(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : ...mercredi à tous, vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous allons
débuter cette journée avec la rubrique des déclarations de députés. Et, sans
plus tarder, je vais reconnaître M. le député de Laval-des-Rapides.
Souligner le travail de l'Association de Laval
pour la déficience intellectuelle (ALDI) inc.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. La Semaine québécoise de la déficience
intellectuelle s'est déroulée cette
année du 9 au 16 mars. J'ai eu le plaisir de présider à Laval et de participer
aux nombreuses activités organisées par l'association lavaloise pour la
déficience intellectuelle, l'ALDI, en partenariat avec différents organismes
lavalois.
J'aimerais
souligner l'excellent travail de ces organismes et adresser mes sincères
félicitations à Mme Safae Touimi, directrice
générale de l'ALDI, pour la qualité des activités proposées tout au long de
cette semaine, mais également pour son implication ainsi que celle de
son équipe.
Cette
semaine fut également l'occasion de sensibiliser l'ensemble de la population
aux difficultés que vivent quotidien-nement les personnes qui vivent avec une
déficience intellectuelle, mais ce fut également, pour nous tous, une occasion de poser un
regard différent sur elles et de prendre conscience de tout ce qu'elles peuvent
réaliser. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Et, sans plus tarder, je me tourne vers M.
le député de Labelle.
Rendre hommage à M. Robert Sirois, lauréat du prix
Maurice-Richard de la Société Saint-Jean-Baptiste
M. Sylvain Pagé
M.
Pagé : Merci, Mme la Présidente. Le 6 mars dernier, la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal décernait le prix Maurice-Richard 2015 à
M. Robert «Bob» Sirois en présence de la famille Richard.
Né
le 6 février 1954 à Montréal, Robert Sirois a joué plusieurs
saisons dans la Ligue nationale de hockey avec les Flyers de Philadelphie et les Capitals de Washington. Sa brillante
carrière fut malheureusement écourtée par une sérieuse blessure au dos. Il a par la suite assumé plusieurs
fonctions, comme celles d'agent de joueurs et d'administrateur délégué
par l'association des anciens de la ligue nationale.
Robert
Sirois, l'auteur du livre Le Québec mis en échec, qui met en évidence le sort singulier réservé aux jeunes joueurs de hockey québécois, particulièrement les francophones dans la ligue nationale... Il est le directeur général
de la Fondation Équipe-Québec,
dont la mission est de favoriser, d'encourager et de défendre les intérêts
de l'élite sportive québécoise sur la scène internationale.
Je
joins donc ma voix aux athlètes et aux membres de la SSJB afin de lui témoigner
notre appréciation, notre fierté et notre soutien indéfectible dans la
poursuite de sa mission. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Labelle. Et, pour sa déclaration du jour, je cède maintenant
la parole à M. le député de Trois-Rivières.
Féliciter les finalistes et les lauréats du
30e gala Radisson de Trois-Rivières
M. Jean-Denis Girard
M.
Girard : Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, le 20 février dernier, se
tenait, à Trois-Rivières, le 30e
gala Radisson, organisé par La Chambre de commerce et d'industries de Trois-Rivières. Ce gala met à l'avant-scène toute
la vitalité du milieu des affaires trifluvien. Plus de 450 personnes se sont
réunies afin d'honorer et de célébrer le succès de nos entrepreneurs. À
ce titre, je félicite les membres du comité organisateur ainsi que les membres
du jury pour leur contribution. Des
prix ont ainsi été remis dans 14 catégories. Ces lauréats sont une source
d'inspiration pour toute la communauté entrepreneuriale. Je me permets
de réaffirmer toute notre reconnaissance envers nos entrepreneurs trifluviens pour leur
apport exceptionnel au dynamisme de l'économie. Vous faites la différence et
vous pouvez en être fiers. Bravo à tous nos entrepreneurs trifluviens!
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de
Trois-Rivières. Et, pour la prochaine déclaration, je reconnais Mme la
députée d'Iberville.
Féliciter Mme Catherine Bellavance, étudiante en soins
infirmiers, récipiendaire de la bourse Carrie-Derick
Mme Claire Samson
Mme Samson :
Merci, Mme la Présidente. Le 8 mars dernier, je remettais à Catherine
Bellavance, une jeune étudiante de 19 ans,
une bourse attribuée en l'honneur d'une pionnière du féminisme, Mme Carrie
Derick, originaire de Saint-Georges-de-Clarenceville. Cette bourse est
réservée aux étudiantes et aux professionnelles et vise à reconnaître l'apport
des femmes dans le domaine des sciences. Catherine étudie en sciences des soins
infirmiers au cégep Saint-Jean-sur-Richelieu. Elle est reconnue pour son
engagement social, particulièrement à titre de tutrice auprès de ses collègues et de bénévole lors des événements
Relais pour la vie. Je la félicite pour sa persévérance et son engagement
tant au niveau de ses études qu'au niveau
communautaire. J'aimerais aussi souligner le travail du Centre des femmes du
Haut-Richelieu. Quelle belle initiative que d'encourager et de souligner
l'effort et la détermination de jeunes femmes poursuivant leurs études en
sciences! Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée d'Iberville. Et, toujours à
la rubrique des déclarations de députés, je cède la parole à M. le député de
Sainte-Rose.
Appuyer M. Matthew Schreindorfer
dans son combat contre le cancer
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de mettre en lumière
l'incroyable dose d'amour que reçoit Matthew
Schreindorfer des Québécois. Matthew est atteint d'une leucémie aiguë lymphoblastique,
un type de cancer qui se développe
dans la moelle osseuse. Il est présentement à New York pour recevoir un
traitement expérimental, de l'institut de
cancer Memorial Sloan Kettering, qui est très prometteur. En effet, 90 %
des patients semblent réagir positivement à ce traitement. Ce traitement prometteur avait cependant un coût
avoisinant les 800 000 $. Une immense levée de fonds fut donc créée pour la famille et les amis pour
supporter Matthew dans ce traitement. Actuellement, les proches ont amassé
près de 690 000 $. Je vous invite
donc à être très généreux pour Matthew afin d'atteindre son objectif afin qu'il
reçoive sa retransfusion des cellules
T. Il désire transmettre ses remerciements et sa reconnaissance à tous ceux qui
se sont impliqués de près ou de loin dans cette bataille pour lui donner
une seconde chance à la vie. Partagez son histoire et contribuez généreusement
via le site youcaring.com, sur la page Help save Matthew! — Aidez-nous
à sauver Matthew!.
Matthew,
nos pensées sont avec toi, ta femme Katia, ta famille, ta belle-famille qui est
dans nos tribunes aujourd'hui
et tes proches qui te soutiennent pour ce combat si important. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député de Sainte-Rose. Et j'en profite pour vous rappeler que la durée maximale d'une
déclaration de député est de deux minutes. Alors, merci. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Rimouski.
Souligner le travail de l'Association de la
déficience intellectuelle, région Rimouski
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, Mme la Présidente. La semaine dernière, l'Association de la déficience intellectuelle, région de Rimouski, m'a offert le privilège d'être leur
président d'honneur de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle.
Cet événement est un moment privilégié pour
sensibiliser le grand public et pour venir à la rencontre des personnes vivant
une déficience intellectuelle afin de mieux
les connaître et mettre fin aux préjugés. C'est aussi l'occasion de se
rassembler et de mettre nos idées en
commun afin de faire avancer la cause de ces personnes et leurs familles qui
les soutiennent. Beaucoup reste à
faire pour en arriver à l'égalité et une véritable intégration, combattre les
préjugés et la discrimination, soutenir les familles, lutter contre la
pauvreté et l'exclusion sociale.
Cette
année, deux jeunes étaient les porte-parole, Catherina Lepage et Joël Potvin,
deux jeunes déterminés, prêts à relever
tous les défis, chacun inscrit dans un parcours menant à l'autonomie et à la
reconnaissance. Je félicite Catherina et
Joël, de même que l'ADIRR, et je salue leurs efforts afin que tous aient le
respect et le statut de citoyen à part entière dans notre société.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Rimouski.
Et, pour sa déclaration du jour, je cède la parole à M. le député
d'Ungava.
Souligner les performances des
jeunes hockeyeurs des Nordiks du Nunavik
M. Jean Boucher
M.
Boucher : Merci, Mme la Présidente. Chers membres de l'Assemblée, je
voudrais vous parler aujourd'hui des
derniers succès des Nordiks, peut-être pas ceux que vous pensez. En fait, je
veux vous témoigner aujourd'hui de ma fierté
envers des jeunes de mon comté. Dans le cadre du tournoi de hockey provincial
qui a eu lieu dernièrement à Saint-Raymond de Portneuf, deux équipes du
Nunavik, des jeunes Nunavimiuts, se sont illustrés.
Pour
l'équipe des atomes des Nordiks du Nunavik, c'était leur première fois. In only six days, they became a team, and they made their way to the
semifinals. Les joueurs de
l'équipe bantam ont, quant à eux, remporté leur tournoi. Ils seront retournés dans leur village victorieux, sourire
aux lèvres, et accueillis en véritables héros. La semaine dernière, lors du
40e tournoi international pee-wee,
c'était au tour des pee-wee, les Nordiks du Nunavik encore, d'être les grands
champions. They finished first. A great success and so
much pride!
Leurs performances nous rappellent qu'il est important
de poursuivre nos rêves et d'encourager les jeunes. Bravo, les
Nunavimiuts! (S'exprime dans une langue autochtone).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava. Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Borduas.
Rendre hommage aux Chevaliers de Colomb
du conseil de Ste-Madeleine no : 4301
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite
profiter de cette tribune pour rendre hommage
aux Chevaliers de Colomb de Sainte-Madeleine, conseil 4301. Depuis 1967, ce
conseil, qui est composé de chevaliers
provenant des municipalités de Sainte-Madeleine, de
Sainte-Marie-Madeleine et des municipalités avoisinantes, occupe un rôle très important dans la vie communautaire de notre région. En effet,
les Chevaliers de Colomb représentent un
bel exemple de dévouement et de générosité. Chaque année, les Chevaliers de Colomb de Sainte-Madeleine
organisent de nombreuses activités
afin d'amasser de l'argent pour venir en aide aux gens dans le besoin. Parmi
les activités organisées, une journée de Noël pour les enfants issus des
familles défavorisées, des collectes de sang, des soupers spaghetti, des
soupers smoked-meat, des brunchs,
dont les profits vont aux organismes à but non lucratif de la région. De plus,
il faut souligner la grande participation de plusieurs chevaliers à la
guignolée de Sainte-Madeleine.
En terminant, j'aimerais saluer M. André
Morier, grand chevalier, ainsi que l'ensemble des chevaliers du conseil 4301,
et tous les bénévoles qui contribuent
au succès des activités organisées par les Chevaliers de Colomb de
Sainte-Madeleine. Votre apport à la communauté est inestimable. Au nom
de tous ceux et celles qui ont bénéficié de vos actions, merci. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Borduas. Et je me tourne
maintenant vers Mme la députée de Soulanges pour sa déclaration du jour.
Souligner le Mois de la nutrition
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Merci, Mme la Présidente. Depuis de nombreuses
années, le mois de mars est consacré à la nutrition. Le thème de l'événement cette année est Bien manger de 9 à
5! En effet, on oublie trop souvent que l'on passe une bonne partie
de notre vie au travail. Le fait de bien se nourrir pendant la journée a un
impact positif majeur sur la concentration
et la productivité, mais aussi sur notre santé globale. Nous devons faire la
promotion de saines habitudes alimentaires, et en particulier dans le
milieu du travail.
Je
veux saluer les efforts des employeurs qui offrent les conditions propices à
encourager une meilleure nutrition chez
leurs employés. Je salue également tous les professionnels de la nutrition,
dont le travail remarquable contribue à la santé des Québécoises et des
Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée. Et, pour la
prochaine déclaration, je reconnais M. le député de Huntingdon.
Remercier l'Association de curling des pompiers du Québec
pour l'organisation du championnat Brier Tim Hortons afin
d'amasser des fonds pour Dystrophie musculaire Canada
M. Stéphane Billette
M.
Billette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais profiter de
la tribune qui m'est offerte aujourd'hui pour souligner le travail exceptionnel du comité organisateur de
l'Association de curling des pompiers du Québec 2015, qui organise le championnat Brier des pompiers, qui
se tiendra du 19 au 29 mars de cette année à Huntingdon et
Salaberry-de-Valleyfield.
Initié en 1960 par
Aubrey Neff, ce championnat national permet d'amasser des fonds pour la
Dystrophie musculaire Canada, en plus de promouvoir l'esprit sportif et la
camaraderie des pompiers à travers le curling. En mon nom et celui des citoyens de Huntingdon, je remercie le comité
organisateur d'organiser ce championnat dans notre belle région.
It's
an honor for us to welcome such devoted people who come together to raise money
for neuromuscular diseases. I warmly
congratulate all those who are involved in the success of this event and I
trust you will have a lot of fun during the event.
Félicitations à tous ceux qui feront de ce tournoi un succès, et je vous
souhaite beaucoup de plaisir tout au long de ce tournoi!
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Huntingdon.
Ceci met fin à la
rubrique des déclarations de députés, et je vais suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 17)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de M. Daniel Paillé, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale et de la
Chambre des communes
Vous
avez remarqué, dans nos tribunes, et j'ai le plaisir de le souligner, la
présence de M. Daniel Paillé, l'ancien député
de Prévost. M. Paillé. Notre ancien collègue a aussi été membre de la Chambre
des communes, député d'Hochelaga, si je me souviens bien, hein? Voilà.
Nous poursuivons les
affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui, merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article a,
s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 38
Le
Président : Alors, à l'article a du feuilleton, M. le ministre
des Finances présente le projet de loi n° 38, Loi visant à
permettre la réalisation d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement
du Québec.
M.
Carlos J Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, c'est avec plaisir que je dépose le projet de
loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation d'infrastructures par la
Caisse de dépôt et placement du Québec.
Ce
projet de loi vise à permettre au ministre des Transports de conclure, avec l'autorisation du gouvernement, une entente avec la Caisse de
dépôt et placement du Québec visant à
confier à cette dernière la gestion et la réalisation de projets ayant
pour objet de nouvelles infrastructures de transport collectif.
Le projet de loi
précise que le gouvernement définit les besoins à combler et les objectifs
d'intérêt public concernant les projets et
qu'il autorise la solution à mettre en oeuvre parmi les différentes options
proposées par la caisse. Il prévoit
que la caisse a pleine autorité sur chaque projet faisant l'objet d'une telle
entente et qu'elle peut fixer des tarifs pour l'utilisation de l'infrastructure de transport collectif concernée. Il précise que
les modalités et conditions relatives à l'exploitation de l'infrastructure
de transport collectif stipulées par l'entente lient tout acquéreur subséquent.
Le
projet de loi modifie la Loi sur la Caisse de dépôt et
placement du Québec pour permettre à la caisse de détenir des actions de personnes morales dont l'activité
principale consiste à faire de l'investissement ou autrement agir en matière d'infrastructures. Il fixe également
des limites tant à l'égard du pourcentage d'actions ordinaires que la caisse peut détenir
dans le capital-actions d'une telle personne
morale que de la valeur maximale de l'investissement que peut faire la caisse dans une telle
personne morale.
Le
projet de loi modifie la Loi sur le ministère des Transports
pour permettre au ministre des
Transports d'acquérir par expropriation, pour le compte de la caisse,
les biens requis pour la réalisation d'une infrastructure de transport
collectif faisant l'objet d'une entente avec cette dernière.
Le projet de loi prévoit que la
Loi sur l'Agence métropolitaine de transport, la Loi sur les conseils
intermunicipaux de transport dans la
région de Montréal et la Loi sur les sociétés de transport en commun ne
s'appliquent pas à une infrastructure
de transport collectif faisant l'objet d'une entente conclue avec la caisse.
Enfin,
le projet de loi modifie la Loi sur les infrastructures publiques,
notamment pour qu'un projet particulier d'infrastructure
publique puisse être exclu d'application des règles de gestion qu'elle prévoit,
ainsi que la Loi sur la fiscalité municipale
pour exempter de taxes municipales et scolaires les infrastructures de transport
collectif et les terrains qui constituent leur assiette, dans la mesure
prévue par règlement.
Mise
aux voix
Le
Président : Est-ce
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Mme la leader
de l'opposition.
• (10 h 20) •
Mme
Maltais : M. le Président, nous aimerions savoir du gouvernement s'il a l'intention de faire des consultations
particulières sur ce projet de loi.
Le Président :
M. le leader.
M. Fournier :
Oui, M. le Président.
Le Président :
Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
Nous aimerions que vous appeliez l'article b, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 398
Le
Président : Alors, à l'article b
du feuilleton, M. le député de Verchères présente le projet de loi n° 398,
Loi modifiant la Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale. M. le
député de Verchères.
M.
Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Alors, M. le Président, comme nous l'avions proposé sous le précédent gouvernement, ce projet de loi
modifie la Loi sur les conditions de travail et les régimes de retraite des
membres de l'Assemblée nationale afin d'abolir
l'allocation de transition à un député qui démissionne en cours de mandat.
Exceptionnellement, un député qui a démissionné
pourra recevoir cette allocation si le Bureau
de l'Assemblée nationale estime que
des raisons de santé ou des raisons
familiales l'empêchent de s'acquitter de ses fonctions. Avant de rendre sa
décision, le Bureau de l'Assemblée
devra avoir obtenu l'avis du Commissaire à l'éthique et à la déontologie.
Mise
aux voix
Le Président :
...l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le
Président : Adopté. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
Oui. M. le Président, je vous demande d'appeler, s'il vous plaît,
l'article c.
Projet
de loi n° 490
Le
Président : À l'article c du feuilleton, M. le député de
Deux-Montagnes présente le projet de loi n° 490, Loi modifiant la
Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de
l'Assemblée nationale quant à l'allocation de transition. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Ce projet de loi a pour objet de
retirer à un député démissionnaire le droit à l'allocation de transition prévue par la Loi sur les conditions de
travail et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale, sauf si sa
démission est attribuable à des raisons de santé touchant le député, un membre
de sa famille immédiate au sens du Code d'éthique et de déontologie des
membres de l'Assemblée nationale ou un parent au premier degré et affectant sa
capacité d'exercer ses fonctions.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
M. le Président, veuillez, s'il vous plaît, appeler l'article d du
feuilleton.
Projet
de loi n° 399
Le
Président : Alors, à l'article d du feuilleton, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
présente le projet de loi
n° 399, Loi visant à exclure les pensions alimentaires pour enfants du
calcul des revenus dans diverses lois à caractère social. Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Ce projet de loi vise à édicter que
les pensions alimentaires pour l'entretien d'un enfant ne font pas
partie du revenu des particuliers qui les reçoivent aux fins de l'application
de diverses lois à caractère social, à savoir la Loi sur l'aide aux personnes
et aux familles, la Loi sur l'aide financière aux études, la Loi sur l'aide juridique et sur la prestation de
certains autres services juridiques et la Loi sur la Société d'habitation du
Québec.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Il n'y a pas de dépôt
de documents ni de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
Donc, nous sommes à
la rubrique Dépôt de pétitions. M. le député de Granby.
Réinscrire
au feuilleton le projet de loi concernant
la vente des vins et spriritueux de
fabrication artisanale
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 253 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le Québec compte plus de [200] producteurs de vins et
spiritueux artisanaux à l'origine de milliers de produits remarquables
et [sont] souvent inconnus des Québécois;
«Considérant
qu'à cause de restrictions devenues désuètes plusieurs producteurs de vins et
spiritueux artisanaux sont obligés écouler la majorité de leur
production québécoise à l'étranger;
«Considérant
qu'il est interdit aux producteurs de boissons alcoolisées artisanales de
distiller eux-mêmes leurs produits et donc de les vendre dans les
marchés ou leur domaine;
«Considérant
que, pour vendre dans les SAQ de leur région, les producteurs de vins et
spiritueux artisanaux doivent être en mesure de fournir leur marchandise
pour l'ensemble du Québec;
«Considérant
qu'il est toujours interdit pour un producteur de vins et de
spiritueux de vendre ses produits du terroir dans les épiceries et
dépanneurs;
«Considérant
que la vente de vins et spiritueux artisanaux dans les épiceries contribuerait
largement à valoriser l'agrotourisme régional et à stimuler une
industrie en plein essor;
«Considérant que
l'actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ainsi
que le député de Huntingdon en ont fait la promesse durant la dernière campagne
électorale ayant porté leur parti au pouvoir;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ainsi qu'au ministre des Finances, de présenter à nouveau le projet de loi n° 395, Loi modifiant la Loi sur la Société des
alcools du Québec et la Loi sur les permis d'alcool, qui avait été
présenté lors de la 40e législature.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée de Montarville.
Rapatrier les restes de Pierre
Le Moyne d'Iberville
pour une sépulture en sol canadien
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 116 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Et les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que Pierre Le Moyne d'Iberville est
né à Montréal — autrefois
Ville-Marie — en
1661;
«Considérant
que Pierre Le Moyne d'Iberville était un personnage important, voire
légendaire, en Nouvelle-France, dans le continent nord-américain et dans
les Antilles;
«Considérant que Pierre Le Moyne d'Iberville est
le fondateur de la Louisiane ainsi que des villes de Biloxi, Mississippi, et de
Mobile, Alabama;
«Considérant que Pierre Le Moyne d'Iberville a
été reconnu publiquement comme étant le premier Canadien nommé chevalier de
Saint-Louis, un honneur accordé personnellement par Louis XIV;
«Considérant
que Pierre Le Moyne d'Iberville est mort le 9 juillet 1706 à
La Havane — Cuba — alors
qu'il était en service militaire pour la Nouvelle-France;
«Considérant
que les restes de Pierre Le Moyne d'Iberville sont toujours
inhumés sous le nom de "Dom Pedro Berbila" dans l'église de San Cristobal
à La Havane;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons à l'Assemblée
nationale du Québec
d'entamer des négociations avec le gouvernement
cubain afin de rapatrier les restes de
Pierre Le Moyne d'Iberville [...] et,
par conséquent, lui offrir une sépulture en sol canadien.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le
Président : L'extrait
de cette pétition est déposé. Décédé de malaria, si je me souviens bien. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mettre en place une consigne
sur les bouteilles
provenant de la Société des alcools du Québec
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Je salue d'ailleurs, ici, la présence des citoyens et citoyennes qui ont déposé
cette pétition, de l'Opération Verre-Vert.
Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 14 983 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la majorité du verre récupéré par la collecte sélective ne peut [...] être
recyclé, car il se contamine au contact des autres matières;
«Considérant que le verre dans le bac de
récupération se brise dans le camion de transport et nuit à la valeur marchande
des autres matières recyclables — papier, carton, plastique, métal;
«Considérant
que 80 % des contenants de boisson en verre non consignés se trouvant dans
le bac de récupération vient de la SAQ;
«Considérant qu'un verre prélevé et traité à la
source garde sa qualité et est infiniment recyclable;
«Considérant
qu'il y a des marchés, ici au Québec, pour le verre trié à la source, peu
importe sa couleur, mais que nos entreprises de recyclage locales
doivent s'approvisionner ailleurs, faute de trouver un verre de qualité ici;
«Considérant
qu'au Canada seuls le Manitoba et le Québec ne consignent pas le verre des
bouteilles de vin et de spiritueux;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
citoyennes et citoyens du Québec, demandons la mise en place d'une consigne sur
les bouteilles provenant de la SAQ, pour que le verre soit trié à la
source et recyclé.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'invite maintenant M. le député de Chambly.
Ramener le financement des
établissements
d'enseignement privés à celui de l'année 2013-2014
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Je souligne la présence des
instigateurs, des parents instigateurs de cette pétition, ayant un
nombre record de signatures, dans les tribunes. J'invite le ministre à les
rencontrer par la suite.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
40 274 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
qu'annuellement plus de 220 000 parents du Québec choisissent un
établissement d'enseignement privé, financé en partie par l'État, pour
l'éducation de leurs enfants;
«Considérant que ce choix est garanti par la
charte québécoise des droits et libertés de la personne;
«Considérant
que ces parents paient, en plus des impôts et des taxes scolaires, des frais
additionnels substantiels pour que leurs enfants fréquentent une école
privée;
«Considérant
que plusieurs de ces parents sont issus de la classe moyenne et qu'ils ont
atteint la limite de leur capacité de payer;
«Considérant que toute coupure dans le financement
gouvernemental des écoles privées entraîne une diminution de leur clientèle, une pression supplémentaire sur
leur budget et peut mener à la fermeture de plusieurs établissements;
«Considérant qu'un élève du réseau public coûte aux
contribuables plus du double d'un élève d'un établissement privé;
«Considérant que toute baisse du financement gouvernemental
des écoles privées entraîne une charge additionnelle bien supérieure
pour l'État;
«Considérant que des
coupures dans le financement gouvernemental ont été effectuées cette année et
que des coupures supplémentaires sont prévues;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec de ramener l'ensemble de son financement
des établissements d'enseignement privé à
celui de l'année 2013‑2014, indexé annuellement au coût de la vie, niveau qui
assure leur survie et évite une hausse des dépenses du gouvernement en
éducation.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 30) •
Le Président : L'extrait de cette
pétition est déposé. J'ai reçu, de la part de M. le député de Jonquière, une
demande de dépôt d'une pétition non
conforme. Est-ce que j'ai un consentement pour le dépôt? Consentement. M. le
député de Jonquière.
Mettre
en place une consigne sur les bouteilles
provenant de la Société des alcools du Québec
M. Gaudreault : Oui. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 198
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que la
majorité du verre récupéré par la collecte sélective ne peut pas être recyclé,
car il se contamine au contact des autres matières;
«Considérant que le
verre dans le bac de récupération se brise dans le camion de transport et nuit
à la valeur marchande des autres matières recyclables — papier,
carton, plastique, métal;
«Considérant que 80 % des contenants de boisson en
verre non consignés se trouvant dans le bac de récupération vient de la
SAQ;
«Considérant qu'un
verre prélevé et traité à la source garde sa qualité et est infiniment
recyclable;
«Considérant qu'il y a des marchés, ici au Québec, pour le
verre trié à la source, peu importe sa couleur, mais que nos entreprises
de recyclage locales doivent s'approvisionner ailleurs, faute de trouver un
verre de qualité ici;
«Considérant qu'au Canada seuls le Manitoba et le Québec ne
consignent pas le verre des bouteilles de vin et de spiritueux;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, citoyennes et citoyens du Québec, demandons la mise
en place d'une consigne sur les bouteilles provenant de la SAQ, pour que
le verre soit trié à la source et recyclé.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
Le Président : Alors, l'extrait de cette
pétition est déposé. J'ai reçu finalement, pour aujourd'hui, une dernière
pétition qui est non conforme. Et, si j'ai
un consentement, je demanderais à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques de nous la lire.
Consentement? Consentement. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
215 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que
la majorité du verre récupéré par la collecte sélective ne peut pas être
recyclé, car il se contamine au contact des autres matières;
«Considérant que le verre dans le bac de
récupération se brise dans le camion de transport et nuit à la valeur marchande
des autres matières recyclables — papier, carton, plastique, métal;
«Considérant
que 80 % des contenants de boisson en verre non consignés se trouvant dans
le bac de récupération vient de la SAQ;
«Considérant qu'un verre prélevé et traité à la
source garde sa qualité et est infiniment recyclable;
«Considérant qu'il y a des marchés,
ici au Québec, pour le verre trié à la source, peu importe sa couleur, mais que
nos entreprises de recyclage locales doivent s'approvisionner ailleurs, faute
de trouver un verre de qualité ici;
«Considérant
qu'au Canada seuls le Manitoba et le Québec ne consignent pas le verre des
bouteilles de vin et de spiritueux;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
citoyennes et citoyens du Québec, demandons la mise en place d'une consigne sur
les bouteilles provenant de la SAQ, pour que le verre soit trié à la
source et recyclé.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une question de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le ministre des Finances
proposant que le principe du projet de loi n° 28, Loi concernant
principalement la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le
retour à l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, soit adopté.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Fardeau fiscal des contribuables
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
J'aimerais tout d'abord, M. le
Président, vous exprimer, au nom de
notre groupe parlementaire, notre profonde inquiétude face aux événements
qui se déroulent actuellement en Tunisie.
En
août 2013, le Parti libéral — et
le premier ministre en tête — tenait
un forum appelé Des idées pour le Québec.
Il
était chef de l'opposition officielle à l'époque. Vous irez voir, M. le Président, quelle était la grande idée portée par le premier ministre dans son discours : hausser la TVQ. Comme, par hasard, dès le
dépôt de son premier budget, le gouvernement
a annoncé la création d'une commission
sur la fiscalité et nommait Luc Godbout président, alors que lui aussi souhaite
une hausse de la TVQ. D'ailleurs,
je vais faire une prédiction, M. le
Président : il y aura,
dans le rapport Godbout demain, une
demande de hausse de TVQ. Au mois de septembre dernier, le ministre des Finances avait, encore là par un heureux hasard,
émis la même idée de hausser les taxes des Québécois.
C'est
drôle parce que le seul moment où le Parti libéral n'a pas parlé de hausse de taxe, comme par hasard, c'est en campagne électorale. Le premier ministre a dû faire un oubli pour les Québécois.
Je rappelle au premier ministre qui s'est fait élire en disant qu'il allait baisser les impôts,
pas augmenter les taxes, M. le
Président. Pourtant, hier, le ministre des Finances a été incapable de
dire la chose la plus simple : Je ne hausserai pas la TVQ pour les Québécois.
Alors,
est-ce que le premier
ministre, qui, on le sait maintenant,
depuis des années, rêve de hausser la TVQ des Québécois, qui a déjà été
haussée à deux reprises par le Parti
libéral... Est-ce qu'il peut répéter après moi : Je ne hausserai pas la
TVQ?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, une chose est claire, et il pourra le répéter
avec moi également : Nous allons réduire le fardeau fiscal des
Québécois.
Des voix :
...
M. Couillard : Nous allons le faire parce que les travailleurs, les salariés,
notamment de la classe moyenne, ont le droit
d'avoir du répit, et ce que nous voulons, c'est qu'il y ait plus d'argent dans
leurs poches et que, pour une fois, on pense à eux, M. le Président.
Alors,
je comprends qu'on n'est pas d'accord, on voudrait augmenter les impôts. En
plus de vouloir ruiner le Québec avec la séparation, on veut augmenter
les impôts, de l'autre côté de l'Assemblée.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Évitez les commentaires puis les
quolibets. De toute façon, la question a été posée.
Une voix :
...
Le Président : Mme la députée
de Pointe-aux-Trembles, vous avez une très jolie voix, mais je l'entends de
trop loin.
Une
voix : ...
Le Président :
Oui! C'est ça. M. le premier ministre, veuillez y aller, s'il vous plaît. Veuillez
continuer.
M. Couillard : ...M. le Président, notre absolue détermination à baisser le fardeau
fiscal des Québécois. Je répète : Baisser
le fardeau fiscal des Québécois. Il y a lieu de se pencher sur notre fiscalité,
ça ne s'est pas fait depuis les années 60. Est-ce qu'on pourrait, au moins, avoir une discussion de société
là-dessus? Est-ce qu'on croit véritablement que notre fiscalité incite à
l'effort, au travail, à l'investissement et à la création d'emploi? Nous
croyons que des ajustements doivent être
faits, autant chez les particuliers que les entreprises, pour que ces éléments
se retrouvent, M. le Président, dans
la finalité de la fiscalité, qui n'est pas qu'une pompe à aspirer l'argent des
contribuables, qui doit être un bras de la stratégie de développement économique d'un État. Alors, M. le Président,
par respect pour la personne, demain, qui va présenter un rapport avec une équipe que, je crois, nous respectons tous
ici, des deux côtés de l'Assemblée, laissons-les présenter leur rapport. Je rappelle que les décisions ne sont pas prises
par les commissions mais par le gouvernement, mais je réitère de façon
très ferme notre désir absolu de diminuer le fardeau fiscal des Québécois.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Est-ce que je dois rappeler... Un peu de pédagogie.
Est-ce que je dois rappeler au premier ministre que le Parti libéral a déjà augmenté, en 2011 et en 2012, la TVQ? Est-ce
que je dois lui rappeler aussi que, pendant ces mêmes années, on a augmenté la taxe sur leur carburant? Dans les faits,
M. le Président, c'est 5 milliards de dollars de plus de taxes et
d'impôt qui a été réclamé aux Québécois depuis 2010 par le Parti libéral.
Aujourd'hui,
on dit : C'est assez! Est-ce que le premier ministre peut prendre
l'engagement pour les Québécois qu'il n'y aura pas d'augmentation de
taxes pour les familles du Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, on aura un budget très intéressant. J'invite mes
collègues à dresser l'oreille lorsqu'il sera lu par notre collègue le ministre des Finances parce qu'on verra
que des pas importants seront franchis. Je réitère notre désir absolu et
notre intention, qui sera réalisée, de diminuer le fardeau fiscal des
Québécois.
Maintenant, dans la
revue de la fiscalité que nous voulons faire, nous voulons également qu'on
s'adresse à la progressivité du système.
Est-ce que, vraiment, il y a une équité entre les bas revenus et les moyens
revenus? Est-ce qu'on fait en sorte
que quelqu'un qui est à bas revenu désire voir son revenu augmenter ou on le
décourage, au contraire, de demander
ou d'accepter une augmentation de salaire parce que la majorité va être
absorbée par la fiscalité? Voilà ce qui est considérablement nuisible, M. le Président. Voilà ce qui est
considérablement nuisible pour l'économie du Québec et qui est une des
explications...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...qui explique l'écart de richesse entre l'Ontario et le
Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Pour le premier ministre, la progressivité, c'est nuisible et c'est ce qu'on
apprend aujourd'hui. Pourtant, en campagne
électorale, il n'en a pas parlé, de ça, comme il n'a surtout pas parlé qu'il
voulait augmenter la TVQ. Ça, le
premier ministre a oublié. On a regardé tous les documents pendant la campagne,
jamais il n'a dit ça aux Québécois. Et
évidemment il ne peut pas le dire parce qu'il ne l'a pas promis, donc il le
fait dire par Luc Godbout. Est-ce que quelqu'un est dupe, M. le Président, de ce stratagème? Déjà, le premier ministre a
augmenté les taxes et les impôts de 687 millions, depuis qu'il est
en poste, pour les familles du Québec.
Est-ce qu'il peut
arrêter? Est-ce qu'il est fatigué d'augmenter les taxes...
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je ne sais pas où notre collègue prend ses chiffres.
Il pourrait aller les vérifier, puis
je l'invite encore une fois à écouter le budget de la semaine prochaine. Mais
je le trouve franchement un peu dur envers M. Godbout. Est-ce qu'il ne s'agit pas d'une personne reconnue dans
notre société? Est-ce qu'il ne s'agit pas d'une personne compétente? Est-ce qu'elle ne s'est pas entourée
également de personnes compétentes? Le minimum de respect qu'on lui doit, c'est de lire son rapport, de le laisser
le présenter et de participer au débat. Les opinions seront toutes bienvenues.
Mais
je répète notre intention : Baisser le fardeau fiscal des Québécois,
conserver l'élément de justice qui lui est attaché, inciter davantage au travail, à l'effort, à l'investissement et
à la création d'emplois pour participer, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...à la prospérité du Québec.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition, en faisant attention au
vocabulaire.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Le minimum de respect qu'on s'attend, M. le
Président, c'est de dire la vérité. Et, en campagne, le premier ministre
n'a jamais dit qu'il souhaitait hausser les taxes des Québécois, pas plus,
d'ailleurs, qu'il a dit qu'il souhaitait
hausser l'impôt des familles, les taxes sur les familles de 687 millions.
Il a bien pris soin de ne pas le dire. Et, comme, évidemment, il ne peut pas le dire, bien, il a demandé à
quelqu'un de le dire à sa place. Lui, il souhaite ça depuis longtemps. Il est débusqué. D'ailleurs, je
l'annonce : Demain, ça va être contenu. On a dit qu'on n'allait pas
augmenter les taxes des entreprises et les impôts.
Est-ce qu'il peut
faire...
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, il vient encore malheureusement, notre
collègue, de porter, probablement involontairement,
atteinte à la réputation de M. Godbout. Est-ce qu'il pense qu'il va prendre la dictée d'un gouvernement pour un rapport, lui, professeur d'université en fiscalité? Il pense
qu'il va aller comme ça dire ce que les gens vont lui dire de dire? Non, il va dire ce qu'il croit nécessaire
pour arriver aux objectifs que j'ai mentionnés tantôt. Maintenant,
je vais répéter que c'est le gouvernement qui prend les décisions.
Maintenant,
au cours de la campagne électorale, nous avons dit que nous baisserions les impôts
et le fardeau fiscal, en commençant
par la taxe santé, je répète, en commençant par la taxe santé, et que nous
conserverions également une attention...
Des voix :
...
M. Couillard : ... — M. le Président, ce n'est pas très poli, de l'autre côté, là — alors,
que nous voulions également
que les gens... M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! L'intention la plus évidente pour être capable de fonctionner dans
cette Chambre, c'est le respect des
uns et des autres. Alors, je vous invite franchement à faire en sorte de
permettre au premier ministre
de pouvoir d'abord, un, donner sa réponse
dans l'ordre et dans le respect qui lui convient, qui devrait être celui qu'on
lui doit. M. le premier ministre.
M. Couillard : M. le Président, il y aura une réforme fiscale, au cours de ce
mandat de gouvernement, qui comprendra une baisse du fardeau
fiscal des Québécois.
Le Président :
Mme la députée de Taillon.
Modifications législatives en matière
de procréation assistée
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, au cours des dernières semaines, nous avons assisté aux dérives
autoritaires du ministre de la Santé. Il n'y a pas qu'au CHUM où le ministre a démontré s'immiscer dans des décisions qui ne
relèvent pas de sa compétence. Deux exemples.
Dans
le projet de loi n° 20 sur la procréation assistée, le ministre
fixe lui-même la durée de la période de relations sexuelles qui doit avoir lieu avant d'accéder aux
traitements de procréation assistée. Trois ans. Trois ans. Le ministre
fait preuve à nouveau d'ingérence, mais cette fois-ci dans la vie privée
des...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! La même question prévaut actuellement. C'est à Mme
la députée de Taillon,
le droit de parole. Mme la députée de Taillon, allez-y.
Mme
Lamarre : Le ministre
fait preuve à nouveau d'ingérence, mais
cette fois-ci dans la vie privée des personnes. Il est carrément rendu dans des secteurs... dans le lit des Québécois,
avec son projet de loi, alors qu'aucune recommandation formelle ne va
dans ce sens-là.
Deuxième
exemple : le ministre a tout bonnement décidé d'interdire, vous avez bien
entendu, interdire la fécondation in
vitro pour toutes les femmes du Québec âgées de plus de 42 ans. Même si la
femme est en bonne santé, par son
médecin elle est jugée en bonne santé, même si elle est prête à payer, le ministre décrète la fécondation in vitro illégale
pour ces femmes.
Est-ce que...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, vous
me voyez très surpris de la question que la députée de Taillon me pose, pour la raison très simple qu'actuellement nous
sommes en cours de consultation publique, en commission parlementaire, et
ma compréhension de ces consultations-là, M. le Président, est de faire
en sorte que les gens qui ont des commentaires à faire
et des critiques à formuler le fassent pour que l'on puisse, évidemment,
adapter le projet de loi à la suite des commentaires.
Alors, il m'apparaît très prématuré de m'accuser
d'un certain nombre de choses, alors que c'est...
Des voix : ...
M. Barrette : Non, non, c'est un projet
de loi, p-r-o...
Des voix : ...
Le Président : S'il
vous plaît! Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, j'ai déjà dit que je vous entendais très bien et trop. Il
y a une personne ici qui a le droit
de parole en réponse à la question de Mme
la députée de Taillon, puis
c'est le ministre de la Santé. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Barrette : M. le Président, donc c'est un projet de loi qui mérite d'être débattu et qui l'est, alors
c'est assez difficile de parler
d'ingérence pour un projet. Premièrement, il n'y a pas d'ingérence dans la chambre à
coucher des gens. Et je rappellerai à
la députée de Taillon que le Commissaire à la santé et au bien-être a lui-même fait référence à une mesure
qui est présente dans d'autres pays et qui,
pour la même raison, la raison précise du délai, fait en sorte qu'ailleurs on
demande aux gens d'avoir trois ans de
vie sexuelle active avant d'avoir accès à la FIV. Alors, nous, au Québec, M.
le Président...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...on fait de
l'ingérence, et ailleurs on fait de la science. Bravo!
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le Président,
l'expérience du projet de loi n° 10 n'est pas rassurante. C'est un projet d'ingérence. Ce n'est pas le rôle du ministre de la Santé de statuer sur les pratiques médicales à adopter; ça incombe au Collège des médecins et aux experts. Ce sont à eux
de publier les lignes directrices qui évoluent avec la science. Tous les
groupes sont venus en commission parlementaire pour rappeler au ministre qu'il outrepasse son
champ de compétence en s'ingérant dans la vie intime des gens.
Le ministre
commet une autre dérive autoritaire. Va-t-il corriger son erreur? Il peut nous
confirmer tout de suite qu'il
va faire les changements au projet de loi n° 20, s'il est d'accord.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président,
manifestement, la députée de Taillon a la critique facile, parce que je vais
lui rappeler, M. le Président, qu'elle
m'avait critiqué, lors de l'adoption du projet de loi n° 10, pour avoir
apporté trop d'amendements, hein?
Elle s'est plainte d'avoir eu trop de lecture, essentiellement, alors que les
amendements qui ont été déposés, M. le Président...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le député... M. le ministre de la Santé.
M. Barrette : ...alors que
les amendements, M. le Président, ont été des réponses spécifiques aux
commentaires qui ont été faits. Et je
rappelle donc que les commentaires sont en train d'être faits, et nous allons
les prendre en considération. Alors,
je terminerai en disant : Plaignez-vous, plaignez-vous, plaignez-vous, il
en restera probablement des amendements.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Taillon.
Mme
Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Exprimée au nom des couples infertiles. Alors, que le ministre choisisse de ne
pas assurer les traitements de fécondation
in vitro pour une femme de plus de 42 ans malgré l'avis de son médecin et son
état de santé, c'est une chose, mais qu'il les rende illégaux relève
d'un non-sens.
Et
c'est ça qu'il y a dans le projet
de loi n° 20 actuellement : «Illégal». Et ça, ce n'est ni
plus ni moins qu'une atteinte grave au droit des femmes de donner la vie. Le ministre
va-t-il cesser de faire de l'ingérence jusque dans la chambre à coucher
des Québécois?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je suis heureux, M. le Président, que la députée de Taillon ait un moment de plaisir parlementaire ce matin. Mais je lui
rappellerai qu'il y a une procédure qui est en cours, et la procédure, M. le
Président, prévoit qu'il y ait des consultations. Et ce que la députée de Taillon
fait ce matin, M. le Président, c'est de faire en Chambre ce qui doit
être fait à l'étude détaillée, pendant laquelle...
Des voix :
...
M. Barrette :
Bien oui! Vous me demandez de changer...
Des voix :
...
Le Président :
Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : M. le Président, là, je n'irai pas jusqu'à qualifier la hauteur des propos du ministre de la Santé, particulièrement quand il s'adresse à ses adversaires et à la députée de
Taillon. Il vient d'utiliser des termes qui sont misogynes. Mais je
pense, à mon avis...
Des voix :
...
Mme
Maltais :
Clairement!
Le Président :
S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le Président :
Mme la leader.
Mme
Maltais : On
comprend qu'il n'a rien compris. On aimerait simplement qu'il ait un peu de
respect pour les membres de cette Assemblée nationale.
Des voix :
...
Le Président :
M. le ministre, veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
• (10 h 50) •
M.
Barrette : M. le Président, dans la catégorie respect, le chef
de l'opposition officielle, il y a
quelques instants, a dit que le
respect était de dire la vérité. J'imagine que le député de
Rousseau, quand il a déposé son budget, il a respecté
la population en disant la vérité sur le budget du Québec.
Alors, chez vous, vous n'avez pas de leçons à donner sur le respect.
Pour ce qui est...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît, vous vous adressez à la présidence, M. le ministre. Il vous reste trois secondes.
M.
Barrette : M. le Président, la commission parlementaire va poursuivre son cours, et nous aurons ce
débat-là en temps et lieu.
Le Président : En principale,
M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse
des tarifs d'électricité
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le 10 février 2014, donc
juste avant l'élection, le chef du Parti
libéral a dit, et je le cite : «Les contribuables ont assez payé,
[...]on veut limiter la hausse des tarifs d'électricité à l'inflation.» Fin de
la citation.
M. le Président, la semaine dernière, la Régie
d'énergie a annoncé que les tarifs d'électricité vont augmenter de 2,9 %
le 1er avril prochain, donc le double de l'inflation. M. le Président,
mettez-vous à la place d'une famille de la classe moyenne, les deux parents travaillent fort, qui ont de la
difficulté à arriver, qui ont eu une augmentation de salaire d'à peu près 1,5 %, puis là ils se font
dire : Les tarifs d'électricité vont augmenter de 2,9 %. M. le
Président, le premier ministre nous
dit que, maintenant, c'est la Régie de l'énergie qui doit décider et que lui,
il ne peut pas ou il ne veut pas intervenir.
Est-ce que le
premier ministre peut nous expliquer pourquoi, avant l'élection, il était prêt
à intervenir puis, après l'élection,
il ne veut pas ou il ne peut pas intervenir auprès de la régie? Pourquoi un
discours avant puis un discours après l'élection?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je veux juste faire remarquer amicalement à mon collègue que, quand on
parle de discours qui change, depuis quelques jours, curieusement, on
n'entend plus parler de finances publiques parce que l'équilibre arrive, on
n'entend plus parler d'emploi parce
qu'on en a créé près de 52 000 au net depuis notre arrivée au
gouvernement...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Couillard : ...alors on change de
thème. Hier, c'étaient les immigrants, aujourd'hui, bon, on revient à l'hydroélectricité. M. le Président, je vais
répéter que nous désirons que les augmentations soient le plus près possible
de l'inflation. On n'est pas heureux que ce
soit plus élevé que l'inflation, mais on est heureux d'avoir posé le geste,
d'avoir manifesté notre préoccupation
à la Régie de l'énergie. Et je répète qu'il ne faut surtout pas intervenir
politiquement dans ces décisions-là.
Cependant, il
faut quand même remettre les choses en perspective, M. le Président, on
conserve de loin, de loin, les tarifs
d'électricité les plus avantageux en Amérique du Nord. La hausse, même si on
aurait souhaité qu'elle soit plus basse,
correspond à 3,66 $ par mois pour la maison moyenne au Québec, la classe
moyenne dont il nous parle. Ce serait mieux
zéro, je comprends, mais c'est quand même dans les limites du raisonnable, et
on va continuer à travailler avec Hydro-Québec
pour son prochain plan stratégique, de façon à ce qu'on trouve un moyen de
rapprocher encore plus les augmentations de l'inflation.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre sait très bien qu'il a tous les pouvoirs
pour intervenir. Il a promis que les tarifs d'électricité
n'augmenteraient pas de plus que l'inflation.
l'augmentation pour dans deux semaines à 1,5 %?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je vais être très clair : La décision de la Régie de l'énergie
est prise, elle tiendra. Je répète encore une fois : C'est 3,66 $ par mois pour le propriétaire moyen au Québec. Je comprends
qu'on veut faire ici de la politique, mais on est quand même dans des
zones correctes sur le plan de la capacité de payer des gens. Et on maintient, je le répète encore une fois, les
tarifs de loin les plus avantageux en Amérique du Nord, et je pense qu'on doit
en être heureux, ça doit continuer.
Maintenant, effectivement, moi, je
crois qu'il faut garder
l'indépendance de la Régie de l'énergie. Je comprends que le collègue
voudrait se mettre les deux mains dedans. Il faut qu'il réalise de façon
approfondie... qu'il réfléchisse de façon approfondie sur cette question
et se demander, par exemple, l'impact qu'une intervention politique répétée des
gouvernements sur Hydro-Québec aurait sur la cote de crédit d'Hydro-Québec, par
exemple. Il a dû se préoccuper un peu...
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : ...de cette
situation, j'espère. Nous, on veut garder l'indépendance de la régie, on veut
continuer à travailler...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, pourquoi
c'est important aujourd'hui de garder l'indépendance de la régie puis ce
n'était pas important quand il a pris sa
promesse, au mois de février, l'année passée, pour gagner les élections? Ce qui
est clair, M. le Président, c'est que les tarifs sont en hausse, mais la valeur de la parole du premier ministre, elle, est en baisse.
Est-ce qu'il peut aujourd'hui regarder les Québécois de la classe moyenne
dans les yeux puis leur dire : Contrairement à ce que je vous ai promis, je vais encore piger
dans vos poches, je vais augmenter les tarifs d'électricité de plus que
l'inflation...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, ça va me faire plaisir de regarder nos concitoyens et concitoyennes de
classe moyenne dans les yeux puis leur dire qu'on atteint l'équilibre
budgétaire grâce à l'effort de toute la société et que la récompense de l'équilibre budgétaire pour
eux, pour elles qui travaillent si dur et qui paient de l'impôt, ça va être une
baisse de leur fardeau fiscal qui va arriver rapidement.
Le Président : Principale, M.
le député de Granby.
Hausse
de la taxe de vente
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, hier, le ministre des Finances n'a
clairement pas fermé la porte à une nouvelle hausse de la TVQ, une des taxes à la consommation les plus élevées en Amérique du Nord. Nous savons que cette taxe a un
impact important sur la consommation des ménages et donc sur le
commerce de détail. L'augmenter représente un risque pour de nombreuses entreprises. On a tous constaté les
difficultés vécues par le commerce de détail ces derniers mois avec les nombreuses fermetures de boutiques
et magasins. On n'a qu'à penser à Target, Jacob, Sony, Mexx et Smart Set.
Le ministre est-il conscient de l'impact
qu'aurait une hausse de la TVQ sur le commerce de détail québécois? Est-ce
qu'il juge qu'une augmentation de la TVQ servirait bien le commerce de détail?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, encore comme c'était le cas hier, comme en était le cas encore ce
matin, on revient sur cette hausse de
la TVQ que tout le monde voit venir. On va se parler dans une semaine, une
semaine et demie. Est-ce qu'on
peut faire un pari là-dessus? Enfin, ça, c'est une autre chose.
Le rapport
Godbout, dont on parle ici souvent, le rapport Godbout contient 71
recommandations, 600 pages. De réduire
ou d'essayer de réduire ce rapport-là à une hausse de la TVQ, c'est triste, M. le Président. C'est un rapport majeur. C'est très réducteur d'essayer de
réduire ça à juste une hausse de la TVQ, franchement. C'est un rapport majeur
qui prend en considération une réforme de la
fiscalité dans son ensemble. Prenons au moins, au moins... Prenons le temps,
prenons le temps de l'étudier comme il faut,
franchement. Est-ce qu'on peut
prendre le temps, au Québec, de réfléchir à une réforme structurelle
majeure pour notre avenir et celui de nos enfants? Est-ce qu'on peut prendre le
temps?
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, pour répondre au premier ministre : En 2010, là, Luc
Godbout, avec Pierre Fortin, Montmarquette, ont signé quatre fascicules
quand M. Raymond Bachand était ministre des Finances, et — devinez
quoi? — il
y a eu deux points de TVQ qui ont été augmentés par la suite.
Le
Québec a la deuxième taxe à la consommation la plus élevée des 60 États et
provinces d'Amérique du Nord. Est-ce
que le ministre juge que c'est une bonne idée, dans le contexte fiscal actuel,
d'augmenter les taxes à la consommation?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Puisqu'on parle de contexte, parlons de contexte. En 2010, la
décision a été prise, justement, par le gouvernement précédent d'augmenter la TVQ d'un point de pourcentage et,
après, un autre. En fin de compte, ce n'était pas une hausse de la TVQ,
M. le Président, ce n'était pas une hausse. Le gouvernement fédéral...
Des voix : ...
M.
Leitão : Vous le savez très bien, vous le savez très bien. Mais je
rappelle ça à ceux qui nous écoutent parce que vous savez ça très bien. Le gouvernement fédéral avait baissé sa TPS
de deux points de pourcentage. Le gouvernement du Québec a récupéré ces deux points de pourcentage parce ce qu'à ce
moment-là, à ce moment-là, on voulait revenir à l'équilibre budgétaire.
En 2010...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...l'économie avait
tombé en récession, il y avait un plan concret pour...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, le ministre commence à ressembler à Raymond Bachand, qui nous
promettait de baisser le fardeau
fiscal des Québécois. Pourtant, c'est bien lui aujourd'hui, là, c'est bien lui,
c'est sa photo : «Augmentation "possible" de la TVQ».
Alors, le ministre doit arrêter de jouer sur les
mots, hein, et mettre fin aux spéculations. Est-ce qu'il peut dire clairement
non à une augmentation possible de la TVQ?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, le ministre des Finances, c'est-à-dire moi,
au cas où que... il est très clair, très clair, notre intention, celle du premier ministre, la mienne, celle de notre
gouvernement, c'est de baisser le fardeau fiscal des Québécois, baisser
le fardeau fiscal.
• (11 heures) •
Le Président : Principale, M.
le député de Deux-Montagnes.
Projet de loi concernant l'allocation
de transition des députés
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Moins d'un an après son élection, le député de
Jean-Talon a démissionné de son siège de député et a encaissé son allocation de transition. Cette
situation a clairement plongé le
gouvernement libéral dans un profond embarras, ce qui l'a amené à revoir
sa position sur cette question.
Le Parti québécois nous dit aujourd'hui vouloir
également éliminer cette prime de départ pour un député démissionnaire. Je lui
rappellerai, par contre, que, lorsqu'il était au pouvoir, il n'a pas voulu
saisir notre main tendue pour régler la question, ce qui nous rappelle une
certaine charte. L'important...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Une voix : ...
Le Président :
Mme la leader. Mme la leader. Mme la leader de l'opposition! Mme la leader de
l'opposition, s'il vous plaît!
Des voix : ...
Le
Président : Il n'y a qu'une personne ici qui a le droit de
parole, c'est le député de Deux-Montagnes. M. le député de
Deux-Montagnes.
M.
Charette : L'important, cependant, est qu'aujourd'hui un consensus
semble se dégager. Nous venons tout juste de déposer un projet de loi
très simple, deux seuls articles, qui corrigerait la situation.
Ma question, tout aussi simple, pour le
ministre : Quand le gouvernement va-t-il appeler notre projet de loi?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. M. le Président, pour peut-être permettre aux
deux partis d'opposition de trouver un terrain d'entente — je vois
qu'il y a une certaine exubérance de part et d'autre — je voudrais peut-être rappeler la décision
du Bureau de l'Assemblée nationale du
13 juin 2013, à laquelle la CAQ participait, le Parti québécois, le
gouvernement aussi. À ce moment-là, il était dit ceci :
«Attendu qu'il est souhaitable que l'examen des
conditions de travail des parlementaires se fasse de manière globale par un
comité consultatif indépendant;
«Attendu
qu'il y a consensus au sein de tous les groupes parlementaires pour que le
Bureau mandate un comité consultatif indépendant afin d'examiner de
manière exhaustive les conditions de travail des membres de l'Assemblée
nationale pour éviter les conflits d'intérêts...»
Il me fait
plaisir de dire que nous sommes d'accord pour que la condition qui fait en
sorte qu'il n'y ait plus de prime de séparation pour un départ durant
mandat, tel que le dit le rapport L'Heureux-Dubé, puisse entrer en vigueur rapidement et que ça se fasse dans l'ensemble de
la révision qu'a proposée L'Heureux-Dubé, qui était votre souhait, votre
souhait, notre souhait. Peut-on garder la même idée que nous avions en 2013?
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Avec raison, les citoyens éprouvent un grand malaise et
sont cyniques lorsqu'ils voient des députés qui les abandonnent en cours de mandat pour des motifs purement
personnels ou professionnels en encaissant leur prime de départ. Il est
possible de régler cette question...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Il n'y a qu'une personne qui a le
droit de parole ici pour poser sa question, puis c'est le député de
Deux-Montagnes. M. le député de Deux-Montagnes, allez-y.
M.
Charette : Merci, M. le Président. Indépendamment
de toutes les autres questions qui touchent la rémunération des élus, il
suffit d'avoir la volonté, et c'est ce que la population attend de nous.
Le gouvernement va-t-il appeler notre projet de
loi rapidement, sans délai?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
J'ai rappelé l'idée qui a mené à la création du comité. Je vais peut-être vous
citer Mme L'Heureux-Dubé lorsqu'elle a remis son rapport. Elle a noté, à
propos de chacune des recommandations, elle a dit ceci : «Il s'agit d'un
tout cohérent, il serait inapproprié de n'en choisir que certains éléments.»
Puisque tous ensemble,
nous avons choisi de créer un comité indépendant, puisque tous ensemble,
nous étions d'accord avec ça, moi, je vous indique que nous sommes d'accord
pour qu'il n'y ait plus le type de prime de séparation, tel qu'il est prévu dans L'Heureux-Dubé, pour les
départs durant mandat, tel que vous le dites et tel qu'ils le disent, de la
même manière que nous sommes d'accord
avec L'Heureux-Dubé qui disait : Faisons-le dans le même
ensemble. On pourra procéder, évidemment, à ce que ça se fasse très rapidement si on concourt tous ensemble,
et ces primes n'existeront plus.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M. Charette : M. le Président, le
ministre appelle aujourd'hui à la cohérence, je vais l'inviter à cette même cohérence. Le 12 novembre dernier, il a voté une
motion qu'on a nous-mêmes déposée, qui va en parfaite contradiction avec ce qu'il vient de dire. La seule chose à
faire à ce moment-ci est de mettre fin à cette aberration. Le gouvernement dit vouloir faire de la politique autrement. Appeler des projets de loi de l'opposition, c'est aussi ça, faire de la politique autrement. À quand l'appel de
notre projet de loi?
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Si le
député fait référence à la motion que la CAQ avait proposée concernant les
régimes de retraite, il a raison, les
régimes de retraite font partie de L'Heureux-Dubé, mais ne font pas partie de
son projet de loi actuel. Il me demanderait donc d'appeler son projet
de loi en opposition de la volonté de
l'Assemblée nationale, ce qui ne serait pas faire de la politique
autrement valablement.
Je
souhaite, par ailleurs, que nous donnions suite au consensus que nous avions
tous ensemble et je suis d'accord pour que ce sujet
qu'il soulève puisse être... qu'on y procède rapidement, quitte à ce que,
pour les autres éléments, cela se
fasse plus tard. J'ai entendu des versions des deux autres partis qui
concordent avec nous. Je crois même qu'il y
a un consensus. Donnons-nous
la chance d'atteindre ce consensus, nous allons procéder...
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
...très prochainement.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Entente avec le gouvernement
fédéral
en matière de lutte contre l'itinérance
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, la ministre responsable des questions d'itinérance a refusé de rendre publique hier
l'entente de principe qu'elle a signée avec Ottawa.
Pourquoi? Jusqu'à cette signature et sous les gouvernements Charest et
Marois, ce sont les Québécois
qui géraient les 20 millions de dollars par an provenant d'Ottawa
pour aider nos citoyens qui vivent la dure réalité de la rue. En
fédéraliste dominateur, le gouvernement Harper a décidé d'obliger Québec à consacrer l'essentiel de cette somme à un seul
usage : le logement privé. Cette approche conservatrice tourne le dos aux
logements communautaires et coupe brutalement le financement des autres
services dont les itinérants ont besoin.
La
ministre a déclaré hier, et je cite : Le problème, il n'existe pas. Si
elle dit vrai, 100 % de la somme
fédérale serait gérée par le Québec.
Nos informations indiquent, au contraire, qu'elle a laissé 65 % sur la
table. Il y a une façon simple de savoir la vérité, qu'elle dépose ici
aujourd'hui le texte de l'entente.
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
M. le Président, je vais y aller tranquillement, calmement aujourd'hui,
espérant me faire comprendre. L'accord de
principe sur la SPLI — la SPLI, c'est la stratégie de partenariats à la lutte à
l'itinérance — respecte
les orientations du Québec. Québec, c'est
ici. En ce sens, cela respecte aussi la volonté exprimée dans les motions
adoptées à l'Assemblée nationale.
Même si le député de Rosemont refuse d'admettre que le logement est un pilier
nécessaire dans la lutte à l'itinérance, c'en est un. C'est clairement
inscrit dans deux documents du Québec.
Dans
la politique de lutte à l'itinérance, on identifie le logement comme une action
prioritaire — politique
qui a été déposée par leur
gouvernement, avec la députée de Joliette — à la page 36. Demandez à votre
recherchiste qu'il vous en donne une copie, c'est inscrit.
Deuxième document, le
plan d'action qui découle de la politique, vous allez trouver les
renseignements à la page 17 et 18, où on mentionne le logement.
Bref, tout est fait
en concordance avec les orientations...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois : ...du Québec, ce sont des orientations du
Québec. Nous, ce qu'on veut, c'est sortir les gens de la rue.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, la ministre essaie de noyer le
poisson. Tout le monde est d'accord que le logement est une des variables de la sortie de la rue des
itinérants du Québec, tout le monde est d'accord, mais est-ce que c'est le
logement à 15 %, à 60 % ou à
100 %? Bien sûr, il y a du logement dans l'entente qu'elle a signée. La
demande québécoise, c'était de nous
laisser déterminer, comme on le faisait sous M. Charest et
Mme Marois, le pourcentage qu'on considérait nécessaire pour le
logement.
Confirme-t-elle qu'elle a laissé 65 %...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
M. le Président, non seulement on veut sortir les gens de la rue, mais on veut
leur fournir un toit, c'est une des
orientations. Je vous ai parlé de la politique et du plan, mais je vais
continuer. Dans les cinq axes qui sont déployés
dans la SPLI, celles que j'ai nommées hier : réduction de l'itinérance
selon une approche de la stabilité résidentielle avec accompagnement; amélioration de l'autonomie des personnes et des
familles en situation d'itinérance ou à risque imminent de le devenir; préservation et accroissement de la capacité
d'installation pour cette clientèle; coordination et mobilisation des
ressources; amélioration de la collecte et de l'utilisation...
D'ailleurs,
encore pour aider la ou le recherchiste du député de Rosemont, je vais vous
transmettre le document sur lequel vous vouliez, hier, une copie. C'est sur le
site du fédéral, vous allez avoir les cinq orientations et vous allez...
Des voix : ...
Le Président : Consentement
pour le dépôt?
• (11 h 10) •
Des voix : ...
Document déposé
Le Président : Consentement
pour le dépôt. Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Donc, on comprend,
M. le Président, que ses notes personnelles sont tirées d'un site fédéral.
C'est exactement ce qu'on dit : Elle a laissé le fédéral lui
dire quoi faire avec l'argent qu'on utilisait pour les autres besoins, les travailleurs de rue, l'accompagnement, le
logement social. Elle a accepté que ce soit le fédéral, sur son site, qui lui
dise : Non, nous, à Ottawa, on sait ce que vous devriez faire à 65 %.
Déposez l'entente, qu'on la regarde.
Qu'est-ce qu'il y a de caché dans cette entente,
qu'on ne puisse pas la lire tous ensemble?
Le Président : Je voudrais,
tout simplement, signifier qu'on ne peut pas imputer de motifs et qu'on doit...
Le mot «caché», évitez ce mot-là. Je vous suggère d'en trouver un autre. Je
suis certain...
Une voix : ...
Le Président : ...je suis
certain que vous êtes capable.
M. Lisée : ...qu'elle la
dépose.
Le Président : Mme la
ministre responsable de la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
L'entente respecte les orientations du Québec dans la politique et dans le plan
d'action, M. le Président. Non seulement ça,
mais toutes les décisions vont relever d'un comité, comme c'était à l'époque.
Est-ce qu'il veut qu'on laisse
20 millions sur la table tout en ne respectant pas les orientations que
nous nous sommes données et que nous avons votées?
Alors,
l'entente, au moment opportun, vous en aurez une copie et vous verrez qu'il n'y
a aucun pourcentage. Vous voulez une
chicane fédérale-provinciale. Je le sais que c'est votre orientation, ce n'est
pas la nôtre. Nous, on travaille pour la population.
Le Président : Principale, M.
le député de Lac-Saint-Jean.
Projet de loi fédéral C-51 sur la sécurité nationale
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Merci, M. le Président. Évidemment, tout le monde est d'accord pour dire que
les lois antiterroristes doivent être
mises au goût du jour et doivent être modernisées. Mais le problème, M. le
Président, c'est que tout est une question
de mesure, tout est une question de nuance. Le problème avec C-51, c'est que ça
donne des pouvoirs sans précédent au gouvernement d'Ottawa. Depuis
plusieurs jours, en comité parlementaire, il y a plusieurs groupes qui sont
venus exprimer leurs inquiétudes. Ça
s'ajoute au premier ministre du Canada, d'anciens juges de la Cour suprême, des
experts en droit, des environnementalistes, des groupes syndicaux.
La responsabilité des services
secrets, M. le Président, c'est de lutter contre le terrorisme, et non pas de
ficher des opposants au gouvernement fédéral. Alors, il y a deux
semaines, j'ai demandé à la ministre puis au gouvernement du Québec c'était quoi, leur position, là. Ça serait
le fun qu'on le sache avant que le projet de loi ne soit adopté à Ottawa.
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, évidemment, les enjeux de sécurité sont des enjeux
d'importance pour nous et ils sont des enjeux d'importance pour toute
cette Chambre. La sécurité, pourquoi? Afin de préserver les droits si chèrement
acquis par les Canadiens et les Canadiennes
et les Québécois et les Québécoises. Ces droits-là, évidemment, doivent être
respectés, et nous nous préoccupons
assurément du respect des droits. D'ailleurs, je suis heureuse de constater
que, de l'autre côté de la Chambre,
on a cette affection renouvelée pour les droits préservés par la Charte
canadienne des droits et libertés.
M. le Président, je
tiens à vous assurer... et le premier ministre l'a clairement énoncé le 23
octobre dernier lorsqu'il a dit : «Le
gouvernement doit jouer son rôle. Tout son rôle. Soutenir les actions de
sécurité en préservant la règle de
droit.» Et à cet égard, M. le Président, je souhaite informer les membres de
cette Assemblée qu'hier ma collègue de la Sécurité publique, mon
collègue des Affaires intergouvernementales et moi avons écrit à nos homologues...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...et nous leur avons adressé nos préoccupations et tendu une main afin de
collaborer...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Bien, justement, M. le Président, j'espère que la
ministre va nous dire c'est quoi, le contenu de la lettre, parce que la réalité, là, c'est que la
nouvelle définition qu'on donne à «sécurité du Canada» est tellement large que
ça inclut l'intégrité territoriale, le
fonctionnement d'infrastructures essentielles et la stabilité économique. Ça
fait que, dit autrement, là, les
services secrets, dorénavant, vont ficher les environnementalistes, vont ficher
les indépendantistes québécois et vont ficher tous ceux et celles qui
luttent contre les changements climatiques.
On peut-u savoir c'est
quoi, la position de la ministre?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, je vais déposer la lettre pour le
bénéfice de l'ensemble des parlementaires, ce qui permettra de voir et de constater que ce que nous
offrons dans un principe de fédéralisme collaboratif, c'est de travailler
et de mettre au profit...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Vallée : Je sais, M. le Président, que, de l'autre côté, ce
qu'on souhaite avec C-51, c'est encore une fois créer une chicane. De notre côté, nous souhaitons travailler en
collaboration avec le gouvernement afin de protéger les droits des
Québécois et des Québécoises. Voici ce qu'un gouvernement responsable se doit
de faire, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Écoutez, ça fait, je pense, six questions qu'on
pose à la ministre de la Justice, on n'a pas l'ombre d'une réponse. Ce qu'on a, c'est des à-peu-près,
on ne sait même pas encore la position du gouvernement du Québec pour défendre les intérêts nationaux québécois. Je le
sais que défendre des indépendantistes, des méchants séparatistes, ça, eux
autres, ils ne le veulent pas, mais les environnementalistes, est-ce qu'on va
avoir cette préoccupation?
Est-ce
que le premier ministre peut se lever, au moins, et nous dire la position du
Québec? Est-ce qu'elle est comme les
anciens premiers ministres du Canada, les anciens juges de la Cour suprême, qui
dénoncent cette intrusion dans les droits et libertés des Québécois et
d'autres Canadiens?
Le
Président : D'abord, est-ce qu'il y a un consentement pour le
dépôt de la lettre de la ministre de la Justice?
Des voix :
...
Document déposé
Le Président : Consentement.
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, je suis rassuré de voir que nous sommes tous et toutes, dans cette
Chambre, attachés à nos droits et
libertés tels que protégés et encadrés dans nos chartes des droits et libertés.
Et je suis quand même surpris, quand
même — et je
suis d'accord qu'on se préoccupe de cette question, on le verra dans la lettre — de voir ça venir ou d'entendre ça venir du parti qui a fait la plus grande attaque
sur les droits et libertés au Québec depuis les dernières années. Il faut quand même le réaliser, M. le
Président. Le défunt... heureusement, défunte charte des valeurs était une
attaque sans précédent contre les droits et libertés. Heureusement, la
démocratie a prévalu.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Gestion d'un processus d'appel d'offres à la
Régie de l'assurance maladie du Québec
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Le 12 février
dernier, la RAMQ ouvrait un appel
d'offres pour l'acquisition de
commutateurs pour son système
de téléphonie IP, qui opère à 100 %
avec des produits Cisco. La RAMQ, dans son appel d'offres, inclut des frais de transition directs et indirects d'environ
300 000 $ pour tout autre fournisseur que Cisco. Donc, une
entreprise qui voudrait soumissionner et qui n'a pas comme fournisseur Cisco
voit son appel d'offres augmenter arbitrairement de 300 000 $. Allo,
la concurrence!
Pourtant, la
politique de gestion du processus d'appel d'offres stipule, M. le Président, et
je cite : «Prendre toutes les
mesures nécessaires pour prévenir toute situation susceptible de compromettre
l'impartialité et l'objectivité du processus d'appel d'offres.»
Est-ce que le
président du Conseil du trésor considère que l'appel d'offres de la RAMQ
respecte sa politique?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Eh bien, M. le Président, je suis tout à fait heureux de
voir que mon collègue de la deuxième opposition, ici, a changé de sujet un peu puis il a cessé de réclamer à cor et à cri
une enquête sur les contrats informatiques, compte tenu du fait...
Une voix : ...
M.
Coiteux : S'il vous plaît, hein? Alors, je suis tout à fait heureux
qu'il pose cette question. Alors, M. le Président, je suis très heureux de le répéter — parce que je l'ai déjà dit, mais je vais le
redire à nouveau — le coup
de barre qu'on doit donner en informatique au gouvernement du Québec, ce
coup de barre, il est déjà commencé. On est à revoir nos pratiques contractuelles, on prépare un nouveau
règlement en TI. On est en consultation avec l'industrie. Vous savez quoi?
Ce que nous dit l'industrie, les petites et
moyennes entreprises en particulier, qu'on souhaite voir davantage faire
affaire avec le gouvernement. Elles
nous disent, ces petites entreprises, de continuer dans la voie qu'on est en
train d'accomplir parce que c'est comme ça qu'on va progresser ensemble,
c'est comme ça qu'on va faire le ménage dans les contrats informatiques au
gouvernement et c'est comme ça qu'on va développer ce secteur important aussi
au Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, cet appel d'offres s'est fermé le 3 mars dernier. À la lecture
de plusieurs contrats de même nature
sur le même sujet qui n'incluaient aucuns frais de transition, il est clair que
cet appel d'offres là a été truqué pour
favoriser un fournisseur en contravention avec la politique qu'a mise de
l'avant le gouvernement libéral en 2009 et dont le président du Conseil
du trésor est responsable.
Est-ce que, oui ou non, il va s'assurer que la
RAMQ respecte sa politique d'appel d'offres?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, la semaine dernière, l'UPAC a arrêté un
certain nombre de personnes en lien avec des contrats informatiques au gouvernement. La première chose que j'ai
faite, c'est de, un, demander à l'AMF de vérifier l'attestation des entreprises en question; deux,
demander à l'ensemble des ministères et aux organismes de vérifier si les
prévenus avaient été impliqués dans des
contrats, et toute cette information-là a été transmise à l'UPAC, M. le
Président.
Alors,
maintenant, s'il y a quelqu'un qui connaît des contrats truqués... Je m'attends
du député de La Peltrie à ce qu'il fasse son devoir de citoyen et
qu'il appelle l'UPAC.
Le Président : M. le député
de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, deux contrats du CSPQ de même nature n'incluaient aucuns frais
de transition; un contrat du ministère
de l'Environnement de même nature, aucuns frais de transition. La RAMQ est la
seule organisation qui inclut
300 000 $ de frais de transition dans son appel d'offres pour
s'assurer de favoriser clairement un fournisseur.
Ma question
est simple puis elle est au président du Conseil du trésor : Est-ce qu'il
juge que ça respecte sa politique en matière de gestion des appels
d'offres?
• (11 h 20) •
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Je vais rappeler au député de La Peltrie, qui a
qualifié des contrats de truqués, d'appeler l'UPAC, de faire, à l'instar de ce que j'ai fait la
semaine dernière... J'ai demandé à ce que la lumière soit faite sur les
personnes qui avaient été impliquées
dans les contrats. Cette information a été transmise. Le coup de barre qui doit
être donné en informatique, il est en
cours, et je demande au député de La Peltrie d'être avec nous dans ce coup
de barre qu'on doit donner. C'est un sujet qui le préoccupe, bien entendu.
On le fait pour l'ensemble des Québécois, M. le Président.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Adoption du principe du projet de loi n° 28
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au
vote reporté sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que le
principe du projet de loi n° 28, Loi concernant principalement la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le
retour à l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, soit adopté. Que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M.
D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon),
M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard
(Trois-Rivières), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre),
M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M.
Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
M. Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M.
Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme
Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
M. St-Denis (Argenteuil).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Bédard
(Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon
(Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M.
Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères),
M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville (Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Deltell (Chauveau), M. Caire
(La Peltrie), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M.
Charette (Deux-Montagnes), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Lemay (Masson).
Mme
David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il des abstentions?
Alors,
M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 61
Contre : 49
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M.
Sklavounos : Mme la Présidente, conformément à
l'article 243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de
loi soit déféré à la Commission des finances publiques pour étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Motions sans préavis
Alors,
maintenant, nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis, et je
voudrais demander à ceux et celles
qui doivent quitter cette enceinte de le faire dans le silence. Et, sans plus
tarder, je vais céder la parole à M. le député de Rosemont pour sa
motion.
M.
Lisée : Mme la Présidente, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de Nicolet-Bécancour et la députée de Gouin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exige de la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection
de la jeunesse et à la Santé publique
qu'elle retourne négocier avec le gouvernement fédéral afin de faire respecter
les orientations québécoises en
matière de lutte contre l'itinérance, conformément aux motions unanimes votées
les 30 avril 2013 et 24 septembre 2014;
«Que
l'Assemblée reconnaisse que la ministre était personnellement conjointe à la
motion du 24 septembre 2014.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Nous allons passer à
la prochaine motion, et je reconnais, sans plus tarder, M. le député de
Deux-Montagnes.
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec le député de
Verchères :
«Que
l'Assemblée nationale modifie dans les plus brefs délais la Loi sur les
conditions de travail et le régime de retraite des membres de l'Assemblée
nationale et mette fin à l'allocation de transition de tout député qui
démissionne de ses fonctions en cours
de mandat sans que cette démission ne soit attribuable à des raisons de santé
touchant le député ou un membre de sa famille immédiate.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, on me dit qu'il n'y a pas de
consentement pour débattre de cette motion.
Et,
pour la motion du groupe formant le gouvernement, je reconnais M. le ministre
responsable des Affaires autochtones.
Souligner le 30e anniversaire
de l'adoption
d'une résolution reconnaissant les nations
autochtones et leurs droits
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Beauharnois, le député de Masson et la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec souligne le 30e anniversaire de l'adoption
d'une résolution, par cette Assemblée, reconnaissant les nations autochtones du
Québec et leurs droits;
«Qu'elle
affirme à nouveau que cette reconnaissance
des nations autochtones et les principes auxquels elle réfère constituent toujours le fondement guidant l'action
gouvernementale à l'égard des autochtones et démontre le respect d'une
relation de nation à nation.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader adjoint.
M.
Sklavounos :
Mme la Présidente, il y a consentement pour le débat. Nous proposons des
interventions d'une durée de deux minutes par intervenant dans l'ordre
suivant : notre ministre délégué aux Affaires autochtones, auteur de la motion, le député de
Beauharnois par la suite, le député de Masson
et, finalement, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci. Alors, M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis très fier de présenter cette motion aujourd'hui. En effet, il y a 30 ans, le
20 mars 1985, l'Assemblée nationale adoptait une motion reconnaissant 10 nations
autochtones au Québec. La motion reflétait l'engagement du
gouvernement du premier ministre René Lévesque à améliorer la qualité de nos
relations avec les autochtones. Quatre ans plus tard, la nation malécite fut
ajoutée à cette liste.
À
la lecture de cette motion, on constate qu'elle est toujours
de l'actualité et pertinente. On y
lit une reconnaissance et une
précision sur les droits des autochtones. Elle s'appuie à la fois sur la
légitimité historique et sur l'importance de la société québécoise d'établir avec les Premières Nations et les Inuits
des rapports harmonieux fondés sur le respect des droits et la confiance mutuelle. Ces principes ont
guidé les gouvernements qui ont suivi. On constate cet esprit avant-gardiste
notamment dans les grands succès tels que la
«Paix des Braves», du gouvernement du premier ministre Bernard Landry,
ou encore dans la gouvernance Cris-Jamésiens, négociée par le gouvernement du
premier ministre Jean Charest.
On y voit une
reconnaissance plus précise des droits tels que leur droit à la culture, leur
autonomie au sein du Québec, leurs langues, leurs traditions ainsi qu'un droit
de participer au développement économique du Québec et de bénéficier des retombées. Le débat existe toujours
quant à la façon de réaliser ces objectifs, mais l'engagement demeure le
même et entier pour le gouvernement.
Quant
au droit des autochtones de posséder et de gérer des terres, celui-ci est
toujours au coeur de nos négociations avec
les nations et se reflète dans les décisions des tribunaux. Il reste encore du
travail à faire, mais aujourd'hui je crois qu'il est important de reconnaître la vision des 125 députés qui ont
adopté cette motion il y a 30 ans, puisqu'ils ont tracé la voie pour
améliorer les relations avec les peuples autochtones du Québec.
In English, we often say: An idea has
passed the test of time. I think what is important here is, 30 years later, if
we look back at the motion that was adopted by this
Assembly, it was very visionary, it looked forward to improving our relations
with the 10 First Nations and the Inuits of Québec.
Alors je pense qu'en conclusion on a toutes raisons d'être très
reconnaissants des visions des 125 députés qui ont voté la motion il y a
30 ans.
• (11 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, je cède
la parole à M. le député de Beauharnois.
M. Guy Leclair
M.
Leclair : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un plaisir pour moi aujourd'hui de prendre la parole pour souligner le geste historique que posa
le chef d'un gouvernement visionnaire.
Il y a
30 ans, à l'initiative du gouvernement de M. René Lévesque, Mme la Présidente, l'Assemblée nationale
adoptait 15 principes qui allaient changer
la destinée des Premières Nations et des Inuits du Québec. Par ce geste
important, le Québec
reconnaissait officiellement l'existence de 10 nations autochtones réparties
sur le territoire, responsables de leur destinée et de la construction de leur propre identité. En 1989,
les Malécites venaient s'ajouter à ce nombre. Fort de l'appui de l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale, le gouvernement de René
Lévesque affirmait sa volonté ferme
d'instaurer un climat de bonne entente. 30
ans plus tard, force est de constater que des progrès immenses ont été réalisés
grâce à une volonté commune d'établir une
relation empreinte de respect entre nos nations. Soyons lucides, par contre,
il reste du chemin à faire, la relation
entre le Québec et les nations autochtones en est une mouvementée
par moments, on le sait très bien, mais riche en histoire et en
réussites aussi.
Les
30 dernières années nous ont permis de constater que seul un dialogue de nation
à nation peut nous garantir un avenir prospère. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Beauharnois.
Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Mme la Présidente, le 20 mars 1985, l'Assemblée
nationale adoptait une motion très
importante, une motion à caractère historique.
C'est
sous le gouvernement de René
Lévesque que le Québec a
officiellement reconnu les nations autochtones sur son territoire. Depuis, une collaboration constante et des
discussions continues se sont installées entre les autochtones et la nation québécoise. C'est plus de 170
ententes et accords qui ont été conclus et qui sont toujours
en effet. Je tiens à souligner la collaboration avec nos alliés autochtones, les relations avec chacune des nations
autochtones du Québec ainsi qu'avec
l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, qui sont de la plus haute
importance pour nous. À nos amis et partenaires, je salue votre
ouverture et votre attitude constructive.
Ce
30e anniversaire, que nous célébrerons ce vendredi, est également
l'occasion pour nous de réfléchir au chemin parcouru ainsi qu'aux ponts qui sont toujours
à bâtir sur certaines questions. Je
pense ici aux efforts que devra
déployer le gouvernement dans le dossier de Résolu. Je pense également à la question
des territoires de chasse, à la réserve faunique des
Laurentides, qui ont fait l'actualité l'automne dernier. Enfin, il y a bien sûr
la question des femmes autochtones disparues, sur laquelle il y a urgence
d'agir.
Beaucoup de chemin a
été parcouru, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Je tiens à
profiter de ce 30e anniversaire pour tendre
la main à nos partenaires afin de faire équipe à nouveau dans la recherche de
solutions à toutes ces questions. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Masson. Et, pour la poursuite de ce débat, je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Alors, ma formation politique
effectivement est très heureuse de pouvoir nous rappeler qu'au Québec on a reconnu
officiellement il y a 30 ans qu'on n'était pas arrivés les premiers,
et, dans ce sens-là,
cette motion, adoptée il y a 30 ans, est, à mon sens, renouvelée aujourd'hui. C'est comme un mariage renouvelé, hein, on renouvelle nos voeux, nos objectifs
communs de faire que cette terre du Québec soit une terre qui soit, de façon responsable,
copartagée entre les Premières Nations, les Inuits et... comme je dis souvent,
entre les anciens arrivés, entre ceux qui étaient là depuis toujours,
les anciens arrivés et les nouveaux arrivants.
Ceci
étant dit, mes collègues en ont fait mention, quand même quelques
défis restent à venir. Je crois que, dans notre pratique des 30 dernières années, on a tenté, aussi bien que,
parfois, mal, de réaliser cet objectif d'établir un forum parlementaire permanent qui
permettrait de, bien sûr, continuer le travail d'entente de façon
continuelle mais aussi de pouvoir
prendre en amont les préoccupations de nos frères et soeurs autochtones. Alors, dans ce sens-là, je me dis... Et il y a
encore, que ce soit sur la Côte-Nord, au Lac-Saint-Jean, bien
sûr, en Haute-Mauricie et sur l'ensemble
du territoire, de grands
défis, mais je pense que, si nous voulions faire un pas de plus dans ce renouvellement
de notre volonté de reconnaître les nations autochtones, ça serait d'instaurer,
non pas seulement à travers une motion sans préavis, mais à travers des structures beaucoup
plus claires, ce forum permanent qui permettrait de travailler réellement d'égal à égal avec les gens des Premières
Nations.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée. Alors, cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Maintenant, toujours à la rubrique des motions sans préavis, je vais maintenant céder la parole à M. le député de Mercier
pour sa motion du jour.
M. Khadir : Mme la
Présidente, je demande le
consentement de la Chambre pour débattre
de la motion suivante conjointement avec le député de Verchères et le
député de Lévis :
«Que
l'Assemblée nationale mandate la Commission de la santé et des services sociaux
afin qu'elle fasse la lumière sur les
démissions survenues au CHUM et sur les interventions du ministre de la Santé
auprès du directeur général et du conseil d'administration de
l'établissement qui auraient causé ces démissions;
«Qu'à
cette fin, la commission entende dans les plus brefs délais le ministre de la
Santé ainsi que toutes les personnes
qu'elle jugera nécessaire de convoquer sans compromettre l'indépendance du
conseil d'administration du CHUM;
«Que l'exposé du
ministre de la Santé soit d'une durée maximale de 10 minutes et que les
échanges avec les membres de la commission soient d'une durée maximale de 120
minutes;
«Que
la durée maximale de l'exposé pour chacun des autres intervenants soit de 10
minutes et que les échanges avec les membres de la commission soient
d'une durée maximale de 50 minutes;
«Que
la commission fasse rapport à l'Assemblée au plus tard le jeudi 23 avril 2015 à
moins que la commission n'en décide autrement; et
«Enfin, que cette
motion [devient] un ordre de l'Assemblée.»
Je
tiens à rappeler, Mme la Présidente, que cette motion s'inspire directement
d'une motion de l'opposition officielle lorsque le Parti libéral était
l'opposition officielle il y a à peine un an et demi. C'est inspiré directement
de la partie gouvernementale.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Avis touchant les
travaux des commissions
Alors, nous
allons maintenant passer à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions, et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail procédera
aux consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 34, Loi
modifiant la Loi sur les régimes complémentaires
de retraite relativement au financement et à la restructuration de certains
régimes de retraite interentreprises, aujourd'hui,
après les affaires courantes, pour une durée d'une heure et de 15 heures à
16 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau; et
Que la
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra, quant à elle, les
consultations particulières à l'égard
du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour
une période de deux heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. Et, de mon
côté, je vous avise que la Commission de
l'administration publique se réunira aujourd'hui, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, en séance de travail, après les affaires courantes,
et ce, jusqu'à 13 heures, afin de préparer l'audition de la Régie des
alcools, des courses et des jeux sur
sa gestion administrative, notamment à partir de son rapport annuel de gestion
2013‑2014; en séance publique, de
15 heures à 18 heures, afin d'entendre la Régie des alcools, des
courses et des jeux; et, en séance de travail,
de 18 heures à 18 h 30, afin de statuer sur les observations,
les conclusions et les recommandations à la suite de cette audition.
Maintenant, nous en sommes à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Et, puisqu'il
n'y a pas d'intervention, la période des affaires courantes étant terminée,
nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et je vais céder la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 40) •
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Auriez-vous l'amabilité d'appeler l'article 10
de notre feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 26
Prise en considération
du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Très bien. Alors, merci. À
l'article 10 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission des institutions sur le projet de loi n° 26,
Loi visant principalement la récupération de
sommes obtenues à la suite de fraudes ou de manoeuvres dolosives dans le cadre
de contrats publics. Et, sans plus tarder, je cède la parole à Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est avec grand plaisir que je participe
aujourd'hui à l'étape de la prise en
considération du rapport de la Commission des institutions sur le projet de
loi n° 26, dont nous avons complété l'étude détaillée le 26 février dernier. Ce projet de loi était
fort attendu et il revêt une grande importance, car il s'inscrit dans
une démarche qui vise à rétablir au Québec un climat d'intégrité et de probité
en matière de contrats publics.
Avec ce
projet de loi, le gouvernement se donne les moyens d'aller récupérer les sommes
injustement payées en trop à la suite
de fraudes ou de manoeuvres dolosives dans le cadre de contrats publics. Cet
argent appartient aux contribuables, et, grâce à ce projet de loi, nous
entendons en accélérer la récupération.
Essentiellement,
le projet se décline en deux volets. Le premier volet prévoit la mise sur pied
d'un programme de remboursement
volontaire afin qu'une entreprise ou une personne physique puisse rembourser
les sommes qui pourraient avoir été
obtenues à la suite de manoeuvres dolosives ou frauduleuses. C'est un programme
d'une durée d'un an qui sera administré
par une personne neutre et indépendante et qui aura comme mandat d'amener les
parties à s'entendre, d'analyser les
offres reçues et de formuler ses recommandations à la ministre de la Justice.
Cette avenue est évidemment à l'avantage des deux parties, puisqu'elle permet, d'une part, à l'entreprise de
démontrer sa bonne foi et de se réhabiliter, mais également elle permet des économies
substantielles en frais juridiques, tant pour le gouvernement que pour les
entreprises, en plus d'éviter
d'encombrer notre système de justice. Quant au deuxième volet, Mme la
Présidente, il met en place des mesures exceptionnelles afin de faciliter les recours du gouvernement et des
organismes publics contre les entreprises qui choisiraient de ne pas se prévaloir du programme de
remboursement volontaire. J'insiste ici sur le fait que les dispositions mises
en place constituent des mesures
exceptionnelles, et nous avons circonscrit leur application dans le temps à une
période de cinq ans. Au nombre de ces
mesures, on compte d'ailleurs la présomption de dommages, que nous avons
amendée afin de l'augmenter à
20 % lors de nos travaux, et l'augmentation du délai de prescription nous
permettant de remonter jusqu'à 20 ans pour intenter un recours.
Le projet de
loi apporte également des modifications à la Loi sur les contrats des
organismes publics afin de faire en
sorte qu'une entreprise déclarée coupable de certaines infractions ne voit pas
automatiquement sa demande d'autorisation de contracter avec un organisme public refusée par l'Autorité des
marchés financiers mais plutôt que cette condamnation puisse être prise en considération par l'ensemble
des facteurs et analysée comme étant l'un des éléments, par l'autorité,
dans l'évaluation de l'intégrité de l'entreprise aux fins de la délivrance de
l'autorisation.
Mme la
Présidente, le projet de loi a été présenté à l'Assemblée nationale le 3
décembre, le principe a été adopté le
17 février, et l'étude détaillée en a été complétée le 26 février, c'est donc
dire que les travaux se sont déroulés rondement. D'ailleurs, je tiens à remercier tous les collègues de l'Assemblée
nationale qui ont participé à ces travaux : d'abord, mon vis-à-vis le député de Lac-Saint-Jean; la députée
de Joliette; le député de Verchères; la députée de Montarville; les collègues
de notre formation politique; le président
de la Commission des institutions, le député de Fabre, qui a travaillé
également à l'élaboration de la bonification de ce projet de loi là; le
député de Chomedey; le député de LaFontaine; le député de La Prairie; le député d'Ungava; la députée de
Vaudreuil. Bref, à tous les collègues qui ont participé aux travaux de cette
commission, je vous remercie, puisque les
commentaires de chacun ont amené des bonifications au projet de loi, et c'est
toujours l'esprit qui doit être mis en place lors de ces travaux.
Je profite
aussi de l'occasion pour remercier encore une fois tous les intervenants qui
ont participé aux consultations en
janvier. Et il va sans dire que, si nous avons pu bonifier le projet de loi,
c'est d'abord et avant tout suite aux préoccupations qui ont été formulées lors des consultations, suite aux commentaires et aux
suggestions qui ont été soumis à l'ensemble
des parlementaires.
Alors, au
nombre de ces bonifications-là, permettez-moi d'en souligner quelques-unes. D'abord, comme je l'ai mentionné plus tôt, nous avons apporté un amendement significatif à l'article
11 afin de faire passer la présomption de dommages de 15 % à
20 %, et ça permet aussi d'assurer une cohérence avec la Loi sur la
concurrence. À l'article 18, et dans
un souci de transparence, nous avons introduit l'obligation pour la ministre de
la Justice de faire rapport au gouvernement sur la mise en oeuvre du programme de remboursement dans les six mois
suivant la fin de celui-ci. Ce rapport sera d'ailleurs déposé à l'Assemblée nationale. À l'article 16,
nous avons également introduit une disposition visant à éviter que toute
personne ne s'élude de ses obligations face
à la loi en disposant de ses biens, notamment en vendant à autrui un bien qui
aurait pu ou aurait dû servir à payer sa
créance à l'État. Afin d'assurer une plus grande confidentialité entourant le
processus de négociation dans le cadre du programme de remboursement,
nous avons aussi adopté deux amendements aux articles 7 et 8 qui sont inspirés
par les processus de négociation qui existent actuellement dans le cadre des
CRA, les conférences de règlement à
l'amiable. Ces dispositions viennent répondre à des préoccupations qui ont été
exprimées par différents organismes
et regroupements d'entreprises et qui souhaitaient faire du programme de
remboursement volontaire un programme
plus attrayant pour les entreprises, ce que nous souhaitons tous et toutes. Et
finalement nous avons apporté un amendement permettant à l'organisme
public d'exécuter son jugement notamment en saisissant les prestations et les bénéfices accordés dans le cadre d'un régime de
retraite d'un employé d'un organisme public ou d'un élu. Il s'agit là d'une
mesure exceptionnelle introduite par un amendement à l'article 20.2. Nous avons
également adopté de nombreux amendements
visant à clarifier les termes et les concepts afin que cette loi soit efficace
et afin d'éviter les quiproquos.
Nous avons
écouté et pris en considération les commentaires de l'ensemble des
intervenants. Nous estimons, au terme
de l'exercice, avoir atteint une loi qui soit équilibrée, équilibrée entre les
préoccupations des organismes publics, les préoccupations, des intérêts des
citoyens et les préoccupations des entreprises. Je crois d'ailleurs et j'ose
espérer, Mme la Présidente, que ce projet de loi fera l'unanimité au
sein des membres de cette Assemblée.
En
conclusion, je suis convaincue que ce projet de loi ainsi que les démarches qui
ont été amorcées en matière de
contrats publics permettront que soit rétablie la confiance de la population,
d'une part, envers ses institutions publiques et, d'autre part, envers les entreprises qui ont
adopté plusieurs mesures pour démontrer qu'elles sont de bonnes citoyennes corporatives. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de joindre ma voix à celle du gouvernement du Québec pour prendre la
parole sur le projet de
loi n° 26. Et effectivement je pense que la qualité de nos travaux
est digne de mention, Mme la Présidente, surtout la qualité de la
présidence. Rarement vu un président aussi efficace qui intervient avec autant de fougue dans les travaux d'une commission, mais
je dois dire, Mme la Présidente, que, dans ce cas-ci, c'était tout à
fait à propos.
Plusieurs
bonifications ont été apportées de part et d'autre, en toute collégialité, dans
la bonne foi de tous et chacun, pas de
petite joute partisane désagréable. Je tiens à souligner tout le travail qui a
été fait. Je pense que c'est l'exemple d'une bonne
commission parlementaire et ce dont les Québécois s'attendent, c'est-à-dire des
hommes et des femmes politiques qui prennent la parole au mieux de leurs
connaissances pour bonifier un projet de loi. On l'a fait en toute bonne foi. Je tiens à réitérer que c'est un projet
de loi qui a déjà été déposé à l'Assemblée nationale, les bases, du moins,
de ce projet-là et des principaux principes.
Je pense qu'on arrive avec une meilleure version au moment où on se parle.
Plusieurs bonifications ont été apportées,
entre autres le rehaussement de 15 % à 20 % des présomptions légales.
On a bonifié tout l'aspect confidentiel du processus, qui nous est
apparu fondamental eu égard aux commentaires que nous avons reçus durant les travaux de la commission. Il y aura également un
rapport qui sera fait aux parlementaires, ce qui nous permettra de
porter un jugement bien réel sur la portée du projet de loi.
Maintenant,
Mme la Présidente, ce qu'il nous reste à espérer, c'est que le projet de loi
fonctionne. C'est exceptionnel comme
procédure. Ce sont des mesures qui, elles aussi, sont exceptionnelles parce
qu'elles donnent un pouvoir accru avec des
inversions de fardeau de preuve. L'objectif, c'est que les Québécois en aient
pour leur argent, qu'il y ait des remboursements à l'État québécois. Alors, espérons que le programme
de remboursement volontaire fonctionne bien, ce qui évitera ensuite à la
ministre de la Justice et Procureur général d'entamer des procédures
judiciaires longues et fastidieuses.
Alors,
espérons, Mme la Présidente, là, que ce sera un projet de loi qui ira aussi
loin que ce que les parlementaires souhaitent, tout en ayant à l'esprit
que des gens mal intentionnés trouvent, malheureusement, souvent des moyens de
contourner même les meilleures lois. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Et, pour la prochaine intervention, je reconnais
maintenant Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Oui. Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bien, après avoir réclamé pendant deux ans, deux ans, il faut bien le dire, des mesures pour
recouvrer l'argent que nous nous sommes
fait voler collectivement; après que
le gouvernement péquiste se soit un petit peu traîné les pieds
dans ce dossier tout en se moquant de nos interventions, de nos demandes à la dernière législature, on s'en
souviendra; après que le gouvernement libéral ait fait le choix de reporter les actions nécessaires pour rendre justice aux Québécois,
qu'il nous ait demandé de patienter, patienter, patienter encore, malgré l'urgence d'agir, la Coalition avenir Québec n'a pas lâché le morceau, elle, et nous avons eu
cette commission, nous en sommes ravis.
Après
avoir consulté les groupes concernés, après avoir étudié chacun des articles du
projet de loi n° 26 et après avoir proposé des amendements
qui nous apparaissaient essentiels au bon fonctionnement des mécanismes qui
seront mis en place, nous avons finalement
entre les mains, Mme la Présidente, un outil qui permettra aux organismes publics
de se faire rembourser les sommes que les entreprises collusionnaires ont
obtenues injustement dans le cadre de contrats publics. Ce sera réalité bientôt. Cela dit, je tiens à souligner
l'excellent travail que les membres de la Commission des institutions ont fait en toute collégialité,
faut-il le répéter, c'est très important — c'est plutôt rare, il y avait
de l'harmonie — lors de chacune des étapes, d'ailleurs, qui
nous ont menés à la prise en considération aujourd'hui et, bientôt, à l'adoption finale du projet de loi n° 26. Et
je tiens aussi surtout à saluer l'ouverture de la ministre à l'endroit de
plusieurs de nos propositions d'amendement qui ont permis de bonifier et
d'améliorer le projet de loi.
Nous
terminons donc ce long processus avec un outil législatif équilibré entre la
carotte et le bâton, si je peux dire, pour
inciter les entreprises fautives à faire acte de contrition et à régler avec le
gouvernement, un outil législatif qui assure aussi, non pas sans conséquence, la réhabilitation et la survie des
entreprises québécoises qui auront emprunté un mauvais chemin par le passé. Et surtout cette loi, cette
loi sera un outil qui permettra de rétablir la justice au Québec et qui
contribuera à éliminer et à prévenir
la collusion et la corruption au Québec, et donc un changement de culture, un
changement de culture qui s'est déjà
amorcé ces dernières années. Il faut que ça se poursuive. Et, comme le disait
mon collègue de la première opposition, rien n'est parfait. C'est un
début, un début extrêmement important. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de
Montarville. Et, pour la prochaine intervention, je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour
de prendre la parole brièvement sur le projet de loi n° 26, Loi visant principalement la récupération de sommes
obtenues à la suite de fraudes ou de manoeuvres dolosives dans le cadre
de contrats publics.
Je pense qu'on a ici
une loi... un projet de loi qui est sur le point d'être adopté, qui représente
une avancée significative compte tenu de tout ce qu'on a connu, au Québec, de problèmes de corruption, de collusion, de
fraude, de tout ce qui a été révélé notamment, bien sûr, par les travaux
de la commission Charbonneau. Il s'agit d'une manière intéressante pour l'État
de pouvoir aller récupérer en visant des ententes avec les différents éléments,
je vous dirais, organisations, compagnies qui auraient des déclarations à faire et une volonté, donc, de vouloir s'entendre avec l'État
sur la récupération de sommes. Et ce
qui est intéressant dans cette démarche, c'est bien sûr
d'arriver à une solution gagnant-gagnant pour les compagnies impliquées
mais surtout pour l'État québécois, pour les contribuables, pour les citoyens
du Québec, qui déjà, je crois, ont assez fait les frais de toutes ces fraudes,
ces manoeuvres de corruption, de collusion.
Et ce qui est intéressant aussi, Mme
la Présidente, c'est qu'on a un
exemple où il y a eu aussi une bonne collaboration, un projet
de loi qui a été déposé d'abord
par mon collègue de l'époque, Bertrand St-Arnaud, lorsque nous étions au gouvernement, qui a
été repris par le nouveau gouvernement avec la ministre de la Justice, qui a
amené des précisions, certaines bonifications, parce
qu'on sait que des fois, les lois, lorsqu'on les travaille et qu'on se donne du
temps — c'est toujours quelque chose d'intéressant,
nous pouvons en témoigner, et vous et moi, et ma collègue aussi la ministre de la Justice, dans d'autres instances où
nous avons travaillé longuement certaines lois — on arrive à les bonifier et surtout on arrive à installer un climat de
travail qui est pertinent, qui favorise la collaboration, ce qui a été le cas
dans le projet de loi qui nous occupe.
Donc,
simplement peut-être souligner les bonifications aussi qui ont été apportées en
cours de travaux, donc de passer de 15 % à 20 %... faire passer le
seuil, donc, de récupération des sommes... à la lumière d'observations qui nous
avaient été faites notamment de certaines
municipalités qui nous ont témoigné de la différence qu'elles voyaient
maintenant dans les coûts de travaux,
donc la diminution qui pouvait être attribuable au fait qu'on n'a plus, on
l'espère du moins, affaire avec des
manoeuvres qui sont, je vous dirais, frauduleuses ou dolosives dans certains
cas; aussi un processus où vraiment
les parties, avec les notions de confidentialité, vont pouvoir vraiment faire
leurs transactions de la manière la plus ouverte possible; et aussi une reddition de comptes qui va être
intéressante pour l'ensemble des parlementaires pour savoir ce que cette loi, ce que ces processus-là vont
pouvoir avoir donné, au bout du compte, pour l'ensemble des Québécois, des contribuables, donc; et d'autres
éléments, là. Je ne m'attarderai pas à chacun des éléments aujourd'hui.
Simplement,
en terminant, dire que cette loi-là va maintenant passer le test de la réalité. C'était quelque chose qui nous préoccupait beaucoup, qui préoccupait la ministre,
qui préoccupait mon collègue de Lac-Saint-Jean, la collègue aussi de
Montarville pendant les travaux, de faire le meilleur projet de loi pour qu'il puisse s'appliquer le plus simplement et le plus en lien avec les objectifs
qu'on s'est donnés, c'est-à-dire donc qu'il
y ait des gens qui aient envie... des
compagnies, des organisations qui aient envie de venir, donc, aborder le problème
de front pour qu'on puisse s'entendre entre l'État et ces joueurs-là, donc
de s'assurer que ça va avoir une résonance, que ça va être attrayant mais aussi
que ça va permettre l'amélioration
des pratiques, la transparence. Et je
pense qu'on est arrivés à un bon
point d'équilibre, et maintenant il va falloir
suivre les développements, à la suite de l'adoption de cette loi, d'une
manière très, très serrée, d'où l'intérêt de la démarche de transparence et de reddition
de comptes.
Donc, en terminant,
je souhaite remercier bien sûr l'ensemble des collègues pour le climat des
travaux de la commission, pour la qualité
des modifications qui ont pu être apportées. Je tiens à souligner l'ouverture
de la ministre, qui a été très à
l'écoute autant des groupes qui sont venus que des modifications et des
propositions qui lui ont été faites par
l'ensemble des collègues qui siégeaient sur la commission, remercier bien sûr,
aussi, toute son équipe, l'équipe des fonctionnaires du ministère,
l'équipe de la commission. Et je pense qu'on peut être fiers du travail que
nous aurons accompli. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Joliette.
Et maintenant, M. le député de Fabre, vous avez la parole.
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, Mme la Présidente. Simplement et
brièvement joindre ma voix à celle des collègues.
J'ai
le privilège d'occuper la fonction de président de la Commission des
institutions et je ne rate pas, Mme la Présidente,
une occasion de souligner le travail remarquable que cette commission fait.
Tous les collègues qui ont pris la parole
à l'étape de la prise en considération du rapport sur le projet de loi
n° 26 l'ont mentionné, ont souligné la qualité des échanges, la
qualité du travail fait par l'ensemble des parlementaires dans un contexte qui
se distingue apparemment d'autres
environnements où il y a peut-être plus d'enjeux, de débats partisans. Mais, au
sein de la Commission des institutions, tous les parlementaires travaillent à l'amélioration des projets de loi
dans l'intérêt collectif, et je suis fier de me lever aujourd'hui, et d'appuyer
l'adoption de la prise en considération de ce rapport, et de confirmer à
l'ensemble des membres que les membres de la commission ont bien
travaillé et que nous avons un beau projet de loi qui progresse. Merci, Mme la
Présidente.
• (12 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Fabre.
Mise aux voix du rapport
Alors,
le rapport de la Commission des
institutions portant sur le projet de loi n° 26, Loi visant principalement
la récupération de sommes obtenues à la suite de fraudes ou de manoeuvres
dolosives dans le cadre de contrats publics, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui, Mme la Présidente, je vous demande d'appeler l'article 6 de notre
feuilleton.
Projet de loi n° 33
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 6 du feuilleton,
Mme la ministre de la Justice propose l'adoption
du principe du projet de loi n° 33, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux
judiciaires. Alors, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, Mme la Présidente. Alors, nous soumettons
aujourd'hui à cette Chambre pour adoption du principe le projet de loi n° 33. Ce projet de loi, qui est intitulé
Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, que j'ai présenté à
l'Assemblée nationale le 17 février dernier, propose des mesures visant à
hausser de 7 % à 8 % le taux de cotisation des juges à leur régime de
retraite.
Il propose également
de modifier, par pure concordance, le régime de prestations supplémentaires des
juges auquel s'applique le régime de
retraite prévu à la partie IV.1 de la loi... V.1, pardon, de la Loi sur les
tribunaux judiciaires et qui réfère à ce même taux de cotisation.
Le
processus de détermination de la rémunération des juges est établi par la Loi
sur les tribunaux judiciaires. Ce processus prévoit que, tous les trois
ans, un comité indépendant examine si le traitement, le régime de retraite et
les avantages sociaux des juges sont
adéquats. Le comité fait par la suite son rapport au gouvernement et lui
transmet ses recommandations à cet égard.
Donc,
ce projet de loi découle du dernier comité de la rémunération des juges, le comité
Clair, qui avait remis son rapport au
gouvernement précédent le 30 décembre 2013. Et ce rapport avait été déposé
devant l'Assemblée nationale le 8
octobre 2013. Donc, parmi les recommandations qui avaient été formulées par le
comité Clair, il était proposé que la cotisation
payée à leur régime de retraite par les juges des cours du Québec et les juges
des cours municipales placées sous l'autorité d'un juge-président — donc,
on parle ici de la ville de Montréal, de Québec et de Laval — auquel
s'applique le régime de retraite prévu à la
partie V.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires, soit haussée de 7 % à
8 %. Ces recommandations-là ont
fait l'objet d'une motion qui a été adoptée unanimement ici, à l'Assemblée
nationale, par résolution le 18
février 2014. Bon, par la suite, le 18 février 2014, on se rappellera, a été la
dernière journée où nous nous sommes réunis ici sous le précédent
gouvernement.
Et donc, comme le
prévoit la Loi sur les tribunaux judiciaires, nous devions mettre en oeuvre et
assurer la mise en oeuvre de cette
résolution. Et donc, pour que la hausse du 1 % du taux de cotisation
puisse s'appliquer aux juges de la
Cour du Québec, il était nécessaire et il est nécessaire de venir modifier
l'article 224.2 de la Loi sur les tribunaux judiciaires et l'article 10 du Régime de prestations supplémentaires des
juges, auquel s'applique le régime de retraite. Et donc, en conséquence,
le projet de loi prévoit l'entrée en vigueur des modifications à la date de la
sanction de la loi.
Alors,
Mme la Présidente, petit projet
de loi tout simple, mais je croyais
qu'il était important de refaire l'historique puisque certains membres de
cette Assemblée se sont joints à nous depuis le vote unanime passé sur cette résolution
qui prévoyait d'adopter les résolutions
et les recommandations du rapport Clair. Et donc je me suis permis de
faire ce bref historique. Ceci étant
dit, le projet de loi, est, évidemment, de compléter... l'objectif du projet de loi, c'est tout simplement
de compléter la mise en oeuvre de la résolution du 18 février. Alors, je vous
remercie de votre attention.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la ministre, d'avoir fait la genèse de
ce projet de loi. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Genèse qui m'apparaît importante. C'est
bon aussi de se souvenir que le législateur n'a pas une marge de
manoeuvre complète pour établir les conditions de travail des juges : tout ça, pour des raisons assez évidentes de séparation
des pouvoirs entre le législatif,
l'exécutif et le judiciaire. Il y a quand même une certaine forme... Il y a un minimum de discrétion, qui est
possible, parlementaire... par les parlementaires, pardon. Mais là on est dans une situation où on a un
gouvernement qui s'est déjà prononcé en faveur, on a une motion unanime de l'Assemblée nationale. Je pense qu'il serait
très malvenu de remettre en cause, Mme la Présidente, une décision qui a
été prise ici, à l'unanimité, par les membres de l'Assemblée nationale. Tout le
débat sur le traitement des juges pourrait avoir lieu, mais ce n'est pas dans ce contexte-ci, je ne le crois pas. Il y a
eu des engagements du gouvernement
précédent, il y a un engagement du gouvernement
actuel, je pense que c'est tout à fait normal que nous procédions avec un projet de loi qui, somme toute, a très peu de choses dedans, pour
donner suite aux engagements. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Mme la
députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, ce que la ministre
propose avec le projet de loi n° 33,
c'est une modification responsable à la Loi sur les tribunaux
judiciaires, c'est une modification à laquelle l'Assemblée nationale a d'ailleurs
donné son assentiment, en février 2014, à l'occasion de l'adoption
d'une motion portant sur les recommandations qu'avait formulées le comité
d'évaluation de la rémunération des juges, dans le cadre de l'évaluation des
avantages dont bénéficient les juges.
Alors,
en haussant de 7 % à 8 % la
cotisation versée par les juges de la Cour du Québec et de certaines cours
municipales, versée, donc, à leur
régime de retraite, on équilibre davantage la part que paie l'État — donc les contribuables — et les juges. On assure aussi un partage plus équilibré des risques reliés à
l'évolution des marchés financiers et des taux d'intérêt. Cette hausse se justifie donc principalement par
une préoccupation à l'endroit du portefeuille des contribuables. En ces temps de restrictions budgétaires, et surtout en
cohérence avec les modifications récemment apportées aux régimes de
retraite des fonctionnaires municipaux, nous devons mettre des mesures en
oeuvre afin de respecter la capacité de payer des Québécois et de réduire le
fardeau qu'ils supportent.
Non seulement la
contribution actuelle de 7 % est inférieure à la moyenne de cotisation des
juges des cours provinciales au Canada, qui
est de 7,4 %, mais les régimes offerts aux employés du secteur public, au
Québec, sont nettement moins
avantageux que celui offert aux juges de la Cour du Québec. En effet, les juges
de la Cour du Québec n'assument que
11,35 % des coûts de leur régime, tandis que les juges des autres
provinces en paient 14,8 % et que les fonctionnaires et les cadres de la fonction publique québécoise
assument 50 % des coûts de leurs régimes, incluant les surplus et les
déficits. La hausse de cotisation proposée de 7 % à 8 % ne
représenterait qu'une hausse de 23 $ par semaine, ce qui ne mettra
certainement pas en péril la sécurité financière des juges ni leur
indépendance.
Mais, malgré
l'amélioration apportée par ce projet de loi, nous croyons qu'au moins un autre
ajustement devrait être apporté au régime de retraite des juges. Comme
le sait la ministre, les juges de la Cour du Québec ayant atteint 21,7 années de service voient leur taux de
cotisation diminuer à 1 %. Alors, afin d'être cohérents avec nous-mêmes et
d'appliquer une hausse proportionnelle à ce
traitement particulier, soit de 14,3 %, ne serait-il pas opportun
d'ajuster ce taux de 1 % à
1,14 %? J'aimerais que la ministre y réfléchisse d'ici le début de l'étude
détaillée de ce projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de
Montarville. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Fabre.
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, Mme la Présidente. En fait, comme la ministre
l'a fait, le député de Lac-Saint-Jean l'a
fait, le projet de loi, l'adoption du principe proposé, le projet de loi
proposé par la ministre, est, dans le fond, l'aboutissement d'un processus qui est fortement encadré par nos
obligations constitutionnelles et légales, et donc il est assez difficile de s'opposer au projet de loi qui
est proposé parce que ça donne suite, en fait, à une motion unanime de
l'Assemblée nationale qui a été adoptée lors de la 40e législature.
Vous me
permettrez tout de même, Mme la Présidente, de prendre quelques minutes, parce
qu'à l'époque j'avais la lourde tâche
d'être le vis-à-vis du ministre de la Justice qui a proposé la réponse du
gouvernement qui faisait suite à... les recommandations du comité qui est chargé de réviser la rémunération des
juges. Et on m'a fait certaines critiques à l'effet que je pouvais être,
peut-être, trop tendre à l'égard du ministre de la Justice à l'époque. Mais il
y a un sujet sur lequel le ministre...
J'ai fait des critiques ou des reproches au
ministre de la Justice de l'époque et, aujourd'hui, j'ai l'occasion de reprendre ces critiques-là parce que les
événements... l'eau a coulé sous les ponts et je pense qu'il est important de
rappeler le contexte dans lequel la
décision que nous avions prise, la motion unanime qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale en février 2014, à la dernière journée de la 40e
législature, tel que l'a souligné la ministre de la Justice...
À l'époque,
dans les faits, le gouvernement de la 40e législature nous avait placés dans
une position impossible, c'est-à-dire
que le gouvernement avait déposé la réponse du gouvernement face aux
recommandations du comité à la toute dernière minute. Il y a un délai
prévu de... sauf erreur, de 60 jours pendant lequel le gouvernement doit
répondre aux recommandations du comité. Et
malheureusement, Mme la Présidente — et je l'avais souligné l'an dernier — le ministre de la Justice a déposé la réponse du gouvernement et, sauf erreur de ma part,
je pense, c'était le 11 février. Et nous étions à quelques jours de l'échéance du délai et, en
l'absence d'une motion de l'Assemblée nationale, les recommandations du
comité s'appliquaient intégralement.
Alors, le
premier problème que j'avais souligné à l'époque, c'était que le gouvernement
nous plaçait dans une situation impossible, et donc l'Assemblée
nationale avait dû adopter, à l'unanimité évidemment, la proposition du gouvernement parce qu'autrement la situation aurait
été pire, du point de vue des finances publiques, puisque les
recommandations du comité auraient été appliquées intégralement.
Alors,
c'était le premier reproche. Mais ce n'était pas le plus essentiel des
reproches que j'avais formulés au ministre de la Justice à l'époque et au gouvernement dans son ensemble. C'est que
la réponse du gouvernement était basée sur une vision rose bonbon des
finances publiques. Si le gouvernement de l'époque... Et la raison pour
laquelle je me lève aujourd'hui, c'est que,
malheureusement, les événements des mois qui ont suivi, et je vais y faire
référence particulièrement... les
informations et les rapports du Vérificateur général ont démontré à quel
point la vision du gouvernement précédent, sa connaissance... ou, en tout cas, l'information qu'il laissait filtrer
de l'état des finances publiques ne donnait pas un portrait juste de la situation des finances publiques, de sorte que l'Assemblée nationale n'a pas
été en mesure d'adopter, peut-être,
la meilleure réponse que nous aurions pu
proposer aux recommandations du comité. Je ne fais pas de reproche au comité
qui a fait des propositions pour revoir la rémunération des juges, puisqu'ils l'ont fait dans un contexte, à l'époque — et
je pense que c'était à l'été 2013 — où les finances publiques...
À ce moment-là, je vous rappelle, Mme la Présidente, le gouvernement répétait
encore que l'objectif de l'atteinte du déficit zéro, l'équilibre budgétaire,
était encore maintenu pour 2014‑2015.
C'est à cette époque-là que le comité a fait son travail, donc je ne leur
adresse pas de reproche à eux. Par
contre, le gouvernement qui dépose en février 2014... propose une réponse à ces
recommandations-là qui ne tient pas compte
de la réalité de l'état des finances
publiques... Je pense, Mme la Présidente, que n'avons pas... l'Assemblée
nationale n'a pas adopté la meilleure
réponse possible, je pense, et que nous aurions dû être en mesure de tenir
compte du réel contexte des finances publiques.
Et
vous me permettrez simplement de rappeler, parce que je pense que c'est quand même
un point important, ce que nous disait le Vérificateur général lorsqu'il
a été mandaté par le présent gouvernement pour examiner l'état des finances publiques, au moment où le gouvernement libéral a pris le pouvoir, le 7 avril 2014.
Alors, dans son rapport produit au
printemps dernier, le vérificateur
disait ceci : «Le point et le budget», référant au budget du précédent
gouvernement et
le point sur l'état des finances publiques qui avait été déposé, je pense, le
28 novembre 2013... Alors, le Vérificateur général nous dit ceci : «Le point et le budget présentaient une
vision limitée de l'état des finances publiques[...]. [...]Le montant des efforts à fournir divulgué dans le
point totalisait uniquement 1 455 000 000 $ alors qu'il
était en réalité de 4 066 000 000 $. [...]Notre
rapport déposé en février était également incomplet puisque nous n'avions pas
eu accès à l'information nécessaire pour
évaluer l'ampleur des efforts à fournir pour respecter le solde budgétaire.» Et
dernier point, Mme la Présidente, le
Vérificateur général disait ceci : «[Étant donné] que les efforts à
déployer [...] se situent à environ 4 milliards [...] et que des
risques non négligeables s'y ajoutent, nous considérons que la prévision
relative [au solde budgétaire 2014‑2015] n'est pas raisonnable et nous la
qualifions d'ambitieuse.»
Alors,
ça, c'étaient les commentaires que le
Vérificateur général formulait à l'égard du précédent gouvernement dans sa gestion des finances
publiques, gouvernement qui, par le biais du ministre
de la Justice, a proposé une réponse
au comité qui était chargé de réviser la rémunération des juges.
Alors, Mme la
Présidente, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, j'appuie évidemment le principe
du projet de loi proposé par la ministre de la Justice, puisque, dans le contexte législatif et constitutionnel
dans lequel nous agissons, pour préserver
l'indépendance des juges, nous devons adopter ce projet de loi là. Je déplore encore une fois, Mme la Présidente, le fait que le ministre de la Justice
précédent et le gouvernement précédent nous aient placés dans une situation où
nous n'avons pas eu le choix et où je
m'interroge à savoir si nous avons proposé la meilleure réponse aux
recommandations du comité sur la rémunération des juges. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup de ces précisions, M. le député de Fabre.
Mise aux voix
Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 33, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
institutions
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission des institutions
pour étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
L'article 9, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 19
Prise en considération du
rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 9 du feuilleton, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission de l'économie et du travail sur le projet
de loi n° 19,
Loi modifiant la Loi sur les
coopératives et d'autres dispositions législatives. Je cède la parole à
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Merci, Mme la Présidente. Je serai bref, à cette étape-ci du
processus, parce que le projet de loi n° 19 n'a fait l'objet d'aucun... que de quelques
amendements dans le cadre de son étude détaillée devant la Commission de
l'économie et du travail. Attendu, vous le savez, avec beaucoup d'intérêt par
le milieu coopératif, ce projet de loi là affirme la volonté du gouvernement à
participer au développement des entreprises coopératives tout en protégeant le patrimoine collectif qu'elles ont bâti. Nos
travaux ont d'ailleurs donné lieu à des échanges fort pertinents à ce sujet.
Mes collègues députés des deux côtés
de l'Assemblée, investis d'un intérêt marqué pour la protection du parc de
logements sociaux ou communautaires
des coopératives d'habitation, ont fait part de leurs préoccupations et ont
contribué à préciser certaines dispositions.
Je profiterai du moment où ce projet de loi sera
inscrit à l'ordre du jour des travaux de cette Assemblée pour adoption finale
pour revenir sur le contexte du projet de loi et de son essence. Dans
l'intervalle, je voudrais remercier chaleureusement tous les députés qui ont offert
leur entière collaboration et coopération afin d'assurer son cheminement
rapide. Ici, donc, Mme la Présidente, je
soumets à cette Assemblée le rapport de la Commission de l'économie et du
travail concernant le projet de loi n° 19 pour sa prise en
considération. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci, M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations, et je cède maintenant la parole à Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je ne prendrai pas plus de temps que le ministre en a pris puisqu'il faut le rappeler cette commission s'est
passée dans un climat de collaboration et de coopération puisqu'on parlait
de coopérative. Petit jeu de mots.
Je voudrais juste nous rappeler et rappeler
finalement que l'ensemble du monde coopératif, c'est un monde important au Québec. J'étais d'ailleurs la semaine
passée au CORIM, au Conseil des relations internationales de Montréal, où Mme Monique Leroux, qui est, on se rappellera,
présidente du conseil et chef de la direction du Mouvement Desjardins, et dame Pauline Green, qui est présidente de
l'alliance internationale des coopératives, qui nous rappelaient qu'il y a plus
de 250 000 coopératives dans le monde,
et ce sont, entre autres, les entreprises qui sont le moins touchées,
finalement, par les crises financières parce qu'elles s'adaptent mieux...
Alors, il y a là un modèle à retenir, et l'objet du projet de loi était pour moderniser, finalement, la loi et
finalement aussi pour s'assurer de bloquer toute tentative de dilapidation de
notre patrimoine immobilier collectif et coopératif.
Alors, nous
avons eu des discussions. Le ministre et son équipe ont collaboré à apporter
des amendements souhaités par l'opposition. Alors, on ne peut que se
réjouir, et nous sommes en attente de l'adoption finale de cette loi. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Y a-t-il d'autres interventions?
Mise aux voix du rapport
Alors, s'il
n'y en a pas, le rapport de la Commission de l'économie et du travail portant
sur le projet de loi n° 19, Loi modifiant la Loi sur les
coopératives et d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Mme la Présidente, je vous demande de suspendre jusqu'à 15 heures pour la tenue
du débat sur les affaires inscrites par l'opposition, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vais suspendre les
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 20)
(Reprise à 15 h 6)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, chers collègues, veuillez prendre place. On vous souhaite un bon
mercredi après-midi.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée rappelle la promesse
faite par le Parti libéral de limiter la hausse
des tarifs d'électricité à l'inflation
Aux affaires
du jour, à l'article 28 du feuilleton, inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Chauveau
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle la promesse faite par le Parti libéral du Québec le 10 février 2014 de limiter la
hausse des tarifs d'électricité à l'inflation;
«Qu'elle reconnaisse que
la hausse de 2,9 % des tarifs d'électricité s'appliquant à partir du
1er avril 2015 représente près du double du taux d'inflation;
«Qu'elle
prenne acte que la haute direction d'Hydro-Québec et la Régie de l'énergie
soutiennent que la hausse des tarifs
d'électricité est en grande partie causée par des décisions politiques
concernant les approvisionnements éoliens;
«Qu'elle réaffirme l'importance pour un
gouvernement de tenir ses engagements et lui demande de ne pas hausser les
tarifs d'électricité au-delà de l'inflation et ce, jusqu'à la fin du présent
mandat.»
C'est
toujours la même chose, là, la répartition du temps. Rapidement,
10 minutes sont réservées... Vous le savez. 52 minutes sont allouées au groupe parlementaire, 30 minutes
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle et enfin 22 minutes sont allouées
au deuxième groupe d'opposition, six minutes sont réservées aux indépendants.
Il n'y a pas de temps de débat
limité, et chacun peut prendre le temps qu'il veut dans la limite du temps
imparti. Les interventions...
Je cède
maintenant la parole, parce que vous savez tous cette mécanique-là, à M. le
député de Chauveau pour son intervention. M. le député de Chauveau, à
vous la parole.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, nous sommes le 18 mars, mais
dans deux semaines exactement les Québécois devront payer davantage les
tarifs d'électricité, soit 2,9 % d'augmentation. Donc, dans deux semaines, M. le Président, ce sera une
mauvaise journée pour les contribuables québécois, puisqu'ils se verront, pour
une deuxième année consécutive... vont voir leurs tarifs d'électricité
augmenter au-delà du tarif de l'inflation.
Notre
formation politique, la Coalition avenir Québec, a toujours soutenu qu'il
devait y avoir au maximum une augmentation de tarifs, maximum, à
l'inflation. Au-delà de ça, c'est un appauvrissement des Québécois, c'est
d'aller chercher encore plus d'argent dans les poches des contribuables.
Et cette hausse, M. le Président, cette hausse
annoncée, dans deux semaines de 2,9 % est expliquée en grande partie en raison des mauvaises décisions
politiques de l'actuel gouvernement, c'est la Régie de l'énergie qui en est
venue à cette conclusion. Et regardez
bien, M. le Président, ce tableau didactique, comme on dit en termes
parlementaires. Vous voyez cette
augmentation, une augmentation de 2,9 %. Et, de ce 2,9 %
d'augmentation, eh bien, 2,1 %, ce qui est en rouge ici, sont... la responsabilité de cette
augmentation-là, c'est essentiellement l'éolien, l'éolien et les projets de
minicentrale. Donc, M. le Président, 78 % de la hausse que les
Québécois vont subir, c'est en raison des décisions politiques de l'actuel gouvernement, et ce qui fait en sorte
qu'aujourd'hui, en fait dans deux semaines, les Québécois vont payer deux fois
plus cher le taux de l'inflation les
tarifs d'électricité, alors que, si on n'avait pas les éoliens, on ne paierait
pas 2 fois plus cher l'électricité...
la taux de l'inflation l'électricité. Au contraire, on aurait une augmentation d'à
peine 0,8 %, donc la moitié du taux de l'inflation, mais, en raison
de mauvaises décisions politiques, les Québécois vont payer plus cher.
M. le
Président, mon propos va tenir sur trois éléments principaux. Tout d'abord, les
Québécois ont assez payé et ont subi
assez de hausses, il faut mettre un frein à ça. Deuxièmement, les augmentations
que nous allons tous subir le 1er
avril prochain sont dues essentiellement à de mauvaises décisions politiques.
Mais aussi, M. le Président, il faut le rappeler, cela va en parfaite
contradiction avec les engagements pris par le Parti libéral.
• (15 h 10) •
M. le
Président, vous le savez, il y a un an, on était en pleine campagne électorale.
Hein, on s'en souvient, on était dans
tout le brouhaha... ou en fait le bon brouhaha politique d'une campagne
électorale, et évidemment les partis politiques prennent des engagements. L'actuel premier ministre, alors qu'il était
chef de l'opposition officielle, avait dit, dans une entrevue à TVA, et je le cite, le 10 février 2014,
donc juste avant le déclenchement de l'élection : «Les contribuables ont
assez payé [...] on veut limiter la hausse des tarifs d'électricité à
l'inflation.» Ça, c'est ce que disait le chef libéral, en campagne électorale. Aujourd'hui, il est au
pouvoir, et qu'est-ce qui se passe? Non seulement on dépasse l'inflation, mais
c'est deux fois l'inflation. Promesse électorale rompue par l'actuel premier
ministre.
On peut dire,
M. le Président, que, bien, écoutez, on n'avait pas les chiffres, on ne savait
pas trop. Puis, vous savez, quand on
est dans l'opposition, des fois on n'a pas toutes les données; donc, lorsqu'on
arrive au pouvoir, on peut voir une vision
différente. Eh bien, M. le Président, alors que le premier ministre était bien
en poste, bien en selle, le 5 décembre dernier il a récidivé avec cet
engagement de ne pas augmenter les tarifs plus hauts que l'inflation.
À la question
du journaliste... C'était lors de son bilan parlementaire, comme tous les
groupes parlementaires font. Le 5 décembre dernier, la question du journaliste
est la suivante : «M. le premier ministre, prenez-vous l'engagement que
les contribuables n'auront pas droit à d'autres hausses de tarifs, taxes ou
impôts?»
La réponse du
premier ministre : «Les autres tarifs, on a toujours dit qu'on s'en
limiterait à l'indexation, au coût de
la vie, [il] n'ira pas plus loin. Les contribuables ont fait [...] l'effort, on
le sait, on sait que ça n'a pas été facile. Cet effort est fait...»
C'est clair : il n'y aura pas d'augmentation plus haute que l'inflation.
Et le journaliste poursuit : «Donc, très
clairement — pour
être sûr et certain qu'on s'est bien compris, très clairement — les
contribuables ne seront pas appelés à contribuer davantage à l'effort financier
qui est à faire. C'est bien ça?»
Et là
regardez bien ce qu'il dit, le premier ministre : «Pas au-delà de
l'indexation normale des tarifs.» Et, quand on parle d'indexation, on
sait qu'on parle d'inflation.
Donc, M. le
Président, deux fois la promesse a été rompue. La promesse électorale du 10
février a été rompue, on s'était dit
pas plus haut que le taux de l'inflation; malheureusement, les Québécois vont
payer deux fois l'inflation. Mais le
premier ministre en selle, bien en poste, en autorité, les deux mains sur le
volant, comme aurait dit son prédécesseur le premier ministre Charest, voilà que l'actuel premier ministre rompt
sa promesse ou son engagement, sa déclaration du 5 février en disant que... pas au-delà de l'indexation normale des
tarifs. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a? Eh bien, on a une augmentation de deux fois. Donc, M. le
Président, on trouve ça bien dommage de voir que le premier ministre, et en
campagne électorale et
en exercice de ses fonctions comme premier ministre, n'a pas tenu à honorer son
engagement de ne pas augmenter les tarifs d'électricité plus haut que
l'inflation.
Alors, il faut
comprendre, M. le Président, que le premier ministre a toujours dit : Oui,
mais, regardez, là, ce n'est pas de notre
faute ça, là, là, c'est parce que c'est la régie qui décide ultimement; à
preuve, on a même fait un décret de
préoccupation. Je reviendrai là-dessus, M. le Président, par rapport à des
décrets de préoccupation puis à des engagements fermes du gouvernement.
Il
a même dit ce matin en réponse à mon chef ce matin, quand il l'interrogeait
là-dessus... le premier ministre a dit : Je répète qu'il ne faut surtout pas intervenir politiquement dans ces
décisions-là. Par exemple, l'impact d'une intervention... Il faut se demander, par exemple, si l'impact
d'une intervention politique répétée des gouvernements sur Hydro-Québec...
quel impact que ça aurait sur la cote de
crédit d'Hydro-Québec. Donc, aujourd'hui, il l'expliquait en disant : Il
ne faut pas se mettre les deux mains
là-dedans, il ne faut pas demander à la régie de faire quoi que ce soit, on
leur fait un décret de préoccupation.
M. le Président, en campagne électorale, où était cette prudence du premier
ministre en disant qu'il ne fallait surtout pas se mettre les deux mains
là-dedans? C'est exactement le contraire de ce qu'il a dit, parce qu'avant la campagne électorale il a dit : Alors, le
maximum, c'est le taux de l'inflation. Puis, une fois au pouvoir, il dit :
Bien, non, non, non, écoutez, là, ça
va être correct, là, mais, nous autres, il ne faut pas se mêler de ça. Pourquoi
dire une chose et faire le contraire?
Et, mieux que ça, M.
le Président, le 5 décembre dernier, il l'a dit, il l'a dit
concrètement : Pas au-delà d'une indexation
normale des tarifs. Alors, pourquoi, lorsqu'il est en autorité, il peut
indiquer clairement à la régie où s'en aller et quoi faire, mais, lorsque ça ne tombe pas comme il le souhaite, il
dit : Bien là, écoutez, là, ce n'est pas de ma faute, c'est la régie qui décide? On ne peut pas dire une
chose puis faire son contraire. Alors, c'est pour ça, M. le Président, que cette
situation-là, malheureusement, c'est les Québécois qui paient, mais, également,
ça augmente le cynisme dans la population.
Et
l'autre point, et je reviens là-dessus, M. le Président, le gouvernement s'est
targué de dire : Nous avons adopté un décret de préoccupation. On a vu ce que la régie en a fait, le décret
de préoccupation. On a dit : Bien, désolé, les amis, à cause de vos décisions politiques, on va augmenter
de deux fois l'inflation. Mais, curieusement, M. le Président, sur la question des tarifs pour les individus, donc des
tarifs pour tous les Québécois, le gouvernement dit : Ce n'est pas de
notre faute, c'est la régie, et on
fait un décret de préoccupation. Mais, quand vient le temps d'aider la grande
entreprise, alors là, c'est des
engagements fermes pour baisser de 20 % les tarifs pour la grande
entreprise pour faire venir des investissements ici.
Mais
là, M. le Président, je veux faire un point très important. On n'est pas contre
l'idée d'avoir des tarifs préférentiels
pour amener des entreprises ici pour créer de la richesse, mais il faut qu'il y ait une balance équilibrée
entre ce que l'on demande à tous les contribuables puis ce qu'on est
prêts à offrir pour attirer les entreprises.
Et,
M. le Président, le moins qu'on puisse dire, c'est que, le
14 octobre dernier, quand le gouvernement a fait part de son intention, on était vraiment loin des
grandes préoccupations puis des décrets de préoccupation. C'était à
l'affirmatif, puis on n'y allait pas
avec le dos de la cuillère. Dans le communiqué du gouvernement du
14 octobre, qu'est-ce qu'on disait?
«Le ministre [annonce] aujourd'hui la mise en place
d'un tarif d'électricité...» Ah oui? Là, là, il n'est pas question de
dire : On va faire ça avec la régie, non, non, non, à l'affirmatif,
annonce aujourd'hui la mise en place d'un tarif d'électricité. Plus loin : «Le rabais sera de 20 % par rapport aux tarifs réglementés actuels...» Clair, net, précis. Pas de peut-être,
conditionnel, peut-être que, si, non, non, non, annonce aujourd'hui une mise en place d'un tarif d'électricité, le rabais sera de 20 %. «Les rabais octroyés
par cette initiative...» C'est clair, là, c'est à l'affirmatif. Et plus loin on
dit : «...conformément aux
orientations gouvernementales prises par le Conseil des ministres.» Clair,
net et précis. Pas de décret de préoccupation là-dedans, là.
À
la toute fin, M. le Président, à la toute fin, dans le communiqué, qu'est-ce
qu'on lit? «Rappelons que la régie est
le seul organisme à pouvoir fixer ou modifier les tarifs d'électricité.» M. le Président, j'ai été journaliste, je sais c'est quoi : quand ça ne nous tente pas, on met ça à la fin. Et je pense
que c'est pas mal clair là-dedans, là, c'est à l'affirmatif tout le long, pas de conditionnel, c'est au
présent. C'est même à l'avenir : Ce tarif-là s'appliquera, ta, ta, ta. Et
c'est donc pour dire qu'à la toute fin, oui, «by the way», c'est la
régie qui s'en occupe.
M. le Président,
pourquoi, quand il vient le temps d'augmenter de deux fois les tarifs
d'électricité pour les contribuables, on
dit : Ce n'est pas de notre faute, c'est la régie, puis nous autres, on
fait un décret de préoccupation, mais, quand
vient le temps de baisser, par
exemple, bing, bang, boum, on y va
puis on ne se gêne pas? Pourquoi deux poids, deux mesures?
Et
le ministre affirmait même en conférence de presse, mon ami le ministre des Ressources naturelles, il disait : Le tarif que nous annonçons aujourd'hui... Elle est où, la régie, là-dedans? Il est où,
le décret de préoccupation? Où est la mesure
nécessaire de dire : Attendez, là, ce qu'on vous
annonce, c'est notre intention mais pas nécessairement la réalité?
Non. Le tarif que nous annonçons aujourd'hui, ça va être... le rabais sera de 20 %, le rabais octroyé pour
cette initiative, conformément aux
orientations gouvernementales par le Conseil
des ministres, annoncé aujourd'hui, la mise en place d'un tarif
d'électricité. Tout est à l'affirmatif. Aucune précaution quant au fait de dire
que, bien, écoutez, c'est un décret de préoccupation comme on a fait
pour... Non.
Alors,
c'est pour ça, M. le Président, que nous trouvons malheureux que le
gouvernement, dans un premier temps, a
renié son engagement électoral, a renié même le propos du premier ministre alors qu'il était en plein exercice, quand il faisait son bilan, le 5 février dernier, et
qu'il a deux poids, deux mesures. Quand vient le temps d'annoncer une baisse de
tarifs, l'intention d'une baisse de tarifs
pour les entreprises, hop! on y va, puis c'est clair, net et précis, mais,
quand vient le temps d'augmenter les
tarifs pour les contribuables, bon, bien là, écoutez, ce n'est pas de notre
faute. C'est dommage, M. le Président.
Deuxième
point rapporté à ça, et là tout repose sur le rapport qui a été fait par la Régie de l'énergie, parlons-en justement, sur les mauvaises décisions politiques.
M. le Président, ça fait longtemps que nous, à la coalition, on condamne les décisions politiques
qui coûtent cher au gouvernement. On le sait, l'éolien particulièrement, ce qu'on paie actuellement, c'est
deux à trois fois plus cher que l'hydroélectricité. Pourquoi?
Parce qu'on a fait le choix. Nos parents, nos
grands-parents... bien, peut-être
pas vous, vous êtes un membre de cette Chambre depuis 1976, mais nos parents,
nos grands-parents ont fait des
choix. Même, on pourrait remonter jusqu'en 1952 avec
Betsiamites 1 et 2, vous savez, avec
Labrieville. On pourrait même
rappeler Manic-5. On pourrait même rappeler la Baie James. On a fait le choix
d'investir des milliards de dollars
dans l'hydroélectricité, avec des
mégabarrages qui font en sorte qu'aujourd'hui, oui, on a les meilleurs tarifs en Amérique du
Nord. Bravo! Tant mieux! Mais le
résultat, ça fait en sorte que l'hydro... que l'éolien, pardon, n'est pas
concurrentiel avec les contrats qu'on
a actuellement. Et, nous, ça fait longtemps qu'on dit que, malheureusement, ce sont des décisions politiques coûteuses pour tous les Québécois.
Eh
bien, voilà, M. le Président, qu'aujourd'hui la régie dit la même chose. Dans sa décision
rendue publique la semaine dernière, décision 2015-2018, il est écrit noir sur blanc, à la page 3, je
cite : «L'augmentation tarifaire autorisée par la régie en 2015
s'explique en grande partie par les coûts des approvisionnements
postpatrimoniaux — et
là c'est important — découlant des programmes d'achats décrétés
par le gouvernement du Québec. [Et] il s'agit — encore là, c'est encore plus intéressant — majoritairement de la mise en service des
parcs éoliens et, dans une moindre mesure, des projets de production à partir de la biomasse et de petites centrales
hydroélectriques. Ces nouveaux approvisionnements contribuent à
l'augmentation tarifaire pour environ 2,1 % sur les 2,9 % autorisés
par la régie.»
• (15 h 20) •
Noir
sur blanc, M. le Président. Il s'agit majoritairement de la mise en service des
parcs éoliens, des programmes d'achat
décrétés par le gouvernement. On ne peut pas être plus clairs que ça. Ce sont
des décisions politiques qui amènent ces
augmentations-là. Et pas des petites augmentations, M. le Président. Je reviens
à mon tableau didactique, deux fois le
taux de l'inflation, 2,9 %. Et qu'est-ce qui explique essentiellement
cette augmentation-là de 2,9 %? Pour 2,1 % sur le 2,9 %, c'est ce que vous avez en rouge
ici, c'est l'éolien. 78 % de l'augmentation que vous allez avoir chers...
mes chers... M. le Président, je m'adresse par votre entremise aux
citoyens, 78 % va être quoi? Ça va venir essentiellement de l'augmentation de l'éolien. Mauvaise décision
politique qui fait en sorte qu'aujourd'hui tous les Québécois paient pour ça.
Et,
vous savez, le premier ministre disait ce matin, encore en réponse aux
questions de mon chef, il disait : Écoutez, c'est quand même acceptable. Ce n'est pas si pire que ça, les
augmentations qui sont là. M. le Président, c'est toujours bien deux fois, deux fois l'augmentation qui
est... de l'inflation, contrairement à son engagement politique. Il a dit : C'est quand même
dans les limites du raisonnable. On est quand même dans les zones
correctes sur le plan de la capacité de payer des gens. Alors, mes chers
amis qui nous écoutez actuellement, quand vous allez payer 45 $ de plus
votre tarif d'électricité, dites-vous que le
premier ministre, il pense que c'est correct pour vous de payer 45 $ de
plus. Nous, on ne pense pas que c'est
correct, M. le Président. C'est deux fois trop élevé parce que c'est deux fois
plus élevé que l'inflation, et malheureusement ça contredit l'engagement
que le gouvernement avait pris.
Et,
M. le Président, on n'est plus seuls à dire ça. À gauche ou à droite, on
condamne cette décision du gouvernement. J'ai à preuve des articles publiés dans les journaux récemment. Dans le
journal La Presse, Alain Dubuc écrit : «...nous disposons déjà d'une énergie verte. [...]l'éolien
coûte plus cher que l'hydroélectricité [et] nous sommes en situation de surplus.» 1, 2, 3. Et il résume en disant :
«...le Québec, déjà un paradis de l'électricité verte, a choisi de produire une
autre énergie verte qui coûte plus cher
et dont [on] n'a pas besoin.» Et résultat, ce que ça fait, c'est que tout le
monde va devoir payer. Et il est très
direct, M. Dubuc, en disant : «...la stratégie économique la plus absurde
que le Québec ait connue...» Et cette
politique stratégique là... cette stratégie économique là porte la signature de
l'actuel gouvernement. Ça, c'est ce qu'a écrit Alain Dubuc, dans La Presse.
Mais
Le Devoir, M. le Président, Le Devoir, on ne peut pas
accuser Le Devoir d'être contre les énergies vertes, on ne
peut pas accuser Le Devoir d'être rétrograde; au contraire, bien
entendu. Bien, voilà que Le Devoir nous donne raison. Dans un éditorial signé par Jean-Robert
Sansfaçon, le 5 mars dernier, il parle de l'intervention de l'État en matière
économique et il rappelle, en parlant des
éoliennes, et tout ça : Cela conduit parfois... Lorsque le
gouvernement intervient trop, je le
cite : Cela a conduit parfois «à des bourdes monumentales comme la
Gaspésia [avec] la SGF ou encore la dernière vague d'appel d'offres pour [...] l'énergie éolienne et la cimenterie de
Port-Daniel. Deux décisions coûteuses pour les contribuables...»
Alors,
d'un côté, vous avez La Presse, Alain Dubuc, qui dit que
c'est une stratégie économique la plus absurde que le Québec ait connue et, de l'autre côté, vous avez Le Devoir
qui parle de bourde monumentale et de décisions coûteuses pour les contribuables. Ça, c'est des gens de la
presse, à gauche et à droite, qui trouvent que, malheureusement, l'aventure
éolienne a coûté beaucoup trop cher.
Et
ça, M. le Président, c'est non sans rappeler le fait qu'il y a quelques... en
fait, il y a un an, le gouvernement du
Parti québécois, sous l'égide de l'actuelle députée de Vachon, qu'on ne peut
pas dire qu'elle est très à droite et qu'elle est contre les énergies vertes, et tout ça, a commandé une étude à deux
économistes chevronnés du Québec, Roger Lanoue et Normand Mousseau, Maîtriser
notre énergie... Maîtriser notre avenir, pardon, et qui concluent
que c'est ruineux pour le Québec, que l'aventure éolienne coûte
140 millions de dollars par année pour tous les contribuables.
Et
c'est sans parler, M. le Président, d'une étude faite par Michel Lafontaine, de
l'Université Laval en août 2012
et qui concluait que l'aventure éolienne,
c'était absurde, coûteux, inefficace et ridicule. Et pourquoi
j'en parle? Parce qu'elle
était endossée par l'actuel président du Conseil du trésor.
Donc,
M. le Président, malheureusement, dans deux semaines, les Québécois auront un
mauvais cadeau dans leur porte-monnaie :
il va falloir qu'ils paient 45 $ de plus en moyenne, il va falloir qu'ils
paient deux fois le coût de l'inflation les augmentations de tarifs
d'électricité. Je tends la main au gouvernement. Nous demandons au gouvernement
d'honorer leur engagement. Nous demandons au
gouvernement de penser d'abord et avant tout aux contribuables, et d'arrêter de
vivre au-dessus de nos moyens, et de, oui,
arrêter d'aller piger l'argent dans les poches de tous les contribuables.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député de
Chauveau, de votre intervention. Et, toujours sur cette motion du
mercredi, je reconnais le prochain intervenant, et il s'agit du ministre des
Ressources naturelles. M. le ministre des Ressources naturelles, à vous la
parole.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci beaucoup, M. le Président. Vous savez, j'en profite aujourd'hui pour
pouvoir prendre le temps qu'il faut pour,
d'une part, rejeter catégoriquement ce que vient de dire le député de Chauveau.
La première chose qu'il faut se dire
de façon très claire, c'est : Est-ce que nous sommes satisfaits que cette
hausse soit supérieure à l'inflation? La réponse, c'est non. On n'est
pas satisfaits.
Vous
savez, d'abord, premièrement, on n'a pas tout à fait les mêmes chiffres. Il
parle de 1,5 % en termes d'inflation; dans le budget du ministère des Finances, on parlait de 2,1 %.
Alors là, il va falloir s'entendre. Vous savez que, quand on détermine
les taux d'inflation, il y a des variables qui diffèrent.
Et
nous avons depuis le début... Parce qu'il nous a accusés de beaucoup de choses,
et je vais tenter de répondre point par point... Un des premiers
éléments qui étaient très importants dans la détermination des tarifs...
C'étaient deux choses. Le premier élément,
c'était la question qui touchait les dépenses et, en fait, est-ce qu'on est en
contrôle de nos dépenses à
Hydro-Québec, et je peux vous dire que, là-dessus, mission a été accomplie,
parce que nous avons quand même des gains d'efficience importants à
Hydro-Québec. Depuis 2008, on a à peu près les mêmes dépenses d'opération. Et
il y avait, autour de 2007, 22 000 employés à Hydro; on se retrouve
aujourd'hui entre 18 000 et 19 000 employés à Hydro-Québec. Donc, on ne peut pas dire que c'est
une boîte qui est, comme tel, hors contrôle. Ça, c'est donc le premier élément. Et d'ailleurs, quand on regarde l'analyse
de la Régie de l'énergie, les dépenses d'opération d'Hydro-Québec et les
coûts d'Hydro-Québec qui ont été demandés, évidemment, sont bien en deçà de
l'inflation.
Comme l'a dit le
député de Chauveau, évidemment, la Régie de l'énergie a attribué 2,1 %
d'augmentation à l'industrie éolienne.
Alors, c'est là qu'est véritablement l'une des problématiques que l'on vit. Et
je tiens à dire que je rejette catégoriquement, parce que nous avons été élus
le 7 avril dernier... et en aucun moment, depuis notre arrivée au pouvoir, nous n'avons initié des appels d'offres
d'éolien. Donc, nous n'avons pas initié ces appels d'offres. Il y a eu des
politiques par un gouvernement libéral par le passé, et il y a eu des appels
d'offres qui ont été faits également par le Parti
québécois. Et je pense qu'il est important de bien comprendre pourquoi ces
appels d'offres ont été faits dans le passé. Ces appels d'offres faisaient partie d'une politique énergétique du
Québec, politique énergétique 2006 à 2015. Très important de comprendre qu'à partir de 2002‑2003, au Québec,
il était important d'avoir de nouvelles sources d'énergie et des nouvelles
sources d'énergie renouvelables en plus. Et
on se retrouvait, en 2002 et en 2003, avec des déficits possibles sur le plan
énergétique. En 2003, il y avait de bonnes
croissances économiques, il y avait véritablement là des possibilités de
déficits énergétiques. Et après, comme on le sait, les incidents du
Suroît, où on ne voulait plus avoir de centrales thermiques nouvelles au
Québec, nous voulions lutter contre les gaz à effet de serre et nous avons
décidé à ce moment-là, M. le Président, de
dire que l'éolien — pas
seulement le Québec, là, un peu partout à travers le Canada, aux États-Unis, un
peu partout — s'est
avéré être la meilleure formule dans les circonstances.
• (15 h 30) •
Évidemment,
il y a eu des appels d'offres. Il y a eu des appels d'offres dans lesquels,
parmi les critères qui étaient importants,
les critères étaient évidemment autant que possible, dans toute la mesure du
possible, d'encourager les entreprises
québécoises. Alors, il aurait été facile de commander certains des équipements
dans d'autres pays, où les coûts auraient
été moindres, mais qui n'auraient pas permis de faire travailler, évidemment,
des gens ici, au Québec. On a donc créé,
au Québec, dans plusieurs régions du Québec, on a créé des industries qui
étaient fortes. On a créé, par exemple, certaines entreprises :
Marmen, d'autres, Enercon, à Matane, et d'autres qui réussissent aujourd'hui à
faire travailler beaucoup de gens. Et, quand commence une industrie, il y a
un coût qui est toujours un peu
plus élevé. Le coût, évidemment, a été au départ autour de 0,12 $,
0,13 $ le kilowattheure, mais je tiens à rappeler que, lors du dernier
appel d'offres, ce coût-là, maintenant, est rendu à 0,064 $ le
kilowattheure. Et, quand on regarde le récent coût d'un barrage comme la Romaine, qui est le dernier barrage dans lequel
nous étions impliqués, eh bien, là, on parle de 0,06 $, à peu près, le
kilowattheure. Donc, la différence future entre l'éolienne et les coûts
d'un barrage comme la Romaine, pas si significative que cela.
Mais
il est clair — et
j'accepte le fait — que
l'éolien, au fil du temps, nous a coûté un certain montant d'argent et
évidemment est responsable, la régie l'a clairement dit, de la hausse des
tarifs électriques. Maintenant, il faut bien comprendre une chose, c'est que la
politique énergétique se termine, et là nous devons initier une nouvelle
politique énergétique. Et, ce matin, ce que
le premier ministre a dit de façon très claire, c'est que nous allons aller de
l'avant avec une vision, évidemment,
d'encouragement, d'une part, toujours aux énergies renouvelables, parce qu'il
faut lutter contre les gaz à effet de serre, c'est fondamental. Et,
depuis notre arrivée au pouvoir, ce que nous avons fait avec l'industrie éolienne, c'est de travailler avec eux afin qu'à
l'avenir cette industrie puisse survivre et puisse prospérer par des
exportations, par une offre
complémentaire à ce qui se fait avec Hydro-Québec, et donc il est très
important que l'industrie éolienne continue cette lancée-là.
Nous
sommes, bien sûr, tout à fait, conscients qu'il y a là des enjeux. Et
j'aimerais rappeler, M. le Président, les hausses de tarifs des dernières années, qui ont été accordées par la
Régie de l'énergie. Si je commence en 2007, les hausses de tarifs qui ont été accordées en 2007, c'était
1,9 %; en 2008, 2,9 %; en 2009, 1,2 %; en 2010, 4/10 de 1 %;
en 2011, une baisse de 4/10 de 1 %;
en 2012, une baisse de 1/2 de
1 %; en 2013, une hausse de 2,4 %; 2014, 4,2 %; et, en 2015, la
dernière hausse, 2,9 %. Quand on
fait l'analyse, on va s'apercevoir que, si on regarde l'horizon
des sept ou huit dernières années, on se retrouve dans un horizon dans lequel on est sensiblement comparable, probablement, avec évidemment les hausses de
l'inflation de façon générale. Alors, je pense qu'il faut ramener cela
véritablement dans ce qu'il est convenu d'appeler la juste perspective. Et ça,
pour moi, M. le Président, c'est un élément qui m'apparaît extrêmement
important pour l'avenir.
Maintenant,
le gouvernement a à coeur les intérêts des Québécois. Le premier ministre a été
élu de façon générale sur une base
très importante, en disant : Nous allons travailler pour que l'État se
réorganise, se réorganise dans le futur, et que l'État puisse, finalement, se réorganiser de telle façon que nous ayons
en bout de ligne des réductions d'impôt pour l'ensemble des citoyens. Et
c'est ce que nous allons faire, M. le Président.
Alors, il est
clair, M. le Président, que nous sommes en train, actuellement, de travailler à
un plan stratégique pour Hydro-Québec.
Je pense qu'il est très important, M. le Président, de vous dire que, dans ce
plan stratégique, évidemment, nous allons mettre, à l'intérieur de ce
plan stratégique, des objectifs pour Hydro-Québec d'avoir des hausses qui sont raisonnables et des hausses qui vont tenir compte,
évidemment, de la capacité de payer des citoyens, et ça, pour moi, c'est
un élément qui m'apparaît aujourd'hui
extrêmement important. Nous savons très bien qu'il y a, à l'intérieur des
dernières années, au cours des deux
dernières années en particulier, une certaine grogne chez les citoyens parce
que les hausses sont plus importantes
que l'inflation, et nous le savons,
mais aussi parce que la très grande augmentation de la facture
d'électricité des Québécois
a été causée, évidemment, par les froids très importants
que nous avons connus au cours des deux
dernières années. Mais je tiens à rappeler, M. le Président, que nous
payons notre électricité, au Québec, 0,07 $ du kilowattheure. Il en coûte
0,12 $ à Toronto et 0,21 $ à New York. Alors, il faut bien comprendre
qu'on est dans un environnement où on
demeure, au Québec, parmi les plus compétitifs, les plus compétitifs en
Amérique du Nord, et ce... Nous
sommes compétitifs avec une énergie qui est propre et avec une énergie, donc,
qui est renouvelable. Et ça, je pense que
c'est très important de bien comprendre ces éléments-là. Mais, M. le Président,
je peux vous assurer d'une chose : nous allons continuer à travailler pour nous assurer, justement, et
comme l'a dit le premier ministre, que ces hausses, dans l'avenir,
soient des hausses qui soient les plus raisonnables possible.
Maintenant,
je voudrais rappeler, cependant... Parce que le député de Chauveau a tenté,
depuis plusieurs mois d'ailleurs,
d'un peu... de ridiculiser, je dirais, notre décret de préoccupations. Il a
ridiculisé ce décret des préoccupations en disant que ça ne donnait absolument rien, qu'il n'y avait vraiment là
absolument rien. D'abord, premièrement, la demande d'Hydro était à
3,9 %; on a eu 2,9 %, dans un premier temps. Deuxièmement, la régie a
demandé à Hydro-Québec de présenter un plan
pour aider les ménages à faibles revenus, donc un plan dans lequel les
conditions de paiement, tous les éléments
qui touchent les ménages à faibles revenus, bien, devront être pris en compte,
et Hydro-Québec va devoir faire preuve de flexibilité.
Dans la
décision de la régie, on a également approuvé le tarif de développement
économique pour l'ensemble des
entreprises; ça faisait partie aussi de la décision. Et également nous avons
bonifié certains tarifs, particulièrement dans le domaine agricole.
Ensuite de ça, il y a eu une réduction également de l'impact de certains tarifs
pour des réseaux de distribution municipaux,
M. le Président. Et ça, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire des
possibilités de ne pas augmenter ou
même, possiblement, de diminuer certaines taxes pour les citoyens. C'est donc
dire que, dans cette décision-là... Et, je le dis et je le répète de façon importante, nous ne sommes pas satisfaits
de cette décision, mais nous nous orientons pour qu'on puisse, au cours
des prochaines années, avoir des tarifs qui sont raisonnables pour l'ensemble
des citoyens.
Nous faisons actuellement une consultation
sur la politique énergétique, et je pense que tout le monde
peut voir... Il a cité Le Devoir,
c'est un quotidien où il y a beaucoup d'idées qui sont exprimées régulièrement, et
certains, évidemment, veulent qu'on augmente encore davantage
les tarifs parce qu'ils disent :
Bien, écoutez, les Québécois, s'ils n'ont pas des tarifs un peu plus
élevés, ils ne feront pas d'efficacité énergétique. Cela fait partie des
nombreuses théories que nous entendons, mais
il est clair que le gouvernement va s'organiser pour qu'à l'avenir, évidemment,
nous soyons quand même dans des eaux qui soient absolument les plus
convenables pour l'ensemble des citoyens.
• (15 h 40) •
Alors, M. le
Président, je ne veux pas faire un long discours, mais je pense qu'il était
important de bien préciser dans quel
contexte énergétique ça s'est fait. Et il est bien important également de
comprendre que le monde de l'énergie, c'est
un monde qui évolue de façon très importante. Et je tiens à rappeler, M. le
Président, que les surplus énergétiques dont on parle, c'est 3 %. Et rappelons-nous qu'en 2003 personne ne
prévoyait que nous aurions de tels surplus énergétiques. En 2006,
personne dans la politique énergétique — les plus grands experts
avaient été consultés — personne
n'avait entendu parler du gaz de schiste.
Donc, tout ça s'est fait de façon très importante. Si on vous avait dit, il y a
même un an, que le baril de pétrole
serait autour de 50 $ US aujourd'hui, probablement que personne ne nous
aurait cru. On est dans un monde
extrêmement volatile, c'est un monde énergétique dans lequel, évidemment, les
changements se font très importants.
Alors, notre but dans tout cela est de gérer
cette situation, qui est souvent volatile, de la façon la plus efficace possible, M. le Président, et nous allons nous y
employer au cours des prochaines années. Nous savons que nous avons des surplus, nous devons les gérer de façon
prudente. Nous devons réaliser, avec notre énergie, des bénéfices économiques
de création d'emplois, de développement d'industries pour le Québec, et, bien
sûr, nous devons faire en sorte que les consommateurs québécois aient des
augmentations, dans le futur, qui sont raisonnables pour l'avenir.
Alors, c'est
ça, M. le Président, qui est pour nous fondamental, et je peux vous assurer que
notre gouvernement va faire tout ce
qui est possible pour qu'à l'avenir on ait la gestion la plus saine possible et
la plus fière possible de notre secteur énergétique. Et là-dessus,
donc, M. le Président, je peux
simplement terminer en vous disant encore une fois qu'il faut se rappeler qu'au Québec nous sommes une société où
nous avons des ressources naturelles et nous avons, encore une fois, une
énergie verte, une énergie extraordinaire et
qui peut bénéficier à l'ensemble des citoyens, et c'est ce que nous allons
faire dans l'avenir, M. le Président. Merci infiniment.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le ministre des Ressources naturelles. Et je
reconnais maintenant M. le député pour une intervention en vertu de l'article
134, qui serait une question... 234.
M.
Ouimet
(Fabre) : 213. Oui, M. le Président. J'aurais une question pour
le ministre, s'il accepte ma question.
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...M. le ministre, vous acceptez qu'il pose une
question? Alors, M. le député.
M.
Ouimet (Fabre) : Alors, M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt l'intervention du ministre, et... En fait, je me posais la
question... et je crois connaître la réponse, mais je voulais l'entendre du
ministre : À la lumière de la
motion et des commentaires du ministre, je comprends que, si nous votions pour
cette motion, ce ne serait pas une bonne chose pour le Québec.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, habituellement, la question est brève, la
réponse est brève. Allez.
M.
Arcand :
Oui. Alors, écoutez, M. le Président, nous nous sommes dotés... Et d'ailleurs
c'était sous un gouvernement du Parti
québécois, M. le Président, on s'est dotés d'un organisme neutre. On ne
veut pas que ce soient les
politiciens qui décident des hausses d'électricité. Je sais que la Coalition
avenir Québec voudrait changer ça, voudrait qu'on revienne comme dans le bon vieux temps. On pense qu'il est très
important d'avoir un organisme neutre qui va déterminer ces hausses de tarifs pour l'avenir. Il est donc très
important que le gouvernement donne à Hydro les bonnes orientations. Et je pense que le système que nous
avons, M. le Président, il est convenable. Et nous ne sommes pas, bien sûr, d'accord
avec la Coalition avenir Québec, qui veut...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le ministre. Et, pour la poursuite des
débats, je cède maintenant la parole
à M. le député de Rousseau pour son intervention sur la motion, en lui
rappelant que... vous n'êtes pas obligé de l'utiliser,
là, mais vous avez 30 minutes.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Alors, il me fait
plaisir d'intervenir, au nom de ma formation politique, sur cette motion présentée par la CAQ, une motion
qui contient essentiellement deux éléments. Premièrement, on rappelle qu'il y a
une promesse qui a été prise par le premier ministre lors de la campagne
électorale, promesse dont on vient de se rendre compte qu'elle n'a pas
été respectée. Et j'aurai l'occasion de faire la liste d'autres promesses qui
n'ont pas été respectées par le
gouvernement. Cette partie-là ne nous pose pas de problème; nous, on est tout à
fait d'accord avec ces éléments-là.
Par
ailleurs, il y a
une partie de la motion qui porte sur les approvisionnements éoliens, lesquels,
effectivement, ont eu un impact sur les tarifs d'électricité;
j'aurai l'occasion d'y revenir. Mais j'aurai aussi l'occasion,
M. le Président, à la
fin de mon intervention... j'aurai l'occasion de présenter un amendement qui ne change pas
le sens de la motion, mais qui
rappelle plus précisément les raisons pour lesquelles les tarifs ont été menés
à la hausse par certains projets éoliens mal ficelés, et je reviendrai
là-dessus dans quelques minutes.
Alors,
M. le Président, tout d'abord, je reviens sur cette question
des promesses, des promesses qui ont été formulées à l'occasion de la campagne
électorale de 2014, et il y en a
eu plusieurs. Effectivement, la CAQ a raison de rappeler que le premier ministre s'était engagé à ne pas augmenter les tarifs au-delà de l'inflation. Aujourd'hui, on constate que la régie a rendu
une décision en vertu de laquelle les tarifs augmenteront de 2,9 %, et là le gouvernement se réfugie derrière
la Régie de l'énergie, derrière le mécanisme qui a été mis en place.
Le
gouvernement a, d'une certaine manière, raison de faire cela, sauf qu'on sait
fort bien qu'au moment de prendre cet
engagement en campagne électorale il n'a jamais été question d'abolir la Régie
de l'énergie, M. le Président, hein? Cette
régie, elle existait à l'époque, le gouvernement le savait et pourtant il a
pris cet engagement de contraindre les tarifs d'électricité à l'inflation. Alors, c'est sa propre turpitude, là, qu'il
plaide lorsqu'il dit qu'il ne faut pas immiscer le politique dans l'établissement des tarifs. Alors, moi, j'ai
un gros problème avec ça. Il aurait fallu, à l'époque, reconnaître qu'il
existait une régie et ne pas annoncer... ne pas promettre aux Québécois
de contraindre les tarifs à l'inflation.
Mais
d'autres promesses, M. le Président, à l'occasion des élections, d'autres
promesses ont été formulées, qui n'avaient
pas de sens et qui rapidement n'ont pas été tenues par ce gouvernement. Je vais
vous en rappeler quelques-unes. Parlons
des dépenses en infrastructures. À l'occasion de la campagne électorale, le
gouvernement avait promis de hausser les
dépenses d'infrastructures, les investissements en infrastructures du
gouvernement du Québec, de 15 milliards de dollars.
Vous
connaissez la suite. À l'occasion du budget de juin dernier, le ministre des
Finances a été obligé de reconnaître que
cette promesse avait été mal évaluée par les financiers et par les banquiers du
gouvernement libéral. On s'était trompés de 15 milliards de dollars, M. le Président, et on a été obligés de
reculer sur cette promesse de 15 milliards de dollars. Pourquoi? Bon, tout simplement parce que ce
15 milliards là n'était pas compatible avec la capacité de payer de l'État
québécois, pas compatible avec la capacité
de payer des contribuables du Québec. Donc, deuxième promesse. Là, on a les
tarifs d'électricité, on a le 15 milliards en infrastructures.
Autre promesse qui avait été formulée à l'occasion
de la campagne électorale, c'est celle concernant les tarifs des services de garde au Québec. Je pense que tout le monde se rappelle du premier ministre nous disant que de faire passer les tarifs de garde de 7 $
à 8 $ puis par la suite de 8 $ à 9 $, ça constituait un choc
tarifaire — c'est ce
qu'on nous disait, M. le Président,
un choc tarifaire — et qu'en
conséquence il n'y aurait pas d'augmentation des tarifs de garde au-delà
de l'inflation.
Eh bien, M.
le Président, les Québécois ont tous été étonnés et malheureux d'apprendre que
le gouvernement libéral avait changé
d'idée, a décidé de briser cette promesse qui avait été formulée et d'augmenter
les tarifs de garde non pas de 7 $
à 9 $, mais bien de 7 $ à 20 $ par jour pour certains
contribuables, pour certaines familles. Et les conséquences de cette hausse des tarifs de
garde, je n'aurai pas l'occasion d'élaborer là-dessus, mais elles pourraient
être très graves. Entre autres, elle pourrait freiner l'accès des femmes
au marché du travail; et il faut s'attendre aussi à des conséquences sur le
développement des places dans nos services de garde.
M. le Président, en
campagne électorale, on nous promettait une économie florissante. On nous
promettait les vallées verdoyantes. On nous
promettait l'effet libéral, M. le Président. L'effet libéral. Alors, M. le
Président, l'effet libéral, qu'en
est-il à peu près un an plus tard? Première des choses, la croissance
économique. La croissance économique. On nous promettait du 2,1 % dans la plateforme électorale libérale.
M. le Président, le ministre des Finances a été forcé, à l'occasion du budget de juin dernier, de réviser à
la baisse les prévisions de croissance économique. Et, encore récemment,
à la mise à jour, ça a été de nouveau
rebaissé. Et on verra, là, dans le budget de la semaine prochaine, ce qu'il en
est. Mais soyons très clairs, il n'y
a pas de croissance économique plus forte avec le Parti libéral, c'est plutôt
l'inverse. C'est plutôt l'inverse, la croissance économique est plus
faible depuis que le gouvernement libéral a pris les rênes.
• (15 h 50) •
Même
chose pour l'emploi. On nous promettait 50 000 emplois par année. M. le
Président, le bilan pour 2014 a été rendu
public par l'Institut de la statistique du Québec et l'institut nous a dit
qu'en 2014 le bilan, c'est moins 2 300 emplois, moins 2 300 emplois, par opposition à 2013 où
il s'était créé 48 000 emplois. Alors, les promesses de création d'emplois
de 50 000 personnes par le
gouvernement, on n'y croit pas. On n'y croit pas. Et c'est une autre promesse
qui a été brisée.
Par
ailleurs, le premier ministre avait promis l'austérité, M. le Président. Est-ce
qu'il avait promis qu'on vivrait une
période d'inquiétude, d'insécurité pendant les prochaines années? Je ne crois
pas. En tout cas, moi, je n'ai pas entendu ça en campagne électorale, M. le Président. On nous promettait, encore
une fois, une économie florissante grâce à l'effet libéral. Bien, M. le Président, le constat
aujourd'hui, et ça, c'est Pierre Fortin, un grand économiste québécois qui le
dit, c'est que le Québec est champion
de l'austérité. L'action du gouvernement retranche, au PIB du Québec, 1 %
de sa valeur. Ça représente
3 milliards de dollars de moins de richesse créée au Québec parce que ce
gouvernement a décidé de mettre en place l'austérité.
M.
le Président, est-ce que le premier ministre avait promis de faire du Québec
une province canadienne comme les autres? Est-ce qu'il avait promis ça
en campagne électorale? Est-ce qu'il avait promis de s'attaquer au modèle québécois? La réponse, c'est non. La réponse,
c'est non. Est-ce qu'il avait promis de démanteler les CLD? Est-ce qu'il
avait promis de démanteler les CRE? Est-ce qu'il avait promis, M. le
Président...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Monsieur... Il y a une question de règlement, je
voudrais l'entendre, mais rapidement parce que je ne vois pas en quoi,
mais je vais vous écouter.
M.
Ouimet (Fabre) : M. le Président, il me semble, à l'article
211, la règle est claire de la pertinence du débat, et j'écoute avec
beaucoup d'intérêt le député de Rousseau, mais, quand je regarde la motion qui
nous parle de tarifs d'électricité,
d'éolien, de la décision de la Régie de l'énergie, j'ai peine à suivre le
raisonnement du député de Rousseau. Il me semble que nous nous éloignons
de façon...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bon, je vous ai entendu, sauf qu'il y a toujours
eu une certaine latitude, surtout sur
la motion du mercredi. Et, dans la motion du mercredi, il y avait quand même
deux éléments, c'est très clair : il y a le manquement, selon l'auteur de la motion, qui n'est pas le président
évidemment, d'engagements pris lors de la campagne électorale. Alors, ça, c'est partie intégrante.
Alors, il lui appartient de décider de la longueur. Si ça prenait tout le
temps, c'est sûr que la présidence
aurait dit : Bien, il y a l'autre élément que j'aimerais vous entendre.
Mais il y a toujours eu une latitude,
j'invite le collègue à revenir éventuellement... Parce qu'il ne m'appartient
pas, comme président, de faire l'usage de son temps imparti; ça lui
appartient. Alors, veuillez poursuivre.
M.
Marceau : Vous êtes bien généreux, M. le Président. Et puis,
écoutez, vous avez... je pense que le député a raison de dire que la liste des promesses brisées est très, très longue
et que je ne pourrais pas consacrer toute mon intervention à faire cette liste-là. Il a entièrement raison.
D'ailleurs, je vais m'arrêter là-dessus. Je voulais simplement illustrer le fait que ce n'est pas une exception,
ce que le député de Chauveau a souligné dans le cadre de sa motion, c'est
quelque chose qui est maintenant
régulier — les
Québécois ont compris ça, c'est devenu quelque chose de très clair : Ça
n'arrête pas, M. le Président. Mais, vous
avez raison, je pense que je vais me consacrer, pour le reste de mon
intervention, à la question des tarifs d'électricité.
Il
y a un certain nombre de choses à dire. Je vais parler, dans quelques minutes,
de l'éolien, mais je vais commencer par
vous parler des tarifs d'électricité de façon plus générale. Il y a quelque chose aussi d'assez
inquiétant qui se passe présentement,
puis même le ministre des Ressources
naturelles l'a évoqué. Le ministre des Ressources naturelles a évoqué l'idée
d'accroître les tarifs pour faire en sorte que les Québécois
épargnent, fassent plus attention à leur consommation d'électricité. Et, en fait, il y a ce tarif grande
maison, là, dont il a été question. On a posé des questions là-dessus,
M. le Président, mais j'aimerais
dire et ajouter que, quand on a promis aux Québécois de ne pas augmenter
les tarifs de plus que le taux
d'inflation, on est bien malvenu d'introduire une nouvelle forme de
tarification encore plus forte pour les plus grands consommateurs. D'ailleurs, les plus grands consommateurs, ça n'a
pas encore été défini, à ce jour, par le ministre des Ressources
naturelles, là, mais j'ai bien...
j'espère qu'on n'ira pas sur cette voie-là. Disons, en tout cas, qu'il y a une
inquiétude, de notre côté, quant à
l'établissement de ce tarif grande maison, dont on nous dit que ce serait pour
faire en sorte que les Québécois
soient plus parcimonieux dans leur consommation d'électricité. Moi, je pense
que c'est plus une manière d'aller chercher plus d'argent dans les
poches des Québécois, M. le Président.
M. le Président, je vais aller
droit au but sur la question de l'approvisionnement en éolien. Le ministre des Ressources naturelles en a
parlé. Il a parlé des résultats de l'appel d'offres qui a été lancé par le Parti québécois, appel d'offres de...
laissez-moi me rappeler, je crois que c'était 450 MW, M. le Président. C'était le quatrième appel d'offres. Et, je pense, c'est important de rappeler que cet appel d'offres, qui a
été fait à l'époque où nous étions au gouvernement, s'est soldé par des tarifs d'approvisionnement
éolien de 0,063 $ le kilowattheure, M. le Président, ce qui est absolument compétitif, concurrentiel avec les projets hydroélectriques qu'on a aujourd'hui à regarder puis qu'on pourrait contempler puis qu'on pourrait éventuellement mettre en
oeuvre. 0,063 $, il n'y a pas d'enjeu, c'est compétitif. Et, au Parti québécois, M. le Président — je vais vous résumer ça
très simplement — on
est favorables à l'éolien. On est favorables à l'éolien bien fait, bien
négocié, bien ficelé, pour des projets qui sont compétitifs puis concurrentiels
avec l'hydroélectricité. Mais, au Parti québécois, M. le Président, on est
contre des projets qui sont mal ficelés, évidemment.
Et j'aimerais
dire au député de Chauveau puis au gouvernement que ce qui se passe pour les
tarifs d'électricité de cette année,
là, qui augmentent de 2,9 %, dont 2,1 % à cause de l'éolien, c'est essentiellement parce qu'entrent en service, en
2014 et en 2015, des projets qui avaient été négociés par le gouvernement
libéral à des tarifs de 0,11 $ et plus. Moi, j'ai noté, du deuxième appel d'offres de 2005, là
il y en avait pour 2 000 MW, il y avait... il y a quatre projets qui sont entrés en vigueur en 2014‑2015.
Et il y en a trois à venir en 2015; trois projets. Ça, c'est tous des projets
qui ont été négociés, à l'époque, par le gouvernement libéral.
Pour le troisième appel d'offres, celui de 2009,
je note six projets qui sont déjà entrés en vigueur en 2014 et cinq à venir en 2015. Cinq à venir en 2015. Il n'y
a aucun, aucun projet éolien qui a été lancé par le Parti québécois, qui est
en vigueur présentement. Ils vont entrer en vigueur en 2016 et en 2017 à des
tarifs de 0,06 $. Soyons très, très clairs, M. le Président. Je répète donc : Tous les projets qui ont
contribué à la hausse de 2,1 % des tarifs sont des projets qui étaient...
qui appartenaient au deuxième puis au
troisième appel d'offres éolien du gouvernement libéral précédent de M. le
premier ministre Charest, et ce sont
ces appels d'offres mal négociés qui contribuent aujourd'hui à appesantir les
tarifs d'électricité.
Alors, c'est
important, M. le Président, parce que de l'éolien bien fait, de l'éolien bien
fait, ça crée des emplois, ça crée une industrie dynamique, ça permet de
faire l'occupation du territoire. Il y a 150 entreprises au Québec qui fournissent des composantes d'éoliennes. Ça génère
des milliers d'emplois, M. le Président. Il y a 5 000 personnes qui travaillent à temps plein dans cette industrie-là.
5 000 personnes. Et il y a moyen, il y a moyen de garantir ces emplois-là
en négociant correctement, en ficelant bien
les projets. Ça n'a pas été le cas de l'ancien gouvernement, M. le Président.
Il y a eu des investissements de
10 milliards qui ont été réalisés en fonction... à la suite des différents
appels d'offres, et ça génère tout près de 500 millions, M. le
Président, en richesse par année. Alors, ce n'est pas rien, là.
Et puis
effectivement le ministre des Ressources naturelles a eu raison de dire que
c'est une énergie verte, tout comme l'hydroélectricité est une énergie
verte, puis on a la chance, au Québec, d'avoir de l'hydroélectricité, et cette hydroélectricité-là et cette énergie éolienne là,
ce sont de très bons compléments, ce sont des énergies qui fonctionnent très bien ensemble. Quand il y a du vent puis que
les éoliennes tournent, on peut laisser l'eau monter derrière les barrages;
on peut stocker, donc, cette énergie. Et puis, quand il y a moins de vent, on
peut simplement laisser l'eau couler plus fortement
et faire fonctionner nos turbines hydroélectriques. Alors, ce sont deux sources
d'énergie qui sont complémentaires et
qui fonctionnent très bien ensemble. Alors, on est chanceux, au Québec. Mais,
pour la suite des choses, M. le Président, je le dis et je le répète, c'est important de nous assurer, c'est
important de nous assurer que les projets soient bien ficelés,
évidemment.
Ce qui fait
que, M. le Président — je vois le temps qui file — j'aimerais déposer un amendement, amendement
qui se lirait comme suit.
Je propose
donc que nous ajoutions, à la fin du troisième paragraphe, les mots «résultant
de certains appels d'offres mal
balisés effectués sous le gouvernement libéral». Et je vais vous laisser le
soin de lire ce que ça donnerait, M. le Président, n'est-ce pas? C'est
ça?
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...
• (16 heures) •
M. Marceau :
O.K., vous le ferez tout à l'heure... au moment qui vous conviendra. Voilà.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On vous remercie, M. le député de Rousseau, si vous avez terminé. C'est toujours la même règle. Là, je la reçois,
quelqu'un tantôt pourra nous indiquer s'il accepte l'amendement proposé. Alors,
sous réserve de l'acceptation de
l'amendement proposé, bien elle sera intégrée, et là on donnera le texte que ça
donne, mais, si elle était refusée, ça ne nous donne rien de vous donner
la phraséologie finale.
Alors, je
suis prêt à poursuivre le débat sur ces dossiers-là, je suis prêt à reconnaître
le prochain intervenant. Je reconnais M. le député de...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Ah! oui, mais il faut se lever. Alors, M. le député d'Abitibi-Est, ça me fait
plaisir de vous prêter la parole en vous indiquant qu'il restait 32 minutes
à votre formation. Donc, vous avez le temps amplement de vous exprimer. M. le
député d'Abitibi-Est, à vous.
M. Guy Bourgeois
M. Bourgeois : Merci, M. le
Président. M. le Président, je tiens à rappeler certains faits.
Depuis tout à l'heure, on a commencé à
aborder tout le volet de l'éolien. Cette filière-là, il faut se rappeler
qu'elle a été un choix gouvernemental
à une époque où le Québec était en déficit énergétique. Je pense que c'est un
fait important qui vient nous
permettre de mieux comprendre la dynamique qui s'est inscrite subséquemment.
C'est une filière importante, au
Québec. On parle de plus de 5 000 emplois, dont plus de 1 200
emplois dans la région de la Gaspésie. Cette filière, d'ici 2017, aura généré plus de 10 milliards
d'investissement au Québec. Vous comprendrez, M. le Président, que, dans
cet ordre de grandeur, le gouvernement a été
mis à contribution et suit de façon très intéressée l'évolution de cette
filière. Ça a permis de développer un
réseau d'entreprises manufacturières dans le domaine éolien qui sont présentes
maintenant sur les marchés d'exportation.
Maintenant,
évidemment, la filière éolienne, l'industrie fait face à des nouveaux défis,
elle doit maintenant se positionner pour
être habilitée à intervenir sur le marché de l'exportation. Pour ce faire,
notre gouvernement l'accompagne dans
sa démarche. Et vous comprendrez, M. le Président, que de l'accompagner, cette
industrie-là, dans son développement futur
nous permet de s'assurer que cette industrie va pouvoir produire à des tarifs
compétitifs. L'évolution de la technologie dans le domaine nous permet de croire et même nous permet d'affirmer que
des résultats fort intéressants sont reconnus depuis quelques années
maintenant et la rendent, de façon fort intéressante, plus compétitive avec les
autres sources d'énergie, énergie verte, qui est une préoccupation.
On
a la chance ici, au Québec, d'avoir un fort potentiel de production dans
différentes filières d'énergie verte, et
celle-ci mérite d'être tout aussi accompagnée et porteuse pour l'ensemble des
régions du Québec, parce qu'il faut aussi se rappeler que, lors de
l'implantation des parcs éoliens dans les régions du Québec, c'est un apport
économique non seulement lors de la
construction, mais également, pour les années qui s'ensuivent, à la fois pour
les milieux d'accueil qui en
reçoivent un partage sur des coûts qui sont attribués sur l'utilisation du
territoire soit dans les localités ou avec les communautés qui sont celles d'accueil de ces projets, mais également
l'ensemble des travailleurs qui sont mis à contribution dans ces filières et le développement de la
connaissance. On a vu, entre autres, également, dans la création des
entreprises dans la péninsule gaspésienne, que ce soit dans la
construction, le transport de pièces, les développeurs de projets, les opérateurs et toute la logistique de maintien,
d'entretien de ces équipements, à travers l'ensemble des parcs sur l'ensemble
du territoire québécois, donc, également des services environnementaux associés
à la réalisation de ces projets.
Vous
comprendrez que, M. le Président, pour accompagner ces entreprises qui se sont
développées, il a fallu aussi aller
du côté de la formation. Il y a un programme qui a été mis sur pied, de
formation technique en maintenance d'éoliennes, encore là, qui est dispensé en région, au cégep de la Gaspésie, le
Groupe Collegia. Je pense qu'il faut aussi tenir compte de ces éléments-là quand on parle de la filière.
Oui, il y a des coûts, mais il y a aussi des bénéfices, et ces éléments-là en
font partie. Il y a aussi la mise en place
du Technocentre éolien, lequel a développé un programme de recherche en climat
nordique et en terrain complexe. Encore là,
c'est une plus-value qui est non négligeable, parce qu'on sait que, compte
tenu du vaste territoire québécois, la
desserte énergétique, dans certaines communautés, dans certains secteurs, est
une problématique qui ne peut être comblée que par les réseaux conventionnels.
On n'a qu'à penser
aux projets qui se réalisent actuellement avec l'entreprise Tugliq, dans le
Nunavik, en collaboration avec la mine Raglan, propriété du groupe Glencore, où on a un projet
d'une éolienne de 3 MW qui va coupler à la fois la production d'énergie, mais aussi l'emmagasinement d'énergie
pour ses besoins, ce qui a un effet majeur sur la consommation de diesel pour la production
d'énergie pour l'opération à la fois des campements et de l'exploitation de
la mine. Donc, on est bien au-delà d'une
question de coûts. On est aussi en lien avec une position sur le développement
d'une filière minière mais accompagné d'une
préoccupation environnementale qui va plus loin que juste d'être conforme
à des normes, mais de s'assurer de laisser
une empreinte beaucoup moins importante. La réalisation de ce projet-là ouvre
aussi une perspective auprès des communautés
isolées, qu'on parle du côté des communautés inuites, que l'on parle du côté même de certaines communautés, par exemple
les Cris de Whapmagoostui, qui ne sont pas desservies par le réseau. Ça peut être également le cas de certains
campements sur l'exploitation des ressources naturelles. Donc, je pense qu'il
faut voir plus large que le spectre de la
production en lien avec le couplage du réseau québécois des productions
d'énergie, mais également, oui, il
faut reconnaître l'avantage de la production éolienne en lien avec la
production hydroélectrique. C'est
deux types de production qui se font très bien ensemble parce qu'elles
permettent, justement, de réserver des surplus d'énergie qui pourraient être emmagasinés dans les bassins pendant que
la période de production... que le vent est présent pour répondre à l'opération des éoliennes. Il y a
un couplage très bon qui se fait en termes non seulement de capacité,
mais en termes de qualité de l'onde de production pour l'intégration sur le
réseau d'Hydro-Québec, dans ce sens-là.
C'est
pourquoi je pense que cette filière-là mérite une considération beaucoup plus
favorable, moins à contre-courant de
ce qu'elle peut exercer comme potentiel. Et d'ailleurs, là-dessus, je soulignerai
qu'entre autres le député de
Matane-Matapédia avait souligné la
mise en place d'un groupe de travail du gouvernement et de l'industrie au sujet des
conditions nécessaires au développement de l'industrie éolienne. Je pense que c'est ce qu'on doit, comme
élus, s'assurer, dans le fond, d'accompagner ces groupes-là pour faire en sorte qu'ils puissent bénéficier à l'ensemble de l'essor du Québec, et
non pas de les discréditer, parce que, oui, si on les prend à la base, oui, l'énergie
éolienne, le coût était plus important, mais, comme on le sait, maintenant
on va venir rejoindre d'autres types de production à des coûts compétitifs.
• (16 h 10) •
Maintenant,
vous me permettrez, M. le Président, de toucher un autre volet. Celui qui nous
interpelle, c'est du côté des surplus
énergétiques. Je vous rappelle, quand la filière éolienne a été mise en place
au Québec, on n'avait pas de surplus énergétique, on voulait trouver une façon de pouvoir produire
pour répondre aux besoins. La conjoncture économique ayant changé, on a
dû rapidement réaliser qu'il
y avait, compte tenu de la fermeture de certaines industries, de l'apparition
de nouvelles sources énergétiques, plus particulièrement du côté de
nos voisins américains, un nouveau défi qui se présentait. On doit
travailler sur cet aspect-là également. Tout récemment, on parlait d'un surplus
énergétique d'équivalent
de 3 %. Ce n'est pas énorme. On
n'a qu'à penser qu'avec la venue d'une nouvelle aluminerie rapidement ces surplus-là
pourraient être absorbés. Et d'ailleurs, déjà, depuis l'analyse de la
situation, plus de la moitié du surplus a été, justement, attribuée sur des projets qui nous permettent
d'accompagner des entreprises qu'on appelle des entreprises à haute consommation énergétique, qui nous
permettent de développer des filières et d'accompagner ces entreprises-là dans
leurs réalisations au Québec. Donc, il y a
eu des signatures qui ont été faites, M. le Président, je veux juste vous
donner, entre autres, deux exemples, avec Alcoa et... Mon Dieu! J'ai un
blanc. Je vais me retrouver.
Mais
donc, M. le Président, ces surplus-là, il faut les voir aussi comme une opportunité d'accompagner de nouveaux projets qui se présentent ici et qui nous
permettent, dans le fond, d'assurer une capacité de réalisation rapide
auprès de joueurs qui peuvent venir
nous permettre de mieux nous positionner en termes de développement économique du Québec,
développement économique des régions.
On
a des potentiels qui sont là, qui peuvent être exploités de façon responsable,
qui demandent des accompagnements à la
fois au niveau de certaines réglementations mais également au niveau de certaines capacités de réalisation, entre autres, par rapport au volet énergétique, et il faut les accompagner,
et, pour ce faire, on ne peut pas prendre d'engagement si on n'a pas une
capacité réelle d'accompagnement. C'est là que les surplus actuels deviennent
un outil fort intéressant. Parce
que,
demain matin, si nous n'avons pas cette capacité-là de desservir ces clients
qui viennent d'ailleurs pour réaliser des projets sur le territoire québécois, nous serons dans une situation
qui risque parfois de nous voir perdre certains projets au bénéfice d'autres régions ailleurs dans le
monde parce que nous ne pourrions pas assurer un développement de ces projets-là à moyen et à long terme.
Donc,
là-dessus, encore là, le couplage de l'éolien et de l'énergie hydroélectrique
fait en sorte que nous pouvons, avec
les surplus qui ont été identifiés, maintenant nous assurer qu'on va pouvoir accompagner ces
entreprises-là dans leur futur sur notre territoire.
Vous
me permettrez également, M. le
Président, de mentionner certains
autres projets qui sont actuellement en discussion pour s'assurer qu'on va
aller chercher les meilleurs résultats possible. Et là-dessus je suis certain
que le député de Chauveau
va être en accord avec moi : chaque kilowattheure qui est vendu, si on
peut trouver des preneurs à un prix
des plus intéressants, il faut faire le travail pour s'assurer qu'on va aller
chercher ces clientèles-là. C'est pourquoi, entre autres, on a eu des discussions avec le gouvernement ontarien, avec certains États
américains qui, malgré la venue des gaz
de schiste, dans le cas des Américains, sont toujours intéressés à l'énergie
verte du Québec parce qu'ils y reconnaissent à la fois la valeur au
niveau environnemental, mais également la fiabilité de cette source d'énergie
là.
Nous
avons également travaillé à la relance du Plan Nord, et évidemment cette
capacité énergétique là nous permet d'accompagner
les acteurs qui voudront venir se positionner en lien avec le potentiel offert
par ce grand projet qu'est le Plan
Nord. Que l'on pense en termes de foresterie, de secteur minier et d'autres
opportunités qui pourraient se présenter, je pense qu'il nous faut avoir, dans notre coffre d'outils, des éléments
comme celui de la capacité énergétique du Québec à répondre à des
projets majeurs.
Il
y a également une tarification qui a été mise en place pour répondre à des
attentes en termes de développement économique
pour attirer des nouveaux investissements. Oui, un tarif plus avantageux nous
permet d'attirer et d'intéresser des
projets qui, autrement, n'auraient peut-être pas eu autant d'écoute à notre
proposition, mais également il y a eu des paramètres qui ont été modifiés pour permettre d'offrir ces tarifs-là à
des entreprises de plus petite taille. Avant, ces tarifs étaient réservés à des entreprises de très grande
taille, maintenant il y a eu une modification qui permet aussi d'offrir à des
entreprises de plus petite taille des tarifs
qui leur permettront, elles aussi, de regarder pour le développement de projets
sur notre territoire.
M.
le Président, en terminant, j'aimerais peut-être vous parler un petit peu de ce
qui s'en vient au niveau de la nouvelle
politique énergétique. Notre gouvernement a annoncé clairement, M. le
Président, une démarche qui va se faire, une démarche rigoureuse et transparente, en vue de la politique
énergétique 2016‑2025. Nous voulons nous assurer que nous allons développer une compréhension commune
des défis et des opportunités auxquels nous devons répondre dans le contexte énergétique mondial actuel. Cette
démarche-là va permettre de dégager des consensus aux enjeux énergétiques,
proposer des orientations afin que la prochaine politique énergétique constitue
un levier de création de richesse et d'épanouissement collectif. Vous
comprendrez, M. le Président, que nous voulons utiliser le travail fait lors de
la Commission sur les enjeux énergétiques,
où il y a eu plus de 460 mémoires qui ont été déposés et qui serviront à
la rédaction de la prochaine politique
énergétique. Cette politique-là s'appuiera, M. le Président, sur le
leadership du Québec en matière d'énergie renouvelable et visera notamment à accroître notre
performance énergétique. La démarche de réflexion et de consultation, M. le Président, que le
ministre vient de lancer identifiera également des conditions à mettre de l'avant pour mettre en valeur, de façon responsable, l'ensemble
des ressources énergétiques dont le territoire québécois recèle et aussi
pour poursuivre le développement d'une
économie à faible empreinte carbone. Le processus qui mènera au lancement
de la politique énergétique 2016‑2025 à l'automne 2015 fera appel à des
experts des questions énergétiques reconnus à l'échelle internationale. Il fera également appel à des moyens de
consultation permettant à un maximum de citoyens et de groupes de faire
valoir leurs suggestions.
M.
le Président, je pense que de traiter la situation sans avoir une perspective
de développement, une vision sur l'ensemble
de l'enjeu énergétique au Québec serait malheureux. C'est pourquoi, M. le
Président, nous n'appuierons pas la motion du député de Chauveau. Merci.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député d'Abitibi-Est, de votre
intervention sur cette motion du mercredi.
Et, pour la poursuite du débat, je cède maintenant la parole à M. le député de
Matane en lui indiquant qu'il reste 13 minutes, maximum, pour sa
formation politique.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, le dossier de l'éolien, ça m'interpelle. Je suis député de
Matane-Matapédia, et, chez nous, on
est le comté précurseur pour l'éolien. Ça veut dire beaucoup de choses. Ça veut
dire Marmen, ça veut dire Enercon. Ça
veut dire des sous-traitants, des parcs, des redevances. Ça veut dire une
industrie manufacturière qui rapporte chez nous. Et ça, on a fait ça avec Bernard Landry, premier ministre du
Québec, mais aussi avec le gouvernement qui a suivi, le gouvernement
libéral, qui a cru à la Gaspésie et à la MRC de Matane.
Mais c'est
plus que ça. C'est une fierté retrouvée. C'est aussi... dans le dernier appel
d'offres, qui est un appel d'offres résiduel de plus de 400 MW,
c'est des projets qui n'avaient pas été réalisés, entre autres, à
Les Méchins, à Rivière-du-Loup. Donc,
on a eu l'occasion de faire mieux, puis mieux, c'est un projet de parc éolien
au Bas-Saint-Laurent, communautaire,
avec la CRE du Bas-Saint-Laurent, les huit MRC et la nation malécite de Viger.
Et, dans une région qui a la majorité
des municipalités dévitalisées au Québec, c'est des nouvelles sources de
revenus, c'est plus de 1 million de dollars par année, par MRC, fois 20 ans. C'est rare. Chacune des
municipalités aura des retombées pendant 20 ans parce qu'on partage le
risque.
L'éolien,
c'est né d'une volonté de diversifier notre portefeuille énergétique, de créer
une industrie, de prévoir l'avenir aussi. Moi, je lisais dans le journal
Les Affaires qu'il y a une étude qui démontre qu'avec les changements climatiques le taux des barrages, la hauteur des
barrages variait et qu'il faudrait prévoir un couplage avec l'éolien qui peut
s'avérer judicieux. Bien sûr, l'idée, ce
n'est pas d'avoir des parcs éoliens partout au Québec, on va atteindre un degré
de saturation, c'est d'exporter notre
savoir-faire et ce qu'on fabrique ici. Et, en ce sens, le député de l'Abitibi y
a fait référence, j'ai salué
l'initiative du ministre des Ressources naturelles, je crois que c'était l'été
dernier, de créer un groupe qui vise à préparer
l'avenir, notamment l'exportation. Ça a été une décision courageuse, malgré
l'état de l'opinion publique, bien entretenu notamment par la deuxième
opposition et certains chroniqueurs, d'aller de l'avant, et je l'ai saluée avec
beaucoup de sincérité, M. le Président.
C'était la chose à faire. Et il y a une autre étape qui s'en vient, qui est la
politique énergétique 2015‑2025, où
l'éolien, l'industrie de l'éolien, les communautés visées auront l'occasion de
plaider ce que ça représente pour
eux. Je parle de Matane, je pourrais parler de Gaspé, je pourrais parler de
New Richmond, je pourrais parler d'autres communautés aussi pour
qui c'est important.
Je sais que
dans la motion de la deuxième opposition se retrouve encore une fois un préjugé
que je sens, je peux me tromper, mais
une préoccupation à l'égard de l'éolien qui est maintes fois répétée. J'ai déjà
dit en toute amitié à mon collègue de
Chauveau que je l'inviterais à venir faire part de la position de la Coalition
avenir Québec dans ma circonscription, d'expliquer
pourquoi on soutiendrait l'aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on soutiendrait les mines en
Abitibi mais on ne soutiendrait pas
l'éolien en Gaspésie et dans la MRC de La Matanie. L'invitation tient
toujours. Il me fera plaisir, pour
les mois qui suivent, d'accueillir le député de Chauveau ou des représentants
de la Coalition avenir Québec. Pourtant, cette industrie prometteuse, elle est connue de plusieurs membres de la
Coalition avenir Québec. Je me souviens, moi, dans l'élection de 2007, d'avoir accompagné le chef actuel de la CAQ à
Saint-Léandre, dans un rang, où on avait expliqué qu'il y avait une première séquence, d'implanter
l'industrie, puis ensuite de créer de l'exportation, puis ça allait rapporter
au Québec. Et c'est lui qui avait fait la déclaration d'ouverture, devant la
presse nationale, durant la campagne, avec André Boisclair,
de l'importance, pour le Québec, de
l'éolien. Je souhaite qu'à travers les prochaines minutes où j'exposerai
un certain nombre d'arguments ça puisse
changer, changer la perception de la deuxième opposition. Je le fais parce que cette
formation a besoin de mieux comprendre notre région, mieux comprendre notre
région pour faire des débats plus équilibrés.
Vous savez,
la Gaspésie a le dos bien large. Elle en a connu, des épreuves, elle en connaît
encore puis elle connaît des préjugés. Puis parfois j'ai l'impression
qu'il faut tellement travailler fort pour y arriver que moi seul, comme parlementaire, je ne pourrais pas y arriver seul. Alors, j'ai des alliés, des gens de
ma formation politique qui n'ont rien à voir avec l'éolien dans leurs comtés, des gens du gouvernement également, des analystes, des gens qui croient aux
retombées locales et qui plaident
avec nous. Et j'avoue que l'industrie éolienne aurait pu être plus vigoureuse dans son
argumentaire. Alors, aujourd'hui, je vais vous exposer un certain nombre
d'éléments.
D'abord, sur les retombées, elles sont
multiples. Je vous ai parlé de Marmen. Marmen, c'est une entreprise québécoise,
M. le Président, c'est la famille Pellerin de
Cap-de-la-Madeleine, immense usine sur le bord de la 40. Ça, il n'y a
pas plus québécois que la famille Pellerin, il faut les connaître.
Bien, c'était aussi québécois qu'une entreprise, à l'époque, qui
s'appelait AAER, à Bromont. Et le député de Shefford, à l'époque, et Granby maintenant,
plaidait pour qu'Hydro-Québec choisisse cette entreprise-là parce
qu'elle était québécoise,
puis il a bien fait de le faire. Après, on a appris des choses sur AAER, ça n'a pas fonctionné, mais à l'époque on ne
le savait pas. On ne le savait pas, puis moi, j'ai plaidé, puis le député a plaidé aussi, mais il plaidait pour du contenu québécois. Ce
que je veux dire, un premier argument, c'est
qu'il y a des joueurs québécois dans l'éolien. Puis Marmen, c'est un joueur
extrêmement important dans la région de
l'Est de la Mauricie. Ils ont maintenant même une usine aux États-Unis où c'est
des travailleurs québécois qui vont faire
la formation puis ils ont une usine à Matane aussi. Plus de
125 travailleurs bien payés, c'est plus de 30 % les salaires moyens dans ce type d'industrie. Ça, c'est Marmen.
Puis on a Enercon, qui est une entreprise allemande, qui a choisi de venir à Matane, puis REpower, qui a décidé d'aller
à New Richmond, dans la Baie-des-Chaleurs, et puis il y a LM, qui a décidé d'aller à Gaspé. Donc, il y a toute une
industrie qui s'est créée à ce moment-là, une industrie qui est importante
pour notre région. Mais on savait qu'on était aux balbutiements, aux débuts, et
qu'il fallait améliorer les choses.
Quand que
Québec a décidé de nationaliser l'hydroélectricité, au début, bien, on y allait
un peu à tâtons, il y avait des ajustements à faire, alors on a innové, on
s'est organisés. Puis, à terme, c'est sûr qu'on veut exporter. Il y a encore
un potentiel au Québec, notamment sur les
lignes, dans le Nord-du-Québec, les lignes de transport. On pourrait installer
des éoliennes là ou même au large, dans le Saint-Laurent. Mais il viendra
un temps où on sera saturés.
Alors,
l'appel d'offres qui a été lancé récemment, il aurait pu être réalisé il y a longtemps. C'est des projets
qui n'ont pas été réalisés. Donc, il
restait plus de 400 MW, puis on les a relancés, et ça rapporte à 100 %
à des municipalités du
Bas-Saint-Laurent, 100 % des municipalités de la Gaspésie. Trouvez-moi des
sources de revenus supplémentaires en cette
période-ci pour des petites municipalités. Il n'y en a pas. Plus de
1 million de dollars par MRC fois 20 ans puis avec une formule qui se donne, de répartition, c'est de
l'argent supplémentaire. Donc, courage du gouvernement de l'époque, du Parti québécois, d'avoir misé à la fois sur une
énergie verte, et sur la Gaspésie administrative, et la MRC de La Matanie,
mais aussi il faut être bon joueur et saluer
que le gouvernement libéral aussi subissait des critiques, il a choisi de
continuer. Alors, merci au ministre des Ressources naturelles d'avoir
tenu le fort. Au terme de l'exercice, on sera tous gagnants.
Je n'accepte
pas les critiques qui disent que l'augmentation des tarifs est uniquement due à
l'éolien. Je n'ai jamais accepté
cette explication, qu'entre autres Thierry Vandal donnait ici, à l'Assemblée
nationale, à la sortie des commissions parlementaires
où il était présent. Je ne me suis pas joint, moi, au concert d'éloges à
Thierry Vandal lorsqu'il a quitté. Merci
pour votre travail, mais vous étiez très bien payé pour le faire. Sur l'éolien,
il avait un préjugé, lui aussi. Il y a un certain nombre d'anecdotes que je ne pourrais pas vous raconter parce que je
suis soumis au secret de Conseil des ministres à vie, mais je peux vous
dire que j'y ai été, malgré le court moment où j'y étais, assez longtemps pour
comprendre bien des choses. Je vous souhaite
bonne chance, M. Vandal. Cette politique énergétique, qui s'en vient avec une
nouvelle administration à
Hydro-Québec, quelqu'un qui sera certainement compétent, quelqu'un qui sera là
pour préparer l'avenir... J'espère qu'on aura la main plus heureuse qu'à la présidence du conseil
d'administration, où je cherche encore la valeur ajoutée de la
présidence, mais c'est le choix du gouvernement qu'on sera ouvert à l'éolien et
à d'autres énergies qui sont renouvelables.
C'est important de considérer notre région. Vous
savez, dans les derniers mois, j'écoutais les discours qui se faisaient, qui
avaient un impact sur ma région. Le fonds d'aide aux municipalités
dévitalisées, ça n'existe plus. Et les municipalités
dévitalisées, ça existe encore. Elles sont beaucoup chez nous. J'ai 45
municipalités dans mon comté, presque une
majorité sont dites dévitalisées par le MAMOT, le ministère des Affaires
municipales. Port-Daniel, ce n'est pas dans mon comté, mais c'est dans une région que je connais bien, qui est une
des régions les plus dévitalisées au Québec. Bien, j'appuie ce projet-là
parce que les gens de la MRC du Rocher-Percé en ont bien besoin.
• (16 h 30) •
J'appuie
aussi le maintien de l'éolien parce qu'on en a besoin. J'appuie d'autres
initiatives également qui visent à faire de la Gaspésie une région
encore plus fière.
Cette
semaine, il y a un animateur de radio de Québec... En fait, ils sont deux — je ne nommerai pas leurs noms ici, je ne leur ferai pas cette grâce — qui ont émis des commentaires sur ma région
avec des propos non parlementaires, et puis
on m'a demandé pourquoi je ne suis pas intervenu. C'était directement lié à
l'augmentation des tarifs d'hydroélectricité. Pourquoi je ne suis pas intervenu? De un, parce que je ne veux pas leur
faire de publicité. De deux, parce que je veux prouver par la positive qu'ils ont tort en travaillant
quotidiennement sur des réalisations concrètes et positives pour ma région.
Je veux qu'on ait une attitude de gagnants,
je veux qu'on réussisse. Des critiques, on peut vivre avec lorsqu'elles sont de
bonne foi. Et aujourd'hui je me sentais la
responsabilité de parler de la réalité de ma circonscription, qui a le droit à
la dignité comme tout le monde, comme
toutes les circonscriptions, qui a le droit à des investissements publics, qui
ne coûtent pas plus cher à l'État
qu'ailleurs. D'ailleurs, si on regardait les transferts qui sont ceux faits en
Gaspésie, ils se comparent bien
avantageusement à plusieurs régions, y compris à la Capitale-Nationale, qui
doit beaucoup au gouvernement du Québec en termes de présence de
fonctionnaires, d'établissements publics. Vous pourriez être surpris, qui
dépend le plus du gouvernement du Québec pour la vitalité de son économie.
Je ne remets
pas ça en question, je demande l'équité pour tout le monde. Je demande qu'on
occupe le territoire, je demande
qu'on fasse confiance. Je dis que le gouvernement du Québec m'a agréablement
surpris avec son comité sur l'avenir
de l'éolien et que j'y participe de bonne foi, et que c'est à nous de jouer, on
ne va pas s'apitoyer. Dans la politique énergétique, là, c'est à notre tour de plaider qu'on a une bonne
proposition d'affaires. Et là est arrivé un élément nouveau avec le dernier appel d'offres, le tarif du
kilowattheure est bien en deçà de 0,10 $, bien en deçà, surprise. C'est un
argument de moins pour les
détracteurs, mauvaise nouvelle pour les détracteurs de l'éolien. C'est même
aussi, sinon plus compétitif que la
Romaine. Il y a-tu quelqu'un qui remet en question la Romaine dans cette
Chambre? Je n'ai pas entendu ça, on ne remet pas en question la Romaine.
Alors,
l'éolien est à la Gaspésie, et à la MRC de la Matanie, et au Bas-Saint-Laurent
ce que l'aluminium est pour le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ce que les mines sont pour l'Abitibi-Témiscamingue, ce qu'est la forêt pour la
Mauricie. C'est une industrie qui est
importante, il n'en tient qu'à nous d'en faire un actif pour l'avenir. On est
sur la bonne voie, les gens ont une bonne volonté, et je demande aux
auteurs de la proposition d'aujourd'hui, de la motion du mercredi, d'écouter davantage ce que l'industrie a à dire et
de faire confiance à notre région, et on s'en trouvera tous grandis. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Matane-Matapédia, pour cette intervention. M. le député de Granby, je
vous cède la parole. Il reste un peu moins de quatre minutes à votre formation
politique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Rapidement, M. le Président, vous savez, c'est toujours particulier d'entendre
certains élus dire que la CAQ a des préjugés sur la Gaspésie, sur
Matane, sur d'autres endroits au Québec, et il faut regarder ça froidement, il faut regarder ça d'une situation économique, M.
le Président. Quand mon collègue dit : Ah! on a droit, nous aussi, au
soleil qui brille à Matane, en Gaspésie.
Tout à fait, tout comme les mineurs ont droit au soleil qui brille, tout comme
ceux qui
travaillent dans l'aluminium. Mais il y a un coût relié à tout ça, M. le
Président, il y a un coût, et malheureusement, autant du côté du Parti libéral que du Parti québécois, on a utilisé
souvent, plus souvent qu'autrement, Hydro-Québec comme une succursale
d'Investissement Québec.
Jean-François
Blain, qui est un chercheur que tout le monde connaît un peu au Québec, qui a,
maintes et maintes fois, parlé des
surplus d'Hydro-Québec, qui a évalué ces surplus, sur une période de 2012 à
2020, à 500 millions de dollars... 500 millions de dollars, M. le Président, avec toutes les études
qu'on connaît sur l'industrie éolienne depuis 2003, on évalue que chaque emploi ou à peu près dans l'industrie
éolienne équivaut à une subvention de 140 000 $ à 200 000 $
quand c'est beaucoup moindre. Et là
je ne dis pas aux gens de la Gaspésie qu'on ne les aime pas, mais demain
matin, si on prenait ce 500 millions, M. le Président, un exemple,
si on prenait 500 millions de surplus d'électricité et qu'on l'octroyait directement aux régions du Québec qui ont profité
soit des minicentrales, de l'éolien, on prenait le 450 millions de Ciment McInnis, M. le Président, puis on faisait
45 projets où on investissait 1 million, croyez-vous deux minutes, M. le
Président, qu'on ne pourrait pas créer 10 fois plus d'emplois qu'on va en créer
à Ciment McInnis?
Et, M. le
Président, quand j'entends le ministre des Ressources naturelles nous dire du
bout des lèvres : Je l'avoue, je
l'avoue qu'on a peut-être donné des contrats beaucoup trop chers à certaines
industries privées qui ont profité de l'industrie éolienne... Parce que ce qu'il faut savoir, c'est
que, de 2003 à 2013, c'est passé de 0,083 $ à 0,105 $, à
0,133 $, pour une moyenne d'à
peu près 0,10 $ du kilowattheure. Et, quand on entend le premier ministre
nous dire : Bien, vous savez, 3,68 $ par mois... Ah! bien, ça, c'était cette année. L'année passée, si je me...
mon collègue pourra me corriger, c'était 5,1 %?
Une voix : ...
M.
Bonnardel :
4,1 % qu'on a eu d'augmentation avec Hydro-Québec. C'était, après ça, les
tarifs de garderies. C'était, après
ça, les taxes scolaires, les taxes municipales. Donc, pour le premier ministre,
c'est toujours : Ah! ce n'est pas très,
très grave, la classe moyenne est capable de le supporter. Bien, c'est là que
le bât blesse, M. le Président, parce qu'un jour ou l'autre ça devra arrêter, ça devra arrêter. Quand on regarde une
augmentation de tarif à 2,9 % et que la Régie de l'énergie, aujourd'hui, nous dit : Bien, sur
ce 2,9 %, il y en a 2,1 % qui est attribuable seulement à l'industrie
éolienne, on dit : Il faut faire
une chose, M. le Président, c'est mettre un frein, un frein à court terme, un
frein à court terme sur cette industrie parce qu'on a des surplus qui
nous coûtent extrêmement cher.
On a des
surplus où on envoie notre électricité à 0,04 $ du kilowattheure du côté
américain. Ça ne prend pas un grand
cours, un bac économie pour comprendre, M. le Président, qu'on ne se reprend
pas avec le volume, hein, on perd des
sous dans ces conditions, et malheureusement, M. le Président, il n'y a rien
qui change présentement. Il n'y a rien qui change, on a un Parti libéral qui,
depuis 2010, ne cesse d'utiliser la même recette, la même, même recette pour
retrouver l'équilibre budgétaire,
d'augmenter les tarifs à gauche et à droite. À coups de 3 $, comme le
premier ministre le dit. Mais, à
coups de 3 $, aujourd'hui la classe moyenne a besoin d'oxygène, la classe
moyenne ne respire plus. Et on dit seulement une chose, on dit seulement une chose : Oui, on croit à une
industrie verte au Québec, mais on est rendu à se questionner à savoir... On devait mettre un frein et on doit
continuer à mettre un frein tant qu'on n'aura pas écoulé ces surplus et surtout
essayer... Arrêtez de me dire, du côté du
Parti libéral, qu'une aluminerie pourrait arriver un jour et que, grâce à ça...
Le prix de l'aluminium est tellement bas qu'il faut se donner une
chance, M. le Président, de l'écouler d'une autre manière.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Granby, pour cette intervention. Je cède
la parole à M. le député Vanier. Alors, il reste 12 min 30 s à votre formation
politique. M. le député.
M. Patrick Huot
M.
Huot : Merci, M. le Président. On dit Vanier-Les Rivières maintenant
depuis 2012. Ça me fait plaisir d'intervenir
aujourd'hui — c'est
toujours un privilège de le faire — au salon bleu. Je l'ai déjà dit, mais, quand
on est parti du salon bleu puis qu'on
revient au salon bleu, là, à chaque fois qu'on se lève, on l'apprécie, c'est un
privilège de le faire aujourd'hui.
J'ai écouté
toutes les interventions, j'ai assisté à toutes interventions, M. le Président,
là. À chaque fois, on dit : On
va réagir à ce que le premier disait, l'autre après. Là, le député de Granby
vient d'intervenir. À l'écouter, c'est presque un reproche, c'est presque une mauvaise nouvelle qu'on soit en surplus
énergétique au Québec, alors que le ministre nous expliquait — le député d'Abitibi-Est nous en a parlé
aussi — il y a
quelques années, il y a à peine une douzaine d'années, on était en situation où
est-ce qu'on s'en allait vers un déficit énergétique, M. le Président. Ça
devient un outil pour un développement
économique futur d'être en surplus énergétique, et là on se le fait reprocher,
d'être dans une situation où est-ce
que beaucoup de monde nous envie et où est-ce qu'on... notre avenir énergétique
est quand même en bonne santé.
On reproche
d'avoir fait des choix aussi sur l'éolienne. Étant député à Québec dans un
milieu 100 % urbain, je ne suis
pas un spécialiste de ces questions-là, j'écoutais avec beaucoup d'intérêt le
député de Matane. Sans faire de partisanerie politique, là, on écoute le député de Matane, il faut admettre, c'est un
très, très bon défenseur de sa région, il nous a fait une démonstration
éloquente de son amour de la Gaspésie, de tout ce qu'il fait pour ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
...
Des voix : Ha, ha, ha!
• (16 h 40) •
M. Huot : Merci, M. le Président,
c'est de bonne guerre. C'est de bonne guerre, c'est de bonne guerre, oui.
Alors,
plusieurs sujets ont été abordés. Il ne me reste pas nécessairement
beaucoup de temps. Le ministre l'a dit d'entrée de jeu, la hausse de 2,9 %, est-ce qu'on est satisfaits? Non, on
n'est pas satisfaits. C'est une décision de la Régie de l'énergie. Et je suis allé voir un petit peu...
Parce que je vois qu'il ne reste pas nécessairement beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps, mais c'est mon réflexe de
personne, de quelqu'un qui a étudié en politique publique, qui a fait beaucoup
de travaux en politique publique du temps
universitaire, à un moment donné on va voir un peu pourquoi cette régie-là
existe, pourquoi on en est là aujourd'hui. Quand on regarde un peu la mission
de la régie, ça consiste à «assurer la conciliation
entre l'intérêt public, la protection des consommateurs et un traitement
équitable du transporteur d'électricité et des distributeurs. [...]À cette fin, [la régie] fixe ou modifie les
conditions et les tarifs auxquels l'électricité est transportée par le
transporteur d'électricité ou distribuée par le [même] distributeur...» Ou le
gaz naturel aussi.
Dans le
secteur de l'électricité, les pouvoirs de la régie — ça, c'est important de le comprendre, M. le
Président, dans le secteur de
l'électricité et du gaz naturel aussi — les pouvoirs de la régie sont décisionnels.
Ses décisions sont finales et sans
appel, et il s'agit d'un point fondamental garantissant l'autorité de la régie,
qui dispose ainsi de pouvoirs analogues à ceux de la plupart des régies
nord-américaines. La régie a en particulier toute la crédibilité nécessaire
vis-à-vis les organismes de régulation
nord-américains pour autoriser des tarifs de transit de l'électricité, garantir
l'accès aux marchés d'exportation. La création de la régie a également
apporté transparence et équité dans le fonctionnement du secteur énergétique
québécois.
Et je pense
que «transparence», c'est un mot fondamental, M. le Président, ici parce que,
quand on va voir la régie, créée en
1996, on... Quand on veut comprendre un petit peu comment ça s'est passé, on va
voir les journaux de débats, les
anciens journaux de débats, M. le Président. C'est l'ancien ministre Guy
Chevrette, en 1996, dans la 35e législature, qui avait présenté un projet de loi pour la création de la Régie de
l'énergie. Puis on le comprend, on se fait reprocher de ne pas intervenir dans les décisions, dans ce que la
régie dit comme hausse de tarifs, mais, M. le Président, je ne sais pas si...
Moi, je n'étais pas au courant avant de lire
ça. Avant la création de la Régie de l'énergie, peut-être que vous le saviez,
c'était la Commission de l'économie et du
travail qui recevait Hydro-Québec, qui venait déposer ses demandes
d'augmentation, d'ajustement tarifaire, et qui arrivait, à ce qu'on me
raconte, qui arrivait... Ceux qui ont siégé à la Commission de l'administration publique, vous savez à quel point
on reçoit des piles et des piles de documents. Là, c'était pratiquement
par camion que les documents arrivaient avec Hydro-Québec et qu'on présentait
sur deux jours aux membres de la Commission de l'économie et du travail...
Voici, on veut des augmentations de tarifs de tel montant pour cette année.
Et on
arrivait avec, des fois, des décisions en année électorale, c'est ce qui est
même dit... Le ministre Guy Chevrette a expliqué... Quand on va lire son discours au moment de l'adoption de
principe, il explique tous les questionnements, toutes les raisons pourquoi on crée régie-là, pour sortir les décisions
politiques de la décision d'augmentation, de diminution. Parce que le ministre nous a démontré...
nous a montré, dans les années passées, il y a eu oui, des augmentations, mais
il y a eu des diminutions certaines années.
Donc, quand on lit le Journal des débats, c'est très, très intéressant
de comprendre les raisons pourquoi on
a créé cette Régie de l'énergie là.
Et, soit dit en passant, évidemment, il y a eu un jeu politique, on reprochait au gouvernement de créer la Régie de
l'énergie avant de déposer sa propre politique énergétique. Mais, au bout de la ligne, avec des amendements, avec la
collaboration, ça a été... la création de la régie, en 1996, a été adoptée
le... l'adoption finale le 19 décembre 1996,
adoptée à l'unanimité. Pas besoin de vote nominal, ça a été adopté, M. le
Président. Donc, les parlementaires
se rallaient à ça et comprenaient que c'était nécessaire de sortir le jeu
politique de la décision d'augmenter,
de diminuer ou de maintenir les tarifs d'hydroélectricité. Donc, je pense que
ça a été une bonne décision du gouvernement du Parti québécois. Ça a été
créé avec une politique énergétique qui a été présentée la même année.
Donc, il me
semble que ça allait... Maintenant, on dit que ça va de soi, on ne veut pas se
mêler de ça. La CAQ nous reproche
peut-être de ne pas assez se mêler des décisions, mais c'est une décision
unanime qui a été prise qu'il fallait sortir
le jeu politique et les parlementaires de tout ça. Et pourquoi cette régie-là a
été créée? Mais c'était une question, je l'ai mentionné, de transparence beaucoup. M. le Président, c'est un mot
qui est très à la mode, on en parle beaucoup, mais dans un... C'était avant tout une question de
transparence, et on permettait aussi... on permet... À partir de ce moment-là,
on a fait des audiences publiques et on
permettait au public d'aller voir ce qui se passait, d'intervenir, de passer
certains messages aussi, M. le Président.
Donc, si je
poursuis, avec la création de la régie... après la création de la régie, est-ce
qu'il faut se surprendre des demandes
d'intervention de la CAQ? Moi, je me questionne aussi en même temps sur le
discours du chef de la deuxième opposition.
Aujourd'hui, ses anciens collègues ont mentionné à plus d'une reprise, du temps
qu'il était ministre du Parti québécois...
Mme Marois en a parlé, elle disait... On ne peut pas nommer... Le chef de la
deuxième opposition, du temps qu'il
était ministre, voulait doubler les tarifs d'électricité, voulait augmenter les
tarifs, s'en servir comme outil, outil de développement pour avoir des
tarifs... Il en a parlé même quand il faisait la tournée avec M. Sirois.
L'actuel chef de l'opposition a mentionné aussi que, quand il était un ancien
ministre, l'actuel chef de la deuxième opposition voulait augmenter de façon très, très importante... Là, on
n'a plus trop le même discours, mais est-ce qu'il faut se surprendre? Oui, je sais que mon collègue de Granby n'aime pas
ça quand je mentionne ça, mais un parti qui parle de créer des inspecteurs
des valeurs ou une police des valeurs... Je le sais que...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le député.
M.
Bonnardel : Ça
allait bien trop bien du côté du député de Vanier...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Un instant. Alors, M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : ...des intentions qui sont complètement fausses,
M. le Président. Le député de Vanier-Les Rivières, il est ici depuis assez longtemps, à l'Assemblée
nationale, et il sait très bien, il sait très bien que ce qu'il vient de dire
est faux. Alors, je vous demande de lui demander de retirer ses paroles,
s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je vous invite peut-être à...
Demeurons sur le sujet, puis les choses vont bien aller.
M.
Huot : Demeurons sur le sujet. Demeurons sur le sujet, M. le
Président. Mais je trouvais que ça faisait un beau parallèle de voir jusqu'à quel point on veut... On
disait : On veut intervenir politiquement dans des décisions, des fois,
qui sont réservées à l'administration. La preuve, le chef de la deuxième
opposition, qu'est-ce qu'il a dit en campagne électorale
aussi? Parce qu'on nous ramène à des débats de campagne électorale, il a
dit : Si on veut faire des changements au Québec, il faut remplacer
les personnes qui font de la politique, mais aussi les sous-ministres et les
présidents de sociétés d'État qui ne pensent
pas comme nous et qui ne sont pas d'accord. Donc, on veut intervenir beaucoup
dans la machine, qui a une certaine
indépendance. Il voulait intervenir dans ça, est-ce qu'il faut se surprendre
qu'un parti... son parti,
aujourd'hui, veuille intervenir dans les activités, dans la mission, un peu, de
la régie ou peut-être modifier la mission de la régie? Je ne le sais pas, mais je trouve ça particulier. Et même
on a des gens qui sont de l'ancienne ADQ, l'ADQ a déjà parlé... même le député de La Peltrie,
dans sa course à la chefferie, avait dit qu'il voulait ouvrir les tarifs
d'hydroélectricité au marché, voire
doubler, tripler les tarifs. C'est des choses qui ont été dites qui allaient en
position directe avec ce que la commission jeunesse de l'ADQ demandait.
N'est-ce pas? N'est-ce pas?
Des voix : ...
M.
Huot : Pas juste les recherchistes, j'ai fait mes propres recherches,
MM. les députés, aussi. Donc, écoutez, il
faut être quand même en cohérence avec le discours qu'on a tenu. Mais, bref,
c'est important, M. le Président, de se rappeler pourquoi la régie a été là. On ne veut plus d'intervention
politique dans les activités de la régie, c'est pour ça que ça a été
créé, M. le Président. Alors, moi, je trouve qu'avec la position la CAQ, avec
sa motion aujourd'hui, on nous démontre qu'on serait prêt à intervenir. On nous
a reproché...
Une voix : ...
M.
Huot : Oui. Merci. Question de règlement. Donc, on nous a reproché une
augmentation, oui, mais qui a été décidée
par la Régie de l'énergie. Oui, ça a été reconnu que ça a été, en partie,
causé par l'éolienne. Mais, quand on écoute le député d'Abitibi-Est, le
député de Matane, 5 000 emplois, plus de 5 000 emplois,
10 milliards d'investissements, une expertise qui est en train de se développer. Puis j'ai aimé le parallèle
qu'a fait le député de Matane-Matapédia quand il disait que, quand on a
nationalisé l'électricité, oui, il y a eu des accrocs au début, on est en train
de créer une industrie qui peut être
prospère, qui crée des emplois et qui ramène une fierté aux gens qui se
trouvent des emplois aussi, ce qui est quand même très important.
Alors,
laissons la Régie de l'énergie faire son travail. Ce n'est pas avec gaieté de
coeur qu'on augmente les tarifs d'électricité
de 2,9 %, M. le Président. Mais ce qui a été montré aussi par le ministre
tout à l'heure avec les diminutions, il parlait... il a utilisé l'expression : Il faut prendre une juste
perspective quand on parle de la hausse des tarifs d'électricité en lien avec l'inflation quand il nous a démontré
par les années 2007 à 2015 avec trois ou quatre années de diminutions des tarifs d'hydroélectricité. On est sur les
tarifs de l'inflation, et c'est ce sur quoi on veut se tenir le plus possible,
l'inflation, pour les prochaines années, indexation des tarifs selon
l'inflation. Donc, c'est ce qui devrait arriver.
Alors, pas
question de se mettre les mains, comme on dit, dans les travaux, dans ce que
fait la régie. La régie a une mission,
elle le fait bien, et ça a été décidé unanimement que la régie avait son
indépendance et qu'on n'avait pas d'affaire à intervenir dans ça. Ses décisions, je l'ai mentionné, sont finales et
sans appel. Donc, M. le président, c'est un choix qui a été fait par l'ensemble
des parlementaires, les... Je ne sais pas si c'était 125, mais tous les
parlementaires avaient unanimement adopté
cette loi-là qui créait la régie. Si les députés de la CAQ veulent revoir la
mission de la régie, qu'ils le disent et qu'ils déposent en conséquence des amendements ou une nouvelle loi. Mais on
doit respecter la mission et les fonctions de la régie, M. le Président.
Merci.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Vanier-Les Rivières, pour cette intervention. Nous en sommes à la réplique de M. le député de Chauveau. Et si vous
auriez la gentillesse de nous indiquer également, par rapport à la proposition d'amendement de M. le
député de Rousseau, si vous accordez votre permission. M. le député de
Chauveau.
M. Gérard Deltell (réplique)
M.
Deltell : Nous ne
prenons pas la proposition d'amendement formulée par l'opposition officielle.
Alors, M. le
Président, d'abord merci à tous les collègues, partis d'opposition,
ministériels, qui ont participé au débat.
C'est toujours très intéressant. Et on a vu aussi que le débat s'est fait de
façon très correcte, courtoise, avec des arguments percutants de part de d'autre, et je tiens à remercier la
qualité du débat qu'on a eu. Et évidemment ça permet, à ce stade-ci du débat, de revenir sur quelques
déclarations des collègues, entre autres le député de Matane qui disait que
nous avions un préjugé concernant l'éolien.
Je tiens quand même à lui rappeler que ce n'est pas nous qui affirmons que
l'augmentation des tarifs d'électricité est
due en grande partie en raison de l'éolien, mais c'est la régie elle-même qui, dans son jugement... ou enfin dans son avis publié
la semaine dernière, dit que l'augmentation — et
je cite : «L'augmentation
tarifaire [...] s'explique en grande partie par [...] les programmes d'achats
décrétés par le gouvernement[...]. Il s'agit majoritairement de la mise en
service des parcs éoliens...»
C'est
la régie qui l'affirme, M. le
Président, et c'est la régie
elle-même qui a défini que l'augmentation de 2,9 %,
sur ce 2,9 % là, c'est 2,1 % qui
relève directement des programmes décidés par le gouvernement de l'éolien.
Donc, 78 % de l'augmentation que
les gens vont avoir à la maison, c'est en raison de l'éolien. Ce n'est pas la
CAQ qui le dit, c'est la régie. Donc,
mes chers amis qui écoutez à la maison, quand vous allez payer, dans deux
semaines, 45 $ de plus pendant l'année pour vos tarifs
d'électricité, sachez que c'est en raison, à 78 %, en raison des
programmes d'éolien.
Au
député de Rousseau, qui citait les deux appels d'offres du temps du Parti
libéral, je tiens quand même à lui rappeler
qu'en 2003 l'appel d'offres initial, le tout premier appel d'offres, eh bien,
portait la signature du gouvernement du
premier ministre Landry, le gouvernement dirigé à ce moment-là par le premier
ministre Landry, le gouvernement du Parti québécois.
À
M. le ministre, qui a fait quelques déclarations tout à l'heure, je tiens tout
d'abord à lui dire qu'il a parfaitement raison quand il a dit qu'il m'arrivait à l'occasion de ridiculiser le
décret de préoccupation. Il a raison parce que malheureusement, M. le Président, ce décret de préoccupation n'avait la
valeur que du papier sur lequel il était inscrit. Pourquoi? Parce que, d'un côté, on était très
préoccupé concernant les tarifs d'électricité, on se disait préoccupé par les
tarifs d'électricité, sur la question des
augmentations de tous les contribuables, mais, quand venait le temps de
baisser, par exemple, de 20 % les tarifs industriels, alors là
c'était à l'affirmatif.
Je
vous rappelle le communiqué du 14 octobre où on disait à l'affirmatif que le
ministre annonce aujourd'hui la mise
en place d'un tarif d'électricité, d'un rabais qui sera de 20 % par
rapport au tarif réglementé actuel, des rabais octroyés par cette initiative conformément aux orientations
gouvernementales prises par le Conseil des ministres. Là, on n'était pas préoccupé, on affirmait. Dans cette conférence
de presse là, le ministre disait — et je cite : «Le tarif que nous
annonçons aujourd'hui...» Ah! il
n'est pas question de la régie là-dedans, là. Alors, nous, on met en lumière le
fait que malheureusement, quand vient
le temps d'augmenter les tarifs d'électricité de tous les contribuables, on
dit : On a une préoccupation — avec le résultat qu'on sait, c'est que ça va coûter deux fois plus cher que
l'inflation — mais,
quand vient le temps de baisser les tarifs, par exemple, pour la grande
industrie, c'est à l'affirmatif, puis on y va, on y va correctement.
Je
tiens à rappeler, M. le Président, que nous ne sommes pas contre le principe de
créer des conditions gagnantes pour
amener des industries à s'implanter ici, à créer de la richesse, mais
j'aimerais avoir le même enthousiasme du ministre quand vient le temps de dire qu'on va baisser de
20 %, alors qu'il dit qu'on est préoccupés pour l'augmentation des tarifs
de tous les citoyens. C'est pour ça que oui,
en effet, comptez sur moi pour continuer à ridiculiser le décret de
préoccupation.
Il
a également parlé de la régie comme étant un organisme neutre. C'est quand même
un peu surprenant, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, parce que, quand
vient le temps de baisser de 20 %, c'est à l'affirmatif, mais, quand vient
le temps d'augmenter, on dit : Bien là, ce n'est pas
de notre faute, là, écoutez, c'est eux autres qui décident. Donc, deux poids,
deux mesures.
Et
aussi ce qui est un peu inquiétant pour la suite des choses, c'est que le
ministre a répété qu'il n'était pas satisfait des augmentations de
2,9 % — c'est
bien la moindre des choses — mais
il a dit : Nous, nous souhaitons des hausses raisonnables qui respectent la capacité de payer des citoyens. M. le
Président, j'étais présent ici, et vous étiez présent, et tous les parlementaires ici étaient présents à la
période de questions ce matin, que disait le premier ministre concernant
les hausses de tarifs? Il disait... Cette
hausse de tarif-là, là. Les gens à la maison qui nous écoutez, là, vous allez
payer 45 $ de plus par
année votre compte d'électricité. Voici ce que disait à votre attention le premier ministre ce matin, il disait : «...c'est quand même dans les limites du
raisonnable...» Deux fois plus haut que l'inflation. Je le cite : «...c'est
quand même dans les
limites du raisonnable...» Et plus tard il disait : «...on est quand même
dans des zones correctes sur le plan de la capacité de payer des [citoyens].» M. le Président, pour nous, deux fois plus haut que l'inflation, ce n'est pas correct
et ce n'est pas raisonnable. C'est
inacceptable, et c'est pour ça qu'on invite, d'ailleurs, le premier ministre à honorer ses engagements, parce
que, M. le Président, les citoyens québécois sont tannés, tannés, tannés de
payer toujours et encore plus.
Et
c'est remarquable de voir, M. le Président, que ce matin, à la période
de questions, à six reprises, à six
reprises, le premier ministre a dit, et je cite : «Nous allons réduire le fardeau fiscal des Québécois.»
Six fois, il a dit ça : «Nous allons réduire le fardeau fiscal des Québécois.» Première erreur, dans deux semaines, ça va
vous coûter 3 % de plus, vos
tarifs d'électricité. Est-ce que
c'est — et je
cite — réduire
le fardeau fiscal des Québécois? Non, c'est l'augmenter deux fois plus que l'inflation. Est-ce que 45 $ de plus
pour chacune des familles qui vont payer davantage pour les tarifs
d'électricité, est-ce que c'est réduire le fardeau fiscal? Non, c'est
l'augmenter.
Alors,
je tiens à rappeler au premier ministre que ça, ça s'ajoute aux hausses des
taxes municipales, des taxes scolaires, des garderies, probablement de la TVQ. Quoi, sept fois, ce matin, on l'a
interrogé, le ministre? Six fois, on l'a interrogé, le ministre des Finances, il n'a jamais été capable
de dire : Il n'y aura pas d'augmentation de TVQ. C'est simple, nous
aurions aimé l'entendre dire ça. On
sait que c'est un homme honorable. Nous saluons d'ailleurs sa présence en
Chambre et sa contribution au débat
public, mais nous aurions souhaité qu'il dise clairement : Il n'y aura pas
d'augmentation de TVQ. On lui a
demandé six fois ce matin : trois fois par l'opposition officielle; trois
fois par le collègue de Granby. Malheureusement, silence radio.
Donc, M. le
Président, ce gouvernement qui, rappelons-le... ce parti, pardon, qui a inventé
la taxe santé, qui a augmenté pas une fois,
deux fois la TVQ et qui fait en sorte qu'aujourd'hui les Québécois paient plus
cher de taxes et d'impôt... nous invitons le gouvernement à revoir sa
position concernant les tarifs d'électricité.
Et
je tiens à rappeler, M. le Président, que la déclaration du premier ministre...
Le premier ministre s'était engagé en
campagne électorale... Le 10 février dernier, dans une entrevue à Alain
Laforest à TVA, il disait, je cite : «Les contribuables ont assez payé. On veut limiter les hausses de tarifs d'électricité à l'inflation». Il avait une
chance en or cette année de mettre en
place sa politique, eh non! on va payer deux fois plus cher que
l'inflation. Ça, ce n'était qu'en campagne électorale.
Mais
voilà que, lorsqu'il est aux commandes de l'État, le 5 décembre dernier, un
journaliste lui demande très clairement :
Les contribuables ne seront pas appelés à contribuer davantage
à l'effort financier qui est à faire? Réponse du premier ministre : Pas au-delà de l'indexation normale des
tarifs. Ce n'est pas exact, M. le
Président. J'allais faillir dire un propos qui n'est pas parlementaire. Ça ne correspond pas à la réalité, puisqu'aujourd'hui on constate que
ça coûte deux fois plus cher que
l'inflation. Contraire à l'engagement du 10 février, contraire aux propos du 5
décembre dernier du premier ministre, c'est décevant.
Et je vous rappelle, M.
le Président, que, pour tous les contribuables, pour toutes les maisons, ça va
coûter en moyenne une augmentation de 45 %. Donc, M. le Président, essentiellement,
notre motion, aujourd'hui, porte, oui, sur l'augmentation des tarifs d'électricité, oui, sur le fait que la régie
fait son travail, mais que la régie constate elle-même, la régie
constate elle-même que l'augmentation de 2,9 % repose essentiellement,
pour 2,1 %, sur l'éolien.
Oui,
M. le Président, nous demandons au gouvernement d'honorer son engagement
électoral. Oui, nous demandons au gouvernement d'arrêter d'augmenter
sans cesse les tarifs, et les impôts, et les taxes des contribuables. Oui, nous
demandons au gouvernement de faire en sorte
que, désormais, les Québécois en aient pour leur argent. Oui, nous demandons
au gouvernement qu'il agisse de façon
réaliste et responsable. Et oui, M. le Président, nous demandons au
gouvernement qu'il constate, comme
tout le monde, comme tous les Québécois, que l'éolien, c'est peut-être bien un
beau projet, que c'est peut-être
vert, que c'est peut-être ci, puis c'est peut-être ça, puis que moi, le
premier, j'ai dit il y a quelques années que c'était une bonne idée cette histoire-là, mais qu'il faut prendre
acte de la réalité des faits, et que malheureusement l'éolien, c'est un projet qui nous coûte trop
cher, 140 millions de dollars par année pendant 20 ans. Ce n'est pas nous
autres qui le disons, c'est l'étude
amenée par l'ancien gouvernement du Parti québécois, qui avait demandé à deux
économistes chevronnés de se pencher là-dessus.
M.
le Président, la régie est claire, la raison pour laquelle les Québécois vont
payer deux fois plus cher que l'inflation les tarifs d'électricité dans deux semaines, dans deux semaines, le 1er
avril, c'est en grande partie en raison des programmes éoliens. Ce sont des décisions politiques
partisanes. Et, quand on voit qu'en campagne électorale, quand vient le temps
d'aller recruter des votes, quand vient le
temps de gagner des votes, on dit : Nous autres, c'est assez, ça suffit,
c'est l'inflation maximum, mais,
quand on est au pouvoir, on se dit : Bien, écoutez, on a fait de la
préoccupation, ce n'est pas de notre faute, c'est la régie, ça ne
fonctionne pas. Malheureusement, M. le Président, ça génère le cynisme en
politique.
Je tends la main à
mes amis du Parti libéral, il n'est pas trop tard pour bien faire. Vous pouvez
vous soutenir vous-mêmes, vous pouvez encourager
votre propre gouvernement, votre propre premier ministre, qui a dit, il n'y a
pas si longtemps que ça, que
l'augmentation serait au maximum de l'inflation. M. le Président, dans quelques
minutes peut-être, quelques minutes,
peut-être demain, nous allons voter. J'invite le gouvernement à se soutenir
lui-même et à soutenir son propre programme électoral. Merci.
• (17 heures) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Chauveau,
pour cette réplique.
Je
vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le leader... M. le député de Chauveau, qui se lit comme suit... M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : ...il
me semble qu'il y avait une question d'amendement. Je ne sais pas si, durant la plaidoirie...
L'amendement a été refusé. C'est clair. Ça va.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : L'auteur a décidé de ne pas accorder sa
permission. M. le leader, oui.
M.
Bonnardel :
Je demande le vote nominal sur la motion de mon collègue de Chauveau.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, le vote par appel nominal est demandé. Qu'on appelle les
députés. Ah! M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le Président, vu, comme vous le savez qu'aujourd'hui il y a une cérémonie qui se
déroule juste à côté, au salon rouge,
c'est l'Ordre de la Pléiade, entre
autres l'ancienne première ministre, Mme Marois, y sera également, il y aura des personnes... une bonne partie de
la députation s'y trouve, je vous demande de reporter le vote, M. le Président, à demain.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, conformément à la demande du leader
adjoint du gouvernement, le vote sur la motion de M. le député de Chauveau sera tenu à la période des affaires courantes
demain. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, merci, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article 12 de
notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 30
Adoption
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 12 du feuilleton, M. le ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des
programmes et président du Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi n° 30, Loi
portant principalement sur la suspension de versements de bonis dans le
contexte de mesures visant le retour à l'équilibre budgétaire. Je cède maintenant
la parole à M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui, alors, M. le Président, nous arrivons maintenant à la dernière étape du processus
législatif, soit l'adoption du projet de loi n° 30 qui porte principalement sur la suspension
de versements de bonis dans le contexte de mesures visant le retour à l'équilibre
budgétaire. Ce projet de loi vise à appliquer la suspension du versement de bonis fondés sur le
rendement ou l'ajustement forfaitaire de rémunération au titulaire d'un emploi
supérieur nommé par le gouvernement ou par l'Assemblée nationale.
Pourquoi il
est nécessaire de faire cela? Eh bien, en 2010, le gouvernement a décidé de suspendre le versement de bonis et de geler la progression dans les échelles salariales des
titulaires d'emplois supérieurs pour deux ans et a adopté un décret à cet effet. Le gouvernement a, par la suite, adopté trois autres décrets afin de maintenir cette suspension
pour les titulaires d'un emploi supérieur pour les années de référence 2011-2012,
2012-2013 et 2013-2014.
Ces décisions
du gouvernement ont été contestées devant les tribunaux. Dès 2010,
les membres de certains tribunaux administratifs ont intenté divers recours
judiciaires pour contester leur assujettissement à l'un ou l'autre de ces
décrets et pour en contester la validité.
Dans un jugement rendu le 25 novembre dernier, la Cour d'appel a maintenu
la décision rendue par la Cour
supérieure à l'effet qu'à défaut d'une disposition législative le gouvernement
ne peut freiner la progression
salariale et suspendre l'octroi de bonis par décret en ce qui concerne les
titulaires d'un emploi supérieur dont les conditions de travail sont
établies par un contrat annexé à leur décret de nomination.
Ce même
jugement a néanmoins pour effet de créer deux classes de titulaires, soit ceux
pour lesquels les conditions de
travail sont annexées à leur acte de nomination, qui pourraient toucher un
boni, et les autres qui en seraient privés par les décisions du gouvernement, une situation, bien entendu, qu'on ne
peut justifier, tous devant faire leur part dans les efforts pour atteindre l'équilibre budgétaire.
Sachez d'ailleurs que donner les bonis à ces 900 titulaires de ce type
d'emploi pourrait coûter
29 millions de dollars. C'est pourquoi le gouvernement a emprunté la voie
législative qui est évoquée par le tribunal
et propose, dans ce projet de loi, de traiter tous les titulaires d'un emploi
supérieur de la même façon. Aucun boni ne leur sera donc versé, qu'ils
aient été nommés à contrat ou non.
En
conclusion, ce projet de loi qui... s'inscrit en toute cohérence avec les
mesures de rétablissement d'équilibre budgétaire
qui s'appliquent à l'ensemble de l'appareil gouvernemental, en toute cohérence,
donc, avec toutes ces mesures que nous avons annoncées au cours des
derniers mois.
Je tiens
encore une fois à remercier mes collègues parlementaires pour la collaboration
dont ils ont fait preuve tout au long
du processus législatif, ainsi que les employés du Secrétariat du Conseil du
trésor et ceux du Secrétariat des emplois
supérieurs pour leur contribution à ce projet de loi dont nous allons
bientôt... qui sera bientôt soumis au vote des membres de l'Assemblée
nationale. Alors, merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
président du Conseil du trésor, pour cette intervention. Je cède la
parole maintenant à M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord saluer le ministre qui est
responsable du projet de loi en question,
le projet de loi n° 30. Je voudrais aussi saluer le député de la deuxième
opposition qui a été le porte-parole, le député de La Peltrie. Alors, je tiens à le saluer. Je tiens aussi à
saluer le député de Rousseau, qui, comme je l'ai dit hier, m'avait
remplacé à pied levé à un moment donné durant l'étude détaillée.
Alors, ce
projet de loi modifie la loi mettant en oeuvre certaines dispositions du
discours sur le budget du 30 mars 2010 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et la
réduction de la dette afin d'empêcher, à compter de l'année financière 2009-2010 et pour les cinq années
financières subséquentes, le versement
de bonis au rendement aux titulaires d'emplois
supérieurs et autres personnes nommées par le gouvernement ou par l'Assemblée nationale. De plus, il empêche également la progression dans l'échelle du
traitement pour les années financières 2009-2010, 2010-2011.
Encore une
fois, je l'ai dit à plusieurs reprises, le ministre le sait bien, nous avons
proposé notre pleine collaboration. C'est
quelque chose qui a été renouvelé pour les cinq dernières années, quatre fois
dans les dernières années. Alors, c'est sans surprise que nous allons voter pour. Et on salue le ministre et on
le remercie de ce projet de loi. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Sanguinet. M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Ah! merci, M. le Président. M. le Président, adoption finale du projet de loi
n° 30. On a eu l'occasion d'en
discuter avec le ministre, un projet de loi qui est extrêmement important, dans
ce sens qu'il envoie un signal de la préoccupation que l'ensemble de la
société a pu avoir dans les dernières années de voir des membres de la fonction
publique se voir octroyer des bonis à la
performance dans des circonstances où c'était plus ou moins justifiable. Dans
un contexte de finances publiques
difficile, et je pense que nous sommes dans un contexte de finances publiques
difficile, le geste qui est posé
aujourd'hui, il est majeur. Il est majeur dans le sens où on dit à la
population que nous reconnaissons le travail de nos fonctionnaires, bien
évidemment, mais que, dans ce contexte-là, l'octroi de bonis ne se justifie
plus.
Malheureusement, M. le
Président, puis je le dis, et le président du Conseil du trésor nous a entendus
le dire a quelques reprises, nous aurions
aimé que... Cette logique qui prévaut et qui se défend tout à fait dans le
contexte de la haute fonction
publique, notamment, aurait dû prévaloir aussi pour des sociétés d'État comme
la SAQ, comme Loto-Québec, comme
Hydro-Québec, comme la Caisse de dépôt et placement, où, encore là, sans
dénigrer le travail qui se fait par les gestionnaires de haut niveau,
l'octroi de bonis ne se justifie pas.
Et je pense,
M. le Président, que, si c'est un pas intéressant et important qu'on franchit
aujourd'hui, dans la bonne direction,
par l'adoption du projet de loi, nous ne pourrons pas faire l'économie de ce
débat-là. Et je sais parfaitement que le
projet de loi n° 28 prévoit des choses, dans ses articles, pour l'attribution
des bonis et que le gouvernement ne pouvait pas se mettre en porte-à-faux,
c'est-à-dire dans un projet de loi dire une chose et dire exactement le
contraire dans un autre projet de
loi. Mais nous ne pourrons pas, à court terme, et je pense que le président
du Conseil du trésor en est
conscient, nous ne pourrons pas faire
l'économie de ce débat-là. Parce qu'on parle, ici, de sociétés
qui sont en situation de monopole, et donc qui ont des clientèles captives, et à qui on dit : Si vous
atteignez vos cibles, on va vous verser un boni. Mais moi, je pensais
qu'ils étaient déjà payés pour ça, atteindre leurs cibles.
Donc, dans le
contexte où on demande à tout le
monde de faire un effort, dans le
contexte où — la
motion de mon collègue de Chauveau, aujourd'hui, le relevait de belle façon — on
a augmenté les tarifs d'électricité de plus que l'inflation, dans le contexte où on va piger encore et toujours
dans la poche du contribuable, de dire que, cette année, par exemple, on donnerait un boni aux administrateurs d'Hydro-Québec, c'est-à-dire au
président et gestionnaires de la société d'État, pour avoir augmenté les tarifs d'hydroélectricité, je ne sais pas
comment les Québécois recevraient ce message-là, M. le Président, mais j'imagine que ça ne serait pas
très positif. Et je suis convaincu, parce que je connais un peu le passé du
président du Conseil du trésor, je suis
convaincu que lui-même n'est pas nécessairement extrêmement confortable avec
cette situation-là. Donc, on ne fera pas l'économie de ce débat-là très
longtemps.
Ceci étant dit, sur une note plus positive, il
n'en demeure pas moins que le projet de loi que nous adoptons aujourd'hui, c'est un pas dans la bonne direction,
c'est un bon message qu'on envoie à la société, c'est un bon message qu'on envoie à l'administration publique, à la
haute administration publique. Et c'est avec plaisir que nous votons en faveur
de ce projet de loi là, évidemment. Merci, M. le Président.
• (17 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de La Peltrie. Y a-t-il d'autres interventions? Souhaitez-vous
exercer votre droit de réplique? Non, ça va aller.
Mise aux voix
Alors, le
projet de loi n° 30, Loi portant principalement sur la suspension de
versements de bonis dans le contexte de mesures visant le retour à
l'équilibre budgétaire, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Très bien. M. le leader
adjoint du gouvernement, pour la suite des choses.
Ajournement
M.
Sklavounos : Oui,
M. le Président. Je fais motion pour ajourner nos travaux à demain,
9 h 45.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. En conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi
19 mars 2015, à 9 h 45. Merci. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 11)