(Neuf
heures quarante-six minutes)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, veuillez vous asseoir. Je vous souhaite un bon
mercredi à chacun, chacune des parlementaires.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous allons procéder maintenant
à ce pour quoi nous sommes convoqués, et c'est-à-dire la déclaration des députés. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Champlain pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous
la parole.
Souligner le 150e anniversaire
de Saint-Luc-de-Vincennes
M. Pierre Michel Auger
M.
Auger : Merci, M. le Président. Saint-Luc-de-Vincennes est une petite municipalité
située en plein coeur de la MRC des
Chenaux, dans le comté de Champlain. Cette année, Saint-Luc, comme l'appellent
fièrement ses habitants, célèbre son
150e anniversaire de fondation. Pour l'occasion, la municipalité offre une programmation variée qui donnera lieu à des retrouvailles et des rencontres familiales pour les résidents et les
visiteurs, et ce, tout au long de l'année. Voici un aperçu des
activités : concert présenté par des étudiants du conservatoire de
Trois-Rivières, journée champêtre, exposition de
photos et d'objets historiques, promenade en calèche, animation sous le
chapiteau, exposition d'artistes locaux, et j'en passe. Mentionnons également que cette municipalité d'environ 600
habitants est un modèle d'ouverture et de diversité culturelle. À Saint-Luc se côtoient des Canadiens
de diverses origines, que ce soit du Pérou, de la Côte d'Ivoire, d'Haïti,
de la Suisse, du Burkina Faso et du Niger.
En terminant, je vous
invite à venir découvrir la très belle municipalité de Saint-Luc. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Champlain. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Matane-Matapédia pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député, à vous.
Souligner le 75e anniversaire du Centre de
santé et de services sociaux de La Mitis
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, au fil des années, le CSSS de La Mitis a toujours joué un rôle
essentiel quant à l'offre de services de
santé dispensée à la population mitisienne. Grâce aux femmes et aux hommes de
valeur et de coeur qui ont animé cet établissement, ce sont 75 ans d'évolution
que nous commémorons cette année.
Je profite des
célébrations pour rendre un hommage bien mérité aux employés du CSSS de La
Mitis pour leur excellent travail. Ils ont
modelé ce complexe hospitalier, contribuent chaque jour à assurer des services
de santé de qualité aux citoyens de
La Mitis. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour assurer de
meilleurs soins et nous y travaillons ensemble, M. le Président.
Alors, aux employés
et usagers du CSSS de La Mitis, je vous souhaite un excellent 75e anniversaire.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on vous remercie. On vous remercie, M. le député,
pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Fabre
pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Rendre hommage à M. Luigi Giordano, chef cuisinier
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je rends hommage à M. Luigi Giordano, propriétaire
et chef cuisinier du restaurant Palmo, bien
établi chez nous à Sainte-Dorothée, et dont la notoriété est reconnue
mondialement. Depuis 40 ans, sa fine cuisine nous fait vivre un voyage
culinaire mémorable, inspiré de la gastronomie typique de son Italie natale.
Au
fil des ans, il a été décoré des plus hautes distinctions de la cuisine
italienne. En mai dernier, pour la cinquième année consécutive, il a obtenu la certification de maestro par l'Association
mondiale des chefs professionnels italiens. En novembre 2013, M. Luigi
Giordano est le seul chef d'Amérique du Nord à avoir reçu la reconnaissance du chapeau de platine, et
il a été invité par le Vatican à concocter un plat pour le pape
François premier. Outre ses prouesses culinaires, et fait plutôt
inusité digne de mention, M. Giordano a participé aux Jeux olympiques de Rome,
en 1950, comme marathonien.
M.
le Président, c'est un réel plaisir pour moi de me lever en cette Chambre pour
souligner le talent exceptionnel du chef Luigi Giordano.
M. Giordano, vos concitoyens sont fiers de vous. Bravo, maestro!
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Nicolet-Bécancour pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député, à vous la parole.
Rendre hommage à M. Jean-François Royal, directeur
général du Musée des religions du monde
M. Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, je souhaite, aujourd'hui, rendre
hommage à M. Jean-François Royal, directeur général du Musée des religions du monde à Nicolet. La mise
en marché de ce musée représente un défi très important, compte tenu de sa nature même. Et c'est à force d'audace, d'originalité
et de détermination que M. Royal et son équipe ont réussi à créer, pour
cette institution, une notoriété qui dépasse maintenant largement nos
frontières.
La plus récente
exposition mise en place par le musée a pour thème 1984… je me souviens,
et elle présente une rétrospective de la
visite du pape saint Jean-Paul II au Canada il y a 30 ans. M.
Royal a également participé activement au
débat concernant l'avenir du patrimoine religieux québécois avec le souci de
provoquer une réflexion en profondeur sur le sens et la place de la
religion dans notre société moderne.
Je félicite M.
Jean-François Royal et je lui souhaite le meilleur des succès dans les nombreux
projets qu'il caresse pour assurer l'avenir de notre précieux patrimoine
religieux et culturel.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député de Nicolet. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Richmond pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme la
députée, à vous.
Souligner le 15e anniversaire de la
Table de concertation pour les
aînés du Val-Saint-François
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières :
En ce milieu de semaine, permettez-moi, M. le Président, d'inviter mes
collègues de l'Assemblée nationale à se joindre à moi pour souligner le
15e anniversaire de la Table de concertation des aînés du Val-Saint-François. Regroupant plus de
24 membres, dont des organismes communautaires, institutionnels et privés,
la Table de concertation assure le suivi de
certains dossiers municipaux et régionaux, en plus de sensibiliser à la
maltraitance envers les aînés. C'est aussi à
la Table de concertation des aînés du Val-Saint-François que l'on doit le Salon
des aînés, le calendrier-bottin des ressources, de même que les
cafés-rencontres des aînés.
En
terminant, M. le Président, je félicite les membres de la Table de concertation
des aînés, dont la présidente, Mme Sylvia Wheeler, pour leur
générosité et leur dévouement à informer les aînés et leurs proches des
ressources humaines et financières, de même que les activités contribuant à
améliorer leur qualité de vie.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On vous remercie, Mme la députée de Richmond, de votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme la députée, à vous la parole.
Souligner l'inauguration du Village éphémère
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Prochainement aura lieu l'inauguration du Village
éphémère, un projet visant à mettre en
valeur un espace sous-exploité de Montréal. Cette année, l'Association de
design urbain du Québec a choisi d'installer
ce village au pied du pont Jacques-Cartier. Le centre-sud de Montréal jouit d'une
très grande proximité avec le fleuve Saint-Laurent. Malheureusement, ses
concitoyens et citoyennes n'y ont que trop peu accès. Le projet de Village éphémère prendra la forme d'une
promenade maritime accueillant une multitude d'activités et d'installations
permettant à la population
de s'approprier leurs berges. Voilà un moyen d'améliorer la qualité de vie dans Sainte-Marie, un quartier défavorisé de Montréal.
Aujourd'hui, je tiens
à saluer cette initiative de l'ADUQ, qui, en collaboration avec les Ami-e-s du
courant Sainte-Marie, l'Écoquartier
Sainte-Marie et Voies culturelles des Faubourgs, utilise toute leur créativité
pour valoriser ce secteur de la ville et permettre à la population de
rêver à des berges accessibles, en espérant que ce Village éphémère deviendra bientôt
un lieu permanent.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : On vous remercie,
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Je cède maintenant la parole à M. le député de Chambly pour sa
déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Rendre hommage au fondateur et aux bénévoles
de la Fondation J'ai faim à tous les jours
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, en 2001, à Chambly, M. Serge Allaire créait la Fondation J'ai faim à
tous les jours. Au départ, c'était une fondation qui était bien modeste,
mais malheureusement les besoins étaient immenses. Et aujourd'hui je pourrais dire
que la fondation aussi est immense. C'est maintenant des dizaines de
bénévoles qui réussissent, en travaillant extrêmement fort, à servir
plus de 300 repas chauds à des élèves, dans une quinzaine de villes, à
chaque semaine. En plus, il y a
des collations et des denrées qui sont distribuées dans des écoles et des organismes communautaires pour aider plus de 2 000 personnes. C'est un élan de générosité incroyable, et le
leader derrière tout ça, c'est M. Serge Allaire, qui est un véritable
phare, qui mobilise des gens autour de lui, à Chambly. Merci, M. Allaire. Merci
à tous les bénévoles qui contribuent à la Fondation J'ai faim à tous les jours.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Chambly. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Châteauguay pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député, à vous.
Rendre hommage à l'équipe de hockey
Les Grenadiers de Châteauguay
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Merci, M. le Président. Je tiens à saluer, dans nos tribunes, la présence à l'Assemblée
nationale des Grenadiers de
Châteauguay — je leur
demanderais de se lever — qui évoluent dans la ligue midget AAA du Québec. C'est avec
beaucoup de fierté que je les salue, les joueurs, des jeunes athlètes qui ont
terminé la saison 2013‑2014 en remportant la
coupe Jimmy-Ferrari pour la deuxième fois de leur histoire, à titre de
champions de la ligue de hockey midget AAA
du Québec. Ils ont également remporté la médaille d'argent lors du tournoi de
la coupe Telus pour le championnat midget
du Canada, disputé en avril dernier à Moose Jaw, en Saskatchewan. Et, M. le
Président, ils ont aussi maintenu la meilleure moyenne académique des
15 équipes en compétition.
Bravo aux Grenadiers!
Merci aux entraîneurs, aux bénévoles et aux parents qui ont contribué à vos
succès. Vous êtes des modèles pour tous les
jeunes hockeyeurs du Québec, une fierté pour les jeunes joueurs de la
circonscription de Châteauguay. Merci. Bravo! Longue vie aux Grenadiers!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Avec tant d'honneurs, la présidence se
joint au député de Châteauguay pour vous souhaiter la plus cordiale des
bienvenues à l'Assemblée nationale, en vous souhaitant une bonne journée et
sincères félicitations pour votre accomplissement.
Je
cède maintenant la parole à M. le député de Verchères pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député de Verchères.
Souligner le 30e anniversaire de la
Maison des jeunes de Varennes inc.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. C'est le 21 février
dernier que la Maison des jeunes de Varennes a célébré de belle manière
son 30e anniversaire de fondation. La jeunesse constituant la plus grande
richesse d'un peuple, il est heureux de
pouvoir compter sur la présence et l'action d'un organisme favorisant son
développement et son intégration harmonieuse
au sein de la communauté. Qui sait combien d'adultes en devenir ont pu trouver,
à un moment déterminant de leur
adolescence, l'écoute, le soutien et la valorisation dont ils avaient besoin,
et ce, grâce à l'intervention inestimable d'animateurs compétents et
attentionnés ou aux échanges entre camarades. La Maison des jeunes s'emploie en
effet à favoriser activement la
socialisation des jeunes, leur estime de soi et leur apport positif à la communauté, le tout dans un environnement sain, sécuritaire et stimulant. Qu'il
me soit donc permis de féliciter chaleureusement et de remercier toutes
les personnes grâce auxquelles nous avons pu célébrer ce 30e anniversaire.
Longue vie à la Maison des jeunes de Varennes et à ses membres, M. le Président!
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M.
le député de Verchères.
Et cette dernière déclaration met fin à la rubrique Déclarations de
députés.
Nous allons suspendre
les travaux pour quelques instants. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 9 h 56)
(Reprise à 10 h 13)
Le Président : Bon mercredi
matin, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques instants
Présence de MM. Michel Pigeon et Jacques Tremblay,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
Merci.
Veuillez vous asseoir. Nous avons dans nos... J'ai reconnu un de nos anciens parlementaires, M. Michel Pigeon, l'ancien député de Charlesbourg, qui est
avec nous. Et j'ai reconnu, malgré qu'il soit mieux caché, Jacques Tremblay, député
d'Iberville, ancien député d'Iberville, qui est avec nous aussi. J'ai un bon
oeil, hein? Ah oui!
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Fournier : M. le
Président, je vous demanderais d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 200
Le
Président : Alors, à l'article a du feuilleton, j'ai reçu le
rapport du directeur de la législation sur le projet de loi n° 200,
Loi concernant la Municipalité de Lac-Simon. Le directeur de la législation a
constaté que les avis ont été faits et publiés conformément aux règles de
fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Et je dépose ce rapport.
Mise
aux voix
En conséquence, M. le député de Papineau
présente le projet de loi d'intérêt privé n° 200, Loi concernant la
Municipalité de Lac-Simon. L'Assemblée accepte-t-elle d'être saisie du projet
de loi?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'aménagement du territoire
M.
Fournier : M. le Président, conformément au premier alinéa de l'article
267 du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à
la Commission de l'aménagement du territoire et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Mise
aux voix
Le Président : Est-ce que la
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Dépôt
de documents
Le Président : Adopté. À la
rubrique Dépôt de documents, M. le ministre de l'Économie.
Rapport
annuel et rapport de développement durable
d'Investissement Québec et états financiers consolidés
du Fonds de développement économique
M. Daoust :
M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport annuel et le rapport de
développement durable 2013‑2014 d'Investissement Québec, de même que les
états financiers consolidés de l'exercice clos le 31 mars 2014 du Fonds de
développement économique.
Le Président : Alors, ces
documents sont déposés. M. le ministre de l'Éducation.
Liste
des commissions scolaires touchées par
l'abolition de la péréquation additionnelle
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, je dépose la liste des
commissions scolaires touchées par l'abolition de la péréquation
additionnelle.
Le
Président : M. le ministre de l'Emploi.
Rapport annuel du Conseil de gestion de l'assurance
parentale et rapport actuariel du Régime
québécois d'assurance parentale
M.
Blais : M. le Président, j'ai le plaisir de déposer le rapport annuel
2013 du Conseil de gestion de l'assurance parentale ainsi que le rapport
actuariel, au 31 décembre 2013, du Régime québécois d'assurance parentale.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Rapport du Vérificateur général concernant la
vérification de l'optimisation des ressources et rapport
du Commissaire au développement durable,
accompagnés de documents de présentation
Pour ma part, je
dépose le rapport du Vérificateur général intitulé Vérification de l'optimisation
des ressources — printemps 2014 ainsi que le rapport du Commissaire au
développement durable. Ces deux rapports font partie du rapport du Vérificateur général du Québec à l'Assemblée
nationale pour l'année 2014‑2015 et ils sont accompagnés de documents
intitulés Présentation du contenu du rapport.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des relations avec
les citoyens et député de Chutes-de-la-Chaudière.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 2
M.
Picard : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des relations avec les citoyens qui, le 10 juin 2014, a tenu
des auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur le
projet de loi n° 2, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance. Merci.
Le
Président : Alors, ce
rapport est déposé. Il n'y a pas de dépôt de pétitions. Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
question de lois ou de privilèges… de droits ou de privilèges.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales,
et je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Évasion de trois détenus de l'Établissement
de détention de Québec
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Depuis maintenant 72 heures, M. le Président, depuis samedi soir, trois
individus accusés de crimes graves sont en liberté pour des raisons qui ne sont
pas encore connues. La responsabilité de la ministre et du gouvernement est claire, c'est celle de bien informer la population,
de rassurer cette population et de coordonner les efforts qui sont
entrepris par le ministère de la Sécurité publique, mais aussi par l'ensemble
des corps policiers du Québec et de la population.
Or,
ce qu'on assiste depuis samedi, c'est tout le contraire, M. le Président : de l'insécurité à chaque fois que la ministre ouvre la
parole… prend la parole, de la confusion, et, pire encore, aujourd'hui, on
ajoute même une crise de confiance pour un des plus importants des ministères
du gouvernement du Québec, soit le ministère de la Sécurité publique. Or, les causes, elles sont bien connues.
Pourquoi les individus ont réussi à quitter et à s'évader de cette
prison? C'est parce que les normes de
sécurité ont été abaissées. Ce n'est pas une enquête administrative qui va nous
le démontrer, on le sait déjà, et, de toute façon, j'imagine qu'il y
aurait eu enquête administrative.
Donc,
ce que je veux savoir du premier ministre aujourd'hui, clairement : Est-ce
qu'il peut nous dire pourquoi la sécurité sur ces individus a été
abaissée et par qui?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je pense que la question est fort bien
venue, parce que ce qui domine dans l'esprit de la population aujourd'hui et
dans l'esprit du gouvernement et des parlementaires, c'est la nécessité de porter une attention tout à fait prioritaire à la sécurité
des citoyens. Donc, la présence en liberté — puis je le rejoins totalement là-dessus — de trois individus potentiellement
dangereux, c'est ce qui nous préoccupe au premier chef, et on veut qu'ils
retournent derrière les barreaux le plus rapidement.
Maintenant, ce qui
est apparent, et on vient d'en parler dans une communication publique, la
ministre de la Sécurité publique et
moi-même, c'est que et la coordination d'actions et la coordination et la
cohérence des informations fournies
au gouvernement n'est pas satisfaisante. C'est la raison pour laquelle on a
déclenché… on va déclencher — Mme la ministre donnera des détails
de ça au cours des prochaines heures — une enquête approfondie dont
les conclusions seront rendues publiques et l'action qui s'ensuivra.
Maintenant,
sur les remarques du chef de l'opposition, je voudrais lui faire remarquer la
chose suivante. Il aurait été très
facile pour le gouvernement et pour la ministre de dire : Regardez, il y
avait déjà eu une évasion en 2013 sous le gouvernement précédent; par
définition, c'est leur faute. Non.
Des voix :
…
Le
Président : S'il vous plaît! M. le député de Matane-Matapédia,
je vous entends trop bien. Vous avez une belle voix, mais je vous
entends trop bien. M. le premier ministre.
M. Couillard : M. le Président, au contraire, nous avons dit... Alors qu'on voulait
nous entraîner sur cette piste, en passant, ce matin, nous avons dit
non. Nous ne préjugerons, nous ne présagerons pas du résultat de cette enquête.
Les décisions responsables seront prises en toute transparence, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Est-ce que j'ai besoin de rappeler au premier ministre que la communication d'information
à la population relève de sa ministre, qu'il a nommée vice-première ministre,
que la coordination des opérations relève aussi
de sa ministre? C'est le rôle ultime qu'elle a, M. le Président, et, à l'évidence,
elle a échoué lamentablement. Et ce n'est pas une enquête administrative
qui va nous éclairer sur le manque relativement à cette crise que nous vivons
actuellement.
Ce que nous voulons
savoir, c'est pourquoi ces…
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, la seule justification de l'emploi du mot
«crise», c'est la présence en liberté d'individus dangereux. Ça, c'est la
crise.
Maintenant, la raison
pour laquelle c'est arrivé, il faut aller au fond de la question. Et on ne dira
pas comme précédemment ça a été dit :
Bien, ça n'arrivera plus jamais, ça ne peut pas arriver encore, ce genre d'affaire
là. Deux fois, c'est deux fois de trop. Moi, je n'accepte pas ça, des
évasions en hélicoptère des prisons du Québec.
Maintenant,
pour ce qui est de la ministre, je veux lui réitérer à mon endroit… à son
endroit ma plus profonde admiration et ma confiance, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : La
séquence d'événements est simple. Samedi soir : évasion. Silence radio de
la part de la ministre. Lundi, elle
fait une annonce. Elle attend le briefing, elle choisit d'attendre le briefing
avant d'avoir l'information. Par la suite,
elle communique une information qui
est, selon toute apparence, fausse, que ce serait un juge qui serait
responsable de cette baisse des normes de sécurité.
Ça
fait que la question est claire, là, maintenant qu'on sait que ce n'est pas le
juge qui est responsable : Qui est responsable de la baisse des
normes de sécurité concernant les trois prévenus à la prison d'Orsainville?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, j'invite notre collègue à la plus grande prudence, il
vient de lui-même tirer une conclusion que rien ne l'autorise à tirer.
M. le Président, un peu de respect mutuel lorsqu'un de nous, un d'entre nous s'adresse
à cette Chambre.
Alors,
la question du jugement, parce qu'il y a eu un jugement de cour qui est, en
passant, frappé d'une ordonnance de non-publication, elle n'est pas anodine,
cette question-là, M. le Président. Elle fait partie de ce qu'il faut voir, mais ce n'est pas que ça qu'il faut voir. Il faut
vérifier les actions et la coordination des actions de tous les acteurs
concernés.
Et, quant à la ministre, elle était à
pied d'oeuvre dans les premières minutes, les premières heures. Elle a
utilisé l'information qui lui a été transmise. C'est d'ailleurs cette question
que nous voulons approfondir, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
La ministre s'est cachée derrière l'ordonnance de non-publication…
Le Président :
M. le chef de l'opposition officielle, avec l'expérience que vous avez ici, je
vous suggérerais d'être plus prudent.
M.
Bédard : …réfugiée derrière l'ordonnance de non-publication.
Maintenant, c'est le premier ministre qui tente de nous dire : Il y a une enquête administrative, je n'en parle
plus. Voyons! Voyons! Comment quelqu'un les pieds et mains liés à qui on refuse d'aller dans les zones
extérieures d'une prison peut s'évader, M. le Président? Si les normes de
sécurité avaient été maintenues, ces individus ne seraient pas en liberté.
Alors, le premier
ministre doit nous dire aujourd'hui tout simplement qui, comment, pourquoi on a
abaissé les normes de sécurité…
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Voilà, M. le Président, une des questions essentielles, à laquelle il
faudra répondre. Mais, encore une fois, une autre question pourrait être
pertinente : Que s'est-il passé après l'évasion de Saint-Jérôme de 2013?
Quelles ont été les actions posées? Quel a été le suivi? Quelle a été la
coordination des différents acteurs? Mais nous ne sauterons pas aux conclusions, M. le Président. Nous allons demander
à une personne indépendante de faire cet examen, de présenter son
rapport. Et, d'ici là, je veux le répéter parce qu'on nous entraîne sur un
débat qui est important, un débat de
processus qui est important, M. le Président, mais la préoccupation principale
du gouvernement aujourd'hui, c'est d'assurer la sécurité des citoyens et
des citoyennes du Québec et de ramener les bandits en prison.
Le Président :
Principale, M. le député de Matane-Matapédia.
Mesures de sécurité dans les
établissements de détention
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, encore une fois, ce n'est pas
clair. Encore une fois, la ministre est dans le brouillard.
Manifestement, il y a un brouilleur d'ondes opérant à proximité de son cabinet.
Hier,
et pour l'information du premier ministre, elle a dit la chose suivante :
«…à ma demande, le sous-ministre de la Sécurité publique a communiqué
avec Nav Canada, l'autorité responsable de la navigation aérienne, afin de
faire déclarer des interdictions de vol
au-dessus de certains centres de détention. NavCan a confirmé ce matin qu'elle
acceptait de mettre en place des zones d'exclusion…»
Ça a été dit en Chambre hier. Nav Canada dit quelques heures après que
c'est faux, qu'il n'y a pas d'entente.
M.
le Président, pourquoi
la ministre, en cette Chambre, nous a dit qu'il y avait une entente, alors que Nav Canada s'est empressée de dire que ce
n'était pas le cas?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, vous savez, mon collègue le député de Matane, avec ce qu'il ajoute
ce matin, ça ne fait que rajouter la
mauvaise information et d'entretenir la confusion, M. le Président. Et je pense qu'il est important de retenir que j'ai
des informations, il y en a un certain nombre que je peux mettre sur la place
publique, il y a un certain nombre d'informations que je ne peux pas.
Par contre,
concernant sa question directement, je pense qu'il sera très heureux d'entendre
que j'ai une confirmation écrite de la Sûreté du Québec que les démarches d'émission
de NOTAM — qu'on
appelle le Notice to Airmen, O.K.? — pour les exclusions de vol au-dessus d'un
certain nombre de centres de détention ont été entreprises avec NavCan.
Je déposerai le document, M. le Président.
Ces démarches, c'est
important de retenir qu'elles sont pilotées par la Sûreté du Québec, que ça
touche certains centres de détention, mais
que c'est vraiment la Sûreté du Québec qui a fait les démarches. Et je peux
vous affirmer qu'à 11 h 30 hier matin la Sûreté du Québec a
confirmé au sous-ministre que les démarches effectuées auprès de NavCan pour l'émission
des NOTAM étaient approuvées et en voie d'être réalisées, M. le Président.
Le Président : En terminant.
Mme
Thériault : Et ça, c'est la vérité. Et je dépose le document.
Le Président :
Est-ce que le dépôt... Consentement pour le dépôt? Consentement pour le dépôt?
Des voix :
…
Document déposé
Le Président :
Consentement pour le dépôt.
Question
complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Bien sûr. M. le Président, la ministre et l'ensemble de cette Chambre sont
parfaitement au courant que ce n'est pas ce qu'elle a dit hier. Elle a dit qu'il
y avait une entente qui avait été conclue.
Sur l'évasion, elle
est plutôt évasive, c'est le cas de le dire. Hier matin, en point de presse,
elle a déclaré clairement que les zones d'exclusion seraient décrétées
au-dessus des centres de détention considérés à risque, que c'était une chose faite. Ce n'est pas le cas. Elle
a accusé à peu près tout le monde, dans son dernier point de presse, d'être
le responsable du dossier, puis j'informe le premier ministre qu'elle a aussi
accusé l'opposition. Est-ce qu'elle va enfin prendre les responsabilités qui
relèvent...
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, le député — j'ai la déclaration, ici, que j'ai lue — il vient d'induire la Chambre en
erreur, M. le Président, je m'excuse. Ce que j'ai dit exactement...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Ça va bien. Alors, Mme la
ministre, on ne peut pas, effectivement... On ne peut pas annoncer qu'on a induit la Chambre en erreur,
ni d'un côté ni de l'autre. Ni d'un côté ni de l'autre. Je vous
demanderais, Mme la ministre, d'être beaucoup plus prudente à cet effet-là.
Mme Thériault :
M. le Président, ce que j'ai dit hier : «D'ici à ce que les
correctifs soient apportés et que les mesures permanentes de sécurité soient
déployées, hier, à ma demande, le sous-ministre de la Sécurité publique a communiqué avec Nav Canada, l'autorité responsable
de la navigation aérienne, avant de faire déclarer des interdictions de
vol au-dessus de certains centres de détention. NavCan a confirmé ce matin qu'elle
acceptait de mettre en place des zones d'exclusion qui seront déployées
graduellement, selon les priorités identifiées par le ministère.»
Le
Président : En terminant.
Mme
Thériault : C'est ce que j'ai dit, M. le Président, et je le
maintiens.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, je ne
suis pas surpris qu'elle maintienne sa version, mais les faits lui démontreront tout le contraire. Ce
qu'elle a dit au texte : «À ma demande, le sous-ministre de la Sécurité
publique a communiqué avec Nav
Canada, l'autorité responsable de la navigation aérienne, afin de faire
déclarer des interdictions de vol au-dessus de certains centres de détention. NavCan a confirmé ce matin qu'elle
acceptait de mettre en place des zones d'exclusion...»
Ce n'est
pas le cas. Alors, ce qui crée de la confusion, c'est les changements
successifs de version de la vice-première ministre, qui...
Le
Président : Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le Président, le député devrait
prendre connaissance du document que j'ai déposé. Il est dit clairement, à
11 h 30, que nous avons obtenu la confirmation. C'est un document qui
m'est parvenu par la Sûreté du Québec, puis j'invite le député à prendre connaissance du
document. Et ce qui cause la confusion, M. le Président, c'est sa
question, pas ma réponse.
Le Président : Principale, Mme la leader de l'opposition.
Enquête concernant les
évasions de détenus par hélicoptère
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président,
en 2013, il y a eu une évasion. Trois heures plus tard, trois heures
plus tard, les malfaiteurs étaient rattrapés par la Sûreté du Québec et
retournés en prison. Trois heures. Il y a eu évasion…
Des voix : …
Le Président : S'il vous plaît! J'aimerais entendre
la question, s'il vous plaît. Mme la leader.
Mme
Maltais : Quatre jours, ça
fait quatre jours maintenant. Il y a eu évasion samedi. Dimanche, c'est
silence radio de la part de la ministre.
Lundi, c'est la faute au PQ. Mardi, c'est la faute à un juge. Mercredi, c'est
la faute de la SQ, c'est la faute des
centres de détention, c'est la faute des fonctionnaires, c'est même la faute de
NavCan. Ce qu'elle fait, c'est qu'elle rejette la faute sur tous ceux
qui sont actuellement en train de pourchasser des malfaiteurs. Et, pendant ce
temps, pendant ce temps, elle se lave les mains.
Si
elle fait enquête, est-ce qu'elle va faire enquête sur sa fin de semaine? Qu'est-ce
qu'elle avait de si important à faire
en fin de semaine alors qu'il y avait des malfaiteurs? Est-ce qu'elle va faire
enquête sur son absence, sur son silence radio? Est-ce qu'elle va faire
enquête sur les propos qu'elle a eus de son cabinet, qu'elle a tenus? Est-ce qu'elle
va faire enquête sur son agenda…
• (10 h 30) •
Le Président : Mme la ministre de la Sécurité
publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le Président, ce que l'ancien
ministre de la Sécurité publique, le député de
Verchères a dit, le 21 mars 2013, suite à l'invention de… à l'évasion
de Saint-Jérôme : «C'est "une évasion qui est, somme toute, une première
et qui ne risque pas de se reproduire, a-t-il fait remarquer. [C'est]
certainement un moyen spectaculaire, mais ce n'était peut-être pas le meilleur
moyen de s'assurer de réussir véritablement à s'évader."»
Manifestement, M. le Président, le député s'est trompé dans ses prévisions et
dans ses prédictions, M. le Président.
Moi,
M. le Président, ce que je sais, c'est :
dès la première heure, nous avons été avisés qu'il y a eu des évasions
de trois fugitifs, M. le Président. Depuis
samedi soir, nous avons été en communication constante avec tous les organes
qui sont impliqués, M. le Président. Le ministère est à pied d'oeuvre depuis le
début, puis honnêtement, M. le Président, la priorité
numéro un de notre gouvernement, c'est de trouver les fugitifs puis de les
mettre en prison. Il me semble que ça, c'est clair, net et précis. On va
laisser les policiers travailler, M. le Président. J'aimerais
faire remarquer également que les autres corps policiers collaborent et qu'on a
la collaboration…
Le Président : En terminant.
Mme Thériault : …que ce soit du fédéral, de l'INTERPOL,
de tout partout, M. le Président. Priorité numéro un :
trouver les...
Le Président : Première complémentaire, Mme la
leader de l'opposition.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : La priorité numéro un des policiers,
qu'elle a désavoués ce matin, c'est de
retrouver les malfaiteurs. La priorité d'un
gouvernement dans une situation de crise comme ça, c'est de rassurer la
population, ce qu'elle a été… Elle a
fait tout le contraire. Elle a fait tout le
contraire. Elle a entretenu la confusion. La deuxième priorité, c'est
de gérer la crise, c'est de contrôler puis c'est de vérifier à ce que ça se
passe bien. Elle a cafouillé sur toute la ligne.
Est-ce que la
ministre va enfin…
Le Président : Mme la ministre de la Sécurité
publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Vous savez, M. le
Président, moi, je considère, là, avec ce qu'on a
annoncé ce matin… Il y a eu deux évasions. La première, mars
2013, je pense qu'il ne faut pas le perdre de vue parce que…
Des voix : …
Mme Thériault :
Mars 2013. On peut dire que c'est quand même le précédent. Et on a aujourd'hui
le centre de détention de Québec
avec l'événement qui est arrivé samedi et des fugitifs qui sont au
large, M. le Président. Il y a
des questions qui se posent. Il y a plusieurs entités qui travaillent ensemble.
Moi, ma priorité numéro un, c'est de protéger le
public, M. le Président. J'ai toujours assumé mes fonctions avec beaucoup de
rigueur. J'ai toujours répondu aux questions. J'ai toujours été très
transparente, M. le Président. Et je tiens à vous dire, M. le Président…
Le Président : En terminant.
Mme
Thériault : …que je
veux bien donner l'information, mais encore faut-il que j'aie la bonne en temps
et lieu. Merci, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la leader de l'opposition.
Mme
Agnès Maltais
Mme
Maltais : Il y a
des notions de responsabilité ministérielle et d'imputabilité qui viennent d'être
abandonnées ici, M. le Président. Je voudrais dire une chose. il
y a une information que nous cherchons depuis longtemps et derrière laquelle la ministre
s'est réfugiée pendant une journée, 24 heures, l'ordonnance de non-publication.
Qui a abaissé
les normes de sécurité? Nous demandons cette information : Qui a
abaissé les normes de sécurité? Cette information est fondamentale pour
comprendre…
Le Président : Mme la ministre
de la Sécurité publique.
Mme
Lise Thériault
Mme Thériault : M. le
Président, c'est simple, c'est le but de l'enquête. Et, M. le Président, je
peux juste faire remarquer en plus à la députée
de Taschereau qu'il y
a aussi une ordonnance de
non-publication. Et je n'irai pas là où elle veut aller et je ne me
mêlerai pas… Moi, là, je ne la transgresserai pas, cette ordonnance de
non-publication là, M. le Président. Ça, c'est clair, O.K.? Ça fait que, moi… En attendant, le député
de Verchères peut crier ce qu'il veut de l'autre côté. Il a été ministre de la Sécurité publique. Il y a eu une évasion sous sa
responsabilité, et tous les événements qui ont précédé l'évasion, M. le
Président, c'est drôle, hein, il y a beaucoup de décisions qui ont été prises…
Le Président : En terminant.
Mme
Thériault : …avant même que j'occupe ces fonctions-là. Je veux
faire la lumière, je veux donner l'information au public, c'est pour ça
qu'il y a une enquête, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Tenue d'une commission
parlementaire à la suite du
résultat de l'enquête sur les évasions de détenus par hélicoptère
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre a sûrement noté le cafouillage de sa
vice-première ministre au cours des derniers jours. D'abord, cafouillage
sur qui a abaissé les cotes de sécurité des trois présumés meurtriers.
Deuxièmement, cafouillage : Y a-t-il du matériel qui a été commandé ou non
pour empêcher un hélicoptère d'arriver dans
certaines prisons? Cafouillage ensuite sur ce qu'elle a le droit de dire. Une
journée, elle nous donne l'information, le lendemain, elle nous
dit : Je ne peux pas donner d'information. Cafouillage sur les discussions
avec Nav Canada. Il était temps que le premier ministre se saisisse du dossier.
Mais, M. le
Président, il y a une chose qui est claire, là, ce n'est pas normal qu'il ne se
soit rien passé après l'évasion de 2013. Ce n'est pas normal qu'avec les
informations que la SQ a données aux autorités d'Orsainville il n'y ait pas eu
de suivi pour empêcher l'évasion.
Je suis
content que le premier ministre a accepté notre première suggestion de faire
une enquête administrative : Va-t-il maintenant accepter notre
deuxième suggestion, c'est-à-dire que le résultat de cette enquête soit amené
en commission parlementaire pour que tous les élus ici puissent poser des questions?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : En fait, M. le
Président, notre collègue pose une série de questions tout à fait nécessaires,
légitimes. C'est les mêmes questions que je me pose, ce sont les mêmes
questions que le gouvernement se pose, ce sont surtout
les mêmes questions que les citoyens du Québec se posent. Mais, compte tenu du
nombre de questions qu'il a posées, la
complexité des organisations qui sont en cause et des événements, parce qu'avec
justesse il rappelle des suites de
2013, il est évident qu'on ne peut pas répondre à ça en 30 secondes. Ça
prend un processus logique, cohérent, approfondi d'enquête.
Pour ce qui
est des suites de l'enquête, on n'a pas l'intention de garder les conclusions
de l'enquête dissimulées du public, au contraire, on veut leur montrer
quels sont les constats et poser les actions nécessaires qui s'ensuivront. D'ailleurs, notre consoeur la ministre de la
Sécurité publique, très rapidement, communiquera le nom de la personne
qui va diriger l'enquête, l'échéancier et la façon dont le rapport sera
communiqué à la population.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault : M. le Président,
le premier ministre sait très bien qu'il ne répond pas à ma question, là. Il
nous a promis d'être transparent. Il y a
trois présumés meurtriers qui se promènent actuellement à cause qu'il y a eu
des graves lacunes dans notre système carcéral.
Je lui repose
ma question : Est-ce qu'il s'engage aujourd'hui à ce que les conclusions
de l'enquête soient amenées en commission parlementaire pour que les
élus puissent poser des questions, oui ou non?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, on va
faire l'enquête, on va voir les conclusions, elles seront rendues publiques.
Et, pour la suite des choses, on aura l'occasion d'échanger au cours des
prochaines semaines, mais on ne veut pas étirer le processus, M. le Président. Ça ne prendra pas six mois à faire cette
enquête-là. On est capables, assez rapidement, d'avoir les informations et les faits requis pour amener
justement l'administration publique, la sécurité publique, l'administration
carcérale vers les véritables priorités.
Il est d'accord
avec nous, je le sais. Deux, c'est deux de trop. Ça n'arrivera plus, on ne veut
plus que ça arrive, mais il faut prendre les actions logiques et
informées pour que ça ne se produise pas, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, la situation est sérieuse, là. Ce n'est pas normal qu'il n'y
ait pas eu de mesures de prises après
l'évasion du mois de mars 2013 par hélicoptère. Ce n'est pas normal que les
informations de la SQ n'aient pas été traitées par les autorités de la
prison d'Orsainville. Donc, c'est grave.
Donc, je lui
repose ma question, je pense que les Québécois ont le droit de savoir, comme on
les représente, ici, les élus : Est-ce que les conclusions de l'enquête
peuvent être déposées en commission parlementaire pour qu'on puisse faire toute
la lumière, oui ou non?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Oui, M. le
Président, pour les citoyens qui nous écoutent, ils doivent se demander un peu
quelle est la nature de l'échange. Je suis d'accord avec tout ce qu'a dit notre
collègue. Le rapport va être... le rapport sera déposé à l'Assemblée nationale, il sera rendu public. Pour ce qui est du
forum de discussions publiques, on verra selon la nature du rapport et
des recommandations. Un mot que... Deux mots, M. le Président, que notre
collègue connaît très bien. Une autre idée que je viens de lui prendre, M. le
Président.
• (10 h 40) •
Le Président : Principale, M.
le député de Chambly.
Financement de la tenue
des élections scolaires
M.
Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, un
commissaire sur trois est élu sans opposition. Le taux de participation aux élections scolaires est famélique, ridicule. Et le
comble du cynisme, c'est que, dans ce climat-là, au moins 10 conseils
des commissaires complotent depuis des mois
pour obtenir encore plus d'argent pour des élections en novembre
prochain.
Je vais déposer ici la preuve de l'effronterie
des commissaires scolaires. Pour eux, ce n'est jamais assez, ils demandent
encore et encore plus d'argent pour des élections dont personne ne se
préoccupe.
M. le Président, est-ce que le ministre de l'Éducation
va leur dire oui ou non?
Document déposé
Le Président :
Consentement pour le dépôt du document? Alors, consentement pour déposer le
document. M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Comme
de fait, il y a eu une réforme au niveau des élections scolaires. À l'automne, les élections qui vont
avoir lieu, d'abord le président va être élu au suffrage universel. Deuxièmement, il y a une forte diminution, au niveau des commissions
scolaires, du nombre des commissions scolaires, ce qui fait que chacun va avoir
plus de travail. Par la suite, on verra qu'est-ce qui va se passer au niveau
tant de la rémunération que du fonctionnement.
Nous, nous tenons à
ce que les gens qui représentent les commissions scolaires soient des gens
élus. C'est un principe démocratique, c'est
vraiment une démocratie participative et représentative. Pour nous, c'est
important, M. le Président parce que
les gens veulent avoir leur mot à dire par rapport à l'éducation, et nous
soutenons ça. Et nous comprenons que, du côté de la CAQ, ils veulent
abolir les commissions scolaires, maintenant il va falloir qu'ils nous
expliquent…
Des voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Maintenant, M. le Président, il
va falloir qu'ils nous expliquent comment ils vont faire pour gérer le
réseau de l'éducation, dont, entre autres, comment ils vont les remplacer. Ça,
c'est une explication que la CAQ n'a pas
donnée jusqu'à maintenant. Ils sont très évasifs. Parce qu'en pratique, lorsqu'ils
vont arriver pour le faire, ce sera peut-être un peu plus difficile que
ce qu'ils pensent. Merci.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, ça va me faire plaisir de faire une
rencontre de travail pour expliquer dans le détail comment il faut
administrer l'éducation au Québec.
Organiser des
élections scolaires, ça coûte 10 millions. À chaque année, les commissaires,
ça coûte 20 millions. Avec les
libéraux, la facture, on sait c'est qui qui la ramasse, c'est les
contribuables, avec des hausses de taxes qui s'en viennent et qui s'en
viennent encore et encore.
M. le Président, lui,
le contribuable, il va couper où, il va la refiler à qui, sa facture?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, quand on parle des
contribuables qui paient, ils paient pour des services,
c'est ça qui est important et que le député doit comprendre. Il y a des
services, mais pas seulement que des services d'enseignants, le
transport scolaire doit être assumé d'une certaine façon par les commissions
scolaires. Donc, les taxes sont importantes, c'est une façon d'aller chercher
de l'argent pour être capables de donner plus de services.
Pour
nous, M. le Président, ce qui est important, c'est que le contribuable en ait
pour son argent. On doit le dire, puis
les études internationales le démontrent, on a un des meilleurs systèmes d'éducation,
qui a besoin d'être perfectionné, qui a besoin d'être amélioré. Mais le
fait qu'on soit capables de mettre les ressources nécessaires dans notre
système d'éducation fait que nos gens
réussissent et réussissent très bien. D'ailleurs, on est dans les meilleurs
taux de réussite de tout le Canada, M. le Président, et nous en sommes
fiers.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, les acteurs de l'éducation, les syndicats,
les commissions scolaires nous disent que les hausses de taxes ne
garantissent pas que les services aux élèves ne seront pas touchés. Les hausses
de taxes vont servir à financer les demandes des commissaires, qui veulent plus
d'argent pour les élections scolaires.
Le
ministre ne m'a pas répondu : Va-t-il, oui ou non, accepter la requête
irresponsable, que je viens de déposer, des commissaires scolaires pour
avoir plus d'argent pour des élections scolaires?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, les enseignants et les syndicats ne savent peut-être pas si
les services vont être touchés, mais on est
certains d'une chose : si c'était la CAQ qui était au pouvoir, les
services seraient touchés parce qu'eux autres leur
mandat, c'est de couper dans les services, c'est de couper dans la taxation, c'est
de couper dans les ressources.
M. le Président, pour nous, ce qui est
important, c'est la réussite scolaire, ça prend des ressources qui sont nécessaires. En ce qui concerne les élections,
nous sommes fiers d'avoir un système dans lequel la démocratie représentative
est en place. Il faut continuer à soutenir
notre système d'éducation. Et, oui, au niveau de… nous voulons que nos
élus prennent position et développent un meilleur système d'éducation. M. le
Président, nous sommes fiers du système d'éducation et nous allons continuer à
le soutenir.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Joliette.
Crédits d'impôt
destinés à la production culturelle
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Notre culture constitue, avec notre langue commune et
notre histoire, le ciment de l'identité
québécoise. Or, ce gouvernement, alors qu'il devrait prendre acte de la
nécessaire exception culturelle, fait exactement l'inverse en coupant
dans les crédits d'impôt destinés à la production culturelle.
Prenez juste
le secteur de la production télévisuelle et cinématographique, un fleuron du
Québec, on n'a qu'à penser aux films de Xavier Dolan, Stéphane Lafleur,
célébrés à Cannes, à Louis Cyr, qui a fait des records au guichet, aux séries Unité 9, Toute la vérité, 19-2,
la série pour enfants 1, 2, 3… Géant, ils nous rendent fiers et sont
partie prenante de notre culture et de la vie de millions de
Québécois.
Comment le
ministre des Finances a-t-il pu prendre une telle décision? Réalise-t-il qu'elle
menace, sa décision, la production de
ces films et de ces séries? Qu'a-t-il à dire à leurs artisans, aux artistes,
aux Québécois aussi qui y tiennent tant?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, merci pour la question. C'est en effet un
sujet très important. Comme je l'ai mentionné dans mon budget, tout le monde doit faire un effort pour le redressement
des finances publiques. Pour ce qui est des crédits d'impôt en
particulier, vous allez remarquer que 80 % des crédits d'impôt sont
toujours sur place. Nous n'avons rien aboli, nous avons indiqué que nous
allions examiner les crédits d'impôt un par un dans la commission de la réforme
de la fiscalité.
Pour ce qui
est de la culture, aussi, de façon plus générale, vous aurez pu remarquer que,
dans notre budget, nous avons aussi annoncé un investissement très
structurant de 110 millions de dollars dans la stratégie numérique. Donc, je pense qu'il
y a assez de… beaucoup
de support pour la culture. Nous allons continuer à le faire. Tout cet enjeu
des crédits d'impôt va être examiné en profondeur, comme il le faut. Et,
si le seul moyen de supporter la culture au Québec, ce sont les crédits d'impôt,
là on est en mauvais état.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Est-ce qu'il sait, le ministre des Finances, que ça représente des coupes dans le milieu
culturel, alors que chaque dollar
compte? C'est un budget catastrophe, c'est comme ça que l'ont nommé les
artisans du milieu culturel. Les principaux joueurs du milieu de la
télévision, ils le disent et le redisent depuis des jours, c'est une
catastrophe pour le milieu. Ils craignent pour la survie de la production, de
la production de séries télé qui font l'unanimité par leur qualité et leur
popularité.
Qu'est-ce que le ministre a à leur dire face à
cette décision si déstructurante pour tout le milieu?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M. Leitão : M. le Président, je suis
nouveau dans cette Chambre, alors j'apprends des choses, mais ça m'étonne, ça m'étonne
qu'on puisse dire des mots comme «catastrophe», des mots comme «fin de la
culture», c'est incompréhensible. À mes yeux, c'est incompréhensible qu'on
puisse sauter à de telles conclusions avec la simple réduction de 20 % des
crédits d'impôt.
Le support
est toujours là, plus particulièrement pour ce qui est des productions
cinématographiques. Il y a une période
d'ajustement, on est flexible là-dessus. Si des dossiers, si des projets sont
déjà avancés, jusqu'au 31 août, ils peuvent être déposés à la SODEC et
ils seront financés. Donc, la catastrophe, elle est où, franchement?
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Je ne sais
pas où est la sensibilité du ministre face au milieu culturel. Ce n'est pas mes
mots, c'est les mots du milieu, «budget
catastrophe», et je l'invite à lire Nathalie Petrowski ce matin, qui peut-être
va l'éveiller à une certaine sensibilité. Je parle donc de cinéma, de
télévision, mais je pourrais parler du milieu du livre, je pourrais parler du
milieu de la diffusion de spectacles, des artistes, de la production de
disques, de la production de chansons.
Est-ce que le ministre, face à sa décision, peut
envoyer un signal pour rassurer le milieu qui est catastrophé? Oui, c'est leur
mot…
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, ce sont en effet des mots, des mots de
certains membres du milieu culturel. Je n'ai pas entendu ces mots-là. J'ai
consulté beaucoup de personnes au cours des derniers jours, des dernières fins
de semaine. Ce n'est pas la joie, évidemment, mais je n'ai pas entendu ce type
de caractérisation.
Je m'en tiens à ce que j'ai dit tantôt, M. le
Président. Si le seul moyen qu'il y a pour le rayonnement de la culture québécoise, ce sont les crédits d'impôt,
là on est en mauvais état. Ce n'est pas seulement les crédits d'impôt
qui sont le moyen… qui maintiennent la culture québécoise à flot, franchement!
Il y a beaucoup d'autres choses.
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Aide fiscale destinée
aux entreprises
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le Président,
c'est avec beaucoup de craintes que tout le secteur des technologies et du multimédia reçoit la décision du ministre des
Finances de couper de façon paramétrique les crédits d'impôt. D'une
part, on nous confirme qu'aucune consultation n'a été menée; d'autre part, on
se questionne quant à la décision du ministre d'agir sans avoir mesuré l'effet
économique de ces mesures.
Grâce à ces
crédits d'impôt, le Québec se démarquait dans un secteur qui offre maintenant
des milliers d'emplois de qualité à des jeunes diplômés. Ces mesures
sont à l'origine d'importants investissements étrangers. Elles ont permis la naissance de nombreuses entreprises
québécoises. Elles ont également donné de l'élan à des entreprises comme
CGI, qui est devenu un des grands employeurs privés du Québec. Mais, M. le
Président, tout cela est désormais en danger.
Est-ce que le
ministre peut nous confirmer qu'il a coupé de façon paramétrique et sans avoir
documenté les effets de ces coupes sur l'investissement et l'emploi?
• (10 h 50) •
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M.
Jacques Daoust
M.
Daoust : Vous savez, M. le Président, on aime beaucoup dire que les
mesures fiscales ont été abaissées de 20 %. En fait, si on voulait
travailler un peu plus positivement, on dirait que les mesures fiscales ont été
maintenues, malgré les difficultés budgétaires qu'on peut rencontrer, à
80 %.
Maintenant,
de mon expérience, quand on attire des sociétés étrangères ou quand on a des
sociétés québécoises qui sont ici, la mesure fiscale est un des
facteurs, mais je vous en nommerai quelques autres qui font qu'on attire des sociétés, pas seulement avec une mesure fiscale.
Par exemple, dans une société étrangère, la proximité avec la maison
mère. Par exemple, quand on est en Europe, on… bien la côte Est de l'Amérique parce
qu'on a des fuseaux horaires en commun pour
travailler. La qualité des installations d'enseignement jouent dans ça. La
disponibilité de la main-d'oeuvre qualifiée joue dans ça. La
créativité — l'ancien
premier ministre M. Landry nous parlait de l'indice bohémien, il ne disparaîtra
pas — la
créativité au Québec, on est fier. La protection des droits d'auteur, la
protection des brevets. Les langues d'usage,
est-ce qu'on en parle une, est-ce qu'on en parle deux? Bien sûr, les mesures
fiscales sont importantes, mais aussi est-ce que l'État peut aider au
financement? Est-ce qu'il peut prendre des participations en équité? Notre
budget comprend tout ça.
Le dernier point que je ferai, M. le Président…
Le Président : En terminant.
M.
Daoust : …c'est la stabilité politique. Et je peux vous assurer que,
pour quatre années et demie, ça va être très stable au Québec.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Rousseau.
Des voix : …
Le
Président : S'il vous plaît!
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le ministre de l'Économie compte sur les fuseaux horaires pour
nos emplois au Québec. M. le Président, le Parti libéral avait fait la même erreur, commis la même
erreur en 2003, ils avaient commis… pardon,
ils avaient coupé de façon paramétrique, sans discernement, sans
discernement, les crédits d'impôt. Et, l'année suivante, qu'est-ce qu'ils
ont fait? Ils ont rétabli ces crédits d'impôt.
Alors, M. le
Président, la question, elle est fort simple : Pourquoi vous entêtez-vous,
pourquoi répétez-vous toujours les mêmes erreurs, M. le Président ?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, la création… l'installation de crédits d'impôt, d'une part,
il ne faut quand même pas qu'on
les mette sur notre carte de crédit parce que ce sont des avantages qui sont
récurrents. Mais je vous rappellerai que la
raison pour laquelle on crée les crédits
d'impôt habituellement, c'est pour permettre à une industrie de s'installer, aux institutions
d'enseignement de commencer à développer des programmes, à intéresser la main-d'oeuvre
à ce projet-là, à intéresser des entreprises
à venir chez nous. Mais, quand elles atteignent un certain niveau de maturité,
il est normal, à ce moment-là, qu'elles volent de leurs propres ailes et
que l'État se retire. On s'est retiré de 20 %, malgré les budgets
difficiles qu'on aura à faire, on a quand même maintenu 80 %, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le ministre a annoncé une coupe de 370 millions, mais à
cela va s'ajouter un 650 millions de
plus, on parle de 1 milliard de plus, le fardeau fiscal pour nos
entreprises, une hausse de 30 % du fardeau fiscal.
Est-ce
qu'on pourrait savoir quand, en campagne électorale, le Parti libéral a annoncé
à nos entrepreneurs qu'ils paieraient 1 milliard de plus en taxes,
en impôts, M. le Président? Quand est-ce que vous avez dit ça?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, nous étions assez clairs dans le budget. Oui, en effet, il y aura
un autre 650 millions qui devront venir de tout l'ensemble
des crédits d'impôt. Il y en
a beaucoup, nous allons faire le ménage,
comme mon collègue de l'économie a mentionné. C'est un système qui a été mis en
place il y a plusieurs années, en
1997, pour les premiers. Des ententes qui ont été signées certaines viennent à
échéance maintenant. C'est tout un domaine qu'on va regarder comme il faut.
Et je ne pense pas que ce soit encore
une fois d'annoncer la catastrophe, d'annoncer des… avoir une
enflure verbale de telle nature qui va mener à l'investissement et à la
confiance dans l'économie, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Iberville.
Crédit
d'impôt pour services de
production cinématographique
Mme Claire Samson
Mme Samson :
M. le Président, la Coalition avenir Québec prévoyait, dans son cadre
financier, la révision de certains crédits d'impôt et un contrôle rigoureux des dépenses. Là-dessus, on s'entend avec le
ministre des Finances. Dans notre
cas toutefois, nous aurions usé de discernement.
À
titre d'exemple, selon l'Institut de
la statistique du Québec, le coût de
la mesure fiscale supportant la production
des films étrangers a coûté 90 millions en 2012. Cet investissement a généré des retombées économiques de 300 millions,
dont 275 en main-d'oeuvre et en biens, un rendement de 200 %. Ce qu'on a
dit aux producteurs étrangers dans ce
budget, c'est : Prenez vos centaines de millions de dollars et allez créer
des emplois à Toronto et à Vancouver.
M.
le Président, est-ce qu'il y a eu des études d'impact avant d'effectuer ces
coupes? Et est-ce que le ministre réalise les effets négatifs pour ce
secteur particulier?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M. Daoust : Dans le cas spécifique
des productions cinématographiques, M. le Président, l'État québécois dispose
de nombreux outils et pas seulement une mesure fiscale. À titre d'exemple, je
sais qu'une société d'État du gouvernement du
Québec, Investissement Québec pour bien la connaître, a même pris des
participations en équité dans ces
sociétés-là, ces sociétés-là qui sont intéressantes pour les producteurs
étrangers parce qu'elles ont, je le répète, une main-d'oeuvre de qualité, parce qu'on a maintenant une infrastructure
cinématographique qui attire les producteurs de films.
Alors, je comprends que la mesure fiscale est un
des items, mais il y en a plusieurs. Et, dans le cas spécifique que vous soulevez, le Québec est un actionnaire et
même, je dirais, un actionnaire important dans... notre principal joueur
à ce niveau-là, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Claire Samson
Mme Samson : Il était un acteur
important. En 1999, le gouvernement libéral a amendé la loi du statut de l'artiste pour faciliter la venue de productions
cinématographiques américaines au Québec. En 2014, on les chasse sans se
soucier le moindrement des impacts sur les
travailleurs autonomes et les artisans du cinéma québécois. Ce sont des
milliers d'emplois qui sont en danger au Québec.
Pourquoi n'avez-vous
pas fait d'étude d'impact avant de couper et miner la compétitivité même de
l'industrie du cinéma québécois?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M. Leitão : M. le Président, encore
une fois et malheureusement, ça me surprend, l'enflure verbale : On va
chasser tout les…
Des voix : …
M. Leitão : …chasser tout le monde.
Franchement! D'où on voit ça? C'était une situation fiscale sérieuse, ça demandait des mesures sérieuses et efficaces. Nous
avons maintenu, nous avons maintenu 80 % des crédits d'impôt. Pour
ce qui est de la suite des choses, il va y
avoir une commission de la réforme de la fiscalité qui va prioritairement se
pencher sur cette avenue-là. Et, oui, et,
oui, on va les regarder un par un, et, là où il y a, comme vous avez mentionné,
des avantages très importants, on verra si on peut les maintenir.
Le Président : En terminant.
M.
Leitão : Et, comme mon collègue a aussi mentionné, il y a des mesures
additionnelles qui peuvent être prises. Je ne pense pas qu'on puisse...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Claire Samson
Mme Samson :
Il risque simplement d'être trop tard, M. le Président. L'industrie du cinéma
québécois est très inquiète. Le ministre des Finances vient de lui
dire : Hasta la vista, baby! Mais le ministre a aussi dit, lors de son
discours, que l'espoir entre toujours par la porte qu'on a laissée ouverte.
Est-ce qu'il
peut s'engager aujourd'hui à réaliser enfin une étude d'impact sur les effets
de cette coupe mur à mur et rajuster le tir, le cas échéant?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, on n'a pas fermé la porte, la porte reste à
80 % ouverte. Et nous ne sommes pas en train de chasser les productions étrangères. Il y a
beaucoup de flexibilité dans le système. Celles qui sont déjà à un stade
avancé de planification ont jusqu'au 31 août pour pouvoir soumettre leurs
projets qui seraient approuvés et la commission de la révision de la fiscalité,
oui, va revoir tous ces programmes un par un et juger de leur pertinence.
À un moment
donné, comme mon collègue a dit, à un moment donné, il va falloir que l'industrie
soit capable de voler par ses propres
ailes. C'est quelque chose que, je pense, le deuxième groupe d'opposition
serait en mesure de comprendre.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Duplessis.
Modification
de la mesure fiscale de
fractionnement des revenus de retraite
Mme
Lorraine Richard
Mme Richard
(Duplessis) : Merci. Merci, M. le Président. Le Parti libéral
du Québec s'est engagé, en campagne électorale, à ne pas hausser les taxes et
les impôts. Pourtant, à la page 43 du budget, le gouvernement a modifié le fractionnement des revenus des
retraités. C'est 52 millions que le gouvernement ira chercher dans la
poche des personnes de 60 ans et plus. Ce sont des gens, M. le Président, qui
ne sont plus sur le marché du travail.
Est-ce que le premier
ministre, en campagne électorale, quand il est allé rencontrer les gens, les
retraités de 60 ans et plus, il leur a parlé
de cette mesure? Je ne pense pas, M. le Président. Pourquoi s'attaquer aux
personnes retraitées en haussant les impôts, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão :
M. le Président, merci beaucoup de la question parce qu'en effet c'est un sujet
qui semble traîner un peu dans l'air. Alors,
clarifions les choses. D'abord, c'était une iniquité qui existait depuis un
certain temps. Ce que nous avons
voulu faire avec ce budget, c'était de réparer cette iniquité-là. Une personne
qui prend... jusqu'à notre budget, une personne
qui prenait la retraite avant 65 ans pouvait, en effet, bénéficier d'un
fractionnement du revenu avec le conjoint. Quelqu'un qui, par exemple, avait un REER, qui avait, toute sa vie,
participé à bâtir sa retraite ne pouvait pas bénéficier d'un tel moyen.
Alors, ce que nous disons, c'est qu'à partir de
maintenant, pour tout le monde, pour tout le monde, le fractionnement
est possible après 65 ans. Pour ceux qui ont pris la retraite avant 65 ans, un
grand nombre d'entre eux sont encore au marché du travail, donc c'est un double
avantage qu'ils avaient. Alors, encore une fois, je ne pense pas que c'était...
Et
finalement, comme j'ai dit tantôt au sujet des crédits d'impôt, il fallait que
tout le monde puisse faire son effort dans le processus de
rétablissement des finances publiques.
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
Donc, tout le monde doit participer, M. le Président.
• (11 heures) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard
(Duplessis) : Merci, M. le Président. Écoutez, on pourra bien
dire ce qu'on voudra au nom de l'équité, c'est
quand même 85 000
ménages, M. le Président, qui vont voir leurs revenus de retraite imputés par
une hausse d'impôt libérale. Pourquoi avoir choisi cette mesure, M. le
Président?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : En effet; en effet,
c'est 85 000 ménages qui sont
affectés par la mesure. Je répète ce que j'ai dit tantôt : Il faut que tout le monde fasse sa part, il faut que
tout le monde participe à l'effort de redressement des finances
publiques, et c'est ce que nous avons fait, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine Richard
Mme
Richard (Duplessis) : M. le Président, pour le gouvernement de
la transparence, en passant, on repassera, là. Et je vais reprendre une phrase que le président de l'Association des
retraités de l'éducation du Québec a dite : Le Parti libéral soutient, avec différentes mesures, les
personnes de 65 ans et plus. Est-ce que ça se résume à juste jouer aux
quilles?
C'est
ça, s'occuper des retraités de 60 ans et plus, qui ont passé leur vie sur le
marché du travail? Vous ne leur avez pas dit la vérité en campagne
électorale. C'est ça.
Le Président :
Il faut faire attention avec les propos. M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão :
M. le Président, encore une fois, je ne comprends pas qu'est-ce qu'une chose a
à voir avec l'autre. Moins de 65 ans, plus
de 65 ans, c'est quoi… c'est quoi, au juste, le rapport entre l'une et l'autre?
On revient…
On
revient au commencement, on revient aux… aux vraies affaires, c'est-à-dire, en
arrivant au pouvoir, nous faisons face à une
impasse budgétaire considérable. Nous avons dû prendre des mesures sérieuses et
efficaces pour s'assurer qu'on est
capables de résorber cette impasse budgétaire. C'est impossible qu'on puisse,
encore une fois, le remettre à plus tard, il faut qu'on en arrive à l'équilibre
budgétaire dans la cible qu'on s'est donnée, 2015‑2016, et ça prend l'effort de
tout le monde.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, nous en sommes aux motions sans préavis
et, selon nos règles, en termes d'ordre de présentation, je cède la
parole à M. le ministre du Travail pour sa motion.
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter…
Des voix :
…
M. Hamad :
Il y a du bruit.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un instant, M. le ministre. C'est toujours
la même histoire. On n'ajourne pas les
travaux, on poursuit les travaux. Et, les gens qui doivent quitter, c'est
possible de faire ça dans le silence? On a une bonne pratique habituellement.
On peut quitter la Chambre, mais on peut le faire dans l'ordre pour que les travaux
se poursuivent, hein? Un instant!
Alors, M. le ministre
du Travail, à vous la parole pour qu'on vous entende.
Souligner le 10e anniversaire
de l'entrée en vigueur des
dispositions en matière de harcèlement psychologique
de la Loi sur les normes du travail
M.
Hamad : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Sanguinet,
la députée d'Arthabaska et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec souligne le 10e anniversaire de l'entrée en
vigueur des dispositions en matière de harcèlement psychologique au sein
de la Loi sur les normes du travail;
«Qu'elle
salue le fait que le 1er juin 2004, la Commission
des normes du travail devenait la
première instance en Amérique du Nord à appliquer une loi donnant droit
aux salariés de travailler dans un milieu exempt de harcèlement psychologique;
«Qu'elle
réitère que l'adoption de ces balises légales démontrait la volonté ferme du gouvernement d'offrir un environnement de travail sain pour toutes les
Québécoises et tous les Québécois.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : M. le leader adjoint du gouvernement, y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée. Un membre,
maintenant, du groupe formant l'opposition officielle, et je reconnais
M. le député de Jonquière pour sa motion. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Mercier, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale exprime son opposition à l'établissement d'un port pétrolier à
Cacouna et à toutes activités
géophysiques et géotechniques susceptibles de nuire aux mammifères marins du
Saint-Laurent.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion, M.
le leader adjoint? Il n'y a pas consentement.
Un membre du deuxième groupe d'opposition. Je reconnais M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière. M. le député, à vous pour la présentation de votre
motion.
M.
Picard : Merci. M. le Président, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de déclencher une enquête interne afin de faire toute la lumière
sur les faits qui ont mené à l'évasion de trois détenus du centre de détention
d'Orsainville;
«Qu'il
soit ensuite fait rapport des conclusions de cette enquête à la Commission des
institutions et qu'à ce titre elle puisse entendre tous les intervenants
qu'elle jugera pertinent de convoquer.» Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y
a pas consentement. Alors, merci, M. le député. Nous poursuivons aux motions
sans préavis, et je cède la parole à M. le député de Mercier pour la
présentation de sa motion. M. le député de
Mercier.
M. Khadir :
M. le Président, je vais vous présenter une motion sans préavis que j'aurais
souhaitée conjointe avec mon collègue de Jonquière :
«Que l'Assemblée
nationale presse le gouvernement du Québec de renégocier l'entente conclue
entre Hydro-Québec et TransCanada Énergie
pour la centrale au gaz naturel de Bécancour qui a coûté plus de
1 milliard depuis sa mise en service inutile;
«Qu'elle
tienne compte de cette erreur historique dans le cadre du projet de pipeline
Énergie Est mis de l'avant par la même compagnie albertaine.» Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? Il n'y a pas consentement. Alors… Un instant, oui. J'entends
maintenant M. le député de Verchères, juste une minute. Est-ce que c'est pour
présenter une motion sans préavis?
M.
Bergeron :
…pas conjoint sur cette motion présentée par le député de Mercier.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien, en tout cas, c'est une information peut-être
importante parce que ça a été mentionné par le député de Mercier. Donc, merci
pour la correction. Alors, nous en avons terminé avec les motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en sommes
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions. Je cède à nouveau la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement. M. le leader.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des finances
publiques, conformément à l'article 275 du règlement de l'Assemblée
nationale, poursuivra le débat sur le discours du budget aujourd'hui, au terme des
13 h 30 min de débat à l'Assemblée nationale et au plus tôt à
compter de 15 heures, et ce, jusqu'à 18 heures ainsi que de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle du Conseil législatif.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le leader adjoint. Maintenant, un avis
de la présidence. Pour ma part, je vous avise
que plusieurs commissions se réuniront en séance de travail aujourd'hui et
demain afin d'informer leurs membres
sur les activités et le fonctionnement des commissions et de procéder à l'organisation des travaux :
La Commission des
finances publiques se réunira aujourd'hui, de midi à 13 heures, à la salle
RC.161 de l'hôtel du Parlement;
La Commission de la santé et des services sociaux
se réunira aujourd'hui, de 15 heures à 16 heures, à la salle
RC.171 de l'hôtel du Parlement;
La
Commission des transports et de l'environnement se réunira aujourd'hui, de
16 h 30 à 18 heures, à la salle RC de l'hôtel du
Parlement;
La Commission de l'administration publique se
réunira aujourd'hui, de 18 heures à 19 h 30, à la salle RC.171
de l'hôtel du Parlement;
La
Commission de l'économie et du travail se réunira demain, de 7 h 30 à
8 h 30, à la salle que j'ai nommée, 161;
La Commission des
institutions se réunira, pour sa part, en séance de travail aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement, l'objet de la séance étant d'informer les membres sur les activités
et le fonctionnement de la commission et de procéder à l'organisation de ses
travaux afin de discuter de la possibilité qu'elle se saisisse de différents
mandats.
Nous
en sommes maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux de cette
Assemblée. Est-ce qu'il y a... Je ne vois personne qui sollicite des...
Oui?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : O.K. C'est parce qu'on n'est pas tout de suite
là, madame. Alors, voilà, la rubrique est passée.
Affaires
du jour
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion du ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire
du gouvernement et sur les motions formulant un grief
Les affaires
courantes étant terminées, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et, aux affaires du jour, on est aux
affaires prioritaires, aux affaires du jour. Un instant. À l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée doit reprendre le débat ajourné mardi sur la
motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la
politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant grief
présentées par le député de Rousseau, le député de Lévis, la députée de Gouin,
le député de Saint-Jean, le député de Marie-Victorin, le député de Sanguinet,
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et le député de Verchères.
• (11 h 10) •
Avant
de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
11 h 55 min d'écoulées à la première étape du débat et qu'il
reste donc un total de 1 h 35 min. Après la répartition du temps
non utilisé, les enveloppes de temps restantes sont donc les suivantes — et c'est
ça qu'il est important de communiquer : 1 h 18 min
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 17 minutes au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle.
Je suis maintenant
prêt à céder la parole au prochain intervenant, et
là je reconnais Mme la ministre pour son intervention. À vous, Mme la ministre.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci. Merci,
M. le Président. Il me fait donc grand plaisir de prendre la parole en cette
Chambre pour parler du budget que le gouvernement a présenté aux Québécois la
semaine dernière. Et ce budget en est un, bien
sûr, de rigueur, puisque nous faisons face à une situation difficile. Il faut dire les choses par leur nom, oui, la
situation est difficile, mais je pense qu'avec l'appui des Québécois, la
solidarité au sein de notre équipe du gouvernement, je pense que nous allons pouvoir accomplir cette tâche qui demande
beaucoup, beaucoup d'efforts, on le sait et on le comprend, de la part de nos gens dans les différents
ministères. M. le Président, ce budget a été
qualifié de sérieux. C'est un budget important, puisque nous voulons atteindre
l'équilibre budgétaire dans deux ans.
Il
faut aussi noter le rapport du Vérificateur général qui a été rendu public
quelques jours avant que le budget ne soit dévoilé. Et, dans ce rapport, on peut lire que les documents qui avaient
été présentés par l'ancien gouvernement, Le Point et le
budget, présentaient une vision limitée de l'état des finances publiques.
Alors, c'est vraiment la toile de fond qui nous
a guidés. Le montant des efforts à fournir divulgué dans Le Point
totalisait uniquement 1 455 000 000 $, alors qu'il était en réalité de 4 066 000 000 $. Entre Le
Point et le budget, des efforts de l'ordre de
1 783 000 000 $ ont été demandés aux ministères, lesquels n'ont pas fait l'objet de
décisions politiques.
Un seul montant d'effort à fournir, de 150 millions, a été divulgué
dans le budget par rapport à un montant total de
3 627 000 000 $. Donc, c'est la
toile de fond, et mon collègue le ministre des Finances a dû travailler
avec cette situation.
Cependant,
M. le Président, cela demande, je le disais, des efforts de différents
ministères. Nous avons une grande solidarité
ministérielle. Et, comme responsable du ministère des Relations internationales
et de la Francophonie, j'ai moi-même à appliquer des compressions à l'intérieur de
mon ministère. Je sais que la porte-parole, hier, en fin de journée, de l'opposition
officielle a critiqué certaines décisions qui ont été annoncées la semaine
dernière concernant nos représentations à l'étranger.
Je comprends qu'elle soit déçue. Bien sûr qu'il fallait faire des choix. Ces
choix, je les ai faits en analysant
la situation longuement, en ayant les conseils, bien sûr, de l'équipe au
ministère des Relations internationales, et nous avons pris certaines décisions. Nous avons pris la décision de
fermer le bureau de Moscou, de fermer les antennes de Taipei et
Santiago.
Cependant, M. le
Président, cela signifie, bien sûr, qu'une vingtaine de personnes... Et je suis très,
très... je sais que ce sont des choses qui sont difficiles à annoncer parce que j'ai tenu, la semaine dernière, à rencontrer tous
les gens qui travaillent au ministère des
Relations internationales ici, à Québec, pour leur expliquer la situation. Je
tenais à le faire personnellement et je tenais
à leur dire que, les décisions, je les avais prises, et que la personne
qui en prenait la responsabilité, c'était moi, et
je comprenais la situation.
Cependant,
cette situation n'a rien à voir avec celle de 1996, dont vous devez très
certainement vous rappeler, le budget
de 1996, lorsque le gouvernement du Parti québécois avait fermé la moitié des
délégations à l'étranger. Donc, ce n'est pas le cas. Nous allons réduire certaines
activités, mais la grande majorité des activités… l'effort du
gouvernement par rapport à la diplomatie
internationale sera maintenu. Alors, à l'époque, en 1996, le journal La Presse
titrait Québec rase la moitié de ses délégations à l'étranger.
Donc : «[De]
22 délégations québécoises[...], il n'en
restera plus que la moitié — écrivait Denis Lessard — une fois traversé l'exercice des crédits
gouvernementaux.» Donc, ce fut un effort, à l'époque, assez important. Ce fut aussi plusieurs personnes. On parle de
134 postes, il y avait 11 délégations qui avaient été
complètement fermées, et il a fallu, après ça, reprendre et refaire le réseau.
Alors là, nous ne
sommes absolument pas dans la même situation. La compression budgétaire est de 4,6 millions
de dollars, elle est divisée en deux
parties. C'est-à-dire, une partie de cette compression sera appliquée au
ministère lui-même, et l'autre partie sera
appliquée à l'extérieur, dans nos bureaux à l'étranger et des délégations.
Certains postes ne seront pas comblés, des personnes
prennent leur retraite. Alors, nous essayons de faire les choses le plus
délicatement possible, mais je suis très, très solidaire de l'effort qui nous
est demandé. Et les gens au ministère le comprennent, et je pense que les Québécois
le comprennent aussi que ces efforts, c'est pour nos générations futures, c'est pour protéger les enfants, les
petits-enfants, c'est pour protéger nos générations futures, nous devons, à
tout prix, revenir à l'équilibre budgétaire.
Et, dans son budget, le
ministre des Finances a beaucoup, beaucoup insisté sur la relance économique.
Nous devons relancer l'économie du Québec,
nous devons faire en sorte que les moteurs de l'économie du Québec soient
remis en marche, et on le voit avec les
initiatives comme le Plan Nord, qui sera relancé, et également la stratégie
maritime, qui est un projet qui est très porteur. C'est un projet qui
est fort intéressant, c'est un projet qui va faire en sorte que nous allons accroître nos investissements. Et ces projets, le
Plan Nord, la stratégie maritime et d'autres initiatives du
gouvernement, vont faire en sorte que l'économie
va se remettre en marche. L'équation est claire, un budget, c'est un budget. Il
faut que les revenus de l'État soient accrus pour permettre, bien sûr,
que les missions de l'État soient protégées.
Il
y avait cette semaine à Montréal, lundi, Mme Christine Lagarde, qui est
bien connue, bien sûr. Mme Lagarde a été ministre, mais maintenant elle… en France, et elle dirige le Fonds
monétaire international. Et, dans son allocution, Mme Lagarde a
salué les efforts du gouvernement du Québec. Elle a évoqué le débat sur l'austérité
et elle a dit qu'il était compatible avec la
relance économique. Et je la cite ici : «Nous croyons que ce l'est, mais
que ce n'est pas une solution exclusive et qu'il s'agit d'appliquer des
bonnes mesures au bon moment.» Et elle a salué le travail que nous faisions
ici, au gouvernement.
Elle
a dit à notre premier ministre : «C'est un bonheur de vous entendre dire
que vous allez simplifier les modalités d'action des entrepreneurs, a dit Mme Lagarde. [Ça, c'est]
indispensable.» Et elle a continué en disant qu'elle accueillait et elle
partageait notre point de vue sur la façon dont le gouvernement entend
appliquer les différentes mesures.
Ce budget a été assez
bien accueilli dans les médias. J'ai certaines citations ici que j'aimerais
faire. Je pense à Alain Dubuc qui a… et je
cite : «[C'est ce] qu'on attendait de ce premier budget du ministre
libéral des Finances[…], c'est qu'il
puisse ramener rapidement et de façon ordonnée l'équilibre des finances
publiques québécoises. Il y a un très large consensus à cet égard, tant
dans la population qu'à l'Assemblée nationale, où les trois principaux partis s'entendent
sur la nécessité de ramener le déficit à zéro…»
Il y a également
Michel David, du Devoir, qui a dit :«La seule façon de
sortir sans être trop amoché des années de plomb qui s'annoncent sera de
maintenir un niveau d'acceptabilité sociale suffisant…» Et, là-dessus, M. le Président,
je pense que, sur l'acceptabilité sociale, les Québécois comprennent très, très
bien. On l'a senti pendant la campagne électorale, les Québécois comprennent
très, très bien qu'il faut faire en sorte qu'on puisse l'atteindre, cet
équilibre.
La
Banque Nationale a déclaré : «Devant la récurrence de déficits en dépit d'un
fardeau fiscal déjà très lourd, le gouvernement se devait de donner un
coup de barre pour adresser le déséquilibre structurel des finances publiques.»
Desjardins, Études
économiques : «Avec le présent budget, le gouvernement s'est engagé à
travailler très fort pour remettre les
finances publiques sur les rails. […]Le gouvernement semble donc sur la bonne
route pour donner une nouvelle direction aux finances publiques.»
• (11 h 20) •
Gérard Bérubé du Devoir
a écrit : «À l'an 1 de sa majorité, dans une dramatisation [préalablement]
parfaite, le gouvernement [libéral] se devait d'être au rendez-vous.» Et il
salue les efforts qui ont été mis en place.
Il y a même des commentateurs
qui ne sont pas toujours favorables aux décisions que le gouvernement peut prendre. Je cite ici Richard Martineau, Journal
de Montréal : «Ainsi, le gouvernement Couillard a annoncé ses
couleurs. Il s'est présenté au marbre et a
frappé la balle. Pas de l'autre côté de la clôture comme on le souhaitait,
mais, enfin, il n'a pas mordu la poussière, il l'a frappée dans la bonne
direction…» Fin de la citation.
Mario
Dumont a également écrit : «La volonté ferme et sincère de corriger le
déficit structurel qui afflige le Québec transpire [le] premier budget [du ministre des Finances]. L'homme est
compétent et comprend l'importance de juguler ce problème pour protéger
notre avenir.»
Pour
ce qui est des relations internationales, bien on voit aussi dans le budget qu'il
y aura des efforts qui seront mis également sur les différentes mesures
comme le Plan Nord et la stratégie maritime pour faire la promotion. Et M. le ministre des Finances, dans son budget — je cite son discours — a dit : «J'annonce [...] le lancement d'une
stratégie visant à envoyer un signal
clair aux investisseurs sur l'ouverture du Québec aux affaires et au
développement du Nord québécois.» Le gouvernement envoie ainsi des
messages forts concernant son ouverture aux investisseurs sur le territoire du
Nord québécois. Ces messages s'adressent
particulièrement aux investisseurs étrangers. Ils seront relayés par les
différentes représentations du Québec à l'étranger.
Et je termine, M. le
Président, en disant que, toujours au forum mondial sur l'économie, on a été très,
très heureux d'entendre, et dans les
différentes rencontres que j'ai faites, soit bilatérales ou les rencontres que
j'ai pu faire là-bas, à Montréal, au cours des deux derniers jours et
que mes collègues ont faites… très, très content de savoir que nous relancions
le Plan Nord, et on est très intéressé aussi à en savoir plus sur la stratégie
maritime.
Alors,
M. le Président, comme l'a dit le ministre des Finances à la fin
de son budget, «l'espoir entre toujours par la porte que l'on a laissée
ouverte». Alors, l'espoir est là, M. le Président. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, Mme la ministre
des Affaires internationales. Et je donne la parole à M. le député de Vimont
pour le prochain intervenant, toujours sur le discours inaugural. M. le député
de Vimont, à vous la parole.
M.
Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, M. le Président. Je vais vous rappeler au moment où j'ai… aux élections.
On a fait du porte-à-porte, on a été voir
des gens, et les gens, ils étaient vraiment inquiets des finances, vraiment
inquiets au niveau de l'emploi.
Bien souvent, ils nous parlent aussi des impôts trop élevés, ils nous
comparent, bien souvent, avec d'autres provinces.
Et puis c'est toujours le même sujet qui nous revient, et les gens sont vraiment
inquiets parce qu'ils ont hâte
qu'on prenne nos responsabilités, puis je
pense que c'est ça, avec un budget comme ça, avec, le ministre des
Finances, qu'est-ce qu'il nous a donné, on prend nos responsabilités, donc on
va être responsables.
C'est
la même affaire. Un budget au niveau provincial, gouvernemental ou peu importe
la compagnie, c'est un peu comme le
budget que vous avez à la maison. Tu n'as pas besoin d'être comptable, tu n'as
pas besoin d'avoir des grosses études
en finances qu'à un moment donné, les entrées et les sorties, bien il faut que
ça se balance à un moment donné. Même chez toi, quand tu vas aller faire
même ton magasinage, tu vas même regarder les prix des pommes de terre
comparativement à un marchand ou à un autre pour, justement, essayer d'arriver
le plus possible à un budget le plus possible
équilibré. Parce que, sinon, si tu n'as pas un budget équilibré, tu t'en vas
sur l'endettement. Puis, l'endettement, bien il n'y a personne qui veut ça parce qu'avec un endettement, bien,
tu ne vis pas selon tes moyens. Quand la carte de crédit est pleine, à la maison, tous et chacun
chez nous, quand la carte de crédit est pleine, bien tu as moins de choix
parce que, de un, il faut que tu essaies de
la payer, cette carte de crédit là. Cette carte de crédit là t'amène des
intérêts, puis, en payant des intérêts, bien, veux veux pas, tu as moins
de sous, moins de sous, donc tu as moins de possibilités de faire des vacances,
d'aller quelque part. Donc, les choix, bien, justement, il y en a moins.
Et,
avec le rapport du Vérificateur général qui nous est arrivé, bien je pense qu'on
est rendus à l'heure des choix, qu'il
faut vraiment… Si on veut avoir un budget équilibré, bien il faut y aller. Je
vais juste citer un petit peu le ministre des Finances : «[Le
retour à l'équilibre budgétaire] n'est pas une obsession, c'est une
obligation.» Puis je suis vraiment très d'accord
avec lui. Les gens dans la rue nous l'ont dit, c'est ça qu'ils s'attendent de
nous, ils s'attendent qu'on gère le Québec
comme on gérerait notre budget personnel. C'est ça qu'ils s'attendent, ils ne s'attendent
pas à autre chose que ça. Ils veulent qu'on soit responsables, et on va
l'être.
Mais
il y a trois actions aussi qu'il faut prendre en considération. C'est l'offre de services au public de qualité.
Ça, il faut vraiment essayer de le garder le plus possible. Des hausses de
taxes générales, d'impôt… Au niveau des hausses d'impôt, bien, ils n'en
veulent pas. Déjà, ils sont déjà loadés, donc ils n'en veulent pas pantoute. Et je
les comprends parce que moi non plus, je n'en veux pas. Et le respect
des conventions collectives en vigueur. C'est sûr que, quand tu brasses des
choses, quand tu regardes tes finances, bien, tu regardes bien des choses.
Bien, il faut sécuriser les gens.
L'important, c'est un
appui aussi aux municipalités puis aux régions. Des fois, j'écoutais les
oppositions qui parlaient comme quoi qu'on
oubliait les régions, et tout. Bien, je ne suis pas tout à fait d'accord avec
eux. Voyez-vous, 19,5 millions de dollars pour la formation des
pompiers volontaires et à temps partiel. Vous allez me dire que moi, à ville Laval, dans ma circonscription de Vimont, ça
ne me touche pas, c'est vrai, mais on a tous un chalet ou on a tous de
la parenté en région, quelque part, même en
Abitibi, peut-être. Mais, vous savez... mais c'est important, la sécurité
auprès des gens, de savoir qu'ils ont un
service de qualité auprès... qu'ils ont un service de qualité, donc qu'ils vont
pouvoir avoir des gens vraiment bien
formés. Et, en même temps, je suis sûr qu'il y a… quelque part à un moment
donné, il va y avoir une répercussion
aussi au niveau des assurances. Donc, si tu as des pompiers de qualité, avec
une bonne formation... D'ailleurs, je
suis certain que les pompiers, c'est eux-mêmes qui le demandent, de un, parce
que c'est des gens tellement dévoués dans leur travail, je pense qu'ils
le demandent, puis c'est bien correct.
Aussi,
1,2 milliard de dollars dans les infrastructures municipales, sportives,
communautaires et loisirs. Donc, même si on regarde notre budget, bien,
on ne laisse pas de côté, justement, nos infrastructures, qui sont vraiment
importantes, parce que c'est la vie de tous les jours, de tous les gens, là, ça
avance, ça.
Puis
1 million de dollars dans le transport collectif. Bien, je pense que, si
on veut vraiment que les gens s'en aillent vers le transport collectif,
bien, il faut investir là-dedans, et je suis bien d'accord.
M.
le Président, je vais prendre un moment aujourd'hui pour m'adresser à l'Assemblée
nationale à propos des budgets alloués en matière d'habitation. Le
logement présente souvent la dépense la plus importe des ménages. Dans le cas
des familles à faibles revenus, un loyer élevé réduit leur capacité de combler
d'autres besoins de base. C'est la pyramide
de Maslow. Il y a bien du monde qui doivent connaître la pyramide de Maslow.
Les principales choses là-dedans, c'est de se loger, de se nourrir et de
se vêtir, donc les choses vraiment primaires. Et je pense que le logement,
bien, vous le savez, ça en fait partie, et c'est très important.
Et la Société d'habitation
du Québec, communément appelée la SHQ, joue un rôle très important en la matière. Sa mission consiste à faciliter l'accès
des Québécoises et des Québécois à des conditions adéquates de logement
en tenant compte de leurs ressources financières
et de la diversité de leurs besoins. Chaque année, grâce à ses
différentes interventions, la Société d'habitation du Québec vient en aide à
plus de 230 000 ménages. Aïe! c'est du ménage, ça. Pour remplir son
mandat, la Société d'habitation du Québec prévoit un budget de dépenses de
1 milliard de dollars en 2014‑2015.
Globalement, le budget des dépenses de la SHQ demeure le même que les années
passées. Donc, on ne touche pas à ça. C'est vraiment important, puis il
ne faut pas y toucher.
Le programme
AccèsLogis. Afin d'appuyer les ménages qui éprouvent de la difficulté de se
loger, notre gouvernement a annoncé dans son budget des investissements de
250 millions de dollars pour la construction de 3 000 nouveaux logements abordables et communautaires dans le cadre
du programme AccèsLogis Québec de la SHQ. Parmi ces unités de logement là, 500 unités seront réservées pour les
personnes itinérantes ou à risque de le devenir. Donc, on pense à nos personnes les plus démunies. 2 500 unités
seront réservées pour les autres clientèles en accordant la priorité aux aînés et aux autochtones. Cette initiative,
qui bénéficiera à l'ensemble des régions du Québec, permettra d'héberger
convenablement les ménages les moins fortunés ou les personnes ayant les
besoins en habitation les plus pressants.
Mentionnons
que, depuis 2003, la construction de logements communautaires et abordables est
passée de 13 000 à 41 000 unités,
ce qui représente un investissement de plus de 2 milliards de dollars de
la part du gouvernement du Québec. Nous disposons d'un important parc de
logements composé de plus de 73 000 unités. Ce parc représente un précieux patrimoine pour le Québec. Pour assurer
la qualité de vie des locataires, notre gouvernement investira des
sommes importantes dans — et ça, vous le retrouvez justement dans le
budget — l'aide à l'amélioration
de l'habitat, 48 millions; aide
au logement social communautaire et abordable, 338 millions; appui au
développement de l'industrie québécoise en habitation, 466 000; et
fonctionnement de la Société d'habitation du Québec, 37 millions. Donc,
vous pouvez voir qu'il y a toujours de l'investissement qui se fait, puis je
pense que c'est important de le garder.
• (11 h 30) •
Puis,
dans le but d'améliorer les services aux citoyens, la SHQ a entrepris
une démarche de… de modernisation, excusez,
de ses programmes. C'est une initiative qui s'inscrit pleinement dans la
démarche globale de révision de l'ensemble
des programmes de notre gouvernement qu'il compte
amorcer. Comme vous le savez, nous avons l'intention de faire une gestion responsable des dépenses
publiques tout en assurant à la population du Québec l'accès à des services essentiels et de qualité.
Ainsi, les programmes et les services destinés aux personnes les plus vulnérables de notre société feront l'objet
d'une attention particulière. La révision des programmes de la Société d'habitation du Québec doit donc se poursuivre afin de
répondre de façon optimale aux besoins des ménages québécois en matière d'habitation
tout en respectant les capacités financières de l'État. L'une des préoccupations qu'on a, notre gouvernement, en matière d'habitation concerne la fin des
ententes avec le gouvernement fédéral pour le financement du parc d'habitations
de loyer modique et les unités supplémentaires au loyer. Celle-ci aura des
répercussions importantes sur l'avenir
du logement social. Soulignons que la problématique est pancanadienne et que
les autres provinces partagent les mêmes inquiétudes que le Québec.
Les négociations à ce sujet avec la Société canadienne d'hypothèques et de logement seront donc
une priorité. En effet, nous croyons qu'il est essentiel d'en arriver à une
entente afin que les locataires des HLM ne
soient pas pénalisés.
Entre-temps, la Société
d'habitation du Québec s'est engagée à prendre toutes les mesures nécessaires
pour s'assurer que les locataires à faibles revenus ne soient pas affectés à
court et à moyen terme par la fin graduelle des conventions avec le gouvernement
fédéral. En effet,
un programme de supplément au loyer spécial a été mis en place
par le gouvernement du Québec en 2013 afin de soutenir les ménages dont les subventions
arrivaient à échéance et qui arriveront à échéance d'ici le 31 mars 2018.
La Société d'habitation
du Québec a pris des mesures concrètes pour limiter l'impact de ses activités sur l'environnement. Parce que c'est bien
beau penser aussi à l'habitation, mais en même temps, si on est capable de joindre la protection de l'environnement,
c'est très important. En effet, depuis juin 2010, tous les nouveaux projets de construction réalisés dans le
cadre programme AccèsLogis du Québec doivent répondre aux normes Novoclimat. Depuis, l'initiative pour la
durabilité des logements sociaux vise l'installation des principaux bâtiments durables dans les programmes de logements
sociaux. Aussi, le développement d'un protocole de mesure commune carbone permettrait à la Société d'habitation
du Québec de mesurer la consommation énergétique et le niveau d'émissions de gaz à effet de serre.
L'aide aux aînés. M.
le Président, j'aimerais souligner que notre gouvernement déploie beaucoup d'efforts
pour venir en aide à nos aînés en matière d'habitation.
Chaque année, le gouvernement du
Québec, par l'entremise de la Société d'habitation, vient en aide à plus de
130 000 ménages aînés. Des personnes âgées forment d'ailleurs le
segment le plus important de la clientèle desservie par la Société d'habitation
du Québec. Le programme AccèsLogis Québec permet notamment à des offices d'habitation
et des coopératives d'habitation, ainsi qu'à des organismes à but non lucratif, à créer des logements de qualité, à coût
abordable, destinés à des ménages dans le besoin. Mentionnons également que plus de 40 000 personnes aînées résident dans le parc d'habitations à loyer
modique, HLM, du Québec. Ces logements permettent aux locataires de
payer un loyer correspondant à 25 % de leurs revenus.
Donc, on prend
vraiment en considération le revenu. Il y a aussi la mixité sociale.
Pour terminer, M. le
Président, en améliorant l'environnement bâti, en favorisant la mixité sociale,
la SHQ contribue à la revitalisation de
certains quartiers ainsi qu'au mieux-être des collectivités et individus qui y
habitent. J'ai visité plusieurs
endroits où on retrouve des familles, des gens plus vieux, et vraiment
il y a un échange vraiment
important de connaissances à l'intérieur de ça et de services. J'ai vu, à des
endroits, des plus vieux qui gardaient justement des enfants de familles plus jeunes, que, ces familles-là, soit qu'elles
pouvaient retourner à l'école ou soit qu'elles pouvaient retourner au
marché du travail. Les aînés, de un, à ce moment-là, ça les occupe, et en même
temps, bien, ces aînés-là qui ont des connaissances les transmettaient, justement,
à ces plus jeunes là.
Je
pense que c'est assez important et je pense qu'il va falloir vraiment
continuer à avoir une mixité qui contribue, donc, à la création d'une
richesse sociale où les forces de chacun pourraient être utilisées pour le bien-être
de tous. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de Vimont,
de votre intervention. Et, pour la poursuite du débat, je cède maintenant
la parole à M. le député de Laval-des-Rapides… Pas Laval-des-Rapides…
M. Polo :
Oui, oui, Laval-des-Rapides, c'est bien ça.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, oui, c'est ça, c'est bien ça. Alors, à vous la
parole, toujours sur le discours du budget, pour ceux qui nous suivent, là.
Alors, allez, c'est à vous.
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, M. le
Président. Tout d'abord, j'aimerais féliciter notre collègue et ministre des Finances
pour le travail qu'il a fait, et l'ensemble de son équipe, qu'ils ont fait dans
un délai assez court puis également dans des conditions pas toujours
très faciles.
Il faut rétablir un peu les faits. Comme vous le
savez, nous avons fait campagne en annonçant qu'il y avait un certain déficit
et en anticipant qu'il y avait un certain déficit. Et malheureusement ça a été
une des découvertes que notre collègue
M. Leitão a faites avec l'ensemble de son équipe : les
chiffres étaient beaucoup plus importants, et le déficit était beaucoup
plus important qu'initialement anticipé. En combinant ce travail, si on peut
dire, de préparation, il y a également eu un mandat qui a été assigné à deux
économistes et, en fait, fiscalistes d'importance très reconnus ici, au Québec : M. Godbout et M. Montmarquette.
Et le rapport qu'ils ont produit dans des délais très, très, très courts a
également mis en relief l'importance et l'urgence
des actions que doit poser notre gouvernement non seulement pour cette année à travers son budget de 2013‑2014,
mais également dans les années à venir, également des choix importants à faire
pour notre société, des choix, si on peut
dire, structurants. Pourquoi? Parce qu'en fait aujourd'hui nous sommes face à
une situation où le déficit est devenu maintenant un déficit structurel
et non pas un déficit ponctuel comme tel. Ceci a été créé face à une situation
où la croissance des dépenses, au cours des dernières années, a augmenté de
façon plus importante que la croissance des revenus.
Et non seulement ça, il faut aussi mettre cette
situation-là dans un contexte où, malheureusement pour notre économie, les 18 mois qui ont précédé la
venue et l'entrée en vigueur de notre gouvernement, l'économie a été mise à mal par un gouvernement
qui a créé une situation et un contexte non seulement de peur et de division au
sein de notre société, mais également de rejet et de refus, même, de certains
projets économiques importants pour notre société.
J'aimerais, à
cela, sur ce point-là, mentionner notamment le Plan
Nord qui, malheureusement, a été baptisé, baptisé par nos collègues de l'opposition
officielle comme étant le plan mort. M. le Président, ce projet, nous en sommes
très fiers. Notre formation politique a été
à l'instigation, à l'inauguration de ce projet-là en 2008, et sa mise en
application qui a été faite dans les années
qui ont suivi a permis justement de générer un contexte de confiance et surtout un
contexte de croissance pour notre économie. Et c'est, entre autres, à
travers ce projet-là et d'autres décisions prises par le gouvernement précédent
que notre économie a été mise à mal.
• (11 h 40) •
Comme le
mentionnait, donc, le rapport Godbout-Montmarquette, l'importance du premier
geste posé par notre gouvernement, donc le budget de cette année, était
de lancer un message de mieux maîtriser les dépenses publiques tout en créant un contexte de création d'emplois et une
croissance économique. Je crois sincèrement,
et par la réponse des milieux économiques et des différents
leaders non seulement économiques, mais différentes institutions, même syndicales, et d'autres groupes de la société, que
cet objectif-là a été respecté par le ministre des Finances puis également par le message global
présenté par notre premier ministre.
À cela il
faut aussi indiquer qu'il y a une donnée importante dans le rapport
Godbout-Montmarquette, à savoir qu'il existe au Québec une dynamique de
croissance des dépenses, comme je vous ai dit, incompatible avec les revenus perçus pour les financer. Dans ce contexte-là,
deux commissions ont été annoncées par le premier ministre et également par le ministre des Finances, à savoir une révision de
la politique de la fiscalité au Québec. Il faut qu'il y ait une
cohérence dans notre politique de fiscalité
au Québec pour justement mieux prévoir, mieux anticiper les revenus générés par
l'État à travers non seulement les
contribuables, mais également les entreprises. Par la suite, il faut également
non seulement s'intéresser à la
colonne des revenus, mais également s'intéresser à la colonne des dépenses. Et
c'est là qu'il y a un travail ardu, un travail important, un travail
sérieux qui a été débuté par le ministre Leitão, mais qui va continuer
justement par la mise en place de cette
commission qui n'est pas une commission gouvernementale, qui n'est pas une
commission de parlementaires, qui n'est
pas une commission où le travail sera dicté par les élus. En fait, c'est une
commission où les citoyens, où nos concitoyens pourront s'exprimer en
toute ouverture, à savoir identifier quels sont les programmes qui méritent une
révision de leur mission, quels sont les
programmes qui ont respecté leurs objectifs et également quels sont les
programmes qui n'ont pas respecté ces
objectifs au cours des dernières années. Pourquoi? Parce que, dans la culture
de notre société, au cours des
dernières années et même au cours des dernières décennies, nous nous sommes
donné comme tâche de créer des programmes
pour justement corriger certaines situations. Malheureusement, la répartie ou,
si on peut dire, la contrepartie de ces actions-là n'a pas toujours
suivi, qui était la révision des résultats de ces mêmes programmes que nous
avons créés. Je suis convaincu qu'à la base
la création de ces programmes-là était de bonne foi. Et malheureusement,
aujourd'hui, nous sommes devant une situation où il faut faire une revue
complète de ces programmes. Et c'est pour ça que notre premier ministre, et notre ministre des Finances, va, également,
accompagné du ministre, du président du Conseil du trésor, va inviter la population à s'exprimer sur l'ensemble
de ces programmes-là. Pourquoi? Parce que nous conservons la priorité de
continuer à offrir des services primordiaux pour la population, mais à cela il
faut regarder quels sont les résultats obtenus par l'ensemble de ces
programmes-là.
Nous nous sommes aussi engagés, dans le contrôle
des dépenses, à mettre, dès le lendemain de l'entrée en vigueur de notre
gouvernement, à mettre en application le cran d'arrêt, O.K., pour le
recrutement de nouveaux fonctionnaires. Ceci
dit, ce que ça annonce comme message, c'est une rigueur au niveau de la gestion
des dépenses de notre gouvernement. À cela va s'ajouter également une
politique de notre gouvernement qui… M. le premier ministre l'a annoncé, qui est celle de... pour tout nouveau
programme créé, nous allons réviser et éliminer un programme existant. Donc, au lieu d'ajouter une couche par-dessus une
couche, par-dessus une autre couche, nous allons regarder : Comment
pouvons-nous, justement, ajouter un
programme, cibler des mesures appropriées pour notre population, mais, de
l'autre côté, regarder de quelle façon nous
pouvons générer les économies pour financer ces nouveaux programmes,
également?
J'aimerais
également, M. le Président, m'adresser aux gens de Laval-des-Rapides à savoir
de quelle façon le budget présenté par le ministre des Finances... de quelle
façon ça a eu un impact auprès de la population de Laval-des-Rapides, mais
également auprès de la population lavalloise. C'est bien entendu, M. le
Président, l'avenir de mes citoyens demeure
au coeur de mes préoccupations, et, à cet effet, je me réjouis particulièrement
des retombées du budget pour Laval.
Ce sont des investissements annoncés, sur une période de 10 ans, de
presque 2,7 milliards de dollars pour la réalisation de projets d'infrastructure dans la région. Ces
investissements prévus dans le Plan québécois des infrastructures 2014‑2024
mettent à la fois l'accent sur les travaux de maintien et d'amélioration ainsi
que sur le développement économique et
répondent aux préoccupations prioritaires des citoyennes et des citoyens
lavallois, à savoir l'amélioration de la
qualité de vie à travers un réseau routier en bon état, de la lutte contre la
vétusté et de la sécurité de tous et de toutes.
Parmi les projets de
50 millions de dollars et plus prévus justement dans le PQI au calendrier
2014‑2024, sept projets concernent la région
de Laval, dont la réfection du pont Pie-IX entre Laval et Montréal, la
reconstruction du pont Gédéon-Ouimet entre Laval et Boisbriand. Et, en
consacrant près de 60 % de l'ensemble des investissements du Plan québécois en infrastructures au maintien et à la
réfection des infrastructures routières et immobilières, le gouvernement
démontre une utilisation responsable, prospère et transparente des fonds
publics.
M. le Président, sur
le point du développement économique, il est important de citer les projets de
l'usine de filtration de Laval, le projet de la place Bell et ainsi que le
projet de l'amphithéâtre... le projet de la place Bell, l'amphithéâtre de Laval, qui ont été retenus dans le volet
Investissement immobilier. Ce sont là des projets d'envergure pour Laval et les Lavallois, car, en plus de
participer au rayonnement de la ville, ces projets contribuent à générer des
emplois et répondent ainsi à nos engagements pour la région, à savoir générer
des opportunités pour ceux et celles qui veulent avancer et qui veulent s'en sortir également, surtout dans mon comté,
Laval-des-Rapides, qui est un pôle universitaire, un pôle collégial, un pôle professionnel et un pôle
secondaire. Un pôle essentiellement d'éducation à Laval, où la
démographie des 18 à 35 ans... le groupe
démographique de 18 à 35 ans est supérieur à la moyenne québécoise. Et c'est
pour moi, comme député de Laval-des-Rapides, une priorité, non seulement
une priorité que notre gouvernement leur offre des services d'éducation et une
formation adéquate pour les préparer à accéder au marché du travail, mais
surtout leur offre des opportunités pour se mettre en valeur et pour, surtout
dans mon cas à moi, à Laval-des-Rapides, pour les retenir et pour leur offrir
un environnement accueillant afin qu'ils puissent s'installer et prospérer à
Laval-des-Rapides.
Au niveau de la
famille, M. le Président, parmi les attentes de nos concitoyens, la création
des places en CPE reste au coeur des
préoccupations, et le budget présenté par mon collègue le ministre des Finances
vient alléger le poids qui pèse sur beaucoup de familles, en annonçant l'objectif
de créer 6 700 nouvelles places en garderie ou en CPE.
Pour
continuer, M. le Président, j'aimerais également mentionner que le budget qui a
été présenté ici même, à l'Assemblée
nationale, est un budget sérieux, c'est de cette façon que notre collègue le
ministre des Finances l'a classé, l'a catalogué, qui compte notamment à
mettre en pratique le principe de la capacité de payer des Québécois. Il serait
d'ailleurs opportun de rappeler, à cet
effet, la situation précaire dans laquelle le gouvernement précédent a laissé
les finances publiques et les
finances du Québec. Le défi était de trouver des mesures concrètes pour assurer
la relance du Québec en prenant en
considération les différentes contraintes. Ce budget s'inscrit donc dans cet
objectif qui prévoit notamment, qui prévoit,
justement, d'éviter l'augmentation du fardeau fiscal des citoyens, mais plutôt
la relance des différents chantiers, notamment au niveau du rôle de l'État,
à travers une révision profonde et rigoureuse de l'ensemble des programmes du
gouvernement.
Je
salue donc, comme mentionné, la commission de révision permanente des
programmes ainsi que la commission de
révision sur la fiscalité québécoise, qui sera présidée par M. Luc Godbout et
qui aura pour mandat de dresser un état de situation de la fiscalité du Québec et de proposer des réponses
nécessaires pour que le régime fiscal finance adéquatement les services
publics tout en favorisant la croissance économique.
M.
le Président, en terminant, lors de son discours inaugural, le premier ministre
annonçait, déclarait que la priorité est
de notre avenir ce que nous laissons à celles et ceux qui nous suivront. Il
faisait référence à une des valeurs défendues par notre formation politique, le Parti libéral du Québec, à savoir que
l'équité intergénérationnelle est une valeur-phare pour notre formation politique. En effet, cette valeur
nous est chère et a pour principe de défendre les droits des générations
futures, vivre dans une société aussi prospère et développée que celles et ceux
qui ont contribué à la construire.
Le budget présenté
par le ministre des Finances démontre un attachement certain à cette valeur en
faisant du Québec un État responsable, un
État qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la
capacité des générations qui suivront la leur. Et c'est pour cela, M. le
Président, que je soutiens ce budget, pour mon petit garçon Javier et l'ensemble
des futures générations envers qui nous avons l'obligation de léguer un État et
une société où ils pourront s'épanouir dans…
de tous et chacun et que chacun… assumerons la
responsabilité de nos gestes,
en respect de l'ensemble de nos citoyens. Merci beaucoup, M. le
Président.
• (11 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on vous
remercie, M. le député de Laval-des-Rapides, de votre intervention. Et, pour la
poursuite du débat, toujours sur ce même discours du budget, je cède la parole maintenant
à M. le député de Jonquière pour son intervention. M. le député de Jonquière, à
vous.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, ça me fait extrêmement plaisir de pouvoir faire aujourd'hui cette
intervention en réplique sur le discours du budget présenté le 4 juin dernier
par le gouvernement, le premier budget de ce gouvernement.
Vous savez, je tenais
à faire cette intervention parce que, quand même, le discours du budget est un
morceau extrêmement important de notre gestion gouvernementale. Et, comme porte-parole en environnement, développement durable,
lutte aux changements climatiques, loi sur l'accès à l'information, je pense qu'il
est extrêmement important de faire ressortir les éléments plus critiques de ce budget en matière d'environnement, en matière de développement
durable parce qu'effectivement, M. le
Président, il y a ou il n'y a pas — c'est ce que nous verrons dans les prochaines
minutes — des éléments qui touchent l'environnement
dans ce budget et également le développement durable.
Je voudrais
juste faire une parenthèse, M. le Président, et je sais que vous allez me le permettre parce qu'on
est le 11 juin aujourd'hui, alors c'est la fête du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors, je tiens à le souligner. Et je suis très heureux de pouvoir m'adresser en cette Chambre aujourd'hui, en cette
fête nationale de ma région. Alors, c'est
toujours très célébré dans ma région. Je
sais, vous y avez des liens. Et vous êtes
habillé en bleu, d'ailleurs, couleur des bleuets. Alors, je sais
que c'est pour cela que, ce matin, là, vous avez pensé à notre région quand
vous vous êtes levé ce matin. Alors, merci et bonne fête à tous les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, sur la question du budget, M. le
Président, je veux évidemment insister, dans un premier temps, sur la question
de l'environnement. On verra si j'ai un peu de temps, parce que peut-être,
effectivement, à la fin, je pourrais intervenir aussi sur la question des
régions, particulièrement du Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'est la bonne journée aujourd'hui
pour en parler, mais…
Le Vice-Président (M. Gendron) : …
M. Gaudreault :
Oui. Bon, alors, je vais essayer, M. le Président.
Donc, sur la
question de l'environnement, nous avons été obligés de constater, de ce côté-ci
de la Chambre, que la question du
développement durable, de l'environnement est le parent pauvre de ce budget déposé
le 4 juin par le ministre des
Finances. Quand je dis : Le parent pauvre du budget, c'est qu'on se serait
attendus, de ce côté-ci de la Chambre, à une certaine vision intégrée en
matière d'environnement et de développement durable. Quand on parle de développement
durable, M. le Président, c'est, vous le savez, trois piliers : bien sûr, l'économie, le
social et l'environnement. Nous sommes rendus en 2014,
alors nous nous serions
attendus, de ce côté-ci de la Chambre, à avoir un budget qui nous projette dans
les prochaines années, dans le futur, non pas pour voir l'environnement comme
un empêcheur de tourner en rond, mais voir l'environnement, au contraire, et
le développement durable comme des vecteurs de
création de la richesse. Mais malheureusement il n'y a pas cette
vision-là dans le budget du gouvernement,
alors que l'ancien gouvernement, le gouvernement
auquel j'ai eu le privilège de participer,
avait élaboré cette vision très large, que ce soit, par exemple, avec le lien entre les Affaires municipales et
les Transports, que c'était incarné dans le budget, mais que c'était aussi très bien incarné par cette
politique très forte sur l'électrification des
transports.
Donc, lutte aux changements climatiques,
environnement, développement durable comme vecteurs de création de richesse. Mais, dans le budget que nous avons devant nous
aujourd'hui, c'est zéro à cet égard. L'environnement recule au XXe siècle avec ce gouvernement, M. le Président. L'environnement recule au XXe siècle, alors
que nous n'en sommes plus là. L'environnement,
le respect de l'environnement, la vision du développement durable doit et
devrait désormais être constamment un élément de création de richesse, qui n'apparaît dans ce budget-là.
Un peu pour s'amuser, on a fait un certain
survol, vous savez, on a lu attentivement, et on a relu le budget du gouvernement
libéral, et on a constaté qu'il apparaît 76 fois le mot
«économie», 22 fois le mot «social» mais seulement 18 fois le mot «environnement», sans
compter que parfois il est utilisé pour dire «environnement d'affaires». Alors,
vous comprenez, M. le Président, que, ne
serait-ce que sur le plan strictement comptable de l'utilisation des trois
mots qui doivent représenter le développement durable, bien, évidemment, l'environnement ne s'y retrouve pas.
Mais je ne veux
pas m'en tenir à des éléments anecdotiques, je veux vraiment intervenir sur le
fond des choses. Il y a
deux dossiers en particulier qui me préoccupent et qui nous préoccupent, de ce côté-ci de la Chambre, c'est la question
de la réouverture du dossier de la filière des gaz de schiste et les
hésitations du gouvernement, particulièrement
du ministre de l'Environnement, sur le dossier et le projet du pipeline Énergie
Est de TransCanada et tout le flou artistique
qu'entretiennent le ministre et le gouvernement sur cette question-là, notamment
sur la procédure du BAPE, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement,
autour, éventuellement, du projet de TransCanada.
On va les
prendre un à la fois, M. le Président. On va commencer par le dossier du gaz de schiste. Écoutez, il est très
clair que ce gouvernement est en
train de faire un montage nous
conduisant… conduisant le Québec à une réouverture de la filière des gaz de
schiste. On ne se trompera pas, M. le Président, et le gouvernement ne nous
dupera pas et ne dupera pas les Québécois et les Québécoises, il y a un plan
scénarisé de ce gouvernement de réouverture, de retour dans la filière des gaz
de schiste. Et je pense que cela interpelle fortement l'ensemble de la population
québécoise mais évidemment
plus particulièrement ceux et celles qui vivent dans la vallée et dans
les basses-terres du Saint-Laurent. Pourquoi
je dis ça? Et là je ne veux pas verser dans la théorie du complot, M. le Président, vous me connaissez, mais il reste qu'il y a un échafaudage, il
y a quand même quelques éléments qui s'ajoutent comme des briques dans un mur
pour construire quelque chose conduisant vers cette réouverture du dossier des gaz
de schiste.
Si on fait un retour, là, dans un calendrier…
premier élément : 3 avril 2014, en pleine campagne électorale, le Parti libéral parle des gaz de schiste mais dans
la mesure où il y a acceptabilité
sociale. Après l'élection, formation du gouvernement; 28 mai 2014,
donc récemment, j'ai tenté de déposer ici une motion demandant de rappeler le projet
de loi n° 37 sur le moratoire sur les gaz de schiste, projet de loi n° 37, je vous rappelle, M. le Président, qui avait été présenté par
notre gouvernement, par notre ancien collègue Yves-François Blanchet,
ministre de l'Environnement, et le
gouvernement a refusé d'accepter cette motion pour rappeler le projet de loi n° 37 instituant
un moratoire sur les gaz de
schiste. Deux jours plus tard, le 30 mai 2014, le ministre de l'Environnement…
Mais on voyait qu'il était en arrière-plan
parce que c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles qui
prenait la parole. Donc, les deux ministres
ont annoncé une évaluation environnementale stratégique globale sur les
hydrocarbures, incluant le dossier, incluant la
filière des gaz de schiste, ce qui, M. le Président, court-circuite le BAPE,
qui est présentement en cours, le BAPE qui
vient tout juste d'entamer ses consultations publiques sur la question des gaz
de schiste pour entendre l'opinion, l'opinion des gens, l'opinion
publique.
Alors, pourquoi le gouvernement, le 30 mai,
annonce une autre étude, une autre évaluation environnementale stratégique en
plus de tout ce qui se fait déjà puis même en plus de ce qui est déjà en cours
et qui venait à peine de commencer, donc les
auditions du BAPE sur la question des gaz de schiste pour entendre les gens?
Et, évidemment, autre geste
ultime : le 4 juin, dépôt du budget, dans lequel les intentions du
gouvernement sont davantage précisées, davantage entendues quant à la
réouverture du dossier des gaz de schiste.
Pourtant, M. le Président, pourtant, nous avons
déjà eu deux évaluations environnementales stratégiques, deux BAPE en quatre ans, et le consensus est très
clair. D'une part, d'un point de vue social, il n'y a pas d'acceptabilité
sociale sur le dossier du gaz de schiste. Il
me semble que ça m'apparaît être très, très clair. Il ne suffit pas de
remonter à Mathusalem, M. le Président, parce que souvenez-vous de 2010,
souvenez-vous de 2010 où il y a eu une crise sans précédent autour du dossier des gaz de schiste à travers le Québec, à
travers surtout la région des basses-terres du Saint-Laurent,
Centre-du-Québec, Mauricie—Bois-Francs,
Montérégie, où le dossier des gaz de schiste
était extrêmement présent.
• (12 heures) •
On a vu des populations se mobiliser dans des
conseils municipaux, dans des activités politiques et publiques contre les gaz de schiste. Donc, évaluation
environnementale stratégique, il y en a eu deux, il y a eu des BAPE, dont
celui qui commence à peine ses travaux pour
entendre la population, et c'est clair : pas de consensus, pas d'acceptabilité
sociale.
Écoutez,
quand on parle d'acceptabilité sociale... Vous savez, l'unanimité n'est
peut-être pas possible dans cette société,
puis c'est normal, mais l'acceptabilité sociale, ça prend quand même un certain
large consensus. Et là, visiblement, il n'est pas là, ce large
consensus. Et toutes les études, que ce soient les études environnementales
stratégiques ou le BAPE présentement en
cours, nous le disent de façon très claire, ça, pour le volet acceptabilité
sociale. Mais ces mêmes études qui
ont été faites depuis quatre ans sur le dossier des gaz de schiste évoquent
également des risques, des risques élevés
sur les fuites, par exemple, de gaz, sur les puits à la suite des forages, les
risques reliés à la fracturation hydraulique. Et on a vu très
clairement, dans d'autres juridictions, que ce soit en Pennsylvanie ou même en
Europe, ce que ça a occasionné, la fracturation ou les forages pour aller
chercher les gaz de schiste.
Et, malgré
cela, malgré cela, M. le Président, le gouvernement s'entête à nous ramener une
évaluation environnementale
stratégique sur les gaz de schiste. Mais qu'est-ce que ça va prendre de plus,
M. le Président, pour que le gouvernement comprenne, un, qu'il y a des
risques très élevés sur le plan environnemental et, deux, qu'il n'y en a pas, d'acceptabilité
sociale? Sans compter tout le marché de l'énergie, sur lequel nous pourrions
faire encore un long plaidoyer, M. le
Président, parce que les prix, présentement, là, si le gouvernement commençait
à examiner un peu ce qui se passe sur les marchés internationaux, les
prix du gaz sont en chute. Alors, M. le Président, je ne comprends pas ce dessein du gouvernement de ramener le dossier des
gaz de schiste dans la gorge des Québécois. Je ne le comprends pas. Et
ici, de ce côté-ci de la Chambre, nous ne le comprenons pas. Et les Québécois
et les Québécoises que je rencontre ne le comprennent pas également.
Là, vous
allez me dire : Oui, mais en quoi le budget vous amène à dire… ce que je
dis? Je vous connais, vous allez me
demander ça, M. le Président. Alors là, moi, étant un homme de grande rigueur,
je vous réfère à la page B.105 du plan budgétaire du gouvernement,
où on parle de l'évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste.
Et je veux juste vous rappeler que le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles nous a dit… lors de son
point de presse avec le ministre de l'Environnement
sur, justement, les évaluations environnementales stratégiques, le 30 mai,
il a dit qu'il voulait faire un travail pédagogique. Là, on est dans le
festival de l'euphémisme, M. le Président, pour ne pas dire directement ce qu'il
voudrait nous dire, c'est-à-dire qu'il veut enfoncer dans la gorge des
Québécois la réouverture du dossier des gaz de schiste.
Alors, ce
travail pédagogique, bien, on le voit, ici, dans la page B.105 de ce
document budgétaire — alors,
je suis directement sur le sujet, je
suis dans la réplique du discours du budgétaire, je fais référence à un
document budgétaire — où
on parle de ce qu'est une évaluation environnementale stratégique sur les gaz
de schiste, et, à la fin, par exemple, de cette
page B.105, là, c'est un encadré, on dit que «l'objectif, c'est d'assurer
une meilleure acceptabilité sociale par des échanges structurés avec la
population afin qu'elle puisse être informée du développement de la filière».
Alors, ça, ça
me fait penser à Claude Ryan, en 1980, qui avait dit que le Saguenay—Lac-Saint-Jean avait voté oui parce qu'on était mal informés. Si on était bien
informés, on aurait voté non au référendum. Alors là, c'est comme si le gouvernement venait dire la même chose : Si
la population était informée, hein, si la population était informée, ils
seraient pour les gaz de schiste. Alors, travail pédagogique. Il ramène ça par
la porte d'en arrière, M. le Président.
Et : «Assurer
une meilleure acceptabilité sociale — le deuxième picot, je sais que vous aimez
cette expression — des
mesures d'atténuation qui tiennent compte des préoccupations de la population.»
Alors, c'est clair, M. le Président, comme
de l'eau de roche, comme du gaz, à l'effet que le gouvernement cherche à tout
pris à ramener le dossier des gaz de
schiste ici, au Québec. Le gouvernement minimise, M. le Président, cherche à
minimiser, par toutes les façons possibles, les risques environnementaux
associés aux gaz de schiste, risques qui sont pourtant documentés.
Pourtant, c'est bien simple, puis on se serait
attendus à ce que le budget le dise clairement, la seule solution possible dans ce dossier-là à ce moment-ci, c'est
le statu quo. Et le statu quo, c'est
quoi? C'est d'abord un moratoire sur les gaz de schiste, c'est ça que la population veut. Est-ce
qu'on est capables de l'entendre? Est-ce que
le gouvernement peut l'entendre,
pour une fois? Et c'est ce que nous, nous avions amené avec le projet de loi n° 37,
comme gouvernement. Alors, je tends la main
au gouvernement actuel en disant : Nous sommes prêts à l'étudier
puis à l'adopter rapidement, s'il le faut, ce projet de loi n° 37.
Mais encore faut-il que le gouvernement accepte de renoncer à une vision
purement partisane en disant : On ne rappellera pas
un projet de loi de l'ancien gouvernement. C'est ça que la population veut, M.
le Président, c'est d'avoir un moratoire sur les gaz de schiste. Il me semble
que c'est clair.
Deuxième
dossier, M. le Président — je vois le temps filer — c'est sur l'oléoduc Énergie Est de
TransCanada. Alors, ici, le ministre est
spectateur, et c'est fort désolant. Parce que, vous savez, quand on est dans un
nouveau gouvernement… puis on est en train de le voir avec la ministre de la Sécurité publique, la vice-première
ministre, sur le dossier d'Orsainville, mais, quand on est un
nouveau gouvernement puis que,
là, il y a un dossier qui se pointe devant un ministre, il faut que le ministre marque le coup tout de suite pour
montrer quel genre de ministre il est. Mais, dans le dossier de Cacouna,
puis le dossier de TransCanada, puis du pipeline Énergie Est, bien, le ministre
de l'Environnement nous a démontré qu'il est
un ministre spectateur. Un ministre spectateur parce que ça a pris une requête
de groupes environnementaux pour une
injonction, en Cour supérieure, sur les travaux de forage à Cacouna pour que le
ministre se fasse interpeller… ou que
le ministre décide d'appliquer la loi dont il est responsable, la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Et, à cet
égard, c'est quand même un projet majeur, sur lequel nous aurons l'occasion de
revenir éventuellement en cette
Chambre, sûrement. Bien, le projet, je parle évidemment de l'oléoduc de
TransCanada, Énergie Est, bien, le budget est complètement muet sur le mandat accordé au BAPE sur TransCanada.
Alors, M. le Président, c'est fort inquiétant. Parce que le ministre, il va faire quoi? Quel genre de
BAPE il va confier sur ce dossier-là? Est-ce que ça va être seulement
sur le port de Cacouna ou ce sera sur l'ensemble de l'oeuvre? On aura l'occasion
de revenir là-dessus.
Je veux
terminer, M. le Président… quand même mentionner d'autres dossiers qui
démontrent encore une fois que l'environnement
n'est pas la préoccupation de ce gouvernement dans le budget : la relance
des minicentrales. Écoutez, M. le
Président, j'ai été renversé. On avait pris une décision courageuse, comme
gouvernement, de renoncer au projet de minicentrales. Le gouvernement
ramène ça, encore une fois, alors que les prix ne sont pas au rendez-vous,
alors qu'il y a des risques environnementaux
sur les rivières sur lesquelles il y aura évidemment ces minicentrales, alors
que nous sommes évidemment dans un contexte de surplus énergétique, M.
le Président.
Alors, voilà
quelques éléments. Malheureusement, je ne peux pas… je suis obligé d'arrêter
ici, mais je dois vous dire qu'il y a encore beaucoup d'autres éléments
sur l'environnement qui nous questionnent de ce côté-ci, quant au budget et
même sur le côté du développement régional. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député de Jonquière, pour votre intervention
sur le discours du budget. Et, le temps imparti à l'opposition officielle étant
terminé, je cède maintenant la parole à M.
le député de Jean-Lesage pour son intervention sur le discours du budget. M. le
député de Jean-Lesage, à vous la parole.
M. André Drolet
M. Drolet : Merci, M. le
Président. Chers collègues, il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui
dans le cadre du débat portant sur le
discours du budget déposé par mon collègue le ministre des Finances le
4 juin dernier. Vous savez, tout
comme moi, que le dépôt d'un budget marque une étape charnière dans le
processus législatif dans lequel nous, les
parlementaires, évoluons quotidiennement. En effet, le discours sur le budget
est un outil de premier ordre grâce auquel le gouvernement peut énoncer,
chiffrer et surtout clarifier la stratégie économique qu'il compte utiliser
afin de gérer les finances du Québec.
M. le Président, nous sommes 125 députés
auxquels… Nous avons à faire face à, chacun de nos comtés, des priorités, des besoins de notre comté et nous
devons aussi, nous autres, mettre de l'ordre pour être capables d'évaluer
la priorité de chacune pour, justement,
respecter l'ensemble budgétaire, mais surtout dans un contexte comme
actuellement.
Bien qu'année après année le budget soit un
événement attendu, celui de cette année revêt un caractère très particulier puisqu'il s'agit du premier budget de
notre gouvernement suite aux dernières élections et que ce budget marque
la relance de notre économie et le redressement des finances publiques du
Québec.
M. le
Président, l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui de prendre la parole me
permettra de vous démontrer en quoi
notre gouvernement a à coeur la vitalité de notre économie et de vous démontrer
tout le sérieux avec lequel nous devons traiter l'état de nos finances
publiques. D'ailleurs, M. le Président, dans la campagne électorale, notre chef
a insisté sur, naturellement, la rigueur
pour, naturellement, en arriver avec un budgétaire respectable pour ce budget.
Redresser les finances publiques, M. le Président, c'était ça, s'occuper des
vraies affaires, et nous avons entendu parler de cela régulièrement dans le
cadre de nos porte-à-porte et de nos visites sur le terrain.
• (12 h 10) •
J'étais
tellement fier d'entendre valoriser le trio économique que nous avons ici
maintenant, qui fait en sorte que les gens ont confiance avec ces
gens-là qui viennent de l'extérieur et qui ont décidé de venir s'investir en
politique pour être capables de donner au
Québec, vraiment, une relève importante pour nos générations à venir. Alors,
quelle fierté de faire partie de ce
trio-là et de cette belle équipe libérale là qui se met en place présentement.
Et même j'ajouterais qu'un journaliste m'a même dit qu'il n'avait jamais
vu un gouvernement aussi solide depuis les 20 dernières années à la tribune parlementaire.
Alors, voilà quelque chose de bien, bien, bien intéressant.
Nous devons, M. le Président, redresser les finances publiques, car la situation
actuelle n'est plus acceptable. Le déficit budgétaire de l'année 2013-2014
s'élève à 3,1 milliards de dollars, soit 600 millions de plus ce qui
avait été annoncé par le gouvernement précédent. À ce rythme, pour 2014-2015 et 2015-2016, si rien n'était fait, le Québec
se serait retrouvé face à des déficits de 5,9 milliards de dollars
et de 7,9 milliards de dollars. M. le Président, voilà la réalité, la réalité qui nous est apparue suite à l'évaluation et surtout, aussi, naturellement, de notre gouvernement, suite à
certaines vérifications suite au dernier budget de notre dernier gouvernement. Alors, pour les générations à venir, il était important, pour
mes enfants et mes petits-enfants, de redresser cette finance-là.
Cette situation-là est
inacceptable, M. le Président, et je suis très heureux que notre gouvernement
ait pris l'engagement de retrouver l'équilibre budgétaire. Nous ne pouvons nier
la réalité, et ce budget ainsi que celui de l'année
prochaine marqueront le passage obligé que nous devons emprunter afin d'assurer
un avenir de qualité pour nos générations.
D'ailleurs, ce n'est pas seulement nous qui le disons, d'ailleurs,
un groupe d'experts, avec en tête M. Godbout et M. Montmarquette, et, naturellement,
le rapport du VG, qui, la semaine passée, a suscité beaucoup par rapport à l'opposition…
Voilà des faits marquants pourquoi on devait s'asseoir afin de relancer notre économie,
qui a stagné pendant les 18 derniers mois.
Le gouvernement souhaite stimuler l'économie selon cinq axes : premièrement, en appuyant les investissements privés, en mettant l'accent sur les PME, notamment les manufacturières;
deuxièmement, en lançant la première stratégie maritime afin que le Québec
puisse devenir la plaque tournante du trafic transatlantique; troisièmement, par la renaissance du Plan
Nord, par ses aspects économique,
social et environnemental — dans ce sens, notre gouvernement a annoncé la création de la Société du Plan Nord ainsi que la
mise en place du Fonds du Plan Nord, doté d'une enveloppe de
63 millions de dollars pour la
prochaine année — quatrièmement,
en misant sur la valeur de nos ressources naturelles présentes sur notre territoire; et, finalement, en poursuivant
les investissements dans les infrastructures. Ces cinq axes seront mis
en place, M. le Président, tout en contrôlant la dette et en respectant la
capacité de payer de nos Québécois.
En tant qu'adjoint parlementaire du ministre
délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Allègement réglementaire et au Développement économique
régional, je suis particulièrement heureux des mesures mises de l'avant dans le budget afin d'encourager nos PME. Vous
savez, M. le Président, que les PME sont au coeur de notre économie. Elles respectent, à elles seules, plus de la
moitié de tous les emplois au Québec et 70 % des nouveaux emplois qui
sont créés, sans compter qu'elles sont
présentes partout dans nos régions et qu'elles représentent les particularités
propres à chacune d'elles. La relance de notre économie passe par le
dynamisme des PME et leur capacité d'investir. D'ailleurs, afin de stimuler l'investissement,
mon collègue ministre des Finances a annoncé une réduction du taux d'imposition
sur le revenu des PME manufacturières de
8 % à 6 % à partir de maintenant ainsi qu'une déduction additionnelle
pour les coûts de transport des PME manufacturières éloignées des grands
centres. Cette mesure permettra, entre autres, aux PME des régions d'améliorer
leur compétitivité, malgré leur situation géographique.
Lorsque j'ai participé à la tournée provinciale
sur la mise en place de la stratégie entrepreneuriale, plusieurs dirigeants d'entreprise
nous ont demandé de mettre en place des mesures pour diminuer la paperasse et
le fardeau administratif. M. le Président,
je suis heureux de voir que le message a été entendu, puisque notre
gouvernement a pris l'engagement de
réduire de 20 %, d'ici 2015, le coût des formalités administratives
imposées aux entreprises. Pour mener cet exercice, le ministre délégué
aux Petites et Moyennes Entreprises a été nommé président du comité permanent
du suivi de l'allègement réglementaire.
Soyez assuré, M. le Président, que je vais suivre ce comité avec grand intérêt
parce que moi-même, je suis très près de
cette industrie qui est les PME. Notre gouvernement joue un rôle de leader en
matière de financement des entreprises
en démarrage. Il entend bien l'accentuer, entre autres par la création d'un
fonds de capital de risque, en partenariat avec le secteur privé et le
gouvernement fédéral, pour un montant de 375 millions de dollars.
Ce ne sont là
que quelques mesures qui ont été annoncées pour stimuler l'entrepreneuriat lors
du dernier budget. M. le Président, je suis convaincu que ces mesures
feront une différence dans le quotidien de nos entreprises.
En tant que
député de Jean-Lesage, je suis persuadé que les citoyens de mon comté seront
concernés par plusieurs mesures mises de l'avant par notre gouvernement.
Permettez-moi, entre autres, d'en souligner quelques-unes qui m'interpellent
particulièrement, puisque le comté de Jean-Lesage est situé en plein coeur de
la ville de Québec. Les citoyens seront heureux d'apprendre que le projet d'agrandissement
de l'autoroute Henri-IV sera mis de l'avant et l'étude ainsi que les reconnaissances du statut
particulier de la ville de Québec en tant que capitale nationale du Québec. Ils
seront aussi touchés par la création d'un
fonds de 50 millions de dollars pour le développement du sport, de l'activité physique. L'ajout
dès cette année de 6 300 places en service de garde et de 4 000 autres places dans les années à venir
permettra de compléter le réseau. Afin de maintenir et d'améliorer la qualité
de vie de nos aînés, un crédit d'impôt remboursable pouvant atteindre 200 $ est mis en place pour les gens qui
pratiquent des activités physiques, artistiques et culturelles.
M. le Président, une autre mesure importante sur
laquelle plusieurs citoyens de mon comté m'ont interpellé dans les dernières semaines est la construction de
logements sociaux et communautaires abordables. Leur message a été
entendu puisque notre gouvernement entend investir 250 millions dans la
construction de 3 000 nouveaux logements sociaux communautaires abordables dans toutes les régions du Québec.
Soulignons que, de ce nombre, 500 logements seront réservés aux
personnes itinérantes et que plus que 8 millions de dollars par année sont
aussi réservés à la lutte contre l'itinérance.
M. le
Président, notre gouvernement a déposé, le 4 juin dernier, un budget
responsable, qui permet de stimuler notre économie et de reprendre le
contrôle de nos finances publiques. Il est temps de voir à éliminer le déficit
et de revenir à l'équilibre budgétaire. C'est
d'ailleurs ce qui est prévu pour 2015-2016. Nous devons mettre un cran d'arrêt
aux dépenses publiques afin de
permettre un équilibre durable de nos finances. Pour ce faire, une révision
complète des programmes existants et de la fiscalité doit être faite.
Afin d'y arriver, notre gouvernement mettra en place deux commissions : la
commission sur la révision permanente des
programmes, qui aura pour le rôle de repositionner et de mettre en place
un processus d'évaluation continue afin de recentrer l'action de l'État dans
les programmes prioritaires; la commission d'examen
sur la fiscalité québécoise, qui aura pour mandat de dresser l'état de la
situation de la fiscalité et de proposer des réponses nécessaires pour que le régime fiscal finance adéquatement
les services publics, tout en favorisant la croissance économique. Le
budget 2015-2016 permettra de donner suite aux travaux qui découleront de ces
deux commissions.
En terminant, M. le Président, le constat est
clair : Nous avons atteint un point de non-retour. Et tous devront faire des efforts pour continuer au retour à l'équilibre
budgétaire. Notre gouvernement est engagé dans cette voie. Le budget déposé le 4 juin dernier prouve l'audace, la
rigueur et l'efficacité dont nous sommes capables. Il est vrai qu'à
certains égards ce
budget comporte des choix très difficiles, mais nous estimons que la réalité
budgétaire requiert qu'il y ait un gouvernement
qui gère en fonction des générations à venir. Je suis très heureux de pouvoir
faire partie de cette équipe. Et permettez-moi de vous dire en cette
Chambre que j'approuve entièrement ce budget, et j'invite tous mes collègues à
en faire autant. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député de Jean-Lesage, de votre
intervention sur le discours du budget. Et,
pour la poursuite du débat, je reconnais maintenant M. le député de Vanier-Les
Rivières pour son intervention sur le discours du budget. M. le député, à vous
la parole.
M. Patrick Huot
M.
Huot : Merci beaucoup, M. le Président. Vous me permettrez, sans dire
un accroc, mais presque, avant de débuter
mon intervention pour la réplique sur le budget... Vous savez, à notre discours
inaugural, on salue toujours de nos bénévoles,
on remercie nos bénévoles. J'en ai deux qui sont ici aujourd'hui, donc, qui
sont venues dîner avec moi ce midi. Je vais
me permettre de les saluer et de les nommer : Mme Carmen Marois et Mme
Thérèse Chabot, qui sont accompagnées d'Éric
Gaudreault — bonjour,
mesdames — accompagnées
d'Éric Gaudreault, qui est mon directeur de bureau. Donc, c'était mon
accroc, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
…tradition. C'est là que la présidence est la plus souple possible, pour
permettre une largeur de vue. Alors, il n'y a pas de problème. Poursuivez.
• (12 h 20) •
M. Huot : Merci. Merci bien, M. le
Président. Donc, à mon tour d'intervenir, après mes collègues. Il y a de nombreuses
choses qui ont été dites. Je tenais à prendre la parole sur certains points du budget,
premier budget d'un nouveau gouvernement, d'un gouvernement solide. Mon collègue de Jean-Lesage parlait du trio économique, mais, vous savez, le premier ministre, notre premier
ministre a su s'entourer d'une équipe
très forte, d'un gouvernement solide, d'une équipe ministérielle qui est
assez incroyable.
Premier budget
du ministre des Finances actuel aussi, mais qui est un budget d'équipe.
On se comprend, c'est le ministre des
Finances qui est le porteur, mais c'est
un budget d'une équipe. Le premier ministre a su… On dit
qu'un signe d'intelligence, M. le Président, c'est de savoir bien s'entourer.
Mais force est d'admettre que le premier ministre est un être excessivement
intelligent parce qu'il a su s'entourer d'une équipe incroyable.
Et on a la
preuve avec le budget qui a été déposé, un budget
qu'il faut qualifier de responsable, M.
le Président. Responsable parce qu'il faut le rappeler, hein, le Rapport
d'experts sur l'état des finances publiques, qui a été remis en avril 2004, le disait : «Le Québec
est confronté à un déficit structurel, avec un taux de croissance des dépenses
ayant approché annuellement 5 % au cours des 10 dernières années,
alors que le taux de croissance nominal de l'économie [est] plutôt [autour] de
3,5 % au cours de la [même] décennie.» Donc, il y a un travail à faire.
Et le budget
déposé par le ministre des Finances est un budget qu'il faut qualifier de
responsable, qui vise à nous sortir de notre endettement aussi, pour
nous permettre de faire des choix, d'être libres de nos choix. Et, avec ça, il présente un budget de relance économique. Les gens
ont insisté beaucoup sur ce volet-là. Moi, je vais vouloir peut-être
plus insister sur le contrôle serré des dépenses qui est proposé, qui est fait.
Et, je dois dire, d'ailleurs, il y a beaucoup de documents qui nous ont été
remis, M. le Président, dans le cadre de… avec le dépôt du budget, mais, si…
pour les gens qui nous écoutent ou les gens
qui ont quelques lectures à faire, mais Rigueur et responsabilité dans la
gestion de nos dépenses, petit document essentiel que tout le
monde devrait lire, M. le Président, qui a beaucoup d'informations là-dedans et qu'on a un plan de match qui est présenté :
comment on va réduire nos dépenses, comment on va s'attaquer à ça, avec des choses qui ont été abordées par
plusieurs, mais je vais insister sur certaines choses. Parce qu'avec ça on
fait preuve de rigueur. Je pense que c'est difficile de nier qu'il y a beaucoup
de rigueur dans le budget qui a été présenté par notre collègue ministre des
Finances.
Donc, un
budget qui va nous mener vers la réduction de la dette, réduction du fardeau
fiscal, et un budget sérieux pour une
situation sérieuse. Et ce qui a été même dit, c'est : un budget pour un
effort national. Mon collègue de Jean-Lesage en parlait tout à l'heure, ça m'était encore confirmé hier dans une
activité pour un organisme qui s'appelle Le Piolet, les gens nous disaient : On est prêts, on le sait qu'il
y a un effort à faire, on est prêts à faire un effort. Les gens ont compris
que la situation est quand même assez grave. Il y a un effort important de la
part de tout le monde, et les gens sont prêts à le faire. Ils sont conscients de faire l'effort, et ils sont derrière nous,
et ils nous appuient. Ils nous appuient, ils nous le disent. Pour que les gens viennent nous voir et prennent
la peine de dire : Votre budget que vous avez déposé, on est d'accord,
on vous appuie… Ce n'est pas tous les jours
qu'on voit ça, qu'il y a une certaine mobilisation pour dire : On est avec
vous, votre budget, on trouve ça
intéressant. C'est toujours des moments qui sont plus durs habituellement pour
la population, quand on présente les budgets, mais là on sent un appui
qui est assez important. Donc, il y a un effort important, ce qu'on a qualifié
d'effort national, pour laisser — l'expression qui a été utilisée
aussi — la
maison en bon état.
Mon collègue
de Laval, tout à l'heure, en parlait… faisait la métaphore aussi avec la maison
en bon état, mais on utilise des fois l'expression «gérer en bon père de
famille». Je préfère peut-être parler d'en bon parent — peut-être,
c'est une situation personnelle à la
maison — il faut
parler d'en bon parent, pas juste en bon père de famille. Mais, comme parent, ça peut arriver qu'il y ait des années
plus difficiles, mais, oui, on va accepter, peut-être une année, deux
années, de s'endetter, de mettre un peu d'argent sur la carte de crédit pour
que nos enfants puissent continuer à manger. On ne commencera pas à priver nos enfants de nourriture parce qu'on est en
situation un petit peu plus difficile. Mais, pendant ces années-là, c'est
là qu'il faut revoir notre façon de dépenser notre argent, notre façon de voir.
On n'est pas obligé de manger du filet mignon à toutes
les semaines quand la situation est plus difficile. Donc, on revoit certaines
habitudes, certaines habitudes de vacances,
certaines habitudes de consommation, ça peut être de restaurant aussi, ça peut
être… Donc, il faut repenser notre façon de dépenser quotidiennement.
Mais, comme gouvernement, c'est ce qui est
proposé, c'est ce qui est en train de se faire, avec, entre autres, la commission permanente de révision des
programmes, qui est quelque chose d'essentiel. C'est quelque chose d'unique.
Là, quand on va voir… On dit souvent :
On arrive comme gouvernement, on va revoir, on va évaluer les
programmes, on fait ça une fois, c'est
terminé. Mais là c'est un mécanisme permanent. Il y aura des annonces dans les
prochains jours, d'ailleurs, pour
donner un petit peu plus de détails sur cette commission-là, M. le Président,
qui va avoir comme objectif de s'assurer
que les programmes répondent à un besoin prioritaire des citoyens, que les
programmes soient administrés de manière
efficace et efficiente, que le mode de financement des programmes est adéquat,
que les programmes sont soumis à un
processus d'évaluation continue. Et je vais revenir sur la question de l'évaluation
continue tout à l'heure, M. le Président, parce que je trouve que c'est quelque chose dont on n'a pas assez parlé,
à mon avis, toute la question d'évaluation de programmes mais à l'intérieur de la machine gouvernementale. Oui, il
y a la commission, qui va avoir un mandat qui va être précisé, comme je disais, dans les prochains jours, mais il y a un
travail qui est à faire aussi par l'appareil gouvernemental.
Et, je dois dire, pour parler… On connaît tous
des gens… J'ai travaillé pendant quelques années dans la fonction publique aussi, mais on connaît tous des
gens dans la fonction publique. On peut comprendre que, là, on est dans
une période un peu de changements. Il va y avoir des changements structurels
importants, des changements de faire, des
changements dans les processus de services publics. Mais c'est important de
dire qu'on veut les maintenir, les services publics. On continue à offrir des bons services à la population, mais il
y a des façons de faire qu'il faut revoir. Et c'est un défi pour la fonction publique. Il y a plusieurs
personnes qui voient ça comme un défi stimulant, à l'intérieur de la
fonction publique, de dire : Bien, il y
a des choses à faire; quand on repense toutes nos façons de faire, bien, voici,
c'est le moment peut-être d'être plus
efficaces, d'être plus efficients, de revoir… de remettre en question certaines
choses qu'on prenait pour acquises,
mais d'offrir encore un meilleur service à la population. Et, pour parler avec
certaines personnes de la fonction publique, oui, il y a des craintes,
je peux comprendre, mais certains voient ça comme un beau défi pour l'avenir,
pour prendre un petit peu plus de place, influencer un peu les façons de faire.
Vous savez,
quand on sort de l'université, entre autres, on veut toujours refaire le monde,
mais des fois… Là, ça va être une
occasion de dire : Bien, moi, voici ce que j'ai vu, par exemple, dans d'autres
pays, voici comment on procède. Entre
autres, si on se compare avec les pays de l'OCDE, il y a plusieurs choses,
plusieurs choses qui se sont faites ailleurs. Le Canada, le fédéral
inspire beaucoup, mais on peut s'inspirer du Royaume-Uni, on peut s'inspirer d'autres
pays aussi.
Et l'OCDE a
fait plusieurs études sur comment améliorer nos processus, comment améliorer
nos programmes puis comment faire des
économies. Puis ce qu'ils disent, c'est : Souvent, ça découle d'un
meilleur ciblage, de meilleurs… des missions fondamentales de l'État.
Oui, il faut revoir les processus, oui, il faut revoir les structures
administratives, mais il faut se concentrer
sur les missions fondamentales de l'État, entre autres. Puis d'ailleurs le
Comprehensive Spending Review, qui a
été conduit au Royaume-Uni en 2010, qui a suivi cette logique-là de se
recentrer sur les missions essentielles de l'État, bien, on parle d'avoir généré des économies de 19 %, en
moyenne, sur quatre ans dans les budgets ministériels autres que la santé et l'aide outre-mer, qui
étaient importants pour le Royaume-Uni. Donc, les missions
fondamentales, on n'a pas… sans toucher à la santé, au volet santé, on se
comprend, qui est un aspect important de nos dépenses, mais on a réussi, avec une approche comme on prend avec
la commission de la révision permanente des programmes, d'une approche… une moyenne de 19 %, de générer des
économies, en moyenne, de 19 %, ce qui n'est pas négligeable, M. le
Président.
Également, je vais parler d'un recours à l'évaluation
de programmes. Il y a une section, dans le document dont je vous ai parlé tout à l'heure, qu'on parle d'un recours accru à l'évaluation
de programmes, et je trouvais ça intéressant de le mentionner. Il se
fait de l'évaluation de programmes dans les différents ministères mais
peut-être pas de façon systématique et de
façon égale dans tous les ministères. Mais là c'est ce qui est dit avec la
commission d'évaluation des programmes, qui va être, bon,
indépendante — les
annonces s'en viennent, comme je vous disais.
Mais on
demande à chacun des ministères, chacun des organismes de faire une évaluation,
eux autres aussi, de leurs programmes. Parce que, quand on met sur pied
un programme, il y a toujours des objectifs. Vous avez beaucoup d'expérience, M. le Président, vous en avez créé,
des nouveaux programmes, vous en avez administré, mais il y a toujours un objectif. Et des fois on oublie l'objectif de
départ qu'on s'était fixé. Pour mesurer si on l'a atteint véritablement
au bout de trois ans, quatre ans, cinq ans, 10 ans, bien là, c'est de
dire : Bien, voici, il y a des façons de procéder. L'ENAP est quand même
assez experte aussi dans ça. Mais, dans chacun des ministères, il y a des gens
qui sont spécialisés dans l'évaluation de programmes. Mais on va rendre ça
encore plus systématique, parce qu'on entend recourir davantage à l'évaluation
de programmes et on veut l'assurance que les nouvelles initiatives qui ont des
implications financières annuelles de
5 millions de dollars et plus vont être dotées de mécanismes de suivi et
de stratégies d'évaluation adéquates. Donc, le Secrétariat au Conseil du
trésor va prendre ça en charge, va chapeauter tout ça.
Mais on met
un accent important sur l'évaluation de programmes, et ça, je pense que c'est
des choses qui n'ont peut-être pas
été assez dites et que c'est important de le mentionner, donc recourir à l'expertise
de nos fonctionnaires, de nos professionnels qui sont dans l'appareil
public. Et, ça aussi, il y a un beau défi pour plusieurs personnes dans l'appareil public, qui sont enchantées d'entendre
ça, que l'évaluation de programmes va être mise encore plus en évidence.
• (12 h 30) •
Un petit mot, M. le Président, parce qu'il ne me
reste pas beaucoup de temps, et je sais que mon collègue de LaFontaine veut intervenir après moi… Bon, on a
parlé beaucoup, bon, du contrôle de la rémunération, mes collègues en
ont parlé, cran d'arrêt qui est là, évaluation de programmes et objectif d'équilibre
budgétaire qui est maintenu, aussi, 2015-2016. Et ça, ça veut dire une gestion
rigoureuse de nos dépenses. Mais ça veut dire la relance de l'économie aussi, qui a beaucoup de
choses, mes collègues en ont quand même parlé à plusieurs reprises :
stratégie maritime, mon collègue de Rivière-du-Loup en a parlé
amplement, renaissance du Plan Nord, qui est, pour ma génération… M. le Président, j'ai 39 ans, je me souviens, quand
j'ai entendu ça, 2007, 2008, Plan Nord, j'ai dit : Un projet, enfin, dont
on va profiter longtemps, qui va faire
travailler beaucoup de gens, qui va faire travailler ma génération, les
générations suivantes. Donc, c'est un
beau projet qui crée de la richesse, qui crée de l'emploi. Très heureux qu'on
relance ça, c'est un message très
clair à l'international, aux investisseurs internationaux qui veulent venir ici
au Québec, qui veulent faire faire des
affaires, donc créer de l'emploi, développer notre économie encore plus, M. le
Président. Donc, qui dit développement économique, bien, dit qu'on est
capables d'offrir des meilleurs services aussi de notre côté.
Donc, beaucoup d'appui aussi aux PME, qui sont
un moteur essentiel de notre développement économique, et un appui aussi à la capitale nationale, M. le Président, il y a des
choses pour la ville de Québec qui sont là. Oui, on gère avec beaucoup
de rigueur, mais il y a des choses à faire quand même, il y a des
investissements à faire.
Entre autres,
Québec, bon, le comté de Vanier-Les Rivières, M. le Président, est situé au
centre géographique, si on veut, de
la ville de Québec. Donc, qui dit Vanier-Les Rivières dit comté des autoroutes.
Ça a été annoncé, on met en branle le
projet de l'élargissement de l'autoroute Henri-IV. Les citoyens de mon comté
sont touchés, sont drôlement touchés par ça. Quand on veut se déplacer
dans Vanier-Les Rivières, on n'a à peu près pas le choix de passer par les
autoroutes. Henri-IV, c'est rendu qu'actuellement,
le dimanche après-midi à 13 heures, c'est bloqué. Je n'ai rencontré encore
personne qui m'a dit que ce n'est pas une bonne idée d'élargir l'autoroute
Henri-IV, je pense que ça fait l'unanimité. C'est un besoin qui est là puis qui a été confirmé dans le budget. Oui, il faut
faire attention aux dépenses qu'on fait, mais, dans nos infrastructures,
on n'a pas le choix d'investir dans nos infrastructures. Ça, ça fait partie,
là... c'est rendu essentiel, question de
développement de la ville. Il y a un ralentissement, il y a une perte de
productivité causée par les bouchons actuellement,
c'est assez clair. Donc, c'est assez essentiel de le faire, l'élargissement d'Henri-IV,
c'est un projet qui fait trois voies à la grandeur.
Également, une annonce importante dont on a peu
parlé, mais le site Dalhousie... On s'entend qu'avec la stratégie maritime qui est là le terminal de croisière de la ville de Québec est déjà quand même assez populaire. Mais la sortie, au site Dalhousie, il y a
une amélioration qui est assez essentielle à faire et qui se situe
dans le prolongement naturel de ce qu'on
a fait avec la promenade Samuel-De Champlain. Pour être là une fois de
temps en temps pendant l'été et faire du patin ou du vélo dans ce
secteur-là, quand on arrive au site Dalhousie, c'est assez... ça saute aux
yeux, là, qu'il y a peut-être quelque chose à faire. Donc, il y a un message
envoyé aussi aux touristes : On va améliorer la situation au terminal de croisière. Donc, je pense que c'est quelque chose qui plaît, qui... Je n'ai pas entendu beaucoup de critiques
sur cet investissement-là d'ailleurs, M. le Président. Donc, c'est assez
essentiel de le faire.
Et j'ai déjà
largement dépassé mon temps, donc je vais... On gère ça nous-mêmes. Mais je
vais conclure en disant que je suis très fier de faire partie de cette
équipe-là, qui a proposé un budget vraiment responsable, qui a un plan de match
pour l'avenir, qui continue à investir dans des choses essentielles et qui a en
tête que c'est un budget important pour les
prochaines générations, qui a comme valeur importante l'équité
intergénérationnelle, parce qu'on... Bon, vous êtes grand-père, on est parents, il y a des gens
grands-parents, il y a des gens parents, des gens qui seront parents
bientôt, donc on veut laisser la maison en
ordre, comme j'ai dit. Donc, c'est important de penser aux générations futures,
mais sans amputer les services aux générations actuelles, à nos aînés, dans les
soins de santé à nos personnes plus vulnérables qui en ont besoin. Ça, c'est préservé. Ça a été dit, ça a été
mentionné et ça a été répété, mais c'est important de penser aux
générations futures aussi, donc d'être responsables, de laisser une maison en
ordre pour nos enfants, vos enfants, mes enfants. Alors, très fier de faire
partie de cette équipe-là.
Évidemment, pour répondre à mon collègue de Papineau,
je vais voter en faveur de ce budget, M.
le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député de Vanier-Les
Rivières, pour votre intervention. Et, pour la poursuite du débat sur le
discours du budget, je cède maintenant la parole à M. le député de LaFontaine,
en lui rappelant qu'il lui reste 13 minutes.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : 13 minutes pour
le groupe parlementaire formant la banquette ministérielle.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
vous reste 13 minutes, puis c'est fini.
M. Tanguay : 13 minutes. Parfait. Et loin de là d'en vouloir à
mon collègue de Vanier-Les Rivières non
seulement pour deux choses... Évidemment, il
parlait avec éloquence du budget, première raison pour laquelle j'aurais
continué à l'écouter pendant des
heures, mais la deuxième : évidemment, il est le whip adjoint du gouvernement, alors il pouvait prendre tout le temps qu'il désirait, M. le
Président. Cela me va parfaitement.
Alors, pour
les 13 minutes… M. le Président, vous avez entendu plusieurs des collègues de la
banquette ministérielle et même des oppositions soulever... C'était un peu plus rare chez les oppositions, mais ils ont soulevé quand même des
bons éléments à l'intérieur de ce budget. Et, au niveau des députés de la
représentation de la banquette ministérielle, mes collègues ont eu l'occasion, M.
le Président, d'étayer — et
le dernier à s'être prononcé, le député de Vanier-Les Rivières — sur
les éléments structurants, les décisions difficiles. Et notre ministre des Finances, et je le cite, M. le Président, avait donné le ton : «Le retour — et je le cite — à l'équilibre budgétaire n'est pas une
obsession, c'est une obligation!» Fin de la citation, ministre des Finances.
Dans ce contexte-là, il ne
faut pas, évidemment, tout en ayant le cap bien identifié de réduction des
dépenses, il ne faut pas oublier les
missions de l'État, chose qui a été accomplie, et le député qui vient tout
juste de prendre la parole, comme les collègues qui l'ont précédé, M. le
Président, a eu l'occasion d'étayer les différentes mesures. On pense, évidemment,
entre autres, aux axes de relance des finances publiques. D'abord,
la relance de l'investissement privé et le soutien des PME. Mentionnons,
évidemment, la stratégie maritime. Tout à l'heure, s'il me reste suffisamment
de temps, je vous parlerai, M. le Président, du Plan Nord, la relance du Plan Nord, l'exploitation
raisonnable de nos richesses naturelles et le maintien du développement
de nos infrastructures. Évidemment, une aide aussi qui a été bonifiée aux PME
manufacturières et ainsi de suite.
Il faut, et c'est
ça, je vous dirais, la philosophie d'action… le programme du Parti libéral du Québec a toujours été d'abord de créer la richesse et, dans un deuxième temps, évidemment,
mettre en pratique des impératifs de justice sociale. On ne peut pas
distribuer ce que l'on n'aura pas préalablement créé. Alors, créons cette
richesse.
Dans un contexte difficile, choix difficiles, effectivement.
Les ressources financières sont limitées, alors nous devons prioriser les missions de l'État afin, justement,
d'avoir une marge de manoeuvre plus grande lors des prochains budgets. Et aussi, toujours en appliquant le
principe central, c'est que l'on ne gère pas et l'on ne gouverne pas et ne
décide pas en fonction de la prochaine
élection, mais en fonction de la prochaine génération. Et c'est ce qui nous
anime et c'est, je pense, bien
humblement, ce qui a été traduit par les choix budgétaires livrés lors du
discours par le ministre des
Finances.
Donc, j'ai eu l'occasion, M. le Président, de
résumer certains éléments. À la fin de mon intervention, de mon 13 minutes,
je pourrai y revenir, mais vous me permettrez de faire une parenthèse, parce qu'évidemment
il y a des critiques, il y a,
du côté, entre autres, de l'opposition
officielle, qui formait le gouvernement jusqu'au 7 avril dernier, il y a des critiques assez dures sur ce budget. Mais j'aimerais vous référer, M. le Président, sur le rapport du Vérificateur
général, rapport du Vérificateur général qui, depuis qu'il est sorti, du côté
de l'opposition officielle, on s'empresse d'ajouter : Par intérim. Vérificateur général par
intérim. Mais, néanmoins, il est Vérificateur
général du Québec tout de même,
et, en juin dernier, il nous a livré un
rapport, M. le Président, qui réellement nous donnait une photographie
juste des finances publiques. Et on n'osera jamais, évidemment, remettre
en question l'impartialité, la compétence du vérificateur et de son équipe dans
les travaux qu'ils mènent pour nous donner, aux Québécois et Québécoises, l'heure
juste quant aux finances publiques.
Le Vérificateur général, M. le Président, en juin dernier, à la lumière de la gestion
financière qui avait été faite par le gouvernement de l'époque, le gouvernement du Parti québécois, qui a été là, donc, de septembre 2012 à avril 2014, le vérificateur a dit : Effectivement, il y a eu des documents, le point sur les finances
publiques. Le point sur les finances publiques,
c'est en novembre 2013, M. le
Président, qui n'était pas un budget.
Un budget, on le sait, à la maison, c'est les revenus, c'est les dépenses. Le point était d'évaluer la justesse ou la
non-justesse de la vision économique du gouvernement du Parti québécois.
Et, à ce moment-là, on se targuait d'avoir une vision, au sein du Parti
québécois, ambitieuse, une vision
ambitieuse. Bien, en juin 2014, dernièrement, le Vérificateur général a examiné
les données en regard du point qu'il avait
donné en novembre 2013, a également examiné les données relativement au budget
déposé par le Parti québécois,
mais demi-budget, si vous me permettez l'expression,
avec égards, parce qu'il n'y avait pas les crédits. Il y avait les revenus,
mais il n'y avait pas les dépenses.
Ça, c'était en février 2014. On part en élections, et là, en juin dernier, le
Vérificateur général vient nous dire : Bien, écoutez, vous aviez eu un
point en novembre 2013 qui vous disait que les cibles — du gouvernement du Parti québécois à l'époque — étaient ambitieuses. Vous avez eu un demi-budget,
juste la colonne des revenus, mais
pas des dépenses en février 2014, et là on vous donne l'heure juste. Et le
vérificateur a dit, littéralement, M. le Président, et je le cite :
«Lorsqu'elles étaient non raisonnables, les prévisions étaient qualifiées de
pessimistes ou d'ambitieuses...»
• (12 h 40) •
Donc, quand le gouvernement du Parti québécois…
et je me rappelle très bien le ministre des Finances, à l'époque, je me
rappelle très bien le président du Conseil du trésor, qui disaient : Bien,
voyons donc! L'opposition libérale — à l'époque — nous fait grief d'une vision que le Vérificateur général qualifie d'ambitieuse. M. le
Président, en juin dernier, il y a
une semaine et demie, le Vérificateur
général a dit : Mettez le
synonyme suivant au mot ambitieux : pas raisonnable, déraisonnable.
Et en ce sens
là, M. le Président, quelle est la pertinence de mon propos en vertu
de l'article 204 de notre code? C'est
que l'on vient nous faire grief, dans le contexte de ce débat budgétaire,
d'éléments de budget, et il
faut, évidemment, tester et
cibler la réelle crédibilité, ou les assises, ou la vision de celles et ceux
qui nous font de tels griefs.
Le déficit budgétaire,
M. le Président, pour le budget et le point économique, novembre 2013, ce
qui était prévu… Parce que je veux que les gens comprennent, à la
maison, comment ça que le Vérificateur général a dit «ambitieuse» et, là, il vient nous dire que c'est
déraisonnable. Bien, ce qu'il a constaté, c'est qu'à l'époque le déficit
budgétaire prévu était de 1,7 milliard et, avant le budget de notre
ministre des Finances, actuellement, nous nous enlignons vers un déficit
budgétaire de 5,6 milliards, et si, j'arrondis, c'est 5,7 milliards,
parce que c'est 5 673 000 000.
Alors,
imaginez-vous, en quelques mois — novembre 2013, 20 février 2014, il n'y a pas
quatre mois — on
est passés de 1,7 milliard à
5,6 milliards. Si, en matière de recherche du plus gros déficit, on peut
qualifier ça d'ambitieux, chose certaine, nous n'avons pas et nous ne
partageons pas cette ambition-là, M. le Président. Et évidemment c'est le type
de réponse que l'on recevait à l'époque.
Comment
pouvons-nous expliquer ça? Parce qu'évidemment ce sont des gens intelligents.
Il y a eu une perte de contrôle, M.
le Président, des dépenses de l'État. Et il y a un tableau extrêmement
important et intéressant, tableau des dépenses…
croissance des dépenses de l'État. Autrement dit : À quel niveau
grossissent les dépenses de l'État? En 2010, c'était 3,6 %. L'État
dépensait 3,6 % de plus en 2010. En 2011, 3,2 %. En 2012, 2,5 %
et, en 2013, ce qui explique mon 1,7 à mon
5,6 milliards, on est passés, M. le Président, 2010, 2011, 2012,
3,6 %, 3,2 %, 2,5 % à 5,4 %, qui est plus du double, 5,4 %, l'augmentation
des dépenses, la croissance des dépenses consolidées excluant les services de
la dette. C'est ce qui a fait en sorte qu'il y a un éclatement, et
aujourd'hui, évidemment, c'est le contexte.
Et il ne s'agit pas
ici de faire de la basse partisanerie, M. le Président. Le Vérificateur général,
dont on nous rappellera, au point de vue de
l'opposition officielle, qu'il est intérimaire, le Vérificateur général,
personne compétente, personne dédiée,
avec les ressources adéquates pour nous donner une bonne vision, nous a dit qu'il
s'agissait de mesures déraisonnables et qu'il y avait, en quelque sorte,
une perte de contrôle des dépenses.
Alors, M. le Président, pendant que nous, à l'époque…
Et c'est important dans le contexte budgétaire actuel d'essayer de,
évidemment, soutirer le bon grain de l'ivraie… les commentaires qui se font de
part et d'autre, d'analyser cette crédibilité.
Alors, le
Vérificateur général, en juin 2014, juin dernier, nous dit, quand on parlait d'ambitieuse :
C'était déraisonnable. Et il nous disait
même, en paragraphe 13 de son rapport… Il faisait état d'une faible marge de
prudence. Il faisait également état, M. le Président : «…on pourrait en
déduire que les mesures pour résorber l'écart et pour contrôler les dépenses
ont été prévues.» C'était son paragraphe 15. Et je le cite toujours : «Or,
il n'en est rien.»
Également,
M. le Président, paragraphe 17, je cite le vérificateur : «Ces deux
documents budgétaires — le point novembre 2013,
budget 20 février 2014 — omettaient aussi d'énoncer de façon exhaustive les mesures envisagées
pour atteindre l'objectif [du] solde budgétaire déficitaire de
[1,7 milliard]. Pourtant, ces informations sont capitales pour permettre à
la population et particulièrement aux parlementaires de comprendre les choix à
faire et d'en débattre.»
Alors,
M. le Président, faisons un pas en arrière, rappelons-nous ce qui s'est dit en
cette Chambre le 11 février 2014, où,
à une question du député de Brome-Missisquoi, l'actuel ministre de l'Agriculture,
Pêcheries et l'Alimentation… il faisait référence, et il citait Jacques
Parizeau, qui, lui… Et, je le cite, Parizeau disait : «C'est la première
fois depuis 30 ans que je suis inquiet.» Fin
de la citation. Ça, c'était évidemment cité par le député de Brome-Missisquoi
en février 2014, qui posait une
question au ministre des Finances à l'époque. Et le ministre des Finances lui
répond — il n'y
aura pas de surprise pour personne à la lumière de ce que je viens de
démontrer : «…nous avons déposé […] une politique économique ambitieuse.» Nous avons déposé une politique économique
ambitieuse. 11 février 2014. M. le Président, on a su, en juin dernier, juin 2014, ce qu'était le
véritable sens d'«ambitieux» : c'était «déraisonnable». Ministre des
Finances critique… Celui qui, aujourd'hui,
va venir vous critiquer, M. le Président, le discours du budget et les mesures
budgétaires en vous disant : Ça n'a pas
de bon sens, il n'y a pas de prévisibilité, on va manquer les cibles... Je
pense qu'il est important de se retenir ça.
Également, vous
pourriez dire : Il faisait partie d'une équipe. Il y avait un président du
Conseil du trésor à l'époque. Vous auriez raison, M. le Président. Le
lendemain, fidèle à lui-même, le député de Brome-Missisquoi, avec l'ardeur qu'on lui connaît et qui, aujourd'hui, il
met au service de l'agriculture, de la pêcherie et de l'alimentation,
déposait une motion à l'Assemblée nationale, exigeant du gouvernement qu'il
présente un budget 2014‑2015 complet avec le dépôt
des dépenses, parce qu'on avait juste la colonne des revenus. On a vu ce que ça
a donné, M. le Président. Et ce
qui lui a été répondu en Chambre, donc le 12
février 2014, lors d'une interpellation, vendredi, 12 février 2014, il a
répondu, le président de l'époque du Conseil du trésor, président du Parti
québécois : «Ça prend une politique ambitieuse, ça prend des
objectifs clairs...» Et il continue, M. le Président : «…les cibles de
croissance. Si on avait fait comme l'ancien gouvernement — il parle de nous autres — ce n'est pas, [cette année,] un déficit de
2,5 [milliards], ce qu'on aurait eu, c'est un déficit autour de 4,2, 4,3 milliards. C'est
ça qu'on aurait eu parce qu'on ne s'attelait pas à respecter notre cible de
dépenses.»
Je viens de parler de
la cible de dépenses. Ici, on se targuait que ça n'aurait pas été 2,5, mais 4,3 milliards,
M. le Président, ça aura été 5 673 000 000 $.
Et vous m'indiquez,
évidemment, que mon temps imparti est terminé. Alors, M. le Président,
évidemment, je voterai en faveur du budget
parce qu'il a été fait par des gens qui ont à coeur de donner, évidemment, l'heure
juste à la population. Et, en le
faisant, je ne dégratifie, pas, évidemment, personne, mais ce sera l'occasion d'avoir
l'heure juste, d'avoir une cible et d'avoir les moyens de nos ambitions.
Merci, M. le Président.
Poursuite du débat en
commission parlementaire
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le député de LaFontaine. Alors, nous en sommes
maintenant rendus à... La première étape du
13 h 30 min étant écoulée, je vous avise que, conformément aux
dispositions de l'article 265... 275, pardon, du règlement, le débat sur
le discours sur le budget est suspendu à l'Assemblée et se poursuivra à la Commission des finances publiques, comme prévu. Et
je vous rappelle que M. le ministre des Finances est membre de cette
commission pour la durée de ce mandat et que la motion de renvoi a été faite.
À ce moment-ci, je
cède la parole au leader adjoint du gouvernement pour la poursuite de nos
travaux. Qu'est-ce que vous avez à nous dire?
M.
Sklavounos :
M. le Président, je vous demande d'appeler l'article 5 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 4
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, à l'article 5 du feuilleton d'aujourd'hui,
c'est : L'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le projet
de loi n° 4, Loi modifiant la Loi autorisant
la conclusion de conventions collectives d'une durée supérieure à trois ans
dans les secteurs public et parapublic. Et je suis prêt à entendre les premières interventions et je reconnais
Mme la députée de Richelieu pour son intervention. À vous la parole.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
Merci, M. le Président. Nous avons, en commission, évalué ce projet de loi, qui
est, en quelque sorte, le projet de
loi n° 69 de l'ancienne législature. C'est un projet de loi de deux
articles. Le premier veut corriger une technicalité. On sait qu'il y aurait
possibilité que soient interprétés différemment deux articles quant à la
période de maraudage dans le secteur public et parapublic. Tout le monde au
Québec s'entend pour dire que cette période de maraudage devrait être du 270e jour au 240e jour qui précède la date de
la fin de la convention collective, donc de juillet à août de cette
année. Le projet de loi veut corriger cette technicalité qui aurait pu faire en
sorte que des interprétations différentes de
ces deux articles soient faites. Alors, c'est un projet de loi technique qui a
été adopté à l'unanimité par la commission, M. le Président. Merci.
Mise aux voix du
rapport
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie de votre longue intervention sur le rapport de la commission. Alors, le rapport de la Commission des
finances publiques portant sur le projet de loi n° 4, Loi modifiant
la Loi autorisant la conclusion de conventions collectives d'une durée
supérieure à trois ans dans les secteurs public et parapublic est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, adopté. Pour la poursuite de nos travaux, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le
Président, compte tenu de l'heure, je vais vous demander de suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, cette motion étant adoptée, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 15 h 7)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite des choses.
M.
Sklavounos :
Bon après-midi, M. le Président. Oui. Je vous demande d'appeler l'article 4
de notre feuilleton, M. le Président.
Projet de loi n° 1
Prise en considération
du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'article 4 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de l'aménagement du
territoire sur le projet de loi n° 1, Loi concernant l'inspecteur
général de la Ville de Montréal. Et je suis prêt à céder la parole au prochain
intervenant, qui sera M. le ministre des Affaires municipales. Je vous cède la
parole.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Alors, merci, M. le Président. Alors, l'item 4, qui concerne le projet de
loi n° 1, on essaiera de ne pas fendre les cheveux pour faire en
sorte d'aller droit au but à l'occasion de cette prise en considération.
D'abord, M.
le Président, simplement rappeler aux gens qui nous écoutent que souvent le
numéro d'un projet de loi est très
peu indicatif. Dans ce cas-là, il s'agit du projet de loi n° 1, projet de
loi qui concerne l'inspecteur général de la ville de Montréal.
On sait que
la ville de Montréal, notre métropole, est un très important donneur d'ouvrage.
La ville de Montréal donne annuellement pour au-delà de 1 milliard
de dollars de contrats de toutes sortes par année et particulièrement en matière de construction.
Et, au cours des dernières années, on sait que la ville a été, d'entre toutes,
une des principales victimes des dossiers liés à la collusion et à la
corruption dans l'octroi des contrats et dans leur exécution. Et il était essentiel, aux yeux, je dirais, des candidats à la
mairie de Montréal, et principalement de celui qui a remporté les
élections et qui est aujourd'hui maire de
Montréal, Denis Coderre, qui en a fait une promesse électorale, de doter la
ville de Montréal d'un inspecteur général pour donner une mesure
additionnelle de sécurité auprès de la ville pour faire en sorte que les phénomènes de collusion, de corruption ou de
malversation de toutes sortes soient écartés dans le contexte de l'octroi
des contrats et dans toute la procédure en
amont de l'octroi du contrat, c'est-à-dire les documents d'appel d'offres, la
rédaction des devis, la rédaction des documents d'appel d'offres, etc., de l'octroi
et par la suite du suivi de ces contrats-là.
• (15 h 10) •
Alors donc,
le maire Coderre avait cette vision alors qu'il était candidat, il l'a
maintenue lorsqu'il a été élu. Et il s'est
adjoint, je dirais, l'ensemble des voix à l'Hôtel de Ville de Montréal, puisque
la demande qui était faite était une
demande conjointe non seulement du maire, mais de l'opposition, représentée par
M. Bergeron à l'Hôtel de Ville de Montréal.
Le
gouvernement précédent avait déposé un projet de loi en ce sens-là. Ce projet
de loi est mort au feuilleton, le gouvernement précédent ayant choisi de
ne pas le favoriser, puisqu'en fin de législature on avait trois projets de loi
qui devaient passer au vote final. Celui de l'inspecteur général n'a pas été considéré parmi
ceux qui devaient faire l'objet du vote. Mais l'intention du dépôt du
projet de loi était là, et donc nous nous étions engagés, en campagne
électorale, à faire adopter le projet de loi sur l'inspecteur général de
Montréal.
Chose
promise, chose due. C'est devenu, dans la 41e législature, le projet de
loi n° 1, qui reprenait, pour une grande partie, des éléments qui avaient été déposés dans l'ancienne
législature. Et la compréhension que j'ai du dossier aujourd'hui me laisse entendre clairement que la rédaction du
projet de loi avait été assez consensuelle entre l'ancien gouvernement
et les autorités de la ville de Montréal.
Nous avions détecté, à l'étude du dossier, avant de déposer le projet de
loi n° 1, certains éléments qui devaient faire l'objet d'amendements,
notamment quant à l'accessibilité de certains documents qui, à l'évidence,
étaient protégés en vertu des règles d'application de la loi sur l'accès à l'information
et la protection des renseignements personnels, qui ne relevait pas directement
du mandat de l'inspecteur général, qui a juridiction sur le territoire de la ville de Montréal et de l'agglomération
de Montréal, ce qui inclut les villes liées. Et, M. le Président, je
sais que, lorsque je réfère à ces notions-là, je plaide devant quelqu'un qui
connaît très bien la notion d'agglomération, de ville liée et de ville
reconstituée.
Alors, nous
avons donc déposé le projet de loi n° 1, étant entendu que ce projet
de loi ferait l'objet d'une consultation.
La Commission d'accès à l'information est venue en commission nous livrer
certaines remarques concernant l'inspecteur général, et par la suite
nous avons procédé à l'étude article par article, qui s'est faite dans une
ambiance de collaboration. Et je dois
souligner la collaboration, et, je dirais, l'effort de compréhension, et le
travail qui a été fait en commission
parlementaire. Je salue le député de Rosemont, qui était le porte-parole de l'opposition
officielle sur cette question, de
même que le député de Gaspé, qui est le porte-parole en matière d'affaires
municipales et d'occupation du territoire
pour l'opposition officielle, de même que le député de Blainville, qui est le
représentant et le porte-parole en matière
d'affaires municipales de la deuxième opposition. Et les trois collègues, avec
ceux qui se sont joints à eux dans les formations
de l'opposition… Je me souviens très bien de la participation bien éclairée du
député de Borduas, qui nous a posé d'excellentes
questions sur des éléments de détail. Parce que, dans les projets de loi, puis c'est
vrai pour celui-là comme c'est vrai
pour d'autres, on dit : Le diable est dans les détails, et on réalise à l'étude
article par article parfois qu'il y a des éléments de compréhension qui, avec la collaboration de tous les
collègues en commission parlementaire, nous permettent d'aller un peu plus loin et de bonifier le projet
de loi. Je veux remercier mes adjoints parlementaires qui ont participé
à la commission, le député de Vimont, le
député de Chapleau, et tous les autres collègues, et le président de la
Commission de l'aménagement du territoire, qui nous ont permis véritablement de
travailler dans une ambiance… et à un rythme, je dirais, soutenu, puisqu'on a siégé presque l'équivalent de deux jours
sur ces questions-là et on est allés à un bon rythme.
Montréal, donc, si le projet de loi était
adopté, se trouvera doté de moyens supplémentaires pour, je le disais,
combattre la collusion et la corruption et surtout pour s'assurer de deux
éléments forts, c'est-à-dire non seulement l'adjudication
des contrats, mais aussi leur exécution, et non seulement pour… ou à l'égard
des gestes posés par des gens qui ont des relations contractuelles
directes avec la ville, donc la ville et les entrepreneurs, mais aussi avec
ceux qui sont sous-contractants et qui, au
plan juridique, n'ont aucun lien juridique, normalement, avec la ville. Donc, l'inspecteur
pourra ratisser assez large. Il aura, pour
ce faire, un budget qui est conséquent, et qui est établi sur la base d'un
pourcentage des crédits qui apparaissent au budget de la ville de
Montréal, pour jouer son rôle.
Je le souligne à grands traits parce que
ça a fait l'objet de discussions en commission
parlementaire : L'inspecteur général aura un rôle qui est
complémentaire et non pas un rôle de substitution au Commissaire à la lutte
contre la corruption. L'inspecteur général
de Montréal, ce n'est pas l'UPAC, c'est l'inspecteur général
de Montréal. Et ça viendra donner un outil additionnel et non pas un outil complémentaire... Bien,
en fait, ce sera un outil complémentaire, mais ce ne sera pas un outil qui viendra en juridiction
superposée avec ce que fait l'UPAC. Les rôles et les pouvoirs de l'inspecteur
général sont cohérents avec ceux des autres intervenants, notamment l'UPAC, qui
sont engagés dans la prévention et la lutte à la corruption et à la collusion.
Et donc pourquoi cet inspecteur? Parce qu'en cas
de manquement grave à ce qui est le comportement normal d'un cocontractant, dans le cas de l'adjudication ou de l'exécution d'un
contrat, l'inspecteur général pourra soit annuler un processus de
passation de contrat, résilier le contrat ou en suspendre l'exécution, ce qui
est un pouvoir énorme.
Ses décisions
pourront être révisées par le conseil de la ville. Et pourquoi par le conseil
de la ville? Parce qu'on a voulu
donner une imputabilité. Parce que l'inspecteur, il est nommé, les membres de l'Hôtel
de Ville, les membres du conseil municipal, ce sont des gens élus, et on
a voulu, donc, que les élus puissent réviser la décision de l'inspecteur municipal
et donc répondre ultimement de leur administration auprès des populations qui
les ont élus. Il aura donc une juridiction territoriale, sur le territoire de l'agglomération, et,
selon les cas concernés, ce sera le conseil de la ville ou le conseil d'agglomération
qui pourra revoir les décisions de l'inspecteur général de Montréal.
Essentiellement, il y a eu plusieurs
amendements — je
dirais que je pense que la plupart des articles ont fait l'objet d'amendements — mais qui sont, dans bien des cas, des amendements
de précision. Sauf qu'il y a eu quelques amendements de fond. Je vais y
aller rapidement sur ces questions-là.
D'abord, au
niveau des exigences minimales pour être nommé inspecteur général, il y a eu un
amendement qui nous a été suggéré par la Chambre des notaires. Je pense
que tout le monde a convenu que… L'inspecteur général aura un mandat de cinq ans. C'est un mandat qui n'est pas
renouvelable. Et là on s'est posé la question à savoir quelle était la
nature des professionnels qui pouvaient occuper
la fonction. Nous savions très bien que la ville de Montréal avait déjà jeté
son dévolu sur Me Gallant, qui est un
avocat, et donc on a voulu circonscrire le sens d'éligibilité de l'inspecteur
général. On a convenu qu'il devait s'agir
d'un membre du Barreau ou d'un membre de la Chambre des notaires, donc un
juriste, qui avait 10 ans d'expérience, qui n'avait à son dossier, évidemment, aucun reproche déontologique ou autre reproche plus grave, par
exemple sur des condamnations aux lois du Québec. Et on a étendu ce sens d'éligibilité
là à l'inspecteur général adjoint, puisqu'un
des amendements permet maintenant à l'inspecteur de nommer un adjoint, qui doit
répondre exactement au même sens d'éligibilité que l'inspecteur lui-même. Pourquoi?
Parce qu'il aura les mêmes pouvoirs que l'inspecteur.
Quant aux autres membres du personnel, nous avons permis qu'ils puissent
remplir, évidemment, les rôles
d'inspection ou les rôles d'examen, d'enquête
et d'analyse qui sont dévolus à l'inspecteur général, sans pouvoir ultimement
suspendre, annuler ou résilier un contrat.
Les amendements
portaient également sur le fait de baliser la transition dans la fin
de mandat de l'inspecteur. La loi ne prévoyait pas, telle qu'elle était
déposée, ce qu'il advenait si un autre inspecteur n'était pas nommé alors que
le mandat de cinq ans non renouvelable était
terminé. Alors, il y a eu certains éléments techniques. Donc, l'inspecteur
reste en poste aussi longtemps
que son successeur n'est pas nommé, pour éviter de créer un vide dans la
fonction. Étant donné qu'il n'existe pas de vide dans l'imagination de
ceux qui souhaitent voir apparaître de la collusion ou de la corruption dans
les affaires concernant la ville, on a donc voulu doter la ville d'une institution
qui ait un caractère de permanence.
• (15 h 20) •
Et, pour bien saisir, je dirais, le caractère
imbriqué du rôle de l'inspecteur auprès des organismes qui doivent combattre la collusion et la corruption, nous
avons demandé que son rapport annuel soit non
seulement transmis au maire et
au greffier de la ville, comme le prévoyait
le projet de loi, mais qu'en plus il soit transmis au Commissaire
à la lutte contre la corruption et à l'AMF, qui est l'instance d'examen
et, je dirais, de certification des entreprises qui auront le droit de
transiger avec la ville. Et on sait qu'on est dans un processus évolutif à cet
égard-là, compte tenu de la capacité de l'AMF
d'analyser l'ensemble des dossiers qui lui sont donnés, mais qu'ultimement,
lorsque le processus sera terminé, toutes parties contractant avec la
ville de Montréal, comme avec toutes les autres villes et avec toutes les
institutions publiques au Québec, devront avoir patte blanche et une
certification à cet effet de l'AMF.
En somme, M.
le Président, et je pense que je terminerai là, à ce stade-ci, le projet de
loi n° 1 traduit la volonté du gouvernement de renforcer davantage la capacité de la ville de Montréal
de prévenir les malversations en matière contractuelle. Encore une fois,
je remercie tous ceux et celles qui, au plan technique, nous ont assistés,
nous, les élus, en commission parlementaire.
Je pense que… On avait les juristes du ministère des Affaires municipales, les
gens au cabinet du sous-ministre, le
personnel de mon cabinet, qui nous ont permis, donc... Et je sais que, de part
et d'autre, autant les gens de l'opposition officielle que les gens de
la deuxième opposition étaient secondés par des personnes qui les ont
conseillés pour nous permettre d'avoir le meilleur projet de loi possible.
Alors, en
conséquence, M. le Président, je soumets à cette Assemblée le rapport de la
Commission de l'aménagement du territoire concernant le projet de
loi n° 1 pour sa prise en considération. Et je vous remercie de votre
attention.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont et
porte-parole de l'opposition officielle en matière des affaires de la
métropole. M. le député.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Merci, M. le
Président.
Une voix : ...
M. Lisée : C'est un peu
prématuré, les applaudissements de mon collègue. Et je le remercie quand même
de m'accueillir avec autant d'enthousiasme.
Une voix : ...
M. Lisée : Oui, c'est... Justement,
je crains la descente plutôt que le crescendo.
Écoutez,
c'est un projet de loi important. Le ministre indiquait que le fait que ce soit le projet de loi n° 1 n'était pas indicateur de l'importance que le gouvernement lui donne. Cependant,
il y a une symbolique là-dedans, parce
que c'est à la fois un projet de loi qui est transgouvernemental et
transpartisan. Transgouvernemental parce qu'en effet cela vient de la volonté du gouvernement, de la municipalité
de Montréal d'avoir cet inspecteur général, qui est une fonction qui n'existe pas, une
fonction qui est inventée et qui est commandée par la situation particulière de
Montréal après une période, qui a été assez douloureuse, de corruption
et de collusion.
La
ville de Montréal s'est inspirée d'une fonction semblable qui existe à la ville
de New York, a proposé cela dans la campagne électorale. Le maire
Coderre en a fait sa priorité, avait promis qu'il allait le réaliser dans les
100 jours. Évidemment, il n'était pas
le maître du calendrier de l'Assemblée nationale, mais le gouvernement du Parti
québécois a indiqué que nous allions tout
faire en notre possible pour respecter cette promesse ou, du moins, de déposer
un projet de loi qui ferait consensus dans les 100 jours de l'élection
du maire Coderre, ce qui a été fait.
Donc,
en février, une première mouture de ce projet
de loi a été déposée, à la satisfaction générale. Nous savions à l'époque
que l'opposition officielle, qui forme maintenant le gouvernement, était favorable au projet de
loi, et il ne manquait qu'un certain nombre de consultations pour faire en sorte d'avoir l'oeuvre finale. Alors, le nouveau gouvernement a repris ce projet de loi et a travaillé avec diligence, à la fois sur celui-là et sur Mourir
dans la dignité. Alors, c'étaient deux choses qui étaient très avancées au moment du déclenchement de l'élection. Et je pense
qu'on peut se féliciter, en tant qu'Assemblée, de pouvoir terminer cette
session parlementaire en complétant ce travail. Donc, un processus
transgouvernemental.
Un processus
transpartisan. Il y a effectivement eu des modifications apportées au projet de
loi par le gouvernement actuel. Nous avons eu un certain nombre de
débats, nous avons eu un certain nombre d'amendements qui ont permis, de façon
consensuelle, avec nos collègues de la CAQ également, de faire en sorte
de préciser un certain nombre de choses. Moi, je tiens, dans la première
période, à féliciter le travail qui avait été accompli par mon collègue le
député de Chicoutimi, qui était à l'époque
ministre responsable des municipalités, mon collègue
le député de Verchères, qui était à l'époque
à la Sécurité publique, et mon ancien collègue de Chambly, le ministre de la
Justice de l'époque, qui avaient tous travaillé à franchir les étapes
assez compliquées de créer ce droit nouveau et, pour l'essentiel, qu'on
retrouve dans le projet de loi actuel. Pendant ces débats, évidemment, le
député de Blainville, le député de Gaspé, de mon côté, ont participé... Évidemment, le ministre a mené ces discussions dans un climat de dialogue, de
coopération, et je l'en félicite, on a pu travailler très bien.
Évidemment,
à travers ces discussions, on a vu qu'il y avait un éléphant qui n'était pas
dans la pièce. L'éléphant qui n'était
pas dans la pièce, c'est qu'on créait du droit nouveau en essayant de respecter
et de protéger les dénonciateurs. Or, il n'existe pas de cadre général de législation, au Québec,
sur les dénonciateurs, ce qui fait qu'à la pièce, dans la loi de
création de l'UPAC et maintenant dans cette loi, nous adoptons des dispositions
pour protéger les dénonciateurs. Et c'était intéressant lorsque la Commission d'accès à l'information est venue nous voir pour nous dire : Bien, vous savez, on
pourrait s'inspirer de dispositions de protection des dénonciateurs qui
existent en Ontario, au Canada, ou en Australie, ou ailleurs, pour écrire nos
propres lois, et ce qui démontrait bien qu'il manque cet élément.
Alors,
dans ce projet de loi, les gens intéressés verront que nous modifions à
deux reprises les lois sur les normes du travail pour faire en sorte que quelqu'un qui donnerait un renseignement à l'inspecteur
général ne puisse être l'objet de harcèlement,
de rétrogradation ou de quelque vexation que ce soit dans le cadre de ses
relations de travail, et c'est très bien. Mais nous sommes obligés d'y aller à la pièce à
chaque fois que nous créons une loi où des dénonciateurs seront touchés
dans leur décision de rendre publiques des informations.
Une disposition qui a
été introduite par le gouvernement et celle qui nous a donné le plus de fil à
retordre… Et, comme j'ai dit au ministre,
j'aurais beaucoup aimé qu'on puisse s'entendre là-dessus,
mais nous avons une divergence, alors
je vais simplement l'évoquer, ce qui n'empêche pas que l'oeuvre finale au
complet est une bonne oeuvre, est une avancée,
et que, bien sûr, M. le
Président, nous allons voter en
faveur de ce projet de loi, mais voici ce que nous aurions aimé en
plus.
Alors, évidemment, l'inspecteur
général, et le ministre l'a bien dit, travaille de façon complémentaire avec l'UPAC, c'est une certitude. Et, dans un certain
nombre de malversations, il est possible que des citoyens, à Montréal ou
ailleurs, voient des éléments qui leur semblent louches dans la préparation ou
l'adjudication de contrat et décident de dénoncer
cette information. Il se peut qu'ils dénoncent à l'UPAC, il se peut
qu'ils le dénoncent à l'inspecteur général. S'ils le dénoncent à l'UPAC et si c'est de nature
simplement administrative, bien, l'UPAC
l'enverra à l'inspecteur général. Et, s'ils
le dénoncent à l'UPAC… à l'inspecteur général et c'est de nature criminelle,
bien, l'inspecteur général l'enverra à l'UPAC.
Et d'ailleurs on a fait en sorte que, les rapports que va produire l'inspecteur
général, copie sera envoyée à l'UPAC, copie
sera envoyée à l'Autorité des marchés financiers. Mais aussi il est prévu
strictement que, si l'inspecteur général a connaissance de faits qui
peuvent intéresser l'UPAC… va transmettre ces informations.
Mais,
dans la rédaction actuelle de la loi, il y a un fardeau qui est imposé au
dénonciateur. Alors, le dénonciateur, s'il travaille pour la ville de
Montréal, peut envoyer ces informations à l'inspecteur général ou à l'UPAC, ça
va bien. Mais, s'il travaille pour un
organisme public à Montréal et qu'il envoie par mégarde ces informations à l'inspecteur
général, eh bien, il est passible d'amende parce qu'il ne peut pas. S'il l'envoie
à l'UPAC, tout va bien, mais, s'il l'envoie à l'inspecteur général, il est
passible d'amende.
Quelles
sont les amendes? Alors, je vais vous l'illustrer ainsi : quelqu'un qui
travaille pour un hôpital, et qui voit passer
un document qui a un lien avec la ville, et dont il pense que ça montre une
machination, un complot, une mauvaise pratique
ou quelque chose de louche, et il décide de l'envoyer à l'inspecteur général,
eh bien, il est passible d'une amende en fonction de la loi d'accès à l'information,
article 159 :
«Quiconque,
sciemment, donne accès à un document ou à un renseignement dont la présente loi
ne permet pas la communication ou auquel un
organisme public[...], refuse de donner accès, commet une infraction et est
passible d'une amende de 200 $ à 1 000 $ et, en cas de récidive,
d'une amende de 500 $ à 2 500 $.»
Alors,
la Commission d'accès à l'information avait bien vu cela et, dans le rapport qu'ils
nous ont présenté, a dit : Bien,
c'est ce qu'il faudrait éviter. Il disait : «Il n'est pas nécessaire de
déroger à l'ensemble de la Loi sur l'accès», dans la disposition
proposée. «Une dérogation aux dispositions pénales suffit, soit aux
articles 159», celle que je viens de citer et aux autres. Il dit : Le
but de l'article doit être de protéger le dénonciateur.
Alors,
évidemment, il y a un certain nombre de renseignements qui n'ont pas à être
dénoncés ou envoyés par qui que ce soit. Et le ministre a fait une liste positive
de tout ce qu'il est interdit d'envoyer, et, sur cette liste, nous l'avons fait
article par article et nous avons accepté, dans la plupart des cas, que des
documents du Conseil des ministres, des revenus personnels, des échanges entre
organismes ou ministres, tout ça devait être exclu.
• (15 h 30) •
Mais
il y a deux éléments en particulier où nous avons pensé que ça ne devrait pas
être exclu. Par exemple, il est écrit
qu'il est interdit au dénonciateur d'envoyer à l'inspecteur général, et je
cite, «un avis ou une recommandation
fait depuis moins de 10 ans par un membre d'un
organisme public ou un membre de son personnel dans l'exercice de leurs
fonctions ou fait depuis moins de 10 ans à la demande de l'organisme public par
un consultant ou par un conseiller».
Ça fait beaucoup, beaucoup
de monde qui s'envoie beaucoup, beaucoup, beaucoup de papiers, ça, M. le Président,
et donc on nous dit : Bien, si le dénonciateur qui travaille pour un
hôpital, une commission scolaire, une école ou un organisme public québécois voit passer un bout de papier qui lui semble
louche et qui concerne la ville de
Montréal… et vous savez qu'il arrive que des gens s'envoient du papier qui n'est
pas selon leurs fonctions, hein, et on a vu des dénonciateurs récemment dans
des cas, à l'AMT par exemple, où les renseignements transmis ne concernaient
pas l'AMT mais concernaient autre chose. Donc, il se peut très bien qu'un
dénonciateur voie un renseignement : s'il l'envoie à l'UPAC, ça va; s'il l'envoie
à l'AMT, 1 000 $ d'amende, 2 500 $ en récidive.
Il
me semble que ça n'a pas de sens. Alors, est-ce que c'est... Ici, c'est une
clause qui : ou bien on met un fardeau sur le dénonciateur qu'il n'a
pas à assumer, ou bien on présume qu'en aucun cas, dans aucun organisme public,
jamais il n'y aura une information qui
pourrait intéresser l'inspecteur général. Et je pense qu'on en a assez vécu
récemment pour voir que, malheureusement,
bien que l'immense majorité des gens soient intègres, il arrive que, dans nos
organismes publics, certaines personnes ne
le soient pas et que le travail des dénonciateurs devrait être facilité plutôt
que le contraire. Donc, nous sommes opposés à cet article.
Nous
sommes opposés à un autre article aussi qui dit au dénonciateur qu'il n'a pas
le droit d'envoyer à l'inspecteur général
un document du bureau d'un membre de l'Assemblée nationale. Alors, comme l'a
dit le ministre, nous sommes certains
que les 125 membres de cette Assemblée nationale sont intègres. Mais, si nous l'avions
dit il y a 10 ans, nous nous serions trompés parce qu'un des membres de
l'Assemblée nationale a plaidé coupable à une accusation de fraude. C'est dommage, mais c'est le cas. Alors, pourquoi
est-ce que nous disons au dénonciateur : Si vous voyez passer, dans
un bureau de député, une information louche
dont vous croyez qu'elle pourrait intéresser l'inspecteur général, ne le
faites pas, sous peine d'amende, mais vous pouvez l'envoyer à l'UPAC?
Alors, écoutez, notre
rôle ici, sur la question des dénonciateurs, ce devrait être de faciliter le
travail des dénonciateurs et non pas de rendre la chose difficile et de leur
dire : Vous savez, il y a une amende qui peut vous tomber dessus — d'autant
plus que c'était la recommandation de la Commission d'accès à l'information.
Ce que j'en retiens,
et j'étais content d'entendre l'ouverture du ministre là-dessus, c'est que nous
avons collectivement du travail à faire sur
la question des dénonciateurs et que, donc, une fois cette loi adoptée, nous
appelons le gouvernement à reprendre des
travaux qui avaient été entamés sous notre gouvernement — et je suis certain que, sous le
gouvernement précédent, il y a des travaux qui avaient été faits aussi — et,
dans un délai assez court, de nous présenter
un projet de loi sur les dénonciateurs. Il nous fera très plaisir d'y
travailler et de faire en sorte que nous nous posions la question globalement, parce que j'entendais bien le ministre
qui me disait : Mais vous nous demandez là de faire une
modification à l'économie de la loi sur l'accès à l'information, je n'ai pas le
mandat de faire ça. Je présume de sa bonne
foi, évidemment, mais, à l'intérieur de... Oui, oui, absolument, je vous le
dis. Il a l'air d'en douter. N'en doutez point, M. le ministre. Mais donc cela demande de prendre ce sujet de
front et de dire : Bon, bien, dans le cas des dénonciateurs, si notre objectif, c'est d'aider la
dénonciation, bien, faisons en sorte de regarder ce débat dans son
ensemble et d'en arriver à des modifications qui pourraient s'appliquer à ce
projet de loi, comme à d'autres projets de loi, et d'avoir un élément d'ensemble.
Alors,
pour conclure, je crois que c'est un élément de plus dans l'édifice que le
Québec construit depuis plusieurs années pour faire en sorte que le
Québec, Montréal en particulier, mais le Québec soit un des endroits au monde
les plus inhospitaliers pour les fraudeurs et les bandits. C'est ce qu'on est
en train de construire, et je pense que c'est une oeuvre fort utile et, je l'espère,
durable. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Rosemont,
pour cette intervention. M. le député de Blainville et porte-parole de la
deuxième opposition pour les affaires municipales et de l'occupation du
territoire, je vous cède la parole.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Il me
fait plaisir de prendre la parole en cette Chambre sur cet important projet
de loi qui se veut le projet de loi n° 1 du gouvernement, important projet
de loi tout d'abord parce que, pour une rare
fois au Québec, un maire d'une ville, la plus grande du Québec, a demandé au
Parlement de lui venir en aide et
pour créer le poste d'inspecteur général, justement pour faire la lutte à la
corruption sur son territoire. Il faut le faire, là, M. le Président! Et c'est pourquoi je salue d'entrée de jeu la
collaboration de tous les partis politiques en commission parlementaire et l'esprit de collégialité. Et ça,
j'en remercie le ministre des Affaires municipales, parce que je pense
que c'est lui qui donne le ton. Et le ton
était bien parti, malgré quelques petits… au début, par rapport… Parce que,
vous savez, évidemment, le Parti
québécois avait déposé, sous l'ancienne législature, son projet de loi. On veut
toujours essayer de montrer qu'on
était capables, nous aussi, de régler le problème. Mais finalement les
élections ont fait qu'il n'y a pas eu de règlement du dossier, mais le
gouvernement a bien pris acte des volontés du maire de Montréal.
Et évidemment je veux
remercier tous les collègues qui y ont travaillé : le député de Rosemont,
je veux le saluer puis le remercier pour
tout le travail qu'il a fait en comité; le député de Gaspé également; de ma
formation politique, moi, j'ai été assisté par le député de Borduas, le
ministre l'a salué; le député de Beauce-Nord aussi qui est venu en comité; le ministre, évidemment, ainsi que tous
ses collègues qui ont participé à la commission parlementaire. Et aussi
tous les intervenants, parce que c'est
important. Je pense que ce projet de loi là a été fait dans un esprit de
collégialité entre les parlementaires mais aussi avec les regroupements
de la société qui se montraient intéressés, et le ministre a quand même démontré beaucoup d'ouverture. Donc, la
Commission d'accès à l'information nous a fait grâce de sa présence. La
Chambre des notaires nous avait rédigé un document, le Barreau du Québec aussi,
puis il y avait un mémoire qui avait été déposé par la Commission des droits de
la personne.
Donc, vous
comprenez, M. le Président, on était dans du droit nouveau, là. C'est vraiment
quelque chose d'unique, pas juste au
Québec mais au Canada aussi, là, où on est en train de donner à une ville, la
plus grande ville du Québec et l'une des plus importantes du Canada, un
pouvoir sur le contrôle de la corruption sur son territoire. C'était une
volonté du maire de Montréal et de sa formation politique, et évidemment, pour
nous, nous sommes très satisfaits de ce résultat.
Et ces premiers travaux ont été des plus
rigoureux, faits de façon très professionnelle, sans partisanerie aucune, évidemment, pour faire avancer le Québec,
et c'est ça qui est important, M. le Président. Quand la ville de
Montréal avance, le Québec avance. Je pense que c'était un message clair que
les parlementaires se devaient de livrer et aussi pour plus spécifiquement
renforcer notre capacité à contrer les agissements répréhensibles en matière
contractuelle. La ville de Montréal est quand même la ville qui donne le plus
grand nombre de contrats au Québec en importance, dans les villes, évidemment, à l'exception du gouvernement du Québec,
et, la doter d'un mécanisme pour lutter contre un des pires fléaux que notre province a connus, soit
la corruption, moi, je pense que c'était tout à l'honneur de ce
Parlement. On parle d'intégrité, de fierté,
de justice, de respect des contribuables québécois qui finalement, M. le
Président, sont tannés de payer et,
quand ils paient, veulent juste s'assurer que l'argent est bien dépensé. Et je
pense qu'ils ont eu des exemples au cours
des derniers mois qui… à tous les jours, à la commission Charbonneau, où il y a
eu des exagérations qui ont été faites, et donc, encore une fois, il
fallait… C'était important qu'on supporte la ville de Montréal dans ce
dossier-là et aussi la population qui le demandait.
• (15 h 40) •
Donc, après
plusieurs mois d'attente, c'est… l'inspecteur général de Montréal pourra entrer
en fonction, donc Me Gallant, qui avait déjà été nommé, évidemment,
avec… on a appris aussi que son adjoint avait été nommé. Donc, évidemment, la ville de Montréal avait un
engouement, là, pour l'inspecteur; il y avait déjà beaucoup de personnel de
fait. Donc, il a fallu ajuster, mais je
pense qu'à la fin c'est la ville qui va devoir s'ajuster. M. le ministre hoche de la tête. Donc, évidemment, ils
ont compris que les parlementaires, c'est nous; donc, c'est nous qui avons le
pouvoir de légiférer. Et donc il y avait un montage qui avait été fait par la ville
de Montréal, qui n'était pas tout à fait adéquat par rapport aux exigences que
nous, en tant que législateurs, nous étions prêts…
Donc, outre l'inspecteur général, il y aura un
inspecteur général adjoint, qui sera nommé et qui devra avoir les mêmes capacités, les mêmes compétences et la
même sécurité par rapport à son emploi que l'inspecteur général. Il sera nommé aussi pour le même nombre de temps.
Parce qu'on a bien compris que l'inspecteur général pourrait prendre des
vacances; il pourrait lui arriver, donc, d'avoir
certaines absences. Et c'est important que, si des décisions importantes
sont prises, dont entre autres la grande
décision d'annuler les contrats, bien, que ce ne soit pas fait par, comme le
demandait l'inspecteur… comme le demandait
finalement Me Gallant, là, que ce soit un employé qui le fasse. Donc, c'était
important que ce soit quelqu'un… un adjoint, mais qui ait les mêmes compétences
que lui.
Donc, l'inspecteur
général de Montréal sera le premier agent public en son genre, évidemment, et
il va permettre de développer, il va participer au développement d'une
nouvelle culture. C'est ce qu'on espère tous et c'est l'objectif du projet de loi. Il va devenir le gardien de l'intégrité
et de la conformité des contrats à Montréal pour protéger la ville et
ses contribuables. C'était important que le message soit livré. Parce qu'il y a
eu des discussions, mais je pense que le ministre avait bien compris, le
gouvernement avait bien compris : il faut quand même limiter son travail
aux contrats qui touchent la ville de Montréal dans toutes les discussions qui
peuvent avoir lieu avec autant d'organisations.
Puis peut-être que je vais prendre le temps de
lire, M. le Président, les organismes qui vont être sous la surveillance de l'inspecteur général. Parce que c'est
important, les Montréalais et les Montréalaises ont beaucoup de…
Évidemment, ils ont vu, ils ont entendu, ils ont écouté, mais il y a quand même
beaucoup d'organismes qui vont être sujets…
qui font affaire avec la ville de Montréal et qui seront sujets aux
vérifications de l'inspecteur général. Et je les…
Il y en a 18, organismes, M. le Président. Je
prends la peine de vous les lire : Anjou 80, Bixi Toronto Inc., Conseil
des arts de Montréal, Conseil interculturel de Montréal, Corporation d'habitations
Jeanne-Mance, Fiducie du technoparc
Montréal, Office de consultation publique de Montréal, Office municipal d'habitation,
Société de gestion Marie-Victorin,
Société de gestion du port de plaisance de Lachine, Société de jalonnement
dynamique de Montréal, Société de transport de Montréal, Société de vélo
en libre-service, Société en commandite Stationnement de Montréal, Société d'habitation et de développement de Montréal,
Société du parc Jean-Drapeau, Technoparc Montréal et Transgesco SEC.
Donc, des organisations publiques qui seront sous la surveillance — évidemment,
par rapport aux contrats qu'ils peuvent signer —de l'inspecteur général.
Donc, il est
peut-être vrai de dire qu'il y a certaines dispositions qui n'ont pas été
adoptées à l'unanimité. Mais je pense
que l'ensemble du projet de loi respecte l'esprit, entre autres, de ce que
voulait le maire de Montréal. Et la version finale, quant à moi, a été
bonifiée. Et ça, nous, on s'en est assurés en tant que formation politique,
entre autres :
Que l'AMF
soit informée par l'inspecteur lorsqu'une entreprise ne se conforme pas aux
règles d'intégrité prévues à la loi sur les contrats publics. Donc, c'est
pour permettre à l'inspecteur qui vérifie un contrat, s'il s'aperçoit que
possiblement le contractant ne respecterait pas certaines conditions de l'AMF,
pourrait… parfois parce que l'AMF l'aurait autorisé, mais il pourrait constater, dans l'analyse d'un
contrat, que, maintenant, suite à ce que lui voit puis des informations qu'il a reçues, il pourrait peut-être
y avoir lieu de remettre en question l'autorisation qui a été donnée par
l'AMF, bien, il pourra soumettre le dossier à l'AMF;
Que la délégation des pouvoirs de l'inspecteur
se fasse de façon cohérente; et
Que la
fonction d'inspecteur adjoint soit soumise aux mêmes critères de nomination et
soit prévue dans la loi, ce que je vous expliquais tantôt.
On a apporté aussi les modifications nécessaires
afin d'assurer la cohérence du texte, mais surtout de donner le plus de pouvoirs possible à l'inspecteur, sans
pour autant aller au-delà de sa juridiction et d'empiéter sur celle de l'UPAC
ou de l'AMF, par exemple. Donc, c'était
important. Donc, oui, son rapport sera soumis à l'UPAC et à l'AMF, mais,
non, il ne remplacera pas l'UPAC et il ne
remplacera pas l'AMF. C'est, entre autres… On s'est portés forts de s'assurer
que tous ces organismes-là puissent travailler comme nous l'avons fait,
nous, les partis politiques, en collégialité, et donc c'est l'objectif.
Par ailleurs,
lors de nos travaux, des préoccupations ont été soulevées concernant la
protection des dénonciateurs, donc... Et ça, la protection des
dénonciateurs, M. le Président, je sais que le député de Rosemont en a parlé de
façon importante, mais moi aussi. Force est
de constater... Puis, quand on a regardé le rapport de la Commission de l'accès
à l'information, qui a fait une analyse, qui
nous a fait, finalement… qui nous a présenté un rapport, on s'est aperçus
que le comparatif qu'utilisait le président de la Commission de l'accès à l'information,
c'était sur la loi de l'Ontario, c'était sur la loi qui est en vigueur au
gouvernement du Canada. Il y a des lois sur la protection des dénonciateurs,
mais évidemment il n'y en a pas au Québec. Donc, c'est une constatation qui est
assez dure, M. le Président, parce que, finalement,
oui, c'est vrai qu'on crée du droit nouveau, avec le projet de loi n° 1,
pour créer le poste d'inspecteur général à Montréal, évidemment, aussi, toute une partie de la loi est pour la
protection des dénonciateurs, mais il faut quand même comprendre, M. le Président, qu'il ne faudrait pas
que le travail par rapport à la protection des dénonciateurs s'arrête
là.
Et je vous
dirais que, depuis 2012, la Coalition avenir Québec, ma formation politique,
martèle l'importance d'une véritable protection des dénonciateurs, et c'est
pourquoi notre formation politique a déposé le projet de loi n° 199 en février 2013, sous l'ancienne législature,
intitulé Loi modifiant la Loi concernant la lutte contre la corruption en
matière de protection des dénonciateurs, afin d'offrir une protection immédiate
pour les dénonciateurs.
Donc, tout ça pour vous dire, puis là je ne veux
pas faire de politique partisane dans un projet de loi où on était en
collégialité, mais tout ça pour dire que, oui, on en avait parlé, mais il ne
faut pas arrêter de parler de doter le gouvernement
du Québec d'une loi pour protéger les dénonciateurs, M. le Président. Et ça, ça
va être important, parce qu'on a
ouvert… on a lancé un message fort. On a lancé un message fort à tous les
fonctionnaires de Montréal ou de tous les organismes publics,
parapublics reliés, les 18 qui sont reliés à la ville de Montréal : Vous
pouvez dénoncer des situations de corruption puis vous allez être protégés par
la loi. Mais il faudra, un jour, lancer le même message à nos propres
fonctionnaires du gouvernement du Québec pour dire : Vous pourriez, vous
aussi, être protégés par une loi si vous faites des dénonciations par rapport à
tout ce qu'il pourrait avoir comme corruption ou collusion, là, que vous voyez.
Et ce n'est pas le cas présentement, M. le Président, puis je pense que ça, c'est
important qu'on se le dise.
Et je sais que le ministre s'est montré ouvert.
Il faut que je le salue, il s'est montré ouvert. Mais, comme il nous l'a dit, ce n'est pas lui qui est responsable
de ce dossier-là. Il y a évidemment un ministre qui est responsable
aussi du dossier de l'accès à l'information.
Il peut compter sur la collégialité, la collaboration du deuxième groupe
d'opposition pour lui… par l'intermédiaire, nous aussi, de nos porte-parole, de
faire comprendre aussi au ministre responsable du gouvernement que ce serait… on serait… il serait temps qu'on ait une loi
sur la protection des dénonciateurs au Québec.
Et je vous dirais, en terminant, que… j'aimerais
vous dire qu'on en a assez de payer pour la collusion et la corruption au Québec. On doit renforcer la lutte
et surtout la prévention à Montréal. Pour ce faire, on doit adopter ce
projet de loi, et je crois que nous sommes maintenant prêts à le faire.
Donc, merci, M. le Président, merci à mes
collègues qui ont travaillé avec moi, et de tous les partis, et merci au ministre aussi pour avoir insisté et soumis à
notre Chambre ce premier projet de loi, le projet de loi n° 1, et puis
j'espère qu'on pourra l'adopter dans les plus brefs délais, M. le Président.
Merci.
• (15 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Blainville. Je suis prêt à céder la parole au prochain intervenant et
je reconnais M. le député de Gaspé et porte-parole de l'opposition officielle
en matière d'affaires municipales. Alors, je vous cède la parole.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de dire
quelques mots sur le principe du projet de loi n° 1, un dossier
extrêmement important. Écoutez, si on fait un petit historique, beaucoup de
choses ont été dites, donc je ne répéterai pas, mais je vais peut-être traiter
certains éléments qui ont passé plus rapidement.
D'abord, bon, c'est important de préciser que c'est
le maire Coderre qui, lors de sa campagne électorale, s'était engagé à doter la ville d'un tel mécanisme de
contrôle. Donc, une fois engagé, il en a fait une réalisation, et c'est
quand même l'objet d'un consensus quasi unanime, sinon unanime, de la part de l'ensemble des partis politiques de
la ville de Montréal. Donc, c'est quand même une particularité qui démontre
toute l'importance et la nécessité d'un tel outil.
À l'hiver
2014, l'ex-ministre des Affaires
municipales, de l'Occupation du territoire et des Régions, le député de Jonquière, déposait le projet de loi n° 73, sous notre… l'ancien gouvernement pour, justement,
répondre favorablement à la demande de la ville de Montréal et des
agglomérations. Aujourd'hui, c'est l'actuel gouvernement, sous l'égide du
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, qui dépose
le projet de loi n° 1 et qui répond, en majeure partie, je crois, aux attentes, là, soulevées tant
par la ville de Montréal que par l'ensemble des commettants, qui sont sensibilisés, très sensibilisés à cette
importante préoccupation.
Le poste d'inspecteur
général de la ville de Montréal est un poste extrêmement important et c'est un
poste qui, en même temps, fait preuve
d'une grande innovation. Comme on l'a mentionné, c'est une première au Québec,
au Canada et peut-être même au-delà.
Donc, une fois de plus, la ville de Montréal, mais également le Québec, démontre sa capacité de s'adapter puis de
répondre aux besoins qui sont des besoins actuels de notre société.
Pourquoi commencer par Montréal? Bien, Montréal
est notre métropole, détient un budget d'opération extrêmement important, extrêmement élevé. Donc, de là la nécessité d'avoir
un outil efficace pour s'assurer… pour assurer aux Montréalais et aux
Montréalaises la plus grande et la meilleure gestion possible des deniers
publics. C'était un besoin qui était très attendu de la part des organisations
et de la population de la métropole. Donc, je suis heureux de participer à la
réalisation de cet engagement-là.
C'est un
poste qui, je l'ai mentionné tantôt, est très novateur et nouveau, oui, mais,
au-delà de ça, c'est un poste qui est réalisé, est mis sur pied avec
plusieurs particularités, dont notamment… c'est un poste qui doit, pour être
effectif, d'abord, faire l'objet d'une
recommandation positive de la part du ministre… je m'excuse, du maire de
Montréal, qui doit faire une recommandation, déposer une recommandation
au conseil municipal, et cette recommandation-là doit être adoptée par les deux tiers des membres. Donc, c'est
quand même une mesure assez forte. Quand on parle d'une décision aux
deux tiers des membres, dans les lois municipales, généralement, ça confère une
importance particulière à ces décisions-là.
C'est un mandat de cinq ans non
renouvelable. Encore là, une particularité. Un mandat de cinq ans, mais
avec aucune possibilité de reconduction. Donc, c'est une autre des
caractéristiques du poste.
Et nous avons aussi ajouté des exigences
particulières, lors des travaux en commission, à l'égard du poste d'adjoint. Comme le ministre l'a très
bien mentionné, on ne peut… une ville de Montréal ne peut demeurer dans le
vide advenant une vacance, un congé ou une incapacité de la part de l'inspecteur
général de vaquer à ses fonctions. Il était absolument
nécessaire d'avoir un adjoint qui, en l'absence de l'inspecteur général, puisse
assumer la fonction. Donc, ça fait partie
des travaux de la commission. Plusieurs modifications ont été amenées pour
rehausser, je dirais, le poste d'adjoint pour s'assurer que cet adjoint-là ait toutes les compétences et le
bagage, tant professionnel qu'au niveau de son
expérience, mais aussi au niveau de son
profil. On exige un profil, dans le fond, sans faute de la part d'un
professionnel, qui va être un homme ou
une femme de loi, généralement.
Ce poste, donc, est très particulier et
notamment sous l'angle aussi de son autonomie. Généralement, dans les
structures municipales, l'ensemble des cadres, fonctionnaires et employés
relèvent de la direction générale, mais, dans
le cas de l'inspecteur général, afin de lui conférer
toute la marge de manoeuvre nécessaire pour répondre aux attentes
du poste, l'inspecteur général relèvera directement du conseil municipal. Donc,
il y a toute une panoplie de mesures particulières qui s'appliquent
exclusivement au poste d'inspecteur général, et ce, afin de lui permettre toute la marge de manoeuvre requise.
On parle beaucoup de contrôle. Une des
responsabilités principales de l'inspecteur général, c'est bien sûr de surveiller l'ensemble du processus d'appel d'offres
et de passation des contrats, mais aussi l'exécution,
en cours de route, des contrats. Donc, c'est probablement la majeure
partie du travail qui va affairer l'inspecteur général, mais également
on parle aussi d'un poste-conseil.
Donc, c'est un poste contrôle, mais en même temps il y a un volet conseil
extrêmement important, qui a pour objet, par
exemple, de déposer des recommandations au conseil municipal, aux
fonctionnaires et aux employés de la
ville de Montréal, mais aussi des arrondissements, parce que le poste peut
aussi, à certains égards, avoir un champ d'intervention qui l'amènerait
à intervenir au niveau des arrondissements.
Parmi les
autres pouvoirs particuliers de l'inspecteur général, on parle d'un pouvoir d'annuler,
résilier ou suspendre tout contrat.
Donc, c'est un pouvoir très, très large. Et également on prévoit, en dernier recours,
que le conseil municipal de Montréal ou un conseil d'agglomération
pourrait renverser une décision de l'inspecteur général. Ça peut paraître un peu contradictoire, mais on considère, je crois qu'il
y a un consensus à ce niveau-là… c'est important de reconnaître le
pouvoir ultime du conseil municipal. En dernier recours, on reconnaît de par
cette disposition-là l'imputabilité ultime du
conseil municipal, qui, dans certains cas, pourra aller à l'encontre d'une
décision de l'inspecteur général mais avec toutes les conséquences
politiques. On sait qu'une telle décision va sûrement faire l'objet d'une vaste
médiation, donc c'est clair que ça prendra
des éléments extrêmement forts pour qu'un conseil municipal aille de l'avant
dans un tel renversement de décision.
Un autre élément qui m'apparaît extrêmement
important, on n'en parle pas beaucoup, généralement, dans différents dossiers, et dans ce cas-là je ne crois
pas que ça a été traité par mes collègues qui m'ont précédé aujourd'hui,
c'est le volet formation. On parle beaucoup
de sévir, punir, là, mais je considère que c'est extrêmement important
aussi de former et d'informer tant les membres du conseil que les
fonctionnaires et les employés municipaux des exigences applicables en termes de saine gestion publique. Et, avec tout ce qui se
passe, tout ce qu'on voit depuis les dernières années, on se rend compte, malheureusement, que souvent la
formation a été… la formation, la sensibilisation a été déficiente
pendant peut-être beaucoup trop de temps, et ça nous a amenés, souvent pas, je
dirais, par volonté de mal faire mais souvent par méconnaissance de certains
principes, de certaines règles, à peut-être abuser ou encore à ne pas respecter
certaines exigences. Et ça nous amène… ça amène souvent des gens dans des
situations très délicates.
Les attentes
de la population, on le disait tantôt, sont extrêmement élevées en termes de
saine gestion, que ce soit au niveau
gouvernemental, au niveau municipal ou au sein de l'ensemble des organisations
publiques ou parapubliques. Donc, c'est un poste qui s'avérait
extrêmement nécessaire. Et, à ce moment-ci, moi, j'amènerais le souhait que l'Assemblée
nationale mais aussi que d'autres
organisations se penchent sur la pertinence peut-être d'élargir un poste comme
ça en l'adaptant, bien sûr, aux
autres organisations. C'est sûr que Montréal, étant la métropole, bon, a des
besoins particuliers, qu'on a
exprimés le mieux possible à travers le projet de loi n° 1, mais j'espère
que ce projet de loi là, que ce poste-là sera un premier jalon qui nous permettra peut-être, là,
de mettre en place d'autres mécanismes, peut-être pas similaires mais
des mécanismes qui pourront répondre aux
attentes de municipalités de moindre envergure sur le plan populationnel et
sur le plan financier. Mais je suis convaincu que c'est extrêmement important
qu'on ait d'autres mécanismes similaires puis aussi répondre aux autres besoins
de la société.
Finalement, un bon mot aussi pour les travaux en
commission. En commission particulière, d'abord, nous avons rencontré la loi… les représentants de la commission de la loi sur
l'accès à l'information, qui nous ont fait part de leurs préoccupations.
Bon, mon prédécesseur et le député de Rosemont ont largement parlé de toute la
question de la protection des dénonciateurs, je ne reviendrai pas là-dessus,
mais c'était un des éléments sur lesquels notre formation politique, disons, aurait peut-être souhaité aller
davantage… plus loin, dans ce domaine-là. Mais on se rallie à la
décision de la commission et on considère que c'est un travail de grande
qualité qui a été réalisé.
Puis je tiens à féliciter : le président,
qui a très bien dirigé les travaux; le ministre, qui a démontré beaucoup d'ouverture. Et les travaux se sont faits dans un
esprit vraiment de collégialité et de… un esprit positif et constructif.
Donc, au plaisir de pouvoir débattre de d'autres projets de loi au sein de la
Commission de l'aménagement du territoire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Gaspé.
Mise aux voix du
rapport
S'il n'y a
pas d'autre intervenant à ce moment-ci, le rapport de la Commission de l'aménagement
du territoire portant sur le projet de loi n° 1, Loi
concernant l'inspecteur général de la Ville de Montréal, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
• (16 heures) •
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article 3 de notre
feuilleton, M. le Président.
Projet de loi n° 5
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles propose l'adoption du principe du projet de loi n° 5, Loi
modifiant la Loi limitant les activités pétrolières et gazières et d'autres dispositions législatives. Alors, je suis prêt à
céder la parole au prochain intervenant et je reconnais M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci
beaucoup, M. le Président. J'ai le plaisir, aujourd'hui, de soumettre à l'adoption
du principe le projet de loi qui modifie la
Loi limitant les activités pétrolières et gazières et d'autres dispositions
législatives. Ce projet de loi a pour objet
de reconduire certaines dispositions de la loi qui limitaient les activités
pétrolières et gazières qui prendront
fin le 13 juin 2014. Si nous ne reconduisons pas certaines des dispositions actuelles prévues par la loi, nous allons permettre aux entreprises de réaliser des
travaux partout sur le territoire, notamment dans les basses-terres du Saint-Laurent,
là où l'acceptabilité sociale n'est pas acquise de la part de la population. De
plus, nous augmenterons les obligations financières
des entreprises, dont plusieurs sont québécoises, dans un contexte économique
peu favorable aux investissements. Ce n'est
pas, bien sûr, ce que nous souhaitons. Tel que mon collègue
le ministre du Développement
durable et moi l'avons annoncé
le 30 mai dernier, le gouvernement entend aborder la filière des
hydrocarbures de façon intégrée. Et nous allons
agir avec prudence et transparence, étape par étape, dans le meilleur intérêt
des Québécois et, bien
sûr, suivant un plan de match
global, intégré et rigoureux, M. le Président.
Le développement du secteur des hydrocarbures au
Québec présente un potentiel de création de richesse et d'emplois qui pourrait être mis au profit de la population
québécoise. Une augmentation de l'autonomie énergétique du Québec
permettrait de réduire le déficit de la balance commerciale, dont
17 milliards étaient imputables à l'importation d'hydrocarbures en
2012. Si les conditions adéquates étaient réunies, une mise en valeur prudente
et encadrée de ces hydrocarbures permettrait
de susciter des activités économiques régionales pour un développement au profit des régions et des citoyens.
C'est pourquoi nous avions annoncé, le 30 mai dernier, deux
évaluations environnementales stratégiques : la première, qui porte sur l'exploration et l'exploitation
des hydrocarbures et sur leur transport, et la deuxième, qui est spécifique à Anticosti. Les résultats de ces deux
évaluations, ainsi que les travaux du BAPE en cours actuellement sur le
gaz de schiste, vont nous permettre de prendre des décisions éclairées sur l'ensemble
des activités d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières et sur
leur transport.
Par ailleurs, nous reconnaissons qu'il est
nécessaire de procéder, à ce stade-ci, à une révision globale et à une
modernisation de l'encadrement législatif et réglementaire qui est spécifique
aux hydrocarbures, dont l'essentiel se retrouve
actuellement dans la Loi sur les mines et dans un règlement afférent. Les
conclusions, donc, de l'EES sur les hydrocarbures et celles spécifiques
à l'île d'Anticosti ainsi que le résultat des consultations du BAPE sur le gaz
de schiste seront des
éléments essentiels à cette révision. Un nouvel encadrement législatif va
permettre également de s'adapter aux nouvelles façons de faire, d'intégrer
les meilleures pratiques dans le domaine, tout en assurant aux citoyens du
Québec une juste part de la richesse créée par l'exploration et l'exploitation
des hydrocarbures. De plus, ce nouvel encadrement
va donner à l'industrie un environnement réglementaire stable et prévisible
pour ses projets d'investissement. L'appropriation
d'une juste part de la rente économique, l'encadrement des techniques et
technologies utilisées, les garanties financières, le suivi et le
contrôle de ces activités sont autant de dimensions que cet encadrement veut
prévoir.
C'est donc,
M. le Président, en attendant la réalisation de ces diverses étapes que nous
avons pris la décision de reconduire les dispositions clés de la loi.
Cette démarche va permettre de poursuivre le travail d'analyse requis et de prendre des décisions éclairées sur l'avenir de
cette filière énergétique, et ce, en toute équité pour les détenteurs de
titres actuels. Vous comprenez donc,
maintenant, pourquoi nous soumettons, aujourd'hui, à l'adoption du principe ce
projet de loi qui modifie la Loi limitant les activités pétrolières et
gazières.
Je tiens à vous rappeler que notre gouvernement
a pris l'engagement de faire preuve de transparence dans ses actions et dans son utilisation des fonds publics;
en voici donc une démonstration. Dans le dossier des hydrocarbures, nous
avons exprimé notre volonté d'agir avec prudence. Il est important que nous
ayons, d'abord et avant tout, une confirmation
du potentiel de la ressource, de l'acceptabilité sociale et de la rentabilité
économique d'un projet avant d'aller de
l'avant avec son exploitation. Appuyés par les résultats des deux EES que nous
mènerons prochainement et qui nous permettront
d'acquérir des connaissances supplémentaires, il sera pour nous plus facile de
connaître le potentiel de cette filière et de mieux encadrer d'éventuels
travaux de forage.
Pour en revenir aux détails de ce projet de loi,
je vous rappelle qu'il y avait déjà eu une première loi en 2011, le 13 juin 2011, loi qui était entrée en vigueur et qui limitait d'ailleurs les activités pétrolières et gazières. D'ailleurs,
je vous rappelle que cette loi a été
efficace, parce que, depuis 2011, aucun nouveau permis n'a été émis.
Elle a été introduite dans l'objectif
de faciliter le ralentissement de ces activités, notamment les activités de fracturation dans les basses-terres du
Saint-Laurent. Cette initiative a été mise en place en complément à des dispositions
que j'avais moi-même proposées à titre de ministre du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs à l'époque, et ce, afin de protéger l'environnement. Par l'entremise de l'article 2 du Règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement,
notre gouvernement avait alors assujetti les
entreprises pétrolières à l'obtention d'un certificat d'autorisation
environnementale, et à une consultation
de la population pour tous travaux de forage dans le shale, et, bien sûr, à une
acceptabilité sociale. Son application prend fin, donc, le 13 juin 2014,
et nous estimons que les conditions ne sont toujours pas favorables à la reprise des travaux dans cette région. Aussi, des
travaux de consultation sont présentement en cours. Il m'apparaît donc
tout à fait prématuré, M. le Président, à ce stade-ci, de reprendre les
investissements pétroliers et gaziers dans les basses-terres du Saint-Laurent,
et c'est donc pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Je vous
explique maintenant les principales dispositions de la loi. Dans un premier
temps, cette loi vient interdire de manière permanente l'activité
pétrolière et gazière dans la partie du fleuve Saint-Laurent située en amont de
la pointe ouest de l'île d'Anticosti et sur
les îles qui s'y trouvent. Cette disposition n'est absolument pas touchée. Dans
un deuxième temps, la loi suspend la période de validité des permis de
recherche — disons,
en termes clairs, qu'elle gèle l'âge des permis — exempte les titulaires de permis de
recherche de leur obligation de réaliser des travaux requis par la Loi
sur les mines. Notre projet de loi propose donc la reconduction de ces
dispositions au-delà de l'échéance du 13 juin, et ce, jusqu'au moment jugé opportun. La prolongation des dispositions permet
de prendre en compte le contexte peu favorable, actuellement, aux
investissements et l'absence d'acceptabilité sociale envers les travaux de
recherche dans le schiste, notamment dans
les basses-terres du Saint-Laurent, d'acquérir des connaissances
additionnelles, et de mieux définir le potentiel pour mieux encadrer les
travaux de forage, et, enfin, de prendre le temps d'adopter un nouvel
encadrement législatif et réglementaire.
De toute
façon, M. le Président, les titulaires de permis ne seront pas pénalisés, donc,
par le temps pris pour réaliser les travaux de l'EES et l'actualisation
de l'encadrement législatif et réglementaire, les permis ne pouvant venir à échéance au cours de cette période. De plus, l'exemption
des travaux permet de limiter les travaux dans les régions visées. Finalement, le projet de loi propose, à l'article
2, le report de la hausse des droits annuels pour les titulaires de
permis de recherche en venant modifier l'échéance prévue à la loi qui concerne
la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours du budget du 20 novembre 2012. Cette disposition permet d'éviter
l'augmentation des obligations financières des entreprises, dont des
sociétés québécoises, alors qu'actuellement il n'y a pas d'activité et que le
contexte économique est peu favorable.
En somme, M.
le Président, si le projet de loi est adopté, les modifications que nous
proposons auront pour effet de prolonger
deux dispositions actuelles de la loi, à savoir l'exemption pour les détenteurs
de titres d'exécuter les travaux annuels
minimaux qui sont requis par la Loi sur les mines et, deuxièmement, la
suspension de la période de validité des permis de recherche de pétrole,
de gaz naturel et de réservoirs souterrains. Ces modifications auront aussi
pour effet de reporter la hausse des droits
annuels prévue à la loi qui concerne la mise en oeuvre du discours du budget du
30 novembre 2012. L'adoption, donc,
de ce projet de loi nous permettra de bénéficier du temps nécessaire à l'acquisition
de connaissances additionnelles pour mieux
encadrer les activités, notamment les activités de forage avec
fracturation.
• (16 h 10) •
Permettez-moi encore une fois de rappeler que
nos collègues de l'opposition nous avaient appuyés dans nos démarches initiales
d'adoption du projet de loi n° 18 en 2011. En bref, M. le Président, ce projet
de loi propose essentiellement de prolonger jusqu'à la date que
déterminera le gouvernement par décret les trois dispositions législatives mentionnées
plus tôt. L'enjeu est de taille. Si les conditions adéquates sont réunies, une
exploitation encadrée, prudente et contrôlée
des hydrocarbures québécois permettrait de susciter des activités économiques en région et de remplacer une partie des hydrocarbures importés, dont le Québec
dépendra encore pour plusieurs années. Mais, pour l'instant, il n'y a
pas d'acceptabilité sociale, et, M. le Président, j'espère
vous avoir convaincu que l'adoption du principe du projet de loi modifiant la Loi limitant les activités
pétrolières et gazières s'impose. Et le contexte dans lequel nous vivons l'exige,
M. le Président. Je demande donc à mes
collègues de procéder à l'adoption de principe de ce projet de loi. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de Marie-Victorin
et porte-parole de l'opposition officielle en matière de ressources naturelles.
M. le député.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Merci,
M. le Président. Alors, je salue, bien entendu, les collègues ici présents et
en particulier le ministre, avec lequel je vais travailler, dans les
prochaines heures, M. le Président, sur ce projet de loi n° 5.
Alors, je
tiens à dire d'entrée de jeu, M. le Président : Je tiens à réitérer la
position de principe de notre formation politique. Ce ne sera pas une surprise pour personne, mais je pense que
c'est important de le faire. Nous, nous croyons que la chose raisonnable
à faire, la chose juste à faire, c'est d'imposer un moratoire sur le gaz de
schiste dans la vallée du Saint-Laurent.
O.K.? Je pense que c'est important de redire cela parce que ça va… de cette
position de principe, là, va découler l'analyse que nous faisons de ce
projet de loi n° 5, M. le Président.
D'abord, je
pense que c'est important de bien situer l'importance de ce projet de
loi n° 5, ce qu'il se propose de faire et surtout ce qu'il ne fait pas. Et c'est clair que ce qu'il ne fait
pas, c'est d'imposer un moratoire sur le gaz de schiste dans la vallée
du Saint-Laurent. Ça, c'est très, très clair, M. le Président. S'il y a une
chose qui est très claire, c'est que le projet
de loi n° 5 n'impose pas un moratoire, puis je viens de vous dire,
là, vous m'avez bien écouté, je viens de vous dire que, nous, le point
de départ de notre positionnement, je dirais, de notre posture sur ce projet de
loi, c'est de dire que ça prend un moratoire sur la filière du schiste dans la
vallée du Saint-Laurent.
Et c'est d'ailleurs,
M. le Président, la raison pour laquelle nous avions déposé le projet de
loi n° 37 lorsque nous étions aux affaires, projet de loi
n° 37, d'ailleurs, qui avait été adopté en principe, projet de
loi n° 37, qui prévoyait justement
l'établissement de ce moratoire, donc adopté en principe. Mais par la suite l'opposition
libérale a bloqué le projet de
loi n° 37, et donc on n'a pas pu le faire adopter. Je n'impute pas à
la seule opposition libérale le fait que nous ne l'ayons pas adopté, je ne pense pas qu'il y avait un
appétit très, très fort du côté de la CAQ non plus pour le faire adopter,
mais, chose certaine, l'opposition libérale,
après avoir voté pour le principe, s'est opposée, donc, à ce projet de
loi n° 37 que nous avions déposé.
Donc, on est
cohérents avec nous-mêmes, nous, M. le Président. On a dit en campagne
électorale, en 2012, qu'on était favorables à un moratoire, pour la
simple et bonne raison que l'acceptabilité sociale n'était tout simplement pas
au rendez-vous, les… les populations, dis-je bien, concernées, les communautés
concernées ne voulaient pas, pour la majorité
d'entre elles, de développement du schiste, de la ressource schiste sur leur
territoire, sur leurs terrains, sur leurs terres, dans les
municipalités, dans les villages concernés.
Donc, on a pris une position de principe en
2012. On a été cohérents en déposant le projet de loi n° 37. On a été cohérents également, M. le Président, lorsqu'on
a déposé, il y a, quoi, quelques semaines de ça… On a déposé une motion.
C'est mon collègue le député de Jonquière, porte-parole en matière de
développement durable, qui a déposé, le
28 mai 2014, une motion sans préavis qui demandait de réintroduire le
projet de loi n° 37, donc le projet de loi qui visait à instaurer le moratoire. Cette motion sans préavis,
elle a été refusée par le Parti libéral, par le gouvernement libéral. Et donc on se retrouve, aujourd'hui,
face à un projet de loi n° 35 qui ne fait pas ce que nous souhaitons, qui
ne réalise pas l'objectif que nous nous sommes donné comme formation politique,
c'est-à-dire d'imposer un moratoire sur tout le développement du gaz de schiste
dans la vallée du Saint-Laurent.
Et la raison,
M. le Président, pour laquelle on est préoccupés — c'est
le moins que l'on puisse dire — avec
toute l'attitude du gouvernement libéral depuis leur élection et avec l'attitude
notamment des ministres du Développement durable et du ministre
des Ressources naturelles, c'est qu'on
sent très bien que les gestes qui sont posés depuis l'élection
du 7 avril vont dans le sens de raviver
la filière schiste, de relancer l'industrie du gaz
de schiste dans la vallée du Saint-Laurent.
Et j'en ai pour preuve le point de presse du
2 juin dernier du ministre, donc, des Ressources naturelles, qui venait à ce moment-là, M. le Président, de déposer
son projet de loi n° 5, donc, qui fait l'objet de cette étude de
principe cet après-midi. Et je vais vous
citer, M. le Président, des extraits de ce point de presse, qui, à mon avis,
font la démonstration très claire que la volonté du gouvernement
actuellement, c'est de relancer l'industrie du gaz de schiste dans la vallée du
Saint-Laurent.
Alors, le point de presse, donc, du ministre
commence. Il résume, très factuellement d'ailleurs, les objectifs explicites,
entendus, donc, du projet de loi n° 5. Il parle, bien entendu, du fait que
les permis seront valides au-delà de la
période qui était prévue par le projet de loi n° 18, donc au-delà du
13 juin 2014, que l'obligation de procéder à des travaux sera suspendue au-delà du
13 juin 2014, donc cette exemption sur l'obligation de mener des
travaux. Et puis il parle, bien
entendu, également du fait que les détenteurs de permis n'auront pas à faire
des rapports sur les travaux qui n'auront pas lieu puisqu'ils sont
suspendus, etc.; enfin, l'obligation de faire des travaux est suspendue, M. le
Président.
Et
là les journalistes commencent à lui poser des questions. Et c'est très
intéressant. D'entrée de jeu, il dit, je le cite : «…sur le
reste du territoire, il n'existe présentement aucun moratoire». À ce moment-là,
il fait référence, M. le Président, le
ministre fait référence au fait que, dans le projet de loi n° 18 original,
déposé par Mme Normandeau, si je ne m'abuse,
en 2011, il y avait deux choses : il y avait toutes ces dispositions concernant
les permis, mais il y avait également l'imposition
d'un moratoire, en bonne et due forme, sur l'estuaire du Saint-Laurent. En
fait, c'était plus que l'estuaire, M. le Président, c'était une
interdiction de procéder à de l'exploration ou de l'exploitation gazière ou
pétrolière sur l'estuaire, oui, bien sûr, donc en partant de la pointe ouest de
l'île d'Anticosti, mais jusqu'à la frontière de l'Ontario. Donc,
on part de la pointe ouest de l'île d'Anticosti, on remonte le fleuve jusqu'à
la frontière ontarienne. Et donc le projet
de loi n° 18, de 2011, prévoyait un moratoire sur les activités gazières
et pétrolières pour toute cette partie-là du territoire maritime du Québec. Et donc ce moratoire, voté en 2011, n'avait
pas de date de péremption. Et donc il n'est pas touché, il n'est pas
modifié, de quelque façon que ce soit, par le projet de loi n° 5. Mais le
ministre dit, donc, dans ce point de presse : «[Mais], sur le reste du
territoire — donc,
en dehors de l'estuaire et du fleuve jusqu'à la frontière ontarienne — il n'existe présentement aucun moratoire.»
Donc, c'est très clair. Le ministre, dans son point de presse, dit très
factuellement : Il n'y en a pas, de moratoire.
Et là les
journalistes commencent à lui poser un certain nombre de questions, et là le
ministre des Ressources naturelles
dit : «Ce qu'on limite — avec le projet de loi n° 5 qu'il
vient de déposer à ce moment-là — c'est les activités pétrolières et
gazières. [...]On ne les empêche pas nécessairement».
Une voix :
…
• (16 h 20) •
M. Drainville :
Je le cite :
On ne les empêche pas nécessairement, mais on a changé
la réglementation en 2011, comme vous le savez, etc.
Et là il dit : «[Vous savez], il n'y aurait probablement pas l'émission de certificat d'autorisation à ce
niveau-là», au niveau des activités pétrolières et gazières, parce que, dit-il, il n'y a pas d'acceptabilité sociale.
Et
là un des journalistes présents dit :
«Vous dites que l'acceptabilité sociale n'est pas
encore là pour le shale dans les basses-terres du Saint-Laurent.
"Pas encore là" — entre
guillemets — ça
sous-entend qu'un jour elle sera là», qu'un
jour l'acceptabilité sociale sera là? Et là le ministre répond : «Peut-être — peut-être — vous savez, dans ce domaine-là[...],
vous savez, l'industrie nous dit que les technologies s'améliorent de jour en jour et qu'il y a de nouvelles technologies qui
existent.» C'est toujours le ministre
qui parle, M. le Président.
Donc,
il est loin, loin, loin d'exclure la relance de l'industrie, là. D'abord, il
confirme qu'il n'y a pas de moratoire actuellement, puis, quand les
journalistes le poussent un petit peu plus puis ils disent : Oui, mais là
vous dites qu'il n'y a pas d'acceptabilité
sociale présentement, mais vous avez l'air à dire que ça pourrait
éventuellement exister, cette acceptabilité sociale, et donc qu'on
pourrait donc relancer éventuellement l'industrie, il dit : Peut-être, parce que les technologies avancent.
Et là, un peu plus
tard dans son point de presse, il parle qu'il y a un travail pédagogique à faire, hein, il dit : Il y a un travail pédagogique à faire. «Plus la population va être informée, plus elle va
être en mesure de nous suivre.» De nous
suivre. De nous suivre jusqu'où? De nous suivre jusqu'à la réouverture,
bien entendu, de cette filière du gaz de schiste dans la vallée du
Saint-Laurent.
Et,
à la toute fin, cette question : «Mais vous dites qu'il
faut mieux informer la population pour que la population vous suive. Pour aller où? C'est pour aller vers l'exploitation
éventuellement?», demande le journaliste. Et notre ministre des
Ressources naturelles dit : «...pour
nous, bien sûr, on aimerait bien, si les choses se font correctement et si...» bon, avec bien des si...
on aimerait, bien sûr, comme tout le monde, pouvoir développer nos ressources naturelles et enrichir les Québécois.
Dans le
fond, M. le Président, tout ce que j'essaie de vous dire, là, puis je pense que
j'étaye suffisamment mon propos, rarement un
ministre aura-t-il été autant cité à l'intérieur du même 11 minutes à l'Assemblée. M. le
Président, ce que j'essaie de dire, là, c'est que le ministre,
dans le fond, et son gouvernement, là, ce qu'ils veulent, là, c'est l'exploiter,
le gaz de schiste. C'est ça qu'ils veulent
puis ils ne s'en cachent pas trop, puis c'est tout à son honneur, c'est tout à
son honneur d'être aussi transparent, M. le
Président.
Puis évidemment, là, l'Évaluation environnementale
stratégique, là, qui a été annoncée, là, ça fait partie de la stratégie, ça,
pour faire adopter, pour faire, comment dire, accepter en douceur, en douceur,
au fil de l'évolution des technologies,
etc., cette idée, donc, qu'il faudrait éventuellement explorer puis exploiter
le gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent.
Tout le monde a compris ça, M. le Président. Et d'ailleurs
dans l'Évaluation environnementale stratégique, il y a le gaz de schiste. Ça, c'est très clair, le
ministre l'a confirmé, et son collègue du Développement
durable également.
Alors
là, le gouvernement nous arrive avec un projet de loi, M. le Président, le
projet de loi n° 5, un projet de loi
qui est déposé hors délai, qui a été déposé après le 15 mai, et pour
lequel il a besoin de notre consentement pour qu'il soit adopté d'ici
vendredi, M. le Président, hein ? Alors, il est déposé hors délai. Pour qu'il
puisse être adopté, c'est les règles de l'Assemblée
nationale qui le prévoient, pour qu'il puisse être adopté, ça prend le
consentement de l'opposition. Ça va
prendre également le consentement, M. le Président, pour qu'il soit adopté à la
prise en considération du rapport, puis ça va prendre un autre consentement pour qu'il soit adopté... pour qu'ils
procèdent avec... pour qu'on puisse procéder avec l'adoption finale...
Allez-y, mon cher monsieur, M.
le Président, procédons au changement de la garde. Oui, vous êtes très attentif, vous avez une très belle écoute, puis la députée de Hull,
qui va vous remplacer incessamment, a une très belle
écoute également, je vous félicite tous les deux,
d'ailleurs.
Donc, résumons-nous. Pour faire adopter le projet de loi
n° 5, on a besoin de trois consentements de l'opposition
d'ici vendredi, d'ici
l'ajournement. Et nous, on vous dit, Mme la Présidente, on vous dit que
notre objectif, nous, c'est le moratoire. Et le gouvernement crée les conditions non seulement pour pas qu'il n'y ait de moratoire, mais pour relancer l'industrie. Ça fait que, là, le gouvernement ne veut pas de moratoire; nous autres, on en veut
un, puis le gouvernement a besoin de trois consentements, puis là on lui
dit : O.K., mais vous allez faire quoi avec notre demande de moratoire?
Ça fait que ce que j'ai
le goût d'annoncer à ce moment-ci, Mme la Présidente, c'est qu'on va déposer un
amendement, nous. Enfin, on va déposer un nouvel… on va introduire un nouvel article
dans le projet de loi n° 5, qui va
justement prévoir un moratoire. Et je suis aussi transparent avec le ministre
que le ministre l'a été notamment dans son point de presse du 2 juin dernier et je lui demande d'accueillir ce
nouvel article, de l'accueillir avec un esprit d'ouverture puisqu'on va
se revoir demain en commission parlementaire.
Le ministre dit, Mme la
Présidente, et il le dit, là… à toutes les fois qu'il a l'occasion de le dire,
il l'a dit : Il n'y a pas d'acceptabilité sociale présentement vis-à-vis
le gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Là-dessus aussi,
il est très transparent, absolument.
Il reflète, par ses propos, l'état, effectivement, de non-acceptabilité sociale chez les citoyens concernés. Alors,
moi, je lui dis : Bien, si vous êtes d'accord avec nous… Parce que,
là-dessus, on est d'accord, il n'y a pas d'acceptabilité
sociale. Moi, je lui dis : Bien, à ce moment-là, pourquoi vous n'acceptez
pas avec nous d'introduire ce moratoire qu'on
a essayé de faire voter par n° 37, qu'on a essayé de ramener avec la motion sans
préavis il y a quelques semaines de ça? Pourquoi est-ce qu'on ne s'entend pas
sur un moratoire où on pourra discuter, là, de l'encadrement puis des dispositions
qui entoureront ce moratoire?
Mais je l'invite, Mme la Présidente, à le
considérer et à le considérer avec le même esprit d'ouverture et de collaboration que je lui manifeste aujourd'hui parce
que je… Il y a
une chose qui est claire, Mme la
Présidente, c'est que c'est bien entendu que nous, on ne souhaite pas
mettre de la pression sur les entreprises détentrices de permis pour qu'elles soient obligées de procéder à des travaux. On se
comprend. Nous autres aussi, il faut être conséquents avec nous-mêmes. Alors, si on dit qu'on est pour un moratoire, c'est bien entendu qu'on ne souhaite pas qu'à partir de
vendredi les entreprises soient
obligées de procéder à des travaux. Alors, là-dessus aussi, on s'entend. Mais
ce que je lui dis, c'est : Si on fait tous les deux la même lecture de l'état de l'opinion
publique dans la vallée du Saint-Laurent, pourquoi est-ce qu'on ne s'entend
pas sur un cadre qui permettrait justement de rassurer les citoyens?
Je comprends,
Mme la Présidente, là, qu'à moyen, long terme le ministre et son gouvernement
ont bon espoir qu'avec l'évolution des technologies puis l'évolution des
mentalités qui viendrait avec, ils ont bon espoir de relancer l'industrie du gaz de schiste. Je comprends ça. On
a un différend philosophique là-dessus. Mais ce n'est pas parce qu'on a
un différend philosophique sur le moyen et long terme qu'on ne doit pas pouvoir
s'entendre sur le court terme. Et, sur le
court terme, très certainement, il n'y
a pas d'acceptabilité sociale. Là-dessus, le ministre, et moi, et son parti, et
le nôtre faisons la même lecture.
Alors, moi,
je suis de très bonne foi, Mme la Présidente, je suis tout à fait ouvert à
collaborer avec le gouvernement et avec le ministre en particulier, qui
est… on n'est pas du même parti, mais c'est un homme que je respecte, Mme la Présidente. Je le dis puis, en général, de toute
façon, peu importent les ministres auxquels j'ai été confronté depuis
2007, j'ai toujours eu du respect pour mes
vis-à-vis, Mme la Présidente. Puis je pense qu'en général ils vous diront que
je ne suis pas toujours facile, là,
mais, en général, on finit par travailler très cordialement puis d'une façon
très constructive. Au-delà de nos différends philosophiques et tout ça,
on finit par très bien travailler ensemble. C'est ce qui est arrivé avec l'actuel
premier ministre quand il était à la Santé, le député de Jean-Talon quand il
était à la Santé également.
Enfin, de
façon générale, mes vis-à-vis, sans s'entendre sur tout, bien entendu, ont
fini par développer une relation de
travail qui était empreinte de respect puis de courtoisie. Alors, ça va être la
même chose, j'en suis convaincu, avec le député de Mont-Royal et
ministre des Ressources naturelles, alors je lui demande de faire preuve d'ouverture
et de l'envisager, ce moratoire, puis il faudrait voir comment on pourrait s'entendre
là-dessus.
• (16 h 30) •
Par ailleurs, je le dis très, très, très
respectueusement, nous avons eu droit à un briefing technique, Mme la Présidente. Puis c'est toujours apprécié, les briefings techniques, parce que
ça nous permet d'aller au fond des choses, d'aller toucher à des aspects
plus techniques, justement. C'est pour ça que ça s'appelle un briefing
technique, on peut toucher aux aspects plus techniques d'un projet de loi.
Celui-ci, d'ailleurs, est assez technique. Mais il y avait un certain nombre... Je suis certain que, si les gens
de son cabinet nous écoutent, m'écoutent en particulier, là, je suis
certain qu'ils sont conscients du fait qu'il y a
un certain nombre de documents qu'on avait demandés. Il y a un
certain nombre de ces documents qui nous ont été transmis. Ce serait vraiment
chouette, Mme la Présidente, si on pouvait avoir d'ici le début des travaux en commission parlementaire demain le reste de la
documentation qu'on a demandée très poliment et très respectueusement à
l'équipe du ministre lorsque nous les avons rencontrés. Alors, je sais que ça
demande toujours un certain travail. On ne
veut jamais trop en imposer, Mme la Présidente, mais, en même temps, il y a des choses qui sont utiles pour notre
travail de parlementaires. Alors, si c'était possible pour M. le ministre de
dire à son équipe de compléter le travail qu'ils ont si bien commencé, ce
serait très apprécié.
Alors, voilà où nous en sommes, Mme la
Présidente. Je pense que j'ai dit pas mal l'essentiel. La position de principe
sur le moratoire, je pense que c'est important. Le fait que nous ne souhaitons
pas mettre les entreprises qui sont
détentrices de permis dans une position où elles sont obligées de faire des
travaux à partir de vendredi, minuit,
ça aussi, c'est un point important, et l'esprit de collaboration que nous
voulons... que nous affichons et qui va être l'attitude que nous allons
manifester dans les travaux que nous allons mener demain en commission, esprit
de collaboration et d'ouverture qui, je l'espère, sera partagé par le ministre
des Ressources naturelles.
Et j'ai bien, bien hâte, là. Je ne peux pas dire
que je fais des cachettes, là, Mme la Présidente, là. Là, j'ai déballé mon
affaire, là, j'ai dit le contenu de l'amendement ou de la nouvelle
disposition — on
verra bien comment on l'appellera — que je vais présenter demain dans les
travaux, là. Ça fait que, là, il ne peut pas être surpris. Il a le droit
d'être déçu, mais il n'a pas le droit d'être surpris. Alors là, je le vois tout
sourire. J'aime ça, ça veut dire qu'il va prendre
le temps — moi, je
sens ça, là — là, il
va prendre le reste de la journée puis une partie de la soirée sans
doute pour regarder ça avec sa gang puis voir comment est-ce qu'on pourrait s'entendre
demain.
Puis je suis certain
qu'il y a moyen de s'entendre, Mme la Présidente, parce qu'on fait la même
lecture, lui et moi, on fait la même lecture
de l'opinion. On n'a pas nécessairement les mêmes objectifs. Ah, ça, on a le
droit! On n'est pas dans le même
parti, ce n'est pas pour rien. Mais je pense qu'on fait la même lecture de l'état
d'esprit des citoyens. Alors, moi, à partir du moment où on est là pour
s'occuper des citoyens, lui et moi... Puis je n'ai pas l'ombre d'un doute qu'il
est là pour servir les citoyens, comme, je pense, l'ensemble des députés en
cette Chambre, peu importe le parti, Mme la Présidente. Ça, je l'ai toujours
dit aussi. On a le droit d'avoir des différends philosophiques, des différends très importants, mais je suis convaincu que nous sommes là d'abord
et avant tout pour servir. Peu importe le parti dans lequel nous servons, nous sommes là pour servir. Et je suis certain
que mon collègue de Mont-Royal est un homme qui est animé profondément par le service public et par l'intérêt public et,
l'intérêt public voulant qu'il y ait un moratoire, je suis certain qu'on
peut s'entendre sur le moratoire. Il s'agit juste de définir l'échéancier, le calendrier,
les dispositifs, puis l'affaire est ketchup,
Mme la Présidente. Puis, à ce moment-là, bien, on va s'entendre, puis les
consentements vont venir avec beaucoup, beaucoup de fluidité, ça va
venir tout naturellement, Mme la Présidente.
Alors, je vous laisse
là-dessus, content de vous retrouver et puis content de retrouver M. le
ministre demain en commission parlementaire.
Puis j'ai bien hâte de l'entendre réagir à notre proposition raisonnable,
cohérente, globale et intégrée, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, ressources
naturelles et affaires nordiques.
Je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant. M. le député de Chauveau et porte-parole
de la deuxième opposition en matière de ressources naturelles… — j'allais
dire richesses naturelles...
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : ...puisque c'est ce que vous dites — ressources
naturelles et développement du Nord, énergie. Merci.
M.
Deltell : Merci beaucoup, Mme la Présidente. En
effet, je n'aurai cesse de dire que,
pour nous, les ressources naturelles, ce sont des richesses naturelles
et qu'on doit développer le plein potentiel de richesses au Québec.
Alors,
Mme la Présidente, moi aussi, d'entrée de jeu, je tiens à déballer mon jeu,
nous allons voter en faveur de cette loi-là, nous allons offrir notre
collaboration et notre concours pour que cette loi-là puisse être adoptée parce
que ça prend quand même des consentements,
comme l'a si bien dit mon collègue de Marie-Victorin et de façon correcte.
Et c'est bien simple, Mme la Présidente, parce que, d'une certaine façon, on n'a
pas le choix. La loi vise quoi? La loi vise à perpétuer le fait que ce qui est
actuellement en cours, et ce, jusqu'au 13 juin 2014, c'est-à-dire qu'il n'y ait
pas d'exploitation, d'exploration, en matière d'hydrocarbures au Québec, et,
bien que ça tombe fin... le 13 juin prochain, puisse être poursuivi.
Il est vrai, Mme la
Présidente, que le projet de loi, comme l'a dit, techniquement parlant, le
député de Marie-Victorin, n'a pas été
présenté dans les délais requis, donc avant le 15 mai, mais, Mme la Présidente,
dois-je rappeler aux collègues de l'opposition officielle que c'est son
parti qui a déclenché des élections qui ont fait en sorte que le gouvernement
est arrivé au pouvoir et que la Chambre a siégé alors que, le 15 mai, bien on
ne pouvait plus respecter la date. Alors, j'estime
que, dans ce cas-là précis, il y a une certaine paternité qui doit être
reconnue à l'opposition officielle pour
le fait que nous devons suspendre certaines règles de procédure et donc
permettre une adoption un peu plus rapide que ce qui aurait pu être
fait. Bien.
Mme la Présidente, j'ai écouté attentivement les propos de mes deux confrères, pour qui j'ai
respect et estime, et ce qui est intéressant, Mme la Présidente, c'est
que, pendant le discours du ministre, jamais, on n'a entendu le mot «moratoire». Ce qu'il y a d'intéressant, Mme la
Présidente, c'est que, pendant le discours de mon collègue de l'opposition,
on a souvent entendu le mot «moratoire». Et c'est intéressant parce qu'à notre
point de vue le projet de loi perpétue cette situation que nous vivons
actuellement, le moratoire.
Et
j'irais même plus loin, Mme la Présidente, on sait qu'au Québec depuis des
années il y a de facto un moratoire. Et
on n'avait pas eu besoin d'avoir une loi, une réglementation qui institue ça,
ça l'était. Le gouvernement précédent, après avoir été dûment élu par la population, a décidé d'honorer un de ses
engagements électoraux et de le proposer. Bravo! Nous sommes tout à fait
confiants et conséquents. Ils ont été tout à fait conséquents avec eux-mêmes,
nous les en félicitons pour cette cohérence.
Maintenant, la
question est de savoir : Est-ce qu'on perpétue ça, à partir du 13 juin
parce que le moratoire va tomber à échéance
le 13 juin? En des mots très beaux et très clairs, le ministre le fait. Loi limitant
les activités pétrolières et gazières. Mme la Présidente, si ce n'est
pas ça, un moratoire, je ne sais pas c'est quoi. Je comprends le Parti libéral de refuser de prononcer ces syllabes, mo-ra-toire,
je les comprends de ne pas vouloir le proposer parce qu'ils ont… leur
pain puis leur beurre pendant 18 mois,
pendant que le PQ était au pouvoir, en disant : C'est un gouvernement de
moratoire, moratoire sur ci, moratoire sur ça. On comprend que le Parti
libéral, ça ne leur tente pas de mettre dans leur loi le mot «moratoire». Mais, de fait, Mme la Présidente,
pour nous, le projet de loi tel qu'écrit, tel qu'indiqué, c'est un
projet de loi qui perpétue le moratoire qui
a été voté par le gouvernement précédent. Alors, je suis d'accord avec le
ministre, mais je ne peux pas être contre ce que dit le député de l'opposition
parce que les deux vont dans le même sens. Il y en a un qui fait son pain puis
son beurre en disant «le moratoire», et l'autre qui refuse de le dire mais qui,
de fait, en est un. Il faut quand même prendre ça en considération.
Maintenant, Mme la
Présidente, il faut comprendre que cette loi-là, pour certains, n'aurait même
pas dû être présentée parce que ceux qui ont
entre les mains le potentiel d'exploiter ou d'explorer le potentiel des hydrocarbures,
ce sont les compagnies pétrolières, les compagnies de gaz, et tout ça. Or, Mme
la Présidente, le 13 mai dernier, le président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, Michael Binnion,
envoyait une lettre au ministre et que je tiens à lire :
«M. le
ministre, au nom des membres de l'Association pétrolière et gazière du Québec,
je désire vous exprimer notre volonté de travailler en collaboration
avec tous les intervenants dans le dossier des hydrocarbures, une filière stratégique pour le développement de nos ressources
naturelles et la création de richesse au Québec.» Là-dessus, tout le monde s'entend. Le paragraphe suivant est
rudement intéressant, et je vous invite à le suivre : «Comme vous le
savez…» C'est le président de l'Association pétrolière qui parle : «Comme
vous le savez, le moratoire découlant de la Loi limitant les activités
pétrolières et gazières prendra fin le 13 juin 2014», donc dans deux jours. Et
là c'est là que c'est important : «À cet égard, j'aimerais vous informer
que nous sommes d'accord avec une suspension temporaire des opérations de
fracturation dans les basses-terres du Saint-Laurent jusqu'à la fin novembre,
date de remise du rapport du BAPE. Cette décision permettrait de respecter les
travaux découlant du mandat du BAPE sur l'exploitation et l'exploration des gaz
de schiste. [Et] cette décision permettrait aussi que tous puissent s'exprimer
sur le sujet et que la population québécoise, les municipalités, le
gouvernement et l'industrie aient accès au rapport final.»
• (16 h 40) •
Bref, Mme la
Présidente, la loi que nous proposons…
que le gouvernement nous propose, avec lequel nous allons
voter en faveur, reprend mot à mot ce que l'association était prête à faire, c'est-à-dire :
On ne fait rien, on ne touche pas à rien, on attend le BAPE puis après ça on
verra puis on se jasera. Ça ressemble pas mal à ce que la loi dit. Alors, d'une certaine façon, on peut dire que le gouvernement ne prend pas de chance. Et c'est ça responsabilité, puis nous
suivons son engagement là. Il y avait
la ceinture parce que M. Binnion, de l'Association pétrolière… nous
autres, on ne fera rien. Avec la loi,
on met les bretelles puis on s'assure que tout ne bouge pas. C'est correct, c'est
beau. C'est de même que ça va. Donc, nous estimons que, même si l'industrie s'était engagée à ne rien faire, nous soutenons
le gouvernement qui dépose sa loi. Et la loi dit :
Bien, continuons justement… c'est l'état actuel, c'est-à-dire qu'on ne fait
rien, on ne touche à rien.
Là encore, Mme la Présidente, je tiens à le
rappeler, sans le dire, c'est la poursuite du moratoire. Alors, je comprends le député de l'opposition officielle de
vouloir tout à fait inscrire dans la loi le mot en question. Ça va. On
va voir comment le ministre va réagir à ça. Mais moi, nous estimons de notre
côté, Mme la Présidente, que, de facto, c'en est un. Bien.
Grand point
de discussion, grand point de débat : Est-ce qu'il y a, oui ou non,
acceptation sociale concernant les gaz de schiste, au Québec? Force est
d'admettre, Mme la Présidente, qu'au moment où on se parle on ne peut parler de
conditions gagnantes et d'acceptation
sociale d'un bout à l'autre de la province de Québec. Je ne le dis pas de
gaieté de coeur, mais c'est la
réalité. Il faut être conscient. Il faut écouter les Québécois. Il faut être à
leur écoute. Et, contrairement, Mme la Présidente, à ce que la députée
de Richelieu a dit hier en cette Chambre : Il n'y en a pas puis il n'y en
aura jamais! Fin de la citation. C'est ce
que la députée de Richelieu a dit tantôt… hier : Il n'y en aura jamais!
Alors, le jupon retrousse un petit peu, là, de ce côté-là. Il n'y en
aura jamais! La députée de Richelieu a dit ça. Je ne sais pas si elle parlait au nom de l'opposition officielle au
complet, mais c'était sa position. Nous, Mme la Présidente, on croit au
travail du BAPE. Le BAPE fait son travail
actuellement. Ce sont des gens sérieux, rigoureux. Laissons le BAPE faire son
travail, et après ça on pourra aller de l'avant
si besoin est et si on sent que justement il y a consensus social pour aller de
l'avant.
Alors, Mme la Présidente, oui, je constate, il y
a des gens qui n'ont pas de consensus social au moment où on se parle, au Québec, concernant l'exploitation et
l'exploration des gaz de schiste. Et pourquoi il n'y a pas de consensus social? C'est plate à dire, mais il faut rappeler
des mauvais souvenirs. Et malheureusement je dois porter le blâme plein
et entier envers l'administration précédente. Souvenons-nous, Mme la
Présidente, que, dans les années 2008‑2009, il n'y a pas personne, ou enfin si peu, au Québec, qui était capable de
dire c'était quoi, du gaz de schiste : Les gaz de shale, shale, shole, je ne sais pas trop, ta, ta, ta, tu
sais? Je me souviens, moi, la première fois que j'ai eu contact avec des
gens de l'industrie, il a fallu… Comment
vous épelez ça, cette affaire-là, là? …schiste? O.K. Bon. Et aujourd'hui y a-tu
quelqu'un au Québec qui ne sait c'est quoi, les gaz de schiste? Non! Tout le
monde sait c'est quoi.
Alors, ce qui s'est passé, Mme la Présidente, c'est
que le gouvernement précédent a traité cette exploitation-là d'hydrocarbures, donc du gaz de schiste, comme
étant du gaz naturel, entre guillemets, bien ordinaire, ce qui n'est pas
le cas du tout. Ce n'est pas du gaz naturel
qu'on cueille de façon très facile. Au contraire, ça prend une technique
particulière de faire exploser la terre, et
tout ça, la pierre, et tout ce que vous voulez. Donc, ce n'est pas évident.
Mais malheureusement, Mme la Présidente, le gouvernement précédent a
failli à sa tâche. Il était du devoir et de la responsabilité sacrée du
gouvernement de s'assurer que toute exploitation de ressources naturelles, et
particulièrement quand il est question d'hydrocarbures
et encore plus quand il est question de gaz de schiste parce que c'est une
nouvelle technologie… de le faire de
façon rassurante. C'était le devoir prioritaire du gouvernement. Ils ont tout
fait sauf ça. Alors, si aujourd'hui on se retrouve avec une
situation : Je n'en veux pas, jamais je n'en aurai, puis taratata, c'est
parce que malheureusement le gouvernement précédent a failli à sa tâche. Je ne
le dis pas de gaieté de coeur, mais c'est la réalité.
On se souvient tous, Mme la Présidente, des
documentaires qui ont été tournés aux États-Unis, qui ont été diffusés partout, comme quoi, bien, il y avait des
problèmes avec l'exploitation des gaz de schiste. On se souvient
également des assemblées qui avaient eu lieu avec les compagnies gazières, qui
tentaient de convaincre les gens que ça aurait de l'allure. On se souvient des confrontations vigoureuses et parfois
malheureuses entre les opposants et ceux qui étaient pour. Et on sait
que, pendant tout ce temps-là, bien le gouvernement libéral précédent était là,
puis il regardait ça, puis il disait :
Oui, on aurait peut-être pu faire ça autrement. Les résultats, bien, on s'est
dit : O.K., c'est beau, on tire la plug, on ne fait rien, on
attend, puis à un moment donné ça va se calmer. Bon! Bien, résultat : on
se retrouve aujourd'hui, puis là il faut qu'on vote une loi pour prolonger le
moratoire que le gouvernement précédent avait voté et on constate aussi que l'industrie
gazière et pétrolière était d'accord pour maintenir la situation actuelle jusqu'à
la fin du BAPE.
Alors, Mme la
Présidente, au Québec, bien, depuis, quoi, quatre, cinq ans, il ne se passe
rien concernant les gaz de schiste.
Je vous rappelle aussi, Mme la Présidente — ce sont des faits — que, pour l'industrie, le potentiel du
Québec, c'est environ 400 puits. 400 puits pour l'ensemble du Québec, c'est ça,
la cible de l'industrie. Eh bien, Mme la Présidente, depuis cinq ans, les États-Unis,
eux, procèdent. Le président Obama, on ne peut pas dire… on ne parle pas du
président Bush, là, on parle du président
Obama, qui est bien aimé dans bien des cercles et bien des milieux au Québec,
le président Obama
a dit : We are blessed with that kind of energy. On est béni des dieux d'avoir
ce type d'énergie. C'est le président Obama qui dit ça, là. Il n'y a pas
grand monde, l'autre bord, du parti de l'opposition officielle, qui haïssent
Barack Obama, là. Bien, lui, il dit… Obama, il dit : Nous autres, on est
béni d'avoir ça. Eh bien, depuis cinq ans, Mme la Présidente, les États-Unis
développent le potentiel du gaz de schiste. Je vous rappelle qu'au Québec la
cible, c'est 400. Savez-vous, depuis cinq ans, combien de puits ont été
creusés aux États-Unis? Pas 40, pas 400, pas 4 000, 40 000! Il y a
quand même quelque chose à s'instruire par rapport à ça.
Donc, Mme la Présidente, pour terminer, je tiens
à vous dire que nous allons voter en faveur de cette loi-là, nous voulons aller de l'avant. C'est une question
technique. Le moratoire ferme le 13, il faudrait qu'il soit poursuivi.
La loi le prévoit. L'Association pétrolière et gazière est d'accord, donc on va
aller de l'avant. On va tout faire pour que ça
puisse procéder. On ne fera pas de chinoiserie parlementaire pour empêcher ci
ou empêcher ça. On constate que, oui, ça a été passé les délais, déposé passé les délais, c'est tout à fait normal.
Il y a un gouvernement précédent qui a déclenché, en bafouant la loi qu'il avait lui-même votée sur les
élections à date fixe, de tenir des élections. Alors, oui, nous sommes
tout à fait d'accord avec ça. On va procéder. Et allons de l'avant, Mme la
Présidente. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de Chauveau, de votre intervention. Y a-t-il d'autres interventions?
Alors, je vais inviter M. le ministre de l'Énergie, des Ressources
naturelles et responsable du Plan Nord à faire sa réplique.
M. Pierre Arcand
(réplique)
M.
Arcand : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi d'abord de remercier, dans un
premier temps, le député de Chauveau pour
son appui à cette proposition qui, somme toute… On parle beaucoup, mais, dans
le fond, ce dont on parle, c'est trois
articles, essentiellement, dans le projet de loi qui reconduit essentiellement
le projet de loi qui avait été adopté en 2011, à ce moment-ci. Je
voulais profiter de l'occasion pour répondre un peu à quelques-unes des préoccupations, entre autres, bien sûr, du député
de Marie-Victorin et aussi du député de Chauveau parce que ce dont le député de Chauveau a parlé tout à l'heure… Il est
vrai que nous sommes très prudents au Québec, mais il est vrai également
qu'il se passe aux États-Unis actuellement des choses extrêmement importantes,
hein? La balance commerciale des États-Unis
commence évidemment à être de beaucoup supérieure parce qu'on importe beaucoup
moins du pétrole qui vient de l'étranger, aux États-Unis. Et le président
Obama, qui n'a jamais été quelqu'un nécessairement qui était contre les mesures
environnementales, semble, en tout cas, être d'accord avec l'exploitation du
gaz de schiste. Et, comme l'a dit le député
de Chauveau, il y a actuellement un nombre important de puits sans qu'on
entende nécessairement qu'il y ait des cas à ce point évidents, là, de
problèmes au niveau de la santé publique.
Ceci étant
dit, on n'en est pas là… et ce n'est pas le but qui est recherché actuellement
par notre gouvernement de nous lancer
contre les voeux de la population sur cette question-là. Je vous dirais
cependant, pour répondre, premièrement, aux propos du député de Marie-Victorin, que, dans le fond, on parle à
peu près de la même chose mais dans des termes différents, et je vais
tenter d'expliquer pourquoi.
La loi que l'on propose aujourd'hui, qui limite
les activités pétrolières et gazières, est une loi qui laisse une ouverture,
bien sûr, mais c'est une loi qui est là essentiellement pour mettre des
contrôles au niveau d'une éventuelle exploration et exploitation. Ça, c'est une
chose. Cette loi limitative a donné, de facto, effectivement, l'équivalent d'un moratoire. Si demain matin on devait… et ça a
toujours été notre position, si on devait parler d'un moratoire au sens absolu du terme, et ça, ça a été fait par
plusieurs personnes, ce serait possiblement extrêmement dangereux de bien des
façons.
• (16 h 50) •
Premièrement, je tiens à rappeler au député de
Marie-Victorin que, par exemple, dans l'État de New York, il y a eu des moratoires qui ont duré très peu de
temps. Dans le cas de la loi qui nous préoccupe aujourd'hui, on dit qu'il
pourrait y avoir de l'activité lorsque le
gouvernement va le décréter, et le gouvernement va le décréter lorsqu'il sera
sûr qu'il va y avoir de l'acceptabilité sociale. Auparavant, l'acceptabilité
sociale, c'était quelque chose qui arrivait souvent en dernier lieu. Et je
pense que c'est important de dire, à ce stade-ci, que d'arriver avec un
moratoire, une loi avec un moratoire à l'intérieur, je ne pense pas que c'est
le meilleur signal qu'on peut avoir au niveau des investisseurs. Les
investisseurs qui regardent la situation à l'extérieur — et je
pense qu'il faut se mettre un peu dans leur peau au moment où on se parle — ils
ont beaucoup de difficultés à comprendre le Québec actuellement.
Je tiens à
vous rappeler qu'au Québec nous avons donné des permis, en 2008, nous avons
donné des permis à des entreprises québécoises pour explorer justement
le gaz de schiste, pour faire des analyses. Je vous dirais même qu'en 2010,
même au début de la crise, il y avait même un article dans Le Soleil
où la chef de l'opposition, à l'époque, Mme Marois, disait : Bien, on n'est
pas fermés à ça, on est d'accord avec le gaz de schiste à condition que l'État
soit actionnaire. Elle disait ça dans des articles à l'intérieur du Soleil.
Par la suite, le gouvernement du Parti
québécois prend le pouvoir. Nous, juste avant qu'on a perdu le pouvoir, on a investi dans Pétrolia, une
entreprise qui fait justement de l'exploration et éventuellement de l'exploitation.
On a 10 %, le gouvernement du Québec possède à peu près 10 % dans
Pétrolia. Le Parti québécois prend le pouvoir, et le Parti québécois crée, dans
Ressources Québec, une opération sur l'île d'Anticosti où le gouvernement du
Québec possède 35 % de l'opération.
Alors, si vous êtes un investisseur, la question que vous vous posez, vous vous
dites… Parce qu'eux voient ça de
façon assez lointaine. Ils regardent ça puis ils disent : Qu'est-ce qui se
passe exactement au Québec? Voilà trois formations politiques qui, en
campagne électorale, ont dit qu'ils étaient en faveur d'explorer.
J'étais dans un débat, entre autres, je pense
que c'était le député de Granby, il y avait la députée de Vachon et moi-même,
nous étions dans un débat, on disait : Il faut explorer, au Québec, on est
d'accord pour l'exploration. Et là, non seulement on est
d'accord, mais on investit dans des entreprises québécoises, le gouvernement
investit et, en plus, on a une espèce de
consortium dans lequel le gouvernement est majoritaire dans un consortium qui
va explorer du pétrole de schiste. Et
là les investisseurs regardent ça de loin, puis ils disent : Bien, ce
gouvernement-là, là, va décréter un moratoire? Il y a comme quelque
chose qui n'est pas cohérent.
Et je tiens à rappeler, sur cette question-là,
qu'au Québec il y a le gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent, mais il y a également le projet
Haldimand avec Pétrolia, qui, lui, n'est pas de même nature et qui, lui,
ne pose pas de problème à ce niveau-là. Et
il y a Anticosti et il y a d'autres projets possibles également en Gaspésie.
Alors, c'est difficile de vraiment
décréter de façon unilatérale qu'on va stopper tout ça. Je pense que c'est très
important d'avoir, et c'est le rôle
de notre gouvernement actuel, d'établir une certaine cohérence dans l'ensemble
de ces dossiers. Et c'est ce que le
ministre de l'Environnement et moi-même avons tenté de faire le 30 mai dernier
en proposant aux Québécois une approche
qui est prudente et qui, je pense, est globale dans son approche. Et c'est
exactement ce qu'on a tenté de faire, et donc on voudrait poursuivre
dans cette direction-là.
Et aujourd'hui on dit à la population du
Québec : Nous comprenons très bien. Et, dans le fond, ce dont on parle essentiellement, ce sont dans les
basses-terres du Saint-Laurent, toute la région, là, de Lotbinière, Coeur-du-Québec
et pas tellement loin du comté de
Marie-Victorin également, toute la région de Saint-Hilaire et Saint-Hyacinthe.
Et, dans ces régions-là, on sait qu'il n'y a pas d'acceptabilité
sociale. Et il faut que les gens comprennent que nous n'avons pas l'intention de permettre, justement, l'exploration
et l'exploitation de ce gaz tant et aussi longtemps que la population… qu'on n'enverra pas un signal, pas 100 % consensuel, mais qu'on ne sentira pas qu'il
y a quand même une approbation de la population. Je pense que c'est ça
qui est l'objectif qui est recherché.
Alors, c'est
pour ça qu'il est très important d'avoir… puis moi, j'emploie le mot «souvent»
parce que, pour moi, c'est très
important d'avoir une cohérence dans le dossier. Je pense que la population
veut le progrès économique, je pense que
la population est prête à regarder ces différents dossiers-là, mais elle le
fait avec prudence, et nous voulons respecter ces voeux de la population
en faisant le tout avec prudence. Et essentiellement le projet de loi qui est
devant nous aujourd'hui respecte ces impératifs de prudence qui sont
extrêmement importants pour l'ensemble des Québécois.
Alors, Mme la Présidente, je veux simplement
dire que nous allons regarder tout ça avec ouverture. Je dis au député de
Marie-Victorin que nous allons faire un effort pour lui produire le maximum de
documents dans ce qu'il a demandé. Et je
retiens également sa proposition, que nous allons regarder, bien sûr, et nous
allons entreprendre le débat sur cette
question demain. Et je pense que ce que je demande, cependant, dans ce dossier,
et, pour moi, c'est très important, puis je pense qu'il faut le demander
à tout le monde ici, c'est qu'il faut essayer d'éviter de lancer des
épouvantails, il faut éviter ce genre d'attitude.
Je pense qu'on est rendus maintenant, au Québec, où on doit faire ce débat avec
maturité, parce que le Québec a
besoin de vraiment avoir une relance au cours des prochaines années. Et je
pense qu'il est très important qu'on
regarde ça, donc, avec toute la maturité dont on est capables, et c'est ce que
je demande aux gens de l'opposition. Et je suis prêt à discuter dès
demain, en commission parlementaire, de cette question. Merci, Mme la
Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, est-ce que le principe du projet
de loi n° 5, Loi modifiant…
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Pardon. Il y a quelqu'un qui a dit quelque chose?
Une voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Ah! Adopté. Mais laissez-moi au moins lire… Pour les gens
qui nous écoutent, là, il faut
faire les choses dans l'ordre. Alors, la Loi modifiant la Loi limitant les activités pétrolières et
gazières et d'autres dispositions législatives. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission
de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, je fais motion pour que ce projet de loi soit déféré à la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles pour
étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Voilà. M. le leader.
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, je vous demande d'appeler l'article 2 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 2
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 2 du feuilleton, Mme la ministre
de la Famille propose l'adoption du principe du projet de loi n° 2,
Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Alors, y a-t-il consentement pour déroger à l'article
236 du règlement prévoyant que le débat sur l'adoption du principe est inscrit aux affaires du jour de la séance suivant
sa présentation, soit le rapport de la commission? Y a-t-il
consentement? Consentement. Alors, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Nous franchissons aujourd'hui une autre étape du
processus législatif qui permettra, au terme de ce cheminement, l'adoption du
projet de loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. D'entrée de jeu, permettez-moi de préciser
les principaux objectifs poursuivis pour ce projet de loi. Les modifications législatives apportées à
la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance viennent
circonscrire la notion de personne liée. Ainsi, les personnes apparentées
seront considérées liées entre elles si l'une participe avec l'autre
directement ou indirectement à l'exploitation ou à la gestion d'une garderie
dont les services de garde sont subventionnés.
• (17 heures) •
De plus, il peut exister des liens économiques
semblables à ceux rencontrés au sein d'une même famille entre des personnes qui
ne sont pas apparentées. Le projet de loi vise à tenir compte de cette réalité.
Mais permettez-moi, Mme la Présidente, de vous mettre dans le contexte de ce
projet de loi. Le projet de loi a été… Le dépôt du projet de loi a été fait à l'Assemblée nationale le 22 mai
dernier. Le 10 décembre 2010, la Loi resserrant l'encadrement des services de
garde éducatifs à l'enfance a été
adoptée. Cette loi, qui vient modifier la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance, limite à 300
le nombre de places en garderie subventionnée et à cinq le nombre de permis de
garderie — communément appelé la
règle 5-300 — dont
les services de garde sont subventionnés qu'une personne ou que des personnes
liées peuvent détenir.
Le 4 mai
2011, une requête en nullité et un jugement déclaratoire a été signifié au
Procureur général du Québec demandant que les dispositions du
sous-paragraphe 2a de l'article 3 de la loi soient déclarées nulles,
dispositions qui précisent la notion de personne apparentée. Le 29 août
2012, la Cour supérieure du Québec a rejeté cette requête en nullité et en jugement déclaratoire. L'affaire a
été portée en appel par la partie demanderesse. Donc, le 12 septembre
2013, la Cour d'appel, par un jugement majoritaire, a invalidé les dispositions
qui ont pour effet d'empêcher les personnes apparentées de détenir un maximum
de cinq permis de garderie ou de 300 places dont les services de garde
sont subventionnés. La Cour d'appel a
accordé un délai d'une année au gouvernement du Québec pour remédier à la
situation. Le gouvernement précédent n'en a
pas appelé de cette décision et a présenté un projet de loi le 18 février
dernier, soit en 2014, projet de loi qui est mort au feuilleton suite au
déclenchement des élections.
J'aimerais souligner, Mme la Présidente, que la
Cour d'appel a reconnu dans sa décision le bien-fondé de limiter la concentration des garderies, de
favoriser, en matière de services de garde, de petites unités ou entreprises et
de limiter les subventions qu'elles reçoivent. La cour a aussi précisé que la
préoccupation du gouvernement d'écarter les
prête-noms était légitime mais que les moyens actuels étaient disproportionnés.
Pour ces raisons, la Cour d'appel a suspendu son jugement pour
12 mois afin de permettre à l'Assemblée nationale de corriger la situation
et, je cite, «d'éviter [qu'entre-temps] la politique poursuivie soit contournée
et que des droits soient acquis».
Nous avons
disposé, le 22 mai dernier, d'un projet de loi afin de reprendre le
processus législatif, projet s'inspirant grandement de celui déposé par l'ancien gouvernement. En modifiant la
Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, le ministère de la
Famille donne ainsi suite au jugement prononcé par la Cour d'appel.
Ce projet de
loi représente une solution équilibrée. Ainsi, les limites fixées par la loi
visent à veiller à un partage équitable des places à contribution
réduite entre les promoteurs intéressés, offrir un service de proximité aux
parents, employés et enfants fréquentant les
services de garde, offrir une réponse diversifiée, en milieu de vie, flexible
et adaptée aux besoins des parents, permettre la réalisation d'économies
d'échelle dans le respect d'un service offert par une petite entreprise. Pour les parents qui utilisent le
service de garde, il est important que ceux-ci demeurent de taille humaine.
C'est, après tout, un service de proximité et un service qui présente un
caractère sensible. Les parents confient leurs enfants aux services de garde
toute la journée. Ils veulent pouvoir parler avec les personnes qui sont en
contact quotidien avec leurs enfants et avec la personne qui est responsable de
ces services de garde.
Par ailleurs, la loi actuelle : aucune
limite n'est imposée à une personne qui souhaite détenir une garderie non
subventionnée. Cela ne sera pas modifié.
Les consultations ont commencé hier. Au dépôt de
ce projet de loi, le 22 mai dernier, on nous a demandé de procéder à des
consultations particulières. Dans le cadre de ces consultations particulières
qui se déroulaient hier, le 10 juin, différents groupes ont été invités à
venir nous faire part de leurs commentaires et de leurs recommandations. Les points de vue des trois associations
nationales de services de garde, soit l'association des services de garde
privés du Québec, le
rassemblement des services de garde privés du Québec et l'Association
québécoise des centres de la petite enfance, ont été entendus, de même
que le point de vue du Protecteur du citoyen et de la fédération canadienne des
entreprises indépendantes.
Je tiens d'ailleurs à les remercier de nouveau d'avoir
participé à cette étape importante de l'étude du projet de loi n° 2. Cet exercice démocratique a été l'occasion de
constater que les participants partagent avec nous les mêmes objectifs
de répondre adéquatement aux besoins des enfants et de leurs parents et d'assurer
un réseau de services de garde de qualité.
Les échanges ont été fructueux et ont permis, comme je l'espérais, d'enrichir
la réflexion entourant le projet de loi. Je les remercie d'avoir partagé
avec nous leurs réflexions et leur analyse de
la situation. Je tiens aussi à remercier
tous les députés de cette Assemblée qui ont participé à ces travaux dans un
esprit de collaboration. Et permettez-moi, Mme la Présidente, de les
énumérer à juste titre : le président et
la vice-présidente, puisqu'ils ont tour à tour présidé cette assemblée à
laquelle nous étions, donc le député de Chutes-de-la-Chaudière et la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député de Montmorency, le député de D'Arcy-McGee, le député de Beauce-Sud,
le député de Sherbrooke, la députée de
Crémazie, la députée de Jeanne-Mance—Viger, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
le député de Bourget, le député de
Saint-Jean, le député de Terrebonne et la députée de Repentigny. Je suis
convaincue que nous saurons conserver
ce climat pour les étapes suivantes, puisque ça s'est fait avec beaucoup de
respect et de convivialité.
Avant de
passer aux propositions entendues lors de cette consultation particulière, j'aimerais
rappeler les modifications proposées par le projet de loi modifiant la
Loi des services de garde éducatifs à l'enfance. Ces modifications législatives sont nécessaires, car elles viennent
circonscrire la notion de personne liée prévue dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance en
limitant à certaines situations les cas où une personne serait
considérée comme liée à une autre personne aux fins de la loi. En effet, le
projet de loi prévoit qu'une personne apparentée qui établit l'absence de liens
économiques n'est pas liée au sens de l'article 93.1
ou 93.2 de la loi, qui établit les règles 5-300.
Il peut
exister des liens économiques semblables à ceux rencontrés au sein d'une même
famille entre des personnes qui ne
sont pas apparentées. Les modifications législatives viennent aussi couvrir en
partie cette situation. Le projet de loi prévoit de plus la possibilité
pour la ministre d'exiger tout document ou renseignement nécessaire pour
vérifier si des personnes sont liées
économiquement. Vous avez compris, Mme la Présidente, que j'ai dit «la
ministre» parce qu'en ce moment c'est une
femme. Si c'était un homme, j'aurais dit «le ministre», mais on a régularisé puisque c'était une femme.
Par ailleurs, il
prévoit la possibilité d'annuler, de diminuer ou même de suspendre, en tout ou
en partie, le versement d'une subvention si
son bénéficiaire fait une fausse déclaration concernant un fait important lors
de sa demande de place dont les
services de garde sont subventionnés, s'il refuse ou néglige d'informer la
ministre de tout changement de sa situation qui est de nature à remettre
en cause son droit à la subvention ou au refus, ou néglige de fournir un
renseignement requis pour vérifier la présence ou l'absence de liens entre lui
et d'autres personnes.
Comme je le
mentionnais, les consultations particulières qui se sont déroulées hier ont été
l'occasion pour différents partenaires et organismes de se prononcer sur
ces modifications. J'aimerais rapidement faire un retour sur ce qui a été
présenté lors des consultations particulières.
La position
de l'Association des garderies privées du Québec. Celle-ci a exprimé clairement
sa position relative au projet de loi
n° 2 dans un mémoire étoffé. Ainsi, elle considère
que, tant que l'article 3.2.a existe et…
qui vient établir que les personnes apparentées sont liées au regard de
la loi, il y aura atteinte aux droits fondamentaux des citoyens. Elle soutient
aussi qu'elle a toujours prôné la gestion efficace. À cet effet, elle encourage
les propriétaires de garderies de s'entraider dans la gestion et dans l'exploitation
de leurs garderies par le réseautage, les regroupements d'achats, les banques d'éducatrices sur appel, le dépannage
informatique et la collaboration et l'entraide à tous les niveaux, même
en comptabilité. Enfin, cette association réitère que le critère majeur sur
lequel le gouvernement devrait se baser pour appliquer la règle 5-300 est l'actuariat,
direct ou indirect, dans les garderies subventionnées.
• (17 h 10) •
La position du Rassemblement des garderies
privées du Québec est en désaccord avec le principe du projet de loi n° 2. Elle ne souhaite pas que le
projet de loi parle de liens familiaux, car, tel que libellé, le projet de loi
empêche les parents d'aider leurs enfants ou
un membre de leur famille à ouvrir un service de garde. Aussi, elle est d'avis
que cela brime le droit prévu dans la
Charte des droits et libertés de la personne. Elle est aussi d'avis que cette
règle est contre… Elle est aussi
contre la règle du 5-300. Elle considère qu'il y a des avantages pour un
propriétaire d'avoir plusieurs garderies, car cela favorise le
développement d'une excellence et d'une expertise, plus de ressources et de
stabilité. Dans ce contexte, le
projet de loi n° 2 est un frein à l'entrepreneuriat. Elle considère
enfin que, depuis plusieurs années, le ministère
de la Famille s'est doté d'outils importants pour s'assurer que
la qualité des services de garde, et elle s'interroge sur la volonté du
ministère de limiter le nombre de places offertes par des entrepreneurs d'expérience.
La position du Protecteur du citoyen nous a
éclairés sur d'autres aspects. La Protectrice du citoyen reconnaît le bien-fondé de la décision du gouvernement du
Québec d'établir des limites à la propriété de garderies subventionnées et juge que la règle 5-300 est adéquate. Elle est
d'accord avec l'objectif gouvernemental de mieux préciser la notion de
personne liée. Elle recommande que les notions relatives aux personnes liées
sur une base familiale ou sur le plan économique
soient expliquées aux personnes susceptibles d'être considérées comme liées par
le ministère de la Famille et que ces
dernières soient informées de leurs droits et puissent faire valoir leur point
de vue avant la décision du ministère. Elle
recommande aussi la mise en place d'un mécanisme formel de révision permettant
à une personne de contester la décision du ministère de la considérer
comme étant une personne liée économiquement… et une autre personne lors du processus d'admissibilité. Elle demande que le
projet de loi soit adopté rapidement puisqu'il s'agit ici de corriger ce
que le jugement de la Cour d'appel considère comme une atteinte aux droits
fondamentaux.
La
position de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, c'est… déjà
en 2010, lors du dépôt du projet de loi n° 126, Loi resserrant l'encadrement
des services de garde éducatifs à l'enfance, a exprimé certaines préoccupations
à l'égard de la règle
5-300 et de la définition de la personne liée. Elle a fait état des mêmes
préoccupations relatives au projet de
loi n° 2. Selon elle, malgré les nuances apportées dans ce projet de loi,
le maintien de la règle 5-300 et la définition de personne liée limitent
la liberté d'entreprise.
La position de l'Association
québécoise des centres de la petite enfance reconnaît la pertinence du projet
de loi et en appuie le principe. Tout comme
le Protecteur du citoyen, elle est d'avis que le projet de loi n° 2
devrait entrer en vigueur dès son
adoption, sans attendre le 11 septembre 2014, date d'échéance imposée par la
Cour d'appel du Québec dans sa
décision. Elle a de plus suggéré quelques améliorations qui pourraient être
apportées, de son point de vue, au projet de loi. Elle a tenu à
souligner son appréciation à l'égard des actions prises par le ministère de la
Famille depuis quelques années dans le but de resserrer l'encadrement des
services de garde.
Mme
la Présidente, comme je l'ai souligné au début de ces consultations
particulières, ce projet de loi représente une solution équilibrée. Les
limites fixées par la loi visent à veiller à un partage équitable de places à
contribution réduite entre les personnes
intéressées, à offrir un service de proximité aux parents, employés et enfants
fréquentant les services de garde, à
offrir une réponse diversifiée au milieu de vie, flexible et adaptée aux
besoins des parents, et à permettre la réalisation d'économies d'échelle
dans le respect d'un service offert par une petite entreprise.
En
terminant, je vous rappelle que le ministère de la Famille agit de façon
responsable en proposant à l'Assemblée nationale des modifications à la
Loi aux services de garde éducatifs à l'enfance. Par le dépôt de ce projet de
loi, nous poursuivons nos efforts et nous
prenons tous les moyens nécessaires afin de limiter la concentration de
garderies et de favoriser de petites
unités en matière de services de garde ainsi que d'assurer un réseau de
services de garde éducatifs de qualité. Je vous remercie de votre
attention, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
ministre de la Famille. Et je suis prête à céder la parole, pour
poursuivre le débat sur le principe de l'adoption du projet de loi n° 2,
au porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille, M. le député
de Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci également à
la ministre de la Famille pour cette belle présentation. Alors, il me
fait évidemment plaisir également d'être avec vous aujourd'hui pour l'adoption
de principe de ce projet de loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance et vous faire un petit peu un compte
rendu des échanges que nous avons eus en commission il y a déjà quelques
heures, hier, pour être plus précis. Un projet de loi, Mme la Présidente, le projet de loi n° 2, qui
découle du projet de loi n° 74, déjà annoncé par l'ancien gouvernement, avec quelques petites modifications près — on
parle de quelques-unes qui seront analysées — mais qui, somme toute,
conserve l'esprit de la loi antérieure et qui fait donc l'objet de nos
discussions.
Alors, je tiens tout
d'abord à remercier la ministre d'avoir appelé ce projet aussi rapidement. Il y
avait des motivations de toutes sortes,
notamment des délais qui nous étaient prescrits, mais, quand même, ça a été
très efficace. Également, donc, vous
rappeler que ce projet vient préciser la notion des personnes liées. C'est une
disposition qui était prévue à la loi n° 126 et qui permettait de
contrer le fléau des chaînes de garderies.
Je pense que la
ministre de la Famille, Mme la Présidente, a déjà bien tracé le portrait de ce
à quoi peut ressembler le projet de loi
n° 2, donc je ne vous ferai pas toute la chronologie que celle-ci vous a
déjà parlé, même si je suis convaincu
que vous seriez très intéressée à en entendre davantage. J'aimerais quand même
peut-être me concentrer sur une partie
de la chronologie que la ministre n'a pas parlé pour essayer de bonifier la
discussion en cette salle et permettre d'avoir une vision globale de ce
qui nous a amenés au projet de loi n° 2.
Alors, lorsqu'on dit
qu'on se souvient du projet de loi n° 126, la Loi resserrant l'encadrement
dans les services de garde éducatifs à l'enfance,
lorsqu'on parle de ce projet de loi
là, c'est qu'antérieurement, Mme la
Présidente, il y a eu du laxisme, il y a eu peut-être, comment je pourrais
dire, certains dérapages qui nous ont demandé, comme parlementaires, de resserrer, justement, certaines
lois, dont celle-ci. Et je voudrais vous replacer un peu dans un
contexte un peu chronologique, dans quel
élan nous avons décidé antérieurement, avec le gouvernement libéral de l'époque,
d'amener justement ce projet de loi n° 126, qui maintenant, aujourd'hui,
nous permet de parler du projet de loi n° 2.
Vous
vous rappelez sûrement qu'au printemps 2008 la ministre de la Famille de l'époque,
Michelle Courchesne, avait annoncé
18 000 nouvelles places — c'était une excellente nouvelle — 18 000 nouvelles places à tarif réduit
dans le réseau des services de garde. En août 2008, le gouvernement
libéral, donc, procédait à la sélection des projets, et Mme Courchesne, M.
Tomassi, à l'époque, là, ont procédé à l'avancement de ce déblocage de places.
À
partir de décembre 2009 et tout au long du printemps 2010, puis je pense
que c'est important de le rappeler parce que ça fait partie aussi de l'histoire
de notre Assemblée nationale, l'ex-député de l'époque, M. Nicolas Girard, du
Parti québécois, avait exposé aussi des craintes et des liens notamment par
rapport au système de financement du Parti
libéral, lié justement à la distribution de ces places. Et on avait posé à l'époque — Mme la Présidente, vous êtes bien
assise? — 155
questions en cette Chambre pour faire la lumière là-dessus.
D'ailleurs,
pour les amateurs d'histoire et d'archives, il suffit simplement d'aller
vérifier certains lexiques de notre Assemblée nationale, notamment les
propos antiparlementaires, pour comprendre qu'en juin 2010 et,
effectivement, en avril 2010, là,
plusieurs propos en lien avec ce débat,
que je ne vous répéterai pas parce
que j'ai déjà été
leader adjoint dans une autre
époque et je connais les règles de cette Chambre... Mais on peut se rappeler
que vos prédécesseurs, Mme la Présidente, ont dû travailler fort pour,
justement, conserver un débat serein, mais que cette question était très chaude
en cette Chambre et donnait place à des débats passionnés.
C'est donc à la suite de ces 155
questions que… 1 600 places qui ont été octroyées, là, dans le cadre de 34
projets, à des propriétaires de garderies à but non lucratif, puis on avait
découvert à l'époque que certains d'entre eux avaient distribué pour, au
global, 134 000 $ à la caisse du Parti libéral. Il y en avait un peu
partout.
On
ne veut pas revenir dans les détails, mais je pense que c'est important
de le mentionner, le 30 novembre 2011, le Vérificateur général du Québec
a remis un rapport dévastateur, d'ailleurs, sur cet événement, sur l'attribution
des places de 2008 et avait notamment
dit dans son rapport, Mme la
Présidente, que le processus avait
été changé, qu'il y avait eu une grande ingérence quant à l'attribution de ces places, que des projets totalisant 3 505 places avaient été
recommandés et n'avaient pas été retenus, alors que des projets de l'ordre de
3 700 places ont été retenus sans avoir fait l'objet de recommandations
positives du ministère.
• (17 h 20) •
Alors, c'est dans ce
contexte que sont nés, finalement, entre autres, certains débats, dont celui
des chaînes de garderies, qui, vous le
savez, représentent des gens qui peuvent détenir un grand nombre d'installations,
un grand nombre de places, et c'est
dans le cadre de ces débats que cette situation a été notamment mise à jour. Et, lorsque nous avons
discuté en commission hier avec l'ensemble de nos collègues dans le cadre du projet
de loi n° 2, la Protectrice du citoyen a bien compris l'essence, là, de notre motivation, c'est-à-dire d'essayer d'éviter la création de dynasties ou de monopoles dans le cadre, là, des installations en
garderie et de l'octroi des places qui y sont données.
Alors,
là-dessus, j'aimerais quand même souligner, Mme la Présidente, la qualité des
intervenants qui sont venus nous
témoigner de leurs opinions. Vous savez, lorsqu'on fait des consultations
particulières, souvent le laps de temps n'est pas énorme pour rédiger
des mémoires. Plusieurs d'entre eux se sont déplacés pour venir nous saluer, et
j'aimerais donc publiquement les remercier, en commençant, bien sûr, par l'Association
des garderies privées du Québec, avec M.
Alahmad à la tête comme vice-président; le Rassemblement des garderies privées
du Québec, avec Mme Plamondon qui
est venue également nous témoigner de leurs opinions; la Protectrice du
citoyen, Mme Saint-Germain, que nous avons mentionnée tout à l'heure; la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, avec la fougueuse Martine Hébert qui est venue nous
témoigner également de ses opinions. Et on ne peut pas dire qu'elle n'était pas
passionnée, parce que je sentais qu'elle
avait beaucoup de motivation dans ses envolées oratoires. Je ne peux pas dire
que je suis d'accord avec tout ce qu'elle dit, mais elle le dit avec
intensité et avec conviction, alors, cela, on doit lui reconnaître. Et
évidemment remercier l'Association québécoise des centres de la petite enfance,
qui, Mme la Présidente, même s'ils ne sont pas touchés directement par le projet de loi, restent quand même des
partenaires importants du réseau des services de garde et sont venus
nous donner également leur avis et leur éclairage, là, sur ce dit projet.
Alors,
somme toute, je pense que ça a été une très belle commission parlementaire. Il
faut dire que les discussions se sont faites dans le respect. Et je dois
souligner que la ministre a été à l'écoute des groupes qui se sont présentés. Elle a été aussi questionnée, elle a questionné et
elle a été aussi interpellée d'une façon assez virulente, par moments,
par des groupes, mais elle ne s'est pas laissé impressionner. Et je
peux dire que d'ailleurs, là, plusieurs faisaient l'état de leurs
convictions pour peut-être une vision plus commerciale des garderies, et je
dois dire que la ministre a réussi à faire la part des choses. C'est donc tout
à son honneur, et je tenais à le dire publiquement. J'ai hâte de voir pour la
suite.
Certains sont venus
nous parler, évidemment, de leur vision. La sécurité des enfants avant tout, la
qualité des services étaient à l'honneur. On
a également eu droit, Mme la Présidente, à quelques statistiques. Donc, je sais notamment que
les centres de la petite enfance sont venus nous relater aussi, là, toute l'importance
de focusser sur ce genre d'enjeu, parce
que, selon eux, il y a peut-être
certaines améliorations que nous pourrions faire dans le réseau, notamment
en ce qui a trait, là, au nombre de
plaintes qui sont faites par des familles et des enfants concernant des
garderies privées commerciales et évidemment sur la sécurité des
enfants. Donc, qualité et sécurité, c'est les deux mots que j'ai retenus, là,
pour ce qui est de l'association des centres de la petite enfance.
Nous
avons également eu droit à différentes autres opinions, notamment la notion de libre entreprise,
beaucoup utilisée par les intervenants,
notamment, de l'AGPQ, du RGPQ et de la fédération commerciale… canadienne,
plutôt, des entreprises indépendantes. Et il
faut rappeler, Mme la Présidente, que nos centres de la petite enfance, bien qu'ils
ne sont pas des entreprises privées,
sont toujours quand même des entreprises d'économie sociale, et ce débat, cet
ensemble, dans le fond, de positions
nous a permis d'avoir un portrait global de la situation. J'ai compris que
plusieurs d'entre eux étaient déjà venus auparavant, évidemment, plaider
leurs positions; certains n'ont pas changé d'avis. Alors, avec le temps, des fois, il y a une certaine évolution. J'ai vu
que certains étaient toujours campés dans une position très ferme, et
donc ça va nous amener à réfléchir, encore une fois, à la suite des choses.
Je vous annonce donc,
Mme la Présidente, que je suis en faveur de l'adoption de principe de ce projet
de loi, que je vais collaborer avec le
gouvernement, parce que l'opposition officielle se veut une opposition
constructive mais vigilante, à l'image de ce que nous faisons depuis le
début de cette session parlementaire. Et je dis «vigilant» parce que j'offre toute ma collaboration à la ministre,
et elle le sait, elle sait que, sur d'autres enjeux, parfois, peut-être les
choses vont être plus corsées. Vous l'avez
entendu concernant notamment le développement des places en garderie, la
tarification et les modulations qui semblent être dans l'air lorsque j'écoute
son collègue président du Conseil du trésor, et même chose pour l'universalité, la future commission sur la fiscalité, les
surplus dans nos CPE et dans nos garderies subventionnées. Bref, Mme la
Présidente, il y en aura pour tous les goûts, et même au niveau de l'intimidation
je pense que le forum est en route pour des bonnes discussions.
Alors,
sur ce projet de loi, nous offrons toute notre collaboration à la ministre.
Nous restons vigilants sur le reste des dossiers. Et je vous souhaite un
bel après-midi.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de Terrebonne.
Maintenant, je suis prête à reconnaître, dans le débat sur l'adoption de
principe du projet de loi n° 2, la porte-parole en la matière pour le
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Repentigny. À vous la parole.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un plaisir pour
moi d'intervenir, à ce moment-ci, sur la Loi modifiant la Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance. Comme porte-parole pour les familles du deuxième groupe d'opposition, je crois
fondamentalement au processus que nous menons aujourd'hui comme
parlementaires et surtout sur l'importance d'être un bon législateur.
Je me permets de
faire un clin d'oeil à la circonscription de Repentigny, que je représente ici,
à l'Assemblée nationale, un comté où les
familles sont très présentes et très actives. À l'intérieur de mon comté, Mme
la Présidente, nous retrouvons des CPE,
en installation ou en milieu familial, des garderies privées subventionnées et
des garderies privées non subventionnées.
De plus, avec le baby-boom qui s'active toujours, notre réseau de garderies
doit être en mesure de supporter efficacement
la demande. De plus, Mme la Présidente, je me permets de rappeler la relation
privilégiée que ma formation politique entretient avec les familles du
Québec. Nous sommes le parti des familles. D'ailleurs, nous avons répété à plusieurs reprises l'importance de réduire le
fardeau des familles du Québec et nous croyons dans un réseau de
garderies performant à contribution réduite.
Pour
revenir au projet de loi, j'ai eu l'occasion, lors de la journée d'hier, d'assister
aux consultations particulières. J'ai
eu une oreille extrêmement attentive à tous les groupes qui ont transmis leurs
opinions sur le projet de loi. Je tiens à remercier l'Association des garderies privées du Québec, le
Rassemblement des garderies privées du Québec, la Protectrice du citoyen
Mme Raymonde Saint-Germain, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante et l'Association québécoise des
centres de la petite enfance. Dans ce dernier cas, deux représentants de l'Association
québécoise des centres de la petite enfance nous ont partagé leur
opinion, même s'ils ne sont pas touchés par la présente loi.
Je
veux également, Mme la Présidente, revenir sur l'historique du projet de loi,
qui est important. Rappelons-nous qu'en novembre 2010 la ministre de la
Famille de l'époque, Yolande James, a présenté un projet de loi pour baliser l'obtention de permis pour une garderie privée
subventionnée à 7 $ par jour accordés aux membres d'une même
famille. Pour eux, la solution était de limiter les places en garderie pour les
membres d'une même famille à cinq permis ou 300 places.
En
2013, la Cour d'appel déclare invalide le sous-paragraphe 3.2°a de la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance,
aux fins des articles 93.1 et 93.2 de cette même loi, déclarant que cette
disposition de la loi contrevenait à la Charte canadienne des droits et libertés lorsqu'on considère comme une
personne liée son conjoint, son enfant, l'enfant de son conjoint, son
père ou sa mère, son oncle ou sa tante, son frère ou sa soeur ainsi que leurs
conjoints aux fins de l'émission d'un permis de garderie. La Cour d'appel donne
un délai de 12 mois au gouvernement pour remédier à la situation, bref, à
refaire ses devoirs.
En février 2014, le
gouvernement du Parti québécois dépose un projet de loi. En mars 2014, on le
sait, il y a déclenchement d'une élection
avant l'adoption de la nouvelle loi. Et finalement, dès la rentrée
parlementaire, la ministre de la Famille redépose la loi, et une
adoption est prévue pour septembre 2014 ou avant.
Mme la Présidente, je
dois vous dire que, pour notre formation politique, aucun compromis ne doit
être fait sur la qualité de l'ensemble des
garderies privées du Québec et également sur la santé et la sécurité de nos
enfants. De plus, les propriétaires de garderie doivent être de bons
gestionnaires et répondre à l'ensemble des critères émis par le ministère de la
Famille.
• (17 h 30) •
Dans
la nouvelle mouture du projet de loi, on souhaite limiter l'obtention d'un
permis à une personne qui pourrait détenir, selon, toujours, le projet
de loi, un lien économique avec un membre de sa famille qui pourrait détenir la
limite de cinq permis ou 300 places en
garderie. Dans cette phrase, il y a des éléments questionnables. Tout d'abord,
je me questionne sur les chiffres fixés à 300 places ou cinq permis. Sur la
base de quels calculs, faits ou théories ces deux limites quantitatives
ont-elles été fixées par le ministère? Comment peut-on conclure qu'à partir du
sixième établissement ou de la 301e place la
garderie privée ne serait plus en mesure
d'offrir un service rigoureux et convenable aux enfants du Québec? Vous
savez que la règle du 5-300 n'est pas directement visée par ce projet de loi,
mais il a été soulevé par plusieurs des intervenants présents hier.
De
plus, toute la notion de lien
économique est très vague dans le projet
de loi. Un lien économique, c'est
quoi, Mme la Présidente? Des liens économiques peuvent exister entre parents et
enfants, entre conjoints et enfants du conjoint,
entre oncles et tantes, entre frères et soeurs. Ils peuvent exister ou ne pas
exister du tout. Donc, dans le projet de loi, la ministre laisse place à
interprétation et laisse même aux fonctionnaires le soin de juger le lien
économique. Dans une loi, on doit être clair,
c'est notre responsabilité. Et j'ajoute, Mme la Présidente, qu'il est
naturel pour un individu d'avoir le
désir de se lancer en affaires dans quelque
chose qu'il connaît. Si un père est
directeur d'école, il est normal que son fils puisse avoir un intérêt
pour le monde de l'éducation. Si une mère est médecin, est-ce surprenant que sa
fille développe un intérêt pour les sciences
de la santé? Alors, pourquoi un fils ou une fille ne pourrait pas développer son propre réseau de garderies, parfois dans une autre région
complètement où les besoins sont ressentis, et devenir propriétaire de garderie avec l'aide financière de ses parents qui
ont atteint la norme du 5-300? De plus, si la garderie est jugée
conforme selon les exigences du ministère, pourquoi l'empêcher ou empêcher
quelqu'un proche de lui d'avoir un autre permis?
J'apporte aussi l'aspect
que le développement du réseau des garderies au Québec à moindre coût est aussi
important. Une garderie privée subventionnée coûte moins cher pour l'État qu'un
centre de la petite enfance selon les règles
budgétaires du ministre de la Famille. Le propriétaire de garderie privée doit
assumer les coûts d'achat ou de construction de la bâtisse recevant la
garderie, les taxes de la municipalité, le salaire des éducatrices, la
nourriture pour les enfants, et j'en passe.
Oui, les garderies sont subventionnées, bien d'accord avec vous. Cependant, si
le ministère juge qu'ils sont des professionnels et répondent aux
critères, pourquoi, sur un lien familial ou économique qui reste à définir,
devons-nous bloquer l'émission d'un permis?
De
plus, j'ajoute que la relève entrepreneuriale est importante. Au Québec, on dit
de plus en plus que nous devons encourager la relève d'entreprises et d'industries.
Si on balise les garderies privées subventionnées, allons-nous baliser toutes les autres entreprises qui
reçoivent l'aide de l'État? Nous ne devons pas présumer des intentions
des personnes lorsqu'elles souhaitent partir
en affaires ou faire une expansion de leurs entreprises, même dans le
domaine des garderies. Pour nous, «entrepreneur» veut aussi dire «qualité de
service», quoi qu'on pourrait en dire.
Mme la Présidente, nous allons donc voter contre le principe de la loi. Nous croyons sincèrement que cette adoption pourrait mettre un arrêt inutile au développement
du réseau des garderies privées en empêchant des personnes liées d'une même famille d'obtenir un permis alors qu'elles
répondent aux critères du ministère. Le ministère
de la Famille doit se concentrer sur la qualité des services, et non
créer une nouvelle structure de contrôle. La priorité est claire : le développement du réseau selon les besoins de chacune des régions et la sécurité de
nos enfants. D'ailleurs, nos propos viennent rejoindre ceux de l'Association des garderies privées du Québec,
du Rassemblement des garderies privées du Québec et de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de Repentigny. Y
a-t-il d'autres interventions? Alors, je reconnais le député de La Peltrie.
À vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, Mme la Présidente. C'est avec plaisir que j'interviens sur l'adoption de
principe du projet de loi n° 2 et que je ferai écho à l'excellente présentation
que ma collègue vient de faire et les
motifs qui vont nous inciter à voter contre ce projet de loi.
D'abord,
Mme la Présidente, au cours de ma carrière, péquistes et libéraux m'ont donné
de nombreuses occasions, de nombreux exemples de pensées qui n'étaient
différenciées que par leur option constitutionnelle, et ce projet de loi là
aujourd'hui est une autre preuve de ça.
Mme la Présidente, un
peu d'historique est toujours, je pense, de bon aloi dans les circonstances. Il
faut bien comprendre que le projet de loi
qui a été déposé par le gouvernement libéral en 2010 visait, d'abord et avant
tout, à protéger la population du
gouvernement libéral. Il faut bien penser que le cas qui fait école et qui
amène ce resserrement des critères tourne autour d'un certain député que
nous connaissons tous et qui ne siège plus parmi nous aujourd'hui, dont le nom a été mentionné, d'ailleurs, il n'y a pas si
longtemps dans un jugement de la cour. Alors, Mme la Présidente, nous
sommes exactement dans la même lignée, on essaie de protéger la population du
gouvernement et de certaines exactions de certains membres passés du
gouvernement. Et, aujourd'hui, on s'inscrit dans cette continuité, Mme la
Présidente, et je trouve ça malheureux.
Et,
même si ce n'est pas l'objet du projet de loi, la règle du 5-300 a été évoquée
dans les consultations particulières, la
ministre l'a entendu. Elle a fait référence notamment à la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, qui est venue lui dire que cette règle-là ne tenait pas la route. Et, de fait,
elle ne tient pas la route. Et, d'ailleurs, je lance un défi au
gouvernement libéral. Vous pensez que c'est fondamental, là, d'empêcher la
grosse méchante entreprise privée de contrôler
l'ensemble du réseau des garderies, là, vous pensez que c'est votre mission
sacrée de faire ça et qu'en disant : Bon, bien, pas plus que cinq permis, 300 places… Je vous lance un défi.
Faites la même chose avec le syndicat, dites, là : On ne va pas
créer un monopole syndical. Donc, un syndicat ne pourra pas syndiquer plus que
cinq permis de garderie représentant 300
travailleurs, travailleuses. J'ai hâte de voir ça. Mais je sais que ça n'arrivera
pas. Puis je sais qu'on va me trouver une liste longue comme ça d'arguments
pour dire : Voyons donc, ce n'est pas pareil, ce n'est pas la même chose. L'entreprise privée, ça vise le profit, c'est
sale, ce n'est pas bon, alors que le syndicat, lui, vise, évidemment, le
bien-être collectif et la protection de l'ensemble de la population. Bien, vous
me permettrez d'avoir un avis différent. Et, là-dessus, moi, je n'ai jamais
changé d'idée, j'ai toujours pensé que, dans l'entreprise privée, il y avait
des gens honnêtes, pour la majorité, qui faisaient un travail honnête, avec des
objectifs honnêtes.
Alors, Mme la
Présidente, quand on me dit qu'on a peur du monopole, de quoi on parle
exactement, de quel monopole on parle? On parle d'un gouvernement qui édicte
les règles, qui émet les permis, qui signe les chèques. Mme la Présidente, si ça, ce n'est pas une muraille contre un monopole,
et donc… Encore une fois, Mme la Présidente, je le dis, là, il va falloir qu'on m'indique qu'est-ce
que c'est, un monopole dans ces circonstances-là, dans ce contexte-là.
Parce que je connais la définition de
monopole, soyons clairs, mais, dans ce contexte-là, qu'est-ce qu'un monopole et
de quoi exactement on veut nous protéger.
Et,
tantôt, j'entendais mon collègue de l'opposition officielle faire écho au projet
de loi de la ministre
en parlant des garderies commerciales. O.K. Moi, je pensais qu'il y
avait des garderies privées, je pensais qu'il y avait des CPE, mais, vous voyez, il y a toujours ce petit
élément, cette petite connotation. Les garderies commerciales, ça, ce n'est
pas beau. Mme la Présidente, que je sache, les CPE, ce n'est pas gratuit. On
va tomber en étude de crédits, là, il
y a des budgets pour ça, ça coûte quelque chose, les garderies,
les CPE. Alors, la notion de commercial, encore là, Mme la Présidente, je pense qu'on fraie dangereusement avec l'idéologie. Je pense
qu'on fraie dangereusement avec l'idéologie, et c'est ce que je retrouve dans
ce projet de loi, qui vient compléter l'ancien projet de loi, et j'aurai l'occasion
de revenir là-dessus, Mme la Présidente, parce qu'il faut bien comprendre qu'on
est ici devant une obligation du gouvernement à répondre à un jugement.
Donc,
on parle de monopole, la peur, la crainte du monopole. Comme j'ai dit tantôt,
le monopole syndical, ça, ce n'est pas grave. Que, demain matin, un
syndicat décide de paralyser le Québec en mettant toutes les éducatrices en grève,
ça, il n'y a pas de problème avec ça, ça, ça va bien. Et, je vous rappelle, Mme
la Présidente, que ma formation politique a fait proposition pour que les services de garde soient déclarés
services essentiels, ça n'a jamais trouvé d'écho jusqu'à date. Donc, le
monopole syndical, lui, il n'y en a pas, de problème.
Mais, quand des
entrepreneurs — et
comme ça a été mentionné dans les consultations particulières — quand
des entrepreneurs, qui développent une
expertise, comme ça se fait, oui, effectivement, dans plusieurs milieux
d'entreprises, qui développent un concept,
qui développent un produit qui répond à des besoins, qui répond à des attentes…
quand ces gens-là veulent le mettre en place, bien, ça, ça ne marche
pas, puis ça, c'est dangereux pour le Québec. C'est drôle, moi, je n'ai pas vu beaucoup d'entrepreneurs
privés dire : Moi, je mets fin à mon service, je paralyse le Québec
parce que je ne suis pas content de la
situation. Je n'ai pas vu ça souvent. Je n'ai pas vu ça souvent. Peut-être que
la ministre pourra nous donner de nombreux exemples d'entrepreneurs
privés qui ont paralysé le Québec grâce à leur gros méchant monopole, peut-être. Moi, je peux vous donner des
exemples, par exemple, de syndicats qui l'ont fait. D'ailleurs, je lui rappelle que le ministre du Travail, il n'y a pas
si longtemps, a déjà parlé de loi spéciale dans une autre situation,
puis ça ne s'adressait pas aux entrepreneurs privés, là. Je dis ça comme ça.
• (17 h 40) •
Donc, Mme la Présidente, je pense qu'on attise
une peur qui n'existe pas. On sort un bazooka pour régler un problème qui pourrait être réglé d'une autre
façon, bien simplement, avec des règles d'éthique claires, avec une gouvernance
éthique claire qui nous empêcheraient d'arriver dans les situations
malheureuses qu'on a connues. Ça, je pense que ça serait la solution. Mais d'exacerber les peurs de l'entreprise
privée, encore une fois de faire passer l'entrepreneur privé pour quelqu'un de malhonnête, de mal intentionné,
dont la quête du profit l'empêche de donner des services de qualité, d'avoir
une éthique de travail, d'être responsable, d'être socialement responsable, je
trouve ça malheureux. Et, dans ce sens-là,
Mme la Présidente, je ne vois pas énormément de différence entre ce côté-là de
la Chambre et ce côté-là de la Chambre, pas beaucoup. Je ne sais pas si
tous mes collègues sont très à l'aise avec ça, j'imagine. J'imagine qu'ils ont
fait leur deuil de certains principes.
Mme la
Présidente, je l'ai dit, on parle de priorité ici. Ma collègue l'a dit tout à l'heure,
le service. La priorité, ça doit être
le service. Quand on parle de services de garde, le mot clé, c'est «service».
Et le service doit primer sur l'idéologie. La responsabilité de la
ministre, c'est de s'assurer qu'au Québec il y a un service de qualité, donc
que les garderies soient des endroits avec
des hauts standards de qualité, qu'on ait des éducatrices compétentes, que les
enfants y trouvent un milieu stimulant, que les parents puissent, en
toute confiance, laisser leurs enfants au service de garde en revenant le soir
et en trouvant des enfants épanouis. Comme père de famille — parce
que je suis un père de famille qui utilise les services de garde — c'est ma principale préoccupation. Et, comme parent, ce que je
demande à la ministre de la Famille, c'est
de faire en sorte qu'au Québec on ait accès à un réseau de services de garde de
qualité. Ça, c'est ma préoccupation, pas de faire la chasse à l'entrepreneur privé et pas de s'inventer des
monopoles. Donc, Mme la Présidente, je ne retrouve pas dans ce projet de
loi là une priorité au service.
Mme la
Présidente, puisqu'on est à l'adoption de principe, parlons de principes. Quel
principe on défend quand on dit… si,
moi, je veux démarrer une garderie, je ne peux pas parce que ma soeur a déjà
cinq permis, elle opère cinq garderies ailleurs, au Québec, et que, pour
une raison très mal définie, le ministère en arrive à la conclusion que nous avons un lien économique, elle et moi? Je
peux vous dire une chose, Mme la Présidente, on n'aura pas besoin de fouiller beaucoup pour trouver des liens
économiques entre moi et les membres de ma famille. Or, le flou total du
projet de loi sur cette question-là fait en sorte qu'on va voir de la collusion
à peu près partout. Il y en a, de la collusion, au Québec. Ah oui! il y en a. Mais, généralement, on sait où la trouver.
Et, Mme la Présidente, d'inscrire dans un projet de loi un article aussi
incertain, aussi mal défini, c'est préjudiciable, préjudiciable, Mme la
Présidente. Et là on parle de principes,
donc je pense qu'il y en a un qui est la présomption d'innocence, qui fait en
sorte que… Ne partons pas du principe
que, parce que moi ou un de mes parents voulons nous lancer dans le service de
garde, nous sommes nécessairement dans une démarche monopolistique pour
prendre le contrôle des services de garde au Québec et que nous régnerons en
rois et maîtres sur l'ensemble du réseau des services de garde parce qu'on a un
lien de parenté et/ou un lien économique dont la définition est plus qu'obscure.
Mme la
Présidente, ce projet de loi là est une réponse à un jugement. Le juge a statué
en disant que la définition de «personne liée» était exagérée et a
demandé au gouvernement de refaire ses devoirs. Refaire ses devoirs, pour le gouvernement, c'est ça, c'est de redonner la même définition, mais en ajoutant un
lien obscur économique qui n'est pas défini. Et, donc, on va un
peu plus loin dans l'absurde parce qu'au lieu de répondre à la préoccupation du
tribunal dans l'esprit du tribunal, on
cherche la lettre, on cherche la faille dans le jugement pour dire :
Comment pourrons-nous parvenir à nos fins, rester sur l'objectif
initial, tout en faisant mine de respecter le jugement de la cour?
Mme la Présidente, vous comprendrez qu'on ne
peut pas cautionner ça, on ne peut pas cautionner ça. Et peut-être que la ministre a l'impression de faire
oeuvre utile, puis je suis convaincu, je suis convaincu… Je ne prête pas
de mauvaises intentions à la ministre. Au
contraire, je pense que c'est une personne de coeur, j'en suis même
convaincu, mais elle fait fausse route, elle
se trompe. Comme elle se trompe sur les commissions scolaires, mais ça, c'est
une autre question, nous discuterons de ça sur d'autres tribunes. Donc,
Mme la Présidente, je suis déçu. Je suis déçu de voir que la ministre, dans son projet de loi, au lieu de
tenter de comprendre et de répondre aux préoccupations du tribunal,
cherche à contourner le jugement. Parce que, pour moi, c'est ce qu'on fait avec
ce projet de loi là, on contourne le jugement de la cour, et c'est très
dommage.
Mme la Présidente, un autre principe qui a été
invoqué, d'ailleurs, par la ministre, qui a été entendu en consultations particulières, c'est la liberté d'entreprise.
Et, oui, Mme la Présidente, dans la société actuelle, dans notre société capitaliste — parce que, n'en déplaise à d'aucuns, nous
vivons dans une société capitaliste — c'est un principe, la libre entreprise. Quelqu'un qui pense avoir une bonne
idée, un bon concept, un bon projet, un bon produit, au Québec, devrait
avoir le droit de se lancer en affaires, et je ne pense pas que les services de
garde doivent être exclus dans la mesure, Mme la Présidente, dans la notable
mesure où l'on respecte les paramètres que j'ai évoqués précédemment et que ma
collègue a évoqués précédemment sur la qualité des services, la sécurité des
enfants et tout ce qu'on connaît. Et ça, je pense que c'est bien fait. Je pense que c'est
fait, je pense que c'est bien fait au Québec, s'assurer que nos services de
garde sont des services de qualité. Je pense que ce n'est pas ça, le problème.
Donc, Mme la Présidente, la liberté d'entreprise,
ça existe. C'est un principe, puis c'est un beau principe, et j'aurais souhaité, j'aurais souhaité que le
gouvernement libéral… Et il y a comme une notion, hein, dans le mot
«libéral», là, c'est… Aujourd'hui, c'est
devenu peut-être plus une marque de commerce qu'une véritable philosophie.
Mais, bon, un gouvernement vraiment libéral aurait souhaité respecter ce
principe-là parce que, Mme la Présidente, justement, s'il y a une chose qui peut nous protéger des
monopoles, c'est la liberté d'entreprise, c'est la capacité pour chacun de se
lancer en affaires, de démarrer son entreprise.
• (17 h 50) •
D'ailleurs,
Mme la Présidente, j'en profite pour passer un message à la ministre — parce qu'on parle de liberté d'entreprise,
et qui dit liberté d'entreprise parle de libre concurrence — quand
des entrepreneurs démarrent leur service de
garde, puis que le ministère va mettre une garderie subventionnée juste à côté,
ça aussi, ça pose problème. Et j'invite
la ministre à réfléchir là-dessus parce qu'il y a des gens qui investissent, il
y a des gens qui prennent des risques, il y a des gens qui vont au
bâton. Ça, c'est le propre des entrepreneurs, et je pense qu'il faut respecter
ça, il faut avoir du respect pour ça parce que c'est ces gens-là qui font
rouler notre économie, c'est eux qui innovent, c'est eux qui nous forcent à
nous dépasser, à nous actualiser, parce que, pour l'entreprise, le déficit
autorisé, ça n'existe pas, ça s'appelle une
faillite. Au gouvernement, ce n'est pas grave, on va piger un petit peu plus
dans la poche du contribuable, directement ou indirectement, puis on
règle la question, mais pas pour l'entrepreneur.
Donc, Mme la
Présidente, on parle de l'adoption de principe, c'en est un principe, c'en est
un principe fondamental qui n'est pas
respecté par le principe de cette loi-là, Mme la Présidente, parce que ça vient
dire que, si, moi, malheureusement, pour le reste de ma famille, j'ai eu
le malheur de m'ouvrir des services de garde, d'avoir les fameux cinq permis en
question, bien, ça veut dire que, pour tous
les membres de ma famille… Et, écoutez, là, on ne parle pas de mon frère,
ma soeur, on parle des oncles, tantes, les
enfants, les petits-enfants, les conjoints des… Quand le juge dit que c'est
exagéré, Mme la Présidente, là, je pense qu'il a tout à fait raison.
Autre chose qui fait problème, Mme la
Présidente, quand on dit «refuse ou néglige d'aviser le ministre de tout
changement dans sa situation qui est de nature à remettre en cause son droit à
une subvention», bien, des fois, Mme la
Présidente, surtout quand on a une définition aussi large des personnes liées,
on peut avoir des très grandes familles au Québec, hein, et ne pas nécessairement se parler à tous les jours. Ça
arrive, je suis sûr que, du côté du gouvernement, il y a des exemples de
ça. Alors, sans le savoir, je peux me mettre en infraction de la loi parce que
cette loi-là ratisse tellement large, vise tellement de monde, et il y a une
définition tellement floue quant au lien économique que je vais me ramasser en situation d'infraction de la loi
parce que le fils de mon beau-père s'est ouvert une garderie, je ne le
savais pas, puis, finalement, on s'est
trouvé un lien économique quelconque, puis, comme je vous dis, la définition
est tellement floue que je pourrais me ramasser en situation de
contrevenir à la loi puis je n'en aurai même pas eu conscience. On dit que l'enfer
est pavé de bonnes intentions, Mme la Présidente. Ce projet de loi là est
certainement plein de bonnes intentions, mais, à mon avis, son seul résultat
utile, ça va être de paver un peu plus l'enfer.
Mme la
Présidente, pour les raisons que je viens d'invoquer, qui font écho aux propos
de ma collègue, je vais voter contre le principe de ce projet de loi et
j'espère que la ministre reviendra à la raison et s'assurera que sa priorité, c'est
la qualité des services de garde, et pas le nombre de permis par personne.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de La Peltrie, et je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant, M. le député de Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, notre formation politique s'oppose au
projet de loi n° 2 pour un principe
tout à fait fondamental. On ne se serait vraiment pas attendu, aujourd'hui, à
débattre d'un projet de loi qui
freine autant l'entrepreneurship. La dernière chose dont le Québec a besoin, c'est
un frein à l'entrepreneurship. La dernière
chose dont les gens ont besoin actuellement pour notre économie, là, c'est de
se dire : Bon, bien, là, attention, là, si tu te lances dans le monde
des affaires, là, fais attention parce qu'il faut que tu respectes telle règle.
Puis, si jamais, ton beau-frère que tu n'as
pas vu depuis longtemps, il a la même entreprise que toi, fais attention, fais le décompte parce
que ça risque de ne pas aller.
C'est exactement ce que fait cette loi-là, puis
on ne se serait vraiment pas attendus, on n'aurait surtout pas souhaité ça de ce temps-ci, à ce moment-ci de notre
développement économique et surtout
pas de la part d'un gouvernement qui se targue, qui se targue d'être un
gouvernement qui est proche de l'économie, qui est proche des entrepreneurs et qui veut soutenir le
développement économique puis créer de la vraie richesse au Québec. Voilà que
ce gouvernement-là dit le contraire dans la loi n° 2 et freine l'entrepreneurship,
et, Mme la Présidente, particulièrement pour
les entrepreneurs qui, dans la plupart des cas, sont des femmes qui partent des
petites entreprises comme ça, des CPE, et qui réussissent, quand tout va
bien, à pouvoir prendre de l'expansion, bravo. Non, on les freine.
Mme la Présidente, d'abord, de quoi il est
question? Il est question d'une loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Quand on parle de
services de garde éducatifs, et tout ça, on se serait attendus à une loi
qui ferait quoi? Qui ferait bonifier la qualité des services que l'on donne aux
enfants, augmenter le nombre de places en garderie et en CPE, assurer d'une
meilleure sécurité puis un meilleur encadrement, une meilleure formation de nos
éducateurs et éducatrices. Mais non, ce n'est
pas une loi qui vise à améliorer les services, mais une loi qui vise à
brimer l'entrepreneurship et aussi à questionner les structures.
Alors,
parlons-en, Mme la Présidente, des structures. Le gouvernement aurait pu, tant
qu'à parler des structures, abattre un règlement tout à fait indigne et
ignoble qui fait en sorte qu'une propriétaire d'une garderie privée ne peut pas soumettre sa candidature pour opérer un CPE. C'est
vrai, ça, Mme la Présidente. Sous l'égide de l'ancienne ministre James,
le gouvernement libéral, qui… Par la suite, cette loi-là avait été endossée par
le gouvernement péquiste. Eh bien, le
gouvernement libéral avait fait adopter un règlement qui fait en sorte que
quoi? Que celui qui est propriétaire d'une garderie privée ne peut pas postuler pour obtenir un permis de CPE. Tout
le monde au Québec peut le faire, sauf ceux qui savent comment ça
marche, c'est-à-dire les propriétaires de garderies privées.
J'ai un cas dans mon comté, Mme la Présidente, à
Stoneham, une jeune femme entrepreneure — femme entrepreneure, je pèse mes mots pour nos amis du Parti libéral, femme
entrepreneure — elle n'a
pas le droit de postuler pour un CPE
qui va ouvrir l'autre bord de sa rue. Tout est prêt. D'un trait de plume, on
serait capable de changer la garderie privée en CPE, ça coûterait zéro à
l'État, mais non. La loi de la ministre James, endossée par le gouvernement du Parti
québécois, fait en sorte que cette personne-là, comme tous les propriétaires de
garderies privées, ne peuvent pas soumettre leur candidature pour obtenir un
CPE. Bien, qu'est-ce qui va se passer, Mme la Présidente? Il va falloir que l'État québécois débourse près de
1 million de dollars pour ouvrir un CPE l'autre bord de la rue qui risque
de faire fermer la garderie privée, alors que, d'un trait de plume, d'un
trait de plume, on aurait pu régler ça, et tout le monde aurait été content. Mais non. Alors, si on veut
attaquer les structures des CPE, Mme la Présidente, plutôt que d'attaquer
les entrepreneurs, les femmes entrepreneures qui veulent, justement, faire
croître leur potentiel, on pourrait au moins abattre cette absurdité qui
empêche les propriétaires de garderies privées de postuler pour un service de
garde.
Maintenant,
parlons du fond du problème, parlons du fond de l'affaire. Loi modifiant la Loi
sur les services de garde éducatifs,
mes collègues l'ont très bien dit tout à l'heure, ça fait suite à un jugement
qui a été rendu parce qu'on estimait… le juge estimait que c'était flou,
qu'il fallait clarifier la patente. Mais l'affaire, Mme la Présidente, c'est qu'on
l'a clarifiée de façon très abusive, à notre
point de vue. Voilà que quelqu'un qui est en affaires, pour, justement, avoir
une opération, devra, sous réserve des
dispositions de l'article 93.3, ne pas avoir de lien économique, si jamais il y a
d'autres personnes qui ont aussi un CPE, de la façon suivante… Et là,
attention, là, on ratisse large, là, «son conjoint, son enfant ou l'enfant de son conjoint — on sait c'est quoi, nos familles,
maintenant — son père
ou sa mère — ça, ça
ne change pas trop — son oncle ou sa tante, son frère ou sa soeur
ainsi que leurs conjoints». Mme la Présidente, sans vouloir conter des
histoires de famille, mon frère habite à Montréal. Je l'aime bien, là, mais on
ne se parle pas tous les jours, là. Et on n'est
pas une très grande famille, hein? Quiconque sait que… Le nom que j'ai, je ne peux pas le dire ici, mais sait qu'on
ne se pile pas sur les pieds bien, bien, là, tu sais. Mais combien de familles,
Mme la Présidente, ont des frères, des oncles,
des tantes puis... Écoutez, pas besoin de remonter à beaucoup de générations
pour avoir des familles nombreuses, des gens qu'on ne voit pas pendant
une couple d'années qui font leur affaire, leur carrière de leur côté.
Et là voilà que ces gens-là sont directement
liés parce qu'on pourrait avoir un avantage économique. Allons, Mme la
Présidente, allons, ça n'a pas de bon sens. Et pour faire quoi? Pour éviter la
création d'un monopole. Mme la Présidente,
wo! Monopole, aïe! un instant, là. D'abord, économie 101, monopole… Le danger d'un
monopole, c'est quoi? C'est qu'à
partir que tu as un monopole, c'est toi qui contrôles les prix, puis tu es mort
de rire, puis, youpi, tu vas faire monter
les prix, puis les gens vont être pognés pour payer. Halte! Ici, les prix sont
définis par le gouvernement. Donc, techniquement parlant, là, économie
101, là, pas besoin d'avoir un M.B.A. ou d'avoir un Ph. D. de Harvard, là. Je sais qu'il y en a quelques-uns l'autre bord qui en
ont un. Bon. Alors, pas besoin d'avoir ça. Économie 101, à partir du moment où c'est le gouvernement qui définit les
prix, le monopole, là, ne touche pas directement les gens qui prennent
acte de ces services-là, premièrement.
Deuxièmement, Mme la Présidente, et ça, pour
moi, c'est...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député, si je peux me
permettre, est-ce que vous avez terminé votre intervention? Est-ce que...
Une voix : ...
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous avez encore plusieurs choses à
dire? Alors, je vais vous demander de le faire à un autre moment,
puisque, compte tenu de l'heure, je vais ajourner les travaux jusqu'au jeudi 12
juin, à 9 h 45. Merci.
(Fin de la séance à 18 heures)