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(Dix heures quatre minutes)
Le Président: À l'ordre! Nous allons nous
recueillir quelques instants.
Veuillez vous asseoir.
Présence d'une délégation
de
francophones hors Québec et
de la SSJB de Montréal
Vous me permettrez de souligner la présence dans les galeries ce
matin d'une délégation de présidents des associations
francophones hors Québec ainsi que la présence d'une
délégation de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal qui fête cette année le 150e anniversaire de sa
fondation.
Aux affaires courantes.
Aux déclarations ministérielles, M. le ministre du
Revenu.
Le refus de l'Opposition
d'adopter le projet de
loi modifiant la loi sur
les employés au pourboire
M. Robert Dean
M. Dean: M. le Président, le refus des membres de
l'Opposition de cette Asssemblée de donner suite au projet de loi 94 qui
visait à modifier la loi 43 et à la rendre plus conforme aux
réalités du milieu m'apparaît un geste malheureux à
bien des égards.
C'est un geste d'autant plus malheureux, M. le Président, que
toutes les modifications administratives apportées par le projet de loi
94 à l'actuelle loi 43 répondent aux demandes formulées
par les intervenants du secteur de la restauration et de l'hôtellerie,
qu'ils soient employés ou employeurs.
Comme premier exemple, je mentionnerai le registre des pourboires que le
projet de loi 94 fait disparaître pour remplacer la déclaration
hebdomadaire exigée des employés au pourboire par une
déclaration annuelle réduisant de façon marquée les
charges administratives des employeurs et des employés. Le geste de
l'Opposition a pour conséquence que jusqu'à l'adoption, lors de
la prochaine session, du projet de loi 94, le registre des pourboires
demeure.
Comme deuxième exemple, je mentionnerai que les employeurs
devront, conformément à la loi 43, payer leur cotisation à
la CSST et celle de la Loi des normes du travail sur la base du salaire et des
pourboires déclarés plutôt qu'uniquement sur le salaire,
tel que le prévoit le projet de loi 94.
En outre, le projet de loi 94, tout en conservant aux employés
les avantages que leur avait octroyés la loi 43, comportait
également des allégements pour les employeurs, notamment par
l'introduction de nouvelles normes minimales et uniques pour tenir compte des
pourboires déclarés par les employés du secteur à
titre de compensation pour les vacances annuelles, les jours
fériés et les congés sociaux. Par le rejet du projet de
loi 94, les membres de l'Opposition refusent donc aux employeurs les
aménagements prévus par ce projet de loi et d'ailleurs
réclamés par les employeurs eux-mêmes.
En conséquence, je dois préciser que le paiement de la
fête nationale s'effectuera conformément aux dispositions de la
loi 43, c'est-à-dire sur la base du salaire augmenté et des
pourboires déclarés au cours des deux semaines
précédant le 24 juin.
Je ne puis que réitérer ma profonde déception en
cette période de grande activité pour le milieu de la
restauration et de l'hôtellerie devant la position prise par l'Opposition
qui prive une fraction importante de la population de mesures pratiques,
simples et collant bien à la réalité du milieu. Ces
mesures auraient, au surplus, facilité à tous les intervenants la
poursuite et l'atteinte des objectifs d'équité fiscale et
d'équité sociale auxquels chacun des membres de cette
Assemblée se doit de souscrire.
Évidemment, les efforts déployés jusqu'ici pour
déceler les conditions matérielles les plus favorables au climat
social dans le secteur de la restauration et de l'hôtellerie m'engagent
avec une intensité accrue, devant ce refus de l'Opposition, à
mettre sur pied au plus tôt le groupe de travail appelé à
recommander les mesures les plus appropriées pour faire progresser ce
secteur au point de vue économique, aux points de vue technique et
professionnel sans négliger pour autant l'aspect social.
M. le Président, je termine en rappelant que l'intransigeance de
l'Opposition en cette Chambre fait que les dispositions de la loi 43
continueront à s'appliquer sans les améliorations
proposées par les employeurs et les employés au pourboire de ce
secteur et acceptées par le gouvernement. J'invite les membres de
l'Opposition à vivre avec les conséquences de leur refus.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, au lieu d'intituler
son texte "déclaration ministérielle", le ministre aurait
dû l'intituler "dénonciation ministérielle". Au cours de
tout ce débat qui dure depuis déjà un bon moment, on a
servi des avertissements à son prédécesseur et à
lui-même à savoir que la solution apportée à la loi
43 devait être une solution permanente et éclairée. On l'a
averti à plusieurs reprises et que je sache, il existe encore un
règlement à l'Assemblée nationale; si le ministre n'en a
pas de copie, je suis prêt à lui donner la mienne. Il retrouvera
possiblement à l'intérieur de cela des règles qui
régissent la procédure pour le dépôt d'un projet de
loi et le temps suffisant pour être capable d'analyser le contenu des
lois.
Le ministre est arrivé devant cette Chambre, le 5 juin dernier,
avec une déclaration ministérielle annonçant le
dépôt d'un projet de loi et des amendements à la loi 43. Le
dépôt du projet de loi est intervenu devant cette Chambre le 15
juin, soit 10 jours plus tard. Finalement, le ministre, dans cette
procédure habituelle au gouvernement, voulait avoir le consentement de
l'Opposition pour adopter dans les derniers jours de la session un projet de
loi qui est litigieux et qui reçoit la désapprobation de tout le
milieu.
M. le Président, l'Opposition a dit non à cela parce qu'on
ne veut pas adopter une nouvelle loi 43. Lorsque le ministre nous dit qu'il
fait des cadeaux - si on le croit, dans la loi 94 il y a des cadeaux... Je ne
prendrai qu'un seul exemple du genre de cadeaux que le ministre a réussi
à concocter pendant trois mois de consultations et d'analyses. Au moment
où il dit que le registre continue d'exister, allez voir dans la loi,
c'est un registre facultatif. Il est encore facultatif. Vous ne connaissez
même pas votre loi et vos règlements.
M. le Président, nous nous refusons à accepter des
règles de droit nouveau quant à l'estimation des revenus et il
serait irresponsable d'adopter cela en deux jours. Si le ministre, avec la
collaboration du leader du gouvernement, avait déposé devant
cette Chambre le projet de loi le 6 ou le 7 juin, sept jours se seraient
écoulés et on aurait pu adopter la deuxième lecture de ce
projet de loi et aller, au mois d'août, en commission parlementaire
l'étudier article par article. À l'automne, il aurait
été travaillé, remodifié selon les volontés
du milieu et tout le processus aurait été normal. Mais non, le
ministre a choisi de forcer la porte et de bulldozer. On n'accepte pas pour un
projet de loi qui a reçu la désapprobation de tout le monde. Nous
avons demandé une commission parlementaire afin d'entendre les
intervenants du milieu, afin de savoir ce que le ministre ou ses conseillers
ont pu dire en catimini à l'un et à l'autre si, dans certains
cas, il y a des différences entre l'un et l'autre. Je prends pour
témoin Mme Gaudet, présidente de l'Association des restaurateurs
du Québec qui disait dans un journal qu'elle avait entendu parler des 7%
par les journaux; le ministre n'en avait même pas discuté lors des
réunions avec eux.
M. le Président, pas besoin de rappeler non plus que
l'Association de l'industrie touristique du Canada a rendu public au
début de la semaine un document - si vous en avez un meilleur, M. le
ministre, déposez-le... Déposez la vérité sur cette
table, si vous l'avez. Déposez le sondage que vous avez fait faire par
l'IQOP pour connaître véritablement les intentions des gens qui
sont visés par votre loi. Cela a des effets néfastes quant
à la loi 43. Nous accepterons la loi à l'automne. On en
débattra à l'automne. Il vaut mieux une loi tard à
l'automne, alors qu'elle tiendra compte de la commission dont vous parlez
à la fin de votre exposé, dont vous allez avancer la tenue. Tant
mieux si cela en fait avancer la date, parce que vous en avez
déjà refusé une, à un mandat d'initiative
demandé par l'Opposition. Il vaut mieux à l'automne et que ce
soit bien fait qu'au printemps et à nouveau, mal fait. Merci, M. le
Président.
Des voix: Bravo! Très bien!
Le Président: En réplique, M. le ministre du
Revenu.
M. Robert Dean (réplique)
M. Dean: M. le Président, cette situation de
déclaration ministérielle et le temps dont je dispose ne
permettent pas une réponse à un tir de...
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
M. Dean: ...fusil de chasse. Le député de
Charlesbourg fait toutes sortes d'affirmations pour le moins mal fondées
dans les faits. Au tout début, après ma nomination, le même
député m'a demandé de faire une tournée et de
consulter les gens. C'est exactement ce que j'ai fait et la consultation, cela
prend du temps. J'ai donné ma parole aux intervenants dans le dossier;
c'est à leur demande. Les employeurs ont demandé qu'on apporte
des solutions avant les fêtes d'été et je me suis
engagé à essayer de le faire, tout en respectant le processus de
consultation.
Pour ce qui est des commissions
parlementaires et en ce qui regarde la matière touchée par
la loi 43, c'est une question de fiscalité pour les employés et
d'équité sociale aussi pour les travailleurs de ce secteur. En ce
qui regarde cette partie, on a déjà eu une commission
parlementaire où on a étudié 31 mémoires. On a eu
des rencontres de consultation par la suite. Il reste que certains
éléments des deux côtés maintiennent des positions
extrêmes: le pourboire obligatoire, d'un côté, et le retour
en arrière complet à une situation telle qu'exposée dans
le rapport des comptables rendu public hier - les comptables Caron,
Bélanger, Dallaire, Gagnon et associés - où on dit: "Un
fait demeure: la rémunération des travailleurs de la restauration
et de l'hôtellerie et la fondation de l'industrie même reposent
traditionnellement sur l'attente qu'une partie de la rémunération
ne sera pas imposée." Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que
ce même rapport que j'ai en main depuis trois semaines, qui est une
critique de la loi 43, propose des solutions "across the board", mur à
mur sur tous les problèmes soulevés par les employeurs et les
employés du secteur.
Si l'Opposition préfère s'allier à une situation
où les fondements économiques mêmes d'un secteur industriel
sont basés sur la non imposition des revenus et le non paiement des
revenus tant par certains employeurs que par certains employés, ils
peuvent vivre avec leur choix. En ce qui me concerne, je le
répète avant que vous ne m'interrompiez, un projet de loi de 17
articles, avec l'assiduité extrême que l'on déploie ici
depuis les derniers jours, on aurait même pu discuter quelques clauses
litigieuses. Un projet de loi de 18 articles, même si on a cinq ou six
jours pour l'étudier, ce n'est pas la fin du monde. Il demeure que ce
projet de loi apporte des solutions concrètes à chaque
problème soulevé par les employeurs et par les employés en
ce qui regarde la loi 43.
Je trouve très déplorable que les employeurs soient
obligés de vivre encore pendant cinq mois avec des frais
administratifs...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! M. le
ministre. Qu'on se taise. Je rappelle aux députés que M. le
député de Charlesbourg a pu s'exprimer en toute liberté et
sans être interrompu et que le ministre devrait pouvoir
bénéficier du même droit. M. le ministre du Revenu.
M. Dean: Je déplore simplement que les employeurs, pendant
cinq mois, devront encourir, selon leur propre aveu, des coûts
administratifs, des coûts de primes de certaines prestations
supplémentaires que le gouvernement a accepté d'éliminer
avec le projet de loi 94 et que les employés vont passer les fêtes
de Québec 1984 avec les difficultés et les problèmes
administratifs que la loi 43 leur a imposés.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration, que l'Opposition vive avec
son choix. Nous allons essayer d'apporter des correctifs à ces
problèmes administratifs le plus tôt possible à l'automne.
Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: À la presentation de projets de loi,
M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler les articles c) et d) du feuilleton.
Projet de loi 90
Le Président: M. le ministre des Finances présente
le projet de loi 90, Loi sur le Vérificateur général.
M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Ce projet de loi propose une refonte des
dispositions de la Loi sur l'administration financière concernant le
Vérificateur général. Il a pour objet de favoriser
l'exercice du contrôle parlementaire sur les fonds et autres biens
publics; il accorde au Vérificateur général une autonomie
accrue dans l'exercice de ses fonctions et étend son champ de
compétence aux fonds et autres biens publics. Il élargit de plus
la portée de la vérification pour y inclure, là où
les liens d'imputabilité doivent être plus présents, celle
d'optimisation des ressources. (10 h 20)
La section I du projet de loi en rappelle l'objet et pourvoit aux
définitions des divers types d'entités à l'égard
desquelles est établie la portée de la vérification
à la section III.
La section II traite de la fonction de vérificateur
général, de ses modes de nomination, de
rémunération et de remplacement, de la durée de son mandat
et de son personnel. Il y est prévu notamment que sa nomination est
faite sur motion du premier ministre, adoptée par au moins les deux
tiers des membres de l'Assemblée nationale, que la même
procédure vaut pour sa destitution et que son mandat, d'une durée
de dix ans, est non renouvelable. Il y est également prévu que
ses adjoints et autres employés sont régis par la Loi sur la
fonction publique.
La section III, en plus d'établir la compétence du
Vérificateur général en matière de
vérification ou d'enquête, précise la portée de la
vérification à laquelle sont assujetties les entités
visées selon qu'il
s'agisse du gouvernement et des autres organismes publics, des
organismes du gouvernement ou de ses entreprises. Elle prévoit, en
particulier, que les organismes du gouvernement, tout comme le gouvernement
lui-même et les autres organismes publics, sont sujets, outre la
vérification financière et de conformité, à celle
d'optimisation des ressources.
Cette section précise de plus les fonctions et pouvoirs
particuliers du Vérificateur général en matière de
vérification et de rapport. Elle lui permet de procéder à
la vérification d'optimisation des ressources dans les entreprises dont
il est chargé d'effectuer la vérification lorsque le conseil
d'administration en a convenu au préalable avec lui. .Elle lui permet
également de procéder auprès de tout établissement,
institution, association ou entreprise à la vérification de
l'utilisation des subventions versées par le gouvernement, les autres
organismes publics ou l'un de ses organismes.
Il est en outre prévu que le Vérificateur
général a accès aux rapports et dossiers des
vérificateurs des organismes et entreprises du gouvernement dont il
n'est pas tenu d'effectuer la vérification et qu'il peut, dans certaines
conditions, procéder ou faire procéder à tout
complément de vérification.
Une autre disposition de cette section accorde au gouvernement et au
Conseil du trésor le pouvoir de demander une vérification
particulière ou une enquête au Vérificateur
général.
Cette section prévoit en dernier lieu l'opportunité pour
le Vérificateur général de faire rapport à
l'Assemblée nationale des constatations découlant de tout travail
de vérification qu'il effectue ou qu'effectue un autre
vérificateur auprès d'un organisme ou d'une entreprise du
gouvernement.
La section IV traite des pouvoirs, immunités et conditions
d'exercice du Vérificateur général.
Cette section prévoit le droit d'accès du
Vérificateur général à l'information
nécessaire à l'exécution de ses fonctions.
Elle prévoit, par ailleurs, au niveau des conditions d'exercice,
que le Vérificateur général fixe le nombre de ses
effectifs sous réserve des crédits accordés par le
Parlement, qu'il détermine leur répartition et le niveau de leur
emploi et qu'il établit ses propres politiques de gestion des ressources
humaines en matière de planification, d'organisation et de
développement. Elle prévoit aussi qu'il peut conclure, selon une
réglementation approuvée par le Bureau de l'Assemblée
nationale, des contrats de services professionnels et des ententes avec des
organisations publiques ou privées concernant la permutation ou
l'affectation du personnel. Elle prévoit de plus que le
Vérificateur général soumet ses prévisions
budgétaires annuelles au Bureau de l'Assemblée nationale pour
étude. Ses prévisions sont ensuite portées au livre des
prévisions budgétaires pour présentation à
l'Assemblée nationale.
La section V traite de la vérification des comptes du
Vérificateur général et de la qualité
d'indépendance requise du vérificateur choisi.
La section VI finalement regroupe les dispositions transitoires,
diverses et finales.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 90?
Des voix: ...
Le Président: II en est donc ainsi
décidé.
Projet de loi 81
M. le ministre des Transports présente le projet de loi 81, Loi
modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions législatives. M. le ministre des Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, ce projet de loi
modifie principalement le Code de la sécurité routière en
vue d'instaurer un système d'enregistrement des véhicules
routiers, d'améliorer les règles applicables aux suspensions et
aux révocations des permis délivrés en vertu du code et
celles qui sont applicables à la délivrance des permis
restreints.
Le nouveau système d'enregistrement proposé vise à
assurer un meilleur contrôle du parc automobile et l'identification
constante du propriétaire d'un véhicule sur le réseau
routier. De nouvelles normes y sont également énoncées
afin de faciliter le contrôle de la vente de véhicules, qu'ils
soient neufs, usagés ou recyclés.
D'autres modifications proposées par ce projet visent à
assurer un meilleur contrôle des titulaires de permis autorisant
l'exploitation d'une école pour l'enseignement de la conduite d'un
véhicule de promenade ou d'une motocyclette et de celles qui sont
titulaires de permis autorisant l'enseignement de la conduite de ces
véhicules.
Ce projet de loi prévoit la délivrance par une
municipalité de permis de stationnement pour les véhicules
transportant les personnes handicapées qui seront reconnus partout au
Québec ainsi qu'à l'extérieur du Québec dans le
cadre d'une entente. Ce projet de loi corrige des problèmes
d'application de certaines règles de circulation et modifie quelques
normes relatives aux accessoires et aux équipements de véhicules
routiers. Il vise, par ailleurs, à améliorer l'administration du
programme de vérification mécanique, notamment, par la
délivrance de certificats de conformité mécanique
et de rapports de vérification mécanique.
Enfin, diverses dispositions sont modifiées ou reformulées
dans le but d'accroître l'efficacité générale de
l'application du code par la régie.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 81? Il en est donc ainsi décidé.
Rapport sur le projet de loi 225
Au dépôt de documents. Puisque je crois comprendre qu'il
sera, plus tard, question du projet de loi 225, je vais immédiatement
déposer le rapport du directeur de la législation tel qu'il
existe à ce sujet. Si jamais l'Assemblée ne
délibère pas sur ce projet de loi, il y aura toujours lieu de
faire un rapport plus circonstancié ultérieurement, mais dans
l'état actuel des choses, le directeur de la législation m'a fait
part qu'il a examiné le projet de loi 225 intitulé Loi concernant
la ville de Saint-Hubert et qu'il a constaté qu'aucun avis n'a
été publié conformément aux règles de
fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé, mais que le projet de loi a été
déposé au Bureau de la direction de la législation le 13
juin 1984.
Rapport annuel du Protecteur du citoyen et
décisions du Bureau de
l'Assemblée
Je souhaite également déposer le rapport du Protecteur du
citoyen pour l'année 1982-1983 et un certain nombre de décisions
récentes du Bureau de l'Assemblée nationale.
Toujours au dépôt de documents, M. le leader parlementaire
du gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Bédard: Je voudrais déposer une réponse
de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
à une question du député de Saguenay. Également, je
voudrais déposer plusieurs réponses à des questions
écrites au feuilleton données par le ministre des Transports
à la suite de questions de la part du député de
Richmond.
Le Président: Documents déposés. Mme la
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Rapports annuels de la Régie
des rentes et de la Commission
des normes du travail
Mme Marois: Merci. J'ai le plaisir de déposer le rapport
annuel 1983-1984 de la
Régie des rentes du Québec de même que le rapport
annuel de la Commission des normes du travail pour l'année 1983-1984.
Merci.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre des Finances.
Rapport annuel de Loto-Québec
M. Parizeau: Conformément aux dispositions de la Loi sur
les loteries et courses du Québec, j'ai l'honneur de déposer le
rapport annuel de Loto-Québec pour l'exercice financier 1983-1984.
Rapport annuel des assurances
D'autre part, conformément aux dispositions de la Loi sur les
assurances, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel des assurances
pour l'année 1983.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de la Justice.
Rapport annuel de la Commission des droits de la
personne
M. Johnson (Anjou): II me fait plaisir de déposer le
rapport de la Commission des droits de la personne du Québec pour
l'année 1983.
Rapports annuels du Comité de la protection de
la jeunesse
et du ministère de la Justice
Également, le rapport du Comité de la protection de la
jeunesse pour l'année 1982-1983 ainsi que du Comité de la
protection de la jeunesse toujours pour l'année 1983-1984 et celui du
ministère de la Justice pour l'année 1982-1983.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de l'Éducation.
Rapport annuel de l'Office des professions
M. Bérubé: II me fait plaisir de déposer
à l'Assemblée nationale le rapport de l'Office des professions du
Québec pour l'année 1983-1984.
Rapport annuel du ministère de
l'Éducation
Il me fait également énormément plaisir de
déposer le rapport de mon ministère, le ministère de
l'Education, pour l'année 1983-1984.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre des Affaires municipales.
Rapport annuel de la Commission municipale
M. Marcoux: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport de la
Commission municipale du Québec, pour 1983 à 1984.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens.
Rapport annuel de l'Office des personnes
handicapées
M. Lazure: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1982- 1983 de l'Office des personnes
handicapées du Québec qui fut récemment
récipiendaire du prix annuel Gustave-Gingras.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Rapports annuels du CRIQ et de la
Société Inter-Port de Québec
M. Biron: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1983-1984 du Centre de recherche industrielle
du Québec de même que le rapport annuel 1983-1984 de la
Société Inter-Port de Québec.
Le Président: Rapports déposés.
M. le ministre des Affaires culturelles.
Rapports annuels du Bureau de surveillance du
cinéma et de la SODICC
M. Richard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1983- 1984 du Bureau de surveillance du
cinéma maintenant devenu la Régie du cinéma, de même
que le rapport annuel au 31 mars 1984 de la Société de
développement des industries de la culture et des communications.
Le Président: Rapports déposés. M. l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Énergie et des Ressources.
Décret concernant l'acquisition
d'actions par la SNA et rapport
annuel de REXFOR
M. Bordeleau: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer un décret gouvernemental portant le numéro 133784
concernant l'acquisition par la Société nationale de l'amiante
d'actions du fonds social d'une entreprise et l'octroi de prêts à
cette entreprise. Également, il me fait plaisir de déposer le
rapport annuel de la société REXFOR pour l'année
1983-1984.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre du Travail.
Rapports de conseils de tutelle de syndicats
M. Fréchette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport du 20 août 1980 du Conseil de tutelle de trois
syndicats de la construction, le rapport du 27 mai 1981 du Conseil de tutelle
de sept syndicats de la construction et une lettre du 28 septembre 1981, le
rapport du 23 novembre 1983 du Conseil de tutelle de l'Association unie des
compagnons et apprentis de l'industrie de plomberie et de tuyauterie des
États-Unis et du Canada, local 144, le rapport du 30 mars 1984 du
Conseil de tutelle du local 144, le rapport du 30 mars 1984 du Conseil de
tutelle du Syndicat du transport de Montréal.
Rapports annuels de la CSST et de l'Office de la
construction
J'ai également l'honneur de déposer le rapport annuel de
la Commission de la santé et de la sécurité du travail
pour l'année 1983 et le rapport annuel des activités de l'Office
de la construction du Québec, 1983-1984. (10 h 30)
Le Président: Rapports déposés.
M. le ministre des Communications.
Rapport annuel du ministère des
Communications
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais déposer
le rapport annuel 1983-1984 du ministère des Communications.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Transports.
Rapport annuel de la Régie de l'assurance
automobile
et rapport sur les accidents dans le tunnel
Ville-Marie
M. Léonard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport d'activités 1983-1984 de la Régie de
l'assurance automobile du Québec et également de déposer
un rapport sur les accidents et les incidents d'automobilistes circulant en
sens inverse dans le tunnel Ville-Marie à Montréal.
Le Président: Rapports déposés.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation devait déposer un rapport à ce qu'on me dit.
M. le leader du gouvernement au nom du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Rapport annuel de la Régie des assurances
agricoles
M. Bédard: M. le Président, au nom du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation je voudrais
déposer le rapport annuel 1982-1983 concernant la Régie des
assurances agricoles du Québec.
Le Président: Rapport déposé. Journée
fertile en papiers.
Au dépôt de rapports de commissions. Je m'excuse, M. le
ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du BAPE
M. Ouellette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1983-1984 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Le Président: Rapport déposé. Alors, au
dépôt des rapports des commissions, M. le président de la
commission de l'aménagement et des équipements.
Vérification d'engagements financiers
M. Fallu: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé le 13 juin 1984 afin de
procéder à la vérification des engagements financiers des
mois de février et mars 1984 du ministère de l'Environnement, du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement, du
ministère des Affaires municipales, du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, du ministère des Transports et du Conseil
exécutif, en ce qui concerne l'aménagement et le
développement régional.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission du budget et de l'administration.
M. Lachance: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 12 juin 1984 afin de procéder à la
vérification des engagements financiers des ministères des
Finances et du Revenu, du Conseil du trésor et des organismes relevant
du ministre délégué à l'administration pour les
mois de février et mars 1984.
Le Président: Rapport déposé. Mme la
présidente de la commission des affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le 14 juin 1984 aux fins de procéder à la
vérification des engagements financiers qui sont de sa compétence
pour les mois de février et mars 1984.
Le Président: Rapport déposé. Aux
interventions portant sur une violation de droit ou de privilège, j'ai
reçu dans les délais la lettre suivante: "M. le Président,
je vous donne avis, conformément à l'article 69 de nos
règles de procédure, de mon intention de soulever une violation
de droit au cours des affaires courantes à la séance
d'aujourd'hui. J'entends invoquer les paragraphes 5 et 8 et, plus
particulièrement, le paragraphe 7 de l'article 55 de la Loi sur
l'Assemblée nationale. À mon avis, il y a eu atteinte au droit de
l'Assemblée et mes droits de parlementaire ont été mis en
cause par le comportement du député d'Arthabaska à mon
endroit, au cours de la séance de la commission plénière
chargée d'étudier les crédits supplémentaires, le
15 juin 1984. "Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de
mes sentiments les meilleurs." C'est signé par le député
de Richmond, à qui je cède la parole en lui rappelant que son
intervention doit commencer par préciser la nature du privilège
qu'il invoque.
Menaces du député d'Arthabaska au
député de Richmond
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, le 15 juin dernier,
j'avais l'occasion en cette Chambre d'interroger le ministre des Transports sur
les crédits supplémentaires de son ministère pour
l'exercice financier 1984-1985. J'ai à quelques reprises et,
malheureusement, sans résultat tenté d'obtenir des
précisions du ministre sur les critères dont il allait se servir,
afin de distribuer l'enveloppe budgétaire dont il est question dans les
différents comtés du Québec. J'ai également
insisté auprès du ministre afin qu'il rende public...
Le Président: Je vous ai bien indiqué qu'il fallait
commencer votre intervention en précisant la nature du privilège
que vous invoquez. Il n'y a sûrement pas matière à
privilège du fait d'une réponse qui n'est pas satisfaisante
à vos yeux de la part d'un ministre.
M. Vallières: M. le Président, en effet, ma
question personnelle est la suivante: Pour des raisons que lui seul
connaît, le député d'Arthabaska, alors que l'étude
des crédits n'était pas encore terminée, a traversé
la Chambre en m'injuriant, contrevenant ainsi à l'article 55, paragraphe
8, de la Loi sur l'Assemblée nationale. Par ce geste, le
député d'Arthabaska et whip adjoint du gouvernement contrevenait
également à l'article
55, paragraphe 5, de la même loi en créant un
désordre susceptible de troubler le cours du débat qui se tenait
alors en commission plénière.
M. le Président, j'ai été pour le moins surpris des
propos du député d'Arthabaska et whip adjoint du gouvernement,
qui n'a d'ailleurs jamais participé aux débats et qui, dans une
envolée oratoire qui le caractérise très bien, m'a
qualifié de "tabarnac de baveux". Mais, M. le Président, comme si
cela n'avait pas suffi, le député d'Arthabaska s'est
présenté à mon pupitre afin de me menacer de "tapes sur la
gueule" - j'emploie ici le vocabulaire du whip adjoint du gouvernement -
défiant ainsi l'article 55, paragraphe 7, de la Loi sur
l'Assemblée nationale qui défend à quiconque de porter
atteinte aux droits de l'Assemblée en attaquant, gênant, rudoyant
ou menaçant un député dans l'exercice de ses fonctions
parlementaires. Si j'avais un jour pensé me prévaloir de cet
article de la Loi sur l'Assemblée nationale, ce n'est certainement pas
à l'endroit d'un collègue député en cette Chambre,
fût-il d'une formation politique différente de la mienne.
M. le Président, cette triste histoire m'amène à
soulever la violation d'un droit que je considère être une des
plus grandes richesses de notre province et de notre pays, la liberté
d'expression. Ce droit est protégé par notre règlement et
l'est également par deux chartes adoptées librement par deux
paliers de gouvernement, soit une Législature provinciale et un
Parlement fédéral.
Cet incident et un autre en particulier qui s'est produit
récemment à l'Assemblée nationale devraient tous nous
conscientiser, y inclus le député d'Arthabaska, à la
force, mais aussi à la vulnérabilité de nos institutions
démocratiques.
Tous conviendront que cette liberté dont nous
bénéficions ne doit pas être gaspillée par
l'intolérance de l'un ou l'autre des membres de cette Assemblée.
Certes, les temps sont difficiles. Certains électeurs, souvent
impatients, pourraient être tentés de passer outre les
règles...
Le Président: Vous débordez nettement de la
question de privilège, M. le député de Richmond. Vous
entrez dans un débat de nature polémique. Si le privilège
que vous voulez invoquer l'a été, votre intervention devra donc
cesser là à moins que vous n'ayez autre chose à ajouter.
La question de privilège ne doit pas donner lieu, comme vous le savez,
à un débat. Les plus récents propos que je vous ai entendu
tenir sont tout à fait de nature à susciter un débat.
M. Vallières: Je vous remercie, M. le Président.
J'estime qu'aucune raison valable ne peut expliquer de tels écarts entre
parlementaires non plus qu'entre gens élus appartenant à d'autres
niveaux de Parlement ou de gouvernement. (10 h 40)
Chacun des députés à l'Assemblée nationale
annonce fièrement - et avec raison je pense - que la confiance a
constitué la première raison de son élection. Chacun de
nous n'a pas manqué à cette tradition, convaincu que le parquet
de cette Chambre constitue le meilleur endroit pour défendre les
intérêts de la population qu'il représente. Quelle que soit
la nature des travaux de l'Assemblée nationale, la première
règle qui régit le bon déroulement des travaux demeure
sans contredit le respect de ses collègues situés d'un
côté ou de l'autre de la Chambre. Je n'hésite pas à
dire que le comportement du député d'Arthabaska en dit long sur
cet aspect indispensable à la conduite ordonnée de nos
travaux.
M. le Président, la population exige de ses parlementaires qu'ils
soient présents, impliqués et efficaces. Pour nous acquitter de
nos fonctions, nous disposons de certains privilèges qui ont pour but de
faciliter notre tâche. Ce travail valorisant que nous procure notre
fonction de député ne peut s'accomplir autrement que dans un
climat de liberté d'expression, liberté d'action aux documents
pertinents à l'exercice éclairé de nos fonctions.
Est-ce trop demander, M. le Président, de pouvoir compter sur des
informations exactes et complètes dans un contexte où la
liberté...
Le Président: M. le député, vous devez vous
en tenir à la question de privilège que vous soulevez et ne pas
profiter de l'occasion pour déborder de-ci de-là vers d'autres
situations qui n'ont rien à voir avec cette question de
privilège. Je vous prierais de conclure parce que je pense que vous avez
bien situé la question.
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je suis
d'avis - et je pense que cela a véritablement trait à la question
que je soulève ce matin - que quiconque tente d'entraver la
liberté d'action et de travail, comme nous en fûmes tristement
témoins la semaine dernière, doit se voir
sévèrement blâmé afin que l'Assemblée
nationale ait vécu un pareil événement pour la
dernière fois.
M. le Président, vous me faites signe; il semblerait que je
prends un peu trop de temps. Je veux également vous indiquer que
certains de mes collègues que j'entends maugréer de l'autre
côté de la Chambre vont probablement dire que je vais trop loin
dans mes comparaisons, eu égard au geste apparemment sans gravité
posé par un député ministériel. Pas du tout,
puisque l'objectif de mon intervention consiste à bien délimiter
l'aspect symbolique d'un pareil
comportement.
En fait, si nous n'y prenons pas garde, l'addition de telles
intolérances risque un jour d'aboutir à un résultat que ni
la population ni les élus du peuple n'auront souhaité pour le
Québec. La population québécoise attend de ses élus
qu'ils se respectent mutuellement, elle souhaite des débats
animés, mais jamais de combat marqué au point de rabaisser...
Le Président: II y a un rappel au règlement, M. le
député. M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je pense que vous
l'avez dit, loin de nous l'idée de vouloir restreindre les propos ou le
message que le député de Richmond veut livrer à cette
Chambre concernant des faits très précis qui se rapportent
à l'article qu'il a mentionné concernant la violation d'un
privilège, mais je ne crois pas qu'on doive assister à un sermon
sur la montagne. Il s'agit de dire les faits et, à ce moment-là,
je pense que les autres membres de l'Assemblée évalueront les
propos à leur juste mesure.
Une voix: C'est ça.
Le Président: M. le député, en
conclusion.
M. Vallières: En conclusion, notre société
québécoise ne se bâtit pas à coups de poing et
d'injures. Une société comme la nôtre pourrait...
Une voix: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
Le Président: Si le reste de votre intervention est de
cette nature, je devrai l'interdire parce que vous débordez nettement de
la question de privilège. Dès que la question de privilège
est soulevée, le député doit se borner à signaler
les faits qui, à son avis, constituent une violation de
privilège. Je pense que vous l'avez fait amplement. Si vous voulez
conclure à partir de la question de privilège, il y a une
possibilité de conclusion qui peut déborder sur une motion -
j'ignore si c'est votre intention - et, à ce moment-là, je vous
prierais de le signaler à l'Assemblée.
M. Vallières: Oui, M. le Président. Je crois hors
de tout doute que le comportement du député d'Arthabaska portait
atteinte aux droits de l'Assemblée et à mes droits de
parlementaire. Je pourrais facilement conclure cette intervention, comme vous
le savez, en demandant la convocation de la commission de l'Assemblée
nationale afin d'examiner...
Le Président: À l'ordre! J'ai de la
difficulté à trouver ce qu'il y a d'humoristique dans la
violation de privilège qu'évoque le député de
Richmond. M. le député.
M. Vallières: M. le Président, je disais donc que
je pourrais conclure mes propos en demandant la convocation de la commission de
l'Assemblée nationale afin d'examiner la conduite du whip adjoint du
gouvernement et député d'Arthabaska. Le député
ayant déjà reconnu sa faute par le biais d'une lettre d'excuses
qu'il m'a fait parvenir, j'éviterai de faire perdre inutilement le temps
précieux de plusieurs parlementaires et fonctionnaires. Je laisserai aux
électeurs du comté d'Arthabaska le privilège
d'évaluer la performance du député. J'ose espérer,
que le député d'Arthabaska... Je termine, M. le Président,
on pourrait faire preuve d'un peu de tolérance.
Le Président: Terminez, justement.
M. Vallières: J'ose espérer que le
député d'Arthabaska s'il se voit retourné à des
occupations plus familières...
Le Président: La question de privilège n'est pas un
discours. Je vous rappelle que vous devez vous borner à évoquer
le privilège que vous soulevez et les faits à l'appui et
conclure, le cas échéant, si tel est votre souhait de conclure,
à partir des articles à votre disposition dans le
règlement. Si telle n'est pas votre intention, comme vous l'avez
indiqué, de conclure à la possibilité de la convocation de
la commission de l'Assemblée nationale, à ce moment-là,
cela ne vous donne pas pour autant le droit de faire une conclusion personnelle
qui déborde nettement et très largement du cadre de la question
de privilège.
M. Vallières: M. le Président, je vous remercie de
votre intervention. Je couperai court à la mienne en vous disant tout
simplement que je laisserai aux électeurs du comté d'Arthabaska
le privilège de juger de la performance de leur
député.
Le Président: Oui, M. le député
d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, question de
directive, sachant très bien qu'avant d'intervenir j'aurais dû
vous faire parvenir un avis. Comme la Chambre doit ajourner aujourd'hui et que
je ne pourrai pas le faire avant le 21 octobre, est-ce que je pourrais avoir
votre consentement pour défendre un peu mes privilèges,
rétablir les faits qui viennent d'être évoqués en
cette
Chambre?
Le Président: M. le député d'Arthabaska,
vous savez très bien qu'une question de privilège ne
débouche pas sur un débat. Deuxièmement, le consentement
n'est jamais celui du président, car je puis vous assurer qu'il y en
aurait beaucoup moins que les consentements quotidiens auxquels on assiste dans
cette Chambre; après tout on a un règlement. Si la Chambre
consent à vous entendre, c'est sa décision.
M. Vallières: Question de règlement.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Vallières: Si le député d'Arthabaska
consent à garder son siège nous pourrons l'entendre.
Le Président: M. le député d'Arthabaska.
S'il y a consentement, encore faudrait-il le laisser parler? Je vous rappelle
que les mêmes règles s'appliquent à votre intervention: vos
propos ne doivent pas être de nature à soulever un débat et
doivent s'en tenir strictement aux faits.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, je serai
très bref. D'abord, j'aimerais juste rectifier quelques faits que le
député de Richmond a soulignés en disant que je n'avais
pas participé au débat. C'est un peu induire la Chambre en
erreur, car vendredi dernier cela faisait au moins 20 à 30 minutes que
j'étais ici en cette Assemblée qui siégeait en commission
plénière. En commission plénière les parlementaires
ont le droit de s'asseoir à n'importe quel siège. Comme je
l'ai fait tout à l'heure très brièvement, si j'ai
envoyé une lettre d'excuses vendredi au député de
Richmond, je pense que pour moi c'est d'abord avoir reconnu le geste que j'ai
posé et pour moi, l'incident était clos. Maintenant, si on essaie
d'insinuer autre chose, j'aimerais simplement souligner que souvent, la
provocation verbale est beaucoup plus grave que la provocation physique, et
c'est ce que le député de Richmond avait fait au
préalable. (10 h 50)
Le Président: Cela va? L'incident étant donc
désormais considéré comme clos, nous pouvons poursuivre
nos travaux, ce qui nous amène à la période de questions
des députés.
J'ai reçu, dans les délais, un avis du ministre de
l'Environnement selon lequel il souhaiterait apporter un complément de
réponse à la question posée hier par Mme la
députée de Chomedey à l'issue de la période de
questions.
M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Je crois, après vérification, que
nous avons également fait parvenir un avis selon lequel il y aurait un
complément de réponse de la part du ministre de la Justice...
Le Président: Je m'excuse, M. le leader du gouvernement;
c'est moi qui, dans l'amoncellement de paperasse de ce matin, ai oublié
que le ministre de la Justice m'avait également fait parvenir un avis
selon lequel il souhaite apporter un complément de réponse
à la question posée hier par M. le député de
Laporte sur une saisie de vin.
Première question principale, M. le député de
Brome-Missisquoi.
Questions et réponses orales
La vente illégale de vins et Les entreprises
Verdi
M. Paradis: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Justice et porte sur le dossier du trafic illégal des
vins. Le 13 juin, le ministre de la Justice s'est engagé à
fournir au député de D'Arcy McGee des réponses
précises sur ce dossier. Hier, le député de Laporte a
demandé au ministre et je cite le député de Laporte:
"Est-il exact qu'à de nombreuses reprises, au cours des dernières
années, des vins fabriqués par Les entreprises Verdi Inc., ont
été saisis par les différents corps policiers, tant dans
des entrepôts que chez des particuliers et que la maison Verdi a
été impliquée fréquemment dans des poursuites en
vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques?"
Le ministre a répondu et je cite: "À toutes fins utiles, oui il y
a eu des enquêtes et des saisies. Non, aucune entreprise n'a
été trouvée coupable et n'a fait l'objet d'une
démonstration de lien avec le commerce illégal impliquant des
individus et des entreprises."
J'ai ici, M. le Président, copie de huit dossiers du greffe de la
Cour municipale de Montréal. Il s'agit des dossiers qui portent les
numéros 31741, 31742, 312055, 312056, 312057, 312058, 312059 et 32848.
Dans chacun de ces dossiers, Les entreprises Verdi Inc., apparaissent comme
défendeur à des accusations allant de l'entreposage
illégal de boissons alcooliques à la vente illégale
desdites boissons. Dans sept de ces dossiers, les accusations, les plaintes ont
été bizarrement ou étrangement retirées le 6 avril
1984. Dans l'autre dossier, Les entreprises Verdi Inc., ont plaidé
coupables et ont été condamnées par le juge Gérard
Tourangeau. Comment le ministre de la Justice peut-il concilier sa
déclaration d'hier selon laquelle aucune entreprise n'a
été trouvée coupable avec le plaidoyer de
culpabilité enregistré par Les entreprises Verdi Inc., et le
jugement qui a suivi?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il s'agit
effectivement du complément de réponse que je vous avais
demandé de fournir ce matin. Il vient de vérifications
additionnelles que j'ai demandées au ministère auprès des
policiers de la CUM et des procureurs de la ville de Montréal à
la suite de la période de questions où j'ai remarqué que
le député de Laporte avait une mine particulièrement
déconfite compte tenu de la réponse que j'avais
donnée.
J'ai considéré que le député de Laporte
était sans doute très convaincu des affirmations qu'il faisait;
j'ai donc fait le relevé des questions du député de D'Arcy
McGee, la transcription des questions du député de Laporte et
refait un certain nombre de vérifications qui m'amènent à
conclure que ce que j'ai dit hier reste rigoureusement exact. Je m'explique; je
pense qu'il faut que cela soit clair pour les personnes qui sont en cause et
à l'égard des autorités de la police de Montréal
comme des procureurs de la ville de Montréal qui, comme on le sait, ne
sont pas des substituts du Procureur général.
La question du député de Laporte portait sur le commerce
illégal des vins. Elle faisait référence à la
question du député de D'Arcy McGee qui remonte au 30 mai.
Effectivement, le 30 mai, le député de D'Arcy McGee me posait une
question à l'égard de l'intervention qui aurait eu lieu par la
Sûreté du Québec ou la SPCUM quant au commerce
illégal de vins. J'ai eu l'occasion, hier, de faire le point sur ces
activités policières et ce que j'ai dit reste exact.
Par ailleurs, le député de Laporte réclamait hier,
dans sa question des détails additionnels qui concernaient, cette fois,
Les entreprises Verdi. Effectivement, je crois qu'il confondait les
éléments d'une saisie ayant eu lieu il y a peu de temps et des
procédures qui, elles, avaient été prises à la
suite de saisies datant de 1980, ce qui débordait largement la question
que me posait le député de D'Arcy McGee
précédemment.
Je répondrai donc au député, M. le
Président, qu'effectivement Les entreprises Verdi Inc. ont fait l'objet
dans le passé de certaines accusations en vertu de cette loi. Toutefois,
selon les informations que j'ai recueillies hier, notamment au niveau de la
haute direction de la SPCUM et des procureurs de la ville de Montréal,
Les entreprises Verdi auraient été déclarées
coupables sur un chef d'accusation porté pour des
événements qui datent de 1980 et qui ne portaient pas sur le
commerce illégal de la boisson mais bel et bien sur l'entreposage.
Deuxièmement, quant aux autres chefs d'accusation qui ont
été portés contre cette compagnie, les informations que
nous avons obtenues des procureurs de la ville de Montréal sont en ce
sens qu'ils auraient été retirés faute de preuve dans ces
dossiers par ses procureurs. Il m'apparaît ici opportun de
préciser que toutes ces accusations ont été portées
à la Cour municipale de Montréal et que les décisions qui
sont afférentes à ces dossiers ont été prises par
les procureurs à l'emploi de la ville de Montréal assumant ainsi
leurs responsabilités.
Quant à savoir si cette compagnie a fait l'objet d'autres
poursuites à d'autres époques, je veux bien faire les
vérifications si c'est cela la demande du député et
demander au service de la police de la Communauté urbaine de
Montréal ou aux procureurs de la ville de Montréal de voir ce qui
s'est fait précédemment jusqu'à 1970, s'il le
désire. Si telle est sa question, nous obtiendrons les informations.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre a déclaré hier en
Chambre qu'aucune entreprise n'a été trouvée coupable ou
n'a fait l'objet... Pourquoi le ministre dans ses recherches - et le
député de Laporte avait été très clair et
avait indiqué qu'il s'agissait des entreprises Verdi - arrive-t-il
seulement en fin de session avec cette réponse alors que cette
information était disponible pour lui? Qui a-t-il tenté de
protéger dans ce dossier?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Je pense que le député de
Brome-Missisquoi, M. le Président, aurait avantage à être
plus précis dans ses propos autour de cela qu'il ne l'a
été, par exemple, dans l'affaire des recherches dans la
région de Bedford.
M. le Président, en vertu de nos lois, les services de la police
de la communauté urbaine ne relèvent pas directement dans leurs
activités du Procureur général. Deuxièmement, la
ville de Montréal a ses propres procureurs qui ne répondent pas
quotidiennement au ministère de la Justice. Néanmoins, un modus
operandi entre le bureau du Procureur général et le
ministère de la Justice et ses services nous permet d'obtenir des
informations à partir de questions précises qui leur sont
posées. Ces questions précises, M. le Président, ont
été posées à partir de l'exposé très
détaillé qu'avait fait le député de D'Arcy McGee.
Ce n'est qu'hier que le député de Laporte a évoqué
des choses précises quant aux entreprises Verdi. Et je
répète - ce que j'ai dit hier reste exact - que Les entreprises
Verdi, par ailleurs, pour une infraction quant
à l'entreposage, a été trouvée coupable pour
une infraction commise en 1980 et non pas dans le cadre des questions qui
m'étaient posées.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Une question additionnelle au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. N'est-il pas exact, M. le ministre,
que le 8 décembre 1980, la police de la Communauté urbaine de
Montréal avisait la Société des alcools du Québec
des accusations portées contre Les entreprises Verdi Inc.?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: Je pourrais vérifier, M. le Président,
mais étant donné que je n'étais pas en poste, responsable
de la Société des alcools le 8 décembre 1980, je ne suis
pas au courant de ce fait. Concernant l'accusation où Verdi a
plaidé coupable d'entreposage illégal, quand même il
faudrait donner comme informations que les entrepôts réguliers de
Verdi étaient pleins à cette époque et Verdi a pris un
entrepôt voisin du sien pour lequel elle a reçu un permis de la
Société des alcools quelques jours après la cause.
Le Président: M. le député de Laporte,
question principale.
M. Laurent Vives
M. Bourbeau: M. le Président, une question au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il y a quelques mois, le ministre
nommait M. Laurent Vives au poste de président du comité
interprofessionnel qui entend les appels logés par les producteurs
québécois à l'encontre des décisions rendues par la
Société des alcools du Québec. Ce comité est
également chargé de conseiller le ministre à ce sujet. (11
heures)
Or, M. Laurent Vives est également directeur
général des entreprises Verdi, une compagnie dont plusieurs vins
ont fait l'objet de saisie par les différents corps policiers au cours
des dernières années, qui a été poursuivie à
de nombreuses reprises en vertu de la Loi sur les infractions en matière
de boissons alcooliques et qui a même plaidé coupable
récemment - le 6 avril 1984 - à une accusation en vertu de ladite
loi. Ma question au ministre est la suivante: Puisque le rôle du
comité interprofessionnel est de conseiller le ministre, le ministre ne
considère-t-il pas qu'il est dangereux de solliciter et d'écouter
les conseils d'un individu dont la propre compagnie est impliquée dans
le trafic illégal des vins?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: Je comprends le député de Laporte d'en
vouloir à M. Vives qui l'a accusé de ne pas connaître son
dossier. M. Vives a même écrit au chef du Parti libéral
pour demander une rencontre avec le député de Laporte afin de
pouvoir l'informer de ce qui se passe dans l'embouteillage du vin au
Québec.
Deuxièmement, je pense que les réponses du ministre de la
Justice sont claires. Les entreprises Verdi Inc. n'a jamais été
trouvée coupable, sauf d'avoir simplement entreposé dans un
entrepôt voisin pour lequel elle a reçu un permis quelques jours
après, en décembre 1980 ou vers cette date.
Troisièmement, le comité interprofessionnel n'est pas un
tribunal d'appel. Ce n'est qu'un comité qui peut juger des
décisions de la SAQ et faire rapport au ministre en conséquence.
Ce comité a été formé à la demande des
entrepreneurs privés, autant les embouteilleurs de vin et les
manufacturiers de vin que les distillateurs, les agents promotionnels, les
grossistes et les détaillants en alimentation. Nous avons nommé
à ce comité les présidents de ces cinq associations
d'entreprises privées. Si vous voulez défendre l'entreprise
privée, faites attention de ne pas lui tirer dans le dos.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre était-il au courant, au moment
où il a nommé M. Vives à la présidence de ce
comité, que sa propre compagnie, Les entreprises Verdi Inc.,
était poursuivie à ce moment-là en Cour municipale de
Montréal sous au moins huit chefs d'accusation différents, allant
de la vente illégale de boissons alcooliques à l'entreposage
illégal? Le ministre ne considère-t-il pas que ces accusations et
ces poursuites constituaient une raison suffisante pour éviter de nommer
M. Vives, le directeur général de la compagnie poursuivie,
à un poste qui en faisait un conseiller privilégié du
ministre en matière de boissons alcooliques?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, je pense que le
député de Laporte veut encore continuer sa campagne de salissage.
Le ministre de la Justice a dit que les plaintes ont été
retirées par les gens de la Communauté urbaine de
Montréal, faute de preuves.
Deuxièmement, j'ai dit et je redis
encore que j'ai fait ces nominations au comité à la
demande des entreprises privées qui ont participé, elles, au
sommet sur l'industrie des boissons alcooliques pour essayer d'avoir des
retombées économiques importantes au Québec et de
créer de l'emploi au Québec. Ces gens-là ne sont pas
intéressés à importer du vin en bouteille, comme certains
de vos amis et de vos parents. Ces gens-là sont intéressés
à en fabriquer au Québec pour faire travailler des
Québécois et des Québécoises et j'ai nommé
les cinq présidents d'association qui sont intéressés
à faire travailler des entreprises québécoises, des
travailleurs et des travailleuses de chez nous.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ne sais pas si
c'est en vertu d'une question de règlement ou d'un complément de
réponse, mais pourrais-je me permettre d'insister auprès du
député de Laporte pour qu'il ne fasse pas si bon marché
des droits et libertés des citoyens sous le couvert de son
immunité?
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Question supplémentaire. M. le
Président, le ministre n'a pas du tout répondu à la
question. Le ministre est-il prêt à admettre qu'au moment
où il a nommé M. Vives...
Des voix: Question.
Le Président: À l'ordre!
M. Bourbeau: ...la propre compagnie de M. Vives était
poursuivie sous huit chefs d'accusation...
Le Président: À l'ordre!
M. Bourbeau: ...et que les accusations ne sont venues en cour que
plusieurs mois après la nomination, de sorte qu'au moment où il a
nommé M. Vives sa compagnie était poursuivie sous huit chefs
d'accusation? Le ministre peut-il répondre à cette question?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: J'ai l'impression, M. le Président, que le
député va être prudent à l'avenir et que,
contrairement à une première cause où il est allé
parler sur les ondes d'un certain poste de radio, il va maintenant parler en
Chambre pour essayer de se protéger avec son immunité
parlementaire.
J'ai nommé - je l'ai dit - les cinq présidents
d'association qui ont été élus par des gens de
l'entreprise privée à la présidence de leur association.
Ce sont ces cinq présidents d'association que j'ai nommés et je
n'étais pas au courant, à l'époque, s'il y avait des
causes pendantes ou pas. La Communauté urbaine de Montréal ne
m'informe pas lorsqu'elle formule des plaintes contre certaines entreprises ou
certains individus.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Question additionnelle au ministre de la Justice.
N'est-il pas vrai que les plaintes qui ont été portées
contre Les entreprises Verdi Inc., ont été retirées
quelque trois ans après avoir été portées et
quelques semaines après la nomination de M. Vives au comité du
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, l'administration de
la justice se passe des jeux de dates comme celui que vient de faire le
député de Brome-Missisquoi. Les chefs d'accusation contre cette
entreprise, portés à la Cour municipale de Montréal
à la suite de l'intervention des policiers de la ville de
Montréal et par les procureurs de la ville de Montréal et qui ont
été retirés, portaient sur l'article 38 de la Loi sur la
Société des alcools, c'est-à-dire la non-possession du
permis approprié, portaient sur l'article 107, c'est-à-dire la
vente sans permis, portaient sur les articles 91 et 111, c'est-à-dire la
garde ou la possession sans autorisation, et un chef d'accusation en vertu de
l'article 112.9 concernait l'infraction sur la promotion.
Ces causes ont été retirées par les avocats,
procureurs de la ville de Montréal, devant la Cour municipale. Si le
député fait une accusation à l'égard de ces
procureurs, qu'il porte ses responsabilités.
Le Président: Question principale, M. le
député de Portneuf.
Boycottage de la station de l'animateur André
Arthur?
M. Pagé: M. le Président, un des fondements de
notre société est certainement la liberté d'expression et
plus particulièrement la liberté de presse. En fin de semaine
dernière...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Pagé: ...dans le cadre d'une entrevue avec M. Pierre
Tourangeau, de la
Presse canadienne, le premier ministre s'attaquait de façon
particulière à un animateur de station de radio de la
région de Québec, M. André Arthur. Dans cette entrevue, le
premier ministre évoquait la possibilité de lancer une
pétition ou un boycott visant à faire en sorte que certaines
personnes ou certaines entreprises retirent leur publicité de la
station.
Je me permets de citer l'article de M. Tourangeau. C'est le premier
ministre qui parle, M. Lévesque. "Sous forme de pétition ou de
boycottage au besoin, précise-t-il, on pourrait faire pression sur les
gens qui profitent de cette tribune de bêtise hurlante pour annoncer
leurs produits".
Ma question est la suivante au premier ministre. Devons-nous comprendre
que le gouvernement, parce que critiqué par André Arthur à
l'occasion, se propose de retirer à cette station la publicité
gouvernementale; exemple: le plan de relance qui n'a jamais
démarré; la publicité de ses sociétés
d'État; exemple: Loto-Québec; ou encore est-ce que le
gouvernement se propose d'intervenir auprès des fournisseurs
gouvernementaux pour que ceux-ci cessent d'encourager et d'acheter de la
publicité à cette station de radio?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en ce qui
concerne juste un à-côté de la question du
député, c'est-à-dire ce qu'on appelle le plan de relance,
je lui ferai remarquer que, s'il se donne la peine de lire les journaux
d'aujourd'hui - il ne s'agit pas de communiqués du gouvernement - il
verra que le Québec est au premier rang au Canada, confirmé pour
l'année 1984, avec une hausse de 18,5% des investissements.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Lévesque (Taillon): II ne faut pas se réjouir du
malheur des autres, mais c'est 18,5% d'augmentation des investissements
stratégiques au Québec contre, malheureusement, une baisse de 12%
dans les provinces atlantiques, une baisse de 16,5% en Colombie britannique,
une augmentation modeste de 2% aussi bien en Ontario que dans le reste du pays.
Or, le gouvernement actuel non seulement participe activement et de toutes ses
forces à cette relance, mais il est partie prenante de cette
relance.
Des voix: Bravo! Bravo!
Une voix: Cela ne répond pas à la question sur
André Arthur.
M. Lévesque (Taillon): Je suis sûr que M. Arthur,
que défend vertueusement le député de Portneuf, ne tiendra
pas compte de ces choses-là parce que, comme il se l'est fait dire hier
- j'en ai eu la transcription - dans certaines réactions aux propos que
j'ai tenus, par quelqu'un qui était revenu au Québec: "J'avais
changé de poste, mais vous êtes venu me rejoindre à un
nouveau poste que j'écoutais pour m'écoeurer le mieux possible de
la situation au Québec et des chances de notre société".
C'est le genre d'individu que prétend défendre le
député de Portneuf. (11 h 10)
Moi, comme citoyen, j'ai le droit - j'ai les mêmes droits que les
autres citoyens, oui - de dire ce que je pense d'un individu qui, de son
côté, jour après jour et impunément, se permet, sur
les ondes, de dire n'importe quoi, y compris, très souvent, des choses
inqualifiables que n'importe qui qui a une tête sur les épaules
devrait tenir pour inqualifiables. Je n'ai pas un mot à retirer et je
n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit à propos de ce
personnage.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Ma question ne portait pas sur la performance
gouvernementale; vous avez, d'ailleurs, été jugé lundi et,
quand vous irez en élection...
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: À l'ordrel Je comprends que c'est
peut-être la dernière période des questions pour un certain
temps, mais elle peut quand même se dérouler dans un certain
calme.
Une voix: Ce n'est pas sûr!
Le Président: Non, ce n'est pas certain. C'est pour cela
que j'ai dit "peut-être". Mais une toute petite incidente dans votre
question de tantôt donnait effectivement ouverture à la
réponse du premier ministre.
M. Pagé: Le premier ministre et ses ministres nous causent
régulièrement de la liberté d'expression, de la
liberté de presse et nous disent à quel point c'est fondamental.
Vous avez annoncé un boycott. Ma question était la suivante et je
me permets de la répéter parce que le premier ministre n'y a pas
fait référence dans sa réponse: Devons-nous comprendre,
à la suite de la déclaration du premier ministre, que le
gouvernement du PQ, parce que critiqué ici, dans la région, se
propose de retirer sa publicité, celle des sociétés
d'État, et d'intervenir auprès des fournisseurs pour que ceux-ci
ne transigent pas avec cette station parce que cela ne fait pas l'affaire de M.
le premier ministre?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pour l'instant, j'ai fait ce que
n'importe quel citoyen, qui a droit à sa liberté d'expression lui
aussi, dans un contexte comme celui-là, a parfaitement le droit de
faire, c'est-à-dire suggérer à des citoyens qui se
respectent, qui respectent leur ville et qui trouvent que leurs ondes
radiophoniques sont un peu beaucoup polluées par certaines façons
de procéder - c'est un droit absolu que ces citoyens ont - s'ils le
veulent, de prendre les mesures qu'il faut pour faire savoir qu'ils
déplorent ce genre de choses.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Question additionnelle. Compte tenu que depuis
quelque temps, ici, au Québec, et à l'extérieur du
Québec, le premier ministre s'est adonné à un langage
digne des tavernes mal tenues...
Une voix: C'est cela! Des voix: Ohl Oh!
M. Pagé: Je cite le premier ministre dans un
article...
Le Président: Nous ne sommes pas en question principale,
nous sommes en complémentaire, pas de préambule.
M. Pagé: Ne croyez-vous pas, M. le premier ministre, que
vous devriez, aujourd'hui, profiter de cette dernière séance de
l'Assemblée nationale pour vous excuser auprès des milliers
d'auditeurs de la région de Québec que vous avez, dans votre
langage habituel, qui est indigne de la fonction que vous occupez,
associés à un troupeau, associés à de
l'abêtissement collectif? Les gens de la région de Québec
n'attendent rien de moins de votre part que des excuses, aujourd'hui.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'ai également
rappelé qu'il a déjà existé aux États-Unis
une vague qu'on a appelée le maccarthysme. Toutes les
sociétés sont exposées à l'occasion, le temps que
ça dure, à subir certains abêtissements collectifs parce
qu'on laisse certains démagogues, complètement irresponsables,
occuper des tribunes pendant trop longtemps.
Cela étant dit, pour ce qui est du langage que je tiens en
général, je n'essaierais même pas de le situer au niveau de
certains textes - je ne l'écoute pas - du personnage qu'essaie de
défendre et de promouvoir le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, dernière question
additionnelle, très brièvement.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Lorsque les gens ne sont pas satisfaits de M.
Arthur, ils peuvent changer de poste. Compte tenu que beaucoup de gens ne sont
pas satisfaits de vous...
Le Président: M. le député!
M. Pagé: ...quand pourront-ils changer?
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): Cela fait deux fois que, par ses
questions, y compris la dernière, le député de Portneuf
évoque insidieusement les élections qui se sont
déroulées lundi. Puisque l'occasion m'en est fournie, parce que,
après tout, c'était le coeur du sens de cette question, je dirai
à nos trois candidats qui auraient fait d'excellents
députés, tout en félicitant les élus, de ne pas se
décourager, pas plus que l'actuelle députée de Johnson ne
s'est découragée après avoir perdu une partielle et pas
plus que l'actuel député de Prévost et ministre du Revenu
n'a reculé devant une majorité libérale, en partielle, de
11 000 votes qu'il a transformée, en générale, en 5000
voix de majorité pour lui.
Des voix: Bravo!
M. Lévesque (Taillon): N'oublions pas, M. le
Président, que ces trois élections, pour toutes sortes de
raisons, un contexte comme cela, n'ont même pas fait sortir...
Une voix: Un chef comme ça! Le Président:
À l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): ...50% des électeurs...
Une voix: Victoire morale.
M. Lévesque (Taillon): ...ce qui n'est guère
encourageant pour nous, mais qui laisse entendre en même temps que les
appas et les attraits du Parti libéral ne sont pas encore tout à
fait irrésistibles. Vous seriez mieux d'y penser.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: À examiner votre comportement, M. le premier
ministre, à
quel genre de liberté de presse et de parole s'attendent les
Québécois dans un Québec indépendant?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je suis
convaincu que, comme dans toute société démocratique...
C'est un sujet que je connais un peu mieux que le député de
Maskinongé, surtout quand je tiens compte de certains propos qu'il a
tenus après un certain incident et qui étaient indignes d'un
homme responsable. Cela étant dit, ce à quoi...
Le Président: À l'ordrel
M. Lévesque (Taillon): ...s'attend une
société démocratique, je crois, c'est à une
liberté de presse entière, mais responsable, parce qu'il n'y a
pas de...
Des voix: ...
M. Lévesque (Taillon): ...chien de garde véritable
dans la société en ce qui concerne les médias
d'information. Cela a été dit par les gens les plus
éminents de la profession au cours d'un congrès, un des plus
importants qui se soient jamais tenus à Montréal, le
congrès des Newspaper Publishers, des éditeurs américains.
Ils ont dit clairement que l'abus de la liberté de presse, qui se
répand dangereusement, peut éventuellement miner cette même
liberté de presse. Il y a des gens qui, sans même s'en rendre
compte - peut-être qu'il y en a dans l'Opposition, par les propos de ce
matin - sont, en fait, objectivement, des fossoyeurs de la liberté de
presse.
Le Président: Question principale, M. le
député de Rousseau.
Fonds municipaux au service de l'Opposition
libérale
M. Blouin: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Affaires municipales. Dans les journaux d'hier, un article de
la Presse canadienne, signé de Norman Delisle, nous précisait que
des fonds municipaux avaient servi à financer les activités de
l'Opposition libérale à l'Assemblée nationale.
Des voix: Ah!
M. Blouin: En effet, M. le Président, lors de
l'étude de la loi sur la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive, la firme
Roger Pominville, payée par l'ancien conseil de Baie-Comeau, a fourni
environ 150 000 $ dont une bonne partie en services parlementaires au Parti
libéral.
Des voix: Ah!
Une voix: C'est incroyable.
M. Blouin: II était quand même rassurant, M. le
Président, d'apprendre, dans cet article, que les discours de l'actuel
leader de l'Opposition ne sont ni rédigés ni
révisés par d'autres que lui-même. Il en va, cependant,
tout autrement de ses collègues libéraux. Ma question au ministre
est la suivante: Quelles sont les interventions qu'il entend enclencher face
aux faits troublants révélés hier dans tous les grands
journaux du Québec?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
Des voix: Oh!
M. Marcoux: M. le Président, effectivement, j'ai pris
connaissance des faits rapportés où on constate que l'ancien
conseil de Baie-Comeau, par l'entremise d'une firme de consultants de
Montréal, a fourni au Parti libéral des services qui, de toute
évidence, dépassent nettement les relations normales,
régulières, entre un groupe de pression et un parti politique.
Selon les informations disponibles, les factures de la firme Pominville
payées par l'ancien conseil de Baie-Comeau mentionnent, en effet, des
rédactions de discours, des préparations d'amendements, des
rédactions de lettres destinées à être
signées par un député libéral...
Une voix: Incroyable.
M. Marcoux: ...et même la dactylographie de discours pour
le leader ou le chef de l'Opposition et le député de Hull.
Une voix: Le député de Hull?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: C'est épouvantable.
Une voix: Avec l'argent de la municipalité?
Une voix: Oui.
Une voix: C'est fort!
Une voix: Ce n'est pas croyable!
M. Marcoux: Pour ma part, je suis heureux de connaître
enfin une partie de ce qui se cachait derrière le Parti libéral
dans l'affaire de la fusion de Baie-Comeau.
Une voix: L'argent des taxes. (11 h 20)
M. Marcoux: J'ai demandé au contentieux du
ministère des Affaires municipales de vérifier la
légalité des dépenses encourues par l'ancien conseil
municipal de Baie-Comeau pour aider le Parti libéral du Québec.
Je pense aussi qu'il faudrait demander au Directeur du financement des partis
politiques de constater si ces dépenses sont permises en vertu de la Loi
sur le financement des partis politiques qui interdit les contributions de
personnes morales aux différents partis politiques.
Au-delà de la légalité, je pense qu'il faut
constater ce que plusieurs observateurs du Québec ont déjà
constaté, c'est-à-dire que le Parti libéral du
Québec, qui est un parti sans programme, est maintenant un parti
incapable de formuler lui-même ses lettres, de formuler lui-même
ses textes. Je constate, comme d'autres qui ont constaté que ce parti
manquait d'idées, que, contrairement à la maxime qui veut que ce
qu'on conçoit bien s'énonce clairement et que les mots pour le
dire viennent aisément, dans le cas du Parti libéral, comme on
conçoit mal les choses, qu'on ne les conçoit pas, on ne trouve
pas la façon de le dire soi-même, de l'exprimer
soi-même.
Le Président: M. le député de Rousseau.
M. Blouin: En complémentaire, je demande au ministre des
Affaires municipales de quels moyens dispose la population de Baie-Comeau pour
exercer des recours visant à récupérer ces sommes
importantes qui ont servi à financer le rôle de poupée du
ventriloque tenu par les députés libéraux dans cette
affaire.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: Au-delà de certains moyens légaux, on a
vu que dans le cas de Régis Trudeau, c'était très
difficile pour le Parti libéral de remettre à la
collectivité l'argent qui appartenait, évidemment, à la
collectivité. Je pense que, dans ce cas, la décence devrait
inviter le Parti libéral à remettre cet argent aux citoyens de
Baie-Comeau.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Gratton: Question complémentaire. Le ministre des
Affaires municipales, lorsqu'il nous parle des choses qui se conçoivent
bien et qui s'énoncent clairement, fait-il référence
à la loi 43, dans un premier temps?
Deuxièmement, outre les balivernes qu'il nous sert ce matin,
peut-il s'engager formellement à déposer ici, à
l'Assemblée nationale, le résultat des enquêtes et des
demandes d'enquêtes qu'il adressera tant au Directeur
général du financement des partis politiques qu'à la
Commission municipale de façon qu'on sache réellement de quoi
cela relève, toute cette affaire?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: En ce qui concerne la loi 43, j'ai eu le plaisir de
constater que le Parti libéral avait voté pour en deuxième
lecture à la suggestion du député de Saint-Louis, mais
qu'il s'était vite renié quant aux problèmes
d'équité fiscale et d'équité sociale qui
étaient en jeu dans cette loi. Quant aux modalités, nous avons eu
nos divergences. Sur l'essentiel de la loi, je constate que, par rapport aux
objectifs d'équité fiscale et d'équité sociale, le
Parti libéral a vite oublié l'adoption, à
l'unanimité, de cette loi en deuxième lecture en décembre
dernier.
Quant aux résultats de l'analyse qui devra être faite par
le contentieux, soit du Directeur du financement des partis politiques ou du
ministère des Affaires municipales, il me fera plaisir de les rendre
publics, mais j'ai bien dit qu'au-delà de la légalité il y
a des indécences qu'un parti politique ne devrait accepter en aucune
façon.
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci. Est-ce que le ministre pourrait, s'il y
avait possibilité dans les plus brefs délais, déposer ce
rapport de la municipalité de Baie-Comeau, premièrement?
Deuxièmement, avant de traiter d'indécente l'attitude des
libéraux, il faudrait peut-être penser à traiter
d'indécente la loi 37 qui imposait une fusion des deux
municipalités.
Le Président: Ce n'est pas une question.
M. Rocheleau: Dans mon deuxième volet, je demanderais au
ministre s'il n'est pas vrai que les interventions qu'ont faites les
libéraux dans cette Chambre ont pu procurer une subvention additionnelle
de 1 000 000 $ aux citoyens de Baie-Comeau. Voulez-vous répondre
à cela?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: J'étais au Conseil des ministres à ce
moment et je sais que les montants de subvention qui ont été
discutés avec la municipalité de Baie-Comeau l'ont
été avant même le dépôt de cette loi et que
ces ententes étaient déjà prises. Donc, ce n'est pas
dû à l'opposition du Parti libéral.
L'indécence dont vous parlez, c'était l'indécence
de retarder une solution qui avait été analysée et
recommandée à plusieurs reprises à votre gouvernement
comme à notre gouvernement, mais à laquelle vous n'aviez pas eu
le courage de donner suite. C'est cela, l'indécence dont vous
parlez.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: M. le Président, je voudrais soulever une
question de privilège. J'espère que le côté
gouvernemental y consentira.
Le Président: Ce n'est pas au côté
gouvernemental de consentir à une question de privilège, M. le
député. Il faut que votre question soit fondée sur un des
privilèges reconnus par la loi à un député.
M. Ryan: La question du député de Rousseau ayant
impliqué que des discours faits par le chef de l'Opposition du temps en
cette Chambre auraient été faits avec l'aide payée de
maisons extérieures, je veux, sur mon honneur, déclarer que tous
les discours que j'ai faits dans ma vie publique ont toujours été
faits par moi-même. Je pense que personne n'en doute. Si des insinuations
ont été faites de ce côté-là, elles devraient
être retirées. Je préviens le ministre qu'il n'a pas besoin
de faire d'enquête pour le savoir.
Le Président: Nous n'allons pas commencer un débat
sur... M. le député d'Argenteuil a... Si les
députés veulent... À l'ordre, s'il vous plaît! Si
les députés veulent ajourner ou proroger aujourd'hui selon les
circonstances - cela semble être une volonté dont j'ai entendu
parler - encore faudrait-il pouvoir terminer les travaux! Dans l'état
actuel des choses, il va même falloir suspendre parce qu'on ne s'entend
plus ici.
M. le député de Rousseau, en complémentaire.
M. Blouin: En complémentaire, M. le Président, il
s'agit effectivement du leader de l'Opposition officielle et non du chef de
l'Opposition officielle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je vais,
à mon tour, puisqu'on m'invite à le faire, répéter
ce que j'ai toujours dit, soit que je n'ai pas besoin de secours
extérieur non commandé comme celui-là. Je n'ai jamais
demandé... Je ne sais pas de quelle firme on parle à ce
moment-ci... En tout cas, moi non plus. Alors, très bien.
Le Président: Je vous signale tout de suite que, si
l'effervescence estivale continue, je vais suspendre la séance. M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, est-ce que je pourrais,
tout simplement, demander au ministre de bien vouloir déposer la
totalité du rapport qu'il nous a lancé dans la face ce matin et,
avant de parler, d'aller voir au fond des choses?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: D'abord, ce n'est pas moi qui ai lancé ce
rapport; ce sont des citoyens de Baie-Comeau qui ont analysé les comptes
soumis à la ville de Baie-Comeau et qui ont constaté que la ville
de Baie-Comeau avait engagé une firme pour rédiger, entre autres,
des discours pour les députés de l'Opposition. Et, sur la base de
ces faits, ces citoyens se demandent jusqu'où peut aller, indirectement,
le financement du Parti libéral du Québec.
M. Garon: Affirmez de votre siège que ce n'est pas
vrai.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Question principale, M. le
député d'Outremont. (11 h 30)
Fermeture de la ville de Gagnon
M. Fortier: Ma question s'adresse au ministre des Finances en sa
qualité de président du Comité interministériel sur
le développement économique. Depuis 1982, les gens de la ville de
Gagnon ont entendu plusieurs déclarations fracassantes quant à
l'avenir de leur ville. Des déclarations nombreuses de la part de
plusieurs ministres, dont le ministre des Finances, ont évoqué
que des décisions importantes seraient prises pouvant amener la
fermeture de leur ville. Cependant, le gouvernement par l'entremise de
plusieurs de ses ministres, que ce soit le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme ou le ministre de l'Énergie et des Ressources, au sommet
du fer et ailleurs, ont dit à plusieurs reprises que les
décisions finales n'étaient pas prises et que, lorsqu'elles
seraient prises, les premiers intéressés en seraient
avisés.
Or, M. le Président, plusieurs indices nous laissent croire que
le gouvernement a déjà pris sa décision et qu'il
s'empressera de l'annoncer durant le milieu de juillet. Ainsi, le Devoir de ce
matin évoque que la compagnie Quebec Cartier Mining offre à ses
contremaîtres de travailler ailleurs qu'à Gagnon. La question que
j'aimerais poser au
ministre des Finances, est la suivante: Le ministre peut-il nous dire si
la décision de fermer la ville de Gagnon a été prise et
pourquoi attendre à la mi-juillet pour l'annoncer aux citoyens, alors
que nous ne serons plus ici à l'Assemblée nationale?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je pense que la situation se
présente à peu près de la façon suivante: il y a
effectivement un réaménagement de l'industrie du minerai de fer
au Québec qui prévoit la fermeture de Gagnon. Cependant, pour que
cela puisse se faire correctement et de la façon, j'allais dire, la plus
humaine possible, il faut que les trois actionnaires de SIDBEC-Normines
puissent s'entendre à la fois là-dessus, et sur toute la
réorganisation technique et financière de leurs activités.
Cela n'est pas encore terminé. C'est la raison pour laquelle nous ne
pouvons pas prendre une décision définitive à cet
égard.
Je rappelle les trois actionnaires, c'est-à-dire SIDBEC, British
Steel et Quebec Cartier Mining. Les négociations vont bon train. Elles
sont commencées depuis deux ou trois mois. Elles sont conduites sous la
responsabilité d'un comité ministériel formé du
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, du ministre de
l'Énergie et des Ressources, et du ministre des Finances. Un
négociateur a été nommé dans ce dossier depuis
quelque temps. Nous espérons avoir un aboutissement de ces
négociations assez tôt. Je rappellerai, cependant, que, même
une fois cette étape franchie, nous ne pouvons procéder avant
d'avoir consulté les bailleurs de fonds, c'est-à-dire
essentiellement les entreprises financières qui ont financé le
projet à l'origine et qui ont un droit de regard ou un droit de
contrôle sur toute décision qui amène un changement
important dans la nature de l'exploitation minière là-bas. Il y a
donc un certain nombre d'étapes à franchir qui ne sont pas
franchies encore de façon définitive. C'est la raison pour
laquelle la décision ne peut pas être prise encore. M. le
Président, je souhaite cependant, qu'elle pourra être prise le
plus rapidement possible parce que je comprends très bien que les
habitants de Gagnon voudraient quand même savoir ce qui va leur arriver
et je pense que leur demande est tout à fait légitime.
Le Président: Une courte question complémentaire,
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, oui, il s'agit d'une courte
question complémentaire. Comment le ministre peut-il expliquer que la
compagnie Quebec Cartier Mining semble avoir pris sa décision
supposément en appréhendant la décision qui serait prise
par le gouvernement? De plus, j'aimerais demander au ministre s'il a pris
connaissance de l'étude très fouillée qui a
été préparée par le maire et les conseillers de la
ville de Gagnon, qui, d'ailleurs, ont rencontré le premier ministre et
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Est-ce que le
gouvernement a pris connaissance de cette étude très
fouillée qui semble démontrer que la fermeture de Gagnon
coûterait 800 000 000 $ et qu'elle entraînerait des
conséquences socio-économiques très importantes? Est-ce
que le gouvernement peut prendre l'engagement d'examiner à fond ce
document préparé par le maire de Gagnon et par ses conseillers?
Le gouvernement peut-il donner l'espoir que la documentation et les chiffres
fournis par le maire et les conseillers de Gagnon seront pris en très
sérieuse considération avant que le gouvernement arrête sa
décision finale?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, quant à la
première partie de la question complémentaire sur l'attitude
spécifique de Quebec Cartier Mining dans ce dossier au sujet des
contremaîtres, dont un quotidien fait état ce matin, je ne sais
pas très bien pourquoi ils ont posé ce geste. Je vais aller aux
renseignements pour le savoir. Mais je voudrais simplement souligner au
député d'Outremont qu'il n'y a pas que Quebec Cartier Mining
d'impliquée là-dedans. Le deuxième plus gros actionnaire,
presque aussi gros que SIDBEC, c'est British Steel. Il ne faut pas l'oublier
dans le portrait. Lui aussi a des exigences très spécifiques.
La réponse à la deuxième partie de la question est:
Oui, bien sûr, j'ai reçu l'étude et j'ai demandé
qu'on en fasse l'analyse. Il est évident que, sur le plan des pertes
à encourir, on ne s'entend pas tout à fait sur les chiffres. Je
pense que c'est tout à fait normal. Il faut non seulement examiner
sérieusement ce document-là, mais aussi y répondre. Il est
important que le maire de Gagnon puisse recevoir nos propres analyses
financières en comparaison des chiffres qu'il avance. C'est tout
à fait normal, d'une part, que ce document soit examiné
sérieusement et que, d'autre part, on y réponde. C'est la moindre
des choses qu'on puisse faire à l'égard des gens qui ont pris la
peine de préparer un document comme celui-là.
Le Président: La période des questions est
terminée. Il y a un complément de réponse du ministre de
l'Environnement.
Le rejet des eaux usées de la CUM dans le
fleuve Saint-Laurent
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Hier dans cette
Chambre, Mme la députée de Chomedey, dans une question à
multiples
volets, me demandait si j'acceptais de déposer un document dont
elle connaissait la teneur puisqu'elle a en cité quelques extraits.
À mon grand étonnement, après vérification, j'ai
constaté que cette même demande m'avait été faite
par Mme la députée de Chomedey le 2 mai 1984, toujours en cette
Chambre. En me référant au procès-verbal du lendemain, le
3 mai 1984, je vois à l'article 5: "Rapport d'étude
préparé par la Direction de l'assainissement de l'eau du
ministère de l'Environnement, sur l'évaluation des impacts du
déversement des eaux usées brutes provenant de l'intercepteur
nord de la Communauté urbaine de Montréal au site de
l'émissaire ouest dans le fleuve Saint-Laurent."
Alors, c'est simplement pour aviser l'Opposition que je suis bien
disponible à déposer tous les documents pertinents qui feront
l'objet d'une demande, mais je souhaiterais qu'une fois déposés
on en prenne connaissance et qu'ensuite on ne revienne pas avec une
deuxième demande de dépôt.
Le Président: Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: Le ministre a-t-il fait parvenir ses réponses
aux questions que je lui posais lors de l'étude des crédits? Le
ministre a-t-il fait parvenir ses réponses aux questions que je lui
posais lors de l'interpellation? Le ministre a-t-il fait parvenir ses
réponses aux questions que je lui posais lors de l'étude de la
loi 86?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: M. le Président, je dois répondre que
toutes les réponses en question ne sont pas encore disponibles. J'en
profite pour rappeler que, par exemple, à la question avec débat
qu'il y a eu ici, Mme la députée de Jacques-Cartier, en l'espace
de cinq minutes, a trouvé le moyen d'aligner rien de moins que 33
questions très vastes. Mes fonctionnaires sont sur le dossier afin de
donner toutes les réponses à toutes les questions qui nous sont
posées, mais il faudra, quand même, qu'elle fasse preuve d'une
certaine patience vu le nombre pratiquement incommensurable de questions
posées.
Mme Bacon: Une question précise, M. le
Président.
Le Président: Oui, Mme la députée.
Mme Bacon: Si cette session est prorogée, automatiquement
le ministre n'est pas tenu de répondre à ces questions.
Le Président: Tout dépend de la motion faite
à la fin de la session, mais, effectivement, la clôture d'une
session annule les ordres de la Chambre et, notamment, les questions portant
sur la production de documents.
Mme Bacon: N'est-il pas important pour le ministre de
déposer ces réponses le plus rapidement possible?
Le Président: Je pense que si le plus rapidement voulait
dire d'ici quelques heures, sans vouloir présumer de la volonté
de la Chambre... Il faudrait qu'au moment de la prorogation une motion fasse en
sorte que toutes les questions au feuilleton demeurent inscrites au feuilleton
pour recevoir les réponses.
M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Voilà, M. le Président, j'allais
souligner ce point. Le gouvernement ne s'est jamais défilé pour
répondre aux questions. On en a une des meilleures preuves aujourd'hui
avec le ministre délégué à l'Aménagement. Il
est clair que la plupart des questions qui demeurent sans réponses au
moment où on se parle peuvent soit être réintroduites par
l'Opposition au feuilleton s'il y a prorogation ou, encore, il peut y avoir une
motion, ce que nous avons toujours fait, pour qu'elles soient
réintroduites de facto, de manière qu'elles obtiennent une
réponse.
Le Président: Aux motions sans préavis, M. le
premier ministre. (11 h 40)
130e anniversaire de la SSJBM et de la fête
nationale
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, très
brièvement, je veux profiter de la présence parmi nous du
président de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal et du Mouvement national des Québécois, M. Gilles
Rhéaume, qui nous rend visite aujourd'hui en compagnie d'une importante
délégation de francophones du reste du Canada et des
États-Unis, pour inviter tous nos collègues à s'unir pour
que l'Assemblée nationale souligne comme il se doit le fait que cette
année - ce sera, d'ailleurs, souligné avec solennité dans
les jours qui viennent - entre autres anniversaires prestigieux - c'est une
année faste, on le sait - on célèbre celui de notre
fête nationale et également celui - un anniversaire important - de
la fondation de nos sociétés nationales.
La motion serait simplement de
souligner - et de la féliciter d'avoir perduré ainsi - le
150e anniversaire de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal qui coïncide avec le 150e anniversaire de la
première proclamation de ce qui est devenu le jour de la fête
nationale.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
l'acceptation d'une telle motion? M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne veux pas
paraître légaliste présentement, mais je pense que la
motion à laquelle je devais répondre portait, justement, sur la
fête nationale. Ma collègue de L'Acadie devait répondre
à une motion touchant les 150e anniversaires. Si on le permet, nous
procéderons de cette façon, si le premier ministre veut joindre
les deux motions: motion pour la fête nationale et motion du 150e
anniversaire.
M. Lévesque (Taillon): Avec plaisir, M. le
Président.
Le Président: II y a donc consentement à cette
dualité.
M. Lévesque (Taillon): En effet, on peut s'en tirer sans
légalisme. Donc, je le disais, voilà 150 ans que la
Saint-Jean-Baptiste, comme on l'a toujours dit traditionnellement, était
célébrée pour la première fois en tant que jour
national de notre peuple. C'est une tradition qu'on a conservée,
d'ailleurs, sans jamais la lâcher depuis 1834 qui a été un
moment particulièrement vigoureux de notre affirmation collective, un
moment que l'histoire a, d'ailleurs, retenu comme une étape essentielle
dans le développement de notre société.
Rétrospectivement, il nous apparaît tout à fait
naturel que les hommes et les femmes de l'époque, au siècle
dernier, aient choisi de désigner une journée dans l'année
où la fierté, la normale fierté collective de tout un
peuple, puisse s'exprimer avec éclat et avec toute la joie qui
convienne, comme il est d'usage parmi toutes les nations du globe.
D'ailleurs, ce moment n'avait pas été choisi au hasard.
C'était un choix heureux puisque la tradition des feux de la Saint-Jean
et toutes les célébrations qui les accompagnaient normalement
avec le solstice d'été, cela remonte chez nous aussi loin que les
débuts du XVIIe siècle, c'est-à-dire à
l'arrivée de nos premiers pionniers ici, en Nouvelle-France, comme on le
disait à l'époque. Rétrospectivement, nous remercions
très spécifiquement la Société Saint-Jean-Baptiste
de Montréal d'avoir eu cette excellente idée, il y a 150 ans, de
nous y faire penser.
En même temps, puisque le chef de l'Opposition n'a pas d'objection
- je crois que c'est normal - puisque cela coïncide, je veux aussi
souhaiter longue vie et beaucoup de succès dans son oeuvre d'animation
nationale qui a toujours été au coeur de ses objectifs aussi bien
à la Société Saint-Jean-Baptiste qu'au Mouvement national
des Québécois.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, chaque
année, le 24 juin est l'occasion des célébrations de
l'amitié et de la fraternité au Québec. Ce qui
était jadis la fête de notre saint patron, saint Jean-Baptiste,
s'est progressivement imposée comme la fête nationale de tous les
Québécois. C'est une occasion de renouer contact, au début
de l'été, avec nos parents, nos amis, nos voisins, nos
concitoyens. Partout, dans des fêtes spontanées de quartier, de
village ou encore dans des manifestations populaires de plus grande envergure,
les Québécois se réunissent pour manifester leur
attachement et leur fierté d'appartenir au Québec. En plus, il ne
faut pas oublier nos frères et nos soeurs des autres provinces du Canada
qui, également, font partie de la francophonie canadienne.
En cette année où nous fêtons le 450e anniversaire
du voyage historique de Jacques Cartier, notre fête nationale prend une
signification toute particulière. C'est bien ainsi que notre histoire
comme peuple parlant français en Amérique a commencé. En
plongeant ainsi jusqu'aux racines de notre histoire, nous marquons non
seulement notre attachement au passé et notre admiration pour l'oeuvre
de ceux qui nous ont précédés, mais aussi notre espoir que
sur des bases aussi solides nous pourrons bâtir un avenir encore meilleur
pour nos enfants.
Avec la venue des Grands Voiliers, plusieurs pays ont accepté de
s'associer à nos célébrations cette année. Notre
fête nationale connaîtra ainsi un rayonnement international
marquant notre volonté collective d'ouverture du Québec sur le
monde.
C'est avec fierté qu'au nom de notre chef, M. Robert Bourassa, de
l'Opposition et de tout le Parti libéral du Québec, je m'associe
à cette motion que les parlementaires de l'Assemblée nationale
adressent à toute la population du Québec.
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, en tant que ministre
responsable de l'organisation de
la fête nationale, je voudrais, dans un premier temps, remercier
la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le Mouvement
national des Québécois, d'avoir accepté la
responsabilité de l'organisation de la fête nationale dans tout le
Québec. Dans un deuxième temps, je voudrais également
inviter la population à venir fêter un peu partout dans son
quartier, dans son village, dans sa région et dans sa ville, parce qu'il
y a déjà au-delà de 700 ou 800 dossiers qui ont
été traités, qui ont été acceptés, de
projets qui concernent précisément les rassemblements qui visent
à manifester la fierté d'être québécois.
Donc, c'est une invitation spéciale à l'ensemble des citoyens du
Québec à aller dans leur milieu se joindre à de nombreux
organisateurs bénévoles qui ont dépensé
déjà des heures et des heures à organiser une fête
vraiment populaire qui est la leur. Bonne participation et bonne fête
à tout le monde!
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir de joindre mes bons voeux à ceux qui ont été
exprimés à l'occasion de la fête nationale et plus
particulièrement du 150e anniversaire de la fondation de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Comme le faisait
remarquer le premier ministre lui-même tout à l'heure, si on fait
l'historique de la fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal, on se rappellera que c'est en 1834 que Ludger Duvernay,
continuant un peu cette tradition qui avait été établie de
fêter la Saint-Jean-Baptiste par des feux qu'on pouvait voir de chaque
côté du Saint-Laurent au moment de cette fête, a repris ce
patron pour fonder la société nationale Saint-Jean-Baptiste de
Montréal. C'était, d'ailleurs, avec des buts de promotion de la
langue, des institutions et des traditions de la société
canadienne française.
Je pense que chacun, ici en cette Chambre, se souviendra, à un
moment ou l'autre de sa vie plus ou moins longue, d'avoir participé
à ces manifestations qui revêtent, pour l'ensemble des
Québécois et des Canadiens français, un caractère
tout à fait particulier. Je pense qu'il faut profiter de cette occasion
pour féliciter la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal - c'est la première qui a été
fondée - pour le rôle fort vigilant qu'elle a exercé
à l'endroit de nos institutions et surtout pour cette promotion de la
fierté et de l'identitié des Canadiens français.
Même si aujourd'hui cette motion ne devrait donner lieu
qu'à des félicitations et à des réjouissances, je
dois, cependant, exprimer un certain regret que, durant les dernières
années, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal,
en particulier, ait choisi de s'identifier à une formation politique
dont nous respectons l'option, d'ailleurs fort légitime, de sorte qu'un
grand nombre de nos concitoyens se sentent maintenant un peu gênés
par cette perspective plus partisane que la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal a adoptée, ce qui fait qu'elle
n'est plus le foyer de ralliement qu'elle a été pendant de si
nombreuses années. Si jamais l'avenir du Québec devait être
différent, je pense qu'à ce moment-là les choses
pourraient se présenter d'une autre façon. (11 h 50)
Cela étant dit, je veux quand même inviter tous mes
concitoyens et concitoyennes, à la suite de l'invitation qui a
été faite par le premier ministre et par le chef de l'Opposition,
à s'associer à ces fêtes qui sont extrêmement
importantes et qui sont une manifestation justifiée et nécessaire
d'une société pour, justement, que l'on reconnaisse son
identité. C'est une occasion de manifester sa fierté et le
sentiment de fraternité qui doit tous nous animer. Merci, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Mille-Îles s'était levé.
M. Champagne: Je vais laisser... Une voix: Le dauphin
d'abord.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. J'ai
peut-être besoin de relever un petit peu la perception que la
députée de L'Acadie projette. Je crois que la formation de la
société Saint-Jean-Baptiste, il y a 150 ans dans les...
Le Président: Question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement, M. le
Président. Je ne veux pas à ce moment-ci être de mauvais
compte, mais il y avait eu une entente très claire entre les leaders du
gouvernement et le leader de l'Opposition. Dans toutes ces motions sans
préavis, comme celle que nous présentons aujourd'hui, de part et
d'autre, afin de maintenir un certain ordre, il avait été convenu
qu'un nombre X d'interventions auraient lieu. Sur celle-ci, je vois qu'il y en
a deux ou trois et qu'on pourrait passer beaucoup plus de temps. Si on nous
avait prévenus qu'on avait droit à trois, quatre ou cinq
interventions sur telle ou telle motion, je n'aurais aucune objection, M. le
Président. À ce moment-ci, le leader du gouvernement
doit être au courant de ce qui était entendu.
J'espère qu'il pourra rétablir les choses, selon la coutume.
Le Président: À cet égard, M. le chef de
l'Opposition, il peut y avoir des ententes à travers les canaux usuels,
mais cela ne change pas le règlement de l'Assemblée. Il s'agirait
de conversations entre les groupes parlementaires.
M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je crois qu'il
était convenu qu'il y aurait deux interventions de chaque
côté de la Chambre.
M. Johnson (Anjou): Pour chaque motion.
Le Président: D'autres députés ont
manifesté spontanément l'intention d'intervenir. Je vois le
député de Mille-Îles qui se lève, le
député de Verchères qui s'est levé et le ministre
de la Justice.
M. Champagne: M. le Président, je pense qu'il était
convenu que je devais faire...
Le Président: Un instant, pas tout le monde en même
temps.
M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le leader du gouvernement
n'était pas en Chambre au moment où ce petit esclandre, qui ne
doit pas avoir de conséquence, s'est produit. Au début, il y a eu
un certain quiproquo à propos d'une double motion. Tout en respectant
l'essentiel des ententes, il me semble qu'on pourrait quand même se
permettre - surtout à cause de l'importance centrale, cette année
en particulier, du sujet - de laisser parler un certain nombre de
députés qui en manifestent le désir. Si on tombe, encore
une fois, dans ce que le chef de l'Opposition a appelé le
légalisme, il me semble que ce n'est pas digne du sujet.
Le Président: Cela n'a rien à voir avec le
légalisme pour une fois. Ce sont des conversations entre les partis.
M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être pourrait-on faire une
exception pour répondre au voeu du premier ministre? Une exception.
Choisissez celui que vous voulez.
M. Jean-Paul Champagne
M. Champagne: M. le Président, je veux m'associer...
Le Président: M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: ...à cette motion pour souligner le 150e
anniversaire de la fondation de la société Saint-Jean-Baptiste et
celui aussi des diverses associations francophones hors Québec dont
plusieurs dirigeants et dirigeantes nous rendent visite ce matin.
M. le Président, la délégation officielle des
communautés françaises de toutes les provinces canadiennes et
même de la Nouvelle-Angleterre est venue au Québec, plus
précisément à Montréal, à l'invitation de la
société Saint-Jean-Baptiste dans le cadre de la
célébration de son 150e anniversaire. Comme on l'a fait lors des
grands anniversaires de 1874, de 1884, de 1909, de 1934 et à maintes
autres occasions, la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal a profité de son 150e anniversaire pour convoquer un
rendez-vous national en vue de faire le point sur la situation en 1984 de tous
les groupes français, y compris le Québec, de connaître
leurs besoins et leurs aspirations et d'établir solidairement une
politique globale de concertation et de collaboration.
L'occasion nous est donc donnée d'assurer nos compatriotes
d'outre-frontières de notre admiration, de notre intérêt,
de notre sensibilité aux situations souvent difficiles qui leur sont
faites et que nous les considérons et nous les aimons comme des membres
de la même famille que constitue la nation française
d'Amérique dont le Québec est le foyer principal.
M. le Président, je reviens maintenant à la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, la
société mère de toutes les sociétés
Saint-Jean-Baptiste et de toutes les sociétés nationales du
Québec, de l'Ontario et de la Nouvelle-Angleterre, qui
célèbre cette année ses 150 ans d'existence. Elle fut en
effet fondée par le journaliste et député Ludger Duvernay
le 24 juin 1834, ce qui fait d'elle la plus ancienne institution
québécoise qui soit encore debout et vivante. Robert Rumilly, le
premier historien à parler d'histoire du Québec au lieu
d'histoire du Canada, véritable historien québécois qui a
écrit l'histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste ne
cessait de répéter, et je cite: "J'ai étudié
l'histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste assez
complètement et cela m'a conduit à l'admirer. Elle gagne à
être connue. Les hommes qui ont fondé et développé
la Société Saint-Jean-Baptiste comptaient, non pas seulement
parmi les plus dévoués, mais parmi les plus éminents. La
liste des anciens présidents est éloquente; elle comporte les
noms des chefs de file de chacune des époques de l'histoire du
Québec depuis plus de 100 ans."
M. le Président, quand on étudie l'histoire de plusieurs
institutions dont le Québec moderne s'enorgueillit, on découvre
qu'elles ont pris origine à la demande ou sous l'égide de la
Société Saint-Jean-
Baptiste. Le Conservatoire des arts organisé par la
Société Saint-Jean-Baptiste en 1894 a
précédé de plusieurs années nos écoles des
beaux-arts. Les cours publics du Monument national, donnés pour la
première fois en 1896, ont provoqué un mouvement des
écoles techniques et des écoles d'arts et métiers ainsi
que celui de l'École des hautes études commerciales. Vers 1900,
la société s'orienta vers l'économique et mit sur pied sa
première filiale, soit la Caisse nationale d'économie qui est
devenue l'Économie mutuelle-vie. Quelques années plus tard, elle
fondera sa deuxième filiale, la Société nationale de
fiducie.
Je citais, M. le Président, il y a quelques instants, une
affirmation de Robert Rumilly selon laquelle la liste des anciens
présidents de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal comportait les noms les plus prestigieux des chefs de file
canadiens-français et même des hommes politiques qui ont
joué des rôles très importants dans l'évolution du
Québec. Je voudrais bien rapidement en énumérer
quelques-uns. On dénombre, par exemple, sur les 74 présidents, 3
"Sir", soit Sir Georges Étienne Cartier, Sir A.-Aimé Dorion et
Sir Hormidas Laporte et au moins 17 honorables qui ont donc été
ministres, soit à Québec, soit à Ottawa, conseillers
législatifs ou sénateurs, et deux présidents ont
été premier ministre du Québec comme c'est le cas de J.-O.
Chauveau et Gédéon Ouimet.
La liste des anciens présidents et des anciens dirigeants de la
Société Saint-Jean-Baptiste qui ont siégé et qui
siègent présentement dans cette Chambre est très
importante. Je suis moi-même un ancien président et j'en suis
très fier.
M. le Président, le temps ne me permet pas de rappeler toutes les
oeuvres et les initiatives de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal, ni le rôle prépondérant qu'elle a
joué dans l'évolution du Québec. Je dirai tout simplement
que son histoire s'intègre et se confond à l'histoire du
Québec. Je propose donc une motion d'hommages, de gratitude et de longue
vie à l'endroit de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal ainsi qu'à toutes les associations nationales des
francophones hors Québec. Merci, M. le Président. (12 heures)
Le Président: Si je comprends bien, on a une
deuxième motion, en plus de celle de M. le premier ministre. J'imagine
que celle de M. le premier ministre est adoptée.
Des voix: Adopté.
Le Président: Celle de M. le député de
Mille-Îles, dont il aurait dû nous saisir au début,
j'imagine, est également adoptée.
M. Champagne: Elle a été adoptée.
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le chef de l'Opposition.
Félicitations à M. John Turner
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, qu'il me soit
permis de demander le consentement unanime de l'Assemblée nationale pour
que la motion suivante soit débattue et, espérons,
adoptée: Que cette Assemblée offre à M. John Turner ses
félicitations et meilleurs voeux à l'occasion de
l'élection de ce dernier au poste de chef du Parti libéral du
Canada et de prochain premier ministre du Canada.
Le Président: Consentement à la discussion d'une
telle motion? Il y a consentement.
M. Bédard: II y a consentement, M. le
Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Bédard: ...d'une façon beaucoup plus aimable que
le consentement qui a précédé concernant nos
sociétés Saint-Jean-Baptiste.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: À l'ordre, à l'ordre! M. le
chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ...comme nous vivons dans un
régime fédéral, je pense qu'il est normal et de bonne
courtoisie de féliciter et d'offrir nos meilleurs voeux, dans le
contexte de l'élection de M. Turner, d'offrir nos félicitations
à ce dernier pour l'accession au poste de chef du Parti libéral
du Canada et, dans quelques jours, de premier ministre du Canada.
M. Turner est bien connu, je n'ai pas besoin de faire sa biographie. Je
pense qu'on peut dire qu'il est très familier avec les
réalités canadiennes et québécoises. Dans le cas du
Québec, on peut rappeler brièvement qu'il a pratiqué le
droit à Montréal. Il a d'ailleurs représenté un
comté fédéral dans la région métropolitaine
et il a été longtemps impliqué dans la vie
économique et sociale de toute la communauté montréalaise.
Il compte de nombreux amis au Québec.
J'aimerais souligner que M. Turner possède des qualités
exceptionnelles. Nous connaissons son ouverture d'esprit, son
honnêteté, sa droiture. Nous l'avons entendu exprimer des vues qui
témoignent d'un souci
d'équilibre, d'une volonté de respect des juridictions
provinciales et, en particulier, des dispositions vis-à-vis du
Québec. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de le connaître lorsqu'il
était ministre à Ottawa et je pense que tous les rapports qu'il a
eus avec notre gouvernement dans le temps étaient empreints de respect
mutuel.
M. le Président, une autre chose que j'aime souligner chez M.
Turner, c'est le fait qu'il mette comme priorité numéro un, dans
tous les propos qu'il tient, l'économie, le développement
économique, la création d'emplois. Ce sont des choses,
évidemment, qui préoccupent non seulement tous les Canadiens,
mais sûrement tous les Québécois et toutes les
Québécoises.
Je profite de l'occasion pour saluer les autres candidats à la
direction et les féliciter, particulièrement ceux qui viennent du
Québec, MM. Jean Chrétien et Donald Johnston, qui sont d'ailleurs
arrivés respectivement deuxième et troisième dans cette
course.
Je profite de l'occasion, vous me le permettrez, pour rendre un vif
hommage au très honorable Pierre Elliott Trudeau qui, depuis 1968,
dirige le gouvernement canadien presque sans interruption. Que l'on ait
été d'accord ou non avec l'une ou l'autre des politiques qu'il a
mises de l'avant, il n'en reste pas moins que la contribution de M. Trudeau
à la vie canadienne a été considérable et qu'il
passera sans doute à l'histoire comme l'un des premiers ministres les
plus remarquables que le pays ait connus.
En terminant, je voudrais réitérer mes
félicitations et mes meilleurs voeux à l'endroit de M. Turner, au
nom de ma formation politique, au nom de notre chef et au nom de tous les
députés. Je voudrais évidemment dire que nous allons le
juger à l'expérience. Espérons que M. Turner fera une
équipe forte, solide, ouverte également. Je ne sais pas s'il
pourra imprimer sa marque d'ici les prochaines élections
générales qui sont imminentes, mais j'espère bien qu'il
aura l'occasion d'ici là de faire tout son possible pour
réellement relever les défis qui sont certainement
présents. Il a à assumer des responsabilités très
lourdes dans le contexte actuel. Ces responsabilités sont
évidemment très importantes pour tous les citoyens et les
citoyennes de notre pays. J'invite cette Assemblée nationale à se
joindre à nous dans cette motion de félicitations et de meilleurs
voeux.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, bien
sûr, nous félicitons, nous aussi, M. Turner pour sa victoire
à ce congrès de leadership. Je pense bien que nous serons
unanimes également, dans l'intérêt de tous les citoyens, de
tous les contribuables du Canada, pour souhaiter que son éventuel
gouvernement ait plus de succès que n'en a eu celui qu'il va remplacer.
Il va le remplacer au moins pendant quelque temps, parce que, bientôt, il
y aura des élections fédérales et nous apprendrons de
façon plus claire qui sera appelé à la direction des
affaires à Ottawa pendant les prochaines années. Je pense que ces
souhaits, surtout dans le domaine économique, sont
particulièrement indiqués parce qu'en matière de politique
économique, quand on regarde les résultats des dernières
années, en matière de politique budgétaire aussi, c'est un
redressement qui urge littéralement, qui presse de façon
dramatique. Il faut donc souhaiter que M. Turner et ceux et celles dont il
s'entourera d'ici quelques jours puissent au moins amorcer ce genre de
redressement.
Il y a une chose que, comme Québécois, on doit tout de
même souligner, parce que cela a son importance potentielle, c'est
qu'avec M. Turner, comme auparavant avec M. Mulroney du côté des
conservateurs, le pouvoir, au fédéral, va, de toute
évidence, se loger plus visiblement que jamais à Toronto, aux
environs de Bay Street où, d'ailleurs, le pouvoir réel a toujours
largement résidé en matière fédérale.
Parlant des priorités du nouveau chef libéral, le chef de
l'Opposition en a mentionné une qui, nécessairement, doit
être au tout premier rang. M. Turner a répété ce que
beaucoup d'autres disent. C'est aux résultats qu'on verra, mais il y en
a une autre aussi que nous connaissons, dont le nouveau chef libéral -
cela se comprend - et son entourage sont littéralement
obsédés: c'est un objectif électoral qu'on pourrait
appeler la reconquête de l'Ouest. Cette location plus visible et plus
réelle que jamais à Toronto des centres de décision du
Parti libéral du Canada et cette obsession électorale normale
pour la reconquête de l'Ouest, on peut espérer, en tout cas,
à tout le moins que cela ne signifie pas qu'on va se permettre comme,
hélas, c'est arrivé trop souvent dans le passé, de prendre
le Québec pour une espèce de proie acquise et surtout que cela ne
signifie pas qu'on puisse s'accrocher au pouvoir aux dépens des
intérêts du Québec, parce que l'histoire a de cruels
enseignements à ce point de vue.
Autrement dit, en plus de féliciter très
sincèrement le nouveau leader libéral fédéral pour
sa victoire en congrès, nous avons, je crois, le devoir strict de suivre
avec beaucoup de soin, au-delà des discours, le comportement du nouveau
chef libéral à l'égard du Québec et de ne pas
oublier que la chance au coureur, surtout dans ces matières, ne doit
jamais comporter un chèque en blanc à qui que ce soit, ce
qui,
d'ailleurs, nous a déjà coûté très
cher dans le passé, à savoir de laisser aller des chèques
en blanc et, ensuite, de les payer.
Bien sûr, je termine en me joignant au chef de l'Opposition pour
souhaiter - et je suis sûr que, nous aussi, nous le souhaitons
collectivement - de tout coeur à M. Trudeau une retraite paisible et
heureuse, autant que faire se peut.
Le Président: La motion de M. le chef de l'Opposition
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le whip du gouvernement.
(12 h 10)
Changements dans la composition de commissions
M. Brassard: M. le Président, j'aurais une motion en vertu
de l'article 126 visant à procéder à quelques changements
dans la composition de certaines commissions. Tout d'abord, à la
commission des affaires sociales, que M. Yves Beaumier, député de
Nicolet et adjoint parlementaire au ministre des Affaires sociales, remplace M.
Jean-Paul Bordeleau, député d'Abitibi-Est et adjoint
parlementaire au ministre de l'Énergie et des Ressources; qu'à la
commission de l'économie et du travail, M. Jean-Paul Bordeleau,
député d'Abitibi-Est et adjoint parlementaire au ministre de
l'Énergie et des Ressources, remplace M. Yves Beaumier,
député de Nicolet et adjoint parlementaire au ministre des
Affaires sociales; qu'à la commission de l'économie et du travail
toujours, M. Léonard Lévesque, député de
Kamouraska-Témiscouata, remplace M. Marcel Gagnon, député
de Champlain et adjoint parlementaire du ministre de l'Environnement; enfin,
qu'à la commission de l'aménagement et des équipements, M.
Marcel Gagnon, député de Champlain et adjoint parlementaire au
ministre de l'Environnement, remplace M. Léonard Lévesque,
député de Kamouraska-Témiscouata.
Le Président: Ces motions sont-elles adoptées?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Bédard: M. le Président, je comprends que cela
aurait dû être fait à un autre article de notre ordre du
jour, mais, avec le consentement de l'Opposition, nous voudrions faire en sorte
que soient déposées deux ou trois réponses du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à des questions
posées par l'Opposition.
Le Président: Y a-t-il consentement au dépôt
de documents à cette étape-ci?
Une voix: Adopté.
Le Président: II y a consentement.
M. Bédard: II s'agit de deux réponses à des
questions posées au feuilleton par le député de
Maskinongé.
Le Président: Documents déposés. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Pendant que le leader du gouvernement en est au
dépôt de réponses, j'ai moi-même posé des
questions au mois de mars et cela me semble prendre énormément de
temps pour avoir des réponses, d'autant plus que le feuilleton doit
disparaître bientôt.
Le Président: M. le député, vous pourrez
faire cette intervention aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. Pour l'instant, nous revenons aux motions sans
préavis. Il y en a encore de part et d'autre. M. le leader du
gouvernement.
Motion pour suspendre les
règles de pratique au sujet
du projet de loi 225
M. Bédard: M. le Président, vous avez, sous le
titre: "Présentation de projets de loi", déposé le rapport
du greffier en loi concernant le projet de loi 225. Je voudrais solliciter le
consentement de cette Assemblée pour présenter une motion pour
suspendre les règles de pratique 4 et 7 afin que le projet de loi puisse
être présenté dès aujourd'hui. Effectivement, il
sera étudié plus tard en commission, mais, dès maintenant,
je peux m'engager à ce que cette étude en commission, lorsqu'elle
sera faite, aura été précédée de tous les
avis nécessaires qui sont requis, ce qui n'est pas le cas
présentement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Nous consentons volontiers à ce que le leader
du gouvernement présente la motion de suspension des règles.
Toutefois, j'aimerais l'aviser que le député de Laprairie aura
quelques mots à dire sur la motion.
Le Président: II y a donc consentement
à la présentation de la motion de suspension des
règles de fonctionnement 4 et 7 touchant les projets de loi
privés. Maintenant, sur la motion même, la motion étant
faite, il y a, d'après ce que je peux comprendre, des interventions. M.
le député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Dans le cadre de
notre règlement, je voudrais situer le débat sur la fameuse
motion qui est présentée. On me dit qu'elle concerne le projet de
loi 225, un projet de loi d'intérêt privé concernant la
ville de Saint-Hubert.
D'après ce dont on nous a informés, ce projet de loi a
pour principal objectif de regrouper ou de remembrer des parcelles de terrains
qui se trouvent actuellement dans le territoire agricole de la ville de
Saint-Hubert et qui ont été morcelées
antérieurement à l'adoption ou plutôt à
l'application de la Loi sur le zonage agricole. Ce regroupement serait
effectué aux fins d'exploitation de ces terrains à des fins
agricoles, mais il aura pour effet d'amener les propriétaires de ces
terrains dans une indivision forcée. Un tel projet de loi affectera
directement, à notre point de vue, la question des droits de
propriété et affectera par ricochet les dispositions
fondamentales de notre droit civil sur la propriété. De plus,
l'effet d'un tel projet constitue, à toutes fins utiles, une
espèce d'expropriation déguisée sans compensation.
Les règles de procédure de l'Assemblée nationale
contiennent des dispositions concernant les projets de loi
d'intérêt privé de la nature de celui
présenté par le député de Vachon, pour la ville de
Saint-Hubert. Un avis de présentation doit précéder le
dépôt d'un tel projet de loi d'intérêt privé
et doit être publié à la Gazette officielle de même
que dans un journal circulant dans le district judiciaire de la personne
intéressée, en l'occurrence la ville de Saint-Hubert.
Le contenu et l'objet de cet avis sont spécifiés dans les
règles de fonctionnement concernant les projets de loi
d'intérêt privé. Je cite plus particulièrement le
deuxième alinéa de l'article 5: L'avis doit décrire
l'objet du projet de loi et indiquer que toute personne qui a des motifs
d'intervenir sur le projet de loi doit en informer le directeur de la
législation.
Puisqu'il n'y a pas eu de présentation, d'avis spécifique
dûment publié relativement à ce projet de loi
d'intérêt privé 225 concernant la ville de Saint-Hubert,
puisque ce projet de loi touche des droits fondamentaux des
propriétaires fonciers et affecte des dispositions de notre droit civil
sur la propriété et puisque nous devons respecter le droit
d'être informé de ceux qui seront affectés par les
dispositions d'un tel projet de loi et ce, surtout dans les circonstances
présentes, suivant les règles strictes de notre règlement,
afin de donner l'occasion d'intervenir à ces personnes si elles le
jugent utile et nécessaire, nous ne pouvons donc, en conséquence,
du côté de l'Opposition, consentir à la suspension de nos
règles de procédure quant à la présentation de ce
projet de loi d'intérêt privé, même si nous
reconnaissons le grand désir de la ville de Saint-Hubert de
régler un problème qui l'occupe depuis longtemps et dont le
gouvernement et le député de Vachon ont également
été saisis depuis longtemps. Il ne saurait être question,
quant à nous, de discuter rapidement et à la sauvette d'un tel
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: J'espère que le député a
bien compris le sens de la motion. Il ne s'agit pas de discuter à la
sauvette du projet de loi; au contraire, il y aura toute la latitude et tout le
temps nécessaire pour discuter de ce projet de loi lorsqu'il sera
référé à l'attention de la commission qui en est
responsable. Ce projet de loi - il l'a d'ailleurs souligné - est
présenté par le député du comté à la
demande non seulement des autorités de la ville, mais également
de nombreux organismes qui allaient dans le même sens que les
autorités municipales. Je crois normal que le député
exprime non pas des inquiétudes, mais attire l'attention pour que soient
respectés les droits de propriété. Il est clair que, si
une suite est donnée au dépôt de ce projet de loi à
la demande des autorités de la municipalité et de nombreux
organismes, tout cela non seulement sera sujet à l'étude d'une
commission, mais devra également faire l'objet d'une attention
particulière concernant la protection des droits de
propriété.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: J'ai une question supplémentaire, M. le
Président. Je voudrais spécifier au ministre qu'ayant
étudié brièvement le dossier et suivant les renseignements
que nous avons obtenus, ce projet de loi concerne les propriétaires qui
sont au Québec et d'autres de l'extérieur du Québec. Dans
les avis qui devront être donnés, à mon point de vue, le
délai usuel de notre règlement devra être rigoureusement
respecté et peut-être même, d'une certaine façon,
prolongé pour permettre à ces gens, qui ne sont pas tous
résidents du Québec ou du Canada, d'être validement
informés et de pouvoir venir,
suivant nos règles de procédure, devant l'Assemblée
nationale pour expliciter vraiment s'ils ont ou non des objections à un
tel projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: J'ai justement pris la peine de dire tout
à l'heure qu'étant donné l'importance du projet de loi
pour la municipalité et pour l'ensemble des citoyens de la
municipalité les avis requis qui n'ont pas été
donnés au moment où on se parle, dans les délais
fixés par le règlement, tous ces avis seront donnés en
temps utile, avant que la commission puisse procéder à
l'étude de l'ensemble du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Vachon.
M. David Payne
M. Payne: C'est évident que je pense que cette motion
devrait être adoptée. L'esprit de la motion est manifeste dans son
libellé, cela devrait être déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements. Ce qu'il faut
dire, c'est qu'une discussion se fait "at large" depuis des années et
plus particulièrement dans la ville et la région, mais, d'autre
part, l'esprit de la déférence est justement qu'on puisse faire
les avis publiquement, bien sûr, pour tout le monde, à travers le
monde. Les principaux intéressés sont au courant de ces
éléments de discussion depuis fort longtemps.
En ce qui concerne le droit de propriété, cela concerne le
fond de la discussion et l'objet même de la motion veut qu'on puisse
discuter ce principe lors de la commission parlementaire. Je peux vous assurer,
vous et les membres de l'Assemblée nationale, que je vais, suivant la
demande de la municipalité, voir à ce que le principe des droits
de propriété soit respectueusement suivi. (12 h 20)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Vachon vient de mentionner que cela fait des années qu'on discute de ce
projet, du problème qu'on veut résoudre dans le projet de loi. Si
tel est le cas, pourquoi le gouvernement ou pourquoi le député
lui-même qui présente ce projet de loi privé ne l'a-t-il
pas fait dans les délais prévus? Il y a des raisons pour
lesquelles notre règlement prévoit des délais: pour
protéger les gens, pour protéger ceux qui sont impliqués,
pour permettre une discussion, pour permettre qu'on puisse protéger ceux
qui vont être affectés par le projet de loi. La question qu'on
peut poser, c'est: Pourquoi le député a-t-il attendu à la
fin de la session? Il savait que le problème existait. Soi-disant, il
avait certaines solutions à suggérer. Il est le parrain du projet
de loi. Il me semble qu'il y a un manque de sa part. Ce n'est pas une raison
pour pénaliser les propriétaires qui vont être
impliqués et pénaliser également les membres de
l'Assemblée nationale qui n'auront pas l'occasion de discuter en temps
et lieu de tous les aspects de ce projet loi. Il y a des problèmes
fondamentaux qui sont touchés par ce projet de loi et on ne veut pas
cautionner ce genre d'approche de la part du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je trouve vraiment
déplacée l'intervention du député, parce qu'il m'a
entendu tout à l'heure faire la motion, donner le sens de la motion. Il
ne s'agit pas de surprendre des gens, loin de là. Il s'agit simplement
d'une question technique que, de consentement, on veut régler de
pouvoir, une fois les avis requis donnés, procéder à
l'étude en commission d'un projet de loi qui peut être très
bénéfique pour l'ensemble de la municipalité
représentée par le député de Vachon et l'ensemble
des organismes et des citoyens de cette municipalité. Il ne s'agit pas
de surprendre qui que ce soit, de bousculer qui que ce soit. Au contraire,
toute la latitude et tout le temps nécessaires seront donnés aux
membres de la commission, aux personnes et organismes qui pourront juger bon de
se faire entendre, de telle façon qu'il y aura une discussion en
profondeur. Il n'est pas question de surprendre qui que ce soit. M. le
Président, je termine sur la motion...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal, une question au leader du gouvernement?
M. Ciaccia: J'ai une question.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que vous
acceptez?
M. Ciaccia: Le leader parlementaire du gouvernement n'est-il pas
d'accord que, si le projet de loi avait été introduit,
déposé à l'Assemblée nationale avant la fin de la
session, la commission parlementaire aurait pu avoir lieu durant la session et
que cela aurait permis à tous les parlementaires qui voulaient en
prendre connaissance de vraiment le discuter, plutôt que d'aller faire
une commission parlementaire au milieu de l'été, d'essayer de
faire adopter ce projet de loi et que tous ceux qui sont impliqués
ne
puissent faire la discussion nécessaire? Vous allez faire une
commission parlementaire durant l'été; cela donne une mauvaise
impression. Cela donne l'impression que vous ne voulez pas vraiment en
discuter. Autrement, si vous aviez accepté les délais, vous
auriez fait la commission parlementaire durant la session de l'Assemblée
nationale et le public et tous ceux qui sont concernés auraient vraiment
pu prendre connaissance et discuter pleinement du projet de loi. Vous donnez
l'impression que vous essayez de cacher des choses et de faire des choses en
catimini.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: Non. M. le Président, il y a quand
même des limites. C'est plutôt le député qui essaie
de donner l'impression à des gens qu'il y a des choses qui veulent se
faire et qui ne seraient pas correctes, alors que tout est d'une parfaite
"correctitude", quand on demande le consentement de l'Opposition pour qu'un
projet de loi important pour une municipalité et ses citoyens soit
déposé, puisse être étudié par une
commission, non pas à la sauvette, mais, après que les avis
auront été donnés en conséquence, à la
connaissance et même en discussion avec les personnes qui voudront se
faire entendre à cette commission. Nous avons donné tout à
l'heure l'assurance qu'il n'est pas question de n'être pas très
précautionneux concernant la protection des droits de
propriété et, à ce qu'on me dit, peut-être que le
député d'Outremont devrait prendre plus de...
Une voix: Mont-Royal.
M. Bédard: ...Mont-Royal, pardon, devrait prendre plus de
précaution avant de dire au député de Vachon qu'il aurait
dû déposer le projet de loi avant. D'après ce qu'on sait,
l'Opposition a été pressentie ou encore approchée par les
autorités de la municipalité il y a trois semaines afin que ce
soit déposé et qu'on puisse dès maintenant procéder
à l'étude, mais je ne fais pas de reproche à ce sujet. Il
semble que, selon ce qu'a dit le député de l'Opposition tout
à l'heure, le représentant de l'Opposition, comme c'est un projet
de loi important et qu'il faut effectivement savoir quelles en sont les
retombées au niveau des droits de propriété, etc., il
était normal, à ce moment, que l'Opposition puisse avoir
certaines réticences. Nous n'en faisons pas un plat. Il ne faudrait
quand même pas en faire un plat et laisser entendre qu'il y a des choses
qui se font en cachette alors que ce n'est pas du tout le cas.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Le leader du gouvernement ou le député de
Vachon a dit qu'il y avait des discussions depuis deux ans dans cette affaire.
S'il y a eu deux années de discussions, pourquoi est-on tellement
pressé, pourquoi ne peut-on attendre le commencement de la session en
octobre et faire cela régulièrement à la vue de tout le
monde au lieu de faire cela à la fin de la session? Je veux dire
publiquement et maintenant que j'ai un intérêt particulier dans
cette affaire parce que c'est seulement hier que j'ai vu cette affaire et je
suis un des propriétaires de deux petits lots dans ce secteur et je n'ai
jamais entendu dire qu'on veut avoir ma propriété sans me
payer.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Bédard: Encore là, on a vraiment l'image d'un
charriage comme ce n'est pas possible. On est en train d'essayer de faire
croire que le projet de loi sera étudié en commission, au cours
de l'été, alors qu'il y aura une chaleur intense et que personne
ne sera intentionné aux travaux de l'Assemblée nationale ou aux
travaux des commissions, ce qui n'est carrément pas le cas. Il y a une
municipalité qui a fait une demande et qui croit qu'un projet de loi
comme celui-là serait avantageux pour elle et pour l'ensemble des
citoyens. Il n'est pas question de l'étudier à la sauvette,
à la cachette. Au contraire, au cours du mois de septembre -si le
député de Saint-Louis est en vacances à ce moment, c'est
son problème - ou octobre, il y aura possibilité d'étudier
le projet de loi au vu et au su de tout le monde. Il n'y a pas de
problème.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
du leader du gouvernement est adoptée?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté sur
division.
M. Bédard: Je voudrais faire motion...
Projet de loi 225 Présentation
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du gouvernement, je vais au moins déposer le projet de
loi. Le député de Vachon présente le projet de loi 225,
qui est un projet de loi privé, Loi concernant la ville de Saint-Hubert.
M. le
leader parlementaire du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bédard: Je voudrais faire motion pour
déférer le projet de loi en question à la commission de
l'aménagement et des équipements et je fais motion pour que le
mandat de la commission puisse être exécuté malgré
l'article 47.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette double
motion est adoptée? Adopté. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bédard: Peut-être y a-t-il lieu de faire motion
pour que le ministre responsable soit membre de la commission qui aura
étudié ce projet de loi?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que la motion de
déférence est adoptée, d'une part? Adopté. Et la
deuxième motion? La deuxième motion du leader est adoptée
aussi.
M. Bédard: D'accord.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du . gouvernement. Avant, nous allons passer aux travaux des
commissions. Je donne avis qu'après les affaires courantes, à la
salle 80, la commission des affaires sociales a une séance de
travail.
M. le leader parlementaire du gouvernement. Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée. M. le député d'Outremont, vous
aviez une question tantôt?
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Fortier: Tout à l'heure, je m'inquiétais du fait
que j'avais, selon mon devoir, posé des questions au mois de mars et ce
sont des questions qui ne demandent pas tellement de recherches. Je crois que
le ministre de l'Énergie et des Ressources aurait pu nous donner la
réponse. Comme le feuilleton va disparaître dans quelques heures,
je m'inquiétais et je me posais des questions sur les raisons qui font
que, lorsque des députés, pour faire leur travail, posent des
questions, ils ne peuvent obtenir de réponses et je me demandais si le
leader pouvait insister quand même pour que, durant le cours de
l'été, on puisse avoir des réponses aux questions
soulevées.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Bédard: C'est avec plaisir que j'aviserai le ministre
de l'Énergie et des Ressources pour que réponse soit
fournie...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Affaires du jour.
M. Bédard: ...en espérant qu'en revenant à
l'automne vous ayez toutes les réponses et que vous soyez encore
là.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire de l'Opposition.
Motion proposant que la commission
de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation se réunisse
M. Gratton: Si on me le permet, j'aimerais solliciter le
consentement unanime de l'Assemblée pour présenter la motion
suivante. Que, vu la convalescence du président de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, l'Assemblée
demande à cette dernière de se réunir afin de le remplacer
pour le temps que dure cette convalescence. Que, pendant cette période,
ce député bénéficie de l'indemnité et des
autres conditions applicables à la fonction de président de
commission en lieu et place du député de Beauce-Sud.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Bédard: Consentement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Bédard: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Nous en
sommes aux affaires du jour. Affaires prioritaires. Débats d'urgence.
Autres affaires inscrites au feuilleton. M. le leader parlementaire du
gouvernement. (12 h 30)
M. Bédard: Je vous demanderais, M. le Président,
d'appeler l'article 29) du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Rancourt): L'article 29)?
M. Bédard: II s'agit d'une motion présentée
par le leader du gouvernement en vertu de l'article 142 des règles de
procédure.
Motion proposant que la
commission des institutions
procède à l'étude du
projet
de réforme du mode de scrutin
Le Vice-Président (M. Rancourt): Au
nom du leader du gouvernement, une motion en vertu de l'article 142 des
règles de procédure, tel qu'il vient de le dire: "Que la
commission permanente des institutions se réunisse aux fins
d'étudier le rapport et les recommandations de la Commission de la
représentation électorale sur la réforme du mode de
scrutin déposés à l'Assemblée nationale le 28 mars
1984; "Qu'à cette fin, les membres de la Commission de la
représentation électorale soient entendus; "Que,
conformément à l'article 121, le ministre
délégué à la Réforme électorale et
leader du gouvernement soit membre de cette commission et participe à
toutes les étapes nécessaires à l'exécution de ce
mandat; "Que ce mandat puisse être exécuté malgré
les dispositions de l'article 47."
Cette motion du leader est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Kancourt):
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, quelques mots sur la
motion en question. Cette motion est tout simplement une suite logique d'une
décision antérieure prise par l'Assemblée nationale. On se
rappelle que le 23 juin 1983 l'Assemblée nationale avait unanimement
mandaté la Commission de la représentation électorale de
lui fournir un rapport concernant la réforme du mode de scrutin. Ce
rapport a effectivement été remis le 28 mars de cette
année. À la suite du dépôt de ce rapport, nous avons
tous été à même de constater le travail remarquable
effectué par la Commission de la représentation électorale
et par tous les membres qui oeuvraient à l'intérieur de ladite
commission. Il est donc maintenant logique que la commission des institutions
scrute le plus en profondeur possible les recommandations majeures qui ont
été faites par la Commission de la représentation
électorale et étudie également toutes les suggestions qui
ont pu être mises de l'avant à la suite des travaux de la
Commission de la représentation électorale. Sinon il serait
anormal qu'ayant donné un mandat à une commission pour en arriver
à un rapport ce rapport ne puisse pas faire l'objet d'une étude
approfondie par des membres de l'Assemblée nationale.
Je crois que le forum tout indiqué est effectivement celui que
nous mentionnons dans la motion que j'ai présentée, à
savoir la commission des institutions. C'est une question de
responsabilité de la part des élus qu'une telle commission se
tienne. Les membres de cette Assemblée ont le devoir d'engager un
dialogue constructif avec la Commission de la représentation
électorale qui, dans le cadre de son mandat, a procédé, on
le sait, à une consultation très articulée, une
très grande consultation de la population. Les citoyens, les organismes
et les spécialistes de la question ont répondu - on a
été à même de le constater - avec empressement
à l'appel de la commission pour essayer d'étudier l'ensemble de
ce que pourraient être des avenues intéressantes quand on parle de
la réforme du mode de scrutin, ce qui est fondamental. On sait que
l'assise même de la démocratie réside dans le mode de
scrutin, la possibilité pour les citoyens de faire connaître leurs
intentions, leur vote, exprimer leur confiance par rapport à des sujets,
à des gouvernements. Il est normal d'essayer d'avoir un mode de scrutin
qui traduise le plus fidèlement possible les volontés
exprimées par la population lorsque celle-ci est consultée.
Les travaux ont effectivement été menés avec
beaucoup de dextérité, je dirais même avec rapidité
quand on réalise l'importance, la complexité du sujet. On a
été à même de constater que ce sujet soulevait
l'attention non seulement d'individus mais d'organismes qui se sont fait
entendre abondamment sur les travaux de la commission de la
représentation électorale.
Il y a eu 19 jours d'audiences, 185 mémoires, 277 intervenants
directs. Il y a eu pas moins de dix villes qui ont été
visitées par la commission de la représentation
électorale; 2000 pages de témoignages en ont
résulté. Selon les organismes, les individus et les
spécialistes qui se sont fait entendre, c'est pas moins de 80% de ces
intervenants qui se sont déclarés favorables au rejet du mode de
scrutin actuel et à la nécessité de faire en sorte qu'il y
ait un mode de scrutin qui reflète beaucoup mieux, avec beaucoup plus de
sécurité les volontés exprimées par la population
afin que le mode de scrutin ne soit pas une boîte à surprises qui
amène des distorsions inacceptables à l'occasion
d'élections.
L'ampleur et le sérieux de cette consultation, les
recommandations qui en découlent méritent une étude
attentive de la part des partis représentés à
l'Assemblée nationale. La mise en place de cette commission aurait pour
effet de donner suite à une suggestion qui a déjà
été agréée par l'Opposition. Le 22 mai dernier,
lors de l'étude des crédits du Directeur général
des élections, le député de Gouin, M. Jacques Rochefort,
avait suggéré la convocation d'une telle commission dans le but
d'entendre la commission, d'échanger avec les membres de la commission
et d'aller au fond des choses. Le député de Charlesbourg,
représentant de l'Opposition en cette matière, avait
été d'accord avec une telle initiative. Cela veut
dire que la présente motion vient tout simplement
concrétiser une démarche à laquelle le représentant
officiel de l'Opposition a donné et continuera, je l'espère, de
donner son accord.
M. le Président, dans leur programme officiel - ce n'est pas un
sujet nouveau que celui de la réforme du mode de scrutin - les deux
partis représentés à l'Assemblée nationale se sont
déjà engagés à modifier le mode de scrutin actuel.
Il existe donc un consensus sur la nécessité d'un changement. Sur
la nature du changement, on est à même de constater qu'il y aura
sûrement avantage à discuter en profondeur entre nous et avec les
membres de la commission de la représentation électorale et, qui
sait, peut-être trouve-t-on la voie d'un consensus qu'il nous faut bien
constater non existant à ce moment-ci.
Cette réalité et peut-être cet objectif de trouver
un consensus devraient constituer le point de départ des travaux de
cette commission, qui pourra profiter de l'expertise de tous les membres de la
commission de la représentation électorale. Après autant
d'années d'études, après autant de commissions de part et
d'autre dans les différents programmes des partis, d'engagements par les
partis représentés ici selon lesquels il fallait en arriver
à une réforme du mode de scrutin, je pense que le temps est venu
d'espérer que les travaux de cette commission, que les échanges
que nous aurons avec les membres de la commission de la représentation
électorale, je dirais aussi les échanges que nous aurons une fois
pour toutes à visage découvert entre l'Opposition, les
représentants du gouvernement et tous les députés - je ne
crois pas que ce soit une question de parti, c'est vraiment une question
d'opinion personnelle de chacun des députés sur le sujet que tout
cet effort d'approfondissement pourra nous permettre d'en arriver à un
mode de scrutin qui cesse d'être une boîte à surprises et
qui soit, de façon définitive, plus près de la
réalité quant au respect de la volonté exprimée par
les citoyens à l'occasion d'élections
générales.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, nous avons dit le
22 mai dernier, lors de l'étude des crédits du Directeur
général des élections, que nous serions disposés
à participer à une commission afin d'entendre M.
Côté et les commissaires qui ont étudié la
réforme du mode de scrutin au cours de l'été ou au
début de l'automne. La motion qui est devant nous ce matin pour adoption
va recevoir l'assentiment de l'Opposition et, bien sûr, nous disons oui
à cette motion, parce que, finalement, cela permettra toute une
série de choses.
On se rappellera que c'est le 22 juin 1983 - il y a presque maintenant
un an -que l'Assemblée nationale avait confié au Directeur
général des élections un mandat très clair, qui est
d'ailleurs repris dans le document déposé, "Pour un mode de
scrutin équitable, la proportionnelle territoriale", et qui se lisait
comme suit: "Que la commission remette d'ici à huit mois un rapport
à l'Assemblée nationale comportant l'analyse
détaillée, y compris les avantages et les inconvénients,
de l'actuel mode de scrutin et des différentes formules proposées
et, le cas échéant, ses recommandations.
M. le Président, c'est le 28 mars dernier, en 1984, que M.
Côté déposait son rapport sur la place publique et il
s'ensuivit toute une discussion qui n'a pas rendu justice, je pense, ni
à la commission, ni à ceux qui avaient des positions à
défendre. Nous disons oui à cette commission, parce que cela
permettra une discussion beaucoup plus équitable envers les membres de
la commission qui ont fait le tour du Québec en consultation et qui ont
étudié la réforme du mode de scrutin. Cela permettra aussi
d'avoir une plus grande équité et une discussion plus large sur
les modes de scrutin envisagés.
D'abord, le mode de scrutin actuel est-il aussi mauvais qu'on le
prétend? A-t-il autant de carences qu'on le prétend et le fait de
le remplacer par d'autres modes de scrutin, telle la RPRM, qui était la
position du gouvernement et qui a été étudiée
très sommairement aussi - il faut bien l'admettre - dans le rapport de
la commission, une position du gouvernement défendue par le
député et ministre de Chicoutimi. La proposition quant à
la RPC - la représentation proportionnelle compensatoire - qui est la
position officielle du Parti québécois lui-même,
adoptée en congrès, a-t-elle eu toute l'analyse et toute
l'étude qu'elle méritait dans le cadre de la commission?
Finalement, il faut bien dire que ce rapport, dans presque 80% à 90% des
cas, ne traite que de la proposition soumise par le comité
présidé par M. Côté, qui était la
représentation proportionnelle territoriale.
Cette commission permettra de vider une fois pour toutes le mandat qui
avait été confié à cette commission le 22 juin
1983, un mandat qui visait très clairement et très nettement
à nous donner le pour et le contre du système actuel dans lequel
nous vivons et qui est un système répandu dans toute
l'Amérique du Nord. Cela permettra de voir les effets des
différents systèmes ou des quatre systèmes
étudiés, quoique brièvement dans certains cas, par la
commission sur trois aspects particuliers de notre exercice
démocratique: l'aspect territorial, sur les
campagnes électorales de même que sur les lendemains des
campagnes électorales.
Quant à l'aspect territorial, cela nous permettra de voir et
d'avoir des données beaucoup plus à point. Cela permettra
à la commission de déballer la totalité de son arsenal, de
son argumentation quant à l'appartenance des citoyens d'un comté,
à une région et à un territoire. La trame de fond de toute
cette réforme du mode de scrutin doit effectivement tenir compte de ce
qu'on connaît actuellement des comtés, de ce que propose le
gouvernement avec les régions et de ce que propose aussi la commission
par rapport aux territoires.
Donc, pour nous, l'appartenance à un milieu, à une
région, à un comté, est d'une extrême importance. Il
faut que les citoyens puissent s'y retrouver. Nous aurons donc l'avantage de
pouvoir étudier tout ce sentiment d'appartenance.
Il faut aussi, dans une analyse sereine, prendre conscience du
phénomène de dispersion sur le plan géographique de nos
municipalités. Prenons pour exemple des statistiques de 1977, où
il y avait au Québec 1506 municipalités. De ces 1506
municipalités, 50% étaient des municipalités de moins de
1000 habitants; 40% de la population du Québec se retrouvait dans 20
municipalités qui avaient des populations supérieures à 40
000 habitants. Finalement, de ces 20 municipalités, 4
municipalités ou villes seulement avaient des populations
supérieures à 100 000 habitants. C'est donc un
phénomène très important. Lorsqu'on emprunte ou que l'on
veut emprunter un mode de scrutin qui est appliqué en Europe, où
il y a une forte densité de population, une très forte
concentration de la population, il faut bien tenir compte, ici au
Québec, du phénomène de dispersion et de celui de notre
géographie.
Évidemment, comme troisième aspect dans le domaine
territorial, il faudra voir sûrement toute l'implication des
différentes mesures proposées ou analysées sur la carte
électorale. On a habitué, depuis de nombreuses années,
depuis une dizaine d'années, les citoyens du Québec à une
tradition électorale, à un comportement électoral. On a
inséré dans nos lois, dans notre pratique, dans notre coutume
électorale la notion de sections de vote, de secteurs électoraux
regroupés dans un comté de façon qu'il y ait le moins de
mobilité possible de la part des sections de vote ou des secteurs
électoraux, de façon que les gens se retrouvent à la
même école ou au même endroit, année après
année, pour voter. Donc, on a créé des habitudes, une
tradition de vote et une attitude des gens. Il faudrait voir, avec la
réforme de la carte électorale, ce que cela occasionnerait comme
déplacement et comme changement de coutumes.
Le deuxième point porte sur les campagnes électorales.
Cette commission nous permettra d'aborder le point spécifique des
campagnes électorales, après avoir vu l'aspect territorial. Cela
nous permettra de voir les effets de l'un et de l'autre des systèmes sur
les résultats électoraux. Le ministre nous disait tantôt
qu'avec la réforme du mode de scrutin, la proportion du vote
ressemblerait possiblement davantage à la proportion des
députés élus et que les disparités pourraient
être éliminées. Il faut voir et cela nous permettra de
poser des questions et d'aller plus avant, de vérifier jusqu'où
va et de quelle façon disparaît cette distorsion qui existe
même encore dans la RPRM et la RPT. Il faut bien se le dire: ce n'est pas
un système pur qui va éliminer complètement les
distorsions; elles demeurent et d'une façon très importante dans
les propositions qui sont sur la table actuellement.
Cela nous permettra de voir jusqu'à quel point les partis
politiques devront s'adapter à des crises permanentes à
l'intérieur des partis. La plus belle preuve en est que le ministre a
été très prudent lorsqu'il a dit: II faudra voir, à
l'intérieur de tout cela, comment vont réagir les partis; il n'y
a pas nécessairement accord dans les partis. Je le sais, chez nous,
c'est presque unanime, mais, du côté du gouvernement, il y a le
Parti québécois qui propose une chose, la compensatoire
régionale, et le ministre propose la RPRM. Il y a donc, finalement, des
idées différentes et cette commission nous permettra d'aller plus
avant, d'aller jusqu'au fond de ce que pourra être la vie d'un parti
politique sous un tel régime. Cela nous permettra de
véritablement voir si, effectivement, les beaux principes de la
réforme du mode de scrutin, si tout ce chambardement
nécessité par la réforme sera de nature à corriger
toutes les imperfections ou, du moins, un grand nombre d'imperfections que l'on
dénonce aujourd'hui dans notre système. (12 h 50)
Cela nous permettra aussi de savoir, parce qu'il faut bien s'en rendre
compte, quels seront les coûts rattachés à un
système comme celui-là, quels coûts entraînera
l'implantation d'un système comme celui-là. C'est important parce
que en fin de compte ce sont quand même des Québécois qui
paient. Du côté des partis politiques, quel sera l'effort fiscal
ou financier additionnel demandé aux partis. Quand on parle de
territoire, quand on parle de région, pour rejoindre ses
électeurs, le fait de représenter 30 000, 35 000 ou 40 000
électeurs signifie un coût X, mais que représentera le
coût pour un député de rejoindre 100 000, 120 000 ou 190
000 électeurs? C'est un coût qui n'est pas nécessairement
multiplié par quatre ou par cinq, c'est un coût additionnel
à la fois pour les candidats, pour les partis et aussi pour
l'État, parce que l'État défraie une partie des
coûts encourus par les candidats. Cela nous permettra aussi de
vérifier exactement où l'on s'en va lorsque des sièges
deviennent vacants. On a connu, depuis 1978, 21 élections partielles,
toutes perdues par le PQ. Cela nous permettra de vérifier les solutions
de rechange dans le cas des partielles.
Cela nous permettra aussi de questionner M. Côté sur toute
la préparation nécessaire pour le personnel électoral face
à ces nouveaux changements. Je pense aux directeurs de scrutin, au
personnel, aux secrétaires de bureaux de scrutin, aux
représentants, à tout ce qui touche la formule de recensement que
l'on connaîtra à l'automne. Il faudra voir, questionner, avoir des
réponses et ne pas y aller aveuglément afin de savoir où
cela nous mène.
Finalement, le troisième point est celui des lendemains d'une
élection. Cela nous permettra d'aller plus à fond sur un
thème majeur que nous avons défendu en disant qu'un mode de
scrutin comme celui-là risque d'amener au Québec une
instabilité gouvernementale. Cela nous permettra de faire le tour de
cette question et de la vider sans équivoque. Cela nous permettra
également, M. le Président, au lendemain d'une élection,
de savoir effectivement quel sera le rôle d'un député, soit
dans un comté, dans une région ou dans un territoire, quel sera
véritablement le râle d'aujourd'hui et le rôle de demain
avec la nouvelle formule.
Cela permettra à tous ceux qui sont contre le système
actuel de venir dire devant une commission - tout le monde; oui, les
députés - aux yeux de tout le monde, de la population, quelles
sont les véritables raisons qui font que le système actuel ne les
satisfait plus. Cela nous permettra - c'est très important - de voir les
effets sur les habitudes de vote des électeurs sur la tradition
électorale. On sait que depuis quelques années, il y a eu des
efforts majeurs de la part des fonctionnaires d'élection, du Directeur
général des élections, du gouvernement en place et des
gouvernements précédents, pour améliorer la tenue d'un
vote, pour qu'il y ait beaucoup plus de bulletins de vote valides. Nous
pensons, à titre d'exemple, aux bulletins qui sont maintenant noirs avec
un cercle blanc pour être capable d'absorber les dépassements.
C'est un exemple et il y en a de multiples comme celui-là où on a
voulu améliorer la bonne compréhension du système
électoral auprès de notre population.
Cela permettra à ceux qui le veulent de démontrer pourquoi
il nous faut un mode de scrutin typiquement québécois. Je l'ai
entendu de la bouche de députés du Parti québécois
et je l'ai entendu aussi de la part de M. Côté, un mode de scrutin
typiquement québécois.
Une voix: À un niveau de gouvernement.
M. Côté: À un niveau de gouvernement.
À cet effet, M. le Président, vous me permettrez de vous citer
quand même très brièvement un article paru dans
l'Actualité de mai 1984, sous la signature de Jean Paré, dont le
titre était "Le mouton à cinq pattes - À tripoter le mode
de scrutin, on risque simplement d'affaiblir le seul Parlement français
d'Amérique." Il disait ceci, je ne veux retenir que deux sujets, M. le
Président: "Les Québécois se croient, encore une fois,
plus malins que les autres entre autres, que 60 gouvernements d'Amérique
du Nord. Le projet de la commission écarte encore un peu plus le
Québec du courant principal du continent.... "Le modèle
proposé remplace un système clair et facile à comprendre
par une mécanique d'une complexité inacceptable et
incompréhensible pour la majorité des électeurs." Donc, il
y a des craintes, M. le Président. Je ne dis pas qu'elles sont toutes
justifiées, mais il y a effectivement des craintes et cette commission
nous permettra de faire le tour de cet ensemble.
Cela nous permettra aussi de poser davantage de questions à M.
Côté quant à la tuyauterie qui devra s'ajuster, toute la
tuyauterie qui devra s'ajuster à la suite d'une prise de décision
quant à la réforme du mode de scrutin. Je pense qu'à son
dernier congrès le Parti québécois a décidé
de choisir le prochain chef au suffrage universel. C'est un principe. Il reste
toute la tuyauterie, après, qui est beaucoup plus difficile. On a
vécu l'expérience chez nous aussi, c'est extrêmement
difficile.
Cela nous permettra également de savoir quel est le processus
normal par après, ce que cela implique sur le plan législatif en
termes de changements dans la mesure où, à la suite de cette
commission, le gouvernement décidera d'y aller avec une proposition
ferme devant l'Assemblée. Cela nous permettra de voir quelles sont les
étapes quant à la tuyauterie du système et aussi quant
à ce que cela nécessite, sur le plan législatif, comme
amendement à toutes nos lois et à tous les ajustements en termes
de mode de scrutin.
Finalement, d'emblée nous souscrivons, comme je l'ai dit au
ministre, à cette commission parce que cela nous permettra de faire la
lumière et ce sera, je pense, un moyen de rendre justice à tout
le monde, de rendre justice à ceux qui ont travaillé pendant
au-delà de neuf mois pour la préparation d'un document qui n'a
pas eu le traitement qu'il méritait quant à l'analyse. Cela
permettra à ceux qui défendent le système de scrutin
actuel de sortir leurs
arguments et à ceux qui en proposent un nouveau de le faire aussi
et de voir à la suite ce qu'il y aura moyen de faire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Marc-André Bédard
(réplique)
M. Bédard: Très rapidement. Les travaux de cette
commission permettront de répondre ou d'avoir des amorces de
réponses à toutes les questions ou interrogations qui ont
été soulevées par moi-même et par le
député de Charlesbourg. Toute cette série d'interrogations
pourra faire l'objet de discussions avec les membres, je dirais presque les
experts de la Commission de la représentation électorale, avec
tout le travail qu'ils ont fait, les témoignages qu'ils ont recueillis.
Cela nous permettra, je l'espère, d'en arriver à des conclusions
ou à des consensus dans le sens d'une amélioration majeure de
notre mode de scrutin.
Le député de Charlesbourg a fait référence
à toute la tuyauterie - pour employer son expression - que peut
représenter la mise en place d'un nouveau mode de scrutin, l'adaptation
nécessaire qui doit être faite au niveau des partis, au niveau des
citoyens, effectivement, l'ensemble de la mécanique du système
lui-même. Je crois que toutes ces difficultés ne devront pas nous
faire oublier l'objectif principal qui est d'apporter des améliorations
majeures à notre mode de scrutin de manière qu'il
représente plus fidèlement que ce n'est le cas
présentement la volonté qui est exprimée par les
électeurs et les électrices à l'occasion d'une
élection générale. C'est cela qui est fondamental, c'est
que la volonté exprimée par les électeurs et
électrices à l'occasion d'une élection se traduise le plus
fidèlement possible au niveau de la représentation des partis,
des courants d'opinions, à l'intérieur de l'Assemblée
nationale qui a à représenter l'ensemble de la population,
l'ensemble des courants d'idées qu'on peut y retrouver. Il ne s'agit
pas, comme le député de Charlesbourg l'a tout à l'heure
évoqué, qu'un des objectifs pourrait être d'essayer
simplement d'avoir un mode de scrutin typiquement québécois. Ce
n'est pas le cas, M. le Président. Ce qu'il faut... Tant mieux, si, au
Québec, on en arrive à une réforme du mode de scrutin qui
respecte le plus fidèlement possible la volonté des
électeurs et des électrices. Ce ne sera pas un système
typiquement québécois; ce sera, si nous trouvons les solutions,
un système qui pourra être un modèle - pourquoi pas? - par
rapport à d'autres initiatives qui ont été prises dans
d'autres pays, dans d'autres communautés pour permettre aux citoyens
d'exprimer leur volonté. (13 heures)
M. le Président, avec tout le respect que j'ai pour l'auteur de
l'article - je crois que c'est M. Paré - auquel s'est
référé le député de Charlesbourg, il ne
s'agit pas dans ce travail d'essayer d'en arriver à un consensus pour
des améliorations majeures de notre réforme du mode de scrutin,
il ne s'agit pas d'essayer d'être plus malin que les autres, non! II
s'agit d'essayer de travailler le plus solidairement possible: les
députés, de quelque formation politique qu'ils soient, et les
membres de la représentation électorale, pour en arriver à
un mode de scrutin dont on sera plus fier parce qu'il sera plus "secure" et
représentera plus de sécurité que ce n'est le cas
présentement dans le fait de refléter vraiment la volonté
de la population. Actuellement - il faut en convenir - le mode de scrutin est
un peu une boîte à surprises qui fait que, à un moment
donné, on arrive à des situations comme en 1966 où un
gouvernement qui avait une majorité de voix n'a pas été
élu. Le résultat a été que le parti qui avait
obtenu la majorité des votes... C'est un peu normal en démocratie
- parce que c'est la volonté de la population - que ce parti forme le
gouvernement. Or, en 1966, nous avons eu l'exemple d'une formation qui a obtenu
plus de voix que le parti politique qui a formé le gouvernement. Je
pense que lorsqu'on ne s'inquiète pas d'une telle situation, on est les
premiers à blâmer si on veut vraiment parler de respect de la
démocratie, de respect de la volonté des citoyens.
On a vécu d'autres situations où, malgré 30% du
vote obtenu par un parti, il n'y avait en Chambre qu'une représentation
de 6 ou 7 députés par rapport aux 23 ou 25 auxquels cette
formation-là aurait eu droit alors que l'autre formation politique, avec
70% des votes, a eu au-delà de 90% de la représentation en
Chambre. Cela n'est pas, à mon sens, une transposition fidèle
à l'Assemblée nationale. Je ne veux pas dire qu'il ne peut pas y
avoir certaines différences. Ce sont là évidemment des
exemples qui m'amènent à dire, qui nous justifient de dire que
notre mode de scrutin actuel, si nous ne prenons pas garde, si nous ne trouvons
pas les moyens de faire des consensus pour y apporter des améliorations
majeures, peut entraîner des surprises qui ne sont pas souhaitables pour
le respect de la démocratie, des disproportions qui non seulement ne
reflètent pas la volonté de la population mais ne sont pas
très acceptables ou très prometteuses pour un meilleur climat
social.
C'est à toute cette analyse qu'il va falloir se livrer en
essayant d'aller le plus en profondeur possible et en oubliant nos
intérêts partisans. Je crois qu'avec les propos qu'a tenus le
député de Charlesbourg et les nombreuses interrogations
soulevées, le désir je dirais même l'impatience - de
l'Opposition d'aller discuter de tout cela en commission peut être
un présage de réussir une chose qui n'a pas été
réussie jusqu'à maintenant, soit obtenir un consensus qui nous
permette d'avoir des améliorations majeures à notre mode de
scrutin et qui reflète, mieux que ce n'est le cas, la volonté
exprimée par les citoyens. Merci, M. le Président.
M. Fortier: Juste une question, M. le Président; ce sera
très court.
Le Vice-Président (M. Rancourt): II est déjà
plus de 13 heures. Une question du député d'Outremont.
M. Fortier: Le ministre vient d'évoquer, à la suite
du discours de mon collègue de Charlesbourg, qu'il recherchait un
consensus. Le ministre peut-il me dire qu'il ira de l'avant avec le projet de
loi uniquement s'il y a un consensus à la commission dont il parle?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, la motion que nous
présentons à l'heure actuelle est dans le sens que la commission
se réunisse, que nous ayons des discussions en profondeur entre
députés, face à la population, très ouvertement et
les représentants de la commission électorale, d'aller en
profondeur sur ce que devraient être les améliorations majeures de
notre mode de scrutin. Nous verrons. Je pense que ce serait
prématuré de ma part de m'engager à quoi que ce soit au
moment où on se parle, mais je n'en fais pas cachette jusqu'à
maintenant; j'avais mis de l'avant un projet de loi, c'est-à-dire une
formule, une réforme globale et majeure -c'est le cas de le dire - du
mode de scrutin qui était la représentation proportionnelle
régionale modérée. J'ai été à
même de constater que celle-ci n'a pas recueilli un consensus. C'est pour
cette raison que nous en sommes arrivés à demander unanimement
à la Commission de la représentation électorale de faire
les travaux auxquels on a fait allusion tout à l'heure et d'en arriver
au rapport que nous aurons à étudier. Peut-être que ce
rapport, pour en faciliter l'étude, pourrait être
accompagné d'un projet de loi ou d'un avant-projet de loi
rédigé soit par la commission ou encore du côté
gouvernemental au niveau de la réforme électorale qui nous
permettrait, non seulement de discuter, d'avoir une idée très
précise de ce que sont les recommandations du rapport de la Commission
de la représentation électorale, mais en même temps, nous
permettrait d'avoir une idée très claire de ce que cela pourrait
représenter, comme loi. Avec cela, nous aurions tous les outils pour
aller au bout des discussions.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion du leader du
gouvernement est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, comme vous l'avez très
justement noté, vous constatez qu'il y a un consentement pour que nous
poursuivions encore pendant quelques minutes nos travaux au-delà de 13
heures et à la suite de la motion qui a été adoptée
tout à l'heure par l'Assemblée nationale, je vous informe donc
que la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
sera réunira à compter de 15 heures à la salle 81.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cet avis est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blouin: Maintenant, M. le Président, je vous demande
donc d'appeler l'article 12 de notre feuilleton, s'il vous plaît;
Projet de loi 93 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nous appelons
l'article 12 sur l'adoption du projet de loi 93, Loi modifiant la Loi sur les
musées nationaux. Est-ce que ce projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Blouin: Nous discuterons brièvement maintenant de la
Société de récupération, d'exploitation et de
développement forestiers du Québec. À cet égard, je
vous demande donc d'appeler l'article 11 de notre feuilleton.
Projet de loi 66 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nous allons appeler
le projet de loi 66, Loi modifiant la Loi sur la Société de
récupération, d'exploitation et de développement
forestiers du Québec. Je reconnais le député
d'Abitibi-Est.
M. Jean-Paul Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Nous entamons la
troisième lecture du projet de loi 66 dont l'objet est de modifier le
fonds social de la société REXFOR. Il est actuellement de 58 075
000 $ et on portera à 125 000 000 $, en autorisant le ministre des
Finances à souscrire la différence de 66 000 000 $ en
capital-actions supplémentaire.
Comme cela a été souligné antérieurement, la
présence de REXFOR dans le domaine de la transformation du bois est
assez récente, mais il faut quand même remarquer qu'en 1983 les
usines de REXFOR et celles dans lesquelles la société a une
participation minoritaire utilisaient 7% de l'ensemble de la matière
ligneuse qui est utilisée au Québec dans l'industrie
forestière. La société REXFOR est également
présente dans des usines de sciage, de bois d'oeuvre résineux.
C'est d'ailleurs là sa principale source de revenu actuelle. Cette
présence représentait, en 1983, 7,4% de la capacité de
production de l'industrie québécoise dans ce domaine.
Sur les emplois générés dans l'industrie du sciage,
la part du groupe REXFOR correspond à 5,2% de toute la main-d'oeuvre de
l'industrie, avec 900 emplois sur 17 000. Également, dans le domaine des
contre-plaqués de feuillus et des panneaux à base de bois, plus
particulièrement les panneaux-particules, la capacité des usines
du groupe, avec ses participations minoritaires, se situe alors à 38% de
la capacité totale de l'industrie québécoise.
Également, dans les pâtes et papiers, le secteur le plus important
de l'activité forestière au Québec, la présence de
REXFOR se limite à 4,5% de la capacité totale et
représente 2% des emplois dans ce secteur. (13 h 10)
On peut dire que, dans son ensemble, le groupe REXFOR et ses
participations minoritaires contribuent pour 4,6% de tous les emplois directs
dans le secteur forestier québécois. Finalement, pour bien la
situer dans les entreprises manufacturières de bois, on la place au 9e
rang. On a eu l'occasion de discuter de REXFOR en commission parlementaire et
de parler de son râle, de son râle actuel et de son rôle
éventuel. Il est difficile d'établir la rentabilité
financière de REXFOR sur la même base que les
sociétés privées parce que son mandat n'est pas le
même et elle doit tenir compte de certains mandats gouvernementaux et le
gouvernement, bien sûr, doit avoir des objectifs plus larges que la
stricte rentabilité financière. Cependant, il faut aussi noter,
malgré des mandats qui peuvent être à l'occasion moins
rentables, financièrement parlant, que les résultats financiers
de la société REXFOR, entre 1979 et 1983, prouvent que l'avoir
des actionnaires ou l'avoir de l'actionnaire, finalement, a augmenté de
37 800 000 $. C'est quand même une augmentation de la valeur qui a
été injectée dans REXFOR.
Comme je le disais au début, le projet de loi 66 vise
essentiellement à augmenter le capital-actions de REXFOR pour le porter
à 125 000 000 $ et lui permettre de développer des programmes,
des projets d'investissement. Il y a quatre projets qui sont sur la table
actuellement et dont on a déjà eu l'occasion de discuter en
commission et en deuxième lecture. Il s'agit de quatre projets
très précis de REXFOR, en particulier, la réorganisation
de l'activité du sciage en Gaspésie et dans la région de
Matane-Matapédia; un autre projet dont on parle également
beaucoup, soit la réalisation d'une papeterie à Matane, une usine
de panneaux MDF à Mont-Laurier et une usine de panneaux gaufrés
au Témiscamingue. S'ils étaient réalisés, ces
quatre projets d'importance, même s'il peut éventuellement y en
avoir d'autres également, susciteraient, au Québec, un
investissement de tout près de 500 000 000 $. Également, ces
mises en oeuvre permettraient de créer au-delà de 1300 emplois
directs et indirects pour des Québécois et d'ajouter finalement
l'utilisation de 1 000 000 mètres cubes additionnels de bois provenant,
à l'occasion, de petits propriétaires ou de la forêt
publique. Ces quatre projets dont je viens de vous parler sont à
différents stades et il est possible, avec l'acceptation ou l'adoption
de ce projet de loi, M. le Président, qu'ils se réalisent
à partir de maintenant, soit en début de 1984, et au cours des
trois prochaines années.
Comme l'a rappelé le ministre de l'Énergie et des
Ressources, M. Duhaime, on ne peut, je pense, être contre un projet de
loi comme le projet de loi 66 pour la simple raison qu'il fait état,
qu'il permet et qu'il permettra de nouveaux investissements, donc de nouveaux
emplois pour le Québec dans un domaine, justement, où notre
expertise est très bonne et l'une des meilleures en fait. En ajoutant le
capital-actions à la société REXFOR, M. le
Président, on lui permet aussi de mieux jouer son rôle parce qu'il
faut se rappeler qu'en vertu de l'article 3 de la charte qui régit
REXFOR, un de ses mandats est de stimuler justement l'implantation et le
développement de l'industrie forestière ainsi que de créer
des emplois nouveaux. Cela fait donc partie de son rôle, je pense, et le
projet de loi 66, en ajoutant du capital-actions à la
société REXFOR, permettra des investissements importants au
Québec, dans des régions du Québec, soit en
Abitibi-Témiscamingue, en Gaspésie en particulier, dans la
région de Mont-Laurier, et sera donc à l'avantage des
Québécois et des Québécoises.
J'espère qu'avec l'aide, bien sûr, de
l'Opposition, si elle veut être positive, nous pourrons adopter le
projet de loi 66.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, nous sommes maintenant en
phase terminale de ce projet de loi. Comme vous le savez, nous avons
demandé d'entendre REXFOR en commission parlementaire avant l'adoption
du principe. Ceci nous a permis d'explorer quelque peu les orientations de
REXFOR sans aller au fond du sujet puisque nous n'avons pas eu l'occasion
d'entendre les gens du secteur privé qui auraient voulu s'exprimer sur
le sujet.
Nous avons fait état de plusieurs critiques qui ont trait
à l'orientation de REXFOR, et ce, pour de très bonnes raisons.
C'est que, justement - le ministre l'a reconnu - l'orientation de REXFOR est
loin d'être précise, elle est même extrêmement
ambiguë. C'est la raison pour laquelle nous avons remis en question
l'orientation de REXFOR.
De fait dans le Devoir, au lendemain de la commission parlementaire, on
disait: "Le Parti libéral du Québec remet en question
l'orientation de REXFOR." Je dois vous assurer que même si nous avons
voté pour le principe du projet de loi 66, nous sommes encore plus
déterminés que jamais à remettre en question l'orientation
de REXFOR. Le ministre n'aurait pas dû croire, comme il l'a fait en
deuxième lecture, que le vote du Parti libéral sur le principe du
projet de loi était un acquiescement à la politique du ministre
dans le domaine de la politique forestière ou de l'orientation de
REXFOR, était un appui au gouvernement dans les interventions qu'il fait
et était un appui au manque de leadership du ministère de
l'Énergie et des Ressources précisément dans ce dossier de
REXFOR.
M. le Président, je voudrais reprendre ce que le ministre nous
faisait dire, à la page 6992 du journal les Débats du mercredi 13
juin, que l'appui du Parti libéral était un appui au
gouvernement, un appui à REXFOR et un appui inconditionnel au
développement économique tel que suggéré par le
gouvernement. Il ne s'agit pas de cela. Nous avons tenté de remettre en
question l'orientation de REXFOR, nous avons évoqué, je crois
d'une façon très précise, l'ambiguïté de ses
missions et de son orientation. 5i nous n'avons pas apporté d'amendement
en commission parlementaire lorsque le temps est venu de l'étude article
par article c'est qu'il s'est avéré que cette tâche
était au-delà de la capacité de l'Opposition à ce
moment, puisque dans une très grande mesure je crois que l'orientation
de REXFOR doit se faire par des directives venant du ministre, venant du
gouvernement.
De fait, les amendements qui ont été apportés
à la loi concernant REXFOR en 1979 permettent justement au gouvernement
de donner des directives très précises à REXFOR et
à son conseil d'administration. C'est la raison pour laquelle le
député de Matane qui était ministre des Terres et
Forêts à ce moment avait modifié la loi relative à
REXFOR pour permettre au gouvernement de donner des directives à REXFOR.
D'ailleurs, le ministre nous disait qu'il est vrai que REXFOR avait soumis un
plan de développement et que ce plan de développement n'avait pas
été appuyé, n'avait pas encore été
autorisé ou approuvé par le gouvernement. Il en concluait que
REXFOR avait quand même un plan de développement. M. le
Président, je m'excuse, un plan de développement d'une
société d'État s'il n'est pas approuvé par son
actionnaire principal ce n'est pas un plan de développement
autorisé et à ce moment on doit en conclure que l'orientation de
la société d'État est loin d'être connue.
J'aimerais également évoquer l'orientation de REXFOR en ce
qui a trait à sa concurrence avec le secteur privé. Je crois que
nos interpellations en commission parlementaire et ici en deuxième
lecture lors de l'étude du principe, ont amené le ministre de
l'Énergie et des Ressources à apporter certaines
précisions, à un tel point que dans le Devoir du 13 juin, on
titrait que le gouvernement du Québec ne mettra pas en concurrence
systématique REXFOR avec le secteur privé. Il va de soi qu'une
société d'État qui oeuvre dans le domaine
économique est en concurrence avec le secteur privé. Il ne s'agit
pas de dire que REXFOR n'est pas en concurrence avec le secteur privé,
elle l'est. Ce qu'il s'agit de définir c'est quelles sont les
règles du jeu et comment REXFOR, qui est en concurrence avec le secteur
privé, va se comporter. Ce sont les questions que nous avons
posées et pour lesquelles nous n'avons pas eu de réponse,
à savoir quelle est la rentabilité de REXFOR? quelles sont ses
orientations? Quelles sont les règles du jeu qu'elle pratiquera
lorsqu'elle fera des investissements?
M. le Président, je crois que ces questions étaient
pertinentes, qu'elles demeurent pertinentes puisque contrairement à ce
que vient de dire le député, le ministre des Terres et
Forêts en 1978 - et je l'avais évoqué en commission
parlementaire - le ministre Bérubé avait dit et je le cite ici
dans Le Soleil du 22 août 1978: "La société d'État
REXFOR devra se comporter comme une entreprise privée". (13 h 20)
M. le Président, c'est là qu'est toute
l'ambiguïté. REXFOR doit-elle se comporter
comme une société qui doit être rentable, qui est en
concurrence avec le secteur privé, ou est-ce une société
d'aide et de dévelopement? Autrement dit, est-ce un genre de
société de développement industriel? À ma
connaissance, jamais personne n'a accusé la Société de
développement industriel d'être en concurrence avec le secteur
privé.
Je crois que c'est là qu'est tout le dilemme, qu'est toute la
question. Le ministre l'a reconnu puisqu'à la page 6993, dans la
réplique qu'il faisait ici à l'Assemblée nationale, il
disait que si l'orientation de REXFOR est ambiguë, c'est attribuable au
fait, et je le cite: "C'est parce que, dans un premier temps, on demande
à REXFOR d'avoir les mêmes règles de gestion,
d'administration, les mêmes exigences, quant à la
rentabilité, que l'entreprise privée. D'un autre
côté, on lui envoie des douzaines de canards boiteux et on lui
demande ensuite de prendre des risques très élevés." Fin
de la citation.
M. le Président, quand nous avons voté sur le principe du
projet de loi, nous avons voté pour le principe selon lequel il
était peut-être opportun dans certaines conditions bien
définies qu'une société d'État intervienne dans le
domaine économique. Je l'ai dit, ma formation politique est loin
d'être doctrinaire sur ce point-là, nous ne sommes pas de ceux qui
prétendent que l'État n'a rien à voir dans le domaine
économique.
M. le Président, pour autant que nous sommes prêts à
acquiescer au fait qu'une société d'État ou des
sociétés d'État puissent intervenir dans le domaine
économ.ique, dans la même mesure, nous croyons qu'il est
important, nécessaire et opportun que le gouvernement définisse
d'une façon beaucoup plus précise l'orientation de la
société d'État REXFOR. D'autant plus, et je l'ai su
uniquement hier, que le contrat qui lie le président, M. Duchesneau, au
conseil d'administration et à la société d'État
REXFOR, comporte des clauses d'incitation reliées à la
performance économique de REXFOR.
M. le Président, on voit là toute l'ambiguïté
dans laquelle la société d'État a été
plongée par le gouvernement, puisque le ministre du temps en 1978, M.
Bérubé, demandait à la société d'État
REXFOR d'être rentable; le contrat qui lie le président-directeur
général de REXFOR à son conseil d'administration implique
des clauses d'incitation pour augmenter la rentabilité de REXFOR et, en
même temps, le ministre nous dit qu'il ne sait pas.
Si j'ai posé la question, c'est que je voudrais savoir comment,
dans un an, deux ans ou trois ans d'ici, les contribuables, l'Opposition et les
ministériels pourront juger de la performance financière de
REXFOR. À ce sujet-là, M. le Président, j'aimerais
reprendre une déclaration du ministre, qui n'aimait pas beaucoup
l'analyse financière que j'avais faite et où je disais en
évaluant la performance financière de REXFOR pour les compagnies
pour lesquelles elle est tout à fait responsable, c'est-à-dire
ces filiales qu'elle contrôle au moins à 51%, le déficit
accumulé depuis six ans était de 27 000 000 $, alors que le
chiffre d'affaires accumulé était de 242 000 000 $. Le ministre
de l'Énergie et des Ressources me disait: "Regardez donc le "bottom
line". C'est sa citation ici où il disait à la page 6993: "Ce qui
compte - les Anglais appellent cela le "bottom line" - c'est la ligne d'en
bas." Il continuait à la page 6994 du journal des Débats du 13
juin en disant: "En consolidation, y a-t-il une perte ou un
bénéfice à REXFOR? Vous allez être obligés de
conclure avec moi que c'est un bénéfice consolidé." Fin de
la citation.
M. le Président, je n'ai pas pu répondre au ministre
à ce moment-là, parce que c'était la réplique du
ministre en deuxième lecture. J'ai devant moi les états
financiers du 31 mars 1983 qui sont ceux que nous avions à venir
jusqu'à ce matin. Si le ministre avait pris la peine de regarder les
états financiers de REXFOR pour l'année 1983, où on met en
parallèle les résultats pour l'année 1982, il se serait
rendu compte que le déficit de REXFOR en 1982 était de 2 800 000
$ et que la perte de REXFOR pour 1983 était d'environ 5 000 000 $. Ce
matin, nous avons reçu le rapport financier de REXFOR pour
l'année 1983-1984, c'est-à-dire le rapport financier allant
jusqu'au 31 mars 1984. On s'aperçoit que la perte, le "bottom line",
comme l'appelle le ministre, est encore une perte de 5 000 000 $.
M. le Président, je crois qu'on nage en pleine
ambiguïté. L'orientation de REXFOR n'est pas connue. Le ministre,
qui a donné certains éclaircissements à la suite de mes
questions en commission parlementaire, nous a donné quelques directives.
Il nous a dit qu'en particulier, pour trois des quatre projets mis de l'avant
par le ministre, il semblerait que ce dernier va insister pour que ce soit une
compagnie du secteur privé qui prenne la gestion de l'entreprise, non
pas REXFOR, et qu'en plus de cela, dans le domaine des scieries en
Gaspésie, il recherchait la participation d'une compagnie du secteur
privé. Voilà le genre de directive que nous aurions voulu
connaître.
Malheureusement, je ne crois pas que ces quelques
éclaircissements que nous a donnés le ministre puissent nous
satisfaire et nous empêcher de continuer à dire que l'orientation
de REXFOR est tout à fait ambiguë et qu'il faut absolument, dans
les mois qui viennent, que le ministre fasse son travail, fasse son "homework"
et éclaircisse quelle est l'orientation de REXFOR et de quelle
façon REXFOR va travailler en
collaboration avec le secteur privé.
M. le Président, en conclusion, j'aimerais quand même dire
que malgré ces très fortes réticences... Je ne voudrais
pas que le gouvernement comprenne du vote que nous allons donner en
troisième lecture... Je ne voudrais pas que le ministre fasse ce qu'il a
fait en deuxième lecture, alors qu'il a semblé transformer notre
adhésion au principe du projet de loi pour conclure que le vote du Parti
libéral du Québec était une adhésion
complète à l'orientation de REXFOR et aux politiques du ministre
et du gouvernement. Au contraire, nous avons formulé de nombreuses
critiques et nous allons continuer de le faire.
Nous croyons qu'en 1984 il n'est pas décent pour une
société d'État de ne pas avoir de plan d'orientation. Nous
croyons qu'il n'est pas décent pour le Parlement de voter 65 000 000 $
en capital-actions supplémentaire et de ne pas savoir quel sera le
rendement sur l'investissement fait par le gouvernement, d'autant plus qu'une
très grande partie de ce capital-actions sera injecté dans une
papeterie à Matane.
Ce qui fait que, finalement, nous allons voter pour le projet de loi,
c'est, d'une part, que nous croyons que les régions sont très mal
pourvues présentement et qu'il y a un chômage excessif qu'il faut
absolument que le gouvernement cherche à compenser. De plus, dans le
rapport de M. Duchesneau, le rapport financier qui nous a été
donné ce matin, on peut lire, à la page 6, concernant la
papeterie de Matane... Je suis désolé pour les gens de la
région de Matane que ceux qui étaient les protagonistes, que ceux
qui avaient été approchés pour être investisseurs
dans ce projet de Matane se soient retirés; je me réfère
en particulier à la compagnie Bato. Je ne crois pas que le gouvernement
puisse utiliser une très grande partie de ce capital-actions avant les
prochaines élections générales.
En conclusion, comme une très grande partie du capital-actions ne
sera pas utilisée, qu'il s'agit là plutôt d'une
augmentation sur papier du capital-actions, qui pourra peut-être
permettre la réalisation d'un ou deux projets beaucoup plus petits dans
la région de l'Abitibi-Témiscamingue, en particulier, comme une
très grande partie du capital-actions ne sera pas utilisée dans
un avenir très rapproché et avec les réticences que nous
avons quant à l'orientation de REXFOR, vu que nous ne savons pas quelles
sont les règles du jeu de la société REXFOR, c'est avec
énormément de réticences que nous allons voter pour ce
projet de loi. Nous supplions le ministre et le gouvernement de faire le
travail qui aurait dû être fait avant de venir ici à
l'Assemblée nationale pour demander des fonds additionnels et s'assurer
que l'orientation de REXFOR soit précisée d'une façon
publique, connue, et non en catimini, et que le plan de développement de
REXFOR soit révisé pour, finalement, inclure les directives qui
devraient venir du ministre sur l'orientation à donner à REXFOR
dans le rôle qu'elle devra jouer, lequel rôle devra être
précisé.
Nous espérons qu'à l'automne le gouvernement pourra
apporter des modifications à l'orientation de REXFOR, que ce soit par
des amendements à la loi qui régit REXFOR, que ce soit par le
dépôt d'un plan de développement de REXFOR qui serait
approuvé par le gouvernement et qui permettrait au public, à
l'Opposition, de connaître enfin quelles sont les règles du jeu
qui seront suivies par cette société d'État et quels sont
les objectifs qui seront imposés par le gouvernement à M.
Duchesneau et à son conseil d'administration. M. le Président, je
crois que ceci serait de meilleur augure pour s'assurer que le secteur
privé continue à jouer son rôle et pour que les
sociétés d'État, dont REXFOR, jouent un rôle utile
qui est le leur et qui doit être défini d'une façon
beaucoup plus précise. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 66, Loi
modifiant la Loi sur la Société de récupération,
d'exploitation et de développement forestiers du Québec, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je propose, donc, que nous
suspendions maintenant nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 3)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
Vous pouvez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement
M. Blouin: M. le Président, nous discuterons maintenant de
l'industrie de la construction et des règlements qui la
régissent. À cet égard, je vous demande d'appeler
l'article 28 de notre feuilleton, s'il vous plaît!
Motion proposant que la commission
de l'économie et du travail
procède
à une consultation sur la Loi sur
les relations du travail dans
l'industrie de la construction
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motion, en vertu de
l'article 142 des règles de procédure, qui se lit comme suit: Que
la commission permanente de l'économie et du travail procède
à une consultation particulière afin d'examiner la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction et ses
règlements; que, conformément à l'article 121, le ministre
du Travail soit membre de cette commission et participe à toutes les
étapes nécessaires à l'exécution de ce mandat et
que ce mandat puisse être exécuté malgré les
dispositions de l'article 47.
La parole est au ministre du Travail.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: Je vous remercie, M. le Président.
Permettez que je vous soumette rapidement les motifs pour lesquels je suis
d'opinion que cette motion devrait être adoptée et ce, de
façon unanime. Je vous signale que depuis que j'occupe les fonctions de
ministre du Travail, c'est-à-dire depuis le mois de septembre 1982, il
ne s'est pas passé une semaine ou, en tout cas, certainement pas un mois
sans que les intervenants du secteur de la construction ne me fassent des
représentations quant à l'opportunité de procéder
à la modification autant de la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction que de la réglementation connexe.
À la suite de ces nombreuses demandes, il fut décidé, en
accord avec toutes les parties, que nous allions nous rencontrer le ministre du
Travail et les intervenants de la construction, autant patronaux que syndicaux,
pour essayer, ensemble, de procéder à l'identification des motifs
pour lesquels la loi elle-même et sa réglementation devraient
être amendées.
Nous avons effectivement, à ce chapitre, tenu deux
réunions spécifiques, l'une le 19 décembre 1983 et l'autre
le 24 janvier 1984.
À l'occasion de l'une et l'autre de ces rencontres, les parties -
je souligne qu'il est important de le retenir - ont soumis à
l'appréciation de celui qui vous parle certains points qui faisaient
l'objet de leurs préoccupations et sur lesquels elles souhaitaient que
des changements interviennent. Rappelons simplement, par exemple, la
préoccupation profonde des parties . quant au champ d'application de la
Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction. On m'a
également soumis qu'il faudrait reconsidérer de rapatrier le
règlement sur les conditions de vie.
Je ne vous apprendrai rien, M. le Président, en vous signalant
que les deux parties, à l'occasion de ces deux rencontres, ont mis
beaucoup d'insistance sur le phénomène qu'il est convenu
d'appeler le braconnage ou, encore, le travail au noir. On a également
attiré mon attention sur le rôle des parties au comité
mixte de l'Office de la construction et à l'office même, au
conseil d'administration de l'office. On a aussi insisté sur la
nécessité de procéder à la création d'une
instance, d'un tribunal qui serait habilité à entendre les
litiges relatifs à l'application des lois et des règlements.
Tous ces sujets-là, avec toutes les parties, encore une fois,
partie patronale et parties syndicales, ont été abordés
à l'occasion de cette réunion du 19 décembre 1983 et du 24
janvier 1984. Je vous rappelle - c'est important pour les besoins de la
discussion - que les deux parties, les quatre associations syndicales et
l'association patronale, faisaient preuve d'une belle unanimité sur -
appelons cela pour les besoins de la discussion - les problèmes
existants dans le secteur. Alors, je me suis dit: Comme il y a cette
unanimité qui a l'air de vouloir exister, comme c'est un
phénomène qu'on ne voit pas souvent dans le secteur de la
construction, profitons donc de l'occasion de cette belle unanimité pour
demander aux uns et aux autres de soumettre par écrit les points sur
lesquels ils s'entendaient, de soumettre également par écrit les
consensus qui s'étaient dégagés de ces deux rencontres, de
me soumettre le tout dans un délai raisonnable - on avait parlé
de quinze jours, M. le Président - et j'allais, de mon
côté, prendre les dispositions nécessaires pour que des
amendements, des changements soient apportés autant à la loi
qu'à la réglementation. Quinze jours, donc, M. le
Président.
Les quinze premiers jours s'écoulent, se passent. Je n'ai pas le
document dont tout le monde a convenu. Je me dis que c'est peut-être
normal. Tout un chacun est occupé de son côté. On va
laisser passer un peu de temps pour leur permettre de terminer le document.
Trois semaines, un mois, deux mois, trois mois passent. Nous sommes aujourd'hui
le ou vers le 20 juin et je n'ai pas encore, au moment où on se parle,
le document que, conjointement et unanimement, les parties devaient m'acheminer
à la suite de la rencontre dont je viens de vous parler.
Effectivement, ce document n'est jamais venu, ne m'a jamais
été soumis malgré, encore une fois, cette belle
unanimité dont on avait fait preuve à l'occasion des deux
rencontres dont je viens de vous parler. Malgré, encore une fois, ce qui
m'apparaissait être la bonne volonté évidente des deux
parties, j'attends toujours ce
document qui devait essentiellement contenir les points de discussion et
qui, s'il m'était parvenu, aurait sans doute évité la
nécessité de la tenue de cette commission parlementaire quelque
part au mois d'août prochain.
À ces événements que je viens de décrire
s'en sont ajoutés quelques autres. Cela nous amène au mois
d'avril. Évidemment, au mois d'avril, au fur et à mesure que les
jours passent, nous sommes préoccupés par
l'échéance du décret dans l'industrie de la construction.
Nous savons qu'à la fin d'avril ce décret se termine et alors il
faut que des décisions soient prises. Je n'ai toujours pas le document
dont je vous parlais.
Vous le savez, le gouvernement, après analyse, évaluation
de la situation, a décidé à la fin du mois d'avril de
prolonger pour une période de quatre mois le décret de la
construction régissant les conventions ou les conditions de travail
existant entre les parties. Pourquoi prolonger de quatre mois? Pour
essentiellement deux objectifs bien précis. D'une part, pour
éviter que l'une ou l'autre ou l'une et l'autre des parties ne taxent
qui que ce soit de ne pas avoir eu le temps de négocier des conditions
de travail, pour leur permettre d'avoir tout le temps nécessaire, quatre
mois pour entreprendre, entretenir, continuer des négociations qui
auraient dû ou qui devraient normalement aboutir à un
règlement.
Je me suis fié à la bonne foi des parties, à la
bonne volonté qu'elles ont manifestée à l'occasion de ces
différentes rencontres dont je vous ai parlé. À la fin du
mois d'avril dernier, le gouvernement, sur la recommandation du ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, prend cette décision de prolonger le
décret de la construction jusqu'à la fin du mois d'août
1984, pour ce motif, dont je viens de vous parler: permettre à ceux qui
généralement - je ne sais pas si c'est une coutume qui existe
comme ça -reprochent au gouvernement d'intervenir dans des choses ou
dans des affaires qui ne sont pas les siennes, leur permettre de disposer de
toute la période de temps nécessaire pour régler leurs
problèmes.
Le deuxième objectif, a été annoncé en
même temps que la prolongation du décret et cela répondait
à une demande des parties, autant patronale que syndicale, qui s'est
transformée en engagement, à un moment donné, a
été de rassurer les parties sur la tenue d'une commission
parlementaire à l'intérieur du même délai, du
délai de 120 jours, laquelle commission aurait comme mandat
d'étudier ces problèmes dont je parlais au tout début de
mon intervention.
Est arrivée la nomination du conciliateur, M. Leboeuf, un homme
d'expérience, qui connaît le dossier de la construction pour y
avoir travaillé à plusieurs reprises, qui me semble, qui m'a
semblé en tout cas avoir la confiance d'à peu près toutes
les parties. Donc, nomination du conciliateur et espoir que les
négociations, de vraies négociations, s'engagent pour qu'on
puisse arriver à l'intérieur de ce délai de quatre mois
avec une entente qui serait issue des discussions des parties elles-mêmes
et à l'intérieur de laquelle le gouvernement ne serait pas
intervenu. C'était, à ce moment, l'objectif.
Le conciliateur, avec la connaissance qu'il a du milieu,
l'expérience qu'il a acquise pour avoir travaillé souvent dans ce
dossier, a commencé son travail. Il a réuni les parties le 16 mai
dernier. Il a été obligé de constater, après cette
rencontre du 16 mai, que la négociation s'enclenchait difficilement,
mais très difficilement. J'ai demandé au conciliateur de
déployer tous les efforts qui permettraient qu'effectivement les parties
puissent respecter le mandat qui est leur, celui de négocier leur
convention et de prendre toute espèce de dispositions nécessaires
pour y arriver, ce que M. Leboeuf a fait. Et, dernièrement, le 13 juin
dernier, à ma demande, M. Leboeuf m'a remis un rapport écrit de
la situation et la conclusion à laquelle il en arrivait. C'est que si
les choses demeurent dans l'état où elles sont, si le
déblocage ne se fait pas d'une façon ou d'une autre, il est
obligé de constater, quant à lui, que les négociations
sont au point mort et que selon toute vraisemblance elles n'avanceront pas.
C'était le 13 juin.
Ayant pris connaissance de cette évaluation du conciliateur,
après avoir, bien sûr, réfléchi à la
situation et consulté, nous en venons à la conclusion que tenir
une commission parlementaire à la fin du mois de juin aurait
peut-être comme effet bénéfique de réenclencher ou
d'enclencher plutôt, parce qu'elle n'a pas eu lieu, la négociation
dans le dossier.
Pour permettre, effectivement, M. le Président, que cela
débloque, je n'ai pas d'objection à la tenue d'une commission
parlementaire à la fin du mois de juin et l'annonce est faite en
conséquence. Je convoque, cependant, lundi dernier, le 18 juin, je
demande de voir les représentants de toutes les parties pour
connaître leur évaluation des sujets qui devraient faire l'objet
des discussions en commission parlementaire: Qui devrait y être entendu?
Combien de temps devrait-elle durer? Enfin, à quelle époque
devrait-on la tenir? À la suite de cette rencontre avec les
interlocuteurs des deux parties, je suis obligé d'arriver à la
conclusion que la tenue de cette commission parlementaire à la fin du
mois de juin n'est plus non seulement utile, mais il ne sert strictement
à rien de la tenir à ce moment-ci, parce que les parties
syndicales en particulier nous ont fait part qu'elles n'étaient pas
prêtes à s'y présenter
à la fin du mois de juin et, constatant cette volonté des
parties syndicales, la partie patronale nous informe que, si les interlocuteurs
ne sont pas en commission parlementaire, il n'est pas non plus utile pour ces
gens d'y être à la fin du mois de juin. C'est donc la raison pour
laquelle il a fallu annuler ou contremander la tenue de la commission
parlementaire à la fin du mois de juin et reporter cet exercice quelque
part au mois d'août prochain à des dates que nous pourrons
déterminer.
M. le Président, en conclusion, vous me permettrez de profiter de
cette tribune pour faire appel aux parties d'utiliser, et d'utiliser
correctement le temps qui reste à leur disposition - il reste plus de
deux mois au moment où on se parle - pour tenter tous les efforts qui
sont humainement "tentables" pour en arriver à une conclusion, à
une entente. Assez curieusement, M. le Président - je vous le signalais
il y a un instant - les parties ont cette tendance - c'est tout à fait
normal - à dire au gouvernement: Ne vous mêlez pas de nos
affaires. Nous sommes assez matures, assez grands pour être capables de
régler nos problèmes. Ne vous en mêlez pas. (15 h 20)
Cela nous vient de toutes les parties. C'est tout à fait normal
qu'il en soit ainsi, M. le Président, mais là, le gouvernement
est bien obligé de constater qu'au fur et à mesure que le temps
passe, au fur et à mesure que l'échéance du mois
d'août, de la fin du mois d'août est près de nous, M. le
Président, malgré le temps qui a été laissé
aux parties, malgré la bonne volonté dont elles faisaient preuve
au début, bon gré mal gré, quelqu'un quelque part,
à un moment donné, va devoir prendre des décisions.
Quelles sont les solutions qui restent, M. le Président, si
malheureusement une entente n'intervient pas? Les solutions qui restent on les
connaît. Ou bien au 30 août on se retrouve tout le monde dans le
vide juridique, dans ce qu'on est convenu d'appeler un vacuum, avec la
possibilité pour les syndicats de déclencher une grève
légale dans la construction et la possibilité pour l'employeur de
déclencher un lock-out légal, au 30 août également.
L'autre possibilité, M. le Président - c'est ce sur quoi on
insiste pour que le gouvernement n'intervienne pas -ce serait effectivement,
à la suite d'une commission parlementaire portant sur la convention
elle-même, d'obliger en quelque sorte le gouvernement, encore une fois,
à intervenir en lieu et place des parties pour établir des
conditions de travail, pour imposer des conditions de travail alors que les uns
et les autres ont encore deux mois devant eux.
M. le Président, comme je vous le signalais il y a un instant, il
était évident que la tenue d'une commission parlementaire
à la fin du mois de juin n'allait pas permettre de débloquer les
négociations malgré les demandes des parties elles-mêmes.
Mais j'ai pris un engagement à la fin du mois d'avril de tenir cette
commission parlementaire, sur la loi et sur la réglementation, à
l'intérieur du délai de quatre mois. C'est le motif pour lequel
la motion est là, aux fins de permettre à la commission de
l'économie et du travail de se réunir au mois d'août
prochain pour l'appréciation et l'évalutation autant de la loi
que de la réglementation.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Portneuf et whip de l'Opposition.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous en sommes
à l'écriture par l'honorable ministre du Travail d'un autre
chapitre ou d'une autre page de ce grand livre qui concerne le renouvellement
du décret tenant lieu de convention collective dans le secteur de la
construction. La motion qui nous est présentée aujourd'hui vise
essentiellement à ce que la commission parlementaire de
l'économie et du travail se réunisse pendant l'intersession pour
entendre les représentants patronaux comme syndicaux
intéressés, concernés par le renouvellement du
décret.
M. le Président, bien que j'aie 30 minutes à ma
disposition, je me propose d'être bref. Il y a quand même certains
points que je ne peux m'abstenir évidemment de traiter aujourd'hui. Je
ferai référence dans un premier temps au caractère
particulier du secteur de la construction. Comme on le sait, le renouvellement,
la convention collective, les conditions de travail et de
rémunération dans le monde de la construction sont régis
de façon particulière en vertu de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction.
Comme la majorité de ceux qui sont intéressés par
le sujet le savent, la convention collective se négocie entre les
parties représentantes: d'un côté, l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec avec ses différentes
composantes - j'y reviendrai à la fin de mes propos - et du
côté syndical, les cinq associations représentatives qui
ont reçu le mandat de leurs membres de les représenter pour fins
d'activités syndicales, dont l'activité de négocier leurs
conditions de travail.
Malheureusement, les circonstances auront voulu que depuis plusieurs
années déjà la convention collective, l'entente entre les
parties aura dû toujours passer l'étape de la commission
parlementaire, car les dispositions de la loi prévoient à peu
près ceci: S'il y a entente entre les parties, tant mieux, c'est
une convention collective qui devient un décret strictement par
la signature du ministre du Travail au Conseil des ministres. Si les parties ne
s'entendent pas sur certains aspects de cette convention collective, le
gouvernement doit trancher et, par la plume du ministre du Travail,
écrire et choisir le contenu des dispositions sur lesquelles il y a
mésentente.
Cette année encore, tous les intervenants
intéressés par cette question souhaitaient une négociation
pour le renouvellement du décret qui s'amorce à temps, une
négociation qui soit véritable entre les parties et que cela
aboutisse enfin à une convention collective où tous les articles
auraient pu être paraphés sans l'intervention du
législatif, par le biais de la commission parlementaire qui, auquel cas,
doit siéger, sans l'intervention de l'Exécutif par la griffe
apposée dans de tels documents par le ministre du Travail.
Or, comme on le sait, dans le secteur syndical, il n'y a pas de
majorité à la table. C'était à prévoir comme
conséquence de la loi 109 ou de la loi 110 qui a été
adoptée il y a quelques années, lorsqu'on a créé
par voie législative la cinquième centrale syndicale, soit la
FTQ-Construction. Nous sommes devant une table syndicale où la
FTQ-Construction représente 41,9% du vote exprimé par les
travailleurs, le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction (International) représente 30,8%; la CSN-Construction
représente 17,4%; la CSD représente 9,2% et le Syndicat des
travailleurs de la Côte-Nord représente 0,8%. Il était donc
à prévoir que l'organisation de l'approche des demandes
syndicales devait passer par des consensus entre les différentes
parties.
Ajoutons à cela, M. le Président, le fait que
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec a eu
l'occasion d'exprimer, peu de temps avant l'échéance du dernier
décret, une opposition on ne peut plus claire, en ce qu'elle a
formulé clairement des demandes ou des offres qui visaient
évidemment une réduction du coût de production et des
demandes particulières à plusieurs égards qui commandaient
des sacrifices importants de la part des travailleurs de ce secteur. Tant et si
bien que la négociation qui était souhaitée ne s'est pas
déroulée, nous en convenons.
On se rappelle que le droit de grève ou de lock-out a
été acquis légalement le 1er mai. On se rappelle
qu'auparavant, soit le 7 mars, il y a eu une première, une seule
rencontre patronale-syndicale qui s'est ajournée sur un désaccord
quant aux modalités de la négociation. En mars, on s'en
rappellera - la question a été soulevée ici à
l'Assemblée nationale - j'ai demandé au ministre du Travail s'il
avait l'intention d'ajouter un autre conciliateur pour compléter le
travail remarquable qu'a effectué jusqu'à maintenant M. Leboeuf
dans ce dossier. On se rappellera que la nomination de ce conciliateur a
tardé. Le 19 mars, le conseil provincial en demandait un et le ministre
a attendu, à juste titre, que ce voeu soit formulé par la
majorité. (15 h 30)
Dès le moment où la FTQ-Construction a demandé sa
nomination en avril, le conciliateur a été nommé par le
ministre. Il y a eu des rencontres individuelles entre le conciliateur et les
parties en avril. Le conciliateur a effectivement rencontré les parties
le 19 avril, quelques jours avant Pâques, si ma mémoire est
fidèle, et il ne s'est pas amorcé de véritable
négociation.
Devant une telle situation, le ministre du Travail était
légitimé - j'en conviens -d'annoncer, le 25 avril, une
prolongation du décret de la construction pour une période de 120
jours. Aller jusque là, pas de problème. Cependant, le
ministre... Je ne voudrais pas lui adresser un grief personnel, je comprends
qu'il a agi de bonne foi; je comprends qu'il a tenté de faire pour le
mieux, mais on doit retenir, M. le Président, que le ministre a
témoigné d'une certaine "malhabileté", si je peux utliser
ce terme, dans ce dossier. Lorsque le ministre du Travail a annoncé la
prolongation du décret, il a en même temps annoncé la tenue
d'au moins une commission parlementaire, et peut-être d'une
deuxième. On sait que, s'il n'y a pas entente complète, il doit y
avoir une commission parlementaire pour parapher le décret. Donc,
appelons cela une commission parlementaire sur l'écriture du
décret.
Il a aussi annoncé une commission parlementaire qui aurait le
mandat de se réunir pendant une période de 120 jours pour
étudier les problèmes de fond dans le secteur de la construction.
Dieu sait s'il y en a, des problèmes, dans le secteur de la
construction, des problèmes qui nous apparaissent de plus en plus
visibles, de plus en plus palpables à chaque jour qui se lève sur
ce secteur. Les parties sont d'accord pour dire qu'ils existent et qu'ils
doivent être réglés. On doit donc retenir que cette
commission parlementaire qui est, rappelons-le, la commission pour
étudier les problèmes de fond dans l'industrie de la
construction, dès qu'elle fut annoncée par le ministre, devenait
d'une signification particulière pour les parties.
Là où le ministre a manqué, c'est qu'il n'a pas
prévu les réactions des parties concernées par l'annonce
de la tenue d'une telle commission parlementaire. Je m'explique. Le ministre a
annoncé qu'elle se tiendrait, il n'a pas annoncé à quel
moment elle pourrait se tenir. J'ai perçu, comme porte-parole de mon
groupe intéressé par ce dossier, que l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec s'est appuyée sur
la déclaration du ministre du Travail et s'est dit à peu
près ceci, ce qui est tout à fait justifié: On a des
problèmes pour lesquels on doit avoir un débat utile et
concluant. Donc, tenons-le dans les meilleurs délais. Cet échange
résultera probablement, de la part du ministre et de la part d'un voeu
de l'ensemble des députés de modifier certaines dispositions de
la maquette ou du paysage en termes de lois et de règlements.
Des problèmes, il y en a, M. le Président, qu'il suffise
de se référer à l'ensemble de la question du champ
d'application du décret de la construction. Qu'il me suffise de me
référer à ce problème de fond de la diminution
substantielle du nombre d'heures dans le secteur de la construction entre 1973
jusqu'à 1984, cette décennie où on avait des millions
d'heures travaillées en 1973, 1974 et les années suivantes, et on
constate qu'en 1982, c'étaient 77 000 000 d'heures qui avaient
été travaillées et déclarées à l'OCQ,
alors qu'en 1983, ça pourra être 68 000 000 ou 70 000 000
d'heures.
Ce qui veut dire qu'un des problèmes fondamentaux, c'est le fait
que le gâteau de la construction, le gâteau à redistribuer
en termes de revenus a diminué substantiellement. Cela commande de
l'obligation de voir en commission parlementaire tout l'aspect du travail au
noir. On sait que la CSN a poussé une réflexion assez
intéressante à cet égard. Cela commande l'obligation de
voir le champ d'application du décret, le travail au noir, cela commande
l'obligation de voir ensemble la nécessité, l'utilité,
l'opportunité de toutes ces normes de limitation et de contingentement
de la main-d'oeuvre et de l'effet que ça peut avoir par la
création d'un nouveau statut dans le monde de la construction. Tout
près de 35 000 ou 40 000 travailleurs sont des illégaux, lesquels
n'ont plus le droit de travailler ne pouvant obtenir le renouvellement de leur
certificat de classification depuis 1978.
Cela commandait l'obligation de voir ensemble la question de
l'apprentissage, la formation de notre main-d'oeuvre, des périodes
d'apprentissage, des ratios maître, compagnon et apprenti. L'AECQ
était légitimée d'attendre beaucoup de cette commission
parlementaire. Son comportement, selon les informations que j'ai, aurait
été le suivant: Nous, on ne négocie pas, on va attendre
cette commission parlementaire, et une fois qu'elle se sera tenue, une fois
qu'on aura pu dégager les prises de position du gouvernement, on
négociera de façon plus utile parce qu'on saura à quoi
s'en tenir.
Premier écueil, donc. En annonçant cette commission, le
ministre s'est trouvé indirectement - j'en conviens - mais
étroitement associé, quand même, au blocage du
système de négociations. C'est le même ministre qui, dans
les jours suivants, lançait des appels vibrant aux parties leur
demandant de négocier. Quelques semaines plus tard, soit la semaine
dernière, à la fin de la semaine ou à la suite d'un
Conseil des ministres, si ma mémoire est fidèle, le ministre du
Travail annonçait la tenue d'une commission parlementaire pour les 26,
27 et 28 juin prochain. On allait siéger en commission. On allait
siéger pendant trois jours pour voir les problèmes de fond dans
l'industrie en souhaitant qu'au lendemain de cette commission les parties
puissent aller négocier et au besoin on aurait pu se réunir en
août pour continuer notre démarche de réflexion en
commission parlementaire.
Or, voici que lundi, à la suite de rencontres avec le ministre du
Travail, la partie syndicale, les représentants syndicaux soutiennent,
allèguent, à juste titre eux aussi, qu'il ne serait pas opportun
de se réunir à ce moment-ci en commission parlementaire.
Pourquoi? Parce que là où il n'y a pas de majorité
syndicale, là où il n'y avait pas de consensus hier sur certaines
matières à négocier on peut présumer et on peut
même prévoir que des consensus pourront se dégager du
côté syndical d'ici à quelques jours, sinon quelques
semaines, ce qui aurait comme résultat de permettre une
négociation probablement utile, avec plus de signification, une
représentativité complète, c'est-à-dire une
négociation résultant d'un consensus entre les parties
syndicales. Je comprends les parties syndicales de dire qu'il n'est pas
opportun de se réunir. Donc, deuxième geste malhabile du ministre
du Travail. Je dois le regretter sans le critiquer personnellement. Il a
probablement fait cela de bonne foi, mais cela témoigne d'une certaine
naïveté et probablement d'une certaine méconnaissance de ce
dossier.
Nous en sommes là avec aujourd'hui la déclaration du
ministre qui nous indique que la commission est reportée au mois
d'août. Le voeu que je voudrais formuler est le suivant. C'est
évident qu'on va s'associer à cette motion. Nous sommes d'accord
avec le fait que la commission parlementaire puisse se réunir au mois
d'août. Nous sommes d'accord avec le fait qu'on devra prendre ensemble
tout le temps qu'il faudra pour discuter des problèmes de fond auxquels
j'ai fait référence tout à l'heure, pour entendre
l'expertise des parties, pour aborder toute la question de la
sécurité du revenu, de la redistribution des revenus aux
travailleurs de la construction. On va s'y associer. On espère
qu'entre-temps les consensus du côté syndical permettront une
négociation utile et concluante. On doit espérer entre-temps...
Là on ne peut évidemment pas présumer de la position de
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Je ne suis
pas persuadé quant à moi, à la lumière de leur
position depuis le 1er mai, que c'est un
appel vibrant - aussi vibrant soit-il - de la part du ministre qui va
inciter l'AECQ à aller négocier demain matin. Ses membres
comptaient beaucoup - c'est légitime et c'est la position qu'ils
défendent et qu'ils ont le droit de défendre - sur la tenue de
cette commission parlementaire. (15 h 40)
M. le Président, je terminerai en vous disant que, en ce qui nous
concerne, dès le moment que le ministre du Travail jugera opportun de
convoquer cette commission au début du mois d'août, ou à la
mi-août, peu importe, nous y serons. Je peux d'ores et déjà
assurer le ministre et les parties qui sont certainement à
l'écoute cet après-midi que notre contribution sera significative
parce que nous aussi, nous avons enclenché depuis un certain temps un
processus de réflexion, d'analyse et même d'écriture
à l'égard de ces problèmes qui concernent le secteur de la
construction au Québec. Notre objectif est, évidemment, de faire
en sorte que le secteur de la construction soit un secteur de plus en plus
intéressant, de plus en plus rentable, non seulement pour les patrons
mais aussi pour les travailleurs.
On sait que les travailleurs de la construction du Québec ont une
réputation, une crédibilité, non seulement dans l'ensemble
du Canada mais aussi à l'extérieur du Canada. On sait qu'on a une
main-d'oeuvre qui fait l'envie de d'autres provinces, d'autres pays. On a une
main-d'oeuvre qualifiée; on a une expertise; on a un "know-how" ici. Ce
secteur a été l'objet de plusieurs réglementations, de
plusieurs de lois, de tutelle depuis quelques années; il a
été l'objet d'une attention particulière de la part des
gouvernements qui se sont succédé. Nous croyons bien
sincèrement que cette commission parlementaire serait certainement le
véhicule, le forum le plus utile pour discuter ensemble et pour en
arriver - on l'espère - au plus grand nombre de consensus qui pourront
apporter des débouchés sur des modifications qui seront
entreprises par le ministre du Travail.
Entre-temps, évidemment, les parties devront retenir que s'il n'y
a pas de négociation utile, il se passera quelque chose le 1er
septembre, soit une grève qui serait légale ou un lock-out qui
serait aussi légal. Cela n'est pas souhaitable. Car lorsque les
travailleurs font la grève, ils doivent payer le prix; ce sont eux qui
paient; ce sont des sacrifices additionnels qu'ils doivent s'imposer dans
l'utilisation d'un droit légitime et la défense de droits qui
sont tout aussi légitimes. C'est la même chose du
côté des entrepreneurs; faire un lock-out et fermer le chantier
n'est pas ce qu'il y a de plus rentable.
On doit exprimer notre surprise de constater le virement de position du
ministre depuis quelques jours; cela nous déçoit; on
espère que cela ne se répétera pas. On espère qu'il
a le ferme propos de ne plus recommencer. On espère de plus,
malgré qu'on hésite à croire que les négociations
puissent commencer demain matin ou le matin de la fête nationale ou le
matin de la fête du Canada, que les négociations pourront
s'amorcer le plus tôt possible. Nous serons présents à la
commission; nous sommes prêts. Convoquez-la; nous aurons un débat
qui sera utile. Encore faudrait-il que la commission puisse se réunir.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre du
Travail.
M. Raynald Fréchette (réplique)
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Il restait
deux ou trois minutes dans l'enveloppe de temps qui était la mienne;
permettez que je les utilise pour, dans un premier temps, remercier le
député de Portneuf de la conclusion à laquelle il en est
arrivé, c'est-à-dire la nécessité de tenir cette
commission parlementaire à la fin du mois d'août comme cela est
suggéré par la motion et aussi - je dois le dire comme je le
pense - de l'analyse qu'il a faite de la situation. Je pense qu'à bien
des égards nous nous rejoignons quant à cette analyse. Il y a
évidemment certains aspects de la situation qui mériteraient sans
doute d'être un peu plus poussés.
Je vous dirai essentiellement ceci, M. le Président: ce que le
député de Portneuf a identifié comme étant de la
malhabileté de ma part procède peut-être plutôt -
comme d'ailleurs il l'a dit aussi - d'une certaine naïveté,
laquelle procède quant à elle d'une trop grande confiance
peut-être mise dans les parties, particulièrement vis-à-vis
de l'une des parties, qui était celle qui a insisté avec beaucoup
d'à-propos sur la nécessité de tenir cette commission
parlementaire. J'ai cru que c'était utile pour faire avancer le
débat et il semble que non, maintenant. Il me reste, comme lui, à
souhaiter que le délai de deux mois et une semaine qui est là
permettra aux parties d'en arriver à une conclusion, sans quoi, comme le
député de Portneuf le disait également dans sa conclusion,
il faudra bien que quelqu'un, quelque part, à un moment donné
prenne une décision.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. La motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je propose donc maintenant que
nous abordions le projet de loi sur les assurances et d'autres dispositions
législatives. Il s'agit de l'article 10 de notre feuilleton.
Projet de loi 75 Adoption
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est l'adoption du projet
de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres dispositions
législatives. La parole est au ministre des Finances.
M. Blouin: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui?
M. Blouin: J'en propose aussi l'adoption.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Ah bon! Ce projet de loi
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
procéder à l'adoption de principe et à l'adoption d'un
certain nombre de projets de loi privés, d'abord, le projet de loi 202,
Loi concernant la Compagnie du Trust Central et la Compagnie Crown Trust. Il
s'agit de l'article 21 de notre feuilleton.
Projet de loi 202
Adoption du principe et adoption
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 202, Loi
concernant la Compagnie du Trust Central et la Compagnie Crown Trust -
l'adoption du principe et du projet de loi privé - est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi 209
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: Ensuite, le projet de loi 209, la même
procédure, Loi concernant la Compagnie minière Gaspésie
limitée (libre de responsabilité pesonnelle) et Sembec inc.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 209, Loi
concernant la Compagnie minière Gaspésie limitée (libre de
responsabilité personnelle) et Sembec inc. est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi 211
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: La même chose, M. le Président, pour le
projet de loi 211, Loi concernant l'Économie Compagnie d'assurance sur
la vie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 211, Loi
concernant l'Économie Compagnie d'assurance sur la vie, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi 212
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: Maintenant, le projet de loi 212, Loi modifiant la Loi
reconnaissant Les Assemblées de la Pentecôte du Canada comme
corporation ecclésiastique dans la province de Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 212, Loi
modifiant la Loi reconnaissant les Assemblées de la Pentecôte du
Canada comme corporation ecclésiastique dans la province de
Québec, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Blouin: Nous comprenons que le principe et l'adoption...
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est cela, le principe et
l'adoption.
Projet de loi 224
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: Très bien. Maintenant, le projet de loi 224,
Loi concernant la ville de Val-d'Or.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 224, Loi
concernant la ville de Val-d'Or, est-il adopté?
M. Blouin: Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi 231
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: Le projet de loi 231, Loi concernant l'Oeuvre des
vocations tardives.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 231, Loi
concernant l'Oeuvre des vocations tardives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi 239
Adoption du principe et adoption
M. Blouin: Finalement, M. le Président, le projet de loi
239, Loi concernant la ville de Saint-Eustache.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le projet de loi 239, Loi
concernant la ville de Saint-Eustache, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je propose donc , maintenant
que nous suspendions nos travaux pour quelques minutes et nous
procéderons ensuite avec la fin des travaux de cette session.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Donc,
suspension pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise de la séance à 16 h 12)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît. Vous pouvez vous asseoir. D'abord le député de
Gaspé a un dépôt de rapport à nous communiquer.
M. Yvon Vallières, président de
la
commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation
M. Le May: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de faire
rapport à cette
Assemblée que la commission de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation a siégé le 20 juin 1984, c'est-à-dire
aujourd'hui, afin de procéder au remplacement du président de la
commission, le temps de sa convalescence. Il a été adopté
que M. Vallières, député de Richmond, remplacera M.
Mathieu, député de Beauce-Sud, pour la période de sa
convalescence.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Ce rapport est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, s'il n'y a pas d'objection -
je ne pense pas qu'il y en ait - je propose donc maintenant que nous
procédions à l'adoption du projet de loi 80. Il s'agit de
l'article 13 de notre feuilleton.
Projet de loi 80 Adoption
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que le projet de
loi 80, Loi sur l'Ordre national du Québec, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je vous demande maintenant
d'appeler l'article 9 de notre feuilleton, s'il vous plaît!.
Projet de loi 84 Adoption
Le Vice-Président (M. Jolivet): L'article 9. C'est le
projet de loi 84, Loi modifiant diverses dispositions législatives. Je
crois que le ministre de la Justice a quelques mots à ajouter.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): Oui, M. le Président. Pour
l'essentiel, il s'agit du projet de loi omnibus qui a fait l'objet des longues
discussions que nous connaissons. Nous apporterons un amendement à ce
stade-ci, avec le consentement de nos collègues et que les
écritures soient faites en conséquence, s'ils acceptent.
L'amendement vise à insérer, avant l'article 32, le
suivant: "L'article 31.1. L'article 102 de la Loi sur l'Assemblée
nationale, Lois refondues du Québec, chapitre
A-23.1 est remplacé par le suivant: 102. Le bureau établit
par règlement les conditions, barèmes et modalités de
remboursement aux députés, membres du Conseil exécutif
exceptés, aux membres du personnel de l'Assemblée nationale et
aux personnes visées par le premier alinéa de l'article 124.2,
des dépenses faites lors des missions officielles accomplies à la
demande du président de l'Assemblée. "Le bureau peut, selon les
modalités, les conditions et la période qu'il détermine,
déléguer à la personne qu'il désigne le pouvoir de
déterminer le montant des dépenses qui, selon le barème
fixé, peut être remboursé".
Pour l'essentiel, il s'agit d'un amendement de nature technique qui a
fait l'objet, je crois, de l'approbation du Bureau de l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
D'accord. Cependant selon notre façon de procéder, nous
allons faire les écritures comme si nous étions revenus en
commission plénière. L'amendement étant adopté, le
rapport est présenté à l'Assemblée et
adopté. Toutes les étapes ayant été franchies, nous
adoptons le projet de loi 84, Loi modifiant diverses dispositions
législatives. Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Oui, M. le
leader de l'Opposition.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Avant qu'on ne l'adopte, pourrais-je attirer
l'attention du ministre sur l'article 51.2 du projet de loi 84 qui se lit comme
suit: "L'article 6 de cette loi est modifié par le remplacement du
premier alinéa par le suivant: "L'employeur doit accorder un
congé compensatoire d'une durée égale à une
journée normale de travail lorsque le 24 juin tombe un jour qui n'est
pas normalement ouvrable pour le salarié."
J'aimerais faire remarquer au ministre que c'est le cas cette
année. Nous avons souscrit à cet amendement. Cependant, nous
avons reçu des représentations de divers employeurs, notamment
dans le domaine de la construction, ce matin, entre autres, indiquant que des
avis doivent être publiés. Étant donné que c'est
lundi, on se demandait encore aujourd'hui, dans le domaine de la construction,
notamment, si la journée de lundi est considérée comme
jour férié. J'inviterais le ministre à prendre des
dispositions pour que l'Association des entrepreneurs en construction, par
exemple, et d'autres personnes intéressées soient avisées
en conséquence de cet amendement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je prends bonne note des
représentations du député et de l'association. Je ferai en
sorte que ma collègue responsable de cette loi, la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, prenne toutes les
dispositions nécessaires à compter d'aujourd'hui ou de demain
pour que ce soit fait.
Motion proposant de continuer l'application
des règles de procédure du 13 mars
1983
Le Vice-Président (M. Jolivet): Ce projet de loi est donc
adopté.
Avant de terminer le travail que nous avons à faire, je dois vous
faire lecture de la motion inscrite en mon nom et qui se lit comme suit: "Que
les règles de procédure adoptées par cette
Assemblée le 13 mars 1984 continuent de régir tous les travaux de
cette Assemblée advenant la prorogation de la présente session
malgré l'article 47 desdites règles, et ce jusqu'à la
prorogation de la cinquième session de la présente
Législature."
Un amendement se lirait comme suit: "Remplacer le point à la fin
de la motion par une virgule et ajouter ce qui suit: "sous réserve des
modifications suivantes: "Remplacer le premier alinéa de l'article 152
par les alinéas suivants: "Le quorum d'une commission est du tiers de
ses membres y compris son président. Le quorum d'une sous-commission est
constitué de la majorité de ses membres y compris son
président. "Le quorum est nécessaire à la validité
d'un vote." "Insérer, après l'article 160, l'article suivant:
"Article 160.1. Un membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux;
"Cette motion est mise aux voix sans amendement et elle ne peut être
faite qu'une fois au cours d'une séance, sauf par le président ou
un ministre membre de la commission. Elle ne peut être débattue,
sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un
discours de dix minutes chacun. "L'auteur a droit à une réplique
de cinq minutes."
L'amendement ainsi que la motion proposée sont-ils
adoptés?
M. Blouin: J'en propose l'adoption, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
leader de l'Opposition, est-ce adopté? M. Gratton:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint.
M. Blouin: M. le Président, avant que nous prorogions nos
travaux, je suggère que nous suspendions nos travaux pour quelques
instants.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Adoptée. Suspension...
Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Le leader adjoint du gouvernement pourrait-il nous
indiquer à quelles fins nous allons suspendre?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint.
M. Blouin: Nous suspendons d'abord parce qu'il y a les
procédures habituelles au moment de la prorogation des travaux de la
session, c'est-à-dire quelques discours d'usage et la venue du
lieutenant-gouverneur qui se joindra à nous dans quelques instants.
Le Vice-Président (M. Jolivet): II faut ajouter autre
chose. Il y a sanction de projets de loi immédiatement, à la
salle 103 de l'Assemblée nationale. Donc, ces procédures doivent
aussi être faites. Suspension pour quelques instants...
Oui, M. le leader adjoint.
M. Blouin: Voilà l'explication exacte. Vous avez raison,
il doit y avoir suspension pour que nous procédions à la sanction
des lois qui ont été adoptées et, ensuite, nous pourrons
proroger cette session.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Donc, suspension
accordée.
Nous suspendons pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise de la séance à 16 h 57)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons accueillir Son Excellence le lieutenant-gouverneur.
Prorogation Le lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et Messieurs de
l'Assemblée nationale, qu'il me soit permis de profiter de cette
occasion de ma première présence officielle à l'Assem-
blée nationale pour vous exprimer à tous et à chacun ma
très vive reconnaissance pour l'accueil amical qui m'a été
témoigné depuis mon arrivée en fonction, le 28 mars
dernier, tant par les membres de cette Chambre que par tous les
Québécois et Québécoises que j'ai
rencontrés.
Ayant déjà rempli dans un autre Parlement les fonctions
qui sont les vôtres, je connais bien vos préoccupations et vos
espoirs de même que l'importance de la charge qui est la vôtre. Je
ne ménagerai donc aucun effort pour vous aider dans votre tâche,
dans le respect des règles constitutionnelles qui régissent le
rôle qui m'est dévolu.
Si les lois adoptées en assemblée, parfois après de
longs et tumultueux débats, ont certes une importance primordiale, ces
mêmes débats dont elles sont la conséquence directe le sont
tout autant car ils témoignent d'une volonté de maintenir nos
institutions démocratiques et de préserver les libertés et
les droits de tous les Québécois acquis au prix des plus grands
sacrifices. Ces sacrifices, nous nous devons de nous en souvenir, surtout en
cette année du quarantième anniversaire du débarquement en
Normandie de tous ces soldats de différentes nationalités qui
croyaient à la démocratie et qui ont combattu pour la
sauvegarder.
C'est du fond du coeur que je forme des voeux pour qu'à tous les
niveaux, politiques ou sociaux, s'entament sous le signe de la
compréhension, de la tolérance et de la fraternité, des
débats, discussions et pourparlers pour que chacun puisse travailler
à conserver, voire améliorer nos institutions
démocratiques et ce, dans l'intérêt de tous les
Québécois.
La session qui se termine aujourd'hui a été ouverte par
mon prédécesseur le 23 mars 1983. Je n'ai pas l'intention de
rappeler, comme on le fait parfois, les nombreuses lois qui ont
été soumises à votre attention si ce n'est pour souligner
que les questions économiques ont pris de plus en plus d'importance dans
vos travaux, comme il est normal en période de crise, puis la relance
économique.
Deux événements cependant exceptionnels auront
marqué cette session: l'un heureux, l'autre tragique. D'abord, il y a eu
l'adoption d'un nouveau règlement qui donne vie à une profonde
réforme dans le fonctionnement de votre Assemblée. En poussant
plus loin une réforme déjà bien entreprise, vous avez
voulu donner à chacun de vos membres la possibilité de jouer un
rôle plus actif dans la conduite des affaires publiques. Je souhaite
qu'avec le temps, cette réforme parlementaire portera tous ses
fruits.
Puis il y a eu cette tragédie démentielle qui, sans la
bravoure héroïque de votre sergent d'armes, aurait pu être
encore plus meurtrière. Puis-je joindre mes voeux
aux vôtres pour que jamais plus un tel malheur ne se reproduise
dans nos murs.
Au moment où se termine cette session, le Québec se
prépare à de grandes fêtes et à la grande visite. En
célébrant le 450e anniversaire de la découverte de la
Nouvelle-France par Jacques-Cartier, le Québec tout entier fête
ses origines. Ces fêtes de la mer, de la voile, du Saint-Laurent sont
celles de la naissance et du développement de notre peuple. En rappelant
son passé, elle trace son avenir. Les fêtes sont bien
amorcées et j'espère qu'elles auront pour effet de raffermir
l'amitié mutuelle qui nous unit tous, Québécois, et de
confirmer encore une fois cette réputation acquise d'une
hospitalité exceptionnelle et chaleureuse.
En septembre, nous aurons le grand honneur de recevoir Sa
Sainteté le pape Jean-Paul II qui viendra, en visite pastorale, nous
combler de ses bénédictions. Je suis certain que le Québec
tout entier voudra profiter de cette occasion unique pour approfondir les
valeurs spirituelles qui sont essentielles au progrès de toute
nation.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en prorogeant
cette quatrième session de la 32e Législature, je vous remercie
au nom de tous les citoyens et citoyennes du Québec pour votre travail
dévoué et ardu. Je vous souhaite donc à tous un repos et
une détente bien mérités avec vos familles, vos parents,
vos amis, avec le plaisir anticipé de vous revoir à la reprise de
vos travaux, après un été "mer et monde". Merci.
Le Président: Veuillez vous asseoir. Avant de céder
la parole au premier ministre et au chef de l'Opposition, je voudrais signaler
aux membres de cette Assemblée qu'à 18 heures, dans la salle du
Conseil législatif, nous aurons le plaisir d'accueillir dans nos murs
les travailleurs qui ont si admirablement effectué les travaux dans
l'aile dans laquelle nous nous trouvons dans l'Hôtel du Parlement, au
cours des mois de janvier et février, et qui ont si magnifiquement
restauré cette partie si riche en patrimoine de l'Hôtel du
Parlement. Bien sûr, tous les membres de l'Assemblée nationale
sont conviés.
M. le premier ministre.
Bilan et voeux M. René Levesque
M. Lévesque (Taillon): Je vais être très bref
parce que le lieutenant-gouverneur, dans sa remarquable allocution, a dit
plusieurs des choses que je voulais également souligner. Je crois que
nous pouvons nous féliciter peut-être plus que d'habitude du
travail qui a été accompli pendant la dernière partie de
cette session. Le leader du gouvernement et moi-même, d'ailleurs, nous
aurons l'occasion demain, en conférence de presse, de souligner non
seulement le nombre important, mais aussi le caractère substantiel de la
législation dont l'Assemblée nationale - cela est vraiment
exceptionnel, espérons que ce deviendra une tradition - a réussi
à accoucher presque sans douleur.
En particulier, et là de façon très clairvoyante,
le lieutenant-gouverneur l'a souligné, il y a un accent sans
précédent qui a été mis dans cette
législation - certains ne l'ont peut-être pas remarqué,
même parmi ceux qui y ont participé, si on écoute certain
discours - sur le secteur économique et sur des mesures, dans certains
cas, particulièrement attendues, que ce soit la Loi sur la
Société de développement des coopératives, celle
sur les immeubles industriels municipaux qui, je crois, est très
importante pour une foule de nos municipalités, la Loi sur la
Société de la Maison des sciences et des techniques.
Quelque chose qui est pratiquement révolutionnaire dans ce qu'on
peut appeler un contexte socio-économique, mais je pense que je n'ai pas
besoin d'insister sur son importance, c'est la Loi modifiant la Loi sur l'aide
sociale et les nouvelles orientations qu'elle prévoit.
Il y a la Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments, grâce à laquelle pas loin de 1000 emplois
vont pouvoir être conservés et d'autres créés, de
même que - je ne veux pas allonger cette liste, mais c'est très
important vis-à-vis de nos sociétés industrielles - la loi
sur REXFOR et la loi sur l'allocation de forces hydrauliques de la
Péribonca qui se trouve à être un des facteurs essentiels
pour la réalisation d'un investissement de 1 000 000 000 $ dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Je mentionne seulement, en terminant, la Loi modifiant la Loi sur les
assurances qui était attendue depuis un bon nombre d'années, qui
est très complexe et qui, je crois, dans le milieu concerné, va
permettre un nouvel élan.
Bref, on peut dire, à toutes fins utiles, à deux ou trois
exceptions près, que la législation dont s'est occupée
l'Assemblée nationale avait un caractère, la plupart du temps,
directement économique ou, en tout cas, très important
indirectement pour favoriser l'élan dont notre économie a besoin.
Inutile de dire que nous sommes très heureux aussi, à l'autre
bout de la gamme législative, si on veut, qu'en fin de session nous
ayons pu nous mettre d'accord sur l'Ordre national du Québec qui
était annoncé depuis un an ou deux et qui arrivera à point
nommé en cette année faste pour reconnaître, sur le plan
québécois, avec un éclat particulier ce que la
société, ce que
notre peuple, en fait, doit à un bon nombre de nos concitoyens et
concitoyennes qui se sont illustrés dans divers secteurs. (17 h 10)
Là-dessus, il ne me reste simplement, comme c'est la tradition,
mais je voudrais le faire avec une particulière insistance, même
si c'est très bref, qu'à féliciter notre leader à
qui nous devons, je pense, en bonne partie, cette fin de session harmonieuse,
et les leaders adjoints de même que les whips et aussi tous les
députés ministériels, qui ont fourni jusqu'à la fin
des efforts dont on voit le succès aujourd'hui, des efforts entre autres
d'adaptation au bouleversement que représentait - un heureux
bouleversement si l'on veut mais un bouleversement quand même - que
représentent le nouveau règlement qui nous a d'ailleurs permis
d'éviter - je pense qu'en grande partie c'est à ce
règlement qu'on le doit, et au respect qu'on a réussi à
nous insuffler pour le respecter, pour justement le suivre - c'est à ce
règlement bien sûr que nous devons le fait qu'il n'y a pas eu de
bousculade traditionnelle en fin de session.
Je voudrais féliciter aussi et remercier tous nos
collègues ministériels pour la présence et la
participation absolument hors de l'ordinaire qu'ils ont fournie jusqu'à
la toute dernière heure de cette session.
Inutile de dire que l'on vous remercie également, vous M. le
Président, ainsi que vos collègues de la présidence, pour
la sagesse et le doigté pas trop autoritaire avec lesquels vous nous
avez aidé à fonctionner convenablement.
Bien sûr, je remercie le chef de l'Opposition et certains de ses
collègues parmi les plus actifs d'avoir participé, et je crois de
façon très positive, au résultat de cette session.
Maintenant, je voudrais ajouter nos remerciements aux officiers de la
Chambre, au secrétaire général, à son adjoint et au
sergent d'armes dont personne n'oubliera le rôle proprement
extraordinaire au moment de la tragédie du mois dernier. Et tout en les
remerciant pour leur dévouement constant, je tiens à redire aussi
au nom de tous de ce côté ici, au personnel de l'Assemblée
nationale, les pages, les messagers, les équipes de
télévision, et celles du journal des Débats, celle du
Parlementaire aussi... les remercier et leur dire à quel point leur
comportement à ce moment-là, qui était un moment
très éprouvant, a été absolument exemplaire.
J'espère que - ils l'ont bien mérité -tous pourront
maintenant se détendre pour de bon pendant les vacances, comme aussi, je
crois, on peut dire ici que tout le monde a gagné sa petite part de
vacances pour l'été qui vient.
En terminant j'ajoute simplement à l'adresse de tous nos
concitoyens et, bien sûr, à tous ceux et celles qui sont ici, mes
voeux pour que tout le monde puisse profiter d'une fête nationale qui
sera exceptionnelle cette année, fête nationale d'une année
faste, comme je le disais tout à l'heure, qui en fait durera... on peut
dire que la fête se prolongera tout un été, un
été sans précédent et qui a des chances de demeurer
inoubliable. Ce 450ème et toutes les célébrations, c'est
déjà commencé depuis dimanche en Gaspésie, et je
pense que cela a été un coup d'envoi réussi, dans une
petite ville qui a sa place dans la première page de notre histoire.
Ce 450ème reprendra avec splendeur ici à Québec,
à compter de vendredi, sauf erreur, et ensuite jusqu'à l'automne
dans toutes nos régions, dans une foule de villes et de villages. Il va
nous promener des spectacles de tous les genres imaginables, où l'on
retrouvera bien sûr l'évocation du passé, de ce patrimoine
extraordinaire qui a été accumulé laborieusement, souvent
héroïquement aussi depuis nos premiers ancêtres, et aussi la
représentation des ressources, essentiellement des ressources
artistiques, qui nous permettent d'être fiers de ce qu'est devenu le
Québec et aussi de ce qu'il sait faire. Dans tout cela, on retrouvera,
bien sûr, et constamment une atmosphère de fête et de joie
de vivre dont je souhaite en terminant que la contagion soit
irrésistible comme jamais.
Merci, M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, autant il nous
est facile et agréable d'applaudir aux derniers propos du premier
ministre, à la deuxième partie de son allocution, de son
intervention, autant nous devons, évidemment, nous dissocier de la
première partie de ses remarques.
Évidemment, ce serait beaucoup plus facile pour moi de concourir
sur toute la ligne, parce que, après tout, il n'y a rien de plus facile
que, dans la plus grande fraternité, la plus grande amitié, au
moment où l'on doit se quitter - à ce moment-là c'est bien
facile - de multiplier les félicitations et les compliments. Mais M. le
Président, je vous assure qu'après le menu législatif que
l'on nous a servi, après la performance du gouvernement actuel,
particulièrement dans le domaine économique, nous n'avons rien
pour nous réjouir.
Le premier ministre disait: Le lieutenant-gouverneur l'a dit.
Écoutez, M. le Président, il y a encore pas mal de gens qui
connaissent la situation du lieutenant-gouverneur. Je dois, à ce
moment-ci, me dissocier surtout du gouvernement. Lorsque le premier ministre
nous parle de cette
performance, il semble passer sous silence la situation
économique actuelle. Il semble oublier le nombre record de
chômeurs et d'assistés sociaux que nous avons. Il semble oublier
ces faits qui sont des faits de tous les jours pour un quart des citoyens du
Québec.
M. le Président, comme mes collègues le disent tout autour
de moi, il semble oublier le sort réservé aux jeunes,
particulièrement les 15 à 30 ans et tous les étudiants,
qui voient avec appréhension l'avenir. 0e n'aime pas à rappeler
ces choses mais ce sont des faits qui existent aujourd'hui même, au
moment où nous parlons. Alors peut-être qu'au lieu de se vanter,
le premier ministre et le gouvernement devraient réfléchir sur la
situation actuelle. Ce n'est pas étonnant que lorsque l'on regarde les
sondages et les résultats des élections, on voie que le public
est très sensible à cette situation.
Le gouvernement a beaucoup plus retardé les mesures à
prendre qu'il n'en a présenté à cette Chambre. On sait que
dans le domaine de la fiscalité, le livre blanc, qui devait ouvrir les
portes sur une nouvelle fiscalité, a été remis à je
ne sais quand. Les autres livres, ceux sur la famille, sur les pensions, sur
l'habitation, sont remis à plus tard. Dans le domaine de la
fiscalité en particulier, nous sommes encore collés avec des
taxes supposément temporaires, qui sont encore là: les 9% de la
taxe de vente, les 30% sur l'essence. Tout cela demeure une
réalité de tous les jours. On pourrait continuer dans ce
sens-là, M. le Président, mais, étant donné les
circonstances, je vais simplement essayer de revenir à des choses
où l'on pourrait être plus d'accord. Même là, lorsque
nous pensons à tous les travailleurs à qui nous voulons souhaiter
bonne fête, il faut bien se rendre compte que même le Code du
travail, qui a été annoncé et réannoncé par
le gouvernement, cette refonte, même dans le dernier discours de 1983, on
attend encore et ainsi de suite.
M. le Président, je veux être de bon compte et me retourner
vers vous pour vous remercier de la façon dont vous avez dirigé
nos travaux. Je voudrais, à ce moment-ci, souligner l'important apport
qu'a été le vôtre dans la réforme parlementaire,
qu'évoquait d'ailleurs le premier ministre il y a quelques minutes. Je
voudrais non pas seulement vous féliciter, vous remercier, mais
également vous assurer de notre collaboration pour l'avenir car, sans
doute, il y a dans cette réforme parlementaire des ajustements qui
seront nécessaires et une bonification à laquelle on devrait
apporter ensemble le meilleur de nos efforts.
Je voudrais, en vous félicitant, féliciter vos
collaborateurs, le secrétaire général, le
secrétaire général adjoint, évidemment vos
vice-présidents, sans oublier notre sergent d'armes à qui on a eu
l'occasion de diriger nos remerciements, notre gratitude, notre admiration;
nous renouvelons, à ce moment-ci, ces sentiments.
Je voudrais me retourner un instant vers tous ceux qui sont vos
collaborateurs, les pages, le personnel de la télévision et du
journal des Débats, ceux qui sont préposés à
l'accueil et à la sécurité, le personnel de la
bibliothèque, du Parlementaire, du Mini-Débat, tout le personnel
de soutien, messagers et employés d'entretien, tout ce monde qui fait en
sorte que nous puissions travailler dans les circonstances que nous
connaissons. (17 h 20)
Je me retourne évidemment du côté de la tribune de
la presse où je veux saluer tous ceux et celles qui suivent de
très près nos débats et qui ont la tâche souvent
difficile d'interpréter ce qui se passe ici et d'en informer aussi
justement que possible le public.
M. le Président, je voudrais ajouter quelques mots - parce que je
veux être, moi aussi, le plus bref possible - au sujet des fêtes
que nous célébrons. Nous nous sommes rencontrés, le
premier ministre, le ministre des Affaires culturelles et d'autres, à
Gaspé. Cela a été le départ de ces fêtes qui
soulignent le 450e anniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier au
Canada. Nous avons été heureux d'insister sur le fait que c'est
à Gaspé que Jacques Cartier avait réellement planté
sa croix au nom du roi de France. J'étais très heureux de
participer à ces fêtes avec tous ces Gaspésiens et ces
Gaspésiennes qui soulignaient l'événement. Je souhaite que
ces fêtes se continuent dans le meilleur esprit, dans le meilleur climat
possible, un climat d'amitié, de fraternité, de
réjouissance.
Je formule mes meilleurs voeux encore une fois - comme nous l'avons fait
au cours de la séance - à l'occasion de la fête nationale.
Tous ces voeux s'adressent à tous les Québécois et toutes
les Québécoises qui auront l'occasion de souligner cette
fête importante dans notre vie nationale.
Je voudrais également souhaiter à tous les Canadiens -
nous en sommes tous - qui auront l'occasion de célébrer
également la fête du Canada, le 1er juillet, qu'une fois les
fêtes passées, ils continuent à se préoccuper
surtout du sort qui est fait à nos concitoyens et nos concitoyennes du
Québec. Il est important que nous puissions, non pas simplement
fêter - c'est bon - mais en même temps nous préoccuper,
chacun dans nos comtés, chacun de vous dans vos ministères, le
gouvernement avec ses responsabilités, du sort de tous ceux et celles
qui dépendent des décisions qui sont prises à ce niveau et
dans cette juridiction. Je suis convaincu qu'en ce faisant, nous allons faire
notre devoir, un devoir que nous
ne devons pas oublier étant donné les circonstances assez
difficiles que nous traversons.
Je veux, dans la plus grande amitié, formuler mes meilleurs voeux
à tous nos collègues d'un côté comme de l'autre de
la Chambre. Avant que le leader du gouvernement, que je salue d'une
façon particulière... Je voudrais lui dire qu'il a fait du bon
travail; il a fait les choses un peu dans le sens du document que les
collègues de notre formation politique avaient fait connaître au
public, un document qui donnait exactement les recettes magiques qu'il fallait
suivre pour sortir de l'état lamentable dans lequel se trouve le
gouvernement. On leur disait dans ce document de ne pas faire de vagues; je
pense que le leader du gouvernement peut dire: mission accomplie. Vous n'avez
pas fait de vagues; vous avez sûrement empêché de venir
devant nous tout projet qui pouvait être litigieux et qui avait quelque
chose qui pouvait retarder la fin de la session. À tout seigneur, tout
honneur, M. le leader du gouvernement.
Je m'empresse de me retourner vers notre leader à nous, le
député de Gatineau, que je félicite également pour
le magnifique travail qu'il a fait. Ce sont ses premières armes comme
leader et je suis sûr que tout le monde reconnaît... Tout le monde
veut ajouter quelque chose mais je dis simplement merci à M. Gratton -
si je peux l'employer -à Michel pour le magnifique travail que tu as
fait avec tes collègues, ton adjoint, M. le député de
Charlesbourg, notre whip en chef, le président de notre caucus, qui a
fait un travail de tous les instants, son adjoint et tous nos collègues,
hommes et femmes de notre formation politique, à qui nous voulons dire
merci pour le magnifique travail que vous avez fait.
Je suis prêt à répondre aux voeux du gouvernement
qui, à ce moment-ci, voudrait... M. Ryan me dit de ne pas me laisser
influencer. J'aimerais bien profiter de l'occasion pour remercier M. Ryan d'une
façon particulière pour le magnifique travail qu'il a fait
également.
M. le Président, je vous remercie, et bonnes vacances, même
si on sait que ces vacances sont beaucoup plus théoriques que pratiques,
car je sais que vous aurez, chacun de vous, à faire beaucoup de boulot
dans chacun de vos comtés et dans vos responsabilités
respectives. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président: En effet, je... Une voix: ...
Le Président: M. le député de Saint-Jean, je
vous rappelle à l'ordre.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président
Le Président: Je veux simplement en deux secondes saluer,
à mon tour - ce que le premier ministre et le chef de l'Opposition ont
fait - les quelque 500 personnes qui, quotidiennement, font en sorte que
l'Assemblée nationale, les commissions parlementaires, les bureaux,
bref, tous les services à la disposition des députés
réussissent à fonctionner. À mon tour, je veux vous
souhaiter, non pas de bonnes vacances, parce que je sais très bien
d'expérience que ce ne sont pas des vacances. Le travail continue. Il y
aura sans doute des vacances à quelque moment de l'été, je
vous le souhaite à tous, à toutes et à chacun, mais c'est
une fausse perception qu'on donne à la population que de laisser croire
que le fait que l'Assemblée ne siège pas implique que les
parlementaires sont en vacances. Ils sont tout, sauf en vacances et les
semaines de 40, 50, 60 ou 70 heures continuent pour tous.
Cela étant dit, c'est la volonté et le désir du
lieutenant-gouverneur que cette quatrième session de la 32e
Législature soit prorogée. En conséquence, elle est
prorogée sine die, en espérant vous revoir tantôt à
la salle du Conseil législatif.
(Fin de la séance à 17 h 28)