Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, messieurs! Un moment de
recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
Délégation du comté de
Bonaventure
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que la tradition veut que vous
souligniez les personnages qui nous visitent et qui visitent l'Assemblée
nationale; vous soulignez leur présence dans nos galeries. Vous ne
pouvez pas le faire pour tous nos honorables visiteurs, parce que ça
prendrait trop de temps. Lorsqu'il s'agit d'un premier ministre, je pense, M.
le Président, que, à ce moment, vous n'hésitez pas
à souligner sa présence. Vous me permettrez de noter la
présence d'un ministre d'un jour, de 1979, qui a justement passé
la journée avec le premier ministre: Mlle Véronique Roy qui vient
de mon comté de Bonaventure avec une délégation de
Saint-Omer de Bonaventure.
M. Lévesque (Taillon): C'est avec le plus grand plaisir,
comme ancien Gaspésien et comme ancien collègue de Mlle Roy, que
je me joins au député de Bonaventure pour lui souhaiter encore
une fois la bienvenue. Je ne sais pas si ça lui a donné le virus,
mais elle était dans Limoilou quand je l'ai connue, elle est maintenant
rendue dans Bonaventure, est-elle en train de se chercher un comté?
Le Président: Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privées.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Rapport sur le projet de loi no 262
M. Charron: M. le Président, je voudrais déposer le
rapport du greffier en loi qui concerne le projet de loi no 262, Loi concernant
certains lots du cadastre de la paroisse Saint-Sauveur, dans la division
d'enregistrement de Québec. Ce rapport m'indique que tout a
été régulier et respecté selon les règles de
pratique.
Le Président: Rapport déposé.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Charron: Je vous inviterais, M. le Président, à
appeler l'article c) du feuilleton.
Projet de loi no 262 Première lecture
Le Président: M. le député de Taschereau
propose la première lecture du projet de loi privé no 262, Loi
concernant certains lots du cadastre de la paroisse de Saint-Sauveur, division
d'enregistrement de Québec.
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: M. le leader.
Renvoi à la commission de la justice
M. Charron: Oui. Motion pour déférer ce projet de
loi à la commission de la justice, c'est ce que je propose.
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence sera adoptée? Adopté.
Période de questions orales des députés.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Édifices convertis en condominiums
M. Ciaccia: Ma question s'adresse au ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur. Hier, à la suite d'une question que j'avais
adressée au premier ministre en l'absence du ministre, une des
réponses a été donnée par l'adjoint parlementaire.
Je crois que cette réponse était inexacte et augmente
l'inguiétude qui a déjà été exprimée
par des locataires et
spécialement par des locataires qui sont des retraités,
des personnes âgées.
J'avais parlé de la question de la propriété
indivise et de l'utilisation de ce concept, qui n'est pas un nouveau concept.
Le député de Taschereau a souligné que c'est un vieux
concept. Oui, mais ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est qu'on utilise ce
concept soit pour obliger les locataires à acheter leur appartement,
dans un édifice à appartements, ou soit d'être
expulsés. Ceci est contraire à l'intention de la loi qui avait
prévu des règlements pour convertir des appartements en
condominiums. Mais qu'on appelle cela condominium ou propriété
indivise, le résultat est le même. Avant d'expulser un locataire
ou avant de l'obliger à acheter, la loi avait prévu qu'il y
aurait des règlements justes et raisonnables pour la protection du
locataire.
La question que je veux poser au ministre ce matin est la suivante:
Est-ce que le ministre confirme la réponse de son adjoint parlementaire,
c'est-à-dire qu'on peut maintenant convertir des édifices
à appartements en propriété indivise, et obliger les
locataires à acheter ou à se faire expulser, malgré la
réglementation prévue par la loi?
Une voix: Très bien.
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, d'abord une correction. Je
n'étais pas absent hier. J'étais retenu à
l'extérieur dans l'exercice de mes fonctions. Ce n'est pas la même
chose.
M. Ciaccia: Comme je ne vous ai pas vu en Chambre, j'ai
présumé que vous étiez absent!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tardif: Je pensais qu'il y aurait une question sur le
résultat de ces tractations à Ottawa; cela viendra
peut-être, à un moment donné.
Deuxième élément. En entrant dans cette Chambre, ce
matin, j'ai tenu à féliciter mon adjoint parlementaire pour
l'excellente réponse qu'il a donnée au député de
Mont-Royal. Je l'endosse totalement. Les cas décrits par le
député de Mont-Royal, pour certains, se produisent de la
façon qu'il les a décrits; cependant, je pense qu'il y a une
marge entre assimiler tous les cas de copropriété indivise
à la situation qu'il a décrite. Au phénomène
très réel de la copropriété et de sa
réglementation s'en ajoute un de spéculation. Je me demande si ce
n'est pas beaucoup plus un phénomène spéculatif, auquel on
assiste, qu'un phénomène proprement juridique de
copropriété.
Néanmoins, il arrive des cas, qui ne sont pas
généralisés, où on fait indirectement ce que la loi
ne permet pas présentement de faire directement, c'est-à-dire de
la copropriété divise.
Des voix: Ah!
M. Tardif: II y a des cas.
Des voix: Ah!
(10 h 20)
M. Tardif: Ce qui n'est pas exact, c'est ce que le
député de Mont-Royal fait, il généralise. Le
gouvernement auquel appartenait le député de Mont-Royal a
justement arrêté la copropriété divise en 1974, il a
reconduit ce gel en 1975, parce que cette conversion donnait lieu à
toutes sortes de difficultés et de problèmes juridiques pour les
acquéreurs de maison. Ce que nous avons fait avec la loi 107 a
été de permettre ceci en l'assujettissant à une
réglementation qui viendra aussitôt que nous aurons eu les
propositions d'amendement au Code civil.
Cependant, dans l'immédiat, je veux particulièrement noter
l'ouverture du député de Mont-Royal à un amendement
possible à la loi 107 pour que le pouvoir réglementaire qui
existe présentement pour la copropriété divise soit
également appliqué à la copropriété
indivise. Si tel était le cas, je compte, en effet, examiner un
amendement au cours des prochains jours et, si nous avons le consentement de
tous les membres de cette Assemblée, j'envisage la possibilité
d'introduire un tel amendement dans la loi 107 pour prévenir les
quelques cas d'abus que mentionne le député de Mont-Royal.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je m'excuse. Le ministre dit
qu'hier il n'était pas absent; comme je ne l'avais pas vu ici en
Chambre, j'avais présumé qu'il était absent de cette
Assemblée. Je suis heureux de voir qu'il confirme que la pratique
actuelle est un contournement de la loi. Vous venez de le confirmer,
contrairement à ce que votre adjoint parlementaire a dit, mais vous
confirmez aussi l'opinion du président de la régie qui dit que
cette pratique contourne la loi actuelle qui avait pour but de
réglementer la possible vente d'appartements à des individus et
leur expulsion éventuelle. M. le Président, je peux assurer le
ministre que nous acceptons... Même si le ministre ne l'avait pas
suggéré, j'allais demander dans une question
supplémentaire quelles mesures le ministre va prendre
immédiatement et quand il va les prendre les mesures nécessaires
pour empêcher le contournement de la loi, pour
empêcher cet abus. On a été trop longtemps sans
réglementation. La loi a été adoptée en 1979 et la
réglementation n'existe pas encore. Je peux assurer le ministre, M. le
Président, si le ministre est prêt à déposer dans
cette Assemblée les mesures nécessaires - et le
vice-président aussi, qu'il accepte ce que le ministre vient de dire,
contrairement à ce que... et l'adjoint parlementaire aussi -pour
arrêter cet abus, que nous allons lui donner notre coopération
entière afin de protéger les locataires, tel que la loi le
prévoit, tel que la justice et l'équité le demandent.
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, le député de
Mont-Royal, qui est juriste de formation, devrait savoir mieux que moi, qui ne
le suis pas, que ce qui se passe présentement n'est pas un contournement
de la loi. La loi permet la copropriété indivise
présentement. Il n'est pas exact de parler de détournement ou de
contournement de la loi. Cela se fait légalement. C'est permis, M. le
Président. Deuxième élément. Je suis d'accord - je
l'ai mentionné tantôt - pour introduire dans la loi no 107 la
possibilité de réglementer la copropriété indivise
et si cette Chambre était d'accord, nous pourrions en effet
présenter un amendement à la loi dans ce sens.
M. le Président, la copropriété indivise, quant
à la réglementation elle-même, c'est vrai qu'elle n'est pas
facile à déterminer, parce que je ne crois pas que le
député de Mont-Royal veuille qu'une telle réglementation
empêche, par exemple, une femme et son mari d'être
copropriétaires de leur immeuble, un père et un fils ou une
mère et une fille d'être copropriétaires de leur immeuble.
Je ne pense pas que le député de Mont-Royal veuille qu'à
la mort, par exemple, de parents propriétaires d'un immeuble à
logements, cet immeuble ne puisse pas devenir la copropriété
indivise de tous les enfants. Je ne pense pas, par exemple, que le
député de Mont-Royal s'oppose automatiquement par ses paroles
à ce que des coopératives d'habitation, qui sont des formes de
copropriété, soient interdites automatiquement. Je ne crois pas
non plus que le député de Mont-Royal veuille empêcher
présentement des communautés religieuses qui vivent en petits
groupes...
Des voix: Ah! Ah!
M. Tardif: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! À l'ordre,
s'il vous plaît!
En terminant, M. le ministre.
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Tardif: Je termine, M. le Président. Je parlais de
membres de communauté qui, précisément, sortent de la
communauté, vivent dans le "civil" - entre guillemets - et qui se
portent acquéreurs de logements dans cette forme de
copropriété. Je pense qu'entre un gel qui aurait pour effet de ne
pas faire ces distinctions qui apparaissent évidentes, puisqu'elles ont
fait sourire le député de Mont-Royal, et les autres formes qu'il
a évoquées, ceci ne se fait pas du jour au lendemain. Nous y
sommes très sensibles, M. le Président, et, encore une fois, le
pouvoir législatif, je suis prêt à faire les
démarches voulues dans ce sens.
M. Ciaccia: M. le Président, question. Le
Président: Question additionnelle.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas que le ministre noie le poisson
avec tout son verbiage. J'ai fait allusion seulement à des cas
particuliers de locataires qui sont affectés maintenant. Je n'ai pas
parlé de tout le reste que le ministre a souligné pour essayer
de...
M. Paradis: Noyer le poisson.
M. Ciaccia: ...noyer le poisson du vrai problème gui
existe aujourd'hui.
Ma question, M. le Président, c'est: quand le ministre va-t-il
déposer en cette Assemblée nationale le projet de loi
nécessaire pour protéger les locataires actuels qui se sentent
menacés, dans le contexte actuel, d'être expulsés ou
d'être obligés d'acheter leur logement dans un édifice
déjà existant?
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, avant l'ajournement de la
session, un article donnerait le pouvoir au gouvernement d'édicter un
règlement. Il n'y aura pas de règlement de fait dans les jours
qui viennent et dans les semaines qui viennent, c'est évident.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Le ministre avait exprimé l'opinion qu'il n'y
avait que quelques cas. Il y a une maison d'appartements, dans Outremont, qui
contient plusieurs logements. Le ministre sait-il qu'au mois de septembre
dernier plusieurs personnes en ont été évincées,
puis qu'elles ont fait des représentations au ministre? Ne pourrait-il
pas confirmer ce cas? À la suite de l'inaction du ministre, il y a
maintenant trois ou quatre cas dans Outremont, à un point tel qu'on a
formé, hier, l'Association des
locataires de l'avenue Bernard. Le ministre pourrait-il nous confirmer
que, de fait, il y a plusieurs cas qui demandent une attention
immédiate?
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je connais très bien le
cas. Il s'agit des immeubles Barrington sur l'avenue Bernard. J'ai
rencontré ... Pardon? ... Enfin, à l'origine, celui dont parle le
député d'Outremont, il s'agit de l'immeuble Les appartements
Barrington, soit en tout de trente-cinq ou trente-six logements qui ont
été vendus en copropriété indivise.
Encore une fois, la loi actuelle permet la vente en
copropriété indivise. Jusque-là il n'y a rien d'interdit.
Les locataires ont pensé utiliser - ce qui est leur droit - un article
de la loi qui permet à la Régie du logement de statuer lorsqu'il
s'agit d'un ensemble immobilier au sens de la loi. Pensant qu'il pouvait s'agir
de plus d'un immeuble, des expertises techniques ont été faites
et elles se sont avérées négatives par les techniciens de
la régie. Ce qui néanmoins n'empêchait pas les locataires
de l'immeuble de porter leur cause devant la régie. C'est ce qu'ils ont
fait. L'affaire est pendante maintenant, donc je n'ai pas a en discuter.
M. le Président, encore une fois, nous avons eu ce cas
particulier à Outremont, celui des appartements Barrington, qui semble
devoir être suivi par d'autres quartiers.
Puisqu'il s'agit d'un geste légal, il n'appartient pas au
législateur, dans un premier temps, d'utiliser l'appareil
législatif pour l'empêcher. Dès lors qu'il s'agit de
comportements qui peuvent aller au-delà de l'esprit de la loi, il nous
faut peut-être penser à réviser la lettre. C'est ce que je
me suis engagé à faire. (10 h 30)
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président: Question principale, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Rencontre avec les centrales
syndicales sur les coupures
à l'Éducation
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais poser une question
au premier ministre. À la suite de mes questions de jeudi dernier,
concernant la possibilité de tenir une commission parlementaire pour
étudier l'effet des coupures en éducation, questions que j'avais
adressées au ministre de l'Éducation, le premier ministre avait
semblé accepter qu'une réunion, une assemblée soit tenue
d'ici - il a même dit assez rapidement -deux semaines, je pense que c'est
ce qu'il avait dit dans sa réponse.
Hier, j'ai posé la question en vertu de l'article 34 au leader
à savoir quand la commission parlementaire serait tenue. La, il semble
qu'il n'en est pas question. Il serait plutôt question d'un débat
public, je ne sais pas dans quelle forme, pour répondre strictement aux
demandes des fédérations syndicales et non pas aux demandes des
autres intéressés à l'éducation. J'aimerais que le
premier ministre nous rassure à savoir s'il y aura une commission
parlementaire pour permettre à tous ceux et celles qui sont
impliqués dans l'éducation en particulier de venir dire au
gouvernement et aux autres parlementaires quel est l'effet de ces coupures sur
la qualité, entre autres. Je comprends que les fédérations
syndicales et tous les syndicats intéressés ont des choses
à dire, mais il y a aussi les autres membres de cette structure.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'ai cru constater en effet qu'il y
avait une sorte d'ambiguïté dans les comptes rendus. C'est
peut-être de notre faute de part et d'autre, parce que c'était un
peu confus dans les questions et les réponses. Dans l'ordre où
cela s'est présenté et pour dire au député
où c'est rendu, il est arrivé que les trois centrales syndicales
les plus directement concernées, c'est-à-dire la CEQ, la FTQ et
la CSN, ont demandé publiquement, comme, je pense, chacun le sait, si on
ne pourrait pas organiser avec elles et d'autres intervenants aussi, parce que
ce ne sont pas uniquement des têtes d'affiche qui doivent se
préoccuper de cela, une réunion publique. Il ne s'agissait pas de
commission parlementaire, c'était même spécifiquement exclu
dans la demande ou le télégramme de demande du président
de la FTQ, parce que c'est à l'Assemblée nationale, c'est au
Parlement de faire son travail sur les budgets. Les crédits sont
là pour cela. Ce qui n'exclut pas qu'il y ait des commissions
parlementaires, si cela paraît indiqué, mais enfin là, je
laisserais au leader parlementaire, dans un instant, le soin d'en discuter avec
l'Opposition.
Mais pour ce qui est de la rencontre publique, elle est fixée,
elle est en dehors du parlement, bien sûr. Les modalités ne sont
pas encore tout à fait fixées, mais cela devrait avoir lieu, avec
le temps nécessaire pour faire le plus d'éclairage possible, afin
que l'ensemble des citoyens puissent en savoir davantaqe aussi, pas seulement
ici à l'Assemblée nationale, vendredi prochain,
c'est-à-dire le 12 juin. Pour l'instant, il s'agit d'une rencontre
publique qu'il faut situer quelque part. Il s'agit de s'entendre le mieux
possible sur les participants, avec nos interlocuteurs syndicaux en
particulier, de façon que le plus de lumière possible soit
faite sur les compressions budgétaires nécessaires cette
année.
Maintenant, pour ce qui est d'une commission parlementaire, j'aimerais
mieux que le leader prenne la relève pour en discuter avec le
député de Marguerite-Bourgeoys, le cas échéant.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je regrette, M. le Président, mais je devrai
peut-être simplement répéter l'information que je
communiquais au député, hier, la nuit à cet égard
n'a pas porté conseil et n'a rien changé. J'ai fait le
raisonnement suivant. Je pense qu'il n'a pas été contesté,
hier. La commission ne peut évidemment pas être lors de
l'étude des crédits, c'est à peu près impossible
suivant le calendrier législatif et le calendrier de l'étude des
crédits, d'ici l'ajournement de la session. J'ai indiqué par
ailleurs que ce débat public pouvait plus ou moins, on verra
après, nous satisfaire ou non, mais si une commission parlementaire sur
le sujet devait avoir lieu, nous le verrons après, mais il serait
presque impensable de l'imaginer au cours de cette session, avant son
ajournement. Ce qui n'écarte pas la possibilité que le
député invoquait lui-même, savoir qu'elle ait lieu plus
tard. Tout cela pour indiquer que les députés qui veulent se
prononcer sur le sujet et qui veulent intervenir sur le sujet ne sont pas
privés d'une occasion de le faire au cours de cette session-ci.
Il y a le projet de loi no 11, au nom du ministre des Finances, qui sera
discuté à compter du début de la semaine prochaine, ici
dans cette Assemblée. En conséquence, je pense qu'aucun
parlementaire ne se verra privé du droit de donner son opinion sur cette
politique budgétaire.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas non plus que la population pense
que le projet de loi no 11 permet une discussion de toutes les coupures. Il
s'adresse surtout à l'enseignement privé et ça ne touche
pas toutes les coupures qui ont été annoncées dans le
secteur de l'éducation.
J'aimerais que le premier ministre confirme qu'il n'est pas exclu que
les autres intervenants, en matière d'éducation et
d'enseignement, pourront être entendus aussi. Je comprends et je suis
parfaitement d'accord que le gouvernement ait accepté l'invitation des
centrales syndicales. Mais j'aimerais aussi qu'il ne soit pas sourd aux
demandes des autres intervenants d'être entendus, commissions scolaires,
enfin, tous les autres qui, en plus des enseignants, sont responsables de la
qualité de l'enseignement, lors de débats publics. Les
députés de l'Opposition préféreraient que ce soit
dans les structures parlementaires, pour que nous puissions nous exprimer,
puisque nous sommes appelés à adopter les budgets. Est-ce que le
premier ministre pourrait confirmer que ce n'est pas exclu?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je vais me contenter de
répéter ce que le leader a dit, sans ajouter beaucoup de
détails additionnels, sauf ceci. J'ai bien dit tout à l'heure
que, en ce qui concerne la rencontre publique, qu'on essaie d'organiser le
mieux possible, il n'est pas du tout exclu que d'autres intervenants - il ne
s'agit pas uniquement des présidents de centrales - des gens gui ont
à voir avec, par exemple, des problèmes d'éducation
autrement que strictement sur le plan syndical, des administrations locales,
aussi dans le secteur social, soient invités à participer
à cette réunion. Cela, c'est une chose.
Maintenant, comme l'a dit le leader, si, par hasard, il arrive qu'on
croit nécessaire, compte tenu de la tradition bien établie que
c'est à l'Assemblée nationale de se débrouiller
directement avec les budgets et qu'on croit nécessaire qu'il y ait des
éclairages additionnels, à ce moment, ce qu'a dit le leader
pourra s'appliquer, mais tenant compte du fait que d'ici au 19 juin au maximum,
il ne reste pas tellement de temps pour entrer dans toute la plomberie.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Oui. Je voudrais simplement demander au premier
ministre - je comprends toute la mécanique qui est derrière tout
cela - quel est le sens précis de cette démarche. Pourquoi le
gouvernement a-t-il accepté de se rendre à son invitation? Est-ce
que c'est essentiellement une démarche et une occasion d'informer,
d'expliquer l'attitude du gouvernement et qu'en aucun cas, que ce soit à
la suite de la réunion publique qu'il aura avec les centrales syndicales
et d'autres groupes, soit à la suite des travaux qu'une commission
parlementaire entreprendrait peut-être, il n'est question - je pense que
le chef du gouvernement doit préciser cet élément
dès le départ - de changer quoi que ce soit à la nature
des présentes coupures budgétaires? Est-ce que c'est cela la
politique du gouvernement au terme de la démarche dans laquelle il a
accepté de s'inscrire ou si le gouvernement est ouvert -parce que les
gens ne viendront pas ici pour faire du placotage organisé, les gens
vont
venir ici pour faire des représentations qui leur paraissent
légitimes - à modifier l'ampleur des coupures budgétaires
ou leur nature?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le
député de Jean-Talon se souviendra que quelques jours à
peine - c'était un risque massif que prenait le gouvernement sortant,
à ce moment-là - avant le lancement de la campagne
électorale, il y a eu le dépôt des crédits et il y a
eu le discours sur le budget. Il y a eu aussi des retombées, pendant
toute la campagne électorale en mars et en avril, qui étaient
compréhensibles. On a expliqué tout le long du chemin, non
seulement en Chambre, mais, aussi en tournée, les uns et les autres,
à quel point ces contraintes nous paraissaient absolument
inévitables. Comme toutes les sociétés d'aujourd'hui, on
ne peut pas éviter d'avoir des contraintes du côté des
dépenses. Cela reste une chose qui nous paraît essentielle
aujourd'hui aussi. Donc, on peut faire des aménagements - il s'en fait
tous les jours - à l'intérieur des crédits des
ministères, ici et là, mais, globalement, l'enveloppe qui a
été définie, je ne crois pas qu'elle puisse changer s'il
s'agit vraiment de protéger l'intérêt public, à la
fois celui des contribuables, le crédit du Québec, ses
capacités de dépenses, d'emprunt, de consolidation, etc. Il n'est
pas question d'en changer quoi que ce soit d'essentiel. Qu'il puisse y avoir
des aménagements, c'est sûr; à l'occasion, il y en a et il
y en aura toujours.
Le Président: Question principale, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Plan quinquennal de la SAQ
M. Scowen: La semaine dernière, M. le Président,
j'ai posé une question au ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme au sujet de la SAQ et je veux lui en poser une autre aujourd'hui.
Il y a beaucoup de gens qui se posent des questions sur les orientations
économiques du Parti québécois. L'arrivée du
député de Lotbinière dans vos rangs a semé un peu
de confusion et, avec tout le respect du monde, il est un peu devenu le Camil
Samson du Parti québécois. (10 h 40)
Des voix: Ah!
M. Scowen: Cela n'est pas clair dans notre esprit...
Des voix: Ah!
M. Scowen: J'exprime...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Une voix:
Consentement.
M. Scowen: Cela a suscité une réaction. Je veux
simplement m'exprimer dans le sens qu'avec l'arrivée de quelqu'un ayant
une orientation économique très différente de celle du
parti auquel il appartient, je pense qu'il va de soi qu'on se pose des
questions sur le changement d'option politique de la personne concernée
ou sur la possibilité que le gouvernement soit peut-être devenu le
reflet du parti du bon vieux temps de M. Duplessis.
En posant des questions sur la SAQ j'ai essayé, la semaine
passée, d'avoir des précisions quant au sérieux des
déclarations du premier ministre et son ouverture face à
l'entreprise privée. Le ministre m'a répondu - au début,
semble-t-il, il ne comprenait pas la question - finalement, quand je lui ai
posé des questions sur le plan quinquennal soumis par la SAQ, qu'il
avait demandé à des fonctionnaires d'étudier en profondeur
le rapport avant de prendre une décision définitive.
Je veux rappeler au ministre que ce rapport a été soumis
au mois d'avril 1980. Il remonte à quinze mois. La position du ministre
a été expliquée dans une lettre adressée au
président de la société, le 4 décembre 1980,
après une analyse en profondeur. Dans la conclusion du ministre, il dit
au président qu'il n'est pas d'accord avec le rapport. Il dit, entre
autres, que le rapport ne fait rien pour alimenter le système de
commercialisation, qu'il ne fait aucune suggestion pour améliorer les
méthodes administratives de la société, qu'il ne donne
aucune indication qu'il a fait la moindre consultation avec les autres groupes
intéressés. Le ministre a dit que la SAQ était en conflit
d'intérêts et que le rapport était pour enlever un champ
d'action important aux fabricants québécois. Il y avait toute une
série de critiques.
M. Guay: II ne faut pas vous presser! Une voix: Cela fait
mal!
M. Scowen: M. le Président, le ministre a le document
depuis maintenant quinze mois.
Une voix: Question!
M. Landry: Si une question vous venait à l'esprit, il ne
faut pas vous gêner!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: Question, M. le député, s'il
vous plaît.
M. Scowen: Ces gens sont blessés par cette question, M. le
Président, et je les comprends. La question que je veux poser...
Des voix: Ah!
M. Scowen: ... au ministre, s'il m'écoute, est celle-ci.
Tenant compte des recommandations contenues dans le rapport, tenant compte de
la réplique qui a été faite par le ministère, le 8
décembre...
Une voix: Attendu que...
M. Scowen: ... tenant compte des suggestions qui viennent
d'être faites par l'ancien ministre de l'Industrie et du
Commerce a cet égard, quelle est sa position?
Une voix: Ahi
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: D'abord, concernant le préambule du
député de Notre-Dame-de-Grâce à propos de
l'ex-député de Rouyn-Noranda, je vous dirai que moi, au moins,
mon parti m'a aidé à me faire élire.
À la dernière question du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je lui dirai qu'en plus d'avoir étudié
le rapport venu de la Société des alcools du Québec, j'ai
discuté aussi à propos, justement, de cet échange de
correspondance entre des officiers du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et ceux de la Société des alcools, afin
d'avoir plus d'information sur le plan quinquennal. Je vous dirai aussi que
depuis ce temps, j'ai eu de très nombreuses rencontres avec les
principaux intervenants dans le domaine des boissons alcooliques en
particulier. Il n'y a eu aucune nouvelle décision de prise depuis la
semaine dernière, les décisions sont prises en temps et lieu,
mais toujours avec la direction donnée par le premier ministre du
Québec dans son discours inaugural c'est-à-dire: Voir au maximum
du développement économique du Québec et créer le
maximum d'emplois au Québec pour les hommes et les femmes d'ici.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vais poser brièvement deux questions
additionnelles sans préambule, M. le Président. Première
question additionnelle: Est-ce que le ministre croit que ce
bénéfice pour les travailleurs du Québec pourrait
être réalisé davantage avec un accent plus marqué
sur le secteur public ou le secteur privé? Deuxièmement, le
rapport de la SAQ qui date maintenant de quinze mois n'a jamais
été rendu public. La réplique qui a été
faite par le ministère, non plus, n'a jamais été rendue
publique. Il me semble que c'est un sujet d'intérêt
général; et je demande au ministre s'il accepterait de rendre
public ces documents ou au moins le rapport de la SAQ? Si oui, quand et si non,
pourquoi pas?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, d'abord, je dirai au
député de Notre-Dame-de-Grâce qu'il n'est pas question que
nous prenions des décisions hâtives dans un cas aussi important
vis-à-vis du développement économique au Québec. Il
n'y a pas de feu dans la maison, il n'y a pas de feu chez les brasseries, chez
les fabricants d'alcool, il n'y a pas de feu non plus à la
Société des alcools dans le moment. Toutes les décisions
vont être prises après une analyse très sérieuse de
ma part et compte tenu des implications économiques sur les gens d'ici
ou comme j'ai dit tout à l'heure. Au sujet de la publication du rapport
de la Société des alcools je donne l'assurance que nous le
rendrons public. Je ne peux dire la date, mais nous le rendrons public
certainement.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut avoir la date?
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député.
M. Scowen: Quand allons-nous savoir à quelle date vous
allez rendre public un document qui date de quinze mois? Est-ce qu'on peut vous
demander de nous donner un engagement sur la publication de ce document qui
date de quinze mois et qui a déjà circulé? J'en ai une
copie moi-même. Les journalistes ont des copies. Les seules personnes qui
n'ont pas de copies sont vos propres délégués, vos propres
députés.
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: Depuis ce temps, M. le député, il est
arrivé un référendum et une élection
générale, et moi, j'arrive au ministère de l'Industrie et
Commerce et Tourisme. Vous me permettrez au moins de prendre connaissance des
dossiers avant de prendre des décisions trop hâtives.
Le Président: Question principale, M. le
député de Taschereau.
Les magasins Paquet-Syndicat
M. Guay: M. le Président, je vous remercie de m'accorder
la parole au bout d'une période et demie de questions, après
avoir vainement tenté hier de poser ma question. Vous vous
souviendrez, M. le Président - Mon Dieu qu'on est nerveux de l'autre
côté, ce matin - qu'au début de cette session,
j'étais intervenu en cette Chambre au sujet de la compagnie
Paquet-Syndicat. Cette compagnie qui est la dernière chaîne de
magasins à rayons proprement québécoise, dont
l'activité, bien sûr, se situe dans la région de
Québec, mais dont l'influence dépasse la région de
Québec, puisque étant une compagnie québécoise,
elle achète davantaqe de produits fabriqués au Québec que
ne le font les chaînes qui ont leur siège social à
l'extérieur du Québec.
Cette compagnie est en difficultés financières, on le
sait. Un rapport a été fait pour les actionnaires principaux, les
créanciers principaux de la compagnie, la Caisse d'entraide
économique, la Banque nationale. Ce rapport a été remis
aux créanciers. Des échos en ont été entendus, si
l'on peut dire, dans le Soleil la semaine dernière. Je ne sais trop
jusqu'à quel point ils sont exacts ou pertinents. C'est le sens de ma
question au ministre de l'Industrie et du Commerce et du Tourisme qui suit le
dossier de près: Est-ce que le gouvernement, est-ce que le
ministère a été saisi de ce rapport, de son contenu qui,
si on se fie au Soleil, implique qu'avec la fermeture d'un certain nombre de
succursales, la société pourrait quand même être
rentable. Et c'est pourquoi je demanderais au ministre de faire le point sur la
situation de l'avenir de la chaîne Paquet-Syndicat ce matin et des
emplois, bien sûr, que cela implique pour des centaines et des centaines
de travailleurs de la région de Québec.
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, depuis quelques semaines
déjà, notre ministère s'implique dans ce dossier pour
essayer, comme je l'ai dit déjà, de faire d'abord le sauvetage de
l'entreprise, si c'était possible, et après, d'avoir un plan de
relance.
Heureusement, grâce à la collaboration des
créanciers, de la Banque Nationale en particulier et de la Caisse
d'entraide économique, on a réussi à sauver les quelques
semaines dont nous avions besoin pour effectuer d'abord ce fameux sauvetage,
grâce aussi et surtout à la décision des travailleurs de la
CSN et de la FTQ en particulier qui, publiquement, se sont prononcés en
faveur d'une participation au capital-actions de l'entreprise afin de sauver
ces magasins à succursales purement québécois.
Or, M. le Président, depuis ce temps, nous avons trouvé
certains groupes d'investisseurs. Il y a jusqu'à maintenant trois
groupes différents qui manifestent de l'intérêt dans
l'achat possible de ces deux magasins. Malheureusement, on n'a pas pu
jusqu'à maintenant avoir une réponse définitive.
Aujourd'hui, nous avons demandé à un coordonnateur du
ministère de rencontrer tous ces gens pour qu'on puisse faire le lien,
s'il y avait possibilité d'obtenir assez d'engagements de la part des
groupes différents, mais ensemble, pour réussir un plan de
relance. Il faut noter quand même que le rapport a été
déposé hier. Ce matin, on n'avait pas encore reçu copie de
ce rapport au ministère puisqu'il a été
déposé hier à Montréal à la Banque Nationale
et aux caisses d'entraide économique. Mais, même s'ils sont
minimes, nous gardons quand même certains espoirs de pouvoir
réaliser la relance en prenant des décisions qui feront
peut-être mal dans un ou deux magasins, mais qui feront en sorte, en tout
cas, de sauver les magasins eux-mêmes ou les emplois qui y sont
présentement ou une partie au moins de ces emplois.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Simplement une question additionnelle. Le ministre
parlait de qroupes d'hommes d'affaires qui se seraient montrés
intéressés. Je comprends que la question est extrêmement
délicate et qu'elle doit revêtir un certain caractère de
confidentialité, mais est-ce que le ministre pourrait être plus
explicite, plus particulièrement en ce qui a trait aux groupes d'hommes
d'affaires de la région de Québec? Les milieux d'affaires de la
région même de Québec se sont-ils montrés
très précisément intéressés ou si ce sont de
pieuses intentions? Je me réfère plus précisément,
M. le Président, encore une fois, à l'article du Soleil de la
semaine dernière, où on semblait plutôt parler d'une forme
de réchappement théorigue, que ce n'était pas plus
fondé, plus engagé que cela de la part des groupes d'affaires de
la région de Québec. C'est le sens de ma question additionnelle
au ministre. Dans la réqion de Québec, les milieux d'affaires,
les hommes d'affaires qui devraient être les premiers
intéressés par la question se sont-ils montrés
intéressés au point de faire des propositions concrètes de
manière à en arriver à sauver ces magasins à
succursales?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, malheureusement, chacun des
groupes qui ont voulu s'impliquer jusqu'à maintenant ne peut
réussir seul le sauvetage ou la relance de cette entreprise. C'est pour
cette raison, d'ailleurs, que le ministère a demandé à un
de nos coordonnateurs de pouvoir rencontrer tous les gens et voir si tous
ensemble on pouvait en venir à un consensus. C'est sûr qu'à
l'heure actuelle, un seul groupe ne peut
réussir seul à relancer cette entreprise.
Il y avait aussi ce matin une nouvelle sur le même sujet qui peut
peut-être compliquer un peu la vie de ceux qui veulent sauver
l'entreprise. On nous annonce qu'il y avait une location pour un
édifice, celui du Syndicat du centre-ville qui était en
néqociation avec le gouvernement fédéral et c'est possible
que le fédéral loue ses bureaux ailleurs, mais j'ai su aussi par
ailleurs qu'il y avait une autre location en suspens ou en négociation
présentement. Il est trop tôt pour dire que tout est tombé
à l'eau dans ce sens en particulier. Il faut laisser le temps au
gouvernement fédéral de prendre sa dernière
décision concernant l'une ou l'autre des deux locations en
négociation.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, je remercie le ministre. Une
des choses qui me frappe, évidemment, - je comprends la nature de ses
responsabilités - c'est qu'il parle d'espoirs très minces. Il a
même fait le détour quelque part a la fin de sa réponse
pour imputer au gouvernement fédéral la responsabilité
ultime de l'incapacité de son ministère de réussir les
démarches qu'il entreprend, mais je voudrais insister, parce que je
pense que l'objectif commun qu'on poursuit, c'est la sauvegarde des emplois,
non seulement des magasins
Le ministre a dit qu'un ou deux magasins ne pourraient pas être
sauvés dans l'entreprise; ceux des centres commerciaux ont sans doute
une base de rentabilité beaucoup plus sérieuse que les deux du
centre-ville. Mais est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce, avec
son collègue peut-être des Affaires municipales, pourrait
également tenir compte du fait que si les magasins, en particulier celui
du mail Saint-Roch, fermaient... Le gouvernement fédéral, le
gouvernement provincial, les autorités municipales de Québec ont
investi des sommes considérables pour revitaliser le centre-ville; le
gouvernement du Québec et les autorités municipales de la
région ont des politiques, malheureusement pour l'instant uniquement
verbales mais au moins ils ont manifesté une intention de rebâtir
le centre-ville, de lui redonner une vie nouvelle. Est-ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce, avec ses collègues, est conscient d'un
élément important du dossier, à savoir que si les magasins
Paquet-Syndicat du centre-ville ferment, cela aura des conséquences
sérieuses pour le centre-ville de Québec? Est-ce qu'il y a eu des
discussions avec les autorités municipales?
Deuxièmement, on parle des employés et avec raison, parce
que c'est urgent, mais est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce
s'est inquiété des conséquences de la fermeture des
magasins du centre-ville sur tous les magasins qui sont autour ou qui sont
actuellement au mail Saint-Roch? Est-ce que cette dimension du dossier a
préoccupé le ministre de l'Industrie et du Commerce?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: Oui, M. le Président, toutes les dimensions du
dossier nous ont préoccupés. Il y a eu beaucoup de discussions
avec les autorités municipales de la ville de Québec et, en
particulier, je dois dire que le maire de Québec s'est impliqué
personnellement, pour essayer de trouver lui aussi des investisseurs potentiels
à la fois dans Saint-Roch et à Place Fleur-de-Lys. De ce
côté-là, nous avons fait le tour du problème. Nous
avons discuté aussi avec nos amis ou notre collègue des Affaires
municipales et nous avons éqalement l'assurance du ministre du Travail
que, s'il y avait fermeture d'un ou deux magasins en particulier, un effort
intense serait fait par le ministère du Travail pour replacer ces
travailleurs dans les autres centres commerciaux, celui gui va s'ouvrir en
banlieue de Québec.
Le Président: M. le député de Verdun,
question principale.
M. Caron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable du placement étudiant.
Le Président: II reste trois minutes à la
période de questions.
Le placement étudiant
M. Caron: Vous savez, M. le ministre, qu'à ce temps de
l'année, il y a une inquiétude chez les jeunes pour avoir du
travail. Comme tous les membres de cette Chambre, j'ai beaucoup de visiteurs et
on veut faire quelque chose pour nos jeunes. Pour me guider, j'aimerais savoir
ce matin combien d'étudiants sont inscrits au fichier? Combien
d'entreprises participent au programme d'embauche? Combien d'emplois ont
été créés l'an dernier au Service du placement
étudiant? Combien d'emplois ont été créés
cette année à ce jour?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Marois: C'est le cas de le dire, c'est une question à
roman-feuilleton. Je vais prendre avis pour une partie...
Le Président: À l'ordre: M. le député
de Verdun, sur une question de privilège.
M. Caron: Je trouve, M. le Président, que le ministre du
Travail est très désagréable envers nos jeunes
étudiants de Verdun.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre, vous pouvez continuer votre réponse.
M. Marois: Je vais prendre avis, j'ai dit, d'une partie de la
question. Je n'ai forcément pas toutes les réponses ce matin:
combien d'entreprises, etc. Je vais faire vérifier et je fournirai les
réponses dans les meilleurs délais et de la façon la plus
détaillée. Ce que je puis dire ce matin - et je pense ça
permettra au député de constater qu'on est loin d'être
désagréable -c'est qu'on essaie de faire le maximum
d'efforts.
À la même date l'an dernier, dans le cadre du programme
québécois du placement étudiant, il y avait 7280
étudiants et étudiantes placés. Cette année, il y
en a 11 000.
Le Président: M. le député de Verdun.
M. Caron: Je puis dire au ministre qu'en 1976 notre gouvernement
en a placé 40 000. Mais, en supplémentaire, ce matin, je voudrais
savoir si le ministre pourrait me dire s'il a l'idée de trouver d'autres
nouveaux... (11 heures)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît. M. le député de
Verdun.
M. Caron: Le ministre pourrait-il me dire, quand il me donnera sa
réponse demain, s'il a l'intention de présenter d'autres nouveaux
programmes pour stimuler davantage l'emploi?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Marois: Oui, M. le Président. 40 000 en 1976, cela
devait être dans la foulée des 100 000 emplois, en comptant ce que
l'entreprise privée fait naturellement comme effort, en comptant ce que
le fédéral fait de son côté, en comptant ce que le
Parti libéral fait dans certains coins, dans certains comtés.
Dans l'administration concrète du programme fédéral de
placement étudiant, je vais vérifier les chiffres et je vais, en
même temps, dans les meilleurs délais - je vais donner la
réponse - faire un relevé très précis du placement
étudiant dans le cadre du programme québécois pour
l'année 1976 et les autres années. Je fournirai les chiffres
détaillés.
Une voix: Très bien.
Le Président: Fin de la période des questions.
Je suis informé que le ministre du Revenu - je l'ai oublié
hier et je m'en excuse - aurait un complément de réponse à
donner à M. le député de Laporte.
M. le ministre du Revenu, tout en avisant le député de
Laporte qu'il aura droit à une seule question additionnelle.
Remboursement de taxe de vente réclamé
par la CTRSM
M. Fréchette: Merci, M. le Président.
Effectivement, la réponse à la demande qu'avait formulée
le député de Laporte a déjà été
donnée et il le sait très bien, parce qu'il était
intéressé au dossier. La réponse à cette demande a
été fournie à l'organisme concerné. Les motifs qui
sont à la base de la décision ont également
été fournis à ce même organisme.
M. le Président, au moment où on se parle, je ne vois pas
de motif qui ferait qu'on en arrive à changer la décision qui a
déjà été rendue. Je signale, par ailleurs, au
député de Laporte que si des faits nouveaux existaient et si
l'organisme directement intéressé ou son mandataire
autorisé voulait me soumettre ces faits nouveaux, s'il en existe, je
suis tout à fait disposé à les considérer et
à reconsidérer le dossier, si cela devenait
nécessaire.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Je vous remercie, M. le Président.
J'ai une question additionnelle à poser au ministre. Je comprends
que le ministre se sent lié par les erreurs de son
prédécesseur. Sans admettre le bien-fondé des arguments
qu'il vient de me servir et compte tenu de l'immoralité pour le
ministère du Revenu d'avoir perçu deux fois la taxe de vente pour
les mêmes autobus, et cela aux frais des contribuables de la rive sud,
soit une somme de 228 000 $, je demande au ministre s'il accepterait de me
rencontrer dans les meilleurs délais pour revoir le problème et
pour tenter de trouver une solution qui ne pénaliserait pas
indûment les citoyens de la rive sud?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Fréchette: M. le Président, vous allez me
permettre de suggérer au député de lire l'article 69 de la
Loi du ministère du Revenu qui ne m'autorise qu'à recevoir
l'organisme directement concerné ou alors son mandataire
autorisé. Cela, je le ferai avec plaisir et dans les meilleurs
délais.
Le Président: Motions non annoncées.
À l'ordre, s'il vous plaît. À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. le whip, M. le ministre de l'Agriculture, M. le député
de Saint-Louis, à l'ordre, s'il vous plaît. Et les autres!
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre.
M. le leader.
Avis à la Chambre
M. Charron: Je voudrais communiquer tout de suite à
l'Assemblée, M. le Président, que le mercredi 17 juin se
réunira la commission des engagements financiers afin d'étudier
les engagements financiers contractés par le gouvernement au cours des
mois de février, mars et avril.
Je voudrais ensuite indiquer que pour la journée d'aujourd'hui,
l'étude des crédits se poursuit en commission parlementaire. Ce
matin - j'en fais donc motion, M. le Président - de 10 heures à
13 heures, je propose que se réunissent, au salon rouge, la commission
des affaires municipales et à la salle 81-A la commission de
l'énergie et des ressources; de 15 heures à 18 heures, les
mêmes commissions aux mêmes endroits et que, ce soir, de 20 heures
à 24 heures, au salon rouge ce soit l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles et qu'à la salle 81-A, ce soit
l'étude des crédits du ministère de l'Environnement.
Le Président: Est-ce que cette triple motion sera
adoptée?
Des voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Ici, M. le Président, en Assemblée,
selon notre entente, il reste une quinzaine d'heures de discussion sur le
budget. Nous devrions normalement en faire une étape aujourd'hui,
c'est-à-dire que cinq de ces quinze heures devraient être
utilisées aujourd'hui. Ce soir, lorsque l'Assemblée reprendra ses
travaux à 20 heures, ce sera pour l'étude en deuxième
lecture du projet de loi no 2, qui porte sur la Société du Palais
des congrès de Montréal et du projet de loi no 14, qui concerne
la loi - dont j'oublie le titre - qui a pour effet de suspendre l'excercice du
recensement électoral pour l'année 1981. Ces deux lois sont donc
au menu de ce soir et, par la suite, l'Assemblée ajournera ses travaux
jusqu'à dix heures demain matin.
M. le Président, à moins qu'il n'y ait des questions en
vertu de l'article 34...
Le Président: Affaires du jour.
M. Charron: ...je vous propose d'appeler l'article 2 du
feuilleton.
M. Pagé: M. le Président. Le Président:
M. le député de Portneuf.
Recours à l'article 34
M. Pagé: J'aimerais poser une question au leader du
gouvernement. Nous avions une commission parlementaire du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu qui devait se
réunir au mois de juin, et aussi pendant l'intersession, pour
étudier toute la question du droit de grève dans les secteurs
public et parapublic. On se rappellera que, l'année dernière,
à la suite d'une motion qui avait été débattue ici,
en Assemblée, le gouvernement s'était engagé à ce
que se tienne, dans les meilleurs délais, cette commission. On se
rappellera, de plus, que la commission devait siéger en janvier 1981. Ce
fut reporté par la suite à février 1981, ce fut par la
suite reporté au mois de mars; d'ailleurs les mémoires avaient
été déposés pour qu'elle se tienne vers le 17 ou le
18 mars, si ma mémoire est fidèle.
À la suite du déclenchement des élections, ce fut
reporté en avril, on a dit: À la fin d'avril, on va regarder
ça. À la fin d'avril, on nous a indiqué que la commission
allait assurément siéger avant la fin de la session. D'ailleurs,
c'était prévu dans le calendrier que la commission devait
siéger vers le 10 ou le 11 juin et, par la suite, s'ajourner à
l'été.
J'aimerais demander au leader s'il est encore des intentions du
gouvernement que cette commission siège et s'il peut nous donner
l'assurance, sa parole, de son siège, qu'effectivement elle
siégera, d'une part et, d'autre part, qu'en septembre prochain, elle ne
sera pas, peu importe pour quel motif, reportée encore une fois.
Peut-être pourriez-vous nous indiquer les motifs qui vous ont
incité à la reporter encore une fois, sinon le fait d'être
guidé par l'étapisme et le report continuel des questions
importantes.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, j'attendais d'avoir une
décision finale à communiquer à l'Assemblée
à ce sujet; mais je veux faire part tout de suite du dilemme dans lequel
nous nous trouvons. D'une part, nous nous sentons plus que moralement
liés par un ordre de la Chambre. Ces remises, pour les raisons
très exactes qu'a invoquées le député de Portneuf,
nous semblaient plus excusables. C'est pourquoi j'avais déjà
annoncé, en parcourant les calendriers de cette minisession, au leader
de l'Opposition, notre intention d'au moins démarrer les travaux de
cette commission à ce temps-ci. Sauf que, en même temps, il
est évident qu'avec une trentaine d'organismes, nous ne pouvons pas les
recevoir tous au cours de cette session, peut-être cinq ou six et, le
reste des organismes, à l'automne.
Aussitôt que cette évidence eut été mise sur
la table, moi et mon collègue du Travail de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avons été l'objet de
représentations, afin que les organismes qui avaient déjà
signalé leur intention d'être présents à cette
commission et de témoigner devant les parlementaires, soient
plutôt entendus à l'automne qu'au mois de juin et pas pour
n'importe qui. Ce qui m'embête le plus, c'est que, par exemple, les
centrales syndicales, directement concernées dans le sujet ont toutes,
sans exception, les trois principales centrales des secteurs public et
parapublic indiqué leur préférence d'être entendues
à l'automne plutôt que ce printemps. L'Association des
hôpitaux du Québec a fait la même représentation. (11
h 10)
J'ai ici devant moi copie d'un télégramme qui vient de la
Fédération de l'âge d'or du Québec dans lequel on me
dit: "Autour de questions si importantes que dramatiques dans le contexte
social où elles se situent, ce n'est pas trois mois de plus qui
aggraveraient tellement le retard préjudiciable à la santé
et à la sécurité publique, etc." Eux aussi demandent
à être entendus à l'automne. Le Comité des malades,
dont M. Brunet est le président, je crois, a fait la même
représentation.
Ceci me pose le dilemme suivant: vraiment tous ces principaux
intervenants -on en conviendra, je ne veux sous-estimer aucun de ceux qui ont
demandé d'être entendus - sont entendus à l'automne, ne
serait-il pas opportun de nous entendre avant la fin de cette session pour
fixer des dates au début de septembre, par exemple, et commencer par ces
principaux intervenants qui eux-mêmes souhaitent être entendus?
J'oubliais aussi Hydro-Québec qui, lundi, m'a fait des
représentations à l'effet d'être entendue à
l'automne également.
Dans les circonstances, j'avoue qu'actuellement je suis prêt
à en discuter avec mon vis-à-vis, mais je suis
présentement dans le dilemme de renoncer à la proposition de deux
séances prévues pour le mois de juin et de tout reporter
finalement aux premiers jours de septembre en commençant par les
principaux intervenants.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: En vertu de l'article 34.
Hier, j'avais demandé au leader parlementaire s'il pouvait nous
donner une date précise pour le dépôt du programme de
l'accessibilité à la propriété ou des informations
et des détails à ce sujet. Le leader nous a répondu qu'il
n'y avait pas de date précise, mais qu'il serait en mesure, à la
fin de la semaine, de nous dire quand on aurait les détails.
Je remarque maintenant que nous allons étudier en deuxième
lecture, possiblement vendredi, le projet de loi sur l'accessibilité
à la propriété. Je demande au leader s'il peut nous donner
les détails du programme et les déposer avant vendredi.
Autrement, comment pouvons-nous discuter valablement d'un projet de loi sur
l'accessibilité à la propriété sans que le
gouvernement nous donne les détails, nous indique comment on va
accéder à la propriété?
Je vois le ministre délégué à l'Habitation
et il serait certainement d'accord pour nous donner ces détails afin que
la Chambre puisse discuter du projet de loi. Autrement, ce ne sera pas une
discussion complète.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, il me semble bien avoir, au
moment même du dépôt du projet de loi, expliqué les
contraintes dans lesquelles toute l'Assemblée devait, à ce sujet,
travailler et, en même temps, indiqué le processus que nous
allions suivre. Dans le projet de loi qui sera appelé vendredi matin, il
s'agit de décider si, dans le cas d'un programme d'accessibilité
à la propriété, nous confions cette responsabilité
à la Société d'habitation du Québec. D'ici la fin
de la semaine, je l'espère - je n'ai pas eu le temps encore d'en parler
avec mon collègue de l'Habitation gui est rentré d'Ottawa hier -
j'indiquerai à l'Assemblée à quel moment l'autre
étape qui, elle aussi, sera soumise à une commission
parlementaire, pourra avoir lieu. Quand j'aurai cette information, je ne la
garderai pas pour moi seul, elle ne me concerne pas plus que d'autres en cette
Assemblée, c'est une information pour le public, je la livrerai ici
à l'Assemblée. Mais rien ne nous interdit, encore une fois, de
discuter vendredi du principe de confier cette responsabilité à
la Société d'habitation du Québec, car la nature de cette
responsabilité viendra et nous ['étudierons de la manière
que j'ai déjà indiquée.
M. Ciaccia: Question additionnelle en vertu de l'article 34.
Le Président: Question additionnelle en vertu de l'article
34.
M. Ciaccia: Oui, pour faire suite à la réponse
du... Enfin...
Le Président: D'accord, question en vertu de l'article
34.
M. Ciaccia: 34 1/2 ou 34 b. Si je comprends bien, le gouvernement
possède déjà les critères et les détails du
programme, parce qu'il a mis des crédits à la disposition du
programme. Alors, vous avez ces informations. Est-ce que vous pourriez nous
dire pourquoi vous refusez de les divulguer? Est-ce parce que vous avez peur,
que vous craignez qu'on discute en cette Chambre des détails de votre
programme? Si vous nous les donnez après la deuxième lecture, on
ne sera pas en mesure de discuter de votre programme à
l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est cela que vous voulez? C'est cela
la transparence de votre gouvernement?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, le document auquel fait
référence le député de Mont-Royal, même s'il
est avancé, probablement dans les bureaux du ministre
délégué à l'Habitation, n'a pas encore, à ce
jour, été formellement adopté par le Conseil des
ministres...
Une voix: Ah! C'est celai
M. Charron: ... et il ne sera pas déposé devant
cette Assemblée avant d'avoir franchi cette étape.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): En vertu des dispositions de l'article
34 et sur le même sujet, dans le discours du premier ministre, qu'on
appelle le message inaugural, le premier ministre disait ceci, et je le cite:
"Mais déjà, au cours de la mini-session qui commence, il est deux
de ces engagements -il parlait de deux engagements électoraux -dont nous
avons décidé de proposer tout de suite un début de
réalisation." Il commence avec le premier cas, etc. Donc,. le premier
ministre annonçait à cette Assemblée que cette
Assemblée serait saisie de cette mesure, autrement dit, qu'au cours de
cette mini-session - c'est ainsi qu'il a qualifié la session actuelle -
les députés auraient eu l'occasion d'aborder ce sujet, d'en
discuter.
Or, ce que nous avons devant nous au feuilleton, c'est un projet de loi
qui permet au ministre et à la Société d'habitation de
s'occuper d'une mesure dont on ne nous parle pas. On nous dit: Cette mesure
viendra plus tard, le Conseil des ministres n'a pas encore terminé
l'étude du mémoire du ministre délégué
à l'Habitation. Plus tard, peut-être, on vous en informera, avant
la fin de nos travaux. Mais il ne s'agit pas que les députés en
soient informés, ils sont déjà informés de
l'intention du gouvernement dans le message inaugural. Or, je le soumets
respectueusement à vous, M. le Président, et interrogativement
à lui, comment se fait-il que le premier ministre permette d'annoncer
l'étude par cette Chambre d'une mesure aussi importante et que, lorsque
cette Chambre est appelée à discuter du sujet, nous sommes en
pleine obscurité, le gouvernement ne nous informe pas de la mesure et il
nous demande simplement d'accepter que le célèbre ministre
délégué à l'Habitation puisse s'en occuper par
l'entremise de la plus célèbre encore Société
d'habitation? M. le Président, à ce moment-là, je me pose
des questions et c'est en vertu des dispositions de l'article 34 que je demande
au leader parlementaire du gouvernement à quel moment, d'ici la fin de
la mini-session, de la présente session, les députés
pourront discuter de cet engagement qui devrait se traduire par une mesure
concrète adoptée par le Conseil des ministres et soumise à
l'étude des députés?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Textuellement - c'est le député de
Bonaventure qui a fait référence au texte du discours inaugural -
M. le premier ministre a indiqué à cette Assemblée qu'au
cours de cette mini-session cet engagement électoral très
important, très attendu par les citoyens du Québec, allait
connaître un début de réalisation. Le début de la
réalisation est ceci: dépôt d'un projet de loi, choix par
l'Assemblée nationale d'une structure responsable de l'application de ce
programme, dépôt de ce programme devant l'Assemblée,
discussion de ce programme en commission parlementaire et, une fois ce
programme adopté, réalisation faite par les mandataires qu'auront
choisis les députés de l'Assemblée nationale. Si le
député ne veut pas que ce soit la Société
d'habitation du Québec, s'il aime mieux que ce soit la
Société des loteries et courses, il nous proposera un amendement
à cette occasion.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader parlementaire du
gouvernement me permettra de lui demander cette précision: À quel
moment les députés seront-ils appelés en commission
parlementaire à étudier la mesure une fois déposée
par le gouvernement durant cette mini-session? À quel moment cette
mesure pourra-t-elle réellement être connue, reçue des
citoyens et quand les citoyens pourront-ils, s'il y a lieu, en profiter, si
profit il y a à tirer de cette loi?
Le Président: M. le leader.
M. Charron: Le député parle probablement du projet
de loi sans s'être attardé sur les notes explicatives qui
indiquent, d'une part - cela lui enlèverait une partie de l'angoisse qui
l'assaille ce matin - que le programme est de toute façon, quel que soit
le moment de son adoption par la commission parlementaire ici...
M. Levesque (Bonaventure): Mais on ne sait pas ce que c'est. Si
c'était rétroactif.
M. Charron: C'est rétroactif au 1er mai.
M. Levesque (Bonaventure): Mais on ne sais pas ce que c'est. (11
h 20)
M. Charron: En ce sens, j'ai dit et je répète, cela
n'a pas changé depuis hier non plus, au député de
Mont-Royal que dès que je saurai, par l'entremise du ministre
délégué à l'Habitation et d'une discussion au
Conseil des ministres, à quel moment ce programme sera
déposé, je le dirai à cette Assemblée. Il sera donc
déposé à la date que j'aurai indiquée dès
que je l'aurai sue. À ce moment, il y aura convocation dans les plus
brefs délais. Si le député de Bonaventure nous propose le
1er juillet, ce sera le 1er juillet que cette Assemblée se
réunira afin d'étudier en bonne et due forme le programme avant
d'en confier la responsabilité à la structure qu'elle aura
choisie par la loi 1.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: Oui.
M. Ciaccia: Je retourne à 34.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le leader parlementaire a mentionné que le
programme sera rétroactif au 1er mai. Est-ce que le leader comprend que
des personnes, se fiant à certaines modalités annoncées
par le premier ministre, peuvent dans le moment prendre des engagements
qu'elles croient, de toute bonne foi, être rétroactifs, pour
apprendre plus tard que ce n'est peut-être pas le genre d'engagement dans
lequel elles auraient dû s'engager. Il faut absolument qu'elles
connaissent, M. le Président...
M. Charron: Question de règlement.
Le Président: M. le leader.
M. Charron: Je soulève la question de règlement. Je
crois que l'article 34 qu'a élargi le député de
Bonaventure, le député de Mont-Royal est en train de s'y
engoufrer.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
Effectivement, la question de règlement, j'allais justement ouvrir mon
règlement, a un but très précis: c'est d'interroger le
leader sur les travaux de l'Assemblée, l'organisation des travaux de
l'Assemblée. Je pense que les premiers interlocuteurs ont
respecté de façon relative l'esprit et la lettre de l'article 34
et je pense que, manifestement, M. le député de Mont-Royal,
c'était réellement une question de fond que vous alliez poser. Je
pense que le leader, même si ses réponses ne semblent pas, et
c'est votre droit, satisfaire l'Opposition, a donné des réponses
aux questions posées par le leader de l'Opposition. En
conséquence, à moins que vous ne vouliez répéter
les mêmes questions...
M. Ciaccia: En vertu de 34, M. le Président. Quand, M. le
leader parlementaire, les gens qui peuvent prendre avantage de ce programme,
qui sera rétroactif, seront-ils en mesure d'avoir les détails,
s'ils doivent prendre des engagements maintenant?
M. Charron: Quand je le déposerai à
l'Assemblée, M. le Président.
Le Président: Affaires du jour. Avant d'arriver aux
affaires du jour, puisque le leader de l'Opposition s'est permis de signaler,
avec raison d'ailleurs, la présence dans nos galeries aujourd'hui de
Mlle expremier-ministre, demeurant maintenant dans le comté de
Bonaventure, je voudrais, pour ma part, souligner la présence dans nos
galeries d'un de nos ancien collègue de Mégantic-Compton, M.
Fernand Grenier.
Affaires du jour.
M. Charron: Article 2 du feuilleton, M. le Président.
Reprise du débat sur le budget
Le Président: Reprise du débat sur la motion de M.
Parizeau proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement. L'ajournement du débat avait
été demandé par M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, j'aimerais essayer d'examiner
le budget et la politique financière du gouvernement en prenant, si
c'est possible pour un membre de cette Assemblée, le point de vue qui
est celui de
l'immense majorité de nos concitoyens qui ne sont pas
députés, qui ne sont pas, à plus forte raison, ministres
des Finances et qui ne sont pas non plus, probablement dans l'immense
majorité des cas, des fonctionnaires du gouvernement. Je crois que pour
ces concitoyens pour lesquels le gouvernement est une espèce de machine
difficile à percer, immense et sur laquelle ils semblent n'avoir presque
aucune espèce d'impact ou d'influence, il existe, dans leur façon
de percevoir l'effet sur eux des politiques financières du gouvernement,
un paradoxe, une contradiction qui devient de plus en plus une sinistre farce
dont ils sont les victimes. Il y a, d'un côté, une augmentation
des taxes qu'ils doivent payer au trésor public provincial, de toutes
sortes de façons imaginables et inimaginables.
À tous les ans, les impôts qu'ils doivent payer
s'accroissent. J'y reviendrai d'ailleurs. Au même moment, dès
qu'ils ouvrent le téléviseur, dès qu'ils lisent le
journal, ils entendent parler des catastrophes sans précédent qui
sont constituées par les pénuries de financement, par les
coupures de services, par les débats que ces coupures suscitent à
l'intérieur des réseaux des affaires sociales ou de
l'éducation, à l'intérieur même de la fonction
publique et, comme bénéficiaires de ces services, ils se rendent
compte, quand ils vont à leur travail, qu'ils passent devant des
écoles vides pour lesquelles ils continuent cependant - ils en sont
vaguement conscients - à payer, puisque les écoles sont
chauffées et surveillées, mais elles ne servent plus à
rien. Ils sont au courant que leurs vieux parents, qui voudraient bien
être placés dans un foyer, reçoivent la réponse
qu'il n'y a pas de place. Ils sont dans une espèce de
société absolument incompréhensible, pour ne pas dire
davantage, où le nombre des enfants diminue - on pourrait imaginer qu'en
ayant moins à débourser pour les écoles, on pourra s'en
servir pour d'autres fins - où le nombre de personnes
âgées, tout le monde le dit, s'accroît, et elles ont besoin
de services, et pourtant, les services ne sont pas disponibles. On leur dit
tout cela et, dans le même souffle, on affirme, encore une fois, tous les
ans, qu'il faut payer un peu plus cher.
Le citoyen a probablement un contrat collectif de travail et il a
peut-être gagné, au prix d'une grève, une allocation
d'ajustement au coût de la vie dont, à l'origine, il était
très fier. Il se dit: Enfin, dans cette période d'inflation, je
vais être protégé, mon pouvoir d'achat va être
protégé. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il reçoit le
premier chèque de paie le 1er janvier de l'année et qu'il se rend
compte que les quelques centaines de dollars qu'il a en plus, au titre de
l'allocation pour le coût de la vie, de l'indexation, sont rognés
à 45%, 50% ou 60% par un impôt sur le revenu qui a
augmenté.
M. le Président, je pense que c'est ce paradoxe qu'un
gouvernement a le devoir, en premier lieu, d'expliquer à ses citoyens
et, si possible, de corriger, qui est l'aspect le plus surprenant et le plus
décevant des finances publiques au Québec depuis quelques
années. La pauvreté croissante dans le secteur privé, dans
sa vie privée; parce que le citoyen verse une portion de plus en plus
grande de l'ensemble de ses revenus aux gouvernements - au pluriel - à
tous les niveaux, et la pauvreté croissante du secteur public qui,
même s'il bénéficie de ressources accrues
financièrement, semble incapable de les orienter dans la bonne direction
et semble incapable même de maintenir le niveau des services auxquels la
population a été habituée.
Prenons successivement chacun de ces deux aspects. D'abord,
l'augmentation des taxes. Je pense qu'il est utile de faire un bilan sommaire
et le moins compliqué possible de l'augmentation des taxes depuis
quelques années au Québec. Le gouvernement voudrait faire croire
qu'il n'a fait que diminuer le fardeau fiscal. Je dois dire qu'il est
même désolant de trouver en annexe au document du budget des
tableaux qui semblent faire la démonstration que dans toutes les
catégories de revenu, on paierait moins d'impôt sur le revenu
aujourd'hui qu'avant. C'est désolant parce que c'est essentiellement un
mensonge, M. le Président, que de faire croire aux gens qu'ils paient
moins d'impôt aujourd'hui qu'ils en payaient avant. C'est un mensonge qui
repose sur une astuce très simple. On suppose que les gens, lorsqu'ils
regardent ces tableaux, ont oublié que nous sommes dans une
période d'inflation et que la personne qui, une année, recevait
un revenu de 10 000 $ à cause de l'accroissement nominal des salaires
pour faire face à la hausse du coût de la vie dont tout le monde,
à peu près, d'une façon ou d'une autre,
bénéficie - avec des exceptions importantes - que cette personne,
dis-je, qui recevait 10 000 $ l'an dernier ne reçoit pas 10 000 $ cette
année, mais reçoit probablement environ 11 000 $. (11 h 30)
Lorsqu'on fait des comparaisons en supposant que les gens conservent le
même revenu, on ment essentiellement en faisant des comparaisons. Ce
n'est qu'une espèce de vérité arithmétique. Mais la
véritable situation des contribuables, alors qu'ils se déplacent
sur l'échelle des revenus pour faire face à l'inflation, c'est
qu'à tous les ans, ils ne paient pas moins d'impôt, ils en paient
davantage et ils le constatent très bien quand ils regardent leur
augmentation, qui est rognée dans une proportion fantastique: 50%, ce
n'est pas une proportion déraisonnable pour le taux marginal
d'impôt de la plupart des gens aujourd'hui.
Plusieurs, qui appartiennent encore à la classe moyenne, font
face à des taux marginaux supérieurs à ceux-là,
alors que, lorsqu'on veut compenser une augmentation de 10% dans le coût
de la vie par une augmentation de 10% du salaire, effectivement, la personne
est plus pauvre l'année suivante parce qu'elle a au net 5% de plus ou 4%
de plus. Cet appauvrissement proqressif bénéficie à qui?
Il bénéficie essentiellement au gouvernement.
Nous avons eu, au cours des quatre dernières années, en
dépit des promesses qui datent déjà du déluge, qui
ont précédé la campagne électorale de 1976,
à indexer l'impôt sur le revenu des particuliers. Comme on le sait
très bien, le ministre des Finances a tenu sa promesse en partie
seulement et avec quatre ans de retard. L'effet de tout ça a
été d'augmenter très considérablement le fardeau de
l'impôt sur le revenu des particuliers pour presque tous les
contribuables du Québec. Tenant compte du fait qu'ils ne sont pas
restés au même salaire en 1981 qu'ils avaient en 1976, leur
fardeau fiscal a augmenté dans des proportions surprenantes pour leur
faire afficher, aujourd'hui, comme contribuables, la position la plus
désavantageuse dans l'ensemble du Canada. Mais nous reviendrons, encore
une fois, sur les chiffres. Je pense que l'expérience est vécue
par tout le monde; on n'a pas besoin de démonstration pour expliquer aux
gens ce qu'ils connaissent encore mieux que nous parce qu'ils le vivent
eux-mêmes tous les jours.
Mais l'impôt sur le revenu n'est pas la seule source. C'est la
plus importante et celle qui a le plus augmenté comme source de revenus
gouvernementaux, mais ce n'est pas la seule source. Presque toutes les autres
sources de revenus gouvernementaux ont subi des augmentations. Il y a eu
d'abord la transformation de la taxe sur l'essence. Tout le monde a une voiture
aujourd'hui, tout le monde paie de l'essence et c'est devenu un poste de plus
en plus important au budget. Avec la transformation de la taxe sur l'essence en
un montant fixe en cents par gallon ou par litre en un montant proportionnel
à la valeur de l'achat effectué, on produit une situation,
où, sans le dire, le Trésor québécois
bénéficie de dizaines et de dizaines de millions annuellement en
plus de ce qui serait normalement le cas autrement. Sur une période de
quelques années, c'est par centaines de millions que les revenus du
Québec ont été augmentés par ce détour.
Nous avons eu également une hausse du coût des repas pris
au restaurant de 8% à 10%. Mais ça, M. le Président, c'est
25% d'augmentation de cette taxe-là, du taux de la taxe de 8% à
10%. À cause de l'inflation, encore une fois, les repas qu'on pouvait
peut-être encore prendre à moins de 3,25 $ ou quelque chose du
genre, il y a quelques années, sont rendus à 5 $ ou 6 $, ce qui
veut dire qu'ils sont devenus taxables et, dans ce cas-là,
l'augmentation n'est pas entre 8% et 10%, elle est d'entre zéro et 10%.
De ce côté-là aussi, des revenus beaucoup plus
considérables.
Il y a eu deux hausses, non pas successives, durant la période,
des taxes sur le tabac, les cigarettes et les cigares. Pour certaines
personnes, il est remarquablement inspiré de taxer le tabac et les
cigares, parce que c'est mauvais pour la santé. C'est tout à fait
exact qu'il est mauvais pour la santé de fumer. Il reste qu'il y a
encore 40% des adultes au Québec qui fument et, pour eux, qui ont pris
la décision de ne pas cesser de fumer, il demeure que cette
taxe-là est tout aussi réelle qu'une autre. Ils ont, en plus de
l'inquiétude de fumer et de détériorer leur santé,
M. le Président, le désavantage additionnel de payer plus cher
pour ça. Encore là, M. le Président, ça s'ajoute
à ce qu'ils paient déjà à d'autres titres.
C'est peut-être un but louable de la part d'un ministre de la
Santé, il reste que, pour le ministre des Finances, il s'agit d'un
calcul assez froid. Il espère bien lui que personne n'arrêtera de
fumer, parce qu'il compte là-dessus pour se financer.
Nous avons eu également une hausse de la taxe sur les primes
d'assurance pour les dommages matériels. C'est une façon de taxer
les gens là aussi en bénéficiant de l'attente, qui est
générale dans la population, de hausses de tarifs, de primes
d'assurances; on y ajoute quelques pourcentages au bénéfice du
gouvernement et, dans le fond, tout ceci passe sur le dos de l'inflation. Il
reste que cela ajoute au fardeau de l'inflation plutôt que de s'y
soustraire.
Nous avons eu une augmentation également ou une modification du
régime de l'impôt successoral, ce qui donne des revenus beaucoup
plus considérables au gouvernement qu'avant. Donc, de toutes les
façons, encore une fois, je pense que tous les impôts y sont
passés.
En plus de cela - et ceci semble être la voie de l'avenir pour le
ministre des Finances actuel - on a exploré du côté
gouvernemental toutes les façons cachées de lever des
impôts et ceci, par des moyens qui, à moyen terme, sont
susceptibles d'avoir un effet sur le niveau de l'économie, sur le niveau
de l'emploi qui n'est pas du tout ce dont le Québec a besoin pour
stimuler sa croissance et le niveau de l'emploi.
Nous avons eu des taxes sur les entreprises qui, contrairement au
passé, ne sont pas des taxes sur le surplus que produit l'entreprise,
sur le profit. Ce sont des taxes qui essaient de sortir de l'eau d'une roche,
même dans les entreprises où il n'y a aucun profit, par
l'augmentation des cotisations pour une raison ou pour une autre - et
souvent pour des raisons qui n'en sont pas -en particulier,
l'augmentation de la prime pour financer les services de santé. Cela ne
va pas nécessairement aux services de santé, cela peut tout aussi
bien aller aux services de police ou à l'entretien des
délégations du Québec à l'extérieur du pays.
Ce financement n'a pas de relation directe avec les services au nom desquels on
les perçoit. Cela fait un peu penser à la fameuse taxe pour le
progrès de l'éducation de M. Duplessis, qui était
évidemment le premier nom de la taxe sur les repas et sur
l'hôtellerie.
Ce genre de taxe vise à aller chercher l'argent là
où il n'y en a pas, dans des entreprises qui peuvent être des
entreprises marginales, des entreprises qui peuvent être dans une
situation concurrentielle difficile. Quand il s'agit de services, passe encore,
puisque les entreprises de services essentiellement vendent aux consommateurs
du Québec, donc elles sont en concurrence avec d'autres entreprises qui
font face au même contexte. Mais la moitié de notre production
industrielle est exportée à l'extérieur du Québec,
soit dans d'autres provinces, soit à l'étranger où les
frais relatifs, par exemple, au capital ou à la liste de paie, que l'on
taxe maintenant au Québec à un taux assez impressionnant,
n'existent pas au même degré. Ces entreprises à plus ou
moins long terme, et parfois dans des délais assez brefs, seront
peut-être forcées de diminuer leurs ventes sur certains
marchés puisqu'il s'agit là de quelques points de pourcentage en
plus qu'elles devront répercuter dans leurs prix. Si elles ne
réussissent pas à le faire - il est très plausible
qu'elles ne réussissent pas à le faire - dans un certain nombre
de cas, elles devront diminuer leur production et mettre à pied un
certain nombre de travailleurs.
À plus long terme, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui
devront payer ces taxes sur les entreprises, parce que l'employeur aura
à calculer dans ses coûts de main-d'oeuvre non seulement le
salaire, non seulement le bénéfice marginal, mais aussi la taxe
que le gouvernement lui impose sur l'emploi de chaque travailleur.
Ce sont des taxes régressives, ce sont des taxes
antiéconomiques et ce sont des taxes qui n'ont pour leur défense
et comme tout avantage que celui de donner temporairement l'impression au
public que l'argent vient du ciel, qu'on est en face de la manne et que les
services publics - en autant qu'on en a encore - peuvent être
financés par quelque chose qui n'a rien à voir avec nous. C'est
en venir à une certaine abstraction, un peu comme le dividende social du
Parti créditiste, cela vient de on ne sait trop quoi. De toute
façon, cela ne fait de mal à personne, semble-t-il mais,
là aussi, on trompe la population, on lui ment pour des raisons à
court terme.
Si on regarde la croissance des revenus depuis quatre ans - parce que
tout cela n'est qu'une description des champs d'impôt qui ont fait
l'objet de l'attention, de la sollicitude du ministre des Finances - cela lui a
donné quoi, tout cela? Il est facile de constater que les rendements de
toutes les sources d'impôt ont été multipliés par un
facteur très important au cours des quatre dernières
années. (11 h 40)
Savez-vous, par exemple, que l'impôt sur le revenu et les
impôts sur les biens, en général, cette catégorie
importante qui regroupe l'impôt sur le revenu des particuliers, de loin
la plus importante source de financement, l'impôt sur le revenu des
sociétés, l'impôt sur les successions, essentiellement
ceux-là, a progressé de 68% entre 1977 et 1981; sur une
période de guatre ans, près de 70% d'augmentation dans les
recettes que le gouvernement tire de chacun d'entre nous, essentiellement par
l'impôt sur le revenu. Comment concilier ça avec les fausses
déclarations du ministre des Finances voulant qu'il ait fait des
réductions d'impôt pour tout le monde? Voyons donc, est-ce qu'il
est possible d'imaginer qu'il retire 70% de plus de revenus en faisant des
réductions à tout le monde? Il y a quelque chose qui ne va pas
là. Le ministre des Finances cite souvent la règle de trois; il
semble être une autorité dans cette haute branche des
mathématiques avancée. Eh bien! je lui suggère de faire sa
règle de trois et il va comprendre qu'il a effectivement dû
augmenter les taxes de quelqu'un.
Les taxes à la consommation, les droits et permis, enfin toutes
ces autres sources ont augmenté d'environ 40%, ça varie de 39%
à 46%, pendant ces périodes. Si l'on regroupe l'ensemble des
revenus que le gouvernement du Québec tire de ses propres sources de
financement, depuis quatre ans, cela a progressé de tout près de
60%. Et si l'on regarde les ressources qu'il tire, d'une façon ou d'une
autre, du gouvernement fédéral, on se rend compte que là
aussi cela a progressé à tout près de 60%,
c'est-à-dire exactement à 57,5%.
Bien sûr, il y a, de ce côté, tout un contentieux que
l'on veut préparer, j'y reviendrai peut-être, si le temps me le
permet. Mais que l'on regarde d'un côté ou de l'autre, on se rend
compte que le gouvernement du Québec, depuis quatre ans, a pris tous les
moyens qu'il pouvait imaginer pour augmenter le fardeau fiscal des
contribuables du Québec. Il a si bien réussi qu'il se voit
maintenant décerner un certificat d'excellence dans son
efficacité pour aller chercher l'argent dans la poche des contribuables.
Vous apprendrez avec un certain sentiment, je ne sais pas si c'est de
fierté, celui-là, mais certainement un
sentiment de surprise, si vous ne connaissez pas déjà ces
chiffres, que notre fardeau fiscal sur les particuliers seulement - ne parlons
pas des sociétés, ne parlons pas des êtres de raison qui
paient des impôts sans que ça fasse soi-disant mal à
personne -parlons de vous et moi, comme contribuables, nous payions - au
passé, il y a quelques années, parce que ça prend quelque
temps pour faire ces chiffres - en 1977-1978, 16% de plus que la province de
l'Ontario. L'ensemble des contribuables du Québec faisait face à
un fardeau fiscal 16% plus élevé que celui auquel faisaient face
les contribuables de l'Ontario. Le pourcentaqe est bien plus grand si on se
compare à des provinces qui ont des taxes plus basses, comme l'Alberta,
par exemple. C'est presque gênant, M. le Président. Savez-vous
que, pour les particuliers, le rapport est presque du double, de taxes que nous
devons payer, si l'on fait le total de l'impôt sur le revenu. Des taxes
de vente, ils n'en ont pas, alors c'est facile à comparer, ils n'ont pas
de taxes de vente et ils n'ont pratiquement plus de taxes municipales puisque
le gouvernement a aboli toute la dette des municipalités; enfin, ils
sont très riches, tout le monde le sait. Enfin, la différence est
de la moitié. D'accord, tout le monde ne peut pas vivre en Alberta et la
comparaison est peut-être fausse face à cette province. Mais, face
à l'Ontario cependant, qui est, nous dit, chaque jour ou chaque semaine,
le ministre de l'Industrie ou son prédécesseur, le ministre
d'État au Développement économique, dans une position
économique soi-disant très difficile, on nous dit chaque jour que
là aussi on éprouve des problèmes de chômage et des
problèmes de développement économique, et pourtant, les
contribuables de cette province paient 16% moins d'impôts que nous.
Ce n'est pas rien, ce n'est pas négligeable et cette situation,
M. le Président, serait peut-être tolérable si, du
côté des dépenses publiques, comme cela a été
pendant un bon moment le cas, on pouvait dire: Le gouvernement ne fait que
refléter les préférences collectives des
Québécois, de la population québécoise qui
préfère un plus haut niveau de services publics, une
qualité supérieure des services publics et qui est prête
pour ça à faire un sacrifice additionnel par des impôts
plus élevés.
Malheureusement, M. le Président, ce qui a longtemps servi de
raison, peut-être de prétexte pour des impôts plus
élevés au Québec, cette raison ou ce prétexte,
c'est maintenant disparu.
Les dépenses publiques, depuis quatre ou cinq ans, ont
continué de croître à un rythme qui ne semble plus
entretenir aucune espèce de relation directe entre les services à
la population et ce que cela coûte éventuellement, et cela pour
toutes sortes de raisons. D'abord, le taux d'augmentation, qui, pendant des
années, était effectivement élevé au début
des années soixante-dix, entretenait malgré tout un certain
rapport avec la croissance économique au Québec. C'est une partie
additionnelle de notre richesse additionnelle que nous consacrions aux services
publics. Quand les Québécois s'enrichissaient, il était
normal qu'ils consacrent une partie de leur richesse à se donner de
meilleurs services publics et ils l'ont fait fort généreusement
dans le passé.
Cependant, quand ils commencent à s'enrichir moins vite ou
même à ne plus s'enrichir du tout, comme c'est le cas depuis
quelques années, on peut se demander comment il se fait qu'ils
continuent à donner au secteur public une part plus importante d'un
revenu qui ne croît plus aussi rapidement. C'est ce qui s'est
passé cependant. Alors que le produit intérieur brut progressait
à un rythme beaucoup plus lent, depuis quelques années, le niveau
des dépenses publiques s'est accru dans une proportion bien plus
considérable, toutes proportions gardées, qu'il ne l'a jamais
fait. Même au début des années soixante-dix, où on
connaissait des taux d'accroissement des dépenses publiques de l'ordre
de 20%, on a maintenu le même taux de croisière sans se rendre
compte que l'économie ne suivait plus. C'est un premier facteur.
Le deuxième facteur, M. le Président, c'est que, alors
qu'on a toujours eu un écart dans les dépenses per capita entre
le Québec et les autres provinces, cet écart s'est mis
soudainement à exploser, et tout particulièrement dans les
dernières années. Par exemple, en éducation, dans la
dernière année pour laquelle on a ces chiffres, il en coûte
par habitant au Québec, non pas par élève - il y a aussi
ces chiffres-là - 625 $ alors qu'il en coûte 483 $ en Ontario. Le
ministre des Finances lui-même a dit qu'il en coûtait par
élève, cette fois-ci, 500 $ de plus pour éduquer un enfant
au Québec qu'il n'en coûte en Ontario. La différence, qui
était de l'ordre de 7% ou 8% entre les coûts par habitant au
Québec versus l'Ontario, depuis un an ou un an et demi, est
passée à quelque 30%. Il s'est passé quelque chose. Je
pense que cela peut coïncider, en fait de date, avec les nouvelles
ententes collectives dans les secteurs public et parapublic. Tout à
coup, le différentiel, qui était déjà excessif,
déjà anormal, qu'il aurait fallu corriger au lieu de le diminuer,
on le voit se multiplier par un facteur important.
M. le Président, cette progression des dépenses publiques
n'est pas accompagnée par un accroissement dans la qualité des
services à la population. Elle n'est même pas accompagnée
par un accroissement dans la quantité des services à la
population. Mettons de côté la qualité. Pourquoi? Pour
toutes sortes de raisons. Il y a d'abord un
fait qui doit devenir de plus en plus apparent. C'est que
l'accroissement des dépenses est beaucoup plus justifié par le
désir de créer des situations avantageuses pour les
employés du secteur public plutôt que d'en faire
bénéficier la population. Le gouvernement du Québec
contribue à créer une nouvelle classe dans la
société, une nouvelle classe de privilégiés qui est
en train de devenir la force conservatrice la plus importante au Québec,
celle qui voudrait par-dessus tout ne rien changer à une situation dont
elle bénéficie personnellement au plus haut degré. C'est
déjà sensible pour ceux qui sont en politique parce que cela se
manifeste de cette façon-là aussi. Mais il y a toute une classe
dans la population qui a utilisé et qui utilise de plus en plus
l'État comme son instrument, sa propriété privée,
qui l'utilise pour en tirer des avantages pour elle, aux dépens du reste
de la société, des conditions de salaire nettement au-dessus de
ce qu'on retrouve parmi ceux qui doivent payer la note. J'ai des chiffres
là-dessus, des chiffres fort intéressants. (11 h 50)
II y a, dans le taux moyen de la rémunération, dans
l'ensemble du Québec et dans ce qu'on peut constater dans le secteur
gouvernemental, un écart assez important. Le coût de la
rémunération brute, c'est-à-dire le salaire et les
avantages sociaux, parmi les employés du secteur public, au
Québec se chiffrait, à la date la plus récente, à
19 500 $; mais le coût de la rémunération brute pour
l'ensemble des salariés au Québec est de 16 200 $, soit 3000 $ de
différence.
C'est là la dimension du privilège, c'est là la
dimension du coût qu'il faut payer, de la rançon qu'il faut payer
pour faire vivre une classe de la société au-dessus de toutes les
autres. Ce sont, bien sûr, des gens qui ne voudront rien changer à
la situation actuelle, qui s'arc-bouteront contre toute espèce de
changement pour améliorer la situation et sur laquelle le gouvernement,
d'ailleurs, se repose. Le mot n'est pas choisi au hasard. Il se repose pour
s'assurer de contrôler la situation sur le plan électoral avec un
certain succès d'ailleurs, il faut le noter. Mais, vous savez, il y a un
proverbe qui dit qu'on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. La
majorité n'est pas avec ces privilégiés, elle est avec
ceux qui en paient la note.
Il y a donc des situations privilégiées; il y a aussi un
effort conscient du gouvernement, un effort qu'il nous a caché, pour
augmenter le nombre de ces privilégiés. Il est quand même
généreux, il veut que tout le monde en bénéficie,
mais il a bien à faire avant de se rendre au but. Alors que le ministre
des Finances nous a dit, pendant des années, qu'il gelait les postes
dans la Fonction publique, il a augmenté de 12 800 employés le
nombre de personnes qui sont sur les listes de paie des ministères et
des organismes publics du gouvernement. 12 800, ce sont les statistiques du
gouvernement même. Bien sûr, les postes sont restés à
peu près les mêmes. Pas tout à fait, cependant. Ils ont
augmenté eux aussi, mais on a engagé essentiellement 13 000
personnes de plus pour faire partie de cette caste supérieure qui va se
moquer du reste de la population et se payer sa tête pendant les
prochaines années.
Est-ce que le gouvernement avait une alternative, des choix? Il en avait
très certainement. D'abord, on peut en juger en regardant ce qu'il a
fait et en le comparant à ce que d'autres gouvernements, dans des
situations analogues, ont fait. Le gouvernement de l'Ontario, qui gère
une province dont la taille n'est quand même pas tellement
différente de celle du Québec, dont les problèmes
économiques sont de moins en moins différents de ceux du
Québec, a su redresser sa situation financière depuis quatre ans,
ce que le gouvernement du Québec n'a pas pu faire.
Alors que les deux gouvernements, en 1975-1976, affichaient les
mêmes taux de croissance dans leurs dépenses publiques, on se rend
compte, en regardant la performance des quatre ou cinq dernières
années, que ce taux est passé, en Ontario, de 20% à 8%
environ durant les dernières années. On a donc su
réorienter les priorités gouvernementales en constatant qu'il y
avait des problèmes de croissance économique, et qu'on ne pouvait
pas indéfiniment faire dans le secteur public comme si le secteur
privé n'était pas là tout en comptant sur lui pour
financer tout le reste. On s'est rendu compte de cela en Ontario. Fort
heureusement ou de façon fort surprenante, le ministre des Finances,
ici, fort heureusement pour lui, ne semble pas s'être rendu compte qu'il
fonctionne maintenant dans un contexte différent de celui qui existait
il y a quatre ou cinq ans. Il se félicite d'avoir diminué
à 12% ou 13% - et cette année, beaucoup plus que ça - le
taux de croissance des dépenses publiques, alors que c'est à 8%
qu'il aurait dû le réduire. C'est parce qu'il ne l'a pas
réduit pendant cinq ans qu'il est acculé aujourd'hui, comme il a
été acculé l'an dernier, à une situation
financière difficile. Mais ce n'est pas seulement dans le taux de
croissance des dépenses que le gouvernement actuel avait des choix - des
choix qu'il a faits, mais dans la mauvaise direction - car si on regarde les
priorités qu'il avait au niveau des dépenses publiques, si on
compare, en éliminant l'effet de l'inflation, les budget de 1980-1981,
avec les budgets de 1977-1978, et qu'on voit où sont les
ministères où la croissance s'est produite et où sont les
ministères où la croissance ne s'est pas produite, on voit
où sont, en fait, les véritables priorités du
gouvernement. On se
rend compte que le citoyen ordinaire a raison de juger que le secteur
public, quant à lui, au moins, s'est appauvri, que les services qui lui
sont destinés ont été négligés, parce que
effectivement tous les ministères de services, tous les
ministères qui ont pour vocation d'aider le citoyen à mieux vivre
ont été négligés. Par contre, tous les
ministères qui ont pour but de donner au gouvernement des instruments de
contrôle et de pouvoirs additionnels se sont accrus, quand ce n'est pas
de prestige ont été priviégiés.
Quels sont les ministères privilégiés par le
gouvernement depuis quatre ans, pas dans ses déclarations, pas dans sa
rhétorique électorale, mais dans ses actions concrètes que
je suis à peu près certain qu'aucun des députés
d'arrière-ban du côté ministériel a vraiment pris le
temps d'étudier?
Les ministères qui sont favorisés, les ministères
qui sont les chéris du gouvernement, ce sont le ministère des
Affaires intergouvernementales, le Conseil du trésor, le
ministère des Finances, le ministère de la Fonction publique.
Cela fait chaud au coeur du citoyen qui paie des impôts! Cela le rend
heureux de savoir qu'on a donné plus d'argent au ministère des
Affaires intergouvemementales et j'aurais beaucoup à dire, mais le temps
me l'interdit, sur la façon dont on l'a utilisé, cet argent, dans
ce ministère-là en particulier. Mais ça fait partie de la
petite histoire, M. le Président. Ce qui est important, c'est que le
citoyen qui a payé n'en a pas eu pour son argent parce que les
ministères qui ont été négligés de
façon systématique, ce sont tous les ministères de
services: les Affaires sociales et l'Éducation, la Justice. On se plaint
de la hausse de la criminalité. Pour ça, on nous offre de changer
les lois. C'est ce qu'on faisait hier soir.
On peut se demander aussi si, dans l'allocation des budgets entre les
ministères, on a fait les arbitrages appropriés parce que la
sécurité publique, cela ne dépend pas seulement de ce
qu'on met dans les statuts refondus du Québec. Cela dépend aussi
de la façon dont on administre les lois et on a de nombreuses
démonstrations que les lois, une fois qu'on les a adoptées, on
les laisse là et on ne s'en occupe plus. Quand ce sont des lois qui
affectent la sécurité publique, c'est d'autant plus
sérieux. Enfin, les ministères de services ont été
négligés. Chose fort étonnante, mais très
instructive pour comprendre ce gouvernement, tous les ministères
à vocation économique, sans exception, ont été
négligés: l'Agriculture, Énergie et Ressources, Industrie,
Commerce et Tourisme et Transports. Ces ministères ne faisaient pas le
poids, M. le Président. Ce n'était pas important. Ce
n'était pas ce que l'on voulait pour faire du Québec un
État fort.
La définition qu'on donne de ce terme, M. le Président,
chez les péquistes, c'est évidemment une définition que
nous ne partageons pas nécessairement. Il reste que c'est là
qu'on a mis l'argent. C'est ça mon propos d'aujourd'hui. On a mis
l'argent dans les endroits où ça payait sur le plan
idéologie du parti, mais on n'a pas mis l'argent là où
ça payait et ça paierait encore du point de vue du citoyen qui
paie la note. Et la note, il la paie. Il la paie lourdement. Il va s'en rendre
compte de plus en plus qu'il la paie lourdement.
M. le Président, mon temps est presque expiré. Je crois
que nous avons une politique financière qui, en plus de ce
désavantage de provoquer la pauvreté et la pénurie tant
dans nos vies privées que dans notre vie publique, dirige le
Québec vers une impasse parce que personne - et je mets même le
ministre des Finances au défi de démontrer le contraire -ne voit
actuellement comment le Québec peut se tirer d'affaire à moyen et
à long terme avec une situation financière qui empire à
chaque année, qui a produit des déficits records dont on a
beaucoup parlé. Je n'ai pas l'intention d'insister là-dessus,
mais les déficits nous donnent une indication qui est cependant
intéressante pour le contribuable ordinaire.
C'est que les déficits entraînent des obligations continues
pour l'avenir en termes de services de dette, en termes également de
remboursements éventuels. Ce qu'il faut comprendre, c'est que tant que
ce fardeau s'accroît, tant que le service de la dette prend une part
importante et de plus en plus importante dans le budget, la marge de manoeuvre
du Québec pour l'avenir est rétrécie d'autant, marge de
manoeuvre qui pourrait être utilisée, d'une part, pour diminuer un
fardeau excessif de nos impôts ou pour augmenter enfin des services
à la population qui est en train de subir l'impact de
l'imprévision et d'une politique de prestige. Il y a donc là une
promesse que non seulement la situation actuelle est pénible, mais
qu'elle va continuer de l'être dans une politique financière qui
est improvisée au fur et à mesure des besoins. (12 heures)
Le budget qui a été présenté en mars
dernier, même s'il a été formellement
redéposé pendant la présente session, est
déjà absolument périmé. Le ministre des Finances,
qui a par-devers lui - et il prend bien soin de ne pas en faire état
publiquement - des données beaucoup plus récentes et beaucoup
plus complètes, ne peut plus déjà prendre au
sérieux un budget qui date de quatre mois. Le déficit de 3 000
000 000 $, c'est plutôt de 4 000 000 000 $ qu'il sera et cela, pour des
raisons qui nous sont apparentes et dont il s dû lui-même admettre,
au cours des dernières semaines, la validité. Il a, par
exemple, admis la validité d'une analyse très rapide et
qui est facile à faire qui nous a permis de dire que dans le seul budqet
de l'aide sociale, il manque au moins 100 000 000 $, probablement 120 000 000
$. Et au hasard de la préparation de ces notes, M. le Président,
j'ai découvert hier une autre de ces soi-disant erreurs, mais enfin, on
se demande si ce sont des erreurs ou si on ne s'ouvre pas plutôt des
portes pour l'avenir, si on ne se ménage pas des portes de sortie pour
l'avenir.
En fait, dans les revenus prévus dans le budget, il y a une somme
de 150 000 000 $ au titre des versements de péréquation qui sont
prévus en sus de ce que la formule, d'après les meilleures
estimations, - des estimations rendues publiques, d'ailleurs, par le
gouvernement fédéral - permettent d'anticiper. Il y a là
150 000 000 $ qui manquent. Les a-t-on délibérément omis
du calcul pour pouvoir, à l'automne, dans le contexte de la
renégociation des ententes fédérales-provinciales, nous
dire: Vous voyez, on nous coupe la péréquation, alors qu'on
devrait déjà savoir que ces fonds ne seront pas payés aux
montants prévus dans le budget du gouvernement du Québec. Pour
l'année précédente, on a le même écart entre
ce qui devrait déjà être des estimations beaucoup plus
sûres, un écart d'environ 110 000 000 $ que l'on anticipait dans
les dernières statistiques financières du gouvernement du
Québec et qui ne seront pas versés, selon les meilleures
estimations disponibles. Il ne s'agit pas ici de supposer des changements dans
la politique fédérale. Il ne s'agit pas de supposer qu'on va
modifier la formule unilatéralement ou autrement pour donner moins au
Québec. Il s'agit simplement d'utiliser la formule connue, qui est
utilisée depuis une vingtaine d'années, pour produire la
meilleure estimation possible des recettes attendues. On met cela de
côté et on inscrit dans le budget du Québec un chiffre qui
permet de diminuer le déficit, comme on l'a fait tous les ans au moment
de la présentation du budget, de manière à tromper la
population sur le sens véritable des décisions qui étaient
prises au moment du budget, au moment de l'adoption des crédits.
M. le Président, non seulement nous dissimule-t-on la
vérité, du côté du ministre des Finances, de
manière systématique, non seulement joue-t-on avec les chiffres
de façon malhonnête, de manière à faire croire aux
gens qu'ils paient moins d'impôt, alors qu'ils en paient davantage, mais
le ministre des Finances n'a aucune vision de ce qu'il va faire l'an prochain
dans le financement du gouvernement du Québec. Il n'a aucune vision
à trois ou quatre ans d'une stratégie de financement qui
permettrait au Québec de sortir de son marasme actuel, de sortir de
l'espèce d'engrenage dans lequel un niveau de dépenses
incontrôlées et des priorités budgétaires fausses
produisent des besoins financiers qui sont sans relation avec la
capacité de l'économie du Québec de financer. Tout ceci
peut aller pendant quelques années. On peut vivre d'expédients
pendant quelques années. Il demeure que, tôt ou tard, le
gouvernement du Québec et le ministre des Finances, celui-ci ou un
autre, devront produire un plan d'ensemble à plus long terme des
objectifs que le Québec doit se donner afin que les perspectives
auxquelles nous ferons face ne soient pas celles, malheureusement, auxquelles
nous sommes confrontés à l'heure actuelle: un niveau
d'impôt constamment accru, un niveau de services en constante
détérioration.
L'équation est résolue parce que les fonds additionnels
que la fiscalité accrue met à la disposition du gouvernement sont
utilisés non pas au bénéfice de la population, non pas
pour répondre aux priorités sociales, aux priorités
culturelles, aux priorités économiques du Québec, mais
pour constituer un organisme d'État de plus en plus luxuriant, de plus
en plus désordonné et disproportionné à nos
véritables besoins, un fonctionnarisme galopant et une bureaucratie
galopante, mais en plus, pour donner à ceux qui ont l'avantage, le
privilège d'être à l'intérieur du cercle
charmé de ceux qui ont réussi leur examen d'entrée de la
fonction publique, si vraiment c'est par un examen qu'ils y sont entrés,
un niveau de vie, une sécurité que le reste de la population juge
de plus en plus inaccessible.
M. le Président, aucun régime ne peut se perpétuer
longtemps à fabriquer en son sein une élite
privilégiée à la satisfaction des besoins de laquelle tout
est coordonné, tout est subordonné. C'est essentiellement la
politique budgétaire du gouvernement depuis quelques années,
à la fois à travers les choix budgétaires que le ministre
des Finances a faits et dans la négociation des conventions collectives
avec ses employés. C'est le sens de ce qui a été fait de
ce côté depuis quatre ans. Nous espérons que maintenant que
les élections sont passées, maintenant que la campagne
référendaire est passée, qu'il nous a fait vivre pendant
quatre ans dans une atmosphère de budget électoraliste, le
ministre des Finances se ressaisira et assumera enfin ses
responsabilités de manière que les véritables
priorités soient celles dont il s'inspirera dans la préparation
de sa politique financière.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Avant de commencer mon intervention, M. le
Président, permettez-moi
de féliciter deux municipalités de mon comté qui
célèbrent cette année leur cent vingt-cinquième
anniversaire de fondation, soient la municipalité de
Saint-Valérien et celle de Roxton-Falls.
Aussi, pour la première fois que je prends la parole en cette
Assemblée, permettez-moi, pour employer les mêmes mots que M.
Forget, de faire la petite histoire de mon comté.
Puisqu'il y a fort longtemps qu'on n'a entendu parler du comté de
Johnson en cette Assemblée, à cause de la démission de M.
Bellemare depuis décembre dernier - ça fera un an en
décembre - et le triste épisode des partielles, vous me
permettrez d'en parler un peu.
Avoir su gagner la confiance des électeurs du comté de
Johnson a été pour moi un grand honneur. Je compte bien que,
pendant les quatre prochaines années, les gens du comté de
Johnson m'entendront défendre leurs droits, leurs intérêts
et, pardessus tout, permettre par mes interventions en cette Assemblée
le mieux-être et le mieux vivre des gens de chez nous.
Le comté de Johnson, M. le Président, est un très
grand comté, formé du surplus de plusieurs autres. Nous avons
trente-six municipalités et il a été nommé ainsi en
l'honneur d'un ex-premier ministre, M. Daniel Johnson, dont le souvenir
caractérise encore le coin du comté où il demeurait. M.
Johnson était l'illustre père de deux de mes collègues.
J'en profite pour les saluer: du côté ministériel, M.
Pierre-Marc Johnson, des Affaires sociales, ainsi que son frère, Daniel
Johnson, député de l'Opposition.
J'avais conservé, M. le Président, le manifeste du temps,
daté de 1966, où Daniel Johnson, père, dirigeait cette
Assemblée nationale et où il s'engageait fermement à
défendre notre culture, notre langue, nos droits, exactement comme le
fait notre premier ministre d'aujourd'hui, M. Lévesque. (12 h 10)
M. le Président, vous voyez que cela n'a pas tellement
changé; l'histoire se répète de génération
en génération. Si vous me permettez, je vous lirai quelques
lignes de ce manifeste, pour bien vous démontrer la similitude des cas,
malgré le temps qui les sépare. Je prendrai le manifeste à
la page 4, où il est dit: "Les Canadiens français forment une
nation. C'est là un fait qui était déjà reconnu au
siècle dernier. Après plus de 300 ans d'évolution, cette
nation est devenue adulte et capable d'assumer la responsabilité de son
destin, sans pour cela vouloir s'entourer de barrières, au contraire.
Toute nation a droit à l'autodétermination. Ce qui implique
qu'elle possède ou qu'elle se donne les instruments nécessaires a
son épanouissement, soit, premièrement, un état national,
deuxièmement, un territoire national qui soit son principal foyer, et
une langue nationale qui ait la primauté sur les autres. "C'est dans le
Québec où ils sont en majorité que les Canadiens
français peuvent se réaliser pleinement comme nation de culture
française. Mais, à cause d'une constitution désuète
et mal appliquée, le Québec ne possède pas actuellement
tous les pouvoirs et instruments qui lui sont nécessaires comme
État national des Canadiens français. Loin d'être un
instrument de progrès et d'harmonie pour les deux nations du Canada,
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique est devenu une source de
conflit et de perpétuel marchandage". Tout comme, aujourd'hui, le
rapatriement unilatéral de la constitution par le premier ministre
Pierre Elliott Trudeau est une atteinte aux droits et aux libertés du
peuple francophone du Québec.
Ici, je reprends le manifeste du temps, je vous lirai quelques
engagements qui avaient été pris à l'époque. "Tout
en continuant de donner une pleine mesure de justice à nos compatriotes
d'autres cultures, nous devrons faire du Québec un véritable
État national. "Deuxièmement, donner au français le statut
d'une langue nationale et, comme prélude à un nouveau pacte entre
deux nations égales et fraternelles, convoquer une assemblée
constituante mandatée par le peuple québécois et
établir un mécanisme sauveqardant les droits du peuple
québécois en matière constitutionnelle."
Je voudrais, M. le Président, face à ce que je viens de
vous lire, et face à ce qui se passe aujourd'hui, et à ce qui se
passera dans l'avenir devant cette illustre Assemblée, et aussi face aux
électeurs de mon comté de Johnson, m'engager publiquement
à défendre le plus sincèrement possible les
intérêts de tous les Québécois et
Québécoises qui m'ont élue démocratiquement.
Au début de mon intervention, je vous ai mentionné que je
représentais un immense comté. Ceci veut dire aussi que les
besoins en sont multiples et très différents. Mais, après
avoir fait deux campagnes électorales de suite, c'est-à-dire la
partielle du 17 novembre dernier et la générale du 13 avril, je
me permets de vous dire que depuis la prise du pouvoir par le Parti
québécois, en 1976, j'ai remarqué un changement d'attitude
dans le quotidien des gens de chez nous.
Prenons nos agriculteurs, par exemple. Avant cet accident de parcours de
1976, ils étaient à la merci de la pluie et du beau temps.
Aujourd'hui, grâce aux efforts multipliés de notre gouvernement,
ce sont des hommes d'affaires fiers de leur entreprise, parce que nous avons
cru en eux, parce que nous avons confiance en eux et parce que nous leur avons
fourni les moyens de démarrer. Ils n'ont plus besoin de travailler dans
les usines pour faire rouler leur terre. Ils sont maintenant des
cultivateurs de coeur et de choix, et surtout à temps plein. Par
conséquent, M. le Président, ils nous font du meilleur travail et
ils assurent notre pain et notre beurre de demain.
Dans un autre temps, le comté de Johnson possède jeunes et
dynamiques entreprises à vocations multiples. Nous devons être
à l'écoute de leurs besoins et leur faciliter l'accès aux
différents programmes que le gouvernement a mis de l'avant depuis
quelques années.
Nous avons aussi bien sûr des usines qui ont vieilli et qui
auraient besoin d'un rajeunissement. À ce moment-ci, je pense à
l'usine de pâtes et papiers de Windsor, où je demeure, même
si présentement celle-ci produit à pleine capacité. Je
crois sincèrement qu'il y aurait place à une modernisation qui
amènerait plus d'efficacité et deviendrait plus
compétitive sur les marchés d'exportation.
Aussi, M. le Président, je m'en voudrais de terminer sans avoir
parlé du rôle que nous, les femmes et mères du
Québec, devons jouer dans cette société. Si toutes les
femmes qui m'écoutent aujourd'hui prennent conscience de leur importance
et s'impliquent davantage au niveau des commissions scolaires, des conseils
exécutifs de différentes associations de leur
municipalité, de leur paroisse, enfin dans tous les domaines qui
s'offrent à nous, nous verrons un épanouissement et une
détermination sans bornes, ne vous en déplaise, messieurs. Nous,
les femmes élues démocratiquement à l'Assemblée
nationale, avons besoin de vous, mesdames, afin de nous sentir appuyées
et de vous sentir impliquées.
En terminant, M. le Président, j'ai voulu, en vous citant
quelques passages du manifeste de l'Union Nationale de 1966, de M. Daniel
Johnson père, vous démontrer que depuis fort longtemps le peuple
québécois a toujours été et sera toujours
très nationaliste. Aujourd'hui, tout comme hier, les
Québécois ont fait confiance et continueront de faire confiance
à des gens qui placent en premier lieu les intérêts et les
droits des Québécois. Le jugement qu'a rendu la population du
Québec, le 13 avril dernier, en réélisant le Parti
québécois pour un deuxième mandat est la preuve la plus
convaincante du désir profond de ce peuple de demeurer authentiquement
québécois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Westmount.
M. Richard French
M. French: M. le Président, vous ne serez pas
étonné que ce soit avec beaucoup de fierté ainsi que
d'humilité que je prends place dans cette Assemblée nationale en
tant que député du comté de Westmount. Je dois mon
élection moins à mes propres qualités qu'à celles
de l'équipe libérale et de son leader, Claude Ryan. Je me sens
extrêmement privilégié de servir sous sa
bannière.
Je veux remercier tous ceux et celles qui m'ont fait confiance le 13
avril dernier et surtout les militants libéraux qui ont travaillé
avec tellement d'enthousiasme et d'ardeur. J'ai l'intention de faire tout mon
possible pour être à la hauteur de leurs aspirations, tant en ce
qui concerne le comté que le Québec. Je serai toujours prêt
à m'occuper des cas de mes commettants, y compris ceux et celles qui ne
partagent pas mes opinions politiques. Je ne divise pas ma paroisse entre ceux
qui sont de mon bord et les autres. (12 h 20)
C'est peut-être aussi le moment, M. le Président, de
signaler mon respect pour mon adversaire lors du dernier scrutin, M. Henry
Milner, un homme honnête et intègre malgré de drôles
de goûts en matière politique.
M. le Président, nous faisons face à une conjoncture
économique aussi pénible que dangereuse. Partout dans le monde
industrialisé, nous sommes témoins d'un ralentissement de la
croissance économique, de résistance de la part des contribuables
à l'égard des exigences fiscales de l'État, voire la
naissance d'économies parallèles ou clandestines. Le secteur
public est en crise quand les ressources financières, naguère
illimitées, commencent à se tarir. Le Québec, on le sait,
n'est pas du tout à l'abri de ces pressions, bien au contraire. Il est
sûr qu'une économie de la taille de la nôtre ne pourrait
jamais s'isoler des tendances aussi fortes et globales que celles dont on vient
de parler.
Par contre, il y a quelque chose de trompeur, quelque chose de faux dans
la présomption du gouvernement qui laisse croire que ce qui se passe
actuellement dans les finances publiques québécoises n'est que
l'image de ce qui se passe ailleurs. Quand bien même on chercherait
ailleurs des excuses faciles pour se justifier, le gouvernement ne
réussit pas à faire la preuve convaincante que notre situation
financière est quelque chose de normal. Ce n'est pas normal que le
Québec se trouve aux prises avec un déséquilibre
structurel croissant dans les finances publiques. Ce n'est pas normal que ce
gouvernement détienne depuis quelques années le double
championnat des taxes élevées et des déficits au Canada.
Ce n'est pas normal que depuis trois ans, contrairement aux paroles du ministre
des Finances, le déficit budgétaire du Québec ait
dépassé chaque année la somme de tous les autres
déficits provinciaux au Canada. Ce n'est pas normal que les
contribuables québécois demeurent, par une
bonne marge, les plus lourdement taxés au Canada.
Les racines de cette situation anormale et dangereuse se retrouvent dans
les orientations fiscales irresponsables suivies par le gouvernement depuis
1977. Au moment où beaucoup d'autres gouvernements reconnaissaient les
contraintes nouvelles agissant sur le Trésor public et au moment
où ils annonçaient des programmes de redressement
budgétaire, le gouvernement du Québec a perdu le contrôle
de ses dépenses. Au moment où, ailleurs, on acceptait la
politique d'austérité, le gouvernement du Québec
s'imaginait encore dans les bonnes vieilles années soixante. Il avait,
bien sûr, un référendum à gagner et il avait en
tête la social-démocratie.
Les résultats de ces contradictions à l'époque de
la proposition 13 et de la révolte des contribuables, nous les vivons
aujourd'hui. Nous les vivons sous la forme de la taxe sur l'avenir qui est la
dette publique québécoise, un grand instrument pour
transférer le fardeau d'aujourd'hui à nos enfants. C'est une taxe
sur l'avenir de tous les jeunes Québécois et
Québécoises puisque ce sont eux et elles qui seront
obligés de payer la note pour les extravagances du gouvernement. Je
répète, M. le Président, que la dette publique n'est ni
plus ni moins qu'une taxe sur l'avenir de notre jeunesse. Ce gouvernement
reporte sur les générations futures des taxes servant à
financer les dépenses courantes d'aujourd'hui.
Maintenant, le gouvernement a essayé, par toutes sortes de
façons, de nous convaincre que la dette publique
québécoise n'est pas hors de proportion par rapport aux pratiques
courantes de la finance publique au Canada. Mais comment peut-on croire qu'il
est normal que la dette publique puisse tripler en six ans de règne
péquiste? Comment peut-on croire qu'il est normal qu'à la fin de
l'exercice financier 1981-1982 la dette publique serait vraisemblablement de
l'ordre de 15%, 16% ou 17% de l'économie québécoise? Avant
1976, nous étions dans une position privilégiée à
cet égard. On finançait même, en gros, la moitié de
nos investissements publics par des revenus courants. On était "cash"
à 50%. Désormais, les placements et les intérêts,
pas la dette elle-même, les paiements d'intérêts,
dépassent les investissements publics de la province de 50%. C'est
là le Québec fort qu'on va léguer à nos enfants. Le
gouvernement vient juste de découvrir l'âpre réalité
des exigences économiques actuelles. Après cinq ans de
débauche fiscale, il a soudainement trouvé la vertu.
Avec tout l'enthousiasme des récents convertis, les ministres
courent ici et là prêchant la nouvelle austérité. On
ralentit le taux de progression des crédits en éducation; en
d'autres mots, on coupe sur le dos des élèves. On coupe les
services sociaux, on songe au ticket modérateur pour une population qui,
dit-on, abuserait des services publics. En somme, on joue la carte de la
responsabilité, mais cinq ans en retard. C'est la
social-démocratie du lendemain de la fête. Maintenant, de la
rigueur, de la discipline administrative, des coupures, de
l'austérité, il en faut, mais si le gouvernement avait
été responsable dès son arrivée au pouvoir, il y a
cinq ans, les coupures et les compressions nécessaires auraient
été beaucoup moins profondes, beaucoup moins arbitraires,
beaucoup moins pénibles qu'elles ne le sont aujourd'hui.
On ne peut que regretter qu'un gouvernement insouciant ait ignoré
la sagesse la plus élémentaire en donnant aux secteurs public et
parapublic un momentum qui serait très difficile à
infléchir. Au lieu d'une gestion prudente, d'une sensibilité
constante de la nécessité de contrôler les dépenses
publiques, le gouvernement, qui nous offrait hier les bienfaits de sa
prodigalité, nous demande aujourd'hui de faire voeu de pauvreté.
Malheureusement, ces "serrages" de ceinture improvisés imposent
arbitrairement aux plus démunis le fardeau de l'incurie. Ce sont les
malades, les étudiants, les gens du troisième âge et tous
ceux qui ont le plus besoin des services de l'État qui en souffrent
directement. C'est exactement ce qui arrive actuellement.
Un des facteurs qui vient s'ajouter au malaise des finances publiques
québécoises est la montée en flèche des taux
d'intérêt. S'endetter au-delà de ses moyens, c'est
s'exposer aux abus d'une conjoncture incertaine sur laquelle nous
n'exerçons aucun contrôle. Bref, c'est se rendre
vulnérable. Comme n'importe quelle autre personne ou entité
économique qui vit en dehors de ses moyens, le gouvernement du
Québec voit sa marge de manoeuvre financière réduite avec
chaque montée du taux d'intérêt de 0,5%.
Voilà ce qui rend le déséquilibre structurel dans
nos finances publiques d'autant plus menaçant. Le moment symbolique a
été la semaine dernière, durant l'étude des
crédits provisoires, lorsque les ministres des Affaires sociales et des
Finances se sont écriés que ce n'était pas leur faute si
la situation économique était ce qu'elle est, si les taux
d'intérêt sont ce qu'ils sont présentement. En même
temps, devant le parlement, les sirènes des ambulances, rangées
devant l'Assemblée, manifestaient le mécontentement de ceux qui
sont affectés.
Ce ne sont pas, bien sûr, les péquistes qui ont
créé les taux d'intérêt élevés, mais
ce sont eux qui ont rendu le Québec vulnérable dans ses finances
publiques. Ce sont eux qui ont rendu l'État québécois
largement impuissant, parce que dépourvu de toute marge de manoeuvre
significative. Cet
inéluctable conflit entre ce que les gens ont appris à
attendre de l'État et ce que l'État serait désormais en
mesure de fournir est au centre de notre plus grand défi comme
Québécois. Comment concilier la prudence administrative avec la
crise de légitimité de la fiscalité publique qui s'est
fait sentir depuis cinq ans ou plus et que même le gouvernement actuel
est forcé de reconnaître?
Ce défi va exiger le meilleur de nous-mêmes comme
société, surtout pour concilier les conflits inédits de la
"zero-sum society" avec les aspirations nourries à coup de milliards
chez les employés des secteurs public et parapublic. Bien que le
gouvernement ait largement contribué à la gravité du
problème, il est aussi bien placé pour commencer à s'y
attaquer compte tenu qu'il est au début de son deuxième mandat.
Si le gouvernement est capable de démontrer du leadership face à
ce problème, s'il est capable de l'analyser sur une perspective de
plusieurs années et avec la même ardeur qu'il consacre
habituellement à ses préoccupations constitutionnelles, je suis
convaincu qu'il aurait l'appui de la très grande majorité des
Québécois. (12 h 30)
M. le Président, le Québec est en concurrence avec
d'autres agents, en l'Amérique du Nord et ailleurs, pour
l'investissement privé. Un des aspects qui entrent en ligne de compte
quand un homme d'affaires évalue les juridictions différentes
dans lesquelles il songe à investir, c'est certainement la structure
d'imposition selon laquelle sa compagnie serait obligée de fonctionner.
C'est pour cette raison que le malaise des finances publiques
québécoises ne peut qu'être extrêmement
inquiétant face, d'une part, au besoin d'encourager autant
d'investisseurs que possible au Québec et, d'autre part, à
l'appétit insatiable du fisc québécois.
La perte de contrôle sur les dépenses publiques, les
déficits répétés et une dette dont le taux
d'intérêt grève désormais une large part du budget
ont conduit le ministre des Finances à exercer toute son
ingéniosité à chercher de nouvelles sources de revenus.
Une des sources de revenus qui prendra une grande place dans les revenus du
Québec, c'est le prélèvement sur la feuille de paie au
titre de l'assurance-maladie payée par l'employeur, qui grimpe avec le
budget actuel de 1,5% à 3%, et, pour bien faire la mesure, une taxe
similaire, mais moins importante, est imposée sur le capital souscrit
des entreprises. C'est en fait une autre étape dans la mise en place
pièce par pièce d'une philosophie nouvelle en matière
d'imposition des sociétés. Il s'agit du remplacement graduel de
l'impôt traditionnel sur les profits des sociétés par des
prélèvements basés sur d'autres critères que les
revenus. On en percevait déjà l'orientation dans le
relèvement spectaculaire des contributions des employeurs à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail.
On voit maintenant plus clair dans le jeu du ministre avec les mesures
introduites dans le budget actuel. L'impôt sur le profit des corporations
est difficile sur le plan administratif et son rendement est très
variable d'année en année, car il dépend des profits, une
des variables les plus instables sur le plan économique. L'emploi et le
capital souscrit le sont beaucoup moins. En passant d'une taxe calculée
comme un pourcentage des profits à une taxe calculée comme un
pourcentage de la masse salariale ou du capital-actions des entreprises,
l'État s'assure des revenus stables et réguliers faciles à
administrer.
Une autre façon d'envisager la même réalité,
c'est de dire que, jusqu'à présent, l'État et les
entreprises partageaient en quelque sorte les mêmes risques conjonctuels.
Bonne année, gros profits, rendement élevé des
impôts corporatifs. Mauvaise année, petits profits, faibles taxes.
Cela ne plaisait pas au ministre des Finances. Dorénavant, les risques
seront presque entièrement à la charge des entreprises. Bon an,
mal an, l'entreprise devra honorer les obligations qui lui sont
imposées, à moins, bien sûr, qu'elle procède
à des mises à pied ou à une réduction de son
capital-actions. Il est probable que le ministre des Finances voit
également un coup habile à l'endroit du fédéral
puisque ces prélèvements sont déductibles de l'impôt
fédéral. La fiscalité d'un régime
fédéral rend possibles toutes sortes de manipulations de la taxe
de la part des États composants, et le ministre des Finances du
gouvernement qui demeure indépendantiste ne sera jamais capable de
reculer devant une telle tentation même s'il doit, M. le
Président, implanter une taxe carrément régressive comme
celle-ci. Les économistes sont d'accord que l'incidence d'une taxe sur
la feuille de paie, qu'elle soit techniquement payée par l'employeur ou
par les employés, s'appesentira ultimement sur les salaires et sur
l'emploi.
Je suis convaincu que les recherchistes que connaissait dans ses
anciennes fonctions le député de Prévost confirmeraient
justement cette analyse. Dans le cas des contributions aux services de
santé, il s'agit d'une mesure antiemploi, d'une véritable taxe
sur l'emploi en remplacement de l'impôt sur les profits. Le lien que le
ministre persiste à voir entre cette nouvelle taxe et
l'assurance-maladie deviendra rapidement plus symbolique que réel. C'est
une source de revenus pure et simple. C'est un étrange cadeau de la part
d'un gouvernement social-démocrate, voué à la protection
des intérêts des travailleurs. Le ministère a d'ailleurs
sans
doute fait des études au sujet de l'impact de cette mesure et le
ministre devrait les déposer devant cette Assemblée.
Quant à moi, je verrais les implications suivantes à cette
taxe à l'emploi. Le fardeau de l'impôt coopératif ferait en
sorte de déplacer les entreprises qui font de gros profits et qui
emploient plus de gens vers les entreprises de rentabilité incertaine,
mais qui emploient beaucoup de gens, comme les entreprises de meuble, chaussure
et vêtement. Les entreprises auraient intérêt à se
mécaniser pour remplacer la main-d'oeuvre, car ainsi, elles n'auraient
pas à payer des contributions accrues au fonds du service de
santé. Les entreprises à forte intensité de main-d'oeuvre
auraient, elles, intérêt à se relocaliser ailleurs qu'au
Québec pour minimiser leur charge d'impôts en vertu du même
raisonnement qui amènerait celles installées au Québec
à substituer du capital des machines à la main-d'oeuvre.
Ce qui doit contrebalancer la taxe à l'emploi, c'est la taxe sur
le capital. Tout d'abord, le capital souscrit et le capital physique sont deux
choses très différentes, mais abstraction faite des
problèmes techniques de cette taxe, on peut émettre des
réserves du même ordre à son sujet. Encore une fois,
l'entreprise est invitée à se contorsionner artificiellement afin
de bénéficier au maximum de la structure fiscale
québécoise. En somme, les incitations sont les suivantes:
Déplacer le siège social à l'extérieur du
Québec afin d'éviter la taxe sur le capital, déplacer la
production à l'extérieur du Québec afin d'éviter la
taxe à l'emploi et déplacer les points de vente souvent à
faible intensité d'emploi au Québec afin de déclarer le
plus de revenus possible dans une juridiction sociale-démocrate qui taxe
les profits beaucoup moins qu'ailleurs. En matière de profits, M. le
Président, il est toujours dangereux de faire porter le poids des
impôts directs sur le volume de l'emploi, sur le capital-actions ou sur
toute autre mesure indépendante du revenu net, parce que c'est du revenu
net que dépend ultérieurement la capacité de payer de
l'entreprise.
Une chose est certaine, le fardeau additionnel se fait sentir
immédiatement. Il est nettement régressif et il n'y a aucune
protection disponible pour une PME qui n'a pas encore commencé à
faire des profits, tout cela d'un gouvernement qui se veut soucieux du sort des
travailleurs et des PME québécoises. Ce qui est clair, c'est que
le ministre des Finances ne peut pas se permettre le luxe d'une philosophie
cohérente de sa politique d'imposition. Après cinq ans de
dépenses, il est coincé. Il doit faire tout son possible pour
augmenter le revenu du Trésor public. En agissant ainsi, il suit bien
sûr la règle d'or des ministres des Finances d'éviter de
hausser les taxes les plus visibles, mais il n'en demeure pas moins que les
exigences de l'État en matière de fiscalité montent d'une
façon inquiétante d'année en année au
Québec.
Les promesses d'hier sont les taxes d'aujourd'hui, disait Mackenzie
King. Les Québécois devront vivre avec les conséquences
des promesses de nos amis d'en face pendant longtemps.
Ce qu'il nous faut, M. le Président, -en terminant - ce n'est pas
plus de taxes ingénieuses, de taxes cachées, de coups habiles
à l'endroit des sources de revenus actuelles ou potentielles. Ce n'est
pas plus d'exploitation mal déguisée du gouvernement du Canada
comme bouc émissaire. Ce n'est pas plus de la schizophrénie, de
virage entre la social-démocratie et le conservatisme avec toute
l'incertitude ainsi semée. Le gouvernement a maintenant la
responsabilité d'offrir aux Québécois un plan concret et
réaliste échelonné sur plusieurs années et visant
l'assainissement des finances publigues. Il a le mandat pour le faire. Sans une
approche concertée s'étalant sur plusieurs années afin de
disposer du déséquilibre structurel croissant dans nos finances
publiques, aucune de nos aspirations pour l'avenir, d'un côté
comme de l'autre de cette Chambre, ne pourra se réaliser.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Mme la
députée de Dorion.
Une voix: Bravo!
Mme Huguette Lachapelle
Mme Lachapelle: M. le Président, vous comprendrez
certainement ma fierté bien légitime et mon émotion bien
naturelle de prendre la parole dans cette noble enceinte, témoin de
débats si importants pour notre histoire.
Ma première intervention comportera trois volets. En premier
lieu, je voudrais remercier les électeurs du comté de Dorion et
en saluer tous les citoyens. C'est un comté cher au coeur des
péquistes et je suis fière d'en être la
représentante. Je veux, aujourd'hui, répéter fermement mes
engagements envers eux et prendre mes collègues à témoin
d'être pour vous une interprète fidèle de vos
volontés et parmi vous une digne interprète de la politigue
québécoise. (12 h 40)
Deuxièmement, je voudrais aussi faire une profession de foi
envers mon parti. Si ma surprise peut être grande de me retrouver parmi
vous tous, il est aussi important de dire que ma présence est le fruit
d'un long militantisme que le parti et les militants ont su reconnaître.
Depuis de nombreuses années, j'ai adhéré à la
personne du premier ministre, à ses idées, à son
programme, à son idée forte et à partir de
maintenant, avec plus de moyens, je compte mettre au service de cet
idéal tout mon coeur, toute ma volonté politique, tous mes
efforts pour que le message soit compris par tous. Comme députée
et comme membre d'un parti, j'ai fait mon choix.
En troisième lieu, comme parlementaire, j'ai déjà
affiché mes couleurs et je vous dis tout de suite, M. le
Président, mon intérêt pour le programme du gouvernement en
ce qui a trait à l'habitation. Dans le brouhaha de la rentrée
parlementaire, ce projet de propriété résidentielle pour
une politique familiale n'a peut-être pas reçu la publicité
qui lui revenait. Vous me permettrez, comme députée d'un
comté dont les caractères économiques et sociaux sont
taillés sur mesure pour une telle accessibilité, de tenter d'en
exposer quelques grands aspects.
Sans entrer dans tous les détails, ce qui devra être connu
prochainement, rappelons-en les principaux aspects. Un prêt de 10 000 $
sans intérêt pour la première année sera consenti
pour un couple avec enfants de moins de douze ans pour l'achat d'une maison
neuve d'une valeur de 60 000 $. Si la maison est usagée, le prêt
sera de 6 000 $ au lieu de 10 000 $. De plus, la même politique
s'applique pour un duplex de 100 000 $ et pour un triplex de 130 000 $.
Après la première année sans intérêt, un taux
minime de 5% sera imposé. Pour les trois années suivantes, un
taux très raisonnable de 10%.
Tout le monde aura compris qu'avec la folie furieuse des taux
d'intérêt à 20% une politique comme celle-là aidera
à un jeune couple. Avant même d'être députée,
un accès plus facile à la propriété a toujours
été un sujet qui me tenait à coeur. Si cette politique
pouvait aider à faire reculer notre réputation
québécoise d'éternels locataires, vous me permettrez, M.
le Président, de m'en réjouir. Ce n'est qu'un début. J'ose
pouvoir aussi aider à promouvoir différentes autres formules
comme la copropriété qui, pour beaucoup de petits
salariés, reste le seul espoir d'avoir un toit à soi, comme la
"coopérativisation" qui permet d'associer plus de gens au contrôle
et à la propriété de leur propre logement.
On a coutume de dire: Quand le bâtiment va, tout va. On pourra
nous appliquer ce dicton si cet accès à la
propriété amorce un programme de construction et de
rénovation dont vous devinez l'impact économique.
Sans jouer dans les plate-bandes de ma collègue de La Peltrie,
ministre d'État à la Condition féminine, il est permis
d'espérer que les jeunes couples ayant un toit assuré auront
peut-être une optique familiale plus ouverte. Même si je reconnais
qu'une véritable politique familiale exige des efforts autrement plus
substantiels et plus concertés, c'est au moins un pas dans la bonne
direction.
Au-delà du comté, si intéressant soit-il;
au-delà du parti, aussi important soit-il, une chose doit nous
réunir ici: c'est la tâche qu'on nous a confiée de
bâtir un pays qui nous ressemble. Le Québec doit rester fort: plus
qu'un slogan, une nécessité.
C'est sur cette note d'espoir et d'optimisme que j'envisage avec
sérieux mon mandat à l'Assemblée nationale. Merci, M. le
Président.
M. Vaugeois: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je note l'heure et, en vertu de
l'article 31, je me demande si vous donnez la permission d'ajourner le
débat, parce qu'autrement, je serai pris entre deux séances et je
pense que j'ai préparé un bon discours!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, je dois vous dire que cela ne dépend pas de moi;
en vertu du règlement, il faut demander au représentant du parti
qui forme le gouvernement actuel s'il le permet; il y a deux
possibilités. La première consiste à continuer un peu plus
loin que 13 heures, ce qui peut être possible, ou encore à
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Vaugeois: Étant donné la provenance de la
demande, le caractère de celui qui fait la demande, la sympathie que
nous avons pour lui, le plaisir que nous aurons à l'écouter un
peu plus tard aujourd'hui, nous donnons notre consentement.
M. Polak: J'espère que vous allez tous revenir!
M. Vaugeois: Sûrement!
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Suspension des travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre,
messieurs!
Veuillez vous asseoir.
Nous reprenons le débat sur le discours sur le budget et la
parole était au député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, le 13 avril, la population a
voté pour une idéologie, pour un genre de gouvernement, mais
ceci, à mon avis, ne veut pas dire du tout que la population
était d'accord sur la prise de position à l'intérieur de
l'administration publique.
Depuis que je suis ici, j'ai été témoin de
plusieurs protestations et démonstrations, comme par exemple celle des
enseignants. Tout le monde sait qu'ils avaient voté massivement pour le
PQ mais on les a vus, il y a deux semaines, à Québec, protester
contre certains aspects du budget.
Comme vous le savez, M. le Président, le budget a
été déposé par le ministre des Finances -
malheureusement je constate son absence, parce que j'aurais tout de même
des suggestions positives à lui faire, mais j'espère que ses
confrères qui sont ici lui transmettront tout de suite ce que j'ai
à dire - le 10 mars et il y a eu peu de discussions à
l'Assemblée à cause des élections.
Je crois que c'est mon devoir d'informer la population correctement et
simplement de certains aspects sérieux et mal compris de la politique
budgétaire pour l'année 1981-1982. Je voudrais informer la
population sur les aspects suivants; j'en ai quatre: premièrement, le
déficit budgétaire prévu pour 1981-1982;
deuxièmement, la répartition des coupures budgétaires;
troisièmement, la réduction de l'impôt sur le revenu des
particuliers et, quatrièmement, le cas d'Hydro-Québec.
Je reviens donc au premier point, c'est-à-dire le déficit
budgétaire prévu pour 1981-1982. Dans le budget de l'année
dernière -c'est-à-dire l'année 1980-1981 - le ministre des
Finances avait prévu un déficit de 2,3 billions de dollars. Pour
ceux qui ne le savent pas, 1 billion de dollars équivaut à 1000
millions de dollars.
Maintenant qu'on a les chiffres, on s'aperçoit que le
déficit réel est de 2 970 000 000 $, ce qui constitue une erreur
de prévision par M. Parizeau de 29,4%.
Une certaine marge d'erreur est normale, mais 29,4%, c'est énorme
et cela indique une perte de contrôle et même une preuve d'une
mauvaise administration.
Pour le budget que nous discutons, c'est-à-dire l'année
1981-1982, le même ministre des Finances prévoit un déficit
de 2 970 000 000 $, calculé comme suit. Il y a des prévisions de
dépenses de 20 020 000 000 $ et des prévisions de revenus de 17
050 000 000 $. En faisant la soustraction, on arrive donc à un
déficit prévu de 2 970 000 000 $.
Curieusement, le ministre des Finances, souvent appelé le
magicien financier, arrête au chiffre magique de 2 970 000 000 $ pour ne
pas parler d'un chiffre catastrophique de 3 000 000 000 $.
Dans mon esprit, la comparaison se fait avec la politique des magasins
qui vendent, par exemple, des chapeaux de magicien à 9,99 $ au lieu de
10 $. Cela paraît beaucoup moins cher.
Si l'expérience de l'année dernière se
répète, c'est-à-dire une erreur de 29,4%, le
déficit réel pour 1981-1982 sera de 3 840 000 000 $ au lieu d'un
déficit prévu par le ministre de 2 970 000 000 $.
Reprenant notre exemple du chapeau de magicien, cela voudrait dire que
son prix réel ne sera pas de 9,99 $, mais plutôt de 12,98 $.
Une voix: C'est cela.
M. Polak: Si l'on considère l'augmentation des taux
d'intérêt pour rembourser le service de la dette, le
déficit réel pourrait même excéder 3,84 billions de
dollars et le pauvre chapeau coûtera non pas 12,98 $ mais plutôt 13
$ ou plus.
Ceci m'amène au deuxième problème, celui de la
répartition des coupures budgétaires. Le ministre des Finances,
sans doute soucieux de ne pas dépasser les limites de 2,97 billions de
dollars, a effectué, pour l'année 1981-1982, des coupures de
l'ordre de 1 billion de dollars.
M. Lavigne: M. le Président, si vous me le permettez, un
point d'information ou une question de renseignement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Sainte-Anne a le droit de parole. Par mon intermédiaire, vous pouvez lui
demander s'il veut que vous lui posiez une question.
M. Lavigne: Le but de votre discours, M. le député
de Sainte-Anne, est d'informer correctement la population, comme vous l'avez
dit dans votre préambule. Je fais moi-même partie de la population
et je ne suis pas sûr d'être bien informé. Je ne sais pas si
vous mêlez les chiffres ou si j'entends mal. Parlez-vous de millions ou
de billions? Dans mon esprit, vous devriez dire des milliards.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît. M.
le député, un instant. Je pense que tout le monde avait bien
compris qu'on parlait de billions, ce qui sous-entend des milliards.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Avant de continuer mon discours, je voudrais renseigner
mon collègue. Comme il est un peu au courant du monde financier, il doit
savoir - d'ailleurs, vous pouvez vérifier dans le Larousse, cet
après-
midi - que les mots "billion" et "milliard" veulent dire exactement la
même chose. Moi, je dis "billion". Si vous aimez mieux "milliard",
interprétez-le comme vous le voulez. Cela veut dire mille fois un
million de dollars et ça coûte cher!
Après avoir donné cette précision à mon
collègue, je veux reprendre mon discours sur le problème de la
répartition des coupures budgétaires. Le ministre des Finances,
sans doute soucieux de ne pas dépasser la limite de 2,97 billions - ou,
pour mon collègue, 2 970 000 000 $ - a effectué pour 1981-1982
des coupures de l'ordre de 1 000 000 000 $. On déguise ces coupures
budgétaires sous des termes élégants: compressions
budgétaires ou encore compressions d'appétit. Il y a toutes
sortes de régimes pour couper l'appétit. On peut perdre du poids
graduellement ou rapidement, ou simplement ne plus manger et mourir de
faim.
Le ministre coupe un total de 1 000 000 000 $, dont 50% ou 500 000 000 $
dans les deux secteurs de l'Éducation et des Affaires sociales. Ce sont
justement des secteurs qui donnent des services indispensables à la
population, et surtout à ceux qui sont les moins fortunés. La
politique du ministre a eu comme résultat la mise en
disponibilité d'un nombre inquiétant de travailleurs. Autrement
dit, à cause des conventions collectives, signées auparavant, le
gouvernement doit leur verser leur salaire complet. (15 h 20)
Ces personnes qui ont jusqu'à quinze ans d'expérience, ne
demandent pas mieux que de reprendre leur travail, au lieu de rester
improductifs quatre jours sur cinq. Si on doit les payer leur plein salaire,
pourquoi ne pas se servir de leurs talents pour améliorer la
qualité de l'enseignement et donner une attention toute spéciale
aux élèves qui en ont besoin, tels que les sociaux affectifs, les
déficients mentaux et les handicapés physiques. Ce sont
actuellement des chômeurs qui coûtent trop cher aux contribuables
pour qu'on n'utilise pas leurs services à 100%.
Il y en aurait probablement parmi eux qui seraient très
qualifiés pour participer à une enquête sur le coût
réel administratif de l'enseignement au Québec en comparaison
avec les autres provinces. On devrait savoir pourquoi nos coûts sont les
plus élevés et de quelle manière les frais administratifs
du ministère de l'Éducation pourraient être réduits.
De plus, le ministre coupe dans le budget de fonctionnement et sans doute que
la qualité des services en souffrira, comme le démontrent
déjà les plaintes réunies des enseignants, des commissions
scolaires, des parents et des élèves.
Dans le secteur des Affaires sociales, la situation est sensiblement la
même. On parle de couper le personnel, de réduire les
dépenses de fonctionnement des hôpitaux, des CLSC et d'autres
services essentiels à une population vieillissante.
Qui en subira les conséquences? Les contribuables à petit
revenu qui utilisent davantage ces services. Et maintenant, on parle non
seulement de coupures, mais également d'un système de ticket
modérateur. Serait-ce encore une fois une manière de taxer la
population d'une façon détournée?
À ce sujet, j'aimerais citer Lysiane Gagnon, dans un article qui
a paru dans la Presse du 12 mars 1981: "Au lieu de sabrer dans le parapublic et
dans les deux secteurs qui servent directement la population, le gouvernement
devrait plutôt réduire, par un système d'attrition
rigoureux, sa propre fonction publique. Question de priorité et de
conscience sociale, question de bon sens aussi. Car, la simple observation et
le sens commun nous le disent, ce n'est pas dans les hôpitaux ni dans les
écoles qu'il y a trop de personnel, c'est dans les bureaux moins
visibles de la fonction publique, là où l'on se met à dix
pour changer une ampoule, là où l'on multiplie les postes
d'adjoint à ceci ou à cela pour satisfaire d'innombrables
appétits de pouvoir." J'espère que j'ai bien cité Mme
Gagnon.
M. le Président, au lieu de charger 50% de toutes les coupures
à deux seuls secteurs, le ministre des Finances aurait dû
procéder à des coupures distribuées plus
équitablement dans presque tous les secteurs.
Il s'agit, même dans les coupures, de choisir des priorités
et on peut sérieusement se poser la question, et se demander si ce ne
serait pas plus équitable de réduire les coupures
annoncées dans l'Éducation et les Affaires sociales, pour les
redistribuer dans tous les secteurs, surtout la publicité du
gouvernement, Telbec, etc., et les sociétés d'État et la
fonction publique.
M. le Président, j'arrive maintenant à mon
troisième point, c'est-à-dire la fameuse question de la
réduction des impôts. Le ministre des Finances a annoncé
que la réduction de 3% de l'impôt sur le revenu de l'année
dernière est maintenue et qu'à compter du 1er janvier 1982, il y
aura une nouvelle réduction de 2%. De plus, il y aura dans le budget une
nouvelle indexation de 7,5% des exemptions personnelles.
Ne criez pas encore victoire, citoyens! Le ministre a oublié de
dire que ceci réduira les impôts sur le revenu à un niveau
où on serait déjà rendu si le gouvernement avait
indexé les impôts complètement pour compenser le facteur
d'inflation. Dans les autres provinces canadiennes, il existe un ajustement
automatique et elles taxent le vrai gain et pas le gain artificiel,
c'est-à-dire le gain en salaire représenté par
l'augmentation pour couvrir le facteur
d'inflation. En ce qui concerne cette réduction d'impôt, le
plus intéressant aspect est celui qui n'y apparaît pas. Les
contribuables auront le droit de savoir que cette réduction n'augmente
d'aucune façon leur pouvoir d'achat réel.
Maintenant, je voudrais parler quelques minutes du cas
d'Hydro-Québec. Ce budget stipule que les sociétés
d'État devenues rentables, telles qu'Hydro-Québec, paieront
désormais une taxe sur le capital. De plus, Hydro-Québec devra
verser un dividende de 20% de son profit. De cette manière, les coffres
de l'État recevront d'Hydro-Québec un montant approximatif de 200
000 000 $ pour 1981-1982.
M. le Président, ça semble très beau. Cependant, il
y a des dangers graves dans cette politique. Il s'agit d'un siphonnage des
revenus d'Hydro-Quéec qui pourrait avoir des répercussions
sérieuses sur la qualité de la dette d'Hydro-Québec et sur
ses emprunts. Il y aura un accroissement des coûts d'emprunt et un
ralentissement dans l'exécution du plan d'équipement
d'Hydro-Québec pour 1981-1982.
Mais ceci n'est pas tout. En même temps, le ministre des Finances
prévoit une hausse importante des tarifs d'Hydro-Québec pour le
consommateur. Le ministre justifie cette hausse importante comme un moyen de
garder un équilibre dans la demande d'énergie. En d'autres
termes, citoyens, payez plus et vous consommerez moins. Ceci équivaut
à traiter les consommateurs comme des enfants irresponsables qui ne sont
pas capables de prendre leurs propres responsabilités vis-à-vis
du problème de l'économie d'énergie. Une campagne
d'information à peu de frais donnera plus de résultat que la
hausse inconsidérée des tarifs d'Hydro-Québec.
D'ailleurs, le consommateur n'a qu'à regarder son compte actuel
d'électricité, quand il le reçoit à tous les deux
ou trois mois, pour réaliser que cela lui coûte déjà
assez cher.
C'est ironique de se rappeler que l'ancien ministre de l'Énergie
et des Ressources, M. Bérubé, n'était pas du tout d'accord
avec le ministre des Finances quand il avait déclaré en
commission parlementaire qu'il favorisait des hausses de tarifs
d'Hydro-Québec inférieures à l'inflation. Peut-être,
comme président du Trésor, M. Bérubé pourrait-il
convaincre le ministre des Finances de son erreur.
Il y en a qui considèrent la politique du ministre des Finances,
dans le cas d'Hydro-Québec, comme une taxe indirecte
déguisée. J'espère qu'une telle politique ne sera pas un
exemple de la pensée sociale-démocrate du gouvernement.
Dans le même ordre d'idées, il semble qu'à
l'automne, la Régie d'assurance automobile annoncera une hausse
considérable de ses cotisations.
Quand le ministre étudiera le concept du ticket
modérateur, il devrait également considérer la
possibilité d'octroyer une réduction de prime à ceux qui
n'ont pas fait de réclamations.
En conclusion, M. le Président, je suggère que le
gouvernement agisse avec bon sens, en ne perdant pas de vue
l'intérêt et le bien-être de la population. (15 h 30)
De plus, le ministre des Finances devrait avoir le courage de refaire,
maintenant, la répartition des coupures budgétaires. D'ailleurs,
j'ai trouvé intéressant d'entendre le premier ministre, ce matin,
dire que vendredi prochain il va rencontrer les représentants de ce
secteur. Je crois que ce sera là le temps de dire: On va réduire
les coupures qu'on a annoncées pour les distribuer plus
équitablement aux autres secteurs.
De plus, il est temps que les luttes de pouvoir entre les
administrateurs du domaine public cessent et qu'on utilise au maximum le
personnel et les ressources dont on dispose pour le seul bien de la
population.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci beaucoup, M. le Président.
Comme c'est, moi aussi, ma première intervention à cette
Assemblée nationale depuis que j'ai entrepris le deuxième mandat,
le 13 avril, vous me permettrez sûrement, M. le Président, de
m'adresser aux électeurs du comté de Champlain pour les remercier
d'abord de la confiance qu'ils m'ont accordée pour un deuxième
mandat. Je voudrais en profiter pour remercier les organisateurs, remercier les
bénévoles qui, au niveau du comté, ont travaillé
sans relâche, pas seulement à la campagne électorale, mais
à la campagne de financement qui a précédé la
campagne électorale.
Je voudrais aussi remercier les bénévoles et les
organisateurs de mes adversaires, parce qu'on sait que dans notre
système démocratique, c'est impensable de croire que tous soient
du même avis politique; pour que la démocratie s'applique, c'est
normal qu'il y ait des partis en présence, qu'il y ait des
idéologies en présence. Je suis très heureux du
déroulement de la campagne électorale dans le comté de
Champlain. Je sais que, tant dans le camp des adversaires politiques que dans
mon camp, on a vu des personnes dévouées à la cause
politique qui ont travaillé avec acharnement. Je pense que tous
méritent un sincère remerciement et beaucoup de
félicitations pour leur travail.
Je voudrais enfin remercier les électeurs de mon comté.
Ils ont su juger le travail que nous avons fait au cours des quatre
dernières années. Vous vous souviendrez qu'en 1976, dans le
comté de Champlain, entre autres, on avait promis d'être
présent, d'être à l'écoute, de travailler avec la
population, de travailler, comme on dit ici, à l'Assemblée
nationale, à ras le sol, et de connaître les véritables
besoins de la population du comté. C'était finalement la grande
promesse que j'avais faite en 1976. Je pense que c'est d'après cette
promesse que, personnellement, j'ai été jugé le 13 avril
dernier. La population s'est rendu compte que malgré la meilleure
volonté du monde, on ne peut pas régler tous les
problèmes, mais le fait d'avoir promis de travailler avec la population
et de tenir cet engagement m'a permis de me retrouver pour un deuxième
mandat ici, à l'Assemblée nationale, et je les en remercie.
Le travail qui a été accompli de 1976 à 1981, on a
eu l'occasion d'en faire la nomenclature et de l'expliquer longuement au cours
de la campagne électorale. Mais je dois dire que j'en suis assez fier et
les gens de mon comté aussi. Je dois dire aussi que ce n'est le
député du comté ni le gouvernement du Québec seuls
qui ont fait ce travail. Je voudrais, par la même occasion, remercier la
population par l'entremise de leurs conseils municipaux, par l'entremise des
organismes à but non lucratif, par l'entremise de tous ceux qui dans la
population s'impliquent pour améliorer la vie des citoyens. Or tous ces
gens qui, au cours des quatre années, de 1976 à 1981, m'ont
appuyé dans mes démarches, dans mes revendications et ont fait en
sorte que je puisse mettre le comté de Champlain sur la carte, je
voudrais les remercier de ce support et leur demander, de grâce, de ne
pas cesser leur appui envers leur député à
l'Assemblée nationale. Parce que c'est grâce a leur appui
finalement qu'on peut récupérer les forces nécessaires
afin d'être capable de défendre des dossiers importants, car le
travail qu'il reste à faire, dans le comté de Champlain comme
dans l'ensemble du Québec, est énorme.
Vous vous souviendrez sûrement, M. le Président, des
problèmes sérieux qu'on a eus au cours de la dernière
année, c'est-à-dire au cours de 1980; vous vous souviendrez que
le comté de Champlain a été particulièrement
touché par des problèmes de conflits de travail, conflit de
travail des enseignants, conflit de travail de la Reynolds, au
Cap-de-la-Madeleine; la Reynolds, au Cap-de-la-Madeleine a eu un conflit qui a
duré treize mois et qui a coûté, je pense bien, une fortune
aux travailleurs, mais qui a coûté aussi une fortune à
l'économie de la région. Je vais essayer de ne pas me mêler
dans les chiffres. Après le discours du député de
Sainte-Anne, on ne sait plus si on parle de millions ou de milliards, mais
j'estime que l'économie du Cap-de-la-Madeleine et de la région a
certainement perdu entre 15 000 000 $ et 20 000 000 $ dans la seule
grève de la Reynolds, au Cap-de-la-Madeleine. Aujourd'hui, cette
grève est réglée, c'est-à-dire que le lock-out est
réglé depuis deux mois.
Mais un problème a surgi par la suite. Les travailleurs qui ont
accepté de retourner au travail, la grève étant
réglée, espéraient toujours être capables, ceux qui
n'étaient pas rappelés par l'usine Reynolds du
Cap-de-la-Madeleine, d'au moins toucher leur assurance-chômage.
L'assurance-chômage, c'est une assurance qu'on se paie lorsqu'on est au
travail et dont on est en droit de bénéficier lorsqu'on n'a pas
cet emploi. Je peux vous dire que, depuis deux mois, les 250 travailleurs et
plus qui n'ont pas encore été rappelés par la compagnie
Reynolds n'ont pu toucher d'assurance-chômage à cause d'une
directive du ministre fédéral responsable.
Je pense que c'est pratiquement inhumain, mais heureusement
actuellement, grâce, entre autres, aux démarches qu'a faites le
ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu du Québec depuis lundi, ces travailleurs peuvent se
présenter au bureau d'assurance-chômage. On leur accorde
maintenant de l'assurance-chômage avec une période d'attente
d'encore quinze jours. Je fais appel ici au ministère
fédéral de permettre à ces travailleurs de
bénéficier de l'assurance-chômage rétroactivement
depuis le début de la grève. Depuis deux mois, ces travailleurs
n'ont absolument rien touché, après avoir passé treize
mois avec un petit chèque, si vous voulez, chaque semaine, à
peine de quoi survivre.
Je pense qu'on doit retirer cette directive de façon que les
travailleurs qui ne sont pas encore rappelés à la compagnie
Reynolds puissent bénéficier de cette assurance-chômage
rétroactivement au règlement de la grève.
Cette situation a été assez dramatique chez nous, du fait
aussi que, dans le comté de Champlain comme dans la région de la
Mauricie, on a des usines qui sont assez vieillies. Par exemple, on n'a
qu'à se rappeler la bataille qu'on a dû livrer, au cours des deux
premières années de notre mandat, autour de la fermeture de la
Wayagamack au Cap-de-la-Madeleine. C'est une bataille qui a été
menée à tout instant et par tous les intervenants du milieu, qui
ont appuyé leur député, à l'Assemblée
nationale, et qui a donné naissance au plan de relance des pâtes
et papiers. Mais on a d'autres usines qui sont vieillies. On n'a qu'à
regarder dans le domaine du textile chez
nous et je vous jure, M. le Président, qu'il faut apporter une
attention spéciale à ces usines de textile qui ferment
d'année en année. J'ai bien confiance que notre plan de relance
dans le domaine du textile viendra nous aider.
On a aussi certains problèmes de communication sur les routes qui
relient le Cap-de-la-Madeleine, par exemple, et Québec. J'espère
grandement que l'autoroute 40 pourra, pour permettre le développement de
l'économie de la région et de mon comté, être
terminée le plus rapidement possible. On sait qu'il reste à peine
environ 48 000 000 $ à dépenser pour terminer l'autoroute 40.
C'est une autoroute qui est commencée depuis longtemps et je suis
persuadé que le coeur du Québec, le comté de Champlain, le
Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières et l'ensemble de la Mauricie
bénéficieront beaucoup pour leur relance économique de
cette voie d'accès extrêmement importante. Vous avez aussi la
route 157, qui relie le Cap-de-la-Madeleine et Shawinigan.
En fait, dans le domaine économique chez nous, il faut absolument
apprendre à nous reprendre en main à cause de différents
échecs que j'ai mentionnés et aussi à cause du fait qu'il
faut repenser l'industrie. Il faut donner le goût aux investisseurs de
s'implanter chez nous. Je pense aussi qu'il va être drôlement
important d'organiser le plus rapidement possible, pour le printemps 1982, si
possible, un véritable sommet économique pour essayer de
réunir les agents économiques de la région pour
qu'ensemble on puisse prendre conscience qu'on a finalement des
possibilités immenses chez nous et qu'il faut se redonner confiance,
jusqu'à un certain point, après les échecs de l'an
passé pour qu'en somme, on puisse remettre cette économie
à flot. C'est un autre dossier - je tiens à avertir la population
de mon comté - que je suis de très près et qui devra
donner des résultats tangibles au plus tard au printemps 1982,
c'est-à-dire lors du sommet économique qui devra se tenir chez
nous en Mauricie. (15 h 40)
Vous savez, les électeurs du comté de Champlain ont
jugé le travail qu'on a fait. Mais je pense aussi qu'ils ont jugé
grandement le parti au pouvoir depuis quatre ans. Ils se sont demandé
qui peut défendre les intérêts du Québec et je pense
qu'ils se sont rendu compte qu'il n'y avait qu'un parti qui pouvait
véritablement défendre les intérêts du
Québec. On en a des preuves chaque jour à l'Assemblée
nationale et, personnellement, cela me scandalise un peu et je ne suis pas le
seul.
Je vais simplement vous signaler quelques faits rapportés par des
députés soit lors de périodes de questions ou lors de
discours qu'on a entendus depuis le début de cette mini-session. La
semaine passée, par exemple, un député libéral, le
député de Nelligan, se scandalisait qu'on ait mis 3 000 000 $
dans la publicité "II ne faut pas se faire avoir." J'ai l'impression que
si on avait mis 3 000 000 $ pour se faire avoir, il aurait peut-être
été satisfait.
Lorsque vient le temps de défendre le gouvernement du
Québec, on ne peut pas compter sur les gens d'en face et je trouve
ça déplorable. Tout de même, le Parti libéral du
Québec est l'Opposition au Québec; le seul Parlement ou le
premier Parlement qui défend les intérêts du Québec
est celui-ci et je pense qu'on devrait s'attendre que même l'Opposition
défende les intérêts du Québec.
Je continue sur ce que le député de Nelligan aurait pu
dire. Les 3 000 000 $ qu'on a mis dans la publicité de "II ne faut pas
se faire avoir", d'abord, il faut savoir pourquoi on a été
obligé de le faire. C'est parce qu'on était
précisément en train de se faire avoir, c'est parce qu'on est
encore en train de se faire avoir, on est encore en danger. Il aurait pu, par
la même occasion, se scandaliser du fait que le gouvernement
fédéral, lors du référendum, avait
dépensé 6 000 000 $ pour traumatiser les personnes
âgées, leur faire peur, faire peur à la population la plus
vulnérable de la société pour influencer le vote du
référendum. De cela, on n'en a pas parlé. Quand on
défend les intérêts du Québec, ce n'est pas tout de
reprocher ce que le Québec dépense, il faut aussi regarder
pourquoi on le fait. Il faut reprocher surtout aux adversaires du Québec
de ne pas prendre les positions qu'ils devraient prendre vis-à-vis des
débats au Québec.
Encore ce matin, le député de Westmount, je crois, prenait
la défense du gouvernement fédéral vis-à-vis de la
taxe des entreprises québécoises. Une autre fois, ça m'a
scandalisé un peu. On ne veut pas prendre la défense de cette
Assemblée nationale, du gouvernement du Québec. On peut diverger
d'opinions sur le plan politique, il y a des choses qu'on peut critiquer,
d'ailleurs, je suis personnellement assez satisfait de l'exposé du
député qu'on vient d'entendre et qui a critiqué le budget,
c'est son droit de le critiquer, on peut se critiquer comme Opposition, mais
tout en prenant la défense des intérêts du
Québec.
Un autre cas. La semaine passée, je crois, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche a fait une déclaration
ministérielle pour annoncer une politique sur la protection du saumon.
Le ministre a dit que pour les pêcheurs commerciaux il y aura
compensation, pour autant que le gouvernement fédéral poursuive
son programme d'indemnisation. Vous voyez la réaction d'un
député libéral, le député de Bonaventure,
qui dit: Non, ce n'est pas suffisant. Encore une fois, vous devez vous engager
à payer si le fédéral ne respecte pas
ses engagements. Vous devez vous engager à payer à la
place du fédéral. Continuons de payer des taxes là-bas,
mais passons l'éponge s'ils ne prennent pas leurs responsabilités
et vous autres, payez en double.
C'est le député de Bonaventure qui dit: J'espère
que le gouvernement fédéral va continuer de payer, mais s'il ne
paie pas, on ne doit pas faire de politique fédérale-provinciale
sur le dos des pêcheurs. Là, ça aurait été
une belle occasion pour dire: II doit continuer de payer. Pas demander, un an
d'avance, au gouvernement du Québec de prendre la responsabilité
du fédéral et de payer à la place du
fédéral. On a constamment des occasions de vérifier cela.
Le leader du gouvernement, hier, a bien mentionné qu'on a constamment
l'occasion de vérifier ici, à l'Assemblée nationale, que
l'Opposition ne prend pas la défense et les intérêts du
peuple québécois et du gouvernement du Québec, mais qu'il
prend la défense d'un autre palier de gouvernement. C'est pour cela que
vous avez été jugés sévèrement le 13 avril.
Les gens veulent avoir ici, à l'Assemblée nationale, quelqu'un
qui a d'abord pour premier intérêt celui du peuple
québécois.
M. le Président, je termine ici en répétant que
c'est avec grand plaisir, c'est la promesse que j'ai faite aux gens du
comté de Champlain et que je vais tenir sûrement, que je travaille
à l'intérieur d'un parti qui a à coeur la cause du
Québec, qui n'a rien mis en veilleuse, qui a la même option,
même si cela ne faisait pas l'objet de la dernière campagne
électorale. Vous pouvez être certain que d'avance on peut assurer
les Québécois que jamais on ne reculera; on a à coeur
l'intérêt du Québec. C'est une chose qu'il me fait plaisir
et d'autant plus plaisir que je représente un comté qui nous
demande de toute urgence de faire en sorte que le Québec et la Mauricie
aient leur place et une place de plus en plus grande. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, même si je vous disais
que c'est mon "maiden speech" en Chambre, je pense que vous ne me croiriez pas
et je n'aurai pas l'indulgence dont peuvent bénéficier les
nouveaux parlementaires qui ont eu l'avantage d'être élus pour la
première fois lors du scrutin du 13 avril dernier.
Mes premiers mots seront, à l'instar de vos collègues,
pour vous féliciter du choix qu'a fait le premier ministre. Je ne pense
pas avoir jamais dans le passé eu tellement de problèmes avec la
présidence que j'ai toujours respectée. Veuillez croire que
durant ce mandat, j'aurai la même attitude que celle que j'ai toujours
eue dans le passé.
M. le Président, quantité d'occasions nous sont offertes
dans ce parlement pour parler des grands dossiers avec lesquels la
société québécoise est confrontée, que ce
soit dans le domaine constitutionnel ou sur tous les grands débats dont
on entend parler depuis quelques années. J'ai déjà eu
l'occasion dans le passé de me prononcer sur ces dossiers et il est
possible qu'au moment du jugement de la Cour suprême sur les
problèmes constitutionnels ou en d'autres moments, il nous faudra de
nouveau discuter laborieusement des ces problèmes.
Ayant été réélu pour un sixième
mandat député de Charlevoix, je voudrais profiter du débat
sur le discours sur le budget pour parler incidemment de problèmes avec
lesquels la société que je représente est
confrontée. Un comté qui est probablement -la plupart des
députés disent la même chose - le plus beau du
Québec. Quand on a visité Charlevoix, je pense qu'on a tout vu
comme attrait touristique dans ce Québec. On a vu l'excellence, de toute
façon. Je pense que c'est l'occasion rêvée, malgré
tout ce qui a été fait pour Charlevoix durant ces cinq mandats,
de dire quelles lacunes persistent chez nous et attirer l'attention du
gouvernement sur les gestes qu'il devrait poser.
M. le Président, on a vécu une campagne électorale.
J'y ai fait face pour une sixième fois. Sauf mon collègue de
Bonaventure, mon voisin de droite et moi-même, à l'Est du
Québec, on est resté les deux seuls qui ont survécu
à cette vague. Je voudrais vous dire qu'elle n'a pas été
facile comme tempête. J'ai été quand même surpris du
déferlement de sollicitations dont j'ai été l'objet dans
Charlevoix, comme mon collègue de Montmagny et mon collègue de
Portneuf, d'ailleurs.
Je comptais, plus tôt aujourd'hui, le nombre de voyages qu'ont
fait les différents ministres, tels mon collègue de Charlesbourg,
de Saguenay, le ministre des Affaires intergouvernementales, le premier
ministre, le ministre de la Justice. En tout cas, j'ai fait un tour d'horizon.
En 31 occasions, on est venu dans Charlevoix pendant que, comme ex-titulaire
d'un ministère je tâchais d'aider mes collègues de l'Est du
Québec; malheureusement, le député de Portneuf et
moi-même on n'a pu en sauver aucun.
M. le Président, on a surnagé à cette
débâcle et cela me laisse perplexe un peu. On me dit que c'est un
parti d'intellectuels, le Parti québécois. Je ne connais aucun
libéral dans la province qui, après la victoire que vous avez
obtenue, a demandé la démission de l'un ou l'autre de ces
titulaires qui ont eu une majorité de votes. Je pense que c'est
démocratique. Vous avez été élus. C'est votre droit
de siéger.
(15 h 50)
J'ai été surpris, en regardant les journaux de
Bonaventure, en regardant les petits journaux de Charlevoix, de constater que
des intellectuels du milieu qui appartiennent à vos exécutifs se
permettent, malgré les 46% de citoyens - et Canadiens français,
puisqu'il n'y a que deux anglophones dans Charlevoix - demandent que le
député de Charlevoix, après tant d'années, donne sa
démission, de même que le député de Bonaventure,
pour permettre que ces comtés qui sont dans le besoin aient les faveurs,
semble-t-il, du parti ministériel. Je pense que c'est un peu aberrant
quand même comme suggestion, comme demande. Je n'ai pas répondu
par la même voie des journaux, mais je voudrais dire...
Une voix: Ne répondez pas.
M. Mailloux: Je n'ai peut-être pas l'enthousiasme que
j'avais il y a 18 ans d'être parlementaire, mais quand un mandat nous est
confié - c'est la troisième fois que je me retrouve dans
l'Opposition depuis 1962 - même si ce ne sont pas des mandats faciles, ce
sont des mandats, par contre, qu'on doit exécuter comme ils nous sont
confiés et en soumettant au gouvernement les demandes des
collectivités qui ont des besoins. On ne choisit pas les mandats. On les
accepte; pas toujours de qaité de coeur. On les remplit tels qu'ils nous
sont donnés et je pense que quand cela vous arrivera un jour - et cela
va sûrement arriver - je suis de ceux qui pensent qu'on ne vous fera pas
une telle demande. Je pense que le message a été entendu parmi
vos amis qui font de telles sollicitations. Ce serait une drôle de
démocratie si tous ceux qui représentent 46% de la population
devaient démissionner pour qu'on ait un parti unique dans le
Québec.
M. le Président, je veux croire également que, comme il y
a eu un va-et-vient constant durant la période électorale, au
Conseil des ministres, on a eu le temps de connaître l'ensemble des
sujets sur lesquels je voudrais attirer l'attention du gouvernement.
D'ailleurs, je ne voudrais pas analyser les raisons pour lesquelles j'ai pu
conserver les votes que j'avais en 1976. Les 4000 nouveaux ont
été pour le Parti québécois. Quand je regardais
l'ensemble de mes collègues ministériels annoncer 85 000 000 $
d'investissements dans les pâtes et papiers, 4 000 000 $ pour les routes
d'accès dans le secteur forestier, des marinas un peu partout sur la
rive nord, un réseau routier qui devrait être
complété, il y avait tellement d'argent d'annoncé à
des gens qui en ont besoin que j'ai dit: Franchement, ils ont un peu raison de
voter pour ces gens. Cela va être leur paradis sur terre par la
suite.
M. le Président, le premier ministre est venu à Clermont
et dans Charlevoix, non pas comme partout ailleurs au Québec, ce sont
encore des gens qui aiment les périodes électorales. On a le
plaisir dans les comtés ruraux de ramasser quelques centaines de
personnes. Chez nous, à deux ou trois reprises, je pense que le Parti
québécois a ramassé entre 1200 et 1500 personnes. J'en ai
ramassé autant à certaines occasions. Le premier ministre a dit
ceci en commençant son allocution à Clermont. Je fais
référence, forcément, à ce que rapportaient les
journaux. Le premier ministre disait: Le député de Charlevoix a
fait un bon boulot depuis 18 ans, mais ce serait le temps forcément
qu'il laisse sa place à un autre, qu'il bénéficie de la
pension qu'il a pu obtenir après tant d'années d'efforts
constants qu'il a mis à l'avantage des siens. Je m'en suis servi un peu:
Pour un bon boulot, réélisons le député de
Charlevoix!
M. le Président, il est vrai que dans ces mandats, d'un sentier
de voirie que les journalistes de la région de Québec
qualifiaient il y a quelques années de sentier de lièvre, sans
exagération de dépenses - je pense à un de mes anciens
fonctionnaires qu'est l'ex-titulaire du ministère des Transports - nous
avons amélioré le réseau routier dans ces années,
seule voie d'accès qui conduit vers la Côte-Nord, de façon,
je pense, valable. Il y a encore des travaux à exécuter, mais
cela a été amélioré de façon valable.
Il est vrai, M. le Président, que dans les installations
hospitalières nous avons également transformé, durant ces
années, l'hôpital de Baie-Saint-Paul et l'hôpital de La
Malbaie. Il y a eu des foyers pour personnes âgées qui ont
été mis en place, le dernier par le Parti québécois
et cette transformation, au moment où, en 1965, nous avons
transformé l'hôpital psychiatrique de Baie-Saint-Paul en
hôpital pour dépistage de maladies mentales, a créé
800 positions. Cela a été bénéfique pour le
comté de Charlevoix.
M. le Président, dans le domaine de l'éducation, toutes
les installations physiques ont été mises en place
également dans une période de quelques années pour
permettre de dispenser à nos enfants de l'éducation scolaire
jusqu'au niveau secondaire.
Dans un comté où l'altitude est à 4500 pieds, il y
a des dangers d'érosion et des dangers d'inondation. Nous avons, pendant
quelques années également, mis en place des réseaux de
protection le long des rivières dont mes concitoyens ont
bénéficié. Nous avons également, par la mission
d'aménagement que connaît bien le député de
Charlesbourg, par ces 12 000 000 $ ou 13 000 000 $, transformé
l'agriculture de Charlevoix, qui est soumise à un climat
extrêmement nordique. D'une production avec sol, nous avons fait une
production sans sol et le comté de Charlevoix est devenu un des
plus gros producteurs de chair de volaille, de porc, etc. Je pense que,
tous ceux qui sont engagés dans cette activité vivent aujourd'hui
valablement.
M. le Président, nous avons également
aménagé des infrastructures touristiques. Je ne voudrais pas en
mentionner plusieurs, mais une en particulier. Quand j'ai recommandé que
le gouvernement du Québec se porte acquéreur du Manoir Richelieu
pour 950 000 $, une propriété qu'a améliorée depuis
le gouvernement du Parti québécois -je l'en félicite -
c'est quand même un geste positif que l'on posait à ce
moment-là. C'est une propriété qui vaut aujourd'hui
peut-être 20 000 000 $ ou 25 000 000 $. Cet hôtel est le plus
achalandé du Québec et une clientèle
québécoise y a remplacé la clientèle un peu trop
sélect qu'on y rencontrait auparavant. C'est l'hôtel qui a le plus
fort pourcentage d'activité au Québec. Cela génère
chez nous des retombées importantes dans la période de trois ou
quatre mois où cet hôtel est ouvert. C'est alors
l'épicentre d'un attrait touristique dans un comté rural. Le
gouvernement y a siégé à quelques reprises soit pour le
Conseil des ministres ou autrement. Il y reçoit aussi des personnages de
marque. Je pense que, à coup sûr cet hôtel est un actif
considérable que possède le gouvernement du Québec et
qu'il fait fructifier. Tout ces gestes ont pu permettre quand même qu'en
période estivale les gens de Charlevoix puissent avoir une saison
touristique assez valable.
M. le Président, toutes ces actions que j'avais
suggérées au gouvernement ont procuré pendant quelques
années du travail à l'ensemble des chômeurs du milieu, aux
personnes désavantagées, à nos jeunes. Si un comté
de Charlevoix non industrialisé peut aujourd'hui poursuivre sa
progression dans le secteur des services, dans le domaine de l'agriculture,
avec ou sans sol, dans le secteur forestier, sa vocation première, au
dire de chacun, et même selon l'affirmation de l'actuel premier ministre,
va dans le sens de l'industrie touristique, sans quoi les espoirs d'une
stabilité acceptable ne sont pas pour demain.
M. le Président, quand on est à 2000, 3000 et 4000 pieds
d'altitude, on ne peut pas espérer que l'industrie s'y retrouve tous les
mois, toutes les années. D'ailleurs, à l'exception de Nesco
Aluminium, qui est venue chez nous grâce à la construction des
lignes d'électricité d'Hydro-Québec, ça fait
quantité d'années qu'on n'a pas vu d'industrie s'implanter chez
nous.
Malgré toute cette action des dix-huit dernières
années, quand je regarde un document qui nous a été fourni
par l'Office de planification en 1978 - les montants seront plus importants
aujourd'hui - on versait en 1978 5 000 000 $ par année en aide sociale.
C'est donc dire qu'on doit verser au moins l'équivalent en
assurance-chômage. C'est au-delà de 10 000 000 $ qu'on est
obligé de verser en période automnale, hivernale et
printanière.
Je vous dirais que j'ai regretté amèrement que le
député de Charlesbourg ne garde pas la fonction qu'il occupait
auparavant comme ministre des Transports. Non pas qu'il ait été
précédemment un des mes fonctionnaires à ce
ministère, loin de là. Grâce à toute l'action que
j'ai tenté de mener dans Charlevoix pour le mieux-être de mes
concitoyens, on a pu, avec le concours des municipalités et des
intervenants du milieu, du gouvernement, à même les taxes des
contribuables, réussir à stabiliser une économie pour une
période estivale qui dure entre trois et quatre mois. Les gens ont vu
à ce moment-là à aller au-delà de cela, pensant
qu'en période d'hiver, on pourrait créer une autre saison
touristique, et les gens ont investi des sommes valables. Il y a des amis du
Parti québécois, il y en a d'autres aussi qui ont investi et qui,
aujourd'hui, se retrouvent avec des intérêts que chacun
connaît, à 17%, 18% et 19%. C'est la seule chose pour rentabiliser
de tels investissements... On est rendu au 3 juin, ça fait trois jours
qu'on a de la chaleur au Québec, dans quinze jours, la longueur des
journées aura commencé à diminuer. Cela veut dire que la
période estivale du Québec, M. le Président, pour faire
vivre ces installations, dure environ deux mois, deux mois et demi. (16
heures)
Toute l'action que j'ai menée - c'est l'appel que je veux lancer
au Parti québécois - était pour chapeauter toute la
structure qu'on a mise en place: réseau routier, infrastructures
touristiques et autres, en retournant l'hiver de Charlevoix à l'avantage
de ces gens pour lesquels on paie 10 000 000 $ par année. Ce n'est pas
à Miami qu'on va organiser des centres de ski. On dit qu'il y en a
déjà trop dans le Québec. II est vrai qu'il y en a
déjà beaucoup dans le Québec.
M. le Président, il m'a été donné de faire
quelques milliers de milles, dans le cours de la dernière campagne
électorale; je circulais sur la route 138 tous les soirs, en revenant du
Lac-Saint-Jean, de Québec ou d'ailleurs. Tous les centres de ski du
Québec étaient fermés depuis cinq semaines. Durant cette
période, il est tombé sur les massifs de
Petite-Rivière-Saint-François, dont je parlerai tantôt,
quatre pieds de neige jusqu'au 29 avril. Cinq semaines. Les semaines les plus
creuses que connaît le Québec dans les stations de ski. Le Parc du
Mont-Sainte-Anne et tous les autres étaient fermés à la
grandeur alors que le Québec aurait pu bénéficier des cinq
semaines les plus avantageuses, pour tout le Québec métropolitain
d'abord avant Charlevoix. C'est
quatre pieds de neige qui est tombée sur les massifs de
Petite-Rivière-Saint-François.
Je voudrais faire allusion à ce projet, non pas qu'il soit le
mien, il a germé, comme le député de Charlesbourg le sait,
dans l'esprit de spécialistes de ski alpin, dans l'esprit de
journalistes qui l'ont évidemment fait connaître à
l'ensemble du Québec. Je voudrais lire simplement trois paragraphes de
ce qu'écrivait Claude Larochelle, qui a été un des
propagandistes de ce centre, qui sont assez révélateurs. Cela a
été écrit le 22 du premier mois 1980: "L'un des plus
grands potentiels de ski alpin dans tout l'est de l'Amérique du Nord se
situe à 50 milles de Québec, dans le comté de Charlevoix,
plus précisément dans les massifs quasi incroyables de
Petite-Rivière-Saint-François, où l'on trouve un
dénivelé insurpassé de 2500 pieds, où il tombe 230
pouces de neige par année. En 1976, le projet, comprenant trois immenses
domaines skiables dont l'aménagement a été
évalué initialement à 20 000 000 $, était bien en
marche. Déjà 3 000 000 $ ont été investis dans les
pentes de Charlevoix capables d'inscrire le Québec sur la carte mondiale
du ski. "Le Québec allait enfin vendre son or blanc, donner un
élan spectaculaire aux sports d'hiver, s'assurer une part
considérable de la manne touristique, grâce à un attrait
fascinant pour les skieurs ontariens et américains. La Suisse du
Québec, le comté de Charlevoix, aux prises avec des
difficultés économiques sans nom, allait être enfin
valorisée."
Plus loin, il disait: "Or, précisément -en parlant d'un
coup de frein qu'avait donné mon collègue de Saguenay, le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, en disant que cela
serait retardé - les installations de
Petite-Rivière-Saint-François pouvaient servir de locomotive,
donner une dimension internationale au ski alpin au Québec,
générer un boom sans précédent. C'est la firme
Sotar, maison spécialisée dans l'aménagement des centres
de ski, qui le confirme dans deux études fouillées. Le massif de
Petite-Rivière-Saint-François renferme des ressources
inusitées pour l'est de l'Amérique du Nord. D'abord, l'ampleur du
terrain skiable, deux immenses bassins chargés de neige poudreuse et
surtout l'abondance de chutes de neige, le tout consigné dans des
études."
Et l'article se terminait ainsi: "Le potentiel y est tout simplement
foudroyant, c'est une station de rêve pour le touriste exigeant, avec la
possibilité unique de skier de novembre à mai." Je disais
tantôt que, le 29 avril dernier, on faisait encore du ski à
Petite-Rivière-Saint-François, alors que depuis cinq semaines,
c'était fermé partout.
M. le Président, quand j'ai dit tantôt que je regrettais
que l'ex-ministre des
Transports ne soit pas encore à son poste. Voici la raison. En
pleine période hivernale, le député de Charlesbourg est
venu avec le ministre fédéral de Charlevoix, M. Lapointe, voir
sur place de visu quel était le potentiel de ce centre où l'on
parlait d'investir des millions. Le député de Charlesbourg a
constaté que, pour le Québec métropolitain qui a besoin
également de retombées dans le domaine touristique, comme pour
Charlevoix qui aurait une partie des retombées, il était
extrêmement important, malgré des restrictions économiques,
qu'avec les 10 000 000 $ que les deux gouvernements doivent payer annuellement,
on fasse l'impossible pour tâcher de mettre à l'ouvrage une partie
de ces gens dans l'ensemble des installations à mettre en place, que ce
soit dans le domaine de la restauration, de l'hébergement ou
autrement.
M. le Président, le titulaire des Transports a, l'an dernier,
fait faire le tracé de la route en question. En deux mots je voudrais
vous dire ceci: Je ne pense pas qu'il existe nulle part dans le monde entier
une station de ski où grâce à la route dont le
député de Charlesbourg a fait préparer les plans, le
terrain de stationnement soit situé a la tête de la plupart des
pistes de ski. On a parlé d'un projet de 20 000 000 $, on a parlé
d'un projet de 45 000 000 $, dans un contexte économique tel celui que
l'on connaît. J'accepte d'avance que le gouvernement n'a pas le moyen
d'investir autant.
Quand le candidat qui m'a fait face pendant la campagne
électorale disait que quand les forces du milieu de la
Petite-Rivière-Saint-François ou du bassin environnant
s'impliqueraient financièrement, le gouvernement épaulerait,
c'est qu'il ne connaissait pas suffisamment les données du
problème.
M. le Président, j'ai dit en réplique: Lorsqu'une
municipalité n'a pas les moyens de se payer un réseau d'aqueduc,
on ne lui demande pas d'investir dans un centre de ski, je pense que c'est une
vérité de La Palice pour ceux qui connaissent un peu la
région.
M. le Président, étant donné que le stationnement
serait à la tête des pistes, je dis maintenant ceci au
gouvernement, pendant la période de restrictions économiques que
l'on connaît: Si vous voulez diminuer la note d'assistés sociaux
que vous payez dans Charlevoix et si le gouvernement fédéral, qui
doit également participer, veut diminuer la note
d'assurance-chômage, pour moins de 5 000 000 $ on peut faire en sorte que
même cet automne la région de Québec et sa banlieue
bénéficient des premières retombées. Je m'explique.
Le député de Charlesbourg a fait préparer un plan d'une
route qui coûte probablement quelques centaines de milliers de dollars.
Je dis, comme représentant du comté, que malgré
toutes les sections de routes qu'il reste à faire dans mon
comté, si jamais le ministère des Transports a de l'argent
à mettre, quoique le réseau soit encore à réparer
dans certains secteurs, toutes ces sections de routes peuvent attendre, mais la
section qu'a fait préparer le député de Charlesbourg,
dis-je, doit être complétée dans les plus brefs
délais, parce qu'elle, elle mène à quelque chose qui va
créer des emplois. Pour moins d'un million, cette route peut être
complétée, un terrain de stationnement, une bâtisse d'abri
temporaire et, avec le concours de programmes fédéraux, un
nettoyage nouveau des pistes qui ont été défrichées
depuis quatre ou cinq ans. Pour moins de 5 000 000 $, vous auriez le potentiel
skiable le plus important et vous n'auriez qu'à remonter les skieurs du
bas des pistes, par la route actuelle, et ce serait presque, pour un certain
temps, plus court que de les remonter par des remontées
mécaniques. Je pense que ce que je dis là, le
député de Charlesbourg en est parfaitement conscient, pour avoir
visité les lieux.
M. le Président, si j'ai voulu, dans ces quelques mots, attirer
l'attention du gouvernement sur les trop nombreux chômeurs qui sont dans
le comté de Charlevoix et pour lesquels le gouvernement et tous ceux qui
travaillent doivent payer des montants à l'assistance sociale et au
chômage, c'est que parmi les jeunes chez nous et les moins jeunes, quand
on parle de l'industrie touristique, j'ai déjà entendu des gens
parler de "cheap labor". Il faudrait ne pas connaître la situation de
ceux qui travaillent dans les hôtels, que ce soit dans la restauration,
l'hébergement ou autre. Je connais des endroits chez nous où, au
salaire minimum, des jeunes filles vont se chercher entre 200 $, 300 $ et 400 $
de pourboire, ce n'est pas trop du "cheap labor", ça. Si le mont
Sainte-Anne a pu créer, dans la région de Québec,
près de 3000 fonctions dans les hôtels, dans le transport, dans la
construction, etc., le mont Petite-Rivière-Saint-François, avec
l'investissement dont j'ai parlé tantôt, pour lequel le
gouvernement devra se prononcer, sinon, s'il ne se prononce pas avantageusement
pour ce projet, il en subira les conséquences, et le Québec, et
sa banlieue qui, il y a quelques jours, cherchaient des raisons d'augmenter
leur potentiel touristique... je pense que c'est un point que la
Communauté urbaine de Québec a déjà appuyé,
que la chambre de commerce a déjà appuyé, que la ville de
Québec a déjà appuyé et je les comprends, puisque
les premières retombées de skieurs venant du Nord-Est
américain ou de l'Ontario, c'est sur Québec qu'on peut d'abord
les conduire, puis vers Charlevoix. (16 h 10)
M. le Président, il appartiendrait au gouvernement, malgré
les restrictions économiques, de voir s'il fait un choix à
continuer à payer des gens à ne rien faire. Je crois que son
devoir est dans cette sphère d'activité. Ceci pourrait permettre
de soulager le malaise qu'on sent actuellement dans le comté de
Charlevoix, à propos d'hôtels, d'auberges... La SDI est
déjà prise avec deux prêts qu'elle avait consentis; elle a
dû reprendre deux hôtels qui, pourtant, sont très
accessibles, dans un endroit de Charlevoix qui est des plus
fréquentés; ce sont des pertes de plusieurs centaines de milliers
de dollars.
M. le Président, tant et aussi longtemps qu'on ne permettra pas
d'avoir une deuxième saison touristique capable de rentabiliser
l'ensemble des investissements du comté, on aura des problèmes
majeurs pour l'ensemble du secteur touristique du comté de Charlevoix.
Si j'ai parlé essentiellement de ce geste, si j'ai évité
de parler de l'élevage du vison qui, chez nous, est devenu important, du
moulin de bois de sciage qui, actuellement, a besoin de l'action
gouvernementale, c'est parce que c'est le geste le plus important à
faire que de chapeauter une industrie touristique d'hiver et faire en sorte que
le creux qu'on connaît dans ces régions puisse être
comblé à l'avantage de la population qui y vit.
M. le Président, je vous remercie de l'indulgence dont vous avez
fait preuve à mon égard. Comme un témoin de ce que j'ai
dit était présent en Chambre, le député de
Charlesbourg, je veux croire que le message a été entendu et
qu'il pourra se faire mon porte-parole auprès de ses collègues du
cabinet. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. À
l'occasion du discours du budget, j'aimerais prendre quelques minutes pour
plaider brièvement en faveur d'une ouverture plus grande du débat
sur le discours sur le budget.
Actuellement, les moyens financiers de l'État
québécois sont limités. Il n'y a pas beaucoup de gens au
Québec qui ignorent cela. Malheureusement, malgré le discours sur
le budget, le débat actuel, peu de gens connaissent et comprennent
véritablement notre situation financière collective et les
contraintes qui affectent l'État québécois, encore
provincial et encore limité dans ses pouvoirs et dans ses moyens.
Mes propos, M. le Président, cet après-midi, n'ont pas
comme objectif de fournir un éclairage plus savant sur cette question.
Je pense que d'autres que moi en cette Chambre peuvent remplir à ce
moment-ci
cette tâche. Toutefois, au nom de la population de mon
comté, la population que je représente, je dois de
déplorer le peu de lumière jetée jusqu'à ce jour
sur la situation financière de notre État et aussi sur les
différentes causes qui expliquent cette situation. Cette noirceur, cette
incompréhension quasi généralisée est d'autant plus
grave actuellement que résonnent de plus en plus fort les bruits de
plusieurs groupes organisés qui réclament une part plus grande du
gâteau et un partage différent, bien entendu, en leur faveur. Les
simples citoyens, les usagers des services publics, face à ces hauts
cris de protestation, se demandent vraiment quoi penser et s'interrogent sur
les conséquences pour eux des coupures dans certains cas, des
compressions de croissance dans d'autres cas.
L'opinion majoritaire est sans doute -je pense que les sondages sont
là pour le démontrer - que le gouvernement doit restreindre d'une
façon assez significative le rythme d'augmentation des dépenses
publiques. Majoritairement aussi, je crois que la population désire un
allégement de son fardeau fiscal ou tout au moins elle ne souhaite pas
voir augmenter ce fardeau fiscal.
Le problème, c'est que, du même souffle, beaucoup de gens
exigent des améliorations et des accroissements dans les services
publics. Les demandes de subventions aux ministères et à nos
bureaux de comté ne cessent de croître, M. le Président. Je
ne crois pas qu'il y ait beaucoup de gens en cette Assemblée qui
puissent dire qu'ils passent une semaine sans avoir une demande quelconque de
subvention venant de différents organismes ou corps publics de leur
comté.
Devant cette problématique qui est quasi absurde, à savoir
si on dépense son gâteau, si on en veut plus et si, en même
temps, on se serre un peu plus la ceinture un peu tout le monde, à mon
avis, va devoir réviser ses positions et un débat de fond va
devoir s'engager le plus rapidement possible pour déterminer clairement
quels sont les besoins les plus importants en regard d'une plus grande justice
sociale, de la nécessité d'une croissance économique
accrue, tout le monde en convient, d'une qualité de vie véritable
et aussi de l'épanouissement culturel et national indispensable. Les
citoyens, individuellement, et les groupes d'intérêts doivent,
à mon avis, commencer à remettre en question le bien-fondé
de certaines de leurs demandes et aussi certaines de leurs habitudes de
vie.
Les employés de l'État et leurs associations
ouvrières doivent de leur côté, dès maintenant,
réviser leur approche. Je ne pense pas qu'ils puissent continuer
longtemps à prétendre pouvoir jouer sur tous les tableaux en
même temps, en se présentant à la fois, lors de
négociations de leurs conditions de travail, comme des
prolétaires exploités et, à l'occasion du débat sur
le budget, comme les plus grands sinon les seuls défenseurs des plus
démunis dans notre société. Les employés de
l'État devront se demander jusqu'où leurs demandes salariales et
financières ne sont pas parmi les premiers facteurs qui empêchent
l'État de donner plus aux plus démunis dans notre
société, à ceux qui ne sont pas organisés, à
ceux qui n'ont pas de pouvoirs de négociation véritables dans la
société.
À certains niveaux, il va falloir arrimer les discours
progressistes de gauche avec une responsabilité et une solidarité
sociale de gauche aussi. Par ailleurs, les responsables non gouvernementaux des
services publics, commissaires d'écoles, municipalités,
directions d'organismes, que ce soient des hôpitaux, des centres
d'accueil, des CLSC -on pourrait multiplier les exemples de directions
d'organismes - vont devoir aussi cesser de passer leur temps à imputer
à d'autres leurs propres choix. Il n'y a pas que le gouvernement ou les
fonctionnaires qui devront modifier leur comportement, les barons locaux, eux
aussi, devront assumer leurs responsabilités et cesser, comme ils le
font trop souvent, de réclamer à grands cris des subventions du
gouvernement parce qu'ils n'ont pas, eux-mêmes, le courage politique
d'augmenter leurs revenus localement ou de réduire ces revenus en
expliquant que le niveau des services dont ils sont responsables devra aussi,
en conséquence, être réduit.
De notre côté, du côté du gouvernement ou du
parti gouvernemental, je crois que le temps est venu de confronter plus
sévèrement nos choix budgétaires en regard de nos
orientations sociales-démocrates et de nos objectifs que j'ai
énoncés précédemment, des objectifs fondamentaux et
qui, de ce côté-ci de la Chambre, tout au moins, sont parmi les
raisons pour lesquelles une bonne partie des gens se sont engagés dans
l'action politique.
Comme député ministériel, j'accepte très
difficilement de n'avoir pratiquement rien à dire sur les choix
budgétaires du gouvernement, surtout quand on sait guelle influence
exerce sur ces choix le pouvoir d'un certain nombre de fonctionnaires et d'un
certain nombre d'employés politiques. Sans rêver en couleur, je
crois que les élus, les représentants du peuple que nous sommes,
surtout nous qui maintenons le gouvernement au pouvoir de ce
côté-ci de la Chambre, pourraient jouer un rôle plus utile
dans l'évaluation de la pertinence des programmes de dépenses en
regard des besoins de notre société et des objectifs que nous
avons fait accepter par l'électorat et, dans ce cas-ci, il n'y a pas
tellement longtemps, maintenant.
Cependant, pour que cela se fasse, il va falloir que bien des choses
changent. Je
ne crois pas que ce soit possible de modifier pour qu'on
concrétise rapidement une nouvelle approche face à la
préparation du budget et à la participation des élus du
peuple au budget actuel. Je crois qu'il est maintenant temps d'amorcer cette
action pour le prochain budget, surtout quand on sait que le processus de
préparation budgétaire au niveau gouvernemental, au niveau des
ministères, s'amorce dès le début de l'été
dans chacun des ministères pour culminer, le printemps suivant, par la
présentation du budget.
Dans le même ordre d'idée, je crois que la rencontre
publique à laquelle le gouvernement a accepté de participer
revêt une importance considérable.
Personnellement, je souhaiterais que cette rencontre soit
télévisée, qu'elle reçoive la plus grande diffusion
possible. Si un débat de fond doit s'engager dans notre
société, autant faire en sorte qu'il soit le plus ouvert et le
plus accessible possible. J'espère aussi que les participants seront
moins soucieux de leur prestige personnel que de l'importance de voir la
population en retirer une compréhension véritable de la
problématique budgétaire, de la problématique de la
situation financière du Québec actuellement. (16 h 20)
À mon avis, seule cette compréhension de la part de
l'ensemble de la population permettra à tous et chacun d'accepter de
réviser ses positions. Comment peut-on demander à des gens
d'accepter des diminutions de services, s'ils ne comprennent pas pourquoi ces
diminutions de services sont inévitables, pourquoi le gouvernement doit
faire certaines compressions, pourquoi des coupures sont essentielles, s'ils ne
comprennent pas comment l'État, à travers les âges, en est
arrivé à cette situation-là, comment les
événements, la conjoncture et un certain nombre de facteurs
extérieurs influencent la situation financière du Québec?
Je pense que c'est à cette condition seulement que le Québec sera
en mesure de s'engager à relever de nouveaux défis de justice et
de progrès.
À ce propos, M. le Président, permettez-moi de souligner
l'un des défis les plus importants qui se présentent à
nous comme société. Ce défi, c'est l'intégration
des jeunes au travail. Les jeunes, axés sur le marché du travail,
sont en majorité et leurs problèmes sont plus aigus que ceux
d'une majorité d'étudiants chez nous. L'intégration des
jeunes sur le marché du travail est difficile, à la fois parce
que ce marché ne tient pas compte des nouveaux besoins et des nouvelles
valeurs des jeunes, et parce que le nombre d'emplois disponibles est
insuffisant. Cela se traduit par un chômage élevé. La
moitié de tous les chômeurs du Québec sont
âgés de moins de 25 ans, M. le Président. Cela se traduit
aussi par un manque d'intérêt de la part des jeunes et un
absentéisme significatif au travail. Cela se traduit aussi par une
très faible productivité, dans plusieurs cas, un taux de
roulement élevé, un nombre très grand de dépendants
de l'aide sociale de moins de 25 ans, et un taux de délinquance
juvénile à la hausse. On en a parlé encore hier durant
toute la soirée.
L'un des problèmes les plus graves est la difficulté pour
nos jeunes qui terminent leurs études de décrocher rapidement un
premier emploi, même dans un domaine autre que celui pour lequel ils ont
consacré plusieurs années d'études. Ce problème
constitue un drame pour des milliers de jeunes qui poursuivent ainsi dans
l'angoisse, dans l'incertitude des études pour lesquelles ils
n'entrevoient pas facilement de débouchés, soit par saturation du
marché, soit par manque d'expérience pratique. On doit
également déplorer, par ailleurs, la formation
générale insuffisante des jeunes pour faire face aux exigences
d'une société moderne en développement et en mutation
ainsi qu'une absence d'harmonisation de l'enseignement théorique avec
l'apprentissage pratique et les besoins et les exigences de notre marché
du travail.
En regard de ces problèmes, le gouvernement actuel est
déjà passé à l'action dans un certain nombre de
domaines. Après un engagement ferme du premier ministre, il y a
déjà plusieurs mois, au printemps de 1979, le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec a lancé, à la
mi-novembre 1979, un nouveau programme de création d'emplois directs
à l'intention spécifique des jeunes de 18 à 29 ans, le
tout dans le cadre de l'Opération solidarité économigue,
OSE. Ce programme, qu'on appelle PIJE, comporte cinq sous-programmes qui visent
particulièrement l'amélioration du milieu de travail dans
l'entreprise, le partage d'emplois, les stages en industrie, la création
d'emplois permanents dans les petites et moyennes entreprises au Québec
et les emplois dans les entreprises culturelles. Dans ce dernier cas, c'est ce
qu'on a appelé le programme OSE-Arts. Mais à cela s'ajoute, M. le
Président, une autre action qui a été assez
limitée, mais qui, probablement, au cours des prochains mois, va
revêtir une importance considérable. Il y a quelques semaines
à peine, immédiatement au début de la campagne
électorale ou juste avant, un colloque a été
organisé à Montréal par le secrétariat des
conférences socio-économiques et la revue Critères sur
l'intégration des jeunes au travail et toute la problématique des
jeunes dans notre société, particulièrement des jeunes
face au marché du travail.
Il y a eu également, par la suite, un engagement électoral
qui est assez important, l'engagement que le Parti québécois a
pris d'allouer, dès cette année,
un bon d'emploi de 3000 $ à chaque jeune qui détient au
moins un diplôme d'études secondaires, qui est âgé de
moins de 25 ans, qui est à la recherche d'un emploi depuis six mois au
moins et qui a été inscrit pendant cette période à
un centre de main-d'oeuvre du Québec. En retour de ce bon d'emploi, le
gouvernement versera à tout employeur qui crée pour ce jeune un
emploi additionnel d'une durée minimum d'au moins un an une somme de
3000 $ qui compensera l'employeur pour les frais d'apprentissage.
Malgré cet engagement électoral, malgré la tenue
d'un colloque sur les jeunes et le marché du travail, je crois qu'on est
obligé de reconnaître que ce n'est pas suffisant pour
régler le problème. Cela ne sera pas suffisant, au cours des
prochaines années.
Ce problème des jeunes face au marché du travail, face
à leur intégration au marché du travail est beaucoup plus
complexe et beaucoup plus profond. Il exige une remise en cause de bien des
idées et de bien des valeurs dans notre société. Il exige
de la part du gouvernement une volonté politique innovatrice et des
actions fermes et énergiques. À ce propos, il y a à peine
un an, l'Office de planification et de développement du Québec
préparait une étude préliminaire sur les jeunes et leur
intégration au marché du travail. En conclusion, l'étude
disait: "Seule une très grande capacité d'innovation permettra
aux pays industrialisés de relever le défi des jeunes. C'est au
niveau de l'organisation du travail et de l'organisation de la production que
notre capacité d'innovation est le plus fortement sollicitée par
les jeunes qui, en dépit de leur déception évidente,
demeurent désireux de participer activement à la vie
sociale."
Ce souci d'innovation, ce besoin d'innovation, M. le Président,
l'État québécois a à faire face à un
problème relativement grave à mon avis pour pouvoir le
régler. Actuellement, l'État québécois est assez
mal équipé pour comprendre la jeunesse, pour communiquer avec
elle et pour la stimuler positivement, ce qui fait que ses actions sont
passablement éparpillées et n'offrent pas la cohérence et
l'efficacité nécessaires. En fait, M. le Président, bien
que dès l'âge de 18 ans les jeunes aient le droit de vote, ceux-ci
ne sont pas reconnus comme des participants à part entière de la
vie sociale et leur spécificité n'est que très faiblement
prise en considération, si ce n'est que comme des consommateurs
particuliers dans certains cas. En conséquence, une bonne partie de nos
jeunes se désintéresse dramatiquement de l'avenir de notre
société et de ses enjeux. Ils sont enclins souvent à se
réfugier dans un individualisme à outrance. Pour l'avenir du
Québec, cette situation est déplorable et il importe que le
gouvernement intervienne rapidement pour corriger cette situation. À mon
sens, le gouvernement doit prendre le leadership face à la
reconnaissance du rôle et des problèmes des jeunes et, pour cela,
il doit se donner des outils d'intervention efficaces et surtout des outils
d'intervention crédibles auprès des jeunes.
Par ailleurs, les jeunes eux-mêmes sont dépourvus quant aux
outils de réflexion et d'action qui pourraient leur permettre de faire
entendre leur voix dans la société et de véhiculer
eux-mêmes, à leur façon, leurs aspirations, leurs besoins
et leurs points de vue. À cet égard, il y a maintenant un an,
j'avais suggéré à certains membres du gouvernement que la
création d'un poste de ministre délégué à la
jeunesse aurait peut-être l'avantage de faire en sorte qu'il y ait un
interlocuteur privilégié des jeunes dans cette
société, que l'État québécois se donne un
interlocuteur privilégié auprès des jeunes pour que les
jeunes sachent à qui s'adresser et qu'ils aient une personne et une
structure auxquelles ils pourraient faire valoir leurs préoccupations,
leurs besoins et leurs intérêts.
Bien sûr, M. le Président, jusqu'à maintenant, cette
suggestion n'a pas été accueillie favorablement; mais je crois
que si on veut progresser pour faire face au défi que
représentent les changements de valeurs, les changements de structures
et les innovations qu'on va devoir faire dans notre société pour
intégrer les jeunes au marché du travail, il faut faire en sorte
que les jeunes aient leur place dans notre société pour que leur
rôle ne soit plus un rôle passif de spectateurs de la
société, mais qu'ils agissent et soient des participants actifs.
Pour qu'ils contribuent à faire avancer le Québec, il va falloir
que l'État agisse et qu'il se donne une cohérence dans son action
et des outils d'intervention efficaces et crédibles auprès des
jeunes.
J'espère, en terminant, que l'engagement électoral qu'on a
pris durant la campagne électorale qui était de faire en sorte de
mettre en place le bon d'emploi de 3 000 $ dès cette année, la
situation financière et budgétaire va nous le permettre. Je
souhaite que s'il y a un arbitrage de priorités à établir,
on prenne en considération le drame de la moitié des
chômeurs du Québec qui ont moins de 25 ans et de milliers de
jeunes qui attendent que cet engagement électoral soit pris, que
d'autres actions soient également prises et que les moyens financiers
soient mis à la disposition de ces actions pour que des solutions
concrètes et efficaces puissent être apportées aux
problèmes des jeunes dans notre société. Merci, M. le
Président. (16 h 30)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Portneuf et whip de l'Opposition.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci beaucoup, M. le Président. Vous
comprendrez qu'en cette première intervention, au lendemain de la
formation de la 32e Législature, mes premières paroles soient
pour remercier avec le plus de sincérité et le plus de chaleur
possible les électeurs du comté de Portneuf pour le
troisième mandat qu'ils m'ont confié pour les représenter
ici à l'Assemblée nationale, et aussi pour la confiance qu'ils
m'ont réitérée. C'est leur appui constant et
indéfectible pendant ces années qui a été
clairement réexprimé le 13 avril dernier.
Je veux, en remerciant les électeurs du comté, les assurer
de ma présence constante, de la plus grande des disponibilités
qu'il est humainement possible d'avoir, et je veux aussi les assurer de ma
collaboration étroite, comme au cours des huits dernières
années au cours desquelles j'ai eu l'honneur et le privilège de
les représenter. Je veux collaborer avec eux et avec les groupes du
milieu, de façon à assurer le comté de Portneuf d'une
bonne place dans le développement économique de la grande
région de Québec, pour, si possible, qu'il soit placé
à l'avant-scène du développement économique de la
grande région de Québec.
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas saluer cordialement,
faisant allusion à la campagne électorale, mes adversaires de
cette campagne; ils m'ont mené une lutte coriace, une lutte difficile,
mais très profitable pour l'exercice de la démocratie. Je
voudrais, avant de passer à d'autres sujets, assurer les
électeurs de Portneuf, l'ensemble des citoyens et des contribuables, peu
importe pour lequel des trois candidats ils ont voté, que je les
représenterai tous sans exception. Je tenterai de véhiculer, ici,
à l'Assemblée nationale et dans les ministères, ou encore
en commission parlementaire, le message, les besoins, les préoccupations
de tous. Je tenterai aussi de faire saisir - parce que c'est là notre
rôle dans l'Opposition - la dimension des besoins et des
préoccupations des électeurs du comté que je
représente.
M. le Président, cette campagne dans Portneuf a été
une belle campagne, mais ç'a été pour moi la campagne la
plus dure et la plus difficile. C'est une campagne qui nous a menés
à une victoire dans un comté presque à 98% ou 99%
francophone, un peu comme le comté de mon bon ami le
député de Charlevoix, M. Mailloux, mais c'est une campagne qui a
été quand même assez dure. C'est une campagne qui, au
niveau provincial aussi, a été non seulement dure, mais curieuse.
C'est une campagne qui a été menée par le gouvernement,
par le Parti québécois avec beaucoup d'acharnement et beaucoup de
dureté à l'endroit de la formation politique à laquelle
j'appartiens, le
Parti libéral du Québec.
Le Parti québécois a certes profité du rapatriement
unilatéral de la constitution contre lequel nous nous sommes inscrits.
Nous nous sommes inscrits contre ce processus enclenché par le
gouvernement fédéral dès son dépôt, et je
pense qu'à cet égard, le projet constitutionnel qu'on a
présenté pendant la campagne électorale en
témoignait assez bien.
Il y a un autre élément qui a prédominé dans
cette campagne et qui a été assez important ou, tout au moins,
qui a été véhiculé avec beaucoup d'importance par
nos adversaires; c'est que cette campagne, comme je vous le disais, a
été menée non pas sur la performance du gouvernement, mais
bien plus souvent qu'autrement contre le Parti libéral du Québec,
comme si nous étions le gouvernement sortant. Qu'on se rappelle les
messages véhiculés dans chacun des comtés du
Québec, dans chacune des régions du Québec, le message des
candidats du Parti québécois, le message du premier ministre, le
message des organisateurs dans les municipalités et dans les bureaux de
scrutin, tout cela était axé non pas sur la promotion de leur
programme, non pas essentiellement sur les propositions qu'ils allaient
formuler aux électeurs dans le cadre de cette campagne, mais
c'était principalement axé contre les libéraux du
Québec. C'est une campagne qui a été menée aussi et
particulièrement, en termes de stratégie, contre un grand homme
du Québec. Vous aurez compris, M. le Président, que je fais
allusion au chef de notre formation politique, M. Claude Ryan.
Le Parti québécois est pleinement conscient que M. Ryan
avait contribué de façon combien importante, combien palpable au
ressourcement de notre formation politique. Il avait convié, dès
le lendemain de l'élection du congrès à la chefferie, le
parti à d'autres objectifs bien identifiés. En termes de
performances pour le membership, les campagnes de financement, les
élections partielles, etc., en ont témoigné. Le Parti
québécois a convenu que l'homme à attaquer, c'était
Claude Ryan.
Le gouvernement et le Parti québécois étaient
incapables de l'attaquer sur sa crédibilité, sur son apport aux
grands débats du Québec. Notre chef, depuis qu'il est chef du
Parti libéral et même avant qu'il soit chef du Parti
libéral, a contribué d'une façon utile et bien souvent
nécessaire aux débats de fond, aux grandes orientations et aux
grands débats que nous avons connus au Québec. Incapables de
l'attaquer sur son intégrité, sur son honnêteté
comme homme politique, les gens d'en face lui ont donc adressé, tout au
long de la campagne électorale, des attaques bien souvent bassement
personnelles, des attaques plus souvent qu'autrement parfois vulgaires.
Vous
me laisserez vous référer, M. le Président -vous
n'êtes pas de la région de Québec - au discours du premier
ministre lorsque celui-ci a présidé la convention pour le choix
du candidat dans le comté de Chauveau - le député de
Chauveau est avec nous cet après-midi - où le premier ministre
s'était laissé aller lui-même à une attaque, pour le
moins qu'on puisse dire, très très sévère et qui a
d'ailleurs été très mal jugée par les gens de la
presse à l'endroit de notre chef.
Hier, M. le Président, je peux vous dire que j'ai
été un peu surpris de voir le faux repentir du leader du
gouvernement qui semblait s'inquiéter - remarquez bien que
c'était sans conviction aucune - de l'avenir de notre chef, du chef du
Parti libéral du Québec. Comme député, aujourd'hui,
je tiens, à vous indiquer et à indiquer en même temps
à l'équipe ministérielle, et plus particulièrement
au leader du gouvernement, que ceux-ci ne soient pas inquiets. Nous sommes, de
notre côté, 42 députés, femmes et hommes de
différents milieux, de différents comtés du Québec,
de différentes régions du Québec, nous sommes solidaires
avec notre chef, nous sommes conscients du rôle combien important qu'il a
joué dans notre formation politique et nous sommes conscients aussi de
sa contribution future non seulement utile mais nécessaire à
notre formation politique.
Avant de passer à un autre élément de mon
intervention, je vous dirai bien franchement, bien simplement qu'on n'a aucune
leçon de morale à recevoir des péquistes sur des sujets
comme ceux-là. Qu'il suffise de vous référer aux
déclarations du 9 septembre 1974, dans le Devoir. On se rappellera que,
le chef du gouvernement actuel et chef du Parti québécois d'alors
avait perdu son élection dans le comté de Laurier en 1970, il
avait perdu dans le comté de Dorion en 1973 et il y avait pas mal de
brasse-camarade dans le Parti québécois à l'époque.
On disait: "Le PQ paraît profondément déchiré entre
le caucus et le conseil exécutif. Une députation autonome -
toujours en parlant du Parti québécois - ambitieuse, aguerrie et
richement équipée impose de plus en plus sa loi, son rythme et
ses tendances aux membres d'un exécutif démuni de ressources
humaines et financières, effacé et sans aucun contrôle sur
les orientations de l'Opposition officielle. C'est ce qui explique la remise en
question du leadership de M. René Lévesque qui a marqué
les assises du Conseil national du Parti québécois en fin de
semaine, à l'école polyvalente de Mont-Joli."
Un peu plus loin dans le texte, on faisait référence
évidemment à des déclarations de M. Burns qui était
alors député. "Pour sa part, le député Robert
Burns, au cours d'une entrevue à la radio locale de Québec,
samedi, exprimait brutalement l'opinion que M. Lévesque devait
céder sa place à un autre. Moi, a-t-il dit, je pense que si M.
René Lévesque n'est pas élu à l'Assemblée
nationale, ce serait sans doute préférable alors que nous ayons
avant la prochaine élection un chef qui soit sinon élu à
l'Assemblée nationale, du moins un nouveau chef. M. Lévesque a le
handicap d'avoir été défait à deux reprises
à l'occasion d'élections générales." "Un
troisième député, M. Lucien Lessard du comté de
Saguenay, a exprimé son mécontentement à l'égard
des dirigeants du parti et dans un document de réflexion -j'en passe un
bout, mais je cite toujours - le député de Saguenay en conclut
comme son collège qu'il faudrait éventuellement envisager le
remplacement de M. Lévesque à la tête du parti,
intervention que le président René Lévesque a
également déplorée, la qualifiant d'émotive."
Un peu plus récemment, quelques jours avant le
déclenchement des élections de 1976, on se rappellera la prise de
bec assez sérieuse qui, probablement, a nécessité un petit
déjeuner entre le chef du gouvernement actuel et le leader du
gouvernement actuel, pour tenter de cicatriser les plaies qui ont pu
s'établir entre eux, à ce moment. On se rappellera que tout
n'allait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes entre le leader et le
chef du gouvernement actuel. Qu'il me suffise de vous référer au
Devoir du mardi 21 septembre 1976: "Ce n'est vraiment pas le moment de
contester le leadership, dit Lévesque." Je cite toujours le premier
ministre, M. René Lévesque: "M. Claude Charron a raté une
belle occasion de se taire. Tel est le commentaire fait dimanche sur les ondes
par le président du Parti québécois, M. René
Lévesque. M. Lévesque réagissait ainsi aux observations
faites publiquement par le député péquiste de
Saint-Jacques, M. Claude Charron, en rapport avec les difficultés qui
ont conduit à la disparition du quotidien indépendantiste Le
Jour. Au point de vue politique, a déclaré le leader
indépendantiste, les déclarations de M. Charron n'étaient
pas particulièrement indiquées au moment où on est
peut-être à quelques semaines d'une campagne électorale. Le
président du Parti québécois a précisé que
ces observations sur M. Charron portent aussi à l'égard de tous
les militants péquistes qui s'avisent d'étaler publiquement les
cafouillages internes du PQ." (16 h 40)
M. le Président, c'était la situation qui
prévalait. C'était le climat qui prévalait, relations
combien sereines, on le constate par les déclarations de ces honorables
députés à l'époque, au sein du Parti
québécois, au lendemain de la défaite de 1973 et avant la
campagne de 1976.
Alors, que le leader du gouvernement vienne s'inquiéter, avec un
repentir qui est
un peu surprenant à la suite de la campagne que vous avez faite,
moi je dirai, M. le Président, par votre entremise, aux gens du Parti
québécois: Ne soyez pas inquiets pour nous, nous sommes
solidaires, nous sommes ensemble, nous avons un objectif qui est bien
déterminé et bien établi, c'est de contribuer à
représenter les Québécois, c'est de contribuer à
bien représenter les 46% et plus d'électeurs qui nous ont
mandatés pour venir faire notre boulot ici. On est un parti politique et
notre objectif, ultimement, c'est de vous défaire aux prochaines
élections.
Dans le discours du leader, hier, M. le Président, - je ne
reprendrai pas les allusions blessantes et souventefois disgracieuses, je ne
reprendrai pas ça strictement par respect pour les membres de la Chambre
et aussi pour les auditeurs qui nous écoutent - on se rappellera que
l'un des éléments importants était de demander au Parti
libéral du Québec: Où est-ce que vous êtes, les
libéraux? On se rappellera que celui-ci a repris le thème qu'on
avait véhiculé, à juste titre, depuis longtemps, que nous,
les libéraux du Québec, on choisit le Québec et le Canada.
Rappellez-vous sa question lorsque celui-ci disait: Où est-ce que vous
vous situez, les libéraux? Lequel choisissez-vous les libéraux,
etc.?
M. le Président, il faudra convenir que le Parti libéral,
par sa tradition, par sa participation active à la chose publique, parce
qu'il a été appelé à former le gouvernement pendant
plusieurs années, a toujours joué un rôle d'instigateur, un
rôle de promoteur, un rôle de défenseur de la promotion des
droits et de l'affirmation du Québec.
Il faut avoir un peu de mémoire et il faut prendre conscience que
le Québec n'a pas commencé à vivre, que le Québec
n'a pas commencé à vibrer et que le Québec n'a pas
commencé à s'affirmer avec l'arrivée à
Québec du Parti québécois.
M. le Président, nous avons choisi le Québec et le Canada,
nous continuons à choisir le Québec et le Canada, mais nous
choisissons le Québec avant le Canada, et c'est ce qu'on a fait dans le
passé. C'est là la responsabilité qui nous incombe comme
députés, ici, à l'Assemblée. Qu'on se rappelle que
de 1960 à 1966 - peut-être qu'on ne s'en souvient pas, je
comprends que le leader du gouvernement ne s'en souvienne peut-être pas,
que voulez-vous, en 1960 il était probablement, comme moi, assez jeune -
de 1960 à 1966, ce sont les libéraux qui formaient le
gouvernement à Québec. Qu'on se rappelle le rôle combien
important qu'ont joué le Québec et le gouvernement libéral
d'alors dans les négociations du partage fiscal avec le gouvernement
fédéral et qui ont ramené des allocations quand même
importantes ici au Québec. Qu'on se rappelle l'ouverture, par le
gouvernement du Québec, des délégations du Québec
à l'extérieur, pour promouvoir le commerce, l'entreprise, la
culture, les arts du Québec. C'était fait par le gouvernement
libéral de l'époque. Nous avions, comme aujourd'hui et comme
demain, choisi le Québec et le Canada. Qu'on se rappelle les formules de
l'"opting out", qui ont été signées le 15 août 1964
- peut-être que le leader du gouvernement aurait pu en parler hier -
négociations entre un gouvernement qui s'affirmait, qui affirmait les
droits du Québec à l'époque, pour aller chercher des
points d'impôt en retour de responsabilités accrues. On sait
combien cela a pu avoir d'impact et d'effet sur le potentiel de
dépenses, le potentiel d'action du gouvernement depuis 1964. Qu'on se
rappelle le non de M. Lesage et de l'équipe libérale, à
l'époque, à la formule Fulton-Favreau. Qu'on se rappelle la
création de la Régie des rentes et de la Caisse de
dépôt et placement, qui a permis au gouvernement du Québec
de s'affirmer davantage et de faire en sorte que nos investissements, l'argent
qu'on met de côté dans nos fonds de retraite, puissent servir
à développer l'économie du Québec. Cela,
c'était de l'affirmation, c'était la promotion des droits et du
développement du Québec et on n'avait pas besoin de parler
d'indépendance, de séparation et d'avoir le Parti
québécois au pouvoir pour s'affirmer de cette façon.
Qu'on se rappelle, M. le Président, de 1970 à 1976,
toujours dans la perspective où le leader du gouvernement nous
demandait: Où est-ce que vous êtes, les libéraux, et
où est-ce que vous étiez? On se rappellera les allusions combien
malveillantes qu'il a portées à notre endroit. Ce sont les
libéraux du Québec qui ont choisi le Québec avant le
Canada, lorsqu'ils ont dit non à la conférence constitutionnelle
de Victoria. Ce sont les libéraux du Québec qui ont
négocié l'entente permettant au Québec d'avoir juridiction
dans les politiques familiales et d'ajouter aux budgets familiaux par les
allocations familiales au Québec. C'est le gouvernement du
Québec, formé par des libéraux qui, en choisissant le
Québec et le Canada, mais le Québec avant le Canada, a dit non et
a refusé l'intrusion du fédéral dans les champs de
compétence des affaires municipales. C'est, M. le Président, le
gouvernement libéral de 1970 à 1976 qui, en choisissant le
Québec et le Canada, mais le Québec avant le Canada, est
allé négocier à Ottawa l'entente-cadre qui a permis au
gouvernement du Québec d'aller récupérer des sommes
importantes, en termes de millions de dollars, qui sont revenues. D'accord, on
en payait une bonne part en impôts, mais elles sont revenues ici dans les
poches des contribuables par différentes ententes auxiliaires qui ont
été signées par la suite. Qu'on se rappelle ce que
l'entente auxiliaire sur le tourisme avec des
développements dans les parcs et réserves a pu impliquer
sur tout le territoire du Québec. Qu'on se rappelle l'entente auxiliaire
dans le cadre de l'industrie et du commerce pour aider les petites entreprises
plus particulièrement dans des milieux ou dans des régions
économiquement défavorisés par rapport à d'autres
centres du Québec. Qu'on se rappelle les ententes auxiliaires, l'aide
que cela a pu apporter. Combien importantes, à la suite d'une
négociation de notre gouvernement pour les pêcheurs, sont les
ententes sur l'économie des pêcheries au Québec. C'est la
même chose pour l'agriculture au Québec.
M. le Président, j'entends une question de la part d'un
député péquiste dans une prochaine intervention qui dira:
Écoutezl M. le député de Portneuf, vous venez de dire que
vous choisissez le Québec avant le Canada. Là, vous poserez
probablement la question: Où étiez-vous lors de la fameuse motion
débattue ici à l'Assemblée nationale en novembre dernier?
Vous nous avez demandé de choisir le PQ avant le Canada et cela jamais,
messieurs, jamais.
Des voix: Ah! Une voix: Jamais.
M. Pagé: M. le Président, nous sommes prêts
à collaborer. Nous sommes prêts à participer au
débat ici. Nous sommes même prêts à collaborer avec
le gouvernement dans la promotion des droits du Québec, le
développement du Québec dans la perspective que j'ai
établie tout à l'heure. Nous sommes convaincus d'ailleurs de
l'obligation qui nous est faite comme Opposition à l'Assemblée
nationale de contribuer, par les débats ou la participation dans
l'étude de différents projets de loi, à
l'amélioration de la qualité de vie des citoyens du
Québec. À cet égard, je crois - je pense que tout le monde
ici en est conscient - que le présent gouvernement sera confronté
dans les prochaines années à des problèmes de fond,
à des problèmes très importants. Qu'on regarde strictement
tout l'impact des coupures budgétaires et l'obligation pour le
gouvernement, compte tenu d'un déficit budgétaire qui est
énorme, qui n'a jamais été vu et qui est de nature
à limiter le pouvoir pour le Québec d'agir -d'ailleurs, cette
situation prévaut actuellement dans les coupures, plus
particulièrement dans le domaine de l'éducation et des affaires
sociales... C'est une question de fond, c'est un problème fondamental en
termes budgétaires. Qu'on regarde la question des relations du travail
au Québec. À cet égard, je crois que le gouvernement aura
besoin d'une collaboration certaine et utile de la part de l'Opposition. Est-ce
qu'on peut accepter comme société de continuer à vivre
avec près de 5000, 6000 et parfois cela va même jusqu'à
7000 ou 8000 travailleurs et travailleuses qui, chaque jour, sont en
grève ou en lock-out?
M. le Président, dans les prochains mois, nous serons
probablement appelés à échanger ensemble pour voir la
réévaluation qui est devenue nécessaire, nous le croyons,
de toute la question des négociations dans le secteur public et
parapublic. On a toute la question des recours, de la refonte combien
souhaitée du Code du travail. On a toute la question du recours à
l'injonction, la question de l'ouverture de la loi no 45 parce qu'on se
rappellera que le ministre actuel du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, avant la dissolution de la Chambre le 12 mars
dernier, s'était engagé, ici à l'Assemblée
nationale, à ce que dans les meilleurs délais après
l'élection le gouvernement reviendrait avec des modifications à
la loi no 45 où il y a des trous tout à fait visibles et bien
palpables qui font en sorte que les travailleurs québécois sont
actuellement brimés dans l'exercice d'un droit qui leur appartient en
principe en vertu de cette loi.
M. le Président, le gouvernement aura besoin de la collaboration
utile et nécessaire de l'Opposition pour contribuer à
régler un problème aussi épineux que celui du
chômage des jeunes au Québec. Je suis convaincu que les
députés péquistes sont aussi conscients que nous de
l'impact de ce problème. On passe chaque lundi dans nos bureaux de
comté et c'est inquiétant de voir des jeunes qui ont
travaillé fort, qui ont investi beaucoup de capital humain pour aller
chercher un diplôme universitaire, de cégep, technique ou autre.
Il y a des parents qui ont investi beaucoup de capital financier et qui se
retrouvent aujourd'hui, après autant d'années d'études,
après autant de sacrifices, condamnés à vivre soit d'aide
sociale, soit de prestations d'assurance-chômage ou encore des fameux
programmes temporaires qui leur fournissent de l'emploi, somme toute, pour cinq
ou six mois.
Le gouvernement aura besoin de la contribution et de la collaboration de
l'Opposition pour toute la question de la redistribution de la richesse. On
sait que le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a vu son nom
changé en ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. On sait qu'il était dans le programme
du Parti québécois, comme dans le programme du Parti
libéral du Québec d'ailleurs, de procéder à une
refonte ou, tout au moins, de revoir les politiques d'indemnité et de
sécurité du revenu. C'est important. (16 h 50)
Je pense, entre autres, à l'allusion ou aux commentaires qui ont
été faits tout à l'heure par le député de
Champlain qui évoquait la situation pénible dans laquelle se
trouvent les travailleurs de la Reynolds actuellement au
Cap-de-la-Madeleine. Ce sont des questions comme celles-là, je crois,
qui sont susceptibles d'être non seulement traitées, mais
réglées et touchées par la programmation ou le projet de
réforme de la sécurité du revenu. Je suis convaincu que le
gouvernement aura encore une fois besoin de la collaboration de l'Opposition.
Mais si le Parti québécois, si le gouvernement actuel veut
véritablement travailler en collaboration, s'il veut
véritablement s'associer la collaboration, la participation, les
recommandations de l'Opposition, il faudra évidemment que celui-ci
tienne compte des opinions de l'Opposition. Il faudra que le gouvernement en
soit conscient. Là, je ne voudrais pas remettre en cause la
légitimité du gouvernement; au contraire, ces gens ont
été élus majoritairement, ils sont là, ils ont un
mandat de quatre ans et probablement que vous y demeurerez cinq ans, compte
tenu de l'attachement qu'on vous connaît. Vous êtes bien
identifiés à un attachement au pouvoir depuis quelques
années. Vous représentez 49% de la population, nous en
représentons 46%. Ce n'est pas 3% de différence, c'est 1,6%. Il
nous aurait suffi d'aller chercher 1,6% de plus et on vous battait. Vous avez
été élus avec 113 395 votes de plus. II aurait suffi, M.
le Président...
M. le Président, je vous demanderais, entre autres, si le bruit
continue à s'accentuer en arrière, de faire respecter l'article
100.
II aurait suffi que nous ayons le support de 57 000 électeurs ou
électrices de plus pour que nous formions aujourd'hui le gouvernement,
raison de plus pour que vous ayez l'obligation de tenir compte de nos
opinions.
Je dois vous dire aussi que le PQ devra être plus franc, le Parti
québécois, le gouvernement devra être plus ouvert, le
gouvernement devra être plus transparent. M. le Président, vous
êtes en fonction déjà depuis plusieurs mois et vous
êtes certainement conscient de la difficulté que nous avons
d'avoir bien souvent des données, des informations, des rapports, etc.
Le gouvernement devra être plus transparent. Le gouvernement devra aussi
être plus respectueux. Là, je m'explique. Il faudra, tout au
moins, qu'il ait toujours le même langage.
J'accepte avec enthousiasme - et je dois exprimer ma satisfaction -
quand je vois le gouvernement modifier le nom du ministère de
l'Immigration pour l'appeler maintenant le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration. Je suis satisfait et je
dois vous dire que je suis bien heureux quand je vois des membres du
gouvernement, les membres de l'équipe ministérielle parler des
citoyens du Québec, parler des hommes et des femmes, comme a dit mon
collègue de Charlevoix, et souvent indiquer ici, à
l'Assemblée nationale, qu'il n'y a pas de différence au
Québec, que nous sommes tous des Québécois et que tous les
citoyens du Québec sont des Québécois.
Ce langage, autant on peut l'apprécier, autant, je crois, il est
légitime que, d'autre part, on s'inquiète, on n'accepte pas le
langage véhiculé par certains députés en campagne
électorale, hors de cette Chambre, évidemment, certains
candidats, certains organisateurs qui, entre parenthèses - on se le
rappellera - qualifiaient le Parti libéral du Québec de parti des
Anglais. On se rappellera que cela a été clairement et
souventefois véhiculé pendant cette campagne.
Je tiens à dire aux qens du gouvernement aujourd'hui que les
citoyens du Québec, de quelque origine qu'ils soient, sont des
Québécois. Ce sont des Québécois qui ne sont
peut-être pas tous d'origine francophone, mais ils sont
Québécois, ils sont conscients de leur appartenance à une
communauté culturelle, à une identité, à une
collectivité qui s'appelle le Québec. Je dois vous indiquer que
les Québécois d'origine non francophone vibrent autant à
la cause du Québec que tous les Québécois et autant
même que la plupart des péquistes. Ces gens-là sont aussi
nationalistes que vous autres, vous savez, et ce n'est pas parce que nous
sommes fédéralistes que nous sommes moins nationalistes que vous
pouvez l'être.
Ces qens-là, ces Québécois non francophones,
vibrent autant à la cause du Québec, dans ces
événements malheureux; ils ont autant de chagrin que tous les
Québécois francophones lorsque le Québec affronte des
problèmes particuliers; même chose lorsque le Québec a des
avantages, lorsqu'il survient des événements heureux au
Québec. Ces gens-là sont aussi fiers que n'importe lequel des
péquistes lorsqu'un Gilles Villeneuve va gagner un championnat, comme en
fin de semaine, lorsqu'un artiste du Québec prend une place davantage
privilégiée à l'extérieur du Québec, quand
une compagnie du Québec obtient un contrat à l'extérieur
du Québec, que ce soient des contrats comme ceux qu'on a obtenus en
Algérie, grâce à la technologie combien raffinée de
compagnies comme Bombardier, etc.
M. le Président, il faudrait que le Parti québécois
parle, en tout cas, qu'il exprime toujours le même langage, la même
opinion. Nous soutenons, de ce côté-ci de la Chambre, qu'il n'y a
pas deux catégories de Québécois, qu'il n'y a qu'une seule
catégorie de Québécois, et que ces Québécois
soient d'origine francophone ou non francophone, peu importe, ils sont
Québécois au même titre que tout autre.
Je tiens à réitérer le fait, avant de terminer, que
nous pouvons nous aussi, et je
pense qu'il y a plusieurs personnes qui en sont conscientes, dans mon
comté tout au moins, être nationalistes autant que vous pouvez
l'être et nous vibrons autant... on a autant de coeur à l'endroit
du Québec que vous pouvez en avoir, messieurs.
M. le Président, je terminerai en invitant les membres du
gouvernement, l'aile parlementaire du Parti québécois, à
prêter une oreille peut-être un peu plus attentive à
l'Opposition. Nous sommes 42 députés disposés à
collaborer, à travailler, à travailler fort même, 42 femmes
et hommes du Québec, comme je le disais tantôt, mais il faudra de
la franchise, de l'ouverture, de la transparence et du respect et il faudra que
vous teniez compte de nos opinions. Parce que, le Québec n'appartient
pas au gouvernement, et le Québec, ce n'est pas seulement le Parti
québécois, soyez en certain. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, c'est la
première fois que je parle en cette Chambre depuis l'élection du
13 avril. Je vous avouerai que je suis beaucoup moins nerveux que lors de mon
premier discours après l'élection de 1976. Ayant vécu
cette période, je me dois de féliciter le courage et l'audace de
tous les nouveaux députés en cette Chambre, ceux et celles qui
ont fait leur premier discours en cette Chambre.
Depuis quatre ans et demi, bientôt cinq ans, que nous en entendons
de toutes sortes dans cette Chambre. Le député de Portneuf m'a
quand même surpris et je pense que le jour où il
s'améliorera est encore loin. Il a dit que l'élection du 13 avril
1981 s'était faite sur sa personnalité du chef du Parti
libéral. C'est peut-être vrai que cela s'est fait sur la
personnalité, mais vous savez, quand quelqu'un court après
quelque chose, il faut savoir l'accepter. Je pense que là-dessus, le
chef du Parti libéral l'a accepté puisqu'il n'en a pas
reparlé.
Si la campagne s'est faite sur le chef du Parti libéral,
c'était à lui de ne pas traiter M. Roch LaSalle de simple
ouvrier, comme si un ouvrier n'était capable de rien faire, un ouvrier
n'était capable d'accéder à aucun poste, à aucune
situation dans la société. La même chose s'est faite envers
Mme Cuerrier lorsqu'il a dit qu'il avait toléré cette femme parce
que c'était une femme. Je pense que la population du Québec a
compris et le chapeau que M. Ryan a essayé, il l'a mis, il lui a bien
fait. Le député de Portneuf devrait faire exactement la
même chose. Si je voulais être encore plus méchant, plus
mesquin envers le député de Portneuf, je m'en abstiendrai, je
souliqnerais ce que le député de Portneuf a fait et ce qu'il
disait de son chef le soir même de l'élection du 13 avril.
Chez nous, dans le comté d'Arthabaska, l'élection du 13
avril s'est faite également sur la personnalité, sur la
personnalité du député d'Arthabaska, sur la
personnalité de Jacques Baril en tant qu'agriculteur. Mes adversaires
avaient dénoncé à maintes reprises, comme c'est l'habitude
de le faire pour certains, que pour un agriculteur, c'est à peu
près comme un ouvrier, tu ne peux pas faire autre chose que de
travailler sur ta ferme, sur ta terre. Donc, reste à la campagne. Mon
acharnement durant les quatre dernières années à
défendre tous les dossiers qui traînaient depuis de nombreuses
années m'a valu l'appui de tout près de 54% de la population du
comté d'Arthabaska comparativement à 39% en 1976. Je pense que
c'est un gain parce que les gens d'Arthabaska ont répondu positivement.
(17 heures)
Ce résultat est dû, bien entendu, à l'effort que le
gouvernement du Parti québécois a fait durant son premier mandat
en essayant de combler les lacunes persistant depuis de nombreuses
années. C'est éqalement évident que, comme dans tous les
autres comtés, l'équipe du Parti québécois a fait
un travail exceptionnel. Je la remercie et je dois également remercier
les unionistes, les créditistes et les libéraux qui sont venus
s'ajouter à notre équipe pour continuer ce qui avait
été entrepris durant les quatre premières
années.
Je tiens également à féliciter et à
remercier publiquement des personnes qu'on est souvent porté à
oublier et si chacun d'entre nous, nous sommes ici, c'est souvent grâce
à elles, c'est le personnel de notre bureau de comté. Vous savez,
ces gens sont sur la ligne de front. Ce sont eux qui, tous les jours,
rencontrent les gens qui viennent à notre bureau et c'est grâce
à leur efficacité, grâce à leur compréhension
si, aujourd'hui, tous et chacun d'entre nous, nous sommes ici dans cette
Assemblée. J'invite toute cette équipe à continuer
à garder cette même solidarité dont nous aurons sans doute
besoin dans les prochaines semaines, sinon les prochains mois, contre le coup
de force du fédéral.
M. le Président, je vous trouve bien patient d'écouter
tous ces beaux discours ici en Chambre. Je disais tout à l'heure que
cela faisait quatre ans et demi que j'étais ici. Cela n'a pas beaucoup
changé. Quand on en prend connaissance, on s'aperçoit que
l'Opposition dénonce, cherche tout ce qui est négatif chez le
gouvernement en l'amplifiant davantage. Par contre, les ministériels,
c'est évident, essaient de vendre ce qui a été fait, de
vendre les politigues et les engagements futurs.
Pour rester dans la pertinence du
débat, parce que je crois bien que c'est la réplique au
discours sur le budget, j'aimerais vous entretenir au début de mon
exposé de la situation financière du Québec. Nous avons
réussi à faire beaucoup de choses durant nos quatre
premières années. L'Opposition a beau nous dénoncer
à tour de bras, comme on dit, sur le déficit que le Québec
vit actuellement j'aimerais rappeler quelques chiffres pour redire - parce que
c'est important, je crois quelle était la situation financière du
Québec en 1976 quand nous avons pris le pouvoir. D'abord, le
gouvernement du Québec avait à refinancer un déficit de 1
000 000 000 $ des Jeux olympiques, la dette olympique, et également le
déficit actuariel des fonds de retraite, parce qu'on sait que le
gouvernement, en tant qu'employeur, ne versait pas sa part des cotisations au
niveau des fonds de retraite des régimes administrés par lui. Ce
déficit était de 5 500 000 000 $. Il y avait également des
arrérages en salaires pour 375 000 000 $ et également des
arrérages de 400 000 000 $ au niveau des commissions scolaires. On s'est
fait accuser du trou de 500 000 000 $ qui s'est fait sous notre régime,
mais, quand on est arrivé, il était déjà de 400 000
000 $. Pour les libéraux, ce n'était pas un déficit, parce
que le Parti libéral calculait cela comme de l'argent à venir, de
l'argent à recevoir. Ce n'était donc pas un déficit. Si on
regarde également les emprunts dans le secteur public de 1973 à
1976, ils avaient triplé et, de 1975 à 1976, ils avaient
augmenté de 60%. Avec l'administration du Parti libéral dans les
secteurs traditionnels, il y avait également eu une perte de 20 000
emplois. Sur le déficit qui était d'environ 1 300 000 000 $ ou 1
500 000 000 $ sur un budget total de 10 000 000 000 $ à 11 000 000 000
$, je pense que... Moi, en tout cas, je n'ai absolument pas peur de comparer,
je n'ai aucune crainte de comparer les chiffres de l'administration du
gouvernement de M. Lévesque à ceux de l'administration Bourassa.
On parle souvent du déficit mais, chose surprenante, le déficit
actuel du gouvernement du Québec représente 13% de son budget
total. Le déficit du budget d'Ottawa représente 23% de son budget
total, et personne ne parle. Pourguoi? Parce que Ottawa, c'est loin, les gens
ne sont pas habitués de travailler avec les députés
fédéraux parce que la grande majorité des programmes est
administrée par le Québec et non par Ottawa. II y a beaucoup de
Québécois et de Québécoises qui ne connaissent
même pas le député fédéral de leur
comté parce qu'ils n'ont pas affaire à lui pour bien des raisons.
Mais on persiste à vouloir garder ce vieux régime.
Malgré cette mauvaise situation financière du
Québec, c'est surprenant de voir ce que le gouvernement du Parti
québécois a réussi à faire. D'abord, nous avons
réussi à respecter tous nos engagements de 1976, et nous en
avions plusieurs. Entre autres, nous avons augmenté de beaucoup la
construction de HLM; il y a plusieurs nouveaux CLSC. Nous avons
également établi plusieurs lits pour malades chroniques, nous
avons fait la réforme de la fiscalité municipale, nous avons
aidé les PME en créant beaucoup d'emplois. Nous avons aidé
l'agriculture, nous avons fourni un essor exceptionnel à l'agriculture,
un essor que jamais l'agriculture québécoise n'avait connu. Nous
avons réduit les impôts, nous avons même aboli certaines
taxes. Ce n'est pas possible de voir ce que, avec les mêmes sommmes
d'argent, en l'administrant bien, les gouvernements antérieurs auraient
pu faire s'ils avaient eu une saine administration comme la nôtre. C'est
évident qu'il reste beaucoup d'autres dossiers à régler et
nos engagements, lors de la dernière élection, le prouvent.
Concernant le budget, le député de Saint-Laurent faisait
mention tout à l'heure qu'il n'avait pas tellement de choses à
dire parce que, de toute façon, la population l'avait approuvé
lors de la dernière élection. L'Opposition, par contre, continue
de dire que ça va mal, que l'économie, il n'y a rien là.
On n'a pas confiance, on ne croit pas, on essaie de déprécier nos
investisseurs, nos propriétaires de PME. Je ne suis pas
économiste, je n'ai pas été non plus vice-président
de Power Corporation. Par contre, dans mes temps libres...
Une voix: C'est mieux ainsi.
M. Baril (Arthabaska): Vous dites que c'est mieux ainsi, vous
savez, il ne faut jamais sous-estimer autrui. Comme je le disais, par contre,
je sais lire. Je prenais connaissance mercredi dernier, dans le journal, d'un
article qui s'intitulait: Tableau optimiste de l'économie du
Québec. On disait: "L'économie du Québec est à
l'aube d'une ère nouvelle dans les années quatre-vingt." On
continuait en disant que ce n'était pas une publication péquiste
qui faisait cette prédiction optimiste, mais une revue publiée
par l'agence d'examen et d'investissements étrangers du gouvernement
fédéral. Donc, ça doit être bon, c'est
fédéral.
Entre autres, on donnait quelques faits saillants: "À l'heure
où les sources d'énergie se font de plus en plus rares, le
Québec est probablement la seule région du monde qui doublera
presque sa production énergétique d'ici 1985. Malgré ses
tarifs peu élevés, Hydro-Québec demeure l'entreprise qui
réalise le plus de bénéfices au Canada, avec des profits
de 746 000 000 $ en 1979." On continuait: "Dans un rapport publié
récemment, le Conseil économique du Canada - encore une fois,
ça doit être bon - note
que le Québec est, avec l'Alberta, la seule province canadienne
où la productivité n'a pas fléchi au cours des
dernières années. Dans la même veine, on a
négligé de mentionner que les investissements ont
progressé de 13,6% en moyenne par année depuis quelques
années. Malgré la persistance d'un chômage
élevé, l'industrie et le gouvernement ont créé pas
moins de 180 000 emplois au cours des trois dernières années."
(17 h 10)
Et ici à l'article 7: "À première vue -là
j'aimerais inviter le député de Beauce-Sud à ouvrir
grandes ses oreilles - on ne s'attendait pas que le Québec
réalise des progrès aussi spectaculaires dans l'agriculture,
puisque le gel se montre durant 200 nuits par année. Néanmoins le
degré d'autosufissance en matière de produits alimentaires a
grimpé de 51% à 60% pour les cinq dernières années.
Le Québec compte toujours pour près de 30% du secteur
manufacturier au Canada, juste derrière l'Ontario qui est en tête.
De toutes les régions industrialisées du Canada, le Québec
est celui qui compte le plus de PME, proportionnellement."
Donc, M. le député de Vaudreuil-Soulanges, j'aimerais que
vous laissiez ce que vous faisiez en tant que vice-président de Power
Corporation pour prendre le temps de lire et d'essayer de comprendre ce que
l'Agence d'examen des investissements étrangers du gouvernement
fédéral écrit sur l'économie du Québec.
Vous savez les efforts gui ont été déployés
durant les dernières années. Le Québec a fait trop de
programmes pour les énumérer ici, mais faisons seulement mention
de la rénovation, de la modernisation des usines de pâtes et
papiers, du textile et du meuble. Ici, en parlant du textile et du meuble, vous
savez que la région que je représente a beaucoup de textile; la
fabrication du textile est concentrée dans ma région, la
production du meuble également.
Au sujet du textile, vous n'êtes pas sans savoir qu'actuellement -
on va utiliser un langage que certains de nos adversaires ont utilisé
depuis longtemps - une épée de Damoclès pend sur la
tête des industriels dans le domaine du textile, parce qu'on ne sait pas
encore si Ottawa va reconduire des ententes bilatérales avec les autres
pays. On sait qu'au 31 décembre les ententes avec les autres pays vont
échoir et on nous dit qu'Ottawa se penche sur le dossier. Cela fait un
an qu'il se penche dessus, il doit commencer à être bas pas mal.
Mais, on ne sait pas encore si les ententes seront reconduites. Si elles ne le
sont pas, cela veut dire que, comme dans d'autres domaines, le textile qui
vient de l'étranger entrera au Canada sans aucun contrôle.
L'Association de manufacturiers, les syndicats, les
députés ont fait de nombreuses pressions auprès du
gouvernement fédéral. Bien entendu, quand c'est le
fédéral, on dirait que les gens acceptent un peu mieux cela et
ils sont prêts à plus retarder que si c'était le
gouvernement du Québec. S'il fallait que ce soit nous qui retardions une
décision comme cela, ce serait épouvantable, ce serait effrayant;
pas une journée ne passerait sans que nos adversaires d'en face nous
menacent, nous disent que l'économie du Québec dépend de
cette décision, que nous devrions nous hâter. Mais maintenant, ils
sont bouche cousue ils ne disent pas un mot, ils attendent ce que leur grand
frère va décider. Je suis à peu près certain,
malheureusement, qu'ils trouveront une raison pour approuver le geste
d'Ottawa.
C'est évident que ma région, ce n'est pas la Beauce. Je
n'en veux pas aux Beaucerons, à leur initiative. Bravo pour eux! Mais
depuis quatre ans, je me suis acharné grandement à
défendre notre région. Le même dynamisme que nous
retrouvons dans la Beauce, je peux vous assurer qu'il existe dans la
région des Bois Erancs. Dans ma région, vous avez un nombre
pratiguement incalculable de petites et moyennes entreprises qui font
travailler l'ensemble de la population. Souvent, pour les industriels, c'est un
peu choquant quand on donne toujours l'exemple de la Beauce, la Beauce, la
Beauce, quand on sait très bien que dans Arthabaska, dans la
région des Bois Francs, il y a un dynamisme un peu exceptionnel.
L'été dernier, je me réjouissais, parce qu'au moins
j'avais obtenu, entre parenthèses, la compréhension du ministre
à vocation économique, M. Landry, qui, lors d'une
conférence de presse, à Montréal, louangeait le dynamisme
des PME des Bois-Francs. J'ai dit: Nous avons une étape de franchie,
enfin la Beauce n'est plus seule, les Bois-Francs sont là, attention les
Beaucerons, nous continuerons!
Pour continuer dans le domaine du meuble, pour aider les industriels -
parce que vous savez que nous avons de graves problèmes qui s'en
viennent dans l'industrie du meuble - dans l'ensemble du Québec, les
régions essaient de s'autosuffire. Si on remonte jusqu'à il y a
quelques années, dans les régions du nord, dans l'Abitibi, et
encore plus loin, dans le temps, au Lac-Saint-Jean, ces régions
extrayaient uniquement la matière première et l'envoyait
transformer dans la région de Montréal ou ailleurs au
Québec. De plus en plus, les gens de l'Abitibi essaient de transformer
le plus possible leur matière première chez eux, pour garder leur
emploi.
Avec cette fierté de devenir souverains chez nous, chaque
région veut s'autosuffire, mais veut continuer ses échanges avec
les autres. La région des Bois-Francs ne passe pas à
côté de cette ambition, puisque, avec la collaboration du
gouvernement du Québec,
j'espère que, dans les mois qui viennent, nous serons en mesure
d'inaugurer le Centre de conception du meuble de Victoriaville. Ce sera une
chose unique en Amérique du Nord, qui pourra devenir une source
d'information pour les industriels qui pourront venir s'approvisionner de
toutes sortes de données techniques sur le marché
étranger, sur les besoins étrangers au niveau de la conception du
meuble. Je pense que nous pourrons par ce fait même conserver de plus en
plus d'emplois dans le domaine du meuble à Victoriaville et dans tout le
Québec.
Je vais maintenant parler de ce qui a été fait dans le
domaine agricole. Vous savez, dans le domaine agricole, il y a eu une
remontée exceptionnelle. L'ensemble des agriculteurs a pu
bénéficier des programmes gouvernementaux; nous avons
changé du tout au tout le visage du milieu rural.
Nous n'avons qu'à circuler dans les rangs, sur les routes et
quand nous nous donnons la peine de constater - pour ceux que ça
intéresse bien entendu - à chaque ferme, le progrès qui a
été réalisé depuis quelques années, c'est un
peu exceptionnel. Nous avons vu des granges s'allonger, des granges se
construire, des silos pousser dans les champs comme des champignons et souvent
on peut voir, d'un rang à l'autre, la hauteur, la grosseur ou le nombre
de silos à fourrage et également des silos à grain. Nous
avons eu beaucoup de parcs d'engraissement, nous avons eu l'aide à des
productions qui étaient jusqu'à maintenant méconnues au
Québec. Je donne comme exemple la production du lapin, du mouton, de la
chèvre, des légumes et des petits fruits. Je pourrais en donner
d'autres, mais ces petites productions sont essentielles pour le Québec,
puisque dans ces domaines en particulier nous étions dépendants
pratiquement à 100% d'autres pays. Cela a permis en même temps
à ceux qui voulaient vivre à la campagne de rationaliser des
petites fermes, des petites unités familiales, qui n'étaient plus
rentables, pour faire la production des céréales, du boeuf, du
lait ou autre chose. Cela a permis à des gens qui sont venus
s'établir à la campagne de vivre de ces productions et
d'augmenter l'autosuffisance au Québec.
Il faut prendre le temps également de regarder quand on circule
sur les routes dans les rangs. Je vous invite, chacun de vous, en retournant
chez vous, en fin de semaine, à regarder de chaque côté de
la 20 les étendues de terre qui ont été labourées,
qui ont été travaillées depuis quelques années. Si
on remonte à seulement deux ou trois ans, ces terres étaient
inexploitées, elles poussaient en branches, elles poussaient en toutes
sortes de cochonneries, comme on dit souvent.
Des voix: En fardoche. (17 h 20)
M. Baril (Arthabaska): En fardoche. Avec le programme que le
gouvernement a mis en place pour essayer d'obtenir notre autosuffisance, les
producteurs agricoles ont cultivé ce sol inexploité et,
aujourd'hui, pour moi en tout cas, c'est pratiquement un rêve que de voir
tant de fermes. J'en parlais au ministre de l'Agriculture, des Pêches et
de l'Alimentation dernièrement. Je lui ai dit: Je m'en viens et je
regarde. Vous allez peut-être dire que je suis un danger sur la route.
Mais je m'en viens en jetant un coup d'oeil sur les champs et je suis
très agréablement surpris de constater l'activité gui
règne dans le milieu rural.
Bien entendu, il y a une chose qui me peine un peu. C'est la coupure de
l'aide au niveau de la construction de silos à grains. On sait que le
gouvernement du Québec avait établi un programme pour aider les
agriculteurs à construire des entrepôts, des séchoirs
à grains. Mais, cette année, nous avons dû, il faut le
dire, arrêter momentanément le programme parce que la somme
d'argent gui nous était allouée pour aider les producteurs est
épuisée.
Il y a quand même des chiffres assez révélateurs. Au
niveau de l'aide à l'achat de moissonneuses-batteuses, le gouvernement a
accordé pour 4 035 000 $ de subventions. Au niveau des silos pour la
conservation des fourrages, le gouvernement a accordé pour 11 500 000 $
de subventions. Pour l'achat et le conditionnement des semences, le
gouvernement a accordé près de 1 000 000 $ de subventions.
Concernant l'aide à l'entreposage des grains à la ferme, le
programme qui a été le plus populaire, nous avons accordé
pour près de 17 000 000 $ de subventions aux agriculteurs
québécois, ce qui totalise environ 33 000 000 $, et le budget gui
nous avait été alloué pour ce programme était de
guelque 33 000 000 $. Il provenait en partie du gouvernement
fédéral pour la compensation de l'aide au transport des grains
provenant de l'Ouest.
Sur ce, le gouvernement du Québec a dû avancer des sommes
d'argent parce que, aux termes de l'entente avec le gouvernement
fédéral, ce dernier nous verse environ 6 500 000 $ par
année sur une période de cinq ans.
Certains ont dit que l'agriculture ne se portait pas bien et que nous
n'avions rien fait. Je fais mention ici de la sortie que l'Union des
producteurs agricoles a faite durant la campagne électorale et je peux
vous dire que, dans le milieu agricole, dans leur propre milieu, cela a
été absolument mal vu et non accepté, lorsque le
président de l'UPA avait intitulé - son titre était
à peu près celui-ci - "Quatre années décevantes
pour le milieu agricole." Je peux vous dire que les présidents de
secteur de mon comté venaient me voir et essayaient
d'excuser leur président national... Des voix: Ah!
M. Baril (Arthabaska): ...sur cette sortie tout à fait, je
dirais...
Une voix: Qu'est-ce qu'ils connaissent à Westmount des
producteurs agricoles?
M. Baril (Arthabaska): ...inopportune, en plein milieu de la
campagne électorale. Je pense que dans le milieu agricole, on a
répondu positivement à tous les programmes que nous avons faits
et le résultat du 13 avril est là.
Une voix: C'est vrai.
M. Baril (Arthabaska): J'ai déjà été
et je suis encore syndicaliste. J'ai déjà été
membre-directeur de l'UPA dans mon secteur de Princeville et je peux vous dire
que l'UPA actuellement, comme d'autres organismes, vit des problèmes. Il
va absolument falloir que l'UPA s'implique pour essayer de corriger les choses
et fasse des efforts pour essayer d'améliorer sa situation parce
qu'actuellement, je pense qu'on se remet trop entre les mains du gouvernement.
On a donné beaucoup de moyens à l'UPA pour essayer de se
défendre et de défendre la classe agricole, mais, aujourd'hui,
c'est à elle également d'être en mesure de s'aider
elle-même.
Dans les années à venir, c'est évident qu'il y aura
beaucoup à faire au niveau de la mise en marché des produits
agricoles. Nous avons beaucoup travaillé ces dernières
années sur la production, mais, dans les années à venir,
il va falloir s'occuper d'écouler ces produits et voir à la mise
en marché. L'UPA devra donc voir à bien administrer ses plans
conjoints, d'abord en les mettant en place, et à travailler - nous
sommes d'accord, nous sommes prêts à travailler avec elle - pour
établir une vraie mise en marché au Québec des produits
québécois.
C'est évident qu'en agriculture il reste beaucoup à faire,
surtout ces années-ci, au niveau de la relève agricole. Une terre
agricole aujourd'hui - ce n'est pas rare, j'en ai vu beaucoup dans mon
comté - est souvent évaluée à plus de 1 000 000 $;
à ce prix, ce n'est pas n'importe qui qui peut acheter cette ferme. Nous
avons une loi, le gouvernement a voté une loi, je pense, il y a un an et
demi, créant une banque de terres. Le ministre de l'Agriculture a
déposé les règlements avant l'élection, je ne me
souviens pas au juste, au début du mois de mars, mais cette loi n'est
pas encore en rigueur. Je demande à mon gouvernement de se hâter
de mettre en application cette loi parce que j'ai toujours été
convaincu que cette loi était la seule source de financement, le seul
moyen pour les jeunes agriculteurs québécois d'acheter les fermes
québécoises et de les exploiter.
Actuellement, dans ma région, en tout cas, il y a beaucoup
d'immigrants qui achètent nos fermes parce qu'ils arrivent avec un bon
"cash", un bon capital et ils peuvent acheter nos terres plus facilement que
nos Québécois qui, eux, n'ont pratiquement pas d'argent à
investir dans une ferme. Bien entendu, j'aime beaucoup mieux voir une ferme ou
une terre cultivée par un immigrant que de la voir abandonnée par
un Québécois, mais si nous voulons que notre sol, que cette
richesse continue de nous appartenir, soit exploitée par nous, le
gouvernement doit se hâter à mettre cette loi en application.
Je vais terminer en soulignant le travail qui reste à faire
également au niveau des chemins relevant du ministère du
Transport. Si l'Opposition veut me donner deux minutes, je vais terminer, ce ne
sera pas long.
Des voix: Consentement.
M. Baril (Arthabaska): Depuis le début, depuis les quatre
ans et demi que je suis ici, chaque député rural qui se
lève en Chambre déplore l'état de son réseau
routier. Chacun s'engage formellement à travailler à
améliorer la situation, tant du côté ministériel que
du côté de l'Opposition. La voirie rurale, c'est quelque chose
dont on entend parler depuis le temps de Duplessis. J'ai grandement hâte
qu'on arrête d'en parler et qu'on trouve le moyen de faire plus de chemin
avec le même argent.
Je pense que nous n'avons jamais eu de programme ou de planification
voulant que chaque district, chaque région arrive au ministère
avec un programme, guinquennal ou échelonné sur une plus longue
période, en disant que ça coûterait tant et qu'avec ce
budget on réglerait tout le problème au Québec. La ville
de Montréal a fait un programme d'équipement de tout son
réseau routier, un programme quinquennal qui est en voie de
réalisation. Nous pourrions, dans les milieux ruraux, en région,
faire le même programme. Il faudrait absolument changer la technique de
construction de nos chemins car, de la façon dont nous construisons les
chemins aujourd'hui, jamais on ne pourra finir la construction de tous les
chemins au Québec.
Depuis quatre ans, je me suis battu pour défendre une idée
ou un projet au niveau du personnel du ministère des Transports de mon
district et la preuve s'est faite par elle-même. Je donnais comme exemple
que tout agriculteur qui veut drainer sa terre n'a qu'à poser un petit
drain de quatre pouces dans le sol; après une journée de pluie,
on peut facilement aller sur la
ferme avec une automobile et on ne reste pas pris. Quand on
connaît la construction de nos rangs, on doit enlever trois ou quatre
pieds de terre et en remettre de la pareille. De toute façon, au
printemps suivant, avec le dégel qu'on connaît, le chemin
travaille et c'est comme si rien n'avait été fait. (17 h 30)
L'idée que j'avais avancée a été
prouvée, au printemps 1980, grâce à la politique de
rechargement de l'ex-ministre des Transports, le député de
Charlesbourg, qui avait développé... C'est parce que les
députés de ville n'ont pas pu profiter de ce budget ouvert. C'est
pour cela que ça n'applaudit pas fort. Mais, avec cette politique de
rechargement, nous avons pu, dans le comté d'Arthabaska et dans d'autres
comtés... J'écoutais parler le nouveau député de
Richmond, dernièrement, qui disait que le ministère des
Transports avait négligé le comté de Richmond durant les
quatre dernières années. Je peux vous dire que le district de
Victoriaville couvre seulement une partie du comté de Richmond et, au
printemps 1980, je vous le donne de mémoire, il y a eu environ 375 000 $
de rechargement dans seulement une partie du comté de Richmond. Dans le
comté d'Arthabaska également, il y a eu un bon programme de
rechargement; à l'été 1980, nous avons creusé les
cours d'eau le long des rangs et, cette année, ce furent les meilleurs
rangs de tout le comté d'Arthabaska.
Il nous reste maintenant à obtenir des budgets pour y poser de
l'asphalte, mais, avant cela, qu'on nous sorte des budgets et qu'on puisse
faire plus de chemin avec le même argent. C'est un dossier que je
continuerai à défendre. J'invite tous mes collègues, tant
d'un côté de la Chambre que de l'autre, à essayer de se
battre pour continuer à avoir des chemins de la même façon
que nous en avions avant et de les avoir avec une autre formule de
construction, et je dis que, dans cinq ans, dans l'ensemble du Québec,
on aura fini de construire notre réseau routier.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je voudrais profiter
du débat sur le budget pour développer quatre points:
l'agriculture, il va de soi; le règlement de placement dans la
construction, on n'en a pas entendu parler beaucoup de l'autre
côté; le réseau routier inadéquat ainsi que l'aide
spéciale pour les petites entreprises.
M. le Président, je voudrais d'abord vous dire ma fierté
d'avoir l'occasion, pour ne pas dire le privilège, de servir en cette
Chambre, de servir le bien commun de mes commettants et les plus hauts
intérêts des gens de la nation québécoise.
Fierté. Est-il besoin, M. le Président, de vous dire
qu'à l'instar de tous ceux qui ont l'honneur de siéger ici, je me
sens un Québécois authentique, un Québécois
à part entière, un Québécois désireux
également de répondre au mandat confié par ses
électeurs de venir ici les représenter? Fierté
également de ma Beauce natale que l'on évoque si souvent avec
nostalgie. Fierté également de l'agriculture que j'aurai
l'honneur de servir d'une manière plus étroite au cours du
présent mandat.
Je me permettrai de dire présentement que jamais l'on ne fera
trop pour l'agriculture, M. le Président, secteur primordial et vital de
notre société. Je proclame ma foi dans l'agriculture. J'aime le
secteur agricole. J'ai confiance aux agents du secteur agro-alimentaire. Quel
est mon objectif, M. le Président? Servir la cause de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, rejoindre les préoccupations des
gens des comtés ruraux et de la campagne. Est-il un plus bel engagement
que l'on peut faire dans une société? Je suis conscient que
l'Opposition a un rôle à jouer dans le domaine de l'agriculture et
j'entends consacrer le meilleur de mes énergies à jouer ce
rôle.
De guelle manière, me direz-vous, entendez-vous servir la cause
de l'agriculture avec le poste que vous occupez dans l'Opposition? D'abord,
d'une manière positive, en étant toujours alerte, au courant des
dossiers agricoles et toujours disponible à répondre aux groupes,
quels qu'ils soient dans la province, à quelque élément,
quelque agent de la chaîne agro-alimentaire qui désire se
prévaloir de mes humbles services.
Je désire, M. le Président, une agriculture adulte,
basée sur le respect des droits et des libertés de l'individu,
non pas une agriculture encarcanée, une agriculture en tutelle. Les
agriculteurs n'aiment pas ce genre de carcan. Ils n'aiment pas être dans
une armure, mais une agriculture qui vit d'elle-même, qui est capable de
se tenir, qui est capable de profiter de l'aide gouvernementale pour atteindre
une rampe de lancement et continuer par la suite à se développer
par elle-même, une agriculture dynamique.
Quand on parle de libertés individuelles, l'on ne peut faire
autrement que d'évoquer brièvement, M. le Président, le
cas du zonage agricole. Que de démagogie n'avons-nous pas entendue au
cours de la dernière campagne électorale relativement au zonage
agricole! On disait, parce que le chef de l'Opposition, comme il se devait, a
demandé que le décret sur le zonage agricole soit étendu
au reste de la province, on entendait nos amis d'en face nous dire: Tiens! Les
libéraux ont changé d'attitude. Maintenant,
ils veulent le zonage. Mais, M. le Président, il est un facteur
important. Vous savez comme moi, vous qui êtes agriculteur, que là
où le décret de zonage s'applique, la Loi sur la protection du
territoire agricole, les agriculteurs bénéficient d'un
remboursement de 70% sur les taxes foncières et là où le
décret ne s'applique pas, c'est 40%. Cela crée une injustice
envers les gens où le décret ne s'applique pas, mais de là
il ne faut pas déduire que nous approuvons tout ce que contient cette
loi. Je le répète, nous l'avons dit à maintes reprises,
nous sommes d'accord avec le principe de la protection du territoire agricole.
Quel être intelligent peut être contre un tel principe? Mais nous
sommes contre les abus, M. le Président, contre les abus
engendrés par cette loi.
M. le Président, je vous dirai en termes d'abus... Vous allez me
dire: De quelle manière y a-t-il abus? C'est bien simple. L'État,
le gouvernement a profité du noble titre de la protection du territoire
agricole pour imposer un aménagement de territoire, parce que la loi
125, les MRC n'étaient pas prêtes. Ils se sont aperçus, en
établissant les municipalités régionales de comté,
qu'il y avait une opposition de la base de la part des municipalités et
des contribuables. Donc, le gouvernement s'est dit: II faut se
dépêcher de geler le territoire. On a pris le noble titre de la
protection du territoire agricole pour imposer un aménagement de
territoire en attendant que la loi 125 créant les municipalités
régionales de comté soit en application.
M. le Président, si on veut protéger l'agriculture - et
j'en suis - pourquoi faut-il zoner les pistes d'avion, les pentes de ski, les
centres commerciaux, les cimetières...
Des voix: Oh!
(17 h 40)
M. Mathieu: ...et les églises? Mais qu'est-ce que cela a
à voir avec la protection du territoire agricole? Si je veux
protéger un secteur, si je veux protéger, par exemple, une zone
industrielle, je vais adopter une loi qui s'applique à la zone
industrielle, je n'adopterai pas une loi qui va s'appliquer au fleuve à
côté ou à d'autres secteurs de l'économie. C'est
là un des abus de cette loi.
Également, M. le Président, sur quelle base
empêche-t-on un agriculteur de donner à son enfant un emplacement
sur sa terre, là où il veut? Pourquoi faut-il aller à
Québec et se faire refuser? Si je comprends bien, le Parti
québécois ne fait pas confiance au bon jugement des agriculteurs.
Les agriculteurs détestent le dirigisme. On fait état de la
Beauce, on est fins, les Beaucerons; on le sait, à part cela. Mais ce
n'est pas le Parti québécois qui a créé ce
dynamisme, c'est avant vous. Depuis que vous êtes là, on a de la
misère à le maintenir. Lors de la campagne électorale,
j'ai fait la tournée du comté. Beaucoup d'entreprises avaient le
cadenas à la porte; là où il y avait 100 employés,
il y en a maintenant 10, 12, 14. Les investisseurs ont de la misère, ils
ne sont plus compris. Nos jeunes sont en chômage - j'en parlerai
tantôt - à cause de votre odieux règlement de l'OCQ. Quand
on vient dire que le Parti québécois a sorti sa baguette magique
et que de là tout est né, on est plus mature, on ne croit plus en
ces choses.
Je voudrais également une agriculture axée sur la
croissance économigue. Le secteur agricole est un secteur
privilégié de l'économie et nous devons occuper toute la
place gui nous revient. En termes d'investissements privés, il y a
beaucoup de choses qui peuvent se faire dans l'agriculture. En termes de
création d'emplois, c'est dommage - j'en parlerai tantôt - que le
ministre des Finances et le ministre de l'Agriculture aient coupé les
projets d'aide à la main-d'oeuvre aqricole; c'est vraiment dommage parce
que c'est un secteur très important.
Utilisation des ressources agricoles, mise en valeur du potentiel, la
forêt privée, le reboisement, combien de choses on pourrait faire
et gui seraient de nature à créer des emplois en ayant un minimum
d'aide de la part de l'État. Cette année, les budgets à
l'agriculture ont subi une baisse réelle. L'augmentation est d'à
peu près 12 000 000 $, mais, compte tenu de l'inflation, il y a une
baisse réelle dans les budgets de l'agriculture. On a sabré dans
le drainage, dans les programmes de main-d'oeuvre - je l'ai dit tantôt -
les travaux mécanisés. Imaginez que les entrepreneurs subissent
le contrecoup de ces coupures. Dans les programmes d'insémination
artificielle, les programmes de silo, on a sabré aussi.
Je désire une agriculture qui soit ouverte aux changements, qui
apporte une amélioration réelle et qui s'adapte aux nouvelles
réalités comme l'environnement. Vous connaissez, M. le
Président, les problèmes d'environnement considérables que
doit surmonter l'agriculture. Le ministre de l'Agriculture et le ministre de
l'Environnement n'ont pas l'air de manger souvent ensemble, parce que cela fait
quatre ou cinq ans que le problème dure. Il y a un règlement, un
avant-projet qui a été publié. On applique ce
règlement comme s'il avait force de loi. Il n'a pas force de loi. Les
agriculteurs ne savent pas où se brancher avec cela, ils ne savent pas
s'ils vont avoir de l'aide avec cela pour les fosses à purin.
À tout événement, je demande au gouvernement de se
brancher bientôt dans ce domaine. Également, dans la
mécanisation, dans les cultures nouvelles, on en a parlé, je me
réjouis si on peut lancer des cultures
nouvelles. Dans la recherche, on ne fait pas assez. On devrait faire
plus. Dans la conservation de la dimension familiale de la ferme, c'est beau
d'avoir des fermes de 1 000 000 $ ou 2 000 000 $, mais on se rend compte qu'on
ne peut pas les transmettre à la famille. On est obligé de les
transmettre à des intérêts étrangers. C'est
déplorable.
Je souhaite également une agriculture dynamique qui soit
compétitive. Si la recherche de l'autosuffisance est souhaitable, il
faut être prudent dans cette recherche, à cause de la nature de
notre sol et à cause des climats. Le député qui a
parlé avant moi, le député d'Arthabaska, en a fait
état; il y a gel pratiquement 200 jours par année. On ne peut pas
se permettre d'importer n'importe quelle culture.
M. de Belleval: ...les bananes.
M. Mathieu: Non, M. le député de Charlesbourg, les
bananes ce n'est pas bon ici, pas du tout.
Alors, je souhaite une agriculture qui se prenne en main, qui soit
solidaire, une classe agricole solidaire de ces problèmes, une
agriculture gérée de manière rationnelle et rentable,
qu'elle ne soit pas gérée à l'improviste, sous
l'improvisation d'un certain directeur ou fonctionnaire, si bien
intentionné soit-il. Nous subissons les conséquences en
agriculture de cette improvisation dans deux secteurs primordiaux, les secteurs
de l'industrie porcine et de l'industrie de l'érable.
Le ministère de l'Agriculture favorisait des prêts
considérables à la construction de porcheries. Évidemment,
il y a des agriculteurs qui venaient me voir à mon bureau, ils me
demandaient conseil. Je disais: Avec toutes les données que
possède le ministère de l'Agriculture, avec tous les
renseignements qu'il a, s'il vous encourage à vous bâtir une
porcherie de 300 000 $, c'est sûrement que le marché sera bon dans
deux, trois, quatre, cinq, six ans. Après avoir encouragé ces
gens à réaliser le projet mis de l'avant, ils viennent me voir au
bout de trois ou quatre ans, ils sont sur le point de faire faillite. Le
ministre de l'Agriculture attend, il regarde passer le train, alors que la
situation se détériore de jour en jour. Il y a deux semaines, il
attendait que le fédéral se prononce. Le fédéral
apporte une aide de 8,96 $ aux finisseurs. Le ministre dit: J'attends de
connaître les modalités d'application. Je lui en reparlerai
à la prochaine occasion des modalités d'application. Pour les
finisseurs, pour les naisseurs, le ministre dit: II n'y a pas de
problème, les naisseurs, ils ont l'assurance-stabilisation. Il m'a
avoué lui-même, il a passé aux aveux, que cela
protège environ 1580 naisseurs mais il y en a 3000. J'ai ici une feuille
qui provient - évidemment, pour certains c'est d'un pays étranger
- d'Ottawa, de l'Office de stabilisation des prix des produits agricoles et cet
office, au cours de l'année dernière, a versé un
chèque à 2983 naisseurs, dans la province de Québec. Alors
il y a certainement plus de 1500 naisseurs au Québec.
Maintenant, M. le Président, je déplore que le
ministère de l'Agriculture ait incité les agriculteurs à
investir lourdement dans le domaine des porcheries, comme il les a
incités à investir lourdement dans le domaine de l'industrie de
l'érable; aujourd'hui le porc est dans un marasme depuis deux ans et,
pour ce qui est de l'industrie de l'érable, le sirop est livré
aux usines, les agriculteurs n'ont rien reçu, tout ce qu'ils
espèrent recevoir c'est une avance du gouvernement fédéral
de 0,40 $ la livre, prêt sans intérêt pour un an. Alors, M.
le Président, avant d'inciter les agriculteurs à investir d'une
manière aussi considérable dans de nouvelles productions, que le
ministère prenne donc ses responsabilités et qu'il fasse des
études, si elles ne sont pas faites.
En parlant de l'industrie de l'érable, le ministre m'a
raconté une vraie farce la semaine passée, en disant: Avant
d'organiser la distribution du sirop d'érable, il fallait bien en
assurer la production sur une base justifiable. M. le Président, cela a
toujours été le problème, des surplus de sirop
d'érable. C'est toujours ça qui a fait chuter les prix. Mais
quand j'ai entendu le ministre de l'Agriculture me dire qu'avant d'organiser la
distribution, il fallait augmenter la production! Cela ça fait dix ans
qu'on a ce problème de production. J'ai envie de dire comme l'UPA du
Bas-Saint-Laurent, tel que mentionné dans le Soleil d'il y a quelques
jours: L'UPA accuse M. Garon de rire des producteurs agricoles. J'ai presgue
envie de dire la même chose, M. le Président. (17 h 50)
Ce que je demande au ministre de l'Agriculture, c'est une solution
prochaine, une aide immédiate et urgente aux producteurs de porc, tant
aux naisseurs qu'aux finisseurs, et une aide également aux producteurs
de sirop d'érable. Je lui ai indiqué de quelle manière
ça pourrait se concrétiser. J'attends dans les prochains jours
une annonce accordant un délai pour les paiements qu'ils ont à
faire. Je lui ai demandé, ainsi qu'au ministre du Développement
économique, un sommet économique sur l'industrie de
l'érable, pour que, une fois pour toutes, on cesse de "patcher", de
mettre un emplâtre sur une jambe de bois, et qu'on s'assoie tous
ensemble, tous les éléments concernés, pour venir à
bout de régler le problème à long terme, une fois pour
toutes. J'entends également que la classe agricole puisse mettre de
l'ordre dans la mise en marché,
en se servant des formules connues et en recherchant des nouvelles
formules au besoin, en n'ayant pas peur d'en inventer.
M. le Président, un autre point qui me préoccupe beaucoup,
c'est le problème de la relève agricole. Je voudrais vous faire
part d'un mémoire que j'ai reçu d'un groupe qui s'appelle
l'Association des jeunes agriculteurs de la Beauce. C'est un mémoire qui
m'a été soumis au cours des derniers mois. C'est un
mémoire qui est bien préparé, qui est bien
présenté et qui fait honneur à la jeunesse de la Beauce.
Je veux le mentionner en passant. Le thème de ce mémoire est le
suivant: S'établir, est-ce possible? Le mémoire mentionne, entre
autres, qu'il est essentiel que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation augmente le nombre de ressources humaines
disponibles à la relève agricole dans les bureaux
régionaux de même que les ressources techniques et
financières. Alors, je n'élabore pas davantage, parce que j'ai
déjà eu l'occasion de saisir le ministre de ce
mémoire.
M. le Président, je désire une agriculture où la
concertation trouve sa place, concertation de tous les intervenants dans la
chaîne agro-alimentaire: producteurs, pêcheurs, transformateurs,
distributeurs, consommateurs, meuniers, secteurs coopératifs. Je
désire qu'il n'y ait pas de solution imposée, de solution
draconienne, mais bien de la participation et de la consultation. Enfin, M. le
Président, une agriculture qui soit partie prenante de l'ensemble
canadien et ce, pour la grande sécurité de nos producteurs
aqricoles. Vous savez que c'est préférable d'avoir un
marché de 27 000 000 $ ou 28 000 000 $ qu'un marché de 6 000 000
$ pour nos produits.
M. le Président, j'en profite pour offrir à tous les
intervenants du monde agricole ma collaboration la plus complète s'ils
croient que je peux leur rendre service.
On a fait état que l'agriculture est née avec le Parti
québécois en 1976. M. le Président, sans
répéter tous les chiffres, je voudrais mentionner à vous
et à la population que de 1970 à 1976, sous un gouvernement qui,
semble-t-il, ne se préoccupait pas des agriculteurs, le budget de
l'agriculture a augmenté de 156% alors que de 1977 à 1981-1982,
le budget en cours, l'augmentation est de 59%.
Des voix: Ah!
M. Mathieu: En 1970, le budget était de 82 000 000 $. En
1977, il était de 212 000 000 $. Vous êtes partis avec 225 000 000
$ pour monter à 357 000 000 $. Alors, quand vous venez nous dire que le
monde agricole est né avec vous autres, vous avez sorti votre baguette
magique, vous l'avez touchée et tout s'est fait! C'était le
néant, avant vous! Les gens ne croient pas cela du tout.
Je voudrais maintenant vous dire un mot du règlement de placement
de l'OCQ, règlement odieux entre tous, s'il en est un. On ne le
dénoncera jamais assez, c'est une patate chaude dans les mains du
gouvernement; il veut s'en débarrasser et il ne sait pas comment faire.
J'ai ouï dire qu'une nouvelle révision de ce règlement est
en cours.
Voulez-vous connaître les conséquences de ce
règlement, M. le Président? D'abord, cela ferme la porte
hermétiquement à notre jeunesse. Notre jeunesse a droit à
sa dignité. Je répète que le droit au travail est un droit
sacré, un droit inaliénable. Dans les centres de placement, on
dit à notre jeunesse: On ne peut pas te donner ta carte, va au
bien-être social. Ce n'est pas ce qu'on veut; votre bien-être,
gardez-le, ce n'est pas ce qu'on veut. Nos jeunes veulent travailler, ils
veulent perpétuer le miracle beauceron que vous évoquez si
souvent. Cela ne s'est pas fait avec vous autres, vous êtes en train de
l'éteindre. Regardez les conséquences de votre action.
En 1980, à une question que j'ai posée à
l'Assemblée nationale, j'ai eu cette réponse. Il y a eu en 1980
7993 personnes qui ont subi des poursuites par l'OCQ. Il y a là un
secteur actif et considérable. Vous créez des emplois dans la
gent intermédiaire, avec vos petits caporaux de l'OCQ. Je vous demande
de vous ressaisir. Je sais que les députés d'arrière-ban
ont honte de ce règlement. Je suis persuadé qu'ils subissent dans
leur comté respectif de durs contrecoups quand ils ont à faire
face à des jeunes qui viennent les voir avec les petites cartes de l'OCQ
comme ils viennent me voir. Alors, faisons tous ensemble des pressions sur le
ministre du Travail pour qu'il se ressaisisse et qu'il abolisse cet odieux
règlement de placement dans l'industrie de la construction.
Je voudrais vous dire un mot d'un réseau routier qui est
inacceptable. Je déplore - et je regrette de le dire devant le
député de Charlesbourg, qui est un homme que je respecte
énormément, pour qui j'ai beaucoup d'estime - que, depuis
longtemps Beauce-Sud n'ait pas eu sa part du budget des Transports. Ce n'est
sûrement pas dû à la volonté du ministre, c'est parce
que, lorsque l'on établit les programmes, on prend une grille de
pondération par grande région. Alors, on a une grille et on
établit des points. Mettons qu'il y a 20 comtés dans la
région, peut-être plus, cela adonne toujours, quand on a fini la
grille de pondération, que le comté qui n'est pas du bon bord,
comme on s'est fait dire l'autre fois, n'a rien. Cette année, il semble
qu'on va avoir deux projets, M. le Président, dans Beauce-Sud.
Là, je demande instamment au ministre des Transports de nous donner la
part qui nous
revient de droit. On dit: Vous n'êtes pas du bon bord. Mais, M. le
Président, s'il n'y a qu'un bord qui est bon, pourquoi faire des
élections? Je considère le premier ministre comme un grand
démocrate et je fais appel à lui. Je fais appel au premier
ministre et au ministre des Transports pour que Beauce-Sud ait sa juste part
dans les budgets de construction de routes et d'entretien de chemins municipaux
et de voirie.
M. le Président, en conclusion, je fais appel aux citoyens de
Beauce-Sud, aux agriculteurs, à notre jeunesse, aux corps
intermédiaires, aux élus municipaux parce qu'ensemble nous avons
notre part à faire pour faire avancer la Beauce. Je fais
également appel à tous les agents du secteur des pêcheries,
du secteur de l'agriculture, de l'alimentation; ensemble nous avons notre part
à faire pour faire avancer le secteur agro-alimentaire. Chaque fois que
l'on croira que je suis en mesure de rendre un service en ce sens, je saurai
répondre présent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, je propose l'ajournement
du débat, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
L'ajournement est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Vaugeois: Est-ce qu'à mon tour je peux proposer la
suspension des travaux jusqu'à 20 heures, ce soir, alors que nous aurons
l'occasion d'entreprendre l'étude en deuxième lecture du projet
de loi no 14?
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Suspension des travaux jusqu'à 20 heures pour la deuxième
lecture du projet de loi no 14, au nom du ministre de la Justice.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise de la séance à 20 h 11)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît.
Projet de loi no 14 Deuxième lecture
Donc, deuxième lecture du projet de loi no 14, Loi concernant le
recensement des électeurs pour l'année 1981 et modifiant la Loi
sur la consultation populaire. M. le ministre de la Justice et ministre
d'État à la Réforme électorale.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, vous me permettrez
simplement quelques brefs commentaires concernant ce projet de loi que nous
soumettons à l'approbation de l'Assemblée nationale.
Ce projet de loi a pour objectif, essentiellement, d'annuler le
recensement prévu pour l'année 1981. Il permettra
d'épargner ainsi aux contribuables québécois un peu plus
de 16 000 000 $, ce qu'aurait coûté approximativement un
recensement à l'automne, si nous y donnions suite comme le
prévoit la loi.
En plus de cette épargne appréciable de 16 000 000 $,
plusieurs arguments militent en faveur de cette annulation du recensement.
Premièrement, je pense que l'Opposition sera heureuse de convenir avec
nous qu'il est fort peu probable qu'il y ait une élection
générale d'ici a l'automne 1982. D'autre part, la Loi sur les
listes électorales prévoit, comme vous le savez, M. le
Président, la tenue d'un recensement au mois de septembre de chaque
année. Or, ces listes électorales ne pourraient servir aux
élections municipales prévues pour l'automne puisque la
qualité d'électeur prévue dans la Loi électorale
diffère de celle de la Loi sur les cités et villes.
Troisièmement, il n'y a pas eu de recensement à l'automne de
1977.
M. le Président, simplement comme information, si jamais on
devait tenir une élection générale, une élection
partielle ou un autre genre de consultation avant le 1er janvier 1982, cette
loi dit simplement qu'on utiliserait alors les listes qui ont servi aux
élections du 13 avril 1981. Naturellement, ces listes seraient
révisées. Je suis convaincu que nos amis de l'Opposition sont
d'accord pour convenir avec moi que les listes du 13 avril sont des listes
très convenables. Non?
M. le Président, à titre d'information, si on devait tenir
une élection générale, une élection partielle ou un
autre genre de consultation après le 1er janvier 1982 et jusqu'à
la période du recensement prévu pour 1982, il y aurait alors un
recensement et une révision. De plus, ce projet de loi ajuste la Loi sur
la consultation populaire à la nouvelle Loi électorale en
annulant aussi le recensement qui y était prévu. On peut parler
dans ce sens d'une épargne, pour les contribuables du Québec, non
pas de 16 000 000 $, mais de 32 000 000 $.
Je crois qu'il faut se souvenir que nous avons convenu, à la
demande de l'Opposition, que le référendum du 20 mai soit tenu en
fonction de l'ancienne Loi électorale de façon que le
président des élections et les partis politiques aient le temps
de familiariser leur personnel et leurs militants à la nouvelle Loi
électorale. Tous les membres de cette Assemblée étaient
d'accord, à ce moment-là, pour convenir que
le référendum pouvait difficilement se faire sous une
nouvelle loi électorale qui n'était pas suffisamment connue de
l'ensemble des citoyens, ce qui aurait pu avoir pour effet d'ajouter à
la confusion.
Il nous faut donc, M. le Président -c'est l'autre but visé
par ce projet de loi -harmoniser la Loi sur la consultation populaire avec la
nouvelle Loi électorale qui a été utilisée pour la
première fois, le 13 avril dernier. En effet, il est tout à fait
normal que les règles pour assurer le vote lors d'un
référendum soient les mêmes que celles utilisées
lors d'une élection générale, notamment en ce qui touche
le cens électoral, c'est-à-dire le décret,
l'émission des brefs, la nomination des directeurs de scrutin et la
modernisation de la révision des listes électorales.
Enfin, si nous ne procédons pas à cette révision
nécessaire, il faudrait quand même -je tiens à le souligner
- tenir un recensement cet automne sur des critères différents de
ceux qui servent lors d'une élection générale, de
façon à être prêts pour une élection
générale. Je comprends que c'est à titre d'information,
parce que pour ce qui est de l'élection générale, je pense
qu'on a encore le temps d'y réfléchir.
Alors, M. le Président, l'ensemble de ces considérations,
plus le fait que ce projet de loi aura comme résultat de
représenter une épargne de plusieurs millions de dollars pour les
contribuables québécois, je pense, justifient amplement
l'approbation de ce projet de loi par les membres de l'Assemblée
nationale.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, l'Opposition officielle va
concourir à l'adoption de ce projet de loi pour les raisons
invoquées par le ministre, en particulier la dépense d'argent
qu'aurait comportée un rencensement des électeurs à
l'automne. Dans cette période où d'invraisemblables coupures
budgétaires ont été faites sans trop de discernement, on
accueille cette mesure en reconnaissant les mérites du ministre de la
Justice. Il évite aux contribuables une dépense d'au moins 1 000
000 $. Dans l'ordre des coupures budgétaires présentes, c'est
sans doute une des plus raisonnables.
Cependant, M. le Président, je voudrais néanmoins rappeler
au ministre de la Justice les engagements pris, parce qu'une loi de ce type, ce
n'est pas la première fois qu'on en présente à
l'Assemblée nationale. Il y avait eu, en 1977, la loi 50, et à
l'époque, le prédécesseur du ministre actuel à la
Réforme électorale avait dit, concernant le projet de loi qu'il
soumettait alors pour justement ne pas tenir un recensement électoral:
Le projet que nous soumettons aujourd'hui en est un qui ne vaut dans notre
esprit que pour cette année; c'est un projet de loi purement et
simplement temporaire - on était en 1977 -et un député me
demandait si notre geste d'aujourd'hui mènerait à une liste
permanente. C'est toujours le ministre péquiste, en 1977, qui parlait et
il répondait: Je dis oui, mais ce serait une liste permanente et unique
surtout, c'est l'aspect qui nous paraît particulièrement
important.
Cela, c'était en 1977. Par la suite, cette loi que le ministre
évoquait à l'époque nous est venue et le ministre de la
Justice, le ministre responsable de la Réforme électorale, s'en
souvient sûrement, parce que cette loi - c'était la Loi sur le
registre des électeurs - était malheureusement conçue de
telle façon que la Commission des droits et libertés de la
personne est intervenue d'une façon assez vigoureuse, en tout cas d'une
façon, qui a sans doute ébranlé le ministre d'Etat
à la Réforme électorale, dans la mesure où
l'Opposition faisait valoir les problèmes que ces questions soulevaient
au titre de la protection des droits et libertés de la personne. Le
ministre et le gouvernement ont tout simplement abandonné cette
idée d'un registre des électeurs, du moins à ce que l'on
peut en juger aujourd'hui. (20 h 20)
Maintenant, on nous revient avec une loi temporaire de la même
nature que celle de 1977 et j'espère qu'un jour ou l'autre, le ministre
d'Etat à la Réforme électorale convaincra ses
collègues du cabinet de la nécessité, sur le plan du droit
électoral, de donner au Québec un instrument meilleur et
peut-être davantage permanent, au niveau des listes électorales,
en ayant toujours à l'esprit aussi ce qui a été maintes
fois évoqué dans cette philosophie, cette approche
d'économie d'argent, soit la possibilité d'y associer d'une
façon ou de l'autre le niveau municipal ou le niveau scolaire de
manière qu'on puisse disposer en permanence d'un instrument sur le plan
électoral.
Quand le ministre évoque les économies d'argent, au fond,
ce n'est même pas une économie quelconque dans la mesure où
sa première aventure, celle du registre des électeurs, qui
malheureusement n'a pas été concluante, de l'aveu même du
ministre de la Justice, a coûté 4 000 000 $ ou 5 000 000 $
déjà, et cela a été, à toutes fins utiles,
à peu près perdu. Alors, on récupère 1 000 000 $
cette année, on a encore 16 000 000 $, me dit le ministre, ce qui est
encore plus important. Finalement, est-ce que le ministre, en me disant 16 000
000 $, veut indiquer par là qu'il a l'intention de présenter
à cette Assemblée, au cours des trois ou quatre prochaines
années, des lois temporaires et, à chaque année, 1
000 000 $ ou 2 000 000 $?
M. Bédard: Seulement cette année, le fait de ne pas
faire le recensement représente une épargne pour les
contribuables québécois de 16 000 000 $.
M. Rivest: Oui, de 16 000 000 $, s'il n'y avait pas
d'élection?
M. Bédard: C'est ce que le recensement coûte.
M. Rivest: S'il n'y avait pas d'élection.
De toute manière, on sait très bien que vous n'êtes
pas portés sur les élections. On se demande d'ailleurs
pourquoi.
M. Bédard: On n'est peut-être pas porté, mais
on fait bien cela quand on en fait.
M. Rivest: Vous parlez du référendum? M.
Bédard: Non, des élections.
M. Rivest: Les élections partielles? Les élections
générales, lesquelles? Faites votre choix.
M. Bédard: Les partielles, on vous les laisse.
M. Rivest: M. le Président, j'ai la parole, je ne voudrais
pas que le ministre m'interrompe. J'ai écouté religieusement son
discours.
M. le Président, je veux simplement indiquer, pour ne pas
allonger inutilement le débat, notre volonté d'appuyer ce projet
de loi. Sur les différentes modalités, le ministre a
évoqué les conséquences que cela avait pour les autres
lois électorales. À la commission parlementaire, lorsque nous
aurons l'occasion, dans les prochains jours, j'imagine, de l'étudier
article par article, nous ferons peut-être valoir un certain nombre de
points particuliers qui sont véritablement des points d'ordre technique
et de concordance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, je conviens, avec le
député de Jean-Talon que, pour l'essentiel des dispositions qui
sont dans ce projet de loi, on aura l'occasion de l'approfondir lors de
l'étude article par article.
Le député de Jean-Talon a fait allusion à une
déclaration de mon collègue qui m'a précédé
à la réforme électorale et qui annonçait
effectivement qu'une loi telle que celle que je présente aujourd'hui
était présentée de façon temporaire parce
qu'à ce moment, il avait effectivement à l'idée la mise en
place d'une liste permanente, ce qui est assez régulier en politique.
Disons que le temporaire dure plus longtemps que prévu, ce qui ne veut
pas dire qu'on a abandonné l'idée de la nécessité
d'une liste permanente. Je suis un peu surpris de voir le député
de Jean-Talon réclamer cette loi au nom de l'Opposition, parce qu'il
sait très bien que nous avions effectivement présenté une
loi dans ce sens. Elle a été bloquée par l'Opposition, au
nom de certains principes qu'elle véhiculait. Mais je continue à
croire que si on veut en venir à une liste permanente qui soit vraiment
un instrument efficace, il faudra nécessairement avoir recours à
l'informatique, tel que nous le soutenions lors de la présentation du
projet de loi concernant le registre des électeurs. Nous aurons
sûrement l'occasion d'en rediscuter avec l'Opposition.
Je pense que je puis dire au député de Jean-Talon qu'au
cours de l'été, nous allons poursuivre une réflexion en
profondeur sur l'ensemble des études qui ont été faites,
non seulement à propos d'une liste permanente, mais également sur
la représentation proportionnelle, de manière à
déboucher, au cours de l'automne, sur l'annonce d'intentions fermes de
la part du gouvernement dans un sens ou dans l'autre. M. le Président,
je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 14 est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint.
Renvoi à la commission de
la présidence du conseil
et de la constitution
M. Bertrand: Adopté. M. le Président, je tiens
à remercier le ministre d'État à la Réforme
électorale et le député de Jean-Talon pour leur
participation exceptionnelle à ce débat sur le projet de loi no
14 et souhaiter que nous puissions avoir autant de succès avec le
prochain article que je vous demanderais d'appeler, après avoir fait
motion pour que nous déférions ce projet de loi no 14 à la
commission parlementaire permanente de la présidence du conseil et de la
constitution.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
sera adoptée?
Une voix: À la présidence...
M. Bertrand: C'est là que cela va, oui. Sinon ce serait
à la justice et je pense que cela ne serait pas très
approprié dans les circonstances.
Une voix: Ce serait normalement à l'Assemblée
nationale.
M. Bertrand: Présidence du conseil et de la constitution,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bertrand: Je vous demanderais maintenant, M. le
Président, d'appeler le premier projet de loi qui est inscrit au nom du
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et qui apparaît
à l'article 3 du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 2 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme propose la deuxième lecture du
projet de loi no 2, Loi sur la Société du Palais des
congrès de Montréal. M. le ministre.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'adoption...
Une voix: Bravo!
M. Biron: ...il en recommande l'étude à la
Chambre.
M. le Président, c'est avec fierté que je présente,
ce soir, mon premier projet de loi en tant que ministre du gouvernement du
Québec, projet de loi qui fera en sorte de créer la
Société du Palais des congrès de Montréal et qui
verra aussi, automatiquement, à une plus grande stimulation
économique dans le domaine de l'industrie touristique, un domaine
où, au cours des années, nous nous sommes aperçus que nous
pouvions créer le plus d'emplois avec possiblement le moins de dollars
d'investis, quand on songe, en particulier au Québec, dans toutes les
régions du Québec, au nombre d'emplois que l'on peut créer
dans les restaurants, dans les hôtels, dans tous les commerces ou les
industries qui sont reliés directement ou indirectement au domaine
touristique. Je souhaite aussi plein succès au principal porte-parole de
l'Opposition en cette matière, qui, ce soir, va lui aussi, comme moi,
parler sur son premier projet de loi en Chambre, le député de
Viger. Je lui souhaite au cours de l'étude du projet de loi tout le
succès désiré. Je lui souhaite aussi comme moi
d'espérer servir le mieux possible la collectivité
québécoise. (20 h 30)
M. le Président, avec ce projet de loi, nous créons la
Société du Palais des congrès de Montréal, qui aura
notamment pour mandat d'administrer et d'exploiter le Palais des congrès
de Montréal et d'exercer les commerces ou autres activités de
nature à contribuer à son développement. Le Palais des
congrès de Montréal est déjà en construction. Le
Palais des congrès a vu le jour lorsque l'idée en a
été présentée devant le Conseil des ministres au
mois de mai 1977 par mon prédécesseur immédiat au
ministère de l'Industrie et du Commerce et du Tourisme, le
député de Saint-Maurice, aujourd'hui ministre de l'Énergie
et des Ressources. Le député de Saint-Maurice était
à l'époque ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Il a cru, en tant que ministre responsable du tourisme au Québec,
que nous devions construire à Montréal un Palais des
congrès, un centre de congrès, non pas pour remplacer quelque
chose existant déjà, mais comme un instrument de
développement économique de cette entreprise touristique, comme
un complément à ce qui existe déjà, à
Montréal en particulier, et comme un levier économique important
qui ferait la promotion de l'industrie touristique québécoise et
qui amènerait au Québec des gens de partout à travers
l'Amérique du Nord d'abord et surtout, mais aussi d'autres pays à
travers le monde, des gens qui viendraient à Montréal au Palais
des congrès pour participer à un congrès d'un, deux,
trois, cinq jours, je ne sais, mais qui, en même temps, en profiteraient
pour voir le Québec et pour vivre au Québec avec les hommes et
les femmes d'ici. Cette idée, cette suggestion de mon
prédécesseur a été acceptée au Conseil des
ministres et a fait son petit bonhomme de chemin. On a confié au
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement, à Mme
Jocelyne Ouellette, alors qu'elle était ministre responsable de ce
ministère, la responsabilité de la construction de
l'édifice qui serait vendu ou loué à la
Société du Palais des congrès de Montréal, qui
devait être formée et voir à l'administration de ce palais
et de cette entreprise touristique.
Ce projet de loi prévoit le genre d'administration que nous
voulons donner à cette société qui sera au service de la
collectivité québécoise en général, mais en
particulier, bien sûr, au service de ceux et de celles qui, dans
l'agglomération
montréalaise d'abord et surtout, sont intéressés
à l'industrie touristique. Ce projet de loi prévoit les
modalités d'administration et de nomination des dirigeants de la
société qui seront nommés, pour à peu près
la moitié, après consultation avec les gens du milieu, avec les
principaux intéressés au domaine touristique au Québec et
en particulier, encore et surtout, avec ceux et celles de Montréal.
M. le Président, si nous allons à Montréal
présentement, nous pouvons voir ce Palais des congrès sortir de
terre. Le contrat pour la réalisation de la phase II du projet,
c'est-à-dire la construction de l'édifice principal ainsi que la
finition intérieure et extérieure, a été
accordé par décret le 9 décembre dernier. La Loi modifiant
la Loi sur la Société de développement immobilier du
Québec, c'est-à-dire la loi sous la responsabilité de mon
collègue, le ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement, a
été amendée le 19 décembre dernier pour lui
permettre de construire le Palais des congrès et d'en être
propriétaire au nom des citoyens du Québec.
L'échéancier de la construction sera respecté et le
ministre des Travaux publics pourra nous en dire plus long tout à
l'heure. Le Palais des congrès sera en mesure d'ouvrir ses portes au
début de l'année 1983, puisqu'on prévoit qu'à la
fin de 1982 la construction elle-même sera terminée. Nous
prévoyons deux ou trois mois pour l'aménagement à peu
près au complet de ce palais.
Si nous présentons ce projet de loi aujourd'hui, M. le
Président, c'est qu'il faut prévoir l'administration et
l'exploitation de cet édifice. Les mécanismes de décision
pour la construction sont en place et vont très bien, mais il n'en est
pas de même des mécanismes pour l'exploitation du palais. Dans 18,
20, 24 mois au plus, je crois, le Palais des congrès devrait être
opérationnel. Cela suppose qu'une foule de décisions concernant
sa gestion, ses politiques et procédures opérationnelles
d'exploitation, sa mise en marché, sa politique tarifaire, ses
équipements, ses ressources humaines et physiques doivent être
prises dans des délais relativement courts et certaines d'entre elles
immédiatement, si l'on veut que tous ces éléments soient
suffisamment rodés et que le palais soit opérationnel dès
son ouverture au début de 1983.
Jusqu'à maintenant, M. le Président, le ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme a suppléé au moyen
d'un groupe de travail, à l'absence d'un mécanisme de
décision mieux approprié afin de pallier à des urgences
fondamentales, en particulier, vis-à-vis de l'élaboration et de
l'exécution d'un programme de mise en marché auprès de la
clientèle potentielle du Palais des congrès, compte tenu que
cette clientèle, pour des congrès de cette envergure,
arrête de trois à huit ans d'avance, habituellement, le choix de
sa destination de congrès.
Ensuite, il faut faire l'analyse et la transmission au ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement des besoins du Palais des
congrès, tant au point de vue des locaux, des aménagements et des
services que des équipements et du mobilier. Il faut aussi
élaborer maintenant, pendant la construction, un plan maître, un
cheminement critique où tous les travaux doivent être
exécutés et toutes les étapes doivent être
franchies, le tout accompagné d'une programmation des ressources
humaines et physiques nécessaires.
M. le Président, il nous faut aussi, une fois qu'on a
prévu l'exploitation, prévoir la mise en marché, la
clientèle à atteindre pour amener ces gens au Palais des
congrès de Montréal, bénéficier de ses services et
faire en sorte que toute l'économie québécoise en profite.
Le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, après des
efforts de sollicitation de congrès, a déjà la certitude
de louer le Palais des congrès à 32 organismes pour 1983, 1984 et
1985, avec la possibilité de convaincre seize autres associations pour
la même période. Ces organismes requièrent, dans les plus
brefs délais, des engagements fermes de notre part en ce qui concerne la
politique tarifaire de base relativement à la location des salles. Un
trop grand retard à se prononcer sur ces tarifs risque de compromettre
les négociations et la crédibilité du Palais des
congrès de Montréal vis-à-vis de cette clientèle,
en plus de celle qui fait présentement l'objet de notre
sollicitation.
En qualité de ministère-client, le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme doit s'assurer que l'ensemble des
besoins des congressistes et exposants sera satisfait par l'aménagement,
l'équipement et les services du Palais des congrès.
Jusqu'à présent, le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, à la suite d'analyses, a requis plusieurs modifications
au programme de base pour satisfaire à ces conditions. Le ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement a acquiescé à ces
demandes en respectant toujours l'échéancier et le budget
initial.
En somme, M. le Président, plusieurs décisions
d'importance ayant une incidence directe sur la date d'ouverture du Palais des
congrès de Montréal et sur la qualité des services qui y
seront offerts devront être prises au cours des prochaines semaines et,
préalablement à ces décisions, plusieurs analyses devront
être effectuées. Dans la majorité des cas, le
ministère n'a pas les ressources humaines et financières pour se
substituer efficacement à un organisme de gestion plus souple, d'autant
plus que, la plupart du temps, l'expérience requise est
tellement spécifique qu'on ne la retrouve pas à
l'intérieur du secteur public.
Enfin, il est urgent d'impliquer dans les travaux préparatoires
à l'exploitation du Palais des congrès de Montréal
ceux-là mêmes chargés de son administration et de son
exploitation, une fois qu'il sera en activité. Ce principe a fait
l'objet d'un avis sur lequel ont insisté unanimement tous les directeurs
de centres de congrès d'Amérique du Nord qui ont
été consultés préalablement à cette
entreprise. (20 h 40)
On voit, M. le Président, que déjà nous sommes
prêts à faire un pas en avant et à administrer, d'une
façon convenable et décente, à la satisfaction de la
population du Québec, ce Palais des congrès de Montréal.
Mais, M. le Président, on peut peut-être se demander, dans le
fond, si vraiment on a besoin de ce Palais des congrès, si vraiment on a
besoin de cette société d'État pour voir à
l'administration de cette bâtisse.
D'abord, je crois que, Montréal en particulier - c'est une ville
d'importance, la métropole du Québec - est une ville qui peut
attirer beaucoup de gens de partout dans le monde et de l'Amérique du
Nord en particulier. C'est un endroit où la population du Québec
peut faire rayonner sa culture et sa façon de vivre. Les gens d'ailleurs
seront intéressés à venir chez nous si nous savons faire
notre marketing, notre mise en marché. Particulièrement en ce
moment, il semble que Montréal fonce vers le progrès. On voit la
construction d'autres édifices. C'est ce que nous constatons. C'est
aussi ce que constatent les gens responsables de l'économie, dans toute
la région de Montréal en particulier.
J'ai ici, M. le Président, une coupure de presse qui nous dit que
le Board of Trade de Montréal et la Chambre de commerce de
Montréal trouvent que la métropole fonce sur la voie du
progrès et de la croissance économique. C'est encore le COPEM en
accord avec le Board of Trade et la Chambre de commerce, qui dit que: La
morosité d'il y a à peine trois ans s'est maintenant
transformée en dynamisme des hommes d'affaires locaux. Deux ou trois
conseils d'administration de banques internationales ont décidé
de s'établir, sous peu à Montréal, nous disent la Chambre
de commerce et le Board of Trade. On termine toute cette présentation
par ces organismes d'affaires de Montréal en disant: Montréal est
devenue une des économies qui croissent le plus vite en Amérique
du Nord.
Il est bon de noter, M. le Président, que si Montréal est
une des économies qui croissent le plus vite en Amérique du Nord,
il est normal que cette économie puisse bénéficier d'un
soutien technique nécessaire pour une grande partie de cette
économie, l'industrie touristique.
Il faut aussi se demander, M. le Président, comment
s'intègre le Palais des congrès de Montréal dans la
politique globale du tourisme au Québec? C'est une question qu'il faut
se poser et à laquelle nous devons répondre en particulier en
nous référant au document gouvernemental, "Bâtir le
Québec, énoncé de politiques économiques", qui a
été publié il y a deux ans et qui traite en particulier du
tourisme au Québec. On nous dit, dans cette orientation gouvernementale,
que de tous les secteurs reliés aux ressources naturelles et aux
avantages comparatifs du Québec, le tourisme se classe au nombre de ceux
qui offrent les meilleures possibilités de développement à
moyen et à court terme.
C'est dans ce sens que le gouvernement du Québec a
décidé d'aller de l'avant avec la construction et
l'administration du Palais des congrès de Montréal, parce que
nous croyons que justement le tourisme peut rapidement nous apporter des
possibilités extraordinaires de développement économique
à court terme, à moyen terme et, bien sûr, aussi à
long terme.
Si on songe que le tourisme, dans l'économie mondiale,
représente une somme évaluée, il y a un an à peu
près, ou deux ans, à 360 000 000 000 $, c'est beaucoup d'argent;
si on songe en particulier que la plus grande partie de cette somme est
dépensée par des gens qui voyagent en automobile, donc, autour de
chez nous, à une journée d'automobile, il y a peut-être 80
000 000, 90 000 000 ou 100 000 000 de personnes qui sont susceptibles de venir
à Montréal, au Québec, et y dépenser pendant
quelques jours, quelques semaines même, et venir participer à un
congrès d'envergure au Palais des congrès de Montréal.
C'est justement dans cette direction que le gouvernement du Québec veut
aller, encourager les gens à venir vivre au Québec, vivre un
congrès, bien sûr, mais vivre aussi avec les gens d'ici, à
savoir comment vit ce peuple différent des autres en Amérique du
Nord, qui a une culture différente, une langue différente,
à voir, comment nous aimons les gens, comment nous pouvons faire valoir
les grandes gualités des Québécois et des
Québécoises, et comment il est bon de sentir cette chaleur toute
fraternelle et tout humaine de la population québécoise.
C'est l'intention du gouvernement, dans le domaine touristique en
particulier, de faire connaître et de faire voir de plus en plus la
différence marquée qu'il y a entre les Québécois et
les Québécoises, d'une part, et les autres, nos amis, nos voisins
d'Amérique du Nord. C'est là que nous ferons le maximum de
retombées économiques pour l'industrie touristique
québécoise et pour la population en général. Ce
n'est donc pas notre intention d'essayer de camoufler ou de cacher la
différence du peuple du Québec avec les autres, mais c'est
notre intention de l'exploiter à son maximum, parce que
économiquement c'est rentable, pour beaucoup d'industries, beaucoup de
commerces, et c'est rentable, d'une façon tout à fait
particulière, dans l'industrie touristique.
Maintenant, M. le Président, il faut aussi se demander si, avec
le Palais des congrès de Montréal, nous nuirons à
l'industrie touristique de tout le Québec. Je dois répéter
que, pour nous, le Palais des congrès est un outil, un outil important
-comme je le disais tout à l'heure - mais qui fait en sorte que le
Québec se met à l'heure du modernisme au point de vue de
congrès d'envergure. C'est que le Québec copie -Montréal
en particulier - beaucoup d'autres grandes villes aux États-Unis qui se
sont dotées de centres de congrès ou de palais des congrès
de cette envergure. Nous voulons que cet outil serve spécifiquement
à promouvoir des retombées économiques dans toutes les
régions du Québec. Il appartiendra à chacune des
régions du Québec, aux entreprises reliées ou aux hommes
ou aux femmes reliés directement à l'industrie touristique
québécoise de leur région en particulier, de faire valoir
les beautés et les avantages de leur région. Il appartiendra en
particulier aux associtations touristiques régionales, à qui nous
faisons confiance et à qui nous ferons confiance de plus en plus, de
voir à la spécificité propre dans leur région, de
voir à attirer ces gens qui viendront à Montréal au Palais
des congrès, soit dans les Laurentides, dans l'Estrie, en
Abitibi-Témiscamingue, à Québec, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Gaspésie, sur la Côte-Sud, sur la
Côte-Nord, il appartiendra aux associations touristiques
régionales de faire la promotion nécessaire et de s'ajuster
à l'heure du modernisme de cet outil moderne que sera pour tous les
Québécois et toutes les Québécoises ce Palais des
congrès de Montréal.
Nous voulons faire en sorte que les retombées économiques
ne servent pas seulement à Montréal, à la région
immédiate de Montréal, mais nous voulons assurer tous ceux et
toutes celles qui sont reliés directement ou indirectement à
l'industrie touristique que le gouvernement du Québec s'engage à
promouvoir le tourisme et à aider les associations touristiques
régionales à profiter pleinement de la présence à
Montréal, au Québec, d'un Palais des congrès de cette
envergure. (20 h 50)
Dans ce sens, M. le Président, parmi les membres du conseil
d'administration, nous devons, c'est prévu dans la loi, consulter nos
principaux partenaires et les principaux intéressés à
l'industrie touristique; nous parlerons aussi à des gens des
associations touristiques de tout le Québec et nous entendons nommer au
conseil d'administration des représentants des régions au
Québec. Bien sûr, un grand nombre de membres du conseil
d'administration sera de Montréal ou des environs, mais il y aura aussi
des représentants de l'industrie touristique des régions du
Québec, afin de bien démontrer la volonté de ce
gouvernement de promouvoir le tourisme partout au Québec, et non pas
seulement à Montréal en particulier, afin de démontrer la
volonté de ce gouvernement que le Palais des congrès serve comme
un outil important et essentiel au développement de l'industrie
touristique à Montréal d'abord, mais aussi dans toutes les
régions du Québec.
M. le Président, ce conseil d'administration sera nommé
par le gouvernement, mais c'est prévu dans la loi qu'environ la
moitié des membres seront nommés après consultation
auprès des gens du milieu. C'est vous montrer toute l'importance pour le
gouvernement de consulter ses partenaires de l'entreprise privée, des
municipalités et des communautés urbaines, celle de
Montréal en particulier. C'est la volonté aussi du gouvernement,
lorsque nous disons que nous voulons consulter pour nommer des gens au conseil
d'administration, de consulter nos partenaires et de les inviter à
participer avec nous à l'administration de ce Palais des congrès
de Montréal.
À ce point de vue, je veux aussi assurer les principaux
intéressés au développement touristique, en particulier
ceux de l'agglomération montréalaise, qui pourraient
s'inquiéter de voir une structure parallèle faire concurrence aux
structures qui existent déjà dans cette région - en
particulier, je veux citer CIDEM et l'Office des congrès et des
visiteurs du grand Montréal - je veux rassurer ces gens en leur disant
que notre volonté est de complémenter l'action de ceux et celles
qui, dans toutes les régions du Québec, à Montréal
en particulier, font la promotion des congrès et de l'industrie
touristique. Ce n'est donc pas contre quelque groupe que ce soit que nous
voulons agir, mais c'est avec et pour tous les groupes, tous les hommes, toutes
les femmes qui sont au Québec et qui sont intéressés au
développement économique et au développement de
l'industrie touristique.
Avant de présenter ce projet de loi j'ai personnellement
consulté des gens de CIDEM en particulier, des gens de la
Communauté urbaine de Montréal, des gens de la ville de
Montréal, des gens de l'Association des grands hôtels de
Montréal, des gens de l'Association des restaurateurs, des
représentants de toute l'industrie touristique au Québec sur ce
projet de loi et sur l'action du gouvernement dans le domaine touristique.
M. le Président, pour bien démontrer la volonté du
gouvernement, avec cette société
d'État, de ne pas aller à l'encontre des règles
établies et de ne pas nuire aux entreprises déjà
existantes, je veux dire qu'en rencontrant ces gens, en communiquant avec eux,
je les ai invités, s'ils le désiraient et s'ils le voulaient,
à participer avec le gouvernement du Québec à
l'administration du Palais des congrès de Montréal, donc à
sa gestion, aux décisions importantes que nous devrons prendre. Je les
ai même invités à participer au financement ou à
l'achat, par une société mixte que nous pourrions former, si ces
associations ou si les représentants du monde économique de
l'entreprise privée ou de Montréal ou de la Communauté
urbaine de Montréal le voulaient, à participer au financement,
à l'achat ou à la construction, avec le gouvernement du
Québec, de ce Palais des congrès. Nous voulons prouver par
là notre volonté et notre ouverture envers les entreprises
existantes.
À cette fin, M. le Président, au cours de l'étude
article par article en commission parlementaire, je proposerai un amendement
qui mettra encore plus clairement, dans cette loi, la volonté du
gouvernement d'ouvrir le Palais des congrès de Montréal à
ses partenaires de l'entreprise privée ou à ses partenaires de
Montréal ou de la Communauté urbaine de Montréal pour nous
assurer que nous pourrions, éventuellement, s'ils le désiraient,
procéder, soit le gouvernement seul ou soit le gouvernement en
association avec d'autres, à l'administration et à la
propriété du Palais des congrès.
Nous admettons qu'au cours des prochaines années, des
premières années, un Palais des congrès, ce n'est
peut-être pas nécessairement rentable, comme entreprise seule.
C'est rentable à cause des taxes que cela apporte, à cause de
l'impact et des retombées économiques que cela apporte sur toute
la communauté. C'est pour cela que nous voulons, au départ, nous
assurer que même sans la présence de nos partenaires de
Montréal ou du secteur privé, nous pourrons aller de l'avant,
établir les règles du jeu, inviter le plus de gens possible
à tenir leurs congrès à Montréal, parcourir
l'Amérique du Nord en particulier pour voir des groupes et s'arranger,
s'organiser, faire de la mise en marché, du commerce en particulier,
pour inviter ces gens à venir à Montréal, y vivre quelques
jours et dépenser leur argent à cause du Palais des
congrès en particulier. Mais lorsque des gens du secteur privé
seront intéressés, la loi nous permettra en tout temps de faire
les associations requises. Cette décision appartiendra, sur les
modalités, bien sûr, au gouvernement du Québec. C'est donc
cet amendement technique que nous présenterons en commission
parlementaire afin de prouver, encore une fois, notre ouverture
vis-à-vis des gens qui sont déjà dans ce domaine.
Bien sûr, M. le Président, nous devons, au départ,
assurer le financement d'un palais qui coûtera, une fois terminé,
en dollars d'aujourd'hui, peut-être 75 000 000 $, peut-être 80 000
000 $. Nous devrons le financer avec des avances du gouvernement. Nous
prévoyons que la Société du Palais des congrès de
Montréal, tant et aussi longtemps qu'elle fonctionnera avec la
présence exclusive du gouvernement, tant et aussi longtemps que nous
n'aurons pas de partenaire. S'il y avait des déficits, ils seront
comblés par des avances du gouvernement; s'il y avait des surplus, ils
seront versés au Fonds consolidé du gouvernement du
Québec.
Nous prévoyons quand même que la première
année d'exploitation au complet nous apportera des retombées
directes d'environ 44 000 000 $. Nous prévoyons qu'après quatre
années, nous pourrions atteindre environ 125 000 000 $. Nous
prévoyons aussi que la première année complète
d'activité apportera au gouvernement du Québec et à la
ville de Montréal, 11 000 000 $ de retombées fiscales, dont 2 500
000 $ à la ville de Montréal, avec les taxes que le Palais des
congrès paiera à la ville de Montréal ou à la
Communauté urbaine de Montréal et avec les taxes que les gens
paieront en dépensant directement pour leur séjour au Palais des
congrès de Montréal.
C'est donc dire que, considérant les retombées fiscales,
tout de suite après deux ou trois ans, le Palais des congrès de
Montréal pourra devenir rentable pour la collectivité
québécoise. Comme bâtisse seule, bien sûr, nous
prévoyons un peu plus de temps afin de nous assurer que nous pourrons
remplir au maximum les jours et le temps nécessaire à la tenue de
congrès dans cet édifice.
Mais, M. le Président, comme je le disais tout à l'heure,
ces congrès s'engagent de trois à huit ans d'avance. Cela fait
environ un an et demi, deux ans, on essaie de trouver de ces congrès un
peu partout, même si le palais lui-même n'était pas
construit. On a déjà un bon bout de chemin de fait, mais il faut
encore prévoir quelques années avant de remplir au maximum ce
Palais des congrès. (21 heures)
Des gens se demanderont si c'est le gouvernement du Québec seul
qui participe au financement du Palais des congrès ou si la ville de
Montréal ou la Communauté urbaine de Montréal y participe
ainsi que le gouvernement canadien. Je vous dirai que, jusqu'à
présent, il n'y a pas eu de participation ni de la ville de
Montréal ni de la Communauté urbaine de Montréal. Nous
sommes en négociation avec le gouvernement fédéral.
À ce jour, sur la somme estimée, d'environ 75 000 000 $ à
80 000 000 $ que
peut coûter le Palais des congrès, nous avons une offre du
gouvernement fédéral pour une participation de 24 000 000 $. Le
gouvernement du Québec continue ses négociations afin d'obtenir
si possible une participation plus grande de la part du gouvernement
fédéral.
M. le Président, j'ai voulu d'une façon très
objective faire le tour de la question de la présence du Palais des
congrès à Montréal, parler un peu de l'orientation de
l'industrie touristique, de notre volonté au gouvernement du
Québec de promouvoir au maximum cette industrie qui crée beaucoup
d'emplois chez nous, de faire en sorte que cette industrie, à cause de
la spécificité propre des Québécois et
Québécoises puisse être rentable, que nous puissions
profiter pleinement de cette différence que nous avons par rapport aux
autres en Amérique du Nord. J'ai voulu aussi parler de nos
prévisions, des retombées économiques. Bien sûr,
nous devons décider aujourd'hui ou au cours des prochains jours quant
à cette loi parce qu'il importe d'aller le plus rapidement possible.
Comme je l'ai dit au début, le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, jusqu'à maintenant, a pallié l'absence
d'une Société du Palais des congrès qui se
spécialiserait dans le développement des congrès à
Montréal, mais nous voulons donner toute la souplesse nécessaire
à cette structure qui sera là. Nous voulons engager les
spécialistes nécessaires dans le domaine de l'industrie
touristique et, en particulier, dans le domaine de l'industrie des
congrès.
Nous voulons faire en sorte de dépenser le maximum
d'énergie avec possiblement le minimum d'argent, mais le maximum
d'énergie pour bien servir la collectivité économique,
touristique québécoise. Le Palais des congrès, pour nous,
c'est un maillon important dans la chaîne de l'économie
touristique québécoise. Le Palais des congrès est à
Montréal pour faire profiter pleinement de sa présence, les
citoyens de Montréal, de la région de Montréal, mais aussi
pour s'assurer que les gens viennent au Québec et ensuite continuent
leur périple quelques jours de plus que leur congrès dans toutes
les régions du Québec. Nous intensifierons notre action afin de
nous assurer du maximum de retombées économiques pour les hommes
et les femmes du Québec. Nous voulons que tous les
Québécois et toutes les Québécoises, de quelque
région qu'ils soient au Québec, soient fiers de cette
bâtisse, de ce Palais des congrès de Montréal qui leur
appartiendra en propre, qui servira afin d'aider les hommes et les femmes du
Québec à obtenir un meilleur développement
économique.
Nous voulons viser, comme objectif, que tous ceux et toutes celles qui
verront le Palais des congrès de Montréal soient fiers, mais que
tous ceux et toutes celles qui en entendront parler par des amis qui l'auront
vu soient aussi fiers d'une réalisation québécoise, d'une
idée québécoise et d'un instrument de développement
économique pour le Québec. Nous visons, comme objectif aussi,
notre collaboration avec le milieu des gens d'affaires dans le domaine
touristique à Montréal, en particulier, et nous visons aussi et
surtout le maximum de rentabilité économique pour toute la
collectivité québécoise.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger, si je comprends bien, vous parlez au nom du chef
de l'Opposition. Vous avez donc droit à une heure.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. En ce qui concerne le
projet de loi no 2, Loi sur la Société du Palais des
congrès de Montréal, je voudrais, en guise de préambule,
indiquer qu'environ une quinzaine de sites avaient été
suggérés pour l'emplacement du Palais des congrès de
Montréal et que, malgré les études qui avaient
été faites afin de juger de la rentabilité et de la
productivité de chacun d'eux, le gouvernement a choisi celui qui
s'avérait le moins rentable, tant au point de vue de l'emplacement
physique qu'au point de vue économique. C'est la situation dans laquelle
le gouvernement nous a placés et dans laquelle nous étudions ce
projet de loi. Je souhaite que, malgré le choix que le gouvernement a
fait des efforts additionnels soient manifestés par tous les organismes
impliqués afin de surmonter les immenses difficultés
causées par le choix irréfléchi du gouvernement. Les
politiques qui ont été jusqu'à maintenant
présentées par le gouvernement n'ont pas fourni à
Montréal le développement qui aurait dû être le sien
et, à cause de cette lacune, Montréal a perdu son statut de
métropole canadienne.
Pour excuser cette situation, M. le Président, on ne peut pas se
baser sur le principe que l'activité économique se déplace
de l'est vers l'ouest car, en plus de l'Opposition officielle, des agents
économiques de Montréal avaient présenté au
gouvernement plusieurs recommandations pour aider au développement
économique de Montréal. Malheureusement, elles n'ont pas
été suivies.
Ceci étant dit, M. le Président, qu'il me soit permis de
soulever devant cette Chambre un certain nombre de questions qui me sont
inspirées par le projet de loi en cause. Dans la première
question, M. le Président, que j'adresse au ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, j'aimerais que le ministre nous indique quel sera le
coût réel du Palais des congrès, au moment où la
future société d'État en
prendra possession, soit en mars 1983 et ce, pour ne pas nous faire
répéter par les ministériels que le montant indiqué
était en dollars 1981. La population doit savoir que le coût
initial de la construction du Palais des congrès était de 60 000
000 $ et qu'aujourd'hui, nous en sommes à des prévisions de 84
000 000 $. M. le ministre, j'aimerais savoir de façon précise le
prix du Palais des congrès de Montréal en 1983. Est-il vrai que
cela pourrait friser ou même dépasser les 100 000 000 $? Le
gouvernement fédéral, comme le disait le ministre tout à
l'heure, vous a offert un montant de 24 000 000 $ pour la construction des
salles de congrès, et ceci dans le cadre d'un programme national d'aide
à la construction de centres de congrès. Cette somme de 24 000
000 $ représentait 40% du coût initial de 60 000 000 $, estimation
de 1978. Le Québec a alors demandé une contribution de 60%. Cela
veut dire 36 000 000 $. Le fédéral a refusé.
J'apprécierais que le ministre indique si d'autres discussions ont eu
lieu entre les deux paliers de gouvernement. Si oui, pourrions-nous en
connaître les résultats et, enfin, quel est le montant
octroyé par le fédéral?
Le ministre peut-il justifier la formation d'une nouvelle
société pour administrer le Palais des congrès? Quels sont
les avantages de la structure proposée? Quels sont les coûts
relatifs à la création du nouvel orqanisme? Il me semble que si
cette future société est nécessaire - ce qui reste
à prouver - l'administration devrait, d'après nous, inclure une
bonne représentation de la ville de Montréal, qui a un
intérêt tout particulier dans la réussite de
l'opération pour la région de Montréal. Dans l'article 5
du projet de loi, la Société du Palais des congrès aura un
conseil d'administration dont les membres - toujours d'après le projet
de loi - seront nommés par le gouvernement. Non seulement l'État
nomme les membres du conseil d'administration et les officiers de la
société, mais tous les règlements doivent être
approuvés par le gouvernement, ce qui indique l'ingérence
complète de l'État non seulement au niveau de l'administration,
mais aussi jusque dans la gestion interne de la société.
J'aimerais savoir si le ministre trouve nécessaire que les rôles
de président et de directeur général soient tenus par deux
personnes différentes. Le cas échéant, ne courrait-on pas
le risque de devoir faire face à certains conflits? (21 h 10)
On sait, M. le Président, que presque tous les centres de
congrès accusent des déficits de fonctionnement. Mme Ouellette
avait déjà prévu 500 000 $ de déficit
d'exploitation pour la première année. J'aimerais savoir si ces
chiffres ont été révisés. Est-il vrai que le
déficit pour la première année d'exploitation et de
promotion serait plutôt de 3 500 000 $ et, pour les cinq premières
années d'exploitation, de l'ordre de 14 000 000 $ à 15 000 000 $?
De plus, le ministre pourrait-il nous dire qui prendrait la
responsabilité de combler le déficit?
L'article 18 du projet de loi, sous la section Objets et pouvoirs de la
société, se lit comme suit: "La Société a pour
objets: 1° d'administrer et d'exploiter le Palais des congrès de
Montréal visé dans l'article 17 de la Loi... 2°
d'élaborer des projets de développement ou d'exploitation du
Palais des congrès; 3° d'exercer les commerces et autres
activités de nature à contribuer au développement du
Palais des congrès et... 4° de se substituer à la
Société de développement immobilier du
Québec..."
Le ministre peut-il préciser ce qu'il entend par "administrer et
exploiter le Palais des congrès; élaborer des projets de
développement ou d'exploitation; exercer des commerces, etc.?"
J'aimerais aussi savoir si ces choses seront faites en collaboration avec le
secteur privé et avec la ville de Montréal. La
société fera-t-elle l'intégration des objets du centre
d'accueil, promis au sommet économique de Montréal, avec ceux du
palais? À ce propos, nous aurons probablement un amendement à
proposer en commission parlementaire.
L'article 19 du projet de loi se lit comme suit: "Aux fins de la
réalisation de ses objets, la Société loue ou acquiert,
à compter de la date et aux conditions déterminées par le
gouvernement, les biens meubles et immeubles dont la Société de
développement immobilier du Québec est propriétaire." Je
désire que le ministre précise si la société loue
ou acquiert cette propriété de la Société de
développement immobilier et quel sera le prix de location ou le prix de
vente.
À l'article 23, sous la section Garantie gouvernementale, on dit,
au paragraphe 2: "Le gouvernement peut autoriser le ministre des Finances
à avancer à la Société tout montant jugé
nécessaire pour l'exécution de la présente loi, à
un taux d'intérêt, pour un laps de temps et aux autres conditions
que détermine le gouvernement." Concernant cet article, en terminant, je
désire savoir à quelles conditions le gouvernement s'engagera
à combler les besoins de liquidité de la société ou
à lui prêter de l'argent, quand et comment la
société remboursera le gouvernement. S'il s'agit de subventions,
nous désirons le savoir afin de prendre position.
Nous, du Parti libéral, allons en principe voter pour ce projet
de loi mais, comme je l'ai dit, nous aurons des amendements à proposer
lors de la
commission parlementaire. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Vachon.
M. David Payne
M. Payne: II me fait un grand plaisir, M. le Président, de
m'adresser à cette Chambre concernant ce projet de loi très
important pour l'économie québécoise. On se souvient en
effet que c'est en 1842 qu'on a entendu parler pour la première fois
d'un Palais des congrès. À ce moment-là, on parlait d'un
centre municipal, c'était pour célébrer le 200e
anniversaire de la ville de Montréal. C'est seulement à peu
près 100 ans plus tard, en 1935, qu'on a commencé à parler
d'un centre civique à Montréal pour célébrer,
justement, le 300e anniversaire de fondation de la ville de Montréal. Il
s'agit ici d'un geste courageux de la part du gouvernement du Québec, le
gouvernement actuel, qui, après toutes ces années a finalement
décidé de foncer dans le dossier pour créer un outil de
développement économique pour tous les Québécois
afin de donner de l'envergure au tourisme au Québec.
Nous savons, par exemple, qu'à Montréal nous avons une
porte d'entrée pour toute l'Europe. Nous savons que Montréal
représente la métropole du Québec, une porte
d'entrée où nous pouvons accueillir les gens du monde entier.
Dans une seule année, nous pouvons, par exemple, accueillir à peu
près deux millions de personnes qui séjourneront ici pendant une
période plus ou moins longue.
Ce projet, qui représente une somme d'à peu près 80
000 000 $, est un investissement pour l'avenir, un investissement de la part
des Québécois pour leur propre avenir. Si le député
de Viger s'oppose au fait que le gouvernement du Québec assume un
leadership pour prôner cette idée, c'est que, de notre
côté, nous croyons, et c'est tout à fait normal, tout en
voulant que l'entreprise privée s'associe plus tard au projet, qu'il
n'est pas possible à l'entreprise privée de prôner cette
idée en ce moment. Je vais aussi demander au député de
Viger de consulter le journal des Débats des 15 et 16 décembre
1980 où il trouvera la plupart des réponses à ses
questions, fournies justement par un membre de sa formation politique,
lorsqu'on a discuté du bien-fondé du Palais des congrès de
Montréal.
Nous avons vu aussi dernièrement une croissance extraordinaire
des investissements immobiliers dans la région de Montréal,
particulièrement dans l'hôtellerie et la restauration. Nous avons
vu aussi un taux d'occupation d'à peu près 71% en 1980 par
rapport à environ 61% dans les quatre ans qui ont
précédé cette période. Ceci a évidemment
été beaucoup aidé par le fait que le dollar canadien se
situait, par rapport au dollar américain, dans une position avantageuse
pour eux. Aussi, un encouragement a été offert par le
gouvernement du Québec qui a diminué sinon aboli la taxe sur les
chambres. On se souvient aussi que les frais des congressistes
américains, si je ne m'abuse, sont maintenant déductibles pour
fins d'impôt. Ceci date, je pense, d'octobre dernier. Ces trois facteurs
aident beaucoup la situation.
Donc, nous avons la structure touristique ici au Québec qui peut
aider énormément les futurs congressistes venus du monde entier.
Cela peut aussi aider énormément le bilan économique du
gouvernement du Québec parce que c'est un investissement. Lorsqu'un
congressiste vient ici à Montréal, nous exportons un produit pour
l'économie du Québec. Ainsi nous avons eu un problème
particulier au Québec, comme ailleurs en Amérique du Nord,
pendant les quatre ou cinq années écoulées: une
décroissance des voyages parce que l'inflation nous empêche de
voyager. Malgré tout ça, les Québécois ont tendance
à voyager beaucoup vers le Sud. (21 h 20)
Nous avons ainsi une excellente occasion de redresser ce bilan,
d'encourager le marché américain à venir chez nous, parce
qu'ici nous avons, au Québec, un foyer de convergence, là
où on trouve une culture essentiellement francophone, mais aussi
enrichie par l'appartenance et par la richesse culturelle des langues et des
cultures autres que francophone dont nous, de ce côté-ci de la
Chambre, sommes tellement fiers et dont moi-même je fais partie comme
membre de la minorité anglophone.
Les retombées culturelles économiques et même
scientifiques, je dirais, envisagées par ce projet, sont
extraordinaires. Par exemple, un congrès qui concerne les marchands de
chaussures avec les nouvelles techniques qu'ils importent, qu'ils discutent, il
y a des retombées intéressantes pour nos petites et moyennes
entreprises d'ici. Donc, il y a une espèce de vague, une influence sur
la culture et sur l'économie d'ici.
Le tourisme du Québec, je pense qu'on pourrait dire qu'il se
caractérise par sa spécificité. Peut-être pendant
trop d'années avons-nous voulu imiter le reste de l'Amérique du
Nord. On vit plutôt maintenant, depuis plusieurs années,
particulièrement depuis le vote de confiance accordé à
notre parti en 1976, une fierté de plus en plus croissante de la part
des Québécois dans leurs propres ressources financières,
économiques et culturelles.
Nous reconnaissons que nous avons quelque chose ici que les autres
cultures de l'Amérique du Nord n'ont pas. Nous avons
aussi, on le sait fort bien, un climat peu clément pour ceux qui
viennent de l'extérieur. On a vite appris à se servir de notre
climat pour pousser l'économie touristique par le ski alpin et le ski de
randonnée. Nous avons une infrastructure créée justement
avec l'encouragement du gouvernement du Québec aux caisses d'entraide
économique, avec le mont Tremblant, nous avons la possibilité
d'avoir une station de ski parmi les meilleures au monde. Voilà les
spécificités.
Nous avons aussi vu des initiatives intéressantes au cours des
derniers cinq ans, comme par exemple, le Grand Prix de Montréal, dans le
domaine des sports. Nous avons vu aussi le Marathon international de
Montréal, avec des retombées économiques extraordinaires
d'à peu près 12 000 000 $. Nous avons vu aussi le Festival
international du film, avec l'influence que cela apporte aux
Québécois. C'est aussi une influence mutuelle, pour ne pas
mentionner les retombées économiques, encore une fois.
C'est la fierté québécoise qui est en jeu avec ce
projet de loi. Pourquoi une société? Parce qu'une
société, c'est le même mécanisme qui est
utilisé par le gouvernement précédent qui a terminé
son mandat en 1976, le gouvernement du Parti libéral qui, si ma
mémoire est fidèle, a constitué la société
SODEVIQ, une très bonne initiative pour lancer l'idée du complexe
Desjardins. C'était un superbe investissement. Malheureusement,
l'ex-gouvernement libéral a cru bon de ne pas utiliser davantage cette
structure magnifique qui peut justement aider à relancer
l'économie. Il aura fallu attendre quelques années encore pour
que le gouvernement du Québec revienne à la charge, que le
gouvernement du Parti québécois prenne l'idée du Palais
des congrès.
On se souviendra aussi de toutes sortes de propositions de projets avant
qu'on ait décidé du lieu actuel, de l'endroit qui va relier le
Vieux-Montréal au centre-ville de Montréal. On a eu des
propositions et on a étudié le tout. Il y avait une proposition
que ça devrait être construit sur un immense bateau. Il y avait
aussi la proposition un peu farfelue que ça devrait être construit
dans le mât du stade olympique. Il y avait quatorze propositions en tout,
mais il y en avait une seule qui était valable, c'est là que se
trouve actuellement le site.
Il fallait aussi se défendre, comme gouvernement, contre les
intérêts de certains qui auraient voulu spéculer, de
certains intérêts dans le domaine de l'hôtellerie, qui
auraient voulu que ce soit situé dans leur propre arrière cour.
Il ne fallait pas les entendre, il fallait essayer d'être objectif, il
fallait penser aux Montréalais québécois; pour qu'on
puisse garder ce qui était déjà construit, il ne fallait
pas démolir à tout prix, il fallait utiliser nos espaces vides,
ce qu'on a fait dans ce projet de loi, M. le Président.
Nous avons donc l'infrastructure valable et nécessaire pour la
construction d'un Palais des congrès à Montréal. Nous
avons cependant déjà beaucoup de congrès qui se tiennent
à Montréal. L'objectif ici est de donner la possibilité
d'augmenter cette partie de l'économie. Je peux vous dire, à
titre d'illustration, que, depuis 1972, le nombre de congressistes n'a
cessé d'augmenter à Montréal, et, pour la seule
année 1979, que 333 congrès auraient attiré à peu
près 342 000 délégués, injectant - pour la gouverne
de M. le député de Viger -122 000 000 $, principalement dans le
secteur de l'hébergement, de la restauration, du transport et du
commerce de détail.
Nous avons à Montréal le centre international
privilégié pour ce genre de projet et nous savons aussi que la
vocation internationale de Montréal s'appuie sur un certain nombre
d'activités clés. Nous avons les transports, les sièges
sociaux, le tourisme d'exportation de toutes sortes de biens et de
services.
On peut dire aussi, M. le Président, que le flux de ces jeux
internationaux dans la région métropolitaine de Montréal
comporte de grandes fluctuations conjoncturelles. Mais quand même
Montréal semble aussi avoir le pouvoir de retenir les touristes
internationaux, lesquels, au Québec, sont passés de 27% en 1973
à 36% en 1978, pour un séjour de plus qu'un jour et demi.
Le congressiste qui viendra à Montréal, s'il s'agit d'un
homme d'affaires, y viendra avec sa femme ou une femme avec son mari.
L'année suivante, il viendra avec sa famille, il fera le tour du
Québec. Nous avons vu dans toute l'Amérique du Nord des pancartes
disant que nous avons tout près de chez nous quelque chose qui est
intéressant, le Québec. Lorsqu'il arrive à Québec,
il a la possibilité de voyager; il aura davantage la possibilité
de faire des "package tours", justement pour qu'on puisse aider les
associations touristiques régionales. C'est bien important pour nous au
Québec, parce que, de cette façon, nous allons aider
énormément les PME dans tout le Québec. (21 h 30)
Un tel Palais des congrès peut accueillir à peu
près 10 000 congressistes en une semaine. Quelque chose de cette
envergure, c'est quelque chose qui exige beaucoup de courage les
premières années. Pour que cela puisse être rentable
économiquement, cela prendra quelques années. Cela prend donc un
gouvernement qui a du courage. Si nous exigeons une société
d'État, c'est parce que nous exigeons ce projet pour pousser davantage,
encore une fois, avec un autre projet, l'économie
québécoise. C'est la proposition, c'est ce
qu'on fait et c'est ce qu'on va faire pour le bien-être de tous
les Québécois.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je serai très
bref. Premièrement, on n'est pas ici ce soir pour débattre les
avantages et les désavantages d'un centre des congrès. C'est
déjà en marche. Tout le monde est d'accord sur la
nécessité et les avantages que présente ce Palais des
congrès. Personnellement, je veux simplement rappeler aux
Montréalais les retombées que vont réaliser les chauffeurs
de taxi, les détaillants, les restaurateurs, les hommes et les femmes
qui travaillent dans les hôtels. C'est un atout qui sera important, comme
activité économique, pour tous les Montréalais. Nous
sommes tous d'accord que c'est quelque chose dont on a besoin.
On est ici ce soir effectivement pour créer une
société d'État, une autre, pour diriger cette entreprise.
J'ai seulement quatre ou cinq questions à poser au ministre quant aux
modalités de cette société d'État.
Premièrement, j'espère que le ministre, dans sa
réplique, va nous expliquer, d'une façon plus cohérente
que dans son discours, les raisons qui l'ont incité à former une
société d'État. Après tout, c'est un centre, c'est
une bâtisse dont on parle. Un congrès a Montréal, ce n'est
pas une bâtisse. Un congrès à Montréal, c'est un
centre des congrès, c'est l'hébergement, des chambres dans les
hôtels, c'est le transport, c'est le loisir, c'est toute une série
de choses dont un congrès a besoin, dont la bâtisse qu'on appelle
le Palais des congrès qui va contenir une grande salle, une salle
d'exposition et quelques petites salles pour les ateliers.
Alors, je me demande - je pense que le ministre doit nous le dire -
pourquoi il est nécessaire, pour diriger cette entreprise qui est,
après tout, seulement une partie de l'ensemble des atouts
nécessaires pour tenir un congrès, de créer une
société d'État - on en a déjà pas mal - un
conseil d'administration, d'avoir un président, un directeur
général et tout le personnel de soutien que cette
société va impliquer. Je ne dis pas que cela n'est pas
nécessaire. C'est possible, mais il est certain que dans son discours,
le ministre n'a pas expliqué, à ma satisfaction, pourquoi
c'était nécessaire.
Cette question est encore plus pertinente parce que le ministre a
touché la question de la mise en marché de ce Palais des
congrès et la nécessité de coordonner le travail de mise
en marché avec celui des autres organismes qui existent
déjà à Montréal. Nous avons à
Montréal actuellement l'Office des congrès, une institution
essentiellement privée qui s'occupe de promouvoir la tenue de
congrès à Montréal. Nous avons CIDEM. Nous avons les
hôtels internationaux comme le Hilton, le CP et le Sheraton qui ont
chacun leur propre réseau de vente et de promotion des congrès.
Dans le rapport annuel de COPEM, l'organisation dont le ministre a
parlé, il est suggéré fortement qu'un groupe unique pour
la promotion des congrès à Montréal soit
créé et ils ont critiqué le projet de loi
présentement devant nous, spécifiquement parce que cela avait
pour effet de créer une organisation parallèle qui ne sera pas
coordonnée avec les autres dont j'ai parlé.
Si c'est vrai ce que le ministre a dit, à savoir qu'ils ont
l'intention de coordonner le travail de mise en marché avec les autres
ou peut-être même donner cette responsabilité à un
organisme central et que la société même ne sera pas
l'organisation qui fait la mise en marché du congrès, parce que
je répète qu'ils n'ont pas tout ce qu'il faut dans la
société pour un Palais des congrès à
Montréal, dans ce cas, je me demande encore davantage pourquoi il est
nécessaire d'avoir cette structure très lourde pour administrer
ce qui est essentiellement une bâtisse, même si c'est une
bâtisse assez compliquée. Il a parlé de la
nécessité de consulter tout le monde du milieu et je suis
complètement d'accord. Mais il n'est pas nécessaire de
créer une société d'État et un conseil
d'administration pour faire de la consultation. Je veux souligner le point qui
a été soulevé par mon collègue de Viger quand il a
dit que toutes ces personnes du milieu seront nommées, finalement, par
le gouvernement du Québec. Ce n'est pas nécessaire, à mon
avis. Pourquoi ne pas permettre aux personnes du milieu de nommer leurs propres
représentants au conseil consultatif que je propose ou au conseil
d'administration qu'il propose lui-même? Je pense qu'il y a aussi la
possibilité que cette bâtisse reste la propriété de
la société immobilière qui est maintenant charqée
de la responsabilité de la construire.
Dans la loi devant nous, cette possibilité est envisagée.
Alors, si c'est le cas que la société immobilière qui
existe déjà doit rester la propriétaire de la
bâtisse, et si c'est possible que l'organisation unie montréalaise
se voie confier la responsabilité de la mise en marché, pourquoi
est-il essentiel pour nous ce soir de créer une autre
société d'État qui va simplement administrer un
bâtiment qui est loué d'une autre société et qui va
recevoir sa clientèle comme conséquence d'un travail
effectué par un groupe à l'extérieur de sa propre
organisation? On pose la question, on attend une réponse.
Moi aussi il m'intéresse beaucoup de connaître les
prévisions pour la construction et pour les pertes qui sont
prévues. Mon
collègue a parlé tantôt de la possibilité
d'une perte annuelle de 3 000 000 $ et je présume que ces 3 000 000 $ ne
tiennent pas compte de l'impôt foncier qui sera, d'après le
ministre lui-même, 2 500 000 $, ni du coût de financement de cette
bâtisse. Si le coût du bâtiment s'élève,
disons, à 90 000 000 $, finalement, nous serons devant des coûts
annuels de l'ordre de 12 000 000 $ ou 15 000 000 $ pour l'intérêt
et pour le paiement de l'amortissement de ce bâtiment.
On arrive facilement à une perte annuelle réelle de pas
loin de 20 000 000 $. J'accepterais bien qu'une partie au moins de ces
coûts soit retournée à l'État, au moins aux
municipalités par les taxes foncières, mais c'est loin, loin
d'être le total.
J'aimerais soulever un autre point qui est technique, mais
j'espère que le ministre va nous donner un peu de conseils dans sa
réplique. Il s'agit de la question de voter les fonds nécessaires
pour cette société. Dans le cas de la Société
générale de financement et de SIDBEC, le ministre, quand il
était de l'autre côté, a souvent parlé de la
nécessité d'une grande rigueur dans le contrôle par
l'Assemblée nationale des finances de nos sociétés
d'État. Si je comprends les articles de la loi sur la
société immobilière qui est actuellement la
propriétaire de ce bâtiment et les articles de la loi qu'on
débat ce soir, les sommes nécessaires et pour la construction ou
le coût en capital de cet édifice et pour les pertes annuelles
seront versées par le gouvernement à même le fonds
consolidé, ce qui veut dire effectivement pour nous autres, les
profanes, qu'il ne sera jamais nécessaire pour cette
société de revenir à l'Assemblée nationale pour
faire voter les fonds nécessaires, peu importe la perte annuelle de
cette société. (21 h 40)
Je pense que le ministre lui-même, et je répète,
tenant compte de la grande responsabilité qu'il a toujours exigée
de nos sociétés d'État, va trouver ça un peu
curieux parce que effectivement, on peut continuer 5, 10 ou 15 ans, sortir les
fonds, les pertes, les excédents du coût en capital pour cet
édifice sans que l'Assemblée nationale soit obligée, ait
l'occasion d'étudier et voter le fonctionnement de cet organisme et ce
seront - je le répète - les fonds publics qui seront en jeu. Si
le ministre est d'accord avec mon interprétation - c'est possible que je
me trompe - je pense qu'il peut accepter pendant l'étude article par
article de ce projet de loi de changer les articles dont je parle pour assurer
la population et l'Assemblée nationale que les sommes versées
dans cette société seront votées sur la base d'une
période régulière et nous aurons l'occasion de voir sur
cette base régulière le fonctionnement de cette
société.
En terminant, M. le Président, je veux simplement parler pendant
deux ou trois minutes au sujet de l'économie de Montréal. Le
ministre, dans son discours, a cité même COPEM la Chambre de
commerce de Montréal. Effectivement, il dit que la Chambre de commerce a
dit que Montréal avait une des économies qui croissaient la plus
vite en Amérique du Nord.
Le premier ministre lui-même, dans son discours inaugural, a
parlé de Montréal où on perçoit nettement depuis
l'an dernier un véritable climat de relance. Au sujet de cette relance,
effectivement, le premier ministre admet qu'il y avait des problèmes. Il
y avait une baisse et maintenant, il y a une relance. Je serai le premier
à souhaiter cette relance. On peut dire que c'est peut-être
à cause du référendum du 20 mai. On peut dire que c'est
peut-être à cause du travail acharné des ministres du Parti
québécois. On peut dire que c'est à cause des conditions
conjoncturelles en Amérique du Nord dont le ministre a parlé
souvent ce soir. On peut dire que c'est peut-être le
fédéral. Je ne sais pas. Mais on espère tous avoir cette
relance de Montréal.
Je veux simplement soulever deux points. C'est facile de regarder la rue
Maisonneuve aujourd'hui où on voit quatre ou cinq édifices
à bureaux modernes et imposants, en construction et dire par
conséquent: Mon Dieu, cela marche maintenant à Montréal.
C'est aussi possible de voir l'activité bien souhaitée du secteur
privé, le Board of Trade et la chambre de commerce qui ont lancé
cette affaire COPEM et qui ont fait, quant à moi, un excellent travail
et dire: Voilà! Les hommes prennent les choses en main et commencent
à agir pour leur propre ville. C'est quelque chose qui est positif, mais
j'ai l'impression -et je ne veux pas ête négatif ni partisan -que
cette relance, si elle existe aujourd'hui à Montréal, est quelque
chose de très fragile. Il y a des chiffres à long terme qui
indiquent que la part que Montréal fait dans l'économie du
Québec est en baisse constante depuis les années soixante et
cette baisse n'est pas arrêtée. Il y a d'autres chiffres -et je ne
veux pas les citer ce soir parce que je ne veux pas retarder le débat -
qui indiquent que la part du Québec dans l'économie du Canada est
aussi en baisse depuis les années soixante. Je dis "soixante", parce que
je ne veux pas mettre en cause les actions du gouvernement du Parti
québécois dans cette partie du débat ce soir. J'ai
l'impression qu'il y a des problèmes plus profonds que ceux qui semblent
être corrigés par la construction sur la rue de Maisonneuve
à cause du déclin de Montréal. Je soulève cette
question, parce que je pense que c'est très important qu'on accepte,
réalise et comprenne les vrais problèmes si on veut les
régler. C'est très bien sur le plan partisan de dire: La chambre
de commerce aime sa ville. Elle dit que cela
marche bien là et laissez tomber tous les efforts requis pour
corriger une situation qui, à mon avis, est peut-être plus
sérieuse.
Mon impression, c'est que les problèmes de la ville de
Montréal sont fondamentaux, ils sont tous à long terme; je n'ai
pas les solutions et probablement pas les causes. Il y a deux
éléments que je trouve très importants. C'est la
diminution de la population, parce que c'est avec la population qu'on
bâtit et Montréal, comme vous le savez, est devenue la
deuxième ville en importance du Canada; la croissance de la population
de Québec et de Montréal est beaucoup moins grande que celle des
autres régions du Canada. En 1985, il est prévu que nous aurons
seulement 25% ou peut-être un peu moins de la population du Canada.
C'est aussi relié à la perte de ce qu'on appelle le
secteur tertiaire, les services, les centres de recherche, les sièges
sociaux, toute une gamme d'organisations qui ont commencé à
déménager il y a plusieurs années - je pense qu'il n'est
pas contestable de dire que ce déménagement s'est
accéléré ces dernières années - ce qui n'est
pas inévitable. Il n'y a pas un mouvement inévitable vers
l'Ouest; il y a un mouvement vers l'Alberta, mais il n'y a pas de mouvement
vers la Saskatchewan ou le Manitoba; il y a un mouvement vers le
pétrole. Si on trouve du pétrole à Terre-Neuve, tous les
économistes vont nous dire qu'il y a un mouvement inévitable vers
l'Est, mais c'est faux. Les mouvements sont parfois vers les richesses
naturelles, mais, beaucoup plus souvent, si vous regardez l'histoire du monde,
ils sont vers les hommes dynamiques qui veulent faire des choses
intéressantes. C'est quelque chose, nous avons tous les atouts, ici au
Québec et à Montréal, pour renverser ces mouvements, j'en
suis persuadé, si on accepte les vrais problèmes.
En terminant, je veux porter a l'attention du ministre - c'est pertinent
dans le sens que ça touche Montréal - une liste de demandes que
COPEM a faites dans le rapport annuel qu'il a produit, il y a quelques semaines
maintenant. Je pense que c'est important de porter à l'attention du
ministre publiquement - je ne sais pas quand on en aura le temps, si je ne le
fais pas ce soir - une liste de neuf ou dix éléments que les gens
de la Chambre de commerce de Montréal exigent du gouvernement du
Québec pour que cette relance, dont on parle et qu'on souhaite tous,
soit réalisée. Je ne veux pas les décrire, mais seulement
les énumérer. Vous pourrez donner une réplique; si ce
n'est pas ce soir, dans de brefs délais.
Il y a la question de stimuler la présence des banques
étrangères; il y a la question de stimuler la création
d'un centre de commerce international; il y a le problème de stimuler la
formation des jeunes dans le domaine de l'industrie spatiale, il y a le
problème d'ouvrir les portes de la loi 101 pour permettre la
présence de l'école internationale; il y a l'élargissement
de la loi sur les épargnes-actions; il y a le groupe de travail sur les
missions mondiales; la réforme de la Communauté urbaine de
Montréal -c'est très important - il y a toutes les politiques
fiscales qui furent le sujet de changements demandés par ces personnes
aux politiques fiscales de M. Parizeau et qui ont été
rejetées à 100% dans son dernier budget; mais elles restent
encore, pour ces personnes, un des éléments les plus importants.
Il y a aussi la question d'un centre d'accueil qui, maintenant que nous aurons
notre Palais des congrès, pourrait être un complément
parfait. Il y a la question du parc scientifique également.
C'est une liste d'une dizaine d'éléments qui,
d'après les hommes sur place, pourraient stimuler la relance dont le
premier ministre et le ministre ont parlé. J'espère qu'une fois
que la loi dont on parle ce soir sera adoptée - c'est sûr que
cette loi, ou du moins le bâtiment qui en est l'objet, sera un grand
atout pour Montréal, pour tous les Montréalais et pour le reste
du Québec aussi, et peut-être même pour le Canada - le
ministre va porter une attention prompte et précise aux autres
éléments des demandes qui ont été faites par les
mêmes personnes qui avaient donné leur appui au projet de loi et
au Palais des congrès dont nous parlons ce soir. (21 h 50)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président, bien sûr, des deux
côtés de la Chambre, personne n'est en désaccord avec ce
projet de loi, comme vient de le dire le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pense qu'on pourrait s'entendre pour en souligner
les mérites. Cependant, il y a quand même une chose qui doit
être soulignée; il y a toujours eu -comme le disait mon
collègue de Vachon -depuis cent quarante ans, des promoteurs de cette
idée d'un Palais des congrès à Montréal. Mais, il
fallait qu'il y ait un gouvernement, à un moment donné, qui se
décide à le réaliser. C'est le gouvernement du
Québec qui, dès 1978, dans son entreprise de revalorisation de
Montréal, a décidé d'investir dans l'avenir de
Montréal et dans celui du Québec.
C'est pourquoi, un peu plus d'un mois et demi après la campagne
électorale, nous nous retrouvons avec un premier projet de loi
destiné à favoriser la relance à Montréal. Inutile
de vous dire, M. le Président, que nous, les députés de
l'île de Montréal, nous étions engagés au cours de
cette campagne à faire de Montréal le fort du Québec.
Nous
aurons bientôt le fort, mais, pour le moment, nous avons le
palais, le Palais des congrès, qui constituera un atout important dans
la relance de Montréal.
J'aimerais souligner trois points qui m'apparaissent
particulièrement importants. D'abord les retombées
économiques, ensuite l'aménagement du centre-ville de
Montréal et, enfin, l'ouverture sur le monde que procurera à
Montréal et au Québec la présence de grands congrès
internationaux qui pourront se tenir au Palais des congrès.
Sur le plan de la création d'emplois, M. le Président, je
voudrais simplement souligner d'abord une petite remarque du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui revient continuellement
avec ses marottes en ce qui concerne la relance à Montréal. Il a
laissé sous-entendre que la relance de Montréal avait
commencé le 21 mai, le lendemain du référendum. M. le
Président, j'ai déjà eu l'occasion - il semble que le
député de Notre-Dame-de-Grâce n'apprenne pas très
vite - justement immédiatement après le discours du
député de Notre-Dame-de-Grâce, de lui mettre sous le nez
des déclarations du président de la Chambre de Commerce de
Montréal, du président de la CIDEM, du président du
comité exécutif de la ville de Montréal, qui ne sont pas
particulièrement partisans dans cette querelle qui peut nous opposer des
deux côtés de la Chambre, et qui ont été faites
avant le référendum, à l'automne 1979, et d'autres au mois
d'avril et au mois de mai 1980, où déjà on notait des
signes d'une relance importante à Montréal.
Je passe également sous silence le travail des
députés fédéraux, M. le Président, qui est
loin d'être apparent, quand on compare l'état des travaux du
Palais des congrès et le trou qui commence à se combler
tranquillement mais très lentement de la Place Guy-Favreau à
Montréal. S'il avait fallu attendre le gouvernement
fédéral, M. le Président, pour lancer ce projet du Palais
des congrès, on aurait attendu longtemps parce que, comme je l'ai dit
tantôt, ça fait 140 ans qu'on attend notre Palais des
congrès à Montréal. Le projet a été
relancé en 1935, en 1945, en 1950 et, chaque fois, c'étaient des
hommes et des femmes du Québec qui relançaient le projet. Jamais
on n'a vu d'initiative venant d'Ottawa.
En 1978, quand ce gouvernement-ci a décidé finalement de
mener le projet à terme il a fallu trois ans de négociations avec
le gouvernement fédéral pour obtenir une participation
fiancière qui, aux dernières nouvelles, tournerait autour de 24
000 000 $ et qui n'est pas encore finalisée, quand on se rend compte
que, pour le Palais des congrès de Toronto, cela s'est
réglé comme cela, en six mois et qu'on a payé presque la
moitié des coûts. Encore une fois, deux poids deux mesures. Quand
il s'agit d'investir dans l'économie de l'Ontario, quand il s'agit
d'investir à Toronto, cela se fait comme cela et, quand c'est au
Québec, quand c'est à Montréal, cela prend des
années.
Alors, peut-être que le député de
Notre-Dame-de-Grâce pourrait trouver pourquoi la population diminue
à Montréal par rapport à celle de Toronto et pourquoi on a
besoin de se regrouper au Québec entre Québécois pour
relancer l'économie de Montréal, ce qui est en très bonne
voie, mais certainement pas grâce aux efforts du gouvernement
fédéral.
Ce projet de Palais des congrès, le député de
Notre-Dame-de-Grâce s'inquiète de son financement. Il dit: II y
aura des coûts de fonctionnement, on va créer une autre
société d'État. Il s'agit, bien sûr, d'une
société d'État qui va nous permettre d'impliquer les
principaux intervenants dans le domaine touristique et, justement, de
contrôler les coûts, ce que nos amis d'en face, lorsqu'ils
étaient au gouvernement, n'ont pas réussi à faire en ce
qui concerne les Jeux olympiques.
Qu'est-ce que 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ de frais de fonctionnement pour
un palais des congrès à côté des retombées
économiques incalculables que ce projet va amener à
l'économie de Montréal? Lorsque le Palais des congrès aura
atteint son rythme de croisière, ce sera 200 000 congressistes par
année qui viendront à Montréal. On calcule que ces
personnes dépenseront en moyenne 71 $ par jour. On peut donc escompter,
dans l'industrie touristique, dans les services à Montréal, des
retombées économiques qui vont se chiffrer facilement entre 60
000 000 $ et 100 000 000 $ par année. Tous les experts prévoient
qu'on réussira, ainsi à couvrir le coût de construction en
deux ou trois ans. Qu'est-ce que 2 000 000 $ de frais d'opération
comparé à des retombées économiques aussi
gigantesques pour Montréal? Sans compter la contribution à la
relance de l'industrie de la construction à Montréal qui est
déjà assez bien relancée actuellement.
Mais ce n'est pas le seul avantage de la construction d'un Palais des
congrès. Comme vous le savez, M. le Président, ce Palais des
congrès sera situé dans l'axe qui va de la Place d'Armes à
la Place des Arts, au-dessus de l'autoroute Ville-Marie, tout près d'une
station de métro, tout près des équipements culturels que
Montréal a commencé à se donner, dans le centre-est de
Montréal. Par conséquent, ce projet contribuera à
consolider le centre-ville de Montréal; il permettra de déplacer
un peu le pôle de gravité vers l'Est de Montréal. Inutile
de vous dire, M. le Président, qu'après avoir tant démoli
dans l'Est de Montréal, de façon sauvage à l'occasion, il
est temps qu'au moins, en compensation, on
y installe des activités profitables, sur les plans
économique et culturel, pour les Montréalais. Donc, sur le plan
de l'aménagement, je pense que le site du Palais des congrès a
été choisi et très bien choisi pour consolider la vocation
du centre-ville de Montréal.
Le Palais des congrès a déjà entrepris de recruter
des clients. On annonçait récemment que déjà un
premier contrat avait été signé et qu'en 1985 la
Société internationale d'énergie solaire tiendra son
congrès à Montréal. Ce n'est qu'un exemple qui
démontre l'importance d'un Palais des congrès sur le plan des
relations internationales, sur le plan de l'implication des
Québécois dans les industries de pointe, dans les
activités culturelles d'avant-garde. La présence de tels
congrès à Montréal permettra à de nombreux
Montréalais et Montréalaises d'avoir une prise sur le
développement des idées sur le plan international. (22
heures)
En somme, M. le Président, ce projet permettra à tous les
Québécois d'avoir une fenêtre additionnelle ouverte sur le
monde. Les gens de l'Opposition devraient recevoir encore là un nouvel
exemple; c'est assez surprenant que ce soit un gouvernement qu'ils disent
fermé, qu'ils disent replié sur lui-même, qui, encore une
fois, donne aux Montréalais et aux Québécois la
possibilité d'établir des relations avec tous les pays du monde,
la possibilité de s'ouvrir sur le monde. Montréal a une vocation
internationale, nous avons ici une culture originale, nous avons ici une
situation géographique exceptionnelle, sur le plan des transports
notamment, nous avons un réseau d'hébergement de haute
qualité, nous avons ici des attractions, une vie culturelle intense, une
vie sportive développée également. Montréal jouit
également d'un des plus bas coûts de la vie des grandes villes
internationales; par exemple, si on prend New York comme point de comparaison,
un indice du prix de détail des dépenses, on se rend compte que
l'indice du coût de la vie à Montréal est de 10% moins
élevé, de 20% à 30% moins élevé qu'à
Genève et de 15% à 20% moins élevé qu'à
Bruxelles ou à Paris. C'est un autre atout de Montréal.
C'est notre conviction, de ce côté-ci de la Chambre, que
Montréal a tous les atouts pour retrouver sa vocation de ville
internationale et ce Palais des congrès, grâce à ce
gouvernement, permettra d'y arriver dans les meilleurs délais. Nous
sommes fiers d'avoir déjà réalisé ce premier projet
pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois et
nous entendons continuer à faire de Montréal un centre
international d'envergure. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, je suis bien heureux ce soir de
prendre quelques minutes du temps de la Chambre pour parler sur le projet de
loi no 2, Loi sur la Société du Palais des congrès de
Montréal.
Ce projet de loi a pour objet de constituer la Société du
Palais des congrès de Montréal, qui aura notamment pour mandat
d'administrer et d'exploiter le Palais des congrès de Montréal et
d'exercer les commerces et autres activités de nature à
contribuer à son développement.
M. le Président, je voudrais vous dire ce soir ma pensée
très positive. Même si le député de Rosemont pense
que, de ce côté-ci, nous ne voulons pas endosser la ville de
Montréal, au contraire, en temps que maire -et je pense que je peux
parler au nom de tous les autres maires de l'île de Montréal -on
est fier, on est heureux et même on aurait aimé que le centre des
congrès ouvre avant l'année 1983. Oui, nous nous
réjouissons, nous de toutes les autres villes environnantes, que
Montréal ait obtenu ce Palais des congrès, à cause des
retombées économiques qui vont toucher la communauté
urbaine dans son ensemble.
Le Palais des congrès était voulu depuis assez longtemps,
car Montréal ne pouvait plus recevoir dans ses murs les grands
congrès, n'ayant pas les infrastructures nécessaires pour le
faire; d'autres grandes villes aux États-Unis et au Canada
possèdent déjà un palais des congrès et c'est ainsi
qu'elles ont soutiré une clientèle à Montréal,
surnommée, il y a une décennie, la ville des congrès.
Montréal possède déjà tous les atouts pour attirer
les congressistes. Seule sa disponibilité faisait défaut. Le
nouveau Palais des congrès vient donc corriger un manque à
gagner. Il n'y a pas de doute que l'industrie touristique est une de nos
principales ressources au Québec. En amenant de partout les gens
à Montréal, c'est tout le reste du Québec qui va en
profiter car beaucoup de congressistes en profiteront pour faire le tour de la
province.
J'ai bien lu le projet de loi, M. le Président, et j'ai bien lu
qu'il y avait des nominations à faire. Le ministre est sorti, mais
j'espère qu'en commission parlementaire on aura l'occasion d'en parler.
Je sais que le ministre actuel - justement, il est en face de moi - aura des
nominations à faire. Je sais que le ministre fera des nominations
politiques. Je n'ai rien contre cela, M. le Président, mais
j'espère que le ministre fera de bonnes nominations. Cela se fait depuis
le début, alors c'est une continuité. Mais, M. le
Président, j'espère que ce seront de très bonnes
nominations.
Une voix: Une bonne habitude. M. Caron: En 1977...
Une voix: Avez-vous des noms à suggérer?
M. Caron: C'est regrettable, on parle d'un projet de loi d'une
grande importance, le premier projet de loi du ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, un homme gui est parti de l'Union Nationale pour s'en
aller au Parti québécois, et pas un ministre de l'île de
Montréal n'est ici pour l'encourager, le stimuler. C'est regrettable. Le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est ici avec le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche...
Une voix: ...
M. Caron: Quelques ministres seulement, M. le Président.
C'est regrettable, mais enfin. Nous voulons que ce projet de loi soit
adopté et le plus vite possible, dans l'intérêt de tous les
Montréalais, de tous les gens de l'île de Montréal afin
qu'ils en profitent.
Le ministre parlait des coûts de 60 000 000 $. C'était
rendu à 84 000 000 $ pour 1983. Mais j'aimerais que le ministre nous
dise, dans sa réplique, s'il est certain... Vous savez, quand on fait
une construction, on en oublie en chemin, ou parfois, pour vendre ou
louer...
Une voix: ...
M. Caron: Oui, je sais cela parce que j'ai eu l'occasion de faire
de la construction et de voir des choses. Pour vendre notre idée,
parfois on oublie. Les fonctionnaires ou les spécialistes en plans ou en
architecture disent: La finition, garnir le dedans, la tapisserie et la
vaisselle, enfin tout, on l'oublie. Mais il faut que quelqu'un paie pour cela.
Encore là, M. le Président, on est bien d'accord parce qu'on veut
le Palais des congrès. J'espère que le ministre sera assez franc,
dans sa réplique, et nous dira que cela coûtera probablement
encore plus que 85 000 000 $, surtout avec les taux d'intérêt
qu'on paie aujourd'hui. On nous dit que le gouvernement du Québec nous
donne 16% et, en dehors, cela va jusqu'à 20%. Alors, il va falloir que
quelqu'un paie pour cela.
Le député de Rosemont disait tout à l'heure que
dans deux à trois ans, il y aura un amortissement sur les coûts de
construction. J'espère que le ministre, étant au courant du
dossier, pourra nous le confirmer dans sa réplique.
Dans le projet de loi, il y a 31 articles. Le député de
Viger qui a fait un bel exposé, son premier, je l'en félicite, a
dit au ministre que nous apporterons des amendements. J'espère que des
amendements constructifs que les députés de ce
côté-ci de la Chambre feront au ministre recevront une attention
tout à fait spéciale. (22 h 10)
M. le ministre, je ne veux pas prendre plus de temps de la Chambre, il
est déjà assez tard, d'autres ont parlé avant moi,
d'autres vont parler après moi, je ne voudrais pas qu'on se
répète, mais il y a 31 articles, on aura l'occasion de se
rencontrer en commission parlementaire, lors de l'étude article par
article, pour essayer de vous faire des suggestions, mais soyez assurés
que nous sommes bien fiers que le Palais des congrès soit à
Montréal. Certaines personnes ont dit que Montréal n'était
pas la meilleure place, mais on doit aujourd'hui vivre avec la place où
il est situé. Il y avait un article dans la Presse de samedi, on y dit
qu'on est rendu au rez-de-chaussée. Je pense qu'on ne le changera pas
là où on en est. Le ministre actuel a pris cela comme
l'héritage d'une autre personne, du ministre qui était là
avant lui, je suis convaincu qu'il va faire son possible, mais, en commission
parlementaire, M. le Président, nous ferons des suggestions pour essayer
d'améliorer le projet de loi pour le rendre plus juste. M. le
Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des Travaux
publics et de l'Approvisionnement.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, je me dois d'intervenir dans
ce débat même si je le ferai le plus brièvement possible
par justice pour ceux qui ont travaillé à cette importante
réalisation du gouvernement du Québec depuis les cinq
dernières années. Je suis fier de dire que cela constitue
l'investissement public le plus important fait au cours des cinq
dernières années par le gouvernement avec le travail du
ministère des Travaux publics, dont je suis maintenant responsable. Je
suis heureux que l'occasion m'en soit donnée et je veux le faire avec la
plus grande humilité possible, parce que ceux qui sont responsables, je
dirais, de la rapidité avec laquelle ces réalisations ont
été faites, ne sont plus avec nous. Je veux parler de Mme
Jocelyne Ouellette, qui était ministre des Travaux publics, c'est la
ministre qui m'a précédé à ce ministère et
qui a accompli un travail colossal dans ce dossier.
Je vais le faire également avec humilité parce que je
crois que nous avons eu dans ce dossier toute la collaboration des
fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. Il y a une chose dont il faut bien se rendre compte dans
ce projet, c'est qu'il y avait un certain
nombre d'objectifs que le gouvernement visait, il est en train de les
accomplir et de les atteindre tous. Ces objectifs, c'est d'abord le respect des
échéanciers. C'est la transparence dans l'octroi des contrats.
C'est d'aider à la relance de la construction dans l'ensemble du
Québec, mais dans la région de Montréal en particulier.
C'est susciter davantage d'activités économiques à long
terme dans le secteur touristique pour la région métropolitaine
et pour l'ensemble du Québec. Un autre objectif que nous avions,
c'était le contrôle absolu, j'en reparlerai tantôt.
Un autre objectif aussi, c'était de collaborer avec la ville de
Montréal et la Communauté urbaine de Montréal. Encore un
autre objectif que nous avions, c'était d'intégrer les oeuvres
d'art à cette importante réalisation dont le coût initial
prévu était de 60 000 000 $. Finalement, c'était, par
l'accroissement, l'accélération des investissements publics, de
faire en sorte que la construction au Québec se porte mieux.
C'était un de ses plus importants projets, j'y reviendrai. Premier
objectif: respect des échéanciers, pour voir qu'on en parlait
depuis longtemps, mon collègue, M. Paquette, collègue de Rosemont
en a parlé tantôt. On a parlé durant des années du
Palais des congrès. Mais qu'est-ce qui est arrivé? Ce qui est
arrivé, c'est que dès décembre 1976, dès janvier
1977, le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche du temps en a
fait une priorité et a dit: II faut passer de la parole aux actes. C'est
devenu une priorité gouvernementale dès ce moment. En novembre
1977, on a choisi le terrain. En janvier 1978, deux mois après, on
tenait le concours et on demandait aux firmes de professionnels de proposer des
projets. Quelque huit mois plus tard, en septembre 1978, c'était
l'engagement de l'équipe professionnelle lauréate du concours et
depuis, il y a eu cinq contrats qui ont été émis pour la
construction de ce Palais des congrès. La fin des travaux, comme
prévu, se fera à la fin de 1982 pour la construction et vers mars
1983 pour l'aménagement des locaux. Trouvez-nous un exemple où le
respect des échéanciers a été aussi
fidèlement suivi pour une construction de cette envergure dans les
investissements publics ou au Canada tout entier. En parlant du Canada, - on
peut en parler - quelqu'un peut-il nous dire ici à quelle date le projet
de la Place Guy-Favreau a été lancé?
Une voix: En 1967.
M. Marcoux: En 1967! II y a quatorze ans que le projet a
été annoncé. En 1972, on faisait le choix de construire.
En 1974, on creusait le trou. Le 8 avril 1980, juste avant le
référendum, on annonçait qu'on allait construire et il y a
encore un trou. Je pense qu'il y a une comparaison à faire entre un
gouvernement qui est décidé, qui respecte des
échéanciers et qui bâtit, et un autre qui nous annonce des
trous.
Un deuxième objectif, c'était la transparence. Je pense
qu'on l'a manifestée dans la tenue des concours pour le choix des
professionnels. Tout ceci s'est fait par des jurys de sélection
complètement apolitiques. C'était la première fois que
nous expérimentions cette formule: 150 demandes de candidatures pour
soumettre des projets qui se sont regroupées en 27 équipes. Parmi
les cinq meilleurs projets, il y a eu un projet choisi par un groupe
complètement neutre. Je pense que c'était la première fois
que nous faisions ce type de jury de sélection pour choisir des plans de
construction et nous ne l'avons pas regretté. Au contraire, cela a
assuré la réalisation de notre objectif de transparence. Quant
à la relance de la construction, ce sont 450 emplois durant toute la
phase de construction à Montréal. Je pense que c'est vraiment
important pour cette ville.
Contrôle des coûts, contrôle absolu des coûts.
J'ai vérifié dans l'ensemble du dossier. Ce qu'on disait en 1977,
c'est que le projet, en dollars de 1977, - et c'est clair dans les documents
approuvés - était évalué à 60 000 000 $ et,
si on se base sur l'indexation des coûts, sur la base des constructions
non résidentielles, donnée par Statistique Canada - nous suivons
exactement l'indexation des coûts prévus sur la base de ces
statistiques officielles de constructions non résidentielles - cela
donne un coût prévu actuellement d'environ 81 000 000 $.
Quant à la collaboration avec la ville de Montréal et la
communauté urbaine, je suis heureux de pouvoir dire que tous ceux qui
m'ont parlé du Palais des congrès depuis que je suis nommé
ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement m'ont dit combien nous
avions profité de la collaboration de la ville de Montréal et de
la communauté urbaine tout au long de la réalisation de ce
projet. Je pense qu'il faut l'indiquer, le rappeler.
Un autre objectif qu'on avait, - et on l'a maintenant dans toutes les
constructions gouvernementales - c'est d'intégrer l'artiste,
d'intégrer l'art aux plans d'architecture et à l'environnement
lorsque le gouvernement construit. Pour vous démontrer l'importance de
ce projet, c'est plus de 500 000 $ qui seront donnés à des
artistes du Québec pour intégrer leur oeuvre à cette
importante réalisation.
Quant à l'accélération des investissements publics,
vous vous souvenez, en 1978, dans le cadre du programme OSE, le gouvernement du
Québec avait dit: Nous allons réaliser 3 000 000 000 $
d'investissements. Au lieu de les réaliser en trois ans, on va le faire
en deux ans pour
aider à relancer l'industrie de la construction, alors qu'il y
avait un affaiblissement du côté du secteur privé dans la
construction. Ce projet de construction du Palais des congrès
était un des éléments importants et nous avons
respecté les échéanciers, les engagements que nous avions
pris.
Enfin, quant à l'activité économique à long
terme, c'est évident que c'est capital pour le développement de
Montréal, mais de toutes les régions du Québec. Nous
ferons tout pour inciter les personnes de l'extérieur qui viendront ici
à visiter l'ensemble du Québec, d'autant plus, comme quelqu'un
l'a indiqué tantôt, la loi américaine a été
modifiée par le président Reagan et permet à nouveau les
déductions d'impôt sur les dépenses de congrès
faites à l'étranger, ce qui avait été
supprimé il y a quelques années. Ce sera certainement un facteur
important qui jouera pour attirer les congressistes de l'extérieur du
Québec et du Canada au Palais des congrès de Montréal. (22
h 20)
En fait, je peux dire - et je le dis avec d'autant plus de fierté
que je n'y suis directement pour rien, c'est la ministre qui m'a
précédé qui en a été responsable, ce sont
les fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement qui ont collaboré entièrement avec le
ministère du Tourisme qui en sont les responsables - que les objectifs
que nous nous étions fixés comme gouvernement il y a quelques
années, nous sommes en train de les atteindre et le défi que nous
avions à relever est en train de l'être positivement. Je pense que
c'est à l'honneur de tous les Montréalais et de tous les
Québécois.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Papineau.
M. Assad: Ce n'est pas un discours, M. le Président. Dans
son discours pertinent, le député de Verdun a fait allusion au
fait que le député de Rosemont a mentionné que
l'amortissement se ferait en deux ou trois ans. J'espère que le
ministre, dans sa réplique, pourra confirmer cet énoncé du
député.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Rodrigue Biron (réplique)
M. Biron: M. le Président, seulement quelques minutes pour
répondre à quelques questions posées du côté
de l'Opposition. À toutes les autres questions, il me fera plaisir de
répondre lors de l'étude article par article en commission
parlementaire. D'abord, je veux remercier tous mes collègues de
l'Assemblée nationale qui ont appuyé le projet de loi et qui
proposent de l'appuyer par leur vote. Je remercie en particulier mon
collègue, le ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement,
pour la charge très lourde qu'il a prise dans la construction de ce
Palais des congrès de Montréal.
Quelques questions m'ont été posées comme: Pourquoi
avoir choisi ce site? Je crois qu'il est important d'y répondre
maintenant pour tous ceux et toutes celles qui sont intéressés
à le savoir. D'abord, c'était pour utiliser le meilleur espace
disponible à Montréal en vue de relier le vieux Montréal
et le centre-ville, en vue de relier l'est et l'ouest, et en vue aussi de
maximiser les retombées économiques sur tout Montréal et
aussi maximiser le développement économique, pas simplement le
secteur de la ville de Montréal, mais de tout Montréal, pour
faire véritablement de Montréal une ville à vocation
internationale.
Une question sur laquelle mes amis d'en face sont revenus concerne la
présence et la participation du gouvernement fédéral.
C'est vrai, je l'ai dit tout à l'heure, à ce jour, on a eu une
offre de 24 000 000 $ sur la totalité du coût du Palais des
congrès, offre qui est encore en discussion. Les discussions ne sont pas
encore terminées, mais on espère, au cours des prochaines
semaines, des prochains mois, obtenir le maximum de la part du gouvernement
d'Ottawa pour les gens du Québec et les gens de Montréal en
particulier.
Les avantages de la structure proposée d'une
société d'Etat, je regrette de réaliser encore une fois,
dans le fond, que nos amis du Parti libéral, souvent, au point de vue
économique, font des oublis. On a une structure, le Palais des
congrès appartient à la collectivité
québécoise. Ce n'est pas tout de laisser la bâtisse
là et d'attendre qu'elle se remplisse, au bon vouloir de ceux et celles
qui, en dehors, dans certains hôtels ou restaurants, seraient
peut-être intéressés à amener des congrès
à Montréal. La structure d'une société
d'État fait en sorte que l'entreprise que nous créons
aujourd'hui, la Société du Palais des congrès de
Montréal, va s'occuper à temps plein de remplir au maximum le
Palais des congrès. Sa préoccupation ne sera pas de remplir un
restaurant donné, un hôtel donné à Montréal
ou une autre salle, ce sera de remplir au maximum le Palais des congrès
afin que les retombées économiques ne soient pas seulement de 60%
ou de 40%, mais soient le plus rapidement possible de 100%. Si nous pouvons
théoriquement emplir le Palais des congrès tous les jours de
l'année, bien sûr, Montréal va en profiter, le grand
Montréal, et toutes les régions du Québec vont en profiter
aussi.
Dans ce sens, la société que nous
créons aujourd'hui a pour mission de faire la mise en
marché du Palais des congrès de Montréal, de faire de la
promotion, de faire des relations publiques auprès de tous les
organismes possibles qui font des congrès, qui participent à des
expositions, de tous ces organismes qui de partout, non seulement au
Québec, mais, bien sûr, à l'extérieur, vont faire en
sorte d'amener des gens à Montréal au Palais des congrès.
Donc, la vocation de la société d'État, du
président - directeur général, c'est d'aller le plus
rapidement possible pour atteindre le maximum de rentabilité avec le
Palais des congrès de Montréal.
C'est aussi pour cette même raison que nous avons voulu
créer le poste de président et le poste de directeur
général. Nous savons que, peut-être au bout de cinq ou six
ans, lorsque toutes les réservations auront été
complétées, que le Palais sera occupé au plus haut
pourcentage possible, nous pourrions après continuer avec une seule
personne -homme ou femme - qui va pouvoir occuper les deux postes. Mais, au
départ, on a voulu que le directeur général voie à
l'administration quotidienne du Palais des congrès et à toutes
les guestions techniques nécessaires pour bien réussir nos
congrès, pour que le gens soient satisfaits et veuillent revenir. Nous
avons voulu que le président fasse les relations publiques
nécessaires, parcoure le monde s'il le faut, mais fasse en sorte de
rentabiliser ou de remplir le plus rapidement possible le Palais des
congrès de Montréal.
Quant à la nomination des administrateurs, on nous a parlé
aussi de nommer les administrateurs ou de les laisser nommer par la ville de
Montréal ou le COPEM ou le secteur privé. Je vous dirai que le
gouvernement du Québec a une responsabilité vis-à-vis des
vrais propriétaires du Palais des congrès qui sont les hommes et
les femmes du Québec, dans le fond, qui financent ce palais à
même leurs taxes. Or, notre responsabilité est de bien
gérer ou de bien représenter ceux et celles qui sont les vrais
propriétaires.
Nous avons voulu consulter nos partenaires du secteur privé de
l'agglomération montréalaise ou d'ailleurs pour nommer une partie
des administrateurs. Nous sommes prêts à laisser une partie des
administrateurs être nommés par le secteur privé ou par
Montréal ou la communauté urbaine à condition qu'eux aussi
prennent un risque financier et qu'ils investissent de l'argent. Si seule la
population du Québec ou seul le gouvernement du Québec, au nom
des hommes et des femmes du Québec, investit de l'argent dans le Palais
des congrès de Montréal et qu'on a 100% de l'argent des hommes et
des femmes du Québec, je crois qu'on a aussi 100% de
responsabilité. Lorsqu'on aura 50% d'argent, on aura probablement 50% de
responsabilité et là, ceux et celles qui veulent participer et
qui veulent nommer directement des gens pourront le faire facilement. C'est
pour cela, d'ailleurs, que nous avons prévu une ouverture de la part du
gouvernement dans ce sens, en disant: Nous sommes prêts à accepter
des collaborateurs et des partenaires dans l'exploitation de ce Palais des
congrès de Montréal.
Les avances de fonds, les sommes d'argent seront votées sur une
base régulière par l'Assemblée nationale du Québec.
Donc, les députés des deux côtés de la Chambre
pourront poser des questions, d'autant plus que les états financiers de
la société du Palais des congrès de Montréal seront
déposés au maximum quatre mois après la date de fermeture
de l'année financière, c'est-à-dire que nous avons
prévu dans la loi que les états financiers seront
déposés avant le 31 juillet, alors que l'année
financière se terminera le 31 mars. Encore une fois, tous les membres de
cette Assemblée nationale pourront en prendre connaissance.
M. le Président, je répondrai aux autres questions
à l'occasion de l'étude article par article de ce projet de loi.
Je veux vous dire, en terminant, que je suis heureux de l'unanimité de
cette Chambre en faveur de ce projet de loi pour créer la
société du Palais des congrès de Montréal. Ce
palais sera plus que du béton, plus que de l'acier; ce sera un symbole
de fierté des Québécois et des Québécoises
quant à leur capacité de réussir et de réussir de
grandes choses.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce, sur une question de règlement?
M. Scowen: De directive. Je veux savoir si le ministre va me
permettre une courte question avant qu'on ajourne.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Biron: Oui.
M. Scowen: Je pense que c'est important. Il s'agit de la
déclaration du député de Rosemont disant que tous les
experts sont d'accord que l'amortissement de cet édifice se fera sur une
période de deux ou trois ans. Je ne sais pas si on doit prendre au
sérieux cette déclaration, mais j'aimerais que le ministre
affirme ou nie la véracité de cette déclaration.
M. Paquette: M. le Président.
M. Biron: Je prierais le député de
Notre-Dame-de-Grâce d'attendre la commission parlementaire. Je vais
vérifier la déclaration du député de Rosemont. Je
ne
me souviens pas d'avoir entendu cela. Je vais vérifier et je vous
donnerai la réponse d'une façon ou d'une autre en commission
parlementaire. (22 h 30)
M. Paquette: M. le Président, question de
privilège. Ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que les
retombées économiques allaient dépasser en deux ou trois
ans le coût de construction du Palais des congrès. Je me suis
peut-être mal exprimé, mais c'était le sens de ma
déclaration.
M. Scowen: On va vérifier dans le journal des
Débats.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. Est-ce que
cette...
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Je ne sais pas quel article de règlement
invoquer, l'article 34 ou quoi, je voudrais poser une question au ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement. Je ne sais pas en vertu de quel
article du règlement le faire.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, je pense qu'au niveau... S'il vous plaît! Je pense
que toutes les questions ont pu être posées au moment... S'il vous
plaît, que je puisse au moins dire ce que j'ai à dire!
M. le député, il y avait tout à l'heure un moment
où vous aviez la possibilité de poser l'ensemble des questions
que vous vouliez poser. Il y aura une commission parlementaire sur la question
et je pense qu'à moins que j'aie le consentement de l'ensemble de
l'Assemblée, je ne peux vous permettre cette question.
Une voix: II n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
D'accord.
M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Brève question de
règlement, M. le Président. Tout en respectant ce que vous venez
de dire quant au consentement qui pourrait être accordé par
l'Assemblée, je pense que si le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement lui-même acceptait de recevoir une question à
ce moment-ci, il n'y aurait aucun problème. Libre au ministre de
refuser, cela le regarde. Mais la question fort pertinente que voulait lui
poser le député de Viger aurait sans doute embarrassé le
ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement.
M. Marcoux: Cela me fait plaisir que le député pose
sa question. Quant à la réponse, je pense que le lieu, c'est la
commission parlementaire.
M. Levesque (Bonaventure): Très bien!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Donc, vous avez votre
réponse, M. le député.
M. Levesque (Bonaventure): Donc, il peut poser sa question?
M. Maciocia: Je peux poser ma question?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous pouvez poser votre
question, mais il vous répond dès maintenant que c'est en
commission parlementaire qu'il vous donnera la réponse et, en
conséquence, je crois comprendre qu'il vaudrait mieux attendre la
commission parlementaire.
Je peux vous permettre. Allez, M. le député.
M. Maciocia: Je la poserai quand même, parce qu'à un
certain moment le ministre nous a parlé de transparence et il nous dit
que le gouvernement a toujours dit la vérité. Or, on a ici
même devant nous la Presse du 3 mars 1981 où Guy Pinard dit
exactement: "Dès le printemps de 1979, Bernard Langlois qui, je suppose,
est le directeur du projet, avait établi son budget indexé de 84
000 000 $, ce qui veut dire depuis le printemps 1979. Alors, pourquoi ne pas
utiliser ceci au lieu de nous parler des 60 000 000 $ en dollars 1977. Est-ce
cela la transparence du gouvernement?
En deuxième lieu, je n'ai pas...
M. Bertrand: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M.
le ministre, je comprends votre désir de vouloir répondre, mais
j'ai une question de rèqlement de la part du leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que la question,
sous forme de deuxième discours en deuxième lecture, a
été posée. Peut-être que maintenant le ministre
pourrait, en dix secondes, clore le débat et on pourrait ensuite en
commission parlementaire, je pense, avoir d'excellents échanges pour
préciser toutes les choses que le député voudrait voir
préciser.
M. Marcoux: Je peux assurer le député de Viger que
j'ai vu cet article de journal et que j'ai lu toute la documentation du
ministère sur ceci et que les déclarations du ministère
des Travaux publics ont toujours été que, dès le
départ, dès 1977-1978, ce qu'on établit comme coût
d'objectif et qui
indique en dollars 1977 le coût prévu, c'est maintenant
habituel dans les projets de construction du gouvernement, on en tient compte,
au moment du coût final de l'indexation, selon les statistiques de
Statistique Canada en termes de construction non résidentielle. Je peux
donc vous assurer que le coût d'objectif fixé à 60 000 000
$ au point de départ est entièrement respecté
jusqu'à maintenant et va l'être jusqu'à la fin.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 2, Loi sur la Société
du Palais des congrès de Montréal, est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Une voix: Vote.
M. Bertrand: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vote?
M. Bertrand: Non, pas de vote.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture,
adoptée.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Renvoi à la commission de
l'industrie, du commerce
et du tourisme
M. Bertrand: Oui, M. le Président, je fais maintenant
motion pour que ce projet de loi soit maintenant déféré
à la commission parlementaire permanente de l'industrie, du commerce et
du tourisme.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint.
M. Bertrand: En remerciement à tous nos collègues
pour leur excellente collaboration de ce soir, dans un esprit de franche
camaraderie, je voudrais indiquer que demain, après la période de
questions, nous devrions normalement entamer, dans un premier temps,
l'étude du projet de loi no 8, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement, présenté par le ministre de
l'Environnement; dans un deuxième temps, nous devrions entamer
l'étude en deuxième lecture du projet de loi no 12, Loi modifiant
la Loi sur la fonction publique, et, dans un troisième temps, je
voudrais rappeler à tous les députés que, demain, à
12 h 30, nous suspendrons nos travaux pour permettre de procéder
à une cérémonie, M. le Président, pour laquelle
tous les députés de l'Assemblée nationale ont reçu
une invitation. Nous recevrons le nouvel archevêque de Québec, Mgr
Louis-Albert Vachon, ainsi que l'ex-archevêque de Québec, Mgr
Maurice Roy. Cela se déroulera au salon bleu et, par la suite, je crois
qu'il y aura une réception qui sera offerte. En tout cas, M. le
Président, tout cela pour dire que demain, à 12 h 30, nous
suspendrons nos travaux pour cette cérémonie.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): C'est sûr que nous serons
présents à l'occasion des cérémonies dont parle le
ministre, leader parlementaire adjoint du gouvernement. Deuxièmement,
j'aimerais savoir du ministre s'il pourrait nous indiquer à quelle heure
commenceront les commissions parlementaires et de quelles commissions
parlementaires il sera question. Je sais que nous avons déjà
reçu une indication à cet effet, mais, si la Chambre devait
s'ajourner avant 18 heures, est-ce que c'est l'intention d'avoir trois
commissions qui siégeraient en même temps?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint.
M. Bertrand: Normalement, a un calendrier a été
remis au leader de l'Opposition et je pense qu'il n'y a pas de changement
prévu sur le calendrier qui avait été fixé,
à moins qu'on me fournisse une information dans le sens contraire, mais
je pense que, demain soir, il est prévu qu'il y aurait trois commissions
parlementaires qui siégeraient en même temps. Mais si le leader
veut avoir une information, je pourrais la lui donner, en l'espace de quelques
minutes. La Chambre ne siégerait pas demain soir, mais il y aurait deux
commissions demain après-midi et, à ce moment-là la
Chambre siégerait pour étudier les deux projets de loi dont nous
avons parlé. Donc, trois commissions demain soir, ce qui fait qu'il n'y
aurait pas de Chambre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
informé que le tableau indique seulement deux commissions pour demain
soir. Si c'était le cas, est-ce qu'on pourrait m'indiquer la
troisième?
M. Bertrand: M. le Président, si vous me le permettez,
j'ajouterai qu'un des projets de loi qui ont été
étudiés en deuxième lecture, qui est le projet de loi
no
10, Loi sur la protection de la jeunesse, demain soir serait
étudié en commission parlementaire, en même temps qu'aurait
lieu l'étude des crédits du ministère des Communications,
ainsi que celle...
Le Vice-Président (M. Jolivet): ... des finances et
comptes publics.
M. Bertrand: En d'autres mots, demain soir, trois commissions
parlementaires, donc la Chambre ne siégerait pas.
Le Vice-Président (M. Jolivet): D'accord. M. le leader,
vous avez une motion d'ajournement?
M. Bertrand: Oui, une motion pour que nous ajournions nos
travaux, M. le Président, à demain matin, dix heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Ajournement de la Chambre à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 40)