(Neuf
heures quarante-sept minutes)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, collègues, veuillez prendre place. On vous
souhaite un bon jeudi matin.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
allons procéder maintenant à ce qui est notre mandat, c'est-à-dire la rubrique de déclarations
de députés, et je suis prêt à
entendre la première déclaration ce matin de la part de M. le député de Côte-du-Sud. M. le
député, à vous la parole.
Féliciter les gagnants
du gala
Reconnaissance du monde agricole
M. Norbert Morin
M.
Morin : Merci, M. le Président. Le 10 mars dernier, j'assistais au gala
Reconnaissance du monde agricole, qui se
tenait au collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière. De nombreux prix ont été
décernés dans plusieurs sphères du milieu agricole, soulignant ainsi le
travail et le dévouement de nos agricultrices, agriculteurs.
Toutes
mes félicitations à Mme Jocelyne Morin, de la Ferme Jeanicole de
Rivière-Ouelle, pour le prix Coup de coeur
2015; à M. Charles-Étienne Pelletier, de la Ferme Pocatoise, pour le prix de la
relève. Dans la catégorie Partenaire, c'est M. Christofer Caron, conseiller en financement agricole, qui a
été choisi. Le titre de Famille agricole de l'année a été décerné à la famille de M. Jocelyn Benoît de la
Ferme Jaslyn. M. Denis Chouinard a été couronné agriculteur de l'année,
fier propriétaire d'une érablière de plus de 30 000 entailles. Mme
Marie-Ève Morin, de Saint-André, a été désignée agricultrice de l'année. Finalement, M. Rosaire Ouellet recevait à son
tour le prix Reconnaissance. Bravo à vous tous! Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Côte-du-Sud, de votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Joliette pour sa
déclaration d'aujourd'hui. Mme la députée, à vous.
Souligner le 25e
anniversaire
d'Hébergement d'urgence Lanaudière
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. À l'occasion de son 25e anniversaire, je souhaite souligner
le travail extraordinaire d'Hébergement d'urgence Lanaudière, situé à
Joliette. Bien que nous souhaiterions tous, dans une société idéale, pouvoir se passer de tels services, la
dure réalité de l'augmentation de l'itinérance nous force à reconnaître
l'apport nécessaire d'Hébergement d'urgence Lanaudière.
En
offrant de l'hébergement d'urgence et temporaire à des personnes en situation
d'itinérance, Hébergement d'urgence
Lanaudière permet à ces personnes de trouver abri pour la nuit ou encore de leur
donner la chance de se relever d'un coup difficile en y trouvant de
l'aide adaptée à leurs besoins.
Pour
leur dévouement depuis 25 ans envers ces personnes, pour leur travail
quotidien, pour leur réconfort, la dignité qu'ils offrent, pour leurs efforts acharnés à trouver des ressources
pour maintenir l'offre de ces services, je lève mon chapeau aujourd'hui à Hébergement d'urgence Lanaudière et je les remercie du fond du coeur
de leur présence indispensable dans notre communauté. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci,
Mme la députée de Joliette.
Et, pour la poursuite, je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Hull pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme la
députée, à vous.
Rendre hommage à Mme
Ndioro Ndiaye,
coordonnatrice du Réseau francophone
pour l'égalité femme-homme
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'ai le
plaisir aujourd'hui de souligner la présence dans nos tribunes de Mme Ndioro Ndiaye, coordonnatrice du Réseau
francophone pour l'égalité femme-homme, qui regroupe les organisations
de la Société civile francophone oeuvrant pour une meilleure égalité des
genres.
Dans
le cadre du 20e anniversaire de la déclaration du Programme d'action de
Beijing, le réseau de Mme Ndiaye a
signé, la semaine dernière à New York, une déclaration d'intention de
coopération avec le Réseau des femmes parlementaires de la Francophonie,
dont notre Assemblée fait partie.
Mme Ndiaye
est invitée à Québec dans le cadre des activités entourant la journée de la
francophonie du 20 mars. Nous lui souhaitons la plus cordiale des
bienvenues à l'Assemblée nationale du Québec.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci de votre déclaration, et la présidence vous souhaite la bienvenue.
M. le député de Drummond—Bois-Francs,
pour sa déclaration d'aujourd'hui, je vous cède la parole.
Souligner le travail du Refuge La Piaule
du Centre-du-Québec inc.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Merci, M. le Président. Je veux souligner le
travail du Refuge La Piaule, qui contribue à rétablir les ponts entre les
jeunes en difficulté et leur communauté dans la MRC de Drummond. C'est un
organisme de terrain relié à plus d'une
vingtaine d'autres organismes avec lesquels il collabore étroitement. L'an
dernier, il a aidé 1 692 personnes.
Le Refuge La
Piaule intervient auprès des jeunes âgés entre 14 et 30 ans. Il les
accepte là où elles sont rendues, sans
les juger et les accompagne jusqu'à... elles veulent aller. Ils privilégient
les actions faites avec les jeunes afin de leur redonner du pouvoir dans leur vie. Les travailleurs de rue et de milieux
favorisent la prise en charge des jeunes
par lui-même à travers la création de liens significatifs. Je souhaite
un bel ouvrage au Refuge La Piaule. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Mont-Royal pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la
parole.
Souligner le 25e anniversaire de l'organisme
Le Bouclier d'Athéna, services familiaux
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci,
M. le Président. Le Bouclier Athéna
est un organisme de mon comté qui oeuvre depuis plus de 25 ans
auprès des femmes victimes de violence et de leurs enfants, et je souligne aujourd'hui
particulièrement la présence de Mme Chris Ann Nakis, présidente du conseil
d'administration, et Mme Melpa Kamateros, la directrice exécutive.
Le Bouclier
d'Athéna a été fondé en 1991 dans le but de sensibiliser les femmes sur la problématique de la violence conjugale et
familiale. Depuis sa création, cet organisme aide des milliers de femmes en
offrant notamment des services professionnels spécialisés. Le Bouclier fait notamment
de la prévention, des interventions et de l'accompagnement. Il offre ses services dans plus de 15 langues
différentes à ses bureaux de Montréal et de Laval et, depuis 2004, Le Bouclier
d'Athéna a étendu ses services en ouvrant une maison d'hébergement d'urgence,
La Maison d'Athéna.
Permettez-moi
donc, M. le Président, de saluer, encore une fois, le travail de
tous les employés et le dévouement des intervenants. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Gouin pour sa
déclaration d'aujourd'hui. Mme la députée, à vous la parole.
Féliciter Mme Sylvie Lavigne, lauréate du
prix Hommage Soeur-Madeleine-Gagnon
pour son engagement communautaire
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. J'aimerais rendre hommage à une femme
exceptionnelle de ma circonscription, une femme qui, depuis plus de 20 ans, est
engagée dans la défense des droits des locataires et le combat pour une
plus grande justice sociale.
Travaillant au Comité Logement de La
Petite-Patrie, Sylvie Lavigne incarne la patience et la douceur, tout en menant ses dossiers d'une main ferme. Elle donne
de judicieux conseils à celles et ceux qui se retrouvent dans de fâcheuses
situations.
Mme Lavigne
a véritablement un don pour mettre les gens à l'aise et fera tout
pour aider les personnes qui ont des problèmes de logement. Ayant développé des
liens privilégiés avec les différents acteurs du quartier, elle trouve
des solutions qui font échec à l'injustice. À l'occasion de la Journée
internationale des femmes, elle a reçu le
prix Soeur-Madeleine-Gagnon.
Je tiens donc à rendre hommage à cette femme
très humaniste pour son travail au sein de la communauté. Merci, Sylvie!
Le Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, Mme la députée, de votre déclaration. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Mme la députée, à vous.
Souligner la Journée
internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci, M. le
Président. Il y a près d'un demi-siècle, l'Organisation des Nations unies
proclamait le 21 mars Journée internationale pour l'élimination de la
discrimination raciale.
Je suis
honorée de souligner cette journée, tout en étant attristée par le racisme qui
sévit encore dans notre société
et la douleur qu'il cause chez ses victimes.
Des politiques ont été mises en oeuvre depuis cette époque,
avec des résultats importants, mais
il est toujours nécessaire de le réaffirmer : la discrimination raciale constitue une négation des droits de la personne et des
libertés fondamentales, une offense à la dignité humaine.
Le thème de
cette année est particulièrement pertinent : Apprendre des tragédies historiques
pour mieux lutter contre la discrimination raciale. L'histoire
nous enseigne qu'une société démocratique
et inclusive comme le Québec doit
dénoncer et condamner avec vigueur propos et actes haineux qui visent à
stigmatiser et exclure. La société québécoise est plus égalitaire et inclusive qu'il y a 50 ans, mais nous devons
poursuivre notre action pour édifier ensemble une société exempte de
préjugés, de discrimination, d'intimidation et de racisme. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Granby pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député de
Granby, à vous la parole.
Rendre hommage à M. Jean-Yves Phaneuf pour
40 ans d'engagement dans le soccer à Granby
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. En 2015, nous célébrons les 40 ans de bénévolat d'une
personne qui se dévoue corps et âme
pour le développement du soccer à Granby, et c'est avec plaisir aujourd'hui que
je souligne l'immense générosité de M. Jean-Yves Phaneuf.
Il faut
comprendre que, pendant toutes ces années, il n'a pas seulement donné son temps
à ce sport qu'il affectionne tant, il a également mis en place une
fondation qui, entre autres, distribue annuellement des dizaines de ballons et
de l'équipement de soccer aux
garderies-écoles et parcs-écoles, paie les frais afférents de certains jeunes
dont la situation financière est
précaire et donne des bourses à d'autres afin d'encourager leur performance
exceptionnelle. Il y a aussi, tous
les étés, un camp de soccer pour permettre aux jeunes de cinq à 12 ans de
progresser davantage dans la pratique du soccer, et, pour couronner le tout, une compétition internationale de
soccer portant son nom termine la saison en beauté tous les mois de
septembre à Granby.
Johnny, au
nom de tous les Granbyens, mais plus spécifiquement de tous les jeunes qui ont
eu la chance d'apprendre à jouer à ce jeu grâce à ta générosité, je te
dis 40 fois merci. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci. Merci, M. le député de Drummond pour votre déclaration...
Pas de Drummond, mais M. le député de Granby, pour votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Brome-Missisquoi pour sa déclaration
d'aujourd'hui.
Souligner le 350e anniversaire de l'arrivée des
premiers chevaux en Nouvelle-France,
ancêtres du cheval canadien
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui,
merci, M. le Président. Comme vous le savez, 2015 marque le 350e
anniversaire de l'arrivée des premiers chevaux en Nouvelle-France. Leurs
descendants sont aujourd'hui connus sous
le nom de cheval canadien.
C'est en 1665
que le roi Louis XIV a décidé d'envoyer le premier contingent de chevaux
destinés à la colonie. À peine six
ans plus tard, la Nouvelle-France devient autosuffisante en ce qui a trait aux
chevaux. À partir de ce moment, l'absence
de croisements avec d'autres races et le contexte particulier dans lequel ces
chevaux vivent forgent, au fil du temps, celui que l'on appelle
aujourd'hui le petit cheval de fer.
Initialement destiné à la noblesse ainsi qu'au
clergé, nos ancêtres les plus vaillants s'en servaient pour la culture des terres. Ces chevaux ont donc contribué
à façonner le Québec d'aujourd'hui en transportant humains et marchandises,
en défrichant et labourant nos terres agricoles. Le cheval canadien fait aujourd'hui
la fierté de bien des Québécois ainsi que de nombreux passionnés à l'extérieur
de la province. Il se classe parmi les meilleurs dans des compétitions internationales. En 1999, l'Assemblée nationale reconnaît le cheval canadien comme race
patrimoniale du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Verchères pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député de Verchères, à vous.
Souligner
le 100e anniversaire de M. Wilfrid Jetté
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. C'est le 8 mars
dernier que M. Wilfrid Jetté célébrait son 100e anniversaire de naissance en compagnie de sa famille, de ses
amis, des administrateurs, du personnel et des bénévoles de la résidence
Des gens heureux à Contrecoeur. Un
centenaire, c'est quelque chose de tout simplement remarquable, lorsqu'on pense
au fait que notre peuple compte quelque 400 ans d'existence. Nous avons un
devoir de gratitude par rapport à ces Québécoises
et Québécois qui, à l'instar de M. Jetté, ont façonné le visage du Québec
d'aujourd'hui, contribué à l'épanouissement de notre nation et en ont
fait une société prospère et solidaire.
Aussi, l'âge
vénérable de M. Jetté se mérite-t-il d'être souligné dignement. En fait,
son centenaire confère à M. Jetté le
statut de véritable trésor national qui assure la transmission d'un savoir et
d'une expérience incommensurables aux
générations suivantes. Qu'il me soit donc permis de lui adresser mes voeux les
plus chaleureux pour son 100e anniversaire en lui souhaitant encore de
très nombreux printemps en santé et entouré de ses proches!
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Verchères. Et cette
dernière déclaration met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 59)
(Reprise à 10 h 12)
Le
Président : Mmes, MM.
les députés, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de
M. Camille Martellani, député de
Saint-Henri de 1966 à 1970. Nous
allons donc nous recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière
pour sa famille et ses proches.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre de la Santé.
Rapport d'appréciation de la
performance du système de santé et de
services sociaux intitulé Les médicaments d'ordonnance : Agir sur
les
coûts et l'usage au bénéfice du patient et de la pérennité du système
M.
Barrette : M. le Président, conformément à l'article 22 de la Loi
sur le Commissaire à la santé et au bien-être, permettez-moi de déposer le rapport d'appréciation de la performance du
système de santé et des services sociaux sur les médicaments
d'ordonnance.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions et à
une
question inscrite au feuilleton
M.
Fournier : Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions
présentées par le député de Saint-Jean le 28 novembre 2014, la députée de Gouin le
4 décembre 2014, le député de Lévis le 5 décembre 2014, par
les députés de Masson et de
Terrebonne le 11 février 2015, par la députée de Taschereau le
12 février 2015, de même que la réponse à la question inscrite au feuilleton le
26 février 2015 par le député de Rosemont et adressée au
ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M.
le vice-président de la Commission de l'économie et du travail et député
d'Argenteuil
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 34
M.
St-Denis : M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de
l'économie et du travail qui, le 18 mars 2015, a tenu des
audiences... des auditions publiques dans le cadre de consultations
particulières sur le projet de loi n° 34, Loi
modifiant la Loi sur les régimes complémentaires de retraite relativement au
financement et à la restructuration de certains régimes de retraite
interentreprises.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Marie-Victorin. M. le député de Marie-Victorin.
Maintenir le financement du
programme AccèsLogis
pour les cinq prochaines années
M. Drainville :
Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 3 865 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«[Alors] les faits
invoqués sont les suivants :
«Attendu qu'AccèsLogis est le seul programme au
Québec de construction de logements sociaux et communautaires, et qu'il
permet à des milliers de ménages de se loger convenablement à un coût décent;
«Attendu que des
municipalités se sont engagées à financer le logement social
conditionnellement — dis-je
bien — à
la poursuite de ce programme;
«Attendu
qu'au Québec plus du tiers des ménages locataires défraie plus de 30 % de
leur revenu pour se loger, et près d'une personne sur cinq, plus de
50 %;
«Attendu
qu'au Québec, depuis 2006, le prix des loyers a augmenté de 13,6 % alors
que l'augmentation des revenus des ménages locataires n'a été que de
9,2 %;
«Attendu
que le programme de supplément au loyer privé ne garantit pas le maintien du
coût abordable du loyer, ni l'amélioration locative du logement, et
qu'il ne touche qu'une partie infime de la population;
«Attendu
que le logement social et communautaire offre plus qu'un logement abordable,
mais aussi un milieu de vie;
«Attendu
que chaque dollar investi dans le développement du logement communautaire
représente un apport réel de 2,30 $ dans l'économie du Québec;
«Attendu
que le programme AccèsLogis a un impact considérable sur la disponibilité de
logements abordables, la santé du tissu social, la revitalisation de
quartiers et l'occupation du territoire;
«Et
l'intervention — dis-je
bien — réclamée
se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, réclamons que le gouvernement du Québec poursuive le financement du
programme AccèsLogis dans son prochain budget et s'engage pour les cinq
prochaines années.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. Je demanderais à M. le député de Rosemont...
Retirer le projet de
modification du Règlement
sur l'aide aux personnes et aux familles
M. Lisée :
M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 957 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale a annoncé, le 28 janvier 2015 en prépublication dans
la Gazette officielle, son intention de modifier le Règlement sur l'aide
aux personnes et aux familles;
«Considérant qu'une des modifications proposées est de
remplacer la prestation de base, 616 $, et la prestation pour contrainte à l'emploi, 131 $, par une
prestation pour dépenses personnelles de 200 $ pour les personnes en
centre de traitement des dépendances;
«Considérant que les personnes itinérantes ou à risque de le
devenir sont drastiquement visées, notamment en ce qui concerne l'ajout d'une prestation spéciale de
416 $ maximale accordée seulement s'ils font la preuve d'un logement;
«Considérant que l'accès au traitement est compromis pour plus
de 7 300 personnes, que 40 centres de traitement des dépendances sont menacés de fermeture, mettant
à pied près de 800 personnes — dont
certains représentants sont présents
dans nos tribunes, je les salue, et je suis certain que leurs excellents arguments seront bien entendus par le nouveau
ministre;
«[...];
«Considérant que le
projet n'incite aucunement au retour à l'emploi, qu'il va à l'encontre du Plan
d'action interministériel en itinérance 2015-2020 et des objectifs du ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale;
«[...];
«Nous,
citoyens et citoyennes du Québec, demandons au gouvernement du Québec le
retrait du projet de modification du Règlement sur l'aide aux personnes
et aux familles.»
Et je certifie que
cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée de Taillon.
Retirer
le projet de loi n° 20 sur l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée, tenir des
consultations sur l'avenir des soins de première ligne
et apporter des solutions proactives pour
améliorer la santé des Québécois
Mme
Lamarre : Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 27 900 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que l'accès à un médecin de famille et aux soins de première ligne demeure
problématique pour des milliers de Québécois;
«Considérant que ce projet
de loi entraînerait une diminution de la qualité des soins offerts aux
patients, et en compromettrait l'accès pour les populations les plus
vulnérables de la société québécoise;
«Considérant
l'absence de consultation avant le dépôt de ce projet de loi, malgré plusieurs
solutions proposées par la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec, l'Association des jeunes médecins du Québec et
plusieurs [autres] intervenants en première ligne;
«Considérant
la concentration inédite de pouvoirs entre les mains du ministre qu'entraînerait
ce projet de loi, et l'aspect punitif qui va à l'encontre
des valeurs québécoises;
«Considérant
que la priorité des omnipraticiens est une médecine de qualité envers leurs
patients et non de quotas et que leur charge de travail est déjà très
lourde avec une moyenne de plus de 50 heures-semaine;
«Considérant que
plusieurs démarches concrètes sont en cours actuellement, par les acteurs du
réseau, afin d'améliorer le travail interdisciplinaire;
«Considérant
que ce projet de loi ne propose rien pour améliorer les services de
santé, ni favoriser la prévention, préoccupations centrales de la population
québécoise;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Pour
ces raisons, nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec qu'il retire
le projet de loi n° 20; qu'il tienne de véritables consultations sur
l'avenir des soins de première ligne au Québec; qu'il donne l'exemple avec
des solutions proactives qui vont améliorer la santé des Québécois à long
terme.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Mme la
députée de Taillon m'a demandé la permission de pouvoir déposer une
autre pétition qui, elle, est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement?
Des voix :
...
Le Président :
Consentement. Mme la députée.
Mme
Lamarre : Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 837 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que l'accès à un médecin de famille et aux soins de première ligne demeure
problématique pour des milliers de Québécois;
«Considérant que ce projet
de loi entraînerait une diminution de la qualité des soins offerts aux
patients, et en compromettrait l'accès pour les populations les plus
vulnérables de la société québécoise;
«Considérant
l'absence de consultation avant le dépôt de ce projet de loi, malgré plusieurs
solutions proposées par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
l'Association des jeunes médecins du Québec et plusieurs intervenants en
première ligne;
«Considérant
la concentration inédite de pouvoirs entre les mains du ministre
qu'entraînerait ce projet de loi, et l'aspect punitif qui va à l'encontre
des valeurs québécoises;
«Considérant
que la priorité des omnipraticiens est une médecine de qualité envers leurs
patients et non de quotas, et que leur charge de travail est déjà très
lourde avec une moyenne de plus de 50 heures-semaine;
«Considérant que plusieurs
démarches concrètes sont en cours actuellement, par les acteurs du réseau, afin
d'améliorer le travail interdisciplinaire;
«Considérant
que ce projet de loi ne propose rien pour améliorer les services de santé, ni favoriser la prévention, préoccupations centrales de la population
québécoise;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Pour
ces raisons, nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec qu'il
retire le projet de loi n° 20; qu'il
tienne de véritables consultations sur l'avenir des soins de première ligne au Québec;
qu'il donne l'exemple avec des solutions proactives qui vont améliorer
la santé des Québécois à long terme.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Mme la députée de Taillon
a une autre pétition non conforme à déposer. Est-ce que j'ai un consentement?
Consentement. Madame.
Retirer
le projet de loi n° 20 sur l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée et tenir des consultations
sur l'avenir des soins de première ligne au Québec
Mme
Lamarre : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 7 313 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Il n'y a pas de
faits invoqués.
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons le retrait du projet de loi n° 20 et la tenue de
consultations sur l'avenir des soins de première ligne.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu,
de la part de Mme la députée de Repentigny, une demande de dépôt d'une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un
consentement? Consentement. Mme la députée.
Respecter le choix du parc
Claudel pour la construction
d'une école primaire dans Valmont-sur-Parc
Mme
Lavallée : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 801 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes de Repentigny.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la colline du parc
Frédéric-Coiteux, coeur de Valmont-sur-Parc, avec ses arbres matures, offre,
hiver comme été, des activités de plein air familiales importantes pour les
Repentignois;
«Considérant
que le parc Claudel, initialement
choisi par la municipalité pour la construction d'une école primaire
dans Valmont-sur-Parc, serait le meilleur choix;
«Considérant qu'il
n'y a pas eu d'étude d'impact;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, contestons l'enlèvement, à un coût très élevé, de la colline du
[parc] Frédéric-Coiteux pour y ériger une école et deux petites buttes
de glissade à l'arrière.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Décision
de la présidence sur la recevabilité de la question de violation de droit ou
de privilège soulevée le 25 février 2015 sur l'application des articles 247 et
250
du projet de loi n° 28, Loi concernant principalement la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant
le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016, avant son adoption
À
la rubrique Interventions portant sur
une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, vous m'avez demandé de vous rendre une décision concernant la mise en oeuvre des
dispositions du projet de loi
prévoyant l'abolition des conférences régionales des élus avant leur
adoption. Alors, je vais le faire immédiatement.
Alors,
je vais maintenant rendre ma décision concernant la question de violation de
droit ou de privilège soulevée le 25 février dernier par la leader
de l'opposition officielle. Dans sa lettre, elle allègue que le ministre des
Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire ainsi que le ministère qu'il dirige auraient commis un outrage au
Parlement en se prévalant des
articles 247 et 250 du projet de loi n° 28, Loi concernant
principalement la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et
visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016, et ce, avant
l'adoption de ce projet de loi par l'Assemblée.
L'article 247
du projet de loi prévoit l'abolition des conférences régionales des élus, alors
que l'article 250 prévoit, pour
sa part, la constitution de la composition des comités de transition devant
être mis sur pied. Ces articles se lisent comme suit :
«247. Les conférences
régionales des élus sont dissoutes sans autres formalités.
«Malgré
le premier alinéa, l'Administration régionale Baie-James n'est pas dissoute et
elle agit dorénavant à titre d'organisme
compétent en matière de développement régional dans la région administrative du
Nord-du-Québec dans la mesure prévue
aux dispositions de la section IV.3 de la Loi sur le ministère des
Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire
(chapitre M-22.1).
«Le Gouvernement de
la nation crie, agissant à titre d'organisme compétent en matière de
développement régional dans la région
administrative du Nord-du-Québec dans la mesure prévue aux dispositions de la
section IV.3 de la Loi sur le
ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du
territoire, jouit des compétences qu'il avait alors qu'il était réputé
agir à titre de conférence régionale des élus avant l'entrée en vigueur des
dispositions du présent chapitre.»
L'article 250, quant à lui : «Un
comité de transition est institué pour chaque conférence régionale des élus
dissoute par l'article 247.
«Le
comité de transition d'une conférence régionale des élus dissoute est composé
des membres suivants :
«1° du préfet de
chacune des municipalités régionales de comté du territoire concerné;
«2°
du maire de chaque municipalité locale dont le territoire, au sein du
territoire concerné, n'est pas compris dans celui d'une municipalité régionale de comté ou, dans le cas des
municipalités locales d'une agglomération, du maire de la municipalité
centrale;
«3° d'une personne
désignée par le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire.
«Dans
le cas de la conférence régionale des élus de Laval, le comité de transition se
compose du maire, d'une personne
désignée par le comité exécutif de la ville et d'une personne désignée par le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire.
«Dans
le cas des conférences régionales des élus de Longueuil et de Montréal,
le comité de transition se compose de cinq personnes désignées par et
parmi les membres du conseil d'agglomération, dont un doit être un membre qui représente une municipalité reconstituée, et d'une
personne désignée par le ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire.» Fin de la citation.
D'entrée
de jeu, il importe de rappeler qu'un outrage au Parlement est un acte ou une
omission qui a pour effet d'entraver
les travaux de l'Assemblée ou de ses membres ou de porter atteinte à leur
autorité ou à leur dignité. Il a été établi
par la jurisprudence que le fait de se prévaloir de dispositions législatives
toujours à l'étude à l'Assemblée nationale peut constituer un acte de la nature d'un outrage au Parlement. Cela
pourrait être le cas si, par un tel acte, on laissait croire qu'un projet de loi a force de loi dans des
publicités ou des communications d'information ou encore si on se servait de
dispositions législatives encore à l'étude à
l'Assemblée pour poser des gestes qui découleraient de l'application du projet
de loi.
À
ce stade-ci, le rôle du président n'est pas de déterminer s'il y a eu ou non un
outrage au Parlement, mais plutôt de
déterminer si les faits soumis peuvent constituer à première vue un outrage au
Parlement. En d'autres mots, la présidence doit déterminer si les faits
sont suffisamment probants pour permettre, le cas échéant, à l'Assemblée de
poursuivre le processus afin de déterminer s'il y a eu ou non un véritable
outrage au Parlement.
Dans le présent cas,
le rôle du président est donc de déterminer si, à première vue, on a laissé
croire, dans des publicités ou des communications
d'information, que les articles 247 et 250 du projet de loi n° 28
avaient force de loi ou si ces
dispositions législatives ont servi d'assise pour poser des gestes. Avant d'en
arriver au coeur de cette analyse, je vais
résumer les interventions qui ont été faites par les leaders des groupes
parlementaires le 26 février dernier. Comme je l'ai alors mentionné, il s'agit probablement de
l'une des plus longues et éloquentes plaidoiries dont j'ai été témoin depuis
bientôt presque 30 ans de présence à l'Assemblée nationale.
Selon
la leader de l'opposition officielle, le ministre des Affaires municipales et
de l'Occupation du territoire ainsi que
le ministère qu'il dirige ont agi comme si l'adoption des articles 247 et
250 du projet de loi était un fait accompli et que l'Assemblée n'avait plus aucun rôle à jouer dans
l'examen de l'adoption de ces mesures. Elle a transmis, au soutien de son
avis, une volumineuse documentation
regroupant notamment des lettres provenant du ministre et du sous-ministre
envoyées avant et après la
présentation du projet de loi n° 28, des informations prises sur le site
Internet du ministère sous la forme de foire
aux questions, des communiqués émis par les CRE, un plan de fermeture d'une
CRE, un portrait des engagements financiers d'une autre CRE et de même
que plusieurs articles de journaux.
• (10 h 30) •
Ces
arguments reposent essentiellement sur trois points, à savoir :
l'irréversibilité des gestes posés, la perception que ces gestes donnent du processus législatif et
du travail de l'Assemblée et finalement la problématique de l'application par
anticipation d'un article contenu dans un projet de loi.
Quant
au premier point, elle allègue, entre autres, que des CRE ont été fermées ou
sont en voie de l'être et que des
licenciements collectifs ont été faits ou annoncés, alors que l'Assemblée n'a
pas encore adopté le projet de loi prévoyant leur abolition. Elle insiste particulièrement sur le caractère
irréversible des gestes qui ont été posés, ce qui mène à son deuxième point : la perception du processus
législatif et du travail fait par l'Assemblée. Selon elle, la façon de procéder
utilisée donne l'impression que le
processus législatif n'est qu'esthétique et que l'issue de celui-ci est déjà
connue. De plus, elle indique que les gestes posés par certaines CRE
démontrent que la décision ministérielle de modifier la loi a été comprise comme équivalant à la modification
effective de celle-ci. À son avis, non seulement la décision est-elle prise,
mais elle est mise en oeuvre.
Troisièmement,
elle allègue également que le ministre et le ministère ont forcé l'application
de l'article 250 du projet de loi en mettant en place des comités de
transition. La création de ces comités est prévue dans le pacte fiscal
transitoire et reprise sur le site Internet du ministère dans la foire aux
questions.
Le leader du deuxième
groupe d'opposition a, pour sa part, rappelé les enjeux liés à la perception du
rôle de l'Assemblée dans le processus législatif
dans un contexte de gouvernement majoritaire. Il a soutenu qu'en situation de
gouvernement minoritaire jamais le
gouvernement, par l'entremise du sous-ministre, n'aurait envoyé de telles
missives aux structures que l'on
souhaite abolir. Il a mentionné également que ces missives ne comportaient
d'ailleurs pas la mention dans laquelle ces mesures seront mises en
oeuvre sous réserve de l'adoption du projet de loi par l'Assemblée.
Il
a soutenu également que, bien que les CRE aient le pouvoir d'engager du
personnel et de le congédier, elles n'ont
pas le pouvoir de se fermer elles-mêmes ou, pour reprendre ses termes, de se
faire harakiri. Elles ont été créées par loi et doivent donc être
abolies par loi.
Il
a rappelé enfin que les députés sont les seuls à avoir reçu le mandat populaire
de légiférer et que c'est l'Assemblée nationale qui décide du contenu et
de l'échéancier d'adoption des projets de loi.
Le leader du
gouvernement, quant à lui, a regroupé ses arguments sous cinq grands axes.
Premièrement, il
soutient que personne n'a laissé entendre que le processus d'étude du projet de
loi n° 28 était terminé. Au contraire,
selon lui, le ministre et le ministère ont mentionné la nécessité de l'adoption
du projet de loi dans les communications de même que dans la foire aux
questions présente sur le site du ministère.
Deuxièmement,
il plaide que le ministre et le ministère n'ont pas agi comme si les CRE
étaient abolies puisqu'ils sont toujours en relation avec elles. Il
invoque la signature récente de différentes ententes spécifiques, dont la liste
a d'ailleurs été déposée.
Troisièmement,
le leader a soumis à ma considération que les gestes qui ont été posés,
notamment les licenciements et la
constitution d'un comité consultatif, relèvent de pouvoirs qui existent déjà en
vertu des lois existantes. Selon lui, les CRE ont le pouvoir d'engager et de
licencier du personnel, tout comme le ministre a le pouvoir de créer un comité
chargé de lui faire des recommandations.
Quatrièmement, il soutient que les gestes qui ont
été posés l'ont été dans le cadre de la planification en vue de
l'adoption éventuelle du projet de loi. Il s'agirait, selon lui, de saine gouvernance et
non de l'application du projet de loi.
Enfin, il
soutient que les parlementaires peuvent encore faire un choix, que ceux-ci sont
libres d'étudier le projet de
loi et de le modifier. C'est pourquoi il est d'avis que ni le ministre ni le ministère
ne se sont comportés comme si les articles 247 et 250 du projet de loi
avaient force de loi.
À la lumière
des arguments qui ont été soumis, je dois maintenant déterminer si, à première vue, un outrage au Parlement a
été commis pour le motif qu'on a laissé croire que le projet de loi n° 28 avait force de loi dans
les communications d'information ou si on s'est prévalu des
articles 247 et 250 de ce projet de loi n° 28 pour poser des gestes.
Tout
d'abord, je vais traiter de l'état de notre droit parlementaire sur la question
des publicités et des communications d'information
concernant un projet de loi encore à l'étude. La jurisprudence parlementaire a
développé des critères afin de trouver
un juste équilibre entre, d'un côté, les devoirs et les responsabilités du
pouvoir exécutif et, de l'autre, le rôle du pouvoir législatif. Les critères relatifs aux publicités et aux
communications d'information portant sur les projets de loi ont évolué à
travers le temps de manière à les préciser et à les resserrer. La jurisprudence
a depuis longtemps reconnu la responsabilité
du gouvernement de faire connaître ses décisions à la population, et ce, même
si cette décision doit ensuite prendre
la forme de dispositions législatives. Elle a aussi admis qu'une publicité ou
une communication d'information n'a
pas d'incidence sur le processus législatif, les députés étant toujours libre
d'amender les projets de loi ou, ultimement, de ne pas les adopter. Nous avons deux décisions : 26 novembre
2004, par Michel Bissonnet, et 16 octobre 2002, par Louise Harel.
En
contrepartie, une jurisprudence constante a toujours été soucieuse du fait que,
par une publicité ou une communication
d'information, on ne pouvait laisser croire qu'une disposition encore à l'étude
à l'Assemblée nationale avait force
de loi et que son adoption n'était qu'une formalité. Les différents présidents
qui se sont succédé ont d'ailleurs été, au fil du temps, de plus en plus
précis à ce sujet.
Dans une décision rendue en 1990 portant sur des
annonces publicitaires concernant l'entrée en vigueur de modifications à la
taxe de vente du Québec, le président Saintonge mentionnait, et je cite :
«Que le gouvernement ou l'Administration
veuillent informer les citoyens sur les politiques et programmes
gouvernementaux n'est pas répréhensible. Il s'agit même d'une responsabilité
qui leur incombe.
«Toutefois,
une publicité portant sur les mesures découlant de dispositions législatives
non encore adoptées doit faire preuve de respect et de déférence à
l'égard de l'institution parlementaire et de ses membres. On ne doit pas
laisser l'impression au grand public qu'une
mesure projetée est un fait accompli et que le Parlement n'a aucun rôle à jouer
dans l'examen et l'adoption de cette mesure.
«[...]À
l'avenir, les publicités et communications
à l'intention du public, initiées par un ministère ou un organisme public et concernant des mesures législatives non
encore adoptées, devront porter une mention référant au rôle de l'Assemblée
et de ses membres. Le président demande la
collaboration des membres du Conseil exécutif dans une recherche commune
d'un plus grand respect de l'institution parlementaire.» 1990, Jean-Pierre
Saintonge.
Puis, dans
une décision rendue en 1992 concernant un communiqué s'adressant à des
professionnels de la santé pour leur
faire part de modifications au régime d'assurance-maladie contenues dans un
projet de loi, le président Saintonge en
ajoutait en précisant que, et je cite, «il est déplorable qu'on n'ait pas
mentionné le rôle du Parlement et de ses membres conformément au souhait exprimé dans une décision de la présidence du
14 décembre 1990». Et cette citation... ce jugement est du
19 mai 1992.
Dans une
décision de 1994, toujours du même président Jean-Pierre Saintonge, portant sur
l'acquisition, par une société
d'État, de biens et de services en vue de l'application éventuelle d'un projet
de loi, le président Saintonge rappelait de nouveau, et je cite :
«La
présidence a déjà mentionné que les publicités et les communications
d'information à l'endroit du public, initiées
par un ministère ou un organisme public et portant sur les mesures prescrites
par des dispositions législatives non encore
adoptées, devraient porter une mention référant au rôle de l'Assemblée et de
ses membres dans le processus d'adoption de ces mesures.
«Un organisme
public devrait avoir la même considération pour le rôle de l'Assemblée et de
ses membres. Dans son rapport annuel, la société aurait dû porter ce
rôle à l'attention du lecteur.» Fin de la citation.
En 1998, le
président Bertrand rendait une décision concernant un appel d'offres du
Directeur général des élections invitant
des firmes à soumissionner pour la réalisation de la liste électorale
permanente, alors que le projet de loi établissait cette liste encore à l'étude à l'Assemblée. Il
mentionnait, et alors je cite : «La présidence a déjà formulé une
exigence selon laquelle les
publicités et les campagnes d'information à l'endroit du public, mises sur pied
par un ministère ou un organisme
public et portant sur des mesures prescrites par des dispositions législatives
non encore adoptées devraient porter
une mention référant au rôle de l'Assemblée et de ses membres dans le processus
d'adoption de ces mesures.» Fin de la citation.
Et enfin, en
2013, j'ai rendu une décision concernant des publicités faites par certaines
commissions scolaires invitant les
parents à inscrire leurs enfants à la maternelle quatre ans, alors que le
projet de loi créant ce nouveau programme était toujours à l'étude à
l'Assemblée. Je mentionnais alors, et je m'excuse de me citer :
«...[les] publicités et communications
d'information doivent faire preuve de respect et de déférence à l'égard de
l'Assemblée nationale et de ses membres. On
ne doit pas laisser l'impression au grand public qu'une mesure projetée est
un fait accompli et que le Parlement n'a aucun rôle à jouer dans l'examen et
l'adoption de cette matière.
«[...]La présidence rappelle à nouveau
l'importance de faire mention de manière explicite du rôle de l'Assemblée et de ses membres quant à l'adoption d'un projet
de loi avant de faire une publicité
ou une communication d'information
sur une mesure contenue dans un projet de loi. Le rôle de l'Assemblée et [de ses] députés n'est pas cosmétique. Les députés sont
les seuls à avoir reçu le mandat populaire de légiférer. Il faut faire preuve
de respect et de déférence à cet égard. C'est l'Assemblée nationale qui décide du contenu et de l'échéancier
d'adoption de projets de loi, et rien ne doit être fait ou dit qui
donnerait l'impression qu'il en est autrement.» Fin de la citation.
L'évolution
de la jurisprudence parlementaire québécoise ne s'est pas faite en vase clos.
En analysant la tendance jurisprudentielle
de d'autres Parlements du Canada, on constate que les mêmes principes se sont
dégagés en ce qui concerne les publicités et communications
d'information.
• (10 h 40) •
À
titre d'exemple, en 1997, c'est en appliquant la même logique que le président
de l'Assemblée législative de l'Ontario, M. Chris Stockwell, a
accueilli une question de privilège portant sur une communication
gouvernementale traitant d'un projet de loi
toujours à l'étude. Après avoir rappelé un avertissement précédemment donné par
la présidence à l'effet qu'elle exigerait
dorénavant plus de respect envers les fonctions de l'Assemblée, la présidence a
affirmé ceci, et je cite :
«In my opinion, they convey the
impression that the passage of the requisite legislation was not necessary or
was a foregone conclusion, or that the Assembly and the
Legislature had a pro forma, tangential, even inferior role in the legislative and lawmaking process, and in doing
so, they appear to diminish the respect that is due to this House. I would
not have come to this view had these claims
or proposals — and that is all they are — been
qualified by a statement that they would only become
law if and when the Legislature gave its stamp of approval to them.
«[...]I
say in all candour that a reader of that document could be left with an
incorrect impression about how parliamentary
democracy works in Ontario, an impression that undermines respect for our
parliamentary institutions.»
Je peux vous faire la traduction, si vous le jugez à propos, mais je
pense que tout le monde a compris. Je pense que tout le monde a compris.
On
retiendra de la jurisprudence parlementaire que l'on doit éviter de donner
l'impression que le rôle du Parlement et
de ses membres est plutôt cosmétique ou qu'une mesure présentée sera adoptée à
un moment précis. De même, une publicité
ou une communication d'information ne doit pas laisser croire que le projet de
loi a force de loi, qu'il s'agit d'un fait
accompli ou que le Parlement n'a aucun rôle à jouer — décisions de Jean-Pierre Charbonneau le
3 mai, Michel Bissonnet, 14 novembre, Jacques Chagnon,
11 juin.
Par conséquent, une publicité ou une communication
doit non seulement comporter une référence au processus législatif, mais une mention suffisamment
explicite quant au rôle de l'Assemblée et de ses membres dans l'examen et
l'adoption d'un projet de loi. Il doit être indiqué clairement que les mesures se matérialiseront
sous réserve de l'adoption du projet de loi par l'Assemblée nationale.
J'en
viens maintenant à notre droit parlementaire. J'en viens maintenant
à l'état de notre droit parlementaire sur
la question de se servir de
dispositions législatives encore à l'étude pour poser des gestes qui
découleraient de l'application du projet de loi. En cette
matière, il faut se demander si les gestes pouvaient être posés indépendamment
du projet de loi à l'étude devant l'Assemblée.
Dans
une décision rendue en 1998 concernant la création d'Héma-Québec, et ce, avant la présentation du
projet de loi prévoyant sa
constitution, le président Charbonneau concluait qu'il n'était pas en présence
d'un outrage au Parlement. Il
constatait alors, et je cite : «[Le fonctionnement d'Héma-Québec] est régi
par les lettres patentes qui l'ont créée et, par conséquent, est
indépendant des dispositions du projet de loi.» Fin de la citation.
Ce
raisonnement a été suivi de nouveau dans une décision rendue en 1999 par le
président Charbonneau. Il était alors
allégué que la ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole avait
commis un outrage au Parlement en approuvant
un règlement d'emprunt d'une municipalité pour l'achat d'un terrain non
entièrement situé sur son territoire, alors
que le projet de loi prévoyant le regroupement de ces municipalités était
toujours à l'étude à l'Assemblée. Le président a alors conclu qu'il n'était pas en présence d'un outrage au Parlement
puisque, et je cite, «en approuvant le règlement d'emprunt de la municipalité[...], la ministre ne s'est pas prévalue de
dispositions législatives prévues dans le projet de loi, mais de dispositions déjà existantes du Code
municipal relatives à l'adoption et l'approbation de règlements d'emprunt.
Il ressort de l'ensemble de ces dispositions
que le règlement d'emprunt adopté par la municipalité [...] peut exister
indépendamment des dispositions du projet de loi.»
Pour conclure à un
outrage à première vue dans un tel cas, le président Charbonneau a mentionné,
dans une décision rendue en 2000, qu'il
faut, et je cite, «une preuve laissant clairement voir que la ministre a agi [...]
si des projets de loi avaient force
de loi, et ce, en se prévalant sciemment de dispositions contenues dans ces
projets de loi afin de poser des gestes».
Enfin,
pour que la responsabilité d'un ministre soit engagée à l'égard d'un geste posé
par un organisme qui se serait
prévalu de dispositions législatives non adoptées, il faut démontrer un lien
suffisant entre ce geste et la responsabilité du ministre. À cet égard, en 2002, la présidente Harel devait déterminer
si le ministre d'État à la Santé et aux Services sociaux était responsable d'un outrage au Parlement commis par une régie
régionale. Elle a alors mentionné, et je cite : «...même si la présidence en était venue à la
conclusion que la régie s'était prévalue d'une disposition du projet de loi, le
lien entre le geste posé par la régie
et la responsabilité du ministre [était] trop ténu pour affirmer que le
ministre aurait commis un outrage au Parlement.» Voilà pour l'état du
droit parlementaire.
Dans
un premier temps, je vais analyser les faits qui m'ont été soumis afin de
déterminer si, à première vue, on s'est comporté dans des publicités ou des communications d'information comme
si l'abolition des CRE, prévue à l'article 247 du projet de loi
n° 28, était un fait accompli.
Une lettre du
ministre du 13 novembre 2014, adressée au président des CRE, traite de la
nouvelle gouvernance de proximité et
annonce l'abolition prochaine des CRE. Cette lettre mentionne également, et je
cite : «Les mesures législatives nécessaires à la mise en oeuvre de
cette orientation seront prochainement présentées à l'Assemblée nationale pour adoption.» Fin de la citation. Le ministre y
mentionne également qu'il compte sur la collaboration du président de la CRE
et de son conseil d'administration, et je
cite, «pour mener avec rigueur ce passage nécessaire dans le respect des
orientations gouvernementales». Il
ajoute que, et je cite, «par conséquent, à compter de la signature du pacte
fiscal transitoire, les CRE ne devront
prendre aucun nouvel engagement financier faisant appel au Fonds de
développement régional — le FDR — et
limiter les déboursements aux seuls cas jugés essentiels à la transition».
Ensuite, dans une lettre du 14 novembre 2014
adressée aux directeurs généraux des CRE, le sous-ministre mentionne, et je cite : «Des gestes devront
être posés à court terme afin de respecter les réductions budgétaires et tenir
compte des orientations gouvernementales.» Fin de la citation.
Il ajoute que
le ministère requiert, au plus tard le 15 décembre 2014, un portrait des
engagements souscrits par la CRE,
incluant l'état de situation de chaque engagement financier pris à même le FDR
et l'état des engagements pris pour
les opérations courantes de la CRE et, le cas échéant, les conditions liées aux
bris de ces contrats. Enfin, il mentionne que, et je cite, «les prochaines avances de fonds se limiteront aux
seuls cas jugés essentiels et s'inscrivant dans un plan de fermeture de la CRE; ce plan devra être élaboré et
transmis au ministère d'ici la fin décembre 2014». Fin de la citation.
La lettre du
sous-ministre, contrairement à celle du ministre, ne fait aucunement allusion à
des mesures législatives qui devraient être présentées à l'Assemblée et
adoptées par cette dernière afin de mettre en vigueur les changements proposés. Le projet de loi n° 28 a été
présenté à l'Assemblée le 26 novembre 2014, soit une douzaine de jours après
l'envoi de ces deux lettres.
Le 17
décembre 2014, le sous-ministre a de nouveau écrit aux directeurs généraux des
CRE. Il réfère à sa dernière correspondance
en ces termes, et je cite : «Dans ma lettre du 14 novembre dernier, je
vous demandais d'accomplir certains gestes
visant à prendre en compte les orientations gouvernementales dans le
déploiement d'une nouvelle gouvernance régionale de proximité.» Fin de
la citation.
Il constate
que la plupart des CRE, et je cite, «ont entrepris avec célérité des travaux
conduisant à la fermeture de [leurs] organisations». Fin de la citation.
Un peu plus
loin, il mentionne que les CRE auront, et je cite, «jusqu'au 15 janvier 2015
pour [...] transmettre un plan
provisoire [...] permettant d'apprécier [l'état d'avancement des travaux].
Quant au plan complet de fermeture, il pourra être acheminé au plus tard
le 30 janvier 2015.» Fin de la citation.
Encore une fois, cette lettre ne fait aucunement
mention du rôle de l'Assemblée
nationale et de ses membres dans
le processus d'étude et d'adoption de l'article 247 du projet de loi n° 28. Par
ailleurs, il appert, de la documentation soumise, que les
licenciements collectifs qui ont été annoncés ou effectués faisaient partie des
plans de fermeture des CRE. Certains licenciements ont déjà pris effet,
et d'autres prendront effet d'ici le 31 mars prochain.
À titre
d'exemple, le plan de fermeture de la CRE Vallée-du-Haut-Saint-Laurent
mentionne, dans la colonne «Plan de
fermeture proposé», la réception, par les personnes occupant différents postes,
d'un préavis de licenciement indiquant notamment la date de la fin de l'emploi, prévue, dans
certains cas, pour le 30 janvier et, dans certains autres cas, pour le 31 mars
2015.
De même, un
communiqué de presse de la CRE Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, publié le 19 décembre 2014, mentionne, et je cite : «[Les] 34 employés ont reçu un avis de
licenciement collectif qui prévoit la fin de leur contrat le 13 février 2015.» Les documents fournis par
la leader de l'opposition officielle contiennent plusieurs autres exemples du
même ordre.
Que dois-je
retenir de ces faits et de l'ensemble des communications qui m'ont été
soumises? À tout le moins, ces dernières
ne semblent pas avoir été suffisamment explicites pour réfréner les ardeurs de certains
acteurs dans le processus d'abolition des CRE. Mais, au-delà de la mention
du rôle de l'Assemblée et de ses membres, il importe de se demander si, dans les faits, on se comporte comme si le projet de loi avait force de loi. À cet égard, des CRE semblent avoir compris
que leur fermeture était un fait inévitable au point de procéder à des
licenciements.
Dans un
deuxième temps, je vais analyser si d'autres faits qui ont été soumis à ma
considération... afin de déterminer si,
à première vue, la constitution de comités de transition équivaut à l'application de l'article 250 du projet
de loi n° 28.
• (10 h 50) •
Dans sa
lettre du 13 novembre 2014, le ministre mentionne, et je cite : «Dans les prochaines semaines, pour chaque territoire de CRE, un comité
sera constitué, se composant des préfets et des maires de chaque municipalité locale» et que ce comité aura
«pour mandat de préparer la prise en charge des nouvelles responsabilités en
matière de développement économique
et régional». Fin de la citation.
Le site
Internet du ministère donne des précisions additionnelles quant à la composition
de ces comités. Ce site mentionne ce
qui suit, et je cite : «Le comité de transition est composé du préfet de
chacune des MRC du territoire concerné; du maire de chaque municipalité locale dont le territoire, au sein du territoire concerné, n'est pas
compris dans celui d'une MRC ou, dans
le cas des municipalités locales d'une agglomération, du maire de la municipalité centrale; [ou] d'une personne
désignée par le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire.» Des dispositions
particulières sont également prévues pour les municipalités de Laval, Longueuil
et Montréal.
Or, ces
comités de transition ont la même composition que les comités de transition
prévus par l'article 250 du projet
de loi n° 28. Le leader du gouvernement a mentionné dans
sa plaidoirie que le ministre ne s'est pas prévalu de l'article 250
du projet de loi pour créer ces comités, puisque ceux-ci ne sont chargés que de faire
des recommandations et qu'ils ne détiennent
aucun des pouvoirs prévus dans le projet
de loi. Il a également
soutenu que le ministre dispose déjà du pouvoir de créer des comités
consultatifs.
À
cet égard, il serait hasardeux pour la présidence de fonder ses conclusions
uniquement sur des références au droit
applicable qui auraient pu justifier certains des gestes posés en l'espèce. En
effet, il est vrai qu'on m'a instruit de certaines dispositions
législatives autres que celles contenues dans le projet de loi n° 28 qui
auraient pu justifier la constitution des
comités de transition. Il est également vrai que rien ne démontre qu'il était de
l'intention du ministre de doter ces comités de pouvoirs prévus
dans le projet de loi avant son adoption.
Toutefois,
je ne peux ignorer que l'ordre des nominations et leur composition sont les mêmes
que celles prévues dans le projet de loi n° 28. Au surplus, dans les faits, les documents déposés par la leader de l'opposition
officielle tendent à démontrer que
les comités de transition créés par le ministre ont été perçus comme étant ceux
prévus à l'article 250 du projet
de loi. L'extrait du procès-verbal du comité exécutif de la ville de Laval
soumis à notre attention en est d'ailleurs un bon exemple. Ce
procès-verbal prévoit, et je cite :
«Considérant
le dépôt du projet de loi n° 28 concernant principalement la mise en
oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget...»
Une voix :
...
Le Président :
C'est long, je comprends, mais il en reste moins :
«Considérant
le chapitre VIII de ce projet de loi qui aborde la nouvelle gouvernance
municipale en matière de développement local et régional;
«Considérant
l'article 250 qui traite de la mise en place d'un comité de transition pour
chaque conférence régionale des élus dissoute;
«Considérant
la disposition particulière pour la Conférence régionale des élus de Laval
relativement à ce comité de transition...» Fin de la citation.
La
même observation peut être formulée à l'égard des licenciements effectués par
certaines CRE. Le leader du gouvernement
m'a soumis que les CRE auraient le pouvoir d'engager et de licencier du
personnel. Peut-être. Néanmoins, sans
le projet de loi n° 28 et les communications qui leur ont été adressées,
les CRE auraient-elles fait parvenir des avis de licenciement collectif à leurs employés? Je ne peux le savoir. Ce qui
poserait véritablement problème ici, c'est que les gestes qui ont été posés ont comme toile de fond
les dispositions d'un projet de loi qui est toujours à l'étude à l'Assemblée.
À la lumière de ce qui précède, peut-on conclure qu'il y ait eu, à première
vue, un outrage au Parlement?
Comme
le mentionne l'auteur Maingot, je cite : «En termes parlementaires, une
question de privilège est fondée à
première vue, lorsque les faits, tels qu'exposés par le député, sont
suffisamment graves pour que la Chambre soit invitée à discuter de l'affaire et à la renvoyer à un
comité, qui sera chargé de faire enquête pour déterminer s'il y a eu outrage
ou atteinte aux privilèges de la Chambre, et d'en faire rapport.»
Sommes-nous,
en l'espèce, dans une telle situation? Sommes-nous en présence de faits
suffisamment graves pour que l'on
confie à l'Assemblée le soin de discuter du fond de l'affaire? Je crois que
oui. Il y a, à première vue, des liens à
faire entre les faits soumis à l'article 247 et 250 du projet de loi
n° 28. Les communications d'information envoyées aux CRE en lien avec le projet de loi n° 28
et les gestes posés ensuite par ces dernières pourraient, à première vue, être
reliés.
Compte tenu de ce qui
précède, les faits sont, à mon sens, suffisamment probants pour que, si une
motion est présentée en ce sens, l'on confie à l'Assemblée le soin de faire une
enquête et de déterminer les rôles, les pouvoirs et responsabilités des
nombreux acteurs impliqués dans cette affaire. Il appartiendra alors ultimement
à l'Assemblée de déterminer si un outrage a été commis et par qui.
Il
faut garder à l'esprit que le président, dans la charge qu'il occupe, doit être
le gardien des droits et des privilèges de l'Assemblée. En tout temps, il lui faut protéger l'indépendance,
l'autonomie et la dignité de notre institution. J'estime qu'il est de mon devoir de donner à l'Assemblée la possibilité d'éclaircir la question. Si je ne le permettais pas, je manquerais
à mon devoir envers notre Assemblée.
Comprenez-moi
bien, lorsque la présidence rend une décision sur la recevabilité d'une
question de privilège, il faut se
garder d'interpréter cette décision comme une condamnation de qui que ce soit.
Le fait que la présidence déclare une question
de privilège recevable à première vue n'équivaut pas à dire qu'un outrage a été
commis. La décision rendue par la présidence
au stade de la recevabilité repose sur une analyse à première vue, en fonction
des faits qui lui sont soumis et sans procéder
à une enquête en profondeur. Cette enquête, le cas échéant, a lieu à une étape
ultérieure, et ce n'est qu'à ce stade que l'ensemble de l'affaire peut
faire l'objet d'une analyse plus approfondie.
Permettez-moi
également, à cette étape-ci, de faire une remarque sur le difficile équilibre
entre les rôles et responsabilités des
branches exécutive et législative. Je comprends la volonté de chaque ministère
de planifier de bonne foi la mise en
oeuvre de mesures qui découleraient de l'adoption d'un projet de loi et son
souci d'efficience et de saine gouvernance.
Toutefois, cet objectif ne peut avoir pour effet de porter atteinte à la
dignité de l'Assemblée, qui a, elle aussi, un rôle fondamental à jouer
au sein de l'État québécois. La décision doit donc aussi servir à sensibiliser
les acteurs gouvernementaux à prendre en considération le rôle du pouvoir
législatif.
À cet égard, je vous rappelle ce que j'affirmais
dans une décision rendue en juin dernier alors que la question portait sur le fait de rendre public le contenu
d'un projet de loi avant sa présentation à l'Assemblée, et je cite :
«...je reconnais la nécessité de
communiquer avec les citoyens au sujet des politiques et des orientations du
gouvernement. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'un projet de loi, tous doivent être
conscients du rôle essentiel de l'institution parlementaire et des députés
qui la composent. Je
souhaite que ce rappel soit entendu par tous, autant les ministres que les gens
qui les entourent et qui sont
impliqués de près ou de loin dans le processus menant à la présentation d'un
projet de loi à l'Assemblée.» Ce message de la présidence garde tout son sens tant et aussi longtemps que
l'Assemblée est saisie d'un projet de loi et qu'elle n'en a pas terminé
l'étude.
En terminant, je souhaite mentionner que, les 11
et 17 mars derniers, la leader de l'opposition officielle m'a transmis des documents supplémentaires au soutien
de sa question de droit ou de privilège, documents que j'ai d'ailleurs communiqués au leader le jour de leur
transmission. Je vous avise que j'en ai pris connaissance, mais, étant donné
qu'ils n'avaient pas d'impact sur la
conclusion à laquelle j'en arrive, en l'espèce, je n'en ai pas tenu compte pour
la présente décision.
Par ailleurs, je rappelle que la jurisprudence a
établi que le fait d'une question de violation de droit ou de privilège soit soulevée à l'égard d'un projet de loi ne peut avoir pour effet d'empêcher l'Assemblée de l'étudier et d'en
apprécier le contenu. Il ressort
aussi qu'il n'appartient pas à la présidence d'empêcher l'Assemblée d'exercer sa
fonction législative. En l'espèce,
l'Assemblée est déjà saisie de ces projets
de loi et le processus législatif
peut suivre son cours. Voilà la décision. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Devant cette longue décision, vous me permettrez peut-être
de vous suggérer que nous puissions
faire des remarques un peu plus tard, après la période de questions, pour
permettre que nos débats usuels puissent
se tenir. Il est évident que, devant le nouveau privilège parlementaire qui
apparaît maintenant et qui réglemente les mots mêmes de tiers qui ne siègent pas ici... va mériter que nous
puissions en tirer quelques conséquences. Notamment, j'indiquerai qu'il y a minimalement deux
erreurs de droit et trois erreurs de fait dans ce que j'ai entendu et que
l'approche que vous proposez à
l'égard de la planification administrative aura des conséquences sur nos
pratiques parlementaires à l'avenir, il en va de soi.
Je vous
laisse avec une seule question : Si les communications ont amené les CRE à
conclure, avant même la fin de l'année 2014, que le projet de loi était déjà adopté, que faisaient-elles ici à la fin janvier 2015 pour justement
assister à une consultation
particulière dans le cadre du processus de l'adoption de la loi? Nous aurons
l'occasion de parler sur cette incohérence, M. le Président.
Le
Président : J'ai
reçu, de la part du leader du gouvernement, une demande de... non pas commencer à réétudier
le fond de cette question-là tout de suite, mais, au moins, de regarder ce jugement-là plus tard. C'est ce que je
comprends? Après les travaux de l'Assemblée?
Une voix : ...
Le
Président : Sur les
renseignements sur les travaux de la Chambre. Est-ce que ça vous irait que nous...
En fait, la demande devrait être
conjointe, en fait. Les trois leaders pourraient, à ce moment-là, prendre le
temps nécessaire pour regarder le jugement ou la décision. Mme la leader
de l'opposition.
• (11 heures) •
Mme
Maltais : M. le
Président, d'abord, je vais faire
quelques remarques sur l'importante décision que vous venez de prendre. Prima facie, comme vous l'avez très
bien dit, il y a outrage au Parlement. Donc, c'est extrêmement important. Prima facie. À
première vue. À première vue. Et vous avez donc décidé de renvoyer cela à un
comité, comme le règlement le prévoit.
Le règlement
prévoit aussi une autre chose fort importante, c'est que les décisions du
président de l'Assemblée nationale
ne sont pas contestées — article 41. Or, M. le Président, nous accueillons donc votre décision. Je vais
remercier d'ailleurs mes collègues
les leaders du gouvernement et de la deuxième opposition qui ont fait des
plaidoiries respectives et
respectueuses de l'Assemblée et de sa tenue. Je souhaite également remercier la
présidence pour l'écoute lors de ces plaidoiries.
Nous allons
prendre le temps de relire attentivement cette décision. Nous ne voyons pas
cette nouveauté qui... ce nouveau
privilège parlementaire qui serait de revoir une décision de façon
un peu détournée en revenant. La décision, elle est prise. Nous allons prendre les décisions qu'il faut. À la
lecture de cette décision, à première
vue il est clair qu'il y
aurait d'importants correctifs à
apporter de la part du ministre des
Affaires municipales et de la
Métropole. Peut-être qu'il va voir à apporter des correctifs, mais cela...
Comme vous l'avez rapporté, le processus législatif
suit son cours, mais il pourrait au
moins y avoir des correctifs d'apportés. Ensuite, conformément à nos usages et
au droit parlementaire, la prochaine
étape, c'est que nous ferons connaître aux membres de cette Assemblée dans les
prochains jours les suites que nous entendons donner à cette décision.
Merci, M. le Président. Donc, nous ne voyons pas
l'utilité d'une autre plaidoirie, votre décision est rendue.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Je n'ai
vraiment pas été compris. Je connais très bien la règle qui nous amène à
respecter les décisions de la présidence et,
M. le Président, je tiens à vous dire que je prends note de la décision que
vous avez rendue. Cette décision aura
des conséquences sur les pratiques parlementaires. Nous devrons avoir un moment
dans ce Parlement, assemblée
délibérante, me semble-t-il, où nous devrions être en mesure d'en discuter. Je
vous suggère que ce soit à la période
qui suit la période de questions. S'il vous agrée que ce soit à la séance de la
semaine prochaine, je n'en vois pas de difficulté, ça permettra à chacun
de procéder à une lecture plus attentive de la décision que vous avez rendue.
Mais je tiens à vous dire, M. le
Président... D'ailleurs, je pourrais citer de nombreux précédents où il y a eu
des commentaires suite aux décisions,
notamment ceux qui venaient de l'autre parti, et je pense que c'est juste
normal qu'on ait le temps de faire
des rappels puis qu'on indique quelles sont les conséquences qu'on voit dans ce
parlementarisme convivial. Que ce
soit maintenant ou la semaine prochaine, je laisse cela à votre discrétion, M.
le Président. Il sera néanmoins important
d'informer l'Assemblée et la société des nouvelles règles que vous imposez
maintenant, même à l'égard de tiers, et donc qu'un moment soit donné à
cela me semble très approprié.
Pour le reste, je
connais très bien les conséquences qui sont prévues dans le règlement et je
connais très bien quelles sont les marges de
manoeuvre qui existent à chacun des parlementaires dans le règlement en termes
de pratiques parlementaires, et, M.
le Président, il me semble important de le dire, que la nouvelle règle
entraînera une nouvelle pratique. Merci.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : Court commentaire, M. le Président. Vous avez
rendu une décision extrêmement importante face à l'arrogance d'un gouvernement qui souhaitait piétiner le processus
législatif. Il y a urgence, et moi, de mon côté, du côté de ma formation politique, nous souhaitons en
discuter après la période de questions si les trois leaders le veulent bien.
Le
Président : Je préférerais, évidemment, que nos discussions
prennent une certaine hauteur, comme l'a évoqué, d'ailleurs, le leader
du gouvernement. Je pense que la proposition...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! La proposition que fait... et la suggestion que fait le leader
du gouvernement m'apparaît intéressante.
Moi, j'aimerais, en tout cas, le savoir, j'aimerais entendre ces
commentaires-là. Je ne dis pas... Il n'est
pas question de remettre... Le leader du gouvernement ne dit pas : Je
remets en question la décision, il dit : Je voudrais faire savoir exactement ce que je pense, ce que je
vois dans cette décision-là. Je pense que ce n'est pas inutile, et je pense
que peut-être Mme la leader de l'opposition pourrait y souscrire.
Mme
Maltais :
M. le Président, la discussion, elle s'est faite lors des plaidoiries,
3 h 30 min de plaidoiries. Vous
avez rendu votre décision, elle est bien étoffée. Je comprends que certains
voient là... Nous, ce que nous retrouvons là-dedans, là, c'est le droit parlementaire, qui est séculaire. La
différence entre l'exécutif et le législatif, vous l'avez bien tranchée.
Maintenant,
la prochaine discussion que nous aurons, c'est si nous décidons, nous, de
donner suite. À ce moment-là, dans
les prochains jours, nous vous transmettrons une motion, ça s'en ira à la
Commission de l'Assemblée nationale. Donc, il n'y a pas d'autre
discussion, quant à nous.
Toutefois,
si le leader du gouvernement ou le leader de la deuxième opposition ont des
choses à dire concernant le
règlement, bien, qu'ils les transmettent par lettre, et nous avons un comité de
travail, nous pouvons revoir ce qui se passe à cet endroit-là. Mais,
non, pour nous, la suite des choses, c'est : Nous vous donnerons avis dans
les prochains jours.
Le Président :
Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Je veux simplement noter — en respect de votre décision — la façon
dont je la comprends est vraiment une invitation à tout gouvernement, quel
qu'il soit, de faire preuve d'une sorte de principe de précaution. Lorsqu'il veut aller trop rapidement, il
risque de se mettre en porte-à-faux à l'égard des procédures parlementaires. Et je pense que, ça, le
gouvernement qui est en poste actuellement doit l'entendre, ça me paraît être
le sens profond de votre décision.
Pour
la suite des choses, dans votre décision vous indiquez qu'il revient à
l'Assemblée nationale de débattre et de statuer sur le fond des choses.
Ce que je souhaite, quelle que soit la forme, c'est que nous ayons ce débat et
que nous l'ayons de la façon la plus sereine possible et de la façon la plus
constructive possible pour la suite des choses, pour, effectivement, démêler ce qui appartient aux différents paliers de pouvoir
et que, là-dessus, nous ayons une discussion franche, honnête et surtout qui va construire pour l'avenir. Ça ne peut
pas se faire en quelques minutes à la fin d'une période de questions.
Le Président :
Merci. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je ne veux pas que l'on confonde le processus d'une
commission parlementaire qui suit la décision avec l'importance de comprendre
le sens de la décision. D'autant que cela a toujours été fait. Il y a deux types de façon de faire des commentaires sur une décision. Se lever de façon désordonnée,
invoquer des questions de règlement et, finalement, la commenter et apporter un sens dans un certain chaos parlementaire, on a vu ça à plusieurs occasions. Il y a aussi de faire
une demande raisonnable, posée, de se suggérer que nous puissions avoir une
lecture correcte et faire quelques commentaires.
Parce que ce que vient de dire la députée
de Gouin n'est pas le sens de votre décision, M. le Président, et c'est pourquoi il est important d'y avoir des remarques qui y soient
faites. Votre décision porte sur la communication et la façon dont cette
communication a été interprétée, et non pas ce que la députée de Gouin vient de
dire.
Donc, il me
semble tout à fait approprié que nous ayons ce moment. Je laisse à
vous, M. le Président, puisque nous
n'avons pas le consentement de l'opposition
officielle, je vous laisse à vous, en vertu de l'article 2 du règlement et de vos capacités de gérer nos travaux, de prendre la
décision. Je ne force pas à ce que ce soit aujourd'hui, M. le Président. Si, d'aventure, vous souhaitez que tous puissent bénéficier d'un jugement
important que vous rendez aujourd'hui,
l'effort que vous y avez accordé, me
semble-t-il, démontre que vous y trouvez une importance. Personnellement, j'y dénote des erreurs de droit et de fait, mais nous aurons l'occasion
d'y revenir.
Ceci étant, M. le Président, je vous suggère d'utiliser vos pouvoirs généraux pour que, la semaine prochaine, nous ayons
une période réservée à bien comprendre le sens de votre décision non seulement pour les parlementaires, mais pour tous les Québécois, tiers à
cette Assemblée, qui sont maintenant touchés par un nouveau privilège parlementaire.
Le
Président : Pour
l'instant, là, on a ceci. Je n'ai pas entendu dire... J'ai compris que le
leader soulevait la possibilité d'erreurs de droit, mais, comme il connaît bien
notre règlement, il sait aussi que la décision ne peut pas être
remise en question.
Ceci étant dit,
ce que l'on me propose, est-ce une question de directive, une question de demande
d'éclaircissement sur certaines orientations de ce...
Une voix : ...
Le
Président : Bien, peut-être
que ça pourrait vous intéresser aussi. Peut-être, mais ça pourrait vous
intéresser, ça devrait... Demander
que le leader du gouvernement m'appelle, ça exclurait la connaissance des autres membres de cette
Chambre de la discussion que nous pourrions
avoir ensemble. Moi, je ne suis pas imperméable à l'idée de pouvoir écouter ce
que l'un ou l'autre d'entre vous pourriez avoir à nous dire sur cette
question-là dans un temps qu'on pourrait prendre aujourd'hui, demain, la semaine prochaine... bien, demain, c'est un peu
plus compliqué, mais la semaine prochaine pour au moins écouter ce que... C'est une décision qui est tellement
importante qu'on doit aussi écouter les gens qui ont des choses à dire
là-dessus. Mme la leader.
Mme
Maltais : M. le
Président, là, le leader du gouvernement est déjà en train de contester votre décision, il dit
déjà
qu'elle a des erreurs de droit. Ce qu'il tente de faire, c'est, de façon
détournée, de contester l'article 41, qui dit ceci : «La décision
du président ou de l'Assemblée ne peut être discutée.» La décision est
fouillée, fondée. Il y a eu une plaidoirie
de 3 h 30 min ici qui a été très respectueuse, la décision est
rendue. M. le Président, pour nous, tout ce qu'il reste, maintenant, ce n'est pas de décider d'aller rediscuter de la
décision, c'est que nous vous donnerons avis bientôt si nous décidons de
donner suite.
Je répète
aussi que la qualité de votre décision — moi,
je vais la nommer, là — la
qualité de votre décision et les messages
clairs qui sont rendus au pouvoir exécutif devraient amener le ministre des Affaires municipales à apporter des correctifs importants et
immédiats à ce qui est en train de se passer sur le territoire.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
• (11 h 10) •
M.
Fournier : Simplement — et
je n'interviens plus, c'est la dernière intervention que je fais — le président de cette Assemblée, c'est vous, ce n'est pas la
leader de l'opposition. Vous avez des pouvoirs, je vous demande de les exercer,
M. le Président.
Le
Président : Alors, nous allons continuer la période des
affaires courantes. Je prends acte de ce que vous m'avez formulé, M. le
leader du gouvernement.
Et je vous
avise donc qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur la motion du député de Chauveau débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses
orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Hausse de la taxe de
vente
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, dans quelques heures, nous aurons le dépôt
du rapport Godbout sur la fiscalité
municipale demandé par le premier ministre. Et, conformément à ses voeux,
exprimés par lui et son ministre des
Finances, nous le savons déjà, il y aura dans ce rapport une hausse de TVQ pour
tous les Québécois. Évidemment, cette
réforme fiscale et cette volonté de hausser la TVQ n'a pas été exprimée en
campagne électorale. Le premier ministre a bien pris soin de ne pas faire connaître ses fantasmes au niveau de la
TVQ auprès de nos électeurs de la dernière campagne.
Ce que nous
souhaitons pour un débat serein dont nous appellent le ministre des Finances et
le premier ministre... Ils nous disent : Débattons de l'ensemble de
ce rapport correctement. Je lui dis : Nous sommes prêts à le faire, M. le Président, nous sommes prêts à le faire, mais cela
nécessite une condition préalable. La condition préalable, c'est de prendre l'engagement
auprès des Québécois qu'il n'y aura pas de hausse de TVQ. Pourquoi? Tout
simplement parce que nous avons déjà eu deux hausses successives libérales. La
deuxième, c'est que nous avons la TVQ la plus élevée en Amérique
du Nord. La troisième, c'est que cela affecterait lamentablement et directement
nos commerces, qui sont, justement, visés actuellement par beaucoup de
fermetures. On connaît trois exemples patents.
Ce
que je demande au premier ministre pour faire en sorte que le débat se fasse correctement et que les Québécois
n'aient pas l'impression de se faire avoir en disant : Ah! tout ce qu'il
va rester, c'est la hausse de TVQ pour les bons contribuables, et la classe
moyenne, et nos familles, est-ce qu'il peut prendre l'engagement auprès des Québécois
dès maintenant qu'il n'y a pas de hausse de TVQ?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, ce qu'on voit, c'est que l'opposition officielle craint les débats profonds, incluant sur leur option. On a assisté, au cours des
dernières heures, à une dérive inacceptable vers le nationalisme ethnique de la
part du Parti québécois qui n'a pas
été condamnée par le chef intérimaire du parti ni la direction du parti, M. le Président.
Le
Président : Mme la leader de l'opposition.
Mme Maltais :
Le premier ministre doit retirer ses propos. C'est tout.
Des voix : ...
Le Président : Non, non, non. Je vais demander au premier ministre de continuer. M. le
leader du gouvernement.
M. Fournier : M. le Président, oui, il y a quelqu'un qui doit retirer ses propos,
c'est le député de Saint-Jérôme.
Le
Président : M. le premier ministre.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît!
M.
Couillard : Ayant, M. le Président, établi cette évidence, je vais
maintenant parler du sujet principal de la question
de mon collègue. M. le Président, je vais répéter nos objectifs. Nos objectifs,
c'est de baisser le fardeau fiscal des
Québécois, de faire croître l'économie, d'inciter au travail, à l'effort, à
l'investissement et à la création d'emplois. Voici les objectifs que
nous visons. Voici les objectifs que nous atteindrons.
M. Godbout et
ses collègues vont nous présenter un rapport qui constitue leurs suggestions
pour arriver à ces objectifs. Il dit vouloir
un débat. Or, il tue le débat dans sa question. Alors, moi, ce que je dis,
c'est d'écouter M. Godbout. Il
aura peut-être même l'occasion de présenter au caucus de l'opposition
officielle, de la deuxième opposition, de notre caucus... peut-être même se présenter en commission parlementaire pour
en discuter. C'est son rapport. Les décisions gouvernementales viendront. Le budget va être présenté la semaine
prochaine — vous allez voir que c'est un excellent
budget, M. le Président, comme on s'y attend — et on aura l'occasion de
poursuivre ce débat.
Mais est-ce qu'on
pourrait, au Québec, arrêter d'avoir peur d'avoir peur et commencer à se donner
le droit de débattre des véritables enjeux,
de débattre de façon profonde? Il me semble qu'il y a là un enjeu qui n'arrive
pas tous les cinq ans ou les
10 ans, ça arrive tous les 30 ans. La dernière fois qu'on a parlé de
fiscalité au Québec de façon profonde, c'est
dans les années 60. Alors, donnons-nous le droit, ensemble, d'en discuter,
et les décisions gouvernementales suivront.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Moi, M. le Président, quand j'entends le premier
ministre, j'ai l'impression que c'est le bonhomme Sept-Heures qui nous
dit de ne pas avoir peur, M. le Président. L'idée, c'est que...
Des voix :
...
Le Président : M. le chef de l'opposition, avec l'expérience que vous
avez, vous savez qu'on ne peut pas se traiter de noms d'un côté comme de l'autre de cette Chambre-là. Je voudrais vous
demander de retirer le mot que vous avez mentionné.
Des voix :
...
Le
Président : Non, non,
non, votre mot... Je peux vous le répéter. Je peux vous le répéter, mais ce
n'est pas un mot...
Des voix :
...
Le Président : Alors, vous le
faites? Parfait.
M.
Bédard : ...M. le Président. Alors, ça fera, dans votre
glossaire, un terme de plus, mais j'en suis étonné. S'il ne ressemble pas à ça, il ressemble à quelqu'un
qui, de façon compulsive... Au niveau du Parti libéral, on veut
augmenter les taxes. Son gouvernement est responsable de deux augmentations de taxes. Pas une, deux au niveau
de la TVQ. En plus, dans le dernier
budget, il a ordonné des hausses de taxes et d'impôt pour les familles de 687 millions, qui fait suite à une augmentation de 5 milliards à partir
de 2010.
Est-ce qu'il peut
prendre l'engagement...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, il n'y
a eu aucune augmentation d'impôt. À
moins qu'on nous présente le contraire, c'est faux.
Maintenant, ce que je
vais dire encore une fois, c'est d'attendre le budget de la semaine prochaine,
qui risque probablement d'annoncer le retour à l'équilibre budgétaire. Mais
attendons le budget pour, suivant votre remarque précédente, parler des détails
qu'il contiendra.
Ce que je veux dire
par là, M. le Président, quand j'appelle au débat serein sur cette question,
c'est que notre collègue de la deuxième
opposition, tous les jours ou presque, fait remarquer avec raison que
l'économie du Québec est plus faible que celle des voisins, que
le niveau de vie des Québécois est inférieur à celui des voisins. Personne ne
peut nier que, parmi un ensemble de raisons, la fiscalité est identifiée comme
étant une des raisons pour laquelle ce retard existe.
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : Alors, M. Godbout, dans quelques moments, va présenter son
rapport. Écoutons-le, débattons-en, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Pour le
premier ministre, la solution de l'écart de richesse, c'est augmenter la TVQ.
On l'a vu, ils l'ont fait deux fois.
Bien, ça n'a pas marché, l'écart, il se creuse. Alors, ce n'est pas ça, la
résultante. Moi, ce que je lui dis, on veut un débat, nous aussi. Il dit
que les taxes, les impôts des familles n'ont pas augmenté. S'il avait un enfant
à la garderie, il saurait, lui, que ça a
augmenté, les taxes, qu'elles vont payer plus, les familles. Lui, il
dit non. Bien, s'il était dans la classe moyenne, il
dirait oui, M. le Président.
Alors,
ce que je lui dis aujourd'hui : S'il en veut un, débat serein, on est prêts à
lui donner un cadre correct, mais qu'il prenne l'engagement auprès des Québécois
qu'il n'y a pas de hausse de TVQ pour la classe moyenne.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : En fait, ce qu'on veut, c'est un débat sans débat, et je comprends bien
la logique du collègue, là. Je
voudrais quand même dire et recommander à notre collègue qu'il lise le rapport,
qu'il ait au moins la politesse, par rapport
à ses auteurs, de lire ce rapport-là et de l'analyser avec son caucus, avec les
gens de la société qu'il voudra consulter. Moi, ce que je dis, en attendant que M. Godbout en parle de façon
plus détaillée aujourd'hui, c'est que ça me paraît difficile de renoncer à examiner des propositions qui sont
larges, pas seulement celles dont il parle, qui font en sorte
d'augmenter le PIB du Québec
de 2 milliards, d'augmenter le revenu disponible des Québécois
de 600 millions, puis de créer 20 000 emplois au Québec. Ça me semble au moins mériter une
discussion.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Moi, je pense que la politesse minimale, c'est de
respecter ses engagements électoraux. Sincèrement, je le pense. Alors, il n'y a pas d'engagement
d'augmenter la TVQ, et ce que je sais, c'est que, si on l'augmentait encore,
on est déjà les plus élevés au Canada. Je
sais que le premier ministre aime ça, être le premier au Canada, on est les
premiers en Amérique du Nord, rien de
moins, puis là il dit : Il faut être encore plus... alors que le commerce,
nos concurrents, ils sont à côté, en
Ontario, les commerces dans le Vermont, à New York, au New Hampshire, où il n'y
a même pas de taxes, M. le Président... Prenez l'engagement, puis il y
aura un débat serein.
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Oui, M. le
Président, on aime ça, être les premiers au Canada, comme c'est le cas,
d'ailleurs, pour la création d'emplois au cours des derniers mois.
Des voix : ...
M.
Couillard : Et, oui, M. le
Président, les chiffres ont la vie dure, perte nette de 28 500 emplois
entre janvier et mai 2014. Depuis ce
temps-là, c'est 52 000 emplois créés au Québec, et ça continue vers la
prospérité, M. le Président.
M. le
Président, en terminant, on avait dit qu'on ferait une réforme fiscale, puis on
va avoir le courage de la faire.
• (11 h 20) •
Le Président : Principale,
Mme la députée de Taillon.
Modifications
législatives en matière
de procréation assistée
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le Président, hier,
nous avons tenté d'obtenir une réponse du ministre de la Santé sur ses dérives autoritaires. Nos questions portaient sur
la fécondation in vitro, qu'il a décidé de rendre illégale pour les femmes
de plus de 42 ans. Nous n'avons obtenu aucune réponse digne de ce nom.
Je m'adresse donc aujourd'hui au premier
ministre. Nous sommes d'accord avec certaines balises, mais son ministre impose des restrictions au programme de
procréation assistée : un, qui en briment profondément l'accès; deux,
qui rendent tout le monde mal à l'aise; et,
trois, qui s'attaquent directement aux droits des femmes. Il s'ingère carrément
dans le lit des Québécois, et c'est du
jamais-vu. Même si un médecin évalue qu'une femme est en bonne santé et qu'elle
est prête à payer pour les traitements, le
ministre décrète unilatéralement la fécondation in vitro illégale au-delà de 42
ans.
Le premier ministre est-il d'accord avec cette
mesure? Après être intervenu dans la crise du CHUM, va-t-il intervenir à
nouveau aujourd'hui pour corriger son ministre?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je suis d'accord avec au moins un point
avec la députée de Taillon, et c'est celui qu'il s'agit d'un sujet tout à fait délicat, et c'est vrai. Des experts
sont venus devant nous, M. le Président, en commission parlementaire pour nous dire, par exemple, que,
lors d'une grossesse au-delà de 42 ans, le risque de mortalité pour la mère
est trois fois plus élevé que le risque avant 42 ans. Ça passe de
sept pour 100 000 à 23 pour
100 000. La députée de Taillon, qui
vient du monde pharmacologique, d'un ordre professionnel, sait très bien qu'en
science, lorsqu'on a de telles modifications
dans les taux de mortalité, là, ça va jusqu'à enlever un médicament du marché.
Alors, il y a des bases qui font que cette décision-là a été proposée.
Ceci dit, comme je l'ai dit hier, M. le
Président, je l'ai dit très clairement, les commissions parlementaires servent, dans certains cas, à nous informer, nous
critiquer, nous faire part d'un certain nombre d'éléments qui peuvent amener à des amendements. Or, il y a un certain
nombre de gens, des experts, qui sont venus nous faire des propositions.
C'est la raison pour laquelle il y a des commissions.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, on va réfléchir, faire
l'étude détaillée et proposer, si nécessaire, des amendements.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, les experts sont aussi venus dire qu'à
35 ans certaines femmes avaient plus de risques qu'à 42 ans
lorsqu'elles étaient en bonne santé. Ce sont des médecins qui doivent décider,
et non pas la loi.
On sait que
le ministre n'aime pas consulter, ni avant ni après. Il rédige ses projets de
loi, et son caractère bouillant l'amène
ici à causer des préjudices graves aux couples infertiles. Interdire aux femmes
de recevoir un soin ou un traitement, c'est
de ça dont il est question ici. Non pas de ne plus en assumer les coûts, mais
bien de leur interdire d'y avoir recours. Si le ministre...
Le
Président : M. le
ministre de la Santé. Mais, en attendant, je tiens à vous préciser qu'on doit
éviter les épithètes dans les sujets... lorsqu'on parle d'un de nos
collègues. M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, rassurez-vous, en commission
parlementaire, je baigne dans les épithètes avec la députée de Taillon.
Ceci dit, M. le Président, à la
question précédente, on... Et maintenant on fait référence à l'absence de
consultation, M. le Président, le
Commissaire à la santé et au bien-être a fait une consultation extensive, il a
déposé un rapport tout aussi extensif
de 390 pages. Par exemple, à propos de la chambre à coucher des gens, M.
le Président, regardez ce qu'il y a dans le rapport, à la page 137 du rapport : «...comme il a été
mentionné précédemment, la définition d'infertilité repose sur une
période de temps minimale, habituellement [d']un an», qui peut aller jusqu'à
trois ans...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...au-delà de laquelle on constate que 5 % des gens auront une grossesse,
M. le Président. Le commissaire...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, dans la procréation médicalement assistée, il y a
une différence entre imposer des
balises à un programme qui n'en avait aucune, qui avait été mis en place par
Yves Bolduc en 2010, et interdire carrément aux femmes de recevoir un
soin. Le ministre passe d'un extrême à l'autre, au mépris des couples
infertiles.
Est-ce qu'il s'engage
aujourd'hui à retirer cette interdiction pour les femmes de 42 ans et
plus?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je réitère que le Commissaire à la santé et au bien-être a
lui-même déposé un rapport dans lequel il y a
un très grand nombre de balises desquelles a été inspiré le projet de loi, incluant la balise du 42 ans. Mais aujourd'hui, M. le
Président, je suis tout à fait disposé à prendre l'engagement très solennel de poursuivre les travaux de commission
parlementaire et inviter la députée
de Taillon et ses collègues à l'étude détaillée et à
discuter d'éventuels amendements qu'elle pourra proposer, M. le
Président. Ici, ce n'est pas ni le lieu ni le moment de faire cet exercice.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Enseignement donné par M. Adil Charkaoui
dans les locaux du collège de Maisonneuve
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
M. le Président, il y a une nouvelle troublante aujourd'hui. On apprend qu'Adil
Charkaoui recommencera à donner des cours au
cégep de Maisonneuve, dans leurs locaux. On sait que M. Charkaoui, après avoir
été soupçonné de terrorisme, a donné des
cours dans les locaux de cette institution
publique, et surtout ce qu'on sait,
c'est qu'au moins sept Québécois
qui ont étudié au cégep Maisonneuve, et dont certains auraient entendu...
auraient participé aux cours de M. Charkaoui, sont allés en Syrie, sont
allés rejoindre le groupe État islamique, un groupe terroriste.
M. le Président, le ministre
de l'Éducation est-il d'accord avec le fait que le cégep de Maisonneuve
permette à Adil Charkaoui de prêcher dans ses locaux?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, je remercie
tout d'abord la députée pour sa question.
Effectivement, la nouvelle est tombée ce matin, j'étais en caucus. Disons que je partage sa perplexité, hein? Je
partage la même perplexité qu'elle. J'ai entendu, là, par des voix, là, qu'il y aurait possiblement un
observateur autour, disons, du travail, si on peut dire, de M. Charkaoui,
mais j'ai demandé immédiatement à avoir plus
d'information, à la fois sur les
raisons, hein, du cégep, mais aussi sur le cadre qui sera donné à M. Charkaoui. Comprendre avant de répondre. Je
pourrai vous revenir là-dessus le plus vite possible.
Le Président :
Complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Je comprends que le ministre est perplexe, mais
c'est parce que la situation perdure depuis des mois. Il y a peu de balises, il n'y a pas de balises actuellement pour
les institutions. Le gouvernement ne dépose toujours pas de projet de
loi, on n'arrive pas à contrôler le phénomène.
Au-delà
de la perplexité, qu'est-ce que le ministre de l'Éducation entend faire? Il y a
sept Québécois qui sont partis qui
ont subi ce processus. Ils étaient au cégep Maisonneuve, certains ont suivi ça,
les prêches de Charkaoui, et ils sont partis en Syrie.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Je m'excuse. M. le
Président, je vais être obligé de donner la même réponse. Et ce n'est pas de la
mauvaise foi, ce n'est pas de la mauvaise volonté, bien entendu. La nouvelle
est tombée ce matin. J'ai l'habitude de prêter intelligence à mes
interlocuteurs. Je prends le temps, hein, de communiquer avec le cégep, de bien
comprendre les raisons de la décision, de
bien comprendre la nature de l'encadrement — parce que c'est ce dont on parle, la nature de l'encadrement — et ensuite on pourra aller plus loin dans
la discussion avec la députée.
Le Président : Deuxième complémentaire,
Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Bien, je comprends que le ministre a un nouveau mandat, sauf que le sujet n'est
pas nouveau. La nouvelle est tombée hier, il aurait eu le temps de rencontrer...
de parler aux gens de la commission scolaire. Mais ce qu'ils disent, les gens de la commission scolaire,
c'est qu'ils n'ont pas les outils légaux. Et pourquoi n'ont-ils pas les outils
légaux pour agir? Parce que le gouvernement ne dépose rien depuis des mois.
Est-ce qu'il
s'engage à au moins nous donner non seulement une opinion, mais poser des
actions d'ici la fin de la journée, donner des orientations au réseau
pour qu'enfin ils sachent quoi faire?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : M. le Président, la collègue a posé sa question en
commençant... en disant : La nouvelle vient de tomber ce matin. Le
ministre répond, il dit : Écoutez, on va aller au fond des choses pour
donner une réponse la plus complète
possible. Honnêtement, si on n'était pas dans un Parlement comme le nôtre...
puis les gens qui nous écoutent, ils
diraient : Bien oui, c'est pas mal la chose à faire. Tu sais, c'est comme
le sens commun. Mais notre collègue se relève, elle dit : Bien non, finalement, ce n'est pas hier, ce n'est pas
aujourd'hui, c'est tout, c'est avant, c'est n'importe quand.
La question porte sur le cas qu'elle a soulevé.
C'est une question importante, c'est une question importante. Notre collègue la prend au sérieux, il veut donner
une réponse sensée, documentée. Je célèbre ce genre de parlementarisme,
M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Écart de richesse entre
le Québec et l'Ontario
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, lorsque le premier ministre est arrivé au pouvoir, en avril
2014, l'écart de salaire entre le
Québec et l'Ontario était de 4 200 $. Donc, ça veut dire, en avril
2014, les travailleurs québécois, en moyenne, gagnaient 4 200 $ de moins par année que ceux de l'Ontario. 10
mois plus tard, quand on regarde les résultats de février 2015, l'écart de salaire entre le Québec
et l'Ontario est maintenant de 5 800 $. Donc, les travailleurs du
Québec gagnent, en moyenne, 5 800 $ de moins que ceux de
l'Ontario.
Donc, M. le Président, après 10 mois de
gouvernement libéral, on est passé d'un écart de 4 200 $ à un écart
de 5 800 $ dans le salaire annuel des travailleurs.
Est-ce que le premier ministre peut nous dire
pourquoi? Puis est-ce qu'il peut nous dire s'il croit que cet écart-là va être
réduit au cours de la prochaine année?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président,
comme d'habitude, ça commence bien puis ça finit mal. Alors, c'est certain que
cet écart existe. Je vous demanderais de faire l'exercice élémentaire de le
relier au pouvoir d'achat, aux services publics disponibles.
Ceci étant dit, il existe un écart, on est
d'accord là-dessus. Il faut combler cet écart, on est d'accord là-dessus. Maintenant, allons dans les raisons, les
explications et les actions à poser. Alors, j'espère qu'il réalise que ce qu'il
vient de dire conduit logiquement à la discussion
sur la fiscalité québécoise. Il y a une discussion également sur la
démographie, sur la productivité, sur le climat d'entreprise au Québec, mais il
y a clairement une discussion à avoir sur la fiscalité.
Alors, ce que
je prends de sa question de sa part, c'est un engagement d'avoir un débat
ouvert et «lucide», pour employer un
terme qu'il a déjà prononcé, sur, M. le Président, cet important rapport parce
que ça fait partie... Ce n'est pas le seul outil. Ne faisons pas
l'erreur que ce n'est qu'à cause de la fiscalité que cet écart existe. Il y a
d'autres raisons, elles
sont nombreuses, mais cette raison est particulièrement importante. Alors, je
salue la main tendue du collègue pour engager un véritable débat sur la
fiscalité du Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
le premier ministre ne répond pas à ma question. Ce que je lui dis, c'est que, pour sa première année au pouvoir, l'écart de
salaires est passé de 4 200 $ par année à 5 800 $ par
année. Je lui demande, là : Pour sa deuxième année, est-ce qu'il a
comme objectif de réduire cet écart-là, oui ou non?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien sûr, M. le
Président. Tout le monde dans cette Chambre a cet objectif-là. Quelle
question! Maintenant, pour trouver un remède, on m'a appris ça dans mon
ancienne profession, il faut faire un diagnostic et trouver les causes de la
maladie avant de la traiter. Alors, parmi ces causes se trouve la fiscalité.
Puis il faut regarder également l'ensemble
de la situation, M. le Président. Le revenu disponible d'une famille québécoise
serait supérieur, jusqu'à un revenu
de 125 000 $, à celui de l'Ontario parce que notre système a plus de
progressivité, fait une meilleure répartition et s'accompagne de
services publics plus généreux.
Alors, il faut avoir une discussion plus
complète sur le niveau d'écart qu'on veut corriger et surtout sur les solutions. J'ai demandé l'autre jour à notre
collègue de nommer une solution, une solution. Il n'y en a pas une qui est
sortie de sa bouche, sauf l'expulsion des immigrants, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Legault : Monsieur...
Des voix : ...
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
on a un premier ministre qui manque d'ambition pour le Québec. On a des députés libéraux tantôt qui se sont levés deux
fois pour le nombre d'emplois, alors que, depuis avril dernier, il ne
s'est pas créé un emploi à temps plein au Québec. Le premier
ministre, M. le Président, il est content de nous dire que la croissance économique va
être de 2 % seulement au Québec, alors qu'en Ontario c'est 3,5 %, aux
États-Unis c'est 3,5 %.
Quand va-t-on avoir un premier ministre
ambitieux pour le Québec?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, la première ambition à avoir pour la prospérité du Québec,
c'est de réunir toutes les forces du Québec, les forces des citoyens de
toutes les origines, pas les retourner chez eux si on n'est pas content d'eux
après trois ans.
Maintenant, il fait erreur, il y a eu des
créations d'emplois à temps plein, même avant les fêtes. La majorité des emplois à temps plein étaient créés au Québec,
au Canada, M. le Président. Maintenant, je vois qu'on rigole l'autre côté puis je sens qu'il a la même habitude. Je ne
trouve pas ça drôle, moi, parce que l'hypothèque énorme que fait peser le
Parti québécois sur l'économie et les finances publiques du Québec...
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : ...est en train
de se dissiper, M. le Président. Je répète avec fierté qu'au net, après une perte
de 28 500, c'est 52 000 emplois...
Le Président : Principale, M.
le député de Lévis.
Abolition des activités
médicales particulières
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, les objectifs du projet de
loi n° 20 sont bons, mais les
moyens employés par le ministre de la Santé ne le sont pas.
La CAQ propose cinq solutions pour
régler l'accès aux soins de santé, dont l'abolition progressive des
activités médicales particulières, les AMP, qui obligent les médecins à
travailler de nombreuses heures par semaine dans les hôpitaux, ce qui les empêche de prendre en charge des patients.
L'abolition permettra aux omnipraticiens de retourner pratiquer en
cabinet. Ça va éviter aux patients d'aller consulter dans les urgences, qui
débordent toujours.
En
2012, le ministre disait que l'abolition des AMP serait une minirévolution, que
ça ferait passer les médecins de famille
d'une Lada à la formule 1, que ça leur enlèverait des menottes. Plusieurs
groupes, dont la FMOQ et les jeunes médecins, disent que c'est possible
et souhaitable de le faire sans affecter les services dans les hôpitaux.
Pourquoi
le ministre de 2015 n'abolit pas les activités médicales particulières comme il
le promettait en 2012?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, j'invite le député de Lévis, qui assiste à toutes les séances
de la commission parlementaire, à écouter ce que les gens viennent nous dire
devant nous.
Il y a
deux jours, M. le Président, l'Association des spécialistes en médecine
interne du Québec sont venus nous expliquer... et je cite,
je cite précisément le mot qui a été utilisé à la question que j'ai posée au
président de ladite association :
Qu'arriverait-il s'il y avait un départ massif, un transfert massif d'activités
de l'hôpital vers les cabinets, les spécialistes en médecine interne,
qui sont ceux sur les épaules desquels la charge de travail qui était effectuée
par les médecins de famille à l'hôpital
retomberait? Les mots utilisés, M. le
Président, étaient «une catastrophe».
Je comprends qu'il ne l'a pas
utilisé, c'est un mot qui passe vite dans une conversation, je vais le répéter, «catastrophe», M. le Président.
L'abolition pure et
simple des AMP n'est pas faisable pour la simple et bonne raison qu'au moment
où on se parle ça entraînerait un
dysfonctionnement tellement grand dans nos hôpitaux que ce sont les patients
qui seraient lésés, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, on parle de mot «catastrophe», parlons de mot
«progressivement». Ça existe aussi, M. le Président. Les AMP étaient
nécessaires dans les années 90 et 2000 parce qu'il y avait une pénurie de médecins. Il y a maintenant
9 300 médecins de famille, c'est suffisant pour abolir les AMP progressivement et sans problème.
Si je comprends bien
le ministre, l'abolition des AMP était une révolution en 2012, mais, en 2015,
ce n'est plus possible. Le Québec est la
seule province qui oblige les médecins à travailler dans les hôpitaux. Pourquoi
le ministre refuse-t-il d'abolir les AMP, qui menottent les médecins? Il
l'a dit en 2012.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, toujours pour bien mettre à niveau le
député de Lévis, je l'informerai que les AMP n'ont pas été mises en place parce qu'il y avait une pénurie de
médecins, c'est parce qu'il y avait un dysfonctionnement dans le réseau.
Et même que les AMP, M. le Président, ont été rendues plus sévères par l'actuel
chef de la coalition. Alors, les AMP, ça ne vient pas des nues, c'était pour
protéger les patients.
Ceci
dit, M. le Président, le député de Lévis vient de nous dire qu'actuellement il
y avait plus de médecins; donc, théoriquement,
on a assez de médecins pour donner les services. C'est notre position et c'est
la raison pour laquelle le projet de loi n° 20 existe. Alors, j'ose
proposer au député de Lévis de bien prendre connaissance de nos propositions et
d'appuyer tout simplement le projet de loi n° 20.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Alors, M. le Président, amusons-nous à nous mettre à niveau.
Les médecins de famille québécois consacrent
40 % de leur temps de travail dans les hôpitaux, comparativement à
20 % au Canada, où il n'y a pas d'AMP. L'État pourrait économiser
des millions. Une visite à l'urgence, et il le sait, coûte cinq à 10 fois plus
cher qu'une visite en cabinet.
Les patients suivis
par un médecin de famille sont en meilleure santé moins souvent hospitalisés...
moins de complications, consomment moins de médicaments. Qu'est-ce qu'attend le
ministre pour abolir les AMP comme il le promettait en 2012?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je sais que le député de Lévis aime beaucoup les médias, alors
je l'invite à lire, un, la lettre ouverte
que j'ai publiée mardi et, aujourd'hui, les commentaires que la fédération des
médecins de famille a faits dans les médias ce matin ou dans quelle
direction vont ces commentaires.
Dans un premier
temps, j'ai fait la démonstration claire, nette et précise que la capacité de
services offrables à la population par notre
corpus médical pouvait être augmentée d'environ 60 %. C'est déjà beaucoup.
Aujourd'hui, j'ai le président de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec, les médecins de famille, qui,
clairement, engage un dialogue qui va dans la direction de donner ces
services-là. Laissons les choses se discuter...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...et se débattre, M. le Président, et on résoudra le problème.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Jugement
de la Cour suprême sur le
programme Éthique et culture religieuse
Mme
Nicole Léger
Mme Léger :
M. le Président, au cours de la dernière heure, la Cour suprême du Canada a
rendu son jugement dans la cause du collège
Loyola, à Montréal, sur le cours d'éthique et culture religieuse. La
Cour suprême a statué que dorénavant les enseignants pourront expliquer
la doctrine et les croyances catholiques et ne seront pas tenus d'adopter une position neutre. Depuis plus de 15
ans, on a décidé que le système d'éducation du Québec ne serait plus confessionnel. Aujourd'hui,
c'est un retour en arrière.
Face à cette
décision, qui va à l'encontre des valeurs québécoises et du long processus
consensuel obtenu au Québec depuis toutes ces dernières années, qu'est-ce que
le ministre de l'Éducation entend faire pour défendre la déconfessionnalisation
des écoles du Québec?
• (11 h 40) •
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
Alors, merci beaucoup à la collègue pour sa question.
D'abord, je n'ai pas lu le jugement, mais ça
m'étonnerait beaucoup qu'il soit annonciateur de la
déconfessionnalisation des écoles du Québec.
Mais je vais prendre le temps de le lire, il est tombé ce matin. Je connais
assez bien cette institution. J'ai un
grand respect pour la Cour suprême du Canada
puis ses jugements. Je vais prendre
le temps de le lire. La Cour suprême, en général, a l'habitude de fermer
les portes, de laisser certaines portes ouvertes et d'en ouvrir d'autres.
Alors,
je vais prendre le temps de l'examiner, c'est tombé ce matin. On pourra
continuer la discussion par la suite.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : Le cours
d'éthique et culture religieuse a été mis en place en septembre 2008 alors que
Michelle Courchesne était ministre de l'Éducation. Est-ce que le nouveau ministre de l'Éducation du Québec va poursuivre
dans la même lignée que son... prédécesseur, pardon, et est-ce qu'il entend
rassurer la population du Québec du statut non confessionnel de nos écoles du
Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Donc, M. le Président, à défaut de parler du jugement, je ne
l'ai pas lu, une anecdote, hein, d'un... Alors, c'est mon ancien professeur de philosophie à l'UQAM à qui je veux rendre
hommage aujourd'hui, Georges Leroux,
qui est un des... je pense, c'est un des
grands philosophes vivants du Québec, a beaucoup oeuvré, hein, pour le cours d'éthique et
de culture religieuse. Je connais en long et en large, hein, les raisons et les
motivations de ce cours et son importance, donc mon appui à ce cours est
indéfectible.
Prenons
le temps maintenant de lire l'ensemble de la discussion, hein, qui
est ouverte par la Cour suprême. Elle a l'habitude de fermer des portes,
d'en laisser certaines ouvertes et d'en ouvrir d'autres.
Le Président :
En terminant. Deuxième complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme
Léger : M. le Président, je comprends que la décision vient juste d'être émise. Tout ce qu'on
demande au ministre aujourd'hui, c'est de nous rassurer de cette situation-là. Il n'a peut-être pas lu, il n'a peut-être
pas lu, on comprend...
Des voix :
...
Mme
Léger : ...on comprend, mais on demande qu'il rassure la
population du Québec sur ce long consensus, que nous avons au Québec,
monsieur.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
M. le Président, j'essaie de prendre le ton le plus rassurant possible. Prenons
le temps d'examiner le jugement. J'ai
mentionné l'attachement personnel, particulier,
professionnel que j'ai par rapport à ce cours, l'importance qu'il a, là,
pour les écoles québécoises.
Prenons le temps
maintenant de lire le jugement. La Cour suprême a l'habitude de fermer des
portes, d'en laisser certaines ouvertes et d'en ouvrir d'autres.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Gouin.
Mesures
de solidarité sociale prévues
dans le budget 2015-2016
Mme
Françoise David
Mme David
(Gouin) : M. le Président, le 25 avril 2014, le premier ministre
et son ministre des Finances annonçaient des coupes importantes dans divers
ministères tout en garantissant la protection des services de santé,
d'éducation et d'aide aux personnes les plus vulnérables.
Dans
son discours d'ouverture de la session, le nouveau premier ministre disait
vouloir accorder une attention particulière aux personnes les plus
vulnérables. Or, le budget du 4 juin dernier a coupé 92 millions au
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Depuis ce temps, c'est le
cortège des coupes qui font mal aux enfants pauvres, à leurs parents, aux
personnes handicapées, aux chercheurs d'emploi. Le Québec vit à l'heure de
l'accroissement des inégalités sociales.
Est-ce
que, cette fois-ci, au nom de son gouvernement, le premier ministre peut
prendre l'engagement solennel que le prochain budget épargnera les
couches les plus pauvres et les plus vulnérables de la population?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien, certainement, M. le Président. La lutte contre la
pauvreté est un objectif que nous partageons tous et toutes dans cette
Assemblée. Cependant, comme d'habitude, les moyens d'y arriver, les moyens de
la réussir bien sûr vont changer d'une formation politique à l'autre.
Parmi ces moyens, il
y a quelques éléments que je voudrais suggérer à notre collègue. D'abord, c'est
que nous croyons — et je comprends qu'elle peut ne pas être
d'accord avec cela — que des
finances publiques saines, une dette sous
contrôle sont une condition indispensable au maintien des programmes de
solidarité de notre société. Si on s'engage dans la voie des déficits
chroniques, de la dette non contrôlée, c'est un discours vide qui n'a pas de
traduction concrète, M. le Président.
Deuxièmement, à
l'époque où on a besoin de main-d'oeuvre, où nos entreprises vont en mission à
l'étranger pour recruter les ouvriers spécialisés, on veut s'assurer que tout
le monde se voit donner l'occasion de participer au marché du travail. Ça veut dire qu'on accompagne les gens, qu'on
s'occupe des personnes qui sont dans ces situations et qu'on leur donne
des voies d'avenir, incluant la formation dont ils et elles auront besoin pour
accéder à l'emploi.
Voici des objectifs
qu'on poursuit, M. le Président. Je peux lui dire sans entrer dans les détails
que notre prochain budget sera exactement dans ces lignes.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme
David (Gouin) : M. le Président, j'ai l'impression d'assister à une
sorte de «remake» parce que, l'année dernière, le ministre des Finances
m'a fait sensiblement la même réponse. Mais le résultat, ça a été qu'au cours
de l'année on a même
coupé dans des programmes d'insertion à l'emploi, ce qui est quand même
un comble si on dit qu'on veut remettre des personnes éloignées du marché
du travail à l'emploi.
Je repose donc ma question
au premier ministre : Est-ce que c'est ça, prendre soin des personnes les
plus vulnérables et les plus éloignées du marché du travail?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, la question me permet de rappeler le
succès de notre collègue maintenant ministre
de l'Éducation, mais qui était à la
Solidarité sociale, sur les ententes des CJE, les carrefours jeunesse-emploi, qui ont été signées dans toutes les régions du Québec justement
pour aller s'occuper des personnes, les jeunes, les immigrants, les
autres personnes qui sont plus loin, pour des raisons variées, du marché du
travail.
Alors,
on demeure convaincus que c'est la façon
de faire et on va continuer d'aller
dans cette direction. Mais je vais lui
répéter la conviction profonde qu'est la nôtre et la mienne, c'est qu'encore une fois tout discours de solidarité et d'équité, dans une société, qui ne s'appuie pas sur des finances publiques équilibrées et une dette sous contrôle est une
illusion, M. le Président. Nous allons
dissiper cette illusion, rétablir l'équilibre budgétaire, rétablir la liberté
de nos choix et notamment celui de montrer de la solidarité dans notre
société.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme David
(Gouin) : M. le Président, j'ai hâte de discuter avec le nouveau
ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour dissiper certaines
illusions, justement. Mais je vais reposer la question au premier ministre.
Ce
premier ministre, qui à plusieurs reprises a pris des engagements solennels à
l'égard des droits des minorités, ce dont je lui suis reconnaissante,
est-il prêt à prendre des engagements tout aussi solennels, dans le prochain
budget, à protéger les populations les plus pauvres et les plus vulnérables du
Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien sûr, M. le Président. Une des choses dont nous sommes
les plus fiers comme Québécois et
Québécoises, c'est que nous avons... et rien n'est parfait, mais nous avons de
loin la société la moins inégalitaire au Canada et même en Amérique du Nord et on veut s'assurer que ça demeure
le cas, M. le Président. Il y a plusieurs façons de mesurer ça, on les
connaît, et, dans toutes ces mesures, le Québec est en dehors des catégories
qu'on retrouve dans le reste du pays et ailleurs en Amérique du Nord. Donc, on
va continuer sur cette orientation-là.
Elle
verra au budget et après — encore une fois, je ne peux malheureusement pas lui donner des
détails du budget aujourd'hui — mais que nous allons nous engager encore
plus vigoureusement dans l'accompagnement individualisé des personnes qui ont besoin d'accès au marché du
travail, dans la démonstration claire qu'il y a un immense avantage de
passer de l'aide sociale à un travail, même
au salaire minimum. Alors, c'est ça qui va faire en sorte que nos entreprises
n'auront plus à aller chercher de la main-d'oeuvre...
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Recrutement des futurs enseignants
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, ça fait quatre ans, à la coalition, qu'on
dit une chose en éducation : Augmentons les exigences et valorisons
la profession enseignante.
Cette semaine, le
nouveau ministre de l'Éducation a fait un pas dans la bonne direction en
voulant rehausser les exigences pour les futurs enseignants, mais on constate cependant
que le gouvernement fait seulement la moitié du chemin : il veut
sélectionner les meilleurs candidats, mais il oublie de les attirer vers la
profession.
Dans Le Soleil
de ce matin, Brigitte Breton a écrit : «Des jeunes opteront pour l'enseignement,
plutôt que pour la médecine, le génie ou l'administration, s'ils ont espoir d'y
trouver des conditions de travail intéressantes et stimulantes.» Or, le
gouvernement fait exactement le contraire, il s'apprête à geler les salaires et
à augmenter la taille des classes.
Comment le ministre pense-t-il attirer les
meilleurs candidats alors que son gouvernement détériore les conditions
de travail des enseignants?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais :
Merci, M. le Président. Je veux remercier le collègue tout d'abord et je veux
remercier la CAQ, hein, pour l'appui, là, disons, très clair qu'ils ont donné à
ce principe. Il me semble évident qu'on doit rechercher les meilleurs candidats pour devenir enseignants au
Québec. Et ce n'est pas une critique par rapport aux enseignants
actuels, hein, ce n'est pas un désaveu par
rapport aux enseignants actuels. Ici, on peut, on doit, alors on peut et on
doit le faire, et on a une idée des moyens à mettre en place pour le
faire.
Donc, contrairement à
lui, hein, je ne suis pas du tout convaincu que l'exercice que nous faisons en
ce moment, qui est un exercice exigeant, qui est un exercice de rigueur
budgétaire... Il y a eu de très bonnes années dans le milieu de l'enseignement, je peux en parler, il y a des années
parfois un peu plus difficiles, c'est normal. Je n'ai aucun doute de
notre capacité, aujourd'hui, et encore plus demain, à recruter d'excellents
candidats à l'enseignement pour nos écoles primaires et secondaires.
• (11 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, le gouvernement s'apprête à détériorer les
conditions d'apprentissage des élèves dans nos écoles. Concrètement, là,
en augmentant la taille des classes et en ne tenant plus compte des difficultés
des élèves pour former les groupes-classes, on rend la tâche des enseignants
encore plus lourde, voire impossible.
Il
y a énormément d'épuisement professionnel en ce moment, et vous le détériorez,
ce qui se passe concrètement dans les
écoles. Comment le gouvernement pense-t-il attirer et sélectionner de meilleurs
candidats dans de telles conditions?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
Un principe très simple que j'ai pu vérifier à plusieurs reprises dans le monde
de l'enseignement : un, la qualité
attire la qualité; deux, fais-le, et ils viendront. Alors, hein, il faut procéder bien sûr pour faire en sorte, hein, qu'ils soient attirés
par les conditions de la formation mais par le fait aussi qu'il y en a plusieurs, hein, qui sont intéressés...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Blais :
Plusieurs sont intéressés par la formation et plusieurs sont intéressés et
seront intéressés par le rehaussement, le rehaussement du statut...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...que nous voulons donner à cette formation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, malheureusement, on a beau changer de ministre, il y a un
problème qui perdure, c'est qu'on manque de
cohérence, au gouvernement libéral. D'un côté, on a un ministre de l'Éducation
qui veut attirer des meilleurs
candidats, mais, de l'autre côté, on a le président du Conseil du trésor qui
veut faire des économies de bouts de chandelles sur le dos des élèves et
de la profession enseignante. Ça ne fonctionne pas.
Comment
le ministre pense-t-il attirer de meilleurs candidats alors que son
gouvernement, dans son Conseil des ministres, prend des décisions qui
vont détériorer les conditions d'enseignement?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Bon. M. le Président, je comprends que les questions sont
écrites à l'avance, mais, bon, il faut bien comprendre, hein, qu'il n'y
a pas eu de demande bien sûr de mon collègue du Conseil du trésor, hein, il n'y
a pas eu de demande de sa part pour
modifier, hein, les choses ou modifier les ratios, hein? Cette demande-là, elle
est venue de qui? Elle est venue du
ministère de l'Éducation, de personnes qui sont dans les commissions scolaires,
de directeurs d'école qui nous ont dit : Écoutez, on peut
possiblement... c'est en discussion, mais on peut possiblement faire mieux avec
l'organisation actuelle des ratios, hein, au nom de la formation.
Et on a
demandé aux syndicats de s'asseoir avec nous là-dessus. Je sais qu'il y a des
discussions. Certaines avancent très, très bien.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Duplessis.
Prolongement de la
route 138 en Basse-Côte-Nord
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le
Président. M. le Président, en 2006, en grande pompe, 100 millions étaient
annoncés par le gouvernement de M. Jean
Charest : prolongement de la route 138 en Basse-Côte,
10 millions par année pendant
10 ans pour désenclaver les villages de la Basse-Côte. Le tout devait être
réalisé par la firme Pakatan, un organisme créé de toutes pièces par le
gouvernement libéral, qui n'avait aucune expertise en construction de route.
Résultat : neuf ans plus tard,
12 kilomètres ont été construits, 49 millions, engloutis. Par chance,
sous notre gouvernement, l'UPAC a commencé à enquêter, et nous, nous
avons mis fin à l'entente avec Pakatan en juillet 2013.
La question est simple, M. le Président :
Comment le gouvernement libéral va réparer son erreur? Comment va-t-il faire pour faire la lumière sur ce
scandale, des millions dépensés, aucun village relié? Et surtout, M. le
Président, comment vont-ils faire? Parce que ce n'est pas aux gens de la
Basse-Côte à payer pour le fiasco libéral.
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti : M. le Président,
il faudrait peut-être reprendre les investissements de notre gouvernement complètement
dans ce secteur-là du Québec. On peut parler de la Mine Arnaud, on peut parler
des 4,9 milliards que le gouvernement du Québec a investis, 2015‑2017, sur
l'ensemble du réseau routier et des infrastructures.
On peut parler d'investissements
uniques aux bons endroits, et 47 % des investissements se font en région,
M. le Président. Est-ce que la députée ici...
Une voix : ...
M. Poëti : ...utiliser l'UPAC
lorsqu'il y a des doutes quand ce même gouvernement a eu des doutes sur le
travail qui s'est fait là-bas sur ce dossier-là, qu'ils ont amené le dossier à
l'UPAC, et de nous dire aujourd'hui que l'UPAC
ne doit pas faire son travail, qu'on doit laisser les gens continuer de faire
n'importe quoi? La réponse est non. On doit
s'assurer que le travail est bien fait, on doit s'assurer que les gens sont
payés pour ce qu'ils réalisent. Et, s'il y a un doute, il y a une possibilité
de collusion ou de corruption, bien l'UPAC enquête. C'est ce qu'ils font.
Le Président :
Complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : M. le Président,
l'enquête de l'UPAC, là, elle passe, là, entre autres, comment l'argent a été
dépensé par Pakatan. Ça, j'en conviens. Mais en plus vous avez rajouté
122 millions en 2011 dans votre Plan Nord.
Donc, moi, ce que je demande au ministre, M. le
Président : Est-ce que le ministre va déclencher une enquête et faire rapport? Des fonds publics ont été
dépensés, M. le ministre. L'UPAC enquête. Vous avez créé Pakatan. Et je
crois, M. le ministre, sincèrement, en tout respect, que vous ne connaissez pas
le dossier.
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti : M. le Président,
en tout respect, elle ne connaît pas l'UPAC, parce que le mandat de l'UPAC est clair, parce que vous avez appuyé avec nous la
création de l'UPAC, parce que le ministre de la Sécurité publique nous a
appuyés, parce que vous étiez d'accord à ce que l'UPAC... Et ce qu'il y a de
plus beau dans le terme de l'UPAC, c'est
l'«unité permanente». Elle est permanente, elle continue à travailler et va
faire son travail. Nous ne sommes pas des enquêteurs, l'UPAC est un
enquêteur, et c'est l'UPAC qui le fait.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : On
aimerait poursuivre.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On aimerait poursuivre et...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît!
Des voix :
...
Votes
reportés
Motion
proposant que l'Assemblée rappelle
la promesse faite par le Parti libéral de limiter
la hausse des tarifs d'électricité à l'inflation
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! On avait annoncé, là, qu'il y aurait
un vote reporté, alors, tel qu'annoncé
précédemment, on voudrait le faire, mais, pour le faire, ça prend un minimum de
discipline et de décorum.
Nous
allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le député de
Chauveau débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. Cette motion se lit comme suit...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je ne la lirai pas si on ne peut pas l'entendre.
«Que
l'Assemblée nationale rappelle la promesse faite par le Parti libéral du Québec
le 10 février 2014 de limiter la hausse des tarifs d'électricité à
l'inflation;
«Qu'elle reconnaisse
que la hausse de 2,9 % des tarifs d'électricité s'appliquant à partir du
1er avril 2015 représente près du double du taux d'inflation;
«Qu'elle
prenne acte que la haute direction d'Hydro-Québec et la Régie de l'énergie
soutiennent que la hausse des tarifs d'électricité
est en grande partie causée par des décisions politiques concernant les
approvisionnements éoliens;
«Qu'elle réaffirme
l'importance pour un gouvernement de tenir ses engagements et lui demande de ne
pas hausser les tarifs d'électricité au-delà de l'inflation, et ce, jusqu'à la
fin du présent mandat.»
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Deltell (Chauveau), M.
Caire (La Peltrie), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Charette (Deux-Montagnes), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Laframboise (Blainville),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M.
Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais
(Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre
(Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour
(René-Lévesque), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Rochon (Richelieu),
M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet
(Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis),
M. Roy (Bonaventure).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Ah! excusez.
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bien oui, vous avez raison. Quels sont
ceux qui sont contre?
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi)...
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Un instant, là.
• (12
heures) •
Une
voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Non, mais c'est ce qui va arriver. Je veux juste
indiquer que c'est des choses qui se constatent, alors...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! Non, mais, oui, oui...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît, là! Non, non, je le sais, je
demande à l'ensemble des parlementaires de ne pas interrompre. Et là on
ne le fera pas, si ça continue. Alors, on poursuit le vote.
Le Secrétaire
adjoint : M. Hamad
(Louis-Hébert), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M.
Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme
Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud),
M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard
(Trois-Rivières), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc
(Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M.
Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M.
Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M.
Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit
(Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire
adjoint : Mme David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le Secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 48
Contre :
62
Abstentions :
2
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Nous en sommes maintenant aux motions sans
préavis. Alors, aux motions sans préavis, c'est un membre du deuxième groupe de l'opposition, et, à ma
connaissance, c'est Mme la députée d'Arthabaska qui fait la présentation. On
va être disciplinés pour l'entendre. Mme la députée d'Arthabaska, allez.
Condamner les attentats
meurtriers perpétrés
hier au musée du Bardo à Tunis, en Tunisie
Mme Roy (Arthabaska) : Alors, M.
le Président, je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec la ministre
de la Sécurité publique, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Cette motion se lit
ainsi :
«Que l'Assemblée
nationale condamne fermement les attentats meurtriers perpétrés hier au musée
du Bardo à Tunis, en Tunisie;
«Qu'elle exprime
toute sa solidarité envers le gouvernement et le peuple tunisiens et offre ses
plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes;
«Qu'elle
dénonce avec vigueur de tels actes de terreur et rappelle l'importance de
poursuivre la lutte contre le terrorisme et de défendre les valeurs que
sont la paix, la tolérance et la liberté;
«Que les
membres de l'Assemblée nationale observent [ensuite] une minute de silence en
hommage aux victimes de ces attentats.»
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la députée, de votre présentation de motion. Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour
le débat. Nous proposons des interventions d'une durée de deux minutes
par intervenant, à commencer par la députée d'Arthabaska, suivie de la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et finalement par
notre ministre de la Sécurité publique.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, il y a consentement, mais qu'on se soit bien compris : autant que
possible, le temps imparti, deux
minutes. Alors, je cède la parole à l'auteure de la motion, Mme la députée
d'Arthabaska. À vous la parole.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Je crois, M. le Président, que nous devons, tous
ensemble ici, sans hésitation, condamner avec la plus grande fermeté l'attentat commis hier, le 18 mars, à Tunis,
au musée du Bardo. Plusieurs personnes ont été tuées. Ce sont
généralement des touristes polonais, italiens, allemands, espagnols, belges,
tunisiens.
Cette
agression, sans précédent depuis la révolution du jasmin, a eu lieu alors que
le musée est mitoyen au parlement. On
y débattait, à ce moment même, une réforme de la loi antiterroriste prévue
depuis longtemps, mais, longtemps aussi, repoussée.
Selon le
journal le Courrier international, les deux terroristes auraient tenté
d'entrer au parlement avant de se réfugier dans le musée, qui est en
annexe du parlement.
L'attentat
vise bien sûr à ébranler l'économie de la Tunisie en visant des touristes
puisque cette industrie est un des principaux moteurs de l'économie
tunisienne. En effet, cela représente environ 400 000 emplois.
En terminant,
je désire, encore une fois, en mon nom personnel, au nom de ma formation
politique, la Coalition avenir
Québec, offrir toutes mes condoléances aux familles et amis des nombreuses
victimes, et dire à tous les Tunisiens que nos meilleures pensées les
accompagnent dans cette nouvelle épreuve. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée d'Arthabaska. Et, pour la poursuite du débat sur cette même motion, je cède la parole à Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. À vous la parole, Mme la députée.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, au nom de tous mes
collègues du Parti québécois, je tiens d'abord à exprimer nos plus
sincères condoléances aux familles et aux proches des 21 victimes de l'attentat
horrible et odieux perpétré, hier, au musée national du Bardo, à Tunis.
Je tiens aussi à exprimer notre profonde solidarité au
peuple tunisien et à tous nos concitoyens québécois d'origine
tunisienne qui vivent des heures très difficiles.
Encore une
fois, ce sont l'horreur et la violence qui ont frappé, cette fois au coeur d'un
lieu hautement historique et
touristique. Ces attaques inacceptables et barbares, nous devons chaque fois
les dénoncer haut et fort, car, chaque fois qu'un acte terroriste est commis, que la démocratie est attaquée, nous
sommes toutes et tous concernés et nous sommes tous et toutes affectés.
Cette
nouvelle attaque ne visait pas seulement des touristes et des Tunisiens. Pour reprendre
les mots de l'organisme Human Rights
Watch, elle visait aussi la société tolérante et respectueuse des droits de l'homme
que les Tunisiens essaient d'édifier
depuis quatre ans. Ainsi, face à la terreur qui cherche à faire vaciller la
flamme de la démocratie, nous devons répondre
par notre solidarité. Nous devons tous montrer à travers nos réponses que notre
attachement à l'État de droit est inébranlable.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Toujours sur cette même motion, je cède
la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour son
intervention. À vous, madame.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le
Président. D'abord, au nom de ma formation
politique, je tiens bien sûr
à offrir nos plus profondes
condoléances aux familles, aux proches, aux amis des victimes et, bien sûr,
apporter notre sincère solidarité au
peuple tunisien, qu'ils vivent là-bas ou partout à travers le monde, surtout ce peuple
qui se bat depuis des années sans relâche pour construire une société
libre et démocratique.
Encore une
fois, des attentats donnent la mesure de toute l'importance à accorder à la
lutte contre les idées et les actes extrémistes, ces actes fondés sur la haine
de l'autre, de celui ou celle qui est différent, minoritaire ou dont la
religion et les idées sont différentes.
L'acte
terrible d'hier nous invite à la réflexion et à l'action ici même, chez nous.
Certains voudront réprimer et surveiller
davantage. Attention! Attention aux dérives sécuritaires! Le projet de loi C-51 sur la table nous invite à réflexion. Ce qu'il faut, ça s'appelle de la prévention, ça
s'appelle de l'emploi, l'éducation, la concertation avec toutes les communautés — je parle ici au Québec — bâtir des ponts, créer des liens, se donner des
projets collectifs, surtout donner de l'espoir et la fierté d'être né
sur cette planète. Merci, M. le Président.
• (12 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie. Merci, Mme
la députée. Je cède maintenant
la parole, toujours sur cette même motion, à la ministre de la Sécurité
publique. Mme la ministre, à vous.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. À mon tour de joindre ma voix ainsi que celles des
membres de ma formation politique et d'offrir nos sincères condoléances au
peuple tunisien.
M. le Président, à titre de ministre de la
Sécurité publique, vous n'êtes pas
sans savoir que j'ai eu l'occasion d'aller en Europe et de m'entretenir avec les dirigeants de l'Angleterre, de la
France et de la Belgique des attentats terroristes et de la prévention versus la radicalisation, M. le Président. Évidemment, je dirais que tous les gouvernements sont concernés à partir du moment où il pèse sur nos
concitoyens des menaces d'attentat.
M. le Président, je pense que les gens ont également tous compris que ce qui s'est
passé en Tunisie... le fait que les
gens ont voulu attenter non seulement aux touristes et à la vie des gens qui étaient
dans le musée, mais qu'on a voulu fort
probablement s'attaquer à un symbole,
M. le Président, en visant directement le parlement et les parlementaires, qui
étaient en train d'étudier effectivement un projet de loi pour contrer le
terrorisme...
M. le Président, je
pense que nous devons dénoncer à chaque fois qu'il y aura des actes barbares
comme ça, effectivement, qui seront posés,
je pense que nous devons également se montrer solidaires des différents peuples
et des différents pays sur qui pèsent
des menaces, mais, M. le Président, je crois d'abord et avant tout que nous ne
devons jamais céder à la peur que les
terroristes veulent créer non seulement chez les parlementaires, mais chez tous
les citoyens. Merci, M. le Président. Et, encore une fois, mes condoléances
au peuple de la Tunisie.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, Mme la ministre. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Adopté. Et, comme indiqué et souhaité par
l'auteure, nous allons observer une minute de silence en l'honneur...
pas en l'honneur, mais compte tenu des circonstances.
• (12 h 12 — 12
h 13) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Veuillez vous asseoir. Toujours
à la rubrique des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre formant le gouvernement, et c'est Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, pour la présentation de
sa motion. Mme la ministre, à vous.
Souligner la Journée internationale de la Francophonie,
exprimer
l'engagement de mobiliser l'espace francophone autour d'enjeux
sociaux, écologiques et économiques et exprimer l'importance
de la francophonie dans l'identité canadienne
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale de la Francophonie, qu'elle
réaffirme son attachement aux valeurs et aux
institutions de la Francophonie internationale et qu'elle exprime son
engagement dans la mobilisation de l'espace francophone autour de la
promotion de l'égalité des genres, de la lutte aux changements climatiques et
de la mise en oeuvre de la Stratégie économique pour la Francophonie;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le rôle clé qu'ont joué les francophones dans
la fondation et la construction du
Canada d'aujourd'hui et leur importance pour le Canada de demain et qu'elle
réaffirme la francophonie comme étant l'une des caractéristiques
fondamentales de l'identité canadienne.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, y a-t-il consentement, M. le leader
adjoint, pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Oui, il y a consentement pour le débat, de notre côté, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui.
M.
Bergeron :
...l'adoption sans débat.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui.
M.
Sklavounos :
Je demanderais un vote par appel nominal.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, un vote par appel nominal est demandé. Que
l'on appelle les députés.
• (12 h 14 — 12 h 26)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on veut procéder au vote, mais là il y a trop de gens debout.
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, pour savoir sur quoi on va voter, là,
c'est la motion qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée
internationale de la Francophonie, qu'elle
réaffirme son attachement aux valeurs
et aux institutions de la Francophonie internationale et qu'elle exprime son
engagement dans la mobilisation de
l'espace francophone autour de la promotion de l'égalité des genres, de la
lutte aux changements climatiques et de la mise en oeuvre de la
Stratégie économique pour la Francophonie;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le rôle clé qu'ont joué les francophones dans
la fondation et la construction du
Canada d'aujourd'hui et leur importance pour le Canada de demain et qu'elle
réaffirme la francophonie comme étant l'une des caractéristiques
fondamentales de l'unité canadienne.» Alors, c'est là-dessus.
Alors, quels sont
ceux qui sont d'accord avec cette motion?
Le Secrétaire adjoint :
M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil
(Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon),
M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette
(Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos
(Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc
(Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est),
M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M.
Rousselle (Vimont), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
Mme
Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M.
Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M.
Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve
(Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle),
Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Bonnardel (Granby), M. Deltell
(Chauveau), M. Caire (La Peltrie), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours
(Mirabel), M. Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M.
Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, y a-t-il des abstentions? Y a-t-il des
contre? Je n'en vois pas. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, les travaux sont suspendus quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 12 h 31)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on souhaiterait poursuivre. Nous en sommes
toujours à la rubrique des motions sans préavis, et je cède la parole à un porte-parole de l'opposition officielle, M. le
député de Verchères,
pour la présentation de sa motion. M. le député de Verchères, à vous la
parole.
M.
Bergeron : Alors, M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exprime ses plus vives inquiétudes quant au projet de loi fédéral C-51, notamment
à l'égard de plusieurs dispositions qui renferment une portée vague et
excessive, lesquelles pourraient engendrer des dérapages du Service canadien du renseignement de sécurité et
porter atteinte aux droits et libertés des Québécoises et Québécois;
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement du Québec qu'il transmette ses
observations et demandes d'amendements
au Comité permanent de la Sécurité publique et nationale du Parlement du Canada
d'ici la fin de l'étude parlementaire du projet de loi;
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
du Québec qu'il dépose [des] observations et demandes d'amendements à l'Assemblée
nationale avant de les transmettre au [dit] comité permanent;
«Que l'Assemblée nationale dénonce la démarche
unilatérale du gouvernement fédéral.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas consentement. Alors, je reconnais maintenant
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour la présentation de sa motion.
Réitérer l'importance
de l'écocertification forestière dans l'aménagement
écosystémique des forêts publiques et privées et presser les
intervenants de faire preuve de bonne foi pour
permettre une relance économique durable
Mme
Massé : M. le Président, je vous remercie. Je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle l'importance de l'écocertification
forestière comme instrument pour compléter un virage majeur dans
l'aménagement écosystémique des forêts publiques et privées du Québec;
«Que l'Assemblée réitère que le nouveau modèle forestier québécois est fondé sur le
principe de la cohabitation harmonieuse
pour tous les usages de la forêt, notamment pour la création d'emplois, l'usage récréatif, la
préservation de la biodiversité et ce, dans le respect des droits
ancestraux des Premières Nations;
«Que l'Assemblée presse l'ensemble des
intervenants politiques, sociaux, économiques et environnementaux à faire
preuve de bonne foi afin de permettre une relance économique durable pour
l'ensemble des communautés qui dépendent de la forêt québécoise.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : M. le
Président, nous proposons l'adoption sans débat.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, la motion est adoptée sans
débat. Ça met fin à la rubrique Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Et nous en
sommes maintenant aux avis touchant les travaux des commissions, et je vous
cède à nouveau la parole, M. le leader adjoint du gouvernement. M. le
leader adjoint du gouvernement, à vous.
M.
Sklavounos : Merci,
M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de la santé
et des services sociaux poursuivra les
consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 20, Loi édictant
la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant
diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée, aujourd'hui, dès maintenant, pour une durée de deux
heures et de 15 heures à 18 heures, ainsi que le mardi
24 mars 2015, de 10 heures à midi, à la salle du Conseil
législatif;
La Commission
des finances publiques entreprendra l'étude détaillée à l'égard du projet de
loi n° 28, Loi concernant principalement
la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du
4 juin 2014 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
ainsi que le lundi 23 mars, de 14 heures à 17 heures, à la salle
du Conseil législatif;
La Commission des transports et de
l'environnement entreprendra les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 32, Loi modifiant la Loi
concernant des mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant
un milieu humide ou hydrique afin d'en prolonger l'application, le lundi
23 mars 2015, de 14 heures à 18 heures, et poursuivra
lesdites auditions le mardi 24 mars 2015, de 9 h 45 à midi,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des relations avec les citoyens, quant à elle, poursuivra les consultations
particulières sur le Plan d'action
gouvernemental 2008-2013 en matière d'agression sexuelle le lundi
23 mars 2015, de 14 heures à 18 heures, ainsi
que le mardi 24 mars 2015, de 11 h à midi, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Finalement,
la Commission d'économie et travail entreprendra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 34, Loi
modifiant la Loi sur les régimes complémentaires de retraite relativement au
financement et à la restructuration de certains
régimes de retraite interentreprises, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je dois vous demander s'il y a consentement des parlementaires, parce que,
dans la présentation de son avis, il y a une
légère modification quant à l'horaire des travaux pour mardi prochain. Donc,
y a-t-il consentement pour cette
modification, que vous n'avez pas vue, là, mais qui existe? Alors, y a-t-il consentement de la Chambre? Oui?
M.
Bonnardel : M. le
Président, question sur l'avis touchant les...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais, juste une seconde, là, est-ce
que c'est sur ce que je viens de dire?
M.
Bonnardel : Sur les
travaux de commission.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
O.K.
M.
Bonnardel :
Je veux juste bien... J'ai peut-être mal entendu. Est-ce que le leader adjoint
a appelé le projet de loi n° 28, l'étude détaillée, pour lundi
prochain?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le leader adjoint. Je crois que oui, mais c'est à vous à le dire.
M.
Sklavounos :
Oui, je l'ai appelé pour lundi le 23 mars, de 14 heures à
17 heures, à la salle du Conseil législatif. Normalement, ces questions sont... normalement se
posent aux renseignements sur les travaux, mais de toute façon... Aucun
problème.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Pas nécessairement, là, parce que je devais demander le consentement, là.
On va le poursuivre parce qu'on l'a commencé. M. le leader.
M.
Bonnardel :
Alors, avec tout le respect que je vous dois, M. le Président, il n'y a pas
consentement pour le projet de loi n° 28 pour lundi prochain.
Et je m'explique, M. le Président.
Le leader du gouvernement nous a avisés hier
qu'il y aurait des travaux demain et lundi, donc une étude détaillée qui
pourrait prendre forme demain et lundi, et, suite à des discussions avec le
leader, le cabinet du leader du gouvernement, l'étude détaillée a été annulée
demain. Elle était demain, vendredi...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
...il y a un problème, parce que ce n'est pas là-dessus, moi, que j'ai demandé
un consentement de la Chambre. Et là-dessus,
qu'on soit d'accord ou pas, la présidence n'a pas à demander le consentement
de la Chambre. Donc, sincèrement, là, je
suis obligé de dire ce que je suis en train de dire. Vous pouvez être en
désaccord, vous l'exprimerez au
leader, je ne sais pas qu'est-ce que ça va faire. Il va-tu retirer son avis? Ce
n'est pas de mes affaires. Mais il n'y a pas de consentement à demander
à la Chambre.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une seconde. Le consentement que je réclamais, moi, c'est qu'à un moment
donné, là, pour mardi le 24 mars, il y
a un changement à l'horaire des travaux en commission, et le président doit
demander si les collègues de la Chambre sont d'accord pour ce petit
changement là à l'horaire. C'était ça, la question.
Je voudrais
que... Sur ce que je demande, est-ce qu'il y a consentement des parlementaires,
qui n'est pas ce sur quoi vous venez de soulever le consentement?
M.
Bonnardel : ...M.
le Président, que je puisse revenir à la rubrique Renseignements sur les
travaux?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, à la rubrique sur les travaux, on va vous laisser le temps qu'il vous
faut. Donc, il y a consentement pour
le petit changement de mardi à l'horaire, mais je ne suis pas dans les avis que
vous avez donnés.
Pour ma part,
avant d'aller à l'autre rubrique, je vous avise que la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles se réunira en séance de travail aujourd'hui, de
13 heures à 15 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du Parlement.
L'objet de cette séance est de préparer le rapport portant sur l'examen des
orientations, des activités et de la gestion administrative de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Là, nous en
sommes à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, et je cède
la parole à M. le député de Granby. M. le député, à vous.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Donc, deux points. Premièrement, sur le projet de
loi n° 28, comme je le mentionnais
auparavant, il y a eu des discussions... Premièrement, il y a eu un appel du
gouvernement hier pour que le projet
de loi n° 28 puisse siéger demain et lundi prochain. Il y avait un
problème et il y a toujours un problème
de disponibilité de notre côté pour
être capables d'être présents demain — cette
session a été annulée — mais
même lundi prochain. Et je crois comprendre aussi que c'est la même
chose du côté de l'opposition officielle.
Je comprends que le gouvernement
souhaite faire avancer ses travaux, sauf que, dans les circonstances, si l'opposition officielle et nous-mêmes ne pouvons être présents, je ne vois pas pourquoi... suite aux discussions que nous pourrions
avoir, que le gouvernement puisse appeler l'étude détaillée à partir du
calendrier régulier, donc mardi prochain.
Alors, face à
une situation incontrôlable de notre côté, je ne veux pas prendre le temps de l'opposition officielle, mais
j'ai cru comprendre, autant de chaque côté, que nous ne pouvions être présents
pour faire avancer l'étude détaillée
lundi prochain.
• (12 h 40) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, monsieur...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une minute! Une minute. Je veux juste vous dire que c'était le bon
endroit pour souligner cette
réalité-là. Je vous en remercie. Et là je veux entendre les personnes qui demandent
la parole. Et là je reconnais M. le député de Verchères, qui sollicite
la parole sur le même sujet. M. le député de Verchères, à vous.
M.
Bergeron : Oui, M.
le Président. Je ne sais pas si c'est
une demande de renseignements sur les
travaux de la Chambre et des
commissions ou si c'est plus une question de directive vous étant adressée, M.
le Président, parce que nous savons
pertinemment qu'il est d'usage que, pour les travaux des commissions, il y ait
des négociations, il y ait des discussions entre les leaders. Et on
arrive toujours, finalement, à trouver des terrains d'entente raisonnables en
tenant compte des agendas des uns et des
autres. Mais là, dans le cas qui nous intéresse, M. le Président, on nous a
avisés vendredi dernier, comme c'est
l'usage, de la séquence des commissions pour les prochains jours. Or, ce dont
il est question, c'est qu'à la toute dernière minute, M. le Président,
on a annulé des commissions et on en a ajouté. Or, le fait est que, tout comme dans le cas du deuxième groupe d'opposition,
notre porte-parole n'est pas disponible ni demain ni lundi. Ce n'est pas
par mauvaise volonté, M. le Président, mais le gouvernement nous a donné son
agenda la semaine dernière. Nos porte-parole ont donc organisé leurs horaires
en conséquence.
Alors, moi, je comprends qu'il se peut que les
ministres ou même des gens du côté du gouvernement puissent soudainement ne pas être disponibles. Et, à ce
moment-là, bien, le gouvernement annule à la dernière minute des commissions.
Mais le gouvernement doit être tout aussi
conscient du fait que les députés d'opposition ne sont pas des pions qu'on peut
commander comme ça, de même, à la dernière
minute et faire en sorte qu'ils puissent être disponibles sur demande. On
planifie, M. le Président, les agendas en fonction de ce que le gouvernement
nous donne une semaine d'avance.
Alors, je suis
désolé, mais notre porte-parole n'est pas disponible ni demain ni lundi. Alors,
comment nous gouverner dans ce genre
de circonstance, M. le Président? J'ai eu le privilège de siéger dans un autre Parlement, M. le Président, où les présidents Parent et Milliken disaient que, bien sûr,
leur devoir, comme présidents, c'était de préserver les prérogatives et les droits de chacun des parlementaires, mais que c'était également le rôle de la présidence de préserver la
minorité contre la tyrannie de la majorité.
On se
retrouve dans une situation, M. le
Président, où on est soumis à
l'arbitraire du leader parlementaire — et
de façon totalement
déraisonnable dans le cas qui nous intéresse. Alors, comment se comporter dans
un cas comme celui-là, M. le Président?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, justement, j'aurais voulu... Votre point était fait, et je
veux juste vous dire deux
choses : C'était le bon moment pour plaider ce que vous plaidez, mais
c'est la prérogative du leader du
gouvernement d'organiser les travaux.
Et on n'est pas arrêtés là, on a ajouté un article : La présidence ne peut
s'immiscer dans l'organisation des travaux.
Je fais juste
prendre acte, par exemple, de la réalité que vous venez de décrire, et on
pourra effectivement regarder comment
on pourrait gérer ça. Mais, dans les circonstances, je veux entendre d'abord
le leader du gouvernement sur le même sujet. M. le leader du
gouvernement, à vous.
M.
Fournier : Bien, M. le Président, d'une part, je considère légitime que la question
soit soulevée et peu approprié qu'elle
soit soulevée en prêtant les intentions que mon collègue vient de faire. Je
regrette que ce soit ce genre de comportement qu'il choisisse.
Il est normal
qu'on se pose des questions sur comment on peut s'entendre, et je peux, je pense,
vous renvoyer aux pratiques que nous avons eues depuis certainement la
dernière élection, je ne veux même pas revenir dans d'autres législatures. Nous avons toujours
tout fait pour essayer de s'entendre, et combien de fois nous avons repoussé,
changé des dates, on l'a fait
constamment. Donc, on ne peut pas remettre en question et plaider la tyrannie
de la majorité. Franchement, avec
honnêteté, là, je trouve que vous avez bien exagéré. Ça pourrait m'amener à
lever le ton, mais je ne le ferai pas, parce qu'on devrait être capables
de s'entendre.
Dans le cas
en question, il y a eu des échanges. La volonté du gouvernement, c'était vendredi de cette semaine et lundi prochain. Et les partis ont dit : Ça ne peut pas être
vendredi ni lundi. Il y a différents projets de loi qui sont devant
cette Assemblée, M. le Président, et la façon dont on se gouverne dépend aussi de la nature des projets de loi, de l'essence des projets de loi, dans la mesure où jusqu'où on peut aller pour effectivement permettre de s'entendre. Alors, on a dit : Bon, d'accord, enlevons le vendredi puis faisons
le lundi, coupons la poire en deux. Ce n'est peut-être pas satisfaisant,
mais, au moins, il y a un effort qui est fait là.
Quel est le
contexte? Le projet de loi en
question vise à donner les moyens à l'État d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Je fais juste... Je le souligne, je ne veux
pas soulever le débat, mais je fais simplement vous dire que, ça, il y a une
motion de cette
Assemblée pour qu'on le fasse, et ce projet de loi vise à s'y rendre. Chaque
mois qui passe à l'égard de ce projet de
loi, c'est 35 millions que ça coûte à l'État. Alors, forcément, il faut
bien qu'on puisse clore le débat et, pour le clore, il faut bien qu'on puisse siéger. Et je ne
reviendrai pas ici, parce que je pourrais le faire, je ne reviendrai pas ici
sur le fait que le projet de loi a
été déposé en novembre dernier et que l'étude des dispositions du projet de loi n'a pas encore
connu une seule heure.
Dans ce cadre-là, il
ne me semble pas abusif de dire que nous pouvons effectivement trouver le
moyen, aux oppositions, d'amener des membres
de leurs partis à commencer des travaux lundi. Ça me semble tout à fait justifié et dans l'intérêt des Québécois.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du deuxième groupe parlementaire, je vous
écoute.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, mais, d'accord, je vous écoute, il n'y a pas de
problème.
M.
Bonnardel :
...M. le Président, il est très rare... En huit ans à l'Assemblée nationale,
j'ai rarement vu une demande qui vient de
deux oppositions, où deux députés, malheureusement, ne pouvaient siéger en même temps pour faire avancer l'étude détaillée d'une loi, peu
importe son importance ou non. Alors, j'ose croire, là, qu'après cette intervention
ou celle de mon collègue on pourra, nécessairement, en discuter avec le leader
du gouvernement.
On
comprend l'importance de cette loi, mais quand même, là, il est très rare...
J'ai rarement vu une demande à l'Assemblée nationale, dans la rubrique
Renseignements sur les travaux, que deux porte-parole, en même temps, ne pouvaient siéger pour faire avancer... Puis je
pense qu'il en convient — il
est plus expérimenté que moi encore ici — je
pense qu'il en convient que c'est arrivé
rarement. Donc, je pense que cette demande est légitime, d'en discuter avec son
cabinet pour qu'on soit capables de remettre
ça à mardi, à mardi prochain, et que, ce lundi-ci, bien, malheureusement, autant moi-même que
le collègue de l'opposition officielle ne pouvaient être présents.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader.
M. Fournier :
...projet de loi, et le processus législatif jusqu'ici, vous le connaissez, le
processus législatif. Regardez les journées qui se sont passées ici, on est
rendus à cette étape-là. Faites un peu votre part aussi.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bien là, je ne voudrais pas... Deux secondes.
Non, mais c'est parce que, là, il y
avait l'autre, là, le député de Verchères, qui était debout. Je veux
l'entendre, mais je ne voudrais pas faire tout le débat là-dessus, là.
Alors, M. le député de Verchères, mais en autant qu'il y ait du neuf, là, dans
votre argumentaire.
M.
Bergeron : M. le Président, dans un premier temps, juste
parce que le leader parlementaire du gouvernement l'a soulevé, là, je veux simplement indiquer que
je signalais de façon tout à fait générique, sans l'attribuer à personne,
les paroles des présidents Parent et
Milliken, à Ottawa, qui disaient que leur rôle, c'était également de préserver
les droits de la minorité contre la
tyrannie de la majorité. Alors, si, le leader parlementaire, le chapeau lui
fait, bien, qu'il le porte, mais je ne lui attribuais d'aucune façon ces
propos.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui, ça ajoute peu, là, parce qu'on l'avait
entendu, mais ça ne changera pas l'attitude de la présidence. 147, je
peux...
M.
Bergeron : ...sur le fond, et il est dommage que le
principal intéressé n'écoute plus, mais, sur le fond, M. le Président...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, oui.
M.
Bergeron : Sur le fond, M. le Président... Sur le fond, M.
le Président, je comprends que le leader parlementaire veuille faire en sorte que la législation avance,
mais, s'il était conséquent avec ses propres
paroles, il n'aurait pas, à 22 h 30, mardi soir, annulé la
séance qui était prévue le lendemain, le mercredi.
Alors,
nous ne pouvons pas être soumis à l'arbitraire du leader parlementaire qui
convoque des députés — députés
qui organisent leurs agendas en conséquence — qui
annule à la dernière minute, et se retrouver à convoquer de nouveau, à
la dernière minute, des séances pour lesquelles ils n'ont pas planifié leurs
agendas.
Alors,
ma question, M. le Président, fort simple, c'est : Est-ce que le leader
parlementaire va obliger le président de
la Commission des finances publiques à statuer sur le fait qu'ils vont ou non siéger en
l'absence des deux porte-parole
de l'opposition, M. le Président?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, vous voyez où ça nous mène. Je peux très bien convenir qu'il y a toutes
sortes de situations. Normalement, on
souhaite que le leader parle... en tout cas, là, pour ce qui est de la
présidence. Mais moi,
avec la petite expérience que j'ai,
j'ai l'information que, règle générale, ça se fait. Le leader du gouvernement a
des échanges par rapport à
l'organisation des travaux. Il se peut que, dans ce cas précis, je n'ai pas les
éléments pour les évaluer. Mais, je
les aurais, je ne peux pas toucher à cette question parce que l'organisation
des travaux... Puis là je n'ai pas envie de faire des séances de lecture
de toutes les décisions qu'on a ici, là. C'est on ne peut plus clair à
l'article 147 : M. le Président,
ce n'est pas de votre juridiction. C'est clair comme de l'eau de roche. Alors,
je ne peux pas trancher ça, là. Et je ne trancherai pas ça.
Par
contre, je trouve que c'était correct que vous fassiez ce que vous avez fait à
la rubrique où nous en sommes, Renseignements
sur les travaux, pour informer ceux qui nous écoutent, parce qu'il y a du monde
qui écoute ça, puis ils se font un jugement. Oui, M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : Et, pour répondre à la question du leader de
l'opposition, il ne reviendrait pas plus au président de la commission de prendre cette décision-là. De la
façon dont les travaux fonctionnent, il est de ma responsabilité d'organiser
les travaux. Et il arrive, ce n'est pas la
première fois, qu'il y ait effectivement des reports de consultations déjà
prévues. Il arrive, et c'est la façon
dont j'assume mes responsabilités, de trouver les terrains d'entente pour que
nous puissions avoir tout le monde. Alors, là-dessus, mon dossier est
net, clair, je n'ai pas à m'en cacher.
Dans le cas présent,
nous devons arriver à des journées. Nous avons eu des motions de report, des
motions de scission, il n'y aura pas des veto d'opposition qui empêchent le
début. Je suis prêt à laisser tomber le vendredi, mais commençons par
commencer. La décision est prise : ce sera lundi. Organisez-vous en
conséquence.
• (12 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Et moi, je ne peux pas... Ce n'est pas une
période de débat. Eh bien... À la rubrique,
là, Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, quand on sent que n'importe
quelle question additionnelle ne
permet pas d'avancer à cette rubrique-là, moi, je suis obligé de passer à autre
chose, ce que je viens de décider de faire, à moins que vous avez du
neuf. Moi, du neuf, je suis prêt à attendre ça.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Flambant neuf? On s'essaie, mais pas longtemps.
M. le député d'Orford...
M.
Bonnardel : Je
n'ai pas de flambant neuf pour ce projet
de loi n° 28, mais j'ai une
autre demande sur le projet de
loi n° 37, dans la rubrique Renseignements sur les travaux.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ça va.
M.
Bonnardel :
Vous permettez?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bien ça, c'est sûr! La rubrique, c'est pour ça.
Alors, allez-y. Vous avez toute...
M.
Bonnardel : Alors,
M. le Président, on a dans le
feuilleton, à l'article 5, le projet de loi n° 37. Le gouvernement a
décidé d'appeler l'adoption de principe du projet de loi n° 37 dès
maintenant, après le projet de loi n° 26, et, à notre grande surprise, il manque une étape
importante avant d'adopter... l'adoption de principe du projet de loi
n° 37, ce sont des consultations
particulières. Et la coutume veut, M. le Président, qu'à chaque dépôt de projet
de loi du gouvernement l'opposition
officielle ou même nous-mêmes ayons à nous lever pour demander que le
gouvernement puisse appeler des consultations.
Il va de soi que le gouvernement, la plupart du temps, nous demande, comme
opposition, d'envoyer des groupes qui
pourraient être entendus pour que les consultations se fassent. Et j'ai les
statistiques, M. le Président : sur 19 lois, depuis le début de la 41e législature, 18 de ces lois
ont fonctionné de façon normale. L'étape, donc, avant l'adoption de principe, pour que les gens comprennent bien,
ceux qui nous écoutent, il y a consultations particulières. Il peut y avoir
de très courtes consultations, il peut y
avoir de très longues consultations. On a vu, avec mon collègue de la Santé,
une cinquante d'organismes qui ont passé, on l'a vu à d'autres où il y
avait trois, quatre organismes.
Donc,
il y a dépôt du projet de loi, M. le Président, pour que vous mesuriez
bien — et vous
me permettez d'utiliser le temps que j'ai pour vous expliquer un peu la
nature de mon intervention — le
19 février, il y a dépôt du projet de loi
n° 37 et demande de consultations particulières sur ce projet de loi. Et
le leader, comme d'habitude, nous assure qu'il y aura des discussions.
20 février, demande par écrit formulée auprès du gouvernement pour la tenue de consultations. 23 février, envoi de notre liste de groupes à inviter pour les consultations à la suite de la demande du gouvernement d'avoir cette liste.
M. le Président, rapidement : Centre québécois du droit de l'environnement,
Environnement Vert-Plus, Greenpeace, coalition
Éco-vigilance Baie-des-Chaleurs, Équiterre, Réseau québécois des groupes
écologistes, le Centre de l'environnement, le
Secrétariat des organismes environnementaux du Québec, la Fondation David-Suzuki, Nature Québec,
Société pour la nature et les parcs du Canada, Attention FragÎles,
ENvironnement JEUnesse, Les Citoyens au Courant, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique,
le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec, le Fonds mondial pour la nature, Fonds
d'action québécois pour le développement durable, Conseil patronal de l'environnement
du Québec...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Si vous pouviez arriver à la conclusion, parce que,
là, on sent qu'il y a une bonne liste. C'est légitime.
M.
Bonnardel : ...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Oui. Il vous en reste juste...
M.
Bonnardel : Mais peu importe, M. le Président. Donc, envoi
de cette liste. 11, 13 et 18 mars, nouvelle demande visant à savoir quand se tiendront les consultations particulières. Vous comprendrez qu'entre chefs de cabinet, bien, les
discussions... on a essayé d'avoir des réponses, sauf qu'il n'y avait pas de
réponse de la part du gouvernement. Et, le 18 mars,
le gouvernement nous informe que des consultations ne sont pas prévues et que
l'adoption de principe aura lieu le 19 mars, aujourd'hui.
Alors, j'ai
une question fort simple face à cette situation, M. le Président :
Pourquoi, aujourd'hui, on outrepasse le fait d'entendre des groupes,
dans un contexte où, face à une loi importante, hein, où on veut, M. le
Président, tout simplement éviter de tenir
un BAPE sur le projet de cimenterie à Port-Daniel—Gascons... Bien, je pense qu'il va de soi que, si le gouvernement, en termes de prêts, met
450 millions de dollars sur la table pour soutenir une industrie où il y a
énormément de questions en termes de GES, en termes environnementaux...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...moins de
fond, là, puis conclusion à la question, parce que, là, on est sur le
fond, on n'est plus sur les renseignements sur les travaux.
M.
Bonnardel : ...il
n'y a pas de consultation?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, voilà, il y a eu deux remarques... Parce qu'il y a des gens qui écoutent
ça, ils ont le droit de savoir qu'est-ce qui
se passe. Votre question est pertinente, c'est la bonne rubrique, mais en
autant qu'on arrive à la question
qu'on veut savoir : Pourquoi... Et là le pourquoi a été très bien
explicité. Je laisse la parole à M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je
devinais la question, M. le
Président. J'assistais à une plaidoirie, mais je devinais la
question qui allait venir. Il me fait
plaisir d'y répondre, d'ailleurs. Notre collègue l'a très bien dit et très bien
fait, d'ailleurs, et il a tout à fait
raison, bien que les consultations générales et particulières soient
facultatives dans notre processus d'adoption, bien que ce soit facultatif, il est, de façon très générale, la pratique
de ce gouvernement d'accepter que nous puissions procéder à des consultations.
On a mentionné la liste de projets de loi pour lesquels nous avons procédé
ainsi. C'est effectivement une
approche que nous avons régulièrement. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne doit
pas tenir compte des projets de loi.
Quand on
regarde les règles que nous avons, la règle : donc principe, article par
article, ensuite prise en considération, et la sanction finale, ce sont nos
étapes habituelles auxquelles, de façon facultative, on en ajoute. Maintenant,
qu'en est-il de ce projet de loi? Ce projet de loi vise à réitérer le droit. Ce
n'est pas un projet de loi de droit nouveau,
c'est un projet de loi qui déclare l'état du droit. Je ne veux pas entrer... Je
sais que ce n'est pas la place, je ne veux pas entrer dans tout le débat
judiciaire autour de ça et ses effets économiques. Je ne veux pas entrer
là-dedans. J'imagine qu'au principe ça pourra être fait. Mais, dans ce cadre-ci,
la réponse est la suivante, et assez simple : Il n'y a pas lieu de faire des consultations sur l'état
du droit actuel. S'il fallait qu'on le change, je crois que j'aurais une
position différente.
Mais, puisque
le projet de loi, et je me permets de le dire... on lit ceci : Il y a
trois articles, un de sanction, deux articles. Il y a plus de monde à
consulter dans la liste du député qu'il n'y a d'articles dans le projet de loi.
Mais essentiellement les articles sont à peu
près ceci, sont... et on parle des... «Les projets de construction de la
cimenterie et du [territoire]
maritime qui y est lié, en cours de réalisation [...] sur le territoire de la
municipalité[...], sont et ont toujours été visés par le seul régime d'autorisation prévu à l'article 22...»
Donc, le projet de loi vise à reconnaître
l'état d'un droit et non pas le
modifier. Il n'y a pas lieu de consulter pendant des années, beaucoup,
à venir à l'égard d'un droit qui a été accordé il y a déjà très longtemps.
Donc, il ne
s'agit pas d'un projet de loi qui change, mais qui déclare, qui confirme. Et, à cet égard-là, il n'y a pas de pertinence à la consultation.
Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, suite à la réponse, M. le leader adjoint, si vous avez... Est-ce que
c'est clair ou... ça ne semble pas.
M.
Bonnardel : Écoutez,
M. le Président, il reste deux minutes avant de clore les travaux de
13 heures.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, oui. Alors, je vous laisse la parole.
M.
Bonnardel : Bien, oui. Le gouvernement n'a jamais refusé
que des consultations particulières puissent se tenir sur... peu importe le projet
de loi. Je le répète, M. le Président, il est arrivé rarement, depuis la
41e législature, qu'un gouvernement investisse autant d'argent, de prêts,
pour un projet aussi important. Or, je persiste et signe, à savoir...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Le problème que j'ai, c'est qu'aux renseignements sur les travaux, après que la réponse est donnée, on ne peut
pas la commenter. On la reçoit puis on passe à autre chose. C'est là que je
suis.
Je vous rappelle que, lors de l'interpellation
prévue pour demain, vendredi 20 mars, M. le député de Borduas s'adressera à Mme la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion sur
le sujet suivant : La politique québécoise d'immigration.
Je
vous avise de plus que l'interpellation prévue pour le vendredi
27 mars 2015 portera sur le sujet suivant : La crise au CHUM, provoquée par le comportement du
ministre de la Santé et des Services sociaux. M. le député de Verchères,
à ce moment-là, s'adressera alors à M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
La période
des affaires courantes est terminée, on devrait passer normalement aux affaires
du jour, mais, compte tenu de l'heure, on va suspendre les travaux
jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 4)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez vous asseoir.
Affaires du jour
Nous en sommes aux affaires du jour, et je cède
la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, je vous demanderais bien gentiment d'appeler
l'article 12, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 26
Adoption
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'article 12 du feuilleton, Mme la ministre de la Justice propose
l'adoption du projet de loi n° 26,
Loi visant principalement la récupération de sommes payées injustement à la
suite de fraudes ou de manoeuvres
dolosives dans le cadre de contrats publics. Alors, je suis prêt à céder la
parole à Mme la ministre de la Justice et leader adjointe du
gouvernement.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Alors, merci, M. le Président. Donc, c'est un véritable plaisir de procéder
aujourd'hui à l'adoption du projet de loi n° 26, dont nous
avons complété l'étude le 26 février dernier. Là, M. le Président,
j'entends déjà ma collègue de Montarville
qui nous dit : Enfin! Enfin! Ça fait deux ans qu'on l'attend. Alors, M. le
Président, c'est vrai, c'est vrai. Il
y a de cela quelques mois, en novembre 2013, mon prédécesseur, Bertrand
St-Arnaud, que je salue en passant, avait présenté le projet de
loi n° 61, un projet de loi qui était intéressant, mais qui avait
soulevé un certain nombre de préoccupations
au moment de l'étude... au moment des consultations. Et donc, lors de mon
entrée en fonction à titre de ministre
de la Justice, je me suis mise à la tâche, à savoir d'étudier et de prendre
connaissance du projet de loi, mais aussi de prendre connaissance des préoccupations qui avaient été formulées au
moment des consultations, et nous avons travaillé à amener à l'intérieur
d'un nouveau projet de loi certaines réponses à ces préoccupations.
Évidemment,
il fallait procéder avec diligence, puisque le projet de loi avait comme
objectif de mettre en place des mesures exceptionnelles qui viennent modifier nos
règles de droit usuelles en matière de preuve, en matière de prescription.
Alors, nous avons aussi vu à élargir la portée
du projet de loi initialement présenté par notre collègue. Rappelons-nous, le
projet de loi touchait exclusivement l'industrie de la construction, et il
était opportun d'étendre à l'ensemble des
contrats publics puisqu'il n'y a pas que le dossier de la construction qui a fait l'objet de certaines préoccupations et qui ont soulevé des questionnements
quant à la valeur des contrats. Je
pense notamment au dossier de
l'informatique.
Donc, notre
nouveau projet de loi était fort attendu non seulement par notre
collègue de Montarville, mais par de nombreux intervenants, par de nombreux organismes publics, par les municipalités,
et il revêt une grande importance,
et il s'inscrit, M. le Président, dans une
grande démarche qui vise à rétablir, au Québec, un climat d'intégrité et de
probité en matière de contrats publics.
C'est un
projet de loi par lequel le gouvernement se donne les moyens de récupérer les
sommes qui ont été payées injustement
à la suite de fraudes, à la suite de manoeuvres dolosives dans le cadre des
contrats publics, de l'ensemble des contrats
publics, parce qu'il s'agit de l'argent de tous les contribuables québécois
dont il est question, et ce qui a été payé injustement commande qu'on le
récupère.
Comme je l'ai mentionné hier, c'est un projet de
loi, M. le Président, qui se décline en deux volets. Dans un premier temps, nous mettons sur pied un programme
de remboursement volontaire afin qu'une entreprise ou une personne
physique puisse rembourser les sommes qui pourraient avoir été obtenues à la
suite de fraudes ou de manoeuvres dolosives,
et ça, ça s'inscrit dans toute la philosophie qui a été mise en place par
l'entrée en vigueur... par les nouvelles dispositions, plutôt, adoptées en février 2014, donc les nouvelles
dispositions portant sur le nouveau Code de procédure civile. On vise, d'abord et avant tout, des
résolutions alternatives, des modes de justice participative. Alors, ce
programme de remboursement
volontaire, qui s'inspire des conférences de règlement à l'amiable, s'inspire
également de la philosophie et est
conforme à la philosophie derrière le nouveau Code de procédure civile. Et
évidemment, comme ministre de la Justice, il était tout simplement naturel de donner l'exemple par l'entrée... par
la mise en place d'un tel système à l'intérieur de notre loi, à
l'intérieur du projet de loi n° 26.
Le remboursement évidemment sera à
l'image des conférences de règlement à l'amiable, et exception faite qu'il
ne sera pas nécessaire qu'une poursuite soit
entreprise avant de s'en prévaloir, au contraire... Le programme de
remboursement sera administré par une
personne neutre et indépendante qui aura pour mandat d'amener les parties à
s'entendre, d'analyser les offres
reçues et, ensuite, de formuler, à la ministre de la Justice, des
recommandations. Évidemment, l'administrateur ne sera pas laissé à lui-même ou à elle-même, cet administrateur sera
accompagné de juricomptables et d'experts pour permettre une bonne
analyse des dossiers.
C'est
une avenue qui est à l'avantage des deux parties, qui est à l'avantage des
organismes publics et à l'avantage, évidemment,
des entreprises puisqu'elle permet, dans un premier temps, d'éviter les délais,
d'éviter les coûts rattachés à une
judiciarisation des dossiers et elle permet également à une entreprise qui est
de bonne foi, qui souhaite se réhabiliter commercialement, de le faire sans nécessairement attendre l'issue d'un
procès, l'issue d'une procédure judiciaire. Et, bon, on pense, pour les contribuables, à l'économie
substantielle en fait de frais qui seront faits, en frais juridiques, et
l'économie aussi de temps et d'énergie.
Et ce programme-là,
et je tiens à le souligner, M. le Président, ce programme-là ne sera pas...
sera aussi assujetti à des frais d'administration. C'est-à-dire qu'une
entreprise qui se prévaut du programme de remboursement volontaire aura à
verser, en sus du montant qui constituera l'entente, une somme de 10 % de
l'entente afin de couvrir les frais
d'administration, puisque les contribuables n'ont pas à assumer seuls les frais
de la mise en place d'un tel programme.
• (15 h 10) •
Quant au deuxième
volet, bien c'est là qu'on... c'est via ce deuxième volet que nous introduisons
des règles exceptionnelles en matière de
preuve et en matière de prescription. Alors, ces règles-là seraient établies
pour les entreprises qui n'ont pas pris l'opportunité qu'offrait le
programme de remboursement volontaire. Alors, oui, les mesures sont exceptionnelles, mais nous reconnaissons qu'il y a
dans le projet de loi une première... une porte ouverte pour les entreprises
qui font preuve de bonne foi et qui
souhaitent se réhabiliter. Alors, si les entreprises ne se prévalent pas de
cette opportunité qui leur est
offerte par la mise en place du programme de remboursement volontaire, elles
s'assujettissent à des règles de preuve,
des règles de procédure civile qui sont beaucoup plus strictes, beaucoup plus...
beaucoup plus strictes, oui, en effet, que
ce qui est actuellement prévu par le Code de procédure civile. Et donc ces
mesures exceptionnelles là permettent un retour en arrière de
20 ans. Ces mesures exceptionnelles là établissent une présomption de
dommage allant jusqu'à concurrence de
20 % du montant des contrats. Alors, il y a eu une modification, un
amendement qui a été apporté, suite aux
échanges en commission parlementaire, afin notamment d'ajuster une concordance
à la Loi sur la concurrence. Il y a, par
ce projet de loi là, des sommes supplémentaires qui devront être versées. Bref, ces mesures exceptionnelles pour des situations
exceptionnelles entreront en vigueur. Évidemment, les mesures exceptionnelles commandent la mise
en place d'une clause que nous appelons crépusculaire, et donc elles
seront d'une portée de cinq ans.
Le
projet de loi apporte également des modifications à la Loi sur les contrats et les organismes
publics pour faire de sorte qu'une entreprise
qui est déclarée coupable de certaines infractions ne verra pas automatiquement
sa demande d'autorisation de
contracter avec les organismes refusée par l'Autorité des marchés. Cette condamnation-là sera évaluée et sera
considérée comme bon nombre d'autres facteurs et sera évaluée dans l'ensemble
de l'évaluation de l'intégrité de l'entreprise aux fins de la délivrance de
l'autorisation par l'AMF.
Comme
nous l'avons mentionné, M. le Président, les travaux... Et puis je tiens encore
une fois à souligner le climat de
collaboration qui était au rendez-vous tout au long des travaux, tant lors des
consultations que lors de l'étude article par article. Des deux côtés, tant de l'opposition officielle que du
deuxième groupe d'opposition, les collègues ont apporté des suggestions d'amendement. Nous en avons
discuté, nous avons, je crois, ensemble, fait avancer ce projet de loi et avons
bonifié un projet de loi de façon tout à
fait responsable et dans un climat non partisan. Je pense que l'objectif visé
par tous était le meilleur intérêt
des Québécois et des Québécoises. Et, pour ça, je tiens encore une fois à
remercier l'ensemble des collègues qui
ont participé aux travaux puis remercier également le président de la
commission, qui a également participé à ces échanges et était d'une
grande collaboration tout au long du processus.
Donc,
je remercie également les gens, les intervenants qui, en commission
parlementaire en janvier dernier, ont formulé
des recommandations, ont formulé des observations. On ne le dira jamais assez,
le travail en commission parlementaire,
le travail de consultation est un travail qui est important dans un processus
parlementaire, qui permet à tous les
parlementaires de voir à ce que les projets de loi adoptés en cette enceinte
soient les meilleurs projets de loi possible. Et les commentaires qui
ont été formulés lors des consultations ont été fort appréciés et très importants.
Alors,
en conclusion, je suis convaincue que le projet de loi n° 26 et tout
l'ensemble des démarches qui ont été amorcées
en matière de contrats publics vont permettre que soit rétablie la confiance de
la population, d'une part, envers les institutions
publiques et, d'autre part, envers les entreprises, les entreprises québécoises qui ont adopté, pour certaines,
plusieurs mesures pour démontrer qu'elles sont de bonnes citoyennes
corporatives.
Alors, j'invite ces entreprises...
Ces mêmes entreprises qui ont déjà apporté, au sein de leur organisation, des changements substantiels, je les invite à se
prévaloir du programme de remboursement volontaire qui sera mis sur pied bientôt, parce
qu'il s'agit d'une autre occasion de démontrer la bonne foi et la volonté de se
réhabiliter et également d'éviter les frais juridiques importants.
Alors,
M. le Président, je
vous remercie et je tiens à remercier
la collaboration de l'ensemble des collègues de
cette Assemblée.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Justice, pour cette intervention. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, c'est avec plaisir que je prends la parole,
au nom de l'opposition officielle, à l'étape ultime, donc l'adoption finale du
projet de loi n° 26, Loi visant principalement la récupération de sommes
obtenues à la suite de fraudes ou de manoeuvres dolosives dans le cadre de
contrats publics.
Bien sûr, je
dois mentionner, parce que je ne veux pas m'attribuer du travail qui n'a pas
été le mien du début à la fin, que
c'est d'abord notre collègue Bertrand St-Arnaud, donc notre collègue, l'ancien
ministre de la Justice, qui a d'ailleurs été honoré, hier, par l'Ordre de
la Pléiade, qui est à l'origine de cette loi, qu'il avait déposée lorsque nous
étions au gouvernement. Et, de notre côté, c'est le député... mon collègue de Lac-Saint-Jean qui a été notre porte-parole dans le dossier. Mais, malheureusement, il ne pouvait
pas être parmi nous cet après-midi, et, comme j'ai participé aux travaux de la commission, c'est moi qui a cet honneur, donc, de conclure
nos allocutions sur ce sujet du projet
de loi n° 26 aujourd'hui.
Je pense
qu'essentiellement la ministre a fait un excellent tour d'horizon de ce que
comporte ce projet de loi qui s'inscrit — et
je pense qu'il
faut le souligner — dans
une continuité de travaux parlementaires des deux dernières années, donc qui a réussi le passage du temps, le
changement de gouvernement comme on le voit parfois, et je pense
qu'on doit s'en réjouir. Qui a donc
réussi ce passage-là, mais qu'il l'a réussi, en plus, d'une manière
intelligente et intéressante puisqu'il
a été bonifié, bonifié, comme la ministre le mentionnait, d'abord par les
auditions qui avaient eu cours avec l'ancienne mouture du projet de loi de mon collègue et qui a été bonifié aussi par
les nouvelles consultations qu'on a menées sur la nouvelle mouture,
donc, de ce projet de loi n° 26.
C'est un projet de loi qui est important, parce que, compte tenu de tout ce qu'on a connu de
bouleversements en matière d'éthique,
en matière de corruption, de collusion, de fraude au cours des dernières années
au Québec, tout ce que la commission Charbonneau a révélé, tout ce que cela a fait
ressortir globalement dans les pratiques qui pouvaient avoir cours, qui sont, pour le moins, à plusieurs
égards, troublantes, voire, bien sûr, illégales dans plusieurs cas, c'était important
que l'Assemblée
nationale parle d'une voix forte et
unie, je dirais, pour montrer que nous avons appris. Donc, bien sûr,
il y a tout le travail qui se fait à la commission Charbonneau, les conclusions qui vont en venir, les gestes
qui devront en découler pour
s'assurer qu'on ne puisse pas revivre de tels épisodes, mais c'est très
important aussi d'envoyer un signal clair
à la population du Québec, aux citoyens, aux contribuables que ce qui s'est
passé était tout à fait inacceptable aussi d'un point de vue de finances publiques, du rôle de l'État de s'assurer
d'aller récupérer ces sommes qui ont été injustement perçues et dont on
a privé l'État.
• (15 h 20) •
Donc, que doit-on faire comme parlementaires,
comme institution quand de telles réalités se produisent malheureusement? Bien,
il faut agir et il faut agir en sortant parfois du cadre et en trouvant des
moyens novateurs, en faisant évoluer le
droit pour s'assurer d'être conforme aux aspirations puis aux volontés de la
population et aux nôtres, bien sûr, aussi, parce que, des fois, les gens
l'oublient, mais nous sommes d'abord des citoyens qui vivons au quotidien
dans la même réalité que les gens qu'on a la chance et le privilège de
représenter. Donc, nous aussi, nous avons été profondément heurtés par tout ce
qu'on a vu, tout ce qu'on a vu se révéler au grand jour, et nous aussi, nous
sommes préoccupés de pouvoir récupérer le
plus de sommes possible. Et la ministre y faisait allusion. Comment? Bien, en
mettant en place des processus
originaux de modes alternatifs, aussi, de règlements des conflits ou des
différends dans cette optique d'arriver
à des solutions gagnant-gagnant, donc gagnant pour l'État, qui va récupérer des
sommes, et gagnant aussi pour les entreprises,
qui vont pouvoir se faire accompagner dans le processus, donc, de remise de
l'argent avec, bien sûr, le fait qu'elles doivent assumer les frais que
tout ça encourt, bien sûr.
Ceci étant
dit, le coeur du projet de loi réside autour de cette volonté. Comme la
ministre l'a souligné, il y a eu une très bonne collaboration de l'ensemble des
partis, donc, représentés pendant le processus d'auditions puis d'étude détaillée en commission parlementaire du projet de
loi. Je pense qu'on a amené des bonifications substantielles, on a entendu
les organismes qui sont venus, on a entendu
notamment les municipalités, les
villes, qui avaient des choses à nous dire parce qu'elles sont, bien sûr,
avec le gouvernement, directement concernées par ces abus et ces fraudes qui ont eu
cours. Et je pense qu'on en est venus
à vraiment encore un meilleur projet de loi, qui reflète
encore mieux les besoins qu'on a pour s'assurer que ça va fonctionner.
Donc, je
remercie, bien sûr, la ministre et les collègues du climat dans lequel on a pu travailler. Je
pense que ça fait du bien parfois,
comme parlementaires, de se faire confiance et de se permettre même
de réfléchir tout haut, de soulever tout haut des interrogations qu'on
peut avoir sans penser qu'on va se faire prendre au détour parce qu'on aurait soulevé une question puis qu'après, on
pourrait dire, oui, on se rend à l'autre point de vue. On avait un tel
climat, et je pense que ça a vraiment
permis d'avancer de manière diligente, mais surtout d'avancer vers le projet de loi le plus complet et le plus adapté possible à cette réalité-là,
qui n'était pas toujours facile à cerner en termes juridiques.
Et on est
tous conscients qu'on est avec du droit nouveau. Et là le prochain défi, c'est
que ce droit nouveau là donne les
effets escomptés. Donc, bien sûr, on espère que tous ceux qui sont concernés
par le coeur du projet de loi et donc qui déjà sont en marche pour revoir leurs pratiques, qui savent donc qu'ils sont
concernés par une telle possibilité, bien, qu'ils s'en prévalent et que
ça puisse fonctionner correctement pour le bénéfice de tous.
Et une des
avancées qu'on a pu aussi faire advenir pendant les travaux de la commission,
c'est tout ce processus de
transparence et de reddition de comptes, parce que je pense que les Québécois
ont le droit à ça aussi, de savoir ce que ce projet de loi là va avoir donné, ce que ces nouveaux mécanismes là
vont avoir produit comme résultat, comme récupération de sommes. Et ça, c'est un des éléments, aussi,
intéressants qu'on a réussi à faire introduire dans le projet de loi.
Donc, bien
sûr, maintenant on est dans le défi du test de la réalité, comme c'est souvent
le cas quand on passe du projet de
loi théorique à son application pratique, encore plus quand on est avec du
nouveau droit, mais moi, je veux réitérer
toute ma confiance dans ce processus-là au nom de l'opposition officielle. Il
faut parfois se dire que, oui, on se fait confiance et qu'on pense que ça va pouvoir
produire les résultats escomptés, et je pense que c'est le cas. Maintenant,
évidemment, il va falloir être très attentif
à comment tout ça se passe concrètement, et je pense que la transparence et la
reddition de comptes vont aider à cet égard-là.
Donc,
en terminant, à mon tour de remercier l'ensemble des partenaires, je dirais, de
ce travail législatif. Je pense, bien sûr, au premier chef à la ministre
de la Justice, à toute son équipe. Je salue son attitude de grande ouverture,
de collaboration, qui souhaitait tout comme
nous avoir le meilleur projet de loi possible, donc qui était constamment dans la volonté d'en faire une loi vraiment collée sur la réalité à laquelle on voulait
apporter des solutions, son équipe, bien
sûr,
de légistes et de fonctionnaires qui étaient très présents, très disposés à
aider et à trouver des solutions, le personnel de son cabinet, bien
entendu, la collègue de la deuxième opposition, qui a fait un travail très
rigoureux pendant toute la durée des travaux, mon collègue de Lac-Saint-Jean,
qui a travaillé depuis le début dans le dossier, notre recherchiste, Étienne Pomerleau-Landry, et bien sûr le président de la commission, le député
de Fabre, et l'ensemble du personnel de la commission, qui ont été d'un
soutien de tous les instants.
Alors,
je pense qu'on est en mesure de se réjouir aujourd'hui de cette avancée
et de s'en réjouir surtout au nom des
Québécois, qui méritent bien de revoir cet argent qui leur a
été pris injustement. Donc, merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Joliette. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Merci beaucoup, M. le Président.
Comme le disait à
juste titre la ministre de la Justice : Oui, enfin, enfin, le p.l. n° 26
va devenir une loi, enfin! Il faut le
souligner, M. le Président, c'est un
moment très important qu'on est en
train de vivre aujourd'hui, parce
qu'on parle ici de l'adoption éventuelle de ce qu'on appelle une loi
d'exception. Une loi d'exception, c'est particulier, c'est historique aussi. Il
n'y en a pas beaucoup, elles sont importantes. Et cette loi d'exception que
nous nous apprêtons à accepter, je considère
qu'il est important que les gens qui nous écoutent à la maison en comprennent
un petit peu plus long, sachent un
petit peu plus long sur tout le travail qui s'est fait au fil des années, parce
qu'effectivement ça fait un bout de
temps qu'on en parle, le travail qui s'est fait également en commission
parlementaire. Alors, pour tous ces gens à la maison qui nous écoutent,
qui n'ont pas eu la chance de participer à ces dizaines d'heures d'audition et
de travail en commission parlementaire, je pense qu'il serait bon de faire un
petit peu la genèse de ce qui s'est passé puis de tenter d'expliquer dans
quelle mesure, enfin, ça va nous aider, cette loi-là va nous aider tous
collectivement.
Alors,
remboursez-nous, oui, c'est le message que je lance aujourd'hui aux firmes, aux
firmes collusionnaires qui nous ont fraudés au cours des 20 dernières
années. J'ai bien dit : 20 dernières années, puisque ce projet de loi, qui
deviendra loi, nous permettra de reculer 20
ans en arrière. Ça, c'est un pas remarquable, il faut le souligner.
Remboursez-nous, c'est le même
message que mon chef leur a lancé il y a exactement ou pratiquement deux ans,
il faut s'en souvenir. C'est le
même message qui avait permis de récolter,
en juin 2013, les signatures de plus de 26 000 pétitionnaires en neuf jours seulement.
Rappelez-vous,
M. le Président, notre parti... à la Coalition avenir Québec, nous avions mis
en ligne un site Internet pour que
les gens puissent s'exprimer, et près de 26 000 citoyennes et citoyens
nous ont écrit pour nous dire : Ça n'a pas de bon sens, nous nous sommes fait voler, il faut que
le gouvernement agisse. Alors, «Remboursez-nous», c'est le message que le gouvernement actuel et le précédent ont un
peu tardé à entendre et à prendre au sérieux, et là ce que je vous dis là,
ce n'est pas banal.
Maintenant,
plus de deux ans, plus de deux ans... deux ans plus tard, eh bien, nos demandes
à répétition se concrétisent et, oui,
j'en suis ravie, nous sommes très heureux que ce projet de loi deviendra enfin
une réalité. Les citoyens seront heureux de savoir qu'ils ont été
entendus, et là, oui, naturellement, on veut voir des résultats.
Alors, ce fameux
projet de loi n° 26 deviendra loi, les entreprises qui ont fraudé ou se
sont livrées à des manoeuvres dolosives dans le cadre de contrats publics
seront enfin tenues de rembourser les Québécois. Alors, des manoeuvres dolosives, là, pour ceux qui nous
écoutent, ce que c'est, là... en d'autres mots, c'est de la magouille, ce n'est
pas compliqué. Donc, le projet de loi n° 26 deviendra loi, les entreprises
qui ont fraudé ou qui se sont livrées à des manoeuvres dolosives — de la
magouille — dans
le cadre de contrats publics seront tenues de nous rembourser.
Je crois néanmoins
qu'il est important, il est important de rappeler aux citoyens que le
gouvernement du Parti québécois avait préféré rejeter l'appel de la population
à l'époque, à la dernière législature, et nous accuser, nous, la deuxième opposition, de tous les maux. Et, moi, ça
m'est resté un peu sur le coeur, M. le Président, parce qu'on nous a traités de simplistes, de pseudojuridiques,
d'amateurs. Ça, c'est dans les transcriptions, de toute façon. C'est ce qu'on disait de notre proposition lorsque nous
questionnions l'ancienne législature et que nous lui demandions qu'il fallait
faire quelque chose pour que nous soyons remboursés.
Qu'ils
s'en souviennent aujourd'hui. Je le redis parce que c'est insultant, de un. Et
c'est possible, c'est possible d'avoir
une loi, on est tous ici pour en prouver. Qu'ils s'en souviennent, aujourd'hui,
alors que nous voterons l'adoption d'un
outil dont ils ont ridiculisé la pertinence et la nécessité, à l'époque,
lorsque la Coalition avenir Québec le réclamait, cet outil. Enfin, on
l'a réclamé, on le réclamait pour tous les gens qui nous disaient qu'il fallait
faire quelque chose.
• (15 h 30) •
Un avis
juridique indépendant avait même dû leur être présenté pour leur faire entendre
raison. Nous avions fait faire un
avis juridique qui stipulait notamment, et je cite — et ça, tout ça, là, c'était lors de l'autre
législature : qu'il est possible pour une administration publique
d'instituer un recours même si toutes les informations pertinentes, incluant le
montant des dommages réclamés, ne sont pas
encore connues; qu'il est possible aussi pour une partie qui a un intérêt à
«instituer un recours civil aussitôt qu'elle
a en main suffisamment d'éléments pour établir les fondements de sa
réclamation».
Notre avis
stipulait également que rien n'empêche d'utiliser un témoignage rendu
devant la commission Charbonneau
«comme guide dans la rédaction d'une requête introductive d'instance».
Notre avis
disait également qu'«un tribunal [...] pourrait déterminer que
certains [...] témoins entendus devant la
commission [Charbonneau] étaient [...] les mandataires autorisés de leurs
employeurs, et admettre en preuve la transcription de leurs témoignages
à titre d'aveu pour valoir contre l'entreprise dont ils étaient à l'emploi».
Notre avis
disait également que «malgré [leur immunité], il sera toujours
possible [...] dans le cadre
d'éventuels procès civils
d'interroger les mêmes individus qui ont défilé devant la commission sur
l'ensemble des sujets qu'ils y ont abordés et d'utiliser comme élément
de preuve les documents rendus publics lors des audiences». Fin de la citation.
Cet avis
juridique se concluait, par ailleurs, avec une affirmation, l'affirmation
suivante, qu'«il n'existe a priori aucun
obstacle juridique au dépôt de recours civils à l'encontre des entreprises
nommées dans le cadre des audiences de la commission». Fin de la
citation.
M. le
Président, si vous je dis ça, c'est qu'il faut constater aujourd'hui que nous
avions fait nos devoirs, nous avions fait
nos devoirs de façon rigoureuse pour faire avancer le dossier. Il faut
constater aujourd'hui que non seulement c'était possible de faire une telle loi, mais que le gouvernement du PQ, pour
une raison obscure, après nous avoir ridiculisés à maintes reprises et procrastiné un peu, là, en
attendant six longs mois avant de finalement proposer quelque chose — tiens, tiens — proposer
quelque chose, une solution, un outil pour rendre justice aux citoyens...
C'était le fameux p.l. n° 61, le projet
de loi n° 61, un projet à courte vue qui visait seulement les contrats de
l'industrie de la construction. La Loi sur les contrats des organismes publics de 2006 encadre l'ensemble des processus
d'approvisionnement de l'État, la Loi concernant la lutte contre la
corruption fait la même chose, alors pourquoi le p.l. n° 61 devait-il
faire exception?
Bien que
l'industrie de la construction soit un secteur économique très propice aux
activités de collusion et de corruption,
elle n'en détient pas l'exclusivité, malheureusement. On n'a qu'à lire tous les
articles de journaux pour s'en convaincre, qu'ils ne touchent pas
seulement la corruption dans le monde de la construction. Alors, nous saluons
par conséquent l'élargissement à toute autre sphère d'activité du champ
d'application du p.l. n° 26, M. le Président, c'est important de le souligner. Ça ne sera pas juste
pour la construction. On pourra peut-être aller voir plus loin, entre autres,
je ne le sais pas, pourquoi pas dans le monde informatique, tiens, qui
sait? Ça pourrait être intéressant. Donc, avec cet élargissement du champ d'application du p.l. n° 26, il s'agit
définitivement d'une des plus grandes améliorations apportées à ce projet de loi, et nous le
croyons.
Pour ce qui
est du feu p.l. n° 61 du
PQ, même si les surcharges entraînées par la collusion oscillaient entre
13 % et 35 % du montant des
contrats publics octroyés, selon les municipalités — en d'autres mots, on se faisait avoir de
13 % à 35 % dans certaines villes,
entre autres — bien le
projet de loi n° 61 ne prévoyait aucun seuil de présomption de
préjudice, donc on n'avait aucune idée d'un
seuil de la fraude. Le Parti québécois se contentait simplement de recouvrer
certaines sommes, comme le prévoyait le libellé du projet de loi à l'époque.
Alors, c'est
intéressant, ici, nous reconnaissons également à cet égard une amélioration
considérable du projet de loi, avec
la présomption qui est fixée dans le p.l. n° 26. Initialement, on
parlait d'une présomption de fraude de 15 %. Maintenant, elle est montée à 20 % du prix du
contrat, suite aux suggestions de plusieurs intervenants que nous avons eu
le plaisir d'entendre lors des commissions
parlementaires et aux amendements conséquemment apportés, c'est important de
le souligner.
Mais une des
plus grandes absurdités que contenait le projet de loi n° 61 était
qu'il prévoyait que toute somme recouvrée par le ministre serait
répartie entre le gouvernement et un organisme public de la façon déterminée
par le gouvernement, déduction faite d'une
somme forfaitaire équivalant à 20 % de la somme recouvrée à titre de frais
engagés par le ministre pour
l'application de la loi. Donc, on retrouvait une portion de l'argent fraudé,
mais, en plus, de ce montant on
payait les frais juridiques. Ainsi, ces coûts équivalant à 20 % des sommes
recouvrées auraient représenté une perte pour les contribuables,
c'est-à-dire pour l'organisme public. Il doit incomber aux entreprises de les
payer et non aux contribuables, car les
organismes floués doivent être en mesure de se faire rembourser 100 % des
sommes récupérées et non seulement 80 %.
Alors, il est évident que le
p.l. n° 26 vient pallier à cette charge que souhaitait imposer le
Parti québécois aux contribuables, qui, nous
le répétons sur toutes les tribunes... Les contribuables sont déjà étouffés,
là, ils n'en peuvent plus, par un
fardeau fiscal qui ne cesse de croître en raison des mauvaises décisions
budgétaires qu'ont prises les gouvernements libéraux et péquistes qui se sont succédé, tout de même faut-il le
remplacer. Et là je n'embarquerai pas dans le beau rapport de M. Godbout, qui vient tout juste de nous
le présenter. J'en ai entendu des bribes, là. Alors, on suggère des
augmentations de taxes, de tarifs. Je laisserai ça à mes collègues
spécialisés en finance.
Donc, c'est
une bonne chose, le fait que les sommes qui devraient couvrir, couvrir les
frais juridiques, si je peux m'exprimer
ainsi, seront à la charge des personnes et des organismes collusionnaires et
non des contribuables. Bonne chose.
Si le gouvernement péquiste s'est traîné les pieds dans ce dossier, nous nous serions
attendus cependant à ce que le gouvernement libéral ne reste pas les bras croisés longtemps,
longtemps, surtout en matière d'intégrité. C'est un enjeu
très important qui touche le coeur et
l'histoire du parti. Donc, depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, en avril
dernier, nous avons questionné la ministre de la Justice et le premier ministre à maintes reprises dans le but de savoir s'ils avaient l'intention de présenter un projet de loi qui permettrait enfin de récupérer les sommes chargées en trop aux
contribuables.
En juin
dernier, lors de l'étude des crédits budgétaires, la ministre nous a assuré que
son ministère travaillait à la rédaction
d'un projet. Le 9 octobre, notre chef a interpellé le premier ministre, et celui-ci lui a demandé d'être patient. On l'a entendu : La patience, la patience! Le
22 octobre, j'ai à nouveau interpellé la ministre, qui m'a répondu la même
chose qu'en juin tout
en nous demandant à son tour d'être patients. Alors, vous comprenez qu'aujourd'hui nous sommes heureux. Comment
peut-on nous demander d'être patients quand on sait que des entreprises ont
carrément volé l'argent des contribuables et que rien n'est encore fait?
Parce que ça fait quand même des années que ça roule.
Enfin, enfin,
oui, le 3 décembre dernier, juste avant Noël, le gouvernement dépose le projet de loi n° 26,
Loi visant principalement la
récupération de sommes obtenues à la suite de fraudes ou de manoeuvres
dolosives dans le cadre de contrats
publics, que nous adopterons sous peu. Le projet de loi proposé par la ministre
de la Justice est clairement meilleur, clairement meilleur que celui sur
lequel avait planché le gouvernement péquiste, certes. Or, il y a une chose
qu'il est important de mentionner. Il est
meilleur, mais il ne faut pas oublier une chose : la plupart des
améliorations qui ont été apportées palliaient
aux lacunes qui avaient déjà été mises en évidence lors des consultations sur
le p.l. n° 61, en décembre 2013. Donc,
depuis décembre 2013, on sait qu'il faut apporter des améliorations, on sait
que ce n'est pas parfait, on sait qu'on peut faire mieux, le ministère
de la Justice le sait, et les gens de l'actuel gouvernement, qui étaient à
l'époque dans l'opposition, le savaient également.
L'essentiel
du projet de loi n° 26, le n° 61 amélioré, mais de beaucoup, il faut
le souligner, il faut le souligner, a donc
fort probablement été élaboré par le ministère de la Justice dans les quelques
semaines, là, suivant décembre 2013, suivant ces consultations, ou au plus tard quelques semaines après
l'entrée en fonction de la ministre, suivant les directives politiques,
on l'espère, si ces directives avaient été données.
Tous les projets de loi sont importants, M. le
Président, mais le gouvernement ne pourrait justifier le délai de présentation du projet de loi n° 26 par
la charge de l'agenda législatif,
celui-ci était d'une importance capitale, et nous le réclamions depuis près de deux ans. Si le
gouvernement a attendu ces nombreux mois avant de présenter ce projet de loi
réclamé de tous, c'est ni plus ni moins
parce qu'il en a fait le choix, et ce, malgré les pressions que nous lui avions
faites et malgré les pressions que les citoyens ont faites également.
• (15 h 40) •
Mais, comme
on dit, mieux vaut tard que jamais, alors le projet de loi n° 26 nous a
été présenté par la ministre le
3 décembre, juste avant Noël. Ce projet de loi vise à offrir des outils,
des outils et des solutions aux organismes publics afin de récupérer les sommes payées en trop à la
suite de fraudes ou de manoeuvres dolosives commises par des entreprises
ou des personnes physiques — ça, c'est important de vous le
souligner — dans le
cadre de contrats publics, et ce, peu importe le secteur d'activité; ça
aussi, il faut le souligner.
Donc, le
projet de loi prévoit deux mécanismes, deux mécanismes de recouvrement des
sommes qui ont été payées en trop à
la suite de fraudes ou de magouilles commises par des entreprises ou des
personnes physiques dans le cadre de contrats
publics. Et je vous dis «personnes physiques», c'est important puisqu'en
commission parlementaire nous nous sommes
questionnés. On disait : Il ne faut pas oublier personne. Et «personnes
physiques», c'est important parce que ça comprend toute personne qui aurait magouillé, et, quand on dit «toute
personne», ça ne comprend pas que les gens du domaine de la construction, ça ne comprend pas que des ingénieurs, ou
des contracteurs, ou des entrepreneurs, ou des sous-traitants, ça comprend également des fonctionnaires, ça comprend
également des élus. Oui, le gros mot, des «élus». Et c'est extrêmement important que les citoyens
peuvent comprendre que ce projet de loi qui sera loi permettra également
à des élus de participer au programme de
remboursement ou, à défaut, d'être poursuivis, parce que je vous dis que ce
projet de loi fonctionne en deux volets. Donc, voilà pour les personnes
physiques qui seront visées. Très important.
Alors,
comment va fonctionner le premier mécanisme? Deux volets, deux mécanismes. Le
premier mécanisme s'appelle le programme de remboursement volontaire. Donc, il
s'agit... un mode privé, je dis bien «privé», ça ne se passe pas devant
les tribunaux, ça se passe dans un bureau, un mode privé de règlement des
différends qui vise à régler les réclamations
civiles et non pénales au criminel. Ça aussi, c'est important de le souligner,
M. le Président. Le p.l. n° 26 est une loi civile qui apporte des exceptions au Code civil du Québec, mais
qui n'empêche pas les poursuites au criminel et au pénal et qui ne les remplace pas non plus. Alors,
vous voyez, c'est un outil de plus, très important, que les gens qui nous
écoutent à la maison comprennent ça.
Donc, ce programme
s'inspire de ce qu'on appelle les conférences de règlement à l'amiable qui sont
déjà largement utilisées par les
tribunaux. Donc, il y a déjà une procédure qui est admise de tous, qui est
comprise et qui fait qu'on arrive à des règlements de problématiques.
Donc, ce programme de remboursement volontaire va permettre aux organismes publics
et aux entreprises de négocier de bonne foi un règlement sans
qu'une poursuite soit entreprise et sans les délais associés à la tenue
d'un procès. Cette façon de faire permettrait d'éviter le recours aux tribunaux
tout en accélérant la récupération des
sommes par le trésor public. En fait, ce programme de remboursement volontaire
est un incitatif : si vous ne
voulez pas qu'on vous poursuive, manifestez-vous et remboursez-nous, parce qu'après ça risque de faire beaucoup
plus mal.
Donc, le
projet de loi prévoit, pour ce programme de remboursement volontaire, que le
ministre — nous
dirons la ministre — crée un programme de remboursement volontaire
dont les détails seront publiés à la Gazette officielle du Québec.
Son administrateur, puisqu'il y aura un administrateur qui va s'occuper de ce
programme-là, sera nommé par la ministre.
La ministre agit pour le compte d'un organisme public, par exemple, elle peut
agir pour des municipalités, dans le cadre
de ce programme, sauf dans certains cas déterminés par la ministre, notamment
lorsque la valeur des contrats le concernant atteint un seuil déterminé
par la ministre.
Dans ce
programme, une protection pour les entreprises est prévue, c'est-à-dire que
rien de ce qui a été dit ou écrit dans
le cadre de l'application du programme n'est recevable en preuve devant un
tribunal. Donc, si vous réglez ce qui a été dit, les échanges qui ont eu lieu ne pourront être retenus contre vous
devant un tribunal. C'est important, ça, de le souligner, parce que c'est un incitatif pour que les gens se
mettent à table. Les entreprises pourront se manifester au cours d'une période
de 12 mois, donc un an, pour faire une offre
de règlement, et c'est pour ça qu'on parle d'une loi d'exception. Il y a des
délais fixes, entre autres, pour ce qui est de s'inscrire à ce programme de
règlement.
Toute
entente doit être conclue avant le 24e mois suivant l'entrée en vigueur de la
loi. Donc, pour arriver à des ententes, processus final, deux ans.
Toujours dans le cadre de ce programme de règlement volontaire, afin que les contribuables n'aient pas à assumer les coûts liés
au programme de remboursement, l'entreprise devra verser une indemnité additionnelle de 10 %, alors j'ai bien dit
une indemnité additionnelle de 10 %, de la somme qui sera récupérée. Nous
croyons cependant que ce détail
devrait être précisé dans la loi, non pas dans le règlement, mais ce sera dans
le règlement, et que le montant ne
devrait pas se limiter à 10 % de la somme remboursée, mais qu'il devrait
plutôt refléter les coûts réels des procédures
au nom des contribuables du Québec. Nous l'avons souligné en commission
parlementaire, mais en vain; ça se fera par règlement et ce sera
10 %.
Il faut
souligner cependant que les incitatifs pour les entreprises de se prévaloir du
programme de remboursement volontaire
comparativement au recours juridique sont importants. Alors, j'en ai nommé
quelques-uns et je vais poursuivre parce
qu'il y en a d'autres. Parce que le but recherché, là, et on le dit dès le
départ, c'est de se faire rembourser et de retrouver d'importantes sommes d'argent. Et on parle de
millions de dollars ici. Même si la loi ne fixait aucun objectif, on sait que
ce sont des millions et des millions de
dollars qui ont été volés, volés au trésor public, trésor public payé par les
contribuables.
Donc, ces incitatifs pour les entreprises, bien,
ça leur évitera le recours aux tribunaux civils, de s'inscrire à ce programme de remboursement volontaire, ainsi que
la fameuse lenteur procédurale et les frais juridiques qui l'accompagnent.
Autre incitatif : payer une somme forfaitaire de 10 % au lieu de
20 % pour les frais — si
je peux appeler ça «frais juridiques» — engagés par l'État, bien c'est déjà un
incitatif. C'est moins, 10 % que 20 %, donc il y a une économie, là,
qui pourrait permettre un incitatif, parce
que, si on s'en va du côté de la procédure judiciaire devant les tribunaux, ce
sera beaucoup plus dispendieux pour
les entreprises. Autre incitatif : aucun intérêt ne sera porté à la somme
qui sera remboursée par les entreprises, ce qui peut représenter une
économie majeure.
Maintenant, le deuxième mécanisme...
Ça, c'est pour un premier deux ans, la période
de remboursement volontaire.
Le deuxième
mécanisme prévu par le p.l. n° 26, c'est le recours judiciaire. Et là on
embarque devant les tribunaux. On se
présente devant les tribunaux. Le projet de loi n° 26 permet
exceptionnellement aux organismes publics d'entreprendre des recours contre les entreprises qui auront
décidé de ne pas se prévaloir du programme de remboursement. Et naturellement
je dis «exceptionnellement», on est toujours
dans le cadre d'une loi d'exception. Donc, pour ces recours, toute personne
physique — et
là on revient à la définition de tout à l'heure, là, ça fait du monde — ou
entreprise qui a commis une fraude ou une
manoeuvre dolosive dans le cadre de l'adjudication, de l'attribution ou de la
gestion de contrats publics seront
présumées «avoir causé un préjudice à l'organisme public concerné». Ça, c'est
important. C'est du droit d'exception. C'est
pour ça que c'est à l'intérieur de cette loi. Ainsi, sur preuve de fraude ou de manoeuvre dolosive, la ministre
pourra établir une présomption de
faute contre tous les représentants de l'entreprise de quelque niveau que ce soit. De fait, la
responsabilité civile de ces derniers sera engagée, à moins qu'ils démontrent
avoir agi avec le soin, la diligence et la compétence dont ferait preuve en
pareilles circonstances une personne prudente.
Le préjudice était réputé d'être au moins 15 %
de la valeur du contrat visé — le préjudice, donc les sommes injustement payées, les sommes volées — mais, à la suite d'un amendement qui a été
voté à l'unanimité, ce préjudice, cette
présomption de préjudice de 15 % a été unanimement augmentée à 20 %.
Donc, en partant, si on vous poursuit, on prend pour acquis que vous nous avez fraudé de 20 % du montant
total du contrat, en partant. Ce sera à vous de faire la preuve contraire. L'entreprise aura le fardeau de
démontrer que les sommes réclamées par l'État ne sont pas justifiées. Le gouvernement et les organismes publics pourront
réclamer plus de 20 % des sommes payées, mais ils devront naturellement
en faire la preuve. Donc, on part à 20 %.
Par ailleurs, toute somme réclamée devant les
tribunaux portera intérêt à compter du paiement final fait par l'organisme public concerné pour le contrat visé
au taux fixé en vertu de l'article 28 de la Loi sur l'administration
fiscale, soit 6 % en 2014. Ça,
ça n'a l'air de rien, dit comme ça, là. Ce qu'on dit, c'est que, lorsque
l'entreprise ou toute personne sera
ou seront condamnées, les intérêts sur le montant qu'ils auront à rembourser
vont remonter au contrat initial avec l'organisme.
Alors là, on peut remonter bien des années antérieures. Donc, faites le calcul,
sur toutes ces années, de l'intérêt. C'est
très important et c'est très... c'est un argument qui milite pour une
entreprise pour qu'elle aille rembourser le plus rapidement possible
parce que ça, ça risque de faire mal à ceux qui ne voudront pas rembourser.
• (15 h 50) •
Cette charge
rétroactive supplémentaire, donc cet intérêt rétroactif, pourrait représenter
une importante somme d'argent et, conséquemment, s'avérer être un
incitatif majeur pour les entreprises à se soumettre au programme de remboursement volontaire, puisqu'aucun intérêt
n'est porté à la somme remboursée dans le cadre d'un tel programme, selon le projet de loi. Donc, c'est ce que je vous
disais tout à l'heure : dans un cas, il y a des intérêts; dans l'autre, il
n'y en a pas.
Le ministre
peut, pour le compte d'un organisme public, intenter une action contre une
entreprise ou une personne visée par
la loi après l'avoir informée de son intention et lui avoir accordé un délai
raisonnable pour qu'il tente lui-même une action. Dans le cas du projet
de loi du gouvernement précédent, feu p.l. n° 61, l'organisme public devait
obtenir l'autorisation du ministre pour intenter un recours, ce qui avait été
grandement critiqué, entre autres par le maire de Montréal. Notons toutefois
que, si un organisme public souhaite entamer une action avant la fin du
programme de remboursement volontaire... Parce que, vous savez, ce
programme est... c'est un total de deux ans. Donc, si un organisme souhaite
entamer une action, une ville, par exemple, ou un ministère, avant la fin de ce deux ans, il doit obtenir l'autorisation de la ministre, et
celle-ci l'accorde si l'action n'a pas pour effet de nuire aux objectifs
dudit programme. Donc, il y a de la flexibilité dans le projet de loi.
Le délai,
maintenant, pour intenter une poursuite est de cinq ans
après l'entrée en vigueur de la loi. Donc, j'y reviens : c'est une loi d'exception, deux ans pour le
programme de remboursement volontaire et cinq ans pour l'application de la
partie procédurale de poursuite qui pourrait être entamée. Donc, il pourrait y
avoir des poursuites pendant cinq ans.
Autre article très
intéressant du recours judiciaire : une action pourra être intentée pour
réparer un préjudice causé dans les
20 années précédant l'entrée en vigueur de la loi, contrairement aux
15 ans qui étaient prévus au défunt projet de loi n° 61. Et
ce délai, il est plus grand, et c'est très important parce que,
de un, il faut l'adopter, cette loi, qu'elle entre en vigueur, qu'elle devienne opérationnelle, mais, si on remonte
dans le temps, on a agrandi la période durant laquelle on pourra
remonter dans le temps pour couvrir toute la période qui a été couverte par la commission
Charbonneau. N'oublions pas que les
magouilles, la collusion, la corruption dans le monde de la construction, bien,
il y a une commission aussi... on a peut-être tendance à
l'oublier, elle est terminée, mais il
y a une commission
aussi dont on attend avec beaucoup,
beaucoup d'intérêt les recommandations, qui devraient être faites, ma foi, vers la fin
de l'année. Ne l'oublions pas, la loi nous
permettra maintenant d'intenter des actions qui pourront remonter jusqu'à
20 ans en arrière. Ça, c'est un bon point.
Tel qu'il était
déjà prévu au précédent projet de
loi, des actions qui, antérieurement... Ça aussi, juridiquement, c'est important : des actions, des poursuites
qui, antérieurement, ont déjà été rejetées en raison d'un délai de
prescription, c'est-à-dire qu'elles
ont été rejetées parce qu'on dit : Ah! ça, ça fait trop longtemps, on ne
peut pas vous entendre, la cour ne
peut pas vous entendre, donc des actions qui ont déjà été rejetées pour ces
motifs peuvent être reprises — très intéressant — pourvu qu'elles le soient dans les cinq ans
qui suivent cette date. Donc, on va chercher encore à se faire rembourser auprès des entreprises collusionnaires,
même celles qui se seraient déjà vu exemptées, si je peux dire, à cause
d'un délai de prescription.
Il y a aussi
des modifications à la Loi sur les contrats des organismes publics qui ont été
apportées avec l'adoption du projet
de loi n° 26 — parce
que le projet de loi n° 26 a modifié aussi certaines autres lois; il est
important d'en parler peut-être un peu plus brièvement. Les
modifications à la Loi sur les contrats des organismes publics visent le régime
d'autorisation de contracter. Les
modifications prévues dans le projet de loi n° 26 sont exactement les
mêmes que celles que prévoyait le
projet de loi n° 61. Depuis l'adoption du projet de loi n° 1, la
fameuse loi sur l'intégrité modifiant la Loi sur les contrats des organismes publics, à l'automne 2012, une entreprise
qui a brisé les règles dans l'attribution des contrats publics en se rendant coupable de collusion ou de
corruption est privée automatiquement de contrats pour une durée de cinq
ans.
La loi
prévoit deux moyens de refuser une autorisation à une entreprise : soit
par des automatismes ou soit par la discrétion
de l'Autorité des marchés financiers, l'AMF, dans l'appréciation de son
intégrité — naturellement,
l'intégrité de l'entreprise.
Lorsqu'une entreprise obtient une autorisation, elle doit en demander le
renouvellement aux trois ans. Avec le
projet de loi n° 26, les cas de condamnation d'une entreprise seront dorénavant
des éléments qui devront être considérés par l'AMF dans l'évaluation de l'intégrité d'une entreprise au lieu
d'être un automatisme. Ainsi, ça signifie qu'une entreprise qui a apporté des changements significatifs depuis
le jour de l'infraction pour laquelle elle a été condamnée pourrait obtenir
une autorisation si elle satisfait aux
exigences élevées d'intégrité au moment de sa demande, malgré sa condamnation
pour des gestes posés antérieurement.
Concrètement,
le projet de loi n° 26 permettrait à l'Autorité des marchés financiers de
retirer une entreprise du Registre
des entreprises non admissibles, ce qu'on appelle le RENA, après s'être assurée
que celle-ci respectera à l'avenir de
hauts standards en matière d'intégrité. La mesure consiste à autoriser des
entreprises à soumissionner de nouveau sur des contrats publics, et ce — et c'est important de le dire — afin de protéger l'économie du Québec, car
ces entreprises ont un rôle clé dans notre économie et sont d'importants
créateurs d'emploi.
L'accréditation des entreprises reconnues
coupables est cruciale pour leur réhabilitation et leur survie. Or, demeure-t-il que celles-ci ont commis une faute
grave. C'est pourquoi nous croyons qu'elles devraient faire l'objet
d'une surveillance accrue et être
obligées, pendant une période de cinq ans, à renouveler leurs accréditations
annuellement au lieu d'une fois aux
trois ans. On aurait aimé que ça soit de la sorte, là, à toutes les années au
lieu d'une fois aux trois ans. L'accréditation
et son renouvellement devraient, par
ailleurs, être conditionnels au
respect de l'ordonnance du juge et au respect
du règlement de remboursement. Malheureusement, la ministre n'a pas jugé cette modification à propos. Or,
afin d'inciter davantage
les entreprises à se prévaloir du programme de remboursement volontaire, il pourrait être opportun de les obliger, pendant une période de cinq ans, à renouveler leur
accréditation à chaque année au lieu d'une fois à tous les trois ans,
c'est ce que nous croyons, mais ça n'a pas été retenu.
Il y a
aussi plusieurs amendements — et
mes collègues en ont fait état — qui ont été faits durant cette commission,
mais surtout durant cette étude article par article du projet de loi n° 26, plusieurs amendements qui ont été proposés lors de cette étude. Nous avons présenté, pour notre part,
la deuxième opposition, plus d'une vingtaine d'amendements, dont au moins trois ont été adoptés intégralement, et au
moins trois autres ont été adoptés sous forme négociée, reformulée et ensuite
présentée par le gouvernement. Mais ce qui compte, c'est que l'idée maîtresse
passe, et ça, nous en sommes ravis.
Nous sommes donc heureux d'avoir pu contribuer
de la sorte à la bonification du projet de loi en précisant certains termes, notamment à l'article 10,
qui est un article très important, et en proposant d'assujettir aux mécanismes
d'hypothèque légale, prévus à
l'article 13, tous les biens qui auraient pu être cédés ou aliénés directement ou indirectement par une
personne ou une entreprise dans le but, notamment, d'éviter
l'inscription d'une hypothèque légale sur ses biens. Ce que ça veut dire en français, c'est que, lorsqu'une
personne aura éludé des biens — tiens,
elle les aura vendus à sa soeur pour
un dollar, peut-être, que
sais-je? — et qu'on
arrive à faire la démonstration que c'était dans le but d'éviter de se faire
prendre ou d'avoir à rembourser quoi que ce
soit, il pourra y avoir une hypothèque légale sur ce bien, ce qui est
extraordinaire. Les gens nous le réclamaient.
D'ailleurs, il y a des intervenants qui sont venus nous en parler et qui le
réclamaient également. Et je pense
que les citoyens seront heureux d'entendre ça. Ça fait partie d'un amendement
qui a été adopté, nous en sommes très heureux.
• (16 heures) •
Nous avons aussi proposé de modifier la Loi sur
le traitement des élus municipaux afin de permettre aux municipalités de faire
une requête devant les tribunaux pour qu'une portion de la rente de retraite
d'un élu ou d'un fonctionnaire soit saisie lorsque la
personne aurait participé à de la fraude ou à une manoeuvre dolosive
préjudiciable envers la municipalité. C'est très important, ça aussi, très important, et je pense
que ça répond également à une demande que la population a répétée. Adoptées, naturellement, sous une forme ou une autre, ces modifications nous rassurent,
nous rassurent davantage
quant à l'efficacité que démontreront les mécanismes dans les
procédures de récupération des sommes.
Certains
des amendements auxquels nous tenions n'ont cependant
pas été adoptés, c'est normal, c'est le processus. Cependant, il y a quelque chose qui nous tenait à coeur, surtout après
avoir entendu les représentants de la ville de Laval, qui avaient un document fort étoffé... Dieu sait
qu'à la ville de Laval on a eu de sérieux problèmes : 38 arrestations, des
accusations de gangstérisme. Le procès n'a
pas commencé. Chose certaine, le maire de la ville de Laval a quitté avec une
prime de départ de 240 000 $ dans
sa poche. Ça, les citoyens, ça les choque, et on les comprend. Alors, nous
demandions également que les
primes — prime de
départ, prime... de départ ou toute autre prime du genre — qui sont données ou versées aux élus à la suite de départs, départs
incongrus, qui sont dus à toutes... à ces accusations, entre autres, de gangstérisme,
bien, que toute prime, nous pouvions, nous pourrions la saisir.
Nous
avons compris, à la lumière des explications des gens du ministère de la
Justice et de la ministre de la Justice, que la saisie de primes de départ que nous réclamions, légalement, bien,
on nous a bien fait comprendre qu'on ne pouvait pas inclure une infraction pénale au coeur d'un projet de loi, qui est
de nature civile, de la sorte. Donc, malheureusement, cet amendement-là n'a pas pu être inclus. Nous
l'avons demandé, mais semble-t-il que c'est du domaine de l'impossible.
Bien, nous avons fait la demande.
Nous
proposions aussi de modifier l'article 4.1 afin de prévoir qu'à titre de
frais engagés pour l'application de la présente
loi et assumés par toute entreprise ou toute personne physique visée à
l'article 10, la plus élevée des deux sommes suivantes, soit les frais d'administration du
programme de remboursement ou une somme forfaitaire égale à 10 % de la somme déterminée par règlement à l'amiable en
répartition d'un préjudice... Alors, nous avions proposé cette modification,
donc, de pouvoir aller chercher ce qui sera le plus élevé, le 10 % ou les
vrais frais du programme. Malheureusement, ça n'a pas été accepté.
Rappelons que le gouvernement a signifié qu'une
somme forfaitaire de 10 % du montant remboursé dans le cadre du programme de remboursement volontaire, donc de
la première mesure, serait prévue par règlement pour couvrir les frais engagés dans l'administration dudit
programme. Par cet amendement, nous souhaitions nous assurer que les contribuables n'aient en aucun cas à assumer les
coûts de fonctionnement, là, si les coûts venaient à dépasser 10 %. Nous
proposions donc que cette somme forfaitaire
reflète le coût réel des procédures de règlement; le gouvernement n'a pas jugé opportun
d'apporter cette modification. Nous croyons qu'il aurait été préférable de
prévoir une protection supplémentaire
pour les contribuables du Québec. Nous verrons et nous souhaitons que ces frais
juridiques, si je peux m'exprimer ainsi, ne dépassent pas 10 % pour
l'État.
Néanmoins,
il est important de dire que nous sommes globalement satisfaits du produit
final. C'est pourquoi, vous le
devinez, nous voterons en faveur du projet
de loi n° 26. Un tel projet de loi aurait dû être adopté il y a de ça deux ans déjà, nous le répétons, nous le soutenons. Nous vivons
une conjoncture extraordinaire qui nous donne l'occasion de changer les cultures. Nous, ce qu'on dit, c'est :
Saisissons-la maintenant. On est à une époque où il faut revoir les
choses, revoir les structures, revoir
le fonctionnement, la commission Charbonneau nous l'a dit, revoir plein de
choses — et le financement des partis politiques, on n'est
pas rendu là — donc
utilisons ce momentum pour mettre un frein à la corruption.
Nous
l'avions entendu lors des audiences concernant le p.l. n° 61,
plusieurs démarches sont mises en place par différents organismes. Il y a une volonté d'action et de changement, mais le
travail s'effectue en silo. Ce qu'il manque, c'est un leadership porteur pour guider les navires vers le même port.
Bien qu'il permettra de rendre justice aux Québécois, le p.l. n° 26 n'est qu'une partie du casse-tête, hein? C'est
un casse-tête, la corruption et la lutte à la corruption et la collusion.
Nous l'avions dit il y a
plus d'un an, il faut un plan global, une vision. Le leadership, ce n'est pas
un concept vide, ce sont des actions
concertées, une implication vers un objectif ultime, un engagement de la classe
politique pour mettre un terme à la corruption. Pour faire une lutte efficace
contre ce fléau, il nous faut des actions de prévention et d'éducation. Alors
que nous savons pertinemment que ce qui est
dissuasif, c'est la certitude d'être pris, aucune mesure de détection digne de
ce nom n'est mise en place par le p.l. n° 26.
Alors que certains organismes mettent eux-mêmes en place des programmes d'éducation, le gouvernement est peu proactif
à cet égard, nous le regrettons. Nulle part dans notre législation nous ne retrouvons tous les
éléments essentiels, ni le leadership nécessaire pour les appliquer, ni les outils pour en assurer
la pérennité.
Mais
je retrouve le sourire, le p.l. n° 26 est une première étape. Et le gouvernement doit saisir cette occasion, car les coûts de la corruption sont trop grands. Il faut mettre fin à ce
fléau qui gangrène notre société. Si on se base sur la quantité de contrats octroyés par les différents paliers gouvernementaux, et les organismes publics, et les pourcentages entendus à la commission
Charbonneau, donc, on magouille et on
en met plus pour 15 % à
30 % du prix du contrat, 30 %, 35 %, ça fluctue, on arrive rapidement à plusieurs
centaines de millions de dollars volés. Parce que ça, c'est l'argent de nos
taxes et nos impôts, il ne faut
jamais l'oublier. C'est l'argent du père de famille, de la mère de famille, qui
se sont levé ce matin, qui ont mis
leur cadran à 6 heures, qui sont allés porter les enfants à la garderie,
qui ont probablement traversé les ponts, restés pris dans le trafic pour aller travailler, qui reviennent à
16 h 30 pour ne pas rater la garderie, qui arrivent à la maison,
qui font les devoirs, qui font manger les
enfants, et qui se couchent épuisés, et qui font ça sans arrêt. Mais ces
gens-là paient leurs taxes et leurs
impôts. Et des entreprises, des collusionnaires, des gens du monde de la
construction les ont volés avec la
complicité de Dieu sait qui. Espérons que nous le saurons avec, justement,
l'application, la mise en oeuvre de ce projet de loi, et nous le saurons.
Mais, au-delà
de l'argent et du matériel, ce sont aussi des projets individuels et collectifs
qui nous sont volés. Le problème des
coûts de la corruption, c'est qu'ils sont intangibles, ils sont cachés. Ils
sont cachés ou n'ont pas pu exister, mais
ils ne sont pas moins réels. Et c'est tellement réel qu'il y a un coût et que
ce coût existe, que nous avions, en commission parlementaire, le maire de Montréal qui, à juste
titre, nous faisait remarquer dans quelle mesure les contrats à la ville de
Montréal, qui sont dorénavant
octroyés : Mon Dieu que les prix ont baissé, qu'on fait attention, qu'il y
a moins d'extras, qu'il y a une
surveillance qui est faite! Et cette surveillance, elle est nécessaire. Et je
pense également qu'il y a toute cette éducation
et cette culture, je le disais tout à l'heure, il y a un momentum. Il faut
faire quelque chose, c'est une nouvelle ère, et on voit des résultats.
Donc, au-delà
de l'argent et du matériel, ce sont aussi des projets individuels et collectifs
que nous nous sommes fait voler. Pensons aux projets personnels ou
familiaux qui auraient pu se réaliser avec des impôts moins élevés, par exemple. Pensons aux projets collectifs que nous
pourrions réaliser avec tous ces millions sauvés. Et ça, des projets, vous
en avez, le gouvernement en a plein : les écoles avec de la moisissure, de
meilleurs soins pour nos aînés dans les CHSLD, des ressources, des ressources pour les enfants dans les écoles, tous ces
enfants, ces pauvres enfants qui ont besoin de professionnels, qui ont des difficultés d'apprentissage, et qui n'en ont pas. C'est un
enfant sur cinq, et même il y a des chiffres
plus alarmants qui ont été révélés dernièrement. Donc, les écoles ont besoin de
professionnels, les enseignants ont
besoin de support, les parents le réclament. Alors, tout cet argent-là aurait
pu aller dans les services aux citoyens. Donc, c'est insidieux parce que c'est de
l'argent qu'on ne voit pas, mais cet argent-là aurait pu servir à la population.
• (16 h 10) •
Et toute
cette magouille et cette collusion a aussi nui à combien d'entrepreneurs?
Combien d'honnêtes travailleurs, combien
d'honnêtes entrepreneurs voulaient soumissionner, mais on leur a montré la
porte parce que tu ne fais pas partie de la clique de collusionnaires, mon homme?
Combien d'entreprises n'ont pas pu bénéficier de sommes importantes?
Combien de familles, de familles
d'entrepreneurs auraient pu bien gagner leur vie avec des contrats du gouvernement, entre autres, ou des municipalités?
Bien non, ils ne faisaient pas partie de la clique, ils n'avaient pas droit à
leur part du gâteau. Donc, ça, c'est vraiment
une culture à laquelle il faut s'attaquer. Notre inaction face à la corruption
est aujourd'hui très cher
payée.
En terminant,
j'aimerais dire un mot sur les groupes que nous avons entendus en
consultations, des groupes fort pertinents,
tous impliqués d'une façon ou d'une autre avec cette problématique ou connaissant la problématique. Avant de
reprendre la session parlementaire en février, nous avons consulté plusieurs groupes
afin de nous éclairer quant aux améliorations
que nous pourrions apporter au texte proposé par la ministre, l'objectif étant évidemment d'élaborer l'outil législatif le plus efficace possible
pour retrouver les sommes que nous nous sommes fait collectivement voler. Je
profite donc de cette occasion pour
remercier chacun des groupes, chacun des groupes que nous avons consultés en
commission les 15 et 16 janvier dernier.
Parmi ces
groupes, la ville de Montréal, la ville de Montréal qui a notamment recommandé
que le projet de loi soit modifié
afin de prévoir clairement qu'il s'applique aussi aux personnes ayant obtenu
des avantages autres qu'une somme
d'argent. La ville de Montréal qui a notamment recommandé que la présomption de
préjudice, donc le montant volé, soit
fixée minimalement à 20 %, ce à quoi la ministre a consenti. La ville de
Montréal qui a aussi demandé, comme l'a
suggéré d'ailleurs l'ensemble des municipalités, que le projet de loi soit
modifié afin de clairement stipuler que la ministre ne peut transiger ni donner quittance dans le cadre du programme de remboursement sans
le consentement de l'organisme public dont la valeur des contrats
atteint le seuil déterminé.
Autre
intervenant important entendu lors de cette commission, le DGEQ, le Directeur
général des élections du Québec, qui,
lui, recommandait des modifications législatives importantes au projet de loi
n° 26, notamment dans le but que les
contraventions visées aux lois électorales reçoivent le même traitement que
celles prévues à l'annexe I de la Loi sur l'intégrité.
Et puis il y
a eu l'UMQ, l'Union des municipalités du Québec, qui, pour préserver la
confiance du public envers les
institutions, proposait d'amender l'article 5 du projet afin que la ministre
qui agit au nom d'une municipalité soit partie prenante au processus de négociation avec l'entreprise et
l'administrateur du programme et doit la consulter tout au long des
pourparlers.
L'UMQ a
également formulé des propositions sur l'article 34 du projet de loi, qui
prévoit que, pendant la durée du
programme de remboursement volontaire, le premier volet, les organismes publics
ne peuvent exercer des procédures judiciaires visant le remboursement
des sommes payées à moins d'obtenir l'autorisation de la ministre. L'UMQ veut s'assurer que les municipalités pourront
elles-mêmes intenter des actions judiciaires après le délai d'expiration du
programme de remboursement volontaire, donc le fameux deux ans.
L'UMQ a
également demandé que l'article 11 du projet de loi soit modifié pour indiquer
que la présomption de dommages, fixée à 15 %, donc la magouille,
15 % du montant payé pour un contrat, soit augmentée à 20 %.
Autre
intervenant, nous avons reçu aussi l'Institut des administrateurs de sociétés,
représenté par le Pr Stéphane Rousseau. Il est titulaire de la Chaire en
gouvernance et droit des affaires de l'Université de Montréal et il a exprimé
certaines préoccupations... et qui
recommandait notamment d'éliminer toute ambiguïté dans les conditions d'application
du régime de responsabilité des
administrateurs en clarifiant la nature du régime de responsabilité des
administrateurs afin de préciser qu'il
s'agit d'un régime où la faute des administrateurs doit être prouvée. Donc, il
y a quelque chose de particulier ici pour les administrateurs des
entreprises. Important.
Nous avons aussi rencontré l'Association de la
construction du Québec, un joueur majeur, qui, de son côté, a exprimé sa
préoccupation en matière de récupération des sommes qui ont été soutirées
illégalement aux organismes publics dans le
cadre de travaux de construction.
Pour atteindre son objectif, l'Association de la construction du Québec s'est
montrée d'accord afin d'étendre le champ d'application du projet de loi à tous les fournisseurs de l'État. L'Association de la construction du Québec s'est également montrée d'accord avec la
création d'une présomption du quantum tel qu'établi à l'article 11 du projet de loi, le fait que
le quantum découlant de cette présomption soit de 15 % — ou, si vous voulez, la fraude, la magouille, toujours la même chose — donc 15 % de la valeur du contrat, et
que le montant de la présomption soit déterminé par la loi plutôt que par règlement
ou décret. L'Association de la construction du Québec recommandait finalement d'étendre le pouvoir discrétionnaire de
l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, aux cas prévus au paragraphe 2° du
premier alinéa de l'article 21.26 de la LCOP.
J'aimerais
également saluer, naturellement, les huit autres groupes que nous avons reçus
pour leurs excellents mémoires ainsi
que celui de l'Institut de la gouvernance, dont nous avons également pris
connaissance. Parmi ces groupes, naturellement,
il y avait des municipalités : je vous parlais tout à l'heure de la ville
de Montréal, la ville de Laval; l'Outaouais,
la ville de l'Outaouais... J'allais dire Hull. Mon Dieu! il ne faut plus dire
Hull, Mme la ministre va me regarder avec des gros yeux! Donc, toutes
ces villes qui sont venues nous rencontrer. Donc, les consultations
parlementaires constituent un exercice
essentiel à notre démocratie, et je ne saurai jamais mettre suffisamment
l'emphase sur l'importance et leur pertinence, particulièrement, M. le
Président, dans le cadre d'un projet de loi d'exception.
Il faut le
rappeler, il faut le souligner, c'est une loi d'exception, à durée fixe, une
loi exceptionnelle qui modifie les
règles de notre actuel Code civil du Québec. Une loi en deux volets : un
programme de remboursement volontaire de deux ans, par la suite un programme de poursuite judiciaire de cinq ans.
Donc, c'est fixe dans le temps. Et ça nous permet aussi de retourner
20 ans en arrière, ce qui est exceptionnel, faut-il le souligner.
Alors, nous
en sommes à l'adoption finale de ce fameux projet de loi n° 26. Après
ces deux années de demandes, après toutes les embûches et les démarches, nous
avons finalement un outil, un outil qui permettra aux organismes publics
de se faire rembourser les sommes que les
entreprises collusionnaires ont obtenues injustement dans le cadre de contrats
publics, un outil législatif qui assure
aussi, non pas sans conséquence, c'est important, ça, de le souligner, la
réhabilitation et la survie des
entreprises québécoises qui ont emprunté un mauvais chemin par le passé. Et
c'est important, cette réhabilitation, M. le Président, parce qu'on l'a
vu, et c'était très dommage de voir des entreprises...
Une voix : ...
Mme Roy
(Montarville) : ... — bien oui, des fleurons québécois, tout à
fait — être en
difficultés financières, penser à
vendre, devoir nous quitter, devoir mettre à pied des employés, de fidèles
employés, de bons travailleurs, de bons travailleurs honnêtes, intègres, qui paient leurs taxes et leurs impôts.
Et ce n'est pas à eux d'être les victimes de la collusion et de la corruption, mais bien à ceux qui y ont
participé uniquement, et c'est pour ça qu'il faut réhabiliter les entreprises,
mais il faut faire en sorte que ceux qui y
ont participé, toute personne, tout dirigeant, tout employé, tout fonctionnaire,
tout élu, que ces gens remboursent les sommes qu'ils nous ont volées.
Extrêmement important.
Donc, après
ces deux années de démarches, cet outil législatif, c'est un pas dans la bonne
direction, et les gens nous le
demandaient. Donc, ces entreprises, elles doivent être réhabilitées, elles
doivent demeurer ici, elles doivent faire travailler des gens d'ici.
Nous avons une expertise, nous avons d'excellents travailleurs, d'excellents
entrepreneurs, d'excellents ingénieurs, il
faut les valoriser. Et il faut faire en sorte que les pommes pourries paient,
et c'est ça qui est important.
Une voix : ...
• (16 h 20) •
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le député. Donc, nous aurons un
outil législatif qui permettra de rétablir la justice, une forme de justice au Québec, et qui contribuera à
éliminer et prévenir la collusion et la corruption au Québec, du moins on le souhaite, et donc au changement de
culture, cette culture dont je vous parlais tout à l'heure, là, la petite
clique, là, qui se graisse la patte, là. Il
faut que ça se termine. Donc, ce changement de culture, on a vu qu'il s'était
amorcé avec la commission
Charbonneau, il s'est amorcé dans la foulée des travaux de la commission, mais,
ce changement de culture, il faudra être vigilants, il faudra suivre ce
qui se passe avec beaucoup de diligence.
Et, par-dessus tout, avec ce projet de loi, moi,
ce qui me touche le plus, c'est que c'est un projet de loi que les citoyens nous ont réclamé, et les citoyens ont été
entendus, et les citoyens... On le dit souvent, nous sommes tous des élus, ici,
les citoyens sont cyniques à l'égard de la classe politique, et avec raison,
avec raison. Quand on a vu des choses, quand on a entendu des choses, des fois, même, quand on voit les débats qui se
passent ici, ils ont raison, ils ont raison d'être cyniques. Ce n'est pas beau, voir ça, ce n'est pas
beau de se faire voler, puis que tout reste comme ça, puis on ne change rien. Mais là ils ont été entendus, et là nous
avons un outil, nous avons un outil, et je souhaite de tout coeur que cet outil
réponde à leur demande, fasse diminuer le cynisme aussi à l'égard de la classe politique
et surtout, surtout, que ces sommes leur
soient remboursées. Et, vous savez, on a tous une petite page Facebook
ici, et les gens nous disent : Voyons! On ne verra jamais une cenne. Y a-tu quelqu'un qui va aller dire
qu'il a fait de la collusion, de la corruption? Ce que je vous dis,
chers concitoyens, c'est que ce projet de loi a des dents. Ce projet de loi est
exceptionnel, en deux volets, et permettra
aux entreprises de régler, de régler un remboursement volontaire et de mettre des sous dans les coffres de l'État,
tout ça en permettant une réhabilitation.
Et ceux qui
ne voudront pas, de bonne foi, se soumettre à ce processus, bien, elles se
feront poursuivre, ils se feront poursuivre
avec des règles exceptionnelles qui leur mettront sur les épaules un très lourd
fardeau parce qu'il y a, dans ce projet de loi, pour ce qui est de la portion législative, des
renversements de preuve, et ça, c'est difficile à contrer. Et il y a
des présomptions de dommages; la magouille on présume, si on vous poursuit, que
vous en avez fait pour 20 % du
contrat. Puis les intérêts, si on vous
trouve coupable, en plus de payer qu'est-ce que vous devez nous rembourser, ils
vont remonter à la date du contrat.
Puis en plus de ça, si on vous a acquitté parce que ça faisait trop longtemps,
bien là on va pouvoir aller vous
chercher parce qu'on peut remonter 20 ans en arrière. En gros, c'est ça que ça
signifie, le p.l. n° 26, et moi,
j'ai confiance à son application. J'ai confiance en cette loi, ce projet de loi
sur lequel nous avons tous travaillé en collégialité, et je tiens à le
souligner.
Je
tiens à souligner à nouveau l'ouverture de la ministre de la Justice, son
écoute pour les travaux qui se sont faits en toute collégialité. Je tiens à
souligner également la participation des collègues de la première opposition.
Ce furent des débats juridiques, des
débats rigoureux, des questions très, très pointues. Je remercie également les
gens de la commission puis les gens
du ministère qui accompagnaient Mme la ministre, parce que, là, on joue dans
des termes, là — des
quantum, des présomptions — qui ne sont pas connus de tous, donc j'ai
essayé de faire un petit exercice de vulgarisation ici. Et, naturellement, donc, remercier les collègues pour
leur ouverture, pour le fait que ce projet de loi a été travaillé, étudié
en collégialité.
Et vous me
faites signe qu'il me reste un deux minutes ou un signe de paix, M. le Président?
Un signe de paix aussi. Et c'est le
moment, c'est le moment aussi de remercier le président pour son aide, le
président de la commission, qui, de
par ses grandes connaissances juridiques, nous a également éclairés. Et je
pense que c'est important, pour ce type de commission, d'avoir des élus
qui s'impliquent et qui s'impliquent pour les citoyens.
Donc, merci
aux collègues. Je vais conclure ici.
Merci aux collègues. Et puis je souhaite de tout coeur que nous
retrouvions ces sommes. Et j'ai hâte de voir, parce que la ministre devra nous
présenter des résultats, donc de voir les premiers résultats lorsque le moment
sera venu. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée
de Montarville, pour cette intervention. M. le député de Fabre, pour une
intervention.
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, M. le Président. Une brève intervention.
J'écoutais avec... beaucoup d'intérêt mais...
Des voix : ...
M.
Ouimet
(Fabre) : Avec impatience. J'avais hâte de me lever, c'est ce
que je voulais dire. J'écoutais la longue et exhaustive intervention de notre collègue de Montarville et je ne
pouvais pas m'empêcher — et je veux lui faire un clin
d'oeil au sens figuré évidemment — ... parce qu'elle soulignait l'impatience
qu'elle avait d'adopter le projet de loi n° 26, finalement, après deux années, et manifestement
elle n'a pas boudé son plaisir de faire une intervention qui nous a quand
même divertis pendant presque une heure. Ceci dit...
Une voix : ...
M.
Ouimet
(Fabre) : Oui, et informé, évidemment. Ceci dit, très
rapidement, M. le Président, d'autres l'ont fait avant moi, mais je pense qu'il
faut souligner que c'est un travail collectif. Le projet de loi n° 26 est
une version largement, nettement
bonifiée par rapport à la version précédente du gouvernement précédent. Mais
c'est un travail... Je tiens à souligner le travail de la ministre de la Justice et de son équipe, mais aussi des
collègues de l'ensemble du Parlement qui y ont participé.
Un point que
je tenais à souligner, la députée de Montarville y a fait mention a quelques
reprises, il s'agit d'une loi
d'exception, c'est-à-dire d'une loi qui met de côté les règles normales de
notre droit, les règles usuelles de la justice civile au Québec. Et il est très important à mon avis que ce genre de
loi d'exception demeure rare, demeure exceptionnelle et qu'on n'en fasse
pas une habitude de mettre de côté les règles usuelles de notre droit. Et je
tiens à souligner, M. le Président, parce
que je sais que la ministre de la Justice a, dans les quelques mois qu'elle a
eus après son entrée en fonction pour
se pencher sur ce projet de loi, pour bonifier le travail qui avait été fait
par le précédent gouvernement, eu le souci d'assurer de maintenir un équilibre, de mettre des balises à ce projet
de loi d'exception pour éviter qu'il y ait un usage abusif de ces
pouvoirs exceptionnels que nous adoptons en ce moment.
Alors, bravo
encore une fois à tous les collègues d'y avoir participé ! Et je suis fier de
pouvoir participer à l'adoption finale de ce projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Fabre, pour cette intervention. M. le député de Deux-Montagnes, je
vous cède la parole.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Peut-être juste faire une référence, en premier lieu, à
quelques propos de ma collègue de Montarville. Elle parlait du cynisme dans la population à l'égard de la classe politique.
Vous savez, avec l'expérience que
vous avez, à quel point le travail de député peut être exigeant. Ce sont de
longues heures. On ne les compte pas,
en fait, nos heures. Mais, en même temps, il ne faut pas reprocher à la population
d'avoir cette perception à notre égard,
parce que souvent la seule source d'information qu'ils ont... qu'elle a, c'est-à-dire, c'est des extraits de la période de questions, et celles et ceux qui suivent
l'actualité politique sont sans doute unanimes pour dire que ce n'est
sans doute pas le moment le plus
représentatif d'une journée à l'Assemblée
nationale et ce n'est sans doute pas
non plus le moment le plus glorieux à
l'Assemblée nationale lors d'une journée, en ce sens que, bon, on est
conscients, il y a un jeu politique
qui se joue. Les questions sont posées par
l'opposition; au niveau des réponses, plus souvent qu'autrement, on reste sur notre appétit.
Bref, ce que la population a comme message ou
comme image du travail du député ou de la députée n'est pas représentatif et
fait souvent abstraction à tout le travail qui est en commission parlementaire.
Et je suis absolument convaincu,
Mme la Présidente, que, si les citoyens et les citoyennes avaient
pu suivre les travaux du projet de
loi n° 26 en commission parlementaire, ils auraient une vision, ma foi, nettement plus
positive de ce qu'est le travail d'un député ou d'une députée à l'Assemblée
nationale, parce que,
oui, ça a été un beau travail de collégialité. J'étais sans doute un des
rares à ne pas être juriste de formation,
autour de la table, lors de ces travaux, ce qui ne m'a pas empêché... Je vois
le collègue de Chomedey, effectivement, qui n'a pas a priori de formation en droit. Mais
on était tous intéressés, par contre, à travailler à un projet de loi qui était
important.
Et je pense
que ça vaut la peine de remonter un petit
peu dans le temps. Ma collègue
de Montarville l'a fait un
peu plus tôt, et je vais remonter peut-être
encore un petit peu plus loin dans le temps pour réellement prendre la
mesure de ce projet de loi là qui est sur le point... ou qui est à ses
dernières étapes avant l'adoption.
• (16 h 30) •
Je veux
remonter aussi loin que 2008, sinon 2009, lorsque notre collègue
d'Arthabaska a, dans un premier temps, demandé la tenue d'une commission
d'enquête publique sur l'industrie de la construction. Ce n'est pas une demande
à laquelle on a acquiescé rapidement.
Pour elle, ça a été un travail colossal, et on lui doit beaucoup
en ce sens qu'elle a persisté. C'est
une demande qu'elle a réitérée à plus d'une reprise et pendant de nombreux
mois. J'ai perdu le décompte, mais c'est plusieurs dizaines de fois qu'elle s'est levée en Chambre pour faire la
demande de cette fameuse commission d'enquête. Le gouvernement libéral de l'époque était réticent. Ça a pris de
nombreux mois, je le mentionnais, pour ensuite acquiescer à sa demande et mettre en place la commission
que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de commission Charbonneau. Et c'est une commission qui a fait oeuvre
utile, parce qu'elle nous a permis
réellement de prendre le pouls de ce qui était l'industrie de la
construction dans ses plus beaux éléments, mais également dans ses éléments les
plus questionnants lorsqu'est venu le temps
d'expliquer, notamment, tout le système de collusion, le système de corruption.
C'est à travers les travaux de la
commission Charbonneau qu'on a pu prendre connaissance de l'ampleur du
problème, pendre la mesure à quel
point le contribuable québécois s'est fait flouer en payant en trop
vraisemblablement des centaines et des centaines de millions au cours des années. Et c'est cette commission-là qui a,
oui, fait oeuvre utile et qui a fait oeuvre, aussi, d'outil pédagogique.
Et je me
souviens, par la suite, on a pu donner tout le crédit à la députée
d'Arthabaska, elle qu'on jugeait sévèrement sur le sens qu'on ne jugeait pas pertinent sa demande. Je pense
qu'aujourd'hui il n'y a plus personne au Québec qui remet en question la vision qu'elle a eue, souvent quelques
années avant bon nombre d'autres élus, que ce soit du Parti libéral et
même du Parti québécois à l'époque.
Bref, il y a
eu cette commission. Ensuite, il y a eu l'élection en 2012 d'un autre
gouvernement, du Parti québécois cette
fois-là, qui était minoritaire, oui, donc qui avait de belles occasions de vouloir
ou de tendre la main à l'opposition pour
assurer une certaine collaboration. Malheureusement, cette main tendue n'a pas
été celle souhaitée, ce qui fait que, lorsque
notre collègue de Saint-Jérôme à l'époque proposait un projet de loi pour
récupérer les sommes volées au fil des années, le gouvernement, à
l'époque, qui n'était pas libéral, cette fois, mais bien...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Excusez-moi. Oui, Mme la députée?
Mme Vallée :
...aux collègues que, lorsque nous en sommes au tour de l'adoption, les
discours doivent porter sur le contenu du projet de loi, alors...
article 256 du règlement.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
...le leader adjoint.
M.
Caire : Mme la
Présidente, je rappelle que la
jurisprudence en matière de pertinence a établi clairement
que la présidence devait laisser une latitude assez large au député pour
s'exprimer, et je pense que mon collègue est en train d'expliquer l'historique qui nous a amenés à ce projet de loi là. Il est tout à fait dans le ton, il est tout à fait respectueux. Et, si on
l'écoute, peut-être qu'on pourrait comprendre que la conclusion est tout à fait pertinente à l'adoption finale telle que le demande la leader
adjointe du gouvernement
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député, je vous invite à poursuivre et à revenir tout
doucement vers le... Voilà, merci.
M.
Charette : J'y arrive, j'y
arrive, effectivement, Mme la
Présidente. Donc, lorsque le député
de Saint-Jérôme de l'époque, notre collègue Jacques Duchesneau,
parlait de déposer et d'adopter un projet
de loi pour récupérer les sommes
volées, il a, en quelque sorte, reçu le même
accueil qu'avait reçu au départ la députée d'Arthabaska, le... Je me
souviens de la critique, et
d'ailleurs ma collègue de Montarville
a rappelé à juste titre quelques-unes des épithètes qui ont été employées
par le gouvernement péquiste de l'époque
pour dénigrer la demande. Mais ultimement, ultimement, il y a eu ce dépôt d'un
projet de loi, effectivement, qui a tardé, mais qui a été, effectivement,
apprécié à sa mesure à l'époque, il y a eu des commissions parlementaires, il y a eu des consultations, c'est-à-dire,
en commission parlementaire, et ensuite revient cette élection en 2014, avec l'élection, cette fois-ci,
d'un gouvernement du Parti libéral, qui a pu largement composer avec un projet de loi qui n'était pas tout mauvais, mais
qui a apporté, effectivement, des améliorations notables, et on en est là
aujourd'hui.
Il y a eu,
ces dernières semaines, bon nombre de consultations. Je ne voudrais pas me
répéter sur les propos de ma collègue
de Montarville, parce que, bon, ce serait difficile de mieux expliquer le
processus qui a été vécu au cours des dernières semaines, mais ce sont des
consultations qui, effectivement, nous ont permis d'avoir un éclairage encore
plus complet, et l'étude article par article
par la suite nous a permis de le bonifier. Et c'est à ce moment-ci que je me
dois de saluer la collaboration de la
ministre de la Justice, parce qu'effectivement les deux oppositions, autant la
première que la deuxième opposition, ont tenté de justifier un certain nombre
d'amendements, et plusieurs ont été retenus. Et c'est pour ça qu'en début de présentation je disais que la population
aurait tout intérêt à suivre également les travaux qui ont cours en commission parlementaire. Ça donnerait un
visage complètement, complètement différent de la classe politique. Donc,
merci à Mme la ministre de la Justice.
Je
le disais, je ne suis pas moi-même juriste, mais j'ai pu compter sur la
collaboration de plusieurs collègues qui m'ont permis une meilleure compréhension de ces enjeux, en premier lieu,
ma collègue de Montarville. Ce fut pour moi un plaisir de la côtoyer pendant ces longues heures, parce que ce fut de
longues heures en commission parlementaire, et vous avez vu il y a quelques instants à quel point elle
maîtrise le dossier. Donc, ça a été très formateur pour moi, ce temps passé
en commission parlementaire. Donc, merci à
ma collègue de Montarville. Mais également, également, merci aux collègues
de la première opposition, qui ont su faire oeuvre utile également par leurs
questionnements, par leurs propositions.
Et,
enfin, ça a été mentionné, mais on ne peut pas faire abstraction au travail
exceptionnel de notre président. C'est un
homme que je côtoie depuis quelques années maintenant. Oui, efficace, oui, professionnel, mais il a le don — et
c'est une qualité — de
détendre l'atmosphère par un humour qui est toujours bien calculé, et cet
humour-là jamais n'entache le sérieux de nos travaux. Donc, merci au président pour cette
disponibilité et cette opportunité qui nous a permis de travailler en collégialité. Je le dis parce que
souvent, bon, on connaît l'environnement dans lequel on oeuvre, certaines tensions par
moments, donc la présidence — et vous le savez mieux que quiconque ici,
en cette salle — joue
un rôle clé dans ces circonstances, et, dans le cas du député de Fabre, il a certainement
contribué au succès de ces travaux.
Et
je pourrais poursuivre, je vois qu'il aime ces... Et ce qui est malheureux pour
le député de Fabre, je crois qu'il ne me reste que 10 secondes, mais je pourrais
autrement, autrement compléter largement les qualités qui lui reviennent.
Mais sérieusement c'est un beau
travail qui a été réalisé, et nous serons bien heureux de pouvoir voter, dans
les prochains instants, pour, naturellement, ce projet de loi afin que les Québécois puissent récupérer
les sommes qui leur ont été volées au cours des...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Deux-Montagnes. Et je reconnais maintenant M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, c'est un plaisir de parler en cette Chambre aujourd'hui pour l'adoption finale du projet de loi n° 26, Loi
visant principalement la récupération de sommes obtenues à la suite de fraudes
ou de manoeuvres dolosives dans le
cadre de contrats publics. Je dois
vous énoncer que ma contribution à ce projet
de loi a été très minime. J'ai eu l'occasion
de siéger lors d'une séance de ce projet
de loi à la Commission des institutions, mais c'est toujours un véritable plaisir
de siéger à cette commission parce
qu'il y a toujours un ton intelligent qui se dégage des propos qu'il y a
à cette commission.
Mes
collègues ont fait référence à l'ouverture de la ministre, et je dois dire que
c'est vrai, et je souhaite lui rendre hommage
sur cet élément. Parce que, vous savez, lors de l'adoption de la loi qui
modifiait les dispositions de la Loi sur le Barreau, on avait eu l'occasion de travailler ensemble, et il y a
toujours une grande ouverture. Il y a une qualité de juriste en elle qui est très intéressante parce qu'elle
nous permet d'échanger sur des points juridiques qui sont intéressants, et
intellectuellement, pour des juristes de
formation, c'est toujours très intéressant, et aussi pour les membres de la
commission.
Donc,
l'attitude autour de la table, autour de la commission parlementaire est
toujours un élément très intéressant, puis
le député de Deux-Montagnes en traitait, au niveau de la question de la
collégialité, au niveau des façons de procéder au Parlement. Souvent, les gens regardent la période des questions et se
disent : Bien, voyons donc, c'est ça, le parlementarisme? Bien, on a un travail sensibilisation à faire pour dire que la majorité de la
législation à l'Assemblée nationale du Québec
est adoptée à l'unanimité et qu'il y a toujours
possibilité de bonifier la législation, d'apporter les nuances, d'apporter des
éléments, par le biais d'amendements qui vont favoriser une meilleure
législation, une meilleure applicabilité.
• (16 h 40) •
Et,
surtout, dans le rôle de législateur, un des éléments importants,
c'est celui de l'intention du législateur. Donc, c'est toujours
intéressant d'entendre la ministre de la Justice, dans le cadre d'un projet
comme celui-ci, de donner l'intention du
législateur, de donner sa perspective, d'expliquer pourquoi les dispositions législatives sont rédigées de cette façon-là, parce que, en
exposant, en explicitant, en réussissant à dénombrer les différents aspects, le
libellé des mots, pourquoi tel terme est
utilisé plutôt qu'un autre mot, bien, ça nous permet, Mme la Présidente, de donner des outils à la fois
aux juristes qui utiliseront cette loi, à la fois aux particuliers qui seront
soumis à ce régime juridique là. Parce
que, vous savez, lorsqu'on bâtit une
loi comme celle-ci, c'est un régime d'exception. Puis le député de Fabre
l'a mentionné tout à l'heure, la députée de Montarville aussi lors de
son intervention.
Je dois d'ailleurs
saluer l'intervention de la députée de Montarville, qui... vous l'avez entendue
comme moi, l'intervention de la députée de Montarville, qui était d'une rigueur et d'une vulgarisation très importantes,
parce que ce n'est
pas toujours facile de comprendre ces concepts-là, puis
surtout dans le cadre d'une loi d'exception. La députée de Montarville a bien réussi à bien expliquer, à expliciter toutes les formes, les
tenants et aboutissants du projet de
loi et les impacts de ce projet de loi là. Et je tiens
à souligner qu'en tant que collègue voisin de la députée de Montarville, c'est une fierté pour moi de
siéger avec elle parce qu'elle est une juriste qui défend ses dossiers. C'est
notre porte-parole en matière de
justice, et il s'agit... elle fait un travail extraordinaire et elle mène bien
les dossiers en matière de justice. Donc, je
crois que c'est important de lui rendre hommage dans le cadre de son
travail. Vous savez, lorsqu'on est dans la confrérie des juristes, si je
peux dire, on aime un travail qui est fait avec rigueur, avec précision, et je
pense que la députée de Montarville réussit à bien livrer ce message, et surtout à expliquer, à vulgariser,
à réussir à rendre ça simple, les propos que... le libellé qui est dans
le projet de loi.
Ceci
étant dit, je reviens, Mme la
Présidente, sur le projet de loi, qui est un projet de loi d'exception. Comme je vous le disais, le député de Fabre, tout à l'heure, lors de son intervention, a mentionné que c'était un projet de loi d'exception. Bon. Un projet de loi d'exception, le député de
Fabre aussi, en sa grande qualité de président de la Commission des institutions, nous a... et aussi en tant qu'ancien bâtonnier... Et je dois dire que,
vous savez, d'avoir des gens d'une grande qualité comme ça, lors d'une commission
qui est présidée par quelqu'un qui a des connaissances juridiques aussi importantes,
bien, c'est très intéressant, puis on apprend beaucoup aussi de gens qui ont
occupé des fonctions au Barreau qui
sont importantes. Donc, ça réussit, Mme la Présidente, à bonifier le débat et aussi amener des éclairages nouveaux, parce que,
vous savez, tous les juristes qui siègent à cette commission
ont des expériences de vie professionnelles différentes, parce que le domaine juridique
est un domaine extrêmement large, et tous et chacun qui y siègent peuvent
réussir à apporter un éclairage
nouveau, surtout dans un régime d'exception comme celui-ci, parce qu'on est en matière civile, mais
on fait fi de la prescription qui est
prévue dans le Code civil du Québec et on va pouvoir réussir à aller chercher...
bien, à poursuivre les individus dans
un régime mixte, donc qui n'est pas la norme. Donc, comme le député de Fabre le
disait, eh bien, on doit vraiment
utiliser ce genre de législation là avec une grande... parcimonie. On me
souffle le qualificatif que je devais utiliser.
Donc,
Mme la Présidente, ce que je veux dire avec ce point-là pour dire qu'on doit
utiliser la loi avec parcimonie, cet
outil législatif là... bien, ça s'applique dans plusieurs cas, le fait
d'utiliser une procédure législative d'exception. Et, surtout, en tant que législateur, lorsque le
gouvernement adopte des lois... bien, en fait lorsque l'Assemblée adopte des
lois sous la directive du gouvernement...
Parce que vous savez bien, Mme la Présidente, que nous sommes dans un régime
parlementaire où lorsqu'un parti remporte la
majorité des sièges, bien, il contrôle également l'agenda législatif. On l'a vu
ce matin avec la position du leader du gouvernement sur un autre sujet.
Donc, concrètement, l'importance du législateur d'adopter une législation explicite qui vise un régime d'exception,
bien, ça doit être fait avec parcimonie et dans de très rares cas.
Donc,
j'espère que le législateur, la Chambre d'Assemblée et le gouvernement va
retenir cette leçon, ces propos très
sages du député de Fabre, pour le reste de la législation. Parce que vous savez
qu'il y a plusieurs lois qui sont inscrites au feuilleton qui sont
appelées, et tout ça, et il y en a certaines autres qui vont être des lois
particulières, et ces lois particulières là
n'ont pas leur raison d'être parfois. Donc, on doit toujours peser l'impact de
l'adoption de ce genre de loi par
notre Assemblée et surtout les impacts sur le pouvoir judiciaire parce qu'on
crée des régimes d'exception et il ne faut pas non plus outrepasser le
pouvoir judiciaire. C'est important d'avoir une séparation des pouvoirs entre
le législatif, l'exécutif et le judiciaire.
Bien entendu, vous savez comme moi
que, dans le système dans lequel on est, l'exécutif et le législatif est généralement exercé par la Chambre
d'Assemblée, par le parti majoritaire qui se retrouve de facto au gouvernement.
Je
tiens, Mme la Présidente, aussi à souligner et rendre hommage à la députée
d'Arthabaska parce que, comme l'a mentionné le député de Deux-Montagnes,
la députée d'Arthabaska a été la première à réclamer une commission d'enquête
publique sur l'industrie de la construction.
Je
me souviens également, Mme la Présidente, à l'époque où la commission d'enquête
a été déclenchée par l'ancien gouvernement,
le gouvernement de la 39e législature, eh bien, on avait fait une conférence de
presse, on avait souligné que la
création de la commission allait être taillée sur mesure pour les besoins
spécifiques de la commission. Par contre, ce qu'on avait oublié de dire, c'est que, cette commission, les pouvoirs
qui allaient être dévolus à Mme la juge Charbonneau, bien, elle n'aurait pas la... ses pouvoirs ne
seraient pas... elle n'aurait pas les pouvoirs de la Loi sur les commissions
d'enquête. Autrement dit, Mme la
Présidente, elle n'aurait pas le pouvoir de contraindre un des témoins. Et ce
qu'on a constaté, c'est qu'au fil de
cette commission-là, la commission qui portait le nom : la commission
d'enquête sur l'industrie de la construction, mais il y a eu de nombreux témoins
qui se sont battus jusqu'en Cour suprême pour ne pas témoigner. Imaginez
si on n'avait pas accordé ce pouvoir-là à la
commissaire, imaginez si on avait resté sur notre première approche que le
gouvernement de l'époque avait adoptée, et
de dire : Non, non, ce n'est pas nécessaire d'octroyer les pouvoirs. Donc,
je me questionne, Mme la Présidente.
C'est véritablement important de lutter contre la corruption et la collusion,
et fort heureusement on a finalement
donné tous les pouvoirs requis à la commissaire, qui va rendre son rapport au
cours des prochains mois. On pourra à ce moment-là tirer les
conclusions. Mais, déjà, je tiens à féliciter le gouvernement pour avoir enfin adhéré à l'idée de la formation de ma
formation politique de développer une loi pour que les Québécois se
fassent rembourser.
Doit-on le dire,
remboursez-nous était une proposition de notre formation politique, et vous
savez que notre formation politique propose toujours des solutions et des
propositions concrètes pour réussir véritablement, Mme la Présidente, à
travailler pour les gens. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Borduas. Alors, il y a une... pour la prochaine intervention, nous
allons...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Non? Alors, vous voulez intervenir un moment, alors
voici.
Vote
reporté
Mme Thériault : ...ici, je
vais faire office de leader. Vous comprendrez que la ministre de la Justice,
étant donné que c'est son projet de loi, je vais vous demander un vote par
appel nominal et, conformément à l'article 223 de notre règlement, de reporter
le vote à la période des affaires courantes du mardi 24 mars 2015,
s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous êtes rapide. C'est parce que
je voulais lire, avant votre intervention, si nous en étions rendus à l'adoption. Alors, vous voulez un vote reporté. Je crois que c'est le cas. Alors, merci beaucoup de votre intervention.
Alors, Mme la leader adjointe du gouvernement, pour la poursuite de nos
travaux.
Mme Vallée : Oui. Alors, je vous demanderais, Mme la Présidente, de bien vouloir appeler l'article 5, s'il
vous plaît.
Projet de loi
n° 37
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup. Alors, à l'article 5, M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations propose l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime
sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Et, sans plus tarder, je cède la parole à M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de prendre la
parole dans le cadre de l'adoption du principe du projet de loi n° 37, confirmant l'assujettissement des projets
de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Permettez-moi
d'abord de rappeler brièvement le contexte dans lequel s'inscrit celui-ci. Les
projets de construction de la
cimenterie et du terminal maritime dans la municipalité de Port-Daniel—Gascons ne sont pas et n'ont jamais été visés
par la section IV.1 du chapitre I de la Loi
sur la qualité de l'environnement, chapitre Q-2. Ce projet de construction
d'une cimenterie à Port-Daniel—Gascons en Gaspésie, dont le coût total est de
1,1 milliard de dollars, est en cours de réalisation par Ciment McInnis inc. La construction aurait pu
être suspendue en raison de la requête présentée à la Cour supérieure remettant en cause la légalité du certificat
d'autorisation délivré pour ce projet par le ministre du Développement durable,
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
En vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement, chapitre Q-2, une suspension des travaux aurait mené à l'abandon du projet. Ciment McInnis construit
actuellement une nouvelle cimenterie à Port-Daniel—Gascons, qui aura une capacité de
production annuelle de 2,2 millions de tonnes par année et sera en
opération au printemps 2016. Le projet générera un minimum de 200 emplois
directs par année, dont 170 emplois dans la cimenterie. La nouvelle cimenterie utilisera les technologies de fabrication les plus
modernes dans l'industrie mondiale du ciment, de sorte que son impact
environnemental sera inférieur à celui des producteurs existants à production
égale. La construction d'un terminal maritime
est également liée au projet de cimenterie. Ce terminal servira au chargement
des produits de la cimenterie sur les navires qui transporteront ces
matières.
• (16 h 50) •
Afin de
permettre la réalisation de ce projet, le gouvernement du Québec a autorisé une
intervention financière de 350 millions
de dollars, 250 millions de dollars seront versés sous la forme d'un prêt
et 100 millions seront investis dans le capital-actions de
l'entreprise.
En mai 1995,
Ciment McInnis a présenté au ministre de l'Environnement et de la Faune un projet de
construction d'une cimenterie d'une capacité d'environ un million de
tonnes métriques de ciment par année ainsi qu'un projet de construction d'installations maritimes. En
application de la Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement, 1995
au chapitre 45, entrée en vigueur le 22 juin
1995, il a été considéré que la construction de la cimenterie était exemptée de
la procédure
d'évaluation environnementale prévue à la section IV.1 du chapitre I de la Loi
sur la qualité de l'environnement, chapitre Q-2, et, conséquemment, de
l'obligation d'être autorisée par le gouvernement.
9 février
1996. Le ministre de l'Environnement et de la Faune a donc autorisé, en vertu
de l'article 22 de cette Loi, la
réalisation des travaux de préparation du site où sera construite la
cimenterie. La réalisation des travaux autorisés a été suspendue en 1999
par le promoteur.
En 2008,
Ciment McInnis a informé le ministre de Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs de son désir
de poursuivre le projet et qu'elle envisageait accroître la capacité de
production de sa cimenterie, environ 2 millions de tonnes métriques par année de ciment. Le ministre a alors transmis une
lettre à Ciment McInnis dans laquelle il maintenait son avis de non-assujettissement à la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts sur l'environnement pour ce projet.
C'est dans ce contexte que le 3 juin 2014 un
certificat d'autorisation a été délivré par le ministre en vertu de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement pour la réalisation de certains travaux de construction de la
cimenterie. D'autres certificats
d'autorisation devront être demandés par Ciment McInnis au cours de la
construction de la cimenterie afin de permettre la poursuite des
travaux, et ce, en fonction des normes environnementales en vigueur au Québec.
Il est à noter que, malgré le non-assujettissement
du projet à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement, le promoteur avait effectué
des consultations en 1995 auprès de certains groupes. Aussi, depuis la réactivation du projet, il a tenu une rencontre
d'information publique en décembre 2012, il a effectué une consultation auprès des communautés autochtones micmaques en
2013 et a mis en place un comité de suivi lui permettant de maintenir de bonnes relations avec la communauté. En
septembre 2014, le Centre québécois du droit de l'environnement,
Environnement Vert-Plus et Lafarge inc., les demandeurs, ont présenté à la Cour
supérieure une requête demandant l'annulation
du certificat d'autorisation délivré le 3 juin 2014 par le ministre du
Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le défendeur, et qui
permet à Ciment McInnis de réaliser certains de ses travaux de
construction de la cimenterie. Enfin, en janvier 2015, l'Association canadienne
du ciment s'est jointe aux demandeurs à titre d'intervenante.
Selon
les demandeurs et l'intervenante, le ministre aurait excédé sa compétence en
délivrant un certificat d'autorisation
sous l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, chapitre Q-2,
pour des travaux en lien avec la construction de la cimenterie, alors que ce
projet n'a pas été soumis auparavant à une évaluation environnementale et
autorisée par le gouvernement, conformément à la section IV.1 du chapitre I de
cette loi.
Le
16 février 2015, Ciment McInnis a publié un communiqué de presse annonçant
le désistement des deux groupes environnementaux,
le Centre québécois du droit de l'environnement et
Environnement Vert-Plus, à leur requête intentée en Cour supérieur et qu'une entente était intervenue avec le Centre
québécois du droit de l'environnement afin de former un sous-comité environnemental qui se penchera entre autres sur les émissions de gaz à
effet de serre de la future
cimenterie.
Le
20 février 2015, la Cour supérieure rendait son jugement sur la demande de
remise d'audition de la requête de Lafarge
concernant l'annulation du certificat d'autorisation. À la suite du dépôt du
présent projet de loi, la Cour supérieure a rayé de tout rôle... d'audience de ce dossier. À
la lumière de ce jugement, il importe maintenant de poursuivre le processus d'adoption du
présent projet de loi.
La
section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la qualité de l'environnement, chapitre Q-2, prévoit que certains projets déterminés par règlement du gouvernement sont soumis à une procédure d'évaluation environnementale et doivent
être autorisés par le gouvernement avant d'être entrepris. Paragraphe d et n.4 du premier alinéa de l'article 2
du Règlement sur l'évaluation et
l'examen des impacts sur l'environnement, chapitre Q-2, r. 23, prévoient respectivement que
la construction d'un quai et d'une
cimenterie soit soumise à une évaluation environnementale et doivent faire
l'objet d'une autorisation du gouvernement avant d'être entreprise.
Toutefois, le premier
alinéa de l'article 2 de la Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement,
1995, chapitre 45, cité précédemment,
prévoit que certains projets, dont le projet de construction d'une cimenterie,
sont exemptés de l'application de la
section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la qualité de l'environnement s'ils ont fait l'objet d'une
demande d'autorisation avant le 22 juin 1995 et que le dossier de
la demande était complet en date du 22 février 1996.
À
la lumière de la décision précitée de la cour, ce gouvernement propose
d'adopter le projet de loi ci-joint pour confirmer que le projet de construction de la cimenterie et celui du
terminal maritime ne sont pas assujettis à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement. Ils ne doivent pas être autorisés par le gouvernement avant
que le ministre puisse autoriser des travaux en lien avec ces projets, en vertu
de l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, chapitre Q-2.
L'adoption
du projet de loi, permettant de valider les certificats d'autorisation déjà
délivrés par le ministre et ceux à venir, permettra de confirmer la
décision prise par le ministre dans le passé, d'assurer la poursuite d'un
projet et la réalisation de revenus par le
gouvernement évalués à 247 millions sur 10 ans, de maintenir la confiance des investisseurs envers le gouvernement
du Québec, d'éliminer le risque de
poursuite de Ciment McInnis de 500 millions
de dollars contre le gouvernement du Québec, la formation d'un sous-comité environnemental qui
permettra d'assurer la réalisation de ce projet dans les meilleures
conditions.
La base industrielle
de la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
sera renforcée par l'implantation de la cimenterie,
dont la majeure partie de la production sera exportée. Elle diversifiera l'activité
manufacturière de la région, traditionnellement
tournée vers la transformation de produits de la pêche et de la forêt qui
représentait, en 2010, plus de 70 % de la valeur ajoutée du secteur
manufacturier. Pour la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, la création d'environ 200 emplois directs permettra à la région
de rattraper son retard par rapport à la moyenne du Québec. En 2011, la
région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
affichait l'indice de développement économique des régions le plus faible parmi
l'ensemble des régions du Québec, à 82,5, comparativement à un indice de 100
pour le Québec.
En
conclusion, Mme la Présidente, je sollicite l'appui de l'ensemble des membres
de cette Assemblée afin que le principe
du projet de loi n° 37 soit adopté, concernant le projet de cimenterie
dans la municipalité de Port-Daniel—Gascons. Avec
la réalisation de projets d'envergure comme cette cimenterie, la Gaspésie
pourra offrir de nouvelles opportunités aux jeunes afin de limiter leur immigration et ainsi assurer une relève
à la population vieillissante. Grâce à ce projet, la région pourra continuer ses efforts afin d'offrir
davantage de travail à sa population et ainsi lui assurer un niveau de vie
plus élevé. Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
ministre. Et, pour la prochaine intervention, je cède la parole à M. le
député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, pour moi, c'est un honneur d'intervenir sur
le projet de Ciment McInnis via le
projet de loi n° 37, en ce sens que ça représente le plus grand projet de
développement industriel de l'histoire de la Gaspésie, et ce n'est pas
rien.
J'aimerais
quand même rappeler que c'est un projet qui, le 31 janvier 2014, a été
annoncé par le gouvernement du Parti
québécois. C'est un projet qui va générer des investissements de
1,1 milliard de dollars, avec une participation importante du gouvernement du Québec,
effectivement, mais qui répondent à un principe de nationalisme économique
aussi. Quand on dit qu'Investissement Québec
prend 100 millions en capital-actions et qu'il y a un prêt de
250 millions avec intérêts, ça
veut dire aussi qu'il va y avoir des revenus pour le gouvernement du Québec...
la Caisse de dépôt aussi, avec un
100 millions en capital-actions. Donc, c'est un projet important, c'est un
projet historique, c'est un projet qui va rapporter.
C'est un projet qui ne rapporte pas juste à la
Gaspésie, parce que, quand on parle de 2 000 emplois pendant la construction, les 2 000 emplois ne sont pas à
Port-Daniel, Mme la Présidente, il y a des centaines d'emplois qui sont partout
au Québec, dans des entreprises qui vont agir comme fournisseurs d'équipements
pour le projet. Donc, ce n'est pas strictement un projet gaspésien, c'est un
projet québécois.
La Gaspésie, on le sait, vit des problématiques
de toutes sortes, puis ça, c'est un projet qui va permettre à une population d'améliorer ses conditions de vie, son
espérance de vie. Et là, je vais faire un petit tour encore en sociologie,
on a déjà expliqué que dans un environnement
pauvre on voit émerger toutes sortes de problématiques sociosanitaires :
suicide, monoparentalité, décrochage
scolaire, mortalité, bon, augmentation, je dirais, des problèmes de santé de
toutes sortes, de toxicomanie. Donc, ce sont des problématiques qui
coûtent une fortune à l'État. Et, quand on agit sur un environnement économique, on permet à une population d'avoir de
l'espoir, et, quand on a de l'espoir, ça nous permet aussi de maîtriser notre vie. Donc, on dit souvent
que l'espérance de vie est reliée directement en l'espérance en la vie puis
l'espérance en la vie est reliée à la
prévisibilité, qui est associée à la capacité d'avoir un emploi et un salaire
qui nous donnent la chance de se projeter dans l'avenir et de réaliser
des rêves.
Donc, projet
très important, projet structurant, projet qui va permettre aux gens de la
Gaspésie de déployer, par la suite,
d'autres potentiels de développement économique avec des produits connexes
associés à la cimenterie. Il y a beaucoup de discours qui sont venus
discréditer le projet de cimenterie de par, je dirais, une volonté peut-être
électorale d'aller chercher une clientèle.
Au discrédit de la population de la Gaspésie, on a voulu faire accroire que
c'était un gouffre, que c'était un
projet qui n'avait pas de possibilité de rentabilité économique, que l'État
intervenait trop, etc. Mais, à la lumière de ce que je vous dis, si on laisse mourir la Gaspésie, les coûts de
santé vont être supérieurs aux investissements qui sont proposés par le gouvernement et, qui plus est, qui
vont avoir des retombées, des retours importants en termes de redevances
ou d'intérêts.
Donc, moi, je
ne referai pas l'historique du projet que le ministre vient de nous faire, je
pense qu'il a très bien exprimé, je
dirais, les séquences de développement du
projet. Je veux juste amener un discours des régions où nous, on en a assez d'entendre un discours misérabiliste sur
notre région, sur les Gaspésiens. On a le projet de cimenterie, mais on a
aussi l'éolien, qui est diabolisé à l'extrême
et où on dit à peu près n'importe quoi là-dessus mais qui est une bouée économique
importante pour les Gaspésiens mais pour tout le Québec, parce qu'on ne fait pas juste des éoliennes. On
peut en planter en Gaspésie, avoir des
centres technologiques de développement, mais c'est tout le Québec qui en
profite. Donc, à un moment donné, là,
il va falloir que ça arrête, le discours de... je dirais, un peu condescendant
qui véhicule des préjugés gros comme le bras par rapport à la dynamique
économique de la Gaspésie.
Donc, écoutez, je sais qu'il est tard, on est
jeudi, je ne veux pas trop en mettre, mais en même temps je veux souligner que nous sommes en faveur du projet de
loi n° 37 puis nous allons maintenir notre appui et agir avec cohérence
pour soutenir le développement économique de
la Gaspésie. Donc, c'était mon laïus. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Bonaventure. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : ...Mme la Présidente. Eh bien, à mon tour d'aborder
le projet de loi n° 37 sur l'adoption de principe, en fait, Mme la
Présidente, on est rendus à cette étape-ci.
Vous n'êtes
pas sans savoir, Mme la Présidente, qu'à l'étape de la présentation nous avons
voté contre ce projet de loi, contre
ce projet de loi, car on considère que, sur le plan environnemental, il ne
s'agit pas d'un bon projet pour les Gaspésiens,
pour le Québec et que le projet de loi est un mauvais projet au niveau
économique aussi. N'en déplaise à mes collègues
de la partie ministérielle et de la première opposition, Mme la Présidente,
nous n'avons pas la même vision de ce que doit être un projet économique
régional.
Je souhaite, dans un premier temps, dire, Mme la
Présidente, que nous souhaitons véritablement diversifier l'économie des régions, apporter des solutions aux
problématiques qui ont été présentées par le député de Bonaventure. Nous
sommes extrêmement sensibilisés et nous croyons que nous devons travailler
d'une autre façon pour réussir à développer
les régions du Québec et avoir les retombées économiques auxquelles les gens
ont droit pour améliorer le niveau de
vie des individus qui se retrouvent en Gaspésie. Le député de Bonaventure
soulevait un point intéressant sur les soins de santé, sur la qualité de vie, donc on considère que c'est important
de travailler sur ce point, mais que le projet de loi n° 37, qui vise à protéger ce mauvais projet économique, ce mauvais projet environnemental n'est pas le véhicule
approprié, Mme la Présidente, pour
réussir où nous avons tous le même objectif : la qualité de vie, le
développement des régions et la protection de l'environnement.
Je reviens,
Mme la Présidente, sur la protection de l'environnement. Ce projet de
cimenterie est le plus polluant de
l'histoire du Québec. Il faut garder ça à l'esprit. Puis, vous allez voir, tout
au long de mon intervention, je vais détailler, dans le cadre de mon discours, l'ensemble des mesures pour lesquelles
nous allons voter contre ce projet de loi, parce qu'à
un certain moment vous devez en faire une question de principe pour la
protection de l'environnement, pour le développement économique durable, pour
le développement durable.
Donc, je vous
propose, Mme la Présidente, de voir concrètement qu'est-ce qu'il y a dans ce
projet de loi là, le projet de loi n° 37, qui est
déposé par un éminent collègue, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et
des Exportations. Donc, le titre du projet de loi, Mme la Présidente,
est Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la
Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article 22 de la Loi
sur la qualité de l'environnement. Donc, c'est une loi particulière, c'est une
loi dont on n'a pas l'habitude de traiter à l'Assemblée nationale, il y a de très
rares cas, et cette loi, cette législation n'est pas nécessaire. L'adoption de cette loi-là traduit uniquement le
malaise du raisonnement juridique du gouvernement en lien avec ce projet
de loi. Il n'y a pas de nécessité d'adopter ce projet de loi, d'autant plus
qu'on vient exclure le projet à une évaluation environnement par le BAPE, chose qui doit être fondamentale dans le
cadre d'un projet qui, je le répète, est le plus polluant pour... le projet le plus polluant de l'histoire
moderne du Québec, pas juste au point de vue industriel, mais sur l'ensemble
des projets développés au niveau économique,
et ça, on ne peut pas le nier. Il y a une étude qui a été commandée par la
cimenterie en question, et c'est sa propre
expertise qui évalue les rejets des contaminants dans l'atmosphère, et ça,
aucun des partis ne peut le nier. Et
vous allez voir tout au long de mon argumentaire, Mme la Présidente, que je
vais détailler pourquoi est-ce que
c'est un mauvais projet pour l'environnement au Québec et il est temps, Mme la
Présidente, de changer nos façons de
faire en matière de développement économique, de changer nos façons de faire en
matière environnementale.
Vous savez,
Mme la Présidente, on est rendus au XXIe siècle, la façon de développer
l'économie québécoise doit être
changée, modifiée, amendée, on doit se tourner vers une nouvelle orientation.
Mon collègue le ministre de l'Environnement a tenu des consultations au
mois de janvier et février, des consultations sur la stratégie de développement
durable du gouvernement. Donc, c'était un exercice fort intéressant.
• (17 h 10) •
L'étude de la
stratégie, quelle sera-t-elle, pour les prochaines années, pour le
gouvernement? Donc, on doit doter l'ensemble
de l'appareil public québécois, vous savez à question-là point il est
important. D'ailleurs, le collègue président du Conseil du trésor s'y attarde déjà. On constate que les réformes qui
sont proposées ne sont pas à la hauteur de ce qui devrait être fait et avec le doigté avec lequel
devrait-il être fait, mais vous ne pouvez pas, Mme la Présidente, ne pas nier
le fait que le gouvernement a un rôle à jouer en matière environnementale, en
matière de développement durable. Et ce que je peux vous dire en lien avec le projet de loi, c'est que ce projet de
loi, ce projet de cimenterie là ne respecte absolument pas la stratégie de développement durable que le
gouvernement s'est doté à l'époque et surtout celle qui risque d'être mise
en application.
En fait, si
on prend en compte l'opinion des groupes qui sont venus nous rencontrer lors de
l'étude de la stratégie de
développement durable, bien force est de constater qu'un tel projet, comme
celui-ci, de la cimenterie, bien ne remplit pas les critères de développement durable énoncés dans la nouvelle
politique qui sera adoptée par le collègue député de Viau et ministre de l'Environnement, du
Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques. Et le nom du
ministère, Mme la Présidente, est très
révélateur. Vous savez, Mme la Présidente, pourquoi le premier ministre a-t-il
changé le nom du ministère de l'Environnement? Le premier ministre a
rajouté expressément «la Lutte aux changements climatiques». Et, vous savez, pour cette modification-là je félicite le
premier ministre. On sentait au moment de la formation du Conseil des ministres qu'il souhaitait amener
le Québec dans la modernité pour lutter contre les changements climatiques,
que c'est une réalité avec laquelle
l'économie doit composer. Mais, lorsqu'on constate les décisions qui sont
prises par son gouvernement, il y a
une certaine incohérence, Mme la Présidente, parce qu'on se retrouve avec
un gouvernement qui décide de
codifier, à l'intérieur d'une loi, son raisonnement juridique sous en fait les
pressions, hein, de la cimenterie, qui dit que, s'il y a un BAPE, il n'y
aura pas de projet.
Donc, on fait
fi de l'environnement et on décide d'adopter une loi qui est en contravention
avec les principes de développement
durable. Je dois vous dire que je suis mal à l'aise avec cette approche et je
suis convaincu qu'il y a plusieurs collègues aussi dans le parti
ministériel qui doivent avoir certaines réserves en lien avec le projet,
d'adopter une loi particulière pour un projet qui va être le plus polluant de
l'histoire du Québec et où le régime d'autorisation en place prévoyait un
assujettissement au BAPE.
Et là le
gouvernement vient rajouter une couche de législation pour affirmer son
raisonnement juridique. Et, moi, je
me pose la question, Mme la Présidente : Si... Et ça fait suite à, ce
matin, l'intervention du leader du gouvernement. Le leader du gouvernement a dit : On ne tiendra pas de
consultation, d'audition particulière, de consultation publique,
d'inviter des groupes parce que le projet de loi, tel qu'on l'a, vient
seulement réaffirmer l'état actuel du droit. Depuis quand, Mme la Présidente, le législateur vient-il réaffirmer l'état
actuel du droit? Le rôle du législateur, c'est de faire les lois, et par la suite le judiciaire, Mme la Présidente,
va interpréter le droit. Et parfois il y a des décisions des tribunaux qui vont
être rendues, et, suite à ces décisions, bien, parfois, le judiciaire va créer
du droit nouveau. Et là, à ce moment-là, Mme
la Présidente, simplement là, le législateur devrait intervenir s'il est en
désaccord avec la décision d'un tribunal.
Dans le
projet qui nous occupe, Mme la Présidente, on n'a même pas laissé la chance aux
tribunaux de se prononcer. Le
gouvernement, par son projet de loi, outrepasse le pouvoir judiciaire. On ne
laisse même pas les tribunaux évaluer l'état de la législation. Le gouvernement nous dit : Bien, écoutez, c'est
l'état du droit, il y a
une poursuite, et là on va réaffirmer l'état du droit. Quelle est la nécessité de réaffirmer l'état
du droit si le gouvernement est si sûr de sa position? Il y a
un principe juridique aussi qui dit, Mme la Présidente : Le législateur
ne parle pas pour ne rien dire. Donc, pourquoi le législateur adopterait-il une nouvelle loi, une nouvelle législation si
c'est ça, l'état du droit? Donc, vous comprenez, Mme la Présidente, qu'il y a
une certaine incohérence dans cette action gouvernementale là, d'adopter, de
vouloir proposer un projet de loi
qui, je vous le répète, vise à ne pas assujettir le projet de cimenterie à une
évaluation indépendante par le Bureau d'audiences publiques en
environnement.
Mais
je reviens au projet de loi, Mme la Présidente. Je vous ai mentionné le nom
tout à l'heure, c'est la Loi confirmant l'assujettissement des projets
de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au
seul régime d'autorisation de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il y a trois articles dans le projet de loi, Mme la
Présidente, seulement trois. Le premier :
«Le Parlement du Québec décrète ce qui
suit :
«[Article] 1. Les projets de construction de la
cimenterie et du terminal maritime qui y est lié, en cours de réalisation le (indiquer [...] la date de
la présentation du présent projet de loi) sur le territoire de la municipalité
de Port-Daniel—Gascons, sont et ont toujours été visés par le
seul régime d'autorisation prévu à l'article 22 de la Loi sur la qualité
de l'environnement (chapitre Q-2).
«[Deuxième alinéa.] Ces projets ne sont donc pas
et n'ont jamais été visés par la section IV.1 du chapitre I de cette loi — on
fait référence à la Loi sur la qualité de l'environnement.»
Donc, vous
conviendrez avec moi que c'est un régime particulier, l'article 1 de cette
loi-là. On vient réaffirmer l'état du
droit. Mais, si c'est ça, l'état du droit, pourquoi l'adopter dans une
législation? On rajoute une couche à ce qui doit, semblerait-il, selon le raisonnement du gouvernement, être de
facto l'état du droit. Puis ça m'amène aux propos du leader du gouvernement. Ce matin, le leader a
dit : Pas besoin de consulter les groupes environnementaux, on ne fait que
réaffirmer l'état du droit. Bien, peut-être
que ça aurait été intéressant, dans le cadre de la réaffirmation de l'état du
droit, d'entendre des groupes
environnementaux, Mme la Présidente. Peut-être que, lorsqu'on consulte, on
aurait pu obtenir leur point de vue
sur : Est-ce que l'état du droit... Prenons la prémisse du
gouvernement : l'état du droit est le suivant. Peut-être aurait-il été opportun d'avoir l'opinion
des groupes environnementaux pour savoir est-ce que cet état du droit là,
que l'on veut réaffirmer, bien c'est l'état
du droit qui est souhaitable. Peut-être que les groupes qu'on voulait entendre
en commission parlementaire... Parce que, moi, ça me fait réfléchir toujours
sur la fonction de député, la fonction de législateur,
puis ça ne fait pas longtemps, Mme la Présidente, que j'ai été élu, même pas un
an, à la 41e législature, et je tiens à remercier à nouveau les
électeurs de Borduas de m'avoir fait confiance, et vous pouvez être certaine
que je les représente avec une grande fierté.
Mais tout ça
pour vous dire, Mme la Présidente, que, si je reviens à mon propos, donc on
réaffirme l'état du droit. Et là
l'une des premières fonctions du député, c'est la représentation de ses
citoyens, d'être à l'écoute de ses citoyens. Vous le savez comme moi, dans votre circonscription, Mme la Présidente,
j'en suis persuadé, que vos lundis et vos vendredis sont passés à rencontrer des gens, à les
accompagner, à les aider parfois à faire face à des situations difficiles en
lien avec l'administration publique
québécoise. Parfois, les gens qui viennent nous rencontrer, c'est la dernière
porte à laquelle ils cognent, la
porte du député. Donc, la première fonction du député, c'est d'être à l'écoute
de ses citoyens, être à l'écoute des gens. C'est pour ça qu'on est
élus : pour les représenter.
• (17 h 20) •
Donc là, ma
formation politique souhaitait que, dans le cadre de l'étude de ce projet de
loi, on invite les gens à nous dire
ce qu'ils pensaient du projet de loi, des gens qui sont spécialisés dans ce
domaine-là, des gens qui sont spécialisés dans le domaine environnemental, qui disposent d'une expertise. Je ne
veux pas dire que le gouvernement ne détient pas d'expertise, mais je pense réellement que c'est important de s'imprégner...
puis d'utiliser l'expertise des gens. Puis c'est pour ça qu'on réussit à bonifier la législation, Mme la Présidente,
c'est en écoutant les gens, en interprétant, en analysant les données qu'ils amènent, l'angle sous lequel
leur pensée, leur opinion est faite. Donc, concrètement, je reviens aux propos
du leader du gouvernement, qui dit : Bien, on vient simplement réaffirmer
l'état du droit. Mais le droit évolue aussi.
J'entendais
la députée de Joliette tout à l'heure qui disait, lors de l'intervention sur le
projet de loi n° 26, qui disait : On a fait évoluer le droit. Mais, dans ce cas-ci, le gouvernement, tout
ce qu'il dit, c'est : On va uniquement réaffirmer l'état du droit.
La Chambre d'assemblée, lorsqu'elle adopte une législation, une loi, bien elle
fait évoluer le droit. La fonction de ce
projet de loi là ne servira à rien, simplement à réaffirmer. Mais, quand on
réaffirme quelque chose, c'est déjà
le cas; donc, il n'y a pas de nécessité de ce projet de loi là, surtout que ce
projet de loi là vient valider la position du gouvernement de dire que le projet de loi n'était pas assujetti au
régime d'évaluation du Bureau d'audiences publiques en environnement. Avec égard, je suis d'avis
contraire, Mme la Présidente. Mais, à tout le moins, je vous dirais, Mme la
Présidente, on aurait dû permettre aux tribunaux indépendants de statuer sur ce
sujet, parce qu'on va le voir, Mme la Présidente, il y a manifestement des
intérêts convergents, à tout le moins, entre l'État québécois, entre la position
du gouvernement et ce projet de loi.
Donc, Mme la
Présidente, si je reviens à l'article 2 du projet de loi : «L'article 1
s'applique malgré toute décision d'un
tribunal, rendue après le (indiquer [...] la date de présentation du présent
projet de loi), qui a pour effet d'assujettir, à la section IV.1 du
chapitre I de la Loi sur la qualité de l'environnement, les projets visés à cet
article.»
Donc, on
dit : Dans l'éventualité où le tribunal se saisissait du dossier, comme
c'était supposé être le cas durant la
première semaine de mars, nonobstant la décision du tribunal, ça va être ce
projet de loi qui va s'appliquer. Donc, c'est particulier comme régime, on dit : Pour un événement futur, ça va
être cet état de législation là qui va s'appliquer. Vous savez comme moi, Mme la Présidente, qu'en raison
du principe de souveraineté parlementaire le législateur peut pratiquement...
la souveraineté parlementaire, le
législateur peut pratiquement tout faire. Il y avait un certain... un
enseignement, je pourrais dire, Mme
la Présidente, qui disait qu'on peut pratiquement tout faire. Je vous ferai
grâce du propos qui généralement est utilisé, mais il y a une grande
autonomie au niveau de la souveraineté parlementaire.
Soit, c'est
important que la Chambre soit souveraine pour prendre les décisions qui
s'imposent dans l'intérêt de tous les
Québécois, mais, manifestement, ici on est en présence d'un projet de loi qui
vient réaffirmer l'état du droit, selon le gouvernement, mais les
tribunaux auraient eu intérêt... en fait, les justiciables auraient eu intérêt,
l'ensemble des Québécois auraient eu intérêt à ce que les tribunaux
puissent évaluer est-ce que le projet devait être soumis à un bureau d'audiences
publiques en environnement, d'autant plus que le gouvernement, l'État québécois
a un rôle à jouer en ce sens-là. L'État, dans ce dossier-ci, porte deux chapeaux,
et c'est le rôle du Conseil des ministres, le rôle du ministre de
l'Environnement, du Développement
durable, de la Lutte aux changements climatiques, le rôle du ministre de
l'Économie, de l'Innovation et des Exportations de prendre en compte les
impacts environnementaux d'un tel projet.
Le troisième
article, Mme la Présidente, du projet de loi, c'est : La présente loi
entre en vigueur le (indiquer la date de la sanction de la présente
loi). C'est le régime habituel.
Donc, vous
pouvez constater que la loi est extrêmement courte, mais encore une fois je
vous dis : On vient réaffirmer
l'état du droit, et il ne s'agit pas d'un bon projet de loi pour le développement
durable, pour l'économie du Québec, pour les Gaspésiens et pour
l'ensemble des Québécois.
Vous savez,
Mme la Présidente, je suis extrêmement sensible à la question qui a été
soulevée par le député de Bonaventure
et le député de Verdun et ministre de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations sur l'importance de créer
des emplois en région, sur l'importance d'assurer une vitalité, d'assurer que...
le député de Bonaventure parlait des soins
de santé. La santé des populations, c'est extrêmement important. Mais il y a
une façon de le faire, puis un tel projet n'aidera en rien la situation.
Il faut réussir à travailler, Mme la Présidente, au développement de plusieurs
projets économiques, de ne pas mettre toutes ses billes dans le même panier.
Donc, concrètement,
Mme la Présidente, le projet de loi, comme je vous l'ai expliqué tout à
l'heure, c'est la preuve que le
gouvernement est prêt à tout pour changer les règles, pour parvenir à ses fins,
pour atteindre ses objectifs. On utilise un projet de loi particulier.
Et puis je tire les enseignements, Mme la Présidente, du député de Fabre, tout
à l'heure, président de la Commission des
institutions, qui nous a dit — Mme la Présidente, il nous a dit :
Quand qu'on utilise une loi
d'exception, on doit l'utiliser avec parcimonie. Je paraphrase ses propos. Et
là, ce qu'on fait, on utilise une loi particulière pour une situation qui ne mérite pas l'adoption
d'une législation, pour un mauvais projet, un mauvais projet pour l'économie,
un mauvais projet pour l'environnement. Je
vous le répète, Mme la Présidente, à l'époque où nous sommes, le développement
économique doit se faire en tout respect des
principes de développement durable, et le principe de précaution doit être
également mis de l'avant.
Donc, comme
je vous le disais, Mme la Présidente, c'est que le gouvernement est en train de
changer les règles par le biais de ce
projet de loi. On vient faire, avec une situation unique, un cas où... Comment
le gouvernement va gérer cette
situation? À chaque fois où il va y avoir un doute, le gouvernement va-t-il
adopter un projet de loi à la pièce pour chacune des industries qui vont cogner à sa porte? Je ne devrais pas
dire, Mme la Présidente, «chacune des industries», je devrais dire «chacun des projets, chaque entreprise».
Le ministre de l'Environnement et député de Viau a annoncé son intention de réformer la Loi sur la qualité de
l'environnement. Et, dans les notes explicatives, le ministre de
l'Environnement, de sa conférence de
presse qui a été tenue il y a environ deux semaines, disait : Le ministère
de l'Environnement délivre ou émet
5 000 certificats d'autorisation par année, 5 000. Donc, ça,
c'est le certificat d'autorisation émis en vertu de l'article 22 de la loi. C'est beaucoup. Donc, le ministre de
l'Environnement propose une modernisation de la loi. Mais ce qu'il faut dire,
Mme la Présidente, c'est qu'un tel projet aussi important est assujetti aux
dispositions de la Loi sur la qualité de l'environnement,
le chapitre IV.1, qui visent la tenue d'une audition, d'une enquête du Bureau
d'audiences publiques en environnement, d'une enquête indépendante.
Donc, je vous
faisais la genèse, Mme la Présidente, de la raison pour laquelle le projet de
loi est présenté. On doit aussi
savoir que le gouvernement... Pourquoi il a déposé ce projet de loi là? Bien,
c'est parce qu'il craint un jugement défavorable de la Cour supérieure
qui viendrait forcer la tenue d'un examen par le Bureau d'audiences publiques
en environnement et, concrètement, qui
mettrait en péril le projet de cimenterie situé à Port-Daniel—Gascons en Gaspésie. Je vous l'ai dit,
c'est un projet polluant et non rentable pour l'ensemble des Québécois et pour
les Gaspésiens.
• (17 h 30) •
Le projet de
loi n° 37, c'est une façon pour le gouvernement de renforcer son jeu de
cartes, qui menace de s'écrouler en
raison d'une décision judiciaire. Et puis, vous savez, j'ai souvent entendu le gouvernement, à la période des questions, dire : Ne nous ingérons pas dans les affaires
qui sont présentes devant les tribunaux. Qu'est-ce qu'on fait? On vient
adopter un projet de loi pour une cause qui devait être entendue. Puis, je vais vous dire une
chose, Mme la Présidente, c'est un recours en révision judiciaire, une révision judiciaire pour la
délivrance du certificat d'autorisation. Généralement, les délais pour avoir une audition à la cour sont
assez longs, mais les parties s'étaient entendues pour faire trancher la question lors
de la première semaine du mois de mars. Et là, en toute hâte, à toute vitesse,
de façon prématurée, le gouvernement
a décidé de déposer ce projet de loi pour court-circuiter le processus judiciaire, Mme la Présidente. C'est une
intervention prématurée et rapide du gouvernement.
Et, Mme la Présidente, je vous rappelle que, lorsqu'on parlait de l'état du droit et le rôle du
législateur, vous savez que le rôle
du législateur... L'agenda législatif du gouvernement est d'imposer ses
priorités en collégialité avec les députés de l'opposition dans la mesure du possible, car c'est souhaitable
si on veut avoir un Parlement qui fonctionne. Mais je vous disais tout à l'heure aussi, Mme la Présidente, que c'est aux tribunaux à interpréter la loi. Et, si jamais
la décision judiciaire rendue par un tribunal indépendant... Vous savez,
Mme la Présidente, que la Cour supérieure jouit d'une indépendance. C'est un des piliers de notre démocratie au Québec,
c'est enchâssé dans nos lois fondamentales, l'indépendance judiciaire.
On offre des garanties d'indépendance judiciaire, c'est un principe à la base même
pour lutter contre toute intervention de l'arbitraire.
J'oserais vous rappeler, Mme la Présidente, une
cause fameuse de l'arbitraire, de l'indépendance, l'affaire Roncarelli contre
Duplessis, à l'époque où l'ancien premier ministre Duplessis, député de Trois-Rivières,
hein, qui, à l'époque, était à la fois premier ministre et Procureur général de la province de Québec... Et, dans cette
cause, les tribunaux parlaient de
l'indépendance, du droit d'avoir un traitement indépendant par l'État, de ne
pas avoir d'arbitraire dans les décisions.
Mais concrètement, si on revient au dossier, ici, qui nous occupe, le gouvernement intervient directement dans le
processus judiciaire, et ça fait en sorte, Mme la Présidente, que le gouvernement vient soustraire la compétence des tribunaux. Donc, comme je
vous le disais, le gouvernement, bien, son plan risque de s'écrouler à tout
moment parce qu'il n'a pas respecté les règles et qu'il se retrouve
une fois de plus acculé au mur par une entreprise, cette entreprise-là qui a
dit au gouvernement : Écoutez, si on
est assujettis à un examen du Bureau d'audiences publiques en environnement, le
projet de cimenterie ne verra pas le jour. Donc, c'est du marchandage, c'est
une situation qui n'est pas acceptable, Mme la Présidente.
Donc, je
pense que les Québécois, les Gaspésiens aussi, les gens de toutes les régions
du Québec ne sont pas dupes, ils voient à travers le jeu du
gouvernement... du caractère exceptionnel du dépôt de ce projet de loi là en
Chambre, du caractère unique. Vous savez, au
cours des dernières années, il n'y a pas eu beaucoup de dépôts de projets de
loi en ce sens là. Il y en a un, je
me souviens, Mme la Présidente, je n'étais pas encore à cette Assemblée, mais
c'était le projet de loi pour le
Colisée de Québec, et c'est en 2011, Mme la Présidente. Et vous savez que ce
projet de loi avait suscité quelques... j'utiliserais le terme «une certaine effervescence» chez la première
opposition, donc il y avait eu quelques... il y avait eu une certaine
action, on pourrait dire, au niveau...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Oui. On me souffle à l'oreille des mouvements, donc,
et puis un certain questionnement aussi par rapport à la façon de faire
les choses.
Donc, pour
nous — puis je
vous le disais tantôt avec le leader du gouvernement — en refusant les groupes auxquels on avait demandé... En fait, le député de Granby
et leader de notre formation politique avait suggéré une liste de groupes
à entendre en commission parlementaire, en
auditions publiques pour connaître leur point de vue sur ce projet
de loi, mais on constate que le gouvernement s'empresse à changer les règles du jeu. Parmi les groupes qui étaient
convoqués, il y en avait quelques-uns, puis on avait besoin de leur expertise pour nous
dire ce qu'ils pensaient de l'état actuel du droit selon le gouvernement. Est-ce
qu'on va laisser, lorsqu'on adopte une législation, le droit dans l'état dans
lequel il est? Est-ce que c'est ça,
la raison pour laquelle on siège, on fait des lois, on exerce notre rôle de
législateur, on va en commission parlementaire,
on fait des propositions? Je ne crois pas. L'idée n'est pas de réaffirmer le
droit, et d'autant plus, Mme la Présidente,
que vous savez, lorsqu'un tribunal invalide une disposition d'une loi, bien, le
législateur ne peut pas, en raison de
l'exigence de conformité à la constitutionnalité des lois, réadopter la même
loi. Il y a un régime distinct qui va être adopté.
Je vous donne
un exemple concret, Mme la Présidente. Le projet de loi n° 32, déposé par
mon collègue ministre de
l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte aux changements
climatiques, dois-je vous rappeler, bien, ce projet de loi n° 32 fait suite à un jugement de l'an 2012 où un
tribunal, la Cour supérieure, avait invalidé le régime en place. En fait, il n'y avait même pas de loi dans
cette demande-là parce que c'était une directive. Mais concrètement le
législateur à cette époque-là, c'était le député de Mont-Royal, ministre
actuellement des Ressources naturelles, qui, à l'époque, était ministre de l'Environnement, qui avait adopté un projet
de loi particulier suite à la décision du tribunal.
Là, ce qu'on
fait ici, c'est qu'on ne laisse même pas la chance au tribunal de se prononcer,
d'évaluer si la loi a été respectée.
Et ça, c'est fondamental, que la loi soit respectée à la fois par les
justiciables, mais par le gouvernement aussi, Mme la Présidente. Et, dans ce cas-ci, on n'a pas permis aux tribunaux
de statuer, on vient soustraire la compétence des tribunaux. Et surtout
il était tout à fait normal qu'un tel projet soit assujetti à une évaluation
indépendante du Bureau d'audiences publiques en environnement parce que, Mme la
Présidente, vous savez que c'est important que les gens puissent se prononcer sur le développement économique et sur les impacts
environnementaux d'un projet qui, je vous le répète, constituera le projet le
plus polluant de l'histoire moderne du Québec et qui contribuera à assombrir
les efforts que l'État québécois
tente de faire depuis des années en matière environnementale en adoptant des
politiques de gestion durable, de
développement durable. Et ça, il faut reconnaître le rôle du Québec à
l'intérieur de la fédération, à l'international en tant que promoteur de la lutte aux changements climatiques par des
actions concrètes. Il y a une particularité au Québec, mais il faut que l'ensemble des actions du
gouvernement se traduise par ses gestes dans le cadre de la mise en application
de ses politiques.
• (17 h 40) •
Donc, je
reviens, Mme la Présidente, à ce que je vous disais, on a demandé au leader du
gouvernement... le leader du deuxième
groupe d'opposition, le député de Granby, a demandé au cabinet du leader du
gouvernement d'inviter certains groupes
à nous faire part de leur opinion par rapport au projet de loi. Ces groupes-là
détenaient une compétence pour se prononcer sur le projet de loi. Parmi
ceux qui étaient invités... bien, que nous souhaitions qu'ils soient invités à
nous exposer leur opinion... Parce que je
vous le répète, légiférer, c'est avant tout être à l'écoute et consulter pour
avoir une loi qui puisse répondre aux
intérêts de la population et qui corresponde à la définition de l'intérêt
public. Parce que ce qu'on constate
dans le régime actuel, c'est que la protection de l'environnement ne représente
pas une priorité du gouvernement et
que la défense de l'intérêt public, dans la définition du gouvernement, ne
comprend pas la protection, la préservation de l'environnement et l'évaluation des impacts sur l'environnement
lorsqu'on donne son aval à un tel projet aussi rapidement.
Donc, parmi
les groupes invités, Mme la Présidente, le Centre québécois du droit à
l'environnement, Environnement Vert-Plus,
Greenpeace campagnes Climat Énergie, Coalition Éco Vigilance Baie-des-Chaleurs,
Équiterre, le Réseau québécois des
groupes écologistes, le Centre de l'environnement, le Secrétariat des
organismes environnementaux du
Québec, la Fondation David-Suzuki, Nature Québec, la SNAP-Québec — la
SNAP, Mme la Présidente, ça veut dire... c'est l'acronyme, en fait, c'est la Société pour la nature et les
parcs du Canada — le
groupe Attention FragÎles, Environnement
JEUnesse, Les Citoyens au Courant, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique,
connue sous l'acronyme AQLPA, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec,
le Fonds mondial pour la nature,
l'acronyme étant WWF-Canada — ce
n'est pas la lutte, Mme la Présidente, c'est véritablement le groupe environnemental — le
Fonds d'action québécois pour le développement durable, le Conseil patronal de
l'environnement du Québec, l'Observatoire de la consommation responsable de
l'Université du Québec à Montréal, l'Alliance
pour une économie verte au Québec, la Chaire en écoconseil de l'Université du
Québec à Chicoutimi, le Centre québécois de développement durable.
Donc, cette liste était la liste que nous avons
soumise au cabinet du leader du gouvernement à des fins de consultation publique, à des fins d'écoute, et
surtout de bonification du projet de loi, et surtout connaître leur opinion,
comme le souhaiterait le leader du
gouvernement, sur l'état actuel du droit, Mme la Présidente. Pourquoi
refusons-nous d'évoluer? Pourquoi refusons-nous de faire avancer le
droit? Parce que c'est notre rôle. Et surtout, je vous le répète, Mme la Présidente, le raisonnement juridique du
gouvernement, s'il est juste et approprié, pourquoi avoir la nécessité d'adopter un tel projet de loi? Si c'est ça,
l'état du droit, pourquoi venir dire : Bien, c'est ça, le droit, c'est ça
qui s'applique, bien, si c'est
l'évidence, s'il y a déjà une loi qui dit ça? Donc, concrètement, Mme la
Présidente, ce que je vous dis, c'est que
le gouvernement doit croire que la Cimenterie McInnis devrait être assujettie
aux dispositions de la Loi sur la qualité de l'environnement, au
chapitre IV.1.
Il
aurait été tout à fait normal, Mme la Présidente, que le gouvernement
assujettisse le projet le plus polluant de l'histoire à une évaluation indépendante faite par le Bureau d'audiences
publiques en environnement. Donc, ma formation politique est très claire à cet effet, Mme la Présidente, ce projet de
cimenterie n'est pas bénéfique au niveau économique, au niveau environnemental et au niveau régional,
et la façon de procéder avec un tel projet, c'est de l'assujettir à un examen environnemental fait par le BAPE.
L'État québécois doit
entrer dans une zone de modernité et adopter les réflexes du XXIe siècle en
matière de développement économique, et ce projet de loi, ce projet est malsain, Mme la Présidente, pour la préservation de l'environnement dans son état actuel, d'où l'importance
d'assujettir le projet à une évaluation environnementale indépendante. On a la chance, au Québec, d'avoir un processus
indépendant. Je vous parlais tout à l'heure d'indépendance judiciaire, bien, on a un outil formidable qui a été mis en
place par nos précédents collègues législateurs, qui ont prévu des dispositions
pour gérer de tels types de projets, et je
constate qu'actuellement, bien, on ne suit pas les enseignements, le raisonnement qui
auraient dû être suivis pour assujettir cette procédure. Donc, concrètement, Mme la Présidente, il s'agit d'un projet inquiétant
quant à l'intérêt que portent les Québécois à l'environnement et quant à l'atteinte, par le Québec,
des cibles environnementales qu'il s'est fixées.
Je
vous ai dit tout à l'heure, en lien avec la dernière phrase que je viens de
prononcer, les cibles environnementales qu'il s'est fixées. Le Québec a des cibles ambitieuses. Comment fera-t-on, avec
un tel projet aussi polluant, pour assurer le respect de nos cibles? Comment fera-t-on pour réussir, en lien avec le
travail accompli pour la protection de l'environnement,
pour la lutte aux changements climatiques... pour s'assurer que, lorsqu'on fait un projet qui
vise à créer des emplois, ça ne constitue
pas uniquement un projet économique? On ne peut pas
affirmer ça, Mme la Présidente. On ne peut pas séparer l'économie de l'environnement,
du social, tout est imbriqué, Mme la Présidente. Et le fait de dire que c'est
un projet économique, puis ça n'a rien à voir avec l'environnement, bien, Mme la Présidente, je dois dire que ce n'est pas la vision de l'économie qu'on doit avoir parce que l'économie
a des impacts sur de multiples facettes, et le gouvernement devrait le
savoir.
Le
taux de chômage est plus élevé au Québec. On n'a pas réussi à créer les emplois promis en campagne électorale sur une période de cinq ans, mais ça, c'est un autre sujet, Mme la Présidente, puis je veux revenir au projet de loi qui nous occupe présentement et qui vise la cimenterie de Port-Daniel—Gascons, qui n'est pas assujettie actuellement à un BAPE, dont le gouvernement refuse...
le Conseil des ministres refuse de l'assujettir à cette évaluation indépendante
là.
Donc,
le positionnement du gouvernement, Mme la
Présidente, c'est de prétendre que
les projets de construction sur le territoire
de la municipalité de Port-Daniel—Gascons, de la cimenterie et du terminal maritime qui
y est lié, sont et ont toujours
été visés par le seul régime d'autorisation prévu à l'article
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Autrement dit, Mme la Présidente, sans
aucune contestation de la part du ministre responsable de l'Environnement, le gouvernement parviendra à soustraire, avec ce projet de loi, le projet de cimenterie à l'application de la section IV.1 de la Loi sur la
qualité de l'environnement, c'est-à-dire la procédure d'évaluation du bureau
d'audiences publiques et d'enquêtes, comme je vous l'ai expliqué, et dont le
Conseil des ministres est responsable pour le déclenchement.
• (17 h 50) •
Je
voudrais vous souligner, Mme la Présidente, que le projet a été entamé sous
l'ancien gouvernement, en fait le gouvernement
de la 40e législature, qui était formé par le Parti québécois, et ce Conseil
des ministres, le précédent, n'a pas
daigné assujettir le projet à une évaluation environnementale indépendante. Le
gouvernement actuel, formé par le Parti
libéral du Québec, lui aussi n'a pas souhaité assujettir le projet. C'est
nébuleux encore. Pourquoi? Tout le processus qui nous mène à l'adoption... bien, en fait, à la présentation du projet
de loi que nous avons nous amène à constater que tant le gouvernement de la 40e législature que celui de la 41e
législature, bien, sont en phase les uns avec les autres quant à la vision de leur économie par rapport à
l'environnement, par rapport au fait qu'on continue à investir dans un modèle
économique dépassé, dans un modèle
économique qui fait fi de l'environnement, dans un modèle de financement qui ne
prend pas en compte les préoccupations des
gens par rapport à la protection de l'environnement, à tout le moins de donner
une équité dans le traitement des dossiers.
De
quelle façon, Mme la Présidente, pensez-vous que tous les entrepreneurs du
Québec vont voir cette situation-là? Ce
n'est pas une règle qui s'applique de façon unanime, on change les règles du
jeu en cours de route. D'autant plus que le gouvernement est partie intégrante du projet. Puis je vais vous en
parler tout à l'heure, Mme la Présidente, de cet élément. Je vais tenter de vous en parler, à tout le moins,
mais je suis convaincu, Mme la Présidente, que nous aurons la chance de réussir à ce qu'on puisse exposer l'ensemble
des points pour assurer que le développement économique au Québec
respecte les principes de développement durable.
Donc, comme
je vous le disais, autant les deux plus vieux partis en cette Chambre
appliquent la même méthode pour la
gestion des projets économiques en lien avec l'environnement. Je vous dirais
que les agissements du gouvernement libéral sur ce dossier sont aussi répréhensibles
que ceux du Parti québécois dans cette gestion, le fait de ne pas assujettir
le projet le plus polluant de l'histoire à
une évaluation indépendante du Bureau d'audiences publiques en environnement.
D'autant plus que le projet a été lancé par
une autorisation verbale en 2013. On aura l'occasion d'y revenir. Donc, on
dit : On lance les travaux avec une autorisation verbale.
Il
y a de la précipitation, Mme la Présidente, dans ce projet, et nous avons
constaté tout au long de... — on pourrait
la qualifier de saga — que le choix de lancer à toute vapeur, à toute vitesse ce projet,
nécessairement, comportait un aspect électoral, et nous devons, dans le
cadre d'un projet polluant comme celui-là, nous assurer que nos lois, nos règlements soient respectés. Et quelle est la
façon de s'assurer que les lois qui sont votées en cette Chambre soient
respectées par l'ensemble des
citoyens et par l'État, par les ministères? Parce que vous savez que les
justiciables, les ministères, les organismes
doivent aussi respecter les lois qui sont votées ici. Donc, nous devions
assujettir le projet de cimenterie à une enquête indépendante.
Donc, au mois d'août
2014, Mme la Présidente... Je voudrais juste revenir sur mes propos, j'ai
oublié de vous mentionner quelque chose, Mme
la Présidente, qui va sûrement vous intéresser. C'est que le coup d'envoi de la
cimenterie a été fait aux alentours
du 4 mars 2014, quelques jours après le déclenchement de la campagne
électorale qui a mené à la formation
de la 41e législature. C'est très particulier, en campagne électorale,
d'autoriser de tels projets sans préalablement avoir eu une audition publique par le BAPE. On doit s'assurer, Mme la
Présidente, lorsqu'on est en campagne électorale, que le gouvernement sortant a un rôle que je
pourrais qualifier de bon père de famille. Il doit gérer l'État québécois
durant la campagne électorale avec
cet aspect de... qualifions-le un peu de curateur, de bon père de famille et de
ne pas prendre des décisions en accéléré sans se soucier des règles qui
doivent être respectées.
Ceci dit, en août
2014, Mme la Présidente, la cimenterie Lafarge ainsi que deux groupes environnementaux,
Environnement Vert-Plus et le Centre
québécois du droit de l'environnement, ont demandé, par le biais d'une requête
en révision judiciaire contre le ministère
de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte aux changements
climatiques, contre la cimenterie
McInnis — et je
crois que la ville de Port-Daniel—Gascons a été mise en cause aussi dans le dossier — une requête en révision judiciaire, Mme la
Présidente, pour faire annuler les certificats délivrés par le ministre de l'Environnement, du Développement
durable et de la Lutte aux changements climatiques en vertu de l'article 22
de la loi et à imposer la tenue d'un examen
indépendant par le Bureau d'audiences publiques en environnement. On a traité
tout à l'heure de cette procédure qui est prévue à Loi sur la qualité de
l'environnement, et nous croyons que le projet aurait dû être soumis à ce
régime et que le Conseil des ministres aurait dû se prononcer sur cet élément.
Vous
le savez, Mme la Présidente, sans doute que les deux groupes environnementaux
se sont désistés du procès qui devait
débuter le 3 et le 4 mars dernier. Par contre, suite au dépôt du projet de loi
par le ministre du Développement économique,
de l'Innovation et de l'Exportation, bien, le procès est suspendu, c'est en
attente. On intervient directement dans le volet judiciaire et dans le
cadre d'une audition qui se doit d'être libre. Parce qu'on en a parlé tantôt,
Mme la Présidente, sur le fait que
l'indépendance judiciaire est un des piliers de notre démocratie. Mais là ce
qu'on fait, c'est qu'on intervient
directement dans le processus judiciaire, on intervient directement alors que
la cause devait être entendue, alors qu'il
y avait eu des interrogatoires au préalable, alors qu'il y avait eu une requête
introductive d'instance, alors qu'il y avait eu des contestations, des contestations écrites, alors qu'il y avait
plusieurs témoins qui avaient été entendus, où leurs témoignages avaient été transcrits sur des notes
sténographiques et où un juge de la Cour supérieure devait être saisi du
dossier.
En fait, même il y
avait déjà eu des jugements
interlocutoires, Mme la Présidente. Donc, concrètement, le gouvernement a eu peur que son raisonnement ne tienne pas la route et que,
manifestement, la Cour supérieure rende un jugement venant dire : Oui,
ce projet devait être assujetti à un examen indépendant du Bureau d'audiences
publiques environnement. Donc, concrètement,
le projet de loi n° 37 vient donc court-circuiter la procédure judiciaire
en spécifiant qu'il s'applique malgré
toute décision d'un tribunal rendue après le — on indique la date de la présentation du
projet de loi — qui
a pour effet d'assujettir à la section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la
qualité de l'environnement...
Donc,
on vient, de façon hypothétique, statuer sur les conclusions du tribunal. Mais
le rôle du tribunal, c'est de s'assurer
de la conformité des décisions de l'action de l'administration publique en
conformité avec la loi et les règlements qui ont été édictés par la Chambre d'assemblée. On ne peut pas permettre
à l'État québécois... en fait, au gouvernement, Mme la Présidente, au gouvernement d'intervenir dans le processus
judiciaire de cette façon, d'une façon qui soit inappropriée en lien
avec le respect de l'environnement.
Donc,
en dictant ainsi la décision... Bien, en fait, on dicte au juge la décision
qu'il doit prendre. Le gouvernement s'ingère
dans le processus judiciaire afin de sécuriser sa position contre toute
tentative d'entrave à la cimenterie, dont la construction a déjà débuté. Parce que ça aussi, Mme la Présidente, c'est
une autre problématique. Malgré le fait qu'il y avait des procédures
judiciaires, que c'était contesté...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Borduas. Et, compte tenu de l'heure, je dois interrompre votre intervention. À titre de représentant de votre
formation politique, vous disposez de 60 minutes, il vous en reste environ cinq. Est-ce que vous allez souhaiter
poursuivre votre intervention lors de la reprise du débat?
M.
Jolin-Barrette : ...lors de la reprise du débat, la semaine prochaine.
Ajournement
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, merci beaucoup. Alors, en conséquence
et compte tenu de l'heure, j'ajourne les travaux au mardi 24 mars, à
13 h 45.
(Fin de la séance à 18 heures)