(Neuf heures quarante minutes)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon jeudi matin à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
débutons notre séance avec la rubrique des déclarations de députés. Et, pour la
première déclaration, je vais céder la parole à M. le député de Côte-du-Sud.
Féliciter les lauréats
du Défi OSEntreprendre de la
circonscription de la Côte-du-Sud
M. Norbert Morin
M. Morin : Mme la Présidente,
lors de la 20e édition du Défi OSEntreprendre Chaudière-Appalaches, la
Côte-du-Sud a fait bonne figure puisque plusieurs représentants du comté se
sont distingués.
Dans un
premier temps, l'équipe Les Pionniers de l'école secondaire Bon-Pasteur de
L'Islet a remporté le prix dans la
catégorie Secondaire 1er cycle avec son projet de robotique dans la First
LEGO League. Également, au niveau scolaire,
l'école de la Rencontre de Saint-Pamphile s'est illustrée dans la catégorie
Secondaire Adaptation scolaire avec le
concept Faire le tour du monde en 180 jours : le livre!. Ces deux
projets démontrent bien le dynamisme et la créativité qui règnent auprès
des jeunes en Côte-du-Sud.
De plus, l'entreprise apicole de Montmagny
Amielie et cie, dirigée par Mme Amélie Ringuet, s'est mérité le prix
Création d'entreprise.
Mme la Présidente, je tiens tellement à honorer
ces personnes qui, avec leur passion et leur persévérance, se mobilisent
pour créer des entreprises formidables et innovantes! Je suis fier de leur
succès et je leur adresse toutes mes félicitations. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Côte-du-Sud. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de
Taillon.
Souligner le 25e anniversaire
du Groupe Action Nouvelle Vie
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : Merci, Mme la
Présidente. L'organisme Action Nouvelle Vie prend soin des personnes
vulnérables à Longueuil depuis 25 ans. Je souligne la présence de
Mme Suzanne Fournier dans nos tribunes.
Avec le
soutien de partenaires solides, Action Nouvelle Vie offre aide alimentaire et
vestimentaire, soutien à l'éducation,
réinsertion sociale et logement à de jeunes adultes afin de prévenir la
délinquance, l'itinérance et l'exploitation sexuelle. Son implication sociale
est concrète. Le bien-être des enfants est une priorité. Plus de
16 000 paniers de nourriture distribués,
26 000 personnes qui utilisent leur friperie.
8 000 personnes sont accueillies chaque mois. Il faut voir leur grandiose
fête de Noël, qui émerveille autant les
grands que les petits. De plus, leur maison, le 2159, permet une transition
accompagnée à des jeunes qui, à 18 ans, quittent les centres
jeunesse. Leurs valeurs : responsabilité sociale, dignité et excellence.
Au nom de Taillon, je veux remercier Action
Nouvelle Vie, son président, Philippe Desautels, sa directrice, Suzanne Fournier, pour leur engagement
indéfectible et aussi parce que leur adresse est celle de l'espoir pour des
milliers de mes concitoyens depuis 25 ans. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Et nous vous souhaitons la bienvenue à l'Assemblée nationale.
Pour la prochaine déclaration, je cède la parole
à M. le député de Laval-des-Rapides.
Féliciter 250 élèves
des écoles primaires de la circonscription
de Laval-des-Rapides pour leur engagement bénévole
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je m'adresse aujourd'hui à vous pour souligner la tenue d'un événement très spécial qui s'est tenu dans ma
circonscription le 11 mai dernier, à l'école secondaire
Mont-de-La Salle.
C'est en
effet lors de ce bel avant-midi que s'est déroulée la Cérémonie du dépassement,
une fête organisée par les
différentes directions d'école de la circonscription pour souligner
l'implication de 250 élèves d'âge... de quatrième, cinquième et sixième année primaire ayant
réalisé plus de 40 heures de bénévolat durant l'année scolaire à même leur
école, à titre d'exemple soit leur implication au niveau
du conseil d'élèves, de médiateur dans la cour d'école, et bien d'autres formes
de bénévolat.
Cette Cérémonie du
dépassement, soutenue financièrement par la Fondation scolaire de Laval,
également par l'équipe de mon bureau, fut un
moment mémorable pour tous les élèves présents. Ces derniers, en plus d'être
honorés sur la scène principale
devant tous leurs comparses pour leur dévouement, ont pu savourer une
délicieuse collation tout en appréciant le spectacle du talentueux
magicien Fredo.
Il
est important, Mme la Présidente, d'évoquer l'importance de cette implication
bénévole dans nos écoles primaires. Je
tiens donc à les féliciter tous et chacun et à leur rappeler qu'ils jouent un
rôle crucial dans leur communauté scolaire. C'est grâce à eux que nous pouvons continuer à vivre dans un Québec où
l'entraide, le partage et la tolérance sont considérés comme des valeurs
intrinsèques. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Et
maintenant je cède la parole à Mme la députée de Mirabel.
Souligner le 100e anniversaire du Cercle
de fermières Saint-Janvier, Mirabel
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours :
Merci, Mme la Présidente. Cette année, le cercle des fermières du secteur
Saint-Janvier, à Mirabel, fêtera l'un des plus importants anniversaires qu'il
est donné de célébrer, soit son 100e anniversaire.
Le mot «fermières» témoigne des racines de la plus grande
association de femmes de la province. Ce sont elles qui donnent temps, énergie et savoir dans la
transmission du patrimoine et des traditions propres au cercle. À titre de membre du Cercle des femmes parlementaires du Québec et moi-même fermière, je
ne peux qu'exprimer ma fierté de faire partie d'un organisme aussi
impliqué dans la communauté par son engagement familial et social. Ces femmes
sont actives, bénévoles et contribuent grandement à l'épanouissement culturel
et artisanal de la circonscription de Mirabel.
Mesdames,
votre rôle est essentiel au tissu social de notre région, et c'est pourquoi il
me fait plaisir, en cette illustre enceinte, de vous remercier et de
vous féliciter pour ces 100 belles années. Félicitations! Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Mirabel. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le 15e anniversaire du Symposium de
peinture de Boischatel
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, Mme la Présidente. La Côte-de-Beaupré est le théâtre,
chaque année, de deux symposiums de peinture d'envergure, soit celui
d'Arts et reflets, situé à Château-Richer, et celui de Boischatel, qui sera
présenté les 26 et 27 mai prochains.
L'Association
culturelle et artistique de la Maison Vézina, la présidente d'honneur,
Mme Mireille Carpentier, ainsi
que les peintres invitées, Mmes Dany Bouchard et Joanne Ouellet, ainsi que
M. Jean-Guy Desrosiers vous convient à cette 15e présentation, où je mettrai humblement mon talent d'artiste
peintre à profit. En effet, je prendrai part à la réalisation d'une toile en compagnie de 15 personnalités
de marque et de 15 artistes le vendredi soir précédant la tenue du
symposium, un événement à ne pas manquer.
J'en
profite pour souligner le travail constant du comité organisateur et des
nombreux bénévoles, et je les félicite de leur implication citoyenne.
Je
vous invite donc toutes et tous à venir rencontrer et échanger avec les
45 peintres et, pourquoi pas, vous procurer l'une des quelque 600
toiles présentes à ce symposium. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je me
tourne vers Mme la députée de Marie-Victorin pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Souligner la Journée internationale contre
l'homophobie et la transphobie
Mme Catherine Fournier
Mme
Fournier : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, en ce 17 mai,
journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie,
j'aimerais souligner le travail extraordinaire effectué par l'ensemble des
organismes québécois qui défendent les
droits, soutiennent les initiatives et servent les citoyens composant les
nuances de l'arc-en-ciel de la communauté LGBTQ+.
J'aimerais ainsi
saluer les directions, employés et bénévoles du Conseil québécois LGBT,
d'Interligne, du GRIS-Québec, de ses
filiales régionales, de la Fondation Émergence, de Rézo, de la Chambre de
commerce LGBT, de Fierté Montréal et de Fierté agricole, pour ne nommer
que ceux-ci, mais aussi des dizaines d'autres qui oeuvrent sur l'ensemble du
territoire québécois. Je vous salue tous.
En mon nom, à titre de porte-parole du
Parti québécois en matière de lutte à l'homophobie et à la transphobie, je vous offre mes remerciements pour l'ensemble du
travail que vous avez accompli. C'est grâce à votre apport que les
mentalités ont progressé au fil des années afin de nous guider vers un monde de
plus en plus ouvert à la diversité. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est moi qui vous remercie, Mme la députée de Marie-Victorin.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Soulanges.
Souligner la première élection d'une personne transgenre
au Québec
Mme Lucie Charlebois
Mme Charlebois : Alors, dans la même ligne de pensée que ma collègue
précédente, Mme la Présidente, en cette Journée internationale contre
l'homophobie et la transphobie, j'aimerais souligner qu'un pas historique a été
franchi l'automne dernier dans mon comté, le merveilleux comté de Soulanges.
En
effet, les électeurs ont voté en majorité pour Mme Julie Lemieux, qui est dans nos
tribunes aujourd'hui, à titre de
mairesse de la municipalité de Très-Saint-Rédempteur. Mme Lemieux est
ainsi devenue la première personne trans élue au Québec, mais aussi la
première femme à diriger la mairie de cette belle communauté.
Par ailleurs, plus tôt cette semaine, la Fondation Émergence a remis le prix Allié-e
2018 aux citoyens de la municipalité
de Très-Saint-Rédempteur, qui ont su faire preuve d'ouverture envers la
diversité sexuelle et de genre.
Félicitations! Et merci à Mme Lemieux pour votre détermination, vos actions visant
à inclure les personnes de minorités sexuelles dans la société québécoise.
Et j'ai le goût de
vous dire bonne journée à vous, mais bonne journée à toutes les personnes qui
luttent contre l'homophobie et la transphobie.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Et nous vous souhaitons la bienvenue à l'Assemblée nationale.
Pour la prochaine déclaration,
je cède la parole à M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Souligner le succès de la coupe provinciale
de gymnastique Dessins Drummond
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Le Complexe sportif de Drummondville a été le théâtre
d'une compétition de gymnastique artistique
et acrobatique de grande envergure du 11 au 13 mai derniers. À l'occasion
de la coupe provinciale Dessins
Drummond, 895 gymnastes venues des quatre coins du Québec et encadrées par
211 entraîneurs et entraîneuses ont offert un merveilleux spectacle
ponctué d'intenses émotions.
Je
tiens à remercier la Fédération de gymnastique du Québec pour sa confiance
envers le Club Drummond Gym, qui
regroupe la gymnastique, le tumbling, «trampolining», cheerleading à l'échelle
régionale. Je félicite le Drummond Gym, qui a mis en place une organisation remarquable afin de bien accueillir
les personnes qui nous ont rendu visite à l'occasion de cette coupe
provinciale. Merci aux 200 bénévoles qui ont contribué au succès de cet
événement.
Et enfin, à titre de
porte-parole loisirs et sport, Mme la Présidente, je me réjouis que la
gymnastique féminine ait connu un essor aussi remarquable au Québec. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Et je cède
maintenant la parole à M. le député de Jean-Talon.
Souligner le 10e anniversaire de l'organisme Fusion
Jeunesse
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais profiter de la minute qui m'est accordée
pour souligner le 10e anniversaire de Fusion Jeunesse.
Depuis
une décennie, cet organisme de bienfaisance crée des partenariats innovateurs
entre des écoles primaires et
secondaires et des universités afin de prévenir de décrochage scolaire auprès
des élèves, et ce, en implantant des projets qui les motivent, les interpellent
et les engagent.
Alors,
pour assurer la réussite éducative des jeunes, il faut trouver l'élément
déclencheur qui leur permettra d'alimenter leur intérêt et de trouver leur
voie. C'est exactement ce que Fusion Jeunesse permet de faire, et c'est ce qui
rend sa contribution si importante et précieuse.
J'aimerais
donc remercier toutes les personnes oeuvrant au sein de cet organisme, qui
soutiennent depuis 10 ans jour après jour les élèves sur le chemin
de la réussite éducative. Et je vous remercie de votre attention.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Merci, M.
le député. Et maintenant,
pour clore cette rubrique de déclarations de députés, je cède la parole
à M. le député de Mont-Royal.
Féliciter les lauréats des prix Reconnaissance
de l'Alliance des cadres de l'État
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci, Mme la Présidente. Le 4 mai dernier, j'ai eu le plaisir de
participer à la remise des prix Reconnaissance de l'Alliance des cadres de l'État. L'événement
était sous la présidence de l'ex-mairesse de Lac-Mégantic,
Mme Colette Roy Laroche.
Je
tiens donc à féliciter les lauréats honorés lors de cette cérémonie :
M. Jean-François Constant, du ministère
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, pour le prix Relève de gestion;
M. Pascal Mireault, du ministère de la Sécurité
publique, pour le prix Gestionnaire — Leader; et M. Réjean Rioux, du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, qui a reçu le Grand Prix de l'Alliance 2018.
J'en
profite également pour remercier l'ensemble des gestionnaires
de la fonction publique, qui contribuent au quotidien au bon fonctionnement de l'État. Je les félicite pour leur
travail, leur engagement, la rigueur qu'ils démontrent. Et, encore
une fois, je suis certain qu'ils
vont continuer d'assurer d'excellents services à tous les citoyens du Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Mont-Royal.
Ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 53)
(Reprise à 10 h 2)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous souhaite un bon jeudi. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Alors, veuillez vous
asseoir.
Alors,
on va saluer un ancien collègue, là, le député
de La Prairie. Alors, on
vous souhaite la bienvenue, M. le
député de La Prairie. Alors, il nous salue. Debout.
Nous allons
poursuivre aux affaires courantes.
Il n'y a pas de
déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
Je cède la parole à
M. le leader du gouvernement. À vous.
M. Fournier :
Bien aimable, M. le Président. L'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 179
Le
Vice-Président (M. Gendron) : À l'article a du feuilleton, c'est
Mme la ministre responsable de l'Accès à l'information et à la Réforme des institutions démocratiques qui
présente le projet de loi n° 179, Loi modifiant la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Mme la ministre responsable de l'Accès à l'information et de la
Réforme des institutions démocratiques, à vous la parole.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Oui, merci, M. le Président. Alors, j'ai le plaisir de déposer la Loi modifiant
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels.
Ce
projet de loi modifie la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements
personnels à plusieurs égards. Il en modifie le titre, y introduit des
dispositions en précisant l'objet et élargit son champ d'application.
Le
projet de loi oblige les organismes publics à former un comité sur l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels ayant pour
mandat de soutenir la personne ayant la plus haute autorité en leur sein dans
l'exercice de ses responsabilités et l'exécution de ses obligations en vertu de
la loi.
Le projet de loi
oblige les organismes publics à adopter un plan encadrant la diffusion
proactive de leurs documents et renseignements accessibles au public. Il
prévoit que les organismes publics doivent adopter des règles encadrant leur
gouvernance à l'égard des renseignements personnels et impose à ceux qui
recueillent par Internet des renseignements personnels la publication sur ce
réseau d'une politique de confidentialité.
Le
projet de loi établit des règles concernant le traitement des incidents
affectant la sécurité des renseignements personnels.
Le projet de loi modifie certaines
modalités d'accès aux documents des organismes publics, notamment en écourtant
les périodes pendant lesquelles certains
documents ne sont pas accessibles et en obligeant les responsables de l'accès
aux documents à expliquer leurs refus
de communiquer des documents. Il modifie également la procédure devant la
Commission d'accès à l'information,
notamment en y instaurant le principe de proportionnalité des procédures et en
permettant aux parties de se faire représenter par toute personne de
leur choix.
Le projet de loi
modifie les dispositions pénales applicables en cas de contravention à la loi.
Finalement,
le projet de loi contient des dispositions modificatives, transitoires et
finales. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Bérubé :
M. le Président, nous souhaitons la tenue de consultations particulières sur ce
projet de loi.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Nous aurons des échanges sur le sujet, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on vous remercie.
Dépôt de documents
Lettre de la Commissaire à
l'éthique et à la déontologie de l'Assemblée
nationale concernant la décision rendue par la présidence le 10 mai 2018
À
la rubrique Dépôt de documents, pour ma part, je dépose une lettre adressée au
président de l'Assemblée nationale de la part de la Commissaire à
l'éthique et à la déontologie des membres de cette assemblée, Mme Ariane
Mignolet, concernant la décision qu'il a rendue le 10 mai dernier.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt des rapports de commissions, je cède la parole à M. le
président de la Commission des
finances publiques et député de Montmorency. M. le député, à vous la
parole.
Étude détaillée du projet de
loi n° 150
M. Bernier :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission des finances
publiques qui, les 15 et 16 mai 2018, a
procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 150, Loi
concernant principalement la mise en oeuvre de certaines dispositions des discours sur le budget du
17 mars 2016 et du 28 mars 2017. La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements, dont un au titre. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, ce rapport est déposé. M. le
président de la Commission des institutions et député de Champlain, à
vous la parole.
Étude des premières lignes
directrices portant sur le traitement
d'une demande d'accommodement pour un motif religieux
M.
Auger : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission
des institutions qui a siégé le 16 mai 2018 afin de procéder à l'étude des premières lignes
directrices portant sur le traitement d'une demande d'accommodement pour
un motif religieux.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député de Beauharnois, pour votre
pétition d'aujourd'hui, à vous la parole.
Faire accepter en milieu de
travail toute formation en secourisme,
en réanimation cardiorespiratoire et pour l'utilisation
d'un défibrillateur externe automatisé
M. Leclair :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition à l'Assemblée
nationale, signée par 318 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les formations d'organismes spécialisés dans le domaine du secourisme ainsi
qu'en [...] matière de réanimation cardiorespiratoire en ce qui a trait à
l'usage d'un défibrillateur externe automatisé sont équivalentes à la formation
donnée par la Commission
des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail en fait de matière et de qualité;
«Considérant
[...] la gestion de la responsabilité de la formation en secourisme, en RCR et
pour l'utilisation d'un DEA par la CNESST fait en sorte que ces
activités de formation sont concentrées entre les mains d'une poignée de
grandes entreprises dans le domaine;
«Considérant
[...] l'ouverture du marché dans ce domaine de la formation en secourisme, en
RCR et pour l'utilisation d'un DEA contribuerait à une saine économie
pour le Québec;
«Considérant
que l'entrée [des] nouvelles entreprises dans le marché de la formation en
secourisme, en RCR et en ce qui a trait à l'utilisation d'un DEA permettrait à
plusieurs domaines de travail de bénéficier de formations plus adaptées à leur milieu;
«Considérant
qu'actuellement les entreprises du Québec ne peuvent choisir librement leur
entreprise de formation en secourisme, en RCR et pour l'utilisation d'un
DEA;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
[désignés], demandons au gouvernement du Québec de faire en sorte que toute
formation en secourisme, en
réanimation cardiorespiratoire et pour l'utilisation d'un défibrillateur
externe automatisé d'un organisme reconnu soit acceptée en milieu de
travail.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Je vous avise qu'après la période des questions
et réponses orales sera tenu le vote reporté sur la motion de Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
débattue hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant rendus à la période de questions, et je
cède la parole à Mme la députée de Joliette
pour sa question principale. À vous, Mme la députée.
Compétences du Québec
en matière de perception des impôts
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Mardi, tous les partis représentés à l'Assemblée nationale ont adopté de
façon unanime la motion que nous avons déposée demandant un rapport d'impôt unique géré par le gouvernement
du Québec. À Ottawa,
tous les partis, sauf un, le Parti libéral, se sont prononcés récemment en faveur d'un rapport d'impôt unique géré
par le Québec. À
peine 24 heures après l'adoption de notre motion unanime, le gouvernement canadien a fermé la porte, geste cavalier, irrespectueux de
notre Assemblée nationale et des Québécois que nous représentons, toutes
allégeances confondues.
Le ministre des Finances doit livrer cette bataille. Il doit faire
ressortir les avantages pour les citoyens, pour les entrepreneurs, pour les contribuables,
qui économiseraient au moins 600 millions de dollars.
Est-ce qu'il
peut nous dire s'il a enfin déposé une demande formelle au gouvernement fédéral
et si, oui ou non, il va la livrer, cette bataille?
• (10 h 10) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre des Finances, en réponse à la question, à vous.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Je commencerais en disant que cela est un sujet
qui nous intéresse au plus haut
niveau et pas seulement d'aujourd'hui. On n'a pas eu besoin d'une motion de l'Assemblée nationale pour commencer notre travail. Nous l'avions déjà entamé depuis un certain nombre d'années, de
trouver des moyens de simplifier la vie des contribuables québécois à l'intérieur du système que nous avons présentement. Un des aspects qui a été développé dans cet ordre d'idées là et qui a donné des résultats, c'est
le préremplissage des déclarations d'impôt qui se fait maintenant,
tant par Revenu Québec, et aussi ça commence par Revenu Canada. Donc, on va
continuer dans cet ordre d'idées.
Eh oui, eh
oui, nous allons entamer des discussions officielles avec le gouvernement
fédéral. Très, très bientôt, il y
aura une lettre officielle qui sera envoyée à mon homologue du ministère des
Finances à Ottawa, et on va commencer ce
processus-là. Ça prendra son temps, parce que ce sont des choses complexes. On
avait dit aussi depuis le début et on l'a réitéré dans la motion qui a
été votée à l'unanimité ici...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Leitão : ...qu'on va préserver
l'autonomie fiscale du Québec.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le ministre des
Finances. Première complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Le ministre peut bien nous dire que ça fait des
années qu'il travaille sur le dossier, mais c'est cette semaine qu'on a appris leur changement de cap
parce qu'ils étaient isolés. Ils refusaient, jusqu'à ce jour, d'adopter cette
position de demander un rapport d'impôt unique géré pour le Québec. Nous vous
félicitons de ce grand pas en avant.
Maintenant,
ce qu'on veut savoir, ce n'est pas des positions en demi-teinte, c'est de
savoir : La demande formelle, est-ce
qu'elle est partie? Il semble que non. Quand elle va partir? Allez-vous livrer
bataille? Vous êtes dépositaires de la volonté de l'ensemble des
parlementaires.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, oui, nous allons livrer cette bataille et, non, on n'a pas attendu. On
n'a pas attendu le Parti québécois pour commencer à faire ce travail-là. Ce
travail-là se fait déjà depuis un certain temps. Nous, notre objectif a
toujours été, et il le demeure toujours,
de simplifier la vie des contribuables
québécois tout en préservant l'autonomie fiscale du Québec. C'est important,
c'est important de souligner ça. Nous voulons, nous devons protéger et
préserver l'autonomie fiscale du Québec.
Donc, pour pouvoir avoir un rapport d'impôt
unique complètement intégré, il va falloir que nos politiques fiscales
s'harmonisent le plus possible.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Leitão :
Ça prend du temps pour arriver à de tels consensus, mais on va préserver
absolument...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
M. le ministre, votre gouvernement ne peut pas décevoir une fois de plus les
Québécois, et, le consensus qu'on a ici, il
faut que cette bataille-là, elle soit livrée concrètement. Encore il y a
quelques jours, le gouvernement fédéral
disait qu'il n'avait jamais reçu de demande formelle. Quand va-t-il la
recevoir, cette demande formelle? Comment se fait-il que, depuis mardi qu'on
l'a adoptée, la motion, il n'y en ait même pas eu encore, de demande formelle,
un début de demande formelle? Quelle pression allez-vous mettre?
C'est le gouvernement
fédéral qui est isolé en ce moment. Quel plan de match avez-vous?
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le ministre des Finances. En s'adressant
à la présidence pour les questions. M. le ministre.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Je trouve ça un peu étrange... pas étrange, surprenant que la députée
de Joliette ne nous félicite pas pour le travail qu'on a déjà fait, particulièrement...
Des voix :
...
M.
Leitão : ...oui, oui, particulièrement, particulièrement dans ce qui concerne le préremplissage des
déclarations d'impôt. C'est déjà une
étape très importante dans ce processus-là. C'est un processus évolutif, on va y
arriver. On va y arriver en
préservant l'autonomie fiscale du Québec, M. le Président, parce que c'est important
qu'on soit capables de maintenir toute
notre structure de crédits d'impôt et de mesures sociofiscales, qui sont
différentes de celles du gouvernement fédéral. On ne peut pas s'harmoniser à 100 %, donc il faut préserver ce que
nous avons de bon chez nous et simplifier la vie le plus possible pour
les contribuables.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Leitão :
C'est possible de le faire technologiquement...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, Mme la députée de Taillon,
pour votre première question, votre question principale.
Guichet d'accès à un médecin
de famille
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Merci, M. le Président. Alors qu'il y a 300 000 patients orphelins
qui attendent un médecin de famille,
le ministre de la Santé se défile de toute responsabilité. La preuve est faite,
donner plus d'argent aux médecins les incite à travailler moins, pas plus, et c'est
la recette du ministre. Il blâme les médecins de famille, les accuse de manquer
d'éthique, mais c'est son gouvernement à lui
qui leur a versé 3 milliards de dollars sans demander de garantie. C'est
son gouvernement à lui qui a promis
aux Québécois un taux d'inscription de 85 % et qui ne l'a pas obtenu.
C'est son gouvernement à lui qui n'a
jamais demandé que les patients les plus malades soient pris en premier. Le
seul responsable de l'échec du gouvernement en santé, c'est le
gouvernement libéral actuel.
Pourquoi le ministre cherche-t-il aujourd'hui à
blâmer les autres?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
M. ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je tiens à rappeler à notre collègue que je ne suis pas
propriétaire du gouvernement, qui a
été dûment élu par la population du Québec et qui nous réélira, j'en suis
convaincu, pour continuer l'excellent
travail que nous faisons.
Lorsque
nous sommes venus en poste, M. le
Président, nous avons choisi de poser
des gestes pour améliorer la situation, et c'est ce qui se passe. Alors,
je vais le répéter encore une fois, il faut le redire, il y a aujourd'hui, en
date d'aujourd'hui, 1,2 million de personnes de plus qui ont accès à un médecin de famille, parce que nous avons fait adopter une loi, la loi n° 20,
pour faire en sorte que les médecins aient une pression supplémentaire, sociale, par la voie de son gouvernement, pour
changer de comportement. Et ça, ça s'appelle une amélioration, M. le Président.
Et je rappelle à notre collègue que sa formation
politique, par sa voix, a voté contre cette loi qui a amélioré la situation. Maintenant,
il faut continuer le travail. Et je rappellerai aussi à notre collègue que ce
sont les médecins eux-mêmes qui ont
déterminé l'objectif de 85 % d'inscriptions de la population
et que ce sont eux qui ont dit qu'ils allaient réussir à le faire...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Barrette : ... pour le
31 décembre 2017. Et ce sont donc...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Pour votre première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Le ministre
continue à mettre le blâme sur les autres. Les gens qui sont sur son guichet...
il y a beaucoup de gens en santé,
alors qu'on a des malades très graves qui attendent sur le guichet. Et ça, il
n'a rien fait. Pourtant, dans sa
fameuse loi n° 20, il s'est donné le pouvoir d'intervenir là-dessus,
de modifier unilatéralement les conditions de rémunération des
médecins lorsque l'accès est insuffisant.
Quand est-ce qu'il va trouver que l'accès est insuffisant? Il refuse de s'en servir.
Pourquoi refuse-t-il de se servir de cet article de la loi n° 20
qui lui permettrait d'améliorer l'accès concrètement?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre, à vous.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, je
vais rappeler que notre collègue a voté contre toutes ces mesures-là et je rappellerai que les premières interventions de notre collègue étaient à l'effet d'affirmer, en cette Chambre et
en dehors de cette Chambre, que le ministre de la Santé avait trop de pouvoirs. Et, encore aujourd'hui, elle me demande
d'utiliser plus de pouvoirs. Bon, je
lui remercie de l'intérêt qu'elle me porte, mais il y a quand même
une certaine incohérence dans sa position.
Je vais le
répéter, M. le Président, le 85 %, c'est un chiffre qui vient des
médecins, le 31 décembre 2017, c'est un chiffre qui vient des médecins. Ce n'est pas jeter
le blâme sur une partie, qui a convenu à mettre sa signature sur un contrat...
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...
M. Barrette : ...pour lequel elle a
défini les paramètres, ce n'est qu'un constat des faits.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le ministre. Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Bien, le ministre
a clairement échoué à mettre son pouvoir au service des
patients, M. le Président. Il a perdu le contrôle pendant que la CAQ, elle,
veut prioriser la santé... veut privatiser la santé, privatiser la santé. Nos
solutions sont centrées...
Des voix : ...
Mme Lamarre :
Non, ils veulent la privatiser. On n'a rien...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un
instant, là! S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Là, on
perd du temps, puis ce n'est pas parce
qu'il y a eu un lapsus, ça a déjà arrivé, puis on n'a pas fait la
période de questions là-dessus.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! On poursuit.
Mme Lamarre :
La CAQ veut prioriser la privatisation, M. le Président. Alors, nos solutions
sont centrées sur le patient : premièrement, geler la rémunération des
médecins, sinon on aggrave la débandade actuelle; deuxièmement, briser
les chasses gardées et donner plus d'autonomie aux
200 000 professionnels...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, ce que je comprends aujourd'hui, c'est que, devant nous, il y
aura une compétition pour aller à
Bureau en Gros pour aller acheter des déchiqueteuses de contrats. Alors, la CAQ
veut faire ça, le Parti québécois veut
faire ça. Mais la réalité, M. le Président, c'est que le seul gouvernement qui
a proposé et fait adopter des lois pour changer la situation, c'est le nôtre.
Le seul gouvernement qui a une pensée claire en cette matière et qui a la
volonté d'aller jusqu'au bout de ce travail-là, c'est le nôtre.
Et, comme
notre collègue évoque la CAQ, je vais terminer là-dessus. Quand est-ce que la
CAQ va nous dire ce qu'elle veut faire exactement? Et est-ce que ce sera
aussi loufoque que...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
En terminant.
M. Barrette : ...ce qu'on a
entendu sur l'immigration cette semaine?
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, question principale, M. le député de Rousseau.
Financement de l'oléoduc Trans Mountain
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, hier, le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, a
confirmé son intention de financer le
pipeline Trans Mountain malgré l'opposition de la Colombie-Britannique. Je
le cite : «Nous sommes prêts à indemniser
le projet contre toute perte financière qui pourrait découler des tentatives du
premier ministre John Horgan de
repousser ou d'entraver le projet.» M. le Président, le gouvernement Trudeau va
donc utiliser l'argent des Québécois, notre argent, pour financer un
pipeline albertain, et un pipeline qui appartiendra à une pétrolière
américaine. Alors, M. le Président,
évidemment, il est totalement inacceptable qu'Ottawa finance un projet contre
la volonté d'une province comme la
Colombie-Britannique. Et, comme le Québec, la Colombie-Britannique a le droit
de décider de ce qui passe ou de ce qui ne passe pas sur son territoire.
M. le
Président, est-ce que le gouvernement du Québec va accepter que le pipeline
Trans Mountain soit financé par
l'argent des Québécois, par nos taxes? Est-ce que le gouvernement du Québec va
signifier à Ottawa que ce financement est inacceptable?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Oui. Il y a beaucoup de choses à dire sur ce sujet-là, qui est assez complexe.
Je commencerais par la première
donnée. On ne sait pas encore comment le gouvernement fédéral veut intervenir
dans le dossier. On a entendu son
désir d'intervenir financièrement, mais on ne sait absolument pas comment il va
le faire. Alors, on va voir quels sont les détails là-dessus.
Ceci étant,
il interpelle le gouvernement d'intervenir. Je pense pouvoir dire que je suis
déjà intervenu sur un volet autre,
mais quand même un volet important, puisqu'il signale l'aspect pour lequel nous
nous battons, le respect des lois provinciales
dans les matières comme celles-là. Et c'est d'ailleurs pourquoi j'avais déjà
fait une correspondance indiquant que, lorsque le
fédéral voulait utiliser un pouvoir déclaratoire pour enlever... ou indiquer
que les lois provinciales ne s'appliquaient
pas, il luttait contre l'acceptabilité sociale. Si on veut favoriser
l'acceptabilité sociale, il faut accepter des mécanismes conjoints comme ceux que nous proposons. Ça, ça me semble
être le premier élément très important à préciser.
Le député
nous dit qu'il n'y a pas de respect des autorisations de Colombie-Britannique.
Il a un petit peu tort. Dans ce
dossier-là, il y a des autorisations et de la Colombie-Britannique et du
fédéral. C'est un dossier différent de celui que nous avions ici. La
question qui se pose présentement...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
En terminant.
M. Fournier : Peut-être que j'y
reviendrai en additionnelle.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le député de Rousseau, pour votre première complémentaire.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le Président, c'est le principe
qui est complètement inacceptable. Ce sont nos taxes, ce sont les taxes
des Québécois, c'est l'argent des Québécois. S'il y a un seul dollar qui vient
des poches des Québécois pour financer ce
projet-là, c'est inacceptable. Ce n'est pas compliqué, c'est inacceptable. La
Colombie-Britannique ne veut pas de
ce pipeline-là, ne veut pas qu'il passe sur son territoire. Si vous voulez
véritablement défendre les intérêts d'une province à empêcher les pipelines à passer sur son territoire, vous
devez dire que le principe de financer ce projet-là par notre argent est
inacceptable.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
M. le leader du gouvernement, à vous.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Moi, je n'ai
aucune difficulté de faire des débats sur les principes, encore qu'il faut bien
les exposer. Dans ce cas-ci, la Colombie-Britannique,
il faut bien le dire, là, a autorisé le pipeline et, une fois que les
autorisations sont données, là, elle veut changer les règles du jeu.
C'est un peu différent que de changer les règles du jeu avant les décisions que
de les changer après. Il faut quand même regarder ça dans le débat qui se pose
là.
La question fondamentale, le principe
fondamental sur lequel, je crois, on peut convenir ce matin entre nous :
lorsque nous sommes dans des matières de pipelines, d'aérodromes ou autres de
ce type, les lois provinciales doivent s'appliquer. Le gouvernement fédéral ne
peut pas donner une indication aux promoteurs que les lois des provinces ne
s'appliquent pas. Je sais bien que la réponse sera de dire : Dans le cas...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : En terminant... Je m'excuse, c'est
43 secondes. Je m'excuse. Alors, c'est 45, mais... Deuxième
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Le fédéral va financer les gens qui sont contre la Colombie-Britannique
là-dedans, qui sont contre le droit
que vous dites défendre. Ils sont contre ça. Ce pipeline-là, là, il est bon
pour l'Alberta, il est bon pour Kinder Morgan, il est bon pour le Texas,
mais il n'est pas bon pour le Québec. Et là, là, dans ce cas-ci, en plus de ça,
ça va contribuer à nuire à notre économie,
vous le savez, par le mécanisme qu'on appelle le mal hollandais. Le pétrodollar
canadien va s'apprécier, puis nos
exportations vont en souffrir. Là, ce n'est pas bon, d'une part, pour notre
économie. On va financer, M. le Président, avec notre argent...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Bien, on a déjà eu la discussion, là, sur le mal hollandais. Moi, à chaque fois
qu'il revient puis qu'il veut proposer la monnaie québécoise dans un
Québec souverain, là, je me dis : Écoutez, là, parlez-en au moins aux prochaines élections si c'est votre projet, là. Bien, au moins, tassez votre affaire de dollar québécois,
là, puis revenons sur l'enjeu qui est en question ici.
L'enjeu qui
est important, c'est celui de faire en sorte que les lois
des provinces soient respectées. Si vous voulez que l'acceptabilité sociale se retrouve, il faut le dire aux
promoteurs dès le départ. Il va y avoir des études conjointes des projets des fonctionnaires fédéraux, des
fonctionnaires provinciaux, des autorisations fédérales, des autorisations provinciales. C'est comme ça qu'on peut faire du développement de l'économie. Et notre collègue se trompe lorsqu'il dit
qu'en Colombie-Britannique il n'y a pas eu d'autorisation...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Fournier : ...il y a eu
autorisation, c'est à la compagnie d'aller devant la cour.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci. Question du deuxième groupe
parlementaire, M. le député de Lévis, pour votre question principale.
Mode de rémunération des médecins
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. En mai 2015, le ministre de la Santé a signé une entente avec
les médecins de famille pour que
85 % des Québécois soient inscrits à un médecin d'ici le
31 décembre 2017. Ce n'est pas arrivé. À Pâques, le guichet d'accès devait être vide, mais, en vérité,
381 000 patients étaient encore sur la liste d'attente. C'est un autre échec. Le ministre jette maintenant
le blâme uniquement aux médecins, alors qu'il a eu des mois, des mois
pour corriger le tir. C'est une diversion politique.
Le journal
rapporte ce matin que la productivité des médecins de famille stagne, même si leur rémunération ne cesse d'augmenter. La recette du ministre
de la Santé et du Parti libéral n'est pas bonne. La rémunération à l'acte est
archaïque. Le gâteau ne lève pas.
Le ministre de la Santé peut-il nous dire
pourquoi il a abandonné la révision du mode de rémunération des médecins qu'il
défendait en 2012?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, je pense qu'on assiste aujourd'hui à la première minute du débat dans lequel aurait dû depuis longtemps s'engager la CAQ. Je
n'ai aucun problème avec ça. Je vais quand même réitérer, M. le Président, que les lois que nous avons déposées et fait adopter ont amélioré la situation.
Je vais rappeler ce que j'ai dit il y
a quelques instants, les chiffres, les objectifs
qui ont été déposés et convenus ont été le fruit de discussions avec la FMOQ.
Les médecins eux-mêmes, ils les ont
acceptés, ils les ont promus. Ils les ont promus à l'interne, et il est vrai
qu'ils ne les ont pas atteints.
Maintenant, M. le Président, quelle est la réponse
de cette situation-là? Nous, on pense qu'on doit continuer avec ce qu'on a mis
en place. Qu'est-ce que va proposer la CAQ? M. le Président, au micro ou sans
le micro, j'ai entendu le chef de l'opposition mentionner que lui, il va
changer la rémunération pour mettre en place la rémunération par patient.
Allez sur Google, ça n'existe pas. Alors,
j'aimerais bien, moi, là, entendre la CAQ nous dire exactement ce qu'ils
proposent. La seule chose que j'ai
entendue de la CAQ, M. le Président, c'est une forme quelconque de capitation,
qui n'est qu'une prime.
Alors, est-ce que la CAQ, qui a décrié les
primes...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Barrette : ...va passer à un mode
de prime exclusive?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci. Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, le ministre de la Santé a soif de la CAQ, il sera rassasié. M. le Président, avec le mode rémunération à l'acte, les médecins facturent le plus possible, et ça, au détriment
de l'accessibilité des patients.
Quand le ministre jette le blâme aux médecins,
quand le ministre jette le blâme aux médecins pour son échec, il devrait se regarder dans le miroir. C'est lui
qui a perpétué un mode de rémunération qui ne fonctionne pas, c'est lui qui a accordé des augmentations sans mesures de
contrôle, c'est lui qui a promis des engagements sans livrer la marchandise.
Va-t-il tout simplement le reconnaître?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M. le
ministre de la Santé.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Là, il
y a un peu trop de bruit. Ça ne peut
pas durer 30 secondes, là, les exclamations. Merci. M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président,
j'espère que jamais la population du Québec ne va s'abreuver au calice de la
CAQ, de peur d'être empoisonnée. Parce que, M. le Président, il faut
l'éloigner, ce calice-là, de la population parce qu'actuellement, M. le Président, si on fait le parallèle avec ce que la
CAQ a proposé en immigration, hein, dans la dernière semaine, politique qui a été décriée sur toutes
les tribunes et certainement qualifiée d'amateurisme et d'irresponsable,
alors imaginez dans le secteur le plus
important de notre société — puis je ne veux pas diminuer les
autres — qui est
celui de la santé. Est-ce que la CAQ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : En terminant.
M. Barrette :
...peut prononcer des mots qui veulent dire quelque chose en...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : ...puis je voudrais vous entendre. S'il
vous plaît! Il y a trop de bruit. Alors, deuxième complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. C'est assez étonnant, on parle des patients,
puis le ministre ne leur parle pas.
C'est ça, la réalité depuis quatre ans. Ça ne change rien d'avoir un médecin de
famille s'il faut attendre deux
semaines pour le voir. Pendant que la rémunération des médecins augmente,
59 % des patients sont incapables de voir un médecin ou une infirmière le jour même ou le lendemain, c'est
ça, la réalité. L'an dernier, 1 665 808 patients se sont
présentés aux urgences pour des petits problèmes de santé, faute d'accès en
première ligne.
Est-ce que le
ministre trouve ça normal?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre, à vous.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Ce qui est anormal, M. le Président, c'est qu'un parti
politique qui aspire à prendre le pouvoir soit incapable de se présenter
devant la population et dire ce qu'ils veulent faire. Ça, c'est inacceptable.
Ce
qui est acceptable, c'est qu'un gouvernement aille sur la place publique, mette
des mesures en place qui font en sorte
que 1,2 million de personnes maintenant ont accès à un médecin de famille,
qu'aujourd'hui il y ait une diminution de
l'affluence à l'urgence pour les P4, P5 parce que l'accès est augmenté en
cabinet. Et ce sont des chiffres qui le prouvent, et à ce moment-là la CAQ ne fait que des effets de
toge au salon bleu de l'Assemblée nationale. Est-ce que la CAQ pourrait
faire simplement un effet de raison...
• (10 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Barrette :
...de transparence dans l'espace public...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Terminé, terminé. Principale, M. le député, à vous...
de La Peltrie.
Territoire d'étude du projet de troisième lien
M. Éric Caire
M.
Caire : Bien, M. le Président, parlons de transparence. Jusqu'à hier, un citoyen de Québec
qui voulait savoir quel était le
territoire d'étude pour le troisième lien avait cette image, cette carte sur le
site du ministère des Transports, de Saint-Augustin à la...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Un instant, M. le député. C'est difficile de voir ça, là, comme étant un
tableau didactique, là.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En tout cas...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît, là! Ça peut être questionnable parce qu'effectivement c'est la présidence qui a trouvé que ce n'étaient pas
les tableaux didactiques qui, normalement, sont autorisés. Alors là, vous
l'avez, vous l'avez exposé, puis veuillez
poursuivre, mais j'aimerais bien qu'à l'avenir on s'entende sur le tableau
didactique. Allez.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Simplement dire qu'on va de
Saint-Augustin à la pointe de l'île d'Orléans. C'est ce qu'on disait. Le premier ministre a dit : Bien, on va
regarder ça à l'est, finalement, le troisième lien. Alors, moi, je l'ai mis au défi de réduire le champ d'études. La
ministre a dit : Non, non, non, pas question, et, dans sa déclaration,
elle nous a appris que le territoire
est encore plus vaste. Donc, on a fouillé dans les documents préparatoires de
l'appel d'offres pour se rendre
compte qu'effectivement on part de Donnacona puis on s'en va jusqu'à
Saint-Tite-des-Caps, M. le Président.
Est-ce que la ministre peut vraiment nous dire qu'elle envisage installer un troisième
lien entre Donnacona puis Saint-Antoine-de-Tilly?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, Mme la ministre déléguée aux Transports, à
vous.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, c'est du gros n'importe quoi, comme toujours avec le
député de La Peltrie. Ça a
toujours été très clair, le terrain de jeu à l'étude pour le dossier
d'opportunité pour les solutions, c'est entre Saint-Augustin-de-Desmaures et l'île d'Orléans. Ce à quoi fait référence
la CAQ en ce moment, c'est concernant l'étude de besoins, l'enquête Origine-Destination, dont les appels ont eu lieu
l'automne dernier. Alors, je pense qu'il faut rétablir les faits et dire
les choses.
Oui,
nous étudions ce territoire-là parce que nous avons les données qui nous
démontrent que c'est important, qu'il
y a des arguments en faveur de l'ouest et des arguments en faveur de l'est, M.
le Président. Et nous avons consulté et le maire de Lévis et le maire de Québec avant de lancer l'appel d'offres
le 4 décembre dernier. D'ailleurs, le terrain de jeu, le territoire
à l'étude était derrière moi en grosse affiche lors de l'annonce le
4 décembre dernier...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme Tremblay :
...et certainement que mon collègue...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire. Puis, encore là, là,
je...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant, s'il vous plaît!
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant! Un instant, s'il vous plaît! C'était
la ministre qui répondait et c'était très, très, très bruyant.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui, je n'ai pas le droit de commenter la réponse, mais c'était très
bruyant. J'aurais préféré entendre la réponse de la ministre, et non pas
de tous ses collègues.
M. le député de La Peltrie,
à vous, pour votre première complémentaire.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, l'étude Origine-Destination a été
faite au ministère des Transports en 2017. D'ailleurs, le ministère des Transports écrivait lui-même
qu'il avait toutes les données en main pour procéder. Et je veux juste lui
rappeler que ce qui est écrit ici, c'est le territoire d'étude. Pas le terrain
de jeu, le territoire d'étude, M. le Président.
Donc,
je réitère, au lieu de semer la confusion, est-ce que la ministre peut donner
raison à son premier ministre puis dire que le troisième lien doit être
à l'est, dans le secteur de l'île d'Orléans?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre déléguée aux Transports, à vous.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Parce que je vais
rester debout si vous ne laissez pas la ministre répondre.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ça s'applique des deux bords. Mme la ministre
déléguée aux Transports.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, je pense que j'ai été très claire. Les appels ont eu
lieu l'automne dernier pour l'enquête Origine-Destination. Nous sommes
maintenant à décortiquer, justement, les nombreux sondages qui ont été faits
l'automne dernier, et l'étude de besoins sera complétée à la fin de l'année.
Mais le consortium qui a obtenu le contrat fait et l'étude de besoins et
l'étude de solutions. Et l'étude de solutions, je le répète, c'est de
Saint-Augustin-de-Desmaures jusqu'à
l'île d'Orléans. Mais pourquoi le territoire était aussi large pour l'étude de
besoins, l'enquête d'Origine-Destination? C'est que, contrairement à la
CAQ, M. le Président, nous, on se préoccupe des citoyens.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : En terminant.
Mme Tremblay :
On veut savoir d'où partent les gens, où ils se...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Terminé, terminé. Deuxième
complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : ...M. le Président, c'est pour ça que l'étude
demande au consortium d'étudier le télétravail, les nouveaux systèmes de tarification, l'optimisation des
traversiers, l'utilisation de trois ou quatre voies sur le pont. M. le
Président, ça s'appelle un bureau de
projet du troisième lien. Vous avez les études origine-destination, vous les
avez en main. Le ministère des
Transports a dit : Nous avons toutes les données nécessaires pour aller de
l'avant. Le maire Lehouillier vous a dit : Votre devis, c'est un
fourre-tout.
Pourquoi
ne pas donner raison au premier ministre, un troisième lien à l'est, dans le
secteur de l'île d'Orléans?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre déléguée.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay :
M. le Président, je le rappelle, le troisième lien est une priorité pour le
gouvernement. Et pourquoi c'est une
priorité? Pour les citoyens. Pour les citoyens qui sont pris dans le trafic le
matin pour aller travailler et pour
revenir à la maison le soir. C'est pour ça qu'on travaille. Mais on veut
trouver la meilleure solution coûts-bénéfices, contrairement à la CAQ, qui
dit : Ça va être là, ça va être ça, ça, mais ils ne sont pas capables de
nous dire combien ça va coûter, ils ne sont pas capables de nous dire où
il va être précisément à l'est, ils ne sont pas capables de nous dire la largeur, ils ne sont pas capables de nous dire
concrètement ça va être quoi, l'impact sur la circulation. Bien, nous, si nous
avons demandé des études, c'est justement pour répondre à ces besoins, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui. Ça n'a pas de bon sens, là. Moi, je
ne suis pas pressé, je veux juste avoir le silence. Mme la députée de
Vachon, pour votre question principale.
Motion proposant la création d'un crédit d'impôt
sur la masse salariale des journalistes
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet :
Merci, M. le Président. Les médias sont en crise depuis plusieurs années. On le
voit avec les hebdomadaires régionaux, avec
les journaux imprimés du Soleil et consorts, même avec La Presse,
plus récemment. C'est une crise liée principalement aux pertes de
revenus, qui se sont réorientés vers les Facebook et Google de ce monde. À l'ère des réseaux sociaux et des «fake news» qui
y circulent, une information crédible, fouillée et articulée est un bien
précieux, je dirais même un bien public. Malheureusement, le gouvernement
actuel n'a pas agi en conséquence. Il prend des mesures au cas par cas, créant des iniquités, ciblant des mesures
particulières qui profitent à certains, mais pas à tous.
Est-ce
que le gouvernement va appuyer ma motion pour un crédit d'impôt sur la masse
salariale des journalistes, un appui
financier pour le maintien des emplois des journalistes, qui ne crée pas
d'inéquité, qui garantit l'indépendance du gouvernement, qui vise spécifiquement les journalistes, donc
l'information, et non pas des équipements informatiques ou de
l'administration? Est-ce qu'il va appuyer ma motion?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de la Culture.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. De toute évidence, la députée de
Vachon n'a peut-être pas suivi les travaux
des derniers mois de cette Assemblée et les annonces qui ont été faites par
notre gouvernement depuis l'automne dernier. Elle est peut-être occupée,
effectivement, à d'autres fonctions à Ottawa qui lui empêchent de suivre nos travaux ici, pour les médias, effectivement, du
Québec. Je tiens quand même à lui rappeler qu'au mois de novembre dernier
nous avons annoncé un plan d'aide aux
médias, pour l'ensemble des médias, sur lequel ils ont pu travailler, pour les
soutenir, justement, dans la crise importante à laquelle ils font face.
Et,
lors du dernier budget, avec notre collègue le ministre de Finances, nous avons
réannoncé, effectivement, un crédit
d'impôt pour l'aide à la transformation numérique d'une hauteur de
64,7 millions, qui viendra aider l'ensemble de nos médias du Québec à faire face, effectivement, à
ces défis majeurs auxquels ils font face. Donc, je pense qu'on a été très
présents pour soutenir l'ensemble de nos
médias, qui sont, effectivement, un pilier essentiel de notre démocratie, pour s'assurer
d'une vitalité importante de ceux-ci dans toutes les régions du Québec
également. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Première complémentaire, Mme la députée
de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci, M. le Président. En fait, je pense que c'est la ministre qui ne
se rend pas compte de ce qui se passe
dans l'actualité parce que, clairement, les mesures qu'ils ont mises en place
ne sont pas efficaces et ne donnent pas
des résultats souhaités, parce qu'il y a encore une crise des médias très importante et liée à l'information des journalistes. Ce sont les emplois des journalistes qui
doivent être visés.
La ministre n'a pas
répondu à ma question. Est-ce qu'elle peut répondre à ma question? Est-ce
qu'elle va appuyer, oui ou non, la motion
pour un crédit d'impôt sur la masse salariale des journalistes, qui est une
mesure extrêmement structurante, qui ne crée pas d'iniquité, et qui
permettrait de répondre aux besoins...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre, à vous.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. Bien, comme je l'ai dit
effectivement, je pense que nous, on a agi de façon importante lors du dernier budget, nous avons choisi notre mesure,
qui est une mesure extrêmement importante, qui a été bien reçue aussi, également, par les médias pour soutenir les
défis auxquels ils font face. Je le répète, nous avons choisi de mettre en place un crédit d'impôt pour
les soutenir dans leurs transformations en fonction de virage numérique,
la décision a été prise.
Et
j'en profite, d'ailleurs, dans ces grandes considérations auxquelles on fait
face, d'inviter aussi la députée de Vachon
à être collaborative dans le projet de loi présentement pour La Presse,
qui sont des discussions... parce qu'effectivement, dans toutes les
questions d'indépendance, de liberté de presse, de soutien à nos médias...
• (10 h 40) •
Le Vice-Président (M.
Gendron) : En terminant.
Mme
Montpetit : ...je pense que ce serait également une bonne avenue de
collaborer dans ce dossier.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Oui. Bien, moi, contrairement à la ministre, je vais lui répondre, je
suis très ouverte au débat, mais, pour
l'instant, je n'ai aucune information, même de base, pour juger ni de l'urgence
ni de l'efficacité de la proposition de Power Corporation, aucun état
financier, aucun plan d'affaires pour garantir le maintien des emplois.
Mais
pourquoi est-ce que le gouvernement libéral, qui souhaite que nous prenions des
procédures exceptionnelles vite,
vite, vite, là, pour Power Corporation, refuse de mettre en place une mesure
universelle pour tous les journalistes, bonne pour toutes les structures
d'entreprise?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Dans les deux premières questions, il y a urgence. Dans la
troisième, il n'y en a plus. Un peu étonnant.
Sur
le dossier de La Presse, je tiens à le préciser, pour des
considérations que la députée elle-même a utilisées, l'équité, a-t-elle parlé de l'indépendance face
aux médias? Je considère que, lorsque la députée veut s'immiscer dans la
structure corporative de La Presse,
elle a un comportement, disons, moins indépendant face aux médias que nous
pourrions avoir.
L'autre
élément qu'il me semble important de dire, c'est que la situation de La Presse — et j'espère qu'elle va encore analyser, aura des discussions avec eux,
avoir le plus d'information qu'elle peut avoir — la situation de La Presse,
c'est une situation très particulière, très
inéquitable si on la compare avec les autres médias. Tous les autres médias,
s'ils ont à être vendus, ne viennent
pas ici en vertu d'une loi d'intérêt privé, et, dans cette situation-là, je
pense qu'elle devrait collaborer pour le bien des journalistes.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. En principale, M. le député de Mercier, pour
votre question.
Bilan du ministre de la Santé et des Services sociaux
M. Amir Khadir
M.
Khadir : Ma question va s'adresser au ministre de la Santé. Ça
me fait un peu de peine parce que, s'il avait accepté ma proposition de
démissionner il y a plusieurs mois, il n'aurait pas, aujourd'hui, à porter
l'humiliation que représente pour son
gouvernement l'échec total des mesures dans le domaine de santé, le cafouillage
et le cafouillis auquel on assiste actuellement dans le réseau.
Mais,
parlant de responsabilité, à entendre le ministre, c'est toujours la faute des
autres. Les temps supplémentaires obligatoires,
c'était la faute des infirmières. Les délais d'attente pour avoir accès à un
médecin, c'est la faute des médecins. Puis la faute du Commissaire à la santé, c'était qu'il proposait une révision
du mode de rémunération des médecins. C'est d'ailleurs pourquoi, en
2016, on a aboli son poste avant d'être obligé, tout récemment, à le rappeler.
Puisque c'est
toujours la faute des autres, est-ce que ministre peut quand même identifier au
moins une mesure ou une faute, une erreur qu'il aurait commise au cours...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
M. le ministre de la Santé.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Il me semble, M. le leader, que ce n'est pas vous qui êtes debout, c'est le
ministre de la Santé, alors j'aimerais mieux entendre le ministre de la Santé.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Parce que...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je le sais. Je le sais, que ça n'a
pas de sens ce matin, là, c'est ce que je constate depuis le début de la période de questions. Il y a
une personne qui a la parole, et j'aimerais que ça soit lui qui la prenne.
Alors, M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Je la prends. Alors, j'aime beaucoup mon leader ainsi que la remarque qu'il
vient de faire : À l'impossible, nul
n'est tenu. Mais je ne prétends pas être parfait. Mais je vais prétendre avoir
pris la bonne décision en ne donnant pas suite à la plupart des suggestions de
mon collègue de Mercier. D'ailleurs, je pense que la population le reconnaît
parce que, si c'était le contraire, ça serait probablement sa formation
qui serait au pouvoir, et ce n'est pas le cas.
Alors, M. le
Président, puisque le collègue m'aborde sur le bilan de nos réalisations, on va
parler du bilan de nos réalisations.
Alors, la réalité, elle est celle-là, la réalité est que nous avons fait
avancer le Québec en santé et en services sociaux avec ma collègue la députée de Soulanges. C'est un fait que nous
avons amélioré l'accès en première ligne. Je vais le répéter :
1,2 million de personnes qui ont accès à un médecin de famille; une
diminution de l'affluence — c'est démontré statistiquement — des P4, P5 à l'urgence. Ils vont où, ces
gens-là? Ils n'ont pas arrêté d'être malades, ils ont encore des problèmes de santé mineurs pour
lesquels il y a un accès accru chez les médecins de famille et certainement...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
En terminant.
M. Barrette : ...chez nos
42 actuelles supercliniques. C'est ça, faire...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le ministre. Merci. C'est terminé. Première complémentaire, M. le
député.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Pour paraphraser Molière, je dirais que, par de pareilles réponses,
l'intelligence est blessée, et cela pourrait
faire venir de coupables pensées. Mais ma seule coupable pensée, c'est que
l'absence de prise de responsabilité nuit
déjà au réseau public. Par exemple, comme l'a souligné mon confrère, le
Commissaire à la santé disait déjà, il y a trois ans — c'est peut-être sa faute — qu'il faut revoir la rémunération à l'acte.
Le tchik-a-tchik, là, ça ne marche juste pas. Pas juste parce que ça
coûte cher, c'est parce que ça ne marche pas pour les patients.
Êtes-vous prêt à le...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, ce n'est pas une question de tchik-a-tchik, là, ce n'est pas ça, là, c'est
une question de prendre les
décisions pour améliorer la situation des gens. Quand on investit pour
augmenter l'accès aux plateaux techniques, bien, ça fait que 100 000
personnes de plus ont eu des examens de tomodensitométrie ou de résonance
magnétique qu'elles n'auraient pas eu autrement. Quand on fait des projets pilotes
pour augmenter notre capacité chirurgicale, ça fait en sorte que près de
25 000 vraies personnes qui attendaient pour un geste chirurgical ont eu
leur opération, du vrai monde. Le député de
Lévis me demande toujours de parler au monde, bien, je parle aux
1,2 million, aux 100 000, aux 25 000...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : En terminant.
M. Barrette : ...aux centaines de
milliers de personnes qui ont vu la situation...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Deuxième complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Bien, c'est assez désolant de voir
comment le ministre continue de nier les problèmes. Le Commissaire à la santé dit que, dans les années 2000, au XXIe
siècle, les maladies chroniques, le vieillissement de la population, les
besoins de la population requièrent une prise en charge par capitation. Le mode
de rémunération tchik-a-tchik qui domine actuellement plus de 70 %... ça ne
marche juste pas. Ça coûte cher et ça ne permet pas une prise en charge de la
population. La preuve est faite par toutes les observations qui sont faites...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre de la Santé.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre de la Santé, à vous pour la réponse.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Et, M. le Président, c'est avec ma collègue la ministre
déléguée et députée de Soulanges qu'on a mis en place une politique de prévention. C'est avec ma collègue qu'on a
amélioré l'accès aux soins de psychothérapie chez nos jeunes dans les
centres jeunesse. C'est avec notre gouvernement qu'on a mis en place le premier
programme national de soins de
psychothérapie au Canada, M. le Président. Nous sommes la province qui avons
amené le Canada à négocier des
réductions de plus de 40 % de prix dans les génériques, programmes publics
qui sont payés par les citoyens. Nous avons pris les bonnes décisions,
nous avons bien géré.
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Barrette : Nous allons continuer,
pour le bénéfice de la population...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, merci. Oui, M. le député de
Masson, pour votre question principale, à vous.
Aide financière aux
centres de tri
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, la Chine était le principal partenaire
d'affaires de nos centres de tri québécois, mais, au début de l'année
2018, le pays a pratiquement fermé ses frontières aux importations de matières
recyclables. Nos centres de tri en subissent
aujourd'hui de graves conséquences. Le prix des ballots de papier a chuté
drastiquement, et les divers centres
de tri doivent composer avec de grandes quantités de matières recyclables
qu'ils ne peuvent pas vendre. Ce
n'est pas compliqué, les centres de tri du Québec enregistrent des pertes
nettes. On a même donné des permissions spéciales à certains centres de tri d'acheminer les matières recyclables
à l'enfouissement. La situation est insoutenable; on risque de perdre la confiance de la population
envers le recyclage. Ça, là, c'est 37 années de bonnes habitudes qu'on va jeter
à la poubelle, M. le Président. Les municipalités et les centres de tri demandent l'aide du gouvernement, il est minuit moins une.
Que compte faire la ministre de l'Environnement
pour répondre à ce S.O.S.?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Mme la ministre de l'Environnement, pour la réponse, à vous.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci,
M. le Président. Je suis très
heureuse que le député de Masson puisse poser une question sur ce sujet, qui est très d'actualité.
Rappelons-le, la Chine a fermé ses portes, et il est vrai que certains de nos
centres de tri au Québec faisaient affaire avec la Chine parce que
c'était un marché plutôt facile, les exigences n'étaient pas très élevées. Avec la fermeture de la Chine, bien entendu, certains centres de tri ont dû reprendre du travail. Et, nous, ce
qu'on encourage, bien sûr, et ce sur quoi moi, je travaille, c'est de
pouvoir parler d'une véritable économie circulaire.
Qu'est-ce que je veux dire par là? C'est qu'on doit commencer à travailler sur une
standardisation de la qualité, et il n'y a
pas d'égalité dans la qualité actuellement dans tous les centres de tri du Québec.
Pour faire face aux problématiques que nous avons, on doit saisir
l'opportunité. Parce que c'est une opportunité, on peut accompagner nos centres
de tri. Et je tiens à rappeler, là, en
janvier dernier, j'ai annoncé 3 millions de dollars pour accompagner nos
centres de tri pour améliorer la qualité. Alors, je vais pouvoir
continuer par la suite, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, première complémentaire, M.
le député de Masson, à vous.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay :
Bon, M. le Président, la ministre nous parle ici d'un investissement de
3 millions pour la modernisation de
nos centres de tri, mais la ville de Montréal, à elle seule, c'est
29 millions de dollars qu'elle devra injecter pour éviter la fermeture de son centre de tri et empêcher que les
matières recyclables ne se retrouvent pas à l'enfouissement. 3 millions
pour l'ensemble du Québec, c'est ça que la ministre nous offre.
Est-ce que la
ministre se rend compte que c'est clairement insuffisant?
• (10 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de l'Environnement, pour votre
réponse.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Alors, je vais continuer ce sur quoi j'étais tout
à l'heure. Nous, on travaille actuellement avec l'UMQ, avec les différentes municipalités et on veut trouver une
solution, justement, pour faire de l'économie circulaire. Qu'est-ce que c'est, l'économie circulaire, M. le
Président? C'est assez simple, on consomme ici, on veut récupérer ici, on
veut recycler ici, avec des jobs pour nos
gens d'ici et revaloriser ici. Lorsque le député de Masson parle du
29 millions de la ville de
Montréal, ce n'est pas en argent supplémentaire. Vous ne devriez pas juste lire
les journaux, moi, je parle directement avec le maire de Verdun, qui est
aussi celui qui est responsable, donc, de l'environnement. Ce n'est pas tout à
fait ça, l'histoire.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme Melançon :
Je l'invite à avoir un peu plus d'information de son côté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay :
M. le Président, là, arrêtons de tourner en rond, là. La modernisation est très
importante, mais ce qui est encore plus important, c'est d'éviter que
nos centres de tri mettent la clé dans la porte à cause qu'on n'a pas les subventions nécessaires pour faire la modernisation. Les municipalités, présentement, elles craignent d'éponger la facture, faute de solution. On veut dire que ce sont les villes, là, qui vont
payer ça avec leurs taxes. Elles vont compenser pour l'inaction libérale.
Est-ce
que la ministre, vraiment, là, elle va laisser les villes payer la facture
seules?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Mme la
ministre, ce n'est pas le groupe. Mme la ministre.
Mme Isabelle Melançon
Mme
Melançon : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, moi, quand on me parle d'inaction, là,
moi, j'aimerais ça... Mon collègue, hier, montrait ce que la CAQ
proposait dans un tableau. Malheureusement, du côté de la CAQ... M. le Président, si vous faites de l'insomnie, là, si vous cherchez à lire la
plateforme en environnement de la CAQ, bien, vous allez continuer à
faire de l'insomnie parce qu'ils n'en ont pas. Donc, vous ne pourrez pas lire
quoi que ce soit.
Mais, cela étant dit,
je ne suis pas en inaction. Au contraire, je vais annoncer, dans quelques jours
à peine, qu'il y a un événement qui s'en vient. Je vais même vous inviter pour
que vous puissiez venir en apprendre un peu.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Question principale, M. le député de Matane-Matapédia.
Divulgation présumée de dispositions d'un
projet de loi modifiant la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels avant sa présentation à l'Assemblée nationale
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, un peu plus tôt, la ministre
responsable de l'Accès à l'information a déposé le projet de loi
n° 179.
Peut-elle
nous confirmer qu'elle a donné ce document aux journalistes de la presse
parlementaire sous embargo avant son
dépôt? Et on a la preuve ici, fournie par les membres de la presse
parlementaire, M. le Président, ce qui serait un outrage au Parlement.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Réponse, Mme la ministre.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Donc, de confirmer que je n'ai pas donné, c'est
bien, ça, la question? Bien non, jamais donné. Jamais de la vie que j'aurais fait ça, hein — je
parle au président — jamais
de la vie, je n'aurais donné le projet
de loi à un journaliste, ce serait un outrage au Parlement. Ça fait neuf
ans d'expérience que j'ai ici, à l'Assemblée
nationale. J'ai toujours
été rigoureuse par rapport à l'information qui pourrait circuler avant
le dépôt du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la ministre. Première complémentaire, M. le député.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, j'en appelle à la responsabilité ministérielle. Qui, de son équipe,
a remis ce document — remis
aux journalistes — avant
que le projet de loi soit déposé à l'Assemblée nationale, à
l'appréciation des parlementaires? C'est une question extrêmement grave,
et je vous demande d'enquêter sur cette question.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Je n'ai aucune idée de ce dont il parle. Peut-être
que ce dont il parle n'a pas rapport avec ce qu'il dit. Donc, je
prendrais ça avec un petit grain de sel, tout ce qu'il dit, M. le Président.
Et, pour la suite des choses, le projet de loi est déposé, et nous en sommes
tous saisis.
Document déposé
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt de la preuve que, supposément, la présidence devrait analyser?
Alors, est-ce qu'il y a consentement? Alors, il
y a consentement pour le dépôt.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, oui, je vous laisse poursuivre.
M.
Bérubé : M. le
Président, on a...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, à la période...
M.
Bérubé : Il restait
du temps.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais un instant! Non, il ne restait pas de temps.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, ce n'est pas...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais un instant, un instant! Assieds-toi. L'information que j'ai à l'écran, c'est qu'il ne restait plus de temps. Une seconde, là, la preuve qui
vient d'être déposée sera analysée par la présidence. Si, effectivement, on arrive à la conclusion qu'il
y a là une question de privilège, bien, on donnera un avis aux membres de cette Assemblée pour la suite des choses, comme
on est en mesure d'assumer cette responsabilité. Mais, en ce qui me
concerne, la période des questions est terminée.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un
instant! Oui, M. le leader.
M.
Bérubé :
Respectueusement, l'ensemble des parlementaires qui suivaient le temps ont bien
vu qu'il restait du temps. Alors, je vous invite à consulter la table,
et, de mon siège, je vous indique qu'il restait du temps.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Non, mais moi, de mon
siège... Puis là ça ne me fait rien de dire ça, là...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Nous aussi, on a des informations de la
table. Alors, je peux bien la consulter, mais l'information que la table m'envoie,
c'est que le temps était expiré sur l'écran que j'ai devant moi. J'ai un
écran...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Un instant! Je vais juste finir ma
phrase, là. Nous, on a un écran, la
présidence, qui nous renvoie les informations de la table sommairement.
Je l'ai devant moi, il ne restait plus de temps à la fin de votre phrase par rapport au dépôt du
document. Alors, moi, c'est cette information que j'ai, la période de questions est
terminée. Je peux vous entendre sur ce que je veux.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, je vous écoute.
M.
Bérubé :
M. le Président, j'invoque l'article 66 de notre règlement. Nous venons
d'apprendre des journalistes — ce qu'ils confirmeront dans les prochaines
minutes — qu'ils
ont reçu la copie du projet de loi n° 179 à 9 heures, sous embargo,
soit avant son dépôt en Chambre.
Je
vous rappelle, le 14 novembre 2007, la décision du président Michel Bissonnet,
qui fait figure de tournant dans la
jurisprudence sur la question. J'ouvre les guillemets : «Cependant,
tous doivent avoir à l'esprit le rôle de notre institution et de ses membres
quand vient le temps de rendre public le contenu d'un projet de loi qu'ils entendent soumettre aux membres de l'Assemblée. Les membres du gouvernement, même s'il est de
leur responsabilité de communiquer avec le public, doivent toujours
avoir à l'esprit le rôle des députés dans le processus législatif. [...]Il en
va du respect de l'institution qu'est l'Assemblée
nationale dans notre société
démocratique. J'espère que tous entendent cet appel de la présidence et en
partagent les objectifs, autrement la présidence pourrait être appelée à
resserrer notre jurisprudence.»
J'estime
que la présidence doit, aujourd'hui,
intervenir de façon vigoureuse et envoyer un signal clair aux membres du Conseil des ministres afin que de telles
situations ne puissent se reproduire et que les parlementaires puissent remplir
pleinement leur rôle dans le processus législatif. M. le Président, je vous
invite à enquêter sur cette question.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bien, une chose qui est certaine, si, effectivement, vous soulevez une question de privilège, j'ai le droit... non pas seulement
le droit, j'ai l'obligation de vous écouter. Ça va? J'ai l'obligation de vous
écouter. Pour le vrai, la présidence a l'obligation d'écouter votre question de
privilège si c'en est une.
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur cette question de... soulevée comme on
vient de l'entendre? Il n'y a pas d'autre intervention. Oui, la
présidence...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! La présidence, avec ses collaborateurs
de la table, on va sûrement regarder...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Non, on va regarder très sérieusement ce
qui vient d'être exprimé. C'est la responsabilité de la présidence, la
présidence s'engage à le faire.
Mais la période de
questions est terminée, et je laisse la place à ma collègue.
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée demande aux partis
politiques de
s'engager à rénover les écoles présentant un déficit d'entretien
avant de procéder à une baisse de la taxe scolaire
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous en sommes à la rubrique
des votes reportés. Et, comme annoncé
précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve débattue hier aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale demande aux
partis politiques de s'engager à rénover toutes les écoles présentant un
déficit d'entretien, et ce, avant de procéder à une baisse de la taxe
scolaire.»
Et que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon
(Joliette), M. Marceau (Rousseau), M. LeBel (Rimouski),
Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Richard (Duplessis),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Rochon (Richelieu),
M. Pagé (Labelle), M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean
(Chicoutimi), Mme Fournier (Marie-Victorin), M. Traversy
(Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean),
M. Roy (Bonaventure).
M. Khadir
(Mercier), M. Lelièvre (Gaspé), Mme Ouellet (Vachon).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Maintenant, que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
• (11 heures) •
La Secrétaire adjointe : M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Billette (Huntingdon), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), Mme St-Pierre (Acadie),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Arcand (Mont-Royal), Mme David
(Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), Mme Charlebois (Soulanges),
M. Barrette (La Pinière), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Moreau
(Châteauguay), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Heurtel (Viau),
Mme Vien (Bellechasse), Mme Ménard (Laporte), M. Fortin
(Pontiac), Mme Tremblay (Chauveau), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
Mme Melançon (Verdun), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Drolet
(Jean-Lesage), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic),
M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Rousselle (Vimont), Mme Vallières
(Richmond), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Sauvé (Fabre).
M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M.
Roberge (Chambly), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme
D'Amours (Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), Mme Guilbault (Louis-Hébert),
M. Paradis (Lévis), M. Spénard (Beauce-Nord).
M. Busque
(Beauce-Sud).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Maintenant, y a-t-il des
abstentions? Alors, M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 24
Contre :
75
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et, en fonction de
nos règles et de l'ordre de présentation, je vais céder la parole à M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Mme la Présidente, je demande le consentement pour déposer
la motion suivante conjointement avec la députée de Vachon :
«Que
l'Assemblée nationale déplore la décision de la commission scolaire de la
Capitale de ne pas accepter la réinscription de la fille de Mme Miranda Paquet,
âgée de 6 ans, à l'école primaire de la Grande-Hermine dans le secteur
de Limoilou, malgré son déménagement dans un autre quartier de Québec, [suite
au] décès de son père;
«Qu'elle
demande au ministre de l'Éducation d'intervenir auprès de la commission
scolaire afin de permettre à la fillette
de poursuivre son cheminement scolaire [dans] cette école afin d'assurer une
stabilité dans son milieu scolaire et social et ainsi l'aider à
traverser cette épreuve.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, Mme la leader adjointe du gouvernement,
y-a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme Vien : Le dossier est
réglé à la satisfaction de la famille. Il n'y aura pas de consentement, madame.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Pour la prochaine motion, je vais céder la parole à Mme la
ministre de la Justice.
Souligner
la Journée internationale contre
l'homophobie et la transphobie
Mme Vallée : Merci, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de
Marie-Victorin et le député de Borduas, le député de Mercier, la députée
de Vachon et le député de Gaspé :
«Que l'Assemblée nationale souligne la journée
internationale de lutte à l'homophobie et [de] la transphobie;
«Que ses
membres contribuent par leurs actions à l'avancement de l'égalité juridique et
sociale des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre;
«Qu'ils
partagent fièrement avec les populations d'ici et d'ailleurs les actions du
Québec en matière de lutte contre l'homophobie et la transphobie afin
que les valeurs de respect et d'ouverture soient universellement reconnues.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre.
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme Vien :
Oui, avec plaisir, et avec débat, M. la Présidente. Alors, nous proposons des
interventions d'une durée maximale de deux minutes par intervenant et
selon l'ordre suivant...
Des voix : ...
Mme Vien : Ça vous va? C'est
correct?
Une voix : ...
Mme Vien : La ministre de la Justice, suivie
de la députée de Marie-Victorin, du député de Borduas, du député de Mercier et,
finalement, de la députée de Vachon.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
leader adjointe. Alors, je cède la parole à Mme la ministre de la
Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, Mme la
Présidente. En ce 17 mai, je tiens à souligner cette journée importante pour
les personnes des minorités sexuelles du Québec et du monde entier, puisque nous
célébrons la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la
transphobie.
L'initiatrice
de cette journée, la Fondation Émergence, dont le président et le
directeur général sont ici présents, a choisi cette année le thème Les
droits LGBT dans le monde. En tant que ministre de la Justice et ministre
responsable de la lutte contre l'homophobie et à la transphobie, je me sens
directement interpelée par ce thème, qui nous rappelle qu'encore aujourd'hui l'homosexualité est criminalisée dans 72 États
à travers le monde. C'est un enjeu de
premier plan pour les organisations et les États qui sont engagés envers
la pleine reconnaissance des personnes des minorités sexuelles.
Notre
gouvernement a choisi d'agir notamment en tenant compte de l'important volet
international dans notre deuxième
Plan d'action gouvernemental de lutte contre l'homophobie et à la transphobie.
Je tiens d'ailleurs à remercier ma
collègue d'avoir porté haut et fort ce dossier. Nous entendons ainsi mettre en
valeur sur la scène internationale les actions
posées pour contribuer à l'avancement des droits des personnes de la communauté
LGBTQ+. J'ai bon espoir que les
autres États s'inspirent des avancées réalisées ici et ailleurs et qu'ils
emboîtent le pas pour que chaque être humain puisse vivre dans un milieu
inclusif et sécuritaire.
À cet effet,
je crois que nous pouvons affirmer avec fierté que le Québec fait bonne figure
et que les mentalités changent pour
le mieux. La journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie
est tout indiquée pour célébrer les
progrès des gouvernements et des organismes de même que pour continuer de
mobiliser nos pairs et notre entourage envers toutes les formes de
discrimination.
Mme la
Présidente, chaque personne est unique. Elle a le droit d'aimer, d'être aimée,
d'être respectée et surtout d'être protégée. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
ministre de la Justice. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier :
Merci, Mme la Présidente. En cette journée internationale de lutte contre
l'homophobie et la transphobie, un retour dans notre histoire récente
s'impose.
Ce n'est
qu'en 1968-1969 que le gouvernement du Canada a décriminalisé l'homosexualité.
Il aura toutefois fallu attendre un
amendement du Parti québécois à la charte québécoise des droits et libertés de
la personne le 15 décembre 1977 pour que soit ajoutée l'interdiction de la discrimination fondée sur
l'orientation sexuelle. Le gouvernement de René Lévesque devenait
alors le premier de l'histoire nord-américaine à se prévaloir d'une telle loi.
En 1999, le Parti
québécois a fait adopter le projet de loi n° 32, qui changeait la
définition de conjoint de fait pour y inclure les couples de même sexe. Cette
législation majeure et nécessaire modifia de nombreux articles de lois existants afin de rendre égalitaire la
reconnaissance en matière de partage du patrimoine et des avoirs, d'assurance
et de protection. Ce même gouvernement
déposait, en 2002, le projet de loi n° 84, permettant enfin l'union civile
des conjoints de même sexe. Le Parti
québécois a dès lors fait du Québec la première province à offrir aux conjoints
de même sexe une solution législative
équivalente au mariage, forçant ainsi la main au gouvernement fédéral à suivre
la marche trois ans plus tard.
Pendant son
court mandat minoritaire, le gouvernement de Pauline Marois a, quant à
lui, entamé une nouvelle bataille
pour la reconnaissance des droits des personnes trans. Il a déposé le projet de
loi n° 35, qui permet dorénavant aux
citoyens de changer de mention de sexe auprès du Directeur de l'état civil, et
ce, sans obligation de procéder à un traitement médical ou à une chirurgie. La
première ministre Pauline Marois fut d'ailleurs la première première ministre
à participer au défilé de la fierté en 2013.
Plus récemment, il y a tout juste un an, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
déposait le projet de loi n° 895, très
attendu des organismes de défense des droits des personnes trans. Il vise à
permettre à toute personne domiciliée
au Québec d'obtenir une modification de la mention de sexe au Directeur général
de l'état civil, puisque ces nouveaux
Québécois ont choisi le Québec précisément pour ses valeurs de liberté,
d'acceptation de l'autre et pour la grande ouverture d'esprit des gens
qui y habitent.
Plusieurs autres enjeux demeurent aussi en
suspens, comme l'accès aux ressources en région, le traitement de l'homosexualité dans certains groupes à dérive
sectaire et les tabous liés à certaines interventions médicales. Il
faudra s'y attaquer, et c'est ce que
nous comptons résolument faire. Le Parti
québécois est un parti aux valeurs
progressistes et modernes qui s'est toujours
battu pour les droits des minorités sexuelles et qui continuera de le faire
comme nous le faisons depuis 1977. Bonne journée de lutte contre l'homophobie
et la transphobie à tous!
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, en ce 17 mai, nous célébrons, nous soulignons la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Cette journée est l'occasion parfaite pour se pencher sur des enjeux importants que la communauté
LGBTQ2 vit encore et réfléchir ensemble pour trouver des pistes de solution
durables.
Vous savez,
l'homophobie et la transphobie engendrent des conséquences néfastes dans la vie
des personnes qui subissent
l'homophobie et la transphobie. En effet, le taux de suicide chez les personnes
qui en sont victimes est très élevé.
Je profite de
cette tribune aujourd'hui, Mme la
Présidente, pour mentionner
l'avancement que nous avons fait, en tant
que société québécoise, sur l'égalité des droits et au niveau de l'inclusion. Au Québec, nous nous sommes dotés de la Charte
des droits et libertés de la personne
en 1975, qui prévoyait certains motifs de discrimination. En 1977, nous
avons développé également
un ajout relativement à l'égard de l'orientation sexuelle. Nous
l'avons inscrit dans la Charte
des droits et libertés de la personne. Ça a été la première province canadienne
à inscrire l'orientation sexuelle comme motif de discrimination à
la charte.
Mme la Présidente, je tiens à dire aux victimes qu'ils ont des droits et qu'ils ne
devraient jamais avoir peur de dénoncer des comportements
inacceptables. Il existe des recours, et la société québécoise est là pour vous
soutenir. Toutefois, Mme la
Présidente, la lutte n'est pas
terminée, nous avons encore du chemin à faire pour combattre les préjugés
et la discrimination. Malheureusement, Mme la Présidente, vivre dans une société égalitaire comme la
nôtre n'est pas un privilège dont
tous les citoyens du monde peuvent profiter comme c'est le cas au Québec.
Ainsi, c'est pourquoi une journée comme
celle-ci a sa raison d'être pour favoriser l'inclusion des personnes dans la société,
peu importe notre orientation sexuelle, pour proposer et mettre en place des moyens concrets de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Le
travail n'est pas terminé, et c'est
tous ensemble, Mme la
Présidente, que nous pourrons
continuer à lutter contre la transphobie et l'homophobie.
Ainsi,
j'invite l'ensemble des parlementaires à continuer le travail, et l'ensemble
de la population québécoise.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Borduas.
Maintenant, au tour de M. le député de Mercier de
faire son intervention.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, Mme la Présidente. C'est à moi que revient le rôle de joindre la
voix de Québec solidaire à la
voix unanime exprimée par mes collègues à l'occasion de la Journée
internationale contre l'homophobie, contre la transphobie.
Il est peut-être bon de profiter de cette occasion pour faire le
bilan, très brièvement, du chemin parcouru, récent en tout cas, et
la route qu'il reste à faire.
Cette route, heureusement, est parsemée quand même de quelques victoires, de réalisations et de gains
récents. Notamment, au Québec, les personnes trans peuvent maintenant
obtenir plus facilement un changement de mention de sexe. Autant pour les adultes que pour les
enfants, c'est un gain, il faut le reconnaître. Dans le monde, le mariage
homosexuel est maintenant
accepté dans plus d'une vingtaine de pays, dont les États-Unis,
qui en ont étendu la possibilité à l'ensemble
du territoire
américain en 2015. Cependant, la route est, bien sûr, encore parsemée
d'obstacles majeurs. Malheureusement,
c'est encore criminel d'aimer une personne
du même sexe dans 72 pays. Dans huit de ces pays, on punit même les
relations entre personnes du même
sexe de la peine de mort. Dans 113 États, il n'y a
aucune loi qui puisse permettre de protéger les personnes LGBT contre
les discriminations de toutes sortes.
Autre
obstacle social important et qui existe
un peu partout, même chez nous — dans
une moindre mesure, mais cet obstacle
existe, il faut le reconnaître — des jeunes sont encore reniés par leurs familles
ou ostracisés lorsqu'ils osent clamer
leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Au Québec, il y a
encore des pas à franchir, par
exemple, pour la reconnaissance des personnes trans qui sont d'origine immigrante. Aussi, on a des
choses à faire pour sensibiliser davantage la population aux réalités des jeunes LGBTQ+, qui sont encore
victimes d'un taux de suicide beaucoup plus important que les autres jeunes du
même âge.
Donc,
c'est une journée contre l'homophobie et la transphobie. C'est aussi le moment
de se rappeler qu'il serait pourtant si simple, si simple de laisser les gens
s'aimer et se reconnaître tels qu'ils sont. Avec cette motion, moi, je suis
heureux pour nous parce qu'on signale qu'on
va continuer à travailler ensemble au Québec et aussi pour aider l'ensemble
de la planète, de l'Iran à la Russie, à
l'Arabie saoudite, à faire de notre monde un endroit où il sera, je l'espère,
plus facile désormais d'être soi-même. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Mercier. Maintenant, la parole est à Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Encore aujourd'hui, en 2018, des personnes
vivent difficilement avec une
orientation sexuelle et une identité de genre différentes de celles de la
majorité. On sait que, par exemple, le taux de suicide chez les jeunes
gais est beaucoup plus élevé que chez leurs camarades hétérosexuels.
Un
grand nombre de gais et de lesbiennes vivent toujours dans le secret et dans la
peur du rejet, et les personnes trans vivent encore dans une situation
trop marginale.
Oui,
des lois progressistes ont été adoptées, mais il reste encore du chemin à faire
avant d'atteindre l'égalité sociale entre
tous les citoyens sur la base de l'orientation sexuelle ou de l'identité de
genre. Il appartient à chacun et à chacune d'entre nous d'être un acteur de développement, de changement et de
sensibilisation en favorisant le développement de relations harmonieuses entre les personnes
indépendamment de leur orientation sexuelle et en ayant à l'esprit l'ouverture
et la diversité et aux valeurs de notre société. Rappelons aussi qu'encore
aujourd'hui 72 pays criminalisent toujours l'homosexualité, comme
cela a été déjà mentionné. Le Québec doit faire entendre sa voix et dénoncer
haut et fort ces positions régressives et, je dirais, même criminelles en 2018.
Ça
prendra, je crois, encore des journées internationales contre l'homophobie et
la transphobie pour pouvoir faire avancer cette cause-là et de faire en
sorte que ce ne soit plus criminel nulle part sur la planète de pouvoir choisir
son orientation sexuelle. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Vachon.
Mise aux voix
Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Pour la prochaine
motion, je cède la parole à M. le leader de l'opposition officielle.
Souligner la Journée nationale des patriotes
M. Bérubé :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec
le député de Borduas, le député de Mercier, le député de Gaspé et la députée de
Vachon, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée nationale des patriotes, qui se tiendra le
21 mai [prochain];
«Qu'elle souligne l'importance de la lutte menée par les
patriotes de 1837‑1838 pour la reconnaissance de notre nation, pour sa liberté politique et
son émancipation, et pour l'établissement d'un gouvernement responsable;
«Qu'elle rappelle la
nécessité de garder vivante la mémoire des femmes et des hommes patriotes;
«Qu'elle invite les
députés à participer aux diverses cérémonies, notamment la levée du drapeau
patriote.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, y
a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Mme Vien :
Nous proposons de l'adopter sans débat, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Bérubé :
Mme la Présidente, nous proposons un vote par appel nominal.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous avons une demande de vote par appel nominal. Et que l'on
appelle les députés.
Et je suspends les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 18)
(Reprise à 11 h 19)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vais mettre aux voix la motion
présentée par M. le leader parlementaire de l'opposition
officielle conjointement avec M. le député de Borduas,
le député de Mercier, le député de Vachon et le député de Gaspé, et
cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée nationale des patriotes, qui se tiendra le
21 mai [prochain];
«Qu'elle souligne
l'importance de la lutte menée par les patriotes de 1837‑1838 pour la
reconnaissance de notre nation, pour sa liberté politique et son émancipation,
et pour l'établissement d'un gouvernement responsable;
«Qu'elle rappelle la
nécessité de garder vivante la mémoire des femmes et des hommes patriotes;
«Qu'elle invite les
députés à participer aux diverses cérémonies, notamment la levée du drapeau
patriote.»
Et que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
• (11 h 20) •
La
Secrétaire adjointe : M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), M. LeBel
(Rimouski), Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre (Taillon),
M. Leclair (Beauharnois), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet),
M. Rochon (Richelieu), M. Pagé (Labelle), M. Bourcier
(Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), Mme Fournier (Marie-Victorin),
M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), Mme St-Pierre (Acadie),
M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Arcand (Mont-Royal), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), Mme Charlebois (Soulanges),
M. Barrette (La Pinière), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Moreau (Châteauguay),
M. Heurtel (Viau), Mme Vien (Bellechasse), Mme Ménard
(Laporte), M. Fortin (Pontiac), Mme Tremblay (Chauveau),
M. Fortin (Sherbrooke), M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), Mme Montpetit (Crémazie),
Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Melançon
(Verdun), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Drolet (Jean-Lesage), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
M. Iracà (Papineau), M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Rousselle (Vimont), Mme Vallières (Richmond), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Sauvé
(Fabre).
M. Bonnardel (Granby), M. Caire
(La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Paradis (Lévis),
M. Spénard (Beauce-Nord).
M. Khadir
(Mercier), M. Lelièvre (Gaspé), Mme Ouellet (Vachon), M. Busque
(Beauce-Sud).
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Maintenant, y a-t-il des députés contre cette motion ou
des abstentions? Pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 93
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
Alors,
nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis, et je
demanderais aux personnes qui doivent quitter le salon bleu de le faire en
silence afin de permettre à Mme la députée de Vachon de présenter sa motion.
Mme Ouellet :
Mme la Présidente, je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Gaspé, le député de
Matane-Matapédia et le député de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de mettre en place un
crédit d'impôt sur la masse salariale des
journalistes afin d'apporter son soutien au maintien à la diversité d'accès à
l'information avec une mesure accessible et équitable pour toutes les
structures d'entreprises.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Vachon. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme Vien :
Pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement.
Alors, y a-t-il
d'autres motions sans préavis? Oui, Mme leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, suite à une entente entre les groupes
parlementaires et les députés indépendants,
je sollicite le consentement afin de présenter une deuxième motion qui touche
la tenue de consultations
particulières pour le projet de loi n° 186, Loi concernant l'acquisition
de voitures additionnelles pour le métro de Montréal.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est tout?
Mme Vien :
C'est tout.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, y a-t-il consentement pour
permettre une deuxième motion sans préavis
par le gouvernement? Oui, il y a consentement. Y a-t-il consentement pour
débattre cette motion?
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Ah! je croyais que tu l'avais lue.
Excusez-moi. Alors, oui, allez-y, vous pouvez la lire avant le
consentement.
Procéder à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 186
Mme
Vien : Alors, je fais motion, conformément à l'article 146
du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
la Commission des transports et de l'environnement, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 186, Loi concernant
l'acquisition de voitures additionnelles pour le métro de Montréal, procède à
des consultations particulières et tienne des auditions publiques le
29 mai 2018;
«[Et]
qu'à cette fin, elle entende les organismes suivants — Mme la Présidente : Bombardier, la
Confédération des syndicats nationaux, la Société de transport de
Montréal;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 3 minutes 30 secondes au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle et
2 minutes 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées ainsi :
25 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
15 minutes pour l'opposition officielle et 10 minutes pour le deuxième
groupe d'opposition; et
«Que le ministre des
Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports
soit — bien
sûr — membre
de ladite commission pour la durée du mandat — Mme la Présidente.»
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Nous en sommes
maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions,
et je recède la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'avise notre Assemblée que la Commission
des finances publiques poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 141, Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement du secteur
financier, la protection des dépôts d'argent et le régime de fonctionnement des
institutions financières, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission des relations avec les citoyens entreprendra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 178, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant la
protection du consommateur,
aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que
le mardi 29 mai, de 10 heures à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'économie et du travail
poursuivra ses consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 176, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives afin principalement de
faciliter la conciliation famille‑travail,
aujourd'hui, à compter de 11 h 30 pour une période de
1 h 30 min et de 15 heures à 17 h 15, le vendredi 18 mai, de 9 h 30 à
12 h 30, le lundi 28 mai 2018, de 14 heures à
17 h 15, ainsi que le mardi 29 mai 2018, de
10 heures à 11 h 30, ce sera à la salle du Conseil législatif;
La Commission
de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 157, Loi
constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le
cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité routière, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, et de
15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau. Elle
poursuivra ladite étude détaillée le lundi 28 mai 2018, de
14 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
ainsi que le mardi 29 mai 2018, de 10 heures à midi, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May;
Et finalement
la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet
de loi n° 170, Loi modernisant
le régime juridique applicable aux permis d'alcool et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de
boissons alcooliques, le mardi 29 mai 2018, de 10 heures à midi, ce
sera à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Pour ma part, je vous
avise que la Commission de la santé
et des services sociaux se réunira en séance de travail aujourd'hui, à
13 heures pour une durée d'une heure, à la salle RC.161, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de pétitions concernant les sujets suivants : l'acquisition et l'implantation d'un appareil
d'imagerie médicale TEP scan au Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur; le
financement dédié au travail de rue; la mise
en place d'un plan d'action relativement au trouble du spectre de
l'alcoolisation foetale; et enfin le remboursement des heures payées en
trop par les usagers dans les horodateurs des hôpitaux.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. S'il n'y a pas de demande
de renseignements, je vous avise de plus que l'interpellation prévue pour le
vendredi 1er juin 2018 portera sur le sujet suivant : L'improvisation libérale quant à la gestion de
notre territoire faunique. M. le député de Masson s'adressera alors à M.
le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Affaires du jour
Et, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et je cède la parole à Mme la leader adjointe du
gouvernement.
• (11 h 30) •
Mme Vien : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Veuillez, s'il vous plaît, appeler
l'article 2.
Débats sur les rapports
de commissions
Prise en considération
du rapport de la commission qui a procédé
à des consultations particulières sur les conditions de vie
des femmes autochtones en lien avec les agressions
sexuelles et la violence conjugale
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : À l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la
Commission des relations avec les citoyens qui, les 17 et 25 novembre 2015
ainsi que le 18 janvier 2016, a procédé à des auditions publiques
dans le cadre de consultations particulières à l'égard du mandat d'initiative
sur les conditions de vie des femmes
autochtones en lien avec les agressions sexuelles et la violence conjugale. Ce
rapport, qui a été déposé le 15 mai 2018, contient des
observations, des conclusions et cinq recommandations.
Je vous
rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du règlement,
la prise en considération du rapport
donne lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et qu'aucun amendement
n'est recevable. Je vous rappelle également qu'en vertu du deuxième
alinéa de l'article 95 ce débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée.
Conformément
à ce qui a été énoncé par la présidence, la répartition des temps de parole,
dans le cadre de ce débat, s'effectuera comme suit : 55 minutes sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 26 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 23 min 34 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 10 minutes sont allouées aux députés indépendants, six
minutes sont réservées aux députés de Québec solidaire,
et la présidence répartira le reste de cette enveloppe de temps entre les
députés de Groulx, de Vachon et de Gaspé, selon le nombre de députés qui
se seront manifestés et sous réserve d'un maximum de deux minutes chacun.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part les consignes mentionnées, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps. Et enfin je rappelle aux députés indépendants
qui souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont 10 minutes, à
partir de maintenant, pour en aviser la présidence.
Je suis maintenant
prête à reconnaître le premier intervenant. Oh! bon, M. le député de Portneuf,
je vous cède la parole.
M. Michel Matte
M. Matte : Merci,
Mme la Présidente. À titre de vice-président de la commission, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui concernant le mandat qui nous a été donné sur les
conditions de vie des femmes autochtones en lien avec la violence et les
agressions sexuelles, ce mandat, bien que très intéressant, il faut l'avouer,
des plus délicats.
Nous avons lancé
ce mandat au printemps 2015, après avoir entendu des intervenants dénoncer
des conditions de vie difficiles des
femmes autochtones au Québec. Pendant
des décennies, les membres des différentes nations autochtones ont subi des préjudices politiques, socioéconomiques
et culturels. En plus des conséquences, leurs conditions de vie se sont
profondément détériorées. Au Québec, les Premières Nations et les Inuits sont
aujourd'hui confrontés à de multiples problèmes.
Les femmes
autochtones subissent particulièrement des répercussions des torts causés à
leur peuple. La violence conjugale,
familiale et sexuelle dont elles sont victimes s'ajoute aux blessures
collectives et personnelles qui marquent les nations et leurs membres. Selon les données statistiques, les taux de
violence conjugale chez les femmes autochtones sont trois fois plus
élevés que chez les autres femmes canadiennes.
Dans son
rapport déposé en 1996, la Commission royale sur les peuples autochtones a
établi que la question de la violence
familiale dans les communautés est une menace à la sécurité et à
l'épanouissement des enfants. Près de 20 ans plus tard, l'organisme Femmes autochtones du
Québec ciblait toujours la violence en milieu familial comme l'une des
principales sources de violence dont sont victimes les femmes autochtones au
Québec. De plus, elles sont plus souvent victimes des formes les plus
graves de violence, notamment d'agressions sexuelles.
Cette
question relativement méconnue s'est retrouvée dernièrement dans l'actualité
médiatique. C'est pourquoi notre
première préoccupation fut de bien écouter et comprendre les autochtones, qui
sont les mieux placés pour déterminer leurs
besoins et les solutions adaptées à leur réalité. Et c'est notre volonté
aujourd'hui d'être leurs porte-parole auprès du gouvernement du Québec.
Une grande
partie de notre travail a été de recueillir leurs témoignages. Nous avons donc
multiplié les rencontres au
parlement, mais aussi sur les réserves mêmes, dans le milieu de vie autochtone.
Il nous importait de respecter l'autonomie et les compétences des Premières Nations et des Inuits au cours de nos
travaux. Notre démarche se voulait inclusive et collaborative,
permettant ainsi des échanges empreints d'authenticité et d'ouverture.
Je veux
d'ailleurs remercier l'équipe de la maison Missinak de nous avoir accueillis
dans leur refuge et sur leur site de
ressourcement en milieu naturel. Nous sommes également reconnaissants envers
des groupes inuits qui ont facilité l'organisation
de rencontres au Nunavik. Un comité de veille des Premières Nations nous a
accompagnés afin de nous aider à
mieux comprendre les réalités autochtones. Nous remercions les membres du comité pour leurs conseils avisés.
Nous saluons particulièrement l'apport et le soutien de Mmes Marjolaine
Étienne et Adrienne Jérôme.
Entre autres,
lors de nos déplacements dans les communautés, ces visites nous ont permis de
constater à quel point les Premières Nations et les Inuits du Québec ont
à coeur le développement de leurs collectivités. Nous n'aurions pu atteindre
nos objectifs sans leur collaboration et leur accueil. Plusieurs témoins ont
souligné l'importance de tisser de nouveaux liens avec les autochtones. Ce mandat
d'initiative sur les conditions de vie des femmes autochtones donne l'occasion
de faire des gestes concrets en ce sens.
Nous
espérons, Mme la Présidente, que le gouvernement
du Québec accueillera positivement
les observations et les recommandations formulées dans ce rapport. Au-delà du travail accompli par la Commission des relations avec les citoyens,
c'est la parole des autochtones que nous transmettons afin de les soutenir dans
la lutte contre la violence et, plus largement,
dans la concrétisation de leurs aspirations. Au cours du mandat, nous avons
reçu beaucoup de témoignages et de données sur les conditions
de vie des femmes autochtones et sur
les formes de violence dont elles sont victimes. Nous avons échangé avec plusieurs intervenantes et
intervenants de différents horizons. Nous avons entendu leurs constats et recueilli
leurs positions.
Voici donc, Mme la Présidente, les recommandations que notre commission fait à l'égard
de notre mandat : Que le gouvernement du Québec, en collaboration avec des partenaires autochtones, révise les programmes
d'enseignement primaire et secondaire afin d'introduire un volet
pédagogique sur l'histoire et les réalités contemporaines des autochtones
à l'intention des élèves et qu'il révise les
programmes menant aux brevets d'enseignement primaire et secondaire afin d'y introduire un cours sur l'histoire et les
réalités contemporaines des autochtones; Que le gouvernement du Québec,
en collaboration avec des partenaires autochtones, contribue activement à l'augmentation et à la diversification
de l'offre de logements dans toutes
les communautés autochtones touchées par la pénurie et qu'il révise les règles
d'attribution et de financement des
habitations à loyer modique en vue de les ajuster à la réalité autochtone dans
les communautés situées surtout dans
des régions éloignées; Que le gouvernement du Québec, en collaboration avec des
partenaires autochtones, soutienne
les initiatives des milieux autochtones de prévention afin de prévenir la
violence conjugale, familiale et sexuelle, qu'il soutienne la mise sur pied, l'entretien et le fonctionnement des
maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence et qu'il révise les politiques d'accueil et les procédures
d'intervention des maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence; Que le gouvernement
du Québec, en collaboration avec des partenaires autochtones, soutienne la mise sur pied des centres de guérison dans les
communautés autochtones, qu'il élabore un mécanisme de reconnaissance des démarches et des outils de guérison traditionnels
et qu'il soutienne les initiatives des milieux autochtones relativement
à la mise en place de mécanismes de justice communautaire; Que le gouvernement
du Québec soutienne la formation d'intervenantes et d'intervenants autochtones dans le domaine jugé
prioritaire par les milieux autochtones et qu'il s'assure que le personnel de
la fonction publique et du secteur parapublic québécois,
ainsi que les membres des corps policiers et intervenants dans les
milieux autochtones, suivent une formation adaptée à la réalité autochtone et
communautaire.
En terminant,
Mme la Présidente, il nous faudra améliorer la concertation et la collaboration des différents paliers gouvernementaux
et s'asseoir avec les communautés afin de répondre à leurs attentes et
d'améliorer leur qualité de vie.
Je désire également
remercier tous les membres de la commission, ainsi que le personnel administratif, qui ont contribué à la
réalisation de ce rapport. Je souhaite qu'il puisse guider les actions des
différents gouvernements dans l'amélioration des conditions de vie autochtones.
Et je vous remercie, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est moi qui vous remercie,
M. le député de Portneuf. Et maintenant, pour la prochaine intervention,
je cède la parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Mireille Jean
Mme Jean : Merci,
Mme la Présidente. Il me fait
plaisir, aujourd'hui, de m'adresser à vous concernant le dépôt du
rapport de la Commission des
relations avec les citoyens qui
touche, si je veux bien le dire, le mandat
d'initiative sur les conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les agressions sexuelles et violence conjugale, sujet extrêmement
difficile, extrêmement sensible aussi auquel on s'est confronté, où ce qu'on a
abordé... sujet très important. Avec la réalisation
du mandat d'initiative de la Commission
des relations avec les citoyens, Mme la Présidente, j'ai eu la chance ou plutôt le privilège de voir de mes yeux,
d'entendre de mes oreilles la douleur des femmes autochtones.
Je veux profiter de l'occasion, d'ailleurs, pour
remercier tous celles et ceux qui ont participé, qui nous ont accueillis dans les communautés autochtones pour
partager avec nous généreusement leur vécu, leurs sentiments, leur
douleur, leurs problèmes pour que nous puissions être à même de bien peser les
choses de ce qui se passe au niveau, justement, de la situation des femmes autochtones.
Ce que j'ai
senti, Mme la Présidente, c'est... indescriptible, si je veux bien
m'exprimer. La situation des autochtones au Québec et au Canada, elle est difficile, mais la situation
des femmes autochtones, quant à elle, elle est inacceptable. Les témoignages entendus, Mme la Présidente, sont troublants. Autant les femmes que les hommes qu'on a rencontrés
déplorent la situation des femmes
autochtones actuellement. Elles sont des femmes, elles sont des mères, des
filles, des soeurs. Tous s'entendent pour dire qu'elles sont au coeur
des communautés.
Elles sont conscientes de leur situation
malheureuse et elles veulent y remédier. Elles sont belles, elles sont généreuses, elles sont intelligentes, mais
surtout, Mme la Présidente, dans toute la situation dans laquelle elles
vivent, elles sont résilientes. Et
c'est sur ces qualités qu'il faut miser pour changer les choses, pour changer
les choses pour le mieux et changer
pour de bon. Changer pour de bon afin que ces femmes puissent avoir la chance égale,
comme toute personne vivant au Québec,
la chance de s'épanouir, de se sentir en sécurité, de ne pas avoir peur lorsqu'elles sortent à l'extérieur
de leur maison, la chance d'avoir un avenir,
la chance de pouvoir rêver, la chance de pouvoir penser que ces rêves peuvent
se réaliser. Comme toute personne au Québec, les femmes autochtones devraient
pouvoir vivre et s'épanouir de cette façon-là.
Malheureusement, la situation d'aujourd'hui n'est pas le cas, et il faut y remédier. Puis
elles ont le droit d'avoir cette situation.
Après les
visites qu'on a faites et les témoignages qu'on a entendus, Mme la Présidente, force est de constater que
la situation n'est pas uniforme dans les différentes communautés
qu'on a visitées, donc il n'y a pas non plus de solution uniforme. Il
n'y a pas une solution, actuellement, qui pourrait remédier à la situation, puisque la situation est complexe, elle est différente dans
chacun des territoires.
Le rapport l'exprime bien, la solution ou les
solutions qu'on doit apporter ne peuvent pas être apportées de l'extérieur, elles ne peuvent pas être imposées de
l'extérieur, elles ne peuvent même pas être pensées et élaborées à
l'extérieur des communautés
autochtones. En fait, elles doivent être pensées, elles doivent être réfléchies,
elles doivent être mises en oeuvre en
collaboration étroite avec les partenaires autochtones, avec
les communautés autochtones elles-mêmes. On ne peut pas s'en sortir, ce n'est pas à nous directement, de façon externe, de
façon autonome, de façon
non en lien avec les gens, les communautés
qui vivent exactement ou qui sont à même de vivre, d'exprimer quelle
est la problématique, mais aussi d'exprimer quels types de
solutions on peut appliquer. C'est essentiel d'avoir accès à leur senti et à
leurs sentiments pour que la culture de ces communautés-là soit respectée dans
les solutions qui seront implantées. C'est fondamental, et le rapport l'exprime
bien.
Le rapport
de la commission indique néanmoins quelques recommandations. Donc, le rapport exprime ça, même s'il faut participer avec les communautés
autochtones, on les a rencontrées, on les a écoutées, on a échangé, et le
rapport exprime quelques pistes de solution. Il y en a eu cinq principalement
que je me permettrais de vous lire aujourd'hui.
La première,
si je retrouve mon petit papier... Donc, la première, ce n'est pas compliqué,
il faudrait mieux faire connaître
l'histoire des peuples autochtones et intégrer ces notions d'histoire, la
valeur ajoutée, ce qu'ils ont apporté à la communauté d'aujourd'hui en 2018. La communauté québécoise ne s'est pas construite d'elle-même,
elle s'est construite avec
l'intervention de plein de gens. Et nos livres d'histoire en relatent quelques-uns, mais il y a un grand absent, c'est l'histoire des
autochtones. Et il faudrait absolument pouvoir réintégrer l'apport,
l'importance des autochtones, des communautés
autochtones dans notre situation d'aujourd'hui, et il faudrait que ces
notions-là soient intégrées dans les notions
d'histoire qui sont enseignées à nos enfants dès le primaire et au secondaire.
C'est essentiel. Je dirais même, ce n'est
pas indiqué dans la recommandation, que ça devrait aussi pouvoir être
communiqué à l'ensemble de la population pour que cet apport-là, cette importance-là de ces communautés, on se
les assimile tous ensemble, que ça fasse partie de notre vécu, de nos
racines à nous-mêmes.
Deuxième
recommandation du rapport, et non le moindre, et je dirais même le plus
important par rapport aux témoignages qu'on a entendus, par rapport aux visites
qu'on a vues, c'est l'amélioration fondamentale de l'offre de logements dans les communautés. Il y a un manque
flagrant de logements dans les communautés. Et je vous lirai la manière de... comment c'est inscrit parce que c'est
vraiment bien indiqué, et voilà : «La pénurie de logements est un problème
criant dans les communautés
autochtones — c'est la
base. Presque partout, on note un surpeuplement des habitations et un
état de délabrement avancé des maisons.»
Mme
la Présidente, cette phrase-là n'est pas anodine. Pour l'avoir vu, moi,
personnellement, par les visites qu'on a
vues, c'est impressionnant et, je dirais, encore indescriptible à quel point
les habitations sont laissées à elles-mêmes, à quel point il y a un état de délabrement avancé et à quel point on ne
devrait jamais accepter qu'une personne qui vit au Québec vive dans cet environnement. C'est des
maisons vétustes, des maisons avec des vitres cassées, des maisons avec
des portes qui sont placardées avec du carton, du papier journal. C'est
indescriptible. C'est vraiment effrayant.
«La
situation, déjà très critique, risque de s'aggraver au cours des prochaines
années en raison de la forte croissance démographique [de la communauté].» Donc, ça le dit d'elle-même : La
communauté a des enfants, la communauté est en croissance, et les habitations actuelles sont déjà en nombre
insuffisant. Imaginez la pression que ça peut faire. «Les Inuits que nous avons rencontrés ont même ciblé la
pénurie de logements comme l'un des plus graves problèmes du Nunavik. Pour plusieurs intervenantes et intervenants,
répondre à la crise du logement aurait une incidence positive sur une multitude
d'autres questions sociales, incluant — naturellement — la
violence conjugale, familiale et sexuelle.»
Imaginez,
Mme la Présidente, que les personnes, les femmes qui se font violenter, qui se
font agresser sexuellement et qui se
retrouvent dans le même environnement physique par manque de logements, par
manque de lieux où elles peuvent se
retrouver... C'est une situation intolérable que l'imaginaire d'aujourd'hui ne
devrait même pas pouvoir accepter. Et, par
manque de logements, actuellement, il y a certaines femmes qui se retrouvent
dans la même habitation que son agresseur. Imaginez à quel point c'est déplorable. Donc, il faut absolument que le
gouvernement prenne... écoute cette voix et prenne action pour contrer
cette réalité.
Donc,
les deux pistes de solution, les deux pistes d'action qui sont présentées dans
le rapport se résument comme suit : «...augmenter le nombre de
logements dans les communautés — ça va de soi;
«de
soutenir la rénovation domiciliaire et d'améliorer la sécurité dans les
communautés.» Comme je vous l'ai dit, c'est fondamental, c'est un besoin
de base effroyable.
Troisième mesure,
troisième recommandation du rapport ou du comité :
«[Soutenir]
la mise sur pied, l'entretien et le fonctionnement des maisons d'hébergement
pour [les] femmes victimes de
violence dans les communautés autochtones...» Il va de soi qu'une femme qui est
violentée, qui est agressée, a besoin de
pouvoir se retrouver dans un lieu où on la comprend, où on la protège, où on
l'entoure, où elle peut se sentir un minimum en sécurité. Actuellement,
il y a des lieux que... il y a des lieux comme ça qui existent, des centres
d'hébergement qui existent, mais ils sont
laissés à eux-mêmes ou en état de délabrement. Donc, il faut absolument les
rénover. Mais ils sont aussi en nombre suffisant, on n'en trouve pas
partout. Donc, il faut aussi en créer de nouveaux.
• (11 h 50) •
Quatrième
mesure qui est proposée : soutenir des initiatives du milieu autochtone
d'intégration des outils et de guérison
traditionnels autochtones. Vous savez, il y a une culture. On a notre culture
ici, au Québec, et on en est fiers. Et,
dans notre culture, il y a celle des autochtones, et il faut la respecter. Ils
ont leurs méthodes à eux de vouloir être guéris, de vouloir être approchés, de vouloir être encadrés. Donc, les mesures
qu'on apportera, il faudra le faire en respect et même en considérant qu'ils
ont des approches différentes de celles auxquelles nous, on est habitués, et
qu'elles vont être efficaces dans la
mesure où ces outils-là sont intégrés à même ces communautés. Donc, c'est la
quatrième recommandation. C'est donc
de pouvoir utiliser ou de pouvoir reconnaître que des moyens de guérison, des moyens d'action qui ne sont pas ceux
auxquels nous, on est habitués, mais qui vont être efficaces et qui vont
correspondre à la culture des communautés autochtones, donc, il va être important de pouvoir les
considérer et même de les intégrer dans les actions que le gouvernement pourra faire.
Cinquième recommandation,
et non la moindre : former les corps policiers sur les réalités des communautés
autochtones. Écoutez, les policiers sont là pour protéger les gens et
aussi pour protéger, dans ce cadre-ci, les femmes qui peuvent être agressées ou violentées. Bien, actuellement, les femmes autochtones ont perdu une confiance par rapport aux corps policiers, elles n'ont pas confiance aux corps policiers. Donc, lorsqu'elles se font agresser, où pensez-vous qu'elles
peuvent aller? Elles sont laissées un peu à elles-mêmes. Et, lorsqu'elles vont
dénoncer ou lorsqu'elles vont rejoindre le corps policier, souvent, les policiers, pas parce qu'ils sont mal intentionnés, vont manquer un peu de formation
par rapport à la culture, par rapport à qui ils ont
devant eux. Donc, il serait important que, dans les corps policiers qui se
retrouvent à faire la protection dans les communautés
autochtones, il y ait
un minimum de formation sur la culture, sur la réalité de ces communautés,
ce qui n'existe pas actuellement.
Donc,
cette cinquième recommandation là, elle est vraiment très importante
pour pouvoir apporter un minimum de
confort, un minimum de sécurité et un minimum d'harmonie entre ceux et celles
qui ont besoin d'être protégés et ceux et
celles qui veulent protéger ces gens-là parce qu'à mon avis et suite aux témoignages et aux rencontres qu'on a
faites tout le monde est rempli de
bonnes intentions, tout le monde veut bien faire. Donc, il faut donner les
outils pour que ça fonctionne bien,
et un des outils, c'est de faire en sorte qu'on se connaisse mieux et que les
personnes qui ont à prendre en charge la sécurité puissent mieux
connaître les gens auxquels ils sont dévoués.
Pour
moi, l'exercice du mandat d'initiative doit marquer non pas un début... Il a
été déposé, on est très heureux du résultat.
On a fait un mandat d'initiative. On dépose un rapport avec des belles
recommandations. Il ne faudrait surtout pas que ce rapport-là soit
considéré comme une fin en soi. Il faudrait qu'il soit considéré comme un
début, en fait.
Je me
permettrai ici de vous faire un petit peu la genèse des événements qui se sont
produits depuis le début de l'annonce du mandat d'initiative.
Donc, le 28 mai 2015, on
commençait justement l'annonce du mandat d'initiative. Le 22 octobre 2015,
une enquête diffusait un reportage
dénonçant des exactions des policiers de la Sûreté du Québec envers les femmes
autochtones de la région de Val-d'Or.
Les révélations de l'émission ont suscité de fortes tensions, particulièrement
dans les milieux autochtones. Vous vous en souviendrez, on a tous vu cet
événement fort marquant.
Le
8 décembre 2015, le gouvernement du Canada annonçait la mise sur pied de
l'Enquête nationale sur les femmes et
filles autochtones disparues et assassinées. Un rapport provisoire a été déposé
le 1er novembre 2017. Le dépôt du rapport définitif est prévu pour
novembre 2018, mais il pourrait malheureusement être reporté.
Le
21 décembre 2016, le gouvernement du Québec constituait la Commission
d'enquête sur les relations entre les
autochtones et certains services publics au Québec. Le rapport définitif doit
être déposé au plus tard en septembre 2019. Le 28 juin 2017, le gouvernement du Québec présentait son Plan
d'action gouvernemental pour le développement social et culturel des Premières Nations et des
Inuits 2017‑2022. Ce plan contient des mesures que le gouvernement a
l'intention de déployer au cours des cinq prochaines années. Le
15 mai, récemment, on avait le dépôt de notre propre rapport.
Là,
pourquoi j'émets ça, j'ai fait l'énumération des grands événements? Je pense,
c'est important parce qu'il faut se
mettre dans une continuité. Ce n'est pas une fin. C'est une problématique qui
est complexe. C'est une situation qui est inacceptable, et il faut apporter des correctifs. Lorsqu'on a fait la
demande, au Parti québécois, pour le mandat d'initiative, ça a pu avoir comme conséquence de déclencher des
enquêtes qui sont extrêmement importantes. Ceci dit, il faut agir quand
même rapidement, et les délais nous font quand même un peu peur.
Pour
conclure, je vous dirais qu'il est essentiel que le travail de l'Assemblée
nationale se poursuive et que celle-ci prenne
des mesures afin que les recommandations que je viens de vous énumérer tout à
l'heure ne soient pas laissées en lettre
morte. Il faut qu'il y ait un suivi de ça et qu'il puisse être appliqué et se
traduire en programmes, etc. Le gouvernement a le devoir et même la responsabilité de faire en sorte que les
recommandations se traduisent le plus rapidement possible en programmes et en politiques d'aide à
l'amélioration des conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les
agressions sexuelles et la violence conjugale.
C'est extrêmement important, Mme la Présidente, qu'on prenne conscience de ça.
L'Assemblée
nationale a une responsabilité, on l'a prise en faisant un mandat d'initiative,
il y a un rapport qui est émis, il y a
des recommandations. Il y a des gens, aujourd'hui, des hommes, des femmes, dans
les communautés autochtones, qui
souffrent, qui ne sont pas bien entourés, qui ont besoin d'être mieux entourés,
qui ont besoin d'aide, qui veulent
collaborer, qui veulent travailler, qui veulent améliorer leur sort. L'Assemblée
nationale a un devoir de prendre au sérieux les recommandations et de
passer des paroles aux actes.
Je
finirais en disant que ce mandat d'initiative a été intéressant, troublant.
C'est un exercice qui devait être fait, qui doit se poursuivre. C'est un
exercice qui s'est fait avec des gens qui veulent tous bien faire. Chacun des
partis qui participaient à cet exercice, que
ce soit le gouvernement, la deuxième opposition et nous-mêmes, de façon non
partisane, tous on travaillait main dans la main pour le bien des femmes
autochtones, des femmes violentées.
Donc,
je veux remercier mes collègues du travail qui a été fait puis les assurer et
assurer au gouvernement de ma collaboration entière, lorsqu'on aura à
faire en sorte que ces recommandations qui sont dans notre fabuleux rapport
puissent se traduire en actions concrètes et qui pourront améliorer le sort des
femmes autochtones au Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Chicoutimi. Et maintenant, pour la suite de ce débat, je vais
céder la parole à M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay :
Merci, Mme la Présidente. Donc, il me fait plaisir à mon tour de prendre la
parole aujourd'hui pour l'adoption du
rapport de la Commission des relations avec les citoyens relativement au mandat
d'initiative sur les conditions de
vie des femmes autochtones en lien avec les agressions sexuelles et la violence
conjugale, en tant que porte-parole aux affaires autochtones.
D'entrée
de jeu, j'aimerais tout d'abord saluer mes collègues qui ont porté leur voix à
la commission, notamment notre
président député des Chutes-de-la-Chaudière ainsi que mes collègues : la
députée d'Iberville, la députée de Montarville ainsi que ma voisine de
comté, la députée de Repentigny.
Donc,
c'est un travail colossal qui a été entrepris par cette Assemblée, et la
commission avait un mandat important, soit celui de s'intéresser aux conditions
de vie des femmes autochtones. Et, rappelons-le, l'objectif de la commission
était de cerner le rôle de l'État québécois
dans l'amélioration de ces conditions de vie. Et n'oublions pas que le
gouvernement du Québec détient la responsabilité des ressources en santé
et services sociaux. Donc, ayant cela en tête, il faut être conscient des responsabilités à l'endroit des
autochtones hors communauté, qui sont aussi appelées à s'accroître parce
qu'on le sait il y a une forte croissance démographique partout sur le
territoire du Québec.
Et
les femmes autochtones, on le sait, elles subissent malheureusement des
problématiques inquiétantes, notamment en
ce qui a trait à la violence conjugale, familiale et sexuelle. C'est des choses
qu'on ne peut pas tolérer, Mme la Présidente. Les taux de violence
conjugale chez les femmes autochtones sont trois fois plus élevés que chez les
autres femmes canadiennes. C'est une statistique qui est quand même très
élevée.
Plusieurs
événements ont aussi marqué le Québec dernièrement. Premièrement, on a eu un
reportage d'Enquête qui diffusait les abus des policiers de la Sûreté du Québec
envers les femmes autochtones dans la région de Val-d'Or. On le sait, ça a fait le sujet de l'actualité dans
notre dernière législature. Un autre aussi, c'est... il y a eu lieu une enquête
nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées, dont le rapport final est prévu pour
novembre 2018. Donc, il y avait lieu d'avoir ce mandat d'initiative, et
je trouve que c'était très pertinent que ce mandat d'initiative ait lieu
effectivement.
Donc,
on voulait entendre ce que les communautés avaient à dire, ce que les femmes
des communautés avaient à confier,
puisque, il faut le dire, elles dénoncent de plus en plus les diverses formes
de violence dans les communautés. Et c'était
normal qu'une majorité de femmes parlementaires puissent participer à ce mandat
d'initiative pour justement avoir cette
relation de confiance. Et je vous dirais que la beauté de ce mandat fut le
partenariat avec les communautés autochtones.
Il faut
pousser notre compréhension des réalités autochtones et, pour ce faire, il faut
aller à leur rencontre. Donc, c'est excellent, ce que la commission a fait, de
se déplacer, justement, dans les communautés. Et les collègues qui ont
pu, justement, se déplacer dans les communautés
ont d'ailleurs eu le privilège de visiter les deux refuges pour femmes
autochtones des quatre communautés
autochtones. Ces rencontres ont démontré que chaque communauté a ses propres
réalités. Il faut respecter ces
différences culturelles. Pour ma part, hors mandat, j'ai quand même eu la
chance de visiter une communauté, la communauté de Manawan, pour voir
qu'est-ce qu'il en est de la réalité de cette communauté.
• (12 heures) •
D'ailleurs,
la première recommandation, elle illustre la nécessité d'ajouter cette notion
au cursus scolaire. Et, on le sait,
l'éducation, c'est la clé du succès, c'est un garant de l'avenir. Et
laissez-moi vous lire encore une fois la première recommandation du rapport, c'est : «Que le
gouvernement du Québec, en collaboration avec des partenaires
autochtones :
«[De un]
révise les programmes d'enseignement primaire et secondaire afin d'y introduire
un volet pédagogique sur l'histoire et les réalités contemporaines des
Autochtones à l'intention des élèves; et en deuxième lieu
«[Qu'il]
révise les programmes menant aux brevets d'enseignement primaire et secondaire
afin d'y introduire un cours
obligatoire de 45 heures sur l'histoire et les réalités contemporaines des
autochtones à l'intention des futures enseignantes et des futurs
enseignants.»
Donc, on
ne peut que saluer cette première recommandation parce qu'effectivement
l'éducation, c'est la clé du succès.
Concernant la
deuxième recommandation, qui traite du logement, encore une fois, qui est une
situation très critique, on le
sait — si on
n'est pas capables de se loger, de se nourrir ou de se vêtir, on est dans la
précarité — donc, la
recommandation, c'est : «Que le gouvernement du Québec, en collaboration
avec des partenaires autochtones :
«Contribue
activement à l'augmentation et à la diversification de l'offre de logement dans toutes les communautés autochtones touchées par une
pénurie;
«[Et qu'elle] révise les règles d'attribution et
de financement des habitations à loyer modique en vue de les ajuster aux
réalités autochtones, notamment dans les communautés situées en région
éloignée.»
Et j'ose croire qu'en mettant en place ces
recommandations on va pouvoir travailler sur cette situation qui est jugée très
critique, comme je l'ai dit tout à l'heure.
J'ajouterais
également, Mme la Présidente, et c'est un sujet dont on a eu l'occasion
d'aborder en crédits avec le ministre
des Affaires autochtones, qu'il faut que le gouvernement soit sensibilisé à
l'accessibilité aux logements pour les autochtones
hors réserve, et il faut qu'on puisse voir en ce qui a trait à la
discrimination qui est vécue hors réserve. Donc, on veut travailler, tout le monde, dans le bon sens, si on veut, pour
justement qu'il n'y ait pas de discrimination et que l'accessibilité aux
logements soit quelque chose de naturel.
Alors, les
trois autres recommandations, qui réfèrent directement à cette problématique de
violence vécue par les femmes
autochtones, je ne passerai pas plus de temps là-dessus, ça a déjà été traité
par mes collègues, mais simplement pour vous dire que nous appuyons
toutes les recommandations.
En conclusion, déjà, Mme la Présidente, je pense
qu'il faut prendre très au sérieux les recommandations de la commission et
entendre le message qui est proposé, celui de fournir les ressources nécessaires
dans les communautés autochtones et adapter les modèles en fonction de la
culture autochtone, que nous respectons.
Je remercie les membres de la commission, tous
partis confondus, et son président, mon collègue député de Chutes-de-la-Chaudière, encore une fois. Et ne
laissons pas ce rapport sombrer dans l'oubli et approprions-nous-le. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Masson. Et maintenant je cède la parole à M. le ministre responsable des
Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M. Kelley :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et, d'entrée de jeu, je pense que mes
premiers mots sont vraiment pour les membres de la commission, M. le
président, député de Chutes-de-la-Chaudière, le vice-président, député de
Portneuf, et les autres membres de la commission. Merci beaucoup pour ce mandat
d'initiative.
Parce que
comment on peut améliorer des relations entre l'État québécois et les peuples
autochtones, c'est une affaire de
tous. Ce n'est pas uniquement une affaire du gouvernement, c'est une affaire de
l'Assemblée, c'est une affaire de la société civile. On est tous
préoccupés par les conditions de vie d'une façon générale dans nos communautés autochtones au Québec, et notamment la situation
souvent précaire, souvent très vulnérable des femmes autochtones dans notre société. Alors, merci beaucoup. Et je peux
assurer aux membres de la commission que les cinq recommandations, le Secrétariat des affaires autochtones a déjà
commencé à regarder, il y a des progrès qui sont déjà faits, des choses qui
sont mises en place déjà. Mais merci beaucoup pour cette initiative.
Et la chose
que j'aimais beaucoup dans les recommandations, c'est le temps qu'on a toujours
insisté que c'est en collaboration avec nos partenaires autochtones, et
je pense que ça, c'est quelque chose qui est très important.
Je cite une
petite anecdote, Mme la Présidente. J'étais à Kangiqsualujjuaq avec ma collègue
la ministre de la Justice et notre
collègue le député d'Ungava, et le maire de Kangiqsualujjuaq, qui est une femme
formidable, Hilda Snowball, elle m'a
dit carrément : Mr. Minister, we're very tired of people from the
South coming up here to fix us — on est très tannés des personnes du Sud qui viennent au Nord
pour nous réparer. C'est cru un petit peu, c'est un choc un petit peu, mais elle a raison, que c'est vraiment les
solutions dans leurs traditions, dans leur culture, et tout le reste, qu'il
faut chercher si on veut faire les améliorations. Et ce n'est pas...
oui, on peut envoyer un autre avion d'experts au Grand Nord avec beaucoup de solutions, mais, s'ils ne sont pas les
personnes qui sont branchées ou racinées dans la culture inuite, c'est voué à l'échec trop souvent, Mme la Présidente.
Alors, le temps de ces cinq recommandations, je pense, c'est à souligner.
Moi, je
regarde les choses qu'on a faites depuis 2014 comme gouvernement pour changer
nos façons de faire aussi. Je pense
qu'entre autres avec mon collègue l'ancien ministre de l'Énergie et Ressources
naturelles et maintenant le président du
Conseil du trésor, quand on a développé une politique énergétique, nous avons
passé une journée ensemble de consultation
avec le leadership autochtone. Quand ma collègue la ministre responsable des
Aînés a fait une politique sur l'intimidation,
nous avons fait la même chose. Quand mon collègue a fait une consultation sur
la réussite éducative, on a passé une journée avec le leadership
autochtone.
Alors, nous sommes en train de changer nos
façons de faire, avec ma collègue la ministre responsable des Services
sociaux, pour le cannabis. On a fait une journée complètement sur la réalité
autochtone, qui, souvent, est différente que l'ensemble de la population québécoise. Alors, on a changé nos
façons de faire. Finalement, deux projets de loi adoptés l'année passée ici, le projet de loi n° 99,
qui touche la protection de la jeunesse, et 113, l'adoption coutumière, ont été
développés. Il y avait des amendements que
nous avons vraiment discutés avec nos partenaires autochtones pour s'assurer
que ces projets de loi reflètent la réalité des Premières Nations et les Inuits
du Québec.
Alors, je
pense, on a fait du progrès. Il reste toujours beaucoup de travail à faire, Mme
la Présidente. Alors, je ne suis pas et je ne serai jamais ici pour dire :
Tout est beau, tout est réglé, parce qu'il reste des énormes défis. Mais, déjà,
dans la façon de faire de ce gouvernement,
nous avons changé la donne et nous avons une approche beaucoup plus de
partenariat, beaucoup plus de nation à nation, comment est-ce qu'on peut mieux
travailler ensemble, parce que les décisions
qui sont prises ici, à cette Assemblée, ont des conséquences très importantes
dans les communautés autochtones.
Je veux
également rappeler, et, peut-être, finalement, un moment très fier plus tôt
cette année. Avec ma collègue responsable pour la Protection de la
jeunesse, pour la première fois, nous avons signé une entente pour transférer
la protection de la jeunesse aux deux
communautés attikameks. Alors, la communauté de Manawan et la communauté de
Wemotaci maintenant sont responsables pour
la protection de la jeunesse. Cette entente est le fruit d'un projet pilote qui
a duré quelques années. Et qu'est-ce que
nous avons constaté? Je pense, c'est très important qu'il démontre l'efficacité
de l'approche. Quand les Attikameks
étaient responsables dans leur communauté, parfois, ils peuvent voir une
famille ou un couple, une situation à
risque où les problèmes sont modestes et faire des interventions beaucoup plus
rapidement qu'attendre que c'est vraiment une famille en crise, où les
interventions nécessaires sont beaucoup plus sérieuses, et tout le reste.
Alors, le
constat du projet pilote avec les Attikameks, d'avoir des personnes sur le
terrain, dans la communauté : les
Attikameks, qui comprennent les façons de faire, comprennent les familles et
les cultures, étaient très efficaces pour une meilleure approche et des meilleurs résultats, qui est la protection
des enfants dans notre société et dans les deux communautés attikameks. Je garde toujours l'espoir. On est au
travail pour signer d'autres ententes similaires avec d'autres communautés. J'ai
parlé à la chef de Lac-Simon, Mme Adrienne Jérôme, qui a un intérêt pour le
faire. On a des discussions avec la communauté
mohawk de Kahnawake au même sujet. Alors, je garde toujours l'espoir que cette
entente qu'on a signée avec les Attikameks peut faire des petits, mais c'est un
autre exemple qui capte l'esprit, si vous voulez, du rapport. En travaillant en
partenariat avec les autochtones, on va trouver des solutions plutôt que de les
imposer de l'extérieur.
Je pense, je
vais rappeler aux membres de l'Assemblée, il y a plusieurs outils existants,
outils qui vont nous aider à répondre
aux recommandations de la commission. Dans le budget de 2017‑2018, mon collègue
le ministre des Finances a à la fois renouvelé le Fonds d'initiatives
autochtones, qui est une forme de développement économique de 135 millions
de dollars sur cinq ans, c'est la troisième
édition et c'est un fonds qui nous a permis de soutenir le développement
économique... mais également un soutien pour certains organismes
communautaires, notamment Femmes autochtones du Québec, notamment le Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec. Alors,
c'est vraiment un fonds très important pour
aider les femmes et les organismes destinés aux conditions féminines de
travailler avec le gouvernement. C'était la troisième édition, comme j'ai dit. Alors, il y a beaucoup de
résultats. Il y a de l'argent inclus dans ce Fonds d'initiatives autochtones pour soutenir la consultation, parce
qu'on consulte de plus en plus les Premières Nations. Il faut leur donner
les outils nécessaires pour participer dans ce genre de consultation.
Deuxièmement,
on a fait une annonce d'un plan social et culturel. Pour une première fois dans
l'histoire du Québec, on a un plan
avec... je pense, c'est 26 mesures qui touchent spécifiquement la
situation des femmes dans notre société. Alors, ça, c'est un autre outil qui est maintenant en place. C'est
147 millions de dollars sur les prochains cinq ans, déjà... des projets
qui sont en développement pour améliorer les conditions de vie dans les
communautés et d'avoir une meilleure cohésion
dans l'approche de notre gouvernement en milieu autochtone. Il y a deux ans,
dans le budget, nous avons également, et c'est très important, notamment pour
les femmes qui vivent à l'extérieur des communautés, un programme d'aide aux autochtones en milieu urbain, qui est
un montant de 11 millions de dollars... que nous avons permis d'aider
notamment les centres d'amitié autochtones à travers le Québec.
• (12 h 10) •
La situation
très, très troublante à Val-d'Or nous a démontré que, dans nos milieux urbains
à travers le Québec, souvent, il y a
les femmes qui ont quitté la communauté parce qu'elles ont peur, parce qu'elles
sont dans des situations très difficiles. Elles arrivent en milieu
urbain, elles ont besoin de points de repère, et souvent le point de repère est
le centre d'amitié autochtone. On a un
réseau dans 12 communautés au Québec, maintenant, et cet argent nous a permis,
par exemple, de construire un nouveau centre
d'amitié autochtone à Chibougamau. Alors, je pense que ça va ouvrir ses portes dans les prochains jours, mais l'ancien
édifice, j'ai visité à quelques reprises, le toit coulait. Il y avait beaucoup
de problèmes comme ça qu'on va être maintenant capables de corriger. Nous avons
trouvé un nouveau site pour le centre d'amitié à Maniwaki, qui fait un travail très, très important, notamment
avec la population Anishnabe de lac Barrière et d'autres communautés qui
se trouvent à Maniwaki.
Nous avons
fait un nouveau-né dans le réseau à Roberval, qui est très important. Mme Boivin et son équipe ont fait un
travail extraordinaire. Nous avons, dans le rapport, mentionné le centre
Missinak et nous avons donné l'argent nécessaire pour acheter un autre édifice pour Missinak, parce qu'il y a un volet qui est le refuge pour les femmes et les enfants, mais il y a un autre volet qu'ils
voulaient développer, les cercles de guérison, les activités
traditionnelles. Mais de mettre les
deux sous le même toit, d'avoir les cercles avec les hommes en colère qui
veulent travailler avec... Alors, nous avons
permis l'achat d'un édifice à part pour permettre à Missinak de développer
d'autres services communautaires,
mais garder ça à l'abri des femmes au
refuge qui ont besoin d'une certaine confidentialité, qui ont besoin d'une
certaine discrétion dans leur emplacement.
Alors, ça,
c'est le genre d'initiative, avec le PAMU, qu'on a réussi de faire. La semaine
prochaine, je vais être à Senneterre parce que ça a permis au centre
d'amitié autochtone à Senneterre de développer un endroit au bord d'un magnifique lac pour, encore une fois, les
activités traditionnelles, les activités culturelles. C'est vraiment un site
magnifique. Alors, ça, c'est des
exemples des choses que nous avons faites en milieu urbain, notamment pour
protéger et pour aider une population
qui arrive en ville souvent mal préparée. Ils ne connaissent pas la façon...
Moi, je suis député de la région de
Montréal. Arriver à Montréal, si on n'a pas vraiment un réseau social, et tout
le reste, ça prend quelqu'un qui peut vous aider de trouver un logement, ça vous prend quelqu'un qui peut vous
aider de trouver un emploi. Alors, c'est les mesures comme ça que nous
avons mises en place.
Peut-être un
dont je suis très, très fier, c'est surtout le Projets Autochtones du Québec,
qui se trouve sur la rue de la
Gauchetière. C'était un refuge pour les hommes et les femmes itinérants à
Montréal, autochtones. C'était logé dans un édifice, de mémoire, condamné. J'ai fait l'erreur de le visiter. Et une
fois, Mme la Présidente, que tu as vu quelque chose qui n'a aucun sens, il faut agir. Il faut faire
quelque chose. Mais, crois-le ou non, il n'y avait pas beaucoup de rues dans
Montréal qui aimeraient recevoir un refuge
pour les autochtones itinérants. Je ne sais pas pourquoi, mais c'était très
difficile.
Mais, après
avoir regardé une cinquantaine de sites à travers la ville, nous avons trouvé
un site. PAQ, maintenant, a ouvert
ses portes l'année passée. Il y a 36 lits pour les hommes, 18 lits
pour les femmes. Il y a également des appartements de transition. C'est un magnifique projet,
partenaire avec le gouvernement fédéral et la ville de Montréal. C'était parmi les réussites, comme ministre, je dois avouer. Je
suis très fier de celui-là, parce que ce n'était pas évident. Mais ça donne
un service essentiel 365 jours par année à Montréal, alors c'est vraiment
quelque chose... très fier de ça.
Je vois que le temps file. Mais un autre lien
qu'il faut faire : pauvreté, isolement, vulnérabilité. Moi, j'ai des préjugés, comme tout le monde. Une des clés pour
sortir des personnes de ces genres de difficultés, c'est l'éducation, et il
faut améliorer leur réussite éducative. Je travaille à la fois avec mon
collègue le ministre de l'Éducation, ma collègue ministre responsable de
l'Enseignement supérieur. Il y a des beaux projets, je pense.
Avec ma
collègue, nous sommes allés à quelques reprises maintenant à l'institut Kiuna,
qui est dans la communauté abénaquise
d'Odanak, et souvent c'est les étudiantes, plutôt que les étudiants, mais c'est
les personnes qui ont pris en main... Et
moi, je suis allé, à chaque année, aux remises des diplômes. Il y a deux femmes
extraordinaires que j'ai vues, dans la trentaine,
qui sont les finissantes d'une année. La première m'a... Elles ont toujours le
droit de parler une couple de minutes au
moment de la remise des diplômes. Elle a expliqué... elle était mère de six
enfants, d'expliquer, le dimanche soir, préparer les repas pour la
semaine, et tout le reste, laisser six enfants avec son mari et ses parents,
aller de... je pense, c'est de Manawan ou
Wemotaci jusqu'à Kiuna pour faire ses études. Alors, c'était tout un travail de
famille. Alors, la fierté que j'ai vue
dans son visage au moment qu'on a donné le diplôme, c'est vraiment des moments
extraordinaires, mais je dis : On ne peut pas faire mieux que ça. Mais une autre madame arrive pour son diplôme
tout de suite après. Il y a une semaine de lecture ou relâche qu'ils ont dans Kiuna. Alors, le lundi elle a donné
naissance à un enfant et le lundi après elle retourne en salle de classe. Alors, quel courage, mais quel
accomplissement! Mais c'est des personnes qui veulent améliorer leur
situation, et, comme je dis, l'éducation...
Quand nous
avons organisé le sommet socioéconomique à Mashteuiatsh, en 2006, le gouvernement du premier ministre Jean Charest a pris l'engagement d'ouvrir
quatre centres de formation d'adultes à Listuguj, à Kahnawake, à Lac-Simon, à Uashat mak Mani-Utenam. Ce sont des
endroits formidables. On va voir des personnes qui veulent changer, qui veulent s'améliorer, encore une fois, beaucoup
d'étudiantes. Où sont les garçons? Mais c'est quelque chose qu'il faut
développer.
Une autre
initiative, j'ai visité, à Montréal,
pour la première année... il y a Nunavik Sivunitsavut, qui est comme un
projet précollégial où on peut prendre des cours collégiaux pour les Inuits et
pour les aider de faire la transition de Kuujjuaq
ou de Salluit vers les grandes villes centres. Alors, encore une fois, ils ont
commencé avec, je pense, 18 étudiants au
mois de septembre, 13 sont toujours dans le programme, 13 femmes. Alors, j'ai
dit à toutes les femmes, quand j'ai parlé la semaine passée à la classe : Encouragez vos frères de descendre
aussi parce qu'on a besoin d'étudiants avec les étudiantes. Je pense,
c'est quelque chose très...
C'est les
petits exemples, c'est les petits pas, mais moi, je pense, l'éducation est une
clé pour ces communautés de sortir de
la pauvreté, de la détresse dans laquelle ils se trouvent. On peut faire
beaucoup mieux, et, je pense, d'une façon plus formelle, le Secrétariat
des affaires autochtones s'engage à répondre aux recommandations de la
commission, Mme la Présidente, mais bravo pour le travail qui a été fait!
Je peux continuer. On a évoqué Val-d'Or. Je peux
vous assurer, les membres de l'Assemblée, je suis souvent à Val-d'Or, je vais retourner la semaine prochaine
à Val-d'Or. Mais on a fait, à la suite de la crise qui a été dévoilée par
Enquête, beaucoup de mesures. Je pense qu'entre autres un
soutien accru au Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or... je pense
que le projet Kijaté, qui sont 24 appartements à loyer modique, qui a été
construit, Kinawit, qui est un site culturel à l'extérieur de la ville de Val-d'Or,
Château de Marie-Ève, c'est un autre... c'est La Piaule, qui va ouvrir... c'est 36, de mémoire,
appartements de transition dans un ancien bar et «bordello», si j'ai bien
compris, qu'on va transformer dans un lieu d'espoir maintenant.
Alors,
il y a des exemples comme ça que nous avons faits pour répondre dans l'immédiat,
mais, comme je dis, en conclusion,
Mme la Présidente, il reste énormément de travail à faire. Alors, je ne suis
pas ici pour vous rassurer que tout
est beau, que tout va bien. Notamment, la situation des femmes autochtones
demeure très préoccupante. Il y a trop de femmes autochtones dans des
situations de vulnérabilité, donc confrontées par la violence, des agressions
sexuelles. Il faut continuer de travailler
comme gouvernement. Il y a des outils qui sont en place, qu'on va travailler
avec le leadership des Premières Nations et les Inuits, de trouver des
meilleures solutions et un meilleur avenir pour ces communautés à l'intérieur
de la société québécoise. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (12 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le ministre responsable des Affaires autochtones. Maintenant, je vais céder la parole à M. le
député de Mercier, et vous disposez d'un temps de parole de six minutes.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Voilà. Alors, j'espère que ça va rassurer mes
autres collègues qui vont intervenir après moi, ils auront le temps.
Mme la Présidente,
j'interviens aujourd'hui et je m'adresse à mes collègues au nom de ma collègue
de Sainte-Marie—Saint-Jacques, qui, pour les raisons que vous savez, a dû s'absenter depuis quelques
semaines de nos travaux. Il est
important de le rappeler parce que ma collègue a été l'instigatrice, une des instigatrices,
sinon l'instigatrice principale, de
ce mandat d'initiative avec d'autres acteurs féministes de cette Assemblée nationale, dont la présidente de la Chambre, dont celles qui vont intervenir à divers titres, parce que
ce mandat d'initiative est issu d'un constat important qui relève d'un consensus
social. Et je remercie le président et le vice-président également de la commission,
les députés des Chutes-de-la-Chaudière et de Portneuf, mes collègues qui ont donc signé la présentation du rapport,
qui relève, donc, d'un consensus social important : les agressions
sexuelles et la violence familiale sont de lourds fardeaux qui affectent les communautés
autochtones. Et, par ce travail patient fait par l'ensemble
des collègues de l'Assemblée et par le dépôt de ce rapport, nous signalons à l'ensemble
de la société qu'il y
a une détermination, dans les plus
hautes instances politiques au
Québec, pour lutter contre ces discriminations, ces agressions et cette
violence.
L'objectif de ce
mandat d'initiative était, nous nous rappelons, de donner une voix aux
Premières Nations, et particulièrement aux femmes, pour s'assurer que leurs voix soient entendues
par les décideurs politiques, donc de les relayer à l'Assemblée
nationale du Québec. La consultation s'est faite avec les femmes autochtones dans leurs communautés, parce qu'après tout elles sont les mieux placées
pour déterminer leurs besoins, pour reconnaître des problèmes et offrir des pistes de solution. Cette consultation sur le
terrain devait permettre d'identifier ces pistes et les meilleures
interventions nécessaires pour
enrayer la culture de violence envers les femmes autochtones. Ce mandat
d'initiative se faisait d'emblée dans le respect des compétences et de
l'autonomie des Premières Nations et des Inuits, faut-il encore le rappeler.
Donc,
le rapport, le travail fait partie d'une prise de conscience collective des
problèmes. Depuis le début des longs travaux
de la commission, plusieurs événements se sont passés. On a eu les reportages
qui ont fait état du traitement injuste que certaines forces policières font encore subir aux femmes autochtones
ou qui ont fait subir dans le passé récent. Une enquête nationale, ensuite, sur la disparition des femmes autochtones a
fait le tour du Canada pour mieux connaître les conditions de vie horribles de nos consoeurs autochtones. Ce mandat
d'initiative a recueilli des témoignages, c'est-à-dire les nôtres, au Québec, des témoignages touchants
des femmes et d'hommes qui veulent, par leur participation, transformer leurs vies quotidiennes, être les actrices et les
acteurs de leur... de cette transformation. Donc, il est temps pour nous d'agir
en solidarité avec les peuples autochtones.
Je
voudrais très brièvement aborder des pistes de solution. Parmi ces pistes, je
nous signale que le rapport lui-même,
à la page 19, signale, dans les principes à respecter, qu'il faut
«reconnaître les conséquences des politiques de colonisation et
d'assimilation». Donc, tout doit commencer par cette reconnaissance des torts
causés par le processus colonial qui a
affecté l'ensemble de l'Amérique du Nord depuis cinq siècles, et le Québec
depuis quatre siècles, une oppression, donc, qui a commencé... et qui
laisse encore des séquelles et certaines manifestations dans le présent.
Donc,
comme il est écrit dans le rapport : «Il est essentiel de reconnaître les
répercussions [des] politiques [de colonisation et d'assimilation] sur les
autochtones. Selon plusieurs intervenantes et intervenants, il s'agit du point
de départ obligé de toute action
visant l'amélioration des conditions de vie des membres des Premières Nations
et des Inuits.»
Ce sont les conditions de pauvreté et de tutelle
politique qui favorisent le cercle vicieux de la violence familiale et envers
les femmes. Le colonialisme, ce sont des décennies de violence, parfois
provenant des autorités politiques, mais parfois aussi de l'Église
catholique dans ses sombres jours. Après avoir subi la violence de la
dépossession de leurs territoires, leurs cultures et leurs langues, après des
décennies d'assimilation dans les horribles pensionnats, nombre d'autochtones mal pris ont reproduit envers
eux-mêmes cette violence que les pouvoirs coloniaux, quels qu'ils soient,
leur ont fait subir. Ce qu'implique cette
reconnaissance, c'est l'importance de redonner du pouvoir d'agir aux
autochtones, au premier chef les femmes, donc reconnaître les disparités
de pouvoir.
C'est
le sens de la première recommandation, une révision des programmes d'éducation
nationale et de formation du corps d'enseignants pour que les traces de
ce colonialisme soient connues pour toute la population.
Deuxième
recommandation, le logement. Conditions de logement exécrables encourageant la
violence familiale par les problèmes d'exiguïté, de promiscuité.
Troisièmement,
soutenir les initiatives nées dans les milieux autochtones pour agir en
prévention et en intervention s'il y
a des problématiques de violence sexuelle et familiale, et ensuite mieux former
les personnes qui interviennent au nom du gouvernement du Québec, des
ministères, du secteur parapublic et des forces policières.
Donc, toute l'importance du premier
élément, c'est-à-dire l'éducation et la formation. Il faut, donc, à travers
tout ça... il faut que cessent les attitudes paternalistes parfois qui
ont longtemps eu cours dans notre fonction publique.
Finalement,
je rajouterais que le rapport parle, sans la nommer, d'une solution
importante — il me reste
10 secondes : redonner du
pouvoir politique et des compétences aux communautés autochtones. L'État
québécois doit agir dans une attitude de relations de nation à nation.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Mercier. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de Vimont.
La parole est à vous.
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, aujourd'hui, je tenais à prendre parole sur
ce mandat d'initiative qui parle
justement de conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les
agressions sexuelles et la violence conjugale.
Vous
savez, dans ce bas monde, malheureusement, il y a toujours de la guerre puis il
y a toujours de la violence, et, bien
souvent, c'est toujours les femmes et les enfants qui en paient le coût. On a
juste à regarder dans ce monde, on pense
toujours que le monde s'améliore, mais, malheureusement, on le voit partout sur
la planète, la violence, et qui qui est... les premières personnes qui
en paient le coût, c'est les femmes et les enfants.
Vous
savez, en 1976, je commençais comme policier à Laval. Et moi, je viens d'une
famille... écoutez, je suis d'un
milieu... je suis très chanceux, je veux dire. Chez nous, aucune violence, même
alentour de chez nous, les voisins... tu sais? Vraiment, dans ma
jeunesse, je n'ai vraiment pas connu ça, donc, tu sais, tout est beau, tout est
fin. Jusqu'au moment que je rentre dans la
police. Là, j'ai vu l'envers de la médaille, je pourrais vous dire, et puis ça
a été un choc.
Bien
beau, oui, qu'à Nicolet et au cégep on nous forme — parce que, oui, dans mon temps, le cégep
existait, pour ceux qui en doutaient — mais...
Des voix :
...
M.
Rousselle : Oui, oui, oui, je vous le dis. Mais, juste pour
vous dire, c'est que, dans ces années-là, la formation ne touchait pas vraiment le côté agression
sexuelle. Ils allaient plus large. Et puis jamais qu'on ne parlait
d'autochtones, je peux vous le dire,
je peux vous rassurer, là, on n'en parlait pas du tout. Et c'était une erreur,
mais, écoutez, au moins, on voit
qu'il y a une évolution qui se fait, puis tant mieux. Mais pour vous dire que,
oui, j'en ai vu, de la violence, et puis des fois, les gens, ils ne sont pas conscients de la sorte de violence
qu'il peut y avoir. Vous savez, il y a des jeunes, des fois, à un moment donné, pour... Puis c'est des
gens, des fois, qui sont proches d'eux. Ça peut être leur père, leur frère,
leur beau-père ou le voisin qui... Bien souvent, c'est des gens qu'ils ont
confiance, tu sais, c'est une certaine autorité, puis... Et malheureusement,
des fois, et trop souvent, je vous dirais que le malheur arrive et puis ils sont
agressés.
Une
fille qui est agressée à Laval, ou à Montréal, ou à Québec, peu importe, dans
des grands centres, bien, je veux dire,
on a des systèmes, on a des endroits où, même si l'acte est effrayant, là, je
veux dire... je vous le dis, puis là c'est un grand-père qui parle un peu, là, mais pour vous dire, c'est qu'au
moins il y a des ressources qui sont là, puis au moins il y a des choses qui peuvent se faire. Quand on se
retrouve en région très éloignée, où il n'y a pas ces centres-là, ou encore... encore plus quand on s'en va dans des petites
communautés autochtones, wow! des fois, tu vas même cohabiter avec ton
agresseur.
Oui,
on parlait... tout à l'heure, j'écoutais, justement, mon collègue de
Jacques-Cartier, le ministre responsable des Affaires autochtones, et je me rends compte que c'est un ministre très
sur le terrain, parce qu'il est très au courant de son dossier. Et puis je le félicite en passant. Mais
pour vous dire, c'est qu'imaginez-vous, prenez la place d'une petite fille ou
d'une femme, peu importe, là, qui se trouve
dans ces petites communautés là. Oui, on parle d'habitation, il faut améliorer
l'habitation, mais, encore une fois, elle va
aller voir le policier, mais le policier, est-ce qu'il est formé en conséquence
ou assez formé?
Comme
je vous disais tout à l'heure, puis je reviens à mon début, en 1976, je n'avais
pas cette formation-là et je n'avais
pas d'expérience. On m'a placé avec quelqu'un qui a un petit peu plus
d'expérience. On le sait, là, tu sais, bon, O.K., c'est beau. Mais, en région
ou dans des endroits autochtones, des fois, tu n'as pas cette chance-là, donc
tu n'as pas la personne qui a
l'expérience de dire : Écoute, on devrait prendre le problème de cette
manière-là ou de cette ligne-là. Tu y
vas, tu y vas de bonne foi, mais sans vraiment avoir de l'expérience. Puis,
oui, des fois, il y a des choses malheureuses qui arrivent. Mais je me rends compte qu'avec ce rapport-là, justement,
on parle de formation, mais je le sais, aujourd'hui, que la formation
existe. Et je sais même qu'à l'école de police il y a maintenant même des
autochtones qui sont là. Premièrement, les
autochtones vont se faire former eux aussi à Nicolet. Mais il y a aussi un
échange qui se fait entre les policiers qui suivent le cours là-bas et
les autochtones.
• (12 h 30) •
Vous
savez, c'est comme n'importe quoi, hein : quand tu ne connais pas l'autre,
quand tu ne sais pas comment l'autre peut penser, comment que tu peux
l'aider? Comprenez-vous? Et mon collègue en parlait tantôt justement,
effectivement, et c'est pour ça qu'il faut... Et c'est très important et
hyperimportant d'avoir un partenariat avec les autochtones, parce qu'eux le
savent, qu'est-ce qu'ils ont de besoin. On ne peut pas décider pour eux, il
faut y aller en équipe. Il faut
peut-être... Moi, je pense qu'il faudrait plus les supporter, qu'ils s'en
aillent prendre des décisions, mais c'est de cette manière-là qu'on va
pouvoir vraiment améliorer la situation auprès de... Puis là je vous parle en
général de tout qu'est-ce qui arrive comme violence.
Donc, la
formation, elle y est pour beaucoup. Et je sais que, dans le rapport qu'on a
ici, dans le mandat d'initiative, bien,
il y a des suggestions, puis je sais que c'est déjà en branle. Oui, il y a des
formations qui n'ont pas commencé encore, mais je sais qu'elles sont en préparation
actuellement. Puis je pense que c'est avec ces formations-là qu'on va pouvoir,
justement, mieux outiller, bien, les
policiers mais aussi tous les gens qui travaillent, justement, dans les
communautés autochtones, parce que tu ne peux pas le deviner, comment
qu'ils pensent, il faut vraiment que tu sois avec eux.
Et c'est avec
le temps que la confiance se fait aussi. Donc, bien souvent, les gens, ils nous
appellent les gens du Sud, si je ne
me trompe pas, là, le ministre pourra me corriger si je fais erreur, mais, je
pense, bien souvent ils nous appellent les
gens du Sud, quand on arrive là-bas, parce que j'ai eu la chance, justement, de
visiter Kuujjuaq et Kangiqsujuaq et de parler, justement, avec ces gens-là
là-bas, au moment où j'étais adjoint parlementaire au MAMOT seulement, et j'ai
joué au hockey avec eux autres, vous
savez, j'ai essayé de m'intégrer, mais j'étais quelqu'un du Sud. Et je parlais
avec les gens qui sont là, que ça fait longtemps qu'ils sont là, ils
disent : Écoute, Jean, ça va prendre un certain temps avant qu'ils t'acceptent, ça va prendre un certain temps avant
vraiment qu'ils disent, écoute... ils vont t'écouter ou tu vas faire partie
de la solution. Donc, je pense qu'il faut se donner le temps.
Et je parlais du ministère des Affaires
municipales, justement. J'étais là pour l'habitation, effectivement. Savez-vous, pour faire une habitation... Puis,
oui, il manque d'habitations, puis je sais qu'on a des programmes puis on a
mis de l'argent, justement, pour améliorer
la situation, parce que je pense que le gouvernement du Québec, on est très
conscients de ça, mais ça prend du temps, tu
sais, ça ne se fait pas en criant ciseau. Quand tu veux te faire bâtir une
maison ici, à Québec, tu achètes le
terrain, puis pendant l'été ça se construit, mais, quand tu es dans le Nord,
c'est qu'il faut que tu planifies ça un an d'avance, il faut que tu
fasses monter tes matériaux. Donc, c'est pour ça qu'à un moment donné il va falloir penser que... Dire : Oui, mais
les logements ne sont pas arrivés encore, oui, on comprend, mais, encore là,
il faut s'habituer au problème de transport
qui existe là-bas, vous savez, c'est ça. Donc, c'est de la planification.
Là-bas, c'est des terres gelées,
donc, encore une fois, j'ai appris que, la construction, il faut que tu la
fasses différemment qu'à Québec. Mais
c'est des choses que tu apprends en allant là-bas, en parlant avec eux autres,
et c'est de même aussi que tu comprends leurs besoins.
Moi, je suis
bien d'accord quand mon collègue de Mercier disait, justement : Il faut
les écouter, écouter les femmes autochtones.
Bien oui, effectivement, parce qu'eux savent qu'est-ce qu'ils ont de besoin,
ils savent... Je ne peux pas deviner pour
eux, c'est eux qui vont m'informer, c'est eux qui vont m'apprendre qu'est-ce
qu'ils ont de besoin là-bas pour vraiment se sentir à l'aise, se sentir
en sécurité.
Et je pense que... Puis là on parle des
autochtones, mais, vous savez, la violence conjugale, je ne voudrais pas qu'on pense que ça touche juste les autochtones.
Je sais que le pourcentage est plus grand dans les endroits autochtones,
mais ça touche tout le monde, ça touche la
terre entière, le problème de violence, et je ne voudrais pas qu'on dise juste que c'est... ce problème-là touche les
autochtones, ce n'est pas vrai. Malheureusement, ça se produit partout dans le
monde.
Donc,
actuellement, je vous dirais, planification du transport... Même, écoutez, je
parle du transport, j'ai même... j'avais
juste été faire un petit magasinage au dépanneur du coin, puis je peux vous
dire que, «my God», si vous trouvez un fruit
frais là-bas, vous êtes chanceux, parce que ça arrive par avion, puis, le temps
que ça arrive, en tout cas, je peux vous dire que le fruit, il est moins frais, rendu... Ta banane, ça fait
longtemps qu'elle est jaune, elle est rendue brune un peu. Donc, tu sais, c'est des choses qu'il faut que tu
y penses pas mal. Tu es mieux d'amener ton lunch, quand tu t'en vas là-bas.
Je voudrais
simplement dire... revenir au rapport, justement, le mandat d'initiative;
premièrement, féliciter tous les gens
qui ont participé. Savez-vous que 28 députés ont participé à cet
exercice-là? Et j'en parlais tout à l'heure avec mon collègue de Portneuf, il m'expliquait qu'il était... ça s'est fait
d'une manière... sans partisanerie. Vraiment, félicitations, parce que, je pense, c'est en faisant des dossiers
de même, sans partisanerie, qu'on arrive à des beaux... quelque chose de
beau, parce que, si on embarque,
malheureusement, le côté partisanerie dans ces choses-là, ça ne va pas loin,
c'est certain. Mais félicitations, en
tout cas, tous ceux qui ont
participé! Je sais que vous êtes 28. Et, vraiment, félicitations, parce que c'est comme ça
qu'on va pouvoir arriver à essayer de résoudre le problème.
Comme je vous dis, c'est un problème qui existe
depuis toujours. On va essayer de le rayer, mais c'est un problème,
malheureusement, qui perdure depuis tout le temps, là. Puis, écoutez, comme je le disais tantôt,
ce n'est pas juste dans les réserves que ce problème est là, c'est
partout, partout.
Donc, je
voulais parler de la formation collégiale. Comme je vous disais tantôt, il y a maintenant
dans les écoles... la formation
policière, ça commence au cégep, et maintenant il y a des formations, il y a des apprentissages, justement,
au niveau de profilage mais aussi au
niveau racial. Parce que, là, on
parle d'autochtones, mais on parle aussi... on a beaucoup de nationalités qui font le Québec.
Notre nouveau Québec, là, je veux dire, il est formé par plusieurs
nationalités. Et maintenant il y a une formation qui suit ces policiers-là. Mais,
encore là, les jeunes policiers qui arrivent dans les cégeps ou à Nicolet ont déjà eu des rencontres, justement,
avec des gens de partout dans le monde, tu sais, ce n'était pas le cas dans mon temps. Tu sais, dans mon temps, là, je
veux dire, tu rencontrais... nous autres, on rencontrait quelqu'un
d'un autre pays, c'était comme assez
rare, je pourrais vous dire. Mais aujourd'hui,
là, c'est monnaie quotidienne. Moi, je parle à mes petits-enfants, puis mon petit-fils, mon petit-fils, lui, là, il
ne fait pas de différence entre un Chinois avec... peu importe la
nationalité, lui, c'est ses amis, et je trouve ça beau parce qu'enfin il voit
ses compagnons comme des Québécois, comme...
à tous les jours. Et ça, c'est sûr que ça va venir avec la formation policière
aussi, mais c'est en côtoyant, je pense, des gens autochtones qu'on va
pouvoir, justement, les comprendre mieux et mieux travailler.
Vous savez,
quand vous travaillez dans une communauté autochtone, tu as beaucoup à
apprendre, mais il y a aussi des
policiers autochtones qui travaillent dans ces communautés-là. Imaginez-vous...
Puis moi, j'ai connu ce problème-là parce que moi, je suis un député de
Vimont, mais j'étais policier à Vimont, imaginez-vous, puis Vimont, dans Laval,
14 ex-municipalités, ça fait comme une
petite municipalité dans une grande municipalité, tout le monde se connaît.
Mais imaginez-vous quand tu t'en vas
dans une communauté qui est encore plus petite, puis là, là, c'est juste ta
famille, vraiment une petite communauté, ils sont peut-être, quoi,
2 000, 3 000, pas plus, donc c'est tous tes cousins, tes cousines, tu
es autochtone puis tu es policier à cet
endroit-là. Imaginez-vous le problème que cet individu-là a à exercer son
travail. Ce n'est
pas facile. Donc là, il faut qu'il joue vraiment d'intelligence, et je peux
vous dire que ce n'est pas nécessairement facile. Et bravo, parce qu'il
y en a qui réussissent, mais ce n'est pas évident.
Donc,
c'est pour ça, quand on voit que, oui, les autochtones... Non, non, écoutez,
mettez-vous à leur place, mettez-vous
à cet endroit-là. Et c'est sûr que, là, après ça — je reviens avec les agressions
sexuelles — je peux
comprendre que la fille ou la femme
qui se fait agresser, qui rencontre comme son cousin ou son mononcle qui est
dans la police, ce n'est pas nécessairement évident de se livrer, à
dire : Écoute, mon père, ou mon cousin, ou le voisin m'a agressée.
Imaginez-vous. Tu sais, il faut se mettre dans le contexte, là. Ce n'est pas
nécessairement évident, tu sais.
C'est
pour ça que je pense qu'avec l'aide des travailleurs sociaux et tout, en
formant, justement, aussi, en faisant comprendre,
en donnant des formations aussi aux juges ou aux avocats qui travaillent dans
ces dossiers-là — et ça, vous
l'avez tout dans ces recommandations,
justement, à l'intérieur du rapport — bien, je veux dire, ça va juste aider,
justement, à comprendre et à aider,
justement, les femmes violentées. Parce que, vous savez, comme je vous disais,
tu sais, imaginez-vous, vous êtes dans une communauté petite, 3 000
habitants. Tu ne peux pas... Tu vas déménager, si tu as de la place pour déménager, mais, si tu déménages, là... Le village
n'est pas grand. Une femme qui... encore une fois, malheureusement, qui
serait agressée à Montréal, bien, elle, au moins, elle peut changer un petit
peu plus de secteur, tu sais, il y a plus d'endroits.
Donc, c'est pour ça, tu sais. Je veux dire, ce n'est pas plus... c'est aussi
malheureux, ce qui arrive, pour la personne qui demeure à Montréal, mais au moins elle a plus de ressources, elle a
plus d'endroits pour pouvoir, justement, passer à travers de ce malheur-là, comparativement aux jeunes femmes, aux
femmes qui demeurent dans des petites communautés de 3 000,
4 000.
Donc, écoutez, moi, je voudrais juste féliciter le
travail qui est fait, féliciter le ministre qui... D'ailleurs, je l'ai écouté
très fortement tantôt et je sais qu'il est très conscient, parce que, je veux
dire, tu ne peux pas être plus conscient que si tu te promènes sur le terrain comme il le fait, puis rencontrer,
justement, les communautés. Je pense que c'est vraiment bien. Et en plus, avec ce rapport-là qui est fait
par tous mes collègues de l'Assemblée nationale, bien, écoutez, je pense,
c'est... On n'en parlera pas jamais assez.
Je pense que plus qu'on va en parler, plus... c'est de cette manière-là qu'on
va devenir conscients qu'il faut
faire quelque chose. Et ça, il faut le faire le plus rapidement possible, parce
qu'actuellement, bien, malheureusement, il y a des femmes qui souffrent.
Merci à vous, Mme la Présidente.
• (12 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Vimont.
Maintenant, je vais céder la parole à Mme
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, tout en vous indiquant que votre formation
politique dispose d'un temps de parole de 16 min 40 s.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis très
heureuse de m'exprimer sur ce mandat d'initiative que j'ai initié en déposant ici une motion, à
l'Assemblée nationale. Et je vais vous lire la motion, Mme la Présidente, parce
qu'il faut toujours se rappeler d'où
on vient pour savoir où on va. Alors, la motion se lisait comme suit :
«Que, conformément aux dispositions
de l'article 149 du règlement de l'Assemblée nationale, la Commission des
relations avec les citoyens se
saisisse d'un mandat d'initiative portant sur les conditions de vie des femmes
autochtones en lien avec les agressions sexuelles et la violence
conjugale.»
Alors,
ce mandat a été adopté par notre Assemblée et a été confié à la Commission des
relations avec les citoyens, mandat
qui prenait toute son importance, Mme la Présidente, parce qu'il se situait à
la suite des allégations qui ont fait enquête après, dénoncées par le
Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, on s'en rappellera, à l'effet qu'il y
avait des policiers qui auraient agressé des
femmes autochtones. Et il y avait une dénonciation qui avait été faite à la
ministre de la Sécurité publique. Il
y avait eu des délais dans le traitement de la demande du centre d'amitié
autochtone. Ça a fait l'objet de
reportages, pour lesquels on n'est jamais fiers de voir ce genre de reportage à
la télévision, mais ce qu'il fallait savoir, c'est qu'il y avait une réalité, une réalité qui existait. Alors,
inspirée de ce que l'on voyait dans les médias, j'ai proposé ce mandat
pour qu'on puisse, nous, à l'Assemblée nationale, prendre conscience de
l'ampleur.
Et
vous me permettrez de souligner le propos du député de Vimont. Je vais vous
dire, tout ce qu'il a dit est juste, tout
ce qu'il a dit est juste. Et je pense que sa collaboration à cette commission
aura apporté un certain éclairage, et son témoignage aujourd'hui nous en
dit long.
Le mandat aussi
permettait, et c'est de façon très exceptionnelle, Mme la Présidente, au
ministre des Affaires autochtones et à la
ministre de la Condition féminine d'assister aux travaux, ce qui était
exceptionnel, parce qu'on était dans une ouverture d'esprit, on
souhaitait que l'ensemble des parlementaires puissent écouter.
Mais malheureusement,
Mme la Présidente, il y a des absents, et les absents, c'est bien aujourd'hui
où on les constate encore plus. Où sont les
femmes autochtones ici ce matin? Nous avons fait cette commission pour les
femmes autochtones. Où sont-elles
aujourd'hui? Nous, les Blancs du Sud, portons un jugement aujourd'hui sur ce
qu'il faut faire pour elles, et elles ne sont pas là.
Mais,
je vais vous dire, le rapport témoigne allègrement de toutes les démarches
qu'elles ont faites, démarches qui
n'ont pas toujours été entendues. Le ministre nous disait tout à l'heure qu'il
a souligné le fait qu'on avait fait des visites, qu'on a travaillé avec les groupes de femmes autochtones, mais ce n'est
pas ça qu'elles voulaient, Mme la Présidente. Ce qu'elles voulaient, c'est être autour de la table et travailler avec
nous aux solutions. Et ça, Mme la Présidente, il faut le dire, ça a été
refusé par la partie gouvernementale, et malheureusement les procès-verbaux
n'en témoignent pas. C'est vraiment quelque
chose qui, pour moi... il est important de le dire. Les absentes, on les a
consultées, comme on fait d'habitude, on les consulte. Et le ministre l'a dit
tout à l'heure, ils sont tannés qu'on aille chez eux comme visiteurs pour
voir c'est quoi, leur malheur, puis qu'on
appose nos propres solutions au lieu de travailler avec elles à leurs solutions.
Et c'est ce que j'espérais dans ce mandat d'initiative, d'avoir un partenariat
avec les femmes autochtones.
Et, Mme la Présidente, je
me dois de vous féliciter, parce que le Cercle des femmes parlementaires l'a
fait. Le Cercle des femmes parlementaires a signé une entente avec les élues autochtones, les élues des conseils
de bande afin qu'on travaille d'élues
à élues. Elles sont élues, elles aussi, nous sommes des élues, et nous devons
partager ensemble leur situation.
Et qui sommes-nous pour trouver des solutions à des gens qui vivent dans des
conditions qui sont tout autres que les nôtres, tout autres?
Alors,
l'entente que nous avons signée par votre présidence, Mme la Présidente, au
Cercle des femmes parlementaires fait en sorte qu'on a démarré des
travaux en parallèle de cette commission au même moment. Et cette signature et
la poursuite... Parce que ça ne s'est pas
arrêté à une signature. Vous invitez maintenant les femmes autochtones élues à
partager avec les femmes élues de
l'Assemblée nationale autour de sujets pas trop faciles, bien des fois, et pour
lesquels, bien des fois, elles-mêmes
n'ont pas, comme nous, fait la réflexion jusqu'au bout. Et ça, c'est une chance
extraordinaire, d'aller chercher chez
les femmes autochtones leurs opinions mais surtout leurs façons de trouver des
solutions pour elles-mêmes. Et c'est
ce que j'aurais souhaité, c'est ce que j'aurais souhaité, Mme la Présidente,
dans ce mandat, que l'on puisse ensemble, à la même table, assis
ensemble, les femmes autochtones, et les femmes de l'Assemblée nationale, et
les hommes de l'Assemblée nationale, bien
sûr, mais tous les membres de l'Assemblée nationale avec ces femmes qui sont
des élues.
Et je veux
remercier, parce que le rapport en fait mention... je veux remercier deux
femmes, Marjolaine Étienne et Adrienne Jérôme, que l'on connaît bien
parce qu'elles partagent le Cercle des femmes parlementaires. Toutes les deux avaient déposé un projet, un projet de... on a
appelé ça, dans le procès-verbal, de contribuer aux travaux de la commission et d'être partie prenante de la
solution. Parce que le résultat, aujourd'hui, c'est qu'elles ne sont pas là,
elles ne sont pas là, puis on est
encore en train de dire, nous, les solutions qu'on veut pour elles. C'est assez
injuste, Mme la Présidente. On s'est
réunis pendant presque deux ans pour ce mandat, et aujourd'hui, au terme de nos
travaux, elles ne sont pas là au moment où on propose des solutions.
C'est un peu gênant. Moi, j'en suis gênée, Mme la Présidente.
Je veux aussi
nous rappeler que, pendant ce mandat-là, le gouvernement, en parallèle, a
instauré une commission d'enquête, en
parallèle. Le gouvernement du Québec a instauré la commission Viens, qui fait
le tour du Québec et qui va déposer
son rapport en septembre 2019. Encore là, on fait des trucs en parallèle au
lieu de consacrer nos efforts à ce mandat d'initiative non partisan.
Et, je dois
le souligner, ça a été du travail extraordinaire. Tous et toutes qui siégions à
cette commission avions vraiment à
coeur de trouver des solutions. On a été sur le terrain. On a été à Kuujjuaq,
on a été à Mékinac, on a été... d'autres collègues ont été dans d'autres... au Lac-Simon, par exemple. Ce qu'on y
a vu, Mme la Présidente, ce n'est pas ce qu'on souhaite voir, on n'a pas
l'impression qu'on est au Québec, là, des gens qui vivent dans des conditions
de logement totalement inacceptables. Et
d'ailleurs il n'y a seulement qu'eu quatre visites, mais le programme était
beaucoup plus vaste que cela au début
du mandat. Mais nos impératifs de calendrier font en sorte qu'à un moment donné
il faut se résoudre.
Mais, Mme la
Présidente, je suis tout à fait d'accord avec les recommandations, mais mon
problème, c'est que ces
recommandations-là ne sont pas faites avec les femmes autochtones. Aujourd'hui,
on leur dépose notre solution de Blancs
du Sud sans leur approbation. Moi, j'aurais aimé voir en annexe une lettre de
Femmes autochtones du Québec. J'aurais
aimé voir une lettre des femmes élues des conseils de bande du Québec. J'aurais
aimé voir l'approbation de ces mesures-là
par les femmes autochtones elles-mêmes. Rien. Rien. Je vais vous dire, je me
sens gênée. Et ce n'était pas ça, le but.
• (12 h 50) •
Le député de Vimont a beaucoup parlé de logement; moi, je vous parlerais de
promiscuité. Le grand problème
qu'elles nous ont toutes dit, qu'elles ont
toutes dénoncé et qui aurait dû être mis en gras dans le rapport avec beaucoup
plus d'ampleur, c'est vraiment
le logement. C'est encore nos solutions de Blancs, c'est encore nos solutions
de Blancs. Le député a
raison, on ne peut pas construire quand on veut, quand la terre est gelée neuf
mois par année, puis c'est une évidence, mais est-ce qu'on leur a
demandé, est-ce qu'on leur a demandé s'il n'y avait pas des alternatives?
Est-ce qu'on leur a demandé réellement comment on pouvait améliorer les
choses? Je ne le vois pas dans le rapport, je ne le vois pas parce qu'on ne l'a pas fait, Mme la Présidente. On va
faire des constats puis on applique nos décisions de Blancs. On leur propose
des choses, mais le rapport ne nous retourne pas ce qu'ils souhaitent
réellement.
Et la
promiscuité, bien, c'est ça qui fait la violence, bien des fois, dans bien des
familles. Et le député de Vimont avait
raison : Comment dénoncer votre père qui vous a agressé si tout le monde
autour de chez vous est de la famille et le chef de police est votre
oncle, le frère de votre père?
Et ça, c'est
des témoignages qu'on a entendus. Moi, j'ai entendu, à Kuujjuaq, le chef de
police venir nous dire qu'il y avait
une belle grande campagne à l'école qui était de dénoncer, aux enfants. Mais,
pour dénoncer une agression sexuelle,
bien, il faut que le témoignage soit fait sur vidéo. Savez-vous qui il faut qui
tienne la caméra de la vidéo? Un policier
de la SQ. Puis le policier de la SQ, il n'y va pas tout le temps, parce qu'ils
ont leur corps policier à eux, et on ne leur a jamais délégué cette compétence.
Alors, c'est des mois, des mois, des mois avant que le policier de la SQ
débarque dans le village pour aller
prendre le témoignage d'un enfant qui a avoué à son professeur, qui a avoué à
quelqu'un en qui il avait confiance
qu'il était victime d'agression. Mais, pendant ce temps-là, il vit où, cet
enfant-là, vous pensez? Dans la maison de son agresseur, bien des fois. Et ça,
on l'a entendu à la commission, on l'a entendu lorsqu'on a été là-bas.
Est-ce qu'il y a quelque chose qui a changé?
Ma collègue
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques avait même déposé une motion pour qu'on puisse agir.
Même dans l'avion de retour, ensemble, on
s'était dit : Il faut agir ensemble, parce que c'était comme trop gros
pour nous, on n'était pas capables de garder ça pour nous. Je n'ai pas
vu de changement. Aucun changement.
Alors, Mme la
Présidente, vous savez, nos travaux sont importants, les mandats d'initiative
sont importants, mais il faut qu'il y ait des suites, il faut qu'il y ait des
suites rapides. Moi, je ne veux pas attendre le rapport de la commission Viens, en 2019, pour qu'il se passe
quelque chose. Moi, ce que je souhaite, aujourd'hui, et ce que j'aimerais,
c'est que ce rapport soit justement transmis
à l'ensemble, l'ensemble des membres, des femmes autochtones qui auraient voulu siéger avec nous, et j'aurais aimé ça, aujourd'hui,
qu'elles soient là, parmi nous, pour justement prendre ce rapport et nous
dire : On le trouve pas pire; on a rajouté des choses, on aurait travaillé
autrement, mais il est pas pire. Mais ça, je ne l'ai pas, Mme la Présidente. Et ça, je pense, c'est notre plus grand
regret, c'est... Et je prends un des objectifs que nous avions dans le rapport, qui était de construire un
échange sur la base de nation à nation. Ce n'est pas ça qu'on a fait pendant
nos travaux, on n'a pas considéré les élus
autochtones de nation à nation. Les avoir considérés aurait fait en sorte
qu'ils auraient été autour de la
table durant l'ensemble de nos discussions, durant l'ensemble de nos visites,
durant l'ensemble de nos délibérations pour trouver ensemble, de façon
commune, des solutions.
Je veux par contre
remercier certaines personnes, Mme la Présidente. Je veux remercier
M. Pierre Lepage. M. Lepage est
venu donner une conférence à l'ensemble de la commission sur les mythes et
réalités des peuples autochtones. Ce
fut un cours d'histoire impressionnant. M. Lepage est un historien qui est
capable de faire la part des choses et qui est venu nous donner, je dirais, les outils nécessaires à la réflexion,
et vous me permettrez de le remercier, Mme la Présidente.
Je veux aussi
remercier les gens de la recherche, parce que, quand on fait ce genre de mandat
là, il y a des recherchistes de l'Assemblée
nationale, dont on ne souligne pas toujours le travail, mais qui sont extraordinaires. Alors, je veux souligner le
travail de Mélissa Morin — qui
n'est plus avec nous à l'Assemblée
nationale puisqu'elle est maintenant à l'APF, à Paris — Magali
Paquin et Danielle Simard, qui ont travaillé au niveau de la recherche. Je
veux remercier ma collègue de Chicoutimi qui a pris le relais de ce
mandat.
Et,
Mme la Présidente, les recommandations du rapport nous le disent très bien,
il faut revoir la formation des policiers,
il faut s'assurer que les services d'aide aux femmes victimes de violence sont
présents sur le terrain, parce que, si
le centre d'amitié autochtone n'avait pas sonné la cloche en 2015, en mai 2015,
on ne serait pas là aujourd'hui, on ne serait pas là aujourd'hui, et c'est grâce à cette dénonciation, c'est grâce à Edith Cloutier, du
centre d'amitié autochtone, qui a pris en main de dire : Oui, je
vais prendre la parole des femmes, et on va la mettre sur la place publique. Et
fort heureusement qu'on a des femmes fortes comme Edith Cloutier,
au Québec, pour que justement certaines aient
droit à la parole offerte à toutes.
Mme la Présidente, ce
que je nous souhaite, c'est qu'on puisse donner des suites à ce rapport mais
surtout prendre des engagements,
des engagements forts que dorénavant, si on veut parler
des autochtones, bien, qu'on parle de nation à nation et
qu'ils soient assis à la même table que nous. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, je
suis prête à reconnaître le prochain intervenant. Et je vous indique qu'il reste 17 minutes
de temps de parole à votre formation politique.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir aussi d'intervenir dans ce débat de deux heures sur
le mandat d'initiative dont j'ai eu le plaisir de participer.
Je
nous rappelle que la Commission des relations avec les citoyens a adopté à
l'unanimité un mandat d'initiative
portant sur les conditions de vie des femmes
autochtones en lien avec les agressions sexuelles et la
violence conjugale.
Les
préoccupations des parlementaires à
l'égard de la violence faite aux
femmes ont trouvé écho, évidemment,
au cours de l'hiver 2015, pendant les consultations particulières menées sur le bilan du plan d'action gouvernemental en matière d'agression
sexuelle 2008‑2013 et pendant les
auditions tenues dans le cadre des forums itinérants en matière d'agression
sexuelle.
Dans
la foulée des travaux menés lors de ces consultations, la problématique des conditions de vie des femmes autochtones est apparue particulièrement
préoccupante pour plusieurs parlementaires. Je n'ai pas à nous rappeler que l'émission Enquête du 22 octobre 2015,
de Radio-Canada, a dévoilé de graves allégations de sévices sexuels et de
violences qui auraient été commis à
Val-d'Or par des policiers de la Sûreté du Québec à l'endroit des femmes
autochtones en situation de
vulnérabilité. Ces révélations ont provoqué, au Québec comme ailleurs, une
profonde vague d'indignation, laquelle a
mis en avant comme jamais dans les médias les conditions de vie de femmes
autochtones au Québec. Ce n'était pas nouveau, mais cette onde de choc
nous a interpelés tous, évidemment.
Le
21 décembre 2016, le Québec constituait sa propre commission, la
Commission d'enquête sur les relations entre
les autochtones et certains services publics au Québec : écoute,
conciliation et progrès, ce qui s'appelait la commission Viens. La commission avait pour mandat d'enquêter, de
constater les faits, de formuler des recommandations afin de remédier à toute forme de violence, de
discrimination systémique et de traitement différent qui pourrait exister à
l'égard des autochtones.
Le
rapport qui nous concerne aujourd'hui fait... est en respect et avec
circonspection a ajouté à ce processus-là. Je crois qu'on a entamé tous
ensemble ce mandat en sachant que le défi devant nous était énorme, qu'il y
avait d'autres initiatives
complémentaires et que notre geste devrait s'inscrire dans le plus grand
respect pour les communautés concernées. Et à ce sujet je tiens à lire...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député, à ce point-ci, je me dois de vous
demander si vous avez terminé votre intervention. Non?
Alors, en
conséquence, je suspends nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise
à 15 heures)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, veuillez prendre place.
L'Assemblée
poursuit le débat sur la prise en considération du rapport de la Commission des relations avec les citoyens
qui, les 17 et 25 novembre 2015 ainsi que le
18 janvier 2016, a procédé à des auditions publiques dans le cadre
de consultations particulières à l'égard du mandat d'initiative
sur les conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les
agressions sexuelles et la violence conjugale.
Après
répartition du temps inutilisé du deuxième
groupe d'opposition, je vous informe
qu'il reste un temps de parole de
23 min 10 s au groupe
parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle. Et vous n'êtes pas dans
l'obligation de l'utiliser. Je cède maintenant la parole à M. le député de D'Arcy-McGee
pour la poursuite de son intervention. À vous, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Il me fait plaisir de
continuer mon intervention sur ce mandat d'initiative très important. Je tiens à citer un bout du rapport qui va au
fond d'une préoccupation, à juste titre, qui était présente, je crois, pour tous les membres de la commission,
c'est-à-dire de respecter, d'accompagner à chaque instance les
communautés des Premières Nations et inuites dans nos
délibérations.
Je
me permets de signaler ma déception avec les interventions de Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, qui
dit le contraire et qui ose suggérer qu'il y avait une volonté, en quelque part, du côté ministériel, de s'imposer,
de se présumer être en mesure de
faire ses propres jugements sans l'implication, justement, des communautés
concernées. Le mandat dont on parle
est très, très, très sérieux, et j'ai eu l'honneur d'y participer, et, comme je
dis, malgré les constats de ma
collègue de l'opposition officielle, il me semble que les efforts étaient
toujours au rendez-vous pour impliquer les communautés comme il faut.
On
avait un exemple à suivre, je me permets de le dire, et c'est l'exemple de
notre ministre responsable des Affaires autochtones, qui n'était pas,
évidemment et tout à fait correctement, impliqué directement dans ce mandat-là,
mais qui nous montre, et depuis des
années, je me permets de le dire, qui nous montre l'exemple de comment écouter
les communautés concernées, comment,
malgré les obstacles des fois logistiques, géographiques, politiques, réels,
légitimes et des fois moins légitimes, malgré tous ces obstacles... nous
montre la voie sur notre obligation collective de faire mieux.
En tout cas, je me
permets de citer de notre rapport final quelques paragraphes qui, pour moi, démontrent
la bonne foi et la bonne perspective avec
laquelle j'ose croire que nous avons approché notre travail. Et je cite :
«Nous n'avons pas la prétention d'être en mesure de déterminer les
meilleurs moyens d'améliorer les conditions de vie des femmes autochtones. Nous croyons que ce rôle appartient
avant tout aux autochtones. Ils sont les mieux placés pour évaluer les
besoins de leurs communautés et les moyens les plus appropriés pour y répondre.
«Concrètement, il
nous importait d'offrir aux autochtones, aux intervenantes et aux intervenants
en milieux autochtones l'occasion :
«De
prendre la parole sur les questions des conditions de vie des femmes
autochtones et de la violence conjugale, familiale et sexuelle qui les
affecte;
«De s'exprimer sur
les bonnes pratiques, les expériences positives et les initiatives
prometteuses;
«De
dégager des pistes de solution pour l'amélioration des conditions de vie des
femmes autochtones et la lutte contre la violence conjugale, familiale
et sexuelle.
«Nous tenions à réaliser nos travaux dans le
respect des compétences et de l'autonomie des Premières Nations et des Inuits.
C'est pourquoi nous avons adopté une posture d'écoute, puis de relais de leur
parole. Nous voulons transmettre au gouvernement du Québec les solutions préconisées par les autochtones
pour relever leurs conditions de vie. Nos travaux visent donc à valoriser et à promouvoir les initiatives
et les pratiques que les milieux autochtones jugent culturellement pertinentes et
prometteuses.
«Par ailleurs, notre fonction de parlementaire nous place au coeur des institutions publiques québécoises. Nous occupons
une position privilégiée pour nous adresser aux différents ministères
et organismes gouvernementaux. Nous avons
en quelque sorte un rôle de médiation à jouer pour favoriser
la compréhension des préoccupations des autochtones par l'administration publique. Cet
exercice comprend une forme de "traduction" de la parole autochtone
en "langue institutionnelle".
«Nous espérons avoir
respecté les propos de nos interlocutrices et de nos interlocuteurs tout au
long de ce processus.» Fin de citation.
Bon,
voilà, il me semble, un constat sensible et pertinent de notre rôle, à la fois
difficile, et solennel, et circonscrit. Je crois que toutes formations
confondues conviendraient que ce mandat était un effort, en quelque part,
modeste de contribuer à l'amélioration du sort des femmes autochtones et
inuites. Et on n'avait pas la prétention, justement, de proposer d'imposer quelque solution que ce soit ni la prétention, comme le ministre
lui-même a dit, de résoudre des problèmes au total. Ça serait un manque de
réalisme, du respect de même songer à un tel résultat. Est-ce qu'on a devant
nous un projet de rapport qui est le fruit
d'un travail collaborateur? Je crois que oui. Est-ce que c'est un travail avec
des recommandations qui risquent d'avancer la cause devant nous? Je
crois que oui aussi. Nous avons entendu, plus tôt dans ce débat, les paroles du ministre : Les recommandations qui ont été énumérées et décrites par d'autres intervenants vont être prises au sérieux,
et il y aurait des conséquences positives. Y a-t-il
d'autre travail devant nous? C'est évident qu'il y en a.
En
étant membre de la commission, j'ai eu l'opportunité de partager nos
discussions et nos délibérations, mais, M. le Président, je n'ai pas
eu le privilège... un privilège et un défi qui, de toute semblance, a été très
difficile, mais le privilège
d'accompagner mes collègues de l'Assemblée
nationale lors des visites des communautés,
mais, de tout ce que j'ai cru comprendre, ces visites se tenaient dans
le plus grand respect et collaboration aussi. Et les recommandations qui en
découlent vont, de toute évidence, faire avancer le dossier comme tel.
Je
crois qu'il faut noter que toute cette délibération, tout ce mandat d'initiative
est accompagné par des gestes sérieux et
constants de notre gouvernement, plusieurs qui ont été mis devant cette Assemblée. À titre
d'exemple, je me permets de parler de notre Plan d'action gouvernemental pour le développement social et
culturel des Premières Nations et des Inuits de 2017-2022, qui consolide
les efforts gouvernementaux de renouveler l'action gouvernementale et d'assurer
une véritable cohésion en matière de
développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits. Ce plan
d'action comporte notamment 13 mesures qui visent à combattre les
violences sexuelles.
• (15 h 10) •
Je me permets
de parler un petit peu de quelques-uns des axes qui faisaient sujet de nos
délibérations ainsi que nos visites
en communautés autochtones, et je me permettrais de concentrer pour quelques
minutes sur des gestes potentiels et
des gestes déjà réalisés pour aider, accompagner ces femmes, surtout, et ces
communautés, qui vont faciliter la guérison collective et individuelle et qui vont faciliter un aspect de notre
travail qui est très central à cette question devant nous, c'est l'accès à la justice. À titre d'exemple, pour des centres de guérison,
on tombe davantage dans l'aide que l'on offre aux autochtones vivant en milieu urbain et aux
femmes autochtones, des projets comme Kijaté, Kinawit, le refuge La Piaule,
le Château de Marie-Ève, et Chez Willie, et,
de manière générale, les centres d'amitié autochtones, qui viennent offrir
de l'aide aux personnes en situation de vulnérabilité.
Ce qu'il faut comprendre avant tout, c'est que
nous voulons appuyer, comme je dis, les autochtones dans leur processus de guérison et, une autre fois, dans le
respect des coutumes et traditions autochtones. Et on a des barrières déjà.
Qu'on n'en ajoute pas en imposant notre
façon de faire aux communautés qui, en quelque part, nous auront appris comment
faire au fil des générations. À titre
d'exemple, à ce chapitre, le gouvernement du Québec s'est engagé à collaborer
aux suites du forum sur les
agressions sexuelles organisé par les Femmes autochtones du Québec, le FAQ,
tenu en février 2018, et à joindre ses efforts à ceux des
communautés intéressées.
En tout ce
qui a trait à la justice, le travail de la commission Viens, mise sur pied par
le gouvernement du Québec en
décembre 2016, est d'une importance capitale, puisque son mandat vise à
enquêter, à constater les faits et à formuler des recommandations quant aux actions correctives concrètes et efficaces
à mettre en place par le gouvernement du Québec et par les autorités
autochtones afin d'enrayer toute forme de violence, de discrimination
systémique et de traitement différent qui pourrait exister à l'égard des
autochtones.
Cependant,
l'attente des recommandations de la commission Viens ne nous empêche pas de
maintenir les services et d'assurer un
financement adéquat pour améliorer l'accès à la justice des autochtones. Par
exemple, pensons au Plan d'action
gouvernemental pour le développement social et culturel des Premières Nations
et des Inuits, comme je dis, de 2017 à 2022. À la justice, les efforts de
toutes les parties prenantes sont soutenus, et nous voyons les résultats
positifs, tant au niveau de l'accès
aux mesures de rechange, pilotées par les comités de justice communautaires de
ces nations, qu'aux services offerts
par les CAVAC et l'augmentation de termes de la Cour itinérante. De plus, à
court terme, nous verrons l'ouverture
du centre de justice de proximité du Nunavik, l'établissement d'un greffe
civil, et nous proposons, dans le
projet de loi n° 168, M. le Président, la création de deux postes de juge
permanents dans le Nord. En sommes, nous continuons à oeuvrer pour
rendre la justice accessible et mieux adaptée pour les autochtones.
Écoutez,
alors, voilà quelques-uns des gestes, des mesures concrètes qui sont déjà en
branle ou qui sont en mesure d'être
réalisés, tout à fait complémentaires avec la commission Viens et le mandat
d'initiative devant nous. Et je tiens, une autre fois, à souligner que
nos efforts ont été faits dans le plus grand respect, la plus grande
collaboration, et ce qui me rend fier
d'avoir été membre de cette commission et ce qui m'invite à poursuivre nos
efforts, malgré les défis énormes devant
nous. Et de voir, comme je crois qu'on a tenté de faire nous-mêmes, de voir
où... Humblement, nous avons les outils
dans nos mains, comme parlementaires, d'accompagner les communautés
autochtones, les Premières Nations et les Inuits à faire avancer leur cause et à adresser de façon courageuse et
transparente les gros, gros défis devant nous. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
ou intervenantes? Alors, je cède la parole à Mme la députée pour son
intervention. À vous la parole.
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Je prends la parole aujourd'hui pour
vous partager ma sympathie pour les communautés autochtones, en qui je
voue un profond respect.
Vous le savez
peut-être déjà, la circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré possède un vieil historique avec
les peuples des Premières Nations. En effet,
c'est sur le territoire de la pointe aux Alouettes, situé à
Baie-Sainte-Catherine, qu'en 1603,
donc il y a plus de 400 ans, des représentants du roi de France, François
Gravé Du Pont et Samuel de Champlain, ont
scellé une alliance fondée sur l'amitié et l'entraide avec des représentants
des Montagnais et des nations amérindiennes alliées.
M. le Président, bien que je sois fière de ce
lieu historique et du fait qu'il soit désigné site patrimonial par la municipalité et reconnu comme lieu historique par la Commission des lieux et
monuments historiques du Canada, ce n'est pas de cela que je veux m'entretenir spécifiquement aujourd'hui. Vous savez, certaines personnes pensent que les
peuples autochtones sont loin de nous, de même que leurs problèmes sont
différents des nôtres. Eh bien, je vous dirai, non, laissez-moi vous dire que ce n'est pas le cas. Malgré les perceptions,
nombreux sont celles et ceux qui vivent en milieu urbain, et nombreux
sont les éléments de leur culture qui nous imprègnent sans même que nous le
réalisions.
Je vous en donne un exemple concret, que ma circonscription
offre en abondance : les bienfaits de la nature. Combien de fois avons-nous pu constater les bienfaits de la forêt sur
notre santé mentale et physique? Lorsque nous sommes dans la nature, il y a un effet souvent senti
sur notre corps et notre esprit, un sentiment qui me plaît personnellement. Par exemple, notre énergie est plus grande, notre état
d'esprit est meilleur et plus calme, et nos soucis ou problèmes, s'il y a
lieu, semblent déjà
moins importants, voire insurmontables. Eh bien, cet effet que la nature nous
apporte est un élément parmi tant d'autres que les membres des Premières
Nations privilégient pour soigner divers maux.
Vous savez, Charlevoix—Côte-de-Beaupré n'est pas un
lieu de dépaysement et de relaxation pour rien. Nombreuses sont les forêts, les plans d'eau, et en plus il y a
le fleuve Saint-Laurent. Ce n'est pas par hasard qu'un grand nombre de
visiteurs choisissent de venir chez nous, et ce, à tout moment de l'année.
Il est question
ici, donc, d'un simple exemple qui démontre que nous partageons plus de choses
en commun avec les communautés
autochtones que nous le croyons et que cette affirmation prend tout son sens
quand nous prenons la peine d'y réfléchir.
Pour avoir
côtoyé à maintes reprises et au fil des ans, tant sur le plan professionnel que
personnel, des citoyennes et des
citoyens du Québec membres des Premières Nations, avoir déjà
visité les milieux de Mashteuiatsh, Natashquan, Mingan, Maliotenam,
Essipit, Wendake puis participé aux visites organisées dans le cadre du mandat
d'initiative à Inukjuak, Kuujjuaq, Lac-Simon et Missinak, je considère avoir eu un
réel privilège de rencontrer des personnes qui m'ont marquée et dont je
me rappellerai toujours, et ce, parce qu'ils m'ont ouvert leur coeur et leur
esprit.
Cela m'amène
à vous parler des femmes autochtones. M. le Président, il s'avère que nos
objectifs de vie et nos préoccupations
sont sensiblement les mêmes. Nous cherchons toutes et tous définitivement une
forme de bonheur qui nous est propre. Pour certaines, il s'agit de
fonder une famille, pour d'autres, il s'agit de voyager, d'avoir du succès dans sa carrière, ou autres. Je ne ferai pas ici
la nomenclature de toutes les formes d'objectifs de vie possibles, mais je sais
profondément et manifestement que personne ne veut être agressé, violé, voir ou
savoir ses enfants ou les enfants des autres l'être. Force est de
constater que, si, pour nous, ce genre de drame est inacceptable, ça l'est
aussi pour les communautés autochtones, ces
femmes qui nous ont confié leur drame, en fait, leur réalité, partagé leur
expérience de vie, accompagnées
souvent de leurs enfants ou d'autres membres de leur famille, la famille si
importante à leurs yeux, comme pour moi.
Évidemment,
comme représentante de l'Assemblée nationale, je ne souhaite pas imposer quoi
que ce soit à quiconque. J'ai choisi
d'être présente ici aujourd'hui pour partager rapidement quelques constats et
en profiter, par conséquent, pour
vous dire que... les actions qui sont posées par le gouvernement puis ce qui
reste à faire, parce qu'il en reste encore à faire, que nous sommes à
l'écoute, donc, et en mode action.
M. le
Président, vous savez certainement qu'en mars dernier il s'est tenu le forum
sur les agressions sexuelles organisé
par Femmes autochtones du Québec. Ce forum s'est déroulé en collaboration avec
la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations
du Québec et du Labrador, par et pour les autochtones.
Au cours des dernières années, nous avons
entendu des reportages très émouvants provenant de Val-d'Or, du Nunavik et de la Côte-Nord. Tous ces témoignages
méritent d'être entendus, et nous continuerons à encourager les victimes
à dénoncer. Et je sais particulièrement
l'importance que revêt le fait de poser un tel geste, les difficultés et les
préjugés, également, souvent associés au fait de dénoncer.
Somme toute,
pour mener les femmes autochtones vers la guérison et donc arriver à contrer la
violence, il nous faudra travailler
ensemble, collaborer à plusieurs niveaux, tant au niveau des leaders que des
intervenants sur le terrain. Nous
voulons appuyer les autochtones dans le processus de guérison, et ce, dans le
respect des coutumes et des traditions autochtones.
M. le
Président, permettez-moi de profiter d'ailleurs du temps qui m'est alloué pour
souligner le travail exceptionnel et
essentiel que fait un organisme dans ma région. La Maison communautaire
Missinak, basée à Québec, possède un site de ressourcement pour femmes autochtones et en difficulté et leurs
familles en milieu naturel, adapté à la culture autochtone, au sein de la belle et vaste circonscription de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Ce site permet, tel qu'exprimé plus tôt, de faire le point, de prendre
un moment pour soi en nature et de guérir de la violence subite.
• (15 h 20) •
Lutter contre
de tels fléaux que sont les agressions de tous genres est un devoir collectif. Par ses interventions et ses actions des
derniers mois, le gouvernement du Québec a réaffirmé que les comportements qui,
de près ou de loin, s'apparentent à des
agressions sexuelles sont inacceptables et n'ont pas leur place dans la société
québécoise, et ce sera toujours le cas.
Dans un
esprit d'ouverture, d'écoute et de soutien, le gouvernement du Québec
s'est engagé à collaborer aux suites de ce forum et à joindre ses
efforts à ceux des communautés intéressées, car c'est une responsabilité partagée
que de travailler inlassablement à la quête
de la justice, à l'amélioration de la qualité des milieux de vie et à la
guérison de ces femmes autochtones. Lorsque je dis que c'est un devoir
collectif et partagé, cela signifie, bien sûr, que ce n'est pas seulement aux membres de l'Assemblée nationale, donc aux leaders autochtones et aux intervenants sur le terrain, mais
à toutes les citoyennes et à tous les
citoyens du Québec et du Canada de collaborer. Je le ferai personnellement, le gouvernement du Québec le fera également, pour le bénéfice des communautés autochtones qui
sont des nôtres. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, pour votre intervention sur la
prise en considération du rapport. Cette dernière intervention met fin au débat
sur le rapport de la Commission des relations avec les citoyens, et je
laisse la parole à M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, je fais
motion pour ajourner nos travaux au mardi 29 mai 2018, à
13 h 40.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté.
En conséquence, nous ajournons nos travaux au
mardi 29 mai 2018, à 13 h 40. Les travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 15 h 22)