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(Quatorze heures treize minutes)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Un moment de recueillement. Vous pouvez vous asseoir.
Visite de parlementaires des
Chambres législatives de la Belgique
Permettez-moi de souligner la présence dans les galeries d'une
délégation parlementaire des Chambres législatives de la
Belgique, présidée par M. Jean Defraigne.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional.
Rapport du comité interministériel sur
le dossier de Grosse-Île
M. Gendron: M. le Président, il me fait plaisir, à
la suite d'une initiative du député de Vachon, M. David Payne, de
déposer en cette Chambre le rapport du comité
interministériel formé pour étudier l'ensemble du dossier
de Grosse-Île, particulièrement au nom de l'intérêt
manifesté par la communauté irlandaise en ce qui a trait
spécialement à la reconnaissance, à la sauvegarde et
à la mise en valeur de ce magnifique site privilégié.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Rapport
déposé.
Pétitions. M. le député de Marguerite-Bourgeoys et
leader de l'Opposition.
Pétitions contre le projet de restructuration
scolaire
M. Lalonde: M. le Président, j'ai quelques
pétitions qui m'ont été remises par des électeurs
de la communauté anglophone du comté de Marguerite-Bourgeoys; 64
signatures viennent de l'école Laurier-MacDonald. Je ne lirai pas toute
la pétition, seulement la conclusion: "I urge you to consider our strong
opposition to the white paper proposals and to do everything possible to
prevent its implementation. " C'est à propos de la restructuration
scolaire.
Il y a une autre pétition du Keith School Committee,
signée par 233 personnes, et une autre pétition de la même
école, signée par 210 personnes qui disent: "This is to inform
you that I as a taxpayer protest the proposed changes to the Québec
school system outlined in the white paper. "
Le Vice-Président (M. Jolivet): Pétitions
déposées.
M. le député de Laurier.
Pétitions demandant la révocation de la
loi 111
M. Sirros: M. le Président, j'aurais une pétition
à déposer, signée par au-delà de 1000 citoyens
concernant la loi 111. J'aimerais en faire lecture: "Attendu que les violations
par le gouvernement des droits fondamentaux de chaque citoyen doivent
être d'un profond intérêt pour tous les citoyens; "et
attendu que de telles violations sont d'intérêt historique et
traditionnel pour tous les peuples libres; "et attendu que la loi 111 du
Québec crée, reflète et propage de telles violations des
droits fondamentaux par le gouvernement;... "et attendu que la section 33 de
l'Acte de la constitution 1982 permet et accorde tolérance à de
telles violations des droits tels que reflétés dans la loi 111 en
permettant à toute province de se retirer des sections 2 et 7 à
15 dudit acte; "par conséquent, qu'il soit résolu que
l'Assemblée nationale de la province de Québec abroge
immédiatement la loi 111; "et qu'il soit de plus résolu que toute
action et poursuite prises sous les stipulations de la loi 111 soient
immédiatement terminées rétroactivement au 17
février 1983. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Pétition
déposée. M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
j'aimerais déposer une pétition qui émane de plus de 1300
citoyens de mon comté. These 1300 citizens are regrouped mostly within
the Hudson task force on school reorganization and the petition reads as
follows: "All people of conscience must resist a law that violates fundamental
human rights and liberties. Bill 111 is such a law. We find the law to be
repressive, unnecessary and unjust in a democratic society as it limits the
freedom of speech and assembly, it sets aside the Canadian Constitution and the
Quebec Charter of Rights and Freedoms and presumes an individual is guilty
until he proves himself innocent. Cette loi 111 doit être
révoquée
immédiatement parce qu'elle nie les droits démocratiques
et le cours normal de la loi qui est à la base de notre civilisation.
"
Le Vice-Président (M. Jolivet): Pétition
déposée.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, j'aurais voulu demander au
leader de la Chambre si le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est ici aujourd'hui?
Une voix: Qui?
M. Lincoln: Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: II devrait normalement être là, M. le
Président, probablement qu'il y sera dans quelques minutes.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, j'aimerais demander au leader
du gouvernement si le ministre délégué au Travail sera en
Chambre aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: M. le Président, le ministre
délégué au Travail a une très importante rencontre
aujourd'hui avec le comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
relativement à tout le dossier du Code du travail, à
Montréal.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi.
Les hausses de salaire accordées
aux policiers municipaux à
la suite d'arbitrages
M. Paradis: En son absence, j'adresserai ma question au ministre
des Affaires municipales qui est certainement au courant du dossier. Elle porte
sur les augmentations de salaire octroyées aux policiers municipaux.
Comme le ministre des Affaires municipales le sait certainement, les
contribuables des municipalités de Marieville, Saint-Georges-de-Beauce,
L'Assomption, Saint-Jérôme,
Châteauguay, Lachute, auront à payer au cours des
prochaines années des augmentations de salaire qui varient de 20%
à 37% pour les deux prochaines années, à leurs policiers
et ce, en pleine crise économique. En décembre 1982, vous avez
rencontré, M. le ministre des Affaires municipales, l'Union des
municipalités du Québec, représentée par son
président, M. Francis Dufour et par ses vice-présidents, MM. Jean
Pelletier et Honorius Charbonneau. Ces derniers vous ont proposé des
modifications au système d'arbitrage actuellement en vigueur et qui
décrète ces fameuses augmentations de 20% à 37%. Vous avez
répondu en décembre 1982 que le dossier était à
l'étude. Qu'en est-il en mars 1983?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, le
député a rappelé que nous avions rencontré les gens
de l'Union des municipalités du Québec, en particulier, le
président ainsi que le vice-président qui l'accompagnait, le
maire, je crois, de Marieville et quelques autres maires qui avaient connu des
augmentations de salaire dans le domaine policier à la suite de
sentences arbitrales qui avaient été rendues.
Nous avions, à ce moment, convenu que le ministre du Travail
étudierait la question et demanderait au commissaire ce qu'il en
adviendrait et je pense qu'à l'heure actuelle ces travaux vont bon
train; nous en discuterons très bientôt. Quant à moi, je
pense bien que le ministre du Travail, lorsqu'il sera de retour en Chambre,
pourra compléter ma réponse et aller plus loin.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi. (14 h 20)
M. Paradis: M. le ministre des Affaires municipales, vous
êtes quand même responsable des affaires municipales au
Québec. À la mi-décembre, le ministre des Finances
déclarait, et je le cite: "Que le système d'arbitrage
était un moyen direct pour ruiner les finances publiques des
municipalités. " Qu'entendez-vous faire dans ce dossier?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, je pense bien que...
Je ne sais pas dans quel contexte cette phrase peut avoir été
dite. De toute façon, je dirai ceci: Le système d'arbitrage, en
ce qui concerne les policiers, a fonctionné jusqu'ici et personne n'en
parlait sauf dans
de récentes décisions qui ont été rendues
dans le contexte de la crise économique que nous connaissons.
Il est sûr que, lorsqu'on a une sentence arbitrale comme celle-ci,
elle peut contenir des facteurs de rattrapage et, donc, les augmentations
accordées peuvent paraître plus élevées qu'elles ne
le sont généralement dans l'ensemble du corps policier. Je pense
que c'est une mise en garde qu'il convient de faire au moment où on s'en
parle.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Comme le ministre du Travail est absent, comme le
ministre des Affaires municipales ne semble pas trop au courant du dossier ou
disposé à proposer des mesures concrètes, comme il y a
deux ministres impliqués, est-ce que je pourrais demander au premier
ministre ce qu'il entend faire pour s'assurer que les citoyens de ces
municipalités n'aient pas à payer, au cours des deux prochaines
années, des augmentations de 20% à 37% et que cela n'arrive pas
à des citoyens de d'autres municipalités, en pleine crise
économique?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est des cas sur
lesquels il y a déjà eu des décisions prises par voie
d'arbitrage, il reste à voir comment on pourrait les soulager, mais une
chose certaine, c'est qu'on a demandé au ministre du Travail de faire
savoir au corps des arbitres - parce qu'ils sont bien connus - que cela
commençait - et je pèse mes mots - dans tous les coins à
devenir dangereusement exorbitant. Si on ne veut pas être obligé
de changer certains aspects du système d'arbitrage traditionnel, il
faudra que tout le monde revienne un peu à la raison. Je suis
parfaitement d'accord que les municipalités ne peuvent pas endurer cela
indéfiniment.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, ma
question s'adresse au ministre des Finances.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand:... le ministre des Finances devrait être ici
dans cinq minutes environ.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
Les municipalités régionales de
comté
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je comprends que le
premier ministre est pas mal "déconnecté" de la
réalité actuelle, mais j'aimerais savoir de sa part si, à
la suite des avis et des recommandations que lui a déposés le
Conseil de planification et de développement du Québec, à
savoir la position du Conseil de planification et de développement du
Québec, qui constate qu'après avoir constitué la MRC comme
une instance administrative responsable de l'aménagement du territoire,
le gouvernement du Québec semble vouloir lui attribuer un statut de
gouvernement régional. Le premier ministre, depuis les recommandations
du Conseil de planification et de développement du Québec, a-t-il
pu suggérer à son ministre des Affaires municipales ou au
ministre délégué à l'Aménagement de
reconsidérer sa position face aux municipalités régionales
de comté?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas si je suis
"déconnecté" de la réalité, mais je remarque avec
plaisir que, contrairement à ce qui lui arrive parfois, le
député de Hull a au moins, semble-t-il, les nerfs un peu mieux
"connectés" que d'habitude.
Pour ce qui est de cette question posée d'un ton calme et
mesuré, je vais essayer d'en faire autant dans ma réponse.
D'abord, le Conseil de planification et de développement du
Québec, qui est là jusqu'à nouvel ordre - on sait que cela
doit être transformé - a obtenu de nous - c'est la première
fois qu'un gouvernement le permettait - la pleine liberté de publier,
sans être obligé d'obtenir des permissions comme c'était la
tradition, ses enquêtes, ses études et ses conclusions. Il me
semble que c'est déjà un acquis.
De plus, en ce qui concerne les soi-disant gouvernements
régionaux, j'ai remarqué cela rapidement, mais je n'ai pas eu le
temps de faire faire l'étude de cette opinion ni de la faire
moi-même. Je dois voir d'ailleurs M. Roy, le président,
probablement dans quelques jours, la semaine prochaine, pour en discuter avec
lui, mais je peux dire une chose qui est purement et simplement une question de
fait, c'est que les MRC ont été mises au monde, d'abord et avant
tout, sur une période de trois ans, je crois - les dernières
lettres patentes ont fait l'objet de certaines questions hier - pour faire un
travail d'aménagement, pour préparer des schémas
d'aménagement. Par définition, c'est tellement intermunicipal
qu'il fallait un contenant pour que cela se fasse convenablement. Cela, c'est
leur rôle. Quoi qui puisse s'ajouter en cours de route à ce
rôle fondamental, surtout dans la période de
première évolution - si vous voulez - de ces nouvelles
institutions, l'engagement du gouvernement est très clair. Il n'est pas
question d'imposer des charges nouvelles ou de prétendre transformer
cela en une espèce de siphon des pouvoirs municipaux réguliers.
Ils en ont l'assurance. On l'a respecté jusqu'à maintenant. Je ne
vois pas où on prend cela.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je ne partage pas tout
à fait l'opinion du premier ministre là-dessus. Cela serait
plutôt rare que je puisse la partager. Nous avons assisté, il y a
quelques semaines... Silence, s'il vous plaît:
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordrel À
l'ordre! M. le député, vous avez la parole.
M. Rocheleau: M. le Président, vous avez remarqué
que j'ai dit cela avec le sourire.
Il y a quelques semaines, M. le premier ministre, nous assistions
à une commission parlementaire qui traitait de nouvelles avenues pour le
taxi. À la page 24 de ce document, on peut lire: "Après avoir
examiné le rôle et la vocation des MRC, il nous apparaît
également pensable de leur confier les responsabilités que nous
voulons décentraliser". Je considère, M. le Président,
qu'actuellement, avec le rôle initial des MRC, c'est-à-dire se
doter d'un schéma d'aménagement en vertu de la loi 125, avant
même que les municipalités régionales de comté se
soient dotées de leur schéma d'aménagement, on tente de
leur confier de nouvelles responsabilités et, par le fait même, de
paralyser l'activité économique de plusieurs de ces
municipalités à l'intérieur de leur éventuel
schéma d'aménagement. On le lit dans ce document, M. le premier
ministre. On l'a constaté dans une commission parlementaire sur le
loisir, la chasse et la pêche où le ministre, dans son
avant-projet de loi, recommandait que l'habitat faunique soit
transféré sous l'égide des municipalités
régionales de comté. Je me pose énormément de
questions à savoir si le premier ministre peut affirmer aujourd'hui s'il
y a des nouvelles responsabilités de confiées aux
municipalités régionales de comté. Est-ce que pour autant
on va leur fournir les sommes d'argent nécessaires pour assumer ces
nouvelles responsabilités?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): II y a un engagement ferme, et qui
remonte d'ailleurs avant, puisque ça remonte au moment de la
réforme de la fiscalité municipale, que quelque tâche
nouvelle qui puisse être confiée à ces ensembles
intermunicipaux - il faudrait qu'elle soit acceptée bien sûr
-serait évidemment accompagnée des ressources qui permettent de
la remplir.
Cela étant dit, je demanderais... Après avoir noté
que cette espèce d'impératif souriant avec lequel le
député de Hull prétend dicter ses volontés à
la Chambre me suggère que peut-être il voudrait mousser sa
candidature à la présidence éventuellement, je ne voudrais
pas qu'il garde trop d'illusions là-dessus. Si on me le permet, M. le
président, je passerais la parole à mon collègue le
ministre à l'Aménagement et au Développement
régional, pour un complément de réponse important quand
même, parce que cela touche directement le secteur dont il s'occupe.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional.
M. Gendron: Je voudrais simplement, M. le Président, dire
au député de Hull que ça fait trois ou quatre occasions
que j'ai ici de rappeler nos engagements avec les intervenants du monde
municipal à cet égard. On pourrait rappeler que la
décentralisation a été clairement exprimée tout
autant par mon collègue des Affaires municipales que par moi-même.
On a pris l'engagement de tenir, à leur demande, un colloque sur la
décentralisation mais en leur disant bien clairement - puis eux ils
l'ont compris. Cela fait plusieurs fois que je reprends ce bout de
phrase-là, je n'ai jamais compris que le député de Hull ne
comprenne pas ça - que c'était normal que nous poursuivions notre
réflexion, au gouvernement, quant aux intentions qu'on peut avoir
d'offrir aux municipalités comme entités propres ou au sein des
MRC, des fonctions qui pourraient être décentralisées. (14
h 30)
On leur a toujours dit: on va faire notre réflexion, on va
vérifier nos hypothèses, faites vos devoirs de la même
façon. Et c'est ce qu'elles sont en train de faire. L'Union des
municipalité du Québec va compléter, dans les semaines qui
suivent, une série de colloques sur la décentralisation qui a
créé passablement d'intérêt dans le monde municipal.
Elle va ramasser ça dans une synthèse, puis on va se voir
possiblement, comme on l'a prévu, à la fin de l'été
ou au début de l'automne 1983, lors d'un colloque traitant
spécifiquement de certaines fonctions qui pourraient être
décentralisées, dépen-damment de la volonté du
monde municipal de les prendre, accompagnées bien sûr des
réformes nécessaires quant à une fiscalité qui
l'accompagnerait.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mégantic-Compton, question additionnelle.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député. M. le député de Hull aussi a une question
additionnelle.
M. Rocheleau: Oui, j'ai une petite question additionnelle. M. le
Président, tenant compte du fait qu'à certaines occasions le
ministre délégué à l'Aménagement mentionne
que je n'ai pas compris, je veux lui dire qu'il semble souffrir de
surdité.
Tenant compte du fait que l'Union des municipalités et que
l'Union des conseils de comté ou l'Union des municipalités
régionales de comté répètent à chacune des
commissions parlementaires que nous avons tenues, où elles ont
été impliquées, que ces municipalités ne voulaient
pas de nouvelles responsabilités tant et aussi longtemps qu'elles ne
connaîtraient pas, de la part du gouvernement... N'est-il pas vrai que le
ministre délégué à l'Aménagement et le
ministre des Affaires municipales connaissent, actuellement, plusieurs
difficultés dans l'imposition qu'ils font des municipalités
régionales de comté au point de vue des territoires?
Deuxièmement, concernant les demandes du président de
l'Union des municipalités et de l'Union des municipalités
régionales de comtés, on faisait savoir qu'elles n'en veulent
pas, pour le moment, de responsabilités, tant et aussi longtemps
qu'elles ne connaîtront pas les enveloppes budgétaires qui vont
les accompagner.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Gendron: Pour le premier volet, c'est non, à la
question que le député posait. Pour ce qui est du territoire,
c'est une autre question. Par contre, vous dites que les municipalités
ne veulent pas de responsabilités additionnelles pour le moment. Ce
n'est pas ce qu'elles nous ont dit. Elles nous ont dit qu'elles n'acceptaient
pas qu'on décide de leur offrir directement des fonctions
décentralisées avant la tenue du colloque. C'est pour cela
qu'elles nous ont demandé un colloque, pour s'en reparler. On a dit:
Nous, on va faire nos devoirs, faites les vôtres. Et j'aimerais bien que
le député de Hull, au lieu de parler de surdité, me donne
deux exemples, ou même un seul exemple de fonctions qu'on aurait dit aux
municipalités d'exercer parce que ce sont des fonctions de
décentralisation avant la tenue du colloque. Vous auriez pas mal de
problèmes pour m'en citer un seul exemple.
Votre problème, c'est de toujours parler de choses qu'on a
évoquées dans nos devoirs, dans la préparation du contenu
sur lequel on veut échanger.
Qu'on me dise que mon collègue du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche a mentionné que cela pourrait être
le "fun" de confier des responsabilités aux MRC dans son domaine, il en
a parlé et cela me fait un élément de plus à
discuter avec elles. Que je sache, elles ne sont pas responsables des habitats
fauniques au moment où on se parle, M. le député de
Hull.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, puisqu'il s'agit des
MRC et d'aménagement de territoires, vous me permettrez d'adresser une
question au ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Est-ce que le ministre est conscient que le gel
décrété par les MRC dans l'émission des permis de
construction aura pour effet de priver des centaines et des milliers de
familles québécoises des 3000 $ de subvention du gouvernement
fédéral? Est-ce que le ministre en est conscient? Il se
souviendra également que nous avons appuyé la création
d'un ministère de l'Habitation, mais pour qu'il s'occupe d'habitation et
de politique cohérente en matière d'habitation.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de
l'Habitation.
M. Tardif: M. le Président, je pense que le
député de Mégantic-Compton a lancé un chiffre comme
cela, des milliers de cas de construction qui ne pourraient pas avoir lieu,
sans avoir lu la loi qui a été adoptée par cette
Assemblée. Je l'inviterais à le faire parce que la loi est
très claire. Ce qu'elle dit, c'est que partout où il y a un lot
qui est officiellement cadastré au moment de l'entrée en vigueur
de la loi, partout où il y a un lot desservi par un réseau
d'aqueduc et d'égout, partout où il y a un lot adjacent à
une rue publique, aucun gel ne s'applique sur ce territoire et il y en a des
centaines de milliers au Québec.
Deuxièmement, pour ce qui est des 91 MRC qui ont ou n'ont pas,
selon le cas, adopté un règlement de zonage intérimaire,
je laisserai le ministre des Affaires municipales, de qui relève cette
question du zonage, dire ce qui en est.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, il y a actuellement 94
municipalités régionales de comté qui sont
constituées. Il y en a 32 qui
ont obtenu un délai, donc qui ne sont pas touchées par le
contrôle intérimaire. Cela signifie qu'il peut se faire de la
construction sans aucune restriction sur ce territoire, en ajoutant à
cela toutes les communautés urbaines au Québec. Cela commence
à toucher beaucoup de population. Il y en a 62 qui ont entrepris
l'élaboration d'un schéma d'aménagement. Là-dessus,
sept n'ont pas adopté de règlement de contrôle
intérimaire. Elles sont donc régies par le contrôle
intérimaire automatique. Il y en a donc 55 qui ont un règlement
de contrôle intérimaire, qui nous l'ont envoyé à
différentes périodes, depuis le début du mois de janvier -
je pourrais donner les dates, le cas échéant -et qui, maintenant,
attendent qu'on examine ces règlements de contrôle
intérimaire. Nous avons 90 jours pour le faire, parce qu'ils doivent
passer dans certains ministères. Bientôt, nous serons en mesure
d'émettre notre approbation à ces règlements de
contrôle intérimaire. Je pense qu'à l'heure actuelle, nous
sommes dans une période d'attente. Ces règlements ont
été adoptés durant l'hiver pour éviter de trop
affecter la construction. Lorsque la terre dégèlera, le tout sera
vraisemblablement réglé sur le plan administratif.
Je rappelle ce que disait mon collègue, le ministre de
l'Habitation. Nous avons une loi de l'aménagement qui tente
d'éviter le gaspillage du territoire au Québec et on veut que la
construction se fasse là où il y a des lots vacants desservis par
des réseaux d'aqueduc et d'égout adjacents à des rues
publiques. C'est normal qu'on le fasse ainsi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. M. le leader
de l'Opposition sur une question de règlement.
M. Lalonde: J'aimerais que vous rappeliez au ministre notre
règlement qui prévoit des réponses courtes. Des fois, cela
est assez compliqué, mais je demanderais au ministre d'éviter de
répéter les réponses des autres ministres.
Une voix: Je comprends qu'ils n'ont rien à dire...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Nelligan. Question principale.
Le dossier des Pêcheurs Unis
M. Lincoln: M. le Président, en l'absence du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, je vais poser une
question au premier ministre. Je me demande pourquoi, étant donné
que nous ne sommes ici que pendant trois jours, il y a tellement de bancs vides
du côté des ministres et on ne peut pas poser de question au
ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation aujourd'hui. J'adresse donc la
mienne au premier ministre.
L'autre jour, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, en réponse à une question du député
de Gaspé, après une question additionnelle de moi-même et
une autre du chef de l'Opposition, nous a dit que, dans le cas des
Pêcheurs Unis du Québec, il attendait un rapport qui allait lui
être soumis sans doute vers la fin de mars, qu'il allait étudier
le rapport et qu'à la suite du rapport il allait décider de
quelle façon il aiderait financièrement au renflouement des
Pêcheurs Unis du Québec et de la situation financière
désastreuse dans laquelle se trouve le secteur des pêcheries en ce
moment.
Mettant de côté qui a tort ou qui a raison dans la question
des Pêcheurs Unis du Québec, j'aurais voulu demander au premier
ministre s'il est prêt à recommander de traiter d'urgence la
situation des pêcheries afin de permettre que la saison de pêche
débute dans des conditions favorables. Maintenant, tout est en retard.
Une situation d'urgence permettrait au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation de donner des garanties bancaires
intérimaires aux coopératives locales afin que l'argent commence
à circuler et que la saison de pêche s'ouvre à la date
prévue, soit dans un mois.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier ministre.
(14 h 40)
M. Lévesque (Taillon): On m'informe d'abord que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est quelque
part entre Saint-Hyacinthe et Québec; donc, il est plutôt du
côté agricole, en ce moment. Même si c'est la
dernière journée de cette session, il pourra, au besoin, faire
parvenir au député de Nelligan plus de détails par rapport
à ce que je vais dire.
Pour ce qui est des Pêcheurs Unis, je rappelle simplement que
depuis - je pense que l'ancien gouvernement a connu cela aussi - un bon nombre
d'années, leurs activités sont fragiles, c'est le moins qu'on
puisse dire. C'est pour cela qu'un plan de redressement leur a
été proposé il y a plusieurs mois, l'an dernier. Pour
toutes sortes de raisons, qui sont peut-être aussi l'habitude de toujours
être renfloué sans trop de conditions, on attend encore le plan de
redressement; il faudrait tout de même qu'il vienne. Il va falloir
certaines conditions à ce renflouement. On voit ce qui se passe dans les
Maritimes. À Terre-Neuve, en particulier, il a fallu prendre certaines
mesures radicales pour essayer de sauver les éléments essentiels
des structures des pêches. Il va falloir, ici aussi, prendre certaines
décisions qui, au besoin, seront assez exigeantes, et
cela va se faire.
Maintenant, pour ce qui est de la saison de la pêche qui va
commencer, je peux répondre tout de suite, sans entrer dans aucun
détail, qu'il est évident que les problèmes
évoqués, on trouvera le moyen de les atténuer,
suffisamment en tout cas pour que la pêche puisse commencer normalement,
le plus possible.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: M. le premier ministre, pourriez-vous nous en donner
l'assurance? C'est une question de temps. Le député de
Gaspé, du côté ministériel, vous dira exactement la
même chose: c'est une question de temps et de fonds nécessaires
immédiatement. On ne peut pas attendre le rapport des Pêcheurs
Unis qui va être déposé vers la fin de mars, qui va
être étudié pendant des semaines. Mettons de
côté qui a tort ou qui a raison dans cette affaire. Pourriez-vous
nous donner l'assurance que des garanties bancaires seront offertes aux
coopératives locales pour permettre que la pêche s'ouvre à
temps? En ce moment, les pêcheurs nous disent, comme ils l'ont dit au
député de Gaspé et comme ils l'ont dit au chef de
l'Opposition, qu'ils n'ont pas de fonds, que toute l'affaire est bloquée
et que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
ne veut pas les écouter, qu'il adopte une attitude tout à fait
négative envers eux.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je suis sûr que, tel qu'on le
connaît, le ministre va être très malheureux d'avoir
raté cette occasion de dire sa façon de penser vis-à-vis
des questions du député de Nelligan. Tout ce que je vais
répéter, c'est que je m'engage, au nom du gouvernement, à
ce qu'on prenne tous les moyens pour que la saison de pêche se
déroule normalement, un point, c'est tout.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gouin. Excusez, M. le chef de l'Opposition, question additionnelle.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président.
Simplement je voulais poser une question au premier ministre, tout en
réitérant l'importance que nous accordons à la question
posée par le député de Nelligan. Le premier ministre se
rend-il compte de la situation extrêmement grave qui existe
particulièrement en Gaspésie et en général dans
tout le territoire maritime relativement aux pêcheries? Je voudrais
simplement lui rappeler une étude, une réflexion du Conseil
régional de développement de l'Est du Québec; je l'invite
à en prendre connaissance, je sais qu'il est bien occupé, mais
c'est une réflexion de 177 pages sur la situation des pêches. Il
en viendra à la conclusion sans doute... Je lis simplement deux
paragraphes, si on me le permet, du résumé, de la synthèse
de l'étude qui dit ceci: "Dans la région, cinq ans plus tard - le
premier ministre se rappellera qu'il y a cinq ans il était à
Gaspé et c'est cet événement qu'on évoque -
l'échec du grand projet issu du sommet de 1978 semble être
consommé. La chute est d'autant plus douloureuse que l'on était
monté plus haut en termes d'espoir. Le gouvernement et plus souvent le
premier ministre en sont tenus responsables. Ce dernier, en particulier,
n'aurait pas fait preuve de suffisamment d'autorité pour imposer la mise
en oeuvre du programme qu'il avait lui-même proposé, programme
perçu dans le milieu comme le fruit de la concertation et du consensus
populaire. "Par voie de conséquence, la capacité du gouvernement
à gouverner est remise en cause. La concertation est bafouée,
etc. " Ce que je veux par cette question additionnelle, c'est simplement amener
le premier ministre à s'inquiéter et à ne pas faire
entièrement confiance au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation qui est contesté vigoureusement dans la
région. Là nous allons commencer ou pas commencer une saison de
pêche. Je pense que les questions du député de Nelligan
touchent une grande partie de la population, des activités
économiques. Du côté économique, social, vous avez
là un problème de première importance et urgent.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): De quelle source - je m'excuse,
j'ai perdu le début de la question additionnelle - était
l'étude?
M. Levesque (Bonaventure): Le CRD de l'Est du Québec. J'ai
ici toute la documentation.
M. Lévesque (Taillon): D'accord. Écoutez, j'aurai
l'occasion de prendre connaissance de ce récent document. Je
répète simplement, sans entrer dans beaucoup de détails,
ce que j'ai dit tout à l'heure: c'est que tous les moyens requis seront
pris pour qu'il y ait une saison de pêche. Il faudrait arrêter de
penser à la fin du monde à tout bout de champ, simplement parce
que cela fait l'affaire. Vous savez, qu'on dise que cinq ans plus tard,
après cette rencontre qu'il y avait eu à Gaspé, ce soit un
échec, je pense que partiellement cela l'est toujours, ce n'est pas
réalisé aussi vite qu'on
le voudrait, mais il y a quand même cette organisation qu'on
espère pouvoir renforcer, cette organisation régionalisée,
au moins de plus, en plus des pêches. Ce n'était jamais
arrivé avant. Il y a aussi deux choses: D'un Gaspésien à
l'autre, je rappellerai au député de Bonaventure que tout le
monde en Gaspésie, et je pense que cela sous-tend ce que je veux dire,
tout le monde en Gaspésie vous répétera sans arrêt:
jusqu'à maintenant, jusqu'à ce jour ou en tout cas jusqu'au
moment que nous vivons, il n'y a jamais eu de politique des pêches au
Québec, jamais. Cela a toujours été de bric et de broc. Il
y a eu une extraordinaire incurie de l'ancien gouvernement qui nous a
précédés.
Des voix: Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): On dit: Laissez donc des
Gaspésiens échanger le fruit de leur expérience
vécue.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): II n'y a eu... Une voix: On
peut sortir. M. Lévesque (Taillon): Pardon? Une voix: On
peut s'en aller.
M. Lévesque (Taillon): Non, non. M. le Président,
j'inviterais nos collègues à rester pour pouvoir en profiter. On
dit toujours qu'il n'y a eu qu'un seul ministre des Pêcheries dans toute
l'histoire politique, de mémoire d'homme. Il s'appelait Camille Pouliot,
le Dr Camille Pouliot de Gaspé qui, pendant un certain nombre
d'années, a vraiment donné une sorte d'animation de
départ, après quoi cela s'est effondré et cela est
resté un peu dans le patronage, dans l'incurie et aussi dans l'entretien
de toute une série de petites chicanes qui font que, parmi les
difficultés qu'on éprouve, en plus des résultats de cette
longue incurie, il y a aussi la terrible difficulté d'arriver à
un consensus. Il y a une certaine tendance enracinée, dont il va falloir
sortir, de tirailler sans arrêt les morceaux de la couverture. Le
ministre travaille d'arrache-pied pour essayer d'en sortir, pour essayer, de
concert avec le milieu, de mettre sur pied une vraie - pour une fois -
politique des pêches. J'ai l'impression qu'avant longtemps -parce que
cela commence à être vrai peut-être plus que jamais aux
Îles-de-la-Madeleine... Sur la Côte-Nord, il y a plus de
problèmes en Gaspésie. Je ne veux pas dire que c'est à
cause de la présence du député de Bonaventure, mais il
reste qu'il y a plus de problèmes d'arrimage et d'ajustement en
Gaspésie. On finira pas y arriver, en Gaspésie aussi, et
peut-être y aura-t-il eu dans l'histoire du Québec un
deuxième ministre des Pêcheries avant longtemps.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure); M. le Président, si ce
n'était pas le premier ministre qui parlait, j'aurais certainement des
commentaires à faire sur ce tissu de faussetés.
Réellement, on dirait qu'il n'est pas collé à la
réalité. Il n'y a aucune réalité que je
connaisse.
M. Lalonde: Déconnecté.
M. Levesque (Bonaventure): Déconnecté. C'est le mot
qu'il emploierait.
M. le Président, malgré tout le respect que j'ai pour le
souvenir du Dr Camille Pouliot - et je suis prêt à concourir avec
le premier ministre à la valeur de sa contribution - je pense bien qu'on
ne peut pas nier la contribution extrêmement importante du gouvernement
dont le premier ministre a fait partie, dont j'ai fait partie de 1960 à
1966 et, également, de celui de 1970 à 1976 dont il n'a pas fait
partie et dont j'ai fait partie. Je tiendrais à lui rappeler simplement
pour sa gouverne, afin qu'il ne fasse pas des discours comme ceux-là
s'il vient dans notre coin, les réalisations extrêmement
importantes dans la région de Rivière-au-Renard; qu'il pense
à Newport, qu'il pense aux parcs industriels mis en place et
décidés par notre gouvernement, qu'il pense à la
construction navale, le premier bateau d'acier qui a été mis en
mer...
Je peux continuer, M. le Président. Je suis provoqué. Je
sais que le règlement m'en empêche. Je vais donc redevenir
conforme au règlement pour ne pas faire en sorte que votre tâche
soit plus lourde qu'elle ne l'est présentement, avec un premier ministre
qui, lui, a un peu ri du règlement. Je voudrais simplement demander au
premier ministre de revenir - je comprends qu'il a été un peu
blessé par l'allusion que j'ai faite au document du Conseil
régional de développement, mais je pense qu'en en prenant
connaissance il pourra voir qu'il y a des faits qui sont assez troublants et
qui amènent cette conclusion. (14 h 50)
Je fais confiance à l'avenir et je demande au premier ministre
s'il peut répondre positivement aux inquiétudes et de ne pas dire
que ce sont des inquiétudes qui ne riment à peu près
à rien. En 1978, je me suis inquiété de l'avenir de
l'usine de pêche de Paspébiac. Évidemment, le premier
ministre a dû me dire dans le temps: On ne s'énerve pas avec cela.
Mais elle est encore
fermée. Je ne voudrais pas que la même chose arrive dans
les autres usines, en Gaspésie et dans l'Est du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le chef de l'Opposition - je serai
très bref - aura beau essayer de m'avoir avec des bons souvenirs des
années soixante, cela ne prend pas. Si toute cette belle
énumération avait été une vraie politique de
développement: "Le premier ministre sait-il, se souvient-il etc. ", on
ne serait pas poignés avec le grabuge et l'espèce de
déchéance véritable dans laquelle se trouve une bonne
partie des pêches, surtout en Gaspésie, et qu'il faudra
corriger.
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): Plus le mal est profond et plus il
a affecté certaines attitudes, plus cela prend des années. On n'y
peut rien. En deux mots, pour ce qui est de l'usine, peut-être plus
politiquement qu'économiquement située à Paspébiac,
je sais qu'il y a eu beaucoup d'efforts, cela n'a peut-être pas encore
réussi, mais cette usine n'était pas nécessairement la
trouvaille du siècle.
Une voix: Non, mais de deux siècles...
M. Lévesque (Taillon): Oui, oui. On n'est plus au temps
des voiliers, des goélettes et des Robin Jones and Whitman. Il faudrait
se souvenir de cela aussi. Pour ce qui est de l'étude du CRD, on me dit
que, parmi les auteurs se trouverait, probablement comme conseiller principal,
M. Langlais, un industriel des pêches; je vérifierai. M. Langlais
ou Langlois?
Une voix: M. Langlais.
M. Lévesque (Taillon): M. Langlais qu'on a eu l'occasion
de bien connaître et qui, pour des raisons personnelles en grande partie
et qui lui appartiennent, est plutôt braqué contre tout ce que
peut faire le gouvernement depuis quelque temps.
M. Lévesque (Bonaventure): M. le Président, une
question de privilège.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gouin. Je m'excuse, M. le député de Gouin, il y a une question
de privilège de la part du chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais simplement faire la mise
au point suivante: Ce M. Langlais, qui est un Canadien français, dont je
garde un souvenir assez impressionnant, parce qu'il a fait la campagne avec le
candidat du Parti québécois lors de l'élection de 1981 et
il accompagnait mon adversaire pour montrer justement comment on reprendrait
les activités à l'usine de transformation du poisson à
Paspébiac. Alors, si le premier ministre veut simplement se rappeler ces
choses, il pourrait cesser d'essayer de miner la crédibilité de
ceux qui écrivent. D'ailleurs, il s'agit beaucoup plus de M.
André Nérisson, de Gaspé, qui est l'un des principaux
artisans de ce rapport.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): II ne s'agissait pas d'une question
de privilège parce que je parlais d'un M. Langlais et non pas du
député de Bonaventure ni des privilèges de la Chambre. Je
ne sais pas où il a pêché cela, mais je dirai simplement
ceci - c'est le cas de le dire - Peut-être que le député de
Bonaventure vient de frapper une raison parce que M. Langlais, en plus
d'être un bon Canadien français, ce que j'admets tout de suite au
départ - on l'est tous, sauf des exceptions, qui sont également
nos concitoyens, de bons Québécois - je ne vois pas le rapport,
mais je sais une chose, c'est que, probablement parce que M. Langlais -c'est
vrai - a fait la campagne du côté de notre parti, il s'est
peut-être imaginé - et je n'irai pas plus loin - que cela lui
garantissait des influences qui sont plutôt celles que les élus
doivent exercer. On ne retournera pas au patronage des poteaux politiques.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Avec votre permission, M. le
Président...
M. LeMay: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. M. le
député de Gaspé, sur une question de privilège.
M. LeMay: II s'agit simplement, M. le Président, de
rétablir les faits. Il est vrai que M. Langlais a travaillé de
notre côté pendant la campagne électorale de 1981, mais
jamais il ne m'a accompagné lors de tournées électorales
pendant cette campagne, contrairement à ce qu'a dit le
député de Bonaventure.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gouin.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Juste avant d'accorder au
chef de l'Opposition, semblerait-il, une autre question de privilège, je
dois dire que le groupe de la Gaspésie augmente au fur et à
mesure que les... M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je serai
très bref. Je ne sais pas si le député de Gaspé
était attentif à mes propos, mais j'ai bien précisé
que M. Langlais accompagnait mon adversaire. Je n'ai jamais
considéré le député de Gaspé comme un
adversaire. Ceci étant dit, si le député de Gaspé
veut changer de comté la prochaine fois, on pourrait se reprendre et il
verra ce que c'est qu'être mon adversaire.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gouin.
Les crédits alloués à
l'école Marie-Anne de Montréal
M. Rochefort: Avec votre permission, M. le Président, et
celle de nos amis et collègues de la Gaspésie, nous allons passer
à Montréal et j'aurais une question à adresser au ministre
de l'Éducation. Hier, le premier ministre dévoilait le plan
d'action jeunesse du gouvernement du Québec. Un des volets, si je me
souviens bien - c'est même le premier - prévoit des efforts
importants pour favoriser le retour à l'école des jeunes
décrocheurs.
Or le chef de l'Opposition, hier, dans sa réplique à la
déclaration ministérielle au premier ministre, a fait une
intervention semant le doute quant à l'école des
décrocheurs de Montréal qui est l'école Marie-Anne. Je
citerai, selon la transcription du journal des Débats, l'intervention du
chef de l'Opposition: "Lorsque le premier ministre parle des écoles de
"dropouts" à Québec, c'est bien beau, mais on vient d'apprendre
qu'à Montréal on a réduit les activités et les
effectifs. On vient de couper dans le budget de l'école pour "dropouts"
à Montréal. Il faudrait bien s'entendre. "
Ma question s'adresse au ministre de l'Éducation. J'aimerais que
le ministre de l'Éducation nous indique si oui ou non les budgets
prévus dans le budget du ministère de l'Éducation et dans
celui de la Commission des écoles catholiques de Montréal, en
termes de ressources financières et humaines pour l'école
Marie-Anne, seront bel et bien maintenus à ce qu'ils sont
présentement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Laurin: M. le Président, je dois admettre que lorsque
le chef de l'Opposition, dans sa réplique à M. le premier
ministre, a prononcé les phrases que l'on vient d'entendre,
malgré mon calme habituel, j'ai sursauté.
Il faut admettre que, comme la parole du chef de l'Opposition
pèse d'un poids très lourd dans nos délibérations,
cette assertion a été reprise par deux éditorialistes
aujourd'hui. L'éditorialiste du Soleil et l'éditorialiste - je
cherche un autre mot - du Journal de Montréal.
Donc, cela veut dire que l'assertion du chef de l'Opposition s'est
promenée dans tout le Québec et a semé l'émoi.
C'est la raison pour laquelle, tout de suite après cette assertion, j'ai
vérifié auprès de la commission scolaire de
Montréal dont l'école Marie-Anne relève. On m'a
répété, aussi bien le directeur général que
les officiers, qu'il n'était pas question de réduire ni le budget
consenti à l'école ni les services consentis aux
décrocheurs; que l'école Marie-Anne continuait d'être un
succès malgré quelques difficultés de parcours qui
échoient nécessairement à toutes les expériences
pilotes et qu'il n'était pas question non plus, pour l'an prochain, de
réduire en quoi que ce soit les budgets consentis à une
école qui a prouvé l'actif qu'elle constituait pour cette classe
qui a particulièrement besoin d'être aidée.
Donc, je veux rassurer le chef de l'Opposition en même temps que
toute la population et, en même temps, montrer le bien-fondé de
cette mesure qui est incluse dans notre programme pour l'insertion sociale et
professionnelle des gens.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je prends la
parole du ministre et je dis que j'en suis fort heureux si c'est bien le cas.
Je vais vérifier une source extrêmement bien autorisée qui
m'avait fourni ce renseignement dans les quelques minutes qui ont
précédé mon intervention. On sait que le document du
premier ministre nous avait été remis seulement quelques minutes
avant que nous arrivions en Chambre. C'est le renseignement qu'on m'avait
donné et cela venait d'une source ordinairement très
autorisée et très fiable. Je vais donc faire la
vérification nécessaire. S'il y a lieu de confirmer ce que j'ai
dit, je le ferai et s'il y a lieu de le corriger, je le ferai également,
comme j'ai toujours l'habitude de le faire, soucieux du respect de la
vérité. (15 heures)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Marquette.
M. Dauphin: M. le Président, j'aurais seulement une petite
question à poser au ministre. Dans la déclaration du premier
ministre d'hier, indiquant qu'on augmenterait les effectifs,
étant donné qu'il y a entre 30% et 40% des étudiants du
secondaire qui n'obtiennent pas leur diplôme, qui ne terminent pas leurs
études secondaires, le ministre a-t-il eu des pourparlers avec le monde
enseignant, que ce soit la CEQ ou l'Alliance des professeurs de
Montréal, afin de permettre, entre autres, un programme plus souple pour
qu'il y ait moins de décrocheurs, afin d'augmenter les effectifs puis
favoriser également ces jeunes dans les programmes d'éducation
aux adultes, étant donné que les décrets ont eu lieu il
n'y a pas tellement longtemps avec la loi 105?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, c'est un projet qui nous
préoccupe depuis longtemps et qui fait l'objet de discussions constantes
entre les autorités du ministère de l'Éducation et tous
nos partenaires dont la Fédération des commissions scolaires, les
directions régionales du ministère et les commissions scolaires
régionales.
Effectivement, le taux des décrocheurs est beaucoup trop
élevé. Actuellement, 64% ou à peu près des
étudiants accèdent aux certificats d'enseignement secondaire. Des
études très amples et profondes ont été
menées à cet égard. Je pense que nous commençons
à identifier un bon nombre des causes qui sont à l'origine de ce
phénomène du décrochage. Effectivement, dans le programme
qu'a annoncé hier le premier ministre, certaines de ces mesures seront
prises immédiatement, comme par exemple, une identification plus
précoce des décrocheurs.
La mise en place de mesures qui permettront d'offrir à ces
décrocheurs possibles des mesures de soutien, des mesures d'appui qui
leur permettront de passer à travers les difficultés qu'ils
connaissent actuellement, de même qu'une certaine adaptation des
régimes pédagogiques, des horaires à certaines
caractéristiques particulières. Là aussi, dans le plan que
le premier ministre a présenté hier, il y a des mesures
spécifiques qui concernaient l'adaptation des horaires.
Il y a d'autres causes que nous avons identifiées. Nous
espérons que dans l'année et les années qui suivent, nous
parviendrons à cerner et à corriger ce
phénomène.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Fin de la période
des questions.
Visite de représentants du secteur de
l'enseignement de l'Ontario
J'aimerais souligner la présence dans les galeries d'une
délégation de personnes venant du secteur de l'enseignement de
l'Ontario: MM. Perry Moss, Sharon Scott, Malcom Buchanan et David Lennox.
Motions non annoncées.
Enregistrement... Je m'excuse! Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Attendu la mauvaise foi démontrée
par le gouvernement la semaine dernière, en distribuant 400 000 copies
d'une publication de propagande format tabloïd, malgré que les
auditions sur le conflit entre les syndicats et le gouvernement
n'étaient pas terminées, il est proposé que le
ministère de l'Éducation cesse, durant la période de la
médiation, d'empoisonner le climat en jetant de l'huile sur le feu, par
la publication à même les fonds publics de sa propagande sur le
conflit.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Y a-t-il consentement?
Des voix: Non.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non. Madame, il n'y a pas
consentement.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avant de passer à l'autre étape qui est l'étape des
avis à la Chambre, le président a reçu une lettre du
ministre de l'Habitation et qui se lit comme suit: "M. le Président,
j'ai l'intention de soulever une question de privilège après la
période des questions, parce que certains médias rapportent des
propos d'une Association de propriétaires d'immeubles qui met en cause
ma crédibilité en tant que membre de cette Assemblée.
À titre de ministre de l'Habitation et de la Protection du Consommateur,
il est de mon devoir de protester et de rétablir les faits comme nous le
permet le règlement. Veuillez agréer, M. le Président,
l'expression de mes sentiments les meilleurs". Signée M. Guy Tardif,
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur. M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas empêcher
le ministre de rétablir sa crédibilité si on a assez de
temps d'ici à 22 heures. J'aimerais, M. le Président, que vous me
disiez si ce que le ministre se propose de faire est bien une question de
privilège. On a déjà vu le ministre des Transports actuel
se lancer dans une question de privilège pour déblatérer
contre les journaux qui avaient simplement critiqué le ministre.
J'aimerais que vous établissiez d'avance s'il s'agit d'une question de
privilège.
Le Vice-Président (M. Jolivet): J'ai regardé avec
attention cette demande en vertu de l'article 49. 1 et aussi de l'article 33.
4. Je l'ai aussi regardée en vertu de
l'article 99. 9 - tout en étant assez souple à ce niveau -
dans lequel on dit qu'on ne peut pas imputer des motifs indignes à un
député ou refuser d'accepter sa parole. C'est dans cet ensemble
que prévoit notre règlement que je pourrais demander - je pense
que je devrais le faire - au ministre de m'indiquer, en regard de la lettre
qu'il m'a envoyée, en quoi il considère que c'est une question de
privilège. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, au lieu d'argumenter, je vais
lire l'entête qui dit ceci: "Le ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur n'a pas tenu sa promesse de discrétion
à l'égard des négociations sur les hausses de loyer. Ou le
ministre Tardif n'a pas d'emprise sur ses employés, ou la main gauche ne
sait pas ce que la main droite fait dans ce ministère, ou - un instant,
M. le Président - les employés ont piraté le
ministère".
M. le Président, à partir du moment où on met en
cause un engagement qui aurait été pris par le
député que je suis, je dis que mon privilège de
député, ma crédibilité de député est
en cause et je veux protester énergiquement et rétablir les
faits.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je vous invite à
examiner très attentivement cette question parce que, s'il fallait
qu'à chaque fois qu'un journaliste ou un journal critique, met en doute
ce gouvernement et chacun de ses ministres, on passerait des journées
entières à des questions de privilège. C'est très
important de faire la distinction entre une critique ou même une
accusation à l'endroit d'un ministre ou du gouvernement de ne pas avoir
tenu ses promesses - on va d'ailleurs passer la journée à dire
cela dans notre motion de blâme - il y a une grande différence
entre cette critique qui est partout dans les journaux, surtout contre ce
gouvernement, et une accusation qui attaque, par exemple, la probité
d'un ministre personnellement, dans sa conduite personnelle et non pas comme
homme politique. Cette décision est très importante, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que vous
voulez...
M. Tardif: M. le Président, encore...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, je
m'excuse. Est-ce que vous voulez parler sur ce que vient de dire le leader ou
sur la décision que j'aurai à rendre? M. le ministre.
M. Tardif: Je voudrais une directive de votre part. Quel est le
moyen à la disposition d'un membre de cette Chambre, si ce n'est ce qui
est prévu aux articles 49 et suivants de notre règlement, pour
rétablir des faits et uniquement cela, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Jolivet): II y a l'article 49. 1, ce
qui a été observé dans votre cas, c'est-à-dire de
faire parvenir une heure avant le début des travaux de
l'Assemblée une lettre expliquant brièvement la question que vous
vouliez soulever comme question de privilège. Il y a toujours aussi un
pouvoir qui est permis au président, en vertu de l'article 34. 3 - c'est
là la latitude d'examiner s'il y a question de privilège ou pas -
où on dit: "Un député peut, avec la permission du
président, s'expliquer sur un fait qui, bien que ne constituant pas une
violation de privilège, le concerne en tant que député ou
qui concerne, en tant que député, un de ses collègues
absent". (15 h 10)
En vertu des décisions qui ont été rendues dans le
passé sur cette question, on a toujours donné un peu la chance au
coureur d'exprimer le plus brièvement possible la question de
privilège, en tenant compte du fait que, dans l'entête que le
ministre a lue, on a semblé - au niveau de ce que je peux
considérer - d'une certaine façon mettre en doute sa
crédibilité, comme il l'expliquait. On pourrait en parler
longuement, mais je crois qu'il faut éviter-Non pas sur la question du
ministre, mais sur la question: Est-ce que c'est une question de
privilège ou non? Moi, j'ai tendance à penser qu'un acte
administratif qui est un acte posé par un ministre et qui, au niveau des
rapports donnés dans les journaux ou ailleurs, peut être
jugé comme étant au niveau de sa conduite comme ministre, bien vu
ou mal vu de la part du ministre, n'est qu'une question d'opinion et non pas
une question de privilège.
En conséquence, il y a d'autres moyens qui sont à la
disposition du ministre, qui peuvent être ceux que vous connaissez aussi
bien que moi ainsi que tous les gens de cette Assemblée, pour
éviter qu'une question de privilège ne soit soulevée
chaque fois qu'on est en désaccord avec ce que dit quelqu'un, ce qui est
une question d'opinion. Je pense que l'Assemblée nationale ne doit pas
devenir un moyen de rectifier continuellement ce qui est dit au sujet des actes
administratifs d'une personne.
Par conséquent, j'aurais tendance beaucoup plus à vous
conseiller d'autres moyens que la question de privilège dans cette
assemblée. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président. Encore une fois, je vous ai
demandé une directive et, vous l'évoquez vous-même, il y a
d'autres moyens. Quels sont les autres moyens, à la
disposition d'un membre de cette Assemblée, pour faire en sorte
qu'une accusation de manquer de discrétion, de manquer à un
engagement, alors que j'ai des pièces que je vais déposer
à l'appui de ce que je dis, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Question de
règlement du leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Je pense, M. le Président, que nous avons tous
compris que vous avez rendu la décision qu'il ne s'agit pas d'une
question de privilège. Si le ministre manque d'imagination pour savoir
comment exprimer son opinion, il consultera le ministre des Communications.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader. Comme vous
m'avez demandé, M. le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, des directives, il y en a qui sont les suivantes, soit par une
déclaration ministérielle, soit par un dépôt de
document à la période prévue par le règlement, soit
par d'autres moyens externes à l'Assemblée nationale que vous
connaissez autant que moi. Je pense que, compte tenu de ça, il faut
éviter que l'Assemblée nationale ne devienne un lieu où
les divergences d'opinions exprimées à d'autres niveaux soient
considérées comme des questions de violation de droit
personnel.
Avis à la Chambre, M. le leader du gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Bertrand: M. le Président, lundi prochain, 14 mars, de
15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures, la commission
des transports sur Quebecair.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le leader,
si vous voulez le reprendre pour que tout le monde puisse bien l'entendre.
M. Bertrand: Lundi prochain, le 14 mars, au salon rouge, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures, la commission des
transports terminera ses travaux sur le dossier de Quebecair.
Les 24 et 25 mars ainsi que les 29 et 30 mars, au salon rouge, la
commission de l'énergie et des ressources se réunira pour
étudier les effets de la politique énergétique sur le
développement économique.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, quant à la commission
des transports qui étudie le dossier Quebecair, le leader du
gouvernement est-il en mesure de nous dire aujourd'hui si le secrétariat
des commissions s'est assuré de la présence de M. Richard
Champagne, ex-vice-président de Quebecair, dont la présence
devant la commission a été requise de façon unanime par
l'ensemble des membres de la commission, la semaine dernière? Sinon,
pourrait-il s'engager à nous dire, au cours de la journée, de
quoi ça relève?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Alors, il a été convoqué, M. le
Président. On m'informe que cette démarche a été
effectuée par le secrétaire des commissions parlementaires. Je
vais m'informer pour savoir si une réponse a été
envoyée au secrétaire des commissions parlementaires relativement
à cette convocation qui a été faite auprès de M.
Champagne.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Affaires du jour.
M. le député de Hull, en vertu de l'article 34.
M. Lalonde: Avant de passer à l'article 34, M. le
Président, je veux simplement m'assurer, auprès du leader du
gouvernement, si les avis qu'il vient de donner sont valables malgré la
prorogation de la Chambre, pour que tout le monde sache que la commission
parlementaire sur Quebecair aura bien lieu, même si l'Assemblée
nationale est prorogée ce soir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Oui cette commission parlementaire aura bien lieu le
14 mars. Quant à celle des 24, 25, 28 et 29, je dois dire que dans ce
cas-là, il pourrait y avoir des changements. On en avisera les
parlementaires. Cela dépend de la décision qui sera prise quant
à la journée où on commencera les travaux de la nouvelle
session. Si on commence le 24, peut-être qu'à ce moment-là,
cela posera des problèmes, mais si on commence le 22, cela en posera
moins. Donc, on en tiendra compte et les informations seront transmises en
conséquence.
Recours à l'article 34
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull en vertu de l'article 34.
M. Rocheleau: Le 7 décembre je demandais copie de la liste
des organismes qui ont reçu des subventions par le biais du fonds de
développement régional pour l'année 1981-1982, liste
devant indiquer pour chaque
organisme le montant de la subvention accordée. Est-ce que le
leader du gouvernement pourrait me dire quand je recevrai cette liste?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: À moins que je ne me trompe, M. le
député de Hull, est-ce une question inscrite au feuilleton?
M. Rocheleau: Oui.
M. Bertrand: Dans les circonstances, quand vous aurez
réinscrit cette question au feuilleton, lors de la nouvelle session, la
réponse devra être donnée. Elle n'a pas été
donnée; vous serez donc obligé d'inscrire de nouveau votre
question lors de la reprise des travaux, selon ce que prévoit le
règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je comprends que le
gouvernement a beaucoup de travail à faire, surtout pour créer
des jobs actuellement, mais j'avais l'impression qu'ajournant nos travaux ce
soir, j'aurais peut-être pu avoir cette liste pour en faire
l'étude au cours de la prochaine semaine.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Le ministre responsable de la gestion de ce fonds de
développement régional m'indique que la réponse est
prête, qu'elle a été envoyée. Elle doit être
quelque part sur un bureau. Je vais m'assurer que s'il est possible de
déposer ce document aujourd'hui, nous puissions le faire avec le
consentement de la Chambre.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: En vertu de l'article 34. Cela ramène la
question que j'ai soulevée hier. Nous avons au feuilleton, qui mourra
dans quelques heures, une quinzaine de questions et de motions dont certaines
ont été inscrites il y a à peu près un an. On a eu
une réponse là-dessus hier. J'ai posé la question, tout en
m'attristant de la situation, et je m'aperçois que le ministre vient
d'apprendre, par hasard, en se retournant vers un de ses collègues,
qu'une réponse est acheminée à son bureau. Est-ce ce genre
d'organisation... Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a appelé
tous les ministres responsables des réponses aux questions que nous
avons inscrites au feuilleton pour qu'on ait des réponses avant la fin
de la session ce soir?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Je me fais un devoir, à peu près
à chaque semaine, de faire en sorte que les ministres qui ont à
répondre à des questions inscrites au feuilleton se fassent
rappeler que ces questions sont au feuilleton; que les députés
ont, je pense, tout à fait le droit - c'est normal, puisqu'ils ont
demandé à avoir des réponses - que ces réponses
leur soient transmises dans les plus brefs délais. Lors de la prochaine
session, je crois qu'il faudra éventuellement trouver un organisme qui
nous permettrait d'aller chercher ces réponses dans des délais
plus brefs que ceux que nous avons connus jusqu'à maintenant.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, la réponse du leader
donne la mesure de son influence à l'égard de ses
collègues.
Vous avez vu au feuilleton - et cela concerne les travaux de la Chambre
- du 16 février une motion de blâme du député de
Sainte-Marie, inscrite en vertu de l'article 24. Vous savez que l'Opposition a
seulement six motions de blâme par session. Nous en avions
déjà fait cinq et, après entente avec le
député de Sainte-Marie, il a retiré sa motion du
feuilleton de mardi et nous avons inscrit la motion au nom du
député de Bonaventure, le chef de l'Opposition. Je m'étais
engagé, auprès du député de Sainte-Marie, à
vous dire que s'il s'agissait d'une entente, cela ne l'implique pas, que le
député de Sainte-Marie croit qu'il n'a pas droit à la
sixième motion, et cela n'implique pas que je serais d'accord qu'il ait
ce droit. On verra à la prochaine session. (15 h 20)
Une voix: En d'autres mots, vous savez ce que vous voulez.
M. Lalonde: Nous, on sait ce qu'on veut.
Maintenant, M. le Président, en vertu de l'article 34, j'aimerais
savoir ce que le leader du gouvernement veut. Je veux savoir quel est le sort
réservé aux projets de loi nos 112 et 113, à
caractère agricole, qu'il a inscrits grâce à notre
consentement et dont il a fait la première lecture, il y a deux jours,
grâce à notre consentement. Je vais vous lire, M. le
Président, ce que je disais, ici, il y a deux jours: "Nous allons non
seulement consentir qu'il soit lu en première lecture aujourd'hui,
étant entendu que la deuxième lecture aura lieu demain -
c'est-à-dire mercredi, hier matin, de 10 heures à 13 heures -
mais nous allons même proposer au gouvernement de procéder, si le
ministre le veut bien, à la deuxième lecture des deux projets de
loi et aussi à l'étude article par
article en commission plénière et à la
troisième lecture lors de la même séance, demain -
c'est-à-dire avant 13 heures. "
Une voix: Hier.
M. Lalonde: La réponse du leader du gouvernement a
été la suivante, d'après la galée:
"Évidemment que nous acceptons et que le ministre de l'Agriculture est
le premier à s'en réjouir. "
Or, le lendemain, c'est-à-dire hier, j'ai refait la même
proposition à 10 heures, à l'ouverture de la séance, et le
ministre a dit: Non. Il n'en était plus question. Est-ce que le ministre
peut me dire pourquoi il a manqué à sa parole?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Ah, mon Dieul Cher Fernand. M. le Président,
entre le moment où la question a été posée, dans un
climat qui était très serein et qui me portait à croire
que nous allions pouvoir organiser les travaux de la Chambre pour cette semaine
dans un esprit de collaboration et de coopération, tout en sachant aussi
quelles étaient les contraintes qui existaient du côté de
l'Opposition relativement au projet de loi no 109, j'avais donc indiqué
qu'effectivement nous serions prêts à procéder de cette
façon. Il y a eu ce qu'il y a eu.
Une voix:...
M. Bertrand: Ah, mon Dieul
Des voix: Ah!
M. Bertrand: Deuxièmement, M. le Président, les
députés ministériels qui font partie du caucus agricole
m'ont fait des représentations que j'ai trouvées tout à
fait intéressantes et pour que la population sache un peu de quoi il
s'agit, je vais le résumer de façon très succincte.
Quand des projets de loi sont éminemment valables et qu'ils
intéressent des catégories de la population comme, par exemple,
tout le secteur agricole, les agriculteurs du Québec, l'Opposition, bien
sûr, sachant que c'est une matière sur laquelle il y aurait lieu
de discourir le plus brièvement possible, puisque ce sont,
évidemment, des pièces législatives très
intéressantes qui peuvent permettre au gouvernement de faire valoir,
auprès de l'opinion publique, les actions qu'il pose en matière
agricole, on fait des débats très courts. On essaie de s'assurer
que tout cela est noyé à l'intérieur de quelques jours de
session et que, finalement, la population n'en aura pas entendu parler. Or,
nous voulons que la population sache que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et les députés qui viennent
du milieu agricole et qui représentent de vastes territoires agricoles
sont des gens intéressés par ce dossier. Nous voulons leur
permettre d'exercer leur droit de parole en deuxième lecture, comme le
prévoit le règlement. C'est la raison pour laquelle, me rendant
à une demande de notre caucus des députés, en particulier
le caucus agricole, nous avons désiré procéder à
une étude la plus complète possible de ce projet de loi en
deuxième lecture.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Je comprends des réponses du ministre,
premièrement, qu'il avoue avoir changé d'attitude et, d'une autre
partie de la réponse, que c'est à cause de son caractère
colérique que les agriculteurs n'auront pas ces deux lois maintenant,
mais seulement plus tard. Troisièmement, les conseils qu'il vient de
nous donner sur le temps de plus en plus long qu'on doit prendre pour les bons
projets de loi, on les écoutera au mois de juin, à la fin de la
session.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, de toute façon, quant
au projet de loi no 113 favorisant le crédit à la production
agricole, c'est un projet de loi qui, dans son application, pour qu'il devienne
opérationnel, ne pouvait entrer en vigueur qu'au mois d'avril. Dans ces
circonstances, il n'était pas absolument indispensable que le projet de
loi no 113, portant sur le crédit agricole, soit adopté hier
matin. Dans ces conditions, le caucus agricole a fait des
représentations qui me paraissent tout à fait justifiées;
il souhaite pouvoir débattre plus longuement le projet de loi sur
l'amélioration des fermes. C'est ce qu'il a fait. Je pense qu'il a bien
fait et que la classe agricole va profiter de ce débat de
deuxième lecture.
M. Lalonde: Une question en vertu des dispositions de l'article
34, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Je me demande pourquoi le leader du gouvernement nous
a demandé notre consentement pour étudier en première
lecture, tout de suite après son inscription en appendice au feuilleton,
le projet de loi no 113 s'il n'en a pas besoin avant la fin d'avril. En tout
cas, on verra à l'avenir ce que valent ces demandes de consentement.
Dernière question. D'après ce qu'on a entendu, la session
sera prorogée aujourd'hui, ce soir. Une nouvelle session commencerait
dans une dizaine de jours, soit le 22 ou le 24. Je demande au leader s'il est
en mesure de nous dire maintenant - il me semble qu'il devrait le savoir - si
ce sera le 22 ou le 24 pour que nous nous organisions en
conséquence.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Relativement à cette question, je voudrais
indiquer qu'effectivement ce sera le 22, le 23 ou le 24 pour la raison
très simple que, la semaine prochaine, mardi et mercredi, si ma
mémoire est bonne, le premier ministre doit assister à une
conférence constitutionnelle. On imagine assez mal un message inaugural
prononcé en l'absence du premier ministre.
Deuxièmement, quant à la date du 22, du 23 ou du 24, je
voudrais, là-dessus, faire un certain nombre de consultations
auprès du leader de l'Opposition. La question est essentiellement la
suivante: Par exemple, serait-il préférable que nous commencions
le 22 avec le message inaugural et que le chef de l'Opposition puisse y
répondre le lendemain, le mercredi ou si on préfère
adopter une formule qui consisterait à commencer le 24, le jeudi, pour
laisser au chef de l'Opposition à peu près quatre jours pour
préparer une intervention en réponse au message inaugural. C'est
le genre d'éléments que j'ai à l'esprit en ce moment et
c'est ce qui me fait hésiter à proposer le 22 ou le 24. Quand
j'aurai mené mes consultations auprès de l'Opposition, à
ce moment-là, nous pourrons annoncer la décision.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, toujours selon les
dispositions de l'article 34. J'espère que mes questions au leader vont
lui ramener un peu de couleur, sinon l'ombre d'un sourire. Concernant les
questions inscrites au feuilleton, depuis six mois, j'ai inscrit un certain
nombre de questions et je n'ai pas obtenu de réponse. Pourtant, dans la
semaine qui a suivi leur inscription - par exemple, une question s'adressait au
Conseil du trésor - des fonctionnaires du Conseil du trésor ont
communiqué avec moi pour obtenir certaines précisions quant
à la portée des questions que j'avais inscrites au feuilleton. Je
dois donc conclure qu'au niveau du ministère, au niveau du Conseil du
trésor même, les réponses ont été
données et c'est bloqué quelque part dans la machine.
Compte tenu du fait que le leader du gouvernement a reconnu qu'il y a
une nouvelle procédure - ce qui est à peu près la
dizième édition que j'entends depuis 1976 de la part des leaders
du gouvernement quant à la méthode à utiliser pour fournir
des réponses aux questions inscrites au feuilleton - et comme le leader
s'est engagé à mettre sur pied une nouvelle procédure,
est-ce qu'il pourrait, du même coup, s'engager aujourd'hui, pour
éviter que chaque député soit obligé de reprendre
la procédure, à répondre a ces questions au moment de la
nouvelle session en nous dégageant, comme députés, de
l'obligation de réinscrire les questions qu'on a déjà
posées et qui attendent des réponses?
Le deuxième volet de ma question concerne le projet de loi no
195. Je comprends que le leader du gouvernement a pu manquer de projets de loi
à la toute fin.
À-t-il l'intention d'appeler la deuxième lecture du projet
de loi no 195?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Ne serait-ce pas, par hasard, un projet de loi
inscrit à votre nom, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: C'est ça, oui.
M. Bertrand: On va penser à cela, M. le Président.
Il y a un message inaugural en préparation. Deuxièmement, quant
à la procédure de réinscription des questions qui sont en
ce moment au feuilleton, d'abord, il nous faudra respecter les dispositions
prévues à notre règlement, les procédures
habituelles qui doivent être suivies. Dans la mesure où on peut
simplifier toutes ces procédures, bien sûr, le leader du
gouvernement y concourra. (15 h 30)
Avant que nous ne passions aux affaires du jour, je voudrais
répondre à la question posée, en vertu de l'article 34,
par le député de Vaudreuil-Soulanges: Est-ce que le gouvernement
a l'intention de présenter une loi à brève
échéance pour confirmer l'augmentation de la couverture
d'assurances de la Régie de l'assurance-dépôts des
déposants québécois de deux sociétés
ontariennes qui ont eu des difficultés financières? La
réponse viendra lors de la prochaine session. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Berthier, en vertu de l'article 34.
M. Houde: M. le Président, j'avais déposé au
feuilleton, en date du 17 décembre, à l'endroit du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, une requête sur
l'état de la réalisation, la date de la demande par le
requérant, la date de l'engagement, le coût, le comté dans
lequel sont situés tous les cours d'eau mentionnés dans un
communiqué
du ministère. On est rendu au mois de mars et je ne l'ai pas
encore. Est-ce que je peux compter l'avoir avant la fin de l'année
1983?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: Je m'excuse, je discutais de la Régie de
l'assurance-dépôts avec le ministre des Finances. Je m'excuse
auprès du député.
M. Houde: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Berthier, si vous voulez bien recommencer.
M. Houde:... je vais reprendre. Je vais dire deux choses.
Pourquoi je suis ici; hier, j'ai demandé pourquoi j'étais ici.
C'est parce que je me demandais pourquoi j'étais ici du fait que le
gouvernement n'avait pas de travail à nous donner. Revenons à la
deuxième: J'avais demandé - c'est inscrit au feuilleton - au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, la liste
de tous les cours d'eau qui avaient été subventionnés en
1982, pour des dépenses de 8 860 000 $ dont 3 727 800 $... Quelle est la
liste complète? D'abord, l'état de la réalisation. La date
de la demande par le requérant. La date de l'engagement. Le coût
et le comté dans lequel sont situés lesdits cours d'eau.
J'aimerais savoir quand je peux l'avoir, parce qu'on commence l'année
1983, on est rendu au mois de mars et j'aimerais bien avoir des nouvelles.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: Même réponse que tout à l'heure,
M. le Président. Je pense qu'effectivement, il y a lieu que nous
trouvions des mécanismes qui nous permettent... Habituellement, on dit
toujours que je parle trop fort, que je parle trop. J'ai indiqué tout
à l'heure au député que j'avais l'intention, lors de la
reprise de nos travaux, de trouver des moyens, des mécanismes qui nous
permettent d'être infiniment plus efficaces dans les réponses que
nous avons à donner aux questions qui nous sont posées au
feuilleton. Je ferai remarquer, par contre, au député qu'il y a
certaines de ces questions qui sont particulièrement importantes et
longues quant à leur formulation et qui supposent des recherches
auprès de nombreux organismes, des recherches qui peuvent prendre, dans
certains cas, plusieurs semaines, plusieurs mois. Il y a aussi la nature
même de la question qui est inscrite au feuilleton. Ceci étant
dit, je crois qu'effectivement, on peut quand même tenter de trouver des
moyens pour rendre plus efficace tout ce système de questions et
réponses au feuilleton.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Seulement une petite formalité. Au cas
où la session ne serait pas prorogée - on ne sait jamais, ce
gouvernement peut changer d'idée - et qu'on siégerait la semaine
prochaine, j'ai un avis de motion en appendice pour une question avec
débat en vertu de l'article 174a. Ce serait la commission élue
permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme, question avec
débat du député de Mont-Royal au ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme sur le sujet suivant: L'avenir de SIDBEC et de
SIDBEC-Normines.
Le Vice-Président (M. Jolivet): L'avis est donc
donné en conséquence. Affaires du jour.
M. Gratton: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le leader adjoint
de l'Opposition.
Félicitations à M. Grant Devine
M. Gratton: Dans ce cas-ci, au cas où l'Assemblée
prorogerait ses travaux, le 28 avril, donc il y a presque un an, le
député de Taschereau avait eu la bonne idée de proposer
une motion félicitant M. Grant Devine et son équipe du Parti
conservateur pour la victoire qu'ils venaient de remporter aux élections
générales tenues en Saskatchewan le lundi 26 avril 1982. On se
rappellera que M. Devine avait réussi à se faire élire en
promettant l'abolition de la taxe sur l'essence en Saskatchewan. Est-ce que,
compte tenu qu'on n'adoptera pas cette motion de félicitations, le
leader du gouvernement a l'intention d'en exprimer le regret auprès du
premier ministre de la Saskatchewan?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Pourrait-on considérer, M. le
Président, comme cela, ici, illico, qu'elle est adoptée?
Adopté?
Une voix: Adopté. M. Bertrand: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Affaires du
jour. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je crois que vous devriez,
à ce moment-ci, appeler
un débat qui va se révéler extrêmement
intéressant et que nous avons hâte d'aborder, l'article 1) du
feuilleton d'aujourd'hui.
Motion privilégiée proposant que le
gouvernement soit blâmé pour la faillite de sa gestion
économique
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motion
privilégiée en vertu de l'article 24 déposée par le
député de Bonaventure et chef de l'Opposition: "Que le
gouvernement péquiste soit blâmé sévèrement
pour la faillite de sa gestion économique et plus
particulièrement pour ne pas avoir respecté sa promesse
d'accorder la priorité à l'économie au cours de la session
qui s'achève. "
Avant de donner la parole au chef de l'Opposition, en vertu de l'article
10. 6, j'inviterais les leaders des partis reconnus à assister, avec la
présidence, à une discussion sur le partage du temps. M. le chef
de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'entendais le
leader parlementaire du gouvernement mentionner qu'il était très
heureux que nous puissions discuter, aujourd'hui, une motion si importante. Je
regrette, cependant, l'attitude qu'il a prise tout à l'heure lorsqu'il a
pratiquement renvoyé aux calendes grecques deux projets de loi
extrêmement importants, j'imagine, dans le domaine de l'agriculture, deux
projets de loi dont l'étude a commencé hier et qui ne pourront
pas arriver à leur échéance normale, c'est-à-dire
à leur adoption par cette Chambre justement pour des raisons hautement
stratégiques de la part du gouvernement. Quant à nous, nous avons
cru bon d'offrir notre collaboration au gouvernement et s'il n'en avait tenu
qu'à nous, les deux projets de loi seraient déjà
adoptés et sanctionnés.
C'est un peu cela, ce gouvernement, un gouvernement qui gouverne, qui
règne par l'image. Il administre par sondages et par images.
Aujourd'hui, l'image commence à être un peu déformée
et déformante. Réellement, l'image n'est pas celle qu'on voudrait
avoir de l'autre côté. De plus, les sondages sont tels qu'on a
recours à des attitudes modestes par nécessité,
plutôt que de prendre les attitudes triomphalistes qui ont
accompagné les premières semaines ou les premiers mois de ce
gouvernement en cette Chambre.
Nous terminons, selon toute apparence, une session qui a commencé
à l'automne 1981, qui a duré l'année 1982 et qui doit se
terminer aujourd'hui le 10 mars 1983. Il est important qu'à ce moment-ci
nous puissions porter un jugement, particulièrement dans le domaine
économique, sur ce gouvernement.
Ce n'est pas la première motion de blâme et de censure qui
est dirigée contre le gouvernement péquiste. Au cours de la
présente session, nous avons utilisé tous les moyens qui nous
sont permis par le règlement et comme le règlement nous permet
six motions de censure et de blâme, nous avons utilisé
jusqu'à la dernière minute toutes les possibilités qui
nous sont accordées ou permises par le règlement. En effet,
dès le 26 novembre 1981, après le début de cette session,
le leader parlementaire de l'Opposition et député de
Marguerite-Bourgeoys présentait, au nom de notre formation politique,
une motion de blâme pour la mauvaise administration de ce gouvernement,
en particulier l'improvisation et le gaspillage dans l'utilisation des fonds
publics, etc. (15 h 40)
Le 25 février 1982, le député d'Argenteuil
blâmait sévèrement le gouvernement péquiste et le
tenait responsable en grande partie de la situation économique
extrêmement difficile que connaissait alors le Québec et que
connaît encore le Québec.
Le 14 juin 1982, le député de Notre-Dame-de-Grâce
présentait une motion de blâme, de censure en cette Chambre pour
le mauvais choix de priorités exercé par le gouvernement.
Le 18 juin 1982, de nouveau, le député d'Argenteuil
présentait une motion de blâme sévère au
gouvernement, et plus particulièrement dirigée cette fois, vers
le ministre des Finances parce que nous le disions incapable de rétablir
l'équilibre des finances publiques et la santé de
l'économie.
Le 17 décembre 1982, au nom de ma formation politique, je
présentais une cinquième motion de blâme contre le
gouvernement actuel en ces termes: "Que cette Assemblée blâme
très sévèrement le gouvernement péquiste pour avoir
fortement contribué à l'effondrement de l'activité
économique du Québec, principalement par son obsession
séparatiste. "
Aujourd'hui, M. le Président, en cette dernière
journée de cette session qui a commencé, comme je le rappelais
tout à l'heure, en novembre 1981, nous avons maintenant, dis-je,
à étudier la motion suivante que vous avez vous-même
rappelée au début de ce débat: "Que le gouvernement
péquiste soit blâmé sévèrement pour la
faillite de sa gestion économique, et plus particulièrement, pour
ne pas avoir respecté sa promesse d'accorder la priorité à
l'économie au cours de la session qui s'achève. "
Or, M. le Président, vous savez comme moi, nous savons tous que
ce gouvernement parle d'économie du bout des lèvres à
chaque occasion, particulièrement dans toute occasion solennelle
où il peut le faire, mais
jamais il ne va de la parole aux actes. Il s'agit simplement de se
rappeler quelle a été cette philosophie apparente, quels ont
été les engagements que l'on retrouve dans les discours du
premier ministre à l'occasion du message inaugural qu'il lit devant
cette Chambre au début de chacune de nos sessions. On verra qu'à
chaque occasion, le premier ministre nous a parlé de la priorité
de son gouvernement: l'économie.
En 1977, ces gens venaient de prendre le pouvoir en 1976, ils
arrivaient. Que disaient-ils? L'importance de l'économie, permanence
excessive du chômage, cela n'avait pas de bon sens, c'était rendu
autour de 8%. Il fallait faire quelque chose pour régler cela.
Évidemment, aujourd'hui on parle de 14%, 15% et 16%. En 1976, le produit
intérieur brut avait crû de 4, 8% en volume. Ce n'était pas
suffisant. En 1982, le PIB a diminué de 6, 4%, selon les plus
récentes estimations, dans le cas du Québec.
Lorsqu'on lit ces quelques extraits de ce discours inaugural de 1977, on
voit ce que le premier ministre disait dans ce temps-là: Le gouvernement
a opté sans délai pour le respect intégral des conventions
collectives signées par ses prédécesseurs; il a
respecté soigneusement l'autonomie des parties. C'était donc beau
dans ce temps-là, en 1977, le message inaugural du premier ministre.
Ensuite - écoutez cela, c'était au début du règne
de ce gouvernement présentement à l'agonie - il disait quoi? Il
nous faudra sans doute, d'ici quelque temps, effectuer de profonds changements
dans le Code du travail. En 1976, le gouvernement prend le pouvoir; il fallait
faire de "profonds changements dans le Code du travail". Maintenant, dans sa
septième année d'exercice du pouvoir, est-ce qu'on ne peut pas
lui demander sans aucune provocation: Qu'est-ce que vous avez fait, Messieurs
et Mesdames du gouvernement, quant aux "profonds changements dans le Code du
travail"?
Un peu plus loin, voici un extrait qui, réellement, nous
impressionne, particulièrement lorsqu'on le lit aujourd'hui, dans le
contexte d'aujourd'hui. Voici ce que le premier ministre disait: Ce qu'il faut
enrayer avant tout, dans le secteur public en particulier, c'est une
impopularité croissante de l'éducation elle-même qui risque
d'être considérée comme une sorte de mal nécessaire
que les citoyens endurent en trouvant que cela coûte trop cher pour ce
que cela rapporte, où les enseignants se voient de plus en plus comme
les mal aimés de la société et où un nombre
angoissant d'élèves ont tout simplement hâte d'en sortir.
S'il s'agit de bien préparer notre avenir, disait le premier ministre,
notre avenir immédiat aussi bien que lointain, il n'est guère de
plus haute ni de plus pressante urgence.
Lorsqu'on retourne aux intentions du gouvernement à chaque
message inaugural, réellement, quelle différence fondamentale
entre les paroles et les actes de 1976 à 19831 Qu'est-ce que l'on
disait, par exemple, dans le discours inaugural de 1978, le 21 février?
Le premier grand souci qu'évidemment cela doit nous imposer, c'en est un
qui rejoint cette anxiété qui nous inspire tous: la situation
économique. Encore en 1978, c'était la priorité.
En 1979, on y revient encore. Les indicateurs économiques de
1976, de 1977 jusqu'à 1983, vous n'avez qu'à les revoir et vous
allez voir la situation comme elle était lorsque ces gens ont pris le
pouvoir et comme elle est aujourd'hui. On peut être impressionné
parce que ces gens ont toujours eu comme priorité l'économie. Une
chance du bon Dieu qu'ils nous ont au moins dit cela, même s'ils n'ont
rien fait pour donner suite à leur priorité!
Ils disaient, en 1979: La vie économique sur laquelle le
gouvernement désire axer de plus en plus d'énergie et d'action au
cours des mois qui viennent. Là on parle du méchant gouvernement
fédéral parce que c'était la mode. C'était juste
dans les moments du référendum et on avait cela très
vivant à l'esprit. On parlait des entraves et des lenteurs qui ont
été occasionnées indiscutablement par les coupures
budgétaires et les politiques du gouvernement central.
Évidemment, c'était juste avant le référendum.
En 1980, dans son discours inaugural de l'automne 1980, le gouvernement
disait encore: priorité à l'économie. C'était
encore le même message qui se lisait au cours de son action, constamment:
Tout ce qui touche de près ou de loin à l'économie.
En 1981, le discours inaugural du 19 mai 1981, c'est après les
élections. On avait encore à l'esprit les discours de la campagne
électorale. On disait: La priorité la plus permanente du
gouvernement au cours de ce mandat: l'économie. (15 h 50)
Finalement, nous arrivons à la session actuelle. Vous pensez que
c'est différent? La session actuelle a commencé, encore une fois,
le 9 novembre 1981. La première partie du message inaugural, avec un
déluge de mots, 3500 mots, nous disait, entre autres, qu'il fallait
mettre l'accent sur l'économie. On parlait d'abord évidemment de
la déconfiture péquiste sur le plan constitutionnel. On parlait
même de se retirer des conférences
fédérales-provinciales; je comprends que le premier ministre s'y
retrouvera la semaine prochaine. On parlait aussi de contrer la propagande
fédérale. On parlait des relations du travail dans le secteur
public - cela commençait dans le message inaugural - on avait une
référence au mode de scrutin et, ensuite, on arrivait
à
une série de promesses dans le domaine social. On parlait d'un
projet de loi sur les fermetures d'usines et les licenciements collectifs;
c'est une promesse qui était contenue dans le message inaugural de la
présente session, il y a un an et demi. Projet de loi sur le fonds
minier, on le retrouve au feuilleton et personne n'y a touché beaucoup
jusqu'à maintenant, M. le Président. On retrouvait
également des promesses quant à des amendements au Code du
travail. Ce sont les mêmes promesses qu'on retrouvait en 1976 et en 1977
et on revenait encore avec cela au début de la présente session
en novembre 1981. Nous sommes aujourd'hui à la dernière
journée de la session. Je regarde en vain sur notre feuilleton pour voir
si quelque chose n'a pas été oublié.
Régime des rentes. Revalorisation du Régime de rentes. On
parlait de cela également dans le discours inaugural. On promettait
beaucoup d'aide pour les victimes de la MIUF. On parlait d'une réforme
en profondeur de l'aide sociale. Cela ne coûte rien de dire cela. C'est
à peu près comme la priorité à l'économie.
On dit cela chaque fois, on dit cela chaque année à mesure que
les jobs s'en vont, à mesure que notre part des pertes d'emplois devient
tellement impressionnante qu'elle se situe à peu près à la
moitié des pertes d'emplois au Canada. Cela ne fait rien, c'est toujours
priorité à l'économie.
Il faut entendre - parce que j'arrive à cela dans la lecture du
message inaugural -ce que le premier ministre disait. Je ne veux pas y revenir,
je veux parler plutôt d'économie, mais je ne peux pas laisser
passer ce que le premier ministre disait au début de la présente
session sur la Charte des droits et libertés de la personne, parce que
c'est réconfortant: "Pour ceux qui ont des yeux pour voir, je
répète qu'ils pourront constater la supériorité sur
tous les plans, y compris la souplesse et la capacité, l'aptitude
à progresser rapidement, de cette charte québécoise par
rapport à des textes constitutionnels essentiellement statiques et
figés et, je dois le dire, à mon opinion personnelle, assez peu
inspirants, Dieu le sait, qu'on prétend nous imposer de
l'extérieur. "
Quand on vit les journées et les semaines que l'on vient de
vivre, est-ce qu'on peut être impressionné par ce message
inaugural qui nous a été livré par le premier ministre au
tout début de cette session?
Maintenant, la deuxième partie de ce discours inaugural, M. le
Président. Imaginez-vous que vous avez raison, c'est encore cela:
"Passons maintenant à ce domaine prioritaire par excellence - et ce sont
les circonstances qui font qu'il arrive si loin dans ce discours, puisqu'en fin
de compte c'est lui qui doit entretenir tous les autres - l'économie.
"
Voilà que l'on nous parle d'économie.
Après le coup d'encensoir également rituel au programme
OSE, une dernière fois probablement avant son enterrement, le premier
ministre déclarait une fois de plus que notre économie a
progressé au cours de cette période - 1976-1981 - deux fois plus
vite que celle de l'Ontario. Notre premier ministre se permettait de dire cela,
tout simplement.
Or, c'est là une affirmation qu'aucune statistique fiable ne
vient corroborer. Selon Statistique Canada, le produit intérieur brut du
Québec serait passé de 46 200 000 000 $ en 1976 à 75 700
000 000 $ en 1981, soit une augmentation annuelle de 10, 4%. En Ontario, le
produit intérieur brut passait de 76 000 000 000 $ à 125 000 000
000 $, soit une augmentation de 10, 5%. Comment peut-on concilier ces chiffres
avec cette bravade du premier ministre qui ne correspond aucunement aux
chiffres véritables?
Il est exact, comme l'affirmait le premier ministre, que l'emploi a
progressé de 230 000 entre 1976 et 1981, mais, en Ontario, cette
augmentation a été de 541 000, soit presque le double. Au reste,
ces 230 000 emplois nouveaux au Québec ne représentaient pas 26%
des emplois créés, comme cela devrait l'être d'après
notre population qui représente 26% de celle du Canada, mais ne
représentaient que 15, 8% du total canadien.
Quand on note, enfin, qu'entre le mois d'août 1981 et le mois
d'août 1982 plus de 200 000 emplois sont disparus, pas
créés, disparus, du Québec, on voit mal comment le chef du
gouvernement peut pavoiser jusqu'à dire - c'est dans le message
inaugural de la présente session - qu'en quatre ans, c'est non seulement
remarquable - dit le premier ministre - c'est proprement prodigieux. C'est au
cours de la présente session que le premier ministre nous a dit
cela.
M. le Président, c'est de la façon suivante que le premier
ministre énonçait, le 9 novembre 1981, son intention de
poursuivre, de façon cohérente, ses priorités à
caractère économique. À ce moment-là, il nous
parlait de l'importance d'une grande cohérence justement dans ce domaine
de l'économie, de la création d'emplois, etc., qu'il y ait une
cohérence entre tous les ministères. Or, M. le Président,
le premier test - ce que je viens de vous dire était dans le discours du
9 novembre 1981 - de cette cohérence est survenu quelques jours plus
tard, soit le 17 novembre. Cela n'a pas pris de temps. C'était le 9
novembre et le 17, huit jours après, le ministre des Finances, qui vient
régler cela, dépose le deuxième budget.
Vous vous rappelez, M. le Président, qu'à la veille de
l'élection du 13 avril 1981, ce gouvernement a présenté un
budget qui a
été qualifié par la suite d'un budget fait en
catastrophe. C'est de cette façon que le premier ministre en parlait
quelques mois après avoir remporté l'élection. Mais, pour
la première fois de notre histoire, le ministre des Finances a
été obligé, avant la fin de l'exercice financier, de venir
devant cette Chambre non pas simplement avec un budget supplémentaire -
cela se fait assez régulièrement - mais avec un nouveau budget de
taxes. C'est la cohérence dont parlait le premier ministre, le 9
novembre, c'est-à-dire de mettre l'accent sur l'économie, et tous
les gestes posés favoriseraient normalement la reprise économique
ou le développement économique.
Or, le premier test, encore une fois, nous vient du ministre des
Finances qui, le 17 novembre, huit jours après, apprend aux
Québécois qu'ils écopaient d'une hausse de taxes de 285
000 000 $ en 1981-1982 et de 879 000 000 $ en 1982-1983. Cela est survenu
après l'augmentation des tarifs d'immatriculation des véhicules
automobiles, après l'imposition d'une taxe déguisée
imposée par la loi no 16 à Hydro-Québec, après
d'autres taxes ajoutées par la suite relativement au péage sur
les autoroutes, après l'augmentation de la taxe de vente de 8% à
9%. Finalement, en mai 1982, l'économie du Québec croulait sous
une avalanche de taxes totalisant plus de 1 300 000 000 $ sur une base
annuelle. Toutes ces hausses survenues au moment même où le
Québec entrait en récession ont, évidemment,
contribué puissamment à l'effondrement économique qui
était déjà commencé. Il en va de même des
coupures budgétaires et de la récupération salariale, des
projets de loi nos 70, 105, etc. (16 heures)
Ces mesures très restrictives imposées au plus mauvais
moment du point de vue conjoncturel ne pouvaient que contribuer à la
dégringolade de l'emploi et du produit intérieur brut qui a
caractérisé l'ensemble de la période. Comme nous l'avions
déjà exprimé dans une autre motion de censure envers ce
gouvernement, cela a été continuellement un mauvais choix de
priorités. Qu'on regarde simplement les sociétés
d'État; on voit ce qui est arrivé à SIDBEC. Les
réponses qu'on nous a données hier en cette Chambre faisaient
réellement pitié, venant d'un gouvernement qui semble investir
des sommes à fonds perdus sans savoir où elles vont. On parle de
centaines de millions de dollars.
L'achat de la société Asbestos, par exemple; on a fait
beaucoup de bruit là-dessus. D'ailleurs, notre collègue
d'Outremont a souligné hier certains faits qui sont assez
révélateurs. Les nouveaux locaux du député de
Frontenac, sur la rue principale dans la ville de Thetford, semblent fort
impressionnants.
L'aventure du ministre des Transports dans Quebecair. Peut-on en arriver
à être aussi mauvais en affaires? C'est simplement une question
d'affaires. Franchement, il avait l'occasion de répondre aux voeux des
régions, d'assurer un transport adéquat à des prix
convenables, mais il a mis tout cela de côté pour devenir aviateur
en chef. Les millions ont revolé, il est maintenant pris et il a
été obligé d'aller voir le gouvernement
fédéral pour essayer de se faire sortir du trou. Ces situations
se retrouvent l'une après l'autre.
La caisse de dépôt, maintenant, où en est-elle
rendue? Le ministre des Finances ne veut même pas convoquer une
commission parlementaire pour qu'on puisse savoir ce qu'on fait des
épargnes des Québécois. J'ai bien peur de ce qui se passe
et j'aimerais bien qu'on ait l'occasion de revoir ce dossier et de le revoir en
profondeur, avec des témoins qui viendraient nous expliquer les faits.
C'est assez troublant quand on lit ce que M. Marcel Bélanger
écrivait récemment sur certaines transactions de la caisse de
dépôt et sur la performance de la caisse de dépôt.
J'ai déjà défendu publiquement cette institution et je
continue de la défendre car c'est nous, d'ailleurs, du Parti
libéral du Québec, qui, lorsque nous étions au pouvoir,
avons mis la caisse de dépôt en place, justement à la suite
de l'instauration du Régime de rentes du Québec. Nous ne voulons
pas que cette caisse de dépôt prenne des directions qui ne
seraient pas compatibles avec sa raison d'être qui est d'abord la
protection des épargnes des Québécois.
On pourrait parler aussi d'Hydro-Québec, de la loi 16, etc.
Étrange cohérence également, pour ce gouvernement, parce
que c'est la cohérence qu'on évoquait dans le discours inaugural,
drôle de cohérence pour ce gouvernement qui, au point de vue
économique, a trouvé une phrase. Ils sont très forts sur
les phrases. C'était, avec Bâtir le Québec II, Le virage
technologique. On s'est aperçu que, presque en même temps, un
autre virage s'est fait, le virage vers l'Ontario, le virage vers l'Ouest.
C'est le virage que nous avons noté avec ce gouvernement: le
départ des sièges sociaux. C'est arrivé surtout dans le
domaine économique et dans le domaine technologique. Des entreprises de
haute technologie ont quitté les unes après les autres, en tout
ou en partie: Dupont, Pratt & Whitney, Johnson & Johnson, Northern
Telecom, Combustion Engineering, CIL et combien d'autres, dans plusieurs
activités, se sont dirigées ailleurs? Est-ce que cela
préoccupe le gouvernement actuel? Est-ce que cela fait partie de la
cohérence du gouvernement actuel?
Pensons au développement régional, un secteur
extrêmement important au point de vue économique. On a
apporté ce genre de
remède qu'on appelle la taxe de 40% sur l'essence affectant
directement, d'une façon terriblement négative, le
développement économique des régions du Québec qui
sont éloignées, comme l'Abitibi, comme la Gaspésie et
toutes les autres: le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Bas-Saint-Laurent, la
Mauricie, l'Outaouais, enfin toutes les régions du Québec qui ne
sont pas soit à Montréal ou à Québec, toutes les
autres régions et même celles-là sont durement
affectées. Les autres en périphérie le sont encore plus
par cette taxe inqualifiable de 40% sur l'essence.
Maintenant, regardez les promesses économiques du discours
inaugural. Qu'est-ce qu'on en fait? Le projet Archipel, on en parle. Cela fait
des en-têtes, des manchettes. Qu'est-ce qu'on a fait? On dépense
de l'argent pour des études. La tenue de deux sommets régionaux,
celui de la Mauricie, celui de la région de Québec, où
cela en est-il? La Commission d'étude sur la participation des
travailleurs à l'entreprise, la Loi sur les coopératives
d'épargne et de crédit, Loi sur les coopératives
agricoles, Loi sur un terminal gazier à Gros-Cacouna, création
d'une société pour gérer les équipements
gouvernementaux d'hôtellerie et de loisirs. Création d'une
société nationale de transport. Intégration du transport
en commun dans Montréal. Il y a eu un livre vert.
Pourquoi avoir dit tout cela? Ce qu'il y a de bon, c'est qu'il faut
comprendre, il faut lire le discours inaugural jusqu'au bout pour voir le
sérieux des intentions du premier ministre lorsqu'il nous a
raconté tout cela. Il a dit: Pour l'Assemblée nationale comme
pour tous les Québécois, l'heure est à une
productivité exemplaire qui nous permet, d'ici le printemps prochain -
le printemps prochain, quand il parlait de cela, ce n'était pas le
printemps 1983, c'était le printemps 1982 - donc, le printemps 1982, de
réaliser cet ambitieux programme législatif. Tant dans le domaine
social que dans le domaine économique, tant dans les promesses que dans
les réalisations, réellement, c'est un bilan que nous ne pouvons
certainement pas approuver et qui fait que cette motion que nous
présentons aujourd'hui est hautement justifiée.
Si on regarde ce bilan économique simplement, la période
que nous couvrons depuis que nous sommes dans cette session, qui a
commencé à l'automne 1981, en novembre 1981, le chômage se
situait à environ 11%. Aujourd'hui, où est-il? 14%, à
certains moments 15% puis ce n'est pas la réalité. La
réalité est bien pire que celle-là tellement il y a des
gens qui se sont découragés et qui ne s'inscrivent même
plus. En novembre 1981, on comptait 338 000 chômeurs au Québec.
À la fin de la session, on en compte 426 000. On commence la session
avec 338 000, on fait la priorité à l'économie et on finit
avec 426 000. Par contre, le taux d'activité a chuté de 61%
à 59, 6% dans les seize derniers mois. Ce qui signifie qu'au bas mot, 50
000 personnes se sont retirées du marché du travail par
découragement dans leurs efforts pour trouver de l'emploi. Le
chômage réel est sûrement sous-estimé et on pourrait
peut-être, sans risque d'erreur, établir le taux de chômage
à plus de 16%. Il y a des régions où on parle maintenant
de 25% et plus. Et il y a des parties de régions où le taux de
chômage se situe entre 50% et 80% et je n'exagère rien. Des
parties de régions.
Cet important volume de chômage déguisé se trouve
d'ailleurs dans les statistiques de l'aide sociale: 305 000 en novembre 1981,
373 000 en mars 1983, augmentation de 23%. Vous commencez la session avec la
priorité à l'économie. Vous finissez la session avec 23%
de plus d'assistés sociaux. Le produit provincial brut du Québec,
inflation enlevée, n'a augmenté que de 0, 8% en 1981, le
Québec venant avant-dernier au Canada devant
l'Île-du-Prince-Édouard. En 1982, le Québec était
bon dernier: une chute de 6, 2%. En 1983, d'après le Conference Board,
il devrait être l'avant-dernier, juste avant
l'Île-du-Prince-Édouard. (16 h 10)
Même chose en ce qui concerne la création d'emplois. En
1981, le Québec était l'avant-dernier au Canada, une augmentation
de 6/10% par rapport à 2, 6% pour l'ensemble du Canada. En 1982, il
était bon dernier avec une diminution de 5, 4%, soit 43, 4% de toutes
les pertes d'emplois au Canada, et cette source est de Statistique Canada et du
Conference Board. En 1981, le Québec n'a bénéficié
que de 16% des mises en chantier au Canada. En 1982, nous aurons possiblement
18% du total canadien, bien loin des 26% qui sont notre part normale du
marché. S'il y a une amélioration qui s'annonce, c'est beaucoup
plus à cause de la baisse des taux d'intérêt qui
étaient réellement excessivement élevés et qui
étaient inacceptables au niveau où ils étaient, mais,
aujourd'hui, je pense que nous pourrons voir que le niveau du taux
d'intérêt devrait favoriser plus de mises en chantier au
Canada.
En ce qui concerne les immobilisations, la triste performance
québécoise s'est poursuivie de façon ininterrompue depuis
1976. En 1982, le Québec ne recueille toujours que 18% des
investissements manufacturiers et 17% des investissements totaux au Canada. M.
le Président, notre part de la population est 26%. Nous devrions, si
nous voulons réellement mettre l'accent sur l'économie, viser
vers des performances beaucoup plus impressionnantes.
Quant à la situation financière du gouvernement du
Québec, doit-on en parler? Elle s'est considérablement
dégradée en 1982,
comme le confirmait d'ailleurs lui-même le ministre des Finances
à l'Assemblée nationale le 9 décembre dernier. Pour
1981-1982, disait-il, il est d'ores et déjà très clair que
nos recettes totales seront d'au moins 450 000 000 $ de moins que ce qui avait
été prévu dans le budget; 395 000 000 $, selon la
synthèse des activités financières au 31 décembre
1982. Pour 1983-1984, les revenus totaux seront de 900 000 000 $ de moins que
prévu. Pour l'année suivante, 1984-1985, les projections les plus
récentes par rapport à celles qu'on pouvait faire, il y a six
mois, sont à savoir que nous aurions, comme revenus, 1 600 000 000 $ de
moins. Je pense qu'on ne peut pas mettre en doute ceci. C'est le ministre des
Finances lui-même qui le disait, sauf qu'on pourrait le mettre en doute
d'une certaine façon, parce qu'il a l'heur de se tromper de 20% à
40% par budget.
C'est donc un bilan législatif très désappointant,
dominé par les problèmes de relations du travail et par les
hausses de taxes, doublé d'un bilan économique et financier
pitoyable que nous devons faire aujourd'hui au terme de la troisième
session de la 32e Législature. Le gouvernement péquiste est
à la dérive, ce qui, en soi, n'a rien de surprenant, mais avec
lui c'est toute notre économie qui s'écroule, avec ses 425 000
chômeurs déclarés, ses 600 000 bénéficiaires
et dépendants de l'aide sociale, ses 26, 5% de jeunes chômeurs et
ses régions, cinq d'entre elles, où le chômage gravite
autour de 20% et plus. C'est un constat de faillite totale.
Avant de terminer, puis-je vous rappeler que ce gouvernement persiste,
malgré tout, à refuser de créer un climat favorable aux
investissements? C'est ce gouvernement qui, en pleine crise économique,
n'a trouvé mieux à faire que de dire: Nous allons mettre l'accent
et notre énergie sur l'accession du Québec à la
souveraineté. À l'automne 1982 - il n'y a pas longtemps - cela a
été la conclusion des réunions du cabinet et des
réunions du conseil des députés. Il fallait donc, pour
sauver le Québec de la crise économique, se diriger vers la
souveraineté. C'est le genre de politique où on dit, d'une part,
dans le discours inaugural, qu'on donne la priorité à
l'économie. Mais lorsqu'on connaît le gouvernement, et surtout le
parti dont il est issu, il faut bien se rendre compte que la véritable
priorité de ce gouvernement - ce n'est pas un secret, c'est à
l'article 1 de son programme - c'est de faire l'indépendance du
Québec. Ce n'est pas le développement économique, ce n'est
pas la création d'emplois, parce que ce n'est pas l'objectif de ce
gouvernement et de ce parti. L'objectif, l'idéologie, la fin que l'on
poursuit, c'est toujours - il ne faut pas l'oublier - de faire en sorte que le
Québec devienne un pays indépendant. C'est cela, l'objectif de ce
gouvernement. Qu'il y ait des pertes d'emplois le long du chemin, qu'il y ait
toutes sortes de problèmes non réglés, ceci est
secondaire. C'est cela qui fait que présentement, le Québec n'est
pas cette terre hospitalière où l'on a des conditions favorables
aux investissements.
On a devant nous un cabinet et une équipe ministérielle
dont l'immense majorité n'a aucune expérience dans le domaine
privé. Je ne fais pas de grief à ces messieurs et dames
individuellement. Ils ont sûrement pris une voie que je respecte. Mais
lorsqu'une équipe n'a pas un équilibre nécessaire pour
avoir des éléments du secteur privé qui pourraient aider
cette équipe à corriger son tir, on a des situations comme
celles-là, un mauvais choix de priorités et une
méconnaissance du secteur privé de l'économie.
M. le Président, ces gens sont devenus, dans le domaine de
l'emploi, les spécialistes de l'emploi à temps partiel. Ils n'ont
pas le génie de créer des emplois de nature permanente. Ils n'ont
pas le génie de savoir qu'avant de créer des emplois de nature
permanente, il faut maintenir ceux que l'on a ici. Or, ils ont laissé
partir des emplois. Ils ont forcé des gens à quitter le
Québec. Ils ne sont pas émus par le fait qu'il y a plus de 100
000 anglophones qui ont quitté le Québec, simplement parce que ce
sont des anglophones, simplement parce que cela peut servir les visées
indépendantistes de ce gouvernement. Ne réalisent-ils pas qu'en
même temps, il y a des dizaines de milliers d'emplois qui ont
été perdus et qu'on a provoqué le départ des
sièges sociaux? Ne se rendent-ils pas compte qu'en même temps, ils
ont provoqué le départ des centres de décision et que ces
centres de décision ne sont plus au Québec, qu'ils sont ailleurs,
et que lorsqu'un centre de décision est ailleurs, les décisions
sont prises ailleurs et d'abord pour ailleurs, et non pas pour le
Québec? Le gouvernement se rend-il compte de cela? Non, M. le
Président.
Il est important de rétablir au Québec un climat de
confiance. Nous ne pouvons pas laisser les choses continuer comme cela. Il n'y
a pas une semaine où nous ne subissons pas les conséquences des
politiques de ce gouvernement. Il y a des gens qui partent. Prenons par exemple
La Prudentielle, qui vient de décider de quitter complètement
pour Kitchener. Avant elle, d'autres compagnies sont parties. Dans le domaine
des assurances, on se rappellera Sun Life. Bon débarras, disait le
gouvernement, cela va donner probablement à d'autres compagnies la
chance de prendre d'autres polices. Malgré cela, si on regardait les
chiffres, on s'apercevrait que nous avons perdu, nous les
Québécois, et ce, dans tous les domaines. Encore la semaine
dernière, après Texaco, après BP, c'est la fermeture de
Esso. Cela
ne fait rien. À chaque semaine, ce sont des nouvelles de ce genre
qui arrivent. Le gouvernement se soucie très peu des conséquences
des gestes qu'il pose. Lorsqu'il taxe comme il a taxé, il a
créé des situations de pertes d'emplois. S'en rend-il compte? (16
h 20)
M. le Président, il n'est pas étonnant -je termine
là-dessus - qu'un organisme indépendant comme le Conseil de
planification et de développement du Québec - et ceci est une
publication faite sous les auspices du gouvernement du Québec,
payée par le gouvernement... Qu'est-ce que l'on y retrouve? Je recevais
une lettre justement du président de l'organisme qui me parlait d'un des
plus importants comités d'étude et de recherche qui ait
été mis sur pied, celui sur les emplois de l'avenir. Eh bien,
imaginez-vous que je lis dans cette lettre: "En dépit que le Conseil de
planification et de développement du Québec doive mettre un terme
à ce genre d'étude, par suite d'une décision
gouvernementale... " Le gouvernement qui a de l'argent pour tout et pour rien
demande au CPDQ de mettre fin à cette étude intitulée
"Comité d'étude sur les emplois de l'avenir". Cette lettre est
datée du 2 mars 1983. Lorsque je regarde le dossier, je lis sous la
signature: La présidente du Comité sur les emplois de l'avenir.
Le comité était formé de personnalités
éminentes du monde syndical, du monde patronal, de gens qui provenaient
des régions.
Qu'est-ce que la présidente de ce Comité sur les emplois
de l'avenir écrit? Elle dit: "À sa réunion des 18 et 19
octobre 1982, le Comité sur les emplois de l'avenir s'est saisi de la
lettre du premier ministre du 21 septembre dans laquelle il signifie sa
volonté de mettre fin aux travaux du comité. Le comité
s'étonne de cette décision et regrette de ne pouvoir mener
à terme le mandat qui lui avait été confié. Le
comité considère la question de l'emploi comme la priorité
numéro 1 au Québec actuellement et estime, en outre, la
concertation sur l'emploi comme un moyen à privilégier dans le
contexte de crise que nous vivons présentement. "
Et écoutez bien ceci, ce n'est pas le Parti libéral qui
parle: "Le comité constate que le gouvernement n'attache pas toute
l'importance qu'il devrait accorder à ces questions. " C'est clair. Ceci
est un témoignage très révélateur de l'ensemble de
ce gouvernement; du fait que, constamment, depuis 1976, à chaque
occasion, à chaque message inaugural, ce gouvernement a dit que
l'économie était sa priorité.
Or il a agi exactement en sens différent et contraire. Il n'y a
pas un gouvernement qui a plus nui à l'économie, à la
création d'emplois, qui a créé autant de morosité
que le gouvernement que nous avons devant nous. Il a découragé
les initiatives et il s'est attaqué à toutes les classes de la
société. Il s'est attaqué au secteur privé,
à différentes ethnies au Québec, à
différentes régions. Il s'est attaché à diviser les
Québécois, et ses dernières victimes sont
présentement dans le secteur public. Il a fait le tour de tout le monde,
il a découragé tout le monde. Il n'a pas été un
gouvernement qui a eu du respect pour l'excellence parce qu'il a voulu couper
toutes les têtes à mesure qu'elles essayaient de monter.
Aujourd'hui, ce gouvernement a la responsabilité encore plus de
ce qui lui arrive dans le domaine de la jeunesse. Et ce n'est pas avec des
petites réformettes comme celle mentionnée hier, qualifiée
à juste titre dans un éditorial d'aujourd'hui comme étant
"de la grenaille aux jeunes", ce n'est pas comme cela qu'un gouvernement
responsable pourrait faire face d'une façon efficace au défi
d'aujourd'hui.
Je dis qu'il est grand temps que ce gouvernement quitte la direction des
affaires de l'État afin que nous puissions avoir un peu plus de
confiance dans le Québec. Québec qui mérite mieux que
cela. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances, je m'excuse. Avant de vous donner la parole, j'aimerais faire
connaître à cette Assemblée le partage du temps sur lequel
il y a eu négociation. Sur les 235 minutes disponibles, 110 ont
été réservées du côté de l'Opposition,
95 du côté gouvernemental, 10 minutes pour le député
indépendant de Sainte-Marie, plus un droit de réplique de 20
minutes au proposeur.
M. le ministre des Finances, vous avez la parole.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je comprends qu'aujourd'hui,
comme le disait le chef de l'Opposition, c'est le jour de la dernière
motion de blâme que l'Opposition peut présenter au cours d'une
session et je comprends évidemment que cette dernière motion de
blâme que l'Opposition peut servir au gouvernement porte sur
l'économie car le contraire serait surprenant.
Je comprends aussi que le chef de l'Opposition a tendance, comme c'est
toujours un peu le cas quand on est dans l'Opposition, de faire son discours
comme si nous étions seuls au monde, comme si rien n'existait hors du
Québec et comme si, tout à coup, la récession apparaissait
au Québec sans référence, bien sûr, à ce qui
se passe ailleurs. C'est de bonne guerre, je le reconnais.
Le chef de l'Opposition m'inquiète davantage, je dois le dire,
lorsqu'il revient,
en parlant de l'option politique fondamentale de ce gouvernement, sur la
nécessité de créer un climat favorable, dit-il, à
l'économie mais qui a bien l'air d'être, à toutes fins
utiles, ce genre de climat qu'on nous prête de génération
en génération et qui consiste à dire: Surtout, restez
tranquille au Québec, l'investissement extérieur viendra si vous
l'attendez assez longtemps. Et il semblerait que le fait, pour nous,
d'être souverainistes, heurte la possibilité d'avoir une
économie saine. De la même façon qu'on disait à un
homme que le chef de l'Opposition a bien connu, l'ancien premier ministre du
Québec, M. Jean Lesage, chaque fois qu'il voulait créer la SGF ou
la caisse de dépôt: Ne prenez pas d'initiatives comme
celles-là, cela gêne le développement du Québec.
Génération après génération on nous a
dit dans cette Assemblée nationale: Restez tranquilles, ne bougez pas.
Si vous êtes bien tranquilles la fée qui distribue les
investissements viendra. Dans ce sens, je pense que le chef de l'Opposition
retarde un peu. Heureusement il y a, depuis déjà pas mal de temps
au Québec, des gouvernements qui se sont succédé et qui
ont décidé qu'une forme d'affirmation politique croissant
régulièrement jusqu'à son aboutissement normal,
c'est-à-dire jusqu'à la souveraineté du Québec,
n'était pas incompatible avec le développement normal et
même accéléré d'une économie. Heureusement
qu'on a décidé cela depuis 20 ans.
Le chef de l'Opposition donnait des exemples de départs de
sociétés. Mais oui, parce qu'on a reçu presque tous nos
investissements de l'extérieur, à un moment donné quand
ils décident de partir, certains se trouvent comme
décontenancés, mais cela fait des années que cela
dure.
Est-ce que je peux rappeler au chef de l'Opposition - il est en Chambre
depuis assez longtemps pour s'en souvenir - le départ de la Canadian Car
and Foundry de Montréal? Le Parti québécois n'était
même pas né, ce n'était même pas une intention. Il
n'était même pas en gestation. On a perdu 5000 emplois avec le
départ de cette usine vers Thunder Bay.
Cela a commencé sous Duplessis avec les départs des
compagnies d'assurances auxquelles il faisait allusion. La fermeture d'une
compagnie britannique, la Phoenix de Londres, à Montréal.
Qu'est-ce qui a marqué ce départ? 1954. Et constamment on disait
aux Québécois: Voulez-vous rester tranquilles? Ne bougez pas. On
ne pouvait pas être plus à plat ventre qu'on l'a été
à l'époque de l'Union Nationale d'avant 1957. Est-ce que cela a
voulu dire que les investissements manufacturiers au Québec en
proportion des investissements manufacturiers au Canada, étaient plus
élevés? Pas du tout. L'à-plat-ventrisme n'est pas un
facteur de croissance économique. (16 h 30)
Revenons alors à la motion et au fond de la question qui est
soulevée par l'Opposition. Je remercie l'Opposition de nous permettre
d'avoir un bon débat sur les politiques économiques suivies par
ce gouvernement. Nous aurons l'occasion, dans les heures qui viennent,
d'examiner très systématiquement, à partir d'une
série d'interventions de mes collègues, ce qui a
été fait depuis un certain nombre de mois. Je pense qu'on
constatera qu'effectivement il y a eu beaucoup de chemin de fait et qu'il y a
eu un certain nombre de réalisations, à certains égards,
tout à fait remarquables. J'y ferai allusion rapidement en faisant le
tour de la question maintenant, mais chacun de mes collègues, ensuite,
va suivre avec une série de précisions qui, je l'espère,
étonneront peut-être l'Opposition dans la mesure où,
jusqu'à maintenant, ses membres n'ont pas souligné certaines de
ces réalisations.
Commençons par une motion présentée par le
gouvernement, le 11 novembre dernier. Elle se lisait ainsi: "Que
l'Assemblée nationale appuie les orientations et les moyens d'action
retenus par le gouvernement du Québec pour faire face à la crise
économique, lutter, de façon prioritaire, contre le chômage
et préparer la relance, notamment, les mesures qui suivent. " Alors, on
énumérait une série de mesures.
À l'occasion de cette motion qui représentait, en un
certain sens, le point de départ d'une série d'initiatives
nouvelles du gouvernement, j'ai eu l'occasion de chercher à
présenter les grandes orientations qui se présentaient à
nous, les mesures essentielles, les axes d'intervention. Je dois dire que ce
discours n'a pas eu particulièrement d'effets. En fait, il n'a
été rapporté nulle part. Il est possible qu'il y ait eu
des accidents d'auto particulièrement spectaculaires le lendemain, mais,
enfin, on n'en a pas dit un mot. Cela représentait, cependant, une
première tentative du gouvernement depuis plusieurs mois de dire: La
récession est devenue beaucoup plus grave qu'on ne s'y attendait, aussi
bien aux États-Unis, au Canada et au gouvernement de Québec;
voici ce qu'on va chercher à faire. Je rends hommage ici au
député de Notre-Dame-de-Grâce qui, je pense, a
été le seul, en Chambre, à dire: Tiens, il y a
peut-être quelque chose là. Il reste que, sur cette base, il y a
passablement de travail qui a commencé à se faire. Mais je vais
revenir sur certains des principes qui étaient énoncés
à ce moment-là, parce que je pense que cela reste l'assise encore
essentielle des orientations que nous avons prises.
D'abord, qu'est-ce qu'on disait? Que la récession avait pris, un
peu partout en Amérique du Nord, une ampleur beaucoup
plus grande que ce qu'on imaginait en raison d'une augmentation
absolument sensationnelle des taux d'intérêt. Je rappellerai,
à cet égard, M. le Président, que le taux
préférentiel des banques - il faut s'en souvenir un peu,
maintenant que les taux ont baissé - en août 1981, était
monté à 22, 75%. Cela veut dire que, pendant plusieurs mois, par
la suite, il y a des hommes d'affaires qui ont emprunté à 24%,
25% et 26% par an. C'est évidemment intenable, absolument intenable.
Cela venait, d'une part, de ce que les taux d'intérêt aux
États-Unis avaient augmenté et que, d'autre part, le gouvernement
canadien, voulant garder le taux de change au-dessus de 0, 80 $, avait des taux
d'intérêt au Canada encore plus élevés qu'aux
États-Unis.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire en cette Chambre, en septembre 1981,
l'économie a cassé et singulièrement au Québec,
parce que, dans la mesure où la part relative des petites et des
moyennes entreprises au Québec - je dis bien "relative" - est plus
importante qu'ailleurs, au Canada, il est évident que des taux
d'intérêt aussi extraordinairement élevés que ceux
que nous avons connus ont contribué à provoquer une sorte
d'effondrement de la petite et de la moyenne entreprise qu'aucun programme
gouvernemental, quel qu'il soit, ne pouvait éliminer. On pouvait
l'atténuer, comme je l'indiquerai tout à l'heure, mais on ne
pouvait pas simplement faire disparaître l'impact de taux
d'intérêt à 25%.
Nous avons indiqué, à ce moment-là, que ce qu'il
nous intéressait de faire dans un premier temps, en somme,
c'était d'aller au plus pressé. Quand une récession de
l'ampleur de celle que nous avons connue, à partir de septembre 1981 et
dans les mois qui ont suivi, plus rapide, plus forte que dans le reste du
Canada - mais je reviendrai à ce qui est arrivé au reste du
Canada par la suite - quand cela nous frappe aussi fort que cela, quel est le
premier geste que nous devons poser? Le premier geste que nous devons poser,
c'est, évidemment, de mettre des filets au-dessous de certaines
activités particulièrement critiques, c'est-à-dire de
protéger des secteurs qui peuvent littéralement s'effondrer dans
un cas comme celui-là. C'est ainsi que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a mis au point un programme d'urgence de financement à court
terme de toute une série de petites et moyennes entreprises dans le
domaine manufacturier. Pendant quelques mois, on s'est un peu amusé du
côté de l'Opposition en disant: Cela commence bien lentement!
Ce soir, le député de Lac-Saint-Jean, qui va remplacer le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui ne peut pas être en cette
Chambre, va donner les résultats obtenus jusqu'à maintenant par
ce programme d'urgence. On se rendra compte à quel point un nombre
considérable d'entreprises au Québec ont littéralement
été sauvées par ce programme d'urgence de financement
à taux d'intérêt évidemment réduits, par
rapport à ceux que les banques demandaient à l'époque,
d'entreprises qui, très souvent, en étaient rendues à la
limite de leur capacité d'emprunt, à quel point ce programme est
arrivé exactement à point nommé pour éviter un
écroulement qui, sans cela, aurait été
inévitable.
Mon collègue, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, discutera de ces programmes d'emploi que nous
avons créés, là encore, comme filets. Quand
l'économie s'écroule, il y a une responsabilité
immédiate des gouvernements pour que des programmes d'emploi soient mis
en place. Le problème est toujours le même, les gouvernements
étant des choses très pondéreuses, c'est de les faire
commencer rapidement et de faire en sorte, une fois qu'on les a
annoncés, qu'ils produisent des résultats. Mon collègue de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu nous dira
aujourd'hui quel genre de résultats ont été obtenus par
ces programmes d'emploi.
D'autre part, nous étions parfaitement conscients que, devant les
taux d'intérêt existant sur le marché, la construction
domiciliaire s'effondrerait complètement. J'ai eu l'occasion, à
plusieurs reprises, avec mon collègue, le ministre des Finances du
gouvernement fédéral, de dire: II faut protéger un certain
nombre de secteurs de l'impact de taux d'intérêt aussi
délirants. Maintenant, le gouvernement fédéral commence
à réagir. Il y a un an ou un an et demi, il ne réagissait
pas du tout à cela. Les journaux, parce qu'on faisait des
démarches auprès du gouvernement fédéral à
cet égard, disaient: Le gouvernement du Québec est en train de
s'humilier. On ne s'humiliait pas, on avait simplement vu qu'il y aurait des
impacts, comme ceux dont je parle sur la construction domiciliaire, qui se
produiraient inévitablement.
Si, faire en sorte qu'un gouvernement cherche à convaincre un
autre gouvernement d'exercer un peu sa jarnigoine, c'est s'humilier,
peut-être; d'accord, j'accepte d'être humilié. Sauf que,
comme, finalement, cela n'aboutissait pas, il a fallu attendre plus tard,
beaucoup plus tard, à l'occasion du sommet de Québec, en avril
1982. Grâce essentiellement à la collaboration des employeurs et
des employés dans le domaine de la construction, des
municipalités, de beaucoup d'institutions financières et du
gouvernement, nous avons lancé Corvée-habitation. Mon
collègue, le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, aura l'occasion, là encore aujourd'hui, d'indiquer
à quel point les réalisations de Corvée-habitation sont
spectaculaires.
Ces gestes ont tous été posés pendant la session
à laquelle se réfère la motion du chef de l'Opposition.
C'est pendant cette session qu'ils ont été posés, toujours
dans le même esprit: quand cela dégringole, la première
tâche est d'essayer de mettre un certain nombre de filets pour
éviter que cela dégringole plus loin. On nous dira: II n'y a pas
beaucoup de perspective à long terme là-dedans, il n'y a pas
beaucoup de planification. Je veux bien, mais, quand la maison brûle, on
appelle les pompiers, non pas les urbanistes.
À l'égard de cette récession qui était
générale en Amérique du Nord, qui était mondiale,
mais qui, en Amérique du Nord, a été
particulièrement sérieuse, qu'est-ce qu'on a fait pendant cette
période? On a appelé les pompiers. Aujourd'hui, les pompiers vont
parler et vont indiquer à quel point ils ont bien arrosé. S'il y
a un certain nombre de réalisations qui se sont faites pendant cette
période et s'il y a des secteurs de l'économie qui ne se sont pas
écroulés, c'est essentiellement grâce à ce que ces
collègues ont réussi à faire, à ce que ces
ministères ont résussi à faire dans une sorte de
mobilisation à la fois des énergies, des ressources
financières du gouvernement et de la priorité absolue qu'il
donnait à éviter que la récession n'aille trop loin. (16 h
40)
Évidemment, pendant ce temps aussi, nous avons commencé
à examiner des programmes d'accélération
d'investissements. Il va de soi que quand une récession comme
celle-là apparaît, il faut chercher à
accélérer les investissements. Il y a eu des réactions
remarquables du gouvernement à cet égard. Par exemple, cela nous
a pris trois semaines pour saisir les conséquences des surplus
d'électricité qu'Hydro-Québec allait avoir, cela nous est
apparu à cause de la récession économique, cela a pris
relativement peu de temps à apparaître, mais cela nous a pris
relativement aussi peu de temps à nous grouiller et voir ces surplus
énormes qui apparaîtront entre 1985 et 1990. En trois semaines,
nous avons décidé de réduire le contrat
d'électricité de base pour les alumineries de la moitié,
entre justement 1985 et le 31 décembre 1990. L'effet s'est fait sentir
tout de suite.
Pour être capable de profiter de ces taux très bas pendant
cinq ans, non pas n'importe quelles cinq années, mais durant lesquelles
on a eu des surplus, qu'est-ce qui est arrivé? Je reprends encore notre
résolution de novembre dernier qui était antérieure
à cela. C'est la première fois qu'on a un peu l'occasion d'en
discuter en Chambre. Le chantier de Reynolds, qui est un chantier de presque
trois quarts de milliards de dollars pour l'agrandissement de son usine
à Baie-Comeau est ouvert. Le dossier Picheney s'est
accéléré à un point tel qu'il est maintenant
établi que nous aurons une lettre d'intention avant le 31 mars et, comme
l'a dit le premier ministre de France, vraisemblablement tout sera prêt
pour la signature des deux premiers ministres avant la fin du mois de juin.
Début des travaux, si tout va bien, dans ces circonstances, juillet. Il
y a des gestes du gouvernement. C'est un investissement considérable,
c'est 1 500 000 000 $.
Nous sommes en négociation à l'heure actuelle avec
d'autres alumineries exactement aux mêmes fins. Pendant cinq ans, non pas
n'importe quels cinq ans, ces cinq ans désignés, ils peuvent
profiter d'un tarif qui est la moitié de celui de leur contrat de base.
Pour en profiter, il faut commencer les travaux le plus vite possible.
II y a des gens qui disent qu'un boom de l'aluminium se prépare
au Québec. C'est vrai, il se prépare. Et pourquoi?
Essentiellement et fondamentalement à cause d'une décision du
gouvernement. Dans le domaine des investissements publics, j'ai eu l'occasion
de dire en cette Chambre un certain nombre d'accélérations que
nous sommes à prévoir. J'y reviendrai tout à l'heure.
J'avais parlé aussi en Chambre, à l'occasion de cette motion, en
novembre dernier, de changements d'orientation plus fondamentaux qui prennent
plus de temps à avoir des répercussions sur le marché du
travail.
Je pense, en particulier, au virage technologique que nous sommes
à implanter grâce à mon collègue le ministre
délégué à la Science et à la Technologie, de
modifications très nettes quant à l'engagement du gouvernement
à appuyer le commerce extérieur avec des instruments tout
à fait nouveaux dans le domaine du financement, en particulier, et que
mon collègue, le ministre délégué au Commerce
extérieur, à l'heure actuelle est en train de mettre au point.
Nous avions parlé, toujours le 11 novembre dernier, de chercher
justement à améliorer le climat des affaires au Québec.
J'ai mentionné deux choses qui sont importantes, à cet
égard. Il est très important que les entreprises sachent ce qui
va arriver aux taxes sur les salaires. Il y avait une inquiétude
indéniable dans le domaine des affaires, à cet égard.
Depuis ce temps, nous avons pris un certain nombre de dispositions pour, au
fond, sécuriser les entreprises en leur disant qu'il n'y aura pas
d'augmentation de taxe sur les salaires dans un avenir prévisible. Et
Dieu sait si cette nouvelle a pénétré les milieux
d'affaires, ce qui a provoqué, d'ailleurs, une sorte de soupir de
soulagement de leur côté, que je comprends fort bien.
Il nous reste sur le plan du climat des affaires à
améliorer pas mal de choses, mais j'y reviendrai. Quant à la
législation, nous avons adopté beaucoup de lois pendant cette
session, qui a une importance économique fondamentale. Il y a ici
un certain nombre de lois dans le domaine de l'agriculture, de la
Société de développement industriel, du Centre de
recherche industriel du Québec, sans compter les lois sur les
institutions financières. J'entendais dire le chef de l'Opposition tout
à l'heure que nous n'avons pas adopté de loi sur les
coopératives agricoles. Je comprends bien, on l'a remise dans la refonte
complète de la Loi sur les coopératives. Ah! Et c'est
considéré comme une promesse non tenue. En fait, dans le domaine
des coopératives, des sociétés d'entraide, des changements
apportés à la surveillance et à l'inspection des
institutions financières, sur l'assurance-dépôts, mais dans
tout le domaine financier au Québec, nous avons bougé
remarquablement au cours de cette session. Sans oublier, d'ailleurs, la Loi sur
les valeurs mobilières attendue depuis des années et que nous
avons refondue au complet. Dans le domaine financier, dans le domaine des
valeurs mobilières, ce gouvernement, au cours de la présente
session, a été plus actif qu'il ne l'a jamais été
avant.
M. le Président, je pense qu'à tous égards nous
pouvons nous dire que, dans des circonstances extrêmement difficiles,
nous avons été au plus pressé, d'une part. Nous avons
ouvert des pespectives sur l'avenir, d'autre part. Nous avons cherché
à faire en sorte que les perspectives pour ceux qui travaillent dans le
domaine des affaires soient le plus claires possible. Nous avons modifié
des lois dans un sens que je crois utile et cela continue. Quand je dis que
cela continue, je veux dire qu'il ne se passe pas de semaines sans que des
gestes soient posés qui, sur le plan de l'affirmation ou de la
consolidation économique du Québec, sont importants.
J'ai eu l'occasion, hier, de dire en cette Chambre à quel point
je suis content de la décision que, finalement, nous avons pu obtenir du
gouvernement fédéral d'un appui financier à
Pétromont. Cela faisait des mois qu'on était là-dessus.
Pétromont, pour bien comprendre de quoi il s'agit, c'est peut-être
400 ou 500 emplois, mais c'est le fournisseur de matières
premières pour des entreprises dans la région de Montréal
qui embauchent -je vous laisse le choix - n'importe quoi entre 9000 et 20 000
travailleurs, selon les estimations de tout un chacun. Je ne vais pas essayer
ici de faire de l'exégèse. Ce n'est pas inférieur à
9000 et ce n'est pas supérieur à 20 000, mais c'est cela,
l'impact d'une entreprise de matières premières dans le domaine
pétrochimique qui est là ou qui n'est pas là. Elle est
là; ses emplois se maintiennent. Elle n'est pas là; des milliers
d'emplois peuvent être mis en cause. Vous comprendrez notre
intérêt dans Pétromont. Vous comprendrez pourquoi, depuis
des mois, on cherchait à obtenir une décision du gouvernement
fédéral. Le gouvernement fédéral rend finalement sa
décision en disant: Je suis prêt â faire la moitié du
chemin à la condition que le gouvernement du Québec fasse l'autre
moitié.
Mais bien sûr, on s'est décidé tout de suite! On
serait littéralement tombé sur le crâne si on n'avait pas
procédé à des activités de consolidation comme
celle-là en pleine période de récession.
Ce que nous allons faire dans les jours qui viennent, c'est examiner,
avec le Conseil des ministres - c'est une des raisons de ce Conseil des
ministres spécial de trois jours que nous tenons - un certain nombre
d'axes pour accélérer maintenant la relance, pour faire en sorte
que nous puissions nous remonter le plus rapidement possible de cette
récession dans laquelle le climat général de
l'économie, aussi bien en Europe qu'en Amérique du Nord, nous a
plongés. Le premier ministre aura l'occasion d'indiquer les orientations
que nous entendons prendre à cet égard et, comme on le verra, il
s'agit non pas d'une panacée - il n'y a pas de panacée dans ce
domaine - mais d'un plan d'action qui comporte toute une série
d'éléments et qui devrait, je pense, permettre à
l'économie du Québec d'accélérer sa sortie de
l'espèce de marécage économique dans lequel, comme
d'autres, nous avons été plongés depuis un an et demi.
Il faut dire que cela m'amène à examiner un peu rapidement
- parce que le temps va me manquer, compte tenu de l'entente qui a
été prise entre les deux côtés, je suis un peu
limité dans le temps que je peux utiliser - les circonstances de
l'économie actuelle et d'en faire le point, parce que je ne m'imagine
pas que le meilleur des plans de relance d'un gouvernement puisse, à lui
tout seul, faire en sorte qu'une économie se sorte de l'ornière
dans laquelle nous avons été impliqués. On appartient au
reste du monde. Lorsque cela nous frappe, il faut reconnaître
qu'effectivement le reste du monde est frappé, mais quand, à un
moment donné, des signes de reprise apparaissent chez nous, il ne faut
pas s'imaginer que c'est dû à notre mérite exclusivement.
Je pense être suffisamment au fait de ces affaires pour ne pas m'isoler
dans un Québec complètement fermé dans le sens de ce que
faisait tout à l'heure le chef de l'Opposition. C'est vrai que les taux
d'intérêt ont beaucoup baissé. C'est vrai qu'ils atteignent
maintenant des niveaux qui se prêtent à une relance de
l'économie. L'augmentation des taux d'intérêt avait
commencé aux États-Unis. La chute des taux d'intérêt
se fait aussi aux États-Unis. Cela s'était
répercuté chez nous. La baisse des taux se répercute
aussi. Je pense que les consommateurs, les industriels ne vont pas
réagir immédiatement à cela. Ils ne
veulent pas seulement que les taux soient tombés bas, ils veulent
quand même que les taux restent bas pendant un certain temps. Il y a un
problème de confiance qui est inévitable. (16 h 50)
Je pense qu'avec ce climat meilleur que les taux d'intérêt
présentent, nous avons un problème sérieux
d'accélération des investissements au Québec. Cela me
paraît ne pas faire l'ombre d'un doute, non pas pour des raisons
politiques, parce que les Québécois se tiennent debout ou sont
à genoux dans le sens du dialogue politique habituel là-dedans,
mais simplement parce qu'on ne tient pas suffisamment compte d'un
phénomène majeur dans notre économie, qui est celui des
investissements d'Hydro-Québec à la Baie-James.
On se rend peu compte à quel point ces investissements d'Hydro
sont massifs au Québec évidemment à cause du
développement de la Baie-James. Pensez simplement qu'en 1978 les
investissements d'Hydro-Québec ont représenté 30% de tous
les investissements non résidentiels au Québec - c'est
énorme, 30% - sur une seule compagnie et encore en 1979, la meilleure
année que nous ayons connue en termes de croissance. Je voyais le chef
de l'Opposition indiquer que c'était abominable de parler d'un rythme de
croissance au Québec deux fois supérieur à celui de
l'Ontario. Je lui rappellerai très brièvement qu'en 1979, c'est
ce qui s'est produit. Le produit intérieur réel en Ontario est
monté de 2, 5%, et au Québec, de 4, 5%. Je m'excuse pour la
correction. En 1979, Hydro-Québec représentait 29, 5% de tous les
investissements non résidentiels au Québec. Mais la Baie-James ne
continuera pas indéfiniment, le gros oeuvre est terminé. On
rentre de la machinerie. Les investissements d'Hydro-Québec au total
baissent régulièrement. Ils baissent assez solidement.
M. le Président, en 1979, Hydro-Québec a investi au total
2 800 000 000 $; cette année, en 1982, 2 500 000 000 $. C'est moins, en
termes de dollars, mais si on tient compte de l'inflation, c'est beaucoup
moins. Le résultat, c'est que les investissements d'Hydro qui
représentaient 29, 5% des investissements en 1979 représentent
à peine 22% à l'heure actuelle. Nous avons là un
élément massif dans nos investissements dont le poids baisse. La
plus grande société que nous ayons, qui investit de moins en
moins et qui risque d'investir encore moins dans la mesure où elle
dispose à l'heure actuelle de très gros surplus
d'électricité, c'est prodigieusement embêtant. Cela veut
dire qu'il faut remplacer ce qu'Hydro-Québec ne fait pas par une
accélération d'investissements...
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de privilège, M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président. Je m'excuse auprès du ministre des Finances.
J'espère qu'il pourra reprendre sa phrase afin que personne ne puisse
perdre le fil de ses propos. Comme il a voulu faire état de quelque
chose qu'il ne trouvait pas acceptable dans les propos que j'ai tenus et qu'il
a voulu corriger, je tiens à lui rappeler que je n'ai pas parlé
de l'année 1979, lorsque j'ai parlé de l'erreur commise par le
premier ministre, mais j'ai parlé - je le répète - de 1976
à 1981. C'est là que le premier ministre lui-même avait
fait la comparaison. C'est cette comparaison que j'ai commentée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai eu de la
difficulté, en suivant tout à l'heure le chef de l'Opposition,
à savoir de quelle période il parlait exactement. Je tenais
simplement à souligner que oui, cela nous est arrivé, en plein
milieu de la période dont il parle, d'avoir deux fois le rythme de
progression de l'Ontario. Si, vérification faite de ce qui a
été dit tout à l'heure, j'ai appliqué pour une
année un chiffre qu'il avait exprimé pour une période
complète, je m'en excuse à l'avance à son
égard.
Je tiens quand même à souligner qu'il y a eu des
années où nous avons eu deux fois le rythme de croissance de
l'Ontario, pour les amateurs, pour ceux qui s'imaginent que plus on est
à genoux, plus l'investissement rentre.
J'en étais resté à cette question
d'Hydro-Québec. Il est évident qu'il va falloir
accélérer les investissements, à la fois publics et
privés. Dans les axes de développement, dans les axes du plan
d'action dont je parlais tout à l'heure, on va avoir effectivement un
certain nombre de moyens d'y arriver. Il faut que les investissements remontent
au Québec. En un certain sens, ce n'est pas très sain dans une
économie comme la nôtre d'avoir une société qui
investit tellement, si bien que toute l'économie finit par
refléter le cycle de ses investissements. Il se développe des
rivières, cela fait des investissements considérables; on cesse
le développement et tout à coup il y a une espèce de chute
profonde qui se fait. Ce n'est pas très sain.
Il faut manifestement que nous prenions, en un certain sens -
investissements publics et investissements privés - la place de ces
investissements de l'Hydro qui ne se font plus. Qui ne se font plus, pas parce
que les étrangers ne nous aiment pas, mais parce que la Baie-James est
terminée ou se termine.
En troisième lieu, il est clair que le problème du
chômage reste extraordinairement préoccupant au Québec.
C'est pour cela qu'il y a des programmes d'emploi, c'est pour cela qu'au fond,
ce plan d'action dont je parlais tout à l'heure est mis au point. Mais
il est clair, nous sommes parfaitement conscients que le chômage n'est
pas seulement une sorte d'abstraction universelle à l'heure actuelle,
mais que chez nous cela fait des ravages.
Sauf que, là encore - je n'en donnerai pas le mérite
nécessairement, en tout cas pas tout le mérite au gouvernement
mais un peu quand même - nous avons réussi, dans la
dégringolade de l'emploi, nous avons réussi, tout de même,
à contrôler le phénomène autant qu'on le pouvait,
à faire en sorte que cette espèce de chômage
épouvantable que nous avons grimpe moins qu'il aurait pu grimper.
Je vais vous en donner quelques exemples. Comment faisait-on, pendant
bien des années, pour déterminer le niveau du chômage au
Québec? On prenait le niveau du chômage en Ontario et on ajoutait
50%. Cela fait 30 ans que cela dure comme cela. Exemple: janvier 1981 - vous
pouvez prendre n'importe où ailleurs - le taux de chômage en
Ontario est de 6, 6%; ajoutez 50%. Combien cela fait-il? 10%, n'est-ce pas? 10,
2%, vous le constatez. Janvier 1982, 7, 5% en Ontario; ajoutez 50%. Combien
cela fait-il? 11, 1% ou 11, 2%? Non, 11, 3%. Ajoutez 50%, c'est toujours comme
cela. Cela fait 30 ans que cela dure.
Janvier 1983, Ontario: 11, 2%; ajoutez 50%. Cela vous fait quoi? Presque
17%? Non, c'est 14, 4%. Bien oui. On a fait ce qu'on a pu. Compte tenu des
expériences qu'on a toujours connues au Québec de prendre
l'Ontario et d'ajouter 50%, je vous dirai à l'heure actuelle: Non, la
vieille règle ne fonctionne plus, c'est moins haut que cela au
Québec. Ce n'est pas une consolation, remarquez bien. Les gens qui ne
travaillent pas, ce n'est pas avec des statistiques qu'ils vont se consoler.
Mais enfin, c'est par une série de filets qu'on a placés sous
l'économie - comme je le disais tout à l'heure - qu'on a fait
moins mal que bien des gouvernements dans d'autres récessions, qu'on a
fait ce qu'on pouvait faire. Ce qui ne veut pas dire que le plan d'action dont
je parlais tout à l'heure ne doit pas être remis en place.
Le chef de l'Opposition officielle a fait grand état des emplois
perdus au Québec, pour mettre en cause ce gouvernement. C'est toujours
la même chose avec les chiffres, on leur fait dire un peu ce qu'on veut.
J'ai reconnu, et Dieu sait si je le reconnais depuis longtemps, que la
récession a frappé le Québec beaucoup plus durement et
beaucoup plus tôt que les autres provinces. Sauf qu'après cela ce
sont les autres qui l'ont été.
À partir de mai, juin, juillet 1982, le pire impact au
Québec est passé. Là, il commence dans les autres
provinces. Le résultat est que si on compare janvier 1983 à
janvier 1982, au Québec on a perdu 65 000 emplois dans ces deux mois; en
Ontario, 157 000; au Canada, 355 000. Leur récession est venue
après la nôtre.
Nous, au pire, on a perdu en un mois les différences entre deux
mois d'une année. En 1981-1982, on a perdu 236 000 emplois.
C'était aoOt 1982 par rapport à août 1981. L'Ontario est
passée par 221 000 en novembre dernier; cela s'est décalé.
Leur récession, ils l'ont connue quelques mois après la
nôtre. Ce n'est pas une raison de s'imaginer que, parce qu'on a des
convictions politiques, cela a tout à coup des effets dramatiques chez
nous. (17 heures)
On est passé par une récession extraordinairement
violente, la plus violente qu'on ait connue depuis les années trente. Le
gouvernement a mis un certain nombre de filets sous les secteurs les plus
vulnérables, a commencé' à bouger sur un certain nombre de
programmes d'investissements, aura maintenant les instruments
nécessaires pour assurer une solide relance. Ce que ce
gouvernement-là a démontré clairement tout au long de la
précédente session justement, c'est qu'il était capable
d'avoir le réalisme de constater ce qui se passait, d'utiliser les
moyens, pas faciles et pas énormes dont il disposait pour bouger. De
bouger dans les bonnes directions. De faire en sorte de limiter, autant qu'il
était possible, les dégâts et maintenant d'avoir un certain
nombre de politiques nécessaires pour que la relance soit aussi rapide
que possible et aussi solide que possible.
Dans ce sens, M. le Président, ce que, je pense, nous avons
démontré comme gouvernement, c'est l'aptitude de faire face aux
problèmes tragiques que notre société connaissait, de
poser, avec la mesure de nos moyens, un certain nombre de gestes concrets, de
ne pas se laisser prendre par la littérature, de ne pas se laisser
prendre par la démagogie et de bouger avec toute l'énergie et
toute la vitesse dont nous sommes capables. Et mes collègues vont
maintenant, pour le reste de ce débat, montrer
précisément, chacun dans son secteur, ce qui a été
fait par le gouvernement depuis un certain nombre de mois et les perspectives
qui, à l'heure actuelle, se dessinent, puisque c'est cela que
l'Opposition voulait. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
La motion qui est devant nous en ce moment et que l'Opposition a
mise de l'avant a trait à la qualité de la gestion
économique du gouvernement. Il me semble qu'un des premiers facteurs
qu'on doit avoir à l'esprit c'est qu'un gouvernement qui veut se soucier
de gestion économique devrait le faire à temps complet par les
temps qui courent.
Il me semble que de la gestion économique à temps partiel,
ce n'est pas suffisant. Je comprends que le gouvernement a toujours
privilégié - il suffit de voir les programmes qu'encore hier on
nous a soumis - la création d'emplois à temps partiel ou la
création d'emplois temporaires.
Quand on regarde le succès extrêmement mitigé des
programmes semblables, il me semble que ce n'est pas un exemple à
suivre. Il faut donc, si on se soucie de gestion économique, y consacrer
la majeure partie de son temps comme gouvernement ou même comme parti
politique qui alimente éventuellement les actions du gouvernement.
Quels sont les éléments qu'un parti politique et un
gouvernement doivent avoir à l'esprit s'ils veulent véritablement
se consacrer à la gestion de l'économie, s'ils veulent
véritablement consacrer leurs énergies à faire progresser
le Québec sur la voie du développement économique,
à voir à ce que la prospérité des
Québécois se trouve améliorée, grâce à
chaque action du gouvernement, pas de façon ponctuelle et occasionnelle
lors d'annonces ou de déclarations, mais lors de chaque décision
que le gouvernement a à prendre?
Ces éléments sont essentiellement de trois ordres: Le
premier, c'est la capacité, pour les gestionnaires, de prévoir
les choses et de planifier leur action autrement qu'en ayant le nez
collé sur la vitre, autrement qu'en étant obligé de
répondre à des pressions qui, à un moment donné,
sont irrésistibles de la part de l'opinion publique.
Le deuxième c'est que dans la mise en oeuvre des moyens qu'on
planifie ou qu'on prévoit prendre sur une période de temps qui a
du sens, on se donne la discipline d'en donner aux citoyens pour leur argent,
d'investir avec la meilleure efficacité possible, en recherchant la
meilleure efficience possible, les deniers publics.
Troisièmement, c'est cette capacité -qu'après sept
ans le gouvernement n'a pas démontrée, mais qui est essentielle
quand on veut parler véritablement de gestion économique - de
constater que l'environnement a changé considérablement et donc,
d'ajuster son tir en conséquence, non pas à la lumière des
taux de chômage de la semaine dernière ou à la
lumière des intentions d'investissements trop faibles de la semaine
prochaine. Mais il me semble que, sur une période de sept ans dont on
parle maintenant, depuis que le gouvernement est en place, l'environnement a
changé. Déjà, le gouvernement administrait. Le
Québec administre depuis longtemps dans un environnement d'où il
semble un peu trop absent.
Sur le plan de la prévoyance et de la planification, il nous
semble que c'est important. Le ministre des Finances aime se comparer aux
autres. Il nous reproche d'isoler le Québec. Conceptuellement, lorsqu'on
dit: Bon! La crise s'est abattue sur nous à cause des péquistes,
il y a un facteur qu'il ne faut pas négliger. C'est celui de la
capacité du gouvernement en place de réagir à la
conjoncture. Encore faut-il s'en donner les moyens! Si on se compare à
la façon dont nos voisins se sont préparés, ils ont pris
des virages afin d'affronter ce que nous connaissons aujourd'hui. Regardons en
Ontario. Je reviens, encore une fois, à cette capacité qu'ont
démontrée, pendant les changements extrêmement importants,
les tendances lourdes que nous connaissons en Amérique du Nord, pendant
les années charnières de 1977 à 1980-1981, les Ontariens
dans la gestion des finances publiques. Ils se sont donné des objectifs
et ils ont réussi, malgré tout, à les atteindre en grande
partie, ce qui fait qu'aujourd'hui, ils sont capables d'affronter un peu mieux
que nous, sans cri de mort, sans tension inutile, la conjoncture dans laquelle
nous vivons actuellement.
Il suffit de voir que, durant ces années, la croissance de la
production intérieure brute de l'Ontario atteignait des taux qui,
essentiellement, ont toujours été, pendant cinq ans,
supérieurs au rythme d'augmentation des dépenses publiques.
À un moment où il fallait prendre des virages et resserrer
véritablement les dépenses, comme le premier ministre
l'annonçait en novembre 1981, au début de la session qui se
termine aujourd'hui, à cette époque, déjà, on avait
commencé, quatre ans avant le Québec, quatre ans avant les
péquistes, à resserrer les programmes de dépenses en
Ontario. En Ontario, ils ont même réussi, ce qui n'est pas une
mince affaire, à limiter la croissance des dépenses publiques
à un taux inférieur à la croissance des revenus de la
province. Il faut le faire. L'effet net, c'est évidemment qu'on
résorbait tranquillement, dans la mesure du possible, toutes proportions
inflationnistes gardées, le déficit. Ce qui fait qu'aujourd'hui,
l'Ontario peut effectivement encourir un déficit qui, pour lui, est
énorme et qui, sur une base per capita, n'est pas négligeable,
mais qui lui permet - c'est le rôle d'un gouvernement prévoyant -
d'affronter la crise, ce que le gouvernement actuel est absolument incapable de
faire sans des déchirements, sans un coût social absolument
invraisemblable.
Il fallait donc - c'était une autre promesse du gouvernement
dès le début de la
présente session - non seulement resserrer les dépenses -
j'ai démontré qu'ils ne l'ont pas fait - mais modifier la
structure des revenus afin qu'ils rapportent davantage. C'est une façon
élégante de dire: Des impôts, vous en voulez; vous allez en
avoir. Mais il suffit de faire le petit inventaire des nouveaux impôts au
cours de la présente session, pas les plus reculés ou ceux depuis
novembre 1976, ceux de la session qui se termine aujourd'hui. Il suffit de
faire la liste des nouveaux impôts que les Québécois et les
Québécoises ont à payer. Il suffit surtout de regarder -
je pense que c'est important -quel a été l'impact de la nature
des impôts qui ont été levés sur le
développement économique du Québec. Il suffit de voir que,
huit jours après le discours inaugural dont nous parlons aujourd'hui, le
ministre des Finances nous annonçait la hausse de la taxe sur l'essence.
Nous soupçonnons, depuis deux jours, à la suite de questions
posées en Chambre, que cette mesure temporaire d'une taxe sur l'essence
de 40%, alors qu'elle est de 20% chez nos voisins, n'est peut-être pas
aussi temporaire qu'on l'aurait cru lors du discours sur le budget ou de
l'énoncé complémentaire de novembre 1981. Mais cette taxe
sur l'essence est allée frapper directement des secteurs
névralgiques desquels dépendent nos régions pour leur
développement économique. (17 h 10)
Qu'on se rappelle les représentations qu'ont faites les gens qui
travaillent dans l'industrie du bois de sciage, dès novembre 1981,
dès l'imposition de cette taxe. Il est bien évident que cela
frappait le coût de fonctionnement des machineries, tout le secteur du
transport des produits de la forêt. Quand on sait que des régions
complètes et des milliers de Québécois dépendent de
cette industrie, on peut dire que c'est complètement
déraisonnable et irresponsable d'aller frapper les gens de cette
façon. Je néglige même de parler de ce que tous les
Québécois ont eu à payer, du coût qu'ils ont eu
à assumer à la suite de l'augmentation de cette taxe; le facteur
inflationniste, la composante du prix de l'énergie dans le facteur de
l'inflation est immense et a le défaut d'être extrêmement
régressive. C'est-à-dire que les gens qui ont un bas revenu
consacrent une part plus grande de leur salaire à la consommation de
biens qui ont une composante en coût d'énergie supérieure
à celle des gens bien nantis.
Chaque fois qu'on augmente le coût de l'énergie, comme on
l'a fait avec la taxe sur l'essence de façon absolument invraisemblable,
on va toucher, dans presque toutes leurs dépenses, les gens qui ont les
plus petits salaires de notre société. C'est absolument
invraisemblable de dire: On traverse la crise et voici ce que nous avons fait.
C'est merveilleux, c'est extraordinaire, c'est prodigieux, disait le premier
ministre. Prodigieux, en effet, pour un gouvernement comme ça, de lever
des impôts qui, par leur nature même, vont frapper les gens les
plus démunis de la société. C'est absolument
irresponsable.
On pourrait additionner toutes les autres taxes. On pourrait parler de
la taxe de vente à 9% plutôt que 8%. On ne sait pas si elle est de
nature véritablement temporaire. La taxe de vente au détail, qui
était de 8%, est passée à 9% et la loi prévoit
effectivement que, le 31 mars, cette mesure d'augmentation prendra fin. On a
appris ici, par ailleurs, qu'un simple discours ou une simple
déclaration du ministre rendra permanent quelque chose qui pourrait
avoir été annoncé à caractère temporaire. La
suite est manifestement à venir.
Dans ce temps-là, la prévoyance et la planification
financière du gouvernement, qu'il met dans l'état absolument
lamentable qu'on peut constater dans les finances publiques, étaient
encore plus compliquées par les choix inconsidérés que le
gouvernement a faits de certaines de ses dépenses. Je disais que, des
trois éléments qui sont importants, si on veut juger de la
qualité de la gestion, le premier était la prévoyance et
la capacité de planifier, le deuxième, c'est cette discipline
qu'on s'impose d'en donner aux gens pour leur argent. Je pense que le chef de
l'Opposition l'a évoqué et certains de mes collègues
l'évoqueront également. Certaines des dépenses, certains
des investissements, certaines des nationalisations outrancières que le
gouvernement a faits pendant cette session, à toutes fins utiles...
Qu'on pense à Quebecair qu'on menace de nationaliser alors que nous
sommes déjà les heureux propriétaires de la
majorité de tout le capital qui est là-dedans. Il me semble qu'on
n'en a pas nécessairement pour notre argent, il me semble que des
placements à fonds perdus à droite et à gauche, des
créations de commissions de tout ce que vous voudrez ne procurent pas
d'emplois aux Québécois. Il s'agit de scruter les engagements
financiers tous les mois, comme j'ai eu l'occasion de le faire avec certains
collègues, pour voir la nature purement transitoire des sommes qui sont
consacrées, sous prétexte que c'est du développement
économique, à des entreprises qui ne font que vivoter et qui
vivoteront toujours.
On a utilisé ici, au gouvernement, l'espèce d'habitude de
voir toujours au plus pressé sans avoir même le temps de se
demander comment on pourrait investir dans des secteurs qui, à plus long
terme, pourraient être à l'avantage des Québécois.
En avoir pour son argent, ce n'est pas seulement en avoir pour son argent
aujourd'hui, c'est en avoir pour son argent pour l'avenir également. Il
me semble que
cela fait pitié de voir un gouvernement qui nous dit que
gouverner, c'est prévoir, que gouverner, c'est choisir. Il me semble que
cela fait pitié de voir un gouvernement qui ne prévoit même
pas le surlendemain, collé à la vitre d'aujourd'hui et de demain
comme il l'est. Il me semble que cela fait pitié de voir la façon
dont on refuse encore de consacrer des énergies à
véritablement développer des secteurs qui sont des secteurs
d'avenir, plutôt que de continuer à surprotéger des
secteurs qui, dans quelques années, ne seront vraiment plus, mais alors
plus concurrentiels, qui déjà affichent ces signes. La
"tricofilisation" de l'industrie québécoise sous la gouverne du
gouvernement péquiste est en bonne voie, elle est en marche. Il me
semble qu'il faut l'arrêter.
Le troisième élément, l'environnement a
changé. Le gouvernement doit prévoir, il doit planifier, il doit,
deuxièmement, nous en donner pour notre argent et, finalement, il me
semble qu'il doit constater que l'environnement a changé. On dit qu'il
faut que les Québécois soient dans tous les secteurs - c'est
comme cela d'ailleurs qu'on explique les interventions du gouvernement -il faut
absolument être dans l'aéronautique, il faut absolument être
dans ceci, il faut absolument être dans cela, il faut être dans
tous les secteurs de toutes les hautes pointes, de toutes les technologies
mondiales. Les Américains, à 220 000 000, sont incapables de le
faire. Il y en a quelque 6 000 000 ici, on va faire cela. C'est
complètement ridicule. Il faut absolument choisir les secteurs où
on trouvera de l'emploi.
Ce n'est pas en amenant des programmes de nettoyage de fossés
pour 20 semaines par les jeunes volontaires à 100 $ par mois de
subvention qu'on va sortir le Québec du marasme. L'exemple le plus
frappant, encore une fois, il me semble qu'on n'était pas obligé
d'attendre qu'un mini-ordinateur se ramasse comme la personnalité de
l'année sur un magazine américain pour réaliser la
révolution de l'informatique. Cela ne date pas de janvier 1983. Cela
date de plusieurs années. Qu'est-ce qu'on fait ici au gouvernement du
Québec? On attend quelques jours après la publication de Time
Magazine pour dire: II va y avoir des mini-ordinateurs dans toutes les classes
de toutes nos écoles. Le premier geste qui est posé, c'est quoi?
100 $ par mois pour nettoyer des fossés. Laisser les enfants à
l'école pour les recycler dans je ne sais trop quoi.
On fait cela au lieu d'afficher dans chaque ministère la
volonté, au moins, la preuve qu'on comprend ce qui est en train
d'arriver en Amérique du Nord. Même pas. Le nez collé sur
la vitre encore une fois, le gouvernement est absolument incapable de faire
preuve de gestion économique de qualité. Comment voulez-vous,
à ce moment, qu'on donne priorité à l'économie?
Priorité à l'économie. On nous dressera toute une liste de
lois à caractère économique. Il y en a, il n'y a aucun
doute là-dedans. Cela n'est même pas le quart du temps que le
gouvernement a à consacrer à la gestion des fonds publics et de
l'État. Il y a eu 108, 110 jours de session à peu près
depuis novembre 1981, depuis plus de 400 jours. La liste des lois ne
représente que le quart des activités de l'Assemblée, du
gouvernement, je devrais plutôt dire. C'est la totalité de
l'activité de l'Assemblée nationale, c'est le quart en jours, en
temps, de l'activité du gouvernement. Les trois quarts sont allés
où? À quoi le gouvernement du Québec, le gouvernement
péquiste actuel, a-t-il passé les trois quarts de son temps
depuis le 9 novembre 1981?
Je vais vous le dire. Un "renérendum". On a perdu le droit de
veto du Québec, que, évidemment, on est incapable de
négocier, on ne peut pas participer à des négociations
constitutionnelles, à tel point que, comme dans les autres
négociations avec le secteur public, le gouvernement a
décrété l'existence du droit de veto du Québec;
après avoir perdu le droit de veto politique, il a
décrété - il y a un décret du Conseil des ministres
-l'existence du droit de veto du Québec. Ce n'est pas beau, cela? Non
contents d'être des incompétents en matière
constitutionnelle canadienne, ils ont innové dans la constitution du PQ
par un "renérendum". Les trois quarts, une partie invraisemblable, les
trois quarts du temps de ce gouvernement sont passés à de la
"constitutionnalite" canadienne - il en faut, il y en aura toujours - à
un autre aspect, la "constitutionnalite péquiste, et essentiellement
à se demander si le trait d'union devrait rester ou partir. Et on en est
encore là aujourd'hui.
On se demande si on doit unir souveraineté et association ou
faire sauter le trait d'union. Le seul genre d'union ou de division qu'on a
connu ici au Québec depuis sept ans et notamment depuis un an et demi,
c'est le genre de division et de zizanie que le gouvernement a continuellement
semé parmi nous. Il me semble que les Québécois, avec leur
richesse humaine, avec leur compétence, méritent beaucoup mieux
que cela. (17 h 20)
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, en entendant le
député de Vaudreuil-Soulanges, j'avais l'impression qu'on se
replaçait il y a un an, lorsque, effectivement, on débattait de
questions à l'intérieur du Parti québécois,
qu'on n'était même pas en période de session et que
l'Opposition s'inquiétait de ce qui se passait dans notre propre parti.
Cela fait déjà un an de cela et on se retrouve aujourd'hui avec
une motion de blâme, avec des arguments qui sont un an en retard. Par
ailleurs, le ministre des Finances a indiqué tantôt que, depuis
plusieurs mois, le gouvernement avait travaillé d'arrache-pied pour
soulager les gens qui sont dans la misère actuellement au Québec,
qui vivent durement la crise économique et aussi tenter, avec les moyens
du bord, sinon de relancer l'économie, du moins de soutenir un certain
nombre de secteurs et de préparer éventuellement le Québec
à être capable d'affronter la relance et de faire face au
défi de la relance économique.
Hier, le premier ministre du Québec a annoncé, ici
même dans cette Chambre, un plan d'action spécial pour venir en
aide aux jeunes du Québec, à ces 260 000 jeunes de moins de 25
ans qui ne sont ni aux études ni au travail, à ces milliers
d'autres jeunes qui sont actuellement dans nos écoles et qui sont
souvent plus incités à décrocher qu'à y rester. On
a entendu par la suite, hier, ici même dans cette Chambre, le chef de
l'Opposition qui a voulu atténuer l'impact de ces mesures et,
aujourd'hui, on se retrouve, ici à l'Assemblée nationale, avec un
débat où on tente de faire croire que le gouvernement, pendant
toute cette session, n'a rien fait de bon pour soulager la situation des gens
qui sont affectés par la crise et n'a rien fait de bon au niveau des
actions qui ont une incidence positive sur l'activité économique
du Québec.
M. le Président, personnellement, j'ai été
associé, depuis de nombreux mois, à l'élaboration et
à la préparation du plan d'action que le premier ministre a
annoncé hier à l'ensemble du Québec. Contrairement
à ce qu'on a voulu laisser entendre hier et qu'on va probablement
vouloir nous laisser entendre dans les prochaines interventions, ce plan
d'action n'a pas été élaboré dans la bousculade, en
prévision de la fin de session et pour avoir un certain impact
publicitaire. Depuis un certain nombre de mois - depuis le mois d'octobre, peu
après le remaniement ministériel - le premier ministre
lui-même avait donné un mandat particulier au secrétariat
du Comité des priorités et à un certain nombre de
ministères et de ministres, notamment la Main-d'Oeuvre et la
Sécurité du revenu, l'Éducation, le secrétariat des
conférences socio-économiques, le Loisir, les Affaires sociales
et plusieurs autres services gouvernementaux qui étaient
concernés par la situation des jeunes, qui avaient des services qu'ils
rendaient aux jeunes et qui devaient être rajustés et
réévalués.
Ce qu'on a fait, une fois que ce mandat a été
confié par le premier ministre et le Comité des priorités
du gouvernement, c'est de travailler sérieusement d'abord à
cerner les problèmes que vivent les jeunes actuellement, par des
rencontres avec ces derniers, avec des groupes de jeunes et avec des gens qui
travaillent au service des jeunes dans différents coins du
Québec. On a essayé de bien comprendre la problématique
qui affecte actuellement un nombre considérable de jeunes au
Québec. Je disais tantôt qu'il y a un nombre important de ces
jeunes qui sont incités à décrocher de l'école. On
se rend compte que 35% au moins des jeunes du Québec ne terminent pas
actuellement leur cours secondaire et s'en vont, à toutes fins utiles,
à l'abattoir, parce que les ouvertures d'emploi sont à peu
près inexistantes. Donc, ces jeunes quittent l'école sans aucune
possibilité d'intégrer le marché du travail et avec des
déficiences et des inaptitudes considérables qui les
empêcheront d'intégrer éventuellement, un jour, ce
marché du travail.
Au niveau de l'emploi, le taux de chômage, quand on prend les
jeunes de moins de 25 ans, se chiffre, pour l'ensemble des chômeurs du
Québec... La proportion que représente le chômage chez les
jeunes de moins de 25 ans, c'est près de 48% et, quand on additionne la
tranche de ceux qui ont de 25 à 30 ans et qui, quand malheureusement ils
bénéficient de l'aide sociale, n'ont, comme les plus jeunes, que
144 $ par mois pour vivre, on se rend compte que c'est plus de la moitié
des chômeurs du Québec qui sont des jeunes de moins de 30 ans, et
48% de ces jeunes ont moins de 25 ans. On n'a pas besoin de se faire de grands
dessins pour comprendre finalement quel type de sentiments affectent ces
jeunes; ce sont des sentiments de défaitisme, d'aliénation qui
conduisent à des comportements souvent dangereux pour autrui et pour
eux-mêmes. On a fait des manchettes il y a quelque temps, encore cette
semaine, dans certaines régions du Québec, avec des suicides de
jeunes. Quand on se pose des questions pour savoir comment il se fait que tant
de jeunes sont amenés au bord du désespoir, comment il se fait
qu'il y a tant de jeunes pour qui l'avenir est un mur, on se dit: II doit y
avoir quelque chose qui est relié finalement à cette
problématique économique qui nous affecte tous.
Ayant essayé de cerner au mieux de notre connaissance ce drame
qui affecte les jeunes, les problèmes qui les affligent, on a aussi
essayé de voir quelles étaient les aspirations, les besoins qui
étaient vécus, qui étaient ressentis par des centaines et
des milliers de jeunes de chez nous pour se rendre compte que malgré ce
qu'on peut dire, malgré le découragement qui en affecte beaucoup,
il y a un potentiel énorme, il y a une volonté
considérable de s'impliquer dans la communauté, une
volonté considérable
d'être des partenaires à part entière de cette
société. Il y a aussi de plus en plus chez eux une prise de
conscience qu'ils doivent mieux qu'actuellement s'équiper pour faire
face à l'avenir.
C'est dans ce sens qu'on a voulu préparer un plan d'action qu'on
appelle un plan d'action intégré avec deux objectifs principaux.
Un objectif qui finalement répond à la préoccupation qui
été exprimée à plusieurs reprises par le
député de Vaudreuil-Soulanges, est une préoccupation de
planification, une préoccupation de voir l'avenir, d'envisager l'avenir,
de préparer l'avenir. C'est dans ce sens que le premier objectif du plan
d'action qui a été présenté par le premier ministre
hier est un objectif de mieux équiper, de mieux armer des milliers, des
dizaines et des centaines de milliers de jeunes au Québec qui,
actuellement, doivent travailler, étudier, vivre en fonction d'un avenir
qui va être différent de celui qu'on connaît actuellement,
de la réalité qu'on connaît.
On a beaucoup parlé au cours des dernières semaines, des
derniers mois du virage technologique. On est dans une période de
restructuration de notre économie, le ministre des Finances en a
parlé tantôt. On vit des problèmes de réorganisation
fondamentale du travail chez nous. On vit aussi des crises de valeur et des
changements de comportement, d'attitude qui sont profonds. On ne vit pas
actuellement une simple récession comme celle qui nous a affectés
périodiquement, moins gravement, au cours des dernières
décennies. On vit une mutation profonde de notre
société.
Notre objectif premier, en préparant ce plan d'action, c'est de
faire en sorte que les jeunes du Québec, ceux qui vont finalement
être à notre place ici dans quelques années, ceux qui
éventuellement dirigeront cette société, soient
armés pour faire face à l'avenir et pour modeler cet avenir selon
leurs aspirations, selon leurs besoins, selon leurs propres valeurs.
Bien sûr, tout en préparant l'avenir, il fallait
néanmoins se rendre compte qu'on avait à faire face aussi
à des situations urgentes, dramatiques, des situations qui ne
s'étaient pas vues depuis des générations. Il y a des
jeunes aujourd'hui au Québec qui sont à la soupe populaire, qui
n'ont pas les moyens financiers de rejoindre les deux bouts, qui ont de la
difficulté à trouver les moyens de se loger et de se nourrir
trois fois par jour. Donc, il fallait faire en sorte de répondre au
moins partiellement à ces besoins urgents, criants, qui sont là,
qui sont des besoins sociaux. (17 h 30)
On nous a reproché hier en cette Chambre d'avoir
présenté un plan d'action qui était plus social. M. le
Président, quand on est "poigné" dans une crise, quand on est
à la soupe populaire, quand on a de la difficulté à
joindre les deux bouts, quand on a 144 $ par mois pour vivre, quand on a 25 ans
et qu'on est "poigné" dans cette situation, oui c'est un problème
social, c'est un problème humain. Et le gouvernement, sa
responsabilité première, tout en préparant l'avenir, c'est
d'au moins donner les moyens à ces jeunes d'améliorer leur
situation. C'est ce que le plan d'action vise à faire.
Les cinq volets - parce que ce plan d'action comprend cinq volets - ont
été construits de la façon suivante: Un premier volet
visait à faire en sorte que nos jeunes soient convaincus que,
actuellement, le meilleur investissement qu'ils peuvent faire c'est de demeurer
à l'école secondaire, de terminer leur cours secondaire, de
terminer leur cours collégial; aussi de terminer ces études et de
les accomplir dans des secteurs prometteurs, dans des secteurs d'avenir.
C'est la raison pour laquelle on a mis en place un certain nombre de
mesures, à la fois pour identifier actuellement ceux qui, dans un an,
dans deux ans, dans trois ans, seront incités à décrocher
l'école et, en même temps, permettre à ces jeunes,
dès maintenant, de s'engager dans un processus de formation pour des
emplois qui vont exister et non pas des emplois qui n'existeront plus quand ils
auront terminé leur cours.
Il fallait aussi amener les jeunes qui ont déjà
décroché à revenir, si possible, parfaire leur formation
de base, à venir chercher le diplôme d'études secondaires
qu'ils n'ont pas voulu avoir lorsqu'ils ont décroché. Mais comme
un certain nombre de ces jeunes ne sont pas en position, n'ont pas le
goût d'entreprendre des études secondaires classiques, n'ont pas
le goût de retourner sur les bancs d'école, sur les bancs qu'ils
ont connus et qu'ils ont abandonnés, on a décidé de mettre
en place des formules qui permettront à ces jeunes qui ont
décroché d'étudier d'une façon plus harmonieuse
avec leurs aspirations et leur situation. On va le faire, à la fois dans
le milieu de l'enseignement, dans le réseau des institutions scolaires
et d'enseignement mais aussi, on va décider maintenant de le faire dans
les entreprises pour lesquelles ces jeunes se préparent à
travailler.
Je suis allé faire une mission d'étude de deux semaines en
France et je me suis rendu compte qu'en Europe, l'idée de la formation
en entreprise, de la formation alternée des jeunes, c'est-à-dire
période de travail en entreprise et période d'études, soit
avec des moniteurs qui sont eux-mêmes des travailleurs séniors des
entreprises ou avec des éducateurs et des enseignants professionnels,
c'est une formule qui existe et qui est répandue. Ici, on en a
parlé beaucoup mais on n'était pas arrivé à
décider que c'était aussi dans cette direction
qu'il fallait aller.
Dorénavant, on va se doter d'équipement, de moyens
financiers, de personnels aussi qui vont être capables de former nos
jeunes en entreprise et on va faire en sorte que les entrepreneurs, que les
dirigeants d'entreprises au Québec soient intéressés,
finalement, à former des jeunes, à participer à la
formation professionnelle des jeunes.
Je pourrais aussi parler longuement du volet de la création
d'emplois, des programmes d'emploi qui ont été mis en place
depuis quelques années, qui ont bien fonctionné dans un certain
nombre de cas et pour lesquels on a décidé d'ajouter des fonds
additionnels, significatifs. Je sais que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, qui parlera après moi, va prendre
une bonne partie de son temps d'intervention pour donner des détails sur
le travail qui se fait au niveau de la création d'emplois dans son
ministère.
Une chose, par ailleurs, cependant. On nous a reproché de
créer des emplois temporaires mais on a ignoré que dans les
mesures qui ont été annoncées hier par le premier
ministre, dans les programmes qui existent déjà, un certain
nombre de ces programmes non seulement permettent que des emplois deviennent
permanents mais, dans un certain nombre de cas, ce sont des programmes qui
visent dès le départ à créer des emplois
permanents.
Quand, par exemple - et c'est une innovation qui est dans une des
mesures annoncées par le premier ministre - on va dire maintenant
à des jeunes qui ont des idées, du potentiel: Si vous êtes
capables de bâtir un projet d'entreprise, d'être des entrepreneurs
et non pas des employés, le gouvernement va vous appuyer et, si
possible, si votre projet est suffisamment sérieux, qu'il donne
suffisamment de garanties de rentabilité à court terme, le
gouvernement s'engage même, face à ces jeunes qui ont des projets
significatifs, à être capable d'assumer une partie du capital de
risque.
D'autres volets sont importants. On a mis beaucoup l'accent sur le
travail qui se fera au niveau de l'aide fournie par les services sociaux et les
organismes communautaires. Ce sont, bien sûr, des mesures sociales mais,
dans le contexte actuel, cela devient aussi des mesures de survie pour un grand
nombre de jeunes, des mesures de dépannage qui sont fondamentales dans
la situation actuelle.
Un des derniers volets, en fait le dernier, le cinquième, c'est
un nouveau programme qui vise à amener les jeunes à s'impliquer
dans leur communauté. C'est un programme où on amènera des
jeunes, sur une base volontaire, à faire des choses utiles et
significatives pour leur communauté, pour leur quartier, pour leur
village, pour leur municipalité, mais aussi pour eux, pour vivre une
période enrichissante, pour faire en sorte qu'au moins, durant cette
période difficile, ces jeunes ne se retrouvent pas seuls,
"poignés" à la maison, avec, finalement, comme seul espoir
d'avenir, de regarder la télévision durant des heures et des
heures.
On a travaillé sérieusement au cours des dernières
semaines, au cours des derniers mois, pour mettre en place ce plan d'action. Ce
n'est pas la panacée universelle. Je l'ai dit à quelques reprises
depuis hier à des journalistes, à des gens qui faisaient des
entrevues: Si on avait eu 500 000 000 $, si on avait eu 600 000 000 $, si on
avait eu 700 000 000 $, si on avait eu 1 000 000 000 $, le même plan
d'action aurait permis de rejoindre bien plus de jeunes.
J'espère que certaines gens ravaleront leur discours, de ce
côté-là de la Chambre, et comprendront pourquoi le
gouvernement a tenu une telle ligne de conduite dans les négociations
dans le secteur public. On n'avait pas le choix parce que ce qu'on voulait
avoir, comme marge de manoeuvre, c'était entre autres pour soulager des
gens qui sont actuellement au bord de la misère et leur permettre aussi
de construire dès maintenant un armement qui leur permettra, de
façon individuelle, de prendre leur avenir en main. C'est dans ce
sens-là qu'on a travaillé.
On pourra toujours nous reprocher de ne pas en avoir fait assez, de ne
pas avoir mis suffisamment de fonds, mais je défie actuellement
n'importe qui de l'Opposition de détruire une des mesures qui ont
été annoncées hier par le premier ministre en disant:
Cette mesure-là ne vaut pas la peine d'être mise en application.
La seule critique qu'on acceptera, c'est de se faire dire qu'on n'aura pas
suffisamment mis d'argent. Je répondrai: Bien sûr, si on en avait
eu plus, on en aurait mis plus. Mais l'argent, on ne le fait pas, surtout quand
on est un gouvernement provincial.
Je pense que, maintenant, on va s'atteler à la mise en oeuvre de
ce plan d'action et ceux qui veulent donner un coup de main et mettre
l'épaule à la roue pour faire en sorte que ce plan soit une
réussite complète, on prendra toutes les collaborations qui
s'offriront à nous. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, toutes les statistiques
démontrent que la situation économique au Québec est pire
que dans toutes les autres régions du Canada et la raison est
très simple. Cela est attribuable aux politiques de ce gouvernement,
au
manque d'action de ce gouvernement. Je voudrais vous donner, dans le
court temps que j'ai à ma disposition, certains exemples
démontrant que le gouvernement, par son manque d'action, a
créé du chômage et une situation tragique dans les
différentes régions du Québec.
Dernièrement, nous assistions à une commission
parlementaire à Schefferville. C'était une première
expérience, une expérience très triste parce qu'on voyait
devant nous la possibilité de la fermeture d'une ville. C'est vrai que
c'est la compagnie Iron Ore qui a décidé de terminer ses
opérations à Schefferville mais, depuis 1981, il y a un rapport
dans les bureaux du ministre de l'Énergie et des Ressources, il y a eu
des rapports de l'OPDQ avertissant ce gouvernement de ce qui se produirait dans
cette industrie. Le gouvernement, par son manque d'action, a
délaissé cette ville et, aujourd'hui, il ne sait pas ce qu'il
devrait faire face à cette tragédie à Schefferville. C'est
un manque d'action et la responsabilité principale revient à ce
gouvernement. (17 h 40)
Prenons un autre exemple, M. le Président. Sur la
Côte-Nord, depuis 1980, des plans de redressement avaient
été préparés par le conseil d'administration de
SIDBEC-Normines. On sait que cette année il y aura une perte
d'opérations de 150 000 000 $. Le gouvernement en a été
averti depuis 1980, mais, malheureusement - c'est le problème de ce
gouvernement - ses décisions sont toujours des décisions
politiques. On ne regarde pas le côté économique de la
décision. On fait de l'électoralisme. Si le gouvernement avait
agi, depuis 1980, dans le cas de SIDBEC et de SIDBEC-Normines, il ne se
trouverait pas, aujourd'hui, dans la situation dans laquelle il se trouve.
Il y a une autre conséquence. Il n'a pas encore pris de
décision. Pouvez-vous imaginer la situation des travailleurs de cette
région qui n'ont pas reçu de décision finale du
gouvernement? D'une façon ou d'une autre, le gouvernement ne veut rien
leur assurer. Oublions les conséquences au point de vue de
l'économie, mais les conséquences au point de vue humain sont
très tristes. Ce gouvernement doit en porter le blâme.
Il y a un autre endroit où les politiques du gouvernement ont
comme conséquence des pertes d'investissements, des pertes d'emplois.
L'année dernière, le gouvernement a institué sa politique
de prix médian dans le domaine pharmaceutique. C'est vrai que le
problème principal se situe au niveau de la loi fédérale
sur les brevets qui doit être amendée et pour laquelle nous, de
l'Opposition, avons fait des représentations afin qu'elle soit
modifiée. Mais savez-vous ce qui est arrivé de la politique de
prix médian du gouvernement, au cours de la dernière
année? C'est vrai que le ministère des
Affaires sociales a économisé 4 000 000 $ dans l'achat de
différents produits. Mais la conséquence, c'est que l'industrie
pharmaceutique du Québec a perdu 10 000 000 $ en raison d'une politique
du gouvernement provincial. Savez-vous où 65% des 10 000 000 $ en achats
du gouvernement du Québec sont allés? Ils sont allés aux
producteurs de l'Ontario qui oeuvrent dans ce secteur. C'est une autre
politique du gouvernement qui cause du chômage au Québec. Il y a
des industries dans ce domaine qui ont fermé leurs portes. Nous sommes
encore dans une situation de pertes d'emplois dues aux politiques du
gouvernement.
M. le Président, j'entendais le ministre des Finances dire: Quand
la maison brûle, on appelle les pompiers, pas les urbanistes. La question
qu'on doit se poser, c'est: Qui a mis le feu à la maison? C'est ce
gouvernement qui a mis le feu à la maison. Savez-vous comment il l'a
fait? Il l'a fait non seulement avec ses objectifs de séparation, mais
avec le type de société qu'il a poursuivi par ses objectifs.
Deuxièmement, il l'a fait avec des mesures fiscales qui sont en train de
détruire les entreprises et les investissements au Québec. Parlez
donc aux hommes d'affaires qui se voient dans l'impossibilité de faire
des investissements et d'attirer le personnel nécessaire parce que les
mesures fiscales découragent l'emploi au Québec. Je prends
à témoin le président de SIDBEC venu à la
commission parlementaire de l'industrie, du commerce et du tourisme qui a
étudié le cas de SIDBEC. Le président de SIDBEC a
témoigné devant cette commission qu'il ne pouvait pas attirer le
personnel nécessaire. Quand on lui a demandé pourquoi, il a dit:
Les mesures fiscales du gouvernement me rendent difficile l'embauche du
personnel qualifié pour travailler à régler les
problèmes de notre entreprise. Ce sont les mesures fiscales, les
politiques du gouvernement qui ont découragé les investissements
au Québec et qui ont fait que nous nous sommes retrouvés dans
cette situation.
L'économie, on pourrait comparer cela a un édifice. Le
gouvernement établit toutes sortes de programmes: c'est comme s'il
réparait une vitre ici, changeait une porte là. Il veut donner
l'apparence de construire une économie. Mais cet édifice, c'est
sa fondation qui est en train de s'écrouler: la fondation, c'est tous
les investissements et toutes les règles de notre économie qui
ont été mis en jeu par les politiques du gouvernement.
Ce gouvernement a trop joué avec les émotions des
Québécois aux dépens de l'économie. C'est cela
qu'il a fait; il a joué avec leurs émotions aux dépens de
l'économie. Il est vrai qu'il faut prendre certaines mesures, qu'il faut
protéger certains droits, qu'il faut prendre une
certaine direction, mais démocratiquement. Mais est-il
nécessaire qu'un gouvernement qui doit représenter l'ensemble du
Québec, incite 140 000 personnes à quitter le Québec?
Pourquoi n'avez-vous pas eu l'intelligence de garder ces gens-là ici
afin qu'ils travaillent au bien-être de tous les Québécois,
à l'avenir du Québec, pour les investissements et les emplois au
Québec? Ce gouvernement a de petits objectifs, des objectifs politiques
qui ne tiennent pas compte des vrais besoins de toute la population.
Aujourd'hui, on voit les conséquences du manque d'attention envers
certaines industries de base, du manque d'attention envers certaines
régions importantes du Québec et du manque d'attention envers les
mesures fiscales.
Il faut tenir compte que nous sommes en Amérique du Nord. En
Amérique du Nord, deux choses sont mobiles: les capitaux et les
ressources humaines. Si on ne peut les attirer ici par des mesures
concurrentielles comparables à celles des autres juridictions autour de
nous, on va les perdre. C'est ce que ce gouvernement n'a pu faire. Il ne s'est
pas occupé de l'économie, il ne s'est pas occupé des
mesures nécessaires pour garder les investissements au Québec et
nous voyons dans quelle situation nous nous retrouvons.
II faut que le gouvernement ajuste ses politiques, tenant compte du fait
que nous sommes en Amérique du Nord, que nous faisons partie d'une
économie nord-américaine, que nous avons besoin de toutes les
ressources à notre disposition, que ce soit des ressources
financières ou des ressources humaines. Non seulement nous devons
blâmer sévèrement le gouvernement pour la faillite de sa
gestion économique, mais nous devons blâmer le gouvernement pour
ne pas avoir exercé un leadership moral, pour avoir
délaissé la population et nous avoir mis dans une situation
très triste d'où il sera difficile d'en sortir, à moins
que ce gouvernement quitte, que ce gouvernement déclenche des
élections. Il ne pourra pas, avec ses politiques, refaire notre
économie et faire en sorte que ces investissements, les emplois et le
nécessaire qui doit être fait pour la prospérité du
Québec... On vous blâme pour votre faillite de gestion
économique, mais on vous blâme surtout pour votre faillite de
leadership moral.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Marois: M. le Président, s'il y a consentement pour
qu'on déborde légèrement 18 heures, j'interviendrais tout
de suite, sinon je demanderais la suspension du débat.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: S'il n'y a pas de consentement, je pense
qu'étant donné la limite du débat et le partage du temps,
on doit terminer vers 21 h 30, 21 h 45, ce soir pour la prorogation;
étant donné qu'il reste un bon dix minutes avant 18 heures, je
pense que le ministre devrait commencer et si cela n'occasionne pas de
coûts additionnels de déborder 18 heures - je pense qu'à un
moment donné cela coûte des sous à ce gouvernement en
faillite - M. le Président, à ce moment on serait d'accord. (17 h
50)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Pierre Marois
M- Marois: M. le Président, j'ai lu attentivement la
motion. Je viens d'écouter attentivement le député de
Mont-Royal comme j'ai écouté attentivement les interventions qui
ont précédé. On en entend vraiment de toutes les sortes,
de toutes les sauces depuis le début de ce débat, en particulier,
des interventions des membres de l'Opposition. Je voudrais relever simplement
un cas: l'Iron Ore. On a parlé de l'Iron Ore à Schefferville.
J'étais là aussi. Il faudrait tout de même rappeler et dire
aux Québécois que sur le tableau, dans la sublime
démonstration de M. Mulroney, président de l'Iron Ore, les deux
dernières années du bilan financier de l'Iron Ore, comme par
hasard, alors que cette compagnie n'avait pas présenté de profits
dans les années antérieures, durant les deux dernières
années avant qu'arrive ce que je continue d'appeler une fermeture
sauvage, durant les deux dernières années, la compagnie non
seulement a fait des profits, mais elle a versé des dividendes aux
actionnaires. Et on a dit: Vous n'avez pas prévu.
C'est quand même assez étonnant et la réponse
à une fermeture alors qu'une entreprise fait des profits, verse des
dividendes, donc, est sur sa lancée normale de rentabilité et
qui, normalement, donne des indications que les choses allant bien, cela va
continuer, et qui au besoin aurait pu ouvrir, parce qu'on nous demande, on fait
appel à nos services... On aurait pu mettre sur pied des comités
de protection de l'emploi, des comités de maintien de l'emploi avec
l'employeur, avec les travailleurs salariés, de plus en plus cela se
fait dans notre société. On a multiplié ces
expériences. On aurait pu le faire avec l'Iron Ore. Cela suppose que les
gens acceptent simplement d'ouvrir, de mettre sur la table les données
et qu'on en discute le plus simplement du monde. Il y a des choses très
positives qui peuvent être faites.
Je suis très content que le député de Mont-Royal
ait eu, cette fois, la délicatesse de relever que dans le cas des
compagnies
de produits pharmaceutiques, la raison principale a-t-il dit et je suis
d'accord avec lui, la raison principale, c'est la loi fédérale
des brevets. On est bien prêt à prendre notre bout et à
regarder la question du prix médian, mais cela n'enlève pas le
problème qu'il a lui-même soulevé. La question
première, c'est la loi fédérale sur les brevets.
Ceci étant dit, il y a une crise dure qui frappe le
Québec. On a eu à subir, le Québec aussi - il ne faudrait
peut-être pas l'oublier, on continue à vivre dans le régime
dans lequel on vit, il ne faudrait pas faire comme si le régime
n'était pas là, il est là les effets de politiques
budgétaires, financières et monétaires
décidées ailleurs par les amis des gens d'en face, les taux
d'intérêt, les accords fiscaux où le Québec s'est
fait entrer dedans - cela a coûté le détail de quelques
centaines de millions de dollars qui ont pris le bord - des politiques de
contingentement et le reste. Il ne faudrait pas faire comme si ces facteurs
n'existaient pas. Cela n'enlève pas la responsabilité que le
gouvernement du Québec doit assumer normalement et sur la base de
laquelle il peut et il doit être, quand cela se présente et est
justifié, l'objet de critiques. On doit les examiner le plus ouvertement
possible, mais il ne faudrait pas faire comme si un certain nombre des
éléments d'une réalité économique
disparaissait comme par hasard quand cela fait l'affaire. Tous les
éléments doivent être là sur la table et on doit les
regarder dans leur ensemble.
J'ai eu l'occasion, il n'y a pas si longtemps, de rendre publics, de
tracer le bilan des programmes de création d'emplois qu'on a mis sur
pied. On me permettra de rappeler une chose. J'entendais le
député de Vaudreuil-Soulanges tout à l'heure, sublime,
dire: II ne faut pas administrer en ayant le nez collé sur la vitre. Il
faut voir sur des périodes de cinq, six ou sept ans. Il me permettra -
il l'a peut-être oublié, il ne le sait peut-être pas, mais
il y a des collègues en face qui le savent - de dire que quand on est
arrivé en 1976, savez-vous ce qu'il y avait comme programmes de
création d'emplois qu'on a eu comme héritage? Il y en avait
zéro. II n'y en avait pasl Les premiers programmes de création
d'emplois, c'est le gouvernement actuel qui les a créés et qui
les a amplifiés par la suite.
Je voudrais également relever une autre chose, parce que je ne
vous cacherai pas que je trouve que ce n'est pas correct qu'on continue
d'affirmer un certain nombre de choses qui sont inexactes et qui, à mon
avis, atteignent des humains. Dans une période de crise, c'est
déjà assez difficile pour les Québécois et les
Québécoises qui sont concernés, il ne faudrait tout de
même pas exagérer non plus. On a dit - et j'entendais encore le
député de Vaudreuil-Soulanges le répéter à
nouveau - que les emplois créés par les programmes de
création d'emplois n'étaient que temporaires et à
caractère social ou communautaire. Il y a tout de même des
limites. Il y en a, bien sûr, et loin de moi l'idée de diminuer
l'importance des emplois non pas partiel ni à temps partiel, comme il
l'a dit, mais temporaires. Il y en a, bien sûr. Même dans le cas
d'emplois temporaires, tout effort pour ramener au travail, même
temporairement, des hommes et des femmes... Les députés de
l'Opposition peuvent bien tenter de m'interrompre, je vais continuer à
dire ce que je pense, ce que je sais; je n'ai pas l'habitude de les
interrompre, j'ai l'habitude de respecter leur droit de parole,
j'apprécierais qu'ils en fassent autant, mais je vais continuer à
dire néanmoins ce que j'ai à dire ici en cette Chambre. Tout
effort pour ramener au travail des chômeurs ou des gens qui
bénéficient de l'aide sociale est et demeurera toujours valable,
parce que c'est fondamentalement une question de dignité, d'abord et
avant tout.
Les emplois qu'on a réussi à créer ne se limitent
pas à cette catégorie. On oublie, ou dans certains cas on ne veut
pas les voir, qu'on a contribué à créer dans l'entreprise
privée des emplois permanents et souvent dans des secteurs de pointe.
Sait-on par exemple que dans la région de l'amiante, des salariés
et des hommes d'affaires se sont associés pour se porter
acquéreurs, avec l'aide financière - on a apporté le coup
de pouce financier - du gouvernement, de la compagnie Lynn McLeod pour former
la Métallurgie Frontenac? Sait-on que 157 emplois - il s'agit d'humains
vivants - ont été créés? On a apporté une
contribution financière de 600 000 $. Vous savez combien les
employés ont mis de leur poche? 182 000 $. Les promoteurs, l'employeur,
175 000 $. On a fait l'effort ensemble pour faire en sorte qu'il y ait 157
emplois. Qu'on aille dire à ces gens, comme la motion le prétend,
qu'il n'y a rien qui a été fait. Qu'on aille leur dire, dans leur
cas de 157 emplois, que la priorité n'a pas été
accordée à l'emploi chez eux!
Sait-on qu'à Montréal - cela m'étonne, venant de
députés de l'Opposition qui sont déjà intervenus -
le gouvernement, par son aide, a permis à une entreprise qui s'appelle
Technologie de contrôle Vanguard Ltée, de réaliser un
projet d'assemblage et de commercialisation de micro-ordinateurs? On est dans
le secteur de pointe. L'entreprise est située dans le comté de
Saint-Laurent. Le promoteur demeure à Mont-Royal, dans le comté
du député de Mont-Royal, celui-ci devrait peut-être le
savoir. Il y a là des hommes et des femmes qui sont au travail
grâce à un des programmes de création d'emplois, et ce sont
des emplois
permanents. C'est le programme de création d'emplois
communautaires. Je pourrais continuer. À Laval, une entreprise qui est
dans le secteur des systèmes électroniques...
Dans les médias, en particulier - c'est repris par les gens de
l'Opposition - on s'arrête sur le nombre de personnes qui tombent en
chômage et c'est normal, c'est une chose dont il faut se
préoccuper. Rarement on parle de ceux qui arrivent au travail
grâce aux efforts qui sont déployés non seulement par le
gouvernement, mais par le gouvernement en concertation avec les salariés
et aussi avec les employeurs.
Depuis le 1er avril jusqu'au dernier jour de février, sur la base
des chiffres qu'on a, alors que l'an dernier on a injecté 47 000 000 $
dans les programmes de création d'emplois, cette année on a
injecté 168 000 000 $ qui ont permis de créer 38 000 emplois au
Québec. Est-ce que c'est suffisant? Non, ce n'est pas suffisant. Oui, il
faut faire plus et, déjà, on a donné des indications en ce
qui concerne des choses qui s'en viennent. On est passé de 47 000 000 $
à 168 000 000 $; 38 000 Québécois ont pu ainsi obtenir un
emploi. Est-ce que je prétends que c'est la panacée, que cela
règle tout? Pas du tout.
M. le Président, si, avec le consentement des membres de
l'Opposition, on me permettait de prendre quelques minutes de plus, je pense
que je pourrais terminer.
J'entendais, hier, le chef de l'Opposition établir des rapports
entre le nombre d'emplois créés dans le cadre de ces programmes
et le nombre total de chômeurs. Je ne veux pas tronquer sa pensée,
mais il laissait presque entendre que les programmes gouvernementaux peuvent,
à eux seuls, venir à bout du chômage. Ce n'est pas notre
approche à nous, en tout cas. Les programmes concrets qui sont là
sont essentiellement basés sur des projets mis au point par les
citoyens, par des promoteurs dans leur milieu, avec des ressources
financières provenant du milieu et nous apportons le coup de pouce
financier, technique, l'appui humain qui est nécessaire pour assurer la
relance de l'emploi, la lutte contre le chômage, la relance
économique. Tout cela ne peut être que le résultat d'une
concertation entre tous les agents socio-économiques. (18 heures)
De plus en plus - oui, des sommets, des rencontres de concertation... Je
vais vous donner un bon exemple des résultats que cela donne dans le
concret. Il y a une entreprise à Montréal qui s'appelle les
Biscuits David. Bon nombre de gens pensent que cette entreprise était la
propriété de Québécois. Non. C'est la
propriété d'une entreprise qui s'appelle Huntley Palmer, en
Angleterre. L'entreprise a fermé ses portes. Il y avait 300 travailleurs
qui étaient impliqués. Parce qu'a pu être mis sur pied un
comité de protection de l'emploi où se sont retrouvés
autour d'une table de concertation - je voyais des députés de
l'Opposition rigoler et cela s'est passé il y a quelques semaines -les
Biscuits David, les représentants de l'employeur, les
représentants des salariés, le gouvernement qui est intervenu
pour donner un coup de pouce. En entrant en contact directement avec le
président de l'entreprise qui est en Angleterre, les travailleurs ont
accepté de modifier leurs conditions de travail, apportant donc leur
part, leur contribution dans la relance de l'entreprise. L'employeur lui aussi
a apporté sa contribution, le gouvernement a fait son effort et l'usine
est aujourd'hui en marche. Elle roule maintenant sur la base d'un horaire
continu, ce qui permet d'envisager la création d'une centaine d'emplois
additionnels.
Il y a donc des choses, des approches à l'intérieur d'une
période de crise, qui font que des attitudes, des comportements changent
et que, aussi, on apprend à redécouvrir une chose qui est
fondamentale: c'est que non seulement il faudra que chacun et chacune d'entre
nous, nous nous impliquions, mais il faudra aussi que cela se traduise par la
qualité du produit fabriqué. Parce que l'après-crise ne
réduira jamais le besoin d'être plus compétitif que
jamais.
Dans ce sens-là, cette perspective de choses,
d'éléments qui sont, pour reprendre l'expression de mon
collègue, un filet qui est tendu pour répondre à des
besoins urgents, immédiats, d'autres éléments, d'autres
aspects des programmes - mon collègue de Verchères l'a
souligné - quand on songe à la formation en entreprise, ouvrent,
eux, des perspectives pour l'après-crise.
Si on a pu ouvrir maintenant le programme qui a été
annoncé par le premier ministre, concernant la formation en entreprise,
c'est parce que le nouvel accord signé avec le gouvernement
fédéral concernant la formation professionnelle des adultes nous
donne maintenant au Québec un accès à la caisse
d'accroissement.
Ce ne sont là, et je vais terminer là-dessus, M. le
Président, que quelques exemples qui sont encourageants quant à
l'avenir. Il ne faut pas arrêter. Ce qui a été fait est
là, c'est un acquis, il ne faudrait quand même pas faire comme si
cela n'avait pas été fait. Quand on parle de 168 000 000 $ - et
je ne parle que des programmes qui sont sous ma responsabilité -c'est 38
000 hommes et femmes qui sont concernés. Le programme qui a
été annoncé hier concerne 55 000 jeunes dont 40 000 sont
reliés directement à des emplois et près de 50% à
des emplois permanents.
Il faudra réapprendre à travailler ensemble -
déjà les expériences concrètes
sont là et probantes - et travailler ensemble c'est à
l'image du pays possible qu'il faudra bien aussi qu'on se décide un jour
à bâtir ensemble parce que - et là, je reprendrai les
paroles du chef de l'Opposition lorsqu'il parlait de ces entreprises qui ont
quitté le Québec - justement, quand les décisions sont
prises ailleurs, elles sont prises pour ailleurs.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Nous allons suspendre les
travaux jusqu'à 20 heures, alors que je donnerai la parole au
député de Marquette. Je tiens à vous informer qu'il reste
32 minutes, plus un droit de réplique à l'Opposition de 20
minutes et 23 minutes à la partie gouvernementale.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 05)
(Reprise de la séance à 20 h 07)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordrel
Vous pouvez vous asseoir.
Reprise du débat sur la motion présentée par le
chef de l'Opposition. Le député de Marquette a la parole.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir aujourd'hui sur la motion du chef de l'Opposition. Ladite motion
se résume en la faillite totale du gouvernement du Parti
québécois. Étant donné que mon temps est
extrêmement limité, je vais tout de suite m'attaquer au plan
d'action du gouvernement que le premier ministre a annoncé, hier
après-midi, en cette Chambre.
J'aimerais tout d'abord dire qu'il s'agit également d'une
faillite totale des politiques de ce gouvernement envers les jeunes du
Québec. Le premier ministre nous a annoncé certains chiffres qui
sont, pour la plupart, exacts, mais j'aimerais y revenir quelques instants
brièvement. Lorsque j'ai été élu ici, à
l'Assemblée nationale du Québec, pour représenter le
comté de Marquette, j'ai appris que le caucus des députés
m'avait choisi comme critique du Parti libéral du Québec ou de
l'Opposition en matière de jeunesse. En arrivant à mon bureau, la
première chose que j'ai trouvée sur ma table, c'est une note
disant: chômage chez les jeunes, catastrophe, 15%. Là, je parle
d'il y a deux ans. Évidemment, j'ai suivi le dossier. J'ai eu
l'occasion, avec d'autres collègues, de questionner certains ministres
de l'autre côté de la Chambre ainsi que le premier ministre pour
savoir s'ils allaient apporter des correctifs pour tenter de réduire le
chômage chez les jeunes au
Québec. D'ailleurs, lors de la dernière campagne
électorale, le premier ministre en avait fait un engagement
électoral: il était pour réduire de moitié le
chômage chez les jeunes.
Résultat: en janvier 1981, le chômage chez les jeunes
était de 18, 1%. Un an après, soit en janvier 1982, le
chômage chez les jeunes est de 20, 9%. Un an plus tard, ce qui n'est pas
tellement loin d'ici, en janvier 1983, 26, 5%. Résultat? 169 000 jeunes
âgés entre 15 et 24 ans sont prestataires
d'assurance-chômage, c'est-à-dire ceux qui sont inscrits de
façon officielle, mis à part les autres. Au niveau de l'aide
sociale, les derniers chiffres disponibles sont les suivants: au 31
décembre 1982, 129 000 jeunes de moins de 30 ans étaient
bénéficiaires de l'aide sociale. Donc, on se retrouve avec un
groupe de 300 000 jeunes soit bénéficiaires de l'aide sociale,
soit bénéficiaires de l'assurance-chômage. Cela
représente - j'ai un comté d'environ 30 000 électeurs -
dix comtés urbains, ces jeunes bénéficiaires de l'aide
sociale ou bénéficiaires de l'assurance-chômage en bas de
24 ans, ou en bas de 30 ans dépendant de l'aide sociale. Inutile de vous
dire, j'ai eu l'occasion de le faire à maintes reprises, que la
situation est vraiment catastrophique. (20 h 10)
Sur un autre point, il y a un sujet, M. le Président, dont vous
allez dire qu'il n'est pas des plus gais, effectivement, sans faire de jeu de
mots avec des membres de cette Chambre. Concernant les suicides, nous avons la
médaille d'or au Canada. C'est la deuxième cause de
décès chez les jeunes ici même au Québec
après les accidents de la route. On a entendu parler, dans le coin du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de pactes de suicide entre certains jeunes. Il faut
s'y attarder certainement, on n'a aucun choix.
Pour revenir, de façon plus spécifique, à la
déclaration du premier ministre, hier, à laquelle notre chef, M.
Levesque, député de Bonaventure, a apporté la
réplique, j'ai assisté à la conférence de presse du
premier ministre à la suite de sa déclaration car je trouvais
que, dans la déclaration ministérielle, il n'y avait pas
grand-chose concernant la création d'emplois. J'ai assisté
à la conférence de presse: même constat: pas grand-chose
là-dedans non plus concernant la création d'emplois. Rien de
nouveau dans les programmes, sauf peut-être les programmes de jeunes
volontaires sur lesquels je vais revenir dans quelques instants,
c'est-à-dire qu'on maintient les programmes existants.
Comme force probante, si on fait un calcul, le chômage de janvier
1981 est passé de 20% à 26, 5%. On nous dit en conférence
de presse que nos programmes de création d'emplois pour les jeunes sont
bons. On les maintient. On fait la même chose, mais on
s'est rendu compte, comme je vous le disais, M. le Président, que
tout s'est aggravé depuis que lesdits projets de création
d'emplois pour les jeunes existent. Cela s'est aggravé et cela a presque
doublé.
Concernant le programme des jeunes volontaires, forme de service civil
qui est la nouveauté dans le plan d'action du gouvernement,
malheureusement, je ne me vois pas, dans mon comté, dire aux jeunes qui
sont bénéficiaires de l'aide sociale, en bas de 30 ans, à
144 $ par mois... Cela devait être changé dans le plan d'action
gouvernementale, on devait remédier à cela. On s'est rendu
compte, cependant, qu'on n'avait pas d'argent ou on va attendre quelques
semaines. On n'a pas touché à cela. Dans le programme pour jeunes
volontaires, comme rémunération, on prévoit 100 $ par mois
en plus de l'aide sociale. Je me vois difficilement dire aux jeunes de mon
comté ou d'ailleurs: Si vous voulez être utiles à la
société, engagez-vous dans ces projets communautaires et vous
aurez la nette rémunération de 25 $ par semaine ou 100 $ par
mois. M. le Président, je crois que notre jeunesse mérite
beaucoup mieux que cela. D'ailleurs, dans les caractéristiques du
programme annoncé hier par le premier ministre relativement à ce
programme de jeunes volontaires, on dit ceci: Ce n'est pas un programme
d'emploi ni un programme de formation. C'est un programme visant à
supporter l'action bénévole et volontaire des jeunes. Au niveau
de la rémunération, encore une fois - inutile de vous le
répéter - cela ne fonctionnera pas et je ne croirais pas que les
jeunes s'embarquent dans un tel programme. Autrement dit, les jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale qui reçoivent 4, 80 $ par
jour gagneraient environ 7 $ par jour en travaillant cinq jours sur cinq chaque
semaine et ils auraient une rémunération de 25 $ par semaine. Ce
qui veut dire que le premier ministre, si on le compare à une montagne,
a assurément accouché d'une souris. On a été les
témoins oculaires tout simplement d'une démonstration de
marketing à la fin d'une session qui a duré deux ans et qui a
été - comme je le mentionnais tantôt - une faillite totale
sur le plan économique.
Le premier ministre ainsi que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu se vantent du bon d'emploi. Parlons-en quelque
peu, du bon d'emploi. Selon les derniers chiffres que j'ai obtenus au 31
janvier 1983, 29 877 jeunes âgés de moins de 25 ans ont un bon
d'emploi et magasinent auprès des employeurs avec le chèque" de
3000 $, prêts à l'offrir à un employeur. Sur ce nombre, il
y en a 12 500 qui se sont trouvés un emploi, dont 50% sont temporaires,
c'est-à-dire qu'au bout de 20 semaines, l'employeur va licencier son
jeune employé, ou l'a déjà licencié, et celui-ci se
retrouve sur l'assurance-chômage. C'est le jeu de ping-pong, pour
employer l'expression du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. On se refile du bien-être social
à l'assurance-chômage. Le ministre disait hier - je l'entendais
parler - que c'était beaucoup moins dégradant d'avoir le statut
de chômeur que d'avoir le statut d'assisté social. Inutile de vous
dire que ce n'est nullement valorisant, que ce soit le premier statut ou le
deuxième. Sur ce nombre, 17 287 se cherchent un emploi, même avec
le chèque de 3000 $. Et pour en revenir à ce que je disais
tantôt, 50% des emplois sont temporaires, c'est-à-dire qu'il y a
moins de 1%, en vertu de ce programme du bon d'emploi, qui se sont
trouvés un emploi comparativement aux 300 000 jeunes assistés
sociaux et chômeurs au Québec. On les refile à
l'assurance-chômage, comme je le disais. Il y a une chose à
laquelle on s'attendait, et probablement que le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu va y revenir. Cela concerne les jeunes
en bas de 30 ans qui reçoivent 144 $ par mois. Qu'on ait 24, 27, 28 ou
29 ans, personne ne peut réussir à vivre avec 144 $ par mois.
Étant donné que mon temps est très limité,
je vais parler d'un autre chapitre du plan d'action du gouvernement, au niveau
des décrocheurs. Il est vrai que la situation est "drôlement"
dramatique, pour employer une épithète. Près de 35% des
jeunes du secondaire ne terminent même pas leur secondaire. C'est
sûr qu'il faut faire un effort de ce côté. Ce qu'on nous
propose dans le plan d'action gouvernemental, c'est entre autres, des formules
pédagogiques plus souples pour eux. On nous propose également
l'accès de plus de jeunes au programme d'éducation des adultes et
un engagement personnel supplémentaire, ce qui est effectivement le
contraire de ce qu'on retrouve dans la loi 105, dans les décrets au
niveau de l'éducation.
J'ai participé à la commission - vous aussi, M. le
Président - sur l'éducation. La plupart des intervenants
étaient d'accord pour dire que l'augmentation de la tâche des
enseignants et que la diminution d'effectif vont nuire à la
qualité de l'enseignement. Le ministre de l'Éducation, de par ses
décrets, a fait exactement le contraire de ce qui est proposé
dans le plan d'action que nous avons ici devant nous aujourd'hui, parce qu'il
propose des programmes plus souples, un plus grand nombre d'heures de cours,
probablement pour les jeunes susceptibles de décrocher, pour les
candidats au décrochage, l'engagement de personnel supplémentaire
pour éviter le plus grand nombre de décrochages et des programmes
d'éducation aux adultes, c'est-à-dire de permettre aux jeunes
d'accéder au programme d'éducation aux adultes, où on a le
plus coupé. Même l'Institut canadien d'éducation des
adultes
nous l'a dit bien clairement, c'est un des programmes qui a
été le plus touché par les coupures budgétaires et
les décrets.
En terminant, ce que j'ai à dire -j'aurai l'occasion d'y revenir
dans les prochains jours, lors d'une conférence de presse, pour analyser
plus en profondeur ce plan d'action, de marketing du gouvernement - c'est
qu'effectivement je renchéris sur ce que disait le chef de l'Opposition,
cela prend une nouvelle équipe à Québec, cela prend un
gouvernement responsable qui va créer des emplois permanents. Le plus
vite nous nous débarrasserons de ce gouvernement, le plus vite les
intérêts du Québec seront mieux servis. Merci, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, j'ai lu la motion de
blâme du chef de l'Opposition et j'ai écouté son discours
qui, pour une fois, n'était pas empreint de cette feinte indignation qui
est sienne habituellement. Je me disais, en lisant cela et en
l'écoutant, que ce n'est pas possible, ces gens se sont trompés
de Parlement. Ces gens auraient dû adresser leur motion à Ottawa,
à ceux qui ont causé la faillite, à ceux qui ont
causé les problèmes que l'on connaît.
Ce sont eux, avec ces taux d'intérêt usuraires, qui ont
cassé l'économie. Ce sont eux qui ont créé le
chômage par centaines de milliers et qui, avec les taux
d'intérêt, ont fait en sorte que toute l'opération OSE, qui
avait créé au-delà de 100 000 emplois, a été
annihilée. Ce sont eux qui ont précipité des milliers
d'entreprises en faillite. Ce sont eux qui ont provoqué un endettement
sans précédent; 30 000 000 000 $, c'est dix fois plus que le
déficit du Québec dont l'Opposition dit qu'il est
énorme.
Et je ne parle pas de l'échec de tous les mégaprojets,
l'un après l'autre, et je ne parle pas évidemment des
détournements de contrats comme ceux du F-18 qui sont venus encore
accentuer le chômage. Je me dis... (20 h 20)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaîtl
M. Tardif: Je me dis: Ce n'est pas sérieux, cette motion
du chef de l'Opposition, pas plus que celle du leader de l'Opposition, hier en
Chambre, qui se plaignait, avec cette fausse indignation, d'une trop longue
période de non-session, d'une trop longue période d'absence
parlementaire, comme si, lorsque la Chambre ne siégeait pas, il ne se
faisait rien.
Je dis, bien au contraire: Quand l'économie est en crise, quand
elle est paralysée à la suite des taux d'intérêt
d'Ottawa, quand elle est anémiée, ce n'est pas le temps de
parlementer en Chambre, le temps n'est pas aux discours et surtout pas à
ceux de l'Opposition. Il faut agir. Le temps est à l'action et il faut
se retrousser les manches, aller sur le terrain, visiter les chantiers...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordrel À
l'ordre!
M. Tardif: M. le Président, voulez-vous, s'il vous
plaît demander aux intervenants...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
Simplement, je pense que le député de Marquette a eu droit
à son droit de parole, il n'a été interrompu par personne.
C'est le droit de chacun de parler. Donc, s'il vous plaîtl M. le
ministre.
M. Tardif: Le temps n'est pas de parlementer dans cette Chambre,
mais d'aller sur le terrain et c'est ce que j'ai fait, c'est ce que le
gouvernement a fait, c'est ce que le gouvernement a choisi de faire avec
Corvée-habitation. Or, Corvée-habitation, justement, parlons-en;
qu'est-ce que c'est? C'est d'abord une idée qui a été
lancée au sommet économique de Québec, une idée
autour de laquelle se sont réunies les quatre principales centrales
syndicales dans le domaine de la construction: la FTQ, la CSN, la CSD, le
Conseil des métiers de la construction, les six associations patronales
dont, notamment, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations, les
banques, les caisses populaires, les unions de municipalités, l'UMQ,
l'UCCQ, les professionnels de la construction, ingénieurs, architectes,
arpenteurs-géomètres, notaires et jusqu'aux médias et
divers ministères qui, tous, ont apporté leur concours.
Corvée-habitation est une initiative qui a fait en sorte que les
travailleurs de la construction ont mis 0, 125 $ l'heure, 1 $ par jour pendant
quatre ans dans un fonds pour préserver leur propre emploi ou pour en
créer d'autres. C'est la même chose pour les entrepreneurs.
Et le résultat de tout cela? Alors, encore une fois, qu'Ottawa
nous assommait de taux d'intérêt voisins de 20%, réduire
ces taux à un niveau acceptable.
J'entendais tantôt le député de Gatineau faire des
gorges chaudes. Dans la région de Hull, au deuxième trimestre de
l'année 1981, il y avait eu à peine 200 mises en chantier. Au
deuxième trimestre de 1982 c'est rendu à 400, M. le
Président. On a doublé et les constructeurs d'habitation
attribuent cela à Corvée-habitation.
Dans la région de Montréal, des fournisseurs de
matériaux de construction, devant qui je parlais pas plus tard que
lundi, ont fait état d'un sondage mené exactement à
l'automne 1981 où ils avaient demandé à des entrepreneurs
combien de mises en chantier ils comptaient faire. La réponse avait
été: On présume, on pense mettre en chantier à
peine 40 unités de logement. Un an plus tard le même sondage a
été répété par ces fournisseurs de
matériaux auprès de ces mêmes entrepreneurs et la
réponse cette fois a été de 800 - 20 fois plus - mises
à chantier comparativement à 40.
Dans la région de Sherbrooke, pendant le dernier trimestre de
1981, il y avait eu en tout et partout huit mises en chantier à cause
des taux d'intérêt d'Ottawa. Au dernier trimestre de 1982, c'est
devenu 90 unités de logement.
Dans la région du Québec métropolitain, pour le
mois de janvier 1982, dans tout le grand Québec métropolitain,
autour de cette Assemblée nationale, 16 mises en chantier seulement.
Cette année, au mois de janvier, un mois tranquille, un mois mort, 267
mises en chantier.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
M. Tardif: Alors que tous les organismes prévoyaient
à peine entre 12 000 et 14 000 logements mis en chantier, ce sont plus
de 24 000 logements qui ont été mis en chantier au cours de
l'année 1982 au Québec. Or, M. le Président, 24 000
unités au lieu de 14 000, c'est 10 000 de plus. Tous les
économistes s'accordent à traduire chaque logement par
l'équivalent de une année-homme de travail. Comme on sait que
cela ne prend pas un an pour construire une maison aujourd'hui, cela veut donc
dire qu'au-delà de 20 000 personnes, au cours des six derniers mois de
l'année 1982, ont trouvé du travail grâce à
Corvée-habitation.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Tardif: Voilà ce que votre serviteur, voilà ce
que les membres du gouvernement ont fait au cours de cette période, et
lorsqu'on vient nous dire qu'il n'y a eu aucune action d'entreprise.
Ce qui est important, c'est que non seulement Corvée-habitation a
obtenu cet impact économique en termes de création d'emplois,
mais également un impact psychologique. Les témoignages sont
nombreux. Les ouvriers que je suis allé voir sur les chantiers de
construction m'ont dit: Si, aujourd'hui, nous avons un emploi, c'est à
cause de Corvée-habitation. Les entrepreneurs nous l'ont dit et nous ont
écrit. Je vais en citer un. J'ai reçu une lettre d'un
entrepreneur anglophone de la région de Montréal, qui se lit
comme suit: "Dear Sir, I would like to take this opportunity to comment you on
the fantastic program that your Ministry developed to stimulate the
Québec economy. The birth of Corvée-habitation has generated an
aura of optimism not only in the building industry, but in all Quebeckers a
beacon at the end of a tunnel. " Je pourrais continuer ainsi, M. le
Président. C'est signé d'un entrepreneur anglophone de la
région de Montréal.
Les institutions financières, les banques et les caisses, l'Union
des municipalités - au moment où les responsables municipaux ont
accepté de contribuer, comme les autres agents économiques, au
programme Corvée-habitation - reconnaissent d'emblée que le
gouvernement faisait preuve d'ingéniosité pour tenter de
résoudre la crise. C'est l'Union des municipalités du
Québec.
Qui va-t-on croire? Le chef de l'Opposition, avec cette indignation
feinte? Est-ce qu'on va croire l'Opposition? Ou est-ce qu'on va se
référer précisément aux commentateurs de la
scène politique québécoise? "Dans l'Outaouais, industrie
de la construction, un regain de vie spectaculaire. " C'est dans le Droit du 24
septembre. Dans le Soleil, 25 septembre: "Corvée-habitation donne des
résultats éloquents. " Dans la Voix de l'Est: "Granby, la
construction débloque. " Dans la Presse: "Début d'optimisme dans
l'industrie de la construction domiciliaire. " Également, dans la Presse
du 4 novembre 1982: "Construction résidentielle, la lumière au
bout du tunnel. " Dans la Gazette, 4 novembre 1982: "Montreal, all sales up 25%
in October. " Cette fois, c'est dans la Presse également: "Accueil
positif au nouveau programme de Corvée-habitation. " On faisait
référence à la phase 2. Cela intéresse beaucoup nos
amis d'en face, dans le journal Québec-Construction: "Mises en chantier:
le Québec a mieux fait que l'ensemble du pays. " Il entendait par
là le Canada. Dans le journal de Montréal, 11 février:
"Les permis de construction, à Montréal, nouveau sommet. "
Finalement, M. le Président, un commentateur dans le domaine de la
construction, à Québec, dans le Soleil du 28 février 1983,
cite: "Corvée-habitation a renversé la vapeur. "
Tout ceci pour dire: Est-ce qu'on va croire les membres de l'Opposition
qui, encore une fois, dans la tradition de ce Parlement, ont droit à
trois ou quatre motions de blâme par année - cela fait partie du
spectacle, cela fait partie du show; ce n'est pas sérieux, personne ne
les croit -ou si on va se fier aux faits tels qu'ils sont?
Corvée-habitation. Évidemment, on pourrait tenter de
reléguer dans l'ombre le fait que d'autres programmes ont
été mis de l'avant. Le programme d'aide à l'accession
à la propriété résidentielle a amené la
production de 5000 logements neufs et a permis à 10 000 autres citoyens
de se porter
acquéreurs d'une maison usagée. En fait, il y a, à
ce jour, 15 000 bénéficiaires de ce programme. Cela est aussi
important puisque c'est quand même uniquement dû au programme
d'accession à la propriété. 250 000 000 $ ont
été injectés dans l'économie, alors que
Corvée-habitation a amené une injection dans l'économie de
l'ordre de 400 000 000 $.
De la même manière, le programme Loginove s'est
appliqué, dès la première année, à
au-delà de 6000 unités de logement. Lui aussi a injecté
dans l'économie au-delà de 100 000 000 $ cette année. 100
000 000 $ pour Loginove, 250 000 000 $ pour le programme d'aide à
l'accession à la propriété et 400 000 000 $ ou 500 000 000
$ pour Corvée-habitation, cela veut dire presque 1 000 000 000 $ qui ont
été injectés dans l'économie à la suite des
décisions prises par le gouvernement pour stimuler l'économie et
pour le faire particulièrement par le biais de la construction
résidentielle.
Corvée-habitation, c'est plus que cela. C'est non seulement un
succès économique, c'est aussi un succès sur le plan
psychologique, sur le plan de la confiance. Cela a été la preuve,
je pense, d'un nouveau modèle de concertation, un nouveau modèle
de fonctionnement des différents partenaires sociaux. Là-dessus,
Corvée-habitation est sur le point de faire école et de servir de
modèle dans tous les autres secteurs de l'économie
québécoise. La faillite n'est pas de ce côté-ci de
cette Chambre, elle n'est pas non plus au gouvernement, elle n'est pas dans la
population, elle n'est pas non plus chez les travailleurs et les entrepreneurs
de l'industrie de la construction, elle n'est pas, je pense, dans le coeur des
Québécois. La faillite, s'il y en a une, résulte de ce
double régime de gouvernement que nous avons. (20 h 30)
Des voix: Ah!
M. Tardif: Elle résulte de cette double bureaucratie qui
est coûteuse et lourde.
Des voix: Ah!
M. Tardif: Elle résulte de ce double réseau
d'institutions tant fédérales que provinciales; même
à l'intérieur, ici, double réseau d'institutions selon les
clientèles également. Elle résulte de cette double
législation et de cette double réglementation. Finalement, elle
résulte de ce double régime d'imposition et de taxation.
La faillite, c'est celle du régime fédéral dans
lequel nous vivons. Je ne souhaite qu'une chose, que cette crise permette aux
Québécois de prendre conscience que ça n'a plus d'allure.
Il y a, d'un côté, leur gouvernement, le gouvernement des
Québécois, qui leur procure les soins de santé, qui leur
procure l'éducation, qui leur procure les loisirs, les routes; de
l'autre côté, un gouvernement étranger qui peut se
permettre de faire n'importe quoi, n'importe quelle frasque, qui peut se
permettre de dépenser n'importe comment sans qu'on lui demande des
comptes. Les Québécois se rendront compte qu'ils n'ont rien
à attendre de ce gouvernement par lequel ils se font
déposséder de leurs droits, de leurs impôts et de leur
territoire.
Quelqu'un a déjà dit un jour, il y a déjà
passablement longtemps: "Si le Moyen Âge avait jugé ses
féodaux, il eut cessé d'être le Moyen Âge". En
paraphrasant, on pourrait tout aussi bien dire que si notre époque
jugeait ses fédéraux, elle cesserait d'être notre
époque. Un monde finirait et un autre commencerait. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. À
écouter le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur,
on se demande si nous sommes en train de discuter d'une motion de
non-confiance, d'une motion de censure ou d'une motion
référendaire, parce qu'il n'a parlé que du système
fédéral, que de ses côtés néfastes tout en
laissant quelques chiffres en l'air, évidemment, avec son programme ou
avec le programme Corvée-habitation. Il faudrait peut-être relire
la motion qui dit ceci: "Que le gouvernement péquiste soit
blâmé sévèrement pour la faillite de sa gestion
économique et plus particulièrement pour ne pas avoir
respecté sa promesse d'accorder la priorité à
l'économie au cours de la session qui s'achève. " C'est cela que
nous devons discuter. Ce n'est pas du régime fédéral, ce
n'est pas de quelle façon nous sommes régis au Québec,
c'est de la faillite monumentale du gouvernement en place, le gouvernement
Lévesque. C'est pourquoi nous sommes réunis ici ce soir.
La reprise dans l'industrie de la construction domiciliaire est
évidente. Tout le monde le sait. Personne ne le nie, mais ce n'est pas
un fait unique au Québec. On va replacer un peu le ministre dans le
contexte, lui qui aime comparer avec l'Ontario. Je vais vous donner quelques
chiffres. Ce n'est jamais plaisant d'écouter des chiffres mais, parfois,
il faut se référer à ces chiffres. Janvier 1982, mises en
chantier au Québec, 1131. Fiasco, on est d'accord. Janvier 1983, 1957,
mais il faut aller voir en Ontario. Janvier 1982 en Ontario, 3198. Janvier 1983
en Ontario, 3431.
Ce n'est pas un fait unique au Québec. C'est une reprise de
l'industrie de la construction domiciliaire dans tout le pays. C'est
évident que Corvée-habitation a aidé au démarrage,
mais il faut se poser la question, lorsque nous vous blâmons pour votre
mauvaise administration, vos mauvais choix de priorités, à
savoir: Est-ce qu'on pourrait faire mieux? Là, M. le Président,
je dis: Oui, nous pourrions faire mieux. Nous pourrions faire mieux, pourquoi?
Nous pourrions faire mieux tout simplement par rapport aux taux
d'intérêt.
Le taux d'intérêt de Corvée-habitation,
actuellement, est de 11, 5% et, hier matin, dans la Presse, le Journal de
Montréal, dans tous les journaux du Québec, on annonçait
qu'une certaine banque entre autres, la Banque d'épargne de la
cité et du district de Montréal, qui est sans doute très
bien administrée, annonçait des taux d'intérêt
hypothécaires de 11%, 0, 5% de moins que Corvée-habitation. Le
ministre me fait signe que c'est pour un an. Revoyons les chiffres tels qu'ils
sont. Pour trois ans, 13, 5%. Donc, la marge à compenser entre les taux
normaux et les taux de Corvée-habitation, c'est 2%. Qu'est-ce que fait
le gouvernement avec son programme Corvée-habitation?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député. À l'ordre! À l'ordre! - De la même
façon que j'ai demandé pour le ministre qu'on lui accorde son
droit de parole, je demande la même chose pour le député de
Mégantic-Compton. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Nous allons revenir aux taux
d'intérêt. Nous savons tous que Corvée-habitation
prélève des fonds à partir d'une contribution du
travailleur, de l'employeur, des professionnels de la construction. Ce montant
doit compenser au minimum 3% et le gouvernement se devait de fournir encore 3%
puisque, au moment où cela a été institué,
c'était 6%. Si le ministre veut être sincère, les taux
d'intérêt étaient d'environ 19, 5%. On les a réduits
à 13, 5%, alors qu'aujourd'hui, on continue de prélever les
mêmes sommes. Les travailleurs font les mêmes efforts que ceux
qu'ils faisaient auparavant et on ne comble que 1, 5% à 2%. Ne
pourrait-on pas faire mieux? Certainement, M. le Président. Ce serait
tout simplement de réduire les taux à 8, 5% et là, on
pourrait avoir des mises en chantier qui seraient le double de celles que nous
connaissons en ce moment. Cela, c'est une façon de gérer une
province!
Il y a une autre chose. À la période des questions,
aujourd'hui même, j'ai soulevé l'inquiétude que nous avons,
nous, du Parti libéral, face au gel des permis de construction pour le
contrôle intérimaire des municipalités et des MRC. On m'a
répondu que ce n'était pas un problème et que le
député aurait dû lire la loi. Effectivement, en relisant
les galées de cette réponse, on admet que 62 MRC au Québec
n'ont pas encore de schéma d'aménagement et ne peuvent pas
émettre de permis de construction. Prenons une moyenne. Allons-y
rapidement. 62 MRC à 10 municipalités par MRC, cela fait 620
municipalités. Deux mises en chantier par municipalité, cela fait
1200 mises en chantier qu'on perd à 800 heures de travail par
unité. On se retrouve avec 500 emplois perdus, parce qu'on n'a pas
prévenu, parce qu'on n'a pas su agir à temps et parce qu'on
impose un gel au moment même où on devrait faire le contraire,
tout simplement faciliter l'accès à la propriété de
toutes les façons possibles. C'est pour cela qu'on blâme le
gouvernement. C'est de cette façon qu'on le blâme.
Il y a évidemment un autre problème. Nous savons tous
qu'il y a une subvention fédérale de 3000 $ qui est donnée
pour chaque maison neuve construite, peu importe que ce soit la
première, la deuxième ou la troisième maison, et ce
programme se termine le 30 avril pour la mise en chantier. Si on continue, de
la façon qu'on le fait actuellement au ministère des Affaires
municipales, de retarder l'envoi du schéma d'aménagement, on est
assuré de priver des centaines - et j'ai dit ce matin des milliers de
familles de l'accès à ce fameux montant forfaitaire de 3000 $ non
imposable. C'est tout aussi important que Corvée-habitation. C'est dans
ce sens que nous devons - c'est notre devoir, je crois - blâmer le
gouvernement qui n'a pas pris les moyens qui s'imposent pour tout simplement
relancer l'économie au Québec.
Quant aux taux d'intérêt, j'écoutais le ministre qui
nous disait que cela venait d'Ottawa. On pourrait parler. On pourrait dire que
cela venait de Washington également, parce qu'on sait pertinemment que
les hauts taux d'intérêt étaient un phénomène
nord-américain, pas seulement au Canada, mais il reste une chose, c'est
qu'il y a des choses que le Québec peut faire. Il y a la
déréglementation dans le domaine de la construction que le
Québec peut faire. Tout récemment, j'ai soumis un projet, une
tentative pour essayer de voir si on ne pourrait pas, au Québec,
construire des maisons comme partout ailleurs sans avoir mille et un
règlements. J'ai l'intention de défendre ce projet et de le
défendre ardemment, là où il se doit, parce qu'il y a
encore des familles au Québec qui seraient désireuses d'obtenir
une propriété, mais cette "surréglementation" fait en
sorte qu'elles n'ont tout simplement pas le moyen de se l'offrir, ce qui n'est
pas un luxe pour élever une famille. Je dis que chaque famille devrait
avoir son toit. Que le ministre de l'Habitation ne vienne pas se péter
les
bretelles parce qu'il a fait des miracles avec Corvée-habitation.
Nous en reconnaissons le mérite. J'ai dit, d'ailleurs, dès la
deuxième lecture du projet de loi loi no 82, que c'était une
mesure qui favoriserait, effectivement, la reprise de la construction
domiciliaire, mais il faut autre chose. Qu'on arrête de parler, de faire
des discours comme celui qu'il vient encore de tenir. Qu'on arrête cette
manie de constamment vouloir détruire notre pays. Redonnons donc
confiance aux Québécois à l'intérieur de notre pays
et vous en verrez des mises en chantier au Québec. Merci. (20 h 40)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Qui demande la parole?
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, je vois que le leader du
gouvernement s'amuse comme il a l'habitude de le faire à cette heure. On
sait que la règle veut qu'on alterne entre le parti ministériel
et le parti de l'Opposition. Il me semble que si on veut terminer ce
débat dans le sérieux, il devrait y avoir quelqu'un de l'autre
côté qui prenne la parole, autrement on va exercer le droit de
réplique.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Tout ce que je peux vous
dire, c'est que ce n'est pas à moi à décider qui va ou non
prendre la parole. La seule chose, c'est que si je ne vois personne se lever,
je vais demander le droit de réplique.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé:... président du caucus, on constate encore
une fois que le gouvernement n'a plus aucun argument à nous fournir. On
va continuer le débat. Cela ajoutera à la preuve combien
éclatante qu'on est en train de faire que votre administration est une
faillite.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, cela explique tout. On est
venu ici pour quelques jours. On est absent pendant des mois et on revient pour
deux ou trois jours. On sera absent encore pour une semaine ou deux. On va
revenir pour deux ou trois jours. On va prendre quelques jours de congé
encore. Pendant ce temps, les bancs du gouvernement sont clairsemés. On
parle de questions économiques. Personne ne veut nous répondre.
Personne ne veut même prendre la peine, parce qu'il est 21 heures, de se
lever et de défendre les politiques du gouvernement. Si elles sont
tellement valables, pourquoi n'avez-vous pas le courage de défendre ces
politiques du gouvernement? Tout ce qu'on fait, c'est de la belle
littérature et de grands mots. On bâtit le Québec I, on
bâtit le Québec II, on fait les virages technologiques,
Qu'arrive-t-il?
Comment voulez-vous relancer l'économie sans les deux
éléments principaux, les ressources humaines et les ressources de
capital financier? Ce sont là les deux clés de la relance de
l'économie.
Je lisais l'autre jour un rapport d'investisseurs dans lequel
j'apprenais qu'ils étaient invités au Canada et dans les
provinces par les provinces et par le Canada. C'est un rapport
détaillé, quelque chose comme 325 pages, où 38
investisseurs japonais représentant les sommités de firmes
financières, manufacturières et commerciales du Japon sont venus
ici faire une étude, à l'invitation du Canada, des
possibilités d'investissements au Canada et dans les provinces, incluant
le Québec. On leur a demandé de voir les possibilités d'un
genre de "partnership", d'un "joint venture" d'investissements dans les
secteurs clés du virage technologique, l'aéronautique,
l'électronique, la robotique, la bioindustrie, la pétrochimie,
secteurs dans lesquels les Japonais sont les maîtres du monde maintenant,
comme dans bien des technologies de pointe. Voilà ce qu'ont dit les
Japonais. Peut-être que le ministre de l'Habitation serait
intéressé à écouter cela. Voilà ce qu'ont
dit les industriels japonais, ce comité des 38 qui a fait une visite au
Canada, incluant le Québec: Le plus gros problème au
Québec, c'est ce qu'on appelle la question du Québec,
c'est-à-dire celle de l'indépendance de la province par rapport
à la Confédération canadienne. La question est devenue
politique, bien qu'elle semble réglée en surface. L'adoption du
français comme seule langue officielle en 1977 a conduit de nombreuses
entreprises à quitter la province, tout comme le taux d'imposition des
particuliers qui est le plus élevé en Amérique du Nord. Ce
ne sont pas les libéraux provinciaux qui disent cela. Ce sont les
investisseurs japonais invités par nous à venir voir les
possibilités au Canada et au Québec. L'indépendance du
Québec comme le problème numéro un, l'imposition, le taux
d'imposition des particuliers le plus élevé en Amérique du
Nord comme le problème numéro 2. Aussi divers indicateurs
économiques comme le taux de croissance et le taux de chômage
sont-ils défavorables au Québec en comparaison avec les autres
provinces? La détérioration des finances provinciales est un
autre élément défavorable; ce n'est pas un rapport du
Parti
libéral, c'est un rapport d'investisseurs japonais, 38
sommités japonaises qui sont venues ici faire une enquête
d'eux-mêmes.
Malgré les efforts du gouvernement du Québec pour diminuer
les dépenses publiques, on parle continuellement d'augmenter les
impôts, comme quoi les gens qui viennent ici faire des enquêtes ne
sont pas sots. Eux aussi ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre,
ils peuvent tirer eux-mêmes leurs propres conclusions, ils arrivent aux
mêmes conclusions que nous.
Ils disent: En ce qui concerne la stabilité politique du Canada,
on peut mentionner la rivalité entre les gouvernements
fédéral et provinciaux au sujet des droits des provinces. Il y a
tout d'abord la question du Québec. La question de l'indépendance
de la province semblait avoir été réglée quand sa
population a rejeté l'idée de la souveraineté au
référendum de juin 1980. Mais là, ils disent: Cela
continue de plus belle, l'indépendance reprend. Ils parlent aussi du
fait que le taux minimum salarial est le plus élevé, au
Québec, parmi toutes les provinces du Canada. Et c'est pourquoi, des 116
firmes japonaises qui se sont implantées au Canada, 87 sont
allées en Ontario, 24 seulement au Québec.
On explique cela parce que les mêmes conclusions qui s'imposent
à nous tous, qui pensons qu'il y a un changement qui doit se faire au
Québec, s'imposent aussi aux investisseurs japonais, américains,
italiens, chinois, français ou à quoi que ce soit. Ils constatent
la même chose que tous les gens: qu'il y a des problèmes de base
qu'il faut changer tout de suite.
Vous ne pouvez pas, comme le faisait l'autre, le ministre du Commerce
extérieur, parler de l'indépendance et d'un marché commun
séparé du Canada avec les États-Unis et, en même
temps, aller discuter au nom du Canada, d'une province canadienne, avec les
États-Unis deux ou trois jours après. On ne peut pas en
même temps parler d'indépendance et de stabilité politique.
Les Japonais qui le voient, ce sont aussi les investisseurs en
général qui le voient de la même façon. Ce sont tous
les gens qui devraient commencer quelque chose au Québec, agrandir une
usine, agrandir un bureau, lancer une nouvelle affaire ici, qui pensent la
même chose que ces investissseurs japonais qui sont tous des
sommités dans leurs industries respectives.
Alors, qu'arrive-t-il? Nous constatons les mêmes choses que nous
vous disons et redisons à chaque fois. La question de
l'instabilité politique, la question de l'impôt des particuliers
le plus élevé dans toutes les provinces du Canada et dans
l'Amérique du Nord, la question de toute cette affaire de
répression. Je sais que vous dites que le mot est trop fort mais dans la
loi 111, ce n'est pas nous qui l'avons inventée la loi 111, c'est vous
qui avez décidé dans l'article 28 d'y inclure la suspension des
droits humains, des droits fondamentaux et des libertés individuelles.
C'est vous qui l'avez inclus et, après cela, trouvez-vous drôle
que cela cause beaucoup de publicité dans les journaux, que tout ce
qu'il y a d'investisseurs, que tout ce qu'il y a de gens qui sont
implantés ici, se demandent encore une fois: Mais qu'est-ce qui se passe
au Québec?
On a eu la loi 101, on dit: C'est très bien. Le fait
français, c'est reconnu. Mais est-ce qu'il faut faire des chinoiseries
qui faisaient dire à Lysiane Gagnon, qui n'est sûrement pas une
partisane du Parti libéral: C'est une espèce de bureaucratie
nationaliste revancharde, des petitesses, de la mesquinerie continuelle
qu'apporte justement ce genre de répression, de régression,
d'oppression, de réglementation, qu'apportent ces lois.
Cela a commencé avec la loi 101, ensuite la loi 105, maintenant
c'est la loi 111. Qu'est-ce que ce sera demain? À quoi cela sert d'avoir
des chartes des libertés qu'on peut retirer à bon vouloir au
même moment où elles sont nécessaires? Alors, vous allez
dire: qu'est-ce que cela fait dans la question économique? Mais tout
cela est relié intimement, parce que les gens qui investissent dans
l'économie ce sont des gens qui pensent aussi qu'il faut d'abord une
stabilité politique, qu'il faut d'abord un climat d'ouverture, qu'il
faut d'abord un climat de certitude, qu'il faut d'abord un climat où les
profits vont se faire. Il faudra aussi, pour la relance économique,
commencer à penser à cet appareil gouvernemental qui est si lourd
maintenant qu'on est étouffé dans la bureaucratie centraliste qui
a produit 1956 règlements. Je lisais l'autre jour que nous avions au
Québec une réglementation. 1956 règlements au 1er
août 1982. 11 volumes, 11 114 pages de règlements. Il faudra
revoir tout cela, il faudra abandonner vos rêves d'indépendance,
des rêves de fou. Il faudra revenir sur terre, il faudra revenir à
la raison. Il faudra donner confiance au Québec, ouvrir les portes et
les fenêtres et il faudra revenir à la réalité.
C'est le gouvernement libéral qui vous apportera cela très
bientôt, je l'espère. (20 h 50)
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je voudrais
vérifier. Est-ce en rapport avec ce que le député vient de
dire?
M. le député de Chambly.
M. Tremblay: J'aimerais poser une question au
député.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Malheureusement, M. le député, compte tenu que nous sommes
dans un débat restreint et
que le député a utilisé son droit de parole, je ne
suis pas en mesure de vous l'accorder, ni le député, à
moins qu'il n'y ait consentement de part et d'autre. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Non.
Le Vice-Président (M. Jolivet): II n'y a pas
consentement.
Je dois donner la parole au député de Frontenac mais,
auparavant, je veux m'assurer que le temps est bien indiqué. Il
resterait le député de Frontenac et, ensuite, ce serait le droit
de réplique...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est justement ce que je
voulais vérifier. Puisqu'il reste dix minutes qui étaient
prévues pour le député de Sainte-Marie, je voudrais savoir
ce qu'on fait de ces dix minutes.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Comme c'est une enveloppe de temps, il n'y a pas de
vingt minutes, vingt minutes, vingt minutes, comme le règlement le
prévoit habituellement. C'est une enveloppe et, que je sache, il reste
environ quatre minutes plus quinze minutes de droit de réplique au Parti
libéral, plus cinq, ce qui fait donc vingt-quatre minutes. De notre
côté, c'est douze minutes, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Jolivet): II reste dix minutes.
M. Bertrand: Plus cinq, donc quinze. Je crois qu'il serait
normal...
Le Vice-Président (M. Jolivet): II reste dix minutes pour
le parti ministériel et quatre minutes. Il restait dix minutes pour le
député de Sainte-Marie et, si on partage le temps, comme
prévu, cela donne encore neuf minutes au parti de l'Opposition et quinze
minutes au parti ministériel. Il restera le droit de réplique.
J'ai cru comprendre qu'on s'était entendu sur quinze minutes. Cela
va?
M. Pagé: Mais, M. le Président... Le
Vice-Président (M. Jolivet): Oui.
M. Pagé:... compte tenu qu'il nous reste moins de temps
que le gouvernement dans le cours du débat avant la réplique et,
par surcroît, qu'un député libéral a parlé,
c'est donc au PQ à parler. Allez!
Le Vice-Président (M. JoUvet): M. le député
de Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je vais continuer
dans le domaine économique. J'ai laissé parler mes
confrères...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député...
M. Grégoire: Cela ne me dérange pas, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, mais justement j'ai
cru comprendre qu'on lui avait donné la parole en disant qu'il la
prenne, mais qu'on lui laisse la chance de s'exprimer.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: On a pu m'empêcher de parler hier sur
la politique de l'amiante mais, après toutes les faussetés que
nous avons entendues, je pense bien qu'aujourd'hui vous ne réussirez pas
ce tour de force.
Hier, j'ai entendu le député d'Outremont - des
millionnaires d'Outremont venir nous parler du problème des travailleurs
de l'amiante de Thetford. J'ai ici le texte même du discours du
député d'Outremont. Il disait: "Le premier ministre, le ministre
de l'Énergie et des Ressources du temps, Yves Bérubé, le
ministre de l'Énergie actuel et l'adjoint parlementaire du ministre, le
député de Frontenac, qui, à tour de rôle, ont fait
des promesses mirobolantes et qui ont trompé sciemment la population.
Ces supposément responsables qui ont menti effrontément. " Je
retiens le terme "menti" et on va voir qui a menti.
Il nous dit qu'on a fait des promesses mirobolantes et qu'on a menti.
Imaginez-vous si c'est mirobolant: Grégoire, en 1982, promettait la
création de douze usines de transformation de produits de l'amiante
d'ici à la fin de 1985. Douze usines, c'était mentir. M. le
Président, si le député d'Outremont était
allé dans le centre industriel, il aurait vu que la première
usine était construite, que la machinerie est entrée, que les 34
employés sont engagés et que la production de 6000 tonnes d'oxyde
de magnésium se fera en 1983. Une sur douze. Je ne dirai pas qu'il est
menteur, mais je pense bien que le règlement peut me permettre de dire:
II est au moins un douzième menteur puisqu'il ne l'a pas
mentionné. Je ne dirai pas au complet, mais je peux dire un
douzième.
Continuons, M. le Président. L'usine de laine de roche, il y a un
an - j'étais au courant à ce moment-là - la
Société nationale de l'amiante disait: "L'ingénierie
détaillée du projet de laine de roche et l'étude de
faisabilité au premier semestre de 1982-1983 permettent d'espérer
une décision d'implantation industrielle dans la prochaine
année. La décision a été prise au mois de
décembre 1982. La demande pour la construction de l'usine a
été déposée au comité de la zone
désignée au mois de décembre 1982 et nous sommes
prêts à la construire en 1983. " Deux sur douze.
Une voix: Un sixième.
M. Grégoire: Écoutez! Deux douzièmes, je ne
sais pas jusqu'où le règlement peut me permettre de monter dans
les douzièmes en disant qu'au moins il est rendu à deux
douzièmes de nous avoir trompés. Mais deux douzièmes, M.
le Président, ce sont ces mêmes gars qui, pendant 100 ans, de 1876
à 1976, n'ont jamais construit une seule maudite usine de transformation
de l'amiante au Québec. Jamais. Vous n'avez jamais dépensé
une seule maudite "cenne" pour la recherche. Jamais. On est rendus à
deux; allons à la troisième.
L'usine de traitement thermique des résidus. La SNA
prévoit compléter, au cours de l'exercice 1982-1983, les
études de marché et l'analyse de la rentabilité d'une
unité de traitement thermique d'une capacité de l'ordre de 30 000
tonnes. Aujourd'hui, on produit 300 tonnes par année. On commence, en
1983, cette usine pour 30 000 tonnes et 45 emplois. Laine de roche: 40 emplois.
Trois douzièmes, 25%, et pas encore rendu à la limite du
règlement, mais 25%. Eux qui n'en ont jamais construit une seule en 100
ans. Jamais.
Continuons, la quatrième. Toujours la Société
nationale de l'amiante. L'utilisation des résidus d'amiante pour la
capture de l'anhydride sulfureux. Les essais ont été faits
à Rouyn-Noranda, à l'été 1982. Cela s'est
révélé formidable et, grâce à ce
procédé, on peut empêcher l'émission de plomb dans
l'air des usines de la Noranda à 90% pour qu'il n'y ait plus de pluies
acides provenant de cette usine. On va commencer à construire ces
patentes-là pour les usines américaines. 4, 33%, qu'il s'est
trompé. Continuons.
Une voix: Un tiers menteur.
M. Grégoire: La cinquième. Je vais aller plus vite.
La production de magnésium métallique. C'est un projet qui a
même été plus vite qu'on ne l'avait prévu. Il est
devancé d'un an parce que nos chercheurs québécois sont
bons. On leur a permis de travailler. On leur a donné des laboratoires.
Ils ont cherché. Ils ont devancé le projet d'un an. Ils vont
produire 300 tonnes de magnésium métallique cette année,
à Thetford-Mines. Vous n'en avez jamais eu une là-bas. À
combien est-on rendu? Cinq.
Les produits phénoliques. Ces produits devraient connaître
des applications industrielles dans un avenir prochain. Six, à
moitié menteur. On est rendu à la moitié.
Une voix: À moitié menteur.
M. Grégoire: Les produits réfractaires. La mise au
point définitive de ces différents produits sera
complétée au cours de l'année 1982-1983. Sept.
Une voix: Sept douzièmes.
M. Grégoire: Sept douzièmes. Production de papier
composite en collaboration avec LUPEL-Amiante, au Cap-de-la-Madeleine,
où on a une usine, alors que vous n'en avez jamais construit. On en a
une là-bas. On nous dit: On travaille présentement à
perfectionner une formule similaire pour les endos à
linoléum.
Dixième. La fibre phosphatée. La phosphatation de la fibre
d'amiante par l'oxychlorure de phosphore a connu des progrès sensibles
au cours de l'année. On est rendus à dix sur douze.
Le député d'Outremont me reprochait de parler de douze
pour d'ici la fin de 1985. Mais on est. juste au commencement de 1983 et on
parle déjà de dix. Vous n'en avez jamais, en 100 ans, fait une
seule. Vous n'avez jamais eu de laboratoire de recherche et vous venez nous
blâmer. C'est grâce à nos chercheurs parce qu'on a eu
confiance en nos Québécois qui ont travaillé, qui ont
trouvé et qui ont réussi à faire quelque chose.
Voilà les résultats.
On nous parle des emplois et des chômeurs. C'est vrai qu'il y
avait 390 travailleurs de la société Asbestos, en chômage.
Qu'est-ce qu'on a fait depuis le 1er janvier? Onze parmi ceux-là ont
été engagés à l'usine d'oxyde de magnésium
et ils travaillent là présentement. 54 de ces 390 travailleurs
ont été engagés au début de février et ils
travaillent maintenant à Asbestos-Île pour l'année. 80 vont
être engagés au cours du mois de mars parce que la SNA a offert un
régime de préretraite à ces travailleurs de 60 ans et
plus. 80 de ces 390 chômeurs seront engagés de nouveau au cours du
mois de mars. Il en restera 245. (21 heures)
Les développements dont on nous parlait hier. Oui, nous avons
déposé au comité de la zone désignée non pas
une demande de nous donner de l'argent ni de nous le prêter, mais la
Société Asbestos est prête à devancer ses travaux de
trois ans alors qu'elle n'en a pas besoin immédiatement. Elle est
prête à financer les 65 000 000 $ que cela coûtera. Comme on
va devancer les travaux, on demande au gouvernement fédéral et au
gouvernement du Québec de payer chacun une partie des
intérêts. Le gouvernement du Québec a dit oui; le
gouvernement fédéral n'a pas encore donné de
réponse. Tout ce qu'on demande, c'est qu'il fasse pour le Québec
exactement la même chose qu'il a faite pour la mine
Advocate à Terre-Neuve, une autre mine d'amiante à
laquelle on a donné 14 000 000 $ - une mine fermée - pour venir
concurrencer le Québec. Cela a donné de l'ouvrage à 75
personnes. Nous autres, on ne demande même pas 10 000 000 $ en
intérêt pour donner de l'ouvrage à 200 travailleurs de la
Société Asbestos pendant trois ans. C'est cela, leur solution.
S'ils veulent faire du travail partagé, les 245 travailleurs pourront
travailler à ce projet et il ne restera plus de chômeurs à
la Société Asbestos.
À la mine Bell, nous avons organisé le programme avec le
conseil syndical des travailleurs de la Bell. Il y avait 122 personnes en
chômage et je pourrai leur annoncer, au milieu de la semaine prochaine,
que le problème des 129, que ce qu'ils nous avaient demandé, on
pourra régler ça. Je vais y être pour leur dire.
Quand on sait qu'en cent ans on n'a rien fait, regardons un peu quand
nous avons commencé, nous. Quand? Nous avons pris le pouvoir à la
fin de 1976. À cause de votre blocus et de votre acharnement à ne
pas vouloir de la Société nationale de l'amiante, vous nous avez
retardés et la Société nationale de l'amiante n'a
été constituée qu'en 1978. Le centre de recherche s'est
ouvert à la fin de 1978. On est en 1983 et je vous énumère
tous ces nouveaux projets, toutes ces nouvelles industries qui, graduellement,
vont voir le jour. Le député d'Outremont a été
assez honnête pour dire que d'ici la fin de 1985... Il l'a dit hier. J'ai
en main le rapport des chercheurs du centre de Sherbrooke et le rapport de la
Société nationale de l'amiante. Le centre de recherche n'a
été créé qu'à la fin de 1978 et on est rendu
en 1983. Ne trouvez-vous que ça a été vite, vous autres,
alors qu'en cent ans vous n'avez rien fait? Nous autres, on l'a fait en cinq
ans. Cela veut dire quoi? Cela ne veut pas dire dix fois ou cent fois plus,
vous n'avez rien fait. On a fait beaucoup plus que vous autres.
La politique de l'amiante, c'est le désir d'un peuple de
contrôler ses richesses naturelles, de se servir de sa tête pour
trouver de nouveaux produits, de faire travailler son monde sur des produits de
base et des produits d'avant-garde. C'est ce que nous sommes en train de
réussir. Nous avons aujourd'hui des industries alors qu'on n'en avait
pas du tout. Lesquelles? Aujourd'hui, le siège social de la
Société nationale de l'amiante est situé à Thetford
et fournit 40 emplois. On a un centre de recherche à Sherbrooke, 45
emplois. On a une usine Distex SNA à Montréal, 140 emplois.
LUPEL-Amiante, au Cap-de-la-Madeleine, 35 emplois. Filak SNA, dans le
comté de Richmond, 14 emplois. L'industrie des Trois R, encore dans le
comté Richmond, 15 emplois. Descon SNA qui est en train de faire des
investissements d'au-delà de 1 000 000 $. Atlas Turner, à
Montréal, 255 emplois. Des recherches sont faites à la mine
Noranda, à Rouyn. La Société nationale de l'amiante,
graduellement, est en train de s'établir un peu partout au
Québec, en train de couvrir le territoire du Québec.
Et il nous arrive une crise qui n'a pas été voulue, que
nous n'avons jamais voulue, que les travailleurs n'ont jamais voulue. Nous
avons à la traverser et, malgré tout, nous la traversons. Nous
nous développons et nous ne nous arrêterons pas. Nos chercheurs
continuent de chercher, on continue à trouver des investisseurs dans nos
industries, comme celle de la laine de roche. Un groupe d'investisseurs de
Thetford, sous le nom de Poly-Action, va acheter 50% des actions de l'industrie
de la laine de roche. On a confiance en l'avenir de ces développements.
On est en train de le faire. Vous aurez beau parler ou crier, cela ne m'achale
pas! La vérité doit être dite!
Qui a menti, devant tous ces faits? Qui a trompé la population?
C'est le député d'Outremont, hier, avec ses millionnaires dans le
comté, qui pensait impressionner les travailleurs de la ville de
Thetford. Une autre chose à ajouter: Quand le député
d'Outremont... Cela, ce n'est pas une fois ni un douzième, c'est 150 000
000 de fois qu'on pourrait le traiter de menteur quand il dit qu'on a englouti
quelque 150 000 000 $ dans l'achat de l'Asbestos. Le ministre l'a
répété hier, pas un sou n'a été
déboursé pour l'achat de l'Asbestos. Ce n'est pas cela qui nous a
empêchés d'investir pour créer de l'emploi; là
aussi, 150 000 000 $. Le député d'Outremont, quand il est
arrivé ici et qu'il a siégé à la commission de
l'énergie et des ressources, on le trouvait brillant et intelligent, on
n'était pas habitué. Depuis ce temps...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Grégoire:... avec la "gang" d'innocents qui
l'entourent, il est devenu aussi innocent qu'eux autres.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Grégoire: La preuve? Ce qu'il nous a sorti hier! Quand
il est arrivé, on a dit: Enfin, un homme, un ingénieur, M. le
Président, qui était supposé connaître cela. Il peut
bien rougir, c'est parce qu'il sait que c'est vrai. Je lui ai
déjà dit dans le particulier, je lui ai dit: Pierre Fortier, tant
que tu voudras faire de la petite politicaillerie comme tes camarades, tu
n'iras pas loin. Tu es plus brillant qu'eux autres, tâche donc de
discuter brillamment. Qu'il se rappelle donc... J'ai même cité une
déclaration d'un grand humoriste français, Rivarol, et je lui
disais: Fais attention de
devenir comme ce petit politicien, Rivarol, qui disait: Les petits
politiciens, c'est comme des mouches à feu, c'est dans le
derrière qu'ils ont la lumière. Je pourrais lui citer une autre
citation de ce grand humoriste. Rivarol disait: Les petits politiciens pensent
à la prochaine élection - comme vous êtes en train de faire
- les hommes politiques à la prochaine génération. Le
travail de la Société nationale de l'amiante, les recherches, les
industries qu'on installe, cela, M. le Président, ne se fait pas du jour
au lendemain. On est obligé de prendre les bouchées doubles parce
que vous n'avez jamais rien fait, mais on avance. Cela ne se fait pas du jour
au lendemain, mais cela c'est du travail pour la prochaine
génération. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je ne pouvais pas
m'empêcher de rire en écoutant le député de
Frontenac quand j'ai entendu les derniers mots qu'il a prononcés:
c'étaient les millionnaires d'Outremont qui voudraient défendre
les chômeurs et les travailleurs de l'amiante de l'Asbestos Corporation.
M. le Président, si on regarde seulement pour quelques secondes,
probablement que le député de Frontenac, je ne crois pas qu'il
soit au courant, mais il devrait l'être, c'est la preuve encore une fois
que les gens ne l'écoutent même pas. Il se parle à
lui-même et les gens m'ont dit qu'ils changent le canal de la
télévision quand il est à parler à
l'Assemblée nationale. Vous savez qui habite Outremont, parmi les gens
qui siègent ici à l'Assemblée nationale? Deux
députés du côté libéral. On a le
député d'Outremont, M. Fortier, et on a le député
d'Argenteuil, M. Claude Ryan.
Vous savez qui habite Outremont? Les millionnaires d'Outremont, parmi
les députés ministériels, c'est le ministre des Affaires
sociales, M. Pierre-Marc Johnson, le ministre des Finances, M. Parizeau, le
ministre de l'Éducation, M. Camille Laurin, le ministre des Affaires
intergouvernementales, M. Jacques-Yvan Morin, le ministre des Affaires
municipales, M. Jacques Léonard, le ministre du Commerce
extérieur, si on peut l'appeler ainsi, M. Landry. M. le
Président, comme vous voyez, il y a six ministres qui habitent Outremont
et je dois dire encore plus. Parmi les six, il y en a quatre qui habitent le
haut d'Outremont. Vous savez ce que veut dire le haut d'Outremont? Vous savez,
sans doute, M. le Président, qu'il y a une grosse différence
entre le bas-Outremont et le haut-Outremont. Les maisons des millionnaires,
c'est dans le haut d'Outremont; y habitent le ministre des Affaires sociales,
le ministre de l'Éducation, le psychiatre, M. Laurin, le ministre des
Affaires intergouvernementales - il était ici tantôt -
Jacques-Yvan Morin et le ministre des Affaires municipales, M. Léonard.
Ce sont eux les millionnaires, M. le Président. Ce sont ces gens que,
tantôt, le député de Frontenac disait que le
député d'Outremont voulait défendre. Il voulait
défendre les chômeurs et les travailleurs d'Asbestos.
Je crois que c'est le gouvernement qui peut défendre les
travailleurs et les chômeurs d'Asbestos. Et on a la preuve que six
ministres habitent Outremont. Si vraiment on devait suivre à la lettre
le raisonnement que faisait tantôt le député de Frontenac,
ce sont ces ministres qui devraient s'occuper vraiment de défendre ces
gens, lesquels j'ai visités moi-même avec mon collègue
d'Outremont et mon collègue de Portneuf. (21 h 10)
Cela ne fait même pas quinze jours, on a visité les
chômeurs de la mine d'Asbestos, on a visité les autres gens comme
les hommes d'affaires, la chambre de commerce, les maires des
différentes municipalités et je peux vous assurer d'une chose, M.
le Président, c'est que tous ces gens-là - tous, pas 99, 9% - ne
veulent plus rien savoir ni rien entendre du député de Frontenac.
Je l'ai constaté personnellement. Je ne suis pas là pour dire:
J'ai ouï-dire, ou entendu dire. J'étais là, le jour
où il y a eu une grosse tempête ici à Québec; nous,
du côté libéral, nous sommes déplacés,
même dans la tempête qu'il y a eu cette journée-là,
pour aller dans le comté de Frontenac rencontrer ces gens. Ils ont
vraiment besoin d'un coup de main de la part du gouvernement pour
résoudre ce problème qui est et qui a été vital
pour ce comté.
Je voulais parler de tant d'autres choses, mais je ne pouvais pas
m'empêcher de faire ces mises au point justement pour démystifier
encore une fois, même si cela prend une preuve pour le faire. Le
député de Frontenac n'a plus aucune - je dirais même
-valeur marchande quand il fait ses mises au point ou ses propos ici à
l'Assemblée nationale. Je voudrais au moins toucher encore un aspect
pour dire que ce gouvernement n'a rien fait dans le domaine économique.
C'est l'aspect touristique de la province de Québec, l'aspect de
l'industrie touristique. Combien de fois a-t-on dit au ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme qu'on voulait au moins une commission parlementaire
sur la situation touristique ici au Québec? Jamais on n'a eu droit
à cela et vous savez pourquoi? Parce qu'il n'y a aucune volonté
politique de la part de ce gouvernement de vraiment promouvoir cette industrie
qui, dans une période de crise comme celle qu'on vit actuellement, est
l'industrie la plus rentable dans n'importe quel pays au monde.
Regardons justement le manque de volonté de ce gouvernement, en
examinant le pourcentage de touristes qui sont entrés ici au Canada, en
Ontario comparativement au Québec. Vous allez voir qu'en 1975, 34 500
000 touristes sont entrés au Canada avec un pourcentage d'augmentation,
en comparaison avec la période de 1975 à 1980, de 11, 33%. Cela
veut dire qu'il y en a eu 34 500 000 en 1975 et 38 500 000 en 1980. En Ontario,
il y en a eu 22 375 000, en 1975, et 26 988 000 en 1980, une augmentation de
20, 62%. Ici, au Québec, on en a eu 3 500 000 en 1975. En 1980, on en a
eu 3 197 000, soit 10% de moins. C'est cela, ce gouvernement.
L'année dernière, même dans l'industrie de
l'hôtellerie au Québec, on a eu une diminution de 10%. Pourquoi?
Il faut se poser des questions. Pourquoi a-t-on eu 10% de diminution de
chambres occupées durant l'année 1982? On a eu aussi 400
restaurants qui ont fermé ici, au Québec, en 1982. Avec des
projets de loi comme la loi 39, la loi 16, lorsqu'on regarde un peu le bilan
législatif de ce gouvernement, de la troisième session de la 32e
Législature, il n'y a pas une loi qui a été adoptée
pour vraiment créer du travail et des jobs à la population du
Québec. On a seulement eu droit à des lois sociales, à des
lois fiscales et à des lois comme la loi 39.
Le 17 novembre 1981, on a eu droit à un deuxième budget
ici, au Québec, qui a ramené dans les coffres du ministre des
Finances 1 100 000 000 $ de plus. Quant à la loi 16, ce gouvernement qui
se dit social-démocrate, a fait passer Hydro-Québec, la
société qui appartenait à la population du Québec,
sous l'autorité du ministre des Finances. Depuis le mois de
décembre 1981, Hydro-Québec doit payer des dividendes au ministre
des Finances. On a eu droit à quoi, à partir du 1er janvier? On a
eu droit à une augmentation des tarifs de l'électricité,
une électricité qui, vraiment, devrait coûter ici le moins
cher possible. On est rendu qu'au Québec, on paie
l'électricité plus cher qu'en Ontario et que dans d'autres
provinces canadiennes.
M. le Président, je pourrais continuer pendant longtemps, mais
mon droit de parole, comme vous dites, est terminé. Je voudrais
seulement rappeler que ce gouvernement ne mérite plus la confiance de la
population du Québec. Ce gouvernement devrait démissionner le
plus tôt possible et donner la possibilité à une autre
équipe de le remplacer et de s'occuper principalement de l'aspect
économique de la province de Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je crois comprendre que
c'est le droit de réplique.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C Fortier (réplique)
M. Fortier: Merci. M. le Président, j'ai entendu avec
beaucoup d'intérêt le député de Frontenac tenter de
se défendre du mieux qu'il pouvait, mais, comme c'est rendu que je
reçois autant d'appels téléphoniques à mon bureau
du comté de Frontenac que du comté d'Outremont, je vais laisser
les gens de Frontenac juger des arguments qu'il avance.
M. le Président, la démonstration ou le "show" que nous a
fait le député de Frontenac prouve une fois de plus que le
ridicule ne tue pas. Ce "show" qu'il tente de refaire de plus en plus me fait
penser à ces comédiens qui tentent d'utiliser les vieux trucs
usés à la corde sans s'apercevoir que les spectateurs ne veulent
plus d'eux. C'est a l'image du gouvernement, c'est à l'image du premier
ministre, parce qu'on sait que le député de Frontenac et le
premier ministre étaient les deux fondateurs du Parti
québécois. Ce sont deux vieux comédiens qui tentent de
faire plaisir à la galerie en utilisant des vieux trucs de
comédiens, mais, malheureusement, dans le comté de Frontenac,
c'est 99% de la population qui ne veut plus du député de
Frontenac, et on peut même dire que c'est 100%.
À ce sujet, je ne dirais pas gros de la campagne de financement
dans le comté de Frontenac, puisque, dans le Courrier de Frontenac du 8
mars, il y avait une nouvelle, à savoir que l'ancien président du
Parti québécois dans Frontenac, M. Gilles Boucher, avait
démissionné, que M. Jacques Létourneau, directeur des
campagnes de financement en 1976 et en 1980, avait démissionné,
accompagné d'une vingtaine ou de 25 chefs de secteur qui eux aussi
avaient démissionné en même temps.
Ce qui est encore plus grave, c'est que ces militants de la
première heure, ces gens et, en particulier, M. Boucher, qui
était l'ancien président du Parti québécois dans
Frontenac... M. Boucher a dit ceci: "Lors de la prochaine élection, je
vais voter pour celui qui a le plus de chance de nous débarrasser de
Gilles Grégoire. "
Vous voyez que ces gens, qui sont des péquistes, ne veulent plus
de lui, sont fatigués de l'entendre et ne croient absolument pas
à ce qu'il peut dire devant les caméras.
M. le Président, nous avons devant nous une motion de blâme
sur la gestion de l'économie du Parti québécois et sur la
priorité que n'a pas donnée ce gouvernement au
développement de l'économie du Québec. Plusieurs de mes
collègues ont fait un bilan du développement économique
depuis le début de cette session, soit depuis le début de
novembre 1981, ou ont fait un bilan de la performance du gouvernement depuis
qu'il est au pouvoir. Si on regarde le bilan depuis que le gouvernement est au
pouvoir, on s'aperçoit
que c'est une faillite monumentale. Plus cela va, plus cela va mal. On
peut dire sans se tromper que la crise économique a commencé au
moment où le Parti québécois a pris le pouvoir au
Québec.
En effet, on peut prendre n'importe quel des indicateurs
économiques, mais prenons celui des immobilisations totales; on
s'aperçoit que les immobilisations totales ont augmenté au
Canada, de 1976 à 1982, de 100%; elles étaient de 43 000 000 000
$ et elles sont passées à 87 000 000 000 $. C'est donc une
augmentation considérable. Au fur et à mesure que les
immobilisations totales augmentaient au Canada, la part que le Québec
allait chercher allait en diminuant. Ce pourcentage des immobilisations totales
qui venaient au Québec, qui était de 23% ou 24% en 1975 et qui
était de 23% en 1977, est tombé allègrement avec les
années de 21% en 1978, de 20% en 1979, de 18% en 1981 et de 17% en 1982.
Plus ça va, plus la part du Québec dans le développement
économique de la province, du Canada, tombe en minorité, tombe
à des statistiques infimes. Je ne suis pas surpris de voir le ministre
dire: II faudrait se retirer du Canada. Bien oui, on ne fait plus partie du
Canada. Il semblerait que ce soit les autres qui se chargent de
développer l'économie pour nous grâce à ce
gouvernement que nous avons devant nous. (21 h 20)
Cette situation est déplorable, mais ce qu'il faut savoir c'est
que ces résultats qui empirent d'année en année jouent, en
particulier, contre les régions du Québec. Il s'agit de regarder
les statistiques en ce qui a trait à l'augmentation du chômage
dans les régions. Si le chômage, depuis novembre 1981,
c'est-à-dire depuis le début de la session qui va s'achever ce
soir, dans tout le Québec a augmenté de 26%, on s'aperçoit
qu'en région il a augmenté d'une façon beaucoup plus
accentuée. En particulier dans la Gaspésie-Bas-Saint-Laurent le
chômage a augmenté de 40% depuis novembre 1981; dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, le chômage a augmenté de 74%; il a
augmenté dans la Mauricie-Bois-Francs de 52%; il a augmenté dans
l'Estrie de 58%; il a augmenté dans l'Outaouais de 73%. Et on
s'aperçoit que sur la Côte-Nord et dans le Nouveau-Québec
les statistiques officielles nous disent que le chômage n'a pas
augmenté. Malheureusement, comme il n'y a plus de travail, le gens ne
cherchent plus d'emploi et tous ces gens se retrouvent
bénéficiaires de l'aide sociale. Sur la Côte-Nord, l'aide
sociale a augmenté de 45%.
Voilà pour les statistiques, voilà pour démontrer
que les choses vont de plus en plus mal et voilà qui confirme le
bien-fondé de la motion de blâme qui est devant nous ce soir,
à savoir que nous devons dénoncer cette gestion de
l'économie, que nous devons dénoncer le fait que la
priorité que le gouvernement a depuis qu'il est au pouvoir c'est
l'autonomie du Québec, créer l'indépendance du
Québec. Ce n'est sûrement pas le développement
économique.
M. le Président, si le gouvernement a posé des gestes,
quels sont ces gestes? Bien sûr qu'il a posé des gestes. Dans
certains cas il a posé des gestes qui étaient tout à fait
inutiles, qu'il n'aurait jamais dû poser. Nous avons débattu hier
de la nationalisation de l'amiante. Cela faisait pitié d'entendre le
ministre de l'Énergie et des Ressources tenter de défendre son
dossier sans comprendre que ce que les gens de Frontenac veulent, c'est
régler la question du chômage. Ils ne sont nullement
intéressés par les questions de financement et de savoir
d'où est venu l'argent et qui a financé qui dans ces dossiers. Ce
que les gens de Frontenac veulent savoir, ce que les gens de Thetford-Mines
veulent savoir et ce que les gens de Black Lake veulent savoir, c'est s'il leur
sera possible, la semaine prochaine, de travailler. Leur sera-t-il possible de
travailler, de ne pas dépendre de l'assurance-chômage et, s'ils
retiraient de l'assurance-chômage, de trouver des emplois qui leur
permettraient, pendant un certain temps, de travailler pour éviter de se
retrouver à l'assistance sociale?
Mais il y a eu d'autres gestes posés. Il y a des gestes
posés sur la Côte-Nord ou des gestes qui auraient dû
être posés sur la Côte-Nord. Mon collègue de
Mont-Royal, justement, a indiqué que dans le dossier de SIDBEC-Normines
en particulier, cela fait trois ans que des recommandations ont
été faites au ministre pour lui demander d'agir. Mais rien n'a
été fait puisque, malheureusement, ces recommandations sont
venues à la veille de l'élection et que, de fil en aiguille, le
gouvernement a voulu retarder les décisions pour éviter de faire
face à la population et aux vraies décisions qui
s'imposaient.
Mes collègues et moi étions à Schefferville. Nous
avons démontré qu'encore là, depuis deux ou trois ans,
pour quiconque voulait lire les journaux et pour quiconque s'intéressait
à la situation du fer dans le monde, il était possible de
prévoir que la situation du fer irait en empirant et que, tôt ou
tard, on pouvait prévoir la fermeture de Schefferville. Mais qu'a fait
le ministre de l'Énergie et des Ressources? Qu'a fait ce ministre
responsable d'un ministère responsable d'une partie du
développement économique, d'un ministère à vocation
économique extrêmement important? Il n'a rien fait.
D'autres de mes collègues ont parlé de la Gaspésie.
Mon collègue de Nelligan, en particulier, continue de poser des
questions au ministre responsable de l'agriculture et surtout des
pêcheries pour constater, comme
l'a fait également le chef de l'Opposition, que dans la
Gaspésie le développement économique était à
zéro puisque le ministre responsable du développement
économique des pêcheries dans cette région n'a absolument
rien fait.
Mais ces gens ont des formules magiques lorsque surgissent des
problèmes qu'ils ont créés eux-mêmes. Pensons en
particulier à la fermeture des raffineries dans Montréal-Est.
Mais oui, M. le Président! Le prix du pétrole a tellement
baissé que malheureusement il faudra et il faut que les gens
responsables de ces compagnies s'ajustent au marché.
Pour ceux qui, dès 1978, avaient lu le papier blanc, le dossier
de M. Joron sur la nouvelle politique de l'énergie, dès 1978 M.
Joron avait prédit ce qui était pour arriver. Il disait, non, je
n'ai pas trouvé la référence mais on disait justement que
la proportion du pétrole qui devait être consommé au
Québec devait aller en diminuant et qu'il devait s'y faire des
ajustements dans l'économie pétrolière et en particulier
dans la région de Montréal-Est.
Si le gouvernement avait pu prévoir à ce moment-là,
et comme le disait mon collègue de Vaudreuil-Soulanges, s'il avait
géré à plus long terme, il aurait constaté que si
on devait baisser la proportion du pétrole dans le bilan
énergétique québécois, en ce faisant, on se devait
de s'ajuster au marché et que tût ou tard on devrait fermer des
raffineries. Le gouvernement aurait dû créer un comité pour
informer les travailleurs, pour s'assurer que ceux-ci soient reclassés
et pour s'assurer qu'éventuellement ils puissent se trouver de l'emploi
dans d'autres secteurs de l'économie.
Qu'a-t-il fait? Ceci n'a pas été fait et le ministre joue
maintenant à la vierge offensée pour tenter de nous faire croire
qu'il a appris cette nouvelle à la toute dernière minute et qu'il
n'était pas conscient du fait que des ajustements devaient se faire dans
ce secteur.
Alors que le gouvernement lui-même a élaboré une
politique énergétique qui amène la situation
économique que nous connaissons et, dans une certaine mesure, nous
sommes d'accord avec ces orientations énergétiques, mais quand
même, le gouvernement se devait de prévoir les ajustements qui
devaient être faits. Il ne l'a pas fait et maintenant qu'il se trouve
dans une situation déplorable, puisque les travailleurs ne peuvent se
trouver de l'emploi ailleurs, on ne les a pas avertis à temps, on ne les
a pas aidés à se former puisque ce n'est que depuis six mois ou
depuis la dernière déclaration du premier ministre qu'on aidera
finalement les industries à faire la formation du personnel, la grande
trouvaille du Parti québécois c'est de former Pétrobec.
C'est la grande trouvaille du siècle.
D'ailleurs, au dernier conseil général, une
résolution a été adoptée par une forte
majorité des 300 délégués par laquelle le
gouvernement se doit de nationaliser une raffinerie et de procéder
à la mise sur pied de Pétro-Québec. C'est le genre de
solution que le Parti québécois propose pour trouver des
remèdes qui n'en sont pas, pour trouver des faux-fuyants à des
situations économiques et énergétiques qu'il a
lui-même créées.
Ce genre de trouvaille dans le développement économique
s'ajoute bien sûr à la nationalisation de Quebecair, s'ajoute bien
sûr à la nationalisation de l'Asbestos et à toutes les
mauvaises priorités qui ont été le lot de ce gouvernement
qui n'a pas su prévoir, qui n'a pas su gérer l'économie du
Québec.
En faisant cela on se trouve maintenant devant une situation où
les gens ne font plus confiance à ce gouvernement. Nous avons tous des
amis, des parents, j'ai moi-même des gens de ma parenté et des
amis qui ont voté pour ce gouvernement. Ces gens-là, que nous
disent-ils? Quand allons-nous avoir les prochaines élections? Comment ce
gouvernement peut-il subsister? Comment pouvons-nous continuer avec un
gouvernement qui ne peut s'ajuster à la situation économique,
gérer et créer de l'emploi? Même les péquistes ne
veulent plus de ce gouvernement et s'attendent qu'il y ait des changements dans
les meilleurs délais possible.
La motion devant nous est sérieuse. Nous demandons à tous
nos collègues et même à ceux parmi les
députés péquistes qui comprennent enfin qu'ils ne peuvent
continuer à voter pour ce gouvernement qui nie les valeurs fondamentales
pour la population du Québec, qui ne peut assurer l'avenir du
Québec, de voter pour cette motion et de renverser ce gouvernement.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition. (21 h 30)
Mise au point sur les crédits alloués
à l'école Marie-Anne
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, la réplique vient
mettre fin à ce débat, mais j'ai consulté le leader du
gouvernement pour avoir son consentement afin, au nom du chef de l'Opposition,
de faire la mise au point qu'il avait promis de faire cet après-midi
lors de la période de questions, à la suite d'une question
adressée au ministre de l'Éducation sur l'école
Marie-Anne, école de décrocheurs, à Montréal. J'ai
eu le consentement et j'en remercie le leader du
gouvernement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, au
contraire. Comme le ministre de l'Éducation n'est pas là, je ne
sais pas si l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys est
susceptible ou non d'apporter un correctif de la part du ministre de
l'Éducation, mais cela dépend, évidemment, de ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys va dire. Dans la mesure où,
comment dirais-je, l'intervention du député de
Marguerite-Bourgeoys risquerait d'amener une intervention du
député du comté de...
M. Lalonde: Je ne pense pas.
M. Bertrand: Vous ne pensez pas? Non?
Une voix:... vous le dire avant de vous le dire.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Écoutez! Je n'aurais pas d'objection, si le
ministre de l'Éducation se présente tout à l'heure au
vote, qu'il rectifie lui-même. Mais ce que j'ai à dire, au nom du
chef de l'Opposition, c'est simplement quelques faits, parce qu'on a
accusé, cet après-midi, le chef de l'Opposition d'avoir
trompé la Chambre, hier, dans sa réplique à la
déclaration ministérielle du premier ministre, lorsqu'il a
affirmé que les crédits alloués, les crédits
offerts à cette école avaient diminué, alors que le
premier ministre disait qu'il voulait encourager l'établissement non
seulement de cette école, mais d'une nouvelle école, à
Québec.
J'aurais simplement quelques mises au point. Compte tenu des coupures
imposées au cours des deux dernières années plus
particulièrement - l'école Marie-Anne, l'école de
décrocheurs, a été établie en 1981 - ainsi que de
la non-indexation ou indexation partielle des dépenses des commissions
scolaires, la Commission des écoles catholiques de Montréal a
dû procéder à des coupures qui ont affecté
l'ensemble des écoles sous sa juridiction, y compris l'école
Marie-Anne.
À titre d'exemple, la CECM a décidé de
réduire la subvention pour matériel didactique de 32, 50 $
à 31 $ par étudiant, pour l'année en cours, ainsi que la
subvention pour les activités parascolaires qui passe de 7 $ à 5
$. Il faut cependant ajouter - je pense que le ministre de l'Éducation
reconnaîtra que cette affirmation fait preuve de l'honnêteté
intellectuelle de l'Opposition -que cette décision revient à la
CECM et qu'une autre commission scolaire aurait pu prendre une décision
différente. Le fait est qu'elle a du couper dans certains services en
raison des politiques du gouvernement.
Le ministre a également oublié de dire que de nombreuses
représentations ont été faites par la Commission des
écoles catholiques de Montréal auprès du ministère
de l'Education afin de recevoir des allocations supplémentaires en
raison de la vocation très particulière de l'école, mais
que ces représentations ont toutes reçu une fin de
non-recevoir.
Enfin, l'application des décrets - c'est plus important - aura,
pour cette école, des effets désastreux. Le nombre d'enseignants
passerait de 38 à 27, soit une diminution de 11, 30% d'enseignants, si
les décrets en vigueur sont appliqués. Ceci est inadmissible dans
le contexte où cette école fait des prodiges d'organisation pour
répondre aux besoins très différents et diversifiés
de sa clientèle de décrocheurs. Toutes ces dispositions sont en
flagrante contradiction avec les propos du premier ministre qui disait vouloir
encourager cette école de décrocheurs et établir une autre
école de décrocheurs à Québec.
M. le Président, je pense que ces quelques faits, qui sont de
source très fiable, vont dans le sens que le chef de l'Opposition, au
contraire, n'a pas trompé la Chambre, mais les affirmations qu'il a
faites hier sont justes et correctes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la motion du
chef de l'Opposition est adoptée?
Des voix: Adopté. Une voix: Vote.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Qu'on appelle les
députés. (21 h 30 - 21 h 46)
Mise aux voix de la motion de censure
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La motion qui est mise aux voix se lit comme suit: Que le gouvernement
péquiste soit blâmé sévèrement pour la
faillite de sa gestion économique et plus particulièrement pour
ne pas avoir respecté sa promesse d'accorder la priorité à
l'économie au cours de la session qui s'achève.
Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se lever,
s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Gérard D. Levesque
(Bonaventure), M. Fernand Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Georges
Vaillancourt (Orford), M. John O'Gallagher
(Robert Baldwin), M. Fabien Bélanger (Mégantic-Compton),
M. Mark Assad (Papineau), M. Hermann Mathieu (Beauce-Sud), M. Harry Blank
(Saint-Louis), M. Cosmo Maciocia (Viger), M. Maximilien Polak (Sainte-Anne),
Mme Joan Dougherty (Jacques-Cartier), M. Gilles Rocheleau (Hull), M. Pierre-C.
Fortier (Outremont), M. Michel Gratton (Gatineau), M. Michel Pagé
(Portneuf), M. Yvon Picotte (Maskinongé), M. Daniel Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), M. Pierre Paradis (Brome-Missisquoi), M. Clifford
Lincoln (Nelligan), M. William Cusano (Viau), M. Claude Dubois (Huntingdon), M.
Christos Sirros (Laurier), M. Claude Dauphin (Marquette), M. Richard French
(Westmount), M. Réjean Doyon (Louis-Hébert), M. John Kehoe
(Chapleau), M. Albert Houde (Berthier), M. Robert Middlemiss (Pontiac), M. Roma
Hains (Saint-Henri), M. Germain Leduc (Saint-Laurent).
Le Vice-Président (M. Jolivet): Que ceux et celles qui
sont contre veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. René Lévesque
(Taillon), M. Jean-François Bertrand (Vanier), Mme Pauline Marois (La
Peltrie), M. Jacques Parizeau (L'Assomption), M. Jacques-Yvan Morin
(Sauvé), M. Yves Bérubé (Matane), M. Denis Lazure
(Bertrand), M. François Gendron (Abitibi-Ouest), M. Alain Marcoux
(Rimouski), M. Gilbert Paquette (Rosemont), M. Guy Chevrette (Joliette), M.
Yves Duhaime (Saint-Maurice), M. Jacques Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Raynald
Fréchette (Sherbrooke), M. Michel Clair (Drummond), M. Pierre Marois
(Marie-Victorin), M. Guy Tardif (Crémazie), M. Jacques Léonard
(Labelle), M. Maurice Martel (Richelieu), M. Michel Leduc (Fabre), M.
Jérôme Proulx (Saint-Jean), M. Pierre de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Mme Huguette Lachapelle (Dorion), M. Richard Guay
(Taschereau), M. Robert Dean (Prévost), M. Jean-Guy Rodrigue (Vimont),
M. Marcel Gagnon (Champlain), M. Gilles Grégoire (Frontenac), M. Roland
Dussault (Châteauguay), M. Denis Vaugeois (Trois-Rivières), Mme
Carmen Juneau (Johnson), M. Jean-Paul Bordeleau (Abitibi-Est), M. Jacques
Rochefort (Gouin), M. Patrice Laplante (Bourassa), M. Jacques Baril
(Arthabaska), M. Léopold Marquis (Matapédia), M. Jean-Pierre
Charbonneau (Verchères), M. Jules Boucher (Rivière-du-Loup), Mme
Louise Harel (Maisonneuve), M. Jacques Beauséjour (Iberville), M.
Léonard Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Jean-Paul
Champagne (Mille-Îles), M. Denis Perron (Duplessis), M. Yves Blais
(Terrebonne), M. René Blouin (Rousseau), M. Michel Gauthier (Roberval),
M. Claude Lachance (Bellechasse), M. Raymond Gravel (Limoilou), M. Raymond
Brouillet (Chauveau), M. David Payne (Vachon), M. Yves Beaumier (Nicolet), M.
Luc Tremblay (Chambly), M. Jacques LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Roger
Paré (Shefford), M. Maurice Dupré (Saint-Hyacinthe).
Le Secrétaire: Pour 30
Contre 55
Abstentions 0
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motion rejetée.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais de
suspendre les travaux de l'Assemblée pendant quelques minutes, le temps
de permettre au premier ministre d'aller chercher le lieutenant-gouverneur pour
qu'il puisse proroger nos travaux.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette suspension est
accordée.
(Suspension de la séance à 21 h 51)
(Reprise de la séance à 21 h 56)
Prorogation de la session
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Levez-vous, l'honorable lieutenant-gouverneur va faire son
entrée.
Le lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, vous terminez aujourd'hui, après 110 jours
de séances, la session qui s'est ouverte le 9 novembre 1981. Ce fut donc
l'une des sessions les plus longues de notre histoire parlementaire et l'une
des plus productives tant sur le plan économique que social. Le
Québec, comme le reste du monde, traverse actuellement la pire crise
économique que nous ayons connue depuis la grande dépression des
années trente. Cette situation difficile a nécessairement
changé l'ordre de vos travaux puisque votre Assemblée, fondement
de notre démocratie représentative, fut appelée à
intervenir à plusieurs occasions pour tracer la voie entre les droits
des uns et ceux des autres.
Il est à souhaiter que les mécanismes qui règlent
le déroulement de ces conflits pourront prochainement être
améliorés afin que votre Assemblée n'ait à
trancher, en dernier ressort, que dans des cas tout à fait
exceptionnels. Je voudrais également souligner l'adoption de la nouvelle
Loi sur l'Assemblée nationale qui modernise le cadre juridique de votre
Assemblée et ouvre la porte à une réforme plus en
profondeur de
son fonctionnement. En tout temps, nos institutions démocratiques
sont un gage précieux de sécurité et de progrès et
il faut se réjouir de ce qui contribue à leur vitalité.
C'est en exprimant le voeu que cette nouvelle Loi sur l'Assemblée puisse
vous permettre de toujours mieux remplir vos importantes fonctions que je
déclare, ce soir, la prorogation de la troisième session de la
32e Législature.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous pouvez vous
asseoir.
C'est la volonté et le désir de l'honorable
lieutenant-gouverneur du Québec que cette troisième session de la
32e Législature soit prorogée et en conséquence, elle est
prorogée sine die.
(Fin de la séance à 22 h 01)
Membres du Conseil des ministres
Premier ministre M. René Lévesque
Vice-premier ministre et ministre des Affaires intergouvernementales M.
Jacques-Yvan Morin
Ministre des Finances et président du Comité de
développement économique M. Jacques Parizeau
Président du Conseil du trésor et ministre
délégué à la Réforme administrative M. Yves
Bérubé
Ministre de l'Éducation et président du Comité de
développement culturel M. Camille Laurin
Ministre des Affaires sociales et président du Comité de
développement social M. Pierre-Marc Johnson
Ministre délégué à l'Aménagement et
au Développement régional, président du Comité de
l'aménagement M. François Gendron
Ministre de la Justice et président du Comité de
législation M. Marc-André Bédard
Ministre du Commerce extérieur M. Bernard Landry
Ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
M. Pierre Marois
Ministre de l'Énergie et des Ressources M. Yves Duhaime
Ministre des Affaires municipales M. Jacques Léonard
Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation M.
Jean Garon
Ministre des Transports M. Michel Clair
Ministre des Communications et leader parlementaire M.
Jean-François Bertrand
Ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur M. Guy
Tardif
Ministre de i'Industrie, du Commerce et du Tourisme M. Rodrigue
Biron
Ministre des Affaires culturelles M. Clément Richard
Ministre déléguée à la Condition
féminine et vice-présidente du Conseil du trésor Mme
Pauline Marois
Ministre de la Fonction publique Mme Denise LeBlanc-Bantey
Ministre délégué aux Relations avec les citoyens M.
Denis Lazure
Ministre du Revenu et ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement M. Alain Marcoux
Ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration et
ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française M. Gérald Godin
Ministre du Travail M. Raynald Fréchette
Ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche M. Guy
Chevrette
Ministre de l'Environnement M. Adrien Ouellette
Ministre délégué à la Science et à la
Technologie M. Gilbert Paquette
10 mars 1983
Adjoints parlementaires
M. Robert Dean Adjoint parlementaire au ministre du Travail
M. Denis Vaugeois Adjoint parlementaire au ministre
délégué aux Affaires parlementaires
M. Jérôme Proulx Adjoint parlementaire au ministre des
Affaires culturelles
M. Michel Leduc Adjoint parlementaire au ministre de
l'Éducation
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministre des Affaires
intergouvernementales
M. Élie Fallu Adjoint parlementaire au ministre des Affaires
municipales
M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministre des Communications et
adjoint parlementaire au leader du gouvernement
M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministre de
l'Énergie et des Ressources
M. Jean-Guy Rodrigue Adjoint parlementaire au ministre des
Transports
M. Roland Dussault Adjoint parlementaire au ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministre des Travaux publics
et de l'Approvisionnement
M. Jean-Paul Bordeleau Adjoint parlementaire au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
M. Michel Gauthier Adjoint parlementaire au ministre des Finances
M. Denis Perron Adjoint parlementaire au ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional
M. Jacques Rochefort Adjoint parlementaire au ministre des Affaires
sociales
M. Jean-Pierre Charbonneau Adjoint parlementaire au Premier ministre
(Plan d'action gouvernementale pour les jeunes)
M. Michel Gratton Adjoint parlementaire au leader parlementaire de
l'Opposition
10 mars 1983
Membres de l'Assemblée nationale du
Québec
PRÉSIDENT: M. Claude Vaillancourt VICE-PRÉSIDENTS: M.
Jean-Pierre Jolivet M. Réal Rancourt
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau
Bacon, Lise PLQ Administratrice Chomedey
Baril, Gilles PQ Chroniqueur sportif
Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska
Beaumier, Yves PQ Administrateur Nicolet
Beauséjour, Jacques PQ Éducateur Iberville
Bédard, Marc-André PQ Avocat Chicoutimi
Bélanger, Fabien PLQ Administrateur Mégantic-Compton
Bertrand, Jean-François PQ Professeur Vanier
Bérubé, Yves PQ Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue PQ Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy Ind Conseiller technique Sainte-Marie
Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance
Blais, Yves PQ Administrateur Terrebonne
Blank, Harry PLQ Avocat Saint-Louis
Blouin, René PQ Éducateur Rousseau
Bordeleau, Jean-Paul PQ Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules PQ Directeur Rivière-du-Loup
Bourbeau, André PLQ Notaire Laporte
Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean
Brouillet, Raymond PQ Professeur Chauveau
Caron, Lucien PLQ Administrateur Verdun
Champagne, Jean-Paul PQ Professeur Mille-Îles
Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères
Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Joliette
Ciaccia, John PLQ Avocat Mont-Royal
Clair, Michel PQ Avocat Drummond
Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau
Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette
De Bellefeuille, Pierre PQ Journaliste Deux-Montagnes
Dean, Robert PQ Syndicaliste Prévost
Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc
Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier
Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert
Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves PQ Avocat Saint-Maurice
Dupré, Maurice PQ Administrateur Saint-Hyacinthe
Dûssault, Roland PQ Enseignant Châteauguay
Fallu, Élie PQ Professeur Groulx
Fortier, Pierre-C. PLQ Ingénieur et administrateur Outremont
Fréchette, Raynald PQ Avocat Sherbrooke
French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount
Gagnon, Marcel PQ Aviculteur Champlain
Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis
Gauthier, Michel PQ Administrateur Roberval
Gendron, François PQ Éducateur Abitibi-Ouest
Godin, Gérald PQ Journaliste Mercier
Gratton, Michel PLQ Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond PQ Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles PQ Homme d'affaires Frontenac
Guay, Richard PQ Avocat Taschereau
Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri
Harel, Louise PQ Avocate et sociologue Maisonneuve
Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier
Johnson, Daniel PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges
Johnson, Pierre-Marc PQ Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre PQ Agent syndical Laviolette
Juneau, Carmen PQ Mère de famille Johnson
Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau
Lachance, Claude PQ Administrateur scolaire Bellechasse
Lachapelle, Huguette PQ Mère de famille Dorion
Membres de l'Assemblée nationale
(suite)
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Lafrenière, Marcel PQ Agent d'affaires Ungava
Lalonde, Fernand PLQ Avocat Marguerite-Bourgeoys
Landry, Bernard PQ Avocat Laval-des-Rapides
Laplante, Patrice PQ Commissaire administrateur Bourassa
Laurin, Camille PQ Médecin Bourget
Lavigne, Laurent PQ Enseignant Beauharnois
Lavoie-Roux, Thérèse PLQ Administratrice scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis PQ Médecin-administrateur Bertrand
LeBlanc-Bantey, Denise PQ Journaliste Îles-de-la-Madeleine
LeBlanc, Jacques PQ Administrateur Montmagny-L'Islet
Leduc, Germain PLQ Notaire Saint-Laurent
Leduc, Michel PQ Professeur Fabre
Léger, Marcel PQ Administrateur Lafontaine
LeMay, Henri PQ Administrateur scolaire Gaspé
Léonard, Jacques PQ Comptable agréé Labelle
Levesque, Gérard D. PLQ Avocat et administrateur Bonaventure
Lévesque, Léonard PQ Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René PQ Journaliste Taillon
Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan
Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger
Mailloux, Raymond PLQ Homme d'affaires Charlevoix
Marcoux, Alain PQ Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pauline PQ Administratrice La Peltrie
Marois, Pierre PQ Avocat Marie-Victorin
Marquis, Léonard PQ Administrateur Matapédia
Martel, Maurice PQ Pharmacien Richelieu
Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee
Mathieu, Hermann PLQ Notaire Beauce-Sud
Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac
Morin, Jacques-Yvan PQ Professeur Sauvé
O'Gallagher, John PLQ Ingénieur civil Robert Baldwin
Ouellette, Adrien PQ Professeur Beauce-Nord
Pagé, Michel PLQ Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert PQ Directeur pédagogique Rosemont
Paradis, Pierre-J. PLQ Avocat Brome-Missisquoi
Paré, Roger PQ Administrateur Shefford
Parizeau, Jacques PQ Économiste L'Assomption
Payne, David PQ Enseignant Vachon
Perron, Denis PQ Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon PLQ Principal d'école Maskinongé
Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne
Proulx, Jérôme PQ Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal PQ Agriculteur Saint-François
Richard, Clément PQ Avocat Montmorency
Rivest, Jean-Claude PLQ Avocat Jean-Talon
Rochefort, Jacques PQ Administrateur Gouin
Rocheleau, Gilles PLQ Homme d'affaires Hull
Rodrigue, Jean-Guy PQ Ingénieur Vimont
Ryan, Claude PLQ Journaliste Argenteuil
Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie
Scowen, Reed PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier
Tardif, Guy PQ Professeur Crémazie
Tremblay, Luc PQ Économiste Chambly
Vaillancourt, Claude PQ Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford
Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond
Vaugeois, Denis PQ Historien et éditeur Trois-Rivières
PQ - Parti québécois
PLQ - Parti libéral du Québec
Ind - Indépendant
Sièges vacants: Charlesbourg Saguenay Saint-Jacques
10 mars 1983