(Neuf
heures quarante-six minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très belle journée. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes à la
rubrique de la déclaration des députés, et je cède maintenant la parole à M. le
député de Laval-des-Rapides pour sa déclaration. M. le député.
Féliciter Mme Marika Guérin, nommée joueuse de
l'année en basketball féminin par l'Association
canadienne du sport collégial
M. Saul Polo
M. Polo :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais présenter toutes mes
félicitations à la jeune Marika Guérin,
étudiante au programme sciences natures, biologie et santé du collège Montmorency,
qui s'est vu nommée joueuse la plus utile du Québec dans la plus grande
ligue de basketball collégial. Cette nomination est encore plus remarquable du fait qu'elle constitue une première
dans l'histoire du collège Montmorency, situé à Laval-des-Rapides. C'est donc une fierté pour le collège, mais
également pour tous les citoyens du comté. Cette consécration, en plus du titre
de championne provinciale, vient conclure une saison de rêve pour Marika
Guérin. Bravo, Marika! Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député.
M. le député de Côte-du-Sud, je vous cède la parole pour votre
déclaration.
Féliciter M. Bruno Morin, lauréat du Prix du
bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin
M. Norbert Morin
M. Morin :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à M. Bruno Morin
pour le prix d'engagement régional ainsi que
le Prix du bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin qu'il a reçu le 16
septembre dernier lors de la soirée hommage aux bénévoles organisée par
l'URLS de la Chaudière-Appalaches.
Ce
prix a pour objectif de mettre en valeur l'apport inestimable de personnes qui
ont à coeur le développement de leur communauté et le bien-être de leurs
concitoyens.
S'il
a été impliqué pendant 15 ans dans le monde du hockey, M. Morin est désormais
passionné de gymnastique. En effet,
il est particulièrement actif au sein de l'association Magny-Gym, dans laquelle
il oeuvre depuis 2006. De plus, il
est également coordonnateur des associations régionales de gymnastique de la Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale. Son abnégation, son esprit de coopération et sa
détermination lui ont permis de couvrir de succès toutes ces initiatives
qui ont su démontrer toute la grandeur de cet homme. Bravo à toi, mon cher
Bruno!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Côte-du-Sud.
M. le député de Drummond—Bois-Francs, je vous cède la
parole.
Souligner le 150e anniversaire de
Sainte-Clotilde-de-Horton
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Merci, M. le Président. Alors, je suis très fier de souligner aujourd'hui le 150e anniversaire de Sainte-Clotilde-de-Horton, cette année. Cette municipalité bucolique de quelque 1 600 personnes est située à mi-chemin
entre Drummondville et Victoriaville. Les
familles y jouent un rôle fondamental. Les citoyennes et citoyens y sont fortement engagés et leur accueil
demeure toujours très chaleureux.
La communauté
clotildoise met en valeur son patrimoine. Le comité des ados a peint une murale
relatant les principaux faits qui ont marqué la municipalité. Aussi, on peut y
parcourir à pied, à vélo ou en voiture un circuit patrimonial réalisé par l'anthropologue Myriam Letendre. Les activités
du 150e anniversaire sont conçues pour consolider le sentiment d'appartenance avec les principaux
organismes de la municipalité tels que la fabrique, les loisirs, le Cercle
des fermières, le Club Optimiste, le Club de l'âge d'or, les scouts et ses
guides.
Félicitations
à la présidente du comité organisateur,
Mme Elisabeth Boucher, et, à toute l'équipe, très bel anniversaire du
150e!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Drummond—Bois-Francs.
M. le député de Mégantic, je vous cède la parole.
Féliciter l'organisme Saint-Isidore-de-Clifton
en action, finaliste de la région de l'Estrie
aux Grands Prix de la ruralité
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Je tiens à souligner l'implication des citoyens
de ma circonscription au sein de l'organisme Saint-Isidore-de-Clifton en
action, qui se démarque comme finaliste de la région de l'Estrie pour
les Grands Prix de la ruralité 2014.
Saint-Isidore-de-Clifton
en action est un OSBL créé en 2003 et issu de la volonté de quelques
citoyens de mener des actions locales
de développement. Depuis 2009, l'organisme, de concert avec le
conseil municipal, élabore un plan de
développement selon une analyse des besoins
réalisée soit lors de consultations publiques soit à la suite de réflexions
au comité. Grâce à ces efforts, la
municipalité a lancé certaines initiatives, comme la distribution de
composteurs domestiques et
l'installation de compteurs d'eau. Une démarche globale de développement est en
route afin de réaliser l'objectif de devenir un écovillage.
Je tiens à
transmettre mes plus sincères félicitations à tous les citoyens impliqués dans
cette démarche exemplaire et souhaiter la meilleure des chances au
comité lors de la soirée des Grands Prix de la ruralité 2014.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Mégantic. Mme la députée de Gouin, à vous la parole.
Rendre hommage aux
groupes
organisateurs de DestiNation
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Lorsque des citoyennes et des
citoyens se rassemblent, une fin de
semaine, des heures durant, pour échanger et débattre de l'avenir du Québec,
nous devons nous en réjouir. La fin de semaine
des 20 et 21 septembre avait lieu à Montréal l'événement DestiNation, auquel je
participais. Ce rassemblement a réuni
des centaines de personnes venues discuter de l'avenir politique du Québec. Ces
militantes et militants portaient une
conviction : celle que le Québec, pour s'épanouir pleinement, doit devenir
un pays. DestiNation a suscité de profondes réflexions sur la manière de mener à bien ce projet. Ce qui a marqué la
fin de semaine a été la volonté affirmée de redonner aux Québécoises et aux Québécois les moyens de
décider par eux-mêmes de leur destin, ce que plusieurs ont appelé la
souveraineté populaire.
Je salue les
organisateurs et les organisatrices de cet événement. Je remercie le Nouveau
Mouvement pour le Québec et Le
Conseil de la souveraineté d'avoir organisé ce rendez-vous non partisan et de
l'avoir fait avec relativement peu de moyens, avec surtout la force de
leurs convictions. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Gouin. Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le temps des
pommes à
L'Île-d'Orléans et à L'Isle-aux-Coudres
Mme Caroline Simard
Mme Simard :
Merci, M. le Président. Alors, aujourd'hui, je souhaite inviter mes collègues, les gens qui
nous écoutent et vous-même
à prendre une pause en ce temps d'autocueillette de pommes au Québec,
donc, dans ma circonscription.
Que vous
aimiez la Cortland, la McIntosh, la Royale, la Délicieuse, la PaulaRed ou
autre, je vous assure que vous trouverez une pomme à votre goût :
chez l'un des neuf producteurs de L'Île-d'Orléans, en
empruntant le pont et en planifiant de faire le
populaire Tour de l'Île; à la Cidrerie et Vergers
Pedneault à L'Isle-aux-Coudres, en utilisant
le traversier puis la navette pour vous
diriger vers les vergers et, pourquoi pas, faire un
pique-nique; ou à la Ferme Le Comte de Roussy à L'Ange-Gardien, en profitant de l'occasion pour
faire une balade et observer les beautés de l'avenue
Royale.
Selon l'humeur de mère Nature, le temps des récoltes peut varier. Je vous invite donc
à mettre cette activité à votre
agenda dans les prochains jours, d'autant
que les couleurs automnales sont arrivées chez nous, comme les poires et les
citrouilles, d'ailleurs. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner le 25e anniversaire de
l'entreprise
Éclairage Contraste ML inc.
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le
Président. L'entreprise Éclairage Contraste célèbre
cette année son 25e anniversaire. Fondée en 1989 par
M. Michel Descluses,
l'entreprise, située à Saint-Jean-Chrysostome, se démarque rapidement et
devient, au fil des ans, la référence dans l'industrie de l'éclairage
encastré haut de gamme.
Fabriqué
intégralement ici, chaque luminaire est le résultat d'un travail minutieux. En
2002, toujours en quête d'innovation, elle ajoute une touche artistique
en embauchant des maîtres verriers européens, qui
créent des abat-jour exclusifs et autres pièces décoratives en verre
soufflé. Aujourd'hui dirigée par M. Benoît Dupuy,
l'entreprise innove encore et offre toute une gamme de produits qu'elle exporte
maintenant sur tous les continents.
Modèle de réussite
entrepreneuriale, je félicite Éclairage Contraste, dont le succès repose sur la
recherche de l'excellence et la mise en valeur du talent de ses employés. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, je vous cède la parole.
Féliciter les membres du Centre d'activités
pour le maintien de l'équilibre émotionnel de
Montréal-Nord pour leur engagement social
Mme Rita de Santis
Mme
de Santis : Merci, M.
le Président. Françoise Dolto disait que tout groupe humain prend sa richesse
dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but
commun, l'épanouissement de chacun dans le respect
des différences. Cela décrit le travail extraordinaire
qu'accomplit CAMÉÉ, le Centre d'activités pour le maintien de l'équilibre émotionnel de Montréal-Nord, un modèle d'entraide
par et pour des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Chaque jour, les membres de CAMÉÉ utilisent leurs
propres limites pour en faire des outils pour mieux aider les autres, briser l'isolement et combattre les
préjugés. Vendredi, j'ai assisté à la soirée
de reconnaissance pour célébrer les 5 300 heures de bénévolat
accomplies dans la dernière année. Je félicite tous
les membres de CAMÉÉ qui se mettent au service des autres, dont ceux qui
ont donné plus de 100 heures d'entraide :
Lucie Berthiaume, Danielle Gauthier, Doris
Grenier, Joseph Morello, Manon Ouellet, Julie Sigouin, et deux champions, Yves
Bourdon et Julie Rivard, qui ont totalisé plus de 700 heures
chacun. Bravo! Vous faites honneur à la communauté!
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
je vous cède la parole.
Souligner le 25e anniversaire de L'Unité
d'intervention mobile L'Anonyme inc.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le
Président. Alors, depuis 1989, L'Unité d'intervention mobile L'Anonyme sillonne
les rues de Montréal et du quartier
Hochelaga-Maisonneuve pour venir en aide aux jeunes
de 14 à 30 ans qui vivent des difficultés, qui sont à risque de contracter le VIH-sida. Mise sur pied initialement par la Fondation des enfants
maltraités du Québec, sa philosophie d'intervention humaniste est
empreinte d'écoute et de respect.
À bord d'un autobus
spécialement modifié, les intervenants de L'Anonyme accompagnent, réfèrent,
font la promotion de la santé et sont, pour
plusieurs, une vigile et un phare. Ils contribuent à la prévention des ITSS et
pilotent également des projets visant à prévenir l'exploitation
sexuelle.
Hochelaga-Maisonneuve
ne serait pas le même quartier sans
le travail extraordinaire et innovateur de L'Anonyme. Des milliers de jeunes de chez nous et de Montréal
y ont trouvé écoute, aide et conseils. Bon 25e et longue vie à L'Anonyme!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député de Terrebonne,
mieux vaut tard que jamais, je vous cède la parole.
Souligner la rencontre amicale des jeunes du
Club de soccer Terrebonne avec des
joueurs de l'Impact de Montréal
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Lundi dernier,
lors de la troisième édition de ma Journée Coup de coeur communautaire de la circonscription, j'ai eu la chance
d'honorer deux projets réalisés par des organismes du communautaire
de chez nous, des projets qui se sont démarqués par la qualité, le dynamisme et
l'originalité qu'ils ont pu faire preuve, et j'aimerais souligner
aujourd'hui donc le projet du club soccer de Terrebonne, qui ont réussi, M. le Président, à faire vivre à des jeunes parents et
leurs enfants de ma circonscription une journée mémorable où ils ont pu
rencontrer justement des modèles inspirants dans cette discipline sportive. En
effet, près de 11 joueurs de l'Impact de Montréal, n'écoutant que leur
courage, sont venus à Terrebonne confronter le talent de ces jeunes et venir
faire des démonstrations, évidemment, de
sport, dont un en particulier qui est Karl W. Ouimette, originaire de
Terrebonne, et qui est donc, pour plusieurs, un symbole à suivre chez
nous.
Je
tiens donc à les remercier pour l'ensemble de leur travail dans la communauté.
Je tiens donc à transmettre toutes mes félicitations à Jean-Pierre
Labelle et David Jean, les principaux artisans de cette réussite. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Terrebonne. Voilà qui met un terme à la rubrique Déclarations de
députés.
Et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 58)
(Reprise à 10 h 12)
Le Président :
Bon jeudi matin, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Lisette
Lapointe,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Je
constate, dans notre assistance, que notre ancienne collègue
de Crémazie est avec nous, Mme Lisette Lapointe. Je
vous salue.
Nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
Présentation
de projets de loi. M. le leader du gouvernement, je pense que vous allez nous
présenter un projet de loi. Voilà.
M. Fournier :
J'étais dans un dialogue non réglementaire, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article a, M. le Président.
Projet de loi n° 10
Le
Président : Tant qu'on ne fait pas dans un dialogue de sourds.
Alors, à l'article a du feuilleton, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux présente le
projet de loi n° 10, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance
du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l'abolition
des agences régionales. M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, c'est avec un très grand plaisir que je
présente aujourd'hui à cette Assemblée le projet de loi n° 10, Loi modifiant l'organisation et la
gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par
l'abolition des agences régionales.
M. le Président, ce
projet de loi modifie l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et
des services sociaux par l'intégration
régionale des services de santé et des services sociaux, la création
d'établissements à mission élargie et
l'implantation d'une gestion à deux niveaux hiérarchiques, afin de favoriser et
de simplifier l'accès aux services pour la population, de contribuer à
l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins et d'accroître
l'efficience et l'efficacité de ce réseau.
À
cet effet, le projet de loi prévoit la création, pour chaque région
sociosanitaire, d'un établissement régional issu de la fusion de l'agence de santé et des services
sociaux et de l'ensemble des établissements publics de la région, sauf pour
Montréal où le nombre d'établissements
régionaux prévu est de cinq, auxquels s'ajoutent quatre établissements
suprarégionaux.
Le projet de loi
instaure une nouvelle gouvernance pour les établissements régionaux et
suprarégionaux, notamment en précisant la
composition de leur conseil d'administration dont les membres sont en majorité
indépendants et nommés par le ministre
de la Santé et des Services sociaux. Il confie la direction de ces
établissements à des présidents-directeurs généraux, lesquels sont aussi
nommés par le ministère.
Le projet de loi contient par ailleurs des
dispositions d'interprétation et d'application de plusieurs lois et règlements pour tenir compte des modifications
apportées à l'organisation et à la gouvernance du réseau de la santé et
des services sociaux. Ces dispositions portent essentiellement sur l'exercice,
par les établissements régionaux et le ministre, de certaines fonctions
actuellement exercées par les agences de la santé et des services sociaux.
Le projet de loi accorde de nouveaux
pouvoirs au ministre à l'égard des établissements régionaux et suprarégionaux,
notamment le pouvoir de prescrire des règles
relatives à la structure organisationnelle
de leur direction et celui d'intervenir auprès de la direction générale
si des gestes incompatibles avec les règles de saine gestion sont posés.
Enfin, M. le
Président, le projet de loi prévoit différentes dispositions transitoires et
finales nécessaires à l'application de ce projet. Merci, M. le Président.
(Applaudissements)
Le Président :
Je crois comprendre que vous avez une question, Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : Oui, M. le Président, en effet. Sans demander des consultations
générales, je pense qu'on va avoir
besoin de consultations particulières d'une certaine étendue, assez vastes, parce
que je pense que ça va toucher l'ensemble du réseau de la santé. Alors, M. le Président, j'aimerais savoir si on
va pouvoir s'entendre sur des consultations assez vastes.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui, oui, c'est tout à fait justifié qu'il y ait des
consultations assez larges sur le sujet, donc il y en aura. D'ailleurs, il y a
déjà des invitations pour des briefings qui ont été faites. Alors, ça va se
faire selon les règles de l'art. C'est un projet de loi important, M. le
Président.
Le Président :
Bien sûr. Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : M. le Président, quant à ma formation politique, nous
demandons qu'il y ait consultation générale.
Ce projet de loi est trop important pour que les consultations ne soient que
particulières. Nous sommes inquiets en
particulier de ce qui va arriver à l'ensemble des organismes communautaires du
Québec. Nous demandons des consultations générales.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
J'ose croire qu'on pourra s'entendre avec les partis d'opposition et le gouvernement
sur les organismes que nous souhaiterions
rencontrer. Si ça peut inspirer le ministre
de la Santé aussi, bien je pense qu'on pourra faire valoir notre
rapport. Merci.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Simplement pour conforter notre collègue de Gouin,
comme à l'habitude, on va s'entendre entre les collègues pour qu'on puisse avoir une représentation représentative
des gens qui seront entendus. Il est clair que cette consultation
particulière sera élargie. Il y aura donc beaucoup d'intervenants qui
viendront. Je pense que ça va vous permettre de voir la possibilité d'entendre
tous les sons de cloche à l'égard de ce projet de loi important.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
…
Le Président :
Consentement. Adopté.
On est toujours à
l'article Présentation de projets de loi. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M.
Bonnardel :
M. le Président, je vous demande d'appeler l'article b, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 195
Le
Président : Alors, à l'article b du feuilleton, M. le député de
Nicolet-Bécancour présente le projet de loi n° 195, Loi modifiant la Loi sur les compétences
municipales afin de permettre aux municipalités régionales de comté d'exécuter
certains travaux sans délai. M. le député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel : Merci, M. le Président. Ce projet de loi a pour
objet de soustraire toute municipalité régionale de comté à l'obligation d'obtenir des autorisations
gouvernementales, notamment en matière d'environnement, qui ont pour effet de retarder l'exécution des travaux requis
pour rétablir l'écoulement normal des eaux d'un cours d'eau lorsque cette
municipalité est informée de la présence d'une obstruction qui menace la
sécurité des personnes ou des biens.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : …
Le Président : Adopté.
Dépôt de documents
Alors, nous sommes maintenant rendus à la
rubrique Dépôt de documents. Mme la ministre de la Justice.
Rapport annuel du Conseil
de la justice administrative
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, conformément à l'article 24 de la Loi sur
l'administration publique, je dépose le rapport annuel de gestion 2013‑2014
du Conseil de la justice administrative.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Affaires municipales.
Rapport annuel du ministère des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire
M. Moreau :
Oui, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion du
ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire pour
l'exercice financier se terminant le 31 mars 2014.
• (10 h 20) •
Le Président : Alors, ce
document est déposé. Mme la ministre de l'Immigration.
Rapport annuel du ministère de l'Immigration,
de la Diversité et de l'Inclusion
Mme Weil : M. le
Président, j'ai l'honneur de déposer
le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du ministère
de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : M. le Président, permettez-moi de déposer la réponse du gouvernement à la pétition
déposée par le député de Rimouski le 16 septembre 2014.
Rapport annuel du Commissaire
à l'éthique et à la déontologie
Le
Président : Alors, ce
document est déposé. Pour ma part, je dépose le rapport d'activité 2013‑2014
du Commissaire à l'éthique et à la déontologie. Aïe! Oui, j'ai failli
l'échapper. Oui, le lancer, tu pourrais le rattraper.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Granby.
Autoriser une
modification à la
Loi constitutionnelle de 1982
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition déposée à l'Assemblée
nationale, signée par 46 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la législature et le gouvernement du Québec ont le rôle de protéger et de
promouvoir la nation québécoise au sein du Canada;
«Considérant
qu'à cette fin une modification de la Loi constitutionnelle de 1982 est
souhaitable pour que la nation québécoise au sein du Canada soit
reconnue;
«Considérant
qu'une telle modification peut se faire de façon bilatérale avec l'accord de
l'Assemblée nationale et du Parlement du [Québec];
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons à l'Assemblée nationale qu'elle autorise la modification de la
Constitution du Canada par proclamation de
Son Excellence le gouverneur général, sous le Grand Sceau du Canada, en
conformité avec le texte suivant :
«Modification
constitutionnelle de 2014.
«Loi
constitutionnelle de 1982.
«La Loi
constitutionnelle de 1982 est modifiée par l'insertion, après l'article 26, de
ce qui suit :
«"Toute
interprétation de la présente charte doit concorder avec la protection et la
promotion de la nation québécoise au sein du Canada.
«"Pour
l'application du paragraphe (1), la nation québécoise comprend notamment :
«"une majorité
d'expression française;
«"une culture
unique de nature francophone;
«"une tradition
de droit civil;
«"un système
d'éducation typique;
«"un ensemble
d'institutions particulières.
«Le
rôle de la législature du gouvernement du Québec de protéger et de promouvoir
la nation québécoise visée au paragraphe (1) est confirmé."
«Titre de la présente
modification : Modification constitutionnelle de 2014.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion de M. le député de
Rosemont et présentée hier, à la rubrique des motions sans préavis,
conjointement avec Mme la ministre déléguée
à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, M. le
député de Groulx et Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales. Je cède la parole au chef de l'opposition.
Transport d'hydrocarbures issus des sables
bitumineux sur le fleuve Saint-Laurent
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, hier, un bateau rempli de pétrole brut venant de l'ouest,
uniquement destiné à l'exportation, a
transité par le fleuve. Le premier ministre a eu cette belle boutade :
C'est quoi, cette salade? Le fleuve, c'est simplement l'endroit où s'approvisionnent une majorité de Québécois en
eau potable. Le fleuve, c'est là où vivent une majorité de Québécois à
ses abords. Le fleuve, ça nous représente, M. le Président.
Pour la première
fois, on acceptait que ce fleuve serve à transporter du pétrole, non pas pour
alimenter nos raffineries, non pas pour
faire travailler notre monde, non pas pour permettre nos déplacements,
seulement pour exporter du pétrole
albertain. La semaine dernière, le premier ministre de l'Alberta, d'ailleurs,
se félicitait d'avoir enfin trouvé une voie
de sortie pour son pétrole. En somme, il a dit qu'avec le premier ministre du
Québec actuel il avait trouvé une personne prête à accepter ce que tous les autres refusent. La
Colombie-Britannique n'a pas accepté, le gouvernement américain n'a pas
accepté, mais ici on a un premier ministre qui a dit oui au transit du pétrole
par le fleuve Saint-Laurent.
Que
du pétrole soit transporté sur le territoire québécois pour notre consommation,
c'est une chose, mais que le Québec
devienne une autoroute pour l'exportation du pétrole, jamais les Québécois
n'ont dit oui à cela, avec les risques que ça impose. Comment le premier ministre peut-il expliquer que, pour l'exportation du pétrole, à date, la Colombie-Britannique ait dit non, puis les États-Unis
aient dit non, mais qu'au Québec le premier ministre du Québec, lui, a dit oui?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, on en viendra à l'aspect plus spécifique de la
question du chef de l'opposition, mais
ce qui sous-tend sa question, c'est qu'il semble que, de ce côté-là, le
pétrole, on n'aime pas ça, ce n'est pas bon, il ne faut pas s'en occuper. Pour mémoire, là, le
changement de réglementation de Transports Canada est arrivé en mai 2013,
j'ai beau fouiller les bureaux de tout le
gouvernement, je ne retrouve pas une seule manifestation de préoccupation du
gouvernement précédent. Pour mémoire, les
travaux d'exploration à Anticosti, incluant la fracturation hydraulique, ont
été autorisés sans BAPE. Pour mémoire, il
n'y a jamais eu de discussion ou d'expression de désaccord par rapport aux
deux projets de pipeline. Et, bien sûr, la situation ayant changé, le discours
change également.
Maintenant,
il est clair, M. le Président, que le Canada, heureusement, dispose d'une
réglementation très sévère, très précise, et il est clair que, si le
pétrole, au Canada, peut circuler d'est en ouest, ce qu'il fait depuis des
décennies, il faut également qu'il circule d'ouest en est.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Enbridge, là, la première condition des parlementaires, et que lui avait
acceptée, c'est que, si le pétrole était
transporté, ce n'était qu'aux raffineries situées sur le territoire québécois,
à l'avantage de l'économie québécoise. C'étaient tous les parlementaires
qui avaient recommandé ça.
Ce qu'on a,
c'est faire du fleuve une autoroute pour le pétrole albertain, et les autres ne
veulent pas. Il y a des risques environnementaux
graves pour le Québec, et on dit oui sans consulter personne, sans avoir des
études scientifiques sur la question et des risques que ça compose.
Pourquoi le premier ministre a dit oui sans le
consentement des…
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
à moins qu'on nous prouve le contraire, je n'ai jamais entendu autre chose que
oui de la part du parti formant l'opposition aujourd'hui, qui était au
gouvernement il y a quelques mois également. Je rappelle également pour mémoire au chef de l'opposition officielle que
j'ai posé, l'autre jour, une question dans une de mes réponses, où je
lui demandais d'éclairer les Québécois quant au déficit de 16 milliards de
dollars que leur projet chimérique comporte
encore, c'est-à-dire que le gouvernement fédéral dépense 16 milliards de
plus qu'il ne perçoit au Québec et qu'une grande partie de cette
richesse provient de l'exploitation des hydrocarbures dans l'Ouest du pays.
Maintenant,
il faut que ce soit fait de façon sécuritaire, respectueuse de l'environnement
et des communautés. Mais on veut libérer la société québécoise du
pétrole. Ça se fera de façon progressive, ordonnée, avec des politiques
intelligentes…
Le Président : En terminant.
M. Couillard : …et coordonnées.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Jamais un gouvernement du Québec ou les Québécois n'ont dit oui à ce que parle
le premier ministre. Et là je vais
déposer le rapport de la commission sur simplement l'inversement du pipeline
d'Enbridge. C'était pour nos raffineries,
pour créer des emplois, pour créer de l'économie, pour notre consommation. Ce
qu'on parle ici, là, c'est de l'exportation
de masse du pétrole albertain qui a été refusé par la Colombie-Britannique, qui
a été refusé par les États-Unis.
On n'est
qu'une autoroute qui voit passer les chars. C'est ça, le développement
économique du Québec, avec les risques environnementaux? Tous les
risques pour nous autres puis l'argent pour…
Document déposé
Le Président : M. le chef de
l'opposition, vous avez demandé le dépôt du document en question? Ah oui?
Consentement pour le dépôt? Consentement pour le dépôt. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je pense, malheureusement, qu'on a des grands problèmes arithmétiques du côté
de l'opposition officielle. Je répète ma
question du 16 milliards, qui, en passant, n'a jamais eu de réponse et
n'en aura pas parce qu'il n'y a pas de réponse autre que de constater le
fait.
Je rappelle
que, dans ce 16 milliards, il y a plus de 9 milliards de péréquation
qu'on reçoit, qui est une répartition de la richesse canadienne qui
provient, qui est générée en grande partie dans l'Ouest du pays. Je rappelle
enfin que le transport maritime
transatlantique est de juridiction fédérale. Et je rappelle, en terminant, que
le niveau de juridiction et de protection de l'environnement est
inégalé, au Canada, par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays.
Maintenant, je voudrais bien qu'on laisse penser
aux Québécois qu'ils sont dans un autre pays, mais ils sont Québécois, ils sont
Canadiens, et il faut qu'on participe à l'économie canadienne.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Eh bien, M. le Président, être
Canadien, ça nous empêche de protéger notre environnement. Recevoir de
la péréquation, ça nous empêche de protéger notre environnement. Ce que je demande au premier ministre…
Ce qui est drôle, là, la Colombie-Britannique, elle l'a fait. Il y a un
premier ministre là-bas, il s'est tenu debout. Le gouvernement des États-Unis, il s'est tenu debout, il a dit : Non, on ne servira pas d'autoroute pour le
pétrole. Nous, ce qu'on veut, c'est du
développement économique pour notre… ou pour
consommer.
M.
le Président, ce que je demande au premier ministre, c'est :
assumer sa responsabilité, protéger les Québécois sur le long du fleuve
Saint-Laurent.
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, quand je parlais, hier,
de salade, de façon un peu humoristique — je voudrais m'excuser si j'ai blessé les collègues d'en face — c'est de ça
dont je parlais, c'est une incohérence. On ne
parle pas de bateau, mais de pipeline, on mélange tout ça ensemble. On
oublie de rappeler aux Québécois que, les projets de pipeline, ils n'ont
jamais été contre quand ils étaient au gouvernement. Les grands chantres de
l'environnement d'aujourd'hui étaient bien silencieux à l'époque. Ils étaient bien
silencieux également quand ils ont autorisé l'exploration sur Anticosti, y compris la phase de fracturation
hydraulique. Ça a l'air que ce n'est pas grave dans un milieu naturel, mais
c'est grave
ailleurs au Québec. Alors, quand on est incohérent de cette façon-là, on se
garde une petite gêne, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président : Principale, M. le député de
Jonquière.
Travaux de forage de TransCanada Énergie pour la
construction d'un terminal pétrolier à Cacouna
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le
Président, la Cour supérieure a rendu un jugement dévastateur pour le ministre
de l'Environnement, c'est une véritable gifle. La cour suspend les
forages géotechniques à Cacouna, elle critique aussi très sévèrement le processus d'analyse qui a mené au
certificat d'autorisation à TransCanada. C'est
carrément la crédibilité du ministre de l'Environnement qui est mise en cause, qui est entachée.
La juge nous apprend, paragraphe 34, que les
réponses aux questions adressées à TransCanada et à Pêches et Océans
Canada sur les effets des forages sur les bélugas «inquiètent plutôt que de
rassurer». Malgré ça, le ministre change sa position et signe le certificat
d'autorisation. La juge nous dit, paragraphe 103,
que «rien dans la preuve actuellement n'explique ce revirement de situation». Face à l'absence de connaissances approfondies
des représentants du ministère sur les bélugas, paragraphe 100, le ministre
ne juge pas utile de consulter les experts en la matière.
Face à ce processus,
M. le Président, comment le ministre peut expliquer sa…
Le Président : M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président.
Tout d'abord, il y a lieu de rétablir les faits. Parlons du projet de
TransCanada dans son ensemble. Il est très important de préciser que le
projet n'est pas encore autorisé et qu'il y a un processus d'évaluation
environnementale en cours. On est à l'étape de
l'étude d'évaluation des impacts environnementaux.
Et, comme on l'a fait le 30 mai, lorsqu'on a annoncé qu'il y aurait un Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement sur le projet, le bureau, suite à la recevabilité de l'étude d'impacts
environnementaux, va se pencher sur l'ensemble du projet. On va
approfondir les questions reliées aux bélugas, à la sécurité des personnes, à
la protection de l'environnement, à l'émission
des gaz à effet de serre. Toutes les questions vont
être approfondies. Et, si nos lois et
règlements ne sont pas suivis, le projet n'aura tout simplement pas lieu, M. le Président.
Ceci
dit, sur la question spécifique du certificat d'autorisation dont fait l'objet
la décision de la Cour supérieure, il faut
faire attention, ça visait des travaux préliminaires pour obtenir des données
scientifiques devant alimenter l'étude d'impact environnemental qui va ensuite nous permettre de faire une évaluation plus sommaire et
globale, cohérente et intégrée du projet.
Le Président : En terminant.
M. Heurtel :
On prend nos responsabilités, M. le Président, et on suit…
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M.
Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : M. le Président, ce que la juge remet en question, c'est le revirement de situation,
le revirement de décision du ministre.
Elle dit au paragraphe 109 : Une décision déraisonnable, et
elle parle de l'impatience de TransCanada, M. le Président. Tout le monde, là, se pose la question : C'est qui qui
décide au ministère de
l'Environnement? C'est-u le ministre
ou c'est TransCanada? C'est qui qui décide?
Quand est-ce qu'il va révoquer le certificat
d'autorisation, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Le député de Jonquière a déjà, dans une autre vie, été avocat. Je vais lui
rappeler un petit peu comment fonctionne le processus au niveau de
l'injonction.
On a commencé avec une injonction provisoire,
nous sommes à l'étape de l'injonction interlocutoire, et il va y avoir un jugement final au fond en injonction
permanente. Le jugement sur l'interlocutoire soulève des questions sérieuses.
C'est pour ça, M. le Président, que j'ai demandé au ministère de revoir le
processus d'autorisation de ce certificat d'autorisation
là pour s'assurer que la direction régionale qui s'est occupée du dossier et
qui a émis le certificat d'autorisation a suivi toutes les règles de
l'art en matière d'autorisation.
Le Président : En terminant.
M.
Heurtel : Deuxièmement, en terminant, M. le Président, on va revoir
nos protocoles d'information pour obtenir les meilleures informations…
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : M. le Président, c'est terrible, le ministre met
ça sur le dos des fonctionnaires, sur le dos de la direction régionale.
Est-ce qu'il est responsable? Le jugement est
très clair, remet en question la décision, la décision du ministre. Quand est-ce que le ministre va révoquer le
certificat d'autorisation? Il n'a que cela à faire, parce que c'est
manifestement déraisonnable, et c'est une juge qui le dit, M. le Président.
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, encore une fois, je demanderais au député
de Jonquière de lire le jugement, parce que nulle part dans le jugement est-ce écrit que la décision est
manifestement déraisonnable, nulle part, M. le Président.
Il va falloir comprendre que nous sommes dans un
processus. Le jugement de la Cour supérieure, dont nous prenons acte, que nous prenons très au sérieux, soulève des questions.
J'ai demandé au ministère de revoir qu'est-ce qui s'est passé exactement, comment préciser nos
protocoles d'échange d'information scientifique avec Pêches et Océans Canada. Mais, en bout de piste, M. le Président,
rappelons que nous sommes en cours d'un processus judiciaire qui va se terminer suite au jugement sur le fond de
l'injonction permanente, et à ce moment-là on pourra tirer toutes les
conclusions qu'il se doit, M. le Président. Merci.
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Politique en matière de
fiscalité des entreprises
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le gouvernement libéral a annoncé des coupes dans les crédits
d'impôt pour les entreprises lors du
dernier budget. Le gouvernement a également annoncé qu'il irait chercher
650 millions de plus avec la commission sur la fiscalité.
En même temps, on sait maintenant que le
gouvernement veut couper dans le Régime québécois d'assurance parentale et qu'il envisage d'abolir la loi du
1 % sur la formation de la main-d'oeuvre. Bref, le gouvernement semble
couper les entreprises d'un côté, mais il les compense largement de
l'autre.
M. le
Président, avec les changements envisagés, le gouvernement s'en sort avec
1 milliard de dollars dans les poches,
les entreprises sont parfaitement compensées, et ceux qui paient, vous le
savez, ce sont les travailleurs, ce sont les parents, ce sont les
familles du Québec.
M. le
Président, est-ce que le ministre confirme que, ces changements à la fiscalité
des entreprises, il va les faire payer par les familles du Québec?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, bonjour. Merci de la question. Évidemment,
ça nous permet de rappeler quel est notre objectif dans le budget que nous avons déposé au mois de juin : le rétablissement des finances publiques et la
relance de l'économie.
Pour le rétablissement des finances publiques,
toute une série de mesures ont été étalées. Notre tâche a été beaucoup
plus ardue que ça aurait été le cas parce
que nous avons hérité d'une situation
qui était pas mal plus complexe que ce à quoi on s'attendait,
d'ailleurs, ce qui a été confirmé par le Vérificateur général et par les
experts Godbout et Montmarquette. Donc, la compression
des dépenses, elle est réelle, elle est difficile, elle est sérieuse, mais il
faut que ça se fasse pour qu'on arrive à l'équilibre budgétaire. Tout le
monde doit participer, nous l'avons bien mentionné aussi.
Et finalement
la relance de l'économie est aussi au coeur de nos préoccupations. Pour ce qui est des… vous avez mentionné très spécifiquement les crédits d'impôt aux entreprises.
Notre approche, notre point de vue à ce sujet-là est aussi très clair : nous ne pensons pas que, d'une façon générale,
les crédits d'impôt soient la meilleure façon qu'il y a…
Le Président : En terminant.
M. Leitão : …de soutenir les entreprises
et de soutenir la croissance économique.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Le ministre n'a
pas nié, M. le Président, et, en coupant dans la loi du 1 %, le
gouvernement va accorder un avantage aux
employeurs qui vont cesser de former leurs employés aux dépens de ceux qui vont
continuer à investir en formation. Et,
alors qu'on a tout intérêt à augmenter la productivité, cette mesure va
précisément dans le sens inverse. Et ce sont qui qui paient? Ce sont nos
travailleurs.
Alors, M. le
Président, le ministre peut-il nous dire pourquoi les travailleurs devraient
payer pour ces révisions à la fiscalité des entreprises?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Une excellente question. Seulement, je suggérerais au
collègue de ne pas se fier trop sur ce qu'on lit dans les journaux. Il n'y a aucune, aucune décision qui a été prise
ou même considérée à cet égard-là de la formation professionnelle. Il y a toutes sortes d'autres
rumeurs qui circulent ici et là, souvent alimentées par nos propres collègues.
Donc, une fois que ces décisions seront prises,
si elles le seront, à ce moment-là, on pourra commenter, mais c'est basé sur de
l'air chaud, sur des rumeurs. Il n'y a absolument rien de concret à cet
égard-là.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le ministre n'est pas très, très clair, et puis il pourrait
faire taire les rumeurs en affirmant clairement qu'il ne va pas toucher
aux congés parentaux puis qu'il ne va pas toucher à la formation de la
main-d'oeuvre. Mais, tel que c'est présentement, on sait que les révisions à la
fiscalité des entreprises que le ministre envisage,
ce sont les familles, ce sont les travailleurs, ce sont les parents du Québec
qui vont payer pour. M. le Président, ce qui est envisagé, c'est un
marché de dupes.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão : Bien sûr que non, M. le
Président. Notre approche est, en effet, de simplifier le fardeau fiscal des entreprises pour qu'elles puissent investir et
créer de l'emploi. Ça ne se fera pas au détriment des familles et des
particuliers. Ça va être une
compression de la croissance des dépenses qui va financer cela, et je vous
rappelle que cet effort de compression
est encore plus difficile parce que la croissance des dépenses que nous avons
hérité était beaucoup trop élevée et donc...
Des voix : …
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Leitão : 5,4 % en 2013‑2014.
On devait être à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014…
Le
Président : En terminant.
M. Leitão :
Nous avons un déficit de 3,1 milliards de dollars. Pas zéro,
3,1 milliards de déficit. Il faut…
Des voix :
…
• (10 h 40) •
Le Président :
S'il vous plaît, M. le député de Sanguinet.
Principale, M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
Rémunération des médecins de famille
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, les salles d'urgence au Québec vont
continuer d'être débordées tant qu'on n'aura pas donné à chaque Québécois un médecin de famille qui prend en charge
le patient, avec son équipe, sept jours sur sept. Je pense qu'on est
tous d'accord avec ça.
Or, M. le Président, actuellement,
quand on regarde la rémunération des médecins de famille, il y a environ seulement
10 % de la rémunération qui est sur la prise en charge, 90 % qui est
à l'acte sans prise en charge.
Nous,
on propose depuis longtemps de dire : On devrait augmenter de façon
substantielle le pourcentage de la rémunération
des médecins de famille qui est pour la prise en charge. D'ailleurs, le
ministre de la Santé a déjà été d'accord avec ça, hein? Là, je comprends
qu'il a convaincu le premier ministre...
Des voix :
...
M.
Legault : Il a convaincu le premier ministre sur les agences de
santé, donc j'espère qu'il l'a convaincu aussi sur le changement de
rémunération.
Donc,
ma question au premier ministre : Est-ce que le premier ministre du Québec
est d'accord pour dire que le pourcentage
de la rémunération des médecins de famille pour la prise en charge devrait être
augmenté de façon substantielle puis pourquoi il n'y a rien dans
l'entente qu'il a signée ou qu'il a conclue hier avec les médecins?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, la question de notre collègue me permet de dire qu'il y a non
seulement une entente, il y a deux ententes.
Des voix :
...
M.
Couillard : Je pense que vous aurez remarqué également, M. le
Président, une certaine constance dans la pensée
de notre collègue, je pense que l'ensemble des Québécois le constate, et j'ai
constaté, lors également du dépôt du projet de loi, qu'il semblait y
avoir une approbation plus que tacite du côté du deuxième groupe de
l'opposition.
Mais
ça, c'est un premier élément de changements très importants qui vont avoir lieu
dans notre système de santé et de
services sociaux. Ce matin, on parle de quoi? On parle de la gouverne, de moins
de bureaucratie pour plus de soins. Parce
que c'est un peu technique et théorique ce qu'a dit notre collègue. C'est moins
de bureaucratie, plus de soins; c'est de ça dont on parle ici. Et il y a d'autres gestes qui vont être posés,
notamment sur la question de la rémunération médicale et de la pratique
médicale. Comme on dit en anglais : «Stay tuned», M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, le ministre de la Santé a dit hier,
avec les deux ententes qui ont été signées, là : Il va n'y avoir
aucune amélioration à l'accès aux services avant l'équilibre budgétaire, donc
avant deux ans.
Moi,
je veux savoir, là : Est-ce que le premier ministre, là, je veux être bien
clair, a l'intention de réouvrir tout de
suite les conventions pour changer le pourcentage de rémunération ou si les
patients qui n'ont pas de médecin de famille vont attendre au moins deux
ans encore?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je pense que notre collègue aura remarqué, puis il le
souligne lui-même à l'occasion, une
certaine unité de pensée entre ce qu'il présente et ce qui est en train d'être
déployé sur le terrain par le gouvernement, par notre gouvernement.
Alors, je dirais qu'avant d'aller plus
loin il serait peut-être mieux d'attendre la suite des événements pour voir
de quoi il sera question au cours des prochaines semaines.
Maintenant,
je pense qu'en toute justice il devrait reconnaître également que le résultat
de ces deux ententes que notre
collègue a obtenues avec les fédérations médicales fait en sorte d'améliorer,
pas complètement mais largement, le problème
financier du Québec, des finances publiques, ce qui permet d'avoir des sommes
pour les services publics, dont les soins aux patients, aux personnes
âgées et aux enfants dans nos écoles.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, est-ce que le premier ministre peut
au moins admettre devant tout le monde que, dans les deux ententes d'hier, il n'y a absolument rien pour améliorer
l'accès aux soins, il n'y a absolument rien, M. le Président, pour
donner plus de médecins de famille? La seule fois qu'on a parlé de prise en
charge, c'est quand on a entendu parler du
manque de jugement du ministre de l'Éducation. Quand va-t-on donner des
médecins de famille aux Québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vais encore une fois appeler notre collègue à la
patience et lui dire qu'il a devant lui
l'exemple de quoi? L'exemple du courage, du ménage, de la détermination. C'est
ici, le changement pour le Québec, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Nicolet-Bécancour.
Des voix :
…
Certificat d'autorisation relatif aux travaux de forage
de TransCanada Énergie pour la construction
d'un terminal pétrolier à Cacouna
M.
Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, ce matin, le ministre de
l'Environnement est de nouveau discrédité. Rarement un jugement de la cour n'a été aussi dur pour un
ministre. La juge dit : «Si le ministre ne trouvait pas réponse à ses
questions, il devait continuer son
processus ou à tout le moins expliquer pourquoi il décide soudainement de
recommander l'autorisation...» La
juge Claudine Roy se demande même, à
mots couverts, s'il n'y a pas eu de pression politique pour délivrer les autorisations. Hier, nous avons
demandé de convoquer le ministre en commission
parlementaire pour expliquer sa décision controversée.
Va-t-il
faire preuve de transparence? Va-t-il accepter de venir répondre aux questions
des parlementaires comme nous l'avons demandé?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M.
David Heurtel
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Premièrement, sur la question des commissions
parlementaires, c'est à l'Assemblée
nationale et aux commissions de déterminer qui ils convoquent et de quelle
façon ils les convoquent. Alors, nous allons nous en remettre au
jugement des commissions.
Mais la question du
député me permet de préciser qu'encore une fois il faut bien faire attention.
Le projet TransCanada, dans son ensemble, va
faire l'objet, et ça, c'est très important, M. le Président, d'une évaluation
environnementale complète en
profondeur sur tous les enjeux. Que ça soit les espèces menacées comme les
bélugas, que ça soit la protection des
personnes, que ça soit les questions de sécurité, les enjeux environnementaux,
le BAPE va faire son travail; on va avoir
toutes les réponses. Et, si ce projet-là ne respecte pas nos lois et règlements
en matière environnementale, le projet n'aura pas lieu, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, le ministre nous a dit, par
rapport au certificat émis à la cimenterie McInnis, qu'il était très mal à l'aise avec le certificat.
J'imagine qu'il est encore très mal à l'aise avec le certificat émis pour
TransCanada.
Moi, je lui
demande s'il accepte de venir nous dire pourquoi qu'il émet des certificats qui
le rendent si mal à l'aise.
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement.
M.
David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, encore une fois, il faut rétablir les
faits. Le certificat d'autorisation dont fait l'objet le jugement de la Cour supérieure de cette semaine
visait des travaux de levées géotechniques pour obtenir des données scientifiques qui devaient alimenter l'étude
d'impact environnemental qui va faire le fond de la question sur l'autorisation
globale du projet. Dans le processus
d'autorisation, il y a des questions que le jugement de la Cour supérieure
soulève. Nous allons revoir…
Moi-même, j'ai demandé au ministère de revoir les étapes d'autorisation qui ont
mené à l'émission du certificat d'autorisation pour s'assurer qu'elles
ont bien respecté les règles de l'art. Merci, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Donald Martel
M.
Martel :
M. le Président, ça a été une journée difficile, une matinée difficile pour le
ministre ce matin. Moi, je lui demande de
sauver… Je lui offre une occasion de sauver sa journée. Je lui demande de faire
preuve de transparence.
Il est au
gouvernement; on lui a fait une demande de se présenter en commission
parlementaire. Pourquoi qu'il ne nous dit pas tout de suite oui, il va être là?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M.
David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, encore une fois, je vais respecter tous les
ordres de cette Assemblée. Or, que ça soit pour une commission d'enquête ou quoi que ce soit, ça revient à
l'Assemblée nationale et aux commissions parlementaires de déterminer
qui ils reçoivent. Alors, nous allons nous conformer.
Mais, ceci dit, et
c'est ça qui est très important, c'est de dire que ce projet-là, dans son
ensemble, soulève des questions très sérieuses, nous les prenons très au
sérieux, et, si nous n'obtenons pas des réponses satisfaisantes à ces
questions-là, le projet TransCanada ne verra jamais le jour au Québec. Merci,
M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Labelle.
Intentions du gouvernement concernant
l'ancienne aérogare de Mirabel
M.
Sylvain Pagé
M. Pagé :
Merci, M. le Président. Ai-je besoin de vous rappeler que le dossier de
l'aéroport de Mirabel est certainement le
plus grand fiasco canadien en territoire québécois? Il y a maintenant près de
45 ans que ces agriculteurs de
Mirabel se sont littéralement fait voler leurs terres, et, bien sûr, on connaît
la suite. Malgré ces décisions inacceptables, ces drames humains, les gens de la région regardent quand même l'avenir
avec résilience, avec courage. Ils sont à mettre sur pied une
proposition pour utiliser les installations de l'aérogare. Une société de
gestion a été formée. Des projets sont dans
les cartons. Mais il faut un peu de temps. Les citoyens, le maire de Mirabel,
la conférence régionale des élus, la
CMM demandent unanimement un tout petit sursis de trois mois pour présenter un
projet structurant. Pendant ce temps, évidemment,
l'histoire se répète, et Ottawa continue de faire la sourde oreille. M. le
Président, pendant ce temps, il faut absolument que le ministre régional
pose des gestes.
Va-t-on l'entendre
sur ce dossier? Va-t-il prendre fait et cause pour les citoyens de sa région?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Robert Poëti
M.
Poëti : M. le Président, je pense que nous avons été clairs sur le fait. D'investir 30 millions à Mirabel n'était pas une
option que nous allions prendre d'aucune façon dans un projet évidemment
qui, à ce jour, malheureusement, n'a pas été démontré dans sa clarté.
Deuxièmement, la question
d'accorder un sursis ne nous appartient pas, elle appartient au gouvernement fédéral,
et leur étude est claire. À partir de là, M. le Président, nous allons travailler
avec l'ensemble des intervenants, nous
serons toujours présents sur le terrain, mais ce projet-là n'a
pas été démontré rentable d'aucune façon au niveau du développement
économique, et nous n'allons pas rajouter d'argent dans un projet qui ne tient
pas la route.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M.
Pagé : M. le Président, je suis très étonné de la réponse parce qu'on demande justement
un sursis de trois mois pour faire la
démonstration de la rentabilité. Ce projet est peut-être au fédéral, mais ces
terrains sont en terre québécoise, l'aérogare,
elle est à Mirabel, donc on parle de citoyens québécois. Il faut absolument
que le ministre régional…
Là, je comprends qu'on a un
nouveau ministre régional, mais je demande au ministre régional d'intervenir.
Il doit prendre fait et cause et demander le fameux sursis de trois mois.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Robert Poëti
M.
Poëti : M. le Président, on pourrait répéter idem à la question, parce
que c'est la même réponse. Et ce qui
est étonnant à ce stade-ci ce matin,
c'est que, subitement, trois mois sauveraient la donne lorsqu'on parle
d'années. Ça fait plusieurs années, plusieurs années. Ce projet-là a été
étudié, analysé, on connaît les tenants et les aboutissants. On connaît les
investissements juste pour pouvoir utiliser les locaux au niveau, évidemment,
de l'amiante et de tous les problèmes reliés à ça, et, en attendant, les coûts
à juste le garder debout, bien ils sont payés.
Alors, en ce qui nous
concerne, nous n'allons pas investir dans ça. Et actuellement la ville n'a pas
démontré d'aucune façon sa capacité d'avoir un projet solide pour la
rentabilité de ces bâtiments-là.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Labelle.
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : M. le Président, je demande au ministre de venir
rencontrer le maire de Mirabel. Il est dans les tribunes aujourd'hui. Il
représente les citoyens de Mirabel. Il représente les 76 municipalités de
la CRE des Laurentides. Il représente les
82 municipalités de la CMM qui unanimement demandent ce sursis de trois
mois. Qu'il vienne lui dire qu'il n'appuie pas le projet, qu'il n'appuie
pas l'ensemble des leaders et des élus de toutes ces régions.
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, j'ai eu l'occasion de rencontrer le maire de Mirabel,
M. Bouchard, à plusieurs reprises
depuis le mois de mai. M. le maire a eu l'occasion également, M. le Président,
de me remettre les projets, que j'ai
transmis au ministre des Affaires municipales, que j'ai transmis au ministre
des Transports. Le premier ministre a eu l'occasion d'ailleurs, il y a deux semaines, de dire que la
responsabilité première était celle du gouvernement fédéral et qu'il n'y a pas d'intérêt du côté du gouvernement
fédéral également, et, dans le projet du maire de Mirabel, la participation
fédérale est extrêmement importante. Alors, nous sommes désolés de la
situation...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...mais, qu'est-ce que vous voulez, il n'y a pas de projet avec un financement
adéquat…
Le Président :
Principale, M. le député de Mercier.
Projet de terminal pétrolier de
TransCanada Énergie à Cacouna
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, la décision de la Cour supérieure démontre clairement que le
ministre responsable de
l'Environnement a erré. Ça, c'est clair. Mais maintenant le problème, c'est
qu'on peut demander la démission du ministre, mais le problème ne serait
pas réglé parce que la décision appartient au gouvernement, la décision
appartient au premier ministre. Et celui-ci ne peut pas prétexter la turpitude
de l'ancien gouvernement, qui est, c'est
vrai, complice si aujourd'hui, au Québec, il y a des pressions qui s'exercent
pour qu'on soit, nous, complices, au Québec, de l'exportation du sable
bitumineux. Il ne peut pas justifier sa propre turpitude, la propre turpitude des décisions de son gouvernement par les
erreurs du gouvernement passé. La réalité, c'est que les décisions de ce
gouvernement sont sous le contrôle de lobbys excessivement puissants, en
exemple Philippe Cannon, qui a été chef de
cabinet de deux ministres libéraux pendant quatre ans et porte-parole en chef
des sables bitumineux...
Le Président :
Est-ce que... M. le ministre de l'Environnement.
M.
David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Bien que j'aie du mal à comprendre la question du député, ce que son intervention me permet de préciser à nouveau,
c'est que, dans le cadre du projet TransCanada, il y a des questions très
sérieuses qui sont soulevées, que ce soit au
niveau de la protection de l'environnement, plus particulièrement la protection
des bélugas, une espèce menacée, qu'il y a des questions très sérieuses au
niveau de la sécurité des personnes et de l'environnement quand on parle d'un oléoduc de cette
taille-là, d'un port à Cacouna. C'est des
questions importantes, ça préoccupe les gens, M. le Président, ça me
préoccupe, ça préoccupe notre gouvernement, ces questions-là. Et c'est pour ça que, le 30 mai dernier,
nous avons annoncé qu'il y aurait un processus d'évaluation environnementale.
Nous sommes à l'étape de l'étude d'impact.
Le BAPE va recevoir un mandat, et nous répondrons à ces questions-là. Et, si
nous n'avons pas réponse satisfaisante, il n'y aura pas de projet, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, TransCanada, c'est 14
lobbyistes payés à temps plein pour faire pression sur le gouvernement, c'est 10 lobbyistes-conseils au service de la
compagnie. Dans ces conditions, il apparaît assez clair à l'ensemble de la population que les décisions du
gouvernement sont sous influence, exactement comme ça
a été le cas pendant les 10 ans
du gouvernement…
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : 35, un article qu'on
a l'occasion de reprendre parfois : «Le
député qui a la parole ne peut imputer des motifs indignes à un député
ou refuser d'accepter sa parole.» Puis-je suggérer à la présidence d'être
attentive au processus suivi par le député qui avait la parole? L'exercice de la
période de questions, pour lui, se résume à une opération de salissage. Ce n'est pas le but de la période de
questions.
Le
Président : Effectivement,
l'article 35 spécifie que l'on ne peut pas imputer de motifs à
quiconque ici, dans cette Chambre. Je vous demande, M. le député de
Mercier, de bien cadrer votre question et de la poser, finalement.
M. Khadir :
Les lobbys sont là et sont payés des centaines de milliers de dollars pour
exercer une influence.
Est-ce que ce
gouvernement, entre l'intérêt du Québec, qui n'est
pas dans les sables bitumineux, et l'intérêt du lobby pétrolier…
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président. Le régime de
protection de l'environnement au Québec, la Loi
sur la qualité de l'environnement,
l'ensemble de la réglementation… parmi les
lois les plus sévères en Amérique du Nord et au monde. Nous les suivons, M. le Président. Nous les
suivons dans le cadre de TransCanada, nous les suivons dans l'ensemble des
projets. Il est clair que, dans l'époque
dans laquelle nous vivons — puis je reviens de New York où il y a eu un sommet sur les changements climatiques — la planète en entier est préoccupée par les
questions reliées aux hydrocarbures. Nous nous penchons sérieusement sur cette question-là, nous sommes des
leaders dans le monde par rapport à l'établissement d'un marché sur le
carbone. Nous allons suivre nos lois, M. le Président, et nous allons nous
assurer…
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
…que ces projets, s'ils ont lieu, vont avoir respecté l'ensemble de nos lois en
matière de…
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président, le ministre a agi avec une telle
servilité devant TransCanada qu'il est complètement discrédité.
Le
Président : Je pensais que
j'avais été clair. Je pensais que l'imputation d'un motif ne devait pas se
faire. Je vous demande de retirer vos propos.
M. Khadir :
Je retire mes propos, mais je crois que la juge a bien évalué la situation pour
le ministre. Il est complètement discrédité.
Les sables bitumineux, c'est 5 milliards
d'investissement pour un ami important et
influent du Parti libéral, la famille Desmarais, Power Corporation.
Le Président : Poser une question ici, à
l'Assemblée, poser une question à l'Assemblée…
Des voix :
…
Le Président :
S'il vous plaît, veuillez vous asseoir. Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît.
Des voix :
…
Le Président :
Eh oui! Je le sais. Poser une question à l'Assemblée, ça ne se résume
pas à faire un acte de salissage sur tout ce
qu'on pense, tout ce qu'on voit, tout ce qu'on peut
imaginer. Poser une question à l'Assemblée, c'est
de le faire dans le respect de notre règlement. Je vous convie… je vous demande de
le faire en respectant notre règlement, M. le député.
M. Khadir :
Là, c'est une question de procédure, M. le
Président, ce n'est pas dans ma question.
Une voix : ...
M. Khadir :
...directive : En quoi…
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Khadir : Question de
directive.
Le Président : Oui?
M. Khadir : En quoi parler d'un ami du Parti libéral et de
parler de Power Corporation est du salissage? Expliquez-moi. Qui est…
• (11 heures) •
Le
Président : Je vous convie à
la relecture de votre question, M. le député. M. le ministre de
l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Il
est clair que le projet de
TransCanada soulève des questions sérieuses. Nous prenons acte et nous
prenons très au sérieux le jugement de la Cour supérieure, mais il est très
important de rappeler que ce jugement-là est
sur un recours interlocutoire et qu'il
y a une autre étape à venir qui est
un jugement sur le fond, qui est l'injonction
permanente. Alors, c'est sûr que ce processus-là n'est pas encore terminé.
Alors, il faut agir avec prudence.
Mais, en terminant, ce jugement-là, au niveau des faits, soulève des questions
sérieuses. Nous avons déjà dit que
nous les approfondirions et nous allons nous assurer que nos processus sont
faits dans les règles de l'art. Merci,
M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Utilisation de caméras de
surveillance dans les CHSLD
M. Éric Caire
M.
Caire : Le 18 septembre dernier, dans une décision
questionnable, le CSSS Laval a décidé d'interdire l'utilisation de matériel de surveillance dans ses cinq CHSLD,
décision qui a fait bondir Jean-Pierre Ménard, l'avocat de plusieurs familles, qui l'a jugée excessive et abusive. Il
faut bien comprendre, M. le Président, que, quand on est rendu à l'utilisation
de caméras, c'est qu'on craint pour la
dignité et la sécurité de nos parents. C'est une question qui nous interpelle
tous, M. le Président. Nous avons adopté
le projet de loi sur mourir dans la dignité, je pense que vivre dans la dignité
est du même ordre. M. le Président,
une question tellement importante que je doute qu'il soit pertinent de laisser
chaque CSSS trancher la question. C'est une question qui nous interpelle
tous et qui doit être tranchée par le ministre de la Santé.
Alors, ma
question, c'est : Est-ce qu'il va trancher cette question? Et, si oui,
est-ce qu'il va trancher en faveur des patients, de nos aînés ou des
syndicats?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je suis tout à fait d'accord avec le fond
de l'intervention du député de La Peltrie. C'est vrai que les citoyens, lorsqu'ils se retrouvent dans une situation
personnelle qui nécessite d'être en hébergement de longue durée,
évidemment on se retrouve dans une situation où ces gens-là et la famille
peuvent avoir certaines inquiétudes.
Et je suis aussi d'accord avec le fait que ces gens-là, quand bien même ils se
retrouvent dans un CHSLD ou dans une résidence de ce type, bien, ils
gardent quand même leur autonomie et doivent donc garder la possibilité de pouvoir communiquer avec leurs proches et, dans
l'autre sens, que les proches puissent vouloir avoir, compte tenu des
moyens technologiques aujourd'hui, la possibilité de communiquer avec eux.
En
même temps, évidemment, M. le Président, je pense que, dans la grande majorité
de notre réseau, on a des gens qui
ont à coeur ces intérêts-là, et ces gens-là veulent aussi avoir les meilleurs
soins pour les gens qui sont dans cette situation. Ceci dit, je pense que cette décision-là, à cette étape-ci,
doit demeurer entre les mains des autorités locales pour que les gens puissent s'entendre sur certaines
façons de faire. Et, à cette étape-ci, M. le Président, il serait probablement
prématuré de penser de demander au gouvernement de trancher dans tous les cas.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, j'ai aimé le début de la réponse,
la finalité est moins convaincante. Je pense, M. le Président, que c'est une question qui nous
interpelle tous, et, contrairement au ministre, laisser les administrateurs
régler ça au cas par cas m'apparaît être une mauvaise décision.
Ceci
étant dit, il y a une juge qui était prête à rendre un jugement sur cette
question-là. Parce que ça a été amené devant
les tribunaux, et, M. le Président, ce jugement-là n'a pas été rendu public
parce que le CSSS de Saint-Léonard—Saint-Michel
s'y est opposé.
Donc,
est-ce que le ministre de la Santé peut assumer du leadership là-dessus et
trancher la question, s'il vous plaît?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, comme je l'ai dit tout à l'heure, personne
ne remettra en question, évidemment, la
nécessité pour, d'une part, les gens qui sont en CHSLD et leurs familles,
d'avoir un moyen de communication qui est un moyen bien connu
aujourd'hui, qui est celui des caméras.
Maintenant, il
demeure pour moi encore aujourd'hui qu'il y a eu un cas particulier qui s'est
produit, dont le jugement, effectivement,
n'a pas été rendu public, mais on vise… je pense qu'on doit quand même viser à
ce que les gens qui sont dans cette
situation-là et les organisations qui prennent soin de ces gens-là arrivent à
s'entendre et à respecter certaines
règles qui permettent et devraient, en toutes circonstances, permettre à ces
gens-là de communiquer avec leurs familles dans… et les familles de
communiquer…
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
…avec leurs proches.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme
Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, peu importe l'endroit où les aînés
demeurent, ces derniers ont le droit de vivre dans un environnement sécuritaire. Les cas de maltraitance et
d'intimidation des aînés dans le réseau de la santé sont trop nombreux
et malheureux. Les familles des personnes âgées sont inquiètes et veulent
pouvoir utiliser des systèmes de surveillance.
Quand le ministre
va-t-il agir pour rassurer les aînés et leurs familles?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, nous souscrivons entièrement à
cette prise de position. Évidemment que
nos aînés doivent vivre dans des résidences où il y a une sécurité qui soit
adéquate, évidemment, et adaptée à leur situation.
Pour
ce qui est, par exemple, des résidences pour personnes âgées, nous avons déjà
mis en place des modifications sur la réglementation des résidences pour
personnes âgées qui visent spécifiquement, M. le Président, à mettre en place des systèmes de surveillance. Évidemment, la
mise en place de ces systèmes-là prend un certain temps, mais, au contraire, nous avons agi en ce sens en mettant à
jour toute la réglementation qui vise à la fois la sécurité et la qualité des
soins dans les résidences pour personnes âgées, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Terrebonne.
Négociations
avec les responsables des
services de garde en milieu familial
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Hier, nous avons donné la
chance à la ministre de la Famille de s'excuser pour les propos inacceptables et réducteurs que son attaché de presse a
tenus à l'endroit des éducatrices en milieu familial, qui sont, je vous
le rappelle, M. le Président, en période de négociation. À ma grande surprise,
la ministre a refusé de s'excuser, a refusé de se dissocier de ces propos.
C'est donc qu'elle les cautionne.
En après-midi, la Fédération des intervenantes
en petite enfance, qui représente les éducatrices en milieu familial, s'est dite profondément blessée par les
propos de l'attaché de presse et exige des excuses publiques de la ministre.
Elle estime qu'il est impossible maintenant
de négocier dans un climat respectueux et a décidé de déclencher deux jours
de grève pour le prochain mois, donc au mois d'octobre.
La ministre
fait payer le prix du manque de respect de son attaché de presse aux parents du
Québec qui subiront ces grèves le mois prochain. La ministre est
imputable des propos de son personnel politique, elle en est responsable. Nous
lui demandons, M. le Président, aujourd'hui de s'en excuser et de s'en
dissocier.
Le Président : Mme la
ministre de la Famille.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Hier, nous avons fait des appels pour parler aux gens
qui représentent chacun des
regroupements. Des excuses ont été faites par voie téléphonique et maintenant
par voie officielle, M. le Président.
Je m'adresse
à vous pour dire que le respect que nous avons pour les gens qui travaillent au
quotidien auprès de nos enfants est
incroyable. Non seulement on veut négocier, mais on veut aussi s'approprier le
fait qu'on a fait la première convention avec eux et on va signer la
deuxième sans souci, je vous le dis.
Par contre,
s'il faut l'entendre de voix claire et savoir qu'il ne faut pas faire de la
politique… Je vous dirais qu'il faut faire de la politique autrement. M.
le Président, à travers vous je présente mes excuses à l'ensemble des gens qui représentent les responsables de services de garde
en milieu familial, comme on reconnaît leur professionnalisme et le fait
qu'on va arriver à s'entendre quand tous les gens sont assis à la table pour
négocier. Merci, M. le Président.
Le Président : Ceci met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée
exige du gouvernement
fédéral qu'il reconduise la Stratégie des partenariats de
lutte contre l'itinérance en respectant les orientations
et les priorités québécoises en cette matière
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des votes reportés. Je vois que
les whips sont assis… pas tout à
fait. Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote reporté sur la motion
de M. le député de Rosemont présentée hier à la rubrique des motions sans préavis conjointement avec Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la
Santé publique, M. le député de Groulx et Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce le resserrement des règles de la Stratégie des
partenariats de lutte contre l'itinérance
et la volonté du gouvernement fédéral de ne financer que des projets basés sur
l'approche "Logement d'abord", ce qui aura comme conséquence grave de priver de financement une
multitude d'organismes soutenant différents projets de lutte à
l'itinérance;
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement fédéral qu'il respecte le champ de
compétence du Québec et les orientations énoncées dans la Politique
nationale de lutte à l'itinérance dont il s'est doté en février 2014;
«Qu'elle
exige du gouvernement fédéral qu'il reconduise la Stratégie des partenariats de
lutte contre l'itinérance sous les mêmes conditions, soit en respectant
les orientations et priorités québécoises en cette matière.»
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (11 h 10) •
La Secrétaire
adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M.
Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu),
M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Therrien (Sanguinet), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière),
Mme Hivon (Joliette), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Lisée (Rosemont), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M.
Traversy (Terrebonne), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Péladeau
(Saint-Jérôme), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), M. Roy
(Bonaventure).
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M.
Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M.
Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme
Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Bolduc (Jean-Talon), M. Blais
(Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M.
Reid (Orford), Mme Vallières (Richmond), Mme Boulet (Laviolette), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme
Ménard (Laporte), M. Girard (Trois-Rivières), M. Bernier (Montmorency), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Auger (Champlain), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin
(Sherbrooke), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme
Nichols (Vaudreuil), M. H. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption), M.
Bonnardel (Granby), M. Deltell (Chauveau), M. Caire (La Peltrie), M.
Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant
(Groulx), M. Lemay (Masson), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière.
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Que les députés contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des
abstentions?
Alors,
Mme la secrétaire générale pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la motion est adoptée. Mme
la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
M. le Président, je pense qu'on pourrait évidemment, comme il est d'usage,
envoyer la motion au Parlement d'Ottawa. Je pense qu'ils auraient
intérêt à bien la lire.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, si telle est la volonté des membres de l'Assemblée, ce sera
fait par la présidence. Merci.
Motions
sans préavis
Alors,
nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis, et je demanderais
peut-être aux députés qui doivent quitter l'enceinte de l'Assemblée de le faire
en silence.
Alors, à la rubrique des motions sans
préavis et en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je cède
la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel :
M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec le député de Jonquière :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement qu'il demande au ministre de
l'Environnement de venir expliquer en
commission parlementaire, tel que demandé par le deuxième groupe d'opposition,
sa décision d'émettre des certificats d'autorisation de forages à
Cacouna.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, y a-t-il consentement pour
débattre de la motion?
Mme Vallée :
Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Pas de consentement. Je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le gouvernement pour une
prochaine motion sans préavis.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : J'avais le gouvernement dans l'ordre de
présentation, je ne vois personne. M. le député de Rosemont, donc je me tourne
vers vous pour une autre motion sans préavis.
Demander
au gouvernement de réviser la
Loi sur le tabac afin d'éviter l'initiation au
tabagisme et d'en réduire la prévalence
M.
Lisée : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre déléguée à la
Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, le député de
Drummond—Bois-Francs
et la députée de Gouin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de réviser la Loi sur le tabac dans les plus brefs délais,
et ce, dans le but d'éviter l'initiation au tabagisme et de réduire la
prévalence du tabagisme.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Rosemont. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? Mme la
leader adjointe du gouvernement.
Mme Vallée :
Il y a consentement, M. le Président, et nous proposons la tenue d'un débat de
deux minutes, maximum, par intervenant. Et les interventions se feraient dans
l'ordre suivant : le député de Rosemont, le député de Drummond—Bois-Francs
et, enfin, la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la
jeunesse et à la Santé publique.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Or, je comprends qu'il y a
consentement pour un débat de deux minutes avec trois intervenants.
Donc, M. le député de Rosemont, je vous cède la parole.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Merci. M. le Président, j'aimerais d'abord saluer, dans
les gradins, la présence de deux infatigables militants de la lutte
contre le tabagisme qui représentent la Société canadienne du cancer, M.
Benjamin Cerantola et Mme Gaelle Fedida. Bienvenue. Merci pour votre action.
Alors,
M. le Président, chaque jour, chaque jour au Québec, 82 adolescents s'initient
au tabagisme. 82 par jour, ça fait
30 000 par année, et l'âge moyen auquel ils commencent, M. le Président,
c'est 12 ans. À 12 ans, aujourd'hui, on s'initie au tabagisme. Et comment est-ce que les compagnies de tabac
réussissent cet exploit? Bien, ce n'est pas en vendant leurs cigarettes telles quelles, c'est en les
enrobant, les aromatisant de saveurs qui vont intéresser ces jeunes, le
menthol, mais toutes sortes d'autres
saveurs. C'est aussi en jouant sur la forme des emballages, qui peuvent
ressembler à un bâton de…
Une voix :
…
M.
Lisée : …un bâton de rouge à lèvres, voilà, me souffle mon
collègue, ou en jouant sur les couleurs, en jouant sur les images. Et on voit qu'il y a un énorme
travail de la part de l'industrie du tabac pour tenter de s'adapter aux goûts
des adolescents, et de faire en sorte de
retrouver là une nouvelle génération de fumeurs, et de, donc, faire rebrousser
chemin à toute une société qui a
réussi un exploit important depuis une vingtaine d'années, de réduire le
tabagisme. Et, vous le savez, le
Québec était un des endroits où la prévalence du tabagisme était la plus
élevée, et nous avons fait des progrès importants. Cependant, nous sommes dans une situation
aujourd'hui où, la Loi sur le tabac n'ayant pas été revisée, l'industrie du
tabac s'est investie dans cette
brèche, dans ce vide juridique et fait des progrès qu'il importe de cesser
maintenant. Plusieurs façons sont
proposées, entre autres de légiférer sur les emballages, sur le caractère
aromatique, le menthol, et aussi de faire
un moratoire sur les nouvelles pratiques de mise en marché pour pouvoir les
autoriser ou les interdire un à un plutôt que de laisser le champ libre
à l'industrie du tabac.
Alors,
avec cette motion, nous pressons la ministre… Et je sais qu'elle y travaille,
mais nous avons hâte de voir sa nouvelle
mouture de la Loi sur le tabac, et nous espérons que cette nouvelle mouture
sera à la hauteur des problèmes qui sont causés à notre jeunesse et à
notre système de santé par l'offensive des compagnies de tabac. Merci.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Rosemont. M. le député de Drummond—Bois-Francs, à
vous la parole.
M.
Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger :
Merci, M. le Président. Alors, je joins ma voix à celle du député de Rosemont.
Ça fait bientôt neuf ans que la Loi sur le
tabac n'a pas été révisée, il est maintenant temps d'agir. L'industrie du tabac
a adopté de nouvelles pratiques et
développé de nouveaux produits qui ne sont actuellement pas réglementés. J'ai
demandé à la ministre de la Santé
publique, lors des études sur les crédits budgétaires, si elle allait procéder
à cette révision de la loi. Il faut,
dès maintenant, qu'elle annonce ses intentions,
ses objectifs chiffrés, que la réduction du taux de
tabagisme... et dévoiler son calendrier.
Les
cigarettes électroniques sont accessibles à tous les mineurs, et on ne connaît
pas la nature du produit qu'elles contiennent.
Le taux de tabagisme au Québec stagne depuis quelques années, et il faut
poursuivre la lutte pour en diminuer ce
taux. D'autres pays ont adopté des politiques courageuses pour lutter contre le tabagisme.
C'est notamment le cas de l'Australie. Le tabagisme
coûte actuellement 4 milliards par année, et le tabac est responsable de
30 % de tous les cancers.
M.
le Président, cet été, j'ai eu la chance de rencontrer plusieurs groupes, des
groupes antitabac et aussi des groupes qui…
de compagnies de tabac, et il y a… unanime, c'est il faut légiférer sur de
nouvelles législations sur la Loi du tabac, surtout, je dirais, sur les nouveaux produits qui sont actuellement… On
rencontre des produits avec de belles couleurs, rosés, turquoises, qui sont très alléchants. Ils pourraient très bien
passer sur des présentoirs de produits cosmétiques comme rouge à lèvres, et autres. Alors, c'est des
produits qui sont très alléchants au niveau des jeunes, et je pense que,
là-dessus, nous sommes dans
l'obligation de protéger notre jeunesse parce que le tabac, il ne faut pas se
le cacher, est une drogue, et on tombe facilement accro à de tels
produits. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Drummond—Bois-Francs.
Enfin, Mme la ministre déléguée à la
Réadaptation, la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, je vous
cède la parole.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Je suis heureuse, d'entrée de jeu, de constater que
toutes les formations politiques sont d'accord avec le fait qu'il faut réviser la
Loi sur le tabac pour la renforcer. Alors, je constate que nous aurons la collaboration de plusieurs
personnes quand ça sera le moment, effectivement, d'étudier ce projet de loi là.
Permettez-moi, à mon tour, de saluer les gens qui sont ici de la Société
canadienne du cancer, qui font un travail, honnêtement,
de sensibilisation auprès de la population et qui nous informent jour après
jour des dangers du tabac. Ayant perdu moi-même mon père d'un cancer du
poumon suite à… consommation de tabac, bien, je vous dirai que je suis extrêmement sensible à tout ce qu'on peut lire et
entendre là-dessus. Étant moi aussi, malheureusement, une ex-fumeuse… Mais je dis malheureusement, je devrais dire
heureusement parce que ça fait déjà un bout de temps que la consommation
de tabac est arrêtée.
Permettez-moi
de faire un historique brièvement. 1998, il y a eu la première loi. 2005, il y
a eu la révision de Loi sur le tabac
et qui avait été sous la gouverne de l'actuel premier ministre, qui était alors
ministre de la Santé. C'est là que j'ai arrêté de fumer, M. le Président, parce que j'ai été tellement
sensibilisée, j'étais dans le bocal, ça fait que je ne pouvais pas faire
autrement. Mais, ceci étant, nous sommes à l'aube de pouvoir procéder… On va
faire le plus tôt possible, effectivement, pour réviser la Loi sur le tabac
parce qu'on est dus pour un resserrement. Comme l'a dit de député de Rosemont, il y a les saveurs, il y a plein de
choses qui devront être examinées dans le projet de loi pour faire en sorte que
nous pourrons faire mieux, protéger nos
jeunes. Ma grande préoccupation, c'est… La prévalence au tabac a grandement
diminué, particulièrement chez les jeunes,
et, en ce moment, il y a une inquiétude à cause de différents produits. Que ce
soient les saveurs, que ce soit la cigarette
électronique ou autres produits, il y a une inquiétude de voir une
recrudescence de la prévalence au tabac. C'est ce qu'on ne veut pas.
Alors, il y a plusieurs aspects qui seront examinés.
En
terminant, je veux juste vous dire que nous avions la Commission de la santé et
des services sociaux qui avait regardé
le rapport qui avait été… rapport de mise en oeuvre de la Loi sur le tabac qui
avait été fait en septembre 2010. À
l'été 2013, cette Commission de santé et de services sociaux avait déposé un
rapport, puis ils nous ont donné des pistes de réflexion et de solution à examiner. Tout ça pour vous dire, M. le
Président, qu'ensemble nous pourrons travailler à faire en sorte que les Québécois puissent être plus
sensibilisés et qu'on soit conscientisés sur l'usage du tabac et des méfaits
du tabac.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre déléguée. Oui, Mme la leader adjointe.
Mme
Maltais : Si un représentant de Québec solidaire veut
prendre la parole… Je ne sais pas, on ne les a pas entendus. Peut-être, c'est un oubli, qu'on l'a
oublié. Surtout qu'il y a un médecin dans le groupe, on serait heureux de les
entendre.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le député de Mercier, je vous cède la parole.
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, c'est sûr que je joins ma voix à tous mes collègues qui sont
ici pour exprimer haut et fort la volonté
de tous les décideurs publics de combattre le tabagisme. Nous avons simplement,
par souci de brièveté, passé notre tour parce qu'à maintes reprises,
depuis cinq ans que je suis à l'Assemblée nationale, j'ai eu l'occasion d'intervenir. Maintenant, je pense qu'il est temps
d'arrêter juste d'en parler et de passer aux actes et je suis content de
savoir que, finalement, le gouvernement libéral bouge. Merci.
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Mercier. Donc, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Une autre motion sans
préavis. M. le député de Mercier, à vous la parole.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne les résultats obtenus par la voie de la
négociation par le ministre de la Santé et des Services sociaux avec la Fédération des médecins spécialistes
ainsi que la Fédération des médecins omnipraticiens — fait que l'ensemble de la députation
libérale a applaudi chaudement tout à l'heure; mais
«Qu'elle
presse [également] le ministre des Affaires municipales et de l'aménagement du
territoire de prendre acte des
résultats obtenus par ce processus de négociation et de s'en inspirer afin de
permettre la libre négociation par les villes et les représentants des
employés du monde municipal ainsi que des retraités.» C'est juste le bon sens.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député de
Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a
pas de consentement. Y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, s'il
n'y a pas d'autre motion sans préavis, nous en sommes à la rubrique des avis
touchant les travaux des commissions. Il n'y a aucun avis.
Avis de la
présidence. Je vous avise que la Commission de l'administration publique se
réunira en séance de travail aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement. L'objet de cette séance est de rencontrer le Vérificateur
général du Québec et d'organiser les travaux de la commission.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique, maintenant, des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée, je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi 26
septembre 2014, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles s'adressera à M. le ministre de l'Éducation, du Loisir et du
Sport sur le sujet suivant : Les déclarations irresponsables, les ballons
d'essai et les coupures de services du ministre de l'Éducation, du
Loisir et du Sport.
Je vous avise de plus que l'interpellation
prévue pour le vendredi 3 octobre 2014 portera sur le sujet suivant :
L'accès aux soins dans le réseau de la santé
et des services sociaux et le bilan libéral des 10 dernières années. M. le
député de La Peltrie s'adressera alors à M. le ministre de la Santé
et des Services sociaux.
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Pour la suite des choses, M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier : Merci, M. le
Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 1.
Projet de loi n° 3
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 24 septembre 2014 sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 3, Loi favorisant la santé financière et la pérennité des
régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal.
Lors de
l'ajournement du débat, la parole était au député de Labelle. Il lui reste
9 min 34 s pour compléter son intervention. Alors, M. le
député de Labelle, je vous cède la parole.
M. Sylvain Pagé (suite)
M. Pagé :
Oui, merci. Merci, M. le Président. Alors, on va reprendre où nous en étions
hier soir. Je ne sais plus exactement
à quel endroit. Puis je vais vous dire que c'est avec un peu d'émotion que je
reprends cette allocution parce que
ce que j'ai entendu dans la période de questions il y a un moment, je vais vous
dire que ça nous a un peu, beaucoup fâchés d'entendre que le
gouvernement abandonne les citoyens de la région des Laurentides de la façon
dont on l'a mentionné tantôt. Espérons,
espérons que certains ministres pourront réagir et parler au ministre
responsable de la région pour une
intervention et un soutien de la part du gouvernement du Québec. Ça serait
totalement inadmissible d'abandonner les citoyens.
Alors,
revenons, M. le Président, au projet de loi n° 3. Alors, j'ai mis la table
hier à certains éléments qui sont importants
dans le projet de loi n° 3. Je voudrais rappeler encore une fois, parce
que j'ai eu le temps de l'aborder, mais de façon succincte hier, ce fameux report que nous avons demandé pour
que l'on ait tous les chiffres en main pour faire une juste évaluation de la situation. Certains
nous ont dit que le déficit accumulé était autour de 3,9 milliards,
d'autres nous disent qu'avec les
derniers chiffres ça pourrait être sous les 3 milliards. Donc, il y a
toutes sortes d'interprétations que
l'on peut donner à ces chiffres, et le déficit accumulé est fondamental pour
juger de la suite des choses, hein? Alors, il faut absolument que nous
ayons ces chiffres.
• (11 h 30) •
Malheureusement,
encore une fois, pour une décision que l'on ne comprend pas, le gouvernement
refuse notre proposition de reporter,
et pourtant on ne demande pas trois mois, on ne demande pas six mois, on ne
demande pas un an, on ne demande que
deux semaines, parce que, normalement, les chiffres sortent vers la fin
septembre, ils devraient être rendus
disponibles d'ici la mi-octobre. Alors, vous savez comme moi, M. le Président,
qu'attendre deux ou trois semaines pour
tout un dossier dont on parle, des conventions collectives qui datent, dans
plusieurs cas, de nombreuses années et qu'on
connaît la fluctuation, effectivement, des marchés au fil du temps, attendre
deux, trois semaines, c'est bien peu par rapport à l'ensemble de ce
dossier.
Je veux
également revenir sur cet aspect de bris de contrat. Dans le projet de loi
n° 79 que nous avions déposé avec
ma collègue de Taschereau, il y avait un espace de négociation. On n'allait pas
directement ouvrir, et imposer, et briser les contrats. Et ça, c'est fondamental pour…
Si on veut… On l'a vu la fin de semaine dernière, là, il y avait, semble-t-il, entre 30 000, 40 000,
50 000 personnes dans les rues. La meilleure façon pour fâcher la
population, c'est bien de rouvrir des
ententes qui étaient déjà signées. Et ces ententes signées assuraient une paix
sociale. Alors, on vient jouer dans
la paix sociale, on vient briser la réputation et la confiance des citoyens envers
le gouvernement du Québec, parce qu'on
dit qu'on ne respectera pas des ententes qui sont signées. Et ça crée des
précédents fort dangereux, et ça m'inquiète beaucoup.
Certains
ont pris comme exemple : vous avez une hypothèque à la caisse ou à la banque — moi, je préfère mon institution québécoise — vous avez une hypothèque à la caisse, vous
signez pour cinq ans, et, au bout de deux ans, la caisse, parce que les taux d'intérêt ont remonté, vous
dit : Je perds de l'argent avec votre prêt, donc je vais rouvrir votre
prêt. Vous savez très bien qu'on ne
peut pas faire ça. Et ce serait la même chose pour les citoyens. S'ils
signaient à un taux d'intérêt plus
élevé puis que les taux d'intérêt baissaient, est-ce que les citoyens auraient
l'autorité morale de demander au gouvernement : À partir de
maintenant, vous pouvez demander de rouvrir le contrat? Ça ne se fait pas.
Un
autre bel exemple, et important, le contrat de Churchill Falls entre Québec et
Terre-Neuve. Deux fois, la cour s'est
prononcée disant qu'on ne peut pas rouvrir ce contrat parce que les contrats
ont été signés de bonne foi. Imaginez si la cour autorisait de... cette
autorisation de rouvrir les contrats.
Donc,
cet aspect légal de respecter la parole donnée, à moins qu'il y ait entente et
qu'il ait négociation entre les parties,
nous apparaît comme quelque chose de grave et crée un précédent très grave.
D'ailleurs, d'ailleurs, Michel Kelly-Gagnon, qui est le président de l'Institut économique de Montréal, je le cite,
dans un article paru tout récemment, le 18 septembre dernier, il disait : «La loi aurait pour
effet d'amender les clauses de contrats de travail signés il y a des années.
Concrètement, on viendrait
aujourd'hui chercher de l'argent dans [les poches] d'employés [...] de
retraités dans le but de résorber [les] déficits actuariels pour
lesquels ils n'ont jamais été responsables en vertu des ententes initialement
signées.»
Et,
un peu plus loin, il poursuit en disant : «Le point crucial est qu'une
telle mesure irait totalement à l'encontre de ce que devrait être une
société libérale, une société fondée sur [les règles] de droit et non de
[l'arbitrage] gouvernemental — une société
de droit et non de l'arbitrage gouvernemental.» Ça me semble assez clair, comme
propos, qu'on s'aventure dans des précédents qui sont graves et
dangereux pour la suite des choses.
Il
disait d'ailleurs, et je le cite encore : «…je ne défends pas les
syndicats, les employeurs ou qui que ce soit en particulier, mais plutôt un certain nombre de principes généraux nécessaires
à une économie libre et efficace. Le respect des contrats est au nombre de ces principes.» Le respect des contrats
est au nombre de ces principes. Alors, vous voyez qu'on s'aventure dans un terrain extrêmement
dangereux, et je pense qu'il faut le dénoncer, il faut le dire, parce que ça
risque de déraper et de dégénérer.
Les
régimes de retraite, vous le savez, M. le Président, c'est important pour les
citoyens. Je dirais même plus que les
régimes de retraite, c'est une... avec des moins bons régimes de retraite,
c'est même la prise en charge éventuelle de l'État de ces citoyens. Donc, il faut préserver ces régimes de retraite,
c'est fondamental pour une qualité de vie de ces citoyens et citoyennes et des retraités à qui on réouvre des contrats
qui ont été signés, des retraités qui souvent sont dans des situations
très fragiles, et qui méritent notre respect, et qui ont gagné, et qui ont
gagné ces régimes de retraite en travaillant pendant toute leur vie. Alors,
évidemment, on les place, encore une fois, dans une situation qui est somme
toute… qui les fragilise.
Je
voudrais citer également Alban D'Amours, qui concluait dans son rapport… Il
disait : «…la restructuration des régimes
ne devrait être obligatoire que si la
situation financière [des régimes] l'exige.» Que si la situation
des… Que si la situation financière des régimes l'exige.
Or,
ce que plusieurs s'entendent, c'est de dire que les régimes qui
sont capitalisés autour de 85 % le sont suffisamment, et c'est ce qui
fait dire à Serge Cadieux, secrétaire général
de la FTQ : «Le projet de loi pénalise inutilement ceux qui ont bien géré, qui ont été prévoyants
[et] qui ont apporté des correctifs depuis 10 ou 15 ans et qui ont un
régime de retraite bien capitalisé — donc
autour de 85 %. S'il doit y avoir une loi pour forcer la restructuration
[des régimes] de retraite dans les municipalités, elle doit être limitée
aux régimes de retraite en difficultés — évidemment — soit
les régimes de retraite qui ont un taux de
[participation] inférieur à 85 %.» Et ça, ça nous ramène à ce que disait
M. D'Amours, Alban D'Amours, quand il disait : La restructuration
des régimes ne devrait être obligatoire que dans les situations financières où
le régime l'exige.
Donc,
j'en appelle à la responsabilité du ministre et du gouvernement pour leur dire de faire très attention avec
ce projet
de loi. Il est dangereux pour la paix sociale, on crée des précédents qui sont
importants. Mais je rappelle à la fois…
je rappelle à la fois que, oui, nous sommes d'accord qu'il faut capitaliser
correctement les régimes de retraite, qu'il est nécessaire d'en assurer
la viabilité à moyen et à long terme également, que le statu quo n'est plus
viable; il y a eu différents rapports. Et ceux qui nous disent : Oui, mais
quelle est votre position?, notre position, on l'a fait connaître, il y avait
un projet de loi qui faisait consensus parce qu'il y avait un espace de négociation.
Alors, ce que l'on dit au gouvernement : Soyez à l'écoute de l'opposition pour qu'on puisse arriver à trouver les compromis qui sont acceptables
pour tous et un projet de loi qui fera consensus. Ça nous apparaît comme fondamental pour la paix sociale. Merci, M.
le Président.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Labelle.
Je suis prêt à céder la parole à un prochain intervenant et je cède la
parole à M. le député de Saint-Jean pour son intervention. M. le député.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous savez, c'est un dossier, un sujet, un projet de loi important, important
pour notre monde, important pour les travailleurs, important pour les retraités, important
pour nos municipalités, important
donc, aussi, bien entendu, pour nos citoyens, nos citoyens
qui sont touchés soit comme travailleurs, soit comme retraités, ou soit comme payeurs
de taxes.
Quand
on se présente en élection pour être député, c'est pour travailler pour notre monde, pour les représenter,
les défendre, mais aussi parler en
leur nom ici, à l'Assemblée nationale. En 2008, en 2012, en 2014, les gens de
Saint-Jean m'ont confié le mandat de les
représenter, et c'est ce que je tente de faire. Beaucoup de mes collègues ont
tenu et tiennent à s'exprimer sur ce
projet de loi là parce que c'est justement un projet de loi très important.
C'est ce que je vais tenter de faire
aujourd'hui, en quelque sorte de parler de ce qu'on croit qui serait bien comme
projet de loi, ce qu'on a fait aussi,
mais aussi représenter cette voix-là des citoyens qui, bien entendu, ne peuvent
pas être tous ici aujourd'hui.
Vous
savez, l'économie, dans les dernières années, a eu différentes… a connu
différents facteurs qui ont eu une influence
négative sur elle, on a eu le 11 septembre 2001, la crise
immobilière, la crise du papier commercial. 2008, c'est une crise assez exceptionnelle. Moi, je me
souviens, à ce moment-là j'arrivais comme député. Moi, dans ma circonscription,
c'est plusieurs fermetures d'usine, on parle
de Prysmian, de Quad/Graphics, de la Boucherie Jean-Guy Soucy, d'Olymel,
de Power Batteries, plusieurs fermetures
d'usine qui ont fait en sorte qu'on avait à peu près deux, trois milliers de
travailleurs qui ont perdu leurs emplois
pour différents facteurs mais qui convergeaient en une situation économique
assez difficile. Depuis, la situation
s'est améliorée, le taux de chômage à Saint-Jean s'est amélioré et est plus bas
d'il y a cinq ans. Donc, on peut voir que la situation
économique mais aussi financière s'améliore ici, mais aussi partout sur la
planète.
Pourquoi
je vous dis ça, M. le Président? Bien, c'est parce que cette amélioration-là de
notre économie ou de notre situation
financière a inévitablement un impact sur la santé financière des fonds liés
pour les retraites de nos travailleurs dans
les municipalités. Donc, c'est pourquoi les gens de l'opposition, mon collègue
le député de Sanguinet qui a fait un travail
extraordinaire depuis le début de ce travail… Parce que, vous le savez, je l'ai
dit, c'est un dossier complexe, c'est un
gros dossier important, mais c'est surtout très complexe, très technique, ça
prend une connaissance fine et pointue de différents principes, et il a
fait très bien ce travail-là, comme… bien, avant, là, quand on était au
gouvernement, ma collègue la députée de
Taschereau, qui était à l'époque la ministre responsable du dossier, qui avait
déposé un projet de loi. Donc, depuis, mon collègue de Sanguinet qui a
pris le relais pour notre formation politique, entouré d'une équipe, en
commission parlementaire, qui ont fait un bon travail.
Mais,
pour qu'ils poursuivent ce travail-là correctement, pour que nous, députés de
l'Assemblée nationale, on puisse
continuer à faire ce travail correctement, selon moi, ça nous prend les
chiffres actuels, parce qu'on parle actuellement d'une situation avec un
portrait d'il y a quelques années ou de quelques mois, qui n'est plus à jour.
Si l'économie de Saint-Jean va mieux depuis
cinq ans, l'économie du Québec va mieux depuis cinq ans, bien, la situation
financière de nos fonds de retraite
peut s'être améliorée. On l'a vu, en 2012 il y a eu une certaine amélioration,
mais avoir les chiffres de 2013
pourrait nous dire que ce que nous sommes en train d'adopter comme projet de
loi… pourrait avoir un impact sur
certains articles du projet de loi et faire en sorte qu'on ne soit pas obligés
de réouvrir autant un grand nombre de fonds de pension, surtout qu'on voit qu'il y a un certain nombre qui sont en
santé actuellement et qui sont, malgré tout, visés par le projet de loi
pour qu'ils soient inclus à l'intérieur. Donc, je crois qu'il est important
d'avoir ces chiffres avant de commencer le travail article par article.
Parce
que, vous savez, M. le Président… Ça me fait un peu drôle, moi qui ai été élu
seulement en 2008, mais vous, vous
avez été élu bien avant moi, vous avez une grande expérience comme
parlementaire, vous avez fait de nombreuses commissions parlementaires, vous savez c'est quoi, le travail de
députés. Le travail de députés ici, à l'Assemblée nationale… Puis je vais en profiter pour le dire, parce que
les gens pensent que c'est seulement que la période de questions où on se lève
et puis c'est celui qui parle le plus fort
qui va passer au bulletin de nouvelles le soir. Mais ce n'est pas juste ça,
hein, être députés à l'Assemblée
nationale, bien au contraire. Puis malheureusement, le travail qu'on fait en
commission parlementaire, bien, on ne l'entend pas assez souvent dans
les médias. Pourquoi?
Parce
qu'il y a un travail de fond, un travail… Souvent, on met de côté nos
allégeances partisanes puis on fait un travail
réfléchi. Il y a l'étape des consultations particulières qui se sont faites, où
on entend les citoyens, les groupes qui présentent des mémoires, leurs
idées, leurs propositions, leurs amendements. On peut, comme députés, leur
poser des questions, ils nous donnent des
réponses, puis souvent ça permet à nous, députés de l'opposition, mais aussi
aux députés du gouvernement puis au
ministre de voir : bien, le projet de loi qu'on a présenté, bien, il
demande certaines modifications, ou on n'avait pas vu ça comme ça puis
on doit poser des gestes pour le corriger.
D'ailleurs,
cette étape a été assez importante, parce que le ministre a déjà dit qu'il
allait faire des amendements à son
projet de loi, et nous, on avait demandé : Bien, avant de poursuivre, on
voudrait connaître ces amendements-là. Parce qu'encore là on est sur le principe du projet de loi actuellement, on
parle du principe du projet de loi, mais, s'il y a des amendements majeurs, ça peut avoir un impact sur
la modification du projet de loi, donc d'orienter nos réflexions et nos discussions. Donc, de ce que j'ai cru
comprendre — à moins
que je ne me trompe — de ce
que j'ai cru comprendre, c'est que le
gouvernement s'est montré ouvert pour présenter, là, l'essentiel des
amendements majeurs du projet de loi. Puis ça, c'est parce qu'il y a eu
un travail bien fait avec les consultations particulières.
Après
ça… Là, on est à l'adoption du principe,
mais par la suite c'est l'étude
article par article, et là c'est là
qu'est l'étape cruciale. Parce que l'étude
article par article, au fond, c'est
qu'on prend un projet de loi, et on lit un article, et on en débat, on se le fait expliquer, on pose des questions,
et là on adopte. Et là c'est là que, pour faire ce travail-là, de bien faire
ce travail d'adoption article par article ou étude détaillée, bien, il
faut avoir toute l'information. Avoir, dans un premier
temps, les amendements, c'est une chose, mais aussi avoir les chiffres
actuels, les chiffres mis à jour. Et c'est pour ça qu'on a déposé une motion pour reporter le débat, l'étude
détaillée au mois d'octobre, dans deux semaines, trois semaines, pour qu'on ait le temps d'avoir ces chiffres-là. Malheureusement, le gouvernement a voté contre, a voté contre. Donc, ça nous
oblige, au fond, à échanger en ce moment sur quelque chose qu'on n'est pas…
qu'on n'a pas le portrait global.
On le voit,
on a entendu beaucoup de… beaucoup d'encre ont coulé sur ce projet de loi là, beaucoup de gens se sont exprimés, beaucoup de gens se sont exprimés dans les médias, se sont
exprimés dans nos circonscriptions. J'ai eu l'occasion, cet été, d'échanger quelques mots avec certains représentants syndicaux qui m'ont parlé de leurs préoccupations, de leurs craintes. J'ai eu l'occasion
d'échanger quelques mots avec des représentants des retraités qui sont aussi… qui ont des craintes. J'ai eu l'occasion,
M. le Président, de discuter avec des gens qui ne sont pas actuellement touchés directement par le projet
de loi mais qui ont aussi des
craintes par rapport au précédent que ce projet de loi là, tel qu'écrit actuellement, pourrait créer, et ces gens-là ont peur
pour leurs acquis ou leurs négociations antérieures. On n'a qu'à penser aux employés de l'État, on n'a qu'à penser à
d'autres employés à l'extérieur ou même dans d'autres secteurs où on dit, comme gouvernement : On a signé avec vous, vous avez eu une négociation avec votre
employeur, qui est les municipalités, vous avez
négocié de bonne foi dans un contexte x, et nous, on vous dit : Bien,
votre négociation ne tient plus. Votre négociation ne tient plus parce qu'on est
rendus à une situation y maintenant.
Mais cette situation-là, ce n'est pas une situation
finale. Je vous l'ai dit tantôt, on n'a pas les chiffres mis à jour. N'ayant pas ces chiffres mis à jour, nous
n'avons pas le portrait actuel. Et, comme gouvernement, on leur dit…
mais pas nous comme gouvernement. Nous avons été au gouvernement, mais
nous ne le sommes plus, nous vivons dans la réalité,
on le voit assez bien, merci. Comme députés à l'Assemblée nationale, on voit
un gouvernement qui dit : Bien là, ce que vous avez négocié à une certaine époque, ça ne
tient plus, ça ne tient plus. Puis, on ne vous dit pas que vous pouvez revoir, puis tout ça, on n'attend même pas
les prochaines négociations, on leur dit : Non, c'est… Puis, comme je
l'ai dit, M. le Président, on dit aussi que… Même des
fonds qui n'ont pas de problème, qui
ont été bien gérés, des municipalités qui
se sont déjà entendues par le passé pour essayer de trouver des solutions avec
leurs employés, bien, on leur dit : Tout ça, là, ça ne tient plus. Ça fait que ceux, là, qui
ont fait leur travail puis qui ont mis l'argent quand c'était le temps, qui ont
négocié, qui se sont assis, qui ont fait
aussi des sacrifices… Il faut le dire, certains travailleurs, certaines
municipalités ont fait des sacrifices
par le passé. Certaines municipalités ont déjà pris de leur argent, pris des
taxes municipales pour investir dans
certains fonds pour compenser une certaine situation, puis maintenant, bien, on
leur dit : Bien, ces sacrifices-là que vous avez faits, bien, ça, ça ne tient plus. Des travailleurs, des
syndicats qui ont négocié de bonne foi puis qui ont dit : Bien, on
est prêts à sacrifier certains avantages pour s'assurer que nos fonds soient en
bonne santé, bien, on leur dit maintenant :
Ça, ça ne tient plus. C'est grave, M. le Président, c'est très grave. C'est un
principe, au fond, qui est fondamental, des contrats signés de bonne foi
qu'on ouvre et puis on dit : Ça, ça ne tient plus.
• (11 h 50) •
On a vu, dans
certains cas, malheureusement, certains dérapages, mais, somme toute, certaines
manifestations qui ont démontré une ouverture. Je peux vous dire ici un
communiqué de presse qui a été émis il y a de ça quelques semaines, quelques mois par, justement,
les cols bleus et les cols blancs de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui ont désiré,
par une lettre, s'adresser aux
citoyens de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, et ils l'ont envoyée dans les
médias, dans les… Mais, je vais vous dire, ça résume beaucoup
l'essentiel, là, de ce que je parle.
«Chers [citoyens], chères concitoyennes de
Saint-Jean-sur-Richelieu,
«La grande crise financière de 2007-2008 a entraîné
des rendements désastreux pour les fonds de retraite, individuels ou
collectifs, des contribuables du Québec. Depuis, la lente reprise de l'économie
mondiale impose des politiques de taux
d'intérêt très bas aux banques
centrales et aux institutions financières. Les rendements demeurent donc faibles.
«Cette
tourmente touche bien évidemment la caisse de retraite de vos employés municipaux.
Nous, les employés cols blancs et
cols bleus, cotisons à [même la] caisse que les élus, les cadres, les policiers
et les pompiers de la ville. Vous, comme contribuables, participez également
au financement de cette caisse.
«Alors que le Québec
discute et débat de l'avenir des régimes de retraite, nous tenons à vous lancer
deux messages — deux
messages :
«1. Nous sommes
parfaitement conscients que le régime de retraite connaît un déficit important,
et que le déni et l'inaction sont
impossibles. La dernière évaluation exacte du déficit de ce régime est de
20 millions de dollars. Elle remonte au 31 décembre 2010.
Les autres chiffres qui circulent sont hypothétiques, voire hasardeux.
«2. Nous
sommes présentement en négociation avec la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu
pour trouver des solutions à cette crise. Nous sommes en mode ouverture,
négociation et compromis — c'est
trois mots importants, "ouverture", "négociation",
"compromis". Nous voulons assurer la pérennité du régime de retraite,
mais à des conditions et à un coût acceptables de votre point de vue, en
tant que contribuables.
«Le Syndicat
canadien de la fonction publique, qui nous représente, prône cette approche
négociée et équilibrée. Dernièrement,
il a conclu des ententes exemplaires sur les régimes de retraite avec des
dizaines de municipalités, dont Montréal et Laval.
«Cette
approche, c'est la nôtre. Nous allons la privilégier, au-delà de toute
ingérence politique indue ou de toute tentative d'envenimer le débat.
«Soyez assurés de notre fierté de vous prodiguer
des services publics de qualité.»
Donc, M. le
Président, trois mots importants : «ouverture», «négociation»,
«compromis». C'est ce qu'on dit depuis le
début. C'est ce que ma collègue la députée de Taschereau, lorsqu'elle était
ministre, disait, et elle a parlé par projet de loi à l'époque, quand on était au gouvernement. Notre position comme
formation politique, la position du Parti québécois, est claire : Oui, il y a un problème, mais,
pour régler ce problème-là, nous devons poser un bon diagnostic. Pour poser
un bon diagnostic, ça nous prend les chiffres à jour, et par la suite on va
pouvoir porter des solutions concrètes.
Une des
solutions, selon moi la meilleure pour régler tout conflit, même si, dans
certains cas, ce n'est pas un conflit, c'est
la négociation, c'est de se parler. On dit souvent à nos enfants dans les
écoles, dans les CPE : Plutôt que de se chicaner, parlez-vous. Assoyez-vous, puis parlez, puis
échangez entre vous. Il y a des gens qui ont fait ça au Québec, des
municipalités, des syndicats, des
travailleurs, des retraités, et qui, là, maintenant, aujourd'hui, se font dire
par le gouvernement, par leur gouvernement :
Bien, ce que vous avez fait, ce n'est pas bien. Bien, ce n'est pas que ce n'est
pas bien, c'est que ça ne tient plus. Donc, je pense qu'il faut revenir aux
principes de base : respecter la négociation, favoriser la négociation, le
dialogue, l'échange pour pouvoir trouver des solutions.
Et, de grâce,
M. le Président, de grâce, un principe tellement élémentaire… Puis
permettez-moi une parenthèse avec le projet de loi n° 10 qui a
été déposé aujourd'hui, c'est : De grâce, évitons le mur-à-mur, évitons le
mur-à-mur. Faisons en sorte, faisons en
sorte, M. le Président, que ce qui est bien pour une région, pour une
municipalité, pour une collectivité…
mais encourageons-les à poser un geste qui va être responsable pour eux et qui
va amener des solutions plutôt que de voir de notre grande tour d'ivoire
ici, à Québec, là, où des fois on est malheureusement déconnectés de nos régions. Puis se dire : Bien, peut-être
que ce qu'ils ont fait dans tel coin, c'est bien, puis on devrait plutôt le
favoriser, l'encourager plutôt que
dire : Bien, nous, on a décidé puis on a pensé que ça, c'était bien puis
que ce que vous avez fait, ce n'est pas bien, puis on va passer par en
arrière pour effacer tout ça.
Donc, M. le Président, la négociation, l'écoute, l'ouverture, le dialogue, pour régler
tout conflit, c'est ça qui est important, et éviter le mur-à-mur, éviter le mur-à-mur pour
faire en sorte que les initiatives locales et… font en sorte
qu'on soit moins rigides dans notre
approche et qu'en quelque sorte on puisse davantage écouter ce que nos citoyens
ont à dire, parce qu'en bout de ligne, parce qu'en bout de
ligne c'est nos citoyens, qui sont des travailleurs, comme je l'ai dit, des
retraités mais aussi des contribuables qui
devront payer. On est conscients de la situation, mais il faut poser des gestes
responsables, parce que c'est un dossier important.
Je vois que
vous me faites signe, M. le Président. Il me reste quasiment… quelques
secondes. Je n'ai pas eu le temps
d'aborder le détail du projet de loi. Je vais laisser ça à mon collègue le
député de Sanguinet, qui va le faire d'une façon, selon moi, remarquable, comme il l'a fait depuis le début. Je
comprends que la pression est forte, parce qu'on s'en remet à lui, mais, comme il a des compétences très
pointues de ces questions, il nous représentera d'une façon digne, il nous représentera d'une façon digne comme
formation politique, mais surtout il représentera la voix des travailleurs et
des retraités du Québec qui croient en notre position, qui, selon moi,
est la très bonne position, et je vous la répète, M. le Président, en terminant : le respect des ententes signées,
négociées de bonne foi, l'ouverture, le dialogue, porter un contrat… pas un contrat mais un constat juste de la
situation. Pour le faire, ça nous prend les chiffres à jour. Et par la suite,
je vous l'ai dit, de grâce, évitons
le mur-à-mur. Ce qui est bien à Saint-Jean-sur-Richelieu, ce n'est peut-être
pas bien à Québec. Ce qui est bien à Québec, ce n'est peut-être pas bien
à Rivière-du-Loup. Merci beaucoup, M. le Président.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Saint-Jean, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Taillon pour son intervention. Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, le projet de
loi n° 3 implique une restructuration qui, selon l'opposition officielle, est nécessaire afin
d'assurer la viabilité des régimes de retraite à prestations déterminées,
mais il faut être bien conscients que ce
projet de loi touche 170 régimes
de retraite, 122 000 participants,
dont environ 50 000 retraités,
et donc ça touche énormément de personnes et ça les touche dans une qualité et
une sécurité de vie. Et, s'il y a
quelque chose de sensible, c'est la retraite. C'est ce que les gens ont
sacrifié tout au long de leur vie pour accéder à une quiétude, à une
sécurité lors de leur retraite.
Alors, je
suis très sensible à la façon dont les Québécois réagissent par rapport à ça,
et tout particulièrement, bien sûr, les gens de ma circonscription de
Taillon. Ils redoutent, ils craignent le projet. Alors, je vais revenir sur
cette dimension-là, mais, pour présenter les
choses clairement, juste rappeler quelles sont les similitudes entre le projet
de loi n° 3 et… le projet de
loi n° 79 qui avait été déposé par le Parti québécois et maintenant
le nouveau projet de loi n° 3, parce que je pense qu'il y a beaucoup d'éléments d'incertitude et d'inconfort
qui viennent de ces différences, de ce manque de nuance, de ce manque d'écoute, finalement, à l'intérieur du projet de
loi n° 3, par rapport au projet de loi n° 79 que nous
avions présenté.
Donc, les deux projets prévoient la
restructuration des régimes de retraite à prestations déterminées, et nous sommes tout à fait d'accord. Les deux projets
prévoient le partage des coûts à parts égales pour le service courant. Les
deux projets prévoient la protection de la rente normale. Ils prévoient la mise
en place d'une provision, un fonds de stabilisation dans le cas du projet de
loi n° 3. Les deux projets contiennent des dispositions quant au financement
des engagements supplémentaires des régimes et les deux projets proposent des
processus de restructuration, négociation,
conciliation et, en l'absence d'entente, le recours à un arbitre. Alors, ce
sont des dénominateurs communs.
Par contre, il y a des différences et il y en a
au moins six sur lesquelles je veux attirer l'attention. Le projet de loi n° 3 prévoit que les régimes doivent être modifiés. Le projet de loi n° 79, lui, prévoit une restructuration obligatoire
pour les régimes dont le taux de
capitalisation n'atteint pas 85 %
et pour ceux qui prévoient une subvention pour retraite anticipée avant
l'âge de 55 ans. On voit tout de suite un peu plus de nuances et d'ouverture.
Mais tous les régimes municipaux devront
être modifiés afin d'y prévoir le partage 50-50 des coûts du service courant,
l'abolition de la prestation additionnelle
et la constitution d'une provision. Donc, première différence. Deuxième
différence : le projet de loi n° 3 rend obligatoire le partage à parts égales, 50-50, des déficits passés,
attribuables aux participants actifs, entre ceux-ci et l'organisme
municipal, mais le projet de loi n° 79, lui, prévoyait que le partage des
coûts des déficits passés pourrait être
négocié. Le projet de loi n° 3 établit une limitation du coût du service
courant à 18 % de la masse salariale ou à 20 % pour les groupes des policiers et des pompiers. Il
n'y avait aucun plafond dans le projet de loi n° 79. Le projet de loi
n° 79 prévoyait que les rentes consenties aux bénéficiaires ne
pourraient être réduites mais qu'elles pourraient ne pas être indexées pendant une période ou que la formule de
leur indexation pourrait être révisée, alors que le projet de loi n° 3
ne prévoit aucune indexation. Il prévoit
l'abolition, en fait, de l'indexation automatique et la mise en place d'un
mécanisme d'indexation
lié à la santé financière du régime. Donc, beaucoup plus hypothétique. Le
projet de loi n° 79 prévoyait que les
rentes consenties aux retraités et aux bénéficiaires pourront ne pas être
indexées pendant une période ou que la formule de leur indexation pourra être révisée, alors que le projet de loi
n° 3, lui, prévoit la suspension de l'indexation automatique des rentes. Alors, on voit plusieurs éléments. Et
le dernier sur lequel je veux attirer l'attention, c'est que le principe du
projet de loi n° 79 prévoyait
l'abolition de toute subvention pour retraite anticipée avant l'âge de 55 ans
et l'abolition de la prestation
additionnelle prévue par la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Le
principe du projet de loi n° 3 n'en fait aucune mention.
Donc,
on constate que, sur le principe, l'opposition officielle comprend la
pertinence de légiférer pour assurer la
santé financière des régimes à prestations déterminées du secteur municipal,
mais par contre on est conscients que, dans la façon de faire, le projet de loi
n° 3 vient s'imposer sans avoir l'ouverture et la sensibilité qui est
nécessaire pour un sujet aussi particulier que celui-là.
Je
reviens donc à la question de sécurité que représente un fonds de retraite. En fait,
des gens ont dans certains cas
continué à travailler dans une organisation ou une entreprise qui ne répondait
peut-être plus ou pas à leurs besoins de
se réaliser ou d'évoluer pour conserver pour eux, pour leurs conjoints et
conjointes une sécurité et une retraite. Donc, on voit tout de suite une
dimension tout à fait particulière à ce sujet. Des gens ont peut-être renoncé à
des rêves dans la trentaine pour avoir une
chance de les réaliser dans la soixantaine, et c'est à ça qu'on vient toucher
quand on touche, de façon un peu trop
arbitraire ou cavalière, les fonds de retraite. Donc, il y a une sensibilité
toute particulière, et ça impose, à ce
moment-là, à tout gouvernement de permettre à tous de réfléchir, de se
réconcilier avec de nouvelles réalités qui vont tenir compte de l'avenir, du présent et aussi du passé des personnes qui
sont visées. Et je pense que c'est cette dimension-là qui a été escamotée, d'une part, dans l'attitude,
dans la façon d'imposer, dans le ton des négociations. Alors, je pense qu'il
faut vraiment considérer le passé des
personnes qui ont choisi d'investir dans leurs fonds de retraite et qui
maintenant se sentent beaucoup plus vulnérables dans l'insécurité.
Les
gens sont d'accord pour revoir les fonds de retraite, on l'a entendu, ça fait
consensus. Parce que les proches retraités ont aussi des enfants dans la
vingtaine ou la jeune trentaine, ils ne demandent pas mieux que de trouver des solutions pour eux aussi. Mais tout est dans
l'attitude. Et, je dirais, autant en santé que dans les relations de travail,
il semble que le gouvernement libéral a beaucoup de mal à trouver le bon ton, qu'il met beaucoup
de temps à trouver le ton parce
qu'il inspire beaucoup moins la confiance, qui est nécessaire
à une saine négociation, que la défiance. Alors, je pense qu'il faut avoir une approche claire, une approche
respectueuse, qui favorise des résultats positifs, plutôt que la confrontation
à laquelle on a assisté au cours des
derniers mois dans presque tous les processus de négociation. Donc, avec le
respect et le temps, on trouve
l'ouverture. Alors, si on veut instaurer un climat, une décision de
conciliation concrète, adaptée, eh bien, il faut éviter le climat de
peur. Et il faut être conscient que, dans cette démarche qui consiste à... au projet
de loi n° 3, il y a quelque part une
rupture par rapport à un contrat social. Et, quand on fait ce genre de chose
là, eh bien, c'est tous les contrats sociaux aussi qui sont tout à coup
susceptibles d'être remis en question. Et ça aussi, ça contribue à l'insécurité
des citoyens.
Alors,
comment conserver une relation de confiance quand on est, jusqu'à un certain
point, dans l'obligation de rompre un
contrat? Est-ce qu'on est toujours obligé, quand on rompt un contrat,
d'utiliser une approche plus tronçonneuse ou bien si on ne peut pas passer finalement à un niveau qui est beaucoup
plus proche de la collaboration et proche d'une négociation, qui permet aux gens de faire mûrir leur réflexion et de
l'individualiser? Parce qu'on se rend bien compte aussi que les projets sont différents. Les fonds de
retraite et les ententes sont très distincts d'une municipalité à l'autre, et
c'est ce mur-à-mur qui insulte, je pense, l'intelligence de ceux dont le
régime de retraite sera affecté par ce projet de loi.
Alors,
les objectifs et les grands principes du projet de loi — capacité de payer, la pérennité des régimes,
l'équité intergénérationnelle — ne sont pas remis en
question. Donc, oui à une réforme des régimes de retraite, mais non à la rigidité et au mur-à-mur du projet de loi n° 3. Et
donc on s'entend tous pour dire que les modifications sont nécessaires
mais qu'il faut laisser plus de place à la négociation. Alors, le projet de loi
ne tient pas compte des particularités des régimes
et des municipalités. Et je pense que, dans un contexte de négociation, il y a
des étapes qui ont été escamotées dans
le cas du projet de loi n° 3 et qui ont donné lieu à des dérapages
importants au niveau de la sécurité civile. Alors, je pense que, ça, il faut apprendre de ça, et il
faut toujours maintenir que, dans un processus de négociation, oui, il faut imposer certaines approches qui sont directives,
mais il faut le faire en étant conscient qu'on n'arrive à rien si on n'établit
pas, à un moment ou à un autre, un climat de confiance. Et ça, je crois que
c'est déterminant.
Le
projet de loi doit laisser plus de place à la négociation, et c'est aux parties
de trouver des pistes de solution qui
vont être adaptées à leur situation afin de rencontrer l'objectif d'assurer la
pérennité des régimes. Et un exemple de cette souplesse, de cette adaptation qui est nécessaire, ce sont les
recommandations qui ont été faites en commission par la mairesse de Longueuil, par exemple, pour la
municipalité, la circonscription de Taillon, qui touche, donc, mes concitoyens.
Et elle n'était pas seule à revendiquer
cette souplesse et cette capacité d'avoir un peu d'ajustement par rapport à
différentes municipalités, il y avait
également M. Maxime Pedneaud-Jobin, qui est le maire de Gatineau, et ils ont
fait valoir tous les deux ce besoin
de pouvoir adapter les choses par ce projet de loi n° 3. Et je crois que
cette capacité de permettre aux différentes
municipalités de trouver des solutions en établissant un lien de confiance avec
les différents responsables des fonds
de retraite de leur municipalité, c'est ça qui est au coeur maintenant du
succès ou de l'échec de cette réforme qui s'impose. Alors, ils ont défendu certains principes. Un des principes,
c'est que le besoin du projet de loi est nécessaire pour négocier, parce qu'en temps normal ils considèrent
que les villes n'ont pas assez de pouvoir dans ce type de négociation là.
• (12 h 10) •
Donc,
on se rend compte évidemment qu'il y a un rapport de force et qu'il faut
permettre effectivement aux villes d'avoir
les leviers suffisants pour être capables de faire une négociation de bonne foi de part
et d'autre. Mais, tout de suite après avoir exprimé ce besoin
d'avoir un peu plus de pouvoir pour négocier ce genre de contrat, eh bien, on
appelle à l'absence de mur-à-mur. C'est impossible. Et on veut un climat
serein.
Ce
qui a été imposé actuellement dans le
cadre du projet de loi n° 3 a clairement dégénéré le climat de négociation.
On se rend compte qu'il semble y avoir un
certain retour et on doit s'en réjouir parce que, sans cette ouverture et cette
espèce de volonté claire d'avoir une
conciliation et de laisser aux municipalités la souplesse dont elles ont besoin
pour s'entendre avec leurs gens, avec les gens de leur territoire, avec
les gens avec qui ils négocient régulièrement mais aussi avec qui ils vivent au
quotidien… On parle des pompiers, des policiers, on parle de différentes
personnes de la municipalité, on pense aussi à nos retraités dans chacune de
nos municipalités. Or, ces personnes-là, on les côtoie au quotidien, et il faut permettre aux municipalités
d'adapter leurs régimes à la réalité de ce qu'ils vivent individuellement
dans leurs municipalités. Donc, les maires… entre autres, la mairesse de
Longueuil, Mme Caroline St-Hilaire, a fait vraiment
une demande pour qu'il y ait une vraie négociation et qu'il y ait, donc, une
possibilité d'avoir une indexation, que
l'indexation automatique des rentes, par exemple, et le seuil de 18 % ne
soient pas imposés à ce moment-ci. Alors, on voit, il y a une période encore de souplesse qui est disponible. Il y
a une période, qui est prévue, d'un an, avec deux périodes supplémentaires de trois mois. Ce 18 mois là, je
pense qu'il va être déterminant dans la résolution et dans la façon de trouver
des formulations, des ajustements qui
tiennent compte de la réalité des différents fonds de retraite, de leurs
conditions, de leur situation
actuelle, et donc d'ajustements qui sont nécessaires et acceptables de part et
d'autre. Alors, je crois qu'il faut vraiment mettre l'emphase sur cette
période de négociation d'un an et demi à partir de février 2015 pour que
l'indexation automatique des rentes et le seuil de 18 % ne soient pas
imposés, à ce moment-ci.
Alors, M. le
Président, il s'agit donc, on le voit — en conclusion — d'un projet qui touche au passé, au présent
mais aussi au futur de l'ensemble des Québécois, d'un très, très grand nombre
de Québécois. Il y a peu de projets qui touchent
autant la vie et l'avenir des gens, alors l'urgence d'ouvrir les discussions,
d'entendre et de donner une chance de
trouver des solutions raisonnables doit prévaloir dans un dossier aussi
sensible que celui-là. Il y a des enjeux économiques et il ne faut pas
les perdre de vue, et je crois que la priorité, qui a été donnée par notre
parti, d'attirer l'attention sur la pertinence
de travailler sur les fonds de retraite dénote bien la lucidité du parti par
rapport au besoin qui est nécessaire pour atteindre un équilibre. Mais, au-delà
de ça, je pense que, la façon de faire, en particulier quand on est dans
quelque chose qui vient briser des
contrats, des contrats sociaux, on doit la faire avec beaucoup plus de tact que
ce qu'on a vu et ce à quoi on a
assisté. Et c'est aussi toute la paix sociale qui dépend de la capacité
d'ouvrir et d'avoir une négociation qui est vraiment franche et qui donne le temps aux gens de prendre part au
processus de réflexion, parce que personne n'aime se faire imposer des pertes, surtout quand il
s'agit de situations qui ont un lien direct avec la qualité de leur vie et la
sécurité de leur avenir.
Donc, je pense qu'il faut vraiment avoir cette
ouverture, laisser aux municipalités la possibilité de gérer des situations adaptées à leurs propres fonds de
retraite, et ça doit prévaloir à l'imposition unilatérale de mesures qui
affecteront concrètement le niveau de
vie des personnes, ces personnes, je le répète, qui ont investi honnêtement,
avec sincérité, dans leur avenir. Il
y a un processus d'acceptation, il y a un processus d'appropriation. Et donc
ces deux niveaux-là : acceptation, d'abord, sur le principe de juste dire : On remet en question nos
fonds de retraite, ce qui est tout à fait impromptu, je vous dirais, et
qui vient saisir vraiment l'essence de la quiétude des gens; et un processus
d'appropriation.
Donc, une fois qu'on s'est dit : Il faut
passer par là, on va faire les efforts qu'il faut, on va avoir une certaine
ouverture de part et d'autre, mais surtout je pense que ce qui doit prévaloir,
c'est vraiment le sentiment, de la part des retraités,
qu'ils sont respectés et qu'ils sont compris dans tout ce que ça représente de
vulnérabilité par rapport au fait qu'on joue dans leurs fonds de
retraite.
Alors, je pense qu'il y a un climat vraiment de
respect à établir et une possibilité de nuancer et de permettre à chaque municipalité qui a ces fonds de retraite de faire le genre de négociation avec son propre monde, avec ses équipes en partant de principes
rigoureux qui vont quand même être… et je l'ai dit au début, qui sont des
principes communs auxquels nous avons
consenti et que nous avons même promus parce
que c'est nous qui avons mis sur pied
les premiers travaux sur ce… avec le projet
de loi n° 79. Mais
attention à aller dans des approches qui sont trop radicales. On suscite
énormément de préoccupations et on donne
raison aux gens de réagir de toutes sortes de façons, alors que tout ça, ça
doit et ça peut se faire dans un
climat de respect mutuel et de perspective,
autant pour le respect du passé, pour l'honnêteté de la négociation
actuelle et pour la sécurité de l'avenir. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Taillon, pour cette intervention. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger : Merci, M. le Président. Alors, nous
en sommes au projet de loi n° 3. Je poursuis ce que ma collègue
a amorcé, et d'autres de mes collègues, au nom de l'opposition officielle,
évidemment.
J'aime
toujours rappeler quelques extraits principaux des notes explicatives, M. le
Président : «Ce projet de loi prévoit que les régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal doivent être restructurés en vue
d'en assainir la santé financière et d'en assurer la pérennité.
«À cette fin,
le projet de loi prévoit que les régimes doivent être modifiés, à compter du
1er janvier 2014, afin d'y
prévoir le partage à parts égales des coûts et le partage des déficits
éventuels pour le service postérieur au 31 décembre 2013 entre les participants actifs et l'organisme
municipal, ainsi que la constitution d'un fonds de stabilisation. De plus, le
projet de loi précise que le coût maximal du
régime, composé de la cotisation d'exercice et de la cotisation de
stabilisation, ne devra pas excéder 18 % de la masse salariale.
«Le projet de
loi prévoit également que les régimes doivent être modifiés afin de prévoir que
les déficits imputables aux participants actifs [au] 1er janvier
2014…»
Le projet de loi oblige
aussi qu'une évaluation actuarielle soit préparée pour tous les régimes. Le
projet de loi établit un processus de restructuration prévoyant une période de
négociation.
Je pense que
c'est bon de le rappeler, M. le Président. Le projet de loi, évidemment il est
très important, ça affecte beaucoup
de monde. C'est à peu près 35 % de la population directement touchée,
puisqu'il est prévu aussi, dans le fond, qu'il va y avoir d'autres
projets de loi qui vont en découler, donc, que ce soient les municipalités, le
secteur privé, les universités, le secteur
public. On dit : L'enjeu ici couvre à peu près 170 régimes de
retraite, 122 000 participants, dont 50 000 retraités.
Je rappelle à
la Chambre ici, au salon bleu, M. le Président, que la députée de Taschereau,
la leader de l'opposition officielle,
qui est à mes côtés aujourd'hui, Agnès, qui… je ne peux pas le dire ainsi,
évidemment, mais ma collègue depuis tellement
longtemps avait quand même déposé le projet de loi n° 79 qui avait
obtenu un grand consensus, le consensus. Et il y avait de l'espace de négociation. Il ne touchait pas les
contrats passés. Ce qu'on voit maintenant avec la formation libérale : il y a un bris de contrat sur les
déficits passés. Et on convenait : Le statu quo n'est plus viable. Ça, on
le convient. On est une opposition
constructive à ce niveau-là. La restructuration est nécessaire. Il en va
évidemment de la viabilité des régimes de retraite à prestations
déterminées, plus particulièrement.
• (12 h 20) •
Mais
l'opposition constructive, elle est là. Mais quand même on a des critiques à
cet endroit, à l'endroit du projet de
loi n° 3, parce qu'il ne laisse aucune place à la négociation. C'est une
approche mur à mur qui ne tient pas compte des taux de capitalisation des régimes. C'est une approche mur à mur qui ne
tient pas compte non plus des particularités des régimes, des négociations antérieures et des réalités municipales. Il ne
devrait y avoir aucun plafonnement des cotisations liées aux régimes.
Les déficits passés pourraient faire l'objet de négociation mais ne devraient être
visés par aucune obligation. La suspension
de l'indexation des retraités ne devrait pas être permise que si, après
consultation, M. le Président, moins de 30 % des retraités s'y
opposent.
Permettez-moi, M. le Président, de citer aussi
quelques déclarations sur la place publique, qui nous parlent particulièrement de l'approche mur à mur qui est
présentée par le gouvernement présentement. Je vais citer le secrétaire général de la FTQ, M. Cadieux : «Comment le
gouvernement peut-il justifier une telle intrusion mur à mur aussi brutale
dans [les] régimes de retraite qui ne sont
pas en danger? Près de 50 % des régimes de retraite dans les municipalités
sont capitalisés à 85 % et plus
et ne sont donc pas en danger. Le projet de loi pénalise inutilement ceux qui
ont bien géré, qui ont été prévoyants
ou qui ont apporté des correctifs depuis 10, 15 ans et qui ont un régime de
retraite bien capitalisé. S'il doit y avoir une loi pour forcer la
restructuration [de] régime de retraite dans les municipalités, elle doit être
limitée aux régimes de retraite en difficultés, soit les régimes de retraite
qui ont un taux de capitalisation inférieur à 85 %.»
Je vais citer
aussi une firme d'actuaires — M. Hewitt : «Il est excessif de
soumettre tous les régimes dont le degré de capitalisation est inférieur à 100 % à un exercice de
restructuration du service antérieur au 1er janvier 2014. Un organisme
municipal devrait être en mesure de se
soustraite à cet exercice si la situation financière du régime de retraite en
cause ne présente pas un problème.»
Un autre secteur d'activité dans notre société
québécoise, celui de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et… préretraitées,
pardon : «Ainsi, en ouvrant systématiquement la porte à la remise en
question d'acquis, et ce, peu importe la
santé financière relative des différents régimes de retraite municipaux, le
projet de loi n° 3 constitue un dangereux précédent dans notre société
basée sur la confiance à l'égard des contrats signés.»
Alors, M. le
Président, je pense qu'il est important de rappeler évidemment que la situation
financière des régimes de retraite
municipaux est vraiment un problème réel. On en conçoit. Les objectifs et les
grands principes du projet de loi — sa capacité de payer, la pérennité des
régimes, l'équité intergénérationnelle — ne sont pas remis en question par l'opposition officielle. Mais il y a des éléments
qu'on considère importants, que pour donner notre accord au principe… Le ministre doit répondre à certaines conditions.
En voilà quelques-unes, M. le Président, d'une façon claire. Oui à une réforme de régimes de retraite, mais non à la
rigidité et au mur-à-mur du projet de loi n° 3. Le projet de loi déposé
par le gouvernement ne tient pas compte des particularités des régimes.
La rigidité et le mur-à-mur du projet de loi ont été dénoncés tant par les associations de travailleurs que par les
municipalités et les retraités. Des modifications importantes doivent être apportées au projet de loi. Modifier
systématiquement, et sans possibilité de négociation, des contrats passés
est un geste lourd de conséquences. La
restructuration des régimes pleinement capitalisés devrait se faire à
l'échéance des conventions
collectives. Le projet de loi doit laisser plus de place à la négociation.
C'est aux parties de trouver des pistes de solution adaptées à leurs
situations afin de rencontrer l'objectif d'assurer la pérennité des régimes. Voici
quelques-uns des éléments, M. le Président,
qui nous démontrent vraiment qu'on est une opposition constructive et qu'on
veut apporter des changements au projet de loi qui est actuel.
L'autre
élément, M. le Président, qui est important aussi, c'est tous les retraités. Ça
a un effet important pour eux, les
retraités, M. le Président. Ce sont des économies au fil des années, des
petites et grandes économies que les retraités ont cumulées au fil des années. Planifier une retraite, ce n'est pas
quelque chose qu'on fait seulement dans nos dernières années de travail, c'est avec… C'est un acquis
qu'on a au fil des années puis qu'on a amassé au fil des années. Ils ont
droit, nos aînés, M. le Président, ces
retraités, particulièrement à cette tranquillité d'esprit, à cette sécurité
financière qu'ils se sont dotés pour
un petit pain, parfois, parce que c'est souvent comme ça : c'est par un
petit pain puis, dans de nombreux cas, c'est pour un petit pain.
Nous, comme
législateurs, M. le Président, on doit avoir ce souci et ce respect de leur
apport à la société. Ils le méritent
amplement, nos aînés et nos retraités du
Québec. Ils y ont contribué, à ce
régime-là, du meilleur d'eux-mêmes. Alors j'invite, évidemment, M. le
Président, j'invite le ministre, j'invite le gouvernement à penser à ces mères,
grands-mères, pères, grands-pères qui ont
cumulé leurs petits trésors au fil des années. Je pense qu'ils méritent
amplement tout notre respect. Je vous
invite, M. le Président, aussi, mais je rappelle particulièrement au ministre
et au gouvernement que le Parti québécois a fait
quand même part de ses demandes par notre porte-parole, évidemment. Alors, on
veut, à l'issue de la commission
parlementaire, voir ici les principaux constats de l'opposition officielle. La
restructuration des régimes pleinement capitalisés devrait se faire à
l'échéance des conventions collectives. Nous en avons quatre, plus précisément. La désindexation devrait être soumise
à la négociation. Il devrait être permis d'ouvrir les contrats passés à la suite de négociations seulement, et les
plafonds de 18 % et de 20 % devraient être éliminés. Voilà, M. le
Président, ce que l'opposition officielle, l'opposition constructive,
apporte présentement au projet de loi n° 3.
Vous
me permettrez de saluer le travail de ma collègue députée de Taschereau et
leader de l'opposition officielle qui a mis beaucoup d'ardeur et de
rigueur au projet de loi n° 79 l'hiver dernier. Nous n'attendons rien de
moins du gouvernement libéral actuel. Il
doit être à la hauteur des attentes : des attentes que nous avons, des
attentes que la société s'attend du gouvernement en place, des
associations qui, au fil de toutes les dernières semaines, ont manifesté leur inquiétude par rapport au projet de loi n° 3,
si ce n'est que vraiment avoir un débat encore plus serein puis qu'ils puissent
apporter leur grain de sel comme ils le demandent.
Alors,
le projet de loi, tel que demandé, tel que présenté, M. le Président, met des
entraves à la négociation et crée vraiment
un climat de confrontation actuellement. Alors, en conclusion, le projet de loi
doit être modifié, dans les meilleurs délais, pour les Québécoises et
pour les Québécois. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles, pour cette intervention.
Je suis prêt à céder la parole maintenant à Mme la députée de Vachon pour son
intervention. Mme la députée.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
permettez-moi de remercier et de saluer l'ensemble des intervenants qui sont venus nous rencontrer en
commission parlementaire pour nous faire part de leurs points de vue
concernant le projet de loi, et je parle particulièrement des représentants du
monde municipal, des représentants des travailleurs
qui sont venus nous faire part de leurs points de vue, des représentants des
retraités également, et différents experts,
et je crois que l'ensemble des informations qu'ils nous ont apportées nous
éclairent vraiment sur le projet de loi sur les retraites.
Vous
dire aussi, M. le Président, que, les retraites… les travailleurs ont… c'est
leur compte d'épargne, c'est leur compte
d'épargne pour lequel ils ont travaillé toute leur vie. Et, qu'on parle pour
les gens qui sont déjà actuellement à la retraite ou des gens qui vont prendre leur retraite dans quelques
années, ces travailleurs-là ont fait le choix, en négociation de conventions collectives, de rémunération
globale, d'investir dans leur retraite. Et, avec le projet de loi qui a été
présenté, on vient jouer dans le
passé de façon tout à fait inacceptable, et je tiens à le souligner, parce
qu'avec la population qui est vieillissante on sait que l'ensemble des
régimes de retraite va être une problématique pour le futur, et, oui, il faut
améliorer nos régimes de retraite. Mais, malheureusement, M. le Président...
Et je vais commencer avec le titre du projet de
loi. Le titre du projet de loi, c'est : Loi favorisant la santé financière
et la pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal. Et juste vous dire, M. le
Président, que, là, on parle du secteur municipal, mais déjà le
gouvernement nous a annoncé qu'il allait toucher à tous les autres secteurs. Ça fait que ce n'est que le début. C'est
pour ça que c'est si important, ce projet de loi là. Mais je reviens au titre,
M. le Président : Loi favorisant la
santé financière et la pérennité — pérennité — des régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal. En fait,
ce n'est pas exact parce que plusieurs clauses dans ce projet de loi là ne
visent pas la pérennité des régimes
de retraite du secteur municipal. Une des premières clauses, M. le Président,
c'est que ce projet de loi là vise
tous les régimes de retraite, mur à mur, tous les régimes de retraite,
100 % des régimes de retraite.
• (12 h 30) •
Or,
M. le Président, on a eu en commission parlementaire des gens qui sont venus nous dire qu'il y a
plusieurs régimes de retraite
qui n'ont pas de problématique du côté de la pérennité et de la santé
financière. Je vais vous citer, M. le
Président, Serge Cadieux, qui est secrétaire général de la FTQ, donc, et je le
cite : «Comment le gouvernement peut-il justifier une telle
intrusion mur à mur aussi brutale dans des régimes de retraite qui ne sont pas
en danger?» Et il dit, M. le
Président : «Près de 50 % des régimes de retraite dans les
municipalités sont capitalisés à 85 % et plus et ne sont donc pas en danger. Le projet de loi pénalise
inutilement ceux qui ont bien géré, qui ont été prévoyants ou qui ont apporté
des correctifs depuis 10, 15 ans et qui ont un régime de retraite bien
capitalisé. S'il doit y avoir une loi pour forcer la restructuration d'un régime de retraite dans les municipalités, elle
doit être limitée aux régimes de retraite en difficulté, soit les régimes de retraite qui ont un taux de
capitalisation inférieur à 85 %», M. le Président. Donc, ça, c'est le
secrétaire général de la FTQ. Vous me
direz, M. le Président : Peut-être que le secrétaire général de la FTQ
avait un point de vue qui était orienté en fonction de ses travailleurs.
Je
vais vous donner une autre citation, M. le Président, et celle-là, elle
provient de M. Michel Kelly-Gagnon, qui est président-directeur de l'Institut économique de Montréal. Donc, on
ne peut pas dire qu'il est très prosyndical, et c'est la moindre des choses, donc complètement à l'autre
bout du spectre. Et l'Institut économique de Montréal dit, dans une lettre datée du 19 août 2004 : «Mais ce ne
sont pas tous les régimes qui sont dans le rouge et toutes les villes qui sont
sous pression. Un relevé effectué par
Radio-Canada…» Ce n'est pas drôle, hein, ça nous prend Radio-Canada pour avoir
le relevé parce que malheureusement
le gouvernement libéral refuse de nous donner les chiffres. Il faut le faire,
M. le Président! Il faut avoir
l'information de Radio-Canada. En tout cas : «…nous apprenait que sur 154
régimes de retraite municipaux touchés
par le projet de loi, 70 d'entre eux sont en fait en bonne santé avec un niveau
de capitalisation supérieur à 85 %», M. le Président.
Et d'où vient ce 85 % là? C'est un taux qui
avait été utilisé, d'ailleurs, par ma collègue actuelle, leader de l'opposition officielle, qui, à l'époque, avait
porté le projet de loi n° 79. Le taux de capitalisation de 85 %
provient de l'Agence du revenu lorsqu'elle évalue,
pour les régimes privés, le niveau en deçà duquel il doit y avoir une meilleure
capitalisation des régimes de retraite. On
sait que, du côté des régimes publics, il n'y a pas la même problématique parce
que la municipalité est toujours solvable,
mais c'est un très bon indicateur, parce que, lorsqu'on évalue la
capitalisation d'un régime de
retraite, c'est en fonction de plusieurs hypothèses, de rendements futurs, de
tables de mortalité, et toutes ces
hypothèses-là peuvent varier dans le futur. Donc, un régime qui varie entre
85 % et 120 % de capitalisation, c'est des variations qui sont
normales. C'est très rare que ça reste toujours sur le 100 %.
Et il est
clair, M. le Président, qu'en 2008 nous avons eu une crise économique
extrêmement importante qui a affecté les régimes de retraite. Mais,
depuis ce temps-là, il y a des négociations qui se sont faites, les syndicats et
les municipalités se sont entendus pour des
modifications, il y a eu une amélioration également des taux de rendement, donc
ce qui fait qu'aujourd'hui les régimes de retraite ne sont pas tous en
difficulté.
Et d'ailleurs
le ministre des Affaires municipales, qui n'arrête pas de crier au loup dans la
question des régimes de retraite,
disait qu'il y avait 3,9 milliards de déficit dans les régimes de
retraite. Or, une firme, une firme, PBI Conseillers en actuariat, donc des actuaires qui connaissent
bien ça ont très clairement affirmé que le 3 milliards était… 3,9 — je me corrige, M. le Président — 3,9 milliards. Écoutez, c'est une
correction importante, 3,9 milliards. Ce que dit la firme : «On a
l'impression que le…»
La firme
d'actuaires, là, dans Le Devoir du 9 septembre 2014 :
«"On a l'impression que le gouvernement actuel réagit de façon précipitée à la suite de la levée
de drapeaux de certains maires."» Et il dit… La firme a révisé les calculs
du déficit actuariel de l'ensemble des régimes municipaux, et elle «base ses
calculs sur trois facteurs. D'abord, elle rappelle
que la mesure de 3,9 milliards, qui date de décembre 2013, doit être mise
à jour. En incluant les rendements des derniers
mois, [ce qui] ferait baisser le déficit à 3 milliards[…]. Autre élément,
elle soutient que la mesure du déficit [que] la Régie des rentes sur laquelle
s'appuie le gouvernement inclut des "écarts défavorables", soit
l'équivalent d'une réserve perdue. En l'excluant, le déficit baisserait
à 1,8 milliard», M. le Président. Et finalement : «…la firme avance
que les estimations de la Régie des rentes pour le monde municipal sont plus
pessimistes que ce qui se fait ailleurs. Ainsi, en appliquant les méthodes utilisées par le régime des employés du
gouvernement — qui est
régi par la Caisse dépôt — le déficit
fonderait à zéro», M. le Président.
Qui dit vrai?
Le ministre des Affaires municipales ou la firme d'actuaires PBI? Bien, M. le Président, pour le savoir, il faudrait
avoir les chiffres. Il faudrait que le gouvernement puisse nous fournir les
chiffres. Et d'ailleurs, à cet effet, mon collègue député de Sanguinet a posé des questions, en période de
questions, au ministre des Affaires municipales, en lui demandant :
Est-ce que nous allons pouvoir avoir les chiffres? Nous parlons de
problématiques avec les régimes de retraite,
un sujet extrêmement technique, M. le Président, et nous n'avons pas de
chiffres. Donc, comment se fait-il que nous
n'ayons pas les chiffres? Et qu'est-ce qu'il a répondu, le ministre des
Affaires municipales? Il dit : Ah! Parce que les études actuarielles seront disponibles vers la fin
du mois d'octobre, ou la fin du mois de septembre… ou plutôt octobre. Il
retarde essentiellement le processus d'adoption, que c'est si urgent qu'il faut
le faire avant d'avoir les chiffres.
Moi, je trouve ça assez bizarre, M. le
Président, que le ministre des Affaires municipales n'ait pas les chiffres
déjà, étant donné qu'en commission parlementaire on a des intervenants qui sont
venus nous présenter leurs chiffres. Comment
ça se fait que les intervenants ont leurs chiffres et comment ça se fait que le
ministre ne les a pas? Moi, ça me questionne beaucoup.
On a ici la Fraternité des policiers et
policières de Montréal qui sont venus nous présenter en commission parlementaire que, «depuis 1989, le régime de
retraite des policiers de Montréal n'a jamais été mis en péril en raison d'une
insuffisance de capitalisation, se situant
entre 90 % et 134 % durant toute la période». Donc, le régime des
policiers de Montréal, il n'y a pas
de problème de pérennité, il n'y a pas de problème de santé financière, comme
le dit le titre du projet de loi. Et
d'ailleurs on voit ici, dans les courbes, M. le Président, qu'ils ont les données
pour 2013 et même des évaluations pour
2014, M. le Président. Comment se fait-il que le ministre des Affaires
municipales n'ait pas ces chiffres? Ou peut-être les a-t-il, mais ne
nous les fournit-il pas?
Ensuite, le
Regroupement des associations de pompiers du Québec, M. le Président, qui nous
dit qu'au résultat au 31 décembre
2013 le degré de capitalisation moyen pondéré est de 90 %, M. le
Président, 90 %. Il n'y a pas de problème de santé financière avec
le régime des pompiers de Montréal et de pérennité du régime, M. le Président.
J'ai ici le
maire de la ville de Drummondville, M. le Président, qui a dit, en commission
parlementaire, qui nous a dit qu'avec
le rendement de l'année 2013 le régime devrait être capitalisé à près de
120 %, selon leurs actuaires. 120 %, M. le Président. Pas de problème de santé financière et de pérennité,
comme le dit le titre du projet de loi, M. le Président.
Donc, on peut
se demander, M. le Président, quel est le but du Parti libéral de vouloir
toucher 100 % des régimes de
retraite, et non pas les quelques régimes de retraite qui ont des problèmes.
Parce que, oui, il y en a, des régimes de retraite, qui ont des problèmes, mais c'est loin d'être
100 %, et ça s'améliore. Et quelle est la volonté du Parti libéral de ne
pas nous fournir les informations,
que nous puissions prendre des décisions en toute connaissance de cause? De
vouloir gérer dans l'ignorance, M. le Président, ça n'a jamais été la
bonne façon. Et il est très clair que, si le ministre des Affaires municipales voulait avoir les chiffres ou voulait
les rendre publics, il pourrait très bien le faire avant que nous commencions.
Et même il aurait dû le faire avant que nous
ayons cette adoption de principe là pour que nous puissions avoir le portrait
clair et que nous sachions exactement de
quoi on parle. Mais peut-être a-t-il ces chiffres et que ces chiffres-là ne
font pas son affaire, M. le Président?
Donc, je trouve ça extrêmement triste de voir la
façon dont le ministre des Affaires municipales conduit son dossier, en refusant la transparence. Pourtant, le
premier ministre, dans son discours d'ouverture, nous avait bien annoncé
que ce serait un gouvernement de
transparence. Je crois, comme dans la chanson de Dalida, que c'étaient
«paroles, paroles, paroles». Mais, malheureusement, les actions n'ont
pas suivi. Et je trouve ça dommage parce que ce n'est pas dans l'ignorance
qu'on peut traiter des dossiers aussi techniques que celui des régimes de
retraite, M. le Président.
Deuxième
critère, qui est dans le projet de loi du Parti libéral, qui n'a rien à voir
avec la santé financière et la pérennité des régimes de retraite, c'est le taux
de cotisation. Donc, on a vu apparaître ça dans ce projet de loi là, un taux de cotisation qui a été limité à 18 % ou
20 % pour les policiers et pompiers, alors que, dans certaines conventions
collectives, il y a des taux de cotisation qui peuvent être de 25 %,
26 %, 28 %, M. le Président. Pourquoi amener une limitation en ce
sens-là, alors que ça n'a aucun impact sur la pérennité des régimes de
retraite, M. le Président? C'est plutôt une
volonté, je crois, de niveler par le bas et de fixer des conditions pour les
futures négociations de conventions collectives.
• (12 h 40) •
Donc, je trouve ça un petit peu dommage de voir,
dans un titre comme celui-là… Et c'est une tactique assez souvent, d'ailleurs, utilisée par le gouvernement
libéral, de mettre dans le titre... En fait, c'est très marketing. C'est très,
très marketing. «Loi favorisant la santé
financière et la pérennité des régimes de retraite». Comme si c'était une loi
que c'est ça qui faisait, alors que la loi fait bien d'autres choses que
ça et vise beaucoup plus large. Et on peut bien se demander quelle est la volonté en arrière de cette loi-là parce que ce
n'est clairement pas, dans bien des cas, la pérennité des régimes de retraite pour les deux...
la question de la capitalisation — comme je vous disais, plusieurs régimes
de retraite, ils sont capitalisés suffisamment — et le taux de
cotisation.
Deuxième volet dans ce projet de loi là qui est
assez surprenant… Et ma collègue députée de Taschereau, lorsqu'elle était
ministre, avait bien fait attention justement de ne pas revenir sur les bris de
contrat. Et ça, les bris de contrat, M. le
Président, là, c'est extrêmement inquiétant parce que ça va instaurer de
l'instabilité contractuelle au Québec. Le
gouvernement se permet, une tierce partie qui est le gouvernement se permet de
venir briser des contrats qui ont été signés
par deux autres parties, c'est-à-dire les employés et les municipalités. Et là,
M. le Président, si on peut briser ce contrat-là, est-ce qu'on peut en
briser d'autres? Et ça, c'est extrêmement inquiétant.
Et
d'ailleurs, sur ce volet-là encore, encore, l'Institut économique de Montréal — jamais je n'aurais pu penser citer aussi souvent l'Institut économique de
Montréal — qui nous
dit que la question des contrats... «Le respect des contrats et, plus généralement, de la parole donnée…» Et là
je cite, je cite M. Michel Kelly-Gagnon : «Le respect des contrats et,
plus généralement, de la parole donnée, est
un des piliers d'une économie de marché fonctionnelle. […]Le respect des
contrats est au nombre de ces principes.»
Et là je le cite dans une lettre parue dans La Presse,
le 18 septembre 2014, où il dit : «La loi aurait pour effet d'amender les
clauses de contrats de travail signés il y a des années. […]Le point crucial
est qu'une telle mesure irait totalement — totalement! — à l'encontre de ce que devrait être une
société libérale, une société fondée sur la règle de droit, et non sur l'arbitraire gouvernemental», M.
le Président. Et là il dit : «Mes amis…» Parce que je comprends que
l'Institut économique de Montréal et le
Parti libéral sont probablement des amis. Donc, il parle au gouvernement, il
dit : «Mes amis, je vous le
demande, ne pensez-vous pas qu'on crée un dangereux précédent en légitimant
ainsi une mesure gouvernementale qui
pourrait demain s'appliquer à d'autres et se retourner contre, notamment, les
gens d'affaires», M. le Président.
Et d'ailleurs
il dit : C'est pourquoi je n'ai aucune hésitation à féliciter le
porte-parole du Parti québécois, député de Sanguinet, «qui déclarait plus tôt cette semaine — entre guillemets, la déclaration du député
de Sanguinet : "Il y a des choses qui sont impossibles à tolérer. Quand on parle de rouvrir des
conventions collectives signées de bonne foi entre les intervenants, qu'un tiers parti arrive et dise
on va changer la donne sans considérer l'opinion de quiconque, ce sont des ruptures de contrats. En agissant ainsi, la
parole et la signature de contrats ne valent plus rien. C'est grave."» Et
que rajoute l'Institut économique de
Montréal? Il dit : «En effet, c'est grave, très grave», M. le Président.
C'est donc un très grave précédent qui est en train de se mettre en
place par le gouvernement libéral. Totalement inacceptable!
L'instabilité
contractuelle, ce n'est pas rien. C'est dommage de voir comment le gouvernement
libéral traite cette question-là qui
est une question extrêmement importante pour les citoyens, pour les retraités
et pour les travailleurs. Le gouvernement
libéral a une attitude de provocation. Le gouvernement libéral a une attitude
de dénigrement de la fonction publique municipale. Les travailleurs
municipaux, M. le Président, sont des travailleurs qui sont là pour le
maintien, pour protéger, pour développer notre bien commun, nos infrastructures
collectives.
Attiser,
comme le fait le gouvernement libéral, la convoitise, la jalousie, de faire du
nivellement par le bas est une tactique
qui a été utilisée par le gouvernement libéral dans la crise étudiante, avec
les résultats qu'on a connus, M. le Président. L'arrogance, l'intransigeance dont fait preuve le ministre
dans ces dossiers n'est pas sans nous rappeler le dossier étudiant.
L'attitude du
gouvernement libéral sème les germes de l'agitation sociale, M. le Président. C'est dommage, c'est dommage parce que
ça va totalement à l'encontre de ce que les citoyens
demandent de la part d'un gouvernement : un gouvernement qui soit
responsable, un gouvernement qui soit à l'écoute, un gouvernement qui favorise la paix sociale plutôt que de provoquer le désordre
social.
Pour le Parti québécois, M. le Président, c'est
assez clair, et c'était clair dans le projet de loi de ma collègue députée de
Taschereau : pas de mur-à-mur; de l'espace de négociation, comme l'ont demandé plusieurs municipalités, dont ma municipalité, la ville de
Longueuil ; cibler des régimes de retraite qui sont en difficulté.
On demande
aussi, au niveau du Parti québécois, de la transparence. Il est inacceptable
que nous commencions l'étude du
projet article par article sans connaître les chiffres, parce qu'on nous dit
que c'est pour la pérennité, et, si une majorité de régimes de retraite ne sont pas en problème de pérennité,
donc, à ce moment-là, il faudrait les excluer de ce projet de loi.
Donc, M. le Président, pour toutes ces
raisons-là, j'espère, j'espère vraiment que le Parti libéral va changer d'attitude et va avoir une attitude beaucoup plus
à l'écoute, beaucoup plus ouverte, beaucoup plus constructive que ce
qu'on a connu jusqu'à présent, qui a été une attitude de fermeture et
d'intransigeance. J'espère que le gouvernement libéral se rend compte de l'ampleur de l'importance de ce dossier-là pour
la suite des choses. J'espère qu'ils ne sont pas en train d'indiquer leur façon de travailler pour
les régimes de retraite de l'ensemble de la fonction publique du Québec,
M. le Président.
Et
je souhaite un changement d'attitude du ministre des Affaires municipales, mais
également de l'ensemble du gouvernement
libéral, parce que le premier ministre est allé exactement dans la même
direction d'arrogance et d'intransigeance. Donc, j'espère que tant le
premier ministre que le ministre des Affaires municipales seront ouverts pour
travailler en collaboration avec l'opposition officielle pour bonifier le
projet de loi. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Vachon, pour cette intervention. Alors, je suis prêt à céder
la parole au prochain intervenant.
M.
Fournier : …l'opposition officielle — tiens, on va le dire… on va parler avec ceux
qui sont avec nous — à
l'effet que… Et tous les autres sont là aussi, M. le Président, évidemment. Le
règlement me les fait… les voir.
Ceci
étant, la prochaine intervention se finirait passé 13 heures, alors, plutôt que
de l'entrecouper, nous irons tout de suite à la soupe, et ils pourront
reprendre à 15 heures, avec le début de la prochaine intervention.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour suspendre les
travaux à ce moment-ci?
S'il
y a consentement, nous allons suspendre les travaux et être de retour à
15 heures, cet après-midi. Merci et bon appétit.
(Suspension de la séance à
12 h 49)
(Reprise à 15 h 3)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bonjour, chers collègues, bon après-midi. Veuillez vous
asseoir.
Alors,
ce que nous allons faire, c'est que l'Assemblée va poursuivre… poursuit, pardon, le débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 3, Loi favorisant la
santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal. Et je suis prêt à entendre les interventions.
Alors, je reconnais M. le député de Berthier
pour son intervention sur le principe du projet de loi n° 3. À vous, M. le
député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, je vous salue et je salue les collègues
de l'Assemblée nationale. M. le Président, vous savez, on ne le dira jamais assez, c'est un privilège extraordinaire que de pouvoir s'exprimer en cette enceinte. C'est un privilège qui est permis à 125 personnes, de
pouvoir le faire de façon tout à fait libre et... j'allais dire «démocratique»,
et, oui, tout à fait libre, donc, de pouvoir le faire ici, à l'Assemblée
nationale.
Vous
savez, M. le Président, nous avons une des plus vieilles démocraties au
monde, ce n'est quand même pas rien. Et cette démocratie que nous avons, eh bien, elle a été gagnée de chaude
lutte, hein? Je ne pense pas pouvoir, M.
le Président, vous donner un cours d'histoire, vous en savez probablement pas mal plus long que moi sur le sujet, mais quand même, quand même, permettez-moi de faire un petit tour rapide, là,
sur cette démocratie qui est la nôtre. Elle a été gagnée de chaude lutte. On pourrait remonter aussi loin que
du temps des patriotes, M. le Président, les Fils et les Filles de la Liberté,
les patriotes qui, grâce à leurs
revendications, grâce à leur courage, je dirais, ont fait en sorte que le
Québec a pu, au fil du temps, se
donner cette belle démocratie qui est la nôtre. Certains de ces patriotes-là,
M. le Président, comme vous savez tout
autant que moi, ils ont perdu la vie, et ça n'a pas été une période très facile
de notre histoire. Et là je sens que tout le monde a hâte que je rentre dans le vif du sujet du projet de
loi n° 3. Ça va venir, ne vous inquiétez pas, je vais y arriver,
et vous allez comprendre pourquoi, tantôt, je commence de cette façon-là.
Donc, on a une
démocratie extraordinaire. Elles ne sont pas nombreuses à travers le monde, les
démocraties comme la nôtre, où on peut
s'exprimer librement, où on peut manifester librement dans les rues, où on peut
revendiquer librement sans avoir
crainte de représailles d'un État qui pourrait, dans d'autres circonstances,
être comme on le voit dans certains pays, un État qui pourrait être
brutal et totalitaire.
Cette
démocratie-là, M. le Président, elle est aussi, d'une certaine façon... Son
socle, le socle de cette démocratie-là repose
en partie, en grande partie à l'État de droit. Comme vous le savez, M. le
Président, nous avons un État de droit extrêmement,
je dirais, évolué, si je compare à certains autres pays à travers la planète.
Nous avons des droits, un État de
droit qui... Et vous dire aussi qu'évidemment l'État de droit, dans les
différents pays du monde, n'est pas nécessairement aussi articulé, aussi développé que le nôtre peut
l'être. Juste vous donner à titre d'exemple, M. le Président, là, ce que
nous avons comme État de droit ici, là.
D'abord, on a ce qu'on appelle le droit civil, donc le droit de la famille, le
droit des biens, le droit des
obligations, qui comprend le régime général d'obligations, droit de contrats
spéciaux — et on
aura peut-être l'occasion, si j'ai du temps, M. le Président, de parler
justement de contrats. On a aussi, évidemment, la responsabilité civile, qui se décline… — mais je vais vous faire grâce de la suite
pour la responsabilité civile, j'inviterai les collègues tout simplement à aller voir sur le Barreau du Québec
pour avoir la suite — le droit
international privé, le droit
commercial, droit des sociétés, le droit de concurrence, droit de la
consommation, le droit bancaire, droit financier, droit informatique,
droit comptable, droit économique.
Et ça ne s'arrête pas
là, M. le Président, il y a une série encore, comme le droit de la concurrence,
le droit à la propriété intellectuelle, le
droit à la propriété littéraire, artistique qui comprend le droit d'auteur, le
droit voisin du droit d'auteur, le droit de la propriété industrielle.
Et
il y a aussi une liste qui se continue, mais je vais passer immédiatement au
droit public, maintenant, parce qu'après le
droit privé il y a aussi le droit public. Donc, on a le droit constitutionnel,
bien sûr, le droit administratif, les finances
publiques, le droit international public, droit des collectivités
territoriales — intéressant,
c'est intéressant dans la situation
dans laquelle le Québec est présentement au niveau d'un droit des collectivités
territoriales — droit de
la fonction publique, droit du service public, le droit des marchés
publics, droit de l'urbanisme, droit de l'environnement.
Et
là, M. le Président, quand j'arrive au droit de l'environnement, je me permets
de faire une petite parenthèse.
On a vu le grand frère du Parti libéral à Ottawa, le chef, M. Justin Trudeau, faire une déclaration par rapport à la Chine. Il disait que la Chine, c'était un modèle de dictature extraordinaire parce que ça pouvait accélérer le développement de certains dossiers. Alors,
ça, c'est une déclaration de M. Justin Trudeau, qui trouvait ça
intéressant, une dictature comme la Chine, qui permet des fois
d'accélérer les processus.
Je
vous parle de la Chine, entre autres, M.
le Président, parce que
je lisais un article il y a quelques jours, et le journaliste… Et là
vous allez voir pourquoi je vous parle de droit depuis tantôt, État de droit.
Il y a un journaliste qui faisait allusion à la Chine en disant qu'en Chine les gens, malgré
le fait que ce soit une dictature, malgré le fait que ce soit extrêmement contrôlé, à leur corps défendant, faisaient des
manifestations, M. le Président. Il fait des manifestations justement
pour améliorer les conditions environnementales, pour s'assurer que des projets économiques
qui auront des répercussions
assurément très importantes sur la qualité de l'environnement… Donc, à leur
corps défendant, il fait des manifestations.
Bien sûr,
M. le Président, on ne voit pas ça dans les journaux, là, ça ne
passe pas tellement à la télévision non plus, parce que
la Chine, étant ce qu'elle est, c'est-à-dire un pays très fermé, qui contrôle beaucoup
l'information… On ne parle pas de démocratie ici, là, bien entendu. Je vous parle de ça, M. le Président, parce que je trouve ça extraordinaire, l'implication des citoyens à ce point-là, qui
risquent leur vie, risquent d'aller en prison parce qu'ils ont des valeurs solides puis ils veulent absolument
s'impliquer au risque et au péril de leur vie.
Je
pourrais faire un détour, M. le Président, avec la grève étudiante, où on a vu
le projet de loi n° 78, vous vous en rappelez, tout le monde s'en
rappelle, hein, le projet de loi n° 78 — et je reviens sur l'État de
droit — le
projet de loi n° 78, M. le Président,
qui limitait la possibilité de faire des rassemblements, qui a été dénoncé par
le Barreau du Québec, on se
rappellera, qui a même été dénoncé par l'Organisation des Nations unies, ce
n'est quand même pas rien, et que, lorsque nous avons été choisis par la population, M. le Président, pour occuper
les rênes du pouvoir, nous avons immédiatement abrogé cette loi
totalement inique.
Je tenais à vous
parler de ça, M. le Président, parce que je sais que nous avons eu une
intervention sur une motion de report. Vous
savez, on a demandé une motion de report sur le projet de loi n° 3 — vous
êtes au courant, M. le Président,
je ne vous apprends rien, là non plus — et
il y a eu une intervention du député
de Châteauguay jeudi passé.
J'ai pris la peine, parce que,
bon, pour toutes sortes de raisons, M.
le Président, je ne pouvais être ici… Je sais
qu'on n'est pas censé dire qu'on...
je le fais pour moi. J'étais occupé à d'autres fonctions, et j'ai quand même
écouté l'intervention du ministre des Affaires municipales, donc le député
de Châteauguay, et j'ai trouvé ça assez incroyable, M. le Président, parce que, le ministre, ce qu'il disait… Dans le
fond, il nous accusait d'utiliser de la procédure et de la procédurite, donc un
règlement qui nous gouverne ici, en cette Assemblée. J'aurais le goût de dire,
M. le Président, que, si le Parti libéral considère que les règles qui nous
gouvernent ne sont pas les bonnes, bien, écoutez...
• (15 h 10) •
Mme
Vallée : ...règlement.
Le collègue assume… ou prête des intentions aux intervenants et à ceux qui se
sont exprimés. J'aimerais tout simplement qu'il use de prudence, là,
dans ses propos.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui. Juste une minute! J'écoutais, là, très
religieusement, et je ne pense pas que
se servir d'un exemple qui existe, là — le règlement permet une motion de
report — c'est de
prêter des intentions à qui que ce soit. Donc, moi, je n'ai pas vu ça.
Par
contre, c'est toujours la règle, il faut toujours faire attention aux propos
que l'on tient pour ne pas prêter de motifs. Je n'ai pas senti qu'il y
en avait. Alors, veuillez poursuivre... Veuillez poursuivre, M. le député.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Oui, écoutez, si, donc, la
partie gouvernementale considère que les règles qui gouvernent cette
Assemblée ne sont pas adaptées à leurs façons de faire ou à la façon qu'ils
voudraient faire les choses, eh bien, ils
n'ont qu'à faire les représentations aux endroits nécessaires pour peut-être
pouvoir changer ces règles-là. Mais
vous dire, M. le Président, que c'est assez ironique, c'est assez ironique
parce qu'il décriait cette procédurite qu'est la motion de report, et là, M. le Président, il s'apprête, le
gouvernement s'apprête à faire… Écoutez, je ne sais pas comment faire l'adéquation. Il n'y a pas d'adéquation,
finalement. Il s'apprête à briser des contrats et il nous accusait d'utiliser
la motion de report.
Une autre parenthèse,
M. le Président, parce que j'ai été très… ça m'a interloqué beaucoup, parce que
j'ai moi-même dû me lever, lorsque nous
étions au gouvernement, ici, donc au salon bleu, j'ai moi-même dû me lever
parce que la députée de Soulanges,
sur le projet de loi n° 33 en septembre 2013, avait déposé une
motion de report, et c'était par le
Parti libéral. Là, à un moment donné, il faudrait être cohérent un petit peu,
M. le Président. Et je m'en rappelle parce que, savez-vous quoi, quand je me
suis levé pour la motion de report du Parti libéral, je me suis levé en disant
que c'était bien parce que ça nous
permettait de dialoguer puis de tenter de trouver peut-être une voie de passage
dans le différend qui nous opposait à
ce moment-là, M. le Président. Et ça n'a pas été du tout l'attitude du député
de Châteauguay, on l'a vu jeudi
passé, M. le Président. C'était une attitude… Et là je ne veux pas prêter
d'intentions, mais on pourrait à la limite penser qu'il y avait une
certaine forme d'intimidation, par rapport à l'attitude qu'avait le député de
Châteauguay.
Mais je ne veux pas en dire plus que
ça là-dessus, M. le Président, mais je tenais à le préciser, parce que, les
débats, je les ai écoutés
religieusement. Les débats ici, à cette Assemblée, depuis quelques jours, M. le
Président, vont très bien, et je vous
donne ma… je vous garantis ma collaboration pour que ça continue à bien aller,
soyez sans crainte, mais je tenais à faire ce point-là parce
qu'honnêtement ça m'a beaucoup frappé.
Bon,
alors, ceci étant dit, M. le Président, je plonge dans le projet de
loi n° 3, ou à tout le moins dans les implications du projet de loi n° 3 qui est devant
nous présentement. La nécessité d'agir, M. le Président, là-dessus, là, tout le
monde s'entend. Les régimes de retraite, les retraités, ceux qui sont
actifs, les travailleurs actifs, donc, leurs représentants syndicats… syndicaux, que ce soit au niveau des
élus municipaux, les municipalités, dans la population, tout le monde s'entend qu'il y a là un problème qui se pose, et
il faut absolument y remédier. Personne n'a intérêt, de tous ceux que je
viens de nommer, là, personne n'a intérêt à
ce que ce problème-là ne soit pas abordé et ne soit pas réglé. Moi, je ne
connais pas un retraité, M. le
Président, qui pense… qui espère qu'un jour il n'y aura plus d'argent dans la
caisse, parce qu'elle va être à sec,
puis qu'il ne sera plus capable, finalement, de subvenir à ses besoins ou aux
besoins de sa conjointe, conjoint, etc. Donc, il y a là une nécessité
d'agir, c'est très, très, très clair. Il faut assurer la pérennité des régimes.
Il
faut s'assurer évidemment, aussi, de la capacité de payer des Québécois, parce
qu'on le sait les régimes pèsent lourd
présentement sur les municipalités du Québec. Et qui paie la facture en bout de
ligne, au niveau des municipalités du Québec? Eh bien, ce sont les
contribuables, c'est très clair. Donc, il faut vraiment trouver une solution,
et, à mon humble avis, le projet de
loi n° 3 qu'on a devant nous, M. le Président, à moins d'être
amendé — et
j'espère que ce sera ça, la
conclusion — présentement
non seulement ne viendra pas régler des problèmes majeurs, mais risque aussi de
finir, malheureusement, dans la confrontation, ce que nous ne souhaitons
pas, personne, ici.
Vous
dire qu'il y a 170 régimes, M. le Président, il y a
122 000 participants et il y a à peu près 50 000 retraités.
Bon, nous avons, M. le Président, déposé,
hein, nous avons déposé une motion pour rejeter, justement, le projet de loi
n° 3. Et je vous lis la motion, M. le Président :
«Que
l'Assemblée nationale exige des municipalités et des villes…» Pas rejeter,
mais plutôt pour avoir des chiffres.
«Que
l'Assemblée nationale exige des municipalités et des villes qu'elles
fournissent, avant le 30 septembre 2014, leurs évaluations
actuarielles à jour au 31 décembre 2013 à la Régie des rentes du
Québec;
«Que
la Régie des rentes du Québec transmette ces évaluations actuarielles, avant le
9 octobre 2014, au Secrétariat des commissions de
l'Assemblée...»
M.
le Président, je reviens à l'intervention du député de Châteauguay jeudi passé.
Le député de Châteauguay, dans son
intervention, et je lis au texte, là : «Essentiellement, le gouvernement
n'a pas la prérogative d'exiger que les municipalités déposent les études actuarielles avant le
30 septembre parce qu'essentiellement ces études actuarielles
appartiennent aux comités de retraite, et non pas aux villes.» J'ai été
voir la définition, M. le Président, de «prérogative».
On
a ici un gouvernement qui est majoritaire, soit. On a un ministre des Affaires
municipales, M. le Président, qui veut aller rapidement dans le projet
de loi n° 3. Il veut aller rapidement et il nous dit que les chiffres,
donc, au 31 décembre 2013, ne sont
pas disponibles puis qu'il n'a pas la prérogative d'avoir ces chiffres-là. M.
le Président, on va s'entendre sur
une chose, là, parce que, dans son intervention, il parle de courage, là.
Alors, moi, je dis : Un peu plus de courage, s'il vous plaît, de l'autre côté, et un peu plus de bonne
volonté aussi, parce que… et il faut faire les démarches nécessaires
pour obtenir ces chiffres-là.
M. le Président, je
le dis régulièrement ici, et ça me fait toujours plaisir de le dire : J'ai
été maire pendant neuf ans. J'ai eu ce
privilège-là. J'ai été préfet, j'ai été chef d'entreprise. Et tous ici, nous
avons une expérience qui est différente,
mais tout le monde va s'entendre sur une chose : lorsqu'il y a un problème
qui se pose, lorsque vous avez un problème
qui se pose… Et j'ai toujours dit ça, moi, j'ai toujours dit ça aux
membres du conseil, même quand j'avais mon entreprise, aux gens qui travaillaient avec moi dans l'entreprise :
Lorsqu'un problème se pose et qu'on sait, qu'on sait qu'il y a un élément qui existe, on n'a pas le
droit de prendre une décision, M. le Président, avant d'avoir cet élément-là.
Si on ne sait pas qu'il existe, ça, c'est
autre chose. Si on ne sait pas que cet élément-là existe, ah! là, c'est autre
chose. Là, on travaille avec ce qu'on
a comme équation. Mais, quand on sait qu'il y a un élément de l'équation qui
existe, il est là, il faut aller le
chercher pour le rentrer dans l'équation, M. le Président. On ne peut pas faire
autrement que de s'assurer, pour la suite des choses, d'avoir cet
élément-là.
Et
là, je vous dirais, moi, j'en appelle, M. le Président, au gros bon sens. J'en
appelle au courage, assurément, en tout
cas, le ministre des Affaires municipales, de s'assurer de fournir ces
chiffres-là. On n'a pas le droit de prendre une décision, on n'a pas le droit de commencer à faire des hypothèses sans
avoir les chiffres du 31 décembre 2013. D'autant plus, M. le Président, et là c'est important,
parce que vous avez vu en commission, lors des consultations particulières,
la prétention des uns et la prétention des
autres. Certains disaient : Le déficit est de 3,9 milliards, d'autres
ont dit : Il est de 2 milliards.
Alors, il y a un écart du double, là, du simple au double. Alors, ça commence à
faire beaucoup, ça, comme écart.
Alors, il faut s'assurer d'avoir les bons chiffres pour être en mesure de
prendre les bonnes décisions. On ne peut pas, donc, penser arriver à trouver une solution… Puis on essaie de trouver
la solution la meilleure pour tout le monde, M. le Président, mais ça prend nécessairement les chiffres pour
compléter cette équation-là. Donc, j'en appelle au ministre et puis je lui dis : M. le ministre, faites
ce que dois, hein — la fameuse
maxime, faites ce que dois — et assurez-vous qu'on puisse avoir
les chiffres. Et on l'a dit…
• (15 h 20) •
Et
je reviens à la motion de report qui avait été déposée par la députée de
Soulanges à l'époque. Ils demandaient trois
mois, M. le Président, ils demandaient un report de trois mois. Nous, ce qu'on
demande, c'est un report, je pense ne
pas trop me tromper, au 15 octobre, quelque chose du genre, pour être sûrs
qu'on puisse avoir, évidemment, les chiffres pour être capables de prendre la plus sage des décisions. Donc, j'en
appelle au ministre. Je suis certain que, s'il fait les efforts, d'après moi, ces chiffres-là sont
disponibles, M. le Président. Et je ne suis pas trop inquiet que les gens qui
les ont, si on leur demande, ils vont les fournir.
M. le Président, le temps file. Je veux peut-être ajouter ceci : Je veux en venir au bris
d'entente. Nous avions, nous… Et Mme la députée de Taschereau l'a fait
d'une façon extraordinaire, très claire, elle a expliqué que nous, là... Puis
je reviens à ce que je vous disais tantôt, qu'on n'a pas le droit de prendre
une décision sans les chiffres. La députée de Taschereau disait que tous les déficits passés, ils s'en
allaient à une table de négo — la
leader, pardon, excusez-moi, la
leader — ils s'en allaient, donc, à une table de
négociation. Une table de négociation, ça veut dire quoi? Ça veut dire que
c'étaient les retraités, c'étaient les
travailleurs actifs, donc, les représentants syndicaux, c'étaient les
municipalités qui se seraient
entendues pour la suite des choses, M. le Président. C'est très différent de ce
qu'on a présentement comme projet de
loi n° 3 actuellement sur la table. Ce qu'on a sur la table
présentement, c'est vous tous, là, ici, là, c'est nous tous, les législateurs, qui allons décider… On va
décider, là, on va décider pour 122 000 personnes ce qui est bon pour
eux. Moi, je nous mets en garde, je
nous mets en garde : Nous avons le devoir, si on fait ce travail-là, ici,
avec le projet de loi n° 3 comme il est actuellement… Si on refuse,
j'allais dire, d'insérer… oui, si on refuse que les parties prenantes soient, justement, à la négociation pour trouver une
solution et que c'est le législateur, c'est l'Assemblée nationale qui va
prendre cette décision-là, M. le Président, je nous mets en garde de
travailler sans avoir tous les éléments en main.
Je vais
finir, M. le Président — parce qu'il y en aurait long à dire sur les bris de contrat — je vais finir en vous disant ceci, et je pense… j'ai une pensée pour les
retraités, M. le Président, et les futurs retraités, dont je suis. Le député
de Terrebonne, il se trouvait très jeune
pour parler du projet de loi n° 3, là, mais moi, je commence à prendre un
peu d'âge. Alors, oui, il y aura
assurément, un jour, la retraite. Vous dire, M. le Président, et puis notre
chef, hier, il l'a dit : Ces gens-là, M. le Président, ils ont bâti le Québec. Vous savez, le Québec
d'aujourd'hui, là, ce magnifique Québec, avec ce potentiel
extraordinaire que nous avons d'être des leaders sur la planète, que ce soit en
environnement, que ça soit… et qu'on pense à toute la filière des énergies
propres, on a la chance d'avoir un Québec et… mais on a aussi… d'une certaine façon, c'est aussi une responsabilité que nous
avons, ce legs que nous avons eu. Et, vous savez, M. le Président, je le dis,
ce discours-là, je le tiens régulièrement
quand je rencontre les personnes âgées. Je leur dis : Vous avez travaillé
fort pour nous donner un Québec
extraordinaire. Nous, on a le devoir de s'assurer que vous puissiez continuer à
vivre avec une qualité de vie qui convienne et qui soit correcte.
Et là ce
qu'on veut faire avec le projet de loi n° 3, M. le Président, c'est
changer, de façon unilatérale, briser des contrats, briser des contrats, qui vont, dans certains cas, assurément,
venir appauvrir des gens qui, déjà, vivent avec un minimum, qui vivent avec un minimum de revenus.
Vous savez, M. le Président, quand on est dans la force de l'âge, on peut toujours dire : Bien, je vais travailler
un peu plus. Ces gens-là n'ont plus cette opportunité-là, ils sont rendus à un
âge où ils ont contribué à faire du
Québec ce qu'il est, et nous, là, on a le devoir de s'assurer qu'on va les
protéger, qu'on va protéger leur retraite, M. le Président. Je pense que
c'est la responsabilité que nous avons, nous devons assumer cette responsabilité-là. Et évidemment il faut aussi
dire que le projet de loi n° 3… D'une certaine façon, le projet de loi n° 3
nous amène vers une pente glissante qui pourrait effectivement toucher plus que
les 122 000 personnes actuellement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député de
Berthier, de votre intervention. Et je suis
prêt à entendre la prochaine intervenante, et il s'agit de Mme la députée de
Taschereau, leader de l'opposition officielle. Mme la députée de
Taschereau, à vous la parole.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Merci, M. le Président. J'ai hésité longuement avant de décider d'intervenir
sur le projet de loi n° 3. C'est
toujours difficile pour une ministre qui a déposé un projet de loi sur un sujet
et qui se retrouve dans l'opposition et
doit critiquer la position de l'autre parti, l'autre proposition, mais je pense
que c'est de mon devoir de le faire. Alors, je serai la dernière intervenante de notre parti à prendre la parole sur
le projet de loi n° 3 avant, probablement, son adoption.
Alors, je
vais quand même revenir à quelque chose. Puis, je pense, si j'ai un thème,
c'est : Attention! Parfois l'enfer est pavé de bonnes intentions.
L'Assemblée nationale va poser un geste
inhabituel. Ce geste inhabituel, c'est d'intervenir dans des contrats dont elle n'est pas partie. Et, s'il y a quelque
chose que j'ai retenu des forums sur les régimes de retraite que nous avons
tenus et sur la commission parlementaire du rapport D'Amours, parce qu'il s'est
tenu une commission parlementaire là-dessus,
c'est qu'il fallait être extrêmement prudents et que le geste qui allait se
poser serait exceptionnel. D'ailleurs, le collègue de l'époque, du Parti libéral, qui était Henri-François
Gautrin, le député de Verdun, était d'accord avec moi là-dessus. Il
faudrait agir une seule fois, de façon prudente et exceptionnelle.
Nous allons
briser des contrats entre des parties et nous ne sommes pas de ces deux
parties. On ne va pas agir sur les
régimes de retraite du gouvernement, on ne va pas agir sur quelque chose qui
normalement doit être géré ici, on va agir
sur quelque chose qui nous est extérieur. Et d'ailleurs, la loi sur les régimes
de retraite de la Régie des rentes, ce n'est pas pour rien qu'il faut une nouvelle loi, elle nous interdit
normalement de faire ce que nous sommes en train de faire. Vous comprenez, là? Normalement, on n'a même pas
le droit d'intervenir sur un régime de retraite dont on n'est pas partie.
Donc, on fait quelque chose d'exceptionnel.
En ces cas-là, comme parlementaires, comme gouvernement, on doit toujours
être extrêmement attentifs. Il faut agir
avec prudence. Je pense que, la notion de prudence, tout le monde s'entend
là-dessus.
Pour bien comprendre où est-ce qu'on en est
rendus, je vais vous ramener au début, au rapport D'Amours. Quand je suis arrivée en poste, en fonction,
j'étais à la fois ministre du Travail et ministre de l'Emploi, donc responsable
de la Régie des rentes en même temps. Le
rapport D'Amours allait être déposé. Il a été déposé par M. D'Amours et il a
apporté tout à coup une vision large des
régimes de retraite. Et, dans les premières pages du rapport D'Amours, si vous
y allez, vous allez le voir rapidement, on
nous parle des trois paliers, on décrit les régimes de retraite comme étant une
maison. Le palier de
la base, ce sont les grands… c'est le régime fédéral, la sécurité de la
vieillesse. Ce qu'on appelle le deuxième
étage, c'est les régimes du Québec, la Régie des rentes du Québec, et lui, il
ajoute quelque chose dont, tiens, c'est
drôle, on n'en entend plus parler, la rente longévité, qui était une
proposition du rapport D'Amours. C'était même, d'après M. D'Amours, l'élément central du rapport D'Amours. Son
troisième étage, l'autre palier, c'est ce qu'on complète par des rentes soit collectives qu'on appelle des
régimes de retraite, soit des REER, des rentes individuelles. Mais donc
il y avait trois étages.
Je tiens
juste à remarquer d'abord que, dans tout le débat sur les régimes de retraite,
depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, nous n'entendons plus
parler d'une hausse potentielle du Régime des rentes du Québec. Nous n'entendons plus parler non plus du possible appui
du gouvernement du Québec à une hausse de la sécurité de vieillesse, du RPC au Canada, parce que ça doit se faire de
façon concordante. Nous n'entendons plus parler et nous n'avons jamais
entendu parler de ce que pense l'actuel gouvernement de la rente longévité. Je
fais juste rappeler ça, là, dans l'air. Le débat
sur les régimes de retraite n'est pas qu'un débat municipal, c'est un débat
collectif, et la volonté de M. D'Amours, puisqu'on réfère souvent au rapport D'Amours, c'était de nous amener à une vision globale des régimes de
retraite. Et c'est ce problème-là aussi qu'il faut régler.
Maintenant,
sur ce troisième étage des régimes complémentaires de retraite, il s'est tenu
des consultations. D'abord, M.
D'Amours est allé, à travers le Québec, faire une tournée et expliquer son rapport.
Ensuite, c'était une commission
parlementaire ici, qui a débouché sur un rapport unanime comme quoi il fallait
arriver à certaines solutions. Ensuite, il y a eu concertation. Nous avons tenu
des forums avec les maires, les syndicats, les municipalités. Ensuite, il y a
eu consensus sur un projet de loi, le projet de loi n° 79, c'était le consensus de l'époque. C'est la
seule fois qu'il y avait eu un consensus
à l'effet… Et c'est important dans le rapport D'Amours. Le consensus n'était
pas autour de régler le problème de
la fiscalité municipale, qui est un problème sérieux, auquel je pense
aussi qu'il faudra s'attaquer un jour, le consensus, c'est : il faut sécuriser la vieillesse de
nos aînés, et donc il faut aussi rétablir le financement et réorganiser… stabiliser le financement des régimes
à prestations déterminées. Cet objectif-là, nous le partageons encore. Je tiens
à le dire, là : Là-dedans, là, tout le
monde le partage encore, cet objectif-là. Mais moi, je n'oublie pas que,
derrière, il y a d'autres questions qui sont laissées en plan, il faudra
y revenir un jour. Mais là on partage cet objectif-là.
Maintenant,
quand le… Je ne m'attendais pas à ce que le gouvernement dépose le même projet
de loi, bien sûr, mais il y avait
quand même un consensus, des consultations, une concertation. Ce que je trouve
dommage, je le dis, c'est qu'on ait
oublié qu'il y a eu des consultations, qu'il y a eu de la concertation et qu'il
y avait un consensus. Je m'attendais à du
respect pour la consultation et la concertation. Ce n'est pas le choix
gouvernemental, c'est leur choix, je le dis, mais je pense quand même qu'on a oublié que, derrière
ça, il y avait beaucoup de boulot, qui n'était pas le boulot du gouvernement
du Parti québécois, qui était le boulot des
partenaires, qui sont les parties qui avaient signé le contrat. Ce n'est pas
nous qui avons signé le contrat, je
le rappelle, il faut toujours s'en rappeler, ce ne sont pas les parlementaires
qui faisaient partie des contrats des
régimes de retraite. Nous ouvrons leur contrat. Alors, il fallait aller
chercher leurs opinions sur leur contrat. Ça, c'est extrêmement
important dans la discussion.
• (15 h 30) •
Donc, nous
partageons l'objectif, ça, c'est clair, mais les façons de faire ne sont pas
les mêmes. Je pense que… J'aurais aimé que le ministre des Affaires
municipales participe aux consultations et aux concertations, ça aurait peut-être donné de meilleurs résultats, mais
enfin. Je vais faire image avec une chose : Qui porte le projet de loi?
Sous nous, sous notre gouvernement du
Parti québécois, j'étais ministre du Travail et ministre responsable de la
Régie des rentes du Québec. Donc, le
projet de loi que nous avions déposé était axé sur les relations de travail.
Pourquoi? Parce que les régimes de
retraite sont le résultat d'une relation de travail, d'une négociation entre
partenaires de travail, pas négociation entre le gouvernement et les
municipalités ou entre le gouvernement et les syndicats. Les régimes de
retraite sont le résultat d'une relation entre les municipalités et les
syndicats. Donc, qui portait le projet de loi? C'est quelqu'un qui travaillait, qui avait la responsabilité des
régimes de retraite et des relations de travail. Ça donnait donc un projet de
loi qui avait une vision de ces deux univers.
Qui porte le
projet de loi au gouvernement actuel? C'est le ministre des Affaires
municipales. Il y a donc une vision affaires
municipales, et là je pense qu'il y a un problème. C'est pour ça qu'on ne
retrouve pas ce qui est fondamental dans les négociations et dans les relations de travail par le projet de loi
et qu'on ne retrouve pas non plus l'esprit qui règne à la Régie des rentes du Québec. L'esprit qui règne à
la Régie des rentes du Québec, c'est que tu ne te mêles pas d'un régime de retraite qui a été négocié, tu essaies de
concilier, tu essaies de concilier les parties. Deuxièmement, tu consultes les
retraités avant de leur enlever des acquis.
C'est interdit, dans la loi de la
Régie des rentes du Québec, de faire ce qu'on fait actuellement. On va inverser des choses qui sont la confiance
envers notre Régie des rentes et envers nos régimes de retraite, là. Alors, c'est un geste sérieux
qu'on pose, c'est un geste très,
très, très sérieux. Donc, on s'en va
à l'encontre de toutes les règles dans ces milieux de travail là.
Il y a trois éléments. Je ne parlerai pas longtemps,
M. le Président, puis je vous le dis, mais j'ai trois affaires à placer. Le partage des déficits passés. Dans la proposition qu'on faisait, on était d'accord aussi qu'il
y a certains régimes de retraite où il faut véritablement se rendre jusqu'à regarder des déficits passés et probablement, pour pérenniser leurs régimes
de retraite, les restructurer et les rendre durables. C'est l'esprit, rendre
durables les régimes de retraite à prestations déterminées. Probablement qu'il y
en a certains où il faut se rendre
jusque-là pour réussir à les pérenniser. Mais ce n'est pas à nous de le choisir, c'est aux gens qui l'ont
négocié, qui sont d'accord pour les pérenniser, qui sont d'accord
pour les rendre durables. Là, ce qu'on fait dans le projet de loi qui
est présenté sur la table, on nous demande de briser le contrat et d'édicter les règles du partage des déficits
passés. Ce sont donc les parlementaires qui non
seulement acceptent ce que nous, nous avions accepté, d'ouvrir une règle de
la Régie des rentes qui… Tu ne reviens pas sur des régimes de retraite dont tu n'es pas partie, tu ne brises pas un
contrat dont tu n'es pas partie. Mais, en plus, c'est nous, comme parlementaires, qui
allons édicter les règles du partage. Donc, on s'en va non seulement briser un contrat et l'ouvrir, mais on s'en va le réécrire. On ne s'en va pas seulement
briser un contrat et dire : Voilà, vous allez ouvrir puis on vous oblige à
pérenniser. On s'en va, nous, décider
comment ça va être pérennisé, on prend parti. C'est un
problème, à mon avis. C'est un pas où on est allés un petit peu
trop loin, à mon avis, je dis bien simplement.
En plus, on
n'a pas les chiffres. On ne sait pas quels régimes… dans quel état ils
sont. J'espère qu'on va l'avoir pour
le 9 octobre au moins ou quand on va commencer l'étude article par article, je pense que ça devrait arriver la semaine
prochaine, mais ça nous prend les données. Ça, c'est clair pour moi.
L'autre
point, la suspension automatique de l'indexation. Pour résorber le déficit
passé, on va jusqu'à suspendre automatiquement,
de façon automatique, l'indexation des retraités. Encore une fois, je le
répète, normalement, on n'a pas le droit de faire ça. La Régie des rentes du
Québec nous l'interdit. Pourquoi? Parce que toute la confiance en les régimes
de retraite, elle est là. La confiance, elle
est dans le contrat qui est signé, et le retraité, il se dit : Moi, j'ai
signé un contrat et j'ai un régime de retraite qui me garantit qu'il va
m'arriver ça toute ma vie. Si vous voulez casser son contrat, si vous voulez retourner en arrière et aller toucher sa
capacité de vivre, sa qualité de vie, tout ça, il faut que vous le consultiez.
C'est ça que la loi dit actuellement. La
consultation est disparue de la loi présentée par le gouvernement libéral. Il
n'y a plus de consultation auprès des retraités, il n'y a plus de
consultation. C'est comme si on avait décidé que c'était une faillite dans les municipalités puis que, ça y
est, ça passait par là, et tout. Moi, je pense qu'il faut revenir à l'esprit
des régimes de retraite, à la
confiance que les retraités ont en leur régime de retraite et au contrat qu'on
l'a assuré pendant des années qu'il allait être respecté.
Mais je vais
vous dire quelque chose. J'ai rencontré des associations de retraités comme des
syndicats, et ils sont prêts, eux, à
travers la négo, à les revoir, leurs régimes de retraite, et même parfois à se
rendre jusqu'à suspendre l'indexation. Mais
ils vont le faire si c'est à eux à le faire. Mais se le faire imposer par une assemblée
nationale, je pense qu'on va trop loin. Je le crois très sincèrement, M.
le Président.
Troisième point : on veut plafonner à 18 %
de la masse salariale les cotisations, ou 20 % chez les policiers, pompiers. Écoutez, il est important de créer des
fonds de stabilisation pour justement pérenniser les régimes de retraite
à prestations déterminées. C'est très
important. Ce qu'on se demande, c'est comment on va réussir à créer des fonds
de stabilisation. Ça, c'est nouveau,
c'est important. Comment on va réussir à les créer en plafonnant ce 18 %
ou 20 %? Je ne la sais pas, la
solution. Ça, c'est nouveau, cette idée de plafond là. Ce n'était jamais sorti
des forums, ce n'est jamais sorti de
la concertation, je n'ai jamais entendu parler de ça avant que ce soit dans la
loi qui nous est déposée. C'est peut-être une bonne idée, mais je me
demande comment il va réussir, dans certains cas, à se bâtir un fonds de
stabilisation.
Or, le fonds
de stabilisation, il est important parce que c'est là qu'on va s'éviter les
écueils qu'on vit aujourd'hui. C'est
là que, quand il va y avoir des variations des taux d'intérêt, le fonds de
stabilisation va nous permettre de temporiser les choses et de passer à
travers le temps, passer à travers les cycles des taux d'intérêt, les cycles
économiques. C'est important. Or, il ne
faudrait pas qu'en ayant cette clause-là, en y incluant le fonds de
stabilisation dans ce 18 %, 20 % là, bien, qu'on n'arrive pas à créer de fonds de stabilisation ou bien qu'on
soit obligés de charger très cher sur les déficits passés aux retraités.
Donc, il peut y avoir un problème à cet endroit-là.
Ce sont trois
choses que je tenais à commenter, tout simplement. Vous voyez à quel point
j'agis… je dirais, je m'exprime avec
prudence, parce que je pense que, dans la situation où je me trouve, je dois le
faire avec prudence. C'est toujours délicat de critiquer quelque chose
dans laquelle on croit profondément.
Quand M.
D'Amours m'a rencontrée pour me présenter le rapport et sa vision des choses,
je l'ai adopté, et on l'a expliqué
aux Québécois et aux Québécoises. À l'époque, on me disait : Ça va être
impossible. Moi, je pense que nous avons réussi à traverser beaucoup
d'étapes. Il y a un consensus, actuellement. Il n'y a pas de méchant dans cette
histoire-là, là, il y a des syndicats, il y a des retraités, comme il y a des
patrons, qui disent : Allons-y, restructurons et pérennisons nos régimes de retraite à prestations déterminées. Mais le
problème qu'on peut avoir, c'est qu'en se pavant de bonnes intentions ou en ayant seulement un angle
de vue on échappe le bébé avec l'eau du bain. Je le dis respectueusement
au gouvernement : Rappelez-vous, nous
ouvrons des contrats qui ne sont pas les nôtres, nous déciderons des conditions
de retraite de gens qui actuellement, avec
leur petit pécule, paient leur maison, vivent leur vie et s'attendent à les
terminer en sécurité. La sécurisation
de la retraite des gens, c'était l'objectif premier du rapport D'Amours, il
serait temps, je pense, d'y revenir.
Une dernière
chose : cette loi sera contestée. J'arrêterai là. J'ai été ministre, je
dois donc m'en tenir là, mais je peux
vous dire une chose : Pesons nos mots quand on va étudier article par
article. Cette loi va à l'encontre du mouvement des dernières décisions de ce qui s'est passé, en général, quand on
parle de droit d'association. J'arrête là, mais je vous dis : Pesons-nous, à l'étude article par
article, parce qu'on ne pourra pas… Ça va être quelque chose s'il faut revenir
en arrière, dans quatre, cinq ans, si cette loi se retrouve un jour
devant la Cour suprême.
Alors, voilà,
M. le Président, ces quelques mots. Et, si vous me permettez… ça termine mon
intervention, mais, si vous me
permettez, je vous dirai qu'en vertu de l'article 100 de notre règlement je
propose que nous ajournions le débat.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, un instant, là, parce qu'il y a deux, trois affaires à faire. Vous avez terminé votre intervention. Pour ce qui est de
l'ajournement, je voudrais, avant, vérifier si le principe du projet de loi
n° 3 favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de
retraite…
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Non? Ah! c'est vrai! C'est vrai!
Excusez, là, vous avez tout à fait raison. Oui, Mme la… Juste une
seconde, M. le député. C'est que Mme la leader adjointe était debout,
j'aimerais ça l'entendre.
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : Ce
ne sera pas long. Oui, oui. Excusez.
Mme Vallée :
Donc, M. le Président, l'opposition nous avait prévenus de la présentation de
la motion suite aux échanges. Nous
sommes disposés à acquiescer à la demande. Compte tenu qu'aujourd'hui c'est le
congrès de la Fédération québécoise
des municipalités et que plusieurs personnes... plusieurs de nos collègues
intéressés par le projet de loi et par nos
débats sont également retenus devant la Fédération québécoise des
municipalités, je pense qu'en tout respect pour les membres de cette Assemblée, pour les membres aussi
de la FQM, nous pouvons acquiescer à la demande et compléter le débat sur le principe du projet de loi
n° 3 mardi prochain — je pense que c'est ce qui a été convenu — après les affaires courantes, avec la
réplique du ministre des Affaires municipales.
• (15 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On sait que,
normalement, sur une motion d'ajournement, il peut y avoir des débats,
donc il faut que je pose la question : Est-ce que la motion d'ajournement
du débat est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, s'il n'y a pas de débat, elle est adoptée. Et là je retourne la parole à
Mme la leader adjointe du gouvernement.
Ajournement
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, dans les circonstances, je fais motion pour ajourner
nos travaux à mardi le 30 septembre, à 13 h 45.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une seconde. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Comme la motion est adoptée, nos travaux sont ajournés tel qu'on vient de
vous l'indiquer. Les travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 15 h 41)