(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très belle journée.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole maintenant
à Mme la députée de Chauveau
pour sa déclaration. Mme la députée.
Souligner la Semaine québécoise de la déficience
intellectuelle
Mme Véronyque Tremblay
Mme
Tremblay : M. le Président, permettez-moi de souligner la
Semaine québécoise de la déficience intellectuelle qui se déroule cette semaine jusqu'au
19 mars. Le thème choisi cette année, c'est Comme on se ressemble!.Il vise à aller au-delà des
différences qui nous viennent à l'esprit lorsqu'on évoque la déficience
intellectuelle. L'accent est mis sur ce qui nous rapproche et nous unit
pour sensibiliser la population à la déficience intellectuelle.
J'invite
toute la population à prendre part à cette semaine thématique. Diverses
activités gratuites rassembleuses et pour toute la famille se tiennent à
travers le Québec grâce à l'instigatrice de l'événement, qui est l'Association
du Québec pour l'intégration sociale. Je
tiens à remercier cette association de veiller à ce que les personnes ayant une
déficience intellectuelle puissent prendre la place qui leur revient dans
la société québécoise.
J'aimerais
aussi féliciter deux organismes de mon comté, Apprenti-loisirs et Cité Joie,
qui au quotidien améliorent le bien-être
des personnes ayant une déficience intellectuelle afin de leur permettre de
développer leur autonomie et favoriser leur intégration. Ils contribuent
à faire avancer l'inclusion sociale...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
Mme Tremblay : ...et à faire reculer
les préjugés à leur égard.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Chauveau. M. le député de Rimouski, à vous la parole.
Souligner la Semaine québécoise de la déficience
intellectuelle
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci. Bien, dans le
même sens, du 13 au 19 mars se tiennent les activités de la
28e semaine de la déficience
intellectuelle sous le thème Comme on se ressemble!. Pour la deuxième
année, j'ai accepté de présider cette semaine
parce que j'ai eu un coup de coeur l'an passé, notamment pour Catherina, Joël
et leurs parents. Ces personnes m'ont
fait grandir, m'ont fait réfléchir sur leur situation et sur les défis énormes
auxquels ils doivent faire face en termes d'intégration et de qualité de vie. Ils m'ont aussi fait réfléchir sur
le bonheur et la joie de vivre. C'est aussi à la rencontre de jeunes adultes et aînés vivant avec une
déficience intellectuelle que j'ai vraiment saisi l'implication de tous ces
bénévoles et ces familles d'accueil
qui accompagnent ces gens dans leur quotidien. Grâce à leur dévouement, ces
personnes à part entière mais différentes peuvent vivre leurs
expériences sans être isolées.
L'an passé,
en présidant la semaine de la déficience intellectuelle, j'ai reçu plus que
j'ai pu donner. Il y a eu des moments
de fou rire et des moments où l'émotion était tellement intense. Ces gens sont
vrais et généreux. Je vous remercie de me laisser encore une fois entrer
dans vos bonheurs. C'est vrai qu'on se ressemble. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Rimouski. M. le député de Vanier-Les Rivières.
Féliciter Mme Francine Guay, lauréate du
prix Engagement social Fernand-Dufour
M. Patrick Huot
M.
Huot : Merci, M. le Président. J'aimerais aujourd'hui, par cette
déclaration, féliciter Mme Francine Guay qui a remporté le prix Engagement social Fernand-Dufour 2016. Ce prix, que j'ai créé en 2011, est remis annuellement au bénévole de l'année de la circonscription Vanier-Les Rivières, et c'est un jury indépendant de personnalités du
comté qui accorde la distinction. Mme
Guay fait du bénévolat depuis 2002 à l'Armée du salut. Elle travaille à la
préparation et au tri des denrées alimentaires qui
vont dans les paniers donnés chaque semaine à des familles dans le besoin. On
dit d'elle qu'elle est une bénévole d'une douceur et d'une empathie hors du
commun et qu'elle prend toujours le temps d'écouter et de connaître les gens
qui se présentent devant elle.
J'ai
remis à Mme Guay le prix Engagement social Fernand-Dufour 2016 le 18 février dernier,
lors d'une soirée qui a rassemblé
plus de 300 bénévoles liés à quelque 70 organismes communautaires.
Félicitations et merci, donc, à tous les
bénévoles de Vanier-Les Rivières pour tout ce que vous accomplissez! Et un bravo
tout spécial à Mme Francine Guay pour 14 années de généreux
bénévolat à l'Armée du salut! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Vanier-Les Rivières.
Mme la députée de Saint-Hyacinthe, à vous la parole.
Rendre hommage au Dr Guy
Fitzgerald et à son équipe
de la Clinique des oiseaux de proie
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux parler d'une clinique, et pas n'importe
laquelle, la Clinique des oiseaux de
proie de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Fondée par le
Dr Guy Fitzgerald il y a déjà 30 ans, cette clinique contribue à la
formation des médecins vétérinaires, mais elle permet également
de donner des soins de haute qualité
à des centaines d'espèces menacées chaque année. Cette clinique est devenue un
indispensable pour les agents de la faune et leur permet également de
bien mener leur mission gouvernementale.
Dernièrement, j'ai été sensibilisée au risque que
la clinique interrompe ses opérations.
Il ne faut surtout pas revenir aux
années 80 et envoyer les oiseaux blessés au congélateur. J'espère donc avoir
une oreille attentive de la part du ministre
des Forêts et des Faunes. M. Fitzgerald, je
le salue, il est avec nous aujourd'hui. Alors, au nom des citoyens, citoyennes de
Saint-Hyacinthe, je vous remercie pour contribuer à la conservation de la
faune, vous et votre équipe. Merci. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Mme la
députée de Mille-Îles,
à vous la parole.
Souligner la Journée
provinciale des
mouvements Personne d'Abord du Québec
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Permettez-moi de souligner la Journée
provinciale des mouvements Personne
d'Abord. Elle se déroule cette année le 18 mars 2016. La 15e édition de
cette journée provinciale a lieu durant la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle et permet de
sensibiliser la population à cette réalité. Chaque année, le mouvement produit un calendrier mettant en vedette
les oeuvres réalisées suite à un concours de dessins ouvert à toutes les personnes vivant avec une déficience
intellectuelle, cette belle opportunité de mieux découvrir leur réalité et
d'apprécier leur potentiel, de ces
personnes. C'est ainsi que nous pourrons continuer à faire tomber les préjugés
dans le but de faire un pas de plus vers une société bienveillante et
inclusive. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Mille-Îles. M. le
député d'Abitibi-Ouest, votre tour est arrivé pour votre déclaration de
député. Je vous cède la parole.
Féliciter M. Jean Gagnon,
lauréat du prix Pierre-Dansereau
M. François Gendron
M.
Gendron :
Je pensais que vous alliez dire : Là, c'est le temps de parler.
Alors,
M. le Président, lors de son congrès annuel, l'Association des
biologistes du Québec soulignait l'exceptionnelle contribution scientifique de M. Jean Gagnon en lui
décernant le prix Pierre-Dansereau. Originaire de Gallichan, Jean Gagnon
est demeuré attaché à sa région natale et à
la nordicité du territoire québécois. Sa thèse de maîtrise en bio portait d'ailleurs sur le processus de végétalisation
dans la ville de Duparquet.
Botaniste
renommé, l'expertise de M. Gagnon en
matière de lichens est reconnue à
l'échelle nationale. Il est l'un des
plus grands spécialistes de lichens crustacés du Canada. Il a inventorié des
mousses et des lichens présents dans les parcs nordiques et les réserves de biodiversité. À lui seul, il en a
découvert plus d'une centaine d'espèces. Jean Gagnon partage ses connaissances et sa passion en
enseignant et en prononçant des
conférences. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le même sujet.
À
titre de député d'Abitibi-Ouest, je te félicite chaleureusement et je le remercie
de l'extraordinaire travail, qui est digne de Pierre Dansereau, et ses
suites. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, à vous la
parole.
Rendre
hommage à M. Denis Charron pour sa contribution
au développement de la ville de Rouyn-Noranda
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Merci, M. le Président. Je voulais souligner
l'incomparable contribution de M. Denis Charron au développement de la ville de Rouyn-Noranda, ville qu'il aimait
profondément. Je le salue, de même que sa conjointe et ses proches.
Denis
Charron a pris sa retraite après 43 ans de services, dont 35 à titre de
directeur général. Travailleur de l'ombre, il a assisté à 1 500
réunions de conseil, il a servi sous huit maires et trois maires suppléants, en
plus d'avoir côtoyé 110 conseillers. Denis
s'est démarqué par sa capacité à gérer le changement, notamment à travers une
série de fusions municipales qui ont
finalement conduit à l'intégration de tous les villages sous une même
administration, une MRC, une ville.
Homme
d'équipe, il a toujours voulu s'entourer des meilleurs, notamment des jeunes
diplômés. Il est de ceux qui ont fait
de Rouyn-Noranda une ville reconnue pour sa qualité de vie et son dynamisme
culturel. Pour son bilan exceptionnel, je remettrai aujourd'hui à M.
Denis Charron la Médaille de l'Assemblée nationale... que je salue.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
M. le député de Borduas, à vous la parole.
Souligner le 10e anniversaire
de l'Association
des gens d'affaires dionysiens
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Je souhaite profiter de cette tribune afin de souligner
le 10e anniversaire de l'Association
des gens d'affaires dionysiens, une association qui regroupe des commerçants,
des entrepreneurs et des artisans de
la municipalité de Saint-Denis-sur-Richelieu. Depuis sa fondation en 2005,
l'association contribue au développement de la vie économique et communautaire de Saint-Denis-sur-Richelieu en
mettant sur pied divers projets et divers outils afin de favoriser
l'achat local et pour faire connaître les entreprises aux citoyens de la
municipalité et des environs.
L'association produit
notamment le Bottin de l'AGAD, qui est remis à chaque porte de la municipalité
et qui regroupe l'ensemble des entreprises et des services qui sont offerts aux
résidents de Saint-Denis-sur-Richelieu. J'ai d'ailleurs
eu le plaisir, M. le Président, le 10 mars dernier, d'assister à une soirée au
cours de laquelle l'Association des gens
d'affaires dionysiens a souligné son 10e anniversaire.
En
terminant, M. le Président, je tiens à saluer la présidente, Mme Douce
Labelle, le conseil d'administration ainsi que tous les membres de
l'association et de les remercier pour leur implication au sein de la
communauté à Saint-Denis-sur-Richelieu. Félicitations pour ces 10 belles
années! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Borduas. M. le député de Sherbrooke, à vous la parole.
Rendre hommage au parolier
Roger Tabra
M. Luc Fortin
M.
Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Je souhaite,
aujourd'hui, souligner le décès d'une personnalité
marquante de la musique populaire au Québec, M. Roger Tabra. Roger Tabra était
l'un des paroliers les plus reconnus
et les plus appréciés du Québec. Le pouvoir des mots, les infinies possibilités
de consonances et assonances de la parole
étaient des instruments au service de son immense talent. Nous lui devons plus
de 400 chansons interprétées par plus
d'une cinquantaine d'artistes qui ont incarné sa parole sur scène en exprimant
les passions, les émotions, les épreuves, mais aussi les sentiments et
moments sublimes qui jalonnent notre existence.
Très
respecté de ses pairs, M. Tabra a reçu de nombreuses marques d'amour et de
reconnaissance, dont la Médaille de
l'Assemblée nationale, en 2013, pour souligner l'ensemble de son oeuvre.
J'aimerais transmettre mes plus sincères condoléances aux proches et aux
membres de la famille de M. Tabra ainsi qu'aux très nombreux amis et
admirateurs québécois. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Sherbrooke. Enfin, M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre hommage aux
journalistes
Pierre Morel et Roger Boudreau
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, aujourd'hui, je désire souligner la carrière journalistique et
le dévouement de deux hommes bien connus
dans ma région. MM. Pierre Morel et Roger Boudreau ont tous deux annoncé leur
retraite du monde des médias en décembre dernier.
Durant
sa carrière, Pierre a collaboré avec Radio-Canada, le journal La Voix
Gaspésienne et le journal L'Avantage gaspésien. Travailleur infatigable, il est reconnu pour son grand
professionnalisme et son sens de l'analyse. Pierre s'est toujours fait un devoir d'être présent partout sur
le territoire, et aucun détail ne lui échappait. Il a assuré une couverture
médiatique remarquable pour l'ensemble de nos communautés.
Pour sa part,
Roger est reconnu pour son style éditorial mordant et sa grande passion pour le
territoire qu'il habite. Durant sa
carrière, il participa activement à la création du journal L'Information
et collabora pendant plus de 15 ans au JournalL'Avantage.
Roger a parcouru des milliers de kilomètres à travers La Métis et La Matapédia
afin de présenter des portraits
originaux de notre territoire. Il a toujours
su attirer l'attention de ses lecteurs par les histoires et les anecdotes
qu'il débusquait.
Je suis
certain que ces deux journalistes passionnés auront une retraite active et
prêteront leurs talents de rédaction à bien d'autres projets.
Messieurs,
permettez-moi de vous souhaiter une bonne retraite et de vous remercier pour
toutes ces années passées à couvrir l'actualité pour les gens de chez
nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors,
merci à vous, M. le député de Matane-Matapédia. Voilà qui met un terme à la rubrique Déclarations
de députés.
Je suspends les travaux de l'Assemblée quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise à 10 h 2)
Le Président : Nous allons
nous recueillir quelques instants, mesdames messieurs.
Merci.
Présence de M. David Whissell, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
J'ai remarqué la présence de notre ancien collègue
David Whissell, du comté d'Argenteuil. Je le salue.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Dépôt de documents
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le président du Conseil du trésor.
M.
Hamad : M. le
Président, permettez-moi de vous transmettre un message de Son Honneur le lieutenant-gouverneur
du Québec, signé de sa main.
Message du
lieutenant-gouverneur
Le Président : Mesdames
messieurs, veuillez vous lever. Alors : «Message à l'Assemblée nationale.
«Le 11 mars 2016.
«Conformément
aux dispositions de l'article 54
de la Loi constitutionnelle de 1867, je transmets et recommande à la
considération de l'Assemblée nationale les crédits pour l'année financière se
terminant le 31 mars 2017.»
Et c'est signé : le lieutenant-gouverneur,
l'honorable Jean Michel Doyon.
Une voix : ...
Le Président : Je n'ai pas
rien dit encore, vous pouvez vous asseoir.
Alors, le document est déposé, je vous remercie.
M. le président du Conseil du trésor.
Crédits pour l'année
financière 2016-2017
M.
Hamad :
M. le Président, pour donner suite au message du lieutenant-gouverneur, qu'il
me soit permis de déposer les crédits
budgétaires pour l'année financière se terminant le 31 mars 2017 et les documents
qui les accompagnent.
Le Président : Alors, ces
documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission
plénière
M.
Fournier : M. le Président, conformément aux dispositions de
l'article 280 de notre règlement, je fais motion pour déférer les crédits budgétaires 2016‑2017 en
commission plénière afin que l'Assemblée étudie et adopte le quart des crédits.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Beauharnois.
Bloquer l'offre d'achat par Lowe's de RONA et toute
autre offre d'achat ultérieure hors Québec
M. Leclair : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale et signée par 140 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que RONA
fait l'objet d'une offre d'achat par l'entreprise américaine Lowe's;
«Considérant
que RONA est une entreprise
québécoise qui a contribué au développement économique du Québec, par l'entremise de son siège social
et de ses fournisseurs, et qu'elle constitue un fleuron de l'économie québécoise;
«Considérant que RONA a son siège social à Boucherville, que
ses dirigeants sont québécois et qu'il est risqué que le centre
décisionnel soit transféré à terme en Caroline du Nord aux États-Unis;
«Considérant que RONA compte 55 % de ses fournisseurs parmi les petites et moyennes
entreprises — PME — du Québec;
«Considérant que RONA
et ses fournisseurs québécois sont un rouage important de l'économie québécoise
et contribuent au développement du tissu manufacturier québécois et que,
conséquemment, des milliers d'emplois dans ces PME en dépendent;
«Considérant que la Caisse
de dépôt et de placement du Québec
est le plus important actionnaire de RONA, avec une participation de 17 %;
«Considérant
que la Caisse de dépôt et de placement du Québec a pour mission de faire
fructifier les fonds de ses clients, les déposants, tout en contribuant
au développement économique du Québec;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de faire en sorte que la Caisse
de dépôt et de placement du Québec :
«Utilise ses actions
pour bloquer l'offre d'achat par Lowe's;
«S'engage
à conserver la totalité de ses actions dans RONA et à bloquer toute autre offre d'achat ultérieure hors Québec.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition, M. le Président.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant
sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion de la députée de Montarville débattue hier aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Contrats du gouvernement
fédéral pour des navires de la Garde côtière
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Alors, outre le fait que le premier
ministre a plongé le Québec dans le régime de l'austérité, outre le fait que l'unique façon qu'il a trouvée pour
équilibrer le budget a été de s'en prendre autant aux familles qu'aux plus démunis, outre le fait que la
seule façon qu'il a considérée pour augmenter les revenus, c'est celui d'augmenter le fardeau fiscal de 1 500 $
aux familles, nous sommes obligés de constater qu'il ne déploie aucun effort
pour protéger les intérêts des citoyens et
des contribuables pour le 50 milliards de dollars que nous envoyons à
Ottawa à chaque année.
Je
le répète, M. le Président, ce sont 50 milliards de dollars que nous
envoyons. Et qu'avons-nous en retour? Le premier ministre peut-il nous le dire? Combien Ottawa a dépensé pour
notre industrie forestière et qu'a-t-il fait dans le traité du bois d'oeuvre? Combien Ottawa a dépensé
dans le chantier de l'électrification des transports? Combien Ottawa a dépensé dans nos chantiers maritimes au Québec
pour le renouvellement de la flotte de la Garde côtière alors qu'ils ont
octroyé 26 milliards dans le
chantier Irving de Nouvelle-Écosse et 6 milliards dans celui de Seaspan en
Colombie-Britannique?
Alors, que fait le premier ministre
pour récupérer l'argent que nous envoyons à Ottawa afin qu'il soit investi dans
notre économie, dans nos entreprises et dans nos emplois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, c'était une question qui était riche en
contenu, je remercie pour mon collègue de l'avoir posée, mais il y a plusieurs éléments de correction à y apporter, bien sûr.
D'abord, la fameuse austérité ne signifie que le retour des dépenses du gouvernement à leur niveau historique par rapport à l'économie du Québec. En aucun cas il s'agit de diminuer le
modèle québécois ou d'affaiblir l'État, c'est plutôt
de le remettre dans une situation où
on peut, au cours des prochaines années, continuer à soutenir nos
services publics.
Je
voudrais également mentionner qu'aujourd'hui nous procéderons au dépôt d'un
deuxième budget équilibré, qui s'est fait par un effort considérable de
l'ensemble de la société, mais également une diminution des dépenses
gouvernementales au premier chef et en grande majorité.
Maintenant,
il me parle... et j'adore qu'il aborde ce thème-là, j'espère qu'il continuera
de le faire chaque semaine, quant aux bénéfices que le Québec retire de
son appartenance fort bienvenue et heureuse à la fédération canadienne.
Alors,
la première chose qu'il devrait faire, qu'il n'a toujours pas faite encore aujourd'hui, c'est de se joindre à nous
pour demander que le gouvernement fédéral intervienne et soutienne la série C
de Bombardier autant qu'il a soutenu, M.
le Président, l'industrie automobile
en Ontario. Je
pense que, là, il y aurait, de sa
part, un geste concret qui pourrait s'ajouter aux paroles qu'il vient de
prononcer.
Maintenant,
sur l'aspect mathématique des choses,
bien sûr, on parle des 45 ou 50 milliards, mais il manque l'autre
bout de l'équation, et la réalité incontournable, la réalité mathématique,
c'est que le Québec reçoit plus de bénéfices financiers
que ce qu'il contribue : il y a au moins 15 à 16 milliards de dollars
de dépenses supplémentaires du gouvernement fédéral au Québec par rapport aux revenus que les Québécois envoient au
gouvernement fédéral. Il aura donc le loisir, dans sa question
prochaine, de nous expliquer comment lui remplacerait les 10 milliards de
péréquation et les autres programmes gouvernementaux...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...que le Québec reçoit en dessus de sa participation
démographique.
• (10 h 10) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le premier ministre. J'ose espérer qu'un jour le
premier ministre va être en mesure de nous
démontrer son fameux 16 milliards. En attendant, la première ministre de
la Colombie, Christy Clark, et le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, M. McNeil, sont sur toutes les
tribunes et défendent bec et ongles leurs chantiers maritimes.
Alors,
ma question est simple, M. le premier ministre... M. le Président : Que
fait le premier ministre pour défendre nos chantiers maritimes, nos
chantiers maritimes ici, au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Malheureusement, souvent, la mémoire est une faculté qui oublie, M. le
Président. Je vais quand même rappeler à cette Chambre que, lorsque le
contrat pour le navire de ravitaillement était en cause, nous sommes fortement intervenus sur la scène publique, en
privé avec le gouvernement fédéral, et rapidement le gouvernement fédéral,
suite à nos interventions, a confirmé
l'attribution du contrat à Davie, qui en passant est un excellent chantier
naval, salué pour la qualité de ses
travaux depuis quelque temps déjà, et qui représente une grande partie de la
capacité navale du Canada.
Alors,
on voit que récemment Davie a déposé une requête non sollicitée pour d'autres
navires. Je souhaite qu'ils réussissent
à faire entendre gain de cause au gouvernement fédéral. Et on va les appuyer,
on va appuyer nos chantiers navals. D'ailleurs, dans notre stratégie
maritime...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...une grande partie des actions visent à renforcer
l'action de nos chantiers navals au Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
Ça n'arrivera pas souvent, M. le Président, mais je suis d'accord avec le
premier ministre. Effectivement, le chantier Davie est un grand chantier.
Mais les chantiers de la
Nouvelle-Écosse et celui de la Colombie-Britannique ne fournissent pas à la
demande au point qu'ils refusent de
travailler avec la Davie, ils envoient des contrats en Roumanie, en Turquie et
en Pologne, et pendant ce temps rien n'est octroyé ici, au Québec.
Alors,
ma question est encore très simple, M. le Président : Que fait le premier
ministre pour défendre les intérêts économiques du Québec à Ottawa?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : La première chose, c'est qu'on garde le Québec dans le Canada, c'est la
première chose à faire si on veut défendre les intérêts économiques du
Québec, parce que l'avenir du Québec serait vraiment très sombre, M. le
Président, si on perdait les bénéfices importants que nous apporte la
participation à la fédération canadienne.
Tiens,
je vais juste lui souligner au passage des éléments sur lesquels il pourra
réfléchir avec son parti : la participation
du Québec au traité de libre-échange, qui devrait, dans la circonstance
malheureuse où son option se réaliserait, complètement renégocier, à
partir de zéro, le libre-échange nord-américain, le libre-échange européen.
Puis bien sûr, M. le Président, on oublie le
libre-échange transpacifique parce que, même dans les rêveries du Parti
québécois, les frontières occidentales du Québec n'atteindront pas la
côte du Pacifique, M. le Président.
Alors, je pense qu'il
faut quand même rappeler ces éléments. Donc, un peu de réalisme de sa part
l'aidera à développer son option.
Le Président :
Troisième complémentaire...
Une voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, M. le député de Verchères.
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Le premier ministre s'est souvent
pété les bretelles avec sa fameuse Stratégie maritime. C'est 14 millions, un maigre 14 millions qui a été
mis là-dedans. En attendant, il y a des milliards de dollars qui nous passent sous le nez et qui s'en vont dans
les chantiers maritimes en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.
Alors, que ce soit pour l'aéronautique, que ce soit pour les chantiers navals,
rien pour le Québec.
Ma
question est simple, très simple, M. le Président : Que fait le premier
ministre pour défendre les intérêts économiques du Québec à Ottawa?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : ...très bien entendu, M. le Président. Ce n'était pas
nécessaire de crier la question.
Maintenant, je vais
lui répéter un mot : Bombardier. C'est quand même incroyable, M. le
Président, qu'il y a quelques semaines la
première ministre de l'Ontario soutenait plus activement l'industrie
aéronautique du Québec que les deux
partis d'opposition principaux réunis. Encore aujourd'hui, pas un seul mot de
soutien à l'endroit de Bombardier et de la série C qui, pourtant, est un joyau, un véritable joyau, qui est le
coeur de l'innovation aéronautique au Canada et c'est au Québec. C'est
grâce au génie québécois que ça se passe.
Par
contre, là où il, à mon avis, fait erreur, c'est lorsqu'il parle de la
Stratégie maritime alors que, franchement, on vient d'annoncer 200 millions pour les infrastructures
portuaires, 300 millions pour les zones industrialoportuaires. Il y
a déjà des projets...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...en cours, des investissements privés et publics qui sont là. Le seul
regret qu'ils ont, c'est de ne pas avoir eu l'idée avant nous, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Compressions budgétaires dans les pharmacies
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
La semaine dernière, le ministre de la Santé était dans le déni. Il a nié que
sa ponction de 133 millions dans
les pharmacies du Québec avait provoqué près de 1 000 pertes d'emploi,
qu'elle avait forcé 900 pharmaciens à réduire de six heures par semaine leurs heures
d'ouverture. Il a sorti de son chapeau le fait qu'à Asbestos une pharmacie ait
fermé ses portes pour vétusté.
Il a reçu une
lettre de Josée Fréchette, propriétaire jusqu'à récemment de deux des quatre
pharmacies d'Asbestos. Je la
cite : «J'ai fermé cette pharmacie à cause de non-rentabilité. Les deux
seuls médecins de famille qui restaient sont partis. Chez nous, l'accès à un médecin de famille est un mythe. Dès
l'annonce de vos coupures, plus de 200 000 $ pour mon autre pharmacie, plusieurs mesures ont été
prises. J'ai coupé mon infirmière. Au lieu de quatre jours par semaine,
elle travaille deux. J'ai coupé dans mes heures d'ouverture. J'ai coupé dans
les salaires des pharmaciens. Je suis pharmacienne depuis 31 ans. Je n'ai
jamais vécu pareille incertitude.»
Comment vous convaincre de la réalité?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président,
je l'ai dit la semaine dernière et je vais donc me permettre de le redire
aujourd'hui évidemment : Il y a
des ententes qui ont été convenues avec l'Association québécoise des
pharmaciens propriétaires qui prévoient effectivement une ponction d'un
certain montant — qui
a été divulgué, à plusieurs reprises, sur la place publique — qui nous
permet de récupérer des sommes qui sont à hauteur de 133 millions de
dollars par année pendant trois ans.
Dans cette entente, M. le Président, il y a eu une entente qui fait en sorte
que les pharmaciens peuvent recevoir une compensation, et c'est une
entente qui a été signée et qui va être respectée.
Sur le plan
réglementaire... ou sur le plan de l'entente, M. le Président, il devait y
avoir un règlement à être mis en
place, règlement qui suit, au moment où on se parle, son cours de procédure
tout à fait normal. Le règlement a été publié. Il est à en être analysé,
et il reste quelques éléments administratifs à compléter pour aller au bout de
cette chose-là.
Alors,
évidemment, M. le Président, nous sommes bien conscients qu'il y a des impacts
sur les pharmaciens. Nous sommes actuellement en contact avec
l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires pour apporter des
aménagements ponctuels qui permettront aux pharmaciens propriétaires de passer
au travers de cette période.
Le Président : Première complémentaire,
M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Hier, M. le
Président, 200 pharmaciens ont signé une lettre ouverte, et je cite :
«Considérant que les pharmaciens représentent le
seul groupe à subir des baisses directes [...] de leurs honoraires
découlant des décisions du ministre;
«Considérant
que, après plus de 7 mois, [le ministre] n'a toujours pas mis en vigueur la contrepartie à
laquelle [ils] avaient droit [...] et qu'il met en place des stratagèmes
pour contourner ses engagements;
«Considérant que [le ministre] n'a pas
l'objectivité requise pour discuter avec les pharmaciens[...];
«Nous [lui] demandons [...] de se retirer [...]
de [l'ensemble de ces] dossiers...»
Est-ce qu'il va au moins immédiatement respecter
l'entente?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je la respectais la semaine dernière, je la respecte aujourd'hui et je vais la respecter demain,
l'entente. Alors, l'entente, je l'ai dit il y a quelques instants, elle va être
respectée, je le répète, je l'ai dit à plusieurs reprises précédemment et je n'ai pas entendu les
pharmaciens dire qu'on ne la respectait pas. Ils disent que les délais sont
trop longs. Enfin, je veux bien en convenir, que les délais sont un peu longs,
mais on respecte l'entente.
Maintenant,
je veux revenir sur le cas spécifique que le député de Rosemont a soulevé. Il
n'en reste pas moins que les faits, M. le Président, sont clairs. Le bâtiment où était la pharmacie, il a fermé, le
propriétaire a mis les clés dans la porte. Alors là, à un moment donné,
de faire l'association...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...entre l'entente et
la décision d'un propriétaire dans laquelle un pharmacien loue...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Il a mis les clés dans la porte parce que les médecins sont partis. Les
médecins sont partis, la pharmacie a fermé.
Il n'y a pas d'accès à des médecins de famille dignes de ce nom à Asbestos.
Alain Dubuc aussi a écrit, dans La Presse, qu'il ne comprend pas
«comment [le ministre] peut avoir le détachement et le jugement nécessaires
pour prendre des décisions éclairées dans le dossier si important des
pharmacies».
Il
a fait exprès d'attendre 11 mois avant d'appliquer l'entente. On lui demande
immédiatement de publier le règlement ou immédiatement d'arrêter les coupures.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je pense que le détachement dont je dois faire preuve et dont je dois
en avoir la capacité est celui de me
distancer des propos du député de Rosemont et de regarder la situation de la façon la plus
objective, puisque lui-même vient de m'apporter un peu plus d'eau au moulin de la situation d'Asbestos. Il vient de me dire que les pharmaciens, en plus d'avoir fermé dans cet
endroit-là parce que le propriétaire met les clés dans la porte parce que l'immeuble
est trop vieux, les médecins qui envoient des prescriptions ne sont plus là.
Bien, coudon, M. le Président! La pharmacienne, là, elle ferme-tu parce
qu'il n'y a pas de médecin, parce que le propriétaire ferme...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...ou les deux à la fois, M. le Président? Ça n'a rien à voir avec l'entente,
là.
Le Président :
Principale, M. le député de Gaspé.
Avenir du train touristique L'Amiral, en Gaspésie
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : M. le Président, la Gaspésie est reconnue mondialement
pour ses nombreux attraits touristiques. La région fait d'ailleurs partie du top 10 mondial des destinations à
visiter, selon le prestigieux magazine National Geographic.
Cependant, la Gaspésie est très isolée au plan des transports : le service
ferroviaire est interrompu depuis près de quatre ans, le rail est pourtant propriété du gouvernement du Québec; l'avion coûte entre 1 000 $ et 1 800 $ pour un
billet Gaspé-Montréal; le service
d'autobus a été diminué de 50 %, voire même coupé complètement entre Gaspé
et Percé, capitale touristique gaspésienne.
Depuis deux saisons, en plus, le train touristique L'Amiral, pour les
croisières internationales, est cloué à la gare en raison du mauvais
état du pont d'Haldimand, aussi propriété de Transports Québec.
Considérant
que le ministre des Transports ne
règle rien dans ce dossier, est-ce que la ministre du Tourisme et le
ministre responsable de la région s'engagent à intervenir efficacement afin de
sortir la Gaspésie de son isolement?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, dans le dossier du train, on se souviendra
qu'il y a peu d'années... l'an dernier, en fait, le gouvernement du Québec est devenu propriétaire de la voie ferrée, et il y avait
différents scénarios qui étaient possibles. On aurait très bien pu ne pas devenir propriétaire, on aurait pu
laisser le secteur privé démanteler la voie ferrée et réaliser un grand profit. Le gouvernement du Québec n'a pas
décidé d'aller dans cette voie-là, le gouvernement
du Québec a décidé de faire l'acquisition de la voie ferrée et, justement,
lui aussi aurait pu le démanteler puis décider de faire, imaginons, un
sentier de motoneige. Actuellement, la voie ferrée est toujours là. Alors, ce
qu'il faut que nous fassions maintenant, c'est
de regarder, tout à fait, avec ma collègue du Tourisme comment nous
pouvons maintenant dynamiser cette voie de chemin de fer là.
Mais rappelons-nous simplement que, si le gouvernement du Québec n'avait pas
voulu supporter la Gaspésie, c'était très facile pour lui de s'asseoir, de
regarder passer le train, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci,
M. le Président. Là, on parle du
train touristique L'Amiral, qui est arrêté depuis juin 2015, et c'est vraiment essentiel au tourisme pour Percé. Déjà,
l'été passé, des excursions ont été annulées, affectant la confiance des entreprises en tourisme. Le pont Haldimand... Et là c'est
vraiment... Le pont Haldimand, qui nécessite des travaux majeurs, est la
propriété du gouvernement du Québec.
Qu'attend
le ministre des Transports pour assumer ses responsabilités et lancer les
travaux du pont Haldimand avant l'été et avant l'arrivée des croisières?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Oui, alors, écoutez, je reviens un peu à ce que je disais, M.
le Président, c'est que, dans un premier temps, ce qui était important, c'était de faire l'acquisition de la voie
ferrée, ce que nous avons fait. À l'étape où nous en sommes rendus, il est important maintenant que les
gens de la Gaspésie, de concert avec le ministère chez nous et aussi, possiblement, le ministère du Tourisme, qu'on voie
comment on peut procéder à différentes étapes pour revitaliser, pour
redynamiser ce moyen, cette attraction touristique là.
Mais je veux
qu'on comprenne bien une chose, c'est que, si le gouvernement du Québec n'avait
pas agi dans le passé, actuellement,
le chemin de fer, on en parlerait au passé, et il aurait été démantelé. Au
contraire, on l'a conservé.
Le Président : En terminant.
M.
Daoust : Et il y a une partie du chemin de fer qui n'est pas
touristique et qui continue d'être utilisée pour des fins commerciales.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : M. le Président, c'est sérieux. Hier, dans la presse
régionale, le propriétaire du chemin de fer L'Amiral menaçait de venir chercher le train sur convoi
routier et le sortir de la région. Donc, ça fait un an que Transports Québec
est propriétaire du réseau ferroviaire en
Gaspésie, ça fait un an que les gens du milieu attendent la réparation d'un
seul pont, qui s'appelle le pont de
Haldimand, à Gaspé, et toujours aucun signal de la part du ministre. C'est la
deuxième saison qui est manquée.
C'est extrêmement important, le temps joue contre nous. Les croisières
internationales sont implantées depuis cinq ans, et le train L'Amiral
est le principal attrait touristique.
Quand le gouvernement...
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Écoutez, M. le Président, spécifiquement, au niveau du
ministère, oui, on est préoccupés de ça, et je reçois bien le message que me transmet le député de Gaspé. Ce que je
peux lui assurer... Et on est prêts à travailler de concert avec les intervenants locaux, ceux qui connaissent le
mieux l'utilisation qu'on peut en faire, ceux qui sont au coeur de cette saison
touristique là. On est prêts à travailler avec l'équipe locale pour faire en
sorte qu'on réhabilite le train s'il y a lieu de le faire.
Il faut
prioriser. Quelles sont les grandes priorités touristiques qu'on a en Gaspésie?
Comment le ministère des Transports peut l'appuyer? On va vous appuyer
dans ça. J'ai besoin de l'intervention, aussi, du milieu et aussi de ma
collègue, bien sûr, du ministère du Tourisme.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Montarville.
Augmentation des seuils
d'immigration
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Oui, bonjour, M. le Président.
Le Président : Bonjour.
Mme Roy
(Montarville) : Alors, «un peu de retenue, de respect et de
clairvoyance», voilà le message que lance ce matin M. Gérard Bouchard au premier ministre. Comme beaucoup de
citoyens du Québec, M. Bouchard s'inquiète des conséquences de l'augmentation des seuils d'immigration à
60 000 personnes par année, comme le souhaite le premier ministre. Il s'interroge, et je le cite, «sur les
conséquences qui pourraient s'ensuivre pour l'avenir culturel du Québec». Et
il ajoute : «Je trouve particulièrement
injurieux qu'on impute à des relents d'intolérance ce genre de préoccupations
pourtant des plus légitimes.» «...le
diktat [du premier ministre] est une forme d'intimidation qui procède d'un pur
manichéisme.»
Alors, ma
question au premier ministre est très simple : Est-ce qu'il juge que M.
Gérard Bouchard est lui aussi intolérant ce matin?
Le Président : Mme la ministre
de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Oui. Écoutez, ma réponse va être la même
réponse que je donne déjà depuis plusieurs semaines, mais je vous dirais qu'à titre de ministre
de l'Immigration depuis le mois
d'avril 2014, mais aussi auparavant, j'ai déjà mené des
consultations pluriannuelles. Le processus est bien clair,
bien établi. D'ailleurs, nous avons même renforcé, lors de la
commission parlementaire qui étudie le projet de loi n° 77... et c'était
de consensus, tous les partis, on a même inclus dans la loi que, sur la planification
pluriannuelle, ce sera toujours maintenant édicté que ce seraient des consultations
générales. Pourquoi? Parce que
nous, en tant que gouvernement, on veut proposer un scénario basé sur des études
sérieuses, des données sérieuses et connaître
l'opinion des gens intéressés, des experts en immigration, nos partenaires,
pour qu'il y ait un débat public éclairé.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Il n'en demeure pas moins que le gouvernement va décider seul du seuil. Je cite
à nouveau le grand professeur M. Gérard Bouchard : «...il est prévisible
qu'une augmentation imprudente du nombre d'immigrants
aggravera parmi [eux] un taux de
chômage qui est déjà
trop élevé. [...]Il est légitime aussi de craindre un fardeau
additionnel du côté de la francisation des nouveaux venus, une opération vitale
qui va déjà trop lentement.»
Est-ce que ça aussi, M.
le premier ministre, c'est être intolérant?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme
Weil : Vous savez, je
suis un peu perplexe, j'ai eu l'occasion de le dire hier en débat, parce que là la CAQ
nous demande de prédéterminer notre cible,
notre cible pour l'année prochaine et les prochaines années, avant d'aller en
consultations. Pourtant, je réitère, et d'ailleurs je l'ai répété beaucoup en consultations publiques sur la consultation... pas la consultation, mais l'étude article par article du projet
de loi n° 77, que j'avais vraiment
l'intention, le gouvernement a vraiment l'intention d'aller en consultations
pour connaître l'opinion de tous sur les volumes qui seront proposés.
Mais là, dans la
motion de la CAQ, ils nous demandent...
Le Président :
En terminant.
Mme Weil :
...de déterminer la réponse avant d'aller en consultations. Je suis perplexe.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Oui. La ministre n'a pas compris qu'on demande d'attendre avant
d'accueillir d'autres personnes. M. le Président, le premier ministre a certainement lu, au cours des derniers jours, Alain Dubuc,
Mario Dumont, Joseph Facal, Mathieu
Bock-Côté, Michel David, et j'en passe, et ce matin s'ajoute Gérard Bouchard.
Ils nous disent tous que se poser des questions sur notre capacité
d'accueillir plus d'immigrants, c'est un débat légitime.
Alors, est-ce que le premier
ministre va tous les accuser de souffler sur les braises de l'intolérance?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Tout ce que je peux plaider, M. le Président, maintenant, c'est :
Patience, un peu de patience. Le gouvernement souhaite faire les choses dans l'ordre, dans
l'ordre. D'abord, nous procédons — et
ça va très bien, d'ailleurs, je soulignerais, M. le
Président — à une réforme majeure de notre système
d'immigration, et c'est une pièce
importante de la nouvelle politique.
Et nous procéderons ce matin, et je suis très contente de l'atmosphère qu'on a
lors de l'étude. Alors, les choses en
ordre. Ensuite viendront les orientations, pas juste sur les niveaux
d'immigration mais aussi la composition de l'immigration. Ça fait un tout. Et il ne faut pas se limiter à la
question, notamment, des volumes d'immigration.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Incorporation des médecins
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Le premier ministre s'est montré ouvert à
questionner l'incorporation des
médecins, mais son ministre de la Santé l'a aussitôt contredit sur la place
publique. Pourtant, les avis en faveur d'un débat sur le sujet se multiplient. Le ministre continue de dire non,
même si ça prive l'État d'au moins 150 millions de dollars par
année qu'il pourrait investir dans les soins à domicile.
Le contexte a
beaucoup changé depuis que le gouvernement libéral a autorisé aux médecins le
privilège de s'incorporer; c'était en 2007.
De 2007 à 2014, les revenus des médecins de famille ont augmenté de
87 000 $, plus 60 %, et
ceux des médecins spécialistes, de 172 000 $, c'est plus 72 %.
Les médecins travaillent fort, mais on a quand même le droit de remettre
en question ce privilège.
M. le
Président, pourquoi le ministre de la Santé refuse-t-il catégoriquement
d'étudier la possibilité de mettre fin à l'incorporation des médecins,
alors que le premier ministre a démontré une ouverture?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je pense avoir été, dans mes diverses
interventions, assez clair à cet effet-là. Et évidemment je ne suis pas du tout en contradiction avec la position du
premier ministre. Le premier ministre a dit que rien n'était immuable dans la vie, et je pense que rien n'est immuable
dans la vie. Une des choses qui n'est pas immuable dans la vie non plus, c'est que tout le monde est
égal devant la loi, et c'est un principe qui est actuellement exercé, du
moins encore, pour le moment, dans la société québécoise.
Je
vais quand même me permettre de rappeler les faits, M. le Président.
L'incorporation, la possibilité d'être en société, pour le bon mot en français, a été mise en place par le
gouvernement du Parti québécois, sous Mme Marois, qui n'est pas exactement quelqu'un de droite. Elle a
choisi, alors que le chef de la deuxième opposition était ministre de la Santé,
qui ne s'est jamais élevé contre ce fait-là, de permettre aux professionnels — au
pluriel — d'avoir
accès à ça. Ceci dit, ce sont les ordres
professionnels qui choisissent de permettre, sous la pression de leurs membres,
d'avoir accès à l'incorporation, la fameuse incorporation.
Alors, nous, notre
position, elle est simple, les gens doivent être traités également devant la
loi.
• (10 h 30) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, les médecins incorporés peuvent fractionner leurs
revenus avec des membres de leur
famille pour sauver de l'impôt. Francis Vailles écrit ce matin dans La Presse+ :
Le gouvernement pourrait fermer la porte au fractionnement des revenus
des médecins en changeant le décret de 2007.
Comment
le ministre de la Santé peut-il défendre que les médecins fractionnent leur
revenu avec des membres de leur famille pour sauver de l'impôt?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, je pense que l'avantage premier,
comme d'ailleurs l'a écrit M. Vailles ce matin dans son article, l'avantage premier qui est lié au risque
entrepreneurial a été attaqué et même annihilé, à toutes fins utiles, par mon collègue le ministre des Finances en
enlevant la possibilité d'avoir accès au meilleur taux d'imposition pour les
petites entreprises auxdites entreprises qui
ont moins de quatre employés. Et ça, évidemment, ça touche la quasi-totalité
des médecins. Alors, déjà, nous avons posé un
geste qui enlève cet avantage-là aux médecins et à tout autre
entrepreneur — puisque
tout le monde est égal devant la loi — qui n'est pas dans une
situation...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...réelle de création d'emplois, et je pense qu'on a donc agi correctement pour
le bénéfice de la société.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, reste que, pendant que le ministre et le gouvernement
libéral refusent de questionner, de
questionner le droit à l'incorporation des médecins, 16 500 patients
attendent pour recevoir un premier service
de soutien à domicile, des soins et des heures sont aussi coupés. C'est le cas
de Michel Pigeon, dont l'histoire a été rapportée hier par Patrick Lagacé. C'est le cas de la mère d'un enfant
handicapé qui l'a dit au ministre sur le plateau de Tout le monde en
parle.
Le ministre
choisit-il la population ou l'incorporation?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
On fait des liens qui, je pense, vont m'honorer et honorer notre gouvernement.
Sur le plan de l'incorporation, M. le
Président, en 2017, un avantage significatif, l'avantage significatif dont les
médecins et d'autres professionnels
avaient, bien, ils le perdent. J'ai l'impression que peut-être le député de
Lévis va le perdre aussi dans sa compagnie, mais ça, c'est un autre
débat.
Pour
ce qui est de la population et des gens, par exemple, avec qui j'ai eu une
conversation, à mon avis, très franche et
ouverte à Tout le monde en parle, bien, j'ai déjà donné suite à mes
engagements, M. le Président. Je les ai rencontrés, on a eu une
discussion qui a été franche. Il y a des travaux qui vont se faire dans
l'intérêt le meilleur...
Le
Président : En terminant.
M. Barrette :
...et du gouvernement et de la population.
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jean.
Financement des organismes de défense collective des
droits
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, les organismes de défense de
droits oeuvrent auprès des plus démunis de notre société. Ils aident des
femmes, des aînés, des chômeurs, des assistés sociaux à faire entendre leur voix. Malheureusement, ces
organismes sont sous-financés et ont de plus en plus de difficultés à
offrir leurs services à leur clientèle, qui ne cesse d'augmenter.
Au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la situation est critique. En plus de créer de la pauvreté, le gouvernement empêche les groupes de remplir pleinement leur
mission auprès des plus vulnérables de notre société. Des organismes
de défense collective des droits du Saguenay—Lac-Saint-Jean sont ici avec nous
dans les tribunes.
Est-ce que
le ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sociale — de la
Solidarité sociale — peut
nous confirmer que les groupes seront enfin indexés et verront leur
financement rehaussé?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Je remercie mon collègue pour sa question. Bien comprendre
qu'aujourd'hui les organismes communautaires, au Québec, sont financés à la hauteur de 1 milliard de dollars,
hein, tout près de 1 milliard de dollars, c'est des sommes
extrêmement importantes.
Je
veux le corriger aussi sur un aspect de sa question. Il faut faire bien
attention, il y a une diminution importante au Québec, hein, des bénéficiaires de l'aide de dernier recours. À vrai
dire, si je me souviens bien, en novembre dernier nous avons frappé un plancher historique, hein, de
6,4 % de la population qui était bénéficiaire de l'aide sociale. Moi,
je me rappelle, quand j'étais un peu plus
jeune et je m'intéressais à ces questions, en 1986, c'était exactement le
double, exactement le double du nombre de bénéficiaires de l'aide
sociale.
Donc,
la solidarité, bien sûr, c'est d'être là en appui — il y aura des nouvelles intéressantes, je
pense, aujourd'hui au budget, j'invite mon collègue à y être — mais
c'est aussi aider ces gens à s'en sortir le plus vite possible.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, si le projet de loi n° 70
est adopté dans sa forme actuelle, le nombre de gens qui auront besoin de rencontrer leurs organismes de
défense de droits augmentera. On l'a vu avec la réforme de l'assurance-emploi
du gouvernement Harper, le nombre de demandes a augmenté, la complexité des cas
des citoyens augmente aussi. On le
voit tous dans nos bureaux de circonscription, à part peut-être le ministre.
Est-ce que les organismes, qui sont ici, au Saguenay—Lac-Saint-Jean
vont voir leur financement rehaussé et indexé?
Des voix :
...
Le Président :
Chut! Chut! Chut! M. le ministre de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Encore merci pour la question, M. le Président, ça permet
d'apporter des clarifications supplémentaires. Il faut bien se rappeler qu'Objectif emploi touche à
peu près 17 000 nouveaux bénéficiaires — aptes, en passant, aptes au travail, donc sans contraintes sévères à
l'emploi — c'est à
peu près 3 %... 3,8 %, pardon, de la clientèle totale de l'aide
sociale. Une partie de ces gens-là sont déjà
rencontrés. Tout ce que l'on veut, c'est qu'une partie supplémentaire le soit, donc
faire en sorte qu'ils soient entraînés dans une démarche vers le retour à
l'emploi, mais possiblement aussi, pour plusieurs, vers un retour aux études.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
M. le Président, une troisième occasion pour le ministre de répondre à la
question. Les organismes, qui sont
ici, du Saguenay—Lac-Saint-Jean
veulent être rencontrés par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale — de la Solidarité sociale — parce qu'ils vivent des réalités de plus en
plus graves. Parce que la population vit des réalités de plus en plus
graves en raison de l'austérité libérale.
Est-ce que le ministre va rencontrer
les groupes du Saguenay—Lac-Saint-Jean
qui sont ici avec nous et qui veulent être rehaussés pour leur
financement, pour aider davantage notre monde?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Écoutez, M. le Président, ça va me faire plaisir de les
rencontrer, on rencontre toujours le plus de gens possible. Je rappelle, hein, il y a quand même des
chiffres importants. Ces dernières années, c'est 1 milliard de dollars
qui sont allés dans les organismes
communautaires, c'est extrêmement important. On essaie toujours de faire mieux,
mais il faut se rappeler l'essentiel, hein? L'essentiel, c'est que le
nombre de bénéficiaires à l'aide sociale est en diminution extrêmement importante au Québec depuis... est
constante depuis une quinzaine d'années. On pense que ça va continuer tout simplement parce que l'emploi est de retour au
Québec. Mais ça va me faire plaisir de les rencontrer, merci de l'invitation.
Le Président :
Principale, M. le député de Beauharnois. Je suis heureux de vous entendre, là.
Participation des Premières Nations aux audiences
publiques sur le projet d'oléoduc Énergie Est
M. Guy Leclair
M.
Leclair : Merci, M. le Président. En juin 2015, le ministre de
l'Environnement a décidé de mandater
le BAPE en excluant formellement la consultation des Premières Nations du mandat de l'oléoduc Énergie Est. En première
page du Devoir ce matin, les Premières Nations exigent
d'être enfin consultées sur le projet d'oléoduc Énergie Est. Aujourd'hui prend fin la première partie du mandat des audiences publiques, toujours
pas de consultation avec les Premières
Nations.
Je
demande au ministre des Affaires autochtones : Pourquoi accepte-t-il que
les Premières Nations ne soient pas consultées? Pourquoi on ne veut pas
avoir leurs propres compétences dans leur territoire et leur cacher les
audiences publiques du BAPE avec toutes ses
connaissances? Pourquoi le ministre des Affaires autochtones accepte ça envers
nos Premières Nations, alors que le
gouvernement nous dit toujours : On parle de nation à nation? Pourquoi on
les exclut du BAPE? Dites-moi ça, M. le ministre.
Le
Président : D'abord, premièrement, à notre collègue, c'est à la
présidence qu'on s'adresse. Et, deuxièmement, on ne peut pas imputer de
motifs à quiconque. M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Tout d'abord, en novembre 2014, le
gouvernement a établi sept conditions qui
auraient guidé le gouvernement dans sa prise de décision concernant le projet TransCanada.
Je vais citer la quatrième condition :
«Le projet doit satisfaire à la loi en ce qui a trait aux Premières Nations, à
leur participation et à leur consultation, le cas échéant.»
Le 8 juin 2015,
M. le Président, dans la lettre-mandat que j'ai envoyée au président du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement,
j'écris : «De plus, le gouvernement s'assurera que les obligations de
consultation envers les Premières Nations seront respectées.»
Ce
que nous avons fait, c'est respecter la loi, M. le Président. En vertu de la
Loi sur la qualité de l'environnement, deux types de BAPE : un BAPE
générique sur des questions d'ordre plus général et une procédure plus
détaillée par projet qui est prévue par
l'article 31.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Devant le refus de
TransCanada de se conformer à la
procédure de 31.1 et considérant qu'on avait une échéance d'audiences publiques
devant l'Office national de
l'énergie, nous avons décidé de procéder par un BAPE générique pour commencer à
écouter la population, mais ça n'exclut en rien nos obligations...
• (10 h 40) •
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...en vertu de 31.1, en vertu desquelles nous allons consulter les Premières
Nations.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de...
Une voix :
...
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le
Président : Alors, oui, c'est ça, il a un réflexe conditionné,
notre collègue. Alors, M. le député de Beauharnois, en première
complémentaire.
M. Guy Leclair
M. Leclair :
Alors, M. le Président, le ministre des Affaires autochtones, lui aussi est
exclu. J'entends bien le ministre de
l'Environnement dire : On leur a parlé. Est-ce qu'il a lu le journal ce
matin? On sort en première page du journal Le Devoir : Les
Premières Nations demandent d'être entendues.
Pourquoi le ministre
des Affaires autochtones ne se lève pas ce matin et défende les nations
autochtones du Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Ce que nous voulons, c'est une
consultation complète sur le projet TransCanada, avec toutes les informations. Il faut rétablir les faits. Si nous sommes
dans cette situation-là, c'est parce qu'une entreprise refuse de se conformer aux lois québécoises, et
nous avons déposé une requête en injonction le 29 février dernier pour, justement, s'assurer du respect des lois. Nous
sommes devant les tribunaux pour faire respecter la Loi sur la qualité de
l'environnement, le processus complet
d'évaluation, et, en vertu de ce processus-là, il y a un guide des normes pour
bien faire une consultation complète
avec les Premières Nations. Elle va avoir lieu, mais nous sommes justement
devant les tribunaux pour défendre nos lois...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...qui comprennent une consultation complète des Premières Nations.
Le Président :
M. le député de Terrebonne, en complémentaire.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Jour après jour, on
constate que le BAPE mandaté par le ministre de l'Environnement est non seulement une démarche illégale, mais aussi
de plus en plus improvisée. Nous parlons de la contribution des Premières Nations aux discussions, écartée. On parle de
la vision globale des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du
BAPE actuel, écartée également. Les enjeux économiques, l'approvisionnement en
gaz, les discours et les discussions sont
écartés. Le gouvernement sait très bien qu'il devra reprendre tôt ou tard le
processus du début parce que ce BAPE
est tronqué et ne correspond pas aux lois de l'environnement. Quand le ministre
va-t-il se réveiller?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, j'invite le député de Terrebonne de lire le jugement de la Cour supérieure du 3 mars dernier quant à la
légalité de notre démarche. Parce que, justement, il y a eu des groupes qui ont contesté la
démarche, et elle a été validée par la Cour supérieure. Alors, on
repassera sur la question de la légalité.
Et
également, sur la démarche en cours, je rappellerai les
paroles du député de Jonquière, qui m'a demandé en avril 2015 : «...considérant que le BAPE ne peut pas se tenir
parce qu'on n'a pas encore l'étude d'impact, est-ce qu'il peut envisager
au moins la possibilité de tenir un BAPE générique pour commencer le travail,
comme la loi lui permet?
«[...]je veux savoir
si le ministre a envisagé le BAPE générique pour au moins prendre de l'avance.»
Incohérence totale de
la part du Parti québécois, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Arthabaska.
Intentions du gouvernement concernant les CLSC
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : En
2015, pendant de longs mois, la population de la circonscription d'Arthabaska,
que je représente fièrement ici, à l'Assemblée nationale, a vécu dans la crainte de voir son CLSC fermer définitivement à Plessisville. En janvier 2016, un processus
est enclenché avec la fermeture du service de radiologie et de laboratoire pour
ce même CLSC de l'Érable.
Aujourd'hui, est-ce que le ministre de la
Santé peut se montrer rassurant
envers la population de mon comté en leur prouvant que non
seulement il n'a pas l'intention de
placer notre CLSC dans une lente agonie menant à une fermeture
définitive, mais qu'il compte continuer à offrir des services 24 heures sur 24,
sept jours sur sept?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, pour moi, c'est très important, cette question-là, puis je vais y répondre de
façon spécifique à la région et de
façon générale. Les CLSC, M. le
Président, je sais qu'actuellement il y a certains parlementaires ou
certains militants de formations politiques qui tentent de véhiculer un message selon lequel
on attaquerait les CLSC. Je pense que j'ai eu une question hier qui
venait de la même région de cette Assemblée.
M. le Président, les services que l'on a à donner
actuellement au Québec sont de deux ordres, ils traitent de deux organisations. Il y a les points de service où les patients se
dirigent, ce sont les groupes de
médecine de famille, et on veut que
ces points de service là soient les plus complets possible et les plus
interdisciplinaires possible, où, donc, vont travailler ensemble, dans l'interdisciplinarité, des médecins, des
infirmières, des pharmaciens, des travailleurs sociaux et autres
professionnels.
Maintenant,
il y a des organisations qui vont dans l'autre sens, qui vont partir d'un point
de service, mais aller sur le terrain
offrir des services, des soins à domicile, faire de la prévention, des soins
d'accompagnement en fin de vie. Ça, ce sont les CLSC. Alors, il n'est
évidemment pas question pour nous de fermer les CLSC. Ce sont deux
organisations...
Le Président : En terminant.
M.
Barrette : ...non seulement qui sont complémentaires, mais qui,
souvent, sont fusionnées, puis je reviendrai tantôt pour...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy (Arthabaska) : M. le
Président, si le ministre de la Santé nous dit qu'il veut les services les plus
complets possible, va-t-il
ordonner que le service de radiologie et de laboratoire soit maintenu au CLSC
de Plessisville ou va-t-il continuer
à forcer les patients à aller à Victoriaville? Pour les patients de Lyster,
c'est presque deux heures de route, c'est excessif et ce n'est pas selon
ce que vous venez de répondre.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Alors, je vais compléter ma réponse parce qu'elle demeure pertinente
avec la complémentaire de notre
collègue. Les CLSC doivent demeurer, particulièrement dans les régions plus rurales, où les deux fonctions que j'ai décrites se retrouvent
très souvent ensemble dans la même organisation, donc potentiellement GMF et CLSC plus
traditionnels dans la même organisation.
Pour ce qui est du laboratoire et de la
radiologie, je suis d'accord avec elle, M. le Président. Aujourd'hui, la
technologie permet d'avoir une salle de radiologie pour faire des examens
standard sans qu'il y ait nécessairement un radiologiste sur place. Et je
l'apprends de sa bouche, je vais m'y adresser dans les plus brefs délais.
Pour ce qui
est des prélèvements, bien, c'est la même chose, je ne vois pas pourquoi les
prélèvements ne seraient pas faits à Plessisville et transportés dans un
laboratoire à l'extérieur. Ça ne pose aucun problème, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, on a également fermé le CHSLD
Sacré-Coeur à Saint-Ferdinand malgré l'entente
qui est intervenue avec la municipalité. On y faisait des prélèvements, à cet
endroit-là. C'est à Saint-Ferdinand, c'est
à peu près à 20 minutes de Plessisville. Il y avait des prélèvements faits
par les infirmières qui sont aussi arrêtés, maintenant ils sont
transférés au privé.
Est-ce que le
ministre partage également mes inquiétudes sur le fait qu'il n'y ait plus de
prélèvements dans les villages de mon comté?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : ...bien au contraire, M. le Président, il est très clair
pour moi que d'abord, à partir du moment où il y a une infirmière sur un lieu, il est possible pour elle de faire
des prélèvements, puisqu'elle a parfaitement la compétence de le faire. Et ça ne devient que simplement une
question d'organisation régionale pour faire en sorte que les prélèvements
soient acheminés, d'une part, quand ils sont faits et qu'on leur achemine,
évidemment, les produits et les fournitures appropriés
pour faire les prélèvements, alors, à cet égard-là, je suis tout à fait en
accord avec l'intervention de notre collègue d'Arthabaska.
Le
Président : Principale, M. le député de Richelieu.
Financement du programme Pair
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Merci, M. le Président. M. le Président, l'essor d'un programme, le programme
Pair, P-a-i-r, qui assure la sécurité
de 5 000 aînés à domicile, est froidement sacrifié sur l'autel de
l'austérité libérale. Ce programme-là, peu
coûteux, offre aux aînés à domicile un service gratuit d'appel automatisé pour
s'enquérir de leur état. 500 vies sauvées depuis sa création. Après avoir mis à pied deux de ses trois employés,
le programme Pair est sur le respirateur artificiel. Date butoir :
1er avril. C'est complètement illogique de cesser de financer ce programme
qui a fait ses preuves, qui fonctionne, qui
donne des résultats. Ce gouvernement, qui dit vouloir maintenir les aînés à
domicile, refuse d'injecter un maigre 150 000 $ dans le
programme, qui vise précisément cet objectif.
Est-ce que la
ministre des Aînés va rapidement se raviser d'ici le 1er avril et soutenir le
programme Pair?
Le Président :
Mme la ministre des Aînés.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. J'ai eu le privilège
d'annoncer, le 10 décembre dernier, le Programme QADA national suite à un appel 2014-2015, où le gouvernement libéral a
investi 5,5 millions de dollars pour 29 projets. J'ai également, ce lundi, annoncé encore des
projets QADA pour le volet Soutien en
actions communautaires, pour un
peu moins — à
quelques dollars près — de
10 millions de dollars sur trois ans, M. le Président.
81
projets dans 16 régions du Québec. Plusieurs exemples, je vous donne celui de Richelieu. Le Regroupement
pour la santé des aînés
Pierre-De Saurel, pour 115 000 $.
L'organisme dont parle mon collègue, qui est un organisme dans une région très précise, fait une demande qui ne
répond pas, malheureusement, aux
conditions de financement qu'on a pour
QADA national. Nécessairement, on va communiquer avec l'organisme et leur dire
de refaire leurs devoirs, puisque
les appels de projets seront toujours au rendez-vous.
Le Président :
En terminant. Première complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, c'est bien beau, les nouveaux projets; je salue
le financement de celui de Richelieu,
mais pourquoi cesser de soutenir un
projet qui fonctionne, le programme Pair, qui a permis de sauver 500 vies? Elle
est où, la logique? Les personnes,
là, qui tiennent ce projet-là à bout de bras sont à l'écoute aujourd'hui et elles espèrent que la ministre va entendre leur cri du coeur. C'est une question
de gros bon sens. La ministre va-t-elle, oui ou non, soutenir le
programme Pair?
• (10 h 50) •
Le Président :
Mme la ministre des Aînés.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Des
Aînés, M. le Président, merci. Le programme Pair existe dans plusieurs
régions du Québec. Celui dont mon collègue parle a eu un
financement, 2008-2009, de 1,4 million de dollars sur
quatre ans, M. le Président,
puis, en 2012-2013, 365 000 $
pour deux ans. Ce qu'on demande à l'ensemble des programmes QADA, M. le Président, c'est qu'ils puissent, à travers leur
première subvention, trouver un autofinancement et faire en sorte que le
financement qu'ils reçoivent... Pour le
gouvernement, c'est une poussée vers une réussite, mais ce n'est pas pour
financer le salaire d'une seule
personne, c'est vraiment une volonté de mettre en place un programme qui génère
des services à la population, mais qui prend son envol aussi dans
chacune des communautés.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, je n'en reviens pas. Je lui parle de vies qui ont été sauvées,
500 vies, et la ministre, elle me répond en technocrate.
Est-ce
qu'elle peut penser en termes moins bureaucratiques et plus humains et nous
annoncer séance tenante que le gouvernement va soutenir le bureau
coordonnateur national du programme Pair?
Des voix :
...
Le Président :
C'est beau. Merci. Mme la ministre des Aînés.
Mme
Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci. C'est bien que la complémentaire soit écrite avant d'entendre la
réponse. Mais, ceci dit, je vais dire
à mon collègue que les programmes ne sont pas terminés, il y aura d'autres
appels de programmes, et le programme
QADA va continuer à maintenir les régions. Si les gens de sa région, de la
région dont il parle, veulent soumettre un projet, ils seront accueillis
avec beaucoup d'ouverture.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement de
tenir compte des préoccupations quant à la capacité d'accueil,
d'intégration et de francisation des immigrants et de
ne pas hausser les seuils d'immigration
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des votes
reportés. Et, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de Mme la députée
de Montarville débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse l'apport économique et social...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Ouimet) : M. le
député de Verchères! Nous en sommes à un moment solennel, la tenue d'un
vote sur une motion d'une collègue. Alors :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse l'apport économique
et social que procure au Québec une immigration dont le volume respecte
notre capacité d'accueil et d'intégration;
«Qu'elle prenne acte
que plusieurs intervenants des milieux municipal, communautaire et économique
sont préoccupés par notre incapacité actuelle à accueillir, intégrer et
franciser tous les immigrants admis au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement de tenir compte du
contexte actuel et de ne pas hausser les seuils d'immigration.»
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Caire
(La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M.
Jolin-Barrette (Borduas).
M. Péladeau
(Saint-Jérôme), M. Therrien (Sanguinet), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. Traversy (Terrebonne),
M. Lelièvre (Gaspé), M. Bergeron (Verchères), M.
Leclair (Beauharnois), M. Gaudreault (Jonquière), Mme Maltais (Taschereau), M.
LeBel (Rimouski), Mme Hivon (Joliette),
M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Pagé (Labelle), M.
Cousineau (Bertrand), M. Ouellet (René-Lévesque),
M. Rochon (Richelieu), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Kotto (Bourget), Mme Richard (Duplessis), M.
Roy (Bonaventure).
Mme Roy
(Arthabaska).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Hamad (Louis-Hébert), M.
Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal),
Mme Charlebois (Soulanges), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Daoust
(Verdun), Mme St-Pierre (Acadie), M. Fortin (Sherbrooke), M. Reid (Orford), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos
(Laurier-Dorion), Mme Boulet (Laviolette), M. Ouellette (Chomedey), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Girard
(Trois-Rivières), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Tanguay
(LaFontaine), M. Simard (Dubuc), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M.
Drolet (Jean-Lesage), M. Rousselle (Vimont), Mme Vallières (Richmond), M. Auger
(Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme
Sauvé (Fabre).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Y a-t-il des abstentions?
Le
Secrétaire adjoint : Mme David (Gouin).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, pour le résultat du vote, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 60
Abstentions :
1
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : La motion est donc rejetée.
Nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis, et,
en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je cède la
parole à M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement avec la députée de Joliette, la
députée de Gouin et la députée d'Arthabaska.
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de
s'engager à abolir les délais de prescription pour les victimes d'agressions
sexuelles;
«Qu'elle demande
d'appeler dans les plus brefs délais le projet de loi n° 596.» Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors,
merci, M. le député de Borduas. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Sklavounos :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a
pas de consentement. Je cède maintenant la parole à un membre du
gouvernement. Pas de motion? Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Gouin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale presse le nouveau gouvernement
fédéral de respecter son engagement de la dernière campagne électorale, soit d'améliorer le système
d'assurance-emploi pour qu'il serve mieux les travailleurs qui perdent
leur emploi.
«Que cette amélioration du système d'assurance-emploi inclue
notamment la réduction du délai de carence pour l'obtention des prestations d'assurance-emploi, l'élimination des
changements que l'ancien gouvernement avait introduits en 2012, qui ont contraint les travailleurs sans
emploi à s'éloigner de leur collectivité et à accepter des [motions] moins
bien rémunérés, et qu'elle procure une
véritable sécurité de revenu aux travailleurs, y compris à ceux qui ont des
emplois précaires.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à
vous, M. le député de Saint-Jean. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Mme la leader de
l'opposition officielle.
Mme
Maltais : ...arrivé qu'on ait
des discussions comme ça suite à un non-consentement. Écoutez, c'est une motion
importante, ce n'est pas pour ici, c'est au Parti libéral du Canada. C'est déjà
arrivé...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. S'il doit y avoir des...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Ça va, j'ai compris.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la leader...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Mme la
leader de l'opposition officielle, si vous devez avoir des discussions à l'extérieur de l'enceinte sur des libellés de
motion, vous pouvez le faire en tout temps. Vous n'avez pas à le faire
cependant ici, sur le plancher du salon bleu.
Alors, Mme la
députée de Gouin, vous avez une autre motion sans préavis?
• (11 heures) •
Mme David
(Gouin) : Oui. Merci, M. le Président. Je demande le consentement de
la Chambre pour présenter la motion suivante conjointement avec le
député de Matane-Matapédia et avec le député de La Peltrie.
«Que l'Assemblée nationale salue le
travail magistral de l'Unité permanente anticorruption et souhaite que leurs
enquêtes trouvent un aboutissement;
«Que
l'Assemblée nationale s'assure que le gouvernement voit à la mise en place de
toutes les recommandations du rapport Charbonneau y compris la
protection des lanceurs d'alerte dans l'entreprise privée et les municipalités;
«Que l'Assemblée
nationale exige que le gouvernement s'assure de récupérer les sommes malversées
et [les] pénalités.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Gouin. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Nous avons laissé l'UPAC faire son travail, M. le Président. Pas de
consentement.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Voilà. Alors, il n'y a pas de consentement...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bien, il faut s'abstenir de faire
des commentaires, de part et d'autre, là. Y a-t-il d'autres motions sans
préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
S'il n'y a pas
d'autre motion sans préavis, nous en sommes aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée
que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet
de loi n° 70, Loi sur l'immigration au Québec, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, le lundi
21 mars 2016, de 14 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le
mardi 22 mars 2016, de 10 heures à 11 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la culture et de l'éducation poursuivra les consultations
particulières à l'égard du projet de loi
n° 86, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance des commissions
scolaires en vue de rapprocher l'école des lieux de décision et d'assurer la présence des parents au sein de l'instance
décisionnelle de la commission scolaire, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
1 h 30 min, ainsi que le mardi 22 mars 2016, de
9 h 45 à 12 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée à l'égard
du projet de loi n° 70, Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi ainsi
qu'à favoriser l'intégration en emploi, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle du Conseil législatif, le lundi
21 mars 2016, de 14 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, ainsi que le mardi 22 mars 2016, de
10 heures à midi, à la salle de l'Assemblée nationale;
La
Commission de l'aménagement du territoire, quant à elle, entreprendra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi
n° 83, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière municipale
concernant notamment le financement politique, le mardi
22 mars 2016, de 10 heures à midi, à la salle du Conseil
législatif;
Finalement,
la Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée
à l'égard du projet de loi n° 76,
Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du transport collectif dans la
région métropolitaine de Montréal, le
mardi 22 mars 2016, de 10 heures à midi, à la salle des
Premiers-Ministres, 1.38, de l'édifice Pamphile-Le May. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le leader adjoint du
gouvernement, pour ces avis.
Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement?
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci. Pour ma part, je vous avise
que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 13 heures à
13 h 45, à la salle 3.31 de l'hôtel du Parlement, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse d'une pétition concernant la reconnaissance et soutien aux proches
aidants et d'une autre concernant la
sauvegarde des résidences spécialisées en autisme et en trouble grave du
comportement.
Je vous avise également
que la Commission des institutions se réunira en séance de travail mardi le
22 mars, de 11 heures à midi, à la
salle RC.171 de l'hôtel du Parlement, afin d'organiser la suite du mandat
de la commission d'étudier le rapport sur la mise en oeuvre du Code
d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes à la rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous
rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi
18 mars 2016, M. le député de Gaspé s'adressera à Mme la ministre responsable des Petites et
Moyennes Entreprises, de l'Allègement réglementaire et du Développement économique régional sur le sujet suivant : Le
manque de vision du gouvernement en matière de développement des régions.
Affaires du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite
des choses.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Article 61, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion
proposant que l'Assemblée approuve et fasse siennes
l'ensemble des recommandations et justifications contenues
au rapport du Comité de rémunération des procureurs
aux poursuites criminelles et pénales
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 61 du feuilleton,
aux motions du gouvernement, Mme la ministre de la Justice présente la
motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale :
«Approuve
et fasse siennes l'ensemble des recommandations et justifications contenues au
rapport du Comité de la rémunération des procureurs aux poursuites
criminelles et pénales pour la période 2015-2019, déposé devant l'Assemblée
nationale le 6 octobre 2015 par la ministre de la Justice, en
précisant toutefois qu'il sera modifié à la recommandation 1
de la manière suivante, pour le motif exposé dans la lettre du président de ce
comité déposée devant l'Assemblée nationale le
15 mars 2016 :
«Que les taux et
échelles de traitement au 31 mars 2015 soient majorés de l'ordre de
10 %, sans indexation additionnelle
reliée au coût de la vie, et d'étaler l'augmentation recommandée sur les quatre
années visées, et ce, de la façon suivante tel qu'illustré ci-après :
«2,5 % au
1er avril 2015 (laquelle s'ajoute à l'ajustement de 1 % versé au
31 mars 2015);
«2,5 % au
1er avril 2016 (des échelles de traitement au
31 mars 2016);
«2,5 % au
1er avril 2017 (des échelles de traitement au
31 mars 2017);
«2,25 % au 1er avril 2018
(des échelles de traitement au 31 mars 2018).»
Alors, Mme la ministre de la Justice,
j'imagine, vous souhaitez prendre la parole sur cette motion. Je vous cède
la parole.
Mme Stéphanie Vallée
Motion d'amendement
Mme Vallée :
Oui, M. le Président. Alors, je vous remercie.
Dans
un premier temps, M. le Président, je vous demanderais d'apporter un amendement...
en fait un amendement clérical à la motion, puisqu'il
s'est glissé, dans la rédaction de la motion, une erreur cléricale et qui, à sa
face même... on le constate suite à
la lecture de la motion par le président. Alors, la motion, telle qu'amendée,
il faudrait en fait amender... à la
dernière ligne de la motion, remplacer le «2,25 %» par «2,5 %» afin
que le total de ces augmentations totalise 10 %. Donc la motion, telle
qu'amendée, se lirait ainsi, M. le Président :
«Que l'Assemblée
nationale :
«Approuve
et fasse siennes l'ensemble des recommandations et justifications
contenues au rapport du Comité de la rémunération des procureurs aux
poursuites criminelles et pénales pour la période 2015-2019, déposé devant l'Assemblée nationale le 6 octobre 2015
par la ministre de la Justice, en précisant toutefois qu'il sera modifié à la
recommandation 1 de la manière
suivante, pour le motif exposé dans la lettre du président de ce comité déposée
devant l'Assemblée nationale le 15 mars 2016 :
«Que
les taux et échelles de traitement au 31 mars 2015 soient majorés de
l'ordre de 10 %, sans indexation additionnelle
reliée au coût de la vie, et d'étaler l'augmentation recommandée sur les quatre
années visées, et ce, de la façon suivante tel qu'illustré
ci-après :
«2,5 % au
1er avril 2015 (laquelle s'ajoute à l'ajustement de 1 % versé au
31 mars 2015);
«2,5 % au
1er avril 2016 (des échelles de traitement au
31 mars 2016);
«2,5 % au
1er avril 2017 (des échelles de traitement au
31 mars 2017);
«2,5 % au
1er avril 2018 (des échelles de traitement au
31 mars 2018).»
Alors, voici pour l'amendement
clérical.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, Mme
la ministre, je vous laisse faire
votre intervention sur la motion principale... à moins qu'il y ait consentement
de tous les parlementaires de la Chambre pour que vous puissiez intervenir à la fois sur la motion
principale et la motion d'amendement. Sinon, procédez sur la motion principale,
et on débattra par la suite de la motion d'amendement.
• (11 h 10) •
Mme
Vallée : Alors, je
vous remercie, M. le Président. Donc, nous sommes ici suite au rapport qui a été
préparé par le Comité de la rémunération des procureurs aux poursuites
criminelles et pénales, qui a été déposé le 6 octobre dernier ici, à l'Assemblée nationale, et qui a
été également mis en ligne sur le site Internet du ministère de la Justice. Ce comité
d'experts, rappelons-le, a été constitué en vertu de la Loi sur le
processus de détermination de la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et pénales et sur leur régime
de négociation collective. Ce comité et cette loi ont fait suite, rappelons-nous, à des événements
qui avaient eu lieu en 2011 et 2012, lorsque les procureurs avaient engagé
une grève et une loi spéciale avait été adoptée
ici, dans cette enceinte, et par la suite les parties ont convenu de régler
leurs différends par notamment
l'adoption de cette loi et la
création d'un comité qui s'inspire du comité qui est également... qui existe et qui vise à analyser la rémunération des
membres de la magistrature, alors la rémunération des juges. Le comité, qui est un comité indépendant présidé par
Me Michel Bouchard, a débuté son mandat le 17 décembre 2014. Il
est formé également de Mme Madeleine Paulin et de l'honorable André
Rochon. La période qui était visée par l'évaluation du comité est celle du 1er avril 2015 au 31 mars 2019, puisque
l'entente relative aux conditions des procureurs aux poursuites criminelles et pénales est échue depuis le
31 mars 2015. Comme le prévoit la loi, il revient à cette Assemblée,
à l'Assemblée nationale de statuer sur les conditions de travail des procureurs
qui ont des incidences pécuniaires en approuvant, en modifiant ou, encore, en
rejetant les recommandations du comité.
Pour
faire son évaluation, le comité prend en considération un certain nombre de
facteurs afin que les procureurs puissent
exercer leurs fonctions en toute indépendance, et tout ça... Et vraiment
l'indépendance de fonctions des procureurs est à la base de ce traitement et de ce comité qui a été mis en place,
et c'est cette particularité qui ressort de la loi. Cette indépendance
et ces particularités, on les retrouve aussi très bien décrites aux
pages 39 à 49 du rapport du comité.
Les facteurs sur
lesquels se fonde le comité pour émettre ses recommandations sont : les
particularités de la fonction de procureur — donc, que l'on retrouve aux
pages 39 à 49 du rapport — la nécessité, pour le Directeur des
poursuites criminelles et pénales, d'attirer des avocats qui ont des aptitudes
et des qualités requises pour exercer cette fonction
toute particulière qui est celle de procureur aux poursuites criminelles et
pénales; les conditions de travail, la rémunération
par heure travaillée des procureurs au Québec, mais également des procureurs au
Canada, en tenant compte des
différences quant au coût de la vie et quant à la richesse collective; les
responsabilités assumées par les procureurs au Québec et ailleurs au Canada, leur charge de travail, les exigences
requises par les employeurs, les structures salariales et les
problématiques d'attraction et de rétention des procureurs aux poursuites criminelles
et pénales; la conjoncture économique du
Québec, la situation générale de l'économie québécoise et l'état des finances
publiques du Québec; les conditions
de travail et la rémunération des avocats du secteur privé québécois et
d'autres salariés de l'État ainsi que tout autre secteur que le comité
estime pertinent.
D'abord,
M. le Président, vous me permettrez, au nom du gouvernement, de remercier les
membres du comité pour la rigueur de
l'exercice et surtout pour la qualité du travail qui a été présenté. Notre
gouvernement est en accord avec la
forme et le fond des recommandations qu'il contient, mis à part évidemment, on
l'a mentionné, une correction que nous souhaitons
effectuer à la recommandation du comité en ce qui concerne l'année des échelles
de traitement. Et c'est d'ailleurs pourquoi j'ai déposé avant-hier une lettre
du président du comité indiquant qu'il s'était glissé une erreur cléricale lors
de la préparation du rapport final.
Nous estimons que les
recommandations du comité sont raisonnables, dans le contexte actuel, et
qu'elles permettent de répondre aux
objectifs qui sont poursuivis par la loi qui a institué la mise en place du
comité. Évidemment, c'est pourquoi,
M. le Président, je recommande l'acceptation de la motion qui est inscrite au
feuilleton et la motion amendée dont
je vous ai fait lecture un petit peu plus tôt afin de remplacer, à la dernière
ligne de la motion, le «2,25 %» par «2,5 %». Alors, je vous
ferai grâce de la relecture de la motion que j'ai présentée.
Alors,
somme toute, M. le Président, je crois que les particularités que nous
retrouvons au rapport du comité, les particularités
que nous retrouvons particulièrement, M. le Président, à la page 41, quant
aux... particularités de la fonction de
procureur, qui se distingue notamment de celle qui est réservée à l'avocat de
pratique publique... privée ou le procureur qui oeuvre au sein d'un organisme public ou parapublic, en raison de
l'indépendance de fonction que se doit d'avoir le procureur aux
poursuites criminelles et pénales.
On
fait référence, dans le rapport du comité, à un arrêt de la Cour suprême,
l'affaire Krieger, où les juges Iacobucci et les juges Major indiquent qu'«au Canada, la charge de Procureur
général comporte une dimension constitutionnelle reconnue dans la Loi constitutionnelle de 1867. Bien que cette loi
n'énumère pas les fonctions particulières traditionnelles du Procureur
général, son article 135 prévoit le maintien des pouvoirs et des fonctions
associés à cette charge...»
Et
le rôle du poursuivant... je fais grâce de toute la lecture, mais un petit peu
plus loin dans le texte : «Le rôle du poursuivant exclut toute notion de gain ou de perte de cause; il s'acquitte
d'un devoir public, et, dans la vie civile, aucun autre rôle ne comporte une
plus grande responsabilité personnelle. Le poursuivant doit s'acquitter de sa
tâche d'une façon efficace, avec un sens profond de la dignité [et] de
la gravité et de la justice des procédures judiciaires.»
Plus
récemment, dans l'arrêt Proulx, la juge L'Heureux-Dubé qualifiait le rôle du
Procureur général de gardien constitutionnel de la paix sociale. Et
également dans les observations lorsque la Loi sur le Directeur des poursuites criminelles et pénales a été adoptée, on disait ce
qui suit : «"[Le Procureur des poursuites criminelles et pénales] ne
doit pas tant chercher à obtenir un
verdict de culpabilité qu'à assister le juge et le jury pour que la justice la
plus complète soit rendue." Il
veille au respect de "l'intérêt de la collectivité à faire en sorte que
justice soit adéquatement rendue" et participe non seulement à
"protéger le public, mais également à honorer et à exprimer le sens de
justice de la collectivité."»
Alors, pour l'ensemble de ces raisons,
M. le Président, nous invitons nos collègues de l'Assemblée à adopter la
motion qui a été déposée et ainsi faire
siennes les recommandations du Comité de la rémunération des procureurs aux
poursuites criminelles et pénales.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la ministre de la
Justice.
Avant
d'aller plus loin dans le débat, je vais vérifier s'il y a un consentement pour
que nous puissions débattre à la fois de la motion principale et de l'amendement.
Je crois comprendre qu'il y a consentement. Très bien.
Alors, Mme la députée
de Joliette et porte-parole en matière de justice, je vous cède la parole.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis heureuse, au nom de
l'opposition officielle, de prendre la parole sur les suites à donner au
premier rapport sur la rémunération et certaines conditions de travail des
procureurs aux poursuites criminelles et pénales.
La
ministre a rappelé en partie le contexte dans lequel cette nouvelle manière de
faire s'est inscrite. On se souvient très bien du contexte où il y avait
eu des moyens de pression de la part des procureurs de la Direction des
poursuites criminelles et pénales en ce qui
concernait l'ensemble de leurs conditions de travail, rémunération, soutien, et
de la loi spéciale qui s'en était
suivie, et du contexte excessivement difficile qu'on avait vécu au Québec par
rapport à toute cette situation-là.
Mais finalement de cela a émergé du bon, c'est-à-dire qu'il y a eu un soutien
accru, notamment logistique, administratif,
qui est arrivé au sein de la Direction des poursuites criminelles et pénales.
Il y a eu une série de mesures, donc,
qui ont été inscrites dans la loi et il y a eu cette manière de faire, qui n'est
pas habituelle, d'avoir un comité indépendant qui vienne déterminer,
donc, la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et pénales.
Le
précédent que nous avons, bien entendu, et sur lequel, dans le passé,
l'Assemblée s'est penchée à quelques reprises,
c'est celui de la rémunération des juges, et c'est une mécanique qui s'en
inspire. Évidemment, ça peut paraître un processus exceptionnel. C'est exceptionnel, mais les procureurs aux
poursuites criminelles et pénales sont dans une situation aussi qui est
particulière, qui est exceptionnelle, compte tenu du type de fonctions qu'ils
exercent, de l'indépendance essentielle qui doit être accolée aussi à leurs
fonctions, comme la ministre l'a également rappelé.
Alors,
c'est dans ce contexte-là que nous faisons face aujourd'hui... ou que nous
devons nous pencher sur ce premier rapport, qui a fait l'objet d'un
travail très attentif, donc, du Comité de la rémunération des procureurs aux
poursuites criminelles et pénales présidé par Me Michel Bouchard.
• (11 h 20) •
Donc,
bien entendu, nous avons parcouru ce rapport, qui, vraiment, a fait le tour de
l'ensemble des questions qui étaient
soumises, pour comprendre bien comment cela fonctionne. Évidemment, il y a des
représentations qui sont faites devant le président et les membres du
comité, y compris les procureurs, y compris de l'administration et, donc, des intervenants qui sont concernés. Évidemment, ce
n'est pas un rapport qui donne suite à toutes les demandes qui ont été faites par les procureurs, mais je pense que c'est
un rapport qui est rigoureux, qui est bien fait, qui va au fond des choses
et qui a regardé l'ensemble des demandes de la manière la plus sérieuse et,
donc, attentive possible.
La
recommandation centrale est donc une augmentation de la rémunération de
10 % sur quatre ans des procureurs de la couronne. Évidemment, ça peut paraître différent — et c'est différent — de ce que l'on vit dans l'ensemble du
secteur public, avec ce qui a été
consenti. Je pense que le fait n'est pas, ici, de dire que les procureurs ne
devraient pas être rémunérés adéquatement.
Aussi, nous sommes en accord avec les recommandations du rapport et la réponse,
donc, du gouvernement, qui adhère aux
recommandations du rapport. Je pense que c'est bien fondé, ce qui est amené
comme argumentaire et comme position de la part du comité.
Ceci
dit, je pense que le gouvernement a la responsabilité de se pencher sur l'ensemble
de la rémunération que nous accordons
aux employés de l'État. C'est évident que c'est important, pour ce qui est des
procureurs de la couronne, de pouvoir les rémunérer adéquatement, de
pouvoir s'assurer de l'attraction, donc, de la fonction de procureur aux poursuites criminelles et pénales, de la rétention
des procureurs, surtout que leurs tâches se complexifient grandement au
fil du temps.
Ceci
dit, il y a d'autres corps d'emploi dans la fonction publique. Je pense
présentement, bien entendu, à tous les économistes
du ministère des Finances qui sont présentement au travail, très assidûment, en
cette journée de budget. Je pense
aussi aux professionnels du gouvernement qui sont toujours en discussion. Je
pense que c'est important que ces
réflexions-là, qui concernent l'attractivité et la rétention des professionnels
et des employés de l'État, soient vraiment solides, parce que c'est toute la crédibilité, tout le travail, tout le
professionnalisme du gouvernement, du rôle de l'État, qui est au coeur de ça. Alors, je souhaite que le
gouvernement soit aussi très sensible à l'importance de ces considérations-là
pour les gens qui accompagnent le
gouvernement au quotidien et qui le font de manière — je pense que tous les ministres vont le dire — excessivement professionnelle. Donc, cet
enjeu-là de la rétention, de l'attraction de la fonction publique québécoise, notamment quand on compare à
l'administration publique de certaines municipalités et, bien entendu, la
fonction publique fédérale, il y a des défis. Alors, c'est important de
garder ça à l'esprit.
Pour en revenir à la
question, donc, de la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et
pénales, comme je l'ai dit, nous sommes en
accord avec les recommandations du comité. Ceci dit, je dois vous dire que nous
avons un certain nombre de
préoccupations dans le domaine de la justice criminelle, que nous avons
exprimées au cours des dernières
semaines. Nous les avons exprimées notamment en ce qui concerne toute la
restructuration, la réorganisation des bureaux spécialisés au sein du
DPCP.
Et,
vous savez, aujourd'hui, si on vit un moment aussi fort avec les arrestations
qui ont cours, donc, à la suite des enquêtes
de l'UPAC, les arrestations qui sont déposées aujourd'hui, notamment à
l'endroit de l'ex-vice-première ministre, c'est parce qu'il y a eu un travail très rigoureux des équipes
spécialisées de procureurs, notamment du Bureau de lutte à la corruption et à la malversation. Et c'est
important que cette expertise-là demeure, c'est important pour la suite des
choses, et nous avons des inquiétudes par rapport à toute cette
réorganisation.
Donc, oui,
c'est bien de vouloir rémunérer adéquatement, convenablement les procureurs aux
poursuites criminelles et pénales,
mais encore faut-il que l'organisation... que les priorités soient à la bonne
place et que, d'un autre côté, on ne soit
pas en train de couper indûment et de faire en sorte que, même si on rémunère
adéquatement nos procureurs, ils ne soient
pas capables de faire le travail ou que les conditions ne soient pas adéquates
pour faire le travail auquel on s'attend d'eux.
L'autre chose, évidemment, c'est les délais, les
délais en matière de justice. C'est un problème qui n'est pas nouveau, mais c'est un problème qui prend une
ampleur absolument sans précédent, notamment
en matière criminelle. Quand on en
est rendu que la juge en chef de la Cour du Québec nous dit à travers les
médias, dans une rare sortie — parce
qu'on connaît la réserve des juges, particulièrement d'une juge en chef — qu'elle
en est rendue à perdre le sommeil pour savoir,
notamment à Montréal, comment elle va arriver à réduire les délais...
On a vu qu'il y a même des instances où les accusations sont carrément retirées. On a vu ce
qui s'est passé avec SharQc, ça a été une catastrophe dans le procès des
motards criminalisés où des dizaines
d'accusés ont été relâchés parce que les délais étaient indus. Et on l'a vécu
avec des cas aussi tristes que de
jeunes enfants qui avaient été victimes d'agression sexuelle et qui, de par
l'écoulement du temps, n'avaient plus
toute la mémoire aussi intacte, qui faisait en sorte que la preuve, qui malheureusement repose sur leurs frêles épaules
uniquement, bien souvent... fait en sorte que des présumés agresseurs ont dû
être relâchés aussi. Alors, c'est très grave
quand on est rendu dans une situation comme celle-là. Alors, on interpelle la ministre
pour que la réflexion y soit globale, en matière de justice.
Et je dois
vous dire qu'on n'est pas rassurés aujourd'hui.
Quand je regarde... On vient d'avoir
le dépôt des livres des crédits, et,
quand je regarde à la page 139 des crédits des ministères
et organismes : une baisse de 3 millions des crédits aux poursuites criminelles et pénales, alors je me dis : On
augmente le salaire des procureurs, fort bien, mais est-ce qu'en plus on est en train de voir une diminution des
crédits généraux à ce chapitre-là des poursuites criminelles et pénales?
Alors, est-ce qu'on va continuer à couper
comme ce qu'on a vu dans les derniers mois, les dernières années? Et ça ne se
fait pas sans impact. Il y a
des procureurs de moins, il y a des unités spécialisées qui sont sacrifiées, il y a
des réorganisations qui risquent de vraiment
nuire au travail des procureurs. Et là, en plus, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est une baisse des crédits, mais une augmentation des
salaires. Alors, ça, ça ne se fera pas sans heurt.
Et ce n'est pas comme si tout allait parfaitement
bien dans le milieu des poursuites criminelles et pénales, notamment
avec la question des délais, comme je viens de le mentionner, notamment
avec la question de l'efficacité de la justice et notamment avec la question de la réorganisation au sein du bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Alors, je marque vraiment mon inquiétude aujourd'hui. Oui aux recommandations du rapport, mais non à une baisse
générale du financement de la Direction
des poursuites criminelles et pénales,
de donner à quelqu'un, mais d'enlever à l'autre bout pour ensuite ne pas
pouvoir avoir de résultat.
Alors,
j'espère que la ministre va nous déposer, comme j'ai demandé depuis un petit
moment, un véritable plan d'action,
notamment sur la question de la réduction des délais en matière criminelle, et qu'elle va nous
expliquer comment on peut aujourd'hui
accepter, donc, ces recommandations-là, mais en même temps constater, le même
jour, une baisse des crédits de
manière générale pour le chapitre des poursuites criminelles et pénales dans
les documents qui nous sont déposés aujourd'hui. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée de Joliette, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de Borduas,
porte-parole pour la deuxième opposition en matière de justice. À vous
la parole.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. Donc, j'interviens sur le rapport sur la rémunération et certaines conditions de travail des procureurs aux poursuites
criminelles et pénales.
Donc, mes
deux collègues ont fait un peu l'historique du dossier, à savoir pourquoi on
est rendu maintenant avec un
rapport indépendant. Je pense que c'est quand même bon de le souligner
de nouveau quand même. On se retrouvait à une époque, en 2011,
où les procureurs de la couronne, où les procureurs au Directeur des poursuites
criminelles et pénales ont dû faire la grève, on dû sortir dans la rue
pour revendiquer des conditions pour exercer leur travail, un travail qui exige énormément d'indépendance en raison de l'importance de leurs fonctions. De porter une accusation criminelle contre un individu, M. le Président, on veut que
l'individu qui le fait, qui agit à ce titre dans son rôle de procureur, dans sa
compétence de délégué du Procureur général du Québec le fasse avec toute l'indépendance requise et qu'il ne soit soumis à aucune influence, de quelque nature que ce soit, et ça passe notamment
par le facteur financier, M. le
Président, au niveau de la rémunération.
• (11 h 30) •
Donc, les
procureurs, en 2011, ont dû retourner au travail à coups de loi spéciale, et
par la suite, bon, il y a eu une entente
avec le gouvernement de l'époque, et par la suite il y a
une loi qui a été... une modification à la loi qui a été adoptée, donc la Loi sur le processus de détermination de
la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et pénales et sur leur régime de négociation collective, qui a
instauré à l'article 19.1 un comité de la rémunération, donc, qui va permettre d'évaluer aux quatre ans les conditions de travail des procureurs de la couronne et maintenant d'amener le rapport à
l'Assemblée nationale.
Et je tiens à
souligner, à l'époque, je pense que c'était le député de Saint-Laurent qui a fait preuve de sagesse dans le cadre de la loi et a décidé de soumettre le rapport à l'Assemblée nationale. Et je pense que c'est très sage dans plusieurs
situations, et d'ailleurs le gouvernement, actuellement, devrait se soumettre à l'idée de ma formation politique, notamment en ce qui concerne les juges de la Cour suprême et du Sénat, des sénateurs québécois, d'amener le rapport au parquet de la Chambre afin que l'ensemble de la députation
puisse en prendre connaissance. Je pense que c'est sage d'un gouvernement de faire ce genre d'action là,
et ça permet d'assurer que la démocratie s'exprime, M. le Président, parce que
c'est à l'Assemblée nationale que les décisions de la société québécoise
devraient être prises, et ça évite que l'arbitraire du gouvernement soit en
cause, M. le Président.
Et donc je
m'adresse au leader du gouvernement sur ce point, que, dans la majorité
des cas, on devrait venir au parquet
de la Chambre, et je constate qu'il entend bien ma recommandation et qu'il compte y donner suite. Donc, ceci étant dit, M. le Président,
j'ai formulé mon souhait, et peut-être le ministre des Affaires
intergouvernementales va-t-il l'exaucer.
Pour ce qui est du rapport, M. le Président,
notre formation politique va appuyer la motion qui est présentée aujourd'hui pour donner suite en intégralité aux conditions qui sont proposées dans
le rapport. Je tiens d'ailleurs à remercier Me Michel Bouchard, Mme Paulin ainsi que l'honorable André Rochon, Me
André Rochon, qui était juge à la Cour d'appel, pour leur travail dans le cadre... le sérieux travail qu'ils ont fait
dans le cadre du rapport. Donc, on le disait, le travail qui est exercé par les procureurs de la couronne, les
procureurs aux poursuites criminelles et pénales, c'est un travail qui est
sérieux et qui entraîne de lourdes conséquences. Donc, c'est important
d'avoir toute l'indépendance requise.
Ceci étant
dit, l'historique, M. le Président, et vous le noterez, avant 1962, les procureurs
de la couronne étaient à temps partiel et obtenaient des mandats à la
pièce de la part du gouvernement. Donc, ça affectait véritablement leur indépendance. Et, au cours des années, en 1969, on
a adopté la première loi qui a fait en sorte de permanentiser les procureurs
de la couronne, le fait de leur permettre
d'avoir une stabilité et le fait qu'ils soient libres de toute influence politique,
et je pense qu'on a un bon exemple aujourd'hui de l'importance de la nécessité de
l'indépendance à la fois dans nos corps policiers, à la fois au niveau des procureurs aux poursuites criminelles
et pénales, afin qu'ils aient tout le loisir de porter les accusations
et qu'il n'y ait aucune influence politique.
Et on a
migré, mais il faut quand même, M. le Président, travailler sans relâche à
assurer cette indépendance-là, de séparer
la politique du dépôt d'accusations. Je pense que c'est fondamental d'assurer
toute la liberté possible et que les procureurs
n'aient aucune crainte de déposer des accusations à l'endroit du monde
politique, parce que personne n'est au-dessus
des lois, M. le Président, et c'est le ciment de notre démocratie, que la
justice puisse s'exercer. Et, au Québec, ça nous prend une justice forte, M. le Président, et une justice qui est
solide. Et on constate que, dans l'univers de la justice présentement,
ça a été un parent pauvre, ça a été négligé au cours des nombreuses années, et
on le constate encore aujourd'hui avec le dépôt du budget.
Les crédits
budgétaires pour le ministère de la Justice ne sont pas à la hauteur de ce
qu'ils devraient être, parce qu'il y
a énormément de lacunes. On se retrouve dans une situation où les tribunaux
sont engorgés, les procureurs sont surchargés.
On a annoncé, l'automne dernier, un plan de restructuration au niveau du
Directeur des poursuites criminelles et pénales, et j'ai demandé,
d'ailleurs, un mandat d'initiative à cet effet-là afin d'entendre la directrice
des poursuites criminelles et pénales à
l'Assemblée nationale. Donc, Me Murphy est venue, au mois de novembre dernier à
l'Assemblée, répondre aux questions
et elle a indiqué, Me Murphy, qu'elle avait reçu une demande du Conseil du
trésor de procéder à des coupures
budgétaires, de dégager environ 4 millions de dollars, et notamment la
restructuration permettait d'économiser environ 2,2 millions de
dollars.
Donc, c'est assez particulier, M. le Président,
de dire : On compresse le ministère de la Justice, on compresse le Directeur des poursuites criminelles et
pénales. Ça prend des ressources pour réaliser la mission. Ce n'est pas une
rentrée d'argent pour le
gouvernement, mais c'est un mal nécessaire, M. le Président. C'est un mal nécessaire parce que,
si on veut des institutions fortes, il
faut s'assurer de les financer adéquatement. Et, en ce sens-là, je
pense que collectivement on
doit s'assurer que le ministère de la Justice ait les outils pour assurer sa
mission première, parce que ce n'est pas n'importe quel ministère, M. le
Président, le ministère de la Justice. Et le rôle du Procureur général, c'est
un rôle de conseil, un rôle de gardien aussi
de l'ordre public québécois, et je pense qu'on est dans un État de droit, et il
faut s'assurer que, dans le cadre de
cet État de droit là, on puisse faire respecter le droit et qu'il soit
applicable à tout le monde de la même façon, M. le Président.
J'aurais un
commentaire également, M. le Président, relativement aux conditions de travail
qui sont données au Procureur général, aux individus qui travaillent au
Procureur général mais sur le volet civil, parce que, vous savez, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a été
créé pour séparer la fonction... dans le fond, pour créer une distance entre le Procureur général du Québec, qui est
également le ministre de la Justice dans ce gouvernement que l'on a présentement, mais pour assurer aussi...
L'exercice qui est fait par les procureurs de la couronne, c'est un exercice de
la prérogative du Procureur général
du Québec au niveau criminel et pénal. Ceci étant dit, il y a tout un pendant
de l'autre côté, au niveau civil.
Donc, les procureurs, au niveau civil, exercent aussi la compétence déléguée du
Procureur général du Québec, et je
pense que c'est important aussi de ne pas négliger aussi l'important travail
qu'ils font aussi, parce qu'ils exercent ce rôle au nom du Procureur
général et ils doivent aussi avoir une indépendance et des conditions de
travail associées à l'importance de leurs fonctions.
Et ça m'amène
également à vous parler, M. le Président, des procureurs de l'aide juridique,
M. le Président, parce que, vous
savez, dans les contrats de travail collectifs, il y a généralement une clause
remorque avec les procureurs de l'aide
juridique. Mais il y a une chose qu'il est important de comprendre, M. le
Président, c'est que l'État, lorsqu'il rémunère ses procureurs, au niveau des procureurs du
Directeur des poursuites criminelles et pénales, il assure... ils ont une
mission d'accuser, de porter des
accusations, une responsabilité qui est très grande, mais c'est l'exercice du
rôle de l'État en tant que poursuivant, et, de l'autre côté, collectivement, on
s'est donné un système, avec la Commission des services juridiques, avec
l'aide juridique, qui fait en sorte qu'on
assure d'avoir des procureurs permanents dans le réseau qui, eux, viennent
défendre les personnes les plus
vulnérables qui sont accusées par l'État. Et le droit à une défense pleine et
entière, M. le Président, ça passe aussi par le fait que ces avocats-là qui
sont mis à la disposition des citoyens du Québec qui se retrouvent
accusés d'une infraction criminelle, bien,
ils puissent également exercer leur travail en toute indépendance et qu'ils
peuvent aussi réaliser la meilleure représentation de leurs clients.
Et
je pense aussi que c'est important de le souligner, les gens qui bénéficient de
l'aide juridique, c'est des gens... vous
connaissez les barèmes financiers pour en bénéficier, ce sont des gens qui ont
moins de revenus, ce sont des gens aussi
qui s'adressent aux procureurs de l'aide juridique et qui parfois sont dans une
situation vulnérable, et c'est le rôle aussi de l'État québécois de s'assurer que, lorsqu'il y a un débat devant les
tribunaux, bien, les gens puissent faire face aux accusations à armes égales parce que... pour éviter toute dérive
possible, M. le Président. Donc, fondamentalement, nous devons garder ça à l'esprit aussi que, d'un
côté, l'État, par le biais de ses procureurs de la couronne, se fait le gardien
du droit et de la justice sur le territoire
québécois, mais que, de l'autre côté, on doit assurer aussi des garanties
procédurales aux accusés, aux Québécois qui bénéficient des services
d'un procureur de l'aide juridique.
Donc, M. le
Président, ma formation politique va donner son accord et va appuyer le rapport
qui a été déposé relativement à la
rémunération et aux autres conditions de travail des procureurs du Directeur
des poursuites criminelles et pénales. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Borduas. Y a-t-il d'autres intervenants sur soit l'amendement ou la
motion présentée par Mme la ministre de la Justice?
Des voix :
...
• (11 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Vous n'avez pas le goût? M. le député de
Saint-Laurent, M. le leader adjoint du gouvernement, vous voulez que je vous
cède la parole? Ça va aller?
Est-ce
qu'il y a un droit de réplique que vous souhaitez exercer, Mme la ministre?
Alors, pour un droit de réplique, Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée (réplique)
Mme
Vallée : Brièvement, M. le Président. D'abord, je tiens à
remercier les collègues pour leur appui au dépôt des recommandations. Je comprends et j'ai pris bonne note des
préoccupations soulevées par les collègues. On aura la chance, au cours des prochaines semaines,
d'échanger dans le cadre des crédits budgétaires, mais je tiens encore une fois
à leur réitérer toute l'importance que j'accorde à la question notamment des
délais dans le traitement des dossiers au criminel.
Et je profite de cette tribune-là simplement pour réitérer que, lundi, à
Montréal, il y aura une table justice que je préside, à laquelle participe la magistrature, à laquelle participe
la Directrice des poursuites criminelles et pénales, le Barreau du Québec, donc un représentant de
l'association des procureurs de la défense, la Chambre des notaires également,
quoique, dans les dossiers criminels, il y a peut-être moins d'impact pour les
membres de la Chambre des notaires.
Bref,
les intervenants du milieu judiciaire sont convoqués. Nous aurons l'opportunité
de passer plusieurs heures à discuter
tout particulièrement de ce dossier-là. Parce que la question des délais en
matière criminelle, ce n'est pas que l'affaire
du gouvernement, c'est l'affaire de l'ensemble des intervenants. Alors, nous
devons revoir nos façons de faire. Nous
devons aussi innover dans notre façon de faire les choses. Et c'est sur cette
piste d'innovation que nous allons entamer nos travaux.
Donc,
je veux simplement rassurer les collègues, c'est un dossier qui nous interpelle
et qui doit nous interpeller. Et,
oui, la justice doit avoir toute l'importance que nous devons lui accorder,
nous travaillons sur des pistes de solution, des éléments intéressants, notamment pour l'accès à la justice, pour
l'amélioration des délais dont je vous ai parlé. Tout simplement
rassurer les collègues.
Aujourd'hui,
nous traitons de ce dossier tout particulier, qui est la rémunération des
procureurs, qui s'est inscrit dans un
contexte aussi qui était fort particulier et qui démontre... et le rapport
souligne aussi toute l'importance du caractère apolitique de la
fonction. Le collègue de Borduas le mentionnait, la collègue de Joliette le
mentionnait. Justement, ce caractère
apolitique commande à chaque procureur... les empêche, en fait, de militer dans
quelque formation politique que ce soit. Alors, cette fonction toute
particulière empêche des procureurs de militer politiquement, empêche de se présenter, par exemple, à un poste électif. Et
c'est une obligation qu'on ne retrouve pas ailleurs, qu'on retrouve pour les
membres de la magistrature, mais qu'on ne retrouve pas ailleurs et qui est
quand même très importante.
Et
je dois vous dire que les équipes du Directeur des poursuites criminelles et
pénales exercent leurs fonctions en
toute indépendance depuis toujours, mais tout particulièrement depuis l'entrée
en vigueur de la Loi sur le Directeur des poursuites criminelles et
pénales, qui a été adoptée ici, dans cette Assemblée, et qui établit très
clairement ce rôle indépendant, cette
fonction qu'occupent les procureurs dans nos institutions et cette institution
qu'est le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Alors,
je vous remercie, M. le Président, je remercie les collègues pour leur
collaboration et, encore une fois, je remercie les membres du comité
pour un travail rigoureux et fort sérieux. Et j'invite les collègues de
l'Assemblée qui n'ont peut-être pas eu le
loisir de prendre connaissance de l'ensemble du rapport... prendre le temps de
le lire dans un autre contexte. Et ce rapport est très instructif sur la
fonction des procureurs aux poursuites criminelles et pénales. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Justice, pour cette réplique. Cela met un terme au débat.
Mise aux voix de
l'amendement
Alors, je vais mettre aux voix l'amendement
présenté par Mme la ministre.
Que la motion inscrite à l'article 61 du
feuilleton soit amendée de la façon suivante :
À la dernière ligne, remplacer «2,25 %» par
«2,5 %».
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté.
Mise aux voix de la
motion amendée
Je vais maintenant mettre aux voix la motion
telle qu'amendée. La motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale :
«Approuve et
fasse siennes l'ensemble des recommandations et justifications contenues au
rapport du Comité de la rémunération
des procureurs aux poursuites criminelles et pénales pour la période 2015‑2019,
déposé devant l'Assemblée nationale
le 6 octobre 2015 par la ministre de la Justice, en précisant toutefois
qu'il sera modifié à la recommandation 1 de la manière suivante, pour le motif exposé dans la lettre du président de
ce comité déposée devant l'Assemblée nationale le 15
mars 2016 :
«Que les taux et échelles de traitement au
31 mars 2015 soient majorés de l'ordre de 10 %, sans indexation additionnelle reliée au coût de la vie, et
d'étaler l'augmentation recommandée sur les quatre années visées, et ce, de la
façon suivante tel qu'illustré ci-après :
«2,5 % au 1er avril 2015 (laquelle
s'ajoute à l'ajustement de 1 % versé au 31 mars 2015);
«2,5 % au 1er avril 2016 (des échelles
de traitement au 31 mars 2016);
«2,5 % au 1er avril 2017 (des échelles
de traitement au 31 mars 2017);
«2,5 % au 1er avril 2018 (des échelles
de traitement au 31 mars 2018).»
Alors, cette motion, telle qu'amendée, est-elle
adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Oui, merci, M.
le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 22, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 89
Prise en considération
du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 22 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des
institutions sur le projet de loi n° 89, Loi visant à assurer une
meilleure concordance entre les textes français et anglais du Code civil.
Alors, je cède la parole maintenant à nouveau à Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Donc, merci, M. le Président. C'est évidemment avec grand plaisir que je
participe à l'étape de la prise en
considération du rapport de la Commission des institutions sur le projet de loi
n° 89, donc cette loi qui vise à assurer une meilleure concordance entre les textes français et anglais du Code
civil, dont nous avons complété l'étude détaillée le 10 mars
dernier.
C'est un
projet de loi qui vise à corriger les discordances qui atteignaient
l'efficacité normative du texte anglais qui était fort attendu, notamment par la communauté juridique
anglophone. L'adoption du projet de loi va permettre de supprimer des difficultés d'interprétation et
ainsi d'éviter ces débats qui sont fondés sur les différences entre les textes
français et anglais de notre Code civil. Il s'avère essentiel que soit établi
un meilleur dialogue entre les deux langues d'expression du Code civil pour le
grand bénéfice des citoyens et des entreprises du Québec.
Les
propositions de modifications ont été élaborées, pour l'essentiel, sur la base
des consensus atteints dans le cadre
d'un travail colossal mené par le ministère de la Justice du Québec en étroite
collaboration avec le comité conjoint du
Barreau du Québec et de la Chambre des notaires du Québec ainsi qu'avec les
traducteurs de l'Assemblée nationale. Je tiens d'ailleurs à remercier,
M. le Président, toutes les personnes qui ont mis leur expertise au service de
ce travail rigoureux et qui ont participé
aux échanges et aux consultations afin d'assurer la concordance entre la
version française et anglaise du Code
civil, tout particulièrement Me Casper Bloom, Me Edmund Coates, les
membres du comité conjoint du Barreau du Québec et de la Chambre des notaires, Me Lyne
Martineau, Me Pierre Charbonneau et M. Donald Breen, du
ministère de la Justice; des travaux se sont échelonnés sur plusieurs
décennies.
Alors, le
projet de loi a été présenté à l'Assemblée nationale le 16 février, le
principe, adopté le 23 février, et l'étude détaillée s'est complétée le 10 mars, donc les travaux se sont
déroulés rondement. Je tiens à remercier tous les collègues de l'Assemblée nationale qui ont participé, la
collègue de Joliette, la députée de Montarville, le député de Borduas, les
collègues de notre formation politique qui
se sont succédé à la Commission des institutions et évidemment le président
de la Commission des institutions. Je tiens
à remercier les collègues, M. le Président, non seulement pour la façon dont
se sont déroulés nos échanges, qui à la
Commission des institutions et en commission parlementaire sont toujours
courtois, mais aussi, surtout, pour
les bonifications que ces échanges ont permis d'apporter à un projet de loi et
qui permettront, encore une fois,
d'améliorer la qualité de notre texte. Et c'est cet esprit-là qui doit toujours
être mis en place lors des travaux parlementaires.
Donc, au
nombre des bonifications, M. le Président, nous avons, grâce à l'intervention
des collègues, assuré que le concept de vie commune, donc, soit traduit
de la même façon à travers les différents articles du code. Alors, la «community of life», comme on l'a traduit, c'était...
des observations de l'oeil de lynx de la collègue de Joliette nous ont amenés à constater que la vie commune était
décrite de façon subtile mais différente à certains articles, et nous avons
apporté des amendements pour venir corriger ces distinctions.
• (11 h 50) •
Il y a
également toute la question de l'utilisation des pronoms personnels dans le
Code civil, donc le «he» ou le «she»,
suivant le concept. Est-ce qu'il s'agissait d'un dossier d'adoption? Est-ce
qu'il s'agit d'un concept de vie commune? Alors, l'utilisation des pronoms masculins, féminins, les pronoms genrés
sera faite et une opération de mise à jour sera effectuée à travers le processus de refonte, qui est prévu à l'article 3
de la Loi sur le Recueil des lois et des règlements du Québec. Mais, encore une fois, ce sont les
commentaires des collègues qui ont porté à notre attention cette situation qui
devait, à notre avis, être corrigée pour éviter toute forme de discrimination
dans notre texte de loi.
Alors, je
tiens à remercier également, M. le Président, les traducteurs de l'Assemblée
nationale qui nous ont prêté main-forte, parce qu'évidemment, parfois,
l'utilisation d'un terme dans une langue qui n'est pas la nôtre, dans une langue seconde, suscite certaines interrogations.
Et je tiens à remercier Mme Lena Day et Mme Catherine Morin, qui se sont
jointes à nous de façon toute discrète mais très efficace.
Et, M. le
Président, je tiens à rappeler qu'au terme de l'exercice de révision de notre
Code civil et de la version anglaise
il y a plus de 4 000 modifications qui ont été apportées dans près de
2 000 articles du Code civil. Et ces modifications, il ne s'agit pas que des modifications de forme,
mais il y a aussi des modifications qui ont été intégrées dans les mises
à jour du recueil... aux lois et aux
règlements pour ce qui était des modifications de forme, mais les modifications
de fond qui restaient et dont nous
avons discuté en commission parlementaire touchaient quand même 370 articles et
intitulés du Code civil, et le travail s'est fait de façon efficace,
rigoureuse et sérieuse.
Donc, M. le
Président, c'est donc avec assurance et grâce aux travaux parlementaires qu'il
y a maintenant... ou qu'il y aura maintenant une meilleure concordance
entre les versions anglaise et française de notre Code civil, ce qui devrait, nous l'espérons, diminuer les difficultés
d'interprétation, puisqu'il y a maintenant une adéquation entre les textes.
Et cet exercice nous démontre l'importance,
pour la stabilité de notre droit civil, d'assurer que nos textes français et
anglais soient de qualité
équivalente, et que nos textes anglais et français ne suscitent pas de
controverse quant à l'interprétation, parce
qu'il en va de la stabilité de notre droit civil, cette spécificité qui est la
nôtre et que nous devons protéger. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Justice, pour cette intervention. Je cède la parole
maintenant à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Alors, je suis heureuse, à mon tour, de prendre la
parole, brièvement, à l'étape de la
prise en considération du rapport de la commission qui a siégé quand même
pendant plusieurs séances. C'était un travail
rigoureux qui a demandé de nombreuses heures, moins d'heures qu'un autre projet
de loi célèbre qui occupe les jours
et peut-être même les nuits de la ministre de la Justice à l'occasion, le
projet de loi n° 59, mais, en ce qui nous concerne, ça a pris un
bon nombre d'heures, mais je pense que les choses se sont faites correctement.
Donc, le
projet de loi n° 89, Loi visant à assurer une meilleure concordance entre
les textes français et anglais du Code
civil, la ministre a bien exposé ce qui était l'enjeu du projet de loi. C'était
donc un projet de loi assez technique, parce
que l'idée, c'était de venir apporter des corrections à la version anglaise
essentiellement du Code civil, où il n'y avait pas une parfaite concordance dans les libellés dans les termes utilisés
entre la version française et anglaise du Code civil, et évidemment ce n'était pas sans risque pour la
stabilité de notre droit avec les problèmes d'interprétation et les
contestations qui pouvaient découler de ces problèmes de concordance.
Et je l'ai
dit lorsque nous avons fait l'adoption de principe du projet de loi, mais je
suis témoin que ce sont des corrections,
c'est un chantier qui est en marche depuis de très nombreuses années, nous
pouvons dire des dizaines d'années. En
fait, il est en marche depuis pratiquement l'adoption du nouveau Code civil au
début, donc, des années 90, avec son entrée
en vigueur en 1994. Parce que, lorsque j'étais attachée politique du ministre
de la Justice Serge Ménard, à la fin des années 90, je dois dire que je crois que ce n'est pas la première
semaine où nous étions en poste, ce n'est pas loin de ça, j'avais reçu... c'est-à-dire que le ministre avait
reçu une correspondance de Me Casper Bloom, donc, de la communauté juridique
anglaise de Montréal, qui demandait à ce qu'on se penche sur toute la
question de la traduction et de la version anglaise du Code civil.
Alors, juste pour vous dire que ça doit faire près de 17, 18 ans de ça.
Alors, il y a eu beaucoup de temps
d'investi, il y a des gens qui croyaient vraiment
à l'importance de ça, et je pense qu'ils avaient raison parce que,
par le travail qu'on a fait, on a pu voir à quel point il y avait
effectivement plusieurs problèmes de concordance, parce que ce sont des centaines d'articles quand
même qui ont été modifiés avec le travail qu'on a fait à travers le projet de
loi n° 89. Je pense que le travail s'est bien fait au cours des années, c'est-à-dire
d'impliquer la communauté juridique anglophone,
qui se sentait directement concernée, avec le barreau de Montréal
notamment, le Barreau
du Québec et, bien sûr,
avec le concours du ministère de la
Justice et des experts légistes du ministère
qui avaient travaillé sur le code. On a même fait revenir quelqu'un qui était à la retraite pour venir assister la ministre
pendant les travaux. Donc, ce n'est pas rien, je pense qu'il y a eu des
gens très dédiés à tout ce travail-là.
Alors, on l'a bien
fait. Au début, des fois, on se dit : Mon Dieu! C'est un projet de loi tellement
technique, est-ce qu'on va vraiment
pouvoir apporter une plus-value?, mais c'est toujours important de se
pencher sérieusement sur chaque
projet de loi qui nous est soumis parce que,
oui, on ne le rappellera jamais assez, c'est aux législateurs que revient cette tâche absolument fondamentale dans
notre démocratie d'étudier, d'analyser, d'aller au fond des choses pour chacun
des projets
de loi, et ce n'est pas l'apanage de
l'exécutif et du gouvernement. Et nous avons donc étudié chaque article, nous
y avons mis le temps. Et la ministre et toute son équipe ont répondu avec beaucoup
d'ouverture et de disponibilité
à l'ensemble de nos interrogations. Et, oui,
nous avons réussi, comme la ministre l'a mentionné, à obtenir des amendements.
Et, en fait, «réussir», ce n'est pas nécessairement le mot, parce qu'on
travaillait vraiment dans un esprit de collégialité. Donc, on voulait avoir le meilleur projet de loi
possible, et, si on se rendait compte
qu'il restait des discordances, bien, c'était
important, donc, de s'en occuper. Alors, c'est vrai qu'on en a découvert, en
travaillant, certaines supplémentaires, et encore une fois je veux remercier la ministre
de son ouverture, d'avoir accepté, donc, de considérer les
problèmes que nous avons soulevés et
d'avoir apporté les amendements en
conséquence, notamment
pour la question de la vie commune.
Je
veux aussi la remercier parce que, quand on est ministre de la Justice, on a
pas mal de marrons sur le feu et de projets
de loi possibles, et elle a décidé de
prendre ce projet de loi, d'en faire une priorité, de l'amener, même si ça
requiert à chaque fois plusieurs
étapes, en Chambre, de travaux, beaucoup de temps d'investi. Et ce n'est pas un
projet de loi qui est très politique,
ce n'est pas un projet de loi qui fait la manchette des médias, mais c'est un
projet de loi qui était très important
parce que le Code civil du Québec est notre instrument fondamental, l'assise
première de notre droit civil, et donc
de pouvoir limiter les problèmes d'interprétation et de s'attaquer à cette
tâche-là, c'était quelque chose d'important. Donc, je veux la remercier
d'avoir décidé d'y consacrer des énergies dans son horaire chargé.
Je
veux aussi remercier toute son équipe, tous les légistes, toute l'équipe du
ministère de la Justice, qui a très bien accompagné la ministre, les
gens de son personnel, de son cabinet, les députés, les collègues du parti
ministériel qui nous ont accompagnés pendant
plusieurs séances et, bien entendu, mon collègue le porte-parole de la deuxième
opposition en matière de justice, le
député de Borduas, qui a aussi fait un très bon travail, et la députée de
Montarville, qui est venue à la toute fin passer quelques heures avec
nous. Je pense qu'on peut être fiers de ce travail très rigoureux qu'on a fait ensemble dans un esprit de collégialité pour avoir
la meilleure version anglaise possible du Code civil et surtout avoir le
meilleur Code civil possible, avec toute la stabilité qu'il doit incarner.
Merci beaucoup, M. le Président.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Joliette, pour cette intervention. M. le député de Borduas, à vous la
parole.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Merci, M. le Président. Bien, je suis heureux d'intervenir sur l'adoption du
rapport de la commission, donc, Loi visant à assurer une meilleure concordance
entre les textes français et anglais du Code civil.
D'abord,
M. le Président, vous me permettrez de remercier l'ensemble des intervenants
qui ont participé à l'étude du projet
de loi, en premier lieu Mme la ministre de la Justice, ma collègue de
l'opposition officielle en matière de justice, la députée de Joliette, les collègues qui se sont joints à nous
également. Également un merci spécial à Me Pierre Charbonneau, qu'on a fait sortir de sa retraite pour le projet
de loi, ainsi que Me Lyne Martineau, donc, les gens du cabinet de la ministre,
les gens du ministère de la Justice qui
l'ont accompagnée ainsi que l'ensemble des membres du personnel du ministère
de la Justice, des traducteurs de
l'Assemblée nationale qui étaient présents ainsi que la sonorisation et la
télévisuelle, et le secrétaire de la commission également. Je tiens
également à remercier, M. le Président, le Barreau et la Chambre des notaires
pour le travail qu'ils ont effectué dans le cadre de la rédaction du projet de
loi.
Donc,
le projet de loi soulevait certaines incohérences de fond entre la version
anglaise et française, M. le Président, et je pense que c'est vraiment un questionnement qu'on se devait de
régler, notamment sur le Code civil du Québec. Mais ça pose une question, qui est un peu plus ouverte
qu'uniquement sur la question du Code civil du Québec, entre la version anglaise et française, M. le Président : on
n'a pas de révision perpétuelle de nos lois au Québec. Et donc ce
questionnement-là vient à être
soulevé : Comment est-ce qu'on fait pour réconcilier, devant le tribunal,
les versions anglaise et française? Et
là c'est le tribunal qui vient interpréter les deux versions et peut s'éloigner
peut-être un peu de l'intention véritable du législateur.
Donc,
on doit avoir un souci, M. le Président, lorsqu'on adopte nos lois, de
s'assurer que la concordance entre les
versions anglaise et française soit la plus proche possible de celle que le
législateur souhaite. Parce qu'on ne veut pas se retrouver dans une situation, nécessairement, où on s'éloigne de
l'interprétation qu'on voulait donner, et ça relève tout de même de la souveraineté parlementaire de dicter ce
que la loi dit. Et j'aurais tendance à vous dire : Indiquons clairement,
dans nos lois, ce que nous souhaitons, comme ça, ça va assurer que ça
soit très clair.
Un autre élément, M. le Président, à
souligner : je pense que la commission parlementaire sur le projet de loi
n° 89 a démontré l'importance
d'étudier les projets de loi en étude détaillée. Donc, c'est fondamental qu'on
prenne toujours le temps, peu importe
le projet de loi, qu'il soit long, qu'il soit court, qu'il soit volumineux ou
non, de passer en commission parlementaire
et, plus souvent qu'autrement, aussi d'entendre les groupes pour avoir leurs
commentaires par rapport au dépôt du projet de loi.
Je
pense qu'on l'a bien relevé. Ma collègue de Joliette l'a fait à juste titre,
notamment sur la «community of life». De
l'étudier en détail, ça nous a amenés à constater qu'il y avait peut-être
certaines interprétations, certaines coquilles, certaines propositions qui n'étaient pas nécessairement en ligne directe
avec ce que l'on souhaitait faire. Donc, je pense que le fait de réfléchir à plusieurs autour d'une
table aussi, on peut tous apporter notre expertise, notre opinion puis un
souci de réflexion.
Donc,
notre formation politique va appuyer le projet de loi n° 89, et je
remercie tous les intervenants, M. le Président, qui ont participé au
projet de loi. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Borduas, pour cette intervention. Y a-t-il d'autres intervenants sur le
rapport de la commission?
Mise aux voix du rapport
S'il
n'y en a pas, le rapport de la Commission des institutions sur le projet de loi
n° 89, Loi visant à assurer une meilleure concordance entre les
textes français et anglais du Code civil, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, je vous demanderais de suspendre
nos travaux jusqu'à 16 heures afin de permettre la lecture du budget par
le ministre des Finances.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je suspends les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 16 heures cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 4)
(Reprise à 16 h 3)
Le Président :
Merci. Mesdames messieurs, veuillez vous asseoir. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Je vous demanderais de reconnaître M. le ministre des Finances, s'il vous plaît.
Affaires prioritaires
Discours sur le budget
Le
Président : Alors, M. le ministre des Finances prononcera maintenant le discours sur le budget. M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci. M. le Président. Aujourd'hui, notre gouvernement dépose son troisième budget. Ce budget
marque une étape majeure dans la réalisation de nos engagements en matière de
gestion des finances publiques et de développement économique.
Nous
avons remis la maison en ordre.Avec ce budget, nous nous redonnons les moyens
d'accompagner l'ensemble des Québécois
dans une société et une économie en transformation afin de bâtir un Québec
moderne et prospère.
Je
suis fier de confirmer aujourd'hui que, pour l'année financière 2015‑2016,
le Québec a recouvré l'équilibre budgétaire. Je suis aussi fier, M. le Président, d'annoncer que, pour un deuxième exercice financier consécutif, soit
pour l'année 2016‑2017,
le gouvernement du Québec dépose un budget équilibré. Et ça, M. le Président, pour la première fois depuis mars 2008, un gouvernement québécois
dépose deux budgets équilibrés consécutifs.
L'objectif
que nous nous étions fixé a été atteint en raison de la bonne tenue de nos
revenus et du contrôle des dépenses.
Ces
résultats ont été obtenus grâce à un effort collectif. Je tiens à souligner le
rôle joué par tous les Québécois
dans cette reprise en main des finances de l'État.
Ce sont tous les Québécois qui vont profiter des bénéfices de cet effort.
Je tiens également
à remercier tous les collègues du gouvernement, et particulièrement, M. le
Président, le président du
Conseil du trésor et maintenant
ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique, le député de Nelligan,
qui a fait un travail extraordinaire, M. le Président, au cours des 20 derniers mois. Et, bien sûr,
aussi, M. le Président, je tiens à remercier le nouveau président
du Conseil du trésor, le député de Louis-Hébert. On va continuer de travailler ensemble
pour l'avenir du Québec. Je veux aussi remercier l'équipe du ministère des Finances et tout le personnel de mon cabinet pour le travail accompli au cours des deux
dernières années. Ce budget, comme les précédents, n'est pas le fruit du
travail d'un seul homme mais le produit de toute une équipe dont je veux
souligner ici les efforts et l'engagement.
Permettez-moi
aussi, M. le Président, de vous dire que, bien sûr, pour accomplir ce
que nous avons accompli, ça nous
prend un bon équipage pour que le bateau puisse arriver à bon port, dans des
eaux plus calmes, ça prend des pilotes expérimentés,
bien sûr, mais ça prend surtout, surtout un capitaine
aguerri, un capitaine déterminé, et, M.
le premier ministre, vous avez
aidé depuis le jour 1 à accomplir cette tâche, et je tiens à vous
remercier de tout votre support.
Alors, le
rétablissement de finances publiques saines et équilibrées était essentiel pour que
notre prospérité repose sur des
fondations solides. À partir de cette base indispensable, nous poursuivons et
nous accélérons le plan économique engagé lors du dernier budget.
Notre plan
économique est clair. Il s'agit : de mieux former; d'innover; de tirer
profit de la transition vers une économie plus sobre en carbone; et
d'attirer, de développer et de retenir les meilleurs talents.
L'économie
québécoise se transforme et se modernise. Elle doit également s'engager dans
une transition vers une économie plus sobre en carbone. Ce plan vise à
accompagner l'ensemble des Québécois et les entreprises dans cette transformation, en soutenant de façon prioritaire
l'éducation, l'innovation et la productivité, et en stimulant l'investissement
privé. Nous agissons sur les déterminants structurels qui freinent la
croissance économique du Québec.
Nous nous
sommes redonné la liberté de faire nos propres choix. Nous intensifions nos
investissements dans les infrastructures, notamment en éducation. Nous
renforçons le financement des services publics et, en premier lieu, le financement des services d'éducation et de santé.
Nous accélérons nos efforts pour réduire le fardeau fiscal des particuliers,
soutenir les familles et encourager la
participation au marché du travail. Nous accompagnons une économie en transformation en favorisant l'investissement
privé grâce à un ensemble d'initiatives concernant notamment le secteur manufacturier, l'innovation, le savoir et les
technologies propres. Ces initiatives profiteront à toutes les régions du
Québec.
Avant tout,
nous misons sur le talent des Québécois. Nous sommes en effet convaincus de la
capacité des Québécois à s'approprier les transformations en cours et à
en tirer pleinement parti.
Je dépose aujourd'hui la politique budgétaire
pour l'exercice financier 2016-2017.
Je demande le consentement de l'Assemblée
nationale pour déposer les documents suivants : les tableaux présentant les résultats préliminaires des
opérations budgétaires consolidées pour 2015-2016 et les prévisions des
équilibres financiers pour 2016-2017.
Je dépose
également le Plan économique du Québec et les documents l'accompagnant, qui
font partie intégrante du budget. (Voir annexes).
Documents déposés
Le
Président : Est-ce
qu'il y a consentement pour le dépôt? Et, si oui, est-ce
que ce sont là tous les documents que
vous comptez déposer? Sinon, je vais demander un consentement global, à la fin peut-être
du discours du budget, pour
qu'il y ait un consentement total.
• (16 h 10) •
M. Leitão : C'est l'ensemble de
l'oeuvre.
Le Président : C'est
l'ensemble de l'oeuvre? Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Des voix : Consentement.
Le Président : Consentement.
Consentement, M. le ministre.
M. Leitão : Merci, M. le Président.
Le Président : Veuillez
poursuivre.
M.
Leitão : Alors, le budget
2016-2017 est le budget confirmant le retour à l'équilibre budgétaire, et
l'équilibre sera durable. Pour
reprendre une image chère au premier ministre, notre bateau a traversé avec
succès une mer agitée, et nous
atteignons maintenant des eaux plus tranquilles. Ce n'est pas seulement
une image chère au premier ministre, mais chère à moi aussi, étant donné mes
ancêtres qui étaient des navigateurs redoutables.
En juin 2014, quelques semaines après que les
Québécois nous eurent accordé leur confiance en nous portant au pouvoir, nous présentions un plan exigeant pour
assainir les finances publiques et accélérer le développement économique.
Nous avions chiffré alors à 7,6 milliards de dollars les efforts à réaliser
pour trouver l'équilibre budgétaire.
Le retour à l'équilibre budgétaire n'est pas un
exercice purement comptable. Ce plan s'imposait en raison du poids croissant de la dette et des changements
démographiques qui nous affectaient déjà. Nous nous sommes attaqués aux
causes du déséquilibre persistant des finances de l'État québécois.
Les résultats
obtenus peuvent être illustrés en quelques chiffres. Le contrôle des dépenses a
été exemplaire. La croissance des
dépenses de programmes avait atteint 3,3 % en 2013‑2014.
Nous avons réussi à la réduire à 1,6 % en 2014‑2015 et puis à la
maintenir à 1,7 % en 2015‑2016. Il s'agit, M. le Président, d'un résultat
remarquable lorsqu'on se souvient des hausses difficilement soutenables des dépenses
observées dans le passé. Simultanément, les finances publiques ont bénéficié de la bonne tenue de nos revenus. La
maison est maintenant en ordre. Tous les Québécois ont consenti les efforts
nécessaires. Ils peuvent profiter de
finances publiques plus saines et plus solides, et le retour à l'équilibre
budgétaire a été effectué au bon moment.
En effet,
M. le Président, notre situation financière est enviable. Pour
l'année 2015‑2016, le Québec est la seule juridiction au
Canada, avec la Colombie-Britannique, à bénéficier d'un budget équilibré.
Nous devons maintenir
des finances publiques saines pour que l'action gouvernementale repose sur des
bases solides. Les cibles budgétaires
présentées aujourd'hui prévoient toutes le maintien de cet équilibre budgétaire
pour les cinq prochaines années financières, soit jusqu'en 2020‑2021.
Ces
bases sont d'autant plus solides que des ententes de principe sur le
renouvellement des conventions collectives avec les employés du secteur public ont été conclues avec plus de
90 % de ces employés, soit près de 500 000 personnes,
travaillant notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Ces
ententes négociées couvrent une période de cinq
ans. Elles assurent aux employés une croissance raisonnable de leur
rémunération, tout en respectant la capacité de payer des contribuables.
Il s'agit d'un cadre apportant de la stabilité et favorisant la croissance
économique.
Nous
avons également conclu un accord de partenariat avec les municipalités,
assurant la stabilité et la prévisibilité des revenus municipaux et
favorisant l'autonomie municipale.
Le
maintien de finances publiques saines implique par ailleurs la poursuite de la
lutte contre l'évasion fiscale et les planifications fiscales
agressives.
J'annonce
que, pour l'année 2016‑2017, le gouvernement investira 50 millions de
dollars pour intensifier la lutte contre l'évasion fiscale dans les
secteurs où les pertes fiscales demeurent importantes.
De
plus, le budget 2016‑2017 contient une série de mesures visant à bloquer
certaines planifications agressives affectant les municipalités et
concernant les droits sur les mutations immobilières.
En même temps que le
maintien de l'équilibre budgétaire, et comme nous nous y étions engagés, nous
allons poursuivre la réduction du poids de la dette en continuant les
versements au Fonds des générations. Je répète, M. le Président : En
continuant les versements au Fonds des générations.
Les
Québécois doivent se rendre compte que le service de la dette représente des
coûts de 30 millions de dollars par jour.
Cette année, il y a exactement 10 ans qu'un
gouvernement du parti libéral mettait en place le Fonds des générations.
Le fonds a permis au gouvernement de
réserver chaque année une partie de ses revenus à la réduction de la dette, et
cela, au bénéfice des générations futures.
En
fait, le Fonds des générations est la mesure d'équité intergénérationnelle la
plus puissante qu'un gouvernement ait jamais adoptée. Chaque versement
au Fonds des générations est effectué en pensant d'abord aux jeunes.
Les
résultats obtenus parlent d'eux-mêmes. Le Fonds des générations joue un rôle
essentiel dans l'effort engagé pour
réduire le poids de la dette. Dès cette année, le ratio de la dette brute par
rapport au PIB commencera à diminuer. Il se situera à 55 % du PIB
au 31 mars 2016.
En
vertu des objectifs fixés dans la loi, le ratio de la dette brute par rapport
au PIB ne devra pas dépasser 45 % en 2026. Les investisseurs et les
agences de notation reconnaissent que le Québec est sur la bonne voie.
J'annonce que nous
maintenons notre politique de réduction de la dette et qu'à cette fin nous
poursuivons les versements au Fonds des générations.
Nous
respectons ainsi notre engagement d'utiliser une partie de la marge de
manoeuvre recouvrée pour diminuer la
dette. Nous nous donnons ainsi la capacité d'investir davantage dans le
développement et le maintien de nos infrastructures.
En mars 2015, dans le
cadre du budget 2015‑2016, le gouvernement rendait public le Plan économique du
Québec. Nous poursuivons la mise en oeuvre
de ce plan ambitieux en nous appuyant sur nos bons résultats financiers pour
stimuler encore davantage la croissance économique et la création d'emplois.
Lors
du dernier budget, le gouvernement annonçait 3,4 milliards de dollars
d'investissement dans l'économie pour la
période 2015‑2020, dont 2,5 milliards de dollars pour des
allègements fiscaux au bénéfice des particuliers et des sociétés.
J'annonce
aujourd'hui que, dans le cadre du Plan économique du Québec et en tenant compte
des mesures déjà annoncées l'an
dernier, le gouvernement prévoit injecter 7 milliards de dollars dans
l'économie pour la période 2016‑2021,
dont 3,7 milliards de dollars par des allègements fiscaux au bénéfice des
particuliers et des sociétés.
Alors,
M. le Président, il ne faut pas se le cacher, l'économie mondiale
est marquée par l'incertitude. Malgré cela, l'environnement économique
du Québec reste favorable.
Le
Québec bénéficie directement de la baisse des prix du pétrole, qui profite à
nos entreprises et aux consommateurs. Grâce
à cette baisse, le coût de nos importations de pétrole brut a diminué de
4,7 milliards de dollars en 2015, par rapport à 2014.
La
baisse du dollar canadien et la croissance de l'économie américaine ont
également un effet positif sur notre économie.
Les entreprises québécoises sont plus compétitives sur ce marché en croissance.
Les exportations internationales ont augmenté pour atteindre un niveau
historique.
L'économie
québécoise est en croissance, une croissance modérée mais stable. La croissance
du PIB réel devrait passer de 1,1 % en 2015 à 1,5 % en 2016. De
2007 à 2015, le PIB réel par habitant a progressé de 2,7 % au Québec,
comparativement à 2,1 % en Ontario, M. le Président.
Cette
bonne tenue de l'économie québécoise se reflète dans le niveau de l'emploi.
Depuis 2014, le marché québécois de l'emploi a connu un revirement
complet.
• (16 h 20) •
De janvier à avril 2014, l'économie québécoise
avait perdu 32 500 emplois. Cette tendance s'est inversée à partir
de mai 2014. De mai 2014 à février 2016,
l'économie québécoise a créé 70 600 emplois, tous à temps plein, et cette
création d'emplois provient essentiellement du secteur privé.
Nous sommes
donc dans la bonne direction. Mais nous voulons aller plus loin. Le Québec va
mieux, mais nous allons faire encore
mieux. La transformation de l'économie s'accélère. L'économie du futur, c'est
une économie innovante, propre et
numérique, une économie mondialisée où la priorité est donnée au savoir. Cette
économie sera plus sobre en carbone,
les énergies fossiles étant graduellement remplacées par des énergies
renouvelables. Le Québec doit s'inscrire pleinement dans cette nouvelle économie et tirer parti des possibilités
qu'elle offre. Pour y parvenir, nous devons agir sur les déterminants
structurels qui freinent notre croissance économique.
C'est ce que nous faisons dans le cadre du Plan
économique du Québec en investissant prioritairement dans l'éducation et dans la formation pour favoriser
l'innovation et soutenir la productivité des entreprises. Nous appuyons en même temps la transition vers une économie plus
sobre en carbone. Le Plan économique du Québec contribue également à l'atteinte de nos objectifs de réduction des gaz
à effet de serre et à la lutte contre les changements climatiques. Nous mettons en place les leviers nécessaires pour
accompagner les travailleurs, l'ensemble des Québécois et les entreprises
dans cette économie en pleine transformation.
M. le Président, le Plan économique dont nous
poursuivons la mise en oeuvre comprend en premier lieu des initiatives concernant les dépenses
gouvernementales, soit le financement des infrastructures et les dépenses de
programmes.
J'annonce
donc 700 millions de dollars dans les infrastructures en faveur du secteur
de l'éducation. Alors, sur ce total de 700 millions :
300 millions de dollars résultent d'une bonification du Plan québécois des
infrastructures et 400 millions de dollars correspondent à des enveloppes
déjà prévues, mais non encore affectées, que nous attribuons maintenant à
l'éducation. La bonification du Plan québécois des infrastructures prend effet
dès cette année.
Ces
investissements supplémentaires serviront à la fois à améliorer l'état global des
équipements d'enseignement, principalement
primaire et secondaire, et à offrir de nouvelles installations sportives et
récréatives dans les écoles. Il faut que les équipements éducatifs
offerts aux jeunes Québécois soient en bon état et les incitent à se dépasser.
Dans ces investissements, un montant de
50 millions de dollars sera réservé aux infrastructures sportives et
récréatives municipales et scolaires, telles que les arénas et les piscines.
Au total, M.
le Président, au cours des 10
prochaines années, le gouvernement investira près de 90 milliards de dollars dans les infrastructures, ce qui aura un
impact direct sur la croissance économique et la création d'emplois dans
toutes les régions du Québec. Ce sont près
de 9 milliards de dollars que le gouvernement investira ainsi chaque année
dans l'amélioration et la modernisation de nos infrastructures.
Je voudrais souligner l'importance de ces
sommes. Par rapport au PIB québécois, le Québec investit près de quatre fois plus que le gouvernement fédéral par
rapport au PIB canadien. Le Plan québécois des infrastructures prévoit des investissements
considérables dans le réseau routier, dans la voirie locale, dans le transport
collectif, dans l'éducation — comme
mentionné — et dans la santé. En fait, les investissements
concerneront tous les secteurs d'activité. Et ils profiteront à
toutes les régions du Québec.
Ces
investissements importants du gouvernement du Québec seront bonifiés avec le
financement promis par le nouveau
gouvernement fédéral. Le gouvernement du Québec se réjouit de ce financement
supplémentaire, grâce auquel il sera possible d'aller plus loin dans
l'amélioration et la modernisation de nos infrastructures.
Dans les
projets que notre gouvernement va promouvoir auprès du nouveau gouvernement
fédéral, nous accorderons une grande importance aux besoins des
municipalités.
Je peux
annoncer que, dans le cadre des discussions concernant le financement des
infrastructures par les deux
gouvernements, le Québec veut prioriser deux infrastructures de transport en
commun essentielles pour la mobilité durable, soit le prolongement de la
ligne bleue du métro à Montréal et les autobus urbains rapides à Québec.
Plusieurs investissements dans les
infrastructures pourront être soutenus par les deux gouvernements afin de commémorer les fêtes du 375e anniversaire de
Montréal et du 150e anniversaire du Canada. C'est notamment le cas des
investissements concernant l'Oratoire Saint-Joseph et le Musée d'art
contemporain, à Montréal, ainsi que l'Institut nordique du Québec, à Québec.
Le nouveau gouvernement fédéral s'est engagé à
respecter les compétences du Québec. Cela signifie que ce financement
supplémentaire devra s'inscrire dans les priorités que nous aurons définies.
Il faudra de
plus que ce financement soit effectivement disponible dans les délais
acceptables. Pour cela, il importe que les modalités de transfert de
fonds fédéraux deviennent beaucoup plus simples et plus rapides.
Le respect
des compétences du Québec est crucial pour qu'une collaboration profitable à
tous s'établisse entre les deux ordres de gouvernement.
Le
gouvernement du Québec s'attend ainsi à ce que cette même approche de respect
et de collaboration prévale dans les discussions concernant le
financement de la santé.
Avec le
budget 2016-2017, le gouvernement annonce également un renforcement du
financement des services publics.
Une augmentation du taux... Excusez-moi.
Grâce à notre
gestion responsable des finances publiques, nous sommes en mesure de bonifier
la croissance des dépenses de programmes présentée en mars 2015.
Alors, j'annonce que le taux de croissance des
dépenses de programmes pour 2016-2017 s'établira à 2,7 %, comparativement à 1,7 % en 2015-2016. À partir de
2017-2018, le taux de croissance annuel des dépenses de programmes sera
porté à 2,8 %.
Cette croissance permettra de répondre aux
besoins et aux priorités des Québécois.
Ce renforcement du
financement des services publics portera d'abord sur l'éducation. Dans une
société en transformation, l'éducation constitue la pierre angulaire de notre
développement économique et social.
À
l'automne 2015, j'avais annoncé une première augmentation récurrente de
80 millions de dollars des dépenses de programmes en éducation.
J'annonce aujourd'hui une deuxième augmentation
récurrente d'un peu plus de 80 millions de dollars de ces dépenses de programmes, applicable dès 2016‑2017,
ce qui porte à plus de 160 millions de dollars annuellement l'augmentation
des ressources consacrées à l'éducation.
Ces nouvelles ressources permettront de financer
la mise en oeuvre d'un plan pour la réussite en éducation et en
enseignement supérieur, comportant un ensemble d'initiatives concrètes en
faveur de notre jeunesse.
Grâce à l'embauche de personnel spécialisé, nous
allons fournir un accompagnement individualisé à près de 12 000 élèves dans 150 écoles du
Québec. Nous pourrons ainsi mieux lutter contre le décrochage scolaire. Nous le
ferons avec les partenaires régionaux impliqués dans l'amélioration de
la persévérance scolaire.
Nous
améliorons l'accès des écoles aux équipements et matériels pour la pratique
d'activités physiques ainsi que l'organisation des activités
parascolaires reliées à la culture.
Nous
renforçons le maillage entre les collèges et les universités ainsi que les
entreprises, notamment en région.
Le taux de
croissance annuel des dépenses d'éducation avait été fixé à 0,9 %
en 2015‑2016 à l'automne dernier. Pour 2016‑2017, ce taux de croissance sera porté à 3 %.
Cette croissance se poursuivra au même rythme pour les années 2017‑2018
et 2018‑2019.
En finançant
davantage la formation des jeunes, ces nouvelles ressources contribueront
directement à la prospérité du
Québec. Elles seront utilisées pour accroître la réussite scolaire, notamment
grâce à des initiatives visant à stimuler le goût de réussir, à
encourager la persévérance des élèves et à donner à tous des chances de
réussite.
Ces sommes
permettront également d'offrir à la jeunesse québécoise un apprentissage
stimulant et innovant, grâce à l'ajout
de personnel spécialisé et à l'adaptation de la pédagogie. Nous confirmons
l'importance primordiale de l'éducation dans le développement de la
société québécoise.
Pour que les chances de réussir soient réunies dès
le plus jeune âge, nous ajoutons des ressources supplémentaires afin d'assurer la pérennité et la qualité des
services de garde. Comme mon collègue le ministre de la Famille l'a annoncé
le 23 février dernier, les CPE et les
garderies subventionnées recevront une allocation forfaitaire de
60 millions de dollars en 2015‑2016
leur permettant de faciliter la transition vers le nouveau mode de financement
et de bonifier les services directs aux enfants.
Le renforcement du financement des services
publics portera également sur la santé.
• (16 h 30) •
J'annonce que le taux de croissance annuel des
dépenses de programmes en santé est porté à 2,4 % pour l'exercice 2016‑2017.
Comme l'a
annoncé mon collègue le ministre de la Santé et des Services sociaux, ces
ressources accrues seront accompagnées d'une réforme majeure dans leur
mode d'attribution avec la mise en place du financement axé sur les patients,
dans le but de faire face aux défis structurels et démographiques affectant
directement le secteur de la santé.
Cette réforme constitue le troisième volet de la
transformation de la santé engagée par notre gouvernement, après l'amélioration de l'organisation et de la
gouvernance du réseau et les solutions apportées aux problèmes d'accès
aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée.
Le
secteur de la santé bénéficiera de ressources additionnelles et récurrentes de
88 millions de dollars dès 2016-2017. Ces
sommes serviront essentiellement à trois choses. Nous améliorons le soutien à
domicile pour les personnes en perte d'autonomie. Nous augmentons
l'appui apporté aux personnes présentant un trouble du spectre de l'autisme. Et
nous consacrons de nouveaux efforts à la prévention en santé et à la promotion
des saines habitudes de vie.
Nous
poursuivrons par ailleurs le renforcement des services de première ligne grâce
aux infirmières praticiennes, aux cliniques médicales spécialisées et
aux groupes de médecine familiale.
Notre
gouvernement améliore ainsi le financement de l'éducation, des CPE, des
garderies subventionnées et de la santé, tout en respectant l'équilibre
des finances publiques et la capacité de payer des contribuables.
M. le
Président, le Plan économique du Québec vise, en deuxième lieu, à accompagner
les Québécois dans les transformations
en cours et à venir en réduisant le fardeau fiscal des particuliers, en
soutenant les familles et en encourageant la participation au marché du
travail.
Le budget 2015-2016
annonçait plusieurs mesures d'allègement de la fiscalité devant prendre effet
en 2016-2017, après
le rétablissement des finances
publiques. Alors, notre saine gestion
des finances publiques nous permet d'en faire plus en devançant et en bonifiant les mesures déjà annoncées. Plusieurs
de ces mesures donnaient suite aux recommandations du rapport de la
Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, présidée par M. Luc
Godbout. Ainsi, comme nous nous y sommes engagés, nous utilisons une partie de
la marge de manoeuvre recouvrée pour alléger le fardeau fiscal. Comme je viens de l'indiquer, une autre partie de
cette marge de manoeuvre permet de réduire la dette, et nous faisons
tout cela en renforçant le financement des services publics.
En mars 2015,
j'avais annoncé l'abolition sur trois ans de la contribution santé, cette
abolition devant commencer seulement
le 1er janvier 2017. J'annonce aujourd'hui la mise en oeuvre
immédiate et l'accélération de ce plan d'abolition de la contribution
santé.
La première
étape de la suppression de la contribution santé s'appliquera rétroactivement
au 1er janvier 2016. Cette
suppression sera effectuée en deux ans, et de telle sorte que la contribution
santé prenne fin le 31 décembre 2017. Avec cette annonce, le gouvernement respecte son engagement d'abolir la
contribution santé. Donc, je répète, avec cette annonce, le gouvernement
respecte son engagement d'abolir la contribution santé. Dès la fin de l'année
prochaine, les 4,5 millions de contribuables
québécois soumis à la contribution santé en seront ainsi totalement exemptés,
ce qui représente une baisse du fardeau fiscal de 759 millions de dollars
par année.
La diminution immédiate de la contribution santé
profitera directement aux familles.
Toujours en
faveur des familles, j'annonce la diminution de moitié de la contribution
additionnelle applicable au tarif de
garde pour le deuxième enfant, cette diminution s'appliquant rétroactivement au
22 avril 2015. Alors, pour une
famille ayant un revenu de 100 000 $, le tarif de garde pour le
deuxième enfant passe de 11,41 $ à 9,36 $ par jour, et j'ajouterai, M. le Président, ça, avant les
crédits d'impôt et la déduction fédérale. Donc, au net, c'est encore moins.
Cette réduction s'appliquant
rétroactivement, les bénéficiaires de cette réduction recevront des
remboursements dès ce printemps.
Pour répondre
aux défis structurels qui freinent notre croissance économique, il faut agir
sur l'incitation au travail et sur la formation. Nous mettons en place
trois mesures fiscales à cette fin.
Notre régime
fiscal prévoit le versement de primes au travail pour les travailleurs à
faibles revenus, dont bénéficient surtout
les familles. Ces primes ont pour objectifs de valoriser l'effort de travail et
d'inciter les personnes à quitter l'aide financière de dernier recours
pour participer au marché du travail.
En premier
lieu, j'annonce la bonification de la prime au travail pour les personnes
vivant seules et les couples sans
enfants. Les versements additionnels atteindront annuellement près de
42 millions de dollars dès 2016-2017, soit 210 millions de dollars pour la
période 2016-2021.
La
bonification de la prime au travail améliore le filet social défini et financé
par l'État québécois, confirmant la place de leader que le Québec
détient à cet égard en Amérique du Nord.
Cette
nouvelle initiative bonifiera les prestations sociofiscales existantes. Cet
ensemble de prestations constituera la
base des réflexions que mon collègue le ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sociale engagera dans le cadre du travail s'amorçant sur le
revenu minimum garanti.
En deuxième
lieu, j'annonce que nous allons bonifier le bouclier fiscal annoncé en mars
2015. Le bouclier fiscal vise à
protéger les Québécois contre une diminution trop importante de la prime au
travail et du crédit d'impôt remboursable pour frais de garde d'enfants à la suite d'une augmentation des revenus
de travail. Afin d'améliorer l'incitation au travail, le plafond
admissible est porté de 2 500 $ à 3 000 $ par conjoint.
En troisième lieu, j'annonce la bonification du
crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience, soit la diminution à 62 ans de l'âge d'admissibilité.
Cette bonification représente un allègement additionnel de 13,2 millions
de dollars.
À ces trois mesures fiscales s'ajoutent de
nouvelles ressources permettant de mieux financer les programmes d'insertion au
travail et d'amélioration de l'adéquation entre la formation et l'emploi.
• (16 h 40) •
Parmi ces
nouvelles ressources, j'annonce l'appui apporté à Montréal International dans
son projet de rétention des étudiants
étrangers. Nous améliorons les conditions de participation au programme
Objectif emploi ainsi que l'accompagnement des jeunes par les
entreprises d'insertion.
Pour notre gouvernement, il importe de soutenir
la participation du plus grand nombre au marché du travail. Le Québec a besoin de toutes les forces et de tous
les talents. Il faut ainsi intégrer davantage les nouveaux arrivants au marché du travail, comme le vise la nouvelle
politique en matière d'immigration, de participation et d'inclusion, rendue
publique le 7 mars dernier par ma
collègue la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion. Ces
nouveaux arrivants constituent un
apport essentiel pour le Québec d'aujourd'hui et de demain. Notre société a
besoin de tous ses talents, ce qui explique le soutien additionnel que
nous apporterons également au travail adapté.
Au total, nous allons consacrer
18,4 millions de dollars additionnels aux programmes d'insertion au
travail et d'adéquation de formation-emploi au cours de la période 2016-2021.
Nos investissements dans l'éducation et dans la
formation profiteront directement à la jeunesse québécoise. Dans quelques semaines, M. le premier ministre,
responsable de la jeunesse, et son adjointe parlementaire rendront publique
la nouvelle politique jeunesse. Cette politique visera à offrir aux jeunes des
milieux de vie et des environnements stimulants,
sains, sécuritaires et ouverts. La nouvelle politique jeunesse soutiendra les
jeunes dans leurs apprentissages, leurs
initiatives et leurs projets de vie. La première Stratégie d'action jeunesse
mettant en oeuvre la politique bénéficiera de 181 millions de
dollars pour la période 2016-2021.
Un programme,
M. le Président, je
pense, qui est très bon — permettez-moi
cette opinion — c'est
que j'annonce dès le présent budget
que nous mettons en place un projet pilote afin de soutenir la mobilité des
étudiants du collégial entre les
différents cégeps du Québec. Cette initiative vise à contribuer à la vitalité
des collèges et des programmes d'études en région.
En fait,
c'est tout notre Plan économique qui profitera à la jeunesse québécoise en bâtissant
un Québec prospère, créateur d'emplois et allégé d'une partie de ses
dettes.
La
bonification de la prime au travail profitera à certaines des personnes les
plus vulnérables de notre société tout en les aidant à réintégrer le
marché du travail.
Avec le budget 2016-2017, le gouvernement met en
place d'autres mesures en faveur de ces personnes. La vice-première ministre et ministre responsable de la Condition féminine
rendra prochainement publiques deux nouvelles stratégies gouvernementales, la Stratégie pour prévenir et contrer les
violences sexuelles et la Stratégie pour l'égalité entre les hommes
et les femmes. Pour 2016-2017, ces mesures représentent des mises de fonds
additionnelles de 4,9 millions de dollars.
Notre
gouvernement poursuit le financement de la construction des logements sociaux
en ajoutant 1 500 logements au
programme AccèsLogis Québec. Ce financement additionnel renforce les mesures de
soutien annoncées dans le budget de
l'an dernier, et notamment la bonification du programme Supplément au loyer qui
permettra d'offrir une aide au logement à 5 800 familles.
Déjà, 2 200 familles peuvent en bénéficier cette année.
Notre
gouvernement bonifie les mesures en faveur des banques alimentaires. Je trouve
ça aussi, M. le Président, une
mesure très intéressante. Permettez-moi, encore une fois, un petit éditorial.
En mars 2015, nous avons augmenté de 50 % le montant admissible
pour dons de produits agricoles aux banques alimentaires, et ça marche. Avec le
budget 2016-2017, nous élargissons cet avantage fiscal aux dons effectués par
certains transformateurs alimentaires.
J'annonce par
ailleurs une augmentation de 12 millions de dollars des ressources
allouées pour répondre à certains besoins en milieu autochtone.
M. le
Président, je l'ai souligné dès le début de ce discours sur le budget,
l'économie québécoise se transforme à l'image
de ce qui se passe dans le monde, et nous nous sommes engagés à accompagner
l'ensemble des Québécois et les entreprises dans cette transformation.
L'accompagnement des entreprises est crucial
pour soutenir les investissements privés. Les investissements privés constituent la clef de la croissance future
et de la création d'emplois. Les investissements privés permettent les gains
de productivité et les innovations grâce
auxquels l'économie québécoise pourra créer de la richesse et des emplois de
qualité. Bien orientés, ils
favoriseront la transition vers une économie plus propre et plus sobre en
carbone. Il est donc essentiel d'accompagner
et de soutenir les entreprises pour les inciter à investir davantage et à
marquer ainsi leur confiance dans l'économie du Québec.
Ce budget
envoie un signal clair et fort aux entreprises privées pour qu'elles
investissent davantage dans l'économie québécoise,
dans ses transformations porteuses d'avenir et dans le talent des Québécois. Le
terrain n'a jamais été aussi favorable.
Les finances publiques sont solides. La stabilité économique est assurée. Les
occasions d'investir sont nombreuses et stimulantes. Nous voulons que le
budget 2016-2017 joue un rôle de déclencheur pour confirmer la confiance des
entreprises et susciter leurs investissements.
En même temps
que l'action sur les dépenses et la réduction du fardeau fiscal des
particuliers, le Plan économique du
Québec agit ainsi sur un troisième levier en engageant un ensemble
d'initiatives majeures en faveur des investissements privés.
Nous incitons
les entreprises à investir en définissant un nouveau rabais tarifaire
d'électricité pour les entreprises manufacturières
ainsi que pour les entreprises du secteur de la transformation des ressources
naturelles et en bonifiant le soutien apporté aux PME.
Nous mettons
en place de nouveaux moyens pour que le Québec devienne une véritable société
du savoir, une société innovante, plus propre et plus sobre en carbone.
Nous renforçons notre appui aux secteurs clés
soutenant le développement de toutes les régions du Québec, dont ces piliers
qui sont la Stratégie maritime et le Plan Nord.
Afin de
soutenir les investissements privés, j'annonce la mise en place d'un nouveau
rabais tarifaire d'électricité en faveur du secteur manufacturier et du
secteur des ressources.
Grâce à la gestion visionnaire d'Adélard
Godbout, de Jean Lesage, de René Lévesque et de Robert Bourassa, le Québec bénéficie, en grandes quantités, de
ressources électriques propres et fiables. Le Québec dispose ainsi d'un levier
stratégique pour développer son économie et soutenir les nouveaux
investissements dans l'ensemble des régions du Québec. Notre gouvernement entend s'appuyer pleinement sur cet héritage
et utiliser ce levier en créant un nouveau rabais tarifaire
d'électricité, applicable aux entreprises bénéficiant présentement du
tarif L.
Ce nouveau
rabais tarifaire sera offert aux entreprises s'engageant dans des projets d'investissement
importants dans le secteur
manufacturier et dans le secteur des ressources. Ainsi, des entreprises de
fabrication de matériel de transport, de
machines et de papier pourront notamment en profiter. Avec ce nouveau rabais,
le gouvernement soutiendra 40 % des investissements
effectués. Le soutien pourra représenter 50 % pour les
investissements permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le nouveau rabais
tarifaire n'aura aucun impact sur les tarifs d'électricité des particuliers ni
sur les tarifs des autres entreprises.
Le
gouvernement prévoit déclencher ainsi 2,6 milliards d'investissements
privés au cours de la période 2016-2020, dont
350 millions de dollars dès 2016-2017. Une partie de ces investissements contribuera
également à la transformation de notre économie en une société plus
sobre en carbone, ce qui réduira nos émissions de gaz à effet de serre.
Au cours des
prochaines semaines, mon collègue le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles présentera la nouvelle politique énergétique du Québec. Cette
politique inclura des mesures pour soutenir le développement des technologies
propres et la production d'énergies renouvelables.
• (16 h 50) •
Dans cette
société innovante, plus sobre en carbone, les PME ont un rôle stratégique à
jouer pour que l'économie québécoise relève le défi du changement. Les
PME doivent dispenser des moyens nécessaires pour investir dans les
transformations en cours et à venir.
À cette fin,
le gouvernement confirme et bonifie l'appui apporté aux PME en rendant leur
fiscalité plus concurrentielle grâce à une diminution de leurs taxes sur
la masse salariale.
J'annonce une
réduction additionnelle de la cotisation au Fonds des services de santé par les
PME québécoises, s'ajoutant à la réduction annoncée dans le Plan
économique.
Au total, les
PME québécoises bénéficieront ainsi d'une réduction de 25 %
de la cotisation pour les secteurs des services et de la construction.
La réduction atteindra près de 50 % pour les secteurs primaire et manufacturier.
En 2016-2017,
les PME bénéficieront d'un allègement de la taxe sur la masse salariale de
94 millions de dollars. En 2020-2021, l'allègement atteindra
385 millions de dollars, soit 101,5 de plus que ce qui avait été déjà
annoncé.
Les PME
doivent également davantage exporter. J'annonce donc un appui additionnel aux
PME innovantes et exportatrices. Un
financement accru permettra de favoriser la commercialisation à l'extérieur du
Québec des innovations québécoises.
Nous bonifions les sommes consacrées à l'accompagnement des PME dans leurs
démarches à l'étranger.
Les
PME bénéficient particulièrement du processus d'allègement réglementaire engagé
avec succès par le gouvernement. Nous sommes
sur le point d'atteindre l'objectif de réduction de 20 %
des coûts administratifs que nous nous étions fixé.
Au
cours des prochains mois, ma collègue la vice-première ministre et ministre
responsable des Petites et Moyennes Entreprises,
de l'Allègement réglementaire et du Développement économique régional rendra
public le plan d'allègement 2016-2018, directement issu de la
consultation effectuée auprès des milieux d'affaires.
Le
gouvernement définit de nouvelles règles pour favoriser le transfert
d'entreprises familiales et faciliter ainsi les transferts de propriétés et de responsabilités entre les générations.
Lors du discours de l'année passée, de 2015-2016, le gouvernement
avait annoncé l'assouplissement des dispositions fiscales applicables au
transfert des entreprises familiales dans
les secteurs primaire et manufacturier, conformément à son engagement
électoral. Il s'agissait de répondre au défi de la relève entrepreneuriale dans les petites entreprises familiales,
notamment dans le secteur agricole. Cette question avait été abordée par la Commission d'examen sur
la fiscalité québécoise. Il était alors prévu que les modifications retenues
entreraient en vigueur à partir du
1er janvier 2017. Je suis heureux d'annoncer que ce délai a été abrégé et
que les nouvelles règles favorisant
le transfert d'entreprises familiales dans les secteurs primaire et
manufacturier s'appliqueront immédiatement après le jour du discours sur
le budget.
Notre gouvernement
espère que le gouvernement fédéral se joindra à cette initiative et contribuera
ainsi à favoriser le transfert d'entreprises familiales.
Par
ailleurs, nous mobilisons de nouvelles ressources pour faciliter le financement
des investissements des PME.
Le
gouvernement investira jusqu'à 8 millions de dollars en partenariat avec
d'autres investisseurs dans un nouveau fonds pour soutenir
l'entrepreneuriat féminin.
Le
budget 2016-2017 confirme également la prolongation des prêts aux
fonds locaux d'investissement jusqu'au 31 décembre 2019.
Le
gouvernement met en place des mesures visant à accroître l'apport des fonds fiscalisés
à l'économie du Québec, soit le Fonds
de solidarité FTQ, Fondaction et Capital régional et coopératif Desjardins. Le
gouvernement se félicite du retour annoncé de l'appui du gouvernement
fédéral. Notre gouvernement a toujours cru au rôle stratégique des fonds
fiscalisés, et notamment à leur impact en région.
Le
gouvernement met en place de nouveaux moyens pour que le Québec progresse en
tant que société d'avoir innovante et
plus propre. J'annonce la mise en place d'une nouvelle mesure fiscale, la
déduction pour sociétés innovantes, faisant bénéficier les sociétés
innovantes d'une réduction d'impôt.
Le
Québec est très actif en recherche et développement, mais il est essentiel de
s'améliorer pour ce qui est de la commercialisation
des produits issus de la recherche, soit notamment l'obtention de brevets et la
création de nouvelles entreprises
tirant parti des résultats de la recherche et de développement. Avec la
déduction pour sociétés innovantes, nous allons inciter les entreprises bénéficiant des crédits d'impôt pour la
recherche et le développement à commercialiser leurs innovations en sol québécois. Les revenus
découlant de l'utilisation d'un brevet obtenu au Québec bénéficieront d'un taux
d'imposition réduit à 4 %.
Grâce à cette déduction, le Québec appliquera le
taux d'imposition le moins élevé au Canada pour les revenus résultant de la
commercialisation de la recherche. Cette mesure favorisera la création et la
rétention d'entreprises innovantes au Québec. Elle soutiendra les
investissements et la création d'emplois de qualité.
Il
s'agit d'une mesure fiscale majeure, M. le Président, représentant un
allègement de 135 millions de dollars pour la période 2016-2021 en
faveur des investissements que nous voulons attirer.
Cette
mesure, M. le Président — un
autre petit commentaire éditorial — en
France et au Portugal, par exemple,
ils appellent ça «the patent box», et ça a l'air de fonctionner.
Le
développement au Québec de l'économie numérique sera accompagné et soutenu par
une nouvelle stratégie gouvernementale,
la Stratégie numérique du Québec. Le développement très rapide de l'économie
numérique représente un défi pour les entreprises québécoises, en même
temps qu'il leur ouvre la possibilité d'accroître leur productivité, d'innover
et de créer des emplois. Les entreprises québécoises doivent s'adapter à
l'économie numérique et en tirer pleinement parti.
Le
gouvernement annonce ainsi la mise en oeuvre de la Stratégie numérique du
Québec, dotée d'un financement de
162 millions de dollars pour la période 2016-2021 Les différents volets de
cette stratégie seront bientôt rendus publics par la ministre de
l'Économie, de la Science et de l'Innovation.
Dans
le cadre de cette stratégie, le gouvernement annonce dès maintenant : la
bonification du crédit d'impôt relatif à l'intégration des technologies de l'information dans les PME afin que
cette mesure soit accessible à un plus grand nombre d'entreprises; un
nouveau crédit d'impôt pour les grands projets visant la transformation
numérique; l'intention de participer à la
construction dans le corridor Québec-Ontario d'un réseau de transmission des
données adapté aux technologies de la
prochaine génération telles que la 5G; et l'appui aux accélérateurs et aux
incubateurs technologiques, dont le projet Passerelle Québec-Bordeaux,
une collaboration entre Le Camp à Québec et Héméra à Bordeaux. Ce partenariat
s'inscrit dans une collaboration plus large entre le Québec et la France
concernant l'économie numérique. Ces projets
communs sont le résultat direct des discussions tenues par le premier ministre
en faveur du développement de l'économie numérique lors de sa visite en France
dans le cadre de la rencontre alternée des premiers ministres québécois
et français en mars 2015, ainsi que lors de son passage à Bordeaux à
l'occasion de la même mission. La relance du
programme Communautés rurales branchées, qui s'appellera dorénavant le
programme Québec branché. Ce programme
soutiendra l'accès au numérique de toutes les régions du Québec et s'appliquera
notamment à la Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.
M. le Président, le
gouvernement met en place plusieurs mesures pour accompagner le développement
d'une économie plus propre. Nous allons
aider les particuliers afin qu'ils améliorent la performance environnementale
de leur résidence, et cette aide profitera en même temps à tout le
secteur de la rénovation.
J'annonce
donc la mise en place d'un nouveau crédit d'impôt remboursable pour la
rénovation résidentielle verte, RénoVert,
applicable pendant une année, soit jusqu'au 31 mars 2017. Ce crédit
d'impôt s'inspire du succès remarquable de LogiRénov, mis en place dès
avril 2014 par notre gouvernement.
• (17 heures) •
La valeur du crédit d'impôt correspondra à 20 % des
dépenses admissibles, incluant les dépenses concernant le remplacement
des fosses septiques, jusqu'à un crédit maximal de 10 000 $. Le
crédit d'impôt devrait profiter à près de
100 000 ménages. Cette mesure représente ainsi un allègement fiscal
total de près de 175 millions de dollars. Ce crédit d'impôt aura un
impact direct et très positif sur le secteur manufacturier associé à la
rénovation résidentielle, tout en contribuant à réduire nos émissions de gaz à
effet de serre.
D'autres
initiatives de rénovation écoresponsables pourraient être développées, par exemple,
pour des bâtiments agricoles, dans le cadre d'une stratégie
agroalimentaire.
La réduction
de gaz à effet de serre nécessite le développement et la mise en oeuvre de
solutions concrètes pour capter le
gaz carbonique et le valoriser dans des applications prometteuses pour
l'économie québécoise. Les efforts de recherche et développement
consentis à cette fin par l'Université Laval et l'entreprise québécoise CO2 Solutions
sont concluants et permettent de passer à la commercialisation.
J'annonce
donc une enveloppe de 15 millions de dollars sur trois ans pour la
création du consortium Valorisation Carbone
Québec, regroupant l'Université Laval ainsi que des entreprises et des
organismes publics et privés. Ce consortium développera des technologies
de captation et de revalorisation du carbone.
Les efforts de rénovation des établissements
d'enseignement annoncés dans le cadre du Plan québécois des infrastructures
comprendront un volet de décarbonisation.
J'annonce la
mise en place d'un programme de conversion énergétique des écoles et des autres
établissements d'enseignement intégrant les principes environnementaux,
comme par exemple en utilisant la géothermie.
Toujours pour
rendre notre économie plus propre, nous allons aider les municipalités à
réhabiliter leurs terrains contaminés.
J'annonce la
poursuite et la bonification de l'appui gouvernemental à la réhabilitation des
terrains contaminés, dans le cadre du programme ClimatSol-Plus.
Le programme
ClimatSol-Plus vise l'intégration des meilleures pratiques en matière
d'aménagement urbain, telles que la mobilité durable ou la création de
surfaces de végétation permettant de lutter contre les îlots de chaleur. Le programme s'appliquera notamment au projet de la
Cité de la logistique, dans l'est de Montréal, et à l'écoquartier de la
Pointe-aux-Lièvres, près du Vieux-Québec et du Vieux-Port.
Pour la
période 2016‑2021, nous réservons 55 millions de dollars afin
de prolonger le programme ClimatSol-Plus et de financer un deuxième
volet de ce programme, pour les terrains à fort potentiel de développement
économique.
Cet effort de
réhabilitation touchera également les sites miniers, situés dans plusieurs
régions du Québec, notamment en
Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec. Au cours des
prochaines années, nous investirons 620 millions de dollars dans la
réhabilitation des sites miniers. Ces investissements créeront beaucoup
d'activités et d'emplois dans plusieurs régions du Québec, tout en restaurant
l'environnement des sites concernés.
Le
gouvernement soutient la transformation de l'économie québécoise en une
économie du savoir. Dans cette société du savoir, les universités ont un
rôle stratégique à assurer. Lieux d'expérimentations et de découvertes, les universités constituent l'endroit de formation par
excellence des futurs chercheurs. L'épanouissement de la société du
savoir passe ainsi par l'investissement des entreprises et par l'établissement
de contacts étroits et fructueux entre les entreprises et les universités.
Illustrant
cette convergence, j'annonce la construction prochaine du Complexe des sciences
Outremont, piloté par l'Université de Montréal. Le Complexe des sciences
Outremont sera financé à partir de fonds publics et privés. Situé sur le site de la gare de triage
d'Outremont, le nouveau complexe sera édifié en plein coeur d'un des quartiers
les plus créatifs de Montréal. Le Complexe des sciences Outremont
s'inspirera des pratiques des quartiers et des campus créatifs et innovants dans le monde. À terme, il permettra de resserrer
les liens entre l'université, les entreprises et la société et de
stimuler la capacité d'innovation de Montréal et du Québec tout entier.
Le budget 2016‑2017
comprend également un ensemble de mesures visant à favoriser le démarrage et la
croissance d'entreprises innovantes.
J'annonce que
des ressources de 65 millions de dollars sont réservées pour la période 2016‑2021
afin de recapitaliser ou de financer
trois fonds spécialisés dans l'amorçage d'entreprises innovantes, soit le Fonds
Amorchem, le Fonds InnovExport et un fonds d'amorçage en technologies
propres. Leur capitalisation globale atteindra ainsi 125 millions de
dollars.
J'annonce
également une augmentation de 96 millions de dollars de la capitalisation
du Fonds Teralys Capital Innovation,
le plus important fonds de fonds au Canada, dont le rôle est stratégique pour
le financement de l'économie du savoir.
Par
ailleurs, le gouvernement accorde son appui à la stratégie Innovation, Partenariats, Entrepreneuriat de l'Université
de Sherbrooke.
Les centres
collégiaux de transfert de technologie permettent la valorisation, le transfert
et la commercialisation des innovations développées dans les cégeps et
collèges du Québec en partenariat avec les entreprises.
J'annonce un
soutien de 4 millions de dollars en 2016‑2017 et de
16 millions de dollars pour la période 2016‑2019 pour des
projets impliquant différentes régions du Québec.
Au
Québec, la société du savoir s'incarne concrètement dans deux secteurs
d'activité particulièrement stratégiques : les secteurs de
l'aérospatiale et des sciences de la vie.
L'industrie québécoise de l'aérospatiale est
l'un des moteurs de l'économie québécoise. En 2015, le secteur québécois de l'aérospatiale représentait près de
40 000 emplois répartis dans plus de 200 entreprises. Ce secteur
réalisait des ventes de près de
15,5 milliards de dollars, dont 80 % à l'étranger. L'industrie
québécoise de l'aérospatiale constitue un
ensemble performant et intégré d'entreprises de toutes tailles comprenant
quatre maîtres d'oeuvre assurant à eux seuls près des trois quarts des ventes du secteur, une dizaine de fournisseurs
de premier rang comprenant des chefs de file mondiaux dans leurs
domaines et environ 180 PME agissant principalement comme sous-traitants.
La croissance et le dynamisme de l'aérospatiale
sont d'une importance cruciale pour l'ensemble de notre économie et constituent
ainsi une priorité pour notre gouvernement.
Le soutien
apporté par le gouvernement du Québec à la série C de Bombardier illustre cette
priorité. Ce projet majeur a franchi des étapes cruciales. Le CS100 a
été homologué, et le CS300 est en voie de l'être.
Il allait de
soi que l'État québécois apporte son appui à des investissements illustrant le
savoir-faire du Québec et dont dépend en bonne partie l'avenir du
secteur aérospatial québécois. Pour soutenir ces investissements, notre
gouvernement a pris une participation de 1 milliard de dollars US dans le
projet. Notre gouvernement a ainsi défini le
bon geste et il l'a fait au bon moment. Notre initiative a d'ailleurs été
appuyée par plusieurs partenaires du secteur. Le gouvernement fédéral
doit aussi être au rendez-vous et soutenir avec nous le développement de la
série C.
Dans quelques
semaines, la ministre de l'Économie,
de la Science et de l'Innovation
rendra publique la Stratégie québécoise
de l'aérospatiale 2016‑2021. Afin de financer cette nouvelle stratégie, le
gouvernement réserve une enveloppe de
70 millions de dollars de nouveaux crédits budgétaires pour la période 2016‑2021.
La Stratégie québécoise de l'aérospatiale comprendra un ensemble d'initiatives visant à soutenir la croissance de
l'industrie, à diversifier la filière industrielle, à encourager l'essor
des PME et à miser sur l'innovation comme moteur de croissance.
• (17 h 10) •
Dans le cadre
du budget 2015‑2016, le gouvernement avait mis en place un groupe de
travail sur les sciences de la vie afin d'identifier les pistes de
développement les plus prometteuses.
À la suite
des premières suggestions présentées par ce groupe de travail, j'annonce que le
gouvernement alloue 100 millions
de dollars à la commercialisation des découvertes québécoises dans le domaine
des sciences de la vie. J'annonce également
que le gouvernement consacre 8 millions de dollars à la recherche clinique
précoce ainsi qu'à l'Institut de recherches cliniques de Montréal.
Le dynamisme
de l'économie dépend en bonne partie de la qualité de l'encadrement législatif
et réglementaire du secteur
financier. Le gouvernement déposera bientôt un projet de loi visant à
moderniser cet encadrement et à soutenir ainsi le secteur financier.
J'en profite,
M. le Président, pour souligner que nous attendons tous, nous
tous des deux côtés de la Chambre,
avec impatience le retour de notre collègue
le ministre délégué aux Finances et que nous lui souhaitons... Pierre, nous
te souhaitons de recouvrer rapidement la santé.
(Applaudissements)
M.
Leitão : Toujours pour ce
qui est du secteur financier, notre gouvernement tient à souligner l'importance qu'il attache au mode d'encadrement des valeurs
mobilières.
J'ai souligné
au début de ce discours que le respect des compétences du Québec constituait la
base même d'une collaboration profitable entre le gouvernement du Québec
et le gouvernement fédéral. Le gouvernement du Québec s'attend à ce que cette approche de respect et de collaboration prévale
dans le dossier de l'encadrement des valeurs mobilières. Cet encadrement constitue une question stratégique
pour l'économie québécoise et pour le développement des entreprises.
En 2011, la
Cour suprême du Canada a clairement confirmé la compétence des provinces dans
la matière. Notre gouvernement
demande au gouvernement fédéral d'en tirer les conséquences qui s'imposent et
d'abandonner définitivement les projets menaçant nos institutions et
notre cadre réglementaire.
Nous
accompagnons la transformation de l'économie québécoise en véritable société du
savoir. Cette société du savoir doit plus que jamais s'épanouir comme
une société de culture.
Avec le budget
2016‑2017, le gouvernement renforce son appui à la culture québécoise en
ajoutant 10 millions de dollars dès cette année.
Le
gouvernement soutient directement les organismes culturels, les artistes et les
créateurs en augmentant de 5 millions de dollars annuellement le budget alloué au Conseil des arts et des
lettres du Québec. Sur ce budget, des sommes seront réservées pour bâtir l'offre de création en faveur
des jeunes de 4 à 11 ans. Le gouvernement aussi affecte 2 millions de
dollars additionnels à la consolidation des
institutions muséales, dont le Musée des beaux-arts de Montréal. La
stratégie de valorisation et de promotion du français bénéficiera de crédits
supplémentaires de 3 millions de dollars en 2016‑2017.
Le
gouvernement simplifie le crédit d'impôt pour la production cinématographique
ou télévisuelle québécoise afin de tenir compte des nouvelles réalités
de la production télévisuelle.
Par ailleurs, nous dégageons 4 millions de
dollars en 2016‑2017 pour renforcer les efforts de francisation des nouveaux
arrivants. Ces ressources seront notamment utilisées pour permettre la
francisation des réfugiés que nous accueillons.
M. le
Président, le Québec du XXIe siècle est un Québec inclusif et ouvert au
monde. Le message que nous envoyons est
clair. Il y a ici de la place pour tout le monde et pour tous les talents. Nous
réunissons les moyens nécessaires pour intégrer ceux qui ont choisi de poursuivre leur
vie avec nous. Il y a de la place
pour tous, M. le Président, même pour un président du Conseil du
trésor né en Syrie et un ministre des Finances né au Portugal.
Alors, le
gouvernement renforce son appui aux secteurs clés de l'économie québécoise,
jouant un rôle essentiel dans la création d'emplois au bénéfice de
toutes les régions du Québec.
Le premier de ces secteurs clés est le secteur
forestier, qui soutient des activités et des emplois dans toutes les régions du Québec. Le secteur forestier, c'est 60 000 emplois
directs et 2 % du PIB du Québec, répartis sur l'ensemble du territoire québécois. Le secteur forestier
québécois doit rester compétitif à long terme, et nous agissons pour assurer
cette compétitivité. Le gouvernement
poursuit son accompagnement des entreprises du secteur dans le but d'accélérer
la modernisation de l'industrie et d'en soutenir la transformation.
J'annonce un
ensemble de mesures concernant l'industrie forestière et son développement. Le
gouvernement met en place un
programme de remboursement des coûts des chemins d'accès forestiers pouvant
être empruntés par plusieurs utilisateurs.
Nous allons aussi soutenir davantage l'industrie forestière en assurant la
protection des forêts, en appuyant l'innovation
et bonifiant l'acquisition des données forestières et en favorisant
l'amélioration de la qualité du bois récolté.
Ces mesures
permettront de faire bénéficier le secteur forestier d'un meilleur
environnement d'affaires. À court terme,
cet ensemble de mesures devrait stimuler les investissements et donc contribuer
à bâtir une industrie forestière d'avenir. Nous agissons également en faveur du secteur forestier en incitant les
propriétaires privés à mieux exploiter leurs ressources.
Ces mesures
représentent au total une somme de 45 millions
de dollars en 2016-2017 et de 229,5 millions de dollars pour la période
2016-2021.
Le secteur de
l'agriculture et de la transformation alimentaire représente environ 3,4 % du
PIB du Québec. Ce secteur soutient
120 000 emplois directs répartis dans tout le Québec. Les
deux tiers de la production agricole du Québec sont destinés à la transformation
bioalimentaire, ce qui fait du secteur agroalimentaire le plus important
employeur manufacturier du Québec.
Au cours des
prochains mois, notre gouvernement entamera l'élaboration d'une stratégie
agroalimentaire afin d'accompagner
l'évolution de ce secteur majeur de notre économie et de notre société. Des
discussions approfondies avec le milieu seront engagées à cette fin.
Pour sa part,
notre gouvernement entend continuer à investir dans l'agriculture et la
transformation alimentaire du Québec.
Nous allons participer au financement d'un
consortium de recherche précompétitive sur la transformation alimentaire avec l'Université McGill. Nous
renforçons notre appui à Groupe Export afin d'aider les entreprises agricoles
locales à exporter. J'annonce par ailleurs
l'élargissement du programme de soutien au drainage et au chaulage des terres
agricoles.
Ces différentes mesures représentent une aide de
15 millions de dollars pour la période 2016-2021.
Pour ce qui
est des boissons alcooliques, notre gouvernement poursuit et renforce l'appui
apporté à ce secteur d'activité en plein développement.
• (17 h 20) •
À cette fin,
pour la période 2016-2021, des ressources additionnelles de 30 millions de
dollars seront consacrées au soutien à apporter aux viticulteurs ainsi
qu'à l'encadrement de l'industrie des boissons alcooliques québécoises.
L'industrie
touristique contribue de façon significative à l'économie québécoise et elle
constitue un levier important pour déclencher des investissements et
créer des emplois, notamment en région. L'industrie touristique comprend 32 000 entreprises réparties dans toutes
les régions du Québec et soutient 350 000 emplois. La baisse du
dollar canadien offre l'occasion d'accroître la clientèle étrangère, et
nous devons en tirer parti. En octobre 2015, le gouvernement a rendu
public le Plan d'action 2016‑2020 dans le but de soutenir le développement de
l'industrie touristique.
J'annonce
l'affectation d'une enveloppe de 35 millions de dollars pour la mise en
oeuvre des stratégies concernant le tourisme hivernal, le tourisme de
nature et d'aventure et le tourisme culturel. J'annonce également des
ressources additionnelles de
6,5 millions de dollars pour la mise en valeur du patrimoine de la Société
des établissements de plein air du Québec, la SEPAQ.
Au total, le gouvernement consacrera
66,5 millions de dollars additionnels au développement de l'industrie
touristique pour la période 2016‑2021, dont 7 millions de dollars dès 2016‑2017.
Nous agissons également en faveur de la route
verte. J'annonce d'importants investissements en faveur de ce magnifique réseau cyclable s'étendant sur
5 300 kilomètres. Nous allons améliorer la sécurité de la route
verte, l'objectif étant d'élargir et
de bonifier les accotements asphaltés, prioritairement là où la route verte
suit des routes à vitesse élevée. Nous
investissons également dans l'entretien de la route verte afin de maintenir en
bon état le plus grand réseau cyclable en Amérique du Nord.
Notre gouvernement consacrera ainsi
27,5 millions de dollars à l'amélioration de la route verte au cours de la
période 2015‑2021, dont 2,5 millions de dollars dès 2016‑2017.
Le
gouvernement poursuit aussi les initiatives engagées dans le cadre de la Stratégie
maritime et du Plan Nord, deux des piliers du Plan économique du Québec.
Le
gouvernement a rendu publique la Stratégie maritime du Québec le 29 juin
2015, mettant ainsi en place l'un des volets
de son action en faveur du développement économique. Une enveloppe
d'interventions de plus de 1,5 milliard de dollars a été réservée pour la mise en oeuvre du premier plan d'action,
couvrant la période 2015‑2020. L'action gouvernementale est en cours de
déploiement, et le gouvernement accroît les ressources qui y sont consacrées.
Dès 2016‑2017,
des ressources vont être allouées à la lutte contre les espèces aquatiques
envahissantes, à l'installation d'une promenade temporaire à Percé et à
la mise à niveau du navire de recherche océanographique le Coriolis II.
Le gouvernement effectue de nouveaux
investissements de 15 millions de dollars pour développer les
infrastructures ferro-portuaires au port
de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Ces investissements constituent une nouvelle
étape pour désenclaver les
infrastructures du port de Sept-Îles après la prise de participation du
gouvernement dans la Société ferroviaire et portuaire de la
Pointe-Noire.
Pour
ce qui est du Plan Nord, et au cours des cinq prochaines années, la Société du
Plan Nord investira plus de 450 millions
de dollars, dont près de 175 millions dès 2016‑2017, afin de mettre en
oeuvre les orientations et priorités définies dans le Plan d'action 2015‑2020,
rendu public le 8 avril 2015.
Dans le cadre du
budget 2016‑2017, le gouvernement annonce plusieurs initiatives additionnelles
visant en priorité à améliorer les
infrastructures pour que le Québec soit prêt lors de la reprise de la demande
minière mondiale.
Au cours des 10
prochaines années, le gouvernement prévoit investir plus de 1,7 milliard
de dollars dans des infrastructures dans le cadre du Plan Nord.
Le
gouvernement poursuit la réfection de la route de la Baie-James, une
infrastructure stratégique pour le territoire du Plan Nord. Ces travaux représentent un investissement majeur. Les
études pour la prolongation de la route 138 entre Kegaska, et
Tête-à-la-Baleine, et La Tabatière sont en cours.
Pour
la réalisation du Plan
Nord, 70 nouveaux logements sociaux
seront construits au Nunavik. Nous entamons une étude de faisabilité en
vue du développement d'un réseau permanent de télécommunications au Nunavik.
J'annonce par
ailleurs la bonification du crédit d'impôt relatif aux ressources sur le
territoire du Plan Nord.
De
plus, et comme je l'ai déjà mentionné, nous allons investir 620 millions
dans la réhabilitation des sites miniers.
Au
moment même où l'activité minière internationale diminue, ces sommes assureront
un important flux d'activités et
maintiendront en emploi un nombre important de travailleurs du secteur. La
réhabilitation des sites miniers aura ainsi d'importantes retombées
économiques tout en améliorant l'environnement des sites concernés.
Nous saluons
également l'engagement du gouvernement fédéral à soutenir les projets
d'élimination du diesel dans les communautés
autochtones éloignées ou nordiques pour les remplacer par de l'énergie
renouvelable et propre.
M.
le Président, en conclusion, ce budget constitue une étape majeure dans la
réalisation de nos engagements. Grâce
à une bonne gestion des finances publiques, nous confirmons l'atteinte de
l'équilibre budgétaire. Notre gouvernement a établi des bases solides
pour relever les défis du futur.
Notre plan économique
est clair. Il s'agit de mieux former, d'innover, de tirer profit de la
transition vers une économie plus sobre en carbone, d'attirer, de développer et
de retenir les meilleurs talents.
L'économie
se transforme rapidement, et il faut accompagner l'ensemble des Québécois et
les entreprises dans les changements
en cours. C'est ce que fait notre gouvernement en investissant prioritairement
dans l'éducation et dans la formation pour soutenir l'innovation et la
productivité.
Nous concrétisons
avec ce budget plusieurs engagements d'importance. Nous accroissons le
financement des services publics, notamment
en éducation. Nous bonifions les investissements dans les infrastructures. Nous
réduisons les impôts des particuliers
et des entreprises. Nous améliorons le soutien aux familles et aux personnes
vulnérables. Et nous soutenons l'investissement privé et la création d'emplois
afin que notre économie soit plus innovante, plus propre et plus
prospère.
Nous faisons tout
cela en réduisant le poids de la dette et en maintenant l'équilibre budgétaire
pour le futur.
Je
suis fier, M. le Président, de souligner que notre gouvernement respecte
ainsi ses engagements concernant la fiscalité
des particuliers, le financement des services à la population et la dette, et
nous le faisons grâce aux initiatives courageuses que nous avons menées
à bien pour rétablir les finances de l'État.
Avant
tout, notre gouvernement mise sur le talent des Québécois, sur leur capacité de
s'approprier les métiers de demain et sur leur aptitude à tirer
pleinement parti des nouvelles technologies.
Notre
gouvernement est profondément convaincu de l'importance et du rôle de
l'éducation comme pilier d'une économie
et d'une société modernes et prospères. Pour cette raison, nous accompagnons
les transformations en cours en investissant à tous les niveaux de
l'éducation, depuis la prématernelle jusqu'au postsecondaire.
Nous
investissons dans les cégeps dynamiques dans toutes les régions ainsi que dans
des pôles universitaires forts et
attractifs. Nous soutenons les efforts visant une meilleure adéquation entre la
formation et l'emploi. Nous mettons en place
les moyens nécessaires pour assurer l'intégration rapide des immigrants sur le
marché du travail et dans la société québécoise.
Grâce à la situation
financière solide que nous avons rétablie, ce budget est le budget de la
modernité et de la prospérité.
Il y a deux ans, lors du dépôt de notre premier
budget, j'avais cité un proverbe de mon pays de naissance selon lequel
«l'espoir entre toujours par la porte qu'on a laissée ouverte». Vous me
permettrez, M. le Président, de citer aujourd'hui
un autre proverbe portugais s'appliquant bien au budget 2016‑2017.
On a coutume de dire au Portugal «quem tem esperança sempre alcança», ce
qui veut dire «celui qui garde l'espoir réussit toujours».
Ce budget est le budget de l'ambition et de la
réussite. Ce budget est le budget d'une conviction, la conviction que nous disposons de tous les atouts pour relever
les défis de demain, la conviction que nous avons la capacité de bâtir
pour les générations futures un Québec moderne et prospère.
Motion proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement
M. le Président, je
propose que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
(Applaudissements)
Le
Président : Je remercie le ministre des...
• (17 h 30) •
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Je remercie le ministre des
Finances. (S'exprime en portugais). La présentation de votre motion est
faite.
Commentaires de l'opposition
J'inviterais
maintenant M. le député de Rousseau, critique en matière de finances et de
revenu de l'opposition officielle, à
prendre la parole et avoir les commentaires qu'il nous donnera pour les
10 prochaines minutes. M. le député, c'est à vous la parole.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Merci, M. le Président. M. le Président, le
gouvernement dépose un budget équilibré, mais au prix d'un déséquilibre dans le budget des familles et
d'une stagnation économique. Pour équilibrer son budget, le gouvernement
a déséquilibré celui des familles. Pour
équilibrer son budget, le gouvernement a coupé en éducation, en santé, dans nos
CPE, auprès des plus vulnérables, et malheureusement, M. le Président,
je vous le dis, l'austérité se poursuit.
C'est
un gouvernement qui aligne les colonnes de chiffres mais qui ne se soucie pas
des conséquences sur nos familles, sur nos aînés. C'est un gouvernement
qui manque de coeur et surtout qui manque d'ambition.
M.
le Président, le budget, c'est en quelque sorte le bulletin du gouvernement en
économie et en finances publiques, et malheureusement ce bulletin, il
est mauvais.
En
finances publiques, malgré le solde budgétaire nul, la situation des finances
publiques s'est détériorée. M. le Président,
pour évaluer la santé des finances publiques, les analystes, les économistes,
les prêteurs regardent essentiellement une
chose, c'est le niveau d'endettement. Et le niveau d'endettement du Québec, il
s'est alourdi. M. le Président, deux ans d'austérité qui ont étouffé notre croissance économique, ça se traduit
par une hausse de la dette en proportion du PIB, ça se traduit par un
alourdissement de notre endettement, et, M. le Président, c'est une très
mauvaise nouvelle pour les Québécois.
L'effet
libéral, l'austérité qui étouffe notre économie, ça se traduit aussi aux revenus
autonomes, par des baisses. En mai...
pardon, en mars 2015, en mars 2016, il y a eu des budgets, et, si on
compare les revenus autonomes prévus pour cette année, il y a un écart de rien de moins que 1 milliard de
dollars, 1 milliard de dollars qui a été soustrait aux revenus du
gouvernement de par sa politique négligente en économie, de par son austérité.
Au
chapitre de notre économie, de la croissance économique, de l'emploi, le budget
dépeint une économie qui stagne, une
économie qui ne crée pas d'emploi, une économie dans laquelle les entreprises
n'investissent pas. Le Québec, M. le Président, perd du terrain.
Au
chapitre de l'emploi — et j'invite ceux qui nous écoutent à aller lire la page C.26,
qui en dit long sur l'état de notre
économie — au chapitre
de l'emploi, commençons peut-être par dire que, pour cette année, à la
page C.26, on nous dit qu'il se créera 29 800 emplois. On
est sous les 30 000, M. le Président. Il n'y a pas une job qui a été créée
depuis 10 mois. Il n'y a pas eu de jobs
qui ont été créées depuis le début de cette année. Et là on nous dit qu'il y en
aura sous les 30 000 cette année. On verra bien. Mais, si on se fie
aux prévisions de la page C.26 et qu'on regarde le bilan du gouvernement
2014, à la page équivalente de la page C.26 l'année dernière, vous
trouverez qu'il y avait eu perte de 1 100 emplois. En 2015, il y a eu
37 300. Pour 2016, le budget prévoit 29 800 et, pour 2017, encore une
fois sous les 30 000, 29 200.
M.
le Président, ça fait, sur quatre ans, 95 200 emplois, ce n'est même
pas, même pas la moitié de ce qui avait été promis par ce gouvernement en campagne électorale. Et, M. le
Président, la fameuse promesse de 250 000 emplois, vous la chercherez, vous la chercherez dans ce qui
a été dit dans le discours par le ministre, vous la chercherez dans ce document budgétaire, et, cette promesse, M. le
Président, vous ne la trouverez pas. M. le Président, les
250 000 emplois, c'était
une promesse. C'est devenu une cible à un moment donné, par la suite un mythe,
et aujourd'hui les 250 000 emplois, ils sont portés disparus,
M. le Président.
Au
chapitre de la croissance économique, c'est le «limbo», ça a été le «limbo»
depuis deux ans et c'est encore le
«limbo». Essentiellement, le gouvernement nous avait prévu 2 % pour 2015, on
va finir autour de 1 %, et c'est le même procédé qui est utilisé à chaque année. À chaque année, on nous prévoit
du 2 %, ou mieux même, et ça finit toujours par des prévisions qui
sont à peu près à la moitié. Alors, M. le Président, la croissance économique
n'y est pas.
Et,
quant à la croissance de nos investissements, quant à la croissance de nos
investissements, qui est quand même le moteur de la croissance économique
aujourd'hui, mais surtout demain, après-demain, pour nos enfants, M. le
Président, savez-vous combien on
prévoit pour cette année en termes de croissance des investissements, dans ce
document? On prévoit un magnifique
0,0 %, rien, pas de croissance des investissements en 2016. Et ce n'est
pas moi qui l'invente, là, c'est écrit là-dedans, M. le Président, ça ne
s'invente pas.
Bien
sûr, devant cette situation, le gouvernement a incorporé à son document, à son
plan, des mesures économiques. Et il
y en a de nombreuses, il y en a pour 250 pages. Et, M. le Président, dans
le lot, il y en a bien sûr quelques-unes qui sont correctes, mais il y a beaucoup de recyclage. Surtout, il n'y a pas
de vision d'ensemble et, pire, il n'y a pas de résultat, il n'y a pas de résultat, M. le Président. Et en
témoigne, en témoigne le fait que la création d'emplois baisse, passe de
37 % à moins de 30 %, à
encore plus bas, dans les 20 %. À l'investissement, il y a 0 % pour
cette année. 250 pages pour arriver à 0 % de croissance des
investissements, c'est ça, le plan du gouvernement!
M. le Président, au
chapitre des services publics, il y a plusieurs choses à dire. Tout d'abord,
l'austérité se poursuit, puisqu'il y a
réduction de la croissance des dépenses consolidées. Et, parlant de coupures,
je constate le sens du timing extraordinaire du gouvernement avec une
coupure de 5,2 millions au DPCP.
Également, en
éducation, on nous avait promis un réinvestissement, M. le Président, on a
droit à des miettes. On a droit à un
taux de croissance de 3 %, ce qui est sous les 3,6 % qui avaient cours
pendant les 10 années qui ont précédé l'arrivée de ce gouvernement. Alors, M. le Président, les jeunes, qui en
ont mangé toute une ces deux dernières années, ne sont pas au bout de
leurs peines.
• (17 h 40) •
La santé est
la grande perdante de ce budget, la santé, avec une augmentation de 2 %
des dépenses consolidées. M. le
Président, on n'a pas vu ça, on n'a pas envisagé ça depuis 15 ans, une
croissance de 2 % en santé. L'essentiel de l'argent va aux ajustements salariaux. Et, avec la croissance de la
population, le vieillissement de la population, avec les hausses de coûts des technologies médicales et des
médicaments, ça veut dire quoi, ça, pour nos patients au Québec? Ça veut
dire que ça va être difficile, ça va être des coupures dans les services à nos
patients.
M. le
Président, les familles du Québec voient une réduction légère du fardeau
fiscal, de 130 millions. Ça représente 60 $ par famille. Après une hausse de 1 500 $, ça veut
dire... 60 $ de moins, il reste 1 440 $. Ça, c'est ce que
nous annonce le gouvernement. Par
ailleurs, la taxe famille, la ligne 434, est encore présente. Le
gouvernement reconnaît partiellement son erreur en réduisant le coût
pour un deuxième enfant. Il n'en demeure pas moins que le principe sous-jacent
est complètement vicié et il faut faire disparaître cette ligne 434.
M. le Président, je vais conclure. Le ministre
des Finances a inclus un très beau proverbe portugais dans son discours. Il va me permettre d'en adresser un au
gouvernement. C'est un proverbe latin : Primum non nocere, et ça, ça
veut dire, M. le Président, «d'abord, ne pas
nuire». Et, M. le Président, mon souhait est très simple : c'est que ce
gouvernement cesse de nuire à nos familles et cesse de nuire à notre
économie.
M. le
Président, depuis deux ans, avec ce gouvernement, le Québec perd du terrain, il
perd des emplois, il perd des
investissements, il perd des projets économiques puis il perd des sièges
sociaux. L'équilibre budgétaire, c'est la grande diversion qui cache
tout ce que le Québec a perdu. M. le Président, nous rejetons fortement la
politique budgétaire du gouvernement. Merci.
(Applaudissements)
Le
Président : Je remercie le critique des finances en matière
de... le critique de l'opposition officielle en matière de finances, M. le député de Rousseau, de ses
commentaires. Et j'invite maintenant M. le député de Granby à nous faire part
de ses commentaires comme
porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour les 10 prochaines
minutes, s'il le juge à propos.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, on a un budget trompe-l'oeil.
90 minutes, le discours. On a parlé pendant combien de minutes pour
les contribuables québécois? Deux, trois minutes? Quatre minutes? On avait trois mesures-phares. Quand j'ai rencontré le
ministre, voilà quelques semaines déjà, on souhaitait une baisse d'impôt
substantielle : 500 $ par
contribuable. On souhaitait un plan de relance économique. On souhaitait des
investissements importants dans les écoles du Québec.
Revenons à la
baisse d'impôt, M. le Président. On l'a maintes et maintes fois mentionné dans
les deux dernières années : Les
familles québécoises, les particuliers, ceux qui nous écoutent ont 750 $
de moins dans leurs poches depuis deux ans. Ai-je besoin de ramener
l'augmentation de ces taxes à gauche et à droite : taxes scolaires, frais
de garde, Hydro-Québec, taxe sur l'essence,
taxes municipales? Tout ce qu'on a pu sous-traiter, on l'a fait, du côté
libéral, pour dire aux
Québécois : Non, non, non, on n'a pas augmenté les taxes, c'était juste un
petit café ici et là, c'était juste un petit 10 $ ici et là. Mais,
au final, deux ans plus tard, c'est 1 500 $ de moins dans les poches
des contribuables.
Et là, la
grande mesure-phare aujourd'hui pour les contribuables, ceux qui nous écoutent,
on va donc, à partir de cette année,
baisser la taxe santé, 130 millions de dollars cette année. Bien, ça va
faire combien, ça, dans les poches des Québécois?
À peu près 25 $. Pour les familles? Entre 50 $ et 60 $. C'est à
peu près comme si vous aviez pris la télé du voisin d'à côté, au-dessus... les Québécois, là, puis que, là, le
ministre des Finances cogne à la porte aujourd'hui puis il dit : Regardez, on a un petit
certificat-cadeau pour vous, là, 25 $. Ça devrait compenser pour ce qu'on
vous a enlevé dans les dernières
années. C'est à peu près ça que vous avez fait aujourd'hui, c'est à peu près
ça. La meilleure image que je peux vous donner, M. le Président, une
mesurette pour dire aux Québécois : On pense à vous aujourd'hui.
Donc, est-ce
qu'on a compris le message? Est-ce que les Québécois sont moins étouffés en
2016? Non, pas du tout. Pas du tout.
Et là-dessus vous comprendrez que, pour nous... Ah! on va être bons
joueurs : RénoVert, quand même, je pense que certaines familles seront heureuses de voir qu'ils pourront
rénover leurs maisons et obtenir un petit crédit d'impôt. On va être
bons joueurs là-dessus.
Les écoles,
M. le Président, j'ai entendu le ministre tantôt nous parler de
700 millions. Ce n'est pas 700 millions, parce que, si on va voir précisément dans le
budget — on a une
façon d'arrondir les chiffres — c'est 620 millions qui est écrit dans le budget, M. le Président,
exactement 620 millions, pas 700. Donc, il faut donner les vrais chiffres
quand on est ministre des Finances, important pour les critiques, comme
je l'ai mentionné à mon collègue.
On parlait, M. le Président, de
3,5 milliards que nos écoles avaient besoin. 478 écoles, que mon
collègue de Chambly a mentionnées dans les
dernières semaines, qui avaient besoin — pour ne pas dire d'amour — de rénovation, de remise à neuf, de nouveaux investissements.
Donc, c'est 620 millions, sur 3,5 milliards que nos écoles ont
besoin. Quel message
on aurait pu envoyer aux directions d'école, aux enseignants, aux enfants en
leur disant : On pense à vous, là, on donne un gros coup, puis,
dans les prochaines années, toutes les écoles du Québec seront remises à neuf?
Et là, aujourd'hui, on a une mesure, oui,
200 millions, on ne peut pas dire que c'est banal, mais c'est trop peu
pour le système d'éducation, M. le Président.
Plan de
relance économique. M. le Président, on a mentionné dans les dernières semaines
que le secteur manufacturier aurait
eu besoin d'au moins, au moins, 1 milliard cette année, sinon
1 milliard dans les cinq prochaines années. Cette année, on va mettre 345 millions de dollars dans le
secteur manufacturier. Et la mesure-phare, c'est un rabais sur l'électricité. Ah, bien oui! On a des surplus,
on en a beaucoup, donc un rabais sur l'électricité dans le secteur manufacturier, celui des ressources naturelles. M.
le Président, il faut pousser plus loin, là, ça nous prend un capitaine de l'économie, là, ça nous prend quelqu'un, là,
qui a une vision claire pour soutenir l'économie québécoise, là. Ça prend
quelqu'un, ça prend un gouvernement qui a une vision pour pousser plus loin le
Québec.
M. le
Président, la croissance. Combien de fois mon chef l'a mentionné, nous sommes
57es en Amérique du Nord en termes de croissance du PIB. On va terminer l'année
à 1,1 % cette année. Et, M. le Président, le ministre des Finances,
qui se trompe assez souvent sur le PIB... on
va être à 1,5 % cette année, en 2016, on va être à 1,6 % en 2017.
Pensez-vous deux petites secondes
qu'on va monter 56e? 55e? Pensez-vous qu'on concurrence fortement l'Ontario et
les États-Unis, qui sont au-dessus de
2 %? Pas du tout, pas du tout, M. le Président. Toujours en retard. Et
tout ça pour dire qu'à chaque point
de pourcentage qu'on peut aller chercher c'est 500 millions de revenus
autonomes additionnels. Et ça, on met ça de côté, M. le Président.
Et
j'entendais mon collègue de Rousseau qui le mentionnait très bien, M. le
ministre, vous avez dit tantôt : On va envoyer un signal clair, envoyé aux entreprises privées, ce budget envoie un signal clair et fort
aux entreprises privées pour
qu'elles investissent davantage dans l'économie
québécoise. Bien, il l'a bien mentionné, dans ce budget, l'année passée, les investissements privés non
résidentiels, moins 4 %. Cette année, on a mis 0 %, parce que ça
devait peut-être être moins 1 %
ou moins 2 %, mais c'est 0 %, M. le ministre, c'est 0 %, Mme la
ministre. Les investissements non résidentiels au Québec sont à 0 %, ça, c'est le vrai chiffre, les
investissements résidentiels, 0,1 %. Création d'emplois pour cette année,
écrit noir sur blanc : 29 800
emplois, qu'on devrait créer l'an prochain : 29 200 emplois. Ça,
c'est les vrais chiffres qui sont dans ce budget, M. le Président.
Souvenez-vous
du vaisseau amiral, la Stratégie maritime, bien, c'est 2,7 millions qu'on
a mis dans le budget pour 2016-2017. Ce n'est plus un vaisseau amiral
qu'on a, c'est une chaloupe, M. le Président.
Et que dire,
M. le Président, de la dépendance que nous avons sur les transferts fédéraux,
la fameuse péréquation, hein, les
riches qui donnent aux pauvres? Bien, le Québec, M. le Président, va passer de
9,5 milliards à 10,5 milliards de péréquation d'ici deux ans, des transferts fédéraux qui vont augmenter,
M. le ministre, de 5,7 %. Vos revenus autonomes, eux, augmentent de 2,6 %. Ça commence à être
gênant, là. Ça commence à être gênant. Je répète, transferts fédéraux à 5,7 %, revenus autonomes à 2,6 %. On est
loin le jour où le Québec va tirer le Canada vers le haut, c'est plutôt le
contraire aujourd'hui, et ça, c'est extrêmement, extrêmement triste.
• (17 h 50) •
M. le
Président, les Québécois ont les impôts les plus élevés, les taxes les plus
élevées, le revenu disponible par habitant le plus bas au Canada et un
premier ministre qui fait fuir les investisseurs depuis des mois par ses
positions. Le Québec mérite mieux, et
malheureusement notre déclin économique continue, et, au final, ce
budget 2016, M. le Président, restera un budget trompe-l'oeil pour
les Québécois. Merci.
(Applaudissements)
Le Président : Alors, je
remercie le critique de la deuxième opposition, M. le député de Granby, pour
ses commentaires sur le budget.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, eh bien, je vais
ajourner nos travaux à mardi le 22 mars, à 15 h 30...
Des voix : ...
Le Président : Oui,
14 heures... 15 h 45.
(Fin de la séance à 17 h 51)