(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
Le Vice-Président
(M. Ouimet)
: Alors, bonjour,
chers collègues.
Je vous souhaite une très belle journée. Veuillez
vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous en sommes
à la rubrique de la déclaration des députés. Et je cède maintenant la
parole à M.
le député de Matane-Matapédia.
Rendre hommage à M. Charles Lapointe,
président-directeur général sortant de Tourisme Montréal
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, l'honorable Charles Lapointe, président-directeur général de Tourisme Montréal, a quitté ses
fonctions à l'été 2013 après 24 ans de services. Je tiens à le remercier
et le féliciter chaleureusement pour son magnifique travail accompli au cours de ces années pour le développement de l'industrie touristique montréalaise et du Québec.
M. Lapointe a une
impressionnante feuille de route dans le secteur touristique. Au fédéral, il a
été notamment ministre d'État aux
Petites Entreprises et au Tourisme,
président du conseil de la Commission
canadienne du tourisme, il a représenté le Canada au conseil exécutif de l'Organisation mondiale du
tourisme. Sur la scène québécoise, en plus de ses fonctions à
Tourisme Montréal, il a été président du Partenariat du Quartier des spectacles
à Montréal, membre du conseil d'administration du Musée des beaux-arts de Montréal, du
Palais des congrès de Montréal et des Aéroports de Montréal. De plus, en 2013, il a été nommé président du conseil d'administration
du Conseil des arts de Montréal.
M. Lapointe a mis toute son expertise, sa passion et sa
grande connaissance de l'industrie touristique montréalaise pour faire
de Montréal une métropole culturelle créative et attrayante pour les visiteurs
d'ici et d'ailleurs. Toutes nos félicitations
pour cette contribution exceptionnelle à l'industrie touristique et meilleurs
voeux de succès à
son successeur, M. Yves Lalumière. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Matane-Matapédia. Mme la députée de La Pinière, je vous
cède la parole.
Féliciter M. François Berthou, 78 ans, pour sa
participation au Marathon international de Montréal
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : Merci, M. le
Président. Le
22 septembre dernier a eu lieu le marathon de Montréal, qui a attiré un nombre record de 32 000 coureurs. Une centaine
de citoyens de ma circonscription y ont pris part, et je les en félicite. Je suis
particulièrement fière de l'exploit d'un aîné actif de 78 ans, François
Berthou, qui a
participé au demi-marathon.
À
la veille de la Journée internationale des personnes âgées, qui aura lieu le
1er octobre, il est heureux de voir des
aînés dynamiques et en santé comme M. Berthou, qui fait preuve de discipline et de persévérance
depuis des années. Il s'entraîne
régulièrement à 6 h 30 du matin et participe seul ou en famille à des
marathons pour la compétition, mais aussi pour le plaisir. Bravo, M. Berthou! Vous êtes une inspiration pour nos aînés. Je vous souhaite
de réaliser votre objectif de participer au prochain marathon lors de vos
80 ans.
Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
La Pinière. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, pour votre
déclaration.
Souligner le 100e anniversaire de la
paroisse Saint-Jean-Baptiste-De La Salle
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Chers collègues, je veux souligner aujourd'hui le 100e anniversaire de la
paroisse Saint-Jean-Baptiste-De La Salle. Fondée en 1913, cette paroisse, située au cœur
d'Hochelaga-Maisonneuve, a une riche histoire. Son église,
Saint-Jean-Baptiste-De La Salle, a été reconstruite en 1964, suivant un plan
très audacieux, qui est un bel exemple d'architecture moderne. En 2006, l'église accueille
le sanctuaire Sainte-Marie-de-la-Médaille-Miraculeuse suite à la fusion de deux paroisses. Il
m'apparaît incontournable de rendre hommage aux marguilliers, aux gens
de la fabrique, aux bénévoles, aux citoyens
et aux hommes de foi qui, depuis 1913, ont investi énergie et courage dans
cette paroisse. Saint-Jean-Baptiste-De La
Salle a un héritage qui est palpable à Hochelaga-Maisonneuve. Je salue le
travail de tous les citoyens qui se
sont investis dans la vie communautaire foisonnante de la paroisse
Saint-Jean-Baptiste-De La Salle; leur legs est celui du bien commun, de
l'espoir et de la solidarité. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député
de Jean-Lesage.
Souligner la tenue du cocktail de la rentrée de
l'Association des femmes entrepreneures de Québec
M. André Drolet
M.
Drolet : Merci, M. le Président. C'est ce soir qu'aura lieu le
cocktail de la rentrée de l'Association des
femmes entrepreneures de Québec. Fondée en
octobre 2010, cette dynamique association compte près de 200 membres.L'entrepreneuriat féminin est très important. En
effet, au Québec et au Canada, plus d'une entreprise sur trois est
dirigée par une femme. Au cours des
prochaines années, le Québec aura un grand besoin de nouveaux entrepreneurs
pour prendre le relai des entreprises
existantes. Je suis certain que ce défi pourra être relevé en partie par des
femmes entrepreneures.
La mission de l'Association des femmes entrepreneures est
de promouvoir, développer et soutenir
l'entrepreneuriat féminin comme levier de
développement économique durable de la grande région de Québec. La saison 2013‑2014
de l'Association des femmes entrepreneures de Québec aura pour thème Je
développe mon réseau d'affaires. Sous la direction
d'une femme dont le dynamisme est contagieux, Mme Gisèle Picard, je suis
certain que l'Association des femmes entrepreneures fera partie de la
vitalité de notre ville encore très longtemps. Merci beaucoup, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Jean-Lesage. M. le député de Vanier-Les Rivières,
votre déclaration.
Rendre hommage à M. Luc Boulanger, nommé
personnalité culturelle de Vanier-Les Rivières
M. Sylvain Lévesque
M.
Lévesque : Merci, M. le Président. C'est avec une grande fierté
que j'ai décerné le premier prix Personnalité culturelle 2013 de Vanier-Les Rivières à M. Luc
Boulanger dans le cadre d'une soirée multiculturelle au Centre d'art La
Chapelle. Oeuvrant dans le domaine culturel depuis 25 ans, Luc Boulanger évolue
dans un créneau qui lui permet maintenant de
faire connaître son art et de l'exporter partout sur la planète. Ses pièces
sont notamment présentées aux quatre
coins du monde, du Kirghizistan à l'Algérie, en passant par le Nunavut, chacune
de ses expériences le propulsant toujours plus loin. Luc Boulanger n'en
est pas moins très attaché aux valeurs de son milieu. Son implication aux activités de l'Union des artistes et comme membre
de l'association des écrivains québécois confirme son intérêt pour la promotion de la culture. Voilà pourquoi le prix Personnalité
culturelle de Vanier-Les Rivières revenait naturellement à cet artiste
qui, par ses efforts et son talent, s'est distingué avec brio dans son domaine
et représente un exemple à suivre pour notre relève. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Vanier-Les
Rivières. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le lancement d'un projet éolien dans la
circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour :
Alors, merci beaucoup, M. le Président. Lundi dernier, à la frontière des
municipalités de Saint-Elzéar et
Saint-Honoré, au Témiscouata, avait lieu la levée de la toute première pelletée
de terre d'un ambitieux projet éolien, un investissement de 65 millions
de dollars. Si je vous en parle ce matin, M. le Président, c'est que 50 %
des retombées de ce projet iront directement dans la communauté témiscouataine.
C'est un projet qui a été initié vers les années
2004‑2005 par des visionnaires, les élus municipaux de la MRC de Témiscouata,
qui ont décidé de prendre leur développement
en main et de créer ce projet. Au moment de la construction, M. le Président,
c'est 50 emplois directs créés, mais
c'est surtout un projet qui va générer de la richesse pendant de longues
années. Alors, c'est de l'argent qui va être investi en regard du développement économique régional, et c'est très
important. Je veux rendre un hommage particulier aujourd'hui aux
artisans de ce projet, les maires, les anciens comme les actuels, les
organismes de développement qui ont mis la
main à la pâte pour créer ce projet qui générera de la richesse au sein de la
communauté témiscouataine. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, votre
déclaration.
Rendre hommage à M. Jean-Marc Poirier,
président sortant de la Chambre de commerce
et d'industrie de Montréal-Nord
Mme Rita de Santis
Mme
de Santis : Merci beaucoup, M. le Président. C'est un honneur
pour moi de féliciter M. Jean-Marc Poirier, dont le mandat à titre de président de la Chambre
de commerce et de l'industrie de Montréal-Nord se termine aujourd'hui.
Jean-Marc
est comme Midas : tout ce qu'il touche se transforme en or — dans
sa propre entreprise comme à la chambre. En deux ans, Jean-Marc a propulsé la
seule chambre de commerce encore active dans le Grand Montréal à
des sommets inégalés. Grâce à son
leadership, son engagement et son dévouement, le nombre de membres a bondi de
55 % pour atteindre maintenant 300.
Bravo
à Jean-Marc, un homme d'équipe, de cœur et de vision. Merci pour tout ce que
vous avez accompli pour les gens d'affaires de chez nous, et merci au nom de
la communauté à qui profitent les dons versés au Club Optimiste et à la
Fondation de l'Hôpital Marie-Clarac, grâce au succès du tournoi de golf de la
chambre. Mon cher Jean-Marc, bon succès dans tous vos projets. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Enfin,
M. le député de René-Lévesque.
Rendre hommage à Mme Denise Fournier pour sa
contribution auprès d'organismes de la
Côte-Nord et offrir des condoléances à sa famille
M. Marjolain Dufour
M. Dufour :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, la Côte-Nord a perdu une grande dame le
16 juin dernier. Mme Denise Fournier
est décédée subitement à sa résidence de Portneuf-sur-Mer, laissant sa famille
ainsi que toute une communauté dans le deuil.
Principalement
connue pour son engagement à la cause des femmes, Mme Fournier aura laissé
sa marque dans une panoplie d'organismes au fil des ans. Elle a été l'une des membres
fondatrices du Regroupement des femmes de la Côte-Nord. Depuis le début des années 2000, elle y
travaillait comme agente de développement. Elle occupait également la
vice-présidence du Festival de la chanson de Tadoussac, et elle a siégé au
conseil d'administration de la Corporation des
services universitaires du secteur Ouest de la Côte-Nord et du centre d'aide et
d'assistance aux plaintes dans le réseau de la santé et des services
sociaux.
En
mon nom et en celui des citoyens de la circonscription de René-Lévesque, je
tiens à offrir mes plus sincères condoléances à la famille et saluer l'engagement
exceptionnel de Mme Fournier dans sa communauté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
René-Lévesque.
Alors,
ceci met un terme à la rubrique Déclarations de députés.
Et je
suspends les travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 7)
Le
Président : Bon mercredi matin, chers collègues. Nous allons
prendre quelques secondes pour nous
recueillir.
Des voix :
…
Le Président :
Je vais demander au leader de se recueillir.
Merci, veuillez vous
asseoir.
M. le leader du gouvernement, c'est une bonne intention
que vous aviez. Quand je suis ici, vous pouvez faire ça à plein temps même, parce que j'en ai besoin.
M.
Bédard :
…
Le Président :
Bien oui. Chanceux. Moi, je ne le vois pas.
M.
Bédard :
…
Le Président : Bien non,
moi, je ne le verrais pas.
Présence du haut-commissaire du Royaume-Uni,
M. Howard Ronald Drake, et du consul
général à Montréal, M. Patrick Holdich
Alors, j'ai le plaisir de souligner la
présence dans nos tribunes, d'abord, du haut-commissaire du Royaume-Uni, Son Excellence M.
Howard Ronald Drake, à l'occasion de sa visite officielle. Le haut-commissaire
est accompagné du consul général à Montréal,
M. Patrick
Holdich. Le consul est un habitué
de la maison.
Nous poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets
de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de
documents, Mme la ministre de l'Emploi.
Rapports annuels de la Commission de la construction,
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail,
du Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale, du Conseil du statut de la femme, de la Commission de
l'équité salariale, de la Commission des lésions professionnelles,
de la Commission des relations du travail, du
ministère du Travail et de la Régie du bâtiment
Mme
Maltais : Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
les rapports annuels de gestion 2012 de la Commission
de la construction du Québec et de la Commission de la santé et de sécurité du travail; le rapport d'activités 2012‑2013
du Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, et finalement les rapports annuels degestion 2012‑2013 du Conseil
du statut de la femme, de la Commission de l'équité salariale, de la Commission
des lésions professionnelles, de la Commission des relations
du travail, du ministère du Travail et de la Régie du bâtiment du Québec.
Le
Président : Attention! Attention pour ne pas faire une tendinite. Alors, ces
documents sont déposés. M. le ministre de la Justice.
Rapports annuels du Conseil interprofessionnel, du
Directeur des poursuites criminelles et pénales, de l'Office
de la protection du consommateur et du ministère de la
Justice, rapport annuel et plan stratégique 2013-2017
de la Commission des services juridiques et plan
d'action 2013-2014 du Bureau des infractions et amendes
M. St-Arnaud : Oui, M. le
Président, alors, à mon tour, j'ai le plaisir de déposer le rapport annuel 2012‑2013 du Conseil
interprofessionnel du Québec; le 41e rapport annuel de gestion, au 31 mars 2013, et le plan stratégique 2013-2017
de la Commission des services juridiques; le
plan d'action 2013‑2014 du Bureau des infractions et amendes et les
rapports annuels de gestion 2012‑2013 du Directeur des poursuites criminelles
et pénales, de l'Office de la protection du consommateur et du ministère de la
Justice.
Le
Président : Alors, ces documents sont déposés. M. le ministre de la Sécurité publique.
Entente sur la
prestation de services
policiers dans la communauté de Manawan
M.
Bergeron :
Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer l'entente sur la prestation
des services policiers dans la communauté de
Manawan pour la période du 1er avril 2013
au 31 mars 2014, conclue entre le Conseil
des Atikamekw de Manawan, le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada.
Le
Président : Alors, ce document est déposé.
Rapports annuels du Protecteur du citoyen
Pour ma part, je dépose le rapport
annuel d'activité et du rapport annuel de gestion 2012‑2013 du Protecteur du citoyen.
Dépôt
de rapports de commissions
Nous en sommes
maintenant rendus à la rubrique Rapports de commissions. J'inviterais Mme la
Présidente de la Commission de la culture et de l'éducation et députée de
Duplessis.
Consultations particulières sur le document intitulé
Document de consultation sur la réglementation du
prix de vente au public des livres neufs imprimés et numériques
Mme
Richard (Duplessis) : Merci, M. le Président. Je dépose le
rapport de la Commission de la culture et de l'éducation qui, les 19, 20, 21, 26 août 2013 et les 17,
19 septembre 2013, a
tenu des auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le document
intitulé Document de consultation sur la réglementation
du prix de vente au public des livres
neufs
imprimés et numériques.
La commission s'est également réunie en séance de travail le
24 septembre 2013. Ce rapport contient
deux observations. Merci.
• (10 h 10) •
Le Président : Alors, ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt des pétitions,
j'ai reçu de la part de M. le député d'Argenteuil une demande de pétition qui est non conforme. Alors, je demanderais le
consentement pour le dépôt.
Des voix : …
Le Président :
Consentement. Alors, M. le député d'Argenteuil, c'est à vous, la parole.
Surseoir aux autorisations
requises par Hydro-Québec
pour une ligne de transport d'électricité dans les Laurentides
M.
Richer
: Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 2 463 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
qu'Hydro-Québec projette de construire, au cœur des Laurentides, une ligne de transport de 120 kV, comprenant
des pylônes d'une hauteur inhabituelle — soit 60 mètres — soit la hauteur d'un
immeuble de 20 étages;
«Considérant
qu'Hydro-Québec a le devoir de respecter les paysages naturels et les
écosystèmes de toutes les régions
récréotouristiques du Québec;
«Considérant
que le tracé actuel proposé par Hydro-Québec viendrait détruire les beautés des
paysages perceptibles du village de Saint-Adolphe, de
la pittoresque route 329 et d'une quinzaine de lacs, dont les lacs
Saint-Joseph, Sainte-Marie et Théodore, entre
autres;
«Considérant
que le conseil municipal de Saint-Adolphe, par une résolution unanime, s'oppose formellement au tracé proposé par Hydro-Québec;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
amis et citoyens de Saint-Adolphe-d'Howard...» Et, M. le Président, j'aimerais saluer la présence du maire de Saint-Adolphe, M. Réjean Gravel, qui est
accompagné de son épouse.
Alors,
nous, citoyens et citoyennes «des Pays-d'en-Haut et des Laurentides, demandons
à l'Assemblée nationale :
«De
s'assurer qu'Hydro-Québec respecte la loi québécoise sur le développement
durable, la Charte des paysages naturels et bâtis des Laurentides, le schéma
d'aménagement et de développement de la MRC des Pays-d'en-Haut, le plan
d'urbanisme de Saint-Adolphe-d'Howard et, en conséquence, qu'elle renonce au
tracé qu'elle a proposé lors de la séance d'information, tenue à
Saint-Adolphe-d'Howard, le 22 mars 2013; et
«De demander au
gouvernement de surseoir aux autorisations requises tant qu'une entente ne sera
pas intervenue entre les parties.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
question de droit ou de privilège.
Hier,
le leader du deuxième groupe d'opposition a demandé… en fait, a posé une
question de directive. J'avais dit que je prendrais en délibéré sa question. J'ai su
aujourd'hui que M. le leader du groupe d'opposition voudrait plaider sur
la question. Alors, je ferai demain…
Peut-être que ce serait aussi votre intention, M. le leader du gouvernement.
Alors, demain, après la période des
questions, j'entendrai les parties sur la demande de directive du député… du
leader du deuxième groupe d'opposition. Je vous entendrai tout de suite
après la période de questions et je rendrai un jugement la semaine prochaine.
Ça va, M. le leader du gouvernement?
M.
Bédard : …ajouter aussi… en profiter, M. le Président...
J'ai une demande aussi du leader de
l'opposition concernant le nombre de motions. Effectivement, après… à l'étape
des adoptions de motions, effectivement il y a un nombre important, alors que les règlements prévoient que l'on devrait se
limiter à une. Donc, je tiens à l'assurer que nous allons faire le nécessaire, effectivement, à
l'avenir, pour restreindre le nombre de motions pour éviter qu'on ait à se
retrouver en demande de consentement tout le temps, voilà.
Le Président :
Bonne idée, bonne intention.
Questions et réponses orales
Alors,
nous en sommes rendus maintenant à la période de questions orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition.
Fardeau
fiscal des contribuables
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Merci, M. le
Président. La première ministre avait pris l'engagement du déficit zéro. Elle a d'ailleurs dit :
C'est un engagement ferme. Elle a reculé, elle a démissionné, son engagement
n'était que du vent. Ce n'est pas la première
fois qu'elle amène les Québécois à mettre sa parole en doute. Le 16 août 2012,
à l'émission de Paul Arcand, la première
ministre a déclaré, et je cite : Je ne veux pas qu'il y ait des hausses
d'impôt pendant les prochains quatre ans et je vais respecter cet
engagement. Fin de la citation.
M. le Président, elle n'a jamais commencé à
respecter cet engagement. Dès le lendemain de l'élection, elle a haussé l'impôt
personnel à 50 % du revenu; c'est le plus haut niveau au Canada, il n'y a
plus de marge de manoeuvre. Pas satisfaite d'avoir renié cet engagement une fois, elle a ensuite haussé l'impôt
foncier scolaire de 200 millions. Pas satisfaite d'avoir renié son engagement deux fois, les villes du
Québec nous avisent maintenant que le PQ veut une hausse d'impôt foncier
municipal de 200 millions, un autre 200 millions. Le même engagement
formel renié trois fois.
Le PQ fait payer aux Québécois trois hausses d'impôt qu'il
s'était engagé à ne jamais faire pour atteindre un budget équilibré pourtant
promis mais qui ne sera jamais atteint.
Est-ce que la première ministre est surprise
que les Québécois n'aient pas confiance en elle?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Je
trouve ça très étonnant, la question de… même estomaquant, la question du chef parlementaire de
l'opposition officielle, M. le Président. Son chef, qui n'est pas avec
nous, vous le remarquerez, a annoncé, aucongrès de son parti ou à une rencontre de son parti, qu'il
souhaitait hausser les impôts du côté des taxes de vente. C'est ce que j'ai cru
entendre, hein, à tout le moins.
Et, quand je regarde la façon dont a
géré le gouvernement qui nous a précédés, il me semble que
j'aurais une petite gêne avant de me lever sur les questions qui sont soulevées par le chef de l'opposition, qui sait très bien que nous n'avons pas haussé la taxe, entre autres, sur la question
de la santé, nous l'avons transformée et modifiée parce qu'elle était profondément injuste, M. le Président. Et il y a au moins 3 millions de Québécois qui ont
vu leur sort s'améliorer et qui sont de la classe moyenne, M. le Président. Ça,
ce sont des gestes concrets que nous avons posés, M. le Président. Il ne
s'agit pas de les travestir, comme le fait le chef parlementaire de l'opposition officielle, M. le Président.
Veut-il que je lui rappelle dans quel état ils nous ont
laissé les finances publiques du Québec? 1,6 milliard de dépassements, M. le Président, nous
étions en septembre, un vrai déficit qu'il a fallu résorber sur à peine sept
mois, M. le Président. C'est gigantesque comme effort, et
nous l'avons réussi, ce que n'a jamais réussi le gouvernement précédent pendant les
neuf ans où ils ont été au pouvoir. Ils ont, eux, haussé la taxe de vente de 2 %, M. le Président. C'est
2 815 000 000 $ qui ont été pris directement dans la poche
des Québécois. Une petite gêne, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Je remarque
que la première ministre est estomaquée d'entendre la vérité. On parle de sa gestion. Je comprends
qu'elle ne veut pas en parler. Elle a dit à Paul Arcand : Je ne veux pas
qu'il y ait des hausses d'impôt pendant les prochains quatre ans et je
vais respecter cet engagement.
Elle ne peut pas nier qu'elle a haussé
l'impôt des contribuables à 50 %, un plafond au Canada, il n'y a plus de marge de manœuvre;
que les impôts fonciers scolaires ont été augmentés de 200 millions, c'est sa
décision; et, en ce moment, elle est en train de faire un autre 200
millions, M. le Président.
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M. le Président, je vais reprendre la
démonstration dans laquelle je me suis engagée à la réponse à la première
question, M. le Président. Je suis désolée pour le chef de l'opposition
officielle, il travestit les faits. Nous avons réduit...
Des
voix : ...
Mme
Marois :
Nous avons réduit...
Le Président :
Mme la première ministre, je vais vous inviter à utiliser un terme qui
éviterait d'être blessant mais qui serait...
Mme la première ministre.
Mme
Marois : Alors, M. le Président, je n'ai… à le retirer. Mais
il interprète les faits de façon inadéquate, inadéquate. Alors…
Des
voix : …
Mme
Marois : Bien,
c'est correct? C'est vrai. C'est vrai et… Parce que, dans la taxe santé… la
taxe santé, qui était une taxe uniforme de 200 $ que devaient payer tous les
citoyens, qu'ils soient pauvres, riches ou multimillionnaires, alors,
nous pensions, nous, que c'était...
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois : ...injuste. On l'a donc transformée, et 3 millions
de Québécois n'en paient pas ou...
Le
Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Vous aurez
remarqué, M. le Président, qu'elle n'a pas nié les hausses d'impôt dont j'ai parlé.
Il y a quelques jours, le PQ a changé unilatéralement le pacte fiscal municipal. Résultat : l'Union des
municipalités nous apprend maintenant que
les citoyens des villes, propriétaires et locataires, vont devoir payer 200
millions de plus d'impôt foncier municipal.
M. le Président, après avoir pris
l'engagement, paraît-il, de ne pas hausser les impôts, de respecter cet engagement, peut-elle au moins dire
qu'elle va reculer et qu'elle ne va pas imposer 200 millions d'impôt foncier municipal?
•
(10 h 20) •
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors,
évidemment, M. Bachand a quitté le Parti libéral et peut-être que celui qui lui
a succédé comme
critique aux Finances n'a pas informé le chef parlementaire de l'opposition
officielle, M. le Président, puisque, dans les faits, en ce qui a trait à l'harmonisation de la TVQ à l'égard des
municipalités, nous appliquons une décision prise par l'ancien gouvernement, tout simplement, en vertu
des règles comptables qui nous sont imposées et que nous respectons. Et
non seulement les municipalités ne perdent pas d'argent, mais elles ont un gain
réel de 10 millions de dollars, M. le Président, supplémentaires. Alors,
je crois qu'il aurait intérêt à refaire ses devoirs, M. le Président.
Le
Président : Troisième complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Je pense
qu'il y a un problème d'interprétation de la part de la première ministre. Je cite l'UMQ, vendredi dernier : «Le
gouvernement du Québec a informé récemment les municipalités du changement unilatéral [...] dans l'application du remboursement de
la TVQ prévue [au pacte fiscal].» Et, «globalement, c'est plus de 200 millions». Et je cite : «Cette nouvelle
prend de court les municipalités puisqu'elle aura inévitablement des effets sur
les contribuables.»
Propriétaires et locataires vont payer une taxe foncière
municipale de 200 millions de plus, après les autres, scolaires. Elle
avait dit qu'elle ne le ferait pas. Les Québécois ont été…
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Trompés? Non? «Trompés»?
Le
Président : La conclusion laisse à désirer, pour le moins.
M.
Fournier : …
Le
Président : Je comprends que vous retirez…
Des
voix : …
Le
Président : Je comprends que vous retirez… retirez ce propos.
Mme la première ministre.
Mme
Marois : Alors, merci, M. le Président. Je maintiens, je
persiste et signe que nous avons soulagé la
classe moyenne, et nous l'avons soulagée aussi par les décisions que nous avons
prises à l'égard…
Des voix :
…
M.
Bédard :
M. le Président.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : Brouhaha qui monte tout d'un coup sur une question
qui est éminemment technique mais importante.
J'inviterais tout le monde à bien comprendre la réponse puis qu'on ait le calme
ici, en cette Assemblée.
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme
Marois : Alors, je lui rappelle que nous avons modifié la
décision qui avait été prise par le
gouvernement libéral qui nous a précédés,
qui voulait hausser les tarifs d'électricité sur le bloc patrimonial de
20 %, M. le Président, alors que
nous les indexerons à peine. Alors, nous avons baissé le fardeau qui pèse sur
les épaules des Québécois en matière d'impôts, de taxes et de tarifs.
Alors, je vais lui
lire le petit paragraphe suivant : Il n'y a pas de surprise pour les
municipalités. Elles ont été informées par le gouvernement libéral…
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
…depuis au moins 2012…
Le Président :
Principale, M. le député de Lotbinière-Frontenac.
Décisions en matière de fiscalité
municipale
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Le gouvernement péquiste a coupé 200 millions
dans le financement des commissions scolaires,
l'a envoyé au monde municipal pour une
encaisse moyenne de plus de 25 % d'augmentation. Un contribuable de
chez nous a vu ses taxes scolaires monter de
295 $ à 405 $. Ça, c'est soulagé de 110 $. Or, la première
ministre n'a pas appris de la taxe scolaire. Là, elle vient de mandater
le ministre des Affaires municipales d'augmenter puis de refiler la facture de
200 millions au monde municipal parce qu'elle ne respectera pas l'entente
signée avec eux autres.
Curieusement, l'Union des municipalités du Québec a été
informée récemment de ces changements. Ils
dénoncent l'effet surprise de cette
volte-face, du non-respect de l'entente. Par souci de transparence, est-ce que
le Parti québécois aura l'audace de dire aux maires réunis en congrès
demain qu'il va leur filer la facture de 200 millions?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, ils ont l'audace de critiquer puis
de… oui, de critiquer leur propre décision.
Alors, je vais juste expliquer un peu
qu'est-ce qui se passe, là, c'est quand même étonnant. Là, le pacte fiscal a
été reconduit pour un an à la demande
des municipalités. Et ce que nous avons convenu avec eux, c'est
d'augmenter — d'augmenter, là, soyons très clairs — d'augmenter
le remboursement, le remboursement de TVQ aux municipalités. Alors, je vais donner les chiffres :
en 2013, c'était 472 millions; en 2014, ce sera 482 millions. Là, on
parle de 10 millions de plus. En tout cas, de ce côté-ci, quand on
calcule, ça fait 10 millions de plus.
Par
ailleurs, par ailleurs, il y a eu une entente sur l'harmonisation des taxes
signée par l'ancien gouvernement, et, en vertu de cette entente-là, le remboursement,
dorénavant, de la TVQ doit se faire sur présentation de factures, ce
sont des remboursements réels. Il en
découle, pour les municipalités, des changements de pratiques comptables,
changements de pratiques comptables qui avaient fait l'objet d'une
information donnée par l'ancien gouvernement aux municipalités en 2012. O.K.? Alors, M. le Président, je veux
être bien clair, les meilleures normes comptables prévoient un
traitement différent de ces remboursements-là.
Le Président :
En terminant.
M. Marceau :
C'est les normes comptables qui imposent aux municipalités de changer leur
façon de faire.
Le
Président : Complémentaire, M. le député de
Lotbinière-Frontenac.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Avec son explication, on comprend que les citoyens
payeurs de taxes municipales vont être encore soulagés, hein, de plusieurs dizaines de milliers
de dollars dans leurs poches. Eux autres, là, ils ne feront pas
semblant. Eux autres, le compte de taxes, à
la mi-décembre, il va être chargé parce que le maire devra écrire quelque chose
dans le budget. Il va se faire élire
le 3, il va monter son budget, il va demander quels sont les autres revenus du
gouvernement, puis là ça va
être : bien, pas de réponse. Hein? Puis, quand il n'y a pas de réponse,
bien, on le charge directement aux municipalités, on envoie un compte au
mois de janvier, puis là c'est le même payeur de taxes qui va sortir son argent
de ses poches.
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, on est dans une situation assez incroyable, où c'est le propre
député de Lotbinière-Frontenac qui était à l'époque au Conseil des ministres
lorsque cette décision a été prise par l'ancien gouvernement, M. le Président. Cette décision a été prise par l'ancien
gouvernement, M. le Président. Or, nous, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on augmente le remboursement
de TVQ, M. le Président, de 472 à 482 millions. Ça, c'est ce que
nous faisons. Eux, ce qu'ils ont fait, c'est
qu'ils ont signé une entente d'harmonisation, ça a des conséquences sur les
pratiques comptables des municipalités, et c'est les meilleures normes
comptables qui…
Le Président :
S'il vous plaît! On entend crier d'un bord et de l'autre. Deuxième
complémentaire, M. le député de Lotbinière-Frontenac.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Le ministre des Finances est en train de dire au
président de l'Union des municipalités du
Québec qu'il a tort. Il est en train de dire à tous les maires du Québec, qui
sont préoccupés, qu'ils ont tort. Il est en train de dire au maire de
Terrebonne, qui a dénoncé votre inaction, pour dire : Vous avez tort.
Honnêtement,
c'est qui qui va le faire, le compte de taxes? C'est qui qui va aller priver
les citoyens, les personnes âgées qui ont des
revenus fixes? Qui va aller priver les jeunes familles qui vont voir leur
budget réduit pour leur fonctionnement? Qui
va priver les locataires, hein, les soulager de ce montant-là parce que les
taxes vont être refilées? Allez-vous avoir le courage de leur dire,
demain…
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, le député de Lotbinière-Frontenac
plaide sa propre turpitude; c'est ça qui se
passe. Il est en train de s'attaquer
lui-même, il est en train de dire à quel point il n'était pas bon. Alors, M. le
Président, qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise? Nous, on répare, on répare à pleins d'égards sur les finances
publiques ce qui s'est passé avec l'ancien gouvernement. On a résolu des
problèmes de l'ordre de 1,6 milliard de dollars. Cela étant, sur la
question du pacte fiscal, on a reconduit
l'entente qui était déjà en place pour un an. Cette entente-là avait été
négociée par l'ancien gouvernement, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de La Pinière.
Prolongement de la ligne bleue
du métro de Montréal
Mme
Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin :
M. le Président, le gouvernement du Parti québécois est déjà en campagne
électorale. Il multiplie les annonces de mégaprojets sans pouvoir les financer. C'est clair que les contribuables vont écoper.
Le
20 septembre dernier, quatre ministres péquistes se sont déplacés pour annoncer
le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, estimé à près de 2 milliards de dollars,
sans compter les études complémentaires pour la ligne jaune vers Longueuil.
Or, le gouvernement péquiste a coupé 15 milliards de
dollars dans le budget des infrastructures. 15 milliards de coupés. Comment ce gouvernement a-t-il l'intention de
financer le projet annoncé?
Le Président :
M. le ministre de… M. le ministre des Relations internationales.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, je vais intervenir à titre de ministre
de la métropole, avec votre permission, parce
que, pour l'instant, les projets de prolongement de la ligne de métro ne vont
pas traverser nos frontières.
Mais
je suis un peu surpris de l'interpellation de la députée puisque, ces derniers
mois, plusieurs députés libéraux de l'est de
Montréal se sont organisés en coalition pour réclamer une action rapide du
gouvernement québécois sur le prolongement de la ligne bleue. Alors, je
me serais attendu, au contraire, à un communiqué d'approbation de la part de
ces députés.
Alors, on nous demande, un peu comme la CAQ hier — donc,
je vois que les notes de la CAQ ont pris
24 heures à se rendre au Parti libéral — que... on se demande comment ça va être financé.
Bien, écoutez, comme l'a expliqué le président du Conseil du trésor, d'une
part, toutes les études du bureau de projet sont financées et sont prévues au
PQI. Et le bureau de projet…
Des voix :
…
M.
Lisée : …va nous donner, M. le Président, le bureau de projet
va nous donner la somme qu'il faudra mettre
dans le PQI suivant, à partir des années...
pour savoir... Alors, c'est un peu extraordinaire qu'on nous dise : Vous
devriez mettre immédiatement la somme que le bureau de projet va vous
donner dans deux ans.
• (10 h 30) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de La Pinière.
Mme
Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : M. le Président, c'est du n'importe quoi, c'est
la chose et son contraire. Comment expliquer que, vendredi matin, le ministre des Transports
annonce le projet de la ligne bleue sans avoir prévu de budgetcorrespondant, même pas dans le programme
d'immobilisations du gouvernement, et que, samedi, il déclare lui-même,
il déclare lui-même qu'il faut trouver de
nouvelles sources de financement pour le transport en commun? Faut-il
comprendre que la nouvelle source de financement, c'est la poche des
contribuables, M. le Président?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, sur la ligne bleue, l'ancien
gouvernement avait fait part de ses intentions, et savez-vous ce qu'on a
trouvé en arrivant au gouvernement? Rien. Rien, même pas une étude. À part des
communiqués, là, rien. En matière
d'infrastructures, c'était… La façon de faire de l'ancien gouvernement, on
annonçait : pas d'argent, même pas d'étude.
Dans ce cas-ci, mes
collègues ont annoncé une façon de faire qui est conforme aux nouvelles
orientations pour la transparence, on a annoncé des montants pour les études,
38 millions de dollars, qui confirment l'intention
réelle du gouvernement d'aller de l'avant avec la ligne bleue. C'est la nouvelle
façon de faire. Je comprends que, du
côté libéral, on a de la misère à s'y faire, parce que c'est de la cohérence.
Et, avec la cohérence, on comprend, «libéral» et «cohérence»...
Le Président :
En terminant.
M.
Bédard :
...ça ne va pas ensemble, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de La Pinière.
Mme
Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : M. le Président, est-ce que le président du
Conseil du trésor peut arrêter de réciter sa
cassette? Ce sont de vos annonces bidon
qu'il s'agit, ce sont de vos coupures drastiques qu'il s'agit et c'est de votre
gâchis de gestion des finances publiques qu'il s'agit.
Est-ce
que la ligne bleue du métro de Montréal annoncée par le ministre des Transports
sera la ligne rouge dans le budget des familles
du Québec? C'est ça, la
<61question.
Le Président : M. le ministre de la Métropole.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président, les lignes rouges, on les a vues lorsqu'on est arrivés au gouvernement. C'était une ligne rouge de 1,6 milliard de dollars. C'était KPMG, et Secor, qui nous a
dit qu'il y avait des lignes rouges dans tous
les projets d'infrastructure qui n'étaient pas budgétés,
qui n'étaient pas organisés. J'ai dû moi-même…
Des voix :
…
Le Président :
Il n'y a qu'une personne qui a le droit de la parole, M. le député de
Jean-Lesage.
M. Lisée :
Les deux tiers de la dette du Québec qui ont mis le Québec dans le rouge, c'est
le gouvernement libéral qui l'a fait. Alors, moi, j'aurais aimé, d'une
part, que la députée appuie ses collègues députés de l'est de Montréal
pour dire qu'enfin il y a des sommes qui
sont prévues avec un calendrier pour avoir la ligne bleue. Et j'aurais aimé
aussi que la députée…
Le
Président : En terminant.
M.
Lisée : …de la Rive-Sud se réjouisse du fait que nous bougeons
sur la ligne jaune.
Le
Président : Principale, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Financement du prolongement de
la
ligne bleue du métro de Montréal
M.
François Legault
M. Legault : M. le
Président, je trouve ça amusant de voir, ce matin, une espèce de concours entre
le Parti libéral puis le Parti québécois pour savoir qui, dans les deux, a augmenté le
plus les taxes des Québécois. Moi, je vous avoue que je donnerais une
médaille d'or aux deux, M. le Président.
M.
le Président…
Des
voix : …
M. Legault : M. le
Président, vendredi dernier, quatre ministres, dont le ministre des Transports,
ont effectivement annoncé un projet qui va
coûter près de 2 milliards de dollars. Ce n'est quand même pas rien, là,
dans un budget, 2 milliards de dollars.
Et, lorsque les journalistes ont demandé au ministre des Transports comment le
projet va être financé, voici ce
qu'il a répondu. Je le cite : Il y aura de nouvelles sources de
financement identifiées pour le transport collectif dans la Politique
québécoise de mobilité durable. Fin de la citation.
Or, ma question à la première ministre :
D'abord est-ce qu'elle peut garantir que cette politique va être déposée avant les élections? Et est-ce qu'elle peut
garantir aujourd'hui aux Québécois qu'il n'y aura pas d'augmentation de taxe
sur l'essence?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : Est-ce que je comprends que le chef du deuxième
groupe d'opposition voudrait qu'on aille en élection?
Il me semble que c'est un peu étonnant de sa part à ce moment-ci. Mais enfin il
a le droit d'avoir ce point de vue.
Je
reviens sur l'essentiel de ce que nous avons modifié quant aux façons de faire
au gouvernement qui, malheureusement, nous
ont laissés pantois quant aux façons de faire du gouvernement précédent lorsque
nous avons pris la gouverne, M. le
Président. On s'est rendu compte qu'on avait des dizaines de millions d'annonces
d'investissements, qu'il n'yavait
rien de prévu au Plan québécois d'infrastructures, M. le Président. On avait
annoncé des hôpitaux partout à travers le Québec, alors qu'il n'était pas possible de réaliser ce qu'ils avaient
annoncé parce qu'ils n'avaient pas l'argent. Alors, nous, on a fait une
planification. Et, avant d'annoncer un projet et son coût, on croit que c'est
nécessaire de l'évaluer. Ils ne l'évaluaient pas correctement, ce qui fait
qu'on s'est retrouvés avec des dépassements de coûts faramineux. La firme Secor
a parlé de dépassements de l'ordre de 70 %...
Une
voix : …
Mme
Marois :
…80 % sur certains projets. Nous pensons que ça n'a pas de bon sens d'agir
de cette façon-là. Alors, on a changé les
règles.
Avant d'annoncer le coût réel du métro, on va
savoir en quoi il consiste. Est-ce que c'est 1,5 milliard? Est-ce que c'est
2 milliards? Est-ce que c'est 2,3 milliards? Si lui le sait, tant
mieux, qu'il nous le dise. Nous, on pense que des études sérieuses doivent être faites. C'est ce que nous
avons annoncé : 38 millions pour des études avec un bureau d'étude et
un bureau de projet. Et, lorsque ce sera
fait, nous indiquerons les sommes que nous investirons à cet égard pour la
réalisation de la ligne bleue.
Le
Président : Dernière complémentaire, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault : M. le
Président, tout le monde qui nous écoutent ont bien compris que la première
ministre ne veut pas nous dire comment elle va financer la ligne bleue. Dans les faits,
M. le Président, ce qu'on sait, c'est que la première ministre veut
augmenter la taxe sur l'essence, mais elle ne veut pas le dire avant les
élections.
M. le
Président, les Québécois sont tannés de cette approche cynique de dire : Votez
pour moi maintenant et payez plus tard. Quand la première ministre va-t-elle arrêter de piger dans les poches des
contribuables québécois?
Quand va…
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M. le Président, je rappelle à cette Chambre
que le chef du deuxième groupe d'opposition, lui, était un farouche défenseur de la hausse des
tarifs d'électricité, alors… Et lui, il avait trouvé sa solution. Et
effectivement il devrait plutôt poser la question aux libéraux qui sont devant
nous, M. le Président, ou, à tout le moins, faire des commentaires sur leur
façon de gérer, parce que les champions toutes catégories de la hausse de
taxes, de tarifs et d'impôts, c'est le gouvernement libéral, M. le Président.
Dans les faits, nous avons réduit la taxe santé pour
3 millions de Québécois. Nous avons réduit la hausse des frais d'électricité, des tarifs d'électricité, M. le
Président. On prévoyait 20 % d'augmentation.
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
Alors, nous avons agi dans l'intérêt des Québécois et des Québécoises,
monsieur…
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je donne une nouvelle chance à la
première ministre de répondre à la question
très claire : Est-ce qu'elle s'engage, oui ou non, devant les Québécois, à
ne pas augmenter la taxe sur l'essence?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, M. le Président, j'ai déjà dit à plusieurs reprises que nous n'avons pas
l'intention d'augmenter les impôts des
Québécois et des Québécoises parce que nous croyons qu'ils ont déjà… qu'ils
contribuent déjà très largement aux finances publiques du Québec, en
contrepartie de quoi évidemment ils ont des…
Des voix :
…
Mme
Marois :
Est-ce que je peux répondre, M. le Président?
Des voix :
…
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : M. le Président, j'inviterais le chef de la
deuxième opposition de garder ses propos pour sa
question; il a encore une complémentaire. Je
l'entends vociférer littéralement, M. le Président. Je ne sais pas si vous
l'entendez de votre siège. Mais je pense que ce n'est pas un bon
exemple. Avec ce qui s'est passé hier, j'invite tous les collègues à
restreindre leurs ardeurs, M. le...
Le Président :
Je vais inviter Mme la première ministre à compléter.
Une voix :
…
Le Président :
Vous avez une question de règlement?
M.
Deltell : M. le Président, la meilleure façon que tout se
passe bien dans cette Chambre, c'est l'article 79 : que la première ministre…
Le Président :
Oui, c'est ça. Alors, Mme la première ministre, vous pouvez terminer.
Une voix :
…
Le Président :
Deuxième… Vous avez une question?
Des voix :
…
• (10 h 40) •
Le Président : Principale,
M. le député de Saint-Jérôme.
Subvention accordée à un
entrepreneur
par l'ex-ministre André Boisclair
M. Jacques
Duchesneau
M.
Duchesneau : M. le Président, on a appris la semaine dernière,
dans le témoignage de M. Paul Sauvé à la commission Charbonneau, que
M. André Boisclair, ex-député et ministre péquiste et actuel
directeur général du Québec à New York... On a appris qu'il avait accordé une
importante subvention à cet entrepreneur dont la principale qualité est d'être
un ami personnel.
Nous avons en main une lettre signée
par M. Boisclair le 10 avril 2003, soit quatre jours avant le
scrutin qui devait être tenu. Et M. Boisclair, qui, aujourd'hui, est le porte-étendard
du Québec à New York, nous jette un nuage de suspicion sur les activités qui se passent ici, au Québec,
et jette, d'une certaine façon, ombrage à tout le Québec. Le
gouvernement, qui se dit préoccupé par
l'éthique et la transparence, a le devoir de faire la lumière sur cette affaire au parfum de copinage.
Alors, je demande à la première ministre si elle peut nous confirmer qu'elle a parlé avec M. Boisclair et qu'elle entend le rappeler au Québec pour qu'on fasse la
lumière sur cette sombre affaire.
Le
Président : M. le ministre des Relations
internationales.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Alors, j'ai entendu, M. le Président, ce matin,
le député de Saint-Jérôme demander une enquête indépendante.
Les Québécois, depuis des années, ont demandé qu'il y ait des outils d'enquête indépendante
qui soient formés — la commission Charbonneau, Marteau, l'UPAC — et c'est eux qui font les
enquêtes.
La question qui est posée aujourd'hui à tous les représentants
gouvernementaux, aux anciens députés et aux
anciens ministres dont les noms pourraient apparaître
au cours des enquêtes, c'est de se rendre disponibles aux enquêteurs et à la commission Charbonneau. J'ai parlé à M. André Boisclair, qui est délégué général de Québec à New
York, pour
savoir s'il voulait… s'il se mettait à la
disposition de la commission Charbonneau et des enquêteurs, et il
a dit : Bien évidemment. Pour
l'instant, personne ne l'a contacté. S'il est contacté, il viendra
immédiatement répondre aux questions. C'est comme ça qu'on veut que ça se passe, et on
applaudit l'indépendance des institutions qui font enquête.
Le
Président : Première
complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Jacques Duchesneau
M. Duchesneau : Tant qu'à faire, M. le Président, on pourrait aussi demander à l'UPAC, ça a habituellement un impact assez important dans la population. Mais on doit comprendre que M. Boisclair a engagé le gouvernement du Parti
québécois auprès de M. Sauvé quatre jours avant le vote de
2003, et on ne peut pas croire, M. le Président,
que ce soit un hasard. Alors, ce matin, cette
histoire, je le répète, porte ombrage à la province, et la première ministre doit
nous faire une… faire face, vraiment un test d'éthique et…
Le
Président : M. le ministre des
Affaires intergouvernementales.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée : Alors, M. le Président, je l'avais indiqué, si
l'UPAC veut rencontrer ce délégué général, un
membre de cette Assemblée ou qui que ce soit,
qu'elle le fasse.
Deuxièmement, je pense qu'il est important de
noter que, dans la
déclaration de M. Paul
Sauvé, il indiquait : Il y a un sentiment… Ayant vu un peu les pratiques des deux
partis — il parlait du Parti
libéral et du Parti québécois — il y a une
institutionnalisation du financement au Parti libéral, il y a une organisation beaucoup plus forte puis il
y a une sollicitation
qui est plus forte. Pourquoi a-t-il dit cela?
Il a dit ça parce que, lorsque M. André Boisclair est devenu chef du Parti québécois, il a
inscrit, dans
le formulaire de donation… au don, que chaque donateur s'engage…
Le
Président : En terminant.
M.
Lisée : …à ne pas être remboursé, et, du fait que c'était son
don personnel…
Le
Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Jacques Duchesneau
M. Duchesneau : M. le Président, tolérance zéro, c'est tolérance zéro pour tout le monde, pas pour ses amis. Alors,
je répète la question… On sait que ça nuit à
l'image du Québec d'avoir quelqu'un qui, de toute évidence, a manqué de
jugement en signant une lettre engageant un gouvernement pour 2,5 millions à quatre jours de l'élection.
Je répète ma question : Est-ce qu'on va rapatrier M. Boisclair pour qu'on puisse faire la
lumière sur cette affaire?
Le Président :
M. le ministre des Affaires internationales.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, il est certain que l'ancien ministre
André Boisclair a fait en sorte qu'un projet qui
durait depuis très longtemps et qui est dans le comté de notre président puisse
aller de l'avant. Ça, ce n'est pas en débat.
Maintenant, je
comprends que le député de Saint-Jérôme aimerait être lui-même enquêteur, et faire sa propre enquête,
et pouvoir rappeler les gens et les interroger, mais ce n'est pas le cas. Nous
demandons à l'UPAC, à la commission Charbonneau de retourner chaque pierre. Sous
certaines pierres, ils trouveront des choses, sous d'autres, il n'y aura
rien, mais arrêtons d'essayer de s'ingérer dans le travail des enquêteurs et de
la commission.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Laviolette.
Appui au secteur forestier
Mme Julie Boulet
Mme Boulet :
Après s'être rendu compte des nombreuses mauvaises décisions de sa ministre antiressourcesnaturelles dans le dossier de la forêt — coupures dans les travaux sylvicoles, coupures de 20 millions dans les budgets d'aménagement forestier, problèmes
d'approvisionnement dans l'industrie, bris de confiance et absence totale de
collaboration avec les partenaires, perte de 8 300 emplois dans le secteur
des ressources naturelles depuis le début de l'année — la première ministre s'est
soudainement réveillée et a découvert l'existence et même l'importance de l'industrie forestière
dans nos régions. Imaginez-vous, ils ont coupé de 20 millions de dollars
en juillet. Ensuite, ils annoncent, en grande
pompe, à la fin septembre, lorsque la saison est presque terminée, un ajout de
5 millions. Moins 20, plus cinq, tout un deal pour l'industrie, M. le Président! Alors, Mme la première ministre,
le temps presse, on perd des jobs à tous les jours dans nos régions. Où
sont les 15 millions manquants?
Le Président :
Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. En fait, le bris de
confiance avec l'industrie forestière a été fait
par l'ancien gouvernement libéral, M. le Président…
Des voix :
…
Mme
Ouellet : Et j'aimerais corriger les propos de la députée,
parce qu'il y a beaucoup d'erreurs dans ses
propos. Du côté de la sylviculture, nous
avons maintenu les budgets, M. le Président, malgré le 1,6 milliard de
trou laissé par le gouvernement
libéral. Du côté du programme forestier régional, qui va aux conseils régionaux
des élus — ce n'est pas de la sylviculture, elle mélange tout — nous
avons réussi à injecter 5 millions de plus que le gouvernement libéral
avait prévu, M.
le Président. C'est important de corriger, parce que, dans son introduction, il
y a beaucoup d'erreurs. Et nous avons fait, avec la première ministre,
avec le député de Roberval, qui est mon adjoint parlementaire du côté de la
forêt, une excellente annonce, vendredi
passé, en réinjectant 8,5 millions de dollars : 3,5 d'argent déjà
existant et un 5 millions d'argent nouveau, M. le Président, pour la
sylviculture au Québec, pour les coupes partielles et pour récolter le bois qui
a été brûlé par les feux de forêt et par les insectes, M. le Président. Et, en
plus, nous avons...
Le Président :
En terminant.
Mme
Ouellet :
...annoncé un rendez-vous sur la forêt en novembre, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Laviolette.
Mme Julie Boulet
Mme Boulet :
M. le Président, on va voir ce que ses amis, ses partenaires les syndicats,
pensent : Le syndicat Unifor et la FTQ
«rappellent que le [...] Parti québécois a manqué plusieurs occasions de régler
des problèmesfondamentaux auxquels
sont confrontés les travailleurs de la forêt depuis l'entrée en vigueur du
[nouveau] régime[...] : "Nous pensions honnêtement que, suite
à notre comparution en commission parlementaire, en décembre dernier, la
situation serait corrigée, malheureusement rien n'a été fait."» C'est ça
qu'ils pensent, vos partenaires. Votre bilan, c'est zéro plus une barre.
Le Président :
Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme
Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Bien, M. le Président, je vais reprendre les
propos de mon collègue des Finances. La députée,
elle dénonce la propre turpitude du
gouvernement libéral. Elle parle du nouveau régime forestier, M. le Président,
qui a été voté à l'unanimité mais,
malheureusement, qu'ils ont très mal préparé en termes de mise en place; j'ai
été obligée de préparer des mesures
de transition. Elle mélange tous les dossiers : elle mélange la
sylviculture avec le nouveau régime forestier, avec le programme au niveau du développement régional et
forestier, qui vont au conseil régional des élus. Mélange tous les dossiers.
J'aimerais
savoir si la députée de Laviolette est d'accord avec l'annonce qu'on a faite...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Ouellet :
...d'injecter 1,6 million de dollars dans la région...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Des voix :
…
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : Écoutez, on n'entend même pas ma collègue, M. le
Président, et je suis à côté d'elle. Je
souhaiterais que vous rappeliez l'article 32 de notre règlement...
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M. Moreau :
Bien, nous, on l'entend, mais elle ne dit rien. C'est ça, le problème.
Des voix :
…
Le
Président : Il y a une chose que j'entends, en tout cas, ça,
c'est clair, j'entends bien trop de bruit.
J'entends beaucoup trop de bruit à ma gauche; beaucoup trop de bruit à ma
gauche.
Il y a
une personne qui a le droit de parole ici, c'est Mme la ministre.
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader.
M.
Bédard :
Je n'accepte pas ces propos-là.
Des voix :
…
M.
Bédard :
En plus, mon collègue...
Le Président :
Lesquels? Les miens?
M.
Bédard : Non, ceux de mon collègue. D'autant plus que le
juge en chef de la Cour du Québec est ici, je
vous demanderais... C'est un mauvais exemple qu'il donne.
Des voix :
…
Le Président : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme
Ouellet : Oui. M. le Président,
j'aimerais...
Le Président : Et, à ma gauche...
Mme
Ouellet : …la députée de Laviolette, qui est de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec, est contre le 1,6 million que nous avons annoncé dans...
Le Président :
En terminant.
Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Laviolette.
Mme
Julie Boulet
Mme Boulet :
Le taux de chômage a augmenté dans toutes les régions ressources du
Québec : l'Abitibi, Saguenay—Lac-Saint-Jean,
Mauricie, Bas-Saint-Laurent. Et vous leur annoncez 5 millions.
Franchement, c'est trop peu, trop tard. Et
votre sommet, c'est tout simplement un constat d'échec.
Mme
la première ministre, les travailleurs, ils ont besoin d'une job, ils ont
besoin d'une paie, et vous, vous leur offrez
une jasette.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : Non, question de règlement encore une fois, M. le
Président. Je comprends qu'elle a de la misère
à tourner sa question, mais on ne peut pas
interpeller directement un député, c'est une règle de base. Je l'invite... Elle
le refait tout le temps, et je vous dirais que...
• (10 h 50) •
Le
Président : Vous avez tout à
fait raison, M. le leader du gouvernement : tous les propos dans cette Chambre doivent s'adresser à la présidence, et je vous
invite à le faire.
Une voix : ...
Le
Président :
Vous pouvez continuer. Vous pouvez continuer, mais en vous adressant à la
présidence. Parce
qu'à partir du moment où on commence à
s'invectiver les uns et les autres, évidemment, le climat se détériore ici.
Alors, madame, adressez-vous à la présidence.
Mme
Boulet : Alors, M. le Président, les travailleurs, ils ont
besoin d'une job, ils ont besoin d'une paie.
C'est 8 300 emplois. Elle est où, la première ministre, pour faire des
jasettes avec...
Le Président :
Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. On n'a pas de leçons à recevoir du Parti libéral. Eux,
ils donnaient les budgets...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Les états d'âme, là. Si vous
voulez... Il y a une autre question. Vous pourriez passer à une autre question, revenir si vous voulez. Mme
la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Eux, ils annonçaient
les budgets au mois de juillet; nous, on
travaille pour de la prévisibilité, M. le
Président. Donc, je dois comprendre des propos de la députée de Laviolette
qu'elle est contre le 1,6 million que nous voulons injecter en
Mauricie—Centre-du-Québec. Elle est
contre le 800 000 $ que nous
voulons injecter dans le Bas-Saint-Laurent. Elle est contre le
2,2 millions de dollars que nous voulons injecter dans le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Je comprends des propos de la députée de Laviolette qu'elle est contre les
régions du Québec, qu'elle est contre qu'on aide les travailleurs, M. le
Président.
Je vous
rappelle : La CSN satisfaite — Investissement en sylviculture et tenue d'un forum
sur la forêt québécoise;Le Conseil des Atikamekw de Wemotaci salue
l'annonce du ministère des Ressources naturelles...
Le Président :
En terminant.
Mme
Ouellet :
…Rendez-vous sur la forêt — Une belle opportunité...
Le Président :
Principale, Mme la députée de… Groulx.
Versement de ristournes à des hôpitaux par des
fournisseurs et distributeurs de matériel médical
Mme Hélène Daneault
Mme
Daneault :
Il avait oublié.
M. le Président, nous apprenions
récemment que des fournisseurs et distributeurs de matériel médical offrent des ristournes aux hôpitaux afin d'obtenir des contrats.
Selon nos sources, cette pratique est répandue et bien connue des deux côtés de cette Chambre malgré le fait qu'elle
contrevienne à l'esprit de la loi sur les contrats publics, notamment
aux articles 1 et 2 qui prévoient la
transparence dans les processus contractuels et le traitement intègre et
équitable des concurrents. Or, des multinationales, dont certaines font
actuellement l'objet d'enquêtes à l'UPAC et qui ont déjà été reconnues
coupables de malversation par le passé, ont recours à cette pratique. Face à
une telle situation, nos petites entreprises québécoises se voient défavorisées
et ne font plus face à une concurrence saine et équitable à laquelle ils ont
droit puisqu'au final les appels d'offres sont biaisés.
M.
le Président, est-ce que le ministre est au courant de cette situation et
est-il d'accord avec ce stratagème?
Le
Président : M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le
Président, la députée de Groulx souligne une pratique qui a cours dans le
réseau de la santé et des services sociaux, qui est le rabais au volume, M. le Président.
Alors, lorsqu'on achète en grosses quantités, lorsque les volumes sont importants, les fournisseurs
peuvent donner un rabais compte tenu du volume qui est acheté. Ceci, M.
le Président, est transparent, apparaît dans
les appels d'offres et de façon très claire. Et ces rabais au volume, M. le
Président, permettent aux établissements de santé et des services sociaux
d'avoir de meilleurs prix et de faire en sorte que les équipements médicaux soient de moindre coût de façon à être capables de
pouvoir optimiser l'utilisation des fonds de l'État, M. le Président. Alors, il n'y a rien d'illégal ou d'immoral
dans le fait d'avoir des rabais au volume, en autant que ça soit clairement explicité lors des appels
d'offres et que ça permette la saine concurrence entre les différents
distributeurs, M. le Président.
Là où il pourrait y avoir des interrogations,
c'est lorsque le rabais ou les ristournes profitent à un tiers. Et là je pense que c'est
carrément illégal, et on devrait dénoncer ces pratiques, si elles existent, M.
le Président. Mais d'avoir des rabais
au volume, M. le Président, qui permettent de diminuer les coûts d'acquisition
des équipements dans les établissements de santé et de services sociaux...
Le
Président : En terminant.
M.
Hébert : ...c'est tout à fait légal, moral, et c'est une
bonne gestion publique.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Alors, effectivement, dans certains cas, les ristournes
retournent à un tiers, et c'est connu, entre autres à des fondations d'hôpital. Et,
quand on sait qu'au moins un directeur général a vu son salaire bonifié
de 30 000 $ à même la fondation de son hôpital, la situation est
particulièrement inquiétante. D'autant plus que le ministre s'est même réjoui
du prolongement de ce contrat. Alors, quel beau message on envoie à nos
directions d'hôpital!
M.
le ministre, est-ce que vous allez enquêter sur ces pratiques…
Le
Président : M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le
Président, la députée de Groulx mêle toutes sortes de dossiers, là. On mêle la rémunération d'un D.G...
Des
voix : ...
M.
Hébert : ...la
rémunération d'un D.G., M. le Président, qui, effectivement, a même été dénoncé
lors d'une commission parlementaire
spécifiquement sur ce sujet. Et je pense que la commission doit statuer,
d'ailleurs, sur les explications qu'avait fournies l'établissement. Alors,
c'est une pratique que nous ne cautionnons pas, évidemment.
Mais les ristournes à une fondation, M. le
Président, sont souvent identifiées comme des frais accessoires dans le budget des
hôpitaux, et ces rabais sur volume, M. le Président, peuvent être utilisés à
des fins d'amélioration de la qualité des services par les
établissements, et je ne vois rien… je ne vois rien d'illégal ou immoral
là-dedans.
Le
Président : En terminant.
M.
Hébert : S'il y a des tiers qui en ont profité, là il faut
les dénoncer, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault : M.
le Président, c'est vrai que c'est peut-être compliqué, un, deux, trois, mais,
quand l'argent part de la ristourne, s'en va à
la fondation puis retourne à la bonification d'un salaire de directeur général,
ce n'est pas si compliqué que ça. Alors, je vous retourne à vos devoirs.
Voulez-vous vérifier et enquêter à ce sujet-là,
s'il vous plaît?
Le Président : J'ai fait
un rappel, il n'y a pas si longtemps, que les questions doivent s'adresser à la présidence, Mme la députée de Groulx. M. le ministre de la
Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le
Président, il est clair qu'il est illégal pour une fondation de contribuer à un
salaire d'un cadre des établissements de santé et de services sociaux. La loi est très claire
là-dessus, M. le Président. Et il y a actuellement le Vérificateur général qui procède à une
vérification dans l'établissement en question, et il y a une commission
parlementaire, M. le Président, qui a analysé cette question, dont nous
attendons les conclusions, M. le Président.
Alors, là-dessus, il n'y a aucune ambiguïté,
M. le Président. Le Vérificateur général est sur place et devrait rendre son rapport dans les prochaines semaines.
Le
Président : Principale, M. le député de Vimont.
Hausse de la taxe scolaire dans certaines municipalités
M.
Jean Rousselle
M. Rousselle : Depuis un
an déjà, nous constatons sans cesse le manque de vision économique du gouvernement péquiste.
La gestion irresponsable des taxes scolaires de la part du gouvernement nous
démontre également son manque de sensibilité
et de solidarité envers la population. La hausse de taxe de 288 millions,
qui a été sous-traitée par le PQ aux commissions scolaires, sera
absorbée directement par tous les Québécois qui paient un loyer. Des milliers
de familles vont subir une hausse de loyer. Cette hausse sera causée par
l'incapacité de ce gouvernement à créer de la richesse.
Outre les coupures à l'aide sociale, la
ministre de la Solidarité sociale a-t-elle prévu des mesures pour atténuer l'impact des hausses de taxe scolaire pour les
familles québécoises?
Le
Président : Mme la ministre de l'Éducation.
Mme
Marie Malavoy
Mme Malavoy : M. le
Président, j'avais un petit peu de mal à voir où le député voulait atterrir,
mais enfin j'ai entendu… j'ai entendu la
question des taxes scolaires, donc je vais en profiter — et ça me fait plaisir — je vais en profiter pour refaire le point sur la
question.
Je rappelle, parce qu'il faut toujours le
rappeler, que ce que nous avons fait dans le dernier budget, c'est de mettre fin, sur trois
ans, à une aide additionnelle temporaire qui, à l'époque, avait été introduite
par le gouvernement libéral. Ce que
nous avons demandé aux commissions scolaires, depuis que cette décision a été
prise, c'est de trouver tous les moyens pour réduire leurs dépenses,
augmenter leurs revenus autonomes, regrouper leurs services, éventuellement,
dans des proportions que nous avons bien
indiquées, puiser dans leurs surplus, et nous n'avons jamais, jamais dit aux
commissions scolaires d'aller allégrement
piger dans la poche des contribuables. Jamais, à aucun moment vous n'avez pu
m'entendre prononcer des paroles semblables. Ça a toujours été complètement en
bas de la liste, tellement en bas de la liste qu'actuellement, vous le savez,
nous sommes en train, avec les commissions scolaires…
Le
Président : En terminant.
Mme
Malavoy : …d'entamer une démarche pour qu'elles corrigent le
tir dans les cas où il y a eu des excès.
Le
Président : Principale, M. le député de Vimont.
Hausse
du coût du logement dans certaines municipalités
M.
Jean Rousselle
M. Rousselle : M. le
Président, je trouve malheureux que la ministre se serve toujours de la même
cassette. On parle
de gens, ici, qui sont à faibles revenus. Après avoir tenté de passer sous le
tapis ces hausses de taxe, est-ce que le gouvernement ne serait pas en
train de refiler la facture aux familles à faibles et à moyens revenus?
L'Association
provinciale des constructeurs d'habitations du Québec lançait un cri d'alarme
le 12 septembre dernier. L'acquisition
d'une maison pour les Québécois, particulièrement pour les jeunes familles, est
en danger. Ces jeunes familles vont écoper des hausses de loyer à cause
du Parti québécois.
Est-ce
que la ministre…
Le
Président : …
M. Rousselle :
…piger dans les poches des Québécois tout en fermant les yeux et les oreilles?
Le
Président : M. le président du Conseil du trésor.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Ils étaient où, le député et les autres collègues
libéraux, lorsque le gouvernement libéral a
décidé injustement de taxer toutes les
familles québécoises, indépendamment de leurs revenus, avec une taxe santé de
200 $, même pour les familles à faibles revenus, inéquitable, M. le
Président, qui venait grever…
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
• (11 heures) •
M.
Moreau : Question de règlement,
M. le Président. Il était où, le leader du gouvernement, quand la
question a été posée sur les taxes scolaires
et qu'il ne répond pas? Une augmentation de taxe scolaire, ça équivaut à une
augmentation de loyer. C'est ça, la question. Est-ce qu'il a une réponse?
Le Président : Bon, ce
n'était pas une question de règlement, mais, M. le leader…
Des voix : …
Le Président : S'il vous
plaît! M. le leader, sur la question.
M.
Bédard :
C'est lui qui l'a choisie, la question, M. le Président. J'imagine qu'il en
connaît les conséquences, alors. Et
je l'invite, d'ailleurs, à respecter son député. Oui… Non, mais, effectivement,
donc… Et le député a fort bien posé la question.
La réalité, c'est que, malheureusement, ces
gens-là n'étaient pas là pour défendre la classe moyenne puis les gens à faibles revenus. 200 $, quand tu
gagnais 30 000 $ de revenu familial, c'était… 400 $ pour deux,
c'était inadmissible, M. le Président. Même chose, M. le Président,
quand ils ont décidé d'augmenter les tarifs d'hydroélectricité pour l'ensemble
des familles québécoises.
Le Président : M. le leader.
M. Moreau : Vous avez demandé
au leader du gouvernement de s'adresser à la question. Et, la dernière fois que vous avez fait ça, vous l'avez fait à trois
reprises, il ne vous a jamais obéi, M. le Président. Vous refaites
l'exercice aujourd'hui, vous lui demandez de répondre à la question, il ne fait
pas… il vous méprise…
Le Président : Si c'est le
cas, il va le dire, mais je…
Des voix :…
Le Président : S'il vous
plaît! M. le leader, avec l'expérience que vous avez, le talent que vous avez,
évidemment, est-ce que vous pourriez répondre à la question?
M.
Bédard :
Parlant de scolaire, c'est l'ancien gouvernement qui avait décidé d'augmenter
de 75 % les frais de scolarité,
puis ça, ça touchait la classe moyenne, M. le Président. On ne le fera pas,
merci, et on a révisé cette mauvaise décision libérale.
Le Président : Merci. Cela
met fin à la période de questions… Oui.
M. Moreau : C'est exactement
ce genre d'attitude là qui fait en sorte qu'il y a un mépris des institutions
au Québec. Parce que vous êtes une institution comme président de l'Assemblée
nationale, vous donnez des directives, et le gouvernement vous rit au nez, M.
le Président.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Bédard : Je trouve
ça un peu inconvenant comme remarque, M. le Président. Vous connaissez mon dévouement aux institutions, j'ai eu à les
protéger à l'époque. Quand j'entends rire les gens, ils se souviendront à
l'époque où un gouvernement avait décidé de porter une motion contre un député
d'un autre parti et que j'ai défendu les institutions. Donc, je n'ai pas de
leçons à recevoir sur la défense des institutions.
Et j'invite
mes collègues qui ont attaqué la nomination des… Ils sont allés jusqu'à, je
vous dirais, M. le Président, faire en sorte que la confiance des
Québécois à l'égard des institutions a été ébranlée à tous égards. Je l'invite,
quant à ses leçons, à faire attention. Et je peux vous assurer de mon entière
déférence à votre égard, M. le Président.
Le
Président : Je vous invite… je vous invite… On commence une
session qui va être assez ferme, assez difficile. Je vous invite à réfléchir, tout le monde, sur la
période de questions et notre comportement dans la période de questions.
D'un côté comme de l'autre, là, je vous invite, je vous invite…
Des voix :
…
Le Président : Oui, je vous
invite… Je ne crierai pas pour vous le dire, là, je vous invite à réfléchir sur
le comportement de tout un chacun ici
pendant la période de questions. C'est vrai qu'on s'en va vers, peut-être, des
jours un peu plus compliqués, un peu plus difficiles sur le plan de
l'interaction politique dans un salon comme celui-ci, mais, dans un cas comme dans l'autre, on se doit d'avoir
non seulement l'élévation, mais aussi le respect des uns à l'égard des autres, même si la période devient un peu plus
chaude. Alors, je vous invite à réfléchir là-dessus et, évidemment, je
mets fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet)
: Alors, nous en sommes à la
rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction des règles et de
l'ordre de présentation, je reconnais maintenant Mme la députée de l'Acadie
pour sa motion.
Souligner la tenue des Journées de la culture
Mme
St-Pierre :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le ministre de la
Culture et des Communications, la députée de Montarville, le député de
Blainville et le député de Mercier :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
17e édition des Journées de la culture;
«Qu'elle
invite les Québécoises et [les] Québécois à participer en grand nombre aux
milliers d'activités culturelles qui leur sont offertes; et
«Que l'État réitère son appui à la création, la
production, la diffusion et au rayonnement de la culture québécoise à travers
le monde.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de la
motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : Bon matin, M.
le vice-président. Donc, il y a consentement sans débat pour la motion.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Je reconnais maintenant M. le ministre de la Justice.
Souligner le 25e anniversaire de la Cour du Québec
M.
St-Arnaud : Oui. Merci, M. le Président. Alors, M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Fabre, la députée de Montmorency, la députée de
Gouin et le député de Blainville, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 25e anniversaire de la Cour du Québec,
cette cour qui constitue l'un des piliers de notre société de droit et
de notre démocratie;
«Qu'à cette
occasion, un hommage soit rendu à ses membres, reconnus pour leur indépendance,
leur impartialité et leur intégrité, ainsi qu'à leurs équipes qui se
dévouent quotidiennement pour une meilleure justice.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le ministre de la
Justice. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Donc, il y a consentement
pour débattre de cette motion pour un temps de parole
d'approximativement deux minutes par intervenant, en débutant, bien sûr, par le
ministre de la Justice, suivi par le député de Fabre, la députée de Montmorency
ainsi que la députée de Gouin.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je comprends qu'il y a
consentement pour permettre quatre intervenants, deux minutes, en
commençant par M. le ministre de la Justice. Je vous cède la parole.
M. Bertrand St-Arnaud
M. St-Arnaud : M. le Président,
la motion que je présente aujourd'hui à titre de ministre de la Justice du Québec vise à souligner le 25e anniversaire
de la Cour du Québec. La Cour du Québec est, en effet, née le 31 août
1988 alors que furent regroupés la Cour
provinciale, de compétence strictement civile, la Cour des sessions de la paix,
chargée des affaires criminelles, et le Tribunal de la jeunesse.
25 ans
plus tard, la Cour du Québec continue de jouer un rôle fondamental dans notre
système judiciaire. Formée de 290 juges
et 36 juges de paix magistrats, cette cour représente le plus important
tribunal au Québec pour le nombre de
juges, pour le volume d'affaires traitées et pour la diversité des champs de
compétence. Elle offre des services à la
population partout au Québec, y compris dans le Nord, grâce à la cour
itinérante. Il est également remarquable de voir l'engagement de la Cour
du Québec dans un nombre considérable de projets innovateurs, et je pense,
entre autres, au programme de traitement de
la toxicomanie de la cour et à d'autres projets qui ont tous pour objectif
ultime une meilleure justice, une justice respectueuse des justiciables.
Je
tiens, M. le Président, à souligner la présence, dans nos tribunes, ce matin,
de la juge en chef Élizabeth Corte, qui dirige la Cour du Québec avec compétence, enthousiasme et dynamisme
depuis sa nomination en 2009. Elle est accompagnée aujourd'hui du juge
en chef associé, Mario Tremblay, du juge en chef adjoint à la chambre civile, Pierre-E. Audet, de la juge en chef adjointe à la chambre
criminelle et pénale, Danielle Côté, du juge en chef adjoint à la
chambre de la jeunesse, Claude C. Boulanger, et du juge en chef adjoint
responsable des cours municipales, André Perreault.
Mmes et MM. les juges, bienvenue à l'Assemblée nationale. Et, au nom des
Québécois et des Québécoises, en mon nom personnel, merci pour
l'excellence de votre travail. Longue vie à la Cour du Québec.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le ministre de la Justice. M. le
député de Fabre, pour votre intervention.
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, M. le Président. Je suis particulièrement fier
de me lever en cette Chambre pour appuyer, au nom de ma formation politique,
cette motion qui souligne le 25e anniversaire de la création de la Cour du
Québec.
D'un
point de vue personnel, M. le Président, j'ai développé un lien particulier
avec la Cour du Québec, puisqu'au cours des 25 années de ma
pratique professionnelle je me suis présenté presque quotidiennement devant les
juges, les différents juges de la Cour du
Québec. Je suis donc en mesure de confirmer que la Cour du Québec est un
tribunal qui répond vraiment aux
besoins des Québécois en étant présente sur tout le territoire du Québec, en
exerçant une juridiction qui touche à tous les aspects de la vie et des
enjeux importants pour nos concitoyens, en faisant preuve d'ouverture en
présentant annuellement un rapport d'activité, ce qui est une innovation parmi
tous les tribunaux judiciaires du Québec. Bref, un tribunal vraiment
accessible.
L'importance
que nous, de ce côté de la Chambre, accordons à cette institution du Québec
s'est manifestée concrètement par la modification de la Loi sur les
tribunaux judiciaires en 2012 pour ramener à 290 le nombre de juges de la cour, nombre qui avait été réduit à 270 par le gouvernement dans les années 90. M. le Président, la Cour du Québec est un tribunal à
l'image de sa juge en chef et des juges qui la composent, des juges compétents,
indépendants, impartiaux et intègres, à
l'écoute des besoins des justiciables et qui contribuent au rayonnement de la justice
québécoise à travers le monde. Nous avons raison d'être fiers de la Cour du
Québec, et je souhaite que la juge en chef puisse transmettre notre message à
tous ses juges. Merci, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Fabre. Mme la députée de Montmorency.
Mme Michelyne C. St-Laurent
Mme
St-Laurent : Merci, M. le
Président. Merci également, Mme Corte, de votre présence ici
aujourd'hui. Votre apport à notre système judiciaire contribue
énormément à la qualité de la justice que nous offrons aux Québécoises et aux Québécois, et je tiens à le souligner.
Maintenant, c'est avec un immense plaisir que je me joins au ministre de la Justice pour
souligner le 25e anniversaire de la Cour
du Québec.
La Cour du Québec
constitue réellement l'un des piliers centraux de notre société de droit et de
notre démocratie. Tant en matière civile,
criminelle et pénale que de jeunesse, les juges de la Cour du Québec font
preuve d'une grande ouverture d'esprit — et j'en sais quelque chose — et d'une volonté remarquable de rendre la
meilleure justice qui soit, c'est-à-dire une justice accessible, célère et équitable pour tous.
La Cour du Québec
réunit près de 290 juges nommés par le gouvernement, et il n'y aurait pas de meilleure occasion que ce 25e anniversaire
pour souligner et rendre hommage à ces juges et à tous les membres de cette institution-phare
du Québec pour leur indépendance, leur impartialité, leur intégrité et leur
dévouement dans les travaux qu'ils effectuent au quotidien. Réellement, la Cour
du Québec peut être définie comme un tribunal adapté aux besoins des
justiciables de toutes les régions du Québec.
Encore,
je lève mon chapeau à tous ses membres et leur équipe pour leur excellent
travail. Et je vous assure que je suis fière de vous dire que j'étais là
au début de cette cour et que j'ai eu grand plaisir de constater tout ce que je
vous dis au sujet de la Cour du Québec.
Enfin,
finalement, je vous souhaite aujourd'hui un
heureux 25e anniversaire et je vous
dis : Merci et continuez, je suis
fière de notre système de justice.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Montmorency. Enfin, oui, Mme la députée de Gouin, pour votre
intervention.
Mme Françoise David
Mme David :
Oui. Merci, M. le Président. Je voudrais simplement joindre ma voix à celle de
mes collègues, saluer les personnes
qui sont ici, saluer leur dévouement, le dévouement, l'intégrité des membres de
la Cour du Québec, leur souhaiter un heureux anniversaire. Je ne peux
m'empêcher de souhaiter aussi que le système de justice du Québec dans son
ensemble devienne de plus en plus accessible à l'ensemble des citoyennes et des
citoyens. Encore une fois, mes félicitations.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Gouin. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté.
Toujours à la rubrique des motions sans préavis, Mme la députée
de Gouin, je pense que vous avez signalé
que… M. le député de Mercier? Ça me prend un consentement pour permettre
au député de Mercier de faire la lecture d'une
nouvelle motion.
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Pardon? C'était pour Mme la députée de Gouin.
Alors, allez-y. Désolé, M. le député de Mercier.
Demander au gouvernement égyptien
d'assurer la sécurité et le respect des
droits fondamentaux des Canadiens
Tarek Loubani et John Greyson
M. Khadir : C'est bien, M. le
Président. Je demande donc le consentement de la Chambre pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le ministre des Relations internationales,
le député de Vaudreuil et le député de La Prairie :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec demande au gouvernement égyptien de fournir
tous les efforts nécessaires afin
d'assurer la sécurité et le respect des droits fondamentaux des Canadiens [le Dr] Tarek Loubani et [le cinéaste]
John Greyson, notamment en les libérant immédiatement.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet)
: Très bien. Merci, M. le député de
Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : M. le
Président, il y a consentement sans débat pour la motion.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, pas de débat. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
La motion est adoptée. M. le député de Mercier.
M. Khadir : M. le Président,
je regrette que le gouvernement n'ait pas accepté le débat, mais…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il ne peut pas y avoir de commentaire à ce moment-ci, M. le député de Mercier.
M. Khadir : M. le
Président, je demanderais à la
Chambre de transmettre immédiatement, parce
qu'il y a urgence, la motion au gouvernement égyptien et au Parlement
canadien, ainsi qu'au bureau du premier ministre du Canada.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Avec le consentement
des membres, nous allons transmettre cette motion adoptée à l'ensemble
des personnes identifiées. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. Évidemment, il y a consentement. Nous aimerions demander le
consentement de cette Chambre pour déposer une motion supplémentaire.
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle, sur quoi?
Mme Thériault :
Oui. Je m'excuse, M. le Président. Puisque nous avons déjà épuisé la quantité
de motions qui est prévue au règlement,
on doit demander d'abord si on déroge à l'article. Et, si vous me le demandez,
je vais vous dire non immédiatement.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je pense, vous êtes un peu précoce, Mme la
leader adjointe de l'opposition officielle.
Je pense que le leader adjoint s'apprêtait à demander le consentement pour
déroger. Je comprends bien votre… C'est bien ça?
M.
Traversy : …M. le Président, là, je comprends la précocité de
la députée d'Anjou, d'en face, j'en découvre à chaque jour en cette
Assemblée. Mais je dois donc vous demander solennellement le consentement de
cette Chambre pour débattre d'une motion supplémentaire concernant la mémoire
du cinéaste M. Michel Brault.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Non, non, non. Alors, c'est ça. Là, vous allez un
peu plus loin, là.
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Un instant. Un instant. Le leader adjoint du
gouvernement s'est levé pour demander de
déroger à l'article 84.1 pour faire la lecture d'une nouvelle motion. Je ne
peux pas permettre la lecture de cette motion si je n'ai pas de
consentement. J'ai compris qu'il n'y avait pas de consentement. Donc, à ce
moment-ci, je suis prêt à vérifier s'il y a d'autres motions sans…
M. Traversy :
…la situation…
Une voix :
…
M. Traversy :
Oui.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Vous avez raison. M. le député de Mercier, sur un
point de règlement.
M. Khadir :
M. le Président, la collaboration appelle la collaboration. Je vous fais
remarquer que nous avons... pour le bien des débats à l'Assemblée nationale,
nous avons un certain nombre de motions qui sont de nature consensuelle et qui ne peuvent pas attendre indéfiniment.
J'en appelle donc au Parti libéral d'accepter la collaboration du Parti
québécois, mais je demande aussi au leader adjoint du gouvernement de ne pas
s'opposer systématiquement à nos demandes de
débat d'une ou deux minutes sur des sujets d'importance comme l'emprisonnement
des deux Canadiens en Égypte.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, ce genre de
question là doit se régler, normalement, avant la période des questions.
J'ai compris les propos de la part du leader du gouvernement, en Chambre avant
le début de la période de questions pour réduire le nombre de motions qui
exigent un consentement ou de les régler avant. Or, à ce moment-ci, je dois
mettre un terme à ce débat-là.
Je suis prêt à reconnaître maintenant un autre
député qui souhaiterait demander le consentement pour déroger à
l'article 84.1 pour présenter une nouvelle motion sans préavis.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
…juste une question, là, d'éclaircissement. Pour déposer une motion et demander
un consentement, il faut quand même préciser sur quel sujet on souhaite
débattre.
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Thériault : Oui. Absolument, M. le Président. Avant de déposer
la motion et même de lire une motion, on doit demander si on peut
déroger à l'article du règlement pour faire la lecture d'une motion
supplémentaire. On a indiqué clairement… Et le
leader du gouvernement l'a dit avant la période de questions, qu'il s'en
tiendrait au règlement de l'Assemblée nationale, comme nous avons émis
le vœu hier, soit les motions qui sont réglementaires, et les motions supplémentaires doivent être discutées à
l'extérieur de cette Chambre, et je ne donne pas de consentement pour
qu'on puisse présenter une autre motion. Et,
à ce moment-ci, M. le Président, évidemment, vous avez déjà rendu votre
jugement sur la question qui est évoquée, et j'aimerais rappeler
également à mon collègue qu'aucun débat n'est permis ni quelques explications,
que ce soit visant à motiver l'absence ou la présence d'un consentement. Et
c'est déjà un extrait d'une décision qui a été rendue — 84.15,
le 27 octobre — par
une présidente qui vous a précédé.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, Mme la leader de
l'opposition officielle. Sur la question de règlement, M. le leader du… groupe
d'opposition.
M.
Deltell :
Pour la bonne marche de nos travaux, M. le Président, puisque l'opposition
officielle ne donne pas le consentement pour la suite des choses, je vous
invite à appeler immédiatement les avis touchant les travaux des commissions.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, je comprends que c'est le cas,
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle, il n'y a pas de consentement
pour d'autres motions? Très bien.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, aux avis touchant
les travaux des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement, pour les
avis.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Vous êtes en forme ce matin, et nous sommes heureux d'être avec vous pour partager
cette énergie. Alors, j'avise cette Assemblée, pour les avis touchant les
travaux des commissions, que la Commission
des finances publiques poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques à l'égard du projet de loi n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement
en matière de dotation des emplois, aujourd'hui, de 15 heures à
18 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine; et
Que la Commission de
la santé et des services sociaux poursuivra les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 52, Loi concernant les soins de fin de vie,
aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée d'une heure, à la
salle du Conseil législatif, ainsi que de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
leader adjoint du gouvernement. Pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se réunira
aujourd'hui, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, en séance de
travail, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, afin de préparer
l'audition portant sur la non-production de déclaration à Revenu Québec; en
séance publique, de 15 heures à 18 heures, afin d'entendre le président-directeur général de
l'Agence du revenu du Québec; et en séance de travail, de 18 heures à
18 h 30, afin de statuer sur les observations, conclusions et, s'il y
a lieu, recommandations à la suite de cette audition.
À la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée…
Affaires du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, je vous vois
également en forme et je vous cède la parole à nouveau.
M.
Traversy : Mais il faut, il faut, on est juste au début de la
session. Alors, M. le Président, écoutez, pour la bonne suite des travaux et pour discuter d'un sujet qui
touche particulièrement la députée de Soulanges, je vous demanderais
quelques minutes de suspension avant de continuer, avec le consentement de
cette Chambre.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, il y a une demande de suspension.
M. Moreau :
…il nous annonçait une belle énergie, il demande une suspension. Je trouve que
c'est freiner cette énergie. Mais on va lui donner un coup de main puis on va
consentir à la suspension, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, les travaux sont suspendus quelques
instants.
(Suspension de la séance à
11 h 22)
(Reprise à 11 h 31)
Projet de loi n° 33
Adoption du principe
Reprise du débat sur la motion de report
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
17 septembre 2013 sur la motion de report présentée par Mme la
députée de Soulanges relativement à la Loi modifiant la Loi sur les conditions de
travail et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale.
Lors
de l'ajournement, M. le député de Berthier n'avait pas terminé son intervention. Avant de
lui céder la parole, je vous indique
qu'il reste 43 min 52 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 45 min 36 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 17 min 6 s au deuxième groupe d'opposition et six minutes aux députés indépendants.
Alors, M. le député de Berthier, pour la suite
de votre intervention, nous vous écoutons.
M.
André Villeneuve (suite)
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président. Bonjour à toutes et à tous. Oui, nous sommes dans la continuité, c'est le cas de le dire, M. le Président — parce que vous étiez présent lors de mon intervention sur le principe. Et,
suite au dépôt de l'opposition... de la deuxième opposition... du
groupe... les libéraux, de demander une... de déposer, finalement, une motion de report, donc, motion de report qui
demandait, finalement, que le débat sur cet enjeu, qui est très
important, M. le Président... un report de
trois mois. Finalement, on voulait retourner ça aux calendes grecques. Alors,
je ne pense pas que ça soit une bonne idée de le faire. Enfin, c'est un
choix qu'eux devront assumer tôt ou tard.
M. le
Président, continuité oblige, peut-être… pour les gens qui viennent de se
joindre à nous et ceux qui nous suivent
de façon... en continu, peut-être rappeler ce sur quoi nous travaillons. Vous
l'avez dit, mais je veux juste le redire pour qu'on soit bien au fait,
finalement. Donc, c'est le projet de loi n° 33, Loi modifiant la Loi sur
les conditions de travail et le régime de
retraite des membres de l'Assemblée nationale et d'autres dispositions
législatives, ce qui mérite d'être
précisé, M. le Président. Effectivement, le titre peut être trompeur, parce
qu'on a l'impression qu'on veut discuter de l'ensemble, finalement, des
émoluments, si on peut dire ça comme ça, des députés de l'Assemblée nationale,
ce qui n'est pas le cas, M. le Président.
Notes explicatives, je crois qu'il faut aller
les lire, c'est important, alors ce qu'on dit ici, c'est : «Ce projet de loi modifie la Loi sur les conditions de travail
et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale [...]
d'abolir...» C'est important, là, c'est ça, l'enjeu, là; le projet de loi
n° 33, là, ce n'est pas autre chose, là. On ne parle pas des régimes de retraite, on ne parle pas des salaires
que les députés touchent, on parle uniquement d'abolir l'allocation de transition à un député qui démissionne en cours de
mandat. Alors là, il faut ramener le débat là-dessus, M. le Président.
Il ne faut pas essayer de faire diversion et, finalement, d'induire les gens
qui nous écoutent en erreur, je pense que ça ne serait pas... ce n'est pas la
chose à faire. Alors, on parle d'abolir l'allocation de transition à un député.
L'opposition
libérale, M. le Président, comme vous le savez, ont à peu près deux... bah!
deux arguments. Il y a un point qu'ils apportent et il y a un argument,
l'argument fort... ou faible, je dirais plutôt faible, M. le Président, mais il
y a un argument et il y a un sujet. En fait,
ils nous disent qu'on ne devrait pas, ici, les députés, regarder, finalement,
les émoluments touchant les députés de
l'Assemblée nationale, puisqu'il y a un comité qui a été créé, un comité, donc,
qui a été mis en place, indépendant, qui est
à regarder présentement les émoluments des députés de l'Assemblée nationale.
Soit, c'est vrai, c'est vrai, et on est tout à fait d'accord avec cela. Et je
pense que le travail qui va ressortir de ce comité-là, M. le Président, sera tout à fait exceptionnel, parce
qu'il va y avoir vraiment un travail de fond, qui se fait présentement, et
c'est tout à fait correct. Ça, c'est un des
arguments que la députation du Parti libéral apporte... la première opposition
apporte.
L'autre point, M. le Président, que les députés
de l'opposition amènent, c'est de dire que, si on intervient présentement dans le dossier, bien, on serait en conflit d'intérêts. M. le Président, pour être en conflit
d'intérêts, encore faudrait-il que ça soit pour nos intérêts
qu'on veuille poser un geste. Alors, à ce que je sache, c'est loin d'être dans
nos intérêts. Au contraire, je pense que c'est dans l'intérêt de la population
de poser le geste qu'on veut poser, c'est-à-dire
abolir la transition, donc abolir
l'allocation de transition. Ce n'est pas un avantage, là, qu'on est en train de vouloir faire avec le projet de loi n° 33, ce n'est pas un
avantage pour les députés. C'est loin d'être un avantage. En fait, on est en train de s'enlever quelque chose, et c'est tout à
fait correct, M. le Président, il faut le dire, c'est tout à fait correct,
parce que, ce qu'on vient faire, finalement, avec le projet de loi n° 33,
on vient dire que l'allocation de transition pourra être utilisée par les députés
de l'Assemblée nationale seulement, et seulement dans un cas où un député qui
quitterait son siège en cours de mandat le ferait parce qu'il a des raisons
très graves, sérieuses, qui le portent à poser ce geste-là.
Parce que
ce n'est pas un geste anodin, de dire… de quitter un siège à l'Assemblée nationale. Mon collègue de Matane-Matapédia le disait très bien.
Lorsqu'on est élu comme député à l'Assemblée nationale, d'abord il faut se dire une
chose, c'est un privilège extraordinaire. Vous le savez, M. le Président, et je
pense que l'ensemble des députés ici, à l'Assemblée nationale, en conviennent,
c'est un honneur incroyable, c'est un privilège tout à fait extraordinaire que de pouvoir siéger ici. Et, si on quitte pour
quelque raison que ce soit qui… Peut-être, en tant qu'individu, lorsqu'on
veut quitter l'Assemblée nationale en cours de mandat… peut-être qu'en tant
qu'individu on considère…
Bien,
deux exemples, tiens. Bien, ça tombe bien, M. le Président. Deux exemples. Le
député d'Outremont, hein, qui a quitté, il n'a pas quitté pour raisons
de santé, il n'a pas quitté… Peu importe la raison pour laquelle il a quitté,
il n'en demeure pas moins que, présentement, le comté d'Outremont, M. le
Président, il n'y a pas de représentant ici, à l'Assemblée nationale, qui s'occupe des gens d'Outremont. Il n'y en a
pas. Il n'y a pas de député, à l'Assemblée nationale, d'Outremont ici,
là. Donc, ça crée un vide dans la circonscription d'Outremont.
Viau, donc,
on a vu le député… M. Dubourg qui a quitté aussi. Lui, c'est plus clair,
la raison, c'est qu'il s'en va… il
veut se présenter à l'investiture pour le Parti libéral ou je ne sais plus trop
quel parti. Je pense bien que c'est le Parti libéral, je pense ne pas trop me tromper, pas mal dans les mêmes familles,
alors Parti libéral à Ottawa. Et là il a touché sa prime, M. le Président. Il l'a touchée ou il va la
toucher, mais en tout cas il n'y a pas renoncé, tout comme le député
d'Outremont n'a pas renoncé à sa prime de départ.
Alors, on a deux exemples patents, je vous
dirais, qui, je pense, n'ont pas l'approbation de la population du Québec, M.
le Président.
D'abord, ils
partent avec une prime de départ pour une raison qui, à mon sens, ne méritait
pas une telle prime. Ça, c'est une chose. L'autre chose, il y a deux
comtés orphelins présentement qui n'ont pas de député à l'Assemblée nationale,
les gens n'ont pas personne pour les représenter à l'Assemblée nationale, ce
qui n'est quand même pas anodin. C'est un vide assez important.
L'autre
chose, on sait qu'à peu près, une élection partielle… Parce que là on parle de
deux élections partielles. Là, on parle de 1 million de dollars que
ça va coûter aux contribuables du Québec parce que deux députés du Parti
libéral ont quitté de façon inopinée, sans raison, à tout
le moins sans que la raison pour laquelle ils ont quitté ait pu être analysée.
Parce qu'il faut dire ça aussi, M. le Président. On dit que, si un député
veut quitter son siège en cours de mandat, il devra faire la démonstration à
ses pairs, c'est-à-dire aux autres élus de l'Assemblée nationale, notamment par le Bureau de l'Assemblée nationale mais aussi
par le Commissaire à l'éthique, qui, eux, jugeront et nous émettront un avis à savoir est-ce que les arguments amenés par
le député qui quitte en cours de mandat sont valables. Et, si tel est le
cas, M. le Président, il pourra toucher une
prime de départ. Si tel n'est pas le cas, il n'y aura pas de prime de départ.
Alors là, on assiste, M. le Président, dans le cas de M. Dubourg, de
M. Bachand, on assiste à une décision unilatérale de leur part de briser
un contrat moral, social avec leurs électeurs de façon unilatérale. Alors,
c'est inacceptable, M. le Président.
Je vais aller dans le
même sens que le député de Matane-Matapédia, qui disait que tous les partis,
tous partis confondus ici, à l'Assemblée
nationale, effectivement, ont, un jour ou l'autre, connu des départs en cours
de mandat de députés. Et ça, tout le
monde l'admet, tout le monde comprend cela. Mais on est peut-être rendus
ailleurs. La population du Québec, M.
le Président, s'attend à ce que les choses changent ici, à l'Assemblée
nationale, que les choses changent au niveau de nos institutions, et je
pense que le message est très, très clair.
• (11 h 40) •
Et
d'ailleurs le Parti libéral, les députés de l'opposition, de la première
opposition, M. le Président, en paieront le prix, en paieront le prix parce que, là, ce qu'on constate, là, c'est que… le projet de loi n° 33 a été déposé au printemps, mars, je pense, on est rendus au mois d'octobre,
pratiquement, et on constate que l'opposition utilise les moyens qui sont à sa disposition, bien sûr — parce
qu'on dit souvent que le meilleur
outil de l'opposition, c'est encore le temps — et
là on comprend qu'ils gagnent… ils veulent
gagner du temps. Pas satisfaits, M.
le Président, d'avoir été pendant
neuf ans au pouvoir, de n'avoir
strictement rien fait à cet égard, ils continuent à vouloir gagner du temps, et
reporter, et pelleter en avant.
Alors, je pense, des
décisions qui auraient dû être prises depuis très longtemps, M. le Président,
pour éviter effectivement le vide que
provoque le départ d'un député à l'Assemblée nationale, les coûts rattachés à
ce départ. On parle de deux élections partielles, on parle de 1 million
de dollars que ça va coûter aux contribuables québécois, plus la prime de départ, qui peut jouer, plus ou moins
100 000 $, tout dépendamment du nombre de mois, et du poste, et du
salaire qu'avait le député, là, parce qu'il
y a une différence à faire entre le salaire des ministres, le salaire des
députés. Alors donc, on se retrouve avec une note salée, pour les
Québécois, de 1,2 million de dollars parce que la première opposition a décidé de bloquer indument, donc, l'accès à ce
projet de loi là à un vote de l'Assemblée nationale. Et puis, je le dis,
je le dis, moi, je suis convaincu que, de toute façon, on va se faire
rattraper. Et, de toute façon, ça va être adopté tôt ou tard. Et il vaut mieux tôt
que tard.
Ceci
étant dit, M. le Président… Et je comprends la demande de report, mais je
comprends moins bien le fait que cette
demande de report là permet justement de s'exprimer en cette Chambre et de dire
les choses telles qu'elles sont. La question
qu'il faut se poser : Pourquoi en sommes-nous arrivés aujourd'hui, depuis
le printemps et jusqu'à aujourd'hui, à discuter, donc, de l'abolition du
montant de transition chez les députés qui quittent sans raison valable leur
siège à l'Assemblée nationale? Bien, écoutez, il y en a plusieurs, M. le
Président. Je pense que c'est une accumulation de gestes posés par l'ancien gouvernement libéral, une accumulation de
gestes qui ont fait qu'on a culminé, à un moment donné, à un point de non-retour
où les Québécois et les Québécoises nous ont dit : Vous devez changer
votre façon de faire à plusieurs égards,
notamment avec l'abolition de la prime de départ pour départ injustifié d'un
député de son siège à l'Assemblée nationale.
M.
le Président, — vous me
voyez venir, parce qu'on s'en est parlé il n'y a pas tellement longtemps — je veux juste rappeler, hein, qu'il y
a eu des gestes qui ont été posés par l'ancien gouvernement libéral, des gestes
totalement inacceptables, et qui ont amené à
cette apothéose, à ce cumul où la population n'est plus capable et quelle veut
qu'on pose les gestes concrets. Je vous rappellerai, M. le Président, le
scandale des post-it, hein? Rappelons-nous le scandale des post-it, où certaines personnes liées au financement
du Parti libéral du Québec ont joué d'influence dans le processus de nomination des juges. Par ce geste d'un
gouvernement en place, du Parti libéral, le gouvernement libéral est venu
fragiliser, d'une certaine façon, M. le Président…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Une question de règlement, M. le député de
Berthier. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Moreau :
Question de règlement.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Juste un instant. J'aimerais entendre la question
de règlement du leader de l'opposition officielle.
M. Moreau :
…pertinence, là. Et d'abord il nous cite une commission dont les conclusions
sont tout à fait l'inverse de ce qu'il vient
de dire, d'une part. Et il devrait être respectueux des commissions. Son nom,
lui, est sorti à la commission
Charbonneau, hein? Et ce qu'il a fait, là, il a corrigé la situation puis il
est venu dire… il est venu s'expliquer. Alors, il ne faudrait pas qu'il fasse avec une autre commission ce qu'il
ne voudrait pas qu'on fasse avec son propre nom.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, je comprends que c'est un sujet
sensible pour l'opposition officielle actuellement, là. Le député de
Berthier faisait simplement la nomenclature de divers événements qu'on a connus
par le passé, qui vient appuyer, dans le fond, ses propos
et son argumentaire dans le cadre, là, de la discussion que nous avons pour les indemnisations de départ. À aucun moment il
n'y a aucun propos antiparlementaire qui a été fait. Aucune intention
n'a été prêtée. Je comprends que, des fois, la vérité peut être choquante, mais
il faut aussi être capable de l'accepter.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader le l'opposition officielle.
M. Moreau :
Le leader adjoint du gouvernement a parfaitement raison, la vérité, ce n'est
pas choquant. Ce qui est choquant, c'est de dire le contraire de la
vérité, et c'est ce que le député est en train de faire lorsqu'il cite une commission d'enquête dont les conclusions sont à
l'effet qu'il n'y a aucune preuve qu'il y a eu une influence politique
dans la nomination des juges. Et c'est fait aujourd'hui, alors qu'il y a une
motion unanime de l'Assemblée nationale pour féliciter
l'indépendance judiciaire des juges de la Cour du Québec. Franchement, vous
avez trouvé votre journée pour dire une ineptie. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Dernière intervention,
parce que je m'apprête à rendre ma décision. M. le leader du
gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, écoutez, là, c'est l'interprétation
du leader de l'opposition. Par contre, vous savez que nos articles sont
très clairs concernant le fait d'accepter ou de refuser la parole d'un député
en cette Chambre. Moi, j'ai compris que le
député de Berthier voulait faire la nomenclature des événements passés. Je
comprends que ça peut choquer.
Maintenant, pour l'interprétation, là, je crois qu'il doit accepter la bonne
foi et la parole de notre collègue ici, en cette Chambre. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bien. Alors, écoutez, je reconnais
la grande sagesse de notre collègue député de Berthier. Je l'invite à
revenir au sens du projet de loi n° 33 et à la motion de report sur les
conditions de travail des députés, c'est l'objet qui est devant nous
aujourd'hui. M. le député de Mercier… de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, écoutez, ce que je
viens de dire, c'est exactement ce que j'ai dit lors de mon intervention précédente, M. le Président.
Si l'opposition ne veut pas le réentendre, elle avait juste à ne pas
déposer de demande de report, finalement, du
projet de loi n° 33 aux calendes grecques, tout simplement. Alors, bien,
voyez-vous, on dit souvent que,
lorsqu'on touche à quelque chose, quand ça fait mal, il y a toujours une part
de vérité, M. le Président.
Il faut se rappeler, M. le
Président, autre point… Parce que c'est un ensemble d'éléments qui ont mené à
une perception, hein, de la population par
rapport au gouvernement qui était en place à l'époque, qui a amené un cumul.
Et je vais y aller tranquillement, un
morceau à la fois, M. le Président. Deuxième point, rappelons-nous l'attaque en
règle de deux ministres du gouvernement contre les représentants de la
commission électorale du Québec dans le cadre de la révision de la carte électorale, M. le Président. Et là je vais faire
court parce qu'encore une fois je vais manquer de temps, M. le
Président, je ne pourrai pas, malheureusement, amener tous les points.
Alors,
c'est M. Blanchet : «En quittant son poste en décembre 2010, M.
Blanchet avait fustigé les ministres et soutenu que le Directeur général
des élections, comme institution, avait perdu de son indépendance par rapport
au pouvoir politique.» Et il dit ceci : «"Ils m'avaient insulté moi
et l'institution. On ne méritait pas ça, [répétait-il] hier. On avait un devoir à faire, une mission à accomplir.
C'est ce qu'on a fait avec le plus grand sérieux du monde, le plus grand
professionnalisme..."»
Encore une fois, M. le Président,
un gouvernement au pouvoir, par la bouche de ses ministres, vient tenter de
fragiliser nos institutions par des interventions, comme ils l'ont fait devant
le Directeur général des élections lors du redécoupage de la carte électorale.
Autre point,
M. le Président, rappelons-nous la rallonge de 75 000 $ du premier
ministre, M. Jean Charest, sur son salaire
de premier ministre, payée à même la caisse du Parti libéral. Hein, on… Et ce
même parti, il faut le dire, ce même… je pense que ce même parti, il n'y
a pas tellement longtemps, en juillet, là, quand on parle du…
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Question de règlement. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Moreau :
M. le Président, ce matin, c'était le leader du gouvernement qui ne se rendait
pas aux directives de la présidence. Là, on a le député qui parle, qui
ne se rend pas aux directives que vous veniez tout juste d'émettre. Peut-être a-t-il une difficulté d'audition ou de
compréhension, je ne sais pas, entre l'un ou l'autre, mais le signal que
vous lui avez envoyé était très clair,
c'est-à-dire d'avoir des propos qui sont en lien avec la motion de report; et,
sur la pertinence, vous l'avez
rappelé à l'ordre déjà une fois. Je pense que le respect des institutions, M.
le Président, commande une chose, c'est que les députés en cette Chambre
se conforment aux directives émanant de la présidence, ce qu'il ne fait pas.
Ce
que je vous invite à faire, donc, M. le Président, c'est d'indiquer au député
ce que vous entendez faire s'il ne se conforme
pas aux directives que vous lui avez données à l'égard de la pertinence. La
présidence a des recours : vous pouvez le rappeler à l'ordre, vous pouvez même conduire jusqu'à l'expulsion
d'un député s'il ne se conforme pas à vos directives.
Il y a une question de respect
non seulement de l'institution que vous représentez, mais de l'ensemble des
collègues qui sont en cette Chambre. Le député sait pertinemment que les propos
qu'il tient à l'heure actuelle n'ont aucun lien avec la motion dont nous
débattons et il continue de s'y complaire. Ça, c'est fait en toute connaissance
de cause. L'infraction
au règlement de l'Assemblée nationale faite en toute connaissance de cause doit
nécessairement amener une sanction, M. le Président, et je vous
demanderais de l'indiquer au député qui a la parole à l'heure actuelle.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci, M. le leader de l'opposition officielle. M. le leader adjoint du
gouvernement.
• (11 h 50) •
M.
Traversy : M. le Président, je suis quand même étonné
d'entendre le leader de l'opposition officielle nous faire des reproches à cet égard, concernant
notamment l'article 211, qui est celui de la pertinence. Vous savez qu'il
y a différents jugements qui ont été rendus par vos prédécesseurs
donnant une certaine marge de manœuvre, puis devant regarder l'ensemble du discours global, et permettant aussi au député de
pouvoir faire des comparatifs et des énumérations et mettre en contexte
aussi les discussions qui sont actuellement en cours en cette Chambre.
Il
me semble que, de ce côté-ci, on est très patients. Et, pour être au salon bleu
avec vous, M. le Président, à chaque jour que notre salon est ouvert ou
presque, là, je peux vous dire qu'on fait preuve d'une patience exemplaire de
la part des députés de l'opposition
officielle. Et de voir que la mèche soit aussi courte de la part du leader de
l'opposition à l'égard de nos députés, je
trouve que ça, c'est un manque de respect et qu'il devrait peut-être être
capable de prendre un peu, là, le gaz égal, puis de faire la part des
choses, puis de trouver un juste milieu dans ses interventions.
Jusqu'à
présent, le député de Berthier, effectivement, parle de différents sujets qui
touchent, en partie ou d'une façon… indirectement, au projet qui est
actuellement en cours, soit l'indemnisation de départ des députés. Je vous
demanderais de faire un petit peu preuve de patience, de le rappeler peut-être,
des fois… dans un contexte global et non de regarder simplement les dernières
30 secondes de ses interventions.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Bien, toujours sur la question de règlement, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Moreau :
S'il y a une chose qui est courte, M. le Président, ce n'est pas ma mèche,
c'est la profondeur des propos du député de Berthier, à l'heure
actuelle, et leur peu de lien qu'il y a avec le débat.
Le
leader adjoint du gouvernement cite l'article 211. Je lui rappellerai que
nous sommes à l'intérieur d'un débat qui s'inscrit dans l'adoption du
principe du projet de loi, et l'article 239 nous dit que le débat porte
exclusivement sur l'opportunité du projet de loi. Loin s'en faut de trouver un
lien entre ça et les propos du député de Berthier, à l'heure actuelle, qui, je le réitère, fait fi de la
directive très claire que vous lui avez donnée. C'est un pli que l'on retrouve
du côté gouvernemental. L'exemple vient de haut, du leader du
gouvernement lui-même. J'aimerais que vous indiquiez au député quelles sont les
conséquences de ne pas suivre vos directives.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci. Alors, ce sera la dernière intervention,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Donc, le leader de
l'opposition officielle fait part de ses intentions, là, de revendiquer l'article 239 de notre règlement
concernant l'objet portant sur les débats. Dans une décision rendue par
un de vos prédécesseurs, M. William Cusano,
en 2005, M. le Président, on faisait état de la chose suivante et d'une
décision rendue dans le contexte qui est précisément celui que nous vivons
actuellement, et qui disait ceci : «…la règle de la pertinence — dans le cadre de l'article 239 — doit recevoir une interprétation large lors
de l'adoption de principe d'un projet
de loi, et, dans le doute, elle doit être interprétée au bénéfice de l'orateur.
Toutefois, il est reconnu que les digressions abusives sont interdites,
et, même s'il est permis d'aborder [quand même] certains principes généraux, il
faut revenir au contenu du projet de loi en
discussion — ce que
mon collègue de Berthier fait depuis le début — [et] aux buts du projet de loi et aux
moyens d'atteindre les mêmes fins.»
Donc,
il faut garder une certaine latitude. Je crois que le député de Berthier est
parfaitement dans la zone de confort qui a été rendue par la décision de
votre collègue il y a déjà quelques années puis je vous demanderais de prendre
une décision favorable à cet égard.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bien. Alors, ce que je constate,
un, c'est que le temps de notre collègue député de Berthier file avec
ces questions de règlement. Je vous dis que les deux leaders ont raison, à la
fois le leader adjoint du gouvernement, sur le sens large qu'on doit donner à
la règle de la pertinence, mais le leader de l'opposition officielle également, qui nous dit qu'on doit
quand même parler du sujet qui est devant nous : la rémunération des
députés et les conditions de travail.
Donc,
pour le reste, laissez la présidence apprécier les propos tenus par le député
de Berthier, et j'invite le député de Berthier à s'en tenir au texte qui
est devant nous, la motion de report sur le projet de loi.
M.
Villeneuve : Oui. M. le Président, c'eût été intéressant que les députés de l'opposition aient porté attention à mes propos en début d'ouverture de mon
intervention, M. le Président, parce que je faisais mention du fait que, si, aujourd'hui, nous traitons d'un projet de
loi, le projet de loi n° 33, hein… Quand on dit d'abolir l'allocation de
transition à un député qui démissionne en cours de mandat pour des raisons,
hein, qui sont plus ou moins valables, bien, il y a une raison à ça. On n'est pas ici, à l'Assemblée nationale, en
train de traiter d'un dossier sans raison aucune. On n'a pas ramassé ça dans un chapeau, là, hein? C'est parce que
la population nous interpelle puis parce que,
si on regarde l'histoire, il y a eu des gestes qui ont été posés par l'ancien gouvernement, M. le Président, des gestes qui peuvent parfois avoir une
certaine perception négative de la population, et ces gestes-là, malheureusement,
hein, ont conduit la population à un ras-le-bol, et aujourd'hui
on se voit nécessairement obligés de poser des gestes concrets qui vont venir
répondre à ce ras-le-bol-là, M. le Président.
Donc, je vais aller plus vite, effectivement. Merci,
M. le Président de protéger mon temps d'intervention. Je comprends que les leaders échangent entre eux, et,
comme vous disiez si bien, les avis des uns, les avis des autres peuvent
se valoir, à certains égards. Donc, je vais passer immédiatement à l'autre
point, M. le Président.
Rappelons-nous,
en 2008, démission du ministre de la
Santé, M. Philippe Couillard. À peine deux mois plus tard, toujours M. Philippe Couillard… D'ailleurs, on ne
sait pas où il se trouve. Il est peut-être quelque part dans le
parlement, il faudrait faire une recherche.
Donc, à peine deux mois plus tard, l'ancien ministre de la Santé est recruté
par une firme, après avoir
démissionné, là, la firme Persistence Capital Partners, un fonds
d'investissement privé en santé. Il faut se rappeler, M. le Président, que, tout juste avant sa
démission, l'ancien ministre de la Santé, M. Philippe Couillard, a participé,
avec les membres du Conseil des ministres d'alors, à l'adoption de sa propre
recommandation à deux modifications à des règlements
favorisant les cliniques privées. Voyez-vous, des gestes comme ça qui sont
posés par un gouvernement en place, des gestes comme ça qui sont posés
font en sorte que la population — je vous le disais l'autre jour — regarde
l'institution fonctionner et se pose de
sérieuses… problèmes. Et ça vient, dans la perception des gens, fragiliser,
finalement, cette nécessaire intégrité dont nous devons faire preuve, dont un
gouvernement doit faire preuve, dont tout individu, M. le Président, doit faire
preuve.
Malheureusement, on constate que la série de
gestes qui ont été posés par l'ancien gouvernement nous amènent aujourd'hui à traiter du projet de loi n° 33. J'invite, M.
le Président… Et je m'arrête, parce que j'en aurais pendant des heures. C'est triste qu'on ne puisse pas
déposer une autre motion de report ou qu'ils ne puissent pas le faire,
parce que ça ferait encore plus mal.
Écoutez, on a énormément de choses à pouvoir dire à l'opposition officielle, M.
le Président. J'invite, M. le
Président, les membres de la première opposition, du Parti libéral, à embarquer
avec nous dans le train de l'intégrité.
Et ça permettrait, M. le Président, de redonner confiance en nos institutions.
Les citoyens en ont grandement besoin, M. le Président.
Alors, je
termine en vous remerciant, M. le Président, pour vos sages décisions à mon
égard, comme vous le faites vaillamment et brillamment avec l'ensemble
des députés en cette Chambre, M. le Président. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Berthier, pour votre intervention. M. le député de Beauce-Sud, je
vous cède la parole.
M. Robert Dutil
M. Dutil :
Merci, M. le Président. Alors, nous sommes sur la motion de report du projet de
loi n° 33, et je pense qu'il y a lieu d'apporter plusieurs
explications sur les raisons qui nous motivent à faire ça. Je tiens d'abord à
refaire l'historique de ce projet de loi là.
Nous avons eu plusieurs projets
de loi avec le ministre des Institutions démocratiques à date et nous avions mentionné notre accord sur les principes de ces
projets de loi là, que ce soit sur le financement des partis politiques,
sur les votes dans les établissements scolaires ou les élections à date fixe.
Et ces trois projets de loi là ont été adoptés. Maintenant, comme le
mentionnait le député de Berthier, le projet de loi n° 33 existe, à tout
le moins dans la tête du ministre, depuis
longtemps, il nous en avait fait part dès l'automne 2012, dès après
l'élection. Il nous avait fait part de son intention de présenter un tel projet de loi, et nous avions déjà
mentionné à ce moment-là — et je pense que cethistorique-là
est bien important — nous avions…
j'avais personnellement mentionné, dès le mois de janvier 2013,
qu'il m'apparaissait incongru, sinon
inacceptable que les députés décident eux-mêmes de leurs conditions de travail.
Je pense que le principe même de ça — et, de mon expérience, je l'ai
vu dans les municipalités, je l'ai vu ailleurs — est très clairement compris de la population quand on le
leur demande. Quand on demande à la population : Trouvez-vous
normal que ce soient les députés eux-mêmes qui décident de leurs conditions de
travail? La réponse est : Vous décidez vous autres mêmes de vos conditions
de travail? Bien sûr que non, ça ne devrait pas se produire de cette façon-là.
Donc,
j'avais, suite à une interview avec un journaliste, parlé de ma conviction
personnelle, qui était : on ne devrait pas se retrouver dans cette situation-là. Et ça avait été publié dans
les journaux, et, suite à cela, il y a eu un débat dans notre caucus, et on a convenu qu'effectivement il y
aurait lieu d'avoir un comité totalement indépendant qui viendrait se
pencher sur l'ensemble des conditions de
travail de député de façon à nous sortir de… Le député dit que ce n'est pas un
conflit d'intérêts. On pourrait trouver une autre façon de le nommer, mais la
perception de la population, c'est que c'est un conflit d'intérêts.
Évidemment,
là, ce n'est pas notre cas à nous tout seuls, c'est le cas des
125 députés, c'est le cas de l'Assemblée nationale, c'est le cas
des futurs députés qui viendront. On comprend bien ça. Mais la perception de la
population, c'est : ce n'est pas normal
que vous décidiez vous-mêmes de vos conditions de travail. Et la perception,
c'est que, si vous le faites, c'est
sûr que c'est incorrect. Quels que soient les gestes que nous posions, puisque
c'est nous qui les posons et que ça nous
concerne, c'est considéré automatiquement par la population comme étant
«tricky», hein, comme étant incorrect, et donc pipé. On peut cacher des
choses qui sont incorrectes, parce que ça sert nos intérêts.
• (12 heures) •
Et donc on a
cheminé avec cette idée-là. Le caucus du Parti libéral l'a amenée dès le mois
de février. Les autres formations politiques, la CAQ et le Parti
québécois, se sont dites plutôt d'accord avec ça. D'ailleurs, si vous me
permettez, je vais citer le ministre lui-même, qui,
le 21 février 2013, a dit : «On est loin d'être fermés à la
création d'un comité indépendant pour faire l'évaluation de la rémunération des élus», fin de la citation. Je cite une
autre chose de ce même ministre : «Mais je
pense que c'est important d'avoir le point de vue des premiers concernés, mais ça ne peut pas être que des députés, ça, c'est clair, parce
qu'on est des mauvais juges sur cette question-là», fermez
la parenthèse. Donc, le ministre convient
qu'on est des mauvais juges sur la question de décider de notre propre
rémunération.
Et, dernière
citation : «On est prêts à s'asseoir avec les autres partis pour voir
comment on pourrait regarder la question
de la rémunération dans son ensemble, a-t-il dit en entrevue. Maintenant, notre
priorité reste l'abolition des primes pour
les députés qui quittent avant la fin de leur mandat. [...]Il
faut faire ça sérieusement, on ne fera pas ça sur un coin de table, a-t-il dit. Visiblement, la CAQ réagit à
notre proposition sur les primes de départ.» Voilà. Et c'est là qu'est, à
mon avis, toute l'incohérence du ministre dans ce débat-là.
Et il nous dit qu'il est d'accord avec un comité
indépendant, il nous dit qu'il comprend qu'on est en conflit d'intérêts, qu'on ne devrait pas l'être, mais il
nous met dans une situation de conflit d'intérêts en poussant un projet
de loi qui, de façon très parcellaire, cible
un des éléments de la rémunération des députés, ce avec quoi on ne s'est jamais
dit en désaccord. On ne dit pas que nous sommes en désaccord avec le projet de
loi et son contenu. Ce que l'on dit, c'est qu'on est en désaccord que ce soit
nous qui en décide, tout simplement. Et, ceci étant, le ministre a cessé d'appeler le projet de loi n° 33.
Ça m'amène à
une autre remarque que faisait le député de Berthier et…
qui nous dit que nous faisons tout ce qu'il faut, tout ce que l'on peut
faire pour empêcher l'adoption de ce projet de loi, ce qui est totalement faux.
Nous en sommes à l'adoption de principe. Il
est important que les citoyens comprennent qu'à l'adoption de principe, chaque
député n'a le droit qu'à un droit de parole de
20 minutes. Il ne peut pas parler plus de
20 minutes et il ne peut pas parler une deuxième fois. Et le projet de loi a été appelé si peu souvent que nos députés n'ont pas parlé 20 minutes. Tous
nos députés n'ont pas parlé. Donc, si
le ministre avait vraiment voulu faire adopter ce projet de loi là, il aurait
fait ce qu'il nous a fait dans les
autres projets de loi, d'une façon incongrue,
entre autres sur les élections à date fixe, où le ministre trouvait bien
important de faire passer un projet de loi
d'élections à date fixe — même si la première ministre semble envisager de faire des élections en violant
sa propre loi, là — il a fait ce qu'il fallait pour
faire avancer ce projet de loi, alors qu'il ne l'a pas fait dans le
projet de loi n° 33. Il ne l'a pas appelé. Il avait d'autres priorités,
semble-t-il.
Nous avons
compris, nous, qu'en n'appelant pas le projet de loi n° 33 le ministre
semblait cheminer vers un comité indépendant et a accepté notre
argumentation là-dessus. Donc, il a cessé, à partir
du mois… je pense, à peu près à la mi-mai, de l'appeler, et il a appelé le projet de
loi sur les élections à date fixe, que nous
avons adopté à ce moment-là. Et, le 13 juin, la Chambre est fermée, le 13 juin, la session est finie, la
Chambre est fermée, et il y a un comité du BAN où il y a une proposition
que je fais, en tant que proposeur, que je fais et
qui est adoptée par le BAN, de nommer un comité indépendant de trois personnes pour revoir, de façon… sans conflit
d'intérêts, là, la rémunération des députés. Alors, on se dit : Bon, je pense qu'on est rendus sur la
même longueur d'onde. On s'en va vers une acceptation de principe, à
l'effet que ce soit un comité indépendant,
et le mandat de ce comité se termine le 1er décembre.
Là, je vous cite ces dates-là, je pense qu'elles sont importantes. Pourquoi? Parce que,
si le ministre avait voulu avancer plus vite
au lieu de freiner les pieds, on aurait formé ce comité-là dès le mois de mars — février, mars — et le mandat du comité se serait
probablement terminé quelque part au
mois de juin ou, à tout le moins, au mois de septembre, et on aurait pu, dès la
rentrée en Chambre, au mois de septembre, décider de quelle façon on
dispose des recommandations d'un comité indépendant qui se serait fait sur l'ensemble de la
rémunération des députés, et c'est ce que nous prévoyons. Nous sommes
étonnés de voir que le ministre rappelle
ce projet de loi là à quelques semaines du dépôt du rapport du comité indépendant.
Le député de Berthier mentionnait qu'on remettait
ça aux calendes grecques. J'ai demandé à mon voisin de siège ici s'il
considérait que c'était une insulte, puisqu'il est d'origine grecque. Il m'a
dit non. Alors, je considère que c'est inapproprié, ce n'est pas aux calendes grecques. Les calendes
grecques veulent dire que ça n'arrivera jamais, hein, pour ceux qui connaissent bien l'expression que nous
utilisons de façon un petit peu inadéquate, veulent dire que ça ne se
réalisera jamais. Qu'avons-nous demandé, M.
le Président? Nous avons demandé un report de trois mois. Pourquoi? Parce
que, dans quelques semaines, le 1er décembre, le comité va soumettre son
rapport à l'Assemblée nationale. On n'est pas dans un horizon infini, là, on est dans un horizon extrêmement court,
extrêmement bref. Et vous savez à quelle vitesse passe le temps, surtout
quand nous sommes ici, à l'Assemblée nationale : le 1er décembre, c'est
demain matin.
Alors, je
pense qu'un peu de cohérence aurait été utile de ce côté-là, et un peu de
cohérence aurait voulu dire : Attendons
donc, voir ce qu'en pense le comité, parce que ça fait partie de son mandat de
regarder l'ensemble de l'oeuvre et ça
fait partie du mandat du comité de nous dire ce qu'eux pensent de ce que nous
devrions faire. Que se passera-t-il après
le dépôt du rapport du comité? Bien, l'Assemblée nationale reste maître de la
décision finale, mais je pense qu'aller contre les recommandations d'un comité totalement indépendant pourrait
être, à tout le moins, pas mal difficile, mais, à tout le moins, exiger
des arguments qui sont très bons pour le faire.
Je passe sur
un deuxième aspect, qui est plus historique, de la question de la rémunération
des députés, mais qui m'apparaît fort important, qu'il faut rappeler ici
aux gens qui nous écoutent, et que vous ne retrouverez pas, malheureusement, dans des livres d'histoire parce
que ça s'est fait de façon éparse. En démocratie... On sait qu'au début
de ce qu'on appelle, nous, la démocratie il
n'y avait pas de droit de vote universel. Donc, il y avait à peu près 4 %
ou 5 % de la population qui
avait le droit de vote, et ce n'étaient que les propriétaires, et ces gens-là
n'étaient pas rémunérés pour faire ce
travail-là. Le travail de député, initialement, faisait partie du service
public, si je peux m'exprimer ainsi, et les gens ne recevaient aucune compensation. Et l'élargissement
du vote, le suffrage universel, réclamé par les gens que l'on considère comme
de gauche, et qui était, à mon avis, tout à fait légitime pour permettre à
l'ensemble de la population d'être représentée dans les assemblées
législatives, a eu pour effet d'amener des gens qui n'avaient pas de fortune personnelle. Et je pense qu'on a rapidement
compris qu'il n'était pas sain de continuer à ne pas rémunérer les gens,
sinon on risquait de se retrouver dans des
assemblées législatives où il n'y a que les riches qui pouvaient siéger
puisqu'ils étaient les seuls qui
avaient des revenus autres qui leur permettaient de gagner leur vie tout en
siégeant à l'Assemblée législative, et je pense que tout le monde
comprend bien cet aspect-là.
Alors, quand je vous dis que vous ne le
retrouverez pas dans les livres d'histoire, je pense que la
revendication d'augmenter les salaires des
députés, effectivement, n'a jamais fait partie d'un programme de parti
politique, là, puis à… On le comprend
facilement, ce n'était pas, probablement, la mesure la plus populaire. Mais
l'objectif d'avoir des gens qui ont une
certaine rémunération adéquate puis à définir, là, est une ouverture aux divers
talents des gens de la société de venir... divers talents et diverses provenances et diverses idéologies de venir
siéger à l'Assemblée nationale et que l'Assemblée nationale reflète
davantage la diversité, justement, d'une société.
Or, bref, je termine en disant que, si la rémunération
des élus est zéro, le risque, c'est qu'on se retrouve à l'Assemblée nationale seulement
avec des gens qui ont une fortune personnelle ou des gens qui pensent qu'ils
vont pouvoir aller chercher de l'argent d'une façon inadéquate et inappropriée.
Et d'autre part, si la rémunération des élus était
trop élevée par rapport au marché, on risquerait, dans ce cas-là, de se
retrouver devant une conséquence — tout
aussi néfaste, à mon point de vue — de se retrouver devant des
gens qui sont non pas attirés par le service public, mais qui sont attirés par
le revenu que ça peut rapporter, et on pourrait avoir davantage de belles têtes
que de bonnes têtes à l'Assemblée nationale, de belles gueules que de bonnes
gueules, et je pense que ça aussi, ce serait un défaut.
Donc,
il faut trouver un équilibre entre zéro puis l'infini, et c'est ce que le
comité doit faire. Le comité a le mandat de regarder qu'est-ce qui est sain
pour la population du Québec, en termes de représentation à l'Assemblée
nationale, pour permettre aux talents
de s'exprimer, aux gens qui veulent venir donner du service public de le faire
sans se mettre dans une situation
financière qui est inacceptable pour eux et d'autre part de s'assurer qu'on
n'aura pas que des représentants de la classe des gens qui sont bien
nantis et riches, comme c'était le cas malheureusement au début de la société,
avec des conséquences très claires, hein? À
l'époque où il n'y avait que les riches qui siégeaient et que le pourcentage de
votes n'était que de 4 % de la population, on a constaté que ces gens-là
servaient leurs intérêts, les intérêts de leurs classes sociales, et ne
servaient pas les intérêts de l'ensemble de la société. Donc, on a trouvé un
certain équilibre.
• (12 h 10) •
Mon expérience, c'est qu'on doit
se retirer de ce conflit d'intérêts là. Vous savez, on fait souvent appel… et j'entends
souvent le ministre dire : C'est ce que la population veut, et, si le ministre
voulait toujours faire ce que la population veut, bien, ils ne défendraient pas la
souveraineté du Québec dans leurs programmes, parce que
la population du Québec, actuellement, ne veut pas de la souveraineté du Québec,
et ils élimineraient ce point-là de leurs programmes. Ils ne le feront pas et avec raison. Ils ne le feront pas
parce qu'eux autres ils croient que
c'est une bonne option, puis ils ont le droit de le croire puis ils ont le droit de le défendre, même si, pour
l'instant, la population, elle, n'y croit pas, de la même façon que, si notre opinion d'être fédéralistes
n'était pas majoritaire dans la population, on continuerait de la
défendre malgré tout, parce que notre
conviction à nous, c'est que le fédéralisme a été bon et sain globalement pour
la société, et qu'il peut arriver que, oui, on se batte parfois à
contre-courant pour la défense de nos idées.
Ce que je
veux dire ici, c'est qu'un Parlement, c'est d'abord la défense de nos
convictions. On ne peut pas être étanches
à l'opinion de la population. Il faut accepter d'écouter la population pour
comprendre les arguments et voir si ça fait évoluer notre pensée. Et ça
fait évoluer notre pensée d'écouter les adversaires.
D'ailleurs,
je vous cite un petit exemple qui s'est produit ici, qui est fort instructif.
La loi sur le financement des partis politiques avait déjà été modifiée
en 2010, et il se trouvait que, M. Béchard étant malade à ce moment-là, le
ministre Béchard étant malade, c'est moi qui
le remplaçais aux Institutions démocratiques. Et on avait fait une
consultation assez large de… le mode de financement, et on est arrivés au point
de la diminution du montant de 3 000 $ de la participation publique
au financement. Et le député de Mercier, à ce moment-là, nous avait dit :
Regardez, moi, je pense — je ne sais pas si je cite exactement ses
propos, mais ça reflétait ça — qu'il faut enlever davantage de
pression aux députés pour le financement des
partis politiques et que la solution, c'est d'augmenter le financement public. Et
il nous avait, à ce moment-là,
proposé, curieusement, de monter le financement, qui était autour de
0,60 $, je pense, à 1,50 $ et de diminuer donc les autres choses, donc le projet que nous avons
finalement adopté, qui n'était pas une idée du ministre actuel des
Institutions démocratiques, qui était une idée du député de Mercier.
La raison
pour laquelle je vous conte ça, c'est que les gens pensent qu'on est toujours à
couteaux tirés ici puis qu'on n'est
jamais capables de se parler, et, moi, aujourd'hui, j'admets que, le député de
Mercier, il y a trois ans, si on l'avait écouté, on aurait probablement cheminé plus vite vers un système où il y
a moins de pression, comme on est actuellement, là. Je pense que le
projet de loi qui a été adopté à l'automne dernier enlève beaucoup de pression
sur le financement des élections, rend les choses plus égales pour les partis
politiques, est assez équilibré pour permettre l'apparition de nouvelles idées,
donc de nouveaux partis politiques. Je pense qu'on a trouvé un équilibre
intéressant ensemble, mais qui, pour ma part, a été une évolution et, pour la
part de notre parti, a été une évolution. Constatant que le système de
prête-noms semblait, à ma grande surprise, s'être généralisé et semblait, du
côté du Parti québécois également, s'être généralisé,
bien, on a fini par arriver à un projet de loi qui ressemble drôlement à ce que
nous proposait il y a trois ans le député
de Mercier. Donc, on chemine, on avance, mais on défend nos opinions puis on
défend notre façon de voir la société.
Et je tenais à faire ce retour que j'ai fait sur
qu'est-ce que la rémunération des députés et pourquoi y en a-t-il une. Et les
citoyens oublient cela, et il ne faut pas qu'ils oublient cela. Les citoyens ne
voudraient pas d'une chambre accaparée par des gens d'une classe sociale qui ne
seraient que des défenseurs de la richesse et du développement économique, sans tenir compte des aspects sociaux.
Ils ne voudraient pas cela. Et ils risqueraient de se retrouver dans
cette position-là s'il n'y avait pas de
rémunération, mais ils ne veulent pas non plus que nous soyons en conflit
d'intérêts pour la déterminer. Le
poste de député, là, n'appartient pas au député, il appartient à la population.
C'est les pressions de lapopulation,
c'est… qui ont eu des leaders extraordinaires, mais c'est la pression de la
population qui a amené le suffrage universel puis c'est la pression de
la population qui a amené une chambre beaucoup plus équilibrée et
représentative de la population et donc qui permet une plus grande justice dans
notre société. C'est ce qui a fait que les choses fonctionnent.
L'autre point que je tiens
également à souligner et qui a été soulevé par le député de Berthier également,
c'est le véritable coût de la démission d'un
député en cours de mandat. Le véritable coût de la démission d'un député en
cours de mandat, c'est les élections partielles. Et ça, ce point-là n'est pas
abordé, et il est important de l'aborder parce que c'est du six ou sept pour un. Si on compte tout, c'est
du sept pour un. Quand on regarde, on enlève la prime de séparation,
mais on n'enlève pas le coût qui est sept
fois plus élevé que la prime de séparation et parfois davantage.
Et comment je compte ça? Bien, c'est relativement simple. Il y a un coût qui est à peu près de 600 000 $ pour tenir une élection
partielle, là. C'est 80 millions
divisés par 125, c'est donc… Grosso modo, c'est à peu près cela. Mais il y a
également des remboursements de dépenses
électorales et diverses autres affaires, qui font que le coût monte beaucoup
plus près de 700 000 $ que de 600 000 $.
Et je pense que, si on voulait regarder les
choses d'une façon rationnelle, on devrait regarder cet aspect-là. Quand le député, tout à l'heure, disait : Il
y a des comtés qui ne sont pas représentés, je vous ramène également une
autre histoire qui s'est passée aussi au
Parlement, d'ailleurs qui m'a touché personnellement. Moi, j'avais annoncé que
je quittais en 1994. On est au mois
de juillet. Je décide de rester jusqu'au mois de décembre, mais M. Bourassa
décide de quitter son poste, et il y
a une course à la chefferie, bon, et donc il y a un nouveau chef qui s'en
vient. Les élections n'auront donc pas lieu
quatre ans après la fin du mandat — la fin du mandat, en moyenne, est de quatre
ans — et il
n'y a pas d'élection à l'automne
1994. Bon. Alors, moi, je suis d'un âge où je vais faire autre chose après la
politique que de prendre ma retraite. Ce ne sera peut-être plus le cas
cette fois-ci, là.
Une voix : …
• (12 h 20) •
M. Dutil :
À une époque lointaine. Et donc je regarde ce que je veux faire dans le privé,
puis il faut que j'essaie de synchroniser
mon départ avec mon travail de député. Et là j'ai tout à coup un imprévu :
il y a une course à la chefferie. Bon. Je
m'étais organisé pour ne quitter qu'au mois de mars 1994, là… 1993, 1994, je me
suis trompé d'une année tout à l'heure. Donc, au mois de mars 1994, je pense qu'il y a des élections, moi, M. le
Président, et je m'en vais dans ma nouvelle job, mais je suis encore député. Mais qu'est-ce que je fais? Je démissionne
ou je ne démissionne pas? Ça n'a rien à voir avec la prime de séparation. Ça a à voir avec le fait que,
si je démissionne, à cette époque-là, tous les employés du bureau de
comté sont mis à pied, et donc il n'y a plus aucun service.
Tout à
l'heure, quand le député soulignait qu'il n'y a plus de service pour les gens
du comté, ils n'ont plus le service du
député s'il démissionne, mais, aujourd'hui, ils ont un service de leur
personnel parce que ça a changé. Mais, à cette époque-là, en 1994, si
j'avais démissionné, tout mon personnel perdait leurs emplois, le bureau de
comté fermait, il n'y avait plus aucun service à la population.
Alors, je suis resté et je
m'attendais à des élections au mois de mars, puis, finalement, le temps a
passé, et les élections ont eu lieu au mois de septembre 1994, comme vous le
savez. Donc, j'ai travaillé beaucoup plus fort encore que… Je pensais que
c'était impossible, mais j'ai travaillé plus fort que lorsque j'étais ministre,
parce que j'avais un emploi puis j'avais le travail de député à cumuler en même
temps pour éviter que la population ne soit pas desservie.
Je ne me suis
pas représenté en 1994. Le nouveau député qui a été élu dans Beauce-Sud était
un député libéral et il est mort deux
ans après avoir été élu. Et là le même problème que nous avions, ce que j'avais
vécu, se représente. Qu'est-ce qui arrive avec le personnel de comté?
Normalement, il est mis à pied. Et, heureusement, c'était dans un comté comme la Beauce que ça s'est produit, alors la
pression a monté très vite. Vous connaissez les Beaucerons. Ça n'a fait
ni un ni deux. Vous n'allez pas nous priver parce qu'un député est mort,
malheureusement, de cancer, puis c'est une triste histoire. Vous n'allez pas
nous priver de services à la population pour ce fait-là, puis trouvez-nous une
solution.
Et,
effectivement, il y a eu une solution qui a été trouvée. C'est un changement
dans la politique du Bureau de l'Assemblée
nationale qui dit que, lorsqu'un député n'est plus là pour quelque raison que
ce soit, le personnel n'est pas mis à pied,
mais il devient sous l'autorité de l'Assemblée nationale et il continue son
travail pour servir la population. Donc, on a réglé une partie importante de la raison pour laquelle on avait mis six
mois pour faire des élections partielles. La raison principale du six
mois était le service à la population. Je tiens à le rappeler, là, quand on a
déconnecté ça de la clause que j'appelle
Quirion, où on a dit : Bien, dorénavant, avec la clause Quirion, le personnel
reste en place, on a oublié
qu'on avait mis que les élections partielles devaient avoir lieu dans les six
mois pour s'assurer qu'il restait du service à la population alors qu'il y a une bonne partie du service, là, il faut bien
s'en rendre compte — parce
qu'une partie importante du service est donnée par les employés — qui
était assurée.
Alors, est-ce
que… La question se pose. Est-ce que la vitesse à laquelle on fait des
élections partielles est correcte? Et c'est une des questions, je pense…
J'espère que le comité de rémunération, parce que c'est incident, là, c'est une
question incidente, là… Puis ils ne sont
pas… Je pense bien qu'ils écoutent les nouvelles comme nous autres, ils
vont probablement regarder la question : Est-ce que dans des élections
partielles, dans le cadre du fait qu'il y a du service qui est encore accordé, six mois est adéquat quand on sait que le coût
est de 700 000 $? Le coût est de 700 000 $, une
deuxième élection, 700 000 $. Il y en a, en moyenne, huit par
législature.
Attendez que
je me rappelle, il y a eu 400 démissions, 10… Il y a eu 400 départs depuis
1867, 404, pour être plus précis, 406 maintenant, il y en a eu deux de
plus, et on parle de 40 législatures. Donc, c'est facile à faire le calcul, là.
On est à peu près à 10 départs ou mortalités. D'ailleurs, la raison de ces
départs-là… Curieusement, les gens vont être
surpris, il y a eu 75 mortalités. Dans les gens qui ont quitté la politique, on
pense que c'est par dépit parce qu'ils ont perdu une course à la chefferie ou c'est parce qu'ils se font mettre dehors de
leur parti comme chef du parti, comme on l'a vu. Non, non, il y a des
mortalités. À l'époque, quand quelqu'un était nommé ministre, il ne pouvait pas
être député au début, donc il devait démissionner. Puis diverses autres raisons
qui n'ont rien à voir avec la question de sans raison.
Alors,
voyez-vous, les choses sont beaucoup plus complexes qu'elles ne le semblent.
Nous avons tout simplement mentionné
et nous voulons faire une motion de report tout simplement parce que le comité
va se prononcer très bientôt et qu'il nous apparaît un peu… tout à fait incohérent
qu'on se prononce immédiatement alors que, le 1er décembre, qui est
dans quelques semaines, ce comité-la va
peut-être nous trouver des idées qui sont intéressantes. Et, si, à tout le
moins, on n'est pas d'accord avec les idées,
on pourra les argumenter, mais on aura une base indépendante pour faire notre
argumentation.
Le ministre est sourd
à nos arguments de ce côté-là. Nous espérions que la CAQ ne le serait pas. Et,
la raison pour laquelle nous pensions que la CAQ ne le serait pas, c'est qu'ils
ont eux-mêmes déposé un projet de loi, le projet de loi n° 390, qui
est : Loi sur la révision des avantages financiers octroyés aux membres de
l'Assemblée nationale.
Pour
guider la réflexion de nos concitoyens, il faut se rappeler que tout député
peut déposer un projet de loi, mais seul
le gouvernement peut les appeler pour discussion. Ça, c'est un peu incompris.
Quand les gens disent : Bien, oui, mais déposez-en, des projets de
loi, puis faites-les adopter, on n'a pas tout à fait cette marge de manoeuvre
là dans nos assemblées législatives de
tradition britannique. L'initiative législative, elle relève du gouvernement,
et on ne s'attend pas à ce que… Je
suis désolé, M. le leader de la deuxième opposition, on ne s'attend pas
vraiment à ce que le gouvernement appelle ce projet de loi, et c'est
bien dommage, et c'est bien dommage, parce qu'il est bien fait. Et ce projet de
loi là commence en disant :
«La présente […] a
pour objet d'instituer un comité de la rémunération des députés.
«Le
comité a pour fonction d'évaluer si les conditions de travail, [...]traitement,
[...]régime de retraite, [...]régime de prestations supplémentaires et
[...] autres avantages [...] des députés sont adéquats.
«[...]a
également pour fonction d'évaluer l'opportunité de modifier les cotisations
versées par les députés en vertu de leur régime de retraite et de leur
régime de prestations supplémentaires.»
C'est
pour l'objet. Après ça, on a de quelle façon ils souhaitent que les nominations
se fassent. Et, par la suite, on a : «Dispositions financières…»
Mais ils maintiennent que les prestations en cas de démission en cours de
mandat, elles devraient être annulées,
apportant une incohérence que nous ne comprenons pas. Nous ne comprenons pas
qu'on donne un mandat à un comité de
regarder, de façon indépendante et de façon large, l'ensemble des choses, et, à
mon avis, avec la compréhension de la
population qui ne veut pas… plus de conflit d'intérêts là, et qu'on vienne,
d'autre part, faire une loi qui vient
changer les conditions de travail. L'argumentation du député de Berthier, c'est
de dire : Ce n'est pas pareil parce qu'on les diminue. Notre argumentation, c'est de dire : Il faut
s'enlever le pouvoir, parce que, si on peut les diminuer, on pourra éventuellement les augmenter, dans un autre
temps, en catimini. Alors, moi, je pense que ça n'a rien à voir avec le
fait qu'on les diminue cette fois-ci ou qu'on les augmente cette fois-là, ça a
à voir avec le conflit d'intérêts que j'ai mentionné tout à l'heure.
Alors, nous aurions
souhaité — il
n'est pas trop tard, nous espérons que ça
pourra être le cas — que
la CAQ soit d'accord avec nous. Nous avons mis trois mois, plus le temps passe,
moins nous avons besoin d'un délai, là. Là, deux
mois feraient probablement l'affaire. Deux mois, ça nous amène de l'autre… deux
mois et demi, ça nous amène de l'autre côté du
1er décembre. Et, si ça
continue, bien, ça va être deux mois, parce que le temps passe vite, puis le ministre ne rappelle pas le projet de loi aussi souvent qu'il semble vouloir le
faire. Parce qu'on est… ça fait une semaine qu'on… ça fait deux semaines,
là, qu'on siège, bientôt, là, et on est toujours troisièmes. Là, aujourd'hui, on est les premiers, là, bon, ça
fait que, là, on passe, là, aujourd'hui. Quand est-ce qu'on va revenir? On ne
le sait pas.
Mais, je le répète, le ministre n'a pas fait… s'il
voulait vraiment que ce projet de loi là passe, n'a pas fait les efforts
et le travail qu'il avait faits pour d'autres projets de loi, puisque nous en sommes encore à l'adoption de
principe, et qu'à l'adoption de principe les députés n'ont droit qu'à 20 minutes de droit de parole
une fois et sans y revenir, et que tous
nos députés n'ont
pas encore parlé, et nous sommes 50. En vous excluant, M. le Président, en excluant le président,
j'imagine que… puis en excluant deux autres
députés, on est à peu près 45. 45 fois 20 minutes,
900 minutes. 900 minutes,
ça fait 15 heures de
débat. On ne peut pas dire que le ministre a fait de gros efforts pour faire avancer son projet de loi.Il préférait ne pas l'appeler et dire qu'on
voulait le bloquer plutôt que de l'appeler, et
donc qu'on se retrouve en commission parlementaire
d'une façon plus rapide. On se serait retrouvés en commission parlementaire au printemps passé — au lieu du projet de loi n° 3 sur les élections à date fixe — sur
le projet de loi n° 33, et probablement — puisque la CAQ,
malheureusement, semble appuyer ce conflit d'intérêts là — qu'il
aurait été adopté, mais ça n'a pas été le cas.
Alors,
notre impression, c'est que le ministre ne veut pas de l'adoption du projet de
loi, il veut pouvoir continuer à en parler et pouvoir essayer de nous
critiquer sur ses tweets en disant qu'on ne veut pas parce que ci, on ne veut pasparce
que cela, alors que notre argument bien fondé,
c'est d'en finir avec le conflit d'intérêts des députés, de s'assurer que,
dorénavant, plus aucune mesure ne sera prise à
l'initiative des députés.
On
ne dit pas que les députés n'auront pas un choix final,
puisque toutes les dépenses de la législature, y compris celle-ci,
relèvent de la députation, mais, à tout le moins, ça reposerait sur un comité
indépendant. Et cette formule-là, on la
retrouve ailleurs. Il y a des nominations, par exemple, qui ne peuvent pas être
faites sans consultation auprès des organismes
bien… des organismes volontaires, on ne peut pas le faire à l'initiative. Et,
même si l'imprimatur final vient de
l'Assemblée nationale ou du gouvernement dans certains cas, bien, il y a
une structure rationnelle pour amener les recommandations.
Et là nous aurons… nous avons maintenant une structure rationnelle indépendante
et nous souhaitons, donc, qu'à tout
le moins on attende ce rapport-là pour en finir avec le projet de loi
n° 33, d'où notre motion de report, que nous demandons à
l'Assemblée nationale d'adopter. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Beauce-Sud. Avant de céder la
parole au prochain intervenant, je vous informe que j'ai reçu une
demande de débat de fin de séance, qui se
tiendra demain,
sur une question adressée par Mme la députée de La Pinière au ministre
responsable de la région de Montréal,concernant les coupures dans les infrastructures
du gouvernement péquiste, qui fera payer
l'annonce de la ligne bleue par les contribuables.
Alors, M. le député de Chauveau, leader, également, de la
deuxième opposition, vous disposez d'environ 18 minutes de temps de parole sur cette motion
de report. Je vous cède la parole.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, ça me fait extrêmement plaisir de
parler au nom de ma formation politique pour ce débat-ci, un débat qui porte
sur la possibilité de suspendre l'étude du projet de loi n° 33. Donc, ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est deux éléments : pourquoi est-ce qu'on
devrait, selon le Parti libéral, suspendre l'étude du projet de loi, et le projet de loi en tant que tel. Si vous me
permettez, M. le Président, dans un premier temps, je vais aborder notre
position de fond sur le projet de loi et, par la suite, je donnerais notre
point de vue concernant la suspension de l'étude de ce projet de loi.
Le projet de loi
n° 33 a été déposé dans la foulée du gouvernement pour cette façon d'une
nouvelle approche concernant les élections,
concernant le monde électoral. On sait qu'on s'est entendus sur le mode de financement des partis politiques; on s'est entendus,
tous les partis, sur le fait de tenir des urnes, des bureaux de scrutin dans les écoles postsecondaires;
on s'est entendus également sur le principe des élections à date
fixe, et j'y reviendrai à la fin de mon allocution. Et donc on veut
s'entendre ou pas s'entendre — enfin, on fait le débat — sur
la question des primes de séparation et la rémunération de l'ensemble de ce qui
touche la rémunération des députés.
• (12 h 30) •
M.
le Président, d'abord, sur la question des primes de séparation, notre point de
vue est clair, et il est clair depuis longtemps.
En fait, votre humble serviteur, en d'autres temps, était chef d'un parti
politique, et l'Action démocratique, lors d'un congrès, en novembre 2010,
nous avions été la première formation politique à dire qu'il fallait abolir les primes de séparation lorsqu'un député quitte en cours de
mandat. C'était très audacieux, et je peux vous le dire, M. le Président, qu'à l'époque, ça fait quand
même il y a à peine trois ans, mais on se mettait en porte-à-faux avec le chef
qui avait dirigé l'ADQ pendant 15 ans, Mario
Dumont, qui, lui, comme on le sait, avait annoncé, le soir même de l'élection
de 2008, qu'il quittait. Et, pour tout vous dire, je l'avais même appelé
avant que ce débat-là se fasse pour notre parti pour dire : Écoutez,
M. Dumont, nous autres, on se dirige vers là. C'est bien, on trouve que ça fait
partie du débat public. Comme on l'a
mentionné aussi un peu plus tôt, tous les chefs du Parti québécois ont quitté en cours de mandat. C'est arrivé également pour à
peu près… peut-être
pas tous les chefs, mais plusieurs… Non, pas tous les chefs, pardon, mais
plusieurs chefs du Parti libéral ont quitté en cours de mandat.
Donc,
ce n'est pas une question de nous autres, la CAQ, on pense ça, puis vous
autres, les gros méchants, vous ne pensez pas ça, puis eux autres sont
gentils, puis eux autres ne sont pas fins. C'est un débat qui touche tous les partis
politiques. En d'autres temps, ça se faisait, et aujourd'hui on fait le débat
là-dessus : Est-ce que, oui ou non, on est en faveur d'une prime de séparation lorsqu'un député quitte
en cours de mandat? Et je crois qu'il y a un consensus concernant
cette question-là, comme quoi, en effet, les
primes de séparation doivent être annulées ou revues à la baisse lorsque la
personne quitte en cours de mandat. Bien.
Mais pourquoi
on fait ça? Bien, il faut revenir un peu à la base, M. le Président, de l'engagement
politique. Lorsqu'on accepte de briguer les
suffrages, lorsqu'on accepte de se mettre, comme on dit communément, la face
sur le poteau, c'est qu'on souhaite
représenter la population pour un mandat, jusqu'à tout récemment, de cinq
ans. On sait qu'avec la nouvelle loi qu'on a adoptée c'est quatre ans,
mais, en gros, c'est quatre, cinq ans.
Donc,
on s'engage à servir comme député. Alors, il n'est pas dit qu'on va être ministre,
il n'est pas dit qu'on va être premier ministre, il n'est pas dit qu'on va avoir une charge parlementaire. Nous sommes, d'abord et avant tout, des députés représentant la population qui nous a élus à l'Assemblée nationale, point.
Si, par bonheur, notre formation politique est majoritaire ou, enfin, a le plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale, bien, nous formons le gouvernement. Si, par bonheur, notre chef estime qu'on devrait
siéger au sein de l'Exécutif, bien, nous devenons ministres. Mais, à la
base, on ne se présente pas pour être ministre, on se présente pour être député
et on est là pour servir pour un mandat de quatre
ans, dans le cas actuel, cinq ans, dans le cas de la dernière élection. Mais on
est toujours un peu otages de l'aléa de la vie politique qui peut amener que, parfois, il y a
une élection qui se déclenche puis, parfois, il y a quelque
chose qui arrive.
Mais,
fondamentalement, on a un contrat moral avec la population qu'on veut représenter.
Et donc, lorsqu'il y a rupture de ce contrat moral là, bien, il y a un prix à
payer. On peut comprendre, M. le Président, que quelqu'un quitte parce que ça
ne lui tente plus, parce que l'agenda politique ne lui sourit plus; parce que,
comme dans le cas de M. Dubourg, il voulait
se présenter au fédéral; comme dans le cas de M. Bachand, il dit :
Regardez, j'ai servi, ça ne me tente
plus de continuer, je veux faire autre chose. Il a le droit, là. Attention, là,
on ne condamne pas les gens qui quittent. Mais il y a un prix à payer, par exemple, pour ça, et le
prix qu'il y a à payer, pour nous, c'est de dire : Désolé, mais
votre prime de séparation, vous ne l'avez plus.
Il faut comprendre
aussi, M. le Président, qu'une élection… ça amène une élection complémentaire
qui coûte 500 000 $ à 600 000 $. Le député de Beauce-Sud, dans sa
sagesse habituelle, a tenu à rappeler que, malgré le fait que le député
quitte, le personnel reste. Bravo! C'est vrai, le service direct à la
population existe, mais le concept de la représentation
à l'Assemblée nationale, lui, n'est plus présent. Et ça, c'est une autre
réalité et ça amène un prix démocratique, un prix politique. Et donc une
décision de quelqu'un qui quitte, il y a un prix à payer là-dessus. Il y a,
évidemment, la question de la santé. Si, par malheur, la santé affecte
quelqu'un puis il n'est plus capable d'exercer ses fonctions, qu'il quitte, il n'y a pas de problème là-dessus. Mais il
faut que ce soit une personne indépendante, neutre, qui juge la situation.
À notre point de vue, je pense que le Commissaire à l'éthique est la meilleure
personne pour ça.
Donc, ce n'est pas
nouveau, M. le Président, notre propos est bien clair. Et, comme l'a dit aussi
le député de Beauce-Sud, j'ai déposé un
projet de loi privé à cet effet-là, le projet de loi n° 390, qui rappelait
notre position historique de 2010, à
savoir abolition de la prime de séparation, mais qui épousait la
proposition faite par le député de Beauce-Sud lors d'entrevues au journal Le Soleil en janvier,
février, comme quoi il fallait créer un comité indépendant qui allait
analyser l'ensemble de la rémunération des députés. C'était une riche idée. Et
personne n'est à l'abri d'une bonne idée, alors pourquoi ne pas s'en inspirer?
Nous avons donc pris cette idée-là et enchâssé à l'intérieur du projet de loi
n° 390.
Mais,
pour nous, M. le Président, et c'est là que nos chemins se séparent avec mes
amis de l'opposition officielle, pour
nous, c'est deux choses complètement différentes. Pour nous, le comité est là
pour analyser la rémunération globale, donc,
d'une certaine façon, appelons ça comme ça, les chiffres, le monétaire. La
prime de séparation, ce n'est pas une question
de chiffres. On abolit purement et simplement la prime de séparation, ça devient
zéro. On ne demande pas au comité de
dire : Est-ce que la prime de séparation est trop... on demande au
comité... dire : Est-ce que la prime de séparation est trop élevée,
pas élevée, tout ça, mais nous, on décide si, oui ou non, il y en a une, prime
de séparation. C'est un peu — j'exagère en disant ça, M. le Président, je
tiens l'extrême, mais je le tiens quand même — comme si nous autres, on avait un projet
de loi pour dire : On abolit les
salaires des députés. On ne demande pas si on baisse ou on augmente le salaire, on abolit le salaire. On n'est pas là.
Halte! Halte, M. le Président! J'ose espérer que les gens ne prendront pas
ma citation hors contexte. On comprendra que je tiens l'extrême. Mais, pour
nous, c'est ça, c'est que la prime de séparation, c'est une décision purement politique. On est pour ou on est contre une prime de
séparation. On est contre? Bingo! Out. Pas question d'avoir à faire une
énumération puis dire : Bon, bien, tiens, peut-être qu'on la met un petit
peu plus élevée, peut-être qu'on la met plus basse, ou tout ça. Non, non. Ça,
c'est la question du salaire, c'est la question du monétaire, et ça appartient
au comité indépendant.
Donc,
M. le Président, je comprends que nos chemins se séparent. Je
respecte la position de l'opposition
officielle, mais là-dessus, pour nous, fondamentalement, la distinction se fait
là. Pour nous, la prime de séparation, c'est une décision purement politique, si, oui ou non, on est pour une prime de
séparation. Ça ne relève pas du comité indépendant.
Donc,
c'est le point de rupture que j'ai avec l'opposition officielle. Je
respecte beaucoup leur point
de vue, mais je crois comprendre
aussi que, sur le fond des choses, sur la question d'abolir la prime de
séparation… J'ai cru comprendre qu'ils
étaient en accord. Enfin, si je me fie aux propos de leur chef, Philippe
Couillard, ils sont en accord. Tant mieux, mais… Et je ne veux pas parler en leur nom. C'est des grands garçons,
ils le font très bien. Mais on comprend que, sur le fond, on est
d'accord. C'est juste sur la lecture que l'on fait du comité versus la question
de la prime de séparation.
Maintenant,
donc, vous avez… j'ai bien campé notre position, M. le Président, sur le projet de loi n° 33, sur le fond des choses. Maintenant, la proposition qui nous est déposée par l'opposition officielle, c'est de savoir : Est-ce qu'on
doit suspendre l'étude du projet de loi n° 33 parce qu'actuellement le
comité y travaille? Alors, reprenons la séquence des événements.
Le projet de loi
initial du projet de loi n° 33 ne comprend pas la création d'un comité.
C'est par les pressions politiques extérieures, à savoir l'opposition
officielle, avec les propos du ministre… pardon, du député de Beauce-Nord et votre humble serviteur avec le projet de
loi n° 390, qui enchâssait la création d'un comité, que finalement le
Bureau de l'Assemblée nationale a décidé de
créer ce comité-là. Donc, bravo! On a fait un pas en avant. C'est ça, la
démocratie. Quand tout le monde met de l'eau
dans son vin puis tout le monde avance des idées, on est capables de se
dire : O.K., c'est beau, on va de l'avant. C'est une riche idée, on
avance. Bien.
Le comité travaille
et le comité fait son travail très bien. On a tous reçu le document de
consultation à savoir qu'est-ce qu'on
pensait de telle chose, telle autre chose. Certains d'entre nous ont eu à
rencontrer le comité, les leaders parlementaires, dont moi-même, on a pu
rencontrer le comité, des gens de grande qualité dont je salue le travail et le
professionnalisme, trois personnalités bien
identifiées au Québec, bien connues, épaulées par des professionnels tout
aussi compétents, les gens de l'Assemblée nationale, que je salue d'ailleurs.
Donc, le comité fait bien son travail.
L'opposition
officielle nous dit : Laissons le comité faire son travail, et après ça on
reviendra au projet de loi n° 33, parce
que, selon l'opposition officielle, la prime de séparation doit être liée à
l'étude que fait le comité indépendant. Et, là encore, M. le Président,
nos chemins se séparent, car, je l'ai bien dit, là-dessus, pour nous, notre
position est claire, la question de savoir
si, oui ou non, on a droit à une prime de séparation relève du politique et non
du comité indépendant. L'opposition
officielle ne pense pas la même chose. C'est deux visions différentes, que je
respecte; nous avons un point de vue, ils ont le leur, mais c'est là où
nos chemins se séparent.
Et
pourquoi, justement, nous, on pense que c'est deux choses complètement
différentes? Parce que c'estl'engagement
moral que vous prenez comme candidat pour représenter les citoyens, et, si vous
rompez ce mandat-là moral, vous avez
un prix à payer et qui devient l'abolition pure et simple de votre prime de
séparation, alors que le comité, lui, a pour mandat d'étudier : Est-ce que les salaires sont assez élevés
pour attirer des gens de qualité? Est-ce que les primes que l'on donne
pour les différentes fonctions sont justes et équilibrées? Est-ce qu'on devrait
les revoir à la hausse, à la baisse? Est-ce
qu'on devrait revoir certaines dépenses qui sont faites, qui sont… des frais de
dépenses qui sont reconnus aux députés,
d'autres qui ne le sont pas? Ça, ça relève du monétaire, mais la question de
savoir si, oui ou non, on a droit à une prime de dépenses, ça relève, à
notre point de vue, du politique.
Maintenant, M. le
Président, je tiens tout de suite à mentionner que j'ai, oui, personnellement
soufflé le chaud et le froid dans ce
dossier-là, parce que je suis attentif aux propos puis je me disais : Bon,
est-ce qu'on serait peut-être mieux d'attendre
deux mois, le temps qu'ils remettent le rapport, puis de toute façon, en bout
de ligne, on va aboutir à la même affaire,
on va abolir les primes de séparation? J'ai soufflé le chaud et le froid et je
m'en excuse auprès des gens à qui j'ai dit
que peut-être qu'on était d'accord avec ça. En bout de ligne, la décision de
notre formation politique a été prise. Non, on maintient notre cap
là-dessus. Alors, c'est là où nous en sommes.
• (12 h 40) •
Et, M. le
Président, j'ai pleine confiance au travail du comité. Le comité, ce sont des
gens compétents et de qualité, et je sais qu'ils vont nous faire des
recommandations qui seront justes et équilibrées. Je ne peux pas présumer de la
conclusion, mais j'ai confiance en ces gens-là. Et ça
n'enlève strictement rien au fait que… Bon, est-ce qu'on devrait avoir un salaire plus élevé ou des primes pour nos
tâches moins élevées, ou tout ça? Laissons ces gens-là décider. Comme le
disait si bien le député de Beauce-Sud, on
est les plus mal placés pour juger de notre salaire. Voyons donc, c'est
clair. Si vous demandez à n'importe
qui : Trouvez-vous que vous gagnez… ou : Aimeriez-vous avoir une
augmentation de salaire? À part d'être un parfait crétin, vous allez
dire : Oui, c'est sûr, tu sais.
Et, petite anecdote là-dessus, M. le Président.
Il y a deux ans, trois ans… deux ans, deux ans, je suis allé à Kitty Hawk,
North Carolina. Pourquoi? Pour l'anniversaire des frères Wright. Je suis un
grand amateur d'aviation, d'histoire de
l'aviation, et je suis allé à Kitty Hawk, le 17 décembre 2011, pour justement
assister aux cérémonies entourant le
premier anniversaire du vol, bon, et j'ai rencontré là un sénateur de l'État de
la Caroline du Nord. Alors, évidemment, étant un député moi-même, lui, un élu, bien, on est allés jaser un petit
peu et, au bout de la conversation, le sénateur, il me dit : «Are
you paid for that?» J'ai dit : «What?» Il me demandait si on était payés,
nous autres, les élus, pour être députés… «I guess so. Yes, for sure.» Il
dit : Comment? «Never enough.» Tu
sais, c'est bien entendu. Il dit : Comment vous gagnez? J'ai dit : Jamais assez. Ha, ha, ha! J'ai dit :
«And you?» «We...» Savez-vous combien qu'un sénateur de l'État de la Caroline du Nord gagne? 13 000 $
US. Puis il n'a pas de compte de dépenses. Écoutez, j'aime bien ma job, là,
mais je ne suis pas sûr que je la ferais
pour 13 000 $ par année. On se comprend, là? On est tous pères de
famille, puis tout ça, on a tous des obligations; je ne suis pas sûr.
Alors, ça
rappelle en quoi? Je comprends qu'il y a quand même des extrêmes, mais ce qui
est sûr, c'est que, si onveut avoir
des gens de qualité et des gens qui sont à l'abri de toute influence, il faut
avoir une rémunération qui soit conséquente en tout ça. Parce que — écoutez,
je le dis… je l'ai déjà dit en Chambre, ça fait plaisir de le répéter — l'Assemblée
nationale a gagné à la loterie avec des gens de qualité comme le député de
Lévis, hein? Le député de Lévis, qui a été
président de Cascades International, un homme de très grande qualité qui
enrichit le débat parlementaire, vous
aurez compris que ce n'est pas exactement le même salaire qu'il fait comme
député de Lévis à l'Assemblée nationale que lorsqu'il était président de Cascades International. Donc, si on
veut attirer des gens de qualité comme ça, bien, il faut avoir aussi une
rémunération qui soit conséquente.
En terminant,
M. le Président, on a fait de bonnes choses ensemble, tous les députés réunis à
l'Assemblée nationale. Je l'ai dit,
sur la question des institutions démocratiques, on a fait de belles avancées,
sur la question du financement des partis
politiques, sur la question des bureaux de scrutin dans les écoles secondaires
et aussi sur les élections à date fixe.
Et, M. le Président, je tiens à terminer mon
propos là-dessus parce que, si on lit certains articles, si on entend certains bruits, il y aurait rumeur à l'effet que
la première ministre serait tentée peut-être de déclencher des élections.
Ça serait très surprenant, M. le Président,
que le Parti québécois ose être aussi à l'encontre de lui-même, parce que c'est
le Parti québécois qui a proposé le projet
de loi des élections à date fixe. Et je tiens à citer d'ailleurs le ministre
responsable des Institutions démocratiques qui disait : Pourquoi est-ce
qu'on veut des élections à date fixe? Écoutez-le bien, M. le Président, c'est intéressant. «Alors, les petits
calculs, les petites stratégies, les petites rumeurs, les petites tentatives
de s'ouvrir une fenêtre qui pourrait nous
permettre de déclencher [...] [des élections], parce qu'on a espoir d'être
[élus] parce que les sondages sont bons, on va renoncer à ça, nous
autres.» M. le Président, je ne saurais pas mieux dire. Mon Dieu que c'est bien dit! Il dit aussi : «Il y
a quelque chose de formidable là-dedans, M. le Président, [...]dans le fait
que la première ministre soit prête à renoncer à ce pouvoir-là.» Aïe! Il parle
bien, ce ministre-là, M. le Président. «C'est aux citoyens du Québec qu'appartiennent les élections [du] Québec.» Hein,
bien raison, M. le Président. «Que les élections...» Le 13 juin, il
disait quoi? Que les élections ne soient plus déterminées «selon des calculs
partisans, selon des calculs électoralistes,
selon la stratégie politique»… Vraiment, là, quel bon ministre, M. le
Président! Il décrit très bien la réalité. Alors, j'ose espérer, M. le
Président, que sa chef va s'inspirer de ses propres propos pour la suite des
choses. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le leader de la deuxième opposition.
Est-ce que c'est une question de
règlement, monsieur...
M.
Ouimet (Fabre) :
...M. le Président. Je souhaiterais poser une question au député de Chauveau.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, en vertu de l'article 213, acceptez-vous, M. le député
de Chauveau, une courte question? Très bien. Allez-y, M. le député de Fabre.
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, M. le Président. Alors, brièvement, le projet
de loi déposé par le député de Chauveau, le projet de loi n° 390,
comme l'a mentionné le député de Chauveau, aborde la question de l'abolition
des primes, de l'allocation de transition.
Toutefois, et peut-être que j'ai manqué ce bout de l'allocution du député de
Chauveau, le projet de loi, un excellent projet de loi, prévoit
spécifiquement que cette mesure ne s'appliquerait qu'à la prochaine
législature.
Or, ma question, c'est : Dans ce
contexte-là, compte tenu de la position de la deuxième opposition sur cette
question, pourquoi ils sont contre l'idée de reporter de quelques mois le débat
sur le principe du projet de loi n° 33?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci, M. le député de Fabre. Une courte réponse, M. le
député de Chauveau.
M.
Deltell :
Oui. Bien, M. le Président, pour nous, c'est complètement deux choses différentes, d'abord la question du
comité de travail et aussi la question de l'élection… des primes de séparation.
Deuxièmement, il faut comprendre qu'un projet de loi, c'est fait pour
être amendé. Donc, on dépose un projet
de loi, on dépose une idée, on est ouverts
aux autres idées. Le ministre dit que ça devrait s'appliquer immédiatement, puis ça, il en tient absolument pour ça.
Nous avons dit publiquement qu'en effet, si ça pouvait faire avancer les
choses, pas de problème avec ça. De toute façon, j'ai consulté
les 18 parlementaires de la Coalition
avenir Québec, et ils sont tous
d'accord avec le principe que ça peut s'appliquer dans le mandat actuel.
Nous, on
trouvait qu'il y avait une logique de le reporter à l'autre élection, en effet.
Maintenant, si ça peut faire avancer les choses, dans un gouvernement
minoritaire, on met tous de l'eau dans notre vin, et c'est ce que nous faisons actuellement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader de
la deuxième opposition. Il restait trois minutes environ à votre
formation politique, ce sera réparti entre les deux autres formations.
Donc, M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, il resterait à votre formation
politique environ 23 minutes à peu près pour l'intervention. Alors, je
vous cède la parole.
M. Gilles Chapadeau
M.
Chapadeau
: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir ce
matin d'intervenir sur cette question-là, sur la question du projet de loi n° 33. Évidemment, j'ai
pris… je n'ai pas eu l'opportunité d'être ici tout au long des débats qu'il y a
eu sur cette question-là. J'entends ce matin, là, un certain nombre
d'arguments. Juste un que je voudrais simplement clarifier dès le départ, sur la question des élections, M. le Président,
c'est le chef de la CAQ, le premier qui a loué son autobus puis qui est parti se promener à travers
la province, et c'est le chef Philippe Couillard qui se promène un peu
partout au Québec, qui parle d'élection, alors que, s'il voulait, il pourrait
être assis ici, à l'Assemblée nationale.
Donc, sur la question des élections, là, on en
passe, là. C'est les oppositions qui en parlent. La première ministre, ce qu'elle a dit sur la question des
élections : On a du travail à faire et on va poursuivre le travail, le
mandat qu'on a à faire. Et c'est ce
qu'on fait, M. le Président. C'est ce qu'on fait d'ailleurs ici aujourd'hui en
continuant le travail qu'on a à faire, là, à propos des projets de loi
qui ont été déposés.
Je suis d'accord avec les propos du député de
Chauveau en ce qui a trait à toute la question de ce projet de loi là, c'est-à-dire le comité, la formation du comité et
la question de la prime de transition. Moi, je voudrais simplement
rappeler que, pour notre formation politique, le projet de loi n° 33,
c'est un projet de loi d'intégrité démocratique. Et je ne ramènerai pas l'ensemble des propos de mon
collègue de Berthier tantôt par rapport aux agissements passés, là, du
Parti libéral, mais moi, je peux vous dire une chose, c'est que je me suis
promené sur le terrain durant l'été, mais aussi en campagne électorale, et j'ai écouté la population, j'ai écouté ce que
les gens avaient à dire, et, sincèrement, ce que les gens avaient à dire, c'est que ce qu'ils avaient
besoin, c'est davantage d'intégrité. Ce que les gens nous parlaient sur le
terrain, c'est : On veut que nos députés aient des conduites exemplaires
et des pratiques exemplaires.
Alors, M. le Président, il y a un certain nombre
de projets de loi… de lois qui ont été adoptées, et le député de Chauveau en faisait… faisait référence à un
certain nombre qui ont été adoptées ici même à l'unanimité. Il y avait un travail à faire, là, pour ramener la confiance des citoyens
envers leurs institutions, et c'est ce que le Parti québécois… Depuis le début de notre mandat, c'est ce que le Parti
québécois s'est chargé de faire.
Et là je ne
veux pas rappeler, là, mais on entend, à tous les jours, un certain nombre
d'éléments qui font en sorte aussi de miner
la confiance de la population envers les institutions. Mon collègue en
a parlé tantôt, je sais que ça a fait réagir énormément l'opposition parce qu'ils n'aiment pas entendre les choses qui
sont vraies, les choses qui se sont passées et des réalités qui nous ont obligés, nous autres, comme formation
politique… et ça faisait partie de notre programme, d'ailleurs, faisait partie intégrante de notre
programme, la question des élections à date fixe, la question de la prime de
transition.
Les autres éléments qui ont été mentionnés par
rapport à l'intégrité, la prospérité, l'identité, la langue, ça faisait partie intégrante de notre programme. Et on s'est
acharnés, depuis le début, à faire adopter ce genre de projets de loi
là, qui ont été adoptés, effectivement.
Sur la question de conflit d'intérêts, moi, j'ai entendu le député de Beauce-Nord, je pense,c'est Beauce-Nord...
• (12 h 50) •
Une voix
:
…
M.
Chapadeau :…Beauce-Sud, je l'ai entendu parler de conflit
d'intérêts et je suis un peu surpris de l'entendre parler, parce qu'en même
temps, ce qu'il veut faire avec la motion de report puis en retardant davantage
l'adoption de cette loi-là, c'est lui-même décider de ne
pas s'enlever quelque chose, donc... Et là on est
à… on a deux éléments, on en a parlé
tantôt : il y a un comité qui a été formé pour revoir l'ensemble des
conditions de travail, ce sur quoi on a souscrit totalement, et l'autre
élément, c'est, comme le disait le député de Berthier tantôt, de s'enlever quelque chose qui existe,
mais qui ne passe plus dans la population. Sincèrement, là, ça... Moi,
quand je circule sur le terrain et
que j'entends les gens me parler, puis ils me disent…
Un peu comme le disait tantôt le député de Chauveau, on a un engagement moral. Quand on se présente dans un
comté, quand on se présente comme député, ce n'est pas pour quitter après un mois, après deux mois, après trois mois; l'engagement moral, c'est pour
rester le temps de notre mandat. C'est ça, que la population s'attend de nos députés. Et,
si, pour des raisons — puis le projet de loi le prévoit — de santé... il y a un certain nombre
d'éléments sur lesquels le projet de loi prévoit, il y a une prime qui pourrait être accordée après que le Commissaire à la
déontologie aura vu le dossier.
Donc,
j'ai un petit peu de difficulté à comprendre, sinon de voir que les libéraux
souhaitent repousser dans le temps davantage ces débats-là. Pourquoi? Il
faut leur poser la question. Pourquoi ne pas adopter réellement rapidement ce que
la population souhaite qu'on fasse? Donc, un projet de loi d'intégrité, ce
n'est pas des conditions de salaire. Le député de Chauveau, là,
parlait... le ramenait tantôt, ça n'a rien à voir avec des conditions de
travail en général, mais c'est plutôt une prime qui a été donnée, qui
fait partie actuellement des conditions, mais où la population n'en veut plus
et où la population souhaite qu'on prenne ce genre de décision là, qui est une
décision dans la même lignée que les autres décisions qu'on a prises depuis le
début de notre mandat, d'intégrité, et de faire en sorte
que la population retrouve la confiance envers les institutions démocratiques.
Sur la question des
conflits d'intérêts, le dernier comité qui s'est penché sur la question du
salaire des élus, c'est en 2006 et c'est un
comité du Bureau de l'Assemblée nationale. Et à ce
moment-là ce n'est pas un comité indépendant,
là, c'est un comité du Bureau de l'Assemblée
nationale. Etlà-dessus on n'a pas
entendu parler, on n'a pas entendu
dire... parler des libéraux à l'effet qu'il y avait un
conflit d'intérêts là. Et ils n'ont pas réclamé non plus, à cette
époque-là, d'avoir un comité indépendant.
Même chose lorsque Jacques Dupuis a déposé un projet de loi sur les
conditions de travail des élus, en 2009, le
projet de loi n° 36; on n'a pas entendu les libéraux crier au conflit
d'intérêts et non plus réclamer que
ce soit un bureau indépendant qui décide des conditions de travail. Ça, c'est
en 2009, le projet de loi n° 36 de
M. Dupuis.
En
2009, encore une fois, M. le Président, on a Jean Charest qui a décrété un gel
de salaire des élus. Est-ce qu'on a entendu le Parti libéral,
l'opposition, nous dire que ça, c'est un
conflit d'intérêts et qu'ils réclamaient qu'il y ait un bureau indépendant qui se penche sur cette question-là? Absolument pas,
M. le Président. Jamais on n'a entendu les libéraux nous parler, à ce
moment-là, de la nécessité d'avoir un bureau indépendant pour décider de cette
question-là.
Je
pense que le député de Chauveau l'a très bien expliquée,
la différence entre la situation dans laquelle... et la raison pour laquelle il supporte le projet de loi.
Parce que, d'un côté, on enlève quelque chose qui ne passe plus dans la
population et on demande aux élus de s'engager.
Quand on s'engage pour un mandat de quatre ans, on s'engage pour un mandat
de quatre ans. Et, si on quitte en cours de
mandat pour des raisons qui nous appartiennent… On
l'a vu, là, il y a eu deux départsrécemment,
là, et il y a des coûts qui sont estimés, là, présentement à 250 000 $,
maintenant, que ça coûte, les coûts qui sont estimés des deux départs, M. Bachand et M. Dubourg. Et là on continue,
là. Et là ça, c'est à part les élections partielles qui doivent… qui sont provoquées. Et là on continue de
pelleter ça en avant. C'est ce qu'ils veulent, retarder le plus possible
la prise de décision et pelleter ça en
avant. Pourquoi? Est-ce qu'il y en a d'autres qui vont partir, là, qui sont sur
le point de partir, puis ils veulent
leur prime de départ avant de partir? C'est ça, la raison qui motive le Parti
libéral à poser le genre de geste qu'il… les gestes qu'il pose? La
question est toute là, M. le Président.
Et
moi, je vous le dis, là, dans mon comté comme ailleurs au Québec, on parle… les
gens veulent qu'on s'engage moralement.
On a… Le député de Chauveau a parlé d'un engagement moral. Les gens veulent
qu'on soit là, qu'on soit là pour la
durée du mandat. Et là, là, ce qui est prévu à travers du projet de loi, c'est
que, s'il y a des… et là je vais… le projet de loi prévoit d'«abolir l'allocation de transition à un député qui
démissionne en cours de mandat. Exceptionnellement, un député qui a démissionné pourra recevoir cette
allocation si le Bureau de l'Assemblée nationale estime que des raisons
de santé ou des raisons familiales
l'empêchent de s'acquitter de ses fonctions. Avant de rendre sa décision, le
Bureau devra avoir obtenu l'avis du
Commissaire à l'éthique et à la déontologie.» C'est ça que prévoit le projet de
loi. Donc, il m'apparaît que ce
projet de loi là prévoit ce que la population nous demande de faire : de
s'engager moralement, de faire en sorte que, quand on s'engage… Moi, les gens dans mon comté, ils m'ont posé la
question, les membres de mon exécutif m'ont posé la question : Tu t'engages, tu vas être là puis
tu vas rester? Et c'est ce que… Et, si j'avais à faire un choix, aujourd'hui,
de partir, il y aurait des conséquences à ce
choix-là. Et, les gens qui sont partis, un qui est parti pour aller à Ottawa,
l'autre, on ne sait pas trop où, bien il faut qu'il y ait des conséquences aux
choix que les gens font, et c'est ce qu'est en train de dire le projet de loi. Mais, si, par ailleurs en cours de route il y a
des problèmes qui empêchent le député de siéger, là il y a un bureau. Le Bureau pourra voir… revoir tout ça.
Donc, M. le Président, il est pour le moins surprenant, pour le moins
surprenant de voir la réaction des députés du Parti libéral par rapport à ce
dossier-là.
Je veux juste vous
dire aussi, M. le Président, que le dernier comité indépendant qui a été formé,
c'est sous un gouvernement du Parti québécois. Un comité indépendant qui a été
formé pour revoir les conditions salariales, les conditions de travail des députés. Ce n'est pas dans les neuf ans du
régime libéral, c'est en 2000, au moment où il y a un gouvernement
péquiste qui était en place, donc le comité Godin.
Donc, sur toute la
question des conflits d'intérêts, M. le Président, j'avoue qu'on n'a pas
tellement de leçons à recevoir de la part du
Parti libéral. Moi, je souhaite que rapidement, comme on l'a fait avec les
autres projets de loi qui ont été déposés sur l'intégrité… je souhaite
que rapidement, de façon à rassurer nos concitoyens et concitoyennes, de façon
à leur redonner confiance envers les institutions démocratiques… Je souhaite
que rapidement, M. le Président, on en vienne à adopter le projet de loi.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Ça met un terme à votre intervention? Parce
qu'il va rester une dizaine de minutes à votre formation politique. Très
bien.
Une voix :
…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Non. Compte tenu de l'heure, Mme
la députée de La Pinière, et afin de permettre cet après-midi le
débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition, le présent
débat sur la motion de report présentée par Mme la députée de Soulanges est
ajourné.
Et je suspends
les travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise
à 15 h 5)
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Veuillez vous asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée réaffirme
l'indépendance du Conseil du statut de la
femme et enjoigne le gouvernement à
surseoir aux quatre dernières nominations
Alors, aux affaires du jour, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, à l'article 40 du
feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme
la députée de Hull présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme l'indépendance du Conseil du statut de la femme et enjoigne
le gouvernement péquiste à surseoir aux quatre dernières nominations.»
Conformément à ce qui
a été énoncé antérieurement par la présidence, je vous informe que la
répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion inscrite
par Mme la députée de Hull s'effectuera comme suit : 10 minutes sont
réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique; environ
46 min 48 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; 41 min 36 s,
environ, sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle; environ 15 min 36 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition; et six minutes au total sont alloués pour les députés
indépendants.
Dans ce cadre, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué aux groupes parlementaires en proportion de
leur représentation à l'Assemblée.
Enfin,
mis à part les consignes mentionnées précédemment, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Hull.
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Depuis
quelques jours, il s'est dit beaucoup de choses au sujet du Conseil du
statut de la femme. Je voudrais nous ramener au printemps dernier, alors qu'ici
même, en cette Chambre, nous soulignions le
40e anniversaire de l'importante contribution du Conseil du statut
de la femme. Au printemps dernier, il y avait des célébrations, et
plusieurs femmes, des présidentes, d'ex-présidentes du Conseil du statut de la
femme étaient présentes.
D'entrée de jeu, je
voudrais ramener les propos qu'avait tenus la première ministre lors de ces
célébrations. Il y avait des centaines de
personnes, et je pense que vous-même, Mme la Présidente, vous y étiez. Alors,
Mme Marois avait profité de cette occasion…
Une voix :
…
Mme
Gaudreault :
Bien oui, excusez-moi, je lisais textuellement. Je m'excuse. Mme la première
ministre s'était exprimée en ces termes : «Tout en reconnaissant que les
avis de l'organisme — le
Conseil du statut de la femme — gênaient parfois l'exercice du pouvoir,
elle l'a invité à garder le cap. "Même si on peut parfois ne pas être
d'accord avec certaines des prises de position du conseil, je crois que vous
devez continuer à les prendre."
«Pour lancer [les]
célébrations, la dirigeante du Conseil du statut de la femme [...] avait convié
quatre de ses prédécesseures [...] du passé
et les combats à venir. On a ainsi pu entendre Marie Lavigne, Diane Lemieux,
Diane Lavallée et Christiane Pelchat.
«[...]Tout en
reconnaissant le chemin parcouru, les anciennes présidentes [estimaient] toutes
que la vigilance [était] de mise.» Et je
crois, Mme la Présidente, qu'elles n'avaient pas pu bien dire à ce moment-là et
imaginer le scénario du pire que le Conseil du statut de la femme vit en
ce moment.
Je
voudrais vous ramener à la chronologie des événements. On a dit beaucoup de
choses depuis mercredi dernier, alors
que le Conseil des ministres approuvait la nomination de quatre nouvelles
personnes au Conseil du statut de la femme. Alors, quatre nominations qui ont été faites, comme on le fait
habituellement, dans le cadre du Conseil des ministres. Tout allait bien. Un communiqué avait été émis, et, sur
tous les réseaux sociaux, on présentait le nom de ces quatre nouvelles
venues au Conseil du statut de la femme.
Maintenant,
ce qui est assez surprenant, quelques minutes, quelques heures plus tard, il y
a un communiqué de presse qui a été émis par le Conseil du statut de la
femme. Puisque beaucoup de choses ont été dites et qui ont été interprétées aussi, Mme la Présidente, je vais
prendre le temps qui m'est dévolu pour le lire, le communiqué de presse
qui a été émis par le Conseil du statut de la femme :
«La présidente du
Conseil du statut de la femme, Mme Julie Miville-Dechêne, dénonce un accroc
sérieux à l'indépendance de l'organisme qu'elle dirige.
«"Je
considère qu'il est de mon devoir, à titre de présidente, de prendre la défense
d'un organisme de recherche ayant à cœur les intérêts de toutes les
Québécoises, peu importe leur origine, et ce, dans un contexte non partisan.
• (15 h 10) •
«Jusqu'à
hier — et ça,
c'était jeudi dernier — la moitié de l'assemblée des membres du conseil appuyait
l'idée de lancer une recherche pour évaluer l'impact, sur les femmes, de
l'interdiction des signes religieux dans la fonction publique québécoise. Or, le Conseil des ministres vient de nommer quatre
nouvelles membres, quatre femmes en faveur du projet de la charte, une
semaine avant la tenue de l'assemblée qui devait se pencher sur ce sujet.»
Dans
des entrevues accordées au cours des dernières heures, la présidente explique qu'il y a
eu une intervention du gouvernement afin qu'aucune critique ne puisse émaner du Conseil du statut de la femme au sujet du projet de charte des valeurs québécoises.
Il
n'existe aucune étude. On ne sait même pas le nombre de fonctionnaires portant
le voile et on ne sait surtout pas ce
que feront ces femmes confrontées à l'obligation d'enlever leur voile.
Vont-elles se sentir libérées ou, au contraire, vont-elles être obligées par leur conjoint ou leur
entourage de quitter leur emploi, de retourner chez elles? Personne n'a
tenté d'étudier cette question. Le conseil aurait pu le faire.
«"L'assemblée des membres du Conseil du statut de la femme
devrait refléter l'ensemble des Québécoises qui, on le sait, sont divisées sur certains éléments du projet de charte", a précisé la présidente.
D'ailleurs, Mme Miville-Dechêne rappelle
qu'il y a six mois, à l'occasion du 40e anniversaire de l'organisme, le
gouvernement a réitéré l'importance qu'il accordait à l'indépendance du
conseil.»
Alors,
Mme la Présidente, ce communiqué de presse a semé la consternation dans le
mouvement féministe et au sein des
organisations qui sont partie prenante du Conseil du statut de la femme. Il y a
péril en la demeure. Il y a péril en la demeure parce que la ministre responsable de la Condition féminine a
failli à sa tâche. Elle a failli à sa tâche de protéger l'indépendance
du Conseil du statut de la femme. Pourtant, elle était là le jour des
célébrations du 40e et elle se disait féministe,
qu'elle l'a toujours été, qu'elle a œuvré au sein du mouvement féministe, et
elle est fière, et elle veut continuer, et qu'elle était surtout très fière d'avoir obtenu la fonction de ministre
responsable de la Condition féminine. Vous savez, quand ça compte, il
faut être présent pour pouvoir défendre, mais l'idéologie que la ministre a
défendue n'était pas celle prônée par le Conseil du statut de la femme.
Alors,
malheureusement, tout ça a mené aux événements qu'on a connus au cours des
derniers jours. La présidente du
Conseil du statut de la femme a sonné l'alarme jeudi dernier pour dénoncer la
prise de contrôle — ce n'est
pas rien, là, Mme la Présidente — l'ingérence, le placement
idéologique de quatre nouvelles membres au Conseil du statut de la femme. J'en profite pour vous dire, pour vous
donner la description du mot «idéologique». On est allés voir, ça veut
dire : «Doctrinaire et dépourvu de réalisme.»
Alors,
on a fait fi de tout ce qui entoure l'indépendance du Conseil du statut de la
femme pour mener à bien ses propres destinées et pour favoriser cette
charte des valeurs québécoises. Cette intervention du gouvernement allait mener… souhaitait faire… voulait que le Conseil du
statut de la femme ne critique pas le projet de valeurs qui était déposé
depuis quelques semaines. Nous avons toutes
et tous été très choqués par ces révélations, car cet organisme de
consultation en matière d'égalité entre les hommes et les femmes doit pouvoir
agir en toute indépendance pour continuer à promouvoir et à défendre les droits
et les intérêts des Québécois.
C'est sûr qu'après la diffusion
du communiqué de presse, Mme Julie Miville-Dechêne a été submergée de demandes d'entrevue et elle a pris son courage de
défendre la cause, c'est-à-dire l'avancement de la cause des femmes, et
elle s'est présentée dans tous les médias nationaux pour pouvoir répondre à des
questions qui étaient soulevées par le communiqué de presse.
Alors, je voudrais vous rappeler
quelques échanges qui ont eu lieu dans le cadre de sa prestation ou de son
entrevue sur la chaîne de télévision RDI, en compagnie de Mme Anne-Marie
Dussault. Les informations qui ont été transmises
dans le cadre de cette entrevue sont troublantes, sont troublantes parce
qu'elles mènent directement à la ministre responsable de la Condition
féminine, et c'est certainement cette personne-là qui, on le verra lorsque je
vais vous lire certains passages de
l'entrevue, a eu des conversations avec la présidente du Conseil du statut de
la femme et qui a mis des pressions
politiques sur cet organisme afin de
favoriser l'adoption du projet de charte des valeurs québécoises,
le projet péquiste du gouvernement.
C'est sûr que, Mme la présidente du Conseil du
statut de la femme, ce qu'elle souhaitait, au départ, c'est de pouvoir mener une étude d'impact des mesures
proposées par la charte des valeurs québécoises avec les chercheurs du conseil afin de mieux conseiller le gouvernement. D'ailleurs, si on va voir la Loi sur le Conseil du statut de la
femme, à l'article 5 : «Le
conseil doit saisir le ministre[ou la ministre] de tout problème ou de toute question
qu'il juge de nature à nécessiter une
étude ou une action de la part du gouvernement.» Alors, c'est poser la question.On se demande
pourquoi la ministre a voulu empêcher le Conseil du statut de la femme de jouer
son rôle d'aviseur, de conseiller et de mettre un frein au train de cette charte des valeurs québécoises. Parce que, il faut se le rappeler, le
Conseil du statut de la femme, il est là pour défendre l'égalité hommes-femmes, non pas défendre les positions du
gouvernement, défendre l'égalité hommes-femmes.
Dans l'entrevue que
Mme Julie Miville-Dechêne a donnée à Mme Dussault, il y avait
certainement des malaises entre les deux
femmes. Mme Maltais, d'ailleurs, un peu plus tard… Mme la ministre responsable de la Condition féminine, un peu plus
tard, nous confirmera qu'elle avait eu des échanges avec la présidente du Conseil du statut de la femme,
des échanges corsés, des échanges difficiles. Et la présidente du conseil a
avoué, lors de cette entrevue, qu'elle vivait des moments très
difficiles dans sa vie et dans son rôle de présidente du
statut de la femme.
Qu'est-ce que le gouvernement Marois cherche à faire? Le gouvernement de...
Une voix : ...
Mme
Gaudreault :…péquiste.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : M. le leader.
M.
Traversy : Bon, bien, je voulais juste faire un petit rappel au règlement.Après trois fois,
je pense qu'il est important de le préciser. Et je demande à la députée
de faire attention aussi à ne pas imputer des motifs indignes aux membres de
cette Assemblée.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
O.K. Je vous demande votre collaboration, s'il vous plaît.
Mme
Gaudreault : Je ne
fais que relater des faits, là, je ne porte aucune accusation...
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : On peut relater des faits, mais
on s'attend… on s'attend à ce que le
règlement soit respecté. C'est le rappel que nous a fait le leader du
gouvernement, rappel que je vous ai fait précédemment. Alors, je sais que j'ai
votre collaboration.
Mme
Gaudreault : Oui,
vous pouvez compter sur ma collaboration.
Alors, je reviens à cette entrevue troublante qui
a été donnée par Mme Julie Miville-Dechêne
dans le cadre
d'une entrevue avec Mme Anne-Marie Dussault. Dès
le lendemain, il y a des regroupements de femmes, de défense du droit
des femmes qui se sont manifestés dans la population, qui se sont indignés suite à ces déclarations de Mme Julie Miville-Dechêne.
La Fédération des femmes du Québec a dénoncé une entrave à l'indépendance du
Conseil du statut de la femme de la part du gouvernement.
Habituellement, ces organisations, on leur soumet un appel de
propositions pour soumettre des nominations en vue de doter le Conseil du
statut de la femme de femmes compétentes, expérimentées et surtout représentatives de la communauté, de la société. Cette fois-ci, Mme la Présidente, ce n'est pas
30 jours que les regroupements ont eus
pour pouvoir adhérer au processus de nomination,
mais bien trois jours. Pourquoi? Je sais que la ministre responsable de la
Condition féminine va s'adresser à nous tout à
l'heure, j'aimerais savoir pourquoi, cette fois-ci, les groupes de
femmes, les organisations n'ont eu que trois jours pour pouvoir se mobiliser.
Elle aura l'occasion de nous répondre tout à l'heure.
Et j'aimerais savoir
aussi, pendant qu'elle va nous informer de
comment elle a procédé à ce processus de consultation, pourquoi est-ce
qu'elle en est arrivée à, dans le jargon, dégommer un membre de la CSN au
profit d'une autre personne, peut-être, qui
avait des visées différentes par rapport à la charte
des valeurs québécoises. La CSN,d'ailleurs,
a aussi émis un communiqué de presse qui disait qu'elle était déçue d'apprendre
que le siège qu'elle détenait au
Conseil des ministres... pardon, du Conseil du statut
de la femme n'avait pas été renouvelé. C'est peut-être parce que
la personne qui était en place n'était pas
en faveur de la charte qui avait été proposée par le gouvernement du Parti
québécois, c'est peut-être pour cette raison-là que Mme Véronique de Sève
a été éjectée du Conseil du statut de la femme.
• (15 h 20) •
Vous savez,
Mme la Présidente, c'est le «crois ou meurs» qui prévaut au sein de ce gouvernement,malheureusement. Il y a aussi tous les articles qui ont été publiés qui
dénoncent aussi l'ingérence du gouvernement
dans cette saga, on dira, du Conseil du statut de la femme.
Maintenant,
ce fut le tour, par la suite, à la réaction de la ministre
de toutes ces allégations et aussi des déclarations de Mme Julie
Miville-Dechêne. Elle a dit tout simplement qu'elle réfutait toutes les
accusations de la présidente du Conseil du statut
de la femme et que c'étaient des
nominations en toute continuité, idéologiques, comme cela a toujours été
le cas au sein du Conseil du statut de la femme.
Alors, on a
pu entendre Mme Julie Miville-Dechêne nous dire qu'en ce moment il y avait
quatre personnes qui étaient pour une étude d'impact dans la société,
quatre qui étaient contre, et il y avait Mme la présidente qui était la neuvième. Là on vient court-circuiter le processus
de nomination et on nomme quatre personnes qui sont avouées procharte,
probannissement des ports religieux dans l'administration publique, et ça,
c'est à une semaine de cette assemblée de prise
de décision du Conseil du statut de la femme. Si ce n'est pas du parachutage
idéologique, Mme la Présidente, j'ai bien hâte d'entendre ce que la ministre responsable de la Condition féminine
aura à nous dire à cet effet-là, surtout qu'aujourd'hui même, là, après
avoir tout entendu et son contraire depuis jeudi dernier, elle admet enfin
aujourd'hui que ce sont des nominations
idéologiques. Elle me fait signe que non, mais c'est ça qui est ici, c'est ça
qui a été dit ce matin dans le cadre
d'une entrevue, d'une rencontre avec les représentants des médias. Elle parle
encore de cette fameuse continuité, des nominations idéologiques conformes
aux orientations du Conseil du statut de la femme.
Déjà, mon
temps est presque écoulé, Mme la Présidente, mais j'aurais une question, parce
que je sais qu'elle veut intervenir : Est-ce à dire, Mme la
ministre, que, s'il y avait eu des avis contraires à la laïcité au Conseil du
statut de la femme, vous auriez nommé quatre
personnes contre la charte des valeurs québécoises? Est-ce que c'est ça, votre
logique? Est-ce que c'est ça que vous prônez? Et je reviendrai un peu plus tard
pour la conclusion, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci, Mme la députée de Hull. Je cède maintenant la parole à la ministre de la Condition
féminine, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, Mme la Présidente. La motion dont nous parlons aujourd'hui a deux volets. Le premier volet est celui-ci : réitérer l'indépendance
du Conseil du statut de la femme. Nous nous y associons comme nous nous y
sommes toujours associés. Le Conseil du statut de la femme, c'est un phare. Ses
avis sont écoutés, suivis, entendus, débattus, discutés,
qu'ils soient pour ou contre la position gouvernementale, depuis toujours. J'ai
connu personnellement six des huit présidentes du Conseil du statut de la
femme — j'inclus
l'actuelle — et
à chaque fois, à chaque fois nous avons
salué avec elles la vigueur de l'organisme, son indépendance, sa façon de
promouvoir — et
c'est son mandat — et
de mettre en valeur l'égalité entre les hommes et les femmes.
La
deuxième portion de la motion nous demande de surseoir aux nominations.
Évidemment, ici, c'est le législatif qui
donne une indication à l'exécutif, mais je vous le dis tout de suite, Mme la
Présidente, nous serons contre cette motion, parce que ces femmes-là
méritent d'être assises à la table. Personne, actuellement personne au Québec,
et j'inclus toutes les députées de l'Assemblée nationale que j'entends
jusqu'ici, là… je n'ai vu personne au Québec remettre en question la compétence et la qualité de ces
nominations, ce sont des personnes extraordinaires. Je vais même citer
une membre actuelle du Conseil du statut de
la femme, Mme Baril, qui dit : «…je souhaite la bienvenue à ces quatre
femmes. J'ai vu leur C.V. qui est beaucoup
plus impressionnant que le mien en matière de militantisme!» Et c'est comme ça
partout à travers le Québec. Donc, de bonnes nominations.
Depuis
1973, le Conseil du statut de la
femme joue un rôle important
pour tout le monde dans la promotion et la défense des droits et des intérêts des Québécoises.
Pour y parvenir, il conseille le ministre et le gouvernement
du Québec sur tout sujet lié à l'égalité et au respect des droits et du
statut de la femme. Il fournit également, et c'est important, de l'information
pertinente aux femmes et à la population. C'est un agent de changement. Il
accomplit diverses actions pour faire connaître la situation des femmes et les
enjeux en matière d'égalité. Ce sont ce qu'on appelle «ses avis».
Il
s'est prononcé dans deux avis, en 2007 et en 2011, en faveur de la laïcité de
l'État et l'interdiction du port de signes
religieux ostentatoires pour les agents et agentes de l'État. Donc, le Conseil
du statut de la femme… le Conseil du statut
de la femme a déposé un avis qui n'a jamais été contredit jusqu'ici, là — je n'avais jamais même entendu parler
qu'il pouvait être contesté — sur la laïcité, la laïcité stricte — le
mot simple, «laïcité» — et
il avait même dit qu'il prônait l'interdiction du port de signes religieux
ostentatoires.
Le
Conseil du statut de la femme, c'est 18 membres : 11 membres qui sont
nommées par le gouvernement, incluant la présidente, et sept membres
d'office. Il est autonome et les membres ont entière liberté d'aborder tous les
sujets qu'elles désirent sans demander la
permission au gouvernement. On est avisés que le Conseil du statut de la femme
va déposer un avis sur tel sujet. Elles ne s'en privent pas, fort heureusement
pour la santé démocratique du Québec et le mieux-être
de toutes les Québécoises. Je réitère et j'ai réitéré, à la suite de la sortie
de la présidente du Conseil du statut de la femme, j'ai réitéré que toutes les membres du conseil d'administration
passées et futures ont toute liberté d'expression et de parole sur les
sujets qu'elles désirent à l'intérieur et à l'extérieur du Conseil du statut de
la femme.
La
nomination des femmes membres du Conseil du statut de la femme se fait selon un
processus strict, établi par la loi.
Lorsque vient le temps de combler un siège, les milieux concernés, ceux qui
sont des sièges réservés en vertu de la Loi du Conseil du statut de la
femme, sont consultés pour obtenir des suggestions. Quatre personnes
recommandées par les associations féminines,
deux parmi les groupes socioéconomiques représentatifs, deux par des organismes
syndicaux, deux recommandées par les milieux
universitaires. Je vais revenir, c'est important de bien comprendre la
composition. Ensuite, les nominations sont entérinées par le Conseil des
ministres qui doit voir aussi… l'Exécutif doit voir, doit vérifier que le
processus de nomination a été bien suivi. Ensuite, les membres, ce sont des
mandats de quatre ans et, la présidente, c'est un mandat de cinq ans.
Il
y avait deux postes vacants, au Conseil du statut de la femme, depuis un bout
de temps, et il y en a deux qui étaient
à échéance le dernier août, tout récemment; tout récemment. Alors, depuis un an
qu'on est arrivés au gouvernement, j'ai beaucoup de sociétés d'État, on
a vu à faire aller les nominations une derrière l'autre. Quand on a vu qu'il y
en a deux qui arrivaient de plus en
terminaison de mandat, on a dit : Bon, on va avoir quatre sièges libres,
quatre sur 11. Il y a 11 membres nommées par le gouvernement, il y
aurait eu quatre sièges libres; c'est trop. Il n'aurait plus resté que sept personnes au Conseil du statut de la femme.
Alors, nous avons envoyé d'abord, comme c'est l'usage, une lettre par courriel, et, ensuite, on a envoyé la copie
papier. Mais donc — donc — il y a eu réception par courriel, avant. Les
gens qui disent qu'il n'y a eu que trois jours, là, elles oublient qu'elles ont
reçu un courriel avant.
Et
d'ailleurs, puisqu'on parle de la CSN, j'ai parlé à la CSN, vous leur
demanderez où est-ce qu'elles ont fini par retrouver la lettre et le
courriel. Moi, je le sais. C'est à eux autres à répondre de ça. Mais ils ont
été consultés, ils le savent, maintenant.
Alors,
selon le processus établi, il y a eu des suggestions. Qui sont ces femmes que
l'opposition veut envoyer sur la glace, au purgatoire? Qui sont ces
femmes que l'opposition ne veut pas que le gouvernement nomme? Parce que les
surseoir, là, c'est dire : Nous ne voulons pas que vous nommiez ces
femmes.
• (15 h 30) •
Me Julie Latour : elle a été
recommandée par le Forum des femmes juristes de l'Association du Barreau
canadien, division Québec, et par le Barreau
de Montréal, qui a un comité sur les avocates de la profession. Donc, deux
associations représentatives ont suggéré
Mme Latour. Elle a déjà été bâtonnière du Barreau de Montréal en 2006-2007,
présidente de l'Association du
Barreau canadien, division Québec, en 2004. Sa «nominature», ce n'est pas la
première fois qu'elle apparaît au
Conseil du statut de la femme et elle avait été rejetée — c'est leur choix — rejetée par la précédente ministre en
2011. Elle a pourtant un parcours remarquable, remarquable. En 2007, elle a
cofondé le Forum des femmes juristes de l'Association
du Barreau canadien, division Québec. Et elle est intervenue, en 2008, pour
soutenir le projet de loi n° 63, un
projet libéral pour lequel la valeur d'égalité entre les hommes et les femmes a
été reconnue dans la charte. Voilà cette femme que les oppositions ne
voudraient pas que l'on nomme. Je me demande bien pourquoi. Pas de post-it sur
ces nominations, pas de Chantal Landry qui
soit passée dessus, que des personnes dont je n'ai aucune idée de
l'affiliation partisane, que des compétences. Un choix de qualité et de
compétence.
Leila Lesbet,
autre nomination au groupe féminin, recommandée par L'Agora
des femmes de Pierre-de-Saurel et par le comité femmes de la Coalition
Laïcité Québec. Elle apportera une importante contribution au Conseil du statut
de la femme tant par
ses préoccupations féministes que par son vécu comme femme ayant appartenu à la
communauté des Québécoises d'origine
maghrébine. Elle est née en Algérie et elle est venue ici se réfugier parce
qu'elle croit qu'une société laïque
est un endroit où l'on peut mieux vivre, semblable, en ceci, à beaucoup de
femmes d'origine maghrébine, comme — je pense à celle qui est ici — la députée de La Pinière, une collègue
qui, maintes et maintes fois, s'est prononcée pour la laïcité stricte, totalement. Je pourrais même citer la députée
de La Pinière, qui est venue, une fois, auxFrancs-tireurset qui nous disait : «Je me battrai pour la laïcité
contre Dieu et diable.» In texto, citation de la députée de La Pinière
aux Francs-tireurs, citation in texto. Alors, j'aimerais beaucoup
l'entendre puisque c'est une voix forte qui a souvent porté ici, à
l'Assemblée nationale, sur ce sujet-là.
Alors, au Québec, Mme Lesbet est membre
fondatrice du collectif femmes de la Coalition Laïcité Québec et s'implique
aussi dans de nombreuses causes qui touchent les femmes. Elle est éducatrice
spécialisée auprès d'enfants autistes,
dyslexiques et dysphasiques en Montérégie. Est-ce que Mme Lesbet mérite d'être
au C.A. du Conseil du statut de la femme? Est-ce que quelqu'un veut
l'envoyer sur la glace? Dans quel purgatoire? Pour combien de temps? Pour
quelles raisons? C'est une compétence et une qualité extraordinaire, je pense.
Lucie
Martineau, représentante... représentée, recommandée par le Syndicat de la
fonction publique du Québec. C'est la présidente du Syndicat de la
fonction publique du Québec. Plusieurs implications en condition féminine, notamment au Comité national des femmes, et
représentante régionale à la condition féminine. C'est la P.D.G. du
SFPQ.
Moi, là, quand je vois arriver un dépôt de
nomination, de recommandation comme Mme Martineau… Voulez-vous que je l'enlève parce qu'elle pense, elle, que la position
du Conseil du statut de la femme… elle est d'accord avec elle? Mais c'est pour la nommer au Conseil du
statut de la femme, pas au gouvernement pour prôner la charte, elle est là pour être assise comme représentante syndicale
à la table du Conseil du statut de la femme. On l'envoie sur la glace?
On sursoit à sa nomination? Pour quelles raisons? Elle est compétente, et je
suis fière, moi, de voir que c'est une femme qui
est à la tête du SFPQ. Et, croyez-moi, pas plus qu'on ne donne d'ordre ou de
pensée à Julie Latour, à Leila Lesbet, je me vois très mal donner des
ordres et des commandes à Mme Martineau. Elle m'enverrait paître comme les deux
autres, comme la quatrième, d'ailleurs.
Une voix : …
Mme
Maltais :
Ann Longchamps — avec
raison, tout à fait, paître — recommandée par l'AFEAS,
l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale. L'AFEAS que, tous, toutes, ici, nous appuyons à tous les ans
parce qu'elle fait une campagne contre la violence. L'AFEAS qui est
présente sur tout le territoire, partout, dans toutes nos régions. Des femmes qui s'impliquent, qui s'engagent. L'AFEAS
dit : Nous aimerions voir Mme Longchamps. Elle est membre de l'AFEAS depuis près de 20 ans, elle
s'implique dans de nombreux comités au sein de cet organisme voué à la
défense des intérêts des femmes et ce qui touche à l'égalité hommes-femmes.
Et savez-vous quoi? Elle est assistante infirmière-chef en hémato-onco au CHU de Québec,
spécialiste en onco et en soins palliatifs. À l'heure du débat sur mourir dans
la dignité, et des projets de loi, et toute la vision qui se prépare, et
des plans d'action qui se préparent pour faire atterrir cette façon que nous
avons, très particulière au Québec, de vouloir accompagner les gens quand ils
veulent partir dans la dignité, est-ce que
Mme Longchamps n'est pas une femme intéressante à avoir autour de la table au
C.A. du Conseil du statut de
la femme? Pourquoi est-ce qu'on mettrait sa nomination sur la glace? Pourquoi
surseoir?
Qui a peur de Leila
Lesbet?,
comme titrait Marie-Claude Lortie, tiens, dans un article de La Presse
récemment. Qui a peur de Leila Lesbet, de Julie Latour, de Lucie Martineau?
Moi, je pense que ces femmes-là sont des femmes indépendantes d'esprit,
intéressantes, intelligentes, les quatre meilleures candidatures que nous ayons
reçues. Est-ce qu'il fallait refuser ces candidatures sous prétexte que
c'étaient des femmes qui appuyaient la vision du Conseil du statut de la femme?
Imaginez-vous,
ce qu'a dit l'opposition, là, c'est ceci : Ces femmes-là sont toutes
de qualité, sont toutescompétentes.
Elles sont tout à fait en accord avec la vision historique du Conseil du statut de la femme, mais il faudrait les enlever de là parce
qu'elles sont trop en appui au Conseil du statut de la femme.
Il
faudrait surseoir à ces nominations, pourquoi? La présidente du Conseil du
statut de la femme, et je l'ai entendue, a eu une inquiétude. Elle a
dit : Je ne pourrai plus faire les études, les votes sont 4-4. Je n'en
avais aucune idée, de cette idée des votes.
Jamais le gouvernement ne va aller voir quelles sont les délibérations du
Conseil du statut de la femme, jamais. On ne peut pas savoir à quel état
sont rendues les délibérations.
D'ailleurs,
parlant de ces délibérations, je vais citer Catherine des Rivières-Pigeon,
professeure au Département de sociologie
de l'UQAM, membre actuelle du Conseil du statut de la femme. Elle est là, Mme
Pigeon. Elle dit d'abord que les femmes, évidemment, parlent en leur nom
au Conseil du statut de la femme. Elle dit : «Les médias ont rapporté
cette semaine que "le conseil était sur
le point de mettre en place une étude analysant l'impact, sur les femmes, de
l'interdiction du port de signes religieux". À mon avis, cette
information doit être nuancée. Les décisions concernant les études à effectuer
sont prises lors de l'assemblée des membres et cette assemblée n'avait pas eu
lieu lorsque la présidente s'est exprimée.»
Elle a une inquiétude, la
présidente. Eh bien, à la présidente, qui a une inquiétude, nous avons répondu
immédiatement, dès le lendemain : Mme la Présidente, vous avez toute notre
confiance pour travailler avec les membres
du Conseil du statut de la femme et prendre la décision qui s'imposera à vos
yeux, prendre la décision que vous trouverez
la plus pertinente, la plus intéressante pour l'avancement de l'égalité
hommes-femmes. Si vous voulez faire des études, membres du Conseil du statut de la femme, cela est pertinent
pour les Québécoises, bien, faites-le. Faites-le, faites-le.
C'est une inquiétude qu'a eue la
présidente du Conseil du statut de la femme. Elle a toute liberté de parole. Elle est allée sur la place publique et a
dit : J'ai une inquiétude. Nous répondons à cette inquiétude : Ne
vous inquiétez pas,
le Conseil du statut de la femme est un organisme indépendant, nous vous
envoyons des femmes solides mais qui ont toute liberté de parole et d'action pour réfléchir avec vous, ensemble.
Vous ferez votre réflexion ensemble. Il n'y pas de commande, il n'y a pas de mot d'ordre, il n'y a
qu'une immense confiance en cette institution dont ces femmes feront
partie. Je vous garantis qu'elles en feront partie.
J'ajoute
aux oppositions qui veulent surseoir : Quelles nominations contestez-vous?
Laquelle? Laquelle, puisque vous
demandez de surseoir aux nominations, laquelle met-on sur la glace? Laquelle
n'est pas digne de siéger au Conseil du statut de la femme? Mme la
Présidente, je pose la question aux oppositions : Laquelle, Mme la
Présidente, n'est pas digne de siéger et devrait attendre, alors que le
processus a été suivi rigoureusement?
• (15 h 40) •
Non seulement il a été suivi
rigoureusement, il y a quand même eu 19 réponses. Il y a eu
19 propositions de noms; 19. Donc, il y a des gens qui ont quand même… qui
ont reçu ces appels de proposition, qui ont eu le temps de répondre, qui ont eu
le temps de réfléchir, qui ont tenu les réunions puis qui nous ont envoyé
19 noms. C'est quatre sur 19. Ce n'est
pas quatre sur six, ce n'est pas quatre sur cinq, c'est quatre sur 19. Et, à la
lecture de ce que je viens de vous lire comme C.V., je pense que vous
conviendrez qu'il y a là de l'expertise, de la compétence. C'est salué par tout
le monde.
Mais tout à l'heure on me dit que… on disait que
j'ai dit que… on me dit que ce sont des nominations que j'aurais qualifiées d'idéologiques. Pas du tout. Ce que j'ai dit — parce que la pression est forte dans un scrum, vous le savez — alors,
ce que j'ai dit… Il y a des journalistes qui disaient… J'ai toujours
dit : C'est dans une continuité historique, ces femmes-là, j'en suis consciente, j'ai pris les meilleures. Quand les
meilleures arrivent, on s'aperçoit qu'elles sont dans une continuité
historique avec le Conseil du statut de la femme. Devais-je les enlever de là parce
qu'elles sont en continuité historique? Non.
Elles sont dans la vision du Conseil
du statut de la femme. Alors, je dis
à un journaliste qui dit : Si ce
n'est pas partisan — parce que ce n'est pas partisan, pas de
post-it — si ce
n'est pas partisan, si c'est sur la qualité, est-ce qu'on peut dire que
ce sont des nominations idéologiques?, je dis : Si… Parce que lui les
appelle idéologiques. C'est le journaliste
qui dit ça. Alors, je dis : S'il y a de l'idéologie là-dedans, c'est celle
du Conseil du statut de la femme, ce n'est
pas la nôtre. Je ne sais pas si ces femmes sont pour ou contre la charte
individuellement. Elles vont toutes devoir… Je ne sais pas si elles
veulent des études, mais, je vais vous dire une chose, le Conseil du statut de
la femme, il est allé beaucoup plus loin,
beaucoup plus loin que le gouvernement en matière… dans son avis. Il veut même
qu'on décroche le crucifix de l'Assemblée nationale. Il va beaucoup plus
loin que le gouvernement.
Qu'est-ce que
le CSF pense? En 1995, dès 1995, le conseil s'oppose à ce qu'on exclue de
l'école les jeunes filles portant le voile. Mais il considère que le
voile «heurte le principe de l'égalité entre les sexes puisqu'il représente une
conception restrictive de la pudeur qui s'applique aux femmes et pas aux
hommes». Le Conseil du statut de la femme est contre… considère que le voile
heurte le principe de l'égalité entre les sexes en 1995.
En 1997 — ça date — le
conseil souligne l'urgence de tenir un débat public sur la gestion de la
diversité.
24 août
2007, le Conseil du statut de la femme, sous un gouvernement libéral, dépose un
avis, Droit à l'égalité entre les femmes et les hommes et
liberté religieuse, dans lequel il dit ceci : «Le conseil recommande
d'ajouter dans la charte québécoise un article analogue à l'article 28 de
la charte canadienne, afin que soit clairement affirmé que l'égalité entre les
femmes et les hommes ne peut être compromise au nom, notamment, de la liberté
de religion.» «Le conseil recommande que les [représentants et représentantes]
ou les fonctionnaires de l'État ne puissent arborer ni manifester des signes
religieux ostentatoires dans le cadre de leur travail.» 2007. 2007.
Ensuite, en
2007, que dit ce conseil? «…l'égalité entre les sexes est le droit qui [est] le
plus susceptible d'être compromis lorsque des demandes
[d'accompagnement] au nom de la liberté de religion sont formulées[...]. Ainsi,
le conseil soutient qu'il faut adopter une vision de neutralité de l'État qui
permette aux femmes de progresser vers leur légalité pleine et entière.»
Et, en 2010,
la présidente, l'ex-présidente du Conseil du statut de la femme,
Mme Christiane Pelchat, ex-députée libérale, dit ceci : «Cette
exigence de neutralité vise la mise en place d'un cadre social et juridique où
les consciences seront respectées.»
Avis émis le
28 février 2011 : Les religions égalent l'infériorisation des femmes.
«…de tout temps, [la] religion a rimé avec [l']oppression des femmes.
Les trois grandes religions monothéistes ont toujours été et continuent d'être
discriminatoires [pour] les femmes.» Alors, recommandation du Conseil du statut
de la femme : «Adopter une loi qui prévoirait les modalités d'application
du principe de laïcité de l'État afin d'établir clairement sa séparation d'avec
la religion. Cette loi établirait que les
agentes et agents de l'État doivent s'abstenir d'afficher leurs convictions
religieuses [pour] le port de vêtements ou de signes nettement visibles et de
manifester leurs croyances sur leur lieu de travail.»
Alors, voilà,
Mme la Présidente. Nous avons suivi un processus rigoureux. Nous avons reçu
19 propositions. Nous avons choisi quatre femmes dont tout le
monde, tout le monde souligne la qualité et la compétence. Est-ce qu'on doit
refuser ces femmes parce qu'elles sont en continuité historique avec le Conseil du statut de la femme? Je pense
que… Je fais juste dire ça, là, et c'est très clair.
Alors, qu'est-ce qu'il se passe actuellement?
Bien, moi, je
pense qu'il y a eu une inquiétude exprimée par la présidente du Conseil du
statut de la femme. Son inquiétude
est certainement légitime. Alors, on a immédiatement,
dès le lendemain, rassuré la présidente du Conseil
du statut de la femme ainsi que les membres. Alors, maintenant, qu'elles exercent leur autonomie, leur prérogative
et qu'elles fassent, s'il le faut, ces études
supplémentaires pour informer la population, on est tout à fait d'accord. Mais ces femmes méritent d'être assises à la
table du Conseil du statut de la
femme, et, Mme la Présidente, elles le seront.
C'est pourquoi nous allons voter contre cette motion. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Montmorency.
Mme
Michelyne C. St-Laurent
Mme
St-Laurent : Merci,
Mme la Présidente. Je répondrai tout à l'heure à la ministre selon ce qu'elle vient de dire. Présentement, je tiens à dire, Mme la Présidente, que je me joins aujourd'hui à la députée
de Hull pour réaffirmer la
primordialité de l'indépendance du Conseil du statut de la femme. Et j'enjoins
fermement le gouvernement péquiste à surseoir à ces quatre
nominations idéologiques, et je vais expliquer pourquoi tout à l'heure.
La nomination de ces quatre femmes au conseil d'administration du Conseil du
statut de la femme constitue visiblement un moyen pour le gouvernement de faire
pression, faire pression pour taire les critiques sur leur charte des valeurs québécoises, qui, le gouvernement va devoir le reconnaître, est
loin de faire l'unanimité au Québec.
Je suis
intervenue vendredi dernier pour saluer le geste courageux
de Mme Julie Miville-Dechêne et je le réaffirme encore aujourd'hui. Bravo et merci de votre courage, Mme Miville-Dechêne, pour
avoir sonné l'alarme en dénonçant ces nominations
qui ne transpirent nulle autre qu'une tentative d'ingérence politique et qui
représentent malheureusement une atteinte lamentable à l'intégrité de
cette institution démocratique. Ces nominations ne sont pas dans la continuité historique du Conseil du statut de la femme, contrairement aux affirmations de la ministre
responsable de la Condition féminine.
Est-ce qu'il faut comprendre que la ministre soutient que les nominations à ce
poste ont toujours été idéologiques?
Et je tiens à dire, en passant, que… La ministre,
tout à l'heure, faisait un retour en arrière, parlant, en 1995, en 1997, que le
Conseil du statut de la femme s'était prononcé pour la laïcité, etc. Mme la
Présidente, même si on retourne en arrière sur un point de cette
charte-là, il faut croire que cette fameuse charte là…
Ça ne fait pas très longtemps où on nous a montré vraiment les articles de cette charte, Mme la Présidente, ça fait que comment
nous dire que c'est la continuité quand,
alors, on n'avait pas tous les aléas de ce qu'il y a dans la charte qu'on nous
a présentée dernièrement? L'égalité des femmes et des hommes? Mais ça,
c'est dans la charte des droits de la
personne. Si on dit que c'est ça, la continuité historique, écoutez, on prône
ça au Québec depuis combien de décennies?
Ça ne
s'inscrit pas dans la continuité, Mme la Présidente, mais plutôt dans la
politique du gouvernement actuel, qui
a préféré faire une nomination idéologique. Le conseil ne doit pas être
transformé en organe de propagande procharte et en un porte-voix du gouvernement péquiste. Jamais auparavant avons-nous entendu une présidente du Conseil du
statut de la femme affirmer que le gouvernement tentait de museler le conseil.
Le Conseil du statut de la femme doit pouvoir conserver
son autonomie face au gouvernement conformément à son mandat et à sa raison
d'être en tant qu'organisme gouvernemental
indépendant et en tant qu'organisme d'étude et de réflexion critique qui agit à
l'intérieur des institutions démocratiques et à l'abri
des groupes de pression.
Nous, les
femmes, nous avons besoin d'un conseil du statut de la femme indépendant de
toute tentative d'ingérence politique. Nous, les femmes, avons fait
valoir nos droits depuis plusieurs décennies et obtenu beaucoup de liberté et
d'indépendance en se tenant debout chaque fois qu'on a voulu nous dire quoi
faire ou comment agir. Le Conseil du statut de la femme nous représente bien
quand il s'élève au-dessus de la mêlée, comme sa présidente l'a très bien démontré ces derniers temps.
• (15 h 50) •
Créé en 1973, le Conseil
du statut de la femme a eu 40 ans en juillet
dernier. 40 ans. Mais ça fait 40 ans que le Conseil du statut de la femme prône l'égalité. Ça fait que, cette continuité
historique là, tout le monde la connaît, tout le monde la veut dans la charte canadienne et dans la
charte québécoise des droits. Ça fait un bout que le conseil
a passé l'âge de se faire dire
comment penser, quoi faire. J'ai confiance dans la capacité de toutes les
femmes qui le composent à s'affirmer pour l'égalité et le respect des
droits et du statut de la femme. Je dis aujourd'hui : Longue vie au Conseil
du statut de la femme, une vie sans ingérence politique.
En terminant, je tiens à dire à la ministre, qui
tout à l'heure parlait de long en large des compétences de ces quatre femmes-là, je vais vous dire : Je ne
doute aucunement de la compétence de ces quatre femmes-là. Elles
ont toutes les qualités, sauf une : la neutralité et l'indépendance.
Ces femmes-là se sont prononcées dernièrement, avant d'être nommées,
publiquement en faveur de la charte telle quelle. Et ça, Mme la Présidente,
comment voulez-vous, dans un groupe, lorsqu'elles vont siéger au Conseil du
statut de la femme, qu'elles puissent mettre des bémols sur certains articles
de la charte quand elles se sont déjà prononcées?
On ne doute pas des capacités de
ces personnes. Ces personnes, écoutez, elles ont la compétence nécessaire pour
remplir bien des fonctions au sein du gouvernement. Et, la ministre, je lui
donne raison sur la compétence de ces femmes-là, sur les qualités, sur ce
qu'elles ont fait. On peut en parler des heures de temps. Malheureusement, la neutralité, l'indépendance n'est pas là. Maintenant,
comment pourront-elles être à l'écoute de celles qui seraient
dissidentes sur certains points de la charte quand elles-mêmes ont été si
affirmatives?
Mme
la Présidente, tout à l'heure, la ministre a dit : Pas de commande, il n'y a
pas de mot d'ordre. Je comprends. La ministre nous dit ça tout bonnement :
Il n'y a pas eu de commande, pas de mot d'ordre. Mais elle n'avait pas besoin de passer de commande et de mot d'ordre parce qu'elles s'étaient déjà prononcées. Donc, on n'a pas besoin de passer de
mot d'ordre à ce moment-là.
Mme la Présidente, on ne doute
pas… et je le redis, ça, c'est extrêmement important, puis je ne voudrais pas qu'on en parle trois heures de temps, de la
compétence de ces femmes-là, mais, la seule qualité, neutralité et
indépendance, elles ne l'ont pas pour être là. Elles l'ont pour beaucoup de
postes dans la fonction publique, je n'en doute pas.
Et, pour terminer, je voulais souligner que, ce
matin même, le chef de cabinet du vice-premier ministre a interpellé Mme
Miville-Dechêne pour savoir si elle avait consulté les membres du conseil
lorsqu'elle a décidé que l'ancienne présidente, Mme Pelchat, recevrait le prix
Condorcet-Dessaulles du Mouvement laïque québécois en 2012. Dans quel but? On a
vu ça d'ailleurs sur Twitter. Est-ce que c'est pour faire — on
devrait s'informer — une
pression sur Mme Miville-Dechêne?
La Vice-Présidente (Mme
Poirier) : M. le leader du gouvernement.
M. Traversy : Écoutez,
l'article 35, on ne peut pas imputer des motifs comme ça, là, à des gens en
cette Chambre. Il faut présumer de leur
bonne foi, puis je demanderais à la députée de faire attention puis de rester
respectueuse dans ses propos pour la suite de son intervention.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Deltell : Alors,
Mme la Présidente, la députée évoque des faits et pose des questions. C'est
notre travail.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Mme la députée, vous
comprendrez que je demande votre collaboration. Merci.
Mme
St-Laurent : Mme la
Présidente, tout à fait. C'est qu'on essaie de faire tout
simplement diversion. On sait fort bien que je n'accuse pas, on sait fort bien
que je pose des questions et on essaie de faire diversion. De toute façon, Mme la Présidente, je
termine sur ce point et j'espère bien qu'on aura des réponses à ma dernière
question. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, pour votre intervention.
M. François Gendron
M.
Gendron : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je voudrais prendre quelques minutes pour intervenir
sur cette motion qui est importante dans le débat, considérant les deux
éléments qui sont partie prenante de cette motion de l'opposition officielle aujourd'hui,
c'est-à-dire le Conseil du statut de la femme et une deuxième dimension que je
reviendrai tantôt.
Sur la
première dimension, je voudrais tout
simplement être on ne peut plus
serein, là, que… Parce que je suis 100 %
d'accord avec la
députée de Hull,
qui commençait son propos en disant : Il faut protéger l'indépendance du Conseil du statut de la femme. Ça fait assez longtemps que je
suis au gouvernement, que je suis dans l'action politique pour convenir de
cette réalité d'une façon on ne peut plus objective, neutre. Moi, j'ai été ministre
de l'Éducation, je me rappelle qu'il y avait un conseil supérieur de l'éducation et je lisais la plupart des avis qu'il
m'expédiait. Et je souhaitais en recevoir le plus possible, parce que
c'est des instances qui ont de l'expertise, qui sont motivées par le sujet et
les préoccupations qui les concernent.
Et
elle prononçait des belles paroles sur la fête qu'on a soulignée, sur l'importance de cette instance, sur la nécessité, dans une société moderne,
prospère, dynamique comme le Québec est, d'avoir une instance qui peut
effectivement formuler des orientations,
formuler des suggestions, prendre même des décisions sur des sujets de grande actualité. Moi, je souhaite ça
à mort, là, puis je souhaite que ça perdure. Donc, je suis complètement d'accord
avec vous.
Puis
je ne sais pas pourquoi vous commenciez en disant : La première ministre du Québec aujourd'hui disait ça il y a un an. Moi, je peux vous
garantir qu'elle dirait exactement la même chose. Elle dirait mot pour mot exactement
la même chose parce que d'aucune façon les conceptions n'ont changé dans
l'équipe, que je connais pas mal.
Deuxième élément — j'entendais la collègue de Montmorency — ce n'est pas juste les femmes qui veulent avoir une pleine et entière autonomie et indépendance du Conseil du statut de la femme,
c'est les hommes aussi. Parce que, si on veut parler d'égalité de
l'homme et de la femme, il faut arrêter de tout féminiser. Il faut être conscient
qu'on a besoin de ça dans une société.
Moi, je suis d'accord avec l'égalité hommes-femmes, mais je suis contre
les discours qui manquent
d'objectivité pour la traduire, l'égalité hommes-femmes.
Et je reprends encore
quelques-uns de ses propos, qui n'avaient pas beaucoup de suite, selon moi,
c'est ma modeste perception. Elle
disait : Tentative d'ignorance… c'est-à-dire d'ingérence politique,
pardon, nominations qui ne s'inscrivent pas dans la continuité
historique. C'est son point de vue. Elle a le droit de lire, elle pourrait
aller lire les décisions du Conseil du statut de la femme. Qu'est-ce qu'ils ont
dit à ce sujet-là? «La plus grande brimade à la progression que je souhaiterais, pour que nous arrivions, dans la
société, le plus rapidement possible à l'égalité hommes-femmes, c'est toute la question de ce qu'on
appelle une espèce de laïcité ouverte qui n'est pas définie.» Et ça, ce
n'est pas Gendron qui… Excusez. J'ai le droit de dire ça pour moi, là. Ce n'est
pas moi qui dis ça, ce n'est pas le député d'Abitibi-Ouest, c'est des décisions
du Conseil du statut de la femme.
Alors, je
n'en reviens un peu pas, là, de ne pas être… de ne pas avoir emmagasiné ça, là.
Moi, je pourrais prendre beaucoup de temps, je n'ai pas le temps, donc
je ne peux pas prendre tout ce temps-là pour lire l'ensemble des décisions du Conseil du statut de la femme, qui
vont toutes dans le même sens : On souhaiterait, pour progresser
dans l'égalité hommes-femmes, qu'il y ait de
moins en moins de références à quelque religion que ce soit, pour avoir une
laïcité plus concrète, plus réelle. Ça, j'ai
lu ça, moi, dans les rapports du Conseil du statut de la femme. S'il n'y a pas
une tendance là, je ne comprends plus rien, puis habituellement je
comprends ces choses-là facilement. Alors, il y a une tendance.
Puis je pourrais
poursuivre, développer, mais je ne veux pas être très long. Là-dessus, je pense
que, si on veut appuyer concrètement une égalité hommes-femmes, il va falloir
faire quelque chose d'un peu différent au chapitre de cette réalité-là qu'on discute, puis une laïcité ouverte… qui peut être
une thèse de d'aucuns, que je n'ai pas d'affaire à commenter plus qu'il faut aujourd'hui. Mais est-ce
que j'ai lu que ça constituait, règle générale, un frein à la
progression égalité
hommes-femmes? La réponse, c'est oui. Si je suis animé par cette conviction-là
d'une façon très déterminée, bien, je
vais poser des gestes qui vont dans le même sens. Je vais essayer de prendre
des décisions qui vont dans le même sens.
Donc,
tout votre beau discours, là, sur le Conseil du statut de la femme :
moyens de pression, tentatives d'ingérence, nous autres, on veut en
avoir un, conseil sous notre main, notre férule, peu importe, là, c'est de la
bouillie pour les chats, là, tu sais. Alors,
moi, je ne peux pas commenter ça davantage parce qu'on vous l'a démontré dans
les textes. Ma collègue qui est responsable, elle l'a fait très bien.
Bon, je sais bien que la pédagogie, comme ancien prof, c'est de reprendre peut-être cinq, six fois, sept, huit
fois les mêmes éléments, mais moi, je
ne reprendrai pas les mêmes éléments qu'elle a très bien couverts. Alors, à ce sujet-là, j'arrête là. Je
n'arrête pas là sur le discours, j'arrête là sur cet aspect-là.
• (16 heures) •
Deuxième élément que je voudrais mentionner également,
c'est toute la question de la nomination de quatre femmesd'envergure, avec des statuts éprouvés comme compétence, comme capacité
d'aller contribuer d'une façon immensément positive, avec une pleine et
totale liberté. Et là prenons des exemples concrets. On ne peut pas dire juste
des choses sans les appuyer. J'entendais… Vous
irez dire ça, ce que j'ai entendu, là, puis que je vais en entendre encore, là, que
les groupes socioéconomiques du Québec
ou les associations féminines concernées, qui les ont suggérées,
vous allez leur dire, à ces
associations-là, là : Vous ne savez pas ce que vous avez fait, ça n'a pas
de bon sens que vous aviez suggéré ces personnes-là. Allez leur dire ça
puis débattez avec eux pour voir ça va être quoi le retour qu'on va vous faire.
Ils vont dire : Bien non, il n'est pas question de ça.
Puis là je pourrais en citer à ne plus finir. Il y en a
une pleine page… en fait juste une, là, par hasard, comme ça, là. Un
membre du conseil — Conseil
du statut de la femme — représentant
du milieu universitaire, Mme Catherine Des Rivières-Pigeon, dans une lettre
ouverte au Devoir, publiée le 24 septembre 2013, estime — aïe,
je suis de son avis, pas à peu près — qu'il était très prématuré d'affirmer qu'il
y avait une division au sein du Conseil du statut de la femme à ce sujet. Il n'y a même pas eu l'occasion
d'en discuter formellement, du dossier, d'aucune façon, ni dans le contexte.
J'aime mieux cette opinion-là que les deux que
j'ai entendues tantôt, là. C'est pas mal moins partisan. Eux autres, ils
n'ont pas l'obligation, le mercredi, là, de prendre le temps de notre Chambre
pour faire un débat complètement partisan,
parce qu'ils ont une lecture situationnelle… Vous avez le droit de le faire,
c'est ça qui est prévu. Le mercredi, c'est
une motion de l'opposition. Mais on ne peut pas dire n'importe quoi, là. Est-ce
que j'aime mieux ce jugement-là que le
vôtre? Là-dessus, la réponse, c'est oui, c'est certain. J'aime bien mieux ce
jugement-là, il est pas mal plus fiable. Elle, elle est de l'intérieur
puis elle est en mesure de dire ce qui se passe.
Et je reviens
encore dans le petit laïus que notre collègue de Hull faisait au tout début.
Elle dit ceci : C'est la présidente, après la communication… elle n'a pas
dit ça de même, elle. Elle a dit : Le Conseil du statut de la femme,
après le communiqué du gouvernement annonçant les candidatures… Moi, j'ai
toujours aimé les faits, dans la vie. Or, ce
n'est pas ça qui s'est passé. C'est la présidente qui est sortie, ce n'est pas
le Conseil du statut de la femme pantoute. Ah! Bien là… Alors, moi, je le sais, pourquoi qu'elle parle de même.
Parce qu'il y a une méchante différence avec ce queje viens de vous dire. Il y a une méchante
différence entre le Conseil du statut de la femme, qui ne s'est pas réuni sur
ce qu'on discute, puis la prétention que le Conseil du statut de la femme
serait devenu presque atrophié et incapable de s'exprimer, parce que nous, on veut avoir une ingérence totale avec les
quatre personnes qu'il y a là. Vous essaierez de contrôler ces gens-là puis… Moi, je ne veux pas. Il n'est pas question
de contrôler ces gens-là. Ce sont des gens qui ont un passé
extraordinaire, déterminés, avec des opinions documentées, ce qui est souvent
propice pour faire avancer un débat plutôt qu'y aller avec les orientations
très superficielles.
Alors,
moi, je voulais vous dire que, pour le premier bout, le Conseil du statut de la
femme, on veut qu'il reste autonome, puis
ce… le Conseil des ministres le veut, les femmes du Conseil des ministres, les
hommes du Conseil des ministres. Je
n'ai pas vu personne qui ne veut pas garder cette instance-là autonome, capable
de donner des avisdocumentés. Sur
les études, il y a deux… les nouvelles nommées, là, elles ont dit : Ah!
Bien sûr, on est d'accord, on peut faire
les études qu'on veut. Tout ce que vous suggériez… La présidente voulait faire
telle étude; bien, elle continuera, elle les fera. Comme d'habitude,
toutes les études sont les bienvenues. On ne peut pas passer, par contre, toute
notre vie dans les études. Des fois, il y a
l'expérience empirique qui compte autant, là. Ça, ça tient compte aussi dans
les débats. Ce débat-là, là, il a évolué pas mal au Québec.
Donc,
moi, je dis : C'est clair qu'on va voter contre parce que ça n'a pas de
sens de demander à des personnes qualifiées
de se retirer, quand on sait que le processus a été intègre, suivi… Puis
j'aurais pu vous en parler, ça fait assez longtemps que je suis dans les officines du gouvernement. Un processus
de nomination, là, ça prend pas mal de semaines avant qu'on arrive aux
nominations. Donc, quand vous me parlez de trois jours, là, je n'ai jamais vu
ça. Ça fait plus longtemps qu'elles étaient dans le carton. Alors, voilà ma
modeste contribution au débat. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant
la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la Présidente. Les contributions du
vice-premier ministre ne sont jamais modestes, Mme la Présidente. On
apprécie beaucoup ses contributions en cette Chambre.
Mme
la Présidente, on va revenir à la question de cette… du libellé de cette
motion, et à peu près tout le monde commence de la même manière,
c'est-à-dire de parler des deux objets de la motion, les deux sujets de la
motion. Tout d'abord, l'indépendance du Conseil du statut de la femme,
on veut réaffirmer cette indépendance. Et nous demandons au gouvernement
de surseoir à ces nominations jusqu'à ce que les études plus approfondies par
rapport à la charte soient rendues publiques ou soient effectuées. Je pense que
c'est important pour assurer une certaine crédibilité dans le processus, mais
aussi pour faire en sorte que le Conseil du statut de la femme puisse travailler
avec diligence.
On est face à plusieurs
choses. Nous sommes face à un ministre qui a déposé son projet, qui a déposé sa
vision, la vision du gouvernement appuyée — et il l'a dit lui-même encore à Tout le
monde en parle cette semaine, il l'a dit lui-même — sur aucune étude
précise, des données précises sur le terrain, qu'est-ce qui se passe,
quel est le nombre de femmes qui seront affectées par cette décision.
Alors, il l'a dit et il l'a avoué lui-même. Nous
avons un ministre de la Justice qui
ne veut pas dire s'il y a eu des avis juridiques, et, s'il n'y a pas eu d'avis
juridique, bien, on se pose la question pourquoi il n'y en a pas eu.
Puis, s'il y a eu des avis juridiques, ce qui nous étonnerait… ça nous
étonnerait beaucoup qu'il n'y en ait pas,
d'avis juridiques, alors on veut voir ces avis juridiques. Parce que, lorsque
la ministre, en tout respect, parle
de la vision historique du Conseil du statut de la femme, c'est vrai qu'il y a
eu deux avis, mais ces avis ne faisaient pas référence à ce qui se passe exactement sur le terrain. Qui serait visé,
de quelle manière, quels seraient les impacts? Les avis donnaient,
évidemment, des avis au gouvernement sur cette question. Et ces avis ont été
évidemment testés au plan juridique pour voir s'ils passaient le test des
chartes canadiennes des droits et libertés et de la charte québécoise des
droits et libertés.
Donc, il faut aussi faire une nuance. La
position historique — et
je vais ici emprunter une remarque de mon collègue — du Conseil du statut
de la femme, à deux reprises, avec ses avis sur la laïcité… On parle de la
position historique, mais, si on suit le raisonnement de la ministre de la
Condition féminine, la position historique… Il
y a eu deux référendums où les Québécois ont dit non, alors ça devrait être la
position historique du Québec, et on devrait
peut-être arrêter de parler de référendums. Si on fait cette analogie-là, on
peut faire l'analogie dans bien, bien des sujets.
Je pense qu'il faut parler de ces nominations
parce que la ministre a dit : On a eu un processus. Bon, elle, elle qualifie son processus… elle dit que le processus
a été fait correctement. Nous ne sommes respectueusement pas d'accord avec cette proposition. Elle nous dit qu'il y a eu
au total 19 propositions qui ont été faites. Alors, nous lui demandons
de faire le geste qui s'impose, c'est-à-dire
de présenter les 15 autres aux Québécois et de dire : Voici quelles
étaient les propositions, nous avons choisi ces quatre propositions
parce que ces quatre propositions-là
s'inscrivent dans la lignée de ce que le Conseil du statut de la femme avait
décidé dans le passé.
La ministre
dit qu'elle a utilisé le terme «idéologique» dans un certain sens, mais moi, je
pense que le poids des mots est important, Mme la Présidente.
«Idéologique», ça veut dire «doctrinaire, dépourvu de réalisme». Alors, une personne… Quand on parle d'un idéologue, on parle
d'une personne doctrinaire dépourvue de réalisme,
c'est la définition du dictionnaire. Et je cite ici l'Agence QMI,
en fait,LeJournal de Montréal… Ce que la ministre a dit tout à l'heure, elle a dit : Oui, quand on est avec des journalistes,
des fois, on est pressés de questions, on sait ce que c'est, évidemment.
Mais, quand même, je cite : «Si c'est idéologique par rapport à la
position du CSF — le Conseil du statut de la femme — oui, parce que c'est en appui à la position
historique du CSF.» Donc, le terme «idéologique» a bel et bien été
utilisé, idéologique dans le sens qu'elles ont toutes appuyé la charte des
valeurs, qu'elles vont toutes dans le sens de ce que le gouvernement a déjà
décidé. C'est ça, le terme «idéologique».
Des voix : …
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Excusez. Exprimez-vous, je vais vous écouter.
Mme
Maltais : …dire…
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Pardon?
Mme
Maltais : J'ai
dit : Si, si, si l'idéologie, c'est celle
du Conseil du statut de la femme. C'est celle...
• (16 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Un instant. D'accord.
Mme
Maltais : ...
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : O.K. C'est beau. Alors, vous
pourrez demander une question à la fin de l'intervention de la députée.
Alors, veuillez poursuivre votre intervention.
Mme
St-Pierre : Le
terme «idéologique» a été utilisé, et tout le monde comprend ce que veut dire
le terme «idéologique». Alors, sur les
quatre nominations, oui, c'est vrai que nous avons dit que c'étaient des
personnes qui avaient un curriculum vitae impressionnant, mais moi,
j'aimerais bien connaître les autres, les 15 autres. Puis je pense que ce serait
important de savoir qu'est-ce que les autres organismes ont proposé, qui et
quelles sont les personnes que ces organismes-là ont proposées parce que ça
donnerait un bon éclairage.
Il faut réitérer l'indépendance
du Conseil du statut de la femme, mais les sorties qui ont été faites la
semaine dernière sont des sorties quand même troublantes. Et je pense que ces
sorties-là de la présidente du Conseil du statut de la femme, quand elle nous dit : Il n'existe aucune étude, on ne
sait même pas le nombre de fonctionnaires portant le voile, on ne sait surtout pas ce que feront ces femmes
confrontées à l'obligation d'enlever leur voile… La ministre responsable
de la Condition féminine a une responsabilité, Mme la Présidente. Elle devrait
elle-même mandater le conseil, lui dire : Demandez au conseil. Donnez-nous des chiffres, dites-nous quels seront
les impacts. Et ça aurait dû être fait bien avant que son collègue dépose sa charte. Ça aurait dû être
fait bien avant. A-t-on des chiffres, a-t-on des avis juridiques? Où
sont les avis juridiques? On n'a rien de
tout ça devant nous et on dit aux Québécois : Bien, écoutez, discutez
ouvertement. Et, quand des gens veulent discuter ouvertement, on leur
dit : Bien, voici la voie. On n'accepte pas que vous disiez autrement.
«Est-ce qu'on a voulu me dicter un message?», dit
la présidente à Anne-Marie Dussault, à RDI. «Certainement. [Certainement.] Et le message était :
"Ce qu'il faut défendre, c'est notre avis; affirmer la laïcité telle
quelle, voici la voie."» C'est ça qui a été dit et c'est ça… ce
sont les faits.
Donc,
je pense, pour tout simplement rétablir la confiance de la population, le
gouvernement devrait surseoir à ces nominations,
dire au conseil… et même la loi pourrait permettre de le faire. «Le conseil
peut, avec l'approbation préalable du ministre, former des comités
spéciaux pour l'étude de questions particulières et charger ces comités de
recueillir [des] renseignements pertinents
et de faire rapport au conseil…» Donc, il pourrait y avoir la création d'un
comité spécial. Elle pourrait demander au conseil, compte tenu de tout
ce qui s'est dit, compte tenu de tout ce brouhaha, elle pourrait demander au
conseil de surseoir et de… elle pourrait surseoir et demander au conseil de
faire un comité spécial.
Je
vais m'arrêter là-dessus, Mme la Présidente, parce que mes collègues ont des
choses importantes à vous dire. Et ce
que je veux dire aussi, c'est qu'il est dommage que nous soyons rendus à ce
point et de voir à quel point, pour faire passer une idée dans la
population, on agit de cette manière. Ce n'est pas une façon d'agir. Et je
remercie la CAQ pour l'appui qu'elle va nous donner à la résolution, et nous
allons entendre, je pense, la présidente… la députée de Québec solidaire.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Mme la ministre.
Mme
Maltais
:
…je voudrais rectifier les propos. Je les ai faits tout à l'heure, et on
continue à répéter. J'ai dit : Si,
si, parce que c'est le journaliste qui disait… Donc, si vous dites «idéologie»…
S'il s'est dit «idéologie», c'est celle du Conseil du statut de la
femme. Je n'ai pas parlé de la charte, j'ai parlé de la continuité historique
du Conseil du statut de la femme. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David : Merci, Mme la
Présidente. Je ne continuerai pas sur la lancée de ce débat spécifique. En
fait, je voudrais intervenir, bien sûr,
comme députée de Gouin, comme porte-parole de Québec solidaire, mais je ne peux
faire autrement que de me rappeler toutes ces années où j'ai été à la
présidence de la Fédération des femmes du Québec, donc de 1994 à 2001, et
militante dans le mouvement des femmes depuis 1982.
Des
conseils, j'en ai vu passer. Des présidences de conseil, j'en ai vu passer.
J'ai été en contact régulièrement avec cet organisme. J'ai même initié
et participé à des coalitions de groupes de femmes pour le maintien du conseil,
le financement du conseil à des moments où
certains gouvernements avaient vraiment envie de leur couper les ailes.
C'est vous dire toute l'importance que
j'accorde, comme femme, comme féministe, à cet organisme. Je crois profondément à son rôle, qui est d'outiller les législateurs, d'étudier les mesures
proposées, de conseiller. À mon avis, c'est extrêmement important.
Depuis 10 ans, le Conseil du statut de la femme
a produit, en fait, plusieurs avis et mémoires sur des sujets assez
diversifiés. J'en mentionne seulement quelques-uns : régimes de retraite,
procréation assistée, femmes et Plan Nord — c'était important — femmes et gouvernance, modes de scrutin. Et,
à trois reprises, le conseil a produit des avis, donc 2007, 2010, 2011, non seulement sur la laïcité, mais je dirais
aussi sur la diversité culturelle et religieuse, et comment tout ça
vient intervenir dans la vie des femmes, et quels rôles, quelles tendances la
société québécoise devrait avoir et que les gouvernements devraient tenir face
à ces nouvelles questions.
Chaque avis
et mémoire du Conseil du statut de la femme est rédigé dans une perspective
féministe, et je le salue bien bas pour ça. On utilise l'analyse
différenciée selon les sexes, ce qui, peut-être pour les gens qui nous
écoutent, veut simplement dire : on
regarde les réalités, les politiques, les mesures proposées par les
gouvernements à l'aune de leurs
impacts différenciés sur les hommes et sur les femmes. Et voilà l'une des
grandes qualités de ce conseil. Je pense que, dans le cas qui nous préoccupe en ce moment, c'est-à-dire la prétendue
charte des valeurs québécoises, à mon humble avis, il n'y a pas eu
d'analyse différenciée selon les sexes.
Les membres
du conseil proviennent de milieux diversifiés, et c'est très bien ainsi. Il y
en a quatre qui doivent provenir des groupes de femmes. Or, ce qu'on
apprend aujourd'hui dans un communiqué émis par la Fédération des femmes du Québec mais aussi 13 autres
organismes de femmes et féministes, c'est que finalement, en ce moment, il
y a deux femmes provenant des groupes de femmes et quatre des milieux
socioéconomiques, ce qui est le contraire de la situation prévue par la loi. Et ça, personnellement, ça m'inquiète.
D'autre part, la Fédération des femmes s'est plainte, et à juste titre, d'avoir eu seulement quelques jours
pour soumettre des candidatures au gouvernement du Québec. Normalement, lafédération et les autres groupes ont un mois
pour soumettre des candidatures. Donc, encore là, ça ne m'apparaît pas normal.
Tout le monde
l'a dit, la qualité des femmes qui ont été nommées n'est pas en cause. Ce n'est
pas ça, la question. Ce qui est en
cause, ce sont des nominations qui ont toutes l'allure de ce qu'on pourrait
appeler des nominations, entre guillemets, partisanes, au sens très
large du terme et pas au sens politique, partisane, parti politique. Mais la
force du conseil, c'est justement son
indépendance. Vous lisez les avis de 2007, de 2010, de 2011 sur la laïcité, la
diversité religieuse et culturelle,
les accommodements raisonnables, etc., puis vous trouvez des points de vue qui
évoluent, qui se transforment, et c'est
normal, parce qu'une société, ça évolue. Et ces points de vue là, en passant,
n'ont pas toujours plu aux différents gouvernements qui étaient en
place. C'est très bien ainsi. Il faut que ce soit ainsi, parce qu'à quoi
servirait après tout un conseil qui se
contenterait d'ânonner ce qu'un gouvernement, n'importe lequel, voudrait qu'il
dise? Ça ne servirait absolument à rien.
J'appuie donc la motion
présentée par la députée de Hull, qui veut évidemment insister, et il semble
qu'on sera tous et toutes d'accord
là-dessus, sur l'indépendance du conseil, mais qui demande aussi de surseoir
aux nominations. Quant à moi, j'y surseoirais jusqu'à ce qu'on ait
laissé les groupes de femmes... donc, le temps nécessaire pour proposer des
candidatures qui seront jugées au mérite par le gouvernement du Québec. Merci,
Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, Mme la députée de Gouin. Je reconnais un autre intervenant. Mme la
députée de Sainte-Rose.
Mme Suzanne Proulx
Mme Proulx :
Mme la Présidente, c'est avec un grand plaisir que je me lève en cette Chambre
pour ajouter ma voix à celle de mes collègues. Je voudrais, moi aussi,
réaffirmer le principe de l'indépendance du Conseil du statut de la femme.
En fait,
rien ne me fait plus plaisir aujourd'hui que de parler de l'indépendance du
Conseil du statut de la femme. Nous
savons tous que, depuis plus de 40 ans, le conseil jouit de la plus grande
autonomie pour mener ses travaux, élaborer ses orientations et produire
des avis transmis au gouvernement.
Je suis donc un peu confuse quant aux questions
soulevées par mes collègues de l'opposition ayant remis en cause l'indépendance du conseil. 10 des
membres du Conseil du statut de la femme sont effectivement désignés par
le gouvernement. Elles sont désignées parce qu'elles sont des femmes
d'envergure, des femmes articulées, des femmes accomplies, des femmes justement reconnues, dans leurs milieux
respectifs, pour leur indépendance d'esprit, leur grande capacité de
raisonnement, leurs contributions à la société québécoise et à l'avancement de
la cause des femmes.
Ces nominations sont faites suite à des
recommandations de groupes de femmes ou d'autres instances interpelées, par exemple le milieu syndical. Prétendre
ou laisser entendre que ces femmes ne sont que des mercenaires des temps modernes à la solde du gouvernement qui les
nomme me choque profondément. C'est une insulte à leur intelligence. C'est faire injure à leurs accomplissements
personnels et professionnels. C'est aussi une injure à l'intégrité du
processus et de la réflexion ayant mené à leurs recommandations par les groupes
qui les ont justement recommandées.
Parce
qu'il faut bien le dire une fois pour toutes, Mme la Présidente, et le répéter encore,
ces femmes nommées pour leur expertise et leurs compétences ont
évidemment, bien entendu, toute la latitude voulue pour exprimer leurs
opinions. Les quatre nouvelles femmes nommées au conseil ont, et c'est un fait
incontestable, toutes les compétences requises pour y siéger. Ces femmes ont
démontré, dans les sphères qu'elles occupent, leur capacité à dialoguer avec d'autres. Craint-on qu'elles n'influencent les
débats indûment? Ce serait avoir une bien piètre opinion des femmes qui
sont déjà membres du conseil, ayant, elles
aussi, été nommées précédemment pour leurs compétences. Elles ont
suffisamment d'expérience pour accueillir ces nouvelles membres au sein de leur
groupe sans craindre de se voir imposer une ligne de pensée qui irait à
l'encontre de leurs points de vue respectifs.
Mme la
Présidente, je vous dirai : Soyons sérieux. J'ajouterai, puisqu'il est
question d'elles, que les quatre nouvelles membres du Conseil du statut
de la femme ne sont pas de nouvelles venues dans les luttes féminines :
Julie Latour, ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal, recommandée par
l'association des femmes juristes du Barreau canadien,
division Québec; Leila Lesbet, éducatrice spécialisée auprès d'enfants
autistes, militante active des droits des femmes dans son pays d'origine, l'Algérie, recommandée par L'Agora des
femmes Pierre-De Saurel; Ann Longchamps, infirmière spécialisée en oncologie et en soins palliatifs, recommandée
par l'AFEAS, l'Association féminine d'éducation et d'action sociale;
Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique québécoise,
membre du Comité national des femmes et représentante régionale à la condition
féminine, représentée… recommandée par le Syndicat de la fonction publique du
Québec.
Ces femmes
ont fait leurs preuves, ne serait-ce qu'au niveau de leur capacité de débattre
en toute indépendance. Rappelons-le, ce sont des femmes capables de
discuter, d'écouter et d'en arriver à une entente. Elles ont l'habitude des
débats. Le Conseil du statut de la femme devrait-il craindre les débats? Je ne
crois pas. J'ai donc été réellement estomaquée de la sortie médiatique, qui
m'est apparue pour le moins intempestive, de l'actuelle présidente du Conseil
du statut de la femme, Mme Julie Miville-Dechêne, dénonçant comme étant de
l'ingérence la nomination de ces quatre nouvelles membres au Conseil du statut
de la femme.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Mme Miville-Dechêne
à son bureau de Montréal et de discuter avec elle des enjeux auxquels les
femmes sont confrontées présentement. Elle m'a semblé être une femme forte,
compétente, intelligente et sûre d'elle.
Elle m'a fait part des orientations élaborées par le conseil et des études en cours
sur différents sujets. Je n'ai jamais
eu l'impression qu'elle pourrait être intimidée par qui que ce soit. C'est une
femme brillante, elle sait convaincre,
et surtout j'ai trouvé qu'elle s'exprimait librement. Elle devrait donc être
très heureuse que les quatre nouvelles femmes que le gouvernement a
désignées pour siéger au conseil soient des femmes aussi engagées qu'elle et
qu'elles aient une bonne compréhension des enjeux touchant les femmes au Québec
en 2013.
Je crois sincèrement que ces femmes sont capables de réfléchir par elles-mêmes, de débattre
avec vigueur, comme les femmes l'ont toujours
fait, sur tous les sujets importants, en passant par le droit de vote jusqu'au droit
à l'avortement. Toutes ces femmes qui nous ont précédés dans l'histoire
du Québec ont contribué à faire du Québec ce qu'il est aujourd'hui. Elles n'ont
jamais pensé, quand elles se battaient pour l'obtention de droits, qu'elles
étaient les seules à détenir la vérité. Elles ont consulté, palabré, discuté et
su convaincre, après maints refus, que leurs revendications étaient justes et
valables. Grâce à elles et plusieurs autres qui ont suivi leurs traces,
l'égalité entre les hommes et les femmes est devenue une valeur prépondérante
au Québec. Il est loin, le temps où l'Église et les hommes instruits avançaient
que la place des femmes se trouvait à la maison, où elles devaient avoir plusieurs
enfants, peu importent leur état de santé ou leur
capacité à pourvoir à leurs besoins. Aujourd'hui, les femmes prennent de plus
en plus leur place sur les bancs des
facultés de médecine, de droit, de gestion ou d'ingénierie dans les universités.
Alors, quand on m'a dit… quand on me dit qu'une femme de pouvoir se
serait sentie intimidée par la nomination, au sein de ce conseil, de femmes
engagées et articulées, excusez-moi si j'ai un peu de difficulté à le croire.
Je vais vous
dire, Mme la Présidente, que la perception que j'ai de la situation
actuelle est que ce n'est pas tant la nomination de quatre nouvelles
membres — qui,
au demeurant, s'est faite selon les règles usuelles — qui
semble causer problème, mais plutôt la
perspective, à l'évidence peu réjouissante pour la présidente, de devoir
composer avec des membres qui ne partageraient peut-être pas son point
de vue ou refuseraient peut-être de la suivre dans la direction qu'elle
souhaiterait peut-être vouloir prendre, potentiellement en rupture avec la
position réitérée en 2007 et en 2011 par le Conseil du statut de la femme, soit
l'interdiction des signes religieux ostentatoires pour les agents de l'État.
De là à
penser, Mme la Présidente, que, si le gouvernement avait nommé des
femmes dont le point de vue
avait rejoint plus étroitement celui de la présidente… Il n'y aurait pas eu
tout cet émoi. Il n'y a qu'un pas, que je me refuse pourtant à franchir tant cette perspective me semblerait incompatible avec
la fonction de présidente du Conseil
du statut de la femme. Tout cet émoi, rappelons-le quand même,
amicalement partagé, au demeurant, à travers quelques textos
échangés entre la présidente, Mme Miville-Dechêne, et la députée de l'Acadie,
celle-là même qui, justement, alors qu'elle était ministre sous l'ancien gouvernement, a nommé Mme Miville-Dechêne à la présidence du conseil après avoir
subitement offert une promotion très loin d'ici, avant la fin de son mandat, à
l'ancienne présidente qui supportait une position allant à l'encontre de celle
du gouvernement libéral… Voilà des faits qui, selon ma propre définition...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Mme la députée... Mme la leader adjointe.
Mme
Thériault : ...ça,
c'est vraiment imputer des motifs indignes à la conduite d'un
membre de cette Assemblée. J'apprécierais que la députée retire ses
propos, s'il vous plaît.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader du gouvernement.
M. Traversy : Ma collègue de Sainte-Rose
n'a simplement qu'évoqué les faits dans ce dossier, comme l'opposition le fait
depuis le début de ce débat.
Des voix : ...
M. Traversy : Vous le faites
depuis le début de cette discussion, nous avons également le droit de le faire
de notre côté, et c'est les faits qui ont été invoqués par la députée de Sainte-Rose.
Il n'y a aucun motif...
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Juste un moment, M. le leader. Il
y a une personne qui a droit de
parole en cette Chambre, et c'est le leader. Et c'est lui que je veux entendre
et personne d'autre. Merci. Poursuivez.
M.
Traversy : Merci, Mme la Présidente. Alors, à notre sens, les règles ont été respectées. Je vous
demanderais donc de continuer la discussion, là, dans un calme habituel.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Mme la leader adjointe de l'opposition.
Mme
Thériault : Oui, merci, Mme la Présidente. Je sais que vous êtes une parlementaire de
grande expérience, comme nous ici. Je pense
que ça serait intéressant de rappeler à l'ordre la députée, qu'elle fasse
attention dans ses propos.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, Mme la députée, je vais vous demander d'effectivement faire attention à vos propos et je vais vous demander votre collaboration.
Le débat est calme, jusqu'à ce moment-ci. On va le garder calme. Merci.
Mme Proulx : Bien entendu, Mme la Présidente, vous avez
toute ma collaboration. Alors, je disais donc que voilà des faits
qui, selon ma propre définition, s'apparentent beaucoup plus à de l'ingérence
dans tous ses états.
Nous vivons présentement un moment de l'histoire
qui peut devenir libérateur ou nous enraciner dans des disputes sans fin. Je parle des débats sur la charte des valeurs québécoises.
Je suis confiante que notre société
québécoise sera suffisamment mature pour discuter de façon lucide, respectueuse
et civilisée en mettant en perspective notre besoin de protéger les valeurs de
notre société et notre désir d'aller à la rencontre de l'autre. Je nous sais
capables d'ouverture d'esprit, d'écoute et
de compréhension des différences. La société
québécoise est de plus en plus multiethnique. Comme société, l'intégration harmonieuse des nouveaux arrivants
est un devoir porteur quand même de quelques défis.
Le processus
migratoire, par définition, est un processus dynamique. Il y a ceux qui
arrivent, il y a ceux qui accueillent. Les
immigrants, par définition aussi, sont des êtres courageux, car ça en prend, du
courage, pour tout quitter, travail, maison, famille, amis, pour
recommencer sa vie dans un pays étranger. Cela prend aussi une bonne dose de
flexibilité pour s'adapter à de nouvelles façons de faire, pour apprendre une
autre langue, pour s'intégrer à des us et coutumes
différents des nôtres. Le processus d'immigration demande aussi bien sûr de
faire quelques compromis. Laterre d'accueil a ses propres règles, la société d'accueil a son
histoire et ses valeurs. Il nous faut donc trouver les moyens de vivre ensemble de manière harmonieuse dans le respect les
uns des autres. Le processus migratoire exige donc des compromis.
• (16 h 30) •
Dès leur arrivée au
Québec, les immigrants sont confrontés à un premier compromis. Pour protéger la
langue française, une valeur chère aux
Québécois, l'État a légiféré. En matière de langue, les immigrants n'ont pas le
choix, ils n'ont pas la liberté d'envoyer leurs enfants étudier dans la
langue de leur choix. Même si cela va à l'encontre de leur identité, même si leur langue maternelle n'est pas
le français, même si leur choix serait d'envoyer les enfants à l'école
anglaise, ils n'ont tout simplement pas le choix. Et pourquoi leur refuse-t-on
ce choix? Parce que ce débat a déjà été fait au Québec, parce que la société
québécoise s'est donné des règles qui s'appliquent à tous, nouveaux arrivants
et Québécois de longue date, et de toutes les souches.
De
même, les immigrants qui choisissent de venir s'installer au Québec arrivent
ici dans un État démocratique. Les voici confrontés à une deuxième
règle, l'État est politiquement neutre. Personne, aucun de ses employés ne peut
afficher de message d'appartenance politique. Pour assurer à tous un traitement
égal et égalitaire, pour respecter les différents
points de vue et s'assurer qu'aucune dictature d'opinion ne prendra racine, même
si — et c'est
souhaitable — une
pluralité de courants de pensée cohabitent au sein des employés de l'État, dans
le cadre de leurs fonctions ils ont politiquement
un devoir de réserve, ils ne peuvent afficher leurs opinions politiques.
Pourquoi? Parce que c'est le résultat de l'évolution de notre société.
C'est un choix que nous avons fait, d'assurer des services étatiques non
teintés des opinions politiques de ces agents. Voilà donc un deuxième compromis
auquel sont peut-être confrontés certains des nouveaux arrivants et qui
s'applique, lui aussi, aux Québécois de toutes les souches qui souhaiteraient
intégrer la fonction publique.
Le
troisième compromis auquel sont peut-être confrontés certains nouveaux
arrivants, c'est la laïcité de l'État. Le Québec est un État laïque.
Pourquoi est-ce ainsi? Ce fait est le fruit de nombreux débats, de nombreuses
luttes. Cette laïcité de l'État est le
résultat de l'évolution de la société québécoise au cours des cinquante
dernières années, l'État est laïque.Nous avons cheminé sur cette question au Québec,
nous avons souhaité séparer la religion de l'État, et cette volonté
s'est notamment incarnée par l'abolition des
écoles confessionnelles et la mise en place de commissions scolaires
linguistiques. Toute cette démarche vers
l'émancipation de notre société ne s'est pas faite sans heurts, sans cris et
sans grincement de dents, bien entendu. Mais nous y sommes arrivés, et,
comme nous l'avons souhaité, la société québécoise s'affirme maintenant comme une société laïque, ce qui ne
veut pas dire que les citoyens ne peuvent exercer leur religion,
affirmer leurs croyances publiquement, avoir
leurs propres lieux de culte, tout comme ils peuvent parler la langue qu'ils
souhaitent à la maison et afficher leur appartenance politique sur leur
voiture.
L'État,
Mme la Présidente, c'est cet espace civique… M. le Président, pardon. C'est cet
espace civique, cet espace commun qui
incarne le mieux ce qu'il est convenu d'appeler le vivre-ensemble. Le
gouvernement, avec sa proposition de la charte des valeurs québécoises, propose d'affirmer cette valeur de
laïcité en demandant aux agents, gardiens de cet espace civique neutre, de respecter cette neutralité en
n'affichant pas, lorsqu'ils agissent dans le cadre de leurs fonctions
d'agents de l'État, de signes religieux
ostentatoires. Voilà donc le troisième compromis potentiel demandé aux nouveaux
arrivants et qui s'appliquerait aussi aux Québécois de toutes les souches.
Si
je ne m'abuse, M. le Président, voilà, en fait, des valeurs québécoises
fondamentales qui prennent corps, puisque l'État n'est pas désincarné,
un État démocratique, un État français, un État laïque. Le Québec est une terre
de liberté, le Québec est une société
moderne, évoluée. Notre société a maturé au fil des ans, et cette liberté, qui
nous est si précieuse et qui se
définit, notamment pour les femmes, à travers une émancipation du joug des
diktats de tous acabits, qu'ils soient religieux, politiques ou
culturels, cette liberté doit être préservée à tout prix. C'est pourquoi
j'invite mes collègues féminines à se
solidariser et à participer pleinement au débat plutôt que de poser des gestes
qui nous en détourneraient.
En
terminant, M. le Président, j'aimerais réitérer à tous mes collègues que je
suis résolument pour l'indépendance du
Conseil du statut de la femme. Je dirais même plus, M. le Président, que je
suis résolument pour l'indépendance. Merci.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, Mme la députée de
Sainte-Rose. Alors, je cède maintenant la parole au député de
LaFontaine, en vous précisant qu'il reste 17 minutes à votre formation
politique. M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, quelques commentaires d'entrée de jeu.
Évidemment, notre collègue de Sainte-Rose a fait un appel vibrant à ses
collègues féminines. Alors, je l'ai néanmoins appliqué dans mon cas également,
son appel vibrant. Premier élément.
Deuxième
élément, lorsque la députée de Sainte-Rose parle d'un débat respectueux, ouvert
d'esprit, nous allons nous assurer de communiquer le texte de son
allocution à la désormais députée indépendante au niveau fédéral Maria Mourani.
Deuxième point.
Troisième point, il y
a des contradictions à soulever ici. J'ai entendu, un peu plus tôt, la ministre
responsable de la Condition féminine
affirmer — et je la
cite — que «la
présidente de l'actuel Conseil du statut de la femme avait exprimé des
inquiétudes fort légitimes». Fin de la citation. La présidente Miville-Dechêne
a exprimé des inquiétudes fort légitimes.
La
future candidate — si,
d'aventure, le gouvernement ne faisait pas suite à
la motion — Me Julie
Latour, elle, contrairement à la ministre,
avait qualifié les commentaires et la sortie de
l'actuelle présidente — sa future collègue si le gouvernement
persiste et signe — d'indélicats
et de malhabiles. Et je viens d'entendre la députée
de Sainte-Rose affirmer, contrairement, encore une fois, à sa collègue la ministre,
qu'il s'agissait d'une sortie intempestive.
Alors là, M. le Président,
où est le nord, où est le sud? Je pense que, dans ce dossier-là, il est
important que le gouvernement revienne à la raison. Et c'est ce que les Québécoises
et Québécois demandent, que le gouvernement fasse
en sorte que le Conseil du statut de la
femme — en
passant, qui bénéficie d'un budget de près de 4 millions de dollars, de nos taxes — qui a
un rôle central, majeur, de conseiller au gouvernement, puisse avoir la
légitimité et les coudées franches pour,
justement, conseiller le gouvernement.
Et, à cet effet-là, je pense qu'il est important
de revenir, entre autres, sur la Loi sur le Conseil du statut de la femme.
Cette loi, M. le Président, fait en sorte, à son article 2, qu'il s'agit
d'un organisme d'étude et de consultation. Article 3 : «Le conseil doit
donner son avis au ministre», et non l'inverse, M. le Président, pas à la
ministre de donner son avis au conseil, comme en résulteraient, évidemment, de telles
nominations.
Article 4 : «Le conseil doit
communiquer au ministre les constatations qu'il a faites et les conclusions
auxquelles il arrive,
et lui faire [des] recommandations qu'il juge appropriées et [s'assure] qu'on y
donne suite.» Fin de la citation de l'article 4.
Pas l'inverse, pas pour la charte du gouvernement, s'assurer que le Conseil du
statut de la femme y donne suite.
Alors, très clairement, je pense, M. le
Président, avec toute la raisonnabilité que l'on peut soupçonner au sein du
gouvernement, faire en sorte de faire marche arrière, de reculer sur ces
nominations, qui viennent directement, directement — et les gens à la
maison nous entendent dans ce débat-là, et ils constatent aussi — attaquer
et miner la crédibilité du Conseil du statut de la
femme.
J'ai entendu, un peu plus tôt, la ministre nous
dire : J'ai eu l'occasion d'analyser les CV et j'ai pu, sur la base seulement de
leurs CV… Et je la cite :«Seulement
sur la base de leurs CV, j'ai eu l'occasion de trouver quatre candidates
extraordinaires.» M. le Président, je suis
tout étonné de l'apprendre, ça aurait été donc uniquement après avoir choisi
uniquement sur la base de CV que, ô surprise, ô hasard! la
ministre se serait rendu compte que, aïe, quel
hasard! les quatre sont en faveur de notre
charte de la laïcité. Ce n'est pas fantastique, ça, M. le Président? Un hasard
qui fait en sorte que, de quatre en
quatre, le gouvernement aurait fait en sorte, par pure magie, par pur hasard,
d'avoir quatre candidatures, à terme d'un processus et uniquement basé
sur les CV, quatre candidatures qui vont faire en sorte que le Conseil du
statut de la femme va dire comme le gouvernement. Les Québécoises et Québécois,
M. le Président, qui paient 4 millions
par année pour que le Conseil du statut de la femme donne un avis indépendant
et éclairé, ne le veulent pas.
Et je pense
qu'il est important, encore une fois… Il est toujours temps pour la ministre de
faire marche arrière, de se rendre à l'évidence, de reconnaître raison
et de faire en sorte que le Conseil du statut de la femme, dont on fête, M. le Président…
Puis c'est un méchant cadeau
de fête que le gouvernement fait cette année au Conseil du statut de la
femme.Ça fait 40 ans, depuis 1973, qu'il œuvre, et le
Conseil du statut de la femme, comme cadeau, cette année, le
gouvernement du Parti québécois vient attaquer son indépendance et sa
crédibilité.
Dans un
document qui soulignait les 40 ans du Conseil du statut de la femme daté
de février 2013, on soulignait, et je
cite : «L'histoire des années qui ont vu le conseil naître, s'organiser,
se tailler une place dans l'espace public et prendre part au débat — pensons tous à Maria
Mourani— de
façon de plus en plus assurée a été façonnée par le courage et l'audace des
présidentes qui, toutes, ont gagné d'importantes victoires pour les femmes.»
L'actuelle présidente, Mme Miville-Dechêne, est en train de gagner une
importante bataille pour l'indépendance du Conseil du statut de la femme, puis
elle se joue, entre autres, aujourd'hui, et la réponse appartient à ce gouvernement. Quel sera l'avenir, la crédibilité du Conseil du statut de la
femme? C'est important de le souligner. Encore une fois, dans ce même document,
on soulignait qu'il s'agissait d'un organisme-phare qui éclaire les actions gouvernementales
en matière d'égalité.
• (16 h 40) •
Dernière
citation : «Enfin, le conseil consolide ses actions centrées sur sa
mission, en maintenant une indépendance d'opinion qui lui a valu, au fil des [ans], sa réputation d'intégrité et
de crédibilité.» Fin de la citation. L'avis, il faut qu'il parte du
conseil pour se rendre au gouvernement, et pas du gouvernement pour se rendre
au conseil. Moi, je veux un conseil du statut de la femme qui puisse éclairer
les débats publics, qui puisse bénéficier d'une impartialité et d'une
indépendance d'action entière, totale. Et même l'apparence ne doit pas être
attaquée. Moi, comme payeur de taxes, je suis
heureux que l'on puisse investir près de 4 millions de dollars pour que le
gouvernement soit éclairé des fruits de ce travail-là. Mais, si les dés sont pipés, M. et Mme Tout-le-monde qui
nous écoutent à la télévision, M. le Président, là, comme nous en
sommes, ne feront pas en sorte de laisser le gouvernement faire en sorte,
justement, d'attaquer la crédibilité du Conseil du statut de la femme.
La ministre a fait entrer dans le
débat une notion assez intéressante et elle disait la continuité historique.
Les quatre personnes, les quatre femmes nommées… Lucie Martineau, au lendemain
du dévoilement de la charte, elle a dit
qu'elle était en faveur; Leila Lesbet s'est prononcée pour la charte sur les
ondes de Radio-Canada; Ann Longchamps a, en 2010, pris position pour une
telle charte; Julie Latour, en 2011, dans Le Devoir, elle rejetait même
le concept de laïcité ouverte qui est dans Bouchard-Taylor. Les quatre sont
clairement dirigées en faveur de la proposition du gouvernement.
La
ministre dit : Mais, voyons donc, il faut respecter leur indépendance, ce
sont des femmes intelligentes, ce que personne ne conteste, il faut
respecter leur indépendance et faire en sorte qu'elles pourront évoluer, mais,
d'un autre côté, vient nous dire que le Conseil du statut de la femme, lui, ne
pourra jamais évoluer parce qu'en 2011 il a dit qu'il était en faveur d'une laïcité, tel qu'exprimé dans son rapport.
Alors, comment mettre dans le ciment le Conseil du statut de la femme?
En disant : Bien, c'est sa position historique, il ne peut pas faire
marche arrière, d'une part, et, d'autre part, dire que les quatre femmes qui
ont clairement exprimé leur opinion en faveur de la charte du gouvernement,
elles, bien, elles pourront revenir en arrière. Ça ne fonctionne pas.
L'institution ne peut pas être gelée dans le ciment de l'affirmation de la ministre, et les quatre personnes nommées ne
peuvent pas garder cette ouverture d'esprit. Parce que, s'il y a
continuité historique, je pense que les personnes vont être en continuité avec
elles-mêmes et vont continuer de prôner cet élément, à savoir le programme
politique du gouvernement.
Il est important, M. le Président — et en
conclusion — de
reconnaître — et
j'entendais le vice-premier ministre — de reconnaître la situation de fait. Nous
sommes dans le contexte d'un débat qui est extrêmement divisif, un débat
dans un contexte de gouvernement minoritaire après un an au pouvoir, un débat
qui a cours et qui appelle, justement, à la
démocratie et qui appelle à un conseil du statut de la femme qui puisse
bénéficier de toute son indépendance et
de toute son impartialité. Et, malheureusement, la nomination de ces quatre
personnes vient attaquer directement le Conseil du statut de la femme et
son indépendance, et c'est pour cela que les députés des oppositions demandent,
en toute raisonnabilité, au gouvernement de revenir à la raison, de faire
marche arrière et de faire en sorte que l'année du 40e anniversaire du Conseil
du statut de la femme ne vienne pas être une année où on aura comme jamais
attaqué son indépendance. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci. Merci, M. le député de LaFontaine.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Oui, Mme la députée de…
Mme Kathleen Weil
Mme
Weil : Alors, à mon tour, M. le Président, de prendre la parole
aujourd'hui dans le cadre du débat sur la motion demandant à ce que l'Assemblée nationale réaffirme l'indépendance
du Conseil du statut de la femme et enjoigne le gouvernement du Parti
québécois à surseoir aux quatre dernières nominations.
C'est avec
stupéfaction que j'ai appris, comme tous les collègues ici, lors d'une entrevue
de la présidente du Conseil du statut de la femme, Julie Miville-Dechêne, que
le gouvernement avait fait pression sur elle afin de lui dicter la position que
devait tenir le conseil sur le projet de charte des valeurs du Parti québécois.
C'était à l'émission 24 heures en 60
minutes, avec Anne-Marie
Dussault, que Mme Miville-Dechêne s'est dite très ébranlée et que c'était
une situation extrêmement préoccupante, et que c'était pour cela qu'elle
prenait la parole. À la question : Est-ce que le gouvernement a voulu lui
dicter un message?, elle a répondu : Certainement. Et le message était :
Ce qu'il faut défendre, c'est notre
avis. Affirmez la laïcité telle quelle, voici la voie. M. le Président, la voie, c'était, évidemment, de supporter l'interdiction de porter des
signes religieux ostentatoires, notamment au sein de la fonction publique, dans
les garderies et les écoles.
Ensuite, selon les
dires de Mme Miville-Dechêne, quand le gouvernement a vu que plusieurs membres
du conseil étaient divisées sur l'opportunité
de faire des études pour mesurer les impacts de cette interdiction sur lesfemmes musulmanes — et
c'est bien ça, ce dont on parle — et
que la présidente refusait de répéter les lignes imposées par le gouvernement, le gouvernement s'est dépêché, à la va-vite, de faire quatre nominations
afin de ramener le conseil dans le droit chemin, celui de la soumission
au gouvernement.
Aujourd'hui, la ministre
de la Condition féminine a, de son propre aveu, affirmé que les nominations
étaient idéologiques. Idéologiques, M. le Président. On avoue sans gêne qu'on ne voulait pas vraiment l'avis du conseil
malgré les déclarations du ministre
de la Réforme des institutions démocratiques, qui, lui, disait vouloir que tous
s'expriment librement sur le sujet alors qu'il mettait des propositions
concrètes sur la table.
Il
faut le rappeler, M. le Président, que le Conseil
du statut de la femme est un
organisme indépendant, chargé d'une mission de conseil auprès du gouvernement
en matière de promotion et de défense des droits et des intérêts de toutes les femmes du Québec.
Il a besoin de son indépendance. Ce n'est pas vrai, parce qu'il y avait une position en 2011, qu'il
n'a pas le droit de revoir, de revisiter, de repenser cette position en 2013,
alors qu'il y a un projet concret devant lui, sur la table. Ce n'est pas un organisme qui sert à
hocher de la tête au bon plaisir du gouvernement. À quoi, finalement, M. le Président,
servirait un tel organisme?
J'ai
été ministre de la Justice et j'ai été ministre de l'Immigration.
J'ai travaillé, à titre de ministre
de la Justice et de l'Immigration,
sur le dossier des accommodements, de la neutralité religieuse de l'État et de
l'égalité hommes-femmes dans le cadre
du projet de loi n° 94. J'ai accueilli les prises de position du Conseil
du statut de la femme avec intérêt et ouverture. Nous étions en accord avec les grands pans du projet de loi n° 94,
mais pas sur la question précise de l'interprétation… peut-être, plus spécifiquement, pourrait-on parler
de la mise en application de la neutralité religieuse de l'État.
Toutefois, les relations ont toujours été très cordiales, et jamais je n'aurais
pensé intervenir auprès de la présidente du Conseil du statut de la femme pour
lui dicter une conduite ou une opinion. La démocratie est mieux servie par la
libre pensée et l'indépendance.
Je
pense qu'il est important de souligner que le projet de charte des valeurs du
gouvernement propose de venir interdire le port de signes religieux dans
la fonction publique, ce qui vient — et d'autres organismes, les
écoles, les garderies — restreindre
notamment le droit à la liberté de religion. Or, la jurisprudence établit
clairement que la manifestation des
croyances religieuses fait partie intégrante de la liberté de religion. Avec
son projet, le gouvernement vient bel et bien restreindre l'un de ces
droits fondamentaux garantis par les chartes québécoise et canadienne. Les tribunaux exigent un solide argumentaire basé sur
des faits afin de passer le test des chartes. Il faut prouver que
l'objectif poursuivi par la restriction du droit est urgent et réel. Il nous
faut des études et des données en amont avant de venir restreindre un droit.
Par la suite, il faut démontrer que la restriction est proportionnelle à
l'importance de cet objectif et que le moyen choisi est le moins attentatoire
aux droits en cause.
Sur le premier point,
objectif urgent et réel, nous n'avons pas encore vu l'ombre d'une étude de la
part du gouvernement sur laquelle
s'appuierait sa position. Pire, dans une entrevue lors de l'émission Tout le
monde en parle, le ministre de la Réforme des institutions
démocratiques a avoué que le projet est plutôt basé sur des conversations, des opinions,
commentaires entendus ici et là. Ce gouvernement nous parle d'un malaise dans
la société et cherche sans cesse à en
appeler à des sondages d'opinion pour défendre son projet. Ce n'est ni sérieux,
ni crédible et, je vous dirais, même irresponsable.
Sur
le deuxième point — et
là on arrive au Conseil du statut de la femme — l'impact du moyen choisi,
voilà où la volonté de la présidente du
Conseil du statut de la femme prend toute son importance. Que voulait-elle
faire? Elle voulait mener des études
d'impact. Pourquoi? Parce qu'elle avait un souci d'impact sur les femmes,
notamment les femmes musulmanes
portant le voile, quel sera l'impact sur ces femmes. En tant que
législateur, nous avons le devoir de appuyer sur des faits, sur des études, sur des données quantifiables et
vérifiables lorsqu'on veut s'écarter de la Charte des droits et
libertés. On ne fait pas des lois à l'aveuglette. On ne restreint pas les droits
et libertés des Québécois en se basant sur des conversations et des malaises
exprimés ici et là.
Par
ces nominations partisanes, le gouvernement s'est intégré dans les affaires du
Conseil du statut de la femme afin d'empêcher cet organisme de tendre
vers des études d'impact. Le rejet de telles études ne fait aucun sens et nous
démontre avec grande éloquence la fragilité de la position de ce gouvernement,
notamment sur le plan juridique. En brimant l'indépendance du Conseil du statut
de la femme, en lui imposant sa position sur cet enjeu, le gouvernement ne fait qu'ajouter à la litanie de contradictions
dont il se rend coupable depuis plusieurs semaines. Il ne peut, d'un
côté, prétendre vouloir tenir un débat respectueux, ouvert et serein sur la
question et, de l'autre côté, faire le contraire.
Est-ce qu'il me…
C'est complété? Il reste…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : 20 secondes.
Mme
Weil : 20 secondes. Bon, sur un enjeu aussi sensible que
celui-ci, le rôle d'un gouvernement responsable est de rassurer les
gens, de rallier la population autour des valeurs d'inclusion, d'ouverture et
de respect de l'autre. Le rôle du gouvernement est de rechercher les meilleures
opinions, qu'elles soient en faveur ou non de sa position, et de susciter leur
expression. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Oui, Mme la ministre.
Mme
Maltais :
Article 212. Je l'ai déjà dit tout à l'heure, M. le Président, j'ai dit
que j'avais, dans un scrum, parce qu'on me demandait si les nominations étaient
partisanes, j'ai dit non, puis il y a quelqu'un qui a demandé si c'était… on peut les appeler idéologiques. J'ai
dit : Si c'est idéologique dans le sens de si vous les dites
idéologiques, c'est… ce sont des nominations en appui à la…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. D'accord. Merci.
• (16 h 50) •
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, mais, Mme la ministre…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. Merci. Vous avez passé votre
message. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme
Thériault
: Oui. Merci, M. le Président. Sur la question que la
députée a invoquée, on prend tous note qu'elle fait partie maintenant du
club des mal cités, et c'est de la faute des journalistes.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, je ne veux pas
avoir de discussion… Alors, l'intervention de Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce terminait le temps alloué
aux députés pour ce débat. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Hull pour sa réplique, d'une durée de 10 minutes. Mme la
députée de Hull.
Mme Maryse Gaudreault
(réplique)
Mme
Gaudreault :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous voici à la conclusion de
l'ensemble des échanges qui ont eu cours cet
après-midi pour motiver le vote en faveur de cette motion, qui veut réaffirmer
l'indépendance du Conseil du statut de la
femme et aussi qui demande au gouvernement de surseoir à ses quatre récentes
nominations procharte.
Tout à l'heure,
Mme la ministre responsable de la Condition féminine a fait état des
curriculums vitae des quatre personnes qui ont été récemment nommées. Elle a
oublié, par contre, certains éléments qui militent en faveur du doute par
rapport à leur arrivée au Conseil du statut de la femme à ce moment-ci du
débat. Elle a cité Mme Lucie Martineau, qui est présidente du Syndicat de
la fonction publique et parapublique du Québec. «Au lendemain du dévoilement de la charte, elle se prononçait
publiquement pour celle-ci. "Les fonctionnaires doivent refléter
concrètement ces valeurs de neutralité", a-t-elle expliqué.»
De plus, Julie
Latour — et,
on l'a mentionné, elle est avocate et ex-bâtonnière du Barreau de
Montréal — en
entrevue avec Le Devoir en 2011,
elle a déjà expliqué qu'elle rejette le concept de laïcité ouverte. Elle s'est
dite contre le port de signes
religieux par les représentants de l'État et pour un État laïque, une position
en droite ligne avec la charte des valeurs présentée par le Parti
québécois.
Leila
Lesbet, Québécoise d'origine algérienne, musulmane et féministe, s'est
prononcée pour la charte sur les ondes de
Radio-Canada. Elle soutient l'interdiction du port des signes religieux dans la
fonction publique, car la laïcité est le vecteur d'un vivre-ensemble.
Et
la quatrième, Ann Longchamps, est impliquée au sein de l'Association féminine
d'éducation et d'actionsociale, qui,
en 2010, s'est positionnée publiquement pour une charte de la laïcité et de la
neutralité de l'État, position qui a
été réitérée le 10 septembre dernier par voie de communiqué en appui à la
charte du ministre des Institutions démocratiques.
Alors,
lorsque la ministre responsable de la Condition féminine nous dit et qu'elle
affirme qu'elle ne connaissait pas la position de ces quatre personnes, vousvous comprendrez, M. le Président, qu'on peut
avoir des doutes de la validité de cette affirmation.
Maintenant, je
voudrais citer — il
me reste quelque temps encore pour conclure ce débat — je
voudrais citer Marie-Claude Lortie, de La Presse, qui faisait un texte concernant Julie Miville-Dechêne et qui dépeignait l'intégrité de cette personne, de cette ancienne journaliste et ombudsman
de Radio-Canada, et que cette intégrité ne peut être
remise en question. Elle citait : «Si elle se pose encore des questions
au sujet de la charte et de l'interdiction du port du voile dans la fonction
publique, notamment, ce n'est pas parce qu'elle veut faire une jambette au PQ
ou plaire aux libéraux qui l'ont nommée. C'est parce qu'elle est viscéralement
incapable d'accepter que l'intuition ou les partis pris guident la réponse à la question que nous nous posons
tous : Est-ce qu'une telle proscription aiderait les femmes musulmanes
qui le désirent à s'émanciper ou est-ce que cela nuirait à leur accès au marché
du travail?»
Elle
ajoute : «Je ne trouve pas que
c'est obligatoirement,
nécessairement, une mauvaise idée de vouloir interdire le port du foulard islamique dans la fonction
publique. Mais je trouve que c'est un bien mauvais exemple à donner,
dans une province qui prétend mettre de
l'avant la laïcité comme protection égalitaire et démocratique, de vouloir
contrôler un organisme féministe qui pourrait potentiellement ne pas dire
exactement ce que le gouvernement veut entendre. Comment le PQ peut-il d'une main vouloir se débarrasser des relents
obscanturistes des religions et, de l'autre, museler une éventuelle
critique venue d'un groupe de réflexion de femmes?»
Tout
est là, M. le Président, tout est là. Aujourd'hui, on ne remettait pas en
question la compétence des personnes qui avaient été nommées. Il n'a
jamais été question de ça. La motion qui a été présentée par l'opposition
officielle et qui sera, M. le Président, appuyée par les membres de la
Coalition avenir Québec et de Québec solidaire… On verra comment les membres du gouvernement se
comporteront, mais cette motion a été appuyée parce qu'on veut
réaffirmer l'indépendance du Conseil du statut de la femme et on veut que le
gouvernement sursoie à la nomination de ces quatre personnes parce que ça a été
fait dans la précipitation, ça a été fait dans un contexte douteux. Et c'est
pour ça qu'aujourd'hui nous allons voter, je crois, majoritairement en faveur
de cette motion.
Je
m'en voudrais de ne pas parler de la contribution des partis libéraux qui se
sont succédé… les gouvernements, pardon,
libéraux qui se sont succédé ici, à l'Assemblée nationale, et on peut dire que
ce sont eux qui se sont battus pour une pleine égalité entre les hommes
et les femmes. Ils ont fait progresser la notion de condition féminine et, plus
récemment, la notion d'égalité
hommes-femmes. Je vais vous rappeler quelques-unes des réalisations
libérales : le droit de vote des
femmes; la Charte des droits et libertés de la personne; la première politique
en matière de condition féminine, c'est
un gouvernement libéral qui a fait ça; la création du Conseil du statut de la
femme, ça a été proposé par la première femme élue ici, à l'Assemblée nationale, c'était
Claire Kirkland-Casgrain; le partage du patrimoine familial, une
autre réalisation, importante réalisation
d'un gouvernement libéral; l'équité salariale; le congé parental; c'est nous
qui avons fait élire la première
femme à l'Assemblée nationale; c'est nous qui avons nommé la première femme au
Conseil des ministres; et c'est un
gouvernement, le gouvernement de Jean Charest, qui s'est doté du premier
Conseil des ministres paritaire. Ça, ce n'est pas de la frime. Ça, c'est
la réalité.
Il
y a de grandes libérales qui ont marqué notre histoire collective :
Claire Kirkland-Casgrain; Lise Bacon, première femme à occuper le poste de vice-première ministre
au Québec; Monique Gagnon-Tremblay a été la première femme ministre
des Finances au Québec. Alors, vous savez, les réalisations sont nombreuses, et
il faut poursuivre sur cette même voie.
• (17 heures) •
J'ai
débuté en soulignant le 40e anniversaire du Conseil du statut de la femme et je
vais terminer, je vais conclure avec
les paroles de la présidente actuelle, Julie Miville-Dechêne, qui
soulignait ce 40e anniversaire en citant : «L'histoire des femmes du Québec s'est construite pas à pas,
grâce à l'apport inestimable de militantes qui ont mené des luttes pour
la reconnaissance des droits des femmes.
Véritables pionnières, elles se sont mobilisées, ont revendiqué une
amélioration de leur statut et ont manifesté à la fois leur désaccord et leur
espoir afin d'offrir une vision plus équitable de la société. M. le Président, quel est l'héritage que ce gouvernement veut laisser? Quel est l'héritage que ce gouvernement, qui est gouverné par une femme, veut laisser aujourd'hui suite
au vote de cette motion?
Depuis 40 ans,
le conseil exerce une vigilance constante pour que les décisions prises par
l'État demeurent respectueuses des besoins et des intérêts des femmes. Comment
se fait-il alors qu'un gouvernement qui prône l'égalité entre les hommes et les
femmes et la transparence puisse faire des pressions politiques sur un
organisme indépendant dans le but d'empêcher
des critiques sur un de ses projets? M. le Président, nous faisons,
malheureusement, face à un gouvernement qui
est prêt à tout pour arriver à ses fins. La Fédération des femmes du Québec et
la CSN ont aussi décrié l'ingérence
de ce gouvernement en affirmant que trop d'indices troublants — que la ministre continue de nier — entourent les récentes nominations au
Conseil du statut de la femme. L'avancement de la cause des femmes doit
se faire au-delà de toute partisanerie.
Aujourd'hui,
c'est un véritable test d'intégrité pour ce gouvernement. Alors, j'invite tous
les membres de cette Assemblée, y compris les membres du gouvernement, à
voter en faveur de cette motion, qui veut réaffirmer la plus complète
indépendance du Conseil du statut de la femme et surtout, surtout, surseoir à
ces nominations partisanes procharte des
valeurs québécoises. Alors, merci pour tous ceux qui ont contribué, et passons
au vote, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, Mme la députée de
Hull. Je vais maintenant mettre aux voix la motion de Mme la députée de
Hull, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme l'indépendance du Conseil du statut de la femme et enjoigne
le gouvernement péquiste à surseoir aux quatre dernières nominations.»
Cette motion est-elle
adoptée? Oui, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Je vais demander un vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, qu'on appelle les députés.
• (17 h 2 — 17
h 17) •
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, nous reprenons nos travaux. S'il vous
plaît!
Mise aux voix
Nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la députée de Hull, qui se lit
comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme l'indépendance du Conseil du statut de la femme et enjoigne
le gouvernement péquiste à surseoir aux quatre dernières nominations.»
Que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), M. Moreau
(Châteauguay), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Arcand (Mont-Royal), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), Mme
Charbonneau (Mille-Îles), Mme St-Amand (Trois-Rivières), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance–Viger), M. Ouimet (Fabre),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme
Gaudreault (Hull), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Blais
(Saint-Henri–Sainte-Anne), Mme Vallée (Gatineau), M. Bolduc (Jean-Talon), Mme
Thériault (Anjou–Louis-Riel), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), Mme Ménard (Laporte), Mme Boulet (Laviolette), M.
Carrière (Chapleau), M. Billette (Huntingdon),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond (Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M.
Reid (Orford), M. D'Amour (Rivière-du-Loup–Témiscouata), M. Gautrin
(Verdun), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), Mme Houda-Pepin (La Pinière), M. Bergman (D'Arcy-McGee), M.
Marsan (Robert-Baldwin), M. Marcoux (Vaudreuil), M. Iracà (Papineau),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Bolduc (Mégantic), M. Rousselle (Vimont).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy (Montarville), M. Dubé (Lévis), M. Caire (La Peltrie), M. Lévesque
(Vanier-Les Rivières), Mme St-Laurent (Montmorency), M. Le Bouyonnec (La
Prairie), M. Duchesneau (Saint-Jérôme), Mme Roy (Arthabaska), Mme Daneault
(Groulx), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Schneeberger (Drummond–Bois-Francs), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme
Trudel (Charlesbourg), M. Spénard (Beauce-Nord).
M. Ratthé (Blainville), Mme David (Gouin), M. Khadir (Mercier).
Le
Vice-Président (M. Cousineau)
: Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
• (17 h
20) •
Le
Secrétaire adjoint : Mme Marois (Charlevoix–Côte-de-Beaupré),
M. Bédard (Chicoutimi), M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Maltais (Taschereau),
M. Duchesne (Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M. Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M. Hébert
(Saint-François), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Turcotte (Saint-Jean),
Mme Richard (Duplessis), M. Ferland
(Ungava), M. Drainville (Marie-Victorin), Mme De Courcy (Crémazie), M.
Leclair (Beauharnois), Mme Champagne
(Champlain), M. Kotto (Bourget), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. St-Arnaud
(Chambly), M. Dufour (René-Lévesque), Mme
Ouellet (Vachon), M. Lisée (Rosemont), Mme Hivon (Joliette), M. Breton
(Sainte-Marie–Saint-Jacques), Mme Beaudoin (Mirabel), M. Bureau-Blouin
(Laval-des-Rapides), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
M. Pagé (Labelle), M. Traversy (Terrebonne), Mme Larouche (Abitibi-Est), M.
Pelletier (Rimouski), Mme Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve
(Berthier), M. Chapadeau (Rouyn-Noranda–Témiscamingue), Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin (Sherbrooke), Mme Proulx (Sainte-Rose), M.
Therrien (Sanguinet), M. Roy (Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer
(Deux-Montagnes), M. Richer (Argenteuil).
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Y a-t-il des abstensions? Mme
la secrétaire générale.
Le Secrétaire : Pour: 63
Contre: 43
Abstentions: 0
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : La
motion est adoptée.
Alors, avant
de poursuivre nos travaux, je vais suspendre quelques secondes pour permettre
aux gens de quitter. Oui, M. le député de...
M. Moreau :
...avant que vous suspendiez les travaux, est-ce que vous pourriez transmettre
une copie de cette motion au Conseil du statut de la femme, s'il vous plaît?
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, je suspends pour quelques secondes...
Oui, M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Et, je tiens à assurer mon collègue, nous en prendrons une copie aussi. Merci.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, je suspends quelques minutes.
(Suspension de la séance à
17 h 22)
(Reprise à 17 h 24)
Le Vice-Président (M. Cousineau) : Merci.
Nous reprenons nos travaux. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
M. le Président, pour la reprise de nos travaux, j'aimerais que vous appeliez
l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi n° 33
Adoption du principe
Reprise du débat sur la
motion de report
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : À l'article 4, oui, l'Assemblée reprend donc
le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 33, Loi modifiant
la Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de
l'Assemblée nationale.
Alors, je crois
qu'il y avait encore du temps de parole à M. le ministre. M. le ministre.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui.
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Cousineau) : Un instant, je vais vérifier. Est-ce que je peux avoir... Oui,
allez-y, M. le leader adjoint.
M. Traversy : Je confirme, effectivement,
que la députée de La Pinière, là, tenait à s'exprimer sur cette discussion,
et, par la suite, le ministre responsable des Institutions démocratiques pourra
terminer le débat.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui.
Alors, avant de céder la parole à un prochain intervenant, je vous
indique qu'il reste… Oui, voilà le temps
restant, il reste 28 min 10 s à ce débat, soit 10 minutes au groupe parlementaire formant le
gouvernement et 18 min 10 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle. Alors, d'accord, Mme la députée de La Pinière.
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin : Alors,
merci beaucoup, M. le Président. Permettez-moi d'intervenir à nouveau sur le projet
de loi n° 33, loi sur les conditions de travail et le régime de retraite
des membres de l'Assemblée nationale. J'interviens
à cette étape suite à la motion de report qui a été déposée par l'opposition
officielle. Je dis que j'interviens à nouveau, car j'ai pris la parole
devant cette Assemblée le 25 avril dernier sur ce même projet de loi à
l'étape de l'adoption du principe.
Alors, de
quoi s'agit-il, M. le Président? Le projet de loi n° 33 propose de
modifier la Loi sur les conditions de travail
et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale afin d'abolir
l'allocation de transition à un député qui a démissionné en cours de
mandat. Alors, avec mes collègues députés et notre porte-parole en matière
d'institutions démocratiques et député de Beauce-Sud, nous avons réussi à faire
valoir un certain nombre de points de vue, et notamment
une proposition qui me semblait dès le départ très pertinente, qui consiste à
dire que ce n'est pas aux députés de l'Assemblée nationale de déterminer
eux-mêmes leur salaire et leurs conditions de travail. C'est un principe qui
est, à mon point de
vue, sur le plan éthique, extrêmement important. Je pensais aussi même qu'il y
avait quelque chose d'immoral à
vouloir utiliser le pouvoir législatif dont nous disposons, nous, comme élus,
pour déterminer nos propres conditions de travail, notre propre rémunération, et notre propre salaire, et les
avantages afférents. Non seulement serions-nous juge et partie, mais, ce
faisant, on accréditerait nous-mêmes la perception selon laquelle nous serions
en conflit d'intérêts.
Alors, M. le
Président, ce projet de loi est introduit, par ailleurs, dans un contexte où la
classe politique, tous partis politiques
confondus, souffre de l'érosion du lien de confiance qui nous lie à nos
concitoyens. Il y a une crise de confiance dans les sociétés démocratiques. Ce n'est pas propre au Québec, ce n'est
pas propre au Canada, c'est un phénomène qui se manifeste dans beaucoup de sociétés démocratiques, et nous-mêmes, on n'y
échappe pas. Alors, parce que, justement, ce contexte de suspicion, de déficit démocratique est assez pesant et que
nous en souffrons tous, peu importent nos allégeances politiques, il
n'est pas, à mon point de vue, nécessaire et justifié que l'on puisse soumettre
ce projet de loi et dire aux députés : Bien, disposez-en. Vous allez
l'adopter parce que ça vous concerne. Bien, précisément, parce que ça nous
concerne, nous devons avoir une distance objective par rapport à cette
question-là. Nous devons aussi éviter de creuser
ce fossé qui s'élargit entre les gouvernants et les gouvernés. Et je n'ai pas
besoin de vous en faire la démonstration, à chaque fois qu'il y a des
sondages, il y a des indications à l'effet que les élus sont mal perçus.
• (17 h 30) •
Alors donc,
nous devons faire preuve, au contraire, d'un comportement et d'une conduite
exemplaires, car le métier que nous
exerçons, celui de député, pour ma part, je l'ai toujours considéré comme un
métier noble, un métier exigeant, certes, qui nous demande beaucoup, qui
demande beaucoup à nos familles, qui demande beaucoup au personnel qui
travaille avec nous, qui demande beaucoup à l'institution qui nous accueille,
dans cette Assemblée, et dont nous formons
l'Assemblée, puisque l'Assemblée est constituée de ses députés, mais parce que
justement il y a tout cela qui pèse
sur la classe politique, nous devons donc nous soustraire à cette obligation de
décider nous-mêmes, par nous-mêmes de nos conditions de travail et de
nos conditions salariales.
Nous sommes ici, M. le Président, parce que les
électrices et les électeurs de nos circonscriptions respectives nous ont fait
confiance. Ils nous ont fait confiance pour quoi? Pour les représenter, pour
les représenter dignement et efficacement.
Les représenter veut dire les servir, les servir avec honnêteté, avec
intégrité, avec disponibilité et loyauté, la loyauté dans la défense de leurs propres intérêts, les intérêts de nos
concitoyens qui nous ont élus, mais aussi la loyauté dans la défense des
intérêts supérieurs du Québec.
L'un des constats désolants que nous pouvons
tous faire ici, peu importe le parti auquel on appartient, est le déficit de connaissance dont souffrent nos
concitoyens à l'égard de leurs élus. Ils nous élisent une fois tous les quatre
ans en moyenne, puis après ils ne savent pas
ce qu'on fait, et la perception qu'ils en ont, c'est une perception très
souvent parcellaire et parfois négative, très souvent négative.
J'ai,
pour ma part, dans les fonctions que j'ai occupées auparavant, de première
vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec, participé à la
tournée de la présidence de l'Assemblée nationale dans les écoles secondaires
du Québec. J'ai fait pratiquement toutes les
régions. Le secondaire… On s'adressait, comme vous le savez, M. le
Président, aux jeunes du secondaire V, qui sont prêts à aller vers le
collégial. Donc, c'est des jeunes adultes, ils ont une bonne formation et
pourtant, quand vous leur dites : C'est quoi, le métier d'un député?
Savez-vous ce que fait un député? Eh bien,
ils ne sont pas capables de vous dire ce que font les députés. Et vous posez la
même question dans le public en général
et vous allez généralement avoir des réponses quasiment identiques. Alors, nous
sommes là, dans ce déficit de connaissance
à l'égard de ce que font les députés, et nous sommes en train de parler de
leurs salaires, et le public en général a très peu de compréhension du
rôle des députés.
Et permettez-moi, M. le Président, de saisir
cette occasion pour en parler. Les députés, au-delà de la perception négative
qui les entoure, jouent un rôle déterminant dans le développement et dans la
pérennité de notre démocratie. D'ailleurs,
M. le Président, dans cette enceinte qui nous rassemble aujourd'hui se sont
tenus les plus grands débats qui ont
marqué le Québec, qui ont marqué son histoire, son présent et son avenir. Et
ces débats qui parfois sont corsés,
parfois difficiles et complexes nous ont fait avancer et nous ont fait grandir
comme société démocratique. Et ces débats, ils ont été tenus par des
députés, ceux-là mêmes sur lesquels parfois on crache assez vulgairement. Je ne
me reconnais pas dans cette image, M. le Président.
Les députés
jouent un rôle déterminant dans notre démocratie. Ils sont des législateurs,
et, à ce titre, ils adoptent des lois
qui ont un impact considérable sur la qualité de vie, sur le niveau de vie, sur
le mode de vie, sur le milieu de vie de nos concitoyens. Beaucoup de choses essentielles dans la vie des gens se
déterminent ici, se débattent ici et s'adoptent ici. Cette fonction de législateur, les députés
l'assument au prix de longues heures de travail en Chambre et en
commission parlementaire à étudier, à
analyser et à bonifier les lois, à décortiquer les politiques, les programmes
qui impactent la vie de nos
concitoyens et qui impactent le développement de nos régions et de nos
communautés. C'est un rôle essentiel, majeur dans une démocratie qui se
respecte comme la nôtre. Et, au-delà de la démagogie et du populisme ambiant,
M. le Président, les députés exercent un
métier noble, je le répète, qui mérite d'être connu et reconnu, un métier dont
nous devons être tous fiers, peu
importe notre allégeance politique. Donc, les députés sont des législateurs,
une fonction essentielle.
L'autre fonction tout aussi importante est celle
du travail de représentation que nous faisons tout un chacun dans nos
circonscriptions respectives. Ce travail de représentation, nous l'assumons de
multiples façons : d'abord, par le
service direct, diligent et confidentiel que nous offrons dans nos bureaux de
circonscription à nos concitoyens dans leur
interface avec les différents ministères et services gouvernementaux. Ce
travail de représentation, M. le Président, vous le savez très bien,
nous le faisons par l'appui que nous apportons aux organismes institutionnels,
communautaires et privés de nos
circonscriptions respectives, des organismes qui oeuvrent dans les domaines de
la santé, de l'éducation, des arts,
de la culture, du transport, de la famille, de l'enfance, des aînés, de la
condition féminine, de l'action communautaire, de l'immigration, du rapprochement interculturel, et j'en passe. Ce
travail de représentation si important et si essentiel, nous l'assumons aussi à travers une présence soutenue dans
les événements et les activités des organismes de nos circonscriptions, y
compris le samedi et le dimanche, tard le soir, en fin de semaine.
Cette présence auprès des gens est aussi une
source d'information pour nous, pour nous enrichir, pour nous informer sur les
enjeux locaux, régionaux, sur les problématiques que vivent les gens et qui font
de nous de meilleurs députés, parce que,
grâce à ce contact direct, grâce à ces informations privilégiées, nous pouvons
intervenir intelligemment sur les projets de loi que nous adoptons, que
nous discutons, nous pouvons intervenir intelligemment pour améliorer les politiques
que le gouvernement nous présente. C'est un travail de terrain.
L'autre rôle,
M. le Président, qui est aussi très important et qui se joue particulièrement dans cette Chambre, à l'Assemblée nationale, et particulièrement
en période de questions, c'est le contrôle de l'action gouvernementale. La démocratie veut, particulièrement notre
démocratie, notre système parlementaire de type britannique... fait en sorte qu'il
y a un parti majoritaire — ou
parfois minoritaire — au
pouvoir et des partis d'opposition. Et c'est l'interface et l'interaction
qu'il y a au quotidien, lorsque nous siégeons, entre ces députés qui fait en
sorte que l'on pousse le gouvernement à s'améliorer ou, s'il n'est pas capable,
M. le Président, à être remplacé.
Et, en plus
de ces trois rôles essentiels inhérents à la fonction de député qui se
traduisent par des longues heures, des longues
semaines de travail, il y a aussi les fonctions que chaque député, ou
certains députés, assument et qu'on pourrait appeler les fonctions transitoires : celles de ministre,
celles de président, vice-président de l'Assemblée
nationale, celles de président, vice-président de commissions parlementaires, celles de leader et leader adjoint
parlementaire, celles de whip et de
whip adjoint de chaque groupe, le gouvernement et l'opposition. C'est un travail colossal que nous faisons. Il
est temps que l'on se lève et qu'on
le dise, qu'on le dise fièrement, qu'on le dise humblement, qu'on le dise
clairement et qu'on arrête de se faire manger la laine sur le dos comme
si on était une bande de corrompus.
• (17 h 40) •
M. le Président, il y a de la corruption au Québec,
il y a de la collusion au Québec. Mais les députés, M. le Président, de ce que nous en savons, nous arrivons
ici avec notre volonté de vouloir changer les choses, améliorer les
choses, faire en sorte que notre société
soit plus prospère, plus juste et plus équitable. M. le Président, je fais
partie, moi, de cette catégorie d'hommes et de femmes qui ont laissé
leurs familles, qui ont laissé d'autres intérêts et qui se consacrent à ce
métier si ardu, si ingrat, si mal aimé, mais qu'eux aiment et continuent de
faire avec passion.
Alors, M. le
Président, vous me voyez, je vous parle avec passion. Mais je veux revenir au
débat concernant nos salaires, parce qu'il faut mettre ça en parallèle,
hein? Les gens, ils pensent qu'on arrive ici, au Parlement, et qu'on dort tout le temps, on ne fout rien, hein? On ne
fout rien et puis on veut avoir des salaires, comme si on était des
voleurs. Non. Le métier qu'on fait est un métier important, est un métier noble
et il mérite d'être rémunéré à sa juste valeur, à sa juste valeur.
Alors,
l'Assemblée nationale n'est pas la première à être confrontée à cette situation
de déterminer la rémunération des
députés. Ça s'est fait dans les autres législatures. À la Chambre des communes,
ils ont décidé que le pouvoir législatif est l'équivalent du pouvoir judiciaire. Les députés font la loi, les
juges l'interprètent, particulièrement les
juges de la Cour supérieure. Alors ils ont dit : Comme une sorte
d'équité salariale, les députés vont
avoir le même salaire qu'un juge de la Cour suprême... supérieure. Voilà
une façon de l'établir.
Ailleurs,
dans d'autres législatures, on a fait ce que nous sommes en train de faire,
c'est-à-dire créer un comité d'experts indépendant qui rend compte à
l'Assemblée nationale, qui ne rend compte à aucun parti, ni à l'exécutif, ni au législatif, mais à l'Assemblée nationale. Ce
comité est composé d'honorables personnalités, dont l'honorable juge à
la retraite, Claire L'Heureux-Dubé, l'ancien
secrétaire général de l'Assemblée nationale, le juriste consul de
l'Assemblée nationale. Ces gens-là sont en
train de travailler. Pouvons-nous leur donner la chance de nous remettre, dans
deux mois à peu près, un rapport avec des recommandations? Et, à ce
moment-là, le gouvernement et les partis d'opposition vont pouvoir regarder ça, évaluer et décider :
Est-ce que nous avons un projet de loi devant nous? Mais pourquoi se
précipiter tout de suite, hein, et décider
qu'on va faire ça à la hâte, alors qu'on peut attendre d'avoir l'éclairage de
ces personnages, M. le Président, et de prendre une décision éclairée?
Et je terminerai en vous disant
que je suis fière d'être députée de La Pinière et fière d'être députée de
cette Assemblée, notre Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de
La Pinière. Puis je suis certain que tous les députés en cette
Chambre partagent votre enthousiasme en ce qui a trait au rôle des députés.
Alors, M. le
ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation
citoyenne, en vous rappelant qu'il vous reste 10 minutes à votre
formation politique. M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Merci, M. le
Président. M. le Président, j'ai écouté l'allocution de la députée
La Pinière, et il y a des choses
qu'elle a dites avec lesquelles je suis totalement d'accord, quand elle plaide
avec passion le rôle essentiel du député.
Mais là où nous divergeons d'opinion, M. le Président, c'est sur le sens qu'il
faut donner au projet de loi n° 33, qui est maintenant devant nous,
devant cette Chambre.
Les députés
libéraux, M. le Président, pourront faire tous les discours ou pourront
prononcer tous les discours qu'ils veulent, ça ne changera rien au fait
que leur obstruction au projet de loi n° 33 a coûté, ces derniers mois,
entre 200 000 $ et
300 000 $ de primes versées à deux députés libéraux
démissionnaires : l'ex-député de Viau et l'ex-député d'Outremont,
sans parler, bien sûr, M. le Président, des dépenses liées à la tenue de deux
élections partielles que ces deux départs
vont provoquer, des élections partielles qui nous coûtent au bas mot chacune au
moins 500 000 $. Donc, on est à moins 1 million de dollars pour payer pour
deux élections partielles et au moins 200 000 $ à 300 000 $
de prime. Tout ça, M. le Président,
parce que le Parti libéral bloque la progression du projet de loi n° 33,
que notre gouvernement a déposé.
M.
le Président, quand on a déposé 33, on a vu tout de suite que les libéraux
allaient bloquer. Ils faisaient du temps, ils faisaient du filibuster ou du «filibusting», et on se posait la question,
M. le Président, on se posait la question, on…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault :
M. le Président, vous savez, d'habitude, j'écoute très attentivement les
interventions des collègues; j'essaie de ne pas en faire souvent. Par contre, à
ce stade-ci, le député nous prête vraiment, vraiment des intentions... le ministre, pardon, nous prête des
mauvaises intentions. Je vous demanderais de le rappeler à l'ordre et
qu'il fasse attention à ses propos.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, M. le
ministre, je vous rappelle que la prudence est de mise et puis de ne pas
donner des motifs indus à la partie adverse.
M. Drainville :
La vérité choque, M. le Président. La vérité choque, mais c'est un fait qu'on a
vu qu'ils bloquaient le projet de loi et on se disait : Il doit bien y
avoir une raison. On se posait la question : Est-ce c'est parce qu'il y a
des députés libéraux qui prévoient partir avec la…
Une voix :
…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Je m'excuse, M. le ministre.
Oui, Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. Je viens de faire une
question de règlement. M. le Président, tous les députés en cette
Chambre ont droit de prendre exactement 20 minutes sur… Chaque député a droit
de parler pendant 20 minutes sur chacun des projets de loi à toutes les étapes,
et nous en sommes à l'adoption de principe.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord.
Mme
Thériault : Donc, on ne nous reprochera pas d'exercer notre
droit de parole, c'est ce que nous avons le droit de faire ici et c'est
ce qu'on fait, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. Merci.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, un instant. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, écoutez, je sais qu'aujourd'hui est
une grosse journée et que, des fois, la patience est un petit peu plus
défaillante rendue vers la fin de l'après-midi, mais je dois quand même
mentionner que le député de Marie-Victorin n'a prêté aucune intention indigne à
personne en cette salle, et j'ai beau feuilleter tous les propos antiparlementaires
de mon cahier, je n'en trouve aucun. Je vous demanderais de faire respecter le
règlement.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : D'accord. Oui, M. le leader
adjoint du gouvernement. Alors, M. le ministre, vous pouvez continuer.
Je vous incite à la prudence, mais continuez vos propos.
M. Drainville :
Alors donc, M. le Président, on se demandait pourquoi. Pourquoi ne veulent-ils
pas laisser le projet de loi progresser? Il y aurait-u des députés
libéraux qui auraient l'intention de démissionner puis partir avec une prime? On se posait la question. Et, surprise, M.
le Président, surprise : d'abord, Emmanuel Dubourg qui quitte avec
sa prime, et, par la suite, M. Bachand,
ex-député d'Outremont, qui quitte lui aussi avec sa prime. Alors, on avait la
réponse à notre question, M. le Président.
On comprenait pourquoi le Parti libéral ne voulait pas permettre à cette
Chambre de… non seulement d'étudier le projet, puis de l'amener en
commission parlementaire, puis de le faire adopter, mais il le bloquait d'abord et avant tout pour protéger les
intérêts de leurs propres députés. Alors, M. le Président, on voit clair
dans le jeu du Parti libéral, M. le
Président, et je pense que les Québécois, de façon générale, voient clair dans
leur jeu également.
On
a entendu les députés libéraux nous parler de cette idée, là, que c'est parce
qu'il y a un comité indépendant, là, qui
se penche sur le salaire des élus, et qu'il ne faut pas permettre l'adoption du
projet de loi n° 33. C'est très curieux, M. le Président, c'est très curieux : on n'a jamais
entendu parler de conflit d'intérêts lorsque c'était le gouvernement
Charest qui changeait les conditions salariales des élus, hein?
M. Charest, il n'a pas fait appel à un comité indépendant quand c'est
devenu le temps de geler les salaires des élus.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : ...M. le ministre. Oui, Mme la
leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme Thériault :
Oui. Merci, M. le Président. M. le Président, j'aimerais tout simplement
rappeler au ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques
que, puisque nous avons redonné le titre de premier ministre à tous les premiers ministres qui
sont encore vivants, il devrait appeler M. Charest par son titre, M.
le premier ministre, et…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Thériault :
J'aimerais compléter mon intervention. Je me rappelle très bien que le leader
actuel du gouvernement nous a rappelés souvent à l'ordre en nous parlant de
M. Landry ou d'autres premiers ministres.
• (17 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : D'accord. Mais, Mme la leader adjointe de
l'opposition officielle, ce n'est pas une question de règlement.
Donc, nous allons
poursuivre. Il vous reste quelques minutes, M. le ministre. Soyez prudent.
M. Drainville : L'attitude de la leader adjointe du Parti libéral est à l'image de l'attitude du Parti
libéral dans ce débat sur 33 depuis le début. Il préfère bloquer plutôt
que d'appuyer ce projet de loi que souhaitent les Québécois, M. le Président. Il y a un très fort appui des Québécois
pour ce projet de loi n° 33.
Pourquoi, M. le Président? Parce que les Québécois, ils souhaitent que les candidats et candidates aux élections,
qui sont élus par la suite à l'Assemblée nationale, respectent le
contrat moral, et c'est exactement ce que nous proposons à travers le projet de
loi n° 33. Le 33, il vise à rétablir les conditions du contrat moral entre
la population et les élus de cette Assemblée nationale.
Quand
on se présente dans une élection, M. le Président, on prend l'engagement de
servir notre mandat et, si on quitte
à mi-mandat ou avant la fin du mandat, on ne devrait pas être récompensé pour
le faire et donc on ne devrait pas partir avec une prime, et c'est
précisément ce à quoi nous voulons mettre fin avec le projet de loi n° 33.
M. le Président, les Québécois nous
demandent de donner l'exemple. La députée de La Pinière avait raison de
dire que le lien de confiance entre
les élus et la population est sérieusement amoché présentement. Or, le parti
qui a le plus contribué à briser ce lien de confiance, c'est le Parti libéral, avec le contrat… le scandale des
garderies, là, hein, l'utilisation des permis de garderie pour financer le parti, les cocktails de financement du
Parti libéral financés par des prête-noms, organisés par des collecteurs
de fonds. L'objectif de financement de
100 000 $ donné à chaque ministre libéral. Le salaire caché de M. le
premier ministre Jean Charest, 75 000 $, qu'il a cachés
pendant 10 ans, l'affaire des post-it dans la nomination des juges, le refus de
déclencher la commission d'enquête qui a mis à mal le lien de confiance entre
les élus et la population. Le projet de loi
n° 33, M. le Président, il vise justement à rétablir le lien de confiance.
C'est un geste d'intégrité que nous posons comme gouvernement, et on
aurait souhaité que les libéraux nous appuient là-dedans.
M. Couillard, qui
n'est toujours pas en Chambre, déclarait au mois d'août qu'il s'attendait à des
élections cet automne. Moi, je lui avais répondu : Bien, plutôt que de
penser à des élections, il devrait penser à revoir les standards d'éthique de son parti, il devrait appuyer le
projet de loi n° 33. C'était dans les jours qui ont suivi le départ de M.
Dubourg, là. Je le réitère aujourd'hui, M. le Président, plutôt que de bloquer
33, les libéraux devraient revoir à la hausse leurs standards d'éthique et montrer, à travers leur appui à 33, qu'ils sont
prêts à changer, que le Parti libéral d'aujourd'hui, celui de Philippe Couillard, n'est pas le même
Parti libéral que sous Jean Charest. Ce serait une belle façon de démontrer
qu'il y a eu un changement entre Jean Charest et Philippe Couillard.
Alors, c'est tout le
contraire qui se passe : non seulement il n'est pas ici pour défendre la
position, qui est assez gênante, je
l'admets, mais il bloque… il propose mettre de remettre à trois mois d'ici...
Il propose de repousser de trois mois, de geler pendant trois mois le
débat sur 33. Alors, j'espère, M. le Président, qu'ils vont être battus. J'espère que cette motion va être battue avec, je
l'espère, le soutien de la CAQ, qui n'a pas tout à fait la même position
que nous sur 33, mais qui est ouverte à la discussion et qui, sur le principe,
est plutôt d'accord avec nous. Je les en félicite, d'ailleurs.
Alors,
j'espère, M. le Président, qu'avec le soutien de la Coalition avenir Québec on
va réussir à déjouer cette tentative du Parti libéral de bloquer la progression
de 33. J'espère qu'avec l'appui de nos collègues de la deuxième opposition on
va réussir à déjouer le jeu des libéraux et faire en sorte que 33 puisse
continuer à progresser pour qu'on abolisse les primes pour les députés…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, cela met fin au débat restreint de deux heures sur la
motion de report présentée par Mme la députée de Soulanges. Oui, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Comme nous
sommes maintenant rendus à la période du vote pour le report de
cette motion, je constate que nous sommes plus que cinq députés et
je vous demanderais un appel nominal pour trancher la question.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, je vais poursuivre ma lecture, puis après
ça vous pourrez…
Des voix :
…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, est-ce que vous aviez une question de règlement, Mme la députée d'Anjou? Non? D'accord.
Donc, je mets maintenant aux
voix…
Des
voix : …
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Je mets maintenant aux voix la motion de
report présentée par Mme la députée de Soulanges dans le cadre du débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 33, Loi modifiant la Loi sur les conditions de travail et le régime de
retraite des membres de l'Assemblée nationale. Cette motion se lit comme suit : «Que la motion…»
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Ah, s'il vous plaît! «Que la motion en
discussion soit modifiée en retranchant le mot "maintenant" et en
ajoutant, à la fin, les mots "dans trois mois".» Cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
…
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : M. le leader… Là, c'est le temps. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Oui. Écoutez, quand je vois ma collègue de l'opposition se lever,
machinalement, il y a une compétition peut-être malsaine, là, qui s'installe,
je me lève un peu trop vite également de mon côté. Alors, je vous demanderais
d'appeler le vote nominal pour trancher la question.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, qu'on appelle les députés.
• (17 h 56 — 18
h 5) •
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît, nous reprenons maintenant nos
travaux.
Mise aux voix
Je mets maintenant
aux voix la motion de report présentée par Mme la députée de Soulanges dans le
cadre du débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 33, Loi modifiant la Loi sur les conditions de travail et
le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale. Cette motion
se lit comme suit :
«Que
la motion en discussion soit modifiée en retranchant le mot
"maintenant", et en ajoutant, à la fin, les mots "dans
trois mois".»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), M. Moreau
(Châteauguay), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Paradis (Brome-Missisquoi),
M. Arcand (Mont-Royal), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Sklavounos
(Laurier-Dorion), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance–Viger), M. Ouimet (Fabre), M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Gaudreault (Hull), Mme Charlebois (Soulanges),
Mme Blais (Saint-Henri–Sainte-Anne), Mme Vallée (Gatineau), M.
Bolduc (Jean-Talon), Mme Thériault (Anjou–Louis-Riel), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), Mme Ménard (Laporte),
Mme Boulet (Laviolette), M. Carrière (Chapleau), M. Billette (Huntingdon),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond(Maskinongé),
M. Drolet (Jean-Lesage), M. Reid (Orford), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup–Témiscouata), M. Gautrin (Verdun), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), Mme Houda-Pepin (La Pinière), M.
Bergman (D'Arcy-McGee), M. Marsan (Robert-Baldwin), M. Marcoux
(Vaudreuil), M. Iracà (Papineau), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M.
Bolduc (Mégantic), M. Rousselle (Vimont).
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Que les députés contre cette
motion veuillent se lever.
Le
Secrétaire adjoint : Mme Marois (Charlevoix–Côte-de-Beaupré),
M. Bédard (Chicoutimi), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
Mme Maltais (Taschereau), M. Duchesne (Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M.
Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb
(Richelieu), M. Hébert (Saint-François), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Trottier (Roberval),
Mme Richard (Duplessis), M. Ferland (Ungava), M. Drainville (Marie-Victorin),
Mme De Courcy (Crémazie), M. Leclair (Beauharnois), Mme
Champagne (Champlain), M. Kotto (Bourget), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. Dufour (René-Lévesque), Mme Ouellet (Vachon),
M. Lisée (Rosemont), Mme Hivon (Joliette), M. Breton
(Sainte-Marie–Saint-Jacques), Mme Beaudoin (Mirabel), M. Bureau-Blouin
(Laval-des-Rapides), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Pagé (Labelle), M.
Traversy (Terrebonne), Mme Larouche (Abitibi-Est), M. Pelletier (Rimouski), Mme
Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve (Berthier), M. Chapadeau
(Rouyn-Noranda–Témiscamingue), Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin
(Sherbrooke), Mme Proulx (Sainte-Rose), M. Therrien (Sanguinet), M. Roy
(Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer (Deux-Montagnes), M. Richer
(Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy (Montarville), M. Dubé (Lévis), M. Caire (La Peltrie), M. Lévesque
(Vanier-Les Rivières), Mme St-Laurent (Montmorency), M.
Le Bouyonnec (La Prairie), Mme Roy
(Arthabaska), Mme Daneault (Groulx), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M.
Schneeberger (Drummond–Bois-Francs),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Trudel (Charlesbourg), M. Spénard
(Beauce-Nord).
M.
Ratthé (Blainville).
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Y a-t-il…
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît! Y a-t-il des abstentions? Mme la
secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 60
Abstentions : 0
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : La motion est rejetée.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, compte tenu de
l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au jeudi 26 septembre
2013, à 9 h 45. Bonne soirée à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 18 h 9)