(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très
belle journée. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes à la
rubrique de la déclaration des députés, et je cède maintenant la parole à M. le
député de Laval-des-Rapides.
Rendre
hommage à trois étudiants du collège Montmorency
pour avoir sauvé la vie à M. Michel Rompré
M. Léo Bureau-Blouin
M.
Bureau-Blouin : Merci beaucoup, M. le Président. Le
3 septembre dernier à Laval, trois étudiants du collège Montmorency ont fait preuve d'une grande bravoure
en ramenant à la vie un professeur qui était victime d'un malaise cardiaque. Alexandra Tardif-Morency, Nicolas
Poirier et Julien Witty faisaient partie de l'équipe de secouristes
bénévoles du collège, Momo Band Aid. Lorsque
le Pr Michel Rompré a ressenti un malaise dans les vestiaires sportifs du
collège, ils sont tous les trois arrivés sur
les lieux rapidement. Le coeur de M. Rompré s'est arrêté. Ils ont tout de suite
entamé les manoeuvres de réanimation cardiorespiratoire. Ils ont ensuite
utilisé le défibrillateur externe automatisé du collège pour ramener M. Rompré
à la vie.
Je
salue ici, en cette Chambre, le sens des responsabilités, l'altruisme, la
compétence et l'esprit d'équipe de ces trois étudiants. Je profite
également de l'occasion pour encourager la population en général à suivre une
formation en réanimation cardiorespiratoire, et les établissements publics, à
s'équiper de défibrillateurs externes automatisés. Ces deux pratiques peuvent
sauver des vies, comme ces trois héros nous l'ont démontré. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Laval-des-Rapides. M. le député de Dubuc, je vous cède la parole pour
votre déclaration.
Féliciter
la fondatrice des Clowns soleil, Mme Cécile Pellerin,
nommée personnalité de l'année par Dernière Heure La Baie
M. Jean-Marie Claveau
M.
Claveau : Merci, M. le Président. Vous savez qu'il est de
tradition, pour les grands médias, de décerner des titres de
personnalité de l'année. Bien que très talentueux, les gens des régions se
voient bien rarement auréolés d'un tel titre. Pour corriger la situation, on a
eu l'idée cette année, à La Baie, de lancer cette initiative afin de
souligner le travail remarquable d'un des nôtres.
Pour sa première
édition, le choix de Dernière Heure La Baie, qui décerne le titre, s'est porté
sur Mme Cécile Pellerin, de Laterrière,
fondatrice des Clowns soleil et auteure d'un recueil qui propose une
réconfortante nourriture pour l'âme.
Particulièrement présents dans les hôpitaux de la région, Mme Pellerin et son
association de Clowns soleil arpentent également
les rues pour y semer des instants de bonheur et pour répandre le germe du
sourire. Après 21 ans de pratique et de rigolothérapie, Mme
Pellerin est convaincue qu'il s'agit d'une merveilleuse technique pour contrer
le cafard, pour apaiser les problèmes existentiels ou pour soulager les
inquiétudes engendrées par la maladie.
Bien
qu'elle oeuvre principalement au Saguenay—Lac-Saint-Jean, il n'est pas rare que Mme Pellerin
vienne faire un tour à Québec, et sachez qu'elle n'hésite pas à coller
des contraventions aux babouneux qui croisent son chemin. Alors, M. le
Président, qu'on se le tienne pour dit. Bravo, Mme Pellerin!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Dubuc. Mme
la députée de Hull.
Féliciter M. Gérald
Vaillancourt, récipiendaire
de la Médaille du service méritoire exceptionnel
de la Croix-Rouge canadienne
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, l'année 2014 a débuté en beauté pour un grand bénévole de
la région de l'Outaouais. C'est que M. Gérald
Vaillancourt a récemment reçu la Médaille du service méritoire de la
Croix-Rouge. Il est d'ailleurs le premier résident de l'Outaouais à recevoir
cet honneur.
M. Vaillancourt s'est joint à l'équipe
d'intervenants de la Croix-Rouge il y
a plus d'une décennie. Beau
temps, mauvais temps, jour et nuit, ce
septuagénaire au grand coeur est présent pour apporter son aide aux sinistrés. Son implication à la Croix-Rouge l'a amené à intervenir lors des
inondations à Saint-Jean-sur-Richelieu et, plus récemment, à
Lac-Mégantic. Il s'est même rendu en Nouvelle-Orléans suite au passage de
l'ouragan Katrina.
Infatigable
ange gardien, M. Vaillancourt s'implique depuis plus de 20 ans au sein de plusieurs
organismes de la région de l'Outaouais. Son parcours l'a amené à oeuvrer
à l'Hôpital de Hull, à Tel-Aide Outaouais et, depuis
13 ans, il distribue des repas pour la popote
roulante.
Grâce à son dévouement et la constance de son
implication, M. Vaillancourt mérite toute
notre admiration. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Hull. Mme la députée de Montmorency, je
vous cède la parole.
Souligner le 30e anniversaire de Fruits et légumes
Beauport inc.
Mme
Michelyne C. St-Laurent
Mme
St-Laurent : Merci,
M. le Président. Fruits et légumes Beauport : quatre générations de
savoir-faire. En 1937, le maraîcher David
Drouin parcourra les routes de Beauport, en banlieue de Québec,
pour livrer des légumes frais aux
épiciers et petits commerces du secteur. Plus de
75 ans et trois générations plus tard, la famille Drouin
distribue maintenant plus de 4 500 produits aux quatre coins
de la région avec la même fierté et le même souci du travail bien fait.
C'est en 1983
que la famille Drouin a décidé de former l'entreprise telle que nommée.
En 2012, le fils de Carl Drouin,
Philippe, joint les rangs de l'entreprise et insuffle à Fruits et légumes Beauport un
souffle de modernité. L'entreprise est maintenant rendue à 80 employés
et a acquis un certificat d'excellence de l'agence
d'inspection ASI Food pour la qualité de ses
opérations et installations. C'est en 2013 que l'entreprise a
souligné son 30e anniversaire.
Bravo et merci pour votre implication
au sein de notre région!
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Montmorency. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Rosemont pour sa déclaration. M. le député.
Souligner la prestation de la soprano
Hélène Guilmette et du baryton Jean-François Lapointe
à l'Opéra national de Paris
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président,
chers collègues, c'est chose connue, le mot s'est passé depuis longtemps dans
les milieux informés, les milieux culturels
de la planète le savent, dans plusieurs pays, c'est le grand public qui le tient
pour acquis, ce n'est en somme un secret pour personne : le Québec a du
talent.
Une société
de 8 millions d'habitants ne devrait pas, normalement, produire autant
d'artistes et de créateurs. Sur papier,
on s'attendrait à un profil plus modeste. S'agissant d'art et de culture, le Québec
est têtu, il refuse de voir petit. Cette
anomalie statistique se manifeste cette fois à l'opéra et de manière inédite.
Le Québec était déjà très fier de la carrière exceptionnelle de la soprano Hélène Guilmette et
du baryton Jean-François Lapointe. Le Québec est aujourd'hui
honoré de leur prestation depuis un mois à
l'Opéra national de Paris dans Werther, de Jules Massenet. C'est la
première fois que deux Québécois se produisent à l'Opéra Bastille.
Au sommet de
leur art, Jean-François Lapointe et Hélène Guilmette comptent parmi ces voix québécoises
qui font carrière dans le monde.
Diplômée de Laval, la soprano Guilmette a reçu sa formation à New York;
on l'entendra bientôt dans le Requiem, avec le BBC Symphony
Orchestra. M. le Président, j'invite les membres de cette Assemblée à applaudir ces succès.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, M. le député de Rosemont, je vous
remercie pour votre déclaration. M. le député de Côte-du-Sud, je vous cède la
parole.
Féliciter M. Raynald Ouellet, lauréat du prix Opus
du Conseil québécois de la musique
M.
Norbert Morin
M. Morin : M. le Président, aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à M. Raynald
Ouellet, récipiendaire du prestigieux prix Opus du directeur artistique de
l'année remis par le Conseil québécois de la musique.
Connu
et reconnu par ses pairs et sa communauté, M. Ouellet est un musicien
exceptionnel, doté d'une audace remarquable.
Il est l'un des principaux architectes du succès que connaît le Carrefour
mondial de l'accordéon de Montmagny, et cela depuis 25 ans. Les efforts
de M. Ouellet méritent d'être soulignés, puisqu'en plus de mener une
carrière internationale il est l'un des responsables de l'École internationale
de musique de Montmagny et du Musée de l'accordéon. Rassembleur, dynamique et créatif,
il vit pour et par la musique. Notre fierté est de voir que ses actions
permettent de redonner à l'accordéon ses lettres de noblesse.
Mon cher Raynald, je
te lève mon chapeau, et les citoyens de Côte-du-Sud te disent merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Côte-du-Sud. Je cède la parole maintenant à M. le député de Granby.
Souligner la Semaine nationale
de prévention du suicide
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Le thème de l'édition
2014 de la semaine de la prévention du suicide, qui s'est terminée le 8
février, était : T'es important-e pour nous — Le
suicide n'est pas une option. Le but de cette campagne était de mobiliser la population du Québec dans une optique de
changement de culture face au problème du suicide, de sensibiliser les citoyens et les décideurs à l'ampleur du
problème et au moyen de le réduire et de promouvoir les ressources d'aide. Ce slogan souligne notamment la
place inestimable que chaque personne occupe dans son entourage et dans
sa société et rappelle que le suicide ne doit plus être considéré comme une
réponse à la souffrance.
À
Granby, le Centre de prévention du suicide de La Haute-Yamaska fait un travail
extraordinaire pour prévenir le suicide chaque jour de l'année dans le
but de diminuer le nombre de tentatives de suicide et le taux de mortalité par suicide. Que ce soit par son service
d'intervention téléphonique offert 24/7, ses suivis de crise, ses groupes de
soutien ou ses approches de promotion et de prévention, les bénévoles et les
intervenants mettent leur temps et leur coeur au service de la population, et
je leur en suis infiniment reconnaissant.
J'en
profite également pour remercier le directeur général du Centre de prévention
du suicide Haute-Yamaska, M. Yves
Bélanger, pour son travail acharné pour cette cause, qui nous a tous touchés un
moment dans notre vie, et celui de ses employés. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Granby. M. le député de Jacques-Cartier, pour votre déclaration.
Souligner le départ à la
retraite de
M. Christian Croft, du Service de la
télédiffusion des débats de l'Assemblée nationale
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : Merci beaucoup, M. le Président. Le 10 janvier dernier
était la dernière journée de travail de M. Christian Croft, technicien
de son ici, à l'Assemblée nationale. M. Croft profitera bientôt d'une retraite
bien méritée après 28 ans de service auprès des députés et des citoyens du
Québec.
Souvent,
le travail de l'équipe qui enregistre nos travaux passe presque inaperçu, mais,
grâce à eux, nos délibérations sont partagées avec le public. J'ai eu le
privilège de voyager avec M. Croft lors de deux commissions itinérantes, une
portant sur l'itinérance et l'autre sur la question de mourir dans la dignité.
Je veux témoigner de la délicatesse et le
respect avec lequel M. Croft a aidé les témoins. Malgré leur nervosité et leur
peu d'expérience, M. Croft a toujours réussi à les rendre à l'aise
derrière le micro. À sa façon, il a contribué à la participation citoyenne et à
la réussite de nos travaux parlementaires.
Étant
tous les deux de grands lecteurs, Christian et moi avons souvent échangé des
livres, notamment des romans policiers de Michael Connelly et Ian
Rankin.
Cher Christian, bonne
retraite et bonne lecture!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Jacques-Cartier. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous cède la
parole.
Souligner le 40e anniversaire
des habitations Hochelaga
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Chers collègues, je suis heureuse de souligner
aujourd'hui les 40 ans d'existence des habitations Hochelaga. Située à
l'intersection des rues Joliette et Sainte-Catherine, cette habitation construite en 1973 est un lieu bien connu du
quartier Hochelaga-Maisonneuve. Accueillant des familles et des
personnes de 60 ans et plus, ces habitations sont l'exemple remarquable d'un
projet intergénérationnel réussi.
Cela
n'est pas étranger aux efforts brillants de l'association de locataires des
habitations Hochelaga. Dynamique et
vivante, l'association de locataires est particulièrement active et a nourri
avec beaucoup de soins la vie communautaire et sociale des habitations
Hochelaga.
Je
rends hommage aujourd'hui à ce milieu de vie hors du commun, tissé serré et
battant. J'en salue les résidents et les
résidentes et souhaite que cette année de l'anniversaire des 40 ans soit
mémorable. Et permettez-moi, M. le Président, de saluer Mireille tout
particulièrement ce matin.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Enfin, Mme la députée de Soulanges.
Rendre hommage à M. Gilles
Farand, ex-maire
de Saint-Clet, à l'occasion de son décès
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. Vendredi, le 13
décembre 2013, Soulanges a perdu un de ses sages. Que ce soit à la commission scolaire ou comme élu
municipal à Saint-Clet, où il a œuvré pendant 25 ans, dont 19 années à titre de maire et deux ans à titre de préfet de
Vaudreuil-Soulanges, M. Gilles Farand a toujours fait preuve de rigueur,
droiture et efficacité. Les Soulangeois
retiendront de lui qu'il était un homme modéré, humble et toujours d'un grand
calme.
M.
Farand, vous n'aviez pas besoin des projecteurs braqués sur vous pour que l'on
ressente votre grand sentiment d'appartenance à votre belle municipalité
de Saint-Clet, au merveilleux comté de Soulanges et à la grande MRC de Vaudreuil-Soulanges. Vous avez été de ces
personnages qui auront su en inspirer plusieurs, dont moi. Vous êtes de
ces hommes qui ont marqué l'histoire de Saint-Clet et de Soulanges. Vous
resterez toujours dans notre mémoire, et les valeurs
que vous avez véhiculées se perpétueront non seulement su sein de votre famille
immédiate, mais au sein de la grande famille de Soulanges. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Soulanges. Cela met un terme à la rubrique Déclarations de
députés.
Mais,
avant de suspendre les travaux, je veux saluer M. le maire de Montréal, qui
nous honore de sa présence. Et je
sais que le président de l'Assemblée nationale vous réservera un accueil
tantôt. Alors, salutations, M. le maire. Voilà.
Alors, je suspends
les travaux de l'Assemblée.
(Suspension de la séance à
9 h 58)
(Reprise à 10 h 14)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence du maire de Montréal, M. Denis Coderre
Je remarque que nous
avons de la visite de Montréal aujourd'hui. M. le maire de Montréal, bienvenue
à l'Assemblée nationale. Si vous continuez de même, nous allons rendre jaloux
notre ami le maire de Québec.
Souligner le 50e anniversaire
du Journal des débats
Avant
de poursuivre les affaires courantes, je tiens à souligner que le Journal des débats célèbre son 50e anniversaire cette
année. En effet, c'est le 14 janvier 1964, lors de l'ouverture de la
troisième session de la 27e législature,
que le premier fascicule du Journal
des débats a été publié. D'abord
consacrée aux débats de l'Assemblée, la transcription intégrale des
délibérations des commissions parlementaires s'est ajoutée l'année suivante.
Alors, voilà pour un
petit rappel de notre histoire, ce qui nous permet d'aussi, en même temps,
saluer et remercier tous les gens qui travaillent au Journal des débats
et aussi au journal des commissions.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Bonjour, M. le Président. Je ne sais pas si ça va rendre jaloux le maire de
Québec, mais nous avons… Je vous demanderais aussi d'appeler l'article b de
notre feuilleton.
Projet de loi n° 73
Le Président :
Alors, à l'article b du feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire
présente le projet de loi n° 73 concernant l'inspecteur général de la
ville de Montréal. M. le ministre.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Vous me permettrez de saluer
à mon tour M. le maire de Montréal.
Alors,
ce projet de loi oblige la ville de Montréal à nommer un inspecteur général par
une résolution adoptée, sur la recommandation du maire, aux deux tiers des voix
des membres du conseil.
Le
projet de loi prévoit que l'inspecteur général est nommé pour un mandat de cinq
ans, qui ne peut être renouvelé, et
qu'il exerce ses fonctions de façon exclusive et à temps plein. Il prévoit que
l'inspecteur général bénéficie d'un budget destiné au paiement des
dépenses relatives à l'exercice de ses fonctions.
Le
projet de loi prévoit que l'inspecteur général a le mandat de surveiller les
processus de passation des contrats et l'exécution de ceux-ci par la
ville ou par une personne morale qui lui est liée.
Le projet de loi
mentionne également que l'inspecteur général recommande au conseil toute mesure
visant à prévenir les manquements à l'intégrité dans le cadre de la passation
des contrats par la ville ou dans le cadre de leur exécution de même que toute mesure visant à favoriser le respect des
dispositions légales et des exigences de la ville en matière de passation ou d'exécution de contrats.
Il mentionne que l'inspecteur général surveille l'application de telles mesures. Il mentionne enfin que l'inspecteur
général a pour mandat de former les membres des conseils de même que les
fonctionnaires et employés de la ville afin qu'ils reconnaissent et préviennent
les manquements à l'intégrité et aux règles applicables dans le cadre de la
passation des contrats par la ville ou dans le cadre de leur exécution.
Le
projet de loi prévoit que, dans l'exercice de ses fonctions, l'inspecteur
général a certains pouvoirs lui permettant d'examiner des documents, obtenir des renseignements de la ville, d'une
personne morale qui lui est liée, d'une personne qui est en relation contractuelle avec la ville ou avec une personne
morale qui lui est liée ou d'un sous-contractant de la personne qui est
en relation contractuelle.
Le
projet de loi accorde à l'inspecteur général le pouvoir d'annuler tout
processus de passation d'un contrat de la ville ou de toute personne morale qui lui est liée, de résilier tout
contrat de la ville ou de la personne morale qui lui est liée ou de
suspendre un tel contrat s'il constate le non-respect d'une exigence des
documents d'appel d'offres ou d'un contrat ou que des renseignements donnés
dans le cadre du processus de passation d'un contrat sont faux.
Le
projet de loi prévoit que la décision de l'inspecteur général peut toutefois
être renversée par le conseil ou par le conseil d'administration de la
personne morale.
Le
projet de loi prévoit que toute personne qui communique à l'inspecteur général
des renseignements qu'elle juge pertinents à la réalisation de son
mandat bénéficie de certaines protections visant à assurer son anonymat et
l'absence de mesures de représailles.
Enfin, le projet de loi prévoit que l'inspecteur
général doit effectuer sans délai une dénonciation au Commissaire à la lutte contre la corruption s'il estime qu'une
contravention à une disposition d'une loi fédérale ou du Québec ou à un règlement
pris en application d'une telle loi impliquant de la corruption, de la
malversation, de la collusion, de la fraude ou du trafic d'influence dans,
entre autres, la passation ou l'exécution de contrats pourrait avoir été
commise. Merci beaucoup, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader
de l'opposition.
M.
Moreau : M. le Président, d'abord, d'entrée de jeu, on doit
dire que nous sommes en appui au principe que supporte le texte du
projet de loi. Les notes explicatives sont assez longues; j'imagine qu'il y a
plusieurs articles, également. On va prendre
connaissance du projet de loi. On veut collaborer à une adoption rapide. Je voulais simplement savoir de la part du leader du gouvernement s'il avait arrêté déjà
l'idée de faire ou non des consultations, même si elles devaient être
courtes. Et, si oui, quel est le projet dans son échéancier?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : Donc, tout le monde souhaite que les projets de
loi, effectivement, aboutissent rapidement. Donc, je suis content de voir que l'opposition nous offre
leur collaboration. Alors, je pense, c'est une bonne nouvelle en soi.
Ce
que je voudrais comprendre, c'est : Est-ce qu'il souhaite ou non des
consultations particulières? Parce qu'au moment où on se trouve nous ne souhaitons pas procéder à des
consultations particulières, mais évidemment, si on a la demande des
oppositions, on va le considérer, étant donné notre situation minoritaire. Et,
pour la suite, je donnerai mes indications par la suite aux leaders des deux
oppositions.
Le Président :
M. le leader de l'opposition. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Moreau : Alors, M. le Président, ce qu'on fera, on va prendre connaissance, évidemment, du projet
de loi. Il est déposé ce matin. Je
comprends qu'il y a une ouverture de ce côté-là. L'idée n'est pas
d'avoir des consultations
particulières qui seraient très longues. S'il y en a besoin, on en aura.
Et je comprends qu'on pourra poursuivre nos discussions ensemble. Merci.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe.
M.
Deltell : Il nous
apparaît évident, M. le Président… D'abord, dans
un premier temps, on salue l'initiative
du gouvernement, il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Dans
un second temps, on pense que, oui, des consultations particulières seraient de
mise. M. le maire est ici présent, et je pense
que ce serait intéressant de l'entendre, lui et ses collaborateurs, pour le fond du dossier. Mais il
va falloir agir rapidement, advenant le déclenchement d'une élection hâtive.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Alors, je prends l'offre de consultation rapide. Ce que je tiens à vous dire, à
mon collègue de la CAQ : Il faut se rassurer en même temps, la ville de
Montréal n'est pas sous tutelle, contrairement à ce qu'ils nous demandaient.
Elle a maintenant un maire. Et je pense que la situation va mieux sur l'île
ainsi que dans ses banlieues. Donc, le calme est rétabli. Alors, oui, nous
sommes prêts à le faire dans toute la sérénité pour faire en sorte que nous
adoptions ce projet de loi le plus rapidement possible.
Le
Président : Nous allons profiter du fait que le calme soit
aussi établi à l'Assemblée pour faire en sorte de vous demander si vous
acceptez d'être saisis de ce projet de loi. C'est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. Alors, j'ai Mme la députée de La Pinière.
Mme Houda-Pepin :
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article e du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 491
Le
Président : Alors, à l'article e du feuilleton, Mme la
députée de La Pinière présente le projet de loi n° 491, Loi
sur la neutralité religieuse de l'État et la lutte contre l'intégrisme
religieux et modifiant la Charte des droits et libertés de la personne et la
Loi sur le ministère du Conseil exécutif. Mme la députée de La Pinière.
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin :
M. le Président, permettez-moi tout d'abord de remercier Me René Chrétien,
conseiller spécial du secrétaire général de
l'Assemblée nationale, qui a amorcé avec moi ce travail législatif en 2011,
dans un esprit de neutralité, loin du brouhaha de la charte sur la
laïcité, et qui m'a accompagnée depuis jusqu'à la version finale du projet de
loi que je déposerai dans quelques instants. Merci également pour leur
précieuse collaboration au bureau du secrétaire
général, à la Direction générale des affaires juridiques et parlementaires et à
la Direction générale des affaires institutionnelles et de la Bibliothèque.
M.
le Président, il me fait plaisir de présenter le projet de loi n° 491, Loi
sur la neutralité religieuse de l'État et la lutte à l'intégrisme
religieux et modifiant la Charte des droits et libertés de la personne et la
Loi sur le…
Le Président : Mme la députée, pourriez-vous aller à la présentation du
projet de loi immédiatement, s'il vous plaît?
Mme
Houda-Pepin : M. le Président, j'étais là. Alors donc, je
présente, M. le Président, le projet de loi n° 491, Loi sur la
neutralité religieuse de l'État et la lutte contre l'intégrisme religieux et
modifiant la Charte des droits et libertés
de la personne et la Loi sur le ministère du Conseil exécutif; Bill 491,
An Act respecting the religious neutrality of the State and the fight against religious fundamentalism and to amend
the Charter of human rights and freedoms and the Act respecting the ministère
du Conseil exécutif.
Le projet de loi, M.
le Président, le présent projet de loi modifie la Charte des droits et libertés
de la personne afin d'y prévoir que l'État
est neutre au regard de quelque religion que ce soit et qu'il ne peut,
directement ou indirectement, favoriser ou défavoriser l'exercice d'une
religion. Ce projet de loi modifie en outre la Charte des droits et libertés de
la personne afin qu'elle affirme le droit de toute personne à la neutralité de
l'État envers les religions.
Ce projet de loi impose
à tout employé de l'État l'obligation de faire preuve de neutralité religieuse
dans l'exercice de ses fonctions.
Le projet de loi
interdit à toute personne en autorité contraignante, notamment un juge, un
procureur, un policier ou un agent correctionnel, de porter un signe religieux
ostentatoire dans l'exercice de ses fonctions.
Il interdit en outre
le port du tchador, du niqab et de la burqa par un membre du personnel de l'État.
Le projet de loi
édicte qu'il appartient aux députés, conformément au règlement de l'Assemblée
nationale, de convenir, par l'adoption d'une motion approuvée par les deux
tiers de ses membres, du maintien ou du retrait du crucifix dans la salle de
l'Assemblée nationale ou de son déplacement dans un autre de ses locaux.
Le
projet de loi prévoit que les services de l'État sont donnés et reçus à visage
découvert, sauf en cas de nécessité professionnelle ou pour des raisons
de santé ou de sécurité.
Le projet de loi interdit
à quiconque d'invoquer une conviction religieuse pour contester un programme d'enseignement préscolaire, y compris la
prématernelle, primaire ou secondaire, d'un établissement d'enseignement
de l'État ou pour refuser de s'y conformer. Il est interdit en outre, pour les
mêmes motifs, de soustraire un enfant de l'obligation de la fréquentation
scolaire.
Le projet de loi interdit à quiconque d'exiger
que la manière de recevoir un service de l'État soit basée sur sa conviction ou
sur son appartenance religieuse, notamment en ce qui a trait au genre de
l'employé de l'État.
Le projet de loi interdit
la ségrégation basée sur l'identité sexuelle ou sur l'appartenance religieuse
dans un organisme de l'État.
Le projet de loi prévoit que le droit d'invoquer
la neutralité religieuse de l'État ne peut toutefois porter atteinte à l'exercice d'une religion au bénéfice
d'une personne en fin de vie ou
interdire un service d'accompagnement religieux pour une personne
emprisonnée ou mineure placée dans un établissement de l'État.
Le projet de loi prévoit qu'une décision à portée juridique rendue par quelque
personne ou organisme que ce soit sur la base d'une conviction,
d'une appartenance ou d'un texte religieux n'est valide si elle contrevient à
une règle de droit dans quelque domaine que ce soit, notamment en ce qui a
trait à l'égalité entre les femmes et les hommes.
Il prévoit de
même que nul ne peut célébrer un mariage religieux à moins qu'il ne respecte
l'âge légal du mariage, l'égalité juridique des époux et leur libre
consentement, sous peine d'une nullité du mariage et de la révocation par l'État
de l'autorisation de célébrer des mariages.
Le projet de loi prévoit que la pratique de la
polygamie est interdite à toute fin que de droit.
Il édicte en outre que les mutilations génitales
féminines pratiquées à des fins non thérapeutiques, notamment l'excision, sont
interdites.
Le projet de loi prévoit qu'un accommodement
quel qu'il soit n'est pas raisonnable :
1° s'il
ne respecte pas la Charte des droits et libertés de la personne, notamment
l'égalité entre les femmes et les hommes et le principe de la neutralité
religieuse de l'État tel que défini dans la charte;
2° s'il impose à l'État ou à l'une ou l'autre des
parties quelque contrainte indue que ce soit eu égard, entre autres, aux
coûts qui s'y rattachent ou aux droits d'autrui;
3° s'il ne tient pas compte de la protection du
patrimoine culturel et religieux du Québec.
Ce projet de
loi modifie également la Loi sur le ministère du Conseil exécutif afin de
confier au premier ministre le mandat
de procéder à des recherches-actions menées sur le terrain afin d'identifier et
de documenter les manifestations d'intégrisme religieux basées sur
l'instrumentalisation des religions ou sur un code d'honneur.
Le projet de
loi définit l'intégrisme religieux comme une idéologie politique qui tend à
imposer aux individus, à la société et à l'État des pratiques et des
valeurs issues d'une interprétation radicale des religions, notamment les discours portant atteinte au droit à l'égalité
entre les femmes et les hommes et incitant à la discrimination et à la
violence ainsi que la propagande haineuse appelant à la légitimation du crime
en vue de saper les bases de la démocratie et les droits de la personne. Le
projet de loi édicte aussi des dispositions visant à lutter contre l'intégrisme
religieux.
Le projet de
loi impose en outre au premier ministre l'obligation de déposer à l'Assemblée
nationale un rapport annuel contenant les résultats de ces
recherches-actions et de recommander toute mesure législative ou réglementaire
nécessaire à la mise en oeuvre du rapport notamment, s'il y a lieu, l'adoption
de sanctions appropriées, telles que la révocation de l'enregistrement d'un organisme
de bienfaisance au terme de la Loi sur les impôts.
Il impose en outre au premier ministre
d'instituer à ces fins par voie législative ou réglementaire un centre de
recherche-action sur les intégrismes religieux et leurs impacts sur la
démocratie, les droits de la personne et les droits de la jeunesse.
Le projet de loi prévoit enfin que les sommes
nécessaires à son application sont prises sur les crédits alloués annuellement
par le Parlement. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Merci. Alors,
est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader.
• (10 h 30) •
M.
Bédard :
À ce moment-ci, par respect pour le travail qui a été fait par la députée, je
demanderais le vote sur le dépôt, M. le Président.
Le
Président : Alors, nous allons procéder… Tout d'abord, est-ce
qu'on peut appeler les députés? Est-ce que les whips sont prêts? Ça va?
Des voix : …
Le Président : MM. les whips,
vous êtes prêts? Non? Oui? Oui. O.K. Alors, nous allons procéder à la mise aux
voix de la motion présentée par Mme la députée de La Pinière proposant que
l'Assemblée soit saisie du projet de loi
n° 491, Loi sur la neutralité
religieuse de l'État et la lutte contre l'intégrisme religieux et modifiant la
loi... la Charte, c'est-à-dire, des droits et libertés de la personne et
la Loi sur le ministère du Conseil exécutif.
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : Mme Houda-Pepin (La Pinière), Mme
Marois (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bédard (Chicoutimi), M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Maltais
(Taschereau), M. Duchesne (Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M. Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M. Hébert
(Saint-François), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Trottier (Roberval), Mme Richard (Duplessis), M. Ferland
(Ungava), M. Drainville (Marie-Victorin),
Mme De Courcy (Crémazie), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Champagne (Champlain),
M. Lelièvre (Gaspé), M. Gaudreault (Jonquière), M. Kotto (Bourget), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. St-Arnaud
(Chambly), M. Dufour (René-Lévesque), Mme Ouellet (Vachon), M. Lisée
(Rosemont), M. Blanchet (Johnson), Mme
Hivon (Joliette), M. Breton (Sainte-Marie—Saint-Jacques), Mme Beaudoin (Mirabel), M. McKay
(Repentigny), M.
Bureau-Blouin (Laval-des-Rapides), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Pagé
(Labelle), M. Traversy (Terrebonne), Mme Larouche (Abitibi-Est), Mme
Bouillé (Iberville), M. Pelletier (Rimouski), Mme Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve (Berthier), M. Pelletier
(Saint-Hyacinthe), M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin (Sherbrooke), M. Therrien
(Sanguinet), M. Roy (Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer
(Deux-Montagnes), M. Richer (Argenteuil).
M. Couillard (Outremont), M. Moreau
(Châteauguay), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Billette (Huntingdon), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), Mme St-Amand (Trois-Rivières), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), M.
Ouimet (Fabre), M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallières (Richmond), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Gaudreault (Hull), Mme Blais
(Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Bolduc (Jean-Talon), Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel),
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Ménard (Laporte), Mme Boulet
(Laviolette), M. Carrière (Chapleau), M. Gautrin (Verdun), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Diamond (Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Reid (Orford), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), Mme Vallée (Gatineau), M. Bergman (D'Arcy-McGee), M.
Marsan (Robert-Baldwin), M. Marcoux (Vaudreuil), Mme L'Écuyer (Pontiac),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Bolduc (Mégantic), M. Rousselle
(Vimont), M. Heurtel (Viau).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), Mme Daneault (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy
(Montarville), M. Dubé (Lévis), M. Caire (La Peltrie), M. Lévesque
(Vanier-Les Rivières), Mme St-Laurent (Montmorency), M. Duchesneau
(Saint-Jérôme), Mme Roy (Arthabaska), M. Le Bouyonnec
(La Prairie), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Trudel
(Charlesbourg), M. Marcotte (Portneuf), M. Spénard (Beauce-Nord).
M.
Ratthé (Blainville), Mme David (Gouin), M. Khadir (Mercier).
Le Président :
Est-ce qu'il y a des députés qui sont contre cette motion? Est-ce qu'il y a des
abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 115
Contre : 0
Abstentions : 0
Le Président :
Alors, la motion est adoptée. L'Assemblée est donc saisie du projet de loi
n° 491.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre de l'Enseignement supérieur.
États financiers de la Fondation universitaire de
l'Université de Montréal et de la Fondation universitaire
de l'École des hautes études commerciales de Montréal
M. Duchesne : Oui. M. le Président, je dépose les... J'ai l'honneur, en fait, de déposer les états
financiers de la fondationuniversitaire
de Montréal et les états financiers de la Fondation universitaire de
l'École des hautes études commerciales de Montréal.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Rapport annuel de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant
Pour ma part, je
dépose le rapport d'activité 2012‑2013 de la Fondation
Jean-Charles-Bonenfant.
Textes de loi adoptés par les membres du Forum étudiant,
du Parlement des jeunes et du Parlement jeunesse
Et
je dépose également les textes de loi adoptés par la
22e législature du Forum étudiant, la
12e législature du Parlement des jeunes ainsi que par la 64e législature du Parlement jeunesse du Québec.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
Alors, à la rubrique Dépôt des pétitions,
j'ai Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne en
premier.
Interdire
l'instauration d'une mesure visant à diminuer
le temps de séjour des personnes âgées à l'hôpital
Mme
Blais : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par
1 428 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant que l'Agence de la santé et de
services sociaux de Montréal va bientôt exiger que les personnes âgées soient retournées à domicile, dans un délai
maximum de huit jours suivant l'obtention de leur congé, suite à une hospitalisation dans un centre de la santé et des services sociaux ou centre hospitalier, sous
peine de recevoir une amende;
«Considérant que les personnes aînées seront
[...] bousculées et précipitées hors de l'hôpital;
«Considérant
que les services à domicile sont actuellement insuffisants pour répondre aux
besoins et que les délais d'attente pour recevoir des soins à domicile sont
déjà trop longs — jusqu'à
trois ans dans certains cas;
«Considérant que cette mesure aura pour effet de
porter atteinte à l'intégrité physique, à la sécurité et à la santé des
personnes concernées;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec d'interdire à l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal
d'instaurer cette mesure.»
Je certifie que cet extrait est conforme au
règlement et à l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. Mme la députée de
Gatineau.
Mettre en vigueur
l'article du Code de la sécurité
routière permettant l'utilisation du gyrophare vert amovible
Mme Vallée : M. le Président,
alors je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,signée par
2 775 pétitionnaires. J'aimerais saluer la présence dans les tribunes
d'une délégation de pompiers volontaires de la circonscription de
Gatineau et d'ailleurs au Québec. Alors, messieurs, vous êtes salués.
Donc : désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plusieurs communautés du Québec dépendent des pompiers volontaires pour
assurer la sécurité incendie de leur territoire et le respect de leur
schéma de couverture de risque;
«Considérant
que le gyrophare vert amovible placé sur le véhicule personnel du pompier
volontaire augmente la visibilité et la sécurité des pompiers
volontaires répondant à un appel d'urgence;
«Considérant que le gyrophare vert amovible
placé sur le véhicule personnel du pompier réduit le temps de réponse en
facilitant le déplacement des pompiers volontaires répondant à un appel
d'urgence;
«Considérant que
l'article 27 du projet de loi n° 55, [loi modifiant le
nouveau] Code de la sécurité routière et d'autres dispositions législatives,
insère, dans le Code de la sécurité routière,
l'article 226.2 autorisant l'utilisation et énonçant les conditions
d'utilisation du gyrophare vert amovible;
«Considérant
que l'article 226.2 du Code de
la sécurité routière n'est toujours pas en vigueur, malgré l'adoption de
la Loi modifiant de nouveau le Code de la sécurité routière et d'autres dispositions législatives le 11 juin 2008;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, citoyens et citoyennes du Québec,
demandons au gouvernement du Québec de mettre en
vigueur l'article 226.2 du Code de la sécurité routière permettant
l'utilisation du gyrophare vert amovible.»
Et je certifie que cet extrait est conforme au
règlement et à l'original de la pétition.
• (10 h 40) •
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. M. le
député de Mercier.
Divulguer les documents
d'analyse relatifs
à l'Accord économique et commercial global
et tenir un débat public à ce sujet
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
4 216 pétitionnaires. Et j'en profite pour souligner la présence de Mme
Dominique Bernier, représentant le RQIC dans les tribunes, ici, le réseau québécois.
M. le Président :
«Attendu que le principe sur l'Accord économique et commercial
global — l'AECG — entre
le Canada et l'Union européenne, dans lequel Québec
a été étroitement impliqué;
«Attendu le secret entourant le contenu des négociations;
«Attendu que 80 % des marchés publics
devront faire l'objet d'appels d'offres auxquels pourront participer des entreprises européennes et que, de ce fait,
des milliers de contrats provinciaux et municipaux pourront être
remportés par ces dernières, ce qui diminuera d'autant les possibilités de
stimuler l'économie locale et régionale;
«Attendu l'augmentation de la durée de
protection des brevets pharmaceutiques et la hausse anticipée du prix des
médicaments qui va en découler;
«Attendu l'entrée massive au pays de 17 700
tonnes supplémentaires de fromages européens infligeant une concurrence fatale
aux producteurs québécois et que les compensations promises par le gouvernement
conservateur de Stephen Harper à ces producteurs proviendront de la poche des
contribuables;
«Attendu que les multinationales européennes
pourront poursuivre nos gouvernements s'ils adoptent des politiques favorisant
le développement local ou protégeant l'environnement, lesquelles pourraient
porter atteinte à leur potentiel de profits;
«Attendu qu'il n'est prévu qu'une
période de débat d'au moins deux heures — deux heures — avant l'adoption par l'Assemblée
nationale de tout accord commercial et que cela est nettement insuffisant;
«L'intervention
réclamée [par le Réseau québécois d'intégration continentale, le RQIC] se
résume ainsi :
«Nous, citoyennes et
citoyens, demandons au gouvernement du Québec :
«De divulguer
immédiatement les textes et les documents d'analyse relatifs à l'AECG; et
«De
créer les conditions qui rendront possible la tenue d'un débat public ouvert et
inclusif, notamment par des consultations publiques élargies et une
commission parlementaire.»
M. le Président, je
certifie que cet extrait est conforme au règlement et à l'original de la
pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé.
J'inviterais maintenant M. le député de Laval-des-Rapides.
Majorer
les prestations d'adoption à un total maximal
de 55 semaines partagées entre les adoptants
M.
Bureau-Blouin : Merci beaucoup, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
10 800 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les enfants adoptés, en raison du fait qu'ils ont d'abord connu une rupture
avec leurs parents biologiques et
souvent vécu des transitions dans différents milieux, ont des besoins
spécifiques en matière d'attachement;
«Considérant
que les experts en adoption recommandent que les enfants adoptés demeurent avec
leurs parents adoptants pour au moins un an avant de fréquenter un
service de garde;
«Considérant
que les adoptants n'ont droit qu'à un maximum de 37 semaines de
prestations partagées entre les parents suite à l'arrivée de leur
enfant;
«Considérant
que plusieurs adoptants sont contraints de prolonger leur congé sans solde pour
permettre à leur enfant de s'attacher et s'adapter adéquatement;
«Considérant
que le Régime québécois d'assurance parentale "vise à soutenir
financièrement les nouveaux parents, à les encourager dans leur désir d'avoir
des enfants et à les soutenir dans leur volonté de consacrer plus de temps à
leurs enfants dans les premiers mois de leur vie";
«Considérant
que les parents biologiques ont droit à des prestations pouvant atteindre un
maximum de 55 semaines;
«Considérant
qu'une bonification des prestations d'adoption équivalente à celles des parents
biologiques aurait un impact minime sur le financement du RQAP, car les
adoptions locales et internationales représentent moins de 1 % des
réclamations;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons que les enfants adoptés bénéficient des mêmes chances de
se développer sainement que les autres enfants et que les prestations
d'adoption soient majorées à un total maximal de 55 semaines partagées entre
les adoptants.»
Je certifie que cet
extrait est conforme au règlement et à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu, de la part de M. le député
de Beauce-Sud, la demande de dépôt d'une pétition non conforme. Est-ce que j'ai
un consentement? Consentement. M. le député de Beauce-Sud.
Prendre des mesures pour
lutter contre le tabagisme
M. Dutil :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale signée par 1 000 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyens du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie
du tabac, avec des produits colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande
partie d'entre eux [sont] fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que pour
chaque fumeur qui écrase un jeune devient accroc;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an, 95 % des adolescents
baissent les brais et continuent de fumer;
«Considérant que le
tiers des jeunes entre 18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10
ans le tabac a tué 100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de
dollars à notre société;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à
l'Assemblée nationale du Québec d'interdire les saveurs — y comprisle menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant l'interdiction de cigarettes avec
un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir la cigarette
électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu une demande, de M. le député de Granby, de la même nature. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement.
M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 994 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie
du tabac, avec des produits colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande
partie d'entre eux seront fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour
chaque fumeur qui écrase, un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents baissent les bras et continuent
de fumer;
«Considérant que le tiers des jeunes entre 18 et
24 ans sont fumeurs;
«Considérant que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10 ans le tabac a tué
100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de dollars à notre société;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Les
signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée nationale du Québec
d'interdire les saveurs — y comprisle
menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant l'interdiction des cigarettes
ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir la
cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Mme la députée de Gatineau
a une pétition qui demande un consentement. Consentement? Consentement. Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Alors, M.
le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 667 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec de la circonscription de Gatineau.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie
du tabac, avec des produits colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande
partie d'entre eux seront fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour
chaque fumeur qui écrase, un jeune devient accro;
«Considérant qu'après avoir essayé d'arrêter
pendant un an 95 % des adolescents baissent les bras et continuent de
fumer;
«Considérant que le tiers des jeunes entre 18 et
24 ans sont fumeurs;
«Considérant que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10 ans le tabac a tué
100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de dollars à notre société;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Les
signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée nationale du Québec
d'interdire les saveurs — y compris le
menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant l'interdiction des cigarettes
ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir la
cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original
de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai aussi M. le député de Saint-Jean qui demande le dépôt d'une pétition non
conforme. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 2 205
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie
du tabac, avec des produits colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande
partie d'entre eux seront fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour
chaque fumeur qui écrase, un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents baissent les bras et continuent
de fumer;
«Considérant que le tiers des jeunes entre 18 et
24 ans sont fumeurs;
«Considérant que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10 ans
le tabac a tué 100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de dollars à
notre société;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Les
signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée nationale du Québec
d'interdire les saveurs — y
comprisle menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits de tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant
l'interdiction des cigarettes avec un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et
d'assujettir la cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci beaucoup, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. M. le député de Terrebonne a demandé aussi de
déposer une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement.
M. le député de Terrebonne.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. J'aimerais dédier cette pétition à une dame tout aussi non conforme,
Mme Caroline Richer, qui a commencé à fumer jeune, mais qui a arrêté à l'âge de
43 ans.
Je dépose donc l'extrait d'une pétition adressée
à l'Assemblée nationale, signée par 1 016 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits évoqués sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes
s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils sont recrutés activement
par l'industrie du tabac avec des produits colorés, aromatisés, branchés;
qu'une grande partie d'entre eux seront fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le [...] tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis six ans,
avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour chaque
fumeur qui écrase, un jeune devient accro;
«Considérant[…],
après avoir arrêté pendant près d'un an, 95 % des adolescents baissent les
bras et continuent de fumer par la suite;
«Considérant que le tiers des jeunes âgés entre
18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant
que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10 ans le tabac a tué
100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de dollars à notre société;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Les
signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée nationale du Québec
d'interdire les saveurs — y comprisle menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits de tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant
l'interdiction des cigarettes ayant un
diamètre de moins de 7,5 millimètres — et
d'assujettir la cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Nous avons dépassé le 15 minutes alloué
par notre règlement pour les
pétitions. Il nous reste deux pétitions. De deux choses, l'une : ou nous
avons un consentement pour entendre les deux dernières pétitions ou… Consentement? Alors, consentement pour Mme
la députée de Montarville pour nous déposer sa pétition
qui est non conforme. Donc, j'ai un consentement aussi pour le dépôt,
j'imagine. Alors, oui.
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. On dit qu'en politique ça prend de la
répétition pour que le message passe.
Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 004 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes
s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils sont recrutés activement
par l'industrie du tabac, avec des produits
colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande partie d'entre eux seront
fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour
chaque fumeur qui écrase, un jeune devient accro;
«Considérant qu'après avoir essayé d'arrêter
pendant un an 95 % des adolescents baissent les bras et continuent de
fumer;
«Considérant que le tiers des jeunes de 18 à 24
ans sont fumeurs;
«Considérant
que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10 ans le tabac a tué
100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de dollars à notre société;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à
l'Assemblée nationale d'interdire les saveurs — y compris le menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant
l'interdiction des cigarettes ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et
d'assujettir la cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le
Président : L'extrait
de cette pétition est déposé. Finalement, M. le
député de Nicolet-Yamaska nous demande le dépôt d'une
pétition non conforme. M. le député… Est-ce que j'ai un consentement?
Consentement. M. le député, nous vous écoutons.
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 1 305 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque
année; qu'ils sont recrutés activement par l'industrie du tabac, avec des produits colorés, aromatisés et branchés;
qu'une grande partie d'entre eux seront fumeurs pour de nombreuses
années;
«Considérant que le
taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis six ans, avec
1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que, pour chaque fumeur qui
écrase, un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents
baissent les bras et continuent de fumer;
«Considérant que le
tiers des jeunes entre 18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant que le tabac est responsable de 30 % de tous
les cancers et que c'est la première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en
10 ans le tabac a tué 100 000 Québécois et a coûté 40 milliards
de dollars à notre société;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée nationale du Québec d'interdire les saveurs — y
compris le menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant
l'interdiction des cigarettes ayant un diamètre inférieur à
7,5 millimètres — et
d'assujettir la cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales. Je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Présentation
d'un budget avant la tenue d'élections générales
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Merci, M. le Président. S'il y a un mot qui résume le climat économique
qu'un gouvernement doit créer, c'est
le mot «confiance» : confiance des consommateurs, qui se sont fait dire
qu'ils épargnent trop; confiance des
investisseurs, et on sait que l'investissement privé est en chute libre au
Québec. Et il y a la confiance des prêteurs. On sait, le gouvernement du Québec doit aller chercher des milliards
de dollars chaque année sur les marchés financiers, et bien sûr ça a un
coût, c'est le pourcentage d'intérêt. C'est exactement comme nous autres quand
on va emprunter à la banque : le gérant
nous rencontre, décide si on est fiable, pas fiable, s'il peut avoir confiance,
puis il détermine le coût d'intérêt. L'agence de crédit, c'est
l'équivalent du gérant de banque. Il y a donc des conséquences importantes pour
la famille qui va faire l'emprunt mais également pour le gouvernement et la
population du Québec.
On
le sait, la cote de crédit du Québec est placée maintenant sous surveillance,
sous perspective négative. Ça, c'est l'équivalent du gérant de banque
qui vous téléphone puis qui vous dit : Viens me voir, je voudrais te
parler de ton prêt. En général, ce n'est pas une bonne journée.
Hier,
j'ai demandé à la première ministre si elle s'engageait à déposer un budget en
bonne et due forme, incluant un budget
de dépenses, avant qu'elle ne déclenche des élections. On l'a constaté, il n'y
a pas eu de réponse. Ce matin, on apprend
qu'il y aura peut-être un budget mais un budget léger. Ce n'est pas sérieux, M.
le Président, pas sérieux du tout.
La
première ministre convient-elle avec nous que cela ne suffira pas à maintenir
la confiance, d'autant plus que le ministre
des Finances lui-même a dit : On n'est pas bons? Oui ou non, encore une
fois, M. le Président, oui ou non — assez de faux-fuyants — la
première ministre s'engage-t-elle à déposer un budget complet…
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme
Marois :
Merci…
Le Président :
Comme quoi l'âne le plus bête ne se cogne pas deux fois la patte sur la même
roche. Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Merci, M. le Président. La confiance, c'est aussi un gouvernement intègre,
c'est aussi la lutte contre la corruption,
M. le Président, et le chef de l'opposition officielle se souviendra que cela
aura pris des dizaines de questions,
d'interventions ici, à l'Assemblée nationale, pour qu'enfin son gouvernement,
le gouvernement dans lequel il était, accepte enfin de tenir une
commission d'enquête sur ces problèmes qui minent la crédibilité et la
confiance de tout le monde, M. le Président, pas seulement des investisseurs.
Maintenant,
je trouve que c'est un peu exagéré, ce que dit le chef de l'opposition à ce
moment-ci. D'abord, cinq agences de crédit ont confirmé la cote de crédit du
Québec, M. le Président. En plus, il faut savoir que, sur les marchés actuellement, nous sommes en avance sur
les emprunts auxquels nous avons procédé, et, à chaque fois que nous émettons des obligations, que ce soit sur le
marché européen ou ailleurs, ça part comme des petits pains chauds, M.
le Président. C'est la stricte réalité. Ils doivent avoir confiance, ces
gens-là doivent avoir confiance quelque part.
Par ailleurs, M. le
Président, je voudrais corriger l'intervention du chef de l'opposition
officielle, puisque les investissements des
entreprises en 2012 et en 2013 atteignent littéralement un sommet, M. le
Président. Alors, c'est faux que de
dire qu'il n'y a pas d'investissement privé actuellement au Québec. Au
contraire, on a augmenté, ces investissements ont été augmentés dans les
dernières années, dans les deux dernières années, M. le Président. Et
actuellement il y a 4 millions de travailleurs au travail…
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
…de personnes au travail, M. le Président. Un record absolu, M. le Président.
• (11 heures) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, tout le monde l'aura constaté, on
n'a toujours pas de réponse à la question très simple qui a été posée à la
première ministre.
M.
le Président, on a appris par une demande d'accès à l'information que le
ministre des Finances a rencontré à New
York l'agence Fitch le 10 décembre dernier, soit deux semaines après le
dépôt de sa mise à jour. En général, quand on va là, on prend un
engagement ou des engagements.
Quels engagements la
première ministre, son gouvernement et le ministre des Finances ont-ils pris
avec les agences de crédit? Et quel sera
l'impact de ces engagements sur notre niveau de vie, sur les personnes vulnérables
et les enfants dans nos écoles?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
C'est un engagement à l'égard des Québécois et des Québécoises que nous avons pris, M. le Président, et c'est de ne pas faire ce que faisait
l'ancien gouvernement, c'est-à-dire que nous, nous contrôlons nos
dépenses. Cela n'est jamais arrivé depuis 10 ans.
Les faits sont têtus, M. le Président, et ils sont confirmés par le point qui a
été présenté sur la situation économique et budgétaire par le ministre des
Finances en novembre dernier.
D'ailleurs,
il y a ici un petit graphique qui est très éloquent à cet égard pour voir ici
les bâtonnets rouges, où ça, c'est le
dépassement quant aux prévisions de dépenses du gouvernement libéral, M. le
Président. Nous, nous n'agissons pas de cette façon-là...
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
...nous agissons de façon responsable. Nous sommes déterminés à continuer
d'agir de la même façon.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, le Parti québécois a une grande expérience des menaces de décote. En 1982, ça a fini par une coupure de 20 % dans les
conventions collectives des employés de l'État. En
1996, ça a fini par les mises à la retraite et
les coupes massives. Et le même scénario, le même scénario se répète actuellement.
Peut-elle s'engager à
ne pas plonger le Québec dans les ténèbres encore une fois comme elle l'a fait
en 1996?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, M. le Président, je vais redire au chef de l'opposition ce que je lui ai
répondu hier. J'ai demandé au ministre des
Finances de travailler sur le budget, c'est ce qu'il fait à l'heure actuelle,
la préparation d'un budget. Et
normalement, au printemps, ce budget est déposé, et il le sera, M. le
Président, bien évidemment. Le chef de l'opposition n'a absolument pas à
s'inquiéter.
Mais,
s'il veut parler de ténèbres, par exemple, moi, je peux en parler. Nous sommes sortis de 10 ans de
ténèbres du gouvernement libéral, M. le
Président. Est-ce que vous êtes conscient, M. le Président, que c'est sous un
gouvernement du Parti québécois...
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois : ...qu'on
a redressé les finances publiques, ce que n'a pas fait le gouvernement libéral,
M. le Président?
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, le
gouvernement ne cesse de répéter que la situation catastrophique dans laquelle les finances publiques du Québec sont
plongées est due à la baisse des revenus de l'État; c'est vrai. Mais la
première ministre dit qu'elle n'a pas de
contrôle sur les revenus; c'est faux. On vient
de le dire, c'est la confiance qui est au
coeur des décisions d'emploi, d'investissement, c'est
ça qui crée des jobs, c'est ça qui met de l'argent dans les caisses du
gouvernement.
La première
ministre convient-elle qu'elle n'a posé aucun geste pour augmenter les revenus
de l'État depuis son arrivée au gouvernement?
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois :
Je pense qu'on ne vit pas sur la même planète, là, M. le Président. En octobre
dernier, nous avons présenté une politique économique audacieuse dont
l'objectif est d'accroître les investissements privés, d'améliorer la
productivité des entreprises, de nous assurer qu'au niveau des biens produits
au Québec on puisse les exporter sur l'ensemble des marchés, M. le Président, une politique
audacieuse en matière d'électrification des transports. Il n'y avait pas
eu de politique industrielle présentée sous
l'ancien gouvernement, il s'était même perdu 150 000 emplois dans le
secteur manufacturier, M. le Président. Ça,
c'était le résultat de la gestion du gouvernement du Parti libéral qui nous a
précédés. Je suis déterminée à agir sur l'emploi. Nous l'avons fait et nous le
ferons...
Le Président : Principale,
Mme la députée de Laporte.
Contrôle des dépenses
publiques
Mme
Nicole Ménard
Mme Ménard : La première
ministre a tristement admis qu'elle n'a aucun contrôle sur les revenus. On sait
aujourd'hui qu'elle a aussi perdu le
contrôle des dépenses. Son ministre des Finances, lui, a admis s'être trompé
beaucoup en fixant une cible de 1,8 %
de la croissance des dépenses. Les dernières données nous indiquent que la
croissance des dépenses est à
3,1 %, une erreur de plus de 60 %, soit 830 millions de dollars.
On comprend qu'il ait admis qu'il s'était trompé beaucoup. Et, pour
comble, depuis octobre, c'est plus de 900 annonces à saveur électorale qui
continuent de creuser le déficit.
Comment la
première ministre peut-elle justifier la dilapidation de l'argent des Québécois
pour son intérêt électoral? Au final, ce sont les Québécois qui devront
payer la note, et ils vont la payer longtemps.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Ce qu'on
paie actuellement, M. le Président, c'est l'inaction libérale au niveau de la
politique économique. Il n'y avait pas de politique industrielle, il n'y avait
pas de politique économique. Et il faudrait que la critique parle un peu à son chef parce que, là, elle nous dit qu'on fait
des annonces pour créer de l'emploi puis lui, il nous reproche de ne pas en faire assez. Alors, il
faudrait... Comment… Moi, je les invite à se parler un peu plus. Je suis
convaincu qu'elle ne sera pas exclue du caucus si elle le fait. Mais ça serait
important qu'ils se parlent pour avoir au moins une première ligne cohérente du
Parti libéral. Mais j'aimerais aussi qu'elle parle à son chef.
Nous, on a
misé sur la croissance et la création d'emplois. Le chef du Parti libéral ici,
en cette Chambre, enfin, nous a dit, au début, qu'il ne souhaitait pas
un retour à l'équilibre avant quatre ans, il a dit, après ça, que c'était
peut-être deux ans et, pas plus tard que la semaine dernière, là il nous dit
qu'il souhaite un retour à l'équilibre dès maintenant.
On sait qu'il souhaite augmenter les taxes.
Alors, j'aimerais savoir...
Des voix : …
M.
Bédard : Il l'a
dit : Je veux augmenter les taxes. Il nous a dit ça au mois d'août. Alors,
j'aimerais savoir, de la critique : Quelles taxes veut-elle augmenter?
Est-ce que c'est encore un point de TVQ, comme ils l'ont fait à deux reprises,
M. le Président?
Des
voix : ...
Le Président : Je voudrais juste avertir que c'est un peu trop bruyant.
Veuillez terminer et conclure, M. le ministre.
Des voix :
…
M.
Bédard :
C'est vrai que ce n'est pas intéressant à écouter, mais c'est la stricte
vérité. Nous avons... Le Parti libéral a augmenté...
Le Président :
En terminant.
M.
Bédard :
...pour 6 milliards de taxes, d'impôts et de tarifs.
Le Président :
Bon!
M.
Bédard :
Où...
Le Président :
Mme la ministre... Mme la députée…
Des voix :
…
Le Président :
Mme la députée de Laporte, en complémentaire.
Mme Nicole Ménard
Mme Ménard :
Il posera des questions quand il sera de ce côté-ci.
Alors,
une explosion de dépenses de 830 millions de dollars. Ce gouvernement
dépense sans compter à des fins électorales. Ce gouvernement coûte très
cher à la population du Québec. Contrairement à sa ministre de la Politique industrielle, qui disait que moins elle en sait,
mieux elle se sent, les Québécois, eux, veulent savoir l'état des finances
publiques, et ce qu'ils sentent, eux, c'est qu'ils vont devoir payer, et pour
longtemps.
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, nous ne ferons pas ce qu'a fait
l'ancien gouvernement libéral. Lors de la dernière campagne, ils ont représenté aux gens de la
Mauricie qu'ils allaient investir dans Gentilly, alors qu'ils savaient très
bien que ce n'était pas rentable de le faire et qu'Hydro-Québec recommandait
plutôt le déclassement. Ils l'ont fait en toute conscience, M. le Président.
C'est ce que nous nous sommes engagés à ne pas faire.
Ce
que nous avons fait, nous avons donné l'heure juste aux gens de la Mauricie.
Nous sommes allés, d'ailleurs, en Mauricie,
la semaine dernière, et nous avions pris l'engagement, il y a un an et demi, de
faire un fonds de développement pour
stimuler la croissance économique. Et maintenant on nous reproche de stimuler
cette croissance, M. le Président? Nous respectons nos engagements, et
ces engagements, ils sont budgétés à l'intérieur d'un budget qui se tient…
Le Président :
Complémentaire... Principale, M. le chef de l'opposition.
Perte
pour Papiers forestiers Résolu de
certificats du Forest Stewardship Council
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, avec des milliers d'emplois et près de
600 millions de dollars de retombées économiques dans la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la compagnie forestière Résolu est un acteur économique incontournable; je pense qu'on s'entend là-dessus. En décembre,
malheureusement, l'entreprise a perdu les certificats du Forest
Stewardship Council, FSC, avec la conséquence directe qu'elle ne peut vendre de
produits estampillés avec ce certificat à ses clients.
Les
points en litige dépendent d'actions concrètes du gouvernement du Québec :
les communautés autochtones et le
caribou forestier. Les travailleurs et les familles sont inquiets. Il y a des
milliers d'emplois, il y a plus d'un million de mètres cubes de bois en jeu. J'ai moi-même rencontré à Saint-Félicien
les représentants des travailleurs, M. le Président. Depuis décembre,
rien n'a été fait.
Qu'attend la première
ministre pour agir afin de protéger les emplois dans notre région?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Bien, je demande l'appui du chef de l'opposition officielle, M. le Président,
pour dénoncer la décision du ministre des Finances, à Ottawa, qui a décidé de
mettre des centaines de millions de dollars encore une fois, 500 millions — c'est bien ça, M. le ministre des
Finances? — dans
l'industrie de l'automobile, alors qu'il n'en met même pas 90 millions dans la forêt, M. le
Président. Ça, c'est notre argent qu'on envoie à Ottawa puis qui s'en va
ailleurs plutôt que de revenir chez nous. J'espère que je vais avoir l'appui du
chef de l'opposition officielle, M. le Président.
Deuxièmement…
Des voix :
…
• (11 h 10) •
Mme
Marois : Deuxièmement, je suis très sensible à ce que soulève le chef de l'opposition officielle. D'ailleurs, actuellement, nous sommes en
discussion avec Résolu et nous arriverons prochainement, je crois,
à une solution positive, favorable pour l'emploi, pour l'emploi de
toutes les régions du Québec. Parce qu'il faut savoir que Résolu n'est pas
seulement au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Vous le savez, Résolu est sur la Côte-Nord, Résolu est même dans mon propre
comté, hein, et dans l'Outaouais.
Donc,
je suis très consciente des difficultés soulevées par Résolu. Les marchés ont
été très difficiles depuis quelques années. Et donc nous avons... et
nous sommes en... Nous avons discuté et nous continuons d'être en discussion
avec l'entreprise pour trouver une solution adéquate qui va protéger les
emplois et va permettre même de les développer.
Je
rappellerai aussi au chef de l'opposition officielle que nous avons tenu un
sommet, il y a quelques mois, qui a été très productif, très intéressant
et très stimulant pour l'économie et l'industrie de la forêt au Québec, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, ce sont les réponses habituelles de ce
gouvernement. D'abord, c'est la faute des
autres : les libéraux, les fédéraux. Pourquoi pas El Niño la prochaine
fois? Et ensuite on passe aux groupes de travail et aux comités. On
passe aux comités, on fait des groupes de travail.
C'est
maintenant, M. le Président, que les travailleurs et leurs familles ont besoin
d'une réponse. C'est maintenant qu'on a besoin d'une action. Pourquoi la
première ministre refuse-t-elle d'agir dans ce dossier qui est crucial pour des
milliers de familles au Québec?
Le Président :
Mme la Présidente.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Je suis très inquiète de l'attitude du chef de
l'opposition officielle, M. le Président, qui semble cautionner la position d'Ottawa. Est-ce que c'est
ça qu'il m'a dit, M. le Président, qu'il cautionne les décisions
d'Ottawa qui nous prive de sommes
importantes qui devraient revenir pour les forêts, M. le Président, pour la
recherche et le développement, pas passer directement au-dessus de la
tête des Québécois, M. le Président? Nous payons des taxes à Ottawa, et elles
doivent nous revenir, et en particulier lorsque c'est important qu'elles
reviennent dans l'économie, dans l'emploi.
Maintenant...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Louis-Hébert.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Trop bruyant à ma gauche, là. Mme la première ministre.
Mme
Marois : Maintenant,
je remercie le chef de l'opposition
officielle de se préoccuper de la situation
de Résolu, et c'est normal, je crois, qu'il le fasse...
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
...mais je veux le rassurer, nous nous en sommes occupés depuis déjà un long
moment.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, ce
qui est triste, c'est qu'il y a cinq députés et trois ministres dans cette
région qui n'ont rien fait pour régler le dossier.
Et
je vais le dire de façon très précise et j'espère avoir la même précision dans
la réponse de la première
ministre : On est préoccupés par le caribou forestier, par les
aires protégées, mais, soyons clairs, nous ne sacrifierons pas un seul
emploi forestier, pas un seul. La première ministre peut-elle prendre le même engagement?
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : M. le
Président, ils ont été...
Des voix : ...
Mme
Marois : ...ils ont été au gouvernement pendant presque
10 ans. Tous les jours… enfin, quelques
fois par semaine, il y avait le député de Roberval qui se levait pour poser des questions
aux différents ministres qui ont occupé la fonction sans jamais de réponse sur la question de la forêt pendant qu'Ottawa
mettait des centaines de millions, dans
ce cas-là, des milliards dans l'industrie de l'automobile, en Ontario, et qu'il
laissait littéralement tomber le Québec. Où est-ce que vous étiez à ce
moment-là, M. le Président?
Moi, je vais rappeler quelques éléments. Est-ce
que vous étiez pour la Charte du bois? L'avez-vous déposée? L'avez-vous adoptée?
Le Président : En terminant.
Mme
Marois : Non.
Notre gouvernement l'a fait, par exemple, M. le Président. Un sommet sur la
forêt...
Le Président : Principale...
Des voix : ...
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Annonce d'une participation
financière dans
l'entreprise
Ciment McInnis
inc., en Gaspésie
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, la médaille d'or pour la
pire annonce électoraliste depuis plusieurs années revient à la première ministre pour
la cimenterie McInnis en Gaspésie. M. le Président, 450 millions d'argent
public pour créer peut-être 400 emplois directs et indirects, c'est plus de
1 million de dollars par emploi.
M. le
Président, cette transaction ne fait
pas de sens, ne tient pas la route. D'abord, le ratio investissement-emploi
ne tient pas la route. Deuxièmement, le ratio argent public-argent privé ne
tient pas la route, il y a 70 % de l'argent qui est de l'argent public. Et, M. le Président, même le partage de risques
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral ne tient pas
la route.
M. le
Président, imaginez-vous que, dans la structure de la transaction, le
gouvernement du Québec a accepté que le gouvernement fédéral soit en premier rang. Donc, ça veut dire que, s'il
y a une faillite demain matin, le fédéral se paie, et, s'il reste de l'argent, le gouvernement du Québec
va pouvoir se payer. Je ne sais pas si c'est ça, la gouvernance
souverainiste. Moi, j'appelle ça une mauvaise négociation.
M. le Président, la transaction n'est pas
finalisée, hein? Dans le jargon, elle n'est pas «closée». Est-ce que la
première ministre peut renégocier…
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M.
le Président, je croyais que le plan Saint-Laurent incluait aussi la Gaspésie,
mais j'ai l'impression que ça ne l'intéresse
pas vraiment. Les régions ne l'intéressent pas beaucoup, d'ailleurs, parce
qu'on a vu qu'il n'y était pas allé très
souvent pour aller appuyer les citoyens qui demandent de l'emploi, qui ont
besoin qu'on les soutienne pour que leur économie se redynamise. Et
c'est ce que nous avons fait dans ce projet, qui est un bon projet, qui est un projet dans lequel nous participons, un
projet où nous faisons un prêt avec une bonification du taux d'intérêt, c'est-à-dire que le taux d'intérêt leur coûte plus
cher justement parce qu'il y a un risque et que nous le savons, M. le
Président.
Mais par ailleurs il devrait peut-être parler à
son candidat, le candidat de la CAQ. Je comprends qu'il y a un petit peu de
division chez eux parce que, dans un communiqué, celui-ci nous disait qu'il
était particulièrement… il s'inscrivait… Attention! Il s'inscrivait «en faux
avec la position de son parti concernant le projet de cimenterie de Port-Daniel. […]Contrairement à son parti, M.
Landry estime que l'aide publique [...] de la Caisse de dépôt, [etc.],
est [tout à fait] justifié», M. le Président.
Alors, d'abord, il y a des
partenaires, dans cette entreprise, très sérieux. Ce n'est pas moi qui prends
la décision pour la Caisse de dépôt
et placement, c'est la Caisse de dépôt et placement qui prend ses décisions,
vous le savez très bien. Quand on
sait que Beaudier, dont l'un des actionnaires est Bombardier et M. Laurent
Beaudoin… je pense qu'on peut se fier au fait que certaines personnes
ont quelques compétences en matière économique et en matière d'investissement,
M. le Président.
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois : C'est ce dont il s'agit. D'autre part… Je
reviendrai, M. le Président, il me reste trois secondes. C'est dommage,
je vais…
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, quand on est chef d'un parti national, on doit agir pour toute la
nation. On ne peut pas, pour faire plaisir à des candidats en Gaspésie,
prendre l'argent des contribuables. On l'a vu, M. le Président, avec les contrats
d'éolien qui ont été signés autant par les libéraux que les péquistes, on va
avoir une augmentation de tarifs de 5,8 %. On peut-u
apprendre de nos erreurs puis enfin gérer le Québec pour les contribuables du Québec?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Là, on est passés aux éoliennes. Alors, je ne sais
pas, est-ce qu'il veut que je parle des éoliennes ou bien donc de Ciment
McInnis et de l'investissement à Port-Daniel? Les deux? Parfait. Les deux
d'ailleurs en particulier se trouvent, à ce moment-ci, en Gaspésie.
Avez-vous quelque
chose contre la Gaspésie? Êtes-vous contre les Gaspésiens, qui ont des taux de
chômage malheureusement encore très élevés?
Et la stratégie en matière d'éoliennes, qui en même temps utilise une énergie
verte, une énergie renouvelable, qui nous
permet de développer une expertise, est en train de permettre à une région de
relever la tête. Il me semble que le chef du deuxième groupe d'opposition
devrait être fier de ce qu'on fait plutôt que de continuer à vouloir les
écraser et parler de faillite, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le deal, que ça soit celui de
l'éolien ou que ça soit la cimenterie en Gaspésie, ça fait peut-être plaisir puis ça achète peut-être des
votes en Gaspésie, mais c'est mauvais
pour l'ensemble des contribuables, qui sont les plus taxés.
Quand
va-t-on enfin avoir un gouvernement qui va penser au bien-être de l'ensemble des Québécois?
C'est ça qu'on veut au Québec.
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, M. le Président, je continue de répéter au chef du deuxième groupe
d'opposition que l'emploi, c'est notre
priorité absolue. Je suis parfaitement déterminée à ce qu'il se crée des
emplois de qualité partout, sur tout le territoire québécois et dans toutes
les régions, et en particulier, devrais-je vous dire, dans les régions qui ont
plus de misère, qui vivent dans la pauvreté. On a besoin de les soutenir et de
les aider, puis on va continuer à le faire, mais on va le faire avec des
projets intéressants, valables, qui ont de l'allure.
Le projet
d'investissement à Port-Daniel, dans cette cimenterie, va permettre d'aller
chercher des marchés du ciment. On ne vendra
pas ça au Québec, les entreprises sont absolument intégrées, elles n'en
achèteront pas du ciment de là. On va aller le vendre sur les marchés
américains...
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
...les marchés américains qui prévoient des constructions importantes dans
l'avenir. Donc, c'est un bon...
Le Président :
Principale, Mme la députée de Groulx.
Accès
aux traitements pour les résidents de la
Montérégie et de Laval atteints de cancer
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault : M. le
Président, on a appris que les hôpitaux de Montréal ont reçu la directive de
l'agence de santé, à la veille de Noël, de
ne plus traiter les patients du 450 atteints de cancer. À compter du 1er avril
prochain, les hôpitaux universitaires spécialisés en cancérologie, sous
peine de pénalité financière, ne pourront plus traiter les patients de la
Montérégie et de Laval.
C'est
scandaleux. Encore une fois, un bel exemple d'une structure bureaucratique
lourde et inhumaine des agences de santé, où on priorise les budgets
avant les patients.
M. le Président, le ministre est bien au courant
que déjà, dans le 450, les temps d'attente en santé sont parmi les plus longs.
M. le Président, les patients du 450 atteints de cancer sont inquiets.
Est-ce que,
dorénavant, les gens du 450 devront présenter leur permis de conduire au lieu
de leur carte d'assurance maladie pour se faire soigner?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert :
M. le Président, d'abord, je tiens à rectifier, il n'est pas du tout question
de limiter l'accès de quelque patient que ce soit aux services de santé
au Québec. Les gens ont le libre choix et le garderont, M. le Président.
Depuis
quelques années, nous avons fait des investissements très importants afin de
doter tant la Montérégie que Laval
d'infrastructures de cancer à la fine pointe de la science, M. le Président. On
a investi 62 millions à Laval, on investit 10 millions par
année à Laval pour que le centre de cancérologie puisse offrir des services non
seulement à Laval, mais également dans les Laurentides et dans Lanaudière. La
députée de Groulx devrait s'en réjouir, M. le Président.
Et ça fonctionne, parce qu'un patient qui a le
cancer, en plus d'avoir cette mauvaise nouvelle, en plus de lutter contre le cancer, il souhaite recevoir les
traitements le plus près possible de chez lui pour limiter les
déplacements. Alors, les gens vont consulter
à Laval, et c'est ce qui se produit au cours des deux dernières années, les
gens consultent à Laval, reçoivent des services d'excellente qualité à
Laval, ce qui diminue la pression sur les hôpitaux montréalais.
Maintenant, il faut que l'argent suive le
patient, il faut faire en sorte que l'argent des patients qui sont traités à
Laval puisse aller à Laval...
Le Président : En terminant.
M.
Hébert : ...et ça
diminue un peu les budgets sur l'île de Montréal, M. le Président, mais...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault : M. le Président,
alors, ce qu'on comprend aujourd'hui du ministre, c'est que cette directive-là
n'existe pas.
Est-ce
qu'encore une fois c'était une erreur de ses fonctionnaires ou c'est que le
ministre n'est tout simplement pas au courant? Parce que le Jewish l'a
décriée, et on a une copie de cette directive-là, et elle est disponible au
public.
Alors, est-ce qu'aujourd'hui le ministre nous
confirme qu'il n'était tout simplement pas au courant?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert :
M. le Président, cette directive-là n'est pas une directive clinique, c'est une
directive budgétaire qui informe les établissements…
Des voix : …
M.
Hébert :
…qui informe les établissements de l'île de Montréal qu'ils doivent prévoir une
réduction des volumes de leurs patients, parce que les patients sont
traités sur l'île de Laval et au centre hospitalier Charles-Le Moyne pour
les gens de la Montérégie. Il y a une baisse de volume, et les budgets vont
s'ajuster en conséquence.
Et cette directive-là avait pour but d'informer
les centres hospitaliers de l'île de Montréal qu'il y aurait des réductions de
volume, qu'il y aurait des réductions budgétaires, de façon à ce que cela
puisse s'étaler sur plusieurs années, M. le Président, et qu'on ne soit pas
dans une situation où il y a une réduction budgétaire subite.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme Hélène Daneault
Mme
Daneault :
Alors, M. le Président, ce qu'on comprend, c'est que c'était effectivement une
directive budgétaire. Alors, on comprend
aujourd'hui que, quand on disait à nos Québécois : On va prendre soin de
vous, c'est qu'on prenait soin de leurs poches et non pas de leur santé.
Alors,
ce qu'on comprend aujourd'hui, c'est que les gens du 450 ont raison d'être
inquiets de ne pas avoir accès aux
soins surspécialisés des grands centres. Alors, j'aimerais que le ministre
corrige cette situation, et ce, dès maintenant.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Réjean Hébert
M.
Hébert : Alors, d'abord, cela ne concerne pas les soins
surspécialisés, qui vont continuer à être offerts aux patients sur l'île
de Montréal dans nos hôpitaux universitaires, ça
concerne les soins spécialisés en cancer où les gens peuvent avoir accès sur
l'île de Laval, pour les gens des Laurentides et de Lanaudière.
Et
on a injecté non seulement en cancer, mais on a injecté,
cette année, 11 millions dans la Montérégie,
6 millions dans les Laurentides — la députée devrait s'en
réjouir — et
4 millions dans Lanaudière pour
rehausser les services dans ces régions-là de façon à ce qu'on puisse
donner accès aux patients de Laval, des Laurentides, de Lanaudière et de la Montérégie à des services près de chez eux. Ça,
c'est le gouvernement du Parti québécois, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Viau.
Budgets
consacrés aux infrastructures
routières et au transport collectif
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Après des coupures de
15 milliards sur 10 ans dans des infrastructures qui devaient
être remplacées ou réparées, voilà que la solution du ministre des Transports
pour le maintien du transport collectif, c'est de couper 1 milliard
supplémentaire dans nos infrastructures routières.
M. le Président, sur
le site du ministère des Transports, on recense 1 600 projets de
viaducs, ponts et autres structures qui nécessitent
une intervention immédiate.
Lesquels de ces projets seront affectés par les
coupures de 1 milliard supplémentaire que vient de décréter le ministre?
Le Président :M. le ministre des Transports.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Je tiens à saluer, d'abord, encore le nouveau porte-parole de
l'opposition officielle en matière de transports.Après la députée de Laviolette, la députée de
La Pinière, qui a été obligée de se
retirer de son poste de porte-parole en matière de transports, maintenant c'est
le député de Viau.
Et
je comprends que, de la part du député de Viau, maintenant, ça marque un virage
avec l'arrivée du nouveau chef de l'opposition officielle parce qu'ils sont contre les transports
collectifs. C'est ça qu'il vient de nous dire aujourd'hui, il est contre
les transports collectifs, il est contre les transports collectifs dans sa
région, mais il est contre les transports collectifs également dans les
banlieues, dans la grande région métropolitaine.
Parce
que l'action qu'on a posée cette semaine, M. le Président, c'est une action
courageuse qui a été reçue de façon
positive par tous les partenaires du milieu, incluant la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, en incluant l'UMQ, la ville de Montréal, la
ville de Longueuil, la FQM, M. le Président, Équiterre.
Il faut le faire! C'est quand même des gens de différents milieux qui
sont tous d'accord avec notre stratégie, qui
est responsable, comme le dit la chambre de commerce métropolitain.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Viau.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Le ministre semble se retourner à son passé de
professeur d'histoire et confondre parler pour de l'action. Ici, là, dans ce
cas-ci bien précis, il y a des Québécoises et des Québécois qui sont particulièrement inquiets, ce matin, non seulement
pour leur emploi, mais comment ils vont se rendre à
cet emploi-là.
Est-ce
que le ministre peut répondre à la question et nous dire comment il est arrivé
à ce chiffre de 958,5 millions de dollars…
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Ça tombe bien, M. le Président, que le député me rappelle ma formation
d'historien, dont je suis extrêmement fier,
parce que ça me permet de relever le communiqué de presse du 9 octobre
dernier de l'ancienne députée libérale de La Pinière, qui était
porte-parole en matière de transports à ce moment-là. Savez-vous ce qu'elle nous demandait, M. le Président? Elle
disait : «Les usagers du métro de
Montréal sont aux prises avec des pannes de service à répétition dues au manque d'argent
destiné à l'entretien des équipements existants», dans le déficit d'entretien
qui avait été soulevé, qui avait été
augmenté à l'époque du gouvernement libéral. Puis là
elle nous demandait, la députée de La Pinière — je comprends qu'ils l'ont oublié, là — elle nous demandait : «Est-ce que le gouvernement peut assurer la
sécurité et la fiabilité du réseau?» Bien, M.
le Président, avec notre décision courageuse…
Le Président :
En terminant.
M. Gaudreault :
…c'est exactement ça que nous faisons aujourd'hui.
•
(11 h 30) •
Le Président :
Principale, Mme la députée de La Pinière.
Budgétisation
du système léger sur rail du futur pont
Champlain dans le Plan québécois des infrastructures
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin :
Merci, M. le Président. M. le Président, en juin 2007, le gouvernement du Québec,
à ma demande, avait saisi le fédéral, par
écrit, pour lui signifier que le système léger sur rail était une priorité pour
nous. Depuis, le fédéral a bougé en
s'engageant dans la construction d'un nouveau pont avec une voie
bidirectionnelle réservée à ce mode de transport collectif considéré
comme écologique, économique, rapide et efficace. Les deux projets sont
complémentaires et devraient se concrétiser dans un horizon de 10 ans. Or, le ministre fédéral Denis Lebel a annoncé récemment
que l'échéancier de réalisation du nouveau pont sera devancé avec une livraison en 2018 au lieu de
2021.
Afin
d'harmoniser les échéanciers de ces deux projets, est-ce que le ministre des Transports a
prévu des budgets pour le SLR dans le Plan québécois des infrastructures?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. D'abord, je tiens à
souligner que nous avons répondu très rapidement aux demandes du gouvernement fédéral quant au choix de notre système de
transport collectif, le choix que legouvernement
du Québec privilégie sur le nouveau pont Champlain, le pont Champlain de remplacement.
Je sais que la députée de
La Pinière est d'accord avec ça. Elle l'a souligné, d'ailleurs, qu'elle
avait salué notre décision d'un système léger sur rail.
Il faut se rappeler
que le gouvernement fédéral nous l'avait demandé pour la fin du mois de juin
2013, on a fait nos devoirs deux fois plus
vite parce qu'on l'a fourni au mois d'avril, et on est allés encore plus
rapidement parce qu'on leur a proposé un modèle d'un pont à deux étages
avec le système léger sur rail qui va faire le lien entre la communauté de
Brossard et toute la Rive-Sud et Montréal, M. le Président.
Et, plus que ça, on
est allés encore plus loin en demandant que la part qui doit revenir au
gouvernement du Québec quant au fonds au
mérite sur le Fonds Chantiers Canada, et mon collègue ministre délégué aux
Affairesintergouvernementales l'a
très bien porté, devrait revenir pour financer le système léger sur rail sur le
pont de remplacement du pont Champlain, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
M. Gaudreault :
Alors, on a fait tout ce qu'on a à faire. Maintenant, c'est au gouvernement
fédéral de livrer la marchandise.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de La Pinière.
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : M. le Président, est-ce que le ministre
des Transports peut prendre l'engagement, devant cette Assemblée, que
le SLR va rouler sur le nouveau pont quand celui-ci sera ouvert à la
circulation et qu'il ne se rabattra pas
encore sur les autobus, une solution désuète qui a assez duré et qui a été
écartée par toutes les études, y compris par l'Agence métropolitaine de transport? La question
n'est pas dans les priorités, c'est dans l'argent : Oui ou non que
vous allez budgéter le projet du SLR dans le programme des infrastructures
du...
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. M. le
Président, nous avons proposé, nous avons suggéré au gouvernement fédéral une source de financement très importante,
qui est celle sur le fonds au mérite. Nous avons également budgété le
bureau de projets pour le système léger sur
rail. Mais, plus que ça, M. le
Président, si on veut effectivement arriver en concordance et s'assurer que nos travaux
correspondent avec le gouvernement fédéral et ceux du gouvernement du Québec… Parce
que le pont, là, le pont Champlain,
on n'arrivera pas avec une grue pour le mettre par-dessus le fleuve et sans
le connecter des deux côtés. Il y a un
côté qui arrive dans le comté de la députée de La Pinière puis, de
l'autre côté, du côté de Montréal,
et ça, ça appartient au ministère des Transports du Québec.
Alors,
savez-vous quoi, M. le Président? On a proposé, en toute bonne foi, on a tendu la
main au gouvernement fédéral, on a rencontré le premier ministre à cet
égard, M. Harper, avec la première ministre, demandant un bureau de projets
conjoint pour faire ce projet majeur, mais malheureusement le gouvernement
fédéral refuse.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de La Pinière.
Mme
Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin : M. le
Président, est-ce que le ministre des Transports comprend que le nouveau pont Champlain
est de juridiction fédérale et que le fédéral s'en occupe — il
vient de devancer les échéanciers — alors
que le transport collectif, qui est de
juridiction provinciale, le gouvernement est en train de nous dire qu'il s'en lave les
mains? Qu'attend le ministre des Transports pour budgéter le SLR dans le Plan québécois
des infrastructures?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Je comprends que la députée de
La Pinière est sortie du caucus de l'opposition officielle parce qu'effectivement, en termes de transport
collectif, le député de Viau vient de nous montrer que ce n'était pas
une préoccupation du Parti libéral. Nous, de
notre côté, c'est une préoccupation, M. le Président. Et c'est pour cette
raison que je souhaite avoir l'appui formel
de la députée de La Pinière et de tous les membres de cette Assemblée pour
demander au gouvernement fédéral
d'acquiescer à notre demande d'un bureau de projets conjoint. M. le Président,
c'est extrêmement important, et ça nous permettrait justement de
coordonner nos travaux pour faire comme la députée de La Pinière le
demande, s'assurer que le SLR va arriver en même temps que le nouveau pont.
Mais, pour ça, il faut qu'on soit assis tout le monde autour de la table, et
malheureusement le gouvernement fédéral le refuse obstinément.
Le Président : Principale, Mme
la députée de Champlain.
Fonds de diversification économique
pour les
régions du Centre-du-Québec et de la Mauricie
Mme
Noëlla Champagne
Mme
Champagne : M. le
Président, dès notre arrivée au pouvoir en 2013, le gouvernement du Parti
québécois s'est engagé à mettre des sous, à mettre l'argent nécessaire afin de
compenser pour les pertes d'emploi et, tout à l'heure, mon collègue président
du Conseil du trésor l'a rappelé, il y a une décision responsable qui a été prise avec la fermeture de Gentilly-2, et cette
décision-là aurait dû être prise bien avant. On a assumé cela, on est
conscients des pertes d'emploi.
Or, pour
compenser le tout, le gouvernement a créé un fonds de diversification
économique de 200 millions de dollars. Alors, ma question va
s'adresser, vous vous en doutez, à ma collègue ministre de la… de la…
Une voix : ...
Mme
Champagne : Oui.
Elle a tellement un long titre que… Je vais vous le lire, là : ministre de
la Politique industrielle, de la Banque de
développement économique du Québec — banque qu'elle aimerait bien créer,
d'ailleurs.
Alors, Mme la ministre, est-ce que vous
pourriez, pour les gens qui nous écoutent ce matin, et particulièrement ceux
d'en face, nous décrire, nous décliner toutes les conséquences, toutes les
conséquences…
Le Président : Mme la
ministre de la Restructuration économique.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le
Président, en effet, notre gouvernement a créé un fonds de diversification
économique pour la Mauricie et pour le Centre-du-Québec,
un appui majeur pour stimuler l'emploi, du jamais-vu en développement
économique, M. le Président, en diversification. M. le Président, on l'a fait
avec le milieu, on l'a fait avec les acteurs économiques
de la région, M. le Président. C'est eux qui ont défini les critères, et je les
en remercie; c'est eux qui autorisent les projets.
M. le
Président, depuis un peu moins d'un an, avec à peine 10 % du fonds de
diversification économique, nous avons
autorisé 58 projets, M. le Président, qui totalisent 114 millions
d'investissements, qui créent 534 emplois directs, M. le Président, et
3 400 emplois ont été maintenus. M. le Président, un emploi qui est
maintenu, c'est un emploi qu'on n'a pas besoin de recréer. C'est donc près de
4 000 emplois, M. le Président, qui ont été touchés par ce fonds de
développement…
Des voix : …
Le Président : S'il vous
plaît!
Des voix : …
Le Président : Oui, on peut
entendre la réponse? J'aimerais ça entendre la réponse. Mme la ministre.
Mme
Zakaïb :
M. le Président, je comprends qu'ils ne soient pas heureux de l'autre
côté : quand on a présenté le fonds de diversification, ils l'ont
décrié.
M. le Président, c'est donc près de 4 000
emplois qui ont été maintenus, qui ont été soutenus. C'est un fonds de
diversification économique qui fonctionne. On s'est engagés à créer de
l'emploi, M. le Président, et on le fait.
Le Président : M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Investissements du Fonds de
solidarité des travailleurs
du Québec dans les entreprises de Tony Accurso
M.
Robert Poëti
M. Poëti : M. le Président,
la ministre du Développement industriel a eu une longue carrière avec le Fonds
de solidarité : de 1992 à 2012 — 20 ans —une carrière implantée au Fonds de solidarité. Plus
précisément, de 2004 à 2012, elle a été P.D.G. des Fonds régionaux de la
FTQ, un poste clé de la direction.
Dans des écoutes électroniques rendues
publiques, on apprend que la ministre a fermé les yeux et a bien pris soin de
fermer sa porte pour que personne n'entende parler du stratagème qui favorisait
les investissements dans les entreprises de
Tony Accurso.
Peut-elle
dire aux citoyens du Québec, aujourd'hui, quand ce stratagème avantageant les
affaires de Tony Accurso a réellement commencé?
Le Président : Mme la
ministre de la Restructuration économique.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
M. le Président, l'écoute électronique fait état d'une situation qui s'est
produite en 2007. Dès que je l'ai su, M. le Président, je suis
intervenue, et cette situation a cessé, M. le Président. J'ai fait ce que
j'avais à faire au moment où je l'ai fait, M. le Président, et je suis très
fière des résultats des fonds régionaux sous ma gouverne.
Le Président : Principale, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Robert Poëti
M. Poëti : De toute évidence,
M. le Président, ça a été fait la porte fermée.
En ce qui me
concerne, reprenons les faits, soyons précis : P.D.G. depuis 2004, soumise
à une écoute électronique en 2009 — et ça, c'est une preuve — cette
écoute révèle que le stratagème existe encore en mars 2009. Nous, M. le
Président, plus on en sait sur l'agissement de la ministre, moins on a
confiance en son jugement.
Encore une fois, pour les citoyens du Québec,
est-ce que la ministre peut nous dire quand, réellement, les stratagèmes
avantageant Tony Accurso, les affaires de Tony Accurso, ont commencé?
Le Président : Mme la
ministre de la Restructuration économique.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le
Président…
Des voix : …
• (11 h 40) •
Mme
Zakaïb : M. le Président, cette écoute électronique fait
état de trois situations différentes. La première, effectivement, c'était dans les dossiers qui concurrençaient Tony
Accurso, et, dès que je l'ai su, M. le Président, j'y ai mis fin, ça a cessé.
La
deuxième partie parle de validation de concurrence dans d'autres secteurs qui
ne sont pas des secteurs de construction,
qui n'ont rien à voir avec Tony Accurso, et ça, M. le Président, c'est normal
qu'on valide la concurrence dans… avant d'investir quand on est déjà
partenaires dans une entreprise et c'est dans un tout autre secteur. Les agissements déplorables, les agissements qui,
selon moi, n'avaient pas lieu, M. le
Président, j'y ai mis fin dès que je
l'ai su. Et, M. le Président, je mets le député au défi de trouver un seul
dossier dans les fonds régionaux, un seul dossier qui n'a pas rencontré les
plus hauts standards d'éthique, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Robert Poëti
M. Poëti :
M. le Président, pour les plus hauts standards éthiques, on va repasser. Ce
parti-là, la première ministre, en première, a dit clairement…
Des voix :
…
Le Président :
On ne repassera rien, là, on va écouter. Alors, un peu trop bruyant partout,
dans cette Chambre-là, et à ma droite et à ma
gauche. Il y a une personne ici qui a le droit de parole, c'est
le député de Marguerite-Bourgeoys.
On vous écoute.
M.
Poëti : Merci, M. le Président. On voit que ça dérange parce que,
quand on n'en a pas, de code d'éthique, ce n'est pas important,
l'éthique. Alors, voyez-vous… Mais ils n'en
ont pas de besoin.
Des voix :
…
Le Président :
Bon. Est-ce qu'on peut entendre le reste de la question maintenant?
Des voix : …
Le Président : S'il vous plaît! Je n'entends
pas. À ma droite, s'il vous plaît! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Poëti :
Ils peuvent bien sourire, mais la question qu'il faut se poser, elle est
incapable d'y répondre. En 2004, elle est là; en 2009, écoute électronique et elle parle d'un
dossier qui s'est produit la semaine précédente, précédente, M. le
Président.
Peut-elle nous dire une fois pour toutes quand vraiment
les avantages des entreprises de M. Accurso ont commencé?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : On a enfin, M. le Président, un libéral qui
s'intéresse à l'éthique, c'est quand même une avancée. Je vous dirais, effectivement, ils n'ont pas de code
d'éthique, mais ils se sont entendus sur une chose lors de leur conseil national, c'est qu'ils allaient désormais
respecter la loi. Belle avancée, belle avancée, c'est
formidable. C'est l'apport du député,
et je leur en remercie parce qu'à l'époque où on était à l'opposition on ne
respectait pas la loi, on ne respectait…
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Moreau : Question de règlement. Il y a quand même un article
qui prévoit que la réponse doit se rapporter à la question. La question,
c'est de savoir : Est-ce qu'elle a fait un «cover-up» pendant cinq ans?
C'est ça, la question.
Le
Président : D'abord, M. le leader de l'opposition, vous savez
qu'on ne peut pas imputer quelque motif que ce soit à qui que ce soit
ici, en Chambre, mais on va le laisser répondre.
Alors, monsieur…
Des voix : …
Le Président : S'il vous plaît, M. le
député de Verchères, on prend son souffle, tout le monde prend son souffle.
Nous sommes à la fin de la période de
questions. M. le ministre… M. le président du Conseil du trésor, c'est à vous à
répondre.
M.
Bédard : Merci. Peut-être peut-il nous dire si maintenant le
code d'éthique prévoit qu'on peut réclamer encore 100 000 $
par ministre comme le faisait le Parti libéral, M. le Président. Est-ce que…
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M.
Moreau : M. le Président, je comprends que le président du
Conseil du trésor veut faire du «tap dancing» pendant 45 secondes additionnelles. La question qu'on pose,
c'est : Est-ce qu'elle savait depuis cinq ans et qu'elle a couvert
une opération illégale, oui ou non?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Le Parti libéral n'a pas changé, M. le Président. C'est le même bon vieux Parti
libéral. Moi, j'aimerais savoir du chef...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Beauce-Sud, là, c'est rare que je vous entends, pourtant. C'est
beau. M. le ministre.
M.
Bédard : Est-ce que
le code d'éthique va prévoir, maintenant, au Parti
libéral, qu'on peut donner à la
fondation Borsellino, M. le Président? Est-ce que le...
Des voix :
...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Moreau : Alors, il ne veut pas respecter le règlement, ça nous
permet de reposer la question plusieurs fois. A-t-elle, oui ou non,
couvert une opération illégale pendant cinq ans?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : À cause
du Parti libéral, M. le
Président, on a changé le code
d'éthique à l'Assemblée
nationale. Une des clauses d'ailleurs
porte le nom du chef de l'opposition actuel, l'article 48, qui prévoit qu'on ne peut pas faire ce
qu'il a fait quand il a quitté ses fonctions.
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M. Moreau :
Il semble vouloir ignorer l'article 73. Je vais reposer la question. Est-ce que,
oui ou non, elle a couvert une opération illégale pendant...
Des voix :
...
Le Président :
On ne peut pas continuer comme ça longtemps, là. Moi, je vous demande votre collaboration.
Il reste quelques secondes au président du Conseil du trésor.
Des voix :
...
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M.
Bédard :
On a même appris, dans les mêmes écoutes, que Tony Accurso donnait de l'argent
au Parti libéral pendant ces années-là. Et, M. le Président, savez-vous, on a
répertorié...
Des voix :
...
Le Président :
De toute façon... De toute façon, on ne s'entend pas.
Des voix :
...
Le Président :
Non, on ne s'entendait pas.
Des voix :
...
Le Président :
Est-ce qu'on peut entendre la réponse?
Une voix :
...
Le Président :
Bien oui. C'est ça. Mais est-ce qu'on peut entendre la réponse? M. le leader,
s'il vous plaît, donnez-nous la réponse.
M.
Bédard : M. le
Président, la ministre
a répondu, et malheureusement le Parti
libéral n'a pas changé. Et ce
que je souhaite, c'est que le chef de l'opposition...
Le Président :
Fini. Fin de la période de questions et de réponses orales pour la journée.
Motions sans préavis
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des motions
sans préavis, et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je cède
la parole maintenant à M. le
député de Brome-Missisquoi pour sa motion sans
préavis.
Demander
au Vérificateur général de rendre public
son rapport d'analyse sur la mise à jour
économique du ministre des Finances
M.
Paradis :
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec le ministre des Finances et de l'Économie, le député de Lévis, le député
de Blainville, la députée de Gouin et la députée de
La Pinière :
«Que cette Assemblée
nationale demande au Vérificateur général de rendre public son rapport
d'analyse sur la mise à jour économique du ministre des Finances dès qu'il sera
complété et ce, même si des élections générales sont déclenchées.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Brome-Missisquoi. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
M. le Président, il y a consentement, sans débat pour la motion.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Moreau :
Je demanderais un vote par appel nominal.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, un vote par appel nominal est demandé.
Qu'on appelle les députés.
• (11 h 50 — 11 h 52)
•
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, que les députés en faveur de la motion
présentée par M. le député de Brome-Missisquoi veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Couillard (Outremont), M. Moreau
(Châteauguay), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Billette (Huntingdon), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), Mme
St-Amand (Trois-Rivières), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), M.
Ouimet (Fabre), M. Tanguay (LaFontaine), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Vallières (Richmond), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Gaudreault (Hull),
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bolduc (Jean-Talon), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Ménard (Laporte), Mme Boulet (Laviolette), M. Carrière (Chapleau), M. Gautrin
(Verdun), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond (Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Reid (Orford), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), Mme Vallée (Gatineau), M. Bergman (D'Arcy-McGee), M. Marsan
(Robert-Baldwin), M. Marcoux (Vaudreuil), Mme L'Écuyer (Pontiac), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Bolduc (Mégantic), M. Rousselle (Vimont),
M. Heurtel (Viau).
Mme Marois (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bédard (Chicoutimi), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Maltais (Taschereau), M. Duchesne
(Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M. Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb
(Richelieu), M. Hébert (Saint-François), M.
Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Trottier (Roberval),
Mme Richard (Duplessis), M. Ferland
(Ungava), M. Drainville (Marie-Victorin), Mme De Courcy (Crémazie), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Champagne (Champlain), M. Lelièvre (Gaspé), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Kotto (Bourget), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. St-Arnaud
(Chambly), M. Dufour (René-Lévesque), Mme Ouellet (Vachon), M. Lisée (Rosemont), M. Blanchet (Johnson), Mme Hivon
(Joliette), M. Breton (Sainte-Marie—Saint-Jacques), Mme Beaudoin (Mirabel), M. McKay (Repentigny), M. Bureau-Blouin
(Laval-des-Rapides), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Pagé (Labelle), M. Traversy (Terrebonne), Mme Larouche
(Abitibi-Est), Mme Bouillé (Iberville), M. Pelletier (Rimouski), Mme
Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve (Berthier), M. Pelletier
(Saint-Hyacinthe), M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin (Sherbrooke), M. Therrien (Sanguinet),
M. Roy (Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer (Deux-Montagnes), M. Richer
(Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), Mme Daneault (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy (Montarville), M. Dubé (Lévis), M. Caire
(La Peltrie), M. Lévesque (Vanier-Les Rivières), Mme St-Laurent
(Montmorency), M.
Duchesneau (Saint-Jérôme), Mme Roy (Arthabaska), M. Le Bouyonnec
(La Prairie), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme
Trudel (Charlesbourg), M. Marcotte (Portneuf), M. Spénard (Beauce-Nord).
M.
Ratthé (Blainville), Mme David (Gouin), M. Khadir (Mercier).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
Y
a-t-il des abstentions?
Alors,
Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 113
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : La motion est donc adoptée. M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Moreau :
…je vous demanderais donc d'en transmettre une copie au Vérificateur général du
Québec.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Si c'est la volonté des parlementaires, ça sera
fait.
Nous en sommes
maintenant toujours à la rubrique des motions sans préavis et je cède la parole
à M. le député de La Prairie.
M.
Le Bouyonnec : M. le Président, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement avec la députée d'Anjou—Louis-Riel :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement qu'il fasse toute la lumière sur
l'investissement non rentable du Fonds de solidarité FTQ dans Capital BLF en
2008.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de la
motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Il n'y a pas de consentement, mais j'ai des suggestions pour le député,
effectivement, sur des enquêtes qui seraient intéressantes.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, il n'y a pas de consentement.
M. le ministre des
Finances, pour une autre motion sans préavis.
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Gouin et le député de Blainville, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale dénonce le budget présenté hier par le gouvernement du Canada qui ne
répond pas aux demandes du gouvernement du
Québec qui réclame depuis 2008 le retrait des changements unilatéraux
apportés aux principaux transferts fédéraux;
«Qu'elle
exige que le gouvernement du Canada renonce à son intention d'utiliser des
fonds prévus à l'Entente sur le
marché du travail pour créer une subvention canadienne pour l'emploi, allant à
l'encontre des trois motions unanimes adoptées par l'Assemblée nationale
dans la dernière année;
«Qu'elle réclame que
le gouvernement du Canada utilise un transfert "en bloc" pour les
fonds destinés aux infrastructures comme le demande le gouvernement du Québec
depuis 2007;
«Qu'elle
déplore que le gouvernement du Canada persiste à vouloir réglementer les
valeurs mobilières malgré les jugements
de la Cour d'appel du Québec et de la Cour suprême du Canada qui indiquent qu'il
s'agit d'une compétence des provinces; [et]
«Qu'elle constate que
le gouvernement fédéral prévoit consacrer 500 millions de dollars
supplémentaires pour soutenir l'innovation
dans l'industrie automobile au cours des deux prochaines années alors qu'il ne
compte allouer que 45 millions de dollars de plus pour l'innovation
dans l'industrie forestière dans la même période.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le ministre des Finances. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Moreau : Je comprends qu'il n'y a pas de débat. Sur le fond des
choses, on n'est pas en désaccord avec la motion, on ne l'a reçue
cependant qu'à 9 h 30…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Vous avez raison, M. le député de Mercier :
Y a-t-il consentement ou pas?
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Sur une question de règlement, M. le député de Mercier.
M. Khadir : …en séance de questions, il y a eu
des anomalies importantes dans l'attribution du temps de parole, des
questions et des réponses. Je vous prie de respecter strictement le règlement
et de n'accorder la possibilité que de dire oui ou non, consentement ou pas.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Bien. Alors, j'ai compris qu'il n'y avait pas de consentement.
Une voix :
…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Sur un autre point de règlement, M. le
député… M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Moreau : …c'est un consentement pour la reporter à demain. Le député
de Québec solidaire devrait
savoir que, sur ce genre de question, il est important que l'Assemblée
nationale puisse parler d'une seule voix, et je pense que de reporter le vote
d'une journée, ce n'est pas de la procédurite, c'est du fond. Nous, ça nous
importe, ce qui se passe au Québec, et les relations…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. M. le
député de Mercier, je vais vous
donner la parole dans quelques instants sur la question de règlement. M.
le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
…nous avons une demande pour reporter à demain. Nous sommes disposés effectivement
à reporter à demain, après consultation évidemment du groupe de l'opposition, mais aussi des
autres groupes s'ils ont des commentaires à faire. Je pense qu'effectivement
nous devons parler d'une seule voix et demain sera sûrement le temps approprié.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors donc, la motion, elle est reportée… la présentation est reportée
à demain.
M. le député de Mercier, vous avez également une motion
sans préavis à présenter. Alors, je
vous cède la parole.
M. Khadir :
Et, contrairement à l'équipe de l'opposition officielle, M. le Président, nous
faisons toutes les démarches avant pour avoir l'obtention des accords et des
consentements.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Allez avec la présentation de votre motion, M. le
député.
• (12 heures) •
M. Khadir :
…donc, le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale donne son appui à la ville de Gaspé qui a adopté un règlement sur les
distances minimales entre les sites de forage et les sources d'eau potable;
«Qu'elle reconnaisse
que la protection de l'eau est une priorité pour les municipalités et qu'en ce
sens, leurs préoccupations doivent être prises en compte et leurs initiatives
encouragées;
«Que
l'Assemblée nationale demande [donc] au gouvernement de procéder à la
modernisation du cadre législatif régissant
l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures et d'harmoniser le projet de
règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection en respectant
la volonté des municipalités.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député de
Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Il n'y a pas de consentement
pour le moment. Nous aimerions en discuter encore plus longuement, là,
au cours des prochains jours.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement? Très
bien. Y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, nous en sommes
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions. Je vous cède la
parole, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Merci, M. le Président. J'avise donc cette Assemblée, aux avis touchant les
travaux des commissions, que celle des Institutions poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 28, Loi instituant le nouveau Code de procédure civile, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
à la salle du Conseil législatif;
La Commission des
institutions poursuivra la consultation générale et auditions publiques à
l'égard du projet de loi n° 60, Charte
affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l'État ainsi
que d'égalité entre les hommes et les femmes et encadrant les demandes
d'accommodement, aujourd'hui, entre 15 heures
et 18 heures, à la salle du Conseil
législatif. Ce sera tout pour aujourd'hui, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de
la santé et des services sociaux poursuivra ses auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur les conditions de vie des adultes hébergés en centred'hébergement et de soins
de longue durée, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Je vous avise également que la Commission de
l'administration publique se réunira
aujourd'hui, à la salle Louis-Joseph-Papineau, en séance de travail, après
les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
afin de préparer l'audition portant sur le rapport annuel de gestion et
les engagements financiers 2012-2013 du Vérificateur
général; en séance publique, de 15 heures
à 18 heures, afin d'entendre le
Vérificateur général; et en séance de travail,
de 18 heures à 18 h 30, afin de
statuer sur les observations, les conclusions et les recommandations à la suite
de cette audition.
Par ailleurs,
je vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira
aujourd'hui,
après les affaires courantes, à la
salle des Premiers-Ministres, afin de procéder
à l'élection à la présidence de la commission.
La Commission
de la culture et de l'éducation se réunira aujourd'hui, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, immédiatement
après la séance de la Commission des transports et de l'environnement, afin de
procéder à l'élection à la vice-présidence de la commission.
Enfin, la
Commission des institutions se réunira aujourd'hui, à 13 heures, à la salle du Conseil législatif, afin de procéder
à l'élection à la vice-présidence de la commission. Voilà pour les avis
touchant les travaux des commissions.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, M. le leader de l'opposition officielle, je vous cède la parole.
M. Moreau :
Merci, M. le Président. Je ne désespère pas. J'ai posé,
hier, une question qui est restée
pratiquement sans réponse, sans réponse, à
mon collègue leader adjoint du gouvernement pour savoir s'il peut nous
confirmer le moment où se tiendront
les consultations particulières sur le projet de loi n° 67 sur l'assurance
autonomie, présenté le 6 décembre dernier,
en rappelant, M. le Président, que la première ministre, le 6 février, a affirmé vouloir en faire une
priorité. Pour seule réponse hier, ce
que j'ai eu, c'est : «Je voulais
simplement l'aviser qu'effectivement le projet de loi n° 67 est en
cours d'évaluation. Nous allons procéder le
plus rapidement possible sur ce projet de loi et nous lui reviendrons bientôt,
M. le Président.»
Prenant «bientôt» pour
aujourd'hui, je repose la question à mon collègue :
Peut-il aujourd'hui nous dire si la priorité de la première ministre est aussi une de ses
priorités et, si oui, quand auront lieu les consultations sur le projet de loi
n° 67?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le leader de
l'opposition officielle. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : M. le
Président, nous pourrions aujourd'hui, ce matin, faire un gros débat sur ce que
signifie le terme «bientôt». Donc, dans la tête de mon collègue de
l'opposition, c'est 24 heures; j'ai une
analyse peut-être un petit peu plus large de la
chose.
Nous sommes présentement en train d'étudier la
liste des intervenants pour le projet de loi n° 67. Donc, en vue
des consultations, on va vous revenir le
plus rapidement possible. Et je suis convaincu que l'opposition va assurer un
suivi de la chose au cours des prochains jours.Et, dès que j'ai des nouvelles, je vais lui
transmettre, évidemment, la réponse.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. D'autres renseignements
à ce moment-ci? Ça va?
Alors, je vous rappelle qu'à la suite de
l'entente d'hier entre les groupes parlementaires deux débats de fin de séance
se tiendront à 18 heures aujourd'hui.
Affaires
du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite
des choses.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. Hier soir, nous nous sommes arrêtés après un discours enflammé du député de Marguerite-Bourgeoys dans un dossier que
vous connaissez bien. Alors, j'aimerais que nous puissions poursuivre
ces échanges en ce qui concerne l'article 2 de notre feuilleton.
Débats
sur les rapports de commissions
Reprise
du débat sur la prise en considération du rapport
de la commission qui a procédé à l'audition du ministre
de la Justice concernant les commentaires de la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse
sur le projet de charte des valeurs québécoises
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 11 février 2014, sur la prise en considération du rapport de la
Commission des institutions qui, le
28 novembre 2013, a procédé à l'audition du ministre de la Justice
concernant les commentaires de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, rendus publics le 17 octobre 2013, sur les
orientations gouvernementales au sujet du projet de charte des valeurs
québécoises ainsi que sur le caractère inconstitutionnel du projet
gouvernemental. Ce rapport, qui a été déposé le
4 décembre 2013, contient deux recommandations.
Alors, avant de céder la parole à un prochain
intervenant, je vous informe qu'il reste 10 min 14 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 24 min 17 s
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle et
17 min 51 s au deuxième groupe d'opposition.
Donc, je suis
prêt à céder la parole au prochain intervenant sur cette prise en considération du rapport. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Moreau : M. le
Président, le leader adjoint du gouvernement l'a indiqué lorsqu'il vous a demandé
d'appeler ce débat que, lors de la séance
d'hier, le député de Marguerite-Bourgeoys est celui qui a pris la parole en dernier. Sur la
base du principe de l'alternance, je
comprends maintenant que ce serait un représentant de la partie gouvernementale qui devrait prendre la parole. C'est ce que nous avions
prévu.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
La présidence reconnaît habituellement la personne qui se lève, et on applique,
bien sûr, le principe de l'alternance et de la rotation. Maintenant, je veux
bien donner la parole au prochain intervenant, mais j'ai besoin de voir un député
debout. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Moreau : M. le Président,
plus troublant encore, je constate que nous n'avons pas le quorum.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, qu'on appelle les députés.
• (12 h 8
—
12 h 9) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, le quorum étant
reconstitué, je suis prêt à céder la parole au prochain intervenant. Y
a-t-il d'autres intervenants? Mme la députée de…
Une voix : …
• (12 h 10) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Montarville. J'avais Saint-Bruno en tête, mais c'est Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Exactement, oui. Bonjour, M. le Président.
Écoutez, nous sommes ici pour discuter d'un enjeu de société. C'est plus
qu'une loi, le projet de loi n° 60, ou un projet de loi, c'est un enjeu de
société. Et on comprend très bien qu'on est
rendus là, au Québec, que les citoyens veulent
quelque chose de concret.Et nous en
sommes, on est d'accord avec le fait
d'encadrer les accommodements religieux. Je suis d'accord avec le fait de
prioriser, au-delà de tout, cette
égalité entre les hommes et les femmes, surtout lorsque viendra le temps d'accorder ou non des accommodements
religieux.
Il faut aussi
dire et écrire que l'État québécois est laïque,
ce qui n'existe pas actuellement. De facto, oui, il
est laïque, mais ce n'est pas écrit dans nos lois. C'est la raison pour
laquelle nous devons avoir une charte de la laïcité.
Cependant, en tant
que législateurs, en tant que gouvernement, nos lois doivent être faites en
fonction des lois qui existent déjà, les
modifier en fonction des lois qui existent déjà, être faites dans le respect de ces lois. Alors, nous aimerions, et ce serait très... Je pense que toute la
société pourrait en bénéficier, et que tous
les députés pourraient en bénéficier, que tous les parlementaires pourraient en
bénéficier, et même les ministres du gouvernement pourraient bénéficier du fait que nous pourrions voir les avis
juridiques qui ont été présentés, déposés au ministre de la Justice.
Par surcroît, je sais que le ministre de la Justice nous répond qu'il s'agit ici de documents
confidentiels, dans la mesure où il s'agit ici de la relation
client-avocat. Ce n'est pas un client ordinaire, le gouvernement du Québec. Le gouvernement
du Québec, c'est nous tous. C'est nous tous, les familles, les contribuables
qui payons et avons payé pour ces avis juridiques.Et je pense que nous pourrions tous
profiter d'un éclairage de ces avis pour faire en sorte que la loi, à laquelle nous pourrions souscrire, soit la plus applicable possible, la plus conforme
possible et en toute légalité, ce qu'il y a de
plus important. N'oublions pas que nous vivons dans un État de
droit et que notre politique relève d'un État de droit. Donc, c'est important
de savoir ce qu'il y a dans les avis juridiques.
Et d'ailleurs
j'aimerais faire remarquer au gouvernement et au ministre de la Justice que nous avons eu, lors de
cette très intéressante commission parlementaire la semaine dernière,
l'audition de juristes, de juristes qui étaient tout à fait en faveur d'une charte,
qui ont motivé, avec différentes allégations juridiques, les raisons pour
lesquelles ils le sont. Mais, parmi ces juristes qui sont venus nous
dire dans quelle mesure, selon eux, la charte serait applicable, serait légale, il
y avait,
entre autres, le juriste, le juriste de l'État, Me Henri
Brun, le grand constitutionnaliste qui fait partie de ces juristes
privilégiés à qui l'État a demandé un avis juridique. Et ce qui est très
intéressant, c'est que, lors de cette commission
parlementaire la semaine dernière, ce
juriste de l'État a lui-même ouvert la porte aux motivations
juridiques derrière sa logique, derrière le mémoire
qu'il présentait.
Alors, je vous soumets respectueusement que le fait que l'avocat, qui est justement
en relation d'affaires avec le client, qui est
l'avocat… il enfreint lui-même
cette confidentialité de la relation client-avocat.À partir de ce moment-là, je pense que toute la société bénéficierait et
pourrait être éclairée des propos plus détaillés du constitutionnaliste Me Henri Brun. Alors, je vous répète que c'est lui-même qui a ouvert la porte lors des audiences
publiques la semaine dernière. Je pense que le ministre
de la Justice devrait en prendre
bonne note et qu'à ce moment — et
d'autres éminents juristes du gouvernement pourront nous le dire — cette
confidentialité, elle n'existe plus : un des deux intervenants a
ouvert la porte, a parlé.
Alors, pour
le bénéfice de tous, tous les parlementaires, tous les ministres, et surtout les
citoyens, il faut s'élever au-dessus de la partisanerie dans ce débat, c'est
extrêmement important. Je pense que plus on est informés, mieux on se sent, contrairement
à d'autres qui disent autre chose.
Alors, voilà, ce sera mon intervention pour aujourd'hui, dans la mesure où je pense qu'il va falloir que tous mettent l'épaule à la roue.Et plus nous
avons d'information, plus nous serons des citoyens… Parce que je considère que lesdéputés sont aussi
des citoyens, des citoyens
informés qui pourront mieux informer leurs propres commettants, et que c'est
en ayant tous les outils qu'on pourra avoir une charte ap-pli-cable. Voilà.
Alors, je réfère aux audiences qui ont eu lieu la semaine dernière, vendredi,
qui étaient très intéressantes. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Montarville, pour cette intervention. Je suis prêt à céder la parole au
prochain intervenant. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui. M.
le Président, j'aimerais, avant de
débuter mon intervention, deux questions. La première : Combien nous
reste-t-il de temps?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, il vous reste 24 minutes et une quinzaine de secondes.
M. Tanguay : J'aimerais savoir, M. le Président, si, à ce
stade-ci, le gouvernement a l'intention de faire entendre un
intervenant également, pour le temps qu'il lui reste.
Je crois qu'il leur reste, grosso modo, approximativement
une enveloppe de 10 minutes et j'aimerais savoir, en respect du
principe de l'alternance, si le gouvernement peut nous annoncer déjà qu'il
renonce à son 10 minutes, à son droit de parole sur cette importante question.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, nous avons encore un intervenant
qui souhaiterait prendre parole sur ce dossier. Nous sommes gentlemen et
nous allons laisser, évidemment, le député de LaFontaine intervenir avant, par
courtoisie, et nous reviendrons par la suite avec plaisir.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Moreau :
Ici, il s'agit d'un principe qui est celui de l'alternance. Le leader adjoint
sait très bien que le député est le porte-parole de l'opposition officielle.
Le principe de l'alternance devrait s'appliquer, d'autant qu'on est rendu aux
deux derniers intervenants.
Alors, je
comprends que le député de L'Assomption est prêt à intervenir. Et, sur la base
du principe de l'alternance, je
remercie de sa gentilhommerie le leader adjoint du gouvernement, mais nous
laisserons le député de L'Assomption prendre la parole.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader de
l'opposition officielle. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Simplement vous mentionner, M. le Président, que je note au moins cette
délicatesse de la part de mon homologue et tiens à spécifier qu'on parle
ici du député de Repentigny.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Voilà. Alors, je comprends que, même
si la présidence a reconnu le député de LaFontaine, je vais aller plutôt
du côté de M. le député de Repentigny pour son intervention. M. le député.
M.
Scott McKay
M.
McKay : Oui. Bien,
merci beaucoup, M. le Président. Alors, c'est avec grand plaisir et honneur que
j'interviens sur ce dossier qui nous
intéresse aujourd'hui, parce que, vous le savez, vous avez écouté attentivement
les débats qui se sont déroulés jusqu'à maintenant, sur le dossier qui nous
intéresse aujourd'hui, le ministre de la Justice, à plusieurs reprises, pas une seule fois, pas deux fois, pas trois, à de
multiples reprises, le ministre de la Justice a répondu aux questions
des parlementaires.
Tout
d'abord, il a eu l'occasion, le ministre, d'expliquer en long et en large son
rôle en tant que ministre de la Justice et l'importance… Et je crois, M. le Président... pas je crois, je
sais que vous-même êtes un membre du Barreau, donc vous connaissez aussi l'importance du secret professionnel en tant
qu'avocat. Et le ministre de la Justice, qui, lui-même, est avocat, a eu
l'occasion d'expliquer, de rappeler l'importance du secret professionnel pour
les avocats lors d'une interpellation qui a
eu lieu le 1er novembre dernier. Il a
même nommé, en ordre, tous les ministres de la
Justice depuis 40 ans.
Alors, à moins que les parlementaires en fassent la demande générale, je
pourrais toujours reprendre cette énumération,
mais, comme il semble que ce n'est pas le cas, je pense que les gens, les
parlementaires de l'opposition ont compris
que, depuis 40 ans qu'il y a des ministres de la Justice, ils ont toujours
respecté de façon scrupuleuse ce secret professionnel qui fait partie, qui est partie intégrante,
qui est fondamental, même, à l'exercice non seulement de leur
rôle de ministre, mais de leur rôle d'avocat.
• (12 h 20) •
De
plus, quelques jours suivant cette interpellation,
donc le 28 novembre, le ministre de la Justice a eu
l'occasion une nouvelle fois, encore, de faire preuve de pédagogie, d'une
pédagogie qui est certainement bénéfique mais
dont devraient peut-être s'imprégner les autres membres de cette Assemblée.
Parce que le ministre de la Justice a, à ce moment-là, exposé à tous, tous les
gens qui écoutaient attentivement — j'espère — en
quoi consiste son rôle comme ministre qui occupe aussi la fonction de
jurisconsulte du gouvernement, c'est-à-dire, en quelques mots, de conseiller juridique du Conseil des ministres, du
gouvernement, et le fondement du secret professionnel et du secret des
délibérations du Conseil des ministres. Mes
collègues vous ont déjà exposé en détail ces deux éléments fondamentaux que
sont donc le rôle du ministre auprès
du pouvoir exécutif et, deuxièmement, le secret professionnel qui le lie au Conseil
des ministres. La décision du ministre, M. le Président, est une décision responsable, soucieuse à la
fois du respect du secret professionnel de l'avocat et aussi du caractère confidentiel des délibérations au sein
du Conseil des ministres, des principes consacrés et qui sont
véritablement au coeur même de notre système démocratique.
Moi
aussi, comme d'autres de mes collègues de
ce côté-ci de la Chambre, j'ai été
surpris que certainsparlementaires de l'opposition,
pour la plupart même de ceux-là sont des avocats, ils
continuent de questionner le ministre à
ce sujet. De plus, le député de Fabre a admis lui-même,
lors d'un point de presse le 1er novembre dernier… Alors,
le 1er novembre, ce n'est quand même pas si loin que ça, là, on ne parle
pas… ça ne fait pas des années. Oui, c'était
en 2013, oui, je vous l'accorde, sauf que
novembre 2013, ce n'est quand même
pas très, très loin de février 2014. Et le
député de Fabre, à ce moment-là, en point de presse, qu'est-ce
qu'il disait? «C'est un principe fondamental qu'un avis juridique est
confidentiel.»
Bien,
permettez-moi tout de même de répéter les explications du ministre.
À titre de ministre de la Justice, il joue également le rôle de jurisconsulte
du gouvernement. La nature de la relation qui existe entre le ministre de la
Justice et ses collègues ministres, à qui il peut rendre des opinions
juridiques, s'apparente à celle d'avocat-client. Dans ce contexte, les avis
juridiques préparés par le ministre se trouvent couverts
par le secret professionnel.
Vous
le savez, il y en a trois, pouvoirs, dans notre société. Bien que certains affirment
que les médias représentent le
quatrième pouvoir, il y en a trois qui sont institutionnalisés. Il y a le
pouvoir exécutif, donc celui du gouvernement. Il y a le pouvoir législatif, celui exercé ici par les
membres de l'Assemblée nationale. Et puis,
finalement, bien, il y a le pouvoir
judiciaire, les tribunaux.
Un projet de loi chemine dans sa préparation, d'abord au pouvoir exécutif, avant d'aboutir au pouvoir législatif. Le
Conseil des ministres autorise le dépôt d'un projet de loi devant l'Assemblée
nationale, donc devant le pouvoir législatif. Ainsi, le jurisconsulte est donc
le conseiller juridique du gouvernement à cette étape, hein?
Donc, je rappelle le cheminement :
le projet de loi, avant d'être déposé ici, dans l'enceinte de l'Assemblée
nationale, est examiné par le Conseil des ministres, par le pouvoir exécutif,
pas nécessairement… enfin, je pense que toujours le Conseil des ministres est
consulté, mais le pouvoir exécutif, donc, décide de mettre ce projet de loi au
feuilleton. Le Conseil des ministres, donc, l'autorise, ce dépôt-là du projet
de loi, devant l'Assemblée nationale, alors le
jurisconsulte est, donc, le conseiller juridique du gouvernement à cette étape.
Alors,
c'est la même chose pour tous les projets de loi du gouvernement.
Naturellement, il y a aussi d'autres types de projet de loi, notamment
les projets de loi privés, qui suivent un autre cheminement. D'ailleurs, on en
a eu un exemple assez éloquent aujourd'hui
même, lorsque la députée de La Pinière a présenté un projet de loi. Alors,
je vous le confirme, M. le Président, il n'a pas fait l'objet d'une
décision au conseil… d'une recommandation du Conseil des ministres. Alors, il y a quand même la possibilité pour les députés de déposer leurs
propres projets de loi, mais, dans le cas
du sujet qui nous intéresse aujourd'hui, il s'agit véritablement d'un projet…
On parle des projets de loi qui cheminent donc de la façon standard, là,
la plupart des projets de loi, qui sont des projets de loi du gouvernement.
Alors
donc, comme je disais, le ministre de la Justice, dans son rôle de
jurisconsulte, conseille le gouvernement
à cette étape cruciale dans le cheminement
d'un projet de loi. C'est donc dans un caractère privé qui est
protégé par le secret des délibérations du Conseil des ministres. Le ministre
a rappelé à plusieurs reprises que sa fonction de jurisconsulte, c'est-à-dire de conseiller juridique du Conseil
des ministres, se limite au pouvoir
exécutif. Ça ne traverse pas cette ligne-là pour se
rendre au pouvoir législatif, ça arrête dans la salle du Conseil des ministres.
Il est le conseiller juridique de l'Exécutif et non du législatif. Il est le
conseiller juridique du gouvernement et non de l'Assemblée nationale. Désolé
de décevoir les gens qui défendent le
contraire. Le ministre de la Justice a clairement expliqué à
plusieurs reprises qu'il n'est
pas le conseiller juridique de l'Assemblée nationale, et moi-même, je vous le répète encore une fois : Le ministre de la Justice n'est pas le
conseiller juridique de l'Assemblée nationale. Il est le conseiller juridique
de l'Exécutif et non du législatif. Il est le conseiller juridique du gouvernement
et non de l'Assemblée nationale. Il me semble que ça devrait être suffisamment clair.
Je vous ai parlé tout
à l'heure, M. le Président, de l'intervention du ministre de la Justice le
28 novembre dernier, donc
le 28 novembre 2014, ce qui n'est
pas très, très loin du moment où nous nous parlons aujourd'hui, alors donc.Et je vous ai
mentionné que le ministre de la Justice, le 28 novembre dernier, a eu
l'occasion de faire preuve de pédagogie et d'exposer à tous les parlementaires
et aussi à tous les gens qui nous écoutent par le truchement de la télédiffusion des débats de l'Assemblée nationale… donc de faire preuve de pédagogie et d'exposer en
quoi consiste le rôle du ministre de la Justice. Et je ne veux pas trop
me répéter, mais, comme ça a été souligné à plusieurs reprises, il occupe, ce ministre, aussi la fonction de
jurisconsulte du gouvernement. Alors, au Québec, M. le
Président, les dimensions du
rôle du ministre de la Justice et Procureur général sont multiples. Il porte plusieurs
chapeaux quand même, ce ministre de la
Justice, et je pense
qu'on peut profiter de l'occasion pour saluer son
excellent travail;et il assume l'ensemble
de ces responsabilités-là avec brio.
Conformément
à l'article 2 de la Loi sur le ministère de la Justice, le ministre de la
Justice est d'office le Procureur général, le Notaire général et le registraire
du Québec. Ce n'est quand même pas rien. «Le ministre de la Justice…»
Et je cite donc la loi, l'article 2 de la Loi sur le ministère de la Justice — alors,
on pourra toujours vérifier si la source est bien citée, moi, je vais le dire comme je le vois ici, devant
moi : «Le ministre de la Justice est d'office Procureur général du Québec.
Il est également et d'office le Notaire général du Québec.
«Le ministre de la
Justice, en qualité de Procureur général, est en même temps le registraire du Québec.»
Et je ferme les guillemets.
Des fois, j'ai un peu de difficultés quand je parle des guillemets, parce que
j'écoute souvent Gérard D. Laflaque, et lui parle plutôt de gimlets, mais c'est… Alors, je m'excuse de
cette petite pause humoristique sur un sujet aussi
sérieux.
• (12 h 30) •
À titre de ministre
de la Justice, il joue également le rôle de jurisconsulte du gouvernement, et
je voudrais vous rappeler une définition. Le
petit Robert, qu'on aime bien citer en cette Chambre de temps à autre, définit lejurisconsulte comme
suit — et
j'ouvre encore les guillemets : «Personne qui fait profession de donner
des avis sur des questions juridiques.» Je ferme les guillemets.
Dans ce contexte, le ministre…
Et je voudrais citer encore une fois… Pour les gens qui pourraient penser que
l'argumentation que je défends ici serait une argumentation purement, je ne
sais pas, de nature partisane ou une interprétation de ma part, je voudrais
citer l'article 3 de la Loi sur le ministère de la Justice. J'ouvre les
guillemets :
«a) a la responsabilité
d'établir la politique publique de l'État en matière de justice;
«b) veille à ce que les
affaires publiques soient administrées conformément à la loi;
«c) a la surveillance
de toutes les matières qui concernent l'administration de la justice au Québec,
à l'exception — puisque, comme le veut le vieil adage, les
exceptions confirment la règle, alors la règle est donc qu'il a la surveillance de toutes les matières qui
concernent l'administration de la justice au Québec, à l'exception… — de
celles qui sont attribuées au ministre de la Sécurité publique;
«c.1) élabore des orientations
et prend des mesures en matière d'affaires criminelles et pénales;
«d) donne son avis au
ministre titulaire des divers ministères du gouvernement du Québec — donc,
vous devinerez bien qu'on parle de ministres
titulaires au pluriel, donc des divers ministères du gouvernement du Québec — sur toutes les questions
de droit qui concernent ces ministères;
«e)
a la direction de l'organisation judiciaire et de l'inspection des greffes des
tribunaux, ainsi que la direction de l'organisation et de l'inspection
du Bureau de la publicité des droits personnels et réels mobiliers;
«f)
a la surveillance des officiers de justice et de l'Officier de la publicité des
droits personnels réels mobiliers;
«g) remplit les
autres fonctions qui lui sont assignées par le gouvernement, ou qui ne sont pas
attribuées à quelque autre ministère du gouvernement.»
Donc, je devrai
bientôt conclure si je comprends bien vos signes, M. le Président. Et
permettez-moi donc de conclure en disant que ce rôle de jurisconsulte, c'est un
rôle de conseiller juridique, et il est au coeur des fonctions du ministre de
la Justice. Et, à ce titre, le ministre est appelé à donner des opinions
juridiques, que ce soit au Conseil exécutif
ou aux différents ministres du gouvernement, et la nature de la relation qui
existe entre le ministre de la Justice et ses collègues ministres
s'apparente à celle d'avocat-client. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Repentigny,
pour cette intervention. M. le député de
LaFontaine, après répartition du temps, vous disposez maintenant de 30 min 32
s. Je vous cède la parole.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, moi, je porte ma croix et je
n'impose pas ma religion à personne. Moi, je
porte ma croix et je n'impose pas ma religion à personne. Les gens qui nous
écoutent à la maison comprennent ça.
Raymond Gravel, souverainiste, ancien député du Bloc québécois, comprend ça, si
bien qu'il le dit, Raymond
Gravel : Moi, quand je porte ma croix, je n'impose pas ma religion à
personne. Avec cette logique que verbalise Raymond Gravel, que tout le monde à la maison comprend, M. le Président,
une telle personne perdrait son emploi dans la fonction publique ou
serait discriminée à l'embauche, elle ne serait pas employée à la fonction
publique. Aussi clair que ça, M. le Président.
Le
ministre de la Justice sait que c'est illégal en vertu de la charte québécoise
des droits et libertés. Il existe des opinions
juridiques — c'est très
clair à ce stade-ci du débat, M. le Président — sur précisément ce qui divise la
population du Québec : empêcher Raymond Gravel de travailler, empêcher M.
et Mme Tout-le-monde, à la télévision, qui nous écoutent et qui pourraient porter une croix. Pour un homme juif, la
kippa, pour une femme, le foulard sur les cheveux, ils, elles perdraient
leur emploi, ils, elles seraient discriminés, M. le Président, et ça, au
Québec, en 2014, c'est illégal. C'est
illégal depuis, M. le Président, bientôt 40 ans, depuis 1976, l'adoption
de la charte québécoise des droits et libertés, M. le Président. Depuis l'adoption de cette charte, M. le Président, il
est illégal de dire à une personne : On te discrimine basé sur tes croyances religieuses. Et ça, M. le
Président, c'est faire fausse route, c'est faire en sorte de donner
raison…
On l'a accueilli tout
à l'heure, le maire de Montréal, Denis Coderre. Il a dit, je le cite, dans le
journal Métro, 8 novembre
2013 : «Il ne faut pas que la laïcité devienne une religion.» Ça prend, M.
le Président, une mesure. Ça prend, évidemment,
le respect des droits et libertés, ce qui fait dire à Denis Coderre… Déjà là,
il l'a annoncé. Je le cite toujours, le
10 octobre 2013 dans Le Devoir, le maire de Montréal, je le cite : «Si la loi passe, j'irai devant
les tribunaux comme maire.» Fin de la citation.
Henri Brun,
qui, pourtant, a reçu un mandat qui lui a donné 6 000 $ du
gouvernement pour analyser le bien-fondé ou non des cette interdiction
de port de signes religieux ostentatoires par tous les fonctionnaires, M. le
Président, Henri Brun,
sa conclusion aura été de dire… Malgré le mandat qui lui a été donné, le plus
loin qu'il a pu aller et dire, c'est : Écoutez, je ne suis pas convaincu que ce serait nécessairement
inconstitutionnel. C'est une opinion, M. le Président, qui n'est pas très forte, une opinion… Par contre, on
l'a entendu la semaine dernière, Henri Brun, en commission
parlementaire, il a dit : Le
gouvernement devrait, sur cet aspect-là, aller chercher le plus large consensus
parce que les débats judiciaires… Déjà,
le maire ce Montréal nous l'a annoncé, nous donnera 10 ans de débats
judiciaires et fera en sorte que le débat… Cette division-là persistera
et sera transposée devant les tribunaux.
On dit, M. le
Président… Et on cite Julie Latour. La nouvelle, évidemment, membre du conseil
d'administration du Conseil du statut de la femme, nous dit : Il faut
faire comme en 1975, en 1976, l'adoption de la charte québécoise, et il faut adopter cette charte du Parti
québécois. Bien, ça a été adopté, M. le Président, à l'unanimité à l'époque
sous un gouvernement libéral de Robert Bourassa. C'était en 1975.
Aujourd'hui, force est de constater que la majorité des 125 députés à
cette Assemblée nationale sont contre cette violation de cette liberté de
conscience et de religion.
On se plaît,
du côté de la banquette ministérielle, à citer la députée de La Pinière.
Ce matin, elle a déposé son projet de
loi, elle est contre la charte du Parti québécois, la députée de
La Pinière. Elle l'a, entre autres, répété ce week-end dans L'Actualité, le magazine, en disant qu'elle ne voit aucune justification de faire
ce que propose le ministre des Institutions démocratiques, la première
ministre et ce gouvernement du Parti québécois, d'interdire le port de signes
religieux, d'empêcher Raymond Gravel de
travailler ou d'être embauché dans la fonction publique et d'empêcher les
femmes et les hommes qui nous
écoutent à la maison et qui pourraient porter un signe religieux parce que ça
fait partie de leur identité et de
leurs croyances les plus sincères… Bien, faire en sorte que, cette
interdiction-là… Même la députée de La Pinière, dans le dépôt de
son projet de loi, elle est contre, ce sur quoi nous également, nous sommes
contre. J'invite, évidemment, cette banquette ministérielle, avant de citer la
députée de La Pinière, à revenir sur cet élément-là.
Deuxième
élément, je les invite à réfléchir sur ce qu'elle a envoyé comme message.
Qu'ils aillent voir le projet de loi
qu'elle a déposé, elle exige… Pour notre crucifix qui est au-dessus de votre
siège, M. le Président, elle exige que ce soit un vote des deux tiers de
l'Assemblée nationale avant d'aller y toucher, avant de l'enlever. On sait que
la première ministre veut aller l'enlever, le crucifix qui est là. Nous, on
veut qu'il reste là et on va voter contre qu'on l'enlève. La députée de
La Pinière, qu'on se plaît à citer à la banquette du Parti québécois, veut
que, sur cette question, il y ait une majorité des deux tiers de l'Assemblée
nationale.
• (12 h 40) •
Et on nous dit que c'est une décision pas des
juges, c'est une décision politique que la charte de la laïcité. Bien, on est loin du compte, on est loin des deux
tiers pour adopter, M. le Président. La majorité des députés sont contre
ce qui fait écueil, contre l'interdiction mur à mur de port de signes religieux
pour les fonctionnaires de l'État. Et ça, M.
le Président, ce n'est pas juste les 600 000… Puis excusez du peu, c'est
déjà extrêmement substantiel. L'État, domaine public et parapublic, est
le plus grand employeur au Québec. Ce n'est pas juste pour tout l'État,
600 000 et même plus Québécoises et Québécois, que cette interdiction
viendrait, évidemment, atteindre et discriminer ce qu'ils sont individuellement par leurs croyances religieuses,
mais également le Parti québécois, depuis le dépôt du projet de loi
n° 60, est allé encore plus loin par
rapport aux documents de consultation qui avaient été déposés en septembre, M.
le Président. Comment ça? Parce qu'à l'époque on disait : On ne va
interdire mur à mur le port des signes religieux qu'à certains organismes de l'État, dont les ministères. Mais ce
n'était pas l'ensemble des employés publics et parapublics, ce n'était pas les 600 000 et plus Québécoises et
Québécois, le projet de loi n° 60 a élargi à tout ce domaine, plus, M. le
Président, celles et ceux qui sont employés
d'une entreprise — ça peut
être une PME, ou une moyenne, ou une grande entreprise — qui transigerait avec l'État, qui
donnerait un service.
Imaginez-vous donc, M. le Président, que le
ministre des Institutions démocratiques, là, celui qui nous dit : Bien, c'est une bonne chose pour la cohésion
sociale… On repassera pour la cohésion sociale. Le ministre des
Institutions démocratiques est allé donner
l'exemple suivant d'une entreprise qui serait visée, et l'exemple — et je le paraphrase — était le suivant. Imaginez une
entreprise qui offre un soutien informatique à un ministère X. L'employé, que
ce soit un homme ou une femme, qui se promène à l'interne, dans l'édifice, sur
les étages, pour aller d'un poste à l'autre, bien, cette personne-là ne pourrait pas porter de signe religieux
ostentatoire. Ça ne pourrait pas être Raymond Gravel avec sa croix,
malgré le fait que tout le monde respecte ça. Le choix de Raymond Gravel, c'est
important pour lui, c'est son identité.
C'est important pour chaque personne également qui veut exprimer et qui veut
vivre selon des règles… qui fait en
sorte que la cohésion sociale, M. le Président, ne sera jamais atteinte lorsque
l'on attaquera l'individualité des gens, lorsqu'on remettra en question
le bien-fondé d'une croyance religieuse.
Et, lorsque l'on fera comme le ministre, qui,
suite à la motion du 13 novembre, a été questionné : M. le ministre… J'ai posé la question au ministre de la
Justice : Pour vous, est-ce qu'il est possible qu'une personne qui a
des croyances religieuses, quelles qu'elles soient, est-ce que c'est possible
que cette personne-là se sente obligée et se sente justifiée, justement, de
porter un signe religieux? Est-ce que, selon vous, c'est possible? il a
toujours refusé de répondre à cette question. Question fondamentale, M. le
Président.
La Cour
suprême, dans un jugement que nous avons eu l'occasion d'analyser et d'étudier
lorsque, nous, du Parti libéral du
Québec, nous avons étayé notre position, disait essentiellement la chose
suivante : Ce n'est pas parce que nous plaidons devant un juge qui peut avoir la peau noire qu'il,
nécessairement, viendra favoriser des gens qui plaideront devant lui et qui auront la peau noire. Ce serait faire,
évidemment, une entorse à l'indépendance et à l'impartialité. Ce serait
non seulement une insulte à l'intelligence
d'une telle personne, ce serait une insulte, évidemment, au processus qui fait
en sorte que ce n'est pas parce qu'une
personne, par son identité, par ce qu'elle est et parce qu'on veut vivre dans
une société qui respecte les caractéristiques personnelles et
intrinsèques de chacun… On ne peut pas faire de telles adéquations.
Raymond
Gravel porte sa croix, et qu'on lui dise : Bien, c'est bien de valeur, tu
ne travailleras pas ici, on ne te donnera pas d'emploi parce que,
nécessairement, tu vas vouloir imposer ta religion à tes collègues, puis ça, on
ne veut pas de ça ici…
Ça, on appelle ça du prosélytisme, M. le Président. Nous sommes tous en accord
avec le fait qu'il ne doit pas et
qu'il n'est pas permis à un fonctionnaire de faire en sorte d'essayer de faire
de nouveaux adeptes et de prêcher sa religion à ses collègues, nous
sommes tous d'accord. L'erreur, l'écueil du Parti québécois, c'est lorsqu'il
dit : Bien, un signe religieux, de facto, c'est du prosélytisme. De facto,
il porte sa croix, Raymond Gravel, il va vouloir faire des nouveaux adeptes. Arrêtez-le,
le gardien de la sécurité à la porte d'entrée, il ne peut pas entrer dans l'État
québécois.
M. le
Président, du Parti libéral du Québec, c'est justement le genre d'État qu'on ne
veut pas, c'est justement le genre
d'État où on ne veut pas que le ministre, dans son bureau, appelle la sécurité
en bas, au rez-de-chaussée, pour dire : Bloquez le passage à Raymond Gravel. Bloquez le passage à cet employé du
sous-traitant privé, PME, qui pourrait être juif, porter la kippa, qui viendrait nous rendre des
services exceptionnels quant au maintien de notre système informatique.
On ne veut pas d'un État où le ministre,
dans sa grande discrétion, appellerait la sécurité et lui dirait : Vous bloquez la porte d'entrée à
cette personne, on ne veut pas le voir dans l'État québécois. M. le Président,
là est la question. C'est le genre de société, c'est le genre d'État que nous,
du Parti libéral du Québec, nous ne voulons pas.
On parle du
Parti québécois. Ils veulent faire la souveraineté dans un grand soir. On veut
faire la souveraineté avec une cohésion sociale, et Maria Mourani, mieux
que quiconque… Et ont fait écho à cela Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Jean Dorion, et j'en passe, ils sont
venus dire : Vous ne ferez jamais, jamais la souveraineté, si vous le
désirez, avec une exclusion systématique des personnes qui pourraient avoir des
croyances religieuses. Denis Coderre, je le répète, est venu dire : Il ne
faut pas que la laïcité devienne une religion.
La neutralité
de l'État, lorsque l'on compare la neutralité politique, autrement dit, qu'un
fonctionnaire ne peut pas porter un
macaron du Parti québécois… On ne peut pas comparer un macaron du Parti
québécois pour un fonctionnaire qui
se doit de ne pas en porter un parce qu'il doit respecter la neutralité
politique avec un fonctionnaire... La personne de l'informatique, là, qui est juive puis qui a une
kippa, on ne peut pas comparer sa kippa à un macaron du Parti québécois.
Je le sais, quand je dis ça, le ministre
saute ça de haut sur son siège, mais, M. le Président, le raisonnement — et qu'il me contredise si j'ai
tort — il
dit : Il y a la neutralité politique, faisons le pas qui suit, prenons la
neutralité religieuse, c'est la même chose. Si c'est bon pour la neutralité
politique, c'est bon pour la neutralité religieuse.
Moi, M. le
Président, j'ai grandi dans une famille où, en dérision, on disait de certaine
personne pour souligner ses écarts de comportement : Ah! lui, la
politique, il prend ça comme si c'était une religion. Pour lui, la politique,
c'est une religion. M. le Président, la
religion n'est pas de la politique, et la politique ne doit pas, la politique
ne doit pas être une religion, que
l'on croie ou que l'on ne croie pas. Que l'on soit athée ou croyant, la
politique ne peut pas être une religion. On ne peut pas prendre cet
argument de la neutralité politique, de dire : Bien, il n'y a pas de
macaron du PQ ou du Parti libéral, donc il n'y aura pas de kippa juive. Le
macaron du PQ n'est pas comparable à la kippa juive, et ça, le raisonnement, tous, à la maison, le comprennent,
M. le Président, il est implacable. Puis c'est le genre de société
où l'on ne veut pas voir diminuer ou catégoriser les signes religieux. Tu as un
signe religieux, tu fais du prosélytisme. Tu as un signe religieux, nécessairement tu ne respecteras pas les citoyennes et
citoyens autour de toi. Tu as un signe religieux, je présume de ta
mauvaise foi, que tu vas vouloir faire de nouveaux adeptes. Puis, quand tu vas
me donner le service au huitième étage de mon poste informatique qui ne marche
pas, pendant que tu vas essayer de le réparer, tu vas essayer de me convaincre
que ta religion, c'est la religion que je devrais également suivre. M. le
Président, c'est présumer de la mauvaise foi.
On a vu le
tollé… Je dis le tollé et j'emploierai le mot utilisé par Henri Brun, celui qui
a reçu le mandat de 6 000 $ du gouvernement du Québec pour
justifier un tant soit peu — on
a vu jusqu'où il a arrêté — justifier
le projet de loi du Parti québécois. Même Henri Brun a utilisé le mot «débat
corrompu». Le débat est corrompu par un climat extrêmement malsain, M. le Président. Le ministre lui-même a dû écrire
des lettres pour calmer le jeu. L'on ne veut pas d'une société divisée, et on doit respecter les opinions de tous et
chacun. Ce même ministre, M. le Président, qui, à l'aube des 270 heures
et plus… C'est important d'entendre les citoyennes et les citoyens, on va tous
les entendre, M. le Président. Mais le
ministre a déjà annoncé que, sur cet élément-là, là, l'article 5… L'article 5
du projet de loi, on va le lire, M.
le Président, il est très clair : «Un membre du personnel d'un organisme
public ne doit pas porter, dans l'exercice de ses fonctions, un objet, tel un couvre-chef, un vêtement, un bijou ou
une autre parure, marquant ostensiblement, par son caractère démonstratif, une appartenance
religieuse.» Même les bijoux, M. le Président. On parlait du code
vestimentaire, et même, là, on parle des bijoux.
• (12 h 50) •
Le ministre, d'entrée de jeu, à l'aube des 270
heures et plus de commission parlementaire que l'on a de l'autre côté, au salon rouge, et qui font les
choux gras des médias, M. le Président, à l'entrée, pendant et à la sortie,
on n'a pas fini d'en parler… Mais savez-vous
quoi? Le ministre a dit : Cet article 5 là, qui est le coeur des débats…
Ce ne sont pas tous les autres éléments auxquels également la députée de
La Pinière participe et qu'il y a également… Toutes les oppositions
participent, M. le Président. Cet élément-là est exclusivement… Puis, quand je
vous dis exclusivement, là, M. le Président,
on ne me détrompera pas du côté du gouvernement, 95 % et plus — et je suis conservateur, je pourrais dire 99 %, mais je dis 95 % et
plus — de
chaque minute des 270 heures que nous ferons — parce que, jusqu'à maintenant, on en
a fait à peu près 45, heures — 95 % du temps passé, c'est sur
l'article 5. Et le ministre a dit — et c'est là où j'en viens à ce qu'avait dit le ministre — là-dessus, il ne bougera pas. Pour lui, ce
serait diluer son projet de loi. Pour lui, ce serait lui faire manquer
peut-être la poignée qu'il espère pour gagner les prochaines élections.
D'autres leur ont dit... Ce n'est pas à nous à
le souligner, mais, chose certaine, M. le Président, lorsque l'on plaide qu'au
Québec ça prend un gouvernement de tous et pour tous… C'était à l'intérieur du
discours de la première ministre, M. le Président, Mme la première ministre
disait : «Cette charte de la laïcité...» Et je la cite, 31 octobre 2012, discours inaugural : «Ces propositions
[...] doivent bénéficier de l'adhésion du plus grand nombre.» Elle se
disait — et
je la cite toujours — vouloir
«rapprocher les Québécoises et les Québécois [...] de toutes les origines». Fin de la citation. Ce dernier extrait, c'était dans Le Devoir,
le 8 novembre 2013. M. le Président, nous sommes aux antipodes dans le discours, d'une part, et, d'autre part, versus, dans
les faits, le débat qui divise la population du Québec.
On ne pourra
pas faire avancer le Québec, M. le Président, malheureusement, parce qu'au
Québec on a besoin de balises pour qu'un accommodement qui est demandé soit
raisonnable. Ça veut dire quoi, M. le Président? Ça veut dire une règle fondamentale au
Québec à laquelle les 125 députés et tous adhèrent, M. le Président, c'est
respecter l'égalité hommes-femmes. Sur ça, règle fondamentale, on veut des
balises pour que des accommodements ne soient pas déraisonnables, mais
raisonnables.
La neutralité
de l'État doit être inscrite dans la charte, mais des institutions, non pas des
individus, M. le Président, parce
qu'il est extrêmement dangereux, M. le Président — et je pèse mes mots — d'aller
jouer dans ce que l'on considère par
loi. M. Parizeau a dit qu'il n'avait jamais vu ça, lui, puis qu'au Québec
on n'avait jamais fait ça, de venir définir dans la loi, M.
le Président, si vous, si moi, si les gens qui travaillent avec nous à l'Assemblée
nationale sont suffisamment neutres dans
leur individualité. Imaginez ça, M. le Président, imaginez — je pèse bien mes mots — une
loi qui viendrait définir si vous
êtes suffisamment neutre dans ce qui vous caractérise de la manière
la plus intrinsèque. C'est extrêmement dangereux.
Nous, du Parti libéral du Québec, là, on dit qu'en 2014 nous ne voulons pas aller
là, nous n'irons pas là, et le gouvernement devra scinder son projet de
loi s'il veut faire avancer le Québec.
Au contraire, on n'entend pas beaucoup la ministre
de l'Immigration. La ministre de l'Immigration, elle est en charge, elle, de veiller à ce que l'État québécois
soit représentatif de toutes les Québécoises et Québécois. La ministre de l'Immigration, je
comprends son malaise par rapport à cette charte du Parti québécois qui
viendrait mettre carrément de côté et invalider toute mesure proactive pour
faire en sorte que l'État québécois ait les caractéristiques du visage de ce
qu'est le Québec aujourd'hui, en 2014. Et ça, M. le Président, je comprends le
malaise de la ministre de l'Immigration.
Et on dit du Parti québécois, les 54 députés : Ah! ils sont tous unanimes, les 54 députés du Parti québécois veulent décrocher le crucifix à l'Assemblée nationale, au salon bleu. Les 54 sont unanimes. Belle
unanimité! Sont-ils représentatifs du
Québec lorsqu'il y a une claire
division là-dessus? Les 54 députés, incluant la ministre de l'Immigration, sont
d'accord et unanimes sur le fait que l'on prend toute politique et mesure de
faire en sorte que la discrimination à l'embauche n'ait pas lieu dans l'État québécois, contrairement à ce que prône la charte du Parti québécois? Les 54
députés du Parti québécois sont d'accord avec ça, M. le Président? Tout
le monde reconnaît qu'il y a une énorme division sur cette proposition, mais, au Parti québécois, ils sont 54 unanimes là-dessus?
Et ils se gargarisent des propos de la députée
de La Pinière qui dépose un projet de loi aujourd'hui et qui vient leur
dire : Bien, attention! vous avez beau avoir une unanimité feinte, vous devrez avoir les deux tiers de l'Assemblée nationale. Et la députée
de La Pinière vient leur
dire : Votre interdiction, là, complète, là, des ports de signes
religieux, là, pour les 600 000 et plus puis les PME qui font affaire avec
le gouvernement puis qui reçoivent des subventions, moi, députée de
La Pinière, je suis contre ça.
Il n'y a pas un questionnement, M. le Président,
que les hommes et les femmes qui nous écoutent à la maison devraient avoir? Les
54 députés du Parti québécois seraient, en apparence, unanimes là-dessus.
On les a beaucoup entendus parler de la députée de La Pinière, mais très
peu de commentaires sur Maria Mourani, qui a eu des propos extrêmement durs. Et Maria Mourani, suite au
dernier référendum, avait pris son bâton du pèlerin et faisait en sorte
de, justement, rassembler. Au-delà des beaux
discours, elle était sur le terrain. Et elle a été foncièrement choquée,
comme beaucoup de Québécoises et Québécois
le sont, et le gouvernement continue, M. le Président, à alimenter cette
division lorsque le ministre dit : On ne bougera pas là-dessus.
En conclusion, M. le Président, il est important
de reconnaître qu'ici la motion visait à entendre le ministre de la Justice,
ministre de la Justice qui, suite au dépôt du document de consultation, a dû
lire — et
il a dit qu'il l'avait lu — l'opinion indépendante de la Commission des
droits de la personne. Et, cette opinion, M. le Président, on se
rappellera qu'elle commentait, évidemment, le dépôt du document de consultation,
mais le projet de loi n° 60 va encore plus loin parce que c'est les 600 000 et plus, c'est les PME qui font
affaire avec le gouvernement, c'est mon gars d'informatique qui est au
huitième étage puis qui se fait barrer la porte en bas sur décret du ministre.
Et là, encore plus, M. le Président, pour le
Parti québécois, des signes religieux, ils n'en veulent pas. Et, l'article 33, je vous invite à le lire, il
constitue le ministre des Institutions démocratiques expert en la matière de
signes religieux. Est-ce que c'est assez
rassurant pour M. et Mme Tout-le-monde qui nous écoutent, M. le Président, de
savoir que c'est le ministre des Institutions démocratiques qui est, en vertu
du projet de loi, l'expert des signes religieux? Alors, je ne sais pas s'il va faire comme la multiplication des pains, la
multiplication des ministres, puis qu'il va se rendre au rez-de-chaussée
de tous les buildings du secteur public et parapublic, de toutes les PME qui font
affaire avec le gouvernement ou de tous les organismes, entre autres,
d'intégration, M. le Président — on les a entendus, ils sont contre — ferait en sorte de dire : Bien, ce
matin, vous, vous ne rentrez pas — premier avertissement, article 14 du
projet de loi — puis, ultimement, vous allez perdre votre
emploi. Le ministre omniscient, omniprésent se constitue expert en la
matière de ce qu'il interdit et il viendra juger de ce qui est ostensible ou
pas : La fameuse croix est-elle trop grande ou trop petite?
Mais, chose
certaine, M. le Président, la Commission des droits de la personne, qui est un
organisme indépendant, son président…
Et je cite le ministre de la Justice, qui parlait du président de la Commission
des droits de la personne, qui est
contre cette interdiction. Le reste, on peut faire avancer le Québec demain
matin, mais il disait : «La commission…» Et je cite le ministre de
la Justice : «La Commission des droits, son président [...] Jacques
Frémont, que je connais bien, avec qui j'ai
déjà travaillé et, je vais vous révéler un secret, M. le Président — c'est lui qui parle — dont j'ai recommandé à la première ministre la nomination à la présidence
de la Commission des droits [...] parce que c'est un juriste éminent, ancien doyen de la Faculté de droit, ancien
vice-recteur de l'Université de Montréal…» Il a été nommé par le
gouvernement du Parti québécois le 12 juin 2013. Quelques mois après, le
17 octobre 2013, soudainement ce président, cet éminent juriste
a perdu tout crédit aux yeux du gouvernement parce qu'il préside la Commission
des droits, qui a dit au gouvernement : C'est illégal, ce que vous voulez
faire.
En plus, ce
n'était pas une analyse sociologique, mais, sur le plan politique, on le
constate à tous les jours, ça divise la population. Alors, il est
important, M. le Président, de faire en sorte que ce qui divise le Québec
n'alimente pas une éventuelle prochaine élection, ce qui divise le Québec ne
soit pas le fondement…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je dois me lever et vous interrompre,
M. le député de LaFontaine, compte tenu de l'heure. Avez-vous terminé
votre intervention ou vous souhaitez poursuivre?
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'intervention est terminée. Y a-t-il d'autres intervenants sur la prise en
considération du rapport? Sinon, cela met fin au débat sur le rapport de la
Commission des institutions.
Et, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Veuillez vous asseoir.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion
proposant que l'Assemblée exige du gouvernement
la présentation du discours sur le budget et le dépôt
du budget des dépenses 2014-2015 avant le
déclenchement des élections générales
Alors, nous
en sommes aux affaires du jour, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. À l'article 58 du feuilleton, aux affaires inscrites par
les députés de l'opposition, M. le député de Brome-Missisquoi présente la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement péquiste la présentation en bonne
et due forme du discours sur le
budget 2014-2015 ainsi que le dépôt du budget des dépenses 2014-2015 avant que
la première ministre ne déclenche des élections générales.»
Je vous
informe que la répartition des temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par M. le député de Brome-Missisquoi s'effectuera comme
suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa
réplique; environ 45 min 58 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; environ
41 min 43 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle; environ
15 min 19 s sont allouées au deuxième grouped'opposition; sept minutes sont allouées aux
députés indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les
députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué
aux groupes parlementaires en proportion de leur représentation à l'Assemblée.
Mis à part les consignes mentionnées
précédemment, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, les députés indépendants qui
souhaitent intervenir au cours du débat ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Brome-Missisquoi.
M.
Pierre Paradis
M.
Paradis : Merci,
Mme la Présidente. Dans un premier temps, je tiens à vous remercier d'avoir
reçu et déclaré recevable la motion que nous avons présentée aujourd'hui :
c'est assez simple, on ne veut pas se lancer en élections sans connaître la
situation… oui, la vraie situation budgétaire du Québec.
Il n'y a pas
eu de budget au Québec, Mme la Présidente, depuis l'automne 2012. On est rendus
au printemps 2014. Ça a donné le
temps au ministre des Finances de critiquer à deux reprises des budgets du
gouvernement fédéral — parce qu'eux autres, ils en font à chaque année. Je
pense que c'est le chef de l'opposition qui l'a le mieux exprimé. On se
doit, au moins sur une base annuelle, dans une famille, d'avoir un
budget : c'est quoi, nos revenus, c'est quoi, nos dépenses; sinon, on ne
sait pas où on s'en va. Puis c'est un petit peu ce qui arrive de l'autre côté,
là.
On a eu dernièrement des économistes de
l'Université de Sherbrooke qui ont produit un rapport sur leur inquiétude face à l'état des finances publiques au
Québec. On a également eu l'École des hautes études commerciales qui a
fait la même chose. Et, pour ajouter la cerise sur le sundae, l'ancien premier
ministre, ex-ministre des Finances également,
M. Parizeau, qui nous dit : C'est la première fois depuis 30 ans que je
suis inquiet. Ça, ça veut dire que, même quand le Parti libéral — puis on sait qu'il n'était pas libéral,
là — était au
pouvoir, il n'était pas inquiet, mais il est inquiet quand le PQ est au
pouvoir. Quand l'ancien premier ministre péquiste est inquiet des finances
publiques du Québec quand
le PQ est au pouvoir, Mme la Présidente, ça veut dire que c'est unanime dans la
société. Il n'y a pas personne qui ne
s'inquiète pas de l'état des finances publiques du Québec, sauf — sauf — le ministre des Finances puis les
députés péquistes qui ne le savent pas puis
qui l'applaudissent parce que c'est la ligne de parti qui doit primer. Puis pas
important de connaître les chiffres,
l'important, c'est d'applaudir le ministre des Finances. Mais ça doit être
difficile d'applaudir un ministre des
Finances qui avoue lui-même qu'il a manqué de jugement, qu'il a commis des
erreurs, qu'il s'est trompé puis qu'il
y a un vice-premier ministre qui ajoute qu'il est un peu trop franc. Ça doit
être difficile d'applaudir, mais, quand on est en campagne préélectorale, on s'aveugle, on appelle ça de
l'aveuglement volontaire, puis, au lieu de représenter les intérêts de nos concitoyens qui nous ont élus à
Québec envers le gouvernement, on prend le message du gouvernement puis on le rentre dans la gorge de nos électeurs.
Mais ça, ce n'est pas très prometteur pour l'avenir, Mme la Présidente.
Mais, à ce moment-ci,
moi, j'en ai beaucoup à ajouter, là, mais j'ai pris un rendez-vous puis,
habituellement, je respecte mes rendez-vous,
pas toujours avec vous, là, mais avec les gens avec qui je les prends. J'ai
pris un rendez-vous avec le ministre
des Finances, cet après-midi, parce qu'il est en préparation de son budget et
il voulait avoir desrecommandations.
À date, on lui en a fait à plusieurs reprises, des recommandations, il ne les a
jamais suivies. Mais nous, on
travaille dans l'intérêt de la population puis, même si on pense qu'il ne les
suivra pas encore une fois, on va se plier à la démarche, on va
humblement aller lui soumettre nos recommandations pour créer davantage de
richesse pour les Québécois et les Québécoises. Si jamais et d'aventure il se
décidait à nous écouter, on va l'appuyer. Puis, s'il fait comme d'habitude puis il ne nous écoute pas, Mme la Présidente, puis il pose des gestes où il se trompe, puis il fait mal ça, puis il
manque de jugement, encore là, c'est de la récidive, on va être obligés de
prendre des décisions difficiles. Mais on ne veut pas en arriver là.
Ça
fait que moi, je vais à cette rencontre-là avec une ouverture d'esprit. Je vais
laisser le débat se continuer ici. Vous
avez d'excellents députés
ministériels qui sont des gens qui
connaissent bien les finances
publiques, qui sont des entrepreneurs,
qui sont des gens qui connaissent c'est quoi, la création de la richesse. Mon
collègue de Louis-Hébert ici, à côté, ma collègue de Laporte, Châteauguay,
c'est tous des collègues qui ont une expérience des affaires et de la business. Et, pendant ce temps-là, moi, je vais tenter de convaincre mon bon ami le
ministre des Finances que j'ai pris acte de ses aveux
d'incompétence, mais qu'il a le droit à une deuxième chance, puis qu'on va…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Bien sûr. Oui, M. le leader adjoint.
M.
Traversy : Nous avions bien commencé la séance avec un ton qui
était respectueux. Le député de Brome-Missisquoi,
on le sait, est un parlementaire aguerri. J'ai relevé quelques mots, là,
notamment «aveuglement volontaire» et d'autres qui se sont répétés en
cette Chambre et qui font partie de notre lexique antiparlementaire. Je lui
demanderais d'être prudent pour la suite de son intervention et de faire
respecter le règlement.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Moreau : J'ai suivi également les propos du député de
Brome-Missisquoi, ce qu'il relate, ce sont des faits ou des déclarations
faits par le ministre des Finances lui-même.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, vous savez très bien
qu'on ne peut pas faire indirectement... Alors, je sais que j'ai votre collaboration, vous êtes un
gentilhomme, et que vous allez poursuivre et terminer votre présentation
pour aller à votre rendez-vous. Je le comprends bien. Merci.
M.
Paradis : Mme la Présidente, je vous remercie beaucoup. Je
vais même corriger et faire amende honorable, Mme la Présidente. Au lieu
de parler d'aveuglement volontaire, je vais parler d'aveuglement involontaire.
Disons qu'il n'en était pas conscient, puis
c'est correct comme ça. Mais les résultats sont les mêmes pour le contribuable
puis pour l'économie québécoise. Là-dessus, Mme la Présidente, je vous demande
de reconnaître le prochain intervenant.
• (15 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Est-ce que j'ai un prochain intervenant?
Alors, est-ce que j'ai un prochain intervenant? Alors, M. le leader du
gouvernement et président du Conseil du trésor.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Je vous avouerai que la fin abrupte de mon collègue m'avait laissé sur ma faim,
je ne vous le cacherai pas. Donc, je
m'attendais à ce que quelqu'un prenne le relais pour puncher un peu
l'intervention de notre estimé collègue, Mme la Présidente. Donc, je vais
continuer sur ces propos, effectivement, sur l'aveuglement qualifiait-il
d'involontaire.
À la lecture de la
motion, c'est un peu surprenant, je ne vous le cacherai pas. Je la lisais
tantôt. Pourquoi sommes-nous ici, Mme la Présidente? Parce que le député de
Brome-Missisquoi nous convie à ce que «l'Assemblée nationale exige du
gouvernement péquiste — ça,
c'est un terme qu'il aime bien, péquiste, quand il le dit de cette
façon-là — la
présentation en bonne et due forme du discours sur le budget 2014‑2015 ainsi
que le dépôt du budget des dépenses [...] avant que la première ministre ne
déclenche des élections générales».
Alors,
on est en situation minoritaire.
Donc, ce que je comprends, c'est qu'eux aussi prennent l'engagement de ne pas nous renverser à quelque moment que ce soit avant qu'on dépose un budget,
donc c'est quand même quelque
chose de bien, de sympathique, parce qu'à peu près à
toutes les semaines on avait le chef de l'opposition qui nous disait : Ah! Là, je suis dû pour le renverser, là. Souvenez-vous
quand il est arrivé au mois d'août, là : Ah! Je ne file pas à
matin, je pense que je vais les renverser. On a commencé comme ça à son
arrivée, puis, il y a des matins, il disait : Moi, je n'hésiterai à aucun moment pour les renverser.
Puis c'est drôle, il ne parlait pas de budget à l'époque. C'était, disait-il,
pour protéger le Québec
de ce méchant gouvernement. Bon, bien, écoutez, à l'évidence on en a été un
bon, il ne nous a pas renversés cet
automne. Donc, c'est une bonne nouvelle en soi. Ça veut dire qu'on a bien fait
jusqu'à maintenant parce qu'il
nous aurait déjà renversés. C'est l'engagement qu'il avait pris en arrivant, et
soit on a été un bon gouvernement, soit il a changé d'idée. Dans les deux cas,
c'est bon pour nous, Mme la Présidente. C'est bon, pourquoi? Parce qu'on est
encore là, on est encore aux commandes, et c'est surtout que la situation de
l'emploi s'est améliorée au Québec.
C'est une
performance que je qualifierais d'exceptionnelle dans un contexte qui est
difficile. Cette situation, elle a été
saluée, d'ailleurs, par tous les commentateurs pas plus tard — les
derniers chiffres qui sont tombés — qu'il y a de cela à peine une
semaine, une semaine et demie, où on a vu une croissance de l'emploi importante
pour le Québec et un maintien des projections qui avaient été faites, du
gouvernement, quant à la création d'emplois. Et ce défi, il est continuel, il
ne faut jamais cesser d'intervenir et tenter de stimuler la création d'emplois.
Parce que l'objectif d'un gouvernement,
c'est quoi quand on représente le peuple? C'est de travailler à l'amélioration
de leur qualité de vie. Ça passe par les soins de santé, la sécurité
civile, mais ça constitue aussi un moyen formidable d'être un acteur de la
création d'emplois au Québec.
Et je pense
que ça a été l'apanage de tous les gouvernements du Parti québécois.
Souvenez-vous de l'ancien premier ministre
Bernard Landry, qui parcourait toutes les régions pour chercher les occasions
pour stimuler l'emploi partout où il se trouve sur le territoire. Ça a
été la même chose de la première ministre actuelle, qui... Lorsqu'elle était
dans les différents postes qu'elle a eus, mais entre autres au ministère des
Finances, c'est elle qui a pensé toute la stratégie au niveau des créneaux
ACCORD pour les régions. Il en est de même du gouvernement actuel.
Parfois, on
nous reproche, imaginez-vous, de faire trop d'annonces de création d'emplois.
En Mauricie, on nous reprochait d'avoir investi dans les entreprises qui
créent des emplois. Drôle de choix! Investir 18 millions dans la sylviculture, c'est un engagement qu'on a pris,
qui est budgété et pour lequel il y a des retombées concrètes au niveau régional. Est-ce qu'on va s'empêcher de le dire?
Est-ce qu'on va s'empêcher de le faire? Même chose avec l'investissement
qu'on a fait à Port-Daniel, qui est un investissement stratégique maintenant
pour la Gaspésie. Et nous n'arrêterons pas
là. La création d'emplois, c'est l'obsession de notre gouvernement, puis elle
ne doit pas se traduire simplement en mots, elle doit se traduire en
gestes.
Et, ces
gestes, qui les porte le mieux que la première ministre elle-même? Elle a
décidé… Au-delà, vous savez, des
grandes missions où les gens aiment se rencontrer parfois et cocktailer, elle,
elle a décidé l'action concrète où elle rencontre des entreprises, elle fait atterrir des projets et elle
intervient directement avec les entreprises pour montrer que le Québec est une terre d'accueil pour ceux et celles
qui investissent, qui veulent investir. FerroAtlantica est un bel exemple lors du dernier forum à Davos. Aldo est un bel exemple d'un grand
entrepreneur québécois qui, je vous dirais, a choisi d'être moins
connu, si ce n'est que par son nom. Mais la personne existe vraiment et cette
personne crée des emplois à tous les jours,
et on a décidé de la soutenir dans des choix qu'elle a faits au niveau technologique, qui fait de
Montréal et du Québec une plaque tournante pour son entreprise.
Donc, on peut être fiers de cet activisme qu'on
a au niveau de la création d'emplois. Puis je tiens à aviser mes collègues de l'opposition que nous allons
continuer à le faire. Il n'y a pas une occasion qu'on ne prendra pas
pour stimuler l'emploi à Montréal, à Québec et dans toutes les régions du
Québec, évidemment en ayant un oeil attentif et une oreille attentive aux régions, qui sont parfois victimes des
circonstances. Comme nous avons actuellement les régions qui tournent autour de la forêt ou de l'aluminium
qui vivent des situations plus difficiles parce que ces compagnies, dû à
un prix plus bas au niveau de leurs
produits, ont diminué des investissements importants. Donc, ça a des
conséquences sur l'emploi dans ces
entreprises mais évidemment sur les PME qui gravitent autour de ces
entreprises. Donc, le gouvernement doit être là pour pallier, faire un
pont. Pourquoi? Parce que l'aluminium, c'est comme le printemps : ça
revient. Les prix reviennent. Les matières
premières, parfois, ça baisse. On l'a vu, les matières premières ont baissé
dans les derniers mois, précédents,
dans la dernière année et demie, et là ils se stabilisent, ils augmentent un
petit peu. Ça a un effet, mais ce qui est avantageux, c'est qu'il y a un
contexte qui devient propice et qui fait en sorte que les prix augmentent. Et
là il faut être au rendez-vous au niveau de la production, tellement, d'ailleurs,
qu'une entreprise dans le domaine minier, Goldcorp,
je pense, petite entreprise, sûrement, a qualifié le Québec comme une des grandes
terres d'accueil au niveau de
l'exploitation minière.
Alors, moi,
ce que j'invite mes collègues d'en face... S'ils veulent vraiment
stimuler l'emploi, je ne pense pas que le choix qu'ils ont fait d'annoncer, par la voix de leur chef, qu'ils
allaient revisiter les redevances minières était une bonne chose dans le contexte actuel. Nous avons repensé
le système pour justement faire en sorte que ces redevances... il y ait des
redevances minimales, ce qui n'existait pas avant, c'est-à-dire chaque entreprise va payer des redevances maintenant, mais surtout, lorsque les prix vont aller en
grimpant et qu'elles tireront des profits importants de leur activité
minière, le Québec aura plus de retombées de l'exploitation. Et c'est comme ça
que nous allons maintenir notre effet attractif pour les investissements
miniers, mais qu'en même temps ces ressources, qui sont non renouvelables, on
puisse en retirer notre juste part.
L'ancien gouvernement, malheureusement — le
gouvernement libéral — avait tardé avant de corriger le tir au niveau
des redevances. Qu'est-ce que ça a eu comme impact, Mme la Présidente? C'est que les prix, dans certains secteurs, ont même triplé. Le gouvernement a pris près de
huit ans avant d'agir et, quand il a agi, les prix avaient stagné et,
après ça, ils ont baissé. Donc, on a manqué
la coche, comme on dit. On a manqué l'avantage économique qu'on aurait eu,
parce que, les entreprises, c'était une petite partie des
profits qu'elles avaient. Et, quand elles font plus, elles sont prêtes, effectivement, à payer un peu plus. Cette occasion manquée, c'est parce que
le gouvernement n'avait pas ce souci de la création
d'emplois et du développement économique. On était ailleurs, on était dans le
laisser-faire — c'est
ce qu'on disait — parce
que c'est plus facile, le laisser-faire.
Souvenez-vous,
vous étiez là à l'époque... vous êtes arrivée un peu plus tard, Mme la
Présidente, en 2007, mais c'est là où
on a eu des belles phrases de l'ancien gouvernement, qui était... C'était le
premier ministre des Finances qui était
arrivé en poste... le deuxième — non, le premier n'est pas resté longtemps,
souvenez-vous — le
deuxième, oui, qui disait... qui nous a appris que : Vous savez, il
y a des usines qui ferment à un endroit, ils vont ouvrir ailleurs. On a entendu ça ici, en cette Chambre, là. Or, le
problème qui est arrivé dans les neuf années qui ont suivi, effectivement
les entreprises fermaient au Québec mais elles ouvraient ailleurs.
Ailleurs, au
début, c'était en Inde — c'était de la délocalisation — au Mexique parfois, dans d'autres
endroits à travers le monde où,
malheureusement, je vous dirais, pour les travailleurs, il y a des conditions
qui sont plus difficiles. Mais, à
partir de la fin des années 2000, la délocalisation, elle se faisait où? Aux
États-Unis. Imaginez-vous, un pays en voie de développement, là? Alors, les États américains étaient agressifs sur
le marché manufacturier, parce qu'ils voyaient que ces emplois étaient payants, parce que c'est de la
grosse machinerie. Effectivement, c'est des bonnes conditions salariales
puis c'est beaucoup d'investissements récurrents. Quand tu as des grosses
machineries, bien, il faut que tu investisses à tous les jours, donc ça a des
retombées concrètes à tous les jours. Alors, ils se sont dit : C'est le
créneau qu'il faut investir. Puis ils l'ont fait, ils n'ont pas trouvé ça dans
un sac à terre, là.
Il y a une
quantité de rapports qui disent que ce type d'entreprises, dans le domaine
manufacturier comme dans le domaine
de la production des... du matériel de production, c'est ce qui est plus payant
pour une économie. Le rapport Porter
au Canada, qui datait de la fin des années 80, début des années 90, marquait le
retard qu'avait eu le Canada à l'époque, et en partie le Québec, à développer
ce créneau-là. Le problème, c'est que, quand on a eu une conjoncture favorable
où le dollar, souvenez-vous, le dollar
canadien était très élevé, donc défavorisait nos exportations, on aurait dû
maximiser l'appui et le soutien pour
que ces entreprises puissent rester mais se moderniser au Québec. Et là,
actuellement, ces entreprises seraient encore au Québec, elles auraient
des avantages au niveau de la productivité, mais là elles bénéficieraient d'un
dollar qui est plus faible. Alors, imaginez-vous la création d'emplois qui
aurait été autour de ces joyaux!
• (15 h 20) •
J'ai perdu, chez nous, une entreprise, un joyau,
une entreprise formidable, Novelis, dans la transformation de l'aluminium,
simplement parce que le gouvernement a décidé de la laisser aller. On aurait dû
prévenir ces choses, Mme la Présidente. Et c'est d'ailleurs ce que... s'est
attelée notre ministre de la Politique industrielle, qui a annoncé différentes mesures pour stimuler la productivité
pour les entreprises mais, en même temps, identifier, au Québec et dans
les différentes régions, les joyaux sur
lesquels nous allons travailler avec eux, pas seulement quand ils sont en
problématique, pour plutôt assurer leur développement dans les créneaux où ils
sont actuellement et pour favoriser une plus grande productivité. Parce que, quand ils ont une meilleure offre, c'est dur,
on ne peut plus égaler l'offre qu'ils ont à l'extérieur, du Tennessee ou
peu importe l'État, il faut la battre, et là c'est plus d'argent public.
Donc, le retard que l'ancien gouvernement a eu,
il y a eu un coût énorme à payer pour les entreprises et les travailleurs du Québec. Donc, quand j'entends les gens nous faire des
leçons, c'est sûr que, malheureusement, nous, on est devant le fait accompli. On aurait pu se décourager, on aurait pu
dire : C'est de leur faute puis on attend. Non, on a pris le taureau par les cornes, on a dit : Ça prend
une politique ambitieuse, ça prend des objectifs
clairs, on va y investir des sommes malgré,
je vous dirais, le contexte budgétaire fort difficile. Parce qu'il est difficile, ce contexte budgétaire. Pourquoi il est
difficile? Parce qu'on a décidé de respecter les cibles de croissance. Si on
avait fait comme l'ancien gouvernement, ce n'est pas, l'an passé, un déficit...
cette année, plutôt, un déficit de 2,5, ce qu'on aurait eu, c'est un déficit
autour de 4,2, 4,3 milliards. C'est ça qu'on aurait eu parce qu'on ne
s'attelait pas à respecter notre cible de dépenses.
Alors, on
s'est dit : Ce qu'on représente aux gens, on va le faire. Pourquoi? Parce
qu'un jour les revenus ne seront pas au rendez-vous, et c'est ce qui est
arrivé. Pourquoi les revenus ne sont pas au rendez-vous? Parce que l'ancien gouvernement a augmenté, souvenez-vous, deux
points de TVQ, deux points, a augmenté différents tarifs pour
6 milliards. Alors, il vient, à un moment donné, tu augmentes, tu
augmentes, mais les revenus, ils ne montent plus. Ça, c'est un phénomène
économique bien connu au niveau de l'élasticité, ils l'ont rencontré.
L'élastique, lui, à un moment donné, il revient. Et le dernier point de TVQ,
qui a été additionné par l'ancien gouvernement, il n'a pas donné les résultats
escomptés au niveau économique en termes d'addition de revenus.
Alors, notre
base de revenus, elle a diminué. Alors, encore là, on peut taper du pied, on
peut dire : Bon, bien, mon Dieu, tant pis, faisons comme si ça
n'existait pas. Non, on a décidé, encore une fois, de se donner des cibles et
d'être capables, à terme, de respecter notre
croissance des dépenses, mais, en même temps, de stimuler les revenus, parce
que seulement contrôler les dépenses, ça prend plus. Il faut en même temps être
créatif, décider de s'activer au niveau du développement économique et de la
création d'emplois, et c'est ce à quoi s'active la première ministre
actuellement. Actuellement, qui réclame un
budget? Qui? Tout le monde s'attend… Il va y avoir un budget. Élection ou pas,
il va y avoir un budget, O.K.?
Alors,
il n'y a pas de commentateurs qui le demandent, je vous dirais, de
commentateurs économiques. Les gens ont eu la mise à jour au mois de
novembre, ils savent le contenu de la mise à jour. Ils sont conscients des
chiffres qui y sont, et ce sont les bons
chiffres. Alors, à partir de là, les gens disent : Bon, il faut aller sur
cette base, et ça prend un budget
cette année. C'est ce qu'on est en train de faire. Au niveau politique, on
s'active, on dit : Ça prend absolument un budget maintenant, à très
court terme. Pourquoi? Parce que les libéraux ont une crainte, Mme la
Présidente, puis elle est peut-être
justifiée dans leur monde, c'est de partir en élection puis les Québécois n'ont
pas la vérité. Ça, parfois, un libéral
peut avoir cette crainte. Mais pourquoi l'ont-ils? Parce que c'est déjà arrivé.
J'étais là, Mme la Présidente, en 2007 ou au déclenchement des élections, en 2008.
Souvenez-vous : les deux mains sur le volant. Vous souvenez-vous :
une fois, on vous a annoncé qu'il y avait
40 milliards de pertes à la Caisse de dépôt puis qu'on s'en allait vers un
déficit record? Est-ce que quelqu'un a dit ça pendant la campagne, ou
peut-être au mois de décembre, ou un peu avant, au mois d'octobre? Personne. On
est arrivés au mois de janvier, puis nos gens d'en face font semblant que, tout
d'un coup, la Caisse de dépôt venait
d'apprendre à ce moment-là qu'elle allait perdre 40 milliards,
40 milliards qu'on paie encore. Le déficit qu'on a eu, actuariel de cette année, de 425 millions, d'où
pensez-vous qu'il vienne? Il vient de cette perte qu'on a eue, en 2008,
de 40 milliards.
Alors,
je comprends que, si j'étais libéral, Mme la Présidente, j'aurais cette crainte
de voir un gouvernement faire la même
chose. Puis là on se dit : Il vient… À un moment donné, la sagesse, c'est
la somme des erreurs jamais commises deux fois, c'est ce qu'on dit
souvent. Alors, on se retrouve en 2012. En 2012, qu'est-ce qu'on annonce?
L'ancien gouvernement annonce aux gens de la
Mauricie un investissement majeur, majeur, comme dirait l'autre, dans
Gentilly : des milliards. On parle d'un
investissement qui pourrait aller jusqu'à 4 milliards de dollars. Au
début, on parlait de quelques centaines de millions. Et Hydro-Québec
avertit le gouvernement que les coûts de réfection ont explosé, explosé, et qu'il n'y a aucune possibilité de rentabiliser cet
investissement-là. Qu'est-ce qu'a fait le gouvernement? Rien. Il a
continué à promettre aux gens de la Mauricie qu'il allait investir dans quelque
chose qui n'était pas rentable. Alors, qu'est-ce que ça a eu comme effet, Mme la Présidente? Ça a eu comme effet que,
quand on est arrivés, nous, il a fallu prendre ces décisions et
expliquer aux gens pourquoi on le faisait puis que c'était par souci de
transparence et d'honnêteté. Et c'est sûr
que la confiance des gens a été affectée en Mauricie, parce qu'on leur avait
représenté, du côté libéral, que ce n'était
pas de cas, ah non, que c'était un bon investissement puis que, «nous, là, si
on est élus, on va investir». D'ailleurs, je serais curieux de voir les prochains candidats libéraux du comté, est-ce
qu'ils vont encore promettre un investissement de plus de
4 milliards dans Gentilly? J'ai hâte de le voir, là. Ce qu'on a fait
plutôt, on a dit : On va faire le défi de la transparence puis de l'honnêteté. On va promettre aux gens de les
soutenir puis de créer des fonds de développement. Bien accueillis du
côté de la population, on est attaqués du côté de l'opposition. Or, la semaine
passée, ce qu'on a eu, imaginez-vous, c'est
un résultat concret de ces actions qui ont servi à stimuler l'économie, à
investir dans des entreprises et à faire en sorte que le scénario de
démobilisation ne s'est pas produit.
Mais
pourquoi? Ce n'est pas seulement le gouvernement : parce que les gens ont
décidé de se retourner de bord. Face
à la vérité, ils ont dit : On va retrousser nos manches puis on va
travailler tous ensemble pour développer la région. Bien, on a des résultats. Et là, quand on nous
reproche d'annoncer les résultats, là je peux vous dire, là, la coupe est
pleine, là. Quand même, on va quand même récolter le fruit de notre honnêteté,
Mme la Présidente. Si j'ai eu l'honnêteté d'annoncer
aux gens de la Mauricie que j'allais déclasser Gentilly, la même honnêteté,
elle doit aussi s'exprimer quand j'ai des bonnes nouvelles après leur
avoir annoncé un fonds d'investissement. Puis qu'on nous le reproche, ça m'étonne,
Mme la Présidente, et me déçoit un peu. Mais
ce ne sera pas la seule déception que j'aurai dans les prochaines
semaines, j'ai l'impression.
Alors,
du côté libéral, la peur qu'on a aujourd'hui, c'est de ne pas avoir les vrais
chiffres. Bien, les vrais chiffres, lisez-les.
On est transparents. La mise à jour économique, elle est là. Puis on prépare un
budget actuellement. Il va y avoir un budget pour l'économie du Québec.
Puis il y aura un défi important au niveau de la croissance des dépenses. Ça, c'est réel. On n'est pas dans une situation qui
nous permet, je vous dirais, de ne pas faire des choix. Il faut faire des
choix au Québec : dans quoi on va
investir, quelles vont être nos priorités, parce que nos moyens sont limités.
Alors, ce contrôle-là, il va être réel puis il va être costaud à faire.
Et ça, les chiffres, ils le disent. La mise à jour économique, c'est clair.
Mais
là j'entends le chef du Parti libéral qui nous dit : Ah! Bien, finalement,
moi, ce que j'aimerais, c'est le retour à l'équilibre dès maintenant.
Après avoir dit, souvenez-vous, que ça prendrait quatre ans pour le retour à
l'équilibre, qu'il était prêt à concéder
quatre ans, après ça, ça a été deux ans, son caucus n'était pas très d'accord,
et là, tout d'un coup, il est arrivé
il y a quelques jours : Non, moi, je veux le retour maintenant. Bien là,
il y a quelqu'un qui a dû lui dire : M. le chef, si vous promettez un retour à l'équilibre, là, là il y a
1,7 milliard, l'an prochain, qui est prévu de déficit, donc vous allez couper où? Bien là, il s'est dit : Mon
Dieu! Bien oui, où est-ce que je vais couper? Où est-ce que je vais
couper? Pas capable de nous dire où est-ce
qu'il allait couper. Alors, qu'est-ce qu'il va dire dans les prochains jours?
«Bien, je n'ai pas les vrais chiffres.» Pas les vrais chiffres,
pourquoi? Parce qu'il ne veut pas dire à quoi il va s'engager, qu'est-ce qu'il
veut faire, s'il veut vraiment faire le retour à l'équilibre dès cette année.
Donc,
moi, ce que j'invite, par la motion actuellement, nos collègues de
l'opposition... c'est d'être responsables. Au Québec, je pense qu'on a
un consensus de dire qu'il y a eu un contexte, dans les dernières années, qui a
fait en sorte que nos revenus ont plafonné.
Alors, est-ce qu'on va diminuer la croissance et la création d'emplois pour
favoriser un retour à l'équilibre rapide? C'est une théorie. Elle peut
se défendre. Or, aucun économiste, aucun économiste ne nous recommande cette façon de faire. Elle a, Mme la
Présidente, un effet malheureux et négatif sur la croissance économique.
Et souvent on tombe dans une spirale qui,
elle, va nous amener à ce qu'on ne veut pas, en général. Et le mot, en tant
que tel, a des conséquences, le mot qu'on hésite en général de prononcer :
un retour trop rapide nous amènerait en «récession».
• (15 h 30) •
Et
là le Parti libéral est confronté à ça. Peut-être va-t-il encore changer d'idée
d'ici une semaine ou deux, je ne le sais
pas. Mais une chose qui est sûre, c'est qu'il va devoir nous dire s'il
maintient un retour à l'équilibre, s'il souhaite augmenter les taxes comme il s'est engagé, et quelles taxes
souhaite-t-il augmenter ou quels services souhaite-t-il couper. Alors,
ça va être la responsabilité qu'aura le chef
de l'opposition de nous faire connaître, lui, ses
priorités.Parce que le budget,
lui, s'en vient. À un moment donné, on va
annoncer nos choix. S'il ne les fait pas connaître, comment pourra-t-il
critiquer les choix qu'on fait, Mme la Présidente? Comment pourra-t-il le
faire, alors qu'il ne nous a pas donné, lui, ses priorités, qu'est-ce qu'il
entendait faire, puis c'étaient quoi, les choix?
Donc,
aujourd'hui, j'invite mes collègues à voter contre cette motion. Pourquoi? Ce
n'est pas parce qu'on ne veut pas de budget, il va y en avoir un. Parce
qu'elle suppose qu'il y aura déclenchement d'une élection à un moment que personne ne peut dicter actuellement, à moins que le chef de
l'opposition connaisse une date que moi, je ne connais pas. Cette date, elle appartient à la première ministre dans le cas du
gouvernement et elle appartient aux oppositions dans le cas d'une motion
de non-confiance. Ils ont le choix, ils peuvent nous défaire, comme ils l'ont annoncé au mois d'août. À chaque mercredi, ils ont l'occasion de
nous défaire, ils peuvent nous amener en élection. Alors, moi, je n'ai
jamais eu l'engagement de l'opposition de
nous maintenir au pouvoir pour quelque période que ce soit, et là, maintenant,
nous, il faudrait prendre des engagements envers eux. Tout ça n'est pas
sérieux.
Cette motion, Mme la Présidente, elle est
inutile. Pourquoi? Parce que la première ministre a annoncé aux Québécois que nous étions en préparation du
budget, que les chiffres de la mise à jour économique étaient les bons et
que nous restions sur ces cibles qui étaient prévues tant pour l'année en cours
que pour l'année qui s'en vient, que nous avions des défis
importants — on avait établi la surprise ou… — la réévaluation au niveau des régimes
actuariels, des régimes de retraite,
qui impactent le gouvernement, sur lesquels on doit faire des choix à très
court terme et qui amènent une complexité qui est réelle, mais qu'en
même temps, pour la première fois, nous allons, encore une fois, contrôler nos
dépenses. Nous allons contrôler notre croissance des dépenses comme il était
prévu dans le budget.
Et, pas plus
tard que la semaine passée, j'ai entendu un membre de l'opposition, je ne me
souviens plus lequel — je pense que c'était le député de Brome-Missisquoi.Non, c'était l'ancien chef parlementaire — nous
dire que nos chiffres de croissance des dépenses avaient changé, on avait passé
de 1,9 % à 2,5 %, puis là on était rendus à 3,1 %. Imaginez-vous,l'ancien chef de l'opposition, qui fait partie de
l'équipe économique, j'imagine, avait oublié d'intégrer à ses calculs que…Comme nous
avions eu une surperformance l'an passé en termes de croissance des
dépenses, au lieu de rencontrer la cible de
1,9 % de croissance, nous avions fait 1,2 %. Qu'est-ce que ça a eu
comme conséquence? C'est que la base,
elle est plus faible, donc la croissance, elle, elle demeure réelle, la même.
Actuellement, le montant prévu pour l'année en cours en termes de
croissance des dépenses est le même prévu dans le budget 2012-2013. Mais il n'a pas
calculé, ou il n'a pas prévu, ou il n'a pas encore assimilé — pourtant, le tableau, je l'ai montré,
hein? — qu'on
avait fait 1,2 % de croissance en 2012-2013,
tout simplement. Alors, ça veut dire qu'on a battu les prédictions.
Alors, cette année, la base que je prends, c'est
le 1,2 %. C'est évident, c'est notre réel. Mais, à partir de là, c'est sûr que je vais maintenir mon niveau de
croissance des dépenses tel qu'il était prévu. Ce n'est pas vrai que je
vais dire : Après un grand contrôle, je vais maintenant restreindre encore
tous les services, santé et éducation sur la même base. Non. Cette année, notre objectif, c'est encore atteindre l'objectif
qu'on s'est donné, qui est le même en termes de montant mais qui est
modifié en pourcentage grâce à la superperformance qu'on a faite en termes de
contrôle des dépenses, la meilleure qui
s'est faite dans les 10 dernières années. On n'est même pas près de pouvoir le
comparer à qui que ce soit, Mme la Présidente. Il faut remonter à
15 ans pour trouver un contrôle aussi juste et important des dépenses.
Et ce
contrôle des dépenses, il nous assure la confiance des marchés.Mais ce n'est pas
le plus important. Le plus important, c'est qu'il nous donne les moyens
de choisir par la suite sur quoi nous souhaitons tous, collectivement, investir. Parce qu'au Québec, oui, parfois, on
nous dit qu'on paie un peu plus d'impôt pour plus de services, et cette
base, elle doit s'asseoir sur un assentiment
et une cohésion collective qui est réelle. Dans les pays scandinaves, c'est la
même chose. Les gens, souvent, vont payer
plus d'impôt et collectivement ils acceptent d'avoir plus de services. Donc,
nous devons toujours maintenir cette cohésion entre ce que nous faisons et les voeux de la population.
Et, moi, ce que je sens au Québec : les gens,
effectivement, ils pensent que la répartition de la richesse, c'est une
belle valeur. Ils pensent que, ceux qui ont moins de revenus, on doit plus s'en
occuper, puis ils pensent qu'on doit donner une chance égale à tout le monde de
réussir puis de faire ce qu'ils rêvent dans la vie. Et c'est pour ça, Mme la Présidente,
qu'on a des systèmes d'éducation qui sont ouverts à notre population.
C'est pour ça qu'on a un système
de santé qui fait en sorte que tout le monde paie, par ses impôts, par ses taxes, mais qu'on ne paie pas pour chaque
service. Et c'est pour ça qu'on s'est
donné des moyens, collectivement, d'agir au niveau social, parce qu'on pense que, ce ciment-là, qui
est nécessaire à une société, on doit le maintenir
par ces actions. Et je sais que vous en êtes une de celles qui militent beaucoup pour des actions sociales concrètes, Mme
la Présidente, et nous devons maintenir notre capacité d'agir dans le
développement économique mais aussi d'agir au niveau social.
Aujourd'hui, ce sera une grande journée pour le Québec,
Mme la Présidente, une grande journée parce
que les actions que nous prenons, que nous
avons prises depuis que nous sommes au gouvernement ont eu des effets. Et notre engagement, c'est de maintenir, de maintenir cet
engagement envers la population québécoise de favoriser la croissance économique, mais surtout la création d'emplois, et faire en sorte que les Québécois
aient une part active aux richesses qui sont sur leur territoire. Ça,
c'est ce qu'il y a de plus important comme valeur. Elle nous vient d'ailleurs
de gens fort importants qui ont marqué le Parlement,
ici, qui ont marqué un changement dans nos façons de voir, un des pères de la
souveraineté, le membre fondateur de notre parti, il a eu, à un moment donné,
cette mission-là et cette vision-là, et nous la maintenons.
Donc, j'invite nos collègues d'en face d'être
patients. Tu sais, c'est beau, la patience. Et on dit souvent que c'est la plus belle des vertus, la patience, hein?
Donc, il y aura un budget. Il disposera de données qui seront réelles, qui baseront sur nos perspectives et nos résultats que nous avons eus. Et en même temps ils
seront responsables par rapport aux choix que nous devons faire. Et il n'est
pas question, d'aucune façon, de se lancer dans une surenchère de choix tous
azimuts.
Notre
volonté, vous l'avez vue depuis un an et demi, mais, cet automne, les piliers
sur lesquels on a bâti notre action…Intégrité,ça, je pense que le Québec a changé depuis un an et
demi, puis je pense qu'on peut en être fiers. On n'est plus dans le marasme et dans la gêne qu'on avait.
On ne passe plus aux nouvelles internationales, parce qu'on est rendus, je vous dirais,
un îlot qui démontre le mauvais exemple, là, dans l'endroit où on est
actuellement, où on paraissait, à une certaine
époque, de mauvais joueurs. Il est basé aussi
sur la prospérité, avec des actions concrètes au niveau de la politique industrielle, la
solidarité, vous avez vu les actions que nous avons posées,ces orientations, elles
sont claires,et l'autre, évidemment, avec la
charte des valeurs, avec notre identité.Nous avons décidé d'agir sur ces quatre piliers.
Nous avons les idées claires, et ces
idées claires se manifesteront dans le budget.
Donc, si
j'avais travaillé sur la rédaction, je l'aurais fait autrement, Mme la
Présidente, pour pouvoir voter pour. Malheureusement, dans le contexte
où elle est rédigée, et elle inclut «avant [qu'elle] ne déclenche des élections», on présuppose une
action que moi, je ne connais
pas, nous allons voter contre cette motion. Et
malheureusement le ministre des Finances n'est pas avec nous
aujourd'hui. On ne doit pas souligner une absence, mais à vous je dois dire
qu'il est actuellement en consultations prébudgétaires. Il fait son travail
pour justement livrer le budget.
Donc, c'est
un rendez-vous que je lance à mes collègues de l'opposition lors de la lecture
du budget. Et je suis convaincu que, la responsabilité dont on a fait preuve lors du
dépôt du premier budget du ministre des Finances et de la première
ministre, ce sera le même engagement, la même honnêteté,
qu'il sera lors du dépôt du prochain budget dans les prochaines semaines.
Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Moi, je suis prête à reconnaître un autre
intervenant. M. le député de Lévis.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, bonjour, Mme la Présidente.Content de vous revoir après ces quelques semaines
d'absence, on va dire ça comme ça. Alors, très content d'être de retour ici, au
parlement.
C'est un
sujet, comme vous savez, que j'apprécie beaucoup, quand on parle de budget.
J'aimerais vous dire… tout d'abord, faire un petit retour rapide sur la
dernière année et demie, parce que, quand j'ai eu la chance d'arriver au Parlement, il y a eu des projets de loi qui ont
été mis sur la table, comme par exemple — qui ont beaucoup de liens avec ce qu'on va discuter
aujourd'hui — l'importance
d'avoir un budget avant les prochaines élections. On a parlé notamment d'élections à date fixe, hein? Parce que,
lorsqu'on a la discussion, en ce moment, sur l'importance d'avoir un budget
avant des élections, il faut savoir quand sont les élections, hein? Et là la
bonne nouvelle, c'est qu'au début de 2013 il y a eu un consensus de la part de
ce Parlement, hein, d'adopter un projet de loi,
qui a été discuté, quand même, mais où, à l'unanimité, les parlementaires ici
se sont entendus qu'il était important d'avoir des
élections à date fixe.
Alors, il est
un petit peu plus qu'intéressant, je vous
dirais, Mme la Présidente, aujourd'hui… On ne sait pas quand vont être
les élections, hein, parce que le concept d'élections à date fixe est un petit
peu questionné, je dirais, pour le moindre.
Il y a tellement de rumeurs d'élections depuis l'automne dernier que, je vous
dirais, ce que je comprends qui a été voté l'an dernier n'a peut-être
pas été compris par tout le monde de la même façon. Alors, il est peut-être
encore plus important aujourd'hui de savoir si nous
allons voir un budget avant une élection dont on ne connaît pas la date.
Mon deuxième
point, d'une grande surprise que j'ai encore aujourd'hui, et je reconnais
plusieurs de mes collègues qui ont
participé à cette discussion-là… Moi, je me
souviens qu'en octobre 2012 — ça, ce n'est pas bien, bien longtemps
après le mois de septembre 2012 — nous avons présenté, à la coalition, avec
mes collègues, un projet de loi sur un directeur de budget, hein? Alors, on parle de budget aujourd'hui, la nécessité
d'avoir un budget avant des élections,puis on se disait : Il faudrait régler
les élections à date fixe, mais en plus il
faudrait prendre quelqu'un qui est neutre puis qui vient nous faire un rapport, avant des élections, de quelle
est la situation financière du gouvernement,
pour qu'on ne se retrouve pas, Mme la
Présidente, avec un gouvernement élu qui dit : Oh! j'ai pris la situation financière dans un état tel que je ne
peux pas respecter mes promesses. Moi, j'ai trouvé ça intéressant, parce que j'ai dit : Écoutez, du milieu où je
viens, ça existe, il y a un vérificateur
externe, là, et, à Ottawa, on appelle ça un
directeur du budget. Dans les belles organisations au Canada, aux
États-Unis, même en Europe, un directeur de budget, c'est très fréquent.
Et alors j'ai déposé,
en octobre 2012, Mme la Présidente, un projet de loi pour un
directeur de budget, qui était inspiré à
99 % de l'apport du député responsable des institutions
financières… des Institutions démocratiques, pardon. Et donc le parti au
pouvoir aujourd'hui poussait le concept d'un directeur de budget lorsqu'il
était dans l'opposition. Je me suis dit : Ce budget-là va être… ce projet
de loi là sur un directeur de budget va être accepté en un tournemain, puisque ces gens-là le proposaient dans le temps
où ils étaient dans l'opposition. Deuxième grande
surprise : on n'a pas voulu accepter le projet de loi d'un
directeur de budget qui viendrait faire le point
avant une élection. Bon. Mais il ne faut pas lâcher, on va finir par avoir quelque chose.
Alors, troisième point, j'ai demandé, à un moment
donné, au cours de la dernière année… Parce
que, lorsque j'ai assisté… ou participé, je devrais dire, parce que, bien des
fois, on assiste plus qu'on participe au processus budgétaire ici, au parlement de Québec, j'ai
été surpris de voir comment il manquait d'information aux députés. Je n'irai
pas vous faire la nomenclature de tout ce
que je vous ai… Je vous dirais même… Vous ne me le dites pas, Mme la
Présidente, mais je vous ai cassé les
oreilles avec ça depuis un an et demi, de tout
ce qui manquait comme informations. Mes
collègues sont, des fois, même un
petit peu… je ne dirais pas tannés, parce
qu'ils m'aiment beaucoup, mais ils me disent quand même que je reviens
souvent sur le même sujet.
Et, sur le processus
budgétaire, j'ai été complètement abasourdi de ne pas avoir certaines
informations, qui sont des informations de base. Rappelez-vous mes
grandes discussions sur les organismes autres que budgétaires, où j'ai
expliqué, Mme la Présidente, que, 20 %,
30 % du budget, on ne le voit même pas, on ne connaît pas les objectifs
des organismes, ce n'est pas consolidé.
Écoutez, je n'irai pas là-dedans aujourd'hui. Je
pourrais y revenir des heures et des heures, et aujourd'hui j'ai
14 min 12 s, alors… Mais c'est une grande déception parce que…
Tout à l'heure, je vais aller rencontrer le
ministre des Finances pour discuter du fameux budget
qui peut-être s'en vient dans les prochaines semaines. Et j'ai
participé au processus budgétaire comme n'importe quel de nos citoyens. J'ai
envoyé mes recommandations, dans le cadre du processus budgétaire, comme si j'étais un citoyen et non un député, et j'ai fait part
d'une dizaine de recommandations. J'ai fait ça au mois de décembre. Je n'ai
jamais eu d'accusé de réception, je
n'ai jamais eu rien. J'ai appelé plusieurs fois au bureau du ministre des
Finances pour dire : Quand est-ce qu'on pourrait me rencontrer? On
m'a appelé en janvier : Ça s'en vient, ça s'en vient. La rencontre, je
l'ai aujourd'hui, à 5 heures. Alors, juste vous dire que,
tout mon processus budgétaire que j'ai questionné, j'ai écrit une vingtaine de
lettres sur mon blogue, j'ai discuté de ça avec les journalistes, j'ai fait
faire des articles de journaux pour expliquer comment le processus budgétaire pouvait être amélioré, Mme la Présidente. Qu'est-ce que j'ai reçu comme commentaire? Exactement ce que je viens de
faire : silence radio. Ça, c'est mon troisième point.
Et, le quatrième point, j'ai dit : Non seulement
le processus budgétaire, Mme la Présidente, il est déficient, mais l'information
qu'on a… Là, je vous ai parlé
du processus, mais l'information que l'on reçoit du gouvernement… Et là je vais être très prudent, parce que j'ai appris,
au cours de la dernière année et demie, qu'il y a des mots que je ne
devais pas dire.
Même ma mère s'en est mêlée.Parce que
ma mère, des fois, elle écoute ça, en
après-midi ou le soir en reprise, puis elle m'a dit : Tu t'es fait disputer. Mon cher fils, tu t'es fait
disputer parce que la présidente t'a repris, tu ne dois pas dire les… Et je l'avais épelé, je ne l'épellerai pas
aujourd'hui parce qu'elle va disputer. Elle a même essayé de trouver, Mme la Présidente, des synonymes. C'est une ancienne
maîtresse d'école, hein, alors, vous pouvez
comprendre, elle m'a… Mais j'ai dit : Maman, c'est impossible… Et là il
ne faut pas que je le dise. Alors, ce qu'elle
m'a dit de vous dire aujourd'hui, c'est que : Des fois, ils ne
disent pas toujours… ce n'est pas complet. Est-ce que
ça vous va, ça? Bon.
Mais pourquoi je fais ça… Puis c'est important,
parce que, là, je vais vous rappeler quelque chose que je voudrais que les gens, autant dans l'opposition officielle
et le gouvernement… Parce qu'on ne sait pas
comment ça va tourner dans les prochaines semaines, hein? Ça pourrait changer, les sièges, on ne le sait pas. Alors, moi — je parle à tout le monde,parce que je m'inclus aussi là-dedans — je vais vous rappeler, moi, d'où je viens, puis c'est important parce que… Là, je vais vous parler du budget après, mais c'est
très important de ce que je m'attends de voir dans le budget.
Dans mon ancienne vie, comme plusieurs ici ont déjà passé dans les affaires…Et, lorsqu'on a une société publique, c'est-à-dire une société qui est cotée en bourse, et j'en ai
eu quelques-unes dans lesquelles j'ai travaillé dans ma petite carrière, on a une obligation de dire toute
l'information et de ne pas induire l'actionnaire en erreur. Ça, c'est un
grand principe qu'une de nos institutions
financières, qui s'appelle l'Autorité des marchés financiers, contrôle
l'information qui est publiée par les
gestionnaires d'une compagnie publique pour s'assurer qu'ils n'induisent pas en
erreur les actionnaires, et ça, ils doivent le faire à tous les mois, en respectant certains principes, vous me suivez?
Et ça, c'est une institution, l'AMF qu'on appelle, qui est sous la
responsabilité de notre ministre des Finances.
Et une chose
qu'ils font… j'ai été chanceux, je n'ai jamais eu de problème avec eux,mais les gens qui ne donnent pas l'information complète ou qui essaient
d'induire en erreur des actionnaires en leur disant que tout va bien, puis des fois
ça ne va pas si bien que ça, parce qu'ils veulent cacher ce qui se passe… Je ne vous dis pas
que c'est ça qu'on fait ici, là, ce n'est pas ça que je
vous dis.Mais je vous dis :C'est ça que l'AMF essaie de faire dans la vraie vie
des compagnies publiques. Qu'est-ce qu'ils
font? S'ils voient un communiqué de presse qui ne dit pas toutes les vraies
choses ou qui essaie d'induire en erreur, ils lèvent le drapeau.Ils font venir le CFO, le chef des finances, ils
font venir le CEO, le président, puis ils lui disent : Ou bien vous
corrigez immédiatement votre communiqué de presse,
ou on vous met à l'amende, ou on vous retire
des marchés publics, vous n'aurez plus accès au capital. C'est assez sévère, et
ça, l'AMF le fait très bien.
Moi,
j'aimerais vous dire, Mme la Présidente, et je l'ai dit plusieurs fois :
Quand je vois des gens, de ce côté-là, qui se lèvent avec
un beau petit tableau puis qui
montrent qu'ils ont le contrôle des dépenses en ce moment, laissez-moi
juste vous rappeler quelque chose, Mme la Présidente…
Et j'ai très hâte de voir ce que le vérificateur va nous dire lorsqu'il
va venir commenter sur l'examen…
• (15 h 50) •
Il y a des gens qui nous ont dit que les
dépenses consolidées — hein,
vous m'avez déjà entendu dire ce mot-là — dans l'exercice 2013-2014,
auraient une croissance à 2,3 % lorsqu'on la
compare à l'année d'avant. 2,3 %. Plus tard dans l'année, ils ont dit : On est toujours
en contrôle sur les dépenses, mais la cible
maintenant est 3,3 %. Je m'excuse, dans mon ancienne vie, on ne change pas
un budget, là, un budget, c'est un budget. Et on dit : On s'est trompés,
ce n'est plus 2,2 % ou 2,3 %,
c'est 3,3 %. Mais on ne dit pas : La cible est changée, puis je contrôle encore
mes dépenses.Vous me comprenez?
Ce qui est encore plus triste, c'est que récemment, en regardant les états
financiers, après sept mois, là, qui ont été publiés il y a quelques jours…En ce moment, les
dépenses, la croissance des dépenses n'est pas à 2,3 %, n'est pas à 3,3 %, elle est à 5,1 %.
5,1 %. Chaque point, chaque pourcentage… Puis
ça a l'air petit, on parle d'un petit point, là, mais un point sur un
budget de 90 milliards, c'est 900 millions. C'est 900 millions dont on parle.
Alors, vous pouvez comprendre aujourd'hui mon
quatrième point, de dire : Quand j'entends des gens dugouvernement qui nous disent qu'ils contrôlent les
dépenses, je ne peux pas m'empêcher de penser aux communiqués de presse puis à l'AMF. Malheureusement, l'AMF n'est
pas au-dessus du ministère des Finances, elle est en dessous, mais ça serait peut-être intéressant de demander à l'AMF de
commenter sur les communiqués de presse qui sortent dugouvernement,
lorsqu'ils disent qu'ils contrôlent les dépenses. Je pense que je vous l'ai
dit, ma mère va être contente, je n'ai rien dit d'autre. Je peux
continuer.
Sur la question du
budget lui-même, écoutez, j'aimerais vous dire que j'ai envoyé, au cours des
dernières semaines, derniers mois, plusieurs demandes d'information au
ministère des Finances, au président du Conseil du trésor pour leur demander de l'information, parce qu'en ce moment je
suis en train de préparer un rapport, qui va être publié d'ici quelques semaines, pour parler de
l'amélioration de la gestion de l'État pour être capable de dégager une marge
de manoeuvre pour nos contribuables qui sont surtaxés. Je n'ai reçu aucune,
aucune, aucune information de tout ce que j'ai demandé comme information. Je
vais mettre ça sur le dos politique et non sur le dos de d'autre chose, mais ce
qui m'inquiète, c'est que j'ai demandé une chose que je trouve absolument
importante — et
j'ai très hâte de voir ce qu'on va voir dans le rapport
du VG, mais j'ai encore plus hâte de voir ce qu'on va voir dans le budget qui va nous être
soumis — j'ai demandé tout simplement à ce que le
budget et la mise à jour économique, quand ils sont présentés, soient présentés sur la même base que les comptes
publics. Puis ça, pour vous, Mme la Présidente — c'est important de terminer là-dessus avant de conclure — ça semble technique, mais c'est très simple.
Laissez-moi, s'il vous plaît… Vous avez eu la patience depuis un an et
demi, je vous demande une petite minute supplémentaire.
Lorsque le ministre
des Finances publie les états financiers de notre
grande maison — il
publie ça pour la fin d'année, le 31 mars, il fait sa vérification puis il arrive
au mois de novembre — il le publie selon certains standards,
il y a cinq grandes catégories de dépenses.
Tout ce que je demande, c'est, lorsqu'il fait son budget, que ce budget-là
retrouve les mêmes cinq catégories.Parce que, si on
dit qu'on va avoir une croissance de 2 % comme on nous dit en ce
moment — c'est
là que je trouve que ça dérape complètement — on nous dit qu'on va avoir
une croissance de 2 %, et qu'on sait, en santé, Mme la Présidente,on sait le
problème qu'on a avec la santé, le vieillissement, le nombre de personnes, etc…La croissance des dépenses en santé, Mme la Présidente, a été de 5 %.Ça veut dire que, si on a une croissance totale de
2 %, on n'a même pas 2,5 % à mettre en santé. Vous me suivez? Ça veut
dire que, dans les quatre autres superministères, il n'y a même plus d'argent,
il va falloir couper partout. Est-ce que c'est pour ça qu'on ne nous le dit
pas?
Alors,
quand on demande d'avoir un petit peu plus d'information sur la croissance des
dépenses par catégories, tel que présenté dans les comptes publics, ce
n'est pas pour être malcommodes. C'est pour
avoir une discussion de fond sur le budget puis dire : Bien, écoutez, si
vous pensez que vous êtes capables de contrôler les dépenses à 2 %, moi,
je n'y crois pas, ça, je peux vous le dire, là, avec ce que je vois, mais
dites-nous où vous allez couper puis dites-le à la population avant d'aller en
élections.
Je termine en disant
que, si on n'a pas de directeur de budget, si on n'a pas de processus budgétaire
amélioré, si on n'a pas d'élection à date fixe et si on n'a pas quelqu'un
de neutre, je vous dirais, Mme la
Présidente, que j'ai très hâte de
voir quand est-ce qu'on va avoir le budget et j'ai surtout très hâte de voir ce
que le VG va dire dans les prochains jours, lorsqu'il va commenter la
prochaine mise à jour économique. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, M. le député de Lévis. Alors, Mme la
députée de Laporte.
Mme
Nicole Ménard
Mme Ménard :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Je tenais aujourd'hui à prendre la parole
sur la motion présentée par mon collègue de Brome-Missisquoi. Il est impératif
pour les Québécois d'avoir un portrait juste de l'état des finances publiques, et, pour ce faire, la présentation d'un
budget, ainsi que le dépôt du budget des crédits, est essentielle pour
rassurer les contribuables que les données réelles et vérifiées sont
disponibles pour tous.
L'économie
québécoise, comme le mentionnait le Mouvement Desjardins, est en panne. Les
pertes d'emploi à temps plein ne sont
compensées que par des emplois à temps partiel. Le revenu moyen des Québécois
est en baisse, et l'augmentation des dépenses du gouvernement péquiste
ne semble pas être sur le point de se stabiliser, encore moins de rejoindre la
cible de 1,8 % du budget de novembre 2012.
Face
à la détérioration de l'économie du Québec, une mise à jour s'avérait
essentielle pour dresser un portrait réel,
à jour, de l'ampleur des dommages faits aux
finances publiques. Cependant, cette mise à jour devait absolument être crédible et corroborée pour en assurer
l'exactitude. J'avais donc joint ma voix à celles de mes collègues, le 24 septembre dernier,
pour demander que le Vérificateur général analyse la mise à jour économique du ministre des Finances et de l'Économie relative à l'année 2013-2014.
C'est
en novembre dernier que le ministre des Finances a finalement déposé sa mise à
jour économique, une mise à jour que nous
avons dû exiger du gouvernement à plusieurs reprises, dans laquelle il nous
indiquait une révision de la cible de croissance des dépenses en
l'augmentant à 2,5 %, un réajustement qui l'a forcé à admettre qu'il
n'atteindrait pas le déficit zéro à la fin
de l'année, ce qu'il considérait, rappelons-nous, comme un incontournable
jusqu'à ce qu'il réalise qu'il s'était trompé. Il s'est trompé beaucoup,
a-t-il admis.
Mais voilà que les
données récentes nous laissent entrevoir qu'il s'est trompé encore plus que ce
qu'il a admis. Selon le rapport des opérations financières du ministère des Finances en date du 31 août, la
croissance des dépenses pour les cinq
premiers mois était loin de la cible revisée de 2,5 %, mais plutôt de
3,1 %. Pour compenser, il aurait fallu que les dépenses diminuent
encore plus dans la seconde moitié pour espérer atteindre la cible de
croissance des dépenses révisée et le nouvel objectif de déficit de
2,5 milliards de dollars. En date du 31 octobre,
la croissance des dépenses n'a pas diminué le moins du monde,elle s'est maintenue à
3,1 %.
Et
ces données publiées il y a quelques semaines, je vais vous dire, Mme la
Présidente, sont inquiétantes. Selon mon expérience dans le monde des affaires, deux
trimestres consécutifs où il y a dépassement des cibles augurent très mal. Mme la Présidente, afin que ceux qui nous
écoutent comprennent bien l'ampleur du problème de ce gouvernement, c'est que l'écart entre la cible de 1,8 % et
les données réelles de 3,1 % de croissance des
dépenses en date du 31 octobre
équivaut à 830 millions de dollars de dépenses de plus que prévu dans le dernier budget, une erreur de plus de 60 %.
Alors, Mme la
Présidente, vous comprendrez notre préoccupation. Les agences de notation qui
établissent les cotes de crédit des
gouvernements n'aiment pas les écarts dans les cibles budgétaires. La remise de
l'équilibre budgétaire a eu ces
conséquences. En décembre dernier, l'agence Fitch a tenu à avertir publiquement
qu'elle surveillerait de très près la situation
du Québec. Un écart de 2,5 milliards de dollars
dans la cible budgétaire — et je parle du déficit… le retour à
l'équilibre budgétaire qui n'a pas été respecté — ça a ébranlé la confiance des marchés et met en
danger le maintien de la cote de crédit du
Québec. Un avertissement public comme celui de Fitch est un geste à prendre au
sérieux. Et on doit garder à l'esprit que les autres agences de notation
ont aussi un oeil sur la situation. Et la situation de nos finances publiques
ne semble pas sur le point de s'améliorer. Une perte de contrôle des dépenses est évidente.
Depuis
que la première ministre pense à ouvrir une fenêtre électorale, depuis octobre
dernier, ce sont plus de 900 annonces que ce gouvernement a dispersées à
tout vent, un véritable déluge d'annonces. La première ministre a même été jusqu'à affirmer, pour le projet de la cimenterie à
Port-Daniel, que c'était le résultat du vote des citoyens de cette circonscription,
laissant entendre qu'en ne votant pas du bon bord on ne reçoit pas de projet.
Un comportement, vous avouerez, Mme la Présidente, déplorable.
• (16 heures) •
Il est encore plus inquiétant de voir les
annonces qui continuent de se multiplier. On n'a qu'à penser à la tempête de
subventions qui est tombée la semaine dernière. Ce sont plus de
85 annonces qui ont été distribuées pour favoriser
le Parti québécois aux prochaines élections. Et, comme le disait
Jean Lapierre : Tant qu'il y avait des annonces, il manquait d'élus pour recevoir les chèques. Une
tactique inacceptable. Mme la
Présidente, on s'attend presque au
retour de l'asphalte électoral.
La situation économique du Québec et
préoccupante. Pendant que, dans le reste du Canada, il s'est créé 136 800 emplois
à temps plein, dont 53 800 chez nos voisins ontariens, le Québec en a
perdu 66 800, remplacés par des emplois
à temps partiel. Des Québécois qui avaient un travail à temps plein doivent
maintenant faire face au coût de la vie avec des revenus moindres. Ils doivent boucler leur budget avec un chèque
amoindri. Ça ne prend pas de grandséconomistes
pour comprendre que, si les Québécois perdent leur emploi à temps plein pour
des postes à temps partiel, ils gagneront moins d'argent, ils en
dépenseront moins. Ce n'est pas parce qu'ils épargnent trop, comme l'a affirmé
le ministre des Finances.
28 000 Québécois
ont quitté le Québec, un niveau jamais vu depuis les années 2000. Les Québécoiss'appauvrissent. Même l'ancien premier
ministre Jacques Parizeau voit que la situation est extrêmement
préoccupante et sent le besoin d'interpeller le gouvernement. Il s'en prend
également aux décisions du gouvernement, qui dépense autant dans un seul projet
que pour toute l'aide prévue pour moderniser les PME. Non seulement le
gouvernement péquiste dépense-t-il sans compter, pense-t-il avant de dépenser?
Avec le bilan que nous avons devant nous, poser la question, c'est y répondre.
La première ministre, de son côté, a affirmé, en
point de presse la semaine dernière, qu'elle se garde le droit de déclencher des élections au moment de son
choix, et ce, sans présenter le budget, en affirmant que les chiffres
n'ont pas changé. Une importante affirmation, Mme la Présidente. Je répète,
elle affirme que les chiffres n'ont pas changé. Toutefois, les données économiques ne semblent pas lui donner raison.
Mais elle persiste. Elle a aussi affirmé que c'est sa prérogative
d'appeler les Québécois aux urnes, et ce, sans leur donner un portrait crédible
et réel de la situation des finances
publiques. Mais — surprise! — le président du Conseil du trésor, il y a à
peine une demi-heure, nous a déclaré qu'il y aura un budget.
Si la
première ministre décide de déclencher des élections pour dissimuler les
performances de son gouvernement dans
la gestion des finances publiques, elle renforcera le cynisme que de plus en
plus de Québécois entretiennent envers les
politiciens. Si elle veut combattre
le cynisme, tel que promis, elle déposera un budget avec des chiffres réels, un
autre de ses engagements. Le gouvernement péquiste doit faire preuve de transparence et s'engager à présenter non seulement un budget pour 2014‑2015,
mais aussi de déposer le budget des crédits avant d'appeler le Québec aux
urnes.
Après plus de
15 mois depuis le dernier budget, on attend toujours les résultats de
l'examen du Vérificateur
général, qui s'est penché sur la mise à jour
de novembre dernier, suite à la motion présentée par mon collègue
de Brome-Missisquoi. D'ailleurs,
ce matin, une autre motion qu'il a déposée a été adoptée à l'unanimité afin que le Vérificateur général
rende public son rapport d'analyse sur la
mise à jour économique du ministre des Finances dès qu'il sera complété, et ce,
même si des élections générales étaient déclenchées.
Alors, Mme la Présidente, il est impératif que
le gouvernement donne l'heure juste à la population et cesse de dissimuler son bilan désastreux. La saine gestion
de nos finances publiques est plus importante que les considérations
partisanes. Le gouvernement péquiste doit donner aux Québécois les informations
auxquelles ils ont droit pour faire un choix
éclairé avant d'être appelés aux urnes. Je dénonce le fait que le
gouvernement choisisse de créer des crises et tente de détourner
l'attention des électeurs en les divisant sur la question de la charte des
valeurs et en faisant la promotion du séparatisme. L'économie du Québec, la
cote de crédit du Québec doivent demeurer la priorité. Je le réitère, Mme la Présidente, le gouvernement
péquiste doit présenter en bonne et due forme un budget 2014‑2015 et
déposer le budget des dépenses 2014‑2015
avant que la première ministre ne déclenche des élections générales. Merci, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Mme la députée de Laporte, je
vous ai laissé poursuivre, mais j'aimerais ça vous rappeler que le mot
«dissimuler» est un mot non parlementaire et qu'il implique des motifs indignes.
Mme Ménard : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je me lève aujourd'hui pour discuter de la
motion du député de Brome-Missisquoi. Bon, je ne la lirai pas, on l'a
déjà lue à plusieurs reprises.
D'abord, j'ai
l'honneur d'être l'adjoint parlementaire de M. le ministre des Finances et je
dois vous dire qu'on fait des rencontres prébudgétaires, comme c'est prévu,
depuis un bon bout de temps. On a rencontré plusieurs groupes déjà. Vous savez, préparer un budget,
c'est un travail de longue haleine. Ça ne se fait pas sur le coin d'une
table et ça demande d'être rigoureux, et puis c'est ce qu'on fait.
La démarche est
enclenchée. La tradition veut qu'on rencontre éventuellement, là, les
porte-parole de l'opposition, et c'est ce
qu'on va faire aujourd'hui. D'ailleurs, je suis un peu étonné de ce que le
député Lévis mentionnait tantôt :
il disait qu'il voulait rencontrer le ministre des Finances. Il le rencontre
cet après-midi, comme c'est la tradition. Je ne sais pas ce qu'il
voulait de plus, mais, en tout cas, il pourra faire ses doléances comme il
voudra bien les faire lors de cette rencontre-là. Je ne vois pas c'est quoi, le
problème par rapport à ses propos de tantôt.
Alors
donc, il faut comprendre que c'est un processus qui est long, qui est ardu. En
plus, on a eu le dépôt du budget fédéral
seulement hier. Il faut comprendre que ça prend un certain délai, un arrimage,
parce que malheureusement on est encore dans le Canada. Ça, c'est un
problème, et on va régler ça sûrement d'ici quelques années, on le souhaite
bien. On vous tend la main.
• (16 h 10) •
Alors
donc, juste vous dire, par rapport à cette démarche : On ne peut pas
garantir qu'on va déposer un budget avant qu'on aille en élection. Pourquoi? Parce qu'on est minoritaires. Ça veut
dire que, si on s'engage, on dit : Bien, on va faire un budget, c'est sûr, avant les élections, et la
semaine prochaine l'opposition nous renverse, qui va passer pour des gens,
entre guillemets, qui n'auront pas respecté
leur parole? C'est nous. Alors, de par le fait que nous sommes dans une
situation minoritaire, on ne peut pas accentuer le processus puis dire :
Il faut se dépêcher parce que peut-être que la semaine prochaine on va se faire renverser. Ça n'a aucun sens. Il faut être
rigoureux. Et le premier budget du ministre des Finances l'a prouvé, qu'on l'était, rigoureux, et on veut
garder cette rigueur-là et donc laisser le fleuve suivre son cours. Et, de
toute façon, si on se base à ce qu'on a vu lors du premier budget, il n'y a pas
vraiment de quoi s'exciter comme un caniche qui attend de la visite.
Alors donc, écoutez,
je regarde ce qu'on a sorti comme énoncé économique à
l'automne, et tout est en ordre, tout est en place pour, justement,
qu'il n'y ait pas de surprise. Écoutez bien, je comprends l'angoisse des
libéraux, je comprends.
Ça fait longtemps que j'en parle, je vais raccourcir un peu, mais
l'angoisse des libéraux, c'est connu. Pourquoi? Bien, parce qu'ils ont peur qu'on fasse la même chose, qu'on se
précipite, qu'on fasse des annonces pas attachées, qu'on monte les taxes
de façon surprenante. Bien, nous, on ne mange pas de ce pain-là. Nous, on l'a
prouvé avec le premier budget, il n'est pas question d'arriver avec des
surprises comme ça, il n'est pas question d'arriver avec des taxes, il n'est pas
question d'arriver avec des dépenses
qui ne soient pas au préalable attachées, et bien attachées, et qui aient eu
d'abord l'aval du ministère des Finances et du président du Conseil du trésor.
Du
côté de la CAQ, bien, moi, je vous dirais, c'est un peu l'improvisation.
Tantôt, le député de Lévis, là, nous a fait un grand élan de… Il se veut l'apôtre de la
transparence. Il parle très, très souvent de ça. C'est tout en son
honneur parce que, bon, de par ses fonctions antérieures, semble-t-il
qu'il en était l'expert. Bien, moi, je vous dirais : Où elle est, sa
transparence, quand il nous dit qu'il va couper 2 milliards dans la
fonction publique sans que ça fasse mal à personne puis qu'il va arriver avec un plan détaillé? Ça fait six mois qu'il nous
parle de ce plan-là. On l'attend. C'était supposé d'arriver à l'automne. Il dit : Bien là, ce n'est pas prêt encore. Il était supposé
d'arriver avec ça après le temps de fêtes, lors du caucus qu'ils ont eu, la CAQ. Surprise! Il n'est pas prêt
encore. Et c'est lui qui nous parle de transparence?
C'est lui qui commence à dire qu'on doit
ouvrir les chiffres, qu'on doit prouver et qu'on doit faire en sorte que tous
les gens, là, soient bien avisés de ce qu'on
veut faire éventuellement?
L'année passée, on
voulait éliminer la taxe santé. Ils ont menacé de nous renverser, parce qu'ils
ne voulaient pas qu'on élimine la taxe
santé. Cette année, ils nous disent : Aïe! Là,
là, vous allez l'éliminer, la taxe santé. C'est une condition sine qua non,
sinon on rejette le budget. Après, ils se rencontrent en caucus puis ils
se disent : Bien, nous, si on prend
le pouvoir, là, on se donne cinq ans pour régler le problème et d'éliminer la
taxe santé. Et c'est le député de Lévis qui nous parle de sérieux? On
peut se poser des questions.
Mme la députée de
Laporte, tantôt,
dans son exposé, mentionnait qu'on parle de
séparation — elle
appelle ça comme ça, séparation — pour justement nous… et de la charte pour éviter de
parler d'économie. Moi, je vous dis : Heureusement
qu'on ne fait pas comme le gouvernement libéral en 2012, qui a causé une crise
sociale pour nous faire oublier son
incompétence économique. Moi, je sais et je peux vous dire qu'on ne fera pas ça
et qu'on est très, très, très loin d'arriver dans ce genre de situation
là. Et, quand on pose le problème de la souveraineté du Québec, ce n'est pas un
problème, c'est une solution à nos problèmes. Il ne
faut pas le voir comme ça.
La
situation économique… Parce que, là, écoutez, le budget, ça, ça gratte. Ça va se
jumeler à l'économie. L'état de l'économie détermine si le budget, si
l'État québécois est en santé ou non. C'est comme ça. Et c'est une des raisons pourquoi c'est difficile de prévoir ce qui
arrivera durant une année budgétaire. Parce que, contrairement à une
entreprise, le budget d'un gouvernement, il
est collé sur la réalité de 8 millions de personnes, sur les relations
qu'on a avec le reste du Canada, sur
la relation qu'on a avec les États-Unis, sur le prix des matières premières, et ainsi de suite. Et, en plus, nos revenus sont dépendants de nos dépenses, et vice
versa. Est-ce que vous connaissez une entreprise au Québec qui est dans
la même situation, où est-ce qu'on peut… on a autant de surprises que quand
arrive un budget puis tu dis combien qu'il y
a de gens qui sont démunis, combien qu'on va faire de transferts aux personnes démunies, qu'est-ce qui va arriver à
la croissance économique, et j'en passe?
Alors, je veux bien parler de transparence, mais il faut quand même
comprendre qu'un gouvernement qui dépend du cycle économique, bien, ça devient
plus difficile de prévoir... Et c'est pour ça que
je vous dis qu'on peut avoir confiance en ce qu'on fait. Pourquoi? Parce que, pour la première fois en 10 ans,
notre gouvernement a contrôlé les dépenses et même été en bas de ce qu'on avait
établi comme cible.
Alors,
moi, ce que je peux vous dire au départ : On a prouvé qu'on était bons à
ce niveau-là. Et on s'enligne pour respecter,
une deuxième année consécutive, notre target,
entre guillemets, de nos dépenses.
Les revenus sont moins élevés, c'est clair. Nos
revenus dépendent du cycle économique. C'est difficile àbouger, un cycle économique,
c'est très difficile. Les économistes à l'université, et les économistes dans
les gouvernements, et les économistes dans les banques essaient de trouver des façons... essaient
de comprendre le cycle économique. C'est difficile à comprendre, c'est
encore plus difficile à, justement, faire bouger.
On se compare
aux États-Unis. Il faut comprendre quelque chose. Si on se compare aux
Américains, il va falloir qu'on
comprenne qu'on est différents d'eux pour plusieurs raisons. Mais, en termes
économiques, on est différents d'eux pour
une raison fondamentale. C'est que le gouvernement, dans tous les pays de la
planète ou à peu près, il y a deux bras d'intervention : il y a la
politique monétaire et la politique budgétaire. Il peut intervenir dans l'économie
de ces deux façons-là. S'il intervient avec
la politique monétaire, ça ne vient pas aggraver sa situation des revenus et
des dépenses, on ne crée pas de
déficit suite à ça. Ce n'est pas parce que tu baisses tes taux d'intérêt que tu
vas amener un déficit accru parce que tes dépenses n'augmentent pas.
C'est ça, la beauté de la chose.
Aux
États-Unis... Parce qu'on compare la croissance du Canada... la croissance du
Québec à la croissance des États-Unis. Il faut comprendre qu'aux
États-Unis, à chaque mois, ils impriment 75 milliards de dollars pour
stimuler l'économie. Si vous considérez qu'un dollar US mesure
sept centimètres par 15 centimètres, ça veut dire qu'ils impriment à chaque mois tellement d'argent qu'ils
sont capables d'abrier Laval, l'île de Montréal puis la Rive-Sud avec ce
qu'ils impriment. Ça, c'est de l'aide gouvernementale ou de l'aide de l'État
américain pour stimuler l'économie.
Au Québec, on n'a pas ça. Au Québec, on est
dépendant de la politique monétaire canadienne. Quelle est la politique monétaire canadienne? Depuis 1991, la
politique monétaire canadienne, c'est quoi? C'est de maintenir un taux
d'inflation entre 1 % et 3 %. Là, ils vont bouger les taux d'intérêt
en fonction de cette cible-là, puis on va dire à la Banque du Canada : Oui, mais, si ça va mal dans l'économie,
qu'est-ce qui arrive? Ils vont dire : On maintient entre 1 % et 3 % le taux d'inflation. Et ce qui est le
pire, c'est qu'au Québec le taux d'inflation est toujours plus faible que dans
le reste du Canada, pour plusieurs raisons.
Alors,
actuellement, le taux d'inflation est en bas de la fourchette de 1 %, et
la Banque du Canada ne nous donne pas
d'oxygène pour justement arriver à réussir à soulever l'économie, soulever la
croissance économique réelle et soulever le taux d'inflation. Et donc
ça, c'est un problème, ce n'est pas l'unique problème. Au niveau mondial, la
croissance économique est, dans les
10 dernières années, parmi les plus faibles cette année. Ça, ça a été
problématique parce qu'on exporte beaucoup, évidemment. Et, pour ces
raisons-là, le revenu du gouvernement est limité, et ça a un impact,
évidemment, sur notre budget.
Il y en a qui
parlent de camouflage. Il n'y en a pas, de camouflage. On ne fera pas comme les
libéraux ont fait en 2008. En 2008, on s'en allait en crise économique
lors de la campagne électorale, et qu'est-ce qui est arrivé? Bien, les gens disaient à Jean Charest à l'époque :
Qu'est-ce que vous allez faire?, on est en crise économique. Il disait :
Non, non, pas de crise économique, nous. Et
là Monique Jérôme-Forget disait... Je me rappelle très bien, elle disait :
Je regarde mon radar et je ne vois
pas de crise économique à l'horizon, alors que tout le monde s'entendait
là-dessus. Ils faisaient du déni.
Nous, on n'en
fait pas, de déni. On n'arrivera pas avec des surprises. Il faut juste nous
laisser le temps de faire un budget
avec les procédures habituelles. On
garde le cap sur la lutte au déficit. Évidemment, on ne réussira pas à l'éliminer cette
année. Mais il faut être responsable, on ne peut pas dire n'importe quoi.
Prenons l'exemple de la CAQ, ils nous disent :
On va éliminer le déficit en un an, on va baisser les taxes et les impôts, éventuellement on va éliminer la taxe santé, on
va créer des jobs, stimuler l'économie. Mais on va faire des coupures. Il faut
faire des coupures. Si tu baisses tes taxes, tu baisses tes revenus. Si tu veux éliminer ton déficit, il faut
que tu aies de l'argent quelque part. Ça
fait que qu'est-ce qu'il faut que tu
fasses? Il faut que tu coupes tes dépenses. Le plan, le plan du député de
Lévis, il s'en vient-u ou il ne s'en vient pas? J'ai bien hâte de voir
ça, moi, ce plan-là. Moi, je l'ai déjà dit puis je le répète, le ministre des
Finances de la CAQ, s'il veut remplir ces obligations-là, là, il va s'appeler
Harry Potter.
Alors donc, solution du Parti québécois...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
...M. le député de Sanguinet. M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Deltell : Mme la
Présidente, il va de soi que le député, bien qu'il soit un orateur qui a un
certain talent, exagère énormément. Je l'invite à la prudence. Il peut avoir
une opinion différente du parti que je représente ici... Et puis je pense que,
bientôt, la population aura à juger qui sera le meilleur pour gouverner le
Québec.
• (16 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader du gouvernement.
M. Traversy : J'essaie de
trouver la question de règlement dans les interventions de mon collègue député
de Chauveau. Je pense que notre député du gouvernement a fait allusion aux
tours de magie que la CAQ peut amener dans certaines de ses interventions; il
n'y avait rien de pas parlementaire là-dedans.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Vous…
Des voix : …
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Non. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, Mme la leader du deuxième groupe, vous allez me dire quel
numéro de règlement vous imputez.
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. On va... règlement.
Mme
Thériault : Vous savez très bien qu'un député en cette Chambre
ne peut pas porter de propos blessants à l'égard
d'autres personnes puis que, les députés, on les appelle par leur titre ici. Je
pense que d'appeler les gens de la CAQ «Harry Potter», ce n'est pas
vraiment sérieux non plus.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, M. le député de
Sanguinet, puisque la leader de l'opposition officielle se porte à la
défense des collègues et fait en sorte de vous rappeler à l'ordre, je me fais
sa voix aussi. Et vous avez utilisé un mot non parlementaire, qui est le mot
«camouflage», qui est interdit en cette Chambre. Alors, je vais vous demander
de faire attention pour le reste de votre allocution.
M.
Therrien : D'accord. Merci, Mme la Présidente. Alors donc,
je vais poursuivre. Alors, la solution, la solution du Parti québécois, c'est de stimuler l'économie.
Attention! On stimule l'économie, on ne remplace pas l'entrepreneur. Le père de l'économie moderne, c'est Adam Smith, en
1776. Quand il a fait son… Quand il a écrit son livre sur la richesse des nations, il mentionnait : Il faut laisser
faire, laisser aller. Les libéraux se sont basés sur Adam Smith, mais ils se
sont trompés de mot. Eux, c'est :
Laisser faire, laisser tomber. Ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont laissé… Ils
se sont dit : On ne remplace pas l'entrepreneur, puis ça, ils ont
raison, mais ils ont laissé tomber les entrepreneurs. Alors, nous, avec la
politique industrielle, on ne laisse pas tomber les entrepreneurs, on va les
accompagner.
Parce
qu'on mentionnait… La semaine passée, Robert Gagné, dans son propos sur la
productivité des HEC de Montréal, mentionnait que le problème québécois,
c'est la productivité. C'est sûr : pendant neuf ans, on n'a pas eu de programme clair, un programme industriel clair qui
nous aidait à faire de l'industrialisation et à améliorer la
productivité. Ils ont été laissés tomber, ces gens-là.
Alors,
nous, on a bien compris le message et on travaille avec la productivité des
Québécois. Comment? Bien, en leur
donnant des supports, en les accompagnant dans un processus de croissance
économique soutenu par la productivité. Ça, ça veut dire quoi? D'aider les entreprises à investir. Investir où?
Investir dans les usines, acheter du capital physique mais aussi
investir dans la recherche, dans le développement, investir dans le capital
humain. C'est la première fois en
10 ans qu'on arrive avec une politique structurée, une politique
économique structurée. Ça a été accueilli avec joie par l'ensemble des
intervenants économiques. Bien, nous, c'est ce qu'on propose pour justement
atteindre nos cibles de réduction de
l'endettement public qu'on s'est fixées, et qui tient toujours. On parle de
dette qui va équivaloir à 45 % du PIB
en 2026. On parle de dette qui résulte des déficits cumulés qui va s'orienter
autour de 17 %. On est toujours dans cette direction-là. Comment on
va faire ça? Création d'emplois. Pas nous, le privé. Comment? En les
accompagnant. Et c'est ce qu'on propose aux Québécois, c'est une idée claire,
c'est des propos justes, c'est une orientation précise. Et évidemment nous allons
voir et nous allons juger l'arbre à ses fruits. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, M. le député de Sanguinet. Alors, M. le
leader de la deuxième opposition et député de Chauveau.
M.
Gérard Deltell
M.
Deltell : Merci, Mme la Présidente. En juin dernier, nous
avons adopté à l'unanimité une loi qui décrète que les élections sont
maintenant à date fixe, et par malheur voilà que, la semaine dernière, la
première ministre a dit qu'elle était prête
à mettre de côté cette loi-là pour déclencher elle-même des élections. C'est
malheureux de voir que la chef du gouvernement,
chef d'un gouvernement péquiste, risque de se réfugier derrière Sa Majesté la
reine pour déclencher des élections qui non seulement... Non seulement elle
se camouflerait derrière la monarchie, c'est-à-dire aller voir le lieutenant-gouverneur, mais en plus elle bafouerait
une loi qu'elle a elle-même initiée et votée à l'unanimité. Ça serait
dommage.
C'est
pourquoi, la motion d'aujourd'hui, nous allons l'appuyer, puisque nous
demandons qu'un budget soit dûment présenté avant que la première
ministre ne puisse par malheur déclencher des élections, allant ainsi à
l'encontre de la loi qui a été votée à
l'unanimité et ainsi se réfugier derrière la monarchie pour pouvoir déclencher
des élections, qui serait tout à fait contraire aux principes des
péquistes. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : M. le leader, «réfugier
derrière» me semble un synonyme d'un autre mot non parlementaire. Je
vais vous demander de faire attention à celui-là aussi, que je verrai à faire
ajouter au lexique. Alors, M. le député de Chapleau, c'est à vous la parole.
M.
Marc Carrière
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir à mon tour de prendre la parole
sur la motion que mon collègue de Brome-Missisquoi a présentée, qui demande, contrairement à ce que le président du Conseil du trésor disait tantôt,
et je vais y revenir... Contrairement à ce qu'il disait, c'est : «Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement péquiste la
présentation en bonne et due forme du discours sur le budget 2014‑2015 ainsi
que le dépôt du budget des dépenses 2014‑2015 avant que la première ministre ne
déclenche des élections générales.»
Tantôt, le président
du Conseil du trésor, ce qu'il disait, c'est que la demande, c'était de déposer
un budget maintenant. Ce n'est pas maintenant, c'est avant que la
première ministre décide de déclencher une élection. Donc, il y a une grande variante entre les deux.
Un petit peu pour faire du pouce sur ce que
disait effectivement le président du Conseil du trésor, il disait, tantôt, que
cette motion-là, ce n'était pas sérieux, puis il ne comprenait pas pourquoi qu'aujourd'hui
on discutait de cette
motion-là à l'effet qu'on voulait un dépôt du budget avant le
déclenchement des élections. Bien, je dirais que c'est très sérieux
quand on voit que même la première ministre et le ministre des Finances,
pendant longtemps, ont dit une chose et son contraire. La première ministre
disait : On continue vers la cible de l'équilibre budgétaire cette année;
le ministre disait : Non, on n'y arrivera pas. Il a même dit de façon
candide… Et j'admire son honnêteté de dire qu'il s'était trompé beaucoup puis qu'il n'avait pas été bon. Ça,
personne ne peut nier, tout le monde est d'accord avec le fait qu'il n'a pas été bon et
qu'il n'a pas respecté le budget qu'il avait présenté aux Québécois et qu'il
avait faire croire, pendant la campagne électorale, que, sous ce gouvernement,
tout irait bien et tout irait mieux. Et on voit que… de l'équilibre budgétaire… la mise à jour économique prévoit un déficit de 2,5 milliards. Moi, je prédis, et je n'ai pas de boule de cristal, qu'on va probablement
s'approcher plus, sinon dépasser le 3 milliards.
Donc, ça, c'est une des raisons pour lesquelles
mon collègue de Brome-Missisquoi demande, avant d'aller en élection, et de
faire de la diversion avec toute la question de la charte, et de créer des
crises où il n'y en a pas, et de camoufler…
Non, je n'ai pas le droit de dire ça. Bien, je disais les termes du député de Sanguinet,
là. Et de dissimuler cette contre-performance économique ou financière
de la part du gouvernement péquiste... Pardon?
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
…dissimuler.
M. Carrière : Dissimuler,
camoufler, c'est…
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Non. Alors, je viens de demander à la députée de Laporte
de ne plus utiliser «dissimuler», je vais faire la même chose avec vous.
Alors, vous comprendrez, M. le député de Chapleau, je vais vous demander de
trouver une autre expression.
M. Carrière : Un autre
synonyme?
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
S'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M.
Carrière : Je vais
sortir mon dictionnaire des synonymes quand j'aurai le temps. Mais il n'en
demeure pas moins qu'on avait dit aux Québécois que cette année, 2013‑2014,
on arrivera avec un équilibre budgétaire, et qu'il n'y aura pas de coupure, et
puis qu'on va le faire avec des chiffres qui se tiennent. Le député de Sanguinet
disait qu'il n'yaura pas de surprise, que, dans leur budget, il
n'y a pas de surprise. Bien, la plus grande surprise, c'est que, jusqu'à
tout récemment, ce gouvernement-là disait
qu'on allait avoir un équilibre budgétaire. On a dû se battre pour avoir le
dépôt de la mise à jour économique avant la
fin de la dernière session. Surprise! Déficit annoncé de 2,5 milliards.
Donc, en parlant de surprise, je
pense que c'en est toute une pour les Québécois. Et c'est pour ça qu'on exige
et qu'on demande aujourd'hui, par cette motion, que le gouvernement
présente un budget et que le Vérificateur général puisse également se prononcer
dessus avant d'aller en élection.
Chose importante également, le député de
Sanguinet parlait de la politique économique pour l'emploi. Et il est prévu dedans, avec un investissement de
2 milliards de dollars, des accompagnements, toutes sortes de
programmes, de créer 43 000 emplois en
trois ans. 43 000 emplois en trois ans, ça fait 14 333 emplois par
année. L'Ontario, cette année, en a créé
trois fois plus en dedans d'un an. Donc, on se rend compte que cette belle
politique économique pour l'emploi, qu'on annonce que ça va être la
septième merveille du monde, qu'on va faire des miracles avec, bien, l'Ontario
aura réussi, en trois mois ou dans un
trimestre, à créer plus d'emplois que ce que cette politique économique là
prévoit faire par année, pour les trois prochaines années, au coût de
2 milliards. 2 milliards de dollars, là, pour créer 43 000
emplois, c'est environ 50 000 $
par emploi. Donc, c'est quand même beaucoup. Ça ressemble un peu à ce qui a
été… même, c'est encore pire. Ce qui a été annoncé, la cimenterie, là,
en Gaspésie, là, c'est des millions de dollars par emploi.
Tantôt, le président du Conseil du trésor, le
député de Sanguinet disaient que, lorsque nous avons été au gouvernement, il n'y avait pas de plan au niveau
économique, de politique économique. Je peux vous dire que Bernard
Landry, je ne pense pas qu'il soit très libéral, à moins qu'il ait changé
dernièrement ou qu'il ait changé…
Une voix : …
M.
Carrière : …de façon drastique, merci, a dit que, lors de la
pire crise économique, depuis les années 20, qu'on a vécue — à moins que… peut-être que le PQ était sur
une autre planète, mais c'était la pire crise économique — c'est le Québec, dans le monde ou
dans les sociétés occidentales, qui s'en est le mieux tiré avec des
investissements majeurs en infrastructures.
Là, on assiste à quoi avec ce gouvernement-là? Bien, c'est des coupures, des
coupures de 1,5 milliard par année au
niveau des infrastructures, puis on ne sait pas, c'est quel pont, c'est quel
viaduc, c'est quelle route qui va être laissé à l'abandon. Donc, je
pense qu'on presse le gouvernement qu'il nous dise c'est quoi, ces coupures-là.
Donc, Bernard Landry nous disait que c'est sous
le gouvernement du Parti libéral du Québec, que c'est au Québec, pendant la pire crise économique, que le
Québec s'en est le mieux sorti. Et on a même créé des emplois, pendant
qu'ailleurs il s'en perdait. On a vu la catastrophe aux États-Unis. On a vu ce
qui s'est passé dans le reste du Canada. Là,
maintenant, depuis la fin 2012‑2013, on assiste à travers le Canada, on assiste
à travers même les États-Unis, le monde, à une relance économique. En
Ontario, il s'est créé, comme je disais tantôt, 53 800 emplois en 2013;
dans le Canada tout entier, 136 000
emplois. Ici, au Québec, on a perdu 66 800 emplois à temps plein. Donc, à
voir cette performance économique du gouvernement du Parti québécois,
bien il y a toutes les raisons de demander : Bien, présentez-nous un
budget, dites-nous où vous vous en allez et dites-nous c'est quoi, la réalité,
la réalité des chiffres au Québec.
Le président du Conseil du trésor
disait également que les revenus ont plafonné, les revenus, ils ne sont pas
au rendez-vous. Pourquoi les revenus ne sont pas au rendez-vous? Bien, il y a
plusieurs choses qui peuvent l'expliquer. Et
on ne peut pas nous dire qu'il y a un ralentissement économique quand, ailleurs
au Canada, il se crée des emplois puis ils vont revenir à l'équilibre budgétaire plus rapidement que ce qu'ils
avaient annoncé. Premièrement, on a une ministre des Ressources naturelles, la ministre des moratoires,
qui est antidéveloppement, qui est antirégion, qui a… Premièrement, je peux parler des minicentrales, je peux parler de
tous les dossiers, la forêt, toutes les coupures en forêt qui ont été
faites, qui affectent les régions, toute la
question des mines. Le Plan Nord est mort, hein, on a vu dans les différents
journaux, ce n'est plus le Plan Nord, c'est le plan mort.
Moi,
je veux vous dire, quand je viens ici, la plupart du temps je prends l'avion de
l'aéroport de Gatineau, qui rend des
services extraordinaires. Et il fut une époque, lorsque nous étions au
gouvernement et lorsque, sous le premier ministre Jean Charest, il y avait vraiment un élan et il y avait un
espoir pour les générations futures avec le Plan Nord, et l'avion était
plein, il fallait que tu réserves d'avance. Puis il y avait des gens qui
allaient travailler dans le Nord, des ingénieurs, des technologues, peu
importe, et qui… Et l'avion était plein. Là, maintenant, j'avais des
discussions avec le directeur de l'aéroport
de Gatineau, et il y a une baisse considérable, il n'y a plus personne qui fait
du «fly-in/fly-out» — excusez
le terme anglophone — par
rapport à aller dans le Nord. Donc, là-dessus, c'est clair que cette
ministre-là des Ressources naturelles a fait en sorte… ce gouvernement-là fait
en sorte que le Plan Nord n'est plus ce qu'il était.
Il
y a Louis Vachon, le président de la Banque Nationale, qui disait, cette
semaine ou la semaine dernière, qu'il y a une incertitude, les
entrepreneurs, les gens d'affaires, ils ne veulent pas investir, ils sont… — excusez
le terme encore, ça doit être parce que je
viens de l'Outaouais — ils sont sur les brakes. Et ils vont attendre, parce que, là, ils
disent : On ne sait pas, avec tout ce
qui se passe, ce gouvernement-là, on ne veut pas investir. Puis il y a toute la
question… bien, une des raisons pourquoi il y a une baisse des revenus,
bien, premièrement, les mises en chantier ont diminué. Il y a 66 000 emplois à temps plein qui se sont
perdus, donc il y a moins d'argent qui rentre dans les coffres du
gouvernement.
Ça
fait que je comprends très mal pourquoi le président du Conseil du trésor nous
disait que ce n'était pas sérieux, cette
motion-là. Moi, je pense que ce qui n'est pas sérieux, c'est de déposer un
projet de loi sur la charte des valeurs qui fait de la diversion à travers le Québec, qui sépare le Québec et qui fait en
sorte que, de cette façon-là, on a mis sous le tapis le désastre
économique du gouvernement du Parti québécois et on tente de faire croire aux
Québécois que tout va bien quand ce n'est pas le cas.
Je
vais vous donner un exemple. Je vais juste prendre la région de la Gaspésie.
Quand on est arrivé au pouvoir, en 2003,
le taux de chômage était à 21,1 %. Lorsqu'on est partis, en 2012, il était à
12 %, il avait diminué de presque 50 %. Un an et demi après,
pas 10 ans après, un an et demi après, il est à 16,2 %. Donc, encore une
preuve de l'inaction de ce gouvernement-là, de ce gouvernement-là qui s'est dit
qu'il allait être le gouvernement des régions. On voit que c'est tout à fait le contraire et qu'on a abandonné les
régions. Et, quand je parle des régions, je parle également de Québec,
je parle également de Montréal puis je parle
aussi de l'Outaouais, chez nous. Nous, l'Outaouais, on a été un peu
épargnés au niveau du taux de chômage; il
est resté le même. Il faut savoir qu'il y a des dizaines et des dizaines de
milliers de travailleurs qui
traversent la rivière puis qui vont travailler à Ottawa, où, là, il s'est créé
des emplois au lieu qu'ici il s'en est perdu.
Donc,
je pense que cette motion-là a toute sa raison d'être et qu'avant que la
première ministre décide d'aller en élection
en dissimulant ce désastre économique là, je pense qu'il est important et il
est primordial que ce gouvernement doit,
s'il est sérieux, présenter le vrai bilan de cette dernière année-là et
présenter le budget de la prochaine année pour que les Québécois aient
la triste vérité de ce désastre économique péquiste et qu'ils puissent prendre
une décision éclairée. Donc, pour toutes ces raisons, nous allons voter pour
cette motion. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Chapleau. Je suis donc prêt à entendre un autre intervenant, je crois,
M. le député de Louis-Hébert.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad :
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : On va vous donner tantôt le
temps qu'il vous reste, à peu près 13 minutes, je crois.
M.
Hamad :
Oui, j'apprécierais de savoir le temps. Je vais vous laisser faire les calculs.
M.
le Président, ça me fait plaisir d'intervenir sur cette motion qui… En fait, je
n'ai jamais pensé qu'on est obligés de demander à un gouvernement, par
une motion, de présenter son budget. Et on est rendus là aujourd'hui, M. le
Président, pas par hasard, parce qu'il y a une série d'événements…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : …12 min 50 s.
M.
Hamad : 12 min 50 s. Merci beaucoup, M. le Président. Et ce
que j'étais en train de dire, M. le Président : Je n'ai jamais pensé un jour que l'opposition, d'une
façon unanime, demande à un gouvernement supposé être responsable de déposer un budget. M. le Président, on est
rendus là, ce n'est pas un hasard, parce qu'il y a des séries
d'événements qui sont arrivés qui font en
sorte, M. le Président, que la confiance n'est pas là sur les chiffres, la
confiance n'est pas là sur les gestes posés par ce gouvernement-là, et
le peuple, les Québécois, nous, les Québécois, M. le Président, on veut savoir
davantage.
Vous savez, M. le
Président, vous avez une famille et, comme tous les Québécois, M. le Président,
avant de dépenser, ils ont au moins… ils
aimeraient ça avoir une idée combien ils ont dans les poches. Et, lorsque nous
avons des projets spécifiques,
normalement on regarde notre capacité de payer, on veut regarder si on peut
l'avoir, si on peut faire ce projet-là,
sur combien d'années, et, bien sûr, après ça, on peut aller… S'il y a un projet
de construction, on va rencontrer la banque
ou la caisse populaire, puis la banque va évaluer notre capacité de payer.
Donc, on a des budgets… un budget qui est sous forme papier, savoir combien mon salaire, c'est quoi, le revenu
familial et combien j'ai à dépenser, c'est quoi, mes capacités de payer. Ça, M. le Président, une
famille responsable, comme la majorité des Québécois, M. le Président, on l'a,
ça.
Et là le
gouvernement, qui ne gère pas son argent, il gère notre argent, il devrait…
c'est un exercice minimum à faire,
c'est faire le budget de… les budgets des Québécois puis dire aux
Québécois : Voici mes revenus, voici mes dépenses. M. le Président, moi, je mets au défi le
gouvernement de trouver une famille au Québec qui n'en ont pas, de budget
depuis 16 mois. Est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec qui vit sans budget depuis
16 mois, M. le Président? Et évidemment je parle
d'une famille qui a des obligations, et des dépenses, et des revenus. Je ne
pense pas qu'un Québécois, aujourd'hui, qui a des revenus et des dépenses et une famille, ne sait pas à peu près
combien il a de revenus puis combien à peu près il va dépenser. Puis,
quand il dépense plus, c'est sûr qu'il le sait, M. le Président, parce que la
banque va l'avertir.
Mais, M. le
Président, un gouvernement où on devrait être responsable, où on est en train
de gérer, pas notre argent, l'argent
des autres, des contribuables qui travaillent très fort pour payer des taxes,
le gouvernement ramasse ces taxes-là puis,
après ça : Je ne te le dirai pas, qu'est-ce que je fais avec, pendant 15
mois. M. le Président, et le chef de l'opposition officielle, M. le Président, a posé la question
simple et facile à la première ministre, il lui a posé une question :
Allez-vous déposer un budget, oui ou
non? M. le Président, les réponses étaient vagues, étaient très vagues. Ce
n'était pas affirmatif, de dire : Oui, nous allons déposer un
discours pour le budget et nous allons déposer le détail des dépenses et
revenus, M. le Président, c'était une réponse vague.
• (16 h 40) •
Hier, aujourd'hui, on lisait, par un journaliste
chevronné, Denis Lessard — que
sa moyenne sur le bâton normalement est 95 %, si je ne dis pas 100 % — il disait que le gouvernement va déposer un
projet de budget «light». C'est écrit «light», là, je le lis comme il
était. Et là on est rendu dans un budget «light», M. le Président. C'est la
première fois que j'entends cette expression-là pour un budget, parce qu'un
budget, il faut qu'il soit sérieux. Et là évidemment
il y a quelques membres peut-être du gouvernement ou des attachés politiques
qui ont appelé M. Lessard pour lui dire : Écoutez, là, on va
déposer quelque chose, mais on va déposer quelque chose de «light», M. le
Président.
M. le
Président, nous avons demandé au Vérificateur général de faire la vérification
des chiffres qui étaient dans la mise à jour économique. On s'est battu
pendant des mois pour faire venir le Vérificateur général ici, à l'Assemblée nationale. On s'est battu pendant des mois pour
faire venir le ministre des Finances quelques jours avant le dépôt de
mise à jour, pour poser la question simple
au ministre des Finances : Est-ce que vos chiffres sont bons? Et il nous
répondait : Attendez, dans quelques jours, je vais vous donner tout ça,
attendez, dans quelques jours… Et finalement, M. le Président, ils se sont trompés sur plusieurs facteurs. Et honnêtement,
si je cherche plutôt où vraiment ils ont respecté ce qu'ils ont dit, je
n'en trouverai pas beaucoup. Je trouve plus où est-ce qu'ils se sont trompés.
Puis ils ne sont pas trompés de 5 %, 2 %, 3 %, 4 % ou
10 %, M. le Président, des fois à 200 %.
Et on a posé
des questions, plusieurs, à plusieurs reprises, pour lui demander : Est-ce
qu'il y a un déficit? C'est-u le déficit
zéro? C'est quoi, les dépenses? C'est quoi, les revenus? On avait toujours une
réponse constante, M. le Président : Inquiétez-vous pas, ça va être
l'équilibre zéro, il n'y a pas de problème, ça va être l'équilibre, puis il n'y
a pas de problème; jusqu'à la fin, M. le Président. À la présentation de la
mise à jour économique, c'est là qu'on a vu une partie de la vérité, M. le Président. On a vu que l'état des finances
publiques… elles ne sont pas en bon état, M. le Président. On a vu qu'il y a un déficit qui arrive, de
2,5 milliards. C'est sûr que, la veille, il y avait 2,5 milliards, puis,
un mois avant, il y avait 2,5 milliards, puis plusieurs mois, ils
le voyaient venir, mais ils n'ont jamais voulu en parler, de
2,5 milliards.
Et, comme le
vice-premier ministre l'a dit, M. le Président, il a dit que le ministre des
Finances, c'est un homme honnête, et
je suis d'accord avec lui. Et le vice-premier ministre, il a dit que le
ministre des Finances, c'est un homme humble,
et je suis d'accord avec lui. Et il a osé, avec son courage et son honnêteté,
il a dit : Écoutez, on s'est trompé. Puis il a dit qu'on ne s'est pas juste trompé, on s'est
trompé de beaucoup. Puis il a dit que... Alors là, M. le Président, c'est
le ministre des Finances, c'est le ministre
des Finances et de l'Économie, en plus, qui nous dit : Écoutez, là, je me
suis trompé.
Il n'y a pas
longtemps, je n'en croyais pas mes yeux, M. le Président, je lisais le journal,
le président du Conseil du trésor qui dit : Moi, il faut me méfier
des économistes. Là, woups! là, ça ne va pas bien, M. le Président. Là, on a un
ministre des Finances qui est économiste, puis là c'est le président du Conseil
du trésor qui dit : Méfiez-vous des économistes.
Puis là j'ai pensé à un autre économiste de réputation, c'est M. Parizeau, le
premier ministre Parizeau, qui est économiste, et là j'ai dit : Là,
là, il y a de quoi qui ne marche pas, là. J'ai pensé peut-être à M. Campeau. Je
ne me souviens pas si, M. Campeau, il était économiste. Probablement, de
l'autre côté, ils le savent. Mais j'ai pensé à plein d'économistes... Il était économiste. Et là j'ai pensé à plusieurs
personnes qui ont servi avec le Parti québécois qui étaient d'une
renommée exceptionnelle, des gens compétents, et on dit : Méfiez-vous,
méfiez-vous de ces gens-là.
M. le
Président, on a des messages qui arrivent de ce gouvernement-là, des messages
qui sont un peu de... un qui dit :
Je me suis trompé; puis l'autre, il dit : Méfiez-vous des économistes;
puis la première ministre qui dit : Bien là, peut-être... pas la première ministre mais le
journaliste qui dit que le gouvernement va déposer un budget «light». Là, M.
le Président, là, ça ne marche pas, là. Là,
on n'est pas dans un cours de spectacle, là, on s'amuse : Lui, il dit
n'importe quoi, je me suis trompé. Ce n'est pas un jeu d'enfant, là,
c'est le budget de 75 milliards de dollars, M. le Président, c'est les
taxes de tous les Québécois, c'est l'avenir du Québec, c'est la
responsabilité...
Et
en plus, M. le Président, on entend parler que Fitch, une agence d'évaluation
de crédit… et l'agence Fitch a appelé
le ministre, qu'on a compris, et le ministre a été obligé d'aller à New York,
M. le Président. Ce n'est pas l'agence qui est
venue ici; lui, il est allé à New York, M. le Président. Ils ont dit :
Viens ici. Je ne sais pas s'ils ont rencontré le délégué général, mais ils ont
appelé le ministre des Finances, ils ont dit : Vous venez ici, chez nous,
à New York.
En
passant, cet événement-là est arrivé il y a quelques années avec le premier
ministre M. Bouchard. Quand les agences
de crédit ont appelé M. Bouchard à New York, ce n'était pas pour lui dire que
c'était un excellent politicien, même s'il l'était, puis ce n'est pas
pour lui dire : Vous êtes un gars qui voulez servir le Québec, parce qu'il
l'a fait. Non, ils ont dit : Là, là, vos finances, ça ne marche pas, vous
devrez poser des gestes concrets. Et on a vu la suite après.
Donc,
il y a eu une discussion avec le ministre des Finances et probablement des
signaux. Évidemment, le ministre des
Finances, il ne va pas nous mettre au courant de ces discussions-là. Mais,
croyez-moi, M. le Président, si c'était une bonne nouvelle, pensez-vous que le ministre des Finances, en revenant,
il en a parlé? Peut-être, il en faisait une annonce. Parce que ce gouvernement-là fait 85 annonces par
jour, alors il peut en mettre une de bonne nouvelle avec New York. Puis ce sera une bonne nouvelle, parce qu'ils en
prennent, des nouvelles, donc il peut en ajouter une autre
additionnelle. Puis ils peuvent, à partir de
New York, avec le ministre des Relations internationales, qui est souvent en
voyage, ils peuvent faire, les deux,
la conférence de presse puis dire : Le ministre des Finances, en compagnie
avec le ministre des Relations internationales — avec deux valises puis cravates bleues,
comme le ministre des Relations internationales aime ça — nous avons rencontré l'agence de crédit, et
l'agence de crédit nous a félicités pour le travail que nous avons
réalisé au Québec. 2,5 milliards de déficit par rapport à un déficit
équilibré, augmentation des dépenses de 3,1 %. On a vu tantôt toute une
présentation de… le président du Conseil du trésor dire : On n'a rien
compris, le 3,1 %, ce n'est pas un 3,1 %.
M. le Président,
c'est inquiétant, c'est très inquiétant, et surtout à la veille d'une élection,
à la veille d'une campagne électorale où on aimerait voir exactement la
situation financière du Québec.
Pourquoi
on aimerait voir la situation financière du Québec, M. le Président? Moi, j'ai
été élu en 2003, le 14 avril 2003. Je
me souviens, le 28 avril 2003, je pense que c'étaient les nominations au
Conseil des ministres. Une semaine après ou quelques jours après, on avait le Conseil des ministres. La première
question fondamentale que nous avons posée : Les finances que nous
avons, c'est dans quel état, les finances publiques que nous avons dans cet
État, là? Et nous avons demandé à un ancien Vérificateur général du Québec de
faire la vérification des états financiers. Et quelle a été la surprise, M. le
Président? La surprise était, c'est que les finances étaient dans le trou de
4 milliards de dollars.
La
première ministre, dans le temps, était ministre des Finances en 2003, elle a
dit — ce qu'on
a entendu — elle a dit à ses collègues au Conseil des
ministres : Écoutez, là, le budget que j'ai, là, il y a un gros trou
là-dedans, mais on va s'arranger pour aller en élection. C'est exactement le
même scénario, 11 ans plus tard, que nous craignons, M. le Président. Ça se
peut qu'il n'arrive pas. Nous craignons parce que ça s'est déjà fait, alors ça
se peut qu'elle le fasse encore une fois avec nous cette fois-ci, puis arriver
avec un cadre financier ou un projet de budget «light», là — c'est
nouveau, là — un budget «light» avec un cadre financier
qui dit : Tout va bien. Puis là, là, on va en élection puis on dit
aux Québécois : Écoutez, là, les finances publiques, ça va bien, ce n'est
pas notre problème, les finances publiques, ça va très bien, ça va très bien.
Parce
qu'on entend souvent ici «ça va très bien». On sort en dehors du salon bleu, M.
le Président, là on affronte la réalité. Mais ici, là, c'est bon pour
quelqu'un qui est en dépression parce que tout le monde dit que ça va bien, M.
le Président. Mais la réalité, c'est
complètement autre chose. Au lieu de prendre des pilules, ils viendront ici,
puis, vous allez voir, M. le
Président, ça va être meilleur, tout va bien, tout va bien. Et le ciel est
bleu, et l'enfer est rouge, M. le Président, ce qu'on a dit aux gens de
Gaspésie.
Alors,
M. le Président, c'est une responsabilité, c'est presque une obligation à ce
gouvernement-là, M. le Président, de présenter un budget à livre ouvert,
pas pour nous, pour les Québécois. Merci.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Louis-Hébert. Alors, ceci met un terme aux interventions des députés. Nous allons maintenant passer à la réplique
de 10 minutes du député de Brome-Missisquoi. M. le député, votre
réplique.
M.
Pierre Paradis (réplique)
M.
Paradis : Merci, M. le Président. On se retrouve dans un
contexte qui n'est pas agréable, M. le Président, sur le plan budgétaire, pas agréable pour personne ici, à
l'Assemblée nationale, mais surtout désagréable pour les concitoyens et
les concitoyennes que nous représentons tous à l'Assemblée nationale, quelle
que soit notre formation politique. Ce n'est pas une déclaration partisane que
je vous fais, M. le Président, c'est appuyé par des gens qui ont pris le parti
pris de placer la vérité au centre du débat des finances publiques.
M. le Président, au
début de janvier 2014, les économistes Luc Godbout, Suzie St-Cerny, Matthieu
Arseneau, M. Dao et Pierre Fortin — qui est bien connu — ont déposé une étude qui décrivait l'état de
nos finances publiques avec un scénario positif pour l'avenir puis un
scénario plus pessimiste pour l'avenir. Mais, même le scénario positif fait en
sorte que, sous ce gouvernement-là, avec la politique budgétaire qu'ils ont
adoptée, le Québec va frapper un mur et les contribuables vont être durement
frappés.
Comme
si ce n'était pas assez, M. le Président, quelques semaines après, l'École des
hautes études commerciales de Montréal a déposé également une étude qui
va dans le même sens. C'est catastrophique, c'est unanime dans la société québécoise. Et, si jamais il y avait
quelqu'un de l'autre côté qui voulait s'aventurer à dire que l'École des
hautes études commerciales puis les
économistes de l'Université de Sherbrooke n'ont pas donné l'heure juste aux
Québécois puis aux Québécoises, que c'est
partisan, qu'ils ont peut-être déjà, dans le passé, ces économistes-là, voté
pour une formation politique, bien Jacques Parizeau s'est senti obligé
de commettre une lettre sur la place publique.
Jacques Parizeau, c'est
l'ancien premier ministre péquiste, l'ancien ministre des Finances péquiste,
puis il n'est pas considéré comme un
économiste de droite, M. le Président. Il s'est exprimé d'une façon assez
claire, et ce qu'il nous a dit, finalement, je le
résume comme suit : C'est la première fois depuis 30 ans que je suis
inquiet des finances publiques du Québec. Ça
veut dire quoi, ça? Ça veut dire que, tout le temps que le Parti libéral a été
là, il ne s'est pas inquiété parce
qu'il savait que c'était un parti qui était responsable sur le plan de la
gestion des finances publiques, mais que, depuis que le PQ est là et
qu'il a déposé un budget à l'automne 2012 et que nous sommes rendus au
printemps 2014, qu'il n'y a pas eu d'autre
budget, il a assez d'expérience pour savoir pourquoi on n'a pas eu d'autre
budget, c'est parce qu'on n'est pas capables de faire face à la réalité.
Mais,
la réalité, M. le Président, on peut essayer de gagner du temps, on peut
essayer un petit peu de — comment je pourrais dire ça? — faire croire des choses à des gens pendant
un certain temps, mais les gouvernements sont jugés par un arbitre qui s'appelle une agence de crédit. Et
ça, ce n'est pas libéral, ce n'est pas péquiste, ce n'est pas caquiste,
une agence de crédit, c'est une agence de
crédit, c'est un banquier. Vous savez tout le coeur qu'ils ont, ces gens-là! Et
là on savait que ça allait mal avant
la publication de ces études-là, mais on ne savait pas à quel point ça allait
mal, et on connaissait l'histoire du Québec. Mais moi, je vais vous la
rappeler parce que je l'ai vécue.
J'étais
là, moi, en 1982, quand René Lévesque, le regretté premier ministre, s'est
retrouvé dans une situation où New
York, les agences de crédit l'ont obligé de couper 20 % des salaires de la
fonction publique. Il n'a pas fait ça de gaieté de coeur. Ce n'était pas dans son programme électoral. C'était
littéralement utiliser une mitraillette dans sa base militante. Il a
perdu des ministres, puis il a perdu des plumes, comme on dit, puis il a perdu
les élections par la suite. Ça, c'est la première fois où le Québec a été mis
sous tutelle par Wall Street.
Il
y a eu une deuxième fois, M. le Président, avec Lucien Bouchard. Puis Lucien
Bouchard a fait un pèlerinage à Wall
Street, en leur disant : Écoutez, là, faites-nous confiance, décotez-nous
pas, on va prendre les mesures, on va couper les salaires des fonctionnaires de 6 % puis on va sacrer les docteurs
dehors puis les infirmières dehors. Puis on s'en rappelle encore, là.
Ça, c'est la deuxième fois qu'on a été mis sous tutelle par Wall Street.
Puis
la troisième fois, j'espère qu'elle ne nous arrivera pas, mais on a des
signaux, puis des signaux qui ont été gardés secrets. Puis moi, quand le
gouvernement garde secret des signaux quant à la cote de crédit du Québec, je me
dis : Ça ne doit pas être joli. On a
été obligés d'avoir recours à la loi d'accès à l'information pour
apprendre — puis
c'est le député de Louis-Hébert qui le
mentionnait tantôt — que le
ministre des Finances... Puis on vient de l'apprendre, là, 6
février : «Concernant le premier volet de votre demande — je
cite la lettre — nous
vous informons que le ministre des Finances et de l'Économie, monsieur [le
ministre des Finances et de l'Économie] — qu'on connaît bien, celui qui se trompe, là, à répétition — s'est déplacé à New York pour rencontrer des
représentants de la firme Fitch Ratings le 10 décembre 2013 — ça ne fait pas tellement longtemps. Le
sous-ministre aux Finances et à l'Économie, M. Luc Monty, et le sous-ministre associé au financement, à la gestion de la dette et aux opérations
financières, M. Bernard Turgeon, accompagnaient le ministre pour
cette rencontre.»
Ce n'était quand même
pas pour aller échanger des voeux de Noël, M. le Président, là. Quand le ministre
des Finances, le sous-ministre en titre puis le sous-ministre responsable de
la dette se déplacent à Wall Street, on connaît les deux précédents
péquistes, là, on se dit : Ils sont allés là puis ils ont convaincu Fitch
de ne pas décoter avant les fêtes, ils ont
convaincu l'agence de les mettre sous surveillance. Mais ce n'est pas vrai
qu'ils n'ont pas pris des engagements. C'est
impossible. Tu ne vas pas à New York
négocier avec ces banquiers-là en leur disant : Vu que vous me trouvez
joli, vous allez maintenir ma cote. Ce n'est
pas de même que ça marche en business puis ce n'est pas de même que les
cotes de crédits sont établies. Ils ont pris des engagements qu'ils ont gardés
secrets, qu'on ne connaît pas. Et là on réclame la publication d'un budget
parce qu'on veut savoir quels sont les engagements qui ont été pris.
Puis
là moi, je lisais les journaux, ce matin, puis on a commencé à me parler d'un
budget «light», léger. Je me suis dit : Bon, c'est quoi, la
tactique péquiste d'avant les élections? Un petit budget «light», tu ne mets pas
dedans les engagements que tu as pris à New
York. Le lendemain du déclenchement des élections, ton sous-ministre appelle
Fitch puis il dit : Nous autres, on est
une institution, on ne l'a pas mis dans le petit budget «light», on va faire un
vrai budget après les élections, mais, en attendant, laisse-nous aller
parce que ce qu'on t'a dit qu'on ferait, là, on va le faire.
Mais
on ne le sait pas, ce qu'ils ont promis, on ne le sait pas à quel prix ils ont
vendu leur âme, M. le Président. Puis ça, ça m'inquiète. Ça m'inquiète
d'autant plus, M. le Président, que moi, je pense que c'est du jamais-vu, là,
dans l'histoire budgétaire du Québec. J'en
ai connu, des ministres des Finances, de toutes les formations politiques, mais
je n'en ai jamais connus qui m'ont dit
publiquement, à la TV... Je l'ai écouté deux, trois fois, je ne le croyais pas.
Je vais vous citer, là, en début
décembre, notre ministre des Finances, qui nous a déclaré… Imaginez-vous, là,
là, c'est le ministre des Finances
que vous connaissez bien, il dit ce qui suit : «Je n'étais pas en mesure
de porter un jugement éclairé, un jugement intelligent. On s'est trompé beaucoup, on n'a pas été bons.» Fin de la
citation. Je n'en revenais pas. Moi, j'étais estomaqué. Je le savais
qu'ils n'avaient pas été bons, mais de là à passer aux aveux, il y a une
différence.
Et là, comme si ces
aveux-là n'étaient pas suffisants, le vice-premier ministre, le vice-premier
ministre nous dit : Il dit la vérité,
c'est un gars d'une franchise impeccable, il est d'une candeur impeccable. Ça
fait que lui, il a accepté que
c'était vrai qu'il n'était pas bon. Mais, pendant ce temps-là, le problème,
c'est que la première ministre se promène puis, elle, elle nous dit, vu qu'on s'en va en élections : Tout va bien,
tout va bien, Madame la Marquise, inquiétez-vous pas…
Des voix :
...
M.
Paradis :
Je retire «la Marquise», M. le Président, ça va.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : ...il retire le mot «Marquise».
D'accord, merci. M. le député, soyez prudent. Poursuivez.
M.
Paradis :
Très, très bien. Mais là je vais la citer au texte; comme ça, je ne ferai pas
d'erreur. Je vais citer Michel David,
du Devoir, au texte, Michel David, du Devoir, M. le Président, le
lendemain de sa nomination comme ministre des Finances — parce
qu'elle avait été ministre des Finances avant : «Au lendemain de la
présentation de son premier budget, la
première ministre est tombée sur une amie d'enfance qui lui a lancé, pleine de
sympathie : "Ma pauvre amie, comment
tu vas faire? Tu n'as jamais rien compris aux chiffres."» Ça fait qu'on
essaie de réconcilier l'optimisme de la première ministre, qui nous dit que
tout va bien, avec les aveux du ministre des Finances, qui dit qu'il n'est pas
bon, il s'esttrompé puis qu'il a
manqué de jugement, puis le vice-premier ministre qui dit : Le ministre
des finances, lui, il dit la vérité.
M.
le Président, c'est dans ce contexte-là qu'on présente cette motion-là. On
espère que tout le monde, là, une fois qu'ils
auront compris les aveux du ministre des Finances, l'endossement du
vice-premier ministre, les contradictions de la première ministre, bien,
vont endosser cette motion-là de façon à ce que les Québécois et Québécoises
aient la vérité budgétaire avant de se prononcer au moment d'une élection
anticipée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Brome-Missisquoi...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît. Merci, M. le
député. Je vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le député de
Brome-Missisquoi, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement péquiste la présentation en bonne
et due forme du discours sur le budget 2014-2015 ainsi que le dépôt du
budget des dépenses 2014‑2015 avant que la première ministre ne déclenche des
élections générales.»
Cette motion est-elle
adoptée? Mme la leader adjointe de l'opposition officielle?
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Je vais vous demander un vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, qu'on appelle les députés.
• (17 heures — 17
h 11) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Votre attention, s'il vous
plaît. Merci.
Mise
aux voix
Alors
nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix de la motion de M. le député de Brome-Missisquoi,
qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
péquiste la présentation en bonne et due forme du discours sur le budget
2014-2015 ainsi que le dépôt du budget des dépenses 2014-2015 avant que la
première ministre ne déclenche des élections générales.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Couillard (Outremont), M. Moreau
(Châteauguay), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Billette (Huntingdon), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme
St-Amand (Trois-Rivières), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Ouimet (Fabre), M. Tanguay
(LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallières (Richmond), Mme Charlebois (Soulanges),
Mme Gaudreault (Hull), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bolduc (Jean-Talon), Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel), M.
Fournier (Saint-Laurent), Mme Ménard (Laporte), Mme Boulet (Laviolette), M.
Carrière (Chapleau), M. Gautrin (Verdun), M.
Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond (Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Reid
(Orford), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
Mme Vallée (Gatineau), M. Bergman (D'Arcy-McGee), M. Marsan (Robert-Baldwin),
M. Marcoux (Vaudreuil), Mme L'Écuyer (Pontiac),
M. Iracà (Papineau), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Bolduc
(Mégantic), M. Rousselle (Vimont), M. Heurtel (Viau).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), Mme Daneault (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy
(Montarville), M. Dubé (Lévis), M. Caire (La Peltrie), Mme St-Laurent
(Montmorency), M. Duchesneau (Saint-Jérôme),
Mme Roy (Arthabaska), M. Le Bouyonnec (La Prairie), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Trudel (Charlesbourg), M. Spénard (Beauce-Nord).
Mme
David (Gouin).
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : Mme Marois (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bédard (Chicoutimi), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Maltais
(Taschereau), M. Duchesne (Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M. Marceau
(Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M.
Hébert (Saint-François), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Trottier (Roberval),
Mme Richard (Duplessis), M. Ferland (Ungava), M. Drainville (Marie-Victorin),
M. Bergeron (Verchères), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Champagne (Champlain), M. Lelièvre (Gaspé), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Kotto (Bourget), Mme
Léger (Pointe-aux-Trembles), M. St-Arnaud (Chambly), M. Dufour (René-Lévesque),
M. Lisée (Rosemont), M. Blanchet (Johnson), Mme Hivon (Joliette), M.
Breton (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Beaudoin (Mirabel), M.
Bureau-Blouin (Laval-des-Rapides), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Pagé
(Labelle), M. Traversy (Terrebonne), Mme Larouche (Abitibi-Est), Mme
Bouillé (Iberville), M. Pelletier (Rimouski), Mme Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve (Berthier), M. Pelletier
(Saint-Hyacinthe), M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin (Sherbrooke), M. Therrien (Sanguinet), M. Roy
(Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer (Deux-Montagnes), M. Richer
(Argenteuil).
M.
Ratthé (Blainville).
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Y a-t-il des abstentions? Mme
la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 62
Contre : 48
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : La motion est adoptée.
Des
voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) : S'il
vous plaît! Nous allons poursuivre
nos travaux. Les députés qui doivent quitter le salon bleu, faites-le rapidement,
s'il vous plaît.
Je vais suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 17
h 15)
(Reprise à 17 h 17)
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, nous reprenons nos travaux. S'il vous plaît, votre
attention. Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Merci, M. le Président. Il nous reste encore un bon trois quarts d'heure avant
la fin de cette séance, aujourd'hui. Alors, pour la poursuite de nos travaux, j'aimerais que vous puissiez
sélectionner, à l'intérieur de notre feuilleton, l'article 1 pour la
poursuite de nos débats.
Débats
sur les rapports de commissions
Prise
en considération du rapport de la commission qui a
procédé à l'étude du rapport Propositions de modifications
à la Loi sur la transparence et l'éthique en matière
de lobbyisme et des rapports d'activité 2007‑2008
à 2011‑2012 et à l'examen des orientations, des
activités et de la gestion du Commissaire au lobbyisme
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, à l'article 1 du feuilleton, l'article
1 du feuilleton, l'Assemblée nationale prend en considération le rapport de la Commission
des institutions, qui, les 17 avril et 19 et 24 septembre 2013, a procédé à l'étude du rapport Propositions
de modifications à la Loi sur la transparence et l'éthique en
matière de lobbyisme, à l'étude des rapports d'activité 2007‑2008 à 2011‑2012
et à l'examen des orientations, des activités et de la gestion administrative
du Commissaire au lobbyisme du Québec. Ce rapport, qui a été déposé le 3
décembre 2013, contient deux recommandations.
Je
vous rappelle que, conformément aux
dispositions de l'article 95 du règlement, la prise en considération du rapport donne lieu à un débat restreint d'au plus
deux heures et qu'aucun amendement n'est recevable. Je vous rappelle également qu'en vertu du deuxième alinéa de
l'article 95 ce débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée
nationale.
La
répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat s'effectuera comme
suit : 50 min 26 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; 45 min 46 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle; 16 min 49 s sont allouées au
deuxième groupe d'opposition; sept minutes sont allouées aux députés
indépendants. Dans ce cadre, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué aux groupes parlementaires en proportion de
leur représentation à l'Assemblée nationale. Mis à part les consignes
mentionnées précédemment, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, les députés indépendants
qui souhaitent intervenir au cours du débat ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la
parole. M. le député de Beauharnois.
M.
Guy Leclair
M. Leclair : Merci, M. le
Président. Alors, bien entendu, par les temps qui courent, les dernières
années, c'est sûr qu'en 2002 le Parti québécois avait mis sur place la Loi sur
la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme, mais depuis ce temps-là
beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Alors, pour nous remettre un peu dans le
contexte, M. le
Président, pour que les gens nous suivent avec ce projet de loi là, où est-ce
qu'il en est rendu aujourd'hui, et on
se rappellera qu'en 2002 le gouvernement du Parti québécois avait fait adopter
la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme. Bien,
oui, très surprenant, encore le Parti québécois. La transparence et l'éthique,
on l'a dit, on ne lâchera pas ce point-là.
• (17 h 20) •
La Loi sur la transparence et l'éthique en
matière de lobbyisme a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale
en juin 2002. L'article énonce les objectifs de la loi.
Reconnaissant que le lobbyisme constitue un moyen légitime d'accès aux institutions parlementaires, gouvernementales autant que municipales et qu'il est dans l'intérêt
du public que ce dernier puisse
savoir qui cherche à exercer une influence auprès des institutions, la présente loi avait pour but et objet de rendre transparentes les activités de lobbyisme
exercées auprès des titulaires de charge publique et d'assurer le sain exercice de ces activités. Alors, on peut dire
que, depuis 2002, on a vu quelques partis baisser la garde. En vertu de la
loi, une activité de lobbyiste est une
communication orale ou écrite faite en vue d'influencer ou pouvant
raisonnablement être considérée comme
étant susceptible d'influencer la prise de décisions d'un titulaire de charge
publique. Conformément à la loi, les
lobbyistes doivent enregistrer leurs activités de lobbyiste dans des registres
de lobbyistes, opérationnels depuis novembre
2002, comme je le disais, et respecter le Code de déontologie des lobbyistes,
entré en vigueur en mars 2004.
Donc, la loi
avait défini, en 2002, trois types de lobbyistes, soit les lobbyistes-conseils,
qui sont des personnes ayant le
mandat d'exercer des activités de lobbyisme pour le compte d'autrui; le
lobbyiste d'entreprise, personne dont la fonction au sein d'entreprise est d'exercer des activités de lobbyisme
pour le compte d'une entreprise; et, bien entendu, le dernier, lobbyistes d'organisation, des personnes
dont la fonction consiste à exercer des activités de lobbyisme pour le
compte d'une association ou un regroupement à but non lucratif.
Bien entendu, M. le Président, tout comme vous,
et moi, et plusieurs de nos collègues, nous sommes souvent présentés à des gens pour tenter d'apporter leurs
dossiers justement dans l'enceinte de l'Assemblée nationale pour
s'assurer que leurs dossiers soient, à leur
avis à eux, priorisés, puis on fait ça de bonne foi. Et on sait que chaque
député — on
n'a pas le choix — on a notre propre commissaire à l'éthique
qui nous a expliqué des lignes très claires. Puis, quant à moi, je pense que c'est une belle règle à suivre. Les
lignes sont plus claires, on sait à quoi s'en tenir, donc je pense qu'en
matière de lobbyisme, pour ce qui est des
trois groupes dont je viens de vous parler, bien, il faut continuer à avancer
pour s'assurer que tout le monde ait les mêmes réglementations pour être
certain que les règles sont claires.
Alors, si on
revient… Ça, c'était la loi que je vous ai lie… que je vous ai lue — excusez-moi — en 2002. Alors, en 2007, dans le cadre de la révision quinquennale
de cette même loi-là — on avait dit qu'après cinq ans on réviserait — le
ministre de la Justice avait déposé à l'Assemblée nationale un rapport sur la
mise en oeuvre de la loi, qui avait déjà cinq ans. Ce rapport soulignait la
nécessité d'apporter bien sûr certaines modifications à la Loi sur la
transparence et l'éthique en matière de
lobbyisme. Mais, en 2008, le premier Commissaire au lobbyisme, Me André C.
Côté, a également fait état, dans un
mémoire intitulé Bâtir la confiance, de modifications requises pour
assurer l'encadrement efficace des activités
de lobbyisme au Québec. On s'apercevait, déjà là, que l'activité de lobbyisme
prenait de plus en plus d'ampleur avec plusieurs firmes maintenant
spécialisées dans le lobbyisme. Alors, il fallait faire quelque chose.
Dans le cadre
de cette révision quinquennale, la loi effectuée par la Commission des finances
publiques… Des consultations particulières ont été tenues. On revient
dans les années 2008. Les travaux de la Commission des finances publiques n'ont pas été parachevés en raison d'un déclenchement
d'élection générale à l'automne 2008. Alors, malheureusement, ce qu'on disait, réviser la loi après cinq ans, on n'a
pas été en mesure de finir comme qu'on voit par ailleurs assez souvent
dans les législations; bien, les derniers projets de loi meurent au feuilleton,
comme qu'on dit dans notre jargon.
Alors, en mai
2012, l'actuel Commissaire au lobbyisme, Me François Casgrain, a transmis à
l'Assemblée nationale un rapport
intitulé Propositions de modifications à la Loi sur la transparence et
l'éthique en matière de lobbyisme. Son rapport soulève des problèmes concrets d'application de la Loi sur la
transparence et l'éthique en matière de lobbyisme et il propose, de
façon détaillée, des mesures pour y remédier. Son rapport comprend, M. le
Président, rien de moins que 105 recommandations avec, bien entendu, quelques années d'application. Alors, on s'est
aperçu de plusieurs lacunes ou, tout au moins, des exercices qu'on faisait qu'on devait améliorer pour
s'assurer d'une transparence. Alors, ces 105 recommandations là qui devaient être remises dans un nouveau
projet de loi remplaçant l'actuel…
Alors, l'expérience acquise au cours
des dernières années a donc permis d'identifier des lacunes, des difficultés
d'application de la Loi sur la transparence
et l'éthique en matière de lobbyisme, qui avait été adoptée, comme je vous le
disais auparavant, en 2002.
Alors, en
décembre 2012, le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la
participation citoyenne est devenu le responsable de la Loi sur la
transparence et l'éthique en matière de lobbyisme. Alors, ce n'est qu'à la fin 2012 que la Commission des institutions s'est
donné le mandat d'étudier le rapport du Commissaire au lobbyisme dans le
cadre de ce mandat. Alors, M. le Président, comme vous saviez, plusieurs
groupes ont été entendus, la commission a entendu le Commissaire au lobbyisme lui-même
en avril 2013. On a procédé à des consultations particulières. Elle a tenu des
auditions publiques en septembre 2013, par la suite a déposé son rapport en
décembre 2013. Alors, ça ne fait pas longtemps de ça.
Le gouvernement entend donc donner suite aux recommandations
du rapport de la commission qui, en Commission
des institutions, a déposé, en
décembre 2013, des recommandations, qui étaient les suivantes. La première recommandation,
M. le Président : Que le ministre responsable des Institutions
démocratiques et de la Participation citoyenne procède à une révision de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme et qu'elle propose les changements
appropriés afin que la loi atteigne plus efficacement ses objectifs.
La recommandation 2 : Que les modalités
d'inscription et de mise à jour du Registre des lobbyistes soient simplifiées
de façon à le rendre plus accessible et convivial. Bien entendu, lors des
auditions, on a entendu environ tous les sens du terme, autant que les gens étaient d'accord de
s'inscrire aux lobbyistes, autant que c'était très difficile. Alors, je
vais vous faire un peu la reprise de quelques problèmes que nous avons entendus,
qui faisaient… contraires à la loi actuelle.
Donc, le
libellé de certains articles de loi qui génèrent la confusion parmi les
lobbyistes et les amène à faire des interprétations
erronées... Donc, comme la loi n'est pas des plus claires, on s'était dit
qu'après cinq ans on la modifierait. Et, avec le temps, comme on vous expliquait, M. le Président, l'élection, on
n'a pas pu parachever notre ouvrage. Donc, on s'aperçoit que la loi n'était pas si claire que nous voulions. Les
modalités d'inscription, comme je disais un petit peu plus tôt, aux lobbyistes sont lourdes. Les
renseignements exigés sont incomplets. Les gens venaient en commissionparlementaire, M. le Président, puis ils nous
disaient : Moi, je suis pour ça, j'essaie juste de rentrer, j'en ai quasiment
pour une journée ou deux jours à m'assurer que j'ai été bien inscrit. D'autres
nous disaient : Moi, je me suis inscrit, puis, par la suite, on m'a dit
que je n'ai jamais été enregistré.
Alors, on
voit certaines lacunes. Alors, je pense, c'est le but un peu du gouvernement
aussi et des membres de la commission…
On a dit : Bien, il faut s'assurer que ces procédures-là soient assez
simples, assez rapides, il ne faut pas que ce soit trop pénible. Déjà
là, que les gens ne comprennent pas… bien, en tout cas, il y a certains
spécialistes, mais la plupart des gens ne
comprennent pas tout à fait ce qu'est le lobbyisme. Donc, pour ceux qui s'y
intéressent… mais il faut s'assurer au moins que le point d'entrée soit
plus facile à ces gens-là.
Alors, rappelons que les deux objectifs
fondamentaux poursuivis par la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme, que notre gouvernement avait
fait adopter en 2002, étaient de rendre transparentes les activités de lobbyisme exercées auprès des titulaires de charge
publique, d'assurer le sain exercice de ces activités. Or, les
difficultés d'application ainsi que les nombreux problèmes de loi actuels
rendent la poursuite de ces objectifs souvent difficile malheureusement.
Alors, pour
notre gouvernement, M. le Président, il est essentiel que les citoyens du
Québec sachent qui cherche à exercer une influence auprès des
institutions publiques et dans quel but. Alors, encore un but de transparence.
Il est donc nécessaire de réviser la loi en
profondeur. Bien entendu, le gouvernement du Parti québécois travaille
présentement à la réforme de la Loi sur le lobbyisme afin d'accroître bien sûr
la transparence des activités de lobbyisme et surtout de mieux les encadrer.
• (17 h 30) •
Pour
atteindre ces objectifs, nous voulons simplifier, clarifier, apporter des
précisions à la loi, M. le Président, rétablir l'équilibre quant à
l'obligation des divers groupes d'influence, surtout de bien leur expliquer qui
est obligé et moins — bien, je ne pourrais pas dire moins — qui est-ce qui est obligé de s'inscrire et
ceux qui n'ont pas à s'inscrire, permettre une application plus uniforme
et plus complète de la loi par tous les acteurs, fournir au Commissaire au
lobbyisme finalement des outils complémentaires pour lui permettre de remplir
plus efficacement son rôle.
Bien entendu,
lorsqu'on met des règles, lorsqu'on veut qu'il y ait des personnes qui
vérifient, bien, ça prend des sous puis ça prend un peu d'outils pour outiller
le Commissaire au lobbyisme. Plus spécifiquement, la réforme que notre
gouvernement entend proposer viserait à reformuler et compléter plusieurs
dispositions législatives afin de faciliter l'application
de la loi ainsi que réviser et préciser les catégories de lobbyisme, la
définition d'«activités de lobbyisme» ainsi que les exclusions,
c'est-à-dire les communications qui ne doivent pas être considérées comme des
activités de lobbyisme. On doit aussi réfléchir à élargir le champ d'application de la loi, bien sûr améliorer,
M. le Président, la divulgation des
activités de lobbyisme et surtout simplifier les modalités d'inscription au
registre, comme je disais un petit peu auparavant, réviser les
renseignements exigés, préciser, dans le cas échéant, les obligations
des titulaires d'une charge publique, réviser les règles s'appliquant aux titulaires d'une
charge publique en cours de mandat ainsi qu'après mandat.
On sait, M.
le Président, que plusieurs gens nous disaient : Bien, je dois m'inscrire
au lobbyisme, ce n'est pas clair. Je
dois-tu m'inscrire pour 10 ans, pendant un mandat? Qu'est-ce que vous
considérez un mandat? Si je suis dans le même projet, mais on est dans une phase II,
phase III est-ce que je dois encore m'enregistrer au lobbyisme?
Alors, tout ça ne semble encore pas clair dans la manière que nous
l'expliquons, alors il faut renforcer les pouvoirs et l'indépendance du
Commissaire au lobbyisme.
Lorsqu'on dit de préciser, dans le cas échéant,
les titulaires d'une charge publique, bien,
c'est la même chose, c'est de
s'assurer avec ces gens-là qui se considèrent… Si moi, je dois m'inscrire,
c'est pour quel mandat exactement? Quelle est la longueur? Et est-ce qu'en ce moment je suis un titulaire de
charge publique? Parce qu'il y a des gens qui se perçoivent comme un OSBL puis qui disent : Bien non,
moi, je n'ai pas besoin d'être au lobbyisme. Alors, vous voyez dans
quelle tourmente les gens, eux aussi, peuvent se
sentir. Nous, on fait ça à temps plein, puis je vous dirais que même des
fois on se le demande : Est-ce que
cette personne-là devrait être inscrite? Alors, bien souvent, on fait des coups
de téléphone à notre cher commissaire pour s'assurer, les règles, de bien les comprendre.Alors, je peux
imaginer le commun des mortels qui parfois se retrouve peut-être entre deux
chaises puis se demande si vraiment il est un
lobbyiste ou non.
Alors, le
gouvernement doit aussi permettre, dans certains cas, l'imposition de sanctions administratives, bien entendu réviser les sanctions pénales afin d'en augmenter l'effet dissuasif, réviser et
uniformiser les délais de prescription pour les
différents types de sanction, prévoir la divulgation des sanctions au
Registre des lobbyistes — bien
entendu, il faut que ce soit clair pour tout le monde aussi.
Alors, dans le cadre de ce mandat, la commission
a entendu le Commissaire au lobbyisme le
17 avril 2013, procède à
des consultations, comme je vous disais, pendant tout l'automne. Alors, je dois
vous préciser, M. le Président, les organismes
suivants ont déposé des mémoires et ont été entendus en commission
parlementaire : l'Association québécoise des lobbyistes, Coalition
Priorité Cancer au Québec, Regroupement des maisons pour femmes victimes de
violence conjugale, le Réseau québécois de
l'action communautaire autonome, la société de
développement commercial, Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Alors, vous voyez un peu
l'éventail, M. le Président, de tous les gens qui
ont l'intérêt de savoir qui est-ce qui se considère ou non comme un lobbyiste.
Alors, on peut voir l'éventail des gens, là, qui avaient un grand intérêt pour
le Commissaire au lobbyisme.
Les
organismes suivants ont déposé des mémoires mais n'ont pas été entendus à la
commission parlementaire, à leur choix : l'Association québécoise
de lutte contre la pollution atmosphérique et autres; Alain Lemieux, Affaires gouvernementales et publiques; Chantier de
l'économie sociale; le comité sur le lobbying et l'éthique de l'Association du Barreau canadien; la Fédération des chambres de commerce du Québec,
Réseau québécois d'action pour la santé des femmes.
La Commission des institutions a, par la suite,
produit et déposé le rapport, comme je vous le disais précédemment, en décembre 2013.
Alors, le ministre responsable des Institutions démocratiques, de la
Participation citoyenne procède à une
révision de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme et
propose, bien entendu, les changements appropriés
afin que la loi atteigne plus efficacement les objectifs. L'objectif premier du
gouvernement est que la Loi sur la transparence et l'éthique en matière
de lobbyisme du Québec soit l'une des meilleures au Canada, bien entendu.
Alors, comme on peut voir, M. le Président,
plusieurs points de vue ont été entendus. Un point semble faire consensus au-delà de tout ce que l'on a entendu,
c'est que le Québec a besoin d'une nouvelle loi en matière de lobbyisme.
Notre gouvernement s'est engagé à proposer
une nouvelle loi, et mon collègue le ministre responsable des Institutions
démocratiques y travaille présentement avec toute son équipe. Si je me fie aux
échanges que nous avons avec les partis d'opposition durant nos travaux, je pense qu'on va pouvoir faire adopter
cette nouvelle loi assez rapidement et peut-être même, M. le Président, devinez quoi, à
l'unanimité. Je crois qu'en matière d'intégrité et de
lobbyisme ça serait un beau cadeau qu'on puisse faire, comme
parlementaires, d'adopter ce projet de loi là à l'unanimité. On ne peut
peut-être pas rêver, mais peut-être que…Lorsque nous nous assoirons,
article par article, je suis sûr que le consensus viendra.
J'en profite
d'ailleurs pour remercier particulièrement le député de Fabre, qui semble avoir réussi à convaincre son caucus de l'importance d'une nouvelle loi en
matière de lobbyisme. Disons que ses collègues de l'ancien gouvernement libéral ne semblaient pas trop intéressés par la
question, car, en neuf ans au pouvoir, les libéraux n'avaient pas trouvé
le temps de s'adresser l'importante question du lobbyisme. Alors, comme c'est
souvent le cas, M. le Président, c'est un gouvernement
du Parti québécois qui reprend encore la balle au bond et qui agit. On l'a fait
en 2002 et on le refait encore en 2013,
parce que, pour nous, l'intégrité et la transparence ne sont pas juste des mots
et des beaux discours, mais bien, d'abord et
avant tout, des gestes, M. le Président.
Je voudrais
aussi profiter du temps que nous avons aujourd'hui pour remercier toutes les
personnes, tous les groupes qui ont participé aux travaux de la
commission. On parle souvent de cynisme en politique, le fait que les gens sont
désabusés, qu'ils ne participent pas à la
chose publique, mais je pense qu'on a eu un très bon exemple, M. le
Président, du contraire avec les travaux de
la commission sur le lobbyisme. C'est un signe de santé de notre démocratie de
voir autant de personnes qui
s'intéressent à la question de transparence et d'éthique en matière de
lobbyisme. C'est un bon signe pour la démocratie
de voir les groupes prendre le temps de réfléchir sur la question, prendre le
temps d'écrire un mémoire, prendre le temps de venir le présenter aux
élus, contribuer à la mise en place de la nouvelle loi. Je pense qu'on doit
être fiers de ça. Plus les citoyens participent
à leur démocratie, plus la démocratie sera en santé,
bien entendu. Je remercie aussi, M. le
Président, le Commissaire au lobbyisme, bien entendu, et toute son équipe pour
leur travail. Les Québécois peuvent être fiers de cette grande institution.
Bien entendu, on doit lui donner les outils pour
travailler.
Mais je voudrais aussi prendre quelque temps pour
revenir sur nos travaux, les commentaires qui nous ont été adressés par les divers intervenants. Tout
d'abord, toute la question des organismes à but non lucratif.Plusieurs
groupes sont venus nous sensibiliser sur la question du lobbyisme dans les
activités de ces organismes. Je pense que nous devons être sensibles à cette
réalité particulière, M. le Président, tout en assurant d'obtenir plus de
transparence. On a aussi entendu le
commissaire venir nous dire qu'après 11 ans
la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme devait faire l'objet de plusieurs changements et
s'assurer que les objectifs que nous voulions atteindre lorsque nous
avons voté cette loi à l'unanimité soient respectés.
Un élément qui apparaît particulièrement
important, M. le Président, est la simplification de l'inscription au Registre des lobbyistes. Bien entendu, plusieurs
groupes nous l'ont signifié. Si nous voulons que plus de personnes, de
groupes, d'entreprises s'inscrivent au registre, nous devons rendre ce processus simple et efficace.
Je terminerai là-dessus, il y aura encore
plusieurs choses intéressantes à dire sur le sujet, mais je pense que nous
aurons tous l'occasion d'y revenir lorsque mon collègue le ministre responsable
des Institutions démocratiques déposera le projet de
loi.
Je remercie encore une fois tous les membres de
la Commission des institutions ainsi que le personnel de la commission qui a
fait un travail remarquable tout au long de nos travaux.Et je nous souhaite un projet de loi voté à l'unanimité, M. le Président. Ça sera bon pour la
démocratie québécoise d'avoir de la transparence et une vraie loi sur le
Commissaire au lobbyisme. Merci beaucoup.
• (17 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci,
M. le député de Beauharnois. Je cède maintenant la parole à la députée
de Bourassa-Sauvé. Mme la députée.
Mme Rita de Santis
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. La Loi sur la transparence et l'éthique en matière de
lobbyisme a été adoptée par l'Assemblée
nationale en juin 2002, en catastrophe, par un gouvernement Landry
ébranlé par le scandale Oxygène 9. L'adoption de la loi a été accompagnée par
la création d'un poste de commissaire. À l'époque, le premier ministre
Bernard Landry annonçait pourtant qu'elle serait la loi la plus avancée du monde. Depuis juin 2002, la loi
n'a jamais été modifiée ou révisée.
Le
9 mai 2012,
le président de l'Assemblée nationale a déposé un rapport produit par le
Commissaire au
lobbyisme en prévision du 10e anniversaire de l'adoption de la Loi
sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme. Le rapport contient
105 recommandations et propose, à
l'annexe, une réécriture complète de la loi intégrant l'ensemble de ses
recommandations. Chacune des 105 recommandations contenues dans le rapport du
commissaire mériterait un examen attentif.
Le 20 novembre 2012,
la Commission des institutions s'est donné le mandat d'étudier ce rapport
intitulé Propositions de modifications à la Loi sur la transparence et
l'éthique en matière de lobbyisme. Dans le cadre de ce mandat, la commission a
entendu le commissaire le 17 avril 2013
sur ces propositions de modifications. À la suite de cette audition, la commission a procédé à des
consultations particulières. Elle a alors reçu
12 mémoires et de nombreuses lettres d'appui à ceci. Elle a aussi tenu, les 19 et 24 septembre 2013,
des auditions publiques au cours desquelles elle a entendu des représentants de
six organismes touchés par les propositions contenues dans
le rapport du commissaire.
Je suis tout
à fait en accord avec la Commission des institutions qui, suite aux
consultations, recommande, un : «Que
le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation
citoyenne procède à une révision de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme et propose les
changements appropriés afin que la loi atteigne plus
efficacement ses objectifs»,et deux : «Que les modalités d'inscription et
de mise à jour du Registre des lobbyistes soient simplifiées de façon à le
rendre plus accessible et convivial.»
Même si
l'article 9 de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection desrenseignements personnels énonce le principe que
toute personne qui en fait la demande a droit d'accès aux documents d'un
organisme public, on est loin, on est très,
très loin d'un gouvernement ouvert, d'un gouvernement qui partage
librement l'information, exploite la puissance des données à l'ère numérique et
collabore avec la population pour faire surgir des
nouvelles idées.
Toute
initiative de transparence gouvernementale aide à mettre en place un
gouvernement ouvert et accessible. Seulement un gouvernement vraiment
ouvert assurera que les Québécois sachent qui exerce une pression sur leur
gouvernement et dans quel but. Les personnes, les groupes et les entreprises
ont le droit de communiquer avec les représentants
gouvernementaux élus et nommés. La Loi sur la transparence et l'éthique en
matière de lobbyisme vise à rendre transparentes les activités de
lobbyisme exercées auprès de titulaires de charge
publique et à assurer le sain exercice de ces
activités.
L'argument
est le suivant. Comme la législation québécoise sur le financement des partis
politiques ou sur l'accès à l'information, la Loi sur la transparence et
l'éthique en matière de lobbyisme devrait contribuer à améliorer la vie démocratique et à renforcer la confiance du
citoyen dans les institutions politiques et administratives. Le but de la
loi, c'est d'apporter une nouvelle dimension au droit à l'information en
permettant aux citoyens de savoir qui cherche à influencer les décisions
d'intérêt public.
Maintenant, qui sont impliqués dans
l'encadrement des pratiques de lobbyisme? Il y a trois personnes : les lobbyistes, les titulaires de charge publique et
le Commissaire au lobbyisme. Commençons d'abord avec les lobbyistes. La
loi définit trois types de lobbyistes : les lobbyistes-conseils, qui sont des personnes ayant le mandat d'exercer
des activités de lobbyisme
pour le compte d'autrui.Il y a les
lobbyistes d'entreprise, qui sont des
personnes dont la fonction au sein
d'une entreprise est d'exercer des activités de lobbyisme pour le compte de l'entreprise.Et ensuite il y a les lobbyistes
d'organisation. Ces lobbyistes d'organisation sont des personnes dont la
fonction consiste à exercer des activités de lobbyisme pour le compte d'une
association ou d'un regroupement à but non lucratif.
Le Règlement relatif au
champ d'application de la Loi sur la transparence et l'éthique en
matière de lobbyisme est venu limiter
l'application de la loi aux organisations constituées à des fins patronales,
syndicales ou professionnelles, ou aux organisations dont les membres sont
majoritairement des entreprises à but lucratif,
ou des représentants de telles entreprises. La distinction établie entre les
lobbyistes d'organisation soumis à la loi et ceux qui ne le sont pas crée de
l'insatisfaction auprès des entreprises et des organisations présentement
assujetties. L'argument est qu'elle crée une inégalité de traitement qui est de
nature à renforcer la perception, la perception réelle,
qui existe, qu'il y a des bons et des
mauvais lobbyistes, ce qui va à l'encontre de l'objectif de reconnaître la
légitimité des activités de lobbyisme. Plusieurs maintiennent que la loi, dans sa mouture de 2002,
ne tient aucunement compte du large éventail de coalitions et de groupes
de pression comme les groupes de pression environnementaux qui se portent à la
défense d'intérêts, conformément à leur mission, sans pour autant être
contraints de s'inscrire au registre de lobbyisme.
Le rapport du
commissaire reconnaît l'importance d'encadrer de façon adéquate toute activité
de lobbyisme, peu importe par qui
elle est effectuée. On nous rappelle qu'à
l'article 1 de la loi on peut lire clairement qu'il est dans l'intérêt du public que ce
dernier puisse savoir qui cherche à exercer une influence auprès des institutions.
D'après la position du commissaire, les groupes comme les groupes environnementaux
et groupes de défense économique… ces groupes devraient
être traités sur un pied d'égalité en raison de leur action de pression sur la
place publique et auprès des institutions parlementaires,gouvernementales et municipales. La loi fédérale sur le
lobbying prévoit déjà cela, tout comme les lois des provinces de la Colombie-Britannique, de l'Ontario,
de l'Alberta, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
Si des
organismes comme la Fédération des chambres de commerce se portent à la défense
de leurs membres, il faut se rappeler
que les groupes comme les groupes environnementaux ne sont pas étrangers au
financement privé pour des fins de défense publique. Tout récemment, un
reportage de la journaliste Vivian Krause, New U.S. funding for the war on
Canadian oil,dans le Financial
Post, publié le 29 novembre 2013, met d'ailleurs en lumière une subvention
de plusieurs millions de dollars de la part d'une fondation pour inciter des
groupes d'activistes et des organisations environnementales,
au Canada, aux États-Unis et en Europe, à créer une barrière au développement des hydrocarbures au Canada. On nous dit que certaines organisations québécoises ont aussi bénéficié de généreuses contributions
qui devaient être consacrées à la défense des intérêts de leurs
contributeurs, soit à s'opposer, en commission parlementaire et sur la place publique, au
projet de pipeline et d'exploitation des sables bitumineux. Si cela est vrai,
et je le dis, si cela est vrai, et les deux groupes se trouvent sur les mêmes
places publiques pour défendre les positions inverses, pourquoi un
groupe inscrit en bonne et due forme au Registre des
lobbyistes et non l'autre?
• (17 h 50) •
Mais — mais — il y a des arguments contre l'élimination de la destitution, et il faut
prendre leurs arguments en considération.
Quant au Conseil québécois du loisir,
une fédération de 45 organismes nationaux, je cite : «La nouvelle
Loi sur la transparence et l'éthique en
matière de lobbyisme ne doit pas porter atteinte à l'exercice de la
citoyenneté, brimer l'exercice des droits et mettre en péril la capacité
d'intervention des mouvements sociaux agissant
à l'échelle locale, régionale et nationale,
comme c'est le cas en loisir. Nous souscrivons à cette distinction à l'effet
qu'il existe une différence fondamentale entre les organismes menant des
activités dans leurs intérêts propres ou à des fins pécuniaires et ceux qui agissent
pour le bien commun, comme c'est le cas pour les organismes de loisir.» Fin de
citation.
Le Réseau québécois de l'action communautaire
autonome, je cite : «Nous sommes toutefois opposés au fait d'assujettir
les organismes d'action communautaire autonome, car cela ne tient pas compte de
la finalité de leurs interventions publiques — le bien commun — ni
au principe de la transparence qui est inscrite
au coeur même de leurs pratiques. La raison d'être des
organismes d'action communautaire autonome n'est aucunement liée à un
caractère marchand, mais plutôt à
une vision du bien commun en faveur de la justice
sociale. Les organismes d'action communautaire autonome luttent quotidiennement
pour faire changer les choses en vue d'améliorer le
sort tant des individus que des collectivités.
«De plus, le fait de vouloir
assujettir les organismes d'action communautaire autonome à la loi entre
directement en contradiction avec plusieurs
des principes importants de la politique gouvernementale en matière d'action communautaire, notamment
le respect de l'autonomie des organismes communautaires et la reconnaissance de
l'action communautaire comme outil de développement de la citoyenneté et
de développement des collectivités.» Fin de citation.
On argumente
que des entreprises bien nanties peuvent se payer des services de
lobbyisme professionnels que
la société civile, dont les organismes dits communautaires ou sociaux ne peuvent, très souvent,tout simplement assumer. Mais il y a
quelques fois que le contraire est aussi vrai.Nous avons tous
avantage à respecter de hauts standards en matière d'éthique et de transparence, peu importent
les intérêts que nous défendons. Il me semble qu'il y a beaucoup,
beaucoup de chemin à faire avant d'arriver à un consensus sur les lobbyistes d'organisation.
Quant aux
titulaires de charge publique, la loi vise, en
tant que titulaires de charge publique, des institutions
parlementaires,gouvernementales et municipales,
soit plus que 300 ministères,
organismes et entreprises dugouvernementainsi que plus de 2 200 municipalités et organismes
supramunicipaux. Pour assurer une application optimale de la loi,
celle-ci doit permettre de reconnaître facilement les personnes qui sont
considérées comme étant des titulaires de charge
publique. Depuis son adoption, la loi a été la source de plusieurs
interprétations erronées et de questionnements
de la part de lobbyistes ou de titulaires de charge
publique.
C'est
pourquoi le commissaire propose quelques modifications pour faciliter la
compréhension des dispositions concernant
les titulaires de charge publique. Le rôle important des
titulaires de charge publique dans l'application de la loidécoule
notamment de l'implication directe que ceux-ci ont dans la communication qui
leur est faite et de l'imputabilité finale
qu'ils ont dans l'ensemble de leur processus décisionnel. Ils se doivent de
préserver et de renforcer la confiance que les citoyens leur portent
ainsi qu'aux institutions qu'ils dirigent ou
représentent.
Enfin, la
troisième personne impliquée dans l'application de la loi, le commissaire, lui,
recommande que la loi énonce
clairement que le mandat du commissaire inclut l'élaboration et la mise en
oeuvre de programmes d'information
et de sensibilisation concernant la loi, le Code de déontologie et — et — les
avis du commissaire.
Le commissaire
recommande que «la loi devrait être modifiée
de manière à établir un régime de pénalités administratives pécuniaires
administré par le Commissaire au lobbying pour les infractions à la loi et au
code [de déontologie]».
La loi
prévoit que les lobbyistes doivent enregistrer leurs activités de lobbyisme
dans le Registre des lobbyistes, opérationnel depuis novembre 2002, et respecter le Code de déontologie des
lobbyistes, entré en vigueur en 2004.
Ce ne sont pas toutes les communications faites
par un lobbyiste qui sont visées par la loi, seules celles qui cherchent à avoir une influence sur une décision
peuvent être qualifiées d'activités de lobbyisme. Comme le commissaire l'a déclaré, et
d'autres ont témoigné, je cite : «La pratique a démontré que la définition
d'activité de lobbyisme telle que prévue
à la loi ne reçoit pas toujours une interprétation exacte de la part des
lobbyistes, ce qui occasionne des difficultés d'application. Certaines
activités de lobbyisme échappent ainsi aux règles de transparence». Fin de
citation.
Le commissaire propose donc de revoir les
dispositions à cet égard afin notamment de mieux distinguer, selon leur nature, les décisions visées, de
retirer certains termes ambigus et d'assimiler à une activité de lobbyisme
l'appel au grand public. Plusieurs
intervenants nous disent qu'ils ne sont pas d'accord que l'appel au grand
public soit considéré une activité de
lobbyisme. Pas tous les lobbyistes s'inscrivent au registre, et le public a
l'impression que les titulaires d'une charge publique trop souvent ne se
gênent pas, à leur tour, à sauter de leur poste public à un poste dans le privé
et devenir lobbyistes, mieux connu sous le nom de «porte tournante» ou «retour
d'ascenseur».
Le registre
est le principal instrument mis en place pour matérialiser la transparence des
activités de lobbyisme. Par conséquent, il est fondamental qu'il soit un
outil simple, accessible, rapide, peu coûteux et facile à utiliser ou à consulter. Ceci n'est pas seulement l'opinion du
commissaire, mais aussi de la grande majorité de ceux qui sont venus
témoigner devant la Commission des institutions. Or, tous reconnaissent la
complexité du processus d'inscription au registre.
Ceci constitue un irritant majeur pour les lobbyistes. La multiplication des
procédures d'authentification et de sécurité, notamment l'obligation
d'obtenir des bits de signature électronique,
engendre des délais, des entraves et des coûts importants, ce qui en rebute parfois certains. Par conséquence, le
commissaire recommande, et il est appuyé par la majorité
des intervenants, la révision et la simplification des modalités d'inscription
au Registre des lobbyistes et de sa mise à jour.
En terminant,
je veux nous rappeler que le lobbyisme est souvent perçu comme secret et
mystérieux, donnant lieu à une foule
de spéculations qui contribuent à entretenir des perceptions, souvent erronées,
sur sa véritable nature. Il en découle
un sentiment de méfiance à l'égard de ceux qui pratiquent le lobbyisme, un
métier tout à fait légitime. Espérons que le ministre responsable des Institutions démocratiques agira dans un
proche avenir pour réviser la loi, comme le recommande la commission
parlementaire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Alors, merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Bon, il reste
deux minutes à nos travaux avant 18 heures, avant les débats de fin de
séance. Maintenant, je crois que ça
serait peut-être difficile que vous puissiez débuter, Mme la députée de
Montmorency, étant donné qu'il reste seulement 1 min 30 s
maintenant. Alors, par consentement, là, écoutez, par consentement, on peut
passer immédiatement aux débats de fin de séance. Alors, consentement? Oui, M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : M. le
Président, pour la députée de Saint-Laurent, on est prêts à faire des
accommodements raisonnables. Nous allons donner notre consentement sans aucun
problème.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, consentement pour que
nous procédions aux débats de fin de séance, parce qu'il est 18 heures à ce moment-ci. Donc, nous poursuivrons les
travaux sur cette rubrique, sur l'article 1,
un petit peu plus tard, dans une autre séance. D'accord, merci.
Alors, je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 18 h 1)
Débats de fin de séance
Situation financière et
économique du Québec
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, nous reprenons nos travaux. Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder aux deux débats de fin de séance. Le premier
débat, qui se fera entre M. le député de Brome-Missisquoi et le ministre
des Finances et de l'Économie, concerne l'importance de donner un portrait
clair des finances publiques aux Québécois avant le déclenchement des
élections.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310
du règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq
minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux minutes. M.
le député, je vous cède la parole. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis
M.
Paradis : Oui, je
vous remercie, M. le Président. Vous venez de citer l'article 310 de notre
règlement. Je vais rappeler simplement, pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent, l'article 308 du
règlement : «Tout député peut soulever un débat de fin de séance afin de
poursuivre l'étude d'un sujet qu'il a soulevé à [la question] d'une période
de questions et qu'il estime avoir été insuffisamment approfondi.»
Ce n'est pas compliqué, M. le Président, si on
avait eu des réponses satisfaisantes, on ne se retrouverait pas ici ce soir.
J'ai posé trois questions hier au ministre des Finances et je n'ai obtenu
aucune réponse. Ce que je souhaite ce soir,
c'est de reposer les mêmes questions.
Il a eu le temps d'y penser, il a eu le temps de réfléchir. Je veux juste
qu'il me réponde, c'est aussi simple que ça.
Puis pas me répondre à moi, qu'il réponde à la population du Québec
qui nous écoute.
M. le Président, la première question se lisait comme suit, et vous allez vous en
souvenir : Au Québec, la période prébudgetaire provoque un tollé unanime de dénonciation de l'état
désastreux des finances publiques. Les économistes, l'École des hautes
études commerciales et même l'ex-premier ministre Jacques Parizeau manifestent
publiquement leurs inquiétudes. «C'est la première fois depuis 30 ans que
je suis inquiet», clame M. Parizeau.
Pendant ce
temps, la première ministre s'enferme dans le déni et nous répète à satiété que
tout va bien, de ne pas nous
inquiéter. Même le ministre des Finances admet publiquement son échec, et vous
me permettrez de le citer : Je n'étais pas en mesure de porter un
jugement éclairé, un jugement intelligent. On s'est trompés beaucoup, on n'a
pas été bons. Fin de la citation, M. le Président.
Qui dit la
vérité aux Québécois sur l'état réel des finances publiques, la première
ministre, qui s'enferme dans le déni,
ou le ministre des Finances, qui confesse publiquement son incompétence? Ce
n'est pas compliqué. C'est qui qui dit la vérité, le ministre des
Finances ou la première ministre? Pas de réponse, M. le Président. Absence
totale de réponse.
Devant cette
absence totale de réponse, M. le Président, j'ai posé une question
additionnelle, que vous m'avez autorisée.
La question additionnelle se lisait comme suit : Le vice-premier ministre,
notre doyen, lui, a choisi de croire le ministre des Finances, qui a
avoué qu'il s'était trompé et qu'il n'était pas bon plutôt que la première
ministre qui dit le contraire et qui vit
dans le déni. Le vice-premier ministre, c'est quand même important. Dans une
récente entrevue accordée au journal Le Soleil, si ma mémoire me sert correctement, le
vice-premier ministre, qui commente les aveux du ministre des Finances, s'exprime comme suit — et c'est un compliment à l'égard du ministre
des Finances, M. le Président, j'espère que vous allez me le
permettre : «Le ministre des Finances est authentique, sincère et d'une
candeur impeccable.» Fin de la citation.
Ma question
était la suivante : Si le vice-premier ministre et le ministre des
Finances disent vrai, que faut-il penser de la première ministre, qui
dit le contraire? Aucune réponse, M. le Président, encore une fois, deuxième
tentative.
Et là, M. le
Président, je ne suis pas quelqu'un qui lâche facilement le morceau, donc j'ai
été condamné à revenir à la charge
avec la question additionnelle suivante. Ça se lisait comme suit, M. le
Président : Le fait que la première ministre refuse d'admettre
l'évidence déjà admise par son ministre des Finances et son vice-premier
ministre à l'effet que le gouvernement péquiste s'est trompé et qu'il n'est pas
bon en économie, est-ce que ça tire sa source du texte suivant du journaliste réputé Michel David dans le
quotidien Le Devoir? Et je le cite au texte, M. le Président :
«Au lendemain de la présentation de
son premier budget, [la première ministre] est tombée sur une amie d'enfance
qui lui a lancé, pleine de sympathie :
"Ma pauvre [amie], comment tu vas faire? T'as jamais rien compris aux
chiffres!"» Encore là, M. le Président, je vous le soumets, pas de
réponse.
Donc, trois
questions sans réponse. Moi, je veux laisser… Puis même il me reste un peu de
temps, là, je veux le laisser au
ministre pour qu'il puisse répondre à ces trois questions-là. Je vais tenter,
là, de les résumer. La première ministre qui s'enferme dans le déni ou
le ministre des Finances qui confirme publiquement son incompétence? Première question. La deuxième question : Si le
vice-premier ministre et le ministre des Finances disent vrai, que faut-il
penser de la première ministre, qui dit le contraire? Puis troisième
question : C'est-u vrai qu'elle s'obstine avec son ministre des Finances
puis son vice-premier ministre parce qu'elle ne connaît rien aux chiffres?
Trois questions, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Brome-Missisquoi. Alors, M. le ministre, vous avez cinq
minutes. Cinq minutes.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Les questions, de la façon dont elles sont posées, M. le Président, n'appellent
pas à des réponses particulièrement travaillées parce que ce sont des questions
qui sont du bricolage. Probablement que le député de Brome-Missisquoi a fait beaucoup
de scrapbooking quand il était petit parce
qu'apparemment il maîtrise parfaitement l'art de mettre bout à bout un
certain nombre de niaiseries qu'il…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : …attention, s'il vous plaît, M.
le ministre. Avec tout le respect que je vous dois, vous savez que ce
mot n'est pas accepté dans notre… Merci.
M. Marceau :
Mais ça n'empêche pas que c'est ce dont il s'agit, M. le Président. Alors,
écoutez, je vais quand même aller sur la question de la…
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Oui, allez-y.
M.
Paradis :
Vous avez rappelé à l'ordre poliment le ministre des Finances, et il a
ajouté... Je vous demande de le rappeler une deuxième fois…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, oui, M. le
ministre des Finances, soyez prudent dans vos propos et dans vos mots
parce que ça peut être blessant. Donc, poursuivez.
M. Marceau :
Je pense que vous avez mal entendu la question, M. le Président, qui a été
posée parce que, la façon dont ça a
été posé, ce n'était pas particulièrement glorieux. Le député de
Brome-Missisquoi aime bien se vautrer dans des propos qui ne sont pas, selon moi, glorieux, et je pense qu'il ne fait
pas honneur à notre travail en posant des questions de cette manière-là.
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Oui, monsieur… d'accord, M. le député de Brome-Missisquoi.
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Oui, d'accord, M. le député de Brome-Missisquoi. M. le ministre des Finances,
concentrez-vous sur…
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Oui, mais, regardez, j'en appelle…
Une
voix : …
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. Allez-y, mais soyez prudent, s'il
vous plaît. Merci.
M.
Marceau : Écoutez, je vais vous dire ce que je pense, M. le
Président, sur le fond des choses. Vous savez, quand Raymond Bachand a
quitté la vie politique, le chef de l'opposition officielle a choisi de
désigner le député de Brome-Missisquoi comme
critique aux finances, et, depuis sa nomination, le député de Brome-Missisquoi
n'est pas capable de débattre de
questions de fond. Jamais, jamais, au grand jamais je ne l'ai entendu débattre
de questions de fond. Plutôt, il préfère des attaques personnelles, des
attaques vicieuses, et, personnellement, M. le Président…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. D'accord, M. le…
Une voix :
…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord, M. le député de
Brome-Missisquoi. Je vous rappelle que je vous ai demandé d'être
prudent, «attaques vicieuses»… Alors, je vous demande, s'il vous plaît, d'être
prudent dans vos propos, M. le ministre.
M.
Marceau : Alors, plutôt que de répondre sur le ton sur lequel
les questions me sont posées, M. le Président, j'ai préféré demeurer sur le fond parce que je considère que de porter
des attaques du genre de celles que porte le député de Brome-Missisquoi,
ça démontre qu'il ne connaît rien à l'économie. Puis il aime beaucoup parler de
compétence, M. le Président. Alors,
regardez, j'ai regardé son C.V., j'ai travaillé fort et je n'ai pas trouvé quoi
que ce soit qui réfère à des
compétences en économie, aucune. Ses compétences sur le monde des affaires,
est-ce qu'il y en a? Aucune. Mais, M.
le Président, même l'ancien premier ministre Jean Charest, même l'ancien
premier ministre Jean Charest avait choisi de garder le député de Brome-Missisquoi sur le banc. Et je vous rappelle
que, dans le cabinet de M. Charest, il y avait des gens comme Tony Tomassi. Alors, M. le Président,
Jean Charest a préféré Tony Tomassi au député de Brome-Missisquoi.
Alors, écoutez, ce n'est pas rien, là, ce n'est pas rien.
Et
donc, écoutez, quand on parle de compétence, encore faut-il être capable d'en
montrer, de la compétence. Et, jusqu'à maintenant, que ce soit dans son
C.V., que ce soit dans ses états de service, que ce soit dans les questions qu'il pose puis que ce soit par les choix qui ont
été faits de ceux qui auraient pu le nommer au Conseil des ministres, je
constate que, quant au plan de la compétence, il faudrait qu'il repasse, il
faudrait qu'il repasse.
Alors,
moi, les attaques contre la première ministre, les attaques personnelles, je ne
suis pas là-dedans. Je ne l'ai jamais
fait, et c'est la première fois que je réponds à ce genre d'attaque. Je ne le
referai pas non plus, j'aime mieux parler du fond, vous le savez, M. le
Président. Je suis extrêmement déçu de voir que le député de Brome-Missisquoi
est rendu là-dedans. Et je suis capable de
jouer à ce jeu-là. Je ne l'ai pas fait jusqu'à maintenant, je vais arrêter de
le faire. J'espère que le député de
Brome-Missisquoi saura arrêter. Parce qu'évidemment ça se joue à deux, ce
jeu-là, M. le Président, et je suis capable de jouer, moi aussi, à ce
jeu-là.
• (18 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le ministre
des Finances. Alors, il reste un deux minutes pour votre réplique, M. le député de Brome-Missisquoi. Je vous demande
d'être très posé pour bien terminer ce débat.
M.
Pierre Paradis (réplique)
M.
Paradis :
J'obtempère toujours. Les économistes de l'Université de Sherbrooke ont dit au
ministre des Finances qu'il avait tout tout
croche, puis qu'il n'avait rien compris, puis que l'état de l'économie, depuis
qu'il est là, est manifestement sur
un mauvais parcours avec un mauvais ministre. L'École des hautes études
commerciales — il
faudrait qu'il en prenne connaissance — répète la même chose :
C'est un ministre qui n'a rien compris à l'économie. Puis, comme si ce n'était
pas suffisant, M. le Président, Jacques Parizeau, l'ancien ministre des
Finances, l'ancien premier ministre du
Québec, manifestement, cette semaine, était inquiet et il a dit : C'est la
première fois depuis 30 ans que je suis inquiet des finances publiques. Ça, ça veut dire que, quand le Parti
libéral était là — puis ce
n'est pas un libéral, là — il était rassuré par la présence libérale. Puis aujourd'hui, quand il voit qui
est là… Je ne sais pas s'il lui a déjà enseigné, là, je vais regarder son c.v. puis je vais le vérifier. Mais,
s'il lui a enseigné, il n'a rien appris. Puis, s'il ne lui a pas enseigné,
bien, ça lui a manqué. Mais Parizeau, aujourd'hui, est inquiet de la situation
financière du Québec depuis que ce ministre-là est là, M. le Président.
Davantage,
la cote de crédit du Québec, depuis qu'il est là, a été mise sous surveillance.
Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire
que le ministre des Finances du Québec n'a pas fait une job qui était correcte.
Sa marge d'erreur est épouvantable. Puis, je ne le prends pas personnel,
je le prends comme contribuable, comme citoyen du Québec, le mal qu'il fait aux
travailleurs et aux travailleuses, le mal qu'il a fait à l'économie du Québec,
M. le Président. Et, quand on m'a accusé, tantôt,
là, de… Je ne sais pas quoi, là, il l'a pris personnel. Mais, moi, tout ce que
j'ai fait, c'est de répéter ses propres paroles, M. le Président. À
l'émission à Radio-Canada, il a déclaré : Je n'étais pas en mesure de
porter un jugement éclairé, intelligent. On s'est trompés, on n'a pas été bons.
Bien, je suis d'accord avec vous, vous n'êtes pas bons.
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît. Alors, ça
termine le premier débat de fin de...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Un instant, je vais... Oui, je
vais le... Ça termine le premier débat de fin de séance, et puis j'ai
trouvé un petit peu triste...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît, M. le ministre des Finances.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui. Un instant, là.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui. D'accord.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît! Alors, ça termine le premier
débat de fin de séance. J'ai trouvé un petit peu triste qu'on n'est pas allé
beaucoup sur le fond. Mais il faudrait faire attention. Vous avez de
l'expérience, tous les deux, maintenant...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui.
M. Marceau :
Je pense qu'à escient le député de Brome-Missisquoi tente de blesser...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Bon, écoutez, moi, le premier débat...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Excusez. Le premier débat est terminé...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Un instant. Le premier...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : M. le ministre, je parle. Le premier débat
étant terminé... Puis, oui, des deux côtés,
il y a des propos qui me semblent très blessants. Alors, ce n'est pas, moi,
dans ma nature, ce genre de discussion là. Mais, écoutez, je vous
demanderais à l'avenir, lorsque vous aurez des débats de fin de séance, tous
les deux, de faire attention aux propos blessants.
Alors là, nous allons
passer au deuxième débat de fin de séance...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Bien là, c'est...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, mais je... Oui.
M.
Paradis :
...si j'avais prononcé des propos blessants, vous vous seriez levé. Vous l'avez
fait pour le ministre, vous ne l'avez pas fait dans mon cas, et je ne
pense pas...
Le Vice-Président (M.
Cousineau) : D'accord.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, je termine...
je termine... nous terminons le premier débat de fin de séance. Nous
allons passer au deuxième débat de fin de séance, d'accord? Oui, vous aviez une
question de règlement, M. le ministre?
M. Marceau :
…propos blessants, le mot «incompétent» est
dans le lexique, et vous ne vous êtes pas levé.Je ne vous fais pas le reproche, je fais juste
vous dire que c'est la raison pour laquelle j'étais
choqué…
Bilan des actions du
gouvernement
en économie et en emploi
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Oui, d'accord. Parfait. Alors,
nous allons passer au deuxième débat de fin de séance. Nous allons maintenant procéder au deuxième débat de fin de
séance entre M. le député de Louis-Hébert et le ministre des Finances et de l'Économie concernant les nombreuses pertes
d'emploi au Québec sous la gouverne péquiste.
Alors, M. le
député de Louis-Hébert, vous avez cinq minutes. M. le ministre, vous avez cinq
minutes, et puis nous terminerons avec un deux minutes de réplique pour M. le
député de Louis-Hébert. Alors, M. le député de Louis-Hébert, à vous la parole.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Je suis très heureux d'être ici. J'aimerais ça qu'on
règle cette interprétation-là que nous avons…
le différend entre nous ici, là, le parti de l'opposition
et le parti ministériel, M. le Président. C'est souvent les mêmes
discussions sur les chiffres de l'emploi. Une
question de règlement? O.K.
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) : Continuez, M. le député de
Louis-Hébert.
M.
Hamad : O.K. Mais
je vais suspendre.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Non, non, non, c'est moi qui suspends. Continuez,
M. le député de Louis-Hébert…
M.
Hamad : O.K.
Excusez.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
…la caméra est sur vous, les gens vous entendent.
M.
Hamad :
O.K. Bien, O.K., c'est beau. Excusez. O.K. Alors, en fait, j'aimerais qu'on
règle le point d'interprétation sur les chiffres d'emploi. M. le
Président, en main, j'ai ici Statistique Canada, qui donnait, à tous les mois,
les chiffres d'emploi. Donc, dans ces chiffres-là, nous retrouvons le nombre de
personnes au travail, sur le marché du travail, par
mois.Et,
à la fin de l'année, nous avons le bilan de nombre
de travailleurs au Québec en telle période, telle période. Et,
d'ailleurs, la première ministre n'a pas hésité de répéter ces chiffres-là, de
dire que c'est une première au Québec,
et nous avons plus que 4 millions
de travailleurs au Québec. Alors, si, ces
chiffres-là, je les prends, M. le Président, j'ai les caractéristiques
de la population active selon la province.C'est le tableau 3,
c'est Statistique Canada, M. le Président. Ce n'est pas une interprétation,
mais plutôt des chiffres faits par Statistique Canada, qui sont des chiffres utilisés…
D'ailleurs, je me souviens très bien, quand j'étais ministre de l'Emploi et de
la Solidarité, c'est les chiffres que nous avons à chaque première semaine, le
vendredi de la première semaine complète dans un mois.
Dans ces
chiffres-là, M. le Président, nous constatons que, si on compare de janvier
2013 à janvier 2014… C'est comme je vais à la banque, M. le Président,
et je regarde mon compte à la banque en janvier 2013, mon compte à la banque,
en janvier 2013, nous avions dans le temps… il y
avait 4 millions… Je vais juste trouver mes chiffres, M. le Président, l'emploi total, en 2014, nous avions
4 058 200 travailleurs au Québec. Donc, le compte à la banque,
c'était de 4 058 000. Et,
en 2013, M. le Président, si je regarde l'année 2013, nous avions 4 048 200
emplois. Donc, la différence entre
ces deux chiffres-là, finalement, si mon
compte à la banque, en 2013, était 4 048 000 et mon compte à la
banque, en janvier 2014, était 4 058 000, donc j'ai 10 000 de
plus par rapport à 2013. Donc, ces donnés-là, c'est des données qui nous
donnent absolument le chiffre de dire combien
de personnes qui travaillent au Québec selon
Statistique Canada.
Deuxième
volet maintenant. Dans ces analyses-là, maintenant,
dans les emplois, M. le Président, il y a des emplois à temps plein puis il y
a des emplois à temps partiel, et là il faut voir, dans cette année-là,
combien il y a eu des emplois à temps
plein, combien il y a eu des emplois à temps partiel. Et ce que nous constatons
avec les tableaux, c'est que,
dans cette année-là, il y a eu
une perte de 66 800 emplois
à temps plein et il y a eu un gain de 76 800… C'est là que ça
vient, le 10 000. Donc, nous constatons qu'il y a eu des pertes.
Finalement, le résultat de ça, ce qui est triste, c'est qu'il y a une perte de 66 800 emplois à temps
plein. Et ce que nous essayons de l'exprimer au ministre, de dire : C'est
bien beau de dire :
J'ai plus de monde, mais il y a du monde qui travaille plus à temps partiel
qu'il n'y en avait en 2013. Et, vous le savez, les emplois à temps partiel, c'est des emplois précaires, c'est
des emplois où les gens gagnent moins d'argent, donc les gens...
Finalement, sur le plan économique, nous nous sommes appauvris. Premier
élément.
Le deuxième élément,
M. le Président, la question que j'ai posée au ministre des Finances, c'est que
le salaire hebdomadaire moyen au Québec, en
2013, a baissé, M. le Président. Et ça, c'est une donnée inquiétante parce que
ça veut dire que, si la moyenne des
salaires des gens, à toutes les semaines — toutes les semaines — a baissé, ça veut dire qu'il y a une baisse de revenus pour les citoyens, M. le
Président. Ça, ça veut dire que la situation économique... Quand est-ce
que ça arrive où il y a une baisse de salaire moyen de l'ensemble de la
société? C'est lorsque l'économie va mal, lorsqu'il y a des pertes d'emplois, et c'est un impact qui donne que les gens,
évidemment, sont insécures, ils voient qu'il y a des pertes d'emplois,
les rentrées de revenus sont moindres, et donc il y a une situation économique
précaire. Donc, il y a une situation qui est
difficile pour le Québec. Et on le voit, d'ailleurs, M. le Président, lorsqu'on
prend les chiffres sur les revenus de
l'État en taxes de consommation, en impôts, les impôts des sociétés, ils
étaient à la baisse, à la révision, et nous sommes inquiets, M. le
Président. Ce que je veux ce soir, c'est que le ministre des Finances reconnaît
ces chiffres-là, reconnaît la situation difficile économique du Québec.
• (18 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci, M. le député de Louis-Hébert. Alors, je
cède maintenant la parole au ministre des Finances. M. le ministre.
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : Merci, M. le Président. Alors, quel changement de
ton! Vous l'aurez constaté, M. le Président. Et je voudrais féliciter le député de Louis-Hébert, avec lequel je ne suis
pas d'accord, mais qui discute fond, qui discute de faits, qui discute de chiffres. Et ça fait un
énorme changement par rapport à l'intervenant précédent qui, lui, était
dans des propos qui, selon moi, ne méritent
pas d'être entendus dans cette Chambre. Alors, je reviens sur le député de
Louis-Hébert qui, lui, au moins, a l'intelligence et puis le mérite de
vouloir discuter puis de débattre. Et, encore une fois, il reçoit mes
félicitations. Alors, effectivement, je ne suis pas d'accord avec lui. Je ne
suis pas d'accord avec lui, mais je vais expliquer
pourquoi. Puis je trouve que c'est comme ça qu'un débat devrait se faire, hein?
Lui, le député de Louis-Hébert, avance ses arguments, j'avance les
miens, et nous débattons, et c'est serein. On n'est pas en train de se lancer
de la bouette, et je trouve ça très bien.
Alors,
M. le Président, sur le fond des choses, le gouvernement et moi, nous utilisons
une méthode qui a été utilisée depuis
longtemps. Et ça a été le cas, évidemment, par des gouvernements du Parti
québécois, mais aussi par desgouvernements
du Parti libéral, et, entre autres, M. Bachand, Raymond Bachand, mon
prédécesseur, utilisait la même méthode
que j'utilise, c'est-à-dire qu'on regarde comment se comporte l'emploi tout au
courant d'une année pour juger de la
performance de l'économie en termes de création d'emplois. Et pourquoi on fait
ça? Bien, parce qu'on ne peut pas se contenter
de regarder seulement ce qui s'est passé en janvier puis en décembre et puis
faire la différence entre les deux, puis
dire que ce qui se passait en mai, juin, juillet, ce n'était pas important.
Alors, on regarde la moyenne pour chacun des mois de l'année puis on se demande si cette moyenne-là était bonne ou
pas bonne par rapport à la moyenne de l'année précédente.
Quand
on utilise la méthode que suggère le député de Louis-Hébert, qui n'est pas une
méthode complètement inintéressante, elle nous donne aussi certaines
informations, mais on perd toute l'information relative à tous les mois qu'il y a eu dans le milieu de l'année. Puis,
regardez, on ne pourrait pas porter un même jugement sur deux années qui commencent puis se terminent de
la même manière, mais, dans une des deux, vous auriez eu plein, plein d'emplois
pendant le milieu de l'année, puis, dans
l'autre, il y aurait eu des pertes d'emploi épouvantables. On ne pourrait pas
dire que ce sont deux années comparables,
et, pourtant, la méthode du député de Louis-Hébert mènerait au jugement que
les deux années sont équivalentes. Alors, c'est important de savoir ce qui se
passe tout au long de l'année.
Quand on utilise
cette méthode-là, qui est, encore une fois, la méthode qu'utilise l'Institut de
la statistique du Québec, qu'utilisait
Raymond Bachand, qu'utilisait Monique Jérôme-Forget, qu'utilisait Michel Audet,
qu'utilisait Yves Séguin, qu'on a
tous toujours utilisée, bien, à quoi on arrive? On arrive que la moyenne de
l'emploi au Québec, le nombre de
personnes qui étaient employées, en moyenne, pendant les 12 mois de l'année,
c'était 4 031 000 personnes. Ça, c'est en 2013. En 2012,
c'était 3 985 000. Ça fait qu'en moyenne il y avait
4 031 000 personnes en 2013, 3 985 000 en 2012. Il y a une différence de… ça fait
47 000, 48 000, là, dans ces coins-là. C'est ça, la différence. C'est
ça, la création d'emplois entre les
deux années. Pour les deux… Puis, pour 2012 puis 2011, on peut faire le même
exercice. Je vous disais : En
2012, c'était 3 985 000, en 2011, 3 955 000. Bien là, on fait la
différence entre les deux, puis ça donne la croissance de l'emploi entre
ces deux années-là.
Alors,
c'est comme ça que ça se fait depuis longtemps et, évidemment, c'est comme ça
que nous allons continuer à le faire,
n'en déplaise, là… Je sais bien qu'on a des divergences sur ce que serait la
meilleure méthodologie, mais moi, je vais
continuer à utiliser cette méthode-là parce que c'est la méthode que l'Institut
de la statistique du Québec juge comme étant
la plus fiable. C'est celle qu'on inscrit dans le budget aussi, M. le
Président. Je pense que ça, c'est important de le dire. Au budget, quand on inscrit «création d'emplois
2012‑2013», ce sont les chiffres que je viens de vous dire. Alors, parexemple, ça me permet de vous dire que Raymond
Bachand, dans son budget en mars 2012, il avait prévu, il avait prédit qu'en 2013 il y aurait 35 700 emplois. Or,
comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on a eu 48 000 emplois de plus,
donc on a fait mieux. Si on avait eu
en bas de 35 700, on aurait pu dire qu'on a fait moins bien, mais on fait
mieux que ce qu'avait prévu Raymond Bachand.
Alors,
écoutez, c'est ce que je voulais dire. Je termine en redisant au député de
Louis-Hébert que je compte sur lui pour qu'il exerce une influence
positive sur le député qui est assis à sa gauche en temps normal, qui devrait,
comme lui, s'attaquer
au fond des choses, parler des vrais concepts économiques, des choses qui nous
intéressent tous ici, dans cette Chambre, M. le Président.
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Non… Oui, je peux comprendre
là. Je peux comprendre, mais c'est une fin qui est quand même très
acceptable, M. le député de Louis-Hébert, bien essayé. D'accord. Alors, vous
avez terminé, M. le ministre des Finances?
Alors, M. le député de Louis-Hébert, vous avez votre deux minutes de réplique,
et puis là vous pouvez argumenter.
M. Sam Hamad (réplique)
M.
Hamad :
Oui, merci beaucoup. M. le Président, ce que j'essaie, et nous essayons...
Nous, ici, on travaille en équipe. Ce que mon collègue de
Brome-Missisquoi, et moi, et les autres collègues, on essaie de faire
comprendre au gouvernement… Ce n'est pas
juste le ministre des Finances parce qu'on connaît son talent. Mais, M. le
Président, il y a des rapports qui sont
sortis, clairs, clairs, très clairs. Le dernier, c'est Productivité et
prospérité au Québec — Bilan 2013, fait par les HEC de Montréal, et,
ils le disent, le niveau de vie du Québec est inférieur, les dépenses sont plus
que nos moyens. Il dit que le poids du secteur public est une pression
importante sur notre fiscalité. Il y a inégalités sociales. La productivité est
très faible depuis 2009, puis les investissements de nouveaux équipements sont
vraiment ralentis.
Les chiffres
nous donnent que le salaire moyen hebdomadaire est à la baisse en 2013. Les
chiffres nous disent : Il y a
28 000 Québécois, ils ont quitté le Québec. Pourquoi qu'ils ont quitté?
Parce qu'ils voient les pertes d'emploi, ils ont perdu confiance. Ils
voient que le niveau de vie est à la baisse, ils s'en vont ailleurs pour
améliorer leur condition. Imaginez, M. le Président, la valeur d'une perte de
28 000 Québécois qui ont quitté le Québec.
Donc, quand on est dans une incertitude,
lorsqu'on perd… lorsque notre salaire est à la baisse, lorsqu'on voit autour de
nous 66 000, 67 000 personnes qui ont perdu leur job à temps plein,
M. le Président… Et une autre donnée factuelle,
il y a 10 000 maisons de moins qui ont été bâties au Québec en 2013 par
rapport à 2012, et ça, c'est les données de la SCHL.
Alors, il y a
plein de données statistiques des institutions indépendantes de la politique
qui nous disent, qui nous alarment…
Elles envoient une alarme claire que la situation économique n'est pas bonne,
n'est pas bonne. Puis je pense qu'une
des solutions qu'on doit avoir, c'est, la première, reconnaître qu'il y a un
problème, ce que ce gouvernement-là a une
misère à reconnaître, que ça ne va pas bien. Puis là on a deux études. Il y a
la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques aussi qui le mentionne. Et, en terminant, M.
Parizeau, c'est la première fois qu'il dit, depuis 30 ans, qu'il est
inquiet. Les messages, il me semble, sont clairs.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Alors, merci, M. le député de Louis-Hébert. Alors, ceci termine notre deuxième
débat de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de
l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au jeudi 13 février 2014,
9 h 45. Merci. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 h 27)