(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous en sommes à la
rubrique de la déclaration des députés. Et je cède la parole à Mme la députée
de Fabre.
Rendre hommage à la Maison de
la famille de Laval-Ouest
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, à Laval, dans mon comté, particulièrement à Laval-Ouest, mes citoyens ont
vécu le drame des inondations.
Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à la solidarité des citoyens, au
travail acharné d'équipe de tous les acteurs sur le terrain durant cette
crise et pour la suite.
Aujourd'hui,
je souhaite rendre hommage à l'organisme communautaire la Maison de la famille
de Laval-Ouest, qui a ouvert encore
plus grand ses portes et son coeur dans l'accueil des sinistrés et
l'accompagnement des personnes et des familles à travers chacun de leurs
profonds drames humains.
Cher
Mario Frey, directeur général, sa présidente, ses administrateurs et toute son
équipe, un immense merci pour votre proaction de partenariat avec
Moisson Laval et votre générosité. Bon courage à mes citoyens et, au nom des
citoyens de Laval-Ouest, merci à la Maison de la famille Laval-Ouest! Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Fabre. M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner le 100e anniversaire
des clubs Lions
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, en fin de semaine dernière se sont réunis à Amqui les 36 clubs
Lions de l'Est du Québec afin d'y
tenir leur congrès annuel et souligner le 100e anniversaire du mouvement de
bienfaisance. Ce fut également l'occasion de souligner le 50e
anniversaire de création des clubs de Matane et d'Amqui.
Regroupant
plus de 900 membres dans l'Est du Québec, ces organisations contribuent chaque
année à la réalisation de projets
communautaires et soutiennent directement les personnes dans le besoin et les
personnes malades. Les valeurs de
fraternité et d'entraide qui caractérisent leur action, particulièrement auprès
des familles et des enfants, ainsi que leur appui aux nombreuses
initiatives et activités locales demeurent toujours aussi essentielles.
Cent ans après la
création du mouvement, les clubs Lions sont toujours aussi actifs dans nos
communautés, et je profite du temps qui
m'est accordé pour saluer l'engagement des bénévoles d'hier et d'aujourd'hui. À
toutes et tous, merci pour votre implication et bon 100e anniversaire
aux clubs Lions! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Matane-Matapédia. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, qui célèbre son
anniversaire de naissance aujourd'hui, je vous cède la parole.
Souligner la mise en place du
premier frigo
communautaire à Montréal-Nord
Mme Rita Lc
de Santis
Mme de
Santis : Merci beaucoup. Merci. Merci, M. le Président. C'est avec
plaisir que je prends la parole aujourd'hui
afin de féliciter les membres du Système alimentaire pour tous, un
rassemblement citoyen qui lutte pour un meilleur accès à l'alimentation
à Montréal-Nord.
Cet
organisme a mis en place le premier frigo communautaire visant à récolter des
surplus de nourriture pour ainsi les
rendre accessibles à tous gratuitement. Même si ce frigo peut aider les
personnes dans le besoin à s'approvisionner,
l'objectif premier de ce projet est de lutter contre le gaspillage alimentaire. Le
Frigo pour tous, entièrement géré par les citoyens, compte sur la
générosité de la population et des entreprises du quartier pour se remplir.
J'invite
tous les Nord-Montréalais à contribuer à la réussite de ce projet et remercie
vivement les initiateurs et différents
partenaires, dont le Panier futé Coop, Paroles d'ExcluEs et le Comité de suivi
en sécurité alimentaire. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. M. le député de Masson,
à vous la parole.
Souligner la reconnaissance
d'organismes contribuant
à la mission du Carrefour familial des Moulins
M. Mathieu
Lemay
M. Lemay : M. le Président, jeudi dernier, Le Carrefour familial des Moulins
a organisé une soirée de reconnaissance destinée à remercier ses bénévoles tout en
soulignant leur contribution dans la mission du carrefour.
Au cours de cet événement,
l'organisme a célébré un double anniversaire. En effet, le carrefour
soulignait, dans un premier temps, les 15
ans d'écrits au Courrier Plume-Images, service destiné à répondre à de jeunes
résidents de notre région afin de
leur redonner confiance ainsi que les encourager dans leurs projets et
ambitions. Je salue le travail inspirant
des bénévoles pour cette initiative. Dans un second temps, le carrefour célèbre
aussi 25 ans de clinique d'impôt, un
service offrant une aide gratuite aux Moulinois afin de remplir et transmettre
leur déclaration d'impôt. Depuis un quart de siècle, ce service a bien
su démontrer à quel point il était un incontournable.
Avec
plusieurs autres services aussi offerts, nous savons que toutes les familles de
la région peuvent compter sur le
carrefour. Et j'aimerais à mon tour offrir ma reconnaissance aux membres et à
tous les bénévoles généreux de leur temps. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Masson. Mme la
députée de Gatineau,
pour votre déclaration.
Souligner la Semaine des
victimes et
survivants d'actes criminels
Mme Stéphanie
Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, du 28 mai au 3 juin se déroule la Semaine des victimes et
survivants d'actes criminels, qui est sous le thème Favoriser la résilience.
Il
n'est jamais facile de reprendre le cours normal de sa vie lorsqu'on est
victime d'un acte criminel, et ce, peu importe
sa nature. Les séquelles, à la suite de la perpétration d'un tel acte, peuvent
être nombreuses, et, malgré l'oeuvre du
temps, leurs effets pernicieux peuvent être ressentis pendant toute une vie.
Pour les victimes d'actes criminels, leur résilience peut se manifester de différentes façons, certes, mais une
constance s'impose. Chacune d'entre elles démontre un profond désir de
reconstruire sa vie malgré tout.
Je
souhaite ainsi souligner l'apport exceptionnel de tous les intervenants des
milieux psychosociaux et judiciaires qui soutiennent les victimes dans
ces moments difficiles. Ces personnes mettent à profit leur expertise empreinte
d'humanisme afin d'aider les victimes à se reprendre en main. À vous tous, je
vous dis merci! Bonne semaine.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Gatineau. M.
le député de Saint-Jean, à vous la parole pour votre déclaration.
Souligner la Semaine
québécoise
des personnes handicapées
M. Dave
Turcotte
M. Turcotte :
Il me fait plaisir de prendre la parole à titre de porte-parole de l'opposition
officielle, du Parti québécois, en matière de services sociaux afin de
souligner la Semaine québécoise des personnes handicapées, qui se déroulera du 1er au 7 juin prochain. C'est sous le thème Ensemble, bâtissons une
société plus inclusive que se tiendra cette édition.
Cet événement est
l'occasion pour nous de nous rappeler qu'il y a encore beaucoup de travail à
faire pour la participation sociale des
personnes handicapées. Est-il normal qu'en 2017 il y ait encore de la
discrimination à l'emploi pour les
personnes handicapées, que l'accessibilité des lieux soit encore déficiente,
que le service de transport adapté ne réponde
pas aux besoins et aux personnes handicapées pour vivre une vie culturelle et
sociale de qualité, que les services offerts
dans les CHSLD ne sont pas tous adaptés à leurs besoins et que les soins à
domicile ne soient pas au rendez-vous? Est-il normal qu'en 2017 on
pénalise encore l'amour lorsque ces personnes vivent ensemble?
En
tant qu'élus à l'Assemblée nationale, nous avons tous une responsabilité et un
devoir pour protéger et défendre tous les citoyens du Québec. Le thème
de cette semaine nous lance un message collectif.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci à vous, M.
le député de Saint-Jean. Enfin, M. le député de Verchères, je vous cède
la parole pour votre déclaration.
Souligner le 75e anniversaire de
la Fédération 09—Les
Cercles de fermières—Montérégie
M. Stéphane Bergeron
M. Bergeron :
M. le Président, en 1942 était créée la Fédération 09—Montérégie des Cercles de fermières du Québec. Dès cette époque, des femmes de la région
ont pris l'habitude de se rassembler ponctuellement pour partager leurs
préoccupations et propositions quant aux grands enjeux de société, de même que
les précieux savoir-faire dont elles étaient
les héritières. Depuis lors, la Fédération 09 contribue au réseautage des
différents cercles de la région et de leurs membres.
Rappelons que
les cercles de fermières constituent la plus ancienne et la plus nombreuse
organisation féminine au Québec. Je veux donc témoigner de ma reconnaissance
pour ces 75 années de dévouement exemplaire consacrées à l'amélioration de la qualité de vie des femmes et
des familles, de même qu'au rayonnement et à la transmission de notre riche héritage artisanal, contribuant ainsi à la
préservation de techniques et de traditions séculaires, sans compter
l'inestimable contribution à la pérennité et au rayonnement de cette
remarquable organisation.
Merci à la Fédération 09—Montérégie des Cercles de
fermières du Québec! Bon 75e anniversaire et bonne continuation dans la
nouvelle structure organisationnelle qui sera prochainement mise en place.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député de Verchères.
Alors, voilà
qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés. Et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 53)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président : Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants, en ayant une pensée, évidemment,
pour les victimes de l'acte de terrorisme qui s'est commis à Manchester.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Avant de
poursuivre les affaires courantes, bien, je tiens à vous rassurer que nous
n'avons pas été ici convoqués strictement pour l'anniversaire du
secrétaire général.
Une voix : ...
Le
Président : En même temps, c'est l'anniversaire de Mme
de Santis? Alors, ce n'est pas les deux seules raisons qui nous ont fait
rappeler le Parlement.
Dépôt d'une lettre du premier
ministre demandant que
l'Assemblée se réunisse en séances extraordinaires
Alors, je
vous rappelle que nous sommes réunis à la suite de la lettre que m'a adressée
M. le premier ministre me demandant
de prendre les dispositions nécessaires pour que l'Assemblée se réunisse en
séances extraordinaires à compter de
9 h 45, ce matin, ce lundi 29 mai 2017, selon le calendrier
et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée, afin de permettre la présentation d'un projet
de loi assurant la reprise des
travaux dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement
des conventions collectives, ainsi que de procéder à toutes les étapes
de son étude. Je dépose cette lettre.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation
de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents ni de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique
Dépôt de pétitions, je vous informe que j'ai reçu une demande de la part du
député de Mercier afin de
reporter au mardi 30 mai la présentation de deux pétitions dont la date
limite de présentation est aujourd'hui. Est-ce
qu'il y a un consentement? Consentement.
Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
déposerait une pétition, veut déposer une pétition. Alors, nous allons
vous écouter.
Ajuster le salaire de tous les travailleurs au pourcentage
de l'augmentation du salaire minimum
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 82 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les prix des produits
et services sont directement affectés par l'augmentation du salaire
minimum;
«Considérant
que l'augmentation du salaire minimum aura un effet sur les prix des produits
et services, des impôts et des cotisations syndicales;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec que le salaire de tous les
travailleurs [et toutes les travailleuses] du Québec des secteurs
privés, publics, gouvernementaux, syndiqués ou non, soit augmenté de façon
égale ou supérieure au pourcentage de l'augmentation du salaire minimum, et ce,
dès son augmentation, sans délai.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
vous avez une autre pétition.
Mettre en place des cours d'autodéfense
et de combat pour
toutes les jeunes filles du primaire et du secondaire
Mme Massé :
Oui, M. le Président. Elles arrivaient à terme toutes en même temps.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
92 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant les
statistiques policières 2014 du ministère de la Sécurité publique;
«Considérant
que 66 % des victimes d'infractions sexuelles sont âgées de moins de 18
ans et que, de ce groupe, 80 % sont des jeunes filles;
«Considérant
que la fréquence des infractions sexuelles est plus élevée chez les jeunes
filles âgées de 12 à 14 ans;
«Considérant
que 3 585 agressions sexuelles ont été commises, ce qui représente
67,1 % des infractions sexuelles;
«Considérant que le
rapport de force physique est inégal entre [les] hommes et [les] femmes;
«Considérant que la
culture du viol est encore et toujours bien présente dans notre société;
«L'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec que des cours d'autodéfense et de combat
soient instaurés dans le cursus des cours
obligatoires du réseau d'éducation du Québec, dès septembre 2017, pour
toutes les jeunes filles du primaire et du secondaire.»
Et je certifie que
cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous avez une troisième pétition, et je pense que
c'est une dernière pour aujourd'hui.
Retirer du projet de loi
n° 122 sur les municipalités tous les
articles portant atteinte aux droits des citoyens
Mme Massé :
Aujourd'hui. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 2 097 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
le projet de loi n° 122 et la volonté du gouvernement d'octroyer de
nouveaux pouvoirs aux municipalités tout en déléguant aux citoyens [et
citoyennes] la responsabilité de les surveiller;
«Considérant
que le projet de loi n° 122 n'accorde pas — même pire, leur en retire — aux citoyens et citoyennes les moyens dont
ils ont besoin pour remplir leurs nouvelles responsabilités;
«Considérant
qu'il supprime l'obligation de soumettre à l'approbation référendaire toute
modification aux règlements d'urbanisme des
villes de Montréal et de Québec
et [qu'il] supprime également cette obligation pour toute autre municipalité lorsque
cette modification s'applique à une zone de requalification délimitée par la municipalité;
«Considérant
qu'il supprime le droit référendaire pour les règlements d'emprunt quand
[ceux-ci ont] pour objet la réalisation de travaux de voirie,
d'alimentation en eau potable [et] de traitement des eaux usées;
«Considérant
qu'il abroge l'obligation pour les maires de faire rapport de la situation
financière de la municipalité au
conseil municipal et aux citoyens et de déposer une liste [pour] tous les
contrats comportant une dépense de plus de 25 000 $;
«Considérant
qu'il supprime l'obligation de publier les avis publics dans les médias écrits,
ce qui réduira l'accès à l'information tout en affaiblissant les médias
locaux;
«Considérant
que tous ces changements constituent un recul démocratique et un bris dans
notre contrat social, car ils impliquent une réduction des pouvoirs et
de l'influence des citoyens [et citoyennes];
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec de retirer tous les articles du projet de
loi n° 122 portant atteinte aux droits des citoyens [et citoyennes].»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Et je comprends qu'il y a eu
consentement pour reporter à la prochaine séance, donc demain, le vote sur la
motion de Mme la ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre
l'intimidation proposant que le projet de loi n° 115, soit la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers
les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité, soit
adopté demain. Consentement? Consentement.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Conflit de travail dans l'industrie de la construction
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, aujourd'hui au Québec, dans le dossier de la construction, il
n'y a que des perdants, que des
perdants : la population, qui est touchée par les conséquences du conflit
de travail que le gouvernement n'a pas su
dénouer; les familles des travailleurs, qui sont dans l'incertitude; nos
entreprises et notre économie, qui souffrent. Que des perdants, pourquoi, M. le Président? À cause
de l'échec, l'échec de ce gouvernement à faire en sorte d'éviter le pire.
C'était sa seule responsabilité, éviter le
pire. Et c'était possible, puisque, la dernière fois que nous étions ici pour
une loi sur la construction, en 2013,
la première ministre, Pauline Marois, la ministre du Travail, la députée de
Taschereau, avaient fait en sorte que
les deux tiers des travailleurs avaient déjà signé une entente avant qu'on en
arrive à la loi spéciale. Un gouvernement qui savait gérer la crise. Aujourd'hui,
le score du gouvernement libéral, c'est zéro. Zéro personne ont signé une entente, 100 % d'échec. On arrive tout de suite à l'arme ultime sans avoir fait
en sorte qu'il y ait un début de
règlement.
Alors,
j'aimerais demander au premier ministre tout
simplement: Comment, encore une fois, peut-il expliquer son incapacité à gérer les crises qui sont sur
son bureau?
• (10 h 10) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, c'est quand
même incroyable. À entendre mon
collègue, on ne dirait pas qu'il était lui-même ministre d'un
gouvernement qui a adopté une loi spéciale sur l'industrie de la construction.
Il semble oublier qu'en 2014 ça s'est
terminé par une entente qui regroupait 100 % des employés de la
construction, des travailleurs de la construction.
Il est clair, M. le
Président, puis on verra le contenu du projet de loi dans quelques minutes, il
est clair que le processus est vicié. Le
processus est vicié, pourquoi? Parce qu'au fil des années les parties en
présence ont développé l'habitude, si
je peux utiliser une expression bien de chez nous, de s'asseoir sur leurs mains
et d'attendre que le gouvernement règle pour eux. Bien, ce coup-là, ce
n'est pas de même que ça va se terminer.
Alors,
je suis très heureux de dire, avant même le dépôt du projet de loi — parce que je parle aux parlementaires,
je ne crois pas, M. le Président, donc,
commettre un outrage en faisant cela — que le projet de loi adopté ne mettra pas
un terme à la négociation, il va au
contraire la relancer sur des bases beaucoup plus solides, dans l'optique d'une
résolution de conflit et dans
l'optique où il faut qu'on sorte de ce mécanisme qui devient maintenant répété,
malheureusement, au fil des années, où finalement aucune partie ne
semble avoir d'intérêt ou de volonté réelle de régler, donc on s'en remet à l'intervention du gouvernement dans un conflit
privé, donc, théoriquement où le gouvernement ne devrait pas à avoir à
s'insérer.
Ce
qui nous fait agir maintenant, c'est l'intérêt supérieur du Québec, les
conséquences économiques mais également les conséquences sur les
personnes, les travailleurs qui pourraient perdre leur emploi, les familles qui
attendent la livraison de leur domicile dans
quelques semaines, qui ont déjà annulé leur bail. Ça, c'est des choses très
concrètes et qui sont très réelles pour beaucoup des gens qui nous
écoutent aujourd'hui.
Alors, je souhaite
que le dépôt et l'adoption du projet de loi éventuelle par l'Assemblée
corrigent ce défaut perpétuel qu'on a dans les relations de travail dans la
construction et nous engagent vers une négociation réelle, puisqu'elle sera
destinée à terminer par une entente. Et on aura les détails de ça dans quelques
instants.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : On est
habitués, hein? Ce n'est jamais la faute du premier ministre. Ce n'est pas
la faute de ses ministres, ce n'est
pas la faute de ses conciliateurs, ce n'est jamais de sa faute. Mais là on
a un exemple. Un autre gouvernement
avait fait en sorte que
90 000 travailleurs négocient et s'entendent, et ensuite une loi
spéciale, où il n'y avait eu aucun manifestant,
avait faire en sorte que, dans l'année qui a suivi, tout le monde s'entende. Alors, lui, le premier
ministre, a échoué à ça.
Quand va-t-il prendre
un petit peu de responsabilité pour l'échec de son...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, on voit la façon de gouverner que propose notre collègue
de l'opposition officielle : l'index et
les manifestations. Quand ça manifeste, on recule, puis on n'en parle plus,
puis on passe à autre chose. D'ailleurs, on l'a vu à plusieurs reprises, particulièrement, particulièrement, M. le Président, comme on voit que c'est le cas maintenant,
lorsque notre seul souci, c'est de préparer un référendum sur la séparation du Québec.
Je pense que l'entente...
Des voix :
...
M.
Couillard : ...l'entente, M. le Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M.
Couillard : Alors, monsieur...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! La question a été posée tout à
fait dans l'ordre, dans le respect, dans le respect. Nous allons écouter
la réponse avec le même respect.
M. Couillard : Alors, M. le Président, dans sa question, mon
collègue parle d'échec. Je n'ai jamais vu un échec politique aussi retentissant que celui du chef de
l'opposition officielle dans sa tentative de rapprochement avec Québec
solidaire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Écoutez, on a un thermomètre assez efficace, là, de
l'absence de réponse du premier ministre. Quand il ne sait pas quoi dire, il parle d'autres choses,
il parle d'indépendance. C'est exactement ça, ce qu'il vient faire, là. On a eu
un deux dans un : ce n'est pas de sa
faute, puis ça serait pire avec l'indépendance. Là, c'est vraiment, exactement,
là... On est au fond du vide de
leadership du premier ministre. Il y a des travailleurs inquiets, il y a des
entreprises inquiètes, et tout ce qu'il pense à faire, c'est de la
petite politique.
Qu'il s'occupe donc
de faire en sorte qu'il y ait une...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Alors, je vous inviterais à plus de prudence,
M. le chef de l'opposition. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, si on veut parler de petite politique, moi, j'ai quelques
exemples en tête : un budget sans crédits,
une entente sur le pétrole à Anticosti en pleine campagne électorale, dont on
laisse un gouvernement ultérieur s'occuper,
la situation financière et économique du Québec. Ça, c'est l'exemple de petite
politique. Pourquoi? Parce que ce parti-là n'existe que pour une seule
raison, et, malheureusement pour lui, on va continuer à le répéter et on l'a
vu.
Maintenant,
il parle de deux dans un. C'est lui qui l'a manqué, le deux dans un il y a
quelques jours, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Le premier ministre vient de confirmer exactement ce que je disais : il n'est pas capable de
parler sur le fond. Il cherche des
roues de secours. Moi, je lui dis une chose : Comment se fait-il qu'à
partir du moment du déclenchement du conflit, de la grève, pendant
48 heures, sa ministre n'a pas convoqué les tables sectorielles?
Comment
se fait-il qu'un autre gouvernement a réussi à régler avec les deux tiers et que son gouvernement règle avec zéro? Comment se fait-il qu'il est si mauvais?
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je comprends que mon collègue
veut se libérer de ses enjeux politiques internes, mais ce n'est quand même pas très gentil de sa part de nous prêter
toutes sortes d'intentions. Au contraire, la ministre du Travail est intervenue dès le début. Début du mois
d'octobre, les gens ont commencé à négocier. On a déployé tous les
outils possibles : médiation, conciliation. Ce qu'on voit maintenant, M.
le Président, ce qu'on voit maintenant, c'est qu'on
a un système de négociation, de résolution de conflits, dans le milieu de la
construction, qui doit changer. Je pense que le dépôt, et l'adoption
éventuelle, du projet de loi d'aujourd'hui nous permettra de faire un pas en ce
sens.
Maintenant,
je vais également continuer à lui parler des épisodes des derniers
jours qui le concernent, parce que ce qui
est arrivé, c'est qu'on a eu la confrontation entre un parti qui fait de la
tactique et un parti qui avait des convictions, et la technique...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...ne l'a pas emporté sur la conviction.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, M. le député de...
Des voix :
...
Le
Président : M. le député de Rousseau, je vous donne la parole? Ah! M. le député de Berthier, en principale.
Légalisation
du cannabis
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, on apprend ce matin que pas moins de 56 % des Québécois sont inquiets par la légalisation du cannabis. Malgré cela, le premier
ministre refuse toujours de lancer une large consultation de la population.
Pourtant, les inquiétudes des Québécois sont
nombreuses : sécurité routière, consommation par les mineurs, banalisation,
santé mentale et dépendance. Et, malgré tout
cela, M. le Président, vous savez quoi? Le gouvernement refuse toujours d'aller
en consultation, mais il va consulter, par ailleurs, l'Ontario, il va consulter
évidemment la députation libérale. M. le
Président, c'est un débat de société dont les Québécois veulent, pas autre
chose que ça. La méthode libérale est toujours la même : ça va se
passer derrière des portes closes. Ce n'est pas acceptable.
Est-ce
que le gouvernement va enfin entendre raison, accepter notre proposition de
commission parlementaire itinérante et consulter les Québécois plutôt
que les ministres ontariens?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la réhabilitation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Alors, M. le Président, merci au député de l'opposition de me poser cette question-là. Ça
va me permettre de rectifier quelques
items qu'ils n'ont pas compris, de l'autre côté, parce qu'effectivement il n'a jamais été question de
ne pas consulter la population. Et je l'invite à relire plusieurs
verbatims du premier ministre qui a dit que nous allions consulter la population du Québec, notamment des groupes d'experts aussi, et il y aura
plein de gens qu'on aura le temps d'entendre.
Mais
il est clair, M. le Président, que nous devons être prêts pour le
1er juillet 2018, puisqu'on se souviendra que le gouvernement
fédéral a déposé un projet de loi qui vise à légaliser le cannabis et que ce projet de loi là fait référence au Code
criminel. Et, dans ce sens-là, à la suite du dépôt du projet de loi, il y a des conséquences et des impacts sur notre législation,
et, comme cette décision qui relève du Code criminel a des impacts chez nous,
nous sommes au travail. Il y a
un comité de 14 ministères
et organismes, il y a de la députation, effectivement, dessus aussi.
Et, M. le Président, on ne prend pas la chose à la légère, parce
que ce qu'on cherche à faire, c'est encadrer pour mieux contrôler.
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
On sait que la population du Québec est préoccupée et on entend ses
préoccupations.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Oui. M. le Président, on nous parle qu'il y aura
consultation publique, pourtant les décisions sont déjà prises. Le
gouvernement compte confier au secteur privé la distribution du cannabis
récréatif, donc la SAQ est écartée avant même le début du processus. Le comité
ministériel, M. le Président, penche en ce sens, notamment en raison de l'idéologie du ministre des Affaires
municipales, qui n'est même pas responsable du dossier. Les Québécois n'ont pas un mot à dire, M. le Président, jusqu'à
maintenant. Ils veulent être entendus. C'est là un débat de société et il
doit se tenir malgré que les libéraux se refusent à le faire, M. le Président.
Est-ce que...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, je vais répéter, M. le Président,
puisqu'il ne semble pas avoir entendu, la population sera consultée
parce qu'il y a des enjeux majeurs de santé publique et de sécurité publique,
M. le Président.
Une voix :...
Mme
Charlebois :
Je m'excuse, M. le député de Verchères, c'est moi qui ai la parole en ce
moment. Alors, il y aura des consultations.
Je comprends qu'il n'aime pas ça quand on parle de pouvoir, M. le Président,
s'entendre avec d'autres provinces
qui sont limitrophes. Oui, nous, ce qu'on cherche, c'est avoir de la cohérence.
Oui, on va avoir des discussions avec
l'Ontario. Oui, on aura des discussions avec la population du Québec. Oui, mais
sur le cadre de réglementation qui
nous appartient, et non pas sur la légalisation. Ceci étant, nous devons être
prêts pour le 1er juillet parce que l'ensemble des provinces du Canada
seront prêtes. Alors, moi, je n'ai pas l'intention...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
...de faire bande à part.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M. Villeneuve :
M. le Président, 56 % des Québécois sont inquiets. Ils veulent être
consultés, ils veulent avoir droit au
chapitre. C'est un débat de société, il doit se tenir. Et ce n'est pas en
prenant des décisions maintenant et en consultant l'Ontario maintenant
qu'on respecte les Québécois et les Québécoises.
M.
le Président, je demande au gouvernement d'accepter notre commission
parlementaire itinérante sur le sujet. C'est
une question de société, et elle doit être répondue par l'ensemble des gens de
la société du Québec, M. le Président.
• (10 h 20) •
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, en ce moment, le comité est au
travail, et nous n'avons rien dévoilé de ce qui se discute là, et il n'y
a pas actuellement de décision de prise. Je suis déçue de lui annoncer ça, mais
c'est comme ça, hein?
Alors,
deuxième élément, deuxième élément, nous, on discute de notre côté. On ne
s'impose rien ensemble, on discute. On prend le temps de regarder toutes
les avenues, et c'est ce qu'on fait. Deuxième élément, on doit être prêts pour le 1er juillet 2018, M. le
Président. Si on fait un processus comme ils nous le demandent, comme ils ont
fait pour mourir dans la dignité, ça
a pris cinq ans. Alors, savez-vous quoi? Nous, on n'a pas le choix, parce que,
moi, ce que je ne veux pas, c'est que les gens puissent...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
...acquérir du cannabis par Internet.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mme la whip. M.
le chef du deuxième groupe d'opposition, c'est à vous la parole.
Cadre de négociation des conventions
collectives
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, la grève dans l'industrie de la construction coûte chaque jour
des millions de dollars. Il y a des
travailleurs, donc, des familles qui sont privés de revenus, et tout ça était
prévisible, on a joué dans le même film
en 2013. Et le premier ministre vient nous dire il y a quelques minutes :
Je vais proposer un nouveau mécanisme
de négociation qui va éviter à l'avenir ce genre de grève à répétition.
La question
est bien simple : Pourquoi il a attendu? Pourquoi le premier ministre attend toujours qu'il y ait un conflit avant d'agir? Ça va
faire 15 ans l'année prochaine que les libéraux sont au pouvoir, c'est toujours
les mêmes recettes qui donnent les mêmes erreurs.
Pourquoi le premier ministre a-t-il attendu pour déposer un nouveau mécanisme de négociation dans l'industrie de la
construction?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, mon collègue oublie de mentionner que c'est le même gouvernement qui pourtant avait assisté à
la conclusion d'ententes de tous les secteurs de la construction en 2014. Il a
comme omis ça dans son exposé. Alors,
comment explique-t-il que le même gouvernement ait pu le faire en 2014 et que ça ne se soit pas
fait cette fois?
Malgré les
efforts prolongés de la ministre du
Travail et de ses équipes, avec
médiation, conciliation, rencontres à
plusieurs reprises, ce qu'on constate — et
je pense qu'en son for intérieur il le sait très bien, aussi bien que moi — c'est
que la dynamique dans le milieu de la
construction est telle que pourquoi se donner la peine de faire une entente
négociée quand de toute façon le gouvernement va venir régler nos problèmes? Ce n'est pas comme
ça que ça va se passer cette fois-là.
On aura tantôt le dépôt d'un projet
de loi, et il pourra voir qu'on est
dans une perspective de résolution de conflits et non pas de négociations
interminables qui finissent malheureusement comme ce sera le cas cette fois-là.
Oui, on pense
également aux impacts sur le Québec, sur les travailleurs du Québec, sur l'économie du Québec,
sur les familles du Québec qui attendent
leurs logements. Je crois qu'il aurait été possible... D'ailleurs, il y a eu
une période pendant laquelle on s'est
remis à espérer une entente négociée. Elle n'a pas eu lieu. Profitons donc de
l'occasion pour donner un nouvel élan
à des négociations. Je le redis, ce que j'ai dit tantôt à notre collègue de
l'opposition officielle : Le projet de loi, lorsqu'adopté, ne
mettra pas un terme à la négociation.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre et moi, on sait depuis longtemps que ce
qui arrive aujourd'hui, ce qui a
commencé à arriver depuis mercredi dernier, c'était prévisible. Pourquoi il
attend toujours des conflits avant d'agir?
Et il y a un
autre conflit qui s'en vient, M. le Président, c'est le conflit avec les
ingénieurs de l'État, qui ralentissent actuellement des chantiers.
Donc, quand va-t-il agir pour régler le dossier
avec les ingénieurs de l'État?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, il faudra
que notre collègue nous explique comment lui réglerait le dossier avec les
ingénieurs de l'État, combien de pour
cent d'augmentation, quelle serait l'équité par rapport aux autres parties du
secteur public, les près de
500 000 personnes qui ont déjà signé des conventions collectives, et
j'ai parlé des employés de l'État, M. le Président, et également quelle
est sa vision sur la conduite d'une négociation dans le secteur public.
Maintenant,
la question de la construction, ce n'est pas une négociation du secteur public,
c'est un conflit privé dans lequel le
gouvernement agit en suivant les intérêts supérieurs du Québec, et non pas
comme partie à la négociation. Je le
répète, on le verra dans quelques instants, on aura le dépôt d'un projet
de loi, et j'espère, et je crois, une nouvelle énergie dans la négociation. Pourquoi? Parce que cette fois, chaque
fois, chaque partie constatera réellement qu'elle est mieux de régler plutôt
que de régler autrement.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, je le sais, que le premier ministre a hâte de voir un
gouvernement de la CAQ pour voir
comment on aurait réglé le dossier de la construction, parce que, oui, c'est
possible de mettre en place un nouveau mécanisme de négociation.
Maintenant, ma question, c'est à
propos des ingénieurs de l'État. Quand va-t-il agir concernant les ingénieurs
de l'État? Ce sont nos impôts actuellement qui sont dans des chantiers
publics, et ce sont des chantiers qui sont ralentis.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, il y a déjà eu plus de 50 séances de
négociation avec les ingénieurs de l'État. Moi, je demeure optimiste, et c'est d'ailleurs la perspective dans
laquelle nous nous plaçons, je demeure optimiste qu'on pourra avoir une
entente négociée.
Cependant,
qu'est-ce qui nous préoccupe? Qu'est-ce qui doit nous guider dans cette
négociation? C'est essentiellement une
question d'équité. Il y a près de 500 000... ou plus de
500 000 personnes, dans le secteur public, qui ont réglé à
l'intérieur d'un cadre financier
déterminé. Alors, ce serait très injuste à leur endroit, et on parle également
d'autres métiers importants et stratégiques
pour la fonction publique, ce serait très injuste à leur endroit de procéder
différemment pour ce groupe-là.
Je demeure persuadé
qu'il y aura une issue négociée à ce conflit. Je pense que c'est ce qu'il faut
tous espérer. Aujourd'hui, ce qui nous préoccupe, c'est l'industrie de la
construction...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...j'espère que la CAQ va soutenir le projet de loi qui
sera déposé.
Le Président :
Principale, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
Cadre de négociation dans l'industrie de la
construction
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Depuis le
24 mai 2017, les travailleurs de l'industrie de la construction sont
en grève alors que leurs contrats de travail
sont échus depuis le 30 avril dernier. Les négociations avaient pourtant débuté
en octobre 2016, la ministre était bien
au fait de la situation, et nous l'avions même interpellée sur le sujet lors de
l'étude des crédits. Encore une fois,
le gouvernement a réagi à la dernière minute, alors que le problème était connu
depuis plusieurs mois et que la
menace de grève était bien présente. La situation n'est pas une surprise pour
personne, sauf peut-être pour le gouvernement. Une loi spéciale est une
mesure d'exception.
Dans le cadre du
projet de loi, est-ce que le gouvernement compte imposer des conditions aux
employeurs et travailleurs ou alors laissera-t-il la chance aux parties de
négocier et de s'entendre par eux-mêmes?
Le Président :
Mme la ministre du Travail.
Mme Dominique Vien
Mme
Vien : Merci beaucoup, M. le Président. Merci au député pour sa
question. D'abord dire que la période de négociation au Québec dans le domaine de la construction
s'échelonne entre le 1er octobre 2016, pour cet épisode que nous
connaissons, jusqu'à la fin avril 2017. Il n'est pas anodin de rappeler
que cette période de négociation comporte sept mois et que les parties n'ont
commencé à négocier qu'en février. Malgré le fait que j'aie envoyé aux
parties... Même avant que la période du 1er octobre soit arrivée, une rencontre
a déjà eu lieu le 30 septembre avec les associations patronales. Il y en a
eu une autre le 17 octobre 2016 avec les associations syndicales, une
troisième, le 24 octobre, avec les... une rencontre avec les associations
patronales. J'ai écrit aux parties — je pourrais même déposer la lettre, M. le
Président — le
2 novembre. Le 30 janvier, une rencontre avec les associations
syndicales, le 2 février, une rencontre avec l'Association de la
construction du Québec. Il n'y a toujours pas de négociations, à ce moment-là,
qui sont commencées. Le 11 mai, le 16 mai, le 18 mai, le
23 mai, M. le Président. Et par la suite, le collègue le sait très bien,
le matin même du déclenchement de la grève, j'ai convoqué l'ensemble des
parties, quelques heures...
Le Président :
En terminant.
Mme Vien :
...après le déclenchement de la grève, pour les rencontrer et tenter de...
Document déposé
Le Président :
Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt de la lettre de Mme la ministre?
Consentement.
Première
complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard :
Merci, M. le Président. Un contrat de travail doit être négocié entre les
parties concernées, soit les
employeurs et les travailleurs. Pourtant, depuis les deux dernières
négociations, un troisième joueur, le gouvernement, s'est ajouté au
mauvais film. À chaque fois, le gouvernement s'en est mêlé.
M.
le Président, est-ce que le gouvernement reconnaît que le mandat actuel de
négociation ne répond plus aux besoins du domaine de la construction?
Est-ce qu'il devrait être revu?
Le Président : Mme la
ministre du Travail.
Mme
Dominique Vien
Mme Vien :
M. le Président, on va rappeler ici qu'il s'agit d'un conflit qui est privé,
entre les travailleurs de la construction
et des employeurs de la construction, et que le gouvernement a une sensibilité,
soit celle pour les citoyens du
Québec, les travailleurs du Québec, toutes les quincailleries au Québec, les
personnes qui attendent leurs maisons qui vont être livrées le 1er juillet. Donc, toutes ces personnes qui
sont impactées par la grève de la construction, nous sommes très
sensibles à leur situation.
Maintenant,
je comprends que, le collègue, ce qu'il souhaite, c'est que les parties
puissent en arriver à une entente négociée,
qu'ils négocient. J'en suis fort aise, je suis très, très, très heureuse
d'entendre ça. On s'attend, à ce moment-là, qu'au moment opportun,
aujourd'hui, il va être avec nous sur le projet de loi que nous allons déposer.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Marc Picard
M. Picard : Oui, merci, M. le
Président. La construction est intimement liée à l'économie du Québec. Tous reconnaissent qu'une grève dans ce secteur n'est
pas souhaitable. Une grève après l'autre, ce n'est pas un modèle viable.
Le mécanisme actuel de négociation dans le
secteur de la construction ne fonctionne plus et doit être revu. Ce processus
doit être permanent et continu afin que les parties puissent en arriver
eux-mêmes à une entente.
M. le Président,
est-ce que le gouvernement est prêt à moderniser le mode de négociation dans le
secteur de la construction?
• (10 h 30) •
Le Président : Mme la
ministre du Travail.
Mme
Dominique Vien
Mme Vien :
M. le Président, avec la pièce législative que nous allons déposer un peu plus
tard aujourd'hui, sans faire d'outrage à qui que ce soit, ce que je veux
dire aujourd'hui, c'est que nous allons remettre la responsabilité de la négociation entre les mains de ceux et celles
qui doivent la porter. C'est ce que nous allons faire tout à l'heure. Il y aura
une période de négociation pour les parties.
Nous aurions aimé qu'elles utilisent toute la plage qui était destinée pour la
négociation, du 1er octobre jusqu'à la
fin avril, on a commencé à négocier uniquement en février. Il y aura une seconde
chance, c'est à eux et à elles de la saisir.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Grève des ingénieurs de l'État
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Les ingénieurs sont en grève, on l'a dit.
Conséquence : les chantiers publics, notamment les chantiers
routiers, sont ralentis, voire paralysés.
Le coeur du
problème, c'est l'écart salarial entre le salaire des ingénieurs du gouvernement
et les comparables, autant,
d'ailleurs, au public qu'au privé. Malgré de très nombreuses recommandations
depuis 2007, le gouvernement du Québec est incapable de rebâtir une
expertise en ingénierie, qui lui fait cruellement défaut, M. le Président, ça a
été largement documenté, une expertise qu'on n'a plus les moyens de se priver.
Alors, qu'est-ce que le président du Conseil du
trésor va faire, à moyen et à long terme, pour s'assurer de se redonner une capacité d'attraction et de
rétention? Et qu'est-ce qu'il va faire à court terme pour s'assurer que les
ingénieurs, oui, ils sont dans la rue, mais pour superviser des
chantiers, pas pour manifester?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
M. le Président, ce que nous allons faire, nous allons continuer de faire ce
que nous avons si bien fait depuis
2011, c'est-à-dire continuer d'augmenter l'expertise interne. Depuis 2011,
depuis octobre 2011, nous avons augmenté de 61 % le nombre total
d'ingénieurs au ministère des Transports seulement — on sait que le
ministère de l'Environnement également compte un grand nombre
d'ingénieurs — on
est passé de 557 à 898.
Lorsque nous
faisons des appels de candidatures, M. le Président, au cours des 12 derniers
mois, nous avons reçu 4 400 candidatures.
Je vous rappelle qu'on a 1 300 ingénieurs ou un peu plus au
gouvernement du Québec, et donc nous avons une capacité d'attraction qui est
importante. Je ne sais pas où le député de La Peltrie a pris sa documentation.
Si les conditions de travail des ingénieurs au gouvernement du Québec
étaient à ce point terribles, expliquez-moi pourquoi, lorsqu'on fait un appel de candidatures, on aurait
4 400 personnes, dont 35 % sont des ingénieurs de 10 ans
d'expérience et plus. Les conditions
de travail au gouvernement sont bonnes, nous sommes ouverts à la négociation
pour les expertises pointues, mais il n'est pas vrai...
Le Président :
En terminant.
M. Moreau :
...que nous allons casser le cadre de négociation avec les
500 000 employés de l'État.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Peut-être que le président du Conseil du trésor, à ce
moment-là, pourra m'expliquer pourquoi,
depuis le 1er avril 2013, il y a eu 311 ingénieurs embauchés, et pas
des appels de candidatures, pas des
listes de noms qu'on fait au cas où, des gens qu'on embauche, 311, et
là-dessus, quand on calcule la vraie expérience, là, pas les années d'études, la vraie expérience des gens inscrits au
tableau de l'Ordre des ingénieurs, il y en a 39, 39 qui avaient
10 années d'expérience ou plus.
Comment peut-il
expliquer ça?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : M. le Président, la façon de se comporter dans ce
domaine-là est la suivante. Nous
sommes d'accord et nous poursuivons les efforts pour augmenter
l'expertise interne, c'est ce que nous faisons. Nous avons, bon an, mal an, lorsque des appels de candidatures sont faits, des ingénieurs
d'expérience, de plus de 10 ans d'expérience.
Et là je ne sais pas
s'il fait une distinction entre le diplôme ou l'expérience. Nous, ce qu'on dit,
c'est que les ingénieurs déclarent avoir une
expérience de 10 ans ou plus lorsqu'ils posent leur candidature. Il y en a
35 % comme ça. On estime qu'on a
la capacité d'attirer les talents requis, M. le Président. Et je pense
que les négociations doivent se faire à la table des négociations,
j'invite donc l'association à y retourner. Nous avons déjà 50 séances...
Le Président :
En terminant.
M. Moreau :
...et nous sommes prêts à continuer celles-ci.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Bon,
alors, peut-être pourra-t-il m'expliquer celle-là dans ce cas-là. En 2000-2001,
par million dépensé sur un chantier de construction,
toutes dépenses confondues, 96 000 $ étaient octroyés aux travaux
d'ingénierie en sous-traitance. En 2014-2015,
on est rendu à 161 177 $. Ça, ce que ça veut dire, M. le Président, là, c'est que la totalité
des travaux d'ingénierie sur nos chantiers sont donnés en sous-traitance.
Pourquoi, si on a
autant d'expérience?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Ce qui vient d'être dit est absolument
et rigoureusement faux. L'ingénierie,
en termes de surveillance des
travaux, nous avons augmenté le pourcentage des travaux inspectés et surveillés
par les ingénieurs du gouvernement du
Québec à hauteur de 71 %,
71 %. Vérifiez avec les gens qui sont en haut, là, les chiffres qu'ils vous
ont donnés avant la période de
questions, et vous leur direz qu'ils corrigent un peu le tir. Et, au lieu
d'être en haut, ils devraient s'asseoir à la table de négociation. Nous,
on est prêts à négocier avec eux.
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Intégration des immigrants au
marché du travail
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Alors, M. le Président, un texte de Rima Elkouri paru dans La Presse
en fin de semaine mettait au grand jeu l'histoire de Mostafa, un immigrant
hautement qualifié de 32 ans qui
parle trois langues, possède deux maîtrises. Après quatre ans d'efforts et plus de
1 000 C.V. sans réponse, il
garde toujours espoir de trouver un travail dans son domaine. Ce gars-là était ingénieur électrique dans son
pays d'origine, l'Égypte. Il travaille aujourd'hui dans un café à Montréal,
une histoire comme on en voit tant d'autres
au Québec, M. le Président. Avec un même C.V., un Tremblay, un Bélanger
a 60 % plus de chances d'être convoqué
à une entrevue d'embauche qu'un Traoré ou un Annaka. Un gouvernement qui
aurait réellement à coeur la réussite des
nouveaux arrivants aurait tout fait pour corriger cette injustice qui persiste
depuis tellement longtemps.
Ma question pour la
ministre de l'Immigration est très simple : Est-ce qu'elle peut enfin
agir, je répète, M. le Président, agir contre la discrimination à l'embauche en
mettant en place des projets pilotes de...
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Oui, M. le Président. Évidemment, la situation de M. Annaka est absolument
déplorable, d'une tristesse infinie, et
c'est pour cela que notre gouvernement est en action. Et d'ailleurs je note
qu'elle demande l'action, pourtant
c'est l'opposition officielle qui refuse une consultation sur la discrimination
systémique. S'il y a bien un cas de discrimination
systémique, le voilà, il est reconnu. C'est un membre de l'Ordre des
ingénieurs, donc on ne parle même pas de problème de reconnaissance des
acquis.
Mais
nous agissons sur tous les fronts, nous sommes en action. Nous avons fait la
bonification du programme PRIIME, on
crée un guichet unique pour la reconnaissance des acquis. Ma collègue la
ministre de la Justice a déposé le projet de loi n° 98. On a
bonifié notre programme de francisation, un guichet unique en français.
Alors, on est en
action, mais on demande le concours... Évidemment, le consensus général, c'est
de faire une consultation sur la
discrimination systémique et le racisme. Pourquoi? Pour amener des propositions
et l'engagement de toutes les parties prenantes, incluant les
entreprises. Alors, on souhaite des propositions concrètes...
Le Président :
En terminant.
Mme Weil :
...et on fera l'annonce bientôt sur cette consultation.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
M. le Président, la ministre nous parle de propositions concrètes. C.V.
anonymes, c'est une proposition concrète
qu'on vous a faite depuis le mois de janvier. Alors, M. le Président, pas
besoin d'une commission pour appliquer les C.V. anonymes. Paul Eid,
sociologue, a fait la recommandation à la Commission des droits de la personne.
Est-ce
que la ministre va enfin sortir de sa torpeur et faire en sorte que des C.V.
anonymes puissent être permis au Québec?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Alors, lors des crédits, j'ai eu l'occasion d'expliquer à la députée...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Weil : ...que le C.V.
anonyme et le testing qui a été fait en France, justement, avec le C.V.
anonyme n'avaient pas donné de résultat pour les personnes immigrantes.
Pourquoi? Parce que, lorsque la personne est venue pour l'entrevue,
on a regardé l'université où la personne a fait sa formation,
le nom de la personne, évidemment cette personne n'a pas reçu d'offre
d'emploi. Je lui ai bien expliqué.
Donc,
l'important dans ce dossier-là, c'est d'avoir des experts qui nous fassent des recommandations sur la forme et les thèmes
qu'on va aborder lors de la consultation. Et nous avons complété la première étape de
cette consultation, on est à l'étape de consultation...
Le Président :
En terminant.
Mme Weil :
...avec des organismes communautaires et les groupes issus de la diversité pour
avoir...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée :
Après 12 ans de régime libéral, la discrimination en emploi, la
discrimination dans le logement est répandue. Ça, c'est la réalité. Nous avons
offert au premier ministre, il y a plusieurs mois, des projets pilotes de C.V. anonyme — le gouvernement fédéral le fait, est-ce
qu'il le condamne? — et,
deuxièmement, de rendre illégale la demande
d'une expérience de travail antérieure au Québec pour faire la sélection des travailleurs, comme l'Ontario le fait.
Pourquoi refuse-t-il
d'agir immédiatement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, parce qu'il faut regarder la situation en face. Il faut que
la société, M. le
Président, accepte d'en discuter, d'en débattre de façon cohérente.
Alors, M. le Président, je ne sais pas à quel point mon collègue
se rend compte de l'incohérence de sa
position. Ça fait des semaines qu'il nous a dit ici à plusieurs
reprises : Il n'y en a pas au Québec, de discrimination, et
encore moins de racisme, ça n'existe pas. Demandez à ce monsieur ce qu'il pense
de la déclaration du chef de l'opposition officielle. Alors, beaucoup plus
productif...
Des voix :
...
Le Président :
Oui, M. le leader de l'opposition.
M.
Bérubé : ...premier ministre, le chef de l'opposition n'a
jamais dit ça. Et, si c'est le cas, j'aimerais qu'il dépose l'extrait.
Le Président :
Bon, alors, M. le premier ministre, veuillez continuer, s'il vous plaît.
• (10 h 40) •
M. Couillard : Alors, tout le monde a entendu, tout le monde au Québec sait que le
Parti québécois refuse qu'on discute publiquement de la question de
discrimination et de racisme systémique.
Des voix :
...
Le Président :
Oui, M. le leader.
M.
Bérubé :
M. le Président, le premier ministre prête des intentions à l'opposition
officielle...
Le
Président : Ah! non, non, non. Ça, ce n'est pas une question de
règlement. M. le premier ministre, veuillez terminer et... Continuez,
s'il vous plaît.
M.
Couillard : Alors, les auteurs de la charte, qui voulaient retourner
les femmes immigrantes à la maison, continuent de sévir, M. le Président. Nous,
on est...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...sur l'ouverture et l'inclusion et on va continuer.
Des voix :
...
Le Président :
M. le leader, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le leader, vous avez un point à soulever?
M.
Bérubé :
M. le Président, pour la troisième fois, c'est un mensonge, il le sait...
Des voix :
...
Le Président :
Ah, là! Ta, ta, ta! Je constate ceci, je constate que les opinions sont
différentes sur un sujet. Je constate que
les opinions sont différentes sur un sujet, ce n'est pas interdit. Ce n'est pas
interdit. Je voudrais vous demander de retirer les derniers propos que
vous avez dits.
Des voix :
...
Le Président : Non, non, non.
Je vais vous demander de retirer vos derniers propos, s'il vous plaît.
M.
Bérubé : M. le Président, je retire. C'est inexact.
Le
Président : C'est
beau. Alors, on continue. Est-ce qu'il y a une prochaine question? Mme la députée de Taillon, vous êtes
en principale.
Pénurie de médecins dans les
centres d'hébergement
et de soins de longue durée
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : La désorganisation
du ministre de la Santé continue de se faire sentir dans la région de Québec.
Après la fin du sans rendez-vous dans le
CLSC Haute-Ville, après les bris de service déjà connus dans les urgences,
à Jeffery-Hale par exemple, et annoncés à répétition pour le reste de l'été,
on apprend aujourd'hui qu'une unité de soins de longue durée toute neuve, inaugurée il y a
presque un an, est toujours vide. Pourtant, des résidents âgés en CHSLD,
Saint-Augustin, ils attendent. Pourquoi ils
attendent? Parce qu'il n'y a pas de médecins. Des milliards de hausses pour
les médecins plus tard, le ministre de la Santé est incapable d'en trouver pour
les CHSLD. Un gigantesque fiasco.
Quand
l'aile vide pour les soins de longue durée de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, qui a coûté 6 millions de dollars,
va-t-elle enfin donner des soins aux aînés qui en ont besoin?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, je suis
très content qu'on me pose cette question-ci, M. le Président, d'abord parce que
notre collègue souligne les investissements que nous faisons pour améliorer le sort de nos personnes les plus
démunies, hein? Cette installation-là qui a été rénovée, c'est pour le
bien de nos personnes âgées qui en ont grand besoin. Mais, M. le Président, il fallait, évidemment, que nous ayons
mis en place les lois et règlements que nous sommes encore en train de mettre en place et auxquels s'oppose l'opposition
depuis le début pour faire en sorte que les médecins aient l'obligation
d'aller couvrir ces endroits-là.
La
problématique que l'on vit aujourd'hui, M. le Président, n'est pas causée par
le gouvernement. Le gouvernement, notre
gouvernement a pris les gestes nécessaires pour améliorer la situation pour nos
personnes âgées, et nous les prenons aussi par nos lois et règlements
pour faire en sorte que cette situation-là soit corrigée parce qu'elle ne se
corrige pas d'elle-même. Alors, je remercie
encore une fois notre collègue de souligner la justesse de nos investissements
pour les personnes âgées. Qu'on nous
laisse et qu'on nous appuie pour poser les gestes législatifs et réglementaires
qui vont faire en sorte que les médecins soient au rendez-vous.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, 11 mois après l'inauguration, une année, et
c'est toujours vide. On est au même point
puis on attend la couverture médicale, dit le CIUSS de la Capitale-Nationale,
le CIUSS. Alors, à quoi ça sert de faire un forum sur les CHSLD si des
aménagements neufs, pour lesquels les Québécois ont payé, restent vides?
Est-ce
que le ministre va reconnaître que le manque de médecins en CHSLD est amplifié
dangereusement depuis son projet de loi n° 20?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je suis content que notre collègue mentionne le forum sur
les CHSLD qu'on a tenu l'année dernière, ce qui me permet de rappeler, évidemment, que nous avons investi
65 millions de dollars pour engager plus de 1 300 personnels de différentes catégories dans notre réseau pour
améliorer leur sort. Et en même temps, évidemment, ça me permettra, évidemment, de mentionner le forum que l'on vient
de tenir la semaine dernière sur les soins à domicile, qui permettront aux gens, grâce à notre investissement de
69 millions de dollars, qui s'additionnent aux 60 de l'automne, de pouvoir
rester à domicile le plus longtemps
possible et ne pas aller en CHSLD. Je remercie notre collègue de me permettre
de montrer que nous nous occupons des gens les plus vulnérables dans la
société...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...en posant les gestes qui vont donner des résultats et des services.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Renseignements sur les médecins
recueillis
par des compagnies pharmaceutiques
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, dans le percutant documentaire Québec sur ordonnance, réalisé
par Paul Arcand en 2007, le premier ministre du Québec était resté bouche bée par l'existence de listes
de médecins fichés par des compagnies pharmaceutiques, un véritable
trésor qui leur permet de cibler leurs campagnes de marketing.
Le nom de l'ex-ministre de la Santé apparaissait
sur ces listes malgré lui, et il avait déclaré à Paul Arcand : Je
l'ignorais, ils ont fait ça à mon insu.
Ce matin, LeJournal de Montréal
rapporte qu'il a obtenu plusieurs listes de médecins, dont une qui contient 7 000 noms. Bref, 10 ans plus tard, rien n'a
changé, et des milliers de médecins sont toujours secrètement fichés par des
compagnies pharmaceutiques. Dans les crédits budgétaires de cette année, la
Coalition avenir Québec a demandé au ministère
de la Santé les actions menées concernant les listes IMS depuis 2007. Réponse
du ministère : Aucune action n'a été menée. D'ailleurs, je souhaite
déposer la réponse du ministère, M. le Président.
Est-ce que le ministre de la Santé condamne
cette pratique? Et va-t-il agir pour y mettre fin?
Document déposé
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour le dépôt du document du député de Lévis? Consentement. M.
le député de Lévis... M. le député de Lévis, pas encore. M. le ministre de la
Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je ne le souhaite pas, même s'il y a un souhait sûrement
inverse de l'autre bord. Mais ça, c'est une autre chose.
M. le
Président, j'ai été aussi moi-même, ce matin, très surpris de voir des listes
nominatives de médecins. Je n'ai pas
vu de noms de patients, par contre, parce que les documents étaient caviardés,
et j'ai été moi-même surpris de voir que
les données qui circulaient étaient des données qui étaient suffisamment
précises et granulaires pour se rendre au nom d'un médecin.
La
réglementation actuelle — qui n'est pas celle du ministère de la Santé, c'est la loi de
l'accès à l'information pour la
circulation des données privées — est claire cependant, cet élément-là n'est
pas censé être un élément qui doit survenir.
Alors, à la
lumière de ce dont j'ai pris connaissance, je suis actuellement en
conversation. On travaille avec ma collègue la ministre qui est responsable des
institutions et de la protection des renseignements publics pour faire en
sorte que, cette situation-là, la lumière
soit faite là-dessus de façon à ce que ça ne se reproduise pas. Je suis
d'accord qu'on n'est pas censés aller jusque-là.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
il faut savoir que ces listes de médecins permettent aux pharmaceutiques
d'avoir accès à des informations qui
devraient demeurer confidentielles. Les médecins sont identifiés, leurs
habitudes sont examinées. Ils sont
inquiets. Dr Breton disait qu'il ne savait pas qu'il y avait ce genre
d'informations là. La Dre Dauphinais n'est
pas contente, elle est agacée, on la comprend. Les compagnies pharmaceutiques
ont détourné l'esprit de la loi sur l'accès à l'information.
Est-ce que le
ministre de la Santé va demander à la RAMQ de faire une enquête spéciale sur
cette pratique qui doit cesser?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je vais le répéter, M. le Président, nous allons faire la
lumière sur cette situation-là précise. Par contre, je ne pense pas qu'il y ait des médecins au Québec
qui ne savent pas aujourd'hui, là, que ce genre de statistiques là existent.
C'est très, très, très connu dans le milieu
médical, mais ce sont des statistiques qui doivent être macroscopiques plutôt
que... non seulement microscopiques, elles sont granulaires, de ce qu'on a vu
dans le journal. Alors, je suis tout à fait d'accord
avec notre collègue et avec la surprise de certains médecins, peut-être,
d'avoir vu leur nom. Mais tout le
monde sait qu'il est utile pour tout le monde, incluant le gouvernement, d'avoir des statistiques d'un niveau suffisamment précis, mais pas au-delà de
certaines bornes, pour prendre certaines décisions. Et, encore une fois, je suis d'accord avec notre collègue, on doit faire la lumière là-dessus.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci. En 2007, alors qu'il
était ministre de la Santé, l'actuel premier ministre du Québec n'en revenait pas de savoir que son nom se retrouvait
sur une liste d'une compagnie pharmaceutique qui connaissait ses habitudes de
prescription. Il y a des détails là importants. 10 ans plus tard, malgré le
documentaire de Paul Arcand, qui a révélé l'existence de ces listes,
bien, rien n'a changé.
Je
répète ma question. Cette pratique doit cesser, et la RAMQ devrait faire une
enquête. Est-ce que le ministre est prêt à agir en ce sens-là?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je vais faire la
même réponse parce qu'aujourd'hui, à cette heure-ci, à cette période de questions, M. le Président, il y a une seule réponse que l'on peut faire
et qui est celle de faire la lumière sur ce qui s'est passé précisément. Et
j'irais même plus loin, est-ce que la RAMQ, M. le Président, a le pouvoir de
faire cette enquête-là ou ça doit être ailleurs?
Parce que la réglementation de laquelle on parle et selon laquelle il y a peut-être
eu exagération et même irrégularités,
ce n'est pas celle du ministère de la
Santé et ce n'est pas celle de la
RAMQ. Par contre, après avoir fait la lumière sur ce qui s'est passé, s'il y a lieu pour nous, à la Santé
et à la RAMQ, d'agir, bien, j'ai le tempérament, M. le Président, pour
agir quand c'est nécessaire.
• (10 h 50) •
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jean.
Financement des organismes
communautaires
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Les organismes communautaires font un travail remarquable et essentiel. Comme
députés, comme tous les députés, nous sommes
interpelés tous les jours par des citoyens qui vivent des difficultés, et on le
constate, à quel point ces citoyens ont besoin de l'aide
des organismes communautaires, qui
répondent à leurs besoins, leurs urgences et leurs préoccupations. Dans un contexte où l'austérité libérale a fait
beaucoup de mal, les organismes communautaires sont un filet social dont ils ne
peuvent se passer. C'est clair, avec le Parti québécois, c'est la fin de
l'austérité toxique, plus de soutien
pour les familles, les aînés, les patients et les organismes communautaires qui
viennent en aide aux citoyens...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, la question pourrait être posée
de façon moins bruyante. M. le député de Saint-Jean. Vous êtes le seul à
avoir la parole ici.
M.
Turcotte : La
vérité fait mal, M. le Président. Nous sommes aux côtés, aujourd'hui, des organismes communautaires qui, dans chacune de nos circonscriptions,
dénoncent les coupures et l'austérité libérale.
Est-ce
que le ministre peut enfin entendre leur appel et rehausser le financement des organismes communautaires?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
D'abord, M. le Président, par le biais de vous, je veux informer mon
collègue. La différence entre
«austérité» et contrôler la croissance des dépenses, avoir une rigueur budgétaire,
je comprends que, de leur côté, ils n'ont jamais connu ça, mais, de
notre côté, trois budgets équilibrés, ça fait la job. C'est ce qui fait que
nous pouvons maintenant accorder des sommes aux groupes communautaires au
Québec plutôt que de faire des promesses, hein, avant une campagne
électorale, faire un budget sans
cahier de crédits, chose qui a été dénoncée fortement par le Vérificateur général. Alors, ce n'est pas
la députée de Soulanges et la ministre déléguée aux Services sociaux qui le dit, M. le Président, c'est la Vérificatrice générale, qui, à l'époque, avait
condamné cette pratique.
Alors,
premièrement, nous avons une rigueur. Deuxièmement, il y a des sous, il y a de l'argent qui a été
ajouté pour les groupes
communautaires. Et, M. le Président, on les considère tellement que c'est pour ça
qu'on en est arrivés à avoir une
prévisibilité et que le ministre des
Finances, dans son budget, a pu
annoncer 80 millions sur cinq ans. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, dans le dernier budget et lors de l'étude des
crédits, la ministre nous a confirmé que le PSOC, le programme
d'aide pour les organismes santé et services sociaux, s'élevait à 577 millions
et, dans cinq ans, 602 millions. Contrairement aux propos du ministre
des Finances, qui le dit, que c'est
80 millions d'augmentation,
602 moins 577, ça donne 25 millions. Et à ce sujet, M. le
Président, je dépose une lettre d'un
P.D.G. de CISSS qui confirme aux organismes communautaires que c'est 25 millions,
et non pas 80 millions.
Donc, je demande le consentement de la lettre du
P.D.G. du...
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour le dépôt du document du député?
Des voix : ...
Document déposé
Le
Président : Alors, il y a...
S'il vous plaît! Donc, le dépôt est fait. Mme la ministre
déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le
Président, je vous laisse calculer vous-même le total des cinq années. 2017-2018,
10 millions. Si on ajoute, en
2018-2019, un autre 10 millions, nous sommes rendus à 20 millions. En
2019-2020, 15 millions de plus,
ça fait, hein, 20 plus 15, 35. 20 millions en 2020-2021 et
25 millions en 2021-2022. Si vous totalisez toutes les sommes, ça fait 80 millions. Et, oui, M. le
Président, à la fin du mandat de cinq ans, à la fin de cinq ans, il y a
25 millions récurrents. Mais
est-ce qu'il me demande de retirer tous les premiers quatre ans pour faire
25 millions au total? Non, je ne ferai pas cela, M. le Président.
Le Président : En terminant.
Alors, cela met fin à la période de questions et réponses orales.
Motions sans préavis
À la rubrique Motions sans préavis, M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Tel que convenu, d'ailleurs, vous en
avez fait mention au début de nos travaux, j'ai deux motions à présenter
à ce moment-ci.
Déterminer le cadre temporel des séances extraordinaires
La première, sur le cadre temporel, je vous en
fais lecture :
Conformément aux
dispositions de l'article 26.1 du règlement de l'Assemblée nationale :
«Qu'en vue de procéder à la présentation et à toutes les
[...] étapes de l'étude du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives, l'Assemblée se donne le cadre temporel
suivant :
«Que l'Assemblée puisse siéger tous les jours à compter de
9 heures 45 jusqu'à ce qu'elle ait terminé l'étude de
l'affaire pour laquelle elle a été convoquée ou qu'elle décide d'ajourner ses
travaux.»
C'était la première
motion, M. le Président, sur le cadre temporel.
Établir la procédure législative d'exception en vue
de procéder à la présentation et aux autres
étapes de l'étude du projet de loi n° 142
Maintenant,
la deuxième, concernant la procédure d'exception :
«Qu'en vue de procéder à la présentation et à toutes les
autres étapes de l'étude du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives, l'Assemblée
établisse la procédure législative d'exception telle que prévue aux
articles 182 à 184.2 et 257.1 à 257.10 du règlement;
«Qu'à tout moment de la séance, le président puisse
suspendre les travaux à la demande d'un ministre ou d'un leader adjoint du
gouvernement.»
Le Président : Moi, je peux suspendre la
séance pour une durée de 15 minutes afin que les députés puissent prendre
connaissance des deux motions présentées par
le leader du gouvernement. On pourrait faire ça comme ça. D'ailleurs, on
pourrait... Ça peut être l'objet de votre
décision, mais l'autre alternative, ce serait le dépôt du projet de loi puis de
prendre le deux heures pour l'ensemble. Moi, je vous laisse le soin
de...
M.
Bérubé :
M. le Président, votre suggestion nous va.
Le Président :
Le deux heures?
Des voix :
...
Le Président : Je suspends
les travaux quelques instants.
(Suspension
de la séance à 10 h 56)
(Reprise à 11 h 12)
Le Président :
Alors, nous reprenons nos travaux.
Je vais demander aux
deux leaders s'ils ont des interventions. Non? O.K. C'est bien.
Alors,
puisqu'il n'y a pas d'intervention, je suspends les travaux pour une durée de
deux heures afin de permettre à l'ensemble des députés de prendre connaissance
du projet de loi. Ça vous va? Ça va? Alors, voilà, c'est suspendu.
(Suspension de la séance à
11 h 13)
(Reprise à 13 h 16)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Débat restreint sur le motif de la convocation en séances
extraordinaires
et sur les motions fixant le cadre temporel et la procédure d'exception
Et
les motions présentées par M. le
leader du gouvernement étant
recevables, je vous informe maintenant de la répartition
du temps de parole établi pour le débat restreint sur le motif de la
convocation en séance extraordinaire et sur les deux motions présentées pas le leader
du gouvernement, soit la motion fixant le cadre temporel de la séance et la
motion de procédure d'exception.
La
répartition du temps de parole se fera comme suit :
56 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire formant
le gouvernement,
32 min 57 s sont allouées au deuxième groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 23 min 32 s sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, 7 minutes sont réservées aux
députés indépendants.
La
présidence répartira cette enveloppe de temps parmi ceux qui auront signifié
vouloir participer au débat, sous réserve
d'un maximum, selon le nombre de députés qui se seront manifestés, de deux minutes
chacun pour les députés de Groulx et
de Vachon et de six minutes pour les deux députés de Québec solidaire.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à
aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants qui
souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Alors,
je suis prêt à céder la parole à un premier intervenant. Et je cède la parole à
Mme la ministre du Travail.
Mme Dominique Vien
Mme Vien :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis très heureuse de prendre la
parole aujourd'hui.
Vous
savez, le 24 mai dernier, il y a donc une grève qui a été déclenchée au Québec
dans le domaine de la construction.
Mais il faut bien se rappeler, M. le
Président, que les parties au dossier
avaient depuis le 1er octobre dernier pour débuter la négociation, et
ce, jusqu'à la fin avril, fin qui marquait finalement... fin avril qui marquait
la fin des conventions collectives.
Et, à notre grand
regret, on s'est rendu compte qu'effectivement les parties au dossier, tant
syndicales que patronales, n'avaient pas
utilisé tout le temps imparti, justement, pour négocier et en arriver à une entente
négociée entre les deux parties. Il
est aussi pertinent ici aujourd'hui de rappeler que le conflit qui nous occupe est un
conflit de nature et d'ordre privés. C'est important de le rappeler ici également.
La
raison pour laquelle, M. le Président, on est ici rassemblés aujourd'hui et que nous déposons une pièce législative qui
est une pièce législative d'exception, faut-il le rappeler, c'est que
nous n'avons pas le choix. Nous n'avons pas le choix, parce que
nous sommes devant 175 000 travailleurs
qui sont privés de travail. Nous sommes aussi devant
25 000 employeurs, entreprises qui vivent également des
contrecoups de cette grève-là. Nous sommes aussi devant une industrie qui est extrêmement importante, dont les retombées
économiques sont évaluées à quelque chose aux alentours de 46 milliards
de dollars, dont 60 % de l'activité est rattaché aux activités reliées à
R-20, donc la loi sur la construction.
• (13 h 20) •
Les
parties, donc, nous forcent à agir, M. le Président, et ce qu'on veut, nous,
c'est venir régler le conflit. Parce qu'en le réglant on vient
évidemment aider ces travailleurs, mais on vient aussi aider toutes ces
entreprises qui sont satellitaires, si vous
voulez, à la construction. On vient aussi appuyer ces jeunes familles, ces
couples qui ont de nouvelles maisons,
M. le Président, et qui attendent la livraison pour le 1er juillet; toutes
ces municipalités que nous avons dans nos
comtés, dans nos circonscriptions qui ont à faire des travaux et qui sont
ralenties; ces chantiers routiers qui, quelquefois, nous font un peu monter la pression — mais là tout est arrêté, là, au moment où on
se parle, les travaux n'ont pas lieu; tous
ces fournisseurs également qui sont en lien avec le domaine de la construction,
ces quincailliers que nous connaissons bien
et qui sont dans nos paroisses, dans
nos municipalités. Donc, toutes ces personnes, tous ces groupes,
toutes ces entreprises vivent un préjudice, et nous sommes
devant un préjudice qu'on peut qualifier de social.
Je peux vous assurer que tous les
moyens ont été mis en place, tous les moyens ont été déployés pour aider nos
deux parties à régler et à en arriver à une
entente négociée, M. le Président. Je les ai rencontrés à 11 reprises, je leur ai
écrit, j'ai mis à leur disposition des médiateurs, j'ai mis à leur disposition des conciliateurs,
et ils auraient dû, M. le Président,
très franchement, utiliser l'ensemble de la
plage horaire qui leur était destinée pour négocier. Ce n'est pas le choix que
les parties ont fait, pour des raisons qui leur appartiennent. Du mois
d'octobre au mois de février, il n'y a pas eu de négociation. Les négociations ont commencé en février, et nous sommes aujourd'hui en mai, fin mai,
devant la situation que nous
connaissons.
M. le Président, ce matin, que
ce soit le chef de l'opposition
officielle ou encore le collègue de Chutes-Chaudière, qui est le porte-parole en matière de travail à la Coalition avenir Québec, j'ai
bien entendu leurs messages. On souhaite qu'il y ait une période de négociation; on souhaite qu'il y ait une autre période donnée aux parties pour
s'asseoir à nouveau puis tenter effectivement de s'entendre. Bien, j'ai une bonne nouvelle, moi, pour eux. Dans le projet de loi que j'ai déposé aujourd'hui, le projet
de loi n° 142, la Loi assurant la reprise des travaux dans
l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives, il est prévu un certain nombre de choses.
La première chose qui est prévue, bien
sûr, c'est la fin de ce conflit, qui fait mal à nos concitoyens, qui fait mal
à nos entreprises, donc cette grève, qui est
donc prévue arrêter le 31 mai, après-demain. Également, nous venons
prévoir une augmentation de salaire
pour les employés de la construction. Nous venons aussi prévoir, donc — et c'est là où ça va réjouir les collègues de l'opposition — une période de médiation supplémentaire de
cinq mois, table par table, secteur par secteur, et nous, effectivement, affecterons un médiateur à
chacune de ces tables. D'ailleurs, s'ils veulent commencer à négocier, s'ils veulent reprendre la négociation, s'ils
veulent à nouveau s'asseoir ensemble, l'invitation leur est faite; les
médiateurs, les conciliateurs sont
toujours disponibles. Donc, une période de médiation de cinq mois est prévue,
après quoi, s'il ne devait pas y
avoir d'entente, s'il ne devait pas y avoir donc de convention entérinée par
les deux parties, il y est prévu une période d'arbitrage.
Et c'est là où ça devient différent,
M. le Président. Ce qu'on dit, c'est : Oui, une période de négociation,
une période de médiation. Maintenant,
il y a certains sujets, sur recommandation du médiateur, qui seront donc
recommandés auprès de la ministre
pour être déférés à l'arbitrage. Il y a une nébuleuse autour de ça. Et on veut
que les syndicats comprennent qu'il
est toujours plus payant de négocier et de s'asseoir ensemble que tout autre
moyen, M. le Président. Et, compte tenu du délai de se mettre à la table et de commencer à négocier, M. le
Président, nous avons la fâcheuse impression qu'on attend que le gouvernement y aille d'une loi
spéciale pour déterminer ce qu'on n'a pas voulu ou qu'on n'a pas pu négocier
entre deux parties. Ce n'est pas ce que nous voulons. Ce que nous voulons,
c'est que les deux parties prennent leurs responsabilités,
et leurs responsabilités, c'est de se rasseoir et de recommencer à négocier. Et c'est exactement ce que le projet
de loi n° 142 vient prévoir et vient offrir aux parties.
Alors
voilà, M. le Président, essentiellement, ce que j'avais à dire ici, dans une première
intervention concernant la loi n° 142.
Ce que je souhaite, bien entendu, c'est de convaincre les collègues
des oppositions d'y aller promptement dans l'adoption de ce
projet de loi. Je pense que ce sont des gens qui comprennent bien la situation.
Ils en sont bien conscients. On a vécu un
épisode en 2013. Je pense que tout le
monde avait fait la même lecture de
la situation, de l'urgence de la situation. Bien
entendu, pour l'industrie de la construction, il n'y a pas personne qui vient mettre ça en doute, à quel
point c'est important. Je l'ai dit, 46 milliards de dollars, tout à
l'heure. C'est 45 millions de coûts, d'impacts, de pertes, si vous voulez, à chaque jour que
la grève se poursuit au Québec, qu'entraîne cette grève dans la construction.
C'est 2 millions de dollars
perdus par heure, M. le Président. Je pense que le Québec et les Québécois
n'ont pas les moyens de tolérer encore plus longtemps cette grève qui
est très coûteuse pour les Québécois, M. le Président.
Avant de terminer,
vous allez me permettre peut-être de rappeler un certain nombre de situations
qui prévaut actuellement au Québec pour vous illustrer à quel point c'est douloureux
actuellement en
termes économiques, mais aussi en
termes sociaux, M. le Président. Peut-être que je me répéterai un peu, là, mais
ça donne vraiment des exemples très, très
clairs, très concrets. Une trentaine de chantiers qui sont touchés actuellement
au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
entre autres celui de la caserne des
pompiers de Chicoutimi-Nord, et ça a été relayé dans les médias, là. Des
familles inquiètes de ne pas pouvoir
accéder à leur maison le 1er juillet, je pense que tout le monde en
connaît dans sa famille, ils sont démunis. Ils voient leur bail, là, qui prend fin et on se demande effectivement :
Est-ce que la maison sera prête pour nous accueillir? Où irons-nous en attendant? Ce sont des casse-tête
qui sont absolument inutiles, M. le Président. La réparation de routes
endommagées à Percé qui sont suspendues...
130 chantiers, je
l'ai mentionné un petit peu plus tôt aujourd'hui, d'Hydro-Québec,
130 chantiers qui sont paralysés. Des
quincailliers, bien sûr, inquiets, qui risquent des pertes de 40 % de leurs
revenus chaque jour, chaque jour. Ça, les quincailliers, c'est
important. Des petites quincailleries, on en a aussi encore dans nos
municipalités, dans nos comtés. C'est des
coûts qui sont très, très importants pour eux. On me donne l'exemple, Cowansville,
où quatre chantiers municipaux sont
arrêtés, notamment celui des travaux liés au collecteur sud-ouest à
l'intersection des routes 202 et 139. Et c'est la réfection du Centre de la nature, etc., M. le Président.
Écoutez, j'en ai, des exemples, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et c'est à la grandeur du Québec, M. le
Président. Alors, je pense avoir fait ici la démonstration de la pertinence
de ce projet de loi là et de l'urgence d'agir. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la ministre du Travail,
pour cette intervention. M. le leader de l'opposition officielle, député de
Matane-Matapédia, je vous cède la parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Merci, M. le Président. Alors, il en revient à moi de démarrer ce débat au nom
de l'opposition officielle concernant
le projet de loi n° 142. Aujourd'hui, on est le lundi
29 mai 2017. Habituellement, les lundis, les députés sont dans leur
circonscription, comme le veut la tradition. Si on est réunis ici, c'est qu'il
y a une loi spéciale, une loi spéciale qui
fait en sorte de convoquer les députés pour régler une impasse. Et, s'il y a
une impasse, c'est que les choses n'ont pas tourné comme elles auraient dû tourner entre les parties mais aussi
suite aux interventions du gouvernement du Québec. C'est un constat d'échec. Et les parlementaires du
Parti québécois, fidèles à la tradition qu'ils ont toujours eue en cette
Chambre depuis qu'ils siègent à l'Assemblée nationale, font preuve de
responsabilité quant à l'avenir du Québec, quant à son économie, quant
aux droits, notamment celui de grève, quant au respect des travailleurs, quant
au respect des entreprises, quant aux
meilleures décisions qu'il faut prendre comme parlementaires. On va agir de
façon éclairée, avec sensibilité et
responsabilité. Et c'est l'engagement que prennent tous les parlementaires de
l'opposition officielle à travers ce
débat. On est ici malgré nous. Et je crois que c'est le cas pour les parties
également qui sont impliquées. Et on espère qu'au terme de ce débat on
aura la meilleure pièce législative possible comme parlementaires suite à nos
échanges.
• (13 h 30) •
J'aimerais rappeler un certain nombre de faits
pour les gens qui suivent ce débat et qui, outre le fait qu'ils réalisent que les chantiers sont fermés, que les
travailleurs sont en grève, qu'ils sont même aux portes de l'Assemblée nationale, M. le Président, qui réalisent comment
on en est arrivés là. Le 24 mai 2017, une grève générale illimitée a été
déclenchée dans tous les secteurs de la construction, résidentiel, génie civil
et voirie, industriel, institutionnel et commercial,
et tout le Québec. Les associations patronales et syndicales semblent campées
dans leurs positions respectives. La
médiation a échoué, et des conciliateurs ont été nommés par le gouvernement
dans tous les secteurs. Les deux parties se plaignent de l'intransigeance de l'autre partie. Les ententes
négociées semblent hors de portée, particulièrement dans le secteur institutionnel, commercial et
industriel, le secteur qui avait fait l'objet d'une loi spéciale en 2013. Le
contexte est bien différent,
d'ailleurs, de 2013, M. le Président. Je me souviens, j'étais là, j'étais
membre du Conseil des ministres. On avait réglé pour une grande majorité
des travailleurs de la construction avant d'en arriver là.
Le 12 mai, sans évoquer directement une loi
spéciale, le premier ministre, qui a un poids moral à travers ses interventions, a mis les parties en garde à
l'effet qu'il ne resterait pas les bras croisés devant un ralentissement des
activités avec des conséquences
économiques importantes sans agir. Il évoque notamment le contexte des
inondations pour étayer son
argumentaire. L'Alliance syndicale, elle, en réaction, a indiqué que tous les
travaux en cours sur les résidences des zones inondées se poursuivront, même si une grève est déclenchée, et que
les travailleurs contribueront à l'effort bénévole auprès des sinistrés.
Voilà qui répondait à un des arguments du premier ministre.
Le
23 mai, la ministre du Travail, elle, exhorte les parties à s'entendre
d'ici minuit, sinon, sinon, elle évoque le recours rapide à une loi spéciale, c'était de nature à modifier
considérablement le rapport de force entre les parties, et que cette loi spéciale qu'elle évoquait non pas à mots
couverts mais directement pourrait être déposée au cours des prochains jours. Bien, on y est, à l'Assemblée nationale,
pour une bonne partie de l'après-midi, de la soirée et de la nuit. C'est pour
ça qu'on est là.
Le
24 mai, la ministre convoque les deux parties à une rencontre. Elle
réitère que la loi spéciale sera prête quand le premier ministre lui demandera de la présenter au Conseil des
ministres. À la suite de la rencontre, la ministre exige des parties un
calendrier des négociations.
Et le
24 mai, l'opposition officielle du Parti québécois demande la nomination
d'un médiateur spécial pour tenter de
dénouer l'impasse dans les négociations. C'est la contribution positive d'une
formation politique qui souhaite que les parties puissent s'entendre, qui ne prend pas position pour une partie
ou pour l'autre, qui prend position pour une entente négociée, qui vaut mieux qu'une loi spéciale.
C'est la position de l'opposition officielle, c'est ce qu'on souhaite depuis
le début.
Et souvent les gens qui suivent les travaux parlementaires
ont l'impression que le rôle de l'opposition ou des oppositions, ce n'est que de s'opposer. Bien sûr que non. On fait des
propositions, et en voici une concrète. D'ailleurs, ce n'est pas la
seule sphère d'activité où le Parti québécois fait des propositions
constructives, quant à moi.
Le
25 mai, annonce de la nomination d'un conciliateur, le lendemain, pour
aider les parties à s'entendre sur les clauses communes aux quatre
secteurs de l'industrie de la construction, sur les avantages sociaux, les
assurances et la retraite. Et le premier
ministre, cette fois, donne un ultimatum aux deux parties, annonçant que le
processus de dépôt d'une loi spéciale
sera enclenché le lundi 29 mai. On est convoqués à l'Assemblée nationale,
on reçoit l'avis samedi. On était avec
nos familles, dans nos circonscriptions, avec nos proches, et là on nous
annonce que ce qui était prévu lundi dans nos circonscriptions, qui est
important pour nous, c'est le propre de notre travail, bien, on doit annuler ça
pour se rendre ici, participer aux débats. Et on le fera avec beaucoup
de professionnalisme et de responsabilité.
Le
25 mai, négociation au tronc commun. Aucune avancée, aucune négociation
aux tables sectorielles depuis le déclenchement
du conflit, et ce, malgré que la partie patronale se soit rendue disponible
depuis le 24 mai, il faut le noter. La partie syndicale dit
attendre une convocation du médiateur, ce qui est son droit également.
Le
26 mai, le chef du Parti québécois dénonce l'inaction de la ministre du
Travail et demande que les parties soient convoquées pour une reprise des négociations aux tables sectorielles.
Jusqu'à la fin, on a demandé une entente entre les parties pour éviter cette loi spéciale. On ne l'a
pas souhaitée, on ne l'a pas appelée, on ne l'a pas brandie. Les médiateurs
convoquent les parties. 14 heures : reprise des négociations aux
tables sectorielles.
Le 27 mai, poursuite des négociations.
L'Alliance syndicale annonce son intention d'intenter des poursuites judiciaires contre l'ACQ, la partie patronale,
pour cause de négociation de mauvaise foi. La partie patronale réitère
qu'elle souhaite une entente négociée.
Le
27 mai, l'Assemblée nationale est convoquée le lundi 29 mai pour le dépôt
d'une loi spéciale. Et enfin, le 28 mai, la partie patronale des secteurs résidentiel, l'APCHQ, et
institutionnel, commercial et industriel, l'ACQ, dépose des offres
finales. L'Alliance syndicale rejette les offres et rompt les négociations qui
visaient à mettre fin à l'impasse dans l'industrie de la construction. Ça,
c'est le résultat des négociations entre les deux parties.
Ceci étant dit, et pour
faire écho aux questions du chef de l'opposition, le gouvernement du Québec a
une responsabilité face à l'économie du Québec, face au respect des
travailleurs à leur droit de grève pour trouver une solution. Alors, il est faux d'indiquer que c'est uniquement un conflit
privé. Si c'était le cas, on ne serait pas réunis ici. Le gouvernement du Québec, par sa législation, a une responsabilité. Et les yeux
sont tournés vers sa solution. Et aujourd'hui
la ministre dépose un projet de loi qui fera l'objet d'une réflexion, d'une
étude attentive. Et on va juger cette pièce législative à son mérite. On va
juger si c'est la meilleure solution et on va voter sur deux éléments
fondamentaux : l'opportunité d'une loi spéciale comme moyen, suite à tout ce que je
vous ai dit à ce moment-ci, comme moyen... Est-ce qu'il est dans l'intérêt du Québec d'adopter ce
moyen à ce moment-ci, celui d'une loi spéciale? Et on y répondra un peu
plus tard, et ensuite sur la loi. Mais, entre les deux...
Et j'entends la ministre nous indiquer sa
volonté d'échanger avec nous. On pourra échanger sur cette pièce législative,
sur les moyens utilisés. On aura des propositions à faire, qui feront l'objet
d'échange, notamment sur des éléments qui nous apparaissent inusités, un
pouvoir sans précédent que s'arroge le gouvernement, par l'entremise du ministère du Travail, de déterminer, dans
l'arbitrage, les éléments qui devraient faire l'objet d'une attention
particulière du gouvernement. Ça,
c'est une nouveauté importante qui est introduite dans cette législation. Ce
n'est pas banal. Il se pourrait même que ça soit anticonstitutionnel, M.
le Président. Il se pourrait même qu'il y ait des poursuites. C'est important. Ce n'est pas... On avait vu des
pouvoirs sans précédent de ce gouvernement dans d'autres ministères, mais
dans celui-là, à travers cette pièce
législative, c'est nouveau et ça mérite une attention très particulière. Ce
n'est pas rien. Et j'annonce tout de
suite à la ministre qu'on va se pencher particulièrement sur cet enjeu, qui
nous apparaît digne d'intérêt.
Lorsqu'on
évoque le contexte de 2013, il est très différent. Si mon souvenir est bon,
c'était dans la nuit du 30 juin au 1er juillet. Je m'en souviens parce
que certains députés avaient fredonné un air connu le soir venu du 1er juillet.
En 2013, il y a 90 000 travailleurs de la construction qui avaient
signé une entente avant que le gouvernement Marois procède par la loi spéciale. Combien ont signé jusqu'à maintenant avant
la loi spéciale? La réponse : zéro. 90 000 en 2013, zéro maintenant. Donc, il y a un travail qui a été
fait en amont. Et vous me permettrez de saluer le travail qui avait été fait par la première ministre du Québec, par la
ministre du Travail, par toute son équipe. C'est factuel. Ce n'est pas lié
à l'appréciation. 90 000 travailleurs, je crois que c'est les deux
tiers au moins, avaient signé avant. Là, c'est personne. Donc, il y a une différence. Quand les gens disent
que, sur les lois, sur les valeurs, c'est la même chose pour l'ensemble
des formations politiques, ce n'est pas vrai. Sur la base des résultats,
90 000 avaient signé.
Combien y avait-il de manifestants en 2013? Pas
autant qu'il y en a présentement. Quel était le discours des travailleurs de la
construction à l'égard du gouvernement en 2013 versus celui que j'ai entendu ce
matin? Parce que les députés du Parti
québécois ont l'habitude de se rendre sur les piquets de grève, discuter avec
les syndiqués depuis sa création
jusqu'à aujourd'hui. J'ai même souvenir, moi, M. le Président, comme ministre
du gouvernement du Québec, avec ma collègue qui était à la Famille, avec
d'autres collègues également, dans un conseil national à Sherbrooke, il y avait une manifestation. La première ministre a
dit : L'ensemble des ministres vont se rendre discuter avec les gens qui
manifestaient devant l'hôtel. Ça fait partie de nos valeurs : échanger
avec les fiers travailleurs et travailleuses. Et ça en avait surpris beaucoup. On s'était tous rendus là, puis on a écouté,
puis on a pris des notes, puis on a échangé, puis on s'est fait
respecter là-dessus. Lorsqu'on a le privilège de siéger au Conseil des
ministres, lorsqu'on a le privilège de
présider aux destinées de l'État québécois, il y a différentes attitudes qu'on
peut adopter. Et nous, on avait choisi celle-là. Ça fait partie de nos
valeurs, de notre grande formation politique.
• (13 h 40) •
Lorsqu'on avait signé
90 000 travailleurs en procédant ainsi, bien, on avait démontré
d'abord qu'on était capables de s'entendre.
Et, lorsqu'on arrive au bout du processus puis il n'y a plus rien à faire, on
évoque une procédure d'exception.
Bien sûr, c'est arrivé en 2013, mais on n'était pas dans le même contexte. On
avait fait le maximum avant puis on
avait vraiment une entente signée pour 90 000 personnes. Et, en
procédant ainsi présentement, il nous apparaît que le gouvernement entrave un processus légal et reconnu de négociation
et saute trop rapidement aux grands moyens, trop rapidement. Lorsque la
ministre a évoqué qu'on avait jusqu'à minuit pour s'entendre, sinon il y avait
une loi spéciale, ça envoie tout un message
à la partie syndicale : Dites ce que vous voulez, mais, si vous ne vous
vous entendez pas, il y aura une loi
spéciale. Et d'ailleurs les patrons s'en sont réjouis. Ça leur donnait un
avantage dans la négociation.
Bien sûr, il
doit y avoir un cadre temporel. On est conscients des coûts qui sont rattachés
aux chantiers qui sont fermés. Même
ici, devant l'Assemblée nationale, on a un chantier. On le voit, mais on le
voit dans nos circonscriptions également.
Et les députés du Parti québécois connaissent aussi bien les entrepreneurs,
leur personnel, que les syndiqués. C'est
des gens qu'on connaît bien, avec qui on échange. Ce ne sont pas des étrangers.
Il y a un dialogue permanent là-dessus.
Le prolongement des négociations est un droit
qui découle du droit d'association et qui est reconnu par notre société démocratique. Au Québec, la liberté
d'association, la liberté de syndicalisation, la liberté de négociation, ça
fait partie de nos us et coutumes. Est-ce qu'il pourrait en être
autrement? Est-ce qu'on pourrait, par exemple, décider d'incorporer de nouveaux
droits, notamment au gouvernement du Québec, nouveaux droits qu'il s'arroge,
qui fait en sorte qu'il décide un peu... Et on ne peut pas le prévoir. C'est
comme une surprise que le gouvernement se réserve, d'intervenir ultérieurement en disant : Si vous ne vous entendez
pas, je vais intervenir plus tard, je vais revenir et je vais décider
sur quoi je vais intervenir. On n'a pas de garantie quant à l'équilibre
nécessaire qui serait là, pas de garantie là-dessus. Est-ce que ce serait
vraiment équilibré? Est-ce que ce serait du côté un peu plus syndical? Est-ce
que ce serait du côté patronal? Moi, je ne
le sais pas. Je n'ai aucune idée là-dessus. Alors, il vaut mieux que ce soit
très clair, ces règles-là. Puis on va intervenir là-dessus puis on va
échanger de façon responsable. C'est l'assurance que je veux indiquer à la
ministre et à son équipe. Puis on va bien échanger.
Puis on a des
parlementaires qui font un travail remarquable en commission parlementaire, qui
s'entendent bien avec les ministres.
On est capables d'échanger. Puis beaucoup de nos échanges, souvent, on arrive à
des recommandations positives unanimes. Parfois, on est divisés, mais dans le respect. On
arrive avec des propositions, on découvre d'autres angles qu'on n'avait pas vus. Donc, on est ici, on
l'assume, on va faire le travail correctement puis avec le meilleur ton possible puis on va le faire dans l'intérêt du
Québec pour s'assurer que, quand on va sortir de cet exercice, on ait adopté ou
pas la meilleure pièce législative possible, qu'on en soit fiers, malgré tous
les aléas qu'on vit présentement.
Le
gouvernement, M. le Président, a limité, il a suspendu, même chronométré ce
droit en invoquant le recours rapide
à une loi spéciale, et ça, à partir du 12 mai, quand même, avant même le début
de la grève, qui, elle, est le 24 mai; 12 mai, 24 mai. Au lendemain du
début de la grève, le 25 mai, le premier ministre avait donné cet ultimatum aux
deux parties, annonçant que le processus de
dépôt d'une loi spéciale serait enclenché aujourd'hui, le 29 mai. En chiffrant
les pertes engrangées par la grève, est-ce que le gouvernement aidait vraiment
les négociations? Est-ce que ça contribuait à un règlement satisfaisant pour
les deux parties? Je pose cette question. Est-ce qu'il tentait simplement de
faire perdre toute légitimité au processus engagé en justifiant le recours à
une loi spéciale?
Lorsqu'en
2013 le Parti québécois, je le réitère, a laissé l'espace nécessaire aux
parties pour négocier, faire valoir leur droit de grève, alors, la
menace de l'imposition d'une loi spéciale n'a pas fait l'objet d'une stratégie
du Parti québécois. Et c'est facile à
vérifier à travers toutes les interventions qui ont été faites à l'époque par
la ministre du Travail, par la première ministre, par les membres du
Conseil des ministres et de la députation. Et je suis convaincu que les recherchistes de l'aile parlementaire du
gouvernement, s'ils avaient trouvé quelconque trace de cela, on le saurait
déjà, on verrait ça sur les réseaux
sociaux, on entendrait ça dans les lignes des porte-parole. On n'a rien trouvé
de cela, et pour cause, s'assurer d'une négociation équitable entre les
parties.
Je vous ai parlé de
la ministre du Travail de l'époque, l'actuelle députée de Taschereau. Elle a
favorisé les négociations entre les parties
puis elle le fait toujours. Ce matin, c'était un plaisir pour moi de la voir
échanger avec des collègues, avec son
expérience de 2013, sur cette loi, la regarder attentivement, regarder
qu'est-ce qui est intéressant comme discussion
qu'on peut avoir avec la ministre, avec le gouvernement, comment on arrive à
une bonne loi. Cette stratégie qu'on avait adoptée en 2013, il y a maintenant
quatre ans, bientôt quatre ans, a engendré des résultats concrets. Des ententes de principe ont été conclues. Dans quels
secteurs? Génie civil, secteur résidentiel, de l'industrie de la construction, avant même le dépôt du projet de loi spéciale.
C'étaient des gains. Contrairement au gouvernement libéral actuel, le
gouvernement du Parti québécois de l'époque a agi de façon responsable en
permettant à la majorité des travailleurs de
la construction — en fait, le chiffre, c'est 98 000 — de négocier et signer leur convention
collective et ainsi retourner sur les chantiers de façon pacifique. Ça
n'avait pas brassé tant que ça en avant de l'Assemblée nationale.
Alors,
en terminant, nous déplorons que la ministre du Travail n'ait pas favorisé
l'atteinte d'ententes négociées. Le
gouvernement a-t-il réellement mis en place les moyens nécessaires pour que les
parties arrivent elles-mêmes à une entente négociée?
Malgré le dépôt de
cette loi spéciale, nous invitons les parties à prendre leurs responsabilités,
à reprendre les négociations. S'il fallait
qu'on soit confrontés tôt demain matin à l'adoption d'une telle loi, nous nous
réservons le droit de choisir la
position qui nous apparaît la plus juste. Elle a fait l'objet d'échange dans
notre caucus, elle sera communiquée un
peu plus tard, mais l'assurance que j'offre à l'ensemble des Québécois et des
parties concernées, c'est que l'opposition officielle, qui connaît ces enjeux, agira de façon responsable en tenant
compte de l'économie du Québec, du respect des parties, et du respect de
nos droits, et du respect des lois. Mais force est de constater que, dans ce
projet de loi, outre la volonté du
gouvernement de régler rapidement cette question, il y a une nouveauté
particulièrement inquiétante : elle s'arroge un droit arbitraire, qui est une nouveauté dans notre
parlementarisme, et ça mérite réflexion, ça mérite discussion et ça
mérite certainement de considérer cela lorsqu'on fera part de notre position.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
leader de l'opposition officielle. M. le leader de la deuxième
opposition et député de Shefford, à vous la... Granby, pardon, à vous la
parole.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. Très heureux d'intervenir au nom de ma formation
politique sur cette loi spéciale qui sera adoptée dans les prochaines
heures, sinon demain matin, à l'aube. Procédure d'exception qui est mise en place parce que le gouvernement en arrive
aujourd'hui à une situation où on a, dans une certaine mesure, laissé
traîner, laissé traîner une situation qui s'est envenimée, malheureusement.
On
le sait très bien, M. le Président, que cette convention collective, échue
depuis le 30 avril... Oui, la ministre nous
a dit : On a mis en place un certain nombre de rencontres, une
conciliation, mais on n'a pas réussi, encore une fois, à trouver un terrain
d'entente pour épauler un secteur qui, on le sait très bien, M. le Président,
est extrêmement important. Quand je parle d'un secteur de notre économie
qui est important, le secteur de la construction, qu'on soit dans un contexte
résidentiel, institutionnel, commercial, les gouvernements... dans les
dernières années, depuis que je suis à l'Assemblée,
j'ai rarement vu les gouvernements investir moins de 9 milliards de
dollars, 9 milliards de dollars pour nos routes, nos écoles,
logements sociaux. Et on pourrait inclure un autre 3 à 4 milliards pour le
réseau hydroélectrique d'Hydro-Québec.
Donc,
année après année, on a un secteur qui voit des investissements à hauteur de
près de 10 milliards, sinon plus.
Et vous comprendrez très bien aujourd'hui qu'on est ici pour voter une loi
spéciale parce que le gouvernement nous dit : On n'a pas le choix. Le premier ministre, ce matin, disait, à
la période des questions, en réponse à mon chef : C'est un processus qui est vicié, un défaut perpétuel.
C'étaient les mots du premier ministre ce matin. Est-ce que, M. le Président,
on aurait pu procéder de façon différente?
Assurément, assurément. J'ai lu la loi, comme la plupart des élus, j'imagine,
ce matin. Et, vous comprendrez, pour nous,
en arriver à ce processus aujourd'hui, c'est minuit moins une. On n'a pas le
choix. C'est ce que la ministre a dit, on n'a pas le choix. Il faut
voter une loi.
Est-ce
que je la comprends? Oui, parce qu'on se dit : À chaque journée, le Québec
perd 45 millions de dollars à gauche
et à droite parce que les travailleurs de la construction ne sont pas au
boulot. Les entrepreneurs, bien, sont à la maison et attendent le retour au travail de leurs travailleurs. On a des
effets collatéraux de cette grève, que ce soient toutes les personnes, les entreprises qui travaillent à
amener le secteur de la construction à être ce qu'il est aujourd'hui. Bien,
vous comprendrez qu'on parle d'un secteur
qui est extrêmement important, mais on prend énormément aussi de gens en otages.
• (13 h 50) •
Et la
ministre l'a dit, et j'en conviens, je pense que tout le monde dans sa
circonscription voit des problématiques, que ce soient des écoles où le travail a été arrêté parce qu'on rénove,
parce qu'on en construit une nouvelle, que ce soient des gens qui attendaient aussi leur maison pour le
1er juillet. On sait très bien qu'à la fin de ce processus où on veut...
on a vendu, on attend notre nouvelle maison,
bien, chaque semaine perdue est une semaine de trop, une semaine où on se
dit : Est-ce qu'on sera capable d'avoir
notre maison à temps? Les logements sociaux qui ne seront peut-être pas livrés
non plus à temps pour les gens qui attendent ces logements.
Donc, dans ce
contexte, vous comprendrez que, pour nous, aujourd'hui, d'être la deuxième
opposition, et de trouver un moyen d'être constructif, et d'en arriver à
se dire : Plus jamais il ne faut en arriver à une loi spéciale... Vous comprendrez qu'en 2013 on a eu, encore une fois,
une loi spéciale. On est en 2017 aujourd'hui, on est au même scénario. Tantôt, mon chef le mentionnait : Pourquoi,
dans ce processus aujourd'hui, où on a dit : Tout le monde sera au travail
le 31 mai prochain, on aura un processus de
médiation pour les cinq prochains mois, et, si on ne s'entend pas, bien, ce
sera un processus d'arbitrage... Pourquoi,
quand cette convention collective s'est terminée au mois d'avril dernier, on
n'a pas ou on n'avait pas déjà entamé
un processus? Parce que le problème avec cette loi, M. le Président, c'est que
ce n'est pas une loi ou un portrait
permanent, là. On se dit : O.K., on amène tout le monde au travail, on a
un secteur où on va amener la
médiation, après ça l'arbitrage, et, en 2021, on pourrait revoir ce même film.
Et on ne veut pas revoir ce même film. On veut être capables d'avoir une industrie qui va s'épanouir, des
entrepreneurs qui vont être capables de livrer ce qui a été commandé pour eux et des travailleurs de la
construction qui seront fiers d'épauler le Québec, qui seront fiers de
travailler sur le pont Champlain, qui seront fiers de travailler dans
tous les travaux qu'on voit aujourd'hui au Québec.
Mais vous
comprendrez donc qu'avec cette loi qui, je vous le dis tout de suite, M. le
Président, n'est pas parfaite, mon
collègue va travailler avec la ministre toute la journée pour être capable de
la bonifier puis d'en arriver à trouver une façon d'améliorer cette loi
pour qu'encore une fois on ne soit pas juste dans un contexte de dernière
chance ou de dernière minute, mais qu'on
soit dans un contexte permanent d'ici à 2021 et que... Comme formation
politique, nous allons appuyer cette
loi spéciale qui a été déposée ce matin parce qu'on en convient, nous aussi,
que c'est extrêmement important que les travailleurs puissent retourner
sur le marché du travail, que les entrepreneurs puissent faire leur travail,
que l'économie du Québec puisse continuer
d'avancer parce qu'on ne peut pas se permettre, encore une fois, que ce secteur
soit inactif trop longtemps. Et, dans
ces conditions, M. le Président, vous comprendrez que, comme formation
politique, pour nous, c'est
extrêmement important de trouver, oui, une façon de bonifier le travail, de
bonifier cette loi, mais aussi d'en arriver, donc, à ce que ce secteur
continue de s'épanouir. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci. Merci à vous, M. le
député de Granby, pour cette intervention. M. le député d'Argenteuil, je
vous cède la parole.
M. Yves St-Denis
M. St-Denis : Alors, M. le
Président, je prends la parole aujourd'hui afin de dresser un état de situation
des négociations dans le domaine de la construction. Depuis près de huit mois,
les différents acteurs du domaine de la construction
sont en négociation afin d'en venir à une entente sur une nouvelle convention
collective. C'est le 1er octobre dernier
que les négociations ont débuté dans le but d'arriver à une entente négociée
entre les différents syndicats du secteur de la construction et la
partie patronale dans le conflit qui les oppose.
De nombreux
mois se sont écoulés depuis, de nombreuses rencontres ont eu lieu sans entente
entre les différentes parties. Comme mes différents collègues l'ont
affirmé durant la dernière semaine, une entente négociée est de loin préférable. Et c'est d'ailleurs ce que nous
souhaitons aujourd'hui. C'est ce que le gouvernement privilégie d'abord et
avant tout, et le projet de loi est
une autre action que nous posons dans cet objectif. Dans certaines situations
où ce n'est pas seulement l'intérêt
des travailleurs qui est en jeu, mais aussi l'intérêt supérieur de la société
québécoise, notre gouvernement ne
peut rester les bras croisés. Les pertes économiques qui sont engendrées par
cette grève sont estimées à 45 millions de dollars par jour.
Pour l'économie du Québec et pour le bon
fonctionnement des activités dans le domaine dans les différentes municipalités qui ont de nombreux chantiers en
activité, il faut penser de façon globale. C'est pour cette raison que nous
sommes ici aujourd'hui. Comme disait le premier ministre, il faut envoyer ce
signal-là très tôt parce que c'est l'économie du Québec qui est en jeu
et c'est l'intérêt supérieur du Québec qui est en jeu.
Le gouvernement agit de façon responsable afin d'aider les parties à en venir à une
entente. Les moyens mis en place le
confirment. La partie patronale et la partie syndicale doivent elles aussi
assumer leurs responsabilités. La ministre
du Travail a été proactive depuis le début
de ce conflit. Elle a mis les outils en place afin de favoriser la négociation entre les différentes
parties. Elle s'est elle-même déplacée à plus d'une dizaine de rencontres,
autant avec la partie patronale que la partie syndicale. La ministre du
Travail a, entre autres, rencontré... je vais vous citer les endroits où elle a
été présente, parce que c'est important de le mentionner à ce stade-ci.
Le
30 septembre 2016, elle rencontre... avec les associations patronales :
l'Association de la construction du Québec,
l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec. Le 17 octobre, rencontre avec les associations
syndicales : Centrale des syndicats démocratiques, Confédération des syndicats
nationaux, Fédération des travailleurs du Québec,
Conseil provincial du Québec
des métiers de la construction-International, Syndicat québécois de la construction.
Le 24 octobre 2016, rencontre avec
les associations patronales : l'Association des constructeurs de routes et
des grands travaux du Québec,
l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec.
Le
30 janvier 2017, rencontre avec les associations syndicales : Centrale des
syndicats démocratiques, Confédération
des syndicats nationaux, Fédération des travailleurs du Québec,
Conseil provincial du Québec des métiers de la construction-International, Syndicat québécois de la construction.
2 février 2017, rencontre avec l'Association de la construction du Québec. 11 mai 2017, rencontre avec l'Alliance. 16 mai 2017, rencontre
avec l'ACQ. 18 mai, rencontre avec
l'ACRGTQ. 23 mai, rencontre avec l'APCHQ. Le 24 mai, rencontre avec toutes les
parties à Boucherville. Le 25 mai, rencontre avec l'Alliance syndicale. Je
pense, M. le Président, que la ministre n'a pas chômé.
Le
gouvernement a profité de ces rencontres pour réitérer qu'une
entente négociée était la meilleure des options. La ministre a répondu à toutes les demandes des parties
concernées en matière de médiation et de conciliation depuis le début des négociations, en octobre 2016. Ainsi, je vais vous en parler
plus en détail en exposant le processus suivi dans les différents
secteurs de l'industrie de la construction.
Pour
commencer, les secteurs institutionnel, commercial et industriel ont eu 16
rencontres de médiation entre le 2
mars et le 27 avril. Le secteur résidentiel a fait six rencontres de médiation,
et celui des secteurs génie civil et voirie, huit rencontres de
médiation. Le 24 avril dernier, l'Alliance syndicale a demandé à la ministre de
ne pas prolonger le mandat des différents
médiateurs pour tous les secteurs. Quatre jours plus tard, l'Alliance syndicale
demandait à la ministre de nommer un conciliateur. Les différents
secteurs ont ainsi eu respectivement 11 rencontres de conciliation, six et huit rencontres de conciliation. Beaucoup de
rencontres, durant les derniers mois, afin de réussir à régler des conflits
entre les parties syndicales et patronales.
Je réitère le travail
de la ministre, qui a été à l'écoute durant tout le processus et qui a répondu
présente lorsqu'est venu le temps de nommer des médiateurs ou des conciliateurs
dans les différents secteurs. Du côté gouvernemental, les efforts nécessaires
ont été faits afin de faciliter la négociation.
Quelques
heures seulement après le déclenchement de la grève, la ministre du Travail a
rencontré à nouveau les deux parties pour les exhorter à reprendre les
négociations et d'en arriver à une entente négociée le plus rapidement possible. J'aimerais ici rappeler que, lors du
dernier conflit, en 2013, la ministre du Travail de l'époque, la députée de
Taschereau, avait rencontré les parties quatre jours après le déclenchement de
la grève. C'est énorme, quatre jours, M. le Président, lorsqu'on connaît
l'ampleur des pertes économiques pour le Québec.
Dès le lendemain,
soit jeudi dernier, la ministre a annoncé la nomination d'un conciliateur à la
table du tronc commun pour les différentes
parties à trouver... pour les aider à trouver des solutions au conflit sur les
clauses communes aux quatre secteurs
de l'industrie de la construction. Il s'agit d'une première dans l'histoire des
négociations de l'industrie de la construction.
• (14 heures) •
J'aimerais réitérer
que nous préférons une entente négociée. Comme l'a dit le premier ministre, une
entente négociée serait préférable, et je suis du même avis. Cependant, étant
donné les impacts économiques de 45 millions de dollars par jour et le fait
que les deux parties ont eu, à de nombreuses reprises, le temps d'en arriver à
une entente dans les délais
prescrits, nous nous devons aujourd'hui de préserver la reprise des travaux et l'intérêt
supérieur du Québec en
assurant un dénouement du conflit dans un délai précis.
Notre approche est
cohérente. Elle est la même depuis la dernière grève dans l'industrie de la
construction en 2013 sous le gouvernement du Parti québécois. À cette époque,
nous demandions une loi spéciale au gouvernement du Parti québécois, qui se traînait les pieds dans ce dossier, ce qui
a malheureusement fait extrêmement mal à l'économie du Québec. Et, quand
j'entends dire, M. le Président, le chef de l'opposition, ce matin, qu'à
l'époque le PQ avait réglé des conflits dans trois des quatre secteurs, eh
bien, c'est faux de prétendre ça, M. le Président. Ce sont les parties qui
avaient réglé ça entre eux.
Le coût de la grève
de la construction en 2013 a été de plusieurs centaines de millions de dollars
pour près de deux semaines de grève. Nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps
et laisser l'économie en difficulté et les chantiers fermés. Les maires de Québec
et de Montréal ont exprimé à plusieurs reprises le souhait que cette grève ne
perdure pas trop longtemps et ont indiqué au gouvernement leur soutien pour une
action qui permettrait la reprise des chantiers
le plus tôt possible. Denis Coderre indiquait que tout le monde a intérêt à ce que ça se règle rapidement, et ainsi la ville de Montréal souhaite un dénouement rapide. Son homologue, le
maire de Québec, Régis Labeaume, a indiqué que plus on perd de jours, plus les entraves à la
circulation vont exister. Notre saison de travaux est très courte, il y a tellement de chantiers
coordonnés à la journée près.
Les
impacts ne se limitent pas à ceux des grandes villes ni aux grandes villes dans
leur ensemble. Aujourd'hui, nous
agissons en connaissance de cause, en ayant réfléchi aux impacts économiques et
sociaux d'une telle grève jour après jour sur le Québec, contrairement
au gouvernement du Parti québécois en 2013. En effet, celui-ci a fait preuve
d'un déni total des impacts économiques
d'une grève de la construction en 2013. Il n'a même pas évalué les pertes
économiques jour après jour d'une telle
grève. Le député de Rousseau disait même le 26 juin 2013 : «Je
ne veux pas embarquer dans la question de l'impact. Une fois que ce sera
derrière nous, on en reparlera.» C'est, à mon avis, un élément primordial pour
bien évaluer les conséquences d'une grève générale comme celle-ci.
Je
ne pourrai comprendre le Parti québécois de ne pas être de notre côté
aujourd'hui. Même eux ont dû se rendre à l'évidence que c'était d'agir en gouvernement responsable que de faire
une loi spéciale. Je salue par contre le positionnement de la CAQ pour
l'adoption de cette loi spéciale. Alors, M. le Président, merci de votre
attention.
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député
d'Argenteuil, pour cette intervention. M. le leader adjoint de l'opposition
officielle et député de Richelieu, je vous cède la parole.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Merci, M. le gouvernement...
M. le Président. Alors, M. le Président, si nous sommes réunis ici aujourd'hui,
c'est que le gouvernement a échoué. Cette convocation de la Chambre est un
symptôme de l'échec du gouvernement, un autre échec. Et que fait le gouvernement quand il sait n'avoir pas été à la hauteur, M. le Président? Vous le savez, vous
l'entendez souvent le faire : il évite de répondre à l'objet de son échec
en ramenant ou le passé ou l'indépendance. Bien, il est, cette fois-ci, tellement,
tellement à court d'arguments pour sa défense qu'il ramène le passé et l'indépendance, le passé et
l'indépendance, M. le Président. Quel est le rapport avec l'indépendance?
Personne n'a vraiment compris. Quant au
passé, le gouvernement use d'une mauvaise stratégie en le ramenant, car
le gouvernement ne se révèle clairement
pas à la hauteur de la comparaison qu'il nous propose d'examiner : en
2013, deux secteurs avaient conclu des ententes avant le dépôt de la loi
spéciale. Plus de 90 000 travailleurs et travailleuses rentraient au
travail avec des conventions collectives négociées.
La ministre du Travail a géré ce dossier avec
légèreté, légèreté. Elle a été absente au moment où il aurait fallu qu'elle soit présente, comme elle a été
complètement absente au moment de l'étude du projet de loi n° 110. Je
ne sais pas si ça lui dit quelque chose, ça,
le projet de loi n° 110. Il est venu complètement modifier le rapport de
force dans les relations de travail dans le monde municipal.
Ce gouvernement — on parlera du contenu
du projet de loi tantôt — il
est en train de scraper le processus de négociation au Québec. Ce n'est pas
léger. Ce n'est pas léger. Ce n'est pas léger. Il est en train...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Chers collègues, on va passer
plusieurs heures ensemble, ça risque d'être de longues heures. Je vous invite à écouter le porte-parole de l'opposition
officielle. Il est le seul à avoir le droit de parole à ce moment-ci. M.
le député de Richelieu.
M.
Rochon : Oui, mais je suis
heureux, M. le Président, que parler de scrap ait réveillé le gouvernement.
J'aurais pu utiliser «démolir», mais ça n'aurait pas provoqué les mêmes
réactions d'éveil.
Alors, ce
n'est pas léger, démolir le processus de négociation, et c'est bien de cela
qu'il s'agit, M. le Président. Des négociations, la ministre ne veut pas
tant en favoriser que les encadrer. Elle veut dire à l'arbitre les critères
qu'il doit examiner, que doit examiner l'arbitre ou le conseil
d'arbitrage : «Les critères — c'est écrit, là, au projet de loi, là — que doit examiner l'arbitre ou le conseil
d'arbitrage pour fonder sa décision, tels la capacité de payer des
donneurs d'ouvrage, les conditions de travail et l'évolution des taux de
salaire de corps d'emploi comparables au Québec et ailleurs au Canada», etc.
Alors : «À la suite des recommandations
formulées par le médiateur suivant l'article 17, [la] ministre peut, dans les 15 jours de la transmission de
l'avis prévu à l'article 18, déterminer par arrêté ministériel» ces
critères dont je viens de ne vous énumérer que quelques-uns d'entre eux,
que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage.
Malgré
l'imminence du déclenchement d'une grève générale illimitée touchant une
industrie névralgique pour l'économie
québécoise, la ministre n'a pas cru nécessaire de rencontrer les parties entre
le 16 mai et le 24 mai. Malgré l'imminence du conflit, la
ministre est restée silencieuse toute la semaine précédant le déclenchement de
la grève. Lorsqu'elle les a convoquées
d'urgence, c'était pour brandir la menace d'une loi spéciale. Après le
déclenchement de la grève, plus de
deux jours sans négociation aux tables sectorielles. Le 24 mai, elle nous
disait que deux secteurs, résidentiel et génie civil-voirie, étaient, et
je la cite, «à des sauts de puce de s'entendre». Jolie expression, mais qui ne
traduisait sans doute pas tout à fait la réalité, parce qu'on n'a vu aucune entente
de principe.
La stratégie
du gouvernement, M. le Président, ce fut essentiellement de brandir la menace
d'une loi spéciale. Dès le 12 mai d'ailleurs, le premier ministre a
choisi de mettre cette épée de Damoclès là au-dessus du processus des négociations.
Alors, les interventions du premier ministre dans ce dossier-là, elles peuvent
se résumer à des menaces de loi spéciale.
Bien, visiblement, cette stratégie-là et puis les interventions réactives,
plutôt que proactives, de la ministre n'ont pas favorisé l'atteinte
d'ententes négociées. Or, il fallait être proactif, pas réactif. Il fallait
être proactif, pas pour régler le conflit, comme j'ai entendu la ministre le
dire, mais pour en favoriser le règlement.
Cette industrie de la construction, c'est 12 %
du PIB. C'est des investissements de 46 milliards de dollars par année. C'est un emploi sur 20. C'est plus de
6 milliards de dollars en masse salariale. C'est une industrie qui est au
coeur de l'économie du Québec. Or,
l'activité dans la construction, elle est en baisse depuis l'arrivée du
gouvernement libéral : diminution de 9 % des heures
travaillées depuis 2013.
La grève dans la construction, elle touche
175 000 travailleurs, 25 000 entreprises. Il y a de lourdes
conséquences — c'est
vrai, il faut s'en soucier — lourdes
conséquences de la grève sur l'économie du Québec, des pertes quotidiennes estimées à 45 millions de dollars par jour puis
des impacts qui débordent de la construction elle-même : les
fournisseurs de matériaux, l'industrie du transport, le secteur de l'outillage,
des millions de dollars en jeu pour les quincailleries. Pour certaines
quincailleries, la vente de matériaux à des entrepreneurs, elle représente
jusqu'à 40 % de leurs revenus chaque jour.
Alors, cette
catastrophe, non seulement le gouvernement n'a-t-il pas su agir pour l'éviter
en rapprochant les parties, mais il signe ce
gâchis-là de cette loi spéciale dont il croit qu'elle effacera toutes les
cicatrices, qu'elle ne laissera aucune cicatrice.
Bien non, il y aura des cicatrices, comme à chaque fois qu'on blesse le Québec,
qu'on rate une intervention et qu'ensuite on intervient grossièrement pour
sauver le patient.
Alors,
cette motion, M. le Président, introduisant la procédure d'exception,
familièrement appelée «bâillon», qui sera
soumise aux voix tantôt, bien, ceux qui veulent, bien, ils y apposeront leur
signature, mais il n'y aura certainement pas la nôtre au bas de cette
procédure d'exception. Merci, M. le Président.
• (14 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Richelieu,
pour cette intervention. Je souhaite indiquer aux parlementaires que la
deuxième opposition a indiqué qu'elle ne souhaitait pas se prévaloir de tout leur temps de parole, de telle sorte qu'il
sera réparti également entre le gouvernement... Donc, pour le parti
ministériel, il va rester
45 min 39 s et, pour l'opposition officielle, il resterait
maintenant... Je vais vous le dire
lors de la prochaine intervention... 23 min 44 s. Je vous
le redirai, je n'ai pas le nouveau calcul. Et entre-temps je vais céder la
parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour six minutes.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Lorsqu'on invoque une loi spéciale de retour au travail, ce
que ça veut dire en clair, c'est que
le droit de grève n'est tout
simplement plus réellement effectif. Et, pour nous, le droit de grève, et
pour plusieurs Québécois et
Québécoises — en fait,
ça devrait être pour l'ensemble des Québécois et Québécoises — c'est
une question fondamentale. C'est d'ailleurs grâce à des grèves historiques, par
le passé, que la majorité des travailleurs, travailleuses du Québec, soit de la fonction publique, que ce soit
dans le secteur privé, ont su améliorer leur qualité de vie, leurs conditions de travail, leur capacité d'être
en lien avec leurs familles. D'ailleurs, la loi spéciale, je la nommerais, M. le Président, «la loi antifamille». Les revendications des travailleurs et travailleuses sont centrées sur cette conciliation à laquelle nous aspirons tous et toutes et qui est
très légitime en 2017, puisque les demandes de la part des syndicats sont
plus que légitimes et visent le bien-être de 175 000 familles à
travers le Québec, 175 000 familles.
À Québec solidaire,
nous prenons résolument le parti des travailleurs et travailleuses, nous
refusons les lois spéciales. D'ailleurs, ce
n'est pas la première. Ça fait trois ans que je suis élue, c'est la troisième
loi pour forcer le retour au travail.
Nous refusons les lois spéciales, car
ces dernières sont souvent, et voire même toujours le fait de gouvernements
qui ont un biais, un petit penchant pour les patrons. L'État voit les lois
spéciales comme étant une solution miracle. Le problème, c'est que les
gouvernements des 30 dernières années ont toujours pris le parti pris des
patrons.
D'ailleurs,
M. le Président, c'est fascinant : depuis 1965 à 2014 — je n'ai pas inclus ceux avant... les lois
avant le gouvernement actuel — 39 lois spéciales adoptées à l'Assemblée
nationale pour prévenir — prévenir! — ou
mettre fin à une grève de travailleurs,
travailleuses, 39 lois spéciales. Le droit de négocier, le droit à
l'association sont des droits reconnus dans nos chartes, reconnus dans
notre Constitution. À 39 reprises, on a voulu prévenir ou mettre fin à une
grève des travailleurs et travailleuses.
D'ailleurs, je nous
rappelle, et c'est un peu fascinant... Du côté des lock-out, je vous laisse
deviner combien de fois des lois spéciales ont été utilisées pour forcer la fin d'un lock-out. M. le Président, vous le savez comme moi, nous y étions : une seule fois,
une seule fois en 54 ans, une seule fois après trois ans de grève chez les
concessionnaires au Saguenay. Alors, il me semble que les lois spéciales vont
souvent du même bord. Peut-être que c'est parce que c'est le même bord d'où le
gouvernement du Québec actuel est aussi un patron dans l'échiquier.
Alors,
ces lois spéciales, elles sont en fait une voie de dépassement rapide, hein?
C'est comme : on a nos règles, on a
nos institutions, notre droit de négocier, notre droit d'être représentés par
des associations syndicales, mais les patrons, eux, de leur côté, ils
ont le gouvernement, les gouvernements successifs qui, oups! 39 fois en
52 ans, ont utilisé une loi spéciale
pour aller plus rapidement, faire en sorte que, négociation, on met fin à ça,
vous êtes obligés de vous asseoir et vous êtes obligés de vous entendre,
et voici les conditions pour y arriver.
Alors,
ce qu'il arrive, c'est sûr, c'est que les patrons, ils négocient plus ou moins
de bonne foi parce qu'ils savent qu'ils
vont pouvoir compter sur... peu importe le gouvernement en poste, pour mettre
en application une loi spéciale qui va utiliser
cette voie rapide là et faire en sorte que le droit de grève va être
déséquilibré dans la possibilité des négociations, dans la possibilité
de s'entendre entre deux parties, puisqu'il y a une partie... hein, on le sait,
les arbitrages en bout de ligne, allez voir
n'importe quel syndiqué, il va vous le dire, les arbitrages en bout de ligne,
on perd des droits, on perd des... on ne peut plus s'améliorer comme
dans nos conditions de travail. Et pourtant on est un pays riche.
Alors, bien sûr que
nous voyons... pardon, ces lois amènent, d'une certaine façon... et c'est ça,
moi, qui m'affecte, M. le Président, amènent
une déligitimisation de la grève comme moyen démocratique et d'émancipation
d'un peuple. L'économie a le gros bout du
bat, si vous me permettez. Le gros bout du bat, pourquoi? Parce qu'on fait
secouer un peu l'épouvantail et on oublie de
rappeler que les contrats qui ne seront pas faits aujourd'hui vont l'être dans
deux semaines, quand les négociations auraient pu se terminer de façon
satisfaisante pour ces 175 000 familles là.
Alors, M. le
Président, vous comprendrez que cette loi, pour nous, elle n'est pas... elle ne
nous permet pas, comme peuple, de nous
construire dans le meilleur du bas de la pyramide, c'est-à-dire des
travailleurs, travailleuses qui se lèvent et qui souhaitent pouvoir
prendre soin de leurs enfants et de leurs familles adéquatement. Alors, nous
allons voter contre.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Sainte-Rose et je rappelle à
l'opposition officielle qu'il leur reste 15 min 34 s, M. le
député de Sainte-Rose.
M. Jean Habel
M. Habel :
Merci beaucoup, M. le Président. Ce n'est pas la première fois qu'on se
retrouve pour un projet de loi spéciale. Le PQ en avait présenté un auparavant, en 2013. Maintenant, on étudie celui de la ministre
du Travail, soit le projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise
des travaux dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des
différends pour le renouvellement des conventions collectives.
M. le Président, je suis un peu étonné
de voir que le PQ se réclame d'avoir réglé le cas de certains secteurs de
la construction, puis je pense qu'ils en ont
fait un peu de partisanerie, M. le Président. La réalité, là, c'est que le
gouvernement met les balises pour favoriser
une entente, une réelle entente, une réelle négociation. Mais le PQ n'a pas de
leçons à nous donner en termes de négociation. Il tente maintenant de
s'attribuer l'entente de 2013 entre deux parties privées, celle du patronat et celle de la partie syndicale. Et
j'ajouterais, M. le Président, qu'en termes de négociation on n'a aucune
leçon à recevoir d'un parti qui a tenté de faire la convergence et qui a
lamentablement échoué. Nous proposons, nous, un projet de loi au bénéfice de
l'intérêt des Québécois et d'un règlement.
•
(14 h 20) •
La
période estivale est la période effervescente au niveau des travaux de
construction, que ce soit au niveau des
routes, des logements ou des bâtiments commerciaux. Je pense que vous pouvez
faire le lien très étroit, M. le Président, entre notre réalité météorologique, nos hivers froids et rigoureux dans
certains territoires ces derniers temps... Et les parties, les deux
parties, la portion patronale et la portion syndicale, seront d'accord avec
moi : la période estivale est la plus favorable aux travaux de
construction. Et, si on la restreint davantage, ce n'est pas souhaitable pour
les deux parties.
Dans
cette mesure, lors de la période estivale, les gens du secteur travaillent
souvent d'arrache-pied pour que les chantiers se terminent selon
l'échéancier. On a fait quelques énumérations, M. le Président, des échéanciers
qui sont dans les 125 circonscriptions
et qui sont essentiels, que ce soit au niveau résidentiel ou au niveau
commercial. Eh bien, l'échéancier est compromis avec ce conflit, un
confit ayant des conséquences majeures en termes économiques et pour les grands intérêts du Québec, M. le
Président. On l'a dit : 45 millions par jour, ce conflit. On ne
pouvait pas laisser les choses aller. Et la ministre du Travail a été
très proactive à ce niveau en incitant les deux parties à négocier et en
présentant le projet de loi n° 142.
Cependant, je pense
qu'il faut, d'abord et avant tout, penser à la population du Québec et
directement aux entrepreneurs et aux employés
de la construction. D'abord, M. le Président, l'industrie de la construction,
c'est 248 000 travailleurs, ce qui représente 5,4 % de la
population active du Québec, et, de ces 248 000 travailleurs, 175 000 sont affiliés à l'une des grandes
syndicales de la construction. Ce sont des familles québécoises qui ont
besoin d'un revenu familial et qui étaient en attente d'un règlement entre la
portion syndicale et la portion patronale.
Ce
que l'on aurait voulu et ce que l'on veut, c'est une entente, une négociation
réelle. M. le Président, force est de constater
que les parties avaient le temps d'en arriver à une conclusion depuis le
1er octobre 2016 jusqu'en avril 2017. Eh bien, M. le
Président, même si notre ministre et députée de Bellechasse a été très
proactive, ayant tenu plus d'une dizaine de
rencontres à Québec dès le début de la négociation, malheureusement les deux
parties sont restées muettes face à
ses incitations, au grand péril de leurs propres ententes, car ils ont négocié
tardivement. Ils ont effectivement commencé à négocier réellement en
février 2017, M. le Président, alors que la négociation avait débuté
quatre mois plus tôt, en octobre 2016. Dans ce processus brisé, dans cette
négociation ratée, nous disons : C'est assez, allez négocier. Et c'est
exactement ce que le projet de loi n° 142 vise à faire, un projet de loi
spéciale qui va permettre une seconde période maximale de négociation de cinq
mois pour ensuite se diriger vers l'arbitrage si aucune entente n'est faite.
La balle est dans le
camp des deux parties, M. le Président, pour négocier, sinon il y aura un
arbitrage. Ils ne recommenceront pas à zéro,
M. le Président, parce que des négociations ont eu lieu depuis février, et nous
les convions à poursuivre ces négociations avec un médiateur qui sera
nommé par la ministre du Travail. Et les parties seront tenues d'y assister,
conformément à l'article 14 de la loi.
À n'importe quel
moment, M. le Président, il faut les inciter à avoir une entente signée entre
les deux parties, au bénéfice de leur
secteur. Ce que nous pouvons faire dans un contexte qui touche deux conflits
avec un secteur privé, c'est de mettre les conditions gagnantes afin de
négocier, au lieu qu'un arbitre détermine, en tout ou en partie, les conditions finales de l'entente. C'est ce que nous
voulons leur inciter à faire, M. le Président. Cependant, si l'arbitre
vient, je crois que ça va être au détriment
de l'ensemble des deux parties, parce que la moins pire des ententes est
toujours mieux qu'un arbitrage unilatéral, et ça, les parties en
conviendront.
Avec
ce projet de loi, nous pensons aux familles d'abord et avant tout, M. le
Président, premièrement aux familles du secteur de la construction.
C'est 248 000 travailleurs, 175 000 du secteur, affiliés, qui
ont besoin d'un revenu familial et qui
étaient en attente d'un règlement entre le syndicat et la portion patronale.
Avec l'article 12, nous fixons une majoration de 1,8 % afin que les travailleurs et travailleuses de
ce secteur, ceux qui veulent une entente mais qui ont subi la négociation tardive des deux côtés, ne soient pas
affectés. C'est à eux qu'on pense d'abord et avant tout et à l'ensemble
des Québécois qui bénéficient du secteur de la construction.
Pour
la section patronale, la proposition que nous avons mise de l'avant est en deçà
de certaines de vos dispositions mais correspond à des bases de
l'indexation du coût de la vie. Cependant, je sais fort bien, M. le Président,
qu'ils veulent continuer à faire progresser leurs chantiers, continuer à
construire le Québec et respecter les échéanciers, qui sont déterminants pour
le livrable de leurs constructions. La proposition n'est ni à leur avantage ni
au désavantage de l'ensemble des deux
parties, M. le Président. Elle vise simplement, avec le projet de loi
n° 142, à faire progresser la négociation, qui aurait dû commencer beaucoup plus tôt et qui malheureusement a débuté
quatre mois plus tard. C'est pourquoi il faut participer et favoriser
les négociations entre les deux parties, comme l'a fait la ministre du Travail.
Et je tiens à la remercier, elle a été très
proactive, M. le Président, avec des dizaines de rencontres à Québec et des incitations à en venir à une entente. Et
ils ont fait des rencontres à Québec et à Boucherville dans le but vraiment de régler ce conflit, un
conflit qui touche l'ensemble des Québécois,
mais davantage les personnes dans les secteurs résidentiels et
commerciaux et ceux qui sont en attente aussi d'avoir une maison.
Parce qu'en effet l'un des grands oubliés, M. le
Président, de l'ensemble de ce conflit, c'est la population du Québec, la
population du Québec qui, par exemple, est en attente d'avoir une maison unifamiliale,
qui ont peut-être décidé, dans leur couple,
de ne pas renouveler le bail parce qu'ils se sont dit : Bien, on va avoir
notre maison proche du 1er juillet et on n'a pas besoin de
renouveler le bail. Cependant, eux, ils sont en attente de la finition de leur
maison. Moi, je pense à eux parce que je les
représente, je représente l'ensemble de cette population. Puis, comme on le
sait, à Laval, il y a une
effervescence en termes de constructions résidentielles. Donc, c'est sûr et
certain que j'en ai déjà en tête, le Roseville,
la phase 4 du Champfleury, qui sont en processus de construction et qui
doivent avoir un livrable très bientôt. Ces personnes, on doit, d'abord
et avant tout, penser à eux.
Je pense
qu'avec le projet de loi n° 142 on vient aussi apporter une bonification
pour les travailleurs et travailleuses dans
le but que la négociation soit, d'abord et avant tout, l'aspect le plus
primordial. Par la suite, il y aura effectivement un arbitrage s'il n'y
a pas d'entente. Mais, d'abord et avant tout, les négociations pour les cinq
prochains mois sont à la disposition de l'ensemble des parties, qu'elles soient
patronales ou syndicales.
M. le
Président, je pense qu'aujourd'hui on vient, effectivement dans le cadre d'une
loi spéciale, mettre des balises, des balises qui vont être au bénéfice
de l'ensemble de la population du Québec. Pour une industrie qui représente
45 millions de dollars par jour, je pense qu'on n'avait aucunement le
choix d'en arriver avec une loi spéciale, et c'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui. J'espère que l'ensemble des
oppositions sauront voir que ce projet de loi est au bénéfice des
travailleurs, pour la portion syndicale, et pour les employeurs. Je l'espère,
M. le Président, parce qu'à voir les propos
du Parti québécois on ne sent pas qu'ils ont la même volonté qu'ils ont faite
en 2013. Québec solidaire, on sait
déjà où qu'elle va loger, parce qu'entre vous et moi je pense que, s'ils
pourraient avoir une grève illimitée générale, ils le feraient, ils le laisseraient. Moi, je pense
vraiment aux travailleurs et travailleuses du secteur de la construction.
Pour la CAQ, bien, on verra. Mais, pour le
moment, M. le Président, nous, c'est important qu'on protège les travailleurs,
qu'on protège aussi la portion des employeurs dans le bénéfice de l'ensemble
des Québécois. Merci beaucoup.
• (14 h 30) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci, M. le député de Sainte-Rose, pour cette intervention. Alors, M. le
député de Beauharnois, vous disposez de 15 min 34 s. À vous la
parole.
M. Guy Leclair
M.
Leclair : Merci, M. le
Président. Alors, à entendre certains collègues dans cette Chambre, M. le
Président, je dois vous dire que, parfois,
je peux m'apercevoir qu'il y a des gens qui n'ont pas eu souvent la chance de
négocier dans leur vie des ententes
patronales-syndicales. Parce que, lorsqu'on parle de la ministre que... Je ne
peux pas lui attribuer le fardeau de tout ça, sur sa personnalité à
elle, bien entendu, c'est le résultat... On utilise nos procédures à
l'Assemblée nationale, puis il y a une
procédure qui dit qu'on peut commander une séance extraordinaire pour apporter
un projet de loi spéciale. C'est ce qu'on fait aujourd'hui. On est ici
en Chambre.
Après ça, la ministre, elle vient nous dire à
plusieurs reprises : N'oubliez surtout pas, c'est un conflit d'ordre privé. Après ça, ses collègues disent : Oh!
la ministre... La ministre, pour un conflit d'ordre privé, qui dit : Oh!
j'ai été impliquée telle date, telle date. Si c'est un conflit d'ordre
privé, pourquoi qu'elle a été si impliquée que ça?
À un moment donné, comme gouvernement, on doit
regarder, on doit voir que cette négociation-là n'avance pas, on doit faire quelque chose, pas la dernière
semaine, pas arriver avec un projet de loi spéciale. Projet de loi spéciale, il
n'y a rien en soi qui est dommageable. Mais, M. le Président, si vous auriez
lu — vous
allez l'entendre dans les prochaines
24 heures — ce qu'il
y a dans le projet de loi spéciale, on s'en vient changer complètement le mode
d'arbitrage. C'est devenu la ministre du Travail qui va dicter dorénavant aux
gens qui seront nommés pour l'arbitrage qu'est-ce qu'on va arbitrer. Ça, c'est
une première au Québec. Puis les gens, les collègues
de l'autre côté nous disent : J'espère que le Parti québécois va appuyer le projet de loi. Appuyer de
changer, de modifier les règles d'arbitrage, parlez à n'importe quel
juriste, autant le patronal que le syndical dit que c'est de la foutaise, ça
n'a pas de bon sens de mettre ça.
Alors, j'espère qu'on va enlever ça. On a 24
heures, M. le Président. Je vous jure que je vais tenter de faire enlever cette
section-là. C'est d'aller contre ce qui a toujours existé dans les normes du
travail, de dire : On négocie. Parfois,
malheureusement, on le voit dans cette situation-là,
on ne s'entend pas. Donc, on donne de la place à la médiation, ce que le syndicat, les représentants des travailleurs ont fait, ont appelé le ministère,
puis ils ont dit : On voudrait que vous nommiez des médiateurs. La procédure a été faite. De dire : La ministre
a tout fait, a tout fait, ça fait partie des règles. Elle n'a rien
inventé, les règles sont comme ça. Quand qu'on ne s'entend pas, on passe à la
prochaine étape, qui est la médiation. Si on
ne s'entend pas à la médiation, on passe à l'autre étape possible, si les deux
parties s'entendent, d'aller à l'arbitrage.
Mais là, aujourd'hui, on se retrouve devant un projet de loi spéciale qui, en soi, sur son fond... On aura la chance d'en discuter, M. le Président, on a plusieurs
heures à en débattre, je vais vous parler du fond du projet de loi comme tel.
Mais je voudrais plutôt revenir aujourd'hui
pourquoi que nous en sommes ici au projet de loi spéciale, le droit de revendiquer. Quand je vois des gens dans
la rue, parfois ça ne nous fait pas plaisir de dire : Bien, ils bloquent
les rues, ça crée du trafic. Ces gens-là
revendiquent des droits, revendiquent des droits qu'ils ont travaillés depuis
des années, puis là, avec une négociation... C'est fait pour ça, une négociation, là. Ce n'est rien de vicié, une négociation. Parce que le premier ministre disait lui-même : Je crois que la situation est viciée. Ah oui!
De négocier, c'est vicié? Non, négocier, c'est simple. De s'asseoir, de ne pas s'entendre, c'est simple aussi, de
ne pas s'entendre. Il ne faut pas s'imaginer que, parce qu'on va négocier, tout le monde va
sortir de là tapant dans la main, puis dire : Parfait! C'était la plus
belle négociation de notre vie. Il y
a toujours des parties qui sont moins fières ou plus fières que l'autre. Mais,
en bout de piste, c'est une négociation où est-ce
qu'on fait, dans la mesure du possible, pour s'entendre. Puis je suis
convaincu, M. le Président, que, la première
journée d'une négociation, autant le côté patronal que syndical y aillent de
bonne foi. Après, ce qui se passe à la table, des fois les cheveux nous
viennent droits sur la tête. Parfois, on devient un peu moins tolérant. Alors
là, on s'écarte, on s'écarte, puis on n'a
plus de moyens de se rejoindre. Alors, on passe à la médiation et, parfois, à
l'arbitrage.
Dans le cas
qu'on peut voir ici, c'est bien évident. On regarde les problématiques qu'on a
entendues dans tous les médias, ça a
sorti depuis les 15 derniers jours, là, la négociation est devenue ouverte.
Pourquoi? Pour une simple et unique raison,
on est en train de négocier, on disait qu'on était aux dernières heures de
négociations, la date prenait fin, on avait poussé la date. Ce n'est pas la première fois au Québec qu'on entend
qu'une convention collective est échue puis qu'on est en train de
négocier. Parfois, malheureusement, encore un an plus tard, deux ans, certains
cas, trois ans. Je crois que c'est
inconcevable, mais, bref, souvent, M. le Président, on entend : Une
convention collective qui est terminée, puis on est toujours en train de
négocier. Pourquoi? On tente de trouver une entente. C'est juste ça, le but. De
dire qu'on doit respecter la date, ça serait le monde idéal. Plus qu'une fois,
on dépasse les dates.
Là, lorsqu'on
dépasse les dates, encore là, personne n'a rien inventé dans la négociation,
c'est des règles, c'est prévu. On a
le droit de demander 21 jours, un mandat de grève. S'il est accepté, on sort en
grève. Ça fait partie des règles de négociation.
Le patronal peut différer les gens, les envoyer en lock-out. On a toutes ces
règles-là, elles sont déjà établies, c'est normé. Il n'y a rien
d'inventé ici, sauf que, lorsqu'un côté de la table utilise ce qu'il y a dans
les règles — cette
fois-ci, la grève — on sort dans la rue, on est en train de
négocier, puis on s'aperçoit... On en entendait dans les médias :
Oh! on est près, il y a certains secteurs qui sont près de s'entendre. Pourquoi
qu'aujourd'hui plus personne n'est près de s'entendre? Rien ne va plus, M. le
Président. Rien ne va plus.
On a un projet
de loi qu'on va parler du fond tantôt, on va en revenir, mais rien ne va plus,
il n'y a pas aucune section qui a
réussi à s'entendre tout à coup dans la dernière semaine. Serait-ce possible,
M. le Président — permettez-moi de le douter — que, vu
que la ministre et le premier ministre ont dit : On ne sera pas beaucoup
patients, on va sortir une loi spéciale...
Qu'est-ce que ça fait à une table de négociation, on la déséquilibre. Les gens
se retirent, puis ils disent : Bien, ça donne quoi de tenter de négocier de bonne foi d'un côté et de mauvaise
foi de l'autre côté? Les gens vont attendre la loi spéciale. À tort ou à
raison. Parce que la ministre, je me souviens, les premières sorties qu'elle a
faites, elle a dit : Il n'y aura pas de gagnant dans ces deux-là. Là c'est sûr qu'aujourd'hui ça va bien, parler du passé, je l'ai vu, le projet de loi, c'est sûr qu'il n'y aura jamais
de gagnant, le monde du travail va être perdant avec ce projet de loi là. Avec les règles d'arbitrage qu'elle veut imposer, on va voir
comment ça va se terminer à la fin de la journée.
Mais bref, en
allant s'immiscer à la fin — à la fin — des négociations, où est-ce que plusieurs
secteurs disaient : On est presque à une entente, puis
qu'aujourd'hui on se réveille avec un projet de loi spéciale, les députés
demandés en Chambre, aucun résultat, aucune
section ne s'est entendue... Permettez-moi de douter, M. le Président. Donc,
peut-être que la ministre, en
branlant le cadre, de dire : Une loi spéciale va arriver, une loi spéciale
va arriver, peut-être que c'est ça qui a achoppé la négociation. Parce que, on l'a vu, tout le monde a une télé,
tout le monde a une radio, on l'a entendu, on l'a vu, les gens négocient, ont passé une nuit de plus,
deux nuits de plus pour tenter de trouver... Et j'imagine qu'il y avait
quelque chose de près, sinon à avoir connu
le monde des négociations, bien, on n'aurait pas retourné s'asseoir à la table
si, vraiment, on est à l'opposé.
Je comprends, sur certains points, lorsqu'on
regarde... On regarde les grandes demandes qui semblent avoir fait de la grosse disparité entre les deux
parties, de dire : Bien, on voudrait que les gens puissent travailler le
samedi comme si c'était un lundi.
Alors, est-ce que c'est bien, pas bien? Ce n'est pas à nous de le juger ici,
les députés. La loi spéciale, on n'est
pas ici pour parler du fond. Mais, lorsqu'on parle de ces dilemmes-là, je ne
suis pas convaincu qu'aujourd'hui on a une loi spéciale juste pour ça. Il y a sûrement d'autres choses qui
achoppent. On entend parler des salaires, avoir des meilleurs salaires,
bien entendu. J'ai entendu certains des collègues du gouvernement dire :
Bien, le salaire, 1,8 %, c'est très, très
bien, ou c'est bien, ou c'est juste. Les gens le décideront, là. Les
travailleurs le décideront bien parce que, dans le supposément projet de
loi spéciale, auront toujours à négocier d'ici une date x.
Lorsqu'on
parle refus de briseurs de grève, là, ça, là, c'est depuis toujours, depuis
toujours le même débat. On dit : Les gens ont un droit de sortir, à
être en grève, puis continuer à négocier pour mettre de la pression. C'est un droit connu, c'est un droit légal, puis il faut
toujours encore, en 2018, se battre à dire à certains employeurs, dire :
Il ne faut pas que tu envoies des gars travailler ce matin, on est en
grève. Allume la télé, on est en grève. Là, on doit se battre, puis là il y a certaines associations syndicales
qui passent pour des bourreaux de la pire espèce, M. le Président, parce
qu'ils allent dire aux gens : Excusez,
on est en grève ce matin, tout le monde de la construction. Puis là la guerre,
elle prend. Là, un patronal sort, le journaliste arrive, puis la
bataille, puis ça donne des belles clips, alors que c'est juste la logique.
Souvenez-vous,
M. le Président, voilà quelques jours, un monsieur, 70 ou 80 ans, sur un
chantier de construction, qui était
avec son petit-fils, une, ou deux, ou trois générations derrière lui, il
dit : Moi, je me suis battu toute ma vie, toute ma vie avec des négociations, des grèves pour
qu'aujourd'hui, lorsque je finis de travailler sur la construction, que j'aie
un régime de retraite qui est décent, que
j'aie des conditions de travail... Si on doit épargner, la famille, les fins de
semaine pour aider à notre employeur à
arriver à terme dans une certaine job, bien, il faut faire des concessions,
puis il faut se battre quand c'est le temps de négocier.
Puis
aujourd'hui de dire : On doit faire des reculs, je laisse la table de
négociation décider quel recul a du bon sens et celui qui en a le moins.
Mais, M. le Président, lorsqu'on arrive ce matin à l'Assemblée nationale, on
voit le projet de loi déposé par la ministre
qui va aller même changer les règles d'arbitrage dans le futur, que n'importe
quel juriste va dire : Oh! pas convaincu qu'on s'en va dans le bon
chemin, je ne suis pas convaincu qu'on ne va pas contre les lois.
• (14 h 40) •
Alors, M. le
Président, permettez-moi de dire : Si la ministre a travaillé fort avant
qu'on arrive au projet de loi, bien, le résultat n'est que pathétique en
ce moment. Aucun groupe ne s'est entendu dans le secteur de la construction.
Bien entendu, les gens
du gouvernement vont dire : Ah! vous, le Parti québécois, vous étiez au
pouvoir, puis vous en avez fait une,
loi spéciale. Est-ce qu'on peut regarder les vrais chiffres, les vrais
comparables? On a dû sortir une loi spéciale qui a été recevable par la plupart des gens, mais il y avait
une grosse partie qui avait déjà négocié. Donc, ces gens-là se sont
entendus ici, on part d'un livre à blanc. Personne ne s'est entendu, personne
n'a rien fait, puis là on va négocier pour tout
le monde avec ça, il y a
10 ans? Notre loi spéciale, normalement c'est pour régler le conflit. Une loi spéciale, M. le Président,
si on la lit bien, on dit aux gens : On vous bonifie de 1,8 % de salaire. Les conditions que vous avez
dans vos conventions collectives sont
les mêmes jusqu'à ce qu'on s'entende en 2017, là, en octobre ou septembre, on
aura la chance d'aller sur le fond un
peu plus tard. On ne règle pas le problème. La seule affaire, on retourne les
gens au travail, on repousse aux
calendes grecques la négociation. Il va arriver quoi après? C'est sûr, je vous
le dis, le film est tracé à l'avance, on
s'en va dans un arbitrage. Puis l'arbitrage, c'est là que ça se gâte. Là, c'est
la ministre qui a tout le pouvoir de l'arbitrage, on en parlera un peu
plus tard.
Mais, bien
entendu, pour les gens qui disent : Bien là, le Parti québécois, eux... Si
les deux parties ne s'entendent pas,
là, ce n'est pas de la faute de la ministre du Travail. Je suis désolé, je peux
jouer la game partisanerie, là, ce n'est pas la ministre du Travail qui porte entièrement le blâme, une chose est
certaine, puis c'est ni aucun député ici, on ne s'est pas entendu. Les deux côtés ne s'entendaient pas, puis
ils ont utilisé la médiation, ils se sont rendus à l'arbitrage, puis là
nous, on force un projet de loi spéciale. Bien, peut-être que, si la ministre
aurait laissé les règles telles qu'elles sont... Deux, trois jours de plus, ça
aurait-u changé, qu'on aurait la moitié des gens de la construction qui
auraient entériné une entente aujourd'hui? On ne le saura jamais, M. le
Président, on est devant les faits accomplis. Tout le monde de la construction sont sans contrat de travail en ce
moment, et ils utilisent leur droit de grève encore jusqu'à demain matin
parce que c'est une règle qui est reconnue et qui est légale.
Alors, s'il
te plaît, les anti, là... antigens qui revendiquent, calmez-vous un peu, c'est
des règles connues et légales. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Beauharnois. Alors, M. le leader adjoint
du gouvernement, député de LaFontaine, je vous cède la parole, vous disposez de
36 min 6 s.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Vous me permettrez, de façon très respectueuse, de soulever que l'opposition
officielle, dans ce débat, dit une
chose et son contraire. On vient d'entendre le collègue de Beauharnois dire : Il faut les laisser négocier.
En les laissant négocier, ils vont s'entendre. Or, le projet de loi les laisse négocier, il dit : Bien, il les laisse négocier pendant cinq mois, puis je vous le
garantis, ils ne s'entendront pas, puis ils vont finir en arbitrage. Ça, c'est dire une chose et son contraire, M. le Président. Il est en train de dire, dans
un premier temps : Laissez-les
négocier, ça n'a pas de bon sens. Mais là, M. le Président, il dit : Avec le projet
de loi, vous les laissez négocier
cinq mois, je vous le garantis, ils
ne s'entendront pas. C'est ce qu'ils viennent de dire, M. le Président, c'est ce qu'on vient d'entendre du collègue de Beauharnois, puis je
pense que les gens, à la maison,
peuvent juger de la crédibilité de cet argument-là, ça n'a pas de bon
sens, M. le Président.
Aussi, il a dit : Pourquoi, aujourd'hui, un
projet de loi? Bien, c'est sa collègue de Taschereau qui lui donne la réponse,
puis elle lui donne depuis le 30 juin 2013. Je la cite, dans les débats de l'Assemblée,
page 4202, la collègue de Taschereau
disait : «Il y a impasse, alors agissons.» Fin de la citation.
Bien, c'est ça, M. le Président, un gouvernement responsable, un gouvernement qui prend ses responsabilités, qui veut que
les parties puissent avancer dans les négociations de façon
constructive.
Autre
élément, M. le Président — là,
ça fait deux — de
dire une chose et son contraire, le collègue de Beauharnois avec lui-même,
le collègue de Beauharnois avec sa collègue de Taschereau, et là troisième
élément où un collègue de l'opposition
officielle du Parti québécois dit une chose et son contraire, c'est entre le collègue de Beauharnois puis le leader adjoint de l'opposition officielle, le collègue de Richelieu. Le collègue de Richelieu,
lui, il a dit à raison — puis
je l'écoutais parler, puis je vous
dis qu'il parlait à raison, lorsqu'il disait — et je le cite : «C'est une industrie au coeur
de l'économie du Québec.»
Et il disait : «Il y a des pertes quotidiennes, 45 millions par jour, M. le Président.» Il disait même qu'il y avait des impacts — et il a tout
à fait raison — sur
des commerces qui, entre autres, se veulent des fournisseurs de matériaux.
Alors, le collègue de Richelieu
disait : Ça n'a pas de bon sens, il
y a des impacts économiques majeurs
qui frappent de plein fouet non seulement les travailleurs, les
industries, les entreprises, les PME qui sont touchées par cela, mais également
tous les travailleurs et les PME qui fournissent les matériaux, qui oeuvrent
autour de l'industrie de la construction.
Le collègue de Richelieu, à hauts cris, disait : Bien, écoutez,
il faut agir, ça n'a pas de bon sens, c'est un fait. Le collègue de Beauharnois, lui, se pose la question pourquoi
on est réunis aussi aujourd'hui, M. le
Président. Ce sont les deux
membres de l'opposition officielle, puis ils se demandent qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui,
M. le Président.
Alors, je pense
que, là, on peut voir la crédibilité — je
le dis en tout respect — de
nos amis de l'opposition
officielle du Parti québécois qui plaident une chose et son contraire. Le
collègue de Beauharnois a fait référence à la loi qui avait été adoptée à l'époque par le gouvernement du Parti québécois, le gouvernement du Parti
québécois qui, par une loi
spéciale venait... et je l'ai citée, la collègue de Taschereau était ministre
du Travail à l'époque, disait : Il y a impasse, alors on doit agir.
M. le Président, nous sommes un gouvernement qui
agit et nous avons une ministre du Travail qui agit dans le dossier. Alors, lorsque le collègue de Beauharnois — ça
pourrait être une quatrième contradiction, dire une chose et son
contraire — dit :
Ils étaient sur le point de s'entendre, il parle quasiment que c'était une question
de minutes, M. le Président, puis qu'on n'en voulait pas, d'entente. Il
dit : Vous savez, à minuit moins cinq, des fois, il y a des
ententes. Alors, il
fallait donner la chance au coureur, M.
le Président. Bien, les gens à la
maison vont comprendre que la chance au coureur... après 240 jours, le coureur, il a eu sa chance 240 fois si on
calcule qu'à tous les jours il avait une chance de le régler, le
dossier. Alors, donnons une chance au coureur, mais, quand on constate les
faits, 240 jours pour négocier, M. le
Président, et là on dit que la ministre... et je cite le collègue de Richelieu,
là il est en contradiction avec les faits, le collègue de Richelieu
dit : La ministre a pris les choses à la légère, M. le Président.
Je
ne sais pas si sa collègue de Taschereau en avait fait autant, je ne pense pas.
Le ministre a participé à 11 rencontres
avec les parties, entre les parties, en plus des autres échanges avec les
parties. À cela s'ajoutent 58 rencontres de conciliation, médiation qui ont eu lieu au total. La ministre a même été
proactive. Nous sommes même allés encore plus loin en nommant un conciliateur au tronc commun — ce qui ne s'était jamais fait
auparavant — avec
l'intention de mettre toutes les
chances qui étaient de notre côté. Donc 240 jours, M. le Président, pour
négocier, 11 rencontres avec la ministre, une cinquantaine de rencontres
plus un médiateur, bien, force est de constater que la chance au coureur, M. le
Président, elle a été donnée à plusieurs reprises.
Alors,
face à cela, le collègue de Richelieu l'a bien dit, c'est 25 700
entreprises, M. le Président, qui sont touchées et 153 700
travailleurs, travailleuses. À cela, évidemment, on considère qu'il y a des
PME, un à cinq employés. Sur les 25 000,
tout près de 26 000, il y en a 21 500 que c'est des PME d'un à cinq
employés. Alors, M le Président, oui, c'est un dossier extrêmement important, oui, qui a un impact sur les
travailleurs, travailleuses touchés au premier titre, oui, qui a un
impact sur les employeurs, touchés également au premier titre, mais sur toutes
que les Québécoises et Québécois également,
non seulement ceux qui gravitent autour, comme le disait le collègue de
Richelieu, mais l'économie québécoise également et aussi la
réalisation — puis
j'entendais mon collègue de Sainte-Rose le mentionner — de
travaux non seulement dans le domaine
public, mais dans le domaine privé. Une famille qui, aujourd'hui, sait qu'il y
aura un délai d'une semaine supplémentaire quant à la prise de
possession de sa nouvelle résidence, qui est peut-être, dans bien des cas, la
première résidence, M. le Président, pour des familles du Québec, bien, ça, ça
a un impact tangible.
Puis
je ne pense pas que ces gens-là, M. le Président, ces citoyens, citoyennes,
payeurs de taxes, aujourd'hui, étaient bien
impressionnés par le collègue de Beauharnois lorsqu'il disait : Bien, il
aurait fallu laisser la chance au coureur. Eux autres, la chance au coureur, ils vont payer pour, M. le Président.
Alors, un gouvernement responsable a mis de l'avant ce projet de loi là, comme disait la collègue de
Taschereau à l'époque, que c'était justifié, et, évidemment, met en plus,
ce qui n'était pas dans le contexte du
projet de loi n° 54, M. le Président, met un mécanisme qui fait en sorte
que, oui, il y aura un processus de médiation, cinq mois... Puis je vais
informer mon collègue de Beauharnois. Il va dire : On ira au fond tantôt. Bien, on peut déjà toucher un peu le fond,
M. le Président, ça se termine le 30 octobre 2017. Les parties auront
jusqu'au 30 octobre 2017 — c'est
cinq mois — pour
s'entendre.
S'il était minuit
moins une, puis ils allaient d'entendre, M. le Président, bien, ils s'entendront
très facilement dans cinq mois. Dans
l'intervalle, ils ont une augmentation de salariale de 1,8 %. Ça, les
travailleurs, travailleuses de la construction,
ils ont une augmentation salariale de 1,8 % tout de suite, là, au départ
et ils verront leurs associations qui pourront négocier les autres
modalités. Puis le collègue de Beauharnois ne voulait pas trop aller sur ce
terrain-là, effectivement, ils vont le
faire, eux autres. Ce n'est pas le gouvernement qui va le faire, ils vont
s'entendre entre eux. Et je suis plus
optimiste que le collègue de Beauharnois lorsqu'il dit, à toutes fins
pratiques — je ne
veux pas, encore une fois, soulever
cette contradiction-là : Les négociations, il y avait une place aux
négociations. Aujourd'hui, il doit y avoir ce remède qui est ce projet de loi spéciale, et on a noté que la CAQ sera
en faveur de ce projet de loi. Le Parti québécois, Québec solidaire, il y a là une convergence, M. le
Président. Je sais qu'ils sont à la recherche de convergence, mais ils
vont voter contre, ils nous l'ont déjà annoncé.
Alors, il y a peut-être là un tremplin pour le
chef du Parti québécois, avec notre amie de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la députée, pour faire une
convergence puis enfin se réconcilier. Parce que, M. le Président, aujourd'hui,
là, ce qui touche les familles, ce qui
touche les travailleurs, les employeurs, c'est de faire en sorte qu'il y ait
une voie négociée, que l'économie du Québec ne soit pas préjudiciée et
que tout le monde puisse aller de l'avant. Puis, M. le Président, en adoptant
ce projet de loi là, là, on va aller de l'avant puis on va faire marcher de
l'avant le Québec. Merci beaucoup, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de LaFontaine et leader adjoint du gouvernement. Y a-t-il d'autres
intervenants? S'il n'y a pas d'autre intervenant, cela met fin au débat
restreint.
Je mets donc aux voix la motion
de M. le leader du gouvernement fixant le cadre temporel de la séance extraordinaire
conformément aux dispositions de l'article 26.1 du règlement de
l'Assemblée nationale et qui se lit comme
suit : «Qu'en vue de procéder à la présentation et à toutes les autres
étapes de l'étude du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de
la construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions collectives,
l'Assemblée nationale se donne le cadre temporel suivant et que l'Assemblée
nationale puisse siéger tous les jours à
compter de 9 h 45 jusqu'elle ait terminé l'étude de l'affaire pour
laquelle elle a été convoquée et qu'elle décide d'ajourner ses travaux.»
Alors,
cette motion est-elle adoptée?
M.
le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Il serait approprié, M. le Président, qu'on fasse un vote
par appel nominal.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, qu'on appelle
les députés.
• (
14 h 51 — 15
heures) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je fais lecture de la motion fixant le
cadre temporel conformément aux dispositions de l'article 26.1 du règlement de
l'Assemblée nationale :
Mise aux voix de la motion
proposant de déterminer
le cadre temporel des séances extraordinaires
«Qu'en
vue de procéder à la présentation et à toutes les autres étapes de l'étude du
projet de loi du projet de loi n° 142,
Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la construction ainsi
que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives, l'Assemblée se donne le cadre temporel suivant :
«Que l'Assemblée puisse siéger tous
les jours à compter de 9 heures 45 jusqu'à ce qu'elle ait terminé
l'étude de l'affaire pour laquelle elle a été convoquée ou qu'elle
décide d'ajourner ses travaux.»
Alors,
que les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois (Soulanges),
M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel (Viau), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency),
M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay (LaFontaine),
Mme Boulet (Laviolette), M. Carrière (Chapleau), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières), M. Auger (Champlain), Mme Vallières (Richmond),
M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc
(Mégantic), M. Boucher (Ungava), M. Fortin (Pontiac),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La
Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Laframboise
(Blainville), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne
(Johnson), Mme D'Amours (Mirabel), M. Spénard (Beauce-Nord),
M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Bergeron
(Verchères), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis),
M. Rochon (Richelieu), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), Mme Fournier (Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne),
M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy
(Bonaventure).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 73
Contre : 21
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, la motion, elle
est adoptée.
Mise aux voix de la motion proposant d'établir la
procédure législative
d'exception en vue de procéder à la présentation et aux autres
étapes de l'étude du projet de loi n° 142
Je mets maintenant aux voix la motion
de procédure d'exception présentée par M. le leader du gouvernement, qui
se lit comme suit :
«Qu'en vue de procéder à la
présentation et à toutes les autres étapes de l'étude du projet de loi
n° 142, Loi assurant la reprise
des travaux dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des
différends pour le renouvellement des conventions
collectives, l'Assemblée établisse la procédure législative d'exception telle
que prévue aux articles 182 à 184.2 et 257.1 à 257.10 du règlement.
«Qu'à
tout moment de la séance, le président puisse suspendre les travaux à la
demande d'un ministre ou d'un leader adjoint du gouvernement.»
Cette motion est-elle
adoptée?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint? M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier :
Grâce au langage des signes, je crois pouvoir déceler qu'il y a un consentement
pour que nos puissions enregistrer le même vote.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, il y a consentement pour pouvoir enregistrer le même vote? Très bien. Alors, pour le
résultat de ce vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 73
Contre : 21
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, la motion est adoptée. Et, conformément
au deuxième alinéa de l'article
27 du règlement, cela met fin à la période des affaires courantes.
Affaires du jour
Nous sommes maintenant... M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Fournier : ...dire que nous
sommes maintenant aux affaires
du jour, M. le Président. Conséquemment, je vous demanderais
de reconnaître Mme la ministre responsable du Travail afin de lui permettre de
faire la présentation de son projet de loi.
Projet de loi
n° 142
Présentation
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, effectivement, Mme la
ministre du Travail, je vous cède la parole pour la présentation de
votre projet de loi.
Mme Dominique Vien
Mme Vien : Alors, c'est avec plaisir, c'est avec grand
plaisir que je fais la présentation du projet
de loi n° 142.
Ce projet de loi vise à mettre fin aux grèves en cours dans l'industrie de la construction pour y assurer la reprise des travaux.
Le projet de loi prévoit la reprise des travaux
interrompus par les grèves ainsi que les obligations et les interdictions qui s'imposent aux salariés, aux associations
représentatives et aux employeurs et
aux associations d'employeurs quant à la reprise et au maintien des
travaux.
Le projet de
loi prévoit également le maintien des conditions de travail en vigueur le
30 avril 2017 contenues dans chaque convention collective
applicable aux secteurs institutionnel et commercial, au secteur industriel, au
secteur résidentiel et au secteur génie
civil et voirie, et ce, jusqu'à la conclusion d'une nouvelle convention
collective la remplaçant, ainsi qu'une majoration des taux de salaire de
1,8 % à compter de la date de la reprise des travaux.
Le projet de
loi vise également à assurer le renouvellement de la convention collective
applicable à chaque secteur en prévoyant une période de médiation,
suivie d'un arbitrage en cas d'échec de la médiation.
Enfin, le
projet de loi prévoit, en cas d'inexécution des obligations ou de contravention
aux interdictions qu'il impose, des sanctions civiles et pénales.
Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme
la ministre. Alors, est-ce que l'Assemblée accepte-t-elle d'être saisie
de ce projet de loi? Sur division. Adopté sur division.
Adoption du principe
Alors, ce qui nous amène à procéder au débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives.
Je vous rappelle
que, conformément au premier paragraphe de l'article 257.1, la durée de ce
débat est limitée à cinq heures. La
répartition du temps de parole se fera comme suit :
2 h 21 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement; 1 h 22 min 24 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle; 58 min 51 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition; et 17 min 30 s sont réservées aux députés
indépendants. La présidence répartira
cette enveloppe de temps parmi ceux qui auront signifié vouloir participer au
débat, sous réserve d'un maximum
selon le nombre de députés qui se seront manifestés, de cinq minutes chacun
pour les députés de Groulx et de Vachon;
et de 10 minutes pour les deux députés de Québec solidaire. Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Et, mis à part
ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et enfin je rappelle aux députés indépendants qui souhaitent
intervenir au cours du débat qu'ils ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence. Mme la ministre.
Mme
Dominique Vien
Mme Vien :
Oui?
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : La parole est à vous.
• (15 h 10) •
Mme Vien : Excusez-moi, Mme la
Présidente. Alors, rebonjour à tout le monde. C'est, encore une fois, un
plaisir de prendre la parole cet
après-midi dans cette adoption de principe du projet de loi n° 142, qui
vise, entre autres choses, à reprendre le travail dans le domaine de la
construction, Mme la Présidente.
Alors, on sait qu'il
y avait une période de négociation qui était prévue entre octobre et avril, en
fait la fin avril 2017,
octobre 2016, et qu'effectivement les parties au dossier n'ont pas négocié
comme on aurait pu s'attendre à ce qu'elles
le fassent, c'est-à-dire que ce n'est qu'à partir de février que les parties
ont commencé à négocier, ce qui est une grande déception, disons-le très franchement, Mme la Présidente, parce qu'il
s'agit ici d'un dossier d'un conflit de travail qui est privé, donc qui se joue entre les employeurs du monde de la
construction et les travailleurs de la construction. Alors, la seule chose que nous aurions souhaitée, bien
entendu, c'est que les parties en arrivent à s'entendre, qu'elles arrivent à
une convention négociée.
Mme la Présidente, de ce côté-ci de la Chambre, je peux vous
assurer que tous les efforts ont été fournis. Tout ce qu'on pouvait faire a été fait pour
effectivement amener les parties à se parler, à s'entendre et à signer une
convention collective. Évidemment, j'ai écrit aux parties, j'ai également tenu
des rencontres. En fait, 11 rencontres ont été tenues avec les parties.
Et, jusqu'à maintenant, Mme la Présidente, ce sont presque 60 périodes de
conciliation et de médiation qui ont été tenues, malgré le fait que nous
n'ayons pas eu de négociation entre le mois d'octobre et le mois d'avril.
Alors, effectivement, je leur ai écrit, je les
ai rencontrés et, Mme la Présidente, la raison pour laquelle nous intervenons aujourd'hui, elle est simple,
mais elle est sérieuse, c'est que la grève dans la construction a des impacts
majeurs sur l'ensemble de la société québécoise.
Bien évidemment, les employés de la construction sont privés de leur
gagne-pain, les 25 000 entreprises dans le domaine de la
construction sont également impactées par cette situation, mais aussi tous
ces commerçants, toutes ces entreprises qui
sont satellitaires à l'industrie de la construction, ces fournisseurs, ces
quincailliers que l'on connaît
souvent dans nos petites communautés sont aussi impactés par cette
situation-là. Peut-on rappeler également ces personnes qui attendent la
livraison de leur résidence neuve, souvent un projet de vie, hein, c'est
important, c'est majeur, et qui doivent quitter
leur logis actuellement et qui ne savent pas où ils iront dans la période
flottante entre les deux parce que la
maison neuve ne sera pas livrée à temps, compte tenu des circonstances. Alors,
on ne pouvait pas laisser traîner une grève qui coûte à la société
québécoise 45 millions de dollars par jour.
Le collègue
des Transports sait très bien ce qui se passe actuellement au Québec. Vous
savez, c'est la belle saison, c'est
la période où on fait des travaux routiers. Bien, ça aussi, c'est impacté par la
grève de la construction. Il y a Turcot, il y a le pont Champlain, il y a... ce sont des mégaprojets, mais il y a de
plus petits projets aussi qui sont arrêtés, ralentis dans nos communautés, et
ce sont nos petites municipalités bien souvent qui sont aux prises avec des
casse-tête dont ils se seraient bien passé, bien sûr.
Oui, le domaine de la construction qui est
touché et qui cause un préjudice social, un préjudice social qui est important, Mme la Présidente. Je pense que je
viens d'en faire la démonstration de façon assez importante. Pourquoi? Parce que le domaine de la construction, c'est
46 milliards de dollars de retombées économiques au Québec. Je le répète :
C'est 175 000 travailleurs, c'est
25 000 entreprises au Québec, c'est 12 % du produit intérieur brut au
Québec, du PIB, c'est extrêmement important, comme économie.
Nous sommes
très conscients de l'importance du droit de grève au Québec et au droit à la
négociation. Nous en sommes très
conscients, mais nous sommes aussi sensibles et préoccupés par ce préjudice
social dont je viens de parler, Mme
la Présidente, et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, nous sommes
obligés d'intervenir dans cette situation qui est de nature privée bien
sûr, mais parce qu'elle a des impacts sur l'ensemble de la société québécoise.
Si les
représentants des associations patronales et les représentants des associations
syndicales avaient pris tout le temps dont elles disposaient pour
négocier, peut-être ne serions-nous pas ici aujourd'hui, mais malheureusement, Mme la Présidente, ils ne se sont pas entendus, et
malheureusement ils ont laissé couler plusieurs mois avant de commencer
une négociation.
Alors, de
quoi il est question ici, aujourd'hui, Mme la Présidente? Il est question du
projet de loi n° 142, qui vise essentiellement,
premièrement, la reprise du travail, des activités des travailleurs de la
construction, et on demande, bien entendu,
aux patrons de favoriser les conditions gagnantes pour réintégrer les
travailleurs de la construction, et on dit aux travailleurs de la
construction : Après-demain, le 31, vous rentrez au travail selon votre
horaire régulier.
Ce qu'on
vient dire aussi, c'est : On octroie une augmentation de 1,8 % aux
travailleurs de la construction. Et, s'il
devait y avoir une autre entente, eh bien, c'est l'autre entente, bien entendu,
qui prendrait effet, mais c'est ce que nous venons prévoir à l'intérieur
du projet de loi n° 142.
Ce que nous venons prévoir aussi, et c'est là
que ça prend une importance primordiale, c'est cette deuxième période de négociation qu'on vient prévoir à
l'intérieur du projet de loi, une nouvelle ronde de médiation. Alors, table par
table, secteur par secteur, nous allons désigner un médiateur pour les quatre
secteurs et leur permettre... les trois secteurs, parce qu'il y en a deux qui sont ensemble, là, mais... pour leur permettre justement
de se donner une nouvelle chance d'en arriver
à une entente qui est négociée. Ce que nous avons prévu, c'est que cette
période de médiation va débuter dès la sanction
du projet de loi, de la loi, jusqu'au mois d'octobre 2017, donc un
cinq mois supplémentaires pour en arriver à une entente. Et, si d'aventure, si malheureusement les parties n'arrivaient pas à s'entendre à nouveau, ce que nous avons
prévu est une période d'arbitrage.
Et là aussi c'est important.
Il faut faire les choses autrement que ce que nous avons l'habitude de faire, Mme la Présidente. Il faut que les parties
comprennent que ce n'est pas à l'État, ce n'est pas au gouvernement à prendre
leurs responsabilités, à ces associations patronales et syndicales là. Ce n'est pas à
nous. Nous, ce qu'on fait, c'est : On met les conditions nécessaires en place pour leur
permettre de signer un contrat de
travail. C'est ça qu'on vient faire. Alors, une période de médiation; on ne s'entend pas, on s'en va en arbitrage. Et
syndicat comme patronat, Mme la Présidente, savent très bien qu'il y a une nébuleuse autour d'un
arbitrage. On ne sait pas comment ça va finir. Ce que je leur dis :
Utilisez, dès la première minute
possible, ce temps qui va être mis à votre disposition pour que les conditions
qui seront dans la convention
collective seront appréciées et partagées des deux côtés. On leur donne la
possibilité, là. On leur redonne la possibilité.
Ils devront la saisir. Parce que, dans la première foulée, ils n'ont pas saisi,
ils n'ont pas utilisé tout le temps dont ils disposaient pour en arriver
à une entente négociée, malheureusement. Et je ne suis pas ici pour blâmer un
ou blâmer l'autre. Moi, je ne peux que
déplorer qu'on n'en soit pas arrivés à une entente, alors qu'on avait sept mois
pour négocier et qu'on a gaspillé
finalement cinq mois en ne négociant pas. Donc, Mme la Présidente, l'intérêt,
je pense qu'ils le comprennent très bien. On leur donne une autre chance
de pouvoir s'asseoir.
Et
je les ai rencontrés à plusieurs reprises, là. À 11 reprises, je les ai
vus, je les ai rencontrés, je leur ai parlé, mon entourage, mon cabinet était constamment en lien avec eux, soit
téléphonique ou autrement. Je pense que les parties en présence sont bien conscientes que là on attend
beaucoup d'elles et qu'on s'attend effectivement à ce qu'elles s'assoient et
qu'elles rediscutent ensemble.
Un
petit peu plus tôt, aujourd'hui, Mme la Présidente, je faisais état des
situations un peu partout au Québec. Parce que c'est partout au Québec, les impacts de la grève de la construction.
Alors, je ne repasserai pas au travers tout ça, Mme la Présidente, mais ce que je veux mentionner, c'est
qu'avec ce qu'on s'apprête à faire, c'est-à-dire le retour au travail des
employés de la construction et de leur
donner une deuxième chance de négocier, ce que j'ai comme écho, ce que
j'entends, ce que je lis dans les médias, c'est que la population du
Québec pousse un souffle de... un soupir de soulagement, si vous voulez, les gens sont rassurés, et on vient
effectivement donner confiance pour que l'économie du Québec reprenne
comme elle l'était, c'est-à-dire sur une belle lancée, et qu'on cesse de perdre
40 millions par jour. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (15 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre du Travail. Maintenant, pour la prochaine intervention, je vais
céder la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, quel gâchis,
quel dommage, quelle déception pour tous
les Québécois, qui sont des gens qui aiment les compromis, les ententes
négociées, discutées, avec des paramètres vraiment avantageux pour les deux parties. Il y a eu des dommages
collatéraux à ceux qui gravitent, dépendent beaucoup de l'industrie de
la construction.
Et
il y en a beaucoup plus que pour 45 millions par jour. Par exemple, dans
ma région, à Saint-Jérôme — et j'ai eu beaucoup de
commentaires et des courriels de citoyens à ce sujet — on a chez nous, en construction, une
magnifique salle de spectacle, et tout le monde est fier de ça. Par contre, plusieurs commencent à être inquiets, autant les employeurs
mais aussi tous ces gens qui gravitent autour
de ce projet-là, un projet rassembleur, un exemple que je pourrais transposer
dans plusieurs régions du Québec. Et évidemment je disais justement le désarroi
de ces signaleurs de route, qui dépendent de
la construction. Je regardais aussi les commentaires de ces gens qui
attendaient leur domicile pour le 1er juillet, qui étaient obligés de faire de l'entreposage de
meubles, et tout ça. Alors, on parle de dommages collatéraux qui touchent
tous les citoyens du Québec et, évidemment, tous ces gens de la construction.
Pour tous ces travailleurs
qui manifestent... ou qui manifestaient, plutôt, tout à l'heure autour de l'Assemblée
nationale, on a pu les entendre et on a pu les voir. On ressent aussi leur
déception mais aussi leurs espoirs.
On
se doit à nouveau de souligner le manque de leadership du gouvernement et de la ministre dans ce dossier. Le 12 mai, il y a
une menace de loi spéciale. Le 23 mai, menace de loi spéciale à nouveau.
Le
24 mai, j'ai demandé, au nom du Parti
québécois, la nomination d'un médiateur
spécial pour dénouer l'impasse. En après-midi,
par la suite, présentation d'un show de boucane de la ministre
à Boucherville. Tout le monde était content, ça avait l'air de bien
aller. Le 25 mai, aucune négociation.
Le 26 mai, mon
chef dénonce l'inaction de la ministre du Travail en après-midi. Par la suite,
les médiateurs convoquent les parties. Le
27, ça a l'air à négocier, mais l'Assemblée
nationale est quand même
convoquée par la ministre pour
la loi spéciale. Le 28, donc hier, les offres sont officiellement rejetées, et
on est dans une impasse.
Encore une fois, manque de leadership de la ministre. Elle a été réactive, avec son histoire de
brandir la menace de loi spéciale, plutôt
que proactive dans cette histoire. Elle aurait pu convoquer les deux parties,
elle aurait pu les obliger à
négocier; ça n'a pas été fait. On était supposément à un saut de puce, à deux
tables, mais force est de constater que c'était plutôt un saut de chevreuil.
Je dirais même que c'est un grand canyon d'écart qui sépare les
deux parties actuellement, et c'est une grande déception pour tous
les Québécois.
En
2013, le Parti québécois avait réussi à signer plus de 98 000 travailleurs dans le secteur
résidentiel et celui de la voirie. On
avait conclu des ententes et on avait aussi prévu un an pour continuer les
pourparlers. Pour ce qui est de la loi, il va falloir l'analyser sous
tous ses angles pendant toute la durée des débats et justement ce soir et cette
nuit, mais il faudra aussi poursuivre la négociation et que celle-ci prédomine.
Il est encore
temps, d'ailleurs. Même si le projet de loi est déposé et débattu actuellement,
on privilégie, au niveau du Parti
québécois, la poursuite du dialogue entre les deux parties. On ne veut pas d'un
règlement imposé, il est encore temps pour les deux parties de
s'entendre.
Il ne faut toutefois pas que, dans
cette loi, on privilégie ni une ni l'autre des parties. Les Québécois en ont
assez souffert.
Maintenant,
on connaît la teneur de ce projet de loi spéciale. Je l'ai ici sous la main, on
a eu le temps de le lire et de le regarder. Le Parti québécois est pour un retour
au travail des salariés mais pas à n'importe quelle condition. Il faut modifier
ce projet de loi, car, dans son état actuel, pour le Parti québécois, il n'est
pas acceptable.
Mme
la Présidente, le Parti québécois a toujours été le parti des travailleurs, des
salariés de tout le Québec, des employeurs,
de la justice sociale et de la paix sociale. Les gens de Saint-Jérôme m'ont élu en connaissant cet état de
fait. Et, il n'y a pas très longtemps, ils m'ont élu avec les valeurs du
Parti québécois. Ils m'ont mandaté en tant que leur représentant à l'Assemblée nationale pour veiller sur cette justice. Et, en vertu de ce mandat qui m'a été donné donc en décembre dernier en compagnie de ma collègue de Marie-Victorin et en tant que responsable du dossier du travail, je réitère que, dans son état actuel, ce projet de loi spéciale n'est pas juste. Tous ces gens, ces travailleurs de la construction qui ont manifesté
haut et fort mais dans le respect autour de l'Assemblée nationale aujourd'hui se rappellent des racines profondes du Parti québécois, celui qui est proche des gens. Je suis peut-être
nouveau, ici, au salon bleu, mais je pense que j'amène une optique différente sur ce qui soit être fait.
Et j'implore maintenant les gens du Parti libéral de nous écouter
dans les modifications qu'on pourrait proposer dans le projet de loi n° 142.
D'ailleurs,
après avoir lu le projet de loi, on a remarqué qu'après une période de médiation
imposée jusqu'en octobre de cette
année, soit en octobre 2017... je souligne le fait que la ministre du Travail peut, si elle le désire, déterminer, après ces négociations
entre les parties, les points devant passer devant un arbitre qu'elle pourrait
possiblement elle-même désigner. Donc, si je
comprends bien, la ministre décidera ce qui est bon ou pas pour l'arbitre.
Elle séparera le bon grain de l'ivraie,
Mme la Présidente. Elle pourrait même, si elle le voulait, prôner
le statu quo pour quatre ans, tout dépendant de son jugement ou de son humeur. C'est comme si le ministre de la Santé lui-même avait écrit ce scénario, Mme la Présidente. Mais c'est vrai, c'est la pensée libérale. Ça s'est passé comme
ça depuis les trois dernières années.
De
plus, le gouvernement du Québec est le principal donneur d'ouvrage dans l'industrie de la construction. La ministre jugera donc de l'importance des litiges selon les
critères de son propre gouvernement — je
m'excuse, Mme la Présidente,
je vais me retrouver dans mes feuilles — elle
sera donc juge et partie. Nous sommes en possible situation
de conflit d'intérêts dans cette histoire d'arbitrage.
Également,
la ministre du Travail aura le loisir ou l'odieux de déterminer les
critères que doit examiner l'arbitre ou
le conseil d'arbitrage qu'elle pourrait avoir choisi elle-même
pour fonder chacune de ses décisions. On peut parler de la capacité de
payer des donneurs d'ouvrage. On peut parler aussi des conditions de travail.
Et là je me réfère, Mme la Présidente, à l'article 23 du projet de loi. On peut parler
aussi de l'évolution des taux de salaire de corps d'emploi comparables
au Québec et ailleurs au Canada. Qui va déterminer ça?
On
parle de maintien du pouvoir d'achat des travailleurs de la
construction. Qui va déterminer ça? Alors, il y a beaucoup d'interrogations autour de ces points-là. Et on
parle aussi de l'équilibre entre le travail et la famille. Mais justement...
Je m'excuse, j'ai fait un lapsus : de l'équilibre entre le besoin de
flexibilité d'organisation du travail et les contraintes d'horaires variables. Mais où est rendue la conciliation travail-famille tant exigée par les travailleurs? Est-ce qu'on en a tenu
compte dans ce projet de loi? A-t-on une ligne en quelque part là-dessus? Ainsi, selon ce que le Parti québécois a pu constater, ces orientations données à l'arbitre viennent carrément
biaiser son jugement.
• (15 h 30) •
On
dit aussi dans le projet de loi que l'arbitre ou le conseil d'arbitrage décide de
la méthode d'arbitrage et des critères
qu'il doit examiner pour fonder sa décision si la ministre
ou le ministre ne les a pas déterminés en application des paragraphes de l'alinéa précédent. On dit aussi que
l'arbitre ou le conseil d'arbitrage est lié par des dispositions de l'arrêté ministériel
prévu auparavant. Ce nouveau mécanisme, Mme la Présidente, rompt avec ce qui le
précédait, avec tous ces pouvoirs
discrétionnaires à la ministre du
Travail envers l'arbitrage. Il rompt
avec ce qui avait été fait en 2013,
où, comme je vous l'avais dit précédemment, plus de 98 000 travailleurs avaient réglé les
points les concernant avant l'imposition
de la loi spéciale. Entre 2013 et 2014, pratiquement tout le reste avait été
réglé, d'ailleurs, et encore on en parlait ce matin.
Dans
une partie de ce projet de loi, le Parti libéral se plonge les deux mains dans
le Code du travail. C'est extrêmement
hasardeux, Mme la Présidente, et pour nous c'est inacceptable. Ce projet de loi
spéciale, dans son état actuel, ne
vient rien régler. Nous nous engageons, comme nous l'avons toujours fait, à
défendre les injustices, si infimes soient-elles, et nous le ferons aussi longtemps que possible ce
soir et cette nuit. Les salariés de la construction doivent rentrer au travail.
Mais, ici, à l'Assemblée nationale, le Parti québécois s'occupera et veillera à
ce que cette loi soit juste pour toutes les parties
en présence. Si, à chaque fois qu'on a un problème et qu'on le brime avec une
loi spéciale... C'est un mauvais signal que le gouvernement envoie aux Québécois. Les Québécois aiment ça quand
il y a des compromis, ils n'aiment pas ça, la chicane. Cette grève aura eu des dommages collatéraux un peu partout au
Québec, et ça restera dans l'imaginaire des gens pendant un bon bout de temps. Espérons
que le travail du Parti québécois, de l'opposition
officielle, afin de modifier cette
loi spéciale servira les intérêts de tous les Québécois. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jérôme. Et maintenant je vais
céder la parole à M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir d'intervenir sur le projet de loi n° 142, Loi
assurant la reprise des travaux dans
l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends dans le
renouvellement des conventions collectives.
Vous savez, Mme la Présidente, qu'au Québec de
nombreux problèmes sociaux liés à l'emploi découlent de particularités sectorielles et ne peuvent être résolus qu'à cette
échelle. En matière de relations du travail, cela est particulièrement vrai dans certains secteurs,
comme celui de la construction. La construction, Mme la Présidente, est un
secteur d'activité névralgique pour
l'économie québécoise, elle représente près de 12 % du PIB québécois.
C'est pour cette raison que le
législateur québécois a élaboré en 1968 un cadre institutionnel original afin
de rétablir la paix industrielle. On a ainsi réduit la fréquence et la
durée des conflits de travail dans un secteur qui, je le répète, est
névralgique pour l'économie, soit le secteur
de la construction. Depuis 1968, donc, certains éléments du régime des
relations de travail de l'industrie
de la construction ont été modifiés, mais, encore aujourd'hui, on se rend
compte des difficultés que l'on rencontre. Nous faisons face aujourd'hui à un conflit de travail touchant plus de
170 000 personnes. La grève générale a été déclenchée le
24 mai. Nous perdons des millions de dollars à chaque journée, puisque les
chantiers sont arrêtés. On parle ici de 45 millions par jour.
Mme
la Présidente, est-ce que le projet de loi déposé aujourd'hui, la Loi assurant
la reprise des travaux dans l'industrie de
la construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement
des conventions collectives, est nécessaire?
Est-ce qu'il est nécessaire, Mme la Présidente? Oui. Oui, mais le gouvernement
aurait dû agir pour dénouer l'impasse
bien avant. La grève se profilait depuis de nombreuses semaines, et rien n'a
été fait. Lorsque je dis que rien n'a
été fait, ce matin, Mme la ministre, à une de mes questions, a élaboré une
série de dates, une série de dates d'échec, quant à moi. Mais tout à l'heure j'écoutais ses remarques préliminaires,
et elle indiquait que les parties ont pris trois mois avant de débuter
la négociation. Elle aurait dû trouver un moyen pour les sensibiliser au fait
que de perdre ce temps précieux là du début
allait être négatif à la fin. Donc, on se retrouve donc avec l'imposition d'une
loi spéciale, ce qui n'est pas
souhaitable démocratiquement. Le processus des négociations avait pourtant
débuté en octobre 2016, comme je disais tout à l'heure. La ministre était bien au fait de la situation, et nous
l'avons même interpellée, Mme la Présidente, lors de l'étude des crédits. Le résultat, c'est copie
conforme à 2013, et qu'un troisième joueur s'immisce dans une négociation
qui est supposée concerner les syndicats et
le patronat. Ce troisième joueur, vous le savez bien, c'est le gouvernement.
Si
on regarde les conflits de travail dans l'industrie de la construction, Mme la
Présidente, on se rend compte que l'histoire
se répète. 1976, 60 000 travailleurs touchés par une grève de 30
jours, entente à l'automne. 1986, 90 000 travailleurs neutralisés
pendant une douzaine de jours, suspension du droit de grève puis entente après
médiation. 2013, plus récemment,
160 000 travailleurs touchés, la grève avait duré six jours dans les
secteurs résidentiels du génie civil et de la voirie et quatre jours de plus dans les secteurs institutionnel,
commercial et industriel. On avait dû adopter une loi spéciale pour
forcer le retour au travail de 77 000 syndiqués. Le conflit avait
coûté, en 2013, plus de 333 millions de dollars.
Mme
la Présidente, la construction est intimement liée à l'économie du Québec,
comme je l'indiquais tout à l'heure, 12 %
du PIB. Une grève générale dans ce secteur n'est pas souhaitable. Une grève
après l'autre, ce n'est pas non plus un modèle viable pour assurer le
bon fonctionnement d'un régime. La ministre du Travail soutient qu'elle veut
laisser la place aux parties pour négocier,
mais, pour ce faire, elle a dû en venir à une loi spéciale. Force est de
constater, Mme la Présidente, que le
mécanisme actuel de négociation dans le secteur de la construction ne
fonctionne plus et doit être revu.
Les
parties doivent pouvoir en arriver elles-mêmes à une entente. C'est comme cela,
Mme la Présidente, qu'on signe un
contrat, en négociant les conditions qu'on y retrouve. On a déjà modifié la loi
par le passé pour tenter de trouver le
bon équilibre dans cet exercice de négociation. Par exemple, une grève ou un
lock-out ne peut être déclenché que pour l'ensemble d'un secteur de
l'industrie. On a également introduit l'interdiction de prévoir une
rétroactivité dans les conventions collectives afin d'encourager les parties à
s'entendre plus rapidement, au lieu d'être pénalisées. Mme la Présidente, dans le cas du projet de loi
n° 142, que nous avons ici, devant nous, il n'est pas parfait, donc nous
devrons travailler à l'améliorer. J'ose espérer que le gouvernement sera
ouvert aux amendements que nous suggérerons.
Mme
la Présidente, cependant, les deux parties s'entendent sur certains points.
Quand je dis les deux parties, j'ai eu des discussions avec les
représentants syndicaux et les représentants patronaux, et il y a des points où
leurs points de vue concordent. Donc, nous
avons eu l'occasion de discuter avec les différentes parties, et certains
aménagements dans le projet de loi
sont envisageables et souhaitables. Nous pensons qu'il est important d'avoir un
minimum d'adhésion de la part des
parties impliquées pour favoriser la suite des négociations. Mme la Présidente,
cela aurait pour impact de calmer le
jeu et d'apporter une meilleure collaboration de tous. En ce sens, j'offre
toute ma collaboration, je suis disposé à travailler avec le
gouvernement pour apporter les améliorations qui s'imposent à ce projet de loi.
Ce
projet de loi spéciale, dans le domaine de la construction, devrait être le
dernier, je dis bien le dernier, à forcer le retour au travail en attente des négociations. La situation que nous
vivons aujourd'hui doit servir, Mme la Présidente, de tremplin pour amorcer une réflexion plus large de
la négociation dans le secteur de la construction, parce que, rappelons-nous, aujourd'hui, c'est le jour de la
marmotte, par rapport à ce que nous avons vécu en 2013, c'est le même, entre
guillemets, pattern : il y a négociation, il y a mésentente, on ne
s'entend pas à la fin, le gouvernement doit imposer une loi spéciale parce que l'impact économique est
trop important pour le Québec, mais on ne doit plus revivre ce genre de
situation là, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons régler un
problème qui perdure depuis trop longtemps. Nous souhaitons que le gouvernement entende ce que nous proposons
et saisisse notre main. Dans les
derniers conflits de travail, le gouvernement
s'est présenté en mode réaction au lieu d'être en mode solution, ce qui est
irresponsable.
Plus précisément, Mme
la Présidente, sur le projet de loi, on a fait une lecture approfondie, et je
vais avoir un certain nombre de questions à la ministre. Sans vouloir faire l'étude détaillée ici, il y a des pistes de solution intéressantes, mais il y a peut-être
des gains qu'on peut faire pour activer, pour s'assurer qu'on perde moins
d'énergie possible, moins de sous possible.
À titre d'exemple, je vais vous donner... lorsqu'à
l'article 13 on nous indique que, «pour chacun des secteurs mentionnés à
l'article 2, le ministre nomme un médiateur afin d'aider les parties à régler
leur différend». Il y a eu des médiateurs dans tous les dossiers. Idéalement, ces gens-là connaissent
bien la nature des points en litige, la nature des ententes qu'il y a eu, je pense que ce serait de
bon aloi que ces gens-là soient reconduits pour qu'on puisse déjà activer
le processus qui est prévu dans le projet de loi.
Donc, Mme la
Présidente, je termine là-dessus, en soulignant au gouvernement que nous sommes
toujours disposés à travailler pour bonifier le projet de loi. Et je vous
remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Chutes-de-la-Chaudière. Et, pour
la poursuite de ce débat sur le principe du projet de loi n° 142, je vais
céder la parole à M. le député de Mégantic.
M. Ghislain Bolduc
M. Bolduc : Merci, Mme la
Présidente. Il me fait très plaisir aujourd'hui de prendre la parole sur
l'adoption du principe du projet de
loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le
renouvellement des conventions collectives. Nous avons entendu la ministre
précédemment discuter des arguments
principaux qui se sont déroulés dans le passé. Il y a beaucoup de points
d'intérêt à renoter pour s'assurer
que la population comprend bien les enjeux auxquels nous faisons face. Les
parties, entre autres, ont bénéficié de 240 jours pour négocier, et une
grande partie de ce temps-là n'a pas été utilisé effectivement pour démarrer
les négociations, ce qui nous a amenés dans
une position où on a terminé les négociations et on se ramassait devant une
impasse, d'où aujourd'hui ce projet de loi.
La
ministre a participé à 11 rencontres avec les parties, et s'ajoutent à cela 58
rencontres de conciliation et de médiation
qui ont eu lieu au total, donc ce n'est pas banal. On ne peut pas dire que le
gouvernement n'a pas participé, n'a pas supporté le travail pour faire
avancer les négociations et supporter l'entente du côté des deux parties. Et
ces deux chiffres-là sont très éloquents à
cet égard, Mme la Présidente, puisque nous nous sommes assurés qu'il y avait eu
un maximum de temps alloué et un
maximum de support de la part de la ministre et de la part des conciliateurs
pour s'assurer que les deux parties pourraient se rencontrer, et
discuter, et essayer d'en arriver à une entente avant l'expiration de la
convention.
Malheureusement,
nous sommes aujourd'hui devant une impasse, et, malgré tout cela, le projet de
loi non seulement va permettre le retour au
travail, mais assurer qu'il va y avoir quand même une continuité ou une
possibilité de négociation, une
possibilité de médiation et d'arbitrage, s'il y a lieu. Donc, on donne à
l'ensemble des parties encore une possibilité de s'asseoir, d'en arriver
à une entente négociée et de trouver des voies de passage qui vont satisfaire
l'ensemble des intervenants.
Pourquoi est-ce que c'est important,
Mme la Présidente, ces enjeux-là? La ministre en a mentionné quelques-uns, et
je tiens à en mentionner d'autres. Tout d'abord, c'est 45 millions
de dollars d'impact dans notre économie par jour, 175 000 travailleurs, des dizaines de milliers d'entreprises qui
sont immobilisées et qui sont immobilisées, Mme la Présidente, dans un environnement critique. Quand je dis «critique»,
c'est qu'au Québec, vous savez, on ne dispose pas de 12 mois de
construction par année, mais plutôt de quatre à cinq mois de périodes de
travail qui sont souvent très intensives et qui peuvent, si on manque quelques jours ou quelques semaines, provoquer
des délais très, très sérieux
au niveau des gens dans la société.
À
titre d'exemple, on se retrouve maintenant au mois de juin, là où les gens se
préparent à déménager au 1er juillet. Beaucoup de nos jeunes couples auraient possiblement acheté des
résidences qui risquent de ne pas être complétées pour le
1er juillet. Ils n'ont pas renouvelé leur bail. Qu'est-ce qu'il va arriver
au 1er juillet? Donc, vous voyez le genre de conséquences qui pourrait avoir des effets dramatiques où des gens vont
se retrouver potentiellement dans la rue ou chez des amis, ou des voisins, ou retourner chez leurs parents, ce qui n'est
pas toujours une bonne idée. Mais, dans ce cas-ci, je pense que c'est
très important de faire le maximum possible pour permettre aux nouveaux
arrivants ou aux gens qui viennent d'acheter
des résidences qui n'étaient pas complétées de pouvoir minimiser le risque de
se retrouver dans une situation possiblement embarrassante.
On
a aussi tout le secteur de la voirie, les travaux. Les gens n'aiment pas
beaucoup les cônes orange, et là on va avoir des cônes orange puis avec
aucuns travaux. Je pense que ça sera encore beaucoup plus décevant pour la
société québécoise que le gouvernement
devienne passif par rapport à tous les travaux, les centaines et les milliers
de travaux qui se déroulent dans
toutes les régions du Québec avec des inconvénients majeurs que la population
doit subir à tous les jours et que maintenant en plus il ne se passerait
rien.
Que
pourrait-on dire aussi de l'aspect institutionnel? Je regardais... j'étais ici, hier, à Québec en déplacement, et on voyait déjà
les travaux qui sont débutés pour les réparations d'écoles pour préparer en
fait la rentrée qui va venir à l'automne, et tout délai en démarrage de saison risque
de provoquer des délais pour l'entrée des étudiants à l'automne puisqu'à ce point-ci dans le temps, même si les
élèves sont à l'intérieur, on peut faire les travaux extérieurs pour après,
quand les élèves quitteront l'école, se
retourner vers les travaux intérieurs durant la période où il n'y a pas
d'enfants à l'école. Donc, on dispose
d'à peine deux mois de période d'arrêt qui permettrait à ces
gens-là d'exécuter l'ensemble
des travaux.
Donc, Mme la
Présidente, comme vous pouvez le voir, l'impact d'une grève générale dans
l'industrie de la construction a des
répercussions très, très sérieuses sur l'ensemble de la population, autant les
nouveaux propriétaires, les travaux routiers, les travaux
institutionnels, et que dire des travaux industriels et commerciaux qui, eux, ont
des impacts directs sur les emplois, sur les
nouveaux emplois qui vont arriver, sur les travaux d'été pour les étudiants
parce que, si ces travaux-là ne
s'exécutent pas, bien, il va y avoir encore là des délais et je dirais des
retards qui risquent d'occasionner
des problèmes majeurs.
Et que dire
de l'ensemble de l'industrie
qui, elle, fournit tous les
matériaux, qui a déjà engagé des inventaires, engagé des actions
pour permettre l'approvisionnement complet de l'industrie de la construction à
tous les paliers? Donc,
on va assister encore là à des coûts accélérés, à des coûts supplémentaires qui vont encore retarder et créer des coûts additionnels, et ce, pour l'inconvénient de la population
du Québec. Donc, je crois que, quand on regarde l'ensemble
de ces effets-là, il est très clair que les actions du gouvernement qu'actuellement
nous sommes en train de poser sont extrêmement justifiées.
• (15 h 50) •
J'entendais plus tôt
le député de Saint-Jérôme qui nous disait qu'il était du côté des
travailleurs, mais il a oublié, bien, il n'était pas là en 2013, mais qu'ils ont
fait pareil parce que l'industrie
de la construction représente un
pourcentage significatif de l'économie du Québec, et nous ne pouvons pas
permettre tout l'ensemble des inconvénients que j'ai mentionnés précédemment et permettre finalement des retards qui vont
créer préjudice à l'ensemble des habitants du Québec.
Donc, le projet de loi n° 142, à mon égard, est
une nécessité que le gouvernement met sur la table aujourd'hui, et comme vous le constater, Mme la Présidente,
ce n'est pas tout le monde qui est contre ce projet de loi parce que le bon
sens parfois gagne, et c'est ce que
nous observons aujourd'hui. Les gens comprennent dans l'ensemble que ce projet
de loi est vraiment, vraiment déposé ici pour le bien de la population
du Québec, et ce n'est pas ni contre les employeurs de la construction ni
contre les travailleurs de la construction, puisque le projet de loi va
permettre une continuité dans les négociations
pour permettre une arbitration s'il y a lieu, si on ne réussit pas à arriver à
une entente. Donc, les gens ont vraiment la possibilité, comme ils
l'avaient dans le passé, de prolonger les discussions, de s'asseoir, de faire
preuve de bonne foi et de discuter avec
l'ensemble des différents groupes et des intervenants pour permettre une
solution qui sera à la satisfaction de toutes les parties.
Mme la Présidente, je dois conclure en disant
que le gouvernement, ici, prend ses responsabilités, demande à l'industrie de retourner au travail et leur laisse
la possibilité de s'entendre de la meilleure façon possible, tout en permettant
aux Québécois de prioriser les travaux
nécessaires qui doivent être accomplis cet été pour leur permettre de déménager,
de préparer leurs enfants pour l'école et de
préparer nos institutions pour un meilleur futur. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Mégantic. Et maintenant je suis prête à reconnaître M. le
député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre la parole sur cette loi spéciale
aujourd'hui qui nous rassemble en ce lundi.
Écoutez, Mme la Présidente, on est vraiment
devant un gâchis, un gâchis parce qu'aujourd'hui on doit voter — je dis aujourd'hui, ce sera dans le courant
de la nuit — on doit
voter sur une loi spéciale qui présentement laisse les deux parties sur leur faim, et je pense que
c'est important de bien comprendre, là. Dans le milieu de la construction,
il y a deux groupes qui sont essentiels à
l'économie du Québec : nos travailleurs et travailleuses de la
construction, mais aussi les entrepreneurs qui sont tous et toutes des
PME partout sur le territoire, et là, aujourd'hui, on vient leur dire : Écoutez, on va déposer une loi spéciale et on va
définir un nouveau cadre qui va dorénavant vous donner la ligne pour vous
entendre pour mettre fin au litige. Et là j'ai entendu, bien j'ai entendu plein
de choses, puis là on a parlé surtout que le processus, Mme la
Présidente, était vicié. Donc, le processus actuel de négociation, il fallait
intervenir parce que le processus était vicié, Mme la Présidente.
Écoutez, le
processus est vicié, effectivement il est vicié, pas par les deux groupes avec
lesquels les discussions ont été entretenues, mais par la partie
gouvernementale qui, à un moment donné, a décidé de s'introduire dans les négociations et de venir brandir leur premier
mécanisme d'une loi spéciale. Rapidement, lorsque les gens ont commencé
à voir qu'il y avait des points de tension
ou du moins que les rapprochements n'étaient pas encore assez près d'une
entente, rapidement on est venu
s'insérer dans le processus puis on leur a dit : Écoutez, si vous
n'arrivez pas à une entente, il y aura une loi spéciale très rapidement.
Mme la Présidente, je pense que les deux groupes
qui étaient en négociation savaient, parce que, par le passé, il y avait eu d'autres lois spéciales... et ma
collègue de Taschereau d'ailleurs vous en fera tout à l'heure une exposition
très éloquente de la façon dont on est
capable, avec une loi spéciale, de régler un problème, alors que cette fois-ci,
on ne règle pas un problème, on en
cause un plus grand, et donc en intervenant directement, en faisant déjà en
haut de leur tête planer le glaive
d'une loi spéciale, bien, déjà on venait de raccourcir le temps nécessaire à de
saines discussions, de sains échanges, mais surtout à des ententes
négociées.
Alors, ma
prétention, Mme la Présidente, c'est
que, bon, écoutez, bon, c'est un principe qu'on met sur la table,
mais je m'aurais attendu qu'on laisse encore
de l'espace aux négociations, et rapidement, non, la réponse est venue cette fin de semaine, donc convocation et donc aujourd'hui loi spéciale déjà à discuter et à débattre pour son adoption.
Donc, pour moi, Mme la Présidente, s'il y a quelque chose de vicié,
c'est l'intervention du gouvernement à ce stade-ci du processus et non pas
d'avoir laissé la place à l'ensemble des partenaires pour arriver à une négociation.
Mme la Présidente, j'ai entendu tout à l'heure que cette loi-là, cette loi spéciale là est importante
parce qu'il y a un préjudice social qui est vécu. J'ai
dit : Ah! préjudice social. Puis là j'entends, tout à l'heure, les
représentations de la partie gouvernementale :
Il y a des gens qui se sont acheté des maisons, puis là ils ne pourront pas
rentrer dedans. Il faut faire
attention, Mme la Présidente, là. Dans le milieu de la construction, il y a plusieurs
secteurs, et là on fait mention du secteur
résidentiel, un petit groupe de gens qui sont touchés par, présentement, la grève, donc le refus de travail, mais il faut prendre ça dans son ensemble. Et, si on parle
de préjudice social pour ce petit groupe là, moi, Mme la Présidente, là, je pense qu'il faut lever son jeu d'un cran et regarder de
façon macro. C'est un préjudice législatif et fondamental, présentement, si on
adopte ce projet de loi là, c'est ça qui va arriver.
Dans
certains cas, pour régler un litige, la finalité, c'est peut-être
effectivement de légiférer à
l'Assemblée nationale, mais, cette
loi-ci, Mme la Présidente, je vous dirais qu'elle transgresse un peu ce qu'on a
pu connaître en matière de lois du travail. Et c'est là-dessus que je
pense que... Puis je peux comprendre et je comprends assurément les
travailleurs et travailleuses d'être fâchés
de la situation, en tant que tel, parce que présentement, dans le projet de loi
en question, le gouvernement, comme le collègue de Saint-Jérôme l'a
mentionné, va se mettre les deux mains dans le processus de négociation. Puis ça, là, c'est une tendance
lourde, Mme la Présidente, qu'on commence à voir apparaître, puis je commence
à être un peu tanné de voir cette façon de faire là.
Le projet de
loi n° 110 dans le monde municipal, on a réécrit un nouveau pan du droit
du travail à l'intérieur même des
Affaires municipales, donc on a enlevé cette prérogative-là du ministère du
Travail pour venir la porter sur les épaules des Affaires municipales, et là on a fait apparaître de nouveaux
mécanismes, dont le mandataire spécial, avec un nouveau cadre. Donc,
déjà, le gouvernement a commencé à jouer dans les droits du travail, dans les
affaires municipales, et honnêtement, là, on s'est battus très fort pour éviter
que cela se produise, on a réussi à obtenir des amendements pour allonger les délais de négociation, mais la
majorité gouvernementale a fait sa force et le projet de loi a été adopté. Mais
je croyais avoir vécu une seule chose une seule fois, comme unique
cauchemar. Mme la Présidente, aujourd'hui, j'ai l'impression de revivre le même cauchemar. Nous sommes encore au même
endroit, c'est-à-dire que la ministre va décider elle-même si
effectivement ce qui n'est pas réglé pourra ou ne pourra pas faire l'objet du
rapport de l'arbitrage, et ça, Mme la Présidente, là, on vient diamétralement
vicier le droit des parties de négocier.
Alors, ma
question sera toute simple à la ministre : De quelle façon elle fera cet
arbitrage à savoir lesquels des enjeux
qui sont sur la table seront soumis à l'arbitrage, Mme la Présidente? Et ça,
c'est tout un pouvoir, pour une ministre, de décider qu'est-ce qui sera ou pas négocié. Et je l'entendais tout à
l'heure nous dire : Écoutez, c'est un projet... ce n'est pas un projet de loi, pardon, c'est une situation
qui touche le privé. Si c'est ça qui se passe, Mme la Présidente, que ça
touche le privé, pourquoi la ministre se
donne le pouvoir de décider, ce qui n'aura pas été entendu, de l'inclure ou pas
dans le cadre de négociation avec
l'arbitrage? Ça, Mme la Présidente, là, c'est un grand préjudice à notre droit
du travail, et c'est pour ça,
aujourd'hui, que tous mes collègues, là, on va se lever debout, on va faire les
représentations puis on va faire le
travail avec le collègue de Saint-Jérôme, cette nuit, pour amender cette
partie-là. Pourquoi cette nécessité-là? On s'est posé la question puis
on va se la poser encore. Pourquoi aller jusque-là?
• (16 heures) •
Et on
continue. L'article 23, un point encore... Puis je vous le dis, Mme la
Présidente, là, honnêtement, là, je pensais l'avoir vu une seule fois
dans les affaires municipales, lorsqu'on est venu jouer pour la façon, donc,
que ce soit le mandataire spécial ou le
nouveau conseil des différends, donc les trois personnes nommées par le
ministre pour décider effectivement
des conditions de travail dans le monde municipal, qui touche, dans ce cas-là,
les policiers et pompiers. Donc, à ce
moment-là, on est venu introduire aussi un contexte avec lequel le médiateur
devra tenir compte, pour poser son
diagnostic, à savoir si, oui ou non, les demandes sont légitimes et de quelle
façon il va trancher ou pas. Et là je revois la même chose mais de façon
modulée, article 23,
troisième alinéa : «Les critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil
d'arbitrage pour fonder sa décision, tels la
capacité de payer des donneurs d'ouvrage, les conditions de travail et
l'évolution des taux de salaire de
corps d'emploi comparables[...], le maintien du pouvoir d'achat des
travailleurs de l'industrie de la construction, l'équilibre entre le besoin de
flexibilité dans l'organisation du travail et les contraintes occasionnées par
des horaires variables.»
Mme la Présidente, on vient de donner à l'arbitre ou au conseil d'arbitrage un contexte,
un schème de réflexion pour dire : Lorsque vous allez décider, ça
serait important de tenir compte de ça. Mme la Présidente, tenir compte du pouvoir d'achat, comment on va évaluer ça? On va
prendre le panier d'épicerie test, on va dire : Écoutez,
le pouvoir d'achat d'un travailleur
moyen de construction, c'est x, avec un panier d'épicerie y, alors, si on a
une... Comment on va juger ça? Comment
on va établir ces barèmes-là? Comment on va établir cet équilibre
entre le besoin de flexibilité dans l'organisation
et les contraintes par les horaires variables? Comment on va faire ça? Comment
on va pouvoir évaluer... Comment l'arbitre,
là, il devra tenir compte... Parce
que c'est indiqué, là, il doit tenir
compte, dans sa décision, de ces critères-là.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant, M. le député. Je suis tout près de M. le député et pourtant j'ai de la difficulté
à l'entendre. Alors, j'aimerais ça que vous soyez un peu plus silencieux, s'il vous plaît, afin de
permettre la suite de ce débat. Merci, vous pouvez poursuivre, M. le
député.
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je
disais : Comment est-ce qu'on va établir... Ce sont des critères qui sont
quand même assez vagues, mais qui laissent place à interprétation. Alors, ma
crainte, Mme la Présidente, là,
c'est que la ministre, en plus de décider ce qui sera ou pas inclus lors de
l'arbitrage, vient donner un contexte, donc
un schème de réflexion à l'arbitre pour décider, dans sa décision, si
effectivement, dans telle disposition, peu importe si elle vient du côté patronal ou du côté des
travailleurs, de quelle façon cette disposition-là va maintenir ou affaiblir le
pouvoir d'achat, de quelle façon on va maintenir l'équilibre entre la
flexibilité dans l'organisation du travail et les contraintes occasionnées.
Mme la
Présidente, j'ai l'impression que la ministre se donne les moyens de permettre
à l'arbitre de décider de la modulation des conditions de travail à
l'intérieur même des conventions collectives. Or, ce qu'un arbitre fait, Mme la
Présidente, il est saisi de deux enjeux, il
regarde la partie a, il regarde la partie b, et il tranche. Là, ce n'est pas ça
qui va arriver. Il y aura une interprétation entre la volonté de a et la
volonté de b. Alors, pour moi, Mme la Présidente, là, je pense qu'il y a un énorme préjudice qui vient
d'être créé une deuxième fois dans le droit du travail, mais là, là, il est
dans le cadre d'une loi spéciale pour, et je le répète, forcer les gens
à retourner au travail. Et, si c'est ça le lien... Mme la Présidente, quand je lis ces nouvelles dispositions
là, là, je suis en train de me dire : Bien, écoutez, c'est tellement
mauvais comme mécanisme d'arbitrage final que je
me dis que c'est fait pour. Ma prétention, là, c'est que le gouvernement a décidé de mettre un mécanisme de résolution de
conflits tellement mauvais, qui cause tellement de préjudices... Et je vous
annonce, Mme la Présidente, qu'il sera
effectivement porté aux tribunaux par différents groupes, parce
qu'effectivement on s'attaque au droit fondamental de négocier.
Alors, le
mécanisme est tellement mauvais que la finalité, bien, c'est de forcer les
groupes, par ce mauvais mécanisme, à
tenter de s'entendre, alors que ce qu'on aurait dû faire, c'est de mettre
l'ensemble des conditions gagnantes pour
amener les gens à la négociation et, s'il n'y a pas de négociation, si le
mécanisme de résolution de problème doit être mis en place, il doit satisfaire au moins les parties. Là, quand je
lis ça, Mme la Présidente, je ne sais pas de quelle façon — je vais être honnête avec vous — comment la partie des travailleurs ou
comment la partie des entrepreneurs pourra être satisfaisante en voyant
l'arbitre en ayant le pouvoir d'interpréter la position a ou la position b.
Et là,
là — et c'est
ça qui me frappe en plein visage — les gens le savent. Ça fait plusieurs fois
qu'on arrive à des lois spéciales
dans le milieu de la construction. Est-ce que la façon dont les négociations se
déroulent, la façon dont les relations
de travail sont administrées, la façon dont les mécanismes entrent en collusion
ou en affrontement sont optimales aujourd'hui? Je pense que la réponse,
c'est probablement non, parce qu'on arrive toujours aux mêmes solutions. Les travailleurs et les représentants des
entrepreneurs nous ont parlé de différentes façons de voir peut-être l'avenir.
Certains nous ont parlé de s'assurer de protéger le droit de grève.
Certains nous ont parlé d'avoir un principe de rétroactivité aussi, lorsqu'il y a négociations. Bref, il y a
plusieurs choses, à l'intérieur même du contexte entre la partie patronale et
la partie syndicale, qui devraient être améliorées.
Et nous, ce
qu'on se dit, c'est sûr que ce n'est pas à l'intérieur d'une loi spéciale que
nous devrions commencer à tester des
avenues. Si c'est ça qu'il faut faire, changer le mode de négociation, changer
le contexte, bien, la seule façon de le faire, c'est en commission parlementaire, en
étudiant les propositions de chacune des parties et en ayant une véritable
réflexion sur quel genre de modèle nous
voulons tous, comme parlementaires, mais pour tous les Québécois et
Québécoises, quel genre de modèle
nous voulons dans le secteur de la construction pour s'assurer que tout le
monde est respecté dans ses droits et
qu'au final il y a une entente négociée qui ne demande pas l'intervention des
parlementaires et qui respecte à chacun le droit aussi de monter son
rapport de force.
Et c'est ça
qui est vicié, Mme la Présidente. Le rapport de force, là, il est des deux
côtés; du côté des travailleurs, de faire la grève, puis du côté des
entreprises aussi, de maintenir cette situation-là, à savoir : Bien,
écoutez, nous, on subit des pertes, alors on
voudrait le plus rapidement possible réussir à retourner au travail, alors que
les travailleurs, eux, ils ont leur fonds de grève et veulent maintenir
cette pression-là.
Donc, ces
mécanismes-là, ils sont connus, ils sont entendus. Et là, avec ce projet de loi
là, on vient diamétralement changer
ce mécanisme-là. Est-ce que c'est la bonne chose à faire dans une loi spéciale,
Mme la Présidente? La réponse, c'est non.
Est-ce qu'on devrait le faire dans le futur? Moi, je pense que la réponse,
c'est oui. Si on veut changer la façon dont on opère dans le milieu de la construction, je pense qu'il est temps, au
Québec, puis c'est ce que les représentants nous ont dit, de revoir la façon dont se négocient les
conditions de travail, dans quel contexte, sur quel mécanisme. Je pense qu'il
est peut-être le temps de faire une
évolution, puisque tout ce qu'on a vécu en ces dernières années, ça s'est
souvent réglé, dans certains cas, par des lois spéciales.
Donc, une
fois que ça, c'est dit, et on a ce projet de loi là devant nous, Mme la
Présidente, j'essaie de voir... pas j'essaie
de voir, j'essaie de comprendre qui sort gagnant aujourd'hui de cette entente.
Parce qu'à entendre la partie des travailleurs ils semblent s'avoir fait
flouer; dans le cas de la partie des entreprises, ils ont plusieurs
dispositions qu'ils aimeraient avoir des précisions.
M. et Mme
Tout-le-monde, aujourd'hui, ils se réveillent. Ils ont vu les manifestations,
du moins à la télé, concernant ce
projet de loi là, et puis ils se disent : Est-ce que demain matin le
Québec... ou la rénovation, ou la construction dans le secteur
commercial, est-ce qu'on est devant un meilleur modèle? Est-ce qu'on est en
train d'améliorer les choses? La réponse,
Mme la Présidente, c'est non. Avec ce projet de loi là, on n'est pas en train
d'améliorer les choses. Je pense qu'on est
même en train de faire un pas de recul, on est en train d'envenimer la suite,
Mme la Présidente, d'envenimer la suite. Et c'est ça qui est, je pense, la
nature même de cette loi, c'est d'essayer de mettre la finalité la plus
dommageable possible pour amener les parties à accepter peut-être le
pire compromis, juste pour avoir une paix syndicale et patronale pour jusqu'à
2021.
Est-ce que
c'est ça qu'on veut? Moi, je pense que ce n'est pas ça que les gens veulent.
Les gens, au Québec, veulent des droits qui sont connus, des droits qui sont
respectés. Et là présentement on vient jouer directement dans ces droits-là.
Alors, le signal qu'on donne dans d'autres
secteurs d'activité... Parce que là j'entendais tout à l'heure : Ah! il y
a des gens qui ont acheté des maisons, puis là ils vont être mal pris
pour arriver le 1er juillet, bon. Je comprends tout ça, Mme la Présidente, mais, à chaque fois qu'il y a un
travailleur ou une travailleuse qui exerce son droit de grève, partout au
Québec, il y a un citoyen ou une
citoyenne qui subit un préjudice, que ce soit dans le secteur de la santé, dans
le secteur de l'éducation. Un moyen
de pression, un droit de grève, c'est ça : c'est de faire connaître son
mécontentement et c'est de priver les citoyens pour attirer l'attention sur ses enjeux, et de permettre de faire
comprendre que notre combat ou notre débat est surtout légitime, et
qu'on pense que c'est la bonne chose pour la société d'aller dans ce sens-là.
Alors, c'est
sûr qu'on pourrait s'éplorer pour ceux et celles, puis c'est malheureux, Mme la
Présidente, là, ceux et celles qui ont effectivement des engagements
pour s'acheter une maison, puis là ils sont pris entre un loyer qu'ils doivent libérer puis la maison qui ne sera pas
prête, puis... Je comprends tout ça, Mme la Présidente. Mais on ne peut pas,
comme parlementaires, prendre cette loupe-là, la grossir et nous dire : À
cause de ça, aujourd'hui, c'est le moment de légiférer,
alors qu'il resterait encore de l'espace — ma prétention — à la négociation et que, dans certains cas,
peut-être, certains secteurs d'activité pourraient convenir d'ententes.
• (16 h 10) •
Mais
là on n'est absolument pas là. Et, en plus de ne pas être là, on décrète les
augmentations de salaire à 1,8 %, qui
est un petit peu plus haut que l'IPC, mais est un petit peu plus bas que la
dernière offre patronale. Les
dernières informations qu'on avait, c'est que ça avait été une offre à
1,85 %, donc on est un petit peu
plus bas. Donc, les travailleurs ont
l'impression que ce qui avait été offert est un recul sur ce
qu'il y a et la contrepartie, c'est que les entreprises pour eux ont l'impression d'avoir été laissées en plan puisque les travailleurs ont un gain
salarial, mais la contrepartie, en quoi l'entreprise a pu être gagnante, la négociation? Mme la Présidente, je ne trouve aucune disposition qui touche nos entreprises, alors que, dans
une négociation, c'est du donnant-donnant. Si je te donne cette augmentation-là, j'aimerais avoir de la flexibilité sur tel et tel enjeu. Il
n'y a pas ça.
La seule
chose qu'il y a, c'est que c'est une tierce partie avec des nouveaux pouvoirs
qui va pouvoir décider de la suite.
Et, Mme la Présidente, pour avoir travaillé en relations de travail, il
n'y a personne, il n'y a personne qui se dit : Aïe, sais-tu quoi, on va aller en arbitrage, c'est
la meilleure des solutions possibles. Non, parce que l'arbitre tranche et souvent ça fait des mécontents des deux côtés.
Alors, il vaut mieux une entente
négociée qu'un mauvais jugement. Alors, quand je lis ça, puis comme je vous disais tout à l'heure, quand je lis
le processus et je vois de quelle façon la finalité est aberrante, joue directement dans les droits des
travailleurs, je me demande de quelle façon on a pu penser ça. Et la seule
façon qui vient à mes yeux, c'est qu'on a
voulu faire planer une finalité tellement, je vous dirais, bordélique, qui fait
qu'on veut l'éviter, et, pour
l'éviter, on va forcer les parties à négocier puisque ce qui sera imposé sera
insatisfaisant pour toutes les personnes.
Alors,
Mme la Présidente, je ne pense pas qu'au Québec nous avons besoin d'un
Parlement qui crée des épouvantails, qui
crée une torpeur, qui crée une terreur pour emmener les gens à négocier. Un
gouvernement doit offrir les conditions pour permettre aux gens de se parler. Et présentement, Mme la
Présidente, dans ce projet de loi là, la seule chose qu'on offre aux
deux parties, c'est des chances de continuer à s'affronter.
Alors, Mme la
Présidente, pour nous et pour mes collègues, c'est évident qu'on va travailler
très tard cette nuit. Nous allons
avoir des amendements pour essayer d'améliorer, je vous dirais, le cheminement
qui pourrait mener à une entente
négociée, mais surtout, surtout, toutes les dispositions, tous les pouvoirs que
la ministre se donne à son jugement pour venir interférer, nous, Mme la
Présidente, c'est non. Ils l'ont déjà fait une fois en interférant en début de
processus, ils l'ont fait une seconde fois
en déposant le projet de loi et la troisième fois, c'est en se donnant des
pouvoirs subséquents. Alors, Mme la
Présidente, pour toutes ces raisons, pour nous, nous allons faire un travail
cette nuit pour s'assurer qu'on aura à amender ce projet de loi là. Mais
pour l'instant il est tout à fait inacceptable pour nous. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député. Maintenant, nous procédons habituellement
selon un principe d'alternance, alors je vais permettre à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys d'intervenir et ensuite ce sera votre tour, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M. le député. Allez-y.
M. Robert Poëti
M. Poëti :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour parler
d'une décision gouvernementale importante. J'entendais le collègue de
René-Lévesque s'exprimer à la Chambre. Je ne connais pas la formation globale du député de René-Lévesque,
mais c'est non, hein? La réponse, c'est non. Pour nous, c'est non. À
l'époque, il me semblait que c'était oui, eux autres, généralement, mais, pour
ça, c'est non.
Et, en
relations de travail, j'ai suivi des cours à l'université, Mme la Présidente,
en fait en maîtrise, de longs courts et finalement qui se résumaient
dans une phrase, juste pour le comprendre, vraiment pour le comprendre. Et ce
que ça dit en relations de travail, pour
faire ce résumé-là, comment on doit agir lorsqu'il y a un problème en relations
de travail : il faut agir comme
un bon père de famille. Ça, c'est simple. Parce que les gens qui nous écoutent
se posent des questions. Ils n'ont
pas le privilège évidemment d'être ici tous les jours, et de suivre les
travaux, et de comprendre parfois tous les enjeux, parce qu'ils nous ont élus pour avoir cette responsabilité-là,
pour s'occuper de ce problème-là et, lorsqu'il y a des problèmes, de les
régler. Ça, c'est gouvernemental.
Et comment ça
agit, un bon père de famille? Bien, en fait, ça écoute les parties, d'un côté
comme de l'autre. Puis je sais que
j'ai un collègue de l'autre qui connaît les relations de travail très bien et
qui sait aussi qu'il faut écouter d'un côté, écouter de l'autre et
trouver un juste milieu. Évidemment, en caricature, on pourrait sévir, imposer
le contrat de travail, y mettre dedans ce
que, nous, comme gouvernement, on pense qu'il y a de mieux. Mme la Présidente, ce n'est pas ce que nous faisons, d'aucune façon, aujourd'hui.
Et les gens qui sont à l'extérieur aujourd'hui, ils ont ce droit de manifester,
ils ont ce droit de négocier, et je le reconnais très bien. Avouons cependant,
240 jours plus tard, que cette négociation-là n'a pas fonctionné. Qu'est-ce qu'on aurait pu
faire comme gouvernement, Mme la
Présidente? Imposer, imposer
les règles du contrat de travail, le montant salarial, des dispositions à
l'intérieur. Ce n'est pas ce qu'on fait.
Et, s'il y a une bonne nouvelle aujourd'hui,
malgré l'intensité de la problématique actuellement, c'est qu'un gouvernement responsable a pris la décision d'agir en bon père de famille, c'est-à-dire dire aux gens, d'un côté, et là on parle ici des employeurs, et, de
l'autre côté, on parle évidemment de l'ensemble des représentants de la
construction, des gens qui travaillent sur
le terrain, qui sont pour 175 000
à l'extérieur ici, aujourd'hui : Avouons tous ensemble que le résultat de vos efforts communs, de part et
d'autre, de bonne foi, n'a pas donné les effets escomptés. Qu'est-ce qu'on
fait, comme un bon père de famille? On
dit : Bien, vous allez devoir continuer. Vous allez devoir continuer de
vous asseoir.
On entendait
encore récemment : Il serait minuit moins cinq, moins quatre, moins trois,
on n'est pas loin d'une entente.
Peut-être l'étions-nous, mais, de toute évidence, ça n'a pas fonctionné.
Qu'est-ce qu'on fait comme législateurs? On fait une loi, Mme la
Présidente, qui, dans un premier temps, déjà, dit : Écoutez, là, on ne
vous laisse pas dans vos conditions
actuelles, là, on ne vous coupe rien de vos conditions actuelles, on vous donne
1,8 % d'augmentation. C'est ce qu'on fait, dès que vous allez retourner au
travail, 1,8 % d'augmentation sur le plan salarial. Et ce n'est pas fini.
En fait, vous avez le devoir, comme un bon père de famille le ferait,
comme des chicanes qu'il y a parfois entre certaines personnes, qu'on se retrouve devant les tribunaux, et que le juge
dit : Bien, vous êtes condamnés à vous entendre, c'est tout ce qu'on fait, Mme la Présidente, en fait, on
dit : Vous allez devoir, raisonnablement, les deux, de façon neutre, vous
asseoir et trouver une solution.
Et déjà j'ai
entendu des collègues dire : De toute façon, ça ne fonctionnera pas, ça,
ils vont s'en aller en médiation, c'est
sûr. Moi, je suis plus optimiste que ça, j'espère que ça va fonctionner, ces
négociations-là. Mais, encore là, si ça ne fonctionne pas pour les plus pessimistes de notre Chambre, bien, il y a
de la médiation qui va s'installer. Et là, bien, ce sera une autre étape pour régler ce problème-là,
mais, en attendant, Mme la Présidente, l'ensemble des citoyens du Québec,
qui ont besoin des travailleurs de la
construction, l'économie du Québec qui ne peut pas être ébranlée de cette
façon-là, les gens qui ont besoin de
ces services-là vont pouvoir en profiter. Et les travailleurs vont se retrouver
avec un salaire, avec une augmentation de 1,8 %, en attendant
qu'ils s'entendent. C'est l'objectif gouvernemental, c'est un objectif
responsable, c'est ce qu'on fait.
Et là,
encore, quelques pessimistes, il n'y en a pas beaucoup, mais admettons qu'il y
en a quelques-uns : La médiation ne marchera pas, Mme la
Présidente. Qu'est-ce qu'on va faire comme gouvernement? Et ce qu'on a prévu,
dans ce projet de loi là, Mme la Présidente,
c'est tout simple, on a dit : Il y aura un droit à l'arbitrage. Une autre
façon, encore une fois, d'essayer
qu'une personne indépendante, un arbitre vienne aider à la résolution du
problème. Moi, aujourd'hui, si
j'étais un travailleur de la construction, j'interpréterais, et c'est mon
interprétation, que ce projet de loi là donne une deuxième chance aux deux parties d'une façon
équitable, et, qui plus est, si jamais ça ne fonctionne pas, on va aller en
médiation. Et, encore une fois, si ça ne fonctionne pas, il y aura un arbitre.
Moi, il me semble que c'est réfléchi, il me semble
que c'est responsable, et qu'on ne va pas laisser tomber l'ensemble
des citoyens du Québec parce
que là on ne réussit pas à
s'entendre d'un côté comme de l'autre.
La responsabilité nous appartient, Mme la
Présidente, et on a pris nos responsabilités. De quelle façon les employeurs aujourd'hui peuvent se
dire : Ah, mais là, on a été imposés, là, de certaines choses qu'on ne
voulait pas faire? Ils ne peuvent pas dire ça. En tout cas, je ne sais
pas comment qu'ils pourraient dire ça et comment les employés qui manifestaient aujourd'hui légalement, et ils
l'ont bien fait, se dire : C'est fin, on est imposé, on n'a aucune chance
d'aller plus loin, on n'a aucune chance d'atteindre nos objectifs. On
n'a pas fait ça, Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
Et ça, c'est
la réalité. Et c'est la réalité pour les gens qui nous écoutent et qui se
disent : Qu'est-ce qui va se passer demain? Bien, demain, ce qui va se passer, ce sera des gens qui vont
retourner au travail avec une augmentation de salaire équivalente plus ou moins évidemment
au coût de la vie en attendant d'avoir de meilleures conditions qu'ils vont négocier. En principe, et je le répète, d'une
certaine façon, nous allons les asseoir ensemble et leur demander encore une fois... Parce que,
si on était si près d'une entente à 240 jours, bien, si ça en prend encore
10, bien on en prendra 10. Si ça en prend
15, bien, ils en prendront 15. Et, dans le pire des cas, bien on sait ce qui va
arriver, il y aura à médiation. Et là
j'ai l'air de me répéter, Mme la
Présidente, mais je pense qu'on n'a pas entendu ça beaucoup depuis le dépôt du
projet de loi, une chance de cette
façon-là, une façon d'agir qui ne vient pas dire aux autres comment faire les
choses, qui ne vient pas imposer à
des gens une orientation, qui ne vient pas dire aux travailleurs : Vous
êtes les gagnants ou vous êtes les perdants, ni aux employeurs : Vous êtes les gagnants ou vous êtes les perdants.
Pourquoi on ne peut pas une fois, Mme la Présidente, juste une fois, penser qu'une négociation
réfléchie pourrait être gagnant-gagnant pour tout le monde, pour les
travailleurs de la construction dont
nous avons besoin, pour les employeurs qui font avancer l'économie du Québec?
Est-ce que ça, c'était trop demander, Mme la Présidente?
Bien, ce
projet de loi là, ici aujourd'hui, c'est exactement ce qu'il fait. Ce projet de
loi là amène tout le monde à s'asseoir
encore une fois. Et j'ose croire que l'expérience des négociations, j'ose
croire que la manifestation d'aujourd'hui aura un effet sur l'ensemble des intervenants assis à la table. La
ministre a été claire, elle a tenté à plus d'une reprise d'asseoir tout le monde ensemble. Et on avait espoir, et on
voulait. Parfois on entendait cependant certains points négatifs. Moi,
je pense que, comme gouvernement, que ça soit évidemment de ce côté-ci de la
Chambre ou de l'autre côté de la Chambre,
qui l'ont dit... Parce que, vous savez, on est peut-être devant un moment
historique, Mme la Présidente, et je me permets d'en sourire du coin seulement, parce qu'on est quand même dans
une situation grave, bien, les gens de la CAQ disent : Ça, c'est une solution mitoyenne pour aller plus loin. Ces
gens-là n'ont pas dit non. Ils ont dit oui à une seconde chance. Ils
n'ont pas dit non.
Bon. Il y a
une convergence. Évidemment, Québec solidaire a dit : Non, on est d'accord
avec les gens de la première opposition.
Ils ont le droit. C'est la démocratie. Mais comment on peut d'une certaine
façon et qu'on veuille empêcher l'obligation de négocier? S'il y avait
une limite à ceci, elle est arrivée. Et la deuxième chance, elle est ici, Mme
la Présidente. Et je suggère à tout le
monde, lorsqu'ils vont retourner s'asseoir ensemble et que les pères de
famille, les mères de famille, la
famille, les employeurs, les employés retrouvent durant cette négociation-là un
salaire, parce qu'ils doivent vivre, parce qu'ils ont des obligations,
on le sait, on en a tous... C'est ce qu'on fait avec ce projet de loi là. Et je
pense que l'ensemble de la Chambre devrait
être d'accord pour donner un deuxième souffle, donner une responsabilité aux
gens qui sont assis au lieu de
demander à quelqu'un d'autre, c'est-à-dire le gouvernement actuellement, de
fixer leurs conditions de travail. Ce
n'est pas ce qu'on va faire, Mme la Présidente. Et je pense que ceci est une
occasion, est une solution et une façon
d'agir en bon père de famille pour tout le monde, et sauver l'économie du
Québec, et ne pas se préoccuper évidemment de faire de la politique parfois à 0,25 $ en se disant : S'ils
disent oui, on va dire non; s'ils disent non, on dira oui. Il me semble
que l'expérience des parlementaires est plus grande que ça.
Et, devant un
conflit aussi important que celui-là, il me semble, Mme la Présidente, que nous
avons tous le devoir, et là je vise clairement l'ensemble des
parlementaires, mais aussi les travailleurs de la construction en qui nous
avons confiance et que
nous sommes fiers du travail qu'ils font, qu'ils réalisent, mais de ne pas
laisser tomber l'ensemble de la population
du Québec, mettre à mal l'économie du Québec et se donner une seconde chance de
réussite. C'est ce que nous voulons comme gouvernement, c'est ce que
nous demandons aux oppositions, et j'espère que nous allons pouvoir réaliser
ce mandat-là à l'intérieur d'un projet de loi comme celui-ci, qui ne vient pas trancher, mais qui donne, encore une
fois, l'occasion de régler ensemble
une problématique grave au Québec et de réussir avec de la négociation et non des
règles de travail imposées. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Maintenant,
au tour de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques d'intervenir, et je vous rappelle que vous disposez d'un temps
de parole de 10 minutes.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme
la Présidente, je ne pense pas être
la seule à avoir un sentiment de
déjà-vu. On doit aujourd'hui débattre d'une loi spéciale parce qu'il y a des gens qui, de façon légitime, sont en négociation, sont à essayer de trouver une voie
de passage pour permettre de réaliser un mieux-être chez eux, que ce soient leurs conditions de travail, on parle du
salaire, mais il y a beaucoup d'autres choses, hein, dans cette discussion-là.
Et, malheureusement, on se retrouve encore devant cette situation où
le gouvernement du Québec
privilégie d'adopter une loi spéciale
dans ce contexte-là. D'ailleurs, une loi, je l'ai dit ce matin, je vais le
répéter dans cette adoption de principe, une loi qui m'apparaît assez
antifamiliale.
Il s'agit de la sixième loi spéciale depuis
l'arrivée du gouvernement actuel au pouvoir et la deuxième depuis février. Ce n'est pas banal, Mme la Présidente,
d'utiliser une loi spéciale pour forcer le retour au travail. D'ailleurs, dans
les années 80, on surnommait ce type de loi
spéciale là une bombe atomique. Pourquoi? Bien parce que ça déstabilise
tout, ça change les règles du jeu et ça fait en sorte que des rapports de force
légitimes sont déstabilisés.
Alors,
aujourd'hui, le gouvernement libéral voit plutôt, il appert — je pense à d'autres lois qu'on a adoptées
dans les derniers mois — voit les lois spéciales plutôt comme une
solution miracle, hein, pour atteindre les objectifs qui, malheureusement, ont
des impacts sur les travailleurs, travailleuses. Au-delà de la nature
antidémocratique de cette procédure, il ne
faut pas oublier qu'au cours des 30 dernières années les gouvernements
successifs ont toujours pris le bord
des patrons. Pourquoi? Bien, notamment, dans le cas qui nous occupe
aujourd'hui, la construction, bien, parce que le gouvernement, il est un peu pris là-dedans puisqu'il est le plus grand
donneur d'ouvrage au Québec aux gens de la construction.
Alors, on se
trouve un peu mal pris, mais on a cette loi spéciale qui arrive, et, bien sûr,
lorsque tu es dans cette grande
famille du patronat et que tu sais que, année après année, lorsque les
négociations n'aboutissent pas, pour toutes sortes de raisons, bien, du côté patronal, tu sais que tu peux bien
négocier sans trop grande ouverture puisque, dans le fond, tu le sais que le gouvernement peut et globalement
va, hein, parce qu'on parle de 39 fois où une loi spéciale a été utilisée
pour forcer un retour au travail depuis la création, en 1964, bien c'est sûr
que ça fait en sorte que ça diminue le rapport
de force des travailleurs, travailleuses et, dans le fond, ça augmente le
rapport de force du patronat. Pourquoi? Bien, d'une part, parce que le gouvernement, et dans le cas qui nous
occupe, avait déjà annoncé que ça faisait partie de son coffre à outils qu'il n'hésiterait pas
d'utiliser, alors que les gens qui tentaient de négocier de bonne foi savaient
très bien que cette dimension-là leur planait au-dessus de la table...
de la tête.
• (16 h 30) •
D'ailleurs,
dès le début de la négociation, la ministre a demandé aux deux parties
d'arriver — parce
que, hein, 2013, 2014, pas si loin que ça, là — a
demandé aux deux parties d'arriver avec des demandes allégées, hein? On se disait : Là, là, on aimerait ça s'en sortir,
cette fois-là. Alors, ça commence par là. Si des demandes allégées veut dire un
énorme cahier de charges sur un bord et un
travail de synthèse puis de laisser tomber des choses en partant sur l'autre
bord pour être capable d'améliorer
les conditions de négociation, on part, là, en déséquilibre, encore une fois.
Il y a un cahier de charges imposant
du côté du patronat, hein, toutes sortes de demandes. Je ne dis pas qu'elles ne
sont pas légitimes, mais qui doivent
être négociées. La ministre avait souhaité, de la part des deux parties, avoir
justement une reconnaissance, qui avait nécessité cette fois-là de
partir sans de trop gros cahiers de charges.
D'ailleurs,
la conciliatrice a même essayé jusqu'à tout dernièrement de proposer des
projets de règlement, ce que mon
collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys, appelait un juste milieu. Bien
oui, elle l'a proposé, les syndiqués l'ont reconnu. Le patronat ne l'a pas reconnu. Bien sûr, il savait qu'il y
avait une loi spéciale qui s'en venait, il le savait. Alors donc, c'est cet air de déjà-vu qui m'inquiète,
puisque à quoi bon faire la grève si les règles du jeu sont désormais
déséquilibrées en faveur des patrons?
Et pourtant
cette loi du travail, cette loi qui donne, qui légitimise, qui fait en sorte
que le droit de grève est un droit reconnu constitutionnellement, bien,
si d'entrée jeu, à chaque fois, il y a une loi spéciale qui nous plane
au-dessus de la tête, c'est cette
dimension-là, Mme la Présidente, que je trouve qui est antidémocratique. Parce
que, dans les faits, on n'a pas le
même rapport de force. Et c'est pour ça qu'on parle de négociation, c'est pour
permettre à des gens qui ont un moins grand
rapport de force d'être assis autour d'une table, dans des règles du jeu
préétablies, d'être assis et de pouvoir négocier de toute bonne foi.
L'enjeu...
C'est sûr qu'avec l'absence de rétroactivité et le fait que la loi des briseurs
de grève ne touche pas la construction
posent un problème de fond. Mais on le connaît depuis longtemps. On ne l'a pas
réglé depuis longtemps. C'est peut-être parce que ça sert. C'est
peut-être parce qu'on est le plus gros donneur d'ouvrage aussi.
Mais ces
hommes et ces femmes... Je suis sortie tantôt. J'ai rencontré une personne, une
femme qui pose des vitres, une
vitrière. Cette femme-là, elle est monoparentale, deux enfants, elle me disait,
les jours où elle commence à six heures, le matin, qu'elle doit partir vers
4 h 30, 5 heures, sa mère doit venir coucher chez elle, parce
que la flexibilité semble être sur un
bord seulement. C'est exigeant, le travail de la construction, puisque
notamment il y a des moments où c'est, je dirais, sans arrêt, la nécessité d'intervenir pour des rénovations, des
réparations, etc. Alors, la flexibilité, elle ne peut pas être juste sur un côté, Mme la Présidente. C'est
très légitime, on est en 2017. Les femmes et les hommes qui demandent que la dimension familiale ne soit pas perçue
comme étant superflue, mais comme étant une amélioration de conditions
de vie des familles, moi, je trouve ça superlouable
en 2017. Mais malheureusement, si, encore une fois, on dit : Bien, écoutez,
le droit de grève, c'est un droit que
n'importe quelle loi spéciale, à un moment donné, peut défaire, bien, ça me
pose un problème.
Plusieurs des
travailleurs et travailleuses, on parle actuellement de
175 000 grévistes à qui on a dérobé leur droit de grève, ces gens-là,
c'est du monde ordinaire, du monde qui ont été de l'autre côté du mur une
partie de la journée, du monde
qu'avec fierté j'appelle la classe ouvrière. Cette classe ouvrière là, on ne
peut pas les abandonner, on ne peut pas constamment adopter des lois qui favorisent une des deux parties. Juste
à laisser planer l'idée qu'on pourrait l'adopter, on est en train de virer de bord le rapport de
force. Alors, je vous dirais en terminant que vous comprenez bien qu'on est
contre le principe de cette loi spéciale,
qu'on pense que les dés sont un peu joués. J'entends : Poursuivre la
médiation. Bien oui, mais ils étaient
là-dedans, là, ils étaient là-dedans, ils étaient en train de négocier. Mais, avec une loi spéciale
qui te tourne au-dessus de la tête, c'est
sûr que ça crée un déséquilibre qui fait en sorte que, finalement,
c'est plus difficile de s'entendre.
Alors, parce que
les lois spéciales, Mme la Présidente, ne sont pas démocratiques, parce que
le droit de grève est protégé et
devrait l'être par nous tous et toutes, parce que les travailleurs et travailleuses du Québec
méritent mieux, bien sûr je vous annonce que Québec solidaire va voter
contre le principe, la loi et continuera d'appuyer les travailleurs,
travailleuses du Québec.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Maintenant, je cède la parole à M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Je vous remercie, comme
toujours, de me permettre de prendre part
au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi n° 142, projet de loi qui
évidemment va permettre la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction et le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives.
En tout début
de débat, Mme la Présidente, j'écoutais l'intervention du leader parlementaire
du Parti québécois, un peu plus tôt,
qui nous disait qu'habituellement... il commençait son allocution en nous
disant qu'habituellement les députés
le lundi sont en circonscription, hein, ils sont auprès de leurs citoyens,
comme vous, comme moi, Mme la Présidente, et qui se lamentait le fait qu'on se retrouvait ici aujourd'hui pour
débattre du projet de loi. Je peux comprendre, Mme la Présidente, qu'un député veut être auprès de ses
citoyens, on a deux semaines de session intensives qui s'en viennent. Alors, c'est comprenable. Mais, Mme la Présidente,
situation extraordinaire demande séance extraordinaire. Mais ce que le leader
du Parti québécois, ce dont il nous parlait, c'était évidemment un débat sur la
procédure. Et j'écoutais le député de
René-Lévesque il y a quelques instants, lui aussi nous parlait de la procédure.
La députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques a parlé de
procédure également. Mais ils ne parlent pas du résultat, Mme la Présidente, de
ce qui se passe aujourd'hui. Ils ne parlent pas de l'impact, ils ne
parlent pas de ce que ça veut dire dans la vraie vie des gens.
Mais c'est
pour ça qu'on a une obligation, Mme la Présidente, d'être ici aujourd'hui parce
qu'en ce moment, dans le comté du leader parlementaire du Parti
québécois comme dans le mien, Mme la Présidente, bien les chantiers de construction sont arrêtés. Et j'ai entendu les
chiffres avancés par certains de mes collègues, confirmés par le ministre de
l'Emploi d'ailleurs, que l'industrie de la construction, c'est une industrie
qui vaut 45 millions par jour au Québec, 45 millions
à travers le Québec. Je fais une simple extrapolation, Mme la Présidente,
ça revient à plus de 400 000 $ par jour à Aylmer et dans le Pontiac. 400 000 $ dans le Pontiac,
Mme la Présidente, c'est dans une des régions les plus pauvres au
Québec, on n'a pas les moyens, comme région, de se permettre de telles sommes.
• (16 h 40) •
On a des
travailleurs au Québec, on a plus de 175 000 travailleurs qui sont
affectés. Alors, aujourd'hui, on pense à leur revenu familial qui est amputé. On a des employeurs, des gens qui
prennent des risques dans la vie, des gens qui misent tout pour se
lancer en affaires, des gens qui risquent leurs finances personnelles, les
finances personnelles de leur famille, de
leurs enfants pour se lancer dans ce qu'ils aiment. Et, comme dans n'importe
quelle industrie au Québec, on veut
voir nos entrepreneurs réussir. On veut qu'il soit possible de faire des
affaires au Québec, en construction comme ailleurs. On a des clients, des
particuliers, des familles qui attendent la livraison de leur maison,
effectivement, on a des entreprises
qui attendent la livraison de leur nouvelle bâtisse, on a des gens qui
attendent la livraison de leur condo, et tous ces gens-là ont fait confiance aux parties patronales et aux
parties syndicales. Tous ces gens-là avaient l'impression, avec raison, avaient raison de penser qu'il y
avait négociation de bonne foi et négociation raisonnable et constructive qui
prenait place et certainement, certainement qu'ils se disaient qu'après sept
mois, depuis octobre, depuis 240 jours de négociation, depuis 58 rencontres de
conciliation, de médiation, depuis que la ministre elle-même, dans un conflit
du secteur privé, Mme la Présidente, a
participé à plus de 10 rencontres avec l'Association de la construction du
Québec, avec l'Association des entrepreneurs en construction du Québec,
avec la Centrale des syndicats démocratiques, avec la Confédération des syndicats
nationaux, avec la FTQ-Construction,
avec le Syndicat québécois de la construction, avec l'Association des
constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, avec l'Association des professionnels
de la construction et de l'habitation du Québec, avec l'alliance syndicale, avec la
négociation des derniers jours, et la volonté claire, la volonté claire de la ministre qui a dit
aux parties à répétition : Entendez-vous, s'il vous plaît, on n'a presque
plus de temps, entendez-vous, s'il vous plaît...
Mais toujours
aucune entente n'était survenue, aucune entente, Mme la Présidente, et c'est
pour ça qu'aujourd'hui la ministre propose, la ministre trouve une
solution raisonnable, une solution qui permettra une négociation qui se poursuivra dans le secteur institutionnel, une
négociation qui continuera pour le secteur commercial, une négociation qui
continuera pour le secteur résidentiel, une négociation qui continuera
pour le secteur du génie civil puis de la voirie, mais avec un médiateur, un médiateur pour chacun de ces secteurs, un
médiateur auquel on donne cinq mois
pour trouver une solution acceptable
pour tous. Cinq mois, Mme la
Présidente, après sept mois déjà
écoulés, alors on accorde essentiellement une année complète où les
parties auront eu l'occasion de trouver un terrain d'entente négociée parce qu'on dit, on l'a dit, la ministre du Travail l'a
dit, le premier ministre l'a dit, on veut tous une entente négociée. On veut
tous une entente où tout le monde y trouve
son compte, où tout le monde réussit à s'entendre. Et nous sommes confiants,
nous souhaitons certainement que cette
période va porter fruit, que les gens trouveront terrain d'entente. Mais, en
même temps, en même temps, Mme la
Présidente, il faut que tout le monde retourne au travail rapidement pour le
bien de la province, pour le bien de
l'économie, pour que nos chantiers avancent, pour que nos maisons, nos condos
se construisent, Mme la Présidente.
Mme la
Présidente, on est au Québec, ici, et c'est l'été ou presque. En tout cas,
l'été est arrivé en Outaouais, il l'était en fin de semaine. Ça prend un petit peu plus de temps à Québec des
fois. Si nos chantiers n'avancent pas maintenant... Mme la Présidente, ce n'est pas toujours facile
d'avancer un chantier en janvier. Alors, pendant que je parle de l'Outaouais,
Mme la Présidente, parce que, dans mon
comté, vous le connaissez, c'est un comté en rapide expansion, ce qui veut dire
qu'il y a beaucoup de maisons à moitié
construites en ce moment, ce qui veut dire qu'on a des écoles à moitié
construites en ce moment. Mme la
Présidente, dans mon comté, l'an dernier, le ministre de l'Éducation a annoncé
deux nouvelles écoles secondaires et
une école primaire parce que nos écoles sont pleines, parce que de nouvelles
familles s'installent chez nous en
faisant le choix de l'Outaouais, en faisant le choix du Québec même. Il me
semble que la moindre des choses, Mme la Présidente, serait de les
accueillir avec une école terminée. Il me semble que d'accueillir ces nouveaux Québécois là dans une école à moitié construite,
ce n'est peut-être pas le meilleur signal à leur envoyer, ce n'est peut-être
pas la meilleure bienvenue qu'on peut leur faire au Québec.
Et la commission scolaire de
Portages-de-l'Outaouais, elle a compris ce message-là et elle ne s'est pas
gênée, Mme la Présidente, elle a fait ses
demandes rapidement pour que ses projets avancent. Elle nous a dit, Mme la
Présidente : «Advenant que cette grève générale illimitée persiste,
la CSPO se retrouvera dans une fâcheuse position lors de la rentrée
scolaire 2017‑2018 puisqu'il serait extrêmement difficile de relocaliser
tous les élèves touchés par les retards occasionnés
par ce conflit dans les chantiers en cours.» Elle dit : «Vous comprendrez
alors l'urgence de trouver une solution afin de mettre fin à ce conflit
dans les plus brefs délais», Mme la Présidente.
Mme la Présidente, en santé, c'est la même
chose. Oui, en santé, vous le savez,
vous-même, dans votre comté de Hull, Mme la Présidente, il y a une superclinique
qui doit ouvrir ses portes cet été. Les travaux avançaient bien, Mme la Présidente. C'est une clinique attendue où les gens de l'Outaouais pourront voir un médecin, ce qui permettra de réduire les temps d'attente à l'urgence. On veut la voir
ouvrir, la clinique. On veut la voir ouvrir rapidement pour vos citoyens
de Hull, pour mes citoyens d'Aylmer, mais les travaux sont arrêtés, et
c'est pour ça qu'il faut légiférer, Mme la Présidente.
Madam Speaker, this morning, this
morning, I got a call from a local reporter from Shawville, from The Equity, our local newspaper. And last
week I'd given him an update on a number of projects in our riding. The
reconstruction of Highway 148, the
reconstruction of Félix-Gabriel-Marchand Bridge. For both projects we recently
went to tender for parts of the
projects, and after months of work, after months of anticipation for citizens,
the reporter was asking me, he said, «Will
the strike impact the timeline on these projects?» Maybe, Madam Speaker, if the
PQ was still in power and we had waited
weeks to table this legislation,
because that's what they're telling us today, «Don't do it now, do it later,
not now.» But, no,
Madam Speaker, with the leadership of the Labor Minister, these projects will
not be delayed, they will go ahead on a timely basis, and we will not sit idly by while these projects wait.
Nous n'attendrons pas, Mme la Présidente, il faut agir tout de suite dans l'intérêt des citoyens. Mais on va le faire
correctement, Mme la Présidente, en assurant aux travailleurs des bonnes
conditions. On reconduit donc les conditions présentement en place, mais
avec des taux de salaire majorés de 1,8 % dès le 31 mai, dès
mercredi.
Mme la Présidente, on aurait préféré ne pas avoir recours à la séance extraordinaire,
mais on doit s'assurer que l'économie n'est pas mise à risque, on doit s'assurer que
les gens intègrent leurs maisons à temps, on doit s'assurer que les écoles sont construites, on doit s'assurer que les
cliniques pourront ouvrir comme prévu. C'est ça, s'occuper des vraies
affaires. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bien, je vous remercie, M. le
député de Pontiac.
Maintenant, je me tourne vers M. le député de Beauharnois.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci,
Mme la Présidente. Alors, bien entendu, j'ai murmuré, hors micro
tantôt : Je vous souhaite tous
les meilleurs services dans votre comté, Mme la Présidente, c'était une blague.
Bien, aujourd'hui, nous sommes ici pour le projet de loi spéciale qui va régler toute la situation. J'écoute les
collègues de la partie gouvernementale dire : Une chance qu'on a la ministre. Effectivement, une chance
qu'on a la ministre, car la ministre, d'entrée de jeu, nous dit à quelques
reprises depuis déjà quelques sorties
médiatiques : N'oubliez pas, ce conflit-là, il est privé. Mais, cinq
minutes après, les collègues partout
disent : Oh! elle a rencontré ces gens-là à maintes, et maintes, et
maintes reprises. Alors, on aura la chance de questionner, à l'article par article, la
ministre à savoir : C'est quoi, le lien? Si c'est privé, on ne s'en mêle
pas? Pourquoi vous les avez rencontrés 15, 16 fois? Alors, si c'est privé, on
s'en mêle parce que ça touche à l'économie du Québec. On entend les collègues de la partie gouvernementale
dire : 45 millions, les gens qui ont signé un bail, les maisons qui
doivent être construites, et tout ça, et tout, ça, et tout ça. Ça, c'est
la répercussion. C'est la réalité, c'est la répercussion, on comprend tous ça.
Mais est-ce
qu'on comprend aussi qu'il y a 175 000 travailleurs qui voient leurs
droits du travail bafoué du revers de
la main? Parce que ça, c'est déjà régi. Ça fait déjà partie de la
réglementation. Pour les gens qui sont moins familiers, lorsqu'on négocie, il y a des règles. Elles sont
déjà définies, on n'a pas besoin de les inventer. Mais on dirait que les droits
du travail, le droit des travailleurs, si je
crois comprendre ce que j'entends depuis ce matin, c'est juste vrai pour les
métiers dont on n'interfère pas avec
l'économie. Si on est en construction puis ça joue à 45 millions par jour
de risques de perte d'économie, bien
là les droits du travail pour ces travailleurs-là, on va repasser, Mme la
Présidente. C'est ça que je crois entendre
depuis ce matin. Ces gens-là ont des droits comme tout travailleur. Il n'y a
pas de classe. Les travailleurs, tant mieux s'ils sont bien payés, dommage
s'ils sont moins bien payés, mais ils ont quand même des droits. Ces droits-là,
bien, c'est la loi, des règles. La régie du travail, elle régit toutes ces
règles-là. Puis ils y ont droit. Lorsqu'on négocie, c'est prescrit, on n'invente rien. C'est prescrit, on
s'assoit. Il y a une date de fin d'une convention collective. Six mois avant,
on tombe en négos, puis on s'assoit, puis on négocie. Malheureusement, Mme la
Présidente, ce n'est pas le député de Beauharnois qui va vous expliquer que ce
n'est pas la première fois qu'on ne s'entend pas à la fin d'une convention
collective puis après une négociation.
• (16 h 50) •
Là, la
ministre, les collègues du gouvernement disent : Oh! on vient de sortir
quelque chose, c'est de toute beauté, venez
voir ça, les amis, on vous rapporte en Chambre, projet de loi spéciale, on
réinvente la roue. Qu'est-ce qu'on fait? On vous dit — ce
qui existe déjà, là, mais ça a l'air que celle-là, c'est la bonne :
Négociez — ça
existe déjà, Mme la Présidente — si vous ne vous entendez pas, on vous donne
une date butoir. Il y en a déjà une dans les normes du travail. Après votre entente, 21 jours avant, vous pouvez
faire une demande à la médiation, mais là ici on a donné une autre date, là,
c'est au mois octobre. Si vous ne vous
entendez pas, on fait quoi? La même affaire qui existe, on retourne en
médiation. Vous savez quoi, Mme la
Présidente? C'est déjà là, là, on n'a rien inventé. Ce qu'on invente, c'est la
suite. Si le médiateur ne s'entend
pas, une des deux parties dit : Bon, bien là je pense qu'on ne s'entendra
jamais, donc on va passer à l'arbitrage. Ça existe déjà, là, on fait déjà ça, c'est des règles déjà prescrites, on n'a rien, rien inventé, là. Ce
qu'on a inventé, par exemple, c'est
le pouvoir que la ministre se donne. Je ne veux rien enlever à la ministre,
peut-être qu'elle y va de bonne foi, puis ça va être vraiment
mieux que tous les médiateurs, que tous les arbitres qui existent au Québec,
puis elle, mais qu'elle arrive à l'arbitrage... Parce qu'elle se donne
un pouvoir à l'article 23 que je prendrai le temps de vous le lire tantôt,
de dire : Bien, moi, là... Ça vaut la peine que je vous le lise tout de
suite, là, on va être sur la même longueur d'onde, Mme la Présidente. Vous allez voir, c'est de toute
beauté. Mais ça existe, là, c'est déjà les procédures existantes. On négocie,
on ne s'entend pas : médiation. On ne s'entend pas : arbitrage,
l'arbitre décide. Ça, c'est déjà là, on n'a rien inventé dans ce projet de loi là. La seule chose qu'on a dite dans
ce projet de loi là : On maintient un salaire de 1,8 %, on maintient
les conditions des conventions collectives telles qu'elles étaient puis
on repart le processus.
Avant de vous
lire les détails que la ministre se donne dans la section de l'arbitrage, Mme
la Présidente, j'ai une question qui
me survient. On les a eues, les étapes. Elles sont déjà faites, les étapes, on
a entendu les collègues le dire : La ministre a appelé, a parlé 20 fois, 12 fois, 13 fois. Il
y a eu une demande à la partie syndicale, de dire : Bien là, on va aller
en médiation. La ministre, aujourd'hui, elle est au parfum, elle est au
parfum de la négociation dans tout le spectre de la construction, il y a eu un médiateur. Le médiateur, dans les règles,
dans les normes du travail, envoie le rapport si la ministre veut
l'avoir, ça fait qu'elle, elle le sait déjà, qu'est-ce qui se passe. Lorsqu'elle
nous disait médiatiquement, il y a plus ou
moins quelques jours : On est à un petit saut de sauterelle ou de je ne
sais pas trop, là, ça veut dire qu'elle, elle le sait, là, elle sait qu'à
quelque part on est vraiment près de s'entendre. Elle l'a lu, le rapport du
médiateur, il lui a envoyé, elle sait
exactement la situation. Pourquoi, pourquoi qu'elle ne s'est pas assise avec
ces gens-là, à la toute fin, puis dire : Vous êtes mieux de régler, là,
parce que moi, je vais vous en inventer toute une, procédure, vous ne croirez
pas ça, l'arbitrage, là, je vais le dicter? Mais la ministre, elle le sait.
Elle les a, les rapports de médiation.
Alors, on le
sait, Mme la Présidente, dans le métier de la construction, peut-être un peu
moins vrai d'autres secteurs un peu plus pauvres, mais, tu sais, la
construction, je pense que le syndicat a quand même assez de fonds, sans dire qu'il veut les jeter par les fenêtres. Mais là on
va recommencer le processus des coûts de médiation, des coûts d'arbitrage.
Pourquoi qu'on n'est pas rendu en arbitrage
aujourd'hui? C'est déjà prévu dans le système. La règle, c'est comme ça.
On négocie, on ne s'entend pas : une
médiation. Après, on va en arbitrage. On répète ces mêmes règles là, sauf qu'on
vient changer la règle de l'arbitrage.
Ça vaut la
peine que je vous la lise, elle n'est pas très longue, Mme la Présidente :
«À la suite des recommandations formulées
par le médiateur — il faut
se mettre en place qu'on va avoir négocié jusqu'au mois d'octobre, on ne
s'entendra pas, on va avoir eu la
médiation, le médiateur, lui, va faire son rapport, le médiateur — suivant l'article 17, le ministre
peut, dans les 15 jours de la transmission de l'avis prévu à
l'article 18, déterminer par arrêté ministériel :
«1° les matières devant faire l'objet de
l'arbitrage.»
Si la
ministre se lève un matin, puis elle est bien forme, puis elle, elle dit,
comparativement à ce qu'on a entendu à date,
elle dit : Moi, la consolidation travail-famille est très importante pour
moi, elle, elle peut dire à l'arbitre : Pour moi, les matières qui
vont faire l'objet de l'arbitrage, ça va être tout ce qui va nuire à
travail-famille. C'est son choix, c'est marqué ici, là. Elle peut, elle peut.
«2° la
méthode d'arbitrage pouvant consister, notamment, en celle de la meilleure
offre finale qui [s'est appréciée] par clause [globale];
«3° les critères que doit
examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage pour fonder sa décision...»
C'est la ministre, là. Il faut se souvenir de la
première ligne, que c'est déterminé par l'arrêt ministériel dont la ministre va exiger. Ça n'existe pas, ça. En ce
moment, là, il y a une règle, ça fait, d'après moi, plus de 50 ans, au
moins plus de 40 ans qu'on
utilise la règle de l'arbitrage. C'est connu, c'est su, c'est fonctionnel. Je lève
mon chapeau à ces gens qui font cette
dure et difficile tâche d'arbitrer un conflit, il n'y a rien d'évident
là-dedans, Mme la Présidente. Mais là c'est de venir dire à ces gens-là : Ce n'est pas vous qui va dicter
comment qu'on arbitre maintenant. En 2017, pour la construction, je vais faire une première, je vais créer une
première, je vais vous dire comment qu'on va arbitrer cette décision-là. Je
vais vous dire les lignes puis sur
quoi, qu'est-ce qui va faire l'objet de l'arbitrage. Inconcevable! Inconcevable,
Mme la Présidente! On embarque dans un préjudice, dans quelque chose qui
ne s'est jamais fait, où est-ce qu'on a des gens ultracompétents sur ces
tables-là. Les médiateurs, les arbitres sont décidés autant par la partie
patronale que syndicale. Puis
il y a toujours eu une entente, là-dessus. On s'entend sur une liste à
l'avance. C'est connu.
Alors, le
projet de loi, notre fameux projet de loi, une chose est certaine, ça remet les
gens à l'ouvrage dès demain. Ça,
c'est sûr. Ça garantit une augmentation de 1,8 %. Est-ce que c'est ça que
ça vaut? Est-ce que ce n'est pas ça que ça vaut? On n'est pas ici pour juger du fait. On va les laisser négocier. Mais,
pour tout le reste, on n'a absolument rien inventé. C'est ça, la règle. On négocie, médiation, après
c'est de l'arbitrage. La seule affaire qu'on rajoute, c'est que c'est la
ministre qui va décider. Alors, j'ose
espérer, j'ose rêver, j'ose rêver que la ministre actuelle est la personne la
plus droite au monde qui va
dire : Bien là, si les arbitres n'ont pas réussi et les médiateurs avant
moi, moi, je vais demander vraiment, là, les bonnes matières qui vont faire l'objet de l'arbitrage, puis ça va être
très équilibré mais qu'on rentre. Malheureusement, Mme la Présidente, je lui souhaite bonne chance, à
chaque fois qu'il y a un arbitrage, il y a toujours un côté qui se trouve
plus perdant que l'autre côté.
Mais je vais
aller... Je veux pousser l'idée plus loin que ça. Lorsqu'on parle de
45 millions par jour d'économie, c'est
triste, oui, oui, ça affecte des gens. Bien entendu, ça affecte des gens. Mais,
lorsqu'on parle de conditions de travail, de qualité de vie... Il y a un des députés qui nous sortait tantôt telle
madame pour son projet et l'autre... On pourrait vous sortir, Mme la Présidente, 130 exemples de
personnes, de couples qui travaillent sur la construction, qui ont des enfants,
des fois normaux, des fois qui ont des problèmes, puis qui doivent se lever à
4 heures puis à 3 heures du matin pour aller les mener puis les porter pour que l'agenda marche jusqu'au
vendredi. Puis là, on voit, là, puis je n'étais pas à la table de négo comme vous d'ailleurs, Mme la Présidente,
mais on dit : Refus de travailler le samedi. Vous vous imaginez, là,
il y a des familles, là, qui en ont plein,
plein leurs bottines, Mme la Présidente. Là, on leur dit : Bien, s'il
pleut, si le stock n'a pas rentré sur la job le mardi, bien là tu vas
travailler le samedi, puis à temps simple, puis...
C'est pareil
comme nous, ici. On fera de la législation quand il fait soleil. Puis, s'il ne
fait pas soleil, bien on va revenir,
puis on va revenir, puis on va revenir, puis... Mais ces gens-là, déjà que
c'est un travail qui est super dur, de dire : On va commencer à avoir un horaire qui est
variable selon, pas juste la météo, selon ce que pense le boss... Parce que, si
le boss, il a fait une erreur à commander le stock, bien : Le stock n'est
pas arrivé, on travaillera samedi. Vous voyez, Mme la Présidente, sans juger des demandes à gauche et à droite, si on
ne négocie pas à une table de négociation, ça va au-delà du salaire. Ça
va aux conditions de travail. Ça apporte un équilibre au travail, une fierté
d'aller travailler. Lorsqu'on négocie, le
but premier, c'est de dire : Oui, bien entendu, le salaire, le fonds de
retraite. Ça, c'est des grandes lignes
qu'on est habitué. Mais si vous saviez, Mme la Présidente, toutes les petites
lignes, les peccadilles qu'on règle en comité
de négociation sur plein de choses qui ne coûtent souvent pas grand-chose. Ça
prend juste de la volonté, autant d'un côté comme de l'autre.
Puis ça,
lorsqu'on arrive à une procédure d'un projet de loi spéciale, d'un arbitrage,
d'une médiation, c'est dommage, on ne
touche pas à ces petites peccadilles là qui, le lendemain d'une grève, pour
l'avoir vécu, les conditions de travail puis le goût de travailler, on dirait qu'il diminue un petit peu.
Malheureusement, qui est-ce qui en sort gagnant? Personne. La personne
elle-même n'est pas fière de rentrer au boulot. Le boss regarde aller son
travailleur puis il dit : Ça n'a pas de
bon sens. On dirait que ça ne lui tente pas à matin. On dirait qu'il y avait
toutes les coïncidences pour ne pas que ça tente à personne le lendemain matin d'une grève de travailler. Puis
heureusement si c'est juste le lendemain matin. Parfois, ça s'étire sur un an, deux ans. J'ai vu des
conflits de travail prendre quasiment trois ans à se régler, juste en qualité
de travail le lendemain, le lendemain des grèves.
• (17 heures) •
Alors, pour
ceux qui ont la chance de travailler... J'écoutais un certain collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui disait : J'ai
étudié, j'ai eu la chance d'aller étudier dans les conflits de travail puis les
relations de travail. Il y a tellement une grosse importance, une grosse
importance autant pour le patronal, autant pour le travailleur de se sentir
voulu, de se sentir intégré. Le lien
d'appartenance qu'on a à travailler pour la compagnie XY, la prendre comme si
c'était la nôtre. Lorsqu'on voit des
négociations comme ça qui achoppent pour toutes sortes de raisons, là, ça
serait facile de jouer la game, de dire : Oui bien, nous, le PQ, on
va dire : Bien, toute la faute, c'est toute la ministre. C'est juste elle,
le problème. Je pense qu'il y a peut-être
un petit problème. Moi, je pense qu'on a levé le drapeau trop rapidement,
de dire aux gens... Puis là j'écoutais
certains collègues, de dire : Il y a 45 millions qu'on perd dans l'espace. Mais on oublie les conditions de travail de 175 000 travailleurs.
Mais d'ériger le drapeau à la table de négociation
puis de dire : On va déséquilibrer tout de suite le rapport de force, si vous ne vous entendez pas, ha! ha!
faites attention, moi, comme ministre, et mon premier
ministre, on va forcer un projet de loi spéciale, on vient d'assommer une
table de négociation et de la déséquilibrer. Parce que, malheureusement, Mme la Présidente, il y a
des gens, dans la vie, qui sont de meilleure foi que d'autres puis il y a des
situations, dans une table de négo,
qui n'est pas... qu'on ne la voit pas venir, puis qu'on devient, du jour au
lendemain, un peu moins négociables. Donc,
si on n'est pas de bonne foi puis on dit : Bon, tant qu'à perdre ou tant
que... Il y a une expression qui dit : Tant qu'à se déshabiller devant la table de négociation, on
va plutôt se retirer, on attendra de voir ce que le projet de loi spéciale
fait ou exige, puis
ensuite on négociera. Puis là, à voir le projet de loi, bien, il repart la même
procédure, sauf qu'il donne une date
butoir. Si la ministre aurait juste laissé aller les négos telles qu'elles
sont... Mais là c'est bien, bien grave parce que l'économie du monde de
la construction, c'est 45 millions par jour.
Alors, les
droits de grève, je crois comprendre, là, que ça va durer tout le temps deux,
trois, quatre, cinq, six jours, parce
que le droit de grève, ça ne sera plus une force à une table de négo. Pourtant,
c'est des droits reconnus, c'est reconnu partout, dans tout le Québec, puis là, aujourd'hui, bien, on s'aperçoit
que, pour les métiers de la construction, bien là, il y a certains droits qu'ils n'auront plus le droit. Ils
ont le droit, mais ils vont l'exercer pendant 48 heures, 72 heures,
une semaine.
Puis là
peut-être qu'on serait en train de négocier aujourd'hui si on n'aurait pas de
projet de loi spéciale. Parce que,
là, justement, qu'on le veuille ou non, les métiers de la construction, c'est
un grand chantier, on en parle depuis le début, 175 000 travailleurs, mais il y a quand même des
grandes entreprises et des grosses entreprises là-dedans, dont une que nous faisons partie, le gouvernement, qui est
un des plus gros donneurs d'ouvrage. On a nos propres intérêts là-dedans.
Ah! on ne veut pas le dire, on ne veut pas
s'interférer dans la négociation, mais on veut que les chantiers roulent, hein?
Parce qu'en plus on s'en va en élection
l'année prochaine, ça fait que, s'il faut que les projets, là... il faut que ça
avance, on n'a pas le choix, parce
qu'on va avoir l'air un peu fou. Mais, Mme la Présidente, moi, ça n'enlèvera
jamais, jamais les valeurs qui sont
là, qui sont écrites, qui ont été négociées dans le passé, à dire : On a
des droits comme travailleurs au Québec,
ce n'est pas parce que je travaille à vendre des souliers, ou que je cogne des
clous, ou que je travaille sur un gros camion que ces droits-là ne
s'appliquent pas à moi. Donc, ici, je trouve ça très triste.
Et d'arriver
ce matin à l'Assemblée nationale, dire : On a la solution, on fait juste
faire un copier-coller de ce qui existe,
on change les dates... Bien entendu, la convention collective est déjà échue,
ça fait qu'on en invente une autre, on dit : Tiens, octobre. Octobre, ça va être une belle
date, ça. On va mettre octobre, là, ça va être fini, la deuxième négo. Parce
que vous avez une deuxième négo, après ça
c'est médiation, puis après ça va être arbitrage, avec toutes les clauses que
le ministre se donne, à dire :
Bien, moi, je vais décider qu'est-ce qu'on va faire. Malheureusement, les
175 000 travailleurs de la
construction, eux, voient leurs conditions de travail, même s'ils ne sont pas
monétaires... Même si c'étaient, comme je
vous ai dit tantôt, des peccadilles pour certaines gens, mais juste de
dire : On va avoir une qualité de travail, une qualité de vie à notre endroit de travail, notre
environnement de travail... Mais là on ne pourra pas le négocier, c'est sûr et
certain, on ne pourra pas le
négocier. Parce que la ministre, elle le sait déjà, là, je le répète, Mme
la Présidente, la ministre,
elle le sait déjà,
elle a eu le rapport des médiateurs puis elle sait si on est loin de même ou
loin de même, là. C'est sûr et certain. Elle les a vus, tous les rapports. Alors, quand qu'elle prétend de
dire : Il y en a qui étaient tout près d'une signature, bien, pourquoi
ce n'est pas signé aujourd'hui? Pourquoi qu'on n'a pas mis la pression?
Puis là
j'entends certains collègues dire : Bien, ce n'est pas bien, bien mieux,
le Parti québécois a fait la même affaire à la dernière convention
collective. Bien oui, mais il y avait
peut-être plus que la moitié qui s'était déjà
entendue. Alors, vous voyez, tu sais, deux tiers s'entendent, puis il
reste un tiers.
Puis, des
fois, ça fait partie de la négo, on ne s'entend pas. Qu'est-ce que c'est que vous
voulez qu'on fasse? On ne s'entend
pas. Donc, les procédures sont déjà là. La ministre les a réinventées. Si on ne s'entend pas pendant
la négo, on s'en va en médiation, on
s'en va en arbitrage et on vit avec les différends. Tout le monde le sait. Les deux côtés de la table le savent, là. S'il faut se rendre à l'arbitrage, tout le monde prend un peu un «guess», comme qu'on pourrait dire en anglais, mais c'est connu, c'est su, il n'y a pas de
surprise. Là, ce matin, il y a une surprise, une surprise. On dit : Bien
là, ce qu'on va faire, c'est qu'on va
dire : Nous, on va dicter à l'arbitre ça va être sur quoi que vous allez
vous baser pour prendre votre décision. Donc, si la ministre pour x, y
raison, travail, famille, elle ne veut pas en parler...
Je vois aussi
dans les demandes qu'on a demandé de parler des refus des briseurs de grève. Mme la Présidente, j'ai déposé en cette Chambre,
il y a quelques années, pour remettre à jour la loi antibriseurs de grève...
Puis on ne l'a jamais rappelé en Chambre pour toutes sortes de bonnes et
mauvaises raisons. C'est encore d'actualité aujourd'hui. Parce que les gens ne
comprennent pas que, dans la vie, si tu ne te batailles pas un petit peu pour
augmenter tes conditions de travail, bien,
ce n'est pas une loto. Ce n'est pas Loto-Québec. Tu ne choisis pas six bons numéros puis, si tu
es chanceux, tu vas avoir une retraite
dorée. Non, il faut que tu négocies, il faut que tu te battes. Il faut
que tu laisses aller parfois du
salaire pour dire : On va en mettre plus sur le régime de retraite, puis
toutes sortes de négociations qui se font de même. Ça s'appelle de la négociation.
Donc, le
comité de négociation lui, il a le mandat de ses membres de dire :
C'est ça, leur priorité, puis c'est ça qu'on
travaille. Ça fait que, s'il y a une année qu'ils décident que l'augmentation de salaire sera moindre mais qu'on va augmenter le fonds de
retraite, bien, c'est leur choix. Puis tout ça fait partie de l'enveloppe
monétaire. Ça ne change rien en bout de piste. Si on décide qu'on donne tant de
millions de dollars à la négociation, cassez-vous pas la tête, Mme la Présidente, il y a des actuaires spécialisés des deux bords de la table, ça ne
dépassera pas d'un sou. Comment est-ce
qu'on se le partage, ce n'est pas grave, d'abord c'est ça que j'ai à vous
donner. Puis là on négocie puis on tente de tirer d'un bord ou de
l'autre.
Alors, ici,
dans notre processus qu'on voit là, la ministre a déjà le portrait parfait avec les rapports du
médiateur. De dire que je recommence tout le processus qu'on vient de
faire, qu'on ne s'est pas entendus... On était rendus à l'arbitrage, on était rendus à l'étape d'arbitrage. Bien là, de dire
qu'on va prendre le risque — sans
rien enlever à la ministre personnellement — on va prendre le risque que la ministre
décide ça va être sur quoi qu'on va se baser, j'ai un petit peu de misère, Mme la Présidente. Je vous le dis, on crée un précédent. Les
juristes, je suis certain qu'on va les entendre à partir de demain nous
dire : Vous créez un précédent qui est dangereux.
Mais on le
voit, là, on le voit depuis plusieurs projets
de loi. On a défait beaucoup de formalités et de normalités. Lorsqu'on
a parlé des régimes de retraite, où est-ce que... Régimes de retraite, la même
affaire, on a eu le projet de loi n° 3, le projet de loi n° 15. On s'entend à une table de négo. On dit :
O.K., toi, travailleur, ça va te coûter 3 $ par paie, puis le patronal
va mettre 3 $ par paie ou 4 $. On
fait ça, on s'entend là-dessus. On arrive à un moment donné avec un beau
projet de loi qu'on dit : Bon, ce
qu'on vous avait dit, chers travailleurs, que ça va vous coûter 3 $, vous
l'avez mis, nous, on l'a mis, mais,
oui, pas toujours sûr, sûr, mais on n'en a pas assez mis, on a un
fond négatif dans notre fond de retraite, donc on se rassoit puis on
dit : On partage la poire en deux, puis vous repayez.
C'est
des ententes comme ça qu'on a faites de bonne foi, signées avec des gens
compétents, connaissants, puis d'arriver
avec des projets de loi qu'on revire ça du revers de la main ou de penser
qu'on réinvente la roue en disant que, bon,
à partir de demain, on recommence le processus déjà prévu dans les règles du
travail, qui sont de dire : On négocie, si on ne s'entend pas, on va en médiation, puis, si on ne s'entend pas, on
s'en va en arbitrage, avec l'exception grave que la ministre,
elle, elle décide qu'elle va dicter sur quels points on va faire l'arbitrage...
Puis ça, je pense que ça ne passera pas
la barre. De toute façon, on a toute la nuit pour en discuter avec la ministre.
On va apporter des amendements. Moi, je pense qu'il ne faut pas aller là-dedans.
On a des gens compétents, des professionnels compétents comme médiateurs, comme arbitres au Québec. Il faut faire
confiance à ces gens-là. Ce n'est pas leur premier et ni leur dernier conflit
qu'ils vont régler. Mais, de là à
dire que la ministre peut s'immiscer dans sur quoi juger, la
pertinence de la prochaine convention
collective, bien, moi, je crois que c'est de pousser le bouchon, comme qu'on
pourrait dire, au maximum.
• (17 h 10) •
Alors, M. le
Président, bien entendu, notre formation, on n'est pas d'accord du tout, du
tout avec ce principe de projet de loi là, de dire que c'est juste à cause que l'économie
roule à 45 millions qu'on ne s'entend pas. J'aurais aimé mieux
entendre la ministre dire : Regardez, là, j'ai les rapports, là, de toutes
les médiations qu'il y a eu dans tous les secteurs,
là, puis on est vraiment à l'opposé, là. Non, la ministre,
elle sort un projet de loi puis elle dit : On recommence. On
s'essuie puis on recommence, puis là ça va être sérieux ce coup-là, on négocie
tout ce qui est prévu encore. Je ne le
répéterai pas, M. le Président, ça fait cinq fois que je le répète pour être
certain que les gens comprennent bien... N'allez pas vous imaginer que
vous avez inventé la roue. La seule place que vous avez inventé la roue, c'est
dans la section «Arbitrage», où est-ce que,
d'après moi, la ministre, elle outrepasse ses devoirs. D'aller dicter à un
arbitre sur quoi qu'il va se baser, alors qu'il a fait ça toute sa vie,
je pense qu'on ne sera pas tout à fait légal là-dessus.
Alors, M. le
Président, il me fera plaisir de vérifier article par article avec mes
collègues et le député de Saint-Jérôme pour s'assurer d'apporter des amendements
audit projet de loi, puis en espérant qu'un jour les gens comprendront, autour de ces tables, que de la négociation, c'est plus qu'un terme, c'est plus que de dire : Il faut avoir
une entente négociée. Parce que, dans une négociation, on s'occupe de
tous les aspects, pas juste le monétaire, il y a le normatif, les clauses normatives, qui donnent une fierté d'être à
l'ouvrage, ce n'est pas avec un arbitre qu'on règle ces points-là. Puis je pense qu'il va falloir faire
comprendre aux gens que, de s'asseoir avec une bonne foi et professionnalisme,
on va en sortir avec des résultats beaucoup plus gagnants qu'un projet de loi
spéciale. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Beauharnois, de votre intervention. Et, pour la
poursuite des débats, je reconnais maintenant M. le député de Champlain pour
son intervention. M. le député, à vous.
M. Pierre Michel Auger
M. Auger :
Merci, M. le Président. Donc, à mon tour d'intervenir, et ce, pour une raison
tout à fait spéciale. Il y a une partie
importante de notre économie qui est touchée, hein, qui est dans une impasse
actuellement, soit les négos dans l'industrie de la construction.
Je
commencerais par un petit rappel concernant l'importance de cette industrie,
soit l'industrie de la construction au
Québec. Lorsqu'on parle de PIB et de l'industrie de la construction au Québec,
on parle de plus de 15 milliards de dollars, on parle d'à peu près 150 quelques mille
salariés, masse salariale en milliards de dollars, 6 milliards de dollars,
nombre total d'entreprises, presque
26 000 entreprises au Québec. De ce nombre, on parle de PME, mais,
moi, c'est pas mal plus des très,
très petites entreprises, d'un à cinq employés, c'est près de 22 000 sur
les 26 000, donc à peu près 84 % sont des PME avec d'un à cinq employés. C'est des investissements
annuels en milliards de dollars de plus de 45 milliards, M. le
Président.
Donc,
c'est une industrie majeure, importante pour nous au Québec. On l'a dit, on l'a
redit, mais je vais le redire : On
parle de pertes économiques de plus de 45 millions de dollars par jour, à
peu près 2 millions de pertes économiques à chaque heure qui passe,
M. le Président. Ce n'est pas des peccadilles, comme dirait mon collègue de
Beauharnois.
Mais
ce n'est pas juste une question d'argent, M. le Président. Ce sont des impacts
humains sur les citoyens, sur leurs
familles. Il y a trois mois, une amie, Diane, et son conjoint vendent leur
maison, achètent un condo à construire, date prévue pour la livraison du condo, le 1er juillet, date de sortie
de leur maison, le 1er juillet bien sûr, et, au moment où on se parle, on leur a dit que ça ne sera pas avant
le 8 juillet qu'ils vont avoir leur condo. Ils vont faire quoi entre le
1er juillet et le
8 juillet? Ils vont faire quoi avec leurs meubles, avec leurs boîtes? Ils
vont dormir où? Ça va prendre un entrepôt, ça va prendre un hôtel, des amis, peu importe, manger au resto. C'est de
l'argent supplémentaire, ça, M. le Président. Donc, c'est de l'argent, mais c'est aussi du stress pour
ces gens-là. Et souvent un projet qu'on disait heureux peut être un peu
moins agréable lorsqu'on vit des situations comme ça, puis je pense qu'il y en
a pas mal au Québec.
Autre
impact de cette impasse, M. le Président, il y avait 655 millions qui
avaient été consentis pour les infrastructures de nos écoles. Nos écoles, ça touche qui, ça, M. le Président? Nos
enfants. 2 300 projets au Québec. Qu'est-ce qui arrive avec les projets? Arrêtés. Arrêtés, M. le
Président. Tous les chantiers aux quatre coins du Québec, arrêtés. Tous les
commerces qui fournissent les
matériaux également sont affectés, M. le Président. Donc, lorsque j'entends le
député de Beauharnois et d'autres de
ses collègues dire de laisser aller encore quelque temps, bien, moi, M. le
Président, je dis : Non. Absolument non. Trop d'impacts majeurs.
J'ai
également entendu le chef de l'opposition officielle puis certains membres de
l'opposition : Puis mon voisin a dit
que nous aurions dû avoir plus de négociation. Bien, moi, je dis à mon voisin
qui a dit que, au chef de l'opposition puis à d'autres qui ont dit que, que la période de
négociation prévue était du 1er octobre 2016 au
30 avril 2017, 240 jours, oui, 240 jours qui étaient prévus pour faire de la négociation. Et
je vais me permettre justement une petite chronologie des négociations, M.
le Président.
Septembre 2016,
le 30 septembre, une rencontre. Octobre 2016, le 17, une rencontre;
le 24 octobre, une rencontre. Le
2 novembre, envoi d'une lettre
de la ministre responsable du Travail aux parties afin
d'intégrer aux ententes quant aux résultats
de la négociation. Il y a copie de la lettre qui a été déposée, justement,
ici, en Chambre, ce matin, lettre adressée au président de la CSN-Construction, P.D.G. du Syndicat québécois
de la construction, président de la FTQ-Construction, président de la CSD-Construction, président du
Conseil provincial du Québec des métiers de la construction, présidente
de l'Association de la construction du Québec,
le président de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux
du Québec, le président de l'Association des professionnels de la construction et
de l'habitation du Québec, au président de l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec.
«Madame — parce qu'il y avait une dame — [et] messieurs, à la suite des rencontres
effectuées avec chacun de vos
organismes ou associations dans le cadre du renouvellement des conventions
collectives de l'industrie de la construction, nous tenons à vous
réitérer nos attentes en cette matière.
«Les
rencontres des dernières semaines nous ont permis de constater que vous
entrevoyez le début — là, je
parle du 2 novembre — des négociations avec la même vision, soit
celle de parties collaboratrices qui ont comme priorité de trouver des solutions raisonnables et réalistes
pour tous. Nous comprenons également que vous déposerez vos cahiers de demandes patronales ou syndicales incessamment et
que vos premières rencontres de négociation auront lieu rapidement.» Ça,
c'est le 2 novembre 2016.
Janvier 2017,
27 janvier, nomination de Mme Lise Lavallée à titre de conciliatrice.
30 janvier, une autre rencontre. Février 2017, le
2 février, une autre rencontre; 27 février, une autre rencontre; le
28 février, encore une rencontre. Mars 2017,
le 1er mars, nomination de Mme Lise Lavallée à titre de médiatrice,
secteur institutionnel, secteur commercial et industriel. Le
3 mars, nomination de Nadine Côté à titre de médiatrice, secteur
résidentiel; M. Jean Nolin à titre de médiateur,
secteur génie civil et voirie. 20 avril, nomination de M. François
Corriveau à titre de médiateur en remplacement de M. Nolin. 1er mai, nomination de Mme Lise Lavallée à titre de
conciliatrice, secteur institutionnel, secteur commercial et industriel. 3 mai, nomination de Mme
Nadine Côté à titre de conciliatrice. 11 mai, une rencontre; 16 mai,
une rencontre; 18 mai, une
rencontre; 23 mai, une rencontre; 24 mai, une rencontre; 25 mai
aussi. 25 mai, nomination de Robert Dupuis à titre de conciliateur.
À
tout ça, M. le Président, s'ajoutent 58 rencontres de
conciliation-médiation. Le gouvernement a profité lors de ces rencontres et ces
échanges pour réitérer qu'une entente négociée était la meilleure des options.
La ministre du Travail a mis tous les
outils en place pour favoriser la négo. Elle a également participé à plus de
10 rencontres, M. le Président. Elle a nommé un conciliateur au
tronc commun, une première dans l'industrie... des négociations de l'industrie.
• (17 h 20) •
Donc,
début officiel de la période de négo, 1er octobre 2016. Entrée en
scène de la ministre du Travail la veille, le 30 septembre 2016. Entrée en scène des parties pour négocier,
février 2017. Les parties avaient ou ont eu 240 jours pour négocier, mais malheureusement les parties en ont
manqué 120. Donc, il en restait juste 120 pour s'entendre, pour négocier.
Et, selon l'expert en négo de Beauharnois,
normalement il vaut mieux commencer le jour 1 des négociations qu'attendre trop tard. Donc, 240 jours pour négocier, 11 rencontres
auxquelles la ministre a participé, 58 rencontres de conciliation-médiation, et le p.l. n° 142 prévoit encore cinq autres mois de négociation. Et on
veut faire passer le gouvernement pour un méchant? Pas vraiment. On a
forcé le gouvernement à agir, M. le Président. Agir pourquoi? Parce que les
impacts sont trop importants pour laisser
aller. Les décisions que nous prenons se veulent un incitatif à la poursuite
des négos mais visent à limiter un
préjudice social et économique qui concerne l'ensemble de tous les Québécois et
les Québécoises. Les parties patronales et syndicales doivent continuer
à prendre leurs responsabilités.
Ainsi,
avec... le p.l. n° 142 vise à mettre fin aux grèves en cours dans
l'industrie de la construction pour y assurer la reprise des travaux. Le projet de loi prévoit aussi la reprise des
travaux interrompus par les grèves. Le projet de loi prévoit également le maintien des conditions de travail en
vigueur. Le projet de loi vise également à assurer le renouvellement de
la convention collective applicable à chaque secteur. Et principalement, dans
le projet de loi, M. le Président, à la section IV,
lorsqu'on parle des conditions de travail, on dit que les taux de salaires
applicables aux salariés, en vigueur le 30 avril 2017, sont, à partir de maintenant, ou demain, ou peu
importe, si la loi est adoptée, majorés de 1,8 % à compter du
31 mai 2017.
Le projet de loi
prévoit également, à la section V, au niveau de la médiation, à
l'article 13 : «Pour chacun des secteurs mentionnés à
l'article 2, le ministre nomme un médiateur afin d'aider les parties à
régler leur différend.» L'article 15 :
«La médiation sur le renouvellement des conventions collectives se termine au
plus tard le 30 octobre 2017.» Donc, on parle d'un autre cinq mois possible pour négocier, qui s'ajoute
à ce qui a déjà été commencé, M. le Président. Et également, au niveau de l'article 16 :
La médiation prend fin également dans un secteur dès qu'une entente qui...
pourrait survenir dans un secteur. Donc, on pourra négocier par secteurs
d'activité. Vous comprendrez, M. le Président, que, lorsque... construire une maison ou travailler sur l'échangeur Turcot,
ce n'est pas nécessairement les mêmes réalités d'un et l'autre.
Au
niveau de la section VI, au niveau de l'arbitrage,
l'article 18 : «À la demande conjointe des parties d'un secteur
suivant l'article 15 ou sur réception par le ministre d'un rapport du
médiateur faisant état de l'échec de la médiation suivant l'article 17, le
ministre défère le ou les différends à l'arbitrage [et] en avise [donc ainsi]
les parties.»
Donc,
M. le Président, je pense que c'est pour l'avancée de tous les Québécois et
Québécoises que je vais être... hein, vous comprendrez que je vais être
en faveur du principe de ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de Champlain. Et, toujours pour la
poursuite du débat sur ce même item,
je cède maintenant la parole à Mme la députée de Taschereau pour son
intervention, en vous rappelant qu'il vous reste 51 minutes, si
vous décidez de les utiliser.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : 58?
Le Vice-Président (M. Gendron) : 51.
Bien, moi, c'est ce que j'ai ici comme...
Mme
Maltais : Vous
m'étonnez, M. le Président, mais, quand même, merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, je ne vois pas pourquoi, là. C'est écrit «51 minutes à l'opposition
officielle», ce que je sais que vous êtes.
Mme
Maltais :
D'accord. J'aurai donc... je pourrai aller à toutes voiles et vapeur ouvertes,
M. le Président, j'ai 51 minutes. Je ne
sais pas si je les utiliserai toutes, mais j'aurai quelques commentaires quand
même à faire sur ce projet de loi qui m'étonne un peu.
J'étais tout
à l'heure avec un collègue qui m'a dit qu'il était ici quand on avait déposé
une loi spéciale, en 2013, qui forçait
le retour au travail d'une partie des syndiqués de la construction, et il me
dit : C'est le jour de la
marmotte. J'ai répondu : Si
c'était le jour de la marmotte, ça aurait été simple aujourd'hui, parce qu'un précédent avait été créé, qui était une
loi spéciale qui faisait qu'on essayait d'intervenir le moins possible dans la négociation.
L'autre chose, c'est que près de 100 000 travailleurs de l'industrie
de la construction avaient déjà signé et que c'était simplement de faire
rentrer la dernière section de travailleurs. Ce n'est pas ça du tout, on n'est
pas du tout, du tout, du tout dans la même situation, d'abord au niveau de la
loi comme telle, mais de l'attitude de la ministre aussi, qui n'a pas eu le
même type d'attitude, les gens jugeront de l'attitude
de la ministre, et enfin du contenu de la loi, qui, à mon sens, je vais vous
dire, M. le Président, est allé... la loi va trop loin.
On dit — je vais demander un verre d'eau, s'il vous
plaît — que
parfois le mieux est l'ennemi mortel du
bien. Généralement, on dit : Le mieux est l'ennemi du bien, mais la vraie
phrase, c'est : Le mieux est l'ennemi mortel du bien. Donc,
quand on en fait un petit peu trop, parfois on nuit à ce qu'on voulait
proposer. Et je pense que, dans ce cas-ci, pour le gouvernement, ce
qu'il a cru faire de mieux est l'ennemi du bien.
Je vais
revenir d'abord sur pourquoi est-ce que la situation n'est pas la même que
celle de 2013. Celle de 2013 arrivait après une période de négociation,
bien sûr, qui avait été très, très, très suivie et par les oppositions et par
le gouvernement, de très près. Je vois un
collègue là-bas qui sourit parce qu'à l'époque il m'a mis beaucoup de pression
pour que j'intervienne, il fait
attention, mais j'ai suivi les travaux, je les ai amenés à négocier. Mais il
est survenu après aussi que des
syndiqués aient exercé leur droit de grève. Est-ce que l'Assemblée nationale du
Québec veut nier le droit de grève de
l'industrie de la construction? Je pense que non. Sinon, il faudrait le dire,
il faudrait le dire. Puis le gouvernement se retrouverait à la Cour
suprême, parce que le droit d'association, le droit de négociation sont
inscrits dans les récents jugements de la Cour suprême. Ça va plus loin que ça.
Non seulement il y a le droit d'association et il y a le droit de négociation, mais les lois spéciales de
gouvernement qui forcent des retours au travail sont maintenant vertement
critiquées par la Cour suprême dans
ce qu'on appelle l'arrêt Saskatchewan. Ça n'existait pas en 2013, cet arrêt
Saskatchewan n'avait pas été édicté
par la Cour suprême du Canada. Mais là, aujourd'hui, il existe. Ne pas en tenir
compte, c'est faire une erreur.
La question
qui se pose, c'est : En voulant faire... en voulant absolument procéder
rapidement à amener une loi de retour au travail de l'industrie de la
construction, est-ce qu'on a produit une loi inconstitutionnelle? C'est
possible, je ne suis pas juriste, je ne suis
pas la Cour suprême, je ne peux pas le dire, mais c'est possible, d'autant qu'à
mon avis les négociations ont été très mal menées par le gouvernement,
très mal menées par la ministre, pour une raison toute simple : la ministre et le premier ministre ont appelé la loi
spéciale avant même que les négociations soient terminées. La loi spéciale a été appelée la journée avant. Le
premier ministre a dit : Vous êtes mieux de régler parce que, moi, mon
outil est prêt. La ministre a dit :
S'ils ne règlent pas, moi, j'ai une loi spéciale sur la table. Qu'est-ce que ça provoque en négociation
quand on invoque une loi spéciale? Bien, tout le monde s'assoit, on attend la loi
spéciale. Quelle erreur. Quelle erreur! Je
n'en reviens pas encore qu'ils soient tombés dans ce piège. Puis je suis sûre qu'au
ministère du Travail ils ont dû ne pas en revenir.
C'était l'erreur à ne pas faire.
En 2013, je
me suis fait beaucoup critiquer par les oppositions parce que je n'ai
pas invoqué la loi spéciale tout
de suite. Mais ce que ça a donné, c'est que, dans les jours qui ont suivi, les quelques
jours, les très peu de jours de grève qu'il y a eu, dans les jours qui
ont suivi, deux grandes associations, l'APCHQ et l'ACGRTQ — l'Association des professionnels en construction et en habitation du Québec,
et je n'ai plus le sigle complètement, l'autre, c'est l'Association des constructeurs
de routes et grands travaux du Québec — ont
signé. 100 000 travailleurs ont signé. Donc, on avait laissé la négociation
courir. Sans même l'arrêt Saskatchewan, sans même que ça existe, on avait cru important
de laisser la négociation essayer de produire ses effets, premièrement, et, deuxièmement, de montrer que le droit de grève existe dans
la construction. Il existe. Et, si on essaie
de faire croire qu'il n'existe pas, on se retrouve devant des problèmes.
On le sait.
• (17 h 30) •
Alors, en
2013, il y avait ça fondamentalement, un gouvernement qui avait d'abord... n'avait pas annoncé de loi spéciale, deuxièmement, qui avait
laissé la négociation courir, et ça avait permis de régler bien des choses.
Ensuite, ensuite, on est arrivés avec une loi spéciale qui intervenait au minimum dans la négociation. En fait, ce qu'on
faisait, c'est qu'on
prenait les conditions salariales qui avaient été négociées autour de tables de
travail par deux autres associations, puis
on les a amenées dans la loi spéciale, juste les conditions de salaires et les frais de
déplacement — je
vais en reparler un peu plus loin — deux affaires essentielles. Donc, le minimum
d'interventions dans la négociation pour essayer de faire une chose importante, de faire que les
travailleurs et les entrepreneurs rentrent l'un et l'autre la tête haute sur
les chantiers.
Vous savez,
on parle parfois... on me dit : Les coûts, les coûts, les coûts — tout à l'heure, j'y reviendrai — mais la productivité, c'est important, la paix sur les chantiers, c'est
quelque chose de fondamental. Il n'y a pas de plus grave problème que quand c'est le bordel dans les
chantiers du Québec. Ça, ça coûte cher aux entrepreneurs, parlez-leur-en,
surtout nos grands chantiers. Quand ce n'est pas la paix dans les chantiers de
construction, ça va mal.
Alors, moi,
j'ai souvent répété cette journée-là : Nous allons faire que les
travailleurs de la construction rentrent la tête haute. Ils se sont
sentis respectés pour deux raisons : on avait respecté leur droit de
grève — impatiente,
mais respectueuse, c'est comme ça que je le
disais — et,
deuxièmement, on avait appliqué un minimum d'articles de la loi qui venaient se mêler de la négociation des
conventions collectives. Ça a été des conditions gagnantes, Ça a été des
conditions gagnantes, tout le monde le dit aujourd'hui,
100 000 travailleurs rentrés.
Ce qui a été
étonnant à l'époque, ça a été de voir la réaction des partis qui étaient de
l'opposition. La CAQ, entre autres,
demandait une loi spéciale à peine... aussitôt que la grève a été déclenchée,
ne respectant donc pas le droit de grève et s'immisçant immédiatement dans la négociation. Si on avait écouté la
CAQ à l'époque, il y a 100 000 travailleurs qui auraient eu des conditions imposées par loi spéciale au lieu d'avoir des conditions
négociées, 100 000. Quand je parle de la paix sur les chantiers, je parle de productivité. Quand je parle
de productivité, je parle de l'économie québécoise. C'est lié, tout ça. C'est intimement lié.
Quand je
parle de négociation faite puis appréciée, approuvée par les tables,
je parle du secteur résidentiel. J'ai un
collègue tantôt qui se disait : C'est important. Des gens attendent pour que leur
résidence soit bâtie. C'est vrai. Le monde, ils ne veulent pas que ça dure longtemps, une grève de la construction.
Mais ils veulent que leur entrepreneur, il rentre de bonne humeur. Bien, toutes les maisons
s'étaient bâties, il n'y avait pas eu de problème, aucun problème, parce que
ces gens-là avaient signé, le secteur
résidentiel avait signé. Mais la CAQ, elle, demandait une loi spéciale dans les
heures qui ont suivi l'arrivée. Ça n'a pas de bon sens.
Ah! la CAQ
proposait — une
chance qu'ils ne sont pas au gouvernement, M. le Président — que les... elle veut que les travailleurs de la construction écoutent,
là... J'ai regardé les galées de ce qui s'était dit cette journée-là, parce que
ça m'intéresse, ce débat-là : la CAQ
proposait qu'il n'y ait aucune augmentation de salaire des travailleurs pendant
l'année où il y avait une négociation
qui suivait la loi spéciale. Aucune augmentation des travailleurs. Eh! que
c'est respectueux! Effrayant! Effrayant!
Même le Parti
libéral, qui est au gouvernement actuel, propose une augmentation aux
travailleurs malgré le fait d'avoir
une loi spéciale. Même le Parti libéral considère qu'il faut absolument qu'il y
ait au moins une augmentation aux travailleurs de la construction. La
CAQ, à l'époque, disait : zéro augmentation.
Alors, parfois, le mieux est le mortel ennemi du
bien. Dans une négociation comme ça, il est important que le gouvernement comprenne bien son rôle. Je pense
que, dans ce cas-ci, le gouvernement a mélangé ses rôles. C'est ce qu'on
appelle une loi en conflit d'intérêts. Il faut toujours se rappeler quand on
est au gouvernement qu'on est le plus grand donneur d'ouvrage au Québec. Le ministère des Transports, le ministère
de la Santé et des Services sociaux, le ministère de l'Éducation, Hydro-Québec sont de grands
constructeurs. La grande partie des immobilisations du Québec se font dans
de la construction. Ce sont donc des contrats qui sont donnés à des
entrepreneurs.
Donc, quand
la facture lève dans le monde de la construction, c'est sûr que ça coûte un peu
plus cher au gouvernement. Et le gouvernement le sait. Donc, le gouvernement
n'est pas à la table de négociation. Il ne faut pas qu'il soit à la
table de négociation. C'est extrêmement important. Le gouvernement ne doit
absolument pas être en conflit d'intérêts
là-dedans. Il ne faut pas qu'il s'immisce, il ne faut pas qu'il ait un oeil, il
ne faut pas qu'il soit là sur l'épaule des
gens qui font la négociation. C'est pour ça que le ministère du Travail doit
être... on offre des médiateurs puis qu'on ne s'en mêle pas. Parce qu'aller s'en mêler, c'est être automatiquement
en conflit d'intérêts. Parce que, oui, si ça coûte un peu plus cher, ça risque de se refléter, oui, dans
le secteur privé, oui, dans le secteur résidentiel, mais aussi dans le grand
secteur institutionnel.
Alors, c'est délicat parce que, quand on fait, par exemple, des négociations dans le monde de la santé, dans le monde de
l'éducation, c'est à visage ouvert. Le gouvernement
du Québec négocie avec ses
fonctionnaires, c'est clair, la discussion, elle se passe ici, et c'est clair. Mais, quand c'est par le biais de
l'industrie de la construction, il ne faut pas faire de façon détournée
ce qu'on n'a pas le droit de faire directement.
Dans ce
cas-ci, dans la loi qui nous est présentée, il y a risque. Il y a
risque qu'on fasse de façon détournée ce qu'on n'ose pas faire directement, c'est-à-dire avoir les mains dans le processus de négociation; deux secteurs privés qui négocient ensemble et un gouvernement qui vient interférer dans le processus de négociation. C'est pour ça que je disais à un collègue : Non, non, non, ce n'est pas la loi de la marmotte, ce
n'est pas le projet de loi de 2013. C'est vraiment quelque chose de différent.
En voulant
faire mieux, on n'a probablement pas fait bien, probablement. Évidemment, on
verra au fil du temps, M. le
Président, ces choses-là se règlent
pour plusieurs années, mais, à mon
avis — à mon
avis — c'est quelque
chose qui ne sera pas d'intérêt
public, cette façon de procéder, parce
que ça crée un précédent dans la
façon dont on va maintenant
faire les relations de travail au Québec.
Et maintenant, en plus, l'industrie de la
construction saura que non seulement le gouvernement décrète des conditions de travail, mais il décrète de
nouvelles conditions de négociation. Je sais que ça... Voilà. Donc, l'importance de
ne pas nier le droit de grève, l'importance de respecter le cadre de négociation. Je le répète : J'ai été extrêmement troublée quand j'ai vu la ministre du Travail dire
qu'elle brandissait une loi spéciale. Le premier
ministre a été d'une imprudence
folle, d'une
imprudence folle en disant qu'il serait impatient et qu'il y aurait une loi,
une loi spéciale, d'une imprudence folle. Il a cassé la négociation, à mon
avis. Je suis certaine de ça. Ces
déclarations du premier ministre et de la ministre
du Travail ont cassé la négociation immédiatement. Les secteurs de la construction se sont assis
pendant la négociation. Ça n'a plus
bougé. Ah! il y a eu des grands salamalecs, on a dit : Ah! O.K. La ministre
a dit : Je vais les forcer à rentrer. Ils se sont assis un petit peu, ils se sont regardés puis
ils sont repartis. Pourquoi? Parce
qu'ils attendaient la loi spéciale. Quelle erreur de négociation! Quelle erreur!
Je sais, pour
l'avoir vécu et pour avoir reçu les conseils de parmi les médiateurs les plus
chevronnés du Québec... Je
suis très fière du ministère du
Travail. J'ai été là-bas, ils ont de
belles équipes de médiation. Ils ont des gens extrêmement compétents, et
c'est le premier conseil qu'ils donnent : N'invoquez pas de loi spéciale avant la fin des négos. Jamais, jamais, jamais! C'est le premier
conseil qu'ils donnent : Attention! Vous allez casser la négo.
• (17 h 40) •
Alors, quand on va se retrouver devant la Cour
suprême, parce que cette loi-là va se retrouver devant la Cour suprême,
que vont dire les syndicats? Ils vont dire : Bien, écoutez,
non seulement on nous a donné seulement 24 heures de grève — parce qu'il y a eu 24 heures de grève seulement, là, 24 heures — non
seulement on ne nous a pas donné de droit de grève, on n'a pas respecté
notre droit de grève, mais, en plus, on nous l'a dit d'avance. On n'avait même
pas fini. Le droit à la négo a été, à mon avis, questionné là-dedans. Comme je
dis, je ne suis pas juriste, j'utilise des termes prudents. Mais le droit à la négociation, c'est le droit de se rendre au
moins jusqu'au bout de la négo. Ils ne se sont même pas rendus au bout de la négo. Il y
avait déjà une ministre, un premier ministre qui avaient dit qu'ils avaient une
loi spéciale dans leur manche. Ce n'est pas très prudent. C'est un gouvernement
qui a joué d'imprudence, véritablement, d'imprudence totale, à mon avis. J'ai
été très étonnée quand j'ai vu ces commentaires-là.
Alors, ce que
je dirais, c'est que la véritable responsabilité d'un gouvernement, quand on ne mélange pas les rôles, là, de donneur d'ouvrage et de gouvernement qui doit faire respecter le Code
du travail, qui doit faire respecter les droits des citoyens, des
citoyennes, dont les travailleurs de la construction, sa responsabilité, c'est
de mettre en place des conditions pour que
les droits puissent s'exercer et que les négos aboutissent. C'est ça, la
responsabilité du gouvernement. Est-ce
que le gouvernement actuel a mis en place les conditions pour que les droits
s'exercent? En faisant ces déclarations imprudentes, le premier ministre et la ministre du Travail n'ont pas
aidé à ce que les droits s'exercent. En mettant fin, par une loi spéciale, à une grève qui n'aura duré,
à toutes fins utiles, que 24 heures, un jour ouvrable, à peu près, le
gouvernement n'a pas permis que les droits s'exercent, à mon avis. C'est
pour ça qu'on dit qu'on a un problème avec
cette loi-là. C'est que la mécanique inexorable vers laquelle on est allés,
c'est une mécanique où on n'a pas permis aux droits de s'exercer, et ça
donne un résultat comme on a là.
Est-ce qu'on
s'est organisés pour que les négos aboutissent? Non, on ne s'est pas organisés
pour que les négos aboutissent et on ne continue pas à s'organiser pour
les négos aboutissent avec cette loi-là.
Si c'était le
jour de la marmotte... Ça m'amuse beaucoup de dire ça. Mais, si on avait répété
un peu l'exercice qu'on avait fait en
2013... À l'époque, en 2013, l'opposition avait eu... on avait eu un débat, on
avait fait une négociation, finalement, où on avait mis la même
augmentation de salaire qui avait été négociée avant dans les autres
industries, il restait des IC/I,
institutionnel, commercial, industriel, qui n'avaient pas signé, 70 000, à
peu près, travailleurs. Ce qu'on avait
dit, à ce moment-là, on donnait la même augmentation de 2 % que ce qui
avait été négocié avant. Puis moi, je voulais donner des augmentations
qui avaient été négociées sur quatre ans. L'opposition a dit... On était
minoritaires, alors je devais quand même
négocier avec l'opposition sérieusement. Eux voulaient seulement une année,
j'avais proposé deux ans, ils avaient
des problèmes, on a dit : Un an. D'accord. Mais on a conservé le 2 %,
on a conservé les frais de déplacement indexés
aussi, aussi. Je vais y revenir. Et après ça on a donné un délai pour que les
négociations aboutissent. Et, tiens, les
négociations ont abouti, les négociations ont abouti à l'époque. Un an plus
tard, c'était réglé. Et après ça on a eu trois ans de paix sur les chantiers, de productivité. Ce sont des choses importantes. Alors, cette
fois-là, le minimum d'interventions, respect du droit de négociation, respect
du droit de grève, intervention minimale, puis on arrête là.
Qu'est-ce
qu'on nous propose aujourd'hui? Bien, écoutez, je regarde la loi qu'on a. Il y a évidemment
ce modèle d'essayer de coller un peu
à la négociation, il y a évidemment, dans les sections, là, faire rentrer les gens au
travail à partir du 31 mai 2017, ça
va, puis là il y a qu'est-ce qu'une association, qu'est-ce qu'ils
peuvent faire, là, les conditions de travail. Là-dedans, on retrouve un
peu ce qu'on doit retrouver dans une loi de retour au travail.
Le problème commence quand le gouvernement
commence à se mêler de la négo. La médiation. Nous, à l'Assemblée nationale, on donne les conditions de la médiation. C'est
une chose. À la fin de la médiation... remarquez que la médiation, bien,
il y en a déjà de faite, hein, beaucoup. Le rapport des médiateurs, je suis
convaincue que la ministre du Travail l'a dans les mains. Le médiateur a
remis des rapports à la ministre. Alors, ce qui va arriver, c'est que le médiateur va reconvoquer tout le monde à la table puis il va essayer de les faire retravailler. Mais, comme le
disait tout à l'heure très justement
mon collègue, les points d'achoppement sont déjà connus, les points
d'achoppement sont déjà très clairs.
Ceci dit, il y a deux associations sur trois qui étaient déjà
presque prêtes à signer. Tout a bloqué quand on a entendu parler de loi
spéciale, évidemment, mais il y a déjà deux associations sur
trois que c'est presque prêt. Donc, ça, je souhaite que ça se règle
assez rapidement.
Mais, quand on va arriver dans l'autre, la
grande association des IC/I, l'ACQ... Entre l'ACQ et les syndicats, actuellement, c'est extrêmement difficile. Alors, on va refaire une médiation, le
médiateur va faire, comme il est usage, rapport au ministre, comme je le dis, la ministre
a déjà le rapport dans les mains, et tout ça, ensuite, va s'en aller — et c'est là la nouveauté — en
arbitrage.
Quels sont
les problèmes de l'arbitrage? D'abord, le ministre va déterminer le mode
d'arbitrage. Ça peut être un arbitre tout seul, ça peut être un conseil
d'arbitrage, c'est la ministre qui décide. Déjà, en partant, il y a une
décision unilatérale. Les parties doivent s'entendre, blablabla. Ensuite, il y
a l'article 23 :
«À la suite des recommandations
formulées par le médiateur suivant l'article 17 — dont on a parlé tout à l'heure — le ministre peut, dans les 15 jours de la transmission
de l'avis prévu à l'article 18, déterminer par arrêté ministériel :
«1° les matières
devant faire l'objet de l'arbitrage.»
Oh!
la ministre du Travail va décider des matières devant faire l'objet de
l'arbitrage entre deux privés. C'est là, là, qu'il commence à y avoir un
problème.
C'est
sûr qu'on peut n'y voir que du bien, en disant : Oui, bien, s'il y a une
des deux parties qui exagère, le ministre va pouvoir enlever ce qui est
exagéré.
On peut n'y voir que du mal aussi, c'est-à-dire qu'un ministre se mêle directement d'un différend dans l'industrie privée en les matières devant
faire l'objet d'un arbitrage. Ça ne dit pas que l'arbitrage devrait être fait à
partir des conclusions du médiateur. Il n'y
a pas de lien direct entre les conclusions du médiateur et l'arbitrage. Entre
les deux intervient le gouvernement.
Je
n'ai pas vu ça là-dedans. Je n'ai pas vu ça là-dedans. Ça, ça s'appelle
les lois du travail, petit livre rouge bien connu dans le monde du
travail. Je n'ai pas trouvé ça là-dedans. Je n'ai pas trouvé ça là-dedans.
Il y a
deux privés. Il y a un médiateur qui dit : Bon, les différends
sont ça, ça, ça, voici mes
recommandations. Déjà, si tu
disais : Le rapport du médiateur s'en va à l'arbitre puis que les
conclusions deviennent la base de travail de l'arbitre, tu as un peu moins l'impression d'interventionnisme aigu de
l'État. Mais, quand tu dis que, par arrêté ministériel, un ministre va
décréter les matières devant faire l'objet de l'arbitrage, tu te mets les
doigts dans le tordeur pas mal.
• (17 h 50) •
Deuxièmement,
la méthode d'arbitrage, le gouvernement va décider de la méthode d'arbitrage,
les matières, la méthode. Est-ce que
c'est clause par clause? Est-ce que c'est globalement? Ça peut être clause par
clause : Ah! celle-là est bonne, celle-là est bonne. Tu sais, l'arbitre
peut commencer à essayer de faire une espèce d'équilibre ou bien ça peut
être : le gouvernement peut décider,
bon, bien, prend la meilleure offre, qu'elle soit patronale ou syndicale, puis
c'est parti. C'est le gouvernement qui décide ça. Ce n'est pas
l'arbitre, là. Ce n'est pas l'arbitre, c'est le gouvernement.
Arrêt Saskatchewan,
le droit de négociation, le droit de grève, c'est aussi le fait que le pouvoir,
le droit de négociation doit s'exercer en toute
liberté, pas avec des influences indues comme celles d'un gouvernement qui se
met les deux mains dans la
négociation. Alors, non seulement le gouvernement, à l'article 23, va pouvoir
nommer les matières devant faire
l'objet de l'arbitrage... Ah! la conciliation de famille-travail, ce n'est pas
intéressant, on ne le met pas. Non, mais
évoquons le pire. Ah! les frais de déplacement, on ne le met pas. Les frais de
déplacement, là, je vais y revenir, mais c'est du monde ordinaire, des petits travailleurs qui se promènent à
travers le Québec pour gagner leur vie, faire le salaire de leur famille puis qui les assument puis qui
s'attendent normalement à les faire rembourser par le patron parce que c'est
pour l'entreprise qu'ils font ça.
Enfin,
les critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage pour fonder
sa décision. Ho! les critères. Dans l'arrêté ministériel, tu vas avoir
les matières devant faire l'objet de l'arbitrage. C'est le ministre, c'est le gouvernement qui a décidé qu'il allait dire ce qui
allait se régler par arbitrage ou pas — d'habitude, ça prenait le consensus des deux parties, hein, pour amener ça devant un
arbitre — ensuite,
la méthode d'arbitrage, quel type de solution va être choisi, puis, pire
que ça, on balise à l'arbitre les critères à partir desquels il va falloir
qu'il juge. On ne se fie pas à la compétence
des arbitres pour essayer de dénicher le meilleur équilibre possible à partir
d'un rapport de quelqu'un qui est compétent d'habitude qui s'appelle un
médiateur du ministère du Travail. Puis je peux vous dire une chose :
Quand le ministère du Travail envoie des médiateurs dans l'industrie de
la construction, il n'envoie pas des deux de pique. Il envoie les meilleurs au Québec. Parce que, oui, c'est important,
l'industrie de la construction, c'est quelque chose qui coûte cher. C'est quelque chose qui rapporte
beaucoup au Québec aussi, quand il y a une bonne productivité, quand c'est
bien assumé.
Donc là, on commence
à trouver que le gouvernement se mêle pas mal, pas mal, pas mal de l'industrie
de la construction. Il y a des gens qui
disent : C'est très, très, très bien que le gouvernement fasse peur,
intimide les industries et leur
dise : Aïe, là! Là, si vous ne cassez pas, là, si vous ne vous entendez
pas, là, vous allez avoir peur de nous autres. Je l'ai entendue, celle-là. Vous allez avoir peur
parce qu'on nomme un arbitre, puis vous ne savez même pas sur quoi vous
allez être arbitrés, vous ne savez même pas quels sont les critères, c'est nous
autres qui les décide. C'est vrai que ça peut
avoir un effet rébarbatif, peut-être, sauf que ça rend peut-être la loi
inconstitutionnelle. C'est ça, le problème. C'est parce que ce n'est pas
une négociation gouvernementale. Ce n'est pas une négociation du gouvernement
avec ses fonctionnaires. C'est une négociation entre des industries et des
travailleurs de la construction. C'est de privé à privé.
On
accepte en général des gouvernements, M. le Président, vous en avez vu, des
négos, vous, dans ce secteur-là, on accepte que le gouvernement
établisse le cadre du jeu, puis c'est important. Il faut qu'il y ait quelqu'un
qui soit au-dessus de tout ça, qui ait la
confiance de tout le monde. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui ait la confiance
de tout le monde qui intervienne et
qui dise : Voici les balises, voici les règles et puis, si vous ne vous
entendez pas là, on va faire ça, et tout. Mais quelqu'un qui dit : C'est moi qui vais dicter l'intérieur de
la négociation qui va vous être imposée pendant trois ans ensuite, trois
à quatre ans, là, on a un problème sérieux. Là, on a un problème sérieux.
Alors,
est-ce que la loi tiendra le coup devant les juges de la Cour suprême? Je ne le
sais pas, mais le diable le sait, le
bon Dieu s'en doute, comme disent les gens. Mais je dirais que moi, je suis
plus... C'est quoi? Non, le diable le sait, le bon Dieu s'en doute ou le
contraire, là. Enfin, je vais arrêter là.
Il
y a une chose dont je veux parler aussi. Je veux parler tantôt... Je vais quand
même conclure tantôt. Je dis : L'effet rébarbatif sur lequel mise le gouvernement, c'est la politique du pire.
On menace du pire, mais la politique du pire, c'est la pire des politiques. C'est la pire des politiques
parce qu'elle met en danger la loi même qui a été déposée aujourd'hui. Si ça
avait été une loi plus simple, plus claire, qui n'intervenait pas dans le
domaine de la négociation, probablement qu'on se serait entendus. Ou on
aurait chicané, mais on n'aurait pas vu le régime de négociation être perverti
à ce point-là. On n'aurait cet argument-là. Là, on a un problème.
L'autre,
les frais de déplacement. Dans la loi
qu'on avait déposée en 2013, qui avait été approuvée, cet article
avait été approuvé par les gens que
j'ai devant moi aujourd'hui. Je vais le lire, les conditions de travail, on avait le même genre d'article sur les conditions
de travail, mais on y ajoutait ceci : «La majoration prévue au deuxième
alinéa s'applique également aux frais de déplacement applicables.» La
majoration, c'est les taux de salaire. Les frais de déplacement, des employés qui sont obligés de se déplacer à travers
le Québec parce
que le patron les envoie ici, le
patron les envoie là, parce qu'il faut qu'ils aillent sur un chantier vérifier, qui
paient des hôtels, qui paient de l'essence, qui paient... Les frais de déplacement, tout le monde acceptait ça,
dans l'industrie de la construction, qu'ils étaient augmentés en même temps que les salaires. Cet article-là, j'ai été vérifié, a été adopté,
à l'époque, à l'unanimité, cet article-là, l'article 11, adopté,
adopté, adopté.
C'est parce que là ça n'existe pas dans la loi
qu'on nous présente actuellement. Dans la loi du gouvernement, il n'y a pas de mention des frais de déplacement.
J'ai hâte d'entendre la ministre. Pourquoi tout
à coup il y aurait ce recul sur les droits des travailleurs au Québec?
Pourquoi ce recul? Il y a sûrement des raisons. Est-ce que c'est une demande
patronale? Si c'est une demande patronale, elle vient de se mêler de la négociation.
Elle vient d'intervenir avant que la négociation se termine ou bien elle va
nous dire que ça va être dans la future négo dans laquelle c'est elle qui va décider... Enfin. Ça va être bien amusant pendant
l'étude article par article, mais je crains, je crains pour les travailleurs québécois.
Enfin, la
chose extrêmement importante, ceux et celles qui travaillent dans la
construction, entrepreneurs comme employés,
ceux et celles qui s'intéressent aux relations
de travail dans la construction
savent une chose fort importante : il n'y a pas de rétro, la rétroactivité,
la rétro.
Vous savez ce
que c'est, de la rétro? Il n'y a pas de rétro dans le monde de la construction.
La rétro, c'est quand le gouvernement, par exemple, négocie avec ses fonctionnaires qu'une entente
est terminée, une convention collective
est terminée, puis qu'on négocie pour la
signer. Si l'entente intervient six mois, un an plus tard, il y a
une rétro, c'est-à-dire que les gens vont avoir un chèque. Ils appellent
ça : J'ai reçu ma rétro. C'est-à-dire que la convention
collective, la nouvelle commence toujours à la journée de la fin de la dernière. Donc, si
tu finis par régler six mois ou un an plus tard, tu recules de six mois, ou d'un an plus tard, ou d'un an
avant, ça fait que ton monde reçoit la différence de salaire qui a
été négociée mais qu'ils n'ont pas perçue pendant ces mois-là. Ça
s'appelle une rétro.
• (18 heures) •
Il n'y en a pas dans l'industrie de la construction. Ça fait que, quand la convention
collective s'est terminée, je pense que
c'était le 30 avril, à partir de ce jour-là, les travailleurs n'ont pas eu d'augmentation de salaire, mais ce qui va être négocié ou ce qui va être imposé ne retourne pas au 30 avril. Là, ils
perdent un mois, ça va au mois de mai. Mais après, après, ce qui va être négocié ensuite va être
négocié d'ici au 30 octobre 2017. C'est ce que nous dit la loi. Elle invite les
parties à négocier d'ici le 30 octobre 2017.
S'il y a une convention
collective qui est signée, puis
mettons qu'on dit que ce n'est pas
1,8 % comme c'est offert dans la
loi actuellement, mais que c'est 2 %, 2,5 %, 2,1 %, j'ai
beaucoup entendu 2,1 %,
2,2 %, j'ai entendu parler de ça, j'ai entendu parler de 2 %, de
2,1 %, alors, si les travailleurs de la construction passent par la mécanique, jusqu'au 30 octobre
2017, de la médiation, ne s'entendent
pas, ça s'en va devant un arbitre,
je crois que c'est jusqu'au
30 avril 2018, puis que c'est signé, là, l'arbitre décide le 30
avril 2018, du 30 octobre 2017 au 30 avril 2018, il n'y a
pas de rétro. Puis, s'ils signent à 2 %, il n'y a pas de rétro non plus
jusqu'à la fin de la dernière convention
collective. Donc, ils vont perdre entre six mois et un an du salaire juste qui
aurait pu leur être appliqué si on les avait laissés terminer la
négociation de leurs conditions de travail puis si ça s'était réglé.
Nous autres,
quand on a signé, les gens, ils ont eu leur 2 %, leur 2,1 % dès la
semaine où ça a été signé. Dans les jours qui ont suivi le début de la
grève, ça s'est réglé, ça s'est signé. Mais le cadre qu'on a actuellement nous
amène à ce que des syndiqués, des
travailleurs de la construction, nos... moi, j'ai des beaux-frères dans la
construction, j'ai eu des frères un
bout, ils n'auront pas ça. Ils n'auront pas ça. Ça n'existe pas dans
l'industrie de la construction. C'est pour ça que c'était si important
aussi de laisser faire la négociation.
Alors, M. le
Président, ça montre un peu où j'en suis. Quand je lis cette loi-là, je suis
étonnée. On aurait pu faire plus
simplement, plus légalement, probablement plus constitutionnellement. On aurait
pu être plus respectueux et dans la négociation,
et de la négociation, et du droit de grève. Je vais donc, M. le Président, me
joindre à mes collègues et dire qu'il y
a des véritables problèmes avec cette loi qui, je le répète, nous ramène au bon
vieux proverbe : Parfois le mieux est l'ennemi mortel du bien.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de
Taschereau. Et je suis prêt à entendre le prochain ou la prochaine intervenante
ou intervenant. Alors, je cède la parole à M. le député de Richelieu pour son
intervention, en vous indiquant qu'il vous reste 12 min 44 s à
votre formation politique parce que ça incluait le temps qui n'a pas été
pris par le deuxième groupe parlementaire. À vous.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : D'accord. Merci, M. le Président. M. le
Président, je citais tout à l'heure les conséquences de ce conflit sur
l'économie québécoise, sur l'économie de ma région, de la vôtre, de nos
régions, et le leader adjoint du gouvernement
a voulu voir dans un élan d'enthousiasme, a voulu voir dans mon opposition, a
voulu voir dans ma démonstration une contradiction avec mon opposition à
la procédure d'exception à laquelle il nous soumet. Bien, la contradiction, M.
le Président, elle est dans sa cour à lui. Elle est dans la cour de ceux qui
pensent, comme lui, qu'on construit des
relations saines de travail à coup de loi spéciale, qu'il est productif de
faire peser au-dessus de la tête des interlocuteurs
à une table de négociation cette épée de Damoclès là. Ce n'est pas ainsi, M. le
Président, que l'on bâtit, dans un secteur d'activité névralgique pour le Québec, de saines
relations de travail. Ce n'est pas ainsi que l'on obtient des contrats
de travail intelligents, équilibrés et qui assurent le présent puis qui pavent
la voie à l'avenir.
Ce
projet de loi dont on nous impose de faire le tour à toute vapeur aujourd'hui, son principal défaut, c'est celui de
briser l'indispensable équilibre dans toute négociation entre employeurs et travailleurs.
Et ce n'est pas un hasard, M. le Président. Le gouvernement a cette propension, il aime cette dynamique. Il a
cette volonté de revoir le rapport de force
entre la partie syndicale et la partie patronale. On le sait parce qu'on y a déjà assisté. On le sait pour y avoir assisté dans un autre secteur, le secteur municipal, où le
gouvernement a bouleversé complètement le processus de négociation, amendant le Code du travail pour ça sans même que la ministre
n'assiste au charcutage. On ne compte plus les héritages de son passé
auxquels le Parti libéral tourne le dos. Le Code du travail en est un.
Le
projet de loi que le gouvernement veut nous voir adopter prévoit que le ministre — écoutez bien ça — puisse «déterminer par arrêté ministériel les matières devant faire l'objet de
l'arbitrage». Puis pas juste ça, même «les critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil
d'arbitrage pour fonder sa décision, tels — je vous donne quelques critères — la capacité
de payer des donneurs d'ouvrage, les conditions de travail et l'évolution des
taux de salaire de corps d'emploi comparables
au Québec et ailleurs au Canada». Deux critères parmi d'autres. C'est s'arroger
d'un pouvoir qui a pour effet de
biaiser l'exercice et c'est un retour en arrière incroyable qui n'est pas digne
d'un législateur sérieux. La ministre ne saisit pas, c'est clair, l'importance du Code du travail. Elle ne saisit
pas l'importance de ce code, qui, pourtant, est un héritage du
gouvernement libéral de Jean Lesage dont elle devrait s'enorgueillir, dont ses
fonctions en font la gardienne.
Il
faut que le Québec tout entier, M. le Président, prenne la mesure de ce qui se passe actuellement. Ce gouvernement, il s'apprête à rompre avec le progressisme de Jean Lesage pour nous
ramener, savez-vous où? Puis là on va
dire : Il exagère. Je vais vous faire la démonstration que ce n'est pas
vrai. Pour nous ramener à l'ère de Maurice Duplessis.
Des voix :
...
M. Rochon :
Écoutez ça. Non, écoutez ça. Loi sanctionnée le 10 mai 1945 sous le gouvernement
de Maurice Duplessis. Lecture de l'article :
«Lorsqu'une
corporation municipale ou une corporation scolaire est partie à un différend,
le conseil d'arbitrage doit tenir
compte, pour la décision du différend, de la situation financière de cette
corporation, de sa capacité de faire face aux obligations additionnelles qui peuvent résulter de la sentence et
des impôts qui grèvent déjà ses contribuables.» 1947, Maurice Duplessis.
On croirait lire le projet de loi spéciale.
Il
a fallu attendre les années 60 pour que soit adopté le Code du travail et que soient modernisées les relations
de travail par le gouvernement libéral de Jean Lesage. La ministre veut tourner la page
sur ce pan de l'histoire de son parti. Ce
n'est pas rien, M. le Président. Elle veut déchirer une partie du Code du travail et revenir en 1947. Le gouvernement s'évertue
à nous vendre l'idée qu'il agit en gouvernement responsable avec ce bâillon puis cette loi spéciale, que le critiquer est
irresponsable, qu'il est, ce gouvernement, du côté de l'économie, qu'il est son grand
promoteur, à l'économie, son grand
chien de garde. Mais la seule économie qu'épouse le gouvernement, la seule économie
dont fait la promotion le gouvernement, je vais vous dire c'est quelle économie,
c'est l'économie des efforts. Ne pas travailler en amont, réparer
vitement, grossièrement en amont, hein? En aval.
Croire
en l'économie, M. le
Président, c'est mettre la table pour
que tous les Québécois et toutes les Québécoises travaillent avec enthousiasme à la faire
fructifier, cette économie. On n'entend pas la ministre
convier les syndiqués de la construction
à ce chantier-là, on entend la ministre — moi, en tout cas, je l'ai entendue tantôt
faire ça — condamner
leur peu de talent pour la négociation. Hé! ça, c'est enthousiaste. Wow!
Ce
gouvernement, je ne sais pas si vous l'avez constaté, là, n'est jamais
responsable de rien. Jamais. Aussitôt que quelque chose ne tourne pas rond ou qu'on tourne en rond, c'est la faute
des autres. Il n'a rien à voir là-dedans quand ça va mal. En fait, il pousse
tellement loin cette attitude, M. le Président, que c'en est inquiétant.
Pensez-y, pensez-y, il arrive des
moments où, ne sachant pas quoi répondre, que faire, les ministres, par un
processus psychologique, là, qui m'échappe, semblent se transformer en députés d'opposition, faisant de nous le
gouvernement. Avez-vous remarqué ça? Ils font ça. Mécanisme de défense examiné de près, M. le
Président. Et c'est alors que, dans cette peau de députés de l'opposition
sortis de leur peau de ministre, ils
remontent en 2013, en 1994 et parfois même, je vous jure, c'est inquiétant, en
1976.
Je
suis inquiet, M. le Président, pour mes amis d'en face, mais je le suis encore
davantage pour les Québécois. Malgré
le dépôt de cette loi, M. le Président, on invite les deux parties à reprendre
les négos, à tout mettre en oeuvre pour en arriver à une entente parce qu'une entente négociée vaut toujours
mieux qu'une entente imposée, M. le Président. On déplore la stratégie
du gouvernement, qui n'a cessé de brandir la menace d'une loi spéciale depuis
le 12 mai dernier. Visiblement, cette
stratégie-là et les interventions réactives plutôt que proactives de la
ministre n'ont pas favorisé l'atteinte d'ententes
négociées. C'est irréfutable. Même les négociations des secteurs résidentiel et
génie civil, voirie, qui étaient, je la
cite, à un saut de puce de conclure des ententes, ont échoué. En 2013 — on réfère à ça, là, vous savez, dans le
processus, là, psychologique dont
j'ai parlé tantôt, là, ils nous parlent de 2013 — bien, en 2013, deux secteurs avaient conclu
des ententes avant le dépôt de la loi
spéciale, plus de 90 000 travailleurs rentraient au travail avec des
conventions collectives négociées.
• (18 h 10) •
L'industrie
de la construction au Québec, oui, j'ai dit que c'était important. C'est si
important qu'il faut tout faire pour
éviter que de pareils conflits n'éclatent. 12 % du PIB, des investissements de 46 milliards
de dollars par année, un emploi sur 20, plus de 6 milliards de dollars en masse salariale. Or, savez-vous quoi? L'activité
dans la construction est en baisse
depuis l'arrivée du gouvernement
libéral, diminution de 9 % des
heures travaillées depuis qu'ils sont là. L'activité dans la
construction a subi un recul en 2016 : 141,1 millions d'heures travaillées, baisse de 1,6 %, performance
faisant suite à trois années consécutives de baisse.
Ce
gouvernement, M. le Président, je vous le dis, croyez-moi, ce n'est pas...
c'est bien loin d'être le gouvernement de
l'économie. C'est le gouvernement de l'économie des efforts. Et, parce qu'il a
économisé ses efforts, nous avons été convoqués
à cette séance spéciale, à l'Assemblée nationale, pour l'adoption de cette loi
spéciale. Ça, c'est un autre échec libéral
dont se souviendront les Québécoises et les Québécois. Et je ne m'en réjouis
surtout pas, de cet échec. J'espère que
ce gouvernement saura se resaisir et être à la hauteur de ses promesses de
grand acteur, de grand promoteur de l'économie, pas de l'économie des efforts, de la véritable économie, celle qui va
faire progresser toutes les régions du Québec, des régions qui ont été lamentablement sacrifiées par
les amis d'en face. Pas que sacrifiées, d'ailleurs, qui ont subi les pires
agressions jamais perpétrées contre elles
par un gouvernement québécois. Je l'ai souvent dit, c'est important qu'on s'en
rappelle, cette disparition, cette
destruction de nos outils de développement locaux et régionaux. On va s'en
souvenir, M. le Président. C'est une
triste journée pour le Québec, comme il y en a trop depuis que sont au pouvoir
les libéraux du premier ministre actuel.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Richelieu.
Et, si je comprends bien, cette dernière intervention me
permet de dire ceci : Ça met fin au débat sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans
l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends pour le
renouvellement des conventions collectives.
Je mets donc aux voix la motion de Mme la ministre
responsable du Travail proposant l'adoption du principe du projet de loi
n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives. Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Tanguay :
On demanderait, M. le Président, un vote par appel nominal.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, le
vote par appel nominal étant appelé, que l'on appelle les députés. Les
travaux sont suspendus temporairement.
(Suspension de la séance à
18 h 16)
(Reprise à 18 h 23)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Donc, s'il
vous plaît, là, pour celles et ceux
qui se joignent à nous, là, je mets donc
aux voix la motion de Mme la ministre responsable du Travail proposant l'adoption du
principe du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux
dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends pour
le renouvellement des conventions collectives.
Mise aux voix
Celles et ceux qui
sont d'accord avec cette motion, veuillez vous lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Blais (Charlesbourg), M. Coiteux (Nelligan), Mme David
(Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois (Soulanges),
M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel (Viau), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette
(Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke), M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette),
M. Carrière (Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Auger (Champlain), Mme Vallières
(Richmond), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau),
M. Bolduc (Mégantic), M. Matte (Portneuf), M. Boucher (Ungava), M. Fortin
(Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Bonnardel (Granby), M. Caire
(La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville),
Mme Samson (Iberville), M. Laframboise (Blainville), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien
se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon
(Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles),
Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel
(Rimouski), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois),
Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Gaudreault (Jonquière), M. Bourcier
(Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget),
M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Ouellet (Vachon).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas. M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 73
Contre : 23
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée. En
conséquence, le principe du projet de loi
n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le
renouvellement des conventions collectives, est adopté.
Alors, conformément à la procédure législative
d'exception prévue aux articles 257.1 et suivants, je suspends les travaux durant quelques instants afin de permettre
à l'Assemblée de se constituer en commission plénière pour l'étude détaillée du projet
de loi. Alors, les travaux sont suspendus quelques instants.
(Suspension
de la séance à 18 h 27)
(Reprise à
18 h 37)
Commission plénière
M.
Gendron
(président de la commission plénière) : Alors, si
vous le permettez, pour celles et ceux qui se joignent
à nous — vous autres, vous le savez — on est réunis en commission plénière pour
procéder à l'étude détaillée du
projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie
de la construction ainsi que le règlement des différends pour le
renouvellement des conventions collectives.
Je vous rappelle que l'étude détaillée
en commission plénière est d'une durée de cinq heures, tel que prévu au deuxième paragraphe de l'article 267.1 du
règlement. Dans le cadre de ce débat, 17 min 30 s sont réservées
aux députés indépendants. La
présidence répartira cette enveloppe de temps parmi ceux qui auront signifié
vouloir participer au débat, sous réserve d'un maximum, selon le nombre
de députés qui se seront manifestés, de cinq minutes chacun pour les députés de Groulx et de Vachon et de
10 minutes pour les deux députés de Québec solidaire. Enfin, je rappelle
aux députés indépendants qui souhaitent intervenir au cours du débat
qu'ils ont 10 minutes, à partir de maintenant, pour aviser la présidence.
Nous
prenons donc en considération l'article 1 du projet, mais il est
possible...
Une
voix : ...
Le
Président (M. Gendron) : Oui, des remarques préliminaires au début
et...
Une
voix : ...
Le
Président (M. Gendron) : Ce ne sera pas long. Habituellement, on y va
dans l'ordre. Alors, est-ce que, Mme la ministre, vous avez des remarques
préliminaires à faire?
Mme
Vien : Quelques-unes, quelques-unes.
Le
Président (M. Gendron) : Vous en avez? Alors, à vous, Mme la ministre
du Travail, pour vos remarques préliminaires dès maintenant.
Remarques préliminaires
Mme Dominique Vien
Mme
Vien : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, permettez-moi de
souhaiter un bon début de soirée aux collègues des oppositions, mais aussi des
gens qui m'accompagnent et des députés ministériels.
On est ici pourquoi, finalement, M. le Président? On est ici parce qu'on doit
mettre fin à un conflit de travail qui est en train de causer un préjudice
social et économique important au Québec. Alors, vous savez que la période de négociation pour les travailleurs de la
construction s'échelonnait du mois d'octobre 2016 jusqu'à la fin avril 2017,
donc correspondait à la fin des conventions collectives dans le domaine de la
construction — quatre
conventions, en fait — et qu'effectivement tout le monde s'en
est bien rendu compte, on n'en est pas arrivé à une entente négociée.
Il faut bien spécifier ici qu'il s'agit d'une négociation
qui est de nature privée, qui est dans un cadre privé. Alors, le gouvernement
n'est pas partie à la négociation, le gouvernement n'est pas engagé dans le
contenu de la négociation, mais il est un facilitateur, il est quelqu'un qui met en place des
conditions gagnantes pour les parties. Le ministère le fait dans le domaine de la construction, mais il le
fait aussi pour tout conflit de travail qui a cours ou qui a eu cours au Québec
par des services de médiation et des services de conciliation.
• (18 h 40) •
Il n'y a pas eu d'entente, M. le Président. Il peut y avoir
toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons, mais il y a une chose que moi, je sais, c'est qu'on n'a pas
utilisé tout le temps de négociation. Ça, c'est important de le mentionner,
de le répéter et de le comprendre, du mois d'octobre jusqu'au mois de février — la
mi-février, si ma mémoire est bonne — il n'y a pas eu de négociation. La négociation
a débuté en février et n'a pas donné les résultats escomptés. Ça, c'est une
première chose.
La deuxième
chose, c'est que je n'ai pas attendu au mois de février, mars ou avril pour
agir. Avant même le début de
la période de négociation, j'ai envoyé une missive, j'ai rencontré des
gens, j'ai pris du temps pour leur parler, et ce, tout au long de la période de
négociation. 11 rencontres au total, une lettre envoyée
à toutes les parties, et ça n'a pas fait nécessairement bouger les négociations comme nous l'aurions souhaité.
58 rencontres de médiation et de conciliation, M. le Président, ce
n'est pas rien non plus, là.
Alors, ce que
je peux affirmer ici aujourd'hui, c'est que nous, de notre côté, on
a fait le maximum de ce qu'il était possible
de faire. Et aujourd'hui force est de constater, avec 45 millions de pertes par jour — c'est
2 millions par heure pour chaque jour de conflit — on
n'a pas le choix, M. le Président, il faut agir puis il faut prendre des
décisions. Et la décision que nous avons
prise, c'est de déposer une loi d'exception, une procédure d'exception qui va
permettre quoi? Qui va permettre d'abord
de mettre fin au conflit de travail, ensuite d'allouer une augmentation salariale de 1,8 % aux
travailleurs, de mettre en place une période
supplémentaire de médiation. Pourquoi? Parce qu'on pense que c'est encore
le meilleur moyen pour en arriver à une entente. On donne une deuxième chance
aux parties de s'asseoir ensemble à nouveau,
de parlementer et d'en arriver à un accord, à une entente négociée. On pense
que c'est encore possible, M. le Président, on pense que c'est encore
possible.
Mais, si d'aventure, après cette période allouée
de cinq mois, il n'y avait pas d'entente, nous prévoyons une période d'arbitrage. Et là, bien, M. le Président,
un arbitre, il y a une nébuleuse autour de ça, hein, on ne sait pas comment
ça va se terminer, on ne sait pas comment ça
va se finir. Tout ça pour dire qu'il sera toujours plus payant... Et, je l'ai
dit à moult reprises aux associations
patronales et syndicales, il est toujours plus payant d'en arriver à une
entente négociée que de confier nos
dossiers à un arbitre. Tout le monde comprend ça, tout le monde comprend ça.
Alors, à eux maintenant de saisir cette chance qui leur est donnée de se
revoir, de se parler, et de se comprendre, et d'en arriver à une entente
négociée.
M. le
Président, actuellement, au moment où on se parle, avec les pertes occasionnées
par la grève, là, c'est des travailleurs qui n'ont pas de paie, c'est
des familles qui n'ont pas de sous qui rentrent à la maison. C'est des gens qui
accuseront des retards dans la livraison de
leur première maison, peut-être. Vous savez que c'est souvent l'investissement
d'une vie, ça, l'achat d'une maison, une maison neuve.
Les municipalités — on est tous des
députés de circonscription, moi, j'en ai 30, municipalités, dans mon comté — elles ont toutes des projets. Le ministre
des Transports est avec nous aujourd'hui, il le sait, l'impact, il le connaît,
il s'en fait parler, des impacts sur les routes du Québec. On n'a qu'à penser
au mégaprojet Turcot. Les fournisseurs, les quincailliers
dans nos comtés, je ne sais pas pour vous, mais, moi, quand je les ai croisés
en fin de semaine, là, ça n'allait pas
bien, les affaires. L'argent ne rentre pas, la caisse ne sonne pas, la caisse
ne sonne pas, c'est des employés dont on n'a pas besoin, etc. C'est un
effet domino.
La construction,
c'est 46 milliards de dollars en retombées économiques au Québec. Ce n'est
pas que les travailleurs de la
construction qui sont touchés ni les 25 000 entreprises qui
embauchent ces 175 000 personnes, c'est tentaculaire, c'est satellitaire, c'est à la grandeur du Québec
et ça touche de multiples secteurs. C'est 12 % du PIB aussi, le domaine
de la construction.
Je ne veux pas
être trop longue, mais je veux qu'on comprenne bien les raisons pour lesquelles
on est ici aujourd'hui. Donc, cinq mois où on n'a pas négocié,
11 rencontres que j'ai tenues avec les associations patronales et syndicales, un cabinet qui était en lien
pratiquement quotidiennement avec les associations pour essayer de dénouer les
enjeux et 58 rencontres de médiation et
de conciliation, pas d'entente, on en est là aujourd'hui, M. le Président, puis
on agit pour les travailleurs, et on agit pour les Québécois. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Gendron) : Mme la ministre, je vous remercie de vos
remarques préliminaires et je cède la parole
au porte-parole de l'opposition officielle pour le même item. C'est-à-dire s'il
a des remarques préliminaires, c'est le moment de les faire. À vous, M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : M. le Président, je répète à nouveau, les Québécois sont
des gens qui aiment les compromis, qui aiment les ententes négociées. Et
ceux qui gravitent... ou dépendent de l'industrie de la construction, comme le
disait Mme la ministre, ont subi beaucoup de
pertes, il y en a beaucoup. Du côté du Parti québécois et de la population, on
a espéré, dans un ultime effort — même si on est rendu à l'adoption du projet
de loi n° 142 — jusqu'à
la dernière minute, on a espéré un
ultime effort de négociation. On a pu entendre les travailleurs cet après-midi
autour de l'Assemblée nationale, on a pu sentir leurs espoirs et leur
désespoir aussi.
Je me dois quand même de souligner à nouveau le
manque de leadership du gouvernement et de la ministre dans ce dossier. Le
11 mai, la ministre a rencontré des travailleurs. Le 12 mai, on a eu
une menace de loi spéciale par M. le premier ministre. Le 16 mai, on a rencontré la partie
patronale, silence radio. Le 23 mai, menace de loi spéciale à nouveau par la ministre elle-même. Le 24 mai,
il a été demandé par le Parti québécois la nomination d'un médiateur pour
dénouer l'impasse. Le 25 mai, il ne s'était rien passé. Le 26 mai,
une action de la ministre du Travail, les médiateurs convoquent les parties en
après-midi. Le 28, impasse dans la négociation.
Alors,
écoutez, on dit toujours le manque de leadership de Mme la ministre, qui aurait
dû convoquer les parties plus les
médiateurs, les conciliateurs. Elle a été réactive plutôt que proactive dans
cette histoire. On était à des lieux d'une entente, les deux parties ne
se parlaient plus. Alors, c'était une grande déception pour les Québécois.
En 2013, on l'a
souligné à plusieurs reprises — on m'a dit que je n'étais pas là, je
n'étais pas député à ce moment-là, mais j'ai quand même un historique — le
Parti québécois avait réussi à signer plus de 98 000 travailleurs dans le secteur résidentiel au niveau des travaux
publics. On avait conclu des ententes, on avait aussi prévu un an pour continuer
les pourparlers, qui se sont avérés fructueux.
Dans
ce projet de loi qui est déposé, on ne veut pas d'un règlement imposé dans son
état actuel, avec ses défauts majeurs.
On ne veut pas que la loi favorise ni une ni l'autre des parties. Je pense que
les Québécois en ont assez et ont assez souffert de tous les
inconvénients de cette grève dans la construction.
On connaît la teneur
du projet de loi spéciale. Alors, le Parti québécois est pour un retour au
travail des salariés, mais pas à n'importe quelle condition. Il faut le
modifier, ce projet de loi spéciale, car il n'est pas acceptable dans son état actuel. M. le Président, le Parti
québécois, je le répète, a toujours été le parti des travailleurs, des salariés
de tout le Québec, de la justice sociale et de la paix sociale.
Je
veux dire aussi qu'en tant que responsable du dossier du travail je réitère à
nouveau, je vous le répète, que ce projet de loi là n'est pas juste.
C'est une preuve de l'échec du gouvernement, qui ne renvoie pas l'ACQ et l'alliance
à leur obligation de négocier librement.
• (18 h 50) •
Après
une période de médiation imposée jusqu'en octobre de cette année, je souligne
le fait que la ministre du Travail peut, si elle le désire, déterminer,
après ces négociations entre les parties, les points devant passer devant un arbitre qu'elle pourrait possiblement elle-même
désigner. Le gouvernement se donne le droit de dicter à l'arbitre les sujets
d'arbitrage. Donc, Mme la ministre décidera ce qui est bon ou pas pour
l'arbitre. Elle pourrait même, si elle le voulait, prôner le statu quo pour quatre ans, tout
dépendant de son jugement. Je le répète, il me tourne le dos, mais c'est comme
si le ministre de la Santé lui-même
avait écrit une partie de ce projet de loi, ça s'est passé comme ça depuis les
trois dernières années.
C'est
connu, le gouvernement du Québec est le principal donneur d'ouvrage dans
l'industrie de la construction. La
ministre jugera donc de l'importance des litiges selon les critères dictés par
son propre gouvernement, elle sera juge et partie. Nous sommes en possible
situation de conflit d'intérêts dans cette histoire d'arbitrage, M. le
Président. Également, la ministre du Travail aura le loisir ou l'odieux
de déterminer les critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage qu'elle pourra avoir choisi elle-même
pour fonder chacune des décisions concernant la capacité de payer les donneurs d'ouvrage, les conditions de travail,
l'évolution des taux de salaire de corps d'emploi comparables au Québec et
au Canada, le maintien du pouvoir d'achat des travailleurs de la
construction — d'ailleurs,
ça va être très difficile à déterminer — et l'équilibre entre besoin de flexibilité
d'organisation du travail et les contraintes des horaires variables.
Je l'affirme ici, si
ce projet de loi est adopté dans son intégralité, on met la table à de
possibles recours en injonction pour le bloquer de la part d'une ou l'autre des
parties prenantes dans la négociation.
Je termine en disant
que le Parti québécois, pour l'instant, estime que, dans une partie de ce projet
de loi, le Parti libéral se plonge les deux mains dans le Code du travail, et, pour nous, il y a un danger réel. Ce projet de loi spéciale ne vient rien régler. Nous nous engageons, comme
nous l'avons toujours fait, à défendre les injustices, si infimes
soient-elles. On le fera aussi longtemps
que possible durant toute la soirée. Oui, les salariés de la construction se
doivent de rentrer au travail, et
nous nous occuperons que cette loi soit juste pour toutes les parties. Les Québécois
aiment ça quand on a des compromis.
Ils n'aiment pas ça, la chicane. J'espère que cette grève, qui a eu des effets
ou des dommages collatéraux un peu
partout au Québec, on l'oubliera rapidement par les bons effets
que le Parti québécois pourra avoir avec les amendements
qu'on pourra proposer à ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Gendron) : M. le député de Saint-Jérôme, merci pour vos remarques préliminaires. Je
donne la parole à M. le député des Chutes-de-la-Chaudière pour ses remarques
préliminaires si c'est le cas. Vous
voulez en faire?
M. Picard :
Oui.
Le Président (M.
Gendron) : À vous.
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Permettez-moi, tout d'abord, de saluer les collègues parlementaires qui ont participé et qui
participeront ce soir à cet important exercice pour l'étude du projet de loi. D'entrée de jeu, nous tenons
à offrir notre collaboration habituelle et nous souhaitons une collaboration
réciproque de la part du gouvernement. Nous
nous retrouvons ici aujourd'hui, après cinq jours de grève, afin de dénouer
l'impasse qui paralyse le domaine de la construction. Nous faisons face à un
conflit qui touche plus de 170 000 personnes. On le sait tous, la construction
est un secteur d'activité névralgique pour
l'économie québécoise, ce sont plusieurs millions de dollars qui ont déjà été
perdus. Tous s'entendent pour dire
qu'une grève n'est pas souhaitable dans le domaine de la construction.
Cependant, nous ne croyons pas qu'une loi spéciale est la réponse aux
problèmes récurrents vécus dans ce domaine.
Le gouvernement aurait dû agir bien
avant, et je m'explique. Il y a eu une loi spéciale en 2013, vous avez été là
en 2014, il y avait un espace de temps pour
asseoir les différentes parties, pour trouver... Je pense qu'il y a une
ouverture aussi dans les différentes
parties, là. J'ai rencontré les différentes parties dans les derniers jours, et
il y aurait une ouverture peut-être à
trouver. Mais la voie de passage n'est pas simple non plus à trouver, il faut
être honnête aussi, dans tout ça. Donc,
le gouvernement aurait dû agir bien avant pour dénouer l'impasse, afin d'éviter
d'avoir recours à une loi spéciale. La
ministre du Travail soutient qu'elle veut laisser la place aux parties pour
négocier, mais, pour ce faire, elle a dû présenter une loi spéciale. Les
parties doivent pouvoir en arriver elles-mêmes à une entente. C'est comme cela
qu'on signe un contrat, en négociant les conditions qu'on y retrouve.
Le
projet de loi n'est pas parfait, on va essayer de le bonifier ce soir. Nous
avons eu l'occasion de discuter avec les deux parties, et certains
aménagements dans le projet de loi sont envisageables. C'est pour cette raison
que nous souhaitons proposer certains
amendements, afin d'obtenir l'adhésion de toutes les parties impliquées. Nous
pensons qu'il est important d'avoir un maximum d'adhésion afin de
favoriser la suite des négociations. Cela aurait pour impact d'apporter une
meilleure collaboration de tous pour la suite des choses.
Force
est de constater que le mécanisme actuel de négociation dans le secteur de
la construction ne fonctionne plus et
doit être revu. La situation que nous vivons aujourd'hui doit servir de
tremplin pour amorcer une réflexion plus large de la négociation dans le secteur de la construction. Nous souhaitons donc que le gouvernement entende ce que nous proposons et saisisse la main tendue. En ce
sens. M. le Président, j'offre toute ma collaboration et je suis disposé à
travailler avec le gouvernement pour apporter les améliorations nécessaires au projet
de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Gendron) : Je vous remercie, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière,
de vos remarques préliminaires. Et je donne la parole maintenant à Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
qui a sollicité son droit de parole, comme c'est requis. Alors, à vous pour vos
remarques préliminaires.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bonsoir, tout le monde. Alors, vous
comprendrez que, lorsqu'on a 10 minutes dans un débat de cinq heures, on va tout l'utiliser puis on va essayer
de tout mettre dedans. Et après ça, bien, on verra les débats... comment
pourront s'orchestrer avec les gens qui auront des droits de parole.
D'une part, bon, je
pense que je l'ai mentionné à l'étude du principe, la ministre était là, il y a
de grandes préoccupations, puisqu'on parle
ici d'un droit constitutionnel qui est le droit de négocier de bonne foi,
d'avoir le temps d'y arriver et la
menace de la loi spéciale, qui crée des déséquilibres dans le rapport de force
nécessaire pour avoir une négociation juste et équitable. Et, dans ce
sens-là, je pense qu'on a à voir collectivement comment l'utilisation d'une loi spéciale — on a à le reconnaître aussi — vient déséquilibrer le rapport de force
entre les travailleurs, travailleuses et entre, globalement, le
patronat.
Mais j'ai tout dit
ça, alors je ne m'y reprendrai pas. Je trouvais ça important de le renommer
parce qu'il y a quelques éléments qu'il me
semble... Et mes collègues y travailleront, je n'en doute point, mais il y a
quelques éléments que je voulais
porter à votre attention et que je déposerais peut-être même à cette étape-ci
comme amendements, puisque je n'aurai pas d'autre temps dans le débat
pour le faire. Bon.
Premièrement,
je dirais que, si on regarde à l'article 12, c'est fascinant de voir que,
dans le deuxième alinéa, on dit que...
une certaine forme de rétroactivité jusqu'au 31 mai, alors que la
convention est terminée depuis le 30 avril. Alors, nous, on proposerait, dans ce deuxième alinéa là,
de remplacer le 31 mai pour le 1er mai, puisque c'est à ce moment-là
que les travailleurs, travailleuses de la construction se sont retrouvés
sans convention.
Je
le sais bien, je ne vous demande pas de modifier la loi n° 20, ce n'est
pas ça. C'est que minimalement, ça, on pourra
le faire dans un second temps lorsqu'on s'assoira ensemble pour essayer de
réfléchir comment on va faire en sorte de
ne pas se retrouver dans cette situation-là encore dans quatre ans. Mais,
minimalement, de remplacer le 31 mai pour le 1er mai me
semblerait rendre justice aux gens qui ne sont pas arrivés à leur objectif de
négociation.
• (19 heures) •
Et, bien sûr, on
parle du 1,8 %. Bien, nous, on va vous proposer de le monter à 2 %.
Et probablement que les travailleurs,
travailleuses y allaient un petit peu plus que 2 %, 1,8 % est en deçà
de la dernière offre patronale. Alors, je me dis : Bon, puisqu'on utilise une loi spéciale, on n'est
minimalement pas obligés d'aller en dessous de la dernière offre
patronale, là, qui était dite «offre finale». Puisqu'on a créé un déséquilibre
de négociation, ça serait intéressant de reconnaître aux travailleurs,
travailleuses qu'on a joué dans ce déséquilibre-là.
Deuxième
élément, c'est à l'article 13, en fait toute la question du médiateur
nommé par le ministre, etc. Nous, on
se dit, à l'alinéa deux, qu'il serait intéressant... Bon, je ne pense pas qu'on
soit capables de faire changer cette idée que le médiateur soit nommé
par la ministre, mais on se disait, minimalement, qu'il réponde à un certain
nombre de conditions, hein? Le médiateur
doit jouir, bien sûr, de la confiance des deux parties, sinon on va tourner en
rond pour le temps que vous avez déterminé dans votre projet de loi. Le
médiateur doit, bien sûr, jouir d'une expérience reconnue en relations de travail, mais ça, je suis
convaincue que la ministre a ça aussi dans ses préoccupations. Pourquoi ne pas
l'écrire? Et finalement ce qui n'est pas la
moindre des choses dans un rapport de confiance, c'est que le médiateur ne doit
pas être ou avoir été employé, dirigeant,
représentant ou membre d'une association d'employeurs ou du gouvernement
au cours des sept années précédant sa
nomination. Vous allez dire : Ah! on sait bien, Québec solidaire sont des
pelleteux de nuages, hein? On entend ça régulièrement. Eh bien non,
c'est ce que vous avez mis — et
on s'y est grandement inspirés — dans votre autre loi spéciale qui a forcé le
retour au travail de l'association des notaires et des juristes de l'État
québécois. Alors, pourquoi ne pas, puisque
ça viendra de la ministre, encadrer... Bien, je vous ai dit, moi, je n'aurai
pas le temps d'en rediscuter. Je mets ça entre les mains des gens qui
auront plus de temps parce qu'on ne l'aura pas.
Un autre élément... puis
mon collègue en a parlé tantôt, on le sait, le problème est récurrent, il y a
un certain nombre d'éléments que nous devons
agir en amont si on ne veut pas que ça se reproduise. Alors, pourquoi ne pas,
dans les dispositions finales,
intégrer carrément un article qui dit : Bien, on va mettre sur pied, on
s'engage déjà à mettre sur pied un
comité consultatif? On vous propose une composition : trois membres nommés
par l'alliance syndicale, un membre de l'Association de la construction,
un membre de l'Association des professionnels de la construction, etc. Mais
vous comprenez le principe, c'est le plus
important. C'est-à-dire qu'on le sait que ça ne va pas bien. Les parties sont
tannées aussi que ça n'aille pas bien, elles sont tannées de se faire gérer par
loi spéciale. Alors, pourquoi ne pas tout simplement reconnaître ça et
l'inscrire même au niveau des dispositions finales?
Je
reviendrais sur une autre dimension s'il me reste encore un peu de temps, M. le
Président. Dites-moi pas que vous
avez oublié de prendre mon temps, je ne peux pas croire. L'article 23 du
projet de loi, en fait, on dit que la ministre détermine l'arbitre,
alors... bien, «déterminer par arrêté ministériel». Nous, on propose de
remplacer cet article-là par quelque chose
de... on va tout vous revenir avec ça au moment du dépôt, à la suite des
recommandations formulées par le médiateur,
hein? On va créer un lien, suivant l'article 17 : «...l'arbitre ou le
conseil d'arbitrage détermine — oups! là, ce n'est plus un arrêté
ministériel qui détermine — les
matières devant faire l'objet de l'arbitrage», les méthodes d'arbitrage. Ça nous apparaît... Je pense que ça a
été soulevé à quelques moments durant les remarques préliminaires, mais
surtout durant le débat sur le principe, cette importance de distinguer, de
permettre à l'arbitre de décider par lui-même,
comme c'est le cas dans plusieurs autres négos, de décider par lui-même quelles
sont les matières qui devraient faire objet d'arbitrage et les méthodes,
et non pas... On ne croit pas que c'est par un arrêté ministériel qu'on devrait
permettre, donc, au gouvernement de déterminer ces choses-là, puisqu'à quelque part c'est le plus grand
donneur d'ouvrage. C'est sûr qu'on ne peut pas faire fi de tout ça.
Je
terminerais par deux éléments importants, et c'est peut-être pour la suite des
choses, puisqu'on a choisi de ne pas le faire avant aujourd'hui, donc on
se retrouve devant cette loi spéciale là. C'est toute la question de la
rétroactivité.
Il y a quelque chose d'injuste face à l'ensemble des travailleurs, travailleuses ici, au Québec,
et que je suis certaine que personne
ici n'accepterait dans un contrat de travail, c'est-à-dire que ça donne trop
de levier à l'employeur. L'employeur a
le gros bout du bat pour rester assis sur ses mains, si je reprends
l'expression que quelqu'un a utilisée plus tôt dans le débat. Et donc cette
rétroactivité-là, qui est de droit aux autres travailleurs, travailleuses, les
gens de la construction ne l'ont pas.
C'est malheureux. La loi R-20 est
venue inscrire quelque chose d'injuste par rapport... et là on parle notamment
à 175 000 travailleurs,
travailleuses. Je pense que ça n'a pas lieu d'être, je pense que ça crée un
rapport inéquitable de force entre la
partie patronale et les travailleurs, travailleuses, les gens de la classe
populaire qui se lèvent tous les matins pour aller travailler, et je
pense qu'il va falloir régler ça, d'où l'idée du comité.
Et bien sûr,
et on le sait, la loi antibriseurs de grève, cette loi qui a fait la fierté du
Québec pendant plusieurs années, maintenant on a l'impression qu'on est
gêné, qu'on est gêné quand ce droit constitutionnel à la grève... quand ce
droit-là, pour toutes sortes de raisons,
n'est pas respecté, puisque la loi des briseurs de grève ne couvre pas les gens
de la construction. Je pense que, là,
il y a aussi, par rapport aux autres travailleurs et travailleuses... Et je
pense à la même chose pour les gens ici, que c'est inacceptable.
Alors donc,
M. le Président, je vous dépose, avec consentement, les amendements que je vous
ai fait part. Et je compte sur vous pour en discuter.
Amendements déposés
Le Président (M. Gendron) : Je vous
remercie, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt des
amendements qu'elle propose? Il y a consentement pour les recevoir. Alors, ces
amendements-là sont déposés, bien sûr, sur le regard de la recevabilité, puis
après ça on verra la suite des choses.
Toujours sur
les remarques préliminaires, je cède maintenant la parole à M. le député de
René-Lévesque, qui veut nous faire des remarques préliminaires. À vous,
M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, la grande question, c'est : Pourquoi aujourd'hui on
est rendu à adopter une loi spéciale?
Cinq jours de grève, cinq jours seulement, et déjà là on brandit le chaos
social, la grande déchirure, les grands combats à l'intérieur même du
consommateur québécois, qui ne peut plus se rendre à la quincaillerie puisqu'il n'y a pas de matériaux, ou du moins les
travaux routiers qui sont retardés. Et là je ne veux pas m'inscrire en faux,
là, mais, si les gens chialent sur les
qualités des travaux aujourd'hui, ce n'est pas parce que les gens sont en
grève, c'est parce que la façon dont c'est programmé, la façon dont c'est
priorisé, ça ne satisfait pas les citoyens. Donc, si on est aujourd'hui en train de parler d'une loi spéciale,
j'espère qu'on ne parle pas du fait que les travaux sont retardés, puisque
les travailleurs et les travailleuses revendiquent ce qui est légitime, c'est-à-dire
leur droit de faire la grève.
Alors, moi,
je ne vois pas de chaos social et je pense qu'il aurait pu y avoir encore de
l'espace, M. le Président, pour
négocier. Malheureusement, on a forcé cet espace-là en disant :
Écoutez, si vous ne négociez pas, il risque d'y avoir une loi spéciale, et rapidement
il y a eu une loi spéciale. C'est-à-dire que, si vous ne vous entendez pas, il y aura
dépôt de loi spéciale. Alors, on a forcé la négociation, puis on voit
que ça n'a rien donné, puisqu'on est en loi spéciale.
Et, dans le projet de loi en question — et
d'ailleurs on aura des discussions intéressantes là-dessus — on
vient créer un mécanisme, M. le Président, qui va nous emmener à créer un
monstre qui — on
va se dire les vraies choses — n'intéressera pas personne. Le mécanisme
d'arbitrage tel que dessiné, tel que manipulé ou orchestré par la ministre, parce qu'elle aura le pouvoir de décider
qu'est-ce qui sera à l'intérieur ou pas, ça ne plaira absolument à personne.
Donc, ce qu'on en conçoit, c'est que la finalité et que
le mécanisme sont tellement inappropriés que la volonté du gouvernement, c'est
de forcer les parties à la négociation. Donc, ça fait deux fois qu'on tente de
forcer les parties à la négociation, alors que les parties, tout ce qu'elles
ont besoin, c'est de l'espace, et là on ne leur en donne pas.
Alors, M. le Président, nous allons assurément
avoir des amendements pour donner encore plus d'espace à la médiation, plus
d'espace à la négociation, mais surtout plus d'espace au travail et à la
légitimité d'un arbitre ou d'un conseil
d'arbitrage, et c'est là le travail fondamental qui doit être fait dans cette
loi spéciale, puisqu'on l'avait vu par le passé, puis Mme la ministre n'était pas du
projet de loi n° 110, puisque c'était à
l'intérieur des Affaires municipales
que nous l'avions traité, et donc on est venu jouer dans les Affaires
municipales, dans le Code du travail, et on est venu moduler une nouvelle façon de faire de l'arbitrage du différend, et on a
fait apparaître un mandataire spécial aussi dans certains cas, mais on
est venu aussi baliser certains critères pour créer le contexte de la décision
de la partie qui aura à rendre les
décisions, dans certains cas le conseil des différends ou le mandataire
spécial. Alors, on retrouve ça encore
une fois ici, des conditions, un contexte que l'arbitre devra avoir en tête
avant de rendre des comptes. Alors, on se demande pourquoi. Pourquoi décider ce
sur quoi l'arbitre devra se pencher? Son travail, c'est d'évaluer
l'option a et l'option b. Et, dans
le projet de loi en question, on vient de dire : Entre l'évaluation de l'option a et l'option b, ça serait important que
vous ayez c en tête.
• (19 h 10) •
Alors, je ne
vois pas en quoi ces dispositions améliorent le droit du travail. Je ne vois pas
en quoi ces dispositions amènent
les parties à voir l'ensemble des mécanismes devant eux comme étant des
mécanismes qui amènent à une entente raisonnée.
Alors, pour nous, ce projet de loi, il est mal ficelé. Il aurait pu donner d'autres résultats,
mais la façon dont il est présenté et son moment de présentation sont, à
notre avis, inappropriés.
Alors, M. le Président, M. le nouveau Président,
nous aurons assurément des amendements et des discussions à tenir avec la ministre pour comprendre ce qu'il y a
derrière, parce que c'est peut-être ça, là, le problème, c'est peut-être mon interprétation, et pour
comprendre surtout l'article 19, qui permet à la ministre de choisir le
mode d'arbitrage, et l'article 23, qui permet de choisir qu'est-ce qui sera inclus ou pas dans l'arbitrage
et les critères à examiner. Alors, on veut
comprendre la nécessité, la justesse, mais surtout pourquoi on en est arrivés à mettre ça comme étant une épée de Damoclès pour amener les gens à s'entendre. Parce que
c'est ça, le but. Les gens ont juste à s'entendre pour retourner au travail. Et, après les rencontres que nous avons
eues avec les différents groupes, je pense qu'il restait encore de l'espace.
Mais c'est sûr que, lorsqu'on leur dit une
date de fin et que, si la date de fin est périmée, il y aura
une loi spéciale, vous avez
rapidement compris que ce n'est pas tout le monde qui a la même intensité et le même désir d'aller en négociation.
Alors, je
m'arrête ici, M. le Président, je ne voudrais pas prendre tout le temps que nous avons sur les cinq heures qui nous sont allouées. On
aimerait assurément avoir de judicieux débats sur les amendements, et prendre
le temps d'analyser, et permettre à la ministre
mais aussi aux autres partis et aux collègues du gouvernement d'améliorer ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de René-Lévesque, pour ces remarques
préliminaires.
Étude détaillée
Nous allons maintenant passer à l'étape de l'étude du projet
de loi article par article, et, Mme la ministre, nous allons donc prendre en considération
l'article 1. Auriez-vous cette gentillesse de nous lire l'article et puis
de nous, peut-être, donner quelques explications, et on ouvrira les
échanges.
Mme Vien : Avec grand
plaisir. Alors, l'article 1 de la loi :
«La présente
loi a pour objet d'assurer la reprise des travaux dans les secteurs visés par
la Loi sur les relations du travail,
la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie
de la construction — évidemment,
c'est la R-20.
«Elle vise
également à assurer le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives liant les associations sectorielles d'employeurs
et les associations représentatives visées par cette loi.»
Alors, cet
article décrit l'objet de la loi, soit de mettre fin aux grèves en cours et
d'assurer la reprise des travaux dans
les secteurs visés par la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction, communément appelée R-20, et la loi vise également à assurer le
règlement des différends pour le renouvellement des conventions collectives.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la
ministre. Questions, commentaires? Allons du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. M. le Président, je vais essayer, à chaque fois, de me
placer dans la peau des travailleurs, de la partie patronale, mais surtout de ceux qui nous écoutent pour qu'ils
comprennent bien les questions et surtout le projet de loi sur lequel on
va se pencher ce soir.
Alors, pour
l'article 1, je voudrais demander à Mme la ministre de quelle manière
l'arrêt Saskatchewan a influencé la
rédaction du projet de loi n° 142... Bien là, il n'est pas écrit dans le
haut de la page, là, c'est écrit «projet de loi n°». Il n'est pas écrit là, mais je présume que c'est 142
pour toutes les pages. Alors, de quelle manière, donc, l'arrêt Saskatchewan
a-t-il influencé la rédaction du projet de loi n° 142?
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien, merci. Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, l'arrêt Saskatchewan, nous le
connaissons. Évidemment, comme
ministre du Travail, on est sensibilisé à la teneur de cet arrêt-là.
Maintenant, il faut comprendre que l'arrêt Saskatchewan vise une situation...
en fait, un dossier qui impliquait le public, ce qui n'est pas le cas ici.
Alors, je l'ai dit toute la journée, il s'agit ici d'un conflit, d'une
situation de nature privée.
Le Président (M. Ouimet) :
Très bien, merci. Autres questions? M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Je comprends que maintenant vous considérez que l'arrêt
Saskatchewan ne s'appliquerait pas ici, n'aurait pas de rapport avec le
projet de loi qui est élaboré devant nous.
Mme Vien :
Nous, on fait le pari que les intérêts supérieurs du Québec doivent être en
priorité ici. C'est ce que nous
faisons avec ce projet de loi n° 142. On fait le pari, effectivement,
qu'il n'enfreint aucune loi, et, à cet égard, nous ne pensons pas que
l'arrêt Saskatchewan soit un frein à l'adoption de ce projet de loi.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien.
M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : C'est bien. Merci.
Le
Président (M. Ouimet) : Ça
va? D'autres questions ou commentaires de la part des autres collègues? Ça va
pour l'article 1?
Alors, je mets aux voix l'article 1. Est-ce
que l'article 1 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté
sur division. L'article 2, maintenant. Mme la ministre.
Mme Vien : «La présente loi s'applique aux employeurs, aux
salariés, aux associations et aux travaux dans le secteur institutionnel et commercial, le secteur
industriel, le secteur résidentiel et le secteur génie civil et voirie visés
par la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction.
«À moins que le contexte n'indique un sens
différent, les définitions prévues aux articles 1 et 1.1 de cette loi — donc
R-20 — s'appliquent
à la présente loi.»
Cet article
décrit le champ d'application de la loi en référant aux employeurs, aux
salariés, aux associations et aux
secteurs visés par R-20. Aussi, la loi précise que les mots et expressions qui
y sont utilisés doivent recevoir la même interprétation que leur donne la R-20 lorsqu'ils y sont définis. C'est
notamment le cas des expressions «secteur civil et voirie», «secteur industriel», «secteur institutionnel et commercial» et «secteur résidentiel», qui sont respectivement
définies aux paragraphes v à y du premier alinéa de
l'article 1 de la loi R-20.
Le
Président (M. Ouimet) : Merci, Mme la ministre. Questions ou commentaires de la part de M. le député de Saint-Jérôme?
M.
Bourcier : Oui. À nouveau,
pour les gens qui nous écoutent, qui n'ont peut-être pas accès ou qui ne
savent pas peut-être
tous les termes, tout ça, alors on nous parle des employeurs, on parle des
salariés. Alors, qui sont ces groupes? Qui sont-ils? Est-ce qu'on peut
donner des exemples pour les gens qui sont actuellement à l'écoute?
Le Président (M. Ouimet) : Très bien.
Mme la ministre.
Mme Vien : Bien, écoutez, si on se réfère au Code du travail... pardon, à
la loi R-20, qui se retrouve dans le code rouge, évidemment, ce sont tous les employeurs qui emploient les
salariés, ce sont les associations de salariés du domaine de la
construction, les associations patronales, les associations syndicales et les
travaux qui sont reliés au domaine de la construction, visés par les secteurs
identifiés. On parle institutionnel, commercial. Institutionnel, bien, ce sont
les hôpitaux, ce sont les écoles, etc. Le
commercial, je n'ai pas besoin de faire de dessin. Le secteur industriel, même
chose, secteur résidentiel. Et le
secteur génie civil et voirie, ce sont les grands travaux que l'on voit et que
l'on constate à l'extérieur.
Alors, essentiellement, c'est un article de
précision, de concordance.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Merci, Mme la ministre. D'autres questions, d'autres commentaires de la
part d'autres parlementaires? Ça va pour l'article 2?
Alors, je vais mettre aux voix l'article 2.
Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté
sur division. L'article 3, maintenant. Mme la ministre.
Mme Vien : «Un salarié doit,
à compter du 31 mai 2017, se présenter au travail conformément à son
horaire habituel et aux autres conditions de travail qui lui sont applicables.»
Alors, cet
article prévoit l'obligation des salariés de retourner au travail à compter du
mercredi 31 mai 2017, donc après-demain,
selon leur horaire habituel de travail et les autres conditions qui
s'appliquent à eux, comme par exemple
on peut identifier des conditions qui sont
reliées, par exemple, à un port de
casque de sécurité, des lunettes, etc., des vêtements de travail
appropriés.
Le Président (M. Ouimet) :
Questions, commentaires? M. le député de Saint-Jérôme.
• (19 h 20) •
<16773>16773 M. Bourcier : M. le Président, toujours pour les gens qui nous écoutent, pourquoi la date
du 31 mai? Vous pouvez élaborer,
expliquer pourquoi cette date-là? Ça aurait pu être le 1er juin, on
filerait peut-être pour le 2. Alors, pourquoi le 31, mais pas
demain, là?
Mme Vien : Bien, écoutez, oui, c'est
ça, j'ai entendu votre patron aujourd'hui nous demander d'aller promptement, assez rondement puis le plus vite. Et, si on dépose une loi d'exception,
une loi spéciale, c'est parce qu'on ne veut pas retarder, là, c'est assez clair. Le 31, pourquoi pas demain? C'est tout simplement parce que nous ne savons pas à quelle heure nous allons finir, et par délicatesse et
déférence, diligence pour les travailleurs, mais aussi — vous allez le voir plus loin — pour
les associations qui doivent prévenir leurs membres que la grève
est terminée et qu'ils doivent rentrer au travail, ils doivent avoir suffisamment de temps pour les
aviser puis les plateformes nécessaires pour le faire aussi. Alors, le 31 s'inscrit
dans cette logique-là. Mais aller au-delà de ça, là, les gens n'auraient pas
compris.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien.
Merci. M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Mme la ministre, est-ce qu'on tient compte effectivement des... Là, on va
la voter cette nuit, et donc ça va rentrer au travail pour le 31, mais est-ce qu'on tient compte des déplacements au Québec au complet? Je veux dire, il y a des travailleurs qui ne sont pas directement sur les chantiers
dans le Nord-du-Québec. Est-ce
qu'il y aura des modalités qui font que, pour ce qui est du transport, exemple,
là, je pense au chantier de La Romaine, de la Minganie, des
gens qui ne sont pas nécessairement de Havre-Saint-Pierre, mais qui y travaillent présentement, le fait de s'y rendre, est-ce que...
Parce que je vois les dispositions qu'on
voit par la suite, là, qui vont interdire à une association, à ses dirigeants
de déclarer une grève. Bon, il y a
des dispositions pour éviter le ralentissement de travail, mais est-ce qu'il y
a des dispositions qui vont tenir
compte du fait que les gens ne pourraient pas, à cause des limites terrestres,
physiques de transport pour s'y rendre?
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien :
Je vous dirais qu'il s'agit ici d'une question de gros bon sens et de droit de
gérance de l'employeur. C'est la
réponse que j'ai envie de vous donner. D'autre part, il faut fixer une date.
C'est 45 millions par jour, là, qu'on perd, alors il faut fixer une date. Il faut que les gens rentrent au
travail. Déjà, ils le savent aujourd'hui, là, hein? On est à l'heure de
l'Internet, on est à l'heure de l'information continue. Tout le monde au
Québec, ou à peu près, sait que le retour au travail, c'est le 31 mai puis
c'est après-demain.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci. M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Je ne remets pas
en question la date du 31, Mme la ministre, je veux juste être certain qu'il
n'y ait pas un travailleur, puisqu'il ne peut pas se rendre, pour des
raisons qui sont hors de son contrôle, au travail le 31 mai... Est-ce qu'il y aura des dispositions... Vous me
dites que c'est le gros bon sens, là, mais, tu sais, pour ne pas que la chicane
pogne : Je n'ai pas pu me présenter...
Parce que je vois qu'il n'y a pas de... Il y a des dispositions pour empêcher
les gens de ne pas rentrer, de faire
du ralentissement de travail. Il y a plein de dispositions dans le cas d'éviter
la grève. Puis là vous dites aux
associations : Assurez-vous de donner l'information. Je suis bien
conscient de ça, mais il n'y aura pas de dispositions... Il n'y aurait pas lieu de mettre des dispositions qui
toucheraient effectivement le fait qu'un travailleur qui a la volonté de s'y
rendre, mais qui ne peut pas s'y rendre pour des conditions de force majeure,
ne soit pas blâmé pour ça ou réprimandé pour ça?
Le Président (M. Ouimet) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Vien :
Je comprends votre point de vue. Je comprends votre préoccupation. Je la partage
aussi, mais il n'y a pas... Dans
n'importe quelle autre situation, même en dehors d'une grève, quelqu'un
pourrait ne pas pouvoir se rendre au travail pour différentes raisons,
pour des causes majeures, puis je pense que l'employeur pourrait être en mesure
de comprendre. En fait, on l'espère, là. Ce
qui est dit ici, c'est que quelqu'un serait à blâmer, je le dis entre
guillemets, si effectivement il
faisait partie, par exemple, d'une action concertée pour ne pas se présenter au
travail, ou pour ralentir un chantier,
ou refuser de donner sa prestation de travail, là. Ce n'est pas là-dedans qu'on
est. Ce que vous soulevez, ce n'est pas là-dedans du tout
qu'on est. C'est un droit de gérance, puis
ce serait dans une situation domestique où, là, la situation pourrait se
régler. Mais on ne réglera pas ça ici, là.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre.
D'autres questions ou d'autres commentaires?
Sinon, je vais mettre
aux voix l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 4, maintenant. Mme la
ministre, à vous la parole.
Mme
Vien : «Un salarié
doit, à compter du 31 mai 2017 et à son heure habituelle d'entrée au travail,
accomplir tous les devoirs attachés à ses fonctions, conformément aux
conditions de travail qui lui sont applicables, sans arrêt, ralentissement,
diminution ou altération de ses activités normales.
«Il ne peut refuser,
comme partie à une action concertée, de fournir ses services à un employeur.»
Alors,
c'est des moyens de pression qui ne sont pas permis, qui pourraient affecter le
rendement de l'employé. Donc, c'est
de se rendre au travail et de donner la prestation de travail pour laquelle il
est payé et pour laquelle il est attendu au travail le 31 mai 2017.
Le Président (M. Ouimet) : Merci. Alors, questions, commentaires sur l'article 4? M.
le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui, tout à fait. On mentionne dans l'article 4 que «conformément aux conditions de
travail qui lui sont applicables,
sans arrêt, ralentissement, diminution ou altération de ses activités
normales», mais qui va juger de ça? Je
suis un peu d'avance, mais je veux vous l'entendre dire, Mme la ministre. Alors, qui va juger de ça et quelles seront les conséquences si
ces situations-là se produisent?
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien : Alors, c'est la
Commission de la construction du
Québec, à qui nous allons confier la responsabilité de l'application de cette loi-ci que nous avons entre les mains.
Et c'est toujours aussi le droit de gérance, donc, de l'employeur,
qui peut constater effectivement qu'il y a ralentissement, diminution ou altération de la
prestation de travail et qui peut en informer la CCQ.
Mais
il y a des pénalités aussi. La deuxième partie de votre question,
c'était celle-là. Il y a des pénalités qui sont prévues au projet
de loi n° 142.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Saint-Jérôme, je sais que vous
êtes en consultation avec votre adjointe.
M. Bourcier :
On discute toujours pédagogie, M. le Président.
Le Président (M.
Ouimet) : Vous connaissant, je le sais.
M.
Bourcier : Et je sais que la CCQ doit être très, très consciente de
cette grande responsabilité. Est-ce qu'elle a les moyens humains et techniques
d'assurer que tout se passe bien sur tous les chantiers de construction par
rapport à cet article-là de la loi?
Mme Vien :
Oui.
M. Bourcier :
Ça a le mérite d'être simple. Merci, M. le Président.
Mme Vien :
Et clair. Oui. La réponse, c'est oui.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Saint-Jérôme. Y a-t-il d'autres questions ou commentaires concernant
l'article 4?
Je vais mettre aux
voix l'article 4. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 5, maintenant. Mme la
ministre.
Mme Vien : «Il est interdit à
une association représentative, à ses dirigeants et à ses représentants de
déclarer une grève, de la poursuivre ou de
participer à toute forme d'action concertée qui implique une contravention à
l'article 3 ou [encore] à l'article 4 par des salariés qu'elle
représente.»
Alors, cet article vise les
associations de salariés qui ont le pouvoir de déclencher une grève et leur
interdit la grève ou toute autre forme d'action concertée qui empêche le
travail des salariés ou encore lui nuit.
>857 Le Président (M. Ouimet) : Merci. Questions, commentaires? M. le
député de René-Lévesque, ça va? M. le député
de René-Lévesque, questions, commentaires? Non?
M. Ouellet :
Non, ça va.
Le Président (M.
Ouimet) : Alors, je vais mettre aux voix l'article 5. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 6.
Mme Vien :
«Toute...»
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui, pardonnez-moi. «Toute association représentative doit prendre les moyens
appropriés pour amener les salariés qu'elle
représente à se conformer aux articles 3 et 4 et à ne pas contrevenir aux
articles 10 et 11 — que nous verrons plus tard.»
Il s'agit d'une
disposition qui vise également les... Oh! excusez-moi, c'est vrai que ça
poursuit, j'ai mal...
«Elle
doit notamment, avant le retour au travail prévu le 31 mai 2017,
communiquer publiquement aux salariés qu'elle représente la teneur de la
présente loi et transmettre au ministre une attestation de cette
communication.»
Alors,
il s'agit d'une disposition qui vise
également les associations de salariés. Il leur est enjoint de prendre les
moyens appropriés afin que les salariés
respectent la loi. Elles doivent notamment faire connaître la loi à leurs
salariés.
Le Président (M. Ouimet) : Merci, Mme la ministre. Questions, commentaires?
M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. On dit que l'association doit prendre les moyens
appropriés pour amener les salariés qu'elle représente à se conformer aux articles 3 et 4. De quelle façon
va-t-on s'y prendre pour les salariés? Avez-vous des exemples à nous
donner, Mme la ministre, à ce sujet?
Le Président (M.
Ouimet) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Vien : On m'informe qu'en 2013 on avait informé... les
associations représentatives avaient informé leurs salariés, leurs membres via un communiqué.
Évidemment, M. le député de Saint-Jérôme, hein, on les connaît toutes, les
plateformes, Internet, etc., les sites
Internet des associations représentatives, etc., alors les moyens sont
illimités, là, pour faire connaître une décision.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. Autres
questions ou commentaires sur l'article 6?
M.
Bourcier : ...très content qu'on revienne sur 2013 pour l'efficacité
de la diffusion d'information. Alors, en espérant que ça soit aussi bon
en 2017.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Y a-t-il
d'autres questions ou commentaires?
Sinon, je vais mettre
aux voix l'article 6. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 7, maintenant. Mme la
ministre.
Mme Vien :
Alors, je prends la liberté de vous dire ici que c'est le pendant mais
employeur. Ça va?
«Un
employeur doit, à compter du retour au travail prévu des salariés le
31 mai 2017, prendre les moyens appropriés pour assurer la reprise
des travaux interrompus en raison de la grève.»
Donc,
cet article est le pendant de l'obligation faite aux salariés de reprendre le
travail. Il oblige les employeurs à rendre leurs chantiers accessibles
et opérationnels, de bien les accueillir, finalement.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci. Y a-t-il des questions, des commentaires? M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Si ce
n'était pas le cas, pour, toujours, les gens qui nous écoutent et les
travailleurs, les employeurs, quelles seraient les conséquences du
non-respect de l'article 7?
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
• (19 h 30) •
Mme
Vien : C'est toujours la CCQ, ici, qui a la responsabilité de
l'application de la loi. Donc, s'il y a quelque chose qui cloche, si les
associations remarquent que ou on n'a pas bien préparé le milieu de travail ou
les employés ne sont pas bien
informés, c'est toujours la CCQ qu'on doit informer. Et puis, M. le
député, c'est à l'article 33 où vous avez les amendes, les...
Pardon? Excusez-moi?
(Consultation)
Mme
Vien : 32 et... C'est
33, enfin, là où sont déclinées les amendes qu'encourt toute personne qui ne
respecte pas le principe de la loi.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : ...me comprendre.
Quand je pose ces questions-là, c'est toujours dans le but que les gens soient bien informés. Il y en a toujours
qui ont des questions, qui ont des appréhensions, des craintes, alors c'est
pour clarifier toute la situation, Mme la ministre, M. le Président.
Le Président (M.
Ouimet) : Et les parlementaires aussi. Nous écoutons très
attentivement, M. le député de Saint-Jérôme. Très bien. Alors, s'il n'y a pas
d'autre question, commentaire, je mets aux voix l'article 7. Est-ce que l'article 7
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 8. Mme la ministre.
Mme
Vien : «Il est
interdit à l'association d'employeurs ou à une association sectorielle
d'employeurs de déclarer un lock-out
ou de le poursuivre ou de participer à toute forme d'action concertée qui
empêche les salariés de se conformer aux prescriptions de
l'article 4.»
Cet article assure
aussi la reprise des travaux en interdisant un lock-out ou toute forme d'action
concertée empêchant la reprise des travaux.
Le Président (M. Ouimet) : Merci. Questions, commentaires, M. le député de Saint-Jérôme, René-Lévesque? Ça va? Je mets aux voix l'article 8.
Est-ce que l'article 8 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 9, maintenant. Mme la
ministre.
Mme
Vien : «L'association
d'employeurs et les associations sectorielles d'employeurs doivent prendre les
moyens appropriés pour amener les employeurs qu'elles représentent à se
conformer à l'article 7 et à ne pas contrevenir aux articles 10 et
11.
«Elles doivent
notamment, avant le retour au travail prévu le 31 mai 2017, communiquer
publiquement aux employeurs qu'elles
représentent la teneur de la présente loi et transmettre au ministre une
attestation de cette communication.»
Alors,
c'est, finalement, comme je le disais un peu plus tôt, le pendant de ce qui a été dit tout à l'heure pour le côté
syndical.
Le Président (M. Ouimet) : Y
a-t-il des questions, des commentaires? Il n'y en a pas. Alors, je mets aux voix l'article 9.
Est-ce que l'article 9 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 10, maintenant. Mme la
ministre.
Mme Vien : «Nul ne peut, par omission ou autrement, faire
obstacle ou nuire de quelque manière à la reprise des travaux de construction ou à l'exécution par les
salariés de leur prestation de travail relative à ces travaux, ni contribuer
directement ou indirectement à ralentir, à altérer ou à retarder l'exécution de
cette prestation.»
Il
s'agit ici d'une disposition générale qui s'adresse à toute personne. On
s'assure principalement de viser toute personne qui n'en serait pas déjà
visée par les dispositions précédentes de manière, encore une fois, à assurer la reprise des travaux.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des questions, des commentaires
relativement à l'article 10? S'il n'y en a pas, je mets aux voix l'article 10.
Est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 11, maintenant. Mme la
ministre.
Mme Vien :
«Nul ne peut entraver l'accès d'une personne à un chantier auquel elle a le
droit d'accéder pour y exercer ses fonctions.»
Il me semble que
c'est clair.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la ministre. Questions, commentaires relativement
à l'article 11? Je mets aux voix l'article 11. Est-ce que l'article 11
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 12, maintenant. Mme la
ministre.
Mme
Vien : «Malgré
l'article 47 de la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction — R-20 — les
conditions de travail, en vigueur le 30 avril 2017, contenues dans chaque convention
collective applicable au secteur institutionnel et commercial, au secteur
industriel, au secteur résidentiel et
au secteur génie civil et voirie, s'appliquent, compte tenu des adaptations
nécessaires, jusqu'à ce qu'une nouvelle convention collective la
remplaçant prenne effet;
«Toutefois,
les taux de salaire applicables aux salariés, en vigueur le 30 avril 2017,
sont majorés de 1,8 % à compter du 31 mai 2017.»
Alors,
cet article reconduit les conditions de travail
contenues dans les conventions
collectives expirées depuis la fin avril jusqu'à ce que de nouvelles conventions collectives prennent effet, sous réserve de la majoration des
taux de salaire applicables à compter de la reprise des travaux.
Le deuxième alinéa
prévoit la majoration salariale, justement, et en l'absence de rétroactivité
salariale dans la loi R-20, ce qui n'est pas
permis, la majoration permet d'assurer la protection du pouvoir d'achat
des salariés sans hausse salariale additionnelle au cours du processus
prévu par le projet de loi.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. Questions,
commentaires? Cette fois-ci, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Mme la ministre, sur quoi vous vous êtes basée pour en arriver à
1,8 %?
Le Président (M.
Ouimet) : Alors, sur l'augmentation de 1,8 %, comment vous êtes
arrivée à ce chiffre?
Mme Vien :
...30 secondes et quart?
Le Président (M.
Ouimet) : Absolument.
Mme
Vien : M. le Président, juste une question de procédure. Nous
aurions un amendement à déposer. La procédure, elle est que nous le
déposons au moment où nous faisons la lecture de l'article?
Le Président (M. Ouimet) : On fait la lecture et puis, lorsque vous nous
annoncez : Et j'aurais un amendement, là, vous faites la lecture de
l'amendement, et on étudie l'amendement en premier et puis, par la suite, on
revient à l'article, s'il est amendé, tel qu'amendé. S'il est rejeté, eh
bien, on revient à l'article sans l'amendement.
Mme Vien :
Nous donnez-vous 30 secondes, une petite suspension de deux, trois
secondes? Merci.
Le Président (M.
Ouimet) : Si les collègues veulent bien. Alors, je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 38)
(Reprise
à 19 h 40)
Le Président (M. Ouimet) : L'Assemblée reprend ses travaux, et donc, Mme la
ministre, à vous la parole. Vous
avez l'intention d'introduire un amendement, à ce moment-ci, à l'article 12,
c'est ça?
Mme Vien :
Tout à fait, M. le Président. Alors, ce que nous souhaiterions, c'est ajouter
un troisième alinéa à l'article 12.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien.
Mme Vien :
Est-ce que vous souhaitez que je vous le lise maintenant?
Le Président (M. Ouimet) : Si on pourrait nous transmettre copie des amendements
pour les distribuer le plus
rapidement possible aux parlementaires.
Mme Vien :
Bien sûr.
Le Président (M. Ouimet) : À la page 1. Voilà. Et, pendant la distribution, Mme la ministre, si vous pouviez nous lire l'amendement et l'exposer. Puis, par
la suite, on prendra le temps de bien lire l'amendement.
Mme Vien :
Parfait. Merci de votre patience. Premier alinéa, je l'ai lu, le deuxième, qui
parle du 1,8 %, puis j'enchaînerais avec ceci :
«De
plus, les parties peuvent en tout temps conclure une entente portant sur les
matières mentionnées à l'article 61.1 de la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, conformément aux troisième
et quatrième alinéas de l'article 44 de cette loi. L'article 48 de
cette loi s'applique comme s'il s'agissait
d'une modification à une convention collective en vigueur le 30 avril 2017
visée au premier alinéa du présent article.»
Le Président (M.
Ouimet) : Les explications maintenant, Mme la ministre.
Mme
Vien : Oui. Ce que je vous propose ici, c'est de permettre que,
si à la table du tronc commun... On va parler de la table du tronc
commun. Donc, vous savez qu'il y a quatre secteurs mais qu'il y a aussi des
sujets, des items qui touchent les quatre
secteurs. Et cette table du tronc commun existe réellement, elle touche des
dossiers, par exemple, sur la
sécurité syndicale, la représentation syndicale, la procédure de règlement des
griefs, l'exercice des recours à l'encontre des mesures disciplinaires,
le régime complémentaire d'avantages sociaux de base.
Donc,
ces matières-là, ce qu'on vient dire ici, si effectivement il y avait une
entente : Procédons rapidement, donc, pour la mettre en vigueur. Essentiellement, c'est ce que ça vient dire.
C'est en même temps aussi une demande qui provient du monde syndical, et
nous trouvions effectivement que c'était plein de bon sens.
Alors, pourquoi retarder ou d'inclure à
l'intérieur d'une entente qui risque
de venir... enfin c'est le souhait qu'on fait, qu'on formule, mais, si effectivement il y avait entente sur le tronc commun, permettons aux gens
de pouvoir l'appliquer immédiatement. Il n'y a pas d'enjeu ici, là.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, sur l'amendement... parce que
je retiens votre intervention un peu
plus tôt, M. le député de Saint-Jérôme.
M. le député de Saint-Jérôme...
Une voix :
...
Le Président (M. Ouimet) : Oui, mais vous aviez posé une question
sur le pourquoi du 1,8 %. J'y
reviendrai par la suite. On va
disposer de l'amendement dans un premier temps. Je ne vous oublie pas. M. le
député de René-Lévesque, sur l'amendement.
M. Ouellet : Oui, merci. Donc, si je comprends bien, Mme la ministre, ce que vous
nous dites, c'est que, bon, l'article 12 fixe les conditions de
salaire à 1,8 % à compter du 31 mai, et donc, à partir du
31 mai, si, dans le tronc commun, les
gens négocient et qu'il y a entente, elle pourrait rapidement l'inclure et être
aussi couverte à partir du 31 mai. C'est ça?
Mme
Vien : Exactement. Dans le premier alinéa, ce qu'on vient
dire : les éléments des conventions antérieures continuent de
s'appliquer à moins qu'il y ait entente.
La
deuxième des choses qu'on vient dire : en attendant qu'on en décide
autrement entre les parties, l'augmentation salariale est de 1,8 %. Et ce qu'on ajoute, c'est : Si effectivement, au tronc
commun, on en arrive à une entente, procédons et appliquons dès maintenant
ce qui est applicable, mais semblable aux quatre secteurs.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Puisque — puis
vous me corrigerez si j'ai tort, Mme
la ministre — les discussions qui sont dans le tronc commun n'étaient pas sujettes à la grève,
n'étaient pas sujettes aux moyens de pression et donc il y avait
toujours des discussions qui étaient pendantes et qui
pouvaient continuer... Donc, ce que vous nous dites, comme la loi spéciale suspend les procédures, et donc suspend le droit de grève, et force les
gens à être de retour au travail, malgré ça, ce qui est encore négocié
ou négociable dans le cadre du tronc commun peut venir s'intégrer dans le cadre
de la loi spéciale rapidement dès que c'est convenu. C'est ce que je comprends.
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme
Vien : À partir du
moment où ils en conviennent. À partir du moment où ils en conviennent et...
C'est ça, à partir du moment où ils
en conviennent. Et je vous rappelle que c'est une demande qui provient du monde
syndical, là. Et c'est un secteur,
normalement, le tronc commun, où les gens... c'est facilitant. Ce sont des
sujets sur lesquels on s'entend facilement
et on peut s'entendre rapidement. Alors, on avait envie d'y aller de façon
prompte si effectivement on arrivait à une entente sur ces
matières-là.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je comprends, Mme la ministre. Oui, je comprends, Mme la ministre, que vous nous dites que c'est une
demande syndicale, mais... C'est correct. Elle pourrait venir du domaine
patronal, puis j'aurais quand même aussi les mêmes questions pour être
certain de bien comprendre. C'est que, dans le fond, si vous n'aviez pas
introduit ces dispositions-là, si je crois
comprendre, c'est qu'il aurait fallu que tout le monde s'entende sur
l'ensemble, que ce soit sur le tronc commun et dans les différents
secteurs pour arriver à se sortir des obligations. Là, ce que vous nous
dites : S'il y a ententes du tronc
commun, on peut les appliquer, et le reste, les procédures, la médiation,
l'arbitrage peut suivre son cours. C'est ce que je comprends.
Mme Vien :
Vous avez complètement raison.
M. Ouellet :
Parfait. Merci.
Le Président (M. Ouimet) : Merci,
M. le député de René-Lévesque. Y a-t-il d'autres questions ou commentaires sur l'amendement déposé par la ministre? S'il n'y en a pas,
je vais mettre l'amendement aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté sur division. Maintenant,
nous avions la question de notre collègue et ami député de Saint-Jérôme
concernant le 1,8 % d'augmentation salariale, d'où vient ce chiffre.
Mme
Vien : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Le 1,8 % a été déterminé, je pourrais dire,
par étalonnage parce qu'on est allés voir un certain nombre de données
pour nous éclairer.
D'abord,
le taux d'inflation au Canada, l'an dernier, était de 1,52 %. On a regardé
également la hausse salariale prévue dans les conventions collectives
dans le secteur de la construction, mais ailleurs au Canada, et ça se chiffre à
2,1 %. On a regardé également la hausse
salariale prévue dans les conventions
collectives pour l'ensemble, en fait,
des salariés dans la province de Québec — vous
savez qu'on a toutes les conventions
collectives au bureau, au ministère du Travail — et ça correspond, grosso modo, à 1,9 %. Et
également on a regardé la hausse prévisionnelle du taux d'inflation qui a été déterminée par le ministère des Finances du Québec, qui oscille aux alentours de 2 %,
2,1 %. Alors, voilà comment on a été éclairés sur le choix du
1,8 %.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Est-ce que
ça répond à votre question, M. le
député de Saint-Jérôme?
M. Bourcier :
Oui. J'ai une autre question par rapport à ça.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Allez-y.
M. Bourcier :
Pour les travailleurs, les salariés, il était prévu que ce serait peut-être...
on parle de choses techniques, là, de
modalités d'application de cette hausse-là. Ça va être applicable dans 10 jours
sur leur paie ou est-ce que ça va être à compter vraiment du 31, les
gens... Donc, modalités d'application de tout ça, là.
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Si j'ai bien compris votre question, c'est effectif à partir du 31 mai 2017. Et
vous savez que ce n'est pas rétroactif, parce que la R-20 ne le permet
pas.
Et on a parlé effectivement à la
Commission de la construction du Québec, qui nous assure qu'elle aura toute la...
elle a tout ce qu'il faut. Elle n'est pas
inquiète sur le processus, là, pour commencer à calculer l'augmentation du
salaire à partir du 31 mai, après-demain.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. Merci, M. le député
de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Merci.
Le Président (M.
Ouimet) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, si je comprends bien, Mme la
ministre, vous vous êtes... bien,
vous et votre cabinet, et votre équipe, vous vous êtes penchés sur des
comparables un peu partout, selon ce que vous nous avez dit, mais en aucun cas ce 1,8 % n'est lié à quelconque
offre déposée par la partie patronale au syndical, il n'y a aucun lien relatif à ça.
Mme Vien :
Non.
M. Ouellet :
Non.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Autres questions? Ça va?
Alors, je vais mettre
aux voix l'article 12 tel qu'amendé. Est-ce que l'article 12, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. L'article 13, maintenant. Mme la
ministre.
Mme
Vien : Alors, l'article 13 : «Pour chacun des
secteurs mentionnés à l'article 2, le ministre nomme un médiateur
afin d'aider les parties à régler leur différend.»
Cet
article prévoit la nomination d'un médiateur du ministère du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale afin
de favoriser la conclusion d'une entente négociée. Alors, oui, ici, je pense
qu'on le dit un petit peu tard, mais il y aura un médiateur pour chacun
des secteurs et chacune des tables.
• (19 h 50) •
Le Président (M. Ouimet) : Merci, Mme la ministre. Questions, commentaires?
M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. M. le Président, quelle est l'intention de la
ministre? Va-t-on tenir compte des négociations qui étaient en cours avant le
dépôt de la loi spéciale? Est-ce une continuation des négociations, là? Je veux
être plus pédagogique encore.
Mme Vien :
Alors, non, ce sera une continuité.
M. Bourcier :
C'est une continuité, oui? Merci beaucoup.
Mme Vien :
Oui. On ne repartira pas de zéro, on ne fait pas tabula rasa.
M. Bourcier :
Merci. Très clair.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci, M. le député de Saint-Jérôme. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, tous les médiateurs déjà présents seront ceux et celles qui
continueront? C'est ça, quand vous dites,
là : Il n'y aura pas de coupure, c'est que ceux et celles qui étaient
présentement au dossier vont pouvoir continuer, à ce moment-là, et donc
on ne partira pas de zéro, quand vous dites : On ne fait pas table rase,
là?
Le Président (M. Ouimet) : Mme la ministre. Est-ce que ça s'applique
également pour les médiateurs? Je pense, c'est la question de notre
collègue.
Mme Vien :
Alors, pourriez-vous répéter votre question, s'il vous plaît?
M. Ouellet : Si je crois comprendre, dans votre réponse de tout à l'heure, les
médiateurs qui étaient déjà au dossier, parce qu'il y en a eu, ceux qui sont déjà au dossier, est-ce que c'est
eux autres qu'on va continuer... Quand vous dites que vous pouvez les nommer,
vous allez tout simplement les reconfirmer, ceux et celles qui étaient déjà
attitrés, c'est ce que je comprends?
Mme Vien : Oui. Au
moment où je vous parle — je n'avais pas compris votre question, je m'en excuse — au moment
où on se parle, il y a les conciliateurs qui sont au dossier, parce que ce sont
des conciliateurs qui sont au dossier. Le
niveau de confiance est élevé, des parties envers les conciliateurs, il n'y
avait pas d'ombrage à ce niveau-là, alors il pourrait effectivement arriver que ce soient les mêmes, à moins que les
parties... Là, il faut penser aussi que le ministère demeure en contact avec les parties, là, les gens
continuent à se parler. Et, s'il devait effectivement y avoir des réticences,
des demandes différentes, là, on va les
écouter, bien entendu, tout en ayant en tête que la médiation ou la
conciliation, mais la médiation dans le cas qui nous occupe ici doit se
poursuivre là où on était rendus. Ça va?
857 857 Le Président (M. Ouimet) :
Très bien. Merci. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Parce que vous êtes consciente, Mme la ministre, qu'en écrivant que, pour chacun des secteurs, la ministre nomme un médiateur afin d'aider... c'est
qu'il y avait une crainte à ce qu'on voie apparaître de
nouvelles... Je ne vous prête pas ces intentions-là, mais il y avait une
crainte, en vous disant que vous pouviez nommer un médiateur, qu'il y ait de
nouvelles personnes qui viennent s'intégrer dans le processus.
Là,
ce que vous nous dites, ceux et celles qui sont présentement là, qui
bénéficient de la confiance des deux parties, demeurent là, et donc on
garantit, dans le fond, une continuité au processus qui est déjà actuel. Est-ce
que je...
Mme
Vien : C'est
l'intention, c'est sûr, à moins qu'on nous dise : Nous, on n'a plus
confiance ou... La confiance, ça fait
partie d'un élément tellement important de la négociation, de la médiation
ou de la conciliation, là, il faut que la confiance soit là des deux
parties envers la personne dans le dossier.
857
857 Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci,
Mme la ministre. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : Merci, M. le Président. Je comprends des propos de la ministre
qu'elle souhaite que c'est les mêmes personnes. Ça va être les mêmes
personnes, à moins d'exception. C'est ce que je comprends, là, des propos.
Moi,
j'aurais peut-être un amendement à déposer, parce que, si jamais vous
devez nommer des nouvelles personnes, il
me semble que ça serait intéressant que ça soit après discussion avec les
parties. Peut-être que ça se fait dans la pratique, mais c'est seulement pour, je dirais,
sécuriser l'application de la loi. Je pourrais déposer un amendement,
M. le Président.
857 857 Le Président (M. Ouimet) :
Très bien.
M.
Picard : Je l'ai déjà
transmis au gouvernement cet après-midi. Donc, je vais le transmettre
pour... L'avez-vous reçu?
857 857 Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Auriez-vous peut-être, M. le
député des Chutes-de-la-Chaudière... On va venir
récupérer votre amendement, mais auriez-vous la gentillesse de le lire?
M. Picard :
Oui, M. le Président. C'est : Remplacer l'article 13 par le suivant :
«13.
Pour chacun des secteurs mentionnés à l'article 2, les parties nomment un
médiateur afin d'aider à régler leur différend.
«À défaut d'entente
sur le choix du médiateur par les parties, la ministre nomme le médiateur.»
Donc,
on dit : Il y a des discussions entre les différentes parties. S'il n'y a
pas entente, la ministre va avoir quand même le choix, mais c'est pour s'assurer de... C'est peut-être qu'est-ce
qui se fait en pratique, mais c'est peut-être pour... c'est plus pour officialiser la démarche, parce
que je crois que ça se fait déjà en pratique. En tout cas, il n'y a pas de...
J'ose espérer que la ministre va acquiescer à cette simple demande.
857 857 Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, juste une question. Est-ce que l'opposition officielle a reçu
copie de l'amendement? Non? Alors, on
va faire des photocopies. Je vais laisser aller la discussion et puis je vais
m'assurer que vous ayez la chance de prendre connaissance de
l'amendement avant de mettre aux voix l'amendement.
Mme la ministre, par
rapport à l'amendement proposé par notre collègue député des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Vien :
M. le Président, est-ce que c'est possible d'avoir une petite suspension?
857 857 Le
Président (M. Ouimet) :
Écoutez, du côté de l'opposition officielle, j'ai besoin d'un consentement.
Alors, on ne peut pas arrêter le
chrono, ça roule. Alors, ce qu'on va faire, il n'y a pas de suspension, on va
attendre votre réponse, et entre-temps, la caméra va se diriger sur
votre humble président.
(Consultation)
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre, je vais vous interrompre quelques
instants. Je vous proposerais ceci :
on pourrait suspendre l'étude de l'amendement et de l'article.
Passons à quelques articles, ce qui va permettre à la ministre et peut-être l'équipe qui l'entoure de se
faire une tête sur la pertinence, de son point de vue, de l'amendement
ou pas. Et puis, lorsque vous serez prêts, vous me reviendrez.
Alors, je vais suspendre l'étude de
l'article... c'était l'article 13 et l'amendement. Passons à
l'article 14, et nous reviendrons à l'article 13. Alors,
l'article 14. Mme la ministre.
• (20 heures) •
Mme Vien : Très bien.
Alors : «Les parties sont tenues d'assister à toute réunion à laquelle le
médiateur les convoque.»
Le
Président (M. Ouimet) : Questions,
commentaires de la part des parlementaires? M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Je sombre toujours
dans la pédagogie, M. le Président.
Alors, admettons, supposons qu'une des parties ne s'y présente pas ou
les deux, quelle serait la conséquence de tels actes de rébellion?
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien :
Écoutez, ils sont tenus de se présenter pour négocier. À un moment... Ils sont
tenus de se présenter pour négocier, pour assister à la médiation.
Le Président (M.
Ouimet) : D'autres commentaires?
Mme Vien :
Alors, ils sont tenus de négocier, bien sûr, de se présenter puis de négocier de
bonne foi. Un peu plus loin, sauf
erreur, si effectivement le médiateur, il se rend compte que ça ne marche pas,
là, il met fin à tout ça, là. Ça fait que
vous pouvez bien ne pas vous rendre aux réunions, là, mais, à un moment donné,
il va y avoir un prix à ça. Un prix, ça va être on arrête tout ça puis
on s'en va en arbitrage. J'ai raison?
Alors, il n'y
a pas de conséquence monétaire comme à l'article 33 ou des trucs comme ça,
là, mais la conséquence, tout le
monde la comprend bien. Si on se rend compte qu'on ne négocie pas et qu'on ne
négocie pas de bonne foi, on va passer à une autre étape.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Autres questions ou commentaires sur l'article 14? Oui, M. le député
de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Excusez-moi. Si je
comprends bien, les deux parties pourraient subir l'arbitrage si une des deux
ne collabore pas dans le processus de négociation.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien :
Bien oui. Pour négocier, il faut être deux; pour avoir une médiation, il faut
être trois. S'il en manque toujours un, bien, le constat se fait, M. le
député, là.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, M. le député de Saint-Jérôme. D'autres questions ou commentaires
sur l'article 14?
Sinon, je mets aux voix l'article 14.
Est-ce que l'article 14 est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté
sur division. L'article 15. Mme la ministre.
Mme Vien :
Alors, l'article 15 : «La médiation sur le renouvellement des
conventions collectives se termine au plus tard le 30 octobre 2017.
«Le médiateur met fin à la période de médiation
à la demande conjointe des parties d'un secteur qui désirent déférer leur
différend à l'arbitrage conformément aux dispositions de la section VI.»
Cette disposition prévoit une période de médiation se
terminant au plus tard le 30 octobre 2017. C'est le fameux cinq mois, messieurs, dont il a été question
aujourd'hui, là, dans les présentations que j'ai faites. Et, lorsque les
parties informent le médiateur qu'elles choisissent l'arbitrage, le
médiateur met fin à la période de médiation.
Alors, ce
qu'on vient dire ici, c'est qu'il y a toujours une latitude donnée aux deux
parties de décider que pour elles la
médiation ne convient plus et qu'elles souhaitent se rendre en arbitrage. Elles
auront toujours le loisir de le faire, et le médiateur devra obtempérer
et déférer la médiation à l'arbitrage.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Du côté de l'opposition officielle, je crois
sentir que vous auriez peut-être un amendement.
M. Bourcier : Oui, j'ai un
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député de Saint-Jérôme, je lis dans vos pensées.
M. Bourcier : Oui,
absolument, on communique parfaitement, vous et moi. Alors, est-ce qu'on
pourrait le distribuer avant que j'en fasse la lecture?
>857 Le Président (M. Ouimet) :
Je pense que c'est en train d'être fait. Je vous invite à lire votre amendement.
M.
Bourcier : Article 15.
Alors : Modifier l'article 15 du projet
de loi par le remplacement des mots «30 octobre 2017» par «30 décembre 2017».
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, quelques explications — je mets le chapeau du député de Saint-Jérôme — pour
la pédagogie. Pourquoi cette date?
M.
Bourcier : Oui. Alors, la
période, selon nous, la période de négociation, n'est pas assez longue étant donné ce qu'on a vu comme événements au cours des derniers mois. Alors, exemple,
si les parties n'ont pas négocié initialement à partir du 1er octobre, laissons-leur une deuxième chance. Donc, ce
qu'on voudrait, donc, c'est une période plus longue pour les négociations.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Réaction du côté de la ministre.
Mme
Vien : Je ne suis pas
d'accord avec votre proposition. Je ne suis pas d'accord avec votre proposition, parce que ce qu'on souhaite,
c'est qu'il y ait, bon, un cinq mois de médiation — ça
a le mérite d'être clair, en tout cas, M. le
député, je vous le dis comme je le pense — et ensuite ce qu'on a
voulu, c'est avoir six mois d'arbitrage pour faire en sorte qu'effectivement la
sentence arbitrale ou la décision de l'arbitre soit effective à la fin du mois
d'avril 2018. Ça va?
L'autre
chose, pour donner du temps pour négocier, là, je veux bien, là, mais ils ont
eu sept mois pour négocier. Je vous rappelle que les cinq premiers mois
n'ont pas été utilisés. C'est grave. Alors, on vient donner une deuxième
possibilité, mais nous, on pense que cinq mois, ils sont capables d'opérer à
l'intérieur de cette plage horaire là.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Vous pouvez comprendre notre optique, par contre, qui est encore de
laisser du temps pour la négociation. Je
pense qu'au niveau du Parti québécois c'est ce qu'on a toujours prôné. Leur
laisser plus de temps, c'est faire
preuve de sagesse, et, dans la précipitation, des fois, on peut avoir des
conséquences plus fâcheuses. Alors, c'est dans cette optique-là qu'on
voulait, nous, et qu'on veut toujours proposer notre amendement à l'article 15.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Mme la ministre, je vais aller du côté de...
Une voix :
...
Le Président (M. Ouimet) : Oui, mais avant, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière, vous souhaitiez intervenir sur l'amendement.
M.
Picard : Oui, juste un bref commentaire. J'ai de la difficulté
à comprendre la logique. Je comprends qu'on veut donner plus de temps, mais, en donnant plus de temps, comme Mme la
ministre l'indiquait, l'arbitrage va se terminer plus tard. Puis il faut se rappeler que, la rétroactivité, elle est
versée juste à la fin. Donc, je suis d'accord avec les propos... Non, c'est ça, je veux dire, il n'y a pas de
rétroactivité. Donc, si on retarde de deux mois, bien, il y a encore un deux
mois, entre guillemets, que les travailleurs vont être pénalisés. C'est
ce que je comprends.
Donc,
non, comme vous avez dit, là, ils ont déjà eu un bon délai pour discuter. Ils
n'en ont pas profité correctement, puis
je pense que... en tout cas, moi, je suis en accord avec les propos de la ministre
sur l'amendement, mais je ne veux pas
prolonger le débat. Tout simplement, je tenais à m'inscrire dans le débat, tout
simplement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci à vous, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière. Est-ce qu'il reste autre chose à ajouter, Mme la
ministre?
Mme Vien :
Non.
Le Président (M.
Ouimet) : Ça va, M. le député de Saint-Jérôme?
Mme Vien :
...est-ce que c'est comme ça que ça fonctionne? Non?
Le Président (M. Ouimet) :
Écoutez, on va laisser le député de Saint-Jérôme s'exprimer.
>16773 M.
Bourcier : On ne retarde pas la date de l'arbitrage, M. le Président,
et on n'intervient pas au niveau, peut-être, des dates, le processus
demeure quand même entier.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, d'autres questions, commentaires sur l'amendement proposé? M. le
député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : C'est juste que le
but, là, c'est qu'on laisse plus de place à la médiation, et donc à la négociation, et éviter l'arbitrage, mais la finalité, c'est que l'arbitrage se
termine au 30 avril 2018, tel qu'il est déjà prévu aujourd'hui. Et donc ce qu'on vous demande,
Mme la ministre, c'est de donner un espace-temps à la médiation,
parce que je pense que
tout le monde, ce qu'ils recherchent, c'est une entente
négociée, et on pense que la médiation est un moyen d'y arriver, et non pas l'arbitrage. Alors, ce qu'on vous
demande, c'est de reconsidérer le 30 octobre de date butoir et de la
ramener au 30 décembre. Et d'autant plus, Mme la ministre, c'est
que, là, les gens vont continuer à... ils vont recommencer à travailler, ils
vont être sur les chantiers, et là, tranquillement pas vite, on va tomber dans
la période d'automne.
Et donc on
pense qu'encore là on a un lieu propice, du 30 octobre au
30 décembre, à rassembler les parties, à trouver une voie de passage, mais on arrive toujours
à la même date : 30 avril 2018, fin pour l'arbitrage. On est au même
endroit.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
• (20 h 10) •
Mme Vien : Je vous comprends, je comprends très bien ce que
vous me dites, mais comprenez ce que je vous dis aussi. Et de toute façon une entente est toujours possible, une entente
est toujours possible entre les parties à n'importe
quel moment, que ce soit en arbitrage ou durant une autre période.
Donc, moi, je propose de laisser ça comme ça. Il
y a eu beaucoup de temps, là, pour la médiation, beaucoup, beaucoup, beaucoup, on l'a très, très, très peu
utilisé. Alors là, on veut convaincre les parties d'utiliser ce cinq mois
de médiation là, à négocier vraiment, et de
bonne foi, et de s'asseoir, parce qu'ils savent que cinq mois plus tard c'est
l'arbitrage qui commence. Ce n'est pas anodin, là, et je ne souhaite pas
changer ça ici.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Donc, si je
comprends bien votre propos, Mme la ministre, on arrive au même point, là. Ce
que vous cherchez, c'est que les parties s'entendent le plus rapidement
possible, mais qu'à la toute fin, si on ne s'entend pas, il y ait un
arbitrage. Et cet arbitrage-là prend fin le 30 avril 2018. On est d'accord
là-dessus?
Alors, nous,
ce qu'on dit : Pourquoi on ne laisserait pas plus de temps à la médiation
et donc moins de temps à l'arbitrage? Si votre voeu souhaité, Mme la ministre,
c'est qu'il y ait une entente négociée, ce n'est pas par l'arbitrage qu'on aura une entente négociée, c'est par la
médiation. Alors, nous, on pense : Laissons l'espace à la médiation, mais
la date butoir, celle à laquelle vous
tenez, dans le projet de loi, est la même pour tous, mais nous avons juste
moins de temps à l'arbitrage et donc plus de temps à la négociation.
C'est ça qu'on dit.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien :
Dans le monde des relations de travail, un épisode d'arbitrage de six mois,
c'est déjà assez court, merci, hein,
c'est déjà assez court, merci. Ce n'est pas par caprice qu'on a prévu la
séquence comme nous l'avons prévue, c'est
parce qu'on nous a fait la démonstration que, la médiation, on ne l'a pas
utilisée à son plein potentiel. Il n'y a pas personne aujourd'hui, là, qui a nié ça, là, il n'y a pas personne
aujourd'hui qui a nié ça, qu'ils pouvaient commencer en octobre, mais qu'ils ont plutôt commencé en
février, personne qui a nié ça, là. Nous, ce qu'on dit, là : On vous en
donne une autre, période de cinq
mois, on pense que vous êtes capables d'arriver à une entente. Puis, si ça ne marche pas, il y a
l'arbitrage.
L'arbitrage,
ce n'est pas leur premier choix normalement. Et, de
toute façon, on sait que ça va
les forcer à négocier et que, de
toute façon, on le sait aussi, M. le député, une entente est toujours possible,
que ce soit en arbitrage ou autrement.
Alors, moi, je vous dis, à la lumière de ce
qu'on a eu comme comportement dans la négociation avec une possibilité de médiation, on veut jouer de
prudence puis on veut être sûr d'en arriver à une entente. Puis on pense que la
voie de passage, c'est celle qu'on vous propose. Mais je comprends ce que vous
me dites. Je comprends ça, là.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Oui, M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : ...Mme la
ministre. Ce qui s'est passé avant est arrivé avant la loi spéciale. Là, nous
avons un nouveau cadre de négociation avec des nouvelles données. Vous
êtes d'accord avec moi, Mme la ministre, qu'on reconfigure tout le contexte qui pourrait mener à une nouvelle
négociation. Avec ce qu'il y a dans ce projet de loi là, et ce qui s'est
passé, et ce qui se passera demain, ce qui
se passait avant, pour ma part, là, ne compte plus. On arrive avec un nouveau
contexte et on est devant nous sur des nouvelles possibilités. Ce qu'on vous
dit, Mme la ministre, si on laisse plus de temps
à la médiation et donc à la négociation, s'ils ne réussissent pas à s'entendre,
la finalité soumise à l'arbitrage va être moindre, alors que là ils ont la date butoir du 30 octobre. Et
toutes choses qui ne seront pas entendues seront soumises à l'arbitrage. Nous, ce qu'on recherche, là, c'est
qu'il y ait le plus de choses réglées et qui ne soient pas soumises à
l'arbitrage.
Et donc on
est au même endroit que vous, où est-ce que le couperet tombe, mais on se
dit : Donnons les moyens aux deux organisations de refaire les ponts.
Parce qu'ils ne renégocieront pas demain matin, là. La loi spéciale est
rentrée, il y a des babounes sur les chantiers puis tout le monde n'a pas la
joie dans le coeur en rentrant travailler, là. Tout le monde aura ses récriminations, ses gains, ses pertes, et ils devront
rebâtir cette confiance-là avec les acteurs présents pour recommencer une ronde de négociations. Et, suite à
ça, bien, nous, ce qu'on dit, c'est que, si on donne tout cet espace-là
à la médiation, bien il y a beaucoup plus de
chances qu'on arrive à une entente négociée et surtout moins de risques d'avoir
des points de litige soumis en arbitrage. C'est ça qu'on cherche avec cette
disposition, Mme la ministre.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien. Réactions, Mme la ministre?
Mme
Vien : Bien, ça... il y a un secteur, entre autres, qui était
très, très, très proche, à un saut de puce d'une entente. Alors, j'ai
confiance, moi, qu'en cinq mois ils vont y arriver. Pourquoi? Parce qu'il y a
l'arbitrage tout de suite après.
Moi,
là, M. le député, là... D'ailleurs tantôt votre collègue a commencé à parler
des rencontres que j'ai organisées à partir du 11 mai. Ce n'est pas
très honnête intellectuellement, parce que j'ai commencé le 30 septembre
2016...
Le Président (M. Ouimet) : Mme la ministre, je vais vous arrêter là. On ne
peut pas prêter des intentions aux collègues. Quand vous dites que ce
n'est pas honnête intellectuellement... Je vous invite à la grande prudence.
Merci.
Mme
Vien : Très bien. Je retire mes propos, M. le Président. On a
commencé à les rencontrer le 30 septembre, le 17 octobre, le 24 octobre. Le 2 novembre, je leur ai
écrit. Le 30 janvier, le 2 février, il n'y avait pas encore de
rencontre de négociation. Ça, c'est
toutes des rencontres, là, que je tiens avec eux puis avec elles, là. Puis
ensuite on va au 11 mai.
Moi,
ce que je vous dis, là, on a fait tout ce qu'on a pu. On est rendus à mettre un cadre, et le cadre, en
tout respect, c'est la médiation,
cinq mois, l'arbitrage, six mois, puis ensuite on passe à autre chose. C'est ça
que moi, je vous dis. Là, M. le Président, là, je ne peux pas vous en
dire plus, là. Je pense que j'ai donné tous les arguments que nous avions. Monsieur et madame qui nous écoutent, là, à la
maison, là, comprennent ça, là, comprennent ça, là, comprennent qu'ils n'ont pas utilisé cinq mois de négociation. Ça, le monde comprennent ça. C'est ça que le monde comprennent, puis
que ça fait quatre, cinq jours qu'on est arrêtés, que la construction est
arrêtée, ça, ils comprennent ça, puis qu'ils veulent que ça retourne travailler. Puis il y a
bien du monde, peut-être comme vous pensez, là, qui vont avoir la baboune,
comme vous dites, là, mais je connais
bien des gens aussi qui vont être bien contents de retourner travailler. Ça
fait que, moi, M. le Président,
ça restera tel quel, en tout respect.
Le Président (M. Ouimet) : Je comprends. Merci, Mme la ministre.
D'autres questions, commentaires? Toujours
M. le député de René-Lévesque, puis je reviendrai à vous, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Ouellet : C'est à moi, oui? O.K. Je comprends puis, tu sais, je ne veux pas vous
faire fâcher, Mme la ministre, là, mais il y a des conventions collectives qui se règlent en trois ans puis en quatre ans.
Policiers de la SQ, là, ça vient de se régler. Ça fait quatre ans que ça
jasait puis ça négociait.
Alors,
je pense que M. et Mme Tout-le-monde, là, sont capables de comprendre qu'il y a
deux parties qui cherchent à
s'entendre. Puis ce que les gens nous demandent, c'est : Est-ce qu'on a donné toute la place à la négociation? Vous nous déposez le projet de loi
spéciale qui force les gens à retourner au travail dès le 31. Ça, je pense que
les gens l'auront compris. Mais ce que les
gens vont retenir : Est-ce que, dans les droits du travail, on a donné tout
l'espace nécessaire, avec ce nouveau contexte, d'être arrivés avec une loi
spéciale qui, je le rappelle, vient fixer 1,8 % d'augmentation?
Donc
là, là, c'est déjà négocié. Donc, il reste un paquet d'autres choses
à négocier. Il y a des contreparties qui doivent se faire. Ce contexte-là a changé. Nous,
ce qu'on dit simplement : Améliorons les chances d'avoir une entente
négociée. Et, quand je vous entends, c'est :
Améliorons les chances d'arriver à un arbitrage. C'est ça que je comprends.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Merci,
M. le député de René-Lévesque. Réaction, Mme la ministre? Pas nécessairement?
M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui, Mme la ministre, je vais faire une ultime tentative avec vous. Tout ce qui s'est passé
depuis une semaine, on l'a vu à l'extérieur, ce matin, du Parlement, ça
a été difficile.
Les parties sont
prêtes à se rasseoir, mais dans quel état d'esprit? On sort d'un événement. Il
me semble que deux mois de plus... Les
parties sont prêtes à éviter l'arbitrage à tout prix. Elles en ont convenu
toutes les deux. On les a entendues, justement, mentionner ce propos-là.
Mais ça commence dans deux jours. Donc, oui, pour ceux qui ont la baboune, ça serait peut-être une bonne chose,
leur laisser deux mois de plus pour débabouner et rejoindre ceux qui ont le
sourire dans le cadre d'une négociation qui serait un peu plus prolongée. Et je pense que les Québécois,
les travailleurs apprécieraient cette
ouverture de votre part, Mme la
ministre, d'allonger de deux mois de
plus cette négociation-là, qui n'enlèverait pas la fin de l'arbitrage
au 30 avril 2018.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Mme la
ministre.
• (20 h 20) •
Mme Vien :
M. le Président, j'ai émis tous les commentaires que j'avais à émettre sur
cette question-là.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Y a-t-il d'autres questions ou
commentaires? Sinon, je vais mettre aux voix l'amendement proposé par le
député de Saint-Jérôme à l'article 15. Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Vien :
Refusé.
<857
>857 Le
Président (M. Ouimet) :
L'amendement, il est rejeté. Revenons à l'article 15. D'autres questions ou
commentaires? M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Bien là, je suis...
Est-ce qu'on va revenir à l'article 13 bientôt? Parce que...
Le
Président (M. Ouimet) : On va compléter l'article 15 puis on reviendra
à l'article 13.
M. Ouellet :
Oui. O.K. Bien, dans ce cas-là, je vais garder mes commentaires pour l'article
13.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, il n'y a pas d'autres questions
ou commentaires à l'article 15? Je mets aux voix l'article 15. Est-ce
que l'article 15 est adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Bourcier :
Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté sur division. Alors, revenons maintenant à
l'article 13. Je pense que nous sommes
prêts. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, vous aviez proposé un
amendement. Il y a eu une période de réflexion. Je vous cède la parole.
M.
Picard : M. le Président, avec la permission des
parlementaires, j'aimerais retirer l'amendement que j'ai déposé tout à l'heure pour en soumettre un nouveau qui
vient d'être distribué. Donc, est-ce que j'ai consentement pour retirer?
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vais vérifier. Il y a
consentement pour permettre au député des Chutes-de-la-Chaudière de retirer son amendement et d'en proposer un
nouveau? Consentement. Alors, votre premier amendement est retiré et
allez-y avec la lecture du deuxième amendement.
M.
Picard : Merci, M. le Président. À l'article 13, l'amendement
proposé, c'est : Insérer, dans l'article 13 du projet de loi et
après «le ministre nomme», «, après consultation des parties,».
Je
vais lire l'article amendé, je pense que ça va être plus clair. «Pour chacun
des secteurs mentionnés à l'article 2, le ministre nomme, après
consultation des parties, un médiateur afin d'aider les parties à régler leur
différend.»
Donc,
c'est le même but que j'ai expliqué tout à l'heure, mais c'est phrasé pour
satisfaire nos amis du Barreau.
Le Président (M.
Ouimet) : Pour les légistes. Très bien. Et pour, ultimement, le
gouvernement et la société québécoise tout entière.
M. Picard :
...
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
Des réactions, Mme la ministre?
Mme Vien :
De toutes les beautés rassemblées.
Le Président (M. Ouimet) : ...de l'opposition officielle? Très bien. Du côté
de l'opposition officielle, réactions, commentaires sur l'amendement qui
semble satisfaire la ministre?
M. Ouellet :
...c'est un devoir de satisfaction. O.K. C'est beau.
Le Président (M.
Ouimet) : Bien, c'est-à-dire, c'est une expression propre à la
ministre.
M. Ouellet :
C'est une expression. Excusez, je ne la connaissais pas...
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Alors, je mets aux voix l'amendement proposé par
M. le député des Chutes-de-la-Chaudière. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M. Ouimet) : Adopté sur division. Revenons à l'article 13 tel
qu'amendé. Y a-t-il d'autres questions ou commentaires? M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet :
Oui, une précision pour être certain que j'ai encore une fois bien compris. Mme
la ministre, présentement, ce sont des
conciliateurs, vous m'avez dit, qui sont dans les dossiers actuellement. C'est
ça? Est-ce que ces conciliateurs-là seraient les futurs médiateurs?
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Bien là, on va les consulter, là, puis on va consulter les parties, puis on va
voir si, effectivement, elles sont à l'aise, oui. La réponse est oui.
M. Ouellet : ...parce que tantôt je vous ai parlé des
médiateurs, mais vous m'avez dit : Ce sont des conciliateurs. Ça fait que je veux juste être certain que, si les
conciliateurs sont au dossier et les parties s'entendent pour dire : On
les voudrait comme médiateurs, dans votre nomination, cette
recommandation-là des parties serait O.K.
Mme Vien :
Oui, aucun problème.
Le Président (M. Ouimet) : D'autres questions, commentaires? Je mets aux
voix l'article 13 tel qu'amendé. Est-ce que l'article 13, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Bourcier :
Sur division.
Le Président (M.
Ouimet) : Adopté sur division. Passons maintenant à l'article 16, Mme
la ministre.
Mme
Vien : «La médiation prend fin également dans un secteur dès
qu'une entente sur ce qui pourrait constituer une convention collective applicable à ce secteur intervient entre les
parties suivant le premier alinéa de l'article 43.7, les premier, deuxième et troisième alinéas de
l'article 44 et les articles 44.1 et 44.2 de la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction.
«Le médiateur donne acte de cette
entente dans un rapport qu'il remet à chacune des parties du secteur visé et au
ministre.
«Une convention collective conclue
pour chaque secteur lie les parties jusqu'au 30 avril 2021 et prend effet
suivant l'article 48 de cette loi.»
Donc, cet article prévoit la
possibilité pour les parties de s'entendre sur ce qui pourrait constituer une
convention collective dans le cadre
de la médiation prenant alors fin en référant aux dispositions de la
loi R-20 quant aux conditions requises pour qu'une telle entente soit
applicable à un secteur, y compris le vote au scrutin secret. Le troisième alinéa
prévoit la date d'expiration de la
convention collective au 30 avril 2021 et réfère à l'article 48 de la
loi R-20 quant aux modalités du dépôt de chaque convention
collective et de sa prise d'effet.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la ministre. Y
a-t-il des questions ou des commentaires sur l'article 16? M. le
député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : J'aimerais
une explication sur... Quand on dit «les dispositions de la loi R-20 quant
aux conditions requises», quelles sont ces conditions?
Le
Président (M. Ouimet) : Alors, les conditions requises. Mme la
ministre.
Mme Vien : Oui.
Alors, c'est à 43.7 : «[La conclusion d'une] entente de principe sur ce
qui pourrait constituer une
convention collective [...] entre une association sectorielle d'employeurs et
au moins trois associations représentatives [...] plus de 50 %, le médiateur
donne acte de cette entente de principe dans un rapport qu'il remet à chacune
des parties et au ministre.»
Quant à l'article 44, la majorité
requise pour qu'une entente soit considérée comme une convention collective
applicable dans un secteur ainsi que la reconduction des matières prévues à
l'article 61.1 de la loi R-20 en l'absence d'entente sur ces sujets, on parle de sécurité syndicale, représentation
syndicale, procédure de griefs. Ici, on parle beaucoup de tronc commun,
hein, c'est bien ça?
44.1,
la majorité requise des membres d'une association représentative dans le cadre
du vote au scrutin secret pour la conclusion
d'une entente sectorielle sur les matières autres que celles visées à
l'article 61.1 de la R-20, la majorité requise des employeurs
membres de l'association d'employeurs dans le cadre du vote au scrutin secret
pour qu'une association sectorielle d'employeurs puisse conclure une telle
entente.
44.2, la majorité requise des membres
d'une association représentative dans le cadre du vote au scrutin secret pour
la conclusion d'une entente sectorielle sur les matières prévues à
l'article 61.1 de la loi R-20.
Donc,
ce sont des conditions. Je pourrais continuer, si vous voulez, là, mais vous
voyez un peu les conditions qu'on énumère ici et auxquelles on fait référence
dans cet article-là.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jérôme, ça va?
M.
Bourcier : Oui, merci.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la députée de Taschereau, qui avez occupé les
fonctions de ministre du Travail, entre autres, à vous la parole.
Mme
Maltais : Oui, mais c'est à titre de députée que
j'interviens aujourd'hui, M. le Président. J'aimerais comprendre de la ministre : la médiation prend fin, c'est
possiblement une entente collective qui est en train de naître. La
convention collective conclue pour chaque secteur lie les parties jusqu'au
30 avril 2021. Qu'en est-il de l'arrière... c'est-à-dire qu'à quelle date
la convention collective prend-elle effet?
Le
Président (M. Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien :
C'est au moment de sa signature.
<57 >57 Mme Maltais : Qu'en est-il du fait que, pendant cette négociation, les salaires, par exemple, sont fixés actuellement dans une loi et
qu'une des parties pourrait décider de s'entendre pour aller légèrement au-dessus du salaire fixé dans la loi?
Qu'arrivera-t-il de cette potentielle hausse de salaire qui, normalement, est
dévolue à ces travailleurs?
Mme Vien : En
fait, il ne s'agit pas, donc, d'une matière au tronc commun, c'est une matière
qui s'applique au secteur. Et, s'il
devait y avoir changement à l'intérieur d'une négociation, le changement
s'opère pour ce secteur-là dans la nouvelle entente.
Mme Maltais : À partir de quelle
date? De la signature?
Mme Vien : Oui.
Mme
Maltais : Donc, même si des travailleurs signent une convention
collective au-delà de 1,8 %, il n'y a pas de rétroactivité, et donc ces travailleurs perdront
la capacité de recevoir leur salaire qu'ils ont négocié. La nouvelle
négociation, ça n'entrera pas en jeu.
Mme Vien : Je peux répondre,
M. le Président? Oh! excusez.
Le
Président (M. Ouimet) : Oui,
Mme la ministre, j'étais en consultation pour un petit peu d'intendance, régie
interne.
Mme Vien :
Faites-vous-en pas, ça m'arrive aussi. Alors, effectivement, vous avez tout à
fait raison, c'est 1,8 %. Si un secteur devait déterminer, pour dire
quelque chose, 2 %, ou 1,9 %, ou 1,95 %, ça s'appliquerait à partir
de la signature. Et il n'y a pas de rétroactivité, comme vous le savez. Alors,
ce n'est pas permis dans la R-20 et ce n'est pas permis non plus à
l'intérieur de ce projet de loi.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci. Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais : Bien sûr que j'ai
d'autres questions. Cette loi qu'on nous propose introduit des modifications au
régime de négociation usuel. J'aimerais comprendre pourquoi la ministre n'a pas
introduit des modifications qui, dans ce
cas-ci, pourraient être à l'avantage des travailleurs. Parce qu'actuellement ce
qu'on a ou qui aurait rétabli un certain équilibre... actuellement, le fait de négocier le plus tard possible
l'entente collective, O.K., est à l'avantage des patrons, si jamais
l'entente est au-dessus de 1,8 %. Est-ce que la ministre est d'accord avec
moi?
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien : Je ne suis pas
sûre de bien vous suivre, là.
Mme
Maltais : Ah!
pourtant, c'est très simple.
Mme Vien : Oui? Bien, en tout
cas...
Le Président (M. Ouimet) :
Voulez-vous repréciser, Mme la députée de Taschereau?
Mme
Maltais : Je vais répéter ma question. Est-ce que la ministre... Comme
là on change le mode de négociation, vous
avez ouvert des changements au mode de négociation habituel, pourquoi est-ce
qu'en ouvrant les négociations au mode de changement habituel vous n'avez pas
introduit la possibilité qu'après le 30 octobre 2017, date où le médiateur
remettra un rapport, il y ait possibilité de rétroactivité? Je veux juste
comprendre pourquoi, quelle est votre logique. Étant donné que la logique ne tient déjà plus, vous apportez des
changements à R-20, alors je veux comprendre pourquoi vous n'avez pas
apporté ces changements-là, puisque la rétro n'existe pas, mais vous ouvrez le
jeu des négociations.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
• (20 h 30) •
Mme Vien : Première des choses, je n'apporte
pas de changement à R-20, là, on va être clairs, là, je n'apporte aucun
changement à la loi R-20. Je veux préciser aussi qu'on est dans un contexte
très particulier d'une grève générale illimitée des travailleurs de la
construction et que, dans ce contexte-là, nous venons demander aux travailleurs
de reprendre le travail et on vient déterminer un cadre de résolution des
conflits actuellement.
Comme on ne vient pas changer R-20, il n'est absolument
pas question d'apporter un changement aussi fondamental,
qui n'est pas permis actuellement à R-20, soit la rétroactivité, à l'intérieur
d'une loi spéciale. S'il devait y avoir des changements à R-20, ils le seront, M. le Président, dans une démarche de réflexion, de concertation, d'aller chercher
les avis, de bien
comprendre quelle est la dynamique, en 2017, de négociation dans la
construction. C'est ce que j'ai dit d'ailleurs en point de presse aujourd'hui.
Il y a
des choses, de toute évidence, qui ont besoin d'être revisitées, d'être revues,
d'être questionnées peut-être. Peut-être que ce que soulève la députée
fera partie des éléments que nous voudrons regarder, mais il n'est pas question
d'ajouter un élément comme celui-là à l'intérieur de cette loi spéciale. Nous
aurions pu aussi décider de ne pas avoir d'augmentation salariale à l'intérieur de ce projet de loi là. Ce n'est pas le choix que nous avons fait. Ce que nous disons,
si d'aventure des parties décidaient de
donner une autre augmentation salariale, des parties le feront, et on en
arrivera à des ententes collectives, des conventions collectives signées
par secteur au plus tard le 30 avril 2018.
Le Président (M. Ouimet) : Oui,
merci, Mme la ministre. Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais :
Oui. La ministre vient de dire : Je ne change pas R-20. Est-ce que le fait
de suspendre les règles habituelles de R-20 et de les changer, pour
elle, ce n'est pas une modification?
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
ministre.
Mme Vien :
On est dans un contexte particulier, M. le Président. On est dans des mesures
d'exception. Tout le monde comprend
ça aujourd'hui, là. On est dans des mesures d'exception, on est dans une
situation où nous devons agir, agir
d'urgence, agir rapidement, compte tenu de la situation économique, compte tenu
aussi du préjudice social que nous vivons actuellement.
Alors, nous
ne changeons pas R-20. Je n'ai pas vu de changement à R-20 dans la loi que je
présente. Je n'ai pas vu d'autres
pièces législatives non plus qui viennent changer R-20. Ce n'est pas du tout là
où on est actuellement, et la députée le sait très bien.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Est-ce
que le régime de négociation qu'elle nous propose actuellement dans cette
loi-ci est dans R-20? Moi, M. le Président,
je m'excuse, là, mais ce n'est pas dans R-20. Elle propose, de façon
exceptionnelle, un autre régime de négociation.
Alors, quand
on joue à ça, qu'on est tellement une mauvaise négociatrice qu'on se ramasse
avec une loi spéciale après 24 heures
de grève, 24 heures de grève, qu'on se ramasse dans le bordel, qu'on amène une
loi devant l'Assemblée nationale, on
a le devoir de se justifier. Or, ici, il y a suspension du régime habituel,
changement de régime de négociation, et
là-dedans il y a quelque chose qui existe, c'est-à-dire que, donc, si une
association patronale n'arrive pas à signer une convention collective
avant le 30 avril 2018, pendant un an, il n'y aura pas de réflexion de la
nouvelle convention sur cette année-là.
Je veux juste
lui demander, simplement, gentiment :
Est-ce qu'elle a évalué la chose? Est-ce qu'elle y a pensé?
Et pourquoi ne l'a-t-elle pas amené? Mais une réponse un peu plus sérieuse que tout
à l'heure.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Avant de céder la parole à Mme la
ministre du Travail, le ton était cordial, était bon, je vous suggère de rester dans un ton cordial. Et de dire
qu'elle est mauvaise négociatrice, c'est presque d'utiliser des paroles
qui peuvent être un peu blessantes, Mme la députée.
Mme
Maltais : Si ça a
été blessant, je le retire, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien, je l'apprécie grandement. Juste pour maintenir un bon ton, parce
qu'on va passer quelques heures ensemble.
Mme la ministre du Travail. Toujours dans le
même bon ton que vous avez utilisé.
Mme Vien : Merci beaucoup, M.
le Président. On est des gens bien élevés.
Comment se
fait-il qu'en 2013 l'ancienne ministre du Travail a fixé les salaires à
2 %, de mémoire, les conventions collectives
se sont terminées à la fin avril 2013, le projet de loi a été sanctionné le
1er juillet 2013, donc le 2 % s'appliquait à ce moment-là?
Comment ça se fait qu'elle n'a pas demandé la rétroactivité?
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, d'autres questions ou commentaires? Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : ...répondre
au commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Vous
allez relever le gant qui a été laissé?
Mme
Maltais :
Bien sûr, parce que, grâce à la libre négociation et au respect du droit de
grève, 100 000 travailleurs avaient
bénéficié à l'époque d'une convention collective, résultat d'une négociation, ce
que n'a pas réussi la ministre, pour quelque raison que ce soit. Donc,
on partait avec une...
Deuxièmement,
on fixait, suite aux discussions ici, à l'Assemblée nationale, à un an la
discussion. Donc, non, il n'y avait pas de rétro.
Mais
aujourd'hui la situation a évolué, et la ministre amène des amendements que
nous n'avions pas amenés à l'époque.
Donc, il y a une réouverture de la façon de faire. Quand on réouvre la façon de
faire, on ouvre tous les champs. Ici,
à l'Assemblée nationale, il y a un gouvernement qui examine certaines choses,
mais, quand on est rendu ici, sur le plancher,
bien là ça appartient aux législateurs, qui interrogent, qui posent des
questions, qui débattent puis qui disent, bien...
Mme la
ministre, je comprends, là, vous pouvez bien me ramener en 2013. Je suis fière
de parler de 2013, je peux en parler
toute la soirée, ça me fait plaisir. Ceci dit, je veux juste savoir pourquoi...
J'écoute vos arguments, là. Sur R-20, vous
m'avez dit : On ne le réouvre pas, mais vous suspendez, vous changez le
régime de travail, donc, pour moi, c'est l'équivalent, dans ce cadre
précis là, là, spécial, d'une réouverture, on change la façon de faire. Alors,
je dis juste : Expliquez-moi pourquoi... Vous avez sûrement étudié ça.
Expliquez-moi comment vous l'avez étudié, pourquoi vous l'avez rejeté. C'est
tout. Si l'explication est suffisamment intéressante — je
vais vous dire, là, ça arrive, ici, qu'on s'entende — peut-être
qu'on va s'entendre.
Le Président (M. Ouimet) : Merci,
Mme la députée de Taschereau. Mme la ministre.
• (20 h 40) •
Mme Vien :
Bien, pour les mêmes raisons qu'elle ne l'a pas fait elle-même, la
rétroactivité, en 2013. C'étaient des milliers de personnes qui étaient
touchées par son projet de loi.
Voyons donc!
On ne touchera pas à la rétroactivité dans ce projet de loi là, ce n'est pas
l'objet du projet de loi. Le projet
de loi, ce qu'il vient dire ici, c'est : Vous retournez au travail puis
vous allez régler votre différend. C'est ça qu'il vient dire, le projet de loi. On ne commencera pas
à ouvrir R-20 puis à toucher à la loi antiscab, puis à toucher à la
rétroactivité puis à des sujets,
ceux-là et d'autres, qui ont besoin d'une attention très particulière, d'une
réflexion profonde puis d'avoir des
spécialistes au dossier. On ne vient pas faire ça à l'intérieur d'un projet
de loi comme celui-là, elle le sait
très bien. Voyons donc, c'est... Elle trouve ça drôle. Elle s'amuse, là, mais tout le monde comprend ça, là. À sa face même, tout le monde comprend ça.
Le
Président (M. Ouimet) : Oui,
je ne dirais pas que la députée s'amuse. Comme elle disait, elle fait son travail
de législateur. Alors, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : J'apprécie la
remarque, M. le Président, ça m'évite de faire certains commentaires qui
auraient pu relancer la ministre.
Alors, j'apprécie la remarque, M. le
Président. Effectivement, je pense que je fais un travail sérieux dans ce dossier.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. D'autres questions, commentaires sur l'article 16? S'il
n'y en a pas, je mets l'article 16
aux voix. Est-ce que l'article 16 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Ouimet) : Adopté sur division. L'article 17, maintenant. Et, avant de procéder à l'article 17,
Mme la députée de Vachon, je vous souhaite la bienvenue. Je vous rappelle,
vous disposez de cinq minutes. Vous me ferez signe au moment où vous
souhaitez intervenir. Très bien. Mme la ministre. L'article 17.
Mme Vien : Alors, l'article 17 : «À défaut d'une entente à
l'expiration de la période de médiation ou en tout temps au cours de cette période en cas de constat
d'échec de la médiation par le médiateur, ce dernier remet aux parties du ou
des secteurs concernés un rapport
dans lequel il indique les matières qui ont fait l'objet d'un accord ainsi que
leurs positions respectives sur celles faisant encore l'objet d'un
différend. Il remet copie de ce rapport au ministre. De plus, le médiateur lui fait part de ses commentaires ainsi
que de ses recommandations sur les sujets visés à l'article 23, notamment
sur les matières devant faire l'objet de l'arbitrage suivant la
section VI.»
Alors, cet article prévoit que le médiateur doit
rédiger un rapport si un différend persiste à l'expiration de la période de médiation ou s'il constate l'échec de
la médiation avant la fin de la période prévue. Il indique dans ce rapport
les matières qui ont fait l'objet d'un accord et les positions des parties sur
les matières qui font encore l'objet d'un différend. Il remet ce rapport aux
parties. Il en transmet une copie aussi à la ministre. De plus, il lui fait
part de ses commentaires ainsi que de ses recommandations sur les sujets
visés à l'article 23, les matières, donc, soumises à l'arbitrage,
la méthode d'arbitrage et les critères dont doit tenir compte l'arbitre pour
fonder sa décision.
Le Président (M. Ouimet) : Merci, Mme
la ministre. M. le député de Saint-Jérôme, concernant l'article 17.
M. Bourcier : Je voudrais déposer un
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Je vous invite à lire votre amendement.
M.
Bourcier : Alors, je
voudrais modifier l'article 17 du projet de loi par le
remplacement des mots «ou en tout temps
au cours de cette période en cas de constat d'échec de la médiation par le
médiateur, ce dernier» par les mots «, le médiateur».
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Pourriez-vous l'expliquer un tout
petit peu, M. le député de Saint-Jérôme, pendant qu'on distribue votre amendement?
M. Bourcier :
Bien, écoutez... Oui, alors...
Mme Maltais :
Alors, M. le Président, on va attendre que l'amendement soit distribué.
M. Bourcier :
On va attendre que tout le monde ait la feuille.
Le Président (M.
Ouimet) : On peut faire cela aussi.
(Consultation)
Le Président (M. Ouimet) : ...bien reçu l'amendement? Alors, M. le député de Saint-Jérôme, je vous cède la parole.
M.
Bourcier : Alors, M. le Président, selon nous, le médiateur doit se faire enlever ce pouvoir. En fait, le
médiateur a le choix de dire que la
médiation est un échec avant le 30 octobre. Alors, nous, on ne veut pas de
ce fait, de ce temporel.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Je comprends votre propos. Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Sur l'amendement, Mme la ministre.
Mme Vien :
...prendre le temps pour regarder.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien.
(Consultation)
Le Président (M.
Ouimet) : Oui, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : ...ça prend un
certain temps. Je sais que le temps roule. Alors, est-ce qu'on peut suspendre le...
Le Président (M. Ouimet) : Oui. Alors, Mme la ministre, avez-vous
besoin encore de temps? Parce que je proposerais peut-être de suspendre l'étude
de l'amendement. Ce n'est pas ce que vous voulez? Alors, je vous
cède la parole, M. le député
de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Bien, écoutez,
M. le Président, si on regarde ça attentivement, cet article-là
donne le pouvoir au médiateur, justement, de mettre un terme à la médiation en
cas d'échec. Et nous, on veut qu'il ait le pouvoir seulement de mettre un terme à la médiation en cas de nouvelles
positives, mais le constat d'échec doit être vraiment amené jusqu'au
30 octobre.
Donc,
le chemin des victoires, c'est un peu ça, alors d'amener le médiateur...
enlever ce pouvoir-là pour qu'au 30 octobre, s'il y a un échec, on s'en
va jusqu'à cette date-là. Mais, si la médiation était positive, il pourrait
mettre un terme et, évidemment, parapher l'entente avec les parties.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci, M. le député de Saint-Jérôme. Y
a-t-il des questions? Y a-t-il des réactions, des commentaires? Mme
la ministre.
Mme
Vien : Merci, M. le Président. L'article a été libellé de cette façon-là pour éviter,
justement, qu'on soit dans une situation où, s'il devait y avoir, par
exemple, négociation de mauvaise foi, et que les médiateurs, qui sont des professionnels, des gens qui en ont vu d'autres et
qui ne font que ça dans la vie, voient bien, là, que ça ne donnera pas
les résultats, les fruits escomptés... qu'on puisse effectivement procéder à
une autre étape.
Je
vous rappelle qu'on est dans une loi, donc, qui procède d'un contexte très, très, très particulier, d'une grève générale illimitée, et qu'on doit venir
régler ce conflit-là. Alors donc, c'est d'éviter que des parties soient
obligées de rester à la table, sachant très bien, sachant très bien parce que
c'est le médiateur qui le dit ou la médiatrice, donc des professionnels, des experts qui viennent
dire : Écoutez, il n'y a rien à sortir de là, il faut aller à l'autre
étape... C'est dans ce sens-là où ça a été libellé de cette façon-là,
pour ne pas être contre-productif dans l'objectif que nous poursuivons.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Bien, M. le Président, tantôt on avait justement demandé d'allonger le temps jusqu'au
30 décembre, et ça nous avait
été refusé, puisque la date du 30 octobre apparaissait une excellente date
pour Mme la ministre. Et là on pourrait permettre à un médiateur de terminer ça même avant le
30 octobre, parce que cette personne-là aurait le choix de dire
que la médiation est un échec.
Alors, nous, au moins, qu'on reste fixé sur la
date du 30 octobre. Parce que je vois que l'article 17, c'est le pendant négatif de l'article 16. Alors, l'article 16 pour les bonnes nouvelles, mais gardons l'article 17 pour les mauvaises mais avec la date effective du
30 octobre.
Le
Président (M. Ouimet) : Merci, M. le député de Saint-Jérôme.
Une voix :
...
• (20 h 50) •
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Pas d'autre commentaire du côté
ministériel. Y a-t-il d'autres commentaires, par ailleurs? M. le député
de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Ce qu'on essaie de... Je comprends, Mme la ministre, que ce que
vous nous dites, c'est que, si une
des parties est de mauvaise foi, le médiateur va pouvoir constater cette
mauvaise foi et dire tout simplement : Je ne peux plus avancer et
donc je soumets le reste à l'arbitrage. C'est ce que je comprends.
Mme Vien :
Donc, si effectivement on ne peut pas avancer...
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme
Vien : Oui. Si les négociations et la médiation ne fonctionnent
pas, et c'est ce que constate le médiateur, eh bien, ça s'en va à
l'autre étape.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je suis votre raisonnement, Mme la ministre. Demain matin, une des deux
parties refuse de retourner à la
table de négociation et veut avoir l'ensemble des dispositions non négociées en
arbitrage. C'est ce qui va arriver?
Mme Vien :
...tantôt.
M. Ouellet :
Pardon?
Mme Vien :
J'ai répondu à cette question-là tout à l'heure, à votre collègue.
M. Ouellet :
Oui, O.K. C'est ce qui va arriver?
Mme Vien :
Oui. On est deux à danser le tango, là.
M. Ouellet :
Et donc on ne laisse pas la place aux esprits de se calmer, de trouver une
nouvelle fenêtre, de trouver un nouveau contexte pour rasseoir tout le monde.
Nous, ce qu'on
cherche à faire, dans le fond, c'est donner toute la chance. Comme mon collègue
l'a dit tout à l'heure, de Saint-Jérôme,
notre premier amendement était de donner de l'espace. Là, vous le maintenez à
la date butoir, mais, d'un autre côté, s'il y a échec de la médiation,
le constat d'échec va ramener directement les gens à l'arbitrage. Et donc, à notre avis, nous devrions laisser quand
même s'écouler le temps pour permettre aux esprits, qui se sont peut-être
échaudés pour plein de raisons, de part et
d'autre, de retrouver un sens au bien commun et un sens qui mènerait à la voie
de la négociation.
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme
Vien : Les médiateurs, je vous rappelle, sont des experts, sont
des professionnels, ce sont des personnes qui tentent le tout pour le tout, qui vont jusqu'au bout. Mais, quand un
médiateur dit : Il n'y a plus rien à faire, quand bien même vous
les laisseriez là un mois, deux mois de plus, ça ne marchera pas. Faisons
confiance à ces gens, ces professionnels, à
ces experts qui font ça d'une noirceur à l'autre, de la médiation. Ils s'y
connaissent. Nous, on ne s'y connaît pas.
Alors, ils savent, à un moment donné, quand il y a un point de rupture et que
ça ne pourra pas fonctionner. Ils ont assez
d'expérience pour le déterminer, ce moment-là, et de dire : Ne perdons
plus notre temps, allons à une autre étape. Faisons confiance à ces
personnes.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Moi, j'en ai fait, de la négociation, et il arrive un certain moment en
négociation où est-ce qu'on pense que c'est sans issue et qu'on est allé
au bout. Et, des fois, seulement l'écoulement du temps nous amène à se repositionner et réévaluer les dernières marches
qu'on a franchies pour peut-être, dans certains cas, reculer et prendre un
nouvel élan.
Ce
que je trouve particulier, Mme la ministre, c'est que vous faites référence à
l'expertise et à l'expérience des médiateurs pour travailler dans un
contexte avec lequel il est connu et habituel. Ce que vous venez d'intégrer
dans le projet de loi, c'est de l'inconnu, c'est-à-dire que vous introduisez la
notion que c'est vous, madame, qui allez décider qu'est-ce qui sera soumis ou pas à l'arbitrage. Et vous introduisez
aussi un contexte pour amener l'arbitre à moduler sa réflexion selon des critères. Ça, Mme la ministre,
c'est nouveau. Et, considérant que ce mécanisme-là est nouveau, je crois
qu'il serait tout à fait avisé de laisser
tout l'espace-temps à la médiation, à tous les partis de permettre de réfléchir
et de vraiment constater dans quel cul-de-sac ils sont en train de se
placer.
Le
Président (M. Ouimet) : Mme la ministre.
Mme
Vien : Ce à quoi vous faites référence, c'est
l'article 23. Nous y reviendrons un peu plus tard. Ce dont on parle, ici... Et je parle du senti, de l'expérience du
médiateur sur ce qui est une réussite ou sur ce qui est un échec. Ici, on ne
parle pas d'un arrêt momentané de la médiation ou d'une circonstance...
Une voix :
...
Mme
Vien : ...ponctuelle — merci — on parle d'une évaluation sérieuse, d'un
constat d'échec. C'est de ça dont on parle. Et ce n'est pas à la légère.
Moi, là-dessus, M. le
Président, je n'aurai plus rien à ajouter.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de
René-Lévesque.
<16495
>16495
M. Ouellet : Oui. Encore, s'il vous plaît... Il
nous reste 2 h 45 min, on a le temps de jaser encore.
Donc,
on ne veut pas définir une période plus grande pour la médiation parce qu'on
dit : Il y a eu assez de temps consacré. Une fois que la médiation sera terminée, on s'en va du côté de
l'arbitrage. Et, dans la médiation, s'il
y a constat d'échec et donc que les
parties n'arrivent à rien, l'écoulement du temps, qui pourrait — puis
je suis bien sincère, Mme la ministre, là — évoluer en fonction de ce qui pourrait
arriver, et même dans certains cas... parce qu'il ne faut pas être...
là, il peut y avoir quatre négociations
différentes, là, dans différents secteurs, puis là on arrive où est-ce qu'il
n'y a plus de constat. Puis là :
constat d'échec, alors que dans d'autres groupes on commence à faire une
avancée. Et peut-être que, dans cette
avancée-là, Mme la ministre, ça pourrait faire déboucher les autres qui avaient
peut-être vraiment arrêté des positions comme étant des positions
définitives, qui sont en train de voir leurs collègues des deux parties
commencer à avancer sur un nouveau front qui
n'avait pas été exploré. Et là on serait, à cause de ça, déjà en arbitrage et
on n'aurait plus le moment de discuter, de la médiation.
Alors,
ce qu'on essaie de faire, Mme la ministre, c'est tout simplement laisser le
temps... pas s'écouler, laisser le
temps faire son oeuvre. Vous avez dit, Mme la ministre, que la confiance est la
clé en négociation. Je suis d'accord avec vous, mais le temps est aussi
un élément essentiel pour amener les parties à la bonne entente.
Alors,
je crois comprendre que vous ne changerez pas d'avis et vous allez garder la
disposition. Lorsqu'il y aura constat d'échec, et il pourra y avoir
constat d'échec dès peut-être la première ou deuxième rencontre... Parce que je
l'ai déjà vu, là : Écoutez, M. le
médiateur, ce sont nos offres finales, il n'y aura rien d'autre qui va changer,
les gens sont arrêtés sur leur
position, ça peut durer une semaine, puis les gens affirment qu'ils ne veulent
plus aller plus loin. Constat d'échec, et donc on tombe directement à
l'arbitrage. Trop rapidement, à notre avis.
Alors,
puis je le répète, là, Mme la ministre, là, ce qu'on cherche à faire, ce soir
et cette nuit, c'est donner tous les moyens
nécessaires à une entente négociée. Et je crois comprendre que le but du projet
de loi est plutôt de trouver une façon de mettre fin à toute négociation
le plus rapidement possible.
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre, vous souhaitez réagir?
Mme
Vien : Bien, c'est ça. C'est votre interprétation, ce n'est pas
la mienne, de toute évidence. Puis, quand vous dites la confiance... vous êtes d'accord avec moi que c'est un élément
fondamental dans la négociation. Puis vous dites : Le temps aussi.
Bien, je veux juste vous rappeler qu'ils ont perdu cinq mois en négociation.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, Mme la ministre. Mme la députée de
Taschereau.
Mme Maltais :
Est-ce que la ministre vient bien de dire et donc considère qu'ils ont perdu
cinq mois en négociation?
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme
Vien : Ce que je viens de dire, c'est que, sur sept mois de
négociation prévue à la loi R‑20, ils n'ont pas négocié pendant cinq mois. Ça a pris du mois
d'octobre au mois de février, où il ne s'est rien passé, puis la négociation
a commencé au mois de février. C'est ça que je dis.
• (21 heures) •
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais : Donc, la ministre considère — je vois l'esprit un peu de cet article — que le temps où les parties réfléchissent,
se refroidissent de chacun de côté avec leurs affaires, c'est du temps perdu?
Le Président (M.
Ouimet) : Mme la ministre.
Mme Vien :
J'ai déjà répondu. Je ne réponds pas à ça, non. J'ai déjà répondu.
Le
Président (M. Ouimet) : Non,
mais la députée a tout le loisir de poser les questions. Puis, si vous décidez
de répondre ou d'apporter des commentaires, ça vous appartient
entièrement, il n'y a aucun problème. Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Je veux juste faire remarquer que la négociation,
c'est quelque chose de très complexe et qu'il arrive que les parties aient besoin de temps, là. On sait qu'ils
viennent d'aller en grève. Mon collègue a raison, ils viennent d'aller en grève. Ils se sont rendus au bout d'une
négo, c'était assez dur. Mais, malgré tout, il y avait deux associations,
me dit-on, sur trois qui étaient prêtes,
quasiment, qui étaient sur le bord de signer ou presque, étaient... Est-ce que
le fait que deux associations sur
trois étaient sur le bord de signer, ça signifie qu'ils ont perdu leur temps?
Ce n'est pas le constat que je ferais, moi, M. le Président, vraiment
pas le constat que je ferais.
Et je me dis
que du temps de négociation, ça peut être intéressant. C'est quand on casse le
temps ou la négo par des déclarations
péremptoires sur des lois spéciales potentielles que, là, peut-être, on casse
la négo puis qu'on casse le rythme. Mais,
moi, ce que j'ai compris, c'est que ces négociations avaient amené beaucoup de
réflexion autour de la table et qu'il
y avait des associations prêtes à signer. Alors, je suis un peu étonnée de la
déclaration de la ministre, qui dit que... Et je répète ce que j'ai entendu : Les négociations, c'est du temps
perdu. J'irai chercher la galée, là. C'était assez particulier.
Le
Président (M. Ouimet) : ...Mme
la députée de Taschereau. Pas d'autres commentaires? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Alors, je vais mettre aux
voix l'amendement... M. le député de Saint-Jérôme, toujours sur l'amendement
proposé par vous?
M.
Bourcier : Toujours. Toujours, M. le Président. Je termine là-dessus.
Mme la ministre, ce serait donc... on pourrait
dire que toutes vos interventions, vos lettres, vos rencontres durant ces cinq
mois n'ont rien donné. Alors, c'est un bel
exemple pour donner plus de temps à la négociation. Stopper la négociation,
pour le médiateur, avant le 30 octobre serait
une grave erreur et irait à l'encontre de tout ce qu'on a demandé depuis le
début de l'étude du projet de loi. Alors, ultimement, je vous demande de
nous écouter et, au moins pour ce point-là, cet amendement-là, de le faire
adopter. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président
(M. Ouimet) : Merci. Alors,
il n'y a pas d'autre question ou commentaire. Je vais mettre aux voix
l'amendement proposé par M. le député de Saint-Jérôme. Est-ce que l'amendement
à l'article 17 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Ouimet) :
L'amendement est rejeté. Revenons à l'article 17, maintenant. Y a-t-il
d'autres questions ou commentaires à l'article 17? S'il n'y en a pas, je
vais mettre l'article 17 aux voix. Est-ce que l'article... M. le député de
René-Lévesque, sur l'article 17.
M. Ouellet : On aurait un
amendement, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) : Oui.
Si vous voulez introduire un nouvel amendement, j'imagine... On va disposer de
17, puis je vais vous céder la parole tout de suite après.
M. Ouellet : O.K., excusez. Non,
c'est beau. Prochain, excusez.
Le Président (M. Ouimet) : Ça va?
Très bien. Alors, est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Ouimet) : Adopté
sur division. Vous voulez introduire un article 17.1, M. le député de
René-Lévesque. Je vous cède la parole.
M.
Ouellet : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, l'article 17.1 est le suivant :
Insérer, après l'article 17 du projet de loi, l'article
suivant :
«À la demande conjointe des parties...» Excusez?
Le Président (M. Ouimet) : Un
instant. Est-ce que ça a été distribué? On est en train de le distribuer.
Alors, les parlementaires ont le texte sous les
yeux. Lisez lentement, M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, insérer, après l'article 17 du projet de loi, l'article suivant :
«17.1. À la
demande conjointe des parties, le ministre peut — la ministre ou le ministre peut — prolonger la période de médiation
pour une période de trois mois.»
Le Président (M. Ouimet) : Alors,
quelques explications.
M.
Ouellet : Bien, écoutez, on
en a parlé tout à l'heure, on veut donner de l'espace à la médiation et donc à
la négociation raisonnée et la
conclusion d'une entente acceptée par tous. Alors, si effectivement, à
l'expiration du délai du 30 octobre,
les parties demandent à prolonger la période, puisqu'on est très près d'une
entente, on est très près d'arriver, mais
qu'on aurait besoin de temps avant de soumettre le tout à l'arbitrage, ça donne
l'opportunité, si les deux parties sont d'accord, donc conjointes, de
prolonger cette période pour une période de trois mois de médiation.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Est-ce
que...
(Consultation)
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, on nous propose de suspendre. Oui? Non?
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
C'est ça. On ne suspend pas le chrono, Mme
la députée. M. le député de René-Lévesque, vous voulez intervenir.
M. Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Alors là, on arrive avec une ultime tentative. Et là je reprends les mots de la ministre, là : Le médiateur est une
personne de confiance, une personne expérimentée qui sait sentir ce qui se
passe et nous dire vraiment quelle
est la température de l'eau dans les négociations. Et donc ce qu'on se dit,
nous, c'est que, si les parties sont
très près d'une entente et qu'on voit la date du 30 octobre apparaître,
est-ce qu'on ne pourrait pas, à la demande
conjointe des parties, prolonger la période de médiation pour, encore une fois,
arriver à une entente négociée et entendue?
Alors, on a demandé, tout à l'heure,
d'augmenter la période de la médiation, la réponse était non. Après ça, on a
demandé, si la médiation est un constat
d'échec, de quand même laisser le temps aux parties de revenir. Là, ce qu'on
dit, c'est que, si les parties sont
prêtes à s'entendre puis qu'on voit le boulier du temps s'égrener, bien, on
pourrait effectivement demander une
extension de délai de trois mois, à la demande conjointe des parties. Donc,
tout le monde s'entend qu'on a besoin juste un peu plus de temps pour
arriver à s'entendre à la médiation.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Oui, Mme
la ministre.
Mme
Vien : ...un petit point d'ordre, un petit point d'ordre.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Oui?
Mme Vien : Moi, je
pensais qu'on faisait comme tout à l'heure, suspendre cet article-là, là. Je
comprends que ce n'est pas ça qui se passe, là.
La Présidente (Mme Gaudreault) : C'est-à-dire qu'il n'y a pas de consentement pour
pouvoir suspendre, on nous demande de poursuivre. On attend une réponse
du côté...
Mme
Vien : On va prendre le temps de réfléchir, là. Je comprends,
là, que...
La
Présidente (Mme Gaudreault) : C'est-à-dire qu'il faut parler, il faut
échanger ici. Le temps...
Mme Vien : Bien
non! Je vais réfléchir avant, là. On me propose un amendement, Mme la
Présidente, vous allez comprendre que, hein...
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, je comprends. Alors là...
Mme
Vien : Il y a des impacts. Il y a des impacts sur l'arbitrage,
il y a des impacts...
Une
voix : ...
Mme Vien : C'est
ça, pas de suspendre les travaux mais de suspendre l'amendement et peut-être
d'y revenir, le temps qu'on réfléchisse comme il faut.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Est-ce qu'il y a consentement? Est-ce
que vous voulez poursuivre vos commentaires, M. le député de René-Lévesque?
M. Ouellet : Juste pour être certain, ce que vous me dites,
Mme la ministre, c'est que vous voulez qu'on suspende l'article et qu'on y revienne... Parce que, nous,
ce qu'on ne veut pas, c'est y revenir à la fin, là, on veut y revenir
rapidement, comme on a fait tout à l'heure.
Mme
Vien : ...on veut juste se faire une tête, là.
M.
Ouellet : Oui, O.K.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Bien, c'est une belle
analogie, Mme la Présidente, c'est une belle chose, parce qu'on est près, peut-être, d'une victoire. Alors, ce serait bien
de s'y pencher, sur cet article-là. C'est un excellent exemple de
l'article 17.1. Alors, on est
peut-être près d'une entente, alors on va prendre le temps de le regarder comme
il faut, oui, ou de l'étudier avant.
• (21 h
10) •
La
Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, si je comprends bien,
vous souhaitez attendre qu'une décision soit prise pour poursuivre l'étude des
autres articles. Est-ce que c'est ce que je comprends?
M.
Bourcier : On passe à 18. On le suspend et on passe à
l'article 18.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, nous allons suspendre les
échanges concernant l'article 17.1 qui a été déposé par M. le député de
René-Lévesque. Et nous allons passer à la section VI, l'arbitrage, et
l'article 18. Est-ce que vous voulez en faire la lecture, Mme la
ministre?
Mme Vien : Alors,
on va... Donc, je comprends qu'on met de côté l'article 17 pour tout de
suite, on se laisse... on se donne quelques minutes supplémentaires?
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Tout à fait.
Mme
Vien : Merci beaucoup. C'est beau? On y va?
Donc : «18. À la demande
conjointe des parties d'un secteur suivant l'article 15 ou sur réception
par le ministre d'un rapport du médiateur faisant état de l'échec de la
médiation suivant l'article 17, le ministre défère le ou les différends à
l'arbitrage. Il en avise les parties.»
Cet article prévoit que la ministre
doit mettre fin à la négociation et déférer le différend à l'arbitrage sur demande
conjointe des parties ou à la suite d'un constat d'échec de la médiation.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, on vous remercie, Mme la
ministre. Je pense qu'il y a
un amendement qui a été déposé
par quelqu'un de l'opposition officielle, qui sera M. le député de Saint-Jérôme?
M. Bourcier :
Bien, en fait, Mme la Présidente, on aimerait que Mme la ministre nous explique
un peu plus l'article 18. On voudrait plus d'explications.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, Mme la ministre, est-ce
que vous avez des explications supplémentaires à fournir à M. le député de Saint-Jérôme?
Mme Vien :
Une petite seconde, s'il vous plaît.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Vien : L'article 18
prévoit que la ministre doit mettre fin à la négociation et déférer le différend à l'arbitrage sur demande conjointe des
parties ou encore à la suite d'un constat d'échec de la médiation.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
J'aurais un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, vous pouvez en faire la lecture.
M.
Bourcier : Est-ce qu'il est distribué avant? Je vais attendre la distribution. Je suis toujours
dans la pédagogie, Mme la Présidente. Il y a ceux qui sont plus visuels qu'auditifs.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Vous pouvez le lire, si vous voulez, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Un
instant... Alors, nous voudrions modifier l'article 18 du projet de loi par la suppression des mots «ou sur réception par le ministre
d'un rapport du médiateur faisant état de l'échec de la médiation suivant
l'article 17».
La Présidente (Mme
Gaudreault) : C'est très bien. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement déposé par M. le député de Saint-Jérôme?
(Consultation)
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, Mme la ministre.
Mme
Vien : En fait, ce qui est proposé ici a exactement le même
effet que de ce qui a été rejeté en 17, là.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Excusez-moi, je n'étais pas là lors de
l'adoption de l'article 17. Est-ce que vous pouvez élaborer un peu
plus concernant...
Mme Vien :
Bien, ils étaient là, eux autres, là, Mme la Présidente.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Oui, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Alors, nous
sommes conséquents avec nos propos. Alors, quand il y a un constat d'échec, on
réessaie encore une fois. Alors, évidemment,
comme dans l'article 17, où nous voulions retirer la possibilité au médiateur de mettre fin à
la négociation avant la date d'échéance, alors nous récidivons à
l'article 18, en retirant la possibilité au médiateur de mettre fin à
la négociation avant la date d'échéance, puisqu'elle est très importante, de se garder du temps, il faut laisser
les gens négocier, les deux parties. Alors, nous sommes dans la cohérence de
nos propos, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, Mme la ministre, vous...
Mme Vien :
Et nous, nous sommes cohérents dans nos réponses.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, ça ne sera pas très long, je vais vous revenir avec la décision par rapport à la recevabilité de cet
amendement.
(Consultation)
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, après analyse des deux
amendements qui ont été déposés, on m'indique que celui-ci serait recevable. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires concernant l'amendement déposé? Oui, Mme la députée de
Vachon.
Mme Ouellet :
Oui. Merci, Mme la Présidente. En fait, ce sera sur l'amendement, mais sur
l'ensemble de la section VI, parce que je crois qu'il faut le regarder,
dans un premier temps, dans son ensemble.
Vous
savez, Mme la Présidente, la ministre, avec son projet de loi spéciale, est venue
complètement déséquilibrer le rapport
de force qui existe, au profit des patrons, en enlevant le principal outil des
travailleurs, qui est la grève. Et on entendait
aujourd'hui M. Trépanier dire : Tout ce que le Conseil du patronat a
demandé avant même le conflit de travail, c'est dans la loi, les patrons
ont gagné.
En fait, probablement
ce que souhaitaient le plus les patrons, c'est la section d'arbitrage. Et, dans
ça, Mme la Présidente, c'est que le
gouvernement se retrouve juge et partie, parce que le gouvernement est
probablement le plus gros donneur
d'ouvrage en construction au Québec. Et, lorsqu'on sait que les patrons... Et
pourquoi ça a achoppé, les négociations,
c'est que les patrons ont demandé des modifications aux horaires de travail qui
viennent impacter directement la
conciliation travail-famille avec ce qu'ils ont appelé de la flexibilité — toujours des beaux mots pour présenter, des
fois, des réalités difficiles pour les
travailleurs. Bien, avec ces demandes-là sur l'ouverture des horaires de
travail... C'est ce que
demandent les patrons, ils demandent... C'est une porte ouverte au recul
des conditions de travail des travailleurs de la construction. Et là, quand on vient avec toute une procédure
d'arbitrage comme celle-là, c'est qu'on ouvre la porte à un recul des
conditions de travail.
• (21 h 20) •
Et, là où moi, je trouve qu'il y a un gros
problème, étant donné que le gouvernement est juge et partie, et je crois
que l'amendement de mon collègue viendrait
régler ça en grande partie, c'est que, dans l'article 20, s'il n'y a pas
d'entente sur les arbitres, le
ministre — la
ministre, en fait — peut
nommer l'arbitre directement, mais la ministre est juge et partie. Son
gouvernement est juge et partie. Donc, comment peut-on avoir l'assurance qu'il
y aura une indépendance dans la nomination
de l'arbitre, alors que le gouvernement est juge et partie? Donc, il y a un
gros problème dans l'article 20 et il y a un gros problème dans l'article 23, parce que la ministre, qui est
juge et partie, vient faire de l'ingérence directement dans les matières
qui peuvent faire l'objet de l'arbitre, la méthode, alors qu'elle est juge et
partie.
Donc,
moi, je crois que, s'il y avait un amendement tel que proposé par mon collègue,
où l'arbitrage est possible seulement
sur une demande conjointe des parties... Et là il faudrait enlever en 20 la possibilité
que la ministre nomme directement l'arbitre, parce que la ministre
est juge et partie. Je pense que c'est vraiment essentiel, parce que, dans ce cas-ci,
comme le gouvernement est juge et partie et qu'on sait que, du côté du
patronat, il y a une volonté de faire reculer les conditions de travail, il y a donc une forte possibilité que, s'il y a
un arbitre qui est nommé directement par le gouvernement,
qui est juge et partie, il aille dans le même sens que le patronat.
Et
c'est ça, l'inquiétude des travailleurs de la construction. C'est ça, la grande
inquiétude, c'est un recul de leurs conditions
de travail et un recul sur les horaires, les horaires qui pourraient les obliger
à temps simple à travailler les fins
de semaine, et là c'est la
conciliation travail-famille. Et, la bonne nouvelle dans ça, Mme la Présidente, parce que c'est un conflit
qui n'est pas évident, moi, je peux vous dire qu'en tant que femme je suis contente
de voir que ce n'est pas seulement que les
femmes qui s'intéressent à la conciliation
travail-famille mais que, maintenant, aussi les hommes s'intéressent à la conciliation
travail-famille.
Et
moi, j'aimerais ça que la ministre nous explique cette section-là sur
l'arbitrage et qu'elle nous explique comment
elle peut, comme le gouvernement est un des plus gros donneurs d'ouvrage, penser
qu'elle n'est pas juge et partie et penser que les travailleurs peuvent
avoir la certitude d'une indépendance, alors que ce n'est pas le cas parce que
le gouvernement est juge et partie et que la ministre fait partie du gouvernement.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la députée de Vachon.
Est-ce que, Mme la ministre, vous voulez intervenir suite à l'intervention de
Mme la députée de Vachon?
Mme Vien :
L'arbitrage, Mme la Présidente, arrive dans le projet de loi — ce
n'est pas un épouvantail à moineaux,
là — arrive
dans le projet de loi après une période de médiation, donc de négociation. On
vient donner un second souffle à la
médiation qui, de toute évidence, n'a pas fonctionné dans la période déterminée
dans la loi R-20, qui va d'octobre jusqu'au 1er mai, jusqu'à la fin
avril.
J'ai
eu l'occasion de le répéter à plusieurs reprises aujourd'hui, en multiples
occasions, durant les cinq prochains mois... les cinq premiers mois,
pardon, les parties n'ont pas négocié. Les parties ne se sont pas réunies pour
négocier. Il n'y a pas personne qui a nié ça
aujourd'hui. On est devant une grève générale illimitée qui coûte actuellement
45 millions de dollars par jour.
Il y a des gens qui veulent aller travailler, il y a des quincailliers qui
veulent brasser des affaires. La période est courte, de l'été, il faut profiter
de chacun des moments que nous avons pour cette industrie.
L'arbitre, il est là
justement pour dénouer l'impasse, et nous faisons le pari qu'effectivement, nos
parties en présence... et j'aime bien
rappeler qu'il s'agit ici quand même d'un conflit privé, là, ce n'est pas
anodin de le répéter, ce n'est pas banal non plus, mais on vient aider à
faire en sorte qu'on puisse trouver un terrain d'entente et arriver à une convention négociée dans les secteurs, dans chacun
des secteurs. Donc, une période de négociation, de médiation, et, si effectivement,
d'aventure, ça ne devait pas fonctionner, on ira à l'arbitrage.
On
prévoit l'arbitrage, ce n'est pas quelque
chose qui est rare, ça arrive, ça
arrive. Puis la ministre, sauf... on en nomme, des arbitres, là. Les parties, Mme la Présidente, là, n'ont
pas négocié cinq mois sur sept. Alors, il faut prévoir un mécanisme qui fait en sorte qu'effectivement, si on arrive, malheureusement, à la même situation, on puisse dénouer
cette situation-là. Et l'arbitrage est la solution qu'on propose.
On
me souffle : La population souffre beaucoup de la situation actuellement. Et il faudrait, de l'autre côté aussi, Mme la Présidente, qu'on ait ces préoccupations-là, cette sensibilité-là pour la population,
les commerçants, les commerces, les travailleurs qui veulent aujourd'hui
que nous aidions à régler le problème.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la
députée de Vachon,
il vous reste un temps de parole de 23 secondes.
Mme Ouellet :
Merci, Mme la Présidente. La ministre parle de second souffle de négociation
pour dénouer l'impasse. Malheureusement, on n'appelle pas ça des négociations
si c'est la ministre qui nomme l'arbitre, et qui décide les objets d'arbitrage, et que la ministre est juge et partie.
On n'appelle pas ça de la négociation parce
qu'il n'y a pas l'indépendance nécessaire, parce qu'elle est juge et partie. Et comment les travailleurs peuvent avoir
confiance? Et donc la difficulté réside...
La Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, malheureusement, votre temps est écoulé, Mme la députée de Vachon. Est-ce que vous avez des commentaires
suite aux dernières... la dernière intervention?
Une voix :
...
La Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, votre temps de parole est écoulé
pour l'exercice actuel. Alors, je
vous remercie, Mme la
députée de Vachon. Maintenant,
nous allons poursuivre sur l'amendement déposé par M. le député de Saint-Jérôme
à l'article 18. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, est-ce que l'amendement...
Je vais mettre aux voix l'amendement de M. le député de Saint-Jérôme à l'article 18.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Il est refusé... rejeté, pardon. Alors, nous allons
revenir à l'article 18. Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, Mme la députée
de Taschereau.
Mme
Maltais : J'aurais
une question pour la ministre.
Dans la dernière ligne, on dit : «...le ministre défère le ou les différends à l'arbitrage.» On sait que, dans
le rapport qui va être remis à la ministre, il va y avoir des recommandations.
Il va y avoir l'explication des différends
et ensuite les recommandations du médiateur. Ici, on a choisi non pas
d'écrire : «Le ministre réfère
les recommandations à l'arbitrage», mais bien «les différends», tous les
différends. Est-ce qu'il y a une
subtilité ici? Est-ce qu'on n'aurait pas dû dire : «Le rapport du
médiateur avec ses recommandations» et mettre de l'emphase sur les
recommandations au lieu de la liste des différends?
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Sauf erreur, ce à quoi fait référence la députée se retrouve à
l'article 23. Ce dont il est question ici, évidemment, c'est :
«[La] ministre défère le ou les différends à l'arbitrage». Mais c'est 23,
finalement.
Une
voix : ...
Mme Vien :
Sur les matières, c'est ça.
Mme
Maltais :
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Je m'excuse, là, ce n'est pas écrit que le ministre réfère les
recommandations du médiateur pour arbitrage ou les sujets faisant
l'objet de recommandations du médiateur à l'arbitrage. «[La] ministre défère le
ou les différends — donc
tous les différends — à
l'arbitrage», je veux comprendre quelle est la raison derrière ce choix de ce
libellé-là. Je n'amène pas d'amendement, rien, mais je veux comprendre comme il faut pourquoi c'est ce libellé
qui a été choisi.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
En ce qui a trait aux items dont elle parle, en fait c'est les sujets qui
pourraient faire partie des recommandations dont elle parle, et recommandations
qui seront faites à la ministre par le ou les médiateurs, parce qu'il y
en a plus qu'un au dossier. Il peut y avoir plus qu'un médiateur qui fasse des recommandations à la ministre sur l'objet ou les objets qui pourraient
être déférés à l'arbitrage. C'est à l'article 23.
Ce
que je comprends ici, ce qu'on vient dire, c'est : Le ministre
réfère à l'arbitrage le secteur qui n'en arrive pas à une entente. Sauf
erreur, est-ce que c'est ça qu'on doit comprendre? C'est ça, voilà.
Une voix :
...
Mme
Vien : C'est par
secteurs, c'est ça. Et par la suite,
en 23, on répond de façon plus précise aux questionnements de la
députée.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Je ne comprends toujours pas, là. Ce n'est
pas : «Le ministre défère...» Tu sais, on dit : «Défère les différends». Alors, est-ce qu'elle peut
m'expliquer précisément, dans le texte de loi, ce que signifient «les
différends», pour que je comprenne bien? C'est juste que je veux bien, bien,
bien comprendre. On ne dit pas : «Les recommandations du médiateur», on dit : «Les différends». On
ne dit pas : «Le rapport du médiateur sur un secteur», on dit : «Les
différends». Je veux comprendre la portée de ce texte.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme
Vien : La portée de ce texte dit ceci, c'est que la ministre
défère s'il y a une table ou un secteur qui ne s'entend pas ou plusieurs
tables ou plusieurs secteurs qui ne s'entendent pas. Ici, ce dont on parle,
c'est ça qui est déféré à l'arbitrage. Pour
les précisions de ce qui sera, donc... de ce différend, comment il sera
documenté, je vais dire ça comme ça, les matières, c'est plus tard dans
le projet de loi.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Alors, c'est ça. La ministre m'a dit : C'est
ça. J'essaie de comprendre qu'est-ce que ça veut dire, «c'est ça». On est en train de légiférer. «...le
ministre défère le ou les différends à l'arbitrage.» Que signifie exactement
le mot «les différends»? C'est juste ça que
je veux savoir. Est-ce qu'elle va déférer une opinion? Est-ce qu'elle va
déférer le rapport du commissaire avec
tout ce que ça implique... du médiateur? Je veux comprendre ce que signifient
«les différends». C'est tout. Je pensais que j'avais posé une question
toute simple.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre du Travail.
Mme
Vien : Ça veut dire : La mésentente ou les
mésententes qui sous-tendent que c'est une mésentente dans un secteur ou
des mésententes dans plusieurs secteurs. Nous autres, on comprend.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
• (21 h 30) •
Mme
Maltais : Bien sûr, le gouvernement se comprend toujours,
mais nous autres, on est les législatifs, et c'est tout le monde qui doit
comprendre ici, et pas seulement «nous autres». Alors, Mme la Présidente, la
question que je pose... Par exemple,
ça aurait pu être écrit : Le ministre défère le rapport du médiateur à l'arbitre, par exemple.
Tu sais, il y a plein de solutions de libellés. Là, c'est parce
qu'on a écrit «le ou les différends». J'essaie juste de comprendre comment
ça va se faire. Peut-être,
si elle m'explique la mécanique, je vais comprendre, on va comprendre, tous, et
non pas elle, mais tous ce que ça
signifie. Si elle explique la mécanique, si elle dit : C'est le rapport
qui est envoyé, c'est ça que ça veut dire, si elle dit : C'est un avis comme quoi
tel secteur s'en vient, là, je vais comprendre. Je veux juste une petite
explication, ça va prendre deux secondes.
Mais qu'est-ce que ça veut dire? Dans la vraie
vie, là, comment ça va marcher, la mécanique?
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme
la ministre, est-ce que vous avez une explication à apporter? Une explication
supplémentaire.
Mme Vien : Il faudrait un cas de figure. Bon, il est tard,
on est un peu fatigués, je n'ai pas voulu vous brusquer. Prenons le cas de
figure ils ne s'entendent pas, où le médiateur constate que ça ne fonctionne pas.
On parle d'un constat d'échec. Alors,
moi, j'informe l'arbitre qu'il aura de la matière sur son bureau, qu'il aura
donc des parties à rencontrer, parce
qu'il y a des différends, il y a des mésententes, des
désaccords. Alors, j'informe l'arbitre, si vous voulez, qu'il y a des désaccords et... Hein? Pardon,
excusez-moi.
(Consultation)
Mme Vien : Alors donc, c'est ça, Mme la députée, ce que ça veut dire. Et, par la suite, évidemment, suivront ce
qui devra être traité par l'arbitre, les matières sur lesquelles l'arbitre se
penchera.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : J'essaie juste de
faire la conciliation entre le 18 et le 20 et je reviendrai au 20 après la
discussion qu'on vient d'avoir, parce
que je me demande comment on va déférer à un arbitre s'il n'est toujours
pas nommé ou choisi. C'est la seule question que je me pose. Merci, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous sommes toujours à l'article n° 18. Est-ce qu'il y a autres interventions? M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Maintenant
qu'on est rendus au 18, probablement au vote, on voudrait, nous, revenir au 17.1, qui était
en attente.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Nous allons adopter, si vous le voulez bien, l'article n° 18, et nous
reviendrons à l'article 17.1. Alors, est-ce que l'article n° 18 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté sur division. Alors, tel que souhaité par M. le député de Saint-Jérôme, nous allons revenir à l'amendement
proposé par l'opposition officielle à l'article 17.1.
Est-ce que, Mme la ministre, vous avez des commentaires
à apporter?
Mme Vien : Nous ne souhaitons pas, Mme la Présidente, donner suite à l'amendement du collègue, parce que, si nous devions le
faire, ça viendrait impacter évidemment l'article 15, qui est déjà adopté. Et également
ça viendrait réduire le temps d'arbitrage.
Et tout à l'heure j'ai bien fait, je pense, la démonstration de l'importance que revêt justement l'arbitrage compte tenu de l'historique des
négociations entre les parties que nous avons connu au cours de la dernière
période de négociation. Alors, pour ces raisons... je comprends les propos de
mon collègue, mais je ne donnerai pas suite.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, Mme la ministre. Alors, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui, Mme la Présidente. Le Parti québécois, c'est un
parti très positif, on veut que les choses se déroulent rondement. Et, si je comprends, là... Je vais réexpliquer
l'article 17.1 pour être bien certain qu'on se fasse bien
comprendre. Tantôt, on nous a refusé que, s'il y avait un constat d'échec avant
le 30 octobre, qu'on puisse le laisser aller
là, le médiateur. Mais là justement on l'imagine en train de faire de bien
belles choses, c'est presque au bord de la réussite. Et on a confiance en son expertise, le merveilleux médiateur.
Mais là, Mme la ministre, si on demande une telle extension, c'est parce qu'on est positifs. On ne
parle pas d'un échec, Mme la Présidente, mais d'une semi-victoire. C'est un peu
comme P. K. Subban amenait la coupe Stanley, mais à Montréal. On ne la gagne
pas, mais on est près, on peut y
toucher. Alors, est-ce que Mme la ministre pourrait accéder à notre demande
d'amendement pour justement l'article 17.1?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Est-ce que vous voulez ajouter des commentaires, Mme la ministre? Non, ça va?
Alors, y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Mme la ministre,
il est peut-être mal écrit. Peut-être si on rajoutait la situation suivante? Le
médiateur, là, qui est avec les parties est sur le point d'arriver à une
entente, parce que notre amendement parle... «À la demande conjointe des parties». On pourrait
rajouter : «...à la demande du médiateur...» Si le médiateur constate, là,
qu'on est sur le point d'arriver et
qu'il aurait besoin d'un délai qu'il pourrait, lui, juger raisonnable... On a
mis «pour une période de trois mois»; le médiateur pourrait vous
suggérer une extension et un délai supplémentaire pour arriver à une entente. Est-ce que ça, Mme la ministre, ça serait quelque
chose qui... Parce que je comprends, là, votre préoccupation, tout à l'heure,
était : plus on étire la médiation,
plus on restreint relié à l'arbitrage. Mais là on est sur le point d'arriver,
là, puis le médiateur, là, vous
appelle, puis dit : Écoutez, Mme la ministre, je pense que je tiens
quelque chose. Avant d'arriver à l'arbitrage, j'aurais peut-être besoin
d'un mois supplémentaire. Qu'est-ce que vous pensez de ça, qu'on pourrait
introduire cette disposition qui
permettrait, à la demande conjointe des parties ou à la demande du médiateur,
selon les recommandations du médiateur, de prolonger d'une durée x?
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député, moi, j'ai besoin de
savoir si vous voulez ajouter ce que vous
venez de mentionner à l'article actuel, l'article 17.1, ou si vous
voulez le... alors, ça devient un sous-amendement, ou vous voulez retirer l'article 17.1 et
reformuler un nouvel amendement? Et, dans les deux cas, vous devriez nous le
fournir par écrit.
M.
Ouellet : Oui. Ce que je
veux, c'est un... Je veux débattre avant. Je veux voir si Mme la ministre est
intéressée, puis, si effectivement on
a une voie de passage, on va l'écrire. Parce que, là, tantôt, on l'a écrit puis
on ne l'a pas débattu. Ça fait que je fonctionne un peu à l'inverse.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Est-ce que, Mme la ministre, vous êtes
prête à échanger avec M. le député de René-Lévesque sur ce qu'il vient
de proposer?
Mme Vien :
Bien, moi, je lui répondrais la même chose que je lui ai dite un peu plus tôt,
là. 15 est déjà adopté. Ça minerait la parité. Ça va venir réduire le
temps de l'arbitrage. Et, en même temps, il faut bien comprendre qu'une entente est possible en tout temps, Mme la
Présidente. On l'a dit à plusieurs reprises, et c'est entendu, ça, c'est
compris de toutes les parties. Alors,
je serais embêtée d'aller autrement. Je vous le dis : Compte tenu de ce
que nous avons connu dans la dernière négociation, je souhaiterais que
nous laissions telle quelle la séquence des événements.
• (21 h 40) •
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. Y a-t-il des commentaires? M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Vous faites
référence, Mme la ministre, aux négociations actuelles ou celles qu'ils ont tenues en 2013,
quand vous disiez... Je fais référence aux...
Actuelles? O.K. Vous êtes consciente, Mme la ministre, que, quand vous faites référence
à ça, c'est sans la connaissance de ça, et ça vient donner un nouveau cadre ou
un nouveau cheminement qui arrive à une fin ou une finalité.
Ce qu'on
essaie de... pas de vous faire comprendre, Mme la ministre, mais ce qu'on
essaie de vous faire voir, en toute honnêteté : On est le
30 mai, le médiateur doit rendre sa décision le 30 octobre. Je suis
le 28 octobre, Mme la ministre, puis je
vous dis, là, je suis le médiateur, puis je vous appelle à votre bureau, puis
je vous dis : Écoutez, là, j'aurais, je pense, besoin de deux
autres rencontres pour qu'on arrive avec une entente négociée. Est-ce que vous
préférez, Mme la ministre, tenir à avoir le
plus de temps possible à l'arbitrage ou vous tentez d'obtenir le plus une
entente négociée par la médiation? C'est quoi, votre objectif final?
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme
la ministre du Travail.
Mme Vien :
Moi, mon objectif final, c'est d'avoir des ententes négociées au 30 avril
2018 et qu'ils utilisent la période
de négociation qu'on a mise à leur disposition, de médiation qu'on a mise à
leur disposition. Et nous, on considère que la période qui a été déterminée est suffisante, que le fait qu'il y
ait de l'arbitrage dans le décor, ça va convaincre les parties d'aller
de l'avant, de négocier puis d'en arriver à une entente.
Là, je vois
vite, vite, vite un communiqué de presse qui vient d'arriver, de l'alliance
syndicale, qui nous demande que le
délai de négociation soit réduit au 1er septembre 2017, là. Je vous lance
cette information succinctement, je n'ai pas analysé le... Mais je mets
ça dans votre besace à réflexions, mais on n'a pas eu le temps de l'analyser.
Alors, Mme la
Présidente, la période d'arbitrage est vraiment une période qui est là pour
convaincre les parties de négocier. Puis franchement, là, cinq mois, là,
c'est le temps qu'ils n'ont pas pris pour négocier. Je veux dire, sur quel ton je dois le dire, tu sais, quels mots je dois
utiliser pour vous convaincre que ce n'est pas moi que vous devez convaincre,
que ce sont les parties que vous devez
convaincre que le projet de loi que nous avons devant soi est un projet de loi
qui met toutes les conditions en place pour aider, pour encadrer les
parties à se donner une convention collective?
Le cinq mois,
je vous le répète, qu'on leur donne, c'est le cinq mois qu'ils n'ont pas
utilisé entre octobre 2016 et février 2017. Avez-vous entendu quelqu'un
aujourd'hui venir nier ce que j'avance? Personne. Ils le savent, qu'ils
n'ont pas négocié. Pourtant, on leur a
écrit, je les ai rencontrés, leur demandant d'agir rapidement. Le temps file,
le temps passe, le temps qui passe ne revient pas. Ah! le jeu de la négociation,
puis le temps, puis la stratégie, puis... Bien, là, la stratégie, elle est
claire, la stratégie : tu as cinq mois pour négocier, puis si tu n'arrives
pas à une entente, tu t'en vas à l'arbitrage.
Je comprends
ce que vous me dites, mais moi, je comprends ce que j'ai vu. Je comprends ce
que j'ai entendu. Je comprends ce que
j'ai constaté. Puis je comprends que, depuis mercredi passé, cinq heures du
matin, on est en grève. Puis je comprends que c'est 45 millions de dollars par jour qu'on perd. C'est ça, la réalité, là.
C'est ça, la réalité. C'est du monde qui
ne travaille pas. C'est de l'argent qui ne rentre pas à la maison. C'est des
maisons qui ne se construisent pas. C'est des quincailliers qui ne font
pas une cent. C'est ça, la réalité, à matin.
Nous,
on dit : C'est assez. On pense que le projet de loi qu'on a devant
soi, c'est une pièce législative d'exception mais qui est raisonnable, avec une augmentation de salaire. On vient
mettre fin à la grève puis on dit : Regarde, on vous donne cinq
mois pour négocier, puis ensuite vous aurez de l'arbitrage.
Puis
sinon, qu'est-ce qui me dit, moi, que je ne revivrai pas ce que j'ai vécu du
mois d'octobre au mois de février? En avez-vous l'assurance, que ça va
être autrement? Moi, non. Je n'en ai pas l'assurance. Je veux mettre toutes les
conditions gagnantes sur la table pour les
aider, pour les aider à trouver une piste d'atterrissage, puis faire en sorte
que tout le monde soit content puis heureux dans cette négociation-là. Puis je pense qu'on va réussir. Je pense sincèrement qu'on
va réussir, très sincèrement.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre du Travail. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Donc, si je comprends bien votre propos, Mme la ministre, vous n'avez — après
ces cinq mois gaspillés — plus confiance en la négociation. C'est ce
que je comprends. Comme ils ont gaspillé cinq mois, vous n'avez plus
confiance à ce qu'on, dans certains cas, arrive à une négociation. Moi, ce que
je vous dis, là, puis je suis bien honnête avec vous, là : «À la demande
conjointe des parties» ou... Puis, si vous voulez, on peut le changer,
là : «À la demande — plutôt — du médiateur, le ministre»... «la
ministre — pardon — peut». C'est «peut». Vous n'êtes pas
obligée, Mme la ministre, vous allez
pouvoir évaluer : Est-ce que c'est pertinent ou pas? Est-ce que c'est
légitime ou pas? «Peut prolonger la période de médiation selon une durée
qu'elle déterminera».
Ce
que je veux vous dire, là, c'est que, si on est proches d'arriver, je pense que
nous voulons tous les deux la même chose, c'est que les gens négocient,
et qu'au bout de la ligne il y a une entente négociée.
Ça
fait qu'on introduit le «peut». C'est votre pouvoir, Mme la ministre, de
décider, oui ou non, d'accorder cette période
supplémentaire, de la juger pertinente ou pas et de mettre votre pouvoir
ministériel pour favoriser une entente entre les parties. Et vous pourriez même
fixer le temps. Donc, là, on est en train d'escamoter, là, l'amendement, là,
mais je serais prêt à le retirer et le remplacer par... au lieu de «la
demande conjointe des parties» mais «à la demande du médiateur», donc, celui qui a le pif pour sentir l'état des troupes à la
table des négociations, «le ministre peut prolonger la période selon une durée
qu'elle juge raisonnable». Est-ce que ça, Mme la ministre, on a... On se donne
juste un moyen... je vous donne des moyens supplémentaires d'arriver à
une entente négociée.
Alors si votre
médiateur vous dit : On est sur le bord d'arriver, puis il vous dit :
Écoutez, là, moi, je vous entends, là, je
vous donne trois rencontres supplémentaires, ou un mois supplémentaire, puis,
après ça, on s'en va là, puis ils réussissent à s'entendre, vous avez
sauvé l'arbitrage puis vous n'êtes plus dans les délais serrés d'arbitrage.
Mais, si effectivement vous donnez ce délai
supplémentaire là, il n'arrive pas, vous vous êtes donné au moins la dernière
chance d'essayer et, par la suite, d'imposer l'arbitrage.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, M. le député de René-Lévesque. Y a-t-il d'autres commentaires sur l'amendement de l'opposition
officielle à l'article 17.1? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
J'aurais même, Mme la Présidente, quelque chose qui pourrait être encore mieux par
rapport à justement l'amendement de mon collègue, et je vais le réitérer, peut-être
pour en arriver à un genre de consensus :
«À
la demande conjointe des parties ou du médiateur, la ministre
peut prolonger la période de médiation pour une durée qu'elle pourra
déterminer.»
Ce
qui ne va pas à trois mois, mais d'une heure à trois mois, on a une période de
temps intéressante pour rallonger les discussions, si on était à minuit moins une, de certains dossiers du
médiateur. Donc, on ouvre une porte, de
ce côté-là, Mme la ministre.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre, est-ce que vous avez...
Mme
Vien : M. le député, en tout respect, j'ai fait la
démonstration claire, nette et précise du pourquoi du projet de loi et du pourquoi la séquence est telle que
nous la proposons. Et je vous réitère que les parties, en tout temps, peuvent
continuer à négocier, en tout temps, et que,
si tel était le cas et qu'ils en arrivaient à une entente même sur certains
points, même si ce n'était pas sur tous les points, l'arbitre le
prendrait en considération. Évidemment, ça va de soi.
• (21 h 50) •
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires sur l'amendement? M. le
député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Vous pouvez tout de même comprendre, Mme la ministre, notre
préoccupation d'avoir la plus longue période de négociation possible, on
est conséquents avec nos propos et avec les valeurs de l'opposition officielle.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires sur
l'amendement et de l'article 17.1? Alors, je vais mettre aux voix l'amendement déposé par l'opposition officielle
à l'article 17.1. Est-ce que cet amendement est adopté?
Mme Vien : Rejeté.
191 959 La Présidente (Mme
Gaudreault) : Il est rejeté. Merci. Alors, nous allons poursuivre avec
l'article 19. Alors, Mme la ministre, vous voulez nous en faire la
lecture?
Mme Vien :
Certainement.
«Le ministre
détermine le mode d'arbitrage applicable, soit par un arbitre unique ou
[encore] par un conseil d'arbitrage [qui
est] composé de trois membres, dont un président. [Et] le ministre indique le
mode retenu dans l'avis prévu à l'article 18», dont nous parlions un peu
plus tôt.
Cet
article donc prévoit que la ministre décide du mode d'arbitrage applicable,
soit un arbitre unique ou encore un conseil d'arbitrage, et on doit en
aviser les parties.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre. Y a-t-il
des commentaires sur l'article 19? M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Mme la Présidente, je voudrais savoir : Qu'est-ce
qui va déterminer ou détermine le choix de la ministre par rapport au
mode d'arbitrage?
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Vous avez une réponse, Mme la ministre?
Mme Vien :
Oui, Mme la Présidente, c'est essentiellement la complexité, hein, des objets
qui seront soumis à l'arbitrage.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
J'aimerais plus d'explications, je n'ai pas compris la réponse de Mme la
ministre.
Mme Vien :
On essaie d'illustrer ça pour tout le monde comprenne bien.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Très bien.
Mme
Maltais :
C'est un sujet complexe. Nous comprenons la complexité de la question.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Oui.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, Mme la ministre.
Mme
Vien : Excusez-moi du
délai. Alors donc, la complexité des objets, effectivement, le nombre de
sujets qui pourraient être soumis également
peut faire partie de l'équation, également le type d'expertise dont on pourrait avoir besoin.
Alors, un arbitre seul peut avoir une
expertise, c'est bien entendu, mais ça va dépendre aussi, est-ce qu'il y a
un secteur qui s'en va en arbitrage?
Est-ce qu'il y en a deux? Est-ce qu'il y en a trois? Quels sont
les sujets? Est-ce que ça demande de l'expertise particulière? Est-ce qu'à ce moment-là on ne serait pas mieux d'avoir un conseil d'arbitrage qui sera composé de personnes avec des expertises très
particulières? En tout cas, je ne sais pas si je réponds à votre question,
mais c'est le contexte dans lequel on va venir déterminer s'il s'agit
d'un arbitre seul ou d'un conseil d'arbitrage.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, Mme la
ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Je me mets à
la place des gens qui nous écoutent ce soir et qui disent : Bon, bien, là,
il y a un arbitre puis, woup, il y a
un conseil. Admettons qu'il y a un des membres du conseil qui n'est pas d'accord
avec les autres, qu'est-ce qui se
passe? Est-ce que c'est Mme la
ministre qui va décider? C'est une majorité
d'arbitres? Ils vont-u décider ça, je
ne sais pas moi, au 30 sous, Mme la
Présidente? J'aimerais avoir des explications de Mme la ministre là-dessus.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, Mme la ministre.
Mme Vien :
Non, non, on ne tirera pas un 30 sous, hein?
Une voix :
Non?
Mme
Vien : Non. Alors,
ils sont trois, en principe, c'est impair, ça devrait assez bien aller, là,
pour trancher. Il y a un président, il devrait trancher. C'est un peu
comme un conseil municipal, M. le
député. Le maire, il ne vote pas,
sauf si c'est égal.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : O.K. Donc, si je comprends bien, Mme la ministre, vous allez
recevoir les points de litige. Ultérieurement, dans l'article 23, vous allez
nous dire, à moins que ça change, que vous allez décider qu'est-ce qui sera
soumis ou pas à l'arbitrage et, suite à cette décision-là, vous me corrigerez
si j'ai tort, vous allez choisir le mode, à
savoir est-ce que c'est un arbitre ou un conseil d'arbitrage. Est-ce que c'est
bien ça? J'essaie de faire la séquence pour être certain de bien
comprendre.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Bien, écoutez, pour répondre à votre question, c'est sûr que, dans le projet de
loi, ça vient en séquence, là, mais, quand
vient le temps de prendre la décision, le projet de loi, il est fluide.
Les différentes étapes sont fluides, là. Je ne sais pas si je suis
claire, là.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Vous allez être saisie des enjeux et vous allez décider celui ou celle
qui sera soumis à l'arbitrage et,
suite à cette complexité-là, ce que je crois comprendre, vous allez décider est-ce que
je mets un arbitre ou une arbitre ou un conseil de différends. C'est ce
que je comprends.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui.
M. Ouellet : Juste pour être bien certain de comprendre votre réflexion, là, la
complexité, c'est quoi? Est-ce que
c'est le nombre ou est-ce que
c'est l'ampleur des... Qu'est-ce qui va faire que votre raisonnement va être d'un
à trois?
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Bien, en fait, il y a...
M. Ouellet :
...exemple de...
Mme Vien :
Je vais peut-être demander à nos spécialistes, à moins que vous ayez une
contre-indication.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, il y a consentement pour permettre à...
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, un instant. Vous allez vous présenter, s'il vous
plaît.
M.
Houde (Antoine) : Antoine
Houde, directeur des politiques du travail au ministère du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Sans
nécessairement parler de complexité, il suffirait qu'il y ait
des matières très différentes où un arbitre seul préférerait ne pas
intervenir ou si la ministre juge qu'un arbitre seul préfère ne pas intervenir,
par exemple, si on a des enjeux à la fois de
salaire et d'organisation du travail, s'il est jugé qu'il est préférable qu'un
ban de trois juges, à ce
moment-là, pour les différents éléments... Oui, ça pourrait être applicable.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, je vous remercie. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Donc, vous jugez de ce qui est ou pas soumis à l'arbitre, vous
jugez de la méthode, et ça, ce sera
tout nouveau, là. Est-ce que... comment je pourrais dire? Parce que
j'essaie de voir vraiment la ligne, Mme
la ministre, parce que je me mets dans la peau des associations
patronales et syndicales puis je me dis : Je m'en vais à l'arbitrage, est-ce que
j'aurai affaire avec un ou... Parce
qu'il y a une différence, là, un seul
arbitre versus un conseil d'arbitrage, là. Il y a une différence, parce que
là il y aura trois personnes qui vont pouvoir intervenir.
Moi, j'essaie, là, je me mets dans leur peau, là, je fais face à ça. Sur
quelle base je pourrais avoir des certitudes pour me dire : O.K., si on
s'en va en arbitrage, je serai traité par un groupe ou par un seul individu? Ce
serait ma première question.
Et
ma deuxième, Mme la ministre, en deux
temps... L'arbitre, on est conscients que ça va être un arbitre qui est
nommé et reconnu par l'ordre des arbitres du Québec, mais est-ce que les
membres, ce seront trois arbitres aussi ou est-ce
que vous... Parce que vous dites que ce serait un président, là, mais
est-ce que les deux autres membres peuvent ne pas être des arbitres,
mais que ce soit quelqu'un issu du monde syndical ou issu du monde patronal,
qui ont une expertise bien fine, là? Ou bien vous me dites : Non, non,
dans la loi en question, le conseil d'arbitrage sera formé de trois arbitres.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Alors, de ce que j'en comprends bien, là, c'est que d'abord, pour répondre à
votre première question, là,
évidemment, vous l'avez vu, il y a un rapport qui suit. Il y a des
informations, à l'intérieur de ce rapport-là, qui font en sorte qu'on
puisse se faire une tête sur le type d'arbitrage.
Maintenant, sur les
personnes qui sont nommées au conseil d'arbitrage ou comme arbitre, c'est en vertu
de l'article 77 du Code du travail. Je ne me trompe pas? C'est bien ça?
• (22 heures) •
Une voix :
Non, non, c'est bien ça. À l'article 20, l'article 20.
Mme Vien :
Alors, à l'article... Oui, à l'article 20, ça se suit, là, M. le député,
là. C'est l'article 77 du Code du travail. Vous avez donc la
procédure. Il y a une liste qui est dressée, au ministère, d'arbitres,
régulièrement.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre. Mme la députée
de Taschereau.
Mme Maltais :
Juste pour compléter, c'est parce que l'article 77 dit comment est nommé
l'arbitre, mais ça ne répond pas à la question du collègue, qui
est : Qui va être sur le conseil d'arbitrage? C'est différent comme
question. On sait comment va être nommé
l'arbitre, mais ce qu'on veut savoir, c'est : Est-ce que c'est trois
arbitres? Est-ce que c'est un arbitre, un avocat, un spécialiste en
organisation du travail? Qui, tout simplement, hein?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Ce sont trois arbitres.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, voilà la réponse. Y a-t-il d'autres
interventions?
Mme Maltais :
Oui.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Oui, je voudrais comprendre. Est-ce que ça signifie que, si, par exemple, deux
associations ne s'entendent pas, ont
des différends, mais une association réussit à régler, ça veut dire que tout le
monde doit être soumis au même arbitre ou au même conseil d'arbitrage ou est-ce
qu'il y a, par association, possibilité de nommer arbitre ou conseil
d'arbitrage?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Ça peut être... dans le même cas que le médiateur, d'ailleurs, hein, c'est par
table, par secteur. Il peut y avoir un arbitre ou un conseil d'arbitrage
ou il peut y avoir arbitrage commun pour plus d'un secteur.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Donc, c'est la ministre qui va déterminer ça ou ça va être à la demande des
parties que les arbitres ou les conseils
d'arbitrage vont examiner un ou plusieurs secteurs à la fois? Qui va décider
de, je dirais, la grosseur du secteur qui va être examiné par l'arbitre
ou le conseil d'arbitrage? Comment ça va se faire?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
...à la demande des deux parties.
Mme Maltais :
Ça peut être à la demande des deux parties.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Oui. Ça peut être à la demande des deux parties. Donc, si ça peut, ce n'est pas
ça doit, si je comprends bien. Donc, la ministre pourrait accepter ou pas la
demande des parties.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
C'est exactement ça.
Mme Maltais :
Donc, la ministre...
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Oui. Donc, la ministre se réserve le droit de décider si un arbitre ou un
conseil d'arbitrage pourrait, même si
les parties le demandent, être examiné globalement, ou localement, ou par
secteur, selon son bon vouloir et non selon l'état de la demande des parties. J'essaie
de bien m'expliquer, là, mais c'est pour bien démêler ça parce que c'est
important. On introduit une nouveauté, là.
Ça fait que je veux qu'elle soit claire. À défaut d'être d'accord, au moins, il
faut que je la comprenne.
Des voix :
...
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, Mme la ministre du Travail.
Mme Vien :
Juste une précision, Mme la Présidente. C'est à la demande des parties qu'il
peut y avoir plus d'un secteur. Ce n'est pas la ministre qui décide s'il
y a plus d'un secteur.
(Consultation)
Mme Vien : C'est ce que je disais. Ça prend
une demande des deux parties. Il y a une discrétion de la ministre de l'accepter ou pas, mais ça
prend la demande des deux parties. Est-ce que c'est bien ça?
Une voix :
Oui.
Mme Vien :
C'est ça.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Alors,
si je réfère à l'article 18 : «À la demande conjointe des parties
d'un secteur», quand on lit 19, le
mode d'arbitrage ne se réfère qu'à un secteur, à moins que deux secteurs ensemble
demandent d'être vus par le même arbitre. Conjointe à chaque fois.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui, c'est ça.
Mme Maltais : Donc, je voudrais que... Vous avez bien fait, Mme la Présidente, mais je n'ai pas entendu au
micro la réponse de la ministre. Or, dans les galées, je tiens à la
réponse de la ministre, à ce qu'elle soit dans les galées.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Vous avez raison. Alors, Mme la ministre.
Mme Vien :
Alors, qu'en vertu de l'article 22 «[la] ministre peut», c'est une discrétion,
«à la demande conjointe des parties concernées, accepter qu'un arbitrage
vise plusieurs secteurs».
La Présidente (Mme Gaudreault) : Ça vous va, Mme la députée de Taschereau? Y
a-t-il d'autres interventions? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui, la question est la suivante : Est-ce que les trois membres du conseil
d'arbitrage seront choisis selon leurs expertises complémentaires? Est-ce qu'on
va en tenir compte?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député de Saint-Jérôme, vous n'avez pas
d'autres commentaires?
M. Bourcier :
Merci beaucoup. Ça répond à ma question, oui.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires? Oui, alors, M. le
député de René-Lévesque, sur l'article 19.
M. Ouellet : Avez-vous, Mme la ministre, réfléchi sur la possibilité que les parties
puissent vous demander un ou l'autre des deux modes, c'est-à-dire que
les parties conviennent : Mme la ministre, nous, on aimerait que ce soit un arbitre unique ou les parties
conviennent : Nous, on aimerait que ce soit un conseil d'arbitrage? Est-ce
que ça, c'est venu à votre réflexion?
Est-ce que c'est ce genre de disposition ci que... parce que, là, c'est vous
qui déterminez, là, mais selon la
recommandation des deux parties. On ne s'entend pas, mais on serait d'accord
pour être liés par un arbitre ou on serait
d'accord pour être liés par un conseil d'arbitres. Est-ce que ça, ça a été
exploré? Et est-ce qu'effectivement ce serait...
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, Mme la ministre du Travail.
Mme Vien :
Actuellement, sauf erreur, le code prévoit que, si les parties s'entendent sur
la nomination d'un arbitre en
particulier, la ministre donne son accord, bon. Et, a contrario, si elles ne
devaient pas s'entendre, la ministre en nomme un, et souvent il va être
nommé, évidemment, en fonction de la liste dressée en vertu de 77. Est-ce que
c'est exact?
Une
voix : C'est exact.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : D'autres commentaires? M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Mme la ministre, ce n'est pas de savoir qui seront les arbitres. Ma
question, c'est que, si les parties et syndicale
et patronale vous demandent le choix : Nous, là, on aimerait avoir le
conseil d'arbitrage, indépendamment de ce que vous croyez être une bonne chose, les deux parties s'entendent pour
que ça soit le conseil d'arbitrage ou les deux parties s'entendent pour que ça soit un arbitrage, est-ce
que ça, vous allez avoir une oreille à ça? Parce que, présentement, c'est
vous qui déterminez le mode d'arbitrage
applicable. Est-ce que vous allez les consulter? Voulez-vous les consulter ou,
s'ils vous arrivent avec une proposition, allez-vous être ouverte?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien :
De nature souple, j'aurais tendance à écouter les parties sur cette
question-là, d'autant plus que c'est eux qui paient leurs services, là. Alors,
oui, si effectivement ils avaient une préférence et que les deux parties
s'entendent... Vous savez, ça a l'air saccadé, là, ce qu'on fait, hein, parce
que c'est article par article, mais tout ça est communicant. C'est fluide. Et
puis les gens se parlent, là. Alors, c'est évident que, si effectivement les
parties nous disaient : Écoutez, nous,
on serait à l'aise avec tel type d'arbitrage plutôt qu'un autre... À moins que
la ou le ministre ait des réserves
particulières compte tenu de certains éléments ou quoi que ce soit, je ne vois
pas pourquoi. À moins que les gens à
mes côtés me disent que je fais erreur. Mais je ne vois pas pourquoi on ne
pourrait pas écouter ce qu'ils ont à nous dire, qu'on se gouverne en fonction des informations que nous avons et
en fonction de la situation dans laquelle on se trouve. Est-ce que ça
va?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre. M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Excusez. Suite aux discussions avec Mme la ministre, on va préparer un
amendement pour introduire cette
volonté-là de discussion parce que, présentement, là, je vous fais confiance,
là, mais ce n'est pas inscrit. Alors, c'est vous qui nommez. Alors, on
va suspendre 30 secondes.
Une voix :
...
M. Ouellet :
Ah oui! C'est vrai. On va suspendre l'article, c'est vrai.
• (22 h 10) •
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, il y a consentement pour que nous
suspendions l'article 19?
Une voix :
Consentement.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, consentement. Alors, afin de permettre à M.
le député de René-Lévesque de faire
la rédaction de son amendement à l'article 19, nous pourrions passer à
l'article 20. Mme la ministre, vous pourriez en faire la lecture.
Mme Vien :
Il y en a combien de suspendus, là?
(Consultation)
Mme Vien :
Un petit moment. Juste...
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Aucun problème.
(Consultation)
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la ministre.
Mme Vien : Bien, je vais expliquer peut-être
le pourquoi de ce petit moment de caucus. Je vais lire l'article 20,
mais il y aura un amendement à la version anglaise, qui a déjà été transmis,
me dit-on, aux oppositions. Je vois que la dame, la recherchiste, là, semble au courant. Alors, je vais lire
l'article 20. Puis après ça, bien, c'est tout simplement une question
de concordance. C'est une erreur. Ça va? Article 20, Mme la Présidente? Ça vous
va?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, allez-y, Mme la ministre.
Mme Vien :
Bon. Alors :
«Dans les
15 jours de la réception de l'avis [qui est] prévu à l'article 18, les
parties doivent s'entendre sur le choix de l'arbitre ou, le cas échéant, sur les membres du conseil d'arbitrage et sur son président, ainsi que sur la
détermination des honoraires et des frais auxquels ils auront droit. Les
parties doivent en informer le ministre dans ce délai.
«À défaut
d'entente entre les parties sur l'ensemble des éléments dans le délai prévu au
premier alinéa, le ministre nomme
l'arbitre ou les membres du conseil d'arbitrage, y compris le président, à
partir d'une liste dressée par le ministre en application de l'article 77 du
Code du travail (chapitre C-27). Le ministre détermine également les honoraires
et les frais auxquels l'arbitre ou les membres ont droit. Il en informe les
parties.»
Alors, ici, comme c'est habituellement le cas en
matière d'arbitrage de différends, il est permis aux parties de s'entendre sur le choix de l'arbitre ou des
membres du conseil d'arbitrage ainsi que sur la détermination des frais
honoraires. Toutefois, comme c'est
aussi habituellement le cas, s'il n'y a pas d'entente entre les
parties, la ministre désigne l'arbitre ou les membres du conseil d'arbitrage à partir d'une liste prévue à cet
effet et déterminera les honoraires auxquels il a droit.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, première intervention, M. le
député de Saint-Jérôme, sur l'article n° 20.
M. Bourcier : Encore
une fois, pour les gens qui nous
écoutent et pour une meilleure compréhension, est-ce que Mme la ministre
pourrait expliquer la liste prévue à cet effet, qui est sur cette liste-là,
pour que les gens le sachent?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre.
Mme Vien : L'article 77 vient prévoir effectivement les modalités, hein, des gens qui peuvent figurer sur cette liste-là, qui est communément appelée l'article
77, qui est assez connu, du Code du
travail. Et les personnes
qui sont sur cette liste-là, donc, ce sont souvent des avocats, ce sont
des gens qui sont donc spécialistes en relations de travail, par exemple,
et qui ont une longue expérience soit en médiation, ou en conciliation, ou en
arbitrage, bien sûr. Et ces gens, donc, font part de leur intérêt.
Une voix : ...
Mme Vien : Oui, c'est vrai, vous avez raison de me le
rappeler. Et la liste est constituée
après la consultation du comité
consultatif travail et main-d'oeuvre, et donc qui est paritaire. Et ils me
font, à moi, des recommandations. Ils ont des critères, c'est ça, des
grilles d'analyse, des critères.
Combien avons-nous de membres actuellement sur
la liste? Combien il y a de membres actuellement? 90, c'est-u ça? De mémoire,
je disais 90, on me dit autour de 80, 90 personnes, à peu près, de mémoire de
femme.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Y a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Oui. J'aurais une question. Pourquoi ce n'est pas, à ce moment-là... Dans
l'article 20, par exemple, vu qu'il y a «dans les 15 jours de la
réception de l'avis prévu à l'article 18», je remarque que, tout à l'heure, on
parlait de déférer à l'arbitre, aussi bien déférer... déférer à l'arbitrage,
c'était aviser qu'on s'en va en arbitrage, c'était simplement ça, aviser qu'on s'en va à l'arbitrage. Pourquoi ce n'est pas
dans 20 qu'on dit que les parties doivent s'entendre sur le choix d'un arbitre ou d'un conseil
d'arbitrage, choix de l'arbitre? Pourquoi on n'a pas introduit, dans la
panoplie de ce qui s'offrait aux parties à ce moment-là, aussi le choix
d'avoir un arbitre ou un conseil d'arbitrage, puis, si les parties ne
s'entendent pas, bien, la ministre décide? Mais je l'aurais introduit... Moi,
d'instinct, j'aurais eu tendance à l'introduire
dans la palette d'outils qu'on offre aux parties : Vous vous en allez en
arbitrage, je vous en avise, choisissez si c'est un arbitre ou un
conseil, puis moi, si vous ne vous entendez pas, je vais le faire.
J'aurais eu tendance à inscrire ça dans 20 en
offrant ça comme un autre outil de discussion aux parties. Mais je veux juste
comprendre. Moi, j'aurais eu tendance à faire ça. Ça aurait simplifié les
choses.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Vous avez des commentaires, Mme la ministre?
Mme Vien : Pas vraiment
de commentaire là-dessus, là.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Je pose une question simple, et claire, et honnête. J'aimerais ça avoir une
réponse sur pourquoi ça n'a pas été
offert aux parties dans la panoplie des choix. C'est une question, je crois,
très, très, très correcte. Je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas de réponse à une question que je pose très
correctement, qui éviterait un amendement à l'autre article, qui aurait
même éliminé l'article 19.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre du Travail.
Mme Vien : ...sa
demande, là, puis je prends connaissance, là.
Mme Maltais : ...on
jase, on jase, là.
Mme Vien :
On jase, on jase, là, mais c'est ça.
Mme Maltais :
J'essaie de simplifier la loi. Je trouve que ça aurait pu être intéressant que
ça fasse partie des outils qu'on
offrait aux parties, ce mode d'entente. On peut le faire par un autre
amendement à l'autre article, où ça aurait pu être fait simplement. Je demande à la ministre.
Peut-être ce n'est pas le bon choix, là. De toute façon, on n'est pas d'accord
avec ce processus-là, là. On a un problème
avec, entre autres, où on s'en vient, vers 23, mais j'essaie juste d'apporter
des choses constructives.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre du Travail.
(Consultation)
Mme Vien : On me dit que...
M. le sous-ministre Pelletier me dit que ce serait peut-être en 19 que ça
devrait apparaître si on devait faire un
changement. Mais, moi, ce que j'ai envie de dire à la députée : Si elle a
envie de faire un changement, qu'elle fasse un amendement. On va le regarder.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Y a-t-il d'autres commentaires?
Mme Maltais :
Bien, écoutez, c'est parce que mon collègue...
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
C'est parce que mon collègue regardait un amendement à 19. Là, je disais :
On aurait pu l'introduire dans 20.
Mais ce serait plus simple, avant de jouer aux amendements, contre amendements,
qu'on s'entende sur ce sur quoi on
veut s'entendre ou pas. Je veux dire, autrement dit, au lieu de déposer,
redéposer, retirer, j'aimerais mieux que la discussion générale nous amène vers une solution commune ou un refus
puis que, là, on procède. Je ne veux pas embourber les travaux dans des amendements, contre
amendements, refus. J'essayais d'avoir une solution constructive, mais, s'il faut procéder par amendement, on va le faire. Mais
ça aurait été bien plus simple qu'on se parle puis qu'on s'entende.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Je pense qu'on nous indique qu'il serait plus simple de procéder par
amendement écrit, et comme ça tout le
monde aurait le même libellé pour pouvoir adopter ou non. Alors, M. le député
de René-Lévesque.
• (22 h 20) •
M. Ouellet : Je propose de suspendre l'article 20,
puisqu'on va préparer l'amendement, et qu'on puisse revenir à
l'article 19. Notre amendement a été préparé, et je crois qu'il a été
distribué, oui.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour que nous suspendions l'adoption? Est-ce qu'on peut suspendre, là, l'étude de l'article 20 le temps de permettre à l'opposition officielle de rédiger un amendement? Et est-ce qu'on peut revenir à 19, l'article 19, qui été suspendu il y a quelque
temps, le temps de... Nous avions suspendu le temps de permettre la
rédaction d'un amendement, qui nous sera distribué à l'instant.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, c'est ce qu'on vient de nous dire, là. Alors, est-ce qu'ils l'ont reçu? Tout le monde a reçu une copie de l'amendement à l'article 19? M.
le député de... Vous ne l'avez pas
reçue encore? Bien, c'est ça, il faudrait qu'elle passe ici.
(Consultation)
La
Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député de Saint-Jérôme,
c'était votre amendement, si je me souviens bien. Oui? Alors, vous
pouvez en faire la lecture, s'il vous plaît.
M. Bourcier :
Alors, Mme la Présidente, modifier l'article 19 par l'insertion, après
«détermine», des mots suivants : «, après consultation des
parties,».
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Y a-t-il des commentaires sur l'amendement déposé par M. le député de Saint-Jérôme?
Oui, allez-y. Mme la ministre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Très bien.
Mme Vien : Ça, ça veut
dire que ça va.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, vous êtes d'accord. Je comprends bien
que, dans le fond, ce qu'on vous permet, Mme la ministre, avec ça, c'est d'avoir une discussion. Comme vous l'avez dit, vous le
faites d'emblée. Maintenant, dans le projet
de loi, il est inscrit. Vous avez une discussion, une consultation. Après ça, vous décidez du mode. Ça vous convient? Parfait,
merci. Donc, on va le voter.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il d'autres commentaires sur l'amendement déposé par M. le député de Saint-Jérôme à l'article 19? Alors, je mets
aux voix l'amendement à l'article 19. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Maintenant, nous allons
revenir à l'article 19 tel qu'amendé. Alors, s'il n'y a... Oui, M.
le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : O.K. C'est ça. Là,
on est à 19?
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Nous sommes toujours à
l'article 19 tel qu'amendé. Vous avez
un commentaire, monsieur? Non?
Tout va bien? Alors, on peut mettre aux voix l'article 19 tel qu'amendé. Est-ce
qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Très bien. Alors, est-ce que vous désirez revenir à l'article 20? Mme
la députée de Taschereau.
Mme Maltais : J'avais préparé un amendement, mais, comme on a adopté
19, ça ferait particulier de revenir sur 20, vu qu'il y a déjà un amendement
qui a été adopté à 19. Alors, j'avais préparé au cas où, mais là je vois que,
la bonne entente régnant sur cet article, je ne l'embêterai pas plus.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, si je comprends bien, il
n'y a pas d'amendement
à l'article 20. Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire,
je mets aux voix l'article 20.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté? On m'indique que vous aviez mentionné tout à l'heure qu'il y avait un amendement
à l'article en anglais. Alors, allez-y, Mme la ministre.
Mme Vien : Oui, je suis
désolé, je suis en train d'oublier ça. Alors, l'article 20,
l'amendement :
Supprimer «other» avant «expenses» dans le texte
anglais du premier alinéa de l'article 20 du projet de loi.
On m'informe que c'est pour améliorer la
concordance, la notion de «autre» étant absente du texte français. Ça a déjà
été envoyé aux partis.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord. Merci, Mme la ministre.
Est-ce que tout le monde a reçu copie de cet amendement? Alors, ça
arrive. Ça ne sera pas très long.
Y a-t-il des
commentaires sur l'amendement en anglais déposé par Mme la ministre? Alors,
est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors là, je n'ai pas adopté
l'article 20 en français. On le fait ensemble. Très bien. Alors, c'est très bien. Alors, nous sommes
prêts à mettre aux voix l'article 20 tel qu'amendé. Est-ce que cet article
est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté sur division. Maintenant,
Mme la ministre, nous vous demandons de faire la lecture de
l'article 21.
Mme Vien :
L'article 21. Excusez-moi, l'article 21 :
«Le ministre transmet à l'arbitre ou [encore] au
conseil d'arbitrage une copie du rapport du médiateur.»
Alors, cet article prévoit la transmission du
rapport dont on parle depuis quelque temps, là.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la ministre. Y
a-t-il des commentaires? Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Juste
peut-être un point de précision, Mme la Présidente, à la ministre. Ça m'a
échappé un peu plus tôt, mais je veux
juste être certain d'avoir bien compris. Donc, le ministre transmet à l'arbitre
ou au conseil d'arbitrage une copie
du rapport du médiateur. La question que j'ai à Mme la ministre, c'est que les
gens ont convenu de négocier sur des
thèmes, des thématiques. puis là le médiateur va venir dire si effectivement il
y a eu des rapprochements ou pas sur certains
points. Puis après ça, ça sera soumis dans un rapport, puis après ça Mme la
ministre va décider qu'est-ce qui sera soumis à l'arbitrage ou pas.
La question,
Mme la ministre, est la suivante : Est-ce que, selon vous, les parties
pourraient ajouter des choses qui n'avaient pas fait partie des
négociations pour ramener ça à la médiation, qui seraient après ça transmises,
dans le fond, à la... pas la conciliation, pardon, mais à l'arbitrage?
C'est-à-dire que, présentement, on est dans un schéma de négociation où est-ce
que les cadres ont déjà été échangés.
Une voix : ...
M. Ouellet : C'est
ça. Est-ce qu'une des parties
pourrait arriver avec une nouvelle demande, puis introduire ça dans la
médiation, puis qui cheminerait jusqu'à l'arbitrage, et qui pourrait être
tranchée, dans le fond, par un arbitre, si vous décidiez de le mettre ou
pas? Je donne un exemple, vraiment un exemple, là, bien bénin, là. Il y aurait
une demande particulière qui
dirait : Bien, dorénavant, telle disposition, on voudrait l'enlever dans la convention collective. Il n'en a jamais été question dans les cahiers patronaux et
syndicaux, mais on l'introduit dans la nouvelle phase de médiation, et elle se rend jusqu'à la phase d'arbitrage. Est-ce
que ça, c'est possible ou, ce que vous me dites, ce qui doit être soumis
à la médiation et ce qui sera soumis à
l'arbitrage, c'est déjà ce qui a été mis sur la table dans les différents
cahiers, lors des échanges depuis le début des négociations?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre.
Mme Vien :
Le sous-ministre ici, qui a une grande expertise, une grande expérience en
négociation, me dit que ce n'est pas
quelque chose qui se voit. Alors, les cahiers des propositions, de mémoire, ont
été transmis en février, donc ça ne remonte
pas à Mathusalem, là, hein, c'est assez récent. Et on a dit que c'était une
continuité tout à l'heure, ce qu'on était en train de négocier. Alors, ce qu'on me dit, c'est que ce n'est pas
quelque chose qui se voit là. Est-ce que je comprends bien la situation?
Donc, il n'y aurait pas d'ajout.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Qui ne se voit
pas, mais, si vous le voyiez, Mme la ministre, est-ce que vous auriez une
lumière, en disant : Non, non, non, ça, ça n'a jamais fait l'objet
de négociations ultérieures, vous amenez ça dans un nouveau contexte? Ça, on n'accepte pas ça. Est-ce que ça,
vous seriez prête, effectivement, à le dénoter, là, dire que ça, ça n'a pas
fait partie des demandes initiales de part
et d'autre? C'est une nouvelle demande qui arrive dans la médiation, qui pourrait
être soumise à l'arbitrage, et ça, c'est
tout à fait irrecevable. Est-ce que ça, vous êtes à l'aise? Parce que vous me
dites : Ça ne se passe pas,
mais, si ça se passait? Parce qu'on a effectivement un nouveau contexte, Mme la
ministre, et tout le monde va essayer de tirer son épingle du jeu dans
ce nouveau contexte là.
Alors, je
veux juste vous demander, si, effectivement, ça se passait, de quelle façon
vous réagiriez. Est-ce que, d'entrée de jeu, ce serait une rebuffade
totale et complète, à savoir ça, ça n'a jamais été amené dans les cahiers de
propositions, il n'en est pas question, que ce soit amené ni à la médiation ni
à l'arbitrage?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre.
Mme Vien :
Bien, moi, ce que j'aurais envie de vous répondre, c'est que, si ça n'a pas
fait l'objet de médiation, ça ne peut
pas se retrouver dans le rapport. Alors, à un moment donné, il y a comme un
terrain de jeux qui... excusez-moi l'image, là, mais qui est déterminé,
et c'est ça.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, si je comprends bien, là, pour reprendre
votre terme, Mme la ministre, le terrain de jeux a été défini, on vient changer les règles du jeu, mais
le terrain, il reste le même. C'est-à-dire ce qui a été échangé et discuté,
avancé ou même proposé, c'est ce qui fait partie des discussions en médiation
et c'est ce qui devrait faire partie ultérieurement,
peut-être, d'un arbitrage. Donc, il n'est pas question, d'aucune des parties,
d'introduire une nouvelle disposition que personne n'a discutée ou
personne n'a vue, ou personne ne s'est entendu. J'aimerais vous l'entendre
dire, c'est définitif, la réponse, c'est non.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la ministre.
Mme Vien : Les absolus,
c'est difficile, hein, vous savez ça, mais, normalement, non. Normalement, non.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de René-Lévesque.
• (22 h 30) •
M. Ouellet : Mais, si vous voyez quelque chose... parce que c'est une préoccupation, Mme la
ministre, je vais être honnête avec vous, là. Les gens arrivent
devant un nouveau mécanisme. Oui, ils ont déjà fait de la médiation,
oui, ils ont déjà fait de l'arbitrage, mais la finalité est une nouvelle
finalité. Leur crainte, c'est peut-être que, d'une partie et d'autre, puis je ne lance pas la pierre à
personne, mais on arrive avec une nouvelle disposition qui, chemin
faisant, à l'intérieur de la
médiation, se rende à l'arbitrage, et un arbitre ait à trancher de part et
d'autre sur une disposition qui n'a jamais
fait partie des demandes initiales entre les parties. Alors, j'aimerais juste
m'assurer, là, pour rassurer les deux parties, là, qui sont en train de négocier, ce qui sera soumis à la médiation et
ce qui se rendra à l'arbitrage, c'est exclusivement
ce qui a été discuté et déposé lors des cahiers de propositions pour les
parties.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme
la ministre.
Mme Vien :
Bien, il va se retrouver dans... En fait, vous devriez, vous, nous dire, qu'on
comprenne bien, quelles sont vos craintes.
La Présidente (Mme Gaudreault) : M.
le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Mes craintes sont
les suivantes. En négociation, chacun fait part de ses positions : Voici
ce qu'on veut, voici ce que la partie
adverse veut. Et là les jeux des négociations interfèrent, puis là on fait des
gains, on fait des pertes. Puis là on
arrive à un point de rupture où est-ce qu'effectivement on ne s'entend plus.
Là, vous décidez d'introduire un
nouveau mécanisme qui convient une médiation et, par la suite, un arbitrage,
avec lequel vous allez décider ce qui sera arbitré ou pas, et l'arbitre
va décider de donner raison ou pas à la disposition.
La crainte
des parties, Mme la ministre, c'est que, comme on a un nouveau contexte, c'est
de rajouter un élément qui ne faisait
pas partie de la négociation initiale, qui va permettre à une tierce partie de
trancher là-dessus. C'est ça, la... qu'on
arrive avec une nouvelle disposition... Demain matin, là, on arrive devant le
médiateur, là, les parties sont là, là, puis je suis une partie, puis je dis : Écoutez, moi, j'aurais une
nouvelle chose que j'aimerais demander, je pense qu'on aurait une entente là-dessus, puis j'arrive à une
nouvelle disposition, là, temps triple le samedi, là, j'arrive avec ça, moi,
je veux le temps triple le samedi, là. Puis
là ça arrive à la médiation, on ne réussit pas à s'entendre. Puis là temps le
triple arrive à l'arbitrage, puis
l'arbitre a à trancher sur le temps triple. Ça n'a jamais été question, Mme la
ministre, au départ, lors des négociations.
Alors, moi,
je veux juste être certain que ce qui n'a pas été discuté ne peut pas se rendre
jusqu'à la médiation et, donc, à
l'arbitrage final. Mais on s'entend, on a discuté de salaires, Mme la ministre,
on a discuté de l'organisation du travail,
mais une toute nouvelle disposition qui n'a pas apparu dans le cadre qui a été
connu depuis le début des négociations jusqu'à
aujourd'hui, est-ce que ça, effectivement, ça ne devrait pas apparaître dans la
médiation, mais surtout pas à l'arbitrage?
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme
la ministre du Travail.
Mme Vien :
Je pense que je vais donner mon opinion. Moi, les absolus, quand on est dans
des thèmes de médiation, je trouve ça un petit peu hasardeux, j'aimerais
être prudente. On me fait remarquer que... Vous parlez de jeux de négociation, mais, si, effectivement, une des
parties ou encore le médiateur... Et vous me corrigerez, messieurs, si je ne
suis pas correcte, mais une des deux parties
ou le médiateur avait une idée géniale, l'idée du siècle, et qu'on aborde un
élément nouveau, il n'y a rien qui
l'empêche, tu sais, c'est une question de gros bon sens, là, ici, là, et moi,
je vais recevoir ce que le médiateur va avoir eu devant lui, ce dont il
va avoir été question devant lui. Mais, si, à l'intérieur de la médiation... Et c'est moi qui vous dis ça, là,
mais, si, à l'intérieur de la médiation... C'est une question de gros, gros bon
sens, là. Si, à l'intérieur de la médiation,
quelqu'un amène un élément, un outil, que ce soient les parties, ou le
médiateur, ou la médiatrice, bien, je veux dire, il faut avoir une certaine
souplesse, là. Quand on est en négociation, en relations de travail, il
faut avoir du jugement.
La Présidente (Mme Gaudreault) : M.
le député de René-Lévesque, avez-vous d'autres commentaires?
M.
Ouellet : Je comprends votre
intervention, Mme la ministre, sur
l'absolu, là, mais on est là aussi pour regarder les détails. Puis le collègue ministre
des Affaires municipales le sait très bien,
on a essayé de corriger une situation dans un projet de loi en essayant de couvrir des failles puis, malheureusement, en gérant une exception, on n'a pas été capable non plus à tout
couvrir.
Ce que je
veux vous dire, là, c'est que, si cette exception-là se présente à vous, il
arrive que vous aurez à décider, par
le rapport du médiateur, de mettre ou ne pas mettre dans la discussion à avoir
avec l'arbitrage... il se pourrait qu'on fasse apparaître... qu'il ait apparu un nouveau point de négociation qui
n'était pas là. Ce que vous me dites, là, si je vous entends, là, sans vous interpréter, c'est que, si,
dans les forces de négociation, c'est apparu, vous allez l'acquiescer, l'évaluer
et peut-être l'inclure, c'est ce que je comprends, puisque les
forces de négociation, là, auront voulu que ça soit rendu là, là.
C'est ce que je comprends.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme
la ministre.
Mme Vien : Moi, je comprends,
là, qu'on est devant des humains qui interagissent les uns avec les autres en fonction des offres qu'il y a sur la table, du
contexte, un médiateur qui est là. On a une obligation de résultat, il faut
arriver à une
entente. M. le député, il est évident
qu'il peut survenir un certain nombre d'éléments, puis un certain nombre de
situations puis de propositions qui, au
départ, n'avaient pas été prévus, mais ça m'apparaît naturel, hein, ça
m'apparaît assez naturel, là. Je
comprends jusqu'où vous voulez m'amener, là, mais je n'irai pas jusque-là. Il
faut laisser un peu de flexibilité, un peu de souplesse, là, puis
c'est...
Puis,
juste pour terminer, si vous me permettez... Puis le rapport sera très
instructif, là, il va nous renseigner sur beaucoup de choses, il va nous mettre en contexte des éléments. Il va
soulever des atmosphères aussi, là, qu'il va y avoir eu à l'intérieur de
la médiation, de la négociation qui vont nous permettre de soupeser un certain
nombre de choses. Mais d'y aller en absolu,
comme vous le souhaitez ou comme je pense que vous le souhaitez, je serais
prudente, moi, là, ici, là.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : D'autres commentaires, M. le député de René-Lévesque?
M. Ouellet : Peut-être pour terminer là-dessus, c'est parce que votre... Ce n'est
pas un jugement, Mme la ministre, là,
mais je vois que votre pensée a un peu évolué ou a migré. Au tout début de
l'échange ensemble, vous nous parliez qu'il fallait être dans la continuité puis que... j'ai cru sentir que ça ne
pourrait pas arriver, et là vous me dites : Il ne faudrait pas
aller dans un absolu, mais, si ça arrivait, il faudrait que je sois prudente.
Alors,
ce que je crois comprendre, c'est que vous gardez la possibilité
qu'effectivement, dans le cas du rapport de médiation qui pourrait se
rendre jusqu'à votre bureau et qui sera soumis à une décision, à un arbitre, il
se pourrait qu'une des parties ait introduit
une nouvelle disposition dans la médiation qui n'a jamais fait partie du cadre
initial des négociations. C'est ce que je comprends.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Mme la ministre.
• (22 h 40) •
Mme Vien :
Ce qu'on me dit à moi, c'est que ce sont des situations qui sont
exceptionnelles, qui sont rares. Normalement,
là, les forces en... Là, on va se dire les vraies affaires. Bon, là, on est
devant des parties patronales de la construction
puis l'alliance syndicale, hein? On va les appeler par leur nom parce que c'est
d'eux autres dont il s'agit ici. Ils
se connaissent, ils se toisent depuis un certain temps. C'est des gens qui sont
habitués aussi de négocier, ce sont les négociateurs des parties en
présence. Ils se connaissent, ils connaissent les demandes des uns et des
autres, les offres qui ont été faites, tout
ça. Alors, quand va venir le temps de reprendre la médiation, ils savent très
bien, les uns et les autres, où ils
campaient puis jusqu'où ils sont allés dans la négociation. Les grandes
révolutions, là, je ne m'attends pas trop à ça, là, je ne m'attends pas
à ça, là.
Mais,
en même temps, je ne suis pas en train de vous dire : Il n'y en aura pas. Ce n'est pas ça que je suis en train de vous dire, je suis en train de vous dire :
Il peut y avoir de la souplesse, il peut y avoir des contextes où il peut y
avoir un médiateur, une médiatrice
qui dit : Je n'ai pas pensé à ça, je viens d'y penser, il me semble que,
si on faisait ça, ça, ça, puis ça
comme ça... qu'est-ce que vous en pensez? C'est dans le rapport du médiateur
qu'on va être capable de soupeser l'ensemble
des réflexions, l'ensemble des offres, l'ensemble des discussions qui vont
avoir eu lieu et comment tout ça va être reçu aussi par le médiateur.
Il
ne faut pas, M. le député, chercher la bibitte noire, là, il n'y en a
pas, là. Là, ce qu'on veut, c'est de trouver un terrain d'entente, on
met un mécanisme en place. Les gens se connaissent, les gens font affaire
ensemble depuis bien des années, là, puis
ils sont habitués à la médiation, ils sont habitués à l'arbitrage. Ils
connaissent ça, c'est un langage qu'ils connaissent, puis, quand ils vont reprendre la médiation, cassez-vous
pas la tête, ils vont savoir où c'est commencé puis comment ça devrait
atterrir, tout ça.
Mais, à votre
question, on ne peut pas être catégorique comme vous me demandez de l'être.
Puis je suis certaine que vous êtes d'accord
avec moi, il n'y en a pas, d'absolu comme ça, là, puis, dans le
rapport, on va être capable de sentir les choses, de faire une lecture
de ce qui s'est passé.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Écoutez, vous nous dites de ne pas craindre, qu'il n'y a pas de bibitte, mais
je veux juste vous rappeler, Mme la Présidente... Mme la ministre, qu'on est en
négociation, et tout peut arriver, surtout qu'il y a une loi spéciale qui force
les parties, qui contraint les parties à un modèle qui... je pense qu'ils
n'adhèrent pas, puisqu'ils ont choisi de
négocier puis, après ça, ils ont choisi de faire des moyens de pression. Alors,
effectivement, on veut s'assurer que tout ce qui peut arriver a été questionné,
mis de l'avant et qu'on a eu des réponses pour s'assurer que, si ça se passe,
ça sera quoi, la conséquence, du moins, de ça.
Je veux juste être bien
conscient, là, que... Tu sais, ils vont négocier ou ils pourraient négocier,
mais il peut se passer plein de choses.
Nous, là, tout ce qu'on veut, là, c'est que... est-ce qu'on a été capable, dans
le projet de loi en question, d'avoir
prévu toutes les dispositions? Parce que c'est ça qu'on cherche à faire, on
cherche à donner un nouveau cadre de
négociation, et de finalité, et d'arbitrage qui devrait nous amener à une
entente ou, dans certains cas, à des nouvelles dispositions qui seront
déterminées par un arbitre.
Donc, nous, ce qu'on
essaie de faire, Mme la ministre, là, c'est de prévoir l'impensable parce que,
des fois, effectivement, il arrive. Alors, je comprends que vous dites que vous
ne voulez pas affirmer très clairement que des dispositions nouvelles pourraient apparaître et que ça pourrait,
effectivement, faire le cheminement jusqu'à l'arbitrage. Mais je vais
vous dire, moi, ce que j'aurais fait, moi, j'aurais mis dans le projet de
loi... j'aurais écrit plein d'autres affaires,
là, mais notamment, là, j'aurais écrit : Seulement les dispositions qui
ont été amenées dans les négociations avant le dépôt des projets de loi peuvent être amenées au médiateur. Ça, je
m'aurais, au moins, donné le même cadre avec lequel les gens ont
commencé à opérer. C'est ce que j'aurais fait. C'est terminé, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires sur l'article 21?
Alors, est-ce que l'article 21 est adopté?
Des voix : Adopté sur
division.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté
sur division. Maintenant, Mme la ministre, l'article 22.
Mme Vien : Oui. C'est un article
dont nous avons parlé un petit peu plus tôt, la députée en a fait référence.
Alors, 22 : «Le ministre peut, à la demande conjointe des parties concernées,
accepter qu'un arbitrage vise plusieurs secteurs.»
La Présidente (Mme Gaudreault) : Y
a-t-il des commentaires suite à la lecture de l'article 22? Alors, est-ce
que l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Bourcier : Sur division.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté
sur division. Article 23, Mme la ministre.
Mme Vien : Merci,
Mme la Présidente : «À la suite
des recommandations formulées par le médiateur suivant l'article 17, le ministre peut, dans les 15 jours
de la transmission de l'avis [qui est] prévu à l'article 18, déterminer
par arrêté ministériel :
«1° les matières devant faire l'objet de
l'arbitrage;
«2° la méthode d'arbitrage pouvant consister,
notamment, en celle de la meilleure offre finale qui s'apprécie clause par
clause ou [encore] globalement;
«3° les
critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage pour fonder sa
décision, tels la capacité de payer
des donneurs d'ouvrage, les conditions de travail et l'évolution des taux de
salaire de corps d'emploi comparables au
Québec et ailleurs au Canada, le maintien du pouvoir d'achat des travailleurs
de l'industrie de la construction, l'équilibre entre le besoin de
flexibilité dans l'organisation du travail et les contraintes occasionnées par
des horaires variables.
«L'arbitre ou le conseil d'arbitrage décide de
la méthode d'arbitrage et des critères qu'il doit examiner pour fonder sa
décision si le ministre ne les a pas déterminés en application des paragraphes
2° ou 3° du premier alinéa.
«Seules les
matières déterminées suivant le paragraphe 1° du premier alinéa [du présent
article] peuvent faire l'objet de l'arbitrage.»
Alors, cet
article confère à la ministre, après avoir été informée des recommandations du médiateur, la discrétion de
décider des matières pouvant faire l'objet de l'arbitrage, de la méthode
d'arbitrage et des critères sur lesquels l'arbitre ou le conseil d'arbitrage doit fonder sa décision.
Seules les matières déterminées par la ministre peuvent être soumises à l'arbitrage.
Pour exercer la discrétion qui lui est accordée en
vertu de cet article, la ministre doit procéder par arrêté ministériel. Si la ministre n'exerce pas sa discrétion relativement au choix de la méthode d'arbitrage et des critères utilisés par
l'arbitre pour fonder sa décision, ce sera l'arbitre ou encore le conseil
d'arbitrage qui les déterminera.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, Mme la
ministre du Travail.
Je crois comprendre que l'opposition officielle voudrait déposer un amendement
à l'article 23.
M. Bourcier : Bien, en fait, oui,
mais avant je vais étayer mon propos.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, vous voulez commenter?
M. Bourcier : Tout à fait.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Allez-y, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. La ministre
du Travail peut, si elle désire, donc, si je comprends bien, déterminer, après les négociations entre les parties, les points devant passer
devant un arbitre qu'elle pourrait possiblement
elle-même désigner, ce qui veut dire, donc, que le gouvernement se donne
le droit de dicter à l'arbitre les sujets d'arbitrage. La ministre pourrait même, si elle le voulait, prôner le statu
quo pour quatre ans, tout dépendant de son jugement, sera donc juge et
partie. Alors, nous sommes en possible situation de conflit d'intérêts dans
cette histoire d'arbitrage, et même que la ministre aurait le loisir de
déterminer des critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage
qu'elle pourra avoir choisis elle-même pour fonder chacune de ses décisions.
Alors qu'on
sait que les deux parties prônent la libre négociation, si quelque chose
arrivait, l'arbitre ou le conseil même pourraient voir leurs
orientations et leurs paramètres biaisés, évidemment. Et cet arbitre-là serait
donc biaisé dans son jugement, il aurait de
la difficulté à juger. Alors, nous ce qu'on prône, c'est de déposer un
amendement, donc l'amendement à l'article 23. Est-ce que tout le
monde en a une copie?
La Présidente (Mme
Gaudreault) : Très bien.
M. Bourcier : Non? Oui?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Pardonnez-moi.
Mme Vien : ...le député sur
ce qu'il vient de dire ou... juste pour que je comprenne bien.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Absolument. Alors, vous voulez intervenir, Mme la ministre?
Mme Vien :
S'il vous plaît. Je suis désolé, M. le député, je ne sais pas si c'est parce
qu'il est tard, mais je ne suis pas
sûre d'avoir tout bien saisi ce que vous avez dit. Quand vous dites que
l'arbitre pourrait avoir de la difficulté à juger, qu'est-ce que vous voulez dire au juste? Quelle
est la crainte que vous avez du fait que... Juge et partie, j'ai bien compris,
mais en quoi vous considérez que c'est juge, que c'est partie, qu'il va avoir
de la difficulté à juger?
M. Bourcier : Bien, surtout...
• (22 h 50) •
La Présidente (Mme Gaudreault) : Un
instant. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Là, on revient à ce que je disais tout à l'heure, c'est
qu'on donne beaucoup de pouvoirs à la ministre. Et, de par le fait même, il y a beaucoup de discussions, il y a beaucoup
de jugements, de négociations qui tombent entre ses mains. Et, pour
nous, je pense qu'il y a un changement à faire, et de là notre amendement.
Alors, je vais vous lire l'amendement, on
pourra discuter après, vous allez comprendre peut-être un petit peu mieux. Si
je ne me suis pas expliqué clairement,
donc l'amendement, peut-être, pourra faire le travail lui-même. Alors, est-ce
que vous avez tous eu une copie de l'amendement que je dépose, Mme la
Présidente?
Mme Vien : Allez-y, madame,
allez-y.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
...il n'y a pas eu encore de distribution.
Une voix : Alors, lis le
pendant que...
M. Bourcier : Oui, je vais le lire
pendant la distribution.
La Présidente (Mme Gaudreault) : On
va vous demander d'en faire la lecture. Très bien, M. le député.
M.
Bourcier : Oui, tout à fait. Alors, nous, on propose de remplacer
l'article 23 au complet par le suivant. Alors :
«Les parties conviennent conjointement des
matières devant faire l'objet de l'arbitrage.
«À défaut d'une entente entre les parties,
l'arbitre ou le conseil d'arbitrage détermine les matières devant faire l'objet
de l'arbitrage, en tenant compte des recommandations formulées par le médiateur
suivant l'article 17.
«Pour rendre sa sentence, l'arbitre ou le
conseil d'arbitrage doit aussi, si les parties lui en font la demande, recourir
clause par clause à la méthode de la meilleure offre finale.
«L'arbitre ou
le conseil d'arbitrage décide de la méthode d'arbitrage et des critères qu'il
doit examiner pour fonder sa décision.
«Seules les matières déterminées suivant le
premier alinéa ou les matières faisant l'objet d'une demande conjointe des
parties peuvent faire l'objet de l'arbitrage.»
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Est-ce que vous voulez commenter votre amendement ou...
M. Bourcier : Non.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Ça vous va. Alors, y a-t-il des
commentaires suite au dépôt de l'amendement de M. le député de Saint-Jérôme, cet amendement à l'article 23? Il y a quelqu'un
qui veut prendre la parole? Mme la
députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Si la ministre n'intervient pas, on va jaser un peu puis on va
lui expliquer l'importance de la...
Une voix : ...
Mme
Maltais : Effectivement.
D'accord. O.K. C'était juste un malentendu, on pensait que c'était comme ça.
Écoutez,
c'est clair que la différence ici, c'est encore une fois une différence de
vision dans ce que devrait être cette
loi. Le gouvernement, dans la loi qu'il nous propose, donne des
pouvoirs à la ministre d'intervenir directement dans le cadre de la médiation et de l'arbitrage. Et mon
collègue a noté, là, les matières devant faire l'objet de l'arbitrage, la
méthode d'arbitrage et les critères, ces
trois éléments-là, c'est tout à fait inhabituel qu'un membre d'un gouvernement, principal donneur d'ouvrage au Québec — parce que c'est le donneur d'ouvrage à des entrepreneurs ensuite, là, c'est ça
dont il faut se souvenir, là, c'est comme ça qu'on voit ça, nous — un
membre d'un gouvernement, principal donneur d'ouvrage au Québec, puisse aller
interpeler un arbitre et baliser le travail de l'arbitre.
Alors, on a
pris ça a contrario. On a encore conservé le même... l'arbitrage ne tombe pas.
Vous comprenez qu'on essaie
d'améliorer une loi. Avec laquelle on n'est pas d'accord, mais on essaie, à tout le moins, d'éviter qu'un gouvernement
aille se mêler pas seulement de la médiation, là, on est rendu dans
l'arbitrage. C'est aller très loin pour nous.
Alors, la
proposition, c'est de conserver ce à quoi le gouvernement a l'air de tenir,
c'est-à-dire offrir un terrain d'atterrissage à l'endroit où ça se finit. D'ailleurs, ça pourrait
correspondre, d'après ce qu'on m'a dit, à l'arrêt Saskatchewan, le fait d'avoir une piste d'atterrissage. Alors, on prend la piste
d'atterrissage du gouvernement qui est l'arbitrage, mais on dit : À tout le moins, écartons le gouvernement ou la ministre de là et mettons entre les mains de l'arbitre les
conditions, les critères, les modalités de l'arbitrage, sur quoi se
fondera l'arbitre, c'est beaucoup plus clair que la proposition du gouvernement.
Le gouvernement, ici, propose, au chapitre III,
les critères. Ça n'a pas de bon sens, ça n'a vraiment pas de bon sens. Ça, c'est vraiment une opinion qui est
fondée sur tout ce qu'on a connu dans le monde du travail, le gouvernement qui s'en va nommer les critères, qui choisit les matières, ça n'a pas de
bon sens. Ce qu'il faut, c'est qu'il va y avoir un rapport du médiateur. Combien de fois j'ai entendu
ici la ministre parler de la qualité des médiateurs? On s'est
entendus là-dessus, on fait confiance
aux médiateurs du gouvernement du Québec. Ces médiateurs vont proposer des recommandations.
Là, il
y a une transition. Le gouvernement choisit d'envoyer les recommandations et à l'arbitre, mais aussi à la ministre, qui, ensuite, à partir des recommandations,
fait un tri. C'est là que ça n'a pas de bon sens.
Alors, nous,
ce qu'on propose, c'est que les recommandations du médiateur soient envoyées à l'arbitre ou au
conseil d'arbitrage, ce qui évitera au gouvernement d'aller mettre la
main dans un processus dans lequel il n'a pas d'affaire. C'est ça, le principe. Évidemment, si on fait des
erreurs de libellé, on peut s'entendre, mais comprenez bien le point de vue. Le point de vue, c'est d'éviter au principal donneur d'ouvrage au
Québec d'aller se mêler de l'arbitrage.
C'est aller très loin. Même dans
d'autres lois, je me demande si on est allé jusque-là, dans les régimes de
retraite, des choses comme ça. On
n'est pas allé jusque-là. Il y a eu des débats énormes ici sur les régimes de
retraite, jamais on n'a osé aller jusqu'à faire qu'un gouvernement
impose des conditions d'arbitrage, des matières, la méthode. Écoutez, la
méthode, c'est fondamental, la méthode. Si
on joue dans la méthode, on prend des décisions au niveau du gouvernement qui
devraient appartenir à l'arbitre.
Alors, on
part de la proposition gouvernementale. On ne fait pas une destruction de la
loi, là, on dit : O.K. Vous voulez
une piste d'atterrissage. O.K. Vous voulez l'arbitrage. O.K. Mais, au moins,
enlevez-vous de là. Organisez, balisez, encadrez, mais à partir des recommandations du médiateur, et non pas de
l'opinion gouvernementale. Ça n'a pas de bon sens, quelles vont être les
pressions sur la ministre du Travail, pour le ministre responsable
d'Hydro-Québec, pour le ministre responsable du ministère des Transports, pour
le ministre de la Santé? Ils vont être assis autour du Conseil des ministres, eux qui sont les plus grands
donneurs d'ouvrage au Québec, et ils vont avoir accès aux matières devant faire
l'objet de l'arbitrage, à la méthode d'arbitrage,
aux critères. Aux critères qui sont... Donc, on peut en ajouter, des critères.
C'est là que ça devient délicat et c'est là qu'on va trop loin. Alors, la
proposition que nous avons, c'est : Enlevons le gouvernement de là. Vous
dites : Faites confiance aux médiateurs, Mme la ministre. D'accord, faites
confiance aux médiateurs et aux arbitres.
La
Présidente (Mme Gaudreault) :
Y a-t-il des commentaires sur l'amendement à l'article n° 23? Mme la
ministre.
• (23 heures) •
Mme Vien :
Bien, écoutez, ça vient complètement changer... Elle l'a dit, la députée, en
début de présentation, c'est une
différence de vision des choses, c'est une façon différente de nous d'aborder
la question, c'est une façon d'aborder, donc, cette question-là qui est
vraiment très différente de nous.
D'abord,
peut-être rappeler à la députée que la ministre n'est pas obligée, là,
d'exercer sa discrétion relativement à la
méthode dont parlait la députée de Taschereau ou encore des critères, là, sur
lesquels vont s'appuyer les arbitres quand va venir le temps de prendre une décision. Et, vous savez, les critères,
ce n'est pas quelque chose qui est désincarné de la réalité, là. Je vous en ai nommé un certain nombre
tantôt, là, c'est la situation actuelle dans laquelle on se trouve, et, de
façon naturelle, les arbitres, bien entendu, vont s'y référer.
Maintenant,
Mme la Présidente, moi, je veux juste rappeler le contexte, là, qui nous amène,
nous, à adopter une mesure d'exception, une loi spéciale pour le retour
au travail, en fait, pour mettre fin à la grève que nous connaissons
actuellement dans le domaine de la construction, une médiation qui a eu un
espace-temps assez grand et dans lequel on
ne s'est pas inscrit comme parties, et, aujourd'hui, on arrive avec une pièce législative
qui dit : Nous, on va permettre un
moment pour la médiation et on va permettre aussi un moment pour l'arbitrage.
En fait, ce qui fait que l'arbitrage va convaincre les parties d'en arriver à une entente, de négocier, de
parlementer, de s'asseoir et de signer, c'est le caractère un peu
particulier qu'on veut donner à l'arbitrage en ce moment. C'est cet inconnu qui
est là, dans l'arbitrage, qui va convaincre aussi les parties de négocier et de
le faire de bonne foi.
Je comprends ce que la députée nous dit, je
comprends ça, mais, moi, ce que je lui rétorque, c'est qu'on veut effectivement avoir des résultats et que la
proposition que nous faisons aujourd'hui est une proposition qui est équilibrée,
qui est raisonnable dans les circonstances.
Et ce n'est pas un projet de loi, ce n'est pas non plus une loi qui va venir
encadrer les relations de travail au
Québec, là. On est dans un processus, on est dans un projet de loi qui vient
régler une problématique qui est très
contemporaine puis qui est très... tu sais, une problématique qui est très
circonscrite à un secteur en particulier, là. Alors, je serais d'avis, et je serais d'avis, et je serais très d'avis,
en fait, que les collègues comprennent ce qui sous-tend la démarche que
nous avons voulu développer à l'intérieur de ce projet de loi là. Mais je
comprends ce qu'on me dit, je comprends très bien, j'ai très bien saisi, mais j'aimerais aussi qu'on
puisse saisir la logique qu'on a développée dans ce projet de loi là, et
pourquoi, et ce qui nous a amenés à développer une démarche comme celle-là.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre. Maintenant, je vais céder la parole à M. le député de
Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui, je vais répondre à votre question, Mme la ministre,
beaucoup plus simplement que tantôt. C'est que notre intention, c'est de donner moins de pouvoirs à la ministre et plus
de pouvoirs aux arbitres. C'est aussi simple que ça. Si, le projet de loi, cet
article-là demeure dans son intégralité, vous allez donc être juge et partie,
donc possible situation de conflit
d'intérêts. Et, moi, pour avoir discuté avec les parties en présence, si le
projet de loi est adopté avec cet article-là, comme c'est le cas, on
mettrait la table à de possibles recours en injonction pour le bloquer. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il d'autres commentaires sur
l'amendement déposé par M. le député de Saint-Jérôme à
l'article 23? M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Écoutez, je comprends, Mme la ministre, là, vous dites qu'à
l'article 23, là, c'est bien indiqué que la ministre peut, dans les
15 jours, déterminer par arrêté ministériel, 1°, 2°, 3°, les matières, la
méthode et les critères. Mais, à la toute
fin, c'est indiqué : «Seules les matières déterminées suivant le
paragraphe 1° du premier alinéa peuvent faire l'objet de
l'arbitrage.» Alors, j'essaie de comprendre, là. Je comprends bien qu'il y a
«peut», là, mais, si je suis la logique, là,
c'est assurément évident que vous allez avoir à intervenir pour décider de ce
qu'il y a dans l'arbitrage. Ça fait que le «peut...» Je peux comprendre que, l'article 2, l'article 3,
là, vous pouvez le moduler, là, mais, le premier picot, les matières dont va faire l'objet l'arbitrage, là,
votre article final vient faire un «wrap-up» en disant que tout ce qui sera
soumis doit être déterminé.
Donc,
pour nous, là, c'est la partie fondamentale. Pourquoi vous trouvez nécessaire, utile, essentiel
de vous donner le pouvoir de
discréditer ou d'accréditer ce qui devrait ou ce qui ne devrait pas être inclus
à l'arbitrage? C'est ça que ma collègue de Taschereau vous a fait
mention et c'est ce que notre amendement vient faire corriger. Et, d'autant
plus, on se pose la question :
Pourquoi décider ça puis pourquoi ce choix de critères là? Pourquoi que les
critères que vous avez choisis, c'est
la capacité de payer des donneurs d'ouvrage? Pourquoi vous avez choisi le maintien
du pouvoir d'achat des travailleurs de l'industrie de la construction? Comment vous
allez être capable de... Tu sais, on se pose la question, là. Puis une des questions fondamentales,
là : Si la partie syndicale a parlé beaucoup dans les médias de ses
représentations pour le conflit actuel, la conciliation travail-famille,
pourquoi vous ne l'avez pas indiqué?
Alors,
pour nous, là, il y a beaucoup trop de choses qui ont apparu. Il y a
une chose fondamentale qui a été dans les médias, qui a été même discutée
et qui a dû faire assurément l'objet de longues et d'âpres négociations, mais
les travailleurs et travailleuses voulaient que l'enjeu de la conciliation travail-famille fasse partie des discussions, et vous mettez, dans le contexte, des critères qui n'en
tiennent pas compte. Alors, d'un côté, vous dites : Ça, ce que j'ai
entendu, on n'en tient pas compte,
mais, comme ministre, je vais m'assurer que ce qu'il y a
dans les négociations... à l'arbitrage, de décider qu'est-ce
qui sera soumis ou pas.
Alors,
pour nous, là, c'est un deux poids, deux mesures. Ce qui a été mis dans
l'espace public, vous n'en tenez pas
compte, mais vous gardez le devoir de réserve de dire, ce qui aurait été
négocié, qu'est-ce qui devrait se rendre ou pas à l'arbitrage. Alors,
nous, on pense que c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop d'intérêts dans une
seule et unique personne. Et ce que je
comprends, là, puis je ne veux pas vous paraphraser, là, mais ça fait tout près
de 4 h 30 min qu'on jase,
là, mais la finalité, là, c'est que le mécanisme final d'arbitrage, il soit
tellement pourri que personne n'y aille, et donc on va négocier.
Nous,
là, c'est notre prétention. Parce qu'à mesure qu'on avance dans les discussions
vous nous dites : Ils ont assez négocié,
ça fait cinq mois qu'ils ne négocient pas, puis là, là, on a assez attendu. On
vous a demandé du temps, du temps, de la médiation, on vous a demandé de
donner une chance à la négociation, puis, à toutes les fois, vous protégiez le temps réservé à l'arbitrage. Et, quand on arrive à
l'article 23, vous nous dite... et vous tenez à introduire les matières
qui allaient faire objet à
l'arbitrage, c'est votre pouvoir, et, en plus, vous mettez un contexte qui
devrait nourrir la pensée de l'arbitre.
Mme
la ministre, là, il n'y a pas personne qui a été en négociation de sa vie qui
va vous dire que c'est un excellent mécanisme
avec lequel les deux parties ont entièrement confiance. Ça fait que ce que je
vous dis : Notre amendement vient donner une légitimité à la
négociation, vient donner beaucoup de poids à, oui, négocier, mais à
l'arbitrage, dans un sain équilibre. Mais là
vous avez les deux mains dedans, vous avez, en plus, le loisir de choisir et de
discréditer ce qui ne l'est pas. Alors, pour nous, l'article 23, c'est le
pire mécanisme de négociation d'arbitrage. Alors, ce que vous cherchez à faire, à notre prétention, c'est qu'il est
tellement mauvais que personne ne va vouloir s'y rendre, et on va forcer comme
ça la négociation, et donc nous allons avoir ce qu'on cherche toujours, une
paix dans le milieu du travail. C'est tout.
Le Président (M.
Gendron) : Oui, Mme la ministre, à vous.
Mme Vien :
Bonsoir.
Le Président (M.
Gendron) : Bonsoir, oui.
Mme Vien : Alors, je veux juste rappeler ici qu'il y a
une possibilité, effectivement, de discrétion de la ministre,
là, en ce qui a trait à la méthode d'arbitrage et des critères qui sont
utilisés. Bon. Puis, les critères, là, je veux dire, ce n'est pas... on va se les rappeler, là : exemple,
la capacité de payer des donneurs d'ouvrage, les conditions de travail,
l'évolution des taux de salaire de
corps d'emploi comparables au Québec et ailleurs au Canada, le maintien du pouvoir
d'achat des travailleurs de l'industrie
de la construction, l'équilibre entre le besoin de flexibilité dans l'organisation du travail et les contraintes occasionnées par les horaires
variables, etc. Je veux dire, on est sur des éléments qui se conçoivent très facilement, là, que ce soit considéré à
l'intérieur d'une négociation... Que ce soient les méthodes d'arbitrage, M. le Président, ou encore les critères, la ministre,
ce n'est pas d'office qu'elle a un discrétionnaire, dans le sens que, tu sais,
elle peut ne pas l'exercer.
La deuxième
des choses, quand vous dites : «Juge et partie», moi, je mettrais un petit
bémol, là, parce que les parties peuvent s'entendre aussi sur
l'arbitre, qui sera nommé comme arbitre, ou encore le comité... le conseil
d'arbitrage, là. Encore là, de prétendre
qu'il n'y a nécessairement qu'un choix à sens unique, je vous dis :
Attention! Ce n'est pas tout à fait ça.
M. le Président, on serait ouverts à faire un amendement à l'article 23. Là, la mécanique, je ne suis pas très à l'aise
avec ça nécessairement, au niveau du règlement. Est-ce qu'on doit disposer de
celui-ci puis ensuite...
Le Président (M. Gendron) : Bien,
pour ce faire, dans la mécanique...
Mme Vien : Parce qu'il y a déjà
un amendement sur la table.
Le Président (M. Gendron) : ...si
vous êtes d'accord à recevoir un amendement, puis ça n'a pas l'air à être
celui-là, il faudrait retirer ce que nous regardons au moment où on se parle.
Mme Vien : Ce n'est pas le
mien.
Le
Président (M. Gendron) :
Oui. On va suspendre quelques minutes puis on va vous rédiger ce que vous
voulez avoir ou à peu près.
• (23 h 10) •
Mme Vien : Il est rédigé.
Une voix : ...
Le Président (M. Gendron) : On ne
peut pas arrêter le chrono, bien non. Ça, le chrono, c'est...
Une voix : ...
Le Président (M. Gendron) : Oui,
c'est ça que je disais. Celui-là, là, ça n'a pas l'air que c'est celui-là qui
va marcher. Vous dites : On serait
disposés à offrir un amendement. Y
a-t-il moyen d'amener celui pour
lequel vous êtes disposés?
On va leur
donner pour qu'ils en prennent connaissance. Vous ne l'avez pas vu, ça, cet amendement-là?
Alors, si on pouvait le produire rapidement.
Une voix : ...
Le
Président (M. Gendron) : Oui,
vous, vous en avez juste une copie. Oui, durant le temps qu'on... Procédure
de photocopie en le lisant. Mais lisez-nous votre amendement, là...
Mme Vien : Oui, bien sûr.
Le
Président (M. Gendron) : ...puis
on fera la photocopie après. Ça nous permettra de commencer à réchauffer
les idées. Allez.
Mme Vien : Alors, à l'article 23, je propose
d'ajouter, à la fin du paragraphe 1°
du premier alinéa, donc : «, après avoir consulté les parties;».
Et, bien, je pourrais vous le lire, là.
Le Président (M. Gendron) : Oui,
c'est ce que je souhaiterais.
Mme Vien : Bien oui. Bon,
c'est au tout début. L'article 23 se lirait comme suit...
Mme
Maltais :
...comprenne. Pas tout.
Mme Vien : Oui, c'est ça que
je vais faire.
«À la suite des recommandations formulées par le
médiateur suivant l'article 17, le ministre peut, dans les 15 jours
de la transmission de l'avis prévu à l'article 18, déterminer par arrêté
ministériel :
«1° les matières devant faire l'objet de
l'arbitrage, après avoir consulté les parties.»
Le
Président (M. Gendron) : Après avoir consulté les parties.
Mme Vien :
Oui. Le reste de l'article continue tel quel.
Le
Président (M. Gendron) : Tel quel. Donc, ce serait au premier alinéa
de l'article 23, où vous ajoutez :
«Après avoir consulté les parties». Est-ce que tout le monde a bien
entendu?
Mme Vien :
C'est exactement ça.
Des
voix : ...
Le Président (M.
Gendron) : Le conciliabule a lieu, et on verra si la fumée blanche
sortira.
(Consultation)
Le Président (M.
Gendron) : Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : On préférerait d'abord voter sur notre amendement et par la suite disposer de l'amendement de la ministre.
Alors, si vous êtes d'accord, on suspend le dépôt de l'amendement de la
ministre, les copies vont circuler.
Le Président (M.
Gendron) : Non, ce n'est pas suspendu.
M. Ouellet :
Non?
Le Président (M.
Gendron) : Mais là c'est parce que j'ai un petit problème. Vous voulez
faire le vote sur ce qu'on a retiré, le 23?
M. Ouellet :
On ne l'a pas retiré. On n'a pas retiré 23, on l'a juste suspendu.
Le
Président (M. Gendron) : O.K. Alors, oui, on m'informe que vous pouvez
effectivement... on peut voter sur l'article 23 qui est en
discussion avant d'entendre l'amendement proposé par Mme la ministre. Alors,
est-ce qu'il y a consentement pour faire ça? Parce que ça prend... Moi, je
ne peux pas s'il n'y a pas de consentement de faire ça, parce qu'on l'a suspendu pour entendre la proposition.
Mme Vien :
On va voter sur l'amendement de l'opposition officielle, là, c'est ça?
Le Président (M.
Gendron) : Oui, oui, c'est ça.
Mme Vien :
Parfait.
Le Président (M.
Gendron) : Oui, alors...
Mme Vien :
C'est rejeté.
Le
Président (M. Gendron) : Alors, si on est prêts, c'est ça. Alors,
l'amendement de l'opposition officielle est rejeté, c'est ce que je
viens d'entendre? Pardon?
Des voix :
...
Le
Président (M. Gendron) : Oui, je le sais. Alors, moi, mon travail,
c'est pour vous dire : Rejeté sur division. Là, ça marche-tu?
Bon,
là, on est revenus à l'article 23, à l'amendement de Mme la ministre.
Alors, sur l'amendement de Mme la ministre, est-ce qu'il y a des gens
qui veulent intervenir? Oui, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Bien, justement, moi, j'avais un amendement à proposer
sur l'article 23. Justement, c'était le
premier alinéa que moi, je voulais tout simplement enlever. Je comprends que la
ministre, là, nous dit dans son amendement : «Après avoir consulté
les parties», mais consulter les parties, là... Moi, je peux consulter qui je veux, et après ça je vais faire ce que je veux.
Donc, je ne vois pas la... C'est des mots de plus, mais ça n'enlève... ça ne
donne rien de... ça ne vous enlève pas de pouvoirs de tout décider.
Donc,
c'est tout. Je vais laisser la parole. Moi, je m'exprime là-dessus. C'est parce
que moi, j'aurais préféré qu'on enlève
ça parce qu'il y a déjà beaucoup de pouvoirs à la ministre dans la méthode
d'arbitrage, dans les critères. Mais, la matière, là, je ne sais pas
comment trouver... Soit que le médiateur nous indique les...
Le
Président (M. Gendron) : O.K., mais, M. le député, vous dites qu'au
moment où on prendra le vote, vous, vous savez quoi faire, si...
M.
Picard : Exact.
Le Président (M.
Gendron) : Parfait, merci.
M. Picard :
Donc, vous me dites de me taire, là, vous, c'est ça?
Le
Président (M. Gendron) : Non, pas de même. Non, non, pas de même. Là,
je pense avoir très bien saisi. Est-ce qu'il
y a d'autres intervenants sur l'amendement proposé par Mme la ministre? Parce
que, s'il n'y a pas d'autre commentaire à faire, on va aller tout de
suite au vote. Oui, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Ça ne durera pas longtemps. Écoutez, ça ne va donner rien de faire ça, là.
Le Président (M.
Gendron) : Ça, je le sais toujours après.
M. Bourcier :
Oui, mais ça ne donnera rien d'amener cet amendement-là, selon nous. Donc, on
trouve ce bout-là inutile.
Le Président (M.
Gendron) : Donc, même disposition, vous savez...
M. Bourcier :
Par contre, le précédent était de beaucoup supérieur en qualité que celui-ci.
Le
Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce que ça signifie qu'on est prêts à procéder au vote,
s'il n'y a pas d'autres intervenants? Alors, on est prêts, j'appelle le
vote. Oui, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard :
...information. Si je comprends bien, je pense que l'amendement va être adopté sur division. Donc, moi, je ne pourrai pas présenter mon amendement qui était d'abolir,
d'abroger, de supprimer ce paragraphe-là. Ou est-ce que je vais pouvoir proposer de supprimer le paragraphe
tel qu'amendé?
Le
Président (M. Gendron) :
Oui, bien sûr. Bien oui. C'est vraiment le sens d'un amendement,
parce que, là, proposer le paragraphe tel qu'adopté,
vous avez le droit de faire ça.
Je
reviens, s'il n'y a pas d'autres intervenants, je lis : Ajouter, à la fin
du paragraphe 1° du premier
alinéa, «, après avoir consulté les parties;». Quels sont ceux qui sont
d'accord avec ça?
Des voix :
...
Le
Président (M. Gendron) : Alors, ça veut dire que l'amendement est
adopté sur division. Alors là, je suis disposé à vous entendre sur la proposition que vous vouliez faire tantôt, qui
est un nouvel amendement. Alors, je vous écoute, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : L'amendement à l'article 23, moi, ce serait de
supprimer le premier paragraphe du premier alinéa de l'article 23 tel qu'amendé, tel que nous
venons de l'amender, tout simplement. Parce que, comme je disais tout à
l'heure, à l'article 23, déjà,
la ministre a déjà beaucoup de pouvoirs, et on a beaucoup de difficultés à ce
que la ministre décide des sujets qui
vont aller en arbitrage. Et aussi, tout à l'heure, au début de nos travaux,
j'ai retenu des propos de la ministre qu'elle
faisait le pari que ça va être... que ça rencontrait le jugement Saskatchewan.
Je pense qu'en tant que législateurs on doit être prudents aussi, là.
Puis, moi, un pari, pour moi, là, c'est un pari. Il n'y a rien de garanti
là-dedans.
Donc,
en tout cas, moi, c'est l'amendement que je propose. J'ose espérer, mais...
parce que je considère que la ministre
a déjà beaucoup, beaucoup de pouvoirs à l'article 23. Donc, je propose cet
amendement-là. J'espère que la ministre va acquiescer.
Le
Président (M. Gendron) : Merci, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière. Juste un instant, j'ai une autre demande de parole, la députée de Taschereau, sur
l'amendement proposé par le député des Chutes-de-la-Chaudière. Je vous
écoute, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Ça va être bref. C'est quand on a entendu parler
de l'amendement du député des Chutes-de-la-Chaudière
qu'on a décidé de rejeter, entre autres, la proposition de la ministre, parce
qu'on a un amendement général qui,
justement, essayait d'enlever ce pouvoir à la ministre. Sa proposition est
d'enlever ce pouvoir à la ministre. On est tout à fait d'accord avec ça.
Ça va dans le sens de nos récentes propositions.
Le
Président (M. Gendron) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à
entendre sur l'amendement du député des Chutes-de-la-Chaudière? Alors,
je ne vois pas de demande de parole. On est rendus au vote. Quels sont ceux qui
sont favorables? Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Vien :
Refusé.
Le Président (M. Gendron) :
Alors, l'amendement est rejeté. Et là je suis à votre disposition pour la suite
des choses.
Une voix :
...
Le
Président (M. Gendron) : Oui, oui, les autres éléments de l'article
23. M. le député de René-Lévesque veut intervenir. À vous, M. le député
de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Ce n'est pas ça. Non, ce n'est pas ça. C'est correct.
Le Président (M.
Gendron) : Vous êtes correct? Parfait. Est-ce qu'il y a demande de
parole sur l'article 23? Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme
Maltais :
Contre.
Le
Président (M. Gendron) : Adopté sur division. Nous en sommes à
l'article 24. Mme la ministre, qu'avez-vous à nous dire?
• (23 h 20) •
Mme
Vien : Alors, en 24 : «L'arbitre ou le conseil d'arbitrage
est lié par les dispositions de
l'arrêté ministériel prévu à l'article 23.»
Le Président (M.
Gendron) : Mme la députée de Taschereau, sur l'article 24.
Mme
Maltais : M. le Président, simplement dire à la ministre que, comme on a peut-être
une proposition intéressante pour elle vers la fin de la loi, on la dispense
de lire les articles. Parce
qu'il nous reste peu de temps encore,
et on veut avoir le temps d'avoir des échanges sur les points les plus intéressants
de la loi.
Le Président (M.
Gendron) : S'il y a consentement de procéder ainsi, il n'y a aucun
problème de le faire. Mme la ministre, est-ce que vous êtes d'accord?
Mme
Vien : Bien, pour ceux qui nous écoutent, pour faire du pouce
sur ce que disait le député de Saint-Jérôme, si on ne leur lit pas les articles, ça ne va pas bien, ils ne savent
pas... ils ne sont pas capables lire, ils ne sont pas capables de...
Mme
Maltais : ...vous pouvez au moins éviter les commentaires. Mais, si
elle veut lire l'article, qu'elle lise les articles, mais...
Mme Vien :
Oui, oui, d'accord...
Mme Maltais :
O.K. Ça marche.
Le Président (M.
Gendron) : C'est beau. Alors, l'article 24?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Adopté sur division. L'article 25.
Mme Vien :
Adopté... L'article 25.
Le Président (M.
Gendron) : Oui, 25.
Mme
Vien : «Sous réserve de l'article 45.0.2 de la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie
de la construction, l'article 76, le premier alinéa des articles 79
et 80 et les articles 82 à 89, 91, 91.1, 93 et 139 à 140 du Code du
travail, de même que l'article 81 de ce code sous réserve de
l'arrêté ministériel visé à l'article 23 de la présente loi, s'appliquent
à l'arbitrage et à l'égard de l'arbitre, du conseil d'arbitrage et de ses
membres, compte tenu des adaptations nécessaires.»
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Adopté sur division.
Mme Vien :
Adopté.
Le Président (M. Gendron) : Adopté
sur division. 26.
Mme Vien : «26. Les
parties peuvent, à tout moment, s'entendre sur toute matière faisant l'objet
d'un différend et les stipulations correspondantes sont consignées à la
sentence arbitrale.
«L'arbitre
ou le conseil d'arbitrage ne peut modifier ces stipulations sauf en vue de
faire les adaptations nécessaires pour les rendre compatibles avec une
disposition de la sentence.»
Le Président (M.
Gendron) : Discussions?
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Division.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de commentaire. Adopté sur division. 27.
Mme
Vien : «27. L'arbitre ou le conseil d'arbitrage consigne à sa
sentence les stipulations relatives aux matières qui ont fait l'objet de l'arbitrage suivant l'article 23, les
stipulations relatives aux autres matières ayant fait l'objet d'une entente entre les parties dans le cadre de la
médiation ainsi que la reconduction des stipulations relatives aux autres
matières contenues dans chacune des conventions collectives expirées le
30 avril 2017.»
Mme Maltais :
Sur division.
Le
Président (M. Gendron) : Pas de commentaire. Donc, s'il n'y a pas de
commentaire ou demande de parole, adopté sur division. 28.
Mme
Vien : «28. L'arbitre ou le conseil d'arbitrage est tenu de
rendre sa sentence au plus tard le 30 avril 2018.»
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de demande de parole, pas de commentaire. Adopté sur
division. 29.
Mme
Vien : «29. La sentence arbitrale lie les parties jusqu'au
30 avril 2021 et ne peut avoir d'effet rétroactif.»
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de demande de parole. Adopté sur division. Mme la
ministre, 30.
Mme
Vien : Article 30 : «Les frais et honoraires relatifs
à l'arbitrage sont assumés à parts égales entre les parties soit, d'une part, entre les associations
représentatives et, d'autre part, l'association sectorielle d'employeurs
concernés et l'association d'employeurs, le cas échéant.»
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de demande de parole. Adopté sur division. Mme la
ministre, section VII, «Responsabilité civile», article 31.
Mme
Vien : «31. L'association représentative est responsable du préjudice causé à l'occasion d'une
contravention à l'article 3 ou à
l'article 4 par des salariés qu'elle représente, à moins qu'il ne soit
établi que le préjudice n'est pas attribuable à la contravention ou que
celle-ci ne fait pas partie d'une action concertée.
«Toute personne...»
Mme Maltais :
...
Mme Vien :
Pardon?
Le Président (M.
Gendron) : Attendez un peu. Excusez. Merci.
Mme
Vien : «Toute
personne qui subit un préjudice en raison d'un acte posé en contravention de
l'article 3 ou de l'article 4 peut s'adresser au tribunal
compétent pour obtenir réparation.»
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Sur division.
Le Président (M. Gendron) :
Pas de demande de parole. Adopté. Mme la ministre, 32.
Mme
Vien : «32.
L'association d'employeurs et les associations sectorielles d'employeurs sont
responsables du préjudice causé à
l'occasion d'une contravention à l'article 7 par des employeurs qu'elles
représentent, à moins qu'il ne soit établi que le préjudice n'est pas
attribuable à la contravention.
«Toute
personne qui subit un préjudice en raison d'un acte posé en contravention de
l'article 7 peut s'adresser au tribunal compétent pour obtenir
réparation.»
Mme
Maltais : Pas de commentaire. Sur division.
Le
Président (M. Gendron) : Pas
de demande de parole. Adopté sur division. Mme la ministre, «Dispositions pénales», 33.
Mme
Vien : «33. Quiconque
contrevient à une disposition des articles 3 à 11 commet une infraction et
est passible, pour chaque jour ou partie de jour pendant lequel dure la
contravention, d'une amende :
«1° de 100 $ à
500 $ s'il s'agit d'un salarié ou d'une personne physique non visée au
paragraphe 2° ou 3°;
«2°
de 7 000 $ à 35 000 $ s'il s'agit d'un dirigeant, employé
ou représentant d'une association représentative ou d'une association de
salariés affiliée à une association représentative ou d'un dirigeant ou représentant
d'un employeur, de l'association d'employeurs ou d'une association
sectorielle d'employeurs;
«3°
de 25 000 $ à 125 000 $ s'il s'agit d'une association
représentative, d'une association de salariés affiliée à une association représentative, d'un employeur, de
l'association d'employeurs ou d'une association sectorielle d'employeurs.»
Je pense que ce sont
les mêmes dispositions qu'en 2013.
Mme Maltais :
Pas de commentaire. Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de demande de parole non plus. Adopté sur division. Mme
la ministre, 34.
Mme
Vien : «34. Commet
une infraction quiconque aide ou, par une incitation, un conseil, un
consentement, une autorisation ou un ordre, amène une personne à
commettre une infraction visée par la présente loi.
«Une personne
déclarée coupable en vertu du présent article est passible de la même peine que
celle prévue pour l'infraction qu'elle a aidé ou amené à commettre.»
Mme
Maltais :
Sur division.
Le
Président (M. Gendron) :
Adopté sur division. Nous en sommes maintenant à la section... Oui, M. le député de Saint-Jérôme a quelque
chose à nous dire. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Je voudrais
déposer un article qui serait l'article 34.1, qui serait inséré avant la
section VIII du projet de loi. Alors, est-ce que tout le monde a le
libellé en main?
Le Président (M.
Gendron) : Alors, lisez-nous ça tranquillement, le temps qu'on va
faire connaissance.
M. Bourcier :
Oui, la section suivante : «Section VII.1. Comité d'experts.
«34.1. Un comité
d'experts indépendants est nommé par le gouvernement après consultation des associations
représentatives, des associations d'employeurs, des associations d'entrepreneurs et des associations sectorielles d'employeurs telles
que définies à l'article 1 de la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction.
«Ce
comité a pour mandat d'émettre des recommandations concernant le régime de négociation prévu par la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Il dépose son rapport au ministre
dans les douze mois suivant l'entrée en vigueur de la présente loi. Le ministre
rend public le rapport dans les 30 jours suivant sa réception.»
Le
Président (M. Gendron) :
Alors, au-delà de la lecture, avez-vous des commentaires additionnels à
nous fournir?
M.
Bourcier : Effectivement. Parce qu'on dénote que le
gouvernement a des problèmes avec les négociations, alors, nous, ce qu'on propose, c'est un comité
d'experts indépendants formé de gens avec une expertise qui vont soumettre
un rapport sur les négociations.
Le
Président (M. Gendron) : Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Est-ce qu'il y a d'autres collègues parlementaires qui veulent
intervenir sur l'amendement proposé? Oui, Mme la ministre, je vous écoute.
Mme
Vien : Alors, je remercie les collègues de nous avoir proposé
cet amendement, mais je trouve qu'il est trop tôt pour se lancer dans un
processus comme ça, je trouve que ce n'est pas le bon canal ni la bonne
plateforme pour placer ce genre de demande.
Et j'ai clairement dit aujourd'hui qu'effectivement il y avait des
questionnements que nous avons, des réflexions à avoir sur le régime de
négociation dans le domaine de construction. Nous y donnerons suite avec
les moyens appropriés, avec les personnes que nous jugeons, évidemment,
indispensables pour réfléchir avec nous. Mais
je ne pense pas que ce soit une bonne idée, au moment où on se parle, dans un
projet de loi spéciale de retour au travail, de mettre ça là-dedans.
Le Président (M.
Gendron) : Autres commentaires? M. le député de René-Lévesque qui
demande la parole.
• (23 h 30) •
M.
Ouellet : Merci. C'est
évident, Mme la ministre, qu'on n'est pas du même avis que vous. Pourquoi
aujourd'hui? Pourquoi dans le projet
de loi? Parce que c'est un constat que tout le monde a fait. Est-ce que le
régime actuel de négociation porte ses fruits? La réponse, c'est non.
À plusieurs reprises on a été obligés de
mandater l'Assemblée nationale pour faire une loi spéciale. Ce que les gens nous disent, c'est : Il est
peut-être temps... il est venu le temps, du moins, de revoir le régime de
négociation. Alors, le projet de loi spéciale nous amène à redéfinir les
relations de travail actuelles dans un conflit qui va nous amener jusqu'en 2021, de mémoire, puisque les conventions
collectives seront d'une durée de cinq ans. Je pense qu'il est tout à fait légitime, Mme la ministre, pour souffler un
peu d'espoir dans la suite des relations de travail, après ce qui aura été
accepté comme étant un fait, c'est-à-dire le dépôt d'une loi spéciale, malgré
notre prétention qu'il y avait encore de l'espace...
Ce serait un geste d'ouverture, un geste d'engagement qui démontrerait aux deux
parties que l'Assemblée nationale est véritablement prête à entamer la
réflexion et la révision du mode de négociation.
C'est, pour
nous, un signal clair que la situation actuelle, comme vous avez dû le dire à
plusieurs reprises dans les médias,
elle a assez duré. Est-ce normal qu'à chaque fois qu'on arrive dans les
négociations dans le milieu de la construction nous devons terminer cette négociation par une loi spéciale? La réponse
est non. L'ensemble des parties, qu'on a rencontrées à plusieurs reprises, nous ont dit
qu'effectivement ce serait le temps de voir les choses différentes. Alors,
nous, on trouve plus que pertinent,
dans ce projet de loi, déjà d'inscrire le prochain pas. Et je pense que ça va
donner aussi une confiance en les parties, en disant : Là, là,
présentement, c'est le dernier régime actuel connu, et nous allons travailler
ensemble à un meilleur futur.
Alors, l'engagement
qu'il est, c'est qu'il y ait un comité d'experts indépendants nommé par le
gouvernement, qui va tenir des
consultations auprès d'associations, il va nous émettre des recommandations.
Là, on ne vous demande même pas
d'écrire une loi, là, on demande juste qu'il y ait un comité de travail qui
réfléchisse sur quelles pourraient être les premières pistes. Et vous le savez, Mme la ministre, avant qu'on
s'entende ça va être long, parce qu'il faut d'abord consulter, et chacun aura sa contrepartie à y
ajouter. Alors, plus on retarde, moins on commence, plus on perd du temps
à faire le véritable virage. Alors, notre
comité d'experts va déjà tracer la ligne, émettre ses recommandations, rendre
le rapport public, et on aura une discussion sur qu'est-ce qu'on pourrait
faire de façon différente dans le milieu de la construction.
Moi, je pense
que c'est ce que les gens... Moi, je dis : Je pense, mais notre formation
pense, pardon, que c'est ce que
les gens demandent, de revoir dans quel cadre les négociations se font et de le
revoir avec les parties... Chacune des
associations va pouvoir nous faire des recommandations, et on va pouvoir, après
ça, analyser ça, et celui qui sera au gouvernement
en 2018 pourra faire la révolution de la construction. Mais présentement on n'a
pas de révolution, nous n'avons que
simplement un diachylon sur une blessure trop grande qui, malheureusement, va
laisser des traces. Alors, notre
prétention, c'est une main tendue, Mme la ministre, c'est une main tendue pour
qu'on s'entende tous à écouter les recommandations et à fournir à ces
recommandations-là un projet de loi qui soit selon les attentes de l'industrie.
Le
Président (M. Gendron) : ...que le député de Chutes-de-la-Chaudière
intervienne avant qu'on ait votre réaction, mais il avait souhaité
pouvoir intervenir. M. le député des Chutes, à vous.
M. Picard : M. le Président,
je serai bref. Je comprends de l'amendement que c'est une piste de solution.
J'ai entendu aussi la ministre indiquer
qu'elle ne voyait pas la nécessité de l'inclure dans le projet de loi, puisque
c'est une loi spéciale. Elle nous a
informés aussi qu'elle veut enclencher un processus. Est-ce qu'elle peut nous
informer sur un échéancier? C'est-u d'ici 10 ans ou c'est... À vous
la parole.
Mme Vien : M. le Président.
Le Président (M. Gendron) : Oui, Mme
la ministre. Excusez, vous avez terminé? Oui, Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui, c'est ça. En fait, ce n'est pas une question... moi, je pense que ce n'est
pas une bonne idée de lancer des consultations
ou des approches sur une révision du régime de négociation tant et aussi
longtemps que les négos ne seront pas
terminées puis ne seront pas réglées. Je pense que, tout le monde, on va
comprendre la sagesse, là, d'attendre un
petit peu, que tout ça soit réglé, là, il ne faut pas mêler les dossiers, là.
Alors, prenons le temps de terminer ça comme il faut, et, par la suite, on enclenchera le processus, effectivement, là.
Mais de mener les deux de front, je pense que ça... on a mêlé les cartes
inutilement, là, puis il ne faut pas se laisser distraire, là. Là, on a des
négociations à mener, des ententes à signer.
Et de toute façon, je l'ai dit aujourd'hui, puis vous l'avez répété — merci de l'avoir fait — que nous allons, effectivement, nous
pencher sur cette question-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gendron) : Oui,
merci. Oui, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : La ministre,
elle dit : On va se pencher là-dessus. Puis elle dit : Ce n'est pas
le temps, il faut attendre la fin des négos.
Or, ce qu'on a là-dedans, c'est une loi qui nous amène jusqu'au 30 avril 2018. Après ça, on est en élection. Donc, ce que la ministre... si elle
n'accepte pas notre amendement parce qu'il ne faut pas faire ça en même temps, ce que ça veut dire, c'est qu'on en a
encore pour deux ans. C'est ça que ça veut dire, puis, après ça, on va
quasiment être prêts pour les autres négos, on va avoir passé le cap des
deux ans.
Alors, moi,
je trouve que c'est une belle proposition. Si, vraiment, le gouvernement a
l'intention d'agir en cette matière,
l'argument de ne pas le faire pendant la négo ne tient pas, puisque la négo va
se tenir jusqu'en avril 2017 à travers l'arbitrage. Donc, je pense qu'il est intéressant
d'amener... Ce qui est remarquable dans cet amendement, sa principale qualité, c'est qu'il n'y a pas de nomination du
comité d'experts contraignante, ni dans le nombre d'experts, ni dans quand
est-ce qu'il doit être nommé. La contrainte,
c'est : On veut des résultats dans 12 mois, à peu près. Et, 12 mois
après la sanction de la loi, bien,
c'est le fun, ça serait avant l'élection. Ça veut dire on pourrait régler ça
communément. Il y aura un
rapport sur la table, puis tout le
monde pourrait en parler. Autrement,
bien, c'est un renvoi aux calendes grecques. C'est ça qui est dommage. On a une belle occasion de faire
l'unanimité ici.
Le
Président (M. Gendron): Autres commentaires? Il n'y a pas de demande de
parole. Mme la ministre, pas de demande de parole? Alors, il nous reste
1 min 40 s, mais on n'est pas obligés de la prendre. Oui?
Mme Maltais :
...
Le Président (M.
Gendron) : Oui. On va voter sur l'amendement?
Une voix :
...
Le
Président (M. Gendron) : Alors, puisqu'il n'y a pas d'autre
commentaire, je demande le vote sur l'amendement 34.1, qui
s'ajoutait à l'article 34, parce qu'on n'a pas fini. Alors, quels sont
ceux qui sont favorables?
Une voix :
Pour.
Des voix :
Contre.
Le Président (M. Gendron) :
Contre. Alors, rejeté sur division. Nous sommes maintenant à l'article 35.
Mme
Vien : La Commission
de la construction du Québec surveille l'application des dispositions de la
présente loi. Elle possède, à cet
égard, les pouvoirs que lui attribue la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de commentaires? Adopté?
Mme
Maltais :
Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Sur division. 36.
Mme Vien :
Le ministre responsable du Travail est responsable de l'application de la
présente loi.
Le Président (M.
Gendron) : Pas de commentaires? Adopté sur division.
L'article 37.
Mme Vien :
Le projet de loi entre en vigueur à sa sanction, M. le Président, là... Je ne
sais pas quoi dire.
Le Président (M.
Gendron) : Alors...
Mme Vien :
Est-ce que c'est ça?
Le Président (M.
Gendron) : Je n'ai rien entendu, donc adopté sur division.
Mme Maltais :
...
Le Président (M.
Gendron) : Oui, oui, j'ai bien compris, le temps est presque complètement
imparti...
Une voix :
...
Le
Président (M. Gendron) :
Oui, page 7, on va y arriver. Alors, à la page 7, c'est : Est-ce
que les intitulés des sections et sous-sections sont adoptés?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Gendron) : Adopté sur division ou adopté?
Une voix :
Sur division.
Le Président (M.
Gendron) : Adopté sur division, O.K. Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Des voix : Adopté
Le Président (M.
Gendron) : Adopté sur division?
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Gendron) : Bien sûr.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Mme
Maltais : Sur
division.
Le
Président (M. Gendron) :
Alors, adopté sur division. Et oui, une motion de renumérotation, est-ce
qu'elle est adoptée?
Des voix : Adopté.
Mme
Maltais : ...
Le Président (M. Gendron) : Adopté,
pas sur division? Ça, ça va?
Mme Maltais : Sur division.
Le
Président (M. Gendron) : O.K. Sur
division. Et là, bien là, le temps imparti est terminé, alors je remercie
celles et ceux qui ont participé.
Pour
permettre à l'Assemblée de poursuivre ses travaux, on va demander à nos collaborateurs de disposer, et les travaux
sont suspendus pour quelques instants. Les travaux sont suspendus pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 23 h 39)
(Reprise à 23 h 42)
M. Auger (président de la commission
plénière) : M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire part que la commission plénière a étudié en détail le projet
de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans
l'industrie de la construction ainsi
que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives, et qu'elle l'a adopté avec des amendements.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Champlain.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que,
conformément à l'article 257.6 du règlement, tout député dispose d'au plus une heure pour transmettre au
bureau du secrétaire général copie des amendements qu'il entend
proposer à ce rapport. Cet article
prévoit également que le débat débute au plus tôt une autre heure
après l'écoulement de ce délai que je viens de mentionner.
Je suspends
donc les travaux de cette Assemblée pour une période d'au moins deux heures,
tel qu'on l'avait indiqué. Les cloches sonneront pour vous aviser de la
reprise de la séance.
En conséquence, cette séance est suspendue, tel
qu'indiqué. La séance est suspendue pour deux heures.
(Suspension de la séance à 23 h 43)
(Reprise à 1 h 47)
Prise en considération du rapport de la commission
plénière qui
en a fait l'étude détaillée et des amendements transmis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, l'Assemblée poursuit ses travaux et elle prend en considération
le rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 142, Loi
assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la construction
ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives, ainsi que les amendements transmis par M. le
député de Saint-Jérôme, par M. le député des Chutes-de-la-Chaudière et par Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Je déclare ces amendements recevables.
Je vous
rappelle que, conformément au troisième paragraphe de
l'article 257.1, la durée du débat sur la prise en considération du rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 142, Loi
assurant la reprise des travaux dans l'industrie
de la construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement
des conventions collectives,
et sur les amendements proposés est d'une heure.
La
répartition du temps de parole pour ce débat restreint a été établie comme
suit : 28 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
16 min 29 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition
officielle,
11 min 46 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 3 min 30 s
sont réservées aux députés indépendants. La présidence répartira cette enveloppe de temps parmi ceux qui auront
signifié vouloir participer au débat, sous réserve d'un maximum, selon le nombre de députés qui se
seront manifestés, d'une minute chacun pour les députés de Groulx et de Vachon et de deux minutes pour les deux
députés de Québec solidaire. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé
par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon
les proportions établies précédemment. Mis à
part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de
temps. Enfin, je rappelle aux députés
indépendants qui souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont 10 minutes,
à partir de maintenant, pour en aviser la présidence.
• (1 h 50) •
Y a-t-il des
amendements sur ce rapport et sur ces amendements... Alors, y a-t-il des
interventions, plutôt? Désolé. Alors, Mme la députée de Fabre, je vous
cède la parole.
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé : Merci, M. le
Président. Même à ce moment-ci du débat, très tard dans la nuit ou tôt le
matin, on peut le voir de l'autre
côté, je pense qu'il faut dire et redire à nouveau que nous aurions tous
souhaité que le conflit se règle dans
une entente négociée. Même à ce moment-ci du débat, je pense qu'il faut
renommer l'espace-temps additionnel prévu
au projet de loi pour permettre, jusqu'en octobre 2017, la poursuite de la
négociation et l'intention de tendre vers une entente négociée. J'ai été attentive aux interventions des
représentants des oppositions, entre autres de l'opposition officielle, tout au long de la journée. On a
esquivé la volonté et l'intention du gouvernement à avoir fourni tous les
efforts, la proaction de la ministre
à travailler ardemment vers une solution négociée. Alors, il faut renommer le
souhait sincère d'une entente négociée, parce qu'il est tard, parce que
c'est important.
J'ai été à l'écoute, ce matin, de l'émission
de... hier matin, plutôt, pardon, de Paul Arcand, les représentants des deux parties, la partie patronale et
syndicale, qui disaient, oui, souhaiter une deuxième chance, une autre chance
pour négocier. Alors, il faut renommer l'intention concrète, dans la loi
n° 142, sur le délai de négociation additionnel. Il a été fait mention aujourd'hui des nombreuses étapes
de négociation et de rencontres entre la partie patronale et syndicale, mais on n'a pas suffisamment nommé le lien direct
entre ce processus de négociation et les services offerts par le secteur
des relations de travail et la mission du
Secrétariat du travail. Vous l'aurez compris, M. le Président, je souhaite vous
en parler, bien évidemment, comme je
souhaiterais aussi revenir, par la suite, sur l'impact économique et social
quotidien d'une grève qui se poursuivrait et l'action responsable de
notre gouvernement.
Alors,
parlons un peu des services, des services offerts par le secteur des relations
du travail, qui se déclinent en cinq
domaines d'expertise. Mais, avant de regarder ça, il faut regarder la mission,
la mission première du Secrétariat du travail, qui est de contribuer au
développement social et économique en favorisant l'atteinte de conditions de
travail équitables, de milieux de travail
sains, de relations de travail harmonieuses en diffusant de l'information
pertinente dans tous les secteurs d'activité du travail. Voilà pour la
mission du Secrétariat du travail.
Alors, je reviens aux cinq domaines d'expertise,
et vous allez voir le lien, bien sûr, avec le processus de négociation qui a eu
cours : d'abord, premièrement, l'aide à la négociation des conventions
collectives de travail, évidemment; la médiation en amélioration de relations
du travail; la médiation préarbitrale de griefs; la nomination d'arbitres; et
les enquêtes. Alors, on va regarder ça d'un peu plus près, si vous le voulez
bien.
Tout d'abord, l'aide à la négociation de conventions, il y a deux volets. Il y a
l'aspect de la conciliation, bien sûr,
qui est le processus qui permet aux
parties négociant une convention
collective de faire appel à un tiers
neutre et chevronné en relations du
travail pour les aider à régler les différends, conclure une entente. Ça, c'est
le premier volet de l'aide à la négociation, mais il y a aussi la négociation
basée sur les intérêts, qui est à la demande des parties, où le
médiateur-conciliateur peut former, accompagner celles-ci à négocier sur une
base de résolution de problèmes.
Deuxième
domaine d'expertise, j'y reviens, l'amélioration des relations du travail, et je vais vous parler
d'exemples concrets. Alors, c'est
tout l'aspect de la négociation de la convention
collective. Lorsqu'elle ne peut pas, évidemment,
tout prévoir et tout régler, c'est là qu'intervient l'exercice de médiation. Et
les interventions de médiation, elles sont de différents ordres. Des
exemples : séminaire en relations patronales-syndicales, formation pour un
comité efficace de relations de travail, diagnostic des relations de travail et
l'accompagnement pour des problématiques particulières.
Nous en
sommes au troisième domaine d'expertise, la médiation préarbitrale de griefs,
qui inclut, entre autres, ceux
en lien avec le harcèlement psychologique. C'est une démarche volontaire, il
faut le rappeler, et bien sûr le premier objectif, c'est de bien
déterminer les causes du désaccord pour s'entendre sur un règlement qui leur
est propre.
Il y a
le domaine d'expertise, le quatrième, la nomination d'arbitres, qui inclut
l'arbitrage de griefs et l'arbitrage de
différends, et les enquêtes. Voilà pour le survol des services qui sont offerts
au Secrétariat du travail et qui permettent de comprendre l'environnement
global de la négociation qui a eu cours.
M. le Président, je veux maintenant vous parler
de l'impact ou vous parler à nouveau de l'impact de la grève générale et de
l'action gouvernementale. Alors, allons-y tout d'abord avec l'impact économique.
Après huit mois de négociations et au vote
de la grève générale, comme gouvernement responsable, nous avons agi et pour les intérêts
de l'ensemble des Québécois
et Québécoises. Après avoir été présent dans toutes les étapes de négociation depuis 240 jours, comme
gouvernement responsable, il y a eu cette mise en place des meilleures conditions
afin qu'une entente négociée soit
conclue entre les deux parties. Le premier
ministre a dit qu'il ne laisserait
pas perdurer la grève, qui affecte durement le portefeuille des
contribuables et qui met en péril les échéanciers des travaux.
À nouveau, M. le Président, j'ai été bien attentive aux interventions des collègues, entre autres de l'opposition officielle, tout au long de la journée. Très particulier d'entendre le discours
vertueux à discourir sur les actions de 2013. Très
drôle comme les souvenirs du passé nous jouent parfois des tours. En 2013, le gouvernement
péquiste a laissé le conflit se poursuivre
pendant deux semaines. Nous, nous, le gouvernement du Québec, avons évalué
l'impact quotidien et ses coûts,
alors que le Parti québécois n'y voyait pas d'enjeu économique.
Pourtant, la grève, qui a duré neuf jours en 2013, cette grève de l'industrie de la construction a
coûté des millions. La
ministre du Travail a déposé aujourd'hui le projet de loi n° 142, elle a cerné les enjeux
financiers d'une telle grève et son coût économique quotidien de
45 millions. Alors, il faut renommer, il faut renommer la grande proaction
de la ministre, son action réelle, son action responsable.
Maintenant, l'impact
social, le préjudice social. Là, M. le Président, il faut que je revienne, en
tout respect, sur les propos du député de
René-Lévesque cet après-midi alors qu'il parlait du secteur résidentiel, peu
représentatif de l'ensemble des
secteurs. Il a utilisé l'expression «un petit groupe de gens», M. le
Président, «un petit groupe de gens». Encore une fois, en tout respect,
je dois vous dire que ça m'a marquée. Je pense à mes citoyens de Laval-Ouest et
de Sainte-Dorothée qui ont été récemment
inondés. Quand on est député sur le terrain, on ne parle pas d'un petit groupe
de gens, on pense aux citoyens
éprouvés qui ont perdu leurs maisons dans ces inondations historiques et qui
vivent un drame humain, des citoyens
qui attendent la construction d'une nouvelle maison. Quand on est député sur le
terrain, on pense aux jeunes familles qui achètent leur premier condo,
leur première maison, des citoyens qui attendent la construction de leur nouvelle demeure, on pense aux nouveaux
entrepreneurs qui attendent la construction de leurs bâtiments, de leurs
locaux, un député sur le terrain.
M. le Président,
en conclusion, il faut renommer la volonté d'une entente négociée et l'espace
prévu au projet de loi dans le délai
additionnel. Il faut renommer l'inacceptable poursuite d'une grève et l'impact économique,
l'impact social. Il faut renommer
l'urgence d'agir et la proaction de la ministre du Travail et du gouvernement
du Québec. Il faut renommer
l'essentiel du projet de loi n° 142 pour les Québécois, Québécoises et
leurs familles. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Fabre, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le
député Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : M. le Président, à la blague je vous dirais que la
chanson Vivre dans la nuit, du groupe Nuance, prend tout son
sens. Quelle déception pour tous les Québécois, M. le Président, qui sont des
gens qui aiment les compromis, les ententes
négociées. Le projet de loi n° 142 est décevant pour nous, membres de l'opposition
officielle, qui nous attendions à plus de place pour la vraie
négociation.
Que
dire des dommages collatéraux à ceux qui gravitent ou dépendent de l'industrie
de la construction? Et il y en a beaucoup.
La ministre du Travail nous parlait de 45 millions par jour. D'autres
personnes ici, dans cette Chambre, nous parlaient de plusieurs constructions d'école en suspens, de condos ou de
maisons avec une livraison pour le 1er juillet en péril, des chantiers de voirie, des ponts, etc.
Dans ma circonscription, celle de Saint-Jérôme, des travaux sur l'autoroute 15 — qui, en passant, M. le Président, a
bien besoin d'être élargie entre Blainville et Saint-Jérôme — sont retardés à la hauteur de la rue Lajeunesse. Espérons que les délais
n'affecteront pas l'ouverture de notre salle de spectacle en décembre,
ouverture à laquelle je vous convie tous.
• (2 heures) •
M.
le Président, les deux parties, patronale et syndicale, se sont braquées l'une
contre l'autre en sachant bien que la
loi spéciale s'en venait. C'était
clair pour nous, ça l'était aussi pour la population du Québec.
Cette menace de loi a envenimé le
processus, les négociations en tant que telles. Pour tous ces travailleurs
qui ont manifesté autour de l'Assemblée
nationale cet après-midi, donc hier, qu'on a pu entendre et voir,
laissez-moi vous dire qu'on a ressenti leur déception mais aussi leurs espoirs, de même que ceux de la partie
patronale, qui sont aussi venus nous rencontrer au cours de la journée
d'hier.
Il faut dénoter le
manque de leadership du gouvernement et de la ministre du Travail dans le
déroulement des événements depuis un mois.
Le 11 mai, rencontre avec des représentants syndicaux; le 12 mai,
menace de loi spéciale; le 23 mai, menace de loi spéciale à nouveau; le
24 mai, discussion médiatique devant les caméras et demande
d'échéancier de la ministre
aux deux parties; le 25 mai, silence radio; le 26 mai, mon chef
dénonce l'inaction de la ministre du
Travail pour que, finalement en
après-midi, les médiateurs convoquent les parties; le 27 mai, ça négocie,
l'Assemblée nationale est convoquée par la ministre
pour la loi spéciale; le 28, les offres sont rejetées, on est dans une impasse;
hier et aujourd'hui, dépôt et
adoption de la loi spéciale sous le bâillon. C'est un échec, donc, des
négociations. C'est ça, un bâillon.
La
ministre a été réactive plutôt que proactive dans toute
cette histoire. On était à des lieux d'une entente, et les deux parties ne se parlaient plus. Ce fût très
décevant pour les Québécois, eux qui s'attendaient à une entente négociée
librement. Les deux parties auraient pu s'entendre dans des conditions idéales,
mais, avec la menace de la loi, c'était devenu impossible.
En 2013, comme le
mentionnait la députée de Fabre, le Parti québécois avait réussi à signer plus
de 98 000 travailleurs dans le secteur résidentiel et dans celui de
la voirie et des travaux publics. On avait conclu des ententes et on avait aussi prévu un an pour continuer les pourparlers,
qui se sont avérés fructueux pour la majorité des gens impliqués.
Même
si le projet de loi est déposé, on privilégie encore, même durant la
nuit, la poursuite du dialogue. Sait-on jamais? Un miracle pourrait peut-être
se produire. Mais on ne veut pas de règlement imposé dans la forme qu'il est actuellement.
Il ne faut pas que, dans cette loi, on ne favorise non plus ni l'une ni l'autre
des parties impliquées. Les Québécois en ont assez souffert.
Maintenant, on connaît la
teneur de ce projet de loi spéciale. On mentionnait tantôt qu'on ne le
voulait pas dans son état actuel avec ses nombreux articles que ce gouvernement a refusé d'amender. Pour le Parti
québécois, il n'est pas acceptable. Le Parti québécois, d'ailleurs,
salue le retour au travail des salariés, mais pas à n'importe quelles conditions.
M. le Président, le Parti québécois a toujours été le parti des travailleurs du Québec,
le parti de la justice sociale, de la
paix sociale, des PME, et j'en passe. Je vous le répète, et ça va faire plaisir
à mes collègues, les Jérômiennes et les Jérômiens m'ont élu en connaissant les valeurs politiques
que je véhiculais. C'est mon devoir de veiller sur cette justice en leur nom. Et je vous réitère que, dans son état
actuel, ce projet de loi spéciale n'est pas juste. C'est une preuve de
l'échec de ce gouvernement qui ne laissera pas l'association des constructeurs du Québec
et l'alliance syndicale négocier librement, sans contrainte. Tous ces gens qui ont suivi les derniers événements
reliés à ce conflit de travail se rappelleront, je l'espère, des racines profondes du Parti québécois en matière de justice sociale, ce parti qui est composé de députés qui
sont proches des gens, à l'écoute de la population.
Selon
le projet de loi n° 142,
d'ici octobre 2017, la ministre du Travail pourra, si elle le désire,
déterminer, après des négociations
entre les parties, choisir les points devant passer devant un arbitre, points
qu'elle pourrait évidemment choisir,
comme je le disais précédemment. C'est tout un devoir de gérance. Donc, la
ministre décidera ce qui est bon ou pas pour l'arbitre. Elle pourrait
même, si elle le voulait, prôner le statu quo pour certains litiges pendant
quatre ans, tout dépendant de son jugement.
Ça s'est passé comme ça depuis les trois dernières années avec ce gouvernement
libéral, M. le Président.
Et
il y a un danger, c'est que le gouvernement du Québec, qui est le principal
donneur d'ouvrage dans l'industrie de
la construction, soit pris, évidemment, dans certains conflits d'intérêts. La
ministre jugera donc de l'importance des litiges en se basant sur les critères de son propre gouvernement. Ça
sent le conflit d'intérêts. C'est la théorie du pire qu'on applique ici,
M. le Président. Nous, du Parti québécois, n'aurions jamais laissé passer une
telle anomalie dans un projet de loi. La ministre sera donc juge et partie.
Également, la
ministre du Travail aura la possibilité de déterminer les critères que doit
examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage, choisi par elle-même, pour fonder
chacune de ses décisions : la capacité de payer des donneurs d'ouvrage, les conditions de travail, l'évolution
des taux de salaire, le corps d'emploi comparable au Québec et ailleurs au Canada, le maintien du pouvoir d'achat des
travailleurs, la flexibilité d'organisation du travail versus les contraintes
des horaires flexibles et variables.
Et,
pour ce dernier critère, la dernière question que je vous pose avant de
terminer, M. le Président : Est-ce que la ministre tiendra compte
de l'impact sur la conciliation travail-famille? Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Saint-Jérôme, pour cette intervention. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Maskinongé.
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, bon matin, chers
collègues. Et c'est avec beaucoup de plaisir que je prends la parole en cette Chambre ce matin, premièrement pour
rappeler des éléments importants du projet de loi, mais rappeler des
éléments importants de notre gouvernement, des objectifs de notre gouvernement.
Premièrement,
j'aimerais rappeler que la grève dans le milieu de la construction ou l'impact
économique du milieu de la construction a un montant de 45 millions par
jour. Et mon collègue semblait en douter tantôt, ce sont des chiffres validés et certifiés par le ministère du
Travail, qui nous rappellent que cet impact économique est très important
dans chacun de nos comtés, dans chacune de nos circonscriptions.
Vous
rappeler aussi que, de ce côté-ci de la Chambre, c'est nous qui sommes les
experts en économie. Et nous savons pourquoi nous sommes les meilleurs en
économie, c'est parce que nous faisons les meilleurs choix, nous faisons les
bons choix pour l'ensemble de la population du Québec. Nous faisons des choix
éclairés, des choix décidés et les choix
qui rapportent à l'ensemble des régions du Québec, M. le Président, et à
l'ensemble des citoyens et citoyennes du Québec.
Vous
le savez, dans la situation qu'on vit en ce moment, dans la situation qu'on a
entendu parler toute la journée, il s'avérait important et surtout très
significatif de faire quelque chose et d'agir de façon rapide et surtout de
façon cohérente, et c'est ce que nous avons
fait, M. le Président. Nous sommes un gouvernement qui prend ses
responsabilités pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises. Et, dans cette ligne, j'aimerais saluer le
travail de notre collègue la ministre
du Travail, qui a fait un travail exceptionnel, un travail de présence sur le
terrain, un travail de présence aussi, surtout,
aux tables de négociation. Près de 11 fois, M. le Président — ce qu'on a dit aujourd'hui — elle a été aux tables de négociation. On a pu l'entendre, on a pu
l'écouter, on a pu voir aujourd'hui que c'était une ministre qui connaissait
son dossier, qui avait intervenu tôt dans le dossier et surtout qui avait
intervenu pour le bien-être des citoyens et des citoyennes du Québec, M. le
Président.
Vous
dire aussi à quel point je suis très, très fier de voir qu'on a déposé un
projet de loi rapidement pour répondre à
une crise, M. le Président. Et j'écoutais mes collègues de l'opposition douter
de la bonne volonté de notre gouvernement. Mais, bien au contraire, qu'ils soient certains que, de notre côté, ici,
de la Chambre, on prend les bonnes décisions, on prend des décisions claires, des décisions éclairées, des décisions, M.
le Président, qui vont venir en aide à l'ensemble des Québécois et des Québécoises, et c'est ce que
nous faisons au quotidien dans de nombreux dossiers, dont celui-ci, M.
le Président.
• (2 h 10) •
Vous dire
aussi que depuis huit mois que les parties ont eu la chance de négocier, que
les parties ont eu la chance de faire
des négociations, de régler ce conflit avant qu'on soit tous assis cette nuit
ici en train de discuter de leur conflit de travail. M. le Président, 240 jours se
sont écoulés depuis le 1er octobre dernier, 240 jours, M. le
Président. Les parties ont eu la chance de s'entendre et, s'ils auraient
voulu, ils auraient pu négocier et régler ce conflit de façon claire pour l'ensemble des parties, M. le Président. Mais
malheureusement aucune négociation n'a eu lieu avant le mois de février
dernier.
De plus, M. le
Président, vous dire qu'il y a quand même eu, de février à aujourd'hui,
58 rencontres de conciliation-médiation
entre la partie patronale et la partie syndicale. Vous dire, et je l'ai dit et
je le redis, que la ministre s'est
elle-même déplacée à plus d'une dizaine de rencontres, en personne. Et ça, M.
le Président, une ministre qui se déplace, qui fait les bons gestes et qui prend acte, justement, des négociations,
c'est quelqu'un qui fait son travail, c'est quelqu'un qui est assidu à la tâche et c'est une ministre
d'un gouvernement libéral qui a à coeur les citoyens et les citoyennes du
Québec, M. le Président.
Vous dire que, lors
de ces échanges, la ministre en a profité pour réitérer que l'entente négociée
était la meilleure des options. Et, M. le
Président, elle l'a dit aujourd'hui. Et elle a fait tout ce qui était en son
pouvoir afin que les parties arrivent
à une entente négociée. Elle est même encore allée plus loin en nommant un
conciliateur au tronc commun, et ça, M. le Président, c'est assez
exceptionnel.
Donc,
de dire aujourd'hui que le gouvernement ne voulait pas une entente négociée, je
vous dirais, M. le Président, c'est un peu charrier, comme on dirait par
chez nous. C'est un peu charrier parce qu'on a toujours voulu et on a toujours préconisé une entente négociée. Vous dire
d'ailleurs qu'il est très important d'insister sur ce point, car le projet
de loi présenté par la ministre aujourd'hui nous démontre encore que la
négociation est le meilleur moyen. On leur laisse
un temps essentiel à la négociation, un temps, oui, vous direz... Et
j'entendais les collègues de
l'opposition : Oui, vous mettez
un temps de négociation, ah! certes, mais vous mettez un échéancier. Mais
il faut le faire, M. le Président. Et
j'ai écouté ma collègue de Fabre, tantôt, vous parler des résidences qui
étaient dans son comté, des gens, des écoles, et tout ça. Et ça, M. le
Président, on semble prendre ça à la
légère, du côté de l'opposition, mais c'est des dossiers importants.
Je
vais vous dire, M. le Président, vendredi j'ai eu un appel d'une citoyenne qui a
fait l'achat d'une résidence neuve, donc
qui doit être construite pour juillet prochain, qui a mis fin à son bail de
location, et malheureusement le propriétaire a retardé en disant... le
constructeur, en disant : Bien, malheureusement, je ne pourrai arriver
dans les échéanciers, madame, parce
qu'on a une grève, et cette grève-là peut perdurer des mois et des mois, des
semaines et des semaines. Et la dame m'a téléphoné à mon bureau de
circonscription en étant très, très inquiète, M. le Président, et j'étais des
plus heureux aujourd'hui d'être ici, en cette Chambre, pour enfin pouvoir dire
à cette dame de ma circonscription : Bien, cette maison-là, vous allez l'avoir, vous allez l'avoir dans les délais
prescrits, parce que le gouvernement a prêté action et a fait que les
travailleurs, demain matin, seront au travail, M. le Président, et c'est très
important.
En
terminant, parce que je sais que le temps qui m'est imparti achève à quelques
minutes près ou secondes près, vous dire à quel point je suis très, très
fier et je crois qu'on doit saluer le travail et le leadership de la ministre
du Travail, du gouvernement libéral, qui a
fait un travail exceptionnel dans ce dossier. Et, M. le Président, je vous
remercierai. Et vous comprendrez bien que je vais voter en faveur de
cette loi avec l'ensemble de mes collègues. Alors, merci et bonne soirée.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Maskinongé, pour cette intervention. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous disposez d'un droit de parole de deux minutes, alors
je vous cède la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. En fait, on arrive tranquillement vers
la fin d'un processus qu'on n'aurait jamais
souhaité arriver. Pourquoi? Parce que, si une entente négociée est la
meilleure, comme je l'ai entendu plusieurs fois ce soir, si elle est la meilleure solution, ce qui aurait dû être
fait, et nous le savons tous et toutes, c'est qu'il y a déjà plusieurs mois, pas 240 jours, il y a déjà
plusieurs mois, le gouvernement se serait appliqué à asseoir aux tables les
gens pour réfléchir comment on va faire en sorte de ne pas arriver,
cette fois-là, à cette obligation qu'on sent l'urgence, de l'autre côté, là... l'obligation d'adopter une loi
spéciale, qui, dans le fond, oui, peut-être va permettre à des gens de rentrer
dans leurs maisons, mais aussi envoie un
signal très clair aux travailleurs et travailleuses du Québec, c'est que le
droit de grève est un droit qui
malheureusement vit constamment avec une épée de Damoclès sur la tête, qui est
celui d'une loi spéciale.
Ce n'est pas la
première fois que ce gouvernement-là utilise cette méthode-là pour quasiment
envoyer un message que d'agir sur ces droits
fondamentaux, ces droits constitutionnels qu'est le droit de représentation, et
le droit de grève, bien, ça dérange. Bien, c'est sûr que ça dérange, M.
le Président, sinon on n'irait pas en grève.
Alors,
malheureusement, en ce deux minutes, j'ai à peine le temps de nous rappeler...
Et j'implore le gouvernement de se
mettre à la tâche demain matin, de nous assurer de revoir le régime de
négociation pour que plus jamais on ne se retrouve dans cette situation, parce
que ça discrédite un droit important qui est le droit de grève pour les
travailleurs et travailleuses du Québec.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pour cette intervention. M. le député de Beauharnois, à vous la parole.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci, M. le Président.
Alors, en cette fin de nuit, bien entendu, nous en sommes en prise en
considération du projet de loi spéciale dont la ministre nous a convoqués, les
députés, à l'Assemblée nationale.
Je réitère, M. le Président, l'obligation de la ministre de défendre, de représenter tous les travailleurs du Québec, autant en santé,
sécurité, autant dans les droits du travail, autant dans les négociations.
Il
y a des normes de prescrites. Les travailleurs de la construction du Québec ont
utilisé les normes telles qu'elles sont
décrites. Ils n'ont pas enfreint la loi, bien au contraire. Ils ont négocié.
Malheureusement, il y a des secteurs qui ne semblent pas s'avoir
entendu.
La
ministre a eu la chance d'avoir le rapport des médiateurs. Il y a eu une
médiation dans ce conflit-là. La ministre sait à quel point... quel point exactement achoppe dans ces
négociations-là. La ministre n'a pas eu la hauteur de s'assurer que les gens qui étaient tout près d'une
négociation ou d'une entente, tel quelle l'a dit publiquement... de s'assurer
que ces gens-là au moins aient une entente négociée. Bien au contraire,
le gouvernement actuel s'est immiscé dans les négociations
et a dit : Si vous ne vous entendez pas, on va sortir un projet de loi
spéciale. Nous sommes ici avec le projet de loi spéciale, qui, d'après
moi, n'a pas changé rien, rien à la solution future. Parce que qu'est-ce qu'on
a mis dans le projet de loi, c'est exactement ce qui se passe dans les
négociations actuelles, donc c'est soit le choix de dire : On négocie; si on ne s'entend pas, il y aura une
médiation; et, si on ne s'entend pas, on ira en arbitrage. C'est ça que le
projet de loi spéciale nous dit ce soir.
On
a eu la chance de tenter d'amender... Parce que, l'article 23, la ministre
a décidé que, lorsqu'on ira en arbitrage, bien, elle aura le droit de
choisir les points qu'elle dictera à l'arbitre de négocier. C'est tout nouveau.
Une première au Québec. Une première au Québec, M. le Président, alors qu'on
s'attend à ce que la ministre du Travail défende les travailleurs du Québec, défende les droits des travailleurs au Québec,
donc les négociations telles qu'elles ont été faites, en bonne et due forme.
Malheureusement, dans chaque négociation, on ne trouve pas toujours un
résultat. C'est ce qu'on a vu avec l'Association de la construction du
Québec.
• (2 h 20) •
Puis
aujourd'hui on se retrouve avec un projet de loi spéciale qui fait juste
reprendre exactement ce qu'on a vécu dans
les six derniers mois. La ministre apporte un projet de loi spéciale puis elle
nous dit : Retournez négocier, là je vous donne un temps limite,
comme il y a déjà dans les normes du travail. On dit : Six mois avant la
fin d'une négociation d'une convention collective, on doit commencer à
négocier. La ministre l'a bien dit. Ils ont peut-être perdu un peu de temps à
négocier, mais le projet de loi, il dit la même affaire. Il dit : Là,
d'ici au mois d'octobre, renégociez, je vous redonne
la chance de négocier. Alors qu'un projet de loi spéciale est supposé d'être
pour régler un problème, là on ramène la même situation qu'on avait :
on va renégocier jusqu'au mois d'octobre, il y aura une période de médiation,
la ministre va recevoir pour une deuxième
fois un rapport des médiateurs, qui va dire : Bien, peut-être qu'on
s'entend, peut-être qu'on ne s'entend pas. Puis ça va donner quoi en
bout de piste? Bien là, la ministre ne pourra plus s'ingérer dans les négociations, elle va avoir le droit de dicter
l'arbitrage. Elle va dire : On va choisir les arbitres, comme c'est déjà
prévu, sauf qu'elle se garde le pouvoir de dire à l'arbitre... On va
regarder ce qu'elle croit qui est important. Je n'enlève rien à la ministre, là, je n'enlève rien à la ministre,
je pense qu'elle va le faire de bonne foi, mais il n'y a rien qui nous assure que, lorsqu'elle demandera l'arbitrage, après le mois d'octobre,
après la médiation, ça va nous apporter quasiment dans deux ans, lorsqu'on
a évalué les délais ce soir, en plénière... Peut-être, dans deux ans, la ministre,
si elle décide que la conciliation travail-famille est importante, elle va dire à l'arbitre : Je veux que tu
prennes ça en considération. Si ce matin-là
elle décide que la conciliation
travail-famille n'est pas un point important
à ses yeux, bien, elle va dire : Ne te bâdre pas de ça, on va regarder d'autre chose; on va regarder le
salaire, on va regarder les conditions
de travail. C'est elle qui va
le dicter. Elle s'est donné toute la latitude pour l'arbitrage, on n'a jamais
vu ça.
Alors,
j'ose espérer, j'ose espérer pour la ministre que, dans son projet de loi spéciale, parce que le gouvernement est
majoritaire, donc il va effectivement passer, même si on est en désaccord avec...
J'ose espérer pour la ministre que la
prochaine période de négociation va être entérinée puis qu'ils vont s'entendre, parce que,
sinon, la ministre, pour la
première fois au Québec,
va porter le fardeau de dicter à nos arbitres du travail que doivent-ils régler
dans ce conflit-là.
Alors,
je lui laisse ce fardeau-là, parce
que je crois que c'est une première,
je crois que c'est inconcevable. Je suis convaincu que les juristes de
l'État vont apporter ça à des tribunaux pour dire : C'est impossible.
C'est déjà reconnu, les médiateurs sont déjà
connus, nos arbitres du travail ont une expérience de 25, 40 ans, alors
que la ministre, dans ce projet de loi là, décide qu'elle
va changer les règles.
Alors,
M. le Président, c'est bien entendu que l'opposition va voter contre ce projet de
loi là, bien entendu. Parce que j'entends plusieurs collègues
parler de l'économie. Bien entendu, on doit prendre compte de l'économie, mais qu'est-ce
qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait des conditions de travail des 175 000 travailleurs
qui étaient dans la rue aujourd'hui? Puis
ils n'ont pas enfreint des règles, là, ça faisait partie des règlements qu'ils
avaient le droit. On négocie, on fait une demande...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui, j'allais me lever. C'est un
peu bruyant du côté droit. Il nous reste encore quelques heures à passer, peut-être un peu moins. Je vous demanderais
votre collaboration pour qu'on puisse entendre le député de Beauharnois et son
intervention. M. le député.
M. Leclair : Merci, M. le Président. Donc, je disais, les travailleurs, les
175 000 travailleurs de la construction sont en droit de revendiquer de meilleures
conditions, sont en droit de faire la grève. On fait les demandes de grève
21 jours avant la fin de la
convention collective pour avoir le droit de grève. Ils ne se sont pas
retrouvés dans la rue hors-la-loi, ça fait partie d'une table de négo,
ça fait partie des règles de négociation.
Alors, les
gens nous disent : Bien, on souhaite une entente négociée. Tout le monde
la souhaite, les travailleurs de la construction la souhaitaient, M. le
Président, je suis convaincu que le patronal le souhaite aussi. Mais, lorsqu'il
y a une des deux
parties qui n'est pas de bonne foi à une table... puis je n'étais pas à la
table, mais le résultat donne qu'on doit
utiliser les gestes ultimes. Donc, pour le patronal, c'est soit le lock-out ou,
pour les travailleurs, c'est soit la grève. On est en grève, c'est ça qui est arrivé. Nous, on arrive avec un projet
de loi ici, puis la seule affaire qu'on se dit, c'est qu'on vient d'inventer la roue, on leur dit :
Vous allez retourner négocier, vous allez avoir le droit à la méditation et
après à l'arbitrage à mes conditions comme ministre.
Alors, M. le
Président, je suis très désolé de voir que la ministre défend les travailleurs du Québec à
ce niveau-là. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervenant, à ce moment-ci, cela met fin à la prise en considération du
rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 142, Loi
assurant la reprise des travaux dans
l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends pour le
renouvellement des conventions collectives.
Conformément
à l'article 257.7 du règlement, je vais donner lecture de chacun des
amendements proposés avant la mise aux voix, et chacun des votes se fera
à main levée.
Mise aux voix des
amendements du député de Saint-Jérôme
Alors, je mets maintenant aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le député de Saint-Jérôme à l'article 15 du projet de loi, qui se lit
comme suit, article 15 : Modifier l'article 15 du projet de loi
par le remplacement des mots «30 octobre 2017» par
«30 décembre 2017».
Alors, cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'amendement est rejeté.
Je mets
maintenant aux voix un autre amendement proposé par M. le député de
Saint-Jérôme, à l'article 17 qui se lit comme suit : Modifier l'article 17 du projet de loi par le
remplacement des mots «ou en tout temps au cours de cette période en cas
de constat d'échec de la médiation par le médiateur, ce dernier» par les mots
«, le médiateur».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Rejeté. Autre amendement de M. le
député de Saint-Jérôme, à l'article 17.1 : Insérer, après
l'article 17 du projet de loi, l'article suivant :
«17.1. À la demande conjointe des parties, le
ministre peut prolonger la période de médiation.»
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'amendement est rejeté.
Autre
amendement de M. le député de Saint-Jérôme, à l'article 18 : Modifier
l'article 18 du projet de loi par la suppression des mots «ou sur
réception par le ministre d'un rapport du médiateur faisant état de l'échec de
la médiation suivant l'article 17».
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'amendement est rejeté.
Autre
amendement de M. le député de Saint-Jérôme, à l'article 23 :
Remplacer l'article 23 du projet de loi par le suivant :
«23. Les parties conviennent conjointement des
matières devant faire l'objet de l'arbitrage.
«À défaut d'une entente entre les parties,
l'arbitre ou le conseil d'arbitrage détermine les matières devant faire l'objet
de l'arbitrage, en tenant compte des recommandations formulées par le médiateur
suivant l'article 17.
«Pour rendre sa sentence, l'arbitre ou le
conseil d'arbitrage doit aussi, si les parties lui en font la demande, recourir
clause par clause à la méthode de la "meilleure offre finale".
«L'arbitre ou le conseil d'arbitrage décide de
la méthode d'arbitrage et des critères qu'il doit examiner pour fonder sa
décision.
«Seules les matières déterminées suivant le
premier alinéa ou les matières faisant l'objet d'une demande conjointe des
parties peuvent faire l'objet de l'arbitrage.»
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'amendement est rejeté.
Autre amendement présenté par M. le
député de Saint-Jérôme à l'article 23 : Modifier l'article 23 du
projet de loi au paragraphe 3° du premier alinéa par l'ajout, à la
fin, des mots «et leur impact sur la conciliation travail-famille».
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : L'amendement est rejeté.
Nouvel
amendement à l'article 23 présenté par le député de Saint-Jérôme... plutôt
à l'article 34.1 : Insérer, avant la section VIII du
projet de loi, la section suivante :
«...VII.1. Comité
d'experts.
«34.1. Un comité
d'experts indépendants est nommé par le gouvernement après consultation des
associations représentatives, des associations d'employeurs, des associations
d'entrepreneurs et des associations sectorielles d'employeurs telles que définies à l'article 1 de la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction.
«Ce comité a pour
mandat d'émettre des recommandations concernant le régime de négociation prévu
par la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Il dépose son rapport au ministre dans les douze mois
suivant l'entrée en vigueur de la présente. Le ministre rend public le
rapport dans les 30 jours suivant sa réception.»
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : L'amendement est rejeté.
Mise aux voix de l'amendement du député
de Chutes-de-la-Chaudière
Je
mets maintenant aux voix la motion d'amendement présentée par M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière à l'article 23
du projet de loi, qui se lit comme suit : À l'article 23, supprimer le premier paragraphe du premier alinéa
de l'article 23 tel qu'amendé.
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : L'amendement est rejeté.
Mise aux voix des amendements de la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
Je mets maintenant
aux voix la motion d'amendement présentée par Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
à l'article 12 du projet de loi, qui se lit comme suit :
L'article 12 du projet de loi est modifié par le remplacement, du deuxième alinéa, des mots «1,8 %» par les mots «2,0 %» et, dans le
deuxième alinéa, le remplacement de «31 mai 2017» par
«1er mai 2017».
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
Rejeté.
• (2 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : L'amendement est rejeté.
Je
mets maintenant aux voix un nouvel amendement proposé par Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à l'article 13 du projet
de loi. Cet amendement
se lit comme suit : L'article 13 du projet de loi est modifié par
l'ajout d'un deuxième alinéa affirmant que :
«Le médiateur nommé
par le ministre doit satisfaire aux conditions suivantes :
«1° le médiateur doit
jouir de la confiance des deux parties;
«2° le médiateur doit
jouir d'une expérience reconnue en relations [de] travail;
«3° le médiateur ne
doit pas être ou avoir été employé, dirigeant, représentant ou membre d'une association
d'employeurs ou du gouvernement au cours des sept années précédant sa
nomination.»
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Rejeté.
Autre
amendement présenté par Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à l'article 23 : L'article 23 du projet de loi
est remplacé par le suivant :
«À la suite des recommandations formulées par le
médiateur suivant l'article 17, l'arbitre ou le conseil d'arbitrage
détermine :
«1° les matières devant
faire l'objet de l'arbitrage;
«2° la
méthode d'arbitrage pouvant consister, notamment en celle de la meilleure offre finale qui
s'apprécie clause par clause ou globalement.»
Alors, cet amendement est-il adopté?
Des voix : Rejeté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : L'amendement est rejeté. Autre amendement présenté par Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
à l'article 35.1, l'ajout d'un article entre les articles 35 et 36, qui se
lit comme suit :
«Le gouvernement mettra sur pied un comité
consultatif composé [des] trois membres nommés par l'alliance syndicale de la construction, un membre de l'Association de la construction, un membre de l'Association des
professionnels de la construction et
de l'habitation du Québec, un membre de l'Association des constructeurs de
route et grands travaux du Québec,
ainsi que deux membres délégués qui représentent le gouvernement. Ce comité consultatif aura la tâche de faire des
recommandations pour réformer le processus de négociations du secteur de la
construction.»
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : Rejeté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : L'amendement est donc rejeté. Voilà pour la mise aux voix des amendements.
Mise aux voix du
rapport
Je mets maintenant aux voix le rapport de la commission
plénière sur le projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la
construction ainsi que le règlement des différends pour le renouvellement des
conventions collectives. Ce rapport est-il adopté? M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Bérubé : Nous
demandons un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, qu'on appelle les députés.
• (2 h 32 — 2 h 38)
•
>857 Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je mets maintenant aux voix le rapport
de la commission plénière sur le projet de loi n° 142, Loi
assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la construction ainsi que
le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives.
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois (Soulanges),
M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel (Viau), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Ménard (Laporte),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), M. Carrière
(Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard
(Trois-Rivières), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Auger (Champlain), Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle
(Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic),
M. Matte (Portneuf), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud),
Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Laframboise (Blainville), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
• (2 h 40) •
Le Secrétaire
adjoint : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Maltais (Taschereau), M. LeBel (Rimouski),
M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard
(Duplessis), M. Rochon (Richelieu),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), Mme Fournier (Marie-Victorin), M. Traversy
(Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Roy (Bonaventure).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Ouellet (Vachon).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Y a-t-il des abstentions? Oui?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, y a-t-il consentement pour permettre au député... Juste un
instant.
M.
Fournier : ...avec la même vigueur partout dans le Parlement.
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, il y a une belle unanimité pour permettre à tous ces députés
de voter.
Alors,
nous allons commencer par les députés qui sont pour.
Le
Secrétaire adjoint : Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Spénard
(Beauce-Nord).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Les députés qui sont contre.
Le
Secrétaire adjoint : M. Cloutier (Lac-Saint-Jean).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, pour le résultat
du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 74
Contre : 19
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, le rapport de la
commission est adopté.
Adoption
Nous
sommes maintenant rendus à l'étape de l'adoption du projet de loi. Mme la
ministre responsable du Travail propose
l'adoption du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux
dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des
différends pour le renouvellement des conventions collectives.
Je
vous rappelle que, conformément au paragraphe 4° de l'article 257.1, la durée
du débat sur l'adoption du projet de loi est
d'une heure. La répartition du temps de parole pour ce débat restreint a été
établie comme suit : 28 min 15 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 16 min 29 s sont
allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 11 min 46 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 3 min 30 s sont réservées aux députés indépendants. La présidence répartira
cette enveloppe de temps parmi ceux qui auront signifié vouloir participer
au débat, sous réserve d'un maximum, selon
le nombre de députés qui se seront manifestés, d'une minute chacun pour
les députés de Groulx et de Vachon et de deux minutes pour les députés de
Québec solidaire.
Dans le cadre de ce débat, le temps
non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces
consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de
temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants qui souhaitent intervenir au
cours du débat qu'ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Y
a-t-il des interventions? Nous allons débuter avec M. le député d'Argenteuil. À
vous la parole.
M. Yves St-Denis
M. St-Denis : Merci, M. le
Président. Alors, je prends la parole cette nuit... projet de loi n° 142 déposé
plus tôt, hier, par la ministre du
Travail. Comme tous mes collègues présents en cette Chambre, j'aurais préféré
qu'une entente négociée intervienne
avant le dépôt de ce document législatif. Il est cependant venu le temps de
protéger l'intérêt supérieur du Québec, d'empêcher, comme l'a dit notre
premier ministre...
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
...peu bruyant, chers collègues. Ceux qui doivent quitter l'enceinte du salon
bleu, je vous invite à le faire dans le silence. M. le député d'Argenteuil,
veuillez poursuivre.
M. St-Denis : Merci, M. le
Président. Alors, d'empêcher, comme le disait notre premier ministre, les
conséquences sur les personnes, les
travailleurs qui pourraient perdre leur emploi, les familles qui attendent la
livraison de leur domicile dans quelques semaines, qui ont déjà annulé
leur bail.
Une grève des travailleurs de la
construction menace sérieusement l'économie du Québec. Les pertes engendrées
sont évaluées à 45 millions de dollars
par jour, M. le Président. Il coûte en moyenne 9 millions de dollars pour construire une école primaire au Québec. C'est donc l'équivalent d'un sacrifice quotidien
de cinq nouvelles écoles que coûte cette grève aux Québécois. Le gouvernement
ne peut rester inactif devant toutes ces pertes économiques.
On
pouvait lire, dans LeJournal
de Québec du 24 mai dernier, que
de nombreux quincailliers se disent inquiets devant la grève de l'industrie. Pour certains de ces commerces, la vente de
matériaux aux entrepreneurs peut représenter jusqu'à 40 % de leurs revenus quotidiens. Lors de la
grève de 2013, on estimait à 10 millions de dollars par jours les pertes
potentielles pour ces quincailliers.
Le Québec entier est affecté par cette grève.
Les parties, tant patronales que syndicales, doivent prendre leurs responsabilités aussi. Le gouvernement agit de
façon responsable, depuis son arrivée au pouvoir, pour la population. Ses
actions demeurent responsables aujourd'hui.
La ministre agit pour mettre fin à cette grève relevant d'un conflit privé pour
le plus grand intérêt des Québécois. Les
travailleurs ont besoin de travailler. Les entrepreneurs font face à
d'importants enjeux financiers. Les
familles québécoises attendent leurs maisons et des chantiers sont paralysés
dans toutes les régions du Québec. Des médias rapportaient
qu'Hydro-Québec comptait à elle seule 130 chantiers paralysés.
Contrairement à un gouvernement du Parti
québécois, devant l'impact important de ce conflit privé sur l'économie du Québec, le gouvernement agit
promptement et en connaissance de cause, pas comme la députée de Taschereau à
l'époque ou encore la députée de Jonquière, qui préféraient toutes deux fermer
les yeux devant le désastre économique
évident devant eux. Ça ne sert à rien d'évaluer l'impact du conflit sur
l'économie, disait-on. Pourtant, ce sont des centaines de millions de pertes économiques qu'a engendrées la grève
de 2013. De notre côté, on agit pour minimiser ces pertes, chiffrées, je
le répète, à 45 millions de dollars par jour.
Comme vous le savez, les derniers mois ont été
difficiles et éprouvants pour de nombreux Québécois dans de nombreuses régions. Nous avons connu une période
de pluie et de montée des eaux exceptionnelles. Cela a affecté des familles qui, pour plusieurs, ont vu des dommages
importants à leur maison. Pour plusieurs, une maison, c'est ce qu'il y a
de plus précieux. C'est un investissement
important pour construire une famille. J'ai pu constater cette situation hors
du commun avec des résidents de la
région des Laurentides et plus directement dans mon comté, à
Saint-André-d'Argenteuil, où j'ai été
à même de constater, pendant plusieurs jours, le grand esprit de solidarité des
citoyens de ma région. Depuis le début,
la population est solidaire et le gouvernement a mis les outils en place pour
soutenir et accompagner les sinistrés tout au long du processus.
Suite à ces événements tragiques, le
gouvernement a mis en place un nouveau programme d'aide financière qui pourrait
atteindre 350 millions de dollars. Il couvre les personnes, les
entreprises, les organismes de soutien et les municipalités.
Des dizaines de séances d'information ont eu lieu dans plusieurs régions du
Québec, et j'ai assisté à une de ces
rencontres, M. le Président, et j'ai vu, dans les yeux de ces résidents, qui
étaient plus de 300 réunis au sous-sol de l'église de Saint-André-d'Argenteuil, toute cette inquiétude, toute
cette angoisse, toute cette détresse. Alors, M. le Président, il n'était
aucunement question qu'on leur rajoute une grève prolongée sur le dos.
Ces mesures
mises en place par notre gouvernement permettent d'accompagner les familles
québécoises touchées par ces
désastres environnementaux. À plus forte raison, dans ce contexte, nous avons
besoin de toute la force de l'industrie. Ces inondations exceptionnelles ont eu un impact hors du commun;
municipalités touchées, 261; résidences inondées, 5 260; personnes évacuées, 4 066; routes
touchées, 557. Ceci représente des besoins énormes de travaux de construction
de toutes sortes. Ce sont des femmes, des
hommes, des familles, des commerces aussi qui font face à ce défi aujourd'hui
et qui risquent, dans certains cas, d'être
affectés par la grève. Non seulement les gens doivent se refaire un chez-soi,
mais des routes sont aussi à réparer.
La solidarité
que nous avons connue dans les dernières semaines doit continuer et cela passe
aussi par l'industrie de la construction. Cette solidarité, nous
l'incarnons avec le projet de loi d'aujourd'hui, une solidarité avec tous les
Québécois de la province.
Le projet de loi déposé aujourd'hui par ma
collègue la ministre du Travail prévoit la reprise des travaux interrompus par
la grève. Ce projet de loi prévoit le maintien des conditions de travail qui
étaient en vigueur au 30 avril 2017
jusqu'à la conclusion d'une nouvelle entente. De plus, une majoration des
salaires de 1,8 % est prévue au moment de la reprise des travaux.
Nous permettons, comme gouvernement responsable, aux différentes parties de s'entendre en ajoutant une période de médiation
d'environ cinq mois. Suite à la médiation, dans le cas où il n'y aurait pas d'entente, un arbitre ou un conseil d'arbitres
prendra le relais afin de trouver un terrain d'entente entre les différentes
parties.
Voici ce que
fait un gouvernement responsable, M. le Président. Voici ce que fait un
gouvernement qui veille aux intérêts
de tous les Québécois : cette loi, qu'on est sur le point d'adopter dans
quelques minutes, n'est pas l'option qui est souhaitée par personne,
mais c'est dans une situation comme celle-là qu'on est à même de constater la
qualité d'un gouvernement qui assume ses
responsabilités. C'est ça, M. le Président, un vrai gouvernement. C'est ça, M.
le Président, un gouvernement libéral. Merci, M. le Président.
• (2 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député
d'Argenteuil, pour cette intervention. M. le député de Saint-Jérôme, à
vous la parole.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : Oui. M. le Président, je suis triste et déçu. Dure
nuit pour nous, M. le Président. Il a été, pour nous, de l'opposition
officielle, décevant de voir le gouvernement refuser plusieurs de nos
amendements qui auraient bonifié, voire même réparé littéralement le
projet de loi n° 142. Au contraire, ce gouvernement les a tous refusés,
sauf un, qu'il a proposé lui-même,
concernant la suppression d'un mot en anglais. Je vais vous en faire la
nomenclature, M. le Président, et
dans justement les amendements que nous avons proposés. Alors, il était
question de l'article 15, où on traitait de la médiation sur le
renouvellement des conventions collectives qui se terminaient au plus tard le
30 octobre.
Notre
demande, c'était la prolongation du temps de négociation du 30 octobre au
30 décembre et de garder la fin de l'arbitrage au 30 avril 2018. Alors, ça a été refusé. Et, là aussi,
nous, on trouvait que la période de négociation n'était pas assez
longue, et, vu ce qui s'était passé au cours des dernières semaines, ils ont
laissé une chance aux deux parties, patronale et syndicale, d'avoir plus de
temps pour négocier, leur laisser une deuxième chance, et tout ça a été refusé.
Il était question également, M. le Président, de
l'article 17, et je vais vous en faire la lecture :
«À défaut
d'une entente à l'expiration de la période de médiation ou en tout temps au
cours de cette période en cas de
constat d'échec de la médiation par le médiateur, ce dernier remet aux parties
du ou des secteurs concernés un rapport dans lequel il indique les matières qui ont fait l'objet d'un accord
ainsi que leurs positions respectives sur celles faisant encore l'objet
d'un différend.»
Je vous ferai grâce du reste de l'article. Par contre, nous, à l'article 17, on demandait de
retirer la possibilité au
médiateur de mettre fin à la négociation avant la date d'échéance, et cela nous
a été, encore une fois, refusé.
Il y avait également l'article 17.1, je
reviendrai tantôt, mais il y avait aussi l'article 18. Et, dans l'article 18,
on demandait... bien, je vais vous en faire la lecture, M. le Président :
«À la demande conjointe des parties d'un secteur
suivant l'article 15 ou sur réception par le ministre d'un rapport du médiateur
faisant état de l'échec de la médiation suivant l'article 17, le ministre
défère le ou les différends à l'arbitrage. Il en avise les parties.»
Alors, nous,
évidemment, à l'article 18, on voulait retirer la possibilité du médiateur de
mettre fin à la négociation avant la date d'échéance. Évidemment, on
pense positif de ce côté-là, et c'est toujours voir le verre à moitié plein, on
voulait laisser pleinement le temps au
médiateur de terminer la médiation et même, en cas d'échec, le forcer à se
rendre à la date limite, ce qui n'a pas été accepté, encore une fois.
Je vous lis
aussi l'article 23, M. le Président. Il faut que je me rende jusque-là. Alors,
l'article 23 a fait l'objet de beaucoup de débats et de discussions, et
évidemment...
«À la suite
des recommandations formulées par le médiateur[...], le ministre — dans ce cas-ci, la ministre — peut, dans les 15 jours de la
transmission de l'avis prévu[...], déterminer par [arrêt] ministériel :
«1° les matières devant faire l'objet de
l'arbitrage;
«2° la
méthode d'arbitrage pouvant consister, notamment, [à] celle de la [méthode de
la] meilleure offre finale qui s'apprécie clause par clause ou
globalement;
«3° les
critères que doit examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage pour fonder sa
décision[...] — et là il y avait — la capacité de payer des donneurs d'ouvrage,
les conditions de travail [...] l'évolution [du] taux de salaire [des] corps d'emploi comparables au Québec et ailleurs
au Canada, le maintien du pouvoir d'achat des travailleurs de l'industrie
de la construction, l'équilibre entre le
besoin de flexibilité dans l'organisation du travail et les contraintes
occasionnées par des horaires variables.»
Et évidemment, dans cet article... nous en
avions un tout nouveau, dans l'article 23, et il a été refusé en bloc, mais je
me dois de vous le lire quand même, alors :
Article 23 tel que proposé par l'opposition
officielle :
«23. Les parties conviennent conjointement des
matières devant faire l'objet de l'arbitrage.
«À défaut
d'une entente entre les parties, l'arbitre ou le conseil d'arbitrage détermine
les matières devant faire l'objet de l'arbitrage, en tenant compte des
recommandations formulées par le médiateur suivant l'article 17.
«Pour rendre sa sentence, l'arbitre ou le
conseil d'arbitrage doit aussi, si les parties lui en font la demande, recourir
clause par clause à la méthode de la "meilleure offre finale".
«L'arbitre ou le conseil d'arbitrage décide de
la méthode d'arbitrage et des critères qu'il doit examiner pour fonder sa
décision.
«Seules les matières déterminées suivant le
premier alinéa ou les matières faisant l'objet d'une demande conjointe des
parties peuvent faire l'objet de l'arbitrage.»
Et tout ça, M. le Président, nous a été refusé.
Je prends le temps de vous les lire, M. le
Président, parce que c'est important qu'on en retienne l'essence, de chacune de ces demandes, évidemment,
de changement au projet de loi
n° 142. On trouve ça important
de les rappeler aux gens puisque c'était de bonne foi que nous l'avons
fait.
Il y a également l'article 34.1, et je
trouvais que celui-ci était le plus intéressant. Attendez un peu, je vais le
retrouver ici.
M. le Président, étant donné que c'est Vivre
dans la nuit, j'ai l'impression que mon article s'est envolé.
Alors, je
vais vous lire mon dernier extrait, M.
le Président, parce que
j'en suis rendu là. Mais tout ça exprime encore une fois ma déception même
d'avoir perdu l'article de loi que j'étais pour vous lire.
Alors, je
reviens à tantôt, ce que je vous disais, la ministre
du Travail aura la possibilité de déterminer les critères, donc, que doit
examiner l'arbitre ou le conseil d'arbitrage choisi par elle-même pour fonder
chacune des décisions.
Mais qu'en
est-il, donc, de la conciliation
travail-famille, M. le Président? Et sur ce point, je dois vous avouer que les deux parties en
litige dans cette grève ont avoué vouloir beaucoup s'en soucier. Force est de
constater, M. le Président, ces orientations... les paramètres de la ministre
viennent carrément biaiser le jugement aussi.
Ce nouveau
mécanisme, avec tous ces pouvoirs extraordinaires à la ministre du
Travail envers l'arbitrage, rompt
avec tout ce qui avait été fait en 2013, où
plus de 98 000 travailleurs
avaient réglé les points les concernant avant la loi spéciale. Dans une partie du projet de loi
n° 142, le Parti libéral se plonge littéralement les deux mains dans le
Code du travail, et, pour nous, c'est inacceptable. Ce projet de loi
spéciale, dans son état actuel, ne vient rien régler.
Nous nous
engageons, comme nous l'avons toujours fait, à défendre les injustices, si
infimes soient-elles, et nous le ferons aussi longtemps que possible
avant son adoption finale par bâillon. Les salariés de la construction doivent rentrer au travail, et
nous dénoncerons, en tant qu'opposition officielle, les défauts et les
injustices de cette loi. C'est notre devoir de législateurs.
Si,
à chaque fois qu'on a un problème de négociation au Québec et qu'on le brime
avec une loi spéciale... c'est un
mauvais signal que ce gouvernement envoie aux Québécois. Les Québécois, ils
aiment ça, les compromis, n'aiment pas
la chicane. Les employeurs et les salariés retourneront au travail demain, M.
le Président, avec la sensation que rien n'est encore réglé. Cette grève aura eu des dommages collatéraux un peu
partout au Québec, restera dans l'imagination, évidemment, et dans nos souvenirs. Et espérons que notre travail
d'opposition officielle afin de modifier cette loi servira les intérêts
de tous les Québécois. Merci, M. le Président.
• (3 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Saint-Jérôme, pour cette intervention. M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière, je vous cède la parole.
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Je voudrais remercier les
collègues et la ministre pour le bon déroulement de nos travaux. Ce n'est jamais une procédure facile de passer à une
procédure de bâillon. Nous avons un travail à faire et, même si on peut avoir des réticences sur les moyens, on se doit de faire
notre travail le mieux possible. De
notre côté, M. le Président,
nous avons agi de bonne foi, considérant la réalité à laquelle on fait face
aujourd'hui. Nous l'avons répété à plusieurs reprises, le gouvernement a tardé avant de déposer une loi spéciale. Cependant,
comme nous l'avons mentionné auparavant, nous sommes d'accord avec le projet
de loi, d'accord, entre autres, car la construction est un secteur d'activité névralgique pour l'économie
québécoise. M. le
Président, on est au Québec,
et la réalité, c'est que la construction, c'est six mois par année, c'est même
parfois un petit peu moins. La construction est un monde difficile
avec des impératifs où la température peut
jouer, la distance, les types de tâches. C'est important de profiter des
moments que nous avons pour maximiser
le travail. Le plan quinquennal d'immobilisations est plein de projets, et les promesses du gouvernement, abondantes en la matière. Six mois, c'est le
temps que nous avons pour construire nos écoles, faire nos routes et s'occuper de nos infrastructures. La construction, M. le
Président, c'est 12 % du PIB. Ce conflit de travail touche
plus de 170 000 personnes et, donc, des centaines de milliers de
familles du Québec.
Rappelons
que la grève générale a été déclenchée le 24 mai et qu'on parle de
plusieurs millions par jour de perdus. Le processus des négociations
avait pourtant débuté en octobre 2016. La grève se profilait depuis plusieurs
semaines, et rien de structurant n'a été
fait ou entrepris depuis. Je dirais même plus, on connaît la problématique
depuis l'adoption de la dernière loi
spéciale du Parti québécois en 2013. On l'avait tous adoptée à l'époque, mais
rien n'a été fait depuis. D'ailleurs,
M. le Président, la ministre était bien au fait de la situation, et nous
l'avions même interpelée lors de l'étude des crédits. Résultat : aujourd'hui, un troisième joueur s'immisce
dans une négociation qui est supposée concerner les syndicats et le
patronat. Ce troisième joueur, c'est le gouvernement. Ce qui devrait être une
procédure exceptionnelle est maintenant la norme, et l'histoire se répète, M.
le Président, encore.
Une
grève après l'autre, ce n'est pas un modèle viable pour assurer le bon
fonctionnement d'un régime. La ministre du Travail soutient qu'elle veut
laisser la place aux parties pour négocier. Pour ce faire, elle a dû en venir
avec une loi spéciale, une loi spéciale qui
propose une augmentation non négociée, ce qui n'est pas l'idéal, on va
s'entendre. Force est de constater que
le mécanisme actuel de négociation dans le secteur de la construction ne
fonctionne plus et doit être revu.
Le projet de loi
instaure un mécanisme, mais il n'a rien de permanent. On vient suspendre la
loi R-20 pour une situation
exceptionnelle, comme l'a mentionné la ministre plus tôt, lors de l'étude
détaillée. Ce n'est pas anodin. Ce mécanisme
est intéressant, car il est temporaire. Il y a d'ailleurs beaucoup d'inconnues
lorsqu'on instaure quelque chose de nouveau, ça amène des questions, on trouve
des façons de se servir du mécanisme. Bref, ce n'est pas l'idéal de
changer les règles en cours de route. Je
comprends qu'on est dans un contexte particulier, et, comme nous l'avons
mentionné, nous sommes pour la loi. Mais il n'en demeure pas moins qu'il
faut être conscient des inconnues qui pourraient survenir. Cela nous amène à la base de la négociation. Les
parties doivent en arriver eux-mêmes à une entente, c'est comme cela
qu'on signe un contrat, en négociant les conditions qui s'y retrouvent.
M.
le Président, on a déjà modifié la loi par le passé pour tenter de trouver le
bon équilibre dans cet exercice de
négociation. Par exemple, une grève ou un lock-out ne peut être déclenché
que pour l'ensemble de l'industrie.
Le projet de loi n° 142 n'est
pas parfait. On a proposé des amendements qui, je crois, auraient permis
d'améliorer le projet de loi.
À
l'article 13, on a notamment demandé que les parties soient consultées pour le
choix du médiateur. La ministre a accepté, et je la remercie, je la
remercie pour les travailleurs.
À
l'article 23, nous croyons également que la ministre ne devrait pas décider
elle-même les matières qui devraient faire
partie de l'arbitrage. Il s'agit d'une négociation de deux organismes privés,
donc il serait hasardeux de demander à la ministre de déterminer les
matières qui seront assujetties à l'arbitrage. En effet, même s'il y a un
danger que les deux parties utilisent le
processus comme une stratégie de négociation, le danger serait encore plus
grand de laisser une tierce partie
décider de ce qui peut ou ne peut pas être décidé par un arbitre.
Malheureusement, la ministre a rejeté notre amendement et conserve le
pouvoir de décider des sujets qui passeront par l'arbitrage.
M.
le Président, ce projet de loi spéciale dans le domaine de la construction
devrait être le dernier, le dernier à forcer le retour au travail en
attente des négociations. La situation que nous vivons doit servir de tremplin
pour amorcer une réflexion plus large de la
négociation dans le secteur de la construction. Il faut commencer à penser «out
of the box», sortir de notre zone de
confort, penser à long terme. Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons régler
un problème qui perdure depuis beaucoup trop longtemps.
M. le
Président, je pense qu'il serait irresponsable de ne pas prendre cette
opportunité pour mener une réflexion plus
large sur la manière dont on va accompagner les négociations dans le secteur de
la construction au Québec. Dans les derniers conflits de travail, le gouvernement
s'est présenté en mode réaction au lieu d'être en mode solution, ce qui est
tout à fait irresponsable. M. le Président,
nous proposons notre collaboration, si la ministre veut voir plus loin, à
commencer à travailler dès maintenant
pour ne pas effectuer un retour à la case départ en 2021. On l'a vu, le Parti
québécois a présenté une loi spéciale
en 2013, le Parti libéral fait une loi spéciale en 2017, on ne voudrait pas
être obligés de continuer cette triste
tradition en 2021. Je pense qu'on doit se donner l'objectif, comme parlementaires,
de trouver un moyen d'éviter que l'histoire se répète.
M.
le Président, pour le retour au travail, qui doit avoir lieu mercredi, on
souhaite que l'avenir ne soit pas garant du passé et qu'on avance plutôt
que de répéter les erreurs du passé. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
des Chutes-de-la-Chaudière. Alors, merci à vous, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, pour cette intervention.
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous disposez de deux minutes.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Écoutez, je suis toujours impressionnée de voir comment
la grève est quelque chose qui semble être
une tare. Je suis toujours impressionnée parce que, dans les faits, c'est un
moyen qu'on s'est donné pour rétablir
le rapport de force entre l'employeur, qui, en fait, a le pouvoir de
t'embaucher et de te mettre à pied,
et les travailleurs, travailleuses, qui ont le pouvoir d'accepter ou non ce
travail-là et de mettre leur force de travail au service de l'entreprise. Alors, si la grève est un moyen de pression,
M. le Président, il est clair que la difficulté de garder cette pression
est très évidente lorsque, d'une part, dans le mécanisme de négociation, on
reconnaît d'entrée de jeu qu'il y a
tout un secteur d'activité, ah! qu'on encense, hein, 12 % du PIB, puis c'est important, puis la
crise, puis etc. Mais ces
travailleurs, travailleuses-là n'ont pas les mêmes droits que les autres, un
droit de rétroactivité. Ça confère un pouvoir extraordinaire à l'autre partie qui négocie, puisque, dans le fond,
chaque jour non travaillé est un jour où cette partie-là n'a pas à
investir ce qui est dû à des travailleurs, travailleuses qui font leur travail.
Deuxième
élément, la possibilité d'embaucher les scabs en période de grève, encore là
une façon d'enlever un rapport de force entre les travailleurs,
travailleuses et l'autre partie.
Et
finalement le grand outil ultime, la loi spéciale, où, là, le gouvernement vient
agir dans des négociations, tout le monde
dit, qui devraient se passer entre les deux parties, mais qu'en bout de ligne,
depuis tant d'années, la loi spéciale est utilisée pour mettre fin à des
grèves légitimes. Alors, bien sûr, vous comprendrez qu'on va voter contre...
• (3 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous,
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. M. le député de Beauce-Sud, je vous cède la
parole.
M. Paul Busque
M. Busque : Je vous remercie, M. le Président. Alors, comme vous le savez
certainement, M. le Président, l'industrie
de la construction représente une activité économique très appréciable pour le
Québec. La période estivale est la période la plus propice à la réalisation
des travaux de construction, que ce soit au niveau des routes, des logements ou des bâtiments commerciaux. Au cours de cette
période, les femmes et les hommes du secteur de la construction travaillent
d'arrache-pied pour que les chantiers se terminent selon l'échéancier.
Néanmoins, la période
favorable aux travaux de construction est très restreinte, et la restreindre
davantage n'est pas souhaitable. C'est
pourquoi il faut favoriser les négociations entre les deux parties, comme l'a
savamment fait la ministre du Travail. Mes collègues ont été nombreux à en
parler au cours des dernières heures, mais je tiens, néanmoins, à faire un topo de l'industrie, de l'impact
économique de cette industrie au Québec et de l'impact économique de la grève
afin de bien cerner l'enjeu entourant cette dernière.
D'abord,
M. le Président, l'industrie de la construction compte 248 545
travailleurs. La population active québécoise comptant environ 4,4 millions de
travailleurs, l'industrie embauche autour de 5,4 % de la population active
du Québec. Les négociations dans le
milieu de la construction sont très complexes. Cinq centrales syndicales
représentent 175 000
travailleurs. Du côté patronal, il y a quatre intervenants, un intervenant par
secteur d'activité. On y ajoute ensuite quatre secteurs d'activité, soit
le génie civil et la voirie, le secteur résidentiel, le secteur industriel et
le secteur institutionnel et commercial, qui
ont chacun leur convention collective. Ces conventions collectives sont
ratifiées pour une période de quatre ans.
Ces secteurs sont
bien distincts et ont chacun leurs enjeux propres. Le fait que les enjeux ne
soient pas nécessairement communs augmente
la pression des négociateurs. Malgré que l'industrie de la construction est
divisée par secteurs, il ne faut pas, pour autant, penser que c'est une
industrie divisée. En fait, c'est même une industrie qui se tient serrée. Les principes de relations de
travail et de formation sont d'ailleurs régis par la loi R-20, et ce, depuis
1968. L'impact de la loi R-20 sur l'industrie est non négligeable.
En effet, M. le
président, 153 700 employés de l'industrie répartis dans 25 736 entreprises
sont assujettis à cette loi. Ces entreprises
sont, pour la très grande majorité, des PME, car plus de 83,5 % des entreprises assujetties à cette loi
ont cinq employés ou moins. Ces 153 700 travailleurs reçoivent
annuellement environ 5,9 milliards de dollars de masse salariale, ce qui représente près de 145,16 millions d'heures
travaillées. L'industrie de la construction représente environ 12 % du PIB de la province de Québec.
On évalue donc le PIB issu de l'industrie de la construction à environ
46,2 milliards de dollars. À titre de comparaison, l'industrie
aéronautique produit environ 15 milliards de dollars annuellement, et le
secteur minier, environ 5 milliards de dollars.
On
parle donc d'un secteur primordial pour la croissance économique de notre
province, M. le Président. Vu l'aspect primordial du secteur d'activité,
il semble évident que le Québec ne peut pas se permettre un conflit qui
viendrait à se poursuivre indéfiniment. Bien
entendu, on ne veut pas mettre en cause le droit de grève de ces travailleurs.
Par contre, les retombées économiques et sociétales en cause sont si
importantes que nous ne pouvons laisser le conflit perdurer.
La ministre
rappelait encore aujourd'hui que les pertes économiques quotidiennes du Québec
dues au conflit de travail de la
construction sont évaluées à environ 45 milliards de dollars par jour. Ces
pertes proviennent essentiellement des retards dans les travaux
routiers, les retards dans la livraison du secteur résidentiel et des retards
dans la livraison des projets dans le
secteur industriel et commercial. De plus, n'oublions pas toutes les
entreprises qui oeuvrent dans le secteur
de la construction, mais qui ne sont pas assujetties à la loi R-20. Je pense,
entre autres, aux entreprises métallurgiques, très présentes dans mon
comté. Le report des activités dans le secteur de la construction, autant de la
voirie que dans le milieu commercial, frappe de plein fouet ces entreprises. Je
considère, M. le Président, que le retour au travail des travailleurs de l'industrie de la construction est
maintenant nécessaire. Étant donné l'évaluation des pertes quotidiennes,
de 45 millions de dollars par jour,
laisser la grève se poursuivre neuf jours comme en 2013 coûterait
405 millions de dollars aux contribuables québécois, pression
financière qu'un gouvernement responsable se doit de limiter au maximum.
Voyez-vous,
M. le Président, du côté du gouvernement, nous avons préféré ne pas faire
preuve de laxisme et avons étudié la question dès que la problématique
s'est présentée. Le résultat : nous savons à quoi nous en tenir et nous
connaissons les impacts de tels conflits sur l'économie du Québec. C'est
pourquoi nous agissons dès maintenant. Il faut
gouverner pour tous les Québécois et Québécoises, et, pour ce faire, nous ne
pouvons pas nous permettre une grève qui
s'étire en longueur. C'est pourquoi, M. le Président, je suis favorable à
l'adoption du projet de loi n° 142 permettant le retour au travail
des hommes et des femmes de l'industrie de la construction. Bien sûr, j'aurais
souhaité qu'une entente négociée intervienne
entre les deux parties impliquées avant l'adoption d'un tel projet de loi.
Néanmoins, ce projet de loi
facilitera la poursuite des négociations en vue de la conclusion d'une entente
en limitant les atteintes possibles à la stabilité économique du Québec.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Beauce-Sud. Mme la députée de Vachon, vous disposez d'une minute. Et par la suite, ce sera à vous, Mme la
députée de Taschereau. Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci, M. le
Président. Un projet de loi spéciale qui a été annoncé avant même la fin des négociations, ça donne le ton. La ministre, avec
son projet de loi, vient complètement déséquilibrer le rapport de force de 175 000 travailleurs au profit des patrons
en enlevant le principal outil de négociation des travailleurs, qui est la
grève. Un projet de loi spéciale qui ouvre la porte au recul des
conditions de travail des travailleurs de la construction. Recul des conditions de travail comment? Bien,
avec la clause d'arbitrage parce qu'avec les articles 20 et 23 la ministre
se place juge et partie. 20 et 23, où la ministre se donne le pouvoir de nommer
l'arbitre et de définir le cadre et le contenu de l'arbitrage, alors que la
ministre fait partie du gouvernement, qui est probablement le plus gros donneur
d'ouvrage au Québec, M. le Président. Donc,
c'est ça, le problème de cette loi spéciale là, une loi spéciale où, quand la
ministre, elle dit que l'arbitrage va permettre une part d'incertitude qui
devrait encourager...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je suis désolé,
Mme la députée de Vachon, votre temps est terminé. Alors, Mme la députée de Taschereau. Je ne vois personne. Vous
m'avez demandé la parole, Mme la députée de Taschereau, alors je vous la
cède. Il reste 6 min 47 s à votre formation politique.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Je les prendrai avec plaisir, M. le Président. Bien, pour un gouvernement de
docteurs, ne pas savoir ni prévenir ni guérir, ça fait dur. Pour un
gouvernement de docteurs, ne pas savoir qu'intervenir dans une négociation
avant même, avant même qu'elle soit aboutie, c'est la recette de l'échec
assuré. Bravo! Bien réussi. Un premier ministre
qui a l'imprudence, l'imprudence de brandir une loi spéciale alors même que les
négociations ne sont pas abouties, c'est la recette assurée de l'échec.
Une ministre du Travail qui foule aux pieds les façons de faire et qui
intervient en disant : J'ai une loi
spéciale qui s'en vient, ça aussi, c'est la recette de l'échec assuré. Le don
d'asseoir le monde pour ne pas qu'ils règlent, c'est comme ça qu'on fait
ça. Ne pas savoir prévenir, bravo! Bel échec, belle réussite de votre échec.
L'autre après, ne pas savoir écrire une loi pour
qu'elle soit capable de passer les tests des tribunaux. À notre avis, M. le Président, cette loi ne respecte pas
l'arrêt Saskatchewan, cette loi ne respecte pas le droit de grève, d'autant
que, dans la manière dont ce gouvernement a
travaillé, dans la manière dont ce gouvernement a travaillé, on n'a à peu près
pas laissé aux syndiqués la capacité d'exercer leur droit de grève une seule
journée, une seule journée. Oui, difficile pour
les familles, oui, difficile, oui, craintive, mais je rappelle que d'autres
gouvernements, dont nous sommes, avons réussi à jouer le jeu de la
négociation et à rapidement mettre fin à la grève, puis en respectant tout le
monde.
• (3 h 20) •
Qu'est-ce
qu'on a devant nous? Une loi qui fait comme — tiens, ça me rappelle, j'ai parlé de
gouvernement de docteurs tout à l'heure — le ministre de la
Santé. Une ministre qui s'arroge des pouvoirs qui ne s'étaient jamais vus jusqu'ici dans le monde des relations de travail.
Une ministre qui se permet d'intervenir directement dans les négociations
qui s'en viennent. En faisant quoi? En se
donnant le droit non seulement de décider seule s'il y aura arbitre ou conseil
d'arbitrage, mais, en plus, de décider des
matières devant faire l'objet d'arbitrage, de la méthode d'arbitrage, des critères
que doit examiner l'arbitre. Une ministre et un
gouvernement qui se mettent les mains dans le système de négociation et qui pourraient être taxés de conflit d'intérêts. Pourquoi de conflit
d'intérêts? Parce que
le principal donneur d'ouvrage du Québec,
il est devant nous, il est devant nous, c'est le gouvernement. Or, c'est le gouvernement qui va décider de tout ça. Ça ne s'était jamais vu dans le monde
des relations de travail. C'est la recette de l'échec assuré.
Est-ce que
ce projet de loi règle à l'avenir les problèmes
de l'industrie de la construction ou des négociations? Pas du tout, M. le Président. Nous avons proposé une solution. Nous avons proposé de mettre rapidement
sur pied un comité d'experts pour en
venir à proposer des solutions. Que nous a répondu le gouvernement? Ah! pas tout de suite, ils sont en négo. Bien sûr, puis les négos vont finir, et l'arbitrage va
finir au mois d'avril, donc on va encore oublier ça et on va se
retrouver aux prochaines élections pas de solution, puis après ça... Je peux
vous dire que nous, on a envie de voir un comité d'experts revoir ces lois de
la négociation. Mais jamais, jamais, jamais on ne serait intervenus de cette
façon dans les relations de travail au Québec. Jamais, jamais, jamais on n'aurait déposé une loi qui risque de nous
enfoncer dans un mur, c'est-à-dire devant des contestations devant la Cour suprême. C'est écrit tout
croche. C'est écrit tout croche. On parle
à des travailleurs de la construction aujourd'hui, là, on va utiliser ce qu'on appelle un langage
populaire, c'est tout croche, tout croche, tout croche.
Une
ministre qui va décider d'elle-même,
d'elle-même de quelles matières vont faire l'objet
d'arbitrage, c'est dire qu'une ministre
prend le rapport du médiateur et pige, comme elle le veut, dedans. Une ministre
qui est assise à un conseil des ministres avec à côté d'elle le ministre de la
Santé, le ministre
des Transports, le ministre
de l'Éducation, les plus
grands donneurs d'ouvrage au Québec, les plus grands donneurs d'ouvrage au Québec,
le président du Conseil du trésor, qui gère les budgets du Québec,
c'est pour ça que, normalement, le gouvernement ne voulait plus décréter dans la
construction. C'est pour ça aussi que le gouvernement essayait de se tenir
loin, loin des lois spéciales.
Je
rappelle qu'en 2013 il y a eu une loi spéciale, mais on avait réussi à faire
signer 100 000 travailleurs.
La loi spéciale qui a suivi permettait une négociation dans l'année, et
ça a réussi. Il y a eu de nouveau une négociation, puis ça a réussi, ça s'est terminé comme ça. Mais, devant la façon amateur
dont ce dossier a été traité, en brandissant la loi spéciale avant même que les négociations soient
terminées, bien, on se retrouve devant ce qu'on a ce soir, une loi qui ne
durera pas très longtemps, puisqu'on annonce
déjà des contestations et qu'à sa face même, à sa face même, à la façon dont elle est écrite, à la façon dont elle a été
conduite, à la façon dont les travaux autour de cette loi, menant à cette loi
ont été menés, à sa face même, M. le Président, ça ne tiendra pas la
route très longtemps, très longtemps.
Et jamais la ministre
n'a pu nous rassurer, l'opposition officielle, quant au fait que cette loi respecte
l'arrêt Saskatchewan. Jamais nous n'avons eu
des explications sérieuses, sensées qui nous amènent à croire que cette loi
respecte l'arrêt Saskatchewan. C'est un chemin ouvert, un boulevard vers
l'échec. C'est un boulevard vers la contestation. Qui va en souffrir? Les travailleurs de la construction, le Québec. Il
faut se sortir de ce régime de négociation, on est tous d'accord avec
ça. Mais, quand on propose des solutions, le gouvernement les rejette. On a
essayé aussi de faire...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : ...
Mme Maltais :
Ah! M. le Président...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je suis désolé de vous interrompre, Mme la députée de Taschereau,
mais le temps imparti est terminé.
Merci pour l'intervention. Alors, je cède maintenant la parole à Mme la ministre du Travail pour son intervention. Mme la ministre.
Mme Dominique Vien
Mme
Vien : Bien, M. le Président, merci infiniment. Alors, quelques mots pour remercier les collègues pour ces
heures passées ensemble pour adopter un projet de loi, le projet de loi n° 142,
qui est un projet de loi, à mon avis, qui est équilibré et qui est raisonnable
dans les circonstances.
J'entends
beaucoup l'opposition officielle parler des travailleurs. Elle a raison d'en
parler, mais je déplore qu'elle oublie aussi de parler de ces personnes,
au Québec qui vivent les contrecoups de cette grève illimitée générale de la
construction actuellement. Qu'elle ne dise pas un mot sur ces jeunes familles,
ces couples qui achètent leur première maison ou leur premier condo, comme le
soulignait un de mes collègues, et qui doivent vivre avec des retards dans la livraison, ces gens-là se retrouvent devant des
situations absolument impossibles, M. le Président. Je m'étonne aussi qu'il
n'y ait pas un mot, de l'autre côté, sur ces entreprises qui vivent de
l'industrie de la construction. Pas nécessairement les entreprises qui engagent
des travailleurs de la construction, mais toutes ces entreprises qui sont des
entreprises satellitaires, si vous voulez,
au domaine de la construction et qui font vivre des milliers de personnes au
Québec. Nous tous, ici, aujourd'hui,
avons eu des commentaires, avons eu des téléphones, avons rencontré des
commettants qui nous ont dit à quel
point cette grève leur faisait mal. Ça, M. le Président, il n'y a personne qui
en parle dans l'opposition officielle.
Ce
qu'ils occultent aussi, c'est toute la période de négociation qui était prévue
au Code du travail, que la députée de
Taschereau dit si bien connaître. Du mois d'octobre 2016 à la fin avril 2017,
c'est sept mois, ils n'ont pas négocié pendant les cinq premiers mois,
M. le Président. Comment se fait-il que l'opposition officielle ne parle pas de
cet épisode-là? Comment se fait-il que
l'opposition officielle se mette les deux mains devant les yeux pour se cacher
de la réalité? C'est ça, aujourd'hui,
M. le Président, qui est notre réalité à nous et qui fait en sorte qu'on adopte
une loi spéciale, une mesure d'exception pour remettre les travailleurs
de la construction au travail et faire en sorte que ce conflit prenne fin, compte tenu des grands impacts pour l'économie du
Québec, bien entendu, 45 millions par jour de pertes économiques.
Mais j'ai
parlé un peu plus tôt... et les collègues en ont fait éloquemment allusion, à
ce préjudice social aussi que l'on vit actuellement. Ce n'est pas vrai,
là, qu'il n'y a rien qui se passe, là, ce n'est pas vrai, là, il faut se mettre
les deux yeux
vis-à-vis les trous, là, il faut être très conscient de la situation
actuellement. Le projet de loi que nous avons devant nous, M. le Président, est un projet de loi qui vient dire un
certain nombre de choses. La première, effectivement, demain, les travailleurs de la construction
retournent au travail, et on sait très, très bien que plusieurs, plusieurs, plusieurs
d'entre eux ont hâte de retourner au travail. La saison de travail dans la
construction, elle est courte, comme la saison des travaux, elle est courte, M.
le Président.
La deuxième des choses, une augmentation de
salaire. On a une préoccupation pour les travailleurs, une augmentation de salaire de 1,8 % qui pourra
être modulée en fonction des négociations qui suivront, évidemment, puisque
nous prévoyons — c'est
le troisième élément — une
période de médiation.
Ce qu'on
vient dire aux travailleurs et aux patrons : Vous avez un second souffle
dans la médiation, on vous donne une
seconde occasion de vous asseoir à nouveau, de recommencer à parlementer et de
trouver une piste de solution, une piste d'atterrissage, un terrain
d'entente pour des ententes négociées dans la construction. Si, d'aventure, il
ne devait pas y avoir d'entente, M. le
Président, nous avons prévu l'arbitrage. Eh oui, il y a une nébuleuse autour de
ça. C'est vrai, on ne le nie pas. Ce qu'on souhaite, c'est forcer les
parties à négocier, à s'asseoir et à ne pas répéter l'erreur, qui s'est commise entre octobre et février, de penser que
tout va se régler tout seul, puis, si ça ne fait pas, il y aura une loi
spéciale. On ne veut pas ça, on veut
casser ce moule-là, et on sait que l'arbitrage est un incitatif, justement,
pour forcer les parties à négocier.
Ça fait que
ce n'est pas sorcier, là, ce qu'on présente aujourd'hui, là, c'est plein de
gros bon sens, M. le Président. Puis
les citoyens qui nous regardent aujourd'hui, s'ils ont le courage de nous
regarder à cette heure-ci, il est exactement 3 h 30 du matin,
ils sont très contents, ils sont très heureux. Puis on va être contents, nous
aussi, de faire en sorte que l'économie du Québec cesse d'accuser des pertes
économiques. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, voilà qui met un terme au débat.
Mise aux voix
Je mets
maintenant aux voix la motion de Mme la ministre responsable du Travail
proposant l'adoption du projet de loi n° 142, Loi assurant la reprise des travaux
dans l'industrie de la construction ainsi que le règlement des différends
pour le renouvellement des conventions collectives.
Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, un vote par appel nominal est demandé. Qu'on appelle les députés.
• (3 h 30 — 3
h 35) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je mets maintenant aux voix la motion de Mme la ministre responsable du Travail proposant l'adoption du projet de loi n° 142,
Loi assurant la reprise des travaux dans l'industrie de la construction ainsi
que le règlement des différends pour le renouvellement des conventions
collectives.
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan),
Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Moreau (Châteauguay),
M. Heurtel (Viau), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette
(Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), M. Carrière
(Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard
(Trois-Rivières), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger
(Champlain), Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont),
M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Matte (Portneuf),
M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Fortin
(Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Laframboise (Blainville), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), Mme Maltais
(Taschereau), M. LeBel (Rimouski), M. Bergeron (Verchères),
M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean),
M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget),
M. Roy (Bonaventure).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Ouellet (Vachon).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il
des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 76
Contre : 21
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, la motion est adoptée, et le projet
de loi n° 142 est adopté également.
Ajournement
Et,
l'Assemblée ayant terminé l'étude de l'affaire pour laquelle elle a été
convoquée, j'ajourne les travaux au mardi le 30 mai 2017, à
13 h 40. Merci, et bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 3 h 38)