me souviens même, je me souviens même, Mme la Présidente, et
ça aussi j'aimerais ça qu'on m'explique
ça un jour, je me souviens même d'une commission scolaire qui, en pleine
campagne électorale, en contravention
avec la Loi électorale, avait pris une belle grosse publicité pour dire aux
jeunes : Ne votez pas pour l'ADQ. J'ai
vu ça. C'est à eux autres, là, qu'on veut continuer de confier de l'argent puis
de prendre des décisions sur le réseau de l'éducation, ces mêmes commissions
scolaires qui, à même les budgets qui devraient aller à l'éducation, envoient
je ne sais pas combien de milliers de dollars
pour entretenir la Fédération des commissions scolaires. Ça, là, c'est les
commissions scolaires qui se paient une agence de lobbying pour être
sûres qu'elles vont continuer à exister. C'est ça, la Fédération des commissions scolaires. Puis vous regarderez les
budgets, là, dites-vous que c'est autant d'argent qui ne va pas à des orthophonistes, orthopédagogues,
psychologues, et compagnie. Je reconnais, Mme la Présidente, les mêmes groupes, sensiblement les mêmes stratégies qui ont
été mises en place à l'époque pour combattre cette idée que l'abolition
des élections scolaires va être nuisible, toxique au réseau de l'éducation.
Mme
la Présidente, si vous voulez mon humble avis, là, d'abord, comme je l'ai dit,
reporter tout ça de 12 mois ne changera
rien. Les arguments, on les connaît depuis longtemps, on entend les mêmes. Et
j'invite mes collègues à faire des
recherches là-dessus, je pense que ça va être édifiant. Je pense que ça va être
édifiant s'ils retournent en 2007, s'ils retournent en 2008, s'ils retournent en 2012, s'ils retournent en 2014.
Peut-être n'auront-ils pas envie de retourner en 2018, c'est possible, mais quand même... en passant de
même... O.K., c'est correct. Pour se rendre compte de quoi, Mme la Présidente? Pour se rendre compte que les groupes
dont ils nous parlent aujourd'hui, ces groupes dont ils disent qu'ils représentent le Tout-Québec, le tout réseau de
l'éducation, qui portent l'espoir de nos jeunes, c'est les mêmes groupes qui,
en 2007, 2008, 2012, 2014 — j'arrête
ça là — disaient
les mêmes affaires. Avec quoi comme résultat? Parce que ce qui est intéressant, là, c'est que, quand on
défend le statu quo, parfait, c'est votre droit, mais on défend quoi? C'est
quoi, les résultats qu'on a obtenus dans notre réseau de l'éducation au
niveau du décrochage scolaire chez les garçons, notamment, puis chez les filles
aussi? C'est quoi, les résultats qu'on a obtenus dans notre réseau de
l'éducation au niveau de la diplomation, au
niveau des services de détection, services aux élèves, élèves en difficulté, et
j'en passe et des meilleurs? Est-ce que les résultats qu'on a... puis,
encore là, le ministre de l'Éducation pourra me corriger si je me trompe, mais est-ce que les résultats qu'on a
obtenus... Est-ce que nos collègues d'en face sont tellement convaincus que
tout va bien dans le meilleur des mondes
qu'il ne faille surtout pas toucher à la gouvernance? Ne touchez pas à ça. Les
commissions scolaires, c'est le futur de l'éducation, c'est là que ça se passe.
Non. Je pense que non. Je pense que...
Et
on parlait de l'ADQ, c'est mon chef de l'époque qui disait : Faire un
petit peu plus de ce qui ne marche pas, et ça, il l'a répété souvent. Et
c'est ce à quoi nous condamnent les oppositions par cette motion-là et tout ce
que va s'ensuivre. Parce que, dans le fond,
qu'est-ce qu'on fait? On défend le statu quo, on dit : Les commissions
scolaires, il faut garder ça en place
puis il ne faut pas toucher à ça. Parce qu'ils ont eu l'occasion de le faire,
ils ne l'ont pas fait, donc j'imagine que c'est parce qu'au final ils en sont
arrivés à la conclusion que c'est une bonne structure de gouvernance
puis que, de ce côté-là, il n'y a pas de
problème. Donc, ils nous invitent à faire quoi? Un petit peu plus de ce qui ne
marche pas, de faire aujourd'hui ce
qu'on a fait demain en se disant que nous aurons demain les mêmes résultats
qu'aujourd'hui. C'est à ça qu'on nous condamne.
Bien,
dans ce gouvernement, on dit non. Puis, dans ce gouvernement, on se dit :
Les besoins sont tellement grands, le réseau de l'éducation a tellement
manqué d'amour puis il a tellement besoin qu'on s'en occupe vraiment qu'on ne va pas retarder une réforme aussi importante que
celle que le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur est
en train de piloter d'un autre 12 mois. Les enfants du Québec ont
suffisamment attendu. Les enfants du Québec ont suffisamment patienté. Les
enfants du Québec ont suffisamment souffert de l'inertie des gouvernements qui
nous ont précédés que ce n'est pas vrai
qu'on va prendre un autre 12 mois pour les abandonner à leur sort parce qu'on
préfère les commissions scolaires à la réussite scolaire. Ça, c'est non.
• (20 h 40) •
Alors,
Mme la Présidente, les prochaines heures devraient permettre à nos
collègues de faire les recherches dont je
leur ai parlé. Le temps serait, je pense, bien utilisé si, plutôt que de lire
exclusivement les discours de ceux qui se font entendre depuis des années et des années, on allait
aussi écouter ceux qui n'ont peut-être pas la voix au chapitre, mais qui en ont, des choses à dire. Et je vais conclure
là-dessus, parce que j'ai eu le privilège d'accompagner mon collègue le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur à la Journée numérique en éducation. Ce que j'ai vu
là, Mme la Présidente, là, c'était extraordinaire. Des centaines d'enseignants, ils ne sont pas venus dire
au ministre : Aïe! Tes... de
réformes, là. Non, ce n'est pas ça que j'ai vu, ce n'est pas ça que j'ai
entendu. Des centaines d'enseignants qui
sont venus lui dire de ne pas lâcher,
des centaines d'enseignants qui sont venus lui dire que ce qui se passait en
éducation, c'était extraordinaire,
des centaines d'enseignants qui sont venus lui dire : Vous êtes rentré
dans une pièce fermée, vous avez
ouvert les fenêtres puis vous allez laisser rentrer de l'air dans la maison,
des centaines d'enseignants qui lui ont dit : Le gouvernement du Québec a une vision, pas des
hallucinations, là, une vision — ce n'est pas pareil, vous regarderez
la différence entre les deux, c'est très édifiant — des centaines
d'enseignants qui en ont, de l'espoir, justement, de voir un enseignant aux commandes du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, de voir un ministre de l'Enseignement qui a un
plan, un ministre de l'Enseignement qui sait où il s'en va, qui les écoute,
mais qui agit aussi, puis ce n'est pas
incompatible. Oui, on peut écouter, mais à un moment donné il faut réaliser,
puis c'est exactement ce que mon collègue est en train de faire, Mme la
Présidente. Avec toutes les pièces législatives qu'il a
déposées et qu'il va continuer à
déposer, le réseau de l'éducation, Mme la Présidente, ne va que s'en porter que
mieux. Et ça, c'est ce qu'on appelle
avoir de la vision, c'est ce qu'on appelle avoir de la détermination, et on n'a
pas besoin de 12 mois de plus pour tergiverser. Le ministre, il sait où
il s'en va puis, croyez-moi, il y va.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
on vous écoute.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Très peu de temps, tellement de choses à dire. Je
pense, fondamentalement, qu'au moins
le ministre délégué, il devrait penser que nous avons besoin de 12 mois, parce
qu'il y a tellement d'information à
corriger de qu'est-ce qu'il avait partagé que je pense que le 12 mois, ce
serait bien serait bien servi juste à aller dans le passé pour faire nos
études. Ça fait qu'on n'avait pas besoin du temps. Je peux déjà corriger le titre pour dire que ce n'était pas l'ex-député
de Jean-Talon qui avait présenté la motion de censure en 2007, entre autres,
c'était le 13 novembre 2007, mais c'était Mario Dumont.
Puis même qu'à part de cette rectification, de
dire que ce n'était pas M. Proulx qui avait proposé ceci qui a été rejeté
par tous les partis de l'opposition, dont le Parti québécois, où notre premier
ministre actuel siégeait dans le temps, et lui, il disait, sur cette motion
dont il parlait, de l'actuel leader adjoint du gouvernement, et je le
cite : «M. le Président, je pense que
ce qu'on a vu avec la motion de l'ADQ, c'est de l'improvisation, c'est encore
une fois mettre le doigt sur [les]
problèmes complexes mais proposer des solutions simplistes ou des solutions qui
sont carrément inexistantes. M. le
Président, l'ADQ n'est pas prêt à gouverner le Québec. L'ADQ ne fait que
démolir, il ne propose rien, [l'ex-chef] de l'ADQ. Et, M. le Président,
je pense que les Québécois le voient de plus en plus. Merci, M. le Président.»
J'irai plus
loin, alors, juste une petite correction pour le bien-être de notre ministre
délégué, pour qu'il comprenne un peu
comment ça s'est passé. Je pense qu'il a été élu, il a dit, en 2007. Isabelle
Porter, en 2007, a même dit, dans son article,
Un dur moment pour Mario Dumont, et le titre en gras : «Le
Parlement n'a fait qu'une bouchée de la motion de censure de l'ADQ sur
les commissions scolaires hier [...], au terme d'un débat où Mario Dumont et
[les] députés ont vu leur crédibilité
continuellement mise en doute.» Ils disent que c'est une saga, 39 pour, 72
contre, sans abstention. Puis même l'ancienne première ministre Pauline
Marois, elle aussi, et je cite l'article, a «tourné en ridicule la manoeuvre de l'ADQ. "Nous ne ferons pas tomber le
gouvernement sur un coup de tête du chef de l'ADQ, qui se réveille la nuit
parce qu'il ne sait [pas] comment attirer l'attention sur sa formation
politique. Je crois que l'éducation a besoin de plus de sérieux."» Alors,
juste une petite tournée dans l'histoire, Mme la Présidente.
Plein de
choses à dire, mais je pense que la première chose qui m'attriste le plus de
qu'est-ce que j'entends, c'est qu'il n'y a pas une personne qui a parlé
de la réussite scolaire, pas une fois, zéro mention de la réussite scolaire.
J'ai entendu tous les propos, puis, oui,
chacun dans la salle, nous avons droit à nos opinions, et on devrait respecter
les opinions des autres, mais je suis attristée que je n'ai jamais,
pas une fois, entendu la réussite scolaire, surtout que le gouvernement dise que l'éducation, c'est la
priorité numéro un.
Alors, il y a
plusieurs choses qui a été dit, puis j'étais préparée à dire autre chose, mais
je suis tellement interpelée à corriger le tir puis de l'information...
On a parlé... Le ministre délégué a parlé du... un mandat clair, on a un mandat
clair. Mais, si on retourne 12 mois
dans le passé, 13 mois dans le passé, le gouvernement actuel est élu avec
37 % des voix, et on sait qu'un
tiers de la population n'a pas voté. Alors, si on utilise les propos qui disent
que, si le monde n'ont pas voté, bon,
bien, c'est une bonne raison pour abolir les élections scolaires ou bien si on
dit qu'on a un mandat clair, bien,
pour moi, ce n'est pas un mandat clair. 37 % de la population, ce n'est
pas un mandat clair. Alors, pour moi, ça veut dire qu'on dit qu'on a beaucoup de pouvoirs, mais c'est presque un quart
des votes. Ça ne veut pas dire que la population a dit que nous sommes
pour l'abolition des commissions scolaires.
Puis, tu
sais, il faut aussi corriger ça, ce n'est pas une abolition des commissions
scolaires, c'est une abolition du contrepoids,
parce que c'est ça que c'est, c'est de ça qu'on parle, c'est de l'abolition de
la démocratie, mais c'est l'abolition du contrepoids. Puis il dit :
Est-ce qu'on a vraiment besoin de 12 mois pour faire une tête? Mais, pour moi,
je vois ça comme 12 mois pour consulter la
population. Moi, je prends mon rôle comme porte-parole très sérieusement. Si je
suis en accord avec les citoyens de
Westmount—Saint-Louis ou
en désaccord avec eux, c'est vraiment peu d'importance parce que je suis
leur porte-parole puis je vais porter leur voix. Ça, c'est important pour moi.
Alors,
je trouve ça bizarre de dire que c'est nous ici qui a besoin de 12 mois pour
faire une tête quand c'est presque chaque
personne qui est passée en commission parlementaire pour témoigner qui a
dit : Prends du recul, nous aimerions être consultés sur ce projet de loi. Il n'y a personne qui n'a pas dit
qu'on n'était pas prêts à moderniser, à avoir des options, mais tout le monde, même les gens qui ont dit
qu'ils étaient pour le projet de loi... Puis, Mme la Présidente, si on regarde
tous les gens qui sont venus témoigner,
70 % des gens qui ont témoigné sont contre le projet de loi. Alors, j'ai
compris le stratège du ministre ainsi
que le ministre délégué de dire qu'on va sortir les très peu de personnes qui
ont dit qu'ils sont pour le projet de
loi n° 40, mais, dans le fond, la majorité sont contre. Alors, ce n'est
pas une question de faire une tête pour
moi, c'est vraiment une question d'être à l'écoute de la population. On est
élus pour être à l'écoute de la population. Comme je vous dis, je prends
ça très au sérieux.
Le ministre,
lui, quand il a partagé ses propos avec nous, il a parlé du projet de loi
n° 86 puis il a parlé du projet de
loi qui est présentement loi n° 105. J'étais présidente de ma
commission scolaire à ce moment-là, et j'étais fière, et je suis encore fière de faire partie de ce
club-école. Et, oui, j'en ai vu, des ministres, j'ai vu M. Bolduc, puis
j'ai vu M. Blais, j'ai vu
M. Moreau très brièvement et M. Proulx, mais je suis ici
actuellement, je fais partie de ma formation politique parce que le Parti
libéral du Québec était à l'écoute de la population, ils ont fait preuve
d'humilité et ils ont pris du recul sur
le projet de loi n° 86. Ce n'était pas parce qu'ils disaient qu'ils ne
pouvaient pas aller vers l'avant, c'est parce que la communauté s'est levé la voix pour dire : Ce
n'est pas une bonne idée, on est contre ça, il faut être à l'écoute de nous.
On peut appeler ça un lobby ou on peut appeler ça être un porte-parole, être un
gouvernement responsable.
• (20 h 50) •
Quand le gouvernement a pris du recul sur le
PEQ, est-ce qu'on dit c'est parce que c'est à cause du lobby, ou est-ce que c'est à cause de la pression des
groupes, ou est-ce que c'est parce qu'on sait qu'il faut être à l'écoute de
temps en temps? Alors, je félicite
cette décision-là. Je recommande fortement qu'on prend du recul. On peut en
discuter, on peut consulter les
parties prenantes, les parents, toute, toute, toute la communauté, les élèves.
Il y avait deux élèves qui sont venus
témoigner en commission parlementaire. Le contrepoids, c'est ça qui nous donne
une démocratie stable. On est ici parce qu'on a un contrepoids. On est ici
parce qu'on a la capacité de travailler en équipe puis être à l'écoute. C'est
très important.
Quand il dit que, quand M. Couillard, en 2014, a dit : Allez voter,
c'est important, ça va être la seule façon pour vous de
protéger vos commissions
scolaires, mais on manque beaucoup d'information dans ce dialogue-là parce que ce n'était pas dit, dans ce discours-là, que les listes électorales, c'est
un «mess» total, Mme
la Présidente. Mon mari s'est présenté pour voter et, malheureusement, même si on habitait à la même résidence, puis je
pense qu'on partage nos
enfants, il ne pouvait pas voter. Il ne pouvait pas voter parce qu'il n'était pas sur la liste électorale. Puis c'est moi qui me
présentais comme candidate. Les listes électorales, il y avait un problème. Ma
commission scolaire dans le temps, Sir-Wilfrid-Laurier,
il y avait des gens qui n'ont pas pu aller voter parce qu'ils vivaient à
250 kilomètres du bureau de vote.
«One-way», c'est une tank d'essence, aller-retour, pour aller voter, pour ne pas être certains
qu'ils sont sur la liste électorale pour être en mesure de voter.
Les
élections scolaires ne sont pas financées par le provincial, il n'y a aucun budget.
Alors, quand on se présente comme une élue scolaire, on sait que l'argent, ça va sortir du milieu
scolaire, alors on est très, très, très restreint. On ne voit pas des
gros panneaux sur des poteaux. On investit zéro argent dans la publicité. On
fait notre tournée, on fait de notre mieux, on fait notre possible, mais c'est
presque impossible de faire sortir le vote quand on n'a pas un appui du gouvernement, quand on n'a pas un appui des gens
qui sont en pouvoir pour nous aider à faire valoir la démocratie. Puis
il n'y a pas de coût pour la démocratie. Plusieurs personnes ont témoigné en
commission pour dire qu'il n'y a pas coût. Entre
autres, le Comité de parents de la commission scolaire de Montréal ont dit, et
je leur cite, Mme la Présidente : «La démocratique est un principe fondamental de notre société. Nos membres
nous l'ont dit.» Ils ont fait une consultation de leurs parents dans
leur commission scolaire, puis les mots qu'ils ont sortis, c'est que la
démocratie n'a pas de prix. Je trouve que c'est fort.
On a
entendu la commission scolaire de Marguerite-Bourgeoys, puis je ne dis pas ça
parce qu'il y avait des élus scolaires qui étaient là, le directeur général, il
était présent. Le président de l'Association des directions d'école pour cette commission scolaire, il était
présent. Le secrétaire général, il était présent. Et deux élèves étaient
présents, Laura et Julian. Et eux,
les jeunes qui vont hériter qu'est-ce que nous sommes en train de faire ici, à
cette Assemblée nationale, eux, ils ont dit : Ne faites pas ça, n'enlève pas, moi, mon droit, mes droits,
ça m'appartient. Je veux avoir la possibilité, dans le futur, moi, de me
présenter pour être un élu, un élu scolaire. Je veux avoir le droit.
Moi,
personnellement, je veux léguer ça à mes enfants, que la démocratie, il n'y a
pas de prix. Il n'y a personne qui a dit qu'on ne pouvait pas en discuter, qu'on ne pouvait pas parler
de ça va être qui, la structure, ça va être qui, les membres, mais de la démocratie, c'est cher. Et
j'ai peur que, parce que c'est presque la fin de notre session, ça sera adopté
sous bâillon. Alors, même nous, même nous,
les collègues ici, dans cette Chambre, nous n'aurons pas la possibilité d'en
discuter, discuter entre collègues, de
trouver un mi-chemin, d'aider le gouvernement à accomplir leur tâche,
d'entendre d'autres personnes qui disent : On veut être un outil.
Il y
a plusieurs commissaires qui ont passé en commission parlementaire. Entre
autres, il y en avait qui pleuraient parce que, pour eux, c'était fondamental. Des gens
qui ont été des conseillers municipaux, des gens des petites régions, mais eux-mêmes, ils ont dit que c'est un allié du
ministre. Je suis un allié du ministre. Il est en train de nous abolir, puis
nous, nous sommes ici puis on est prêts à
aider. Pas parce qu'ils sont à veille d'être abolis, mais parce que c'est comme
ça qu'ils voient leur rôle. C'était comme ça
que moi, je voyais mon rôle quand j'étais une élue scolaire puis je fais partie
du club-école. Moi, je voyais ça vraiment comme un privilège de pouvoir
travailler avec le gouvernement provincial. Je voyais ça comme un privilège de pouvoir travailler avec le niveau de
gouvernance municipale et fédérale. J'ai accompli des belles choses comme une élue scolaire. J'ai
travaillé sur des partenariats puis des projets qui sont uniques, uniques au Québec. À Saint-Eustache, il y a un centre de
formation professionnelle qui est là, établi, parce qu'il y a un partenariat
entre commissions scolaires anglophone,
francophone, avec l'argent du gouvernement provincial et l'argent du gouvernement fédéral. Mais ça, c'est grâce aux
élus scolaires qui ont pu faire ces démarches-là, qui ont pu débuter ce
dialogue-là, qui ont pu négocier. Parce qu'ils ne font pas... ils ne sont pas
des fonctionnaires, c'est des gens qui ont le pouvoir, c'est des gens qui sont
élus pour faire ce rôle-là, c'est des partenaires.
Ça fait que
je suis attristée d'entendre toutes ces paroles-là parce que je ne vois pas ça
comme un plus. Je vois ça comme un
gouvernement qui se baisse la tête, qui ne veut rien entendre parce que c'était
quelque chose qui a été dit en campagne électorale et non nécessairement
ce qui était désiré par la communauté. C'est pour ça que nous avons des
commissions parlementaires, c'est pour ça que nous entendions des gens, c'est
pour ça que nous avons des bureaux de comté,
c'est pour entendre nos électeurs. Puis chez moi, ce n'est pas tous des
libéraux qui viennent me voir, à
Westmount—Saint-Louis.
J'ai plusieurs personnes qui viennent me voir. J'ai des gens qui supportent
Québec solidaire, des gens qui
supportent le Parti québécois puis les gens qui supportent la CAQ, mais ils
viennent me voir parce qu'ils me voient
vraiment comme une porte-parole puis ils savent que je vais prendre ça au
sérieux. C'est important. Bien, c'est ça, la démocratie, puis c'est ça qu'ils font, les élus scolaires. C'est
apolitique. La bureaucratie, là, ce n'est pas au sein du siège social
avec les élus scolaires. On peut regarder dans les ministères, il y en a, de la
bureaucratie.
En commission
parlementaire, j'ai souvent entendu... le ministre a dit à plusieurs personnes
qui intervenaient, après qu'ils
avaient terminé à faire leurs témoignages : Je crois que vous avez mal
compris. Je crois que vous avez mal compris le projet de loi. Je pense
que vous avez mal compris qu'est-ce que j'aimerais accomplir. Honnêtement, je trouve ça un peu insultant pour eux. Alors,
c'était une question qu'on a demandée, plusieurs reprises : Est-ce que
vous avez vraiment mal compris ou
est-ce que c'est votre opinion? Vous avez droit à votre opinion, vous avez
droit à être en désaccord avec le
ministre, vous avez droit à être en désaccord avec les propos du gouvernement.
Entre autres, vous êtes ici pour partager ceci avec nous, puis vous avez
un espoir que le gouvernement sera à l'écoute. Alors, je trouve ça étrange de dire que vous avez mal compris. Ça fait
que, pour moi, c'était vraiment un monologue et non un dialogue. Et nous
sommes ici pour avoir un dialogue. C'est ça, encore une fois, une commission
parlementaire.
• (21 heures) •
Puis, si je
reviens à l'éducation puis le projet de loi n° 40,
on a demandé à chaque, chaque, chaque groupe qui sont venus témoigner :
Est-ce que le projet de loi n° 40 va améliorer la réussite scolaire? Il n'y a pas
une personne qui a dit oui. Les mots
n'apparaissent nulle part dans le projet de loi. Si l'éducation est honnêtement
la priorité du gouvernement, il faut
prendre du recul. On a parlé de brassage de structures, mais ce n'est pas juste
le brassage de structures, on parle d'enlever un contrepoids puis donner
tout le pouvoir, centraliser à une personne au gouvernement. Ça, ce n'est pas
le principe de subsidiarité du tout. Dans le
fond, c'est «top-down». Ce n'est pas qu'est-ce qu'ils ont demandé, la
communauté, que ce soient les parents, que ce soient les commissions scolaires, que ce soient les élèves, que ce soient les
directions d'école, que ce soient les professeurs. On n'a pas assez de temps
d'aller en détail, ça fait que je n'ai pas besoin de citer tous les
mémoires qui ont été déposés, c'est du gros bon sens.
La démocratie locale au niveau scolaire, ça a
été le premier palier de gouvernance qui a eu la parité entre hommes et femmes.
C'est quand même quelque chose. C'est une place où le monde commence à
s'investir dans leur communauté. Je me suis fait demander plusieurs
fois : Comment ça se fait que le monde sort puis ils sont plus intégrés
dans les commissions scolaires anglophones? C'est parce que... je dis
souvent : It's my school. It's my teacher. It's my principal. It's not my children's school, it's
mine. It's important to me, it's my community and that's why people go vote.
Not because they are worried about their elections being taken away from them,
but because it matters to them. And, if you
gave them the opportunity to improve voter turnout, they would. They would, but
right now, nobody wants to talk about improving democracy. Everybody
wants to take the easy road, but nobody has ever taken an opportunity to
improve it. And that is distressing because our community deserves better. My
community deserves better.
C'est un projet de loi qui divise, comme plusieurs projets
de loi, plusieurs
lois qui ont été déposées. J'ai peur pour nos communautés. J'ai peur pour la communauté anglophone et j'ai peur
pour la communauté francophone parce
que ça va diviser les communautés linguistiques. Puis on ne
devrait pas avoir des anglophones et des francophones, on devrait avoir des Québécois et des Québécoises. Je ne me promène pas à dire que je ne suis pas
Québécoise de souche parce que je le suis, Québécoise de souche, et je suis fière d'être Québécoise.
Mais ça va diviser les communautés. On va étiqueter le monde parce
qu'il va y avoir un groupe de la communauté qui va avoir des droits qu'une
autre communauté n'aura pas. On va
avoir une école dans mon comté, à Westmount—Saint-Louis, qui s'appelle Face. C'est un projet
particulier. C'est unique au Québec.
Ils partagent le conseil d'établissement. Il va y avoir la moitié des parents
qui va avoir des droits et l'autre moitié des parents qui n'en aura pas.
Je vais continuer plus tard. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, cela
met fin au débat restreint de deux heures sur la motion de report présentée par Mme la députée des Mille-Îles dans
le cadre de l'adoption du principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires.
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui, Mme la leader de l'opposition officielle, allez-y.
Mme Melançon : Je vous
demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous avons une demande de
vote par appel nominal. M. le whip du... Ah! O.K. Alors nous avons une
demande de vote par appel nominal. Qu'on appelle les députés.
• (21 h 3 — 21
h 17) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous allons voter sur la motion de report présentée par Mme la députée des Mille-Îles, que je vais
mettre aux voix, qui se lit comme suit : «Que la...»
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Excusez-moi! Je vous demande le silence, s'il vous plaît, le temps du vote.
«Que la motion en discussion soit modifiée en retranchant le mot
"maintenant" et en ajoutant, à la fin, les mots "dans douze
mois".»
Mise
aux voix
Alors, que les députés qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Arcand (Mont-Royal—Outremont),
M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Barrette
(La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme Nichols (Vaudreuil), Mme David (Marguerite-Bourgeoys),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont),
Mme Labrie (Sherbrooke), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Que les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel), M. Girard (Groulx),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Lemay
(Masson), M. Simard (Montmorency), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme LeBel (Champlain), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Samson
(Iberville), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Lacombe (Papineau), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme Proulx
(Côte-du-Sud), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Reid (Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget),
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval),
M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
• (21 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il
des abstentions? M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 38
Contre :
59
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, la motion est rejetée.
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Alors, nous
allons poursuivre sur le débat sur le principe du projet de loi n° 40. Alors, je suis... Mme la députée de Saint-Laurent, la parole
est à vous.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Alors, je suis étonnée d'un vote nominal et que,
clairement, il y a une chaise qui est quand
même vide. On est, en ce moment, en train de parler d'un projet
de loi, d'un projet de loi fort important, où on abolit des élections, où est-ce qu'on
parle de gouvernance scolaire, et j'aurais bien aimé avoir au moins un
interlocuteur.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Excusez-moi! Il y a une personne à la fois dans cette Chambre qui a la parole,
et c'est Mme la députée de Saint-Laurent. Donc, je vous demanderais, s'il
vous plaît, de porter attention.
Sinon, ceux qui doivent quitter le salon bleu doivent le faire en
silence. Mme la députée de Saint-Laurent, vous pouvez poursuivre.
Mme Rizqy :
On parle quand même de l'abolition d'un palier de gouvernement et, pendant des
semaines, nous avons essayé d'avoir
un ministre de l'Éducation à l'écoute. Lorsque nous avons eu les consultations
publiques, plusieurs intervenants ont
demandé au ministre de l'Éducation : Est-ce qu'on vous dérange, M. le
ministre? Est-ce que vous nous entendez? Alors, j'espère que vous nous
regardez et que vous nous entendez quand on parle de vous.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Première des choses, c'est très bruyant. S'il vous plaît, arrêtez de parler pour le bon fonctionnement de nos travaux. Et,
deuxième des choses, Mme la députée de Saint-Laurent, vous connaissez notre règlement, vous ne pouvez pas souligner
l'absence d'un député en Chambre. Alors, je vous demanderais de faire
attention. Continuez, poursuivez.
Mme Rizqy :
Jamais je n'aurais osé souligner l'absence de qui que ce soit, mais, voilà, on
est quand même un mardi soir où est-ce qu'habituellement on siège ici, à
Québec. Et, lorsqu'il est question de son projet de loi... Bien, moi, je peux vous dire une chose. Je comprends qu'il
était très pressé avec le projet de loi des maternelles quatre ans puis qu'il a
manqué de temps pour écrire son propre
projet de loi, mais j'ai beaucoup de difficulté à comprendre comment ça se fait
que le ministre de l'Éducation n'a pas lu
son propre projet de loi et que, lors des consultations publiques, et que nous
avons eu plusieurs intervenants, le ministre de l'Éducation se
permettait de donner quelques leçons à nos invités.
Un invité lui
dit : Bien, M. le ministre, votre projet de loi, vous allez fusionner des
territoires et des commissions scolaires.
Et le ministre répondait : Bien non, franchement, jamais que je ferais ça.
Où est-ce que vous avez vu ça? Vous n'avez
pas lu ça dans mon projet de loi n° 40. Ça n'existe pas. Si c'est vrai, ce
que vous prétendez, bien, écoutez, je suis obligé d'écrire un nouveau projet de loi. Je n'ai pas, dans le projet de
loi n° 40, le pouvoir de fusionner des territoires et des
regroupements de centres de services. Je n'ai pas ce pouvoir-là. Je devrai
écrire un nouveau projet de loi.
Et là,
heureusement, ceux qui critiquent souvent, nous autres, les partis d'opposition...
parce qu'à chaque fois que nous, on
prend la parole, il nous dit : Ah! vous sortez des épouvantails. En fait,
on rectifie souvent le ministre. Et là il a fallu qu'on lui ouvre son propre
projet de loi pour lui dire : M. le ministre, prenez le temps de le lire.
On sait que vous êtes pressé. On
sait, là, que vous voulez rentrer dans un mur rapide, mais, dans votre projet
de loi, bien oui, vous l'avez déjà écrit, ce super pouvoir,
l'article 46, qui vous permet de réunir plusieurs territoires ensemble.
Quand, par la
suite, on dit au ministre : Vous avez déchiré votre chemise pendant des
années dans l'opposition pour dire : C'est fini, le gonflage de notes, et
qu'au mois de mai vous avez fait la tournée des médias : Moi,
superministre de l'Éducation, c'est terminé,
avec moi, le gonflage de notes, parfait. Mais qu'est-ce qui est arrivé entre le
mois de mai 2019 et septembre 2019
pour que, dans son propre projet de loi, il vienne inscrire noir sur blanc que,
maintenant au Québec, bien, c'est légal, de gonfler les notes?
On lui a
déposé une décision arbitrale. Et je sais qu'il est pressé, alors je me suis
permise de souligner les passages pertinents.
Je me suis dit : Peut-être qu'il n'aura pas le temps de lire une décision
de 25 pages où un arbitre explique
comment un enseignant a vécu de la pression pour modifier sa note, et que, par
la suite, ses collègues enseignants ont eu de la pression, eux autres aussi, et que plusieurs d'entre eux sont venus
témoigner pour dire : Lorsqu'on a des parents qui cognent à notre porte puis qui nous demandent de
modifier nos notes, ça fait beaucoup de pression. Et par la suite on a aussi de la pression qui peut exister de par des
élèves qui vont dire : Venez changer ma note. C'est de la pression. Puis
certains professeurs... Bien, dans le cas de
la décision arbitrale qu'on a déposée, bien, lui, il avait fallu qu'il
s'arrête. Il a eu un arrêt de travail.
Alors, je lui
ai déposé cette décision. Pour lui, c'est encore un mythe. Je me demande s'il a
pris le temps de lire cette décision parce que, s'il l'avait lue
correctement, s'il avait respecté sa propre parole, jamais il n'aurait inscrit l'article 24 dans son projet de loi, qui dit la
chose suivante : Après avoir consulté l'enseignant, on va pouvoir majorer
les notes. Pas rectifier, ajuster,
majorer, un verbe qui, vraiment, là, nous dit clairement qu'on va pouvoir
gonfler artificiellement vers le haut
les notes. Dans la décision arbitrale qui a été déposée, l'enseignant en
question, oui, il a été consulté, mais il
n'était pas en état de pouvoir donner son consentement parce qu'il avait eu
trop de pression. Alors, c'est pour ça qu'on lui dit : Vous retirez
l'article 24. Et là il a dit : Non, je ne retire pas cet article 24. Hum!
La FAE, la
Fédération autonome de l'enseignement, c'est assez surprenant que le ministre
de l'Éducation, qui a été aussi enseignant, bien, s'est fait virer de bord
comme une crêpe par son ancien syndicat puis qu'on lui a dit : Vous nous
insultez. Vous, là, le ministre de l'Éducation, qui a été notre frère d'armes
lorsque vous étiez enseignant, vous plus que quiconque... pour nous, là,
les enseignants, bien, c'est une insulte, votre projet de loi n° 40.
Alors, ce
n'est pas uniquement les partis d'opposition. Les ex-collègues du ministre de
l'Éducation lui disent : On est insultés, retirez votre projet de loi non
seulement à cause de l'article 24, mais aussi parce qu'il fait par la porte
de derrière ce qu'il a dit qu'il n'allait pas faire par la porte de devant.
Oui, il a
écrit dans son livre qu'il allait faire un ordre professionnel. Quand il a vu
la levée de boucliers, il a dit : Ah!
non, non, non. Finalement, laissez faire l'ordre professionnel. On oublie cette
idée, c'était une mauvaise idée. Bien, finalement, dans son projet de
loi n° 40, bien, surprise, surprise, on a un ministre
de l'Éducation, un ex-enseignant qui dit à ses anciens collègues : Moi, là, de
Québec, je vais vous dire quelle formation suivre, qu'est-ce que vous avez
besoin de savoir. Puis, si jamais vous ne
faites pas ce que le ministre dit, là, vous allez avoir des sanctions puis des
pénalités. Bravo! Je ne savais pas que c'était la meilleure façon pour
valoriser la profession de l'enseignement, sortir le fouet. Voyons donc!
Ça fait cinq
ans qu'on se bat contre l'Ontario, qui fait de l'oeil à nos enseignants, qui
sont de grande qualité. Ce serait le
temps que le ministre de l'Éducation respecte aussi ses ex-collègues, respecte
leur autonomie professionnelle, respecte
aussi leur grand sens de devoir, qui, eux, tous les jours, se lèvent pour
prendre soin de nos tout-petits. Tous les jours, ce sont nos enseignants
aussi qui leur parlent de démocratie.
Vous savez,
on a des programmes ici, à l'Assemblée nationale, hein, pour inculquer auprès
de nos jeunes le sens civique. C'est assez étonnant que, parmi les différents
intervenants qui sont venus, le ministre de l'Éducation a été peu enclin à entendre le message suivant : Quel
signal on envoie à nos jeunes lorsqu'on dit que, pour solutionner un manque
de participation à la démocratie active, on abolit des élections?
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée, je comprends que
votre intervention n'est pas terminée, mais,
compte tenu de l'heure, je dois ajourner nos travaux jusqu'à demain, mercredi
20 novembre, 9 h 40, où vous pourrez poursuivre à la reprise
des travaux.
Alors, j'ajourne les travaux.
(Fin de la séance à 21 h 30)