(Neuf
heures quarante-sept minutes)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, bonjour. Bon matin.
Affaires courantes
Déclarations de députés
On
va procéder à la rubrique des déclarations
de députés, et je vais commencer par M. le député de Côte-du-Sud pour sa
déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la parole.
Souligner le 35e anniversaire
du Centre d'entraide
communautaire bénévole de Montmagny
M. Norbert Morin
M.
Morin : M. le Président, aujourd'hui, je suis heureux de
souligner le 35e anniversaire d'un organisme bien implanté dans notre milieu, le Centre d'entraide
communautaire bénévole, CECB, fondé en 1980. Cet organisme de coeur oeuvre auprès des proches aidants, des personnes
atteintes du cancer, des aînés et bien d'autres clientèles dans le besoin.
Ils sont une ressource inestimable pour
plusieurs autres organismes de la région avec qui ils travaillent toujours en
étroite collaboration. La vaste gamme
des services qu'ils offrent dans les MRC de Montmagny et de L'Islet démontre
bien leur esprit créatif et dynamique.
Aujourd'hui,
je souhaite leur rendre cet hommage afin de les encourager à poursuivre leur
engagement qui est de faire la promotion de l'action bénévole. Mme Mélanie
Pinault, directrice, et toute son équipe maintiennent le cap afin que
les principales valeurs du CECB rayonnent au-delà de leur mission. Ainsi, vous
contribuez à briser l'isolement et à favoriser
au quotidien le maintien à domicile de plusieurs aînés qui, sans vous, auraient
certainement une qualité de vie inférieure. De tout mon coeur, je vous
félicite et vous lève mon chapeau!
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Rimouski pour la sienne. M. le député de
Rimouski, à vous la parole.
Souligner la Semaine de la
dignité des
personnes assistées sociales
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. À l'occasion de la Semaine de la
dignité des personnes assistées sociales, je tiens à souligner l'important
travail de l'Alliance pour la solidarité et l'inclusion sociale de
Rimouski-Neigette, qui a mis en place
de nombreux projets pour lutter contre la pauvreté dans notre région. Je pense
particulièrement à la mise en place d'un groupe d'achats qui consiste à se procurer collectivement des
aliments biologiques en vrac ainsi que le projet les Fruits partagés qui invite la population
à venir cueillir des fruits cultivés et de partager leurs récoltes à parts
égales avec Moisson Rimouski-Neigette et le producteur lui-même.
De
plus, dans le cadre des travaux de
l'alliance des partenaires de la région du Bas-Saint-Laurent... se sont
rassemblés afin de réaliser des actions de lutte aux préjugés, dont le projet
d'impression de bandes dessinées, sur des linges à vaisselle, qui dénoncent les
stéréotypes sociaux envers les personnes assistées sociales.
Je
tiens donc à féliciter toutes les personnes qui ont usé d'imagination et de
créativité avec un petit budget et qui ont
fait un impressionnant travail de mobilisation pour lutter contre la pauvreté
et améliorer la condition de travail, des vies de gens de par chez nous!
Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Richmond pour sa déclaration aujourd'hui. Mme la députée, à vous.
Rendre hommage aux bénévoles
oeuvrant
au sein des journaux communautaires
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières : Merci beaucoup, M. le Président. On soulignait
récemment la Semaine de l'action bénévole, et j'aimerais aujourd'hui
inviter mes collègues de l'Assemblée nationale à se joindre à moi pour rendre
hommage à des bénévoles qui sont un peu plus
souvent dans l'ombre, ceux qui, dans nos milieux, travaillent à rédiger et
concevoir nos journaux communautaires.
Dans le comté
de Richmond, chaque mois, ils sont plusieurs dizaines qui se relaient pour
recueillir l'information, la mettre
en page et la distribuer aux citoyens de nos municipalités en permettant à ces
citoyens de se concerter, d'émettre leurs idées,
leurs opinions, mais aussi de faire part de leurs critiques, de leurs projets
et de la vie communautaire. Ces bénévoles représentent des piliers très
importants du développement local.
À
tous ces bénévoles du Babillard, du Reflet, du Trident, du
Saint-Denisien, du RacinOscope, du Jourd'Ham, du Tou-cha-tou, du JournalL'Ardoise
et de L'Info Saint-Élie, merci de contribuer à rendre nos communautés
aussi vivantes!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Richmond,
pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme la
députée, à vous.
Rendre hommage à l'entreprise
Fréquences,
le disquaire et à son équipe
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je rends hommage à des hommes d'affaires de Saint-Hyacinthe et leur entreprise, Fréquences, le disquaire. En 2002, on prédisait déjà la
fin du marché du disque. Eux, ils ont décidé d'ouvrir un magasin de disques indépendant en plein
centre-ville de Saint-Hyacinthe. On pouvait penser qu'ils étaient fous, mais,
non, ce sont des hommes passionnés et
innovants, entre autres en créant une plateforme Web pour mieux s'adapter aux
mutations du commerce de détail. Ils se sont
aussi impliqués auprès de la relève musicale en organisant un festival précurseur
et des concerts d'artistes émergents dans leurs domaines.
Aujourd'hui, les gars de Fréquences, le disquaire sont reconnus par l'industrie musicale du Québec. L'ADISQ leur
a décerné cette année, pour la troisième année consécutive et pour la quatrième
fois, le prix du meilleur disquaire indépendant.
Leurs clients, en
2015, ce sont des habitués...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Madame... madame...
Mme
Soucy : ...des mélomanes, ou
les curieux, mais aussi du monde ordinaire. Alors, je voudrais féliciter
Fréquences, disquaire! Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Le problème, moi, c'est que je veux parfois appliquer le règlement.
C'est une minute et non 1 min 12 s.
Alors, M. le député
de Jean-Lesage, à vous pour votre déclaration de député.
Souligner le courage et la persévérance
de M. Laurent Breton,
ex-professeur de musique, créateur de la
Fondation Laurent-Breton
M. André Drolet
M.
Drolet : Merci, M. le Président. Je voudrais souligner l'engagement, le courage et la persévérance de
M. Laurent Breton. J'aimerais saluer sa présence ainsi que celle de ses
invités dans les tribunes. Bonjour, Laurent.
Enseignant
de musique pendant plus de 30 ans à l'école François-Bourrin,
M. Breton a rapidement constaté que plusieurs élèves exprimaient
le goût de continuer la pratique de leurs instruments une fois leur formation
secondaire terminée. Laurent Breton est le
fondateur de l'harmonie et de l'école les Cascades de Beauport, qui est une
référence dans le domaine de la
musique, de l'harmonie depuis plus de 30 ans. L'harmonie comprend
65 musiciens, et il a enseigné à plus de 4 000 élèves.
En 2012, Laurent a
malheureusement subi un accident vasculaire cérébral et a dû prendre sa
retraite de façon prématurée. Son courage et sa grande persévérance l'ont amené
à créer la Fondation Laurent-Breton, qui soutient les deux organismes qu'il a
créés au fil des années.
Bravo,
mon ami! Et tout à l'heure, M. le Président, j'aurai le plaisir de lui remettre
une médaille de l'Assemblée nationale en privé. Alors, merci beaucoup
pour ton courage.
Le Vice-Président (M. Gendron) : 4vpAlors,
merci, M. le député, et bienvenue aux gens qui sont ici, dans les galeries,
pour souligner.
Alors, M. le député
de Matane-Matapédia pour votre déclaration d'aujourd'hui.
Souligner la perte de 30
emplois
à l'usine d'Enercon à Matane
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, sur une note moins joyeuse, au
début de la semaine, la direction d'Enercon a annoncé le démantèlement
d'une partie des équipements de son usine de Matane et, de ce fait, l'abolition
de 30 emplois.
Ces pertes d'emploi supplémentaires dans notre
région font mal, et le gouvernement doit agir alors qu'il en est encore le temps. N'ayant pas été retenue dans
le dernier appel d'offres d'Hydro-Québec, l'entreprise a dû revoir ses opérations, réduire ses
effectifs. Enercon tente toujours de maintenir un maximum d'opérations à
Matane, mais la collaboration du
ministère des Ressources naturelles est maintenant nécessaire afin de permettre
à l'entreprise de passer à travers
une période difficile, une des solutions qui pourrait se définir, entre autres,
par une entente de gré à gré à court terme. Cela dépend maintenant de la
volonté politique à soutenir concrètement l'économie de notre région.
Au
nom des travailleurs d'Enercon, de leurs familles, de l'ensemble de la
population de la Matanie, des intervenants socioéconomiques, je tiens aujourd'hui à réitérer l'urgence et la
nécessité de l'intervention du gouvernement du Québec dans ce dossier
important pour la filière éolienne et pour notre région, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Matane-Matapédia, pour
votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Maurice pour sa déclaration d'aujourd'hui. À vous, M. le député.
Féliciter M. Félix Chrétien,
stagiaire à l'Organisation
internationale de la Francophonie à Paris
M. Pierre Giguère
M. Giguère :
Merci, M. le Président. C'est avec joie que je félicite un jeune homme de
Shawinigan-Sud, Félix Chrétien, étudiant au
baccalauréat international et droit international, pour la réalisation de son
stage au siège de l'Organisation internationale de la Francophonie à
Paris.
Félix
sera le seul représentant du Québec dans cette organisation. Son implication,
son grand dévouement et son professionnalisme
contribueront assurément à l'enrichissement des collectivités. Je lui souhaite
le meilleur des succès dans la réalisation de ses projets. Nous ne
pouvons qu'être fiers lorsque nos jeunes s'illustrent et font rayonner leur
région internationalement. Félicitations, Félix! Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée d'Arthabaska pour sa déclaration
d'aujourd'hui. Mme la députée, à vous.
Saluer l'initiative Les
P'tites Boîtes à lunch de la Tablée
populaire qui vient en aide aux élèves défavorisés
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : Aujourd'hui, je veux vous parler d'une
initiative qui voit le jour dans mon comté et à Victoriaville, au sein d'écoles fréquentées par des élèves défavorisés
ou des familles prises avec des problèmes financiers ponctuels. M. le
Président, c'était déjà en place à Victoriaville, mais on a décidé d'étendre le
programme. Les jeunes arrivent avec une boîte à lunch qui leur appartient, qui
est peut-être vide, mais mise dans des casiers à leurs noms. Des bénévoles les
remplissent. Donc, les enfants ne sont pas stigmatisés puis ils ne sont pas
avec une étiquette de personne démunie. Ça évite aussi le taxage susceptible
d'être vécu par des enfants aidés. Tout ça est fait à l'insu des jeunes, lorsqu'ils sont en classe. Ça permet aux
élèves d'avoir un meilleur processus d'apprentissage et d'être plus disponibles
à l'écoute.
Je
rappelle que, selon les Clubs des petits déjeuners, un enfant sur sept risque
d'arriver à l'école sans avoir mangé en
raison d'un accès inadéquat à la nourriture. Cette statistique doit tous nous
interpeller. Je voulais vous raconter cette histoire, peut-être qu'on
pourra donner au suivant.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée d'Arthabaska. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Papineau pour sa déclaration
d'aujourd'hui.
Rendre hommage à M. Pierre
Boileau, président
fondateur du Carrefour culturel ESTacade
M. Alexandre Iracà
M.
Iracà : Merci, M. le Président. Je voudrais souligner
l'implication de M. Pierre Boileau au sein du Carrefour culturel ESTacade, le seul lieu de diffusion de
spectacles dans l'est de la ville de Gatineau et dans tout le comté de
Papineau.
C'est en janvier
2004, suite à un incendie qui a ravagé une partie de l'auditorium de l'école
secondaire Hormisdas-Gamelin, qu'un organisme à but non lucratif a été formé pour gérer la salle de spectacle.
C'est Pierre Boileau, un auteur de la
région ayant enseigné le français durant plus de 30 ans, qui est devenu le
président fondateur, poste qu'il occupe
encore aujourd'hui. Au fil des années, M. Boileau et son équipe
ont réussi à développer un nombre impressionnant de partenariats qui ont permis
au carrefour d'offrir à la population du comté de Papineau une programmation
culturelle exceptionnelle, autant à la Salle Desjardins que dans différents
endroits du secteur.
Je
tiens à remercier M. Pierre Boileau pour son dévouement et son travail de
bénévole et souhaiter longue vie au Carrefour culturel ESTacade. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci pour votre déclaration. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Lotbinière-Frontenac
pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Souligner
le Mois de l'arbre et des forêts
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui, merci, M. le Président. Le mois de mai est donc le Mois de l'arbre et
des forêts. Donc, il y a une
série de programmations dans l'ensemble des régions du Québec,
là, qui permet, un, la distribution d'arbres, vous pouvez planter des arbres dans votre propriété
privée. Vous allez pouvoir assister à des conférences, il y a
des activités de sensibilisation, des
ateliers sur la forêt. Donc, c'est une activité familiale qui se déroule partout,
dans toutes les régions, suivez les programmations.
Ça
permet donc de sensibiliser aussi les Québécois aux retombées positives de la forêt dans nos
vies. Ça permet de rappeler
l'importance de la forêt, de constater à quel point le secteur forestier est
omniprésent et s'est modernisé au fil des
années, de rappeler aussi l'importance des métiers de la forêt, donc des
travailleurs qui à tous les jours vont récolter, aménager ou travailler
sur la diversité et la préservation de la biologie et l'écologie.
Donc,
j'invite toute la population à participer, donc, à ces activités dans
l'ensemble des régions. 140 municipalités dépendent de la forêt à tous les jours. Et on peut poser des gestes
positifs, donc, pour l'amélioration de la qualité de l'air et de l'eau. Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On vous remercie, M. le député, de votre déclaration.
Et cette dernière
déclaration met fin à la rubrique Déclarations de députés. Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 58)
(Reprise à 10 h 15)
Le Président :
Chers collègues, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence du consul général d'Italie
à Montréal, M. Enrico Padula
J'ai
le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du consul général
d'Italie à Montréal, M. Enrico Padula. (S'exprime en italien).
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de
projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre responsable de l'Administration gouvernementale et
de la Révision permanente des programmes et président du Conseil du trésor.
Plan stratégique 2015‑2019 de la Commission
de la fonction publique
M.
Coiteux : Alors, M. le Président, je dépose aujourd'hui le plan
stratégique 2015‑2019 de la Commission de la fonction publique.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale.
Rapport annuel de la Régie des rentes
M.
Hamad : Merci, M. le Président. J'ai l'honneur et le plaisir
de déposer le rapport annuel de gestion 2014 de la Régie des rentes du
Québec.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions ni de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Accès aux services de
réadaptation dans
la région de la Capitale-Nationale
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, pendant que le ministre de la
Santé est dans les structures, pendant qu'on bouleverse le réseau de la santé, la réalité, là, réelle,
c'est qu'on coupe dans les services actuellement, dans les services directs à la
population. C'est ça, le résultat de la réforme libérale.
Projet
de loi n° 10 aidant, 21 employés spécialisés de l'Institut de
réadaptation en déficience physique du Québec ont appris la semaine dernière que leurs postes ont été abolis — vous allez voir, M. le Président, c'est de
la structure : neuf éducateurs
spécialisés, sûrement; trois orthophonistes, trois ergothérapeutes, deux
techniciens en loisirs, un psychologue, un technicien en braille, un sexologue, un éducateur physique.
Évidemment, on coupe dans les structures, M. le Président, ça me semble évident; des professionnels qui
travaillent, dans les faits, avec des personnes handicapées afin de les aider
à améliorer leur sort, à améliorer leur autonomie, à faire en sorte que ces
gens reviennent sur le marché du travail.
Dans
les faits, ces coupes, M. le Président, c'est des coupes à courte vue qui vont
coûter cher au Québec, c'est clair. Ces gens-là vont revenir plus tard
au travail, ils seront sur des listes d'attente plus longtemps.
Comment
le premier ministre aujourd'hui peut défendre les choix du ministre de la Santé
qui se font sur le dos des gens les plus vulnérables et qui ont besoin
de réadaptation au Québec, M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, bien sûr, on partage la préoccupation de notre
collègue pour les personnes qui ont besoin de soins de réadaptation.
Ceci
étant dit, quelques choses, quelques éléments doivent être corrigés. D'abord,
ça n'a rien à voir avec le projet de
loi n° 10. Deuxièmement, il faut faire en sorte de s'assurer que les
services soient bien disponibles au bon endroit, au bon moment, dans tout le réseau de la région de la
Capitale-Nationale. Troisièmement, comme, la bonne nouvelle nous l'a appris, il y a moins d'accidents de la route
au cours des dernières années, le besoin en réadaptation en institution est
moins important. Cependant, en première ligne, dans les établissements près de
la population, le besoin demeure.
La
résultante de ça, M. le Président, c'est que, malgré les propos alarmistes du
collègue, ce qui va arriver, c'est qu'une
grande quantité de ces personnes-là vont être réaffectées dans les postes
vacants dans le réseau de la Capitale-Nationale sans qu'il n'y ait aucune
conséquence à la baisse quant à l'accessibilité des services.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Écoutez, ça me scie en deux, là, honnêtement. On
parle de professionnels. On va les envoyer ailleurs. J'imagine qu'ils vont faire d'autre chose, parce que
la réadaptation, ce n'est pas important. Il y a moins d'accidents. Bien voyons! Il y a des listes d'attente, les gens ont
besoin de ces services. D'ailleurs, on en mettrait deux fois plus, ce serait
seulement deux fois meilleur. Un autre exemple concret — j'imagine
que c'est une vue de l'esprit : au lieu d'avoir 12 séances d'une
heure, ce sera 10 séances de 45 minutes, en plus. Mais ça, ce n'est
pas une coupure, pour le premier ministre, ça doit être autre chose. J'ai hâte
de voir sa sémantique.
Dans
les faits, ce qu'on demande au premier ministre : que les professionnels
soient réintégrés, qu'on donne les services à ceux qui en ont besoin, M.
le Président.
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Que les services soient donnés aux personnes qui en ont besoin; oui,
bien sûr, ça va être fait. Que les
services soient donnés au bon endroit, au bon moment, par la bonne personne,
oui, et c'est l'essence même de ce que l'organisation du réseau de santé
de la Capitale-Nationale est en train de faire.
Alors, malgré ce
qu'on essaie de propager dans la population, et je ne prête pas d'intentions à
mon collègue, parce que je n'ai pas dit que c'était lui, personnellement, M. le
Président, qui disait ça — il
n'y a pas ici de risque de décroissance de
services, il y a une modification dans l'organisation des services, et les services vont continuer à
être assurés par les professionnels, M. le Président, dans le réseau de
la Capitale.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Il n'y a pas un risque, là, c'est une réalité : neuf éducateurs
spécialisés — j'imagine
que ce monde-là, il n'aidait pas le
monde, il ne se faisait pas de réadaptation — trois orthophonistes, trois ergothérapeutes,
deux techniciens en
loisirs. Bien voyons! Sur quelle planète vit le premier ministre? C'est des
gens qui donnent des services aux gens. Il faudrait au contraire augmenter ces services à la population, parce que
ça fait en sorte que des gens retrouvent leur autonomie, travaillent.
Moi,
je demande au premier ministre de prendre l'engagement aujourd'hui, là, pour
faire des vraies affaires, là, comme
il aime employer, là... qu'il réintègre ces gens et qu'il leur dise qu'ils vont
avoir des services à la hauteur de leurs besoins.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je suis assez au courant de ce que font les
professionnels de réadaptation dans le
réseau de santé et de services sociaux du Québec, là, quand même. Mais
l'engagement que je prends, c'est que le niveau de service demeure, que les gens sont redéployés. Beaucoup de ces
personnes vont continuer à travailler et servir la clientèle dans le réseau de la Capitale. Je suppose qu'on ne
s'objecte pas, du côté de l'opposition officielle, au principe qu'on doit
toujours être en train de réévaluer nos
façons de faire et d'avoir les meilleurs services au bon moment, au meilleur
endroit possible et au meilleur coût possible, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Le bon endroit, pour ces gens, dans les faits, c'est nulle part, puis le bon
moment, c'est jamais. C'est ça, la réalité concrète. Ces gens-là vont se
retrouver sur des listes d'attente.
Je
veux lui donner un autre exemple. On apprenait hier que, malgré la parole du ministre de l'Éducation, les parents de six nouveaux élèves qui devaient intégrer le centre de formation
Louis-Jolliet en septembre ne sont finalement plus certains
d'avoir une place. La raison, M. le
Président, elle est simple : les
coupures libérales. Ce sont des parents qui sont en attente pour des
enfants lourdement handicapés.
Est-ce que le premier
ministre prend l'engagement aujourd'hui, maintenant, à ce moment-ci, que ces
enfants auront des places à l'école...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, le collègue, il sait très
bien que les règles budgétaires
n'ont pas été encore transmises aux commissions scolaires. Donc, il parle d'hypothèses, de possibilités. Et on verra, lorsque les règles budgétaires auront été transmises, comment elles seront appliquées
par les commissions scolaires. Mais il
y a une chose que je veux dire bien
clairement cependant, c'est qu'on ne refera jamais
passer le réseau de l'éducation et de la santé par les épreuves terribles qu'ils ont traversées sous la gouverne du Parti québécois entre 1996 et 1998, jamais. On augmente très peu les budgets, d'accord,
on doit rétablir l'équilibre comme eux-mêmes s'y étaient engagés, mais jamais il n'y aura de coupes de 5 %, 6 %
de l'enveloppe de l'éducation, jamais il n'y aura de décroissance de l'enveloppe
de santé, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Richelieu.
Contribution des usagers des centres d'hébergement
et de soins de longue durée
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, M. le Président, mardi, à l'étude des crédits, le ministre de
la Santé nous apprenait une autre
triste nouvelle pour les aînés. Au moment où les scandales se multiplient en
CHSLD, pendant que nos aînés peinent à obtenir un bain par semaine, des repas
de qualité, on apprend que le ministre de la Santé va augmenter les tarifs au-delà de l'inflation pour les personnes
hébergées en CHSLD. On n'a pas entendu le gouvernement s'en vanter lors
du budget. On ne l'a pas entendu parler de ça en campagne électorale. Pour la
prochaine année, pas de meilleure nourriture pour les aînés, pas plus de bains
pour nos aînés, mais une augmentation des tarifs.
Le ministre peut-il
prendre la part des aînés, renoncer à cette augmentation excessive des tarifs
et travailler plutôt à rehausser les soins et les services aux aînés?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, M. le Président, je suis très content d'avoir cette
question-ci ce matin, évidemment, puisqu'elle est d'actualité.
Je tiens à remettre les choses en
perspective. Les soins de santé qui sont donnés dans les CHSLD sont payés par les
services publics entièrement, et c'est le gîte et couvert, évidemment, qui fait l'objet de la contribution de l'usager, gîte et couvert que l'usager
dépenserait évidemment s'il était chez lui.
Or,
le Vérificateur général, M. le
Président, en 2011, a invité le gouvernement à apporter des correctifs parce
que l'indexation qui a été effectuée
au fil des années ne permettait pas de couvrir ces frais-là. Et d'ailleurs
je rappellerai... bien, j'informerai le député de Richelieu que son
propre gouvernement, comme ma collègue la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne me le rappelait, avait lui-même proposé de faire ce rattrapage-là, M. le Président. Le Vérificateur général
nous a proposé, a proposé au gouvernement d'entreprendre une démarche pour faire un rattrapage que nous avons
jugé excessif.
Ceci
dit, M. le Président, je tiens à affirmer aujourd'hui très clairement que l'augmentation qui a été annoncée dans les journaux, de 4 %
par année, n'arrivera pas. Elle n'arrivera pas. Il y a une indexation qui est
prévue...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...et il y aura un rattrapage marginal qui sera fait à la
hauteur de la capacité de payer des citoyens, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, notre gouvernement a dit non à pareille augmentation. Le
ministre fait un autre choix, celui
de faire payer plus les aînés. C'est le choix que ce gouvernement fait. Sous
Réjean Hébert, non seulement il n'y a pas eu de hausse d'imposée aux aînés, mais c'est le virage vers les soins à
domicile qui a été priorisé, ce que le ministre actuel de la Santé
abandonne.
Est-ce
que le ministre peut arrêter de faire de la partisanerie avec cet enjeu et
renoncer à cette hausse inacceptable de tarifs?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, le chef de l'opposition
officielle, il y a quelques
instants, se demandait sur quelle planète
on vivait, bien je vais lui expliquer : on vit sur la planète Terre alors
que manifestement le député de Richelieu, lui, vit dans un cosmos qui
était celui du précédent gouvernement.
Il
fait référence, M. le Président, à l'assurance autonomie, et on se rappellera, M. le Président, que le précédent président
du Conseil du trésor, actuellement chef de l'opposition
officielle, n'avait pas budgété
l'assurance autonomie, M. le Président, mais avait autorisé le ministre de la Santé précédent à en faire la promotion, et, ce faisant, M. le Président, le Parti québécois avait choisi d'annoncer des choses fausses
aux personnes âgées, M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le ministre, je vais vous demander de retirer vos derniers
propos. Je vais vous demander de retirer vos derniers propos.
M. Barrette :
Désolé d'avoir utilisé... Je retire. Je retire.
Le Président :
C'est ça. Voilà. Voilà. O.K. Deuxième complémentaire, M. le député de
Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
On parle des aînés, M. le Président. Ce gouvernement a promis de ne pas augmenter les tarifs au-delà
de l'inflation, en campagne électorale. Est-ce assez terre à terre, ça?
Pourquoi le ministre
renie la promesse de son gouvernement en allant piger dans les poches des aînés
les plus vulnérables?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, cette question-là m'amuse vraiment parce qu'on comprend maintenant...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît!
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le ministre, veuillez continuer.
M.
Barrette : M. le Président, la question qui m'est posée illustre très
clairement la relation que le Parti québécois entretient entre le Vérificateur général, M. le Président, hein? Le
Vérificateur général nous a dit qu'il y avait un déficit potentiel de 7 milliards de dollars; ils le
nient. Le Vérificateur général recommande de faire un rattrapage; ils le nient.
Le Parti québécois, quand il était au pouvoir, annonce des mesures non financées, M. le Président. Nous vivons sur la planète Terre et nous prenons les mesures
qui sont nécessaires...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...pour faire en
sorte que les services que l'on doit rendre à la population le soient
correctement, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Situation de l'emploi dans la région
de la Capitale-Nationale
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, depuis le début de la session, j'ai beaucoup de difficultés à
avoir des réponses claires de la part
du premier ministre. Je vais essayer encore aujourd'hui. Je vais lui poser une question précise, j'espère avoir une réponse
précise.
Depuis
un an, l'économie de la ville
de Québec ne va pas bien, l'économie
de la ville de Québec est en panne, M. le Président, depuis un
an.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le
Président : Bien là, M. le député de Louis-Hébert, je ne vais pas vous appeler, je vais vous rappeler,
et il n'y a qu'une personne
ici qui a un droit de parole, c'est le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
Legault : Oui. M. le Président, depuis un an, depuis un an, M.
le Président, quand on regarde la
région métropolitaine de Québec,
il s'est perdu 12 500 emplois
dans le secteur privé. M. le Président, 12 500 emplois, pour la
ville de Québec, là, c'est énorme.
Donc,
ma question précise : D'abord, est-ce que le premier ministre reconnaît
que la région de Québec a perdu 12 500 emplois dans le secteur
privé depuis son arrivée au pouvoir? Et que va-t-il faire pour renverser la
tendance?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, il va falloir augmenter les efforts de recherche un
peu, là, parce que la région de Québec,
et je suis très fier de le dire, est une des régions les plus prospères au
Canada, M. le Président, et ça se fait chez nous, dans notre Capitale-Nationale, avec un taux de chômage de
5 %. Il y a beaucoup de nos régions qui aimeraient avoir un taux de
chômage semblable. C'est également à Québec que, dans les trois premiers mois
de l'année, il s'est créé 11 000
emplois, M. le Président. Et, lorsqu'on visite des entreprises comme mon
collègue a fait hier, avec notre candidate, dans une circonscription bien connue du collègue, la circonscription de
Chauveau, on lui dit, là, dans cette entreprise : On n'a pas de problème de chômage à Québec, on a
un problème de trouver de la main-d'oeuvre. C'est pour ça qu'on
travaille, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est gênant de voir les libéraux applaudir...
Une voix :
...
Le Président : S'il
vous plaît! Je vous ai rappelé à l'ordre une fois, là. S'il vous plaît! M. le
député de Louis-Hébert, hier, vous
vous targuiez de dire que les gens parlaient de l'autre côté quand vous
répondiez aux questions, mais j'ai essayé de vous dire que, quand c'est
aux autres de le faire, c'est à vous aussi de vous taire.
Une voix :
...
Le Président :
Allez, je vais vous écouter.
M.
Fournier : M. le Président, je tiens à vous féliciter. Je vous
implore de faire la même chose à l'égard de toute personne de l'Assemblée. Je crois que, si nous
voulons avoir une assemblée respectueuse des droits de parole, nous devrions
avoir, de la part de la présidence, le même
rappel à l'égard de tous ceux qui prennent la parole alors qu'ils ne l'ont pas.
Je vous félicite et je crois qu'on aura une meilleure assemblée maintenant.
Merci, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président :
Je vous remercie de vos remerciements. C'est ce que je m'efforce de faire.
Maintenant, M. le
chef du deuxième groupe d'opposition, c'est à vous la parole.
M. Legault :
M. le Président, c'est gênant. Le premier ministre vient de nous dire que le
taux de chômage est à 5 % à Québec. Ça, c'était il y a un an, on est
rendu à 6 % de chômage. Il s'est perdu 12 500 emplois dans le secteur
privé à Québec, puis le premier ministre ne le sait même pas, je viens
de lui apprendre ça, M. le Président. Puis ses collègues l'applaudissent...
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, encore une fois mon collègue est dans l'erreur, il ne
vérifie pas ses faits. La région de
Québec, c'est, encore une fois, une des régions les plus prospères de toute la
Confédération, de la fédération canadienne, il y a de quoi en être très
fier.
Et
je répète qu'ici, à Québec — et on aimerait ça que ce soit la même chose
dans ma région puis dans les autres régions — on n'a pas de problème
de chômage, on a des problèmes de trouver des travailleurs qualifiés pour nos entreprises. C'est un heureux problème et c'est un
problème qu'il faut résoudre en travaillant sur l'adéquation entre la
formation et les emplois disponibles. Il y aura beaucoup d'emplois disponibles
d'ailleurs ici, à Québec, au cours des prochaines années.
Maintenant,
mon collègue, je l'écoute, et le ton général de ses questions... Puis je lui
reconnais le mérite d'avoir apporté
certaines propositions sur la place publique depuis son retour en politique,
mais malheureusement son discours, c'est un discours de déclin, c'est un
discours négatif, ça ne va pas bien.
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : Ça va très bien à Québec, ça va continuer de bien aller
avec le gouvernement.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, les faits sont têtus. Il y a un an,
le taux de chômage était à 5 %, on est rendu à 5,8 %. C'est Statistique Canada qui le dit, M. le
Président, il s'est perdu 12 500 emplois depuis un an. Ça ne l'intéresse
pas, le premier ministre, l'économie du Québec.
Quand va-t-il nous
donner une mesure? C'est lui, le premier ministre.
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : 5,3 % à Québec, M. le Président, en passant.
D'ailleurs, on aura remarqué, M. le Président...
Des voix :
...
M.
Couillard : Je suis de bonne humeur, là, on va continuer à échanger.
On aura remarqué qu'en l'espace de quelques
secondes notre collègue a fait baisser de plusieurs points de pourcentage le
taux de chômage, ce qui représente, petit détail, des milliers
d'emplois, probablement.
Mais
moi, je vais lui rappeler encore une fois, M. le Président, qu'on est très
fiers de la croissance économique. D'ailleurs,
si on pouvait étendre au reste du Québec la performance de la région de Québec,
ce serait formidable, et je l'engage,
lui, à nous présenter des suggestions pour que l'ensemble des régions du Québec
soient aussi vigoureuses sur le plan économique et la création d'emplois
que la région de la Capitale-Nationale.
Le
Président : Principale, M. le député de Lévis.
Hausse
de la contribution pour le gîte et le couvert dans
les centres d'hébergement et de soins de longue durée
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, le gouvernement libéral envisage d'augmenter de plus
de 850 $ par année les loyers
des dizaines de milliers de personnes qui vivent en CHSLD. En fait, les faits
sont ceux-ci. Il est écrit noir sur blanc
dans les crédits du ministère de la Santé qu'il y aura une révision de
2,5 % au-delà de l'indexation annuelle de la contribution. C'est une augmentation, selon les
écrits, de plus de 4 % qui vient encore briser la promesse électorale du
Parti libéral de ne pas hausser les tarifs au-delà de l'inflation.
Bien
que le ministre de la Santé ait expliqué ce matin encore, il y a quelques
minutes, que la hausse ne serait pas de
cette ampleur, il maintient une hausse supérieure à l'inflation. La capacité
des aînés à payer est atteinte. Le ministre dit que ce sera en bas de
4 %, mais plus que l'inflation.
Est-ce que le
ministre de la Santé renonce ce matin à hausser les loyers des aînés dans les
CHSLD au-delà de l'inflation?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je sens, M. le Président, que j'aurai à répéter à plusieurs
reprises la même réponse, mais ça me fait plaisir d'avoir ces
échanges-là avec nos collègues des oppositions.
Je
réitère, M. le Président, que les soins cliniques dans les CHSLD sont gratuits
et qu'il y a une contribution qui est demandée aux usagers en fonction
de leurs revenus pour le gîte et le couvert. Et je réitère, M. le Président,
qu'une recommandation du Vérificateur
général... Et, si ça ne sert à rien, le Vérificateur général, M. le Président,
que la CAQ demande d'abolir
l'institution. Je réitère que le Vérificateur général a insisté pour qu'il y
ait une forme de rattrapage. Je réitère
également, M. le
Président, qu'à l'étude des crédits
j'ai clairement dit qu'il n'y aurait pas, comme je le dis aujourd'hui, d'augmentation annuelle, pendant quatre ans, de 4 % de la contribution de l'usager, mais que
nous devions, de façon responsable,
faire en sorte d'effectuer un rattrapage minimal. Il sera minimal sur la base
d'un excédent au taux d'inflation, mais qui sera très, très, très loin
du 4 %, et ça, ça s'appelle gérer les deniers de l'État...
Le Président :
En terminant...
M. Barrette :
...correctement, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, le ministre réitère, moi, je vais répéter. Il est
écrit dans les crédits : «Révision de 2,5 % au-delà de l'indexation annuelle...» 2,5 % plus
l'indexation annuelle, ça fait 4 %. Le ministre dit que c'est une
coquille. Très étonnant pour un document aussi officiel. Les aînés sont plongés
dans l'incertitude.
Peut-il
nous dire quels chiffres exacts doivent figurer aux crédits pour remplacer la
hausse écrite de 2,5 % avant de les adopter?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, le fait d'avoir une affectation d'un montant d'argent qui
était une coquille, effectivement, comme le
dit le député de Lévis, ne change rien à l'ensemble des crédits. Les crédits,
c'est le montant qui sera affecté aux opérations en soins de santé et
des services sociaux, qui sera voté et, j'ose espérer, adopté.
Ceci dit, M. le
Président, évidemment, cette affectation-là ne sera pas à cette hauteur-là. Et,
je le répète, M. le Président, c'est
important, il n'y aura pas d'augmentation de 4 % de la contribution de
l'usager pour les quatre prochaines années, mais oui, il y aura une
légère augmentation...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...au-dessus de l'inflation, et les crédits seront entrepris tels quels.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, le ministre de la Santé explique que le Vérificateur
général a suggéré de revoir
périodiquement la contribution des personnes hébergées. Le VG n'a pas fixé les
montants des hausses de loyer, c'est le gouvernement qui décide du
montant, des moyens, c'est son choix. Il a décidé d'appliquer la solution
libérale classique facile : augmenter les tarifs. Le ministre le sait fort
bien.
De combien sera
l'augmentation aux aînés en CHSLD? Peut-il nous le dire maintenant? Il doit le
savoir.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, le Vérificateur général, au contraire de
ce que vient de dire le député de Lévis, a été très clair dans ses recommandations, il devait y avoir un rattrapage, et
le rythme de rattrapage proposé par le Vérificateur général était, à notre lecture, excessif pour la
capacité de payer des citoyens. C'est la raison pour laquelle la formule qui
a été proposée par le vérificateur a été rejetée.
Ceci
dit, ça n'enlève pas le bien-fondé de l'essence de la recommandation du
Vérificateur général, mais le député de
Lévis doit bien savoir que ce qui n'est pas passé, par exemple, au Conseil des
ministres, ce qui est le cas actuellement, ne peut être divulgué ici, M.
le Président. Il y a des procédures à suivre, que je pense que le député de
Lévis...
Le Président :
En terminant...
M. Barrette :
...considère qu'elles doivent être respectées.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Montarville.
Financement
du Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels et du Fonds Accès Justice
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Sur chaque
amende payée pour des infractions au Code de la sécurité routière, 14 $ servaient à financer l'aide aux victimes
d'actes criminels et l'accès à la justice. On apprend maintenant qu'avec le projet de loi n° 28 adopté sous le
bâillon, on s'en souvient tous, ces sommes, qu'on appelle des contributions
pénales, seront augmentées, ce qui est bien.
Le gouvernement prévoit ainsi accumuler 21 millions de dollars
supplémentaires. Mais le problème,
c'est que, lors de l'étude des crédits, la ministre de la Justice nous a
confirmé que seulement 2,9 millions de dollars sur ces 21 iront au Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels et au Fonds Accès Justice. Le reste ira où? Au fonds
consolidé pour combler tout autre besoin budgétaire. Le gouvernement libéral dénature la vocation de cette contribution pénale.
Comment
justifie-t-il que l'argent supplémentaire perçu par les amendes ne soit pas entièrement versé aux victimes et à l'accès à la justice?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Ce n'est
pas mon habitude, M. le Président, je crois qu'on doit essayer de donner les
réponses dès le moment où elles sont posées. Ma collègue de la Justice
est malade aujourd'hui, n'est pas en mesure de répondre à la question. Si la députée
le permet, à la prochaine période de questions elle pourra donner la réponse à
sa question, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Marie-Victorin.
Une voix :
...
Le Président :
Je m'excuse. Mme la députée.
Mme Roy
(Montarville) :
...à titre informatif?
Le Président :
Absolument, absolument. Mme la députée de Montarville, en complémentaire.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Merci. M. le Président, moi, je soumets que, si le gouvernement souhaitait que
les sommes récoltées, ces 21 millions, puissent contribuer au financement
de l'indemnisation des victimes, pourquoi ne pas l'avoir prévu spécifiquement dans la loi?
C'est seulement 13 % des 21 millions supplémentaires qui iront à
l'aide aux victimes et à l'accès à la justice, le reste servira à
renflouer les coffres de l'État.
Comment le gouvernement peut-il dénaturer la
contribution pénale créée pour les victimes en 2003 sans que personne n'en ait
été informé?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : De toute
évidence, M. le Président, le débat a eu lieu en commission lors de l'étude
des crédits. D'ailleurs, c'est un des buts de l'étude des crédits, c'est
de pouvoir poser des questions, qui sont répondues. Et notre collègue, je le
vois bien dans sa question, lui a répondu. Elle veut revenir sur le sujet. Et,
comme tantôt le chef de la deuxième
opposition nous a cité une panoplie de chiffres contradictoires, je veux
m'assurer qu'elle ait la bonne réponse de la personne qui lui a répondu
la dernière fois.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe.
M.
Bonnardel :
Avec toute l'expérience du leader parlementaire du gouvernement, vous savez
très bien que le leader prête des intentions
au chef du deuxième groupe de l'opposition. Je lui demanderais, s'il vous
plaît, de retirer ses...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Alors, la précision des chiffres, là,
c'était dans le p.l. n° 28. Le gouvernement ne s'est pas vanté de cette nouvelle mesure, il a choisi de
ne pas la publiciser et de la faire passer lors de son projet mammouth. Alors, pour informer les gens qui nous écoutent...
Les Québécois ne sont pas au courant de cette mesure, ils ne savent pas qu'au lieu de payer 14 $ qui s'ajoutaient
à une amende ils devront maintenant payer 20 $, ou 40 $, ou même
25 % d'une amende qui dépasse
500 $. Est-ce que c'est ça, la transparence du gouvernement libéral? Non,
pas du tout, M. le Président, c'est un détournement de fonds.
Le
Président : Mme la députée de Montarville, je vais vous
demander de retirer vos derniers propos, c'est une accusation
criminelle.
Mme Roy
(Montarville) :
Alors, un déplacement de...
Le
Président : Vous retirez vos propos, c'est ce que je comprends?
Vous commencez par retirer vos propos. Vous retirez vos propos? Bon,
merci. M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Alors, comme je disais, M. le Président, la question a été soulevée en
commission parlementaire, qui est une
des institutions de ce Parlement diffusée, avec des caméras, il y a
transcription, tout ça. Donc, il n'y a rien qui n'est pas apparent, puisque
tout ça a été débattu, la ministre a répondu longuement à la question.
À
8 heures, ce matin, on a avisé la deuxième opposition de l'absence de la
ministre de la Justice. Encore une fois, je suis heureux de prendre l'engagement qu'elle puisse répondre à
nouveau, même si elle a déjà répondu. Et je pense que c'est simplement les usages dans cette Assemblée,
je crois que ces usages devraient être respectés à l'avenir. Merci de votre
participation.
Le Président : Principale, M.
le député de Marie-Victorin.
Frais imposés par Hydro-Québec
pour la lecture des compteurs
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, aux dernières nouvelles
2,9 millions de compteurs intelligents avaient été installés
au Québec. Principal avantage : la relève à distance. Alors, plus besoin que quelqu'un
vienne à ton domicile pour relever ta consommation d'électricité, le
compteur est communicant, il communique ta consommation à Hydro.
Or, surprise,
surprise, on apprend qu'Hydro-Québec continue de facturer à tous ses clients
des frais de relève de 0,06 $ par jour 365 jours par année.
Facture annuelle : 23 $ pour chaque client d'Hydro-Québec. Multipliez
ça par 2,9 millions de clients qui ont
déjà un compteur intelligent, c'est un beau 67 millions par année payé en
trop par les clients d'Hydro,
67 millions de frais de relève qu'on ne devrait plus payer parce qu'il n'y
en a plus, de relève, avec les compteurs intelligents.
M.
le Président, est-ce que le gouvernement va mettre fin à cette surfacturation? Puis
est-ce qu'il va exiger d'Hydro qu'elle rembourse les millions payés en
trop par les Québécois?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, d'abord, premièrement, tous les compteurs d'Hydro-Québec, évidemment,
sont homologués de la meilleure façon
possible. Je rappelle, M. le
Président, que, quand les
consommateurs... Les premiers, entre
autres... Il y a eu, évidemment, des compteurs intelligents qui ont été
installés, je pense que le député de Saint-Jérôme était président du conseil d'administration, et ce
que rapporte le député de Marie-Victorin s'est probablement produit aussi sous la gouverne du député de Saint-Jérôme.
Alors, M. le Président, je vais faire part à Hydro-Québec de ce dont me
parle le député de Marie-Victorin, et nous allons certainement corriger, s'il y
a lieu, la situation, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, il n'y a jamais eu autant de Québécois qui ont de la difficulté à
payer leur facture d'Hydro,
300 000 clients pris pour conclure une entente de paiement avec Hydro
parce qu'ils sont pris à la gorge, un record. Puis, pendant ce temps-là, Hydro charge 23 $ par année pour des
frais de relève alors qu'il n'y en a plus, de relève, avec les compteurs
intelligents.
Allez-vous mettre fin à cette surfacturation?
Pas besoin de demander à Hydro la permission de ça, c'est votre décision. Allez-vous mettre fin à cette surfacturation
puis allez-vous rembourser les Québécois qui ont payé des millions en
trop?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, je tiens à rappeler au député de Marie-Victorin qu'il se conclut
chaque année environ 100 000 ententes
de paiement entre Hydro-Québec... Ça représente des montants substantiels. Et
d'ailleurs qu'il regarde la
réévaluation qui a été faite et demandée par la Régie de l'énergie. Et je peux
vous dire que cette réévaluation, actuellement,
est en cours, et, lorsqu'ils vont comparaître à nouveau devant la régie, ils
vont devoir justifier de quelle façon ils font les ententes de paiement,
M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Rimouski.
Sommes attribuées à la
création d'emplois en forêt
dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Jeudi dernier, le ministre des Forêts
a confirmé à mon collègue de Bonaventure la rumeur qui circulait depuis plusieurs semaines : le programme de
création d'emplois en forêt, qui était à 6 millions par année, est
aboli par le gouvernement. C'est au minimum 250 jobs qui seront perdues dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, dont 30 au Témiscouata, dans le comté du
ministre régional. Le ministre régional refuse de comprendre qu'il y aura moins d'argent dans la forêt et
prétend même le contraire. Francis Albert, directeur général du Groupement
forestier du Témiscouata, contredit les chiffres avancés par le ministre. Je
cite : «Il n'y a pas une cent de plus. Au Bas-Saint-Laurent, il y aura
5 millions de moins en forêt privée, 1 million de moins pour les lots
intramunicipaux et 500 000 $ de plus
en forêt publique. On arrive à 5,5 millions de moins pour le
Bas-Saint-Laurent. Nous avons démontré ça au ministre [de la Forêt]. Je
ne comprends pas pourquoi [le ministre de la région] nous dit le contraire...»
Qui dit vrai? Est-ce que le ministre régional va
arrêter de nier la réalité et défendre ces pères de famille qui se retrouvent
aujourd'hui devant rien?
Le Président : M. le ministre
des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, donc j'ai eu la chance d'annoncer des investissements de
225 millions par année pour
l'ensemble des régions du Québec. Grosso modo, l'ensemble des régions du Québec
ont vu leur enveloppe bonifiée pour
la plupart. J'ai fait part, donc, ici, en Chambre... Je les ai rencontrés avec
mon collègue pas plus tard que samedi passé, samedi qu'on vient de passer. On a donc fait la démonstration... J'en
conviens que les sommes qui sont distribuées au Bas-Saint-Laurent sont
supérieures aux années passées, mais ne sont pas distribuées aux mêmes
personnes parce que la
forêt a poussé, M. le Président. La forêt, là, quand on faisait des travaux de
sylviculture avec des petites débroussailleuses...
Maintenant, elle a atteint une valeur commerciale. D'ailleurs, la région nous a
déposé un plan pour la récolte de ces
arbres-là destinés aux usines, puis on leur a dit, avec mon collègue ministre
régional et député, hein, que, si les
usines acceptaient de prendre ce bois-là, qu'on allait faire des efforts pour
s'assurer qu'il y ait plus de livraisons dans les régions, plus de livraisons aux usines, l'augmentation du panier de
services, l'augmentation du panier de produits et plus de monde au
travail.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : M. le Président, je suis né au Témiscouata, je connais les
gens de ce pays-là, puis ce monde-là connaissent
la forêt, ils y vivent depuis des générations. Et, quand ils me disent, comme
le gars du groupement forestier, le directeur général, qu'il y a moins
d'argent en forêt, je suis porté à le croire. Je demande au ministre de la
région de travailler ensemble. Les députés
de la région Gaspésie–Bas-Saint-Laurent, qui sont majoritaires de ce côté-ci,
on veut travailler avec le ministre
de la région pour convaincre le ministre de la Forêt, en qui j'ai confiance, de
trouver une alternative pour donner
de la job à ces gens-là qui, aujourd'hui, se retrouvent devant rien, et qui ont
besoin de travailler, puis ils ont besoin... C'est bon pour l'économie
de la région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
• (10 h 50) •
Le Président : M. le ministre
des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Non seulement les fonds de la forêt publique vont au Bas-Saint-Laurent, parce
qu'il y 50 % de la forêt qui est
publique puis 50 % qui est forêt privée, on a annoncé hier et confirmé les
investissements en forêt privée aux agences
pour leur dire : Vous avez 7 millions, 25 % du budget du Québec,
pour mettre le monde au travail immédiatement, dont 70 % de ces budgets-là envoient le monde immédiatement
travailler à faire de la récolte de bois commercial pour livrer le bois
aux usines, pour faire travailler autant le monde des usines que le monde qui
sont dans le bois.
Maintenant,
on s'est engagés ensemble à regarder une situation où on peut augmenter les
volumes de récolte de bois commercial vers les usines. Ça me prend deux
engagements : celui-là qui veut le livrer puis celui-là qui veut le
transformer. Si on a ces objectifs-là...
Le Président : En terminant.
M.
Lessard : ...on va
aider la région.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Application de la taxe sur
l'hébergement
aux terrains de camping
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Après l'augmentation des taxes
scolaires, des tarifs d'électricité, des frais de garderie, des loyers dans les CHSLD, des taxes sur l'essence,
imaginez-vous, M. le Président, que le gouvernement libéral va encore plus loin et pense maintenant à
taxer les campings. Voilà la façon d'innover du gouvernement libéral
pour arriver à l'équilibre budgétaire. Après, le gouvernement vient nous dire
qu'il fait du bon boulot pour arriver à l'équilibre
budgétaire. Non, c'est les contribuables et la classe moyenne qui font
l'effort, pas le gouvernement libéral. Selon ce que rapporte Le Journal
de Montréal, le gouvernement voudrait taxer les sites du prêt-à-camper.
M. le Président, la ministre responsable du
Tourisme va-t-elle créer une nouvelle taxe camping libérale?
Le Président : Mme la
ministre du Tourisme.
Mme Dominique Vien
Mme Vien : Merci
beaucoup, M. le Président. Ça me fait plaisir de réitérer la réponse que j'ai donnée hier à
l'effet que l'industrie me demande de développer le produit au Québec, de le propulser plus
loin, de faire en sorte que l'industrie
touristique se développe davantage
et que nous puissions accueillir plus de touristes étrangers, notamment
au Québec, M. le
Président. Et il n'y a
qu'un seul moyen d'y arriver, M. le
Président, c'est de mieux financer le
produit au Québec. C'est
quoi, le produit au Québec? Ce sont nos événements dans chacune de nos
régions, ce sont des attraits que nous voulons développer. Chacun, chacune d'entre nous avons cette préoccupation-là pour attirer davantage de touristes chez nous.
M. le Président, j'ai été très attentive quand
on m'a posé la question, et je réponds, et j'entends beaucoup de bavardage de l'autre côté, c'est très embêtant.
Oui, c'est très embêtant, et on se plaint souvent de cette situation-là,
M. le Président.
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Vien : Ceci étant dit, M. le Président, comme je l'ai dit hier, nous avons mis en place
un comité sur lequel siègent plusieurs représentants de l'industrie
touristique, la députée de Saint-Hyacinthe est fort au courant de cette situation-là.
Nous sommes en attente de propositions, nous sommes en attente de suggestions et, au
moment opportun, nous prendrons les décisions qui s'imposent, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Chantal Soucy
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. On peut reprocher au Parti libéral de manquer
d'innovation, mais pas d'imagination dans la
création de taxes. Le gouvernement aurait même envisagé de taxer tous les sites où s'installent
les campeurs itinérants.
Quelle
nouvelle taxe que le gouvernement va nous faire apparaître la semaine prochaine,
taxer les VR dans les stationnements
de Wal-Mart? Pour le moment, on n'en sait rien, car la ministre du Tourisme refuse de répondre à notre question. M. le Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Soucy :
M. le Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Mme la ministre du Tourisme.
Mme
Dominique Vien
Mme
Vien : Moi, M. le Président, de ce côté-ci de la Chambre, on
fait confiance à l'industrie touristique, à ses intervenants, auxquels
j'ai demandé de se pencher sur la question du financement du produit au Québec,
et je devrais avoir d'ici quelque temps les
suggestions des entreprises, des associations touristiques pour m'aiguillonner,
si vous voulez, sur les solutions à développer.
Maintenant,
s'il devait y avoir un élargissement de la taxe sur l'hébergement, M. le
Président — et je n'ai
absolument aucune donnée à vous
transmettre là-dessus — il est clair, il est compris — et je l'ai précisé ce matin — que les roulottes, les tentes-roulottes, les
tentes que transportent les citoyens, les petites familles, ce n'est pas ça qui
est visé. Et je l'ai dit clairement ce matin aux médias, et je veux le
réitérer ici aujourd'hui, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Développer, et non pas taxer, qu'il
vous demande, le milieu. Maintenant, au
Québec, on aura du camping à deux vitesses : les familles qui plantent une
tente puis les familles qui louent une tente. Après un an du règne libéral, on ne peut pas les couronner de champions
de l'économie, mais on peut les couronner de champions de la taxation.
M. le Président, la
ministre va-t-elle créer une nouvelle taxe, oui ou non?
Le Président :
Mme la ministre du Tourisme.
Mme
Dominique Vien
Mme Vien :
M. le Président, de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes à l'écoute du milieu,
nous sommes à l'écoute des intervenants,
tous vos intervenants dans l'ensemble de vos comtés. Je leur ai demandé, à ces
intervenants, de me donner des suggestions, des solutions.
En
ce qui a trait à la question de la députée, je lui réitère ce que je viens de
mentionner, ce qui est visé, ce sont les
installations fixes qui, normalement, pourraient être visées par la taxe sur
l'hébergement, il n'est pas question de roulottes, de tentes-roulottes
ou des tentes, M. le Président, il n'est pas question de ça.
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Mesures pour la protection et la promotion du français
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, depuis le début de la semaine, on
a appris les nouveaux critères d'intervention du gouvernement en matière
de langue, d'affichage, au rôle de protection du français ou de promotion, et
c'est venu du nouveau responsable de la
Charte de la langue française, le ministre des Affaires intergouvernementales,
qui nous a dit deux choses principalement.
Ça prend une crise pour intervenir, sinon on n'intervient pas. La deuxième,
hier, il nous a dit sans rire que, si
on agit, est-ce que ça va mettre de mauvaise humeur le Canada? Si on a un doute
que le Canada va mal réagir, bien, on ne le fait pas. C'est la nouvelle
théorie du... promotion du français.
J'imagine
que c'est dans cet esprit, d'ailleurs, qu'hier on honorait un buste du père de
la loi 101, et le gouvernement n'a
envoyé personne, personne pour venir honorer ce père de la loi 101, ni la
CAQ, ni Québec solidaire. J'étais gêné. On était à 100 mètres du
parlement, devant sa famille.
J'imagine
aussi que c'était pour ne pas froisser le Canada qu'hier on a voté contre la
motion visant à renforcer la loi 101.
Ça faisait partie, j'imagine, de la nouvelle théorie de la promotion du
français du ministre des Affaires intergouvernementales.
Ce que je demande au
premier ministre, qui avait pris l'engagement — puis il ne s'en souvient
peut-être pas, j'imagine — lors de son discours inaugural, de... à tous
les jours, M. le Président, qu'il allait faire la promotion et agir concrètement pour le français : Peut-il
donner des exemples concrets où il a protégé ou amélioré la situation du
français au Québec, M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, il s'est passé quelque chose à
l'Assemblée hier, qui, de toute évidence, a échappé à notre collègue. Une majorité des députés de
l'Assemblée nationale provenant en grande majorité de comtés francophones
au Québec ont trouvé qu'à un moment donné ça
faisait, d'aller dans les petites entreprises pour leur imposer des tracas
administratifs supplémentaires, et je pense qu'il faudrait enregistrer ce
message-là, du côté de l'opposition officielle.
Maintenant,
il y a un autre principe qu'il me semble nécessaire d'appliquer également puis
que peut-être j'ai hérité de ma
profession médicale antérieure : ça prend un problème pour faire un
traitement. Est-ce qu'on est capable de nous exprimer les citoyens qui ne sont pas heureux quand ils vont dans les
entreprises au Québec sous juridiction fédérale de ne pas être servis en français? Jamais entendu parler
de quelque chose comme ça. Le français s'améliore, les chiffres montrent
qu'on est dans la bonne direction.
Sur la question de
l'affichage, on est toujours en réflexion, je l'ai dit tantôt, mais on ne
succombera pas à la tentative à peine subtile de l'opposition officielle de
créer un climat de crise linguistique au Québec.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Imposer le français comme langue de travail au
Québec, c'est un tracas administratif pour le premier ministre. Bravo! Puis, en tout respect, je pense
que le premier ministre devrait sûrement lire les rapports de l'OQLF, le
Conseil supérieur de la langue française,
Statistique Canada même — ça, il aime ça, Statistique Canada — tous les chiffres démontrent les baisses dans l'utilisation du
français comme langue de travail. On a deux jugements des tribunaux qui nous
disent qu'il y a une brèche dans la
loi 101. Alors là, comme il ne m'a pas dit aucun geste qu'il avait posé
dans la dernière année, je vais lui
en proposer un : Est-ce qu'il va enfin agir et dire aux Québécois qu'au
niveau de la langue d'affichage il va agir pour mettre...
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je constate qu'on a rapidement battu en
retraite sur la question des petites entreprises devant l'évidence qui a été
démontrée.
Des voix :
...
Le Président :
Chut! Chut! Chut!
M. Couillard : Hier, une majorité de députés des comtés de tout le Québec, de toutes
les régions, ont dit à l'opposition officielle : Ça suffit. Ça
suffit.
Maintenant,
pour ce qui est de la langue d'affichage, on est en réflexion sur la question.
Je l'ai dit, je le répète, on
n'élimine aucune alternative, y compris celle d'un acte législatif. Mais on va
le faire de façon réfléchie et mesurée, M. le Président, au moment
approprié, ce qui n'est pas aujourd'hui, malheureusement, pour l'opposition
officielle.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Pour le premier ministre, ça suffit. Je lui dis que
le français recule, mais lui, ça suffit, il n'agira pas... il n'agirait pas. C'est assez incroyable. Quand on
se rappelle comment Camille Laurin a fait la loi 101, il y en a eu, des
quolibets du Canada anglais. On le traitait
de raciste, comme fait le premier ministre, des fois, quand on parle de la
question de la langue.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, là! S'il vous plaît, Mme la
leader! S'il vous plaît, Mme la leader! M. le chef de l'opposition, je vous demande de faire — avec l'expérience que vous avez, d'ailleurs — bien attention aux propos que vous
tenez, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Le
Président : J'ai compris, j'ai compris. Le chef de l'opposition
va parler dans quelques minutes. Il a imputé des motifs qui sont graves au premier ministre. Je lui demande,
d'ailleurs, de non seulement faire attention, mais, par sa
gentilhommerie, il va les retirer.
• (11 heures) •
M.
Bédard :
Je vais les retirer, M. le Président. Ce que je lui demande, c'est d'agir avec
courage, le même courage que Camille Laurin
a eu, il y a 40 ans, pour faire en sorte que le Québec
reprenne sa place... le français reprenne sa place au Québec.
Alors
là, je lui donne une chance sur la langue d'affichage. Va-t-il la prendre ou, encore une fois, prendre prétexte du Canada anglais pour refuser de...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je n'ai certainement aucune leçon à recevoir de mon collègue
sur la qualité du français, la façon de le parler, la façon de le
représenter ici et ailleurs, la façon d'en faire la promotion, M. le Président.
Maintenant,
on m'a ouvert, dans le préambule, une immense porte. Le Parti québécois, depuis quelques années, perd
son âme, M. le Président, c'est clair. On se précipite sur le pétrole. On
fait des déclarations qui vont à l'encontre de leur tradition de soutenir le mouvement syndical. On introduit... on
prétend introduire, dans les valeurs québécoises,
la discrimination à l'emploi. Ça, je l'ai dit puis je le répète, c'était
une erreur très grave pour le Québec d'avoir tenté de faire cette chose terrible qui a nui énormément à la réputation
internationale du Québec. Alors, peut-être s'apprêtent-ils à reculer
encore plus sur leur histoire au cours des prochains jours, on le verra.
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Décision de la Cour d'appel en matière
de langue d'affichage des commerces
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : On sait que, parler d'identité, ça met le premier
ministre mal à l'aise. Il a bien de la misère. La question de la langue, même chose. Puis j'aurais presque le
goût de lui rappeler : En Islande, tout le monde sait évidemment que les
gens parlent français ici, donc pas besoin
de faire un discours en français à l'extérieur. Est-ce que je lui rappellerais
aussi qu'il a dit à nos travailleurs
du Lac-Saint-Jean qu'il fallait absolument parler en anglais? Tout d'un coup
que quelqu'un à l'étranger viendrait acheter nos usines, il faut
leur répondre dans leur langue, en anglais, évidemment, la langue du commerce.
Moi,
ce que je lui demande, là, c'est d'honorer ceux et celles qui ont défendu le
français ici, ceux qui sont là, ici, puis
Camille Laurin. On a des occasions à tous les jours de renforcer le français.
Est-ce qu'on va attendre une crise? Non. On sait que le français recule
actuellement.
Alors,
moi, ce que je lui demande, c'est d'annoncer aujourd'hui qu'il a au moins... il
va agir sur une chose, la langue d'affichage,
et mettre fin à la brèche qui se trouve actuellement et qui a été ouverte par
le jugement de la cour d'appel, M. le Président.
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, j'ai
dit à mon collègue que la décision sur l'affichage serait prise au moment
approprié. Mais je vais lui dire cependant que, malgré ce qu'il essaie
d'introduire dans ses questions et son discours, le mot «Québec» n'appartient pas à l'opposition
officielle. Le mot «Québécois» n'appartient pas à l'opposition officielle.
Le drapeau du Québec appartient à tous les
Québécois et les Québécoises, de toutes les origines, qui visent à faire du
Québec une terre d'accueil, une terre ouverte, une terre de prospérité.
Des voix : ...
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, s'il vous plaît, on souhaiterait poursuivre.
Motions
sans préavis
Nous en
sommes aux motions sans préavis, et je cède la parole à un membre du groupe
formant le gouvernement. Et je cède la parole au député de Portneuf pour
la présentation de sa motion.
Féliciter
M. David Thibault pour sa prestation à
l'émission de télévision The Voice, en France
M.
Matte : M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Joliette, la députée d'Iberville et le député de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale félicite M. David Thibault pour sa performance scénique à
l'émission "The Voice"en France;
«Qu'elle reconnaisse le talent et l'audace de ce
jeune artiste portneuvois qui contribue au rayonnement du Québec sur la scène
internationale.»
(Applaudissements)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors,
y a-t-il consentement de débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, M.
le Président. Nous proposons des
interventions d'environ une minute par intervenant, à commencer par l'auteur de la motion, le député de Portneuf, suivi par la députée de
Joliette, la députée d'Iberville et le député de Mercier, si j'ai bien
compris. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on a l'air à s'entendre là-dessus. Alors, on va commencer le débat par
M. le député de Portneuf pour sa minute en hommage au concerné, à qui on
souhaite la bienvenue. Merci.
M.
Michel Matte
M.
Matte : Merci, M. le Président. David Thibault, ce jeune homme de
17 ans de Saint-Raymond de Portneuf, a relevé avec brio le défi de se présenter devant un parterre de près de
7 millions de téléspectateurs français, qui ont choisi de l'amener vers la finale de l'émission The Voice.
Le public international découvre David Thibault, et les compatriotes
que nous sommes souhaitons lui dire notre
admiration. Par cette motion, je veux féliciter très chaleureusement David Thibault pour sa contribution à faire rayonner
le Québec en Europe comme aux États-Unis. David Thibault est un exemple pour notre jeunesse. Une carrière
prometteuse s'annonce à David Thibault, qui est ici présent dans la tribune.
Je demande à mes collègues parlementaires de
joindre leurs voix pour féliciter cet artiste de talent et lui souhaiter nos
meilleurs voeux de réussite. Bravo, David!
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Joliette pour sa présentation.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Alors, je tiens à mon tour à féliciter David Thibault,
qui a offert une très belle performance à l'émission La Voix,
en France, en se rendant jusqu'en finale...
Une voix : ...
Mme
Hivon : Pardon?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
La Voix,
en France.
Mme
Hivon :
Bien, je pense que j'ai le droit de le dire en français, je pense, c'est
permis.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je
crois que oui, c'est votre liberté d'expression.
Mme
Hivon :
Et à faire ainsi rayonner non seulement son talent, mais tout le talent qui
existe au Québec, et à le faire rayonner aussi dans la francophonie.
À
17 ans, David Thibault a déjà fait énormément de chemin depuis qu'il a été
découvert par une radio de Québec, ce
qui l'avait d'ailleurs déjà amené jusqu'aux États-Unis dans l'émission d'Ellen
DeGeneres. Mais, à travers David Thibault, M. le Président, ce que nous souhaitons aussi, c'est d'encourager tous
les jeunes à aller au bout d'eux-mêmes, à se permettre parfois de sortir de leur zone de confort, comme
David Thibault l'a fait en s'éloignant tranquillement de son idole et de
ses interprétations, évidemment, d'Elvis
Presley, pour découvrir tout ce dont ils sont capables et surtout pour aller au
bout de leurs rêves, car, des rêves,
M. le Président, nous n'en aurons jamais trop au Québec, surtout quand ils sont
portés par la jeunesse. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la députée de Joliette. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée d'Iberville.
Mme
Claire Samson
Mme
Samson : M. le Président, à titre de porte-parole du deuxième groupe
d'opposition en matière de culture, je
suis bien heureuse ce matin de féliciter M. David Thibault pour sa
performance exceptionnelle à l'émission The Voice, en
France, où il s'est rendu jusqu'en finale. Il est agréable de voir ce jeune
natif de Portneuf qui s'est illustré de façon remarquable, entre autres par sa
performance originale et bien sentie de la chanson Black or White lors
de sa finale. D'ailleurs, soulignons qu'en
plus de son talent de chanteur M. Thibault est également un excellent
danseur. Je le salue chaleureusement, lui qui nous fait l'honneur d'être
présent parmi nous aujourd'hui.
M. Thibault
n'en est pas à ses premières réussites musicales. Lui qu'on surnomme le Elvis
de Saint-Raymond s'est fait connaître
par les réseaux sociaux en décembre 2013 grâce à une saisissante reprise de Blue
Christmas, popularisée par Elvis
Presley. Ce talent particulier lui a valu, entre autres, une invitation à
l'émission de variétés d'Ellen DeGeneres dans les studios de la NBC, en
Californie, et au Today Show du réseau NBC à New York.
M. Thibault
nous fait honneur partout dans le monde et contribue au rayonnement de nos
talents. C'est une très grande fierté
de voir cette jeunesse pleine de vitalité briller partout. Il s'agit de notre
relève, après tout. Et je suis certaine que ce n'est qu'un début pour
lui.
Et, comme j'aimerais terminer en anglais et que le
député de Saint-Jérôme «has left the building», je peux le faire,
il ne s'offusquera pas. M. Thibault,
j'aimerais simplement vous dire très sincèrement : «May the public
love you tender.» Merci, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la députée. Je voudrais céder la parole à M. le député de Mercier, mais...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Il faudrait l'entendre. Alors, M. le député de Mercier, à vous.
M.
Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président, vraiment, on a envie de laisser l'Assemblée avec ces bons
mots de ma collègue. Je ne sais pas qu'est-ce que je peux rajouter.
Si je prends la parole aujourd'hui, c'est sûr que Québec solidaire, comme
tous nous autres, hein, on est plusieurs
parents ici, on a des jeunes adultes, des adolescents comme enfants, puis on
partage non seulement la fierté de David Thibault, mais la fierté de
ses parents qui l'accompagnent, la fierté de n'importe quel Québécois
et Québécoise et la fierté de tous et de toutes d'entre nous.
Alors, c'est à ce titre qu'on veut le partager avec vous.
C'est sûr
que, comme quelqu'un qui aime poser du côté des intellectuels, ça ne se dit
pas, mais on sait que nombre d'entre
nous partageons un amour secret pour Elvis Presley et ses déhanchements. Je
fais partie de ceux-là, mais j'ai hâte d'entendre
cette voix. Écoutez, je me suis porté volontaire ce matin en réunion
de caucus. Je ne connaissais pas David. J'ai appris à le connaître dans
le court temps qui nous sépare de cette décision ce matin. Je ne connaissais
même pas l'émission Voice, mais maintenant
cette belle voix qui se fait entendre... Avec cette voix grave et l'amour que
portent les Français pour lui, bien,
il pourra sans doute rappeler aux organisateurs de The Voice que nous
ici, au Québec, on appelle ça La Voix. Alors,
David Thibault, on compte sur toi.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, sans doute avec... La motion est adoptée, ça ne fera aucun doute. Alors,
bravo! Merci d'être des nôtres ce matin.
Je reconnais maintenant
un membre du groupe formant l'opposition
officielle pour la deuxième motion
sans préavis et je reconnais maintenant M. le député de Labelle pour la
présentation de la motion. M. le député de Labelle, à vous.
M.
Pagé : Oui, merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Saint-Hyacinthe, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement du Québec qu'il renonce à
imposer la taxe sur l'hébergement sur les terrains de camping du Québec.»
Évidemment, c'est un loisir important pour les
Québécois et les Québécoises.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas
consentement pour débattre de cette motion.
Une voix : M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui?
M.
Bergeron : Est-ce que j'ai
bien entendu que c'est le gouvernement qui a refusé son consentement à cette
motion?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, c'est le leader qui a refusé ce consentement. Un membre du deuxième
groupe d'opposition? Je reconnais Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec la députée de Gouin, le
député de Marie-Victorin, et cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle les hausses de tarifs d'électricité de
4,3 % au 1er avril 2014 et de 2,9 % au 1er avril 2015 imposées
aux clients d'Hydro-Québec;
«Qu'elle prenne acte du fait que les clients
forcés de conclure une entente de paiement avec la société d'État doivent payer un intérêt très élevé de 14,4 %
alors qu'Hydro-Québec peut se financer à un taux bien moindre de 2,5 %
sur les marchés financiers;
«Qu'elle
demande au gouvernement d'intervenir auprès d'Hydro-Québec afin qu'elle revoie
les taux d'intérêt sur ces ententes de paiement.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement. M. le député de Mercier, pour la présentation de votre motion
sans préavis.
M. Khadir : Constatant avec regret que l'autre
motion vient d'être refusée, je dépose quand même, M. le Président, avec votre permission... Je demande le consentement
de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec le
député de Sanguinet :
«Que
l'Assemblée nationale salue l'objectif du Conseil du trésor de réduire le
gaspillage de l'État québécois en informatique;
«Qu'elle
rappelle que la dépendance du Centre
des services partagés du Québec envers des ressources externes, qui
représentent 37 % de ses effectifs, entraîne des coûts supplémentaires importants;
«Que
l'Assemblée demande donc au président
du Conseil du trésor d'exclure le
Centre des services partagés du Québec de la cible de réduction de 3 % de ses
effectifs tant qu'il n'aura pas été en mesure de démontrer la rentabilité de
l'utilisation de ressources externes [coûteuses].»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas
consentement pour débattre de cette motion. Ça termine les motions sans
préavis.
Est-ce qu'il y a des questions concernant la
rubrique des travaux...
Des voix : ...
Avis
touchant les travaux des commissions
Le Président : Les avis
avant, oui, excusez. Ça va arriver tantôt. Alors, les avis touchant les travaux
des commissions. M. le leader du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail entreprendra
les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 42, Loi
regroupant la Commission de l'équité salariale, la Commission des normes
du travail et la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
instituant le Tribunal administratif du travail, le mardi 12 mai 2015, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Joseph-Papineau; et
Que la Commission des finances publiques
poursuivra les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 38, Loi visant à permettre la
réalisation d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le
mardi 12 mai 2015, de 11 heures à midi, à la salle du Conseil
législatif. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bon, vous avez remarqué peut-être qu'il y avait une dérogation mineure
concernant l'horaire des travaux. Ça prend un consentement. Y a-t-il
consentement à cette dérogation mineure?
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
y a consentement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
des transports et de l'environnement se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 13 heures à
13 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine. L'objet de cette
séance est de déterminer si la
commission souhaite se saisir de la pétition concernant le maintien et le
développement des services de transport adapté au Saguenay.
Je vous
informe également que la Commission de l'aménagement du territoire se réunira
en séance de travail, mardi 12 mai
2015, de 11 heures à midi, à la salle 3.31 de l'hôtel du Parlement.
L'objet de la séance, c'est d'organiser le mandat conféré par la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière
municipale et de statuer sur l'opportunité de se saisir d'un mandat de
reddition de comptes.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Là, nous en sommes à la rubrique Renseignements
sur les travaux. Y en a-t-il? Je n'en vois pas.
Je vous rappelle que, lors de l'interpellation
prévue pour demain, vendredi 8 mai 2015, c'est M. le chef de l'opposition officielle qui s'adressera à M. le
premier ministre sur le sujet suivant : Comme le soulignait le président
de l'Islande, le 24 février 2015, «l'indépendance en soi ne peut jamais
être négative».
Je vous avise
de plus que l'interpellation prévue pour le vendredi 15 mai 2015 portera sur le
sujet suivant : Les dérives dans
la gestion des projets de technologies de l'information au gouvernement. M. le
député de La Peltrie s'adressera alors à M. le président du Conseil du
trésor.
Affaires
du jour
Affaires
prioritaires
Débat
restreint sur les rapports des commissions qui ont
étudié les crédits pour l'année financière 2015-2016
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour... c'est-à-dire aux
affaires prioritaires. Et nous en sommes aux affaires prioritaires, et, à cette
rubrique, à l'article 1 du feuilleton, pour informer les parlementaires
et ceux qui nous entendent, l'Assemblée entreprend le débat restreint sur les
rapports des commissions qui ont étudié les crédits budgétaires pour l'exercice
financier se terminant le 31 mars 2016.
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour ce débat restreint
s'effectuera comme suit : 57 minutes sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 33 min 30 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 23 min 30 s sont allouées au deuxième groupe de
l'opposition et six minutes sont réservées aux députés indépendants. Dans ce
cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué. Les interventions ne sont pas soumises à une limite de temps, et
je suis prêt à céder la parole au premier intervenant.
Une voix : ...
• (11 h 20) •
Le
Président : Habituellement, c'est le gouvernement qui débute. Alors, M. le président du Conseil du trésor. À vous, M.
le ministre.
M.
Martin Coiteux
M. Coiteux : Alors, merci, M. le
Président. Alors, je vous remercie de m'accorder la parole dans le cadre de
l'adoption des crédits budgétaires 2015‑2016.
Alors, tout d'abord, j'aimerais souligner le travail remarquable qui a été effectué par mes
collègues parlementaires, d'ailleurs
tant du côté du gouvernement que du côté des oppositions, au cours des
dernières semaines. Vous savez, on a passé
ensemble plus de 200 heures à étudier, questionner et répondre des crédits
des différents ministères. C'est un exercice, M. le Président, évidemment, qui est absolument essentiel à notre démocratie parce qu'il
représente un moment, le moment privilégié,
de faire une reddition de comptes à la population. C'est un exercice qui nous rappelle toujours,
d'ailleurs, qu'en tant qu'élus, nous
devons nous questionner, nous devons débattre sur la façon dont l'argent que
nous confient les contribuables est dépensé, ce que nous avons eu l'occasion
de faire lors des travaux des commissions.
Évidemment, en même temps, je ne voudrais pas passer sous silence le travail colossal des
employés de la fonction publique,
des recherchistes des oppositions et des employés de l'Assemblée nationale, qui ont travaillé de nombreuses heures
dans le cadre de la préparation de cette étude des crédits des ministères.
À la lumière
de ces études qui se sont conclues mardi, nous amorçons maintenant
le processus visant l'adoption
de ces crédits budgétaires 2015‑2016.
Mais avant, M. le Président, j'aimerais vous rappeler quelques-uns des gestes posés par le gouvernement et où tous, d'ailleurs, ont contribué, auxquels tous ont contribué — j'appelle
même ça souvent un effort national — donc
cet exercice auquel nous avons travaillé tous ensemble au cours de la dernière
année afin de redresser l'état de nos finances publiques.
Le
26 mars dernier, mon collègue le ministre
des Finances a présenté le deuxième
budget de notre gouvernement, qui a été élu en avril 2014, le budget de l'année 2015‑2016,
et en même temps j'ai présenté la stratégie de gestion de dépenses
du gouvernement. Ces documents montrent tout le travail qui a été
accompli depuis une année, et tous ensemble — et, quand je dis «tous
ensemble», c'est évidemment tous mes collègues des différents ministères qui
ont participé, mais j'étends ça à l'ensemble
de la société québécoise — tous
ensemble nous avons réussi à renverser la vapeur.
Le taux de
croissance des dépenses de programmes, au cours des 10 dernières années,
atteignait une moyenne de 4 %, 4 % qui est plus élevé que le
taux de croissance de nos recettes fiscales, ce qui causait un problème de
déficit récurrent. Alors, on a réussi, en
2014‑2015, à faire passer ce taux de croissance qui était d'une moyenne de
4 %... on a réussi à le faire
passer à 2,1 %, et ce qu'on met en oeuvre avec les crédits qu'on va
adopter aujourd'hui, c'est un plan qui va
ramener cette croissance à 1,2 % en 2015‑2016. C'est d'ailleurs ce
contrôle rigoureux des dépenses qui nous permet de confirmer le retour à l'équilibre budgétaire dès cet exercice 2015‑2016.
C'est important parce que, M. le Président, au cours des 30 dernières années, il y a eu seulement huit fois où
le budget du Québec a été équilibré ou en léger surplus, huit fois seulement en 30 années, et en fait
on pourrait remonter encore plus loin en arrière pour constater à quel point
on a vécu dans l'endettement chronique,
l'incapacité de financer correctement nos dépenses courantes. Alors, il est
essentiel, dans un contexte comme
celui-là, qu'une fois l'équilibre atteint de nouveau nous puissions ensemble
nous assurer de son maintien pour les
années à venir. Et, pour cela, bien, il faut aller au-delà d'une seule année,
il faut s'attaquer à la nature même du problème, et c'est pourquoi il
est absolument essentiel que nous rénovions notre État.
Alors, cette
rénovation passe par trois grands chantiers qui orientent l'ensemble des
travaux du gouvernement. Il y a la
révision des programmes gouvernementaux, il y a la révision des structures et
des organismes, et il y a, bien entendu, puisque ça représente un aspect important des dépenses du gouvernement,
il y a également le contrôle responsable à la fois des effectifs et de la rémunération globale que paient l'ensemble
des contribuables à travers les budgets de dépenses du gouvernement. Je vais commencer, M. le
Président, par la révision des programmes gouvernementaux, parce que c'est
un chantier qui est absolument fondamental.
Depuis plusieurs décennies, on a ajouté des
programmes. Si on prend une figure de style ici, je dirais que les programmes se sont empilés les uns sur les autres
sans qu'on s'arrête à un moment ou à un autre pour en évaluer, dans le fond, la pertinence dans le monde
d'aujourd'hui, sans qu'on en regarde les paramètres pour voir s'ils
correspondaient toujours exactement à la capacité de payer des
contribuables, sans qu'on regarde si, dans le fond, ils atteignaient les objectifs pour lesquels on les avait créés et
qu'ils les atteignaient de la manière la plus efficace et la plus efficiente
possible.
Alors, c'est
pour ça qu'on a mis en place cette Commission de révision permanente des
programmes en juin 2014 afin de
procéder à la révision de ces programmes et aussi, évidemment, en vue de
fournir des recommandations, donner des
recommandations au gouvernement pour la mise en place d'un mécanisme permanent
de questionnement, d'évaluation et de
révision des programmes pour l'avenir. Cette commission a donné lieu à un très
grand nombre de propositions, qui ont
émané d'ailleurs de plusieurs ministères, de tous les ministères, pratiquement,
mais aussi des citoyens qui ont été invités à prendre part à cet
exercice.
À la suite de ces propositions, qui ont été
présentées dans un premier rapport en novembre dernier, le gouvernement a pris des décisions responsables ayant pour objectif
de mieux livrer les services publics, mais à un coût plus conforme à la
capacité de payer de nos citoyens.
Et je vais
vous en donner quelques exemples, mais ce ne sont que quelques exemples des
décisions qui ont été prises par le gouvernement. Alors, on a revu, évidemment, le mode de financement, le financement de notre réseau de services
de garde, on a revu ça, on a
requestionné ça et on a présenté une nouvelle façon de faire. On a procédé à la
mise en oeuvre d'un chantier
fondamental sur l'optimisation des ressources dans le réseau de la santé. On a
convenu d'un nouveau pacte fiscal
transitoire — mais
on marche vers un nouveau pacte fiscal permanent — avec les municipalités. On a revu le financement de La Financière agricole sans remettre en question — puis
je tiens à le souligner — les
programmes de soutien aux agriculteurs.
Mais le travail de la commission n'est pas
terminé. En juin — et
ça s'en vient rapidement, le mois de juin, M. le Président — on
aura un nouveau rapport, et ce nouveau rapport va nous formuler des
recommandations quant à l'implantation du
fameux mécanisme permanent d'évaluation qu'on veut institutionnaliser dans les
pratiques gouvernementales.
Maintenant,
il y a le deuxième chantier, qui est tout aussi important, qui est celui de la
révision des structures et des organismes.
Alors, en 2004, nous avions 188 organismes dans le secteur public, et,
10 ans plus tard, en 2014, il y
en avait 160, donc il y a
eu une certaine réduction au cours des 10 années qui ont précédé
l'exercice que nous lançons maintenant. Mais
on ne doit pas s'arrêter là, on doit poursuivre ces efforts en repositionnant,
en fusionnant et, dans certains cas même, en abolissant certains organismes parce qu'on est convaincus
qu'on peut faire mieux dans la livraison des services avec beaucoup
moins de structures. C'est pourquoi, le 25 novembre dernier, nous avons annoncé
un important chantier qui vise justement la révision des structures et des organismes gouvernementaux. J'en ai fait état, d'ailleurs, dans la présentation
de la Stratégie de gestion des dépenses, d'un certain nombre de ces
initiatives, et il y en aura
d'autres, mais vous allez voir que la liste est déjà quand même assez
impressionnante.
Parmi ça, il
y a évidemment cette réorganisation du réseau de la santé et des services
sociaux qui est en cours. Il y a la
mise en place d'une nouvelle gouvernance des communautés locales, autre
initiative extrêmement importante. Il y a l'abolition des directions régionales du réseau de l'éducation, qui a
déjà été effectuée. Il y a une importante reconfiguration du réseau des
délégations du Québec à l'étranger, en même temps que l'abolition de certains
bureaux de Destination Québec à l'étranger. Il y a la réorganisation du réseau
de la représentation du Québec dans l'ensemble du pays, qui a impliqué notamment la fermeture des bureaux
d'Ottawa et de Vancouver parce qu'on va faire les choses autrement, là aussi.
Il y a la réorganisation des structures en
immigration. Il y a la fusion de la Régie des rentes du Québec et de la CARRA.
Il y a la création de la Commission des droits, de la santé et de la sécurité
du travail, qui sera issue de l'intégration de la Commission des normes du travail et de la
Commission de l'équité salariale à la CSST. Il y a également le regroupement
de la Commission des lésions
professionnelles et de la Commission des relations du travail pour former le
nouveau Tribunal administratif du travail.
Du côté de la
culture, on a annoncé une révision des structures d'encadrement et de mise en
valeur du cinéma. On a annoncé
également qu'on allait procéder à la réorganisation de Services Québec, au
repositionnement de la Société québécoise
des infrastructures, la SQI, au repositionnement du Centre de services partagés
du Québec, le CSPQ, qui a d'ailleurs
fait l'objet d'une annonce spécifique le 16 avril dernier lorsque nous
avons dévoilé son plan de transformation.
En même
temps, aussi, le gouvernement a réduit la taille des ministères, puisqu'il y a
eu fusion des ministères du Travail
et de l'Empoi et de la Solidarité sociale, et il y a également eu la fusion du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science
avec celui de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
Lorsqu'on regarde l'ensemble de ces
initiatives — et
c'est une première série — à
ce stade-ci, on peut déjà envisager qu'à
terme... on estime qu'à terme on va pouvoir réaliser des économies annuelles de
400 millions de dollars à chaque année, juste avec cette série-là,
et il y en aura d'autres. Donc, justement, j'annonce déjà qu'au cours de
l'année 2015‑2016 nous allons annoncer d'autres chantiers, d'autres initiatives
en matière de révision des organismes et des structures de l'État.
Alors, j'arrive maintenant au troisième
chantier, qui est celui du contrôle responsable des effectifs et de la rémunération, qui, je le rappelle, représente
60 % des dépenses de programmes du gouvernement. Vous savez, dans un
contexte où on demande à tout le monde de
contribuer selon ses moyens, on demande des efforts à la machine gouvernementale, on fait des efforts en révision
des programmes, lorsqu'on demande un effort national de cette ampleur, bien, on ne peut pas, le lendemain, se dire :
Bien, on va effacer tout ça en ayant des politiques irresponsables en matière
de rémunération.
• (11 h 30) •
Alors, on a
adopté des gestes très concrets en cette matière. On a suspendu les bonis au
personnel de direction et d'encadrement des ministères et des organismes gouvernementaux. On a procédé
par voie de négociation à l'étalement des hausses qui étaient
prévues à la rémunération des médecins.
Mais évidemment
on doit aller plus loin, surtout dans un objectif à long terme, et
c'est pour ça qu'on s'est dotés d'un
outil nouveau, totalement nouveau, qui n'existait pas auparavant, pour encadrer les effectifs de l'État, en adoptant en décembre dernier la Loi sur
la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux
du secteur public ainsi que des sociétés
d'État. Alors, je vous rappelle que cette loi vise à assurer un dénombrement
régulier des effectifs par grandes catégories
d'emploi, non pas seulement dans la fonction
publique, mais dans l'ensemble
des réseaux, et de nous permettre également de mettre en oeuvre des
périodes de contrôle, comme par exemple le gel des effectifs des secteurs public, parapublic et péripublic, qui a été
décrété jusqu'au 31 mars 2016. Et, en ce qui concerne la fonction publique, en ce qui concerne la fonction
publique, nous avons déjà
annoncé l'intention de réduire globalement
ses effectifs de 2 %, tout en tenant compte de l'exercice de
révision des programmes en cours, qui nous offre par ailleurs la
possibilité d'innover et de faire les choses autrement et mieux.
Alors, déjà, ça commence à porter ses fruits,
puisqu'après deux années consécutives où les effectifs augmentaient — et, dans
les faits, ils augmentaient de l'ordre de 2 % par année — bien on a réussi, au cours de l'année 2014‑2015,
à réduire les effectifs de la
fonction publique de 1,8 %. Donc, on s'approche déjà de notre objectif de
moins 2 %, on est déjà en bonne
voie d'atteindre cet objectif, mais on va poursuivre. Alors, comment on y est
arrivé? Évidemment, par le gel du recrutement
qui avait été imposé en début d'année, de même, bien entendu, que par la
gestion responsable, rigoureuse qui a
été appliquée par les ministères, et les organismes et la vigilance constante
du Conseil du trésor. Et c'est comme ça qu'on est en train d'atteindre
nos objectifs.
Maintenant,
compte tenu des cibles fermes pour l'année financière à venir, le gel du
recrutement qui a été imposé en 2014‑2015
n'est pas reconduit, sauf dans les cas où il y aurait dépassement d'effectif,
où il est nécessaire de continuer de
faire un suivi rigoureux. D'ailleurs, cette nouvelle approche d'établir des
cibles d'effectif remplacera celle qui était connue auparavant comme la mesure du un sur deux, alors qu'un départ à
la retraite sur deux était remplacé, puisque ces mesures ont montré
qu'elles avaient des limites.
Alors, dans ce contexte général, le gouvernement
a eu à faire ses propositions aux tables de négociation, aux employés du secteur public. Ce sont des
propositions qui sont responsables. Ce sont des propositions surtout, en même
temps, qui sont compatibles avec la
nécessité de ramener l'équilibre budgétaire et, encore beaucoup plus important,
de le maintenir pour les années à
venir sans venir piger dans la poche des Québécois, qui, comme vous le savez,
M. le Président, paient déjà des
impôts beaucoup trop lourds. Et nous avons d'ailleurs l'intention de les
réduire, ces impôts, alors il faut se donner les moyens par un contrôle
rigoureux de nos dépenses.
Alors, ces
propositions, il y en a plusieurs. Il y en a certaines qui concernent le
RREGOP, le régime de retraite de la
majorité des employés du secteur public. Lorsqu'on parle d'augmenter l'âge de
la retraite sans pénalité actuarielle de
60 à 62 ans, on le fait essentiellement dans le but de pérenniser la santé
de ce régime, pas seulement de regarder sa capitalisation d'aujourd'hui
mais sa capitalisation dans le futur et de ce que ça va coûter aux participants
comme à l'ensemble des contribuables
québécois de le maintenir dans un contexte de vieillissement de la population.
Et on le fait aussi dans un contexte
où on se préoccupe de l'équité entre les générations, les plus jeunes employés
et nos plus vieux employés, pour que
nos plus jeunes notamment aient accès à un régime à un coût abordable, pour que
les Québécois qui entrent sur le
marché du travail et qui paient des impôts puissent aussi, à travers leur
50 % de part, avoir des impôts qui soient raisonnables pour
financer de tels programmes. C'est dans cet esprit-là qu'on fait nos
propositions.
En ce qui
concerne la rémunération proprement dite, vous savez que nous avons fait des
propositions concernant les
paramètres salariaux. Et je sais qu'on demande un effort particulier, mais on
ne demande pas une diminution de la rémunération, il y a une hausse de la
rémunération. Lorsqu'on ajoute à cela nos propositions sur les relativités
salariales, qui sont importantes et
qui vont donner lieu à des discussions aux tables aussi, lorsqu'on constate
également l'importance de la
progression dans les échelons, lorsqu'on se rappelle qu'en vertu de la
convention collective précédente il y a quand même eu une augmentation de 1 % cette année, lorsqu'on regarde tout
ça, on s'aperçoit... et en même temps qu'on maintient la sécurité d'emploi, on s'aperçoit que la
progression de la rémunération pour nos employés du secteur public, dans un
contexte où financièrement le gouvernement est quand même limité, elle est
quand même appréciable, mais elle est responsable puis elle est compatible avec
le retour et le maintien de l'équilibre budgétaire.
Alors,
évidemment, on souhaite aussi aller
plus loin et notamment, pour mieux livrer les services publics, on
négocie aussi avec nos partenaires syndicaux. On essaie d'avoir aussi un
peu plus d'ouverture à une certaine flexibilité dans l'organisation du travail,
avoir des approches un peu plus novatrices pour qu'on soit capables de faire les
choses autrement là aussi. Et, tout à l'heure, on en a parlé, il y avait une proposition de motion qui ne tenait pas compte du fait que le gouvernement a déjà annoncé des intentions aussi en matière de recours à l'expertise
externe. Le gouvernement s'est engagé, dans les faits, à diminuer le recours aux consultants, tout en
favorisant la rétention et le développement à l'interne dans les postes stratégiques, notamment
dans le secteur des technologies de
l'information. Et d'ailleurs, puis je tiens à le souligner ici puis à le rappeler, d'ici la fin du mois de
juin — ce n'est
pas loin, le mois de juin, M. le Président — le gouvernement va annoncer une stratégie globale pour mieux gérer
les ressources informationnelles, pour mieux gérer les technologies de
l'information et faire, là aussi, beaucoup mieux, tout en respectant les sommes
importantes que nous confient les contribuables du Québec.
Alors, en
terminant, M. le Président, j'aimerais vous dire que ce que ce gouvernement
propose, c'est non seulement d'assumer
nos choix collectifs, mais c'est d'arrêter de les financer sur une carte de
crédit dont on envoie la facture à nos jeunes,
parce que c'est ça, un déficit budgétaire récurrent, ce n'est pas autre chose
que ça. On ne paie pas pour ce qu'on s'offre,
on reçoit le compte puis on le passe aux jeunes. Alors, nous, nous ne le ferons
pas. Notre destination, M. le Président, elle est très claire, c'est d'amener au Québec un nouveau cycle de
prospérité durable, et ça, ça passe par mettre de l'ordre dans nos finances publiques, parce que c'est ça
qui va nous permettre d'alléger le fardeau fiscal de nos citoyens et de nos
entreprises. C'est ça qui va nous permettre,
ultimement, de stimuler davantage les investissements privés, qui va faire en
sorte que l'économie du Québec va innover davantage, que l'économie du Québec
va être capable d'augmenter sa productivité générale et, par conséquent,
d'augmenter réellement le pouvoir d'achat de l'ensemble des Québécois.
Et vous savez
quoi, M. le Président? En augmentant ainsi, de façon durable, le pouvoir
d'achat des Québécois par une
économie plus prospère et des impôts moins lourds, bien, ultimement, ce qu'on
va avoir, ce n'est pas moins de recettes fiscales, M. le Président, c'est plus de recettes fiscales pour l'État.
Et, lorsqu'on parle de nos choix de société, lorsqu'on parle de nos programmes prioritaires qu'on doit
financer adéquatement, qu'on doit financer correctement, bien, c'est de cette manière-là qu'on va y arriver. C'est de
cette manière-là qu'on va véritablement, pas en théorie, mais véritablement
assurer l'équité entre les générations et assurer une plus grande équité
sociale également, M. le Président. Et c'est ensemble, M. le Président, c'est
tous ensemble qu'on va y arriver. Je vous remercie.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le président du Conseil du trésor, de votre intervention sur
l'adoption finale du budget, et je cède la parole à M. le collègue de
l'opposition officielle, député de Rousseau. M. le député de Rousseau, à vous
la parole.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Parfait. Merci, M. le Président. Alors, écoutez, aujourd'hui, on complète
l'exercice de l'étude des crédits.
C'est l'occasion de faire le bilan de ce qu'on a appris pendant les dernières
semaines. Essentiellement, ce que je vais
vous dire, M. le Président, dans les prochaines minutes, c'est que l'exercice
des crédits a permis de confirmer que le gouvernement suit des orientations qui sont mauvaises pour les
Québécois, qui sont mauvaises pour l'économie du Québec, et j'aurai
l'occasion tout à l'heure d'en dire un peu plus.
Mais je vais
entreprendre mon intervention en vous parlant un peu de la manière et de
quelque chose que je déplore, qui a été soulevé hier par ma collègue la
leader de l'opposition officielle, c'est le problème de la transparence, M. le Président. Pour ceux qui nous écoutent et puis qui
ne connaissent pas parfaitement bien le processus, je dirai simplement qu'à chaque année la façon dont débute le
processus d'étude des crédits, c'est qu'on présente... qu'on envoie, pardon,
au gouvernement des questions, des questions
écrites, des questions qui sont écrites et qui sont envoyées, je dirais,
quelques semaines à l'avance et qui
reçoivent, par la suite, réponse du gouvernement avant que commence l'exercice
lui-même, là, des questions et réponses en commission parlementaire.
Cette année,
donc, n'a pas fait exception. On a envoyé un certain nombre de questions au
gouvernement et, dans le secteur des
finances, on avait envoyé une question sur le secteur minier. On demandait, en
fait, au gouvernement de nous dire
l'ensemble des sommes prélevées par le gouvernement du Québec auprès des
sociétés minières, incluant les prélèvements
fiscaux et les droits miniers pour
chacune des cinq dernières années. Pour votre gouverne, M. le Président, je vous dirai que cette question
a été posée à chacune des cinq dernières années. Ça avait été posé l'année
dernière, ça avait été posé l'année
précédente, l'année précédente. Dans chacun des cas, dans chacune de ces
années, le gouvernement avait répondu et avait fourni un tableau
informatif aux parlementaires. Cette année, la réponse qui a été offerte, qui
nous a été donnée, c'est que cette question
ne semble pas pertinente à l'étude des crédits. M. le Président, je vous
rappelle, là, que ce gouvernement, dans le discours inaugural, là, le premier ministre nous a dit
qu'il allait être le gouvernement de la transparence, nous donner l'information. Alors, M. le Président, quand j'ai reçu cette réponse me disant que cette question ne semble pas pertinente à l'étude
des crédits, écoutez, je suis retourné voir la question qu'on avait posée
l'année précédente, à
la question de l'année précédente, ce qu'on avait fait, et on
avait répondu, M. le Président, et on avait fourni le tableau.
Alors,
quand on est arrivés en commission
parlementaire cette année, j'ai
demandé au ministre : Qu'en est-il? Que se passe-t-il? Comment se fait-il que cette information ne soit pas disponible? Bien,
M. le Président, le ministre s'est tourné
vers son attaché politique, et il a sorti la feuille contenant l'information
que nous demandions. Autrement dit, le cabinet du ministre avait retenu
cette information, c'est ce qui est arrivé.
Le tableau,
aujourd'hui, il est disponible effectivement. Et d'ailleurs, M. le Président,
pour que tous les gens puissent constater,
vous allez voir, là, que vous avez une réponse initiale, qui est : Pas de
réponse, puis par la suite une réponse
qu'ils ont donnée au moment de l'étude des crédits en commission parlementaire.
Et je voudrais dire que ce que ça veut
dire, là, c'est que, si je n'avais pas posé la question, l'information n'aurait
pas été disponible. Ça, c'est un gouvernement
qui se dit transparent. Et, deuxième chose, c'est qu'évidemment ça m'a
fait perdre du temps en commission parlementaire, où le temps est très,
très compté, très, très précieux.
Et
donc il y a une attitude puis une façon de faire que je déplore, et je voulais
insister là-dessus, je voulais prendre quelques
minutes pour vous l'expliquer. Je déplore profondément cette façon de procéder
et j'espère qu'on va rétablir les
choses de l'autre côté, on va se redresser, parce que ce n'est pas un exemple
de transparence, ce que j'ai vu jusqu'à maintenant dans ce dossier.
Alors,
maintenant, je vais revenir sur le fond, parce que c'est quand même important
de dire ce qu'on a appris puis ce qu'on
a pu constater pendant cette étude des crédits. Beaucoup de choses à dire, mais
je vais commencer par un dossier qui
a été assez révélateur. C'est, M. le Président, cette question du déficit
potentiel, le fameux 7 milliards, le fameux 7 milliards que le gouvernement brandit à chaque occasion pour
justifier son action, pour justifier les coupes invraisemblables que doivent subir les Québécois, pour justifier
les hausses de fardeau fiscal que doivent subir les Québécois, pour justifier
le fait qu'ils ne font rien pour développer notre économie.
Bien,
M. le Président, à l'occasion de l'étude des crédits, le chef de l'opposition
officielle a posé des questions au premier ministre pour lui demander
s'il pouvait nous donner, hein, s'il pouvait donner à l'opposition officielle
des détails sur ce qui constituait ce
7 milliards de dollars. Bien, M. le Président, M. le Président, le premier
ministre n'a pas été capable, n'a pas
été capable de fournir une réponse au chef de l'opposition officielle. C'est
quand même incroyable. Le premier
ministre, à tous les jours, à toutes les semaines, et les membres du
gouvernement aussi brandissent ce chiffre de 7 milliards, mais ils ne savent pas de quoi il est constitué.
Et, M. le Président, pourquoi ils ne sont pas capables de nous dire de quoi il
est constitué? C'est très, très simple, c'est parce que c'est un chiffre
imaginaire, c'est un chiffre qui n'existe pas. Le concept de déficit
potentiel, c'est quelque chose qui, je vous dis, M. le Président, n'existe que
dans la tête des quelques personnes qui sont en face de moi.
Alors,
M. le Président, ça, ça s'est passé au début de l'étude des crédits, et on
s'est dit : Peut-être que le problème, c'est que le premier ministre n'était pas préparé de façon adéquate,
alors on va donner une deuxième chance au gouvernement. Et la question a été posée par mon collègue de
Sanguinet, qui expliquera ça un peu plus tard, M. le Président, je n'étais
pas présent, je ne pourrai pas en parler, mais moi, j'ai par la suite posé la
même question au ministre des Finances. J'ai demandé au ministre des
Finances : M. le Président, le ministre des Finances nous dit que le
déficit aurait été de 7 milliards. J'ai
demandé : Pouvez-vous nous dire de quoi il est constitué, ce
7 milliards de dollars? M. le Président, après 24 heures — parce que ça a pris 24 heures avant que
j'obtienne un bout de papier de la part du ministre des Finances — j'ai obtenu deux, trois bouts de papier, et, M. le Président, je pense, ça
vaut la peine de le lire, parce que ce qu'on nous dit là, c'est que, dans ce 7 milliards là, il y a
pour 3,5 milliards d'éléments qui sont les éléments suivants. Et là
préparez-vous, c'est le festival de
la langue de bois, le festival de la langue de bois. Alors, on nous dit que
là-dedans il y a des mesures administratives. Il y a aussi, tenez-vous bien,
des mesures administratives, mais, celles-là, spécifiques. Alors, vous voyez
le niveau de détail, là, qu'on nous donne : mesures administratives, d'une
part, mesures administratives spécifiques. Troisième
élément, remise en question de certaines initiatives de dépenses. Et, quatrième
élément, autres mesures spécifiques.
Ça, M. le Président, c'est ce qui constitue 3,5 milliards de dollars, ça,
c'est le niveau de détail le plus grand que j'ai obtenu pour savoir ce qu'il y a dans le 7 milliards, là,
puis il y en a pour 3,5 milliards dans ce que je viens de vous dire, là. Des mesures spécifiques, des mesures
administratives et d'autres mesures spécifiques. Ça, c'est ce qu'il y a dans
leur fameux 7 milliards de dollars, M. le Président.
Alors,
écoutez, d'une certaine manière, il n'y a pas grand-chose de surprenant
là-dedans, c'est un chiffre inventé, c'est
un chiffre imaginaire, et évidemment ils ne sont pas capables de le justifier,
ils ne sont pas capables de le détailler, ils ne sont pas capables de nous dire quels programmes existaient, qui
ont par la suite été abolis. Ça, c'est la fin de l'histoire sur le 7 milliards de dollars. Et, M. le
Président, ce qu'il y a de grave et de dramatique, c'est qu'on justifie
l'action gouvernementale sur la base de ce chiffre imaginaire, de ce
7 milliards imaginaire, on justifie les coupures dans les services aux Québécois, on justifie
l'alourdissement du fardeau fiscal des Québécois et on justifie le rien-faire
au plan économique, qui se traduit, comme vous le savez, par des difficultés
économiques au Québec.
Alors,
je voulais prendre le temps de vous parler du déficit potentiel de
7 milliards, parce que je pense qu'à l'occasion de cet exercice des crédits on a pu voir que ni le premier
ministre ni le ministre des Finances sont capables de nous dire ce que
c'est que leur 7 milliards. Alors, voilà une chose de réglée.
M. le Président,
l'exercice des crédits, donc, a permis de confirmer que les orientations
gouvernementales avaient un impact négatif sur notre économie. J'ai eu
l'occasion de discuter, avec le ministre des Finances, de notre croissance économique, de la dégringolade de la
croissance économique en 2014, du fait que, par exemple, en début d'année,
en 2014, à l'occasion de la campagne
électorale, le gouvernement nous promettait une croissance économique de
2,1 %, puis, je pense que vous le savez, ça s'est terminé finalement à
1,3 %. On n'a eu cesse de réviser la croissance économique québécoise en 2014. Et, pour ce qui est de la
création d'emplois, le bilan de 2014, il n'est pas reluisant. Après une
création d'emplois de 48 000
personnes en 2013, l'année 2014 s'est conclue par des pertes de 1 100
emplois. Alors, M. le Président, ça, c'est confirmé, et je n'ai pas entendu le
ministre des Finances nous donner quelque information que ce soit qui puisse
aller à l'encontre de ces chiffres que je viens de vous dire.
M.
le Président, je veux prendre quelques minutes pour vous parler des impacts en
termes de fardeau fiscal puis en
termes de coupures, des impacts, donc, des choix qui ont été faits par le
gouvernement. Quant au fardeau fiscal, quant au fardeau fiscal, M. le
Président, ça a été assez savoureux, le ministre des Finances a reconnu,
reconnu, que les 2,5 milliards de
baisse de fardeau hypothétique qu'on nous annonce dans le plan budgétaire, à la
page B.10, sont bel et bien, au plan arithmétique, compensés par une
hausse du fardeau fiscal des entreprises de 2,5 milliards de dollars. Et
la hausse de fardeau fiscal, M. le
Président, je vous le garantis, ça va arriver, mais la baisse de fardeau
fiscal, ça, c'est très hypothétique,
ça arrivera peut-être si, puis on verra. Alors, c'est confirmé, là. Alors,
quand on nous dit qu'il y a une baisse de
fardeau fiscal, je ne perds rien à apprendre à cette Chambre que ça n'existe
pas, il n'y a rien de tel. Puis ce qu'on sait, là, c'est que, pour cette
année, pour nos familles puis pour nos entreprises, il y a 700 millions,
plus des hausses de tarifs d'Hydro, plus des
hausses de taxes municipales, plus des hausses de taxes scolaires. M. le
Président, pour les baisses de fardeau fiscal, on repassera.
Puis,
en même temps, en même temps, il y a des coupes sévères dans les services
offerts à la population. Peut-être, avant
de vous donner des cas concrets, là, de coupures, simplement rappeler des
chiffres de base, là. Les gens qui sont en face de moi, M. le Président, en campagne électorale, ils
promettaient d'augmenter le budget de la santé de 4 %, et, cette année, ce qui est prévu, c'est 1,4 %,
puis, dans le 1,4 %, on le sait, la moitié de l'argent va aux médecins
spécialistes. Alors, évidemment, ça
ne laisse pas grand-chose pour tenir compte du vieillissement de la population,
pour tenir compte du fait que la population augmente, de l'inflation,
l'inflation pour le matériel informatique... pardon, pour le matériel médical,
pour toutes les technologies puis évidemment aussi pour les changements dans
les pratiques médicales.
• (11 h 50) •
Alors, ils nous avaient
promis du 4 %, c'est 1,4 % cette année; puis, en Éducation, ils nous
avaient promis du 3,5 %, puis c'est
0,2 %. Et il y a des impacts concrets, là. Ce n'est pas tout théorique, M.
le Président, là. Ça a des impacts.
Simplement vous dire,
en santé, le chef de l'opposition officielle, ce matin, nous rappelait que 21
employés spécialisés de l'Institut de
réadaptation en déficience physique du Québec, là, l'IRDPQ, ont appris que
leurs postes allaient être abolis. Et
ce n'est pas, M. le Président, des cadres, là. Ce n'est pas des cadres, là, qui
vont perdre leur emploi, c'est des
gens qui offrent des services : neuf éducateurs spécialisés, trois
orthophonistes, trois ergothérapeutes, deux techniciens en loisirs, un psychologue, un technicien en vrac,
un sexologue, un éducateur physique. Ça, M. le Président, ce sont des
gens qui donnent des services à des vraies personnes, à des vraies personnes
qui ont besoin de services.
Ça,
c'est en santé, M. le Président. Ça, là, ce que je viens de vous dire, c'est
des services de santé. C'est pour un cas. C'est pour un cas, et, je vous l'annonce, ça n'est que le début. Ce
n'est que le début. Ce que je viens de vous dire, ça va se reproduire partout à travers le Québec et pendant
toute l'année. Malheureusement, c'est le résultat des choix du gouvernement
qui est devant moi. Alors, comment on peut
justifier des choix comme ceux-là? Comment on peut justifier de s'en prendre
de cette façon-là aux personnes les plus vulnérables? Je n'ai pas de mot pour
décrire ce que je pense de ces choix-là.
En
éducation, en passant, c'est la même affaire, c'est la même chose. Vous savez
que, depuis quelques semaines, on
parle de ce qui se passe à Montréal, et le gouvernement, toujours heureux de
brandir le rapport de Raymond Chabot qui
préconise, pour la plus grosse commission scolaire au Québec, de mettre à la
porte 35 orthopédagogues, 56 professeurs pour les élèves handicapés, 27 postes de technicien en éducation
spécialisée... Ça, M. le Président, c'est ce qui est préconisé par le gouvernement, et on nous dit : C'est
de la bonne gestion. C'est comme ça que nous répond le ministre de l'Éducation.
Autre exemple en
éducation, on aurait eu apparemment, de l'autre côté, la brillante idée de ne
plus faire la distinction entre les élèves
en difficulté et les autres enfants dans le calcul du ratio maître-élèves.
Autre belle initiative.
Alors, M. le
Président, encore une fois, on s'en prend aux enfants qui sont en difficulté
dans ce cas-ci, à des enfants qui ont des
besoins particuliers, et, en coupant dans les services à ces enfants-là,
évidemment, c'est un avenir très, très sombre qu'on s'achète. Et ça,
encore une fois, ce sont des exemples très, très concrets, là, très, très
concrets des conséquences des gestes qui sont posés par ce gouvernement.
Alors,
M. le Président, je suis extrêmement inquiet des orientations qui ont été
prises. On nous dit qu'on veut se donner des finances publiques saines
pour pouvoir s'enrichir dans le futur, pour pouvoir s'offrir un Québec
meilleur. M. le Président, les choix qui
sont faits ont pour conséquence exactement l'inverse, là. C'est exactement
l'inverse. On s'achète des lendemains
malheureux avec des choix comme ceux-là quand on s'attaque aux personnes les
plus vulnérables, quand on coupe en
éducation, quand on coupe en santé de façon aussi irréfléchie puis aussi...
quant à moi, en tout cas, de façon aussi comptable. C'est une approche
qui n'est pas une approche réfléchie et ça va avoir des conséquences très
graves pour la suite des choses.
Alors,
M. le Président, c'est pas mal ça que je voulais vous dire. Évidemment, donc,
comme les orientations que je viens
de vous dire... du gouvernement mènent aux conséquences que je viens de vous
dire, vous ne serez pas surpris d'apprendre
que, de notre côté, on va s'opposer aux crédits, on va voter contre le budget
des crédits qui est proposé par le gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On vous remercie, M. le député de Rousseau, de votre
intervention sur l'adoption des crédits. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Granby pour la poursuite du débat
sur le même thème. M. le député de Granby, à vous la parole.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Très heureux d'intervenir sur l'étude des crédits. Ce
qui se termine aujourd'hui a été un exercice
fastidieux, important. Dans les dernières semaines, on a étudié, pour plus de
200 heures, les crédits
des différents ministères. Vous savez, dans les huit dernières années, à
l'Assemblée nationale, j'ai eu la chance, pendant cinq ans, de défendre les crédits comme porte-parole aux
Finances puis je ne peux pas m'empêcher, M. le Président, de revenir, dans un court préambule, mais quand
même important, sur nos façons de faire, sur les façons que nous avons
étudié les études des crédits, selon leur degré, en termes d'importance. Quand
on parle de budget, il faut comprendre, pour
les gens qui nous écoutent, quand on leur dit : Après le budget, il y a
des étapes importantes, le ministre des Finances a livré son discours voilà déjà un mois et plus, par la suite il y a eu
25 heures de débat, donc 15 heures dans le salon bleu pour que les différents députés de l'Assemblée
nationale puissent émettre des commentaires, autant du côté du gouvernement
que de l'opposition; par la suite, commissions
parlementaires, où j'ai siégé pendant une dizaine d'heures... Et là on est
entrés, par la suite, sur 200 heures
d'étude des crédits. Alors, selon... exemple, si on prend la santé, sur
200 heures, vous comprenez, M.
le Président, que ce dossier, comme tel, est extrêmement important, c'est la
moitié du budget, on va passer entre 20 et 22 heures seulement à
discuter de la santé et des services sociaux.
La
semaine passée, M. le Président, ce n'est pas nouveau, sauf que... Tous les
députés de l'Assemblée nationale le
savent, les journalistes s'en doutaient, mais les Québécois ne le savent pas.
Et, quand j'ai parlé des questions plantées, M. le Président, respectueusement, c'était pour allumer, allumer, M. le
Président, les députés de l'Assemblée nationale, le parti gouvernemental à se dire : Est-ce qu'on doit continuer,
continuer... Sur 200 heures de crédits, il faut bien comprendre, là, qu'il y en a la moitié, la moitié qui est
donnée spécifiquement au gouvernement; l'autre moitié est dédiée aux partis de
l'opposition, qui sont, par la suite,
répartis selon l'importance des partis. Il faut comprendre, M. le Président,
que, sur ce 100 heures,
100 heures qui est dédié directement au gouvernement, bien, je pense, les
députés de l'Assemblée nationale, surtout
la partie ministérielle, autant les gens qui ont écouté, s'il y en a qui ont
écouté ces débats à l'Assemblée nationale qui commençaient tôt et qui se terminaient extrêmement tard, ils ont
bien compris jusqu'à quel point la partie ministérielle pouvait être,
poliment, complaisante, complaisante dans ses questions.
Et,
pour la suite de nos travaux, M. le Président... J'entendais le président du
Conseil du trésor, tantôt, dire : C'est un exercice important, il faut remercier les fonctionnaires. Imaginez,
M. le Président... Dans les questions que j'ai posées la semaine passée, bon, le leader du gouvernement
a dit : Bien, non, non, ça n'a pas de bon sens, vous faites de la petite
politique — ou presque — là-dessus, mais tout le monde est au fait,
tout le monde est au fait que ça doit changer, qu'on doit améliorer nos façons de faire. Oui, il y a un
comité qui doit discuter de tout ça, mais je pense que le leadership, en
premier lieu, doit nécessairement venir du
gouvernement. Et, quand on parle de fonction publique, d'employés, pour ceux
qui ont suivi les débats, ils ne pouvaient
imaginer le nombre d'employés en arrière du ministre ou des ministres qui ont
nécessairement à répondre à des questions de
l'opposition qui sont plus souvent qu'autrement extrêmement pertinentes,
hein? On a un budget de 100 milliards
de dollars, je le répète, 100 milliards, donc l'opposition essaie de faire
un travail constructif pour poser des
questions, revoir certaines façons de faire, le gouvernement soit plus
transparent, puis, de l'autre côté, on a un parti ministériel qui plus
souvent qu'autrement, je le répète poliment, est complaisant.
Alors,
ma question, M. le Président, c'est qu'aujourd'hui on en arrive à une situation
où on comprend que c'est ridicule de
continuer de cette façon, et j'ose croire, j'ose croire que ce leadership qui
pourrait venir du leader du gouvernement, du gouvernement lui-même, de revoir nos façons de faire... Quand je
parle de fonction publique et d'employés, le ministre est bien conscient, il essaie de réduire des
100 000 $, des 500 000 $, des millions à gauche et à
droite, il le sait très bien. Que ce
soit pour la santé, l'éducation, les finances ou autres, je me souviens, on a
eu des commissions parlementaires où il y avait une cinquantaine de fonctionnaires, on ne savait plus où les
asseoir. Bien, il sait très bien que, sur la moitié des 200 heures, donc 100, si on abolissait juste
ce 100 qui est dédié au gouvernement, bien, faites la multiplication des
salaires de ces employés de la fonction publique, de ces ministères,
bien vous comprendrez que, selon moi, là, pendant ces trois semaines, là, ce sont des centaines de milliers de dollars que le
gouvernement pourrait sauver juste pour ça, juste pour ça, M. le
Président.
À quelque part, c'est
un exercice qu'on comprend qu'il est extrêmement important, mais, de l'autre
côté, on comprend que ça n'a plus son
utilité pour le gouvernement. Le gouvernement pourrait très bien consentir que
l'opposition, oui, a un boulot à
faire, répondre aux questions, puis, de l'autre côté, là, respectueusement, M.
le Président, le gouvernement pourrait
dire : Écoutez, entre recevoir des questions plantées pendant
100 heures puis, de l'autre côté... Il y aurait quand même...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui. Alors, M. le leader du gouvernement.
• (12 heures) •
M.
Fournier : D'abord, le leader de la deuxième opposition s'en
prend au règlement lui-même et en plus attribue à certains députés, notamment ceux de notre formation, M. le Président,
des intentions qu'il ne peut pas plaider en vertu du règlement.
Je tiens à rappeler que le règlement lui-même prévoit que, lorsqu'on
procède à l'étude des crédits, tous les députés, peu importent leurs formations politiques, ont les mêmes
droits, et il porte atteinte aux droits de ces députés. Je vous invite à le convier à respecter la charge de
chacun des députés en cette Assemblée. Je
comprends bien qu'il n'est pas d'accord avec les questions qui sont posées, mais ça
appartient à chacun des députés de poser les questions qu'il veut. Et je
crois, M. le Président, que vous devriez le rappeler au respect.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien, à tout le moins, à faire attention aux propos
utilisés. Mais je vous invite à poursuivre.
Parce que, là, c'est le point de vue du député sur l'étude des crédits. Et il me semble que, si on faisait attention au vocabulaire utilisé... Parce que c'est exact que c'est
prévu au règlement que tous les parlementaires peuvent participer
à l'étude des crédits, on n'a pas besoin de refaire la lecture de ça,
c'est connu. Alors, veuillez poursuivre mais en faisant attention au
vocabulaire.
M.
Bonnardel : Vous
savez, M. le Président, je l'ai mentionné, mon intervention, depuis sept
minutes, est, je pense, très respectueuse. Oui, les mots sont peut-être
sévères, mais c'est la réalité. Au-delà de tout ça, au-delà de tout ça...
Des voix : ...
M. Fournier : ...le rappeler.
L'article 35, M. le Président :
«Le député qui a la parole ne peut :
«6° imputer des motifs indignes à un député ou
refuser d'accepter sa parole;
«7° se servir d'un langage violent, injurieux ou
blessant à l'adresse de qui que ce soit.»
Je vous
rappelle aussi, M. le Président, le code d'éthique qui nous rappelle à
certaines valeurs — je ne
sais pas si le leader veut s'asseoir
pendant que j'ai la parole, il pourra se relever tantôt — M. le Président, ces valeurs de respect.
Il peut ne pas être d'accord avec le contenu
des questions, mais il ne peut pas, M. le Président, il ne peut pas blesser,
viser, imputer des motifs à la députation qui est là.
Je sais que
c'est un gentilhomme, je lui demande de constater que ce qu'il fait est
blessant et je lui demande, s'il vous plaît, de porter respect à chacun
des parlementaires ici. Je sais qu'il peut le faire.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Mais, une seconde, là, tout est dans l'interprétation, M. le leader, vous avez
assez d'expérience. Je ne crois pas que les propos étaient injurieux. Alors, il
faut faire attention...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, blessant, c'est votre point de vue. Vous avez le droit...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Mais, écoutez, bien, ça doit faire, ici, juste...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
O.K., veuillez poursuivre... J'aimerais juste expliquer : J'ai entendu ça
à peu près 500 fois en cette
Assemblée, «question plantée». Donc, je ne vois pas, là pourquoi qu'on
inventerait un règlement, ce matin, nouveau...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Un instant! Un instant, M. le leader. Tout ce que je veux indiquer : Oui,
il faut faire attention dans le
langage utilisé, je vous invite à poursuivre en faisant attention au langage
utilisé, mais je l'ai, moi, l'article 35,
comme vous, devant moi, et, «injurieux», je ne crois pas qu'il y avait des
propos injurieux. J'ai le droit, comme président, d'interpréter, ça, ça
appartient au président, d'interpréter. Il n'y a pas d'injure...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, un instant...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un
instant, oui, oui.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, je l'ai vu, je l'ai vu. Puis je ne crois pas m'être énervé, là. Tout ce
que je dis, c'est qu'à
l'article 35 il faut lire l'ensemble du règlement. Et, si je constatais
qu'effectivement il y a un usage abusif puis des propos injurieux, je prendrais la décision que vous souhaitez.
Mais je ne crois pas qu'il y a eu d'usage de propos injurieux.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Un instant! Je dis, tout simplement, par exemple, à M. le député de Granby :
Il faut faire attention aux motifs invoqués,
et effectivement, dans votre dire, il y avait des motifs invoqués. Ça, ça ne
fait aucun doute. Et c'est toujours fragile d'invoquer des motifs ici, parce
qu'on prête des intentions à des parlementaires, et c'est conforme au règlement, pour les
parlementaires, d'avoir le droit, lors de l'étude des crédits, de pouvoir
s'exprimer. Donc, attention au langage utilisé. Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier : Le 35.7°, M. le
Président : «Se servir d'un langage violent — virgule...»
Des voix :
...
M. Fournier :
Je vais continuer. Il y a un règlement, là, on le lit. «Se servir d'un langage
violent, injurieux ou — "ou", M. le Président — blessant à l'adresse de qui que ce soit.»
Alors, vous avez manifestement regardé l'aspect injurieux, mais vous ne
voulez pas considérer l'aspect blessant.
Je
vous dis que, lorsqu'il y a des motifs comme ceux qui sont invoqués par notre
collègue, non seulement il prête des
motifs, mais en plus c'est blessant. Alors, je fais simplement dire ceci :
Dans la foulée de ce que vous avez dit, de faire attention, puis-je
demander à notre collègue simplement un minimum de respect? Il a droit à son
opinion, mais, franchement, il ne peut pas prêter des intentions de...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Sur ce, veuillez poursuivre votre intervention.
Mais moi, j'ai rendu ma décision et
je pense que vous êtes capable de vous gouverner en conséquence pour la
poursuite de votre intervention. M. le député de Granby, à vous la
parole.
M.
Bonnardel : Ce qui est particulier, M. le Président, c'est
que j'ai posé ces questions la semaine passée et cette semaine, puis jamais le leader du gouvernement n'a soulevé cette question. Jamais
il ne l'a soulevée. Là, il la soulève. Ça, il se sent mal à l'aise encore aujourd'hui.
Je peux comprendre, je peux comprendre, mais c'est correct. Là, il la soulève
aujourd'hui, mais il ne l'a pas soulevée pendant que j'ai posé la question au
salon bleu.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, M. le leader.
M.
Fournier : ...intention à l'effet que je serais mal à l'aise.
Je lui demande d'être respectueux. Est-ce que c'est possible d'être... Je sais que c'est un gentleman.
Peut-il être respectueux? Les députés ont le droit de poser des questions,
et ils le font en toute liberté, et ils n'ont pas le droit d'être blessés par
le député de la CAQ, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...droit de poser toutes les questions. Il n'y a pas de
nouveau. La dernière interpellation n'était pas une question de règlement.
Veuillez poursuivre en faisant attention.
M.
Bonnardel :
Bien, le ministre, M. le Président, le ministre, le leader du gouvernement est
bien conscient, au-delà, là, des esclandres, là, puis tout ça, là, est bien,
bien conscient que la situation doit changer. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Le ministre,
il est conscient de ça, les députés sont conscients, on est conscients. Ils ont
déjà été du côté de l'opposition, tout le monde est au fait, là, tout le monde est au fait que
cette situation, M. le
Président, doit évoluer, être améliorée, et je parle, M. le Président, comme un député qui est quand
même là depuis un certain nombre
d'années, et, d'un certain côté, je le dis respectueusement...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! On ne peut pas s'interpeller comme ça, là. Il y a un député qui
a la parole, puis je voudrais l'entendre.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Granby,
veuillez poursuivre.
M.
Bonnardel : M. le Président, je ne passerai pas 20 minutes là-dessus. J'ai déjà posé des
questions, puis il y a
plusieurs personnes qui ont écrit là-dessus. Je fais juste dire, M. le
Président, que, sous le leadership du leader du gouvernement, de notre parti,
du Parti québécois qui est ouvert à ça, puis, j'imagine, de Québec solidaire, il serait grand temps de
revoir nos façons de faire, hein, d'améliorer
nos procédures et d'être avant-gardistes, de se dire : En 2015, est-ce
qu'on devrait changer telle, telle, telle
chose? C'est vrai que ce gouvernement... pas ce gouvernement, mais cette
Assemblée a fonctionné dans un
contexte de dualité politique dans les 100 dernières années. Alors, c'est
vrai qu'aujourd'hui, c'est peut-être
difficile pour les deux vieux partis de dire : Mautadit, là, il y en a une
troisième, formation, qui est arrivée, il y en a une quatrième qui s'appelle Québec solidaire, mais c'est la réalité
politique du Québec d'aujourd'hui. C'est la réalité politique.
Alors,
j'ose croire, là, j'ose croire — je vais arrêter ça là puis je vais continuer
sur le budget par la suite — que le
leader sera capable... autant par la présidence aussi qui doit piloter ce
comité de réflexion, qu'on pourra rapidement, rapidement trouver des façons qui seront nouvelles, qui seront avant-gardistes
pour être capables d'en arriver en 2018, je le souhaite en tout cas, à
des changements importants pour la prochaine législature.
Alors,
M. le Président, quand on revient sur ces crédits, ce budget qui va être
nécessairement adopté sur division, parce que vous comprendrez que notre
formation politique ne sera nécessairement pas d'accord sur les politiques du
gouvernement, c'est impossible de ne pas regarder le portrait économique en
premier lieu. Quand on parle de portrait économique,
bien, nécessairement, on pense à un plan de relance économique. Puis on a un
gouvernement qui nous amène, supposément
l'an prochain, à un retour à l'équilibre budgétaire, ce que je n'ai pas connu,
moi, depuis que je suis arrivé à l'Assemblée
nationale. On n'en serait pas là aujourd'hui si le Parti libéral, depuis 2003,
avait réussi à contenir une croissance des dépenses normale. Quand je
dis normale, c'est l'inflation ou un peu plus.
Si,
aujourd'hui, on est allé en chercher autant dans les poches des gens et que, de
l'autre côté, on fait croire que c'est
grâce à certains efforts qu'on va
retrouver l'équilibre budgétaire, je vais donner la chance au coureur. On
pourra évaluer les
comptes publics l'automne prochain pour regarder cette année qui vient de se
terminer, plus celle qui nous amène au retour à l'équilibre budgétaire,
mais, comme je disais tantôt, cette croissance des dépenses, qui a explosée
dans les 10 dernières années à
4 %, 5 %, 6 %, comme je l'ai vu dans les dernières années, bien,
ça a amené nécessairement, depuis les
cinq, six dernières années, une recette qui est assez facile. C'est une recette
qui s'appelle aller en chercher plus dans les poches de la classe moyenne, des familles, et même, aujourd'hui on en a
parlé, des personnes plus démunies, plus fragiles, ceux qui sont dans
les CHSLD.
• (12 h 10) •
On parle
d'augmenter les tarifs dans les CHSLD, ce matin, M. le Président, à hauteur de
4 %. Le ministre de la Santé
dit : Ah! c'est une coquille. Bien, mon collègue de Lévis l'a bien
mentionné, c'est écrit noir sur blanc : 2,5 % plus un taux moyen d'inflation. On arrive facilement à
comprendre que ça va être au-dessus de l'inflation, cette augmentation possible de ceux qui sont dans des résidences pour
personnes âgées, l'an prochain. Déjà, ce montant est à 1 789 $ par
mois. Comment pensez-vous deux petites secondes, là, qu'une augmentation
de 4 % ne sera pas considérée extrêmement importante. On parle de 800 $ de plus par année. Puis ça me fâche à
chaque fois, M. le Président, d'entendre le premier ministre nous dire : Ah! c'est seulement des
petites hausses, des petites hausses de 3 $, 4 $, 5 $, 6 $
ici et là, à gauche et à droite.
Vous savez,
je l'ai répété des dizaines de fois, puis je vais continuer de le répéter, la
recette des libéraux, depuis minimalement
2010, parce qu'on ne balançait pas le budget, là, hein, une croissance des
dépenses qui augmentent, des revenus
moindres, donc qu'est-ce qu'on a décidé de faire, bien, c'est d'imposer une
taxe santé en 2010. On va essayer de
réparer cette erreur du passé à partir de 2017 en réduisant puis en abolissant
graduellement cette taxe santé. Ce qu'on n'a pas dit aux Québécois non plus, c'est que les transferts canadiens...
c'est peut-être un peu difficile, là, mais les transferts canadiens en santé vont baisser énormément, pour
être de 7 milliards de moins, sur une période qui s'appelle 2013-2020.
Est-ce que ça va mettre en péril, M. le
Président, cette promesse de réduire la taxe santé? On pourrait l'évaluer, mais
ce qui est sûr, sûr, sûr, c'est que les Québécois, d'ici 2017, ne
verront aucune baisse d'impôt ou de taxes possible.
Donc, on
termine l'année 2015, zéro. On s'en va à l'année 2016, zéro. Et, à partir de
2017, on devrait leur donner un peu
d'oxygène, peut-être, peut-être. Parce qu'il ne faut pas oublier, je le répète,
là, les transferts canadiens en santé, le fédéral a changé sa manière de calculer, de transférer l'argent aux
provinces. On a un premier ministre qui a baissé les bras, qui a dit : Ce n'est pas grave, on va
accepter ça. On avait un premier ministre qui s'appelait Jean Charest, juste
avant lui, qui était pas mal plus à
la défense des acquis québécois. Et là, quand on parle d'acquis québécois, dans
une certaine mesure, bien, c'étaient des montants qui étaient transférés
aux provinces selon l'importance per capita des gens qui habitaient dans
chacune des provinces. Aujourd'hui, on a changé cette méthode de calcul, et ça
va avoir un impact considérable,
considérable — et ça,
on ne l'a pas mentionné encore — considérable sur les finances publiques dans
les prochaines années.
Donc, depuis
2010, il y a eu cette taxe santé, il y a eu les taxes sur l'essence qui, année
après année, augmentent. Ah oui! Les
Québécois, cette année, ont un petit peu d'oxygène en termes de coûts parce que
le prix du baril de pétrole est à la
baisse. Mais on sait que c'est cyclique, ça risque d'augmenter très bientôt.
Peu importe, présentement il y a quand même quelque chose qui peut nous
réconforter un petit peu.
Il y a cette
bourse du carbone qui nous amené une hausse du prix du carburant aussi de
0,035 $. De l'autre côté, est-ce
qu'il y a eu un transfert pour apaiser les automobilistes? Pas vraiment. À
part, oui — on va
être francs, on va être francs — moins d'accidentés, moins de morts sur nos
routes au Québec, donc un permis de conduire qui va être moindre, pour
une première depuis les dernières années.
Alors, je
parlais de la taxe santé, M. le Président, je parlais de la taxe sur l'essence.
Il y a eu, nécessairement, les deux
points de TVQ qu'on est allés chercher. Parce que le gouvernement fédéral nous
avait baissé deux points de TPS, on a
indexé tous les tarifs. Et là on est arrivés, à partir de 2014, quand le
gouvernement a été réélu de façon majoritaire, encore une fois sur une façon facile de dire : Comment on va être
capables encore une fois d'aller chercher un petit peu plus d'argent pour que ça ne paraisse pas trop
puis que ça soit à coups de 3 $, 4 $, 5 $, 6 $? Bien, ce
fut les tarifs de garde, une promesse
rompue, une promesse rompue qu'on a mise, maintenant, dans le budget en se
disant : Les Québécois étaient persuadés
que le gouvernement libéral... Je vois encore le premier ministre nous dire,
avec la main sur le coeur : Ne vous inquiétez pas, nous, là, l'augmentation des tarifs de garderie ne sera
pas au-dessus de l'inflation comme le Parti québécois l'avait décidé, de passer à 7 $... à
9 $. Bien, à notre grande surprise, vous comprendrez que cette promesse a
été rompue. Un bobard important qui a été rompu par le gouvernement.
Par la suite, M. le Président, bien, il y a
eu : transfert fiscal, déséquilibre entre les municipalités et Québec, 300 millions de moins et, oups! encore une
fois augmentation des taxes municipales de façon importante. Par la suite,
ça a été, encore une fois, un autre
déséquilibre entre les commissions scolaires, le système de péréquation. Donc,
on verse moins d'argent aux
commissions scolaires. Les commissions scolaires font quoi? On augmente les
taxes scolaires, mon chef le mentionnait
hier. Juste dans Chauveau, 33 % d'augmentation dans les deux dernières
années. Combien d'autres villes ont
vu, au Québec, des augmentations scolaires aussi importantes? Encore une fois,
c'est juste des 10 $, 15 $, 20 $, 40 $, mais on commence à accumuler
tout ça, M. le Président, je vous l'ai mentionné : taxe sur l'essence,
taxes scolaires, taxes municipales,
les hausses de tarifs d'Hydro-Québec, ma collègue l'a mentionné ce matin, lors
du dépôt d'une motion.
Le premier
ministre avait dit aussi : Les tarifs d'électricité, non, ça n'augmentera
au-dessus de l'inflation. On a, de
façon... rigolo, déposé un décret de préoccupation en essayant de... Les Québécois
se sont dit : Ma foi, ça fait quoi dans la vie, ça, un décret de préoccupation? Je n'avais jamais entendu le terme. Peut-être
une petite tape sur un ongle, même pas
sur un doigt, de Thierry Vandal en lui disant : Fais attention,
demande-z-en pas trop. Mais à la fin ce fut une augmentation de 4,3 %
l'année passée, ce fut une augmentation de 2,9 % cette année, un pourcentage important d'augmentation qui est
dédié spécifiquement à des énergies que nous n'avions pas besoin à
court terme. Les Québécois nous ont entendus maintes et maintes fois
sur ce gaspillage, du fait qu'on a supporté des énergies qu'à court terme nous
n'avions pas besoin,
où on pouvait mettre un léger frein. Alors, M. le Président, quand on
regarde cette situation, depuis 18 mois c'est
1 300 $, 1 400 $ qu'on est allé chercher dans les poches du
monde.
Je parlais de
CHSLD tantôt. Ma collègue de Saint-Hyacinthe l'a mentionné ce matin, on est rendu au camping,
M. le Président. Ah! c'est... Camping, on va taxer les gens qui
vont faire du camping. Encore une fois, c'est 2 $, 3 $, mais on accumule tout ça, M. le Président, puis les gens qui nous écoutent vont se rendre compte d'une chose,
d'une chose : que ce gouvernement qui se targue d'être le parti de l'économie est le parti qui va aller
en chercher le plus dans les poches des contribuables qu'on n'a jamais
vu dans les 15 dernières années.
Déjà, déjà, on
a un objectif pour l'emploi qui va échouer — jamais on n'aura 250 000 emplois comme
le gouvernement nous l'a
mentionné — un plan
de relance économique, et la stratégie maritime qui est une vraie farce. Quand
on regarde les chiffres qui sont indiqués dans le budget, ici, M. le Président,
les chiffres mentionnent 1,5 milliard d'investissement.
Ah oui? Quand on regarde spécifiquement, c'est 170 millions,
13,8 millions qu'on va dépenser cette année. Donc, on va essayer de
créer un effet de levier qui est incroyable!
De l'autre côté, on a un Plan Nord, on a un Plan
Nord où il y a des investissements à zéro, où on a peut-être rapidement donné
une autorisation de 100 millions de dollars pour Canadian Royalties. De quelle
façon? Un peu particulière. Peut-être pour
stimuler puis accélérer le fait qu'on se rend compte qu'il ne se passera
absolument rien dans le Plan Nord
présentement. À part une société du Plan Nord qui a été mise en place, une
autre société qui a été mise en place,
où on leur a donné 50 millions pour aider à gauche et à droite certaines
municipalités à se développer, bien, vous comprendrez que c'est très
mince, M. le Président, très mince comme plan de relance économique.
Et, quand on
parle d'un contrôle des dépenses, on dit oui, à la Coalition avenir Québec,
mais, de l'autre côté, ça prend un
plan de relance. Ça prend une situation où on va se sortir du 57e rang,
comme le chef du deuxième groupe de l'opposition
le mentionne depuis un an déjà. Parce que, M. le Président, quand il y a
60 provinces, États, aux États-Unis, au Canada, et qu'on est 57e, province la plus endettée en Amérique du
Nord, les citoyens québécois les plus taxés, imposés en Amérique du Nord, bien, il y a une chose qui
est importante, M. le Président, c'est que tout ça doit cesser. Il faut
continuer... Il faut donner de
l'oxygène aux Québécois, il faut, oui, mieux contrôler nos dépenses, et ce
n'est certainement pas avec le plan
de relance économique que le Québec... que le gouvernement nous livre
aujourd'hui qu'on sera capables de sortir de ce 57e rang, et,
malheureusement, d'une province aussi endettée, et de Québécois aussi taxés et
imposés. Merci, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie. On vous remercie, M. le député de Granby, pour votre intervention sur le sujet en cours. Et je
cède la parole maintenant à Mme la députée de Crémazie pour la poursuite
du débat. À vous, Mme la députée.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Il me fait très plaisir
de prendre la parole aujourd'hui, au lendemain
de l'étude des crédits. Toutefois, avant de débuter mon discours, en fait, sur
l'étude des crédits, je veux souligner à quel point, comme nouvelle parlementaire, je suis outrée que le député
de Granby puisse proposer de me retirer mon droit de parole. Et, par respect pour les citoyens de
Crémazie, jamais je n'abdiquerai ce vote. Et, oui, M. le Président, il a été
mentionné... Je veux le dire
personnellement : Les propos du député de Granby, oui, ils sont blessants,
ils sont blessants et ils sont une atteinte au travail de tous les
parlementaires de l'Assemblée nationale.
Ceci dit, M.
le Président, j'ai eu l'occasion, dans le cadre de cette étude, de participer à
plusieurs commissions, dont notamment
la Commission sur les relations avec les citoyens, volet Immigration et volet
Condition féminine, celle des
affaires municipales et de l'occupation du territoire, volet Métropole, ainsi
que celle de la santé et des services sociaux. J'ai eu l'occasion de poser de nombreuses questions au ministre, préparées par moi-même, concernées sur des
dossiers importants pour moi, pour les citoyens de Crémazie ainsi que
pour les citoyens de l'ensemble du Québec.
L'étude du crédit a été un exercice qui a clairement
démontré la rigueur du gouvernement dans la gestion des finances publiques et dans ses
efforts d'optimisation. Comme je le disais précédemment, au cours de cette
étape importante du travail des commissions parlementaires qui s'est achevé hier, j'ai participé à l'étude
des crédits de la Commission de
la santé et des services sociaux. Un total
de 18 heures ont été consacrées aux postes budgétaires majeurs que
représentent la santé et les services
sociaux. J'y ai assisté personnellement et j'en profite pour dire que je n'ai
pas du tout la même lecture que le député de Rousseau, qui a parlé
précédemment.
Au cours de la dernière année financière, des
sommes importantes ont été investies au bénéfice de la santé physique et psychologique des Québécois. L'ampleur
de ces investissements s'explique par la valeur profonde qu'accorde chacun
d'entre nous au fait d'être en bonne santé et de voir ses parents, enfants et
amis en bonne santé également. Le ministre
de la Santé et des Services sociaux a d'ailleurs eu l'occasion d'expliquer,
devant nous et devant la population québécoise, la manière dont cet
argent a été dépensé depuis le premier budget du gouvernement.
Au-delà des
chiffres, il y a aussi les objectifs. Comme adjointe parlementaire de la
ministre déléguée à la Rédaptation, à
la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, j'ai eu la chance de
suivre de plus près plusieurs dossiers relatifs
au mieux-être physique et psychologique des Québécois menés au cours de cette
période. J'ai notamment pris part à la
Commission de la santé et des services sociaux tout au long du processus
législatif entourant le projet de loi n° 10, un important projet de loi qui vise à optimiser notre
système de santé québécois. J'aimerais d'ailleurs revenir rapidement,
puisque l'occasion m'est prêtée, sur les objectifs du projet de loi n° 10.
Depuis trop
longtemps déjà, aucune entité n'est réellement en charge d'assumer un continuum
de soins dans les ramifications du système de santé du Québec. La première
finalité du projet de loi n° 10 est justement de corriger cette situation. Le projet de
loi n° 10 est venu corriger une réalité connue depuis longtemps et à
laquelle notre gouvernement a décidé
de remédier pour le bien de tous les citoyens. Les objectifs du projet de loi
n° 10 sont limpides et se résument en quatre lignes directrices : améliorer l'accessibilité et la
fluidité des services, simplifier le parcours de soins, réduire les délais et la duplication des tâches, simplifier
les structures de gestion pour permettre des décisions plus transparentes
et plus rapides et dont les gens seront
clairement imputables, et enfin éliminer un palier entier à l'édifice de la
bureaucratie en abolissant les
agences régionales de santé. Ces changements, rendus possibles par le
gouvernement, permettront une plus
grande fluidité et une plus grande simplicité de notre système de santé. À
terme, ils permettront également d'en assurer la pérennité.
Avant toute
chose, je tiens à rappeler que les Québécois bénéficient d'un système de soins
de très haute qualité. La grande
majorité sera certainement en accord avec moi sur ce propos, quand on accède au
système de santé, on reçoit des soins de haute qualité et nous sommes
bien soignés. Par contre, M. le Président, s'il est vrai que la qualité est au rendez-vous, l'accessibilité est plus difficile,
d'où l'importance d'apporter les correctifs nécessaires afin que l'attente pour
recevoir des soins soit plus raisonnable.
Partant de ce constat, notre gouvernement a pris ses responsabilités et a
proposé le projet de loi n° 20, complémentaire au projet de loi
n° 10.
M. le
Président, permettez-moi de vous rappeler les grandes lignes de ce projet et
les avantages qu'il comporte pour les
citoyens. Il vise notamment à optimiser l'utilisation des ressources médicales
et financières afin de mieux répondre aux
besoins réels de la population, accroître l'inscription auprès d'un médecin de
famille ainsi que le suivi de patients, améliorer le délai de
consultation en médecine spécialisée, assurer une meilleure fluidité entre la
première ligne et la médecine plus
spécialisée, favoriser davantage la pratique interprofessionnelle au bénéfice
des patients, assurer une meilleure cohésion entre les pratiques des
médecins de famille et des médecins spécialistes.
L'optimisation
des ressources médicales est une nécessité pour combler le nombre de personnes
qui ne sont encore malheureusement pas suivies par un médecin de
famille. En plus de répondre à une demande longtemps exprimée et souhaitée par la population, le projet de loi
n° 20 garantira une meilleure cohésion entre les pratiques des médecins de
famille et des médecins spécialiste.
L'adoption d'un projet de loi n° 10 et l'avancement du projet de loi
n° 20 représentent donc de
grands gestes posés par notre gouvernement au cours de la dernière année, et
ce, au plus grand bénéfice de tous les Québécois.
J'aimerais également aborder un tout autre sujet
qui touche directement les citoyens de ma circonscription. En 2017, Montréal célébrera le 375e anniversaire
de sa fondation. Montréal demeure une plaque tournante, un moteur économique pour l'économie et la visibilité de
tout le Québec entier. Notre gouvernement sera résolument actif pour cet
important événement, auquel je serai fière
de prendre part comme députée de Crémazie et citoyenne de Montréal. Mais
il ne faut pas oublier qu'il demeure de nombreux enjeux et défis pour la
métropole.
Notre
gouvernement travaille à renforcer le positionnement concurrentiel ainsi que
l'attractivité de Montréal pour les
entreprises et les investisseurs afin de diversifier et de dynamiser l'activité
économique de la grande région métropolitaine.
Nous voulons donner une nouvelle impulsion économique au Grand Montréal et,
pour ce faire, nous avons élaboré et
mis de l'avant des mesures importantes, en plus d'investir des sommes
considérables dans différents projets porteurs.
Ces actions, en plus du Plan Nord et la stratégie maritime, permettront, à
terme, de créer de nombreux emplois dans
les PME, car ces deux projets-phares de notre gouvernement permettront de créer
des emplois non seulement dans le Nord, mais dans tout le Québec entier.
Mais, plus
directement à Montréal, le 375e anniversaire sera un événement
incontournable. Notre gouvernement tient
à rappeler qu'il collabore constamment avec ses partenaires dans cet important
dossier. Dans le cadre du budget 2015-2016, nous avons confirmé les grands paramètres de la contribution
gouvernementale. Une annonce de près de 160 millions a été faite
pour huit projets porteurs pour l'avenir de la métropole, qui demeureront des
legs. Ces projets permettront, entre autres,
la construction d'un nouvel établissement pour le Musée des beaux-arts de
Montréal, l'aménagement d'un sentier
cyclable et pédestre pour le Grand Montréal, la réhabilitation de la gare
maritime et de la jetée Alexandra, la mise en valeur du secteur ouest de l'île Sainte-Hélène ainsi que la
construction d'un nouveau pavillon pour l'oratoire Saint-Joseph. Nous
travaillons sur d'autres projets d'envergure pour la métropole, dont
l'échangeur Turcot, l'autoroute Bonaventure, le recouvrement de l'autoroute
Ville-Marie ainsi que le transport collectif.
Notre gouvernement tient donc à rappeler à tous les administrateurs de la région de Montréal que ces projets sont très importants pour nous. Nous leur réitérons
notre entière collaboration, et j'ai confiance que ces projets seront réalisés
avec succès et que le 375e anniversaire
sera un événement marquant pour le Grand Montréal. Nous continuons de
travailler avec l'ensemble des acteurs concernés pour redonner à
Montréal le lustre, le prestige et le dynamisme d'une grande métropole
internationale ouverte sur le monde et tournée vers l'avenir.
L'étude des
crédits qui s'est achevée hier, M. le Président, a été un exercice qui a
clairement démontré nos efforts d'optimisation
comme gouvernement et surtout à quel point le gouvernement fait preuve de
rigueur en matière de gestion des fonds publics. Et, en conséquence, M.
le Président, je recommande à l'Assemblée l'adoption des crédits.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la députée de Crémazie. Et je cède la parole
maintenant, pour la poursuite du débat,
toujours sur cette même question, à M. le député de Sanguinet. M. le député de
Sanguinet, à vous la parole.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Écoutez, l'étude des crédits va suivre l'exercice lié
au budget qui a été déposé par le
ministre des Finances. Évidemment, l'étude des crédits, c'est un peu une façon
de percevoir comment on va réaliser les objectifs qui sont suggérés par le ministre
des Finances à l'intérieur de son cadre budgétaire qu'il veut bien présenter
à la population. Donc, à l'intérieur de tout
ce processus-là, on avait des questions et on a essayé d'obtenir des réponses,
ce qui n'était pas toujours le cas. Les réponses, souvent, étaient un peu
problématiques, on nageait un peu, là, dans l'incertitude.
Et ça, s'il y a une lacune dans le processus qu'on a connu, c'est bien ça. La
CAQ a parlé d'autres problèmes liés à
l'étude des crédits, mais moi, j'insisterais aussi sur le fait que les
réponses, souvent, ont été un peu anémiques, si vous me permettez, M. le
Président. Et ça nous a empêchés, à quelque part, de bien comprendre là où s'en
allait le gouvernement.
Vous
savez, Émile de Girardin disait : Gouverner, c'est prévoir. Et, quand
j'étais aux études, quand j'étais dans mon cours d'histoire, il y a
jadis... au secondaire, mon professeur me disait toujours ça : Gouverner,
c'est prévoir. Un gouvernement qui gouverne
intelligemment, c'est un gouvernement qui est capable de prévoir et qui agit en
conséquence de ses prévisions. À
partir de ce moment-là, ce qu'on peut regarder et ce qui saute aux yeux dans le
dépôt de ce budget-là, c'est
l'arrivée à l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Et évidemment, quand on a
présenté l'arrivée de l'équilibre budgétaire de l'autre côté de la Chambre, c'est les bras dans les airs, c'est les
«coco punch», c'est les bedaines chaudes. On est contents, on a réalisé l'objectif suprême qu'ils poursuivent
depuis un an et demi, deux ans. Nous, on est d'accord avec cet objectif-là,
mais on n'était pas d'accord sur les moyens utilisés. On l'a dit à maintes
reprises.
• (12 h 30) •
Et
donc on s'est questionnés sur la réalisation de cet équilibre budgétaire.
Alors, si on veut atteindre l'équilibre budgétaire, c'est simple, il faut que les dépenses soient égales aux
revenus. Ça ne prend pas un doctorat, là, en économie pour comprendre ça. Alors, si on regarde au niveau
des dépenses, puis je vais y revenir plus tard, le gouvernement libéral nous propose des dépenses de 1,5 %... une
augmentation des dépenses de 1.5 %, ce qui est quand même assez petit. Et,
si on regarde du côté des revenus...
Parce que, si on veut équilibrer le budget, ça prend un revenu quand même
intéressant. Ça veut dire qu'il faut
que tu prévoies les revenus. Et on sait que les revenus, dans un budget, sont
corrélés avec l'activité économique
et le taux d'inflation. Ça va de soi. Le taux d'inflation, on n'a pas beaucoup de contrôle là-dessus, c'est plus la politique monétaire canadienne, mais, au niveau de la croissance économique, de notre économie, ça, on peut avoir une influence.
L'année
passée, durant la campagne
électorale, le ministre des Finances nous avait dit... bien, il n'était pas à
l'époque ministre des Finances, mais
il nous avait dit, à l'intérieur de son cadre budgétaire, qu'on aurait une
croissance économique de 2,1 %.
Tout le monde était tombé en bas de sa chaise en disant : 2,1 %,
bien, ça n'a pas de bon sens. Où est-ce que vous prenez ça? Et c'est là, à l'époque, qu'il avait sorti la fameuse phrase
qui les poursuit depuis un an : C'est à cause de l'effet libéral. Mais, quand il est arrivé au pouvoir, le
ministre des Finances, quand il a déposé son premier budget, là il a révisé
à la baisse, il a dit : Ça va être
1,8 %. Et, quand il a fait le point en novembre dernier, il était rendu à
1,6 %. Et, quand il a déposé ce
budget-là, si on lit bien, la croissance prévue pour 2014, c'était 1,5 %.
Aïe! Ça diminue, c'est une balloune, ça, là, ça se dégonfle. Et là, finalement, quelques jours après le dépôt de
ce budget-là, qu'est-ce qu'on apprend? L'Institut de la statistique nous dit : Bien, finalement,
c'est 1,3 %, c'est-à-dire qu'on est passés de 2,1 % à 1,8 %, à
1,6 %, à 1,5 %, à 1,3 %. Et là il ne faut jamais oublier, M. le Président, et je sais que vous
êtes un homme qui veillez au grain là-dessus, que, l'année passée, le 1,3 % de croissance... alors qu'eux se
tapent dans la mite littéralement, il faut comprendre que ça eût été possible seulement grâce au fait que le
dollar canadien s'est affaissé suite à la chute des prix du pétrole. Et, grâce
à cet affaissement-là de plus de
20 % durant l'année, les exportations ont crû de 10 %. N'eût été de
l'aide des Américains et du dollar canadien, ce n'est pas 1,3 %
qu'on aurait eu, on aurait eu proche de zéro.
Alors, pour l'année
qui vient, tout est basé autour d'une croissance économique de 2 %. Déjà,
le Mouvement Desjardins décroche, il dit : Écoutez, 2 %, nous, on ne
voit pas ça, c'est 1,7 %. Déjà, il y a des doutes. Et, quand j'ai demandé au ministre des Finances : Est-ce que
vous êtes d'accord avec 2 % de croissance encore, malgré le fait que vous
avez manqué vos cibles l'année passée?, il
m'a dit oui. Je lui ai demandé : Est-ce que ce n'est pas optimiste? Il m'a
dit, et là écoutez bien, M. le
Président, il m'a dit : 2 % pour cette année, c'est raisonnable.
J'ai dit : O.K., l'année passée, à 1,8 %, comment vous jugiez ça? Ah!
il dit : Ça, à l'époque, c'était aussi raisonnable. Donc, si on part de la
raison du ministre des Finances, ça
veut dire qu'il a surestimé de 0,5 % la croissance économique l'année
passée. Si la tendance se maintient, ça veut dire qu'il devrait
aujourd'hui surestimer de 0,5 % la croissance économique, s'il est fidèle
à ses habitudes.
Il
faut savoir, M. le Président, que 1/10 de 1 % de croissance économique
correspond à une perte de revenus de 85 millions
de dollars dans le budget. Donc, tu fais cinq fois ça, c'est 400 millions,
un trou de 400 millions. Alors, moi, je me suis dit : Je veux avoir des réponses, parce que ce sont des
gens rigoureux. Et là on est censés entendre des rires, parce que ce n'est pas vrai. Et là ils se sont
dit : Nous, on est rigoureux. Bien, c'est parfait. Si vous êtes rigoureux,
expliquez-nous comment vous allez
chercher le 400 millions qui va manquer si la croissance économique n'est
pas au rendez-vous. Et là c'est le
silence total. C'est aussi facile d'avoir une réponse du gouvernement que faire
apprendre à un chameau à jouer de la bombarde. Et donc qu'est-ce qui
arrive? On n'entend rien. Là, il dit : Bien non, le 2 %, on va
atteindre ça, on va atteindre ça. Et donc il se fie là-dessus. Je vous rappelle
les paroles : Gouverner, c'est prévoir, M. le Président.
Alors
donc, du côté des revenus, on a les mains comme ça puis on dit : Espérons
qu'on y arrive. Et ça, c'est sans oublier
les paroles d'un économiste chevronné québécois, Pierre Fortin, qui disait
qu'avec l'austérité toxique des libéraux on aurait une croissance
économique qui serait diminuée de 1 %. Il calculait que la croissance
économique allait être amputée de
4,1 milliards à cause des politiques gouvernementales d'austérité. Ça veut
dire qu'il fallait retrancher 1 % de la croissance économique suite à la politique d'austérité, jumelée à
l'absence de politique économique. Parce qu'eux, la politique économique, là, ils ne connaissent pas
ça, à part le festival de la pépine. C'est tout. D'intervenir, de faire en
sorte de faire confiance aux gens du milieu et dans les régions, de
stimuler l'entrepreneuriat, de créer un climat propice à l'investissement des
entreprises, oublie ça, eux autres, là, ce n'est pas ce qu'ils font.
Ils nous
parlent d'austérité et ils découragent la population, ils découragent
les investisseurs. L'optimisme des intervenants
économiques au Québec n'a jamais été plus bas depuis plusieurs
années. Et donc on se pose la question : Vont-ils réaliser
leur objectif? La réponse, si on regarde ça, c'est non. Parce qu'ils n'ont pas
de solution de rechange. Comprenez-vous, M. le Président? Le trou qu'ils vont créer par l'absence de politiques
économiques, et par l'austérité toxique, et par leurs erreurs de prévision
endémiques, bien ça fait en sorte qu'ils vont se retrouver avec un manque à
gagner.
Alors donc, on n'a pas rien entendu aux crédits
qui allait, justement, compenser cet effet de diminution de croissance. Et là on s'est attardés, dans les
crédits, au fameux fantôme. Vous savez, l'année passée, il y avait
un fantôme du Parlement, bien, cette
année, c'est le fantôme du déficit potentiel. Alors, la question
qu'on s'est posée : C'est quoi, ça,
le déficit potentiel? Et moi, je suis intéressé de le savoir, M. le Président, j'aime ça apprendre des choses.
Alors, on a demandé au ministre des
Finances, on lui a demandé : C'est quoi, le déficit potentiel? Bien, lui,
le ministre des Finances, dans son
autre vie, c'était un conjoncturiste, il évaluait la santé économique du
Québec, et du Canada, et des autres pays, c'était sa job. Là, je lui ai demandé : Quand tu évalues la santé
économique d'un pays, tu évalues aussi la santé financière d'un gouvernement? Il dit : Oui. Est-ce que
vous avez déjà utilisé, M. le ministre, un déficit potentiel pour évaluer la
santé financière d'un gouvernement? Quelle a été sa réponse, M. le
Président? Non, jamais. J'ai posé la même question au président du Conseil du trésor. Écoute, il était enseignant avant.
Est-ce qu'il a déjà enseigné ça à ses étudiants, le déficit potentiel, cette bibitte à poils là? Réponse : Non, non. Et donc
on continue nos recherches, on continue nos recherches et là on arrive
finalement aux crédits. Enfin, libération, on va obtenir le résultat. On
regarde à la page A.48, c'est extraordinaire,
et là apparaît le fameux déficit potentiel. On est contents, on a obtenu le
déficit potentiel. Sortez les clairons, sortez les trompettes, sortez la
musique et la boisson, nous avons enfin compris. Et là je regarde ça, je trouve
ça extraordinaire, sauf qu'ils ont ventilé
le déficit potentiel. Intéressant. Et — je vais essayer de le lire sans mes
lunettes — c'est
écrit : Contribution des ministères et
organismes — c'est
écrit — 2,4 milliards.
Pas 2,4 millions, 2,4 milliards. Puis, plus loin, on dit : Efforts incorporés au budget
des dépenses 2015‑2016 : 1,1 milliard. Bien là, on se dit :
Bien, mon Dieu Seigneur! Ce sont des gros chiffres.
Alors là,
notre chef de l'opposition officielle a posé la question au premier
ministre : Qu'est-ce qui est incorporé dans le 2,4 milliards, dans cette ligne-là? C'est quoi, les
coupures que vous avez faites? C'est quoi, les coupures que vous avez faites pour l'effort incorporé au budget des
dépenses, de 1,1 milliard? Savez-vous, M. le Président, la réponse? Il ne
le savait pas. On lui demande : Quelles
sont les coupures que vous avez effectuées pour 3,6 milliards? Réponse du
premier ministre : Je ne sais pas, je n'ai pas mon microscope avec
moi. C'est la réponse du premier ministre.
Bien, moi, je ne me décourage pas, je crois en
l'être humain. Ça fait que, là, j'ai dit...
Des voix : ...
• (12 h 40) •
M.
Therrien : Oui,
c'est vrai, j'ai espoir en l'être humain. Et là je me dis : Bien, moi,
j'ai les crédits avec le président du
Conseil du trésor. Il dit qu'il est rigoureux, ça fait que je lui pose la
question, je dis : Aïe! Enfin, je vais avoir ma réponse.
Ça fait que
je pose la même question : M. le ministre, contribution des ministères et
organismes : 2,4 milliards; et
efforts incorporés au budget des dépenses : 1,1 milliard, vous avez
le tableau ici, il y a deux chiffres ici, là, je veux savoir c'est quoi. Et là le ministre me répond quoi? Tout
ce qu'il y a entre les deux chiffres. Puis il le fait bien, il lit très bien,
hein? Il a tout lu ce qu'il y avait là. Là,
je lui dis : Je comprends, c'est correct, je trouve ça sympathique de
votre part, mais moi, je veux savoir
qu'est-ce qu'il y a dans le 2,4 milliards que vous avez coupé puis le
1,1 milliard que vous avez coupé.
Je peux-tu le savoir? J'aimerais ça le savoir. Réponse? Bien, pas de réponse.
Et là, finalement, je dis : Est-ce qu'on pourrait avoir le dépôt de documents qui nous expliquent la ventilation
de 3,6 milliards? M. le Président, 3,6 milliards, pas
3,6 millions, pas 3,60 $. Réponse : Tout est dans le budget.
Alors là, on
est repartis à la case départ pour s'apercevoir finalement que le fantôme du
Parlement, le fantôme du déficit
potentiel, c'est juste pour faire peur au monde, c'est juste utilisé de façon
sournoise par le gouvernement afin de
passer leur politique d'austérité. C'est à ça que ça sert. C'est comme le Six
Million Dollar Man, c'est une création, création pure de
l'imaginaire de ce gouvernement-là.
Alors donc,
ça, c'est pour le déficit potentiel. Ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on n'a
rien appris dans l'étude des crédits.
Bien, oui, on a appris quelque chose, on a appris que le déficit potentiel,
c'était le festival du n'importe quoi, mais
ça, on le savait déjà, nous, on n'est pas dupes. Puis là, après, ils nous
arrivent, ils disaient : Écoutez, le déficit, là, on fait ça pour les jeunes. Là, ils ont sorti ça, la
ligne, là : Oui, nous autres, on fait ça pour les jeunes, pour ne pas
qu'ils aient une carte de crédit
pleine. Puis là les images, là, ça sort, là, parce que c'est comme si moi, je
m'achetais quelque chose puis, à un
moment donné, je donnais le «bill» à mon garçon. Là, le monde... Ah mon Dieu!
C'est épouvantable, ça ne se peut
pas, faire ça. Ça fait que, là, ils ont sorti ça, là : on ne doit pas
avoir de déficit parce que ça va être les enfants qui vont avoir à rembourser le déficit. M. le
Président, vos enfants, vos petits-enfants vont payer pour l'horreur du
déficit. Ah! bien, je trouve ça
intéressant. Ça fait qu'ils ont décidé de couper mais pour les enfants. Pour
les enfants du Québec ils ont coupé.
Alors là, ils ont coupé quoi? Ils parlent d'augmenter le nombre d'élèves par
classe. Bien oui, il faut qu'ils coupent. Ça touche les enfants.
Ils coupent
les CPE. Ah! ils disent : C'est assez, la croissance des CPE, on va
arrêter ça. On va monter les tarifs, on va s'arranger pour que les
enfants aillent ailleurs, alors que tous les spécialistes qui sont passés en
commission parlementaire sur le projet de
loi n° 28, tous les spécialistes nous ont dit hors de tout doute
raisonnable que la meilleure façon
d'arriver à créer un environnement qui permet à l'enfant de bien réussir à
l'école, c'est lui donner un bon coup de pouce de départ, puis ça, ça s'appelle — trois lettres : CPE. Études
scientifiques, M. le Président. Réponse du ministre des Finances... Je suis tombé en bas de ma chaise.
Je me demandais pourquoi les chaises n'étaient pas trop hautes, j'ai compris
pourquoi. Écoutez, je suis tombé en bas de ma chaise. Réponse du ministre
des Finances : On n'est pas de cette opinion-là. Lui, son opinion, ça vaut des études scientifiques. Bravo
pour la rigueur scientifique. Ensuite, on coupe dans les CJE, carrefours jeunesse-emploi. On coupe. On
coupe quoi? On coupe les jeunes. On coupe l'aide alimentaire pour les jeunes qui ont des problèmes. C'est les
parents qui ont des problèmes financiers. On leur coupe l'aide alimentaire.
Ça va bien. On coupe l'aide aux devoirs.
Dans mon comté, il y a un organisme qui faisait quatre jours d'aide aux devoirs
par semaine, ils sont tombés à un. Ils sont
tombés à un jour d'aide aux devoirs. Qui tu coupes? Les jeunes. Tu les hypothèques. Forums jeunesse; le ministre de la
Jeunesse, notre premier ministre, il savait à peine que ça existait. Quand...
Mon Dieu, quand il s'est aperçu... Aïe! Ça
existe, on coupe ça. Il ne leur a pas parlé, rien, il dit : Regarde, ça,
c'est des dépenses inutiles, on coupe
ça. Forums jeunesse. Aïe! Ce n'est pas «forum adulte», c'est «forum jeunesse».
Qui est-ce qu'on coupe, M. le Président, pour éliminer le déficit? Les
jeunes. On coupe chez les jeunes.
Les cégeps,
les formations dans les cégeps : coupures. Universités : coupures.
Qui va à l'université? Qui va dans les
cégeps? C'est notre force de demain. Un gouvernement qui ne s'occupe pas de sa
jeunesse, c'est un gouvernement qui a bien peu d'avenir, M. le
Président. C'est là-dedans qu'on est actuellement.
On coupe les
CLD. Bien, ils ont laissé de l'argent dans les CLD. Ils ont laissé la moitié de
la caisse aux CLD. Qui est coupé dans
les CLD actuellement? Les jeunes entrepreneurs. Le mot «jeunes», ça vous dit de
quoi, M. le Président? Ça veut dire
que, là, actuellement, là — ça, c'est juste un aperçu que je vous donne — pour aider les jeunes, pour ne pas leur donner une carte de crédit remplie, ce qu'on
fait, on leur coupe les services, on leur coupe l'aide qu'on leur attribue.
Ces gens-là sont hypothéqués dès le départ,
puis on leur dit : Plus tard, vous aurez peut-être à moins payer
d'intérêts sur la dette. Peut-être,
mais vous n'aurez même pas de job... ou une job qui ne sera pas satisfaisante
pour vous. Nous, notre solution,
c'était justement d'éviter qu'on ait des déficits budgétaires, M. le Président,
mais en créant de la prospérité, sur la voie de la prospérité. Vous
savez, vous êtes dans un avion, vous devez atterrir sur une piste
d'atterrissage. La piste d'atterrissage,
c'est le déficit zéro. L'avion, c'est le gouvernement, c'est l'économie
québécoise. Il y a deux façons d'arriver sur la piste d'atterrissage, M.
le Président, deux façons : d'atterrir doucement ou de s'écraser sur la
piste.
Nous, on
proposait d'atterrir en douceur par la prospérité puis la création d'emplois et
de richesse. Ce qu'ils nous proposent avec leur austérité toxique, c'est
de s'écraser sur la piste d'atterrissage, M. le Président. C'est ça que ce gouvernement-là nous propose, et confirmé par
l'étude des crédits. Tout le long, on leur demande : Est-ce que vous avez
prévu telle chose? Non, il n'y aura pas
d'impact. Ils ne font pas d'étude d'impact, M. le Président, comme si les
dépenses qu'ils faisaient n'avaient aucun impact sur le bien-être des
citoyens. Quand ils ont coupé les CPE; pas d'étude d'impact sur la présence des femmes sur le marché du travail. Non, pas
besoin de ça, bien non, il n'y en aura pas. Tous les intervenants sont venus nous dire que, oui, il y aurait un impact.
Quand on décide de couper le RREGOP pour que les retraités... les futurs retraités se retrouvent appauvris, le ministre
nous dit : Il n'y aura pas d'impact. Et ce qu'on s'aperçoit, c'est
que tu as 23 % plus de demandes de retraites anticipées à cause de ça.
Mais pas d'impact, M. le Président. Et là on tombe des nues, on dit :
Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Ah! bien là, on verra. C'est comme ça qu'ils
gouvernent : va-comme-je-te-pousse. Ça
fait un bel avenir pour le Québec, ça. Ça fait un très bel avenir pour le
Québec, bel avenir.
Puis là je
passe dans la santé. Écoutez, la santé, on arrive avec un 1,4 % de
croissance. Le rapport Thomson, il nous
dit : Pour un maintien du réseau, juste à cause du vieillissement de la
population puis l'augmentation de la population, c'est 3 %. Il
manque 1,6 %. On leur demande : Où est-ce que vous allez couper? On
ne coupera pas, on va faire des miracles.
C'est ça qu'ils nous répondent. Bien, moi, je vous dis : Le seul miracle
qui va arriver, M. le Président, c'est dans trois ans et demi, quand on
va sortir ce gouvernement-là. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Sanguinet. Oui, M. le député de
Sainte-Rose, qu'y a-t-il?
M. Habel : En vertu de l'article 213,
j'aurais une question pour le député de Sanguinet, s'il accepte.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Il n'y a pas de problème, c'est correct. Est-ce que, M. le député de Sanguinet,
vous acceptez?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : O.K.,
vous n'acceptez pas la question. O.K. Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
à vous la parole sur les crédits budgétaires.
Mme Rita Lc
de Santis
Mme de Santis : Merci,
M. le Président. Je veux raconter l'histoire d'un jeune couple qui, en 2010,
gagnait 100 000 $ en revenu familial. Depuis, leur revenu a augmenté de
3 % par année. Mais, depuis 2010, le jeune couple dépense toujours
un petit peu plus qu'il gagne. Ils voyagent, ils sortent régulièrement au
restaurant, aux spectacles, ils ont deux voitures, ils ont acheté un
condominium pour 475 000 $ sur lequel il y a aujourd'hui une dette
hypothécaire de 400 000 $. Leurs
cartes de crédit sont utilisées à leur maximum. Ça leur coûte un bras. Ils
paient un montant, aujourd'hui, faramineux
en intérêts sur leurs cartes. À un moment donné, tout éclate, et, quand ça
éclate, la même qualité de vie, c'est fini :
pas de deuxième voiture, pas de restaurant, pas de voyage. On arrive à attendre
le chèque de paie hebdomadaire pour essayer de colmater la dette
financière, qui n'arrête pas à s'augmenter. C'est l'enfer.
Dans une
étude analysant la problématique de la dette du gouvernement du Québec du
Centre sur la productivité et la
prospérité de HEC Montréal, des chercheurs montrent que la récurrence des
déficits budgétaires crée une importante spirale d'endettement qui a des
conséquences particulièrement nocives sur les finances du Québec.
L'équilibre budgétaire n'est pas une
fin en soi, l'équilibre budgétaire est uniquement une étape majeure vers le
Québec que veulent tous les Québécois et
Québécoises, un Québec plus fort, plus prospère, plus juste, aujourd'hui et
pour les futures générations. Il faut
mettre les programmes sociaux, qui font du Québec une véritable société
distincte, à l'abri des secousses
économiques à venir, et, pour le faire, il est nécessaire d'arriver à un
équilibre financier structurel qui cesse de faire grimper la dette du Québec. Une gestion rigoureuse des dépenses
est inévitable. Au Québec, certains facteurs conjoncturels pourraient, dans les années à venir, aggraver rapidement
le problème d'endettement de la province. Citons, entre autres, un, le vieillissement de la
population, qui est plus prononcé au Québec qu'ailleurs au Canada et qui
ajoutera une pression sur notre
système de santé; deux, le fait que la reprise économique ne se réalise pas aussi
vite qu'on voudrait; et, trois, la
hausse probable des taux d'intérêt dans un proche avenir, ce qui aura pour
effet d'augmenter le coût du service de la dette.
• (12 h 50) •
Lorsqu'on
tente de justifier l'ampleur de la dette du gouvernement du Québec, on ne doit
pas faire abstraction d'une réalité particulièrement importante, et là
je parle de la dette qui porte intérêt. Cette année, le gouvernement consacre 11 % de son budget au paiement d'intérêts, c'est énorme, soit
davantage que la somme de tout ce qui est consacré au financement des écoles primaires et secondaires
du Québec, un fardeau qui limite d'autant les ressources disponibles pour financer les services publics courants ou
pour améliorer la compétitivité fiscale du Québec. Éventuellement, et ça,
c'est sûr, les taux d'intérêt vont
augmenter. Il faut donc se demander quel pourcentage additionnel du budget ne
sera plus disponible pour financer les services publics courants.
Au
Québec, de 2004 à 2014, les dépenses ont augmenté de 4,1 % par année, davantage
que le cadre financier de 3,2 %
par an. On ne peut pas dépenser plus que ce qu'on gagne, une leçon que le jeune
couple dont je viens de parler devrait apprendre.
C'est cela qui crée le déséquilibre budgétaire. Ça fait des décennies que des
programmes s'empilent et qu'on ne questionne pas nos façons de faire.
Dans son budget
déposé le 20 février 2014, l'ex-ministre des Finances et député de
Rousseau avait prévu une croissance des
dépenses de programmes de 2 % pour 2014‑2015, il avait prévu un déficit de
2 milliards pour 2013‑2014, 1 750 000 000 $
en 2014‑2015 et, écoutez bien, le déficit zéro pour 2015‑2016. Dans la réalité,
la croissance des dépenses pour 2013‑2014
a été de 3,3 %, et le déficit a atteint 2,8 milliards de dollars.
Mais le problème, c'est qu'après le dépôt du budget du 20 février
2014 le Parti québécois n'a pas publié son budget de dépenses avant d'aller en
élection. Le gouvernement Marois avait le
même défi que le gouvernement libéral : Comment faire pour contrôler les
dépenses pour arriver à un déficit
zéro en 2015‑2016? Le rapport du Vérificateur général, en juin 2014, a confirmé
les chiffres dévoilés un mois plus
tôt par MM. Godbout et Montmarquette. Le Vérificateur général a reproché
au gouvernement de Mme Marois d'avoir
fait défaut de divulguer l'ampleur réelle de l'effort de coupes budgétaires
qu'il aurait fallu réaliser pour atteindre le déficit zéro. En vertu du
projet de loi n° 28, qui a été adopté récemment, la préparation d'un
portrait des finances publiques avant des élections,
un rapport préélectoral vérifié par le Vérificateur général du Québec,
permettra de réduire les
déficits-surprises qu'on découvre chaque fois qu'un nouveau parti prend le
pouvoir. En se dotant de ce nouvel outil, le Québec suit les meilleures pratiques de gouvernance et ajoute à la
promesse faite par le premier ministre que ce gouvernement sera le plus
transparent que le Québec aurait jamais eu.
Le
cadre financier consolidé présente un déficit de
2 250 000 000 $ en 2014‑2015. Même avec tous les efforts
de tous les Québécois et Québécoises, en
2014‑2015, la croissance des dépenses, excluant le service de la dette, a été
ramenée à 2,9 %. Cela représente
tout un ralentissement par rapport à la croissance de 4,9 % enregistrée
l'année précédente sous le PQ.
Imaginez un moment, imaginez seulement un moment si on n'avait pas instauré la
rigueur dans le contrôle des
dépenses.
L'équilibre budgétaire est prévu à compter de cette année, 2015‑2016.
La croissance des dépenses consolidées s'établira
à 1,5 % cette année et à
2,1 % l'an prochain, celle des revenus s'établira à 4,3 % et à
3,1 % respectivement pour les
deux années, en tenant compte de la croissance de l'économie et des différentes
mesures annoncées depuis juin 2014. Les objectifs budgétaires sont atteints tout en maintenant les
versements des revenus dédiés au Fonds des générations. L'équité
intergénérationnelle demeure une valeur profonde de notre gouvernement.
Plusieurs
concepts de dette sont utilisés par le gouvernement du Canada pour mesurer l'endettement.
Sans grande surprise, l'étude du
Centre sur la productivité et la prospérité des HEC Montréal montre que la
dette du gouvernement du Québec est
systématiquement plus élevée que celle des autres provinces canadiennes, peu
importe le concept utilisé. Et, lorsqu'on
la compare à celle des 31 pays membres de l'OCDE, on constate que seuls
neuf pays sur 31 affichent une dette plus importante que le Québec. La
dette brute est la dette émise sur les marchés financiers plus les engagements
du gouvernement envers les régimes de
retraite et les avantages sociaux futurs des employés de l'État, moins le solde
du Fonds des générations. La dette
brute du Québec au 31 mars était de 206 milliards de dollars ou
54,9 % de son PIB. La province qui
vient au neuvième rang de ce classement, l'Ontario : 47 % du PIB;
Québec, 54,9 %, Ontario, 47 %. La dette nette est la dette brute, moins les actifs financiers nets,
comptes à recevoir, placements, participation dans les entreprises d'État,
moins les comptes à payer et les sommes à
rembourser. La dette nette du Québec au 31 mars :
190,4 milliards de dollars ou 50,7 % du PIB. La province qui
est au neuvième rang de ce classement, l'Ontario : 38 % du PIB;
Québec, 50,7 %, Ontario, 38 %. La
dette représentant les déficits accumulés, qui est égale à la différence entre
les passifs et les actifs du gouvernement,
ce qu'on appelle la mauvaise dette du gouvernement, qui ne correspond à aucun
actif financier et qui sert à financer
l'épicerie, la dette représentant les déficits accumulés au Québec au
31 mars : 125 milliards ou 33,2 % du PIB. Ah! la province qui vient au neuvième rang de ce
classement, l'Ontario : 25 % du PIB; Québec, 33,2 %, Ontario,
25 %.
Cette
année, pour la première fois depuis 2009, la dette brute passera de 54,9 %
à 50 % du PIB. L'objectif est de la
ramener à 45 % d'ici 2026. Toujours en 2026, la dette représentant les
déficits cumulés, cette mauvaise dette, devrait représenter 17 % du
PIB.
L'atteinte
de l'équilibre budgétaire place le Québec dans un contexte plus favorable pour
croître et prospérer. Selon les
simulations réalisées à partir des modèles économiques du Conference Board du
Canada, le Québec serait à la veille d'entreprendre
un virage majeur. Grâce aux surplus budgétaires projetés à partir de 2017, pour
une des rares fois de son histoire,
le Québec pourrait simultanément maintenir son niveau de services, réduire le
poids de son endettement et dégager une marge de manoeuvre qui offrira
différentes possibilités.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Madame, excusez, là, ça fait deux minutes que je vous indique qu'il reste
une minute, mais ça a l'air qu'il ne vous
reste plus... Je vous laisserais terminer si vous achevez, parce qu'on n'a plus
de temps.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Ça
va, ça va.
Mme de Santis :
Comme l'a si bien dit le premier ministre, la véritable justice sociale, celle
que nous voulons, celle pour laquelle
nous nous battons chaque jour, est menacée si rien n'est fait, car comment
pouvons-nous continuer de financer adéquatement les priorités sans des
finances publiques équilibrées et une dette publique contrôlée. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite un très bel après-midi.
Veuillez vous asseoir.
Nous en
sommes aux affaires prioritaires, et, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat restreint sur
les rapports des commissions qui ont étudié les crédits budgétaires pour l'exercice financier se terminant le 31 mars
2016. Je crois que M. le député de Papineau aimerait s'exprimer, je vous
cède la parole. Et il vous reste 19 min 50 s.
M. Alexandre Iracà
M. Iracà : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Ça me fait plaisir de m'exprimer en cette Chambre
cet après-midi en lien avec le budget et les crédits
budgétaires. À titre d'adjoint parlementaire à l'éducation,
évidemment, je vais m'occuper ou je vais parler davantage de l'éducation en lien avec les crédits
budgétaires, en lien avec le budget,
un budget que nous avons déposé, un budget
responsable, un budget équilibré. Malgré que l'opposition, souvent, ce
qu'ils répètent, dernièrement, c'est
de mettre l'argent des Québécois dans les structures, dans la bureaucratie, nous,
on dit : Ce n'est pas la façon
de fonctionner, ce n'est pas ça qu'on doit faire. On doit agir de manière
responsable. On ne veut pas mettre l'argent
des Québécois dans les structures, dans la bureaucratie, on
veut le mettre dans la mission des organismes pour faire en sorte qu'on vienne en aide, par exemple, aux gens malades
en santé, à nos jeunes en éducation, aux personnes âgées, aux services directs aux citoyens là où c'est
important. Alors, il est temps, et on le pense vraiment, que le Québec doit,
non seulement cette année, mais pour les prochaines années,
remettre des budgets équilibrés, et idéalement, M. le Président, avec quelques surplus. Pour qui? Pour nos
jeunes, pour faire en sorte que l'on puisse leur donner une société en santé financière et pour assurer
la pérennité de nos services publics et parapublics.
Alors, ça me fait plaisir, moi, M. le Président,
de participer à l'étude des crédits en éducation. Et, concernant l'éducation, je le répète souvent, mais c'est important de le répéter : C'est
important que les gens au Québec puissent savoir que nous avons un des meilleurs systèmes d'éducation au monde. J'ai eu la chance, cet hiver, de
participer à un colloque en Alberta où on réunissait les
30 meilleurs pays en éducation et les provinces du Canada les plus
performantes, et le Québec y était. Et le Québec y était pourquoi?
Parce qu'effectivement nous avons un
bon système. Et les autres provinces, les
autres pays du monde nous ont posé un paquet de questions sur notre système en
éducation parce qu'ils veulent avoir du
succès, ils veulent avoir des gens éduqués. Et tout le monde le sait qu'une
société riche, c'est une société éduquée.
Ceci étant
dit, M. le Président, ce n'est pas parce qu'on se classe année après année dans
les meilleurs au monde qu'il faut arrêter de se poser des questions,
qu'il faut arrêter de revoir nos systèmes. Malgré que nous soyons dans le peloton de tête, je pense qu'il faut être capable
parfois de se remettre en question sur certaines façons de faire que nous
avons pour constamment s'améliorer et
surtout pour constamment demeurer en tête, et qu'on puisse former les jeunes de
demain les plus éduqués possible, et pour
qu'on puisse faire en sorte qu'on développe au niveau éducatif, dans la
recherche, qu'on soit cités à peu
près partout à travers le monde. Si
on réussit à faire ça, c'est parce
que, justement, on se remet en
question et on fait les choses différemment, on essaie constamment d'améliorer
les choses.
Alors, je
vais parler de différents points, dont les organisations des commissions scolaires, en vous faisant un petit
portrait de ce que c'est actuellement. Il y a 72 commissions scolaires au
Québec, 60 francophones, neuf anglophones, trois bénéficient d'un statut particulier. Le nombre d'élèves varie
grandement d'une commission scolaire à une autre : la Côte-Nord, par
exemple, 889 élèves; commission scolaire de Montréal, 104 438. On
voit qu'il y a une énorme différence entre les commissions scolaires non
seulement de territoire, mais de nombre d'élèves.
Il y a un
taux de participation aux dernières élections — et là je vous énumère des points pourquoi
c'est important de se poser des
questions et essayer de faire des changements au niveau de l'organisation des
commissions scolaires — M. le Président, avoisinant les 5 %, un peu plus bas
que 5 %.
Le mode de
calcul de la taxation foncière scolaire, un mode de calcul fort complexe et
surtout inéquitable d'une région à
l'autre, je vous dirais même plus que ça, plus que d'une région à l'autre, d'un
territoire de commission scolaire à une autre... Alors, dans une région,
on peut avoir trois ou quatre commissions scolaires avec des taux de taxation
complètement différents.
Le 12 juin 2014, le rapport du groupe
d'experts sur le financement de l'administration et de la gestion de la gouvernance des commissions scolaires a été rendu
public. Et de ce rapport-là s'est dégagé 57 recommandations, dont
plusieurs sur les structures, la gouvernance et la fiscalité des commissions
scolaires.
L'étude de
crédits m'a donné l'occasion de questionner le ministre sur sa position dans le
débat public entourant la gouvernance
et le regroupement des commissions scolaires. Pas juste moi, M. le Président,
mes collègues également ont eu la
chance de poser des questions extrêmement pertinentes au ministre. Et ça a eu
comme effet d'informer la population un peu plus précisément en lien
avec les crédits budgétaires à l'Éducation.
Alors,
évidemment, il a été question des regroupements de commissions scolaires, les
fusions, fusions de services. Il y a beaucoup, je vous dirais, de plats
au four concernant l'éducation, beaucoup de travail qui se fait par l'équipe du
ministère, une équipe qui travaille
excessivement fort. Et évidemment il y aura des choses qui seront annoncées au
cours de l'année. Alors, je vais vous parler principalement des plats
qui sont au four, qui sont en travail présentement.
Évidemment, on a entendu parler des fusions, ça
sera un sujet auquel... on aura l'occasion d'aborder dans les prochaines semaines, dans les prochains mois,
fusions pour faire en sorte que tous les élèves du Québec, peu importe où
ils se trouvent au Québec, à Val-d'Or, à
Rouyn-Noranda, en Gaspésie, à Gatineau, à Montréal... bien, ces gens-là
reçoivent le même service; qu'un
parent qui déménage, qui se ramasse dans une école à une autre école, qu'il
puisse se dire dans sa tête : Bien,
il n'y a aucun stress, mon enfant va recevoir la même qualité de services, peu
importe où je me retrouve au Québec.
Il y a la gouvernance et le mode électif
également, ça a fait couler beaucoup d'encre.
Une chose qu'il faut se dire, M. le Président,
les congrès à grands frais, les formations non qualifiantes, les coupures dans le service direct aux élèves, les
baisses d'achats de livres, ça doit cesser. Il faut absolument qu'on fasse
en sorte que l'argent n'aille pas dans les
structures, mais dans le service direct à l'élève. Alors, je sais que certains
membres de l'opposition, eux, se sont
arraché le coeur, déchiré la chemise pour qu'on sauve des structures, pour
qu'on mette de l'argent dans la
bureaucratie et la structure. Nous, on ne veut pas ça. Nous, on ne veut pas ça.
Nous, on veut s'attaquer à ce qui se
passe sur le plancher, faire en sorte que les élèves puissent bénéficier
d'aide, d'enseignants, de psychoéducateurs, techniciens, travailleurs
sociaux, orienteurs.
• (15 h 10) •
On veut, en
santé, la même chose, on veut que les gens reçoivent un service. Et on fait un
exercice... On a commencé, depuis le
jour 1, depuis notre élection, à faire un grand, grand, grand ménage dans
les structures. Et on va voir... et
ça va porter des fruits, et ceux qui vont en bénéficier... M. le Président,
oui, nous en bénéficierons, mais
surtout nos enfants.
Alors, évidemment,
il faut faire également des réflexions sur comment améliorer les méthodes
de gestion, mais également l'imputabilité. Et j'insiste sur le mot
«imputabilité». Il faut faire en sorte que nos gestionnaires au Québec,
que les personnes responsables
d'organismes soient imputables des résultats qu'ils doivent obtenir. Alors, on
va s'attarder à faire en sorte qu'il y ait des objectifs clairs pour les
dirigeants.
Il faut également
constater qu'il y a une réflexion sur le mode électif des commissions scolaires en s'assurant de garder, en lien avec la
méthode qui sera choisie, une bonne représentation du milieu en impliquant, évidemment,
les parents, les directeurs d'établissement, les professeurs, et l'administration également, qui devra être impliquée dans la nouvelle structure de gouvernance. Et c'est un plat qui est au four encore, M. le Président. Il y aura des annonces qui
seront faites en temps et lieu, mais il est important de garantir la
représentativité des gens du milieu.
J'ai parlé de
la taxe scolaire au niveau de l'uniformisation. L'adéquation formation emploi,
on prévoit qu'entre 2013‑2017, il y
aura 725 000 emplois à pourvoir au Québec, parce que nous avons une
vision économique, parce qu'on veut
relancer l'emploi au Québec. On y travaille très fort et on sait qu'il y aura
beaucoup d'emplois de disponibles, mais il faut faire en sorte que nos jeunes puissent être formés en intégrant, le
plus rapidement possible, les milieux de travail, en faisant des stages en
milieu de travail pour que l'implantation se fasse le plus rapidement possible
et que les jeunes soient le plus qualifiés possible avec ce qui se passe
dans le concret sur le marché du travail.
Il était
question également, puis j'y vais en rafale, M. le Président, parce que le
temps coule, des universités en région,
un dossier qui me touche beaucoup. Je viens de l'Outaouais, il y a une
université, là, qui a fait tout un changement dans les dernières années. Il y a eu beaucoup, beaucoup d'améliorations.
Mais je parle de l'Outaouais, je pourrais parler de l'Abitibi, je pourrais
parler d'autres régions. Il y a... les universités du Québec, au Québec, ont
fait un bond extraordinaire, mais il
y a encore beaucoup de potentiel, il y a encore beaucoup de choses qu'on peut
faire. Et qu'on puisse faire des études universitaires dans une cinquantaine de villes à travers la province...
Il y a environ 96 000 étudiants qui fréquentent les programmes. Alors, il faut investir dans les
universités, et les crédits nous ont permis de constater que ce sera maintenu
et même amélioré.
En terminant,
M. le Président, parce que je veux laisser la chance aussi à mon collègue de
dire un mot, je tiens... et je
profite de l'occasion pour saluer tous les enseignants des écoles primaires,
secondaires et cégeps, universités, qui font un travail exceptionnel, les gens de soutien, techniciens, qui sont
dans les classes dans les écoles. Ce sont des gens extrêmement dévoués, qui forment la nouvelle
génération, et je peux vous dire qu'on va être là avec eux. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Pontiac, pour cette intervention. En vertu de...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le député de Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) :
Oui, en vertu de l'article 213, j'aurais une question pour le député de Papineau,
s'il accepte ma question, évidemment.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bien sûr. Alors, M.
le député de Papineau,
M. le député de Fabre aimerait bien vous poser une question. La question
doit être courte, la réponse doit être courte aussi.
M. Iracà :
Après mûre réflexion, M. le Président, je vais dire oui.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, très bien. M. le député de Fabre, une
courte question.
M.
Ouimet (Fabre) :
Très rapidement. En fait, j'écoutais avec beaucoup
d'intérêt l'allocution de mon voisin, et il nous a parlé, évidemment, beaucoup
d'éducation, mais je
pense, pour le bénéfice des membres
de l'Assemblée, qui le savent, mais ceux qui nous
écoutent, j'aimerais que le député de Papineau nous indique son expérience
particulière parce que je crois qu'il a une
expérience particulière en matière de... au niveau de la gestion des
commissions scolaires. Et je pense ça serait pertinent, parce que son
jugement m'apparaît important dans les remarques qu'il a faites.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le député de
Vanier-Les Rivières, la parole est au député de Papineau. M. le député
de Papineau.
M.
Iracà : Alors, écoutez, je suis un peu surpris par la question.
Je ne pensais pas dérouler mon curriculum vitae ici cet après-midi. Alors, rapidement, écoutez, j'ai eu l'occasion
d'être président de commission scolaire pendant à peu près 10 ans et
avec... Puis je sais qu'il y a d'autres collègues ici qui ont occupé le même
poste, alors, quand je parle d'éducation,
j'en parle avec coeur et je sais que les gens qui travaillent dans nos écoles travaillent très fort,
M. le Président. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Papineau.
M. le député de La Peltrie, il reste exactement 39 secondes,
39 secondes.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Ma femme vous dirait que c'est beaucoup trop.
M. le Président, ce que je viens d'entendre est absolument surréaliste, le député de
Papineau qui nous dit : On va faire le ménage
dans les structures. N'oublions jamais que le Parti libéral a voté contre, a
voté contre une motion qui demandait
d'abolir les commissions scolaires. Et là on dit : Ah! du côté de certaines oppositions — le Parti québécois, pour ne pas le
nommer — on
déchire sa chemise pour garder les structures. M. le Président, s'il y a
quelqu'un qui a déchiré sa chemise pour
garder les commissions scolaires, c'est la ministre de la Famille. Et
visiblement elle va être prise pour faire un petit peu de couture, parce
que ce que je comprends, c'est qu'on a eu un petit flip-flop, là, au niveau du
Parti libéral, sur les commissions scolaires.
Ceci étant...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, c'est tout le
temps qui était imparti. Merci, M. le député de La Peltrie. M. le
député de Pontiac, il reste 8 min 6 s précisément. Je vous cède
la parole.
M. André Fortin
M.
Fortin (Pontiac) : Très bien. Merci, M. le Président. Je dois dire
qu'après deux semaines d'étude de crédits budgétaires il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui dans le
cadre de ce débat, débat qui a pris une tournure un petit peu inattendue
récemment. Mais je dois dire qu'après l'étude des crédits, M. le Président, il
y a une chose qui m'apparaît claire, c'est
qu'il y a un thème commun à travers l'étude des crédits des différents
ministères, et ça, c'est le fait que
le gouvernement ainsi que tous les ministres se sentent directement interpellés
par l'importance d'offrir des services de
qualité mais de le faire tout en redressant l'état des finances publiques au
Québec et que tous sont heureux d'y contribuer en trouvant des nouvelles façons de faire à l'intérieur de leurs
portefeuilles respectifs, parce qu'il y a un objectif sous-jacent trop longtemps ignoré, trop longtemps
abandonné, parce qu'il y a une responsabilité envers le citoyen, envers le
contribuable qu'on a trop longtemps outrepassée, c'est la responsabilité de
base du gouvernement de gérer à l'intérieur de ses moyens financiers, de respecter les ressources mises à notre
disposition par les citoyens et les citoyennes du Québec et d'arriver à dispenser les services publics
auxquels ils ont besoin de façon efficace, et c'est ce qu'on a entendu tout au
long de l'étude des crédits.
Grâce
à ce redressement, M. le Président, nous arriverons non seulement à avoir des
dépenses équivalentes à nos revenus,
une première depuis longtemps, mais également à alléger le fardeau fiscal du
contribuable québécois, à alléger le
fardeau fiscal de l'entrepreneur québécois. Et, bien que ça semble parfois
difficile à comprendre pour certains partis, ce plan de redressement est très nécessaire parce qu'on va redonner
confiance aux agences de crédit en notre capacité de bien gérer, on va redonner confiance aux
investisseurs en notre volonté de créer un climat favorable, on va dégager
les marges de manoeuvre pour financer nos
réelles priorités. On va le faire en soutenant encore davantage la croissance
économique.
Et
ce plan bien défini, M. le Président, il a commencé dès notre arrivée au
pouvoir. On nous avait dit : Les finances publiques sont en bonne santé. Faux, les finances publiques souffraient.
On nous avait dit qu'il n'y a que 1,7 milliard de déficits. Faux, M. le Président, le VG nous a dit
que c'était bien plus élevé. On nous avait dit : Nous sommes en bonne
position financière pour retourner à l'équilibre en 2015‑2016. Faux. Sans des
mesures rapides et décisives, le déficit aurait
été de 7 milliards en 2015‑2016. Et donc dès avril 2014, moins d'un
mois après notre arrivée, le président du Conseil du trésor ordonnait que l'ensemble des ministères,
l'ensemble des organismes, l'ensemble des sociétés d'État réalisent des gains de productivité de 2 % dans leur
masse salariale et de 3 % dans leurs dépenses de fonctionnement, et
ce — thème
important, M. le Président — sans
que cela ne se traduise par une hausse des taxes.
• (15 h 20) •
Dès
novembre 2014, six mois, donc, à peine après son arrivée au gouvernement,
le président du Conseil du trésor annonçait
des mesures structurantes pour la gestion publique, il annonçait ce qu'il
appelait la rénovation de l'État. Et ce n'était pas particulièrement
complexe, M. le Président, mais il était temps que ça se fasse. Il était temps
que chaque ministère fasse un bilan de ses effectifs et évalue la pertinence
des postes non comblés. Il était temps de définir des nouvelles cibles d'effectif à l'intérieur de chaque ministère. Il était
temps d'identifier le nombre de contrats, de consultants, d'occasionnels afin de diminuer de façon
importante la dépendance de l'État à ces contrats. Ce que le ministre annonçait, c'était un réel effort, pas un effort où on réduit le nombre de
fonctionnaires pour augmenter le nombre de contrats, un réel effort de contrôle des effectifs pour
s'assurer que ces gains sont durables, pour s'assurer que le retour à l'équilibre budgétaire ne dure pas qu'un an, pour éliminer une fois pour toutes le déficit structurel. Mais toutes ces mesures ne seront efficaces que si on continue de développer l'économie. Et, M. le Président, on
développe l'économie en réduisant le fardeau fiscal des Québécois.
Si on regarde le
budget 2015‑2016, M. le Président, on y retrouve des mesures concrètes qui
permettront aux Québécois d'avoir plus d'argent dans leurs poches. Et laissons
de côté les entreprises pour un moment, pensons aux contribuables. Je regarde la page B.15 du budget 2015‑2016 et je vais
lire le titre : Abolition graduelle de la contribution santé.
Je vais même lire le sous-titre : Une réduction de 744 millions de
dollars du fardeau fiscal pour 4,5 millions de contribuables. Pas besoin d'élaborer, M. le Président, même les partisans des partis
d'opposition vont comprendre que c'est une bonne nouvelle pour l'honnête
payeur de taxes.
Et, si je continue,
M. le Président, page B.19, je vais lire le titre : Mise en place d'un
bouclier fiscal. Et le sous-titre, M. le Président : Une mesure qui
encourage l'effort additionnel de travail. Ça, je vais prendre le temps de l'expliquer, parce que je ne m'attendrais pas à ce
que les partisans finis des partis d'opposition le comprennent instinctivement. Ce qu'on dit aux gens, c'est que,
si vous travaillez, si vous obtenez une hausse de votre revenu de travail,
en aucun cas vous ne devriez être pénalisé
par le système d'impôt. Ce qu'on dit aux contribuables, c'est : On veut
vous enlever les bâtons des roues, on veut vous inciter à travailler, on
veut vous encourager à réussir.
Mais,
encore, le ministre des Finances n'avait pas terminé, page B.25, M. le
Président : Bonification de l'incitation au travail pour les travailleurs expérimentés. On le sait tous, nous avons un défi
démographique important devant nous, et on doit trouver des façons d'utiliser toutes les ressources humaines
qualifiées à notre disposition. Et, quand on prend de l'âge, M. le Président — du moins c'est ce que mes collègues me
disent — un des
facteurs qui nous fait décider si on continue à travailler ou pas, c'est l'aspect financier. Nous devons donc diminuer
l'âge d'admissibilité au crédit d'impôt. Nous devons donc hausser l'aide
fiscale admissible pour que tous contribuent au succès économique québécois.
M. le Président, on
développe aussi l'économie en investissant dans nos infrastructures. On
développe aussi l'économie en créant des
emplois. Et créer des emplois, ça se fait avec des mesures claires, des mesures
qui aident nos entrepreneurs, des
mesures qui créent un climat d'investissement favorable, comme la réduction du
taux d'imposition des PME du secteur primaire. Pour les entreprises en
agriculture, les entreprises en foresterie, les entreprises dans le secteur des pêches, le taux d'imposition passe de
8 % à 4 %. Et ces entreprises-là, elles sont en région, là où... et
c'est de valeur que le chef de la CAQ
ne nous en ait pas parlé, mais c'est là où il y a des taux de chômage
importants, là où il y a des travailleurs qui recherchent encore des
emplois.
Et
donc, M. le Président, pour toutes ces raisons, j'encourage les collègues ici,
en cette Chambre, à voter en faveur des crédits budgétaires 2015‑2016.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Pontiac,
pour cette intervention.
Alors, cette
intervention met fin au débat restreint sur les rapports des commissions qui
ont étudié les crédits budgétaires pour l'exercice financier 2015‑2016.
Mise
aux voix des rapports des commissions qui ont étudié
les crédits pour l'année financière 2015-2016
L'Assemblée
ayant déjà statué sur les motions formulant un grief et sur la motion du
ministre des Finances proposant l'adoption de la politique budgétaire du
gouvernement présentée dans le cadre du débat sur le discours sur le budget,
l'Assemblée doit maintenant se prononcer, conformément à
l'article 288 du règlement, sur les rapports regroupés des commissions qui ont étudié les crédits budgétaires pour
l'exercice financier se terminant le 31 mars 2016. Ces rapports sont-ils
adoptés?
M.
Sklavounos :
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Je vous demande le vote par appel nominal.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien, alors qu'on appelle les députés.
• (15 h 25 — 15 h 36)
•
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je mets donc aux voix les rapports des
commissions qui ont étudié les crédits budgétaires pour l'exercice
financier se terminant le 31 mars 2016.
Que les députés en
faveur de l'adoption de ces rapports veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Fournier (Saint-Laurent), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad
(Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford),
Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M.
Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay
(LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger
(Champlain), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M.
Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre ces
rapports veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon
(Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Lamarre (Taillon), M. Lelièvre
(Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M.
Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque),
M. Drainville (Marie-Victorin), M. Traversy
(Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier),
M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis).
M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Lavallée (Repentigny), M.
Surprenant (Groulx), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M.
Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, M. le secrétaire général, pour le résultat du
vote.
Le
Secrétaire : Pour : 58
Contre : 40
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, les rapports des commissions
parlementaires qui ont étudié les
crédits budgétaires pour l'exercice financier se terminant le
31 mars 2016 sont adoptés.
Projet de loi n° 45
Présentation, adoption du principe et adoption
En
conséquence, M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente
des programmes et président du Conseil du
trésor propose que l'Assemblée soit
saisie du projet de loi n° 45, Loi
n° 2 sur les crédits, 2015-2016, qu'elle en adopte le principe et
qu'elle adopte le projet de loi proprement dit.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Alors, j'ai bien compris que c'est le même vote. M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 58
Contre : 40
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, le projet de
loi n° 45, Loi n° 2 sur les crédits, 2015-2016,
est adopté. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
• (15 h 40) •
M.
Sklavounos : Oui, M.
le Président. Je vous demande
d'appeler l'article 3 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 20
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, à l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le 16 avril...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je demanderais aux députés de bien vouloir quitter en silence. Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
16 avril 2015 sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 20,
Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et
modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée.
Au moment de l'ajournement des travaux sur cette adoption
de principe, la parole était à M. le député de La Peltrie, il lui
restait 5 min 7 s pour compléter son intervention. Alors, M. le
député de La Peltrie, je vous cède la parole.
M. Éric Caire (suite)
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Alors, pour compléter mon intervention sur le projet de
loi n° 20, M. le Président, j'en
étais, au moment où j'ai dû interrompre mon intervention, à dire que je
m'inquiétais, je m'inquiétais que le gouvernement, dans un contexte où on a offert un service à des
gens qui sont malades... Et ça, c'est fondamental dans le principe qui nous
est proposé, c'est que l'infertilité est une
condition médicale, ce sont des gens qui ont des problèmes de santé
reproductrice pour lesquels le réseau
de la santé doit offrir un service, comme pour toutes les autres personnes qui
sont malades. C'était dans cet
esprit-là que le programme a été accepté il y a quelques années, et j'ai eu la
chance, M. le Président, de faire partie des parlementaires qui ont étudié le projet de loi qui a permis
d'ajouter ce service-là au panier de services de la RAMQ.
M. le
Président, aujourd'hui, on nous dit : On va cesser de rembourser ce
traitement-là, on va le rembourser par un crédit d'impôt régressif en fonction des revenus. Et, M. le Président, à
mon avis, ça va contre le principe d'universalité des soins. Il y a là un danger majeur :
Quelle sera la tentation, pour des raisons économiques, de dire : Bon,
bien, si c'est vrai pour la
procréation médicalement assistée, pourquoi ça ne deviendrait pas vrai pour une
autre sorte de traitement? Comment
va-t-on évaluer quelle maladie mérite d'être couverte et soignée avec les
meilleures pratiques, les meilleurs traitements et quelle maladie ne le
mérite plus?
Or, M. le
Président, c'est dans ce dilemme-là que nous amène le ministre de la Santé avec
le projet de loi n° 20. Il nous
amène à dire que les gens qui ont un problème de santé reproductrice n'ont pas
besoin, comme d'autres personnes qui sont malades, ou n'auraient pas
droit, ou n'auraient pas accès aux meilleurs traitements et qu'en fonction de
leurs portefeuilles on décidera jusqu'à quel point on peut les aider ou non ou
jusqu'à quel point on peut les abandonner.
M. le
Président, j'ai eu l'occasion de dire aussi : Dans un contexte où le
Québec vit une dénatalité, quel est le signal qu'on envoie aux familles du Québec? Quel est le signal qu'on envoie à
la population du Québec quand on leur dit, et j'ai eu l'occasion de le mentionner : Si vous
souhaitez devenir infertile, on va rembourser le traitement? Une vasectomie est
remboursée. Une ligature des trompes, c'est
remboursé. Si, par votre choix, vous êtes devenu infertile et que vous souhaitez redevenir fertile, la vasovasectomie, on
va vous rembourser, on va couvrir ce traitement-là, mais, si la vie vous a
amené ce problème de santé là, si vous êtes
né avec un problème de santé, là on va vous abandonner, il n'y a pas de raison
qu'on vous aide parce que vous êtes né avec un problème de fertilité.
Donc, en
plus, M. le Président, d'être hautement discutable sur le plan du principe
d'universalité que nous avons défendu
dans cette Assemblée nationale, sur le plan de la logique, c'est indéfendable,
c'est indéfendable. Comment le ministre
de la Santé, aujourd'hui, peut-il dire : Je vais rembourser des
vasectomies si vous êtes en pleine santé, vous n'avez aucun problème de santé, vous souhaitez juste
devenir infertiles, je vais rembourser le traitement, mais par contre, si vous êtes malades, vous êtes
venus au monde avec une maladie de santé reproductrice, bien là, vous vous le
paierez, pas question que l'État
rembourse ça? Alors là, il n'y a pas de cohérence, M. le Président, il n'y a
pas de cohérence dans la logique du
traitement, puis il n'y a pas de cohérence pour une société qui est en
dénatalité. Le Québec est une des sociétés les plus vieillissantes au monde. Que des gens puissent
vouloir avoir des enfants, non seulement c'est souhaitable, mais ça doit être encouragé. Et ce gouvernement-là
s'est vanté de la politique familiale — remarquez que là-dessus aussi
on a des désaccords profonds, mais passons,
hein? — politique familiale extraordinaire, le paradis des familles, à moins que vous
vouliez avoir des enfants, auquel cas vous vous arrangerez. Ça, ce n'est pas
notre problème.
Alors, M. le Président, de ce point de vue là non plus, ce n'est pas logique, ce n'est pas
cohérent. Dans sa forme actuelle...
Et je dis bien «dans sa forme actuelle», parce que c'est vrai qu'il y a
eu des dérapages avec le programme de procréation
médicalement assistée, et c'est vrai qu'il y avait du ménage à faire,
et c'est vrai qu'il y avait des
resserrements de règle qui étaient souhaitables, mais là, M. le
Président, ça va beaucoup trop...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je dois vous interrompre, M. le
député de La Peltrie. Merci pour votre intervention. Je suis prêt à céder la parole à
un prochain intervenant. M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour d'intervenir sur le projet de loi n° 20,
projet de loi très important
qui concerne l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée.
Comme mon
confrère vient de le dire, la procréation assistée, évidemment, la Coalition
avenir Québec souhaite que le projet de loi n° 20 soit scindé en
deux, c'est-à-dire qu'on parle de l'accès aux médecins de famille et ensuite
de ça qu'on parle de la procréation assistée
dans un autre projet de loi où est-ce qu'on pourrait beaucoup mieux le définir.
Nonobstant
ça, M. le Président, malgré l'augmentation des dépenses dans le réseau de la
santé lors des 10 dernières années,
tous les Québécois n'ont toujours pas accès à un médecin de famille en temps et
lieu. Les patients attendent encore plus
de 16 heures aux urgences. De plus, les délais pour l'accès aux médecins
spécialistes sont inacceptables dans certaines chirurgies.
Mais,
lorsqu'on parle de chirurgies, M. le Président, ce n'est pas juste les médecins
spécialistes, il faut parler de tout
l'encadrement chirurgical d'une salle d'opération. Ça comprend évidemment les
infirmiers et infirmières, il faut qu'ils
soient disponibles. Ça comprend les lits en salle de réveil, il faut que ce
soit disponible. Ça comprend des lits en soins intensifs lorsqu'on sort
d'une opération. C'est tout un facteur d'encadrement, ce n'est pas juste les
spécialistes qui ne peuvent pas opérer. En
tout cas, nous pensons, de notre côté, que nous avons suffisamment de
spécialistes pour desservir tout le Québec, mais c'est tout
l'encadrement des salles d'opération qui est déficient et qui, à notre avis,
devrait être mieux encadré.
Les problèmes
reconnus liés au réseau de la santé, évidemment c'est : améliorer l'accès
aux services de première ligne,
permettre aux Québécois l'inscription à un médecin de famille, à tous les
Québécois, assurer aux inscrits un accès en temps et lieu opportuns aux
services de première ligne, accès aux services de consultation spécialisée,
chirurgie, puis éviter les urgences pour des situations non urgentes.
Là-dessus...
Et, le projet de loi n° 20 et tout ce qui encadre le projet de
loi n° 20, ça m'a surpris qu'on n'en parle pas. Pourtant, nous avons un réseau qu'on appelle
Urgences-Santé où les appels à un réseau de santé... où une infirmière nous
répond pour des besoins bénins. Ça me
surprend que le ministre de la Santé n'axe pas un peu plus d'énergie sur ce
réseau-là, ce qui servirait peut-être à désengorger les urgences.
Je
m'explique. Je pense qu'on a arrêté de faire la promotion de ces infirmières-là
et infirmiers qui répondent à un simple numéro de téléphone : Mon petit
est malade, il a mal au ventre, qu'est-ce que vous en pensez?, etc. Je pense
qu'on pourrait régler une foule de
problèmes. Je pense que c'est un système qu'on pourrait repenser et peut-être
promouvoir un peu plus auprès de la clientèle québécoise qui a
besoin des systèmes de santé. Je ne vous dis pas que ça va remplacer le contact
direct avec un médecin ou un
spécialiste, mais je vous dis que ça peut au moins sécuriser les personnes qui
sont peut-être un peu mal prises puis
qui souvent se ramassent à l'urgence pour des problèmes bénins qu'un simple
coup de téléphone à quelqu'un de spécialisé comme une infirmière en
réseau de santé... Puis ça, c'est accessible 24 heures par jour, sept
jours par semaine.
• (15 h 50) •
Alors, ça me
surprend que le ministre n'en ait pas parlé lorsqu'on parlait de
l'accessibilité à des médecins de famille. Parce que l'accès à un médecin de famille, somme toute, M. le Président,
c'est un accès pour régler un problème de santé, et, le problème de santé comme tel, c'est sûr que le commun des mortels
ne peut pas s'autodiagnostiquer lui-même et dire : Bon, bien, moi, c'est un problème bénin, peut-être
qu'avec ci ou ça je pourrais m'en sortir et puis... C'est parce qu'avec le réseau d'appels Urgences-Santé qu'est-ce qui
arrive avec ça, c'est qu'on explique qu'est-ce qu'on a fait avant, un peu, à
l'infirmière, ou l'infirmier, ou la personne spécialisée qui est là, et puis on
explique un peu avant ce qui s'est passé, comment
de temps ça dure, et tout ça, et bien souvent on est... c'est possible de
détecter la cause du problème, et on évite une visite à l'urgence. Ça, le projet de loi n° 20, lorsqu'on parle
d'accès aux services de première ligne, c'en est un qui a été totalement
oublié.
Les objectifs
contenus dans le projet de loi n° 20 d'augmenter la prise en charge des
patients sont bons, M. le Président,
mais les moyens employés par le ministre ne le sont pas, évidemment. Les
risques de conséquences du projet de
loi n° 20 sont nombreux et majeurs. Les effets pervers risquent
d'amplifier certains problèmes et d'en ajouter de nouveaux. La très forte majorité des groupes sont préoccupés par les
conséquences du projet de loi n° 20 sur l'accès aux soins de santé pour les Québécois. Ce n'est
pas seulement les médecins qui l'affirment, mais de nombreux groupes
indépendants, également, qui sont venus lors des auditions en commission
parlementaire.
45 groupes
sont venus présenter leurs commentaires, idées, critiques au ministre de la
Santé, et près de 70 mémoires ont été déposés à la Commission de la
santé et des services sociaux. Au départ, la Coalition avenir Québec a proposé cinq solutions pour adresser les principaux
problèmes liés à l'accès aux soins dans le réseau de la santé, puis ces cinq solutions-là, M. le Président, ne peuvent pas
être contestées beaucoup par le ministre en titre aujourd'hui, puisque, voilà deux ans et demi, il les défendait lors
d'une campagne électorale. Elles réclamaient, de plus, la poursuite du
programme public de procréation
assistée en l'encadrant et en le limitant. En faisant juste ça, on pourrait
maintenir le programme de procréation
assistée, ça permettrait de réduire les coûts du programme d'environ
30 millions par année. C'est pour ça que nous demandons que le projet de loi n° 20 soit scindé en deux,
c'est-à-dire l'accès aux médecins de famille et le programme de
procréation assistée.
Les
mesures pour les médecins de famille, c'est des mesures contraignantes pour
obliger ceux-ci à une certaine productivité
dans le but de favoriser l'accès pour les patients. Un omni devra assurer le
suivi médical d'un nombre minimal de
patients et un nombre minimal d'heures d'activités médicales, sous peine d'une
réduction de sa rémunération. Les AMP, comme
on les appelle, ça, il me semble que le ministre a déjà dit, dans une autre vie
qui n'est pas si lointaine, que les AMP devraient se terminer et que les
hôpitaux devraient pouvoir s'organiser avec les médecins qui sont là puis avec
les spécialistes qui sont là sans faire
appel toujours aux activités médicales particulières de jeunes médecins qui
souvent s'en vont en région, des
omnis qui s'en vont en région pour essayer de répondre le plus adéquatement
possible aux besoins de la population.
Je
le sais, M. le Président, parce que, dans ma région, dans la Beauce, plus
précisément à Saint-Joseph-de-Beauce, quatre
médecins ont pris leur retraite le 1er avril dernier, et ça a créé un
sentiment de panique envers la population. M. le ministre a compris la situation, mais à l'impossible nul n'est tenu. Je
le remercie, il m'a accordé une prime supplémentaire par dérogation.
Je
le remercie pour ça, sauf qu'il faut bien être conscient que les quatre vieux
médecins masculins qui étaient là... Je
tiens à le préciser, parce que j'y reviendrai tout à l'heure là-dessus. Les
quatre vieux médecins masculins qui étaient là avaient à peu près
8 000 dossiers. Alors, on a eu quatre médecins remplaçants, et c'est
là que j'en viens, on a eu quatre médecins
remplaçants, des jeunes finissants, c'est-à-dire il y en a... les deux derniers
vont rentrer au mois d'août, quatre
jeunes filles. Je trouve ça extraordinaire d'en avoir eu quatre. Puis je pense
que des jeunes filles... moi-même, j'ai transféré puis je suis rendu
avec une jeune fille, une jeune médecin, sauf que je n'y ai plus accès pour une
période de huit mois, elle est enceinte.
Alors, je veux vous apporter ce problème-là aussi, qui, pour moi, m'apparaît
très important. Et je ne suis pas contre ça. On sait que 70 %
des finissants en... pour la médecine omni, médecins de famille, sont des
femmes. Et ça, ça amène un autre problème, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de
médecin volant ou il n'y a pas de médecin remplaçant pour...
Une voix :
...
M.
Spénard :
M. le député de Laval-des-Rapides fait des farces, là, mais, en tout cas, il
n'y a pas de médecin remplaçant pour
remplacer un congé maternité, alors que, dans d'autres professions, le médecin,
il a un remplaçant. Que ça soit en éducation,
quelqu'un qui part pour un congé maternité, il y a quelqu'un qui le remplace.
Que ça soit à l'Hydro-Québec, quelqu'un qui part en congé maternité, il y a
quelqu'un qui le remplace. Que ça soit un peu partout, il y a tout le temps une équipe pour remplacer, pour continuer de
donner les services à la population, sauf en médecine. Et là je me demande pourquoi, parce qu'on est la province qui
a le plus de médecins par habitants. Puis on ne prévoit pas ou on ne
trouve pas de solution pour remplacer les congés maternité qui partent.
Et
je ne suis pas contre ça. Moi, mon médecin est parti il y a six mois dans un
congé maternité. Je trouve que ce n'est
pas assez, elle devrait avoir huit mois puis 10 mois, peut-être partir
avant un peu. Écoutez, elle est partie, elle avait la bedaine par-dessus la tête la dernière fois que
je l'ai vue, là. Je lui ai dit : Il est temps... Elle était à veille
d'accoucher dans son bureau, là. J'ai
dit : Il est temps que tu t'en ailles, là. Mais ils devraient avoir les
mêmes congés maternité que les
autres, c'est bien évident en ce qui me concerne, sauf qu'il faudrait peut-être
penser, à l'intérieur de l'accessibilité aux soins de santé, il faudrait peut-être penser avoir des médecins, hommes
ou femmes, qui remplacent un congé maternité pour assurer le suivi. Parce que qu'est-ce qu'il se passe dans ce
temps-là? C'est que le suivi est assuré par les autres qui sont en place, sauf que, les autres qui sont en
place, leur «caseload» est plein. Alors, il n'y a pas de suivi, aucun. Alors,
qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là? Bien,
on se ramasse à l'urgence, nécessairement. Alors, on pourrait éviter ça si on
a avait au moins des médecins volants ou des médecins qui pourraient remplacer
un peu partout.
Et
là on parle ici de la mobilité des médecins de famille, évidemment. Et, quand
on parle de mobilité des médecins de
famille, bien là, il faut s'assurer, à l'intérieur d'un projet de loi, que
quelqu'un qui donne son nom comme médecin volant ou médecin remplaçant pour... qu'on puisse l'affecter pour
remplacer des congés maternité et non pas juste pour remplacer une fin de semaine parce que le médecin
est parti, ou une semaine parce que le médecin est parti en vacance ou pour assurer un service de garde dans un
hôpital, parce que, je ne sais pas, il en manquait un. Je pense qu'on devrait
au moins s'assurer d'assurer une présence
pour remplacer ceux-là qui partent pour un congé maternité. Je pense que c'est
ça, assurer un service à la population.
Autre chose, la
procréation assistée. Comme mon confrère le disait tout à l'heure, la
procréation assistée, ça a deux volets,
évidemment. Le resserrement des normes entourant l'accès au programme de
procréation assistée, nous sommes pour
ça. Mais, l'abandon du financement de procréation assistée, ça, on est contre
ça. Et je vais... Puis mon confrère l'a très bien... s'il avait pu continuer, j'aurais pu lui donner un peu de
mon temps, là, mais... Il est plus spécialiste que moi là-dedans, parce
qu'il connaît un peu tout le mécanisme, comment ça marche. Puis moi, je suis un
peu...
Des voix :
...
• (16 heures) •
M.
Spénard : Oui, puis il a travaillé... bien, il n'a pas
travaillé... Mais, la procréation
assistée, je pense
que, pour le Québec,
comme nous... Vous savez qu'en 2033, ce qui n'est pas si loin, 2033, on parle
d'une quinzaine d'années, on va commencer
à décroître, dans le sens qu'on va avoir plus de décès que de naissances.
Alors, si on s'aligne pour avoir plus de décès que de naissances, il faudrait
commencer à y penser là, parce qu'on n'y pensera pas en 2033. Je pense
que c'est maintenant qu'il faut y penser. Et, M. le Président, je pense qu'on devrait le maintenir mais en l'encadrant un
peu mieux, en disant que c'est une condition médicale d'infertilité et non pas
juste un désir de dire : Bon, bien, ça me tente d'avoir un enfant,
mais je ne veux pas faire l'acte, ou etc. Je pense que ça devrait être une
condition médicale.
Il y a
aussi, ensuite, la création d'un registre des naissances pour assurer le suivi
du programme de procréation assistée.
On n'en entend pas parler, de ça. Quelles sont les statistiques par rapport à la fécondation comme telle? Quelles sont les erreurs de grossesses multiples? Peu de statistiques existent là-dessus,
et je pense que la loi n° 20 devrait au moins nous donner des statistiques, et l'assurance maladie, nous donner des
statistiques relativement aux traitements de FIV, de fécondation in vitro. Parce que
la fécondation in vitro, ce n'est pas juste la fécondation comme telle.
Après, il y a du suivi.
Et ça, si on ne rembourse pas la fécondation
in vitro comme telle, je pense qu'il y a
énormément de familles de la classe moyenne qui
n'auront pas les moyens de procréer avec l'assistance de la fécondation
in vitro. Les bienfaits, évidemment, de la procréation assistée, M. le Président, bien je vais vous les dire, M.
le ministre est sûrement
au courant : réduire les grossesses multiples, qui amènent énormément
de problèmes; permettre aux couples infertiles d'avoir des enfants; promouvoir la natalité et permettre à
chaque personne de fonder une famille, avantage économique pour les finances publiques du Québec à long
terme, évidemment. Comme je vous le
disais, en 2033, eh bien, nous allons commencer à décroître en tant
que naissances par rapport aux décès.
Donc, les
risques majeurs et les effets pervers possibles du projet de loi n° 20, M.
le Président, sont nombreux.
Le projet de loi va se traduire par une bureaucratie plus lourde
et complexe. Évidemment, beaucoup de ressources
humaines et financières seront
inutilement dépensées dans le contrôle des activités des médecins. La
pondération suggérée par le ministre est inapplicable, ingérable et
inéquitable. J'ai passé six ans de ma vie, avant d'être député, à faire
partie d'un conseil d'administration d'un CSSS,
CSSS de Beauce-Etchemin pour être
plus précis, là, en tant que bénévole, en tant que représentant
de la population, et ce que j'y ai vu était... Il y avait de très bonnes
choses. J'ai vu des employés supercompétents se dévouer à la tâche, mais j'ai
vu l'administratif du système de santé : tout simplement aberrant et incontrôlable, incontrôlable. Je m'explique. Il y
a tellement de redditions de comptes à faire dans le système de la santé
que, lorsqu'on parle de tous les cadres
administratifs et de l'élaboration du tableau de bord... moi, j'avais une
question à tous les mois : Le
temps d'attente à l'urgence, où est-ce qu'on est rendus? Puis là on voyait des
petits sourires dans le tableau de
bord, là. Un petit sourire jaune, là, ça, ça voulait dire qu'on a atteint notre
cible. La cible était de 14,4 heures d'attente durant le mois. Notre cible annuelle était de
12 heures. On ne l'a jamais atteinte, tu sais, ça, c'est bien évident.
Mais, plus souvent qu'autrement, c'était un petit bonhomme rouge avec un
sourire triste, la cible était rarement atteinte. Et ça, le tableau de bord, pour... réunion une fois par mois,
à peu près 330 pages à lire à toutes les réunions du conseil d'administration : les rapports d'infirmières, les rapports du Collège
des médecins, les rapports du Commissaire aux plaintes, les rapports du temps à l'urgence, les chirurgies
reportées, les ci, les ça, les plaintes aux médecins, etc. C'était un système incontrôlable de bureaucratie.
Et ça, M. le Président, je ne sais pas si le projet
de loi n° 20 va le régler, mais
je ne pense pas qu'en regroupant les CSSS
dans des CISSS ça va nécessairement désalourdir la bureaucratie. Je ne
le crois pas. Je pense qu'on aurait dû... Vous savez, il y a une formule
simple en anglais qui se dit : «Keep it simple.» Je pense que, si on avait
pu le garder simple, c'est-à-dire, par institution, par hôpital, dire : Écoutez, vous avez votre budget, là,
déniaisez-vous, puis c'est ça que vous avez,
mais par hôpital... ça aurait peut-être pris deux
fonctionnaires de plus au ministère
de la Santé pour le suivre parce qu'il y aurait eu plus de choses, sauf que, là, avec
les gros CISSS, je ne sais pas qu'est-ce
qui va se passer... plus toute l'incertitude
qui existe dans le réseau de la santé présentement, l'incertitude de tous les
fonctionnaires. À part des P.D.G. des
CISSS qui ont été nommés, il n'y a
pas grand monde qui ont été nommés. Ils sont galvaudés un peu partout. On ne
sait pas trop où est-ce qu'on s'en va, et puis je pense que ça, ce n'est
rien pour sécuriser le système de santé au Québec.
Alors, en terminant, M. le Président, nous allons voter
contre ce projet de loi n° 20, évidemment, parce qu'on trouve qu'il est beaucoup trop complexe, beaucoup trop
lourd, à notre sens, de bureaucratie et on trouve qu'il ne s'adresse pas
aux bonnes solutions pour trouver des solutions aux problèmes de la santé.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député.
Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais : Oui. M.
le Président, la semaine dernière, le leader adjoint du gouvernement nous a
rappelé l'importance de tenir le décorum
dans cette salle et que les députés soient assis à leurs sièges. Alors, je vous
demanderais d'assurer le décorum.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je demande aux députés de
bien vouloir regagner les banquettes qui leur ont été assignées au début de la législature par la présidence de
l'Assemblée nationale. Et je vais céder la parole à M. le député de
Gaspé pour son intervention. M. le député.
M. Lelièvre : Merci, M. le
Président.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : La parole est à vous, M. le député de Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole sur le projet de loi n° 20, qui est un projet de loi extrêmement important, hein, dans le
domaine de la santé mais qui a un impact dans l'ensemble du Québec, notamment
dans les régions. Donc, je vais aborder ce projet de loi là sous l'angle un peu
des régions.
D'abord,
c'est un projet de loi qui m'interpelle particulièrement parce que, dans les
années 90, j'ai eu le privilège de
siéger sur un conseil d'administration, notamment au CSSS de Rocher-Percé, j'ai
été président pendant quelques années puis
administrateur également pendant quelques années, et j'ai été à même de
comprendre toute la complexité du réseau de la santé mais aussi le travail, le travail extrêmement fort que font
l'ensemble des intervenants de la santé pour tenter de dispenser les meilleurs soins et services à la
population. J'ai vu des médecins omnipraticiens, des urgentologues, des médecins de famille qui doivent sortir de leur
zone de confort souvent, dans les hôpitaux de région, pour pouvoir dispenser
les services, souvent, faute de ressources
spécialisées, puis ça, c'est un élément qui m'apparaît extrêmement important
parce que le projet de loi n° 20
interpelle... ou interfère à ce niveau-là. J'ai vu, par exemple, des médecins
omnis développer des spécialités, par exemple, pour permettre la
réalisation d'accouchements dans des hôpitaux quand il n'y avait pas, finalement, de ressource spécialisée en
obstétrique. J'ai vu également des chirurgiens généraux, des fois, dans des cas
d'accident, dans des cas d'urgence, devoir
procéder à des interventions qui étaient relativement complexes. Et ces gens-là
auraient aimé souvent être assistés par des spécialistes résidant sur place,
mais, malheureusement, souvent les plans d'effectifs
médicaux dans nos hôpitaux en région font en sorte qu'on n'a pas de niveau de
spécialité très, très avancé. Donc, on
doit procéder avec le personnel qui est en place, qui se dévoue corps et âme
pour donner le meilleur service possible.
Mais tout ça
pour dire que la pratique médicale en région, ce n'est pas comme la pratique
médicale dans les grands centres. Ce
n'est pas mieux, ce n'est pas pire; c'est différent. Qui dit différent, bien,
commande généralement des moyens d'action aussi différents pour répondre
aux particularités des milieux.
J'ai suivi un
peu les travaux qui ont mené, hein... qui nous conduisent à l'adoption du
projet de loi n° 20, notamment au niveau des commissions parlementaires. En lisant les notes des différentes
commissions, différentes séances qui ont eu lieu, on peut remarquer, par exemple, que dans l'ensemble des groupes
qui ont été entendus en commission parlementaire — on parle
de 46 groupes ou personnes — bien, seulement trois parties sont en faveur
du projet de loi. On parle ici du Regroupement provincial des comités
des usagers, du Conseil pour la protection des malades et de la Fédération des
coopératives de services à domicile et de santé du Québec.
• (16 h 10) •
Parmi les
groupes ou personnes qui se sont prononcés en défaveur, c'est-à-dire contre le
projet de loi, on retrouve notamment
35 organismes qui sont très représentatifs, puis je pense que ça vaut la
peine de les mentionner parce que ça démontre qu'il y a quand même un
large consensus, si ce n'est pas en opposition, tout du moins en questionnement
extrêmement fort, par rapport au projet de
loi n° 20. On parle de l'Association médicale du Québec puis
l'Association médicale canadienne,
quand même des associations qui regroupent beaucoup d'intervenants. On parle du
Collège des médecins du Québec, de la
Fédération des médecins spécialistes du Québec, de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, de la
Fédération des médecins résidents du Québec, de la Fédération médicale étudiante, les Médecins québécois pour
le régime public, l'Association des jeunes médecins du Québec, l'Association des médecins d'urgence du Québec, l'Association des médecins en CLSC, également
l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, le Collège québécois des médecins de famille, la Société canadienne de fertilité et
d'andrologie, l'Association des couples infertiles du Québec, l'Association des spécialistes en
médecine interne, l'Association canadienne de sensibilisation à l'infertilité,
l'Association des infirmières praticiennes
spécialisées du Québec, un groupe de plus en plus répandu et sur lequel on
compte de plus en plus pour combler différents besoins en région.
Donc, M. le
Président, c'est ici quelques-uns des groupes qui se sont prononcés contre ce
projet de loi là. On parle de trois
groupes seulement en faveur et au-delà de 35 contre, puis la composition des
groupes contre laisse présager, je dirais, de façon très claire, nette
et précise qu'il y a beaucoup de questionnements dans la communauté québécoise
présentement à l'égard de ce projet de loi.
Un autre élément qui ressort aussi fortement
dans le projet de loi n° 20, c'est l'impact sur la rétention de nos
médecins et la venue de médecins au Québec, mais parlons de la rétention, dans
un premier temps. On lisait, dans Le Devoir, pas plus
tard qu'hier... on lisait, dans Le Devoir du 6 mai : Des médecins qui préparent
leur sortie. Puis c'est quand
même... bon, on entend dans les
nouvelles aujourd'hui qu'il y aurait peut-être certains allégements ou un certain recul de la part du ministre en regard du projet de loi n° 20, mais, malgré
tout ça, en date d'hier... beaucoup de questionnements, beaucoup
d'inquiétudes en regard de ce projet de loi là.
Puis quelques
citations qui m'apparaissent importantes. On dit que «le projet de loi
n° 20 n'est pas encore adopté, mais
déjà, les médecins préparent leur "plan B"». Puis leur plan B, bien
c'est que, de plus en plus, un grand nombre de médecins se préparent
pour faire le saut soit dans les cliniques privées ou soit même à l'étranger,
donc dans les autres provinces du pays ou
encore à l'extérieur du pays. Donc, c'est des réalités. On mentionne carrément
que, par exemple, le Dr Simon-Pierre
Landry, qui est omnipraticien urgentologue à Sainte-Agathe dans les
Laurentides, il dit qu'il voit de plus
en plus de gens, de médecins, jeunes médecins qui arrivent dans son bureau puis
qui préparent leur sortie, si jamais le
projet de loi n° 20 est adopté. Il y a également le chef de département de
cet établissement-là, le Dr François Marcoux, qui confirme avoir reçu deux démissions officielles
ces dernières semaines, puis ceci fragilise les équipes restantes dans son
établissement. Il dit : Dans ces deux cas, c'est très clair, c'est lié
directement au projet de loi n° 20. Il constate en effet une course chez
les médecins, plusieurs préfèrent partir avant qu'il ne soit trop tard.
Également, un dénommé Philippe — on dit «nom fictif» — un jeune médecin de famille en région
éloignée — donc
Gaspésie, Abitibi, Côte-Nord, qui
sait — qui a
décidé de quitter le Québec pour aller travailler en Ontario. Il n'avait pas
envie de pratiquer dans l'environnement
hypercoercitif que le ministre est en train de mettre en place via le projet de
loi n° 20. Il y a également les appels à l'étranger.
Plusieurs
médecins, comme je le disais tout à l'heure, envisagent de quitter le pays,
même pour aller aussi loin qu'en Australie pratiquer leur médecine.
Plusieurs ont également décidé de mettre cartes sur la table en annonçant directement que, si jamais le projet de loi était
adopté, bien c'est dans des milieux comme les CLSC, notamment dans la
grande région de Montréal, qu'ils quitteraient pour se rendre à l'extérieur
soit du Québec ou... Donc, beaucoup de démonstrations,
chiffres à l'appui, et non à l'appui non professionnel, qui démontrent que ce
projet de loi là est quand même extrêmement inquiétant et préoccupant
pour de nombreux médecins au Québec.
Également,
si on parle d'un cas plus concret, j'ai, dans mon comté, un omnipraticien
urgentologue à Gaspé puis à Grande-Vallée, le Dr Mathieu Bernier, qui,
lui, dans un reportage de Radio-Canada, faisait état de son analyse des implications du projet de loi n° 20 dans une région
comme la Gaspésie. Le Dr Bernier disait finalement que l'impact n'est pas le
même en région que dans les grands centres. Où il y a peu de spécialistes dans
les régions, bien, c'est ce que je disais
en début de présentation tantôt, où il y a peu de spécialises, souvent les
omnipraticiens doivent aller plus loin en termes de pratique médicale, et ça les amène notamment à faire beaucoup
d'urgence et beaucoup d'hospitalisation. Puis ça, c'est quelque chose que j'ai
constaté quand j'étais au conseil d'administration de l'hôpital de Chandler à
l'époque, qui aujourd'hui fait partie du CISSS-Gaspésie : beaucoup
de médecins omnis devaient faire de nombreuses heures à l'urgence et dans l'hospitalisation, et ceci faisait en sorte que
souvent on allait jusqu'à 30 % et même 40 % de leurs tâches. Même si c'étaient des médecins de famille qui
étaient dédiés à la pratique de la médecine familiale, bien, compte tenu des
besoins de l'hôpital, compte tenu des besoins de la population, ces médecins-là
devaient passer 30 %, 40 % de leur pratique, de leur temps de pratique à l'hôpital et non pas dans leur
clinique et dans leur milieu de pratique qu'ils avaient choisis.
Ça
fait que ça, c'est une réalité qui nous rattrape beaucoup en région, puis ça me
fait penser, notamment... On parle de
Grande-Vallée. Bien, Grande-Vallée, c'est un super CLSC qui est rattaché au
CSSS de Gaspé et qui a une urgence. Bien,
pourquoi retrouver une urgence dans un CLSC, à première vue, en région? Bien,
c'est parce que le secteur de L'Estran, qu'on appelle, qui comprend Cloridorme, Petite-Vallée, Grande-Vallée et
Madeleine-Centre, sont des communautés qui sont localisées à plus de 100 kilomètres. Ça fait que vous êtes
venus en Gaspésie au cours de la semaine dernière visiter nos écoles, et
vous avez sûrement vu que l'occupation du territoire se fait sur un vaste
étalement de territoire. Donc, Grande-Vallée
est à plus de 100 kilomètres de Gaspé, qui détient l'hôpital de la MRC, et
à également au-delà de 120 kilomètres
de Sainte-Anne-des-Monts, qui est l'hôpital voisin, à l'ouest. Donc, compte
tenu des distances dans un territoire
où l'accessibilité au territoire est parfois très difficile — on
parle de terrains montagneux, de conditions hivernales
difficiles au niveau des routes — on a décidé, au niveau du gouvernement, il y a plusieurs années, de construire un CLSC qui aurait une urgence. Donc, le
Dr Bernier, avec d'autres membres de son équipe, pratique la médecine familiale, mais en même temps ils sont un peu les gardiens de cette urgence-là à
Grande-Vallée, qui doit desservir une population vieillissante, beaucoup... très vieillissante, mais aussi des jeunes
familles, des enfants qui sont localisés à plus d'une heure,
1 h 30 min de route des hôpitaux conventionnels.
Donc,
dans un milieu rural comme le mien, comme le comté de Gaspé puis comme dans
beaucoup de régions au Québec, ces
CLSC là souvent jouent un rôle quasi de petit hôpital. Donc, la pratique
médicale est très diversifiée, et des médecins
comme le Dr Bernier doivent être très polyvalents et doivent passer
beaucoup de temps non seulement à pratiquer la médecine de famille, mais également à pratiquer différentes
activités, comme l'urgence, également. Un autre élément aussi que le Dr Bernier soulève, c'est toute
la question des traitements de santé plus spécialisés. On peut donner comme
exemple, par exemple, la chimiothérapie et
les traitements de radiothérapie. Vous savez, quand tu résides dans le comté
de Gaspé, tu peux faire jusqu'à
500 kilomètres, par exemple, pour avoir accès aux traitements de
radiothérapie qui se donnent à Rimouski.
Donc, Gaspé-Rimouski, on parle de 500 kilomètres aller-retour,
1 000 kilomètres, pour suivre — malheureusement, hein, pour les gens atteints du cancer — un traitement de radiothérapie. Même chose
pour la chimio, ça se donne dans les
hôpitaux voisins. Mais, vous savez, quand tu n'es pas dans ton milieu naturel,
tu vas prendre ton traitement de chimiothérapie,
bien, tu espères revenir chez vous, dans ta maison, dans ta résidence, le plus
vite possible, mais ça prend un
suivi. Ces gens-là ne veulent pas rester à l'hôpital pendant des jours pour
faire le suivi suite à leurs traitements, donc c'est leur médecin de
famille qui va prendre un peu la place des spécialistes en oncologie. Puis,
encore là, c'est un élargissement du mandat
de base du médecin de famille. Donc, ça également, ça doit être pris en compte
par le ministre dans les nouvelles règles d'attribution, là, des tâches
aux médecins, puis notamment au niveau des quotas.
Quand
on parle de quotas, c'est là que toute la notion, là, de pratiques différentes
dans les régions intervient et c'est à
ce niveau-là que plusieurs, malheureusement, constatent que le projet de loi
n° 20 ne tient pas compte des particularités
de la pratique médicale dans certaines régions où les médecins ont une pratique
totalement différente de ce qu'on
retrouve dans les grands centres. Et c'est la réalité des régions, puis je ne
pense pas que c'est demain matin que ça va changer
Donc,
on ne pourra pas, de façon réaliste, adapter les besoins ou la pratique
médicale au projet de loi. Donc, je pense
que le gros bon sens commande que le projet de loi s'adapte aux réalités de
l'ensemble des régions. Parce que c'est important que les gens des régions, qui déjà doivent parcourir de
longues distances pour avoir accès à des services de santé spécialisés... bien, au moins, que ces gens-là,
via le service qu'ils reçoivent de leur médecin de famille, aient le meilleur
service possible. Donc, pour ça, on doit
tenir compte des commentaires qui sont émis par ces intervenants-là de la santé
que sont les médecins généralistes
mais qui, compte tenu des particularités des régions, doivent élargir de
beaucoup leur champ de pratique.
• (16 h 20) •
Il y a un autre phénomène qu'on
retrouve également en région, c'est ce qu'on appelle la pénurie en médecins de
type médecins des spécialités de base. On
parle de chirurgiens, on parle d'anesthésistes. Ce sont des spécialistes qui,
bon, sont présents de façon naturelle
dans les grands centres, mais, dans les régions, beaucoup d'hôpitaux doivent
composer avec, malheureusement, une
lacune au niveau de ces spécialités de base là. Et qu'est-ce qu'on fait pour
combler des services qui sont absents
de la région? Bien, on fait appel généralement à ce qu'on appelle des médecins dépanneurs, hein, ou des
médecins itinérants.
Ces médecins-là
pratiquent dans des grands centres généralement mais vont accepter de partager
une partie de leur plage horaire avec des hôpitaux ou des centres situés en
région. Et ces médecins-là, souvent, généralement spécialistes, vont venir en région mais à des intervalles qui sont plus
ou moins réguliers. Donc, quand la présence de ces médecins spécialistes là de base n'est pas
constatée en région, bien c'est là que les omnis doivent compenser, et, encore
là, ça vient tout modifier ce qu'on
appelle la répartition du temps des omnis. Puis ça, ce n'est pas pris en
compte, nécessairement, cette
réalité-là, dans le projet de loi n° 20. Puis ça, c'est une réalité qui...
Les médecins spécialistes dépanneurs, toutes
les régions, à peu près, au Québec doivent, malheureusement, recourir à ce type
de pratique là parce qu'on ne peut amener les spécialistes en région de
façon satisfaisante pour répondre aux besoins de la population. Donc, c'est une
pratique qui est installée depuis de
nombreuses décennies, et, encore là, ça fait partie de la réalité des régions
au niveau des services de santé. Ces
médecins dépanneurs là, on les retrouve au niveau des spécialistes, mais on les
retrouve aussi... puis ça, c'est très important, on les retrouve
également au niveau des omnis, c'est-à-dire les médecins de famille ou généralistes. On a des lacunes, souvent les plans
d'effectifs ou les PREM des régions ne sont pas complets, donc on doit compenser par l'importation, hein, de façon
temporaire, de médecins omnipraticiens qui viennent des régions extérieures,
qui viennent des grands centres généralement
et qui viennent pratiquer pour combler l'absence, là, de ressources médicales
suffisantes dans les régions.
Donc,
ces médecins-là, qui sont des omnis, ils sont pris avec des quotas, avec le
projet de loi n° 20. Ils doivent avoir un certain nombre de
patients sur leur territoire, dans leur milieu de pratique naturel, par exemple
à Québec, à Montréal, à Trois-Rivières. Et,
avec l'obligation nouvelle qu'amène le projet de loi n° 20, bien ça fait
en sorte que ces médecins dépanneurs
là ou itinérants ne pourront peut-être plus venir en aussi grande quantité et
aussi longtemps dans les régions
parce qu'ils vont être obligés, d'abord, de donner une prestation de travail
supérieure dans leur propre région où ils
sont assignés, et ça fait en sorte qu'ils vont avoir moins de temps de
disponible pour venir combler des besoins qui sont présents en région.
Donc,
ça, c'est une préoccupation également de la part des intervenants de la santé
dans les régions parce que ces médecins
omnis là, qu'on appelle médecins dépanneurs, donnaient une grande partie de
leur prestation de travail dans les régions
et ce sont des ressources qui sont très appréciées. Moi, je connais des
médecins qui pratiquent ce genre de pratique là depuis de nombreuses années et qui, chaque année, vont consacrer un
mois, deux mois, trois mois de leur pratique en temps cumulé dans certaines régions. C'est des gens qui
développent même des bonnes connaissances des intervenants du milieu et qui prennent vraiment à coeur leur pratique
partagée en région. Puis, ça aussi, on a peur que ça ait un impact majeur
au niveau de la venue et de la continuité de ces médecins-là en région.
Je
ne peux pas terminer ma présentation, mon allocution, M. le Président, sans
faire un certain parallèle avec, je dirais, l'effet cumulatif, hein, du
projet de loi n° 10 et du projet de loi n° 20. On parle du projet de
loi n° 20 ici, mais vous savez, pas plus tard qu'aujourd'hui, j'avais des
discussions avec des gens de la santé, de ma région, Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, et ces gens-là sont en train
de vivre, là, la mise en place du projet de loi n° 10 notamment au niveau
de l'abolition des conseils d'administration
des hôpitaux, des anciens CSSS qui sont transformés en un seul CISSS, aussi
au niveau des agences de santé, au niveau de...
Il y a des ressources qui sont affectées directement. Les gens, là, vivent
ça présentement. Les avis sont émis, les
gens sont rencontrés par les services de ressources humaines, donc il y a
beaucoup d'incertitude. Puis c'est
normal, Quand on brasse les structures, bien, des structures, vous savez...
Quand on dit qu'on brasse une
structure, là, c'est rare qu'on va brasser le mur de l'hôpital, hein? On brasse
les structures, ça veut dire : On brasse
les gens qui y vivent à l'intérieur. Donc c'est des humains, c'est des
professionnels qui travaillent, qui ont choisi une région pour
pratiquer. Souvent, c'est leur région natale. Dans d'autres cas, c'est leur
région d'adoption. Et ces professionnels-là
de la santé vivent un certain... je dirais, un certain stress parce que ça
bouge, ça bouge beaucoup. Certains ont
reçu des avis à l'effet qu'ils doivent quitter la région. Bon, perdre des
effectifs professionnels, ce n'est jamais intéressant, mais perdre un
service ou diminuer un service qui était requis, c'est encore plus grave
d'impact pour la population.
Donc,
je vous dirais que, dans les régions, le projet de loi n° 10 et le projet
de loi n° 20, ce sont des projets de loi qui ont des impacts réels, qui sont tangibles. On sent les impacts de
ces deux projets de loi là. Et, comme d'autres l'ont mentionné lors de
leur prise de parole aujourd'hui, je crois que les objectifs sont très
louables. C'est dans la façon de mettre en
branle ces deux projets de loi là qu'on peut questionner et qu'on peut, je
pense, là, du côté du Parti québécois... C'est sûr que l'opposition officielle, nous allons être contre le projet
de loi n° 20 parce qu'on croit que ce projet de loi là aurait
pu être travaillé davantage, aurait pu être adapté davantage aux particularités
des régions. Puis c'est un discours que
je porte souvent, hein? Le mur-à-mur, ça ne dessert généralement pas très bien les
régions. Souvent, les projets de loi, les
dispositions réglementaires sont prises en fonction d'une moyenne, en fonction
d'un modèle, et ce modèle-là est souvent le modèle qu'on retrouve dans
les grands centres et non pas dans les régions.
On
ne peut pas faire du mur-à-mur partout, j'en conviens, mais je crois qu'on doit
absolument faire l'effort de tenter d'adapter nos interventions, nos mesures gouvernementales surtout
quand ça touche des domaines aussi importants que la santé. Vous savez, la santé, c'est une condition de base au
développement, hein? Moi, je le dis depuis longtemps. Pour faire du développement en région, pour
continuer à occuper un territoire, il y a des conditions de base essentielles,
ce sont les transports, ce sont la santé, ce
sont l'éducation, et, quand ces conditions de base là ne sont pas réunies sur
un territoire, bien tu aurais beau,
comme intervenant économique, comme élu municipal, de tenter de développer ton
coin de pays, mais c'est extrêmement difficile.
Donc, le temps est pratiquement
écoulé. Je vous remercie, M. le
Président. Puis ça m'a fait plaisir
d'intervenir sur ce projet de loi là extrêmement important.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Gaspé, pour cette
intervention. Je cède la parole Mme la députée de Duplessis pour son
intervention. Mme la députée.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le Président. M. le
Président, on a appris récemment
que le ministre de la Santé regarde
le scénario suivant : il pourrait adopter le projet de loi n° 20, mais qu'il prendrait effet peut-être
dans deux ou trois ans, car celui-ci serait présentement en négociation,
en discussion. Disons qu'il a établi les ponts avec la FMOQ. Mme la Présidente, j'aurais aimé qu'avant que le ministre dépose le projet de loi il aurait ouvert
le dialogue avec la FMOQ. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Le ministre
fonctionne à l'envers. Il improvise une réforme majeure en santé qui aurait dû se faire, franchement, avec beaucoup
plus de sérieux. Le ministre fonctionne à la menace puis en plus, Mme la Présidente, il instrumentalise l'Assemblée
nationale en la faisant travailler sur une loi qu'il prévoit à l'avance ne pas
promulguer. C'est spécial, très spécial. Moi, je pense que, dans ma vie de
parlementaire, je n'ai pas encore vu ça...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader adjoint.
M.
Ouimet (Fabre) :
Je m'excuse. Je suis obligé de vous demander d'indiquer à notre collègue de ne
pas imputer des motifs au ministre.
Quand on parle d'instrumentaliser l'Assemblée
nationale, je pense qu'il y a lieu de
rappeler notre collègue à l'ordre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Vous êtes une députée d'expérience, alors je vous invite
à la prudence.
Mme Richard : Je vais être très prudente, Mme
la Présidente, parce que vous savez
que le temps à l'Assemblée nationale...
nous sommes régis en fonction du temps, et je ne voudrais pas que mes
collègues, que j'apprécie, du gouvernement se lèvent à toutes les fois
que je dis quelques mots. Donc, on va continuer. Moi, je suis vraiment à me questionner pourquoi le ministre de la Santé n'a pas consulté la FMOQ puis... à discuter des propositions avant de
déposer son projet de loi, Mme la Présidente.
En plus, le ministre
de la Santé, il nous est arrivé avec un projet de loi jumelant deux sujets extrêmement
importants mais qui n'ont rien à voir l'un
avec l'autre. La loi favorisant l'accès aux médecins de famille et de médecine
spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, deux choses
complètement différentes. Mme la
Présidente, ça n'a vraiment rien à
voir. On nous demande de voter sur le principe de projet de loi alors qu'il y a deux principes dans le projet de loi n° 20,
deux, Mme la Présidente. Le ministre a amalgamé deux sujets qui doivent être traités indépendamment les uns
des autres. D'un côté, il dit qu'il va augmenter l'accessibilité pour les
patients, avoir un médecin de famille,
l'accessibilité; de l'autre, on limite l'accès pour la procréation assistée.
C'est assez particulier également — je fais attention à mes mots — c'est
assez particulier.
• (16 h 30) •
L'opposition
a demandé que le projet de loi
n° 20 soit scindé en deux, ce
qui aurait été, Mme la Présidente, somme toute,
très logique. Une motion a même été déposée ici à cet effet. Nous en avons débattu.
Résultat : le gouvernement
libéral majoritaire n'a rien voulu savoir, ce fut une fin de non-recevoir.
Or,
Mme la Présidente, écoutez bien ceci — et
chers amis également. Or, dans un discours, qui a dit : «...vous
me permettrez, dans mon allocution, [...]de
séparer les deux dossiers ou, si vous
voulez, les deux aspects du projet de loi pour des raisons de clarté»? Est-ce quelqu'un
de l'opposition, de la deuxième opposition? Eh bien, non, Mme la Présidente, c'est le ministre de la Santé et des Services sociaux dans
son discours sur l'adoption du principe. Trouvez l'erreur, Mme la
Présidente, trouvez l'erreur.
Mme
la Présidente, en ce qui concerne la question de la procréation assistée, moi, ce qui m'a particulièrement choquée dans ça, c'est que, pour les femmes âgées de 42 ans en
bonne santé, elles n'auront même pas le droit, même si elles paient. On ne
dit pas, là : Donnez-le gratuitement. Même si elles répondent à tous
les critères au niveau médical,
bonne condition physique, en santé, même si elles paient sans discriminer, on
va mettre ça même illégal.
Par ailleurs, on
instaure un crédit d'impôt limité pour la fécondation in vitro, le couple
ne doit avoir aucun enfant pour en
bénéficier. Vous savez, Mme la Présidente, dans la vie d'aujourd'hui, hein,
c'est des familles reconstituées, des
fois il y a des décès, des fois c'est des divorces. On rencontre quelqu'un en
cours de vie, on n'avait pas pensé à fonder une famille puis, bon. Là,
là, si vous avez un enfant issu d'une union précédente ou actuelle, vous ne
pourrez pas en bénéficier. Bel effort, Mme
la Présidente, de la part du ministre pour aider les familles, bel effort! Vous
avez bien entendu : Si un des
deux conjoints a déjà eu un enfant avec un autre conjoint, il est
automatiquement exclu. Ce critère vient donc éliminer un grand nombre de
personnes.
De
plus, Mme la Présidente, le crédit d'impôt ne couvrira qu'une partie des
traitements, soit environ 20 % à 80 %. Ça laisse quand même
une facture extrêmement salée aux futurs parents. L'impact direct de ce projet
de loi sera vraisemblablement de limiter l'accessibilité aux couples infertiles
et à bas revenus. C'est ça, l'impact direct, Mme la Présidente, parce qu'il
faut savoir que ça doit coûter entre 10 000 $ et 15 000 $.
D'autre
part, le ministre de la Santé nous dit que le projet de loi viendra
définitivement régler le problème qui perdure
depuis trop longtemps, l'accès à un médecin de famille pour les Québécois et
les Québécoises. Y a-tu quelqu'un qui
est contre ça ici? Personne. Existe-t-il vraiment un problème au niveau de
l'accessibilité? La réponse, c'est oui, Mme la Présidente. C'est
d'ailleurs le seul point sur lequel on s'entend tous. Est-ce que le ministre va
régler le problème de l'accessibilité pour
avoir un médecin de famille avec le projet de loi n° 20? La réponse,
c'est non, non en majuscules.
C'est
d'ailleurs ce que la très grande majorité, Mme la Présidente, des gens qui ont
été entendus en commission parlementaire sont venus nous dire, j'étais
présente lors des travaux de la commission. Puis vous savez quoi, Mme la Présidente? Les premières personnes qui sont
venues nous le dire, c'est les médecins eux-mêmes. Difficile de faire une
réforme en profondeur quand vous n'avez pas
les principaux intéressés avec vous, hein, extrêmement difficile, extrêmement
difficile. Mais, le ministre, son plan de match était déjà établi.
Le ministre a
imposé aussi sa façon de faire les choses de la même façon avec le projet de
loi n° 10, c'est-à-dire sans consulter le milieu. Il a travaillé en
vase clos. Le projet de loi n° 20 se fait, en tout cas jusqu'à
présent, sans réelle collaboration de
la part des professionnels du réseau, qui pourtant sont les premiers concernés,
donc qui doivent avoir des solutions
à proposer. Moi, j'en ai entendu lors des travaux, ils disaient : On est
ouverts, on aurait des solutions, on veut discuter avec vous.
Avec ce
projet de loi, le ministre va imposer à chaque médecin la prise en charge d'un
nombre minimal de patients, établir des paramètres stricts, les incitant
ainsi à voir leurs patients sous peine de sanctions pécuniaires. Le ministre laisse croire que ça va améliorer l'accessibilité.
Il n'y a aucune garantie, Mme la Présidente, que l'accessibilité va être
améliorée, aucun bénéfice pour les patients. C'est un projet de loi, je vous
dirais, essentiellement, Mme la Présidente, mathématique.
On parle de quota minimum, on comptabilise chaque patient. Puis il va y avoir
une pondération. Un patient va valoir
entre zéro et huit, 25, ça, c'est selon le degré de soins qu'il a besoin. Cette
pondération, elle peut se faire de
façon arbitraire, Mme la Présidente. C'est dangereux, ça.
Je vous donne un exemple pour bien illustrer le ridicule
de la chose. Quand un médecin va voir un patient entrer dans son bureau, il va lui attribuer une valeur : Lui,
c'est-u huit, c'est-u 25, c'est-u quatre, trois? Parce qu'ils ne les connaissent pas tous intimement, hein, des fois
vous venez d'avoir un nouveau médecin, là. Bien là, il va commencer à calculer ce que vous valez avant de vous avoir dit
bonjour. Puis un patient en soins
palliatifs, ça va valoir
25 points. Soins palliatifs,
25 points, ça équivaut à 25 patients, 25 patients, on va dire,
pas trop malades, pas trop malades. Puis, lorsque le patient décède, le
médecin va devoir vite trouver un autre patient de la même valeur en soins palliatifs pour ne pas que son quota diminue. Autrement dit, il va devoir
trouver, à un moment donné, 32 patients dits normaux, parce que
ceux-là, ils vont valoir juste 0,8, un patient normal, ça vaut 0,8.
Je n'ai pas
travaillé dans le milieu de la santé comme notre ministre actuel de la Santé,
mais on apprenait quelque chose à
l'époque, puis je pense qu'ils doivent encore l'enseigner aujourd'hui dans les facultés de médecine : Le patient, là, vous ne travaillez pas avec des machines, vous
travaillez avec des humains. Ce n'est pas des numéros. Puis, la grande
majorité des médecins, je suis convaincue qu'ils pensent comme moi, Mme la
Présidente.
Vous savez,
une personne qui rentre dans votre bureau, qu'elle peut avoir mal au ventre,
mal à la tête, souvent elle vit du
stress, elle est inquiète. Ce qu'elle veut entendre d'un médecin, c'est qu'il
l'écoute, qu'il la rassure. Qu'est-ce
qu'on faisait auparavant? On mettait notre vie entre les mains d'un
médecin, on avait confiance en lui. Qu'est-ce
qui se passe aujourd'hui? Ce n'est pas juste l'accès, là. Qu'est-ce qui se passe? Le système est un
petit peu déshumanisé. Là, on se dit : Tel médecin, il m'a-tu dit les
vraies choses? Je devrais peut-être aller en consulter un autre. Parce que,
s'il est trop vite, le médecin, là — je
parle du médecin de famille, l'omni — puis
qu'il ne prend pas le temps, puis que je lui dis : Je pense que je devrais peut-être passer un examen,
puis il me dit : Bien, je pense
que je vais te donner des Tylenol, là, je pense qu'on a un problème. Ça fait
que, s'il a encore moins de temps, là, je pense qu'on va avoir pas mal de
Tylenol sur le marché.
Mais le ministre, il s'inquiétait du Ritalin, à
un moment donné il va s'inquiéter des Tylenol, il n'aura plus de temps... ou il va s'inquiéter des coûts
astronomiques qui vont monter, parce que le médecin, il va avoir tellement peur
que moi, je me retrouve à l'urgence ou que
j'aille en voir un autre, parce que, là, il va avoir une pénalité, une
sanction, bien, ils vont me prescrire full d'examens, parce qu'il va
dire : Moi, je ne veux pas la perdre. Woupelaïe! Aïe, en cinq minutes, 10, 15, tu as à peine le temps de
mettre une jaquette, ça, c'est si tu as mal au dos, puis qu'il faut qu'il
t'examine, puis qu'il te compte toutes les côtes. Hou! Ça va être le
fun! C'est triste, Mme la Présidente, c'est triste.
J'ai travaillé, moi, 25 ans, là, peut-être,
les plus petits centres de santé au Québec, je me dis des fois : On est rendus où? On est rendus où? Je ne sais pas, tout
le monde se fout de tout, tout le monde se balance de tout, puis le ministre,
c'est : l'accès, l'accès, l'accès. Il n'y a pas juste l'accès, M. le
ministre, il n'y a pas juste l'accès.
Savez-vous
quoi, Mme la Présidente? C'est sûr... La Régie de l'assurance maladie du
Québec, y a-tu quelqu'un qui pensait
qu'elle est venue en commission parlementaire puis qu'elle a dit au
ministre : Bien, non, on n'est pas capable, M. le ministre, de mettre ça en fonction? Bien, voyons donc! Non. Elle
nous a dit : Ça peut se faire. Mais pensez un peu à tout le temps, les efforts, la bureaucratie
additionnels que ça va demander à la RAMQ, parce qu'il faut qu'ils s'assurent
que tous les médecins remplissent toutes les exigences que va lui imposer le
projet de loi n° 20.
Mme la
Présidente, on aurait pu commencer par des choses très simples, très simples.
Ça fait un an, là, un an et à peu près un mois, là, bientôt, que le
gouvernement libéral est au pouvoir. Il aurait fallu favoriser
l'interdisciplinarité. Ça veut dire
travailler avec les professionnels, les infirmières, les inhalothérapeutes,
travailleurs sociaux. C'est ça. Pas entendu le ministre beaucoup parler de ça, moi. Il aurait fallu des programmes
de prévention en santé publique. Je ne me trompe pas en disant qu'on a coupé dans la santé publique. Il
aurait fallu prendre un véritable, un véritable virage sur les soins à domicile. Je ne pense pas en avoir entendu parler
non plus. Il aurait fallu ouvrir des cliniques les soirs, les fins de semaine.
Pas beaucoup entendu le ministre là-dessus.
• (16 h 40) •
Puis je pense que je vais laisser un
petit peu aller mes feuilles, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps puis j'en ai pas mal à dire.
Vous
savez, Mme la Présidente, quand c'est rendu que des personnes âgées en
soins de longue durée — et j'ai
été estomaquée, choquée — paient
au noir pour avoir droit à un bain ou deux par semaine... J'ai entendu la
ministre déléguée aux Services sociaux puis le ministre qui ont dit :
Bien, ça peut se faire. La ministre, je pense qu'elle était rendue sur des chèques d'emploi-services. Et je me
disais en moi-même : On est à la période des questions, tu ne peux pas intervenir, calme-toi le pompon. Dans quelle
société que nous sommes rendus aujourd'hui? On paie au noir pour avoir des bains chez nos personnes âgées. J'ai-tu
entendu le ministre — puis je
vais bien peser mes mots, parce que je suis de ce côté-ci, mais j'observe beaucoup à la période des questions — se lever, puis assumer ses fonctions de
ministre de la Santé, puis dire : Ça n'a pas de... — parce
que lui aussi, il a un caractère bouillant, puis tout ça, des fois, dans son comportement, dans ses paroles — dire : Ça n'a pas de foutu bon sens, ce
qui se passe; moi, je vais mettre ordre à ça, ce n'est pas vrai qu'on va endurer des personnes âgées payer au noir pour
avoir des bains? Avez-vous entendu ça, vous? Je n'ai pas entendu ça, moi, pas entendu ça, passe ça sous le tapis.
Non, non, quota, maintien, accessibilité, on a réglé tout ça, c'est beau. Bravo, bravo, bravo! Un peu la
même chose avec le projet de loi n° 10 : Tracassez-vous pas avec ça,
tout va bien aller. C'est vraiment...
Une société, Mme la
Présidente, qui ne s'occupe pas de ses aînés puis ses enfants, savez-vous quoi,
je pense qu'elle ne va pas nulle part. Je pense qu'elle ne va pas nulle part.
Les personnes âgées, c'est des personnes souvent vulnérables, surtout quand elles viennent des côtés urbains. Elles
n'ont, des fois, pas de famille ou les familles sont dans d'autres
endroits, elles sont tout seules. On a vu, au cours des dernières années, ce
qui se passait à certains endroits. Comme on
dit, les cheveux nous dressent sur la tête, hein? On le dénonce une fois de
temps en temps ici, à la période des questions.
Ça fait la une si un média veut bien le prendre, parce qu'il n'y a pas d'autre
chose. Après ça, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on agit vraiment pour
ces personnes-là? La réponse, c'est non, Mme la Présidente.
Depuis
que le ministre est en poste, on a parlé de structures, toucher à des
structures, le projet de loi n° 10, l'accès aux médecins de famille. Est-ce qu'on a vraiment parlé de ce qu'est
l'essence même des soins puis de la médecine : le patient, le côté humain? Non. Les médias ne nous
suivent même plus. On est rendus tellement, là... le système de santé, là, qu'il n'y a plus personne... ça ne leur fait
plus rien. Il n'y a plus personne qui va dénoncer quoi que ce soit. Est-ce que
ça va mieux dans les urgences, Mme la
Présidente? Non, non, ça ne va pas mieux. Ça ne va pas mieux. Ça va-tu mieux
au niveau des spécialistes, l'attente pour avoir un spécialiste, pour voir un
spécialiste?
Puis,
fait étonnant, Mme la Présidente, j'ai été vraiment très étonnée quand j'ai
appris qu'au Québec on avait plus de
spécialistes qu'on avait de médecins généralistes, d'omnis. J'ai été très
étonnée. On en a plus. Le ministre, il est un spécialiste dans sa vie antérieure. Je peux vous dire, il m'a déjà
confrontée en disant : Ce n'est pas tout à fait vrai, non, non,
non. Il viendra vivre en région un petit peu, je vais lui montrer comment ça
prend de temps à voir un spécialiste, puis
il y a des fois que vous n'en avez même pas. Je pourrais vous raconter une
histoire de quelqu'un qui s'est même essayé au privé, puis c'est deux
ans d'attente.
D'autres
choses. On investit-u en soins de longue durée? Non. On investit-u en soins à
domicile? Non. Traitements d'oncologie,
les patients qui doivent se déplacer en région... On a des problèmes au niveau
de la santé, mais ça ne fatigue plus
personne. Ça ne fatigue plus personne puis même pas le ministre lui-même.
Méchant problème. Qu'est-ce qui se passe, Mme la Présidente, quand on est dans un contexte budgétaire difficile,
qu'on a donné une très grosse part de l'enveloppe dont on dispose dans notre ministère en salaires?
Il ne reste pas grand-chose pour les autres salariés parce que ces salaires-là,
ils sont allés, hein, chez les spécialistes.
Je
vous l'ai dit, j'ai travaillé, moi, 25 ans, le plus petit centre de santé
au Québec. J'ai fait de soir, de nuit, de jour. Dans ce temps-là, il y
avait des opérations, il y avait de... ils faisaient de la chirurgie, il y
avait des... on faisait de la périnatalité,
etc. Il ne reste plus grand-chose. Rassurez-vous, M. le ministre, vous ne
pourrez plus couper, il ne reste pas grand-chose.
Je parlais avec des gens, je connais encore des gens qui travaillent, ils font
un travail remarquable au quotidien : Moins de préposés, moins d'infirmières, moins de personnel, plus de
patients souvent qui arrivent que c'est plus compliqué, qui demeurent
plus longtemps à l'hôpital.
Est-ce
qu'on a parlé des conditions de travail? Moi, je n'ai pas entendu le ministre
dire qu'il voulait améliorer les conditions
de travail des infirmières, des
préposés puis que, lui, sa véritable préoccupation, c'était le patient. Il le dit une fois de
temps en temps. Il veut nous donner
un médecin de famille. Je veux bien, Mme
la Présidente. J'en ai une, c'est
une femme, mon médecin de famille. Je ne
sais pas comment il va comptabiliser ça, là. Moi, j'essaie d'avoir des rendez-vous, vous savez que notre horaire
de fou, ici, ne fonctionne pas tout
le temps. J'ai gardé mon médecin à
Havre-Saint-Pierre parce qu'à
Sept-îles pas sûre que j'en aurais eu une ou un. Ça va-tu me permettre d'avoir des examens plus rapidement? Non.
J'ai essayé de
ratisser large, Mme la Présidente, hein, oui, très large, très large, parce que
j'aurais aimé que le ministre ratisse aussi large. Dans un an... Puis ça fait
des années qu'il veut être ministre, là, on sait ça, hein? Il a passé de... hein? Vous savez ça bien un petit peu comme moi. De toute façon, dans les médias, on connaît sa fougue, on connaît
qu'il voulait le pouvoir, il voulait
être ministre, mais pas de n'importe quoi, là, Santé. Je me
suis dit : C'est tout un personnage, je le respecte. Il va sûrement faire quelque
chose avec toute la fougue puis, bon...
Puis il a changé de parti puis d'idée. Il n'a pas de conviction, c'est
son problème, il va s'occuper de la santé. Je dois vous dire qu'après un an je
verrai, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Duplessis. Maintenant, je
suis prête à reconnaître le prochain intervenant et je cède la parole à M. le
député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, Mme la Présidente. Donc, je prends la parole aujourd'hui pour
parler du projet de loi n° 20, la Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et
modifiant diverses dispositions législatives
en matière de procréation assistée.
On sait qu'il y a eu une motion de scission. Le titre, déjà là
on l'a vu, il y a deux volets. Moi, je reconnais là-dedans
le volet rémunération des médecins en fonction d'une prise en
charge de patients et un autre volet de fécondation in vitro et procréation assistée.
Mais ça, je ne reviendrai pas là-dessus, parce que la motion, elle a été
refusée, Mme la Présidente.
Moi,
j'ai des gens qui sont venus nous rencontrer dans mon bureau de comté pour me
parler du projet de loi n° 20, des
couples, Mme la Présidente. Ils nous ont dit : Pourquoi vous nous avez
abandonnés?, en parlant du gouvernement. Ils nous ont dit : On voit là-dedans... simplement, le
gouvernement, il voit un intérêt financier, il ne pense pas à nous. Les citoyens qui sont venus me voir, on s'entend, ils
venaient me voir pour la procréation assistée. Je pourrais vous parler
du premier volet, mais on va aller tout de suite dans la procréation assistée.
C'est
sûr que, comme le député de La Peltrie l'a dit, l'infertilité, c'est une
maladie, puis on commence à avoir une
ligne mince quand on dit : Bien, cette maladie-là, tu vas le prendre sur
tes impôts en fonction de tes revenus, on ne remboursera plus avec la carte soleil. C'est simple, grosso modo. Mais,
alors que des gens, là, tout à fait normaux, qui n'ont pas le problème
de... ils n'ont pas une maladie d'infertilité, eux autres, je vais revenir
là-dessus, là... Pourquoi est-ce que moi, je
pourrais avoir accès à une vasectomie, 35 ans, père de famille, un enfant,
pleine santé, pourquoi j'aurais accès,
alors que quelqu'un qui veut avoir des enfants, lui, il se fait dire :
Maintenant, vous allez devoir débourser? Ça, c'est une partie pour laquelle j'ai beaucoup de difficultés avec, Mme la
Présidente. Ça fait juste, comment je peux vous dire ça... C'est quand tu commences à dire : Pour les fécondations
in vitro, pour les soins de santé, remboursés sur les impôts. Je ne vois pas le bout où c'est qu'on va
arrêter. C'est le premier, le un de, et combien d'itérations supplémentaires
va-t-il y avoir, Mme la Présidente? Ça, c'est le premier point.
• (16 h 50) •
L'autre
point, c'est concernant l'accès des services de médecine de famille et de
médecine spécialisée. On veut donner
plus d'accès de première ligne, mais il faut comprendre que, dans le sud de Lanaudière,
il y a l'Hôpital Pierre-Le Gardeur, à
cet hôpital-là, on a une des plus fortes croissances démographiques au Québec,
O.K.? L'hôpital, présentement, elle
dessert 300 000 personnes et plus, mais, juste pour vous dire, à cet
hôpital-là, c'est un des hôpitaux qui a les plus longs délais d'attente à l'urgence, O.K.? Ça fait que,
quand on dit : On veut donner plus d'accès aux patients, je le comprends,
mais il y a des moyens d'y arriver, Mme la Présidente.
À
notre hôpital, à Pierre-Le Gardeur, là, selon les données les plus récentes, de 2013-2014,
c'est 25 h 32 min de délai
d'attente, alors que la moyenne provinciale est de 16 h 43 min.
Notre 25 heures, là, il est de loin supérieur aux autres régions. On me dit que, juste à notre hôpital,
il faudrait qu'il y ait
30 médecins supplémentaires pour juste revenir à la moyenne provinciale. Présentement, il y a combien
de médecins qui travaillent à l'urgence à l'Hôpital Pierre-Le Gardeur?
C'est 30 médecins, Mme la Présidente.
Je
vais vous donner pourquoi que le projet de loi n° 20, d'un point de
vue complètement médical de l'urgence de l'Hôpital Pierre-Le Gardeur... pourquoi que ça ne fait pas de sens,
O.K.? Juste pour vous dire, là, quelques statistiques — moi, je suis un ingénieur, je n'ai jamais travaillé dans le domaine de la
santé, j'aime ça, les chiffres, je vais vous donner quelques chiffres — il y a entre 2 000 et
2 500 médecins qui pratiquent l'urgence au Québec. Ça, c'est selon
l'AMUQ, l'Association des médecins d'urgence du Québec. C'est quoi, la
médecine d'urgence du Québec? Bien, il y a seulement 5 % de ces médecins-là qui possèdent un diplôme de médecine
spécialisée délivré par Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, O.K., puis ça, ça prend une résidence
de cinq ans. Mais, au contraire, selon l'Association des médecins d'urgence
du Québec, 95 % des autres, là, c'est
des omnipraticiens. Ça, ça veut dire que c'est des médecins de famille qui ont
obtenu leurs diplômes auprès du
Collège des médecins de famille du Canada. Puis ces médecins de famille là, par
le projet de loi, O.K., ils vont...
ils sont atteints directement. Il y a 800 médecins urgentistes qui
travaillent à temps plein au Québec, puis 85 % d'entre eux sont des omnipraticiens; les autres,
c'est des médecins spécialisés. Ce que ça fait en sorte, là, quand on fait le projet de loi n° 20, là, c'est
qu'on est en train de dire à nos médecins de famille, là, de... ils vont devoir
faire des activités médicales, ils
vont devoir travailler à l'urgence. Puis nos 30 médecins qui sont spécialisés
présentement à l'urgence de Pierre-Le Gardeur, qui sont tous des
omnipraticiens, ils vont avoir des grandes contraintes, parce qu'ils font exclusivement de la pratique d'urgence, puis là on
va leur demander de faire autre chose, sinon ils vont être pénalisés. C'est
ça, le problème.
Écoutez, une dernière
statistique, là. C'est combien de consultations, le service d'urgence de
l'Hôpital Pierre-Le Gardeur? 64 000 consultations. Ça, ça veut dire
175 par jour, O.K.?
Puis,
nous, là, nos médecins, là, ils sont venus nous dire, là, c'est quoi, les
conséquences prévisibles du projet de loi n° 20.
Bien, depuis que le ministre de la Santé et des Services sociaux a présenté son
projet de loi n° 20, en novembre dernier, là, ils ont eu le temps de se regrouper puis de faire les pour
et les contre de ce projet de loi là. Bon, écoutez, eux, qu'est-ce que... C'est sûr, le gros contre, c'est
que, s'ils ne se conforment pas aux exigences, là, bien, il va falloir qu'ils
encaissent une pénalité financière, là, jusqu'à 30 %. Ça, en partant, là,
ils le dénoncent, parce qu'eux autres, ils sont spécialisés, ils ne font que de
l'urgence.
Mais
là ils ont dit : Comment qu'on pourrait réussir, là, à ne pas avoir cette
pénalité-là? Ça fait que, là, ils ont dit : Bien, on va essayer de faire 36 heures hebdomadaires
administratives, comme ça on va échapper à l'obligation de suivre des patients de médecine familiale. Ça fait que,
là... Mais ça, écoute, c'est irréaliste, là, de faire ça, là, ils sont bien
trop dédiés, là. Mais ils ont pensé à
d'autre chose, ils ont dit : Bon, on va faire une stratégie d'évitement.
Ça fait que, là, qu'est-ce qu'on peut
faire comme stratégie d'évitement? Bien, on peut partir dans le privé. On peut
quitter pour une autre province, on
peut s'en aller aux États-Unis. On peut prendre sa retraite. Ça, c'est des
options pour éviter de subir la perte financière, là.
Mais là, avant que tout le monde
prenne sa décision, là, de comment qu'il va vivre le projet de
loi n° 20, là... si jamais il est adopté tel qu'il est
présentement, Mme la Présidente, là, bien, c'est ça, ça fait que, là, ils ne
peuvent plus vraiment faire de temps
partiel. Là, les médecins qui disent : Bien, moi, là, j'ai donné de mon
temps, là, j'ai travaillé, là, pendant
huit ans le jour de l'An, le jour de Noël, six jours sur sept, là je suis rendu
à un stade, avec ma petite famille, où j'ai
le goût de faire un peu moins, j'ai le goût de... non, ils ne peuvent pas,
parce qu'il faut qu'ils suivent les 1 500 patients. Ça fait que, là, ça, ce que ça leur donne, c'est
qu'ils vont dire : Bien, écoute, stratégie d'évitement, on va aller dans
le privé, on va aller ailleurs ou on
prend notre retraite. Mais ce n'est pas le cas, là, il y en a, des médecins,
qui ne veulent pas prendre leur retraite, là. Ils sont bien trop
passionnés par qu'est-ce qu'ils font, là.
Vous
savez quoi? Parmi toutes les raisons que les médecins nous ont données, là, il
y en a une que je trouve très alarmante, là, puis c'est la dernière, là,
ils disent : «En définitive, l'application du projet de loi n° 20
dans un service d'urgence comme celui de l'Hôpital
Pierre-Le Gardeur aboutira à une augmentation des accidents médicaux et des morts évitables pour l'ensemble des raisons évoquées.»
Puis ils nous ont donné une série de raisons pourquoi que ce n'était pas
une bonne raison d'adopter le projet de loi n° 20 tel quel. Ils nous disent : «La
littérature scientifique médicale est éclairante à cet égard.
L'urgence a déjà été abondamment étudiée comme laboratoire d'accidentologie
médicale. Les facteurs identifiés comme
concourant à des erreurs et des décès évitables sont, par exemple : le défaut de formation, l'inexpérience, la charge de travail,
la sévérité des situations cliniques, la fatigue, le travail à temps partiel», O.K.?
Puis
là c'est ça qui est le cas ici, nos médecins qui travaillent
à l'urgence ne pourront plus faire de l'urgence à 100 %
parce qu'ils doivent... c'est des omnipraticiens, ce sont des médecins de
famille, ils doivent suivre des patients. Ça fait que qu'est-ce qui va arriver? Ils vont faire du temps partiel à
l'urgence. Qu'est-ce qui va arriver à l'urgence? Ça veut dire qu'il va y avoir d'autres médecins, qui
ne sont pas à l'urgence présentement, qui vont venir travailler à l'urgence.
C'est quoi, ça? C'est du temps partiel.
Qu'est-ce que ça donne? Ils pensent qu'il va y avoir des morts évitables. Ça
serait à considérer, Mme la Présidente.
Récemment, hier, il y
a un article qui a sorti dans Le Devoir, le 6 mai,par
Jessica Nadeau. Elle nous dit, là, qu'il y a
des cliniques privées qui ont vu, dans le projet de loi n° 20, une
occasion de recrutement. Ils ont même mis des annonces, là, comme : «Projet de loi n° 20? Joignez-vous à
notre équipe!» Ça, c'est ce qu'on a vu dans la publicité du MD-Plus,
O.K.? Bien, c'est un clin d'oeil, là, mais, écoutez, c'est quand même le cas,
là. Il semblerait, là, qu'ils ont trois fois
plus de demandes, les cliniques privées, qu'auparavant qu'on sorte le projet de
loi n° 20. Pourquoi qu'on a plus de
demandes? Bien, nos médecins, là, de l'urgence de Pierre-Le Gardeur, ils nous
l'ont dit : C'est une stratégie d'évitement.
Si
j'étais dans leur situation, si on me disait : Tu ne peux pas être
passionné puis travailler à l'urgence à 100 % parce que tu dois faire de la prise en charge de
patients, parce que tu es un omnipraticien, donc là je vais couper de 30 %
sur ton salaire... mais c'est sûr
qu'ils vont dire : Bien, qu'est-ce que je fais, là, si je veux continuer,
là, je change de province, je change
de pays, je prends ma retraite ou je vais dans le privé? C'est ça qui s'offre à
eux. Puis on l'a dit, il y a une autre option : ils pourraient
faire 36 heures administratif, mais là c'est inconcevable, ce n'est pas à
retenir.
Notre ministre de la
Santé et des Services sociaux, il l'a dit à maintes reprises qu'il était ouvert
à considérer d'autres options si on lui
proposait des solutions qui donnent des garanties de résultat. Le ministre, son
seul but, puis il l'a répété assez souvent,
là, c'est qu'il veut améliorer l'accès aux soins de santé pour la population,
O.K., particulièrement en première ligne. Mais, les gens, quand ils
viennent me voir dans mon bureau de comté, ce qu'ils me disent, ils me disent : Non, le projet de loi
n° 20, c'est pour des mesures financières. Ça fait que moi, j'écoute les
gens qui viennent me voir puis j'écoute le
ministre. Le ministre, il dit que, si on propose d'autres solutions, il est
ouvert. Bien, nous autres, là, à la
Coalition avenir Québec, on en a fait, des propositions. Je pourrais les
répéter, là, on en a quelques-unes. On n'est pas les seuls, il y a eu des consultations sur ce projet de loi là, il y
a eu une multitude de propositions. Les propositions sont déjà sur la table. Si le ministre, il veut
faire des amendements, il les a en main en ce moment, il est en mesure de faire
des amendements à son propre projet de loi.
• (17 heures) •
Même
nous autres... Moi, je l'ai dit, là, mais je le répète encore, là, parce que ce
n'est pas vrai, O.K., ce n'est pas... De
la manière que le ministre s'y prend pour augmenter la prise en charge des
patients, ce n'est pas la bonne, O.K., il y a d'autres façons de faire,
M. le ministre. Puis, M. le ministre, je sais qu'il m'écoute, là, présentement,
là, puis on est préoccupés. Si je prends la
parole aujourd'hui, c'est parce que je suis préoccupé par l'avenir, le
jour 1 suite à l'adoption du
projet de loi n° 20. Moi, ce que je pense, là, c'est qu'il va y avoir de
nombreuses conséquences, O.K., puis elles vont être majeures, puis ça va
être des effets, là, pervers qui risquent d'amplifier certains problèmes puis
d'en ajouter des nouveaux. C'est comme si
toute la vue d'ensemble n'avait pas été prise avant de proposer le projet de
loi n° 20. Les accès aux soins, ils vont être réduits. Puis ce n'est pas
juste moi qui le dis, là, c'est les médecins de l'urgence de l'Hôpital Pierre-Le Gardeur, ils disent la même chose, là.
Il va y avoir de la bureaucratie plus lourde et complexe. Ça, ça fait quoi,
ça? C'est des ressources humaines
supplémentaires puis financières qui vont être ajoutées pour traiter le projet de loi n° 20.
C'est quoi, ça, des ressources financières
et humaines? C'est des fonctionnaires, Mme
la Présidente. Puis qu'est-ce qui
est dommage, là, c'est que les jeunes
médecins, là, eux autres, ils peuvent délaisser la pratique de la médecine ou
carrément quitter la province du Québec.
Écoutez,
si je reviens... Pourquoi qu'on ne pourrait pas revoir la rémunération des
médecins afin qu'une partie importante
de celle-ci soit liée à l'atteinte d'un nombre minimal de patients pris en
charge, O.K.? Ça, c'est une chose que M.
le ministre pourrait faire. C'est sûr
qu'une autre option, ça serait d'abolir progressivement les 100 bris de
services dans les hôpitaux et
les activités médicales particulières,
qu'on appelle les AMP. Il pourrait aussi changer la Loi sur l'assurance
maladie pour permettre aux omnipraticiens de déléguer certains de leurs actes à
du personnel paramédical. Ça, c'est majeur
comme proposition, là. C'est un des éléments les plus importants pour renforcer
la première ligne. Pourquoi penser seulement aux médecins, O.K.? Il y a
une façon de réorganiser le travail par de l'interdisciplinarité entre
différents professionnels, notamment du travail entre les médecins et les
infirmières.
Moi,
je pense que l'avenir de l'accès à une première ligne passe par cette
mesure-là, O.K.? Il faut qu'on établisse des corridors de services prioritaires entre les médecins de famille et
les médecins spécialistes pour les patients. C'est important. Il faut travailler de façon
multidisciplinaire, il ne faut pas travailler en silo. Il faut travailler en
parallèle, on le voit dans plusieurs domaines. Je pourrais vous dire... Bien,
j'en ai un en tête, là, en aéronautique. Avant, combien de temps ça prenait pour sortir un avion, quand on
travaillait par silo versus quand on a commencé à faire de la
multidisciplinarité? Le nombre
d'années est réduit de trois, Mme la Présidente. C'est trois fois moins long,
O.K., pour un projet. Donc, on peut faire la même chose en médecine. Ça
se fait dans d'autres domaines.
Il faut qu'on
favorise des ententes avec des cliniques spécialisées affiliées au réseau
public pour certaines chirurgies ambulatoires.
Je fais juste prendre l'exemple, là, de l'imagerie médicale. On le sait, là, au
Québec, là, il y a au-dessus de 80 000
demandes d'imagerie médicale, puis juste dans Lanaudière, là, nous autres,
c'est au-dessus de 4 000 personnes qui sont en attente pour avoir de l'imagerie médicale, puis ils ne parviennent
pas à avoir... C'est congestionné. Mais pourtant, de l'autre bord de la
rue de l'hôpital, qu'est-ce qu'il y a? Il y a une clinique privée qui fait de
l'imagerie médicale. Tu appelles à l'urgence, ils te rappellent dans six, huit
mois. Tu appelles à la clinique privée en face de la rue, tu as un rendez-vous le lendemain. Vous allez me
dire : C'est exagéré, c'est une image, là, mais c'est comme ça pareil. Je
veux dire, moi, là, à date, là, je
n'ai jamais réussi à avoir, quand j'avais besoin d'imagerie médicale, une
imagerie médicale à mon hôpital. Il a
fallu que j'aille dans le privé, Mme la Présidente. Est-ce que c'est normal,
ça? Non. Mais pourtant le ministre,
il l'a dit dans sa campagne électorale, il a dit : Je vais m'assurer que
les gens qui veulent avoir accès à de l'imagerie médicale puissent le
faire dans le privé et que ça soit remboursé. Est-ce qu'on voit ça dans le
projet de loi n° 20, Mme la Présidente?
Non. Ça, c'est des solutions, là, qui peuvent être implantées, mais... Il faut
que ça devienne la norme. Je veux
dire, on ne peut pas passer sous silence que le projet de loi n° 20 va
avoir un impact majeur. On ne serait pas là à en discuter aujourd'hui.
J'en ai parlé tout d'abord en entrée de jeu, là, de la procréation
assistée, bien c'est de ça que les
gens nous parlent. Les gens nous parlent de l'accès à leurs médecins de
famille aussi. Ils sont préoccupés par qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi n° 20. Écoutez, il faut qu'on poursuive le programme de procréation assistée. Il faut qu'on modifie le programme actuel, mais il ne
faut pas l'abolir de la manière que
le ministre le fait. Il
y a possibilité de modifier le programme de
procréation assistée sans l'abolir, sans l'envoyer... sans transférer
ça sur nos impôts. Mais on a des propositions pour ça, Mme la Présidente. Puis, dans le fond, il y a plusieurs choses qui sont faites, au niveau
de la procréation assistée, qui,
à mes yeux, ne font pas de sens, O.K.? Je ne
commencerai pas à en faire l'énumération aujourd'hui, mais je peux juste vous
dire que les propositions ont déjà été
faites par mon collègue député de Lévis. J'aimerais ça que le ministre les
entende, j'aimerais ça que le
ministre, là, quand qu'on arrive à l'étude détaillée article par article, là,
il puisse, là, reconnaître, là, qu'il y a des amendements à apporter
pour justement retirer la partie qui dit : On abolit le programme puis de
dire... d'apporter des amendements pour dire : Bien, on va mieux encadrer
la procréation assistée au Québec.
Mme la
Présidente, j'aurais séparé le projet de loi en deux; malheureusement
l'Assemblée nous a dit... l'Assemblée, on
a décidé que c'était impossible de le faire, que ça restait un seul projet. Je
ne reviens pas sur ce sujet-là, mais je reste quand même persuadé qu'on
aurait pu le séparer en deux, justement pour pouvoir traiter des choses
différentes dans deux projets de loi
différents. C'est dans un seul projet de loi. Moi, ce que j'ai... Ma crainte,
je vous le dis, c'est qu'on déjà eu
deux mesures d'exception depuis la présente législature en un an. On a eu une
mesure d'exception sur le projet de loi
n° 10; on a eu une autre mesure d'exception sur le projet de loi
n° 28. Je me demande bien qu'est-ce qu'il va arriver avec le projet de loi n° 20. J'espère qu'il
n'y aura pas une autre mesure d'exception. J'espère que le projet de loi
n° 20 va se rendre jusqu'au bout de l'étude article par article
justement pour le bien de toutes nos familles québécoises. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Alors,
toujours dans le cadre du débat sur l'adoption de principe du projet de
loi n° 20, je vais céder la parole à M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Merci,
Mme la Présidente. Alors, il y a le fond et il y a la forme, et on a un
problème avec le fond, puis on a un problème avec la forme de ce projet
de loi n° 20, Mme la Présidente.
Sur le fond
des choses, le ministre met sur pied un système de quotas qui va nécessairement
mener à la mise en place d'une
nouvelle bureaucratie parce que, vous savez, Mme la Présidente, le système de
quotas va être fondé sur un système
de pondération où on va donner une valeur aux patients. Alors, ça va être très
intéressant, Mme la Présidente, de voir comment la bureaucratie créée
par le ministre va s'y prendre pour donner une valeur aux patients.
Déjà son
système de quotas, Mme la Présidente, est remis en question par ceux et celles
qui travaillent en soins palliatifs.
Ils disent : Le système de quotas ne peut pas fonctionner dans ce cas-là,
compte tenu des soins justement que requièrent
ces personnes qui sont en fin de vie. Il a été établi également que le système
de quotas ne pouvait pas fonctionner pour
les avortements. Le ministre a bucké un peu, mais il a fini par comprendre que
ça ne fonctionnerait pas. Le système des quotas ne peut pas fonctionner
également pour les patients séropositifs. Il y a eu une sortie très remarquée
et très éloquente du Dr Réjean Thomas
là-dessus. Et moi, je soupçonne, Mme la Présidente, qu'il y a beaucoup d'autres
champs de pratique pour lesquels le
système de quotas ou la mise en place du système de quotas va être extrêmement
difficile.
Mais, chose
certaine, le ministre, à travers ce projet de loi là, se donne un pouvoir
arbitraire considérable. Il met en
place une bureaucratie dont on doute d'avance de sa capacité, je dirais, à
rencontrer les objectifs prévus par le projet de loi. On pose également la question des coûts, Mme la Présidente,
parce que, si le ministre veut effectivement que les médecins traitent
davantage de patients, bien, dans le système de paiement à l'acte que nous
avons actuellement au Québec,
si le médecin pose davantage d'actes médicaux dans une même journée,
logiquement, la facture pour le système devrait augmenter d'autant. Ça, le ministre n'en a jamais parlé, de ça,
Mme la Présidente, il n'a jamais parlé de ça, il n'a jamais questionné, de quelque façon que ce soit,
l'impact de sa réforme sur la rémunération des médecins et sur les coûts
qui s'y rattachent.
Évidemment,
Mme la Présidente, cette mise en place d'un système de quotas risque d'avoir
des effets pervers sur les activités
comme la recherche et l'enseignement. Il y a plusieurs témoignages en
commission parlementaire qui ont mis en lumière cette conséquence qu'aura
le projet de loi n° 20.
• (17 h 10) •
Évidemment,
on a parlé abondamment, Mme la Présidente, du deuxième volet du projet de loi,
qui concerne la procréation assistée.
Moi, j'ai été, Mme la Présidente... J'étais porte-parole pour le Parti
québécois lorsque l'actuel premier ministre
était ministre de la Santé. Puis il voulait, à ce moment-là, réglementer la
procréation assistée. Et j'avais travaillé avec le député... l'alors député de La Peltrie, n'est-ce pas? Et on
avait travaillé ensemble, Mme la Présidente, pour empêcher l'actuel premier ministre de réglementer la
procréation assistée parce qu'il refusait de dédommager, d'une certaine façon,
les patients qui allaient subir cette
réglementation, qui allaient devoir payer des coûts supplémentaires découlant
de cette réglementation-là. Alors,
finalement, on avait dit, à ce moment-là, au ministre de la Santé : Si tu
veux aller de l'avant avec une
réglementation comme celle-là, il va falloir que tu t'assures que les patients
puissent obtenir un accès à la procréation assistée et donc que ça devienne un acte couvert par la RAMQ, que ça
fasse partie du panier de services. Il n'en voulait pas; c'est essentiellement mort au feuilleton. Puis
finalement c'est Yves Bolduc qui a ramené le projet de loi, Mme la Présidente,
et qui l'a fait adopter alors que l'actuel premier ministre ne siégeait plus en
cette Chambre.
Évidemment,
il l'a sans doute fait un peu trop vite. Il avait prévu la mise en place de
balises qui n'ont jamais été mises en
place, ce qui a causé des dépassements de coûts. Mais ce qu'on fait avec le
projet de loi n° 20, Mme la Présidente, ce que l'actuel ministre de la Santé fait avec le projet de loi
n° 20, c'est détruire la procréation assistée ou le système qui a été mis en place pour fournir aux Québécois et aux
Québécoises un système ou un service
de procréation assistée qui doit être
amélioré... Et on est d'accord avec le Commissaire à la santé là-dessus, il y a
des améliorations à apporter, mais ce n'est pas une raison pour tout détruire, et c'est
précisément ce que fait l'actuel ministre
de la Santé. Il va limiter l'accessibilité aux couples infertiles à bas revenus. C'est très clair que ça va
devenir très difficile pour des couples à bas revenus d'avoir accès à la fécondation in vitro. Il s'immisce dans
le lit des Québécois en imposant une période de trois ans de relations
sexuelles avant de pouvoir avoir recours à
la FIV. Voulez-vous bien me dire, Mme
la Présidente, comment est-ce qu'il va faire respecter ça, le ministre?
On connaît la très haute opinion qu'il a de lui-même et sa très grande
soif de pouvoir, mais là comment
va-t-il... comment peut-il assurer le respect d'une réglementation comme celle-là? Jusqu'où va le pouvoir du ministre en
matière de relations sexuelles au Québec, Mme la Présidente? C'est impressionnant, c'est très ambitieux.
Ensuite de
ça, Mme la Présidente, il rend la FIV illégale après 42 ans, ce que la
plupart des groupes ont dénoncé en commission.
Ça aussi, c'est un... Il y a quelque
chose de très arbitraire encore une
fois là-dedans; c'est ce qui imprègne tout son projet de loi, et, j'oserais dire, Mme la
Présidente, c'est ce qui imprègne son
approche en matière de santé depuis qu'il est là. Et malheureusement, Mme la
Présidente, ce faisant, il balance
par-dessus bord les bénéfices très concrets qu'a générés la procréation assistée au Québec. Je vous rappelle, Mme la Présidente, puis ça, c'était un des arguments que le député... l'alors
députée de La Peltrie et moi-même avions fait valoir... On avait
dit : L'idée d'inclure la procréation assistée
dans le panier de services couverts par la RAMQ, c'est pour notamment diminuer
les grossesses multiples, et ça a très
bien fonctionné, Mme la Présidente. Le taux québécois de grossesses multiples
est de 6 à 7 %, c'est un des taux les plus faibles au monde, parce
qu'on sait qu'une grossesse multiple, ça génère des...
Mme la
Présidente, le ministre de la Santé est au téléphone. Je ne sais pas si c'est...
Je ne sais pas si... Il n'est pas au téléphone, mais il a l'oreille...
Une voix : ...
M.
Drainville : C'est
bien. C'est bien. Ça ressemble à un téléphone, puis il l'a collé sur son
oreille, mais ça doit être...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Ça va.
M.
Barrette : ...le député de Marie-Victorin me prête des intentions. Il
me prête des intentions. Je ne suis pas au téléphone, M. le Président. Si le député de Drainville ne comprend pas
qu'aujourd'hui les téléphones ont des capacités qui sont bien au-delà de
celles... Je pourrais personnaliser les capacités, mais je ne le ferai pas...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui. Ça va.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Ça va. Ça va. M. le ministre, c'est
sûr que ça pouvait porter... nous donner
l'impression que vous étiez au téléphone. Alors, c'est très bien, vous ne
l'étiez pas. Je vais demander à M. le député de Marie-Victorin de
poursuivre son intervention.
M. Drainville : Alors, Mme la Présidente, je ne
suis pas le député de Drainville; je suis le député de Marie-Victorin.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : C'est ce que j'ai dit.
M.
Drainville : Cela étant dit, Mme la Présidente, le ministre de la Santé sacrifie le système qui a été mis en place, le système
de procréation assistée qui a été mis en place par son prédécesseur, Yves
Bolduc, dans un gouvernement libéral, et
j'ai bien de la difficulté à comprendre l'actuelle passivité des députés
libéraux face à cette oeuvre de destruction massive que le ministre de
la Santé a...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, un instant. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Poëti : Moi, je pense que ce débat-là, ici, là, c'est très bien.
Mais, en même temps, on ne peut pas prêter des intentions à tous les membres en disant que cette
passivité de... Ce n'est pas le cas, et je pense que le député peut continuer
son débat, mais avec respect, et ne pas imputer des intentions à...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, M.
le député de Marie-Victorin, je vais vous inviter de poursuivre. Il vous reste un peu moins
de 10 minutes.
M.
Drainville : Mme la
Présidente, je ne prête aucune
intention, j'affirme des choses, j'affirme des faits. J'affirme des
faits, Mme la Présidente.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Poëti : J'ai tenté, d'une
façon respectueuse, de rappeler à l'ordre le député en lui disant qu'il a le
droit de s'exprimer. Mais de réitérer les mêmes propos sur lesquels je me suis
levé... Mme la Présidente, j'aimerais que vous l'avisiez et qu'il retire ses
paroles.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Bon. Alors, M. le ministre, je suis la présidente ici, alors je vais demander à
M. le député d'être un peu plus prudent et de poursuivre son intervention.
• (17 h 20) •
M.
Drainville : Merci,
Mme la Présidente. Alors, bref, on
sacrifie un programme qui n'était pas sans défaut, qui aurait pu être
amélioré, mais qui avait certainement des vertus, et le ministre de la Santé le
jette par la fenêtre, et malheureusement il y a des familles, et des femmes en particulier, qui vont payer pour ça et qui devront renoncer à avoir un enfant parce
que, justement, il y a
cette espèce de manque de sensibilité
et d'écoute de la part du ministre de la Santé qui fait en sorte qu'il
n'est même pas ouvert à des améliorations qui auraient permis de sauver
certains aspects de ce programme-là, et, malheureusement, il a décidé de ne pas
écouter.
Ce que le
projet de loi n° 20 ne contient pas, Mme la Présidente, c'est, je vous
dirais, l'essentiel : il ne contient pas de garantie qu'il y aura plus d'heures-médecins les soirs et les
fins de semaine. C'est pas mal là qu'il y a un problème d'accès, Mme la Présidente, hein? C'est drôle,
hein, le bébé, là, c'est bien rare que le bébé, il tombe malade entre 9 et 5.
Avez-vous remarqué ça, vous? C'est rare que
le bébé tombe malade entre 9 et 5, c'est très souvent la nuit, c'est très
souvent la nuit ou les fins de
semaine; c'est à ce moment-là qu'on a besoin d'un médecin. Et, malheureusement,
il n'y a rien dans ce projet de loi là, Mme la Présidente, qui nous
garantit qu'on aura accès à un médecin dans ces heures où c'est plus difficile d'avoir accès à un médecin. Il n'y a pas
vraiment de virages vers les soins à domicile qui sont présentés là-dedans.
Pourtant, tout le monde s'entend que c'est nécessaire.
Il n'y a
rien sur l'informatisation. Mme la
Présidente, quand j'étais porte-parole du Parti québécois en
matière de santé, je pense que c'est l'Association médicale canadienne qui avait sorti une étude qui démontrait que, si
les cabinets de médecins étaient
davantage informatisés, on pouvait faire un gain de productivité de plus
de 20 %. La capacité des médecins de traiter plus de patients pouvait être
assurée par une meilleure informatisation de leur bureau de médecin, de
leur cabinet.
Là-dessus,
c'est assez pathétique, Mme la Présidente. Moi, je me rappelle encore quand
l'actuel premier ministre était
ministre de la Santé puis il défendait le Dossier de santé du Québec, qui ne
devait pas dépasser 560 quelques millions puis qui devait être mis en
place à temps. Puis j'étais sorti avec une étude qui démontrait qu'il allait
défoncer l'échéancier puis qu'il
allait défoncer le budget. Puis il s'était présenté en point de presse en
disant : Non, non, non. Je vous garantis que tout va bien se passer,
puis le DSQ va être mis en place à temps à l'intérieur des budgets. Il le
savait, Mme la Présidente, à ce moment-là.
Il le savait, que l'échéancier n'allait pas être respecté puis que ça allait
coûter beaucoup plus cher que prévu.
Et c'est évidemment ce qui s'est passé, Mme la Présidente. Du grand cynisme, je
vais vous dire. C'était du grand
cynisme, Mme la Présidente, que de prétendre à ce moment-là que le DSQ allait
fonctionner, alors qu'on savait très
bien, et le ministre... le ministre de la Santé d'alors, actuel premier
ministre, savait très bien qu'on s'en allait dans un mur avec ça. Mais
il avait dit publiquement que tout allait bien.
Il n'y a rien
là-dedans, d'ailleurs, dans ce projet de loi n° 20, Mme la Présidente, sur
la nécessité de donner un plus grand
rôle aux infirmières. Moi, je suis allé à la clinique SABSA, là, dans le bas de
la ville de Québec, là. La clinique SABSA,
Mme la Présidente, c'est une clinique d'infirmières, infirmières praticiennes,
infirmières cliniciennes. SABSA, c'est services à bas seuil d'accessibilité. Du
début octobre au 1er février 2015 — c'est un exemple de statistique, mais
ça illustre très bien, la clinique SABSA — la clinique d'infirmières, a
vu 430 patients. Elle a fait 750 consultations. Neuf fois sur 10, le patient a été vu, traité, sans être référé à un
médecin ou a une urgence. Seulement une fois sur 10, il a fallu qu'il
voie un médecin. Mais neuf fois sur 10, il a été traité. La personne a été
traitée. Je l'ai vu, de mes yeux vu, Mme la
Présidente. Je suis retourné dans mes anciens habits de journaliste. J'ai même
tourné un reportage là-dessus. J'ai mis ça sur mon site Internet.
Les infirmières praticiennes,
Mme la Présidente, là, elles peuvent prendre en charge des problèmes de santé courante, prescrire et renouveler des médicaments,
peuvent s'occuper des infections comme une otite, vaginite, infection transmise sexuellement, gastroentérite, infection
urinaire, verrue simple. Elles peuvent s'occuper de traumatismes aigus mineurs. Elles peuvent s'occuper de santé mentale.
Elles peuvent faire le suivi de maladies chroniques stables comme le diabète, l'hypertension artérielle. Elles
peuvent prescrire des tests diagnostic, prises et analyses de sang, rayons X,
référer un patient à un médecin
spécialiste, faire de la promotion et de la prévention, faire du suivi de
grossesse jusqu'à 32 semaines, prescrire
des analyses de laboratoire, des échographies, faire du dépistage de diabète,
drainer un abcès, installer et enlever un stérilet.
Ça,
là, c'est ce que la loi prévoit pour les infirmières praticiennes, Mme la
Présidente. Savez-vous combien est-ce qu'on en a, d'infirmières praticiennes,
nous autres au Québec, en première ligne? On en a 173. Savez-vous combien
est-ce qu'ils en ont en Ontario?
1 934. Ils en ont 10 fois plus en Ontario qu'au Québec. Alors, si le
ministre, il veut vraiment favoriser
l'accès, là, aux soins de santé, là, plutôt que de déclarer la guerre aux
médecins, là, il devrait s'appuyer sur ce que les infirmières sont prêtes à offrir en matière de soins puis en
matière d'accès. Puis moi, je l'ai vu. Ça marche. Ça marche à la clinique, ici, dans le bas de la ville
de Québec. D'ailleurs, il pourrait s'y rendre puis aller voir comment ça
marche, peut-être que ça l'inspirerait. Mais
je peux vous dire une affaire, Mme la Présidente, les infirmières, elles sont
prêtes à en faire plus au Québec, notamment
les infirmières praticiennes. Puis ce que j'ai vu à la clinique SABSA, c'est
absolument extraordinaire. Puis là je ne
parle pas des pharmaciens et pharmaciennes non plus, parce qu'eux autres aussi,
ils sont prêts à en faire plus.
J'ai
commencé mon intervention, Mme la Présidente, en vous disant : «...il y a
le fond et il y a la forme.» Je vous ai
parlé du fond jusqu'au début. Mais la forme, je pense que c'est important de
parler de la forme juste avant qu'on se laisse.
Mme la Présidente,
moi, je connais pas mal de monde qui sont médecins, Mme la Présidente, on en
croise. Vous savez, on va à l'aréna parce
que l'enfant joue au hockey, ça fait que tu croises des médecins, puis tu vas
le long des lignes lors des games de soccer, puis tu rencontres des
médecins, puis tu as des amis médecins, puis tu as des anciens confrères et consoeurs médecins. Si vous saviez ce
qu'ils disent actuellement, comment qu'ils se sentent présentement, les médecins, là, Mme la Présidente, là... Ils se
sentent rabaissés, ils se sentent méprisés, ils se sentent piétinés, bulldozés...
aucun respect par l'actuel ministre de la Santé, et c'est constamment ce qui
revient dans les discussions quand tu parles à un médecin ces temps-ci,
Mme la Présidente. Pourquoi est-ce qu'il est obligé de faire sa réforme en
disant autant de méchancetés et en ayant cette attitude négative...
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est correct. C'est correct. C'est
correct. M. le député, je vais vous demander de conclure, mais soyez un
peu plus... Et je vais vous demander...
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, un instant. Oui. Puis le mot «méprisés» aussi. Je vais vous
demander...
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est correct. M. le député, je veux que vous retiriez le mot «méprisés».
M. Drainville :
...le retirer.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Il les a retirés.
M. Drainville : Son manque d'humanité, Mme la Présidente. D'ailleurs, c'est très
intéressant, il a fait une entrevue sur
la radio 93 ce midi avec Nathalie Normandeau, l'ancienne ministre libérale, et
elle a parlé, justement de son manque d'humanité. C'est elle qui l'a
dit, ce n'est pas moi qui l'a dit. Bon.
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député. M. le
député. Vous savez que vous ne pouvez
pas faire indirectement ce qu'il
n'est pas possible de faire directement.
Même si c'est les paroles de
quelqu'un d'autre, je vais vous demander d'être plus prudent pour la fin
de votre intervention.
M.
Drainville : Il pourrait arriver aux mêmes fins en respectant
les médecins, en engageant un dialogue avec eux, en montrant qu'ils sont importants à ses yeux, en s'assoyant avec eux,
puis en leur parlant, puis en les écoutant, puis en ayant du respect pour eux. Puis actuellement ils ont l'impression que c'est tout le contraire qui l'anime. Alors,
moi, ce que je dis, Mme la Présidente, il y a le fond, avec ce projet de loi là, qui n'est pas bon, puis je
pense qu'il a un problème d'attitude, puis il serait temps qu'il le
change, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Marie-Victorin. Est-ce qu'il y a un autre intervenant pour la poursuite du débat sur
l'adoption du principe du projet de
loi n° 20? M. le député de Berthier, la parole est à vous.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Bonjour,
Mme la Présidente. Bonne fin de journée à tous; les travaux se
terminent à 18 heures. Bonjour à tout le monde. Très heureux d'être ici aujourd'hui.
Mme la Présidente, je pense que je suis probablement le dernier intervenant dans ce... en tout cas, du
côté du Parti québécois
et je peux vous dire que je fais miens les propos qui ont pu être tenus ici par
l'ensemble des mes collègues. Je pense
que l'ensemble des angles ont pu être couverts ou à peu près,
Mme la Présidente. Il y a peut-être un angle où j'aimerais aller, un angle qui, pour ma part, me pose beaucoup
de questions, m'inquiète beaucoup, et je pense que l'ensemble des parlementaires ici devrait aussi se poser des
questions et être inquiet, et je parle du droit de parole dans cette Assemblée,
Mme la Présidente. Je parle de ce que les parlementaires ici, et tous partis
confondus, peuvent faire ici au Parlement : s'exprimer, s'exprimer
librement, le faire de façon tout à fait libre. Je fais référence entre autres
à l'étude des crédits, Mme la Présidente, que j'ai eue avec mon vis-à-vis,
donc, de Brome-Missisquoi, étude des crédits où, finalement,
je n'ai pas vraiment
eu de réponses à mes questions, et je pense que la deuxième opposition peut probablement faire le même constat. Très
peu de réponses. Et pourtant, et pourtant, vous savez qu'il y a
des gens qui se sont battus pour que le gouvernement devienne un gouvernement responsable et qu'il rende des comptes, finalement, à la population
d'abord, bien sûr, mais par le biais des parlementaires entre
autres. Et donc une étude des crédits, Mme la Présidente, pas du tout
concluante. Deux engagements
du ministre, un premier frivole, puis l'autre, c'était tellement
important que je ne m'en rappelle pas, donc,
c'est... pour tout vous dire, après des heures et des heures en commission
parlementaire.
L'autre
chose, Mme la Présidente, j'en ai parlé déjà, je veux le redire, c'est
important : réforme 2009, réforme que tous les parlementaires ici... certains étaient présents, une
réforme qui a été travaillée sérieusement par l'ensemble
des parlementaires, et on se rend compte, Mme la Présidente, que... Dans le fond, un des éléments de la réforme, c'était d'éviter d'avoir des projets de loi dans lequel on glissait plusieurs affaires — on
va le dire comme ça, je pense que c'est le très bon terme — plusieurs affaires dans un même projet
de loi, et c'est d'ailleurs
ce qu'on vit présentement avec le projet
de loi n° 20, où il y a
deux affaires dans un même projet de
loi, ce qui fait que l'esprit de la
réforme, Mme la Présidente, il n'est
pas respecté. Bon, d'accord, on respecte la lettre, mais l'esprit n'est pas
du tout respecté. Et je trouve ça malheureux, parce que ce sont quand même
les parlementaires qui ont fait ce travail-là tous ensemble,
et le gouvernement revient... en fait copie un peu — et
pour ne pas dire beaucoup, finalement — ce
qui se fait à Ottawa présentement, projet mammouth.
On l'a vu avec le projet de loi n° 28, Mme
la Présidente, le projet de loi n° 28... Et je pourrais vous en parler longtemps
parce que je suis intervenu et j'ai évidemment
manqué de temps, tellement le projet
de loi était costaud. Mais
vous dire que le projet de loi n° 28, il se lisait comme suit : «Loi
concernant principalement la mise en oeuvre de certaines dispositions du
discours sur le budget du 4 juin...» Et, devinez quoi, Mme la Présidente,
il y avait, oui, ces dispositions-là sur le
budget, mais il y avait aussi la hausse des frais de garde, volet Santé,
négociation avec les pharmaciens, abolition
des CRE, CLD, inspection des médicaments, transparence dans le secteur
minier... C'est tout à fait un projet mammouth, comme on peut dire, et
c'est...
En tout cas,
moi, j'avise mes collègues, je leur dis : Faites attention! Il faudrait
peut-être éviter la dérive. C'est inquiétant. C'est inquiétant parce qu'on ne
respecte même pas, comme parlementaires, ce dont on s'est donné comme
règles, Mme la Présidente. Alors, c'est drôlement inquiétant.
Et je
remarque depuis plusieurs semaines, à la période des questions, que le premier
ministre se lève régulièrement pour
répondre aux questions, Mme la Présidente, et qu'il commence souvent en
disant : Ça suffit. Tantôt, je vous parlais du droit de parole en cette
Assemblée, Mme la Présidente, bien : Ça suffit... Je pense qu'on a le
droit de parole, ici, et ce n'est pas
avec une attitude comme celle-là... On ne pourra pas, Mme la Présidente — en tout cas, j'espère, tout le temps que je serai ici et, j'espère, pour les
générations futures — museler
les parlementaires. Quand même, cette enceinte-là, elle est... elle a été... Il y a des gens qui ont
mis leur vie, Mme la Présidente, pour que ce Parlement-là soit démocratique.
Et je pense qu'il faut respecter cela avec beaucoup d'égard et s'assurer de
cette pérennité-là.
• (17 h 30) •
Mme la
Présidente, le ministre de la Santé, avec le projet de loi n° 20... Vous
savez, c'est similaire au projet de loi
n° 10, d'une certaine façon, projet de loi n° 10 qui a été imposé...
Je veux juste vous faire un parallèle, un parallèle. Fin années 90, rappelez-vous, le Parti québécois
est au pouvoir, on a fait le déficit zéro. Qu'est-ce qu'on a fait? On a assis la
société civile, les syndicats... Et même le Parti libéral était là à ce
moment-là. On a assis toute la société civile, Mme la Présidente, et les syndicats, et on a négocié une entente. On l'a
fait de façon consensuelle, on l'a fait de façon tout à fait
respectueuse, et ça s'est bien passé.
On arrive en
2012, rappelez-vous les frais de scolarité, où, là, on a eu droit à la pire crise sociale que le Québec ait vécue. Pourquoi? Parce que la
façon de faire du gouvernement, la façon de faire du Parti libéral, elle est
dans la confrontation. Le projet de loi n° 20 est un exemple extraordinaire de cette façon
de faire là. La preuve, c'est que le ministre
n'a pas cru bon de
parler avec les médecins, de parler avec le monde médical. Et pareil pour le projet de loi n° 10, où tout a été fait par le ministre sur
le coin d'une table. Et il dépose ça, et ça donne quoi en bout de ligne? Ça
donne, Mme la Présidente, des gens qui s'opposent de façon
virulente. Ça donne des médecins qui regardent un plan B. Ils n'en avaient pas, de plan B, là, ils
travaillaient au Québec, ils étaient heureux d'être ici, de servir les Québécois.
Bien là, ils regardent un plan B, ils
regardent pour faire autre chose, autrement, parce qu'on veut leur rentrer
dans la gorge, Mme la Présidente, des dispositions qu'ils ne veulent pas.
Alors, moi,
j'invite les parlementaires, notamment la partie ministérielle, du gouvernement, à réfléchir à tout cela, c'est
inquiétant. C'est inquiétant parce
que, vous savez, en chiffres absolus,
là, le gouvernement, là, il a été élu par un peu plus de 29 % des voteurs au Québec. En chiffres absolus, lorsqu'on additionne
tous les voteurs, un peu plus de 29 %. Ça, c'est un peu moins d'un électeur sur trois. C'est quand même quelque
chose. Alors, moi, j'invite le gouvernement à réfléchir à sa façon de
faire, à réfléchir de façon sérieuse parce que ça pose problème, ça pose un
grave problème.
Le projet de
loi mammouth, Mme la Présidente, ce n'est pas à défaut d'avoir essayé puis
d'avoir proposé, d'avoir discuté pour
le scinder, hein? On voulait le scinder en deux pour s'assurer que ça se fasse
correctement, pour s'assurer que les
gens puissent avoir l'opportunité de bien expliquer leur situation, de bien
faire valoir leur point de vue, mais le gouvernement en a fait tout autrement, vous le savez. On est ici d'ailleurs,
justement, parce que le projet de loi n'a pas été scindé.
Peut-être
vous dire, Mme la Présidente, M. Antoine Robitaille, ici, qui marque,
justement, Tentation du mammouth dans son texte
daté du 21 avril 2015. Il dit ceci, il dit : «Or, le projet de loi
n° 28 — dont le titre est “Loi concernant principalement la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant
le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016” — [...]
ce même projet de loi modifie quelque 60 lois — j'en ai parlé tantôt, du 28 — et comprend
plusieurs “principes”.» J'en ai parlé tantôt, hein, il y a l'abolition
des CRE, etc.
Il rajoute,
il dit : «...il dispense
désormais les minières de rendre publics le volume — c'est un autre élément — et la valeur du minerai
extrait; il crée Capital Mines Hydrocarbures; il modifie les règles»,
bon, etc.
M. Robitaille
continue en disant : «Le
projet de loi n° 20 — et là on tombe dans le coeur de ce qui est
la discussion ici, le projet de loi n° 20 — sur l'accès aux services de santé [...] comporte aussi un aspect
"mammouth" : il inclut la redéfinition
du programme de procréation assistée. Le gouvernement [...] s'est entiché de
cette méthode. Comme s'il avait décidé
d'importer au salon bleu la pratique des projets de loi fourre-tout adoptés à
toute vapeur, courante dans l'Ottawa des
conservateurs, pratique qui relève de l'outrage au Parlement et à l'esprit du
parlementarisme.» Exactement ce dont je viens de vous parler, Mme la
Présidente.
Alors,
j'invite encore une fois les gens à méditer là-dessus. Je pense que les
Québécois s'attendent à beaucoup mieux, Mme la Présidente, d'un gouvernement, d'être beaucoup plus
consensuel, de prendre le temps d'écouter les gens avant de déposer un projet de loi et se retrouver
dans une confrontation. Parce que, vous savez, la meilleure façon d'avancer
lorsque vous avez... Comme le système de
santé, comme tout l'organigramme du système de santé, qui est fort complexe,
hein, il y a beaucoup de rouages, la
meilleure façon de pouvoir amener des changements, si tel est le voeu du
gouvernement, eh bien, c'est de
s'entendre avec les gens qui sont là, eux, à pied d'oeuvre tous les jours, qui
y travaillent, mais ce n'est pas à ça qu'on assiste.
Mon
collègue, ici, de Marie-Victorin, tantôt, parlait effectivement de l'apport
essentiel, nécessaire — et je leur lève mon chapeau, Mme la
Présidente — des infirmières et des infirmiers au Québec.
Ils tiennent littéralement le système
de santé à bout de bras, et ces gens-là, on ne les
respecte pas. Le gouvernement procède d'une façon unilatérale, tel un
bulldozer et... Là, j'ai nommé les infirmières, les infirmiers, mais je
pourrais nommer tout le personnel de soutien, je pourrais nommer tous les professionnels de la santé qui sont aussi à l'oeuvre dans le
système de santé du Québec, qui font un travail, Mme la Présidente, tout
à fait extraordinaire.
Je poursuis, Mme la Présidente. Le Devoir, 26 février, Jessica Nadeau, elle dit ceci :
«Le projet de loi n° 20 risque de
se heurter à une contestation juridique...» Ça, la Présidente, là, quand on
veut passer à travers un mur, là, hein, puis quand on veut passer sans consulter les gens, bien, c'est ce qui risque
d'arriver plus souvent qu'autrement. On n'est jamais à l'abri d'une poursuite. Mais là, si on
fonctionne comme le gouvernement fonctionne actuellement, on s'en va vers
ça, mais sur toute la ligne. «...donc, se heurter à une contestation
juridique, puisque plusieurs dispositions concernant la procréation médicalement assistée vont à l'encontre des chartes québécoise et canadienne et du Code
civil...» Ça, c'est l'avocat Jean-Pierre Ménard qui dit cela :
«"C'est clair que ça peut soulever des contestations", répond le
célèbre avocat des patients, Jean-Pierre Ménard, en marge de la commission parlementaire sur le projet
de loi n° 20 où il était invité
à témoigner.» Il rajoute : «Je ne sais
pas quelles sortes d'avis juridiques le ministre a eus, mais n'importe
quel juriste qui regarde ça va tout de suite vous dire qu'il semble y
avoir un problème.»
Et M. Ménard
de continuer en disant... «...a mis en garde le ministre [de la Santé] sur les
débats légaux qui l'attendent s'il va
de l'avant avec son controversé projet
de loi. "Nous invitons fortement
le gouvernement à se questionner sur le potentiel discriminatoire de ces
dispositions."»
Et là, Mme la Présidente, des articles comme ça, là,
hein, les collègues, je suis convaincu qu'ils les ont tous lus, là. Alors, je ne vous en ferai une littérature
intégrale, mais c'est parlant. Et ça, ce n'est qu'une personne parmi beaucoup,
beaucoup d'autres qui considèrent que la façon de faire du gouvernement actuel
mène droit dans un mur.
Mme la Présidente, dans les éléments, tantôt,
que je parlais, où je disais qu'on vivait de sombres moments au niveau de la démocratie présentement, vous savez,
comme parlementaires, là, on travaille sur le projet de loi n° 20, ça
commence à faire quelques semaines, et
qu'est-ce qu'on n'entend pas ou qu'est-ce qu'on ne lit pas dans les journaux?
On s'aperçoit que, présentement, il y a des
négociations qui se font pour peut-être, tout simplement, ne pas se rendre au bout du processus du projet de loi n° 20. Le
gouvernement pourrait le retirer, qui sait? Je n'en ai aucune idée, mais c'est
une hypothèse qui est fort plausible avec ce qu'on voit et ce qu'on entend
présentement. Comme parlementaires, là, Mme la Présidente, est-ce que normal qu'on nous
utilise, d'une certaine façon, comme rapport de force pour négocier des choses, pour augmenter un rapport de force?
Écoutez, moi, je me pose de sérieuses questions. Si c'est ça, être parlementaire à l'Assemblée nationale, je me pose
de sérieuses questions quant à la suite des choses, Mme la Présidente.
Mme la
Présidente, juste pour vous donner une idée — c'est important que ça ne vienne pas de moi,
c'est important que ça vienne de ce
qu'on entend, de ce qu'on lit dans les journaux — comment est perçu le ministre de la Santé,
Mme la Présidente, alors on dit ici,
et ça, c'est toujours monsieur... non, c'est Mme Josée Boileau, écoutez bien
ça : «Le ministre de la Santé
[...] ne souffre ni les critiques ni les contradictions. Il a sa vérité,
qu'elle corresponde ou pas aux écrits; et il n'a cure de répondre à ceux
qui, bien renseignés, veulent se faire expliquer précisément ses intentions.»
• (17 h 40) •
On a un
projet de loi, Mme la Présidente... Vous savez, je comprends qu'un projet de
loi, là, c'est un véhicule dans
lequel on met des articles, puis on met des objectifs. Mais un projet de loi,
c'est aussi, et avant tout, la façon dont les choses vont se dérouler sur le terrain. On ne peut pas faire un
projet de loi, et en faire une
coquille vide, et dire : Bien, les
règlements vont suivre plus tard. Alors là, encore là, je
me pose la question : Comme parlementaire, qu'est-ce
que je fais ici? Si le ministre veut avoir carte blanche, bien, moi, c'est clair
que je ne lui donnerai jamais carte blanche. C'est tout à fait clair, jamais. Jamais je ne ferai cela, Mme la Présidente, et je ne
pense pas que personne ne veuille ça non plus. Et le ministre peut avoir les meilleures intentions du monde, je
m'y refuserais tout de même. Parce
que le ministre, comme nous tous ici... Nous sommes, j'allais dire,
éphémères d'une certaine façon. Alors, nous passons, et les lois, elles, elles
restent. Alors, c'est très clair, Mme la Présidente, et ce n'est parce que je... Je ne prête pas mauvaise foi à personne,
mais je me dis qu'on ne peut pas faire ça et on ne doit pas faire ça.
Donc, il faut
absolument qu'on sache où s'en va le ministre
avec les projets de loi. Mon collègue, tantôt, il parlait des quotas. Écoutez, au début c'étaient
des quotas dans tous les domaines, et là on s'est aperçu — puisque je vois le temps filer — on s'est aperçu que, finalement,
le ministre a reculé sur plusieurs quotas, hein? Bien là, on dit : Bien
là, pour l'avortement, finalement, ça ne sera plus 500 quelques, ça sera 1 000
quelques. Soins palliatifs, ça va être différent. Finalement, on s'aperçoit que, le système de quotas, le ministre se rend
compte... Mais, s'il avait fait l'exercice avant, Mme la Présidente, puis il avait consulté
l'ensemble des spécialistes, hein — et je pense qu'il connaît bien les
spécialistes — et
l'ensemble des médecins de médecine générale,
s'il avait pris le temps de faire le tour du jardin, comme on dit, bien, je
suis assez persuadé que jamais, jamais il n'aurait déposé le projet de loi
n° 20 de la façon dont il est confectionné présentement. Pendant ce temps-là, nous, on travaille là-dessus, puis on
apprend qu'on sert de rapport de force, Mme la Présidente. Vous
comprendrez que c'est assez choquant. Enfin.
Je continue
avec l'article de Mme Josée Boileau, et, justement, elle parle des
quotas : «...que les quotas ne s'appliquent
qu'aux nouveaux médecins; à la précision que le règlement épargne les cliniques
de planification familiale; à l'affirmation que les quotas de 504 — j'en
ai parlé — avortements
prévus dans l'ébauche du règlement du 8 mars a [...] doublé. Et tout ça est écrit où? Nulle part. Pour le doublement du
quota, il faut prêter foi [au ministre] qui, nous dit-il, a décidé de
modifier le chiffre après avoir jasé avec bien du monde de terrain. Ce terrain
n'est toutefois pas celui des cliniques
d'avortement et des médecins qui les pratiquent puisqu'ils avaient déjà
interpellé le ministre sans avoir droit à une réponse. [Le ministre]
ajoute que les cliniques de planning sont clairement exemptées des quotas» etc.
Alors,
finalement, on se demande : Les quotas, ils vont servir à quoi? Sans
compter que, s'il fallait aller de l'avant là-dedans, mon collègue de Marie-Victorin et ma collègue de Duplessis,
tantôt, l'ont drôlement bien expliqué, s'il fallait aller de l'avant avec ça, imaginez tout le
travail, toute la lourdeur administrative dans laquelle on va s'embarquer. Et
là il peut y avoir moult façons
d'évaluer ou de donner une valeur à un patient, qui fait en sorte qu'on va se
retrouver dans un dédale inextricable, Mme la Présidente. Mais, bon, on
verra comment les choses finiront.
Je veux y
aller avec un autre journaliste, Alain Dubuc. Il dit ceci : «On savait
tous que [le ministre], tant comme président
de la Fédération des médecins spécialistes du Québec que comme candidat de la
CAQ et maintenant comme ministre de la Santé et des Services sociaux, a
tendance à recourir à l'intimidation.» Mme la Présidente...
Une voix : ...
M. Villeneuve : C'est parce
qu'on a une loi, ici, là.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, c'est correct. M. le député,
vous savez très bien que vous ne pouvez pas faire indirectement ce qu'il
n'est pas possible de faire directement en lisant ou en...
M.
Villeneuve : ...vous savez, on a voté une loi — à l'époque, c'était le projet de loi
n° 56 — loi
visant à prévenir et à combattre
l'intimidation. Et là on parle, évidemment, de l'intimidation et la violence à
l'école. Effectivement, hein, il faut commencer quelque part en espérant
que ça allait percoler un jour dans notre âge adulte, Mme la Présidente.
Alors, M.
Dubuc continue : «Le problème de l'équipe libérale, c'est que le premier
ministre, le "coach"[...], n'a pas vraiment de contrôle sur son
ministre, comme on l'a vu quand le bouillant docteur a voulu imposer un chef de
chirurgie au D.G. du CHUM, Jacques Turgeon, une ingérence inacceptable qui a
provoqué sa démission. Lors de cet incident...»
Et là je ne le lirai pas parce que vous allez me rappeler à l'ordre. Mais tout
ça, c'est important. Puis ce que je
veux vous dire, Mme la Présidente, là, c'est important de voir, à l'extérieur,
comment les gens voient le gouvernement, comment les gens voient le
ministre, et, présentement, c'est très clair que les gens, ils ont une très,
très... J'allais dire mauvaise opinion,
mais, à tout le moins, ils ont un drôle de... on va y aller pour un anglicisme,
«feeling», Mme la Présidente, pour la suite des
choses. Parce que vous savez qu'il y a un match de hockey ce soir, alors je
pense que le lien est bon, M. Dubuc, il
rajoute : «Au hockey, même si les amateurs apprécient les mises en échec
musclées et les bonnes batailles, il y a une limite à la violence qu'ils
peuvent tolérer. Et, s'ils peuvent applaudir un "goon" qui fait bien
son travail...»
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député, je vous ai invité à deux reprises à
ne...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, allez-y, M. le leader adjoint.
M.
Poëti : Depuis le début, j'ai essayé à chaque fois de vous
demander que les gens puissent s'adresser d'une façon respectueuse, en respectant le règlement. Dans un premier temps,
ce n'est pas ce à quoi on a droit actuellement. D'un autre côté, il s'adresse directement au député et tient des propos
de façon indirecte pour accuser le
député sur des intentions, et ce
n'est pas acceptable, Mme la
Présidente. Ça fait
deux fois que vous l'avisez, j'aimerais que ce soit clair.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, merci. Mme la leader de l'opposition
officielle.
Mme
Maltais : Je
comprends que c'est difficile parfois, mais ce que le collègue lit, ce sont des
avis de commentateurs. Et, attention,
ce sont bien des impressions qui sont nommées. Alors, moi, je considère que
c'était tout à fait dans les règles du jeu. Maintenant, Mme la
Présidente...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Moi, je considère que, M. le député, vous devriez
terminer votre intervention différemment, s'il vous plaît.
M.
Villeneuve : Alors,
le message, il est clair, il est limpide. On peut le retrouver dans les
journaux du Québec, et les gens lisent les journaux, s'informent.
Alors, le message, j'espère que le gouvernement, Mme la
Présidente, le comprend.
Motion de report
Mme la Présidente, à ce moment-ci, je termine mon intervention en vous lisant ceci
conformément aux dispositions de l'article 240 de notre
règlement :
«Que la motion en
discussion soit modifiée en retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant,
à la fin, "dans trois mois".» Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vais suspendre les
travaux quelques instants pour vérifier la recevabilité de cette motion,
et je vous reviens.
(Suspension de la séance à
17 h 47)
(Reprise à 17
h 49)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous allons reprendre nos travaux, et, M. le député de Berthier, votre motion de report est déposée et est
recevable. En vertu de l'article 240 du règlement, cette motion fait l'objet
d'un débat restreint de deux heures.
Alors,
conformément à ce qui a été énoncé antérieurement par la présidence, je vous
informe que la répartition du temps de parole pour ce débat restreint
s'effectuera comme suit : 57 minutes sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement; 33 min 32 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle; 23 min 28 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition; six minutes sont allouées aux députés indépendants. Dans ce cadre, le
temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Enfin, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et, pour débuter ce
débat, je vais céder la parole à M. le député de Maskinongé.
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Mme
la Présidente, quelle déception, cet
après-midi, de prendre la parole sur
une motion de report d'un projet de
loi si important pour la santé des Québécois
et des Québécoises dans chacun de nos comtés. Vous savez, Mme la Présidente, je suis très fier de faire partie d'une équipe de gouvernement qui s'est penchée sur l'accès
aux soins de santé pour la population du Québec, pour les gens à la maison. Alors, Mme la Présidente, je dois vous rappeler que la plus grande partie
du projet de loi vise la prise en charge de plus de personnes
par les médecins de famille et les médecins spécialistes.
• (17 h 50) •
Permettez-moi
de vous dire que le projet de loi
n° 20 répond à un objectif
commun qui est d'augmenter le nombre de
Québécois pris en charge par un médecin de famille en insérant des mesures d'optimisation, Mme la Présidente, des ressources médicales et financières du système de santé, en plus d'apporter certaines modifications au programme québécois de procréation assistée afin
d'assurer sa pérennité.
Mme la Présidente, on sait — le ministre
l'a mentionné à de nombreuses reprises — le
statu quo n'est plus acceptable.
Encore aujourd'hui, une portion trop élevée de la population... Et ça, la portion trop élevée, c'est
les cas de comté qui nous appellent à
nos bureaux de comté. Chez nous, dans mon comté, dans Maskinongé, depuis mon
élection, depuis un an et un mois,
c'est plus de 350 personnes, Mme la Présidente, qui ont téléphoné et qui ont
dit : M. le député, je n'ai pas
de médecin de famille. Et je vais vous donner un cas, que je nommerai Thérèse,
pour le bien du public, pour ne pas dévoiler le nom de la personne. Cette dame,
ça fait trois ans qu'elle n'a pas de médecin de famille, qu'elle est sur
la liste. Et elle a dû aller à l'urgence cet
hiver, et, finalement, ils ont découvert un cancer, ce qui est très dommage,
Mme la Présidente. Si on avait adopté
la loi n° 20 avant, si on avait pensé à la loi n° 20 avant, elle
aurait eu accès à un médecin de
famille qui l'aurait référée à un spécialiste. Ce que la loi n° 20 vise,
Mme la Présidente, c'est tout simplement de garantir un plus grand accès
à un médecin de famille ainsi qu'aux médecins spécialistes.
Nous le savons tous, l'accès est difficile, la
prise en charge n'est pas optimale, puis il importe d'apporter des modifications nécessaires le plus rapidement
possible. Bien, les moyens ont été entrepris au cours des dernières années.
On sait, tous les gouvernements, tous les partis politiques confondus ont
essayé les solutions, mais malheureusement, Mme
la Présidente, les résultats n'ont
pas donné les effets escomptés. Voilà donc pourquoi notre gouvernement prend
ses responsabilités et propose le projet de loi n° 20, un projet de loi
qui permet dès son application, et c'est ce qu'il est important de dire, Mme la
Présidente... Puisqu'on veut,
aujourd'hui, le reporter, ce qu'il est important de dire, c'est que, dès
l'application du projet de loi n° 20, on va maximiser les services à la population.
Déjà, effectivement, on voit une augmentation des prises en charge par les
médecins de famille.
En commission parlementaire, Mme la
Présidente... J'ai écouté les
collègues tantôt. J'ai été présent à 99 % de tous les travaux de la commission parlementaire, et on a entendu des groupes. Mais un point commun
venait à tous, qu'ils étaient en
faveur de l'accès adapté. Ils considéraient cette façon de fonctionner comme
étant une piste de solution que je qualifierais, Mme la Présidente,
d'incontournable.
Il importe de
rappeler que, malgré une hausse substantielle des inscriptions en facultés de
médecine, et ce, Mme la Présidente,
grâce à un gouvernement libéral et depuis 2004, le nombre de patients pris en
charge continue d'être insuffisant. Compte
tenu de la réalité, il devient incontournable de prendre les mesures présentées
par le ministre de la Santé dans le projet
de loi n° 20. Mme la Présidente, j'y reviendrai à quelques reprises, et c'est important de vous le
répéter et de le répéter surtout pour
les collègues des oppositions afin de faire comprendre que les mesures... et
notre objectif commun ici aux parlementaires est d'optimiser les
ressources médicales et financières afin de mieux répondre aux besoins de la population.
Mme la Présidente, nous travaillons ensemble pour la population. Nous cherchons à
redonner aux citoyens des services
auxquels ils s'attendent et pour lesquels ils paient des impôts. Bien,
important, Mme la Présidente. Pour ce faire, on se rappelle, précédemment, cette année, on a adopté la loi n° 10.
Et en complémentarité, pour donner un meilleur accès aux familles, aux
femmes enceintes, aux aînés, aux personnes vulnérables, nous voulons maintenant
adopter le projet de loi n° 20. Mme
la Présidente, notre gouvernement est
disposé à faire adopter cette loi dans un but bien simple, au bénéfice de nos populations.
Mais, à force de croire les partis d'opposition, je crois que nous n'avons pas tous la même
priorité, Mme la Présidente.
À ma grande stupeur... Je croyais que l'accès
aux soins de santé, l'accès aux services de première ligne et de deuxième ligne faisaient l'unanimité ici, en cette
Chambre, et faisaient l'unanimité chez les différents parlementaires, Mme la Présidente. Mais non, on constate aujourd'hui, par un moyen législatif permis, qu'on désire
reporter et repousser l'adopter d'un projet de loi si important. Et la position du deuxième parti d'opposition
semble un petit peu plus floue. Je reviendrai un petit peu en vous rappelant, dans le passé, qu'à la loi n° 10,
au départ, au dépôt du projet de loi, ils étaient tous d'accord avec nous.
Soudainement,
un vent de changement est arrivé, et ils ont changé de position sur l'adoption
de la loi n° 10, qui visait
à réduire l'administration. Mme la
Présidente, j'ai peine à croire ce
que je vois cet après-midi. On ne peut être contre un meilleur accès aux
soins de santé. Chose certaine, on doit se rappeler une chose qui est
importante — parce
que, pour savoir où on s'en va, il faut savoir où on vient — l'ancien
gouvernement a décidé précipitamment de couper 450 millions dans le
système de santé, dont 150 millions qui n'ont jamais été expliqués.
C'est
difficile à comprendre, Mme la
Présidente, c'est surtout difficile à
comprendre quand on écoute les différents collègues de l'opposition taxer le ministre de divers propos indignes de sa fonction pour un
homme qui, lui, ce qu'il veut, ce
qu'il a choisi et sa vision du système de santé, c'est un meilleur accès. Et je
vous reviendrai au cas de Thérèse tantôt, puisque, des Thérèse, il y en
a dans chacun de nos comtés.
Et
aujourd'hui on parle, on discute, et
ce qu'on discute, Mme la Présidente, ce n'est pas nécessairement de l'accès
aux soins de santé. Ce qu'on discute, c'est
vraiment... Je n'ai pas entendu beaucoup de collègues parler des citoyens de leur comté qui attendaient, parler des gens qui
attendent pour avoir accès à un médecin de famille, parler des gens sur les
listes d'attente pour des chirurgies, pour
voir des médecins spécialistes. Malheureusement, ce n'est pas ce que j'ai
entendu en grande majorité cet
après-midi. Mais, rassurez-vous, Mme la Présidente, parce que nous sommes là,
au gouvernement, et nous avons choisi
de resserrer nos efforts afin de donner à la population ce qu'elle s'attend...
à donner à la population ce qu'elle s'attend de nous, des meilleurs
services et l'équilibre budgétaire.
Mme la
Présidente, dans le cas bien précis, aujourd'hui, on parle de donner des outils
aux gens, à la population, qui
attendent inutilement pour être pris en charge par un médecin de famille. Mme
la Présidente, j'ai hâte de pouvoir dire aux citoyens de la circonscription de Maskinongé,
de la Mauricie et de l'ensemble du Québec : Rassurez-vous, vous aurez
un médecin de famille. Et, vous savez, Mme
la Présidente, si je me suis présenté, si j'ai choisi de faire de la politique,
comme beaucoup de mes collègues du
gouvernement en tout cas, c'était pour répondre au service à la population,
c'était pour répondre à cet appel-là,
Mme la Présidente, qui nous disait : Monsieur, on n'a pas de médecin de
famille. Monsieur, on attend pour voir un spécialiste. Moi, ça faisait partie
des causes qui ont fait que j'ai choisi de me présenter pour une
formation politique comme le Parti libéral du Québec.
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, on met sur la table un projet de loi, un projet de loi qui
garantit un plus grand accès aux
hommes et aux femmes à un médecin de famille et aux services de deuxième ligne
pour les médecins spécialisés. Je
regarde... Et je sais qu'on a un mode parlementaire qui permet, contrairement à
ce que mon collègue disait tantôt, la parole
à chacun des parlementaires. Et on sait qu'on a tous un temps de parole et un
droit de parole. Par contre, il y a toujours un temps... Et, des fois, on s'aperçoit que certains tentent d'étirer la
sauce le plus longtemps possible soit de façon détournée ou... non,
désolé, Mme la leader, de façon impromptue...
Des voix : ...
M. Plante : Vous aimez mieux ça
comme ça? De façon impromptue, de rallonger le temps législatif.
Et je me
rappellerai toujours du projet de loi n° 10. Aujourd'hui, on se ramasse,
Mme la Présidente, dans la même situation. Et je trouve ça dommage parce que
j'ai toujours Thérèse dans mon comté qui n'a pas de médecin de famille, et
j'ai les autres aussi, les 350 autres
qui ont communiqué avec mon bureau de comté. Il y a des hommes, il y a des
femmes, il y a des enfants, il y a
des personnes âgées et il y a des personnes en grand état de vulnérabilité, Mme
la Présidente. Et je trouve ça
inconcevable, et j'aimerais dire aux citoyens et citoyennes du Québec
aujourd'hui : Détrompez-vous pas, on est avec vous. Et ce qu'on veut, c'est que vous en ayez un, médecin de
famille. Ce qu'on veut, c'est que vous ayez des bons soins de santé, et
c'est pour ça qu'on met le projet de loi n° 20, Mme la Présidente.
Aujourd'hui,
j'entends un message. J'ai entendu, de mes collègues de l'opposition
officielle, un message : Écoutez, attendez
encore, encore et encore, comme la chanson de Laurence Jalbert, Mme la
Présidente, on se rappelle : Encore, encore et encore. C'était comme de la musique à mon oreille, ils nous
disaient : J'ai lu que le ministre avait dit... J'ai lu que le ministre a dit ça. Mais ce qu'ils nous
disaient, dans le fond, c'est : Restez sur la liste d'attente. Attendez,
l'espoir s'en vient, et on vous chante :
Encore, encore et encore. Nous, ce qu'on veut, Mme la Présidente, c'est des
services pour la population, un médecin de famille maintenant, demain et
pour toujours.
Une voix : ...
M. Plante : Bien, je n'ai pas
terminé... Je pense... C'est-u fini?
Des voix : ...
M. Plante : Il me reste-tu...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député, compte tenu de
l'heure, je dois vous demander si vous avez terminé votre intervention.
M. Plante : ...
La Vice-Présidente
(M. Gaudreault) :
Alors, vous pourrez poursuivre lors de la reprise du débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 20.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, je vais ajourner
les travaux à mardi 12 mai, à 13 h 45.
(Fin de la séance à 18 heures)