(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mercredi. Vous pouvez vous asseoir. Nous débutons.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Aux Affaires
courantes, à la rubrique de déclarations de députés, nous commençons avec M. le député de Richelieu. La
parole est à vous.
Souligner la tenue du 40e
Salon des métiers d'art de Sorel-Tracy
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond : Merci, Mme la Présidente.
Alors, du 8 au 10 novembre prochain, le Salon des métiers d'art de Sorel-Tracy
battra son plein dans ma circonscription pour une 40e année consécutive.
Au fil du temps, cet événement est devenu un
véritable rendez-vous annuel pour des milliers de visiteurs qui viennent
découvrir et encourager les talents de notre région. Mais le Salon des métiers
d'art de Sorel-Tracy, Mme la Présidente, n'en serait pas à sa 40e chandelle sans
l'implication et le dynamisme de Mme Nicole Guèvremont et de toute son équipe, qui nous offrent, année après année,
un salon de qualité. Alors, merci pour votre dévouement, votre contribution au rayonnement de notre
région.
Et, en
terminant, Mme la Présidente, je tiens à inviter les citoyens
de la circonscription de Richelieu mais aussi tous les amateurs d'art de partout au Québec à prendre part à cette
40e édition du Salon des métiers d'art de Sorel-Tracy, qui débute ce vendredi. Alors, c'est l'occasion
parfaite d'entamer le magasinage des fêtes du bon pied en encourageant
nos artistes et artisans locaux. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Hull.
Souligner le 40e
anniversaire du Centre de travail LARO inc.
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, Mme la Présidente. Alors, je désire souligner aujourd'hui les 40 années d'existence du Centre de travail LARO. Ce centre est une des
plus anciennes entreprises d'économie sociale au Québec, qui a pour
mission de promouvoir la création d'emplois pour les personnes handicapées.
C'est d'abord
en 1962 que des parents se sont
regroupés pour ouvrir un atelier pouvant occuper cinq enfants ayant une déficience intellectuelle. Deux ans plus tard,
ce nombre était passé à 38, et c'est en 1979 que le centre a été reconnu
par l'Office des personnes handicapées du
Québec. Aujourd'hui, avec ses 85 employés, le centre offre différents services
dans les domaines de la reliure,
l'emballage, la manutention, la préparation postale, la menuiserie ainsi que la
location de main-d'oeuvre. Le chemin parcouru par le centre LARO est
exceptionnel et mérite d'être reconnu ici, à l'Assemblée nationale du
Québec.
Aux nombreux
employés et bénévoles qui se sont investis, année après année, à faire du
centre LARO l'entreprise à succès qu'elle est devenue, je souhaite un
très joyeux anniversaire! Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Chauveau, la parole est à vous.
Féliciter M. Guy Auclair
pour l'obtention de
son 5e dan au karaté à l'âge de 76 ans
M. Sylvain Lévesque
M.
Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est avec un
certain étonnement, mais surtout avec beaucoup d'admiration que j'ai
pris connaissance d'un exploit plutôt unique en son genre.
Obtenir un 5e
dan en karaté à l'âge de 76 ans n'est pas chose courante, mais c'est ce qu'a
réussi un citoyen de Lac-Saint-Charles,
M. Guy Auclair. Parfois surnommé grand-papa ninja, il est un passionné d'arts
martiaux depuis les années 60. Il
commence en 1965 avec le judo et pratique, depuis une trentaine d'années, le
Kempo. M. Auclair a participé à des
compétitions, mais sa première motivation a toujours été de maintenir sa forme,
ce qu'il réussit très bien, comme le
démontrent son excellent état de santé et sa ceinture noire. Il s'entraîne deux
fois par semaine en salle, en plus de le faire chez lui, où il apprécie
particulièrement s'exercer sur un sac de boxe.
Bravo, M. Auclair, pour votre 5e dan et d'être
un modèle pour tous! Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée de
Fabre, la parole est à vous.
Souligner
la participation de cinq étudiants
dans le projet universitaire StratosPi
Mme
Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Merci, Mme la Présidente. Je veux aujourd'hui vous faire rêver à la
stratosphère. Trois jeunes étudiants
universitaires de mon comté et deux de leurs collègues ont relevé un
défi : démontrer que nous n'avons pas besoin d'être la NASA pour
avoir nos propres images de l'espace.
Ainsi naissaient le
projet StratosPi et l'intention de lancer un ballon à l'hélium doté de trois
caméras dans la stratosphère. Après la
recherche de commanditaires, trouver l'hélium, avoir toutes les autorisations
gouvernementales et tester la résistance
des piles, le lancement avait lieu le 15 septembre dernier au parc de la
Commune, à Varennes. Un grand succès!
Les cinq jeunes étudiants ont ensuite généreusement confié les données
météorologiques du voyage au Département des sciences de la Terre et de
l'atmosphère de l'UQAM pour de futures recherches scientifiques.
Bravo
à Alex Laframboise, Victor Bryant, Nicolas Lebeau, Samuel Ladouceur et Kyan
Daignault! Bravo pour votre amour des sciences et votre belle
détermination! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Bourget.
Souligner
le 30e anniversaire de la Maison de la culture Mercier
M.
Richard Campeau
M.
Campeau : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le 30e anniversaire de la Maison de la culture
Mercier, qui est présente dans Tétreaultville. Inaugurée à l'été de
1989, sa présence est très bien vue par les gens du quartier. Auparavant, dans
le comté de Bourget, il fallait se déplacer à plus de trois kilomètres à
l'ouest de l'actuelle maison de la culture
pour avoir accès à une bibliothèque municipale et d'autres installations culturelles. Aujourd'hui, la Maison
de la culture Mercier est dans le coeur du quartier Tétreaultville. On y
retrouve une grande bibliothèque, une salle multifonction,
plusieurs locaux pouvant être utilisés par des organismes. Elle est animée
chaque année par des dizaines d'événements,
tant culturels que communautaires, comme des spectacles ou le salon des organismes
communautaires de Mercier-Est. Avec
cette proximité avec de nombreuses écoles, les différentes activités proposées
par la maison de la culture permettent aux jeunes du comté de Bourget de
développer un intérêt pour la culture québécoise.
Bon
30e anniversaire à la maison de la culture, et continuez votre travail encore
longtemps! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
Demander
une réforme du programme Indemnisation
des victimes d'actes criminels
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Le 1er novembre 1984, Sébastien Métivier, huit ans,
et son ami Wilton Lubin, 12 ans, ne sont
jamais revenus à la maison. Un mois plus tard, le corps de Wilton a été
retrouvé au coeur du Saint-Laurent,
mais Sébastien Métivier, lui, n'a jamais été retrouvé. 35 ans plus tard, la
mère de Sébastien, Christiane Sirois,
n'a jamais vraiment pu faire de deuil. En plus de ne pas savoir où est son
fils, Christiane se bat encore devant
la loi pour faire reconnaître son statut de victime et enfin pouvoir bénéficier
du soutien offert par le Programme d'indemnisation aux victimes d'actes
criminels, l'IVAC.
C'est
en vivant une telle tragédie que Christiane a pu constater les lacunes et les
limites de notre système de justice. Une réforme de l'IVAC est
essentielle afin que les familles d'enfants disparus puissent être reconnues
comme de tout le monde la connaît, tout le
monde l'apprécie. Elle est tout autant dévouée auprès des familles d'enfants
disparus. Je tiens donc à lui rendre hommage et dire à toutes les
familles d'enfants disparus : On ne vous oublie pas. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Chapleau.
Féliciter
les lauréats du gala Forces Avenir
M. Mathieu
Lévesque
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
prendre le temps de souligner et de féliciter les lauréats du 12e gala
secondaire Forces Avenir.
Ce
gala vise à reconnaître, à honorer et à promouvoir l'engagement étudiant dans
des projets qui contribuent au développement
communautaire et humain. Je tenais à féliciter plus particulièrement les lauréats
de mon comté de Chapleau, qui ont
remporté de prestigieux prix, notamment le grand lauréat provincial dans la catégorie Élève engagé, M.
Étienne Bélanger, de l'école
secondaire du Versant, pour son implication auprès de son école. Également,
la lauréate régionale dans la catégorie Élève engagé, Mme Julianne
Giguère Mousseau, de la polyvalente Nicolas-Gatineau.
Le gala
secondaire Forces Avenir reconnaît aussi, tout comme notre gouvernement, d'ailleurs, l'importance des enseignants. C'est à ce titre que M. Stéphane Gervais, de l'école
secondaire du Versant, s'est vu remettre le prix du Personnel engagé.
Je ne
pourrais passer sous silence les élèves de la classe d'alphabétisation de
l'école polyvalente Nicolas-Gatineau, qui ont choisi de redonner au
suivant en s'engageant dans le projet de lecture Pairs-aidants, tout comme les
élèves de cinquième secondaire de l'école
secondaire du Versant, préoccupés par la cause environnementale, qui ont formé
un comité vert.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
terminant.
M.
Lévesque (Chapleau) : Bravo
pour votre implication ainsi que vos excellents projets, et, encore une fois,
toutes mes félicitations! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Mégantic.
Reconnaître les bienfaits
du projet pédagogique d'école en
forêt pour les élèves de l'école De la Voie-Lactée
M. François Jacques
M.
Jacques : Merci, Mme la Présidente. Je veux reconnaître aujourd'hui
les bienfaits exceptionnels d'un projet développé à l'école la
Voie-Lactée de Notre-Dame-des-Bois.
Les élèves de
maternelle quatre et cinq ans de cette école vivent la pédagogie en forêt. Ce
projet vise notamment à remettre
l'enfant au coeur de la nature et de lui permettre de se découvrir dans un
environnement naturel. Trois fois par semaine,
les groupes se rendent en forêt avec leurs enseignantes et éducatrices pour
expérimenter, construire, apprendre et
coopérer. J'ai d'ailleurs participé à une de ces sorties et je peux vous
confirmer à quel point le charme de la nature opère auprès des enfants.
Je tiens
d'ailleurs à souligner la présence ici aujourd'hui des deux enseignantes de ces
classes, qui travaillent fort pour
diversifier les façons de transmettre à la fois savoir et passion. Mmes
Geneviève Beaulieu et Sandra Manning, merci et félicitations d'être aussi proactives avec vos élèves! Vous
contribuez de façon grandiose à développer notre Québec de demain.
Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Féliciter la gymnaste
Keimy St-Firmin pour ses performances sportives
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Bonjour, Mme la
Présidente. C'est en faisant des pirouettes partout dans sa maison que Keimy St-Firmin s'est découvert une véritable
passion pour la gymnastique. Ensuite, ses parents n'ont eu d'autre choix
que de l'inscrire au club Gymkhana, à Montréal-Nord, où elle s'entraîne depuis
quatre ans.
Mme la
Présidente, la persévérance, la passion et la détermination guident Keimy dans
tout ce qu'elle fait. En seulement
quatre ans, Keimy a gravi les échelons de sa discipline. Elle a obtenu la
médaille d'or à la poutre, au tumbling ainsi
qu'aux barres asymétriques au Challenge des régions, qui regroupait les
meilleurs athlètes du niveau R4 et R5 de chacune des régions du Québec à
Amos, en Abitibi, en mai dernier. Keimy voit grand : les Jeux du Québec,
les championnats canadiens et pourquoi pas les Olympiques?
À Keimy et à
tous nos jeunes athlètes dédiés à leur sport et persévérants, vous êtes des
modèles pour notre communauté. Et, Keimy, Montréal-Nord est fière toi.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Ceci met fin à la
rubrique de la déclaration de députés.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 51)
(Reprise à 10 h 3)
Le Président : Mmes et MM.
les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je
vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
et à des questions inscrites au feuilleton
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose les réponses du gouvernement aux questions inscrites au feuilleton
le 25 septembre par la députée
de Marie-Victorin ainsi qu'aux pétitions présentées en Chambre le
26 septembre par le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Lettre du président de l'Ordre des pharmaciens du Québec
en réponse à la
motion concernant une fuite de renseignements personnels et médicaux
Pour
ma part, je dépose une lettre que m'a adressée M. Bertrand Bolduc, président de
l'Ordre des pharmaciens du Québec, en réponse à la motion adoptée par l'Assemblée
le 2 octobre 2019 concernant une fuite de renseignements personnels
et médicaux.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Mercier.
Demander
à la Société québécoise du cannabis d'adopter
une politique d'emballage plus écologique
Mme
Ghazal : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 2 008 pétitionnaires.
Désignations : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la
Société québécoise du cannabis utilise un grand nombre de contenants de
plastique pour distribuer ses produits;
«Considérant
l'urgence environnementale et que plusieurs des contenants de la SQDC ne sont
actuellement pas recyclables et conçus pour un usage unique;
«Considérant que la
SQDC n'offre pas d'option de récupération ou de consignation à ses clients.
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
bannir les plastiques à usage unique — tels que les boîtes recouvertes d'une
matière plastifiée à l'intérieur, les pailles et les sacs de
plastique — à
la SQDC;
«D'exiger
de la SQDC qu'elle considère et adopte une solution plus écologique — tels les plastiques biodégradables, et/ou offrir un service de récupération des
contenants sur place — afin de distribuer ses produits en réduisant ses déchets.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Et nous en sommes
maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède la parole
au chef de l'opposition officielle.
Réforme
du système d'immigration
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M.
le Président. Hier, ni le premier ministre ni le leader n'ont été capables de regarder dans les yeux les victimes de leur décision. Ce matin,
devant une crise médiatique d'ampleur, le gouvernement a été forcé de
reculer partiellement sur cette honteuse
réforme de l'immigration. C'est malheureusement une opération politique pour sauver
la face.
Ainsi,
certaines des personnes qualifiées, qui vont à l'école en français,
qui travaillent déjà ici depuis plusieurs années et qui ont
choisi le Québec, pourront rester au Québec. Le rôle du premier ministre, c'est de tenir la parole du Québec, pas d'entacher sa
réputation. M. le Président, dans la confusion totale, on essaie ce matin de
remettre la pâte à dents dans le tube. Comment ça se fait que le premier
ministre n'a pas réalisé avant ce matin l'impact dévastateur de cette réforme brouillonne? Selon Paul Journet, ce matin, dans La Presse, c'était un manque d'humanité, et un dangereux
précédent, et aussi une démonstration qu'avec la CAQ le Québec peut
modifier des contrats brutalement et sans préavis.
Le gouvernement a
commencé à reculer. Est-ce que le premier ministre peut finalement avouer que
c'est de l'improvisation et que c'est l'ensemble de sa réforme qu'il doit
réviser?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, lorsque je rencontre des chefs de grandes entreprises
internationales, ils me disent qu'ils
sont prêts à réaliser des projets au Québec, mais en autant qu'on soit capables de leur
fournir de la main-d'oeuvre qualifiée. Actuellement, au Québec
comme dans beaucoup d'endroits au monde, il nous manque de main-d'oeuvre, entre autres en
informatique, en technologies de l'information, en intelligence artificielle,
en génie, en sciences de la vie. On a
80 % de l'innovation qui sont dans ces secteurs-là. Et, M. le Président, je pense que c'est normal qu'on essaie, un, de convaincre plus de jeunes de choisir ces
secteurs et que, deux, on choisisse plus de nouveaux arrivants en fonction
de ces besoins qui sont en train de changer dans notre société.
Par contre,
M. le Président, je l'avoue, j'ai été... on a été touchés par les
témoignages de certaines personnes qui nous ont dit : J'ai fait le choix de
venir au Québec en vertu de l'ancien programme,
qui était mal adapté, mais qui était quand
même le programme
en vigueur avec le gouvernement
libéral. Donc, ce qu'on a choisi de
faire, c'est de donner une clause de
droits acquis, donc une clause grand-père, à ces personnes. Mais, à l'avenir,
les nouveaux étudiants qui viendront au Québec, bien, ils devront
répondre aux besoins de la société québécoise. Je pense que c'est ça qu'on
s'attend d'un gouvernement responsable. C'est ce que les Québécois souhaitent
voir d'un gouvernement qui...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...veut créer de la richesse, qui veut qu'on soit aussi riches que nos voisins.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, ce matin, tout le monde des affaires est sorti pour dire que,
justement, la proposition du gouvernement, ce n'est pas bon. Ils disent que la
réforme, c'est une mauvaise solution, c'est imprécis, c'est restrictif. C'est
surtout un manque de vision pour l'avenir et c'est antiéconomique. Le Québec,
M. le Président, ce n'est pas un laboratoire.
Ce n'est pas vrai que le premier ministre a tout le temps raison et que le
reste du Québec a tort. Vous nuisez à la compétitivité de nos
entreprises.
Allez-vous...
• (10 h 10) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, j'étais hier midi, à la demande de Monique
Jérôme-Forget, avec une quarantaine de présidents, présidentes de grandes
entreprises à Montréal, et il y a eu une longue période de questions. Et
effectivement des présidents,
présidentes de compagnie se sont informés sur nos intentions en immigration.
Et, lorsque je leur ai expliqué que notre intention, c'était de mieux choisir
les étudiants, mieux choisir les travailleurs en fonction des besoins de ces entreprises-là, je peux vous dire qu'elles
étaient d'accord avec notre approche. Donc, si l'inquiétude du chef de
l'opposition, c'est le monde des affaires...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...bien, qu'il se rassure.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Hier, le premier ministre et son ministre de l'Immigration ont refusé à huit
reprises de rencontrer des gens qui
étaient touchés par leur décision. Pourtant, en 2015, le ministre de
l'Immigration avait dit à l'époque, quand il était dans l'opposition, que c'était injuste et irrespectueux de changer
les règles en plein milieu de la partie. Aujourd'hui, M. le Président,
nous allons voter sur une motion à ce sujet.
Est-ce que la
Coalition avenir Québec va tourner encore le dos à des milliers de personnes
qui souhaitent développer le Québec?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on revient un peu dans la question qui a
été débattue déjà ici à propos, entre autres, des dossiers qui ont été rachetés. Ça avait été fait auparavant par le
gouvernement fédéral. Malheureusement, actuellement, il y a 40 000 dossiers qui sont en attente
à Ottawa, des dossiers sur lesquels l'ancien gouvernement libéral a donné un
CSQ. Ça veut dire que, pour choisir
des immigrants qui répondent aux besoins du marché du travail, déjà il faudra
attendre un an.
Est-ce
que le gouvernement libéral voudrait qu'on attende deux ans, trois ans, quatre
ans avant de répondre aux besoins du marché du travail? Pour la CAQ...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...l'économie du Québec, c'est important.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Écoutez, encore une fois, hier, Brigitte Breton disait : «Avec le temps,
l'esprit d'ouverture, d'humilité et
de proximité prôné par le chef de la CAQ s'est malheureusement étiolé...» On en
a eu, hier, une belle démonstration. Comme
l'a dit Alec Castonguay, la
première fois, ça peut être une erreur
de mettre 18 000 dossiers à la poubelle, «la deuxième fois, c'est un manque de coeur».
Reconnaissez-vous, M.
le premier ministre, une fois pour toutes, que vous avez manqué d'empathie?
Le Président :
On s'adresse toujours à la présidence. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, dans le cas des
18 000 dossiers, on a fait une exception pour les gens qui étaient
déjà
au Québec, on les a fait passer en priorité sur Arrima. Dans
le dossier qui nous concerne, hier ce qui nous a touchés, effectivement, c'est qu'il s'agissait d'étudiants qui, dans certains cas, étaient déjà ici
avec leurs familles. Donc, on est cohérents,
les gens qui sont déjà au Québec, on fait une exception. Mais, à l'avenir, les
nouvelles personnes qui vont vouloir venir au Québec, bien, on souhaite
qu'elles répondent aux besoins de la société québécoise.
Le Président :
Question principale, M. le député de Nelligan.
Réforme
du Programme de l'expérience québécoise
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le
Président, le Programme
de l'expérience québécoise est une
voie rapide pour l'obtention du CSQ, première étape vers la résidence
permanente. Le ministre avait, sans égard à personne, annoncé un resserrement
rétroactif des formations et professions admissibles à ce programme. Tous ont
décrié le manque d'humanité dont
faisait preuve le ministre.
Après
que les jeunes immigrants soient
venus expliquer au ministre leur réalité, après que le ministre ait défendu
l'indéfendable toute la journée, hier, après
qu'il ait refusé de rencontrer ces jeunes, aujourd'hui le ministre, au pied du
mur, recule. Le problème, c'est que,
si le ministre avait pris le temps de réfléchir aux conséquences de ses
décisions, il n'en serait jamais arrivé là.
En
immigration, le gouvernement fait n'importe quoi. Plutôt que de lancer des
idées sans base, le ministre devrait prendre le temps de faire ses
devoirs.
Quand le ministre
va-t-il arrêter de jouer aux apprentis sorciers, de prendre le temps d'écouter
les milieux académiques, universitaires et qu'il va prendre des décisions qui
sont bénéfiques pour le Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration, s'il vous plaît, la parole vous appartient.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la réforme de l'immigration que
nous faisons, elle est importante, et je mets au défi le député de Nelligan, en cette Chambre, de se lever et de dire
qu'il n'est pas d'accord à ce qu'on sélectionne les personnes immigrantes en
fonction des besoins du marché du travail, M. le Président. Je suis persuadé
qu'il est en accord avec moi sur ce point.
Mais,
M. le Président, la résultante, c'est que, durant les années libérales, il n'y
a rien qui a été fait. On n'a pas modernisé le système de l'immigration
pour s'assurer, comme plusieurs États dans le monde...
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Jolin-Barrette : ...de faire en sorte qu'on sélectionne les
personnes immigrantes qui vont venir au Québec, qui vont venir
contribuer au Québec en fonction des besoins du Québec, en fonction de toutes
les régions du Québec, M. le Président.
Le député de
Nelligan se lève à plusieurs reprises en cette Chambre pour dire : M. le
Président, je les connais, les
entreprises, je les connais, les régions du Québec, j'ai déjà fait une tournée du Québec, il y a
des besoins. Bien oui, M. le
Président, il y a
des besoins. Puis la réforme qu'on met en place en matière d'immigration, c'est
justement pour répondre aux besoins
de toutes les régions, des municipalités, pour s'assurer qu'il puisse y avoir
de la vitalité dans toutes les régions économiques du Québec, M. le
Président.
Alors, si le député de Nelligan est contre ça,
qu'il le dise clairement en cette Chambre, M. le Président. Mais il y a une
chose qui nous motive, M. le Président, c'est de s'assurer de faire en sorte
que le système d'immigration...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Jolin-Barrette : ...soit
modernisé et qu'il réponde véritablement...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...aux besoins
économiques du Québec. J'espère qu'il va nous appuyer là-dedans.
Le
Président : Première complémentaire. S'il vous plaît, je vais
vous demander d'éviter les commentaires, d'être attentifs encore à ces
questions importantes. Le député de Nelligan, vous êtes à votre première
complémentaire.
M.
Monsef Derraji
M.
Derraji : Le ministre nous dit que des réflexions ont eu lieu, que le
travail a été fait en amont, qu'il souhaite répondre aux besoins du marché du travail. Mais force est de constater
qu'il embellit considérablement la réalité. Lundi, recul concernant les
talents de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, recul concernant la clause
grand-père pour les étudiants étrangers et
travailleurs temporaires après la mobilisation des personnes concernées. Le
ministre doit faire la seule chose qui s'impose, retourner à la table à
dessin. Le travail est très mal fait.
Le ministre peut-il cesser d'improviser?
Le Président : M. le ministre
de l'Immigration.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, hier, j'ai entendu les différents groupes. J'ai entendu les
personnes également qui ont fait des
témoignages. Je me suis montré à leur écoute. Et c'est pour ça qu'ensemble on a
décidé de donner une exception aux gens qui étaient déjà ici. Vous
devriez saluer cette ouverture, M. le Président.
Deuxièmement, M. le Président...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Jolin-Barrette :
...deuxièmement, on s'assure de réformer le système d'immigration justement
pour répondre aux besoins du marché du travail. M. le Président, si on
veut répondre aux besoins de notre économie, à la pénurie de main-d'oeuvre, il faut s'assurer de sélectionner
des personnes qui répondent aux emplois qui sont disponibles, M. le Président, des emplois dans le domaine
professionnel et technique, notamment. M. le Président, on a besoin des gens
qui vont pouvoir...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...combler ces
emplois-là. Alors, on va aller de l'avant avec la réforme.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Nelligan.
M.
Monsef Derraji
M. Derraji : Le programme en
question a créé une crédibilité à l'international qui fait en sorte que nous sommes de plus en plus attrayants. Ces décisions
arbitraires du gouvernement caquiste minent notre attractivité et notre crédibilité. On fera
débat pour que le ministre abandonne les modifications et que les règles
applicables avant le moratoire de cet été demeurent celles appliquées.
Va-t-il
appuyer cette motion et envoyer un message clair qu'il a bel et bien entendu
les vives inquiétudes de tous?
Le Président : M. le ministre
de l'Immigration.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, je comprends que la question du député de Nelligan, elle a été
écrite avant mon intervention. Mais
j'ai eu l'occasion de dire, M. le Président, que, pour les personnes qui sont
ici, sur le territoire québécois, qui sont des étudiants, qui sont des
travailleurs étrangers temporaires, avant le 1er novembre 2019,
leur dossier va être traité en fonction des
anciens critères du Programme de l'expérience québécoise, j'ai été très clair,
dans un souci de répondre à leurs inquiétudes et à leurs préoccupations.
M. le
Président, je tiens à réitérer que le PEQ n'est pas la seule voie, le PEQ
étudiant. Il aurait été possible de passer notamment, comme je l'ai dit hier par rapport au Programme de
l'expérience québécoise des travailleurs temporaires ou même dans le
programme Arrima, avec le Programme régulier des travailleurs qualifiés.
Le Président : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : Alors, M. le
Président, nous agissons, nous écoutons la population et nous allons aller de
l'avant avec la réforme.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Effets de la réforme de l'immigration
sur le développement économique
Mme
Dominique Anglade
Mme
Anglade : Oui, M. le Président. Aujourd'hui, le ministre
de l'Immigration a été rappelé à
l'ordre et il a dû reculer. Mais il
n'a pas reculé parce qu'il a compris que sa réforme avait des impacts réels
sur les entrepreneurs, sur nos cégeps dans les régions, sur nos
universités, il a reculé seulement et simplement parce qu'il a de la pression.
Le problème,
il reste entier, M. le Président. Tout à
l'heure, le premier ministre nous disait qu'il avait rencontré des gens d'affaires. Bien, écoutez, les gens d'affaires, ils se réunissent puis ils
écrivent des lettres ouvertes. Et, dans les lettres ouvertes, voilà ce
qu'ils nous disent : «Il faut savoir que ces listes, même si elles sont
établies sur des bases rigoureuses, sont
très restrictives, plutôt imprécises et qu'elles fluctuent dans le temps. Des
métiers en équilibre théorique peuvent devenir très demandés dans un
court laps de temps.» C'est un enjeu.
Hier, on leur
demandait d'avoir du coeur, aujourd'hui on leur demande d'avoir de la vision. Vont-ils en
avoir?
Le
Président : M. le ministre de l'Immigration — s'il vous plaît, sans commentaire — la réponse, et la parole vous appartient.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, lorsqu'on fait la réforme en matière d'immigration, notamment
dans le cadre du Programme de l'expérience québécoise, c'est pour
s'assurer que les besoins du marché du travail sont exprimés et sont
répondus.
Les listes
auxquelles fait référence la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne sont établies en collaboration avec le ministère
de l'Emploi et du Travail, M. le
Président, parce que,
dans chacune des régions du Québec, il y a des emplois qui sont en déficit, M. le
Président. Alors, on s'assure de
répondre aux emplois qui sont disponibles et qui sont en déficit justement
pour s'assurer que, lorsqu'on accueille des personnes immigrantes, bien, elles
vont être en lien avec les besoins du marché du travail dans les
différents domaines qui sont en demande.
Alors, M. le Président, est-ce que la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne
nous dit : Écoutez, il ne devrait pas y avoir d'emploi identifié pour
répondre à cette pénurie de main-d'oeuvre là, ça peut être n'importe quel
emploi, n'importe quand, n'importe comment?
M. le Président, il faut être sérieux aussi puis il faut apporter des modifications au
Programme de l'expérience québécoise justement pour faire en sorte que, lorsqu'on sélectionne
une personne, elle va pouvoir s'inscrire dans un domaine de formation en
demande ou dans un emploi qui est en déficit.
• (10 h 20) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée.
Mme
Dominique Anglade
Mme
Anglade : Comme d'habitude, M. le Président, tout le monde a tort,
sauf le ministre de l'Immigration. Alors, je vais m'adresser au ministre
de l'Économie.
Dans une lettre, l'éminent professeur
en politique forestière, à l'Université Laval, écrivait : «Sans l'apport
et les efforts des étudiants
étrangers, la plupart des activités de recherche universitaire en sciences
forestières ne seraient que l'ombre de ce qu'elles sont en ce moment.»
Je
demande au ministre de l'Économie s'il peut rappeler à l'ordre le ministre de
l'Immigration parce que ça a des impacts directs sur la recherche dans
toutes les régions du Québec, M. le Président.
Le Président :
M. le ministre de l'Économie, à vous la parole.
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : M. le Président, comme j'ai dit hier, la rareté de la
main-d'oeuvre, autant au niveau de la science, de l'innovation et de l'économie, c'est un enjeu qui ne date pas d'hier,
d'une part, et qui est très central à la politique de développement
économique.
J'ai aussi mentionné
qu'on a une relation très étroite avec le ministère de l'Immigration, avec le
ministère du Travail et le ministère de
l'Éducation, et que je vois quatre façons d'adresser les enjeux de
main-d'oeuvre, la première étant
l'intégration des immigrants économiques, on a parlé de ça longuement,
deuxièmement, l'adéquation avec l'éducation, surtout en recherche, et les entreprises, ce qu'on fait aussi
présentement avec mon collègue ici, le retour des travailleurs expérimentés au travail, qu'on a adressé l'année
passée et qu'on va regarder encore, et évidemment tout le virage 4.0 de
nos entreprises.
Le Président :
En terminant.
M.
Fitzgibbon : Alors, je pense que nos programmes sont en place pour
adresser les enjeux que la députée...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : En fait, M. le Président, je suis d'accord avec le ministre
de l'Économie. Mon enjeu, c'est que le ministre
de l'Économie n'est pas cohérent avec les politiques du ministre de
l'Immigration. M. le Président, quand on demande un dialogue, on obtient une cassette. Quand on demande de
l'agilité, on obtient de l'entêtement. Aujourd'hui, on demande une
vision.
Est-ce qu'ils vont
nous servir de l'improvisation comme à leur habitude?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration, à vous la parole.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je peux vous assurer que l'ensemble
de la réforme de l'immigration vise à s'assurer de répondre aux besoins des
entreprises du Québec, aux besoins de l'économie du Québec. Et d'ailleurs, M. le Président, la ministre de l'Économie... à
l'époque où elle était ministre de l'Économie, la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne
aurait dû avoir des discussions avec le député de Viau et avec la députée de
Notre-Dame-de-Grâce pour justement mettre en place une nouvelle façon de
sélectionner les personnes immigrantes.
Une voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Jolin-Barrette : Or, qu'est-ce qui est arrivé? Non, ça n'a été pas mis en vigueur,
M. le Président... Ça n'a pas été mis en vigueur, M. le
Président.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Jolin-Barrette : Alors, pourquoi ne pas avoir apporté les modifications
qui sont...
Des voix :
...
Le
Président : Je vous
demanderais d'être attentifs pour la fin de la réponse. Il y a
des questions que l'on souhaite entendre, des réponses
que l'on souhaite...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît, tout le monde!
Une voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît, Mme la députée, évitez de vous interpeler. Réponse, vous pouvez
continuer, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, c'est quoi, le bilan du Parti
libéral? C'est un inventaire de
46 000 dossiers à Ottawa pour les travailleurs qualifiés...
Le Président : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...un
inventaire de 18 000 dossiers au Québec, laisser les gens dans
leurs pays d'origine durant des années.
Le Président : Question
principale, M. le député de Bonaventure.
Effets de la réforme de l'immigration
sur les cégeps en région
M. Sylvain
Roy
M. Roy : Merci, M.
le Président. Les cégeps des régions
sont des institutions de développement incontournables pour les communautés. Pour survivre, certains cégeps doivent attirer
une clientèle internationale afin d'être en mesure d'offrir des programmes
qui vont bénéficier à l'ensemble de la population de leurs territoires. Les
nouvelles mesures du PEQ démontrent un manque d'intérêt face à la survie de
certains cégeps et nous dévoilent d'une manière brutale, comme le premier
ministre l'a démontré hier, une
volonté de ce gouvernement de participer à la dévitalisation des régions
du Québec. Selon la Fédération des cégeps, c'est la
moitié des étudiants internationaux qui seront touchés par ces nouvelles
mesures, dont une bonne partie sont dans les
cégeps des régions. Personne ne peut prévoir ce que seront les besoins du
marché du travail dans 10 ans, et l'arbitraire de sélection d'aujourd'hui est une attaque à notre capacité à nous adapter aux défis de
demain.
Est-ce que le
gouvernement va reculer sur cette approche simpliste et
rétrograde qui met en péril la vitalité des cégeps des régions du Québec,
et annuler les nouvelles modalités arbitraires du programme expérience Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Depuis un an, le gouvernement a posé plusieurs gestes pour renforcer l'enseignement supérieur dans nos régions, dans nos universités et dans nos cégeps. On a rétabli le financement particulier pour nos universités
en région. On a même offert de l'argent à des universités
qui n'étaient pas couvertes au départ,
plus de 15 millions, pour aider nos universités en région à jouer
leur rôle. On a revu complètement la formule de financement des cégeps. Donc, en plus d'ajouter plus de 70 millions au financement des cégeps, on a revu la formule de financement pour
tenir compte des petites cohortes, pour tenir compte de la réalité des cégeps
en région, pour tenir compte de la
recherche qui se fait aussi dans les cégeps en région comme ailleurs. En plus,
on a travaillé sur l'internationalisation de notre réseau universitaire
pour les aider à aller faire de la prospection pour aller chercher des
étudiants étrangers.
Et c'est la
même chose pour nos cégeps, on accompagne la Fédération des cégeps et on les
aide. Je trouve ça un peu insultant
pour les cégeps de penser que, s'il n'y a pas le PEQ à la diplomation, leur
diplôme ne sera plus reconnu. Les gens qui viennent ici, c'est parce
que...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...les cégeps et nos
universités offrent des formations de qualité, et les gens vont continuer...
Le Président : Première
complémentaire. On comprend tous que la parole appartient maintenant au...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Est-ce qu'on s'entend? La question
est maintenant celle du leader du troisième groupe d'opposition.
M.
Martin Ouellet
M.
Ouellet : Oui. Merci, M. le
Président. Je vais vous dire qu'est-ce qui est insultant pour le cégep de
Baie-Comeau. Sa technique forestière n'est même pas reconnue dans le programme
du PEQ. Pourtant, 55 % des étudiants viennent de l'étranger, un taux de placement de 100 %,
trois missions déjà prévues, en décembre, en janvier, en février, en France.
Aïe! J'ai fait imprimer l'offre d'emploi, 10 pieds par huit pieds,
sur l'entreprise : Nous embauchons.
M. le Président, est-ce que le
ministre de l'Éducation peut parler au ministre de l'Immigration? Sa réforme,
ça nuit à l'économie de la Côte-Nord.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation. Et je vous demande encore une fois...
Des voix :
...
Le
Président : ... — s'il vous plaît! — sur ces questions comme sur toutes les
autres, votre attention. Nous avons un travail commun à faire. Je
m'adresse à tout le monde. M. le ministre de l'Éducation, la parole est à vous.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci bien. Je vais le rassurer, les ministres du Travail, de l'Immigration, de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, on
travaille ensemble. Et la valeur des diplômes québécois dans nos universités,
dans nos cégeps, dans nos centres de
formation professionnelle aussi, la valeur est reconnue à l'international. Il y
a énormément d'étudiants qui font le
choix de venir faire leurs études ici, parfois pour retourner chez eux ensuite,
pour propulser leur carrière et développer leurs pays ou leurs régions, parfois
ils font le choix de rester ici. Mais je trouve ça insultant pour la qualité
de ce qui se fait ici de dire que, si on ne
donne pas le PEQ à la diplomation, les gens ne viendront plus. Ce n'est pas
vrai...
Le Président :
En terminant.
M. Roberge :
...nos universités, nos cégeps sont meilleurs que ce que disent les
oppositions.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le...
Des voix :
...
Le
Président : Est-ce que ce serait possible d'avoir votre
attention par respect pour la question à être posée? La parole
appartient au député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : On sait ce que ça vaut, les universités, chez nous, on le
sait, M. le ministre, 116 étudiants potentiels à Jonquière, 140 étudiants à Rivière-du-Loup.
Je suis certain que le député de Rivière-du-Loup vous a parlé... L'Université
du Québec à Rimouski, l'ISMER, toute la
recherche au niveau de la mer, une centaine d'étudiants. C'est des créneaux
d'excellence. Et le recteur, ce matin, nous
dit que ça met en jeu toute la section de la recherche au niveau de la mer, de
la recherche océanographique, de l'érosion des berges. On trouve que c'est
important, et ce n'est pas dans la liste non plus.
Vous
rendez-vous compte qu'un gars comme Boucar Diouf n'aurait jamais été au Québec
avec votre réforme?
Le Président :
M. le ministre de l'Enseignement, votre... de l'Éducation, votre réponse.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci. Le problème dans les interventions qu'on vient d'entendre, c'est que mes
collègues supposent que, s'il n'y a pas le
PEQ à la diplomation, les étudiants ne viendront plus. On dit : Ah! il y a
140 étudiants dans tel
programme, dans tel cégep, et ils sont venus en ce moment, mais, s'il n'y a
plus le PEQ à la diplomation, aucun de
ces étudiants-là ne serait venu. C'est là où est la faiblesse de
l'argumentaire, l'erreur, et c'est là où on vient diminuer la qualité de
la formation et des diplômes québécois, et je refuse cet argumentaire.
Le Président :
Question principale...
Des voix :
...
Le
Président : La parole n'appartient qu'à la cheffe du deuxième
groupe d'opposition. Je vous demande évidemment votre collaboration.
Demande de retrait des
modifications au
Programme de l'expérience québécoise
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Hier soir à la télévision, j'ai
entendu le ministre de l'Immigration dire qu'il n'y aurait aucun recul, aucune concession sur son règlement.
Je me réveille ce matin, je l'entends qu'il recule, il concède. Il faut croire
que la nuit porte conseil. Je me réjouis du sursaut de lucidité du ministre de
l'Immigration, M. le Président. Mais ça commence à devenir une habitude pour le ministre de jouer aux
idéologues tout seul dans son bureau sans penser aux conséquences sur le monde.
Dans le cas des
18 000 dossiers, il s'est fait ramener à l'ordre par un tribunal.
Quand il a voulu légiférer sur le «Bonjour!
Hi!», il s'est fait ramener à l'ordre par le premier ministre. Dans les
dernières heures, c'est un autre tribunal qui l'a rappelé à l'ordre, le
tribunal de l'opinion publique.
Cette
incapacité chronique du ministre de l'Immigration à construire des consensus
l'a d'ailleurs forcé à imposer deux
bâillons pour adopter ses deux premiers projets de loi. L'immigration, c'est un
dossier sensible, M. le Président, pour ministre sensible. Dans des
vies, lorsque ça a un impact qui pèse dans la balance, la compassion est
préférable à l'entêtement, la vision est préférable à l'improvisation.
Est-ce que le premier
ministre lui fait encore confiance?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le premier ministre, la parole vous appartient.
M. François Legault
M.
Legault : Totalement. M. le Président, reprenons un peu les exemples de
la cheffe parlementaire de Québec solidaire.
Loi n° 21, signes religieux, on a donné une clause de
droits acquis pour les personnes qui étaient déjà là, pour des raisons humanitaires. 18 000 dossiers qui
ont été rachetés, on a donné une clause pour donner une préséance à ceux
qui sont déjà au Québec, qui ont été appelés
et qui vont être les premiers sur le nouveau système Arrima. Hier, sur le
dossier des étudiants, on donne une clause grand-père à ceux qui sont
déjà ici.
Donc,
M. le Président, je pense que le ministre de l'Immigration a fait preuve d'une
ouverture pour être capable de faire les changements qui sont nécessaires, les
changements avec lesquels Québec solidaire n'est pas d'accord. Ça, il faut bien comprendre ça, là. Québec solidaire
n'est pas d'accord qu'on priorise les gens qui répondent aux besoins du marché du travail. Il faut que tous les Québécois
comprennent ça, là, Québec solidaire ne veut pas qu'on priorise les gens
qui répondent aux besoins du marché du travail. Ce n'est pas le choix qu'on
fait.
Le
Président : Première complémentaire. Encore une fois, la parole
est à vous, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : On ne peut pas écrire des règlements en
immigration de controverse médiatique en controverse médiatique, pas plus de changer d'idée d'entrevue en entrevue.
L'improvisation, dans le domaine de l'immigration, ça brise des vies.
Maintenant
que le Québec entier constate l'ampleur du gâchis, le premier ministre va-t-il
prendre la seule décision honorable, c'est-à-dire de demander au
ministre de retirer l'ensemble de l'oeuvre de son règlement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, actuellement, 35 % à 40 % des immigrants, au Québec,
sont accueillis pour des raisons
autres qu'économiques. Ce sont des réfugiés, c'est de la réunification
familiale, ce n'est pas des raisons économiques. 60 % à 65 %
sont accueillis pour des raisons économiques.
Nous,
on pense que le Parti libéral aurait dû être plus clair sur les raisons
économiques. Ce n'est pas nécessairement un doctorat. Parfois, ça peut être un diplôme en sciences infirmières,
un diplôme en techniques de mécanique. C'est ce qu'on fait, répondre aux besoins du marché du travail. Je sais que
Québec solidaire a de la misère avec ça, l'économie.
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Pour nous, c'est important.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Le premier ministre nous a dit, au débat des chefs : «Je ne suis pas
parfait. Ça m'arrive de faire des
erreurs. J'écoute les gens et je corrige mes erreurs.» Je viens de le citer. Je
trouve que ça l'honore. Mais je ne sais pas si le premier ministre a été à l'écoute dans les dernières
48 heures, parce que, dans les faits, il demanderait à son ministre
de reconnaître ses erreurs et de les corriger.
Va-t-il demander au ministre
de l'Immigration de retirer l'ensemble de son règlement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, ce que la cheffe de Québec solidaire vient de nous dire, c'est qu'elle
n'est pas d'accord que les nouveaux
étudiants qui viennent au Québec et qui seraient éligibles au PEQ, donc, pour
avoir la citoyenneté, pour devenir immigrants, soient dans des
domaines où on a des besoins au Québec. Je pense, c'est une mauvaise idée que Québec
solidaire a. On a besoin de créer de la richesse pour payer nos programmes
sociaux, c'est ça que Québec solidaire ne comprend pas.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Aide aux sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à la
suite des inondations printanières de 2019
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Rappelons le bris de la digue de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, le 27 avril dernier, inondant en moins d'une
heure le tiers de la municipalité. Lundi, la ministre a cru bon se déplacer
pour uniquement faire le point, et ce, six
mois plus tard. La ministre est allée répéter son mince bilan devant les
caméras nationales, mais elle n'avait absolument
rien de nouveau à dire aux milliers de
sinistrés. Pire, elle n'a pas pris la peine de visiter une seule maison
sinistrée ni même le quartier, elle
est restée à l'hôtel de ville, qui n'a jamais été inondé. Elle n'a même pas permis aux citoyens,
aux personnes sinistrées à qui elle allait s'adresser d'assister à son
point de presse. Entourée de la mairesse et du représentant de la Croix-Rouge — notons par
ailleurs l'absence de la députée
de Mirabel — la
ministre a encore répété des données, des chiffres,
des statistiques vides de sens.
La
ministre doit faire preuve de compassion et annoncer des
mesures particulières à la situation des sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
pas juste offrir de payer 100 % des meubles.
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. Ça fait plusieurs fois que je reçois la question sur
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, donc on ne se surprendra pas que je donne certains
éléments de réponse similaires, parce que j'ai déjà abondamment reconnu qu'effectivement il y a de la détresse dans la communauté
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac. J'étais à Sainte-Marthe
lundi, la députée l'a dit, j'étais à Sainte-Marthe, et il est faux
de dire que j'étais uniquement à l'hôtel de ville. J'ai été au centre de services aux sinistrés, où j'ai rencontré notamment
des sinistrés de même que plusieurs personnes de nos équipes qui y travaillent fort depuis six mois maintenant,
des gens de la Sécurité publique, des gens de la Croix-Rouge, des gens du CISSS des Laurentides qui offrent du soutien
psychosocial et diverses personnes des équipes gouvernementales.
Et
ce que j'ai dit là-bas, et que je vais répéter ici, et que je vais répéter
demain, si la députée me répète... me lit la même question demain, c'est qu'on reconnaît la détresse. On est
en action depuis six mois. On redouble d'ardeur pour les gens de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, pour les
gens de tout le Québec mais spécifiquement pour Sainte-Marthe-sur-le-Lac. On a des équipes, un bureau gouvernemental en permanence ouvert à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, c'est le seul
endroit où on offre ce service-là, M. le Président, pour que les sinistrés puissent aller s'entretenir directement avec des analystes ou avec des gens qui leur offrent du soutien.
On a offert des montants d'argent importants aux gens...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : ...pour qu'ils amorcent leurs travaux et on continue de
travailler très fort pour accélérer...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Bien, ce n'est clairement pas assez. La situation ne s'améliore pas à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, au contraire. Le froid s'installe, l'angoisse et
la détresse s'accentuent. Des sinistrés habitent dans des maisons non isolées,
dans des roulottes sans chauffage, des conditions absolument inhumaines. J'ai
rencontré une citoyenne qui utilise le jour — le
jour — la
salle de bains de ses voisins depuis avril dernier, faute d'autorisation et d'argent pour faire des travaux. Inconcevable en
2019.
Est-ce que
les ministres concernés, parce qu'il
y en a quand même trois, peuvent se parler et s'entendre pour agir rapidement?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci,
M. le Président. Bien, j'ai aussi
annoncé, lundi, qu'on travaille
parallèlement sur certaines mesures supplémentaires pour la situation bien spécifique
de Sainte-Marthe. On le fait avec ma collègue des Affaires municipales, et effectivement je
travaille aussi avec la députée de Mirabel, qui est très active dans le
dossier, je l'ai déjà dit.
M. le Président, la très, très grande
majorité des personnes sinistrées à Sainte-Marthe et ailleurs au Québec ont
reçu des montants d'argent importants qui
leur permettent d'amorcer les travaux. Oui, il reste quelques cas complexes,
qui sont plus compliqués, sur lesquels on
travaille. Quand je dis qu'on redouble d'ardeur, c'est notamment pour pouvoir
régler les derniers dossiers qui n'ont pas encore reçu d'argent. Mais on a
fermé, M. le Président, comparé à pareille date en 2017...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : ...20 fois
plus de dossiers que le précédent gouvernement libéral. Donc, l'ardeur à la
tâche, on la met, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Je pense... S'il vous plaît!
Encore une fois, sur des dossiers comme ceux-ci et comme sur tous les
dossiers abordés ici, je vous demande votre collaboration et votre écoute. Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
C'est vraiment des propos que les
sinistrés veulent entendre. Depuis plusieurs
semaines, je me lève dans cette
Chambre pour demander au gouvernement deux choses : un, demander au
premier ministre de prendre de son
temps pour aller rencontrer les sinistrés à Sainte-Marthe-sur-le-Lac; deux,
reconnaître la situation particulière des sinistrés de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Est-ce
que le gouvernement peut enfin démontrer qu'il a du coeur et confirmer dès
aujourd'hui l'octroi d'une aide spéciale en appuyant ma motion?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique. Vous êtes la seule à avoir la parole.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. C'est précisément parce
qu'on a du coeur et de l'empathie qu'une des premières choses que j'ai faites,
quand je suis arrivée comme ministre, c'est de réformer le programme
d'indemnisation, qui nous permet d'aller 20 fois plus vite dans la
fermeture des dossiers de sinistré que le précédent gouvernement libéral,
qui s'intéressait, disons, de manière très sporadique à l'indemnisation des
victimes de sinistres au Québec.
M. le Président, je
l'ai dit, la très, très grande majorité des gens ont reçu des fois des sommes
allant jusqu'à presque 300 000 $, qui leur permet aisément d'entamer
des travaux à l'arrivée de l'hiver. Maintenant, il reste des cas complexes. On
redouble d'efforts, notamment à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Mais,
comme j'ai déjà dit à la députée de Vaudreuil, si elle a des informations
qu'elle a besoin, elle, davantage d'explications sur certains cas...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : ...je
l'invite pour la troisième fois, les deux précédentes étant demeurées sans
suite, à travailler avec moi.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Question principale, question principale, Mme la...
Une voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, Mme la députée! La députée de
Gaspé a maintenant la parole. Mme la députée.
Soutien
aux maisons d'hébergement pour femmes violentées
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. La situation des maisons d'hébergement pour femmes violentées est urgente. Plus de 35 000 demandes
d'hébergement sont refusées chaque année. Des femmes et des enfants tentent de
fuir des situations de détresse, et on les
refuse partout au Québec. C'est inacceptable. Ces maisons sauvent des
vies, et le sous-financement
chronique depuis plusieurs années empêche des centaines de femmes et d'enfants
d'obtenir de l'aide.
M. le Président, on s'attend à un financement à la hauteur de 50 millions uniquement pour que les maisons d'hébergement puissent répondre à
leur mandat, et ce, dès la mise à jour économique de demain.
Est-ce que le gouvernement
peut enfin s'engager à protéger nos femmes et nos enfants?
• (10 h 40) •
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Bien, M. le
Président, moi, je veux dire à ma collègue que je suis extrêmement sensible,
extrêmement préoccupée par ces enjeux-là.
Il y a déjà des
travaux qui sont en cours, au ministère
de la Santé et des Services sociaux,
mais moi-même, je vais rencontrer
très prochainement le regroupement des maisons pour femmes violentées, femmes
victimes de violence conjugale, et je vais aussi rencontrer la
Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. Ce sera dans les prochains
jours.
Et
d'ailleurs, M. le Président, je veux dire que ce sera un effort collectif que
nous allons faire, au gouvernement.
Je vais travailler avec ma collègue ministre de la Justice, avec ma collègue
vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique et avec ma
collègue aussi ministre de la Condition féminine, M. le Président.
Alors, ce
dossier-là très important, on a entendu le cri du coeur des ressources
d'hébergement pour femmes. On a déjà
commencé des travaux, au ministère de la Santé et des Services sociaux. Il y a
des problématiques, on est en train d'y voir, M. le Président. Et
effectivement...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...on va avoir à
consolider ce réseau.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Oui, M. le Président. C'est une demande de rencontre qui a
été faite il y a un an déjà puis qui a
été réitérée à maintes reprises. Et j'espère que ce sera pour s'engager
financièrement, parce que c'est ce qu'on demande ici en ce moment. La
situation de crise actuelle des maisons d'hébergement pour femmes devrait être
une priorité nationale. Pendant que notre
gouvernement ne s'attarde pas à ce dossier prioritaire, une femme par mois est
tuée, au Québec, pour cause de
violence conjugale. On a été témoins collectivement de tragédies familiales
d'une tristesse infinie qui auraient pu être évitées si on leur avait
offert un soutien.
Est-ce que le gouvernement peut s'engager
formellement à injecter le 50 millions de dollars...
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Oui. M.
le Président, nous agissons dès maintenant.
On veut consolider le réseau d'hébergement, on veut développer de nouvelles places, des mesures d'aide pour permettre
aux femmes de transiter des ressources d'hébergement vers des logements
sociaux et, évidemment, on veut coordonner ces services-là.
Mais je veux
vous dire, M. le Président, que déjà ma collègue ministre de la Justice, et elle était
de la Condition féminine, à
l'époque, quand elle est entrée en fonction, a rencontré ces ressources. Le ministère
est à pied d'oeuvre.
On s'occupe
également des aînés, hein? Il y a des aînées, des femmes, qui sont dans ces ressources
d'hébergement, qui ont besoin
d'aide.
Le Président : En terminant.
Mme McCann : Alors, nous allons
agir rapidement dans ce dossier.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, on a la Fédération des maisons
d'hébergement pour femmes et le regroupement des maisons d'hébergement
pour femmes victimes de violence conjugale dans nos tribunes. Elles vous
écoutent et s'attendent à des réponses. Elles tiennent le réseau à bout de
bras, avec dévouement et coeur chaque jour.
M. le
Président, un engagement financier, c'est ce qu'on demande. Il y a une mise à
jour économique demain. 50 millions qui sont demandés seulement pour
le développement de nouvelles places et pour pouvoir remplir leur mandat.
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Alors, moi, je les salue, ces femmes, M. le Président, que j'admire beaucoup.
D'ailleurs, j'en ai rencontré aussi
et je dois vous dire qu'elles font un travail extraordinaire et que nous serons
au rendez-vous, M. le Président. Nous allons les soutenir, ces ressources
d'hébergement. Oui, ma collègue députée est vraiment... c'est vrai que c'est un
rôle essentiel, nous devons y voir, et mes
collègues et moi, nous allons tout faire vraiment pour supporter ces ressources
essentielles. Et je les salue à nouveau, ces personnes qui sont dans les
tribunes. Merci.
Le Président :
Question principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Protection des données personnelles détenues
par les organismes privés et publics
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Encore tellement de choses à dire sur l'immigration. On
y reviendra, j'en suis sûr.
Maintenant, le mois
de juin dernier, le Mouvement Desjardins a vécu la plus grosse crise de son
histoire en raison de la fuite de données de
ce qu'on pensait, à l'époque, être 2,9 millions de ses membres, situation
exceptionnelle et préoccupante. La
semaine dernière, nous apprenons que ce sont, en fait, les 4,2 millions de
membres de Desjardins qui sont touchés par cette fuite.
Questionné
sur ce fait, M. le ministre des Finances nous dit qu'il n'y a vraiment rien de
nouveau, c'est le même événement
qu'en juin. Pour le ministre des Finances, 1,3 million de personnes de
plus qui ont vu leurs données personnelles compromises, ça apparaissait
banal, même si ce n'est pas légal.
M.
le Président, quand aurons-nous un gouvernement qui va prendre les choses en
main et lancer une véritable réflexion globale, une véritable réflexion
globale sur la protection des renseignements personnels des Québécois?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question. C'est effectivement un incident
extrêmement sérieux, et ma priorité, c'est
la sécurité financière des Québécois. Et également je tiens à aider
l'institution financière à passer à travers cette crise parce que c'est notre seule institution financière
d'importance systémique au Québec, 300 milliards d'actif, 47 000
employés, et il est nécessaire que
cette institution adopte les meilleures pratiques de l'industrie pour apprendre
les leçons de cet événement.
Quant à l'approche,
nous avons déjà annoncé que nous allons légiférer sur les agences de crédit
pour énoncer leurs responsabilités, un régime de surveillance et offrir aux Québécois
le verrou ou le gel de crédit pour prévenir la possibilité ou contrer le vol d'identité. Ma collègue la ministre de la Justice va déposer... a l'intention de déposer un projet de
loi sur les renseignements
personnels. Mon collègue ministre
délégué à la Transformation
technologique regarde les aspects de cybersécurité, d'authentification
et d'identification.
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : Le gouvernement est en action, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci, M.
le Président. Alors, le ministre nous répète que son gouvernement est en
action, mais il me semble, il me
semble que le ministre n'apprécie pas l'ampleur de la situation et l'inquiétude
des Québécois. C'est quand même 4,9 millions de membres de
Desjardins, la moitié de la population de la province, M. le Président.
Alors,
M. le ministre nous dit que trois ministres du gouvernement travaillent chacun
de son côté sur quelque chose, on verra, soyez patients. Est-ce que
c'est ça, gouverner différemment?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, dans la
gestion de l'incident, Desjardins a été proactive dans une situation
extrêmement difficile, O.K.? D'abord, première étape,
c'est-à-dire prévenir le vol d'identité avec le système d'alerte d'Equifax,
nous avons plus de 1 million de
membres qui sont inscrits. Et, maintenant que la fuite s'est révélée plus
importante, ça nous prend plus
d'inscriptions. Alors, on travaille là-dessus avec Desjardins depuis le jour 1,
M. le Président. Nous sommes à 1 million.
Ensuite,
je tiens à rassurer les Québécois que leurs actifs, en cas de fraude, sont
garantis par une institution financière solide, bien capitalisée et avec
d'amples liquidités.
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : Troisièmement, Desjardins offre un service d'assurance en
cas de vol d'identité.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : M. le
Président, l'enjeu, c'est le vol
d'identité. Que les actifs soient bien protégés, on convient, très bien, mais c'est le vol d'identité et
le risque futur de fraude, c'est ça, le problème, M. le Président, et c'est ça
que le gouvernement ne semble pas comprendre.
Alors, est-ce
toujours la position de ce gouvernement qu'une commission
parlementaire, c'est juste un moyen, comme
le premier ministre le disait le 28 août, qu'il ne va pas se
laisser gouverner par les commissions
parlementaires? Est-ce que maintenant
ils vont finalement accepter notre demande de commission parlementaire pour une
réflexion...
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord,
je partage ce que dit le député de Robert-Baldwin, qui nous dit que ce qui est important,
c'est de prévenir les vols d'identité. Alors, ça, c'est le service d'alerte
d'Equifax.
Dans le cas
où il y aurait vol d'identité, là, c'est l'assurance que Desjardins,
la première institution financière, a décidé d'offrir.
Pour ce qui est d'avoir la réflexion, dans le
cadre du projet de loi sur les agences de crédit, il sera extrêmement pertinent d'entendre Desjardins, l'AMF, Equifax et
toute autre partie prenante qui pourrait contribuer au débat, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de La Pinière.
Révision
des ratios entre le personnel soignant et les patients
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, en 2016, ça faisait des années que les infirmières demandaient
de revoir les ratios infirmière-patients.
On a répondu oui. On l'a même inscrit dans une convention collective, un moment
qualifié d'historique par
Régine Laurent. Avec elle et avec le Conseil du trésor, on a pris le temps
de construire les fameux projets ratios et on les a mis en application.
La semaine
dernière, ici, je vous ai rapporté les succès de ces projets dans les urgences.
C'est le même succès dans tous les autres secteurs, dont les projets
sont terminés depuis janvier, notamment en CHSLD.
Demain, les infirmières vont écouter la mise à
jour économique et elles vont vouloir voir si le président du Conseil du trésor aura réussi à faire inscrire
dans la mise à jour au moins une première tranche de 350 millions de
dollars dédiée aux ratios. M. le Président, c'est le temps d'agir.
Est-ce que le président du Conseil du trésor,
demain, aura déçu les infirmières?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le
Président, avec beaucoup d'humilité, je pourrais dire que, peut-être, je ne
serai pas le premier... Non, je ne le dirai
pas comme ça. Je pense que, s'il y a quelqu'un qui a déçu les infirmières dans
les dernières années, ce n'est pas
moi. Puis je pense qu'avec tout le respect qu'on a pour les infirmières et avec
ce qu'on a dit depuis plusieurs mois...
M. le Président, nous avons dit que l'éducation et la santé étaient des
éléments excessivement importants pour nous et que nous allons trouver
des solutions.
Alors, ce que
j'entends de l'ancien ministre de la Santé, peut-être qu'il voudrait qu'on
fasse les négociations dans le secteur public à l'avance, peut-être
qu'il voudrait faire ça, mais je crois qu'avec la belle collaboration que j'ai
avec la ministre de la Santé... Nous sommes
en constante discussion pour savoir comment nous allons trouver des solutions
à un système de santé, M. le Président, qui
a été mis à mal au cours des dernières années. Alors, aujourd'hui, je n'ai pas
de leçons à savoir comment on devrait traiter les infirmières, M. le
Président.
• (10 h 50) •
Le Président : Question
principale, M. le député de La Pinière. Vous êtes le seul à avoir la
parole.
Projets
pilotes sur les ratios entre le personnel soignant et les patients
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je ne donne pas de leçons. Je dis simplement une chose qui est
très simple : Ça fait
10 mois que les projets ratios en CHSLD, par exemple, sont terminés,
10 mois que vous savez que les nouveaux ratios, ça veut dire plus de satisfaction du personnel,
plus de rétention, moins de temps supplémentaire obligatoire, moins d'erreurs
médicales, moins de chutes, moins d'attente pour les patients qui sonnent leurs
cloches. M. le Président, aujourd'hui, là, le message, là, que le président du Conseil du trésor vient d'envoyer,
c'est bien facile, en centre d'hébergement et de soins de longue durée : Hier soir, là, vous aviez
96 patients sous votre responsabilité; la nuit prochaine et les
prochaines, vous allez en avoir encore 96.
En réalité, M. le Président, il y a une question qui se pose ici : Est-ce que, le président du Conseil du trésor, la rumeur
est vraie qu'il ne veut pas les faire, les projets ratios, parce que ça coûte
cher... ou encore est-ce que la rumeur est vraie selon laquelle, selon
les officiers du Trésor, dans le réseau, on n'y croit pas, au réseau, on ne
croit pas aux revendications des infirmières? Quelle est la vraie réponse, M.
le Président?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants, à vous la parole.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, j'aurais presque une question à poser à l'ancien ministre de la Santé à savoir
combien de CHSLD il a visités pendant son mandat. J'en ai fait compte :
83. Combien de CHSLD avez-vous rénovés? Il y en a,
ça fait 25 ans qu'ils attendent pour une reconstruction. Qu'est-ce que
vous avez fait? Et qu'est-ce que vous avez fait aussi avec votre
réforme? Quand je visite les CHSLD...
Des voix : ...
Le
Président : Je vais
vous demander de vous adresser toujours à la présidence. C'est une règle que l'on connaît
bien — s'il vous plaît! — et
je prends le temps de la rappeler. Je vous demanderais également votre
attention. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Tanguay :
M. le Président, j'ai laissé aller Mme la ministre. La question est très, très,
très précisément sur les projets
ratios, oui ou non. On n'est pas dans les CHSLD et la rénovation, là.
Article 79. Je vous prierais de rappeler à l'ordre notre collègue,
Mme la ministre.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, le leader de l'opposition
officielle sait très bien qu'on ne peut pas apprécier la réponse, M. le Président. La ministre
responsable des Aînés répond d'une façon très intelligible à la période... à la
question qui est posée. Et d'ailleurs
c'est très instructif pour nous renseigner pourquoi on est dans cette
situation-là, grâce aux efforts soutenus du député de La Pinière.
Le Président : Mme la
ministre, je vous redonne la parole, s'il vous plaît.
Mme Blais
(Prévost) : C'était un préambule, j'y arrive. Quand je visite les
CHSLD et que je parle aux infirmières, il
y a beaucoup de départs. Pourquoi? Parce que, depuis trois ans, me dit-on, ça
fait tellement mal, elles sont tellement épuisées, ces personnes, que ces personnes quittent les CHSLD parce
qu'on ne les a pas assez soutenues. On a exigé le temps supplémentaire...
Des voix : ...
Le
Président : Je vais
vous demander, pour compléter cette période de questions, puis on l'a bien
fait depuis le début de la période de
questions, sur des sujets qui, ma foi, intéressent tout le monde, y compris ceux et celles qui nous écoutent, d'être attentifs
aux réponses quant aux questions. Mme la ministre, complétez votre réponse.
Mme Blais (Prévost) : On a
exigé du temps supplémentaire, on a épuisé nos infirmières, nos infirmiers, nos
préposés aux bénéficiaires. C'est ce qu'on a
fait dans notre réseau. On a une réparation énorme à faire par rapport aux CHSLD et surtout par rapport à prendre soin de nos infirmières,
de nos infirmiers et de nos préposés.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Blais (Prévost) : Vous
n'avez pas à me faire bye-bye.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Je vais simplement me permettre, encore une fois, et je sais que vous la comprenez bien... je vais me
permettre de vous rappeler à toutes et à tous cette règle que vous connaissez
bien : Attentifs aux questions et réponses et évitez de vous interpeler.
Une
voix : ...
Le
Président : M. le député, nos regards se croisent. Mais donc,
s'il vous plaît, soyez... faites en sorte qu'on puisse être efficaces
comme on souhaite l'être également.
M. le leader du
gouvernement, je pense que j'ai fait le tour et j'ai précisé ce qu'il en était.
M. Jolin-Barrette : Honnêtement, M. le Président, dans le cadre de
nos débats, on devrait éviter d'avoir des gestes disgracieux envers les
collègues et des paroles également. Je souhaite que, pour les prochaines
périodes de questions, malgré le fait que
les collègues soient en désaccord parfois avec la position gouvernementale, ils
puissent se comporter de façon respectueuse dans leurs faits et gestes,
M. le Président.
Le
Président : Je vais vous demander à tous de faire attention et
d'y penser. Tout ça finit par nuire à nos échanges, et ce n'est pas ce
que nous souhaitons.
Ceci met fin à la
période de questions et réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de votes
reportés, nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. Mme la députée
de Gaspé, la parole est à vous.
Souligner l'apport important et nécessaire du réseau des
maisons d'hébergement
pour femmes victimes de violence conjugale et demander
au gouvernement de rehausser son financement
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de saluer
chaleureusement les directrices de la Fédération des maisons d'hébergement pour
femmes et du regroupement des maisons d'hébergement pour femmes victimes
de violence conjugale, qui sont avec nous dans nos tribunes.
Alors,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la ministre de la Santé et des Services sociaux, la députée
de Marguerite-Bourgeoys, la députée de Sherbrooke et le député de
Chomedey, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'apport important et nécessaire des maisons
d'hébergement pour femmes violentées;
«Qu'elle
souligne également le travail de la Fédération des maisons d'hébergement pour
femmes et du regroupement des maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, qui travaillent en
collégialité;
«Qu'elle
constate le sous-financement chronique des maisons d'hébergement qui place de
nombreuses femmes et enfants en situation de danger;
«Qu'elle enjoigne au
gouvernement de consolider le réseau actuel par un rehaussement du financement
des maisons existantes;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement de réinvestir dans le réseau des maisons
d'hébergement pour femmes et enfants dans le but d'ouvrir des places
rapidement.»
(Applaudissements)
>15417 La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, cette motion est-elle
adoptée? M. le leader de l'opposition officielle.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet :
Oui, merci, Mme la Présidente. Je demande le vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, on a une demande de vote par appel nominal.
Que les députés qui
sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Bérubé (Matane-Matapédia),
M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon
(Gaspé).
M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé
(Châteauguay), M. Girard (Groulx), Mme McCann (Sanguinet),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain),
M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
Mme Blais (Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau),
Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond
(Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford),
Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin (Rousseau),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau
(Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe
(Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire (Maskinongé),
Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols
(Vaudreuil), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau),
M. Derraji (Nelligan), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Ouellette
(Chomedey).
• (11
heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Que les députés qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire
général, le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, cette motion est adoptée à l'unanimité.
Alors,
nous poursuivons avec un membre du groupe formant le gouvernement. M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, la parole est à vous.
Souligner la première tournée des Cafés numériques de
l'organisme
Printemps numérique dans les communautés attikameks
M.
Caire :
Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez de souligner la présence, dans nos
tribunes, du grand chef Constant Awashish,
qui est le grand chef du Conseil de la nation atikamekw, et de M. Mehdi
Benboubakeur, qui est le D.G. du Printemps numérique.
Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter,
avec la collaboration de ma collègue la ministre responsable des Affaires autochtones,
la motion suivante conjointement avec le
député de D'Arcy-McGee, le député de Rosemont, le député de René-Lévesque et le député
de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la première tournée des Cafés numériques
de l'organisme Printemps numérique dans [la communauté attikamek]
organisée entre le 30 septembre et le 4 octobre 2019;
«Qu'elle accueille favorablement
cette série d'initiatives propice à l'éducation numérique auprès [des] jeunes évoluant dans [la communauté autochtone] et qu'elle reconnaisse les opportunités de développement que cette dernière représente; [enfin]
«Qu'elle
salue l'ouverture du Conseil de la nation atikamekw en matière d'intégration
des technologies et qu'elle reconnaisse que les moyens dont il se dote pour réduire la fracture
numérique ont le potentiel d'amenuiser les risques de natures économique,
sociale et démocratique.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des
voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Motion adoptée. Maintenant, nous poursuivons avec un membre du groupe
formant l'opposition officielle. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de Jonquière
et le député de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le caractère particulier du sinistre
survenu à Sainte-Marthe-sur-le-Lac le 27 avril 2019 et causé par le bris
d'une digue sous la responsabilité de la municipalité et du gouvernement;
«Qu'elle reconnaisse
les très lourds dommages subis par les citoyens et la [...] détresse humaine
vécue par les sinistrés et leurs besoins en soutien psychologique;
«Qu'elle
prenne acte que de nombreux sinistrés
vivent dans des conditions inacceptables à l'approche de l'hiver et que
les délais pour procéder aux reconstructions sont minces;
«Qu'elle reconnaisse
que le programme général d'indemnisation et d'aide financière lors de sinistres
réels ou imminents du gouvernement n'est pas adapté à la situation particulière
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac;
«Qu'elle
exhorte le gouvernement à faire preuve de compassion et à répondre aux demandes
répétées des familles de Sainte-Marthe-sur-le-Lac;
«Qu'enfin,
le gouvernement caquiste octroie, dès que possible, un statut particulier aux
sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
qu'il mette en place un programme d'indemnisation adapté à leur situation
particulière et qu'il offre à tous les sinistrés
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac la possibilité de quitter leur propriété, et ce, en
bénéficiant d'un dédommagement tenant compte de la valeur foncière de leur
propriété avant les inondations.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M.
Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous
allons poursuivre avec un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Mme la Présidente, je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec la députée de Joliette :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des propos du député de La Pinière qui, comparant les réformes du ministre
de l'Éducation aux siennes dans le domaine de la santé, a déclaré hier "Ils
vont vite et imposent pour empêcher la résistance de se mettre en place. C'est
ce que j'ai fait.";
«Qu'elle prenne acte
des conséquences néfastes des réformes libérales dans le milieu de la santé;
«Qu'elle prenne acte
des critiques sévères énoncées en commission parlementaire dans les derniers
jours au sujet du projet de loi sur les commissions scolaires;
«Qu'en
conséquence, l'Assemblée nationale demande au gouvernement de retirer son projet de loi sur les commissions
scolaires.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. le leader du gouvernement,
pour la suite. M. le leader du gouvernement, pour la suite des travaux.
M.
Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'agriculture et des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 34,
loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de
distribution... voyons...
On va prendre de
l'eau, Mme la Présidente.
Bon,
on recommence : la Loi visant à simplifier le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission de la culture et de l'éducation poursuivra les consultations
particulières sur le projet de loi n° 40, loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires, aujourd'hui, après les affaires courantes
pour une durée de 1 h 30 min et de 15 h 45 à
17 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau. Voilà, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le leader. Je vous demanderais, pour ceux qui
sortent du salon bleu, de le faire en silence, s'il vous plaît.
Alors,
pour ma part, je vous avise que la Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs se réunira en séance publique, aujourd'hui, après
les affaires courantes et jusqu'à 12 h 15 puis de 15 heures à
17 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland,
afin de procéder à des consultations particulières et de tenir des auditions
publiques sur l'exploitation sexuelle des mineurs au Québec;
Cette
même commission se réunira ensuite en séance de travail, de 17 h 30 à
17 h 45, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin de faire le
bilan des auditions publiques.
Je
vous avise que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en
séance publique, aujourd'hui, après
les affaires courantes et jusqu'à 13 heures puis de 15 heures à
18 heures, à la salle Pauline-Marois, afin de procéder à des consultations particulières et de tenir des
auditions publiques dans le cadre du mandat d'initiative sur l'augmentation
préoccupante de la consommation de
psychostimulants chez les enfants et les jeunes en lien avec le trouble
déficitaire de l'attention avec hyperactivité.
Enfin,
je vous avise que cette même commission se réunira en séance de travail le
jeudi 7 novembre, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle RC.161, afin de statuer sur la possibilité
que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative sur les services
offerts aux personnes autistes, notamment lorsqu'elles atteignent l'âge de la
majorité.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction de projets de loi
Je
vous informe, aujourd'hui, à 14 heures, au bureau de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur, qu'il y aura sanction du projet de loi n° 28, Loi permettant la mise en place de certaines
mesures en matière de santé et de services sociaux liées au statut géographique particulier de la
région sociosanitaire de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ainsi que le
projet de loi n° 36,
Loi modifiant la Loi sur les compagnies concernant la participation et la prise
de décision aux assemblées des personnes morales sans capital-actions.
La période des
affaires courantes était terminée.
Affaires du jour
Nous allons
maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, afin de
débuter nos travaux, je vous demanderais d'appeler l'article 21 du
feuilleton.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
• (11 h 10) •
M.
Tanguay : Je voulais
juste vous confirmer que nous n'avons pas de renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Projet de loi n° 38
Prise en considération du rapport de la commission qui en a
fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader de l'opposition officielle.
Que
l'Assemblée... le... en fait, au... l'article 21 du feuilleton, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission
des finances publiques sur le projet de loi n° 38, Loi
modifiant certaines lois instituant des régimes de retraite du secteur
public.
Y a-t-il des
interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. En fait, je voudrais, tout
d'abord, saluer mes collègues députés parce qu'aujourd'hui nous procédons à la
prise en considération du rapport de la commission portant sur le projet
de loi n° 38, intitulé la Loi modifiant certaines lois instituant des
régimes de retraite du secteur public.
Tout
d'abord, je tiens à remercier mes collègues parlementaires qui m'ont accompagné
durant le travail, ce qu'on appelle
l'article par article, l'étude détaillée. Et je tiens aussi à préciser, Mme la
Présidente, que les travaux se sont très bien déroulés et que nous avons eu une excellente collaboration des
partis de l'opposition, et je pense que, quand c'est le cas, c'est
important aussi de le mentionner.
En fait, ce projet de
loi, le projet n° 38, propose diverses modifications
à certains régimes de retraite qui sont applicables
aux employés de l'État. En fait, puisque les projets de... les régimes de retraite, pardon, sont enchâssés dans des lois, toute modification nécessite
une modification au projet de loi, donc des projets de loi qui sont présentés,
par exemple, souvent pour des ajustements
très techniques, et je donnerai quelques exemples tout à l'heure, ou mettre à jour certaines dispositions qui sont
suite à des ententes ou avec des associations de cadres ou d'employés.
Donc, tout d'abord, j'aimerais résumer qu'il y a
deux grandes sections à ce projet de loi là, qui s'est bien déroulé, je le dis encore une fois. Le présent
projet de loi apporte certaines modifications pour reconduire des dispositions
de dérogation à la Charte
canadienne des droits et libertés. Ces dérogations-là, dans les différents
régimes, que ça soit le RREGOP ou le
RRF, étaient nécessaires et sont en place, ces dérogations-là, à tous les cinq
ans. Et ce que nous avons fait, en
fait, c'est de les reconduire encore pour s'assurer que les dérogations
nécessaires à la Charte des droits et libertés puissent être faites.
En fait, le
deuxième élément de ce projet de loi, qui était tout aussi important, était de
s'assurer que nous avons... d'avoir
des modalités particulières pour que certains employés de l'État puissent
revenir, sans pénalité, travailler, alors qu'on sait que nous avons un manque important de main-d'oeuvre, par
exemple en éducation et en santé, et que ce projet de loi là va permettre à certains cadres de
pouvoir revenir à l'emploi de l'État sans subir de ponctions sur leur retraite,
qui devrait un incitatif important.
Alors, en
résumé, Mme la Présidente, nous avons pu procéder à l'étude article par article
de ces deux points-là, et je
remercie, encore une fois, Mme la Présidente, autant mes collègues
parlementaires que le personnel du Secrétariat du Conseil du trésor, mais aussi les députés de
l'opposition qui nous ont permis d'aller rondement dans ce projet de loi et de
vous le présenter pour considération aujourd'hui, Mme la Présidente. Merci
beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions? M. le député de La Pinière, la parole est à vous.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
Oui, Mme la Présidente. Alors, effectivement, j'ajoute ma parole à celle du
président du Conseil du trésor.
Effectivement, nous sommes rendus à la prise en considération du projet de loi
n° 38, un projet de loi que je qualifierai
de particulier par son contenu, un contenu qui traite de sujets qui ne sont pas
vraiment quotidiens dans la vie parlementaire,
et je pense qu'on peut dire ça. Même que je me demande si le président du
Conseil du trésor lui-même, comme
moi, lorsqu'il a vu arriver cette demande-là, il n'a pas été surpris des sujets
parce que ce sont des sujets qui sont, comme je viens de le dire, qui
sont un petit peu inhabituels, et j'y reviendrai dans quelques instants.
Ceci dit,
oui, c'est vrai, là, je pense que ce projet de loi s'est fait d'une façon tout à
fait cordiale et constructive dans
l'intérêt de ceux que le projet de loi vise. Et je vais remercier, moi aussi,
le président du Conseil du trésor de sa... je ne dirai pas
«collaboration» parce qu'en général c'est l'inverse qui est demandé, mais de
son attitude très positive face aux
questions que j'aurai eu à poser, qui parfois auraient pu avoir l'air
pointilleuses, mais qui visaient à faire en sorte que, comme c'est le cas lorsqu'on signe un contrat... lorsqu'on
signe un contrat, bien, on recommande toujours aux gens de lire le «fine print», les petits
caractères en bas de page pour être bien certain de comprendre ce qu'ils
signent... Et je pense que le
législateur, du moins le Parlement,
tous les gens, les parlementaires impliqués dans l'adoption d'un projet
de loi se doivent, je pense, c'est la case départ, de s'assurer d'avoir une
compréhension appropriée de ce pourquoi ils travaillent, ce pourquoi des projets
de loi sont adoptés, leur portée, et ainsi de suite.
Mme la Présidente, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent, évidemment,
je vais me permettre de faire un retour sur un certain nombre d'éléments
qui sont apparus dans le projet de loi.
Alors, dans
un premier temps, peut-être, c'est assez amusant, là, c'est un hasard, évidemment,
mais ce projet de loi là est
un projet de loi qui, comme celui que j'ai commenté hier... hier,
j'ai eu à commenter le projet de loi n° 37... les projets
de loi, dans ce cas-là, se suivent et se ressemblent. On dit souvent que les
choses se suivent et ne se ressemblent pas. Dans le cas présent, ça se ressemble dans la forme. Alors, nous avons eu hier
le projet de loi n° 37 qui essentiellement, du moins dans ma lecture, était deux projets
de loi qui étaient en un, puis le dénominateur commun était le ministre qui avait
la responsabilité de ces dossiers-là. Et aujourd'hui je pense qu'on peut dire essentiellement la même chose.
C'est deux courts projets de loi en un qui traitent du même sujet, qui sont qui
sont sous la responsabilité du président du Conseil du trésor, à savoir des retraites, mais des retraites qui
sont dans différents secteurs et qu'on aborde selon différents angles.
Alors, dans
un premier temps, ce qui était la majorité, je vous dirais, Mme la Présidente, du projet de loi, bien, la majorité du projet de loi visait à faire en sorte que l'on reconduise des
exemptions face à la charte des droits et libertés dans la loi constitutionnelle du Canada pour des
gens qui étaient et qui sont encore dans diverses organisations, pour que ces personnes-là
puissent continuer à avoir accès à une rente, à un régime de retraite qui, à la
case départ, ne leur était pas rendu disponible.
Et je vais
prendre le cas de figure qui est certainement le plus spectaculaire. Ceux de ma génération, et
ce n'est pas une critique des autres,
évidemment, mais ceux de ma génération, peut-être
pas la vôtre, Mme la Présidente, mais ceux de ma génération, que voulez-vous, on a connu ça, qu'on a
connu l'époque où l'enseignement était livré, était fourni, était sous la responsabilité
des communautés religieuses. Et moi, je suis de la génération qui a connu le
passage de cette responsabilité-là des communautés, qui incombait aux communautés
religieuses, qui s'étaient donné cette mission-là en collaboration avec
le gouvernement, il faut le dire, à l'espace public que l'on connaît aujourd'hui.
Et évidemment personne ne va être surpris
que, lorsque l'enseignement était donné, fourni et organisé par les communautés religieuses, bien, je pense que personne ne va être surpris
d'apprendre que, pour ces gens-là, il n'y avait pas de régime de pension
qui était offert aux religieuses, lesquelles
avaient un profil de vie et une organisation qui était celle que l'on a connue
et qui ne prévoyait pas ce genre de régime.
Ceci dit, ces
gens-là, dans bien des cas, ont été dans le mouvement de la migration des
communautés religieuses vers le régime public.
Mme la
Présidente, si vous me permettez, je vais juste demander un verre d'eau. J'ai
plus qu'un chat dans la gorge, je
pense que j'ai la famille au complet. Mais ça va... Ça va se corriger en
quelques instants. C'est la saison de la grippe, alors, on est plusieurs
à être affectés par la chose.
Alors
donc, Mme la Présidente, beaucoup de gens qui étaient professeurs ont soit été
embauchés par des organisations religieuses soit étaient des gens
religieux — merci
beaucoup, mademoiselle, c'est bien gentil, petite pause, ça fait du bien, merci — et ont dû migrer, évidemment, vers le régime
public. Et, en migrant vers le régime public, ces gens-là, pour les années qu'elles ont oeuvré dans le secteur
précédent, c'est-à-dire celui des communautés religieuses, bien, on leur a offert la possibilité,
essentiellement, de racheter des années pour faire en sorte que ces
personnes-là puissent continuer leur
carrière jusqu'à l'âge prévu de la retraite et, évidemment, bénéficier de la
même retraite équivalente à ceux qui arrivaient, comme on le connaît
aujourd'hui, dans le régime actuel.
• (11 h 20) •
Je pense que
les gouvernements passés, peu importe leur couleur, ont agi avec équité dans ce
dossier-là. Et non seulement ils ont
agi avec équité, ils ont même choisi, Mme la Présidente, de poser des gestes
qui, aujourd'hui, ne seraient pas recevables. Alors, ça, j'ai appris ça,
évidemment, dans le projet de loi, c'était très intéressant.
Et j'avais
posé la question : Pourquoi faut-il une dérogation à la charte des droits?
Parce que, si on demande une dérogation à la charte des droits, ça veut
dire que la charte, qui, elle, prévoit un équilibre, hein, qui ne permet pas la
discrimination, bien, ça veut dire que, si
on demande une dérogation, c'est parce qu'on veut toucher à cet équilibre,
permettre une certaine discrimination.
Alors là, vous comprendrez que, même quand je vous le dis actuellement, ça
suscite probablement chez vous et chez tout le monde une question, une
dérogation à la charte des droits.
Alors, la
dérogation était très, très, très justifiée, Mme la Présidente, parce que
l'histoire montre qu'à cette époque, pour
ce qui est des régimes de pension, il y avait, dans le passé, il y a eu, à un
moment donné, une inéquité entre les hommes et les femmes. Et il a fallu, à un moment donné, lorsque l'État a choisi
d'aller dans la direction d'offrir la possibilité de racheter des années, d'une part, et, d'autre part,
leur permettre de participer à un nouveau régime, au régime actuel de pensions, il y avait un élément d'inéquité
hommes-femmes à corriger. Et l'État, à l'époque, a choisi justement de corriger
cette inéquité-là en faveur des femmes.
Écoutez, aujourd'hui,
là, je ne peux pas croire qu'on aurait à débattre de ça, mais, oui, on a eu à
débattre de ça. Évidemment, dans le
cas présent, on, comme toujours, exclut la personne qui parle. Mais ça a été
fait comme ça, et c'est une bonne
chose. Et c'est la raison pour laquelle depuis, de mémoire, je pense, 1976 ou
1982, Mme la Présidente — permettez-moi cet
oubli-là — bien, à
chaque année, il y a eu une reconduction de cette dérogation-là à la charte des
droits pour garder ce privilège issu
d'une discrimination positive envers les femmes de cette époque-là jusqu'à
aujourd'hui. Et ça tombe sous le sens que ça ait été, évidemment,
maintenu.
Alors, juste pour fins d'intérêt dans la
conversation, sachez, Mme la Présidente, qu'on compte les gens, essentiellement des femmes, qui bénéficient de
cette dérogation-là, au nombre d'une dizaine, quinzaine, pas plus que 20 par
organisation syndicale, parce qu'il y a cinq syndicats, il y a cinq unités, il
y a les enseignants, certains enseignants, le RREGOP, et ainsi de suite, et ces entités-là ont des membres qui,
évidemment, avec le temps, s'étiolent, et c'est tout à fait normal, évidemment. Peut-être qu'il y en avait des
centaines, peut-être des milliers au début des années 80 ou à la fin des
années 70. Aujourd'hui, on reconduit
des mesures qui vont s'éteindre à un moment donné, évidemment, pour des raisons
évidentes, mais aujourd'hui qui concernent
essentiellement quelques dizaines de personnes. Et il va donc de soi qu'il
faille, pour nous, reconduire ces
mesures-là qui, si on les abrogeait, seraient complètement injustes envers des
gens qui, aujourd'hui, on le comprendra, sont carrément à la retraite et
certainement rendus à un âge avancé.
Alors donc, pour cette partie-là du projet de
loi, il n'y a pas de débat. Il y avait essentiellement un exercice de
compréhension à faire, ce qui a été fait, je pense, au bénéfice de tout le
monde.
Le deuxième
élément est un deuxième élément, dans le projet de loi, qui n'avait rien à voir
avec les dérogations à la charte des
droits. C'est complètement un domaine séparé qui traite de la retraite mais
dans un cas particulier. Le cas particulier est le suivant : le
gouvernement a choisi de mettre, dans une loi, la possibilité de permettre à
des cadres de revenir dans les grands
réseaux, peu importe le réseau. À des cadres : j'insiste, Mme la
Présidente, ce n'est pas quelque chose
qui était nécessaire pour les autres, parce que les autres l'ont déjà. Le gouvernement a choisi de mettre, dans ce projet de
loi là, une provision qui permet au gouvernement d'établir les règles par lesquelles... selon lesquelles, pardon, un
cadre pourrait sortir de la retraite, revenir dans le marché du travail
et, selon son choix, ne pas contribuer à nouveau à son régime de retraite. Je le
répète, c'est important : Ce cadre-là, il est à la retraite. Il est à la
retraite, il reçoit sa rente. Et, pour une
raison x, et ça, ça ne nous appartient pas de porter un jugement là-dessus...
Serait-il utile, à un moment donné, pour nos
réseaux qui sont en pénurie aussi, comme toute la société,
de leur permettre de revenir sur le marché
du travail soit dans un poste de cadre soit dans une autre position?
Moi, Mme la Présidente, lorsqu'on a eu à débattre le principe du projet de loi, lorsqu'on a eu à débattre pour faire les premiers débats sur le projet de loi, j'ai fait un long laïus sur la retraite, sur la capacité de ces gens-là... revenir et offrir une
capacité additionnelle de services. Je pense que personne ne conteste ça et
personne ne conteste l'utilité ou l'opportunité de ça, mais est-il possible de
le faire? À quelles conditions? Qu'est-ce qui est avantageux, et ainsi
de suite?
Le projet
actuel s'adresse à une seule catégorie d'individus : les cadres. Ça, je trouve ça
malheureux, puis je vais vous dire
pourquoi. La première raison, elle est très simple, Mme la Présidente : Est-ce que, dans la société
d'aujourd'hui, qui est pénurie dans tous ses secteurs, il
y a une utilité, une utilité de saisir l'opportunité, ou de créer, ou de
favoriser l'opportunité de voir des gens
expérimentés revenir à des conditions x, y, z? Pour moi, la réponse, c'est oui.
C'est une évidence, d'autant plus qu'aujourd'hui, puis ça, vous allez me l'accorder, Mme la Présidente, j'espère...
aujourd'hui, avoir 65
ans, là, ce n'est pas comme avoir 65 ans quand moi, j'avais 10 ans, là. Alors,
moi, quand j'avais 10 ans, on regardait les gens, à 65 ans, là, hein... On se rappelle tous, parce qu'on vient tous
de familles... peut-être pas tous, mais on a tous connu des grandes
familles, et les grandes familles, on est tous allés dans les salons
funéraires, regarder les gens de 65, 70 ans, «boy» qu'ils avaient l'air vieux et fatigués. Puis c'est vrai, hein,
c'était une autre génération, qui a travaillé fort, qui était dans des conditions complètement différentes des
nôtres. Ce n'était pas le même monde. Mais, aujourd'hui, avoir 65 ans,
on s'entend-u que ce
n'est pas exactement la même affaire? Je peux en parler, là, je
m'approche de ça, tranquillement, pas
vite. Alors, ces gens-là sont capables encore, aujourd'hui, d'offrir
d'excellents services à la société et, à
mon avis, on devrait le
favoriser.
Et ce projet de loi là traite des cadres. Là, je
ne veux pas en faire une séparation entre les cadres et les autres, d'aucune manière, alors... mais j'ai posé beaucoup
de questions sur les cadres et j'ai eu des réponses. Ça me
ramène au débat de la retraite et ça
me ramène à cet enjeu-là, qui n'est pas traité dans la loi. La loi, telle
qu'elle était écrite... Je peux vous
dire tout de suite, Mme la
Présidente : On va voter pour,
là, il n'y a pas de problème dans ce projet
de loi là. Il y a des sujets que ça soulève, par exemple, et ces sujets-là, c'est-à-dire, ces objets-là auraient pu être traités dans le projet de loi, et on a, à mon avis, raté une
opportunité. On aurait pu élargir le débat, élargir la portée de ça pour les
raisons que je viens de dire.
Et là je m'explique, Mme la Présidente, je vais
prendre deux cas de figure. Parce que j'ai posé la question à plusieurs
reprises, et on a fini par, disons, circonscrire ce qui était le point
d'interrogation. Et le point d'interrogation commence
par... en fait, il y en a plusieurs, on va commencer par le premier : C'est-u
une bonne idée de permettre aux retraités de revenir? Je pense que tout
le monde ici va s'accorder pour dire oui. C'est ce que je pense.
Maintenant,
le projet de loi ne s'adresse qu'aux cadres. Pourquoi? Est-ce que
le projet de loi ne devrait pas s'adresser aussi aux autres? Alors, là, c'est le deuxième
point d'interrogation, qui est le plus important :
Pourquoi juste les cadres? Pourquoi
juste les cadres dans le projet de loi? Bien, c'est parce que, dans le secteur
public, là... ici, on parle du secteur public...
dans le secteur public, les gens qui sont retraités ont la possibilité de
revenir dans le marché du travail en conservant leur rente. C'est ça, la réalité. Un employé, aujourd'hui, par exemple,
dans le secteur de la santé et ailleurs, peut revenir sur le marché du
travail et il va additionner sa rente à son travail qu'il fait actuellement.
• (11 h 30) •
Pourquoi on n'en a pas plus? C'est ça, bonne question.
Pourquoi on n'en a pas plus? Parce
qu'au final, Mme la Présidente, pour
ce qui est de l'employé qui n'est pas traité dans le projet de loi, au final,
fiscalement, ça amène cet employé-là dans
une autre fourchette d'imposition, et le bénéfice monétaire, pécuniaire pour
l'employé de revenir au travail en cumulant sa retraite avec son revenu
d'emploi est tel que les gens trouvent que ça ne vaut pas la peine. C'est
quelque chose, ça.
Alors, si on
voit un intérêt à permettre à des gens de revenir à la retraite dans des
conditions x, y, z, n'y aurait-il pas
eu lieu de mettre dans le projet de loi des éléments fondamentaux pour revoir,
potentiellement même, ne serait-ce qu'un article? Nous allons établir les nouvelles conditions fiscales qui vont
rendre attractif le retour au marché du travail par les employés qui sont retraités. Ça, là, ça aurait
été un vrai beau dossier, un défi en soi, parce qu'évidemment ces gens-là
reviennent à certaines conditions, meilleures conditions fiscales. Là, les gens
auraient levé la main, justice, injustice, discrimination,
et ainsi de suite, mais ça aurait été un beau débat. Ça aurait été un très beau
débat. Moi, j'aurais aimé que le projet de loi ait cette provision-là,
cette opportunité-là parce que ça aurait été le miroir, pour les employés, donc
les non-cadres, de ce que l'on fait dans le projet de loi pour les cadres.
Les cadres, eux autres, là, ce n'est pas une
«free ride» — c'est
un anglicisme que vous allez me permettre, Mme
la Présidente — alors,
ce n'est pas un bar ouvert, là, puis ce n'est pas une partie gratuite, ce n'est
pas ça. On dit, dans le projet de
loi, qu'on va établir les règles qui vont permettre aux individus de revenir
dans le marché du travail. Et, dans
les conditions dont on a débattu, dans ces conditions-là, il y aura, par
exemple : Vont-ils recevoir leur pleine rente, par exemple? Vont-ils recevoir une fraction de la
rente qui est la fraction du temps non travaillé versus le temps travaillé?
Auront-ils ou non à cotiser au Régime des
rentes, ce qui augmenterait, avec le temps, leur rente? Ce sont des éléments
qui ont été exprimés. Et ce que je
comprends de la direction que ça prend, actuellement, c'est qu'on s'en va dans
cette direction-là.
Et là, Mme la Présidente, je ne peux que faire
une pause et exprimer ma déception. Écoutez, je ne peux pas passer à côté de ça. Il y avait plusieurs groupes
qui étaient invités en commission parlementaire, en consultations publiques,
qui, on va le comprendre, là, ça se
comprend, étaient tous, les groupes, syndiqués. C'étaient des syndicats, là,
qui représentaient, là, ces gens-là.
Et le ministre nous a dit : Bien, nous, on a eu beaucoup, beaucoup,
beaucoup de conversations avec eux autres,
et ils sont satisfaits. Alors, ça veut dire quoi, ça, en français? Ça veut dire
qu'ils ne sont pas venus parce que les consultations ont été faites à
l'extérieur du parlement, entre les syndicats et le Conseil du trésor.
Et je leur
dis une chose aujourd'hui : Si, à la fin, ça ne marche pas, là, bien,
voilà, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, peut-être que si vous étiez
venus en commission parlementaire et nous donner l'occasion, aux oppositions,
de vous aider à faire mieux et plus...
Maintenant, je comprends que les organisations syndicales sont satisfaites.
Bien, si elles sont contentes, je ne
peux pas être autrement que d'être content. Mais il n'en reste pas moins que le
processus de consultation s'est fait à l'extérieur de ce qui est prévu à
notre protocole.
Vous savez,
des désistements, là... ayant été, dans une vie antérieure, l'objet...
peut-être pas l'objet, mais ayant eu l'opportunité, dans le passé, dans une vie
précédente, de m'adresser à l'État vis-à-vis un projet de loi, je peux vous
dire que, quand on est invité, et qu'on
refuse, et qu'on se désiste, c'est parce qu'on n'y voit pas notre intérêt. Soit
on n'y voit pas notre intérêt, soit
on pense que c'est peine perdue. Moi, je peux vous dire que les fois où on m'a
invité et que j'ai décliné l'invitation
ou, même, que je me suis désisté, c'est parce que soit j'avais conclu que tout
était réglé d'avance, là, puis je n'utilise
pas d'autres mots, soit l'évolution de ce que l'on voyait en commission
parlementaire était telle que la direction que ça prenait, ça ne nous convenait
pas. Alors là, je ne peux passer sous silence le fait qu'il y a
eu ces consultations-là à l'extérieur,
nous n'en avons pas bénéficié. Je ne peux pas affirmer aujourd'hui que le fait d'être venu aurait été une valeur ajoutée, je ne peux pas dire ça, mais je peux quand même
déplorer le fait que tout se soit passé dans la coulisse, alors je le
fais. Je ne m'étends pas plus sur le sujet, mais je ne peux pas faire autrement
que de le mentionner ici aujourd'hui.
Alors, Mme la
Présidente, c'est là où on est aujourd'hui. Une situation qui est donc, à mon
avis, simple, qui a encore des
inconnues et qui demeure, pour moi, une occasion manquée, occasion manquée
parce qu'on a choisi de ne pas traiter l'autre groupe, le groupe des
non-cadres. Et ça, on se peut se poser bien, bien des questions là-dessus. Et
la première question,
c'est que, donc, le gouvernement, en choisissant de ne pas s'y adresser, voit,
je dirais, à ce moment-là, un caractère négatif à changer la fiscalité d'un groupe d'employés dans la société
qui, probablement, ne serait pas très nombreux, mais qui, sûrement, pourrait donner un coup de pouce
aux gens de nos grands réseaux et de l'État aussi, comme tel. Alors, pour
moi, c'est une opportunité manquée.
Qu'est-ce que le gouvernement a vu comme problème politique potentiel? Je ne le
sais pas, mais peut-être que les gens
et les organisations syndicales qui nous écoutent aujourd'hui... peut-être
qu'ils pourront saisir là un message
de notre part à l'effet que, oui, c'est le genre de choses qu'on pourrait ou
devrait regarder. Bon, qui vivra verra.
Un dernier
point, Mme la Présidente, qui est celui de la retraite au sens général du
terme. Je tiens à souligner le fait que ce sujet-là n'est pas un sujet
secondaire, c'est un sujet qui sera de plus en plus important. Pourquoi? Parce
qu'on voit de plus en plus, de plus
en plus de situations où les gens, à l'âge de la retraite, dans le secteur non
public, se voient dans l'obligation,
pour arriver, de cumuler leur retraite et des emplois. Et il n'est pas rare,
Mme la Présidente, de voir, dans le
secteur des services, des gens à l'âge pas mal avancé, là, travailler. Je sais
que beaucoup de ces gens-là travaillent par intérêt, parce que le travail, à un moment donné, dans la vie, ça
peut être aussi une raison sociale, pas au sens légal du terme, mais à
un moment donné ça nous permet de briser l'isolement, puis c'est une bonne
chose.
Mais l'enjeu
de la retraite, je ne pense pas que c'est un enjeu qui va disparaître. La
raison pour laquelle je dis ça, Mme
la Présidente, c'est parce qu'il y a un certain nombre d'années, je vous dirais
une dizaine d'années, j'ai eu l'occasion de participer à un forum où était invité le chef du budget du bureau du
premier ministre du Canada, qui nous faisait une présentation qui était confidentielle à l'époque, il y a une dizaine
d'années — maintenant,
ces chiffes-là sont publics — et il
nous présentait, à l'époque, la difficulté de maintenir en place les régimes de
retraite, le fonds de pension du Canada. Et il avait mis une date, que je ne vous dirai pas parce que ça va être
terrible, mais il avait prévu que si rien n'était faisait... n'était fait, pardon, ne se faisait, n'était fait,
le Régime de pensions du Canada pourrait être en faillite. Et le gouvernement
de l'époque a pris un paquet de mesures qui n'avaient pas été populaires, mais
il ne l'avait pas expliqué. Il n'avait pas expliqué, mais il l'avait fait pour ces raisons-là, maintenir la santé
du Régime de pensions du Canada, et que l'on a encore aujourd'hui. Puis c'est la même chose pour les
rentes du Québec, c'est un enjeu qui va aller en s'accentuant, à mon avis,
avec le vieillissement de la population qui est à nos portes. Je pense
qu'aujourd'hui c'est à nos portes.
• (11 h 40) •
Et je dirais,
Mme la Présidente, que — c'est un peu éditorial, ce que je vais dire là — je pense qu'une des choses que l'on transmet le moins bien à nos enfants, au
sens général du terme, là... je n'accuse personne, là, mais vraiment pas,
c'est nous, mais à un moment donné une des
notions qu'on doit transmettre pour... puis on arrive dans cette période-là, là,
c'est la nécessité de l'épargne à être
construite à partir du plus jeune âge. L'épargne, là, quand on connaît la
mécanique de ça, c'est le long terme
qui permet d'avoir une retraite, et c'est la dernière période, les derniers 10
ans, qui permettent d'avoir une...
par la mathématique des choses. Puis je dis souvent ça, je dis ça à mes propres
enfants, 10 % de 1 $ ça fait 0,10 $,
là, de 1 $, 10 % de 1 million, ça fait 100 000 $.
Alors, des intérêts composés, c'est ça que ça fait, là. Faites les calculs, là, ça se fait sur nos téléphones, là. C'est là
qu'on réalise qu'en commençant tôt par de petits montants on arrive à une
retraite, en dollars constants, qui est tout
à fait confortable. Et les États, eux, font les mêmes calculs et souvent se
rendent compte, les États, qu'ils vont avoir de la difficulté à offrir
la retraite que les gens souhaiteraient dans les prochaines années. Ça, c'est un moment éditorial que je
prends, Mme la Présidente, pour la raison bien simple que c'est un projet de
loi de retraite, alors vous m'avez permis
cette flexibilité-là. Je remercie le leader adjoint de ne pas s'être levé parce
que je sortais du sujet, mais je pense que c'est un sujet qui est
globalement important.
Alors, je
termine là-dessus, Mme la Présidente. Donc, le projet de loi, c'est un bon
projet de loi qui, manifestement, est à la satisfaction des
organisations syndicales concernées, et je dirais, par ricochet, que c'est à la
satisfaction des individus, les cadres en
l'occurrence, concernés. Les autres, évidemment, s'attendent à la reconduction.
Et ceux qui seront encore avec nous dans cinq ans, parce que la
reconduction pour les exemptions constitutionnelles sont renouvelées aux cinq ans, bon, ceux qui viendront à la suite,
évidemment, en bénéficieront, c'est dans l'ordre des choses. Et nous voterons
certainement en faveur du projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Merci, M. le député. Y
a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Vaudreuil, la parole est
à vous.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Alors, merci,
Mme la Présidente. Bien que je
considère que la présentation de mon collègue de La Pinière a été
plus que complète, étant donné que j'ai tout de même participé... j'ai
participé à la commission ou, enfin, à l'élaboration du projet de loi n° 38, je vais me permettre de peut-être
compléter un peu ou, en fait, le dire dans mes propres mots, en espérant que ce ne soit pas trop endormant, parce
qu'on sait, ce n'est pas un sujet qui est hyperemballant et ce n'était pas un projet de loi, non plus, qui
était beaucoup contesté. Puis on va se le dire, c'est souvent
complexe quand on parle de ces notions de
régimes de retraite, de reconduction. Et la preuve, c'est qu'il y avait,
avec nous, un actuaire qui était parmi nous et des avocats, justement,
là, afin de mieux répondre à des questions très pointues.
Donc, voilà,
c'est la prise en considération du projet
de loi n° 38, soit la Loi modifiant certaines lois instituant des
régimes de retraite du secteur public. Et nous avons donc procédé à l'étude
article par article. Donc, ce n'était pas très
élaboré non plus, puisque c'est un projet
de loi de 10 articles, et ce,
incluant, là, les articles pour le titre puis la renumérotation, et tout ça. Donc, ce n'était pas très long non plus,
mais des fois 10 articles, ça peut être très long, mais ici ce n'était pas très complexe. C'est plutôt,
au contraire, un projet de loi très particulier. C'est particulier à cause de
son contenu. C'est un sujet plutôt inhabituel, on parle de
régimes de retraite, et c'est un sujet aussi qui est plutôt restreint,
restreint parce
que c'est concentré ou, en fait, c'est dirigé vers des personnes en
particulier. Donc, ça ne s'applique pas à l'ensemble de la population, bien que ce soit tout de même un
projet de loi quand même important, c'est un projet de loi qui s'adresse
à des personnes très précises.
Et je vais donner l'exemple, entre autres, dans
le projet de loi, à l'article 2, l'article 2, bien, mon collègue posait des questions, se demandait, c'est quoi,
l'enjeu de l'article 2 parce que nous, on n'en voyait pas, puis on se
disait : À qui ça s'applique, le
projet de loi n° 2... — le projet de loi n° 2! — l'article 2, on se demandait à qui ça
s'applique. Et ce qu'on nous disait,
entre autres, que c'est le RRE, le régime des enseignants, et le RRF, le régime
des fonctionnaires, qui demandaient
un transfert vers le RREGOP. Et, dans les dernières négociations, ça touchait
34 personnes pour le RRE, 15 personnes pour le RRF. Et maintenant, à
l'étape où on était rendus dans le présent projet de loi, ça ne touchait que sept personnes pour le RRE et six personnes pour
le RRF. Donc, c'est quand même... quand je dis, c'est particulier, ou c'est précis, ou c'est ciblé, donc on cible ces
personnes-là dans un projet de loi qu'on traite ici, à l'Assemblée nationale.
Évidemment,
c'est un sujet qu'il faut quand même aborder, c'est un sujet qui est sous la
responsabilité du président du
Conseil du trésor, donc on comprend, là, l'objet de l'amener et de l'étudier en
bonne et due forme. Et le projet, comme je le disais, l'objectif
principal était de reconduire certains régimes de retraite.
Mon collègue,
précédemment, parlait d'un cas de figure, en fait le plus populaire, là, qu'on a abordé, entre autres, dans l'article premier du projet de loi n° 38. On parlait... puis ça, ça a attiré mon attention parce que
c'est quand même assez
inhabituel qu'un projet de loi nécessite une dérogation à la Charte des droits
et libertés. Donc, en effet, c'était l'article 15 de la Loi constitutionnelle de 1982, qui prévoit,
entre autres, l'égalité devant la loi, et évidemment on parle de l'égalité aussi des bénéfices. Et, dès qu'on
touche à la Constitution ou à la charte, je trouve ça toujours
un peu particulier, puis évidemment
ça attire notre oeil d'emblée. Et, comme le disait précédemment mon collègue,
c'est, entre autres, dans le cas des
religieux, parce que, on le sait, avant, notre système
scolaire ou, en fait, les enseignants étaient sous le régime plutôt, disons, de l'Église, et avec les années,
là, on s'est sortis de l'Église pour s'en aller vers, entre autres, la création
des commissions
scolaires. Et je pense toujours
à Paul Gérin-Lajoie quand on parle de commissions
scolaires, qui a d'ailleurs créé le premier ministère de l'Éducation. Donc, c'était le cas de figure,
là, le plus populaire, là, ou, enfin, le cas de figure particulier auquel on
faisait référence à l'article 1, soit les religieux qui migraient vers le
régime public, et ça, évidemment,
pour permettre l'équilibre tel que prévu à l'article
15 de la Loi constitutionnelle de 1982, sans quoi il y aurait
eu, définitivement, une inéquité,
inéquité, évidemment, soit entre les religieux et les enseignants, là,
qui viennent déjà du milieu ou encore l'inéquité entre autres entre les
hommes et les femmes.
La retraite... Je vous dirais que le coeur du projet
de loi ou, en fait, là où on a passé le plus de temps est définitivement, là, l'article 5. Donc, l'article
5 était vraiment le coeur du projet de loi, c'est-à-dire que c'est l'article de loi qui
prévoyait, entre autres, la possibilité ou l'opportunité
de permettre aux cadres de retourner sur le marché du travail. Donc, on a vraiment permis... Le ministre, par son
ouverture dans le projet de... dans le... voyons, je dis «dans le projet
de loi», mais c'est l'article 5, en fait,
dans le projet de loi n° 38, mais l'article 5 permet, entre autres, aux
cadres de retourner sur le marché du
travail, et ce, sans préjudice pécunier, c'est-à-dire que... On donnait
l'exemple, entre autres, mettons, d'un prof qui est devenu directeur
d'école — donc, il
était cadre — et qui
voudrait revenir, mais qui voudrait être professeur, qui voudrait retourner dans le milieu de l'enseignement,
donc l'article 5 lui permettrait de retourner enseigner, et ce, sans
qu'il y ait aucun préjudice monétaire.
Mais, tout
comme mon collègue précédemment, j'ai une grande déception à l'effet que
c'était une belle opportunité, entre autres, ce projet de loi là, pour
ouvrir la porte à... pas juste les cadres, mais aux autres personnes, là, qui
veulent retourner sur le marché du travail.
Et je pense que ça aurait pu être profitable pour l'ensemble de la société
québécoise parce qu'on se... Puis
j'apporte un propos, puis c'est un propos que j'ai souvent entendu pendant la
campagne électorale, mais c'est un
propos aussi que je suis certaine que les collègues et l'ensemble des collègues
du salon bleu entendent quand ils se
promènent sur le terrain, les gens nous disent : Bien, moi, j'aimerais ça
retourner travailler, mais ça ne vaut pas la peine, ça ne vaut pas la peine parce que je vais donner mon argent au
gouvernement, ça fait que je suis aussi bien de rester chez nous. Ça
fait que, ça, on l'entend souvent, puis je trouve qu'ici, bien, on avait cette
opportunité-là, entre autres, d'ouvrir la
porte à ces gens-là au marché du travail. Parce qu'on ne se le cachera pas,
puis c'est des discussions qu'on a eues
pendant le projet de loi, c'est qu'il y en a une, main-d'oeuvre qualifiée qui
est présentement à la retraite. Il y en a une, main-d'oeuvre, puis on en a, des gens qualifiés au Québec, mais ces
gens-là ont décidé de prendre leur retraite pour des raisons qui leur
appartiennent. Mais ces gens-là, souvent, seraient intéressés à retourner sur
le marché du travail ou seraient intéressés
à retourner peut-être à temps partiel, mais, quand ils vont voir un fiscaliste
ou quand ils vont voir leur comptable,
bien, leur comptable leur dit : Bien, ne fais pas ça, ça ne vaut pas la
peine, si ça continue, tu vas payer pour aller travailler. Donc, c'est triste
d'entendre ça puis c'est triste de voir qu'ici on a manqué cette
opportunité-là, justement, d'ajuster. Puis, on ne se le cachera pas, en
plus qu'on est dans une situation où, au Québec, on est en pénurie de main-d'oeuvre, donc peut-être qu'une personne qui
est à la retraite qui est qualifiée ou même qui est plus ou moins bien qualifiée, mais qui aurait le goût d'aller
travailler chez RONA trois jours-semaine
puis... Moi, chez nous, on a un superbeau RONA, là. On a un RONA, là, de génération en génération, là, qui est
superprésent dans la population. Les gens sont attachés à la famille
Allard du RONA à Pincourt. Bien, les gens disent : Bien, moi, j'ai le goût
d'aller travailler pour la famille RONA
trois jours-semaine. Bien, ici, on aurait eu cette opportunité-là d'ouvrir
ça et particulièrement dans les régions où la main-d'oeuvre est une pénurie. Vous le savez, je le dis, là, mais je pense que tout le monde s'entend pour dire qu'il y a
une pénurie de main-d'oeuvre.
Donc, je le
répète, le gouvernement a manqué une belle opportunité d'ouvrir les
portes pour un retour au marché du
travail. C'était pas mal le coeur du projet
de loi, cet article-là, mais je
comprends qu'on n'a pas réussi à convaincre le ministre d'aller plus
loin. Alors, voilà, c'était un court projet de loi d'une dizaine d'articles,
beaucoup d'articles de concordance. Et j'ai
partagé une fois de plus mon inquiétude parce que le projet de loi donne encore beaucoup de pouvoirs au ministre.
Et, lors des consultations, on s'est
bien rendu compte que les consultations avaient eu des jeux de coulisses
qui avaient précédé, donc ça, je trouve
ça plutôt dommage. Et je vous ai partagé mon désappointement, là, par rapport à l'ouverture qu'on aurait pu avoir pour la main-d'oeuvre, pour ramener des gens à travailler, particulièrement dans nos régions
ou dans les régions comme chez nous, à Vaudreuil, où on est en explosion démographique. Alors, nous allons tout de
même voter pour ce projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
Mise
aux voix du rapport
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il
d'autres interventions? Non. Alors, le rapport de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi
n° 38, Loi modifiant certaines lois instituant des régimes de
retraite du secteur public, est-il adopté?
• (11 h 50) •
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la suite
des travaux.
M. Schneeberger :
Oui, alors, Mme la Présidente, hier, nous n'avons pas tout à fait terminé le
projet de loi n° 32, alors je vous demanderais d'appeler
l'article 2 du feuilleton.
Projet
de loi n° 32
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 2 du
feuilleton, l'Assemblée reprend les débats ajournés le 5 novembre 2019 de l'adoption du principe
du projet de loi n° 32, Loi visant principalement à favoriser l'efficacité
de la justice pénale et à établir les modalités d'intervention de la
Cour du Québec dans un pourvoi en appel. Y a-t-il des interventions? Excusez ma
voix. Y a-t-il des interventions? Non.
Mise
aux voix
Donc,
le principe du projet de loi n° 32, loi visant principalement à favoriser
l'efficacité de la justice et à établir les modalités d'intervention de
la Cour du Québec dans un pourvoi en appel, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la suite
des travaux.
Renvoi
à la Commission des institutions
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 32, Loi visant principalement à favoriser l'efficacité de
la justice pénale et à établir les
modalités d'intervention de la Cour du Québec dans un pourvoi en appel, soit
déferré à la Commission des institutions pour son étude détaillée.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la
suite.
M. Schneeberger :
Oui, alors, pour la suite de nos travaux, je vous demanderais d'appeler
l'article 40 du feuilleton.
Motions
du gouvernement
Motion
proposant que l'Assemblée approuve l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et la République de Bulgarie
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, à l'article 40 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à l'article 40 du
feuilleton faisant suite au dépôt par Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le 23 octobre 2019, d'un
engagement international. Cette motion se lit comme suit :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'entente en matière de sécurité sociale entre le Québec — excusez-moi, là, je manque un peu de
voix — et la République
de Bulgarie.»
Je
vous rappelle qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des
Relations internationales cette motion donne
lieu à un débat restreint de deux heures. Conformément à ce qui a été énoncé
antérieurement par la présidence, la répartition
des temps de parole dans le cadre de ce débat s'effectuera comme suit :
58 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
34 min 51 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 12 min 23 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 11 min 12 s sont allouées au troisième
groupe d'opposition, chaque député
indépendant dispose d'un temps de parole de 1 min 30 s.
Toutefois, lorsqu'un seul député indépendant participe à un débat, il dispose
d'un temps de parole de deux minutes. Dans le cadre de ce débat, le
temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre
les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne
sont soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils veulent
intervenir au cours de ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en avertir la
présidence.
Je cède... M. le député de Montmorency, la
parole est à vous.
M. Jean-François
Simard
M. Simard :
Mme la Présidente, c'est un moment historique. Je vais mettre mes lunettes pour
la première fois en ce Parlement.
Alors, Mme la Présidente, je propose aujourd'hui à cette Assemblée
l'approbation de l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et la République de Bulgarie, une entente qui
a d'ailleurs été signée dans les murs mêmes de ce Parlement en présence
de Son Excellence l'ambassadrice de Bulgarie au Canada et de la ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie. Cette entente a été négociée par le gouvernement du Québec par
l'entremise du Comité de négociation
des ententes de sécurité sociale, un comité qui regroupe des représentants de
tous les ministères et organismes concernés par ces ententes. D'entrée de jeu,
permettez-moi de souligner l'excellent travail des équipes de
négociation des deux parties.
Mme la Présidente,
cette entente témoigne d'abord de toute l'importance que le Québec accorde à
ses liens avec la République de Bulgarie, un pays membre de plein droit
de la Francophonie et de l'Union européenne, un pays qui partage tant de valeurs communes avec le Québec.
La négociation et la conclusion d'une telle entente témoignent également de
la volonté des gouvernements québécois et bulgare d'étendre leur coordination
en matière de sécurité sociale afin d'assurer
la conservation et les acquis de leurs citoyens et, conséquemment, de favoriser
une mobilité accrue des personnes et des travailleurs.
L'entente
d'aujourd'hui garantira notamment aux personnes qui résident au Québec
l'obtention des pensions de retraite, d'invalidité et de survivant payables par
la Bulgarie si elles y ont déjà résidé, et travaillé, et ainsi contribué au
régime bulgare de pensions. De plus, les
périodes de cotisation au Régime de rentes du Québec et au régime de pensions
bulgare seront additionnées au besoin pour
permettre aux personnes qui n'ont pas cotisé suffisamment à l'un ou l'autre de
ces régimes de devenir admissibles à une prestation.
Mme la
Présidente, tout cela vous semblera peut-être un peu trop administratif,
technique ou abusivement fiscal, mais pratiquement, très pratiquement,
ce sont des avantages que n'importe quel travailleur prendra en considération lorsqu'il décidera de s'installer chez nous et de
vouloir faire du Québec sa nouvelle terre d'accueil. En ce sens, cette entente
de sécurité sociale favorise la mobilité des personnes et s'arrime ainsi avec
nos priorités gouvernementales.
Vous le
savez, nous évoluons, au Québec, dans un contexte particulier. Il y a une
rareté de main-d'oeuvre, et le gouvernement affirme que le recrutement
de main-d'oeuvre étrangère fait effectivement partie de la solution. Je crois fermement que cette entente encouragera les
immigrants à s'intéresser au Québec et aux opportunités extraordinaires que
nous avons à leur offrir. Mme la Présidente,
insistons à nouveau sur ce point central. Cette entente va insuffler un vent de
collaboration encore plus fort entre nos deux nations. Il s'agit, en quelque
sorte, d'un rapprochement historique. Nous avons pu constater l'accueil très positif que l'Accord économique et
commercial global entre le Canada et l'Union européenne a reçu
dans les milieux d'affaires au Québec. Rappelons ce fait très important :
la Bulgarie est présentement à évaluer la
ratification de ce même accord. Alors, je n'aurai qu'un message, Mme la
Présidente : le peuple bulgare et le peuple québécois ont tout à
gagner de cette ratification.
En effet, la
Bulgarie est un marché économique florissant qui offre de nombreuses
perspectives d'affaires et de partenariat pour le Québec. Ces échanges
ne peuvent être que facilités par la signature d'une telle entente.
Mme la Présidente, l'entente que je propose
d'approuver aujourd'hui est un nouveau point de départ à des relations accrues entre nos deux sociétés. Il faut
en saisir l'opportunité. Pour le gouvernement du Québec, le potentiel d'accroissement des échanges avec la République de
Bulgarie est plus que jamais d'actualité. Il est plus possible que jamais.
Il est plus nécessaire que jamais.
Mme la
Présidente, en mon nom et celui de ma collègue ministre des Relations
internationales et de la Francophonie,
je propose donc que l'Assemblée nationale approuve une entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et la République de Bulgarie. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député de Montmorency.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, Mme la Présidente. Merci, M. le député. Alors, c'est à mon tour
d'intervenir concernant l'entente en
matière de sécurité sociale avec la République de Bulgarie. Cette entente,
signée à Québec le 19 septembre 2019 par la ministre des Relations internationales et
de la Francophonie et la République de Bulgarie, est l'aboutissement de pourparlers, de pourparlers du gouvernement, et
qui remontent à quelques années déjà. Et c'était la députée de l'Acadie à
l'époque, ex-ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, qui avait mené les pourparlers et qui
avait... et qui s'était soldé par un décret le 6 avril 2016.
Donc, on a cette entente, et je m'en réjouis.
Cette entente permettra principalement aux Bulgares résidant au Québec et aux Québécois qui résident là-bas, en
Bulgarie, d'obtenir des pensions de vieillesse ou d'invalidité payables par la Bulgarie pour les Bulgares si elles y ont
déjà résidé et travaillé, je parle de ces Bulgares. Il en est de même pour
les conjoints et les orphelins, qui pourront
obtenir des pensions de survivants dans les cas où la personne décédée a
travaillé en Bulgarie.
Les périodes
de cotisation au Régime des rentes du Québec et au régime de pension de la
Bulgarie pourront être additionnées
pour permettre aux personnes qui n'ont pas cotisé suffisamment à l'un ou à
l'autre des régimes de devenir admissibles à une prestation. En outre,
les entreprises qui oeuvrent au Québec et en Bulgarie pourront également se prévaloir des dispositions de l'entente concernant
l'assujettissement au régime de sécurité sociale. Cela permet d'éviter un double assujettissement en prévoyant le
maintien de cotisations à un seul régime de sécurité sociale. En conséquence,
pour des entreprises québécoises, les
travailleurs qu'elles détacheront en Bulgarie et les travailleurs à leur propre
compte qui s'y rendront pour exercer
leur profession... demeureront, à certaines conditions, assujettis au régime
québécois en ce qui a trait aux
législations visées dans l'entente, soit celle relative au Régime des rentes du
Québec. Ces employeurs et ces travailleurs
détachés n'auront donc pas à cotiser au régime de pension de la Bulgarie. Cette
entente historique va tisser des liens encore plus forts entre les
Québécois, entre le peuple québécois et le peuple bulgare.
Rappelons-nous,
la Bulgarie est un pays de 7 millions d'habitants, membre de l'Union
européenne, membre aussi de l'Organisation internationale de la
Francophonie. Elle est un trait
d'union entre l'Asie et l'Europe. La Bulgarie, c'est aussi une histoire et une culture riche qui fait
le pont justement entre l'Orient et l'Occident. C'est évidemment aussi, par là,
une porte d'entrée sur deux immenses marchés et c'est la rencontre, justement,
de deux civilisations.
En 2018, les
exportations de marchandise québécoise en Bulgarie se chiffraient à 15 millions
de dollars, et les importations
bulgares, à 78 millions de dollars. Une entente comme celle-là, une
entente comme celle qu'on va signer, qui
met l'emphase sur la mobilité des gens, qui facilite nos rapports commerciaux,
va, de toute évidence, accroître ces échanges commerciaux.
Rappelons que
l'entente... rappelons que la Bulgarie est membre de l'Union européenne et
qu'elle pourra justement... et que
nos rapports pourront... que l'entente d'échanges entre le Canada et l'Union
européenne pourra permettre aussi de facilité les échanges entre le
Québec et la Bulgarie.
L'accroissement des échanges internationaux de
toutes natures fait en sorte qu'il y a également une mobilité accrue de travailleurs, ce qui rend donc encore
plus actuelle la nécessité, pour les États, de conclure des ententes pour assurer à leurs ressortissants les bénéfices de la
coordination des législations en matière de sécurité sociale. Rappelons que le
Québec a conclu sa première entente en matière de sécurité sociale avec
l'Italie en janvier 1979. Depuis ce jour, nous avons conclu près de
37 ententes comme celle-là. Ces ententes internationales ont notamment
pour but d'assurer aux ressortissants d'un
autre pays qui s'établissent au Québec ainsi qu'aux personnes résidant au
Québec qui vont s'établir dans un
autre pays les bénéfices des prestations acquises ou en voie de l'être en vertu
des régimes de sécurité sociale de leur État d'origine ou de leur État
d'accueil.
L'impact
économique des ententes de sécurité sociale est important, tant pour les
personnes qui en bénéficient directement en recevant des rentes que pour
les entreprises québécoises qui détachent des travailleurs étrangers.
La signature
de cette entente aura également un impact positif pour l'importante communauté
bulgare présente au Québec et pour
nous, Québécois, qui habitons la Bulgarie. Rappelons que nous comptons ici, au
Québec, une dizaine de milliers de
gens d'origine bulgare. On compterait 3 765 Bulgares à Montréal
seulement. Il y aurait aussi chez nous des centaines d'étudiants qui
sont de Bulgarie, et qui sont chez nous, justement, qui étudient chez nous.
Sur le fond,
l'entente facilite la mobilité des travailleurs en coordonnant les régimes de
sécurité sociale du Québec et de la
Bulgarie. En 2019, la mobilité des personnes sur la planète est très, très
importante. Et des ententes comme celle-là, on s'en réjouit parce qu'elles facilitent nos rapports, elles sont
flexibles, elles permettent aux gens de traverser d'un océan à l'autre,
de travailler, d'étudier et de s'établir. Elles favorisent l'immigration chez
nous.
Alors, dans ce contexte-là et dans l'esprit de
ces ententes internationales qu'on a, nous, le Québec, en cette matière, dans l'esprit de cette entente qui
facilite la mobilité, je ne peux m'empêcher, Mme la Présidente, de revenir à ce
dont on a parlé durant les derniers jours, ces changements au niveau de
l'immigration, ce Programme d'expérience québécoise
qui a été restreint ici, au Québec, parce que ces ententes-là, ces ententes
dont on parle aujourd'hui, comme celle
entre le Québec et la Bulgarie, favorisent la mobilité, favorisent la
flexibilité, encouragent l'immigration, et nous enrichissent, et donnent au Québec plus de prospérité. Le Programme
d'expérience québécoise, qui a été rajusté durant les derniers jours,
qu'on a restreint, bien, va à l'encontre de cet esprit-là.
Mme la Présidente, le Programme d'expérience
québécoise permettait à des étudiants de venir chez nous, de connaître le Québec, d'apprendre le français, de
s'intégrer, de faire des contacts et, ultimement, de rester. Et maintenant on
le restreint, ce programme-là. Je suis heureuse d'entendre que le ministre a
reculé et a permis une clause grand-père qui permet aux étudiants qui
sont ici en ce moment de pouvoir bénéficier de ce PEQ et, ultimement, d'un CSQ
et d'une résidence permanente au Québec.
Mais qu'est-ce que qu'on fait... qu'est-ce qui arrivera dans le futur? Et des
programmes que ce... Et ce programme-là, bien, il sera restreint, et
beaucoup moins d'étudiants pourront venir ici. En tout cas, les étudiants seront... justement, devront choisir des
métiers beaucoup plus... ce sera beaucoup plus ciblé. Et, justement, ça restreint notre mobilité, ça restreint la
mobilité, ça restreint les échanges. Et je m'inquiète dans un contexte de pénurie
de main-d'oeuvre. Je m'inquiète aussi pour
notre image à l'international, et je pense que c'est une inquiétude pour nos
universités.
Heureusement,
nous avons une entente comme aujourd'hui, et je me réjouis de cette entente qui
va favoriser la mobilité entre les gens de la Bulgarie et les gens du
Québec, qui va favoriser aussi nos échanges commerciaux, nos échanges culturels aussi. Félicitations aux équipes de négociation qui ont amené à cette entente! Je suis donc très, très
heureuse que nos relations avec le gouvernement bulgare soient sur la bonne voie. C'est donc bien évidemment,
Mme la Présidente, que j'appuierai cette motion. Merci beaucoup.
• (12 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée
de Taschereau, la parole est à vous.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion : Merci, Mme la
Présidente. Quand j'ai vu qu'il y allait avoir un débat sur une entente entre
la Bulgarie et le Québec,
j'avais ma petite lumière rouge qui s'est allumée puis je me suis dit :
Ah! ça va être encore un traité de libre-échange que le gouvernement va vouloir nous passer à travers la gorge, quelque chose du genre. Je dois vous dire qu'en
toute transparence je n'avais jamais entendu
parler de cette entente ni même du fait qu'il y avait des pourparlers là-dessus. Mais, quand j'ai reçu une copie de
l'entente, puis après l'avoir analysée, je me suis rendu compte que c'était une
simple entente administrative qui est plutôt
bonne pour le Québec et, je le crois aussi, plutôt bonne pour la Bulgarie. Ça
va être bon pour la mobilité des
travailleurs, ça va simplifier la vie à beaucoup de gens, ça va simplifier la
vie aux entreprises aussi, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi.
Pour les
personnes qui résident au Québec, obtenir des pensions de vieillesse ou
d'invalidité payables par la Bulgarie si
elles y ont déjà résidé et travaillé, c'est une excellente nouvelle, pourquoi
enlever ça aux gens? Permettre aux conjoints, aux orphelins d'obtenir des pensions de survivant dans les cas où la
personne décédée a travaillé en
Bulgarie, c'est une bonne nouvelle
aussi. Arrimer les régimes de retraite, éviter un double assujettissement à ces
régimes, c'est encore une bonne
chose. Bon, là, je ne passerai pas chaque point de l'entente,
mais je tiens à spécifier que j'appuie et que mon groupe parlementaire
appuie cette entente.
Il y a deux semaines, j'ai fait la proposition
suivante, celle de mettre sur pied une commission parlementaire permanente sur
les relations internationales à l'Assemblée nationale. Cette commission aurait
le mandat d'examiner les enjeux de relations internationales qui intéressent
les Québécois, parce que les Québécois sont intéressés par ces enjeux-là, ils
suivent ce qui se passe un peu partout dans le monde en ce moment. Elle
pourrait étudier les traités, les ententes,
les conventions, les accords internationaux.
Et donc l'entente dont on discute aujourd'hui aurait très bien pu être étudiée dans cette nouvelle commission
parlementaire que je propose. Évidemment, je ne veux pas enlever ces débats-là
au salon bleu, bien au contraire, sauf qu'on
pourrait faire un travail plus rigoureux si on avait cette commission
parlementaire. En plus, cette
commission exercerait une pression sur Ottawa, ce qui n'est jamais une mauvaise
chose, parce qu'on sait que, dans de
nombreux dossiers, le Québec ne voit pas les choses comme Ottawa, et ça
pourrait nous donner un éclairage nouveau.
J'aimerais
profiter de ce moment pour parler quand même de la vision des relations
internationales de la ministre parce
que cette entente avec la Bulgarie est, en quelque sorte, une des incarnations
de la doctrine Gérin-Lajoie, que tout le monde doit connaître ici,
doctrine très importante dans la vision québécoise des relations
internationales. On sait que le Québec fait
partie de la courte liste des États fédérés les plus actifs sur la scène
internationale. Dans notre société, un très
large consensus s'est manifesté autour de la doctrine Gérin-Lajoie, qui
provient d'un discours prononcé en 1965 par Paul Gérin-Lajoie, qui était alors
vice-premier ministre du Québec et ministre de l'Éducation. En une ligne, cette
doctrine dit que le prolongement à l'international des compétences internes du
Québec devrait se faire, donc du Québec. Il y a d'autres aspects, mais
c'est souvent celui-là qui est le plus repris de cette doctrine-là.
Le décollage
de la diplomatie québécoise dans les années 60 a un lien clair avec
l'effervescence nationaliste, au Québec, qui avait lieu à cette
époque-là. Le fait de vouloir reprendre son destin en main, ça voulait aussi
dire vouloir reprendre en main les relations
qu'on entretient avec d'autres États à travers le monde, d'autres lieux à
travers le monde. On construisait
quelque chose, on s'affirmait, on avait envie d'être représentés par
nous-mêmes, en tout cas au moins, tant qu'on
n'était indépendant, dans nos champs de compétence qu'on exerçait déjà à
l'interne, ici. Je ne dis pas que les autres provinces ne signent pas d'entente similaire à celle entre la Bulgarie
puis le Québec, mais je sais qu'on a une longueur d'avance là-dessus,
qu'on a le réflexe.
Un des
facteurs importants du décollage du Québec sur la scène internationale plus
généralement, c'est le désir chez les
politiciens et les fonctionnaires d'ouverture sur le monde. Le néonationalisme
québécois des années 60 cherchait à
rompre avec le nationalisme traditionnel, celui de l'Église, celui de
Duplessis. C'était une rupture dans la pensée avec l'époque de la «grande noirceur». Mais la doctrine
Gérin-Lajoie vient aussi du fait que le Québec n'était pas bien représenté
par le gouvernement fédéral à
l'international, et ça, ça n'a pas changé. Quand on regarde les grands courants
qui se passent au Québec, les
mouvements sociaux, la pensée, même les sondages, très, très, très souvent, on
arrive à remarquer qu'il y a une
inadéquation entre ce qui se passe au Québec et ce qui est exprimé à
l'international de la part du Canada.
Je sais que
la ministre des Relations internationales et de la Francophonie travaille
présentement sur deux chantiers importants.
Le premier, c'est la mise à jour de la Politique internationale du Québec et le
second consiste à préparer une stratégie de conquête des marchés
étrangers pour nos entreprises.
Je dois vous dire en premier que j'ai été déçue
que la ministre mette la hache dans les postes d'émissaires qui avaient été créés en 2017, un émissaire aux
changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques et un émissaire en
matière de mobilité internationale, un émissaire aux droits et libertés de la
personne. Je ne veux rien enlever au présent débat, mais il me semble qu'on aurait dû pouvoir débattre de ces
coupures d'émissaires ici, à l'Assemblée nationale, en l'absence d'une
commission, au moins. C'était la moindre des choses de créer ces postes pour le
Parti libéral après avoir réduit le
budget du ministère des Relations internationales, après avoir failli l'abolir.
La création des postes d'émissaires thématiques
était une avancée. Il y avait certainement, je le répète, une forme de
repensage, de la part des libéraux, de créer
un poste d'émissaire aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et
arctiques, alors que son gouvernement voyait
bien qu'il se traînait les pieds dans le dossier de la lutte aux changements
climatiques, mais c'était déjà ça. C'était un minimum puis c'était
quelque chose de bien. Donc, je déplore la disparition de ces postes.
Sauf qu'on
sait ce qui s'en vient, là, maintenant avec le renouvellement de la Politique
internationale du Québec. Selon ce
qu'on entend, ça risque d'être le tout à l'économie, le tout aux entreprises
québécoises, comme si le ministère des
Relations internationales devait se transformer en bureau de vente à
l'international pour nos entreprises. Je ne dis pas que je suis contre
qu'on ait des bureaux de vente à l'international pour nos entreprises, mais
l'histoire des relations internationales du Québec, tout ce qui a été bâti
pendant des décennies par les diplomates québécois, de liens à l'international... On sait c'est quoi, on est tous
des politiciens, on sait c'est quoi, avoir des liens, avoir des numéros dans
notre téléphone. On sait à quoi ça sert pour
faire avancer notre mouvement, nos idées. Si le Québec décide de se couper
de ça, d'enlever toute l'importance qu'il y
a à ça, de négliger ça, d'enlever le financement qui était donné pour pouvoir
faire avancer ça pour se réduire à un bureau de vente, c'est tous les citoyens
québécois qui perdent.
Donc, je ne
veux pas juste critiquer. Je vais proposer quelques idées, quelques-unes que
j'ai déjà soumises à la ministre et d'autres qui sont nouvelles.
Mon parti, ça
ne vous étonnera pas, est contre l'impérialisme des États les plus puissants et
pour une véritable solidarité internationale. On est pour la prévention
de la violence, pour l'édification de la paix, pour un commerce international
juste et équitable. Ça, c'est les grands principes.
Alors, ce que
j'aimerais, si on est ambitieux pour le Québec, c'est plus qu'actualiser la
doctrine Gérin-Lajoie. On pourrait la
bonifier, on pourrait être ambitieux, on pourrait aller plus loin. Et ce n'est
pas obligé de coûter super cher. C'est dans la tête et dans la volonté
politique que ça se passe.
D'ici qu'on soit un État indépendant au Québec,
il faut mettre sur pied une paradiplomatie climatique et solidaire avec d'autres mouvements dans le monde.
Je disais en point de presse qu'on a ce qui se passe au Chili, on a eu ce
qui s'est passé au Liban, ce qui se passe
encore au Liban, ce qui se passe en Catalogne, au Kurdistan. Ça émerge de
partout, les mouvements. Il y a des
mouvements indépendantistes là-dedans, des mouvements séparatistes. Au Québec,
on a eu quelques moments où il y a eu des morts, de la violence, mais on est
somme toute, quand on regarde le portrait général historique, exemplaires dans le traitement de nos
conflits, qui peuvent devenir très acerbes dans les mots, dans les médias,
dans les luttes politiques, mais qui ne
terminent jamais en bain de sang, qui ne se sont jamais terminés, dans notre
histoire récente, en tout cas, en horreur, comme on peut voir ailleurs
dans le monde.
On pourrait
utiliser ça pour se présenter, comme le Canada l'a déjà fait à une autre époque
qui est vraiment révolue, on pourrait utiliser ce savoir-faire-là, cette
identité-là, cette qualité-là pour se présenter comme un médiateur dans les
conflits intraétatiques, dans les
mobilisations citoyennes qui ne cessent de grandir et qu'il n'y a pas l'air
d'avoir une sortie de crise à l'horizon. Et ça, ça nous donnerait de la
crédibilité à l'international et ça ferait aussi qu'on développerait toutes
sortes de contacts, toutes sortes de liens
et que, quand serait le temps de faire avancer nos intérêts, on ne serait pas
pognés pour téter à Ottawa puis que, s'il ne veut pas, bien, tant pis,
va-t'en, retourne chez vous, tu sais.
Il faudrait s'investir notamment de façon plus
importante vis-à-vis de la Francophonie. Ça, c'est un forum multilatéral qui réunit 70 pays, ce n'est
quand même pas rien, et c'est le seul où on a, comme province du Québec, les coudées franches, où on peut agir en toute
liberté. Le dernier rapport de l'Organisation internationale de la Francophonie
estime le nombre de francophones dans le
monde à 284 millions de locuteurs. C'est la cinquième langue la plus
parlée au monde. Il y a une personne
sur 16, je pense, ou 26, désolée, qui parle français, donc... Attends, je l'ai
ici. Ah! en 2050, en tout cas, ça va
être une personne sur 13 qui va parler français. Environ 85 % de ces
francophones seront en Afrique, et le
français est la langue officielle ou co-officielle de 34 pays. Et je tiens
à préciser en passant que la Bulgarie est membre de l'Organisation
internationale de la Francophonie.
Une autre
idée intéressante que j'aimerais proposer, la création au sein du ministère
d'un service de règlement des conflits internationaux. Donc, je vous en
ai parlé, ça pourrait être déployé dans les zones de conflit.
Cette entente
a été négociée directement par le gouvernement du Québec avec le gouvernement de la Bulgarie, mais il y a plusieurs
traités qui ne sont négociés que par Ottawa. Pourtant, ça nous impacte
énormément. Les traités économiques sont le
meilleur exemple de ça. Le Québec devrait toujours
être à la table de négociation de tous les accords internationaux parce que tous les accords
internationaux ont des impacts sur nous et tous les accords internationaux nous
concernent.
J'aimerais ça que la ministre reprenne mes
idées, évidemment, et, en terminant, je réitère que j'appuie cette entente et que ma formation politique
va voter en faveur, en espérant que la Bulgarie la ratifie, ce qui n'a pas
encore été fait, selon ce que j'en
comprends, mais je suppose que ça ne saurait tarder. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle
Melançon
Mme Melançon : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je suis heureuse aussi de pouvoir intervenir sur cette entente,
donc, en matière de sécurité sociale entre le Québec et la Bulgarie.
Qu'est-ce
qu'une entente internationale? Ma collègue de Bourassa-Sauvé l'a bien
exprimé tout à l'heure, c'est un
type d'entente, donc, qui permet, donc, aux personnes immigrantes provenant
d'un pays avec lequel le Québec a conclu une entente d'obtenir des rentes et d'autres
prestations en provenance dudit pays. Cette entente va donc permettre aux
ressortissants admissibles les mêmes traitements en matière de sécurité
sociale.
Le gouvernement du
Québec a signé ce premier type d'entente avec l'Italie, c'était en 1979, et,
depuis, il y a 37 ententes de ce genre
qui ont été signées. C'est important de rappeler que l'entente entre le Québec
et la République de la Bulgarie a été
initiée par la députée d'Acadie, ma collègue, qui était alors ministre des
Relations internationales et de la Francophonie.
Cette entente entre
le Québec et la République de Bulgarie permettra aux employeurs et aux
travailleurs de continuer à cotiser au
régime de sécurité sociale de leur territoire d'origine sans avoir à cotiser
aussi au régime applicable sur le
territoire d'accueil lors du détachement temporaire d'un employé. Par exemple,
si une entreprise québécoise déploie temporairement
un employé vers la Bulgarie, l'employeur et l'employé continueraient à être
assujettis au régime québécois mais seraient exempts de cotiser au
régime bulgare de sécurité sociale.
C'est
une entente qui est positive sur plusieurs points, comme le mentionnait ma
collègue de Bourassa-Sauvé, puisqu'elle
permet à nos entreprises de bénéficier d'importantes économies et de favoriser
leur compétitivité sur des marchés internationaux.
Elle
contribue aussi à stimuler le développement économique du Québec en
diversifiant les marchés, elle assure une
meilleure protection financière des travailleurs en matière de rentes et
d'autres prestations, mais surtout, surtout, elle favorise la mobilité des travailleurs québécois et
bulgares, une nécessité dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre.
Dans le communiqué de
presse de la ministre des Relations internationales, on peut lire : «Cette
entente, qui favorisera la mobilité des
travailleurs québécois et bulgares, encouragera le développement de nos régions
et permettra au gouvernement du Québec de répondre au besoin de
main-d'oeuvre partout dans la province.»
À
travers son entente en matière de sécurité sociale avec la République de
Bulgarie, le gouvernement caquiste dit
avoir à coeur le développement économique des régions du Québec, mais, car il y
a un «mais», avec la réforme de l'immigration
annoncée le 30 octobre dernier, les modifications au Programme de
l'expérience québécoise, on en a entendu beaucoup parler hier notamment, donc le PEQ, qu'on a révisé un peu à
l'improviste cette nuit, c'est un tout autre message qu'on envoie non seulement à nos régions, à nos
cégeps, à nos universités, mais aussi à nos entreprises et au reste du monde.
Alors que,
précédemment, l'ensemble des diplômes de doctorat — et là j'ai dit
l'ensemble — de
maîtrise, de baccalauréat, d'études
collégiales techniques et d'attestations d'études collégiales donnaient accès
au programme PEQ, désormais, les
diplômes admissibles au programme ont été réduits à une liste de formations en
demande sur le marché du
travail du travail.
C'est simple, le
gouvernement caquiste tourne le dos à des milliers d'étudiants, des étudiants,
des étudiantes internationaux brillants, éduqués, qui parlent français et qui
sont déjà intégrés à la société québécoise, ces étudiants qui paient des frais de scolarité élevés. Dois-je
vous le rappeler? Hier, j'entendais une jeune femme dire que c'est
70 000 $ qu'elle a payé en
frais de scolarité ici, au Québec. Je sais, par des histoires très personnelles
qui m'ont été acheminées à mon bureau
de comté, des gens qui m'ont dit : Ma mère et mon père ont dû vendre à peu
près tout ce qu'on avait de superflu pour m'envoyer ici, au Québec, parce
qu'ils rêvaient pour moi d'un avenir meilleur, qu'ils avaient misé sur le Québec.
Et ces jeunes femmes et ces jeunes hommes ont été attirés par une publicité qui
est faite à l'international, notamment par le ministère de l'Immigration, qui
dit : Et si votre avenir était au Québec?
Vous
savez, il y a de nombreuses universités, de nombreux cégeps qui ont parcouru la
planète pour aller chercher des
étudiants partout dans le monde. Et, vous savez, ces étudiants qui ont répondu
présent, qui ont dit : Nous, on a envie, donc on a une main tendue,
on va saisir cette main tendue, on va investir, on va aller au Québec, ils ont
besoin de main-d'oeuvre, ils ont besoin de notre savoir-faire, on va y
aller, mais vous savez quoi? Ces jeunes-là sont déçus, non pas uniquement déçus, mais aujourd'hui et hier, et
avant-hier... ça fait une semaine, là, qu'ils vivent complètement... En tout cas,
ça doit être très difficile. Je ne voudrais pas être à leur place et je suis
persuadée qu'il n'y a personne de
l'autre côté qui souhaiterait être à leur place.
Je
veux, bien sûr, Mme la
Présidente, vous dire que, dans les
régions, bien sûr qu'on a besoin de main-d'oeuvre, et, justement,
l'accord, l'entente qui est signée, va permettre une mobilité. Mais on ne peut pas dire... d'un côté,
parler de l'entente et, de l'autre
côté, faire l'inverse de l'entente, et c'est ce que je veux vous démontrer, Mme
la Présidente.
Ce
matin, donc, le ministre de l'Immigration a annoncé une clause de droits acquis
pour les étudiants et les travailleurs étrangers
temporaires qui sont déjà au Québec. Il dit être à l'écoute des gens, de leurs
préoccupations, et d'avoir pris le temps
de réfléchir, et que la réforme du Programme de l'expérience québécoise
s'appliquait à partir du 1er novembre 2019.
Vous
savez, Mme la Présidente, les gens... il y a des gens qui sont allés à
l'étranger, il y a du travail qui a été fait, et, quand on signe des ententes aussi importantes que celle-ci... La
députée de Taschereau disait : Je n'étais pas au courant de cette entente. Bien, il y en a 37 autres,
et il faut les regarder, il faut dire qu'il y a du travail qui est fait
autrement. Mais on ne peut pas dire
une chose d'un côté et l'inverse de l'autre, et c'est ce qui me trouble. Et ce
qui me trouble, c'est, ce matin, le premier ministre qui est allé
dire : J'avoue qu'on n'avait peut-être pas saisi.
Pour moi, Mme la
Présidente, ce qui est important...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Là, je vais soulever un motif de pertinence parce que, l'accord, on parle
ici de sécurité sociale. On ne parle
pas d'éducation ou d'étudiants qui viennent étudier au Québec. J'aimerais juste
faire la part des choses. Alors, je
sais que le Parti libéral est contre nos approches, mais j'aimerais quand même
souligner la pertinence du sujet ici.
• (12 h 30
)
•
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Mme la députée de Verdun, je vous
invite à revenir sur le présent
sujet, le présent débat, qui est sur l'entente avec la Bulgarie. Donc, je vous
laisse poursuivre votre intervention
sur ce sujet.
Mme Melançon : En tout respect, Mme la Présidente, j'imagine
que vous voyez que, lorsqu'on parle de mobilité, lorsqu'on parle de main-d'oeuvre,
on parle bien sûr d'ouvrir les portes du Québec, bien sûr, à des gens qui
viennent d'ailleurs dans le monde, mais
aussi à de l'immigration. Alors, je crois que mon appel et mon rappel... à
chaque fois, je reviens, et vous
m'avez vue volontairement le faire, à chaque fois, je reviens sur l'entente, je
parle de l'entente, et probablement que le leader adjoint sera très intéressé à voir
les nombreux liens qui vont suivre. Mais, pour moi, Mme la Présidente, il est clair qu'un ne va pas sans l'autre. Et, si
on veut parler de pertinence, moi, je vous appelle plus qu'à la pertinence de votre côté, en tout respect. Pour
moi, ce qui est important, c'est qu'on puisse continuer à parler d'une
seule voix et que le Québec,
sur la scène internationale, puisse garder sa crédibilité. Et c'est ce à
quoi... je veux faire la démonstration.
Donc, Mme la
Présidente...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée de Verdun, je comprends, il y a
une mise en contexte qui doit se
faire, ce que vous avez fait, mais mon intervention était seulement de revenir sur le sujet principal. Mais je
comprends très bien votre mise en contexte. Poursuivez.
Mme Melançon : Des politiques, ça ne s'improvise pas. Et ce n'est pas pour
rien que je mentionnais que cette entente-là
a été élaborée au départ par la collègue d'Acadie. Ça prend du temps, ça prend de la
réflexion. Des accords internationaux,
c'est très long. Et, comme le mentionnait aussi la députée de Taschereau,
on n'est pas, à ce moment-ci... on comprend qu'elle n'est pas ratifiée
du côté de la Bulgarie.
Vous
savez, l'international nous regarde, il regarde ce qui se fait au Québec,
il regarde comment est-ce qu'on le fait
au Québec. Bien, vous savez quoi, Mme la Présidente, et je ne peux pas m'empêcher de le dire, à partir du moment où on perd la confiance des gens, il sera difficile
de signer d'autres ententes comme celle qu'on a actuellement entre les mains.
Moi, je le dis souvent à mes enfants :
De la confiance, là, on l'acquiert difficilement, mais on peut la perdre comme
ça. Bien, je vais faire le rappel au gouvernement que de la confiance à l'international, malheureusement, on peut
perdre ça aussi rapidement qu'un claquement de doigts. Et ce qu'on voit
depuis quelques heures, depuis quelques jours, depuis quelques mois, bref, depuis un
an, c'est de l'improvisation sur la scène internationale. Et des ententes comme
celle-là seront de plus en plus difficiles, notamment à obtenir, à
gagner, mais encore plus, et je le rappelle bien sûr aux collègues d'en face, ce qui va être le plus difficile dans
tout ça, ce sera de dire aux gens : Vous savez, nous, on veut signer des
ententes, mais ça se peut qu'on
change d'idée, puis ça se peut qu'on change d'idée rapidement,
puis ça se peut qu'on change d'idée sans
avoir fait de consultations. Puis ça se peut aussi qu'on change d'idée parce
qu'on a, dans notre ligne de mire, des quotas à obtenir. Et c'est ce à
quoi on fait face actuellement.
Je
veux aussi vous rappeler, Mme la Présidente, que, pour les régions, bien sûr,
il y a des problèmes de main-d'oeuvre,
mais, pire encore, on va accentuer les
problèmes en région. Et ce n'est pas avec une entente comme celle avec la
Bulgarie qu'on va être capable de
régler les problèmes qu'on vient de créer directement avec les universités
et les cégeps parce que, vous le
savez, vous êtes partout en région, vous avez fait le tour comme j'ai fait le
tour, un peu partout, il y a des programmes qui peuvent survivre, actuellement dans nos cégeps, dans nos universités, grâce aux étudiants internationaux.
Encore faut-il que leur liste de programmes à eux se retrouve sur la même liste
que le ministre.
Mais
j'espère vraiment que la ministre des
Relations internationales aura une
bonne discussion avec le ministre de l'Immigration parce
que je n'ai aucune idée, je n'ai aucune idée, comment elle va pouvoir se sortir
de ce mauvais message qui est envoyé
actuellement lorsqu'elle va parcourir la planète, lorsqu'elle ira rencontrer
des vis-à-vis dans certains pays où
on a envie de créer des ententes puis lorsque la personne va dire : Oui,
mais, vous autres, là, au Québec, là, ce n'est pas clair, clair, comment vous fonctionnez. Des fois, vous
retirez, hein, il y a des règlements qui... On revient sur notre parole
au Québec. Je ne sais pas comment on va expliquer ça. Ça va être difficile. Ça
va être très difficile. Et entacher la
réputation du Québec, ça a aussi une valeur. Vous qui aimez parler d'argent et
d'économie, ça a une valeur inestimable.
Le
Québec a toujours
eu, sur la scène internationale... vraiment, quand les gens nous rencontrent, puis on
dit : Bien, on vient du Québec,
les gens sont heureux, disent : Bien, ce n'est pas une république de
bananes. Mais là, honnêtement, ça commence à être ça parce que ça dépend
de comment est-ce qu'on voit un règlement. Et tout ça sans faire aucune
consultation. Ça me trouble.
Mme
la Présidente, je vois le temps filer. Je veux vous rappeler différentes
choses. D'abord, on l'a vu, le ministère de l'Économie est en train doucement d'avaler le ministère des Relations
internationales. Et il est vrai, j'ai eu le grand bonheur de travailler à l'international en matière
de culture, et ça ne peut pas être uniquement économique. Et ce qui est en
train de se faire, très honnêtement, ça
m'inquiète énormément parce qu'on peut parler d'affaires sociales, on peut
parler de culture. Les gens qui sont
des délégués généraux un peu partout sur la planète, bien sûr, qu'il y a des
liens économiques, mais ça ne peut
pas être que des liens économiques. Et, à un moment donné, à ne vouloir faire
que ça, on va perdre des perspectives, et je tenais à le dire
aujourd'hui.
Je terminerai en vous
disant que, bien sûr, on va appuyer une entente en matière de sécurité sociale
entre le Québec et la République de
Bulgarie, mais ce que je vous demande surtout, Mme la Présidente, et ce que
j'espère voir dans les prochains
jours, dans les prochaines heures, dans les trois prochaines années, c'est un
gouvernement cohérent et conséquent, chose que nous ne voyons pas depuis
un an.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Alors, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie proposant : «Que, en vertu de l'article 22.3 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales,
l'Assemblée nationale approuve l'entente en matière de sécurité sociale entre
le Québec et la République de Bulgarie.» Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. En conséquence, cet engagement
international est approuvé par l'Assemblée nationale.
M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, alors, Mme la Présidente, étant donné qu'actuellement tous nos projets de
loi sont à l'étape des commissions, je vous
demanderais de suspendre jusqu'à 15 heures pour la suite de nos travaux du
mercredi.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, compte tenu de l'heure et
afin également de permettre cet après-midi le débat sur une affaire
inscrite par les députés de l'opposition, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 39)
(Reprise à 15 h 3)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon après-midi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Et nous poursuivons nos travaux.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée
demande au gouvernement
d'annuler les modifications récentes apportées au
Programme de l'expérience québécoise
Nous
sommes toujours aux affaires
du jour. À l'article 41 du feuilleton, aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Nelligan
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle
que le Programme de l'expérience québécoise (PEQ) permet une voie rapide
pour l'obtention d'un certificat de sélection du Québec, étape précédant
l'octroi de la résidence permanente;
«Qu'elle prenne acte que ce programme
a permis, en 2018, à 11 000 travailleurs étrangers temporaires et
étudiants étrangers diplômés au sein d'institutions d'enseignement
québécoises, d'immigrer au Québec;
«Qu'elle constate que les
modifications apportées au Programme de l'expérience québécoise par le
gouvernement caquiste minent la réputation internationale du Québec,
nuisent à sa capacité d'attraction et de rétention des talents nécessaires à la croissance économique du Québec
et qu'elles ont un impact drastique sur le projet d'immigration de milliers
d'étudiants étrangers et de travailleurs étrangers temporaires présentement au
Québec; et
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale exige du gouvernement caquiste qu'il annule dès
maintenant les modifications récentes
apportées au programme et qu'il revienne aux conditions d'admissibilité
prévalant avant le moratoire imposé en juillet dernier.»
Je
vous informe que la répartition du temps
de parole pour le débat restreint sur
la motion inscrite par M. le député
de Nelligan s'effectuera comme suit : 10 minutes sont
réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique, 53 min 30 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 31 min 52 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 11 min 23 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, puis 10 min 15 s sont allouées au troisième groupe d'opposition. Chaque député
indépendant dispose d'un temps de parole de 1 min 30 s.
Toutefois, lorsqu'un seul député
indépendant participe à un débat, il dispose d'un temps de parole de deux
minutes. Dans le cadre de ce débat, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps.
Et
enfin je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au
cours de ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour
en aviser la présidence.
Je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je suis partagé
aujourd'hui par rapport à mon intervention et l'interpellation que je fais avec
le ministre de l'Immigration. Nous avons assisté, les derniers jours, à toute
une série de déclarations.
Et, s'il y a une chose qu'on doit retenir de tout ça, c'est que le ministre
doit absolument commencer à écouter, s'il y a une seule leçon à retenir.
Depuis le
début de discussions et de nos échanges avec le ministre de l'Immigration, nous
avons essayé en tant qu'opposition officielle
de lui expliquer un peu les enjeux liés à l'immigration par rapport à ses
prises de décision. J'ai eu moi-même
l'occasion, Mme la Présidente, pendant le mois d'août, à assister aux
consultations sur l'immigration qui, justement,
nous ramenaient à cette décision du 1er novembre. Ce qui m'a beaucoup
étonné, Mme la Présidente, c'est que je me demandais... Nous avons passé
plusieurs heures de discussion avec des partenaires sérieux. Bénévolement, ils
sont venus à l'Assemblée nationale pour nous partager leurs visions de
l'immigration. Et, pendant ces consultations, Mme
la Présidente, il y avait des associations patronales, il y avait des
organismes d'accueil, il y avait aussi des partenaires du ministère de l'Immigration, il y avait les
employeurs. Ça a été vraiment une très bonne consultation, où nous avons
eu la chance d'avoir des représentants crédibles et qui sont très proches des
enjeux de l'immigration.
Pourquoi je
fais cette petite introduction, Mme la Présidente? Parce que le contexte, il
est très important, parce que ce qui
est arrivé aujourd'hui... Et le recul du gouvernement devrait être une leçon,
une leçon à retenir. Parce que, si on prend
le temps à écouter l'opposition officielle, si on prend le temps d'écouter les
préoccupations des groupes, on ne sera pas
devant cette situation d'un recul et d'une volte-face de ce gouvernement. Et on
ne sait plus si ça va être le début d'une série de volte-faces.
• (15 h 10) •
Qu'est-ce que
les groupes, ils nous ont partagé? Plusieurs groupes... Mais je vais essayer de
limiter mon intervention à uniquement
l'enjeu qu'on a devant nous aujourd'hui, par rapport au PEQ, le Programme de
l'expérience québécoise. Nous avons
eu une très bonne présentation de l'ancien P.D.G. de Montréal International,
qui nous a parlé de l'importance de
la rétention des étudiants étrangers. Et il nous disait : Écoutez, nous
avons des talents, des gens qui ont choisi le Québec pour venir étudier. Ils paient leurs études. Ils
paient leurs assurances. Ils s'installent dans nos régions pour le savoir et
pour notre savoir-faire. Notre
problème majeur, Mme la Présidente, ce n'est pas parce qu'on va leur donner le
PEQ. Même avec le PEQ, on n'arrive
pas à les retenir. La rétention est un problème. Et le gouvernement a essayé de
mettre en place... et a financé des
programmes pour retenir ce capital humain. Et notamment Montréal International a une entente
avec le gouvernement du Québec pour faire la rétention de
ces étudiants.
J'ai
posé moi-même la question au P.D.G. de Montréal International :
Pensez-vous que le moratoire... Parce qu'on était dedans, Mme la Présidente, on était dedans.
Il y avait un moratoire pendant trois mois, qui a été lancé au mois de juillet, pour dire : Écoutez, on va faire un
moratoire, je vais refaire le travail, je vais vous revenir avec une solution
au mois de novembre ; le
1er novembre, je dépose mes consultations et mon plan stratégique. «Fine.»
J'ai posé la question au
président-directeur général de Montréal International, et il nous a dit
clairement : Il faut faire attention, la concurrence au niveau de l'Amérique du Nord, elle est énorme.
Le bassin où on va aller chercher des étudiants, il est aussi challengé par d'autres pays. Ça veut dire qu'on doit être
beaucoup plus compétitif pour aller chercher ces étudiants étrangers. Un
pour le savoir, un pour la recherche, les
talents, etc., il nous a
énuméré une panoplie d'avantages. Et il nous a sensibilisés par rapport à ce moratoire et il était très
confiant que, probablement, le gouvernement va continuer à donner cet avantage
concurrentiel à nos universités pour pouvoir retenir ces étudiants étrangers.
Ma grande
déception, Mme la Présidente... c'est une, mais j'en ai beaucoup,
mais je vais me limiter aux étudiants étrangers.
1er novembre, le ministre nous balance une série de mesures, notamment
celle du PEQ, le Programme de l'expérience québécoise, où il a commencé à limiter les accès, que ça soit pour le
volet étudiant ou bien pour le volet travailleur. Ça, ça a été comme un effet de bombe au niveau
de notre province. Plusieurs groupes se sont exprimés. Et, hier, je me
rappelle la présence de cette jeunesse
qui nous donne espoir, cette jeunesse francophone, des gens qui ont choisi le Québec,
des gens qui aiment le Québec,
des gens qui étudient avec notre langue, et qui partagent notre langue et notre
culture, et qui nous disaient : Écoutez, je me sens plus Québécoise
que Française. Écoutez, ça nous a tous choqués, l'opinion publique, la plupart des commentateurs. Je n'ai jamais vu, Mme
la Présidente, quelque chose d'unanime que ce que j'ai vu hier par
rapport à l'élimination de ce programme.
Aujourd'hui, on apprend que le ministre recule,
recule. Somme toute, c'est une très bonne chose pour les personnes qui sont là. Mais la question qui se
pose, Mme la Présidente : Est-ce que ce recul est la meilleure décision?
Je tiens à vous dire, Mme la Présidente, que la décision du ministre de
reculer, probablement elle est bonne pour... pas refaire mais pour
réparer l'erreur qu'il a faite, mais il ne règle en aucun cas la problématique
que nous avons devant nous.
Et je vais me
permettre, Mme la Présidente, de rappeler au ministre l'importance des
consultations. Si on veut ramener un
règlement, la chose la plus importante, c'est consulter les gens avec qui ou
sur qui... ou les gens qui sont affectés par ce règlement.
Le BCI, le Bureau de coopération interuniversitaire,
a envoyé une lettre à M. le ministre le 3 septembre 2019, l'objet : Retrait temporaire du Programme de
l'expérience québécoise, volet diplômé du Québec, signée par M. Cossette,
qui est le recteur de l'Université de Sherbrooke, où il explique en long et en
large l'importance de ce programme. Le programme... Le ministre a été
sensibilisé par rapport au moratoire.
Le
4 novembre, ça veut dire, Mme la Présidente, deux mois après l'envoi de
cette lettre au ministre de l'Immigration, le BCI, le Bureau de coopération interuniversitaire, sort un autre
communiqué de presse, et je vais me permettre de vous lire un paragraphe qui soulève beaucoup, beaucoup,
beaucoup de questionnements : «Suivant la réception de ce courriel,
les universités québécoises — le courriel, ça veut dire le courriel où le
ministère de l'Immigration informait les universités, partenaires de l'éducation au Québec, d'un
changement majeur, Mme la Présidente — ont tenu à souligner leurs vives
préoccupations eu égard aux impacts envisagés d'une telle action
gouvernementale en transmettant, le 3 septembre dernier — donc je
parle toujours de la même lettre — une lettre signée du président du conseil
d'administration du BCI, M. Pierre
Cossette, recteur de l'Université de Sherbrooke. Les établissements demandaient la réouverture de
ce programme, ou d'une autre initiative efficiente atteignant le
même objectif, aussitôt que possible au cours de l'automne — donc ils lui
demandaient qu'il doit absolument réouvrir et revenir à la case de départ l'automne.
Malheureusement, aucune réponse n'a été transmise au Bureau de
coopération interuniversitaire et aucune consultation n'a été
réalisée sur les nouvelles conditions du PEQ.»
Mme la Présidente, à la place du ministre, il fallait
s'attendre... Quand tu ne consultes pas ton monde, quand tu ne partages pas ta vision, c'est
normal avoir toutes les attaques contre toi hier. Et je dis «attaques» entre
parenthèses parce que... les attaques par rapport à sa vision de la mise
en place de ce programme.
Donc, encore une fois, Mme la Présidente, je ne pense en aucun cas que le ministre,
avec son recul aujourd'hui, aide qui que
ce soit. Il n'aide ni les entreprises,
il n'aide ni les universités, il n'aide pas les cégeps, il n'aide pas les
centres de formation, il n'aide pas
les régions, il n'aide pas le développement
économique. Au contraire, il empire
la situation. Et c'est
là où je lui demande, Mme la
Présidente, qu'il faut... pour le bien-être
de nos régions, pour l'avancement de notre économie, pour l'intérêt de
nos régions, d'aller refaire ses devoirs, d'aller écouter les acteurs du
milieu. Et les premiers acteurs à écouter, Mme la Présidente, c'est les universités.
Les universités, surtout quand on est nationaliste, Mme la Présidente,
il faut être fier d'avoir des universités francophones
en Amérique du Nord. C'est ça, le nationalisme. Il faut se battre pour nos universités. Et nos universités
ne demandent qu'une seule chose : des étudiants francophones. Comment
on va préserver le français, Mme la
Présidente? Comment on va préserver la science en français si on a des
universités qui se vident? C'est ça,
le nationalisme, Mme la Présidente. Ce n'est pas juste des slogans. C'est par
l'action. Et l'action, c'est écouter les acteurs du milieu.
Donc, ma première
demande... Et je sais que je vais revenir, je vais donner la chance à M. le
ministre, parce qu'aujourd'hui je veux avoir un bon face à face avec lui. Je
lui donne le temps de me répondre, mais de répondre à la population, Mme la
Présidente, parce que tout le monde est tanné d'avoir des décisions
arbitraires. Ce n'est pas un dossier facile.
On ne peut pas traiter ces questions avec une manière arbitraire. Ça nous prend
une logique. Ça nous prend des
études. Et je l'invite sérieusement, Mme la Présidente, à aller refaire son
travail, à écouter les acteurs du milieu. Et je veux dès maintenant...
et c'est quelque chose que je vais suivre, Mme la Présidente, je veux une
rencontre dans les prochains jours entre le ministre et le Bureau de la
coopération interuniversitaire, mais surtout avec l'ensemble des universités du
Québec avant de dire : Ça nous prend telle formation, ça nous prend tel
diplôme et ça nous prend telle réduction. Je
ne veux plus qu'on soit dans des vases isolés, le ministre d'un côté, les
universités d'un autre côté. On n'aide pas
notre Québec, Mme la Présidente. Au contraire, c'est une attaque frontale à
notre système éducatif. C'est une attaque frontale à notre système
académique.
Ce
qu'on souhaite tous, c'est vraiment une richesse, une richesse à la fois
culturelle mais aussi scientifique. Donc, j'espère que le ministre, avec son recul aujourd'hui, il va prendre un
peu de temps, relaxer, voir un peu tous les enjeux, et nous revenir avec
un bon règlement ou avec un bon plan de match. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Nelligan. Et je vais maintenant céder la parole à M. le ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, on est
réunis par la grâce du député de Nelligan, Mme la Présidente, sur un sujet qui est important. Et d'ailleurs j'ai lu
la motion qui a été présentée par le député de Nelligan et je
souhaiterais y apporter un amendement, Mme la Présidente.
Alors, si vous le
permettez, je vais vous lire l'amendement.
Donc :
Ajouter, au deuxième alinéa, le mot «environ» avant les mots
«11 000 travailleurs» et remplacer les mots «d'immigrer au» par
les mots «d'obtenir un certificat de sélection du»;
2° retirer le
troisième et le quatrième alinéa;
3° après le deuxième
alinéa, ajouter le paragraphe suivant :
«Qu'elle souligne la
décision du gouvernement de soustraire aux modifications engendrées par la
réforme du Programme de l'expérience
québécoise du 1er novembre 2019, les personnes qui y étaient
admissibles tant pour le volet Diplômés du Québec que pour le volet Travailleurs
étrangers temporaires, et ce en vertu des anciens critères.»
Donc, la motion ainsi
amendée, Mme la Présidente, se lirait ainsi :
«Que l'Assemblée nationale rappelle
que le Programme de l'expérience québécoise permet une voie rapide pour
l'obtention d'un certificat de sélection du Québec, étape précédant l'octroi de
la résidence permanente;
«Qu'elle prenne acte que ce programme
a permis, en 2018, à environ 11 000 travailleurs étrangers
temporaires et étudiants étrangers
diplômés au sein d'institutions d'enseignement québécoises, d'obtenir un
certificat de sélection du Québec;
«Qu'elle souligne la
décision du gouvernement de soustraire aux modifications engendrées par la
réforme du Programme de l'expérience
québécoise du 1er novembre 2019, les personnes qui y étaient admissibles
tant pour le volet Diplômés du Québec que pour le volet Travailleurs
étrangers temporaires, et ce en vertu des anciens critères.»
• (15 h
20) •
Donc, je dépose
cette motion, Mme la Présidente. Et vous me permettrez d'intervenir sur cette
proposition de motion pour amender la motion
du député de Nelligan. Parce que, vous savez, Mme la Présidente, on a entendu
beaucoup de choses et on a entendu...
depuis hier, et beaucoup de choses aussi dans l'intervention du député de
Nelligan. Une chose est sûre, Mme la Présidente, c'est que la réforme
que nous présentons, du système d'immigration, elle est plus que nécessaire. Elle est plus
que nécessaire, Mme la Présidente, parce que, durant 15 ans du régime
libéral, on avait la possibilité de moderniser notre système
d'immigration et on a refusé de le faire, Mme la Présidente.
Il n'est pas normal qu'on ne
sélectionne pas les personnes immigrantes en fonction des besoins du marché du
travail. Depuis que je suis ministre
de l'Immigration, c'est ce que je me suis attelé à faire, à moderniser le
système d'immigration et à m'assurer aussi qu'on sélectionne les
personnes immigrantes en fonction des bons critères de sélection, Mme la Présidente. Vous savez pourquoi? Parce que c'est
bilatéral. C'est bilatéral, ces critères, ce choix-là parce qu'autant pour
les personnes immigrantes qui sont
sélectionnées, autant pour la société d'accueil qui les intègre, il est
nécessaire que ce soit
gagnant-gagnant, Mme la Présidente. Et malheureusement ce que j'ai constaté au
cours des années, c'est que, pour les personnes
immigrantes, ce n'était pas nécessairement gagnant-gagnant, Mme la Présidente,
parce qu'on se retrouve dans une
situation où le taux de chômage est de plus du double chez les immigrants qui
sont ici depuis moins de cinq ans, que le taux de surqualification des
personnes immigrantes est de l'ordre de 59 %. Ça veut dire qu'on
accueillait, Mme la Présidente, des
personnes immigrantes qui avaient de l'expérience dans leurs pays d'origine,
qui avaient étudié, qui avaient travaillé
dans des domaines, ils arrivent au Québec, la tête remplie de rêve, d'espoir de
pouvoir occuper un emploi à la hauteur
de leurs compétences, et cet emploi-là n'était pas disponible. Pourquoi, Mme la
Présidente? Parce que les emplois qui
sont disponibles au Québec, ce sont notamment des emplois qui sont de nature
professionnelle et technique. Alors, il est nécessaire, vous conviendrez avec moi, que, lorsqu'on invite
quelqu'un à venir au Québec, bien, il puisse occuper un emploi pour
lequel il est formé, pas un emploi pour lequel il est surqualifié.
Donc,
c'est au niveau de la sélection que nous devons agir. Nous devons agir au
niveau de la sélection parce que le
Québec, en matière d'immigration, dispose de ce pouvoir. En vertu de l'entente
Gagnon-Tremblay—McDougall de
1991, la sélection de l'immigration économique appartient au Québec. Parce que
l'immigration est une compétence partagée
entre le Québec et l'État fédéral, et le gouvernement canadien. Et donc il y a
eu une entente, Mme la Présidente. On sélectionne présentement environ
60 % de l'immigration québécoise.
Les
deux autres catégories, outre la catégorie économique, c'est au niveau du
regroupement familial, les conjoints, les conjointes, les ascendants,
les descendants, et l'autre catégorie, sur laquelle il n'y a pas de critère de
sélection, Mme la Présidente, du Québec,
l'autre catégorie, c'est au niveau des réfugiés, des gens qui sont en situation
de vulnérabilité, qui se retrouvent
dans des camps, un peu partout dans le monde, de réfugiés des Nations unies, du
haut-commissariat aux réfugiés, ou
qui sont des réfugiés parrainés par des groupes de deux à cinq personnes ou par
des organismes, des gens qui sont
dans des situations où on les reconnaît comme des réfugiés. Il ne faut pas
oublier, Mme la Présidente, que le Québec accueille aussi des demandeurs d'asile, et, durant le temps où leur
situation, elle est régularisée pour devenir un réfugié, bien, le Québec absorbe les coûts et accueille ces
personnes-là sur le territoire québécois. Donc, le Québec fait sa part en
matière humanitaire et en matière de regroupement des familles.
Or, Mme la
Présidente, on sélectionnait les personnes immigrantes en vertu d'une grille de
sélection avec un pointage, ce qui faisait
en sorte qu'il n'y avait pas de lien avec le marché du travail, parce que vous
deviez avoir un pointage pour passer la grille. Qu'est-ce qu'on a fait
au printemps dernier? On a changé ça. On a lancé Arrima, on a adopté le projet de loi n° 9,
justement pour faire en sorte de s'assurer... on a remboursé
18 000 dossiers, pour s'assurer que les gens que l'on invite par le biais d'Arrima, du système
Arrima, bien, ils répondent aux besoins du marché du travail, ils soient...
et que le principal critère de sélection, ce
soit leur domaine de formation, avec une offre d'emploi validée et, de
préférence, en région, Mme la Présidente, justement pour créer un
maillage entre les deux.
Arrivons
maintenant, dans le cadre des travailleurs qualifiés, aux façons d'immigrer au
Québec. Vous avez soit le Programme
régulier des travailleurs qualifiés, sur lequel on a déjà fait une réforme par
le biais du projet de loi n° 9 et le lancement
d'Arrima. Deuxièmement, l'autre option, c'est le Programme de l'expérience
québécoise pour les travailleurs qualifiés.
Le Programme de l'expérience québécoise se subdivise en deux volets, celui du
Programme de l'expérience québécoise pour les diplômés, celui du
Programme de l'expérience québécoise pour les titulaires de permis de travail temporaire. En 2010, ce programme-là a été créé,
Mme la Présidente, programme très large. Il a été resserré par la suite par le gouvernement. Auparavant, c'était
simplement le fait d'être inscrit dans un établissement d'enseignement
québécois. Ensuite, on a rajouté les
critères de français. On a rajouté le fait aussi, maintenant, d'obtenir un
diplôme pour le volet du Programme de l'expérience québécoise — Diplômé.
Or,
Mme la Présidente, ce que l'on constate, c'est que la majorité de l'immigration
économique qui est sélectionnée provient
du Programme de l'expérience québécoise. Mais vous savez quoi, Mme la
Présidente? Ce sont tous les diplômes de plus de 1 800 heures
qui sont admissibles. Ça signifie, Mme la Présidente, qu'on se doit de se poser
des questions sur la façon dont on
sélectionne. Parce que, bien entendu, les gens parlent français, bien entendu,
les gens ont étudié dans un
établissement d'enseignement québécois. Par contre, Mme la Présidente, la
question que nous devons nous poser par rapport aux sélections que nous faisons — qui est en nombre limité, Mme la Présidente,
parce que, tel que je vous l'ai exposé précédemment, vous avez entre
60 % et éventuellement 65 % de l'immigration qu'on sélectionne — donc :
Lorsqu'on sélectionne, Mme la Présidente,
est-ce qu'on souhaite faire en sorte qu'il n'y ait pas de lien entre les
besoins du marché du travail et les
formations, les domaines de formation dans lesquels les gens étudient? Parce
qu'actuellement c'est ça, la
situation, et pour les formations de plus de 1 800 heures. Ça veut
dire des formations de D.E.C., collégiales, et les formations
universitaires seulement.
Ce que j'ai
annoncé la semaine dernière, qui est entré en vigueur le 1er novembre,
c'est une révision du Programme de l'expérience québécoise pour
s'assurer qu'il réponde aux besoins du marché du travail en s'assurant de créer
un lien entre les domaines de formation et
le profil des candidats. Ça veut dire, Mme la Présidente, qu'on a établi une
liste des formations qui sont en
demande au Québec pour indiquer quels sont les besoins du Québec. Parce que,
vous savez, Mme la Présidente, ce
n'est pas vrai qu'au Québec on a uniquement besoin de diplômés universitaires.
Il y a plusieurs emplois
qui nécessitent des formations professionnelles et techniques, notamment dans
le domaine minier, Mme la Présidente.
Vous le savez, en Abitibi, ça prend des gens qui ont des compétences manuelles,
notamment pour aller travailler dans les mines. Or, ces domaines de
formation là n'étaient pas admissibles malgré le fait qu'il manque du monde, Mme la Présidente, dans de tels domaines. Alors,
ce qu'on a fait, c'est qu'on a élargi le Programme de l'expérience québécoise
en ce sens-là. On l'a élargi aux formations
de 900 heures et plus qui sont en demande justement pour faire en sorte que,
quand vous avez besoin d'un soudeur, bien,
le domaine de formation soit sur la liste, Mme la Présidente. Et ce qu'on a
fait, c'est à la grandeur du Québec. Il y a plus de 218 domaines de
formation qui donnent accès à des centaines d'emplois.
Alors, Mme la Présidente, ce qu'on nous reproche
du côté du député de Nelligan, c'est notamment le fait de sélectionner des gens
en fonction de programmes d'études qui sont en demande. Mme la Présidente, je
croyais que le Parti libéral était un parti
qui comprenait l'économie, qui comprenait les besoins du marché du travail, qui
comprenait la réalité des
entrepreneurs, des employeurs, Mme la Présidente. Or, ceux-ci souhaitent avoir
des gens dans ces domaines, là, qui sont en demande.
Parlons maintenant, Mme la Présidente, du
programme des travailleurs étrangers temporaires, le volet du Programme de l'expérience québécoise, le deuxième
volet du PEQ, qu'on appelle. Dans le cadre de ce programme, n'importe quel emploi, si on avait travaillé 12 mois
dans cet emploi-là, était admissible par la voie rapide. Or, ce ne sont pas
tous les emplois, Mme la Présidente,
qui sont prioritaires pour le Québec, pour répondre aux besoins du Québec, pour
répondre à l'économie du Québec. Ce qu'on a fait, on a pris la liste des
emplois en déficit, Mme la Présidente, du ministère de l'Emploi, du Travail et de la Solidarité sociale,
et on a identifié les professions, donc 162 professions, et par la suite
il y a des appellations avec les
professions qui nous amènent vers plusieurs centaines de postes qui sont en
déficit dans toutes les régions du Québec.
Mme la
Présidente, il est logique et désiré que nous sélectionnions des gens qui vont
répondre à des emplois qui sont en déficit dans les régions du Québec. J'ai
donné l'exemple hier, Mme la Présidente, d'un avocat. Vous savez à quel point j'aime les avocats. Cela étant dit, Mme la
Présidente, il y en a 26 000 au Québec, Mme la Présidente, on n'est pas
en pénurie de main-d'oeuvre à ce niveau-là.
Peut-être un petit peu à l'Assemblée, il y en a de moins en moins dans les élus, mais ça, c'est un autre débat, Mme la
Présidente. Or, il est logique de ne pas sélectionner des avocats dans les
différentes régions du Québec, parce
qu'il n'y a pas une pénurie de main-d'oeuvre, il n'y a pas une pénurie de
juristes dans les différentes régions.
Il y a une pénurie, par contre, de soudeurs. Alors, la réforme du Programme de
l'expérience québécoise qu'on met de
l'avant, c'est justement de favoriser le fait qu'on aille chercher des
soudeurs, que ça soit à l'école ou que ça soit avec un permis de travail
temporaire, pour qu'ils puissent intégrer le marché du travail québécois,
qu'ils puissent être priorisés. Voilà le sens de la réforme, justement pour
répondre aux besoins économiques du Québec.
• (15 h 30) •
Hier, Mme la
Présidente, toute la journée, j'ai voulu rassurer les personnes qui étaient
touchées par la réforme du système d'immigration, notamment par rapport
au Programme de l'expérience québécoise. Je les ai écoutées, j'ai été sensible toute la journée à leurs demandes et j'ai
annoncé ce matin que nous les avions entendues et que nous allions faire
des modifications à la réforme du Programme
de l'expérience québécoise. Je l'ai annoncé ce matin, ce changement-là, parce qu'on est à l'écoute, on est à l'écoute de
leur réalité. Et donc j'ai annoncé que les personnes qui étaient déjà dans
les établissements d'enseignement allaient
pouvoir soumettre leur candidature au Programme de l'expérience québécoise
avec les mêmes conditions qui existaient
avant la réforme du 1er novembre. Même chose également, Mme la Présidente,
relativement aux travailleurs étrangers temporaires qui étaient titulaires d'un
permis de travail temporaire et qui pouvaient
soumettre leur candidature dans le cadre du Programme de l'expérience
québécoise volet Travailleur, ils pourront le faire avec les mêmes
critères.
Cela étant
dit, Mme la Présidente, et je l'ai réitéré à de nombreuses reprises, il y a eu
beaucoup de désinformation. C'est
important de renseigner adéquatement les gens, Mme la Présidente. Et je l'ai
dit à de multiples reprises hier, il y avait plusieurs options qui
s'offraient aux gens, même avec le resserrement du Programme de l'expérience
québécoise. Il y avait la
possibilité, si votre domaine de formation n'était pas dans la liste, de
travailler avec un permis de travail postdiplôme, suite à votre graduation, de la même durée que votre permis d'études.
C'est-à-dire, si vous faisiez un baccalauréat, vous avez trois ans de
permis de travail postdiplôme, et par la suite d'être admise, d'obtenir votre
certificat de sélection du Québec par le biais du Programme de l'expérience
québécoise volet Travailleur temporaire, ou même d'obtenir votre résidence
permanente et d'être sélectionnée par le biais du Programme régulier des
travailleurs qualifiés par Arrima.
Alors, il
était complètement faux de dire, Mme la Présidente, que ça avait pour effet de
retourner des gens, d'expulser des
gens. Et ce genre de propos m'apparaissent inappropriés en cette Chambre parce
qu'on a une responsabilité ici. Il ne faut pas alarmer les gens, Mme la
Présidente, on a une responsabilité.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Le leader
du gouvernement veut nous instruire sur les propos inappropriés, alors, bien,
soit. J'aimerais que vous l'instruisiez sur
le fait que «faux» est à notre index et «désinformation» est à l'index
également. Je lui donnais une chance,
mais, comme il aime les instructions à ce chapitre-là, j'aimerais que vous lui
rappeliez ça à la mémoire.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : J'allais le faire après l'intervention
de M. le ministre. Alors, oui, il faudrait utiliser des propos un peu
différents pour étayer votre intervention.
M. Jolin-Barrette : Je comprends, Mme la Présidente. Je comprends
aussi que le leader de l'opposition officielle se sent visé par mes propos, alors que je ne visais pas nécessairement
le Parti libéral, Mme la Présidente. Alors, je comprends que le chapeau lui fait.
Alors, je vais faire attention, je vais être prudent, mais je constate que le
chapeau lui fait. Alors, que voulez-vous, ça lui appartient.
Alors, Mme la
Présidente, je pense que c'est important de clarifier les choses et de faire en
sorte qu'il y ait de la prévisibilité.
Et c'est pour ça que, dès le 1er novembre, les règles qui s'appliqueront
aux nouveaux étudiants au Québec, aux
nouveaux titulaires de permis de travail étrangers temporaires seront les
nouvelles règles. Et pour ceux qui étaient déjà au Québec, nous avons les entendus, nous les avons écoutés, nous
sommes sensibles à leur réalité, et c'est pour ça que, ce matin, j'ai
annoncé que leurs dossiers, s'ils souhaitent appliquer dans le cadre du
Programme de l'expérience québécoise,
allaient être traités avec les nouveaux... avec les anciens critères. Cela
étant dit, le fait d'être titulaire d'un permis d'études ou d'un permis de travail temporaire, en aucun temps,
jamais n'a garanti le fait d'être accepté dans le cadre du Programme de
l'expérience québécoise, et ça, c'était très clair dès le départ.
Alors, Mme la
Présidente, j'ai soumis la motion. J'espère que le député de Nelligan acceptera
la motion, la motion d'amendement sur sa motion. Et je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
ministre. Et vous savez que votre amendement sera reçu sous réserve de
la permission de l'auteur de la motion. Il pourra nous indiquer sa décision au
moment de sa réplique.
Maintenant,
pour la prochaine intervention, je cède la parole à M. le député de Gouin et
leader du deuxième groupe d'opposition et je vous indique que votre
formation politique dispose d'un temps de parole de 10 min 45 s.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Le débat que nous menons cet après-midi et le débat
que nous menons depuis les dernières heures tourne autour d'une question
fondamentale. Cette question-là, quant à moi, c'est l'éléphant dans la pièce du débat qu'on mène au Québec depuis la fin de
la semaine dernière. Cette question fondamentale est la suivante :
Qu'est-ce que c'est, un immigrant? À quoi ça sert, ça, l'immigration?
Dans la bouche
du ministre de l'Immigration, dans la bouche du premier
ministre, on a l'impression qu'un immigrant, qu'une immigrante, c'est avant tout une
ressource, une ressource économique,
pour ne pas dire une marchandise. C'est
une ressource économique, l'immigrant, l'immigrante, qui doit être mise le plus
vite possible au service de l'économie. Quand on écoute le premier ministre et
le ministre de l'Immigration parler, on a l'impression que, pour eux, le
ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, en fait, c'est
une grosse agence d'emploi, une grosse boîte de placement qui a le mandat de
dénicher la personne qui a le meilleur profil d'employabilité pour occuper un
poste précis dans une entreprise au
Québec. Quand on écoute le ministre de l'Immigration et le premier ministre, on
a l'impression que les immigrants et
les immigrantes, ce sont des gens qui, avant tout et seulement, viennent nous
donner leur force de travail pour faire rouler l'économie du Québec.
Bref, quand
on les écoute, quand on écoute le ministre de l'Immigration et le premier
ministre, on a l'impression que les
immigrants, ce sont des moyens, des moyens pour atteindre un objectif qui est
devenu, pour le premier ministre, une
fixation idéologique, rattraper le fameux écart de richesse entre le Québec et
le reste de l'Amérique du Nord, écart de richesse qu'il remet de l'avant
à chaque fois qu'il en a l'occasion. Ce n'est pas complètement faux. Bien sûr,
les immigrants et les immigrantes
travaillent, souhaitent travailler, veulent contribuer à la prospérité du
Québec. Ils sont souvent très fiers,
par ailleurs, de le faire. Et donc il n'y a rien de mal en soi à favoriser un
meilleur arrimage entre leur profil, leurs compétences et ce que le
gouvernement appelle les besoins économiques du Québec.
Donc, ce n'est pas faux, sauf que c'est
terriblement court et terriblement insuffisant comme conception de l'immigration parce qu'un immigrant, une immigrante,
ce n'est pas juste une ressource économique pour faire faire des bénéfices à une entreprise, non. En tout cas,
nous, on croit, à Québec solidaire, qu'un immigrant, une immigrante, c'est
aussi tout simplement un citoyen, une
citoyenne, quelqu'un qui s'implique socialement, culturellement, politiquement,
qui veut faire grandir sa société, oui, mais
de plusieurs manières différentes, pas juste en travaillant dans une entreprise
qui a des besoins de main-d'oeuvre. Un
immigrant, une immigrante, bref, c'est tout simplement un Québécois, une Québécoise,
des Québécois qui ont des aspirations, des aspirations multiples qui ne se
résument pas à avoir une job, des Québécoises qui ont des projets, des
rêves, des idées pour l'avenir.
Mais,
quand la CAQ parle d'immigration, on n'entend jamais parler de ça. Jamais.
Quand la CAQ parle d'immigration, on
entend parler de chiffres, de main-d'oeuvre et de besoins économiques. C'est
tout. Et ce que les décisions des dernières heures démontrent, c'est que, si on n'en entend pas parler, c'est parce
que ça ne les préoccupe pas, tout simplement. En ce sens, le débat qu'on a depuis les derniers jours,
il sera au moins utile à une chose, il sera extrêmement révélateur, extrêmement
révélateur de la vision étroite, de la vision terriblement pauvre qu'a le
gouvernement de la CAQ de l'immigration.
Cette vision-là, c'est une vision comptable, utilitaire, mercantile des
immigrants et des immigrantes. Ces gens-là
viennent ici et ce sont avant tout des moyens qui répondent à une finalité
précise qu'a décidée le premier ministre. Cette finalité, c'est des finalités
strictement économiques. Et le débat qu'on a nous servira, au moins
politiquement, au Québec, à mettre ça
au clair, à exposer ça au grand jour pour que ce soit dorénavant convenu par
tous et toutes que, pour ce gouvernement, l'immigration, c'est une
question d'économie, et c'est tout.
• (15 h 40) •
Mais le pire,
Mme la Présidente, c'est que, même sous cet angle strictement économique, qui
est par ailleurs un angle extrêmement
restrictif, c'est que, même sous cet angle économique, la décision du
gouvernement de la Coalition avenir Québec, c'est une mauvaise décision.
Et ça, je ne demande pas... je ne demanderais jamais aux ministres de la Coalition avenir Québec de croire Québec solidaire
sur parole en matière d'économie. Ce n'est pas dans leurs réflexes. Mais ce qu'on peut leur
demander par contre, c'est de tenir en compte ce que disent les gens du milieu
économique, ce que disent les gens du
milieu des affaires, et ils sont très clairs, c'est une mauvaise décision.
Pourquoi? Parce que c'est une décision simpliste qui s'appuie sur une
vision dépassée de ce que c'est, le marché du travail au Québec en 2019.
Ce
que le ministre et le premier ministre nous répètent depuis plusieurs jours
maintenant, c'est qu'il faut s'assurer que
les immigrants et les immigrantes répondent aux besoins immédiats de
main-d'oeuvre des entreprises. Donc, on nous dit : Dans une année
x, il y a des besoins de main-d'oeuvre x, et cette année-là il faut permettre à
des étudiants d'un programme x
d'appuyer au Programme de l'expérience québécoise. Cette conception-là, très
linéaire et simple, de ce c'est, le marché du travail en 2019, c'est une
vision dépassée. Nous ne vivons plus dans le monde où les gens faisaient une formation dans un domaine très précis, ensuite
s'en allaient travailler en entreprise et faisaient le même emploi toute leur
vie. Ce monde-là, ce marché du travail là, il n'existe plus. Économiquement,
c'est une réalité du siècle passé.
On
vit dorénavant dans un marché du travail qui est fluide, qui est changeant. La
plupart des gens vont occuper, dans
leur vie, plusieurs emplois. Il y a même des retours aux études qui sont de
plus en plus fréquents. Alors, cette idée selon laquelle il faudrait arrimer, à l'année près, les besoins du
marché du travail et les formations universitaires, collégiales ou techniques qui donnent accès au Programme de
l'expérience québécoise, c'est une vision dépassée, qui est décalée
complètement par rapport à ce qu'est la réalité du marché du travail de nos
jours. C'est une logique dépassée dans une
économie de plus en plus instable où les parcours atypiques sont de plus en
plus fréquents. Et là je ne vous parle même pas des avancements technologiques qui, eux aussi, contribuent à
bouleverser le marché du travail et à faire en sorte que les parcours
professionnels sont de moins en moins linéaires.
Donc,
non seulement le gouvernement s'enferme dans une logique strictement
utilitariste en ce qui a trait à l'immigration,
mais même sa logique économique strictement utilitariste est dépassée, est
obsolète par rapport aux réalités économiques
de notre époque. Ce n'est pas pour rien que même le patronat est d'accord avec
ça, que même le milieu des affaires le dit : Le gouvernement
comprend mal la réalité économique du Québec de 2019.
Pour
illustrer ça, Mme la Présidente, j'ai décidé de prendre des exemples
susceptibles d'être compris et d'être appréciés
par notre gouvernement. Le monde des affaires est un monde que les ministres de
la CAQ prétendent très bien connaître, et c'est intéressant parce que c'est un
milieu où, justement, les parcours atypiques sont de plus en plus
fréquents, et j'ai ressorti quelques exemples.
La
sociologie ne fait pas partie des diplômes qui rendent admissible au Programme
de l'expérience québécoise, selon le
ministre. C'est drôle, hein, le maire de la ville de Québec, Régis Labeaume, a
un diplôme de sociologie, il n'aurait pas
été admissible. La philosophie non plus n'en fait pas partie. Ça, ça me fait un
pincement personnel, mais ça serait aussi une mauvaise nouvelle pour Pierre Karl Péladeau, un des magnats de la
presse au Québec, qui a pourtant un diplôme en philosophie, il n'aurait pas été admissible. Guy Laliberté, qui a
réinventé le cirque à travers le monde en commençant comme cracheur de
feu à Baie-Saint-Paul, sans diplôme, n'aurait pas été admissible à ce
programme.
Mais
ce n'est pas tout, Mme la Présidente. Il y a des diplômés qui sont aujourd'hui
à la tête de l'État québécois qui
n'auraient jamais été admissibles en vertu du règlement du ministre. Le
ministre de l'Immigration lui-même est diplômé en droit, un programme
exclut du PEQ, il n'aurait pas été admissible.
La ministre de la
Justice est également diplômée en droit, elle n'aurait pas été admissible. La
ministre de la Santé et des Services
sociaux, qui a un baccalauréat en sciences de l'éducation, n'aurait pas été
admissible. Le ministre des Finances,
qui a un baccalauréat en économie et finances, n'aurait pas été admissible. Le
ministre de l'Environnement, avec son
baccalauréat en histoire, n'aurait jamais été admissible. La ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants, qui a des études supérieures en piano et en orgue au conservatoire de
musique du Québec, n'aurait pas été admissible.
Mme
la Présidente, tous ces gens, aujourd'hui ministres, n'auraient pas été jugés
assez en demande pour le Québec d'aujourd'hui s'ils étaient en ce moment
des étudiants et des étudiantes internationales. Et, si ces gens, aujourd'hui ministres, avaient manifesté dans les rues pour
demander à la Coalition avenir Québec de retirer son règlement, le ministre
de l'Immigration leur aurait répondu avec son ton glacial habituel :
Désolé, vous n'êtes pas assez en demande pour le Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Gouin.
Et je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, Mme la Présidente. Dans toute cette saga de ces changements à ce
Programme de l'expérience québécoise, je
m'inquiète encore de la place du Québec à l'international, de notre réputation à
l'international, Mme la Présidente. Cette réputation-là a longtemps
été excellente, et puis, depuis un an, bien, je m'inquiète. Depuis un an
parce que, rappelez-vous, souvenez-vous, il
y avait une autre saga, l'année
dernière, autour de la réforme de l'immigration. Souvenez-vous de ces 18 000 dossiers d'immigration qu'on a mis
à la poubelle. C'étaient des dizaines de milliers de gens, de rêves jetés à la poubelle, des gens qui
voulaient immigrer chez nous. Le gouvernement
québécois s'était pourtant engagé
à étudier leurs dossiers, mais le gouvernement de la CAQ, lui, a déchiqueté ces
demandes, brisant les promesses de regarder au moins ces dossiers-là.
La Cour supérieure
était intervenue. La nouvelle Loi sur l'immigration avait finalement, de toute
façon, déchiqueté les 18 000 dossiers,
incluant les dossiers de 6 000 personnes déjà chez nous, qui
travaillaient ici, qui parlaient français,
qui étaient intégrées au Québec. Bien
sûr, le gouvernement avait permis à ces quelques milliers de gens en sol québécois de
s'inscrire à Arrima, mais la précarité, aujourd'hui, demeure.
Je vous ai parlé, à cette époque-là,
de ces mesures. Je vous avais dit que ces mesures avaient été tellement dures,
avaient fait tellement mal que même la
presse internationale en avait parlé. Le Monde, L'Orient—Le Jour, Les Échos de Belgique, on en avait parlé. Belle image
pour le Québec à l'international!
Et
là on a ce règlement du ministre de l'Immigration qui restreint sérieusement le
PEQ, le Programme de l'expérience québécoise. Ça existait depuis 2010, ça fonctionnait
très bien, et c'était une voie rapide pour la citoyenneté, pour un statut de résident permanent. Le PEQ, le
Programme de l'expérience québécoise, était une porte d'entrée mais aussi un outil d'intégration aux gens qui venaient de
partout et qui avaient choisi de construire la société québécoise avec nous.
Il
y a environ 50 000 étudiants étrangers au Québec et, durant les
dernières années, 5 000 à 7 000 restaient. Ces gens-là, ce sont des forces vives dont nous avons
besoin, que nous formons. On a besoin d'eux. Ils veulent investir chez nous.
En pleine pénurie de main-d'oeuvre, c'est fondamental d'au moins considérer ces
gens-là.
Depuis
les derniers jours, on s'imagine l'angoisse des étudiants étrangers qui sont
venus au Québec dans le but de profiter
de ce programme. Ces gens-là étudient au Québec, se sont fait une vie au
Québec, ils ont construit leur vie ici et là. Qu'est-ce que le gouvernement de la CAQ leur a dit? Eh bien, on ne veut
plus de vous parce que votre diplôme n'est pas sur notre liste. Ça a été une douche d'eau froide pour ces gens-là.
Plusieurs sont venus au Québec parce qu'on avait une expertise particulière, mais aussi parce qu'on
avait ce programme qui permettait, ultimement, d'intégrer le marché du
travail et la société.
Finalement,
le gouvernement a reculé. Il a inséré une clause grand-père. Ces étudiants-là,
ces travailleurs temporaires qui sont
en sol québécois ne seront plus touchés par ces changements-là. Mais imaginez
la peur, imaginez la peur pour ces
gens-là. Le gouvernement du Québec a envoyé des signaux contradictoires, et ça
a eu des répercussions pour ces gens-là, qui en ont parlé chez eux, ça a eu des répercussions, des signaux
contradictoires qui ont un effet sur notre réputation dans le monde.
Qu'est-ce
que ça dit, encore une fois, de la parole du Québec, de notre crédibilité à
l'international? Un jour, ce gouvernement-là
dit une chose, puis après ça il s'aperçoit que ça ne va pas, alors on change
encore. Ça nuit énormément à la
crédibilité du Québec à l'international. Tant mieux pour ces étudiants qui sont
déjà ici. Reste que cette ambivalence nous fait très, très mal.
Le
gouvernement a donc reculé, on a mis une clause grand-père, mais la réforme,
elle, elle reste. Le PEQ sera beaucoup
plus restrictif. On perd notre élan à l'international. On ne brille plus. Ça
nuit au recrutement de nos institutions d'enseignement à travers le
monde.
• (15 h 50) •
Voilà
ce que nous écrivait un étudiant étranger ce matin : «Les étudiants qui veulent venir étudier au Québec
sont désormais méfiants.» Nous sommes
dans une course aux talents partout en Amérique du Nord, et là on est impactés
par ça. Ça nuit à nos efforts de recrutement.
Ce
matin, on avait le député de Matane qui nous parlait d'une foule programmes du
cégep de son comté qui ne sont pas
inclus dans la fameuse liste du ministre. On pense aussi au programme
prestigieux en océanographie de l'université de Rimouski qui n'est pas
non plus sur la liste du ministre. Ces institutions de Matane et de Rimouski
vont perdre, Mme la Présidente. Ça complique
tout. Ça complique la mobilité des chercheurs d'ailleurs qui voulaient
déménager chez nous. Cette mobilité
des chercheurs, des scientifiques est importante, et cette approche de la CAQ
ralentit cette mobilité des échanges.
C'est la place du Québec dans le monde en matière scientifique, dans les
nombreux secteurs de la recherche, des arts, de la culture, même, qui
sont touchés.
Voilà
ce que disait aujourd'hui la rectrice de l'Université Laval, Sophie
D'Amours : «Ici, à Québec, on est une ville où tous les talents
sont bienvenus, particulièrement ceux de niveau universitaire, puisqu'on a une
économie très diversifiée. Je considère que,
dans le monde de demain, on a besoin de toutes les disciplines.» Qui plus est,
elle déplore la difficulté à laquelle l'université devra faire face dans
le futur pour attirer — encore
une fois, attirer — de
futurs étudiants venus d'ailleurs, surtout
que les domaines ciblés par le PEQ pourraient varier d'une année à l'autre.
Imaginez les complications. Et elle
n'est pas la seule. Ce matin, j'ai entendu aussi le recteur de l'Université de
Montréal, celui de l'UQAM qui disaient tous la même chose.
L'Ontario
et bien d'autres provinces ont des programmes comme le PEQ à son état original.
Si c'est plus facile d'aller en
Ontario, s'il y a plus de possibilités, si c'est plus facile de faire sa vie
là-bas, alors pourquoi ces immigrants potentiels
choisiraient le Québec? Parce qu'on cherche de la main-d'oeuvre qualifiée
partout, pas seulement en Ontario et au
Nouveau-Brunswick, mais le Québec est en compétition constante contre la
Californie, Boston, New York, Paris, Londres, l'Australie pour
aller chercher les meilleurs talents sur la planète.
Le
message que l'on envoie, c'est que le Québec est frileux face à l'immigration
et surtout que c'est compliqué d'immigrer chez nous. En pleine pénurie
de main-d'oeuvre, le gouvernement met en danger l'économie actuelle du Québec. Cette vision étroite, comptable et
insensible de l'immigration va à l'encontre, va à contre-courant de cette
vision traditionnelle du Québec
ouverte sur le monde, humaine et responsable. Comme le disait le député de
Gouin, c'est aussi une vision
dépassée de l'immigration. Ça prend du temps, se construire une réputation, Mme
la Présidente, et c'est très facile d'en détruire une.
Pour
toutes ces raisons, Mme la Présidente, je demande à l'Assemblée nationale
qu'elle constate les modifications apportées
au Programme de l'expérience québécoise par le gouvernement caquiste, que ces
mesures-là minent la réputation internationale du Québec, nuisent à sa
capacité d'attraction et de rétention des talents nécessaires à la croissance économique du Québec, qu'enfin l'Assemblée
nationale exige du gouvernement caquiste qu'il annule dès maintenant les
modifications récentes apportées au programme et qu'il revienne aux conditions
d'admissibilité prévalant avant le moratoire imposé en juillet dernier. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Et je pourrais céder la parole à Mme la députée de Bellechasse pour son
intervention.
Mme Stéphanie
Lachance
Mme Lachance :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous savez, Mme la Présidente, quand il
s'agit de parler d'immigration, de travailleurs étrangers, pour moi,
c'est quelque chose d'extrêmement important. Je suis heureuse de prendre la parole puis d'avoir l'occasion de
pouvoir en discuter au niveau de la motion qui a été présentée par le collègue
de Nelligan.
J'ai
travaillé, pendant de nombreuses années en recrutement dans les entreprises.
J'ai travaillé en recrutement, j'ai collaboré sur des projets de
recrutement de travailleurs étrangers, donc j'ai travaillé aussi auprès de
travailleurs étrangers qui avaient le souhait, le désir de venir s'installer
ici, chez nous.
D'ailleurs,
lorsque j'ai entendu l'intervention de mon collègue le député de Gouin,
effectivement, une question fondamentale :
Qu'est-ce que c'est, un immigrant? Bien, un immigrant, c'est une personne qui
choisit, pour plusieurs raisons, de
venir s'installer chez nous, ici, mais c'est aussi une personne qui a des
rêves, des aspirations et qui, pour les réaliser, a besoin d'avoir de la
sécurité, qui a besoin d'être accompagnée pour pouvoir se réaliser.
Quand je vous
disais que j'ai travaillé dans les entreprises, j'ai travaillé, évidemment, dans plusieurs entreprises de Bellechasse et dans Chaudière-Appalaches, et puis la réforme du programme d'expérience du Québec
est extrêmement importante. Elle a été préparée après avoir écouté
et entendu nos entrepreneurs, avoir entendu les employeurs. Dans nos entreprises,
actuellement, plusieurs postes sont à combler. On le sait, il y a une pénurie
de main-d'oeuvre, elle est là. Elle est là,
elle était là en 2001. Vous savez, déjà en 2001, au début des années 2000, les entreprises
étaient prêtes à investir des sommes assez importantes pour être en mesure de
recruter la bonne personne et même, je dirais, de prévoir la progression de ces personnes-là dans l'entreprise de façon à assurer une pérennité au niveau des postes. Au fil des ans, la situation
a, bien sûr, continué à se détériorer dans certaines régions
et pour certaines professions aussi. Ça a été l'exemple dans Chaudière-Appalaches, qui, actuellement compte près de 8 000 postes vacants. Vous savez, 8 000 postes, c'est
énorme.
Lorsque j'ai
été élue, là, il y a plus d'un an, un petit peu plus d'un an, les premières
semaines j'ai été interpelée par
plusieurs entreprises, évidemment, qui me connaissaient. Et puis des postes à
combler dans Chaudière-Appalaches, il
y en a beaucoup. On parle de postes d'opérateurs dans la transformation
d'aliments, plusieurs postes dans l'industrie des plastiques, des
machinistes, des soudeurs, des opérateurs de machines à souder, des ouvriers
agricoles, hein, évidemment — c'est 70 % ou presque de l'économie de
Bellechasse — des
ingénieurs, beaucoup d'ingénieurs, des infirmiers, des infirmières,
toutes des professions qui sont admissibles au PEQ.
Vous savez,
je pense à une entreprise, entre autres, que j'ai rencontrée, qui est une
entreprise qui compte quand même
600 employés, mais qui avait environ 80 postes à combler. Ce que les
entreprises ou ce que les entrepreneurs font, c'est qu'ils se tournent vers les travailleurs temporaires étrangers.
Pour recruter des travailleurs temporaires étrangers, la route est longue, et ardue, et très coûteuse.
Mais ce qu'il faut aussi savoir, c'est que mon entreprise dont je vous parle,
de 600 employés, ne pouvait qu'avoir
10 %, soit 60 employés, venant du Programme de travailleurs étrangers
temporaires, bas salaire, parce que, dans le cadre des postes qui
étaient disponibles, c'était ce programme-là.
Donc, ça veut
dire que, même en utilisant ce programme-là, l'entreprise se retrouve encore en
pénurie de main-d'oeuvre puis avec
20 postes de disponibles à pourvoir, puis on n'était pas à la période des
vacances. Comme vous le savez, la
session a débuté en octobre, donc on était à la fin des vacances, au tout début
de l'année scolaire. Ce qui fait que, lorsqu'un employeur te dit qu'il
n'y arrive plus... Puis, vous savez, les employeurs m'ont tous mentionné avoir rencontré plusieurs fois le précédent gouvernement
et avoir mentionné à quel point la situation était criante puis critique
pour eux et puis que rien n'avait été fait.
Moi, ça m'a touchée, ça m'a interpelée. Donc, vous comprendrez pourquoi je
trouve... pourquoi je suis même satisfaite et même heureuse, je vous dirais, de
la réforme qui est faite du PEQ, du programme,
actuellement, parce que nos entreprises l'ont demandé. On les a entendues et
puis on va être en mesure, maintenant, de
les soutenir dans leurs besoins en main-d'oeuvre puis de s'assurer que les gens
qui viennent ici aient des possibilités d'emploi dans la mesure de leur
formation et de leurs ambitions.
Auparavant,
avant le 1er novembre, les étudiants étrangers qui étaient admissibles au
PEQ, ils étaient admissibles sans
égard à leur formation dans la mesure où ils effectuaient un programme de
1 800 heures, principalement, évidemment, des programmes universitaires de baccalauréat, de
maîtrise, de doctorat, des programmes collégiaux de techniques, des A.E.C. Maintenant, le PEQ est en concordance avec
les besoins du marché du travail, avec les besoins en main-d'oeuvre. Il est donc maintenant ouvert à plusieurs autres
domaines, des domaines de formation qui nécessitent 900 heures et qui
n'étaient pas admissibles avant. C'est une belle ouverture. C'est une belle
ouverture, une belle avancée, ça, pour nos entreprises,
et c'est aussi une belle ouverture pour les gens qui sont intéressés à immigrer
parce qu'ils s'assurent d'une adéquation puis d'avoir un travail.
• (16 heures) •
Le député de
Gouin l'a mentionné, ce n'est pas que le travail. Mais il faut le dire, pour
s'installer, quitter pays et
s'installer chez nous, il y a quand même une réalité : ça prend du travail
pour pouvoir nourrir la famille, s'installer puis avoir une certaine qualité de vie. On parlait des
rêves, on parlait des activités, bien,
tout ça, ça a un coût, Mme la Présidente.
Parmi les
domaines de formation en demande, nous retrouvons toujours plusieurs
programmes de niveau universitaire, actuellement, depuis le 1er novembre, plusieurs
programmes de doctorat, de maîtrise, toujours des programmes de formation collégiale, mais maintenant il y a beaucoup de D.E.P., d'A.S.P. qui n'étaient pas accessibles
auparavant. Depuis que nous sommes au
pouvoir, Mme la Présidente, nous avons investi beaucoup
de ressources pour mettre en place des solutions pour intégrer et, mon
Dou, faciliter la vie de nos immigrants lorsqu'ils arrivent ici.
Mme la Présidente, je le rappelle, sous l'époque des libéraux, je parlerais de l'époque
de M. Charest, le taux de chômage
chez les immigrants était très élevé. Au-delà de ça, il y a
une réalité. Ces gens-là quittent pays pour venir s'établir ici, ils souhaitent vraiment avoir des conditions
gagnantes pour pouvoir se réaliser. Donc, ce que l'on veut leur offrir à ces
personnes, c'est une qualité de vie, un bien-être,
un bonheur de s'établir, des citoyens à part entière pour le Québec.
On veut les accueillir d'une manière respectueuse puis on veut leur offrir
toutes les possibilités, les mêmes possibilités que nous avons, nous, ici. C'est pour ça, Mme la Présidente, que la réforme du PEQ va nous assurer de sélectionner en fonction
du marché
du travail et d'offrir ces conditions
aux travailleurs étrangers, aux immigrants qui souhaiteraient s'installer ici. Le gouvernement a choisi d'aller de l'avant avec cette réforme parce qu'il faut non seulement répondre aux
besoins de chacune des entreprises des régions, mais aussi, justement, à
ce besoin qu'ont les travailleurs, à ce besoin qu'ont les immigrants d'avoir un
travail et d'être supportés financièrement.
Dans le cadre
de la réforme proposée par notre gouvernement, comme je vous le disais, on a
élargi beaucoup les formations, on s'est collé au marché du travail. On
veut maintenant concentrer nos efforts à recruter des candidats qui répondent
aux besoins du marché du travail.
Pour ce qui
est des inquiétudes pour les étudiants, les étudiants étrangers, bien, d'abord,
comme vous le savez, mon collègue le ministre de l'Immigration a écouté.
Nous sommes un gouvernement à l'écoute et nous cherchons les meilleures solutions
pour l'ensemble des Québécois. Depuis le 1er novembre, les nouveaux
étudiants ont encore la possibilité de bénéficier du PEQ mais selon des
nouvelles conditions. Ceux qui ne seraient pas dans un domaine de formation en demande pourront, à la fin de leurs
études, même s'ils ne sont pas admissibles au PEQ, faire une demande de permis de travail postdiplôme et, par ailleurs,
s'ils occupent une profession en déficit, ils pourront aussi appliquer au
PEQ. Ce que ça veut dire, c'est que, dans le
fond, la clause, maintenant, qui permet aux étudiants qui sont ici actuellement
de bénéficier du PEQ, bien, il y aura aussi
les futurs étudiants qui pourront avoir des façons de venir travailler ici puis
de s'établir. Il y a une prévisibilité dans
les emplois en demande. Puis d'ailleurs, comme le ministre l'a mentionné, la
liste sera revue annuellement pour avoir une adéquation constante avec
le marché du travail.
Bref, nous avons fait preuve d'une belle
ouverture. Nous sommes une province très accueillante, qui s'assure d'offrir des conditions gagnantes, des conditions
de vie, pour tous nos citoyens. Nos mesures auront un impact des plus positifs sur notre réputation à l'international,
contrairement à ce que laisse entendre le collègue de Nelligan, parce que
c'est vraiment dans l'ouverture que cette réforme a été faite. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Bellechasse. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Gaspé. Et je vous indique que votre
formation politique dispose d'un temps de parole de
9 min 40 s.
Mme Méganne Perry
Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Alors, bien, je suis très
heureuse du sujet de la motion de cette semaine. Je pense qu'on n'aurait pas pu
passer à côté encore de ce sujet-là, qui a pris énormément de place, ce n'est
pas pour rien, cette semaine. On a rarement
vu une période de questions dédiée entièrement à un seul sujet, qui touche
de nombreux nouveaux Québécois, néo-Québécois,
des gens en... Québécois en devenir. Donc, vraiment, c'est important qu'on puisse se lever en Chambre et parler au nom
de tous ces gens-là qui sont affectés par une mesure qui va totalement à l'encontre des objectifs que le ministre de
l'Immigration se donne, c'est-à-dire de favoriser une intégration réussie des
personnes immigrantes. Je ne peux pas croire qu'on est arrivé avec une idée de
la sorte pour parvenir à ces fins.
Alors, pour revenir rapidement sur ce qui s'est
passé hier, eh bien, en point de
presse, avec plusieurs étudiants affectés
par la mesure qui modifiait le programme expérience Québec, expérience
québécoise, eh bien, on a reçu plusieurs témoignages très, très, très
touchants. Tous les partis d'opposition ont parlé avec leur coeur. Toute la
journée, on est restés en contact avec ce
groupe-là. Toute la journée, ils étaient dans les corridors de l'enceinte du
parlement, et on était à leurs côtés, on était là pour les supporter et pour
porter leur voix en cette Chambre. Jamais, jamais le ministre de l'Immigration
n'est allé les saluer. Et il parle de sensibilité, il parle qu'il a été touché
par les témoignages puis il parle que c'est
leur... l'attitude, le comportement de ces gens-là très peinés qui l'a fait
reculer. Eh bien, je peux vous dire que c'est nous qui l'avons fait reculer, hier, la pression de toute une société
qui dit : Là, il y a des limites, il y a des limites à ce qu'un gouvernement peut faire. Il y a des limites, avec
la majorité absolue de la dernière élection, à ce qu'un gouvernement peut
faire sur une société. Et on a vu les gens
se mobiliser, hier, pas seulement les étudiants, mais tout le Québec, on a reçu
des commentaires de tout le Québec.
Et je veux
mettre l'emphase sur les commentaires que j'ai reçus des gens des régions.
Quand on parle... quand le premier ministre dit : Ah! bien, moi, je ne
vais pas remplir des programmes... garder des programmes sur la liste seulement
pour remplir nos cégeps, je suis tombée en bas de ma chaise. Et il l'a répété
ce matin. Il l'a dit hier et il l'a répété
ce matin. Qu'est-ce qu'il n'a pas compris encore de la vague, qui ne s'est pas
rendue jusqu'au bout, en Gaspésie? Eh bien,
c'est ça. Quand on parle d'être là pour nos régions du Québec et qu'on a un
discours comme ça, là, on s'éloigne complètement de notre électorat de
région, Mme la Présidente.
Alors,
régionalisation de l'immigration, ça semble être un objectif du ministre de
l'Immigration. Eh bien, là, on passe totalement à côté.
Je peux vous sortir des chiffres, on a fait
l'exercice, on vous en a sorti quelques-uns, là, à la période de questions. Cégep de Rivière-du-Loup, je ne sais
pas si le député s'est levé et puis a parlé à son ministre, mais, cégep de
Rivière-du-Loup, 140 étudiants
internationaux qui étaient affectés par la mesure en immigration, ça représente
13 % de la clientèle totale du
cégep de Rivière-du-Loup. Il y a deux programmes qui sont affectés, qui ne se
retrouvent pas sur la liste : design intérieur et graphisme. Cégep de Matane,
325 étudiants internationaux, 44 % de la clientèle de tout le cégep.
Et là ce ne sont pas des programmes
banals, là. Ceux qui ne figurent pas sur la liste : techniques
d'aménagement du territoire et d'urbanisme,
techniques de tourisme, techniques d'animation 3D et synthèse d'images et
photographie. Techniques de tourisme, Mme la Présidente, on a parlé de la
pénurie en tourisme toute la saison touristique, elle ne s'est pas résorbée.
Toute la saison, les commerces terminaient
leurs quarts de travail... réduisaient leurs heures d'ouverture alors qu'on
était en plein achalandage touristique. Il y avait de la demande
partout, dans tous les commerces, dans toute l'industrie touristique, pas
seulement chef cuisinier comme on peut voir sur la liste qui se retrouve sur le
PEQ.
Je peux continuer. Cégep de Baie-Comeau,
81 étudiants internationaux, 13 % de la clientèle de tout le cégep.
On parle de techniques d'aménagement cynégétique et halieutique — il y
a des besoins là sur la Côte-Nord, Mme la Présidente — technologies forestières — une industrie très importante aussi chez
nous, comme à Baie-Comeau — techniques de
comptabilité et de gestion. Je n'ai pas les chiffres chez nous, à Gaspé, mais
je peux vous dire qu'il y a plusieurs étudiants qui ont fait le choix d'étudier à Gaspé, au cégep de Gaspé, des
Mexicains qui parlent très bien français et qui ont envie de s'intégrer en Gaspésie, c'est assez peu commun.
Alors, ces gens-là sont affectés par les mesures que le ministre de
l'Immigration a décidé d'implanter.
Cégep de
Rimouski, encore, je peux continuer, la liste est très longue,
56 étudiants étrangers. L'Université du Québec, c'est tous les programmes qui sont affectés par la
nouvelle liste du ministère de l'Immigration. En Abitibi-Témiscamingue,
620 étudiants internationaux, c'est 12 % de la clientèle.
• (16 h 10) •
Alors, Mme la Présidente, je suis outrée
vraiment qu'on puisse dire encore en cette Chambre aujourd'hui que les mesures allaient favoriser la régionalisation,
on le faisait pour le bien des régions du Québec, d'aller donner une priorité
à certaines professions sur une liste, alors
qu'on est en pleine pénurie de main-d'oeuvre. Chez nous, LM Wind Power, une
usine de fabrication de pales éoliennes, fait des grosses campagnes de
recrutement dans les grands centres à chaque année pour essayer d'aller chercher de la main-d'oeuvre.
C'est partout, partout la pénurie de main-d'oeuvre, ce n'est pas seulement
dans certaines professions.
Et est-ce
qu'on peut vraiment juger en ce moment, en 2019, des besoins qu'on aura sur le
marché du travail l'année prochaine, dans deux ans, dans trois ans? Le
marché de l'emploi, il change rapidement.
On ne peut
pas penser non plus qu'un étudiant a un parcours linéaire dans sa vie, il va
peut-être changer très souvent d'emploi. Moi, j'ai changé souvent d'emploi
avant d'être députée. J'espère être là encore plusieurs années, mais j'ai
changé souvent d'emploi, parce que ma
génération, on ne reste pas pendant 40 ans dans le même travail, dans le
même emploi.
Alors, on parle qu'on va passer au virage vert.
Bien, chez nous, on a une expertise dans l'électrification des transports, dans...
Alors, il va y avoir des besoins en main-d'oeuvre qui n'existent pas actuellement.
Et là est-ce
qu'on va vraiment... Ce que j'ai entendu du ministre, c'est qu'il allait
actualiser la liste à tous les ans. Comment
on peut demander à des étudiants internationaux de s'intéresser à nos
programmes dans nos cégeps en région comme
dans les villes universitaires si cet étudiant-là n'a pas un avenir certain de
pouvoir graduer deux, trois ans plus tard
qu'il s'est inscrit, et avoir au bout du compte la possibilité de s'inscrire
dans le programme Expérience québécoise, et de pouvoir accéder à la résidence permanente? On ne pourra jamais
attirer les talents qu'on a besoin au Québec si on se met à jouer dans cette liste-là à tous les ans.
Alors, ça, c'est encore un autre aspect de la mesure qui ne tient absolument
pas la route.
Le programme
Expérience québécoise, c'est un programme qui bénéficie à des gens qui sont
déjà intégrés, qui peuvent être là
depuis deux ans, cinq ans, six ans. Ils sont intégrés, ils ont... soit qu'ils
sont francophones ou qu'ils ont appris
le français, là. Ils l'ont appris, le français, ils sont déjà bien intégrés
chez nous. Souvent, ils ont un emploi, l'employeur attend seulement la résidence permanente pour leur
donner un contrat jusqu'à perpétuité. Et donc on a tous les critères idéaux
pour favoriser l'intégration des personnes
immigrantes. C'est vraiment une des catégories d'immigration économique
dont on devrait bonifier, on devrait bonifier le nombre de personnes qu'on va
chercher dans ce programme-là.
Motion d'amendement
Alors, oui, vous me faites le signe que mon
intervention termine bientôt. J'aurais eu encore plein de beaux arguments à vous sortir, mais j'ai peur de ne pas
avoir le temps de déposer mon amendement. Alors, j'en fais la lecture,
Mme la Présidente. Alors, il se lit comme suit :
Que la motion
du député de Nelligan soit amendée en ajoutant, au troisième alinéa et après
les mots «croissance économique du Québec», les mots «, particulièrement
dans ses régions éloignées,».
Alors, la motion, telle qu'amendée, se lirait
comme suit :
«Qu'elle constate que les modifications apportées au
Programme de l'expérience québécoise par le gouvernement caquiste minent la
réputation internationale du Québec, nuisent à sa capacité d'attraction et de
rétention des talents nécessaires à
la croissance économique du Québec, particulièrement dans ses régions
éloignées, et qu'elles ont un impact drastique
sur le projet d'immigration de milliers d'étudiants étrangers et de
travailleurs étrangers temporaires présentement au Québec.»
Alors, je le dépose.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée de Gaspé. Et je vous indique que votre amendement sera reçu suite à la permission
de l'auteur de la motion, qui est, en l'occurrence, M. le député de Nelligan.
Alors, pour la prochaine intervention, je me tourne vers les
députés du gouvernement, et ce sera Mme la députée de Labelle.
Mme Chantale Jeannotte
Mme Jeannotte :
Merci, Mme la Présidente. Nous assistons, depuis quelques jours, à un déluge de
réactions par rapport à la réforme de
l'immigration proposée par mon collègue de l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion. Se mettre en action ne
veut pas dire qu'on doit le faire d'une façon brusque et précipitée. Notre
gouvernement est à l'écoute des
Québécoises et des Québécois, et nous en avons fait encore la preuve ce matin.
Ce n'est pas d'entêtement dont on fait preuve,
dont a fait preuve le ministre, ce matin, mais plutôt d'écoute, d'empathie et
aussi de lucidité et de détermination. Savoir réorienter son action et
mieux expliquer ses intentions, c'est être responsable.
Vous savez, au-delà des détails
techniques, des critères d'inclusion, de ce qui est admissible, de quelle
manière et de quelles conditions, le
ministre a su dégager la vision de notre gouvernement, une vision réaliste et
pragmatique mais surtout une vision qui, au-delà des bons sentiments et
des idées simplistes, est orientée vers le succès des expériences d'immigration au Québec. Et ce succès, on le sait,
passe par l'intégration au marché du travail et à la dignité des travailleurs
immigrants et immigrantes.
Encore
aujourd'hui, le taux de chômage des personnes immigrantes est au-dessus de la
moyenne nationale. Nous avons donc encore beaucoup de chemin à faire
concernant la rétention des immigrants sur le territoire du Québec.
Mme
la Présidente, une saine gestion de l'immigration va au-delà du laisser-aller
caractéristique de l'ancienne législature...
de l'ancienne ère libérale, pardon. Il s'agit d'une donnée économique et
humaine beaucoup trop importante pour
qu'elle se résume à : Bienvenue chez vous, la porte est ouverte. Oui, la
porte est ouverte, mais l'État doit être responsable et doit s'assurer de remplir ses promesses d'accueil et
travailler de concert avec les employeurs, le milieu de l'éducation afin d'offrir aux nouveaux
arrivants des conditions optimales d'insertion professionnelle. Les immigrants
et les immigrantes veulent de bons emplois
et veulent une meilleure vie, et c'est digne, et ce n'est pas dépassé, ce n'est
pas une vision dépassée. Pour qu'une société soit réellement accueillante, il
faut aller plus loin que les belles paroles, il
faut que les actions de l'ensemble des institutions soient concertées et
inscrites dans une stratégie orientée vers un but commun. Ce but commun doit inévitablement passer
par un meilleur arrimage entre la dignité des personnes immigrantes, qui souhaitent des emplois, et la réalité du
marché du travail du Québec, et ce, en concordance avec chacune de nos réalités
régionales.
Le
Québec est vaste, et son économie est diversifiée. C'est ce qui fait notre
force et c'est ce qui nous permet de passer
à travers les périodes troubles avec un aplomb. Cependant, le recrutement et la
rétention de la main-d'oeuvre sont parmi
les principaux défis auxquels nous faisons face présentement. On s'entend tous
ici sur les objectifs, c'est sur les moyens qu'on discorde parfois.
À
ce titre, permettez-moi de citer l'Institut du Québec, qui expose une partie de
cette problématique et qui a le bénéfice d'inscrire le débat actuel sur
l'immigration dans une dimension plus large : «Dans les faits, les
résultats de [leur analyse] — surtout ceux relatifs au PIB réel par
habitant — indiquent
que la définition d'un seuil optimal devrait [...] être intimement lié à la rapidité et à l'efficacité avec
lesquelles le Québec peut intégrer ses immigrants sur le marché du
travail.» Et c'est là que s'inscrit l'action de notre gouvernement, Mme la
Présidente.
Bien qu'il existe
depuis les années 90 des objectifs stratégiques visant la régionalisation
de l'immigration, ce qu'on observe sur le
terrain, malgré tous les bons voeux pieux et les démonstrations de bonne volonté,
c'est qu'encore en 2019 plus de 73 % des personnes issues de
l'immigration s'établissent à Montréal, dans toute la grande région
métropolitaine. Pourtant, nous le savons, les besoins criants en main-d'oeuvre
sont dans les régions, dans les PME.
Mme
la Présidente, j'ai travaillé pendant de nombreuses années en développement
économique régional. Je ne les compte
plus, les entrepreneurs pour qui le recrutement, la formation, la rétention de
la main-d'oeuvre est un frein, est un frein à la croissance de leur
entreprise.
Dans ma
circonscription de Labelle, dans les Laurentides, la pénurie de la
main-d'oeuvre cause d'énormes problèmes à
l'industrie touristique, au secteur public, à l'industrie forestière et dans de
très nombreux commerces. La rareté de
la main-d'oeuvre s'explique, entre autres, par la faible croissance de la
population, certes, mais ce n'est pas le seul facteur.
Si
l'immigration peut être un outil servant au développement et à la prospérité du
Québec, oui, il faut impérativement l'utiliser,
à bon escient, et surtout qu'on trouve les moyens pour que ce potentiel soit
réparti dans l'ensemble des régions du
Québec. C'est cet objectif-là qui est visé par la réforme de l'immigration et
l'optimisation du programme expérience Québec,
un programme qui concerne principalement les immigrants qualifiés ayant réalisé
en tout ou en partie leur parcours postsecondaire chez nous, au Québec.
• (16 h 20) •
Je comprends la réalité de ceux qui doivent
s'adapter à une autre culture et à une autre langue, Mme la Présidente. J'ai eu l'occasion de vivre à l'étranger pendant une année complète et
en plus d'y faire un diplôme d'études approfondies, alors je comprends très bien les préoccupations
des étudiants qui se sont manifestés cette semaine. Mais, Mme la Présidente, et j'y reviendrai, la pénurie de la main-d'oeuvre dans la circonscription de Labelle, la réforme au PEQ va améliorer la situation.
À l'heure actuelle, la tendance du bassin de main-d'oeuvre qualifiée est en décroissance. À preuve, en 2016,
la main-d'oeuvre qualifiée représentait 58 % de la population active. À l'heure actuelle, les
projections pour 2036 font état d'une baisse substantielle de presque
12 %, pour s'établir à 47 %.
D'ailleurs, la faible
population immigrante figure au nombre des facteurs déterminants de cette
situation, Mme la Présidente. La proportion
des immigrants qui viennent s'installer dans les Laurentides est à peine
2 %, malgré le fait que notre
région atteint 7 % de la population du Québec. Pourtant, il y a, à l'heure
actuelle, 8 280 postes vacants à combler dans la région, et
ce, dans plusieurs secteurs d'emploi.
Dans
la MRC Antoine-Labelle, une étude a démontré que les problèmes de main-d'oeuvre
sont un frein à la croissance pour 58 %
des entreprises. Certaines entreprises font même face à une décroissance du
nombre de leurs employés. Le manque de main-d'oeuvre, les difficultés de
recrutement en sont responsables pour près de la moitié de ces cas.
On trouve dans la
réforme proposée une liste de 218 programmes spécifiques et champs
d'études qui seront admissibles au PEQ. Si on regarde la section Laurentides du
site Internet d'Emploi-Québec, l'écrasante majorité des emplois qualifiés affichés font partie de la liste des 218 programmes d'études. Par exemple, on cherche présentement, à Rivière-Rouge, des infirmières, des préposées aux bénéficiaires. Il y a
aussi un poste d'inhalothérapeute à combler. En santé, les besoins sont aussi présents à Mont-Laurier, où sont présentement affichés, entre autres, des postes en pharmacie, en physiothérapie. On cherche des soudeurs, des
mécaniciens d'équipement lourd, des infographistes, des commis-comptables,
des développeurs Web, des techniciens en
réseautique et en technologies de l'information, tous des emplois nécessitant une
formation qui restera admissible au programme expérience Québec.
Alors, comme je
disais précédemment, oui, j'ai eu la chance, l'opportunité d'étudier à
l'étranger il y a de ça plusieurs années, cela ne me rajeunit pas, Mme la Présidente, mais je me réjouis donc des précisions apportées ce matin par le ministre
de l'Immigration. En assurant que les
étudiants internationaux actuels seront toujours admissibles, eh bien...
au programme expérience Québec et en maintenant le
cap, toutefois, sur une réforme nécessaire, nous envoyons un
message clair que nos politiques
sont ancrées dans les besoins de la population, de l'économie
québécoise et de l'intégration digne et noble des nouveaux arrivants
dans nos municipalités, dans nos communautés, dans nos régions.
Je
trouve sain et rafraîchissant de voir enfin un gouvernement qui ne s'enferme
pas dans le dogmatisme et qui est
réellement à l'écoute de la population et à l'écoute des personnes immigrantes
qui souhaitent oeuvrer au sein de nos économies
locales et régionales, de ses préoccupations, de ses aspirations, un
gouvernement intègre, proactif, travaillant et déterminé mais surtout une administration dont la gouvernance est
assez flexible pour permettre de rectifier le tir lorsque c'est
nécessaire. Je suis fière, Mme la Présidente, oui, je suis très, très fière
parce que c'est de cette façon-là que nous pourrons
répondre aux défis actuels en emploi et dans plein d'autres domaines, parce que
la réalité dont je vous parle, elle n'existe pas seulement dans le comté
de Labelle, elle existe en Estrie, en Beauce, en Abitibi, en Mauricie, sur la Côte-Nord. Cette réalité existe dans toutes les
régions du Québec. Et, quand on discute avec sérieux de cette réalité, c'est
toujours cette solution qui s'impose : mieux arrimer les personnes
immigrantes avec les besoins du marché du travail québécois. Je suis fière d'appartenir à un gouvernement qui souhaite
mieux accompagner les immigrants et aussi mieux accompagner les entrepreneurs qui vont les accueillir dans leurs
entreprises, leurs municipalités et leurs communautés. Je suis confiante, moi, je suis confiante que nous
serons en mesure de concilier l'écoute de la population et le développement
économique à travers notre nouvelle politique d'immigration. Nous entendons demeurer près des
gens, à l'image de notre premier
ministre et de l'équipe qu'il a su
bâtir, une nouvelle équipe qui veut changer les choses et qui va changer les
choses.
Mme la Présidente, quand on parle d'arrimer l'immigration avec les besoins du marché du travail, pour certains, ça peut
sonner technique, mais c'est plus simple... ce n'est pas une simple formule.
Arrimer l'immigration avec les
besoins du marché du travail, ça veut
dire accueillir des gens qui auront rapidement des emplois, et avoir de bons emplois,
c'est de la dignité, pour moi, Mme la
Présidente, c'est accueillir des gens qui pour la plupart amélioreront leur
qualité de vie, celle de leur famille
aussi. Cela veut dire arrêter de seulement vendre du rêve. Cela veut dire
respecter nos promesses en tant que terre d'accueil et offrir réellement
la possibilité d'avoir une vie meilleure. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Labelle. Et maintenant vous avez... Vous voulez intervenir,
Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon :
Donc, je vais agir à titre de leader parlementaire adjointe, Mme la Présidente.
Pour le bon déroulement, donc, des travaux, je voudrais simplement que le
gouvernement puisse nous confirmer s'ils utiliseront l'enveloppe totale de temps allouée, pour permettre, justement, la bonne
distribution des temps de notre côté aussi, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je crois que c'est le cas, oui, alors,
les membres formant le gouvernement.
Mme Melançon :
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Maintenant, la prochaine intervenante sera Mme
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et je vous informe que votre
formation politique dispose d'un temps de parole de 9 min 40 s.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je pense que je vais commencer sur les
propos qui ont été tenus par la
députée de Labelle, parce que, très sincèrement et en tout respect, je le dis
en tout respect, il faut quand même se
tenir aux faits avant de faire des déclarations comme la députée de Labelle
vient de le faire, qui rejoignent un peu les déclarations du ministre,
il faut quand même regarder les faits.
Est-ce
qu'aujourd'hui quelqu'un a lu la revue de presse? Je ne sais pas si on a fait
la revue de presse, ce matin. Mais
comment est-ce qu'on peut se lever en cette Chambre et dire que ce que l'on
fait, c'est vraiment ce que demande le milieu
d'affaires? Tout le milieu d'affaires a été... Alors, j'invite la députée de
Labelle à aller lire une lettre ouverte qui a été publiée ce matin dans Le Devoir avec tous les
représentants du milieu des affaires pour dire à quel point ils n'étaient
pas en accord avec la proposition du ministre de l'Immigration.
Alors,
quand j'entends les gens se lever puis dire : C'est ce que réclame le
milieu des affaires, nous sommes à l'écoute... À l'écoute de qui? À
l'écoute d'eux-mêmes, à l'écoute d'eux-mêmes, Mme la Présidente.
Ensuite,
quand j'entends les gens dire : Ah! les taux de chômage chez les
immigrants, c'était... Écoutez, aujourd'hui, aujourd'hui, là, je n'ai pas besoin de chercher très longtemps, Mme la
Présidente, là, dans la revue de presse, aujourd'hui, il y avait un article sur la péréquation de
Francis Vailles, et ce qu'il disait, c'était que «depuis trois ans, [j'ai]
constaté, la richesse relative du
Québec s'est améliorée», de manière importante. Elle s'est améliorée en 2014,
en 2015, en 2016. Et donc cette
tendance-là, que nous évaluons de manière positive jusqu'en 2017 parce qu'on
n'a pas encore les chiffres pour 2018, et donc 2019 également, nous
montre bien qu'on était sur la bonne voie.
Alors, quand
j'entends ces propos, je me dis : Mais est-ce qu'on vit sur la même
planète? Moi, ça ne me dérange pas
qu'on fasse des réformes, Mme la Présidente, parce que je crois qu'il y a plein
de choses qu'il nous faille améliorer, beaucoup
de choses qu'il nous faille améliorer. Notre société, elle est perfectible.
Mais soyons sérieux minimalement dans les propos que l'on tient.
• (16 h 30) •
Mme la
Présidente, je suis venue en politique parce que je crois fondamentalement en
deux choses, je crois au développement
économique et je crois au développement social. Et je crois qu'un va avec
l'autre, qu'un se conjugue avec l'autre, et qu'il faut qu'on soit en
mesure de faire les deux.
La question qui nous interpelle ici, c'est une
question qui allie justement ce développement économique et ce développement social. Pourquoi? D'abord, lorsque
l'on parle d'économie, si on est intéressé à créer de la richesse, il faut
notamment avoir des entrepreneurs qui vont
entreprendre le projet, on a des investisseurs étrangers qui viennent. Et je le
disais un peu plus tôt cette semaine, quand
un investisseur étranger décide de venir au Québec, il y a trois raisons pour
lesquelles il décide de venir : l'accès
au marché, le coût et le talent. La question du talent est la question
prioritaire depuis maintenant... au moins huit ans qu'on en parle.
Alors, Mme la Présidente, je le dis maintenant :
Ça va être M. le Président que je vais devoir saluer. Je vais m'habituer en
quelques...
Cette
question-là, elle est fondamentale, elle est essentielle, elle est le coeur
même de notre croissance. Alors, quand on parle de développement
économique, le nerf de la guerre, c'est le talent. J'en parlais quand je
parlais de Yoshua Bengio qui me parlait
de la question du talent et l'intelligence artificielle. Et j'aimerais dire à
quel point, lorsque l'on parle
d'intelligence artificielle, on ne parle pas de l'intelligence artificielle
dans l'absolu. L'intelligence artificielle, ce n'est pas quelque chose qui existe sans formation de base. Ce sont
des mathématiciens, ce sont des biologistes, ce sont des gens... des agriculteurs, ce sont des gens
dans le domaine de la santé, ce sont des gens dans le domaine de l'éducation.
Pour comprendre l'intelligence artificielle,
il faut minimalement comprendre l'ensemble de ces secteurs-là. On ne peut
pas dire : Je vais accueillir des gens
maintenant pour l'intelligence artificielle. C'est vaste, l'intelligence
artificielle, et ça ne se limite pas à des secteurs très pointus. Et
j'aimerais même ajouter, M. le Président, qu'il y a des secteurs comme l'histoire, des secteurs comme la philosophie, où
ces gens-là évoluent dans ces secteurs et décident après de travailler,
par exemple, en intelligence artificielle. Il n'y a pas de limite.
La force du
Québec, c'est quoi, M. le Président? La grande force du Québec, c'est quoi, M.
le Président? C'est notre créativité,
c'est notre capacité d'allier des gens qui viennent de tous les secteurs pour
faire rayonner le Québec pour avoir
une économie non seulement prospère, mais une économie qui est innovante.
Alors, quand on nous dit qu'on va faire
une liste, puis qu'on va couper, puis qu'on va décider si, informaticien, il
devrait être là, si génie électrique devrait être là, j'en suis, parce
qu'il faut quand même avoir un certain arrimage. Mais on ne peut pas faire
n'importe quoi et on ne peut pas faire
n'importe quoi sous prétexte qu'on pense entendre le milieu économique alors
qu'on est sourd, qu'on est sourd à ce que le milieu économique est en
train de nous dire.
Pas plus tard
que ce matin, M. le Président, pas plus tard que ce matin, il nous
disait : Il faut savoir que les listes, même si elles sont établies sur des bases rigoureuses, sont très
restrictives, plutôt imprécises et qu'elles fluctuent dans le temps, des métiers en équilibre théorique
peuvent devenir très demandés dans un court laps de temps. Voilà ce que nous
dit le milieu économique, M. le Président.
Alors, on peut rester complètement sourd par rapport à ces propos, mais on ne
peut pas venir prétendre qu'on répond à une demande du milieu économique, parce
que le milieu économique, là, ce n'est
pas ce qu'il dit aujourd'hui. Et je vous mets au défi de trouver un, deux
entrepreneurs qui vont venir là pour dire que, ce qu'il se passe présentement, c'est une bonne chose. Vous n'en
trouverez pas. Je n'en ai pas vu bien, bien dans la revue de presse puis
je ne pense pas en avoir beaucoup vu non plus à la télévision aujourd'hui.
Quand j'entends le ministre de l'Éducation
dire : Nos écoles, là, elles n'ont pas besoin d'avoir de PEQ pour pouvoir vraiment être performantes. Nos programmes
sont vraiment forts, puis c'est pour ça que les étudiants vont venir... Mais il faut vraiment être déconnecté de la
réalité de la compétition et de la concurrence internationale pour dire des
choses comme ça. Nos écoles, parce qu'elles sont bonnes, nos cégeps, nos
universités, parce qu'ils sont performants, sont en compétition avec le reste du monde. Ils s'arrachent les étudiants à
l'international. C'est de la compétition constante pour attirer les meilleurs. On veut attirer les
meilleurs, et ceux que l'on veut attirer ici, ils sont nécessairement des gens
qui pourraient aller ailleurs
également et qui décident de venir ici. Il est évident qu'un programme de
l'expérience québécoise tel qu'il a
été mis en place est un atout considérable pour nos cégeps dans toutes les
régions, pour le français aussi dans toutes
nos régions, et pour nos universités. Alors, c'est inconcevable qu'un ministre
de l'Éducation puisse tenir de tels propos. Honnêtement, je l'inviterais
vraiment à aller s'asseoir avec les dirigeants, les directeurs de nos cégeps et
nos recteurs d'université parce que
ça n'a aucun sens, aucun sens. Ce qu'on est en train de faire, c'est limiter,
de manière importante, le potentiel économique du Québec et le potentiel
humain du Québec.
Alors, en
plus de ne pas s'occuper de l'économie sur cet angle-là, il y a un aspect
humain qui est complètement mis de
côté. Il a fallu que des gens pleurent, ici, M. le Président, pleurent, là, à
chaudes larmes pour que le gouvernement daigne reculer. Pas parce qu'il avait compris, parce
qu'il s'est dit : Oui, là, on commence à avoir de la pression un peu, à
droite et à gauche, on commence à avoir
beaucoup de pression, il vaudrait mieux qu'on recule un petit peu puis qu'on
fasse un effort. Pas parce qu'ils saisissent
l'ampleur de la situation. Je trouve ça, honnêtement, révoltant de voir à quel
point on est obligé d'aller aussi loin. La
première fois, quand il s'agissait du dossier d'immigration, la cour a dû se
prononcer. Là, on a dû faire venir
des gens, des gens qui étaient dévastés. Qu'est-ce que ça prend pour comprendre
que l'entêtement ne nous mènera nulle part et n'aide pas notre avenir
collectif?
M. le
Président, la politique du Programme d'expérience québécoise, elle a été
improvisée, improvisée. Et, après l'improvisation,
on fait face à de l'entêtement. Alors, sur l'entêtement, il recule un peu, mais
le problème reste entier. C'est
improvisé, il faut retourner à la table à dessin et faire le travail. Alors, ce
que j'invite le gouvernement à faire, c'est aller se rasseoir avec les
personnes concernées, que ce soit le milieu économique, que ce soit le milieu
académique, et vraiment comprendre où sont
les besoins, pour qu'on ait une politique, une politique qui soit digne de ce
nom et digne de l'histoire du peuple
du Québec en termes d'ouverture, en termes de prospérité, et ce, pour notre
avenir collectif. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole
à M. le député de Blainville, et je vous indique qu'il vous reste
12 min 30 s.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole aujourd'hui sur la motion qui a été déposée par le Parti
libéral. Évidemment, motion pour laquelle notre ministre de l'Immigration a
fait une proposition d'amendement. On
verra tantôt qu'est-ce que le Parti libéral en pensera, parce que je ferai
juste remarquer à Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, que, depuis
hier, il s'est passé quelque chose. C'est-à-dire que le gouvernement a entendu, et, ce matin, le ministre de l'Immigration a
apporté des modifications à la stratégie gouvernementale, parce qu'ils avaient, justement, entendu. Le problème
de la motion du Parti libéral, c'est qu'elle a été déposée hier, avant
que le ministre entende les citoyens qui sont venus ici, à l'Assemblée
nationale.
Donc, encore
une fois, c'est pourquoi aujourd'hui le ministre dépose des amendements, puis
je vais prendre le temps de les lire puis de lire la proposition
amendée. Parce que ce que suggère le ministre de l'Immigration, ce qu'a déposé, comme amendement, le ministre de
l'Immigration, c'est, au deuxième alinéa, ajouter le mot «environ» avant les
mots «11 000 travailleurs» et remplacer
les mots «d'immigrer au» par «d'obtenir un certificat de sélection...», et puis
d'ajouter un troisième paragraphe, puis de
retirer le troisième paragraphe et le quatrième alinéa pour le remplacer par un
troisième paragraphe. Et la motion se lirait
comme suit pour être conforme à ce qu'il s'est passé ce matin avec la nouvelle
position qu'a adoptée le gouvernement, puisqu'il a entendu, hier, les demandes
citoyennes. Donc, la motion amendée pourrait se lire comme suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le Programme de
l'expérience québécoise (PEQ) permet une voie rapide pour l'obtention
d'un certificat de sélection du Québec, étape précédant l'octroi de la
résidence permanente;
«Qu'elle prenne acte que ce programme a permis, en 2018, à
environ 11 000 travailleurs étrangers temporaires et étudiants étrangers diplômés au sein
d'institutions d'enseignement québécoises, d'obtenir un certificat de sélection
du Québec —
et ce qui est important, c'est le troisième paragraphe;
«Qu'elle souligne la
décision du gouvernement de soustraire aux modifications engendrées par la
réforme du Programme de l'expérience
québécoise du 1er novembre 2019, les personnes qui y étaient admissibles tant
pour le volet Diplômés du Québec que pour le volet Travailleurs
étrangers temporaires, et ce en vertu des anciens critères.»
Donc, finalement,
c'est de dire aux étudiants qui étaient dans le réseau : Bien, vous
bénéficiez d'une clause grand-père, et vous
pourrez continuer comme ça vous avait été promis, donc, par l'ancien
gouvernement. Donc, on permet à ces
citoyens-là de pouvoir continuer leurs programmes, évidemment, de... leurs
programmes selon les conditions qui avaient été négociées dès le départ.
• (16 h 40) •
Bien, et ça, M. le Président, c'est une... c'est-à-dire,
c'est une position importante qu'a prise le gouvernement, d'entendre les
citoyens. Puis vous allez comprendre, M. le Président, je sais que vous êtes
bien placé pour le faire, comprendre que
notre gouvernement, très rapidement, prend des décisions pour être capable
d'être conforme à la volonté populaire par rapport à certains dossiers
qui sont plus contestables et contestés.
Le premier
ministre a avoué aujourd'hui qu'il avait entendu... on avait peut-être, par
rapport juste à ce volet-là... il avait
compris qu'on a fait des promesses, donc les anciens gouvernements ont fait des
promesses à des étudiants, ont dit : Inscrivez-vous, peu importe le
programme, faites vos 1 800 heures et vous pourrez être accueillis au
Québec comme résidents permanents — c'est l'objectif jusqu'à la fin de
l'exercice — donc
vous pourrez être accueillis au Québec comme résidents permanents. Et
évidemment ces décisions-là ont été prises par des anciens gouvernements.
Ce n'est pas
le choix que notre gouvernement va faire. Donc, à partir du 1er novembre
2019, le choix, ce n'est pas celui-là,
c'est de dire : On veut combler les emplois qui sont disponibles au
Québec, ce que fait la majorité des sociétés industrialisées
présentement à travers le monde. Quand ils vont chercher de l'immigration, ils
essaient d'avoir une immigration économique qui
puisse combler les postes disponibles. Et on en a dans toutes les régions du
Québec. Et ça, ce qui est important,
et c'est ce que notre ministre de l'Immigration défend depuis plusieurs mois
maintenant, c'est de dire : Il
faut être capable à ce que l'immigration, qui est une des solutions à combler
la pénurie de main-d'oeuvre... il y a d'autres
solutions, mais une de ces solutions-là, c'est l'immigration. Et ça, M. le
Président, c'est important parce qu'une personne immigrante est considérée comme présente au Québec si elle
détient une carte d'assurance maladie non expirée à la date du jumelage. Le taux de présence se
définit alors comme le rapport entre le nombre de personnes immigrantes considérées présentes au Québec au moment du
jumelage et celui de l'ensemble de la population immigrante admise au
cours de la période considérée.
Je vous donne
ces chiffres-là pour que les citoyens qui nous écoutent puissent mieux
comprendre. La présence au Québec a été mesurée au mois de janvier 2018,
et les données mises de l'avant se rapportent à l'ensemble des admissions permanentes au Québec de 2007 à 2016.
Ainsi, sur l'ensemble des 505 111 personnes immigrantes admises
de 2007 à 2016, 368 800 étaient
présentes au Québec en janvier 2018, soit un taux de 73 % de présence.
77 000 avaient des cartes expirées à la date du jumelage,
1 600 étaient décédées et 57 000 n'ont pas été retrouvées.
Pourquoi je
vous dis ça? Pourquoi on retient le chiffre 73 %? Ça veut dire qu'un quart
des immigrants ne sont plus au Québec
après quelques années uniquement. Et c'est à ça qu'on veut s'attaquer.
C'est-à-dire que les raisons pour lesquelles ils ne le sont pas,
certains, évidemment, pour une question de légitimité, de valeurs,
d'intégration, mais beaucoup parce qu'ils
sont surqualifiés par rapport à leurs compétences et à leur diplomation. Ils
sont surqualifiés en raison du
travail qu'ils occupent. Donc, c'est un des problèmes. Vous avez tous entendu
parler, là, de l'histoire du chauffeur de taxi ou, peu importe, là, qui est un diplômé universitaire. Mais, nous,
à cette question-là, ce n'est pas juste de raconter l'histoire. Ce qu'on dit, c'est : Pourquoi?
C'est à ça que la Coalition avenir Québec veut s'attaquer, c'est :
Pourquoi ces personnes-là quittent, puis pourquoi on a, au Québec, des
gens qui sont surdiplômés pour occuper des fonctions?
Donc, il y a
une partie de la réponse qui va être réglée par le ministre de l'Éducation, qui
va s'attaquer à ça, la diplomation,
c'est-à-dire que les diplômes des immigrants soient reconnus lorsque les
immigrants arrivent au Québec, que
ces diplômes-là soient reconnus. Mais l'autre volet, c'est de s'assurer que les
immigrants qu'on reçoit, entre autres les immigrants étudiants auxquels
on dit : Après que vous aurez obtenu votre diplomation, vous pourrez
combler des postes de travail... on veut
s'assurer que ces gens-là, que les hommes et les femmes qui ont choisi de se
diplômer au Québec puis choisissent d'y travailler travaillent dans la
formation pour laquelle elles ont fait leur formation, M. le Président.
Ça, je vous
dis ça bien, bien gentiment, parce que le ministre de l'Immigration l'a dit...
il est avocat, moi, je suis notaire; si vous me dites qu'on a besoin des
avocats et des notaires au Québec, là, on a un problème. Je vous le dis,
là : On ne manque pas de notaires et
d'avocats au Québec, là, c'est sûr. Donc, encore une fois, si jamais on décide
de dire à des personnes qui veulent
venir s'installer au Québec, comme le faisait le gouvernement libéral avant, de
dire : Bon, bien, venez-vous-en,
étudiez en droit, puis, automatiquement, vous aurez le droit de résider au
Québec, il y a un problème, là. C'est
que c'est sûr que quelque part, là, il va manquer... c'est-à-dire qu'on va
attirer des gens qui auront plus de compétences pour plusieurs emplois qu'ils vont occuper. C'est ça, une des réalités,
et c'est à ça que veut s'attaquer la Coalition avenir Québec.
Et le
programme qui a été déposé par notre gouvernement, M. le Président, c'est
d'essayer de combler les postes qui
sont importants à combler dans toutes les régions du Québec. Donc, les offres d'emploi disponibles, on veut les
combler. Et, quand on dit que le gouvernement n'est pas à l'écoute, pour ceux et celles, je suis certain... pour les
députés, en tout cas, en cette Chambre aujourd'hui... Le premier ministre a eu la chance de dire qu'il avait rencontré 40 hommes d'affaires,
avec Mme Jérôme-Forget, qui l'avait invité à
rencontrer des gens d'affaires. Et une fois les gens d'affaires se sont fait
expliquer la philosophie de la Coalition avenir Québec, bien, ils étaient tous d'accord. Parce qu'à quelque part ce qu'on veut, c'est : on accueille des étudiants,
puis on veut leur donner des expériences professionnelles, bien, on espère
qu'ils vont être dans des... ils vont pouvoir combler les postes
disponibles auprès des entreprises.
Donc, c'est
ça, l'objectif de la coalition... Ce n'est pas plus compliqué que ça. C'est de
changer la philosophie, d'arrêter de dire aux étudiants : Venez ici. Peu
importe la formation que vous allez utiliser, vous allez être capable de
demeurer, de devenir des citoyens
permanents. Nous, ce qu'on vous dit : En plus, ce qu'on voudrait, c'est
que vous soyez capables de gagner un
salaire décent selon les compétences que vous avez acquises dans le milieu de
l'éducation. Donc, c'est ça, et c'est pourquoi on a soumis une liste, et
qu'on a bonifié la liste.
Et souvent,
ce que les oppositions oublient de dire, c'est que la liste qui a été déposée
par le ministre, on la bonifie. Il y a des expériences de travail, il y a des
expériences éducatives qui sont reconnues qui ne l'étaient pas sous l'ancien
système. Donc, évidemment, on permet, entre
autres, aux diplômes d'études professionnelles, aux D.E.P... Puis là je vais
vous en lire quelques-uns, M. le Président, je pense que j'ai le temps.
Donc, carrosserie, charpentier-menuiserie, conduite de procédés de traitement de l'eau, électromécanique, extraction de
minerai, ferblantier, tôlerie, fonderie, forage, dynamitage. Donc, tous des postes, tous des emplois pour
lesquels on manque de personnel. Donc, ce que dit notre gouvernement, c'est
qu'on ne fait pas juste couvrir les diplômes
universitaires ou des diplômes d'études collégiales, et plus. On va aux D.E.P.
On va permettre aussi aux attestations de spécialisations... comme le
matriçage, l'outillage, plein de domaines où les entreprises ont besoin de
personnel.
Donc, on est
à l'écoute des demandes, et c'est pour ça qu'on a 218 formations qui... Puis là
je vous les donne, là, parce qu'on en
a... Au D.E.P., il y en a 37. À la spécialisation professionnelle, il y en a
trois qui ont été ajoutées. Au D.E.C., il
y en a 59. Au bac, il y en a 65, à la maîtrise, 24, au doctorat, sept. Puis
évidemment le bac, là, ça comprend aussi tous ceux qui veulent aller à la maîtrise et au doctorat. Donc, tout ce qui
est... Dans les 65 qui sont inclus au bac, ça comprend aussi les
maîtrises dans ces spécialisations-là ou dans ces professions-là.
Donc, encore
une fois, c'est ça, l'objectif, M. le Président, c'est de dire : Trop
longtemps, on ne s'est pas attaqué... Puis
le Parti libéral aurait pu le faire, là, bien avant ça, là. Le problème de
pénurie de main-d'oeuvre est connu depuis 2002. Il y a des écrits qui circulent. Donc, c'est un choix que le
gouvernement libéral a fait de ne pas s'occuper de la pénurie de main-d'oeuvre, en tout cas, de ne pas
concentrer l'immigration sur les besoins du marché du travail. Ça, c'est un
choix, puis ils vivront avec, il n'y a aucun problème. Mais nous, on va
vivre avec notre choix.
Ce qu'on dit... et
puis ce qu'on a bonifié aujourd'hui, ce que le ministre de l'Immigration a
bonifié, c'est de dire effectivement à
tous les étudiants qui sont dans le réseau : Ça va être comme ça se
passait auparavant. Donc, il n'y a pas personne, là, qui sont venus hier, qui sont
venus nous dire que ça changeait leur vie, pour lesquels leur vie va changer.
Ça va rester la même. Par contre, pour les
prochains, à partir du 1er novembre 2019, M. le Président, c'est clair que ce
qu'on veut, c'est que les étudiants qui viendront,
au Québec, se former le soient pour combler des postes pour lesquels les entreprises ont besoin. Donc, automatiquement,
ils auront une formation et ils auront surtout le salaire qui ira avec leur formation. Trop souvent, ce que les libéraux
ont fait, c'est de former des gens, mais ils se ramassaient à combler des
postes pour lesquels ils n'avaient pas les salaires nécessaires pour la
formation qu'ils avaient.
Donc, M. le
Président, moi, je suis bien à l'aise de défendre la position de notre gouvernement.
Je félicite le ministre de l'Immigration
pour tout le travail qu'il a fait. Et, encore une fois, la Coalition avenir
Québec sera là pour les employeurs du Québec, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Blainville.
Nous
serions rendus au droit de réplique de M. le député de Nelligan, mais
j'aimerais savoir, M. le député, pour les
deux amendements qui ont été déposés, pour qu'on puisse préparer le vote pour
tout à l'heure, il y a l'amendement du ministre de l'Immigration et
celui de Mme la députée de Gaspé.
M. Derraji :
Donc, je réponds juste sur les deux amendements ou je continue mon...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Non, je veux juste savoir si vous allez
accepter les deux amendements, puis, après ça, vous ferez votre
réplique.
• (16 h 50) •
M. Derraji :
Oui. Un est refusé, c'est celui du ministre, et celui de la députée de Gaspé
est accepté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Pour votre réplique, maintenant.
M.
Monsef Derraji (réplique)
M.
Derraji : Oui. M. le Président, écoutez, je
pense que je commence à avoir des
alliés chez le gouvernement
caquiste, parce qu'à entendre les élus caquistes aujourd'hui parler de
l'Immigration et de c'est une bonne décision et qu'on a écouté la population, bien, j'aurais aimé que ces élus se
manifestent hier et... leurs propres collègues par rapport... mais pas uniquement hier, M. le Président, parce
que la décision date du 1er novembre, donc ça ne date pas d'hier, ça ne
fait pas 24 heures que la décision existe. La décision remonte au 1er
novembre.
Écoutez,
M. le Président, je suis extrêmement déçu et outré parce que ce gouvernement
n'écoute personne. Et, à
14 h 49 aujourd'hui, j'ai eu la preuve. Et, quand je vous dis, M. le
Président que c'est très, très important consulter les acteurs du milieu. Je n'ai jamais vu un règlement
contesté de cette façon. Parfois, au niveau des lois, c'est normal parfois.
Il y a des groupes pour, des groupes contre, on écoute les gens. M. le
Président, c'est un scandale, ce qu'il se passe. Il y a une réforme que
personne n'appuie.
Le milieu
universitaire, ça, c'est après l'annonce aujourd'hui, c'est : Un recul
insuffisant, jugent les milieux d'affaires
et universitaires. Ça veut dire,
les deux partenaires avec qui le ministère de l'Immigration espère travailler
jugent que c'est insuffisant. M.
Pierre Cossette, le président du Bureau de coopération
interuniversitaire : «On reste préoccupés.» «La liste des domaines de formation donnant accès désormais au PEQ — Programme d'expérience québécoise — publiée par le gouvernement la
semaine dernière est "beaucoup trop restrictive" [...] plusieurs
métiers d'avenir, professions et programmes importants pour le Québec qui ne
s'y retrouvent pas.» Ça, c'est le recteur de l'Université de Montréal, M. Guy Breton : «Pour moi, ce n'est pas du
tout suffisant.» M. le Président, un peu de sérieux. Qui écoute le ministre?
Avec qui le ministre travaille? Avec qui il collabore avant de mettre son
règlement?
Encore
une fois, le recteur de l'Université de Montréal : «Avoir les mécanismes
qui sont très sélectifs ou je dirais exclusifs qui sont mis de l'avant
par le ministre, par le gouvernement, ce n'est pas une façon d'enrichir le
Québec. C'est une façon d'appauvrir le
Québec.» Plus clair que ça, M. le Président, je ne pense pas que le ministre va
leur donner raison, et va continuer à appliquer sa même logique.
Encore une fois, je
sais que le premier ministre aime toujours se comparer à l'Ontario. Regardez M.
Breton, qu'est-ce qu'il répond :
«"En Ontario, ils ont un mécanisme qui favorise les étudiants qui ont un
diplôme de maîtrise ou de doctorat pour un processus accéléré vers la
citoyenneté canadienne.
«D'un
point de vue compétitivité, ça n'a aucun bon sens, maintient-il.» Écoutez, on a
un vrai problème, M. le Président, un
réel problème. Ça veut dire, nous sommes en compétition pour le talent, nous
sommes en compétition avec des
chercheurs. De l'autre côté, au sud de la province, l'Ontario met en place des
programmes accélérés pour ces gens. Et, nous, au Québec, qu'est-ce qu'on fait? La magie du ministre de
l'Immigration. On élimine des programmes sans consultation. Comment...
C'est inacceptable, M. le Président.
Je
veux juste qu'il nous réponde, M. le ministre, comment il s'est rendu à cette
liste. Avec qui il a parlé? Avec qui
il a travaillé? Qui il a consulté? Est-ce que c'est un travail qui a été mal
fait? Bien, il peut s'excuser, il peut reculer, il peut demander un peu de temps, il peut mettre fin
à son moratoire, aller refaire son travail, aller consulter les acteurs du
milieu.
M. le Président,
c'est très alarmant, ce qu'il se passe. Pour moi, le recul d'aujourd'hui, il a
corrigé une erreur monumentale, mais il n'a
pas réglé le problème. Le problème, il est là encore. Quand les recteurs des
universités se lèvent, à la place de son collègue ministre responsable
de l'Enseignement supérieur, je serais révolté. C'est inacceptable.
Pour
nous, là, maintenant, on va passer aux cégeps, M. le Président. «Pour nous,
[les étudiants étrangers], ce sont les meilleurs immigrants.» Ça, c'est
Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps. «Le PEQ, précise-t-il,
"a beaucoup d'effets positifs".»
Le milieu des
affaires, M. le Président. Là, j'essaie juste de trouver qui appuie ce gouvernement.
Moi, je pense que je vais lancer un avis de recherche.
Des voix : ...
M.
Derraji : S'il vous plaît! Je vais lancer un avis de recherche :
Qui appuie le ministre de l'Immigration par rapport à sa décision? Aidez-moi! Parce que moi, je ne le
trouve pas. Ni les universités ni le milieu patronal. Qui l'appuie? Même
ses collègues aujourd'hui, ils ont dit que
c'est une bonne décision qu'on recule. Je vois très bien qu'il y a une
évolution au niveau de la CAQ, des
collègues qui se lèvent. Sérieusement, j'ai entendu la députée de Labelle,
Bellechasse, La Prairie. Bravo, bravo, messieurs et madame! C'est très
encourageant.
Mais je vous
invite, s'il vous plaît, je sais que vous avez à coeur le développement
économique aussi. Je vois le député de
Chauveau. Oui, on a eu beaucoup d'échanges dans plusieurs projets de loi. S'il
vous plaît, essayez de regarder ce
qui se passe. Je vous invite à avoir une lecture aussi. Je vois aussi le député
de la région de Drummondville. Je vous invite aussi à faire un effort et
regarder ce qu'il se passe par rapport aux formations professionnelles.
M. le
Président, l'avis de recherche est lancé. L'avis de recherche, et je suis très
sérieux, je vais le lancer ce soir sur
les médias sociaux. Je veux savoir, au Québec, aujourd'hui, qui appuie le
ministre de l'Immigration par rapport à sa réforme. Il n'y a personne.
Il doit aller refaire ses classes, et à refaire son travail, et nous revenir
avec une proposition sérieuse. S'il est sérieux dans sa démarche... Et on va l'appuyer,
on va l'appuyer, s'il est sérieux dans sa démarche de réforme, s'il écoute les acteurs du milieu, et, si, demain, le Bureau de
coopération interuniversitaire lui dit : Bravo, bravo! il faut les
rencontrer.
Écoutez, M. le
Président, le communiqué de presse du BCI très alarmant du Bureau de
coopération interuniversitaire... Le
ministre n'a même pas répondu à leur e-mail. Mais ce n'est pas comme ça qu'on
construit une société démocratique.
Il est où le nationalisme, si on n'aide pas nos universités? Qui sont
francophones, «by the way», ce n'est
pas des universités anglophones, c'est des programmes francophones s'il vous
plaît, en Amérique du Nord. S'il y a
quelque chose à sauvegarder au Québec, c'est nos universités, c'est nos
programmes. Je ne veux pas que les étudiants partent ailleurs pour étudier. Je
veux qu'on garde nos programmes au Québec. C'est ça, la fierté d'être québécois.
Et c'est comme ça qu'on vit au Québec, c'est avec des programmes pareils.
Le milieu des
affaires, M. le Président. La liste des professions. La liste des professions,
je ne sais pas comment le ministre a innové ça. J'ai passé quatre ans, M. le
Président, à la Commission des partenaires des marchés du travail. On avait une question existentielle, M. le
Président. Vous savez c'est quoi? Les métiers du futur. On avait un
casse-tête : Comment le marché
de l'emploi évolue? C'est très difficile, M. le Président, dire qu'en... dans
un an, tel métier, on va avoir une pénurie, ou dans deux ans, ou dans
trois ans.
Tout évolue
d'une manière très rapide. La preuve : Est-ce qu'on a vu venir
l'intelligence artificielle? Les acteurs du milieu se sont mobilisés, il
y avait de l'écoute. L'ancien gouvernement et mes collègues, ils ont travaillé
très fort. L'ancien ministre de l'Économie,
tout le monde s'est mobilisé pour dire : Écoutez, c'est une opportunité,
comment on peut vous aider?
L'université, la recherche, on veut être les leaders. M. le Président, les
métiers du futur, c'est une question sérieuse.
Le ministre,
encore une fois, avec qui il a déterminé cette liste? Je veux qu'il me réponde
uniquement sur cette question. Et
j'invite les journalistes à lui poser la question : Comment il est arrivé
à une liste de 260 professions? Et, encore une fois, je veux lancer mon message à la population. Je vais publier la
liste des professions par région. Je les invite à aller consulter cette
liste.
M. le
Président, le ministre a une occasion en or. Il a déjà reculé, il peut reculer
une deuxième fois. Ça va commencer à être
une habitude. Il faut qu'il s'habitue à reculer. C'est très facile, il l'a fait
hier. Mais là, maintenant, il a le temps. Avec la motion, il peut
accepter notre motion, il peut aller refaire son travail. Il doit aller
consulter les acteurs du milieu, à savoir
les universités, les milieux économiques, travailler en collaboration avec son
collègue le ministre de l'Emploi, qui a plus de connaissances par
rapport aux métiers du futur, et nous arriver avec une proposition sérieuse, M.
le Président.
Sinon, on va
continuer notre pression, on va continuer notre travail, parce que ça nous
tient à coeur, la formation et la formation académique au Québec et
l'avenir de nos régions. Merci, M. le Président.
• (17 heures) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Le débat est maintenant terminé.
Conformément au règlement, je dois mettre aux voix
la motion d'amendement présentée par Mme la députée de Gaspé avant de
procéder au vote sur la motion principale.
La motion de M. le député de Nelligan se lit
comme suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le Programme de
l'expérience québécoise (PEQ) permet une voie rapide pour l'obtention
d'un certificat de sélection du Québec, étape précédant l'octroi de la
résidence permanente;
«Qu'elle prenne acte que ce programme a permis, en 2018, à
11 000 travailleurs étrangers temporaires et étudiants
étrangers diplômés au sein d'institutions d'enseignement québécoises,
d'immigrer au Québec;
«Qu'elle constate que les modifications apportées au
Programme de l'expérience québécoise par le gouvernement caquiste minent
la réputation internationale du Québec, nuisent à sa capacité d'attraction et
de rétention des talents nécessaires à la
croissance économique du Québec et qu'elles ont un impact drastique sur le projet
d'immigration de milliers d'étudiants étrangers et de travailleurs
étrangers temporaires présentement au Québec;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale exige du gouvernement caquiste qu'il annule dès
maintenant les modifications récentes
apportées au programme et qu'il revienne aux conditions d'admissibilité
prévalant avant le moratoire imposé en juillet dernier.»
La motion
d'amendement de Mme la députée de Gaspé se lit comme suit : Que la motion
du député de Nelligan soit amendée en
ajoutant, au troisième alinéa et après les mots «croissance économique du
Québec», les mots «, particulièrement dans ses régions éloignées,».
Mise aux voix de
l'amendement
Je mets
d'abord aux voix la motion d'amendement de Mme la députée de Gaspé, que je
viens tout juste de lire. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté.
M. Schneeberger :
M. le Président, je vous demande un vote par appel nominal et je demande de
reporter ce vote à demain, jeudi, lors des affaires courantes.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député, il doit y avoir cinq
députés de votre groupe pour pouvoir faire un appel de vote par appel
nominal, donc nous allons procéder à l'amendement... au vote.
Je mets maintenant aux voix la motion de M.
le... Oui.
M. Schneeberger :
Oui, je demanderais quelques instants. J'ai des députés qui vont venir ici.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mais, M. le leader, le vote a été
appelé. Malheureusement, vous n'avez pas vos députés, puis il a été adopté.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Exact. L'amendement est adopté.
Nous allons
maintenant voter sur la motion telle qu'adoptée. Mais il y a trois députés qui
sont contre, et j'en ai un plus grand nombre qui sont pour l'amendement.
Viens ici, François.
Des voix : ...
Mise aux voix de la
motion amendée
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je mets maintenant aux voix la motion de M. le député de Nelligan telle
qu'amendée, qui se lit désormais comme suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le Programme de
l'expérience québécoise (PEQ) permet une voie rapide pour l'obtention
d'un certificat de sélection du Québec, étape précédant l'octroi de la
résidence permanente;
«Qu'elle prenne acte que ce programme a permis, en 2018, à
11 000 travailleurs étrangers temporaires et étudiants étrangers
diplômés au sein d'institutions d'enseignement québécoises, d'immigrer au
Québec;
«Qu'elle constate que les modifications apportées au
Programme de l'expérience québécoise par le gouvernement caquiste minent
la réputation internationale du Québec, nuisent à sa capacité d'attraction et
de rétention des talents nécessaires à la
croissance économique du Québec, particulièrement dans ses régions éloignées,
et qu'elles ont un impact drastique
sur le projet d'immigration de milliers d'étudiants étrangers et de
travailleurs étrangers temporaires présentement au Québec;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale exige du gouvernement caquiste qu'il annule dès
maintenant les modifications récentes
apportées au programme et qu'il revienne aux conditions d'admissibilité
prévalant avant le moratoire imposé en juillet dernier.»
Cette motion, telle qu'amendée, est-elle
adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est... Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Je demande le vote par appel nominal.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Monsieur, le vote a eu lieu, et vous n'êtes pas cinq dans votre groupe parlementaire,
donc la motion est adoptée.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Picard) : S'il vous plaît! La motion est adoptée telle
qu'amendée.
M. le leader du gouvernement, pour la suite nos
travaux.
M. Schneeberger : Oui, M.
le Président. Alors, compte tenu de
l'heure, je vous demande d'ajourner nos travaux à demain, jeudi.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : S'il vous plaît! S'il
vous plaît! En conséquence, nous
ajournons nos travaux à demain, jeudi...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
O.K. La motion d'ajournement, est-ce qu'elle est adoptée?
Des voix : Adopté.
Ajournement
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté.
En conséquence, nous ajournons nos travaux à
demain, jeudi 7 novembre 2019, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 7)