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(Dix heures vingt minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Période de questions orales des députés.
M. le député de Hull.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Demande de moratoire sur la formation des MRC
M. Rocheleau: M. le Président, depuis quelques jours, on
discute beaucoup de la constitution canadienne, du jugement de la Cour
suprême et plus particulièrement du rapatriement unilatéral
que se propose de faire le gouvernement fédéral.
Je voudrais faire un parallèle et ma question va s'adresser au
ministre des Affaires municipales et au ministre d'État à
l'Aménagement, s'il a quelque chose de plus à ajouter.
J'ai assisté, en compagnie d'un de mes collègues, le
député de Huntingdon, au congrès de l'Union des conseils
de comté, la semaine dernière, et je considère qu'il y a
une inquiétude profonde dans le milieu municipal, parmi les
gouvernements municipaux, dans tout le Québec, concernant l'application
de la loi 125 et plus particulièrement les MRC. Cette inquiétude
est profonde, parce que, actuellement, des consultations sont faites, de la
pseudoconsultation, à travers le Québec, pour tenter d'amener les
municipalités, tant rurales qu'urbaines, à se joindre à
des MRC pour lesquelles le gouvernement n'a pas encore établi le
processus qui va amener les MRC à un financement ou à des revenus
additionnels tenant compte des responsabilités que l'on veut leur
confier. Cela concerne l'ensemble des municipalités du Québec et
ça concerne aussi l'ensemble de la deputation provinciale, parce que
nous représentons tous des municipalités, aussi bien rurales
qu'urbaines.
M. le Président, à la suite de cette rencontre avec les
municipalités rurales, à la suite de ce congrès, et
à la suite de cette demande de la formation que je représente,
soit celle de l'Opposition, celle du Parti libéral, je demande au
minstre des Affaires municipales, premièrement, de
décréter un moratoire sur l'application de la loi 125 et la
création des MRC tant et aussi longtemps que le ministre des Affaires
municipales n'aura pas accepté, d'une part, la demande de l'Union des
conseils de comté, c'est-à-dire une rencontre
Québec-municipalités appuyée par l'Union des
municipalités du Québec qui réunirait toutes les
municipalités du Québec à la même table avec le
gouvernement pour étudier l'implication des MRC. Je demande au ministre
des Affaires municipales de me répondre.
Le Président: M. le ministre.
M. Léonard: Je vois que M. le député de Hull
pense qu'il y a de l'inquiétude, mais je pense qu'il n'y en a pas et que
ça va très bien. Justement, en fin de semaine, lors du
congrès de l'Union des conseils de comté du Québec, le
président a dit - je pense utiliser ses propres termes - que
c'était fini, les batailles d'arrière-garde quant à
l'application de la loi et au niveau des comités de consultation. Je
pense que les conseils de comté comme les maires du Québec ont
réalisé qu'il fallait une loi de l'aménagement au
Québec et qu'il était temps aussi qu'on passe à l'action
sur ce plan et qu'on l'applique dès maintenant. Ce n'est pas un
moratoire qui a été demandé, au contraire, ils voulaient
qu'on l'applique le plus vite possible.
Je rappellerai que toute cette démarche dure depuis
déjà trois ans. La loi a été votée en 1979
et elle comportait un délai maximal de trois ans avant qu'on mette en
application cette formule des municipalités régionales de
comté. Nous en sommes là, nous avons formé 19
comités de consultation qui fonctionnent au moins depuis un an chacun
et, à l'heure actuelle, toute la démarche aboutit à la
création et à l'émission de lettres patentes. Nous en
avons 33 d'émises maintenant, il y en aura quelque 25 à la fin du
mois d'octobre, une autre vingtaine à la fin du mois de novembre. Alors,
je pense que toute l'opération va bien. On a eu des discussions au sein
des comités de consultation, mais ça n'a pas été
une consultation bidon, loin de là; ce fut justement une consultation
avec le gouvernement à laquelle ont participé tous les
élus municipaux, tant du côté de l'Union des conseils de
comté du Québec que de l'Union des municipalités du
Québec. Même s'il y a eu des discussions, finalement, on est
arrivé à des compromis à l'intérieur de chacune des
municipalités régionales de comté qui se sont
formées jusqu'ici, au-delà des mots d'ordre qui parfois ont
été donnés. Je comprends dans quelle situation, mais, au
fond, les gens, chacun sur leur territoire, ont fait les discussions et les
compromis nécessaires pour arriver à avancer. Il n'est pas
question de reculer là-dessus.
Quant au moratoire, aux inquiétudes que vous soulignez, je
rappellerai que la loi 125 comporte l'aménagement du territoire -c'est
cela qu'elle comporte - qu'elle a donné en plus aux comtés
municipaux du Québec. Évidemment, compte tenu des discussions que
cela amène, lorsqu'on fait un schéma d'aménagement, on est
amené à réfléchir sur les infrastructures qu'il y a
sur le territoire d'une municipalité régionale de comté.
Je suis sûr qu'il y a des gens qui vont dire: On voudrait prendre telle
ou telle responsabilité en plus, mais ce n'est pas cela, la loi 125. La
loi 125 comporte l'aménagement. S'il y a d'autres
responsabilités, cela va donner lieu à d'autres débats
publics, je le dis depuis lonqtemps, et, à ce moment, il y aura
nécessairement des modalités de financement qui vont accompagner
toute autre responsabilité qui pourrait, éventuellement, lors
d'autres débats, être attribuée aux municipalités
régionales de comté.
M. Rocheleau: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Hull, sans préambule, s'il vous plaît:
M. Rocheleau: Sans préambule, je suis bien d'accord avec
vous, mais il reste qu'il y a deux communautés urbaines et une
communauté régionale qui, jusqu'ici, n'ont jamais
fonctionné au Québec. Ce que je veux savoir de la part du
ministre des Affaires municipales - il ne m'a pas répondu - c'est s'il
va convoquer un congrès des municipalités pour discuter avec le
gouvernement de l'avenir des MRC et de l'inquiétude qui est
provoquée actuellement dans le monde municipal. Il ne m'a pas
répondu du tout là-dessus.
Le Président: M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, nous sommes
très réceptifs à toute discussion avec les
municipalités du Québec. Nous en avons fait la preuve jusqu'ici.
Il n'y a aucun problème là-dessus. Quant aux modalités
techniques qu'on pourrait utiliser, si jamais il y avait d'autres
responsabilités qui étaient dévolues aux
municipalités régionales de comté, je pense qu'on y verra
en temps et lieu. Pour l'instant, je crois qu'il est prématuré de
statuer sur la façon dont on ferait la consultation. Ce que je dis,
c'est que, s'il y a des responsabilités qui sont éventuellement
transférées aux municipalités régionales de
comté, cela va se faire avec autant de consultations qu'on en a
menées jusqu'ici.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre, lorsque vous parlez de consultations,
on pourrait peut-être se baser, puisque le passé est garant de
l'avenir, sur la façon dont vous avez consulté dans la
région sud de Montréal, et plus spécialement dans la
région de Missisquoi. Les comtés de Brome-Missisquoi, Iberville,
Johnson et Shefford sont affectés. Une cinquantaine de maires, ainsi que
toutes les institutions en place se sont prononcés contre. Vous aviez
nommé un représentant au comité.
Le Président: Question, s'il vous plaît:
M. Paradis: Les municipalités en avaient
délégué deux. Le rapport des deux représentants des
municipalités a été refusé.
Des voix: Question.
M. Paradis: Ma question: Est-ce qu'à la suite de la
demande de l'Opposition, à la suite des avis et recommandations qui ont
été adressés au premier ministre lui-même par le
Conseil de planification et de développement du Québec... Je vous
lis cette recommandation: "La loi 125 sur l'aménaqement et l'urbanisme,
dont le processus de mise en application est lancé depuis plus d'un an
maintenant... (10 h 30)
Des voix: Question.
M. Paradis:... paraît mener à la création
d'un nouveau palier de gouvernement entre le gouvernement local
représenté par la municipalité et l'État
provincial.
Des voix: Question.
M. Paradis: Ce n'est pas sans inquiéter plusieurs
administrateurs municipaux qui craignent les augmentations... "
Une voix: À l'ordre!
Le Président: M. le député, vous comprendrez
que la demande que j'ai adressée à M. le député de
Hull s'adresse également à vous. Je vous demanderais de poser
votre question, s'il vous plaît.
M. Paradis: Est-ce que le ministre des Affaires municipales a
l'intention de suivre la recommandation du Conseil de planification et de
développement du Québec qui a été soumise au
premier ministre en juin de cette année et d'imposer un moratoire sur
l'implantation de ces MRC?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: Je voudrais d'abord répondre au
député quant à sa remarque sur la consultation. La
consultation s'est bien faite dans l'ensemble du territoire du Québec.
On pourra déposer éventuellement les rapports de comités,
ce n'est pas du tout inquiétant là-dessus. Mais il arrive
qu'à des moments donnés il faut trancher, donner des indications.
Par exemple, dans un cas que je me rappelle maintenant, sur seize
municipalités, quinze étaient d'accord et une n'était pas
d'accord. Mais il faut quand même qu'il y ait une continuité de
territoire; donc, à ce moment-là, il faut que la seizième
se rallie. Je comprends. Lorsqu'il y a un territoire d'une municipalité
de village enclavé à l'intérieur d'un territoire de
municipalité de paroisse, c'est bien évident qu'il faut à
un moment que l'une ou l'autre se rallie. C'est dans ce sens que des
décisions ont été prises.
Je reviens. Quant à la question sur le moratoire, je pense avoir
répondu au député de Hull que, quant à d'autres
responsabilités, nous en discuterons en temps et lieu selon des
modalités à définir. Pour ce qui est de l'implantation des
municipalités régionales de comté, elles ont dans la suite
des conseils de comté municipaux acquis la compétence de faire un
schéma d'aménagement; à ce moment-là, c'est cela
qui est en cause et pas d'autres responsabilités. On verra donc à
ce moment quelles sont les autres responsabilités, et la consultation
à tenir au moment opportun.
Je voudrais revenir aussi, si vous me le permettez, M. le
Président, sur une assertion du député de Hull, que les
communautés urbaines au Québec ne fonctionnent pas. Je pense le
contraire, M. le Président. Les communautés urbaines ont parfois
des problèmes, bien entendu, mais cela fonctionne, et je poserais
plutôt la question à l'inverse: Qu'est-ce qui serait arrivé
s'il n'y avait pas eu de communauté urbaine sur le territoire de
Montréal, à Québec et dans la région de
l'Outaouais?
Une voix: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président?
M. Léonard: Allez-y.
Le Président: M. le ministre d'État à
l'Aménagement.
M. Gendron: M. le Président, comme ministre d'État
à l'Aménagement, je voudrais ajouter un complément de
réponse puisque le député de Brome-Missisquoi a fait
mention de l'avis du Conseil de planification et de développement du
Québec, lequel conseil j'avais l'occasion de rencontrer pas plus tard
que ce matin de 9 heures à 10 h 10, particulièrement
l'équipe qui a travaillé à cet avis concernant la
décentralisation. Je veux simplement répondre à la
question du député de Brome-Missisquoi en lui disant que j'ai
fait connaître ce matin au comité que, pour ce qui est de mettre
un frein ou de faire une espèce de moratoire à l'application de
la loi 125, il n'en était pas question, et je reprendrais
fondamentalement tout ce qui a été mentionné par le
ministre des Affaires municipales.
Par contre, j'ai senti, pour en avoir discuté avec eux, que ce
qui les intriguait peut-être davantage c'est la conduite du mandat du
ministre d'État sur la décentralisation. Je pense leur avoir
donné les informations suffisantes et toutes les garanties
nécessaires que nous ne conduirons pas une opération de cette
envergure, aussi importante, sans associer dans les discussions des
intervenants aussi priviliégiés que ceux du monde municipal. En
ce sens, je leur ai dit que, si la décentralisation les
intéressait, il y avait peut-être lieu de raffermir davantage leur
position, de nous suggérer certains modèles de
décentralisation; le comité ministériel va faire son
travail là-dessus. Lorsqu'on aura peut-être précisé
davantage les grandes lignes d'une politique de décentralisation, cela
nous fera plaisir comme gouvernement d'aller consulter les intervenants
intéressés par cette question.
Le Président: Question principale, M. le
député de Laprairie.
Le dossier de la fête nationale
M. Saintonge: Ma question s'adresse au ministre de la Justice et
ministre d'État à la Réforme électorale.
La série d'articles sur la fête nationale, dans le journal
La Presse, au cours des derniers jours, a mis en lumière plusieurs faits
qui semblent être des dérogations à la Loi sur le
financement des partis politigues. Que ce soit l'utilisation des voitures, dont
les frais de location ont été acquittés par le
ministère des Travaux publics, que ce soit le matériel de
pavoisement de la fête nationale, qui aurait été mis
à la disposition de militants péquistes dans le cadre du
référendum, que ce soit le personnel payé par le
comité organisateur, ou les comités régionaux qui aurait
travaillé à la réélection du gouvernement
péquiste, tous ces faits nous semblent être des dérogations
à la Loi sur le financement des partis politigues.
Voici ma question. M. le ministre, pouvez-vous nous informer si le
directeur général du financement des partis politiques a ouvert
une enquête sur les faits référendaires et
électoraux rapportés dans ces articles?
Le Président: M. le ministre de la Justice et ministre
d'État à la Réforme électorale.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: M. le Président, le ministre responsable
du dossier a fait état, hier, que des enquêtes comptables se
poursuivent. J'imaqine que lorsque ces enquêtes seront terminées,
le ministre responsable verra à acheminer les éléments
opportuns vers le président général des élections
ou le responsable du financement des partis politiques.
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Lessard: Vous me permettrez, M. le Président,
d'apporter une réponse supplémentaire.
Le député tient pour acquis que ces faits,
rapportés dans la Presse, sont des faits qui ont été
entièrement vérifiés, sont des faits qui seraient
exacts.
Or, M. le Président, j'ai dit, hier, que nous attendions les
bilans financiers et qu'à la suite des questions des
députés libéraux, une commission des engagements
financiers va siéger sur ce sujet.
Quand nous aurons tous les bilans financiers, à la suite des
questions des députés libéraux, nous aurons donc cette
commission.
Je serais capable, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale,
de répondre à un certain nombre de faits, mais, vous-même,
en vertu des rèqlements, ne me permettriez pas de le faire parce que,
déjà, des questions sont posées à la commission des
engagements financiers.
Cependant, vous me permettrez d'ajouter ceci. Quoi qu'en dise M. Normand
Girard, dans sa chronique de ce matin, et sa façon d'interpréter
les rires circonstanciés d'hier, à l'Assemblée nationale,
je continue à dire et à répéter que le
comité national, le comité organisateur des fêtes
nationales à Montréal et les guinze autres comités
organisateurs dans toutes les régions du Québec, qui sont
élus démocratiquement lors d'assemblées
générales, sont des organismes sans but lucratif. Ces gens
travaillent bénévolement, M. le Président. Que ces gens
puissent s'adjoindre des personnes à temps plein comme des personnes
occasionnelles lorsque les activités sont plus intensives en vue de
réaliser ces manifestations, c'est tout à fait normal.
Une voix: Une réponse.
M. Lessard: On comprendra qu'on ne peut quand même pas
organiser une manifestation d'une telle ampleur dans toutes les régions
du Québec sans avoir du personnel permanent et du personnel occasionnel.
Mais n'oublions pas une chose: des milliers de bénévoles - les
députés le savent - dans tout le Québec ont
travaillé à l'organisation de cette manifestation et c'est
grâce à ces bénévoles que la fête nationale,
l'an dernier, a été un succès comme elle sera encore un
succès. La fête nationale des Québécois est
là pour rester, mais certaines erreurs administratives et certains
déboires devront être corrigés.
Une voix: Par le directeur général.
M. Lessard: Mais nous répondrons à toutes ces
questions à la commission des engagements financiers.
Une voix: Bravo!
Le Président: Question additionnelle.
M. Saintonge: M. le Président, c'est une question au
ministre responsable de la réforme électorale. Je crois qu'un
bilan financier ne fera pas état où ces montants-là ont
été effectivement utilisés. Je ne sais pas ce que le
ministre attend pour demander au directeur général du financement
des partis politigues d'enguêter sur ces faits, d'autant plus que lors de
la dernière campagne électorale, le directeur
général du financement des partis politiques a été
assez rapide à réagir contre les enseignants à propos des
annonces parues dans des journaux concernant les coupures budgétaires.
Le cas présent me semble clair, me semble patent. Ce n'est pas un bilan
financier qui va orienter effectivement le sens de ces dépenses.
Une voix: Parfait!
Le Président: M. le ministre d'État à la
Réforme électorale.
M. Bédard: M. le Président, je pense que le
ministre responsable du dossier...
Des voix: Ah!
M. Bédard:... vient de donner la réponse au
député.
Une voix: Soyez donc un vrai ministre, un vrai vrai ministre.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: C'est très simple. Voyons donc!
Le Président: M. le député de Rousseau. (10
h 40)
Sondage sur la formule Trudeau
M. Blouin: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au premier ministre et
concerne une information qui a paru dans la Presse de ce matin et qui se
situe plus précisément à la page A 8 juste à
côté de la nouvelle qui précise que M. Bourassa donne son
appui à M. Ryan.
L'information que je demanderai au premier ministre de commenter est
relative à un sondage d'opinion qui a été
réalisé entre le 15 avril et le 14 mai dernier par CROP et qui
indiquerait que 53% des Canadiens appuieraient la formule Trudeau.
Je demande au premier ministre, compte tenu des informations dont il
peut disposer, de nous commenter cette nouvelle.
Des voix: Des commentaires? Le Président: M. le
premier ministre. M. Lévesque (Taillon): M. le Président.
Des voix: Ce n'est pas une question. Des voix: Des
commentaires!
M. Lévesque (Taillon): J'ai cru comprendre qu'il y avait
un point d'interrogation à la fin de la demande.
Je vais être très bref, M. le Président, mais je
pense qu'il est important de souligner une chose parce que, dans un autre
journal que celui mentionné par le député, c'est en
première page et ça donne une curieuse impression, sauf quand on
remarque une chose. C'est que cette soi-disant information de sondage qui est
parue hier ou avant-hier, je ne sais pas, dans un bulletin de la maison Crop
qui est publié régulièrement, se réfère
à un sondage qui aurait été fait en avril et en mai, ce
qui est déjà assez curieux, en avril et en mai,
c'est-à-dire il y a quelques mois, et qui, tout à coup, nous
arrive dans le visage au début d'octobre. Première chose.
Deuxième chose, c'est qu'en ce qui concerne le Québec,
où nous avons quand même certains points de
référence, c'est tellement contraire à tous les
résultats que nous connaissons qu'on a beaucoup de difficultés
à voir comment cela a pu se produire si on n'a pas une idée de
l'échantillonnage et du client pour lequel cela a été
fait. Parce que cela est fait pour des clients.
Dernière chose, et c'est la seule que j'ajouterais, c'est que
cela a été publié hier par un M. Michel Saykaly, qui est
directeur de la recherche chez Crop, mais qui quittera son poste chez Crop
à la mi-octobre, d'après les informations que nous avons, pour
aller occuper de nouvelles fonctions pour le groupe de l'Unité
canadienne à Ottawa.
M. Lalonde: M. le Président, question principale.
Le Président: Question principale, M. le
député de Marquerite-Bourgeoys.
Réforme des structures scolaires
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais poser une
question qui intéresse les Québécois, je pense, au plus
haut point. Je voudrais l'adresser au ministre de l'Éducation. Des
rumeurs savamment organisées ont laissé croire que la
réforme des structures scolaires au Québec était devenue
une priorité après cinq ans d'inaction du gouvernement.
Toutefois, tout le monde est à peu près dans
l'obscurité là-dessus quant aux intentions du ministre, quant au
contenu et à son calendrier d'action. Je voudrais lui demander,
premièrement, s'il est prêt à dévoiler son projet
dans les meilleurs délais. Dans quelle forme son projet sera-t-il
dévoilé? Est-ce que ce sera un livre, un avant-projet de loi ou
toute autre forme?
Je vais lui demander aussi s'il a l'intention de consulter
véritablement; pas une petite parade comme les tournées de
ministre et des choses comme ça, mais une véritable consultation
de tous les agents du milieu scolaire, du milieu de l'enseignement, de tous les
intéressés, avant de prendre une décision.
Le Président: M. le ministre de l'Fducation.
M. Laurin: M. le Président, je remercie le
député pour sa question extrêmement importante, en effet.
Contrairement à ce qu'il a dit dans son préambule à propos
des cinq années d'inaction du gouvernement en la matière, je
pense que très rarement on a vu un gouvernement se préoccuper
autant d'éducation au cours des dernières années.
Je rappelle simplement la très grande consultation qui a eu lieu
dans le Québec sur la réforme de l'école, des valeurs
pédagoqiques et les immenses résultats auxquels nous en sommes
arrivés et que je ne peux que résumer brièvement au cours
de cette période de questions. Nous savons, par exemple, que nous avons
reporté d'un an les options. Nous avons renforcé le programme de
base, la formation générale, la formation fondamentale,
répondant ainsi aux voeux de la population du Québec. Nous avons
remplacé des programmes-cadres beaucoup trop flous par des programmes
précis pour chaque matière. Nous avons l'intention de publier un
manuel pour l'enseiqnement de chaque matière. Nous avons grandement
amélioré l'encadrement des élèves, non seulement au
primaire où il avait continué à se faire malgré
tout, mais au secondaire également. Nous avons présenté
des projets de loi. Nous avons formé des conseils d'orientation dans
chacune...
M. Lalonde: Question de règlement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, M. le député, sur une question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement. Le ministre peut peut-être s'amuser à dire tout
ce qui est arrivé...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Question de règlement, M. le député.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre peut s'amuser
à dire à peu près tout ce qui est arrivé depuis
cinq ans, depuis que ce gouvernement est au pouvoir. Pour respecter, je ne
parle pas de l'Opposition, mais tous les membres de l'Assemblée
nationale et la population, est-ce qu'il pourrait arrêter de rire de nous
autres et répondre à la question? Qu'est-ce qu'il va arriver avec
la restructuration scolaire, s'il vous plaît?
Le Président: M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je rappellerai au
député de Marguerite-Bourgeoys qu'un député
élu par le peuple ne peut accepter ni des calomnies, ni des mensonges
à l'endroit d'un système aussi important que le système
scolaire au Québec. Je pense qu'il nous faut rappeler quand même
les efforts incessants du gouvernement, au cours de son premier mandat, pour
améliorer l'éducation au Québec. Ce n'est pas fini,
j'étais en train de parler d'encadrement. Cet encadrement se fait
maintenant. Nous avons réussi aussi à démarginaliser les
clientèles scolaires qui étaient handicapées, en
particulier...
M. Lalonde: Question de règlement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Sur
une question de règlement, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense, M. le Président, qu'il devient de
plus en plus évident que le ministre se situe totalement en dehors du
règlement. Les réponses doivent être courtes, doivent
être pertinentes. Sinon, M. le Président, dans notre
période de questions qui est de seulement 45 minutes, on peut voir un
ministre...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Laurin: Je suspendrai, donc, temporairement, M. le
Président, la liste des réformes fondamentales que le
ministère de l'Éducation a faites au cours des cinq
dernières années. Simplement pour dire que, malgré tous
ces efforts, la population en attend davantage. Elle veut des écoles
rapprochées du milieu, qui reflètent davantage les besoins et les
attentes du milieu. Elle veut que chaque école soit dotée de son
projet éducatif. Elle veut des écoles stables. Elle veut des
écoles ouvertes qui assument leur mission communautaire. C'est dans ce
sens que nous continuons notre réflexion et notre besoin de
réformes. D'autant plus qu'il y a encore des problèmes qui se
posent, des problèmes très importants. La qualité de
l'enseignement religieux, par exemple, que viennent de déplorer le
Conseil supérieur de l'éducation et le comité catholique
du ministère de l'Éducation. Le problème de l'exemption
également qui marginalise actuellement des centaines et des centaines
d'élèves. Encore aujourd'hui, dans le Journal de Montréal,
il y avait un article à cet effet. La demande d'exemption de
l'enseignement religieux que font certains professeurs. Les problèmes
linquistiques qui continuent aussi de se poser dans certaines écoles
à côté du problème confessionnel. Il y a encore ce
problème d'encadrement où nous pourrions encore faire beaucoup de
progrès. C'est dans la foulée de l'effort entrepris au cours des
cinq dernières années que nous continuons notre réflexion.
J'ai mis sur pied des programmes, des comités de travail...
Une Voix: On veut Morin.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Question additionnelle, M. le député de Marquerite-Bourqeoys? (10
h 501
M. Lalonde: En fait, ce n'est pas une question additionnelle,
c'est la même question, parce qu'on n'a pas eu de réponse. Avant
que tout le monde s'endorme ici, peut-être que le ministre pourrait se
trouver une place à la Comédie nationale. Il a du talent, mais
cela ne règle pas le problème. Par respect pour la population -
faites une parenthèse dans votre "show" et respectez les gens -
dites-nous quand vous allez dévoiler votre projet et sous quelle forme;
est-ce que vous allez consulter le monde ou si vous allez imposer votre
volonté, comme vous le faites toujours, sans respect pour la population?
Est-ce que vous allez vous engager à respecter les aspirations des gens
que vous allez consulter?
Le Président: Très brièvement, M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, par respect pour la
population, il faut lui donner une école qui corresponde à ses
attentes et à ses
besoins, et nous y travaillons fermement et avec intensité. Comme
je le disais tout à l'heure avant qu'on ne m'interrompît, j'ai
créé des comités de travail qui poursuivent actuellement
leur réflexion. Ce travail n'est pas terminé. Quand le travail
sera terminé, le ministère prendra des options qui seront ensuite
présentées au Conseil des ministres, et le cas
échéant, évidemment, cela pourrait se traduire par un plan
d'action ou par un projet de loi.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez une idée un peu plus
précise de l'époque, sinon l'année, peut-être le
mois ou la saison où vous allez présenter le résultat de
vos travaux?
Le Président: M. le ministre.
M. Laurin: Nous essayons toujours de procéder avec le
maximum de célérité, en tenant compte des
difficultés du problème. J'ai bon espoir de pouvoir aboutir dans
quelques mois.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauce-Sud.
Le budget de l'Agriculture et l'aide aux producteurs
de porc
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je suis content de
voir que le premier ministre a procédé au rapatriement du
ministre de l'Aqriculture, qui est de retour d'un voyage en France, si j'ai
bonne mémoire. C'est curieux, on coupe dans tous les domaines, mais on
ne coupe pas les voyages. J'ai besoin d'un court préambule.
Le vrai visage du Parti québécois se dévoile peu
à peu pour le monde agricole. En effet, le véritable essor en
agriculture s'est fait de 1971 à 1976. Quelques chiffres nous
démontrent - j'ai besoin de le mentionner pour étayer ma question
- que de 1971 à 1976 le budget global du Québec a augmenté
de 115%, alors que le budget de l'agriculture a augmenté de 155%. De
1976 à 1981, le budget global du Québec a augmenté de 97,
3%, alors que le budget de l'agriculture a augmenté de 68, 1%. Ce n'est
même pas l'inflation. En attendant de pouvoir le faire formellement,
quand les règles le permettront, je me dois de transmettre au ministre
de l'Agriculture un blâme sévère de la part de la classe
agricole du Québec. Il a suscité bien des espoirs,
commandé des investissements et, une fois cela réalisé,
laissé tomber le monde agricole. J'entendais un cultivateur de
Saint-Félix-de-Valois, la semaine dernière, M. Poiré, me
dire: J'ai cru en l'autosuffisance, je réalise que c'est
l'autodestruction.
Ma question est la suivante, elle a deux volets: Premièrement, le
ministre est-il prêt à prendre l'engagement que la part du budqet
du ministère de l'Agriculture par rapport au budget global sera
maintenue ou augmentée, comme cela était le cas sous le
régime précédent, 1970-1976? Deuxièmement, je la
pose, parce que, connaissant les facultés de patinage du ministre, je ne
pourrai peut-être pas revenir en additionnelle, compte tenu du temps: En
ce qui concerne la crise sévère du porc qui sévit
présentement et dont j'ai fait état aux mois de mai et juin, le
ministre n'a rien fait, sinon de dire que les producteurs de porcs sont des
privilégiés. Or, les faillites se multiplient. Le ministre
va-t-il nous dire ce matin ce qu'il entend faire comme mesure d'urgence et
mesure significative pour venir en aide à ces producteurs?
Le Président: M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, c'est évident que le
député de Beauce-Sud prend comme données ses propres
chiffres. Évidemment, il est dans l'erreur. Je lisais dans le journal la
semaine dernière qu'il disait qu'on avait coupé le budget des
travaux mécanisés de 15 000 000 $. Le budget des travaux
mécanisés n'a jamais été de 15 000 000 $; au
maximum, il a été de 12 000 000 $.
Il a également dit qu'on avait coupé les subventions pour
le drainaqe souterrain de 25 000 000 $ alors que le budget maximum est, en
1980-1981, de 20 474 000 $.
Je peux vous dire qu'actuellement, le gros problème, alors que le
premier ministre du Canada...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Garon: M. le Président, le problème actuellement
dans l'agriculture, c'est le taux d'intérêt. Alors que le premier
ministre du Canada se fait donner des massaqes à Séoul ou fait de
la bicyclette, encore hier, je signais un document pour aller en budget
supplémentaire à l'automne pour un montant de près de 11
000 000 $. Pourquoi? Parce que alors que le taux d'intérêt - le
député de Beauce-Sud devrait savoir cela - est rendu à
22%, à cause de l'inaction du gouvernement fédéral,
actuellement, nous avons un budget de 79 000 000 $ de subventions sur le taux
d'intérêt du crédit agricole qui va devoir sans doute
monter avec le budqet supplémentaire à 90 000 000 $ cette
année. C'est plus que tous les prêts agricoles du Parti
libéral en 1976 pour le développement à long terme de
l'agriculture. C'est seulement en subventions
d'intérêt.
La politique que j'ai adoptée, c'est de maintenir le plus
longtemps possible les taux d'intérêt en matière agricole
à 8% jusqu'à 150 000 $, comme c'est le cas actuellement. Cela
coûte des dizaines et des dizaines de millions de dollars.
Demandez à l'ensemble des cultivateurs du Québec
actuellement s'ils préfèrent voir augmenter le taux
d'intérêt à 22% et avoir quelques heures de travaux
mécanisés de plus, ou avoir quelques heures de travaux
mécanisés de moins mais avoir un taux d'intérêt qui
se maintient à 8% alors que le taux d'intérêt est à
22%.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Une courte question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mathieu: Le ministre fait de l'art oratoire pour laisser de
côté les questions de fond. Je reviens à ma deuxième
question. Que va-t-il faire pour les producteurs de porc? Est-ce qu'il va
encore soutenir que c'est une classe privilégiée?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, je peux vous dire que la
production de porc au Québec s'est maintenue depuis deux ans. Je ne vous
dis pas que les gens ont fait une fortune. On sait que les prix du porc, depuis
deux ans, ont été faibles. Il se sont rétablis quelque peu
depuis deux mois, deux mois et demi. Les prix sont meilleurs. Oui, ils ne sont
pas en dessous du coût de production actuellement, ils sont au-dessus du
coût de production.
De nombreux députés du Parti québécois, je
pense au député de Rousseau, au député d'Iberville
et au député de Saint-Hyacinthe, ont rencontré des
producteurs de porc dans leur région au cours de l'été.
J'ai rencontré pour la nième fois leur fédération
justement avant de partir pour la France.
Une voix: Son agenda, c'est la France.
M. Garon: En France, en passant, je n'étais pas en
vacances, j'ai fait 3000 kilomètres dans six jours pour voir ce qui se
faisait pour le contrôle de la qualité du poisson, mais c'est une
autre affaire.
Les députés du Parti québécois m'ont
demandé de rencontrer la fédération une nouvelle fois. Je
l'ai rencontrée. J'ai expliqué à ces gens qu'avant que le
gouvernement fédéral annonce sa subvention de 8, 96 $ par porc,
j'avais fait faire les travaux sur les coûts de production dans le
domaine du porc. Je ne savais pas à ce moment-là quel serait le
niveau de stabilisation du gouvernement fédéral. Si le
gouvernement fédéral a un niveau de stabilisation trop faible,
parce qu'il stabilise en fonction des prix des cinq dernières
années et du coût de production - cela diffère des
coûts de production du Québec -si le niveau de stabilisation est
véritablement en bas des coûts de production comme on les
établit au Québec, en tenant compte d'un revenu à
l'agriculteur en fonction des 34 corps de métier des travailleurs
spécialisés, j'ai l'intention de présenter un
mémoire au Conseil des ministres pour faire une stabilisation en
fonction des coûts de production établis après discussion
avec les représentants des agriculteurs. (11 heures)
Le niveau de stabilisation, s'il y avait eu un régime de
stabilisation pour les porcs d'engraissement en 1980-1981, aurait
été d'un peu plus de 9 $. Comme le niveau de stabilisation du
gouvernement fédéral est à 8, 96 $, j'ai dit: Si vous avez
des arguments additionnels pour me démontrer qu'on devrait ajouter un
montant au niveau de la stabilisation, je suis prêt à ce qu'on
ouvre vos livres avec les économistes du ministère, vos
employés, et que l'on travaille ensemble, mais ils m'ont demandé
un délai additionnel pour regarder cela. Ils vont donc regarder si, au
point de vue de la stabilisation, s'il y avait un régime, on aurait
stabilisé à un niveau qui était beaucoup plus
élevé que le montant qui a été payé par le
gouvernement fédéral.
Je peux vous dire entre autres que, depuis le 15 août, ceux qui
avaient accès à un crédit spécial additionnel,
étaient au nombre de 892 producteurs, qui ont eu un crédit
spécial en 1980, qui ont postulé un crédit spécial
additionnel. Sur 892 qui y avaient droit, 277 seulement ont fait une demande
et, sur ces 277, il y a 209 producteurs qui ont eu droit au crédit
spécial additionnel. Dans certains cas, dans un grand nombre de cas, les
gens avait des profits trop élevés pour justifier un taux
d'intérêt à peu près inexistant dans le cas d'un
crédit spécial additionnel.
Je peux vous dire en même temps que, dans le domaine du porc,
quand vous dites qu'il y a des faillites incroyables, j'ai une analyse des 5600
dossiers du crédit agricole fédéral et du crédit
agricole du Québec, les deux, qui sont en constante relation l'un avec
l'autre et, quand vous dites qu'il y a un tas de faillites, ce n'est pas vrai,
il n'y a pas un tas de faillites dans le domaine du porc. Je souhaite que le
prix se rétablisse et qu'il devienne plus élevé pour
qu'ils fassent plus d'argent; actuellement, ils ne perdent
pas d'argent dans le domaine du porc, même s'ils ne font pas une
fortune, mais les prix sont au-dessus des coûts de production depuis deux
mois, deux mois et demi. C'est cela la situation, M. le Président, et
les économistes de la fédération doivent rencontrer des
gens de chez nous pour voir s'ils ont quelque chose à dire contre ces
coûts de production tels qu'on les a établis. S'ils
démontrent qu'on aurait dû intervenir davantage en fonction des
coûts de production qu'on a établis, je présenterai un
mémoire au conseil des ministres.
Le Président: Question additionnelle. M. le
député de Papineau.
Réduction du nombre de fonctionnaires
M. Assad: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à la ministre de la Fonction publique à la suite d'une
déclaration faite par l'ancien ministre de l'Énergie et des
Ressources, qui est le président du Conseil du trésor, à
savoir qu'il y aurait une réduction de 6% du nombre des fonctionnaires
du gouvernement du Québec. Est-ce que la ministre pour nous donner des
précisions sur cette question à ce moment-ci?
Le Président: Alors, madame la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci M. le Président. Il y a
effectivement des décisions qui ont été prises par le
conseil des ministres et auxquelles je souscris. Sur une période de
quelques années, nous devrions en arriver à des réductions
d'effectifs de la fonction publique de l'ordre de 6%. Par ailleurs, il faut
bien comprendre qu'il ne s'agit pas de menacer ceux qui sont déjà
à l'intérieur de la fonction publique, il s'agit tout simplement
de ne pas remplacer des fonctionnaires qui devraient quitter la fonction
publique pour des raisons de retraite ou autre chose.
Vous savez tous, les citoyens s'en rendent compte, que nous sommes dans
une situation difficile. Tout le monde doit y mettre du sien, et nous pensons
facilement pouvoir réduire certains effectifs de la fonction publique
sans pour autant diminuer les services que nous avons à offrir aux
citoyens.
Une voix: Bravo!
M. Assad: Compte tenu des coupures budgétaires qui sont
nécessaires, comme vous l'avez reconnu, est-ce que vous n'êtes pas
en mesure dans le moment de donner des précisions à la Chambre
à savoir que nous avons un petit surplus d'effectifs et que c'est votre
devoir, si vous coupez dans tous les autres ministères, comme ministre
de la Fonction publique, de voir à ce qu'il y ait au moins du gras qui
soit coupé?
M. le Président: Madame la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, c'est exactement ce
que je viens d'admettre. Compte tenu de la situation financière, nous
sommes prêts, nous, à la fonction publique, à voir s'il n'y
a pas lieu de réduire les effectifs, comme vous dites, dans une
perspective de peut-être couper dans le gras. Par ailleurs, avant, je
crois que les mesures que nous avons prises sont suffisamment importantes cette
année pour que nous prenions la peine de vérifier exactement
où nous pourrions, si tel est le cas, enlever d'autre gras, sans le
faire un peu à l'aveuglette.
Il me semble que nous avons fait, cette année, une
démarche importante dans ce sens, et nous verrons, dans les prochaines
années, s'il y a lieu, sans, encore une fois, diminuer les services que
nous allons offrir aux citoyens, d'aller dans ce sens davantage.
Le Président: Question principale, sans question
additionnelle, M. le député de Duplessis.
Le développement de l'axe Sept-Îles -
Port-Cartier
M. Perron: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre d'État au développement économique et touche
bien entendu la région de la Côte-Nord, spécialement l'axe
Sept-Îles-Port-Cartier, et se rapporte au plan d'intervention du
gouvernement du Québec.
En guise de court préambule, M. le Président, comme tout
le monde le sait -puisqu'on en a tellement parlé - la compagnie
Rayonier-Québec a fermé ses portes, à Port-Cartier,
causant la mise à pied d'environ 1200 personnes. Par la suite, dans les
mois qui ont suivi, la compagnie minière IOC a fait des mises à
pied graduelles et saisonnières. Le 9 janvier dernier, elle
annonçait la mise à pied d'environ 550 travailleurs de l'IOC
à Schefferville et à Sept-Îles.
Le gouvernement du Québec, par le biais du ministre d'État
au développement économique, a demandé à la
conférence administrative régionale de lui préparer des
dossiers.
J'ai une question à deux volets, M. le Président. Est-ce
que le ministre d'État au développement économique
pourrait dire aux membres de cette Chambre où en est le plan
d'intervention du gouvernement du Québec, en rapport avec l'axe
Sept-Îles-Port-Cartier-Schefferville, et quand il prévoit
dévoiler ce
plan, par une annonce éventuelle du gouvernement du
Québec, spécialement du ministre d'État au
Développement économique?
Le Président: M. le ministre d'État au
Développement économique.
M. Landry: M. le Président, j'imagine que le
député de Richmond est heureux de la question du
député de Duplessis, parce que c'est essentiellement celle qu'il
me posait hier. Je m'excuse, mais quelques minutes de retard m'ont
empêché d'entendre cette question et d'y répondre.
Je suis un peu coincé, la période de questions
achève et il s'agit d'un des problèmes les plus...
Le Président: Elle est même terminée.
M. Landry: M. le Président, vous me donnez une minute ou
deux...
Le Président: Oui.
M. Landry:... parce que c'est un des problèmes les plus
sérieux, sur le plan régional, auquel l'économie du
Québec doive faire face.
Il s'agit d'une zone proprement sinistrée et qui n'a pas, comme
d'autres zones de l'espace économique canadien,
bénéficié des largesses immédiates et importantes
du gouvernement du Canada.
Rien, dans le cas de l'Iron Ore, n'a été fait pour
contrebalancer ce qu'on a fait dans le cas de Massey-Ferguson, par exemple, ou
de Chrysler, de Ford, pour ne nommer qu'une partie de l'industrie de
l'automobile.
Le gouvernement du Québec s'est rabattu sur ses moyens
d'intervention, qui ne sont pas ceux du gouvernement du Canada, et les deux
premières choses à faire... La député de Duplessis
a mentionné les deux pôles du problème, eh bien nous avons
été à ces deux pôles-là.
Premièrement, Iron Ore Corporation et, deuxièmement,
ex-ITT-Port-Cartier.
Dans le cas de l'Iron Ore, qui est une monoindustrie,
particulièrement pour Sept-Îles, Schefferville et Gagnon, nos
contacts avec cette corporation ont été suivis; j'ai
moi-même rencontré deux fois le président, M. Brian
Mulroney, qui m'a dit ceci - et je ne veux pas faire naître de faux
espoirs, je dois dire que le président lui-même a
été réservé dans ce qu'il m'a dit - il ne pense pas
que l'avenir, à moyen terme et à long terme, soit catastrophique.
En d'autres termes, l'Iron Ore, par des procédés de
diversification de sa production minérale - je ne peux pas entrer dans
les détails, pour des raisons spéculatives - et également
en raison de progrès technologiques dans l'usage du type de minerai, qui
vient de cette partie du
Québec, ne pense pas que l'avenir soit catastrophique. C'est ce
qu'on peut dire pour le moment. Il y a donc un espoir de fin du cauchemar.
Dans le cas d'ITT-Port-Cartier... M. le Président, je vois que
vous montrez des signes d'impatience. Je m'excuse auprès de la
Chambre...
Des voix:...
M. Landry: Si c'est que l'Opposition ne veut pas de
réponses aux questions, M. le Président, je vais, à la
demande de l'Opposition et de certains de ses porte-parole bavards, mettre fin
à ma réponse.
Le Président: Fin de la période de questions.
M. Richard: M. le Président.
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
Visite du secrétaire
général
de l'Agence de coopération culturelle
et technique
M. Richard: Je voudrais simplement signaler la présence,
aujourd'hui, dans les galeries, du secrétaire général de
l'Agence de coopération culturelle et technique, M. Dankoulodo Dan
Dicko.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
(11 h 10)
Recours à l'article 34
Les travaux de la commission des finances et des
comptes publics
M. Forget: En vertu de l'article 34 de nos règlements, M.
le Président, le leader parlementaire du gouvernement s'était
engagé, récemment, en commission parlementaire, à faire
siéger la commission de l'Assemblée nationale dans les meilleurs
délais de manière que celle-ci puisse donner suite à son
engagement d'étudier en priorité l'amélioration aux
règles de fonctionnement et à la procédure suivie à
la commission des finances et des comptes publics, de manière que
celle-ci puisse jouer un rôle plus efficace. Comme nous avons, à
tous les jours, des signes évidents du besoin qu'il y a pour une
commission des finances et des comptes publics vigilante, active et efficace,
je demanderais au leader du gouvernement de nous indiquer quelles sont ses
intentions à cet égard.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je ne ferai pas qu'indiquer mes intentions parce que
mes intentions sont toujours les mêmes. C'est celles de convoquer cette
commission dans les meilleurs délais, en espérant arriver
à un consensus rapide pour une réforme majeure en ce qui concerne
ce sujet. Je vais plutôt donner comme réponse au
député de Saint-Laurent le calendrier que je me suis
imposé pour respecter ces délais.
D'abord, nous avons à nouveau soulevé cette question qui
était déjà dans le document que le député de
Trois-Rivières a rédigé à notre intention lors de
notre caucus d'il y a environ dix jours. Le caucus du Parti
québécois a décidé, parce qu'il y a urqence,
plutôt que d'en discuter à 80 à la fois, de confier
l'examen de cette question à un comité de huit membres, quatre
ministres et quatre députés, puisque la responsabilité
ministérielle est en cause. Cela sera éventuellement la
proposition du Parti québécois soumise à la table de la
commission de l'Assemblée nationale pour discussion, pour recevoir des
suggestions comme celle que le député a faite à la
commission. Ce comité a déjà une réunion de
prévue dans les prochains jours; il fera rapport au caucus sur une
proposition avant quinze jours. J'ai toujours l'intention de convoquer cette
commission de l'Assemblée nationale pour discussion de cette proposition
que nous ferons à cette occasion dans les premiers jours de la reprise
de la session, c'est-à-dire à la fin du mois.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
Les agents de la paix de l'Assemblée
nationale
M. Rivest: M. le Président, simplement une information
à votre adresse. Les services de sécurité de
l'Assemblée nationale sont assurés, depuis quelques jours, par
les agents de la Sûreté du Québec et, bien sûr, il y
a les agents de la paix dont on n'entend plus parler et qu'on ne voit plus. On
nous dit qu'on les a simplement avisés verbablement que, pour une
journée et la journée suivante, leurs services n'étaient
pas requis.
Comme ce sont des gens qui travaillent au sein même de
l'Assemblée nationale, est-ce que vous pourriez nous informer de la
nature quelque peu particulière des procédures et des attitudes
que l'Assemblée nationale adopte envers une catégorie de ses
employés, les agents de la paix?
Le Président: M. le député de Jean-Talon,
conformément à une jurisprudence établie par mon
prédécesseur, Me Jean-Noël Lavoie, je puis vous dire que je
ne suis aucunement obligé de répondre à cette question
puisqu'elle a trait à l'administration de l'Assemblée et non pas
aux travaux de l'Assemblée. Mais je me contenterai de vous dire que la
présidence avait des raisons raisonnables de prendre ces dispositions,
de penser que certaines choses pourraient arriver et, en conséquence,
cette décision a été prise pour être en vigueur
jusqu'à 13 heures, cet après-midi. Si vous voulez avoir plus de
détails, une réponse écrite pourrait vous être
donnée. Je ne pense pas que ce soit ni l'endroit ni le moment pour
répondre de façon plus précise à cette question qui
regarde l'administration de l'Assemblée nationale.
M. Charron: M. le Président, si vous me le permettez,
conformément à l'ordre de la Chambre, à la suite de la
motion adoptée avant-hier, je voudrais souhaiter que le
déroulement du débat se poursuive de la même façon
qu'il a eu lieu. Il reste dans l'enveloppe de temps prescrit 45 minutes
à chacun des deux partis politiques de cette Assemblée. Chaque
formation est libre de les utiliser à sa convenance, c'est-à-dire
d'y inclure le nombre d'orateurs qu'elle souhaite.
Je propose donc que nous reprenions nos travaux immédiatement en
admettant, à l'avance, que ce délai de 90 minutes aura pour effet
de retarder quelque peu le vote que la motion annonçait pour 12 h
45.
Reprise du débat sur la motion
réclamant que le gouvernement
fédéral
renonce à sa démarche
unilatérale
et reprenne les négociations
Le Vice-Président (M. Jolivet): Reprise du débat
sur la motion de M. Lévesque (Taillon): "La Cour suprême du Canada
ayant décidé que le projet fédéral concernant la
constitution du Canada réduit les pouvoirs de l'Assemblée
nationale du Québec et que l'action unilatérale du gouvernement
fédéral bien que légale est inconstitutionnelle parce que
contraire aux conventions, cette Assemblée réclame du
gouvernement fédéral qu'il renonce à sa démarche
unilatérale, s'oppose à tout geste qui pourrait porter atteinte
à ses droits et affecter ses pouvoirs sans son consentement, et demande
au gouvernement fédéral et à ceux des provinces qu'ils
reprennent sans délai les négociations dans le respect des
principes et des conventions qui doivent régir les modifications du
régime fédéral canadien. "
La parole était au député de Westmount.
M. French: Je m'excuse, M. le Président, mais on a pris
des arrangements auprès de notre whip afin que quelqu'un d'autre prenne
la parole à ce moment-ci. Je regrette de ne pas savoir qui. Je m'excuse,
c'est le député de Richmond.
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est le
député de Richmond, donc, qui a la parole.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je veux faire
part à ce moment-ci, face à la motion qui nous est
présentée, de ma plus profonde inquiétude à lui
donner mon appui. Pas inquiet du contenu de la motion, mais bien de l'usage que
se propose d'en faire le gouvernement. Pas inquiet du contenu de la motion
parce que le Parti libéral a quand même pris ses
précautions et nous y avons fait ajouter un paragraphe très
important, à mon point de vue, qui dit que cette Assemblée
"demande au gouvernement fédéral et à ceux des provinces
qu'ils reprennent sans délai les négociations dans le respect des
principes et des conventions qui doivent régir les modifications du
régime fédéral canadien. "
Mon inquiétude réside dans l'usage que fera le
gouvernement de mon appui à cette motion. Comment ne pas croire que
l'étapisme, cet enfant si chéri de M. Morin, ne continuera pas de
s'appliquer et que l'appui du Parti libéral n'est recherché que
pour mieux servir, lors d'étapes ultérieures à la
promotion de la souveraineté?
Si je doute aujourd'hui et si d'autres de mes collègues
ressentent le même sentiment, c'est le Parti québécois qui
en est le responsable. Il faut être libéral, il faut être
fédéraliste pour savoir de quelle façon les
péquistes nous traitent quand ils n'ont pas besoin de notre aide.
Combien de fois ai-je dû subir, de même que les militants
libéraux, que parce que nous défendons ce que nous croyons
être le meilleur pour nos concitoyens, nous étions des vendus, des
traîtres, des mauvais citoyens, des rampants, des valets.
Ce sont ces gens qui, aujourd'hui, nous demandent de les appuyer. Ils
ont contribué à faire de nous des gens méfiants. Un bon
exemple, c'est que cette Chambre ait dû être convoquée aussi
rapidement, juste par souci de mieux embêter l'adversaire. Je dis
"adversaire" parce que je crois sincèrement que nous ne sommes pas des
ennemis. Mais, de grâce, que nos adversaires en finissent de traiter en
étrangers dangereux ceux qui ne pensent pas comme eux. Je ne leur
demande pas de dire de nous que nous sommes des exemples de vertu; je leur
demande de respecter l'individu, la personne humaine. Serait-ce si
difficile?
Je veux aussi m'inscrire en faux contre l'utilisation de fonds publics
à de vastes campagnes de publicité pour influencer les
électeurs québécois dans le présent débat.
Il s'agit là d'opérations de pur gaspillage, et trop souvent le
gouvernement du Québec s'est servi des impôts des contribuables
pour faire la promotion de son projet politique.
J'aimerais obtenir l'assurance que ce gouvernement, qui se propose
d'injecter plus de 1 000 000 $ dans cette campagne, y renonce. Étant de
l'Opposition, je refuse de donner un chèque en blanc au gouvernement
afin de procéder de manière unilatérale dans un proqramme
publicitaire dont il pourrait bien se servir, une fois de plus, pour faire
avancer d'un pas de plus son option souverainiste, allant jusqu'à
prétendre qu'il a l'appui des libéraux.
Je désire également vous indiquer, M. le Président,
qu'il est hors de question pour moi d'appuyer toute autre démarche du
gouvernement que je pourrais considérer comme étant une
étape servant à la promotion de la
souveraineté-association. De la même façon, je me refuserai
à poser quelque geste que ce soit qui constituerait une contravention
aux lois de mon pays. Que la loi soit fédérale ou provinciale,
elle demeure la loi et jamais je n'encouragerai mes concitoyens à la
violer. Je préférerais quitter mes fonctions de
député plutôt que d'en arriver à
l'illégalité.
On voudrait faire croire aux Québécois que choisir le
Canada, c'est renier le Québec. Il faut rejeter sans hésitation
ce genre d'insinuation sans fondement. Choisir le fédéralisme
canadien, ce n'est pas faire abstraction du Québec, bien au contraire.
Choisir le fédéralisme canadien, c'est choisir le Québec
et le Canada. C'est opter, en réalité, pour la forme d'avenir la
plus riche qui puisse être offerte au peuple québécois.
Ceux qui voudront faire croire que l'on serait plus tiède ou moins
engagé envers le Québec parce que l'on choisit la formule du
fédéralisme feront montre d'intolérance.
Je voudrais dire aux ministériels en cette Chambre - et le temps
me presse parce que beaucoup d'autres de mes collègues veulent prendre
part au débat sur cette motion - que le peuple les a crus quand ils ont
dit qu'ils mettaient en veilleuse la souveraineté-association. Il s'agit
là de l'une des principales causes de l'élection de ce
gouvernement. Si vous vous permettez d'oublier ou de fausser le mandat que le
peuple vous a confié, le jugement ne pourra qu'être d'une
très grande sévérité. (11 h 20)
Comment réussir le tour de force de promouvoir la
souveraineté du Québec et de négocier en même temps
la place qui lui revient dans un fédéralisme canadien
renouvelé, option, qui, rappelons-le, constitue le choix de la
majorité des Québécois. J'espère que le
gouvernement du Québec, gouvernement péguiste, sera responsable.
J'espère que les intérêts supérieurs du
Québec passeront avant toute stratégie du Parti
québécois, visant à conduire le présent
débat dans le cul-de-sac de la souveraineté tout court. Je
poserai donc, M. le Président, un geste de solidarité à
l'endroit de mon
parti et je ferai un acte de foi en l'avenir de ma province et de mon
pays en appuyant cette motion.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président, nous sommes réunis
d'urgence en cette Assemblée pour nous opposer, si possible unanimement,
à probablement la pire menace qui pèse sur cette Assemblée
nationale et sur les droits les plus fondamentaux du peuple
québécois.
Ce qui me frappe en tout premier lieu, dans le jugement de la Cour
suprême, c'est l'insécurité dans laquelle notre peuple se
trouve, la fragilité de ses droits les plus vitaux dans le régime
fédéral actuel, dans la constitution actuelle. On apprend que la
Cour suprême ne peut empêcher légalement M. Trudeau de
commettre son coup d'État même si elle en constate
l'illégitimité. On apprend donc qu'il suffirait de la
volonté insensée d'un homme pour menacer les acquis de trois
siècles de lutte de nos ancêtres pour nos droits les plus
chers.
Cette tentative du gouvernement fédéral - la Cour
suprême nous l'apprend -est synonyme d'une plus grande dépendance
pour le Québec. Elle nous montre que nous n'avons aucune protection de
nos droits. Elle nous montre également que si ce coup de force devait
réussir, il n'y aurait aucune garantie pour l'avenir.
Tout ce que le Québec réclame depuis tant d'années
est non seulement absent de la tentative d'Ottawa mais, au contraire, on veut
imposer au Québec, sans son consentement, contre la volonté de la
grande majorité de la population, un état de dépendance
plus grand que celui dont il veut sortir.
À la page 33, du jugement de la Cour suprême, on lit:
"Cette charte diminuerait donc l'autorité législative provinciale
sur une échelle dépassant l'effet des modifications
constitutionnelles antérieures pour lesquelles le consentement des
provinces avait été demandé et obtenu. "
Cela veut dire, M. le Président, que sans le consentement des
provinces, c'est une attaque sans précédent dans l'histoire de la
fédération canadienne sur les droits des provinces et les droits
du Québec en particulier. Pour nous, du Québec, ça
signifie, sur le plan de la langue et de l'éducation, un retour à
la situation qui prévalait lors de la loi 22. Alors que notre
société a fait un long et pénible cheminement sur dix ans
pour finalement faire du français la langue officielle, la tentative
fédérale viendrait effacer du revers de la main ce débat
que nous avons réussi à régler démocratiquement
dans notre société.
La tentative fédérale signifierait que notre politique
d'achat chez nous, une idée qui date des années trente, qui a
finalement été concrétisée par notre gouvernement
et qui protège des milliers d'emplois, ne serait plus légale, ne
serait plus constitutionnelle, ne serait plus permise. Le coup de force
fédéral signifie que notre droit de favoriser nos
résidents, nos travailleurs, nos agriculteurs, en leur donnant
priorité à l'activité économigue du Québec,
ne serait plus permis, unilatéralement, par décision
d'Ottawa.
Enfin, c'est la Cour suprême qui le dit, dans toutes les
sphères de compétence actuelle du Québec, et probablement
dans le cas d'une centaine de lois votées par cette Assemblée
nationale sous tous les gouvernements, ces lois deviendraient contestables
devant les tribunaux.
En somme, et contrairement à ce que des générations
de Québécois et de Québécoises ont cru, notre
Assemblée nationale n'est même pas souveraine dans la
sphère de compétence écrite dans la constitution comme
notamment la langue et l'éducation. Une autorité
extérieure, Ottawa ou Londres, peut décider sans notre
consentement de retirer ces pouvoirs, de réduire cette Assemblée
et de confier ces responsabilités à des institutions
extérieures que nous ne contrôlons pas. C'est inacceptable.
Pourquoi parle-t-on de constitution depuis des années? C'est la
commission Pépin-Robarts qui nous le rappelait récemment, c'est
à cause du Québec. C'est parce qu'il y a deux peuples au Canada
qui ont un statut inégal. C'est parce que les Canadiens français
ont réclamé depuis toujours l'égalité avec les
Canadiens anglais. Or, non seulement on ne parle pas de cela, mais pas du tout
dans le projet fédéral, le mot Québec n'est jamais
mentionné autrement que comme une province comme les autres, mais le
jugement de la Cour suprême, aux pages 53 et 54 nous apprend que la
constitution n'est ni un pacte entre provinces, ni un pacte entre deux nations
et qu'il s'agit, je cite, "de théories qui relèvent du domaine
politique, de l'étude des sciences politiques. "
Autrement dit, tout ce qu'on a dit aux Québécois et aux
Québécoises pour les convaincre d'adhérer à la
Confédération en 1867 n'était pas vrai. Ce n'est pas un
pacte entre nations, mais une constitution qui n'offre aucune protection
à notre peuple quant à ses caractères distinctifs, sa
langue, sa culture, ses institutions, dont cette Assemblée
nationale.
Enfin, ce que nous dit le jugement de la Cour suprême, surtout si
le projet de constitution était amendé à sa guise par M.
Trudeau, c'est que nous aurions encore moins de garanties pour l'avenir, encore
plus de
dépendance pour notre peuple. Quand M. Trudeau affirme qu'il
négocierait après avec les provinces, on sait à quoi s'en
tenir. Il suffit de voir de quelle façon il entend couper les paiements
de péréquation au Québec, un peu plus d'un an après
s'en être servi comme argument lors d'une certaine campagne
référendaire au Québec. Il suffit de relire les documents
de l'été dernier où il étalait ses intentions de
mettre la main sur les richesses naturelles et énergétiques des
provinces. C'est le fusil sur la tempe que les provinces devraient entendre et
accepter les dictées d'Ottawa, une fois qu'il aurait cassé les
provinces.
Notre seule chance d'avenir, c'est la solidarité nationale. Hier,
nous apprenions que M. Trudeau a adressé la parole par satellite
à ses 73 moutons fédéraux réunis à Orford -
c'est normal, il est en orbite - et c'est à nous de le ramener sur terre
pour qu'il réponde de ses actes devant ceux qui l'ont élu. Le
jugement de la Cour suprême nous apprend cruellement que nous sommes
encore locataires dans notre propre maison. Ce pays et cette maison où
nous ne sommes que locataires, l'Opposition pense qu'il suffit de les
rénover, nous pensons, au contraire, qu'il importe d'en devenir
propriétaires et associés avec les autres provinces dès
qu'une majorité de Québécois et de
Québécoises le voudront. Cette maison où nous ne sommes
que locataires - c'est là-dessus que nous nous entendons de part et
d'autre de cette Chambre - personne ne viendra la saccager, aussi arrogant et
sans scrupule soit-il. Les 73 à Ottawa peuvent observer béatement
et applaudir les exploits de M. Trudeau, ce n'est pas le cas des
députés de cette Chambre. Lorsque l'existence même de la
maison est attaquée aussi sauvagement, ce n'est pas le temps de se
demander si on va la rénover ou si on va en devenir le
propriétaire. C'est le temps d'arrêter le vandale.
Cette Assemblée doit donner l'exemple de la solidarité
entre Québécois et Québécoises. C'est par cette
solidarité nationale que nous protégerons nos droits les plus
vitaux. Nous sommes en état de légitime défense et nous
réussirons, parce que nous sommes solidaires de l'immense
majorité des Québécois et des Québécoises.
Nous réussirons parce que les luttes du passé l'exigent. Nous
réussirons parce que notre avenir comme peuple français en
Amérique du Nord en dépend. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Mme la
députée de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, ce n'est pas sans
appréhension qu'aujourd'hui je parle sur la motion qui est devant nous.
Jamais, dans toute ma carrière politique, je n'ai connu de moment aussi
grave et aussi sérieux. Jamais non plus, depuis que j'évolue sur
la scène politique, je n'ai ressenti au plus profond de mon être
un tel sentiment de malaise. (11 h 30)
M. le Président, rarement, en politique, a-t-on eu à
choisir entre deux maux, entre, d'une part, une démarche mise en doute
sur plusieurs aspects par le plus haut tribunal de notre pays et, en second
lieu, le cynisme, l'arrogance, la suffisance d'un gouvernement à deux
têtes, monstre politique qui gangrène jour après jour
l'économie et les fondements démocratiques du Canada.
En ce qui concerne l'attitude du gouvernement fédéral, je
puis affirmer que M. Trudeau cherche lui aussi le bien du pays. Qu'il
s'entête à y parvenir, nul ne peut lui en tenir rancune. 5on
intelligence et sa force de caractère le feront passer à
l'histoire comme l'un des plus grands premiers ministres canadiens. On peut
peut-être lui reprocher d'avoir, comme on dit, le défaut de ses
qualités ou encore de prendre trop de place. Mais, en démocratie,
la médiocrité politique fait ressortir davantage la force de
caractère de personnes ou de personnages hors de l'ordinaire.
Je n'ai donc, quant à moi, rien à reprocher ce matin
à M. Trudeau, d'autant plus que les véritables ennemis du Canada
tentent de le faire passer pour un être fondamentalement
antidémocratique. Nul que lui n'est plus soucieux de doter notre pays de
structures plus contemporaines.
Although the judgment of the Supreme Court recognizes that the
unilateral repatriation of the Constitution is legal, but not according to the
conventions that have existed since Confederation, I feel that all parties
should return to the negotiation table.
In addition, since the resolution that we are voting on today has been
amended by our political party and the unity of the Liberal Party is more
important to me than the men and women that form it, I have decided to support
such a motion.
À la lecture du jugement de la Cour suprême et bien que les
démarches du fédéral y soient reconnues comme
légales, je suis d'avis qu'il s'avère nécessaire qu'il y
ait une nouvelle ronde de négociation entre toutes les parties.
De plus, la motion qui nous réunit ici aujourd'hui ayant
été fortement amendée grâce à la sagesse de
notre formation politique et l'unité de notre parti étant
supérieure aux femmes et aux hommes qui y appartiennent, j'y vois des
raisons supplémentaires de l'approuver.
M. le Président, je respecte ceux qui décideront
aujourd'hui de ne pas voter en faveur de la motion, mais, face à
cette
motion s'arrête mon acquiescement, car, de l'autre
côté de cette Chambre, s'aligne une galerie de visages
maquillés à la fois par une touche d'hypocrisie et par un fort
trait de mauvaise foi. Oui, je pose le geste qui me semble le plus odieux de ma
vie politique, être dans l'obligation de voter avec le groupe
séparatiste, odieux, parce qu'il sera interprété par nos
militants comme une bénédiction à l'indépendance du
Québec. Qu'ils se rassurent. Jamais, M. le Président, jamais je
n'accepterai d'être complice d'un tel geste et je continuerai sans
relâche à combattre l'option du Parti québécois.
Lorsque je parlais de grandeur politique tout à l'heure, en
évoquant le premier ministre canadien, je parlais aussi de la
médiocrité politique de nos adversaires péquistes. La
voilà qui s'étale chaque jour de plus en plus devant nous, avec
son cortège d'incompétence et de cynisme, mais il me reste une
consolation. C'est de savoir que, dans cinquante ans, on lira encore l'histoire
du Canada et qu'au chapitre des années quatre-vingt, on pourra
écrire, j'espère, ceci: Grâce au génie politique de
Pierre Elliot Trudeau et à la sagesse politique des membres du caucus du
Parti libéral du Québec, un premier geste a été
posé en vue du renouvellement du fédéralisme canadien, ce
qui a entraîné du même coup une erreur de calcul du
stratège, député de Louis-Hébert, et le
début de la fin du Parti québécois.
Le Vice-président (Jolivet):; M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Cette motion, qui
apparaît à première vue sans danger et tout à fait
dans l'ordre, m'apparaît après examen présenter certaines
difficultés très sérieuses.
Il ne s'agit pas seulement de défendre les conventions
constitutionnelles et les droits de l'Assemblée nationale, car, sur ce
point, nous sommes tous d'accord. Si cette motion avait été
présentée par un gouvernement dirigé par un Jean Lesage,
par un Daniel Johnson, chef de l'Union Nationale, par un Robert Bourassa ou par
un gouvernement dirigé par M. Claude Ryan, je l'appuierais
volontiers.
Je suis d'accord que le projet constitutionnel du gouvernement
fédéral dans sa présente forme ne doit et ne peut
être imposé unilatéralement. Mais ce n'est pas seulement
cela, la portée de cette motion. Ce qui est en jeu, c'est le droit
fondamental et légitime de la population du Québec de pouvoir
profiter des changements à la constitution canadienne qui pourraient lui
être bénéfiques sans le consentement d'un gouvernement qui
veut séparer le Québec du
Canada et qui n'a aucun intérêt aux changements
constitutionnels dans le cadre du fédéralisme canadien. C'est
cela, le véritable enjeu de cette motion.
Je pourrais plus particulièrement, par exemple, parler de la
charte des droits et de la formule d'amendement de la constitution. Sur le
premier point, la motion qui est présentée actuellement remet
entre les seules mains du gouvernement du Parti québécois la
décision de juger de ce qui est bon ou mauvais pour la population du
Québec. M. le Président, je ne pourrais jamais accepter en toute
sincérité cette position.
Nous connaissons, en effet, les objectifs du Parti
québécois et nous savons qu'il fera tout ce qui est en son
pouvoir pour ignorer l'aspect de la négociation. Le gouvernement qui
nous annonce et qui nous a annoncé maintes fois qu'il continue à
promouvoir son objectif de l'indépendance n'ira pas négocier de
bonne foi le renouvellement du fédéralisme canadien. Ses
négociations seront toujours dans le but de créer des obstacles
au fédéralisme et de faire avancer l'indépendance
politique. Nous savons aussi, nous qui sommes issus des communautés
minoritaires de même que les Canadiens français, que le Parti
québécois n'est nullement désireux d'enchâsser une
charte des droits qui empêcherait tout gouvernement, soit
fédéral, soit provincial, d'abuser de ses pouvoirs pour brimer
les droits des citoyens. Le Parti québécois n'en veut pas. C'est
une chose de dire: Pas de charte sans le consentement du Québec,
à laquelle je souscris, mais c'est tout à fait une autre chose,
M. le Président, de me dire: Oubliez-la complètement, cette
charte, et ceci, je ne peux pas l'accepter.
Mais plus sérieux encore, ce qui est le vrai piège dans
cette motion, c'est le fait qu'elle donne le feu vert au Parti
québécois pour faire avancer et promouvoir sa thèse
séparatiste quels que soient les accommodements que pourrait
éventuellement offrir le gouvernement fédéral. Par
exemple, le gouvernement péquiste a déjà
déclaré qu'il était plutôt favorable à un
projet de rapatriement sans charte avec une formule d'amendement. Alors, cette
motion qui est devant nous permet au gouvernement du Parti
québécois de choisir une formule d'amendement à la
constitution qui, à la limite, permettrait à une province de se
séparer du Canada, et ceci, je ne peux l'accepter. (11 h 40)
Que va-t-il arriver dans un tel cas? Dès lors nous risquerons,
devant toute risposte du gouvernement fédéral et d'une
majorité des provinces canadiennes, même avec une formule
d'amendement qui pourrait donner un droit de veto au Québec, que le
Parti québécois prenne prétexte de cette
motion pour rejeter tout compromis, pour faire avancer, une fois de
plus, son projet constitutionnel et, ceci, je ne peux l'accepter. Ce n'est un
secret pour personne que c'est là la démarche du premier ministre
et du Parti québécois, de faire avancer le séparatisme.
Quand j'entends et que je lis les appels à une possible
désobéissance civile, je ne peux pas, M. le Président,
appuyer un gouvernement qui lance des appels à la
désobéissance civile. Il y a une limite!
M. le Président, je crois que la stratégie du Parti
québécois est très claire en l'occurrence; je ne peux pas
me faire lier les mains par un gouvernement qui ne peut pas et qui ne veut pas
négocier les changements constitutionnels dans le cadre du
fédéralisme canadien. C'est là l'enjeu de cette motion et,
pour ces motifs, M. le Président, je me vois contraint de voter contre
cette motion, parce que je la trouve dangereuse pour l'unité de notre
pays et pour le mieux-être de mes compatriotes
québécois.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, je pense que ce n'est ni le
moment, ni l'endroit pour faire aujourd'hui des procès d'intention.
Chaque membre de cette Assemblée est appelé à se prononcer
sur une motion, qu'on discute maintenant depuis deux jours, parce que, encore
une fois, le Québec est en train de "se faire passer un
Québec".
M. le Président, le langage populaire est assez
révélateur de notre histoire et de ce que nous avons vécu.
Qu'est-ce qu'on veut dire quand on dit: "Se faire passer un Québec"?
Cela veut dire qu'on est en train de se faire jouer, on est en train de se
faire enfirouâper; c'est ça que le langage populaire veut dire.
Comment se fait-il, M. le Président, qu'à travers les
années l'expression de la population pour exprimer qu'on était en
train de se faire jouer, se faire avoir, s'est concrétisée par
"se faire passer un Québec"? C'est que, de façon traditionnelle,
à travers les ans, chaque fois on a tenté de diminuer
l'importance des Québécoises et des Québécois,
l'importance de notre existence comme société, comme nation,
comme peuple, de sorte que le langage populaire a concrétisé
ça en disant: On "se fait passer un Québec". T'achètes un
objet que tu payes deux fois trop cher, tu t'es "fait passer un
Québec".
Quand viendra-t-il, M. le Président, le jour où
l'expression changera et qu'on pourra "se faire passer un petit Ottawa" de
temps en temps?
M. le Président, je suis prêt à respecter l'opinion
de chacun des membres de cette Assemblée, je suis prêt à
respecter la prise de position de chacun des membres de cette Assemblée,
parce que je suis conscient que, comme Assemblée, comme groupe, le
consensus qui se dégage, c'est un consensus qui va au-delà de nos
orientations personnelles, de nos objectifs politiques, mais qui se dirige, qui
se propage, qui provient des intérêts majeurs et supérieurs
du Québec. L'architecte "Ottawa" a décidé de mettre le feu
à la maison, pour en bâtir une meilleure, une plus à son
qoût, mais sans demander l'avis des dix propriétaires. Depuis
quand, M. le Président, chaque citoyen et chaque citoyenne pris
individuellement enqaqe un architecte en lui disant: Fais tout à ton
goût; je n'ai aucun commentaire à te faire? C'est ce qui se passe
actuellement. C'est l'architecte qui est en train de décider à la
place des dix propriétaires. Encore une fois, on est appelé
à réagir à cette situation. Au-delà de tout le
reste, au-delà des droits de l'Assemblée nationale qui sont
menacés, ce qu'il y a de plus profond peut-être, c'est le
fonctionnement démocratique dans son ensemble qui est mis en cause.
Personne ne peut avoir oublié déjà
qu'immédiatement après le jugement de la Cour suprême le
porte-parole d'Ottawa a essayé de nous faire passer pour les coupables.
Il nous a dit que c'étaient nous autres et nous autres, ce sont les huit
provinces. Ce n'est pas seulement le Québec et ses représentants.
Ce sont les huit provinces, les huit populations de huit provinces du Canada.
Les huit premiers ministres étaient tous devenus immoraux,
illégitimes, selon le porte-parole d'Ottawa.
Est-ce qu'on a le droit, parce que cela fait 53 ans qu'il y a des
discussions difficiles, parce qu'on achève sa carrière, parce
qu'on est tanné, de mettre de côté le fonctionnement
démocratique, de mettre de côté les règles
essentielles de la démocratie? Est-ce qu'on a le droit, parce que
supposément on est tanné, de mettre de côté la loi
de la majorité? C'est pourtant ce qui se passe actuellement. Qu'on dise
que la motion actuelle est dangereuse parce que demain, supposément, le
gouvernement péquiste pourra s'en servir à d'autres fins, c'est
ne pas comprendre la motion. La motion dit essentiellement que
l'Assemblée nationale du Québec, dans des négociations
futures, va s'en tenir au consensus signé, à l'accord
signé entre les huit provinces qui sont d'accord pour apporter des
modifications, et cela comprend l'Assemblée nationale du Québec.
C'est sur cette motion qu'on vote.
Est-ce qu'on aurait oublié que le Québec n'a pas de
leçon à recevoir en termes de démocratie? Peut-être
que nulle part ailleurs on peut constater autant de lois qui permettent
à la population de s'impliquer dans le processus démocratique.
Aurait-on oublié que lors du dernier référendum et
à la
suite du référendum, le gouvernement s'est engagé
à respecter la décision de la population? On peut bien
prétendre n'importe quoi et avoir toutes les craintes encore, il n'en
reste pas moins que la population, elle aussi, s'est prononcée
là-dessus. Elle aussi a dit: Vous nous dites que vous allez respecter
notre décision. Vous venez maintenant en élection. Elle nous a
réélus, parce qu'elle croyait foncièrement qu'on
était pour respecter, en accord avec les règles
démocratiques, ses décisions.
Il n'y a pas de meilleur jugement que le jugement du peuple. Nous
provenons du peuple. Nous sommes issus de lui, nommés par lui et pour
lui. Nous avons le devoir de fonctionner à partir de ses besoins, de ses
intérêts, de ses priorités, des priorités qu'il nous
fixe, à chacun d'entre nous. Mais au-delà de chacun d'entre nous,
au-delà de nos circonscriptions électorales, nous avons le devoir
de fonctionner dans l'intérêt de l'ensemble des
Québécoises et des Québécois.
M. le Président, tout n'est pas négatif dans cette
histoire. L'action unilatérale d'Ottawa aura au moins permis de
cimenter, ici au Québec, à l'Assemblée nationale du
Québec, un large consensus, un consensus des deux partis politiques qui
s'opposent à l'action unilatérale d'Ottawa.
Dans le fond, pour bien faire comprendre, c'est bien simple. Ottawa nous
fait subir actuellement un lock-out. C'est l'employeur qui dit à ses
employés: Voici mes conditions; acceptez-les, je suis prêt
à vous écouter, mais quand vous serez revenus au travail,
après avoir accepté mes premières conditions, là je
vous écouterai; et si vous ne voulez pas faire cela tout de suite, dans
le temps que je vous impartis, je ferme l'entreprise. (11 h 50)
C'est ça qui se passe, M. le Président. On est prêt
même à fermer l'entreprise. Nous, ce n'est pas ça qu'on
veut. On veut que les employés puissent discuter ensemble, se
regroupent, déterminent leurs besoins et les négocient avec
l'employeur. On ne permet pas que notre employeur nous fasse subir un lock-out.
C'est ça, la situation qu'on vit actuellement.
La décision que nous sommes appelés à prendre
procède de l'histoire. C'est l'histoire qui nous convie à prendre
cette décision positive face à la motion qui est
présentée à l'Assemblée nationale. Ce sont les
luttes de ceux qui nous ont précédés qui nous
amènent et qui nous forcent à accepter cette proposition. C'est
200 ans de luttes, 200 ans de réaction pour protéger le minimum
de droits des Québécoises et des Québécois, 200 ans
de luttes pour conserver, même pas pour avancer, pour conserver au moins
ce qui est à nous, ce que nos ancêtres nous ont gardé, nous
ont conservé, ce pour quoi nos ancêtres se sont battus. C'est
ça, aujourd'hui; cette motion vient concrétiser tout le travail
de ceux qui nous ont précédés. Et le travail de ceux qui
nous ont précédés c'est ici même, à
l'Assemblée nationale, qu'il s'est toujours terminé. C'est
l'Assemblée nationale qui a toujours, dans le fond, paraphé ce
qui avait été décidé par la population.
Cette décision que nous avons à prendre, M. le
Président, c'est une question de devoir. C'est une question de respect
de soi, mais aussi de respect de la population, mais c'est surtout une question
d'honneur.
Il y a eu des moments dans l'histoire où l'honneur était
la valeur la plus élevée, où l'honneur avait la
priorité sur toutes les autres valeurs. Il y a encore des coins de pays
où l'honneur est une valeur sacrée, où, pour l'honneur, on
est prêt à sacrifier sa vie, ses emplois et ses ambitions. C'est
par honneur qu'aujourd'hui on se doit de ne pas faire comme les autres, on se
doit de ne pas oublier le fond plutôt que d'utiliser la forme. On se
doit, comme Assemblée nationale, pour assurer demain, pour faire en
sorte que demain soit un progrès, de voter avec le plus large consensus.
L'Assemblée nationale du Québec se doit de voter cette
proposition qui maintient, qui assure aux Québécois la
préservation de leurs droits et qui leur donne la possibilité
d'améliorer, en accord avec les autres, leur situation.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Papineau.
M. Mark Assad
M. Assad: M. le Président, la motion qui est devant nous
est, en quelque sorte, une motion conservatrice, c'est-à-dire qu'elle
vise à conserver les prérogatives provinciales
légitimement consenties il y a 114 ans.
Les membres du Parlement d'Ottawa, et tout particulièrement ceux
du cabinet, dont la moitié représentent les comtés du
Québec, savent sans aucun doute que la grande majorité des
Québécois considèrent que le gouvernement de leur
province, depuis toujours, est le véritable et légitime
protecteur de leurs droits fondamentaux.
Que ce soit dans le domaine de la langue ou celui de l'éducation,
ainsi que pour toutes les autres prérogatives du gouvernement
provincial, toute diminution de l'autorité provinciale pourrait
entraîner un malaise social et politique sans
précédent.
De plus, ce serait presque renier entièrement les motifs qui ont
inspiré les Pères de la Confédération et la sagesse
politique dont ils ont fait preuve en tentant une expérience
inédite dans le domaine de la représentation
démocratique.
Jusqu'ici, M. le Président, nous avons été
privilégiés, au Canada: aucun conflit armé, aucun
problème grave qui n'aura pas
été résolu et une quantité raisonnable de
compromis. Voilà que maintenant, après plusieurs tentatives, au
cours des années, pour en arriver à une réforme à
notre constitution, nous nous retrouvons devant un geste sans
précédent dans notre histoire. La Cour suprême a
démontré explicitement que ce geste, le rapatriement
unilatéral de notre constitution, viole un des aspects les plus
fondamentaux de notre démocratie, celui de la convention non
écrite, c'est-à-dire une convention constitutionnelle.
Il est impensable, d'ailleurs, que le Parlement de Westminster, à
Londres, ne tienne pas compte des conventions établies car ce sont les
conventions qui sont la base même du système parlementaire
britannique, cette institution démocratique qui nous sert toujours de
modèle et qui est sans égale dans les annales de l'histoire du
parlementarisme. Il faut le dire, c'est quasiment le monde à l'envers.
Nul besoin d'être constitutionnaliste chevronné pour savoir que la
démarche du gouvernement fédéral est fallacieuse. Le bon
sens ne peut que s'y opposer. Par les temps qui courent, le sens commun n'est
pas aussi commun qu'on le pense. Dans notre Assemblée, nous sommes
décidés à sauvegarder nos prérogatives
légitimes. Nous n'allons aucunement rester à l'écart du
débat constitutionnel. Cette motion est le résultat d'efforts
conjugués des deux partis représentés dans cette Chambre.
Les ambiquïtés politiques et les exercices intellectuels ne
pourront donc pas diminuer la légitimité de notre prise de
position ici, aujourd'hui.
Nous croyons cependant, et avec raison, qu'un compromis est encore
possible. La politique n'est-elle pas l'art du compromis? Nous pouvons donc
régler ce problème et ensuite, nous pourrons nous attaquer
à corriger l'injustice sociale, à alléqer le fardeau de
nos concitoyens et surtout, donner l'exemple d'une collaboration
étroite, d'une compréhension mutuelle et faire preuve de bonne
volonté, afin de bâtir une société juste et
équitable, fière de ses institutions démocratiques qui
sont le fruit de plusieurs décennies de sacrifices et de services rendus
à notre pays, le Canada.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, ce n'est un secret pour
personne que c'est avec une énorme réticence que j'appuierai la
motion présentement devant nous.
Avant de me résoudre ou plutôt de me résigner
à voter pour cette motion, M. le Président, j'ai pris
l'initiative de retourner consulter mes militants. Je me demande, aujourd'hui,
combien de députés péquistes d'en face sont allés
chercher de leurs militants un mandat d'appuyer cette motion qui engage le
gouvernement à négocier dans le respect des principes qui
gouvernent la modification de notre régime fédéral
canadien. Si je vote oui, ce n'est donc pas de mon initiative personnelle, mais
sur la recommandation de mon association de comté et de mes militants
libéraux et si Brome-Missisquoi, m'autorise à voter oui, ce n'est
pas par appui au gouvernement, ce n'est pas non plus par appui pour cette
motion, bien qu'elle soit acceptable dans sa forme, mais seulement et
strictement par appui pour mon parti. Par conséquent, le vote que je
pose est un vote de solidarité, pas un vote d'approbation. (12
heures)
Si Brome-Missisquoi m'autorise à donner un vote aussi
qualifié que celui-là, ce n'est pas que nous ayons des objections
sur le texte de la motion, c'est en grande partie une motion de mon propre
parti. Si nous pouvions compter sur le gouvernement pour s'en tenir au texte et
pour aller négocier de bonne foi à Ottawa, nous pourrions vous
confier ce mandat, mais la vérité est tout autre. Le vote de
Brome-Missisquoi est qualifié parce que nous avons compris que le
mandataire est tout aussi important que le texte du mandat.
Dans Brome-Missisquoi, nous avons pris la semaine pour
réfléchir. Si nous donnons ce vote, c'est strictement par espoir
d'en arriver à une renégociation de la constitution canadienne
où on inclura une charte des droits et libertés des personnes,
des Québécois et des Québécoises, comme on l'entend
si souvent de l'autre côté de la Chambre, charte des droits
négociée de bonne foi entre les deux niveaux de gouvernement.
Ce que nous avons devant nous, c'est une motion dont le texte nous porte
à voter pour, parce qu'elle est fédéraliste. Ce que nous
avons devant nous, c'est un mandat, un négociateur qui, avant même
de connaître la décision de la Cour suprême du Canada, a
décidé de partir en guerre contre le gouvernement
fédéral, une campagne de publicité de 1 000 000 $, une
brochure Minute Canada!, Minute Ottawa! comme mes collègues de l'autre
côté de la Chambre me le soulignent, mais, s'ils avaient attendu
le jugement de la Cour suprême, ils auraient compris le message
différemment. Ils auraient compris le message de la façon
suivante: Minute Ottawa! et Minute Québec! On retourne s'asseoir
à la table des négociations comme les premiers ministres des
autres provinces le feront. On prendra la part et la défense des droits
et des intérêts du Québec.
Ce vote que l'on vous donne se situe dans un contexte bien
spécial. Pour la
première fois, vous aurez à faire état devant cette
Chambre, puisque c'est cette Chambre qui vous donne ce mandat, de l'état
des négociations. La population du Québec sera à
même de constater si le niveau des progrès accomplis par les
premiers ministres des autres provinces est le même niveau des
progrès accomplis par ce gouvernement. S'il faut se fier à vos
expériences de négociations antérieures, les
Québécois vous jugeront sévèrement si vos
négociations ne sont pas au même rythme et dans la même
bonne foi que celles qui seront menées par les autres gouvernements des
provinces qui croient au renouvellement de la constitution canadienne.
The member from Brome-Missisquoi went back to his constituents last week
and they authorized him to vote in favour of this motion, because it is a
motion that fits in the program and objectives of the Liberal Party of
Québec, but Brome-Missisquoi was very careful in the mandate it give its
MNA. They told him that the text of the motion is one thing and that the person
you give it to, the negotiator you assign, is something else. They feel, like
their Member, that they will always vote no for the negotiator, but they accept
the invitation of the Supreme Court of Canada to bring back to the bargaining
table both the federal and the provincial levels of government. Even if they
mistrust the intentions of the people who are sitting across this room, they
expect their bad faith to show in such a sense that it will convince Quebeckers
that the PQ Government is not there to negotiate for the best interest of the
people, like the other premiers will do, but they are only there to promote
separatism in Québec and, on that issue, Brome-Missisquoi and their
Member will always be opposed.
C'est en catastrophe, M. le Président, que nous avons tous
été convoqués ici, comme s'il y avait extrême
urgence. Pendant que les autres provinces tentent la conciliation, tentent la
négociation, le gouvernement péquiste tente la provocation.
Le Parti libéral du Québec a hâte de voir se
manifester la bonne foi du PQ dans ces négociations
fédérales. C'est plus urgent que de convoquer la Chambre. Le
Parti libéral et le député de Brome-Missisquoi ont
hâte de voir le leader du gouvernement convoquer à nouveau, en
toute urgence, cette Chambre pour qu'enfin on puisse s'occuper de régler
les problèmes économiques des Québécois, les
problèmes qu'on qualifie souvent de pain et de beurre et les
problèmes qui s'aggravent de jour en jour sous l'administration d'en
face.
J'ai entendu ce matin que cette Assemblée n'était
convoquée que dans un autre mois pour régler ces
problèmes. Je vous souligne que l'urgence, c'est de retourner
négocier et que l'urgence, c'est de rappeler cette Chambre pour qu'on
règle définitivement les problèmes économiques de
l'ensemble de la population du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je ne sais pas si c'est le
hasard qui a voulu faire parler encore plus qu'ils ne le font les
événements, mais cela s'adonne qu'à quelques minutes de
notre vote nous sommes exactement à un an, jour pour jour, le 2 octobre,
du déclenchement du coup de force d'Ottawa.
Si vous vous le rappelez, d'ailleurs, non seulement le contenu
était-il enfin révélé, après avoir
été tramé pendant des mois, mais il était aussi
accompagné d'un calendrier infernal où tout devait être
terminé le 21 décembre 1980 avec, bien sûr, la certitude
que Londres n'allait même pas regarder le "package". Où en
sommes-nous? Il n'est pas faux de dire que nous sommes bien loin de cela et que
le temps, une année complète d'énergie, d'engueulades, n'a
guère amélioré les choses pour celui qui
déclenchait le coup.
Je n'évoque que deux résultats, les plus importants de
cette année que Pierre Elliott Trudeau a fait gaspiller: d'abord, un
front commun, une coalition presque, de huit provinces plus stables, plus
efficaces, plus solidaires qu'elles ne l'ont jamais été. Lui qui
calculait et qui calcule encore sur la division, compte encore sur la division,
a réussi ce que la meilleure volonté du monde, dans les
gouvernements du Québec qui se sont succédé n'avait jamais
encore atteint, soit d'avoir sur la même longueur d'onde, dans la
même solidarité, huit des dix gouvernements provinciaux,
l'exception ontarienne étant évidente pour tout le monde. (12 h
10)
Non seulement une coalition de provinces, mais une coalition où
le Québec occupe le leadership qui lui revient; il aura réussi
à nous redonner notre place pour le combattre. Nous n'entendons pas
l'abandonner, mais plus important encore, comme résultat et sans aucun
doute plus contraire à ses intentions d'il y a un an jour pour jour,
c'est la solidarité des Québécois, celle qui sera
manifestée par le vote tout à l'heure. Ce n'est pas une mince
solidarité, la panique dans les rangs libéraux
fédéraux le prouve. C'est une solidarité significative,
quand elle intervient à peine un an et demi après un
référendum qui nous a divisés comme jamais de chaque
côté de cette Chambre, quand elle intervient moins de six mois
après une élection qui nous a divisés comme jamais de
chaque côté de cette
Chambre, quand des fossés aussi profonds sont franchis en une
aussi courte distance, c'est une solidarité qui parle.
Le vote de tout à l'heure peut, doit, et sera
considéré comme un vote historique à l'Assemblée
nationale. Pourquoi oublier l'actualité, pourquoi faire semblant de ne
pas la voir? Les journaux étalent le fait que cette solidarité
que nous allons cimenter tout à l'heure n'a pas été facile
à vivre pour certains collègues de l'Assemblée. Je n'ai
pas de félicitations à adresser à qui que ce soit,
personne n'en voudrait, ni de fausses déclarations au-delà de ce
qui va se faire par le vote. Je signale seulement avoir été
profondément impressionné par au moins deux interventions de
l'autre côté. La remarquable intervention du chef de l'Opposition
et l'émouvante déclaration du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je ne veux pas dire que les autres n'ont pas
apporté la même sincérité. Je me souviens dans un
autre style que celui que j'ai ce matin, au moment du débat sur le
discours inaugural de la session de juin, avoir mis au défi les
députés libéraux de tenir ce genre de langage. Je peux
dire que je l'ai presque entendu au cours de ce débat.
Mais puisqu'il faut le répéter et qu'à l'intention
de leurs électeurs et de leurs militants les députés
libéraux ont voulu le redire, je le redis aussi pour qu'il n'y ait pas
de mésentente, nous demeurons des adversaires. Mais à cette
heure, ce que nous faisons, c'est que nous avons mis bas les armes pour le
temps, et la motion dit elle-même que ce temps durera aussi longtemps que
la menace; nous avons mis bas les armes, ne serait-ce que pour signifier que si
le combat demeure entre nous, nous combattons pour un territoire et nous tenons
à l'intégrité de ce territoire, c'est-à-dire, les
champs de juridiction du Québec. Nous voulons tour à tour
l'occuper, les Québécois décident que nous l'occupons tour
à tour aussi. Si nous voulons que notre combat soit vrai, soit franc, il
faut que les juridictions pour lesquelles nous combattons soient
étanches, soient intactes. C'est ce que les membres de
l'Assemblée nationale qui voteront pour cette résolution diront
tout à l'heure.
Je n'ignore pas l'énergie; personne de ce côté-ci
n'ignore la force qu'on a dû mettre dans certaines consciences, les
déchirements qui sont encore, comme dans certaines interventions,
très palpables, mais tout cela nous apparaissait nécessaire pour
en arriver à cette unanimité des partis.
Bien sûr, la ligne de parti, comme on dit, n'est qu'une
convention. Au sens strict de la loi, si on voulait se donner une
interprétation stricte, légaliste de la loi, chaque
député est élu pour voter ici librement. Mais verriez-vous
le capharnaüm que ça donnerait? Pensez-vous qu'une
société en pleine croissance serait gouvernable, serait
démocratiquement rassurante si elle était laissée à
l'opinion d'un jour ou à l'opinion d'un lendemain de chacun des membres
de cette Assemblée et qu'à chaque fois qu'on a un projet de loi
à débattre on ignore totalement - un peu comme on si on
lançait les dés - s'il sera adopté, s'il sera
modifié, s'il deviendra loi? C'est ainsi que la ligne de parti est
devenue une convention encore plus forte que la loi et que, en ce sens, pour
que le Québec ne soit pas ingouvernable, elle demeure la convention la
plus sacrée dans cette Assemblée.
Que quelqu'un choisisse de ne pas respecter une convention, c'est, bien
sûr, son droit de conscience le plus strict et le plus sûr.
D'ailleurs, que quelques-uns ne la respectent pas, cette convention dans un
Parlement, alors que, dans d'autres Parlements, c'est une majorité qui
s'apprête à ne pas respecter les conventions, ça nous tient
déjà à l'écart. Je crois même que le fait que
quelques-uns, à ce qu'on dit, ne respecteront pas cette convention de
ligne de parti n'entachera guère - je le dis comme je le pense - le
total impressionnant que nous allons tout à l'heure réussir et
former. Mais je crois - si je peux m'adresser à eux sans ajouter
davantage à la pression qu'ils ont dû subir et sentir - qu'il y a
quand même là une absurdité. Si j'ai bien compris
l'argument du seul qui s'apprête à voter contre et qui ait
décidé d'intervenir dans ce débat ou des autres qui l'ont
dit à l'extérieur de cette Chambre, c'est un peu parce qu'ils
seraient trop partisans qu'ils ne peuvent pas suivre la ligne de parti; c'est
parce qu'ils ne peuvent en aucun temps faire abstraction du fait qu'ils sont
dans un parti différent du parti qui gouverne le Québec qu'ils ne
peuvent pas suivre la ligne de leur parti. Dans ce régime piloté
par un obsédé, on n'en est pas à une folie près,
mais il faut bien reconnaître que c'est là-dedans que nous sommes
plongés.
Dommage que nous n'ayons pas entendu tous ceux qui, tout à
l'heure, s'opposeront à la motion. Nous aurions écouté
avec tristesse et respect l'étalement d'une conviction qui mène
aujourd'hui un membre de l'Assemblée à souhaiter et à
appuyer que cette Assemblée devienne plus petite, moins importante,
moins vitale dans la vie des Québécois.
Je dis simplement ceci: Le fait que nous ne les ayons pas entendus,
autrement dit, le fait que, à l'exception d'un seul, ils n'aient pas
choisi de venir faire connaître, là où ils auraient
normalement dû le faire, cette opinion qui est la leur et qui nous touche
de près, n'aidera sûrement pas à dissiper l'impression
qu'il s'agit d'un geste honteux et inacceptable dans le sens le plus fort du
mot.
Quand notre globe-trotter international, en smoking, hier, accordait,
avant d'entrer au bal, une impression sur les déchirements
qui tenaillent l'Opposition libérale du Québec et qu'il se
contentait de dire qu'ils étaient regrettables à son point de
vue, je dirai qu'ils sont regrettables au point de vue des
Québécois aussi, mais c'est clair que le mot "regrettables" n'a
pas le même sens pour les Québécois et pour Pierre Elliott
Trudeau! (12 h 20)
Je veux quand même saluer cette solidarité que nous aurons,
mais, si je dois être le mauvais coureur, le mauvais coucheur, dire qu'il
ne faut quand même pas rêver en couleur. Cette solidarité
que nous allons atteindre dans quelques minutes, au prix de terribles efforts,
remarquables et remarqués, il se peut que cela n'ait aucun effet
ailleurs. L'effort que toute une Assemblée d'hommes et de femmes
élus par les Québécois auront fait, il se peut que,
là où cela devrait compter, ce soit reçu comme l'eau sur
le dos d'un canard. Puisqu'on parle d'absurdité, en voici une autre de
notre régime, comme disait le député de Laurier, hier,
dans son intervention "That's Canada": II y a des chances que la
solidarité des députés du Québec aient plus
d'impact à Londres qu'au Parlement du Canada.
Une voix: C'est incroyable!
M. Charron: Cela fait longtemps -parlons-en un instant - que
notre courroie québécoise de transmission de nos volontés
à Ottawa est inutilisable, pourrie jusqu'à la moelle et
dangereuse. Notre députation fédérale à Ottawa
n'est plus d'aucune utilité publique pour les Québécois.
Cela fait longtemps que l'on sait que, quand il s'agit de protéger les
droits et les intérêts du Québec, la députation
libérale fédérale à Ottawa fonctionne à la
rapidité d'une Volkswagen et à la fiabilité d'un F-18.
Nous sommes à peu près convaincus, chaque fois, que c'est comme
parler à des sourds, que c'est comme parler à des
déconnectés. J'ai l'impression que cette merveilleuse
équipe fédérale, modèle mondial de
servilité, par les temps qui courent, ajoute à ses fleurons le
fait d'être devenue la plus belle machine à mentir qui ait
politiquement existé dans l'histoire d'une démocratie.
À Orford, ces jours derniers, a eu lieu le rassemblement des
inutiles à partir duquel on s'est permis de dire n'importe quoi pour
n'importe qui et n'importe quand, plus aucune restriction, et on a dit du chef
du Parti libéral québécois, qu'on souhaitait voir premier
ministre il y a cinq mois, pour lequel on a travaillé auprès de
candidats libéraux provinciaux il y a cinq mois, on a dit du
député d'Argenteuil qu'il était fou, c'est le ministre de
la Justice du Canada qui a dit du chef de l'Opposition du Québec qu'il
était fou de prendre la position qu'il prend. Il ment en disant de vous,
si vous ne le dites pas, je le dirai, qu'il a écrit la charte des droits
en copiant mot à mot le livre beige que vous vous êtes
donné la peine d'écrire. Vous savez que cette machine
fédérale ment à votre sujet.
Le vote que vous allez prendre tout à l'heure l'indique. Jamais,
dans la charte des droits, dans ce que vous avez écrit dans votre livre
beige, vous ne parliez, à part des droits fondamentaux qui se retrouvent
là, bien sûr, et sur lesquels je suis prêt à
souscrire aussi dans le projet de charte des droits du gouvernement canadien,
jamais, par contre, n'avez-vous, vous, écrit, sinon la lutte aurait
été terrible et vous auriez été incapable de vivre,
avec ce document que vous souhaitiez, une diminution des juridictions
québécoises en matière d'éducation, en
matière d'économie. Pourtant, de l'autre côté, sans
vergogne, comme si vous n'existiez pas, on dit que c'est ce qu'on a fait.
Le leader parlementaire du gouvernement à Ottawa, sa
déclaration est dans la Presse d'aujourd'hui, quand il parle de vous,
dit: Les petites frères libéraux du Québec.
Une voix: Les petits frères des pauvres.
M. Charron: Mais ce qu'il y a de pire, ce dont je veux vous
parler, c'est que le mensonge va se répandre. Cette machine à
mentir va dépenser 1 000 000 $ d'ici trois semaines pour répandre
son mensonge, non pas un document comme celui-ci, qui a été
confirmé presque d'une page à l'autre par le jugement de la Cour
suprême. Non, la version fédérale.
Je puis vous dire une chose. Depuis deux semaines nous surveillons les
parutions publicitaires du gouvernement fédéral à la
télévision. Nos conclusions sont qu'il dépense des sommes
énormes et que depuis quelque temps, le gouvernement
fédéral accentue ses efforts publicitaires. Par exemple, une
surveillance télé a été faite à
Montréal. Dans la semaine du 14 septembre, à la
télé française, le gouvernement fédéral a
annoncé sept ministères différents. Il y a eu en termes de
métier - je m'apprête à déposer, s'il y a
consentement à l'Assemblée, le résultat de cette analyse
média faite par le Bureau de recherche publicitaire Ltée de
Montréal, pour le compte du ministère des Communications. Tout le
monde pourra voir le résultat de cette analyse - 376 points, dit-on, en
langage technique.
Dans la semaine du 21 septembre, on a presque doublé. 38 messages
en tout. Pour vous donner un exemple, une campagne comme celle que le
gouvernement fédéral tient maintenant et qui, dans quelques
jours, servira à vendre son mensonge, c'est la campagne maximum;
lorsqu'on veut vendre un nouveau produit par force, on atteint rarement 607
points à la semaine, 100 000 $
de publicité à la semaine.
Ils vont dépenser 1 000 000 $ pour justifier qu'ils veulent
enlever des droits au Québec. On peut bien mettre 300 000 $ pour
justifier que nous voulons les garder.
M. le Président, les fédéraux sont, comme dirait ma
mère, devenus désâmants. On ne sait plus. J'ai ce soir un
entretien prévu devant le public avec un des ténors
fédéraux. Comment voulez-vous qu'on se prépare mentalement
à donner un bon débat à l'intention des citoyens du
Québec quand vous savez que celui avec qui vous allez vous asseoir
devant les caméras de télévision peut dire n'importe quoi,
n'importe quand, pour n'importe qui? Autrement dit, vous allez simplement
assister à un mensonge et, quand le mensonge ne fournira pas, on
l'augmentera.
Ce que je trouve de plus dur, ce n'est pas qu'ils sont
désâmants, c'est que je crois qu'ils sont désormais
désâmés et qu'à part le député de
Montmorency, qui, espérons, n'est pas un De Bané ou un Joyal en
puissance, ils vont tous, comme Québécois - comme
Québécois - voter pour une diminution des pouvoirs de cette
Assemblée sans même avoir daigné poser des exigences. Non
seulement ils vont se contenter de faire ça, mais ils vont, comme ils
sont à l'oeuvre depuis des jours maintenant, continuer à fomenter
dans vos propres rangs pour que vous soyez inondés de
télégrammes, d'appels téléphoniques.
Ils ont la même liste de membres que vous. Ils savent où
les rejoindre, ils savent comment les exciter et ils sauront comment mettre de
la pression sur vous lorsque vous aurez à justifier la solidarité
que vous donnez au Québec actuellement.
Bien sûr que nous allons le reprendre ce combat partisan, un jour.
Il n'est pas loin le jour où nous allons le reprendre également.
Nous allons, nous, bien sûr, de notre côté, avec nos membres
et nos militants, plus que jamais continuer à regarder notre option qui
apparaîtra pour les Québécois comme une police d'assurance
sans précédent contre les coups de force qui surviennent, et
vous, vous allez continuer, bien sûr, d'être
fédéralistes, avez-vous dit tout au cours de ce débat.
La différence, toutefois, c'est qu'être
fédéraliste maintenant, ça voudra dire être en
opposition avec le régime fédéral. Merci. (12 h 30)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, tout a été dit,
peut-être même un peu plus. Je n'ai pas l'intention d'ajouter aux
arguments qui ont été amenés devant cette Assemblée
quant au fond de la motion et je n'ai pas l'intention non plus, quelques
minutes à peine avant le vote que nous allons prendre dans cette
Assemblée, de répliquer à certains des arguments que nous
avons entendus. Je peux simplement dire ceci, à ce moment-ci, c'est que
ceux qui s'inquiétaient de la mort de l'esprit partisan, dans cette
Assemblée, je crois qu'ils ont pu être rassurés au cours
des dernières minutes.
M. le Président, je vais participer positivement au vote de tout
à l'heure parce que je crois qu'il est convenable que les partis
joignent leurs voix pour défendre ce qu'ils ont en commun,
c'est-à-dire le mandat en vertu duquel les députés ont
été élus comme membres de cette Assemblée. Il est
convenable qu'ils le fassent, d'ailleurs il est traditionnel aussi qu'ils le
fassent puisque ce n'est pas la première fois. Malgré la tension
tout à fait spéciale qui entoure le vote aujourd'hui, essayons de
le placer dans son juste contexte. À chaque fois que l'Assemblée
nationale s'est exprimée par la voix réunie de ses membres, il
n'est pas du tout certain qu'elle ait réussi à infléchir
le cours de l'histoire. D'autres efforts et d'autres événements
sont nécessaires à un heureux dénouement de l'impasse
actuelle. Néanmoins, le qeste d'aujourd'hui est nécessaire et il
est même indispensable.
Même si le vote que nous allons poser dans quelques minutes est
largement majoritaire, à défaut d'être unanime, sa
signification sera d'autant plus grande qu'il reflète ou non l'opinion
largement majoritaire ou non du peuple du Québec. Nous aurions
réussi, en effet, M. le Président, bien peu de chose si, en
unissant nos voix ici, nous allions contribuer à rendre plus vives et
plus profondes les divisions et la méfiance en dehors de cette enceinte.
Ce dilemme, est-il besoin de le rappeler, le Parti libéral du
Québec l'a éprouvé profondément et douloureusement
au cours des derniers jours. Si le vote de tout à l'heure, encore une
fois, est en deçà de la complète unanimité,
voyons-en la raison dans la difficile, certains diront l'impossible,
équation entre, d'une part, l'unité d'action ici, ne serait-ce
que sur cette seule motion, et la division encore profonde de nos concitoyens.
Cette division de l'opinion publique au Québec ramène à
une proportion plus juste et plus modeste la signification du geste posé
par cette Assemblée et doit être considéré par
chacun d'entre nous comme un défi personnel à relever.
Dans cet esprit, M. le Président, je voudrais, ce matin,
m'adresser surtout à nos concitoyens anglophones. Je sais bien qu'ils ne
sont pas les seuls à éprouver des réticences, de
l'inguiétude, de l'angoisse même peut-être devant le geste
inusité que nous allons poser. Je sais également que cette
angoisse et cette inquiétude sont peut-être encore plus vives chez
ceux de nos
concitoyens qui ne sont pas francophones.
Our anglophone fellow citizens are those indeed most likely to be
puzzled and even alarmed at the incongruity of an unanimous resolution of the
National Assembly. I do not intend to discuss personalities, I do not even
intend to discuss the technical fine points of the constitution. I guess that
these issues obscure rather than eliminate the underlined issues, the
underlined aspirations and fears, the underlined hopes and frustrations
experienced by so many people on this occasion. Let us ask ourselves whether
what is involved today is not indeed a further chapter in our long standing
language debate, or, at least, a further chapter in the sometimes difficult
relationship and history of the relationship between majority and minority in
Québec.
I know the grievances that our English speaking fellow citizens have
against Bill 101, for instance, and I feel, for their sense of hurt pride in
that context, their anxiety with regard to the quality of majority-minority
relations in Québec. There are some extraordinarily mean provisions in
that Act, and, beyond language issues, many symbols of a frame of mind on
Goverment benches of which no one can be proud, to say the least. However, with
all its imperfections, Bill 101 is the outcome of a democratic process.
Democracy is no more perfect here than elswere, but frail and imperfect as it
may be, it must be respected. Every law adopted by this Legislature is the
brain-child of a legitimately elected Government, whether we like it or
not.
That Government also is imperfect. I would even say most imperfect. Its
policies are often dead wrong, but it is the Government and a recently elected
one with in an enlarged basis of support, sad as I may be to say it. That
electoral outcome was for many of you a personal loss and some may be tempted
to find their horizon to despair about democracy, or, at least, to despair
about the operation of democratic institutions in this province. The many
things that they had hope to see changed will not now be changed. What can they
do? My point is this, Mr Chairman. The temptation to turn one's back on this
unholy mess must be resisted. Nothing would be gained by dismissing as hopeless
Quebec's democratic life and institutions, because one so intensely dislikes
some of the consequences. That temptation arises because the federal proposed
entrenched Bill of Rights appears to many, non-francophones as the beacon of
light, as the one remaining hope to correct what is wrong and to redress deeply
resented injustices.
For non-francophone Quebeckers, to embrace the federal charter as a mean
to escape the hated outcome of Québec democratic institutions would be a
form of separatism, an attempt to escape from the minority position experienced
in Québec by shifting the problem and its solution to a different
political context and to a wider forum where the tables would be turned against
the oppressive majority in Québec. How could such an attempt, if it were
widely espoused, fail to widen the gap between Québec's celebrated two
solitudes? How could such a rejection of Québec political life by
Québec minorities not be seen by the rest of Québec society as a
rejection of Québec itself? How could it not be seen as a vindication of
the often proffered innuendoes from Goverment benches, in particular about
genuine and not so genuine Quebeckers?
Twice this year we have had an indication that the Canadian people will
not allow decisions about language use in public services, including education,
be determined in a forum above the level of individual provinces. It was, as
you may remember, an issue in both the Ontario and the Québec general
elections. In both provinces, for different reasons and in different contexts
and with various degrees of open-mindedness or lack thereof. It was shown that,
although provincial majority opinion is not opposed to some public services
being provided in a minority language, provincial majority was adamant in its
desire to remain in control of the degree, the extent and the speed at which
this was done. This is what is meant to-day by this motion. This is the
essential meaning of this resolution on which we are about to vote.
Incidentally, this is what the Pépin-Robarts' task force had recommended
in essence, after extensive travels and consultation all over Canada. (12 h
40)
As far as Québec is concerned, I am personnally convinced that an
overwhelming majority in Québec, should we ever be condemned to choose
between Canada, under one hand, and an ultimate control by Provincial
Legislatures over language policies, on the other, would opt for the latter.
The strength of feeling demonstrated on this question over the last fifteen
years unfortunately leaves little room for doubt.
À mon humble avis, M. le Président, l'appui qu'apporte
aujourd'hui le Parti libéral du Québec à la motion dont
cette Assemblée a été saisie revêt la signification
suivante: Nous défendons le droit du peuple québécois de
continuer à déterminer lui-même des matières, par la
voie de son Assemblée nationale, qui sont de la compétence de
cette Assemblée en vertu de la constitution du Canada.
Nous défendons aussi la démocratie au Québec, ce
qui inclut, particulièrement de notre point de vue de parti
d'Opposition, le droit du peuple du Québec de se tromper
démocratiquement dans le choix de son
gouvernement et dans l'adoption de lois que nous réprouvons en
tout ou en partie, mais gouvernement et lois que nous devons respecter avant de
pouvoir les changer, justement parce que ces lois sont le produit de nos
institutions démocratiques.
Nous défendons enfin, M. le Président, l'unité du
Canada dans sa diversité, en demeurant d'autant plus forts et
crédibles, comme défenseurs du fédéralisme, que
nous ne ménageons rien pour défendre avec une égale
vigueur nos droits comme Québécois.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque (réplique)
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je vais
tâcher d'être aussi bref que possible. Ce qui compte maintenant,
c'est ce qui va se passer dans quelques instants. C'est un moment grave et
très lourd de conséquences que nous allons vivre en votant sur la
motion qui est devant nous, cette motion qui, une fois approuvée par
l'unanimité au moins des deux partis qui sont dans cette Chambre,
donnera au gouvernement du Québec un mandat clair, un mandat exigeant
et, dans les circonstances, un mandat indispensable.
Contrairement à ce que d'aucuns pensent ou ont fait semblant de
penser depuis deux ou trois jours, c'est aussi un moment qui arrive à
son heure et pas une minute trop tôt. HélasI cela est une des
faiblesses ou des déformations qu'une partie de notre histoire nous
inflige et qu'on retrouve assez souvent dans certaines attitudes. Cette
propension chez certains d'entre nous, encore trop nombreux, devant les
iniquités qu'on nous fait subir à l'occasion, cette propension
à toujours attendre, d'une certaine façon à toujours
tendre l'autre joue, et puis même au besoin, d'autres coins de notre
anatomie, encore un petit peu, encore une fois, une dernière fois, et
puis encore, une autre fois, jusqu'à ce que souvent il soit trop
tard.
C'est de toute évidence, M. le Président, le risque que
nous pouvions courir en tergiversant si peu que ce soit après le
jugement de la Cour suprême. Il suffit de voir ce qui se passe. Toutes
les manoeuvres et toutes les pressions qui s'intensifient au milieu d'un vent
de panique et de rage déchaîné qui emporte visiblement les
libéraux fédéraux.
Ce matin même, dans une dépêche où
n'apparaît plus l'ombre d'un possible assouplissement, le bras droit de
M. Trudeau, dans cette entreprise de plus en plus démentielle, n'avait
plus rien à dire hier soir - c'était dans le journal de ce matin
- sauf ceci. Selon le ministre Chrétien, la situation a suffisamment
duré et les provinces ne doivent pas prendre à la
légère la volonté du premier ministre Trudeau de
procéder rapidement, c'est bien une question de jours, disait-il, et non
pas de mois.
Est-ce qu'il était oui ou non urgent qu'on se réunisse?
Qu'on se réunisse avant que ne se déclenche ce qui
déjà en deux jours constitue le point culminant jusqu'à
présent en attendant pire de la plus inconcevable des manoeuvres
antidémocratiques, toute nourrie d'arbitraire, de mensonges,
d'autocratie auxquelles depuis 114 ans un régime fédéral
n'ait jamais assisté.
Je ne commenterai pas, parce que je ne saurai pas comment les qualifier,
les propos qu'ont osé tenir sur le chef de l'Opposition et ceux qui se
sont ralliés derrière lui, ce même M. Chrétien,
ministre de la Justice, et son triste second, M. André Ouellet. Mais il
faut tout de même souligner comment ce déchaînement
invraisemblable, où des actions longuement et sournoisement
calculées se marient tout à coup avec une sorte d'hystérie
incontrôlable, comment ce déchaînement ne vise uniquement,
exclusivement, que le Québec, les droits de son peuple, et les pouvoirs
si terriblement limités pourtant de cette Assemblée nationale,
qui est le seul instrument de promotion collective et, comme on le voit
douloureusement en ce moment, la seule ligne de défense politique
organisée qui appartienne en propre à cette minorité que
nous constituons au Canada et à cette nation dont le Québec est
la seule patrie indiscutable. "Pour ceux qui l'aurait oublié,
écrivait ce matin M. Jean-Louis Roy dans le Devoir, ces pouvoirs n'ont
pas été donnés au Québec. Ils ont été
conquis, négociés et défendus, tout au long de l'histoire
de ce peuple qui n'a jamais disposé de la force, force du nombre, force
des armes, ou force de l'argent. L'institution parlementaire a
été le lieu privilégié des grandes batailles
où s'illustrèrent nos chefs politiques et où s'articula la
définition des droits des Canadiens français. D'autres peuples
ont connu une marche dans le temps infiniment plus cruelle et plus tragique que
la nôtre. Cependant, nos difficultés et notre fragilité
furent réelles et difficiles à surmonter. "C'est par rapport
à ces acquis limités, mais suffisants pour nous permettre de
durer, de nous développer et enfin, dans les 30 dernières
années, de changer de siècle en accélérant le
rythme de ce développement, que la démarche unilatérale
d'Ottawa constitue un véritable coup de force. Elle aurait pour effet,
selon le jugement de la Cour suprême, de restreindre les pouvoirs de
l'Assemblée nationale du Québec, de la forcer à modifier
des lois déjà démocratiquement adoptées et de
limiter la dimension de ses législations futures. "
C'est vrai, c'est exactement ce qui risque de se passer et c'est
pourquoi on
n'arrive pas à comprendre la servilité - moi, je n'arrive
vraiment pas à comprendre; ça ne peut pas être par
conviction ou alors, sur quelle appartenance québécoise une telle
conviction pourrait-elle s'appuyer? - ou l'aveuglement de la
quasi-totalité des 74 hommes et femmes qu'on a envoyés à
Ottawa, sauf erreur, là aussi pour y promouvoir les
intérêts du Québec et, eux aussi, pour y défendre
ses droits? Comment sont-ils encore capables de continuer ainsi vers
l'abîme, surtout depuis l'opinion fracassante de la Cour suprême?
Comment sont-ils capables également d'endurer de voir l'espèce
d'investissement, de véritable viol de l'opinion et ça,
exclusivement adressé au Québec, jusqu'à nouvel ordre,
qu'on leur fait endosser, une opération de propagande massive -
déjà annoncée, déjà en marche d'ailleurs,
à toutes fins utiles - visant, jusqu'à nouvel ordre, le
Québec seulement -pas le reste du Canada, le Québec seulement -
et ça, sous un ministre fédéral tout juste nommé et
nommé spécifiquement, exclusivement pour conduire de pareilles
opérations, le ministre des affaires québécoises, ce
chargé qu'on appelait, à l'époque impériale, le
secrétaire au Colonial Office? (12 h 50)
Bref, jusque dans cette crise, on nous place dans une espèce, la
plus ignominieuse, de statut particulier, j'espère que la plupart de
ceux qui continueront, jusqu'au bout, si tel doit être le cas, à
soutenir une pareille opération, ont comme excuse qu'ils ne savent pas
ce qu'ils font, qu'ils sont aveuglés. Mais ça demeure quand
même tout simplement effrayant, effarant à voir et on peut
espérer, tout en désespérant de plus en plus, que
quelques-uns au moins se rendront compte de ce qu'ils font ou de ce qu'on leur
fait faire, avant qu'il soit trop tard.
En revanche, non seulement ils savent ce qu'ils font - et ils ont dit
pourquoi, ils l'ont dit surabondamment - ceux d'entre nous qui vont
peut-être - et même probablement, hélas - ici, voter contre
la motion; c'est à cause d'une animosité extrême - un des
facteurs - qui dépasse l'animosité partisane et qui est devenue
viscérale à notre endroit. Je dois dire que c'est le même
genre de sentiment, malheureusement, que certains d'entre nous, de ce
côté-ci, ressentent également à l'occasion. C'est
probablement le prix qu'on paie inévitablement - c'est un prix excessif,
c'est sûr, mais il semble qu'on ne puisse pas l'éviter - pour
mener un combat qui va être encore long, très dur, qui oppose deux
perspectives sur l'avenir du Québec, auxquelles, je crois,
légitimement, on a le droit d'appartenir les uns et les autres; un
combat très dur, comme sont tous les combats fondamentaux et qu'on peut
dire même politiquement existentiels. Cela, on n'y peut rien non
plus.
Mais il y a aussi - j'aimerais dire quelques mots là-dessus parce
qu'il me semble qu'on y peut quelque chose - une méfiance excessive qui
a été alimentée, fortement depuis deux jours, par les
pressions que nous savons, et qui amène d'aucuns à s'imaginer -
cela a été dit et redit - que nous, de ce côté-ci,
pourrions fausser cette motion une fois qu'elle aura été
votée. Que nous pourrions la faire servir de quelque manière
à nos desseins à long terme; d'une certaine façon,
tâcher d'en faire une sorte de pelure de banane qui nous permettrait de
dire que vous avez été nos complices dans nos desseins que vous
ne partagez pas. À ceux qui pensent comme cela, je voudrais dire
simplement ceci. J'ai eu beau, en écoutant certains discours, y penser,
je n'ai pas réussi à voir, d'aucune façon, comment on
pourrait, de ce côté-ci, abuser d'une motion dont le texte est
largement conjoint, tout le monde le sait, et qui donne au gouvernement un
mandat qui est à la fois très clair, comme je l'ai dit tout
à l'heure, mais qui est très clairement circonscrit aussi. Je
puis assurer tout le monde que nous tâcherons, nous, du gouvernement,
jusqu'à la limite de nos forces, de réaliser ce mandat, mais en
le respectant, parce que si on devait prétendre l'élargir ou
l'étirer indûment, lui faire dire autre chose que ce qu'il dit -
il me semble que cela tombe sous le sens -cela sauterait aux yeux
immédiatement et nous serions très sévèrement
jugés. Autrement dit, même si la tentation avait pu nous en
traverser l'esprit, ce qui n'a jamais été le cas...
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon):... c'est donc dans notre propre
intérêt et dans l'intérêt de ce que nous
défendons et défendrons jusqu'au bout qu'il faudrait y
résister.
Cela dit - j'achève, j'ai à peu près fini, M. le
Président, parce que tout a été dit et même redit,
mais, cela dit, sans revenir sur ce que le leader parlementaire disait tout
à l'heure sur le même sujet, je me permettrais, avant le vote, de
rappeler le cas d'un homme politique du XIX siècle qui -je ne me
souviens plus si c'était aux États-Unis ou en Angleterre,
c'était dans le monde anglo-saxon en tout cas - se trouvait dans une
situation que certains connaissent en ce moment, une situation où une
foule et peut-être la majorité des électeurs qui l'avaient
élu refusaient de le suivre.
Il leur avait dit ceci avant de voter sur cette question: "Vous m'avez
élu parce que vous avez pensé que j'étais un homme qui
suivrait sa conscience. Vous me pardonnerez, j'en suis sûr, de suivre
aujourd'hui cette même conscience, même en dépit des
pressions que vous m'infligez. " Pour ce que cela vaut, c'est un message, je
crois, qui
traduit un des principes fondamentaux d'une démocratie qui se
respecte et que ceux qui ont la chance d'y être élus doivent
également respecter.
Cela dit, M. le Président, cette conscience que nous avons, en
tout cas à l'unanimité des partis, et que nous suivrons pour la
plupart sans mépriser aucunement ceux qui, pour les motifs qui leur
appartiennent, ne feront pas la même chose, je crois que le moment est
arrivé de l'exprimer par notre vote.
Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce que la motion du premier ministre
sera adoptée?
Je me rends compte que les députés sont pour la plupart
ici. Est-ce qu'on pourrait appeler les députés? Qu'on appelle les
députés.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Nous attendons un député, est-ce que vous
pourriez me permettre de vérifier s'il est arrivé? C'est le
député du comté de Jeanne-Mance, qui a été
victime, comme vous le savez, d'un grave accident...
Des voix: II est ici. M. Ryan: Très bien.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
S'il vous plaît.
Mise aux voix de la motion
Je mets donc aux voix la motion inscrite au nom de M. le premier
ministre et qui se lit comme suit: La Cour suprême du Canada ayant
décidé que le projet fédéral concernant la
Constitution du Canada réduit les pouvoirs de l'Assemblée
nationale du Québec et que l'action unilatérale du gouvernement
fédéral bien que légale est inconstitutionnelle parce que
contraire aux conventions, cette Assemblée réclame du
gouvernement fédéral qu'il renonce à sa démarche
unilatérale, s'oppose à tout geste qui pourrait porter atteinte
à ses droits et affecter ses pouvoirs sans son consentement, et demande
au gouvernement fédéral et à ceux des provinces qu'ils
reprennent sans délai les négociations dans le respect des
principes et des conventions qui doivent régir les modifications du
régime fédéral canadien.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Jolivet, Mme Marois, MM. Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Laurin, Bérubé, Landry, Lazure, Gendron,
Mme LeBlanc-Bantey, MM. Lessard, Marcoux, Biron, Godin, Rancourt, Léger,
Clair, Richard, Johnson (Anjou), Chevrette, Bertrand, Marois, Duhaime, Garon,
Tardif, Léonard, Fréchette, Martel, Ouellette, Dussault, Gagnon,
Mmes Harel, Lachapelle, MM. Vaugeois, Paquette, de Belleval, Proulx, de
Bellefeuille, Guay, Baril (Arthabaska), Blais, Dean, Fallu, Grégoire,
Bisaillon, Mme Juneau, MM. Leduc, Marquis, Boucher, Lavigne, Beauséjour,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gauthier, LeMay, Desbiens,
Perron, Bordeleau, Gravel, Champagne, Laplante, Brassard, Charbonneau, Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Blouin, Rochefort, Brouillet, Rodrigue,
Payne, Tremblay, Beaumier, Leblanc, Lafrenière, Lachance, Paré,
Dupré, Ryan, Lévesque (Bonaventure), Mme Lavoie-Roux, MM.
Lalonde, Forget, Mailloux, Vaillancourt, Mme Bacon, MM. Marx, Bélanger,
Bourbeau, Blank, Mathieu, Assad, Vallières, Paradis, Scowen, Picotte,
Pagé, Rivest, Fortier, Rocheleau, Bissonnet, Polak, Dubois, Sirros,
Saintonge, Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Kehoe, Houde, Middlemiss, Dauphin,
Hains. (13 heures)
Le Président: Que celles et ceux qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. O'Gallagher, Ciaccia, Caron,
Lincoln, Gratton, Maciocia, Cusano, French, Mme Dougherty.
Le Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 111
Contre: 9
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée. M. le leader
du gouvernement.
Membres des commissions
M. Charron: M. le Président, je m'excuse de retomber dans
des détails matériels, mais cette session spéciale ne
devrait pas... Je voudrais faire une motion.
Je voudrais proposer que l'Assemblée nationale reconduise les
membres de la commission de l'Assemblée nationale nommés lors de
la précédente session et que cette Assemblée se substitue
à la commission de l'Assemblée nationale et renomme les membres
de chacune des commissions, tel que cela avait été établi
lors de la première session de la présente Législature, ce
qui nous permettrait de pouvoir convoquer une nouvelle commission
parlementaire, soit celle de la Justice, la semaine prochaine.
Le Président: Est-ce que cette motion
du leader sera adoptée? Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Projets de loi à reconduire
M. Charron: Une dernière motion aussi obligatoire, M. le
Président. Je voudrais faire motion en vue de donner effet à
l'article 6 du règlement, malgré la tenue de cette
deuxième session, lors de la reprise de nos travaux, d'ici quelques
semaines, à la fin du mois. Il s'agit d'avoir le droit de reconduire les
projets de loi qui étaient au feuilleton à la fin de la
première session de la présente Législature.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lévesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Les travaux de
l'Assemblée sont suspendus pour quelques instants.
(Suspension des travaux à 13 h 05)
(Reprise de la séance à 13 h 10)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez prendre vos places et demeurer debout pour l'entrée de
Son Excellence le lieutenant-gouverneur du Québec.
Prorogation
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, la session spéciale qui se termine
aujourd'hui a été brève, puisqu'elle n'a duré que
trois jours, mais elle a sans doute été l'une des plus
remarquables de l'histoire de notre Parlement québécois, à
cause de l'importance de la motion que vous aviez à débattre.
Vous vous êtes unis pour défendre les droits de
l'Assemblée nationale, sans pour autant porter atteinte aux principes
fondamentaux qui caractérisent les principales formations politiques de
cette Assemblée. Vous avez souhaité la reprise des
négociations dans le respect de nos conventions constitutionnelles.
Espérons que ce souhait se réalisera le plus tôt
possible, afin que s'établisse un climat de détente non seulement
au Québec, mais par tout le Canada.
En prorogeant cette deuxième session de la 32e
Législature, je vous félicite et vous remercie au nom de tous les
citoyens et citoyennes du Québec.
Le Président: Conformément au voeu et au
désir exprimé par le lieutenant-gouvernement, je déclare
prorogée sine die la deuxième session de la 32e
Législature du Québec.
(Fin de la séance à 13 h 13)