Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le premier ministre.
Rapport de la commission
d'étude sur l'accès à
l'information gouvernementale
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport de la commission d'étude sur
l'accès du citoyen à l'information gouvernementale et,
parallèlement, sur la protection des renseignements personnels. Je dois
aussi informer la Chambre que, dans une heure, vers onze heures, le
président de cette commission, M. Jean Paré, rendra le rapport
public également pour les médias d'information.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de la Justice.
Rapport d'activité de la Sûreté du
Québec 1980
M. Bédard: M. le Président, je dépose le
rapport d'activité de la Sûreté du Québec pour
l'année 1980.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais, à ce
moment-ci, solliciter le consentement de l'Assemblée pour avoir
l'autorisation de déposer un projet de loi qui n'apparaît qu'en
appendice actuellement au feuilleton et qui concerne certaines dispositions
législatives en matière de logement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime?
M. Lévesque (Bonaventure): Oui, M. le
Président.
Le Président: Consentement pour le projet de loi no
20.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler ce projet de loi
maintenant, M. le Président.
Projet de loi no 20 Première lecture
Le Président: Le ministre délégué
à l'Habitation et à la Protection du consommateur propose la
première lecture du projet de loi no 20, Loi modifiant le Code civil et
certaines dispositions législatives en matière de logement.
M. le ministre.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le projet de loi no 20 modifiant le Code civil et certaines
dispositions législatives en matière de logement.
Ce projet de loi a pour objet de modifier le Code civil afin de
permettre à la Régie du logement d'examiner avec plus de
souplesse les avis que se donnent mutuellement les locateurs et les locataires
en vertu du Code civil.
Il modifie également la Loi instituant la Régie du
logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives afin de limiter le droit de certains propriétaires
d'une partie indivise d'un immeuble de reprendre possession d'un logement
situé dans cet immeuble.
Une voix: Très bien.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne sais pas si c'est une question de
règlement ou une question de privilège, mais je suis fort
étonné d'avoir lu ce matin, dans le journal, le contenu de ce
projet de loi. Je ne blâme pas le ministre nécessairement, mais
peut-être que le ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration a outrepassé ses responsabilités. Je proteste
contre cette façon de procéder, d'annoncer le contenu des projets
de loi avant qu'ils soient déposés en cette Chambre.
M. Godin: Question de privilège.
Le Président: M. le ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
M. Godin: Je sais que, contre les journalistes, on ne gagne
jamais. Aussi, je serai bref pour dire uniquement que le contenu de cet article
est faux à 50%, en ce sens que je n'ai révélé aucun
contenu d'aucun projet de loi à quelque journaliste que ce soit.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales des députés. M. le
député de Charlevoix.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Les caisses d'entraide économique
M. Maillouxi M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Institutions financières et Coopératives. Je pense,
M. le Président, que vous comprendrez que je préférerais
m'abstenir de poser des questions, mais il y a quelques jours, en
réponse à des questions du chef de l'Opposition, le ministre des
Finances a fait un tour d'horizon des problèmes que connaissent les
caisses d'entraide économique et il a parlé des avenues possibles
par lesquelles on pourrait sortir de la crise qu'on a connue et qui s'est
résorbée en partie depuis. Il a fait mention de
différentes options possibles, d'abord de la Société
d'assurance-dépôts fédérale qui pourrait fournir
certaines liquidités vu son entente avec la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec. Il a parlé de faire
appel à certaines autres sociétés prêteuses, de
l'aide possible qui pourrait être apportée par des caisses mieux
nanties, aidant celles qui sont en difficulté.
Est-ce que le ministre des Finances voudrait - comme je l'ai pressenti
déjà depuis le tout début de la semaine - à ce
moment-ci faire d'abord un tour d'horizon de l'ensemble des discussions qu'il a
pu avoir et avec le mouvement et avec l'ensemble des intervenants dans les
avenues dont il a parlé récemment et essayer d'informer
valablement la Chambre sur l'état de la situation au moment où on
se parle et les espoirs que peuvent laisser entrevoir les discussions qui sont
en cours actuellement?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Très volontiers, M. le Président.
Depuis dix jours à peu près, on sait que les caisses d'entraide
ont été soumises à une très forte pression sur
leurs liquidités dans la mesure où des membres, ou bien encore
des détenteurs de dépôts à terme, ont demandé
de pouvoir retirer leurs fonds. Cette pression, qui a été
très forte au cours des premiers jours, ainsi qu'on a pu le constater
par les articles qui, périodiquement, étaient publiés
à ce sujet, a été considérablement accrue par un
débat public, par le truchement des journaux, en particulier,
après une série d'émissions à la
télévision, par des articles de journaux très durs, c'est
le moins qu'on puisse dire. (10 h 20)
Je ne vous cacherai pas que dans des circonstances aussi pénibles
que celles-là, il me semble qu'une certaine modération est de
mise. Je déplore que dans certains quartiers on n'ait pas toujours,
pendant ces jours-là, pratiqué la modération qui s'impose.
Mais c'est un fait, ça s'est produit comme ça et certains
médias ont cru bon littéralement de jeter de l'huile sur le feu
à l'égard, encore une fois - je répète ici ce que
je disais précédemment - d'un mouvement qui est rentable, qui a
connu des problèmes de liquidité sérieux, mais dont la
rentabilité est clairement établie.
Depuis quelques jours, la pression est un peu moins forte. Même,
je pense qu'on peut dire qu'elle est nettement moins forte. Le problème,
cependant, reste le même. On sent très bien une grande
nervosité, en particulier, assez curieusement, dans les caisses
urbaines, et ça c'est un peu une surprise, où, comment dire, les
contacts entre les membres sont moins fréquents que dans les
régions éloignées. Je pense qu'une des
caractéristiques qu'on aura observées depuis une dizaine de
jours, c'est que dans de petites villes où les gens se connaissent mieux
et se parlent davantage, le mouvement a très bien fonctionné,
mais que surtout dans les banlieues de grandes villes, on a assisté
là à des mouvements de nervosité tout à fait
indiscutables. Encore une fois, ça s'atténue, mais ça
reste très nerveux.
La Régie de l'assurance-dépôts du Québec a,
dans le sens de ce que j'avais indiqué la dernière fois que nous
sommes intervenus en Chambre à ce sujet, commencé à
appuyer financièrement la Fédération des caisses et des
caisses individuellement de façon à leur fournir les
liquidités additionnelles. C'est commencé depuis le début
de cette semaine. Il reste maintenant à examiner les correctifs. Une
voie de
redressement qui avait été assez longuement
discutée, a été finalement laissée de
côté par la Fédération des caisses d'entraide. Et
elles explorent, bien sûr, en contact avec nous, en contact avec
d'autres, deux autres voies, à l'heure actuelle. L'une de ces voies les
maintiendrait dans une autonomie complète. L'autre impliquerait des
rapports assez étroits, que je ne peux pas qualifier pour le moment,
avec d'autres institutions financières.
On me permettra, M. le Président, de ne pas être trop
précis quant à l'exploration de ces deux voies parce qu'elles
sont très activement discutées. Nous avons passé une bonne
partie de la journée d'hier à en discuter ensemble: les
discussions ou certaines propositions sont en train d'être
élaborées ce matin. Je n'aurai pas avant la fin de la
journée, je pense, les éclaircissements nécessaires pour
être plus concret que je le suis ce matin. Mais je pense que,
normalement, en très peu de jours, - quand je dis "en très peu de
jours", je veux dire au maximum en cinq ou six jours probablement - au tout
début de la semaine prochaine, on sera fixé sur la voie à
adopter pour le redressement d'un mouvement qui, encore une fois, n'eût
été de cette pression extraordinaire dans l'opinion publique au
cours de la semaine dernière, aurait réussi plus facilement et
plus rapidement le redressement qui s'impose, le redressement qui est
nécessaire.
Il ne s'agit pas ici de chercher à nier que, sans doute, il y a
eu certaines imprudences de ce côté-là, mais il ne faut pas
nier non plus que c'était un mouvement et que c'est encore un mouvement
rentable et qu'il est important ici que les pouvoirs publics, avec des
institutions comme celle-là, collaborent, d'une part, à une aide
financière aussi active qu'il est possible pendant qu'une crise
éclate et, d'autre part, à la recherche de moyens de redressement
nécessaires. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, vous m'excuserez si au tout
début de ma question supplémentaire, je ne vais pas tout de suite
à la forme interrogative. C'est que devant toute la prudence, que je
comprends, du ministre je sais que je dois en avoir également.
M. le Président, dans les avenues dont on parle, afin d'aider une
possibilité de règlement, le ministre vient de dire que c'est un
mouvement qui doit demeurer. C'est un mouvement nationaliste
québécois qui, je pense, a aidé un peu partout dans les
régions et dans les régions marginales du Québec. De ce
fait, il était déjà placé dans des positions
peut-être un peu plus délicates que certaines
sociétés prêteuses. Peut-être également que le
capital de risque qu'il a été appelé à placer
subissait également des dangers plus grands. Ce que je voudrais dire au
ministre, c'est que dans la responsabilité gouvernementale, je constate
actuellement, si mes renseignements sont bons, que de la part du gouvernement
fédéral, la Banque fédérale de
développement, en discussion actuellement avec certaines caisses qui
sont les plus touchées, a tenté, semble-t-il - je donne cela sous
réserve - d'offrir immédiatement de remplacer comme
créancier hypothécaire dans certains risques industriels,
dégageant d'autant les liquidités... Je comprends que la Banque
fédérale de développement va prêter à un
tarif correspondant à l'inflation qu'on connaît ces jours-ci.
Est-ce que le gouvernement provincial, vu la responsabilité
gouvernementale, ne devrait pas, dans un premier, temps, en plus des fonds qui
ont été fournis par la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec et celle du
fédéral, examiner l'issue dont je parlais tantôt
privément avec le ministre? C'est la suivante.
Le Parlement a voté, il y a au-delà d'un an, un fonds de
250 000 000 $ au ministre de l'Industrie et du Commerce de l'époque pour
des prêts dans le domaine touristique. La Banque fédérale
de développement agit principalement dans le secteur industriel et
commercial. Tous ces prêts ont été consentis dans le
domaine touristique et je pense que le gouvernement du Québec devrait
regarder du côté de la SDI et à l'intérieur de ce
qui reste du fonds de 250 000 000 $. Devant la responsabilité du
gouvernement, est-ce que le ministre des Finances et ministre des Institutions
financières ne croit pas qu'il serait sage d'étudier à
fond la tentative qui devrait être faite par la SDI pour agir en
remplacement des caisses d'entraide sur quantité de prêts
touristiques consentis par les caisses d'entraide et qui pourraient
dégager des liquidités aux caisses d'entraide économique?
Je pense que ça pourrait aider le ministre dans les discussions qu'il a
actuellement avec d'autres sociétés.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je remercie le
député de Charlevoix de sa suggestion. Je pense que,
effectivement, il peut y avoir là un ajout, une aide additionnelle, si
tant est que la chose est possible, par la SDI. Je pense que ça vaut la
peine, effectivement, d'explorer cela. Cependant, il ne faut pas trop se faire
d'illusions sur l'ampleur des montants possibles; on le voit bien d'ailleurs
par certaines des tractations que tente actuellement la Banque
fédérale de développement.
(10 h 30)
II reste qu'il y a certains transferts de créances de cet ordre
qui peuvent se faire à l'heure actuelle par le truchement de la banque
fédérale, mais, évidemment, à des taux
d'intérêt très élevés. D'autre part, je pense
qu'il vaut la peine d'explorer ce que la Société de
développement industriel peut faire aussi, mais mon impression c'est que
cela restera des ajouts relativement limités par rapport à
l'ensemble des besoins. Il n'y a pas de doute qu'à l'heure actuelle, le
moyen d'intervention le plus fort dont on dispose, c'est la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec - appuyée d'autre part,
comme l'indiquait le député de Charlevoix - qui va tirer les
liquidités nécessaires, en vertu d'une entente qui a
été négociée par le gouvernement du Québec
il y a une douzaine d'années, à la Société
d'assurance-dépôts du Canada. C'est cela le canal principal.
Maintenant, qu'il y en ait d'autres qui s'ajoutent de part et d'autre de cela,
je pense qu'effectivement il faut explorer toutes les voies et ajouter toutes
les voies les unes aux autres. Cela me paraît être une suggestion
intéressante. Encore une fois, je pense qu'elle est plus limitée
peut-être qu'on ne l'imagine, mais enfin, il n'y a pas de raison de ne
pas l'explorer.
M. Brassard: M. le Président, une question
additionnelle.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, on peut lire dans la Presse
d'aujourd'hui qu'on présumait qu'il était possible que les
caisses d'entraide refusent l'aide de Jacques Parizeau via les crédits
débloqués par le fédéral, la Société
d'assurance-dépôts, s'il se montre trop exigeant - je cite - "sur
le taux d'intérêt ou sur les conditions du prêt."
Ce que je voudrais savoir c'est si le ministre des Finances en est
arrivé à une entente ou à un accord hier avec le mouvement
des caisses d'entraide relativement aux modalités de cette aide.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je ne sais pas si je dois
vraiment commenter l'article du journal en question. Je l'ai lu, bien
sûr, sauf qu'hier on discutait d'à peu près tout, sauf de
cela. Manifestement il y a quelqu'un qui... Une des caractéristiques les
plus difficiles de ce dossier depuis une dizaine de jours, c'est Dieu! qu'il y
en a qui aiment parler!
Manifestement dans ce dossier il y a des gens - comment dire? - qui ont
de la difficulté à modérer une sorte d'incontinence
verbale. Ce n'est justement pas le genre de dossier, justement pas le genre de
situation où il faut comme cela grimper à tous les rideaux qui se
présentent.
Dans ce sens, je dirai simplement que je crois que les discussions qui
ont lieu à l'heure actuelle sont susceptibles d'apporter, je le pense,
la solution que nous cherchons. Je n'irai pas plus loin, sauf noter, M. le
Président, que j'aimerais que les discussions soient aussi sereines et
aussi sérieuses qu'elles le sont dans cette Assemblée. Si
seulement, à l'extérieur de l'Assemblée nationale, on
pouvait simplement modérer les transports et améliorer les
communications, ce serait beaucoup mieux.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, en raison du fait que le
ministre des Finances n'a pas complété l'ensemble des avenues qui
ont été explorées, est-ce qu'il ne serait pas sage
qu'actuellement, en province, on ne prenne pas de décisions finales
radicales, alors que, comme hier soir, ce soir se tiennent des
assemblées presque partout et qu'on ne semble pas donner de
réponses adéquates? Est-ce qu'il ne serait pas sage qu'on attende
au moins les trois ou quatre prochains jours pour savoir si le gouvernement,
avec toutes les discussions sur les caisses d'entraide, aura de meilleures
réponses à donner pour éclairer l'ensemble des gens du
Québec? Est-ce qu'il ne serait pas sage que ces assemblées soient
retardées de deux ou trois jours ou est-ce dangereux de les
retarder?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, il m'est un peu difficile de
me substituer ici à la Fédération des caisses d'entraide
pour lui dire comment procéder. Je sais qu'il se tient beaucoup
d'assemblées à l'heure actuelle un peu partout à travers
le Québec. Dans certains cas, il s'agit d'assemblées
d'information. Soit les caisses locales, soit la fédération
jugent bon d'en tenir pour donner des renseignements. Je ne peux pas leur dire
qu'elles ont raison ou qu'elles ont tort, mais je pense que le
député de Charlevoix a parfaitement raison lorsqu'il
suggère qu'au moment où justement tout est en discussion, en
principe au moins, quitte à réexaminer la situation sur le
terrain, il vaut peut-être mieux effectivement attendre quelques jours
que les solutions aient été élaborées, plutôt
que de se lancer tout de suite dans des multiplications d'assemblées,
à moins, bien sûr, qu'elles ne servent qu'à discuter de la
situation locale de la caisse.
C'est pour ça que, tout en reconnaissant le bien-fondé de
ce que dit le
député de Charlevoix, il faut quand même avoir une
confiance élémentaire dans la Fédération des
caisses d'entraide économiques et dans la direction de chacune des
caisses quant à savoir, sur le terrain, avec leurs membres, de quoi
elles doivent discuter.
Le Président: Question principale, M. le
député de Nelligan.
Le projet Stablex à Blainville
M. Lincoln: M. le Président, je veux poser une question
à mon ministre favori, le ministre de l'Environnement. C'est au sujet du
projet Stablex dont il a déjà entendu parler, dans la
vallée des conflits d'intérêts, Blainville.
Pour situer un peu le problème très brièvement, le
ministre a confirmé hier que justement il y avait eu deux gros contrats
pour M. Vallée, un de 99 909,37 $ un autre d'un peu plus de 57 000
$.
Une voix: Et le reste et le reste.
Des voix: Cela fait mal!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lincoln: II a aussi confirmé qu'il aurait eu des
discussions avec M. Vallée, le ou vers le 8 septembre 1980 ou avant,
mais il ne se rappellait pas la date.
Ces deux éléments sont établis. Il y en a un qui
reste très flou, celui du rapport de révision auquel j'ai fait
allusion à plusieurs occasions depuis plusieurs jours. J'ai
demandé au ministre s'il l'avait présenté au Conseil des
ministres; il m'a dit: Non, ça n'a pas été
présenté, c'est un parmi quelque chose comme 42 rapports, c'est
un rapport interne, c'est un des nombreux rapports. Hier, il a
déposé celui-ci, le rapport de dix pages du sous-ministre, qui a
été présenté au Conseil des ministres. Comme il y a
des différences, beaucoup de choses qui apparaissent ici et beaucoup de
choses qui n'apparaissent pas là, il est très important de situer
ce rapport de révision.
Ma question au ministre est celle-ci. N'est-il pas vrai que ce rapport
de révision dont j'ai mentionné le numéro de dossier
situe, comme tous ces genres de rapports, les éléments suivants?
Je cite: "Ce rapport constitue le commentaire du ministre de l'Environnement
sur le projet visé. Le rapport de révision débouche sur
une recommandation au ministre et constitue un des deux documents - pas des 42
- le deuxième étant le rapport sur les audiences publiques -
donc, ce sont les deux documents principaux - que le ministre étudiera
avant de présenter l'étude d'impact et la demande de certificat
d'autorisation au Conseil des ministres pour décision." Voici ma
question:
Est-ce que ce rapport n'est pas vraiment le rapport principal, autre que
le rapport du Bureau des audiences publiques?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Léger: M. le Président, étant
donné que le député a fait un certain préambule, je
me permettrai de situer les faits dans leur juste réalité.
J'aimerais d'abord, à la suite du premier préambule
où on a dit que j'avais confirmé les contrats avec M.
Vallée, dire au député que c'est depuis le début
que je lui dis que Claude Vallée travaille au ministère de
l'Environnement, et ce depuis 1978.
Pour que le député puisse analyser correctement les
relations, il y a des dates charnières importantes dans le
développement de ce dossier Stablex. D'abord, M. le Président, le
19 septembre 1979, il y a eu une étude, par le ministère, de
treize sites au Québec pour implanter une usine de traitement des
déchets industriels, et le camp Bouchard, de Blainville, était
retenu comme un site acceptable à l'époque. C'est donc dire que,
le 19 septembre 1979, c'était un des treize sites.
En mai 1980, il y a eu une rencontre avec le ministre
fédéral des Pêches et de l'Environnement qui s'est dit
prêt à céder des terres fédérales aux
provinces pour des fins d'usine de traitement des déchets
industriels.
Le 18 août 1980, nous avons annoncé publiquement que nous
retenions le procédé de Stablex, sans déterminer des
sites. (10 h 40)
Le 21 août 1980, il y a eu des fuites dans la presse disant que
c'était pour être situé à Laval. À ce
moment-là, M. le Président, il y a eu, dans la semaine qui a
suivi, une rencontre des représentants de Stablex et des
autorités de Laval pour parler de la possibilité d'aller à
Laval. C'est à ce moment-là qu'on a publié dans les
journaux que le maire refusait que Stablex aille à Laval.
Le 7 novembre 1980, j'ai annoncé que Stablex n'irait pas à
Laval, à cause, entre autres, de la décision de la ville qui ne
le voulait pas et aussi à cause des problèmes de
spéculation de terrains.
Le 8 septembre 1980, il y a eu la résolution, à
Blainville. Donc, rappelons-nous la date du 8 septembre 1980. C'est donc dans
la période où le site de Laval semblait ne plus être
considéré.
Le 18 novembre, la compagnie Stablex demandait un certificat soit pour
Blainville, soit pour Mascouche. C'est donc à ce moment-là, le 19
novembre, le lendemain, que nous avons mandaté le Bureau des audiences
publiques sur l'environnement pour aller se renseigner auprès de la
population de
Blainville et de Mascouche parce que c'étaient les deux
municipalités où les conseils municipaux avaient fait une demande
pour l'installation de cette usine.
Avant le 15 décembre et à partir du 19 novembre, a
commencé à circuler la fameuse pétition sous de fausses
représentations, comme je le démontrais hier. L'audience publique
a eu lieu les 15 et 16 décembre, en première partie; il y a eu
une deuxième partie des audiences publiques, pour la présentation
des mémoires, qui s'est terminée le 2 février. C'est le 8
mai que le rapport du BAPE a été remis pour conclusions. C'est
dans cette période, à la fin de mai, que j'ai eu le rapport du
sous-ministre sur les résultats des audiences publiques et la
recommandation du sous-ministre à son ministre concernant l'ensemble des
rapports qui ont circulé à l'intérieur de mon
ministère, qui sont des rapports, comme je l'expliquais hier - ce que ne
semble pas comprendre le député - internes, des rapports de
différents spécialistes qui analysent les études d'impact,
qui analysent les différents aspects environnementaux; ils se
contredisent souvent entre eux parce que ce sont des professionnels qui ont
souvent des visions différentes des choses. Je n'ai pas à rendre
publics des conflits de perception de professionnels à
l'intérieur d'un ministère alors que la structure d'un
ministère veut que plus on approche du sous-ministre, plus on fait le
lien avec l'ensemble des recommandations des professionnels qui sont là.
C'est donc le 13 mai qu'il y a eu un décret pour Blainville.
Maintenant, concernant le lien que le député essaie de
voir - ce n'est que dans sa tête - entre le fait qu'il y ait un M. Claude
Vallée qui travaille chez nous... M. Vallée travaille chez nous
depuis octobre 1978, c'est bien avant cela. Contrairement à ce que le
député a mentionné - il y a toujours des
irrégularités, des inexactitudes dans les affirmations du
député pour faire son affaire, mais ce n'est pas ça -
hier, qu'il y a eu deux contrats en dedans de sept mois, c'est faux. Le premier
contrat a été accordé en octobre 1978, pour six mois, pour
quatre contractuels, d'octobre 1978 au 31 mars 1979; la deuxième
année, il y a eu un deuxième contrat comme c'est le cas avec les
20 contractuels qu'on a chez nous dans le programme d'assainissement des eaux.
Il a été signé le 18 avril 1979 et se terminait le 31 mars
1980, pour un montant de 59 325 $, ce qui est un tarif moyen dans l'ensemble
des autres contrats que nous avons avec les contractuels, chose bien
normale.
Le troisième contrat a été accordé en avril
1980, donc un an après, pour la période d'avril 1980 au 30
septembre 1981, un contrat d'un an et demi. Les chiffres que le
député essaie d'amplifier, c'est pour pratiquement trois ans; je
pense que le député charrie un peu.
Le Président: S'il vous plaît, en terminant.
M. Légère Je voudrais simplement résumer en
disant que les trois questions que le député s'acharne à
poser tous les jours, je n'ai pas d'objection à ce qu'il pose des
questions sur l'environnement, on n'en avait pas avant, mais qu'il respecte au
moins la vérité et l'intégrité des gens
concernés.
La première question. Il a toujours parlé d'un rapport
secret qui aurait dû aller au Conseil des ministres. Je regrette, des
rapports internes, il y en a beaucoup. Ceux qu'il mentionne, cela s'est
résumé dans le rapport que le sous-ministre me fait, comme dans
n'importe quel ministère, et c'est là-dessus qu'on a pris une
décision. J'ai démontré jusqu'à quel point il y
avait toutes sortes de tractations dans la région de Blainville,
peut-être des gens de l'extérieur de Blainville qui ont
intérêt à empêcher le développement
économique de la région de Blainville. II faudrait
peut-être voir pourquoi.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Léger: J'ai démontré que son rapport
avait été falsifié; donc, première balloune
dégonflée. Deuxième balloune dégonflée,
c'est quand j'ai démontré que la pétition est non pas de
6500 noms, mais de 5000 noms de gens qui ont signé contre un
dépotoir. Même le maire de Blainville a signé contre le
dépotoir puis a approuvé le site pour avoir l'industrie chez lui.
J'ai encore dégonflé la deuxième balloune et aujourd'hui
on voit qu'il n'y a aucun lien, aucune irrégularité entre
quelqu'un qui travaille chez nous dans un domaine, qui est complètement
différent de celui de l'assainissement des eaux, et celui auquel le
député se réfère. C'est dans son imagination.
Le Président: M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: II y a beaucoup d'applaudissements pour une longue
réponse. Ma question n'était pas du tout cela. Ma question
n'était pas la répétition des choses qu'il a dites hier.
Ma question était bien simple. Est-ce que ce rapport, dont j'ai
cité des clauses, était un des deux documents principaux qui
formaient justement la grosse étude pour Blainville? C'est ça que
j'ai demandé et il ne m'a pas répondu. En tout cas, une chose
très importante est sortie de cela. Le ministre dit que l'emplacement de
Blainville avait été étudié depuis 1978.
Des voix: 1979
M. Lincoln: 1979, excusez-moi. Alors, je voudrais justement,
puisque le ministre a fait
cette déclaration, lui demander: Est-ce que ce rapport de
révision, qui est un des deux documents, il ne sait pas que c'est fait
par quatre des experts du ministère appuyés de huit des
conseillers experts du ministère? Le rapport principal dit que la
recherche de l'emplacement procède d'un cheminement logique
appuyé sur des critères précis permettant de
réduire les territoires à l'étude en procédant par
éliminations successives et débouchant sur l'emplacement qui a le
moins d'impact sur l'environnement. Cette démarche n'a pas
été suivie par Stablex et c'est là le point le plus
critiquable de son projet. La compagnie retient pour étude en premier
emplacement offert par la municipalité de Blainville, mais qui n'avait
pas été étudié par le MEQ. Alors, le ministre est
en conflit, non pas avec moi, il est en conflit avec ses propres experts.
D'autre part, l'emplacement de Blainville n'est pas justifié et
il n'est pas démontré...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
À ce stade-ci, s'il vous plaît, j'aimerais rappeler et au ministre
de l'Environnement et au député de Nelligan - j'ai laissé
faire également le deuxième préambule du
député - que je n'ai rien contre les débats entre le
ministre de l'Environnement et le député de Nelligan, au
contraire, c'est très intéressant. J'aimerais rappeler à
ces deux députés qu'un article de notre ancien règlement
disait qu'on ne pouvait poser plus d'une question principale sur le même
sujet dans la même semaine. Or, vous remarquez que la présidence,
depuis le début, accepte que le député de Nelligan et le
ministre de l'Environnement aient un débat... Lorsque le nouveau
règlement est silencieux, la présidence regarde l'esprit de
l'ancien règlement.
Je demanderais aux deux, et au ministre de l'Environnement, qui a
été très long et trop long dans sa réponse, et au
député de Nelligan, de faire preuve de collaboration.
M. Lincoln: Je m'excuse.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je m'excuse
auprès de mon collègue, le député de Nelligan, mais
je pense bien que si la présidence trouve que le règlement actuel
est silencieux à ce sujet, nous avons, un usage constant, une tradition
constante depuis l'arrivée de ce nouveau règlement; je n'ai
qu'à penser à certains moments où nous étions de
l'autre côté de cette Assemblée et que chaque jour on se
levait ici sur les mêmes questions. Je pense que la tradition est assez
longue et je pense que le sujet est assez important pour qu'on ne laisse pas
passer un jour sans revenir sur le sujet.
Le Président: Oui, mais il y a un endroit où le
règlement n'est pas silencieux, c'est que les réponses des
ministres doivent être brèves. D'autre part, que les questions
additionnelles ne doivent pas comporter de préambule. M. le
député de Nelligan.
M. Charron: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement. (10 h 50)
M. Charron: M. le Président, pour éviter le
débat, puisque c'est toujours, depuis cinq ou six jours, toujours la
même question et toujours la même réponse, je pourrais
peut-être leur proposer un voyage de pêche ensemble.
Le Président: M. le député de Nelligan.
Une voix: Pas cette "vallée": Une voix: II n'est pas
à vendre!
M. Lincoln: Avant le voyage de pêche, mais sûrement
pas dans les eaux toxiques de Blainville, je veux poser deux petites questions
additionnelles au ministre et je vais passer pour demain pour vous donner du
répit. Je reviendrai mardi.
Première petite question additionnelle. Compte tenu de ce qu'on a
dit et de ce qui est dans ce rapport, le ministre abandonnerait-il Blainville
qui semble justement être un site très défavorisé
dans le rapport? Deuxièmement, le ministre fait état de 42
rapports; ne parle-t-il pas plutôt de 42 références, de 42
documents de référence de ce rapport de révision? Je lis
les références du rapport de révision qui sont au nombre
de 42 et qui incluent de nombreuses lettres et notes de service. Est-ce que
c'est cela, les 42 rapports dont il parle?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Léger: M. le Président, cela aurait
été beaucoup plus bref si le député avait
osé parler de ce sujet pendant les crédits où nous avons
eu cinq heures. On aurait pu en parler dans tous les détails. Le
député a préféré venir ici; c'est son
privilège.
M. le Président, premièrement, nous n'abandonnons pas,
absolument pas, le site de Blainville comme un des meilleurs choix puisque, les
onze conditions que nous avons obtenues lors du décret du Conseil des
ministres pour l'implantation à Blainville stipulent
précisément des réponses à des attentes des
citoyens de Blainville. C'est ce qu'on demande à Blainville: une autre
étude hydrogéologique, une bretelle permettant l'accès
à l'autoroute et, en même temps,
l'accès aux camions pour s'y rendre, ainsi qu'un bon de 1 000 000
$ de la compagnie, un investissement de 18 000 000 $ pour la
municipalité de Blainville, ainsi qu'une série d'autres mesures
que nous avons mises de l'avant. Donc, nous n'abandonnons pas parce que,
premièrement, il est absolument important qu'il y ait une usine de
traitement des déchets. Le député de Nelligan est-il
contre le fait qu'on ait une usine de traitement des déchets au
Québec? Première question.
Des voix: Oh!
M. Léger: Deuxièmement, si le député
est contre le site de Blainville, qu'il le dise et pourquoi. Pour nous, M. le
Président, c'est une demande qui provient des élus municipaux.
Nous répondons aux besoins des citoyens. C'est un avantage pour la
région et c'est une réponse aux problèmes de
l'environnement de tout le Québec.
Des voix: Bravo!
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président: Puisque vous nous avez annoncé que
vous reviendrez demain, à demain, M. le député.
M. Lincoln: ...question de règlement.
Le Président: Question de règlement? Question de
règlement.
M. Dauphin: M. le Président...
M. Lincoln: J'ai envie de recevoir une réponse, M. le
ministre.
M. Fallu: M. le Président...
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Groulx.
Des voix: Oh!
M. Fallu: M. le Président, je ne demanderai
évidemment pas au ministre ce que le député de Nelligan
cache sous l'ensemble de ses questions ou semble cacher comme
intérêts. Veut-il absolument participer à la bataille entre
"sealosafe" et d'autres compagnies qui veulent s'installer au Québec?
Mais j'ai une question à poser au ministre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, sur une
question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, voici que
notre règlement prévoit qu'on ne peut pas poser des questions
dans la forme que vient d'utiliser le député. Si le
député a quoi que soit à reprocher au député
de Nelligan, qu'il ait le courage de le faire et de le faire en vertu des
dispositions de notre règlement.
Le Président: Question additionnelle.
M. Fallu: J'aimerais demander au ministre si le
député de Nelligan s'est rendu, hier ou ce matin, à
l'offre qui lui avait été faite d'aller consulter en privé
les quelque 42 rapports pour avoir un éclairage qui soit le moindrement
objectif.
Le Président: Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Léger: M. le Président, je dois répondre
brièvement que le député de Nelligan ne semble pas vouloir
connaître la vérité. Je lui ai offert de venir voir. Il
n'est pas venu. Je lui ouvrirai tous les livres, parce que je pense qu'il y a
des choses confidentielles, mais un député même de
l'Opposition qui a un intérêt à l'environnement verrait
dans les dossiers que je lui montrerais que c'était la meilleure
décision. Le député n'est pas venu, mais l'offre est
encore là.
Le Président: Question principale.
M. Lincoln: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: Question de privilège, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je propose que ces questions étant des
questions d'ordre public, elles n'ont rien à voir avec la
confidentialité. Comme question de règlement, je voudrais
demander au ministre de répondre à la seconde partie de ma
question qu'il a évitée, sur les 42 références de
son document.
Une voix: M. le Président, question principale.
Le Président: Question principale, M. le
député de Marquette.
Prêts et bourses pour étudiants
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Éducation. On a remarqué, dans la presse de ce
matin, que ça commence à gronder de l'autre côté de
cette Chambre - heureusement, il est grand temps - concernant le budget du
ministre des Finances. Durant la campagne électorale, le premier
ministre, ainsi que certains autres ministres du gouvernement,
avait pris certains engagements à l'endroit de la jeunesse
étudiante du Québec, notamment concernant l'indexation des
prêts et bourses pour la prochaine année. On se rend compte,
à la lecture du budget, que non seulement on n'indexe pas les
prêts et bourses, mais qu'en plus, on coupe de 10 000 000 $ le budget
alloué à cette fin.
Considérant que la jeunesse étudiante est des plus
démunies financièrement, considérant également que
ces coupures peuvent entraîner encore plus de chômage chez nos
jeunes du Québec, j'aimerais demander au ministre de l'Éducation
s'il entend faire pression auprès de son collègue des Finances et
du premier ministre afin que la situation puisse être changée et
qu'on ne berne plus les étudiants comme on l'a fait durant la campagne
électorale.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: M. le Président, je vois que le
député prend de l'avance sur l'étude des crédits
qui doit commencer aujourd'hui. J'aurai amplement l'occasion de répondre
à toutes les questions, et en détail, sur ce sujet, mais
puisqu'il veut aborder ce point à l'Assemblée nationale, je lui
dirai que les engagements que nous avons pris depuis le 13 mars a ce sujet - il
y en a eu un certain nombre - seront respectés. Il reste cependant que
lorsqu'une décision est prise, que ce soit une décision politique
ou une décision budgétaire, il faut ensuite l'incarner dans des
règles budgétaires. À ce moment-là, il importe d'en
étudier la portée, la signification et, deuxièmement, il
importe d'en saisir l'ampleur au point de vue budgétaire. C'est toute la
différence qui existe entre un engagement général et son
application dans la pratique.
Afin que nous soyons en mesure de présenter et d'adopter
bientôt les règles budgétaires soumises aux
intéressés, il importe donc de procéder à cet
examen pratique quant à la portée et à l'ampleur des
décisions politiques et budgétaires que nous avons prises. C'est
ce à quoi nous nous employons actuellement, et c'est la raison pour
laquelle nous en discutons au caucus et au Conseil des ministres, et les
décisions quant aux règles budgétaires seront
adoptées incessamment dans le prolongement et dans le respect
intégral des engagements que nous avons pris.
M. Laonde: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est étonnant d'entendre le ministre dire
qu'il est en train d'étudier les implications des décisions qui
ont été prises. On aurait souhaité que ces études
eussent été faites avant de prendre les décisions
annoncées par le ministre des Finances. Est-ce que le ministre de
l'Éducation peut nous expliquer les raisons qui ont motivé le
gouvernement à couper au niveau des bourses et augmenter le budget au
niveau des prêts, encourageant ainsi l'endettement des
étudiants?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: M. le Président, je rappelle au
député de Marguerite-Bourgeoys les engagements électoraux
que nous avons pris, et même préélectoraux puisque c'est
dès le 13 mars que, dans une mise au point que j'ai envoyée
à la presse, je disais que les chiffres qui apparaissaient au livre des
crédits ne constituaient probablement pas le chiffre final puisque nous
disions que cette somme inscrite aux crédits constituait une
prévision basée sur le nombre estimatif de demandes que nous
pouvions avoir et sur le montant qui serait accordé en bourses ou en
prêts, selon que les étudiants réussissent à se
trouver un travail d'été convenable,
rémunéré selon un nombre de semaines, qui reste, au moment
où on se parle, aléatoire et conjectural. Donc, il n'y a aucune
contradiction entre l'engagement que nous avons pris le 13 mars et les chiffres
qui apparaissent au livre des crédits. (11 heures)
M. Lalonde: Une courte question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Donc, on vient d'apprendre - et c'est important,
parce que le ministre a dit qu'on commençait l'étude des
crédits dans quelques minutes pour tout son ministère... Combien
d'autres chiffres dans les crédits de son ministère ne sont pas
finals?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: Tous les programmes subventionnaires où la
réponse est aléatoire et fluctuante et dépendant de la
conjoncture appartiennent à cette catégorie.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président: M. le député de Chambly, tout
en vous indiquant qu'il reste une minute à la période des
questions.
Modifications aux normes d'aide à
l'amélioration du rendement des fermes
M. Tremblay: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Avant la
loi du zonage agricole la presque totalité des terrains agricoles du
comté de Chambly n'étaient plus cultivés ayant soit
été achetés par des spéculateurs étrangers
ou laissés à l'abandon par les propriétaires. Depuis la
loi sur le zonage agricole, plusieurs cultivateurs sont maintenant
intéressés à remettre en état ces terres du
comté de Chambly qui sont, comme vous le savez,
considérées comme étant parmi les meilleures au
Québec.
Malheureusement, le ministère de l'Agriculture a modifié
les normes du programme de subventions visant à aider les producteurs
agricoles à améliorer le rendement de leur
propriété par l'installation du système de drainage
souterrain. Je voudrais donc savoir du ministre pourquoi ces normes ont
été modifiées, considérant que le programme est
éminemment utile et contribue à augmenter la productivité
des terres du Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, je remercie le
député de Chambly de poser des questions en matière
agricole, parce que, je m'aperçois que depuis quelques jours le
député de Beauce-Sud a abandonné.
Concernant le drainage, c'est que nous avons mis une limite de 25 000 $
de subvention par agriculteur pour le drainage souterrain de façon
à répartir un peu mieux les fonds parce que dans la
dernière année écoulée, il y a eu des subventions
qui ont même dépassé 100 000 $ pour une seule ferme dans le
drainage souterrain. Pour faire une meilleure répartition, il y a un
maximum de 25 000 $ par cultivateur cette année. En plus, nous avons
décidé qu'au-delà de 700 pieds de drain à l'acre -
je ne me souviens plus en mètres, je ne suis pas encore familier avec
les mètres - le ministère ne paie pas.
Maintenant, il y a eu des représentations parce que dans certains
cas il y a un besoin de plus de 700 pieds à l'acre et nous avons voulu
mettre une contrainte comme celle-là pour qu'il y ait une plus grande
négociation entre l'agriculteur et l'ingénieur qui, souvent,
travaille pour des compagnies et il pourrait avoir intérêt
à mettre un peu plus de pieds à l'acre. Pour faciliter et inciter
à une discussion plus forte entre l'agriculteur et l'ingénieur,
lorsqu'il y a confection du plan de drainage, nous avons dit: Au-delà de
700 pieds à l'acre, il n'y aura pas de subvention.
Nous analysons actuellement avec les gens concernés, dans
certains cas où ce sera absolument nécessaire, s'il n'y aurait
pas moyen de subventionner. Mais on me dit parfois que, dans des productions
maraîchères, cela peut rapporter 2000 $, 3000 $ ou 4000 $ l'acre;
cela dépend des types de production. S'il y a un excédent de
drain à mettre par acre, il y a bien des chances que l'entreprise puisse
le payer.
Le Président: Fin de la période de questions.
Motions non annoncées.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre. M. le leader du gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Charron: M. le Président, je voudrais indiquer tout de
suite que l'Assemblée ne sera pas convoquée lundi prochain, mais
qu'il y aura toutefois trois commissions parlementaires qui seront
annoncées au plus tard demain matin. C'est-à-dire les deux
régulières déjà prévues pour l'étude
des crédits et s'ajoutera à celles-ci la commission de
l'éducation, qui n'aura pas fini l'étude de ses crédits
cette semaine et qui les poursuivra également lundi après-midi et
lundi soir. Donc, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures, lundi, il y aura trois commissions parlementaires. Quand, demain
après-midi, vers 13 heures, l'Assemblée s'ajournera, ce sera
jusqu'à mardi, 14 heures.
Aujourd'hui l'Assemblée sera au travail, ici même dans le
salon bleu, jusqu'à 18 heures. Ce soir il y aura, comme hier soir, trois
commissions parlementaires; j'en donne avis tout de suite. Au salon rouge ce
sera la commission des finances et des comptes publics qui recevra les
représentations d'un certain nombre de citoyens convoqués et
poursuivra l'étude article par article du projet de loi no 11,
jusqu'à 24 heures. À 81-A, c'est le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche qui procédera à l'étude
de ses crédits et, à 91-A, c'est la commission de l'habitation
qui étudiera article par article les projets de loi no 1 et no 7, qui
lui ont été déférés depuis la semaine
dernière.
Ici à l'Assemblée, aujourd'hui, jusqu'à 18 heures,
nous poursuivons le débat sur le discours sur le budget.
M. le Président, je fais motion pour que, pendant que la Chambre
étudiera ce budget, deux commissions puissent se réunir tout de
suite jusqu'à 13 heures et cet après-midi, de 15 heures à
18 heures; la commission de l'éducation, qui commencera l'étude
de ses crédits, et la commission de
l'habitation qui procédera également à
l'étude de ses crédits.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à deux reprises
j'ai demandé au leader du gouvernement quelles étaient les
intentions du gouvernement au sujet de la loi 15 sur l'âge de la
retraite. Je lui avais également parlé de la possibilité
que soient remises les études sur le sujet que, fort probablement, le
gouvernement a déjà entre les mains. Il m'avait dit que jeudi on
me donnerait une réponse.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Madame est fidèle au rendez-vous, M. le
Président. J'informe madame qu'elle recevra dans la journée
d'aujourd'hui vraisemblablement ou au plus tard demain, mais je crois que c'est
aujourd'hui, la grande majorité sinon la totalité - c'est au
ministre d'État au Développement social à remplir cet
engagement - des études qui nous ont aidés à prendre cette
décision qui est contenue dans le projet de loi.
Quant au projet de loi qui concerne l'abolition de la discrimination
quant à l'âge de la retraite, j'ai l'intention de soumettre la
deuxième lecture de ce projet de loi à l'Assemblée avant
la prorogation de la session et de la déférer à la
commission parlementaire pour son étude article par article, au cours de
l'été, et au besoin pour des représentations qui nous
seraient faites d'ici ce temps.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
Recours à l'article 34
M. Marx: M. le Président, en vertu de l'article 34. Le
premier ministre nous a dit, la semaine dernière, que le ministre de la
Justice nous dirait si, oui ou non le gouvernement est en faveur de
l'infiltration policière des milieux syndicaux et populaires. Je demande
au leader si on va avoir cette réponse du ministre de la Justice. Comme
il est ici aujourd'hui, il peut donner la réponse; ce serait facile et
vite fait.
M. Charron: M. le Président, vous voyez bien qu'il s'agit
d'une question tout à fait régulière qui aurait pu venir
à peu près cinq fois à la place de questions qui sont
inutilement répétées de la part de l'Opposition. Dans la
période de questions de 45 minutes chaque jour, il s'agit de ce genre de
questions. Le ministre de la Justice est présent depuis la semaine
dernière et cette semaine, c'est-à-dire que depuis que le
député a posé sa question, il aurait pu la reposer 20
fois.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader parlementaire du
gouvernement sait fort bien qu'il s'agit d'un complément de
réponse, complément de réponse promis par le ministre de
la Justice. On voit régulièrement et vous-même, M. le
Président, vous indiquez presque chaque jour, une fois la
période...
Le Président: À la fin de la période de
questions.
M. Levesque (Bonaventure): À la fin de la période
de questions vous dites souvent: Maintenant, tel ou tel ministre va profiter
des quelques instants qui suivent pour un complément de réponse.
Jamais sans doute avez-vous eu d'indication de la part du ministre de la
Justice qu'il avait à formuler un complément de réponse.
Il est ici et je ne pense pas que vous ayez reçu cette demande de la
part du ministre de la Justice.
Par contre, M. le Président, je suggère respectueusement
que c'est à ce moment-ci que le député de D'Arcy McGee
doit poser la question sur les travaux de la Chambre en vertu de l'article 34.
Autrement, si le ministre ne vous fait jamais signe qu'il a un
complément de réponse à faire, à quel moment le
député de D'Arcy McGee va-t-il pouvoir s'informer sur la bonne
marche des travaux? (11 h 10)
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, s'il n'y a pas eu de
complément de réponse, comme le dit le député de
Bonaventure, depuis le début, c'est qu'à chaque jour il y a un
complément de question qui s'ajoute de la part du député
de D'Arcy McGee.
Des voix: Ah!
M. Charron: Ce que je propose...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: ...au député de D'Arcy
McGee, c'est d'utiliser le temps régulier de la période de
questions pour avoir cet entretien qu'il veut avoir avec le ministre de la
Justice.
Le Président: M. le député de Verdun.
M. Marx: M. le Président, un mot, s'il vous plaît:
J'ai l'impression que le leader ne veut pas que le ministre réponde
devant...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! En
vertu de l'article 34, sur les travaux de l'Assemblée nationale.
M. Marx: L'autre jour, quand j'ai demandé la même
information, le leader m'a donné une autre réponse. Il n'a pas
dit, l'autre jour, qu'il ne fournirait pas cette information. II a dit qu'il
allait vérifier et j'ai compris qu'on aurait cette réponse
aujourd'hui.
M. Charron: Je vais vous répondre comme on répond,
à ce moment-ci, en vertu de l'article 34, en ce qui concerne les travaux
de la Chambre. II n'y aura pas de complément de réponse du
ministre de la Justice tant que la question ne sera pas reposée à
la période des questions.
Des voix: Ah!
Le Président: M. le député de Verdun.
M. Marx: J'ai une directive à vous demander, M. le
Président.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Quand le premier ministre nous dit en Chambre qu'on va
avoir un complément de réponse du ministre de la Justice, est-ce
que cela fait partie des travaux de la Chambre, oui ou non?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, ma question s'adresse au leader
du gouvernement.
Mme Bacon: II ne répondra pas, il ne veut pas.
M. Caron: La majorité des maires de l'île de
Montréal veut...
Mme Bacon: Les Expos ont perdu?
M. Caron: ...que la loi de la Communauté urbaine soit
restructurée. L'ex-ministre des Affaires municipales a
déjà reçu des mémoires. À la commission
parlementaire, nous avons posé des questions parce que vous m'avez dit
que c'était l'endroit pour le faire. Le ministre n'est pas sûr si,
durant l'été, on pourra se réunir. Il reste encore une
semaine. Vous m'aviez dit, quand on a ajourné les travaux de la Chambre
l'automne dernier, que je vous avais posé la question trop tard. Je vous
donne encore une semaine. Vous allez avoir d'autres réunions du Conseil
des ministres. Est-ce qu'il sera possible - vous allez avoir la collaboration
des membres de notre côté -de siéger pour entendre les
mémoires et en finir? Cela fait longtemps qu'on attend après ce
projet de loi. Nous, de notre côté, nous sommes prêts. Si
vous attendez la rencontre du premier ministre et du maire de Montréal,
j'espère que cela va se faire au plus vite pour que les villes de
banlieue aient justice.
Le Président: M. le leader.
M. Charron: M. le Président, le député de
Verdun recevra une réponse à sa question avant la prorogation de
la session, puisque, à ce moment-là, quel que soit le temps
où cette prorogation surviendra la semaine prochaine, j'indiquerai -
j'annonce tout de suite qu'on sera surpris du menu - un certain nombre de
commissions parlementaires qui, à compter du 15 ou 20 août,
reprendront le collier ici à l'Assemblée. Le député
constatera, à ce moment-là, si celle qu'il réclame est
dans le lot annoncé. Si elle ne l'est pas, je lui expliquerai, à
ce moment-là, pourquoi elle ne l'est pas.
Le Président: M. le député de Jeanne-Mance,
en vertu de l'article 34.
M. Bissonnet: M. le Président, en vertu de l'article 34.
Le premier ministre a déposé ce matin les conclusions du rapport
Paré sur l'accès à l'information gouvernementale. Est-ce
que c'est l'intention du gouvernement de convoquer une commission parlementaire
pour étudier les conclusions de la commission Paré et quand?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, ce n'est pas à moi de
faire connaître la réaction gouvernementale à ce document.
Le Conseil des ministres a décidé hier que le ministre des
Communications, responsable de ce secteur dans la machine gouvernementale,
communiquerait aux médias d'information, au cours de la journée,
une réaction gouvernementale. Cette réaction une fois connue,
j'inviterais le député à reposer la question demain.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais poser une question
au leader parlementaire qui m'a indiqué, au début de la semaine,
que le projet de loi modifiant la Loi sur HydroQuébec serait
déposé incessamment. Je crois que cela a été
confirmé par le ministre des Finances aux journaux, hier. La question
que j'aimerais poser est celle-ci. Compte tenu de la démission du
vice-président aux finances d'Hydro-Québec, compte tenu de la
dissension qui règne au sein du conseil d'administration
d'Hydro-Québec et du fait que, justement, il y a eu mauvaise
préparation et que ce projet de loi pourrait être très
nuisible pour la réputation d'Hydro-Québec et pour le plan de
financement d'Hydro-Québec, est-ce que le leader pourrait nous indiquer
s'il pourrait retarder le dépôt de ce projet de loi pour le
reconsidérer, compte tenu de l'Opposition, de la même façon
qu'il l'a fait pour le projet de loi no 3 sur le fonds minier?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Le projet de loi sera déposé demain, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Plus d'autres questions en
vertu de l'article 34? Affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'abord
d'appeler l'article 10 du feuilleton.
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 10
Le Vice-Président (M. Jolivet): Prise en
considération du rapport de la commission permanente des affaires
sociales qui a étudié le projet de loi no 10, Loi modifiant la
Loi sur la protection de la jeunesse.
Il y a un amendement qui se lit comme suit. Motion d'amendement à
l'article 18: Que le premier alinéa du paragraphe 74.1 de l'article 18
soit modifié en remplaçant, dans la deuxième ligne, les
mots "s'ils" par les mots "et par toute autre personne intéressée
ou à sa demande s'ils".
S'il vous plaît! Qu'on sache bien sur quoi on va avoir à
voter.
L'alinéa amendé se lirait comme suit: 74.1. Le tribunal
peut aussi être saisi du cas d'un enfant par celui-ci ou à sa
demande, par ses parents ou à leur demande et par toute personne
intéressée ou à sa demande, s'ils ne sont pas d'accord
avec.
C'est l'amendement que nous avons à débattre pour le
moment.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne savais pas que
cette question viendrait ce matin, je n'ai malheureusement pas mon projet de
loi avec moi. Je vous remercie de m'avoir donné au moins la copie de
l'amendement.
Au moment de l'étude article par article du projet de loi no 10,
qui vient modifier la loi 24, nous avons proposé un amendement à
l'effet que non seulement le parent ou celui qu'on désigne comme le
parent ait un droit d'appel auprès du tribunal pour contester certaines
décisions touchant un enfant, mais que cette permission que celui qu'on
appelle le parent peut avoir soit étendue à d'autres personnes.
Il y a plusieurs raisons pour que ce soit ainsi.
Je sais que, d'une part, les modifications au projet de loi no 24 ont
voulu apporter certaines restrictions, par exemple, au nombre des personnes qui
peuvent entrer en communication avec un enfant. Elles étaient
justifiées à certains égards, par exemple, des enfants qui
ont eu des contacts avec peut-être des trafiquants de drogue ou autres et
qui, eux, pouvaient, sans qu'il y ait aucune possibilité de restreindre
ce type de contact, causer du tort a l'enfant. C'est dans ce sens-là -
et on était d'accord avec cela - que la loi 10 apporte certaines
restrictions dans ce type de communication qui ne pouvait subir aucune
restriction. Je suis d'accord avec le gouvernement, c'est dans
l'intérêt de l'enfant.
Par contre, en le restreignant à toute autre personne que celle
qu'on définit comme parent dans la loi 24, je pense qu'on vient aussi
empiéter un peu sur ce qui pourraient être des droits très
légitimes des enfants. Je vais donner deux exemples. Le parent n'inclut
pas les frères et soeurs; alors, un frère ou une soeur ne
pourrait pas contester une décision. Je parle d'un frère ou d'une
soeur majeur qui pourrait, à ses yeux, être défavorable
à un enfant. Il faut simplement vivre dans une famille pour comprendre
que souvent, surtout dans le cas d'un enfant qui est en difficulté, il
n'aura peut-être établi un lien positif qu'avec un frère
aîné ou une soeur aînée alors qu'il aura coupé
les ponts avec tous les autres membres de sa famille. Souvent, dans des cas
comme celui-là, il serait opportun que ces personnes puissent, elles
aussi, dans le cas de trois ou quatre décisions prévues à
l'intérieur de la loi, aller devant le tribunal. Quand on parle d'une
personne intéressée, il ne s'agit évidemment pas de toute
personne dont, tout à coup, l'esprit serait traversé par
l'idée qu'elle va faire une intervention. Je pense que c'est un terme
juridique qui a une signification bien précise. (11 h 20)
Je pense que c'est une façon d'élargir cette mesure et de
permettre que ces personnes puissent avoir un recours au tribunal. Dans le
fond, l'objet de cet amendement reflète, je pense, l'esprit de la loi
qui est toujours d'assurer que dans toute la mesure du possible les droits de
l'enfant soient respectés le mieux possible. Je dois vous dire que c'est
également une recommandation qui a été faite par la
Commission des services juridiques. Je pense que le gouvernement, qui a
refusé notre amendement, est tombé un peu dans le piège de
la querelle des intervenants psychosociaux et de ceux qu'on appelle les
intervenants juridiques. Mai? il faut bien se rappeler que cette loi, et c'est
là peut-être le point crucial, essaie d'établir cet
équilibre le plus parfait possible, et toujours dans
l'intérêt de l'enfant, entre le juridique et le social. Nous
croyons, M. le Président, que cet amendement veut simplement assurer
à l'enfant que vraiment, dans la plus grande mesure,
l'intégrité de ses droits sera respectée et qu'on ne lui
enlèvera aucune chance qui, vraiment, pourrait le servir davantage. M.
le Président, c'est le sens de cet amendement. Même si nous
n'avons pas réussi à convaincre le gouvernement au cours de
l'étude article par article en commission parlementaire, peut-être
que depuis ce temps il a eu le temps de réfléchir.
Je rappelle qu'à ce moment, et c'est peut-être ce qui est
le plus frappant, on enlève aux frères, aux soeurs et même
à d'autres personnes qui ont vraiment à coeur
l'intérêt de l'enfant, on leur enlève tout droit d'appel et
c'est dans ce sens que nous proposons cet amendement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre
d'État au Développement social.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, il faut d'abord rappeler
à Mme la députée de L'Acadie que dans les cas
hypothétiques, les situations qu'elle propose comme exemple, il existe
un recours. Il serait faux de laisser entendre à la population ou
à cette Chambre que l'enfant n'a pas de recours. Le principal recours
qui a été accordé à la population par la loi 24, la
Loi sur la protection de la jeunesse, c'est le Comité de la protection
de la jeunesse. Ce Comité de la protection de la jeunesse, M. le
Président, agit, en somme, un peu comme un "ombudsman", un protecteur
des droits du jeune. Il n'est pas exact de dire qu'en refusant l'amendement
proposé par Mme la députée de L'Acadie nous privons le
jeune d'un droit de recours. Le jeune a plusieurs mécanismes de recours
prévus par la loi 24, M. le Président.
Par exemple, la définition du terme "parents" est très
large. Elle englobe non seulement les parents naturels, non seulement les
parents adoptifs, mais aussi toute personne qui de fait, même si
ça n'est pas légal, tout adulte qui de fait agit comme un parent,
comme un tuteur. Cette personne, étant donné qu'elle est comprise
dans la définition du terme "parents", peut saisir le tribunal d'une
situation où elle n'est pas satisfaite, au nom de l'enfant.
M. le Président, la raison principale pour laquelle nous nous
opposons à cet amendement est la suivante: Quand cette Assemblée,
de façon unanime, a adopté la loi 24, la Loi sur la protection de
la jeunesse, elle a adopté en même temps un choix, à savoir
que cette Assemblée nationale disait: Nous préférons
dorénavant que le jeune qui a des problèmes de comportement ou
qui est dans une situation où son développement est en danger, un
jeune qui a besoin de protection ou un jeune délinquant... Nous avons
dit à ce moment, M. le Président: Nous préférons
que la première approche auprès de ce jeune soit une approche
psychosociale, si vous voulez. Autrement dit, cette Assemblée a
décidé de traiter le jeune dans une relation, non pas judiciaire
ou policière, mais dans une relation de personne qui veut aider le
jeune, que ce soit un travailleur social, une travailleuse sociale, un
psychologue ou une psychologue, peu importe. Nous pensons, M. le
Président, qu'en acceptant un tel amendement, en permettant à
toute personne - et c'est extrêmement large - de saisir le Tribunal de la
jeunesse directement, nous ouvrons une porte à un retour en
arrière, à savoir que beaucoup de problèmes concernant les
jeunes seraient dorénavant traités directement au tribunal, ce
que la loi 24 a voulu changer, de manière que seulement la
minorité des jeunes - c'est le cas actuellement depuis la ioi 24 - ait
à se présenter devant le tribunal puisque dans la plupart des
autres cas les infractions commises par les jeunes ou les problèmes qui
empêchent un développement harmonieux chez les jeunes sont des
problèmes qui relèvent soit de la pédagogie, de la
psychologie ou d'une intervention sociale.
M. le Président, en conclusion, nous refusons cet amendement non
pas parce que nous voulons priver le jeune d'un recours. Au contairel Nous
disons que la loi actuelle permet plusieurs mécanismes de recours en
faveur du jeune, beaucoup plus qu'auparavant, mais nous voulons éviter
que toute personne - parce que cela pourrait verser dans la délation, la
dénonciation - puisse avoir un accès direct au tribunal. Tout
adulte, en conclusion, qui aurait de bonnes raisons de croire qu'un enfant est
pénalisé par la décision d'un directeur de la protection
de la jeunesse, n'a qu'à se présenter au Comité de la
protection de la jeunesse, qui a des antennes, des bureaux, des
représentants dans
chacune des régions du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sïrros: Merci, M. le Président. Par rapport
à l'amendement qu'on propose, j'aimerais souligner d'abord que
l'objectif premier de la loi est indiqué dans son titre. C'est la
protection de la jeunesse et non pas la déjudiciarisation comme telle.
On fait beaucoup état du fait que peut-être ce genre d'amendement
ferait en sorte que les enfants seraient représentés devant les
tribunaux, etc. Il n'en est pas question et ce n'est même pas
nécessaire que l'enfant soit reporté devant le tribunal pour que
le tribunal puisse être saisi d'un cas particulier, parce qu'il ne faut
pas oublier non plus qu'il s'agit de quatre points très
spécifiques où on veut avoir cette intervention possible de la
part d'une personne intéressée par rapport à l'enfant. Il
s'agit de l'article 74.1 où on parle de quatre cas précis. Dans
cet article, le frère et la soeur mêmes de l'enfant n'ont pas le
droit de saisir le tribunal. Ils peuvent, bien sûr, aller saisir du cas
le directeur de la protection de la jeunesse, mais on a vu souvent dans le
passé des cas qui ont fait les manchettes dans les journaux où
rien n'avait été fait. Le processus a été pris dans
une problématique administrative avec des délais incroyables et
il a fallu les manchettes dans les journaux pour faire bouger le DPJ. Je vous
souligne, M. le Président, qu'une des raisons pour cela, c'est parce que
la population comme telle comprend beaucoup mieux et beaucoup plus facilement
la notion judiciaire d'une cour qu'une notion administrative d'un comité
nouvellement créé il y a environ deux ans, où les gens ne
savent pas encore clairement quel est son rôle, etc. Ce serait beaucoup
plus efficace pour la protection de l'enfant, qui est encore le but premier de
la loi, d'élargir la possibilité à quelqu'un qui est
intéressé au bien-être de l'enfant. On a plusieurs cas
où on peut voir très clairement qu'une personne qui n'est
peut-être même pas apparentée par le sang a un
intérêt réel dans le bien-être de l'enfant. Or ces
personnes ne peuvent, à l'heure actuelle, faire quoi que ce soit d'autre
que d'aller soumettre le cas au directeur de la protection de la jeunesse qui
peut prendre beaucoup de temps et l'enfant, entre-temps, est lésé
dans ses droits dans ce sens.
Je crois que ce n'est pas du tout normal qu'un frère et une soeur
ne puissent pas saisir le tribunal pour avoir une action efficace, et rapide
par rapport à la protection de l'enfant. On comprend mal l'opposition du
gouvernement sur ce point.
Rappelons encore que le but principal, c'est la protection de l'enfant
et non pas la déjudiciarisation. La déjudiciarisation est un
moyen par lequel on veut protéger l'enfant. Encore une fois, je voudrais
répéter simplement que le jeune lui-même n'est pas
obligé de retourner devant le tribunal par rapport à cela. Le
tribunal peut être saisi d'une demande. Il peut évaluer la
situation et rendre une décision. (11 h 30)
Par exemple, par rapport au pouvoir qu'on vient de donner, au directeur
d'un centre d'accueil de couper la communication avec l'enfant, c'est une des
quatre situations où quelqu'un peut intervenir pour saisir la cour de
cette situation. C'est, encore une fois, un amendement qui est
présenté dans l'esprit de protéger l'enfant,
d'éviter les cas d'abus qu'on a souvent vus dans les journaux. On se
rappelle peut-être le cas d'Éric Forest. Il y a d'autres cas qui
traînent encore à l'heure actuelle dans ce processus parfois
très long du Comité de la protection de la jeunesse. Encore une
fois, je soumets simplement que le citoyen ordinaire, comprend beaucoup mieux
qu'il peut aller saisir un juge d'un cas particulier qu'aller convoquer un
comité qui va siéger pour évaluer si, oui ou non, il a
vraiment un intérêt par rapport à l'enfant. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre
d'État au Développement social.
M. Lazure: M. le Président, je ne mets pas en doute
l'intention louable de l'Opposition en présentant cet amendement. Je
présume que l'Opposition veut agrandir le champ de protection du jeune
ou de la jeune, d'accord. Cependant, je répète, encore une fois,
que ce n'est pas la bonne façon d'y arriver, parce qu'en ouvrant cette
porte immense qui dirait: Toute personne peut aller directement à un
juge du Tribunal de la jeunesse, vous ouvrez en même temps la porte aux
deux possibilités, soit de protéger davantage l'enfant, mais
aussi d'exposer un jeune à des dénonciations, à des
délations indues parce qu'à ce moment-là tout adulte, dans
le voisinage, qui n'aime pas le comportement d'un jeune de 12, 13 ou 14 ans
pourrait se rendre au Tribunal de la jeunesse et dénoncer l'enfant.
M. le Président, en conclusion, nous refusons cet amendement
parce qu'il est dangereux, parce que la loi 24 contient déjà tous
les mécanismes prévus, en particulier son Comité de la
protection de la jeunesse qui fonctionne avec rapidité dans toutes les
régions du Québec. Nous avons la conviction que le jeune a toute
la protection voulue par la loi tel qu'elle est rédigée
actuellement. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: Peut-être puis-je ajouter quelques phrases sur
cette question. Comme le ministre l'a bien dit, c'est dans un souci de
protection de la jeunesse qu'on a présenté cet amendement. Vous
savez bien, M. le Président, qu'il ne suffit pas que justice soit faite,
il faut qu'il y ait apparence de justice aussi. Ce qui est très
dangereux dans nos tribunaux administratifs, c'est qu'on leur donne un trop
grand pouvoir discrétionnaire et il pourrait même arriver qu'il y
ait des décisions arbitraires.
Je conviens que le ministre a soulevé un bon point: on ne veut
pas que, dans chaque cas, on aille en appel. Ce serait vraiment aller à
l'encontre d'un des buts de la loi. Mais ne peut-on pas permettre des appels
dans certains cas ou modérer le nombre d'appels par d'autres moyens? Par
exemple, si on doit payer une certaine somme pour aller en appel, il y a moins
de gens qui iront en appel. J'aimerais demander au ministre s'il n'y a pas
d'autres façons de permettre des appels aux tribunaux sans aller
à l'encontre d'un des objectifs de la loi, c'est-à-dire
d'éliminer les abus.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre
d'État au Développement social.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, nous avons
surveillé de très près l'application de cette loi depuis
deux ans et demi. Nous avons eu des rencontres multiples, des colloques avec
tous les groupes concernés. Je dois vous avouer qu'on ne nous a pas fait
la preuve qu'il y avait actuellement un empêchement pour certains adultes
intéressés au bien-être de l'enfant à ce que la
contestation puisse se faire, puisqu'elle peut se faire au Comité de la
protection de la jeunesse. L'amendement proposé par l'Opposition ce
matin est en grande partie inspiré par une question de principe qu'on
retrouve chez nos amis avocats ou nos amis du monde juridique qui voudraient,
jusqu'à un certain point, toujours dans de bonnes intentions, redonner
une place plus importante au processus judiciaire. En ouvrant cette porte
où tout adulte pourrait appeler directement au tribunal, c'est une des
conséquences très négatives à laquelle on pourrait
assister.
M. le Président, je conclus en disant que nous ne pouvons pas
accepter cet amendement qui pourrait créer des situations au
détriment de l'enfant. Je répète que la loi 24 telle
qu'elle est actuellement offre toutes les garanties d'appel par le biais en
particulier du Comité sur la protection de la jeunesse. Merci.
M. Sirros: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laurier, une question de privilège. Il faut que ce soit bien une
question de privilège.
M. Sirros: Je pense que c'en est une. C'est pour rétablir
des faits finalement. J'aimerais simplement souligner que l'amendement qui est
proposé par rapport à l'article 74.1 ne parle pas de n'importe
quel adulte qui peut saisir le tribunal d'un cas, il s'agit des enfants qui
sont déjà impliqués dans le processus. Il ne s'agit pas
d'ouvrir une grande porte, il s'agit de préciser...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député a raison en vertu de l'article 96 de pouvoir parler. M. le
député.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Finalement, il s'agit
d'élargir dans un champ particulier et des cas où l'enfant est
déjà impliqué dans le processus social.
C'est-à-dire qu'il est déjà porté devant le
Tribunal de la jeunesse, possiblement, le directeur de la protection de la
jeunesse est déjà impliqué et c'est uniquement dans ces
cas qu'on voudrait que ce pouvoir de saisir le tribunal soit accordé
à une personne qui a un intérêt particulier par rapport
à l'enfant. Il ne s'agit pas de parler de grande ouverture.
M. Lazure: M. le Président, je me vois...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lazure: ...obligé de rétablir les faits
très rapidement. Le député de Laurier vient de dire qu'il
s'agit d'enfants qui peuvent être déjà devant le tribunal.
Pas nécessairement. Au contraire. Parce que si on acceptait l'amendement
proposé par l'Opposition, toute personne pourrait porter à un
tribunal la décision conjointe du directeur de la protection de la
jeunesse et d'une personne désignée par le ministre de la
Justice. Quand le directeur de la protection de la jeunesse et la personne
désignée par la Justice s'entendent pour décider
conjointement d'une mesure à prendre en faveur du jeune, cela ne va pas
devant le tribunal. Ce n'est pas rendu devant le tribunal, contrairement
à ce que dit le député de Laurier. C'est justement pour
cela que nous disons qu'en acceptant un tel amendement, nous ouvrons la porte
à une multiplication des cas qui seraient obligatoirement rendus au
tribunal.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. Cet amendement
est-il adopté?
Une voix: Rejeté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Rejeté?
Une Voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Sur division.
Le rapport de cette commission permanente est-il adopté?
Une voix: Bien sûr.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
Troisième lecture
Excusez. Troisième lecture, même séance ou
séance subséquente?
M. Charron: Même séance.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Troisième lecture sur consentement, adopté.
M. Charron: Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler l'article 9 du feuilleton,
M. le Président.
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 12
Le Vice-Président (M. Jolivet): Prise en
considération du rapport de la commission permanente de la fonction
publique qui a étudié le projet de loi no 12, Loi modifiant la
Loi sur la fonction publique.
M. Charron: M. le Président, avant que vous ne donniez la
parole à Mme la ministre, je voudrais solliciter le consentement pour
que celle-ci soit autorisée à présenter un amendement qui
n'a pas été présenté, selon les règles de
notre règlement, dans les 24 heures qui ont suivi le dépôt
du rapport, mais qui, par ailleurs - c'est pourquoi j'espère obtenir le
consentement - a été communiqué à l'Opposition, il
y a déjà quelque temps. Nous espérons, d'après ce
que nous en savons, qu'il serait sur le point d'être
agréé.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition. (11 h 40)
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
heureux que le leader parlementaire du gouvernement nous annonce un amendement
qu'a l'intention de présenter à cette Chambre Mme la ministre de
la Fonction publique. On comprendra pourquoi, hier, nous n'avons pas voulu
consentir à ce que la Chambre dispose de la prise en
considération de ce projet de loi, parce que justement nous avions
été mis au courant de certaines difficultés,
peut-être pas majeures, qui avaient l'heur d'inquiéter certains
membres de la fonction publique, et c'est pourquoi nous avons demandé
que soit retardée la prise en considération de ce projet de loi.
Nous espérons évidemment que l'amendement que doit
suggérer Mme la ministre répondra à cette
inquiétude apparemment fondée des syndicats de la fonction
publique.
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est sur la question du
consentement ou sur le projet de loi lui-même?
M. Assad: Sur l'amendement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je vais d'abord demander
qu'il y ait consentement à ce qu'on procède à
l'étude du rapport et en même temps de l'amendement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, tenant compte
que cet amendement est déjà sur la table, comme s'il avait
été déposé avant-hier, dans les délais.
Le Vice-Président (M. Jolivet): II y a consentement et, en
conséquence, je demanderais à Mme la ministre de la Fonction
publique de procéder à la fois à la prise en
considération et à l'amendement lui-même de ce projet de
loi. Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je serai très brève, M. le
Président. Je voudrais d'abord remercier l'Opposition de sa
collaboration. Je ne vais parler que de l'objectif de l'article que nous
voulons amender et de l'amendement, évidemment, sur lequel l'Opposition
a déjà été consultée et sur lequel elle
était d'accord.
M. le Président, si vous me le permettez, je rappellerai que
l'objectif de l'article no 5 que nous voulons amender est de confier le
placement et le reclassement des fonctionnaires mis en disponibilité
à l'Office du recrutement du personnel qui, à notre avis, est
plus en mesure d'assumer cette responsabilité, compte tenu de son
expertise dans le recrutement et sa connaissance des postes vacants à
l'intérieur du gouvernement.
De plus, nous pensons que l'Office de recrutement, mise à part la
Commission de la fonction publique, est l'organisme qui saura s'acquitter de
cette tâche avec le plus de neutralité.
D'ailleurs, après la commission parlementaire et à la
suite - comme l'a mentionné le député de Bonaventure
et
leader de l'Opposition - d'inquiétudes qui ont été
manifestées par des groupes syndicaux, il nous est apparu que, pour
rassurer tout ce monde, il serait peut-être plus pertinent d'apporter un
amendement qui va exactement dans le même sens qu'un autre amendement
apporté en commission parlementaire à l'article 3 et qui dit tout
simplement que l'office doit procéder au placement et au reclassement
des fonctionnaires mis en disponibilité, conformément à un
règlement du ministre de la Fonction publique ou à une convention
collective de travail.
Voilà, j'avais promis d'être très brève; il
s'agit tout simplement de rassurer tout le monde par cet amendement. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Papineau.
M. Assad: M. le Président, Mme la ministre m'a remis une
copie de l'amendement tout a l'heure et, si on s'est bien compris, c'est tout
simplement une touche finale qui va assurer une sorte de continuité ou,
comme vous l'avez mentionné, une sorte de mesure de
sécurité, comme celle que vous avez apportée à
l'article 3. C'est bien ça?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est bien ça.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ajouterais tout simplement qu'effectivement
le député de Papineau a très bien compris et qu'il s'agit
tout simplement d'apporter une mesure de sécurité
supplémentaire pour que les syndiqués qui pourraient se sentir
concernés par cet article soient, je l'espère bien, plus en
sécurité demain qu'aujourd'hui. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. Ce rapport est-il
adopté tel que présenté avec amendement?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Troisième lecture, même séance ou séance
subséquente?
M. Levesque (Bonaventure): Séance subséquente.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Séance
subséquente. M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler l'article 2 du feuilleton,
M. le Président.
Reprise du débat sur le discours sur le
budget
Le Vice-Président (M. Jolivet): Reprise du débat
sur la motion de M. Parizeau proposant que l'Assemblée approuve la
politique budgétaire du gouvernement. La parole, au moment de
l'ajournement de ce débat, était au député de
Charlesbourg.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: M. le Président, comme je prends la parole
pour la première fois au cours de cette Législature, vous me
permettrez, comme c'est la coutume, de saluer mes électeurs du
comté de Charlesbourg et de les remercier aussi pour le mandat qu'ils
m'ont confié de nouveau lors des dernières élections.
J'entends servir l'ensemble de mes électeurs, sans distinction, comme je
l'ai fait durant le premier mandat.
Vous me permettrez aussi, M. le Président, de saluer tout
spécialement les militants et les militantes du Parti
québécois de mon comté qui ont travaillé d'une
façon exemplaire pour faire en sorte que le résultat que nous
avons obtenu dans le comté de Charlesbourg soit au moins à
l'image de celui que nous avons eu dans l'ensemble du Québec et en
particulier dans l'ensemble de la région de Québec.
M. le Président, la présente occasion qui m'est offerte de
prendre la parole en cette Chambre m'apparaît particulièrement
appropriée dans le contexte actuel et aussi compte tenu des fonctions et
des responsabilités que j'ai assumées tant au sein du
gouvernement qu'au sein de la fonction publique. D'autant plus que - tous le
sentent, j'ai l'impression - nous entrons dans une nouvelle phase en ce qui
concerne l'élaboration des budgets de l'État
québécois. Je pense qu'il n'est pas trop fort, M. le
Président, dans le présent contexte, de parler d'une certaine
crise dans l'évolution des finances de l'État
québécois.
Je peux particulièrement témoigner que, depuis 1967, j'ai
été mêlé d'assez près, dans
différentes fonctions, à l'élaboration des budgets de
l'État. Cette fréquentation a commencé au ministère
de l'Éducation où j'ai commencé, comme agent de recherche
et de planification - c'est le terme qui était utilisé à
l'époque et qui l'est toujours pour les économistes et les autres
spécialistes des sciences humaines qui s'occupent de ces questions au
sein de la fonction publique - à travailler au service du budget du
ministère de l'Éducation. À cette époque, notre
vis-à-vis était le présent ministre des Finances et
député de L'Assomption, M. Jacques Parizeau, qui agissait comme
conseiller économique du gouvernement de 1967 à 1970. Je peux
témoigner que dès cette époque, il était tout aussi
sévère et parcimonieux pour modérer les appétits
plus ou moins
insatiables que développaient les bureaucrates et les ministres
de l'époque.
De 1970 à 1973, c'est à l'Office de planification et de
développement du Québec que je présentais, en
collaboration avec d'autres collègues, des avis sur les priorités
budgétaires du gouvernement de l'époque. C'est à M. Michel
Bélanger, qui est maintenant le président de la Banque nationale,
que nous présentions ces avis pour discussion. Je peux témoigner
aussi qu'à l'égal de son prédécesseur, il
était tout aussi sévère et tout aussi parcimonieux.
Après une interruption de trois ans, j'ai repris contact avec le
processus budgétaire en siégeant, jusqu'à
récemment, au Conseil du trésor. Je peux dire que tout au cours
de cette période de presque quinze ans, il m'a semblé que,
malgré une gestion de plus en plus experte et de plus en plus rigoureuse
des finances publiques, la marge de manoeuvre relative des différents
gouvernements dans leurs choix budgétaires n'a cessé de se
rétrécir.
J'ai aussi observé, M. le Président, des cycles
récurrents de crise budgétaire, si l'on peut dire, dont
l'acuité coïncide - cela n'apparaîtra pas étonnant -
avec les échéances électorales. On se souviendra, par
exemple, qu'en 1970, M. Bertrand déclenchait des élections au
printemps sans que son ministre des Finances de l'époque, M. Beaulieu,
ne présente son budget, et l'on sait pourquoi, d'ailleurs.
Afin d'éviter à M. Garneau un sort semblable en 1977, au
printemps de 1977, M. Bourassa décidait de déclencher des
élections hâtives à l'automne de 1976; là aussi, on
sait pour quelles raisons. On l'a vu dans les semaines qui ont suivi cette
élection du mois de novembre 1976. (11 h 50)
Au printemps de 1981, le présent gouvernement faisant de la
nécessité une vertu, diront les uns, ou conformément
à ses principes de transparence, diront les autres, présentait un
budget avant de déclencher les élections. Contrairement à
ses prédécesseurs, dans les mêmes circonstances, les
électeurs reconnaissants, si je puis dire, l'ont reporté au
pouvoir, prouvant par là que les porteurs de mauvaises nouvelles ne sont
pas nécessairement assassinés.
Mais au-delà de ces coïncidences électorales, trois
facteurs, me semble-t-il, expliquent plus fondamentalement ce malaise chronique
des finances publiques. En premier lieu, on assiste depuis vingt ans à
une création inexorable et, jusqu'ici, irrépressible de
programmes et de services publics, des plus essentiels aux plus accessoires,
dont les coûts réels, d'ailleurs, sont généralement
sous-estimés et qui, de ce fait, semblent ajouter un fardeau additionnel
modeste aux obligations déjà assumées par l'État.
C'est le phénomène bien connu de la queue de dragon qui ne laisse
voir l'ensemble de la bête qu'une fois que celle-ci est bien
installée dans la maison communale.
En deuxième lieu, ces programmes nouveaux, dont plusieurs,
jusque-là, subsistaient souvent de façon embryonnaire, largement
parfois grâce à du travail plus ou moins bénévole,
ont fait l'objet, bien sûr, d'une syndicalisation massive, ce qui a
simultanément amené une diminution des charges de travail, une
multiplication, donc, des postes de travail et aussi une augmentation
considérable des rémunérations moyennes. Certains diront
qu'on ne peut blâmer le monde syndical d'avoir fait son travail et qu'au
contraire on peut prétendre que les gouvernements successifs ont
été ou bien trop généreux ou bien trop faibles.
Certains avanceront que ce sont nos voisins qui sont trop mesquins ou que leur
syndicalisme n'est pas assez revendicateur.
Un fait demeure, cependant: dans l'ensemble, parfois en chiffres absolus
et presque toujours en termes relatifs, les avantages consentis aux
employés de l'État au Québec sont supérieurs
à ceux qu'on retrouve dans le reste de l'Amérique du Nord. En
comparaison du secteur privé québécois, ce
dépassement est significatif et va, pour l'essentiel des effectifs, de
10% à 25%.
En troisième lieu, il faut mentionner la diminution relative
graduelle, mais constante des transferts fiscaux fédéraux qui
constituent une part importante, 30% en fait, des revenus budgétaires du
gouvernement du Québec. En effet, bien qu'en chiffres absolus les
paiements de transferts fédéraux paraissent déjà
considérables et même semblent en augmentation, même si la
part des dépenses fédérales, dans l'ensemble des
dépenses publigues au Canada assumées par les États
provinciaux et les municipalités, semble en diminution, en fait, compte
tenu de l'augmentation inévitable des coûts des programmes
publics, dont plusieurs, d'ailleurs, ont été institués
à l'instigation et parfois même à l'instigation très
pressante du gouvernement fédéral, ce dernier a effectivement
limité unilatéralement le taux d'augmentation des transferts ou
de ses paiements aux provinces. Maintenant, non seulement ceux-ci
n'augmentent-ils pas au rythme des dépenses réelles, mais ils
sont aussi en déficit important par rapport au taux d'inflation. En
fait, par les années qui courent, ces paiements augmentent au rythme de
3% à 4% par année alors que, comme on le sait, le taux
d'inflation est maintenant entre 10% et 12% et que l'augmentation réelle
de ces programmes à frais partagés, ces programmes autrefois
conjoints, est au-delà de 10% ou 12% par année. C'est ce qu'on
appelle, M. le Président, pelleter sa neige dans la cour du voisin.
Le malaise fondamental des finances publiques au Québec a mis du
temps à paraître parce que les facteurs dont je viens de parler
ont mis eux-mêmes du temps à produire leurs effets. De plus, sous
le gouvernement précédent, on avait réussi à
éviter le pire en nourrissant, ni plus ni moins, les finances publiques
à même l'inflation et aussi en refusant de comptabiliser des
engagements en regard des déficits actuariels des fonds de retraite.
Mais cette ronde de situations a été abandonnée largement
par le présent gouvernement au profit des contribuables, au profit des
municipalités et aussi en fonction d'une plus grande rigueur dans nos
processus comptables.
Pourtant, malgré une gestion plus rigoureuse des dépenses
publiques qu'illustre le fait que, par exemple, pour la première fois,
les effectifs de la fonction publique ont cessé d'augmenter, que le
coût aussi des conventions collectives a relativement diminué lors
de la dernière ronde des négociations par rapport aux deux rondes
précédentes, il a fallu se rendre compte que le coup de barre que
l'on connaît était devenu inévitable, d'autant plus que les
taux d'intérêt ont atteint des niveaux prohibitifs et commandent,
de ce fait, la plus grande prudence du côté des déficits
budgétaires. Pour reprendre ces expressions qu'a utilisées en
d'autres occasions le ministre des Finances, la récréation a
vraiment été sifflée et la vache a cessé de
regarder le train défiler. Ce train est entré en gare dans un
grand bruit de freins et de verre brisé, M. le Président. Les
passagers - vous me passerez l'expression - étaient mal arrimés
sur leur siège - ont été précipités sur le
devant de leur compartiment et, bien entendu, comme ça arrive dans
pareil cas, les plus maigres ont reçu plus de coups et plus d'ecchymoses
que les plus gras.
En quinze ans, c'est la première fois que je vois
décréter, M. le Président, de vraies compressions
budgétaires. Ces compressions affectent tous les ministères et,
bien que le ministère de l'Éducation et celui des Affaires
sociales sont les plus souvent cités comme étant
particulièrement touchés, les autres le sont davantage
proportionnellement puisque environ 50% de ces compressions affectent ces deux
ministères qui comptent pourtant un peu plus de 60% des dépenses
totales. Entre autres, pour ne donner qu'un exemple, le ministère des
Transports est encore plus touché, relativement parlant.
Or, M. le Président, quant au choix précis des
activités qui reçoivent de plein fouet l'effet de ces
compressions, les possibilités à la disposition du gouvernement
étaient extrêmement limitées, pour ne pas dire nulles,
surtout compte tenu de l'ampleur de la ponction qu'il fallait effectuer. En
effet, les dépenses dites incompressibles, c'est-à-dire celles
qui sont intouchables, du moins à court terme, sont considérables
dans le budget québécois et représentent en fait
probablement au-delà de 90% des dépenses du gouvernement.
C'est ainsi que près de 50% de nos dépenses sont des
salaires ou sont des traitements ou sont constituées d'avantages
reliés aux traitements et que tous ces avantages et salaires sont
indexés au coût de la vie. Dans le secteur de l'Éducation
et des Affaires sociales, plus de 85% des dépenses sont reliées
aux traitements, aux salaires. Quant au reste, comme les fonds de retraite, par
exemple, ou l'achat de matériel ou d'équipement, l'indexation au
coût de la vie aussi doit être entièrement honorée.
Dans certains cas, comme les fournitures d'énergie, l'inflation
spécifique atteint 20%. (12 heures)
Dans ces conditions, resteindre le taux d'augmentation des
dépenses publiques au taux d'augmentation du coût de la vie ou au
taux d'augmentation du produit intérieur brut, de la richesse que nous
produisons dans une année au Québec, opérer une pareille
restriction relève d'une mission quasi impossible, M. le
Président. Il faut admettre que les perspectives ne sont guère
meilleures pour les prochaines années. Durant le présent
exercice, il n'est pas invraisemblable de penser que les dépassements
inévitables de crédit à certains postes ne pourront pas
être compensés par les sous-budgétisations, si on veut, ou
les surplus que l'on retrouve parfois à d'autres postes, d'où
pourraient découler d'autres mesures restrictives, par exemple, durant
les prochains mois à l'automne ou plus tard à l'hiver prochain.
De plus, l'inflation court maintenant au rythme annuel de 12% et les taux
d'intérêt ne seront probablement pas meilleurs durant les
prochains mois, ce qui, là aussi, exercera une pression à la
hausse sur les déboursés de l'État.
Finalement, l'État devra aussi faire face dans les 24 prochains
mois à deux échéances extrêmement cruciales, celle
du renouvellement général des conventions collectives des
employés de l'État et celle du renouvellement des accords fiscaux
avec le gouvernement fédéral qui, comme je l'ai dit, comptent
pour 30% de notre budget au niveau des revenus. Dans le premier cas, celui du
renouvellement des conventions collectives, on peut se demander si
l'État est vraiment en mesure de négocier. D'une part, il est
admis à peu près communément qu'on ne peut
décemment élargir l'écart qui existe déjà
entre les rémunérations des employés de l'État et
celles de leurs collègues du secteur privé. D'autre part, l'on
sait aussi que toute velléité de la part du gouvernement de
restreindre ou d'appliquer des mesures d'austérité par le biais
de ses conventions
collectives entraîne des mouvements de contestation tels de la
part du monde syndical concerné que ce sont les assises mêmes du
pouvoir public qui sont ébranlées à chaque occasion. Je ne
connais pas de société, pour ma part, qui doit vivre
périodiquement et systématiquement de telles tensions et ce n'est
pas sur la voie d'une délimitation du droit de grève ou des
services essentiels qu'on trouvera une solution qui relève d'abord de
l'éthique sociale et de l'autorité morale, finalement, de
l'État et de son gouvernement.
Dans le second cas, celui des accords fiscaux, on ne peut même pas
parler de véritable négociation, mais plutôt de
consultation puisque l'issue des pourparlers est décidée
unilatéralement par une loi fédérale, d'où l'on
peut conclure, M. le Président, que l'État
québécois se verra infliger par son partenaire
fédéral le traitement qu'il doit parfois se résoudre
à imposer à son partenaire syndical, mais dans les deux cas, M.
le Président, il risque fort d'y laisser sa substance, son prestige et
ses ressources. Il ne faut pas se faire d'illusions, en tout cas, en ce qui a
trait au renouvellement des accords fiscaux. Après le coup d'État
constitutionnel qui vise essentiellement à briser la nature
fédérale de ce pays, on assistera à une tentative en
règle de mise en tutelle, financière, cette fois-là, que
nous annonçait déjà, il y a quelques jours, quelques
semaines, le coloré personnage qui nous tient lieu de ministre
fédéral des Finances et la boucle sera alors bouclée sur
le plan constitutionnel et politique comme sur le plan budgétaire et
financier.
Qu'on ne se méprenne pas, malgré les difficultés,
l'État québécois n'est pas menacé de faillite.
D'ailleurs, les États ne font pas faillite. Ils sont comme les vieux
soldats qui s'estompent lentement dans le lointain. Qu'on pense à
l'exemple de la Grande-Bretagne qui était la première puissance
mondiale au XIXe siècle et dont le revenu moyen des habitants est
aujourd'hui le plus bas de tous les pays industrialisés. Ce qui nous
menace, c'est plutôt l'impuissance; l'impuissance constitutionnelle et
politique d'abord et, ensuite, l'impuissance financière et
budgétaire. Dans les deux cas, seule la force de l'opinion publique
québécoise peut, à la fin, permettre à notre
société d'éviter cette double paralysie et nous faire
retrouver notre liberté. Mais auparavant, il faudra d'abord retrouver le
sens des vraies priorités et distinguer, de ce qui essentiel et
intouchable, ce qui est hautement désirable ou simplement utile.
À cet égard, la création d'emplois devrait devenir
notre première obsession, et tout le reste devrait y être
sacrifié. Quand le quart de notre jeunesse ne trouve pas à
s'employer, ou qu'au moins une part aussi importante trouve des emplois
médiocres qui ne les satisfont pas, quand des dizaines de milliers de
personnes qui désirent travailler et qui sont aptes à travailler
bénéficient de l'aide sociale, il me semble que la
social-démocratie, pour ne pas être un vain mot, requiert que
toutes les énergies, toutes les politiques, tous les programmes, toute
la marge financière possible soient utilisés, soient mis en
oeuvre pour donner à ces personnes la dignité première
d'un être humain qui est celle de travailler.
Que dirions-nous d'un père de famille qui, devant la
pénurie, déciderait de laisser mourir de faim quelques-uns de ses
enfants pour nourrir plus grassement les autres au lieu de mieux
répartir la pénurie entre tous en répartissant les
ressources dont il dispose? C'est pourtant ce que nous faisons inconsciemment
quand nous consentons des privilèges ou des avantages trop
considérables à certains, si légitimes soient-ils, tandis
qu'il nous manque les ressources pour faire travailler les autres. En second
lieu et sur un même plan, il nous faudra aussi faire en sorte que les
plus pauvres et ceux qui n'ont pas de groupes de pression puissants pour les
protéger soient les véritables bénéficiaires de la
puissance publique, au lieu que celle-ci serve indistinctement, au nom de
principes pseudo-égalitaires, mais, en fait, simplificateurs,
réducteurs et souvent démagogiques, à l'ensemble de la
société.
Tout cela ne peut être décidé et appliqué par
des mécanismes technocratiques, si nobles soient-ils, fussent-ils ceux
du Conseil du trésor, fussent-ils ceux des ministères. Il ne
suffira pas non plus de dialoguer trop exclusivement avec un groupe ou avec
l'autre en tâchant de parer à gauche ou à droite les coups
et les arguments des égoïsmes institutionnalisés. C'est un
véritable forum, un débat public qu'il nous faudra ouvrir, d'une
ampleur encore plus grande et plus diversifiée que, par exemple, les
sommets économiques - pour ne donner qu'une voie possible - qui ont
été instaurés durant les dernières années.
Les comptes de l'État devront être mis sans contrainte à la
portée de tous et les choix qui en découleront devront faire
l'objet d'un arbitrage, pour ainsi dire, largement social et populaire.
C'est, à mon avis, une tâche emballante et motivante entre
toutes, l'amorce d'un véritable changement de société,
pour laquelle cette Assemblée est faite et, singulièrement, le
parti auquel j'appartiens. C'est une tâche, aussi, qui prendra du temps,
certainement deux ou trois ans de rigueur continue, pour que le virage soit
pris véritablement et qu'il s'effectue aussi de la façon la plus
rationnelle et la plus humaine possible. Pourtant, seul ce choc salutaire peut
sortir notre société de la complaisance et de la
médiocrité qui la
guettent et nous faire abandonner cette mentalité de
quêteux monté à cheval qui, trop souvent, nous
caractérise. (12 h 10)
En relevant ce défi, en mettant en jeu tout le talent et toute
l'autorité dont disposent le chef du gouvernement et l'équipe qui
l'entoure, non seulement éviterons-nous l'impuissance au-dedans, mais
nous nous assurerons de la force nécessaire pour desserrer l'étau
qui nous menace au dehors aussi. Si l'épreuve paraît trop
formidable à envisager et trop incertaine à réussir, je
rappellerai qu'il ne s'agit que de convaincre les Québécois que
leur véritable progrès est à ce prix. Ceci ne devrait pas
nous effrayer puisque, comme nous le rappelle Machiavel: "Quant au jugement que
porte le peuple sur les affaires, il est rare, lorsqu'il entend deux orateurs
dont le talent est égal, mais qui soutiennent des opinions
opposées, qu'il n'embrasse pas soudain la meilleure et ne prouve point
ainsi qu'il est capable de discerner la vérité lorsqu'il
l'entend."
Or, M. le Président, ce gouvernement ne manque pas de talent; il
ne manque pas, non plus, de courage ni de conviction. Sa victoire
récente, si décisive, ne sera pas vide de sens s'il engage toute
notre société sur la voie de la raison comme celle du coeur, sur
la voie d'un nouveau contrat social, sinon d'une nouvelle
société, sur la voie d'un Québec fort dans son ensemble
comme dans chacun de ses individus, objectif que, j'en suis sûr, nous
partageons tous, nous recherchons tous dans cette Assemblée nationale.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, n'ayant pas pris la parole
lors du discours inaugural, je prendrai au moins quelques minutes au
début de cette intervention sur le discours sur le budget pour
remercier, moi aussi, comme plusieurs l'ont fait en cette Chambre, les
électeurs du comté de Maskinongé d'avoir bien voulu
accepter de renouveler pour un troisième mandat d'affilée les
fonctions que j'occupe à l'Assemblée nationale, tout en leur
disant et répétant l'honneur que j'ai à les
représenter, en les assurant toujours de mon entier dévouement et
en leur renouvelant ce que je leur ai offert il y a déjà tout
près de dix ans, soit d'être celui qui vient prendre la
défense des intérêts non seulement de la
collectivité du comté de Maskinongé et de la
collectivité québécoise, mais d'être celui aussi qui
défend les intérêts personnels et individuels de chacun des
électeurs lorsqu'ils sont aux prises avec la machine
gouvernementale.
Avec les nombreuses lois sociales que les gouvernements, autant
antérieurs que celui qui dirige présentement le Québec,
ont adoptées depuis vingt ans, depuis la révolution tranquille,
je pense que bien malvenu serait celui qui tenterait de faire croire à
la population que le seul gouvernement qui a fait avancer les choses au
Québec est celui qui règne présentement sur cette
province, c'est-à-dire le gouvernement du Parti québécois,
quand tout le monde sait très bien que les nombreuses lois sociales,
telles l'assurance-hospitalisation, l'assurance-maladie, la loi concernant les
petites créances, l'aide juridique ont été faites par le
gouvernement d'un parti auquel j'appartiens et auquel je suis fier
d'appartenir. C'est cet ensemble de personnes et de gens bien pensants, qui
depuis vingt ans, ont oeuvré à l'intérieur de plusieurs
formations politiques, le Parti libéral, l'Union Nationale pour une
période de quatre ans et le Parti québécois, qui ont fait
en sorte que les gens sont quand même, au point de vue social, bien
protégés.
Mais, M. le Président, comme plusieurs lois sociales faites pour
aider le citoyen, surtout celui qui est le plus démuni, qui a des torts,
c'est justement là que ressort l'importance d'un défenseur, d'un
protecteur du citoyen à Québec, qui est en l'occurrence un
député.
C'est la raison pour laquelle je pense qu'après trois
élections, après ce que les commentateurs appelaient "le balayage
de 1976" par le parti qui gouverne, et le "raz de marée de 1981", dans
un comté comme Maskinongé, où je puis dire que 99,999% des
gens sont des francophones, c'est le parti que je représente,
c'est-à-dire le Parti libéral du Québec, qui a
remporté la pluralité des voix. C'est cette raison qui fait que
j'offre encore à cette population les mêmes services, le
même dévouement et je les assure de mon entière
collaboration.
M. le Président, je les félicite aussi d'avoir su
résister à cette vague. Je passerai sur cela rapidement, mais je
pense que c'est important que ce soit dit. Je félicite les gens de
Maskinongé d'avoir voté selon leur conscience. Ils ont eu de
multiples occasions, durant la campagne électorale, de faire acheter
leur vote. Quand je dis faire acheter leur vote, ce n'est peut-être pas
de la façon qu'on connaissait dans les années quarante-cinq et
cinquante. Mais, quand un ministre d'un gouvernement se promène dans un
comté voisin en distribuant à des associations des chèques
que celles-ci n'ont même pas demandés; quand on les fait
distribuer non pas par le député du comté, parce qu'on
sait qu'à ce moment j'étais député du comté,
mais par un candidat d'une formation politique qui s'appelait, en l'occurrence,
le candidat du Parti québécois, qui n'avait reçu aucun
mandat de la population, qui n'était
investi d'aucune autorité quand les gens décident,
malgré cette pluie de subventions de 500 $, 800 $ et 1000 $, de
réélire quand même un député, moi, je les
félicite d'avoir au moins voté selon leur conscience. C'est
exactement ce que les gens doivent faire au Québec. Je pense que la
vieille époque d'achat des votes est passée, même si
certains membres du cabinet ont essayé de la ressusciter chez nous, et
je laisse aux gens le soin de juger. Je ne jugerai même pas le ministre
qui a fait ça, mais je dois vous dire que son histoire d'achat des
consciences n'a pas fonctionné et que ça ne fonctionnera jamais,
avec l'intelligence que les gens de Maskinongé possèdent.
M. le Président, je pense que ce discours sur le budget, qui
rallie quand même à l'intérieur de cette Chambre beaucoup
de sympathie de la part des membres de cette Assemblée doit être,
en partie du moins dénoncé, et pour toutes sortes de raisons.
Cela me permettra de vous parler quelque peu de l'année des
handicapés; je pense que c'est important qu'on en parle. Je sais qu'il y
a eu un montant d'au moins 800 000 $ voté par le gouvernement du
Québec, montant mis entre les mains d'une association reconnue, pour
promouvoir l'année des handicapés. (12 h 20)
M. le Président, j'aimerais attirer votre attention pour vous
montrer comment nous, les gouvernements finançons les deniers publics.
Quand je dis "nous, les gouvernements", je ne voudrais pas qu'on pense que
c'est uniquement ce gouvernement. J'imagine qu'un autre gouvernement aurait
probablement agi de la même façon. Mais je pense qu'il est temps
qu'on se pose des questions, nous les gens qui administrons les deniers
publics. On donne 800 000 $ ou 1 000 000 $ - possiblement 1 000 000 $, avec ce
que ça pourra coûter en plus - pour promouvoir et travailler
à l'année des handicapés pour démontrer à la
population qu'un handicapé, c'est une personne normale dans notre
société, c'est une personne qui doit vivre à part
entière, c'est quelqu'un qu'on doit côtoyer et c'est quelqu'un qui
a de nombreuses possibilités. C'est normal qu'on investisse 800 000 $ ou
1 000 000 $ pour promouvoir et aider cette cause. Ce qui n'est pas normal, M.
le Président, c'est que quand nous ferons le bilan de cette année
des handicapés, quand nous regarderons à quoi ont servi ces
deniers publics que nous avons consacrés pour l'année des
handicapés, ces 800 000 $, on va se rendre compte que ce montant a
été dépensé en études, en conseillers
spéciaux, en griffonnage de programmes et que, finalement, au bout du
compte, cela n'a absolument rien donné aux handicapés. On aura
investi 1 000 000 $ avec beaucoup de bonne volonté de part et d'autre,
mais que va-t-il rester aux handicapés?
C'est beau de promouvoir l'année des handicapés. Les
handicapés ne demandent pas qu'à leur place on fasse des actions
positives. Les handicapés demandent qu'on leur fournisse tout simplement
les moyens de démontrer à la population du Québec,
à la population entière, qu'ils sont eux-mêmes capables de
s'organiser. Ils veulent tout simplement avoir des moyens. Ils sont comme le
gars qui vient de sortir de l'école avec un diplôme de menuisier
et qui n'a pas besoin qu'on aille lui bâtir une mason, pour
démontrer qu'on est capable d'en bâtir une, mais qu'on soit
capable de lui fournir les outils nécessaires pour qu'il nous montre
qu'il est capable de bâtir une maison. Les handicapés sont comme
cela, M. le Président. Ils ne veulent pas qu'on prenne de
décisions à leur place. Ils ne veulent pas qu'on agisse à
leur place. Ils ne veulent pas qu'on ait de la pitié pour eux. Ce n'est
pas cela qu'ils demandent. Ils veulent qu'on leur fournisse les outils
nécessaires pour être capables de s'identifier positivement, de
s'affirmer dans la collectivité québécoise, de prendre la
part qu'ils sont capables de prendre et qu'ils sont capables de fournir dans
l'économie du Québec. Est-ce qu'on pourrait bien se poser la
question, une fois pour toutes? Est-ce que les 800 000 $ qu'on va mettre
à la disposition des handicapés à l'occasion de
l'année des handicapés vont faire en sorte qu'ils leur
fournissent les moyens de créer quelque chose de nouveau, de
s'identifier positivement à la collectivité
québécoise? Je vous dis immédiatement que je doute fort
que ce montant de 1 000 000 $ dépensé ait produit des fruits
parce qu'il aurait été consacré à payer des
dizaines de fonctionnaires assis dans un bureau qui passent uniquement leur
temps à répondre: On n'a pas de job pour vous autres, on n'a pas
ceci pour vous autres, on n'a pas cela. Ce n'était pas cela, à
mon avis, l'année des handicapés.
De toute façon, je pense qu'il est encore temps qu'on se pose la
question et il serait encore temps que, comme gouvernement, puisqu'on investit
de l'argent, on puisse jeter un coup d'oeil là-dessus et dire: Rajustons
donc notre tir! Je le dis simplement pour considération parce que, si
c'est 1 000 000 $ qui ne produit rien, c'est 1 000 000 $ qui aurait dû
être inscrit dans les coupures budgétaires, si au bout de la ligne
il n'apporte rien, sauf que d'avoir sensibilisé la population au fait
qu'il y avait une année des handicapés, comme on fait quand il y
a une journée des non-fumeurs. Si c'est superficiel comme cela, on
aurait pu garder ce 1 000 000 $ et éviter de faire des compressions
budgétaires ailleurs. Si vraiment cela répondait aux objectifs
des handicapés eux-mêmes, 1 000 000 $ n'aurait pas
été suffisant; il aurait fallu investir
1 500 000 $ et cela aurait été de l'argent bien
placé, à mon avis.
En tout cas, je porte cela à la considération des membres
de cette Chambre. Je pense que tout le monde va regretter que ces 800 000 $
aient servi en paperasse et en discussions, en téléphonistes et
en conseillers. Sans juger les gens qui sont là, ils y sont parce qu'ils
ont un travail à faire, et je suis certain que si on leur demandait leur
opinion, ils pourraient peut-être nous suggérer une autre
façon de procéder. Là, on donne 800 000 $ pour payer des
salaires à ceux qui répondent au téléphone et on
crée des appétits. Quand on a donné 1 000 000 $, plusieurs
handicapés de nos régions ont prétendu qu'avec cela les
portes leur seraient ouvertes un peu partout et que les employeurs pourraient
les engager. Il y avait d'autres mesures, à mon avis, qui étaient
plus importantes.
Cela m'amène à dire ceci. Je voyais cela justement dans
l'Argus de ce matin - le journal des gens de l'Assemblée nationale, pas
le journal, mais les coupures de journaux reliées pour nous permettre de
prendre connaissance des différents éditoriaux et des
différentes informations politiques au Québec - un article
tiré du Soleil du 11 juin 1981, cela ne date pas de bien longtemps, qui
disait: "Promesses à certains handicapés non tenues." C'est
malheureux, quand on a fait une foule de promesses pendant la campagne
électorale - l'accession à la propriété, à
ceci, à cela - que la première chose qu'on voit, pas longtemps
après l'accession de ce gouvernement au pouvoir, une couple de mois
après, que ces promesses ne sont pas respectées au
détriment non pas des gens qui sont capables de l'absorber, mais des
autres. Qu'on dise aux députés de cette Chambre, par exemple,
qu'on va réviser certaines modalités de leur bureau de
comté, qu'on va réviser leur régime de retraite, qu'on va
peut-être réviser leur salaire - cela s'est déjà dit
- et, finalement, qu'on leur dise qu'on ne fera pas cela cette année,
que cela ira à l'année prochaine, chacun de nous pouvons
l'endurer parce qu'il n'y a rien qui urge. Nous sommes considérés
comme des gens bien traités au point de vue salarial et au point de vue
des conditions de travail, même si on travaille de nombreuses heures.
C'est incontestable et tout le monde le dit, il n'y a que les gars qui n'ont
jamais fait de politique qui, en campagne électorale, disent qu'un
député ne travaille pas. S'ils ont eu le malheur, dans certains
cas - je regarde certains individus et cela a dû être un malheur
dans leur cas - d'avoir passé au travers et d'avoir été
élus dans leur comté, ils sont les premiers à nous dire,
un mois après: Je ne pensais pas qu'un député travaillait
85 et 90 heures par semaine, je ne pensais pas qu'un député
passait ses fins de semaine en sorties sociales, à rencontrer des gens.
Je pensais que le gars, quand il allait dans des réceptions, des
soirées dansantes, allait s'amuser, mais je me rends compte que quand il
y va, il a son petit calepin dans ses poches et, à la fin de la
soirée, il a noté 25 ou 30 cas sur lesquels il doit travailler le
lundi matin à son bureau. Des fois, il se dit: Je me demande si je dois
continuer à aller aux soirées sociales. Un gars qui fait comme
moi, qui assiste à toutes, se fait réélire trois fois,
même si c'est une époque difficile. Le gars qui ne le fait pas, il
ne fera qu'un passage dans cette Chambre. En fait, c'est ça. Ce n'est
pas uniquement ça, non plus, mais il y a ça, entre autres.
Tous sont unanimes à venir nous dire, quand ils ont vécu
l'expérience, qu'ils n'y croyaient pas. Des adversaires sont venus dire
dans mon comté, durant la campagne électorale: Ne vous fiez pas
au député de Maskinongé; quand il dit qu'il travaille 90
heures par semaine, il en met trop. Ce sont des gars qui sont venus, mais qui
ne connaissaient pas la vie politique; ils se présentaient pour un
parti, ils venaient aider un adversaire. J'ai discuté avec ces
gars-là, je pourrais les nommer, mais je ne le ferai pas; j'ai
discuté avec un de ces bonhommes derrière le trône, M. le
Président, à l'endroit où, des fois, on va bien
amicalement discuter de certains problèmes communs parce qu'on est
voisins de comté, et il m'a dit: C'est vrai, que ça travaille 90
heures, un député. Là, je lui ai répondu: Qu'est-ce
que vous êtes venu dire dans mon comté? Il m'a dit: Ouais, je ne
connaissais pas ça. Bien, c'est ça, la réalité. (12
h 30)
Malgré tout ça, malgré toutes ces contraintes,
malgré toutes ces exigences, même si on retarde l'augmentation de
0,15 $ à 0,18 $ le kilomètre pour les voyages intérieurs,
on est encore capable d'absorber ça car on a un niveau de vie, quand
même, qui est bien acceptable quand on le compare à bien d'autres
personnes de notre comté. Mais quand on comprime et qu'on touche
à des handicapés, comme c'est le cas avec des promesses non
tenues, c'est un petit peu plus grave. Par exemple, on demande à des
assistés sociaux de mon comté de signer une formule, veut veut
pas, pour leur couper 25 $ par mois sous prétexte qu'un fonctionnaire a
fait une erreur administrative, il y a trois ans, dans leur dossier. Je vous
donne des exemples précis; j'en ai des dizaines dans mon comté et
vous en avez, vous autres aussi, si vous faites du bureau de comté, si
vous prenez le temps d'écouter attentivement vos électeurs. Un
gars se présente à l'aide sociale, demande l'aide sociale parce
qu'il est dans une situation alarmante; il est en chômage, il n'a pas le
droit à son chômage ou son chômage est épuisé.
Il se présente donc à l'aide
sociale. Ce n'est pas de gaieté de coeur, mais on lui dit: C'est
la seule solution qui te reste pour manger, pour faire manger ton épouse
et tes enfants. Il s'en va là.
Pour les fins de la discussion, on lui pose des questions et, quand son
dossier est prêt, on lui dit: Tu retireras, désormais, mon ami,
$432,60 $ par mois. Le gars n'en a pas assez, c'est sûr. Les gens qui ont
vécu cette expérience savent très bien que n'importe quel
assisté social n'en a pas assez pour vivre et joindre les deux bouts. Il
mange deux fois et demie par jour, des fois, seulement deux. Il sait tout
ça. On se rend compte, huit mois, dix mois après, qu'on lui a
donné 25 $ de trop parce qu'on avait pensé qu'il avait un
certificat, par exemple, médical lui permettant d'avoir une aide
additionnelle de 25 $ par mois pour cause de diabète et on
s'était trompé de dossier. Là, on lui a fait un
surpaiement de 800 $, 900 $ ou 1000 $ au bout d'un an, deux ans, trois ans et,
par surcroît, on lui dit: Dans tes prochains chèques, on va
t'enlever 25 $ par chèque. Cela, ça fait dur en maudit. Excusez
l'expression, M. le Président, je sais que ce n'est pas parlementaire,
je la mets entre guillemets et entre parenthèses. Cela, ça fait
dur quand on va couper chez des gens qui sont démunis, pour des erreurs
administratives.
J'en ai, des cas comme ça. Cela a beau faire rire les
back-benchers en arrière, cela n'a pas d'importance. Ils vont juste
"backer" davantage. S'ils continuent à rire comme ça des
citoyens, ils vont juste "backer" plus loin aux prochaines élections.
Ils vont assez "backer" qu'ils vont se retrouver sur le pavé. Mais c'est
ça, la réalité. Mme la députée de Johnson,
faites du bureau de comté, c'est ça, la réalité.
Quand je suis allé faire des élections partielles chez vous
déjà, j'ai eu des cas comme ça pour lesquels j'ai fait des
démarches et j'ai appelé. Oui, et il y en a, je le sais. C'est
ça, la réalité. Cela, c'est malheureux. C'est ça
que je dénonce, M. le Président. C'est ça que je veux
dénoncer.
Le Soleil dit, ce matin, en toutes lettres: On avait promis que la
graduité des aides visuels s'appliquant déjà aux
handicapés de moins de 35 ans s'appliquerait aussi à ceux
atteignant l'âge de 36 ans. On leur avait dit: Oui, on tient cette
promesse. Ce sont des handicapés visuels. On dit: Non, cela ne pourra
pas se faire à cause des compressions budgétaires, alors qu'on se
prépare, M. le Président, dans ce gouvernement - c'est
déjà prêt, c'est déjà fait, c'est
écrit, j'en suis certain - si jamais la Cour suprême était
favorable au rapatriement unilatéral des gens d'Ottawa, à lancer
une campagne publicitaire où il y aura 3 000 000 $, 4 000 000 $ ou 5 000
000 $ de dépensés alors que chacun de ces députés
pourrait, en tribun du peuple, se promener et faire des blitz, comme ils l'ont
déjà fait, avoir de la couverture de la part des médias
d'information et faire le même travail, c'est sûr. Ce serait plus
onéreux, mais vous êtes payés pour ça, messieurs.
Vous êtes payés pour ça. Non, vous allez, au lieu de faire
ça, faire des blitz. Vous allez garder vos blitz pour faire de la
propagande électorale au lieu de renseigner la population, chose avec
laquelle je serais d'accord. Là, vous allez prendre 3 000 000 $ ou 4 000
000 $ des deniers publics pour tâcher de sensibiliser la population
à pleine télévision en favorisant, évidemment,
certains individus qui vont faire ces déclarations, c'est bien
sûr. De toute façon, vous avez le droit de choisir qui vous
voulez. On n'est quand même pas pour faire passer des concours pour
savoir qui doit faire ces annonces publicitaires.
De toute façon, c'est votre droit, alors que cette mesure qui
prive les handicapés, cette mesure va coûter bien moins que 3 000
000 $ ou 4 000 000 $ à l'État. Vous dites aux handicapés
visuels: On ne peut pas le faire, compressions budgétaires, mais je dis
aux handicapés visuels: Écoutez la télévision, vous
allez pouvoir entendre la propagande éhontée à coups de
millions qui vont avoir été "compressés" sur votre dos.
C'est cela, oui.
Une voix: De la démagogie.
M. Picotte: Non, ce n'est pas de la démagogie, c'est la
vérité. Vous avez dépensé 2 000 000 $ ou 3 000 000
$ pour dire aux gens: II ne faudrait pas se faire avoir, pour aboutir
peut-être aux mêmes résultats, et vous comprimez. C'est
cela, la réalité, qu'on le veuille ou non. Les coupures
budgétaires, c'est la même chose, M. le Président. Je vous
dirai ceci: II y a eu des promesses de faites. Je vais parler... Il me reste
encore une bonne dizaine de minutes, M. le Président, n'en
déplaise à mon ami, le député de Joliette. Il m'en
reste encore pour une bonne dizaine de minutes.
M. le Président, en plus, il y a eu des promesses de faites
à des gens, des promesses qui ne coûteraient pas cher. Je tiens
à souligner cela. J'ai déjà demandé au ministre de
la Fonction publique, à deux ministres de la Fonction publique, dont un
a été déchu depuis ce temps, M. de Belleval en premier, le
député de Charlesbourg, concernant le fonds de retraite des
religieux, des ex-religieux, des mesures qu'on n'avait pas incluses dans la loi
60 du temps ce qu'on trouvait regrettable, pour apporter un amendement. En
1978, j'ai posé une question au ministre de la Fonction publique. Le
ministre de l'Éducation du temps, vu que cela touchait
l'éducation, m'avait aussi répondu. C'est inscrit au journal des
Débats. Vous pouvez lire cela. On disait que c'était une question
de temps pour rajuster les fonds
de retraite des religieux et des ex-religieux, pour donner justice
à ces gens-là qui ont travaillé, qui ont
façonné, qui ont probablement été ceux qui vous ont
donné votre propre éducation et votre propre instruction et qui
mériteraient d'avoir au moins l'égalité de fonds de
retraite avec les autres. On m'a dit, M. le Président: C'est au Conseil
des ministres et c'est une question de temps.
On a changé de ministre. C'est le député
d'Abitibi-Ouest, je pense, qui est devenu ministre de la Fonction publique. Je
lui ai posé une question en Chambre. Pour lui aussi, c'était une
question de temps et cela prenait encore moins de temps que l'autre. On a
parlé en arrière du trône tous les deux et il m'a dit: II y
a certaines contraintes. Il m'a donné les genres de contraintes qu'il y
avait. Il a dit: Cela devrait, en principe, se régler. Il m'a dit cela
en arrière. On a changé de gouvernement et, depuis ce temps, on a
un autre ministre de la Fonction publique. C'est un projet de loi qui aurait
dû être déposé au mois de décembre. J'avais
posé la question ici, en vertu de l'article 34. C'est tout
vérifiable. On va être rendu bientôt au mois de
décembre de l'autre année. On a changé de ministre de la
Fonction publique et on ne parle même pas du fonds de retraite des
exreligieux et des religieux, chose qui leur est tout simplement due, qui
serait normale.
M. le Président, comme gouvernement, quand on était
là, en 1976, on avait commencé à travailler, et on n'avait
pas été rapide nous autres non plus, du cas... Oui, je le dis. On
avait commencé à travailler là-dessus et cela aurait
dû être beaucoup plus rapide que ça l'a été.
Là-dessus, on n'a pas été vigilant. Le cas des
employés de... Oui, nous autres, on a le courage de le dire. On ne pense
pas que le Québec est venu au monde autour de notre nombril, comme c'est
le cas pour certains d'entre vous. M. le Président, on avait
commencé à travailler sur ce qu'on appelle les employés
des compagnies nationalisées, Hydro-Québec, Shawinigan Water and
Power et tout cela, des gens qui avaient une maigre pitance qui n'avait pas
été ajustée, rien de cela, qui demandait à
être ajustée. On avait commencé à travailler. Le
député de Trois-Rivières, par la suite, celui qui
revalorise le rôle des députés, M. Vaugeois, a
travaillé à cela lui aussi. Il s'est prononcé
là-dessus. On a fait des promesses depuis ce temps. Cela fait cinq ans
que ce gouvernement est au pouvoir et il n'y a rien eu de
réajusté. Ce sont encore des choses importantes à
réajuster, M. le Président, et cela touche très peu de
gens, si on veut être juste. Cela touche très peu de gens. C'est
un gouvernement - M. le Président, vous le connaissez bien mieux que moi
- comme je l'ai déjà dit, d'emballage. Il faut que cela rapporte
quand cela fait quelque chose. Comme cela touche très peu de gens, les
exreligieux et les religieux, comme cela touche très peu de gens, les
compagnies nationalisées d'Hydro-Québec, cela ne vaut pas la
peine qu'on s'occupe de cette... Je ne le dirai pas, je voulais mettre un
adjectif avant, M. le député de Joliette... (12 h 401
Une voix: Faites attention à vos paroles!
M. Picotte: ... cette catégorie de citoyens, parce que
c'est une quantité négligeable. Cela ne peut pas changer le vote
dans un comté, et ça ne peut défaire un gouvernement, donc
c'est une quantité négligeable. Essayons donc de ne pas se faire
avoir en faisant de la propagande, comme vous l'avez fait souvent, et laissez
les qens que vous dirigez se faire avoir à même leur fonds de
retraite et laissez les handicapés visuels pour compte. C'est ainsi et
il faut le dire.
M. le Président, j'avais tout cela à dire et j'en aurais
encore à dire. Des promesses électorales ont été
faites dans mon comté...
Une voix: Vous n'aurez pas le consentement.
M. Picotte: Non, je sais que vous ne consentirez pas parce que
j'étais en train de vous convaincre, M. le député de
Joliette. Vous serez un de ceux qui viendront griller une cigarette en
arrière tantôt et vous allez me dire quelques petits mots qui
feront notre affaire et on va se rejoindre sur bien des points de vue. Mais
ça restera en arrière du fauteuil du président, n'ayez
crainte.
M. le Président, je termine en disant que si les promesses
électorales qui ont été faites dans mon comté au
sujet de foyers pour personnes âgées à
Saint-Alexis-des-Monts... On a même proposé, à
Saint-Alexis-des-Monts, de faire un jardin zoologique à même la
nature. On diminue le nombre d'employés dans la réserve de
Mastigouche, on donne moins de service et on leur a dit: On va essayer de faire
un zoo dans la municipalité. Ce sont des promesses qui ne se
réaliseront pas et ce sont des promesses quelque peu imbéciles.
Les promesses pour des foyers de personnes âgées, pour des HLM,
j'espère qu'elles seront réalisées d'ici deux ans parce
que je crois qu'elles ont dû être faites par des gens responsables.
Je vous remercie, je remercie cette Chambre de m'avoir accordé sa
tolérance et j'ose espérer que ce gouvernement coupera aux
endroits où il doit couper et qu'il évitera les compressions
budgétaires pour les démunis afin de leur permettre de continuer
à vivre.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: Merci, M. le Président. Daniel Johnson
disait: Quand je me regarde, je me désole, mais, quand je me compare, je
me console. C'est exactement la réaction que j'ai après avoir
entendu le député de Maskinongé. Et dire que le
député de Maskinongé est un ex-directeur d'école,
pardessus le marché!
M. le Président, je voudrais d'abord offrir mes
félicitations à la population de l'une des municipalités
de Bellechasse qui fête cette année ses 75 ans de fondation. Il
s'agit de Sainte-Sabine, dont le maire est M. Rémi Lantagne. C'est avec
joie, mais aussi avec une certaine émotion que je prends la parole
aujourd'hui, pour la première fois dans cette Assemblée, comme
député de ce beau comté de Bellechasse-Dorchester. Avoir
été choisi pour représenter cette fière population
de Bellechasse constitue pour moi un grand honneur, mais surtout un
privilège dont j'entends bien me montrer digne. Je tiens à
profiter de l'occasion pour remercier chaleureusement tous ceux et celles qui
m'ont accordé leur confiance. Ils étaient
précisément 9194. D'une façon toute particulière,
je désire remercier tous les militants du Parti québécois
de Bellechasse qui ont travaillé avec ardeur et enthousiasme, souvent
depuis plusieurs années, pour rendre cette victoire possible.
D'une façon bien spéciale, aussi, je désire rendre
hommage à mes ex-collègues les maires qui m'ont accordé
leur appui le 13 avril. Avec eux, j'ai oeuvré pendant sept ans et demi
sur la scène municipale comme maire de ma paroisse natale,
Saint-Nazaire, et aussi comme préfet du comté de Dorchester pour
une durée d'un an et demi jusqu'au moment de devenir
député de Bellechasse. Inutile de vous dire que pendant ce mandat
qui débute, j'ai l'intention de ne ménager aucun effort pour me
montrer digne de la confiance qui m'a été accordée. Cette
responsabilité de député, j'entends bien l'assumer dans
l'intérêt de l'ensemble de la population du comté, et cela
indépendamment de toute partisanerie politique.
M. le Président, le changement qui est survenu au niveau de la
représentation politique du comté de Bellechasse n'est pas
l'effet du hasard. Ce résultat dénote un besoin, une
volonté d'action positive dans une large partie de la population du
comté. Bellechasse est un comté où il y a des
problèmes, beaucoup de problèmes. Des problèmes qui se
sont accumulés au fil des ans. Et même si le centre du
comté est situé à seulement une heure de route de la ville
de Québec, Bellechasse s'est développé et comporté
comme un comté économiquement défavorisé, au
même titre d'ailleurs que certains autres comtés de
l'arrière-pays.
M. le Président, je me fais souvent demander où est
situé le comté de Bellechasse. Le comté que je
représente est pourtant bien facile à localiser. Sans trop le
savoir les gens qui empruntent la route 20 et qui désirent se rendre
dans le Bas-du-Fleuve ou encore en Gaspésie traversent le comté
de Bellechasse dans le sens de la largeur, précisément dans les
belles municipalités de Beaumont, Saint-Michel et Saint-Vallier. Pour
plus de précision, on peut dire que Bellechasse est situé sur la
rive sud, juste en face de l'île d'Orléans, et qu'il
s'étend dans le sens de la longueur sur une distance d'à peu
près 80 kilomètres à partir du fleuve Saint-Laurent
jusqu'à la frontière américaine dans les
municipalités de Saint-Camille, Saint-Cyprien et Saint-Louis. À
l'est, le comté de Bellechasse touche au comté de
Montmagny-L'Islet et, du côté ouest, il longe trois autres
comtés: Lévis, Beauce-Nord et Beauce-Sud. Environ 40 000
personnes vivent sur ce vaste territoire qui est très diversifié
et qui se compose de pas moins de 34 municipalités.
De quoi les gens de Bellechasse vivent-ils? Ils vivent essentiellement
de trois secteurs principaux. D'abord de l'agriculture, surtout prospère
dans la partie nord du comté, en particulier l'industrie
laitière; ensuite, de la petite et moyenne entreprise principalement
concentrée dans trois municipalités dynamiques, soit
Sainte-Claire, Saint-Anselme et Saint-Damien et, enfin, ils vivent aussi de la
forêt, principalement dans la partie sud du comté, dans le coin
qui touche la frontière du Maine.
M. le Président, l'agriculture, de marginale qu'elle était
il y a quelques années, est devenue aujourd'hui une activité
économique très importante dans le comté de Bellechasse.
Elle s'est transformée sur une base plus spécialisée, mais
ces efforts de reconversion, qui passent par l'élevage hors sol, ont
aussi occasionné de sérieux problèmes, surtout en ce qui
concerne l'élevage du porc qui, malheureusement, comme tout le monde le
sait, traverse une période très difficile depuis plus d'un an.
Comme dans tous le comtés ruraux du Québec, les producteurs
agricoles de Bellechasse sont moins nombreux qu'ils ne l'ont déjà
été. Cependant, les sommes considérables qu'ils doivent
investir dans leur entreprise en font de véritables industriels et ces
industriels, on peut dire qu'ils contribuent au développement
économique de notre milieu de façon très perceptible.
C'est pour cela, M. le Président, que je suis très heureux
que notre parti ait pris des engagements pour favoriser la relève
agricole. Je pense, en particulier, à l'engagement de permettre, pour la
relève agricole, un prêt sans intérêt de 50 000 $.
(12 h 50)
Quant à la petite et moyenne
entreprise, M. le Président, elle a une influence très
importante dans le comté. Je suis heureux de constater que, parmi les
petites et moyennes entreprises les plus prospères au Québec, il
y en a un certain nombre dans Bellechasse. Je voyais dernièrement un
inventaire de ces entreprises de l'Est du Québec en particulier et, sur
les 236 plus importantes en termes d'employés, eh bien, il y en a 6 qui
sont localisées dans les 28 premières dans le comté que je
représente; la plus importante c'est Prévost Car,
spécialisée dans la fabrication d'autocars de luxe, avec environ
460 emplois à Sainte-Claire.
Il n'en demeure pas moins que présentement les petites et
moyennes entreprises doivent subir des taux d'intérêt qui
constituent une menace sérieuse pour leur développement. Je
souhaite, M. le Président, que notre gouvernement mette au service des
petites et moyennes entreprises toute l'aide qui leur permettra de se maintenir
et de progresser davantage pour créer des emplois de plus en plus
nombreux. Nous en avons tellement besoin, surtout à l'heure actuelle,
avec les nombreux jeunes qui arrivent sur le marché du travail.
Pour ce qui est du secteur forestier, la principale difficulté
actuelle réside dans l'écoulement des stocks de bois qui sont
gravement affectés par la tordeuse des bourgeons. Dans ce domaine, il y
a un sérieux danger que des quantités énormes de bois
pourrissent dans la forêt faute de trouver preneur à court terme.
Pas plus tard que mardi dernier, je recevais, ici-même, à mon
bureau au parlement, le président du Groupement forestier de Dorchester,
qui me faisait part des problèmes sérieux de son organisme dans
ce domaine. Devant tous ces problèmes qui confrontent les
différents secteurs d'activité du comté de Bellechasse, il
est évident qu'il n'y a pas de miracle, mais je pense qu'on ne doit pas
non plus rester indifférent. Quant à moi, j'entends favoriser et
épauler toutes les actions visant à promouvoir les politiques
d'autosuffisance parce que j'y crois, contrairement à certains individus
de l'autre côté de cette Chambre. L'autosuffisance, d'abord dans
le domaine agricole, et cela pourrait se faire, par exemple, par la
valorisation de zones agricoles marginales du comté de Bellechasse et en
diversifiant certaines productions comme le boeuf, le mouton, le lapin et
autres.
Je veux également promouvoir les politiques d'autosuffisance
énergétique par la valorisation des forêts du comté
et en particulier par la production de méthanol dont la première
usine sera construite à Saint-Juste dans le comté voisin de
Montmagny-L'Islet à seulement cinq milles de la frontière de
Bellechasse.
Il y aurait lieu aussi - j'en ai fait personnellement un engagement
électoral -de développer le potentiel touristique extraordinaire
du comté de Bellechasse-Dorchester et ceci en rendant accessible
à notre région le programme du crédit touristique. Je sais
pertinemment que plusieurs promoteurs privés attendent que cela se
produise pour investir dans des projets précis de développement
touristique et en particulier dans une région très belle de mon
comté, la région du Lac-Etchemin, que je souhaite devenir aussi
une station touristique nationale.
M. le Président, je sais bien que les contraintes
budgétaires actuelles ne nous rendent pas la vie facile et ne nous
favorisent guère. Cependant, comme député de Bellechasse,
j'entends promouvoir tout ce qui peut améliorer les conditions de vie
des citoyens de notre comté et cela passe par l'établissement
d'un deuxième CLSC dans le comté qui serait situé dans la
partie nord. Il y en a déjà un, dont j'ai eu le plaisir
d'être le président du conseil d'administration, dans la partie
sud, précisément au Lac-Etchemin, et qui fonctionne bien. Il a
une bonne réputation et il fonctionne bien. Il nous en faudrait un
autre; les besoins sont là.
Cela passe aussi, M. le Président, par la mise en place d'un
programme, le plus rapidement possible, pour la dépollution des cours
d'eau, en particulier, de la rivière Etchemin et de la rivière
Boyer où il y a de graves problèmes de pollution animale,
industrielle et municipale.
Évidemment, vous seriez surpris, M. le Président, si je ne
vous avais pas parlé des besoins immenses que nous avons dans notre
comté, comme dans Beauce-Sud et dans d'autres comtés, en ce qui
concerne l'amélioration du réseau routier. Cela mérite que
je m'y attarde un peu. Le comté de Bellechasse compte pas moins de 1500
milles de route mais, malheureusement, il y en a seulement 300 ou 400 qui sont
asphaltés. C'est donc dire que dans notre comté on connaît
ça manger de la poussière. Dans Bellechasse, les gens ont pris
l'habitude de dire qu'on roule sur les os à Duplessis.
Évidemment, on veut dire par là que la niveleuse a de la
difficulté à trouver le gravier nécessaire pour niveler la
route convenablement; elle doit fouiller parmi les roches, parmi les
cailloux.
Au rythme actuel, c'est sur une période d'environ cent ans, un
siècle - il est bien évident que cela va faire longtemps qu'on ne
sera plus de ce monde - qu'il faut compter avant de voir toutes les routes en
asphalte. Avec l'argent d'aujourd'hui, cela voudrait dire 200 000 000 $; c'est
vous dire les besoins que nous avons chez nous. Il y a beaucoup de rattrapage
à faire. Personnellement, j'espère qu'on verra des gestes
sérieux posés dans cette direction le plus rapidement
possible.
Comme nouveau député, depuis le début de la
session, j'ai pu observer que dans leurs interventions, plusieurs
députés de l'autre côté de cette Chambre ont
parlé du drapeau du Québec. Je me souviens d'avoir entendu le
député de Jeanne-Mance et le député de
Vaudreuil-Soulanges. Le député de Vaudreuil-Soulanges disait que
le drapeau fleurdelisé appartient à tous les
Québécois. Personnellement, je n'ai rien contre ça, je
suis bien d'accord, mais toujours faut-il que ce soit sincère. J'estime
que nul ne peut servir deux maîtres: on aimera l'un et on
détestera l'autre. Je me pose une question. Quand on dit qu'on veut que
le drapeau soit a tout le monde, je suis bien d'accord, mais pourquoi alors
sentir le besoin, de l'autre côté de cette Chambre, d'utiliser le
drapeau canadien lors de l'assermentation des députés
libéraux au salon rouge à la fin du mois d'avril? Il était
bien en vue, bien posté.
Je voudrais simplement rappeler à mes amis de l'autre
côté de cette Chambre qu'ils se sont peut-être
trompés de Parlement. C'est peut-être à Ottawa qu'ils
pensaient se rendre, mais ici, on est à l'Assemblée nationale du
Québec et je pense qu'on ne doit pas du tout être
gêné du drapeau du Québec. Au contraire. J'ai entendu
l'appel lancé par le député de Jeanne-Mance qui disait
qu'il espérait que les collègues libéraux portent le
drapeau du Québec. J'ai observé souvent depuis ce temps, et
malheureusement son appel n'a pas été très bien
reçu, M. le Président, puisqu'il n'y en a pas beaucoup qui le
portent. Il y a d'heureuses exceptions, mais trop peu nombreuses.
Souvent, M. le Président, on entend les députés de
l'Opposition dire qu'eux aussi sont Québécois. Encore là,
je n'ai rien contre cela. Cela me fait plaisir. Seulement, de ce
côté-ci de la Chambre, on n'a pas besoin de dire qu'on est
Québécois. Les gens le savent. Ils le savent fort bien. La
population le sent. Elle sait qu'on travaille dans son intérêt.
Elle le sait si bien, M. le Président, qu'elle n'a pas couru de risques
le 13 avril dernier en élisant l'équipe dirigée par M.
Lévesque. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, je demanderais la suspension
du débat jusqu'à 15 heures, si c'est possible.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 08)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Assoyez-vous.
Reprise du débat sur la motion de M. Parizeau proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
La parole est au député de Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais soulever une question de
privilège, s'il vous plaît? Je voudrais profiter de la
première occasion qui m'est fournie pour remercier, au nom des
députés ministériels, M. le député de
Beauce-Sud pour des petits pots qu'on a reçus à nos bureaux.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
J'accepte votre question de privilège et je fais miens vos
remerciements.
Une voix: Des pots-de-vin!
M. Chevrette: Vous le savez? Si M. le député ne le
sait pas, c'est encore pire, par exemple, parce qu'on a reçu à
nos bureaux de petits flacons de sirop d'érable de la Beauce. Je l'en
remercie.
M. Mathieu: Prenez garde, ils sont piégés.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger, à vous la parole. À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, on me permettra, d'abord,
d'exprimer ouvertement la fierté que j'éprouve à
siéger en cette Assemblée. En me procurant l'honneur de les
représenter ici, les électeurs du comté de Viger m'ont
confié une lourde responsabilité, celle de prendre une part
active et constante à l'édification de leur mieux-être
collectif. Une fois de plus, je veux les remercier du fond du coeur, tout en
les assurant de ma plus sincère disponibilité. Le comté de
Viger compte au nombre des douze nouveaux comtés qui ont vu le jour peu
de temps avant les élections. C'est un comté composé de
Québécois fiers et heureux qui n'ont pas honte de prononcer le
mot Canada. C'est un comté à l'image du Québec urbain
d'aujourd'hui, où les professionnels et les commerçants croisent
quotidiennement les employés manuels et les travailleurs de la
construction. Tous cherchent à développer autour d'eux un
véritable climat communautaire.
C'est aussi un comté où fraternisent des
Québécois de diverses origines. Les données
démographiques démontrent que 19% des électeurs de Viger
proviennent de souche italienne, c'est-à-dire 7000 électeurs
sur
38 000 . C'est donc dire que les Québécois d'origine, en
plus grand nombre encore que les Italo-Canadiens, ont fait confiance au Parti
libéral dans le comté de Viger. Mon mandat provient de toute la
population, des cols bleus comme des cols blancs, des Québécois
d'origine comme des Québécois d'adoption. Mon mandat, c'est
à l'endroit de tous ces gens sans distinction que je me dois de le
réaliser.
Si tous ces électeurs ont manifesté leur confiance au
Parti libéral, c'est qu'ils ont vu clair dans cette stratégie du
marketing du Parti québécois qui a mis son option
constitutionnelle en veilleuse durant la campagne électorale pour mieux
la placer en évidence par la suite. Les électeurs de Viger n'ont
pas mordu à l'hameçon et les faits sont en train de leur donner
raison. Dans le journal La Presse du 29 mai, on pouvait lire une
déclaration du député de Rosemont selon laquelle le
thème du prochain congrès du Parti québécois, au
mois de décembre, portera sur l'accession à la
souveraineté. Déjà, au Parti québécois, on
cherche des moyens de faire croire à la population que
l'éventuelle élection sur le thème de la
souveraineté n'aura pas le même effet qu'un
référendum tout court. Au rythme où vont les choses, le
Parti québécois aura amorcé, d'ici la fin de
l'année, un virage complet sur sa raison d'être fondamentale.
Nous allons surveiller de près ce parti et ce gouvernement afin
qu'il ne confonde pas trop vite ses intérêts partisans et ceux des
Québécois dans leur ensemble. Au cours de son premier mandat, ce
gouvernement a développé une certaine dextérité
dans l'art de construire des ponts de glace là où ça
faisait son affaire. Je me demande aujourd'hui si ce n'est pas à nouveau
ce que tente de faire la ministre de la Fonction publique par son récent
projet de loi visant à accorder aux groupes minoritaires une place plus
grande dans l'appareil administratif du gouvernement. Je veux bien qu'on amende
la loi dans le sens des intérêts de tout le monde, mais rien ne
nous assure, à ce moment-ci, qu'une fois de plus, il n'y aura pas loin
de la coupe aux lèvres.
On ne peut pas passer sous silence le fait que les communautés
ethniques n'aient droit qu'à 1% des emplois dans les secteurs public et
parapublic, alors qu'elles représentent 9% de la population totale. Il y
a là une injustice sociale que le gouvernement a trop tardé
à corriger, lui qui se targue de son étiquette
sociale-démocrate. Ce que les Québécois des
communautés culturelles attendent du gouvernement ne diffère en
rien de ce qu'attendent de lui les jeunes arrivant sur le marché du
travail ou encore les chômeurs trop nombreux qui viennent à nos
bureaux de comté. Ce que l'on attend partout au Québec, ce sont
des emplois dignes de ce nom, pas uniquement des emplois temporaires et
à temps partiel, comme le gouvernement s'est spécialisé
à en créer ces dernières années, mais des emplois
qui, en plus d'assurer la sécurité matérielle de
l'individu, vont lui procurer l'avancement professionnel indispensable à
sa pleine intégration dans notre société. Il y a un grave
danger contre lequel le gouvernement doit être mis en garde, c'est celui
d'alimenter par de simples emplois de dépannage la désillusion,
le découragement et le cynisme chez les jeunes. Comment un jeune peut-il
avoir confiance dans une société qui lui demande de s'asseoir
à l'école pendant plusieurs années sans lui offrir, par la
suite, de quoi compléter son apprentissage dans la vie?
À cet égard, on a des signes très
inquiétants de chômage chez les jeunes. M. le Président, il
y avait au Québec en avril dernier 118 000 chômeurs de moins de 25
ans, soit un taux de chômage de 16,3%. De ce nombre, la moitié
était sans emploi depuis plus de quatorze semaines. Ceci n'indique
cependant qu'une partie de la vérité. Toujours en avril 1981, 128
000 autres jeunes Québécois ont déclaré qu'ils
n'étaient pas présentement à la recherche d'un emploi
puisque ayant cherché en vain, ils avaient décidé de faire
autre chose ou d'attendre patiemment des jours meilleurs. À ce rythme,
c'est toute une génération qui s'effondre dans l'engrenage de la
misère et de la frustration.
À ce titre, il faut retenir deux mesures péquistes
particulièrement dommageables à l'emploi chez les jeunes. Le
règlement de placement dans la construction qui empêche, à
toutes fins utiles, les jeunes d'accumuler le nombre d'heures de travail qui
leur permettrait une certaine sécurité d'emploi. Ce rationnement
de l'emploi dans la construction se fait essentiellement sentir au
détriment des jeunes.
L'annonce faite durant la campagne électorale d'un "boni de
chômage" applicable aux diplômés d'études secondaires
à la recherche d'un emploi. En effet, ceux-ci devront être
chômeurs six mois avant qu'on puisse offrir 3000 $ de boni à leur
employeur pour leur embauche. Alors aux jeunes qui cherchent un emploi les
employeurs diront: Reste chez toi comme chômeur et reviens me voir quand
tu auras complété six mois de chômage, car alors tu vaudras
3000 $ de plus pour moi. Comme l'employeur n'a pas à le garder plus d'un
an complet pour obtenir le boni, il pourra le mettre à pied pour le
remplacer à nouveau par un autre jeune "chômeur à
boni."
Dernièrement, le ministre des Finances nous a
déclaré qu'on peut appeller des taxes régressives, celles
qui frappent toujours les pauvres plus que les riches. Par exemple,
l'imposition possible d'un ticket modérateur pour des services
gouvernementaux
présentement gratuits, comme les services de santé, la
régie des loyers, etc. La taxe sur l'essence, qui grimpera
automatiquement avec chaque hausse du prix du pétrole, puisqu'elle
exprime un pourcentage du prix au détail. Les hausses de tarifs
d'Hydro-Québec et l'imposition de redevances à celle-ci. Cette
dernière devra certainement passer la note aux usagers, donc les hausses
de tarifs devront être très supérieures à celles de
10% ou 12% que nous avons connues jusqu'à présent.
M. le Président, les jeunes veulent travailler, ils ne
répugnent pas à travailler, mais ils ne sont pas dupes. Ils
voient bien qu'on leur laisse, plus souvent qu'autrement, les emplois de
mauvaise qualité.
Où donc le ministre des Finances avait-il la tête lorsqu'il
a rédigé son budget? Comment a-t-il pu ignorer à ce point
la réalité du chômage chez les jeunes? Le ministre ne
manque toujours pas d'études sur le sujet. M. Pierre Fortin, un
économiste que nos amis d'en face consultent souvent, le soulignait en
toutes lettres dans une récente entrevue que je cite: "Lorsque le
chômage augmente, il augmente trois fois plus vite chez les jeunes que
chez les adultes. C'est qu'ils ont de la difficulté à se trouver
un emploi qu'on leur permet de garder ou qui vaut la peine d'être
gardé."
Voilà où nous conduit un gouvernement qui se
préoccupe davantage de bien paraître que de bien faire. Tôt
ou tard, il faudra bien payer le prix d'une telle insouciance, M. le
Président; tôt ou tard, le ministre des Finances devra cesser de
jouer au magicien et admettre qu'il s'intéresse davantage au plan de
carrière du Parti québécois qu'à celui des jeunes
en quête de travail.
Nous, du côté libéral, nous avons peut-être
perdu la manche du 13 avril, mais que nos amis d'en face se disent bien une
chose! le libéralisme n'a pas encore baissé pavillon au
Québec. Les Québécois n'ont pas perdu en une seule
journée d'élection le sens des réalités
économiques; ils n'ont pas cessé de croire dans les règles
fondamentales de l'économie. (15 h 20)
II n'y a pas de magie là-dedans. Seuls la vigueur et le dynamisme
de l'économie peuvent engendrer la diversité des services sociaux
et le progrès véritable de la culture. C'est sur une
économie forte que ces choses-là se construisent, pas sur des
mirages. Le gouvernement est, d'ailleurs, en train de réaliser ce qu'il
en coûte de procéder à l'inverse. Au terme d'un premier
mandat au cours duquel il a laissé des centaines d'entreprises
déménager ou s'éteindre d'elles-mêmes, il se rend
compte que les fonds de l'État ne suffisent plus à assurer les
services de santé et les services sociaux parmi les plus
élémentaires. On pourra toujours dire qu'il y avait des abus dans
la consommation des services offerts par tout le réseau des affaires
sociales. On pourra toujours dire que les modes administratifs des commissions
scolaires étaient devenus trop poreux. De telles raisons sont commodes
pour le gouvernement. Elles lui procurent une façade, mais,
derrière cette façade, ce qu'il y a, c'est l'échec de sa
politique économique.
Le pire, c'est qu'on ne voit pas très bien dans ce budget ce qui
va permettre de ramener les choses. Au contraire, ce que l'on voit
derrière ces coupures budgétaires, ce sont des employés de
l'hôpital Santa Cabrini ou de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont qui
risqueront de perdre leur emploi. Ce sont les malades du comté de Viger
et d'ailleurs dans le nord-est de l'île de Montréal qui attendront
quelques heures de plus à la salle d'urgence. Ce sont aussi des
personnes âgées qui endureront leur malheur en silence en
attendant que le gouvernement trouve les fonds nécessaires à
l'établissement d'un programme cohérent à domicile. Ce
sont, encore une fois, des jeunes qui se destinaient à
différentes techniques médicales ou paramédicales qui
viendront gonfler le nombre de chômeurs.
Tout cela, c'est le résultat de quelques années seulement
de régime social-démocrate. C'est le bilan d'un gouvernement pour
qui l'économie est un citron que l'on peut presser à
satiété après l'avoir malmené vilement. C'est le
bilan d'un gouvernement qui, tant du point de vue social qu'économique,
s'est employé à mettre la charrue devant les boeufs et qui, si
l'on regarde ce budget, s'apprête à continuer dans la même
veine.
La social-démocratie est un terme relativement nouveau, donc
encore à la mode au Québec, mais c'est une façon
éphémère de gouverner qui fait passer le social au premier
rang sans se soucier de la capacité de l'économie et d'en assumer
les nouvelles charges. C'est une façon de voir les choses qui, somme
toute, ne reconnaît pas la valeur réelle du travail et de
l'argent. Tout ce qui peut en résulter, c'est du court terme, du
dépannage, du tape-à-l'oeil. Rien de solide sinon la
publicité à outrance qui sert si bien à masquer les vraies
réalités. Rien de permanent, sinon le déficit et
l'endettement auxquels le ministre des Finances est en train de nous habituer
d'année en année. Si je suis engagé dans le Parti
libéral, c'est parce que je crois à la nécessité
d'avoir de l'argent avant d'en dépenser. C'est parce que je crois
à la nécessité d'une économie forte pour supporter
la gamme des mesures sociales. Le premier ministre aura beau dire ce qu'il
voudra, en 1981, libéralisme n'est pas synonyme de laisser-faire. Le
gouvernement se doit d'intervenir dans une foule de volets de l'activité
humaine. La sagesse d'un bon gouvernement réside toujours dans sa
capacité à mesurer l'impact
de ses interventions.
Tout au long du mandat que m'ont confié les électeurs du
comté de Viger, je m'empresserai, de concert avec tous mes
collègues de ce côté-ci de la Chambre, d'exercer la
vigilance nécessaire pour que ce gouvernement dirige le Québec
dans la bonne direction, celle du progrès économique durable et
celle d'une compréhension accrue entre les différentes couches
socioculturelles. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Jacques Le Blanc
M. Le Blanc: M. le Président, comme tous mes
collègues qui, pour la première fois, prennent la parole à
l'Assemblée nationale, je dois m'acquitter d'une tâche fort
agréable que la reconnaissance la plus élémentaire me
commande de faire, celle de témoigner ma profonde gratitude à
toutes les femmes et à tous les hommes de Montmagny-L'Islet qui m'ont
accordé leur appui le 13 avril dernier. Cette marque de confiance, je la
partage toutefois et sans restrictions avec tous les membres de l'équipe
dont j'ai l'insigne honneur de faire partie, y compris son chef, M. René
Lévesque.
Je rends hommage ici à cette formidable organisation
composée de courageux pionniers de la première heure jusqu'aux
tout nouveaux militants qui, tous ensemble, ont réussi à
remporter cette victoire relativement mince en termes de majorité, mais
sans contredit très éclatante si on considère que, pour
l'obtenir, il a fallu conquérir 5000 nouveaux votes en faveur du Parti
québécois. C'est avec fierté, bien sûr, mais aussi
avec réalisme et une certaine dose d'appréhension que j'assume la
responsabilité de représenter le plus efficacement possible toute
la population de Montmagny-L'Islet, conscient que la tâche est lourde,
non seulement à cause de sa superficie relativement vaste, mais surtout
à cause des besoins qui y sont réellement présents. Les
aspects géographiques et topographiques de ma circonscription
présentent autant de variantes que son économie. Ce territoire
s'étend de la frontière du Maine, dans la forêt des
Appalaches, au sud, jusqu'à la rive du Saint-Laurent, dans les plaines
agricoles de ses limites nord. On y passe de l'industrie surtout
forestière dans la zone sud à une agriculture de plus en plus
industrialisée dans le secteur nord. L'industrie touristique au
potentiel considérable, mais actuellement inexploitée de
façon rentable est concentrée tout au long du Saint-Laurent, de
Berthier sur mer à Saint-Jean-Port-Joli, surnommée avec justesse
la capitale de l'artisanat. La ville de Montmagny, qui est la principale ville
de mon comté par sa production industrielle dans le textile, les
appareils ménagers, le meuble, etc., est la principale ville de services
et mérite à juste titre d'être désignée la
capitale de la Côte-du-Sud.
Je fais ici, M. le Président, une courte parenthèse
habitué que je suis à l'étendue immense de mon
comté. Étant habitué à de si grands espaces, je
trouve plutôt étroit et difficile d'accès l'espace qui nous
est dévolu à mes compagnons et à moi dans cette
rangée de fauteuils. Je me permets de formuler le souhait suivant: Avant
de procéder au découpage de nouvelles circonscriptions, il
faudrait penser à agrandir ce qu'on appelle le salon de la race car la
race, M. le Président, commence à se piler un peu beaucoup sur
les pieds.
Sur un ton plus sérieux, je voudrais signaler, en revenant aux
besoins les plus impérieux de mon comté, les actions à
accomplir dans les divers secteurs de notre économie. D'abord donner
suite au sommet économique de Montmagny qui s'est déroulé
il y a quelques mois et qui a connu un franc succès, qui a ouvert aussi
des perspectives intéressantes pour la promotion et le
développement, non seulement de la ville de Montmagny, mais de toutes
les localités de mon comté. On a alors lancé des projets
comme SODEQ, l'ATR de la CÔte-du-Sud et beaucoup d'autres projets. On y a
reconnu l'urgence d'apporter une amélioration aux réseaux
routiers secondaires. On a signalé également la
nécessité de rechercher des utilisations pratiques aux
déchets forestiers et aux résidus de nos scieries, de même
que l'importance d'un programme intensif d'aménagement forestier. La
régionalisation du Conseil économique de Montmagny, qui a pour
effet d'étendre son action à tout le comté, pourra
susciter et encourager des initiatives nouvelles, aider à la
consolidation des entreprises existantes et fournir l'information et les
conseils à tous ceux dont l'action contribue à fournir de
l'emploi et à activer le développement économique. (15 h
30)
Dans ce tableau qui présente une partie des défis à
relever, je n'ai pas posé au faiseur de miracles, loin de la. Quelqu'un
a déjà donné avant moi cette définition très
simple que la politique est l'art du possible. Avec autant de simplicité
et de sincérité, j'ajouterais que je ferai tout mon possible pour
réaliser ce possible, dans le meilleur intérêt de mon
comté et des gens qui y vivent. Cette population que je suis fier de
représenter déploie beaucoup d'efforts pour promouvoir le
développement de son industrie, la promotion de ses attraits et
ressources touristiques, l'exploitation plus rationnelle de ses forêts,
sa principale ressource naturelle. Cette population mérite,
M. le Président, de recevoir l'appui et l'aide financière
nécessaire à la réalisation de ses projets dans le cadre
des mesures prévues à ces fins. Je suis heureux de constater que
certains dossiers qui ont fait l'objet d'études sérieuses,
d'implications locales importantes, extrêmement utiles, parviennent
parfois à bonne fin.
Je voudrais signaler dans cette veine, M. le Président, le projet
d'implantation dans le secteur sud de ma circonscription, plus
précisément à Saint-Juste, d'une usine pilote
conçue pour la fabrication de méthanol. Cette usine laboratoire
utilisera comme matières premières la biomasse forestière
et plus spécifiquement, dans ses débuts surtout, les
résidus des scieries de cette région, et ces résidus sont
abondants. Cette industrie innovatrice sera sûrement, pour le
génie québécois, l'occasion de développer une
technologie nouvelle pour exploiter et produire en volume industriel cette
nouvelle source d'énergie.
Si l'on veut un court instant se représenter l'image de la
très large superficie de notre potentiel forestier et,
proportionnellement, ce qui s'y gaspille, autant en forêt que dans nos
scieries ou usines de transformation, on peut entretenir l'ambition
légitime et réaliste d'acquérir dans ce domaine, comme
nous l'avons fait dans celui de l'hydroélectricité, la
connaissance technologique de pointe qui nous permettra de contribuer à
notre autosuffisance énergétique dans les années à
venir.
La société Nouveler, maître d'oeuvre de ce projet,
tout en créant de nouveaux emplois, a pour objectif de perfectionner les
procédés de fabrication du méthanol pour assurer une
meilleure rentabilité, d'abord, de cette usine et, en
conséquence, des autres qui suivront. Il est raisonnable de penser
également à l'exportation ailleurs dans le monde de notre
technologie dans ce domaine lorsque toutes les étapes nécessaires
auront été franchies.
Comme plusieurs de ceux qui, comme moi, ont occupé un fauteuil
dans cette Assemblée lors d'une première session, j'ai beaucoup
observé. Même si je ne crois pas que l'homme doit obligatoirement
être un loup pour l'homme dans ses échanges ici. Je trouve
très sensées les paroles de celui qui a dit qu'une certaine dose
d'opposition est parfois nécessaire, le cerf-volant ne se levant pas
avec le vent, mais contre lui. Cependant, dans le contexte politique
plutôt inquiétant que nous vivons présentement, il devient
primordial que l'union de toutes les forces politiques du Québec se
concrétise plus particulièrement dans ce Parlement pour contrer
l'attaque sournoise et dangereuse que subit le Québec
présentement, soit l'offensive inqualifiable menée contre nos
droits souverains, spécialement en éducation, dans le tristement
célèbre plan Trudeau, cette manoeuvre douteuse, initiée
sans mandat par ceux qui nous reprochent de ne plus croire au
fédéralisme, mais qui travaillent, par leurs gestes, à sa
destruction.
Je fais référence ici à une conférence
prononcée récemment par M. Gilles Rémillard qui disait, en
parlant de ce qu'il s'imposait de faire vis-à-vis du
fédéralisme canadien: "Cependant, pour ce faire, une
réforme constitutionnelle complète s'impose dans le sens d'un
compromis capable de satisfaire la spécificité du Québec.
Dans le cas où une telle réforme s'avérerait impossible,
il n'est pas dit que le 20 mai 1980 n'aura pas été le premier pas
du Québec vers son indépendance."
Devant cette situation qui menace de s'aggraver au lieu de se
résorber, le Québec ne pourra certainement pas toujours refuser
de choisir les meilleurs moyens de reconnaître, de protéger et de
garantir sa spécificité propre. Autant je demeure
profondément convaincu de la nécessité de respecter le
système démocratique dans lequel nous vivons, autant je suis
convaincu que ces meilleurs moyens sont ceux contenus dans l'objectif de notre
parti. J'entendais, il y a quelques semaines, à une réunion
d'anciens élèves de mon alma mater, un éminent psychiatre
et conférencier énoncer avec humour, il va sans dire, la
règle suivante: Plutôt que d'avoir une montre et qu'elle ne marche
pas, mieux vaut ne pas en avoir et qu'elle marche. Faites le rapprochement avec
notre fédéralisme déréglé. Il faudra que
nous soyons, nous, Québécois et Québécoises, de
plus en plus vigilants et prêts, ayant le souci constant de nous faire
respecter tout en respectant les autres.
Dans les derniers jours de la dernière Législature, le
ministre des Finances, au nom du gouvernement, a présenté le
budget que cette Assemblée se prépare à adopter. Le geste
que nous allons poser en l'adoptant va en réalité ratifier la
décision déjà prise par la population du Québec le
13 avril dernier. Ce budget est soumis, bien sûr, aux contraintes de la
situation économique nord-américaine et même mondiale, mais
également aux difficultés résultant de l'absence de
contrôle que notre dépendance d'un système
fédéral nous impose. Toute modification restrictive
apportée au régime de l'assurance-chômage, par exemple, a
une répercussion directe sur notre budget en gonflant
inévitablement les sommes nécessaires à l'aide sociale,
entre autres.
Je termine, M. le Président, par cette réflexion que
m'inspire le bilan positif de la décennie des années soixante-dix
dans la poursuite du programme du Parti québécois. Le chemin a
été parcouru avec ténacité, avec plus de
réussites que d'échecs, dans le chemin difficile par lequel tout
grand projet de société doit passer. La progression
accomplie nous donne l'assurance que la décennie quatre-vingt
reste porteuse d'espoir pour tous ceux et celles qui veulent continuer avec
fierté et confiance de participer à ce noble projet de
bâtir notre Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Merci, M. le Président. M. Pierre-C.
Fortier
Dans le cadre des interventions faites par les députés
à l'occasion du discours sur le budget qui a été
présenté par le ministre des Finances, il me fait plaisir
d'intervenir à mon tour cet après-midi. Quoique j'aie eu
l'occasion de parler à quelques reprises dans cette Chambre depuis que
la session est commencée, je ne me suis pas prévalu de mon droit
de dire quelques mots aux gens qui m'ont élu dans Outremont. Je voudrais
dire ceci: Je suis très fier d'avoir été
réélu pour la deuxième fois en cinq mois. Vous vous
souvenez que j'ai été élu une première fois, au
mois de novembre dernier, lors des élections partielles et, la
dernière fois, lors des élections générales.
Outremont est un lieu résidentiel par excellence localisé
sur les flancs du mont Royal et où il fait bon vivre. Il y fait
tellement bon vivre que j'ai noté qu'il y avait plusieurs ministres du
Parti québécois qui nous dirige qui y vivent. On pourrait en
citer quelques-uns; il y a le ministre de l'Éducation, le docteur
Camille Laurin; le vice-premier ministre, M. Jacques-Yvan Morin; le ministre
des Affaires sociales, M. Pierre-Marc Johnson; le ministre des Affaires
municipales, M. Jacques Léonard; le ministre des Finances, M. Jacques
Parizeau, et le ministre d'État au Développement
économique, M. Bernard Landry. Je comprends que tous ces ministres qui
se sont dévoués à la social-démocratie aiment bien
vivre dans un milieu qui soit à la hauteur de leur situation. (15 h
40)
Mais il n'y a pas que des gens riches et des ministres à
Outremont, M. le Président. Il y a des gens qui ont des besoins, il y a
des ouvriers, il y a des personnes âgées, il y a des
étudiants et tous attendent de leur député qu'il leur
vienne en aide à l'occasion. Voilà, c'est mon rôle et j'ai
bien l'intention de l'assumer pleinement.
D'ailleurs, dernièrement, j'ai eu l'occasion d'intervenir puisque
le gouvernement ou le ministre délégué à
l'Habitation n'avait pas su intervenir dans un dossier qui était criant.
En effet, un des problèmes que nous avons à Outremont, c'est que
les personnes âgées ont de plus en plus de difficulté
à se loger et à trouver un logement convenable, à la
mesure de leur bourse.
Depuis septembre dernier, le ministre délégué
à l'Habitation savait qu'il y avait un problème en ce qui
concerne la transformation d'habitations, de loqements en
propriétés indivises. Depuis ce temps, il n'a rien fait; il n'a
rien fait jusqu'à aujourd'hui. Pourtant ce gouvernement avait
trouvé le temps de préparer un projet de loi pour venir en aide
à l'habitation pour les jeunes ménages. Nous sommes d'accord avec
cette intervention, mais nous ne pouvons comprendre pour quelle raison le
gouvernement qui nous dirige n'avait pas su également prêter une
oreille attentive à ce problème criant des personnes
âgées qui étaient forcées d'évacuer les
loqements où elles demeuraient. Il a fallu que mon collègue, le
député de Mont-Royal, ainsi que moi-même intervenions lundi
dernier, lors d'une assemblée publique, pour que le gouvernement
comprenne enfin qu'il y avait un problème et que le problème
devait être résolu.
Il m'est impossible de comprendre pourquoi les six ministres
résidant à Outremont et un septième, venant du
comté de Mercier, notre voisin, n'aient pu intervenir avant
aujourd'hui.
De toute façon, M. le Président, comme je l'ai dit j'ai
bien l'intention de représenter toute la population d'Outremont, quel
que soit le vote qu'elle ait exprimé lors des dernières
élections. C'est ma responsabilité et j'ai bien l'intention de
l'accomplir totalement.
Cet après-midi, j'aimerais faire ressortir quelques aspects du
discours du budqet qui touchent au domaine énergétique et
à Hydro-Québec et qui, je crois, n'ont pas été
touchés jusqu'à maintenant. Bien sûr, pendant la campagne
électorale, il ne nous a pas été possible d'approfondir
tous les aspects et tous les détails de ce discours. Pourtant, ce qui
est proposé dans le budget est fondamental. Comme pour la loi 11, qui
appelle des changements fondamentaux pour le financement des collèges
privés, dans le discours sur le budget il y a des changements importants
touchant la politique énergétique du Québec et touchant la
gestion financière d'Hydro-Québec.
Pour celui qui vous parle, ces deux problèmes sont importants
à plus d'un titre. D'une part, personnellement, ayant été
associé à plusieurs des travaux d'Hydro-Québec depuis
plusieurs années, depuis 1964 pour être plus exact, et, de plus,
ayant été nommé par M. Ryan critique en matière
énergétique, je me dois de parler sur ce sujet des plus
criants.
Nous, ingénieurs, que ce soient ceux d'Hydro-Québec ou
ceux de l'entreprise privée, mais qui avons aidé
l'Hydro-Québec à se développer depuis plusieurs
années et qui
avons réalisé des projets considérables, les
projets de Bersimis, de Manicouagan ou de la Baie-James, sommes fiers de toutes
les réalisations qui ont été faites au Québec dans
le domaine énergétique.
Ces projets, bien sûr, ont provoqué le développement
d'initiatives chez les ingénieurs, ce qui a fait que plusieurs de ceux
qui avaient oeuvré à ces projets énergétiques ont
pu, par la suite, se lancer à la conquête du monde dans la
réalisation de projets semblables.
Il faut rendre hommage à la politique d'Hydro-Québec qui a
su associer tous les éléments du Québec, des
Québécois et des Québécoises à
l'épanouissement collectif dans ce domaine.
De plus, Hydro-Québec a été un facteur de
développement économique important. Tous les gouvernements, tous
les dirigeants d'Hydro-Québec ont fait en sorte qu'Hydro-Québec
puisse jouer un rôle important dans le domaine de l'économie.
Qu'on se souvienne qu'en 1961 - pour ne citer qu'un ou deux chiffres -
l'investissement fait par Hydro-Québec n'était que de 138 000 000
$, alors qu'en 1979 il était de 2 800 000 000 $. En 1961,
l'investissement était donc uniquement de 7,5% de tous les
investissements réalisés au Québec tandis qu'en 1979, il
était de l'ordre de 24%.
Cela dénote, bien sûr, l'importance d'Hydro-Québec
dans notre économie. HydroQuébec est une réussite. Elle a
été dirigée par des hommes remarquables, par des
dirigeants que j'ai eu le plaisir de connaître. Je voudrais
évoquer aujourd'hui d'anciens présidents, que ce soient M.
Lessard, M. Giroux, que ce soient des dirigeants d'aujourd'hui, le
président du conseil, M. Bourbeau, ou le président
d'Hydro-Québec, M. Boyd. Toutes ces personnes étaient
animées d'un idéal qui faisait honneur à notre nation, qui
faisait honneur aux Québécois et aux Québécoises.
De plus, du haut en bas de la pyramide administrative, on trouvait
également des hommes et des femmes qui étaient associés
à cet effort de développement dans le domaine
énergétique et dans le domaine économique.
Ceci a été vrai et ceci a été possible parce
que, depuis 1944, Hydro-Québec a été administrée
d'une façon autonome. On a permis à ces gens de réaliser
l'idéal qu'ils voulaient réaliser pour notre bien-être
collectif. Avant de toucher à Hydro-Québec, on peut se poser la
question: Pourquoi faut-il faire en sorte que ce qui a été un
succès à venir jusqu'à maintenant puisse entacher le
développement économique du Québec dans l'avenir?
Comme je l'ai dit, Hydro-Québec a pu réaliser ses
objectifs par l'autonomie financière et administrative qu'on lui avait
confiée. On est en droit de se poser des questions aujourd'hui, M. le
Président, sur les propositions que nous fait le ministre des Finances
et que nous fait le gouvernement dans le discours sur le budget. Avant de faire
en sorte que le gouvernement ait une mainmise complète sur
Hydro-Québec, on doit se poser la question: À quoi cela va-t-il
servir? Il faut savoir qu'en Ontario, on a tenté la même
expérience avec les résultats que l'on connaît.
Hydro-Ontario, depuis quatre ou cinq ans, est passée sous la
férule du gouvernement de l'Ontario et, depuis ce temps-là, cette
compagnie d'utilité publique connaît beaucoup de
difficultés. J'aimerais, à ce sujet, citer un ou deux chiffres
qui illustrent les difficultés même sur le plan financier, que
connaît Hydro-Ontario maintenant qu'elle est sous la férule
directe du gouvernement.
M. Lafond, lors de la commission parlementaire qui a eu lieu au mois de
février, nous citait quelques chiffres à ce sujet. Hydro-Ontario,
qui a une cote de crédit AAA, comparée à
Hydro-Québec qui a une cote AA, avait un programme d'emprunt je crois
que c'était en 1979 - de 1 800 000 000 $. Elle a réussi à
emprunter seulement 1 400 000 000 $ à un coût moyen de 12,99%.
Hydro-Québec, avec un programme d'emprunt de 2 200 000 000 $, plus ou
moins, a réussi à atteindre cet objectif avec un coût
d'emprunt moyen d'environ 12,53%.
Je crois que la réussite d'Hydro-Québec est connue de tous
au Québec. Avant que l'on accepte les propositions du gouvernement, il
faut se poser des questions extrêmement sérieuses. Il y a un grave
danger de nuire à Hydro-Québec, puisque cela a été
une réussite, et il y a un grave danger que cette nuisance frappe
également l'économie du Québec. Quels sont ces changements
importants qui appellent des changements de politique qui n'ont jamais
été discutés en Chambre, jamais discutés en
commission parlementaire ni avec le public? C'est, d'une part, M. le
Président, une nouvelle politique tarifaire. À venir
jusqu'à maintenant, la politique avait toujours été de
produire et de vendre au meilleur coût possible. On voulait que tous les
Québécois qui étaient réellement les actionnaires
de toutes les rivières que nous possédons puissent en
bénéficier le plus possible. Cette politique de produire et de
vendre au meilleur coût possible a été la politique depuis
1944 et, bien sûr, depuis la nationalisation de toutes les compagnies
privées depuis 1963. Mais ce que l'on retrouve à l'annexe 5 du
discours sur le budget, c'est cette phrase: "La politique du gouvernement vise
donc à fixer la croissance des tarifs de l'électricité de
façon à garder un équilibre dans le domaine de
l'énergie." Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie, en d'autres
mots, M. le Président - le journal Les Affaires en fait état
cette semaine -
que pour le contribuable, cette politique se traduira par des tarifs
d'électricité qui progresseront à un rythme très
rapide. Comme il faut s'attendre à une progression des prix du gaz de
12% à 13% au Québec, au cours des prochaines années, la
politique gouvernementale pourrait signifier des hausses minimales de 14% dans
les tarifs d'électricité. C'est un changement important dans la
politique tarifaire et des changements substantiels de philosophie dans le
domaine de l'exploitation d'Hydro-Québec. (15 h 50)
II se pourrait fort bien que ces augmentations, comme en fait foi le
Journal Les Affaires, durant les prochaines années, soient plus
importantes que celles qui ont prévalu durant les dernières
années. À ce sujet, j'aimerais corriger ce qu'a dit M. Parizeau
lors d'une interview récente à la presse où il faisait
état que, durant les dernières années, les augmentations
avaient suivi à peu près l'inflation. Ce n'est pas vrai. Si on
inclut les augmentations de 1977 à 1981, les augmentations atteindront
76% et l'inflation, durant ces mêmes dernières années, en
donnant une estimation d'environ 12,5% en 1981, se monte à 54%. On voit
bien que l'augmentation de la tarification, compte tenu des besoins
d'Hydro-Québec et compte tenu de cette nouvelle politique tarifaire
d'Hydro-Québec, amènera les contribuables à payer des
coûts beaucoup plus élevés que ça n'a
été le cas jusqu'à maintenant.
Ce qui est également important, ce sont les changements majeurs
dans la gestion financière d'Hydro-Québec. On retrouve,
d'ailleurs, dans le discours sur le budget des propositions de faire payer des
redevances à Hydro-Québec en modifiant deux critères
importants. Jusqu'à maintenant, tous les présidents
d'Hydro-Québec, tous les trésoriers et tous les
vice-présidents aux finances avaient fait état du fait qu'il
était important de garder deux ratios dans l'administration
financière d'Hydro-Québec. Le premier était le surplus ou
les profits d'Hydro-Québec pour payer les intérêts et on
insistait pour dire que ce facteur devait être de 1,25; le
trésorier d'Hydro-Québec, dernièrement, nous disait que ce
facteur devait augmenter à l'avenir.
Deuxièmement, c'était l'autofinancement. On insistait
également pour dire que l'autofinancement devait être au minimum
à 25%. Mais, encore là, le trésorier d'Hydro-Québec
nous a dit, lors de la dernière commission parlementaire, qu'il y aurait
avantage, compte tenu des besoins d'Hydro-Québec et compte tenu de la
conjoncture financière, à ce que cet autofinancement aille en
augmentant. De façon à faire main basse sur des sommes
considérables par le truchement de paiements de redevances ou
peut-être par le paiement de dividendes, le gouvernement s'apprête
à proposer ici une loi qui va modifier la loi sur Hydro-Québec
pour en faire une société à capital-actions.
Que fera le ministre des Finances? Bientôt, il sera le seul
actionnaire et, bien sûr, il aura toute autorité pour nommer les
administrateurs et toute autorité pour décréter les
dividendes qui seront payés par Hydro-Québec au gouvernement.
D'ailleurs, en page 3 du journal Les Affaires, on y fait allusion encore une
fois. Il faut savoir que ce genre de propositions appelle des réserves
considérables non seulement du public qui se pose des questions, non
seulement de l'Opposition, mais également de plusieurs des membres du
conseil d'administration qui ont été nommés par le
gouvernement dans ce dossier pour diriger les affaires
d'Hydro-Québec.
On fait état ici, dans le journal les Affaires, du fait que M.
Boyd, président en chef de la direction d'Hydro-Québec, que M.
Goyette, ex-sous-ministre des finances, que M. Gauvreau et M. Hébert
à Hydro-Québec s'opposeraient à de telles propositions.
Quelle sera dorénavant l'influence du ministre de l'Énergie et
des Ressources? Je me pose la question. Tout le monde sait que, lorsque le
ministre des Finances devient l'actionnaire principal, il a beaucoup à
dire dans la direction des sociétés d'État. M. Parizeau
connaît, d'ailleurs, très bien cet adage américain qui
s'appelle le "golden rule", "the one who has the gold rule", et il l'impose
à tous les ministres qui l'entourent.
Ce qui me désole dans ce dossier, c'est qu'on n'a pas suivi
l'exemple de ce qui s'est fait à Ottawa en novembre dernier lorsque le
ministre des Finances a proposé un nouveau budget. À ce
moment-là, le ministre de l'Énergie fédéral avait
proposé, lui, une nouvelle politique et il en avait fait état
publiquement. Ici, rien de cela, pas de transparence de ce genre. Au contraire,
lors de la dernière commission parlementaire, au mois de février,
M. Bérubé, ministre de l'Énergie et des Ressources
à ce moment-là - alors que les journalistes avaient fait
état d'une possibilité que le gouvernement nous présente
une politique énergétique différente, qui appellerait une
nouvelle politique tarifaire - disait ceci, et je cite l'article de la presse
du 25 février: "Le ministre de l'Énergie et des Ressources, Yves
Bérubé, songe à accélérer la hausse des
tarifs d'électricité pour que le prix de cette forme
d'énergie ne s'écarte pas trop de ses deux concurrents, le gaz et
le pétrole."
Le lendemain, M. Bérubé niait ceci. C'était le 26
février: "Pour le ministre de l'Énergie, une hausse réelle
des tarifs d'Hydro-Québec n'est pas encore justifiée. C'est ce
que le ministre a tenu hier à préciser en conférence de
presse pour dissiper les impressions qu'avaient suscitées
dans la Presse ses déclarations de la veille lorsqu'il a
évoqué l'hypothèse d'aligner les prix de
l'électricité sur ceux des autres formes d'énergie pour
éviter un rythme désordonné de conversion."
On se trouve, M. le Président, en pleine contradiction. D'une
part, au mois de février, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, alors qu'on lui posait des questions, nous informait qu'il n'y
aurait pas de changements substantiels et, d'autre part, au mois de mars, le
ministre des Finances nous dit que, oui, il y en aura des changements
substantiels. C'est ça ce qu'on appelle la transparence du gouvernement
qui nous dirige.
Quelle sera l'ampleur de ces nouvelles politiques? On peut se poser la
question. Combien de millions de dollars seront payés par
Hydro-Québec dans l'avenir? Combien en paie-t-elle dans le moment?
Premièrement, ce siphonage absorbera différentes taxes qui
étaient déjà payées par Hydro-Québec et
aussi de nouvelles. J'ai fait un calcul rapide et ceci n'inclut pas les
redevances ni les dividendes, mais il faut quand même les citer. Les
"en-lieu" de taxes, c'est-à-dire ce qu'Hydro-Québec paie en guise
de taxes aux municipalités et ailleurs dans la province se montaient
normalement à 60 000 000 $. Cette année, pour faire en sorte que
les coffres de l'État soient remplis plus tôt, on exige dans le
discours du budget que cet "en-lieu" de taxes soit payé en juillet de
cette année et en février de l'année prochaine. Ce qui
fait que, dans l'année financière du gouvernement,
Hydro-Québec paiera cette année 135 000 000 $.
La taxe sur le capital, c'est un peu difficile à évaluer.
Personnellement, je l'ai évaluée à 90 000 000 $ sur douze
mois, ce qui ferait 46 mois pour les six mois où la loi serait
effective. Les services de santé vont faire en sorte
qu'Hydro-Québec va payer 7 000 000 $. Bien sûr, il y a les
redevances qui vont être au minimum de 150 000 000 $ au début de
l'année prochaine. Tout ça nous amène à un chiffre
fantastique de 330 000 000 $, à 340 000 000 $, M. le
Président.
Ce siphonage à même les finances d'Hydro-Québec,
quelle en est l'importance? Ce sont des millions de moins qui ne seront pas
dans les coffres d'Hydro-Québec. Cette nouvelle politique
énergétique ne favorisera pas le plus bas coût possible et
ne favorisera pas l'autofinancement. Il n'est pas surprenant, à ce
moment, M. le Président, que l'on sente un malaise important à la
direction d'Hydro-Québec, un malaise au conseil d'administration et
à la direction d'Hydro-Québec parce que, dorénavant, la
question qui se pose, c'est de savoir qui contrôlera Hydro-Québec,
qui décidera de l'importance des finances, des dividendes, qui
déterminera les priorités. Est-ce que ce sera le ministre des
Finances, réalisant qu'il a des déficits extraordinaires l'an
prochain, qui décidera que les dividendes seront de telle et telle
grandeur? Ou est-ce que les priorités seront en fonction des besoins
d'Hydro-Québec, qui devra financer les projets? Et si le ministre des
Finances décide de faire payer des dividendes considérables et de
réduire la marge de manoeuvre d'Hydro-Québec, et si
Hydro-Québec, comme nous l'a dit M. Lafond lors de la dernière
commission parlementaire, ne peut emprunter sur les marchés
extérieurs, il faudra bien, à ce moment, qu'Hydro-Québec
retarde ses projets d'investissements.
Il faudra qu'elle les retarde, M. le Président, au moment
où les syndicats ont fait des interventions lors de la dernière
commission parlementaire pour demander à Hydro-Québec et au
gouvernement de faire en sorte que les projets soient
accélérés et non pas retardés. S'ils sont
accélérés, les besoins financiers d'Hydro-Québec
seront encore plus aigus.
En plus de cela, cette tarification plus élevée appellera,
bien sûr, des changements considérables dans les politiques
touchant au développement industriel du Québec. À l'annexe
4, dans un document qui a été associé à
"Bâtir le Québec," on trouve ceci, M. le Président,
à la page 75, parce qu'il y a eu une étude assez approfondie sur
toute la tarification touchant Hydro-Québec et
l'électricité en général: "II faudra faire montre
d'une grande prudence avant de modifier le niveau des écarts existant
entre les tarifs québécois et ontariens de grande puissance, si
l'on veut vraiment sauvegarder un des principaux avantages comparatifs du
Québec."
En faisant en sorte, M. le Président, que la tarification
d'Hydro-Québec aille en progressant d'une façon
accélérée, on peut se poser la question à savoir si
le gouvernement a décidé de mettre de côté
complètement cette stratégie industrielle et économique
qui était la nôtre. (16 heures)
Ce qui est plus grave, c'est que tous ces changements, M. le
Président, se font alors qu'il n'y a pas réellement de politique
énergétique à long terme au Québec. Tout le monde a
insisté sur la nécessité d'avoir un débat public,
mais le livre blanc, qui, comme par magie, s'arrête en 1990, ne permet
pas de dégager les lignes de force du développement
énergétigue à long terme. Comme il en est fait
état, d'ailleurs, dans le document "Bâtir le Québec", le
sommet de notre développement hydroélectrique se fera vers
1995-1996, c'est-à-dire dans quatorze ans. À ce moment-là,
il faudra choisir de nouvelles formes d'énergie. Il faudra
privilégier de nouvelles formes d'énergie. Il faudra identifier
les coûts probables de ces différentes formes d'énergie et,
si l'on
décide de privilégier les ressources
hydroélectriques qui nous restent, il faudra à ce
moment-là accepter de payer un prix plus élevé.
Je soumets, M. le Président, qu'il est à peu près
temps que nous ayons un débat public sur tout notre avenir
énergétique et que le gouvernement arrête de prendre des
décisions importantes comme celles qu'il vient de prendre sans associer
tous les éléments économiques de la nation pour faire en
sorte que notre politique énergétique soit réellement a
discuté en public. Lors de la dernière commission parlementaire,
d'ailleurs, il y a plusieurs compagnies et plusieurs associations qui avaient
demandé un tel débat public. Il y avait Gaz Métropolitain,
l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, le Regroupement
pour la surveillance du nucléaire, la CSN, le Comité d'appui aux
nations autochtones de la Ligue des droits et des libertés,
l'École polytechnique de Montréal, l'Ordre des ingénieurs
du Québec et le Comité de promotion économique de
Montréal. On attend toujours un tel débat, M. le
Président. Bien sûr, le dernier ministre de -l'Énerqie
avait, lors d'un communiqué de presse daté du 2 mars, fait
état du fait qu'il était en faveur d'un débat public sur
l'énergie. Les journalistes en avaient parlé et je cite ici un
titre: "Bérubé demande un débat public sur
l'énergie." Mais en commission parlementaire, la semaine
dernière, j'ai demandé au nouveau ministre de l'Énergie
s'il avait bien l'intention de faire un débat public et, là, la
réponse a été moins certaine. Je me demande si
réellement le gouvernement n'est pas en train de changer d'idée
à ce sujet, M. le Président.
Au lieu d'associer le public aux prises de décision sur notre
avenir énergétique, le gouvernement, par l'entremise du ministre
des Finances, avance dans son budget de nouvelles politiques
énergétiques ainsi que des changements importants comme j'en ai
discuté depuis quelques minutes. Pourtant, Hydro-Québec, depuis
1944, depuis 1963, a été un facteur extrêmement important
de développement économique et le restera dans l'avenir si on lui
en laisse les moyens. Bien sûr, Hydro-Québec aura des besoins
importants, M. le Président. Lors de la dernière commission
parlementaire, HydroQuébec a fait état que, pour les dix
prochaines années, elle aura besoin de 55 000 000 000 $ pour payer ses
investissements. Le journal Les Affaires nous dit que, compte tenu du nouveau
taux d'intérêt, ses besoins financiers seront de l'ordre de 60 000
000 000 $. Au moment où nous avons besoin d'un plus grand nombre
d'emplois, de trouver des emplois pour nos jeunes, de trouver des emplois pour
nos ingénieurs, nos technologues qui sortent de nos universités,
le gouvernement nous amène un projet de loi, M. le Président, qui
aura des répercussions considérables. Je ne suis pas le seul
à m'inquiéter devant cet état de choses. M. Parizeau a
confirmé le fait que les prêteurs américains
eux-mêmes étaient nerveux à ce sujet.
Cela arrive à un moment où il y aura peut-être une
crise financière internationale; elle s'annonce à l'horizon.
À ce sujet, je donnerais comme référence, dans le Bank
Credit Analyst du mois de juin 1980, une très savante analyse qui
prédit une crise de crédit puisque les taux
d'intérêt très élevés existants ne semblent
pas pouvoir arrêter les demandes accrues de crédit. Devant une
telle situation, l'article de cet analyste recommandait la prudence et
recommandait à toutes les compagnies et à tous les individus
d'augmenter leur liguidité. D'ailleurs, on s'aperçoit, M. le
Président, que des difficultés de liquidité peuvent
créer des malaises importants. On a l'expérience de certaines
sociétés québécoises qui, présentement, ont
des difficultés à cause des problèmes de crédit
auxquelles elles font face. Il serait malheureux que les propositions du
gouvernement nous amènent dans une crise financière de ce
genre.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je ne comprends pas
pourquoi le gouvernement cherche à réaliser une politique qui
vient directement à l'encontre des propositions que le trésorier
d'Hydro-Québec nous faisait lors de la dernière commission
parlementaire, et je cite M. Lafond, le trésorier d'Hydro-Québec:
"En conclusion, M. le Président, le trésorier
d'Hydro-Québec, avec son équipe de la vice-présidence aux
finances ont confiance en l'avenir, mais à l'intérieur de
certaines balises et en laissant ce soir le message suivant: Compte tenu des
besoins élevés d'emprunt, compte tenu des pressions
prévisibles, compte tenu des incertitudes, Hydro-Québec aura
besoin de toutes les liquidités produites par ses activités. Elle
aura besoin de réduire le plus possible sa dépendance des
marchés externes et, plus que jamais, la capacité
d'Hydro-Quéec de se financer sera fonction de sa
rentabilité."
M. le Président, on sait jusqu'à quel point le ministre
des Finances était mal pris pour remplir ses coffres, mais je ne crois
pas que ce dilemme soit suffisant pour nuire à Hydro-Québec de la
façon dont le gouvernement s'apprête à le faire dans le
moment.
En conclusion, on peut se poser les questions suivantes. Que faut-il
conclure de cette revue des décisions du gouvernement en rapport avec
Hydro-Québec? D'une part, contrairement aux déclarations du
ministre de l'Énergie et des Ressources en février dernier, le
ministre des Finances nous a annoncé de nouvelles politiques qui auront
des impacts substantiels sur notre avenir énergétique et notre
avenir économique.
Cette nouvelle politique amènera des augmentations substantielles
du prix que paieront les consommateurs québécois pour une
ressource qui leur appartient en propre.
Deuxièmement, ces nouvelles politiques n'ont pas
été discutées en commission parlementaire. Bien plus,
elles ont été dénoncées par le ministre
Bérubé lors de la dernière commission parlementaire de
février dernier. On peut se poser la question: Quelle urgence y a-t-il
à modifier des politiques de cette nature sans réunir une
commission parlementaire sur le sujet? Troisièmement, l'augmentation
substantielle des tarifs de l'électricité aura un impact
considérable sur les stratégies de développement
industriel du Québec. D'ailleurs, tous les gouvernements, jusqu'à
maintenant, ont toujours fait en sorte que ces stratégies de
développement industriel soit basées sur
l'électricité à bon marché à laquelle nous
avons droit au Québec.
En résumé, M. le Président, le gouvernement qui
nous dirige n'a pas de politique énergétique à long terme
et se permet d'en improviser une à court terme, de façon à
accaparer des millions d'Hydro-Québec. Heureusement, le projet de loi
qui sera déposé demain, je crois, en ce qui concerne
Hydro-Québec, n'aura pas l'occasion d'être approuvé dans
cette Chambre avant l'automne, à moins que l'Opposition ne consente
à le faire. J'ose espérer qu'il sera reporté à
l'automne parce que ceci nous permettra d'en discuter en commission
parlementaire. D'ailleurs, le ministre de l'Énergie et des Ressources
nous a dit qu'il y aurait une commission parlementaire pour discuter de la
tarification d'Hydro-Québec. Je crois que ce sujet qui touche aux
finances d'Hydro-Québec et qui touche au mode de gestion
d'Hydro-Québec est un sujet trop important pour que ces décisions
soient entérinées dès maintenant.
Je demande à tous les corps publics qui m'écoutent dans le
moment, je demande à tous les intéressés, je demande
à tous les contribuables de faire en sorte de nous faire connaître
et de faire connaître au gouvernement leur réaction face à
ce projet de loi et aux propositions mises de l'avant par le ministre des
Finances. J'ose espérer que les quelques mots que j'ai pu dire à
ce sujet cet après-midi ont sensibilisé la population et ceux qui
sont intéressés au développement économique du
Québec à intervenir dans ce dossier. Il n'est pas trop tard, et
soyez sûrs que l'Opposition sera là jusqu'à l'automne. Je
vous remercie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Châteauguay.
M. Roland Dussault M. Dussault: M. le Président, comme
c'est la première occasion que j'ai depuis le 13 avril de prendre la
parole dans cette Assemblée, je voudrais d'abord profiter de l'occasion
pour vous féliciter personnellement pour la fonction à laquelle
vous avez accédé, féliciter le président pour la
même chose et plus particulièrement féliciter le
deuxième vice-président de l'Assemblée nationale à
qui j'offre évidemment mes meilleurs voeux de succès dans ses
fonctions. Je peux vous dire, M. le Président, que je suis très
heureux de l'honneur que cela apporte à la population du comté de
Saint-François. Je voudrais aussi à cette occasion remercier mes
électeurs pour l'éclatante victoire qu'ils m'ont donnée le
13 avril dernier. J'ai été, lors de mon dernier mandat, le
député de tout le monde; je me suis efforcé de
l'être et j'ai bien l'intention de continuer de l'être au cours de
mon deuxième mandat. D'autant plus que j'ai été, cette
fois-ci, comme en 1976, élu en restant les mains libres. Pour moi, c'est
extrêmement important. (16 h 10)
Cela dit, j'avais l'intention de prendre la parole lors du débat
sur le message inaugural. J'ai accepté bien aimablement de laisser la
préséance à mes nouveaux collègues de
l'Assemblée nationale. Vous comprendrez, donc, que mes propos soient
ceux que j'aurais pu et voulu tenir lors du premier débat, puisque le
règlement le permet.
En tout début de session, il me paraît important que tous
les intervenants à des travaux parlementaires tiennent un langage clair
quant à leurs intentions. Je pense que cela devrait être un peu
comme sur le plan personnel quand, en début d'année, on essaie de
faire connaître nos résolutions. Tous ceux qui sont
concernés devraient normalement, faire savoir où ils s'en vont.
On devrait donc faire connaître nos intentions.
Évidemment, du côté ministériel, les choses
sont relativement faciles en ce sens, puisque légalement il y a le
message inaugural qui permet au pouvoir de faire connaître ses intentions
et il y a le discours sur le budget. Mais cette obligation, elle existe
uniquement pour le pouvoir. On sait, par exemple, qu'en France, à chaque
début de session, à chaque début de mandat en tout cas,
tous les partis politiques ont l'habitude de faire une déclaration
très officielle de leurs intentions, de leurs orientations, ce qui
permet à tout le monde, en cours de route, de toujours se
référer à la pensée bien officielle du parti en
question. Ici, cette habitude n'existe pas. Je pense que c'est malheureux,
parce que, s'il existe une obligation à l'égard du pouvoir, cette
obligation, je pense, devrait exister aussi à l'égard de
l'Opposition. Je pense que cela permettrait, comme je le disais tout à
l'heure, d'avoir un point de référence tout au long des travaux.
Cela permettrait aussi
d'assurer un minimum de cohérence chez l'Opposition, ce qui ne
serait quand même pas mauvais, je pense, et cela permettrait surtout
d'obtenir un haut degré de sérieux dans les travaux
parlementaires.
On sait - moi, qui ne suis quand même pas un vieux parlementaire,
j'ai quand même pu le constater lors de mon dernier mandat -qu'on n'a pu
vraiment déceler la véritable pensée de l'Opposition que
vers la fin du mandat, parce qu'en mettant ensemble tout ce qu'on a pu
constater on a pu commencer à voir où logeaient ces gens. Je
pense qu'il serait important de ne pas faire varier ses positions à
partir des différents dossiers et à partir de la
température, mais bien en fonction d'une pensée cohérente.
Je pense que c'est cela que la population attend des partis politiques qui
représentent les électeurs à l'Assemblée
nationale.
Je pense que la télévision, qui est maintenant à
l'Assemblée nationale depuis quelques années, a rendu les
électeurs exigeants et avec raison. Ces gens s'attendent, pour que la
démocratie soit le mieux servie possible, que tous les partis politiques
mettent leurs cartes sur la table convenablement. Je pense que cela permettrait
à l'Opposition particulièrement de faire un travail plus
constructif, critique bien sûr, mais pas de cette forme de critique qui
soit négative, mais au contraire, très positive et très
constructive.
La vie politique québécoise connaît maintenant un
niveau de transparence plus élevé. Ceci, particulièrement
grâce à la loi no 2 sur le financement des partis politiques qui a
été votée dans cette Assemblée lors de notre
dernier mandat. On disait toujours et je pense que c'est toujours vrai: Dis-moi
qui te finance et je te dirai qui tu es. À quoi serviraient tous ces
beaux discours des hommes politiques dans leur Assemblée nationale si
leur sincérité pouvait être mise en doute, si leurs
intentions étaient contredites en sous main? À quoi cela
servirait-il? Je pense que cette loi no 2, la Loi sur le financement des partis
politiques, nous a donné un minimum de garanties que
l'intérêt général primerait toujours sur
l'intérêt particulier. Je pense que c'est une règle
extrêmement importante. C'est donc pour moi un objet de fierté de
pouvoir dire que j'ai les mains libres, comme je le disais tout à
l'heure, que mon parti, celui sous lequel je me suis fait élire, a les
mains libres et cela, depuis son existence d'ailleurs, parce que vous savez
que, depuis 1968-1969, c'est une règle d'or du Parti
québécois de se faire financer d'une façon populaire.
Je pense qu'on ne peut pas en dire autant de tous les parlementaires qui
siègent dans cette Chambre, et c'est malheureux, M. le Président.
Vous savez que, fondamentalement, l'esprit de la loi 2 était de faire en
sorte qu'aucun dollar donné à la caisse électorale d'un
parti ne doit avoir pour effet de subordonner l'intérêt
général à celui d'une personne ou d'un groupe, car on sait
qu'aucun don ne doit mener à une dette morale, aucun don ne doit mener
à une obligation de reconnaissance, ni dans l'esprit de celui qui fait
le don, ni dans l'esprit de celui qui le reçoit.
Or, pour le législateur, il s'agissait de déterminer le
montant à partir duquel la reconnaissance commencerait à
s'imposer comme allant de soi; en somme, à déterminer où
l'effet pourrait commencer et où l'effet pourrait se terminer. Par
exemple, M. le Président, je pense, et vous en conviendrez, qu'un
électeur qui donne 3 $ à un parti politique ne pose pas de
problème et n'achète personne. Je pense que vous conviendrez
aussi qu'à 3000 $, c'est à peu près la même
situation. Pour bien comprendre, prenons un exemple; si six électeurs
dans un comté finançaient un parti politique, ils seraient six
pour pouvoir assurer une élection, six fois 3000 $ donne 18 000 $, c'est
à peu près ce que coûte une élection pour un
candidat; or, ça en prendrait six pour véritablement assurer
l'élection de quelqu'un. À 25 000 $, je pense qu'il est
impossible de ne pas y voir un intérêt personnel, je pense que
ça va de soi. Il est impossible, en l'acceptant, de ne pas laisser
entendre sa complaisance à l'égard de celui qui fait un don et il
est impossible de ne pas laisser espérer la personne qui donne 25 000 $
à un parti politique.
C'est ça, l'esprit de la loi 2. Il ne doit pas y avoir de doute
sur les intentions. Je pense que ce qu'il est surtout important de se rappeler,
c'est que maintenant, au Québec, le financement d'un parti politique,
c'est censé être un gage d'enracinement du parti; je pense que
c'est ça qu'il faut voir dans l'esprit de la Loi sur le financement des
partis politiques. Un parti qui est bien enraciné dans la population,
c'est un parti qui se finance d'une façon populaire et facilement. Je
pense que c'est là que commence véritablement la
transparence.
Vous savez, dans cette Chambre, depuis le début de nos travaux,
beaucoup de députés de l'Opposition ont parlé de
transparence. Ils ont toujours appliqué cette notion de transparence au
parti au pouvoir. Est-ce que l'Opposition est transparente, M. le
Président?
Depuis le 13 avril dernier, il reste dans cette Assemblée
nationale un seul parti qui peut véritablement dire à la
population qu'il est le parti de rechange pour prendre le pouvoir. C'est le
rôle possible et futur du Parti libéral de l'Opposition à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, dans la caisse électorale du Parti
libéral, il y a des sommes qui ont été acceptées
par coups de 50 000 $ et de 100 000 $. Il y en a pour
700 000 $; et je n'invente rien, puisque ceci a été
confirmé par la commission Malouf; il y en a pour 700 000 $. Ces 700 000
% ont une odeur indéniable, ils ont été reçus
pendant la fameuse construction olympique, qu'on n'oubliera pas de
sitôt.
Des voix: ...
M. Dussault: M. le Président, de l'autre côté
de la Chambre, où ça commence à grouiller, on
rétorquera que ces sommes ont été reçues avant la
loi 2. Or, je voudrais dire à ceux qui seraient tentés de
rétorquer avec ce genre d'argument que personne de bonne foi n'oserait
avancer, sans risquer de sombrer dans le ridicule, qu'un parti qui a de telles
sommes en sa possession, reçues en de telles circonstances, pourrait
exercer le pouvoir sans être l'objet de pressions des amis d'alors; cet
argent est là! (16 h 20)
M. le Président, bien sûr, le temps a passé, mais le
temps n'a pas effacé le caractère incitatif de ces dons. Le temps
a même amplifié les sommes, vous le savez, M. le Président.
De ce temps-ci, il y a deux catégories de personnes qui sont très
satisfaites des hauts taux d'intérêt. Il y a ceux qui vivent de
leurs placements et il y a le Parti libéral, qui voit sa caisse
électorale s'amplifier d'autant. On sait que ces 700 000 $ qui ont
été encaissés à l'occasion des Jeux olympiques en
1976 sont maintenant et facilement devenus, avec les taux
d'intérêt composé, au moins 1 500 000 $. Alors, on peut
penser au moment où le financement se fera rare. On sait que cela
commence du côté libéral; sa dernière campagne de
financement a duré six mois au moins...
Une voix: Sept mois.
M. Dussault: On me dit sept mois. Quand cet argent sera devenu
rare, sur le plan normal et habituel du financement des partis politiques, les
gens d'en face utiliseront évidemment ces 1 500 000 $ pour essayer de se
faire élire. Est-ce qu'on pourra dire, M. le Président, que c'est
leur enracinement dans la population qui va permettre cette élection?
Non, M. le Président. Ce sera cet argent que des gens, pendant les Jeux
olympiques, pendant la construction du stade olympique, leur auront
donné, par gros montants, qui permettra à ces gens de se faire
élire sans être enracinés dans la population et cela me
paraît complètement inacceptable.
C'est pour cela que je dis, aujourd'hui, que la défaite de ces
gens, à la dernière campagne électorale, n'est pas
étrangère à ce que je viens de décrire, à la
présence, dans la caisse électorale du Parti libéral, de
ces sommes ramassées incorrectement et gardées indûment
dans leur compte. Des voix: Honte! Honte!
M. Dussault: Le vertueux chef de l'Opposition, le jour où
il a refusé de se départir de ces sommes importantes, a
entaché à jamais son image de preux chevalier du renouveau
libéral. Le consensus de son parti autour de sa position a appelé
le jugement sévère de la population le 13 avril. Elle n'a pas cru
à sa sincérité et elle ne croira pas à sa
sincérité tant et aussi longtemps que ces gens nous feront des
belles leçons, mais qu'en même temps, ils garderont dans leur
caisse électorale les 700 000 $ acquis de cette façon.
Des voix: Bravo!
M. Dussault: M. le Président, dans ma circonscription
électorale, pendant la campagne électorale, mon adversaire, qui
s'était associé à ce consensus des libéraux, a
refusé de se dissocier de ce consensus malgré que je l'aie
défié publiquement de le faire. Il a pris cela avec beaucoup de
désinvolture et la population s'en est souvenue, elle en a tenu compte
et elle l'a battu.
Dans tout le Québec, je suis convaincu que beaucoup de citoyens,
au moment de mettre un X sur leur bulletin de vote, se sont rappelé que
ces sommes étaient dans la caisse électorale du Parti
libéral.
M. le Président, à part ces comtés où
l'électorat est devenu captif de ce parti, grâce à un
discours bien entretenu, tendant sans cesse et très souvent subtilement
à faire passer notre parti au pouvoir pour raciste, tout le
Québec a porté un jugement sur le Parti libéral et son
laxisme qui consiste continuellement à prêcher le contraire de ce
qu'il pratique. Je veux rappeler à ces nouveaux députés -
il y en a quelques-uns ici actuellement - qu'ils sont mouillés comme les
anciens députés du Parti libéral sur cette question et
qu'ils peuvent se laver cependant de cette question s'ils acceptent
publiquement - c'est le moyen - d'exiger de leur parti, publiquement, et de son
chef, que la totalité de cet argent, y compris ce qu'on a
récolté avec les intérêts, que la totalité,
dis-je, de cet acquis malsain soit remise au trésor public selon le
jugement de la population. Si j'avais présentement le pouvoir de le
faire, je ferais une motion dans ce sens-là, mais je sais que le
règlement ne me le permet pas. Je vois que vous acquiescez, M. le
Président. Je pense que cela n'empêche pas...
Des voix: Adopté.
M. Dussault: C'est adopté, M. le Président, vous
avez entendu. Que les
nouveaux députés y songent sérieusement parce que,
personnellement, je vais me faire un devoir de leur rappeler
régulièrement, d'ici la fin du mandat, que cet argent malsain est
encore dans leur caisse et qu'ils n'ont pas le droit de se faire élire
avec cet argent.
Des voix: Bravo!
M. Dussault: Par exemple, parmi ces nouveaux
députés, j'aurais voulu demander au député de
Laporte - il n'est pas ici présentement, j'aurais aimé qu'il
entende ça - qui, lors de son discours récemment, voyait au
budget des transports de l'incompressible partout à cause de
l'inflation, s'il est encore d'accord pour que la caisse électorale du
Parti libéral, douteusement inflationniste, continue à exister
telle quelle, parce que c'est de l'inflation qu'il y a de ce côté,
c'est le temps de parler d'inflation.
J'aurais aussi voulu demander au député de Jean-Talon, qui
n'est pas présent lui non plus, à lui qui s'apitoie sur le fait
que le financement des institutions privées doive passer de 80% à
76%, lui qui a vu de près ce régime qui a reçu de
façon complaisante ces sommes d'argent olympiques, j'aurais voulu qu'il
dise aux nouveaux députés quels sont les ravages que peuvent
engendrer ces sommes sur la démocratie et sur la qualité de la
démocratie. J'aurais aimé qu'il soit ici pour qu'il puisse le
dire aux nouveaux députés, mais sûrement qu'il trouvera
l'occasion de le leur répéter.
J'aurais voulu demander au député de Marguerite-Bourgeoys,
ce contrôleur olympique qui avait les pieds bien placés pour voir
venir ces fonds, de répéter aux nouveaux députés ce
que disaient ces mécènes de la cause libérale aux beaux
jours de l'enthousiasme olympique. J'aurais voulu qu'il le dise aux nouveaux
députés pour qu'ils fassent des pressions sur le Parti
libéral et sur son chef pour que cet argent soit remis au trésor
public. Je pense que ce n'est que cela qu'il faut viser.
Je prie donc ces dames de l'Opposition et ces messieurs d'en face de
remettre cet argent au trésor public, de sortir définitivement
des eaux troubles du financement occulte, de s'élever au-dessus de la
ligne de flottaison où, depuis la loi no 2, commence la dignité
qui doit être celle de tous les parlementaires de cette Assemblée
nationale. Surtout, je les prie de ne pas succomber à la tentation de se
mettre à justifier qu'on garde cette manne olympique dans leurs coffres
parce que cela diminuerait grandement, très grandement ce qui leur reste
de crédibilité après avoir accepté de garder cet
argent. La transparence, c'est ce que ça veut dire aussi. On en parle
beaucoup trop souvent, hélas, à l'égard du pouvoir et
jamais assez à l'égard de l'Opposition.
Mais la transparence, ce n'est pas qu'une question de financement, c'est
autre chose. Je pense qu'il y a certaines obligations dont il faudra que
l'Opposition prenne connaissance et conscience un de ces jours si elle veut
assumer un rôle véritable à l'Assemblée nationale.
Être transparent pour l'Opposition, c'est aussi être capable de se
situer au-dessus des partis dans des débats fondamentaux comme au moment
du débat sur le plan funeste de M. Trudeau, c'est se prononcer sur le
fond et non pas seulement sur la forme pour éviter le fond. C'est aussi
ça, être transparent. On a vu ce que ces gens ont fait lors de
leur dernier mandat -ils auront peut-être l'occasion de faire mieux une
prochaine fois - ils ont dit du bout des lèvres qu'ils étaient
contre le caractère unilatéral de la démarche, donc sur le
fond, mais en évitant, évidemment, de dire trop fort qu'ils
étaient d'accord avec l'inclusion d'une charte dans la constitution, ce
qui est une question de fond.
Accepter l'inclusion d'une charte des droits dans la constitution, c'est
à toutes fins utiles accepter que les Québécois voient
leurs pouvoirs essentiels et fondamentaux diminuer. C'est là-dessus
qu'on voudrait véritablement les voir prendre des positions
sérieuses. Cela, ça serait transparent! La transparence serait
aussi d'éviter de continuellement nous jouer le jeu du gonflage de
ballon à l'Assemblée nationale, comme on l'a encore vu dans les
derniers jours avec le député de Nelligan qui nous a
gonflé un ballon chaque jour, à chaque période des
questions, dans le domaine de l'environnement uniquement pour en arriver
à créer des impressions dans la population. Non pas sur des
choses fondées, mais sur des choses qu'on pourrait extrapoler pour
essayer de nuire à des réputations; ces gens-là, ça
ne les dérange pas de nuire à des réputations. Ils sont
prêts à raconter n'importe quoi. On l'a vu lors du dernier mandat,
ils ont recommencé à jouer ce jeu, ils ne sont pas plus
sérieux qu'ils l'étaient. Ils sont plus nombreux, mais la
qualité n'est pas là, pas plus qu'il n'y en avait avant.
Je voudrais leur demander d'être transparents et d'assurer une
qualité au travail de l'Opposition d'une façon sérieuse
ici, à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas ce qu'ils ont
commencé à faire, ils nous soufflent des ballounes. Une autre a
été soufflée dans les deux derniers jours sur la fameuse
loi no 11. (16 h 30)
M. Picotte: M. le Président, je vous demanderais une
directive, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le whip adjoint de
l'Opposition, une demande de directive.
M. Picotte: Est-ce qu'il y aurait moyen
de demander au président de l'Assemblée nationale si, par
hasard, il aurait besoin d'un troisième vice-président. Le
député de Châteauguay...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député. M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je voudrais dire à M.
le député de Maskinongé qu'il est trop tard maintenant. M.
le Président, pour être transparent du côté de
l'Opposition, comme j'avais commencé à le dire, il faudrait qu'on
cesse de souffler des ballounes. On nous en a soufflé encore une hier
sur un projet de loi qui portait sur énormément de points. On les
a entendus pendant deux jours nous parler des institutions privées et de
compressions budgétaires du côté des institutions
privées. C'était à se demander si le projet de loi ne
portait pas essentiellement sur cette question. C'est ça souffler des
ballounes, M. le Président, c'est créer des impressions en
trompant volontairement la population. Je pense que ce n'est pas respectueux
pour la population. C'est vraiment croire qu'on peut passer n'importe quoi
à la population qui nous écoute et qui entend ces gens qui n'ont
pas nécessairement toujours les éléments, et parfois ce
n'est pas facile de les apporter tous pour en arriver à faire voir que
c'est une grosse balloune qui a été montée par
l'Opposition. Je leur demanderais, M. le Président, d'être plus
transparents.
En terminant, M. le Président, je voudrais dire qu'il serait trop
facile qu'on se mette à jouer ce jeu. Il fallait que quelqu'un, sans
vouloir se prendre pour un autre fasse ressortir ce point de vue que la
transparence, ce n'est pas une question qui ne relève que du pouvoir,
mais aussi quelque chose qui relève de l'Opposition. Nous avons ici le
devoir, M. le Président, de faire du travail sérieux avec la plus
grande rigueur intellectuelle possible. Je demande que dans les prochains mois,
les prochaines semaines, l'Opposition fasse de l'opposition constructive,
positive. Qu'elle fasse du travail selon une rigueur intellectuelle à
toute épreuve, qu'elle se débarrasse au profit du trésor
public des sommes d'argent qu'elle a dans sa caisse électorale, et je
suis convaincu qu'à partir de ce moment la population commencera
peut-être à prendre ces gens au sérieux. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Papineau.
M. Mark Assad
M. Assad: M. le Président, le budget record des
dépenses représente à peu près 2700 $ par citoyen
au Québec, ce qui démontre que depuis des années nos
obligations s'accroissent et que le secteur public surtout s'accroît
d'une façon extrêmement rapide, ce qui apporte une charge
additionnelle à notre capacité de payer. Les salaires des
secteurs public et parapublic représentent dans le moment à peu
près 60% de notre budget total. Depuis les dernières
décennies, ce chiffre augmente et c'est une source d'inquiétude.
L'industrie des services est proportionnellement plus élevée que
celle des secteurs de la productivité. Pourtant, la petite et moyenne
entreprise est le plus gros employeur de main-d'oeuvre de notre province, mais
avec la situation d'incertitude qui existe dans l'économie
présentement, la possibilité d'expansion de la petite et moyenne
entreprise est sérieusement compromise. De plus en plus, le gouvernement
est obligé d'apporter une aide financière pour empêcher la
faillite de plusieurs de nos petites et moyennes entreprises.
C'est une situation économique sans précédent.
Comparativement, M. le Président, le Québec a plus de
fonctionnaires que n'importe quelle autre province au Canada. Cela nous
coûte plus cher per capita pour maintenir notre secteur public. C'est
devenu une de nos préoccupations majeures dans l'administration de la
chose publique. Il faut prendre des mesures pour renverser cette situation et
vivre, M. le Président, selon nos moyens. Collectivement, nous avons
à prendre conscience de cet état de choses et à regarder
en face la difficulté dans laquelle le gouvernement nous a mis. C'est
par notre volonté surtout que nous allons apporter les changements qui
s'imposent dans notre régime actuel.
M. le Président, les gouvernements municipaux et scolaires
devront aussi prendre conscience de leur fardeau fiscal. Dans ces
périodes difficiles, toute notre économie est affectée.
Les institutions financières font face à une situation sans
précédent et la hausse constante des taux d'intérêt
comporte un lourd fardeau. Pour prendre un exemple, une de nos institutions
financières, c'est-à-dire les caisses d'entraide
économique, a de la difficulté dans le moment comme d'autres
institutions financières en ont eu dans le passé et en ont dans
le moment.
Mais il y a quelques questions que je voudrais poser. Le moyen
d'information en question a-t-il démontré une
responsabilité envers la communauté en exploitant cette situation
au point de quasiment déclencher une panique? Est-il conscient de sa
responsabilité dans cette affaire?
Personnellement, M. le Président, j'étais membre des
caisses d'entraide économique et je le suis toujours. J'ai
bénéficié de leurs services dans le passé et je
reconnais, d'ailleurs, qu'elles ont rendu de grands services à la petite
et à la moyenne entreprise à la grandeur du Québec.
C'est
mon voeu - et j'en suis sûr, M. le Président - que les
caisses d'entraide économique vont surmonter leurs difficultés
actuelles et qu'elles continueront de jouer un rôle dans le
développement économique de notre province.
Une des lacunes de notre budget, c'est que le ministère des
Tansports consacre à l'entretien et à la construction de routes
un budget qui est vraiment inférieur à ce qu'il était dans
le passé. Dans le comté de Papineau en particulier et dans la
région en général, nous avons été grandement
affectés par cette baisse et nos chances de connaître une
croissance sont minces dans le moment. Nos routes secondaires, en particulier,
sont en très mauvais état. L'autoroute 50, un outil majeur pour
le développement de notre région, a connu un retard
considérable. Durant la période électorale, un engagement
de compléter cette route jusqu'à Mirabel avait soulevé des
espoirs chez nos concitoyens, mais, depuis que le budget est connu, on constate
que cet engagement est sans fondement. Un protocole d'entente avec le
gouvernement fédéral n'a pas été envisagé,
même à ce moment. On nous a induits en erreur en nous faisant
croire que le projet pourrait être réalisé bientôt.
Le ministre des Transports, en ce moment, nie les engagements pris par le
ministre de l'époque qui avait annoncé la décision de
construire le prolongement de l'autoroute 50 dans notre région. Le
candidat du Parti québécois dans le comté avait
basé toute sa campagne sur cette promesse. Je suis sûr, M. le
Président, qu'il était sincère, il n'y a pas de doute,
mais le gouvernement, lui, était-il sincère? La région de
l'Outaouais risque d'être grandement négligée et ceci, au
détriment de notre population et de nos chances d'améliorer notre
situation économique.
Pour empirer notre situation, le nouveau ministre des Affaires
municipales nous avise que son ministère n'a pas l'intention d'honorer
les engagements pris par le gouvernement précédent,
c'est-à-dire le gouvernement de M. Bourassa. La ville de Buckingham qui
avait construit une usine de filtration l'avait construite, M. le
Président, avec l'entente que le gouvernement du Québec de
l'époque, c'est-à-dire en 1974, lui verserait une subvention de
50%, mais le nouveau ministre des Affaires municipales nous avise que cet
engagement ne sera pas honoré.
La question se pose, M. le Président. Comment peut-on
espérer que les gouvernements locaux fonctionnent avec des fardeaux
financiers aussi lourds? Peut-on avoir confiance dans un gouvernement qui
transfère ses obligations au niveau municipal? (16 h 40)
Depuis quelques semaines, j'ai eu l'occasion de rencontrer des
élus municipaux qui s'inquiètent de leurs lourdes obligations
financières. Ils reprochent au gouvernement de leur imposer une charge
additionnelle à laquelle ils ne s'attendaient pas. Ce seront les
municipalités qui auront l'odieux d'imposer des taxes plus
élevées à nos concitoyens. C'est ce même
gouvernement qui a l'audace de continuer à propager le mythe d'un bon
gouvernement. Regardons plutôt les faits et écoutons nos
élus municipaux. Nos engagements financiers dépassent les limites
et notre capacité de payer est rendue au bout. Les tambours du
nationalisme claironnent si fort qu'ils enterrent la voix de la raison, du bon
sens économique. Voilà vos champions de la vertu et de la
transparence!
Les ministères de l'Éducation et des Affaires sociales
accaparent à eux seuls la plus grande partie du budget, et ce sont les
deux ministères les plus coûteux. Comparativement aux autres
provinces, ce sont eux aussi qui ont le plus grand besoin de réforme.
Depuis quatre ans et demi, ce gouvernement a démontré son
incapacité d'améliorer les finances publiques, et la situation va
toujours en s'aggravant. Comme citoyens du Québec, nous devons examiner
avec la plus grande attention les agissements financiers du gouvernement
provincial. Je voudrais simplement remarquer que ce n'est pas agréable
de tracer un portrait aussi sombre de la situation financière du
Québec, mais c'est notre devoir d'alerter nos concitoyens de cette
situation déplorable, et c'est leur droit d'en être pleinement
informés.
M. le Président, je préfère être bref,
même s'il y a une multitude de problèmes qu'on pourrait soulever.
L'essentiel, c'est que nos concitoyens prennent connaissance de la situation et
se rendent compte que ça ne va pas.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le whip du
gouvernement.
M. Chevrette: En vertu de l'article 100, M. le Président,
j'aurais une question à poser au député de Papineau. Il a
fait mention qu'un engagement a été pris par le gouvernement
Bourassa. Est-ce que c'est un engagement écrit? Si oui, peut-il fournir
cet engagement écrit à l'Assemblée?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Papineau.
M. Assad: M. le Président, à l'époque
où cet engagement a été pris par le gouvernement Bourassa,
il a été annoncé par le ministre responsable, que si la
ville de Buckingham prenait cette initiative, on pouvait s'attendre à
une subvention de 50% des coûts. Depuis l'élection de votre
gouvernement, en 1976, on n'a pas entendu un mot sur cette question et il n'y a
pas eu
de transfert de fonds pour les 50%.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Prévost.
M. Robert Dean
M. Dean: Merci, M. le Président. C'est un travailleur
d'usine - et je suis fier de l'être - qui se lève pour participer
pour la première fois à un débat de l'Assemblée
nationale. Je ne sais pas combien de travailleurs ou de travailleuses d'usine
m'ont précédé, mais c'est mon souhait qu'ils soient
nombreux et nombreuses dans l'avenir, parce que cette Assemblée, cette
Chambre appartient au peuple québécois. Ce sont les travailleurs
et les travailleuses du Québec actifs et en chômaqe, pris
ensemble, avec les travailleurs agricoles qui forment la vaste majorité
de la population et pour qui toutes nos activités doivent avoir un
sens.
Si vous me permettez d'emprunter les paroles de notre qrand
poète, Félix Leclerc, mes petits souliers ont beaucoup
voyagé, pendant des années, dans tout le Québec, parmi les
travailleurs et les travailleuses. D'abord à l'usine de RCA à
Saint-Henri de Montréal, pendant trois ans dans l'industrie du textile
dans les Cantons de l'Est, à Drummondville, à Coaticook, à
Sherbrooke, à Victoriaville, à Sorel, à Berthier; au
service des travailleurs et travailleuses d'Hydro-Québec de Rouyn,
à Saint-Georges-de-Beauce, de Baie-Comeau et Forestville, à
Beauharnois, de Rapide-Blanc à Disraeli, de Carillon à la
Gaspésie; au service des travailleurs des petites, des moyennes et des
grandes entreprises de l'industrie automobile, aérospatiale et de
l'outillage agricole. Pendant toutes ces années, j'ai
apprécié les grandes et énormes qualités de coeur
et d'esprit des travailleurs et des travailleuses québécois.
C'est avec eux que mon évolution linguistique, nationale, syndicale et
politique s'est faite. Je leur rends hommage.
J'éprouve des sentiments d'émerveillement,
d'appréhension et d'enthousiasme en ce début de mandat à
l'Assemblée nationale. Émerveillement parce que je sens, un peu
beaucoup, un lien avec les hommes et les femmes du Québec qui nous ont
précédés dans cette Assemblée. Les hommes et les
femmes qui, à travers les décennies, les siècles, depuis
la colonie, ont, à leur façon, à leur époque, selon
leur lumière et leur conviction, contribué à bâtir
le Québec au point qu'il en est rendu aujourd'hui. Nous devons tous,
ministériels et Opposition, reconnaître cette continuité
historique avec ceux qui nous ont précédés et essayer
ensemble de faire de notre mieux à une époque difficile afin que
la cause du peuple québécois soit avancée.
Appréhension devant l'énormité de la tâche
qui nous incombe à nous tous, ministériels et Opposition,
à une époque où, non pas uniquement au Québec, mais
au Canada, aux Etats-Unis et dans tous les pays industrialisés du monde,
on éprouve des problèmes sérieux et très difficiles
à résoudre.
Enthousiasme et confiance débordants, parce que le 13 avril, le
peuple québécois a fait un virage aussi radical que permanent
vers son avenir et son plein épanouissement comme peuple. (16 h 50)
Permettez-moi, M. le Président, de remercier du fond du coeur les
citoyennes et citoyens du comté de Prévost qui m'ont fait
confiance le 13 avril en m'élisant à cette Assemblée
nationale. Je ferai mon possible pour être à la mesure de la
confiance qu'ils m'ont accordée.
Je veux remercier aussi l'exécutif et les structures du Parti
québécois de Prévost et les centaines d'hommes et de
femmes qui m'ont aidé dans cette élection.
Mais je tiens aussi, M. le Président, au nom de la
démocratie, à remercier et à féliciter ceux et
celles qui ont voté pour mes adversaires, parce que c'est ça le
processus démocratique et on peut dire que la démocratie est en
bonne santé dans Prévost, parce que plus de 86% de la population
ont exercé leur droit de vote le 13 avril.
Brièvement, pour ceux qui ne connaissent pas le comté de
Prévost, le comté est composé, à son
extrémité sud, par Saint-Jérôme, entouré de
Saint-Antoine, de Lafontaine et de Bellefeuille, à vocation
industrielle; en son milieu, vers le nord, les villes de Prévost et de
Sainte-Anne-des-Lacs combinent des lieux résidentiels avec le potentiel
d'une vocation de plein air et enfin les villes de Saint-Sauveur et de
Piedmont, en plus d'être des villes résidentielles, sont surtout
consacrées à l'industrie touristique.
Que veulent les hommes et les femmes du comté de Prévost?
D'abord, ils veulent travailler. Hommes et femmes, jeunes et âgés,
chômeurs, assistés sociaux et handicapés veulent la
possibilité de travailler dans la dignité et la
sécurité, dans la mesure où ils sont aptes au travail, et
veulent que ceux et celles qui, pour différentes raisons, sont inaptes
au travail soient protégés dans leurs revenus et par des services
sociaux, de façon à reconnaître et à réaliser
leur dignité de personnes humaines.
Ceci veut dire que la première priorité pour le
comté de Prévost - et je suis sûr que c'est partagé
par les hommes et les femmes de plusieurs comtés du Québec -c'est
la question de la création et du maintien d'emplois. Parce que ça
ne donne rien de créer des emplois d'un côté, pour les
perdre par des fermetures d'usines et des fermetures d'entreprises et des
licenciements collectifs de l'autre côté. Les citoyens et
citoyennes de Prévost veulent aussi la reconnaissance de leur
identité et de leur fierté régionale et veulent exercer la
possibilité de développer une économie régionale,
bâtie en bonne partie par les citoyens de la région, tout en
profitant - et c'est naturel - de tout ce qui peut résulter des grands
projets collectifs du Québec.
Les citoyens de Prévost sont inquiets car nos services de
santé et nos services sociaux sont en bas des normes nationales et qu'il
y a un besoin urgent de lits psychiatriques, de lits pour les soins
prolongés et de lits pour les cas aigus. Il y a une
nécessité sérieuse de combler ce besoin dans le
comté.
Il y a aussi le grand désir de la population de se donner des
installations de loisirs, de plein air et de culture à la mesure de sa
créativité, à la mesure de ses besoins. Ils veulent
également protéger leur environnement, compléter la
dépollution de la rivière du Nord et aussi aménager les
berges pour les activités de loisirs au service de toute la population.
Ils souhaitent aussi la décentralisation administrative de nos
organismes gouvernementaux dans la région dans l'espoir d'humaniser les
services en les rapprochant de la population. Parmi tous ces besoins et tous
ces éléments que la population attend de son député
et de son gouvernement, il y a ce grand désir de participer,
d'élaborer des projets et de les faire appuyer, encourager ou
reconnaître, selon le cas, par le gouvernement.
Le premier ministre nous a livré un discours inaugural où
il a défini à nouveau les trois grands axes de l'action du
gouvernement du Parti québécois dans les prochains mois et les
prochaines années. Ce sont ces trois thèmes qui étaient
les thèmes de la campagne électorale et qui ont été
endossés magistralement par la population du Québec. Le
développement économique, le développement d'une politique
familiale et la défense des droits du Québec acquis à dure
lutte par différents gouvernements, de différentes couleurs
politiques, au fil des années et qui sont mis en danger par le coup de
force du gouvernement fédéral de M. Trudeau.
Un budget, pour moi - je ne suis pas comptable - c'est la façon
d'exprimer et de réaliser un programme. Nous discutons le budget dans un
contexte, comme je l'ai dit tantôt, difficile. Mais il faut arrêter
de faire croire au monde que c'est juste ici au Québec qu'on a des
problèmes. Le taux d'intérêt et le prix de
l'énergie, ce sont des problèmes mondiaux. On a du chômage
au Québec, on a du chômage dans les provinces canadiennes, on a du
chômage aux États-Unis, on a du chômage dans les pays
industriels de l'Europe de l'Ouest. Tous ces pays sont aux prises avec les
mêmes problèmes dont on n'a pas toujours toutes les solutions. Il
faut arrêter de charrier sur le dos des Québécois. C'est
comme si on était la seule unité politique au monde où il
y a des problèmes, des difficultés assez sérieuses.
Ce qui est vrai pour une famille est vrai pour un pays. À un
moment donné, quand les coûts deviennent disproportionnés
en rapport avec les besoins, il faut modérer les dépenses. Je
suis convaincu qu'un parti qui se veut social-démocrate et qui est
social-démocrate doit aussi voir à la saine gestion des fonds
publics, doit contrôler les dépenses qui risquent de
déborder, mais pour mieux choisir de nouvelles priorités et
permettre leur réalisation. (17 heures)
Oui, l'économie du Québec est malade, nos amis d'en face
n'arrêtent pas de le dire; sauf que l'économie du Québec
est malade depuis la fin de la dernière guerre mondiale.
L'économie du Québec est malade à cause de l'absence
totale, tant à Ottawa qu'au Québec, de politiques
économiques cohérentes, de politiques de développement
industriel axées sur la transformation chez nous, par les nôtres,
des ressources naturelles dont la Providence nous a comblés.
La langue française a donné à la théorie
économique le mot "laisser-faire"; cela consacre, en français et
en anglais, la doctrine capitaliste d'Adam Smith au XVIIIe siècle. Mais
nos gouvernements canadiens et québécois, depuis la fin de la
guerre et jusqu'en 1976, ont donné réalité à la
politique de laisser-faire. On a laissé faire les entreprises
multinationales, on a laissé développer notre économie par
les étrangers, pour les étrangers, selon leurs priorités
et non les nôtres. On a laissé faire les industries qui
réalisaient des profits exorbitants, mais qui n'ont jamais mis un cent
de réinvestissement pour garder les usines modernes, de façon
qu'on puisse maintenir notre position concurrentielle vis-à-vis des
autres pays du monde. C'est seulement depuis 1976 qu'on a commencé
à doter le Québec d'une politique économique, d'une
politique de développement industriel à l'heure des années
soixante-dix et quatre-vingt, au niveau des PME, mais sans oublier ou
dédaigner la contribution que pourraient apporter les grandes
entreprises mondiales.
À cause de cela, il est vrai, il me semble que notre
économie est débalancée. Les jambes du secteur
privé sont atrophiées et il est peut-être vrai, selon les
savantes analyses de certains de nos collègues d'en face, que les bras
du secteur public sont un peu trop développés. Mais, pour
redresser la situation, la solution n'est pas de rapetisser les bras; il faut
développer les jambes, il faut développer le secteur industriel,
il faut renforcer nos industries de base comme on a déjà
commencé à le faire dans les pâtes et papiers, dans les
industries du secteur mou. Il faut aussi se lancer vers l'avenir et
développer des industries à haute technologie
destinées à l'exportation.
Parce que plus de la moitié du budget est consacrée aux
affaires sociales et à l'éducation, il est très difficile
d'effectuer des compressions budgétaires sans toucher, d'une
façon ou d'une autre, deux secteurs qui représentent plus de la
moitié du budget, mais je voudrais, dans le débat, qu'on braque
les feux sur les commissions scolaires, sur les conseils d'administration des
institutions aussi qui, en dedans d'une enveloppe budgétaire, prennent
des décisions à savoir où on va comprimer et où on
ne comprimera pas. Avant de mettre en disponibilité des
secrétaires, que ce savant juge, qui demande 45 000 $ pour faire
rénover son bureau, qui se fait couper à 8000 $ par un jeune
administrateur, alors que ce jeune administrateur se fait renverser par son
supérieur parce qu'il a eu un coup de téléphone de ce
savant juge dès qu'on parle de ça. Avant de mettre en
disponibilité les animateurs socio-culturels dans tel ou tel
cégep, qu'on pense deux fois si c'est nécessaire d'installer un
nouveau système d'ordinateur plus sophistiqué et plus
coûteux que le système qui existe. Quel est le plus utile pour
l'étudiant, l'ordinateur ou les services directs à
l'étudiant dont il a besoin? Avant de mettre en disponibilité le
cuisinier ou le préposé aux malades, qu'on examine la
nécessité de tous les coordonnateurs des coordonnateurs et des
adjoints des adjoints, chacun avec son bureau fermé. Avant de mettre en
disponibilité des animateurs de pastorale, des psychologues, des
conseillers pédagogiques dans la polyvalente, qu'on examine les frais de
voyage des cadres et des commissaires. Qu'on examine si tous ces congrès
sont nécessaires; qu'on examine si tous ces cours de formation sont
nécessaires. Je suis pour la formation, mais quand on se forme, et qu'on
se réforme et qu'on se réréforme, on commence à se
demander si la matière brute du début est compétente ou
non.
Il y a des limites. C'est bien beau se recycler, mais il faut commencer
par se "cycler". Avant de mettre en disponibilité les employés de
soutien, qu'on étudie la nécessité des dix directeurs
adjoints dans une polyvalente de 2500 élèves. Il y a trop de
chefs pour le nombre d'Indiens et le nombre de plumes mérite
d'être ordonné un peu. Avant de mettre en disponibilité un
bibliothécaire ou d'éliminer un laboratoire de sciences sociales,
qu'on juge la nécessité de l'adjoint aux recherches du directeur
adjoint du personnel. Avant de couper les travailleurs sociaux, qu'on
s'interroge sur la nécessité d'un directeur général
et d'une équipe de cadres supérieurs qui s'accorde, avec la
complaisance du conseil d'administration des niveaux de salaires au-delà
des barèmes admis par le ministère des
Affaires sociales.
Avant de parler de ticket modérateur, parce que le monde les
visite trop, parlons des médecins. Quand tu vas chez eux, ils examinent
l'oreille droite, click-click; ils te font revenir pour l'oreille gauche,
click-click; après cela c'est le nez, click- click; puis c'est la gorge,
click-click: pour conclure que tu es malade et que tu as besoin d'un
spécialiste, encore click-click. Pour une minute, me
désolidariser des syndicalistes du secteur public, je leur lance cet
appel, de braquer le feu de l'attention du monde sur ce genre de
problèmes avant de condamner tout le monde et, finalement, de
développer chez nous une certaine solidarité sociale à
l'égard des 10% de Québécois qui n'ont pas d'emploi du
tout, à l'égard des travailleurs de Port-Cartier qui, quand ils
sont mis en disponibilité, n'ont pas de sécurité d'emploi
et ils n'ont pas de limites géographiques; des travailleurs de la
construction qui sont obligés de s'isoler dans les régions
lointaines pour gagner les salaires adéquats pour un petit bout de
temps, mais pour revenir finalement pour revoir leur famille se retrouver en
chômage. (17 h 10)
On a beau être solidaire, il me semble que le travailleur qui
gagne, même syndiqué, après des années de lutte, 5 $
ou 6 $ l'heure a quand même le droit de se poser des questions parce
qu'il paie ses taxes vis-à-vis de ses camarades syndicaux, mais qui
gagnent plus cher pour des semaines moins longues et qui n'ont peut-être
pas tous les avantages sociaux du secteur public. Oui, M. le Président,
le défi des années quatre-vingt pour le Québec, c'est le
développement économique et le développement industriel,
mais on développe une économie pas seulement pour faire des
statistiques dans les chroniques financières. On bâtit une
économie pour le peuple, pour l'humain. On bâtit une
économie pour se donner des biens et des services nécessaires et
utiles pour notre propre population et qui pourraient être
nécessaires et utiles à nos voisins dans les pays à
travers le monde. Il faut qu'on entende parler dans cette Chambre, M. le
Président, de plus en plus souvent, du droit au travail, du fait qu'une
société moderne et civilisée doit fournir un emploi stable
dans des conditions de dignité et de sécurité à
tous les hommes, toutes les femmes, tous les jeunes et tous les
handicapés qui peuvent et veulent travailler. Une société
ne peut pas se dire civilisée tant qu'elle n'aura pas
réalisé ce défi et cela prend des choses qui ont
été négligées affreusement à travers les
années, des politiques intégrées de main-d'oeuvre
axées sur le plein-emploi, un meilleur système de formation et de
recyclage et des programmes beaucoup plus généreux
qu'actuellement de sécurité du revenu, parce que quand on a des
gens au
travail - et tous ceux qui sont capables de travailler seront au travail
- cela va être plus facile de donner un coussin de sécurité
financière et des services à ceux et celles qui sont inaptes au
travail.
Mais devant ce défi, je m'explique mal les prophéties de
malheur, de noirceur et de tristesse projetées par nos amis d'en face.
On se scandalise d'un déficit budgétaire d'un peu moins de 3 000
000 000 $, qui représente 14,8% de nos dépenses projetées,
mais le grand frère à Ottawa, lui, son déficit par rapport
à ses dépenses projetées est de 21,7%, la même
année, et ce n'est pas nouveau. Quand on dénonce des
déficits et qu'on fait du charriage politique avec des déficits,
cela implique qu'on est en faveur d'augmenter les taxes, mais les
libéraux disent qu'ils sont contre les taxes; ils veulent baisser les
taxes pour les mieux nantis du Québec. La conclusion, c'est quoi? Qu'ils
le disent franchement! Veulent-ils taxer les plus pauvres? C'est la seule
solution. Autrement, arrêtez de chialer sur le déficit. Tout le
monde a un peu un déficit.
On me fait signe de terminer. Je suis obligé de couper des choses
que je voulais dire. Par exemple, celui qui se scandalise de tous les sigles,
les CH, les CP, les CHSP, pauvre gars, c'est un ministre libéral de 1972
qui a inventé ces affaires-là, et je ne le dis pas pour le
critiquer. Je veux rendre hommage à ce ministre, M. Castonguay, qui a
fait une réforme des services de santé. On se scandalise parce
que, dit-on, le gouvernement du Parti québécois a donné la
clé de la porte aux syndiqués du secteur public, sauf qu'il y
avait des négociations dans le secteur public en 1972 et en 1975 et ce
n'est pas le gouvernement du Parti québécois qui négociait
à ce moment-là. On parle de cette tristesse et de cette
tragédie, de l'atmosphère d'instabilité du Québec
pendant laquelle Alcan investit massivement dans de nouvelles usines. General
Motors, sans faire de bruit, augmente son personnel, construit trois nouvelles
usines dans une période où l'industrie de l'automobile est
à terre en Amérique du Nord. L'usine d'autobus de GM
créée par une politique du gouvernement du Québec, une
communauté d'achat d'autobus qui a commencé avec 200 travailleurs
et qui, maintenant, donne de l'emploi à plus de 500 travailleurs. Pratt
and Whitney qui a presque doublé sa main-d'oeuvre au cours de cette
période de tristesse et d'instabilité tant
décriée.
Quand je vois des niaiseries comme dans l'affaire de Stablex, si
j'étais un industriel étranger qui se propose de faire un
investissement au Québec, bon Dieu! après ce show qu'on a eu sur
Stablex depuis quelque trois semaines, je changerais d'idée en
désespoir! On ne veut pas reconnaître non plus que cette compagnie
a trois usines en Angleterre, un pays très propre...
M. Fallu: Même au Japon.
M. Dean: ... très soucieux de l'environnement, et au Japon
également, qui n'a pas la réputation...
M. le Président, je voudrais dire simplement...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous avez terminé,
M. le député...
Des voix: Consentement.
M. Dean: Je n'en ai pas pour longtemps, je vous demande encore
quelques minutes.
Une voix: Consentement.
M. Dean: "II ne faut pas se faire avoir", 3 000 000 $. Mais on ne
parle pas des annonces du gouvernement fédéral avant la campagne
"II ne faut pas se faire avoir", et on ne parle pas des campagnes continuelles,
tous les soirs de la semaine: Canada, Canada, Canada, avec de grosses lettres
rouges de plus en plus grosses. Cela coûte de l'argent ça aussi,
et on fait du charriage. Un orateur d'en face a fait un lien entre 3 000 000 $
de publicité et le problème de l'aide sociale; savez-vous combien
chaque assisté social aurait de plus si on n'avait pas
dépensé ces 3 000 000 $? 6 $ par année. Il n'y a pas de
quoi faire sauter de joie des assistés sociaux! Ce sont des choses
ridicules qui frôlent le charriage.
On parle d'instabilité, et presque le lendemain de ce discours
sur l'instabilité de l'atmosphère, en plein milieu d'une prise
d'otages en Espagne où plus de 100 personnes étaient prises en
otage, la Société Ford a annoncé le transfert de
production d'un modèle d'automobile d'Angleterre en Espagne. Ce n'est
pas si mal. Quand on peut faire une piastre, on passe à travers bien des
choses. Ce qu'on a, et les compagnies multinationales, nationales et
québécoises ne peuvent refuser d'en profiter, ce sont les
ressources naturelles, les ressources humaines, des Québécois
capables à tous les plans de l'entreprise, tant des entrepreneurs que
des techniciens, des ingénieurs, des planificateurs, des travailleurs
cols bleus. La qualité, la productivité et la fierté au
travail du travailleur québécois sont les plus
élevées au monde.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député, les deux minutes que vous m'aviez demandées sont
écoulées. Je m'excuse.
M. Picotte: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui.
M. Picotte: J'accorderai mon
consentement à la condition qu'on puisse dépasser d'une
dizaine de minutes, afin de permettre à l'intervenant de ce
côté-ci qui doit parler de terminer son discours. Sinon, qu'on
suive le règlement et que le député s'assoie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint.
M. Chevrette: M. le Président, si vous lui accordez une
minute ou deux, je donnerai le consentement au nom du parti ministériel
pour que le député de Verdun et le député de
Notre-Dame-de-Grâce parlent et on ajournera après que le
député de Saint-Hyacinthe aura parlé.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous pouvez terminer, M.
le député.
M. Dean: Merci, messieurs de l'Opposition; merci, M. le
Président; merci à mes collègues. (17 h 20)
C'est comme cela bâtir le Québec. Nous avons des richesses
telles que bientôt les industries du monde vont venir à quatre
pattes demander la permission de s'installer au Québec, parce que les
travailleurs québécois, à outillage égal, sont les
meilleurs au monde. C'est prouvé à General Motors, c'est
prouvé à Pratt & Whitney, c'est prouvé à
Kenworth, c'est prouvé à Firestone, c'est prouvé un peu
partout, c'est prouvé au niveau des compagnies de génie-conseil
aussi.
C'est comme cela qu'on va bâtir le Québec. Mes
collègues et moi, on n'a rien contre parce qu'on reconnaît
l'entreprise privée, coopérative, publique ou mixte, toutes les
formules sont bonnes, pour autant que les entreprises respectent les
Québécois, respectent notre environnement, respectent notre
monde. Je suis pour cela.
C'est comme cela qu'on bâtit une économie, fièrement
debout, pas à quatre pattes, pas en laissant faire les autres. C'est
comme cela qu'on bâtit une société humaine et juste
où les plus faibles sont soutenus par les plus forts, parce qu'on a
assez de travail pour la grande majorité de la population. C'est comme
cela qu'on bâtit un pays. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Verdun.
S'il vous plaît, à l'ordre!
M. Caron: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Verdun, vous avez la parole.
M. Caron: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): La parole est au
député de Verdun, j'aimerais lui donner cette possibilité
de parler, s'il vous plaît!
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, je veux profiter du temps qui
m'est donné aujourd'hui pour apporter certains commentaires et faire
certaines suggestions au ministre des Finances sur le discours sur le
budget.
D'abord, je voudrais vous féliciter pour votre nomination ainsi
que vos deux collègues pour leur réélection à la
présidence et à la vice-présidence. Je voudrais aussi
remercier tout le personnel, greffier, pages, les gens du journal des
Débats, les gens du Parlementaire, les constables, ainsi que les gens
qui font le ménage dans nos bureaux. Je pense que ce sont des gens qui
nous comblent, nous les parlementaires, et je veux profiter de l'occasion, la
première fois que je prends la parole, pour les remercier.
Je voudrais aussi saisir l'occasion pour saluer amicalement mes 121
collègues-députés qui, quelle que soit leur couleur
politique, ont à coeur de servir dignement les intérêts du
Québec. Au-delà de nos durs débats, il y a cette
volonté et cette conviction chez nous tous de travailler pour le bien
commun et je leur assure mon amitié.
Le député de Prévost disait qu'Ottawa
dépense des millions en publicité, c'est vrai, comme le
Québec le fait. J'espère que les deux gouvernements vont y
penser, vont penser qu'il y a des gens qui sont sur l'aide sociale, qui sont
malades, qui ont besoin. Qu'on coupe la publicité un peu, autant
à Ottawa, M. le député de Prévost, qu'à
Québec dans votre caucus. Nous, nous nous chargerons de le dire aux gens
d'Ottawa qui n'ont pas le don de la vérité. Mais on vous demande
à vous, au caucus, d'en parler à vos ministres et j'espère
qu'ils vont vous écouter.
On a vécu ça, nous aussi, d'être en arrière,
de 1970 à 1976. Je peux vous dire que si certains de nos ministres du
temps avaient pensé à écouter des gens comme vous autres,
comme on était, on n'aurait peut-être pas eu la malchance, en
1976, de se ramasser de ce côté-ci. Je vois que le ministre de
l'Immigration est ici et qu'il écoute, j'espère qu'il a assez de
poids au Conseil des ministres pour passer le message.
M. le Président, je veux aussi remercier mes électeurs du
comté de Verdun qui, plus que jamais, m'ont à nouveau fait
confiance lors de la dernière élection. Les spécialistes
auront remarqué, je l'espère, que le comté de Verdun est
maintenant composé de plus de 70% de francophones et est le seul
où un libéral ait pu doubler sa majorité depuis 1976 en
s'appuyant sur le vote francophone. C'est tout à l'honneur de mes
concitoyens et cette
majorité de 7214 voix ne peut que m'inciter à servir de
mon mieux les intérêts des gens de Verdun qui maintiennent avec
ardeur leur attachement à leur député libéral.
Ce n'est pas sur des sujets comme le déficit budgétaire
que je veux parler aujourd'hui. D'autres de mes collègues l'ont fait et
le feront. Je veux surtout m'attacher à relever certains
problèmes qui sont au coeur des préoccupations des gens de mon
comté, un comté formé d'honnêtes travailleurs.
Le logement. Les jeunes couples, les petits ou les nouveaux
propriétaires vivent actuellement avec angoisse l'ampleur des taux
d'intérêts hypothécaires. Le problème est devenu si
important qu'un grand nombre ne peut plus tenir le coup devant ce
phénomène et est forcé de vendre la
propriété qui était souvent le symbole de l'unité
de la famille. J'invite le gouvernement à se pencher avec urgence sur ce
phénomène au Québec. L'accès à la
propriété est devenu ou est en voie de devenir non pas un droit
légitime à toute personne, mais un droit réservé
aux riches. Il est temps, à mon avis, de penser une politique
d'accès plus facile à la propriété, soit par un
train de mesures d'exemptions fiscales, soit par une forme d'aide plus directe
auprès des nouveaux propriétaires. Ceci permettrait de relancer
l'industrie de la construction domiciliaire et de fournir par le fait
même du travail à de nombreux chômeurs.
Même de ce côté-ci de la Chambre, M. le
Président... Vous savez qu'on ne siège pas souvent; l'an
passé, au cours des onze premiers mois de l'année, on a
siégé 40 jours; cette année, je n'ai pas fait le compte,
mais ça n'a pas été beaucoup. S'il le faut, le Parlement
peut rouvrir pour pouvoir travailler, proposer des projets de loi. Nos
collègues d'en face nous disaient qu'on a un grand nombre de
chômeurs, de personnes sans travail ici au Québec. De notre
côté, je suis convaincu que, s'il faut revenir, tous mes
collègues vont se faire un plaisir de revenir au cours de
l'été; je l'ai même dit au leader du gouvernement, au point
de vue des projets de loi de la communauté urbaine; c'est ça
être de bons parlementaires. J'espère, M. le ministre, que vous
suggérerez au Conseil des ministres que nous sommes prêts à
revenir, de ce côté-ci de la Chambre, pour tenter de faire quelque
chose pour les petits travailleurs.
Le problème des taux hypothécaires ne doit pas être
pris à la légère. Je suis sûr que, dans les bureaux
de comté, mes amis d'en face reçoivent des témoignages de
gens qui sont dans l'obligation de se serrer la ceinture pour parvenir à
joindre les deux bouts. Il faut faire quelque chose. (17 h 30)
Sur ce même sujet du logement, j'aimerais toucher un point qui me
tient à coeur et sur lequel le ministre délégué
à l'Habitation devrait se pencher sérieusement. Il s'agit du
problème des HLM. Je suis sûr que le gouvernement est plus que
jamais conscient qu'il faut augmenter le nombre de logements. Avec les
problèmes qu'il y a à la Société d'habitation du
Québec d'après le rapport qui a été
déposé la semaine dernière, ce n'est pas une façon
d'avancer. Dans le rapport qui a été déposé, on a
demandé qu'on fasse la lumière. Ce serait le temps de faire la
lumière. Si ces gens-là ne peuvent pas donner satisfaction aux
parlementaires et aux contribuables, qu'on les mette de côté. Je
veux bien croire que ça adonne que ce sont des petits amis du
régime; c'est normal, M. le Président. On n'a rien contre cela de
ce côté-ci quand ce sont des amis du régime, mais que ce
soient des bons, des gens qui travaillent, qui rendent service à la
population.
Je pense qu'ils ont perdu mon adresse dans le comté de Verdun. On
est censé construire, on en a parlé durant la campagne
électorale, on doit le faire et on jette le blâme sur la
municipalité. Je pense que ce n'est pas à la municipalité
d'exproprier des terrains. C'est au gouvernement du Québec de prendre
ses responsabilités. Je sais qu'il est supposé y avoir dans le
moulin 300 logements. Cela fait quatre ans et demi qu'on attend et on n'a rien
eu. J'espère qu'on va reprendre mon adresse et que même si les
gens ont voté pour le Parti libéral dans le comté de
Verdun et dans le comté de Sainte-Anne, on sera juste. C'est le temps de
prouver, M. le Président, que ces gens-là veulent traiter tous
les Québécois sur un pied d'égalité. On verra. Ils
l'ont promis durant la campagne électorale. Ils devaient faire cela la
première fois, mais, dans certains cas, ils ont oublié.
J'espère que, cette fois-ci, ils essaieront d'être le plus justes
possible pour les contribuables du comté de Verdun et d'une partie du
comté de Sainte-Anne.
Je voudrais vous parler de chômage. Le ministre des Finances nous
disait, dans son discours, que l'année 1980 a été celle
où on avait atteint le creux de la vague. La preuve en est le nombre
considérable de chômeurs que nous avons eus l'an passé et
que l'on a encore cette année. À Verdun, le problème du
chômage est vivement ressenti. Que dire des jeunes qui se
présentent à nos bureaux dans l'espoir qu'on puisse les aider. Ce
n'est pas facile. Je parlais au ministre du Travail, du placement
étudiant. Le gaspillage qui se fait à la Grande Passe. Il y a un
paquet d'argent qui est gaspillé. La publicité, si on la
diminuait. Il faut savoir comment dépenser l'argent. Si on prenait une
partie de cet argent et qu'on faisait travailler nos jeunes, nos jeunes
étudiants, cet été, surtout que les gens d'en face ont
flirté énormément avec
eux durant la campagne électorale.
De la façon dont le ministre du Travail m'a parlé la
semaine dernière, on aurait dit que je le dérangeais. Je sais
qu'il n'est pas ici parce qu'il est en commission parlementaire cet
après-midi. Il n'y a pas que moi qui ai pensé cela, M. le
Président. En fin de semaine, j'ai eu l'occasion d'assister à une
réception pour les finissants de la polyvalente Mgr Richard à
Verdun où il y avait 1500 personnes, étudiants et parents.
Combien des parents qui ont eu l'occasion de voir le moment où j'ai
posé la question sont venus me dire, qu'ils étaient
insultés de voir que le ministre, en Chambre, je le dérangeais.
Je pense qu'il va falloir que ces gens d'en face nous donnent la permission de
poser des questions. Si nous, les gens de ce côté-ci, ne pouvons
plus poser de questions, on va rester dans nos comtés. Le ministre de
l'Immigration, par exemple, est correct. Cela ne le dérange pas quand on
lui pose une question. Mais il y a certains de ses collègues que cela
dérange. Cela me dépasse, M. le Président. J'espère
qu'avec la période des vacances ils vont réaliser cela. C'est la
deuxième fois qu'ils se font élire et je ne voudrais pas que cela
leur monte un peu "icitte", parce que c'est dangereux. Vous savez, des fois, le
pouvoir...
M. Mailloux: Cela monte à la tête.
M. Caron: ... ça fait fléchir les jambes!
J'espère que ceux qui m'écoutent passeront le message.
Je voudrais parler un peu aussi des assistés sociaux. Chez nous,
à Verdun, on en a un grand pourcentage, par malheur. Je peux vous dire
que les gens qui bénéficient de l'aide sociale, ce ne sont pas
des gens qui le veulent vraiment. Il y en a un petit nombre, qui en
bénéficient de père en fils, mais c'est la
minorité. Si on donnait l'occasion à ces gens de se trouver
quelque chose; si on ne peut pas, qu'on essaie de leur donner un peu plus. Il
faudrait que tout le monde fasse sa part. On est prêt, de ce
côté-ci, on va leur donner notre collaboration pour accorder plus
aux assistés sociaux. On pourrait leur aider en payant une partie de
leur taxe d'eau; on pourrait aussi, du côté de l'aide sociale,
payer l'assurance. Vous savez, la majorité des gens qui
bénéficient de l'aide sociale ne sont pas assurés contre
le feu. Le gouvernement est pris pour payer après. Il pourrait y avoir
une politique selon laquelle quelqu'un qui bénéficie de l'aide
sociale est assuré par le gouvernement; ça ne coûterait pas
énormément cher et je pense que ça rendrait un grand
service à ces gens. Je sais qu'il y a eu une entente, deux autres
doivent parler, mais je n'en sais pas plus long. J'en aurais beaucoup à
dire, mais j'aurai d'autres occasions.
Je voudrais surtout dire au ministre des
Finances du Québec, avec un déficit de 3 000 000 000 $ qui
ira peut-être jusqu'à i\ 000 000 000 $, que je l'invite à
venir passer une semaine ou deux dans la belle municipalité de Verdun.
Dernièrement, j'ai eu l'occasion et l'honneur de déposer un
surplus de 2 000 000 $ pour la ville de Verdun. Je pense être en mesure
de donner quelques petites leçons au ministre des Finances. S'il veut
venir passer quelque temps à Verdun, il sera le bienvenu.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, une première
intervention à l'Assemblée nationale comme nouveau
député du Parti québécois du nouveau comté
de Terrebonne ne peut se faire que sous l'angle de la fierté et de la
reconnaissance envers les électeurs de mon beau comté.
M. Rivest: Ah!
M. Blais: Merci, M. Rivest.
C'est pourquoi, tout d'abord, je veux remercier chaleureusement tous les
bénévoles, les partisans et les partisanes qui m'ont permis
d'avoir, le 13 avril dernier, la confiance des électeurs de ce
comté. La très confortable majorité obtenue dans mon
comté trouve, d'une part, sa justification dans l'immense
popularité de l'équipe Lévesque et dans les
réalisations des quatre dernières années, et, d'autre
part, dans la fougue, la détermination et la ténacité des
sympathisants et des bénévoles de mon comté qui ont
transformé, dans mon comté, une victoire prévisible du
Parti québécois en une victoire éclatante.
C'est donc avec une joie non dissimulée que j'en sais gré
aux travailleurs et aux travailleuses de mon comté et c'est avec le
respect le plus senti que je m'efforcerai de vous représenter le plus
efficacement possible à l'Assemblée nationale.
Cette première occasion qui m'est donnée de prendre la
parole en cette Assemblée nationale se doit d'être une
déclaration marquée du respect. Respect, d'abord, envers la
démocratie du peuple québécois, respect de nos
institutions "parlementeurs", parlementaires, excusez, mais "parlementeurs" des
fois, aussi. M. le député, "parlementeurs", c'était
peut-être un synonyme d'Opposition. Je m'excuse. (17 h 40)
Respect envers nos institutions parlementaires bien que britanniques et
respect des engagements gouvernementaux de la dernière campagne
électorale. Enfin, une
tentative de respect total envers mes collègues de l'Opposition.
Envers la démocratie du Québec, M. le Président, je me
dois, comme tous mes collègues ministériels, d'être
totalement respectueux; nous devons accepter les bons et les mauvais
côtés de la démocratie. Le 15 novembre 1976,
c'était, pour nous du Parti québécois, extrêmement
facile d'être démocrates. Le 13 avril dernier, c'était
encore beaucoup plus facile. Cependant, le 20 mai 1981 - on va voir sourire de
ce côté-ci, je suis malheureusement placé de leur
côté; je m'excuse, nous avons trop de députés -
cette date faisait mal aux Québécois, nous faisait mal à
la démocratie. Cela date d'une leçon très difficile
à digérer que le peuple québécois nous avait
donnée cette journée-là doit cependant, avec celle du 13
avril, fixer nos positions pour les quatre années à venir.
M. le Président, nous devons, sans renoncer à notre
objectif national, ultime et connu de tous, la souveraineté du
Québec -merci - freiner les élans trop vifs de nos membres trop
impatients, quoique je les comprends, tout en ne ménageant aucun effort
pour faire avancer sans détour la date de l'avènement sublime qui
fera du Québec enfin notre pays et notre patrie. Nous devons veiller
à ce qu'aucune étape vers la réalisation sacrée de
notre raison d'exister comme parti politique ne soit indûment
retardée. Les étapes vers notre souveraineté nationale
commandent un bagage trop lourd à porter rationnellement pour
qu'ensemble, avec nos moyens et nos pouvoirs restreints, nous permettions que
s'éternise ce voyage vers la liberté politique totale. C'est de
cette façon et de cette façon seulement que la voix du peuple le
20 mai et le résultat du 13 avril 1981 doivent nous commander d'agir.
Toute autre interprétation de ces deux résultats combinés
ne serait qu'analyse partisane, d'un côté comme de l'autre de la
Chambre.
Oui, gens de Terrebonne, je vous promets une fidélité
totale et absolue et je vous jure solennellement de respecter le mandat que
vous m'avez confié qui n'est pas la réalisation immédiate
de la souveraineté, mais un mandat clair et précis de faire
avancer démocratiquement l'idéal que chaque peuple du monde
entier garde jalousement au fond de lui: la souveraineté politique de sa
nation. Ma nationalité à moi, elle est québécoise;
mon être entier est québécois et mon pays ne peut
être autre que le pays du Québec.
Oui, gens de Terrebonne, je me dois, à ma première
intervention, de parler de respect, respect envers nos institutions
parlementaires. Bien sûr, en arrivant ici, dans cet immense parlement, un
nouveau député se sent un peu perdu, mais l'adaptation est assez
facile et la marche à suivre est emballante. Du moins, je vous assure de
tout déployer pour vous servir avec le meilleur rendement possible,
électeurs et électrices que je représente ici à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, vous d'abord, je peux vous assurer de tout le
respect que votre titre commande et de respecter les règles que vous
êtes tenu de nous faire appliquer.
Il y a aussi les engagements du Parti québécois durant la
dernière campagne électorale. Nous nous devons, nous,
députés ministériels, voir à ce que tous soient
respectés. Dans ma première intervention, il me faut en votre nom
dire le respect que je dois au Parti québécois et surtout
à la base, à ses membres et à tous ceux, finalement, qui
font que le Parti québécois est le parti des
Québécois. Même si la période restrictive de la
conjoncture financière internationale nous impose de composer avec les
revendications rationnelles de la base, il nous faut ensemble, gens de
Terrebonne, veiller â ce que les plus démunis ne soient pas les
innocentes victimes des réductions de budget envisaqées, comme le
promettait d'ailleurs notre premier ministre. Il nous faudra ensemble, les
ministériels, aidés par les gens de Terrebonne, faire travailler
notre sens inventif et Imaginatif pour que les coupures nécessaires
à la bonne marche de notre gouvernement se concrétisent dans les
sphères les plus aptes à subir ces sacrifices financiers que les
débuts des années quatre-vingt imposent à la population du
Québec, et à la population mondiale, d'ailleurs. Dans ce domaine,
je promets à mes commettants, au gouvernement et à mes
collègues de faire ma modeste part pour que l'opération
réussisse sans trop blesser les faibles ou brimer les revendications
rationnelles.
Il y a aussi une tentative que je dois faire lors de ma première
déclaration à l'Assemblée nationale; c'est tenter d'avoir
un respect absolu envers l'Opposition, en plus d'un respect
général envers tous mes collègues. Je voudrais ici ne
surprendre personne, mais je dois vous dire, M. le Président, que j'ai
et j'aurai, tout le long de mon mandat, ce respect envers l'Opposition
libérale, mais un respect, cependant, qui devra être
dépourvu de toute la naïveté du néophyte que je suis.
M. le Président, je respecte sans ombrage les droits absolus de
l'Opposition d'être, selon les sièges de cette Chambre,
représentants fédéralistes, fédéralistes
difficiles, fédéralistes absolus, fédéralistes dans
le vide, fédéralistes assis, debout, couchés, à
plat ventre. Tous les fédéralistes, je vais vous respecter si
vous l'êtes, ou tout simplement libéraux, c'est-à-dire sans
philosophie constitutionnelle absolue. Bien sûr, il me faudra respecter
les positions de mes collègues de l'Opposition. Je veux les assurer que
tant et aussi longtemps qu'ils défendront les intérêts des
Québécois d'abord, je les respecterai sans hésitation.
Mais c'est loin d'être chose évidente depuis ma
récente arrivée dans cette Chambre. Les collègues de
l'Opposition, que je vois heureusement de dos, n'ont pas souvent de mouvements
provoquant chez les membres de la députation ministérielle des
gestes de respect absolu envers leur position ferme du côté
constitutionnel.
Je me dois de les prévenir que l'Assemblée nationale du
Québec - ils le savent - contient 122 sièges. Ces 122
sièqes doivent recevoir 122 personnes qui défendent les
intérêts du Québec. Il y a, à Ottawa, un autre
Parlement où il y a 282 sièges. Ces gens ont été
élus pour défendre d'abord les intérêts du peuple
canadien. Si, par Parti libéral interposé, les 42 membres
minoritaires de cette Assemblée se prennent pour des gens qui
siègent au Parlement d'Ottawa, là, il sera strictement impossible
pour moi - et je crois que c'est la même chose pour mes collègues
- de respecter leurs positions. D'ici quelque temps, il nous sera probablement
donné de constater si les députés de l'Opposition qui
siègent ici à Québec siègent vraiment à
Québec ou à Ottawa. Ce jour où la Cour suprême
décidera si le rapatriement unilatéral de la constitution est
légal ou permis, nous verrons si, dans cette Assemblée,
siègent 122 élus québécois ou seulement 80
défenseurs des revendications légitimes du peuple
québécois.
Libéraux, vous le savez, par cet acte unilatéral,
l'Assemblée nationale, que nous nous devons, par essence, de
défendre, perdra beaucoup de ses droits. C'est à ce
moment-là que nous verrons si tous les gens qui siègent ici se
lèveront pour défendre Québec devant ce coup bas, ce coup
presque hypocrite que pose Ottawa. (17 h 50)
Je doute fortement - et c'est malheureux - du choix que feront mes amis
et collègues de l'Opposition. Il semble, Terrebonniens et
Terrebonniennes, que les députés de l'Opposition se piquent trop
souvent d'habiter le Québec plutôt que de faire sentir qu'ils ont
l'âme québécoise. Nous ne reprochons à personne dans
cette Assemblée nationale d'avoir une adresse au Québec, mais
nous vous reprochons d'avoir une maladresse envers les Québécois.
C'est tout ce que nous reprochons à l'Opposition. Il est facile de
prouver que nous sommes tous géographiquement canadiens; nous le sommes
tous, les députés de l'Opposition le sont aussi. Mais ce n'est
là qu'un accident de naissance. Nous sommes farouchement, du
côté ministériel, des Québécois de
tête, de coeur et des amoureux historiques du Québec.
M. le Président, à cause du respect du milieu culturel
dans lequel j'ai vécu longuement, j'aimerais, pour parler de mes
collègues de l'Opposition, parodier deux vers de Corneille.
Si vous n'êtes pas Québécois, chers libéraux,
soyez dignes de l'être, mais si vous l'êtes, je vous en supplie,
faites-le donc mieux paraître.
Ce fut pour moi un grand honneur de prendre la parole pour la
première fois à l'Assemblée nationale et je veux une autre
fois en terminant remercier les bénévoles, les esprits
compétents et éclairés de mon comté de Terrebonne
qui m'ont valu ce titre de noblesse et de fierté d'être le
député du nouveau comté de Terrebonne.
Une voix: ...
M. Blais: Oui, probablement, Monsieur.
Cependant, en terminant, je vous dis, gens de Terrebonne, vous voulez un
pays, une patrie, eh bien, moi et les députés ministériels
de cette Assemblée, ensemble nous vous le donnerons. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de Jacques-Cartier. Il y a consentement pour que vous
dépassiez 18 heures pour pouvoir terminer votre présentation.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci. M. le Président, the world of
education is up in arms. Everybody, and I mean everybody, except, strangely,
the government, is up in arms about the budget cuts announced in late February.
Each day brings mounting cries from every sector: the teachers, the
administrators, the school boards, the professionals, parents, students,
cégeps, universities, elementary and secondary, and some of the
strongest voices have come from the government's own chief advisory body, the
Superior Council of Education.
Everybody is concerned about the cuts which have been characterized as
catastrophic, because people are concerned that the quality of education will
be compromised very severely. They are concerned that we are going to be paying
a price for a long time for what are considered false economies in the short
term. In fact, the economies represent a betrayal of this generation which is
our future.
For a government that considers itself the wave of the future, the Parti
québécois seems strangely unconcerned. What has happened to all
the social priorities which I think most of us shared over the last years? What
has happened to the concern for the handicapped, the concern for the children
in the "milieux défavorisés", for the illiterate and for the
mentally ill? We have made a lot of progress in the last 20 years for, what I
would call, previously marginalized groups in bringing them into the mainstream
of
society. Now it looks as though they are in danger of being
abandoned.
Loin de reconnaître avec franchise cet état de fait, le
ministre de l'Éducation persiste à défendre
l'indéfendable et a affirmé candidement à
l'Assemblée nationale, le 20 mai, qu'il n'y a pas de coupure
budgétaire dans le secteur dont il est responsable, mais bien - et je
cite - "un ralentissement dans la progression des crédits imposés
par une conjoncture qui vient d'ailleurs."
Dans son discours sur le budget, le ministre des Finances disait,
à propos des coupures: "Certaines, même si elles choquent quelques
spécialistes, n'auront guère d'effet sur le public." Est-ce que
le ministre des Finances et le ministre de l'Éducation ne croient pas le
Conseil supérieur de l'éducation qui, dans son mémoire sur
l'éducation des adultes, a dénoncé les coupures comme
draconniennes et irrationnelles? Est-ce que les ministres des Finances et de
l'Éducation ne sont pas sensibles à l'importance de plus en plus
grande de l'éducation des adultes? Est-ce que les ministres ne sont pas
sensibles au fait -et je cite le mémoire du Conseil supérieur que
"dans toute société moderne, le degré de
développement d'un peuple n'est pas sans aller de pair avec le niveau de
scolarité de sa population."
Or, au Québec les divers organismes d'enseignement sont peu
fréquentés par l'ensemble de la population. Ainsi, 85% des jeunes
Québécois n'utilisent pas les ressources de niveau universitaire,
67% n'atteignent pas le niveau collégial et environ 45% de la population
scolaire n'obtiennent pas le diplôme de fin d'études secondaires.
Je cite encore: "Une telle situation est alarmante à une période
où la technologie commande le progrès, où les conditions
de vie dépendent largement du savoir de la science. Plus que jamais, la
formation des adultes doit s'inscrire dans le mouvement de l'éducation
permanente. Les adultes eux-mêmes l'ont déjà compris. 1 500
000 d'entre eux sont déjà inscrits à des services
d'éducation des adultes depuis leur instauration."
The Minister of Education, the other day, in this Assembly, talked with
what seemed to me some pride about the amount of moneys that are spent by this
province on education and which are mounting rapidly, even faster than those in
Ontario, as if this growing gap between the expenses in Québec and
Ontario were a reflection of the quality of education that we deliver here, in
Québec. But the question that the public is asking and has the right to
ask is why. How did we get into this mess? Why are the costs of education
mounting so rapidly? Is it inflation? Is it too much government bureaucracy? Is
it declining enrollments? Is it changes going too far, too fast, that we have
not been able to control? Is the 500 000 000 $ hole that was discovered in the
winter, which has now enlarged to some 625 000 000 $? Who is right? Who is
wrong? Who is responsible? Is there any truth to all these allegations? What
should the public reaction be? (18 heures)
Mr. President, I have no instant solutions and I do not want to be
simplistic about what the solutions are. But I have a few suggestions as to the
areas that we should look at in order to get... to the root of the matter.
I believe that it is time to ask ouselves which expenditures in
education are educationally and socially productive and which are not. I
believe that the public has a right to expect the best possible value for their
money and we should examine all educational expenditures in the light of their
educational value. I suggest that there are a few situations which the
government should take a look at and I repeat government, because the
government is directly or indirectly responsible for getting us into much of
the present situation, and it is going to be initiatives taken by the
government that are going to begin to get us out of them.
The first thing I think we should take a look at are the social benefits
agreed to in the collective agreements in the public sector. This is a hot
subject, perhaps, but I think we have to have the courage to look at it. I
think that if we compare - and I think the government should take a good look
and make public the figures - if we look carefully at the social benefits, the
job security provisions, the working conditions and so on that have been given
in the collective agreements in the public sector, we will find that the
Province of Québec is way out of line. We are living in a dream world in
this province and I think it is time to get our heads out of the clouds and
realize that we cannot exist in a vacuum, we have to get ourselves into line,
in this regard, with the other provinces in this country.
The next thing I think we should look at are the costs themselves of
negotiations. The public sector negotiations in this province cost
approximately 20 000 000 $. I think we have got to ask ourselves if that cost
is justified in terms of the problems inherent in the process of the
negotiations themselves and in terms of the results. Can we afford such a
destructive, many times, and often non productive process? That is the second
area that I think we should look at. And we should look at it in these terms:
Does the process and the contents, in result of those negotiations, improve
education or not? Does it do anything for the morale of
our teachers, for the morale of our students or for the betterment of
education? I think those are important questions that we have to look at in
relation to our negotiations.
The third thing we should look at is the Department of Education itself
and the way in which it deploys its personnel and the functions that they
perform. I do not have the time here to go into all the aspects of that, but I
could cite one or two examples. One is the growing computer operation of the
government. I am speaking specifically with respect to education because I am
not so familiar with the other areas.
More and more, everybody in the schools and the administration of
schools, and at all levels of education, primary, secondary, college and
university, are swamped with demands from the government for information,
forms, statistics, more and more information. Some of this information does not
get published until two or three years later and I question its usefulness at
that point. The people who work in education outside of the government, at the
community level, are spending more and more of their time trying to fulfill
these demands instead of serving directly the clientele in education. I
question, first, the value of the government operations, secondly, the value of
the information they collect and, thirdly, the man-hours, the extra personnel
that are being paid by the local institutions to do this job and taking their
services away from direct services for the clientele.
The next area that I think we should look at is again a very sensitive
area, the productivity of our teachers. We have, in recent years, through the
results and through the agreements negotiated with our teachers, arrived at a
situation again where the productivity of our teachers is way out of line with
anywhere else in North America. After one of the recent agreements, the
teachers' unions congratulated themselves for having won the best contract in
North America. I do not begrudge the teachers those things. What I am saying
is, if we are looking for money, and for efficiency and productivity, and for
ways to save dollars and get more for our money in education, we have got to
look at that because we cannot afford this kind of luxury, this kind of
situation that we have gotten into. Not only that, many of the things that have
been agreed to in relation to the teachers' working conditions have severely
hurt the quality of education.
Last time, the length of the school day had to be cut so that the number
of teachers that were allotted in the rules could cover the number of children
that had to be looked after. We had to cut school days, we had to cut school
programs at the secondary level in order to accommodate the conditions that had
been agreed to at the provincial level. Because of the reduction of maximum
class size, which everybody thought made a lot of sense, what happened was that
we had only enough teachers to staff the regular classes of the schools so the
specialized services: gymnasium, physical education; music, all these things
had to be cut from the primary level of education because the staff allotment
was only enough to staff the classes at the maximum size class level. Does that
make any sense? Not only are we not using our teachers effectively, we are
agreeing to conditions that are severely curtailing and hurting the
program.
The next area we should look into is the way in which we deal with
surplus staff. And I am talking again particularly about surplus teachers. We
are going to have surplus in a declining enrolment situation. The present rules
favor the senior teachers in terms of security. That seems to be assumed as a
truth, a reality that we have to live with. I would like to suggest - and I
have never heard this suggested before but I have talked about it with many
people and they seem to think that this may be a good idea - in order to keep
the school system revitalized and to encourage the introduction of new
teachers, young teachers who are some of our very best teachers, who are
suffering under this surplus system, that instead of declaring a surplus pool
from the bottom up, in seniority, we start from the top senior division and
allow the young teachers to come into the system. I think it would be a far
better and a more effective use of people, it would in fact be a little cheaper
for the government because you would not have this continually aging staff
costing us more and more money for the same number of teachers and it would
revitalize and provide greater quality for the system. (18 h 10)
Another aspect of the use of surplus which I think is very important and
needs to be explored by the government; at present we use surplus teachers by
the rules of the game, namely for substitution for other teachers who are away
for one reason or another. I think that it would make much more sense, seeing
that we have a surplus of teachers in general, to introduce a system of regular
sabbaticals for everybody, long term, year long sabbaticals for everybody, in
education. We all know that long term professional development, one year long
rather than occasional, here and there, is much more effective in terms of
teacher development. If we have a surplus instead of wasting teachers in
substitution which is a very costly way of using these people, I think we could
get more for our money by introducing a periodic sabbatical for everybody. I
cannot go into how that would relate financially to the
substitution cost, but I think it is worth looking at and I think it is
something that would be a more effective use of our personnel at a better
cost.
Now, I come to the last area and that is curriculum. The government is
in the process of revamping the curriculum right across the board. The
government is developing new programs at every level of the school system.
Every child will have a new text book in every subject. This is being done at
tremendous expense, many, many hundreds of people are working on this project
and it is going to take a number of years and I think, for financial reasons,
if none other the government is slowing dawn in its implementation of this
program.
Now, I think this program was well motivated, it was an attempt to
improve the quality of education and raise standards. But, I am sorry, I am
going to throw in some serious questions that I have about it. The first
question is about the cost. Can we afford it? I think not. But even more
important if we could afford it, is this project really going to improve
education for our children. My answer again is no.
Mr Chairman, I do not think the problems in education are going to be
solved or very much helped at all by a new curriculum. They certainly are not
going to be solved by having the same curriculum for every child. I think we
have too many different kinds of children with too many different kinds of
needs, with too many different intellectual capacities, with too many different
social backgrounds to ever find the perfect curriculum for everybody right
across the system.
I would even go so far as to say that I sincerely believe that the
curriculum is not the book, the curriculum is the teacher and a good teacher
can make a good curriculum out of any book. And even if you have a good book, a
poor teacher will never make a good curriculum out of it, no matter how good
the program is. So what I am saying is that it is not the man-hours of filling
in forms, it is not the negotiations, it is not the hassle of negotiations, it
is not the contract, it is not the bureaucracy in Québec or the
computers in Québec of the excessively costly social benefits, it is not
the text books and it is not the curriculum.
None of these things will make good education. I even go so far as to
say, in many ways, they impede good education. I think it is time to put our
money where it counts. And it counts first in good quality teachers and we have
many and we must see that we do everything to rivitalize the system and
continue to attract and help develop in a professional way, good teachers. It
also means that those teachers must have high expectations of their students.
It means that we must support and we cannot cut some of the things that are
being cut in the present budget.
We must support - and we cannot cut some of the things that are being
cut in the present budget - more guidance counselors, more crisis teachers, we
are desperate for these things and these are all the things that are getting
the chop. We must support home help for parents, good liaison with parents,
parents who are having trouble and who cannot give the proper support at home
for their kids and therefore their children are having trouble in school.
Libraries, career education, there is a desperate need in our schools for
realistic career education. The gap between school and work is widening all the
time and we have to do something about that. This has to be done by people who
know what they are doing and can reach the children in this regard and help
them find practical opportunities to see what they can do.
We need outreach projects in the community, community based programs to
help children who have dropped out and need to be saved. These programs are
happening, but they need financial support. These are the important things that
education needs and this is where we must put our money.
You know, I just want to share with you one thought. If you talk to the
people who look after the children in detention homes, the people who look
after the children who are in trouble and the adolescents in trouble, they will
say that the common factor in the background of all those children - and the
children will express it themselves - is that nobody in their lives ever gave
them a chance to be good at something: playing a guitar, riding a motorcycle,
hitting a baseball, reading a book, mathematics, being in a play, it does not
matter what it is, but to be good at something, this is what gives people
dignity, it is what gives people self- respect and that is what schools are all
about.
I think, Mr. Chairman, that everybody in education knows this, the
teachers know it, the parents know it, the students know it and students know
it because that is what they mean when they say that schools are not relevant.
To help them to be good at something, that is what relevance is anc students
have known it for ages and ages.
In the light of this reality, Mi Chairman, I think it is time for us
seriously to examine the cost of education, the cost benefits of education. Let
us cut the items which are non productive or ever counterproductive in the
educational budget Let us make sure that we put our limited education funds
into the things that really count. Thank you, Mr Chairman.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, je demande l'ajournement
du débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Vaugeois: M. le Président, permettez-moi de rappeler
que ce soir il y a trois commissions qui siègent. Il y en a une qui,
exceptionnellement, va siéger à 19 h 30. C'est la commission du
loisir, de la chasse et de la pêche à la salle 81-A et,
apparemment, on s'est entendu pour terminer ce soir quitte à
dépasser minuit. Alors, en commençant plus tôt et en
finissant un peu plus tard, on pense terminer ce soir. On s'est entendu pour
terminer ce soir.
Il y aura également au salon rouge la commission des finances et
des comptes publics et, à la salle 91-A, la commission de l'habitation
et de la protection du consommateur siégera, on procède à
l'étude article par article de deux projets de loi, les nos 1 et 7.
Je propose donc l'ajournement des travaux à demain matin, 10
heures, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le leader pourrait
répéter? Est-ce qu'il a parlé de la commission de
l'éducation pour ce soir?
M. Vaugeois: Non.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Il est plutôt question
des auditions, n'est-ce pas?
M. Vaugeois: Pour ce soir, il y a les auditions. À quel
endroit?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, c'est cela.
Une voix: Commission de l'éducation sur l'école
privée au salon rouge.
Une voix: Les auditions au salon rouge.
M. Levesque (Bonaventure): Ce sera la commission parlementaire
des finances et des comptes publics, n'est-ce pas?
M. Vaugeois: Oui, c'est cela. C'est à l'occasion de
l'étude...
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Vaugeois: M. le Président, je reconnais bien là
l'intelligence, la sagacité et l'expérience du
député de Bonaventure; après 25 ans, après tout!
Donc, c'est l'occasion, au salon rouge, avec l'étude des crédits
et de la loi no 11, de recevoir les représentations sur la question de
l'enseignement privé. Voilà, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Les travaux de la Chambre
sont ajournés à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 21)