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(Dix heures huit minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mesdames, messieurs, si vous voulez prendre place. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 16 de notre feuilleton.
Projet de loi 407
Reprise du débat sur la prise en
considération du rapport de la
commission
qui en a fait l'étude
détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Aux affaires du jour,
à l'article 16, l'Assemblée reprend le débat sur la prise
en considération du rapport de la commission du budget et de
l'administration sur le projet de loi 407, Loi modifiant de nouveau la Loi sur
les impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Hier, au moment de la levée de la séance, la parole était
à M. le député de Montmorency, et je lui redonne la parole
ce matin. Je tiens à vous souligner qu'il reste 25 minutes à
votre intervention. Merci.
M. Filion: Merci, M. le Président. Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, s'il vous plaît. La parole est au
député de Montmorency. Si vous voulez parler, on vous accordera
la parole après. M. le député.
M. Jean Filion (suite)
M. Filion: merci, m. le président. nous avons mis fin
à la séance d'hier alors que j'étais en train de commenter
le projet de loi 407, un projet de loi très technique. je profitais de
l'occasion, parce qu'on parlait de la journée internationale des femmes
cette semaine à l'assemblée nationale, et je me disais que je me
devais d'aller plus loin que d'effectivement prendre la cause des femmes au
québec et, effectivement, il faut appuyer cette
démarche-là. j'y souscris d'une façon particulière
et à 100 %.
Et je parlais de ce projet de loi, M. le Président, comme d'un
projet de loi très technique. Je pense que le ministre du Revenu, qui
propose souvent des mesures techniques de modification, devrait prendre en
considération la condition féminine. Et, M. le Président,
la condition féminine...
Je veux soulever des points, et un point particulier qui touche
maintenant une personne. Je pense entre autres à Mme Suzan Thibaudeau,
M. le Président, qui se bat dans un recours collectif pour faire changer
des mesures techniques qui causent préjudice aux femmes, au niveau des
pensions alimentaires. Effectivement, ces points techniques là devraient
apparaître dans le projet de loi 407, auraient dû apparaître.
Ça fait deux ans qu'on soulève des points techniques. Ça
fait deux ans qu'on en parie et, dans le projet de loi 407, il n'y a rien, M.
le Président.
Je profite effectivement qu'on veuille souligner la Journée
internationale des femmes pour dire au gouvernement libéral: II serait
temps qu'on s'assoit et qu'on regarde ces mesures techniques là qui
rendraient service à une collectivité et que, je pense, on est en
droit d'attendre en toute justice et équité sur un plan fiscal.
Et les mesures techniques, les prochaines mesures techniques que je verrai
apparaître dans un projet de loi, j'espère qu'elles prendront en
considération ce que Mme Thibaudeau revendique sur le plan de
l'équité fiscale.
M. le Président, je voulais simplement, parce que je trouvais
ça important, souligner ces événements-là et
également faire en sorte que la condition féminine soit encore
mieux, qu'on prenne plus d'intérêt à ce qui se passe
actuellement dans notre société, et j'incite le ministre du
Revenu à prendre bonne note qu'il y a des mesures techniques qui
devraient réapparaître prochainement pour donner plus
d'équité a la situation fiscale des femmes au Québec. Je
termine là-dessus, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Montmorency. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
ce rapport? Si vous voulez intervenir, vous avez cinq minutes. Vous voulez
intervenir?
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Très rapidement, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez 5 minutes, M.
le ministre.
M. Savoie: ...pour dire qu'on prend effectivement bonne note des
recommandations qui, évidemment, n'ont rien à faire avec le
projet de loi 407 et qui portent sur autre chose qu'on pourra facilement
examiner lorsque le moment sera opportun; on parle, à ce
moment-là, de juste avant Pâques. On va certainement regarder
ça, le dossier de Mme Thibaudeau, on est familier avec le dossier. Nous
en avons déjà discuté. On va regarder ça.
Je voudrais donc tout simplement, encore
une fois, M. le Président, souligner l'importance d'aborder les
travaux en commission parlementaire sur une base thématique, sans
ça, on perd notre temps. Les parlementaires perdent leur temps, la
commission perd son temps. Cette façon de fonctionner va assurer une
clarté de travail, une clarté d'approche, va permettre de
comprendre exactement ce que nous sommes en train de faire et ça va
avantager l'ensemble de la population québécoise.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre du
Revenu, de votre intervention. N'ayant pas d'autres intervenants, est-ce que le
rapport de la commission du budget et de l'administration portant sur le projet
de loi 407, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Le
rapport est donc adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, compte tenu du programme
législatif à ce moment précis, je vous demanderais, dans
les circonstances, de suspendre nos travaux jusqu'à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à votre
demande, M. le leader adjoint du gouvernement, je suspends les travaux de cette
Assemblée jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 10 h 14)
(Reprise à 14 h 6)
Le Président: Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence de la consule générale
des États-Unis
J'ai le grand plaisir de souligner la présence dans les tribunes
de la consule générale des États-Unis à
Montréal, Mme Susan Wood.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article b du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 418
Le Président: très bien. à l'article b du
feuilleton, m. le ministre des approvisionnements et services présente
le projet de loi 418, loi modifiant la loi sur la société
immobilière du québec. m. le ministre.
M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de modifier la Loi sur la Société immobilière du
Québec relativement à la participation de cette
Société à l'exploitation de la Place Desjardins à
Montréal.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article c du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 413
Le Président: à l'article c du feuilleton, m. le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles présente
le projet de loi 413, loi modifiant la loi sur l'optométrie. m. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. M. le Président,
ce projet de loi modifie la Loi sur l'optométrie afin de permettre,
à certaines conditions, aux optométristes d'administrer certains
médicaments aux seules fins de l'examen des yeux du patient.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article j du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 282
Le Président: J'appelle l'article j du feuilleton. J'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 282, Loi concernant la Société médicale de
Montréal inc. Le directeur de la législation a constaté
que les avis ont été faits et publiés conformément
aux règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé. Je dépose donc ce rapport. En conséquence, M. le
whip du gouvernement et député de Viau, au nom de M. le
député de Vimont, présente le projet de loi
d'intérêt privé 282, Loi concernant la
Société médicale de Montréal inc. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
ce projet de loi d'intérêt privé 282, Loi concernant la
Société médicale de Montréal inc., soit
déféré à la commission du budget et de
l'administration et, aussi, évidemment, pour que Mme la ministre
déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette dernière motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant,
dépôt de documents, Mme la ministre des Affaires culturelles.
Dépôt de documents
Protocole d'entente avec la Motion Picture Export
Association of America
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, en vertu de
l'article 105.1 de la Loi modifiant la Loi sur le cinéma, je
dépose un protocole d'entente intervenu entre la ministre des Affaires
culturelles et la Motion Picture Export Association of America et ses
membres.
Le Président: Alors, ce document est déposé.
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Rapport annuel de l'Institut québécois
de recherche sur la culture
Mme Robillard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 de l'Institut
québécois de recherche sur la culture.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission de l'économie et du travail et
député de Laval-des-Rapides.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 409
M. Bélanger (Laval-des-Rapides): M. le Président,
j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission de
l'économie et du travail qui a siégé le 11 février
1992 afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 409, Loi modifiant la Loi sur les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise. Le projet de loi a
été adopté.
Étude du décret 37-91 concernant le Parc
technologique du Québec métropolitain
J'ai aussi l'honneur de déposer le rapport de la commission de
l'économie et du travail qui a siégé le 21 janvier 1992
afin de procéder à l'étude du décret 37-91
concernant la modification du texte des lettres patentes du Parc technologique
du Québec métropolitain. Merci.
Le Président: Ces deux rapports sont donc
déposés.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons donc procéder à la période de questions
et réponses orales. Je vais reconnaître en première
question principale, M. le député de Laviolette.
Questions et réponses orales
Taxe sur l'exportation de bois d'oeuvre vers les
États-Unis
M. Jolivet: Merci, M. le Président. L'automne dernier, le
ministre des Forêts se félicitait d'avoir négocié
avec les États-Unis une diminution graduelle de la surtaxe sur toute
exportation de bois d'oeuvre de 8 % à 3 %. Il ajoutait même que le
Québec serait en mesure de prouver que la production de bois d'oeuvre
québécois n'était pas subventionnée. D'un autre
côté, l'administration américaine du commerce avait
exigé du gouvernement du Québec qu'il confie à une
entreprise privée une étude de 500 000 $ qui est arrivée
aux mêmes conclusions que le gouvernement. La semaine dernière, le
gouvernement américain a décidé d'imposer
unilatéralement une surtaxe de 14,48 %. Cette surtaxe ne s'applique pas,
cependant, au Nouveau-Brunswick, mais s'adresse au Québec alors que la
demande américaine était surtout comme une mesure de
rétorsion contre les faibles droits de coupe en Colombie-Britannique.
Cette surtaxe, qui a été demandée particulièrement
par les papetières américaines, coûtera environ 50 000 000
$ au Québec, aux scieurs québécois, et amplifiera la
fermeture d'usines de sciage au Québec.
Ma question au ministre des Forêts: Pourrait-il nous indiquer quel
type d'engagement ou d'assurance il a obtenu l'an dernier du gouvernement
américain pour que cette taxe soit baissée à 3 % et
pourrait-il nous déposer les documents signés entre le
Québec et les États-Unis à cet effet?
Le Président: Alors, M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je pourrai certainement déposer les documents
concernant la décision américaine d'imposer une taxe de 3
% au bois d'oeuvre du Québec et je le ferai avec plaisir. Sauf que, si
nous sommes dans cette situation aujourd'hui, c'est à cause de la
décision du gouvernement fédéral de mettre fin
unilatéralement au mémoire d'entente entre le Canada et les
États-Unis concernant le bois d'oeuvre.
Nous avions, au ministère, fait beaucoup d'efforts et beaucoup de
frais pour démontrer aux Américains que le bois d'oeuvre
n'était pas subventionné au Québec, et c'est ce qu'ils
avaient reconnu. Mais étant donné la décision du
gouvernement fédéral de mettre fin unilatéralement au
mémoire d'entente, nous avons dû recommencer à nouveau
toutes les discussions que nous avions eues avec les Américains. Je
regrette cette décision que je trouve injustifiée, incorrecte et
je crois que nous continuerons malgré tout à défendre les
intérêts du secteur sciage du Québec pour faire en sorte
que les Américains changent d'idée et reconnaissent le
bien-fondé de la gestion des forêts du Québec, sans
subvention.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Jolivet: Le ministre le sait très bien, et je lui pose
la question: En 1986, au moment de la décision, comme il était
à ce moment-là solidaire de la décision du Canada qui a
mis l'ensemble des provinces sur le même pied, est-ce qu'aujourd'hui il
est encore solidaire de cette décision qui nous pénalise
aujourd'hui?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, en 1986, nous avons conclu... J'étais solidaire et je
le suis encore, et je pense que c'a été une décision
justifiée de conclure une entente avec les Américains de
façon à éviter une plus importante taxe sur le bois
d'oeuvre. Nous avons convenu de 15 % et, lorsque les Américains ont
regardé la gestion des forêts du Québec, ils ont
réduit d'eux-mêmes, évidemment suite à nos
représentations, la taxe à 8 %. Suite à cette
décision, nous avons obtenu 3 % l'an passé et, de façon
générale, l'industrie du bois d'oeuvre au Québec
était satisfaite des représentations du gouvernement du
Québec, du ministère des Forêts et des officiers du
ministère des Forêts.
Je dirai au député de Laviolette que le facteur de 14,5 %
représente principalement l'évaluation des Américains
vis-à-vis de la Colombie-Britannique, et les Américains,
reconnaissant la bonne gestion des forêts du Québec, estiment que
les subventions sur les redevances, sur les droits de coupe ne correspondent
qu'à 3,78 % du taux qu'ils imposent. Mais on a décidé de
faire un taux égal pour tout le Canada et c'est ce que je trouve
injustifié et incorrect de la part des Américains.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: Comme ça, le ministre, dans ce cas-là,
il pourra me donner la réponse aussi: Est-il normal, d'après lui,
que nous payions pour la mauvaise gestion de la Colombie-Britannique au
Québec, dans le contexte où, actuellement, en Estrie, des usines
ont annoncé... Et est-ce qu'il est au courant que des usines ont
annoncé leur fermeture définitive et envoyé au
ministère du Travail des avis de mises à pied massives?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, c'est la partie injuste de la décision
américaine, parce que, dans la décision américaine, on ne
fait pas état des usines frontalières qui importent des billots
des États-Unis pour les transformer au Québec et les revendre,
ensuite, aux États-Unis. Et, dans le passé, avant la
décision du gouvernement fédéral de mettre fin
unilatéralement au mémoire d'entente, on avait fait une exception
pour les usines frontalières et on leur avait accordé un quota de
300 000 000 de pieds de bois, ce qui était satisfaisant. Lors des
récentes discussions, on nous a dit, au Département du commerce
américain: On n'a pas le temps de s'en occuper, on n'a pas les
ressources suffisantes pour s'occuper des cas d'exception. Et c'est pourquoi,
mon cher député, les usines frontalières ne sont pas
exemptées aujourd'hui.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: M. le ministre, est-ce que vous êtes au courant
que M. Irving, au Nouveau-Brunswick, la compagnie, a négocié, a
fait du lobbying avec les États-Unis, de telle sorte qu'ils n'y sont pas
soumis? Qu'est-ce que le Québec a fait? Qu'est-ce qu'il a l'intention de
faire? Est-ce que le ministre a encore l'intention de se croiser les bras puis
d'attendre que le fédéral aille quémander à notre
place que le gouvernement américain se porte mieux pour nos usines
québécoises? C'est ça que vous attendez?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, M. le
Président, on ne se croisera pas les bras, vous savez, parce que, encore
hier soir, mon sous-ministre allait à Ottawa à une rencontre. Et
on a fait état de la situation du Québec comparée aux
autres provinces du Canada et nous croyons, au Québec, que nous avons
les mêmes arguments pour être exemptés de la taxe que le
Nouveau-Brunswick, que M. Irving ou que d'autres. Et je
dirai, M. le Président, que quelques scieries du Québec
ont été exemptées, parce que les Américains n'ont
considéré que celles-là. Qu'est-ce que vous voulez? Ce
sont les clients, et on nous a dit: Coudon, continuez. Et, dès cet
après-midi, les inspecteurs américains sont au ministère
pour vérifier les affirmations, les données qu'on leur a
données durant des récentes discussions. Et on continuera
à défendre les intérêts du bois d'oeuvre du
Québec.
Le Président: Pour une dernière question
additionnelle, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre des Forêts ne
considérerait pas que, compte tenu des difficultés que ça
pose dans certaines régions au niveau des scieries, avec cette surtaxe
de 14 %, de la crise de l'industrie papetière, le moment serait venu
d'examiner très sérieusement la possibilité de soutenir
les scieries, entre autres de l'Abitibi-Témiscamingue, pour
développer davantage nos exportations sur le marché outremer?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est dans cette
optique, M. le Président, que dans l'examen des difficultés que
rencontre l'industrie forestière nous proposons un bureau de
deuxième transformation du bois. C'est également dans cette
optique d'outre-mer que nous supportons le Bureau de promotion des industries
du bois. Nous continuerons à le faire et nous augmenterons s'il le faut.
Ça a donné des résultats à date puisque les
exportations aux États-Unis ont diminué de 33 % à 26 %
dans l'espace de deux à trois ans et les exportations outre-mer ont
augmenté. Nous continuerons à supporter les initiaves pour
l'exportation outre-mer.
Le Président: Pour une toute dernière
additionnelle, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si le
Nouveau-Brunswick, avec la compagnie Irving, n'a pas fait confiance au Canada
et est allé défendre lui-même son dossier puis il a
gagné, est-ce que vous ne pourriez pas faire la même chose ici au
Québec?
Le Président: M. le ministre.
(14 h 20)
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, nous avons examiné la possibilité de faire
cavalier seul, le Québec. C'est une avenue que notre avocat
considère actuellement et nous le ferons peut-être. Nous avons
demandé au gouvernement américain de supporter les industries de
bois de sciage en attendant qu'on solutionne ce problème-là qui
pourra peut-être prendre un an, ce qui n'est pas à souhaiter, mais
je pense bien que le gouvernement fédéral devrait supporter
l'industrie du bois de sciage en attendant qu'on solutionne le problème
du québec dans ce dossier.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Effets de l'application de la TVQ sur l'industrie
culturelle
M. Boulerice: Oui. M. le Président, une coalition
québécoise des arts de la scène avec le «non au
spectacle» lançait un véritable cri d'alarme face à
la perspective, le 1er juillet prochain, d'une TVQ de 8 % qui porterait
à 26 % le taux combiné de la TPS, de la TVQ et de la taxe
d'amusement sur la culture, une taxe tellement forte, M. le Président,
que la ministre elle-même était forcée d'admettre que cela
est inacceptable.
Alors, ma question fort simple, M. le Président, au ministre des
Finances: Reconnaît-il le caractère proprement suicidaire d'un
taux de taxation cumulé de 26 % sur le prix d'un spectacle,
particulièrement en période de récession, et convient-il
dès aujourd'hui, en cette Chambre, de la nécessité
d'exempter le secteur de la culture de l'application de la TVQ à titre,
d'ailleurs, de ministre d'un gouvernement qui veut obtenir que le Québec
soit reconnu comme une société distincte?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je crois que cette question
est fort pertinente. Je crois que l'inquiétude, cependant, de
l'honorable député est prématurée. Je disais
récemment en cette Chambre que la question était
étudiée très sérieusement. Je ne sais pas s'il y
a eu une inspiration particulière chez le député,
mais, aujourd'hui même, je dois en discuter, et dans les prochaines
minutes, avec le ministre des Affaires municipales.
Le Président: En question... S'il vous plaît...
M. Boulerice: M. le Président... Le Président: M.
le député, s'il vous plaît. M. Garon:...
Le Président: M. le député de Lévis,
je vous demanderais, s'il vous plaît, de respecter le droit de parole de
vos collègues. En question complémentaire, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, honnêtement, comment
le ministre...
honnêtement, m. le président, comment le ministre peut-il
employer le mot «prématuré», en parlant de cette
taxation, alors que toutes les statistiques nous le démontrent, il y a
des chutes entre 30 % et 50 %. donc, la moitié des salles de spectacle,
au québec, sont vides à cause de la récession, des taxes
et des taxes nouvelles qui vont s'ajouter.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je comprends que le
député de Saint-Jacques... de Sainte-Marie-Saint-Jacques,
devrais-je dire... Vous savez, quand on est assez longtemps ici, on peut avoir
certains souvenirs de comtés qui étaient séparés.
M. le Président, je voudrais simplement dire au député de
Saint-Jacques... Sainte-Marie-Saint-Jacques...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...qu'il a posé une question
prématurée dans le sens suivant. C'est que cette taxe, dont il se
plaint, sur le spectacle est une taxe d'abord fédérale, la TPS de
7 %; quant à l'autre taxe municipale, elle existe depuis bien des
années. Celle qu'il craint de voir imposer ne l'est pas et c'est
justement ce qui fait l'objet de nos discussions.
Le Président: En question complémentaire.
M. Boulerice: Est-ce que le ministre, après avoir convenu
des bienfaits du fédéralisme dans le cas de la culture au
Québec, pourrait rassurer les membres de la coalition
québécoise et leur dire immédiatement en cette Chambre, au
lieu de faire perdurer un mauvais suspens jusqu'à la dernière
minute, leur donner une réponse immédiate en leur disant que la
TVQ ne sera pas appliquée dans le cas de l'industrie de la culture?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, nous avons beaucoup de
considération, comme vous le savez, et je n'ai comme témoin que
la ministre des Affaires culturelles, vous savez fort bien notre
préoccupation pour la culture. Mais votre question, je pense, doit se
situer dans un contexte plus large. C'est justement dans ce contexte plus large
que se poursuivent les discussions sur une taxe qui n'est pas pour le mois de
mars, mais pour le mois de juillet. Alors, prenez votre temps, ayez confiance,
faites-nous confiance et nous allons étudier la question en profondeur.
Nous allons même dépasser dans nos discussions le volet culturel,
nous allons prendre un volet beaucoup plus global, comme c'est notre
responsabilité de le faire.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, après avoir... Une
voix:...
Le Président: à l'ordre, s'il vous plaît!
s'il vous plaît, je demanderais la collaboration de tous les
collègues. alors, votre question, m. le député
d'abitibi-ouest.
Programme de soutien à l'éducation
populaire autonome
M. Gendron: M. le Président, après avoir
échappé de justesse, en 1991-1992, au couperet du Conseil du
trésor, plus de 600 groupes d'éducation et
d'alphabétisation populaire autonome voient leur programme
d'éducation révisé par le ministère pour en
modifier l'accès, la gestion et l'orientation. Les regroupements
nationaux d'éducation et d'alphabétisation populaire, depuis juin
1991, tentent par tous les moyens de rencontrer le ministre car ces derniers
ont la nette impression, et je la partage, d'assister à une
véritable opération d'adaptation des programmes beaucoup plus en
fonction des critères du gouvernement, beaucoup plus en fonction des
normes bureaucratiques du gouvernement que des priorités de ces groupes
qui font de l'éducation populaire. Également, le tout se fait
dans des délais de consultation trop courts, inappropriés.
Ma première question au ministre est simple: Est-ce que le
ministre de l'Éducation a l'intention concrète de répondre
à la demande des regroupements nationaux au niveau de l'éducation
et de l'alphabétisation populaire, à savoir de reconduire pour la
prochaine année budgétaire, 1992-1993, les programmes actuels de
soutien à ces groupes-là afin que la révision se fasse
dans une période plus longue, plus calme et, possiblement, en leur
donnant la chance de pouvoir vous rencontrer?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, j'apprécie au plus
haut point la question de mon collègue, le député
d'Abitibi-Ouest. En ce faisant, évidemment, il formule
l'inquiétude bien ressentie par les organismes volontaires
d'éducation populaire au Québec.
M. le Président, je me limiterai à dire à M. le
député que les organismes ont pris contact avec mon cabinet. Un
nombre important de leurs représentantes et représentants se sont
d'ailleurs permis - c'a été bien qu'il en soit ainsi, les locaux
des ministres sont là pour servir à la population, pour le
contact avec la population - de venir me rendre visite le 19 février
et,
à ma demande, ils ont passé plus de quatre heures à
discuter, à échanger avec la personne qui, à mon cabinet,
M. Jean Brodeur, est responsable de ce dossier.
On a demandé une rencontre avec le ministre, j'envisage de les
rencontrer incessamment. On a demandé une reconduction du programme. Je
vous dirai - et probablement que vous l'avez vécu lorsque vous avez
occupé la fonction que j'occupe actuellement - qu'en arrivant à
mon ministère on m'a signalé qu'au Secrétariat du Conseil
du trésor, parmi les analystes, plusieurs s'interrogeaient sur le
bien-fondé de l'application de tels programmes. D'ailleurs, on m'a
indiqué que ce n'était pas nouveau, que c'était comme
ça à chaque année depuis déjà un bon bout de
temps.
Je suis à même de constater que ce programme permet
à des organismes communautaires du milieu de faire des choses
formidables avec des moyens qui, souventefois, sont très limités.
À preuve, les 805 organismes se sont partagé 9 439 000 $ dans le
budget 1991-1992, ça représente un montant moyen de 11 726 $. Il
se fait de belles choses et, souventefois, ça permet à des gens
confrontés à des problèmes particuliers dans certains
milieux de s'organiser, de se confirmer dans leur dignité et,
finalement, de faire en sorte de faire oeuvre utile avec l'application d'un tel
programme.
Ceci étant dit, je suis en contact, nous sommes toujours en
discussion avec le Conseil du trésor. Mes contacts, mes échanges
sont avec le président du Conseil pour éviter des coupures dans
ce programme. En ce qui concerne la restructuration pour une prochaine
année, j'entends prendre le temps qu'il faut avec eux pour y voir.
Le Président: Alors, en question complémentaire.
(14 h 30)
M. Gendron: Pour quelqu'un qu'on cherche à voir depuis
juin, ce n'est pas tellement clair, vous auriez eu le temps d'y penser. C'est
quoi, le problème? C'est quoi, le problème de l'éducation
populaire? Est-ce que le ministre ne convient pas que vous êtes en train
de faire une réforme en profondeur, aller même jusqu'à
revoir toute la question de l'accès pour les groupes, la gestion et
l'orientation de l'éducation populaire, alors qu'on sait très
bien que, dans une période - c'est toujours utile - comme celle qu'on
vit malheureusement, où à peu près tout le monde est sur
le chômage, s'il y a de quoi d'utile, c'est qu'au moins les groupes
populaires puissent faire de la formation, de l'éducation et une prise
en charge individuelle et collective qui fait que les Québécois
et les Québécoises qui en profitent sont plus
équipés pour faire face aux défis de l'avenir? Pourquoi
requestionnez-vous l'accès, la gestion et l'orientation? C'est plus
qu'une question de sous au Conseil du trésor!
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: J'ai indiqué au député que,
généralement, décembre, janvier ou février de
chaque année - ça, vous devriez être en mesure de confirmer
que, quel que soit le gouvernement, les échanges pour la
préparation du budget de l'année suivante entre le
Secrétariat du Conseil du trésor et les ministères,
notamment l'Éducation, se réfèrent
régulièrement à l'opportunité du maintien de ces
programmes.
Je vous ai indiqué tout à l'heure que, pour l'exercice
financier 1991-1992 qui se terminera le 31 mars, j'ai rempli mes
responsabilités, j'ai sensibilisé et j'ai convaincu le
Trésor d'y injecter et d'y maintenir une somme de 9 439 000 $. Pour
cette année, la même démarche est en cours,
c'est-à-dire, plaider, soutenir, tenter de démontrer la
nécessité du maintien d'un tel programme. Une fois que j'aurai la
confirmation du maintien dudit programme, je prévois m'as-seoir avec ces
bonnes gens et voir à faire en sorte qu'on puisse atteindre les
objectifs les plus fondamentaux, restructurer et voir ce qui peut être
fait. Mais je crois, par ma réponse précédente, vous avoir
démontré le très haut niveau de sensibilité et de
solidarité que j'ai à l'égard de ces groupes avec lesquels
nous sommes en contact par la voie de mes adjoints.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Gendron: C'est quoi qui vous anime de vous cacher? Est-ce que
c'est l'exemple du premier ministre hier? Depuis le 15 juin qu'on vous
cache...
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Un instant. M. Pagé: M. le
Président...
Le Président: Alors, sur une question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Et là, non pas comme ministre de
l'Éducation, comme leader parlementaire du gouvernement. Le premier
ministre, hier, avait des occupations et nous, quand votre chef est absent d'un
vote, on ne vous pose pas de question là-dessus. C'était
légitimé qu'il soit absent.
Le Président: D'accord.
M. Pagé: Posez votre question additionnelle, on va vous
répondre.
Le Président: Votre question, M. le leader adjoint.
M. Gendron: Depuis le 15 juin, M. le ministre de
l'Éducation, que les groupes populaires veulent vous voir parce qu'ils
pensent que ça leur appartient de discuter avec vous de la question du
financement et des nouvelles orientations. Quand ils sont rendus à
publier: «Où se cache le ministre?» et des avis de
recherche, ça fait un peu drôle. C'est quoi vos craintes, c'est
quoi votre peur de les rencontrer?
Le Président: M. le ministre.
M. Pagé: Je n'ai aucune crainte de les rencontrer.
À preuve, depuis le 15 juin, ces bonnes gens sont
régulièrement en contact avec la personne responsable à
mon cabinet, premièrement. Deuxièmement, je vous ai
indiqué il y a quelques minutes que j'allais les rencontrer
bientôt. Je constate qu'il aura fallu un document de publicité
disant: «Avis de recherche: où est passé le ministre
Pagé?», pour que vous vous leviez, premièrement.
Deuxièmement, j'existe, j'y suis, à preuve je m'occupe de leur
dossier. Troisièmement, j'en suis venu à me demander si le fait
que vous vous soyez levé aujourd'hui ne réfère pas
à la fin de l'article qui disait: «Aucune récompense n'est
promise à celui ou celle qui le trouvera, seule est assurée une
reconnaissance éternelle.» Êtes-vous en quête d'une
reconnaissance éternelle?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Question principale maintenant, M. le
député de Gouin.
Coût de la liquidation des
Coopérants
M. Boisclair: M. le Président, la saga de ce qu'il est
maintenant convenu d'appeler le dossier des Coopérants s'amplifie de
jour en jour. 48 % des Québécois auraient perdu confiance dans la
gestion des compagnies d'assurances de personnes. Le journal
Économique de Québec, appuyé par d'anciens
administrateurs des Coopérants, demande la tenue d'une enquête
publique. Le directeur de la chaire en assurances de l'Université Laval
accuse l'Inspecteur général des institutions financières
d'incompétence et de laxisme. Devant ces allégations, la ministre
prend ce qui lui reste de courage et crée un comité. Vous en
conviendrez comme moi, M. le Président, ce n'est certes pas d'augure
à nous rassurer.
La ministre peut-elle, au moment où Assurance-vie Desjardins
retranche 2 000 000 $ de ses profits pour sa quote-part du naufrage des
Coopérants, nous indiquer s'il est vrai que la liquidation des
Coopérants forcée par la SIAP de Toronto coûtera aux
compagnies québécoises, nor pas 25 000 000 $, non pas 50 000 000
$, mais bien 92 000 000 $ de plus que le scénaric initialement
prévu?
Le Président: Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: M. le Président, je trouve les propos du
député de Gouin un peu excessifs quand il prétend que la
débâcle des Coopérants a été causée
par une décision de la SIAP. Il est absolument impossible pour moi en ce
moment de dire à cette Chambre ce que sera le coût de la
liquidation des Coopérants puisque ça se fait dans le temps et il
est très difficile de mettre un prix à cette liquidation.
Franchement!
Le Président: En question complémentaire.
M. Boisclair: Est-ce que la ministre ignore les chiffres de la
SIAP qui nous disent que la liquidation des Coopérants coûtera 177
000 000 $, soit 92 000 000 $ de plus que le scénario initialement
prévu? Ce ne sont pas les chiffres de l'Opposition officielle, ce sont
les chiffres de la SIAP. Est-ce que la ministre peut, oui ou non, les
confirmer? Et, si elle les nie, qu'elle nous en présente des
nouveaux.
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robic: Je n'ai ni à confirmer ni à nier ces
chiffres, M. le Président. Il y a une liquidation qui se fait.
Dépendant des coûts de la vente des actifs des Coopérants,
on saura ce que sera le coût final. Mais il est bien sûr
qu'à cause du fait que cette transaction qui était prévue
n'a pas eu lieu on risque, oui, que ça coûte plus cher aux
compagnies d'assurances du Québec.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Boisclair: M. le Président, à deux volets:
Comment la ministre peut-elle nous expliquer que la SIAP ait, elle,
réussi à faire des évaluations des coûts
supplémentaires et qu'elle n'est pas capable de nous en
présenter? Et la ministre peut-elle enfin répondre aux demandes
répétées de l'industrie qui demande que le gouvernement
s'engage à déposer une loi créant une régie
d'indemnisation québécoise des compagnies d'assu-i rances afin de
rapatrier de Toronto au Québec cette responsabilité qui nous
échappe depuis trop longtemps?
Le Président: Mme la ministre. i Mme Robic: m. le
président, la siap, la i société canadienne
d'indemnisation pour les ! assurances de personnes, est une
société privée i qui a été
créée il y a quelques années. c'est la s première
fois qu'elle fait face à un tel problème, i elle a
rencontré des difficultés, c'est juste. elle ; l'avoue
elle-même. il y a un comité de l'acca, ) l'association canadienne
des compagnies d'assurances, et de la siap qui regarde le fonction-
nement de la SIAP en ce moment. J'ai également demandé
à mes officiers au ministère et à l'Inspecteur
général des institutions financières de regarder le
dossier. J'aurai sans doute une décision à prendre. Nous allons
regarder tout le dossier et on prendra une décision à la
lumière de ce qui s'est passé dans le dossier des
Coopérants et des rapports qui nous seront déposés.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Boisclair: M. le Président, est-ce que la ministre peut
donner l'assurance à tous les membres de cette Chambre que l'ensemble
des épargnes des Québécois et Québécoises
placées aux Coopérants sera garanti par la SIAP et j'y inclus les
fonds de pension, les REER et l'ensemble des transferts versés aux
assurés des Coopérants? Est-ce que l'ensemble des épargnes
sera garanti par la SIAP?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je voudrais rappeler au
député de Gouin que l'entente avec la SIAP, c'est que tous les
porteurs de polices seront dédommagés à 100 %.
Le Président: En question principale, maintenant, M. le
député de D'Arcy-McGee.
Étude de faisabilité sur le contrat
entre Hydro-Québec et Norsk Hydro
M. Libman: Merci beaucoup, M. le Président. Hier, en
commission parlementaire, le président d'Hydro-Québec, M. Claude
Boivin, en référence au contrat à partage de risques de
Norsk Hydro, disait qu'on ne peut pas juger un contrat de 25 ans sur 1 ou 2
ans, qu'on ne fait pas d'argent mais qu'on n'en perd pas non plus. Le 13 mars
1987, avant de signer les contrats de Norsk Hydro, Hydro-Québec a
reçu une étude de faisabilité qu'elle avait
elle-même commandée, qui disait que le prix du magnésium
décroîtrait au cours de la durée de vie du contrat,
contredisant complètement ainsi les affirmations
répétées de la ministre de l'Énergie et des
Ressources, ici en cette Chambre, et d'Hydro-Québec. L'étude de
faisabilité continue en concluant qu'Hydro-Québec perdra de
l'argent sous le contrat de Norsk Hydro chaque année pendant sa
durée de vie de 25 ans.
Alors, ma question à la ministre, M. le Président: Est-ce
qu'elle est prête à déposer à l'Assemblée
nationale l'étude de faisabilité non éditée de 1987
et toutes les autres études portant sur ces contrats?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources. (14 h 40)
Mme Bacon: Je pensais, M. le Président, avoir
été suffisamment claire vis-à-vis du député
de D'Arcy-McGee pour lui dire que ses interventions irréfléchies
mettent en péril 500 emplois au Québec. Ça, il le fait
aujourd'hui devant des visiteurs qui ont l'information rapide, et je lui dis
aujourd'hui d'être encore une fois prudent dans les interventions qu'il
fait au sujet de ce dossier, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Libman: Elle a dit la même chose l'année
passée, M. le Président. M. le Président, I will ask the
same question again.
Une voix: Vous ne comprenez pas plus!
M. Libman: Will the Minister table the feasibility studies that
were done on the Norsk contract before the contract was signed, which showed
that the Government would lose money over the course of these contracts? Will
she table this feasibility study of March 13,1987?
Le Président: Mme la ministre. Mme Bacon: My answer
is no. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Libman: M. le Président, when the United States
Government is told what the people of Québec are not allowed to know,
does the Minister of Energy therefore not understand that the people of
Québec can only conclude that she, that the Government, that
HydroQuébec have been lying to the population of Québec...
Des voix: Oh!
M. Libman: ...by saying that these...
Une voix: Wo!
Le Président: Alors, sur une question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous demande, je vous
prie de demander au député de retirer ses paroles et de
s'excuser. Il devrait s'excuser auprès de ma collègue et de
l'ensemble du Conseil des ministres, et même de la Chambre. C'est
inacceptable, ce que vous venez de faire!
Des voix: Oui.
Le Président: S'il vous plaît! Un instant. Tout
simplement, M. le député de D'Arcy-McGee,
je vous rappelle l'article 35, paragraphe 6°, du règlement
qui dit ce qui suit: «Le député qui a la parole ne peut
imputer des motifs indignes à un député ou refuser
d'accepter sa parole». Par les propos que vous avez employés, vous
contrevenez expressément à l'article 35, paragraphe 6°, et je
vous demanderais de retirer immédiatement vos paroles, sans commentaire.
Est-ce que vous retirez vos paroles?
M. Libman: M. le Président, la définition, à
mon sens... J'ai...
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît! Strictement au sens du règlement, c'est une coutume dans
l'Assemblée, au niveau du décorum et du respect de l'institution,
de respecter les règles que tous les députés ont
accepté de mettre en commun pour la façon de procéder de
nos travaux. À ce moment-ci, la seule chose que je vous demande, c'est
de retirer vos propos sans aucun commentaire, puisque les propos que vous avez
employés sont carrément antiparlementaires et défendus au
sens du règlement. Est-ce que vous retirez vos propos, M. le
député de D'Arcy-McGee?
Une voix: Yes. Une voix: Oui, oui.
M. Libman: M. le Président, je retire mes propos...
Des voix: Ah!
M. Libman: ...si je peux poser une autre question...
Le Président: Très bien.
M. Libman: ...complémentaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Évidemment, quand vous devez retirer
des propos, c'est sans aucune condition. Est-ce que vous retirez vos
propos?
M. Libman: Je retire mes propos, M. le Président.
Le Président: Très bien. Donc, les propos sont
retirés. Ça va. Alors, maintenant, vous avez droit à une
question additionnelle et je vous écoute.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Libman: Merci, M. le Président, pour votre
générosité. Je reformule ma question, M. le
Président. Why has the Government told us on several occasions that,
over the life of the
Norsk Hydro contract, they will make money because of the fluctuating
price of magnesium, when they knew in advance by a feasibility study done by
Hydro-Québec, they knew in advance - I repeat that again - that they
would be losing money over the life of this contract? Why did they go ahead
with this contract?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: D'abord, pour la première réponse, M. le
Président, je dis que ce n'est pas le cas; quand on signe des contrats,
c'est parce qu'il y a non seulement des partages de risques, mais des partages
de bénéfices, et ça, le député devrait le
savoir.
Deuxièmement, M. le Président, je redis encore une fois au
député de D'Arcy-McGee d'être très prudent et
d'utiliser, j'espère, ce qu'il lui reste de jugement...
Des voix: Oh!
Mme Bacon: ...pour ne pas discréditer le Québec sur
la place publique face à nos voisins du Sud, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Libman: est-ce que la ministre nie l'existence de cette
étude de faisabilité du 13 mars 1987? est-ce ce qu'elle nous dit
aujourd'hui?
Le Président: Mme la ministre. Une voix: Pas de
réponse. Le Président: Ça va. Une voix:
Next.
Le Président: Alors, pour une question principale, M. le
député de...
M. Libman:... réponse?
Le Président: Bien, écoutez, vous avez posé
une question, mais tout ce que je peux constater comme président, c'est
que personne ne se lève pour donner une réponse. Donc, il n'y a
pas de réponse et nous passons à une autre question. M. le leader
du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, c'est très clair
dans notre règlement. Un ministre peut ne pas répondre, n'est pas
obligé de répondre puis, de la manière que vous l'avez
questionnée aujour-
d'hui, elle est légitimée de ne pas vous
répondre.
Le Président: Les derniers propos, M. leader du
gouvernement, étaient carrément de trop, vous le savez fort bien.
Vous avez une question? Vous avez une autre question, M. le
député? Non?
M. Libman: Non, M. le Président.
Le Président: Très bien. Alors, pour une question
principale, M. le député de Shefford.
Coupures du budget fédéral
consacré au logement social
M. Paré: oui. en 1989, unilatéralement, le
gouvernement fédéral a coupé dans le volet locatif du
programme de rénovation domiciliaire. québec a
décidé d'aller de l'avant tout seul. en 1991, encore une fois
unilatéralement, le fédéral a décidé de
réduire de 15 % par année, pendant cinq ans, le budget
consacré au logement social. le québec n'a rien dit. lors du
dernier discours du budget, il y a à peine quelques jours, ottawa a
décidé de couper totalement le programme fédéral
phi d'aide aux coopératives et de réduire de 25 % le budget
consacré au logement social pour 1992 et de moitié pour 1993.
Ma question au ministre des Affaires municipales et responsable de
l'habitation: Est-ce que le ministre a l'intention de dénoncer cette
décision et est-ce qu'il a l'intention de se joindre aux très
nombreux intervenants qui demandent à Ottawa de renverser cette
décision?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'habitation.
M. Ryan: Je cherche, premièrement, M. le Président,
en consultation avec mes collègues, à trouver des solutions qui
permettront de réduire au minimum les conséquences de ces
décisions pour la population de la province de Québec. En ce qui
touche les politiques fédérales, c'est facile de les
dénoncer. Mais c'est une question d'argent qui est au fond de ça.
C'est une question d'argent. Est-ce que nous sommes fondés, à
l'heure actuelle, d'exiger sans aucune espèce de nuance que le
fédéral maintienne son niveau de dépenses dans tous les
domaines en même temps qu'on lui demande de réduire son
déficit, de mettre de la santé dans les finances publiques?
La question est à l'étude. Nous évitons les
déclarations prématurées en ces choses. En temps utile, je
ferai connaître la politique du gouvernement, mais après avoir
bien solidement établi le côté positif et construct de la
ligne de conduite que nous suivrons.
Le Président: En question complémentaire.
M. Paré: est-ce que, par hasard, le ministre n'aurait pas
l'intention, sous le prétexe de l'harmonisation, de profiter de la
coupure du gouvernement fédéral pour effectuer lui-même des
coupures très importantes dans le logement social?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Là, nous étudions les programmes existants
à la lumière des représentations qui nous sont faites par
toutes sortes de groupements avec qui nous sommes en contact fréquent.
Je signale au passage que, quand il a été question du
règlement sur les conditions d'admission et de location dans les
habitations à loyer modique, nous avons trouvé des
améliorations qui ont donné satisfaction aux groupes pendant que
le député continuait de protester et de critiquer. Nous ferons la
même chose dans ce cas-ci. C'est évident que, dans une
période où les ressources sont plus restreintes, il ne peut pas
être question d'expansion tous azimuts. Nous chercherons des mesures, et
nous les définirons au cours des prochaines semaines, qui
répondront aux besoins d'aujourd'hui, à la lumière des
ressources d'aujourd'hui.
Le Président: En question complémentaire.
M. Paré: Devant cette coupure fédérale,
est-ce que le ministre a l'intention de réduire le nombre
d'unités des OSBL prévues pour cette année, suite à
l'appel d'offres qui a été fait en janvier dernier, donc il y a
à peine quelques semaines?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Le député sait comme moi que les
habitations à loyer modique et les habitations construites dans le cadre
du volet des organismes sans but lucratif sont financées dans une
proportion de 61 % par le gouvernement fédéral et de 39 % par le
gouvernement du Québec et les municipalités combinés. Si
le gouvernement fédéral réduit ses engagements de 21 % au
cours de la prochaine année, il en résultera
inévitablement des conséquences sur les engagements que le
gouvernement du Québec pourra prendre de son côté, à
moins que le député de Shefford n'ait des sources miraculeuses de
revenus à nous indiquer.
Le Président: En question complémentaire. (14 h
50)
M. Paré: Étant donné que le ministre se dit
si ouvert à la consultation et si attentif aux préoccupations des
gens, comment se fait-il qu'il n'est pas prêt à embarquer dans la
lutte pour faire reculer le gouvernement fédéral alors
qu'à la table de l'habitation, de façon unanime, tous les
intervenants se sont mobilisés, ils vous
tendent la main pour que vous aussi, vous apportiez votre coup de pouce
pour faire en sorte que le gouvernement ne coupe pas ses dépenses au
Québec dans un secteur aussi important en période difficile comme
on traverse, c'est-à-dire le secteur du logement social?
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Quand on siège dans l'Opposition, M. le
Président, c'est facile de se laisser dicter sa conduite par les groupes
de pression, mais, quand on est au gouvernement, il faut choisir une ligne de
conduite qui réponde vraiment à l'intérêt
général et non pas seulement à l'intérêt de
quelques groupes particuliers. Ça, ça prend plus d'études
et de réflexion.
Le Président: En question principale, M. le
député de La Prairie.
Aide à la municipalité de Saint-Constant
à la suite d'inondations
M. Lazure: Merci, M. le Président. On a pu voir hier soir
à la télévision des scènes de désolation
où plusieurs familles étaient victimes d'une inondation subite
sur la rive sud de Montréal, particulièrement dans le
comté de La Prairie, à Saint-Constant. Les dommages sont
considérables autant aux résidences qu'aux commerces et le maire
de Saint-Constant, Bernard Giroux, a écrit hier au ministre de la
Sécurité publique demandant que sa ville soit
déclarée sinistrée, puisque au-delà de 400 familles
ont été affectées, et qu'une aide financière soit
accordée aux familles, aux commerçants et à la
municipalité.
Alors, ma question toute simple au ministre de la Sécurité
publique: Est-ce que le ministre peut rassurer la population
éprouvée de Saint-Constant et est-ce qu'il peut nous dire qu'il
répondra favorablement à la demande du maire, à l'effet de
dédommager les familles, les commerçants et la
municipalité?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: M. le Président, je remercie le
député de La Prairie de soulever cette question, parce que le
phénomène des débordements d'eau s'est manifesté
à plusieurs endroits au Québec au cours des derniers jours.
Puisqu'il a parlé de Saint-Constant, j'en parlerai pour commencer. Je
veux exprimer mon appréciation au maire, M. Giroux, pour avoir
immédiatement pris la situation en main, comme le fait
généralement le maire d'une municipalité dans une
situation comme celle-ci. Il m'a écrit hier après-midi. Nos
services sont déjà présents sur les lieux et on m'informe
que déjà, au cours des dernières heures, la situation
s'est considérablement améliorée. Apparemment, toutes les
personnes qui auraient dû, au nombre de plus de 400, évacuer leur
résidence hier auraient pu réintégrer leur foyer
aujourd'hui. Alors, nous sommes très près de la situation et
toute forme d'aide qui pourrait être justifiée sera
examinée avec sympathie.
Je veux signaler d'autres cas très sérieux qui se sont
produits. À Sainte-Brigitte-de-Laval, il s'est produit un
débordement spectaculaire aujourd'hui qui a obligé des personnes,
à très peu de temps d'avis, à trouver refuge sur le toit
de leur maison et nos services ont été présents
immédiatement. Nous avons fait appel aux Forces armées pour
prêter un coup de main et, déjà, l'évacuation est en
cours par voie d'hélicoptère. Au moment où nous nous
parlons, plusieurs personnes ont déjà été
évacuées. J'ai causé avec le maire de
Sainte-Brigitte-de-Laval avant d'entrer en Chambre tantôt et, à
cause de l'expérience que nous avons faite ces dernières
années de ce genre de situation, non seulement le ministère de la
Sécurité publique, mais tous les autres ministères et
services gouvernementaux concernés sont en mesure d'intervenir
rapidement et de façon concertée afin de venir en aide aux
populations. Je souligne l'esprit d'initiative remarquable dont font montre
dans ces situations les autorités municipales et les organismes
bénévoles de toutes sortes.
Quant au programme d'aide financière, nous examinerons la
situation de plus près au cours des prochains jours et, s'il existe des
éléments qui justifient une intervention de cette nature de la
part du gouvernement, nous y verrons. Je dis, en attendant, aux
autorités municipales: Si elles doivent faire des dépenses
pressées, urgentes, qu'elles obtiennent l'autorisation des
représentants du ministère de la Sécurité publique
avant de le faire et nous ferons montre de toute la compréhension et de
toute la souplesse nécessaires.
Le Président: En question principale, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Administration du CLSC par la Clinique communautaire
de Pointe-Saint-Charles
M. Trudel: M. le Président, depuis deux semaines, 6329
résidents de Pointe-Saint-Charles, à Montréal, ont
signé une pétition en vue de réclamer le maintien des
structures actuelles de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles qui
administre le CLSC de Pointe-Saint-Charles. C'est une structure unique au
Québec. Mardi de cette semaine, le 10 mars, plus de 600 personnes, pas
déplacées en autobus, se sont rendues à l'assemblée
générale de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles
pour réclamer du ministre de la Santé et des Services sociaux
qu'il reconnaisse la structure démocra-
tique des résidents de Pointe-Saint-Charles à
Montréal, de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles pour
administrer le CLSC. Le ministre de la Santé et des Services sociaux
a-t-il l'intention de reconnaître les structures démocratiques de
la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles qui a été un
précurseur au Québec en matière de santé
communautaire, et confier toujours à cette clinique le mandat
d'administrer un CLSC au Québec?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Tout en reconnaissant le travail tout à fait
exceptionnel qu'a fait dans le passé la Clinique communautaire de
Pointe-Saint-Charles qui a été, de manière successive par
différents ministres, reconnue à l'époque à sa
juste valeur, M. le Président, nous avons adopté en cette Chambre
le 28 août dernier un projet de loi 120 qui détermine des
catégories d'établissements: CLSC, centres hospitaliers, centres
d'accueil et d'hébergement ou de soins hospitaliers de longue
durée. Nous avons donc modifié la loi, clarifié la loi et
c'est le genre d'établissements qu'il y a maintenant à travers le
réseau et on doit se conformer à la loi 120.
La Clinique communautaire a deux choix: elle est un CLSC et, si elle est
un CLSC, elle sera administrée comme un CLSC. Si elle est un organisme
communautaire, elle sera un organisme communautaire administré et
financé comme un organisme communautaire.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période des
questions.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président: C'est la fin de la période des
questions. C'est passé de presque une minute, M. le
député, pas tout à fait une minute. Alors, pour une
question de règlement, maintenant, avant de passer à l'item
suivant, M. le leader de l'Opposition.
Demande de directive concernant le refus
de répondre de la part d'un ministre
lors de la période de questions
M. Chevrette: Oui, une demande de directive, M. le
Président. Hier, il s'est produit un événement en Chambre
où un ministre a été appelé à
répondre à une question. Il a dit à un parlementaire:
Ça ne te regarde pas. Aujourd'hui, on a un autre fait qui vient de se
produire où il n'y a même pas un refus verbal de répondre,
où la ministre ne se lève même pas. Or, quand on lit le
règlement, M. le Président, un ministre peut juger en disant: Je
ne réponds pas à cette question parce que c'est
d'intérêt public. Il peut dire: J'ai trop de renseignements
à aller chercher, je ne peux pas y répondre. Il peut
également dire qu'il ne peut pas y répondre, en vertu de
l'article 35, paragraphe 2.
Moi, je dois vous avouer, M. le Président, qu'il n'y a pas eu de
réaction de la présidence hier, sur l'événement qui
s'est passé entre le ministre des Affaires municipales et le
député d'Ungava et il n'y a pas eu de réaction sur ce qui
s'est passé entre le député de D'Arcy-McGee et Mme la
ministre. M. le Président, est-ce à dire maintenant qu'en cette
Chambre on pourrait se lever, poser une question, et n'avoir aucune
réponse, personne ne se lève? Ça m'apparâît
contraire au règlement. Ça m'apparâît contraire au
règlement, M. le Président. Il peut y avoir un motif de refus de
répondre sur le fond, mais il ne peut pas y avoir une réaction,
même pas une réaction physique pour dire: Je ne réponds pas
pour des motifs d'intérêt public ou pour d'autres motifs.
M. le Président, il m'apparaît qu'à la question...
C'est marqué: «Questions et réponses orales». Je
m'excuse, mais là, c'est de l'abstention. Ça voudrait donc dire
que tu poses des questions, et personne ne répond. Ce n'est pas des
monologues, c'est la période des questions. Dans le règlement, je
pense que c'est très clair. Et l'esprit du règlement, M. le
Président, c'est d'abord que tout député a tous les droits
de poser les questions qu'il veut. Il en porte les conséquences
politiques et la présidence a un rôle de surveillance à
jouer si c'est des causes devant les tribunaux.
Quand un individu pose une question qui peut impliquer, bien sûr,
comment dirais-je, l'intérêt public, la ministre ou le ministre
peut décider de ne pas répondre dans cet intérêt.
Ça, le règlement le prévoit. Mais, M. le Président,
qu'est-ce qu'on va faire si on pose des questions... Et ne pensez pas que je
veuille venir à la défense du député de
D'Arcy-McGee, mais je veux clairement indiquer que ça n'a pas de bon
sens, le mépris de la Chambre depuis deux jours. Depuis l'ouverture de
la Chambre, M. le Président, on pose une question: Ça ne vous
regarde pas. On pose une question, tu restes assis. Je m'excuse, mais je
voudrais avoir une directive claire, M. le Président, parce que
d'après moi, c'est bafouer le règlement de la Chambre.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, sur cette question, M. le leader du
gouvernement. (15 heures)
M. Pagé: M. le Président, je soutiens que le
règlement est scrupuleusement respecté et je considère
comme non fondée et illégitime la représentation de mon
collègue, le leader parlementaire de l'Opposition, pour les motifs
suivants. M. le Président, c'est très clair, à l'article
82: «Le ministre auquel une question est
posée peut refuser d'y répondre, notamment: - "peut
refuser d'y répondre", on a le pouvoir comme ministre, on a le droit de
refuser de répondre - s'il juge contraire à
l'intérêt public de fournir les renseignements
demandés.» m. le président, je crois...
Une voix:...
M. Pagé: Laissez-moi dire et je vais vous dire.
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Oh! Oh!
M. Pagé: M. le Président, je pense que ça a
été démontré très clairement et
formulé très clairement...
Le Président: Un instant, là. Je pense que c'est
une question sérieuse qui a été soulevée par le
leader de l'Opposition. Je vous demanderais votre attention, s'il vous
plaît, et de ne pas interrompre le leader du gouvernement qui a droit
à ses prétentions, comme le leader de l'Opposition peut
également faire valoir...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques! M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, la question
soulevée par le député de D'Arcy-McGee concernant les
contrats d'Hydro-Québec a fait l'objet de réponses nombreuses,
complètes de la part de ma collègue, Mme la vice-première
ministre et ministre de l'Énergie. À chaque opportunité
qu'elle a eu de répondre à ces questions, elle s'est toujours
référée, et ce continuellement, à
l'intérêt public de certains volets de ces contrats et qu'il
n'était pas dans l'intérêt public, évidemment... Non
seulement il n'était pas dans l'intérêt public, mais il
était contre l'intérêt supérieur du Québec de
répondre...
Des voix: Oh! Oh!
M. Pagé: Oui! Oh! M. Parizeau qui... Oui, oui, oui!
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Pagé: Un instant, là!
Le Président: Un instant! Un instant! M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Portneuf d'adresser ses commentaires à la
présidence, conformément au règlement, et de laisser sa
prétention de côté?
Des voix: Oui.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: Alors, je vous écoute, M. le leader
du gouvernement.
M. Pagé: ...j'étais à vous dire que
l'intérêt supérieur du Québec dans le traitement de
certains dossiers... Et, dans certains cas, on se réfère à
des milliers d'emplois. Des milliers d'emplois, M. le Président. Mme la
ministre, à de nombreuses reprises d'ailleurs... C'est ce qu'elle a
fait, encore aujourd'hui, lorsqu'elle a invité le député
à être prudent. Mme la ministre a très clairement
démontré à cette Chambre qu'il n'était pas dans
l'intérêt public de répondre à cette question.
Un.
Concernant l'autre commentaire ou l'autre inquiétude du
député de Joliette et leader parlementaire de l'Opposition, et
qui se réfère au député d'Ungava, hier, le
député d'Ungava a eu l'opportunité de questionner, en
principale et en additionnelle, le ministre responsable de la
Sécurité publique au Québec. Le ministre qui est
responsable d'enquêtes policières, vous comprendrez qu'il doit
être continuellement prudent dans les commentaires qu'il peut donner
à la Chambre suite à des questions relatives à certains
dossiers. Le ministre a répondu hier. Il a répondu au mieux. Et
je comprends qu'à la fin de sa réponse il a peut-être
utilisé un terme qui, j'en suis convaincu, le connaissant depuis fort
longtemps, a peut-être un peu dépassé sa pensée,
mais il était tout à fait légitimé de le faire,
d'autant plus qu'à l'article 82, troisièmement, on dit: «II
doit refuser». «Le ministre auquel une question est posée
peut refuser d'y répondre, notamment: «1° s'il juge contraire
à l'intérêt public... «2° si les renseignements
qui sont demandés ne peuvent être colligés qu'à la
suite d'un travail considérable...»
Et l'alinéa suivant: «Le ministre doit refuser d'y
répondre si sa réponse aurait pour effet de contrevenir aux
paragraphes 2 et 3 de l'article 35.» Et si on y va, on se
réfère à «faire référence aux travaux
d'une commission siégeant à huis clos» et on se
réfère à «3° parler d'une affaire qui est devant
les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui fait l'objet d'une
enquête».
De plus, je voudrais me référer, en terminant, à
une décision du 18 octobre 1988 où on a demandé au
président d'interpréter les dispositions de l'article 82. Refus
de répondre du ministre. Le contexte: Lors de la période de
questions, un ministre refuse de répondre à certaines questions
pour le motif que ces dernières portent sur une affaire faisant l'objet
de
procédures devant les tribunaux civils. Le leader parlementaire
de l'Opposition allègue qu'en matière civile le président
doit tenir compte de la notion de préjudice seulement et soutient que
c'est le refus de répondre du ministre qui cause présentement
préjudice.
Question: Le président peut-il juger de l'opportunité pour
un ministre d'invoquer l'article 82? Décision: Le président n'a
pas à juger du refus d'un ministre de répondre à une
question pour des motifs énoncés à l'article 82. Cette
décision appartient au ministre seulement. Par ailleurs, le refus de
répondre en vertu de l'article 82 n'établit pas une
présomption d'irrecevabilité des questions additionnelles
soulevées sur le sujet concerné. Voilà ma
représentation et ma prétention, M. le Président.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Alors, sur la même question.
M. Chevrette: Et il l'a bien prouvé en finissant.
Le Président: Alors, sur la même question, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais répondre
à cet argumentaire parce que, à mon point de vue, il vient
exactement soutenir ma prétention. Quand M. le député de
Portneuf se lève avec toute sa pompe pour dire, et ses pompes, à
cette Chambre «qu'un ministre a le droit de refuser pour les
motifs», c'est exactement ce que je vous dis, c'est sur l'absence de
réponse totale que je présente devant vous les motifs suivants:
Si le ministre ne répond nullement, M. le Président, à mon
point de vue, c'est un mépris de la Chambre et un mépris des
parlementaires.
À titre d'exemple, prenez la question du député de
D'Arcy-McGee: La ministre nie-t-elle que cette étude de
faisabilité existe? Si la ministre prétend qu'il y va de
l'intérêt public que cette étude n'existe pas, qu'elle doit
répondre et qu'elle ne répond pas, elle doit dire: Pour des
motifs d'intérêt public, je ne réponds pas. Mais elle n'a
rien fait, M. le Président, elle est restée assise. À mon
point de vue, c'est un mépris du Parlement; c'est tout à fait
contraire à l'article 82. À mon sens, c'est une insulte à
l'Assemblée nationale. Un ministre a le droit d'invoquer des motifs de
refus, mais il n'a pas le droit de s'abstenir au moins d'expliquer les motifs
de son refus. Ça, c'est fondamental dans l'article 82; sinon, vous
n'auriez pas, M. le Président... Vous verriez-vous présider une
période de questions où les parlementaires se lèveraient
et tout le monde resterait assis à votre droite? Vous seriez
gêné, d'abord, de votre formation politique et j'en conviendrais
avec vous.
Une voix: Vous n'êtes pas raisonnables.
M. Chevrette: Mais, sur le fond des choses, vous savez bien que
ça n'a pas de bon sens. Il faut au moins qu'un ministre explique, M. le
Président, qu'il ne répond pas à telle ou telle question
parce qu'il y va de l'intérêt public, parce qu'il n'a pas fini son
travail ou parce que c'est devant les tribunaux, comme l'a si bien dit le
député de Portneuf en répétant exactement ce que
j'avais dit antérieurement.
Donc, M. le Président, la question de directive que je vous
demande, ce n'est pas de regarder ce qu'il y a à 82, c'est
d'interpréter 82 par rapport à l'absence totale de
réponse, au refus catégorique de donner un motif du refus de
répondre, à part ça. Je pense que c'est fondamental;
sinon, le Parlement, c'est quoi, M. le Président? On n'a pas encore,
comment dirais-je, la traduction braille; c'est ça que ça nous
aurait pris.
Une voix: Même pas!
M. Chevrette: Même pas, ça aurait pris une image
pour interpréter les gestes et les signes. Je pense qu'il faut
absolument qu'on ait des réponses ou des motifs invoqués.
À la question posée par le député de D'Arcy-McGee,
je m'excuse, c'était de dire oui ou non, ça existe, ce
n'était pas d'intérêt public plus que ça. S'il avait
été dit: Voulez-vous la rendre publique? Elle aurait pu
répondre: Non, parce que ce n'est pas d'intérêt public ou
ça risque de nuire. Mais ce n'est pas ça qu'elle a fait à
cette question. Existe-t-elle, cette étude de faisabilité, ou
non?
Donc, M. le Président, dans les circonstances, s'il vous
plaît, je pense qu'il faut faire appel à la formation
gouvernementale pour qu'ils appliquent le règlement avec toute la
rigueur possible. Je pense que c'est un mépris du Parlement,
fondamentalement, et c'est dans ce sens-là que je vous demande une
directive. Ceux qui nous écoutent et qui regardent ça, tu poses
une question et tu n'as pas de réponse, c'est méprisant pour ceux
qui pourraient soutenir, l'électo-rat qui soutient un
député en cette Chambre, qui pose une question, à laquelle
il n'est pas sûr d'avoir une réponse. Si la ministre décide
de ne pas répondre, au moins, elle doit indiquer les motifs de sa
non-réponse. Sinon, M. le Président, je vous avoue, très
honnêtement, je ne sais pas quel type d'image une Assemblée
nationale, un Parlement pourrait projeter que d'agir de la sorte depuis hier.
Je répète que même si le député d'Ungava,
hier, dans sa question, a eu la réponse qu'il a eue, M. le
Président, ça, c'est carrément du mépris et le
peuple le jugera. Un ministre qui dit que ça ne nous regarde pas, je
pense qu'il pourrait répondre, purement et simplement: Pour des
motifs...
Une voix: II dépense mon argent.
M. Chevrette: ...d'intérêt public, cette
partie-là, je n'y réponds pas. Mais quand il commence à
dire à un député «ça ne te regarde
pas», c'est un très haut mépris, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
M. Claveau: M. le Président...
Le Président: Évidemment, il y a eu des questions,
on revient sur les questions d'hier. Je ne voudrais pas qu'on fasse un
débat sur ce qui s'est passé hier quand même, mais je suis
prêt à entendre les députés, même j'ai des
remarques. Le député de O'Arcy-McGee m'a demandé la
parole, le ministre de la Sécurité publique a demandé la
parole et, maintenant, le député d'Ungava. La question est
sérieuse, donc je vais entendre les députés quand
même, à ce moment-ci; je vais prendre le temps d'entendre tout le
monde. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee. (15 h 10)
M. Libman: Oui, M. le Président. Si le leader du
gouvernement invoque l'intérêt public pour défendre la
non-réponse de la ministre de l'Énergie, est-ce qu'il ne trouve
pas que c'est dans l'intérêt public du Québec de savoir que
le gouvernement du Québec s'est engagé à un investissement
de...
Le Président: Non, écoutez... Justement, M. le
député de D'Arcy-McGee, vous voulez faire un débat sur le
fond de la question. Ce n'est pas admissible à ce moment-ci. Vos propos
ne sont pas recevables sur l'interprétation de l'article que nous
voulons éclairer et qui est soumis à l'attention de la
présidence. Alors, M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: M. le Président, je pense que tout le monde
connaît l'importance que j'attache à l'Assemblée nationale,
qui est notre institution politique fondamentale. S'il a pu se glisser une
mauvaise impression par suite de notre échange d'hier, je suis
prêt à la corriger tout de suite. Ce que j'indiquais clairement au
député d'Ungava, hier, c'est que lorsqu'on veut entrer trop dans
le détail des enquêtes policières, ce n'est pas la place
pour le faire en Chambre. J'ai eu l'occasion de m'en expliquer souvent avec le
leader de l'Opposition au temps où il était critique en
matière de sécurité publique. Si la manière dont je
l'ai dit n'était pas la plus courtoise, je m'en excuse volontiers et je
suis prêt à veiller davantage à la pureté du langage
à l'avenir.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Bravo!
Le Président: Sur la question, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. D'abord, j'accepte les
excuses du ministre de la Sécurité publique tout en souhaitant
que de tels propos ne se reproduisent pas trop souvent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: D'autre part, M. le Président, j'ai
écouté attentivement le leader du gouvernement dans son petit
exposé où il parlait, entre autres, de motifs
évoqués et que l'un de ces motifs-là était le fait
qu'une cause pouvait être devant les tribunaux.
M. le Président, est-ce qu'il est normal qu'un ministre ou que le
leader du gouvernement évoque de faux motifs pour ne pas répondre
à une question? Parce que dans le cas, entre autres, de Saint-Amable...
M. le Président, dans...
Le Président: Écoutez. Non, non, un instant! Un
instant! Là, vous arrivez sur le fond d'une question et vous savez fort
bien, si vous énoncez... Par exemple, si un député en
cette Chambre, quel qu'il soit, donne comme motif qu'il invoque l'article 35,
paragraphe 35, relativement au sub judice ou quelque autre motif, la
présidence n'a pas à les juger exactement, ces choses-là.
On doit prendre la parole du député et prétendre que c'est
un faux motif, c'est refuser d'accepter la parole d'un député.
Vous seriez contraire au règlement à ce moment-là.
Oui.
M. Claveau: Si vous me permettez de continuer, M. le
Président, je veux bien, moi, accepter la parole d'un
député ou d'un ministre, sauf que je mets le leader du
gouvernement au défi de trouver un palais de justice où cette
cause-là pourrait être entendue au moment où on se
parte.
Le Président: Non. Écoutez... Une voix:
Aïe!
Le Président: Un instant! Écoutez, si on
soulève une question relativement au sub judice, on devra donner les
références et je pourrai les vérifier. Évidemment,
c'est la responsabilité de chacun de faire en sorte que ses propos
soient véridiques, soient exacts, soient conformes à la
réalité. Comme président de l'Assemblée, et tout
autant les gens du Secrétariat général de
l'Assemblée, on ne peut quand même pas être au courant de
tout l'ensemble des causes qui sont en discussion non seulement au
Québec, mais même au Canada ou à l'extérieur. On
doit respecter la règle du sub judice. À ce moment-là, si
le député invoque le motif du sub judice pour refuser de
répondre, je dois prendre sa parole et, si ce n'était pas exact,
il vivra avec ses propres propos. C'est lui qui aura la responsabilité
de ses propos, purement et simplement.
Donc, sur la question soulevée par le leader
de l'Opposition, effectivement, le refus de répondre de la
ministre, je n'ai pas donné de commentaires. J'ai regardé du
côté du gouvernement; personne ne s'est levé pour
répondre. Donc, il n'y avait pas de réponse. J'ai passé
à une autre question. En faisant ça, je me basais sur certains
précédents qui s'étaient passés ici; il y avait eu
des cas semblables à mon opinion.
Je vais revérifier cette situation-là et je reviendrai
pour donner une directive ou du moins un commentaire sur la question qui m'a
été posée par le leader de l'Opposition, pour exactement
statuer au sens non seulement du règlement, mais de la tradition
parlementaire et des usages dans les Parlements de type britannique.
M. Chevrette: M. le Président, 30 secondes.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je veux juste expliquer que ça arrive
effectivement des fois où une personne, un député qui
questionne passe un commentaire. C'est plutôt un commentaire et,
là, le ministre ne se lève pas. Mais à une question
très précise, c'est la première fois en 16 ans que je vois
ça.
Le Président: Écoutez... En tout cas, je reviendrai
avec des... Je ne veux pas vous citer aujourd'hui exactement, là, un
cas, mais j'ai en mémoire des cas - et je vous les soulèverai -
qui sont arrivés en Assemblée dans les 11 dernières
années où j'étais présent, où un ministre,
à mon sens, a refusé carrément de répondre à
des questions sans aucun commentaire. En tout cas, je verrai exactement ce qui
en est. Je verrai l'attitude de la présidence à l'époque,
ce qu'on avait convenu de faire. J'analyserai le tout en regard de la tradition
parlementaire et vous donnerai mes réactions à la question que
vous avez soulevée.
Une voix: D'accord.
Le Président: Nous allons maintenant poursuivre.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis. Aux motions sans préavis, M. le
ministre de la Justice et responsable de la protection du consommateur.
M. Rémillard: Oui, M. le Président...
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez-Le
Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: ...je vous demanderais, avec le consentement,
qu'on puisse donner les avis touchant les travaux des commissions
parlementaires qui vont siéger. Je vous prierais de reconnaître le
leader adjoint du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on passe à la rubrique «avis touchant les
travaux des commissions»? Consentement?
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 15 h 30 à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra sa consultation générale dans le
cadre de l'étude du projet de loi 412, Loi sur l'Office de protection de
l'environnement du Québec et modifiant diverses dispositions
législatives.
De plus, de 15 h 30 à 17 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission des affaires sociales poursuivra sa
consultation générale sur le document de consultation
intitulé «Partenaires pour un Québec compétent et
compétitif» et sur le projet de loi 408, Loi sur la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Je dépose les avis, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos avis sont
déposés. Je vous avise qu'aujourd'hui 12 mars 1992, après
les affaires courantes jusqu'à 18 h 30, à la salle du Conseil
législatif, la Commission d'étude sur toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle se réunira en séance
publique.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Je vous avise que l'interpellation du vendredi 20 mars 1992 portera sur
le sujet suivant: Les suites du Sommet de la justice. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve s'adressera alors à M. le
ministre de la Justice. Ceci termine les avis.
Motions sans préavis
Nous passons maintenant à l'item «motions sans
préavis». Est-ce qu'il y a consentement pour l'intervention du
ministre de la Justice sur sa motion? Est-ce que vous voulez refaire la motion?
Si vous voulez refaire votre demande, oui.
Souligner la Journée mondiale des droits des
consommateurs
M. Rémillard: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante: «Que l'Assemblée nationale souligne la Journée
mondiale des droits des consommateurs qui aura lieu le dimanche 15 mars
prochain».
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
M. Gendron: II y a consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors, M.
le ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président, comme ministre
de la Justice et responsable de la protection du consommateur, je suis
particulièrement honoré de proposer à cette
Assemblée de souligner, encore cette année, la Journée
mondiale des droits des consommateurs.
Rappelons brièvement les origines de cette journée
thématique qui dépasse les frontières nationales. C'est le
15 mars 1962 que le président John F. Kennedy, dans une allocution
prononcée devant le Congrès américain, reconnaissait
formellement aux consommateurs le droit à la sécurité, le
droit d'être informés, le droit de choisir et le droit
d'être entendus. C'est en 1983 que l'Organisation internationale des
unions de consommateurs, l'IOCU, proclamait en souvenir de cette affirmation la
Journée mondiale des droits des consommateurs, et cet organisme, M. le
Président, sans but lucratif, fondé en 1960, est voué
à la protection et à la promotion des intérêts des
consommateurs.
C'est à son instigation que les Nations unies, en 1985, ont
adopté une charte de protection des consommateurs qui lie les
États membres dont le Canada. Ils doivent, notamment, entreprendre des
actions appropriées pour renforcer ou instaurer dans les États
où elles n'existent pas les mesures visant à établir une
protection de plus en plus adéquate des consommateurs. En créant
cette journée de conscientisation, l'IOCU abordait la reconnaissance de
trois autres droits fondamentaux qui sont maintenant acquis: le droit de
recours, le droit à l'éducation et à la consommation et le
droit à un environnement sain qui a inspiré le thème
retenu pour cette année, «Une action concertée pour une
planète verte».
Il doit nous être permis, M. le Président, de vivre dans un
milieu physique où la qualité de vie est mise en valeur par la
sauvegarde et l'amélioration de l'environnement pour en faire profiter
les générations présente et future, mais le droit à
un environnement sain suppose comme corollaire la responsabilité des
consommateurs en cette matière. Nous devons nous montrer soucieux de la
qualité de notre milieu. Nous devons être sensibles aux effets de
notre mode de consommation sur l'utilisation et la conservation des ressources
naturelles. Nous avons une responsabilité, comme utilisateurs de biens
et de services, de nous préoccuper de la pollution et de ses
conséquences néfastes sur notre environ- nement physique et
social. Il faut mettre un frein au gaspillage de nos ressources naturelles qui
ne sont pas illimitées. Nous sommes désormais engagés
résolument dans la modification de certaines de nos habitudes de
consommation. Ces changements de mentalité et de comportement
continueront de s'opérer, notamment en développant un esprit
critique face aux biens et aux services utilisés ou offerts et la
recherche de moyens susceptibles d'améliorer la qualité de notre
environnement. (15 h 20)
On estime d'ailleurs, M. le Président, que 9
Québécois sur 10 considèrent l'environnement comme une
priorité, et ce sont des chiffres qui nous proviennent du numéro
d'octobre 1990 de la revue Protégez-vous. Pour changer notre
façon de consommer, M. le Président, plusieurs solutions sont
à notre portée. La consommation verte ou écologique nous
fait préférer à un produit domestique dangereux tout
substitut adéquat. La réduction, la récupération,
la réutilisation et le recyclage sont autant d'habitudes de consommation
qui nous amènent à diminuer les risques pour l'environnement et
la santé. Enfin, mieux informés, les consommateurs
hésitent de moins en moins à réclamer des
détaillants et des manufacturiers des produits faits de matériaux
recyclables ou réutilisables, ou dont la production limite la
consommation d'énergie ou diminue la formation de sous-produits
dangereux.
Toutefois, M. le Président, ce droit nouveau à un
environnement sain ne saurait se concrétiser pleinement sans l'exercice
quotidien des droits primordiaux à l'éducation et à
l'information. Près de 10 ans après leur reconnaissance, soit en
1971, était créé l'Office de la protection du consommateur
avec comme mandat, entre autres, le développement de ces deux fonctions
vitales. L'Office est l'organisme gouvernemental chargé
expressément d'éduquer et de renseigner la population en ce qui a
trait à la protection du consommateur.
M. le Président, qu'il suffise de rappeler certains des moyens
mis en place pour donner au consommateur accès à la connaissance
de ses droits et de ses responsabilités: l'accessibilité des 12
bureaux régionaux de l'Office de la protection du consommateur, bureaux
qui répondent chaque année à plus de 385 000 demandes de
renseignements ou plaintes; les chroniques régulières dans les
médias écrits électroniques qui rejoignent au cours d'une
semaine-type plus de 1 000 000 de consommateurs; la parution mensuelle de
Protégez-vous, considéré comme le magazine des
consommateurs québécois; l'intégration du volet
Éducation à la consommation au programme d'étude Formation
personnelle et sociale, tant au primaire qu'au secondaire; le lancement, le 15
mars 1986, du Bulletin d'éducation à la consommation pour
soutenir l'action de l'Office de la protection du consommateur dans les
écoles, qui est passé de 3500 à 20 000 exemplaires au fil
des
ans, pour ne nommer que ces dernières réalisations.
M. le Président, cette Journée mondiale des droits des
consommateurs est certes aussi l'occasion de souligner le travail
considérable des associations de consommateurs qui, par leur action en
matière d'éducation de la population, en matière
d'information et de défense des droits des consommateurs, ont beaucoup
contribué à faire évoluer le comportement des
consommateurs québécois. Mentionnons-le, M. le Président,
avec peu de moyens et des bénévoles dévoués, il y a
un travail exceptionnel qui a été fait et qui continue
d'être fait. Les rapports d'activités fournis par ces organismes
de protection des consommateurs démontrent sans contredit l'importance
de leur action. Ainsi, en 1990-1991, période particulièrement
difficile au plan économique, près de 5000 consommateurs ont
bénéficié personnellement d'une consultation
budgétaire leur permettant de mieux utiliser leur revenu, et près
de 7500 ont été assistés dans la constitution d'un dossier
de plainte. Des cours sur le budget et des sessions d'information sur la
consommation ont aussi été dispensés et ont
nécessité près de 1400 rencontres.
En 1991-1992, M. le Président, l'Office de la protection du
consommateur a contribué au financement d'une quarantaine d'associations
vouées aux intérêts des consommateurs, pour un montant de
752 600 $. Le Québec demeure la province qui soutient le plus
financièrement les associations de consommateurs. La sauvegarde de
précieux acquis et la poursuite de nouveaux objectifs sont
assurées par la révision permanente des lois et règlements
touchant la protection des consommateurs pour les adapter aux changements de la
société québécoise. Les nouvelles dispositions
législatives concernant la location à long terme de biens
mobiliers, tels que les automobiles et les appareils audiovisuels, en sont un
exemple. Et la réforme du Code civil, M. le Président,
adoptée en décembre dernier est - rappelons-le - fondée
essentiellement sur la recherche et le maintien de ce juste équilibre
entre les producteurs de biens et les fournisseurs de services, d'une part, et
les utilisateurs et consommateurs, d'autre part.
M. le Président, le Sommet de la justice de février
dernier, après consultation, nous a permis d'en arriver à la
conclusion que nous devions hausser le seuil d'accessibilité à la
Cour des petites créances, seuil qui passera de 1000 $ à 3000 $.
Soulignons, par ailleurs, le rôle de premier plan que joue l'Office de la
protection du consommateur dans la déjudiciarisation des conflits,
grâce aux milliers de médiations effectuées annuellement
par les 70 agents de protection du consommateur dans les bureaux
régionaux de l'Office de la protection du consommateur.
M. le Président, en terminant, permettez-moi de souligner le
travail exceptionnel de Mme Marie Bédard, présidente de l'Office
de la protection du consommateur, et de toute son équipe, tous ces gens
qui contribuent à faire de chacun de nous un consommateur averti et qui
nous permettent d'atteindre ce juste équilibre qui est au fondement
même de notre société de liberté et de
démocratie. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice et responsable de la protection du consommateur. Sur cette
même motion, Mme la députée de Terrebonne. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: M. le Président, au nom de ma formation
politique, à titre de porte-parole de la protection du consommateur,
c'est bien évident que je m'associe à cette motion pour souligner
la Journée mondiale des droits des consommateurs qui aura lieu le
dimanche 15 mars prochain. Lorsqu'on parle de journée mondiale, c'est
toujours l'occasion de faire un temps d'arrêt pour se questionner sur le
travail qui a été fait jusqu'à ce jour et sur ce qui reste
à faire.
Cette année, on nous propose comme thème: «Une
action concertée pour une planète verte». M. le
Président, c'est évident que le lien entre la consommation et un
environnement sain est essentiel à faire. C'est évident que la
plupart de nos problèmes, au niveau de l'environnement, sont des
problèmes de consommation et que ces problèmes de consommation,
bien sûr, il faut parler de la responsabilité des consommateurs.
Mais lorsqu'on parle d'action concertée pour une planète verte,
je pense qu'il n'y a pas seulement le rôle des consommateurs.
Le ministre a souligné le travail de l'Office de la protection du
consommateur et je m'associe à ce travail, bien sûr, le rôle
des associations de consommateurs mais, pour une action concertée, il
faut évidemment parler du rôle du gouvernement pour une
planète verte. Si on veut parler d'action concertée, on ne peut
se limiter à mettre la responsabilité sur les citoyens, sur les
consommateurs et sur les groupes, M. le Président.
L'environnement, c'est évident que nous devons informer la
population, mais nous devons aussi poser des actions et le gouvernement devrait
penser à faire des actions pour réduire la consommation, faire
des actions pour qu'on réutilise les produits - et je dois vous avouer
qu'à ce chapitre, M. le Président, il se fait très peu de
chose jusqu'à maintenant - et faire des actions aussi pour le recyclage.
Et si je regarde les résultats, actuellement, seulement 8 % de nos
déchets sont récupérés au Québec alors que
80 % de nos sacs verts sont récupérables. Donc, je pense qu'il y
a quand même du chemin à faire pour promouvoir la conservation des
ressources et, bien sûr, favoriser le développement durable.
À ce chapitre, je vais regarder le tableau
des statistiques qui nous est présenté sur les
dépenses brutes du gouvernement du québec par ministère.
du côté du ministère de la santé et des services
sociaux, 26 % des dépenses; du côté de l'éducation,
20 %; main-d'oeuvre, sécurité du revenu et formation
professionnelle, 12 %; enseignement supérieur et science, 11 %;
transports, 8 % et environnement, 2 %. je pense que pour une action
concertée pour une planète verte, il va falloir mettre un petit
peu plus de 2 %, m. le président. (15 h 30)
J'ai aussi une autre inquiétude. C'est beau de responsabiliser
les consommateurs, sauf que, lorsque 9 Québécois sur 10 sont
intéressés à la consommation, il se développe
évidemment ce que j'appellerai du marketing écologique.
Évidemment, nous voyons toutes les semaines arriver des produits et tout
ce qu'on a ajouté, c'est: Bon pour l'environnement, ou un produit vert,
un produit sain et, évidemment, les consommateurs qui sont
intéressés par l'environnement se précipitent pour acheter
ces produits. Donc, je pense que, du côté de l'Office de la
protection du consommateur, du côté du gouvernement, il y a encore
à faire pour informer les consommateurs, mais aussi pour
réglementer tout ce marché écologique qui, à
l'heure actuelle, ne l'est absolument pas.
On nous a parlé des bureaux régionaux, M. le
Président. Évidemment, j'en profiterai pour souligner à
nouveau, comme je le fais depuis deux ans et demi, que la région de
Lanaudière n'a toujours pas son bureau régional et que, donc, les
citoyens et citoyennes de cette région qui fait partie de mon
comté n'ont pas droit aux mêmes bons services de l'Office de la
protection du consommateur.
Le travail des associations de consommateurs, M. le Président,
est remarquable. Je suis très heureuse que le ministre en ait
parlé puisque, depuis deux ans et demi, je m'évertue à lui
dire à quel point ces groupes font un travail avec si peu de moyens.
Sauf que je m'inquiète, M. le Président, puisque, cette
année, les associations de consommateurs ont reçu, il y a
à peine quelques semaines, des avis à l'effet que les
règles de financement de l'Office de la protection du consommateur dont
on se vantait tantôt de financer les associations de consommateurs, eh
bien, les règles seront changées, M. le Président, et ces
nouvelles règles risquent de mettre en péril certaines
associations de consommateurs qui font actuellement un travail excellent.
Je m'en voudrais de ne pas souligner non plus le travail des groupes
environnementaux parce que, pour une action concertée pour une
planète verte, je dois dire que les groupes qui travaillent au niveau de
l'environnement sont aussi des groupes de consommateurs qui ont
décidé de se prendre en main et de sensibiliser la population et
qui le font, eux aussi, avec très peu de moyens, M. le
Président.
Le ministre nous a parlé également de la loi 133 sur la
location à long terme, une loi que nous devons saluer avec plaisir, mais
dont il serait peut-être bon de rappeler que la réglementation
n'est toujours pas sortie, M. le Président, et donc que cette loi n'est
toujours pas en vigueur. Donc, j'espère que cette annonce du ministre
tantôt laisse présager que la loi 133 sera mise en vigueur au
cours de la présente session, M. le Président.
Lorsque nous parlons des droits des consommateurs, nous parlons
évidemment des droits aux biens et services essentiels. Je ne pourrai
m'empêcher, bien sûr, de faire le lien avec la commission
parlementaire qui vient de se terminer, ce midi, sur les hausses de tarifs
d'Hydro-Québec. L'électricité ici, au Québec, M. le
Président, c'est un droit essentiel et c'est un droit essentiel pour
l'ensemble des consommateurs. Je dois avouer que si nous examinons les hausses
de tarifs d'Hydro-Québec au cours des deux dernières
années, deux ans et demi plus précisément, si on ajoute
les taxes et si on ajoutait le pourcentage demandé par
HydroQuébec de 5,5 %, le total depuis 1989 donne 32,9 % d'augmentation
de taxes pour les consommateurs pour un bien qui est essentiel. C'est un droit
qui est reconnu par la Journée mondiale des droits des consommateurs.
Donc, il y a peut-être lieu de s'interroger à savoir si on fait
suffisamment d'efforts du côté du gouvernement pour s'assurer que
ces droits des consommateurs soient respectés et si on respecte l'autre
droit, M. le Président, qui est celui à l'équité,
si les consommateurs devant les services essentiels reçoivent le
même traitement équitable. Là-dessus, je dois dire que
certaines mesures discriminatoires d'Hydro-Québec vont contre ce droit
des consommateurs à l'équité.
Enfin, je pense que le principal droit qu'il faudrait peut-être se
rappeler en cette Chambre et qui est bafoué depuis deux ans et demi,
c'est évidemment le respect des consommateurs, c'est-à-dire
respecter la capacité de payer des consommateurs, et ça, M. le
Président, personne ne le fait en cette Chambre. Le gouvernement ne le
fait pas depuis deux ans et demi et autant les familles les plus
démunies que maintenant la classe moyenne ne voient pas ce droit au
respect de la capacité de payer des consommateurs. Ce droit n'est plus
respecté, il est bafoué, M. le Président.
M. le Président, je pense que c'est beau de souligner une
journée mondiale, mais il serait peut-être temps qu'on pose des
actes pour respecter les droits des consommateurs. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce que la motion
présentée par M. le ministre de la Justice et responsable de la
protection du consommateur
qui se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale souligne
la Journée mondiale des droits des consommateurs qui aura lieu le
dimanche 15 mars prochain», est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): adopté. nous
sommes toujours aux motions sans préavis. je reconnais m. le ministre du
loisir, de la chasse et de la pêche. m. le ministre.
Félicitations à l'équipe qui a
remporté le raid Harricana 1992
M. Blackburn: M. le Président, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante: «Que l'Assemblée nationale félicite
l'équipe du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a remporté le raid
Harricana 1992.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement des membres de cette Assemblée pour débattre cet
avis de motion? Consentement. M. le ministre, si vous voulez
procéder.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: Encore une fois, M. le Président, si cela
continue, nous devrons demander aux résidents du Saguenay-Lac-Saint-Jean
quelle est la recette magique qu'ils emploient pour régner en
maîtres comme ils le font lors des raids Harricana. À peu
près à la même époque l'an dernier, je profitais de
l'occasion pour féliciter et surtout vanter les mérites de
l'équipe de Saint-Félicien qui, pour la deuxième
année consécutive, décrochait les honneurs du raid
Harricana. Cette année encore, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean a démontré qu'elle se faisait un malin
plaisir de «performer» lors des épreuves longue distance en
motoneige, en remportant encore une fois la palme il y a de cela quelques
jours. Cette fois-ci, c'est l'équipe régionale du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a vu ses efforts récompensés.
Se mesurant aux meilleurs compétiteurs dans ce domaine,
l'équipe régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean, composée de
MM. Richard Dubois, Richard Verville et Raynald Saint-Pierre, a fait preuve de
détermination alliée à une dextérité peu
commune, ce qui lui a permis de devancer sa plus proche rivale par plus de
trois heures. Parcourir 2000 kilomètres à travers le territoire
du Québec, en plein hiver, représente une somme de travail
considérable alliant courage, détermination et désir de
réussir.
Les participants au raid Harricana démontrent ainsi comment nos
citoyens ont usé de leurs talents et surtout de leur génie afin
d'apprivoiser, de domestiquer les rigueurs de l'hiver. Bien sûr, M. le
Président, il y a les gagnants de ce raid qui méritent toute
notre admiration, mais je m'en voudrais de ne pas saluer fièrement tous
les compétiteurs qui, avec brio, ont su relever un défi de
taille.
Au Québec, l'industrie de la motoneige génère des
retombées économiques estimées à plus de 165 000
000 $ annuellement. Il va sans dire que ce montant représente un apport
considérable dans les municipalités ou les régions
où se pratique cette activité de la motoneige, et plus
particulièrement dans les régions-ressources. Depuis quelques
années, le Québec s'est bâti une solide réputation
sur le marché nord-américain et même européen.
En ce qui concerne la pratique de la motoneige, des touristes provenant
de tous les coins du monde viennent au Québec en hiver pour, bien
sûr, s'adonner à la pratique de cette activité, en raison
des conditions qui prévalent chez nous. Un événement comme
le raid Harricana contribue de façon concrète à la
promotion de cette activité hivernale.
Enfin, M. le Président, je réitère mes plus
sincères félicitations à l'équipe régionale
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à tous les participants de ce raid, en plus
des organisateurs, tous ces bénévoles qui assurent que cet
événement procure au Québec une visibilité sans
pareille à travers le monde. Merci, M. le Président. (15 h
40)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Sur la même motion, Mme la
députée de Johnson. Mme la députée.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Bien
sûr, c'est un ministre tout sourire que nous avons entendu. Je pense que
ça va de soi, il est très fier. C'est sa région et il faut
admettre qu'ils sont bons.
M. le Président, bien sûr que notre formation politique est
fière aussi, avec raison, de s'associer à la motion du
«ministre sourire» - pour aujourd'hui, toujours - sur cet
événement qu'est le raid Harricana. Mon collègue de
Lac-Saint-Jean aurait bien voulu être ici, lui aussi, pour
témoigner de sa fierté, mais compte tenu qu'il est à une
commission parlementaire nous allons faire en sorte de faire son message a ses
«bleuets» du Lac-Saint-Jean.
Donc, félicitations aux hommes qui ont fait ce raid, comme le
ministre le disait, de 2000 kilomètres. C'est tout un effort que ces
gens-là doivent fournir pour finalement arriver au point, à
l'ultime point, c'est-à-dire arriver au bout de la course avec tous
leurs morceaux, bien sûr. C'est, je pense, une course qui demande
beaucoup de force, pour laquelle on a besoin de beaucoup de force physique, de
beaucoup d'habileté.
J'ai été heureuse aussi de constater que le ministre a
reconnu que la motoneige génère des retombées très
importantes. Il a mentionné un chiffre de 165 000 000 $ annuellement en
retombées de la motoneige au Québec; j'étais contente
d'entendre ça. Je suis persuadée que le ministre va se raviser
pour donner ses subventions cette année et que la motoneige n'aura pas
à souffrir d'un sous-financement puisque les retombées sont aussi
importantes que ça.
Il a fait aussi mention que ce n'était pas juste au
Québec, que le tourisme en général, de l'extérieur
du Québec, dans le monde entier, parle de cet événement
qu'est le raid Harricana. Je pense que tout le monde, ici comme ailleurs, doit
reconnaître la manne économique que peut rapporter un
événement comme le raid Harricana. Si je vous donnais un exemple
de grandeur... Vous savez, quand on organisait le Festival de la motoneige,
à Valcourt... Aujourd'hui, ça s'appelle le Grand Prix
Petro-Canada, je pense, c'est tout nouveau de cette année. Quand tu dis
que tu reçois entre 15 000 et 20 000 personnes dans la ville de Valcourt
et que ça se passe toute une fin de semaine, vous comprendrez que les
villes satellites où il y a des restaurants, des hôtels, tout ce
monde-là bénéficie de cette manne extraordinaire qu'est le
tourisme au Québec. Donc, je pense que je n'aurai pas de
difficulté, lors de l'étude des crédits, pour faire en
sorte que le ministre ouvre son portefeuille davantage pour donner un meilleur
financement à la motoneige.
M. le Président, ça me faisait penser aussi à la
mini-série que nous venons de voir, «Bombardier». Vous
comprendrez que cet homme, ce visionnaire qu'était J. -Armand
Bombardier, qui a créé cette première machine,
c'était, à l'époque, pour faciliter le transport des
personnes malades dans les régions éloignées. À ce
moment-là, les chemins n'étaient pas nettoyés comme ils le
sont aujourd'hui et c'était un problème très important.
Son bon ami, le père Ouimet, qui avait hérité d'une de ces
machines-là, il est encore là. Il était encore là
cette année, il était à la première de la
mini-série «Bombardier». Je pense que c'est devenu
aujourd'hui plutôt un véhicule de plaisance. Le père, M.
J.-Armand Bombardier, a fait beaucoup, je pense, pour l'industrie de la
motoneige et non pas seulement pour les gens qui étaient mal pris,
à l'époque, et qui devaient se débrouiller avec ce qui
existait.
Donc, je suis persuadée aussi que des occasions comme
celle-là font en sorte que des gens viennent visiter nos belles
régions du Québec. C'est tellement beau, l'été,
qu'on dit, les gens qui visitent le Québec: Venir une fois, c'est
vouloir venir chaque année visiter nos belles régions. Je pense
que l'hiver, c'était plutôt une saison morte et, dans nos villes
et villages éloignés, on n'avait pas cette possibilité
d'avoir du tourisme dans nos régions. Le raid Harricana a
été un moyen de financement - il faut le dire,
M. le Président, tel que c'est - et un moyen économique
extrêmement lucratif pour nos petits villages. On voit la fierté
des gens quand le raid passe dans leur village. Ils s'attroupent autour de ces
gens-là et c'est une fierté de dire: Ils sont passés chez
nous. Vous savez, on est toujours fier quand un événement
international passe dans son village. Je pense que les personnes qui
résident dans ces coins-là sont très heureuses. Bravo!
Plus on va montrer notre Québec et plus on va montrer l'habileté
des nôtres, mieux ce sera.
Je pense qu'il faudrait faire ça tous les jours, féliciter
les nôtres du bien qu'ils font. Hier, c'étaient les
médaillés d'Albertville; aujourd'hui, c'est le raid Harricana.
Vous savez, je commence à comprendre l'insécurité des
autres provinces canadiennes, à savoir qu'on performe tellement qu'elles
commencent à être inquiètes à notre sujet. Mais,
moi, j'en suis très fière et je n'ai aucune espèce de
restriction à vous dire que ce qu'on fait ici et ce que les gens du
Québec organisent pour démontrer leur habileté et pour
démontrer comment c'est bien ici, au Québec, bien, j'en suis, M.
le Président, et j'ai très hâte aux crédits pour
discuter davantage du financement de la motoneige avec le ministre
responsable.
Bravo à tous ceux qui ont participé, aux gagnants comme
aux perdants, M. le Président, mais c'est une belle aventure! Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Johnson. Sur cette même motion, M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. Lorsque l'on parle du
raid Harricana, je ne peux faire autrement que de me sentir un peu
impliqué, du moins d'avoir le goût d'en parler parce que l'on se
souviendra que, dans la première version du raid Harricana, il y a donc
deux ans de cela - nous en sommes à la troisième édition -
la grande majorité du parcours se passait dans le grand comté
d'Ungava, où on finissait le raid à Radisson après avoir
fait une boucle par la Baie d'Hudson jusqu'à Poste-de-la-Baleine,
Kuujjuarapik, Whapmagoostui.
C'a été un événement de toute
première importance pour faire connaître le Nord du Québec
à travers la plupart des pays d'Europe de l'Ouest. Dans l'année
qui a suivi le premier raid Harricana, on a vu augmenter en flèche le
nombre de touristes qui sont venus se promener dans le Nord, qui sont
allés faire de la pour-voirie pour la chasse, la pêche, qui sont
venus en expédition de découvertes de toutes sortes, pour toutes
sortes de raison, de santé, de sport ou d'aventure. Plein
d'Européens sont apparus et cette première expérience fart
en sorte qu'encore aujourd'hui, sur cette lancée-là, il y a de
plus en
plus d'Européens qui viennent se promeneer dans le Nord du
Québec et profiter de toutes les richesses que l'on peut avoir en termes
de paysage, de nature, de repos dans la nature, etc.
Donc, cette année d'ailleurs, alors que le raid s'est fait plus
dans le Sud du Québec, c'est à l'exemple de ce qui s'est fait
dans le Nord et, en ce qui nous concerne, nous souhaitons que l'organisation
d'Harricana révise un peu ses positions et revienne vers le Grand-Nord,
ce qui est, d'ailleurs, je pense, le souhait de beaucoup de coureurs
européens qui, quant à eux, préfèrent les endroits
difficiles, là où l'aventure est la plus évidente.
Je ne peux m'empêcher aussi d'être fier d'être
Québécois quand je regarde la liste du classement final. J'ai un
petit pincement au coeur, je vous l'avoue, M. le Président, je suis fier
de ce que les Québécois sont capables de faire. D'abord, en
termes d'innovations technologiques, le ministre de l'Industrie et du Commerce
devrait prendre l'exemple parce que, comme vient de le dire ma collègue,
la députée de Johnson, juste avant moi, la motoneige, c'est une
patente à nous autres, c'est les Québécois qui l'ont
inventée; c'est un Québécois qui a commencé
à patenter des machines pour courir sur la neige, qui font aujourd'hui
fureur à travers le monde, là où il y a de la neige, pour
le moins. C'est une patente à nous autres; il faut en être fiers.
On est encore capables d'en faire, des patentes comme ça, si vous me
passez l'expression, pour continuer dans l'avancement technologique, dans la
performance dont nous avons fait preuve par le passé en termes de
paliers de développement économique, de capacité de
développement et de capacité de se situer parmi les meilleurs au
monde dans des produits quelconques et, la plupart du temps, même dans
bien des produits. On est capables d'être concurrentiels à peu
près partout. Il s'agit de s'en donner la peine. Il s'agit aussi de
donner la chance à nos patenteux, à nos penseurs, à nos
ingénieurs, à nos architectes de pouvoir se situer, en termes de
recherche et de développement, au niveau des autres pays sur la
planète. Ça, c'est au gouvernement à donner ce coup de
pouce là pour que ça se fasse.
On regardera la compagnie Bombardier, aujourd'hui, qui, à partir
de cette motoneige-là, a dépassé la technologie de
départ qui a été à l'origine de sa création
pour devenir un leader mondial en termes de tramways, de métros
souterrains, d'aéronautique. On est rendus, si je ne m'abuse, les
premiers au monde en termes de construction de petits avions de type
industriel, enfin, ou de petits transporteurs d'affaires. C'est quand
même quelque chose. À partir d'une idée qui s'appelait
vouloir patenter une machine pour courir sur la neige ou pour dépanner
du monde qui en avait besoin, parce que, comme le disait aussi ma
collègue de Johnson, c'est pour aider son bon ami qui était en
mission dans le Nord que M. Bombardier a décidé de travailler sur
cette machine-là, à sa demande. Ça a donné une
première patente qui a été améliorée et,
après ça, elle a fini par donner ce qu'on connaît
aujourd'hui. (15 h 50)
Au niveau du classement final, je le répète, je suis
très fier d'être Québécois, quand je regarde
l'équipe du Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'ailleurs ma région
d'origine, qui a fini première. Une autre équipe originaire du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Ferme Limbour Inovaco, qui est l'équipe qui
a gagné les deux premiers raids en 1990-1991, se classe encore
deuxième; l'équipe de l'Abitibi se classe troisième;
l'équipe de Baie-Comeau se classe quatrième; l'équipe de
Kuujjuaq sort cinquième; l'équipe de Chisasibi sort
sixième, ces deux dernières étant des équipes du
comté d'Ungava. Eh bien, je regarde ça et je me dis: Dans les six
premières équipes, on a six équipes
québécoises, qui viennent d'à peu près toutes les
grandes régions du Québec, là où la motoneige est
plus qu'un sport, où elle est bien souvent un moyen de locomotion
nécessaire en hiver.
Eh bien! J'en suis fier, M. le Président, et je suis fier pour
tous ces fiers compétiteurs aussi qui ont participé à ce
raid-là. Étant amateur de motoneige moi-même, je peux vous
assurer que je comprends facilement tout ce que ça implique comme
bravoure, courage, abnégation de faire ce genre d'expédition sur
une base de compétition. C'est énorme, ce que ça demande,
M. le Président.
Je ne peux m'empêcher, non plus, de souligner, en dernier,
l'équipe Minolta HydroQuébec qui, après avoir vécu
un certain nombre de malheurs au cours de la course, s'est classée
dernière. Mais c'est une équipe, je pense, à l'image de ce
que l'on est comme Québécois et à l'image aussi du reflet
que l'on a comme Québécois à l'étranger, de ce que
les autres pensent de nous, et de notre capacité de s'intégrer
aussi, comme Québécois, dans le monde moderne qui nous attend, le
jour où on aura décidé de se prendre en main
nous-mêmes. Cette équipe, M. le Président, était
formée par un Attikamek de Manouane, par un Français parisien,
qui plus est, et par un nommé Pierre Michaud, un gars de Chibougamau,
que je connais bien, qui travaille pour Hydro-Québec à Nemiscau,
là où il y a une réserve indienne crie; il est responsable
de l'aéroport de Nemiscau.
Alors, vous voyez que cette équipe-là est une
équipe qui est à l'image de ce que l'on souhaite être comme
Québécois dans le futur, des gens ouverts sur le monde et des
gens qui sont aussi capables de composer à l'interne avec nos ethnies,
les différents groupes qui nous composent. Ils ont eu beaucoup de
malheurs, tout au long de la course, ils sont arrivés derniers, mais
ils ont réussi quand même. Ils ont passé à
travers et Hydro-Québec a bien voulu leur donner un coup de main au
niveau commanditaire. Je félicite Hydro-Québec de s'être
aussi impliquée dans la course et de permettre qu'une équipe
composée d'un autochtone attikamek, d'un Français et d'un bon
Québécois du Nord, originaire de Chibougamau, puisse participer
et faire ses preuves dans le raid Harricana qui est un événement,
comme on l'a dit bien souvent, de qualité, de niveau international.
M. le Président, en terminant, félicitations à MM.
Dubois, Verville et Saint-Pierre qui ont, encore une fois,
démontré que l'on est les meilleurs au monde dans la motoneige.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Ungava. Est-ce que cette motion présentée
par M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui se lit
comme suit: «Que l'Assemblée nationale félicite
l'équipe du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a remporté le raid
Harricana 1992», est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Ceci met
fin aux motions sans préavis. Nous en sommes aux renseignements sur les
travaux de l'Assemblée. Ceci met fin aux affaires courantes. Nous
passons maintenant aux affaires du jour. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: L'article 5, M. le Président.
Projet de loi 415 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 5, M.
le ministre de la Santé et des Services sociaux propose l'adoption du
principe du projet de loi 415, Loi sur le Conseil de la santé et du
bien-être. M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. ...mais qui travaille aussi au bien-être de tous les
concitoyens et les concitoyennes du Québec.
M. le Président, d'entrée de jeu, en proposant à
cette Assemblée d'adopter le principe de ce projet de loi 415, j'ai
beaucoup d'intérêt à faire un retour, un bref retour sur le
passé pour comprendre un peu ce que nous nous apprêtons à
faire par l'adoption du principe de ce projet de loi.
On se rappellera qu'en 1990, en décembre 1990, je
présentais la réforme de la santé et des services sociaux
qui avait un certain nombre d'objectifs et d'objets, en particulier:
premièrement, remettre le citoyen au centre du système;
deuxièmement, affirmer les droits à ces citoyens de
manière un peu plus claire que ça ne l'était dans la loi
actuelle; décentraliser la prise de décision; répondre aux
besoins des clientèles cibles; utiliser les ressources de façon
efficiente et réaliser un virage résultat. Il y a, depuis ce
temps-là, un certain nombre d'étapes qui ont été
franchies et nous sommes irrémédiablement en marche vers la
transformation presque totale de notre système.
Ces étapes franchies, c'est l'adoption de la loi 120, le 28
août 1991, où on a davantage précisé les droits,
où le rôle et la place des acteurs dans le système,
établissements, régies, ministère, organismes
communautaires, ont été mieux définis, la façon de
gérer les ressources humaines, matérielles et financières
de même.
Nous avons aussi procédé - et c'est en cours - à la
réorganisation des conseils d'administration. Pour vous rappeler qu'il y
a 189 conseils d'administration en moins, donc, dans cette réforme qui a
permis de regrouper un certain nombre de ces conseils pour une plus grande
efficacité et davantage de soins orientés vers la personne. Donc,
un pas important dans la façon de gérer est ainsi franchi,
entraînant par le fait même la concertation nécessaire entre
les ressources.
Il y a, bien sûr - et c'est plus frais -l'élection des
nouveaux conseils d'administration, ces élections, qui ont eu lieu
partout à travers le Québec le 9 mars dernier, sauf
évidemment dans les cas où il y a eu des élections par
acclamation, et c'est encore possible de nos jours que d'être élu
par acclamation. Mes collègues de l'Assemblée nationale ne
connaissent pas ça, mais il fut un temps, au niveau de
l'Assemblée, où il y eut un certain nombre d'individus dans ce
début de processus démocratique qui ont été
élus par acclamation, ce qui n'est plus le cas maintenant et, je
l'espère bien, ce qui ne sera pas le cas dans trois ans lorsqu'on
recommencera le processus électoral.
Donc, ces élections se sont tenues lundi dernier, M. le
Président, avec un succès intéressant, avec des lacunes
qu'il nous faut examiner et continuer d'évaluer de telle sorte qu'on
puisse faire les changements qui seront nécessaires. Mais il y a, bien
sûr, au-delà de ce qui s'est passé, des étapes qui
s'en viennent.
J'aurai le plaisir de déposer très prochainement la loi
d'application, qui est une loi très importante, davantage comestible
pour les avocats, les légistes que pour les pauvres parlementaires qui
ne sont pas des avocats, mais une pièce majeure qui sera
définitivement en trois parties, M. le Président: d'abord, la
concordance, des mesures transitoires et, dernièrement, quelques
modifications à la loi 120 qui sont nécessaires aujourd'hui;
deuxièmement, l'élection des membres des assemblées
régionales et
l'élection des membres des conseils d'administration de ces
régies régionales; troisièmement, l'annonce du plan
d'implantation de la réforme qui est maintenant prêt, que nous
pourrons rendre public dans les prochains jours, dans les prochaines semaines.
Finalement, pour coiffer le tout et de manière convergente, l'annonce de
la politique de santé et bien-être avant, donc, l'ajournement de
notre session, et le plus tôt sera le mieux compte tenu du fait qu'elle
est réclamée depuis plusieurs mois, je dirais même depuis
une bonne année et demie. Elle sera donc connue du public pour
être discutée et, par la suite, que ça devienne notre bible
à tous, a tous ceux qui veulent du bien-être additionnel pour nos
citoyens et nos citoyennes.
En marge de ces étapes, M. le Président, j'ai aujourd'hui
le plaisir, l'immense plaisir de procéder à l'étude du
projet de loi 415 sur la création du Conseil de la santé et du
bien-être. Regardons d'abord le contexte. Les discussions de
l'été 1991 sur la nécessité d'un conseil
médical ont amené une réflexion sur le besoin d'un conseil
de la santé et du bien-être. Je me rappelle encore de très
longues discussions que nous avons eues, en particulier avec mon critique de
l'Opposition, le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue,
où nous avions évoqué la nécessité d'avoir
ce Conseil de la santé et du bien-être. (16 heures)
Donc, deux éléments importants: la dynamique actuelle fait
en sorte que la notion de service est encore au coeur du développement
du réseau. Deuxièmement, il faut recentrer le réseau sur
des objectifs de résultats, ce qui dépasse nécessairement
le système de distribution de soins et de services.
En conséquence, il y a nécessité de
réorienter en fonction des problèmes de santé et de
bien-être à résoudre plutôt que des services à
développer. Et il faut, bien sûr, se donner des objectifs de
réduction des problèmes spécifiques et des orientations
axées sur les besoins de clientèles particulières. C'est
l'objet même de la politique de santé et bien-être.
Cependant, M. le Président, l'atteinte des objectifs de cette
politique nécessitera une action sur les principaux déterminants
de la santé et du bien-être, c'est-à-dire les habitudes de
vie, les conditions de vie, les milieux de vie et l'environnement social et
physique. Deuxièmement, cette action dépassera
nécessairement le système de distribution de soins et de services
pour couvrir un ensemble de secteurs qui auront à établir des
liens autour d'objectifs communs.
La cohérence du fonctionnement du système ne sera
véritablement établie que dans la mesure où les acteurs
qui y oeuvreront verront leur intervention guidée par cette politique,
c'est-à-dire par des objectifs clairs, par des objectifs mobilisateurs
et surtout par des objectifs constamment revus et évalués dans
une perspective intersectorielle et prospective, axée notamment sur
l'évolution des problématiques de l'âge de la population,
de l'immigration et de la famille; en lien avec les enjeux économiques,
sociaux et politiques du Québec, qu'il faut rendre plus visibles en vue
de tenir compte du caractère multisectoriel de la santé et du
bien-être.
À cet égard, le meilleur exemple est celui de la
pauvreté qui, comme phénomène, est un problème qui
transcende les juridictions des ministères et organismes chargés
de la combattre. Au Québec - je pense qu'il est utile à ce
moment-ci de se le rappeler, M. le Président - un bébé sur
cinq naît dans la pauvreté, un bébé sur dix, dans la
misère. À lui seul, le taux de mortalité infantile est
deux fois plus élevé en milieu défavorisé. 23,1 %
des ménages comptant trois enfants et plus sont pauvres, comme
d'ailleurs 41 % des familles monoparentales. N'oublions pas qu'il y a un
écart de 9 années entre l'espérance de vie des riches et
des pauvres, mais un écart de 14 années entre l'espérance
de vie en bonne santé des riches et des pauvres.
Les événements stressants, la détresse
psychologique, les idées suicidaires, les tentatives de suicide et la
mortalité par suicide sont autant de réalités davantage
présentes en milieu défavorisé. Les mauvais traitements
infligés aux enfants, la négligence, la délinquance,
l'abandon scolaire, le placement d'enfants ou d'adolescents en familles ou en
centres d'accueil sont plus fréquents en milieu
défavorisé. La consommation de médicaments prescrits,
notamment les tran-quilisants, est plus élevée chez les personnes
défavorisées. Et des exemples comme ceux-là, M. le
Président, je pourrais vous en fournir des centaines.
La pauvreté, et tout ce qui s'y rattache, est un problème
majeur. Pour réussir à combattre ce phénomène, il
faut que les frontières des responsabilités tombent. La
pauvreté n'est pas seulement une réalité matérielle
et financière; elle constitue aussi un phénomène
qualitatif qui se réfère à l'absence de
possibilités, à l'isolement social et à la
vulnérabilité qui en découle. C'est clair, les conditions
de santé et de bien-être sont intimement liées aux
conditions sociales et économiques dans lesquelles vivent les
personnes.
Cette conclusion dérange, il faut l'admettre. Elle dérange
beaucoup et elle dérange davantage les systèmes établis,
mais elle est pourtant bien réelle et bien présente. Cette
question est aussi complexe et c'est dans ce contexte que le ministère
de la Santé propose la création du Conseil de la santé et
du bien-être. Son mandat: un organisme de consultation et d'étude
qui aura pour fonction de conseiller le ministère sur les meilleurs
moyens d'améliorer la santé et le bien-être de la
population. Ses avis devront porter plus particulièrement sur les
objectifs de santé et de bien-être de la population ainsi que sur
l'atteinte de ces objectifs, tout en tenant compte
des capacités de la collectivité de mobiliser les
ressources en conséquence. Le Conseil se préoccupera, notamment,
de l'évolution des problématiques de santé et de
bien-être ainsi que des volets multisectoriels de la politique qui
constitue un de ses rôles fondamentaux.
Un tel exercice ne peut s'effectuer en vase clos, mais doit faire appel
à la collaboration des instances les plus diverses et les plus
représentatives de la société. C'est pourquoi les membres
seront choisis en raison de leur engagement, de leur expérience et de
leurs connaissances tout en assurant une représentation régionale
adéquate, le maintien d'un équilibre hommes-femmes et d'une
présence des communautés culturelles et linguistiques.
Sa composition, M. le Président, vous en êtes
déjà informé par le dépôt de ce projet de
loi: 23 membres dont 4 non votants, nommes par le gouvernement sur
recommandation du ministre de la Santé et des Services sociaux, en
provenance de différents secteurs de la société, domaine
socio-sanitaire et milieux multisectoriels. Les 19 membres ayant droit de vote
seront répartis comme suit: un président nommé; 3
personnes provenant des usagers ou groupes d'usagers; 3 personnes provenant des
organismes communautaires impliqués dans la défense des droits,
dans la prestation de services et dans le bénévolat; 6 personnes
provenant du domaine de la santé et des services sociaux à titre
de praticiens, chercheurs ou administrateurs recrutés en respectant
l'équilibre santé et bien-être; 6 personnes provenant du
domaine multisectoriel et issues des secteurs connexes concernés par la
politique de santé et de bien-être tels les municipalités,
l'éducation, l'économie et le travail, la sécurité
du revenu, l'environnement et la justice. Le Conseil comprend également
4 membres sans droit de vote. Le secteur de la santé et des services
sociaux sera représenté par une personne provenant du
ministère de la Santé et des Services sociaux,
déléguée par le ministère de la Santé, donc,
et par une autre personne issue des régies régionales. Les deux
autres membres proviennent de ministères concernés par les
problématiques de santé et bien-être.
Pour terminer, il faut aussi signaler la disparition de l'actuel Conseil
des affaires sociales dont le mandat sera intégré à celui
du nouveau Conseil. J'en profite pour signaler, M. le Président,
l'excellente contribution, j'oserais même dire, pour m'élever
au-dessus du débat politique, en disant: «Surtout, compte tenu de
la présence de l'actuel député de
Rouyn-Noranda-Té-miscamingue qui est encore membre, d'ailleurs, du
Conseil des affaires sociales.» Je tiens à remercier tous ceux et
celles qui ont travaillé, qui attendaient un dénouement depuis
déjà un certain temps et qui est, pour moi et pour la
collectivité, un heureux dénouement.
Le défi qui attend cet organisme, M. le Président, est de
taille. Tout comme les autres acteurs de la société, ses membres
auront à s'adapter, dans des choix qu'ils privilégieront, aux
nouvelles contraintes économiques et, de la même manière
que nous l'avons fait dans le cas du Conseil médical, c'est une mise en
garde que nous faisons. Autant de nouvelles pressions qui nous interpellent
directement et commandent, de notre part, des interventions énergiques
qui auront un impact dans toutes les régions du Québec. M. le
Président, c'est une étape importante qui fait que nous aurons un
autre instrument extrêmement important pour conseiller le ministre qui,
il faut bien l'admettre aussi, remettra un certain équilibre avec le
Conseil médical et qui pourra être opérationnel très
rapidement, dès le moment où nous aurons disposé, en cette
Assemblée, de la troisième lecture. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous sommes à
l'étape de l'adoption du principe du projet de loi 415, Loi sur le
Conseil de la santé et du bien-être. Je reconnais M. le
vice-président de la commission des institutions et député
de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. M. le député, la parole
est à vous.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Oui, il est important,
suite à la présentation que vient de nous faire le ministre de la
Santé et des Services sociaux, que, du côté de l'Opposition
officielle, nous puissions faire quelques remarques à cette
première étape véritable de l'adoption du projet de loi
après son dépôt à l'Assemblée nationale,
projet de loi qui porte le numéro 415, Loi créant le Conseil de
la santé et du bien-être, en essayant, M. le Président, de
replacer dans le contexte des différents projets et des
différentes adoptions auxquelles nous avons procédé, ici,
à l'Assemblée nationale, l'élément que constituera
le Conseil de la santé et du bien-être que créerait le
projet de loi 415. Le ministre y a fait allusion pour situer à quelle
étape nous en sommes rendus dans la démarche que, lui, a
initiée, comme ministre responsable de la Santé et des Services
sociaux, à compter du 7 décembre 1990, à l'occasion du
lancement de son projet de réforme. (16 h 10)
On se souviendra que, dès ce moment, M. le Président, nous
avons eu l'occasion largement ici, du côté de l'Opposition, et
dans plusieurs corps intermédiaires au niveau du Québec, des
corps intermédiaires qui s'activent dans le monde de la santé et
des services sociaux, de dire au ministre, au gouvernement qu'il nous semblait
qu'il procédait à l'envers avec la démarche qu'il avait
initiée le 7 décembre 1990 puisqu'il nous proposait une
réforme; réorganisation administrative en particulier de tous les
services de santé et des
services sociaux au Québec et, du même coup, il
précisait qu'un certain nombre d'organismes allaient être mis sur
pied, réorganisés ou réalignés pour permettre
d'articuler et de conseiller, eu égard aux objectifs du système
de santé et des services sociaux et, également, eu égard
à la réforme qui s'implantait. Un de ces éléments
était le Conseil de la santé et du bien-être. Le ministre
avait eu l'occasion de le préciser, de préciser sa pensée
lors du long débat en commission parlementaire sur le projet de loi 120,
devenu depuis le temps la loi 42.
Troisièmement, à la demande de l'Opposition en
particulier, le ministre avait consenti - nous lui en sommes reconnaissants -
à initier un débat sur le financement de l'ensemble du
système de santé et des services sociaux au Québec,
débat qui s'est tenu au cours de février et à la suite
duquel nous attendons maintenant le choix et les conclusions du gouvernement.
Il appert donc que les choix quant au financement du système de
santé et des services sociaux... On ne refera pas le débat ici
sur ce que nous avons entendu quant aux conclusions, mais j'imagine que nous
allons retrouver tout cela dans le discours sur le budget du ministre des
Finances, à moins que le ministre de la Santé et des Services
sociaux ne veuille bien dire à la population du Québec auparavant
quels sont ses choix.
Il y a de ces éléments qui ont déjà
été illustrés dans certains journaux, le ministre se
laissant aller quelquefois à de la pensée prospective, en
particulier au niveau du financement des systèmes de santé et des
services sociaux. Il disait, par exemple, à The Gazette que,
quant à lui, il préférerait qu'une partie de la taxe de
vente soit dorénavant affectée au financement des services de
santé et des services sociaux. Alors, j'espère que le ministre
aura l'occasion de préciser au monde de la santé et des services
sociaux, mais surtout aux citoyens et aux citoyennes du Québec, quelles
sont ses options à lui au niveau du financement du système de
santé et des services sociaux. Et est-ce qu'on pourra conserver les
acquis de ce qui est, sans l'ombre d'un doute, un élément du
caractère distinct du Canada, et du Québec en particulier,
là-dessus?
Certainement que le ministre a eu l'occasion d'observer...
Peut-être lui a t-on donné l'occasion de regarder une partie de
l'émission de M. Claude Charron à TVA, cette semaine - je ne me
souviens plus trop quel soir - sur, précisément, la
différence entre le mode de vie d'une famille au Canada, d'une famille
au Québec et d'une famille aux États-Unis. La conclusion de
l'animateur était précisément qu'un des caractères,
un des éléments du caractère distinct de cette
société au Québec, qui nous distingue de cette population
nord-américaine qui vit dans un contexte économique global
semblable, c'est sûrement notre régime et ses
caractéristiques en matière de santé et de services
sociaux, même si le président Bush des États-Unis a
qualifié, lui, ce régime d'une gangrène socialiste. Si ce
régime est une gangrène socialiste, je veux qu'on endure le mal.
Je veux que l'on continue et je souhaite que ce soit le choix du gouvernement
également de maintenir cet acquis essentiel du caractère de notre
société, choix que nous avons fait depuis 1971.
Donc, M. le Président, on avait beaucoup d'observateurs et, du
côté de l'Opposition, nous avions également souligné
au gouvernement qu'il procédait à l'envers, c'est-à-dire
qu'il eût été préférable que l'on initie au
Québec un grand débat sur une politique de santé et de
bien-être. Je vois le ministre responsable des Approvisionnements, un
homme qui est issu du monde des affaires; il sait comment ça
procède dans ce monde-là en particulier, c'est-à-dire
qu'avant d'acheter sa machinerie, avant d'acheter ses instruments, avant de
déterminer les modes de production, eh bien, évidemment, il
dessine ce qu'il veut faire, c'est-à-dire qu'il dessine les objectifs de
l'entreprise. Toutes les comparaisons clochent lorsqu'on fait une comparaison
d'un secteur à un autre.
Ce que nous voulions essentiellement signaler au ministre et au
gouvernement, c'est qu'avant de dessiner les outils, les instruments, il
eût fallu déterminer les objectifs à poursuivre, dans un
premier temps, parce que, évidemment, suivant les dominantes, suivant
les objectifs prioritaires que nous allons adopter dans notre politique de
santé et de bien-être pour les Québécois et les
Québécoises, eh bien, on va ajuster les instruments, on va
ajuster les outils en conséquence. Le ministre a eu l'occasion de nous
expliquer déjà que, de toute façon, il fallait
réformer le système, il fallait réorganiser et que, peu
importe l'ampleur ou l'amplitude en quelque sorte des objectifs de santé
et de bien-être à l'intérieur d'une future politique de
santé et de bien-être, il fallait de toute façon
procéder à cette réforme.
Eh bien, oui, évidemment, M. le Président, vous l'avez
compris; c'est procéder à l'envers parce que, si le premier
objectif - une hypothèse - est véritablement, par exemple, une
politique de lutte à la pauvreté, une politique de
création d'emplois, une politique de plein emploi, bien
évidemment, la façon dont nous allons organiser notre
système de santé et de services sociaux, la façon dont
nous allons l'administrer, là où nous allons mettre l'amplitude,
où nous allons mettre le plus d'ampleur, où nous allons mettre le
plus d'intérêt, évidemment, ça va être dans
des instruments qui vont nous permettre d'atteindre ces objectifs-là.
Alors, là, on a dessiné, au cours du printemps et de
l'été derniers, un outil qui va servir à atteindre des
objectifs de résultat, comme le mentionnait le ministre il y a quelques
minutes, sans savoir quels sont ces objectifs de résultat. Bon, le
ministre vivra avec cette situation; les groupes
intermédiaires, les groupes qui sont présents dans ce
réseau ont eu longuement l'occasion d'exposer, comme l'Opposition, cette
façon un peu bizarre de faire les choses; ce n'est pas étranger
au gouvernement.
Aujourd'hui, le Conseil de santé et de bien-être, nous
souscrivons à la démarche et nous allons, au niveau du principe,
appuyer ce projet de loi. Oui, c'est vrai, nous avons eu l'occasion en quelque
sorte, dans le long débat de quelque 22 ou 23 semaines en commission
parlementaire sur le projet de loi 120, de discuter de la
nécessité de la création de ce Conseil, non pas uniquement
comme élément, pourrions-nous dire dans certains milieux, du
balancier vis-à-vis d'un autre conseil qui s'appelle le Conseil
médical - ça peut être une contribution pour certains qui
le verraient comme cela pour équilibrer la pensée - mais je pense
que nous devons le voir beaucoup plus comme un lieu de rassemblement, de forces
vives, de cerveaux d'intelligence à la disposition de l'appareil
gouvernemental pour nous indiquer, pour nous donner des avis sur comment on
oriente un système qui, rappelons-le, M. le Président, tout
gouvernement confondu et par rapport à la réalité de 1992,
coûte plus ou moins 12 000 000 000 $, un petit peu plus de 30 % de
l'ensemble du budget du Québec. Alors, ce n'est pas un budget, ce n'est
pas un ministère, ce ne sont pas des services qui sont, comme on
pourrait dire, secondaires, qui sont à la marge, c'est au coeur
même de l'action gouvernementale et des actions de société,
des interventions du gouvernement dans notre société et, à
cet égard-là, oui, il est important qu'un tel Conseil de
santé et de bien-être puisse être créé.
On s'étonnera peut-être, de prime abord... Les gens qui
nous observent dans les médias savent probablement qu'il y aura une
deuxième étape qui va être l'étude article par
article de ce projet de loi avec le ministre et que ce sera l'occasion de
questionner plus précisément certaines dimensions
particulières du projet de loi. On peut s'étonner, à ce
moment-ci du développement de la société et des
difficultés aux plans social et économique que nous vivons, qu'on
crée un conseil de 23 membres. Ça peut apparaître
étonnant, de prime abord. Je suis étonné de voir un tel
Conseil apparaître, parce que, évidemment, il faut préciser
en toute honnêteté, en toute transparence, que 23 personnes
membres du Conseil de la santé et du bien-être du Québec,
ça ne signifie pas 23 peresonnes qui seront engagées par le
gouvernement, par l'État pour fournir ces conseils au ministre. (16 h
20)
Ce sont des gens qui, dans leur milieu, vont prêter leur concours.
Seulement un certain nombre limité de personnes seront des
salariés de cet organisme. Alors, ce ne sont pas 23 personnes qui
recevront toutes des salaires. Cependant, on sait tous qu'un organisme de 23
personnes, ça risque d'entraîner un certain nombre de
dépenses, et il va falloir se questionner sur la pertinence d'avoir un
si grand nombre de personnes. Un peu à la blague, M. le
Président, j'ajouterais ceci: Comment peut-on penser aussi que, dans un
tel conseil de santé et de bien-être, avec 23 personnes d'horizons
différents, on va en arriver à un certain nombre de consensus?
Comme on dit souvent, est-ce que le résultat ne sera pas comme la phrase
qui décrit: C'est quoi un chameau? Un chameau, on dit: C'est un cheval
qui est dessiné en comité, qui finit toujours par avoir un
certain nombre de distorsions et tellement d'ajouts qu'on n'y retrouve plus ses
petits. Il va falloir se poser la question sur l'ampleur d'un tel conseil. Il
va falloir se poser des questions, d'autant plus, M. le Président, que
le ministre posait la question lui-même, il y a quelques secondes ou,
plutôt, ne posait pas la question, mais faisait l'affirmation que tous
les horizons du monde de la Santé et des Services sociaux allaient
être représentés au sein de ce Conseil.
Vous me permettrez, M. le Président, très certainement, de
faire le lien avec la première partie de l'exposé du ministre
quant au retour au projet de loi, la loi 120, la loi 42 maintenant, sur la
réorganisation des systèmes de santé et des services
sociaux, puisque nous sommes à vivre, ayant été
adoptée démocratiquement, ici, à l'Assemblée
nationale, certains éléments de la Loi 42 sur la santé et
les services sociaux au Québec. Nous avons vécu cette semaine une
étape quant à la représentation du public sur les conseils
d'administration des établissements publics.
Je profite de la période qui nous est donnée aujourd'hui
pour féliciter toutes les personnes qui, à travers le
Québec, qui, dans un hôpital, qui dans un CLSC, qui dans d'autres
organismes publics, d'autres établissements, centres hospitaliers de
soins de longue durée, etc., qui se sont portées candidates, et
qui ont été élues comme membres du conseil
d'administration. Il faut toujours reconnaître - malgré un certain
nombre de difficultés majeures importantes sur lesquelles je reviendrai
dans quelques secondes - le geste qui a été posé par des
gens du public, des citoyens et des citoyennes qui se portent, en quelque
sorte, volontaires pour servir dans un organisme communautaire de type CLSC
dans la région de Montréal ou dans la région de
Gaspé, qu'on puisse servir sur le conseil d'administration de son
hôpital, dans la région de Gatineau ou dans la région
d'Abitibi-Témiscamingue, qu'on veuille servir au conseil
d'administration de son établissement public de soins de longue
durée dans l'ouest de Montréal ou dans la région de
Québec. Il faut toujours louer ce travail des citoyens qui veulent
contribuer à ce que les services de santé et de services sociaux
soient toujours de meilleure qualité et qu'on surveille notre affaire,
en quelque sorte, tout en disant au
ministre et au gouvernement que tout cela s'est déroulé
dans un climat, le moins que l'on puisse dire, questionnable.
La volonté de vouloir laisser les citoyens investir les conseils
d'administration des établissements publics a certainement
été, le moins que l'on puisse dire, victime d'un certain nombre
de tractations, d'un certain nombre de noyautages, d'un certain nombre de
phénomènes de groupes qui ont fait en sorte que, dans certains
coins du Québec... Tous les journaux en ont parlé, selon les
régions dans lesquelles on vit. Il y a eu pas mal de
phénomènes de péril jaune. Il y a eu pas mal d'autobus
jaunes qui se sont promenés puisque le règlement
définissant qui pouvait voter pour élire une personne à un
conseil d'administration, dans un établissement public de santé
et de services sociaux, était tellement large que... Des personnes l'ont
dit ouvertement, elles se sont promenées à 5, 6, 7, 8, 10
endroits pour voter suivant les listes qui avaient été
dressées par certains ogranismes.
D'autres diront: Bien, ces organismes se sont occupés de leurs
affaires, sauf que c'est la responsabilité aussi du législateur
et c'est une responsabilité élémentaire de définir
les règles de la démocratie dont le fondement est
extrêmement simple. C'est: une personne, un vote. Et une personne, un
vote, dans son secteur d'activité et, à cet
égard-là, je pense que nous allons devoir demander au ministre de
la Santé et des Services sociaux de revenir, et très
certainement, s'il désire poursuivre dans la même direction, de
confier au Directeur général des élections du
Québec la responsabilité de ce geste que l'on voulait, que l'on
souhaitait être démocratique pour les représentations sur
les conseils d'administration publics, mais cette étape est franchie
avec des éléments de doute, des éléments de
difficulté, des éléments de légitimité.
Ça aussi, nous aurons l'occasion d'y revenir à d'autres moments,
mais c'est clair qu'il va falloir apporter des correctifs.
C'est d'autant plus important, M. le Président, au moment
où le ministre nous présente le projet de loi 415 sur la
création du Conseil de la santé et du bien-être, de le
préciser, parce que d'autres gestes comme celui de l'intention de
créer le Conseil de la santé et du bien-être vont
apparaître dans le système dans les jours qui viennent. Suite
à cette étape de l'élection, entre guillemets, de
certaines personnes ou de personnes du public au conseil d'administration, les
autres catégories de personnel ou de personnes appelées à
siéger au conseil d'administration seront désignées au fur
et à mesure et, en particulier, la constitution de l'assemblée
publique chargée d'élire les personnes qui vont siéger
à la régie régionale, aux 17 régies
régionales de la santé et des services sociaux du
Québec.
À cet égard, je vais souhaiter, M. le Président,
que le ministre qui invite le monde communautaire à être membre du
Conseil de la santé et du bien-être dans sa composition, puisque
le ministre prévoit que trois personnes provenant des organismes
communautaires qui s'occupent de la défense des droits, de la prestation
des services et du bénévolat pourront faire partie du Conseil...
Il faut également inviter le ministre aujourd'hui à avoir en
quelque sorte une logique au niveau de l'application de sa loi et de souhaiter
que le mouvement communautaire puisse définir lui-même avec des
paramètres acceptables, discutables, comment seront nommés ces
représentants à la régie régionale. Le mouvement
communautaire québécois et les regroupements de mouvements
communautaires au Québec discutent de cette question depuis un bon
nombre de semaines, ont soumis des hypothèses.
Le ministre y a certainement été sensibilisé et je
souhaite vivement que l'on passe également à la pratique et non
pas seulement à la théorie quant à la
représentation aux régies régionales, et que le ministre
donne un sens, M. le Président, à l'article 335 de la loi 42 ou
du projet de loi 120 - il est mieux connu sous ce nom-là - qui nous
permettait de dire aujourd'hui, au niveau de la loi, qu'un organisme
communautaire, c'est celui qui reçoit une subvention en vertu de la
présente loi et qui définit librement ses orientations, ses
politiques et ses approches.
Bon, alors, ça, ça doit prendre un sens dans la pratique
et, quand on en arrive au moment de nommer ces représentants aux
différentes régies régionales, il faudra aussi, je pense,
respecter ce principe adopté à l'intérieur de l'article
335, tout comme cet après-midi je questionnais le ministre.
Malheureusement, le temps de la période de questions a limité nos
échanges, tout comme c'est le cas actuellement des gens de
Pointe-Saint-Charles à Montréal qui demandent que leur organisme,
la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, qui administre
déjà sur mandat, oui, du gouvernement, un CLSC, puisse continuer
de le faire, quant à moi, à partir du respect et de la
définition libre de ses orientations, ses politiques et ses approches
si, évidemment, le travail que réalise cet organisme
communautaire est en conformité avec les objectifs poursuivis par un
centre local de services communautaires, un CLSC, ce qui semble être le
cas depuis de très nombreuses années, parce que la Clinique
communautaire de Pointe-Saint-Charles... (16 h 30)
M. le Président, vous êtes originaire et vous
représentez les citoyens de cette région. Vous savez très
bien que le modèle, que la création des CLSC au Québec
tient sa source principalement dans précisément ce qu'a
été et ce qu'est toujours la Clinique communautaire de
Pointe-Saint-Charles. C'est la forme qui nous a permis, c'est les travaux,
c'est les interventions réalisées par cette clinique qui nous ont
permis au Québec de développer le modèle des CLSC. Il va
falloir aussi, au niveau de l'application, pas
rien qu'au niveau du projet de loi 415, M. le Président, mais au
niveau de la loi, que le ministre respecte l'article 305 et permette aux gens
du quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal de maintenir, bien
sûr, leur Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles et respecter la
forme qu'ils ont choisi de se donner au niveau démocratique de leur
conseil d'administration, et continuer à leur donner le mandat. M. le
Président, s'il faut amender la loi 42, j'offre déjà mon
concours au ministre et celui de l'Opposition pour y aller dans ce
sens-là.
Le ministre annonçait dans son discours de présentation du
projet de loi 415 que très bientôt une autre pièce encore
allait s'ajouter à la mise à jour de l'organisation des services
de santé et des services sociaux au Québec, et qu'il y aurait le
dépôt aussi de ce qu'il est convenu d'appeler maintenant une loi
d'application. C'est un projet de loi d'à peu près 600 articles
qui vise à passer à la réalité un certain nombre de
dispositions prévues, discutées, votées à
l'intérieur du projet de loi 42.
Le ministre a déjà prévenu le porte-parole de
l'Opposition qu'il y aurait un certain nombre d'amendements de nature
technique, dit-il, d'ajustements à la loi 120. Je n'en tiens rigueur ni
au ministre ni au gouvernement. Il est un peu normal que, sur une loi
comportant au-delà de 600 articles, qui a fait l'objet de tant
d'amendements - 585, si ma mémoire est fidèle - il ait pu se
glisser des coquilles ici et là et que nous en profitions avant la fin
de la session printemps-été pour corriger tout cela. Bravo! Moi,
je dis au ministre également, en ce qui concerne les groupes
communautaires dont il a prévu la représentation au Conseil de la
santé et du bien-être, que je lui offre notre collaboration pour
modifier la loi 120 pour permettre la réalisation d'objectifs comme les
citoyens de Pointe-Saint-Charles le demandent.
M. le Président, la création du Conseil de la santé
et du bien-être ne doit pas uniquement procéder des bonnes
intentions. Bien sûr, il faut mettre en place les structures. Il faut
mettre en place ce regroupement de personnes qui vont pouvoir nous donner des
avis. Je souhaite vivement, M. le Président, que tout cela ne soit pas
uniquement qu'une pétition de principe ici à l'Assemblée
nationale. Le ministre a eu l'occasion, dans sa présentation, de
souligner le travail réalisé - je pense qu'il a employé
les mots «l'excellent travail» - par le Conseil des affaires
sociales qui sera dorénavant remplacé par le Conseil de la
santé et du bien-être du Québec.
M. le Président, je suis en quelque sorte en conflit
d'intérêts en en parlant ici, parce que, effectivement, j'ai
été membre de ce Conseil. Je le suis encore parce que le ministre
n'a pas nommé de remplaçant, mais il sait que je me suis
absenté de ce Conseil en tout respect du travail que nous avons à
faire ici. Si mémoire est fidèle,
M. le Président, depuis 1985, c'est-à-dire depuis le
changement de gouvernement au Québec, le Conseil des affaires sociales
du Québec a été appelé à répondre
à deux demandes, uniquement à deux demandes d'avis de la part des
ministres de la Santé et des Services sociaux.
Alors que le ministre vienne nous dire aujourd'hui que ça va nous
permettre de créer cette espèce de regroupement qui nous
permettra d'avoir des avis éclairés sur des politiques de
santé et de bien-être, sur l'organisation des services, sur les
priorités au niveau des services de santé et des services
sociaux, vous me permettrez, M. le Président, et je me permettrai de
dire au ministre que j'espère que cette attitude sera plus porteuse de
fruits et plus porteuse de collaboration, si je peux employer ce terme, que par
le passé puisque dans le passé ce Conseil, il est vrai par
ailleurs, a procédé à un certain nombre d'analyses de son
initiative. Mais c'est assez difficile de concevoir que, pour un système
qui, je le disais tantôt, dépense 12 000 000 000 $, les
différents ministres de la Santé et des Services sociaux, depuis
1986, aient requis l'avis de ce Conseil à seulement deux occasions,
quand on sait surtout que ce Conseil a par ailleurs produit, de par ses
décisions et ses initiatives, des documents qui, en termes de
réflexion et de suggestion de pistes, ont nettement orienté un
certain nombre d'actions au Québec.
En 1988, l'actuel Conseil des affaires sociales publiait une
étude qui portait le titre de «Objectif santé».
Aujourd'hui, allez dans n'importe quelle faculté de médecine au
Québec, dans n'importe quelle faculté, département ou
module en sciences sociales ou en sciences de la santé et c'est devenu
presque un classique, comme livre de référence, d'une conception
de l'organisation des services de santé et des services sociaux au
Québec et surtout d'une conception, d'une explication de comment
fonctionnent les déterminants sur la santé d'une population, la
population québécoise, avec moult statistiques et surtout
démonstrations extrêmement claires qu'en matière de
santé et de services sociaux, d'abord, il y a une relation directe entre
les deux éléments et, deuxièmement, qu'il y a une relation
de cause à effet entre l'état de la population, son environnement
et son état de santé et, bien sûr, des services que nous
avons à dispenser, compte tenu des difficultés, compte tenu des
contextes particuliers ou de l'environnement particulier dans lesquels vivent
un certain nombre de populations au Québec.
Le ministre l'illustrait lui-même, dans sa présentation,
avec une statistique absolument dramatique. Suivant que l'on soit dans telle
région au Québec ou dans telle autre région, la
différence d'espérance de vie peut aller au-delà de sept
années. Imaginez, lorsque vous venez au monde, si vous venez au monde
dans la région de la Gaspésie, si vous venez au monde dans la
région de l'est de Montréal, si vous venez au monde dans
le secteur de Westmount, le secteur d'Outremont, à Montréal, si
vous étudiez l'espérance de vie que vous allez avoir, suivant
votre naissance et votre vie passée dans ce milieu-là, il peut y
avoir jusqu'à sept années de différence, au niveau de
l'espérance de vie. Alors, c'est décrire tout l'ensemble du
drame, l'ensemble du problème que de le stigmatiser, que de le
symboliser à travers cette statistique et cette illustration assez
effarante, quant au lieu de naissance, lieu d'exercice ou de vie, et quant
à la résultante sur la propre espérance de vie. On ne
parle pas de la qualité de la vie. Je ne parle pas des
éléments constitutifs de la vie d'un individu. Je parle tout
simplement, mais fondamentalement de la longueur de cette vie. M. le
Président, vous êtes né dans la région de
Montréal - fort aise! - vous avez plus de chances de vivre plus
âgé, d'avoir une vie plus longue que d'autres personnes qui sont
nées dans des quartiers plus défavorisés ou dans des
régions plus défavorisées au Québec. C'est
ça qu'on appelle aussi des déterminants de la santé et
c'était un des éléments les plus fondamentaux de la
publication du rapport du Conseil des affaires sociales qui s'appelait
«Objectif santé».
Il s'en est suivi le fameux rapport «Deux Québec dans
un» qui sert encore, je pense, de paramètre de réflexion
pour cette fracture du Québec cassé en deux et des populations
qui se sont regroupées suivant certains pôles aussi, au
Québec. Je ne veux pas prolonger sur «Deux Québec dans
un», mais on sait toute la réflexion - c'est le moins que l'on
puisse dire - que cela a pu provoquer au Québec. Ça a
été suivi d'un document sur le développement qui
s'appelait «Agir ensemble», qui proposait, au niveau du Conseil des
affaires sociales, certaines pistes. Et, nous dit-on, dans les jours qui
viennent, dans les semaines qui viennent, puisque le projet de loi
prévoit de toute façon, M. le Président, que tous les
éléments - si vous me permettez - d'actifs et de capital humain
qui sont au Conseil des affaires sociales actuellement, bien sûr, vont
continuer à oeuvrer dans ce conseil; c'est ce que dit le projet de
loi... On nous dit donc qu'il y aurait une publication, probablement la
dernière, j'imagine, qui, elle, compléterait en quelque sorte,
cette quatrième publication, la boucle à partir d'objectifs
santé à aller jusqu'au développement des
communautés; il y a un certain nombre non seulement
d'éléments de diagnostic, mais de pistes de développement
sur lesquelles il faudra continuer à compter au Québec. (16 h
40)
À cet égard, le ministre ne m'en voudra pas de prendre
seulement une minute pour remercier, bien sûr, les membres qui ont servi
au Conseil des affaires sociales du Québec, tant les personnes
bénévoles qui composent le Conseil que le personnel de ce
Conseil, que j'ai eu l'occasion, personnellement, de côtoyer pendant un
certain nombre d'années et, en particulier sa présidente, le Dr
Madeleine Blanchet qui est une sommité assez reconnue dans notre milieu.
Encore ce matin, M. le Président, je lisais dans la revue L'Union
Médicale du Canada, le numéro de janvier-février, que
l'Association des médecins spécialistes en santé
communautaire décernait pour la première fois son prix, le prix
Jean Rochon 1991 - le titulaire ou celui qui a conduit toute l'étude
qu'on a appelée le rapport Rochon et qui a trouvé ses suites dans
le projet de réforme du ministre de la Santé et des Services
sociaux - au Dr Madeleine Blanchet.
C'est donc dire tout l'apport du Dr Blanchet à l'ensemble de la
santé communautaire au Québec; et elle est reconnue au Canada et
en Amérique du Nord. Dr Blanchet était désignée,
l'année dernière, membre de la Société royale,
société savante du Canada qui regroupe les plus éminents
chercheurs dans leur secteur et dans le domaine de la santé, de la
santé communautaire en particulier. Dr Blanchet a eu l'occasion, en
plus, bien sûr, de ne pas... Je ne peux éviter de souligner
qu'elle est également membre de l'Ordre du Québec puisque le
gouvernement du Québec lui-même, au cours des dernières
présentations des membres de l'Ordre, pouvait compter parmi les
médaillés et les gens dont on soulignait le travail au
Québec le Dr Madeleine Blanchet.
Il faut donc reconnaître ce travail-là et souhaiter
vivement - ça, c'est la responsabilité du ministre - que le Dr
Blanchet puisse continuer à oeuvrer dans ce secteur pour lequel elle a
si bien servi le Québec, elle dont l'expérience pourrait
très certainement continuer à servir l'ensemble des citoyens et
des citoyennes du Québec. Il n'est pas nuisible, dans un certain nombre
de milieux, qu'il y ait quelquefois des idées nouvelles qui circulent
pour nous révéler les pistes à prendre en termes de
mécanismes à mettre sur pied.
M. le Président, au niveau du projet de loi 415, je le
répète, nous allons contribuer, nous allons appuyer la
création du Conseil de la santé et du bien-être du
Québec. Nous avons un bon nombre de questions et nous aurons un certain
nombre d'amendements à proposer à ce projet de loi, parce qu'il
nous semble que certains éléments de ce projet de loi vont
peut-être nous amener à vivre un certain nombre de
difficultés si on veut obtenir tous les fruits espérés au
niveau des objectifs qui ont été soulignés par le
ministre, tous les objectifs qu'on peut souhaiter d'un tel conseil.
Il faudra se questionner sur ce qu'on pourrait appeler le pouvoir
d'initiative d'un tel conseil. Le Conseil de la santé et du
bien-être du Québec pourra, bien sûr, fournir des avis au
ministre à sa demande, mais est-ce qu'il pourra procéder à
des études, à des enquêtes? Il pourra procéder, de
son chef, à un certain nombre d'analyses de phénomènes de
notre société et
proposer des pistes de solution. Bien sûr, il est tout à
fait normal que, pour le ministre responsable devant l'Assemblée
nationale, de quelque parti politique qu'il soit, d'ailleurs... Il peut
arriver, en quelques occasions, que ce soit difficile d'accepter la critique,
l'observation un peu sévère, un désaccord avec une
politique gouvernementale. Mais qu'est-ce qui permet le progrès, M. le
Président? Qu'est-ce qui permet le progrès dans nos
sociétés démocratiques, sinon cette liberté de la
critique, cette liberté de la réflexion, cette liberté de
faire en sorte qu'on puisse également critiquer nos dirigeants, qu'on
puisse leur faire un certain nombre d'observations? Des critiques, c'est
toujours difficile pour quelqu'un qui assume, par ailleurs, la
responsabilité, qui a la pleine imputabilité au niveau de
l'Assemblée nationale, sauf que c'est un des acquis les plus
précieux de notre société, c'est un des acquis les plus
précieux de l'évolution, de la façon dont on a
organisé l'évolution du savoir dans les sociétés
démocratiques. Je souhaiterais, pour ma part, que l'on revoie, mais
très carrément, ce pouvoir que devrait avoir le futur Conseil de
la santé et du bien-être en termes d'études et d'analyses
qu'il pourrait initier lui-même compte tenu de ses observations, compte
tenu du fait de sa lecture, compte tenu de la lecture qu'il fait de la
société au moment où il s'intéresse à un
certain nombre de problèmes.
M. le Président, il faudra également se questionner sur la
représentation à ce Conseil. 23 membres, c'est beaucoup. Un seul
de ces membres non votant, qui n'aura pas le droit de vote, sera formellement
en provenance des régies régionales. Oh! la la! M. le
Président, je ne reconnais plus l'actuel ministre de la Santé et
des Services sociaux, lui qui se targue d'être un si grand
régionaliste, lui qui se targue d'être un vendu, en quelque sorte,
aux régions qu'il défend avec toute l'énergie... J'ai de
la misère un peu à le reconnaître dans ce projet de
loi.
Il a mentionné tantôt que, bien sûr, les autres
catégories de personnes, elles, ne seront pas
désincarnées, elles ne vivent pas dans les nuages, elles vont
venir de quelque part, elles vont venir d'une région
géographique, je dis tout de suite au ministre de la Santé et des
Services sociaux: Là aussi, nous aimerions trouver de la pratique au
niveau des principes évoqués souvent par le ministre de la
Santé et des Services sociaux. Réduire, en quelque sorte, la
représentation au niveau des régies régionales à un
observateur au Conseil de la santé et du bien-être, ça
m'apparaît, pour l'instant, avec les explications rapides du ministre,
bien mince; ça m'apparaît insuffisant. Je souhaite que la
composante régionale puisse être vraiment renforcée. Si
l'un ou l'autre des catégories de personnes peuvent effectivement
provenir de différentes régions du Québec, j'aurais
souhaité que nous puissions le préciser dans la loi puisque, bien
sûr, on ne revient pas sur ce genre de lois pour les changer toutes les
années. Dans ce sens-là, M. le Président, il faut
souhaiter que la représentation soit non seulement équitable et
nous assure que tous les groupes de la société y seront
présents en termes de contribution à la réflexion, mais
également que l'origine géographique nous permette d'avoir un
reflet de ce qui se passe dans l'ensemble des problématiques en
matière de santé et de services sociaux au Québec.
Bien sûr, M. le Président, nous ne ferons pas grief au
ministre de la Santé et des Services sociaux de définir que le
siège social de ce Conseil de la santé et du bien-être sera
situé dans la Communauté urbaine de Québec. Libre au
gouvernement de choisir la ville dans la Communauté urbaine de
Québec où sera situé ce Conseil de la santé et du
bien-être. Le député de Charlesbourg et ministre de la
Santé et des Services sociaux ayant prévu, donc, que ce serait
formellement situé à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Québec, nous reconnaissons là une des
caractéristiques du ministre d'être un régionaliste
à ce point de vue cependant, de situer dans sa région
d'appartenance les organismes qu'il crée. Il n'y a pas, quant à
moi, M. le Président, de mal parce qu'il faut bien reconnaître que
la capitale du Québec doit également être le lieu des
différents sièges sociaux, d'un nombre d'organismes
chargés de conseiller les ministres et les ministères à
vocation sectorielle aussi importants que le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Ce qui ne veut pas dire que tout cela
vaut pour tous les organismes, pour tous les comités et pour toutes les
régies que nous pourrions créer dans le style que s'est
donné le Québec au niveau de ses différents gouvernements
depuis le tournant des années soixante.
En conclusion, M. le Président, c'est un projet de loi qui
suscite encore un bon nombre de questions au niveau de différentes
composantes, au niveau des pouvoirs, des fonctions et des représentants
qui vont faire le futur Conseil de la santé et du bien-être.
Nous allons appuyer le principe de la création. Nous allons poser
toutes les questions nécessaires, utiles, à la prochaine
étape de l'étude de ce projet de loi et nous allons aussi
souhaiter que ce Conseil soit mis en oeuvre assez rapidement puisque - je
conclurai là-dessus - M. le Président, le ministre le mentionnait
lui-même, la loi devrait prévoir que ce Conseil va avoir à
donner son avis sur les objectifs de la politique de santé et de
bien-être au Québec. Si on veut qu'il le fasse, bien sûr, il
faudra procéder dans le respect des gens qui sont encore au Conseil des
affaires sociales et qui sont à poursuivre un certain nombre de travaux.
Connaissant également la façon dont le ministre de la
Santé et des Services sociaux actuel procède en pareil cas, je
souhaite que tout cela puisse se dérouler dans l'harmonie. Nous nous
engageons, M. le
Président, à contribuer, dans toute la mesure de nos
moyens, à bonifier, si possible, ce projet de loi sur la création
du Conseil de la santé et du bien-être du Québec. À
la prochaine étape, nous irons aux questions plus précises. Merci
beaucoup. (16 h 50)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Sur cette
même motion, nous en sommes à l'étape de l'adoption du
principe du projet de loi 415, Loi sur le Conseil de la santé et du
bien-être. Je reconnais l'adjoint parlementaire au ministre de la
Santé et des Services sociaux, M. le député de Nelligan.
M. le député, la parole est à vous.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président. La
création d'un conseil de la santé et du bien-être dont il
est question dans ce débat découle des principes mêmes de
la réforme de la santé et des services sociaux. Il se veut
l'actualisation du mandat du Conseil des affaires sociales afin de tenir compte
de la réforme et du mandat du Conseil qui a évolué
constamment au cours des dernières années.
Avant d'aller trop loin, j'aimerais, à l'instar du ministre de la
Santé et des Services sociaux, faire un rapide retour en arrière
afin de mieux situer la création du Conseil de la santé et du
bien-être.
Tout d'abord, on se souviendra que mon gouvernement a rendu publique la
réforme de la santé en décembre 1990. L'objectif ainsi
visé était de replacer le citoyen au coeur du système. Je
voudrais aussi ajouter mon nom à la liste des personnes qui
félicitent toutes les personnes qui ont été élues
aux conseils d'administration des CLSC, des hôpitaux et des centres
d'accueil. Je voudrais aussi remercier tous les candidats et candidates qui se
sont présentés parce que je pense qu'on peut voir,
peut-être malgré quelques petits problèmes, et qu'on peut
dire que c'est certainement un pas dans la bonne direction. Encore une fois, je
voudrais féliciter toutes les personnes élues,
particulièrement aux CLSC Pierrefonds et Lac-Saint-Louis et à
l'Hôpital général du Lakeshore.
M. le Président, lorsqu'on se rend compte qu'un système ne
répond plus adéquatement aux besoins de la population, il faut le
modifier et lui apporter les correctifs nécessaires. C'est justement ce
que le gouvernement libéral a voulu faire.
Nous sommes tous conscients que le système de santé
québécois offrait des avantages. Entre autres, il a permis
à toute la population de bénéficier de soins de
santé par le biais d'un régime d'assurance-maladie.
C'est en effet le gouvernement libéral qui a
élaboré, il y a de cela 20 ans maintenant, le système que
l'on connaît, basé sur des principes tels que la gratuité
et l'universalité des soins. Les Québécoises et les
Québécois se sont ainsi vu assurer des services de soins
médicaux et, par le fait même, une meilleure qualité de
vie.
Mais, à l'image d'autres systèmes, le nôtre
présentait certaines lacunes que l'on se devait, en tant que
gouvernement responsable, de faire disparaître ou, du moins, de corriger.
C'est donc pour répondre à un besoin qui se faisait sentir depuis
longtemps que le gouvernement du Québec a choisi de placer le citoyen au
coeur du réseau. C'est l'essence même de la réforme
présentée par le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. le Président, je suis heureux de constater que les
années quatre-vingt-dix ont amené une certaine prise de
conscience. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des gens se questionner sur
le coût des soins médicaux, de certains médicaments et de
traitements ou d'équipement requis pour prodiguer des soins aux malades.
Auparavant, tout allait de soi. L'État payait et la facture avait plus
ou moins d'importance pour le citoyen puisqu'il n'avait rien à
défrayer. Mais, avec le temps, on s'est rendu compte que l'État,
c'est nous; le gouvernement, c'est nous; que les soins requis pour contrer les
effets de la maladie coûtent cher et qu'une hospitalisation d'une semaine
représente, dans plusieurs cas, un montant colossal. On se rend compte
que des arbitrages doivent être faits. Exercice pas facile à
faire, mais nécessaire pour mieux répondre aux besoins de la
population.
De plus, on assiste à l'émergence de nouvelles
réalités, comme l'apparition des maladies graves, le
vieillissement de la population ou encore l'itinérance, pour ne nommer
que ces exemples. Comme on peut le constater, le gouvernement libéral
n'avait d'autre choix que de revoir en profondeur son système de
santé pour ainsi mieux répondre à ces
réalités. Une des solutions qui ont été retenues
est celle, comme je l'ai mentionné il y a quelques instants, de placer
le citoyen au centre du réseau, spécifiquement en tant que
consommateur, décideur et payeur.
Notre gouvernement a donc eu à s'ajuster à
révolution des besoins de la société. C'est pourquoi il a
été décidé de procéder à une
décentralisation en créant, par exemple, dans chaque
région du Québec, une régie de la santé et des
services sociaux. De plus, ces dernières se verront confier des
responsabilités et des pouvoirs clairs en ce qui a trait à
l'organisation des services sur leur territoire et à l'allocation de
budgets aux autres organismes, établissements et associations
communautaires. Il a également été décidé,
entre autres, de revoir la mission des établissements et de les ajuster
à la réalité d'aujourd'hui. La loi 120 reconnaît
cinq catégories d'établissements, soit les CLSC, les centres
hospitaliers, les centres de réadaptation, les centres
d'hébergement et de soins de longue durée et les centres de
protection de l'enfance
et de la jeunesse. En particulier, nous avons reconnu qu'il y en a deux
sur l'île de Montréal: un francophone et un anglophone.
Évidemment, M. le Président, ce n'est qu'un petit
aperçu des changements apportés par la réforme du ministre
de la Santé et des Services sociaux. Cette réforme a pour but,
est-il nécessaire de le rappeler, d'améliorer la gestion de ce
système de santé et de services sociaux au Québec et ainsi
rapprocher le citoyen du fonctionnement de son système de santé.
J'aimerais d'ailleurs, si vous le permettez, vous donner un autre exemple de
l'action de mon gouvernement, lequel constitue une preuve que nous voulons
redonner à l'usager la place qui lui revient. Il s'agit du projet de loi
415 créant le Conseil de la santé et du bien-être.
Vous vous souviendrez sans doute les discussions antérieures, que
la nécessité d'implanter un conseil médical avaient
amené le gouvernement du Québec à s'interroger sur la
possibilité de créer un conseil de la santé et du
bien-être. De cette réflexion, il est ressorti que la dynamique
actuelle repose sur les offres de services. Cette dynamique doit être
revue afin de recentrer le réseau sur les objectifs de résultat.
Alors, M. le Président, on comprend bien l'urgence de s'orienter en
fonction des problèmes de santé et de bien-être.
Il est également tout aussi important de se donner des
orientations basées sur les besoins des clientèles
particulières. C'est donc dans cette optique que s'inscrit le projet de
loi que nous discutons en ce moment. Plus particulièrement, le projet de
loi prévoit que le Conseil de la santé et du bien-être aura
pour fonction de conseiller le ministère sur les meilleurs moyens
d'améliorer la santé et le bien-être de toute la
population. Ainsi, il s'agira d'un organisme de consultation et d'étude.
Par ailleurs, les avis qu'émettra le futur Conseil devront
précédemment porter sur les objectifs de santé et de
bien-être de la population de même que sur l'atteinte de ces
objectifs. Également, le Conseil sera chargé de suivre
l'évolution des problématiques de santé et de
bien-être et des volets multisectoriels de la population.
M. le Président, on se rend bien compte que tout ceci ne pourrait
se faire sans la collaboration des instances qui sont représentantes de
la société québécoise; c'est nos partenaires. C'est
pourquoi, comme l'a affirmé le ministre responsable du dossier, les
membres du Conseil de la santé et du bien-être seront choisis en
fonction de leur engagement, de leur expérience, mais aussi et surtout
en fonction de leurs connaissances.
Le gouvernement désire également que soient assurés
la représentation régionale, le maintien d'un équilibre
hommes-femmes et la présence des communautés culturelles et
linguistiques. Je voudrais dire aujourd'hui que je vais insister, pendant
l'étude article par article, pour qu'il y ait une clarification de cette
protection, qu'on puisse prendre les mêmes articles de la loi 120 pour
protéger les bons représentants de tous les
Québécois et Québécoises dans notre Conseil. (17
heures)
Pour respecter cela, le Conseil de la santé et du bien-être
sera donc composé de 23 membres, dont 19 auront le droit de voter. Par
ailleurs, ces membres votants seront nommés par le gouvernement sur la
recommandation du ministère de la Santé et des Services sociaux
et ce, après consultation des organismes représentatifs du
milieu. De façon plus précise, il y a, bien sûr, un
président, puis trois personnes choisies par les usagers des services de
santé et de services sociaux ou leurs représentants. Un groupe de
trois autres personnes proviendront des organismes communautaires, et 6
personnes seront choisies parmi les praticiens, les chercheurs ou les
administrateurs.
À ce nombre, seront ajoutées six personnes provenant des
secteurs concernés par les politiques de la santé et du
bien-être - parce que c'est vraiment multidisciplinaire - soit le secteur
des municipalités, de l'éducation, de l'économie et du
travail, de la sécurité du revenu, de l'environnement et de la
justice. Finalement, les quatre membres n'ayant pas de droit de vote seront
nommés par le gouvernement, sur recommandation du ministre. Ils
proviendront de la fonction publique, d'une régie régionale et
d'un ministère concerné par la politique de la santé et du
bien-être.
Enfin, le président du Conseil de la santé et du
bien-être sera nommé pour cinq ans, tandis que le mandat des
autres membres ayant le droit de vote sera de quatre ans. M. le
Président, on voit bien l'importance, pour le gouvernement, de se doter
d'un conseil comme celui-là, car la réalité que nous
vivons quotidiennement nous rappelle que les conditions de santé et de
bien-être sont étroitement liées aux conditions sociales et
économiques.
C'est en prenant connaissance des statistiques que nous constatons
l'ampleur d'un problème tel que la pauvreté. Nous ne pouvons
surtout pas rester insensibles au fait qu'au Québec, un
bébé sur cinq naît dans la pauvreté et qu'un sur dix
voit le jour dans la misère. Nous savons aussi que le taux de
mortalité infantile est deux fois plus élevé dans les
milieux défavorisés, et que 23 % des ménages comptant
trois enfants et plus sont pauvres, tout comme 41 % des familles
monoparentales.
Nous connaissons également un accroissement de la violence, une
violence faite à des enfants, des femmes, des personnes
âgées. La violence existe depuis toujours, mais ce qui est plus
marquant aujourd'hui, c'est qu'elle est de plus en plus dénoncée,
mais tout de même réelle. Ce phénomène est davantage
présent dans les milieux défavorisés, tout comme le sont
la négligence, la délinquance et le décrochage.
M. le Président, le Conseil créé par le projet de
loi 415 aura ainsi le mandat de conseiller le ministre afin d'améliorer
la santé et le bien-être de la population. C'est donc à ces
problèmes et à bien d'autres qu'on tentera d'apporter des
solutions.
Nous sommes conscients qu'une société a besoin, pour
s'épanouir et pour évoluer, d'enrayer les fléaux qui la
menacent. Mais, pour ce faire, il faut la doter d'outils qui lui permettent de
répondre aux besoins par des solutions concrètes. La
réalité est souvent dure à affronter, mais c'est en
relevant les défis et en concentrant nos efforts que nous parviendrons
peut-être à changer les choses.
M. le Président, nous sommes plus que jamais à l'heure des
choix. Des choix difficiles certes, mais qui doivent être faits. Dans un
secteur aussi important que celui de la santé et des services sociaux,
ces choix impliquent des débats de fond, des débats auxquels la
population doit participer. C'est dans cette perspective que le Conseil de la
santé et du bien-être a été mis sur pied. Le
gouvernement a ainsi voulu que la population soit davantage sensibilisée
aux problèmes sociaux et qu'elle contribue à trouver des
solutions.
En terminant, M. le Président, je voudrais remercier le ministre
de la Santé et des Services sociaux pour avoir présenté un
projet de loi aussi important. Il s'inscrit véritablement dans la
politique de santé de mon gouvernement et démontre, une fois de
plus, que la santé et le bien-être de toutes les populations sont
plus que jamais au coeur de nos préoccupations. Je voudrais vous
remercier, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Nelligan. En vertu de votre droit de réplique,
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très, très brièvement parce que je ne
veux pas abuser du temps de cette Chambre, puisque ma collègue attend
pour saisir cette Chambre d'un autre important projet de loi. M. le
Président tout simplement parce que je ne veux pas laisser passer ou
laisser la population du Québec sous certaines impressions, je ne veux
relever que deux éléments particuliers. Je trouve de bon aloi que
le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue ait saisi
l'occasion de poursuivre la période de questions cet après-midi
sur la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles. Avec tout le
débat qui entoure un CLSC, c'est clair et ça va l'être
jusqu'à la fin. Un CLSC est un CLSC, et lorsqu'il s'agit de 3 000 000 $
des deniers publics qui sont confiés à une administration, ce
sera une administration de type CLSC, avec un conseil d'administration de CLSC,
ou ce sera un organisme communautaire financé comme un organisme
communautaire. Et ça, il faut que ce soit très clair, et
ça va l'être jusqu'à la fin.
Quant au processus électoral, M. le Président, depuis 1973
que je suis à cette Assemblée et que je fais des
élections, il y a un principe qui a animé l'Assemblée
nationale dans ses modifications successives de la Loi électorale, c'est
un principe de faire en sorte que les citoyens participent, pas un principe
d'empêcher des citoyens de voter mais un principe où les citoyens
doivent participer. Et c'est ça qui a été la base
même de cette réforme qui a été commencée
sous Denis Hardy, à l'époque, qui était
député de Terrebonne, qui a été poursuivie sous le
gouvernement du Parti québécois et que nous avons
continuée nous aussi. C'est un principe qui est très sain. La
démocratie, c'est les gens qui s'expriment, et on a choisi le vote
secret. C'est ce qu'on a choisi dans le cas de l'élection des conseils
d'administration des établissements. Et on a fait un pari, parce qu'on
faisait rire de nous, au début. Les gens disaient: Voyons donc! avec
l'expérience des commissions scolaires, il est clair que vous n'aurez
pratiquement pas de monde. Ça a été tenté par M.
Castonguay au début des années soixante-dix, puis ça n'a
pas fonctionné, ou à peu près pas. On a dit: C'est un
principe où on veut véritablement changer des choses, amener des
citoyens qui sont intéressés à l'administration de la
chose publique, en particulier dans notre réseau de santé et de
services sociaux, compte tenu du fart que 12 000 000 000 $, c'est un tiers du
budget du Québec. On a pris cette chance-là.
Première surprise: beaucoup de candidats. Deuxième
surprise, M. le Président: Beaucoup de gens qui sont allés voter.
En Abitibi-Témiscamin-gue, le CLSC Le Minoret: 1542 personnes; à
Lévis: 1600 personnes. Ça commence à être du monde
un peu, ça. 500, 600 ou 700 personnes dans des CLSC ou dans des conseils
d'administration d'hôpitaux, on n'a pas vu ça depuis de nombreuses
années. Il faut le dire carrément et clairement, c'est une
opération réussie. Est-ce que ça veut dire pour autant, M.
le Président, qu'il n'y a pas eu certains accrocs à un processus
démocratique qu'on voulait le plus pur possible? Quand l'exemple est
donné par un avocat qui, en beau «smart», décide de
se présenter à 25 places, lui, il n'a pas abusé du
système de santé, il a abusé de l'esprit du gros bon sens
démocratique.
Qu'on le mette sur toutes les pages des journaux à travers le
Québec et qu'on mette sur les pages des journaux du Québec les
cas qui n'ont pas fonctionné. Qu'une femme soit frustrée à
l'Hôpital du Saint-Sacrement à Québec parce qu'il y avait
une liste qui était là, est-ce que ça veut dire pour
autant que le processus n'est pas bon? Non, M. le Président, il est bon
et il va rester comme ça, le processus. Est-ce que ça
veut dire pour autant qu'il n'y a pas un certain nombre de choses qu'il
faut corriger? Oui, il y a un certain nombre de choses qu'il faut corriger,
mais un homme, un vote, dans un processus comme celui-là, si ça
veut dire pour vous autres qu'un individu va voter dans un centre hospitalier
ou va choisir de voter dans un CLSC, je ne marche pas parce que, moi, je suis
un consommateur de services dans un centre hospitalier et je veux bien
décider qui va me représenter au conseil d'administration. Puis
je n'haïrais pas ça non plus, comme je suis desservi par un CLSC,
être capable d'aller voter pour mon CLSC et, éventuellement,
pouvoir voter aussi dans mon foyer. Ça, ça veut dire trois votes.
Ça veut dire un homme, ça veut dire trois votes. Puis, ça,
ce n'est pas démocratique? Ce n'est pas vrai, ce n'est pas ça, le
système. Ce qui n'est pas démocratique, c'est quelqu'un qui va
aller voter sept fois à la même place. Ça, c'est un
épais; ça, c'est un abuseur de la démocratie et ces
gens-là méritent d'être dénoncés. Ces
gens-là méritent d'être arrêtés, dans le
processus démocratique. (17 h 10)
À partir du moment où on invite la population à
participer à un débat comme celui-là et qu'elle le fait,
bravo! On va corriger les abus du genre de ceux dont on vient de parler pour le
prochain exercice et on va le rendre transparent; mais il faut progresser. La
démocratie au Québec, les premières élections au
niveau du Québec sur le plan démocratique pour élire les
députés, ce n'était pas, en 1867, ce que c'est
aujourd'hui. Ça a évolué avec son temps et c'est ça
qu'il faut faire faire au système, en conservant le principe
sacré que les gens qui, à peu près partout au
Québec, veulent s'occuper d'administration d'établissements de la
santé soient encouragés, supportés. Qu'il y ait eu une
participation comme celle-là, M. le Président, c'est
au-delà de mes espérances. On va, en collaboration avec les
autres parlementaires, amener les correctifs qu'il faut pour la prochaine
élection. M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 415, par M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux, Loi sur le Conseil de la santé et
du bien-être, est adoptée?
M. Trudel: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
ministre délégué aux Transports.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Middlemiss: Je fais motion pour que ledit projet de loi soit
déféré à la commission des affaires sociales pour
étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Trudel: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
ministre délégué aux Transports.
M. Middlemiss: L'article 6, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Avant d'appeler
l'article 6, j'avise que le mardi 17 mars 1992, à compter de 11 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires sociales se
réunira en séance de travail. L'objet de cette séance est
de statuer sur des propositions de recommandation suite aux consultations
particulières tenues dans le cadre de l'examen de la situation qui
prévaut à la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal Métropolitain. Cet avis est
donné.
Projet de loi 416 Adoption du principe
Nous en sommes aux affaires du jour. À l'article 6, Mme la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration propose
l'adoption du principe du projet de loi 416, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Mme la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, on se rappellera
que, le 7 mars 1991, je présentais un projet de loi qui avait pour
objectif de modifier la loi constitutive du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration. Ce projet découlait
alors directement de l'accord Canada-Québec relatif à
l'immigration et à l'admission temporaire des aubains que je signais, le
5 février 1991, avec mon homologue fédérale responsable de
l'immigration, l'honorable Barbara McDougall. Tout en reconduisant la majeure
partie de l'entente Couture-Cullen, l'entente signée en 1991 permet au
Québec d'obtenir des pouvoirs additionnels dans trois champs
d'intervention, soit la planification des niveaux d'immigration, la
sélection et l'intégration des immigrants. Ce nouvel accord
donnait ainsi au Québec des outils nécessaires à
l'atteinte de ses objectifs démographiques, économiques, sociaux
et culturels.
Le 7 mars 1991, je signalais alors dans le discours d'adoption de
principe du projet de loi modifiant la Loi sur le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration que nous devions
procéder, pour le moment, aux changements les plus pressants dans la loi
constitutive du ministère afin de rendre opérationnel
l'accord
Canada-Québec qui entrait en vigueur le 1er avril de la
même année.
Comme c'est souvent le cas pour des accords de cette importance, la
première année de mise en oeuvre nous a permis de prendre
conscience de la nécessité de certains ajustements encadrant la
gestion courante de la Loi sur le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Voilà pourquoi nous débattons
aujourd'hui, en cette Chambre, un second projet de loi qui nous permet
d'apporter des modifications supplémentaires à la loi
constitutive du ministère.
Voyons plus en détail, si vous le voulez bien, M. le
Président, les ajouts et les modifications que je propose aujourd'hui
à la Loi sur le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration et quelles sont les raisons qui motivent ces changements.
Le présent projet de loi se résume comme suit: 1° II
permet d'accorder des pouvoirs supplémentaires à la ministre en
ce qui touche la délivrance d'un certificat de sélection; 2°
il introduit également la possibilité de délivrer une
attestation d'identité pour des ressortissants étrangers qui se
trouvent au Québec; et 3°, par ailleurs, il contient des
modifications au pouvoir gouvernemental d'adopter des règlements et
d'autres dispositions de nature administrative ou de concordance afin de
faciliter l'application de la loi.
L'accord Canada-Québec stipule clairement que le Québec
est seul responsable de la sélection de la catégorie des
immigrants indépendants se destinant à son territoire. L'article
12c de l'accord indique d'ailleurs, et je cite: «Le Canada n'admet pas au
Québec un immigrant qui ne satisfait pas aux critères de
sélection du Québec».
Actuellement, la loi nous donne le pouvoir d'émettre, dans
certains cas exceptionnels, un certificat de sélection à un
immigrant de la catégorie des indépendants pour que l'application
de la réglementation ne reflète pas ses possibilités
réelles de s'établir au Québec avec succès. Ce
pouvoir nous a permis d'accueillir d'excellents immigrants.
En contrepartie, malgré le fait que le Québec ait
désormais compétence exclusive en matière de
sélection de la catégorie des immigrants indépendants, la
loi ne contient aucune disposition faisant en sorte que la ministre puisse
refuser de délivrer un certificat de sélection à un
ressortissant étranger qui n'a vraisemblablement pas l'intention de
s'installer au Québec, qui n'a que peu ou pas de chances de s'y
établir avec succès ou dont la venue irait à l'encontre de
l'intérêt public.
Ce silence de la loi actuelle fait en sorte qu'un certificat de
sélection doit être délivré à tout
ressortissant étranger qui répond aux exigences de notre
réglementation, malgré le fait que d'autres informations
pourraient justifier que sa demande soit refusée. À l'heure
actuelle, ce ressortissant obtient un visa d'immigration et est admis au
Canada, à moins, bien sûr, qu'il n'appartienne à une
catégorie inadmissible selon la loi fédérale.
M. le Président, si la ministre a le pouvoir de déroger
aux règlements sur la sélection des ressortissants
étrangers afin d'accorder un certificat de sélection à un
candidat dans l'intérêt du Québec, son corollaire est,
à mon avis, aussi vrai. Il m'apparaît donc normal et logique que
la ministre puisse aussi en refuser la délivrance, dans certains cas. Il
revient à la société d'accueil de déterminer les
critères applicables à la sélection d'un ressortissant
étranger qui désire immigrer au Québec et qui fait sa
demande à l'extérieur du Canada, dans un de nos bureaux à
l'étranger.
La délivrance d'un certificat de sélection à un
immigrant, c'est avant tout la reconnaissance par le Québec de sa
volonté d'accueillir ce ressortissant étranger et de lui faire
une place dans notre société. Le certificat de sélection
du Québec est un document qui ouvre toutes grandes les portes donnant
accès au Québec, à son territoire et à ses
avantages. Il est donc plus que normal que la ministre possède aussi le
droit de refuser l'émission d'un certificat de sélection dans des
situations particulières.
À titre d'exemple, en l'absence d'un tel pouvoir de refus, la
ministre ne pourrait empêcher la venue, à titre d'immigrants, de
dignitaires étrangers qui pourraient susciter des problèmes au
sein de notre population ou encore de gens d'affaires qui déposent leur
demande par le biais de notre programme des investisseurs en valeurs
mobilières, mais avec l'intention évidente de s'installer
ailleurs au Canada de façon permanente. Voilà deux exemples de
situations justifiant le refus d'accorder un tel certificat de
sélection.
Le gouvernement du Québec doit tout mettre en oeuvre afin que
ceux qui sont vraiment décidés à participer activement au
développement du Québec puissent le faire rapidement. Il faut
plutôt concentrer nos énergies sur les hommes et les femmes
clairement intéressés à bâtir la
société québécoise de demain. Dans le cas des
ressortissants étrangers désirant s'établir au
Québec pour un séjour temporaire, le projet de loi prévoit
que la durée du certificat d'acceptation puisse varier selon le motif du
séjour.
En effet, il apparaît opportun de faire varier la durée du
certificat pour l'étudiant, selon qu'il soit mineur ou majeur, ou encore
selon le programme ou la durée de ses études. Il en est de
même dans le cas de ressortissants étrangers venant au
Québec pour recevoir un traitement médical. Cet article de la loi
nous permettra aussi de faire varier la durée du certificat
d'acceptation pour les travailleurs temporaires selon la durée de leur
contrat de travail. Dans tous les cas, ce nouveau pouvoir
évitera les tracasseries administratives causées à
certaines catégories d'aubains par l'obligation qu'ils ont actuellement
de renouveler régulièrement leur certificat d'acceptation. Il
s'ensuivra également une économie de gestes administratifs pour
le gouvernement.
Depuis déjà quelque temps, le gouvernement a recours
à une pratique administrative visant à contrôler et
à faciliter l'accès aux services des ressortissants
étrangers qui se trouvent au Québec, alors qu'ils sont
revendicateurs du statut de réfugié, en attente d'une
décision concernant leur droit de rester au Canada ou dans toute autre
situation temporaire. Cependant, cette pratique n'a pas d'assise
législative véritable.
Une disposition contenue dans ce projet de loi prévoit donc la
délivrance d'une attestation d'identité à l'égard
du ressortissant étranger qui se trouve au Québec en attente d'un
statut ou dont le statut est précaire. En leur permettant de faire la
preuve de leur statut, cette attestation facilitera l'accès et
l'identification des personnes qui demandent l'accès à certains
services gouvernementaux de première ligne, telle
l'assurance-maladie.
Les ministères pourront s'assurer de donner, en fonction de leurs
propres législations, les services auxquels ont droit les ressortissants
étrangers concernés. Dans une perspective gouvernementale
d'ensemble, cette mesure permettra d'éviter les fraudes et les abus qui
peuvent parfois survenir dans la dispense des services publics. Le gouvernement
assume ici pleinement sa responsabilité de veiller à la gestion
rigoureuse des deniers publics.
La notion de capacité financière abordée dans ce
projet de loi n'est pas nouvelle puisqu'elle se trouvait déjà
dans notre règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
Je m'excuse, Mme la députée. M. le député
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: m. le président, je vous inviterais à
vérifier le quorum de l'assemblée. je veux bien croire que c'est
jeudi, mais s'il n'y a pas suffisamment de députés pour
écouter les débats de présentation...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, qu'on appelle les
députés.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 23)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous en sommes à
l'étude de l'adoption du principe du projet de loi 416, Loi modifiant la
Loi sur le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration, si vous voulez poursuivre votre intervention.
Mme Gagnon-Tremblay: Je disais donc, M. le Président, que
la notion de capacité financière abordée dans ce projet de
loi n'est pas nouvelle puisqu'elle se trouvait déjà dans notre
règlement. Cet ajout à la loi nous donne une assise
législative additionnelle qui nous permet d'élargir nos exigences
quant à certaines catégories de ressortissants étrangers:
par exemple, pour s'assurer de la disponibilité d'une somme d'argent
pour défrayer le transport entre le lieu de la résidence actuelle
et celui de la destination au Québec ainsi que les frais de premier
établissement.
Nous souhaitons ainsi mieux établir le pouvoir nous habilitant
à imposer des critères de capacité financière. Il
n'est cependant pas question d'imposer ces conditions pour empêcher la
venue de travailleurs ou encore la réunification des familles. Comme on
peut le constater, l'ajout de cet article à la loi constitutive du
ministère s'inscrit dans le cadre de l'équité pour tous,
tout en favorisant la meilleure gestion possible des deniers publics.
La Loi sur le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration permet de déterminer les cas où une demande de
certificat de sélection doit être appuyée d'un engagement
à aider un ressortissant étranger à s'établir au
Québec. Cela se définit comme un contrat signé par un
résident permanent du Québec ou un citoyen canadien, qu'on
appelle un garant, avec le gouvernement québécois. Par ce
contrat, le garant s'engage auprès du gouvernement à subvenir aux
besoins essentiels de la personne parrainée.
Cependant, la loi est muette quant à la caducité d'un
engagement avant qu'un certificat de sélection n'ait été
émis. C'est pourquoi une disposition du projet de loi que nous
étudions aujourd'hui vise à permettre la nullité d'un
engagement lorsqu'un immigrant a abandonné son projet d'immigration ou
encore s'il ne se conforme pas aux exigences réglementaires.
En principe, un garant qui a failli à ses obligations en vertu
d'un engagement antérieur ne peut contracter un engagement
supplémentaire. Toutefois, la réunification des familles est un
élément important de l'énoncé de politique en
matière d'immigration et d'intégration paru en décembre
1990 et du plan d'action qui en découle. C'est pourquoi notre
règlement prévoit que, dans le cas de parrainage du conjoint ou
d'enfants à charge, il y ait exemption des conditions relatives à
la souscription d'un engagement et ce, dans le but, bien sûr, de
favoriser la réunification de la famille nucléaire. Cette
priorité correspond à une valeur de la société
québécoise et contribue à la rétention d'immigrants
permanents. Nous désirons donc aujourd'hui nous donner une assise
législative solide pour prévoir les situations d'exemption des
conditions relatives à la souscription d'un engagement.
La Loi constitutive du ministère prévoit actuellement un
pouvoir habilitant qui permet à la ministre d'établir par
règlement les droits exigibles pour la présentation d'une demande
de certificat de sélection selon les catégories de ressortissants
étrangers et pour la présentation d'un certificat d'acceptation.
Elle prévoit également les droits à payer à titre
de contribution au coût de certains services comme la présentation
d'une demande d'engagement.
Toutefois, la définition actuelle de ce pouvoir habilitant est
limitative et ne correspond plus à l'envergure des
responsabilités québécoises en matière
d'immigration depuis la conclusion de l'accord Canada-Québec et,
à titre de comparaison, la législation fédérale
accorde au cabinet fédéral toute la flexibilité
nécessaire pour adapter la structure tarifaire en fonction des objectifs
de sa politique d'immigration et de la variance des coûts des divers
services d'immigration.
C'est pourquoi, à l'instar d'autres aspects de l'immigration
où le Québec doit s'ajuster à ses nouvelles
responsabilités, une disposition de ce projet de loi vient actualiser le
pouvoir habilitant en matière de tarification. Ainsi, l'application de
la notion de tarif variable est élargie à la délivrance
d'un certificat de sélection, à l'examen d'une demande de
certificat d'acceptation ainsi qu'à sa délivrance et à
l'examen d'une demande d'engagement et à la souscription de
celui-ci.
Une nouvelle disposition de la loi vise à permettre à la
ministre de pouvoir désigner par écrit une personne de son choix
pour que cette dernière puisse certifier conforme toute copie d'un
document faisant partie des archives du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Cet article vise en fait à assurer une
plus grande souplesse dans l'application actuelle de la loi. Ainsi, il serait
possible d'obtenir une copie certifiée conforme d'un document faisant
partie des archives et ce, malgré l'absence de la ministre ou du
sous-ministre. Par exemple, la secrétaire générale
pourrait être autorisée à certifier conforme toute copie
d'un document tiré des archives.
Cette mesure est entre autres rendue nécessaire à cause du
nombre croissant de demandes de révision présentées depuis
la création du Bureau de révision en immigration. Vous vous
rappellerez que ce tribunal administratif a été instauré
en mars 1991, suite à l'accord que j'ai signé avec mon homologue
fédéral. On peut y entendre les garants dont la demande est
refusée ou dont l'engagement est annulé, ainsi que les personnes
dont le certificat de sélection ou d'acceptation est annulé.
Finalement, toujours au niveau du Bureau de révision en
immigration, une modification à la loi constitutive du ministère
vise à reporter au 31 juillet de chaque année la date ultime pour
la transmission du rapport des activités de cet organisme à la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration. Cette mesure
vie à accorder un délai plus raisonnable et mieux gé-rable
au Bureau de révision pour la confection de son rapport
d'activité. En fait, cette modification s'harmonise avec la Loi sur le
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration qui
prévoit aussi le 31 juillet de chaque année comme date ultime de
transmission du rapport des activités du Conseil à la ministre.
L'objectif d'un dépôt du rapport d'activité au 31 mars
s'avère, de façon pratique, difficile à atteindre alors
que l'année financière se termine également à cette
date.
En conclusion, je crois, M. le Président, avoir fait le tour des
principales modifications introduites par ce projet de loi. Comme vous pouvez
le constater, ces modifications s'inscrivent dans le prolongement de l'accord
signé en 1991 entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec quant à l'admission des aubains. Ces
modifications me permettront d'exercer de façon encore plus efficace et
complète mes responsabilités en matière d'immigration.
Voilà pourquoi, M. le Président, nous débattons
aujourd'hui des modifications d'appoint à la loi constitutive du
ministère qui, j'en suis sûre, avec l'habituelle collaboration de
l'Opposition, seront adoptées dans les meilleurs délais. À
travers tous les gestes que nous posons quotidiennement, un seul et même
objectif continue de guider jour après jour nos pas et nos actions. Le
gouvernement du Québec a fait le pari de l'immigration et
considère qu'il peut et doit contribuer, au premier chef, à
l'atteinte de ces objectifs démographiques, économiques,
linguistiques et sociaux, le tout pour mieux maîtriser l'avenir du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration. Nous sommes toujours
à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi 416, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration. Je reconnais M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le Québec est une
société d'accueil pour les immigrants depuis presque aussi
longtemps que notre histoire. À cet égard, on peut même
dire, sans exagérer, que les premiers immigrants qui ont
été reçus au Québec sont les
Québécois de souche, et que la société d'accueil
était, à l'époque, formée des autochtones.
Je lisais récemment «L'histoire de Montréal depuis
la Confédération» - de M. Linteau - et, tout au long de cet
excellent livre sur l'histoire de Montréal, qui fête son 350e
anniversaire,
cette année, la venue de nombreux groupes d'immigrants est
soulignée avec les difficultés et les défis que ça
comporte, et les avantages aussi que ça comporte pour la
société d'accueil.
Au plan constitutionnel, M. le Président, l'immigration
apparaît dans l'article 95 de la Loi constitutionnelle de 1867. Il est
dit dans cet article qu'il s'agit là d'un domaine de compétence
partagée, mais où le gouvernement fédéral a une
compétence prépondérante. On peut dire aussi, M. le
Président, que l'immigration est une donnée assez récente,
finalement, de l'action du gouvernement du Québec puisque le
ministère de l'Immigration, en tant que tel, n'a été
constitué qu'en 1968, donc d'une façon assez tardive. Mais sa
création, en 1968, manifestait la volonté de la
société québécoise d'avoir son mot à dire et
de pouvoir agir en matière d'immigration, notamment à
l'égard de l'accueil à faire aux immigrants, et des moyens
à prendre pour les intégrer à la société
francophone majoritaire.
La date suivante, M. le Président, c'est 1978, l'entente
Cullen-Couture entre le ministre fédéral de l'époque et le
ministre de l'Immigration de l'époque, M. Jacques Couture. Le
ministère de cette époque-là portait encore simplement le
nom de ministère de l'Immigration. Ce n'est que plus tard qu'on l'a
baptisé de façon plus adéquate, je pense, soit le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Dernier événement à cet égard, l'entente du
1er avril 1991 qui, pour l'essentiel, transfère au Québec des
pouvoirs et des budgets principalement en matière d'intégration
des immigrants, ce qui fait que le ministère est dorénavant
maître d'oeuvre en matière d'intégration à la
société francophone majoritaire, entre autres, des
immigrants.
On ne peut pas non plus négliger - lorsqu'on regarde un tel
projet de loi et qu'on rappelle un peu ce qui se fait au Québec en
matière d'immigration - la loi 101, notamment, à l'égard
de la langue d'enseignement qui a imposé, de la part de la
société majoritaire, que les fils et les filles des immigrants
devaient aller à l'école française, ce qui, dans les
dernières 15 années, a provoqué un changement
appréciable au plan de l'intégration des immigrants à la
société québécoise et, notamment, dans la
région de Montréal où se retrouvent, selon les derniers
chiffres du ministère, 87 % des immigrants qui viennent au
Québec.
Je pense, M. le Président, qu'il est important de rappeler aussi
qu'alors que l'accord du lac Meech prévoyait de constitutionnaliser ces
ententes, c'est là une chose qui n'est plus acquise quand on regarde le
rapport du comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre
des communes que cette Chambre a désapprouvé à la
quasi-unanimité hier.
En effet, en matière d'immigration, je voudrais lire quelques
brefs extraits du rapport qu'on appelle plus couramment Beaudoin-Dobbie.
Le comité a eu le nom de Castonguay-Dobbie aussi, mais le
sénateur Castonguay dut être remplacé pour raison de
maladie. Cette Chambre, hier, a dénoncé, pour l'essentiel, ce
rapport qui dit à la page 76 - et je cite: «II a été
question de modifications incorporant les ententes sur l'immigration à
la Constitution. Le comité estime, cependant, que cette solution n'est
ni pratique ni nécessaire». Fin de la citation.
C'est donc dire, M. le Président, que si on se fie à ce
rapport qui n'est pas encore une offre, on le sait, parce que l'offre va venir
plus tard et elle pourrait être un peu moins, un peu plus ou semblable,
on ne le sait pas... Ce rapport du gouvernement fédéral canadien
écarte de facto la possibilité de constitutionnaliser l'accord du
1er avril 1991 en matière d'immigration. Je voudrais également
citer un autre bout qui doit sûrement provoquer une réflexion chez
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration quand,
à la page 76, le rapport Beaudoin-Dobbie, désapprouvé par
cette Chambre, dit, et je cite: «II faudrait s'assurer que les ententes
soient assujetties à la Charte canadienne des droits et libertés
et reconnaître clairement la responsabilité du gouvernement
fédéral d'établir les normes et objectifs nationaux
concernant l'immigration et les étrangers».
C'est donc dire, M. le Président, que du côté
fédéral il n'est pas du tout acquis que l'entente de
portée significative mais limitée, l'entente du 1er avril 1991,
sera constitution-nalisée. On parle de certaines garanties que le
gouvernement fédéral ne puisse pas la changer
unilatéralement. Mais, en tout cas, ce qui nous était
présenté comme une des victoires du lac Meech,
c'est-à-dire de constitutionnaliser certains pouvoirs concurrents du
Québec en matière d'immigration n'est plus du tout aussi certain.
J'en déduis que c'est une des raisons pour lesquelles, du
côté ministériel, on a convenu, avec l'Opposition, de
désapprouver le rapport Beaudoin-Dobbie. (17 h 40)
M. le Président, je voudrais également souligner qu'en
matière d'immigration les pouvoirs sont partagés et, donc, que le
Québec ne peut pas, par exemple, se prononcer sur les personnes en
attente d'un statut. Il ne peut pas se prononcer. C'est le
fédéral qui a gardé cette prérogative pour ce qui
est des personnes qui sont revendicatrices, en attente d'un statut de
réfugié. C'est dire qu'il y a un temps important, M. le
Président, qui continue d'échapper au ministère
québécois et à l'autorité du gouvernement
élu du Québec. Je donne des chiffres qui datent un peu. Pour ce
qui est du nombre total de revendicateurs de statut: lors des crédits,
l'an passé, on parlait, pour 1991, d'un total d'à peu près
42 000 personnes en attente d'un statut. Si on regarde... D'après des
sources fédérales, les chiffres, pour ce qui est du sort qui est
fait aux personnes qui ont un statut précaire, qui sont
revendicatrices d'un statut de réfugié... On doit dire
d'abord, qu'en 1989, 1990 et 1991, la procédure a commencé
à aller plus vite... peut-être pas plus vite comme tel, mais
à régler le sort d'un plus grand nombre de personnes. On nous
dit, au fédéral, que... Par exemple, en 1989, il y a eu des
décisions dans 1920 cas; en 1990, dans 5456 cas et, en 1991, dans 9508
cas. 1991 a été la meilleure année récente,
d'après ce que je peux voir, puisqu'on a reçu 9279 revendicateurs
de statut, et qu'on a statué dans 9508 cas.
Je dois cependant faire observer, M. le Président, qu'il faudra
qu'on continue d'améliorer cette procédure du côté
fédéral. Comme, entre les arrivants et ceux dont le sort a
été fixé, il y a une différence de 229 seulement,
et que si ça continuait, à ce rythme-là, pour
régulariser le statut de 42 000 personnes - j'ai fait le calcul - on y
arriverait en l'année 2176, après 184 années. Ce qui peut
être assez long, surtout vers le milieu d'une période de cette
nature.
Blague à part, M. le Président, je pense que la question
des réfugiés - if en vient, selon les années, au
Québec, de 5000 à 10 000 - est une question qui est reliée
à des problèmes précis dans certaines régions du
monde. Des questions qui posent des questions humanitaires. Les conventions
internationales prévoient aussi que la société d'accueil
ne peut retourner chez lui un réfugié qui court un danger dans
son pays d'origine. Donc, cette question-là, je pense, ne doit pas
être enlevée de la discussion, et je pense que le Québec
doit s'y intéresser.
Cependant, le projet de loi qu'on a devant nous, M. le Président,
prévoit un certain nombre de choses avec lesquelles, en principe, nous
ne sommes pas en désaccord. Lors de l'étude, article par article,
nous aurons évidemment des questions à poser sur
l'interprétation à donner aux textes qui nous sont soumis. Par
exemple, à l'article 1 du projet de loi, quand on dit qu'on fait un
ajout au pouvoir du ministre de délivrer un certificat de
sélection, d'ajouter: «À l'inverse, le ministre peut
refuser de délivrer un tel certificat à celui qui satisfait aux
conditions et critères de sélection s'il a des motifs
raisonnables - on parle du ministre - de croire que le ressortissant
étranger n'a pas l'intention de s'établir au Québec, n'a
que peu de possibilités de s'y établir avec succès ou dont
l'établissement irait à rencontre de l'intérêt
public.» À cet égard, M. le Président, même si
ça soulève des questions à une première lecture,
c'est sûr que dans la mesure où la ministre a le pouvoir
d'émettre un certificat, il peut être logique d'ajouter que la
ministre a aussi le pouvoir de ne pas l'émettre, pour des raisons qui
sont valables.
À l'article 2 du projet de loi, on dit aussi qu'on émettra
pour les ressortissants étrangers qui se trouvent au Québec, sans
être titulaires d'un certificat de sélection - grosso modo,
ça s'applique principalement aux revendicateurs de statut de
réfugié - que le ministre peut émettre une attestation
d'identité. À cet égard, on peut penser que l'attestation
d'identité peut être utile pour établir le droit à
certains programmes sociaux, notamment, mais à cet égard, on aura
sûrement des questions à poser sur les conditions dans lesquelles
seront émises ces attestations d'identité pour voir au juste
jusqu'où le gouvernement veut agir dans ce domaine-là et à
quelles fins il veut le faire.
M. le Président, même si ce n'est pas l'objet principal du
projet de loi, on me permettra de faire observer qu'il comporte aussi un aspect
financier à l'article 5 où on parle d'établir les droits
à payer pour l'examen d'une demande d'engagement de certificats de
sélection ou de certificats d'acceptation, et on parle de la
nécessité de rendre plus cohérentes les diverses
tarifications déjà existantes.
Cependant, comme la ministre a eu l'amabilité de fournir à
l'Opposition le mémoire au Conseil des ministres, la partie qui est
d'ordre public, je ne peux m'empêcher d'observer que, tout en mettant de
l'ordre dans les diverses tarifications, il est dit dans le mémoire que
ça pourrait rapporter annuellement jusqu'à 2 052 000 $ et,
à cet égard, vous ne m'en voyez pas surpris, M. le
Président, parce qu'en cette Chambre, ces derniers temps, quand il y a
une possibilité de taxation ou de tarification quelconque, le
gouvernement ne manque jamais de l'adopter.
M. le Président, j'ai mentionné la question des
revendicateurs de statut. Il y a aussi des choses à envisager à
l'égard des programmes de réunification des familles, entre
autres, où le gouvernement fédéral s'est gardé un
pouvoir quand même assez appréciable. Mais je pense, M. le
Président, que le projet de loi qu'on a devant nous pour l'essentiel
clarifie un certain nombre de questions. Je pense aussi que ces
clarifications-là étaient rendues nécessaires par
l'entente du 1er avril 1991 puis par l'évolution des choses.
Nous n'y sommes pas défavorables a priori. Lors de l'étude
article par article, on aura l'occasion de poser des questions sur un certain
nombre de dispositions. En terminant, je voudrais dire que malgré ce
qu'on entend parfois dans des discours - je pense surtout au premier ministre -
ce que le Québec a réussi à obtenir sur le plan de
l'immigration n'est pas quelque chose qui ressemble à une juridiction
pleine et entière en matière d'immigration. Il reste encore des
zones où le fédéral a un rôle très important
à jouer.
Ce que je veux dire par là, M. le Président, c'est que si
on regarde les revendicateurs du statut de réfugié, par exemple,
c'est encore le gouvernement fédéral qui décide seul de
qui est admis, de qui n'est pas admis, et le Québec doit se contenter
d'observer ce que fait le fédéral dans ce domaine-là.
Cependant, je répète: Ce projet de loi, nous n'y sommes pas
hostiles en principe.
En commission parlementaire, nous pourrons
revenir article par article et vraiment aller plus loin dans le
débat sur une question qui est fondamentale: la capacité du
Québec d'accueillir des nouveaux arrivants, de les intégrer
à la majorité francophone, d'avoir pour ce faire un
ministère qui a des moyens normaux, raisonnables pour faire son action,
tenir compte de l'ensemble des dimensions du phénomène de
l'immigration.
À cet égard, M. le Président, je voudrais souligner
que le Québec n'est pas qu'une terre d'accueil en matière
d'immigration. Les Québécois émigrent aussi. Ces
dernières années, je ne parle même pas d'émigration
interprovinciale, mais d'émigration vers d'autres pays. Il y a un
certain nombre de Québécois qui émigrent. Au début
du siècle, il y en a eu des centaines de milliers qui, vu la situation
économique, ont été portés à
s'établir notamment aux États-Unis. Il y a eu une
littérature sur ce sujet-là et même une série
télévisée qui s'est appelée «Les tisserands
du pouvoir». (17 h 50)
Donc, c'est une question qui est au coeur de notre développement
et, à cet égard-là, je pense qu'en commission
parlementaire, dans l'étude article par article, nous avons l'intention
de poser des questions sur le projet de loi qui est devant nous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le
député de pointe-aux-trembles. sur ce projet de loi 416, je
reconnais maintenant m. le député de lafontaine. m. le
député.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. En
commençant cette intervention sur le projet de loi 416, vous me
permettrez de rappeler à tous nos téléspectateurs,
à tous les gens qui nous écoutent ainsi qu'aux collègues
présents en cette Chambre les grands enjeux de l'immigration pour les
futures décennies, pour les siècles à venir en ce qui
concerne la société québécoise et canadienne. On
sait que, traditionnellement, l'Amérique du Nord s'est peuplée,
du moins dans sa forme actuelle, grâce à l'immigration. Mon
collègue de Pointe-aux-Trembles le mentionnait tout à l'heure, il
rappelait les vagues d'immigration successives qui sont venues
particulièrement d'Europe au cours des années 1918, 1919,
après la guerre.
Le cataclysme de la Grande Guerre avait amené un grand nombre de
gens à s'expatrier, à partir de chez eux, et l'Amérique,
terre vierge et fertile, était certainement un des endroits les plus
indiqués pour ces gens qui cherchaient la paix, la
prospérité pour s'établir et élever leur famille.
Donc, ils venaient en grand nombre et par bateaux entiers, et ils arrivaient au
Québec, car on sait que la majorité des immigrants qui sont venus
en Amérique du Nord arrivaient en bateau et passaient par le fleuve
Saint-Laurent, ils débarquaient à Québec ou à
Halifax, mais plus souvent a Québec. Donc, on peut dire qu'une grande
partie de la population actuelle de l'Amérique du Nord a immigré
en premier lieu au Québec. Bien sûr, après ils prenaient
des trains et d'autres moyens de locomotion pour se rendre dans d'autres
régions que le Québec: l'Ontario, les autres provinces
canadiennes et aussi les États américains.
C'est quand même un peu paradoxal de voir qu'au Québec nous
avons toujours eu de la difficulté à garder et à maintenir
ces immigrants, car on se rend compte que, s'ils arrivent bien souvent chez
nous, si le Québec est très souvent la porte d'entrée,
malheureusement, après quelques années, une partie de ces
immigrants-là s'en vont. Pourquoi s'en vont-ils? Pour des raisons
économiques, probablement, pour des raisons de mauvaise information lors
de leur sélection. Est-ce qu'on a toujours dit aux immigrants qui
venaient au Québec où ils allaient? Est-ce qu'on les a
informés sur le genre de vie qu'ils allaient devoir mener? Est-ce qu'on
les a informés sur le genre de culture qu'ils allaient trouver et sur le
genre de profession qu'ils allaient pouvoir exercer? C'était là
une des grandes lacunes, peut-être, des décennies passées,
alors que le Québec avait peu ou pas de rôle à jouer dans
la sélection des immigrants.
Dernièrement, Mme la ministre de l'Immigration signait une
entente très importante avec sa collègue fédérale,
Mme McDougall; l'entente s'appelle l'entente Gagnon-Tremblay-McDougall. Cette
entente donnait au Québec quasiment entière juridiction en ce qui
concerne l'émission des certificats de sélection pour les
immigrants, et c'est là, certainement, un des acquis importants que
notre gouvernement a pu faire dans le domaine de l'immigration.
On sait que les gouvernements libéraux ont toujours
été plus ouverts et plus engagés envers les immigrants,
d'où qu'ils viennent, et je crois que notre ministre, Mme
Gagnon-Tremblay, a posé là une des pierres importantes de la
future politique démographique de notre pays, de notre province, car,
avec cette entente et cette loi, nous allons pouvoir maintenant, nous,
Québécois, décider d'abord qui nous voulons avoir comme
immigrants dans notre province, mais aussi informer les gens qui veulent y
venir de ce qui les attend et faire en sorte que, lorsqu'ils viendront et que
nous aurons émis le certificat de sélection, ils seront dans un
endroit où ils pensaient venir, et deux, trois ans après ils ne
chercheront pas, peut-être, à partir pour aller ailleurs, ayant
cru venir dans un endroit et s'étant retrouvés dans un autre. Je
crois que c'est là certainement un des éléments
très importants.
La loi 416, bien entendu, c'est la loi qui découle de l'entente
de Mme Gagnon-Tremblay et
de Mme McDougall. Cette loi-là va donner à la ministre les
éléments, les outils nécessaires pour pouvoir gérer
et administrer cette entente. La ministre les a définis dans son
discours et je pense qu'il n'est pas nécessaire de revenir dessus. Mais,
quand même, il est important de voir que non seulement on a fait cette
entente McDougall-Tremblay... C'est très important, c'est la
première fois qu'une province, que le Québec peut avoir une
juridiction dans ce domaine, mais on voit aussi que la ministre donne suite
à cette entente. Elle passe à l'action, encore une fois. Elle
prend les moyens législatifs de pouvoir le faire, de l'exercer, comme je
le disais.
On dit que l'accord, qui a quand même été
adopté en 1991 - on est en 1992, alors, moins d'un an après,
voyez-vous... Cette compétence que nous avons maintenant en termes
d'immigration va certainement, dans les prochaines années, servir
d'exemple à probablement d'autres projets, d'autres compétences
que nous allons pouvoir acquérir, car le bon fonctionnement de cette
entente va démontrer, hors de tout doute, qu'il est intéressant
pour un gouvernement central de laisser, bien souvent, les provinces
administrer elles-mêmes un certain nombre de choses, de lois ou de
domaines dans lesquels elles sont plus proches des besoins de la population,
plus proches de la réalité. Ainsi, on a une meilleure
efficacité et on a aussi une meilleure utilisation des fonds
publics.
Il est plutôt quand même, pas aberrant, mais un peu
paradoxal de voir que deux gouvernements pouvaient choisir des immigrants ou,
du moins, un pouvait faire une recommandation et l'autre émettait le
certificat de sélection, et on dépensait aux deux endroits.
À la fin, ce n'était pas celui qui était concerné
par l'immigrant qui pouvait décider, mais l'autre qui pouvait prendre ou
ne pas prendre sa recommandation.
Alors, c'est une très bonne loi, une loi que même
l'Opposition va certainement adopter avec plaisir et avec enthousiasme, une loi
qui va, même si elle n'est pas une des lois spectaculaires,
révolutionner l'immigration et les politiques de démographie
qu'est le peuplement de notre territoire et qui s'appelle le Québec. Je
dois en féliciter la ministre comme député et l'assurer de
tout mon appui dans cette loi et dans le travail qu'elle fait pour
l'immigration. On sait qu'elle a pris ça très à coeur.
Elle se penche beaucoup sur le domaine, le dossier. Je crois que dans 10, 15 ou
20 ans d'ici, lorsqu'on regardera le Québec comme il est, les gens qui
seront là, on pourra avoir une pensée sympathique pour Mme
Gagnon-Tremblay qui a fait cet accord et qui a amené la loi qui
l'accompagne. Alors, Mme la ministre, soyez assurée de notre appui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur cette
même question, je reconnais maintenant M. le président de la
commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, moi, une question que je me
pose simplement, c'est... Je regardais les chiffres de l'emploi, aujourd'hui,
et je me demandais - non pas pour parler contre le projet de loi - les
questions qu'on devrait se poser. Je regardais les chiffres de l'emploi au
Canada. Entre 1990 et 1991, le nombre d'emplois au Canada a baissé de
250 000 alors qu'il rentrait autour de 300 000 immigrants. Comment peut-on
faire fonctionner une économie? Je me demande quels sont les
débats qu'on a là-dessus en termes de capacité d'accueil
quand le nombre d'emplois diminue de 250 000? Je vois les chiffres de janvier
1990 et janvier 1991: 12 601 000, ça baisse à 12 350 000 emplois.
Pendant la même période au Québec, le nombre d'emplois
passe de 3 070 000 en janvier 1990 à 2 969 000, c'est-à-dire
à peu près 100 000 emplois de moins.
Quand on voit la situation économique actuelle, quel est le
niveau... Indépendamment de la situation économique, il semble
que le nombre d'immigrants soit le même. Quel doit être le nombre
d'immigrants dans un pays en fonction de sa capacité d'absorption, alors
qu'il n'y a pas de création d'emplois et qu'il y a même des
diminutions considérables d'emplois au Canada ou au Québec, au
cours de la période que nous vivons actuellement?
Le député de Pointe-aux-Trembles, tout à l'heure,
parlait de la capacité d'accueil, capacité d'accueil
d'intégration culturelle, d'intégration sociale, mais aussi
d'intégration économique. Les périodes ne sont pas les
mêmes et il me semble qu'actuellement, dans les décisions qui sont
prises au niveau gouvernemental, on ne tient pas compte du tout de la situation
économique, des périodes de prospérité où,
à ce moment-là, au contraire, il y a une capacité
d'absorption qui est plus grande. Dans une période de dépression
économique, la capacité d'absorption, en tenant compte des
coûts sociaux, est-ce qu'elle est la même? Il me semble que la
capacité d'absorption n'est pas la même alors qu'on crée
100 000 ou 200 000 ou 300 000 emplois par année, alors qu'il y a des
diminutions d'emplois de 300 000 emplois par année,
premièrement.
Deuxièmement, le sophisme, qu'est-ce que doit être... On
dit qu'on a une terre d'accueil, comme si les gens allaient rester à la
grandeur du pays. On remarque que, je pense que c'est 80 % ou 90 % de
l'immigration au Canada s'en va à Montréal, Toronto, Calgary,
Edmonton ou Vancouver, alors, essentiellement, il y a une densification
urbaine. On assiste actuellement, dans les milieux ruraux, à une baisse
de la population. Alors, en quoi une politique d'immigration peut-elle avoir le
sophisme de dire: On a beaucoup de territoires, alors que c'est
complètement faux de dire que l'immigration va dans des territoires qui
sont vierges? (18 heures)
On prévoit, par exemple, que la Saskatchewan va baisser de
population au cours des 15 prochaines années. Il y en a même qui
prévoient que la Saskatchewan, qui a 1 000 000 de population
actuellement, pourra baisser à 650 000 de population d'ici à 15
ans. Pourquoi? Parce que la situation des céréales dans le monde,
actuellement, fait en sorte que les céréales de la Saskatchewan
ne sont pas nécessaires. Quand les Ukrainiens auront
décidé de mettre en place le système de production en
fonction du marché privé, je vais vous dire une chose, l'Ukraine
a des capacités de production bien plus fortes que l'Ouest du Canada,
où ça sera plus rentable, sans doute, de revenir au bison que de
continuer la production céréalière en concurrence avec
l'Ukraine, à moins de vouloir subventionner par milliards. Actuellement,
les grains de l'Ouest nous coûtent 4 000 000 $ par année de
subventions. On en paie 25 %, 1 000 000 000 $ pour des grains, à toutes
fins pratiques, dont on n'a pas besoin.
Troisièmement, aussi, le mythe. Quelle doit être la
population du Québec? Moi, je remarque qu'au XIXe siècle
l'Irlande a déjà eu 11 000 000 de population. Il y a 3 000 000,
maintenant, de population en Irlande. Est-ce que l'Irlande existe moins
aujourd'hui qu'hier? C'est quoi le mythe? Je comprends que l'Allemagne nazie
voulait avoir une forte population pour faire la guerre, mais en quoi un pays
qui est pacifique doit augmenter sa population alors qu'il n'est pas certain de
quel est le niveau de la capacité d'accueil culturel, capacité
d'accueil sur le plan social et capacité d'accueil sur le plan
économique?
Je pense que ce sont des questions fondamentales qu'on ne semble pas
beaucoup se poser, actuellement, et on a l'impression que le gouvernement
canadien est sur le pilote automatique. Un gouvernement qui est rendu à
au-dessus de 30 000 000 000 $ de déficit, 400 000 000 000 $ et quelques
de dettes, qui doit maintenir des taux d'intérêt artificiels pour
pouvoir emprunter sur des marchés internationaux, alors qu'en 1970
seulement 1 % de sa dette était internationale - maintenant c'est 22 %
de sa dette qui est internationale - puis, quand on parle des 22 %
d'aujourd'hui par rapport au 1 % de 1970, je vais vous dire que ça veut
dire beaucoup plus que 22 fois plus de dette qui est sur le plan international
et que l'ensemble des citoyens, actuellement, doit payer pour ça.
Je remarque aussi qu'il y a des gens qui adoptent des mesures sociales.
Qu'on regarde la Californie, actuellement. Débat important qui se passe
en Californie: est-ce qu'on va permettre d'avoir accès à des
mesures sociales en mettant le pied dans le territoire ou on va demander un
certain nombre d'années de résidence? Aux États-Unis, on
parle que la Californie est aux États-Unis le séismographe social
des États-Unis. On parle maintenant d'exiger, pas par rapport à
l'immigration internationale, par rapport à l'État de Californie
qui a des mesures sociales qui sont plus larges, d'avoir un certain nombre
d'années de résidence en Californie par rapport, même,
à d'autres États américains. Est-ce que, à ce
moment-là, un pays qui va avoir des mesures sociales plus larges peut
faire en sorte de donner accès à ces mesures sociales sans aucun
ticket modérateur, si vous voulez, alors que lui-même a de la
difficulté à payer les taxes, qu'il a de la misère
à trouver des fonds pour assumer ces mesures sociales là?
Quand on parle de migration des populations, on parle autant des
migrations des populations au Canada qu'ailleurs. Actuellement, il y a des gens
qui vont dire: Ah! Il faut se poser des questions. Quand on regarde l'Ontario,
par exemple, qui, l'an dernier, avait un déficit de g 000 000 000 $, si
l'Ontario ne change pas ses programmes, son déficit cette année
sera de 14 300 000 000 $. On dit qu'on va abolir des programmes. Qu'est-ce qui
va arriver, sur le plan des migrations de populations, si les mesures sociales
d'une province à l'autre à l'intérieur du Canada ne sont
pas les mêmes? Il va y avoir sûrement des mouvements de population.
Or, comment le gouvernement va réagir par rapport à
ça?
Je pense que ces questions-là sont des questions fondamentales,
dans une période de crise économique dont de plus en plus de gens
pensent que la période qu'on vit actuellement va durer pendant plusieurs
années. Le débat qui se passe actuellement en Californie, qui
n'est pas l'État le plus conservateur des États-Unis - au
contraire, c'est l'État à l'avant-garde, normalement, des
politiques sociales aux États-Unis -l'État de Californie,
actuellement, où il y a beaucoup de questions qui se posent et où
l'ensemble des citoyens a refusé d'augmenter ses impôts pour
satisfaire les mesures sociales qui avaient besoin de ces augmentations de
revenus... Le gouverneur actuel est en train de mettre en place des politiques
ou, en tout cas, de discuter d'options pour rendre plus difficile
l'accès à des mesures sociales pour de nouveaux arrivants, de
peur de ne plus être capable de payer les mesures sociales pour les
citoyens qui sont déjà là.
Je pense que ce sont des questions fondamentales qu'il faut discuter
parce que... Oui, je pose la question simplement. Je n'assume pas, je demande
au gouvernement qu'est-ce qu'on fait par rapport à ça? Je pense
qu'on n'aura pas le choix de se poser ces questions à cause de la
capacité de payer, à cause des dettes du gouvernement
fédéral, à cause du déficit du gouvernement
fédéral, à cause du déficit de l'Ontario et
à cause du déficit du Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lévis.
Est-ce que vous voulez intervenir en vertu de votre droit de
réplique, Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme Monique Gagnon-Tremblay (réplique)
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, bien sûr que
pour pouvoir répondre à toutes les questions de mon
collègue, le député de Lévis, j'aurais besoin de
plusieurs heures. Vous savez, lorsqu'on parle de l'immigration, de niveaux, de
régionalisation et de ce que ça peut comporter comme richesse au
Québec, c'est quand même complexe. Vous vous souviendrez aussi
qu'il y a eu tout un débat de fait il y a maintenant tout près
d'un an et demi, lorsque j'ai déposé cette nouvelle politique
d'immigration et d'intégration, première politique que le
gouvernement québécois ait déposée ici.
Cependant, je dois vous dire aussi que nous avons fait le débat
sur les niveaux, après consensus, bien sûr; après avoir
entendu plusieurs groupes qui sont venus nous parier, surtout des gens de la
région de Montréal qui reçoit, comme vous l'avez bien
mentionné, tout près de 85 % des nouveaux arrivants. C'est
pourquoi, d'ailleurs, cette année nous avons décidé de
geler le niveau d'immigration parce que nous croyons, justement, qu'il est
préférable, dans un contexte économiquement difficile, de
retarder peut-être la venue d'un nombre plus grand d'immigrants.
Je dois vous dire que ce n'est pas si facile parce que,
premièrement, les immigrants que l'on sélectionne cette
année peuvent arriver l'an prochain ou dans deux ans. Il faut vous dire
aussi que, même s'il y a un taux de chômage assez
élevé, il y a également des pénuries de
main-d'oeuvre qui peuvent être comblées par ces nouveaux
arrivants, parce qu'ils sont sélectionnés par le Québec.
Nous sélectionnons la catégorie des indépendants qui
représentent 60 %. Cette catégorie est sélectionnée
en fonction d'une capacité, des qualifications et de la formation de ces
personnes, en vue, bien sûr, de répondre aux besoins du
Québec. Ces personnes sont sélectionnées aussi parce
qu'elles apportent des capitaux. Vous savez qu'en temps de récession les
immigrants investisseurs ou encore les entrepreneurs qui ont obligation de
créer des emplois au Québec ou d'investir dans des entreprises du
Québec, souvent, leurs capitaux sont les seuls capitaux nouveaux, neufs,
qu'on peut avoir, qu'on peut injecter. Ces personnes viennent, mangent, se
nourrissent, s'habillent, font tourner la roue économique du
Québec aussi.
Donc, je pense que c'est un apport pour le Québec, qu'il faut
bien reconnaître. Cependant, c'est certain que dans un contexte où
on voit plusieurs emplois qui, finalement, se perdent, la population est en
droit de se questionner. Cependant, je dois vous dire que suite à cet
énoncé de politique que nous avons déposé, il y
aussi tout un programme d'intégration qui fait en sorte que les nouveaux
arrivants puissent répondre aux objectifs démographiques mais
aussi économiques, sociaux et culturels du Québec, dans le
meilleur intérêt de la population du Québec.
M. le Président, je pourrais en parler encore pendant des heures.
J'aurai probablement l'occasion un jour de pouvoir élaborer davantage
parce que, comme je le disais, il s'agit d'une question qui mériterait
plusieurs réponses et qui prendrait énormément de temps.
Je vois qu'il est déjà tout près de 18 h 10 et il y a un
collègue qui veut poursuivre aussi, sur son projet de loi. Alors, on
aura sûrement l'occasion d'en rediscuter.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration. Est-ce que la motion de
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration proposant
l'adoption du principe du projet de loi 416, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de la culture
M. Bélisle: oui, m. le président. je fais motion
pour que ledit projet de loi soit déféré à la
commission de la culture pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 7 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 417 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 7, M.
le ministre délégué aux Transports propose l'adoption du
principe du projet de loi 417, Loi modifiant de nouveau la Loi sur la
publicité le
long des routes.
M. le ministre délégué aux Transports.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: M. le Président, nous abordons aujourd'hui
l'étape de l'adoption du principe du projet de loi 417. Ce projet de loi
propose des amendements à la Loi sur la publicité le long des
routes. La Loi sur la publicité de long des routes, adoptée le 17
juin 1988, avait pour objet de remettre à jour la Loi sur les
panneaux-réclame qui datait de 1933. (18 h 10)
Ici, M. le Président, je veux apporter une précision
importante. Le député de Lévis semble parfois confondre
publicité le long des routes et signalisation. À chacune de ses
interventions l'automne dernier, le député de Lévis qui,
d'ordinaire, fait preuve de plus de discernement, nous disait qu'il
était incapable de se retrouver à Montréal, alors qu'il ne
se perdait jamais lorsqu'il voyageait aux États-Unis. Ça n'a rien
à voir. La signalisation n'a rien à voir avec le sujet
discuté aujourd'hui. La signalisation est installée par le
ministère des Transports ou par les municipalités à
l'intérieur de l'emprise de la route et c'est régi par le Code de
la sécurité routière. La publicité le long des
routes concerne l'affichage installé par des entreprises ou organismes
à l'extérieur de l'emprise. C'est cet aspect que nous couvrons
aujourd'hui.
Le gouvernement a adopté la Loi sur la publicité de long
des routes en 1988 pour mettre fin à l'anarchie qui régnait le
long des routes avant notre arrivée au pouvoir: pollution visuelle,
distractions occasionnées aux automobilistes et qui causaient des
problèmes de sécurité. Il fallait donc agir. Le
défi résidait dans une formule où les produits et les
services puissent continuer à être annoncés, mais dans un
respect de l'esthétique et de la sécurité.
Évidemment, les habitudes ont été dérangées
et on n'a pu couvrir tous les cas dans la loi originale. Conséquemment,
nous avons consulté des entreprises et des personnes
intéressées pour en arriver aux amendements contenus dans le
projet de loi 163 dont nous avons déjà abordé
l'étude l'automne dernier.
Cependant, M. le Président, au cours du processus parlementaire
sur la loi 163, des représentations m'ont été
adressées afin que j'examine la possibilité d'apporter un
amendement à la loi de façon à permettre la pose de
panneaux-réclame qui ont la particularité d'avoir la plus grande
dimension dans le plan vertical. Nous avons donc demandé un avis
à nos experts en sécurité routière et ils nous ont
assurés qu'apporter un tel changement n'aurait pas d'incidence sur la
sécurité, ce qui demeure ma préoccupation première.
De plus, après examen d'un point de vue législatif, nous avons
convenu de présenter un nouveau projet de loi plutôt que
d'apporter un amendement au projet de loi 163.
En d'autres mots, il ne s'agit pas d'exclure une pratique, mais de
favoriser une plus grande libéralisation dans le domaine de l'affichage.
Nous avons donc profité du répit parlementaire pour discuter avec
divers intervenants du milieu et les informer des changements proposés,
et nous les avons invités à nous faire part de leurs
préoccupations à ce sujet. Mon personnel a eu des échanges
avec certains d'entre eux qui avaient des interrogations et celles-ci ont
été répondues à leur satisfaction.
Ce nouvel amendement permettra une libéralisation de l'affichage
commercial tout en étant conforme aux normes de la
sécurité routière. De plus, elle sera équitable
pour tout le monde, tout en laissant place à l'innovation. Si, au cours
des débats de l'automne passé, le député de
Lévis, qui a la réputation d'être un excellent
légiste, avait proposé des changements acceptables, il est
évident que j'en aurais tenu compte. J'ai à coeur d'apporter des
modifications pour accommoder le plus de gens possible, sans remettre en
question les principes de la loi.
Mais, non, M. le Président, tout ce que l'Opposition a fait dans
ce dossier, c'est critiquer pour critiquer, ce qui n'est pas des plus
constructifs dans notre système parlementaire. Ils ont même
critiqué la Loi sur la protection du territoire agricole qui, pourtant,
a été parrainée par nul autre que le député
de Lévis.
Un de mes plus profonds désirs étaient de faire en sorte
que nos lois entravent le moins possible la vie et les activités des
entreprises ainsi que la libre concurrence. En procédant à ce
changement, nous n'avons nullement compromis les principes qui sous-tendaient
la loi sur l'affichage le long des routes, c'est-à-dire la
sécurité et la fin de la pollution visuelle. Notre gouvernement
est constamment à l'écoute des citoyens et des entreprises et
nous avons à coeur de faire des lois qui tiennent compte des
préoccupations du plus grand nombre possible.
Pour rappeler les faits concernant l'ensemble du projet de loi à
l'étude aujourd'hui, ce projet de loi propose de permettre aux commerces
situés sur les chemins non entretenus par le ministère de
s'afficher à l'intersection d'une route du ministère.
Considérant qu'actuellement seulement une certaine catégorie de
commerces sont assujettis à la signalisation touristique qui, elle, est
placée aux intersections, par cet amendement, on veut favoriser les
commerces non assujettis à la signalisation touristique.
Dans les cas de publicité le long des routes, les
commerçants concernés doivent obtenir un permis du
ministère, et le nombre de ces permis est limité à un par
intersection. Ceci permettrait d'afficher à moins de 30 mètres de
l'emprise. La preuve n'est donc plus à faire quant à nos
objectifs de sécurité et d'équité. La loi
prévoit également que toute publicité commerciale doit
être placée à un minimum de 30 mètres d'une route du
ministère. Ces dispositions rendaient à
peu près impossible l'affichage dans les régions plus
accidentées, la topographie ne permettant pas l'affichage sur plusieurs
kilomètres.
Que l'on pense à certaines régions, par exemple en
Gaspésie, où la route est bordée d'un côté
par la mer et de l'autre par des falaises. Et, dans d'autres régions,
pour se conformer à loi, certains commerçants doivent
déboiser inutilement pour que leur publicité soit visible de la
route. Par souci d'équité envers les commerçants de
certaines régions et pour éviter de perpétrer certains
abus pour se conformer à la loi, nous proposons d'autoriser la pose de
panneaux de grandeur réduite plus près des emprises de nos
routes.
Enfin, l'article que nous devons ajouter au projet de toi
élève la hauteur hors terre maximale des structures. Mais,
même si la hauteur totale change, les dimensions maximales des affiches
demeurent inchangées.
En terminant, M. le Président, ce projet de loi ne changera
évidemment pas le monde, mais il démontre que notre gouvernement
est toujours prêt à modifier sa législation pour la rendre
conforme à nos objectifs d'équité et de
sécurité. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
délégué aux Transports. Nous sommes au projet de loi 417,
à l'adoption du principe, Loi modifiant de nouveau la Loi sur la
publicité le long des routes. M. le président de la commission
des institutions et député de Lévis. M. le
député.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, si vous regardez le discours
que j'avais fait, en deuxième lecture, sur le projet de loi 163, Loi
modifiant la Loi sur la publicité le long des routes, qui avait
été déposé en cette Chambre en 1991, qui
était à ce moment-là le troisième projet sur
l'affichage le long des routes, j'avais dit au ministre que le projet de loi
était mal fait, qu'il y avait eu du laxisme dans le ministère des
Transports et qu'il y aurait sans doute des changements nécessaires. Le
ministre avait dit que je faisais de la démagogie, etc. Aujourd'hui, le
projet de loi que nous avons devant nous dit: Projet de loi 417, Loi modifiant
de nouveau la Loi sur la publicité le long des routes. Donc, depuis que
le nouveau gouvernement est en place, nous sommes au quatrième projet de
loi sur la publicité le long des routes. Ne vous demandez pas...
Là, on n'est pas dans le pont de Québec, le pont
Frontenac, le tunnel Louis-Hippolyte-LaFon-taine, on est dans les affiches le
long des routes. Il y a quelque chose qui normalement n'est pas très
compliqué. On est rendu au quatrième projet de loi. On en a eu un
de déposé, qui est allé en consultation, un autre qui a
été adopté, deux comités qui se sont
promenés avec le député de Rousseau pour ausculter la
population; dans une des consultations, il a fait le tour de 22 villes. (18 h
20)
J'ai essayé, en passant, d'avoir les dépenses de ce
comité-là, j'ai vu un chiffre farfelu, comprenez-vous, parce que
j'ai demandé des réponses précises concernant les
dépenses encourues, le nombre. J'ai posé toutes sortes de
questions au ministre. Le ministre dit toujours: «Pas de
problème», sauf que j'ai reçu un document qui ne dit rien,
à toutes fins pratiques, M. le Président.
Je vais avoir l'occasion de revenir là-dessus parce que,
aujourd'hui, je n'aurai pas le temps de faire l'exposé que je veux faire
sur un projet de loi comme celui-là, parce que le gouvernement a
jugé opportun de présenter un nouveau projet de loi, non pas de
présenter des amendements au projet de loi existant, 163, ce qui aurait
été possible. Il aurait pu, à ce moment-là, avoir
un débat en comité plénier. Comme le débat en
comité plénier aurait pu permettre, dans l'étude
détaillée du projet de loi, l'incurie du gouvernement, qui,
imaginez-vous, avait oublié que les panneaux, ce n'est pas seulement en
largeur, c'est en hauteur également, que la principale entreprise qui en
fait, selon les dispositions qui avaient été
présentées en vertu de l'article 163 de la loi... Ces panneaux
seraient devenus illégaux. La principale entreprise qui fait de
l'affichage le long des routes. Alors, le ministre a été dans
l'obligation...
Je le lui avais dit. Il est venu me voir à l'automne pour me
dire: Je vais devoir présenter des changements. Je m'en étais
rendu compte à la lecture de la loi. Là, bien, il essaie de
couvrir un peu l'incurie de tout ça. Il essaie de couvrir ça un
peu. Il parie du zonage agricole. Comprenez-vous que, quand on a fait la loi de
protection du territoire agricole, la loi 163, la loi pour la publicité
le long des routes n'existait pas? On avait prévu, dans la loi de
protection du territoire agricole, que ce n'était pas nécessaire
de demander l'autorisation de la commission pour poser un poteau de
téléphone ou un poteau d'Hydro pour donner
l'électricité à une maison. Là, avec la loi du
ministre, croyez-le ou non, pour mettre une pancarte le long d'une entreprise,
pour annoncer, par exemple, «fraises à vendre», ça
prend une autorisation de la Commission de protection du territoire agricole
comme si on déshonorait la terre au complet. Croyez-le ou non.
On est rendu dans des affaires qui n'ont ni queue ni tête,
comprenez-vous. On récompense le sous-ministre qui prévoit des
lois farfelues comme celle-là. On vient de le nommer président de
la Société de l'assurance automobile avec le régime le
plus chromé qu'on n'a jamais vu pour un dirigeant d'organisme - on aura
l'occasion de revenir là-dessus... Chromé urbi et orbi comme
récompense de son incurie alors qu'il était en
charge du ministère pour faire une loi qui ne finit pas d'aboutir
à des comités... à moins qu'on ne veuille payer les
dépenses pour faire promener les députés dans des
consultations.
Mais ça n'a pas de bon sens, ce qu'on a mis en place pour les
affiches le long des routes. Ce n'est pas pour rien, M. le Président,
qu'aujourd'hui les gens disent: L'affichage au Québec, même
l'affichage du ministère, c'est le plus mauvais qu'on n'ait pu voir en
Amérique du Nord. D'abord, les affiches sont mal placées et les
affiches sont placées trop près des intersections de sorte que
vous n'avez pas le temps de penser si vous allez tourner à gauche ou
à droite. C'est ce ministère qui se mêle de faire des lois
sur l'affichage commercial alors qu'il est incapable de faire l'affichage pour
le transport, pour le trafic. C'est un affichage épouvantable.
J'aurai l'occasion de revenir là-dessus aussi parce que, comme
j'ai une heure dans ce débat et que je ne veux pas prendre aujourd'hui
le temps, j'aurai l'occasion de revenir sur les différents points. Je
trouve ça honteux qu'un ministère soit obligé de revenir
avec quatre projets de loi pour l'affichage le long des routes. Un projet de
loi qui est allé en consultation générale. Ensuite, un
projet de loi qui a été adopté. Après ça, un
autre projet de loi qui a été déposé par le
ministre actuel. Et un autre projet de loi, celui qu'on vient de voir
aujourd'hui, 417, pour remplacer celui de l'an dernier qui n'était pas
bon, le 163. Il manquait quelque chose? Il ne manquait pas quelque chose, on
s'est trompé sur les hauteurs. Essentiellement, qu'est-ce qu'on a dit?
On s'est trompé sur les hauteurs. Si on regarde l'article 2,
essentiellement, ce qui est changé, c'est le numéro du projet de
loi et l'article 2.
Je ne comprends pas trop pourquoi le ministre n'a pas
procédé par amendement. Il a fait tout ce grand scénario
pour faire un changement. L'article 2 auparavant disait que l'article 15
était modifié pour que les affiches puissent avoir 3
mètres si la publicité est placée à moins de 30
mètres. Ça, ce n'est pas changé. Mais on disait: 4
mètres si la publicité est placée à 30
mètres et plus, mate à moins de 60 mètres. Là, on
change çâ pour dire: 5,5 mètres si elle est placée
à 30 mètres ou plus, mais à moins de 60 mètres. Et
on rajoute: Â 11 mètres si elle est placée à 60
métrés ou plus, mais à moins de 90 mètres, et
à 16 mètres si elle est placée à 90 mètres
ou plus. Cest ça, le changement de la loi, essentiellement. Je ne
réussis pas encore à comprendre pourquoi on fait un nouveau
projet de loi plutôt que de procéder par amendement, mais c'est le
choix du gouvernement, du leader du gouvernement, dans des stratégies,
actuellement, qui nous apparaissent un peu incompréhensibles, sauf que
ça prend du temps.
Mais on va en profiter. Puisqu'on parle de l'opportunité du
projet de loi, je vais parler de l'opportunité de ce projet de loi.
À une période où on est en récession
économique - je dis en récession, terme poli pour dire en
dépression économique, actuellement - où il y a des pertes
d'emplois considérables, par milliers, alors qu'Hydro-Québec, si
elle obtient l'augmentation qu'elle vient de demander, aura eu, en deux ans,
32,9 % d'augmentation de tarif, pour des gens qui n'ont même plus le
niveau d'inflation actuellement, au Québec, pour un grand nombre, quand
ils ne sont pas devenus chômeurs... Le gouvernement nous dit: Oui, mais
on pale moins d'impôt pour les bas revenus. On a réussi à
leur faire payer des taxes, alors qu'ils n'ont même pas de revenus. Quand
l'électricité augmente de 32,9 % sur deux ans, si l'augmentation
est accordée, pour quelqu'un, qu'il ait des revenus ou non, c'est 32,9 %
d'augmentation. Quand c'est la TPS ou la TVQ, ce seront des taxes payables,
revenu ou non. Quand le gouvernement change ses impôts pour des taxes au
consommateur, ça veut dire qu'il veut faire payer des taxes par tout le
monde, à partir du revenu de 1 $ jusqu'à 100 000 $ ou
indéfiniment. C'est-à-dire qu'on a trouvé le moyen,
actuellement, de faire payer tout le monde, tous les plus pauvres. Alors, qu'on
ne vienne pas nous dire qu'on va les exempter d'impôt. Celui qui
était pauvre, avant, ne payait pas d'impôt de toute façon,
mais aujourd'hui, il va payer des taxes de vente, il va payer de
l'électricité à la planche.
Je vais vous dire une chose. En fin de semaine, je vais voir la
fournaise au maïs, la fournaise aux granules de bois, parce qu'il serait
plus intéressant, au Québec, de chauffer avec des
céréales dont on a moins besoin, les céréales de
l'Ouest, ou encore des granules de bois. Ça va coûter beaucoup
moins cher «qu'avec l'électricité qui est rendue un bien de
luxe aujourd'hui, dans un endroit où on regorge
d'électricité. Pourquoi? Parce qu'on la donne aux
étrangers. Nous autres, on se la fait payer, par exemple.
C'est pour ça que, quand on dit: L'opportunité... Le
débat qu'on aurait dû avoir en Chambre aujourd'hui, qu'on devrait
avoir en Chambre au cours des prochains jours, c'est quoi? C'est si
Hydro-Québec ne devrait pas être la première à
donner l'exempte pour avoir zéro d'augmentation. Pas rien que les
fonctionnaires, pas rien que les citoyens, qu'Hydro-Québec - le plus
gros d'entre nous - n'ait pas d'augmentation. C'est à elle de ne pas
avoir d'augmentation. Et elle s'organisera pour faire en sorte
d'économiser, elle. Là, on dit aux autres, à tout le
monde: Économise là! Économise là! Économise
là! Tu n'auras pas d'augmentation, tu vas avoir ci, tu vas avoir
ça. Et le plus gros, arrive, Hydro, le plus gros d'entre nous, et dit:
5,8 %. Incompressible! Voyons donc! L'entreprise a quelque 40
vice-présidents, comprenez-vous. Quelque 40 vice-présidents! Elle
arrive, elle dit: Moi, je ne peux pas me comprimer. Les dirigeants, je ne sais
pas s'ils ont encore leur cuisinier personnel. À un moment donné,
ils avaient leur cuisinier
personnel, comprenez-vous. alors, je vais vous dire une chose, m. le
président, on va avoir le débat et on va faire un
véritable débat sur ces questions-là parce que le
discours, en deuxième lecture, c'est sur l'opportunité du projet
de loi. actuellement, le débat, ce n'est pas sur les affiches le long
des routes, c'est sur la crise économique, c'est sur le nombre de
chômeurs, sur la capacité de payer des gens,
l'insécurité. c'est pourquoi, comme l'heure est arrivée,
je demande l'ajournement du débat.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que la
motion d'ajournement du débat est adoptée? Adopté.
M. Garon:... avec mon droit de parole.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va.
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de cette Assemblée
sont ajournés au mardi 17 mars, 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 29)